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'.^- s
L'UNIVERS.
HISTOIRE ET DESCRIPTION
DE TOUS LES PEUPLES.
iTii>0
DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE
DE
LA FRANCE.
'iome €in^nïme*
TYPOGRAPHE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,
nUK JACOB, N° 56.
i^miir^i.
M. PH. LE BAS,
MEnime ns i.'insnTUT (âc&dëmie des inscriptions bt BEiuK-mmiES),
TOME CINQUIÈME.
PARIS,
l'IRMIN DIDOT FEÈRES, ÉDITEURS,
IHFBIUEUBS-LIBBAIBE5 DE l'iNBTITUT,
lOil. «-M-S
L'UNIVERS,
OU
HISTOIRE ET DESCRIPTION
i DE TOUS LES- PEUPLES,
Be' LEURS RELIGIONS, MŒURS, COUTUMES, ktc.
DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE
DE L'HISTOiaE DE FRANCE,
PAR M. PH. LE BAS,
MSlflBIiE DE X.*XZrSTITUT.
c.
Ghabbon (Pierre) nac[u^ à Paris,
en 1541 , d'un libraire père de vingt-
doq enfants. Il alla faire son droit à
Orléans, et prit le bonnet de docteur
à Bourges , où il se fixa dans le but
d'exercer la profession d'avocat. Mais
il s'en trouva dégoûté au bout de six
ans, et embrassa l'état ecclésiastique,
n fit, à la suite de Tévéque de Bazas,
(rnaud de Pontac, plusieurs missions
'ans la Gascogne et le Languedoc ,
rec xai succès qui le fit nommer
jiéoJogal à Agen, à Bordeaux, à
JahoTs et à Condom , et lui valut la
place de prédicateur ordinaire de la '
reine Marguerite. La célébrité qui
commençait à s'attacher à son nom
Qe put le distraire de l'accomplisse-
•Jent d'up, ancien vœu, celui d'entrer
•lans un ordre religieux. La vie mo-
nastique eût offert un asile convena-
ble à ses spéculations philosophiques :
*es qnarante-cino ans lui en fermèrent
I entrée. Refuse pour ce motif par
tes chartr^x, puis par les célestins,
II reprit ses prédications à Angers
û abord, puis à Bordeaux. Ce fut dans
<*tte dernière ville qu'il se lia avec
Montaigne, qui y remplissait alors les
fonctions de maire. Leur amitié de-
vint étroite et ne se démentit jamais.
Le livre de la Sagesse est bien de
l'école de Montaigne , quoiqu'il n'ait
pas le même charme de style que les
Essais, La mort seule put séparer
les deux amis. Montaigne, en expi-
rant dans les bras de Charron, le pria
de porter désormais les armes de sa
famille; et Charron, dans son testa-
ment, légua tous ses biens au beau-
frère de Montaigne. Il mourut d'une
attaque d'apoplexie, à Paris, en 1603.
Charron varia souvent dans ses goûts
et dans ses idées : avocat d'abord ,
puis théologien, nous l'avons vu aspi-
rer ensuite à l'état monastique, et en-
fin devenir exclusivement philosophe.
Les ouvrages que nous avons de lui
nous donnent, par leurs dates, l'his-
toire chronologique de ces variations.
En 1594 , il publie son livre de trois
vérités, ouvrage où il prouve contre
les athées qu'il y a une religion ; con-
tre les païens, les juifs, etc., que de
toutes les religions , la chrétienne est
4a seule véritable ; contre les hér^ti-
T.v. 1" JÀcraison. (Digt. bngygl., btc.)
a
€HA
UtJMVERS.
^tBê.
ques, qu'il ny a de ^alut que dans TÉ-
glise cathbliqué ; et dès Tannée sui-
vante il fait paraître un ouvrage pu-'
rement philosophique, le Traite de la
sagesse. Cette tbjs , c'était si bien lie
libre penseur qui avait parlé plutôt
que le théologien , et il y avait dans
ce livre tant de passages où se trou-
vaient exprimées des pensées peu or-
thodoxes, que Charron £ut en butte à
de violentés attaques. Èii vtitn corri-
gea-t-il quelques chapitres; ep vain
publia-t-il, en 1600, sa Réfutation des
néréUques, avec un recueil de ses, an-
ciens liscout'S chrétiens sur la divi-
nité , la création , la rédemption et
Teucharistie; en vaià la nlioH;, qui viâl
le frapper tout à coup en 1603 , sem-
bla-t-elle devoir désarmer ses ennemis,
Fauteur et son ouvrage Àifëtit pour*
suivis par l'université, le parlementet
les jésuites. Le P. Garasse , jésuite ,
appela Charron le patriarche des eê"
prits forts , et voulut le faire passer
{)our athée. L'abbé de Saint-Cyran re-
eva ce que ces attaques pouvaient
avoir d'injuste et d'outré. Lors de la
mort de Charron , le parlement , de
concert avec la faculté de théologie ,
se disposait à supprimer l'ouvrage ,
quand le président Jeannin , chargé
par le clbancelier de le réviser, y ht
des corrections, au mx^yen desquelles
il fdt réimprimé en 1604, avec la vie
de l'auteur. Cet ouvrage est te plus
célèbre de -eeux qu'a publiés Charron.
C'est un traité assez complet dé mo-
rale j, écrif avec une grânae liberté et
un vif amour de la vérité. On reoon*
naît chez l'auteur de félévation dans
l'esprit, de la hardiesse dans la pen^
fiée, de la passion pour le bien et le
vrai ; Him on doit blâmer dans son
ouvrage nm sobriété exagérée de toute
espèce d'ornements; sa sagesse est
trop nue f quelques orisements sim^-
ples ne feraient qif en relever la grâoè
naturelle. H y a Mn de la recherche
à l'élégance : celle-ci convient partout.
On regrette plus d'une fois, en lisaiit
Charron, qu^il n'ait pai» emorunté aux
^îtres dieSénèque, qu'il déclare avoir
été son guide, quet(|ue chose de leur
ttvaèitéf ^ leor éfigincUité, dci leur
parure ^êde ; in ifègrette ^u'il n'ait
pas suivi dé plus près un autre modèle
qu'il ne nomme pas, mais qu'il a sans
cesse devant les yeux : nous voulons
parler de Montaigne. Autant le style
de celui-ci est Rapide, brillant, origi-
nal , autant celui de son ami est uni-
forme et triste. Malgré la fermeté, la
clarté, le nombre et la précision qui
sont les qualités distinctives des écrits
de Charl'ob, nliUe part la philosophie
de cet^ auteur n'a cette forme gaie,
ubre:, joyeuse^ relevée^ enjovêe méme^
dont il nous , parle imprudemment
quelque ban. Il croit avoir secoué le
ioug de la scolastique : oui , pour la
libené d'exainén ; ihais, du reste, il
rappelle sans cesse cette école dont
il avait ;'eçu les leçons dans sa jeu-
nesse. Que de divisions dans s^^n ou-
vrage! Que de subdivisibns! Ses ar-
guments, ses définitions, ses distinc-
tions sont innombrables. L'esprit
s'embarrasse dans ce dédale de com-
partiments inutiles ; il se fatigue à
suivre ces mille petites avenues par
où le promène l'auteur, au lieu de lui
marquer une voie large et directe
pour le conduire au but. Quoi c|u'ii en
soit , à en jug^ par le Traite de la
sa^essCy Charron semble au fond n'a*
voir eu d'autre' religion que celle d6
la conscience et de la nature ; et on
trouve chez lui dés propositions qui
font voir que si cet ecclésiastique se
conformait, dans la conduite de sa
vie, aux croyances humaines, il por-»
tait dans la vie spéculative une grande
indépendance d'esprit. Il dit quelque
part : « La religion n'est tenue que
par moyens humains, et est toute
bâtie de pièces maladives. » 11 dit en-*
Gore : «Bien que l'immortalité de
l'âme soit la chose la plus universel-*
lement reçue , elle est la plus faible-^
ment prouvée^ ce qui porte les esprits
à deuter de beaucoup de choses. »
Chabboux, CarrofuMj petite vilM
de l'ancien Poitou, aujourd'hui chef^
lieu de canton du département de la
Vienne , à 10 kilomètres de Civrày^
doit son origine à un célèbre monas^
tè^e fondé en 78^ pair Roger , comtd
He Limoges. Charlemagne le dota ma-*
caiA
I19|^GE<
CHA
gnifigiie^hent, et lui donna une biblio-'
thèque et des reliques qui , daos la
suite, devinrent pour cette maison une
source de richesses* L'église, bâtie
?ers la fin du huitième siècle, étaàx
comptée au nombre des plus belles du
royaume. Détruite pendant les guerres
de religion, elle est aujourd'hui en rui"
Des; mais ces ruines offrent encore
un aspeet imposant* Il s'est tenu dans
cette ville, en 1028^ un concile contre
les roanîchéensl Lorsque Gharronx
Êiisaft partie du rO]^aunie d'Aquitaine,
son nom franc était Carrof; c'est ce
qu'attestent ces vers de Tfaéodalphe ^
CTêg[Qe d'OrléaiiSi cités paf de Va-
Est locas, hcme vocitstAt Carrof eo^oomint Oalli ,
Quo sahatoris sub nomine pœnitet «nUa.
La population de cette ville est au-
l^d'tmlâè 1,700 hab.
Chabroy (Sébastien), lieutenant-
colonel de rétat-mafor dé la garde im-
périale, étant sous-offîcieiP des guides
du générai Bonaparte à l'affaire de
Gaza, tûa, dans on combat singulier,
no cÏNf de mameluks qui venait défier
le corps entier des guides rangés en
bataille. 1\ monta le premier sur la
brèche à l'assaut de Jaffa ; à la bataille
âi Mont-Tbabor , il tua deux mame-
luks, enleva plusieurs chevaux, s'em-
r a de six dromadaires de course, et
prisonniers tous tes Arabes qui ï%&
montaient^ Au combat d' Aboukir , il
fot dâ nombre àe& guides qui enlevè-
nsf^t les redoutes turques. Pïommé
feoiS-Hêiitténant , il traversa deux fois
^ ^ne des Turcs et des mameluks ,
pendant le siège du Gaire^ pour porter
m dépêches aux généraux Yerdier et
^^oranteâu , et reprit un poste qui ve-
nsiit d'être* forcé par l'ennemi. A Tat-
tagneda pont de Cabezon, en Espagne,
le 14 juin 1808, Gharroy, devenu offi-
<>er a'état-ma^r , chargea à la tête
d'une compagnie de voltigeurs , et en-
leva qoatre pièces de canon sous lé
wi de quatorze mHle ennemis. Un
Bxris après la bataille de Kio-Secco ,
rt loorsuirit seul une pièce de canon,
^la ramena, ainsi qu'un officier et
||i|sieiir8 artîHeurs espagnols. Dans la
joaraée ^ il lua de sa main six
grenadiers da régiment de Saragosse.
Il se distingua. également pendant les
campagnes de 1811 et de 1812 en Es-
pagne.
Ghabs, ancienne seigneurie du
Yexin français, aujourd'hui du dépar-
tement de *Seine-e't-Oise , à 12 kifom.
de Pontoise , érigée en baronnie en
1605.
Ghabs DB guebbe. Outre leur re-
doutable cavalerie , -les Gaulois lan-
çaient encore sur les champs de bataille
de lourds chariots armés de faux ou
de pointes acérées, et montés par un
grand nombre d'archers. Geux-ci,
lorsque tes rangs ennemis étaient rom-
pus , sautaient en bas des chars et
combattaient à pied , avec le javelot
ou avec l'épée. Les Gaulois étaient si
exercés à se servir de ces chars, qu'au
dire de Gésar , ils pouvaient les faire
descendre par des pentes rapides , y
arrêter tout d'un coup les attelages ^
ou les diriger sur un autre point Les
conducteurs se tenaient debout <sur le
timon , et se plaçaient même sur le
joug des chevaux 'pour diriger leurs
mouvements. Les cnars de guerre ser-
vaient aussi bien à la défense qu'à
l'attaque. Liés ensemble, ils formaient,
avec les chariots de bagages, les seuls
retranchements dont les Gaulois en-
tourassent leurs camps.
Ghabte. Voyez Constitutions.
Ghabtb nobmandb ou Chàbtbb
AUX IiïORMANDS. — On désigne sous
ce nom les lettres patentes données
Sar Louis Hutin aux habitants de la
[ormandie , pour la confirmation de
leurs privilèges.
Ge prince leur accorda, en 1314,
une première charte qui ne contenait
que quatorze articles ; mais elle fut
augmentée par de nouvelles lettres,
en date du 15 juillet Ae l'année sui-
vante. G'est à ces dernières lettres que
s'applique plus particulièrement te
nom de charte normande. Gette charte
fut confirmée, en 1339, par Philippe
de Valois; en 1380 , par Charles vl ;
en 1458 , par Gharles VU ; en 1461 ^
)ar Louis XI; en 1485, par Char,
es VÏII, et en 1579, par Henri III.
Kous croyons faire plaisir à nos lec
1.
l
CHl
L'UNIVERS.
CHA
teurs en leur donnant ici la traduction
de la charte normande, l*un des plus
curieux et des plus importants docu-
ments de l'histoire de l'ancien droit
français.
« Art. 1^'. Le roi et ses successeurs
« ne feront faire en Normandie d'autre
« monnaie que celle de Paris et de
« Tours; et les gros tournois seront
« du poids et de la valeur qu'ils avaient
« du temps de saint Louis.
ft 2. Le fouagc ou le monnayage
« sera levé comme il est marqué dans
« le registre des coutumes de INor-
« mandie.
« 3. Les nobles et les habitants de
« Normandie qui doivent au roi des
« services à la guerre, seront libres
« lorsqu'ils s'en seront acquittés.
« 4. Quand les seigneurs de fief au-
« ront rendu leurs services, le roi ne
« pourra rien exiger de leurs vassaux,
« sauf le cas d'arrière-ban.
« 5. Lorsque le roi et ses succes-
« seurs revendiqueront quelque héri-
« tage, le procès sur la propriété sera
« jugé , quoique les possesseurs oppo-
«c sent la saisme ou la possession d an
« et un jour.
« 6. S'il y a contestation sur la pos-
« session d an et jour, la chose con-
« tentieuse sera mise en la main du
« roi , jusqu'à ce que la question sur
« la possession ait été décidée.
« 7. Le roi ne lèvera, en Normandie,
« que ses revenus ordinaires, et n'exi-
« géra que les services qui lui sont
« dus y a moins qu'il n'y ait quelque
« urgente nécessité.
« 8. Aucun sergent royal de l'épée
« ou autre ne pourra faire exercer son
« office par des personnes de louage,
« sous peine de perdre l'office.
a 9. On ne pourra prendre des vivres
« ou autres denrées pour le roi sans
« ses lettres scellées de Sion sceau ou
A du maître de son hôtel; et quand il
« y aura des lettres, les marchandises
« seront appréciées et payées avant
« d'être enlevées.
« 10. Le droit de tiers et danger ne
« sera pas levé sur le mort-bois.
« 11. Si quelqu'un se prétend franc
« du tiers et danger, parce que ses bois
c ont été plantés anciennement, il en
« sera exempt en prouvant.
« 12. Les deniers levés pour faire
« ou réparer les ponts y seront em-
« ployès, etc.
« 13. Lorsque le roi sera chargé
« des bâtiments ou de la reconstruc*
c tion des ponts , les particuliers n'y
« contribueront pas.
« 14. Les nobles, dans leurs terres,
« auront le varech et les choses quai-
« ves.
« 15. De trois ans en trois ans^ le
« roi enverra des commissaires pour
« informer des excès de ses officiers.
« 16. Nul homme libre ne sera mis
« à la question , à moins qu'il n'y ait
« contre lui des présomptions violentes
« de crime.
« 17. Aucun avocat ne pourra pren-
« dre plus de 30 livres pour les grandes
« causes , etc.
« 18. Les causes décidées à l'échi-
« quier de Normandie ne seront pas
« portées au parlement de Paris.
« 19. La prescription de quarante
« années aura lieu , en Normandie, en
« toutes matières.
« 20. Les héritages qui seront réu-
« nis au domaine du roi , par défaut
« de pavement, seront estimés par des
« prud'nommes.
« 21. Les parents pourront faire le
« retrait des héritages réunis au do-
« maine du roi, faute de payement.
« 22. Ceux qui auront des domaines
« du roi par don , échange ou autre
« aliénation, ne pourront traduire les
ft autres sujets du roi dans les justices
« éloignées.
ce 23. Quand il s'agira d'exécution
« de lettres passées sous le scel royal^
« les parties ne seront pas mises en
« procès, à moins que l'une d'elles ne
« prétende avoir payé.
<c 24. En matière de retrait , celui
« qui ne possédera pas l'héritage ne
« pourra être ajourne. »
Longtemps avant la révolution , on
ne suivait plus les dispositions de cette
charte : les rois de France y avaient
dérogé par des lois postérieures. Néaa-
moins, son autonté était encore si
considérable , que, quand il s'agissait
;
CHA
FRANCE.
CUA
de faire quelque règlement qui pouvait
intéresser la province de Normandie^
et qui était contraire à cette charte ,
on avait soin d'y insérer la clause :
Nonobstant clameur de haro^ chartre
normande y etc.
Charte-pabtie. Autrefois, comme
aujourd'hui) on était dans Fusage,
lorsque Ton dressait un contrat synal-
lagmatique, de faire autant d'actes
semblables qu'il y avait de parties con-
tractantes. Ces actes se nommaient
chartes paricles (charta* pariclœ,
paricolsBy paHculœy Bientôt, par sur-
croît de précaution , l'on traça au mi-
lieu d'une feuille des caractères et des
mots qu'on peut comparer aux sou-
ches des passe-ports ou des inscrip-
tions de rente , et qui étaient ensuite
coupés en li^ne droite, ondulée ou
dentelée. De la \%% chartes-parties on-
d'idées j dentelées (ckartœ partîtes
wuMatœy et indentatœ), Cyrogra-
phum est le mot que l'on trouve le
plus fréquemment inscrit sur la sou-
che des cnartes-parties, qui remontent
à une haute antiquité. Ce mot était
ordinairement accompagné de quelque
épithète spécifiant la nature de l'acte;
du nom des parties contractantes, ou
bien encore , surtout au quatorzième
siècle, de quelques lettres dé l'alphabet.
Enfin on traçait aussi, soit des images,
soit des formules de dévotion sur la
ligne de la souche, qui se trouvait pla-
cée le plus souvent dans le haut ou sur
le côte de la charte. Quand cette iij^^ne
était au bas de l'acte, ce qui était plus
rare , on plaçait quelqueiois le sceau
dans le haut de la pièce. Les inscrip-
tions étaient tantôt horizontales, tan-
tôt perpendiculaires ; et elles se dis-
tinguent en général par la grandeur
des traits ou des ornements qui les
accompagnent, souvent aussi par la
couleur de l'encre. Aux chartes-parties
coupées en ligne droite , succédèrent
les chartes dentelées et ondulées, qui,
vers la fin du quatorzième siècle, ne
portaient guère que par exception des
mscriptions à la souche. Le savant
Mabillon n'a pu découvrir en France
de charte dentelée remontant au delà
<le 1106; quant aux chartes-parties.
la plus ancienne chez nous est de l'an-
née 1034, tandis qu'en Angleterre il
en existe du neuvième siècle.
Châbtes. — Ce mot servait autre*
fois à désigner toute espèce d'actes. On
ne s'en sert aujourd'hui que pour dé«
signer les titres anciens. Dans les huit
ou neuf premiers siècles, on employait
les noms de charttda ou chartaela de
préférence à celui de charta, qu'au
douzième et au treizième siècle on
écrit souvent quarta^ quarttUa ou
karta. Au huitième siècle, le mot
charta seul a signifié Un passe- port ;
mais en général il ne prend un sens
détermine que par les adjectifs aux-
auels il est joint. Voici l'enumération
aesjprincipales espèces de chartes :
CTiarta jurata ou sacramentaHs '<,
acte de serment ou de fidélité , ou con-
tenant une promesse quelconque , sous
la foi du serment.
Chartae de mtmdeburde, chartes de
niainboumie, c'est-à-dire de protec-
tion ou de tutelle, accordées aux églises
et aux monastères par les rois , les
seigneurs et les évéques. Ces chartes
s'appelaient aussi quelquefois sauvetés,
salvitates,
Chartœ apennes^ chartes apennes.
Quand , par accident, des titres de pos-
session ou de privilèges venaient a se
perdre , le magistrat ou gouverneur du
lieu faisait expédier deux chartes dites
apennes ^ qui étaient des espèces de
procès- verbaux du désastre , auxquels
on donnait encore le nom de chartas
relationis. On faisait ordinairement
deux expéditions de ces actes : on en
affichait une en public , pour conser-
ver les droits des tiers et appeler leurs
réclamations , et l'on délivrait l'autre
aux possesseurs des titres perdus. Les
diplômes délivrés par les princes pour
la confirmation ae ces chartes sont
appelés, dès le neuvième siècle, /)&»-
cMLrtœ ou pantochartœ ; les pancartes
de Charles le Chauve sont les pre-
mières qui entrent dans le détail des
biens, terres ou privilèges dont on
voulait faire confirmer la possession.
Chartes traditionis , transfusionis^
refusionis, offersionis , transfersio^
nis, perpetualis transactionis , stabi'
CSA
L'UNIVBW.
faiA
iUcUii , confirmaUoniê , désigoaient
lies actes de donation , coipine charte
confertoria , ehart'm eleemosynariœ,
V- La charte de soumission, oharta
obnoiciationis , était ufi acte par le-
quel on vendait soi et sa famille,
quand on ne poairait) se procurer les
aliments nécessaires à la vie, sa-
tisfaire un créancier on solder une
amende.
Les mots charta tracUUotUsj çeS'
sionis, largUionis et doncUionis, ser-
vaient à désigner les actes de vente.
IjQS. càartse benqficiarise , chartes
hén^iairesy avaient pour (^jet ks
concessions de bénéfices. ( Voyez Bb-
RBFIGSS. )
La charte prestaire f charta preS"
iaria, était l'acte par lequel une église
ou un monastère abandonnait à un
particulier l'usufruit de quelques ter«
res , sous certaines conditions.
La charte précaire, charte^ preca^
fia y précaire y était celui par lequel
le particulier demandait pu acceptait
cet usufruit. 'Ces deux sortes de char-
tes devinrent fréquentes dans les hui-
tième et neuvième siècles. ( Voy. Pbé**
GAIBE. )
Il y a encore pour les charte^ un
grand nombre de dénominations ; mais
nous ne citerons plus que les suivah*
tes : charta audienticàis , citation k
un tribunal; charta cautionis , charte
d'obligation ou de caution; charta pi'
gnoratUmiSy charte d'engagement et
de garantie ; charta hxreditaria , tes-
tament ; charta divisionis, charte de
partage ; chartx rogatœ, actes qqe les
témoins étaient priés de signer.
A l'article Diplomàtiqub , nous
traiterons des moyens généraux d^ te-
connaître l'authenticité des chartes.
Chàbtieb (Alain) , né à Bayeux en
1386, fut rhomme le plus illustre de
son temps. Dès sa jeunesse , il enten-
dit joindre à son nom les épithètes
d'excellent orateur, de noble poète,
de renommé rhétoricien; et tout le
monde connaît l'histoire du baiser que
lui donna Marguerite d'Ecosse, femme
du dauphin de France, depuis Louis XL
Il n'avait guère que seize ans lorsqu'il
conçul; le projet d'écrire l'histoire de
^on siècle, et que Charles yi, pour
l'encourager dans ce travail , Je nofûnya
clerc , notaire et secrétaire <}e sa m^i.-
son : place que lui conserva Charles
yil. On ^oute même , ifiais il y ^
doute sur ce point, qu'il fut archi-
diacre de Paris et conseiller au parle-
ment. On ignore l'époque de sa mort :
les uns 1^ placent en 1449 , d'autres
en 14^7, d'autres enfin en 145$. Quel-
ques-unes des pièces de poésie àe Char-
tier, le Dpbat du réveil -maûn^ la
Belle dame sans merci y etc., se lisent
encore avec plaisir. Chartier n'a pas
l'élégance de Charles d'Orléans, la
verve et l'énergie populaire de Villon ;
mais on trouve dans ses vers ^n^ bon-
homie et une naïveté qui , même pour
nous, offrent un charme inexprimable.
Qiartier a rendu d'incontestables ser-
vic^ç à )a langue française : poète, pro-
sateur, érndit autant qu'on pouvait
l'être de son temps , il a fixé quelque^
règles , cherché des combinaisons nou>>
veiles des mètres poétiques, et surtout
il a ^li l'honneur, nous n'osons pa^
dire d'ouvrir la route à Charles d'Or«-
léans et à Villon , mais au moins de la
leur montrer. Ce n'est pas encore un
poète français , mais c'est mieux déj|
qu'un trouvère, c'est mieux qu'un de
ces vieux fommtders dont Villon, se-
lon Boileau^ sut, le premier, débrouil-
ler l'art confus. Il forma, avec Charles
d'Orléans , ce qu'on pourrait appeler
la transition. La meilleure édition des
oeuvres d'Alain Chartier est celle de
Paris, 1617, in-4°.
Chàbtibb (G.), évêque de Paris,
né à Bayeux, était parent d'Alain et
de Jean Chartier. Il tnt élevé à la coiir
de Charles VU, et nommé à l'évêch^
de Paris en 1447. Ce fut d'après soti
avis que Louis XI forma un conseilX
composé de deux membres de chacun \ :
des trois ordres, pour aviser à la dimi- ^
nution des impôts. Plus tard , lors de i
la guerre du bien public, Chartier
montra peu d'intelligence politique en
voulant taire ouvrir les portes de Paris
aux princes lisués contre le rôi : avis
qui eût causé la perte du royaume s'il
eût été suivi. Au reste, Louis XI ne
le lui pardonna pas. Api^s sa mort,
€HA
FRANGE.
CHA
arrivée en 1472, ce prince éerivlt au
prévôt des marchands pour lui expo-
ser ses griefs contre te prélat , et ii
exigea que ses motifs de plaintes fus-
seot consignés dans l^épitaphede Char-
tier, qui , du reste , était un homme
feoommandable pour ses vertus pri-
vées.
Chibtieh (Jean), frère d'Alain,
entra dans Tabbaye de Saint-Denis , y
devint chantre et historiographe de
France. Son frère le fit connaître à
Charles YII , qui le chargea de dé-
brouiller le chaos des vieilles chronî-
3ues que Ton gardait dans les archives
e cette abbaye. Le zèle avec lequel il
s'acquitta de cette pénible tâche le fit
apprécier de Charles VII, qui l'atta-
cha à sa personne et le rendit témoin
de tousses actes publics, afin qu'il les
racontât et les transmît à la postérité.
Le roi le feisait entretenir à s^g frais,
tenait à sa disposition des gens pour
le servir, et des chevaux pour le trans-
porter partout où il voulait. Jean
Cbartier vit tout le règne de Charles
VII et en écrivit l'histoire. Dans ses
travaux à l'abbaye de' Saint-Denis , il
avait achevé la collection des Grandes
chroniques de France y vaste compi-
lation qui accrédita tant de fables , et
qui répandit des idées si fausses sur
les origines de notre histoire: Les deux
ouvrages de Jean Chartier,* V Histoire
de Cmrles Fil et les Grandes chro-
niques, furent imprimés sous Louis
XI en 1476, à Pans, 3 vol. in-fol. Le
second de ces ouvrages fut In première
histoire de France publiée par la voie
de l'impression; il a été réimprimé
dans la collection des historiens de
France, et enfin, de nos jours, M. Pau-
lin Paris en a donné une nouvelle édi-
tion jusqu'au règne de Charles Y in-
clusivement, avec une dissertation sur
les sources de ces chroniques et une
notice sur les manuscrits dont il a fait
usage, Paris, 1836, in-fol. On peut
consulter sur ces chroniques la criti-
que et l'analyse qu'en a faite M. Au-
gustin Thierry, dans sa cinquième let-
tre sur l'histoire de France , et dans
le tome xv du Recueil de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, un
mémoire de la Gurne Sainte-Palaye.
L'histoire de Charles VII a été réim-
primée seule par D^nys Godefroi, Pa-
iris, 1661, avec d'autres pièces d'écri-
vains contemporains. En tête de cette
histoire, qui n'est qu'une chronique,
Jean Chartier place un petit prologue
où il annonce l'intention d'&rire les
faits de ce règne , le plus véritable-
menty que je pqurray, dit-il, sans por-
ter faveur ni haine à aucun. Le style
de cet écrivain est naïf, mais n'a riea
d'original; il renferme d'excellents
renseignements, mais tout est présen-
té confusément , sans n^éthode, sans
autre ordre que l'ordre chronologique.
Jean Chartier mourut vers H61 , peu
de temps après Charles YII.
CHABTiBR(Kené) naquit à Vendante
en 1572. Il montra dès sa plus tendre
enfance une passion ardente pour l'é-
tude, et cultiva en même temps la lit-
térature , la philosophie , la tnéologie
et la médecine. Apies être resté plu-
sieurs années à Angers et à Bordeaux,
où il perfectionna ses études médica-
les, ii vint à Paris, où ii fut reçu doc-
teur, le 26 août 1608, et nommé pro-
fesseur de pharmacie. En 1612, il fut
nommé médecin des dames de France;
en 161*3, médecin ordinaire du roi , et
en 1617, professeur de chirurgie au
collège royal. Il mourut, le 29 octobre
1654, d'une apoplexie^ qui le surprit à
cheval, à l'â^e de quatre-vingt-deux
ans. Si Chartier n'a rien publie d'ori-
ginal, ii s'est acquis une grande célé-
brité comme (éditeur ; et son plus grand
titre est, sans contredit, l'édition com-
plète des œuvres réunies d'Hippo-
crate et de Galien.
Chàrtbàtn, Camutensis ager, ou
trâctus. Ce pays, dont Chartres était
la capitale , faisait partie de la Beauce
et du gouvernement général de l'Or-
léanais. Il était borné au N. par la
Normandie et l'Ile de France ^ au S.
par le Dunois et l'Orléanais propre-
ment dit, à l'E. par le Gâtinais, et à
l'O. par le Perche. Il avait douze lieues
de longueur sur dix de largeur.
Au temps de César, le pays char-
train faisait partie du territoire des
Carnutes; sous Honorius, ii était
8
C0A
L'UNIVERS.
€HA
{
compris dans la quatrième Lyonnaise.
Depuis, il suivit les destinées de Char-
tres, sa capitale.
CHÀfiTBAN (J. H. S.),;né à Carcas-
sonne en 1779, entra au service à
rage de quatorze ans , fit les campa-
gnes de 1794 et 1795 dans TarniQ^
des Pyrénées-Orientales, passa à celle
d'Italie, après la paix de Bâle, et se
distingua en diverses rencontres. U
servit ensuite sur le Rhin, à la grande
armée, et fut fait colonel en 1813.
Vainqueur, le 28 juillet , de six mille
Russes, qui essayèrent en vain de l'ar-
rêter dans les gorges de Pina , il as-
sista le 30 à la bataille de Gulm, se fit
jour au milieu des colonnes ennemies,
êur enleva cinquante -deux officiers
supérieurs, dégagea son général de
division, et une partie des troupes
tombées en leur pouvoir. Nommé gé-
néral de brigade pour ces deux beaux
faits d'armes , il fut mis à la demi-
solde par les Bourbons. Au retour de
Tempereur, Chartran fut chargé du
commandement du département de
l'Aude, et rencontra, en se rendant à
sa destination, le baron Trouvé, avec
lequel il eut une entrevue, dont le dé-
tail, publié dans une intention coupa-
ble, produisit plus tard l'effet (|u on
en attendait. U fut mis, peu de jours
après cette fatale rencontre, à la tête
d une brigade de voltigeurs de la
garde , combattit vaillamment à Fleu-
rus et à Waterloo. Dans cette dernière
bataille, it attaqua des hauteurs qui
paraissaient inexpugnables. Repoussé
trois fois, il revint trois fois à la charge,
et emporta la position. Le général
Chartran, oblige de faire sa retraite,
l'exécuta en bon ordre, se rendit sous
les murs de la capitale, passa la Loire,
et revint à Paris après le licenciement.
Envoyé d'abord en surveillance à
Lille, puis arrêté, traduit devant une
commission militaire, il fut condamné
à mort et exécuté. U avait alors trente-
six ans, comptait vingt-deux années
de service, vingt-deux campagnes, et
un grand nombre d'actions d'éclat.
Chàetbe. Ce mot avait ancienne*
ment deux acceptions bien différentes.
Il était pris comme synonyme de
charte, dont il venait probablement
par corruption , et servait à désigner
un acte ou un titre ancien.
U signifiait en outre une prison, un
lieu caché, et il avait probablement
pour racine le mot latin carcer; l'on
en fit chartrier, dans le sens de pri-
sonnier, et il nous en est resté la lo-
cution, tenir en chartre privée, dans
le sens de tenir en prison.
Le mot cAar^re servait encore à dé-
signer une espèce de maladie d'enfant,
appelée aujourd'hui carreau. D'où
l'on disait venir en chartre, tomber
en chartre.
Ghàbtbes, Autricum, Camutum
civitas, est une des plus anciennes
villes de la France. Avant la conquête
des Romains, elle était la capitale des
Garnutes ou Camuti (Voj[. ce mot) et
le siège principal du druidisme, et elle
acquit, sous la domination romaine,
une assez grande importance. Placée
plus tard sous la puissance' immédiate
des rois francs, elle fut successivement
prise par Thierry II, roi d'Orléans et
de Bourgogne , et en 852 et 872 par
les Normands , qui la brûlèrent et la
détruisirent. Durant la longue lutte
de la France et de l'Angleterre, elle
tomba au pouvoir des Anglais, et ne
fut reprise qu'en 1432. Attaquée sans
succès par les protestants en 1^68, elle
fut prise en 1591 par Henri IV^qui s'y
fit sacrer trois ans après.
Vers la fin du onzième siècle, la
ville de Chartres était défendue par
une enceinte de fortifications dont
quelques parties subsistent encore ,
entre autres une porte en pierre de
taille flanquée de deux grosses tours.
La cathédrale de Chartres est un
des plus beaux monuments que nous
ait légués rarchitecture du moyen
âge : une église construite sur son
emplacement avait été incendiée trois
fois, quand l'évêque Fulbert, lors du
dernier incendie, arrivé en 1020, fit
un appel à la générosité de tous les
{)rinces chrétiens, et du produit de
eurs offrandes commença le nouvel
édifice, qui, après sa construction,
qui se prolongea pendant près de
cent trente ans , fut dédié à la Vierge
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FRANCE, (Xiri'S)
* . Vi:^™,-
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FRAN€ir.
CHA
9
le 17 octobre 1260, par Pierre de
Mainçy, soixante-seizième évêque de
Chartres. — Le projet avait été d'a-
bord de construire les deux clochers
sur le même dessin , mais il n'y eut
ii'acheyé que celui qui est appelé le
clocher vieux, En 1838, par la uégli-
Çeoce de quelques ouvriers, le feu prit
a la toiture du bâtiment, et détruisit
complètement la charpente. -^ Des
fonds assez considérables ont été vo-
tés par les chambres pour réparer ce
malheur.
On remarque encore à Chartres l'an-
eienne église de Saint-André, le cabinet
d'histoire naturelle, la bibliothèque
publique renfermant quarante mille
volumes imprimés et nuit cents ma-
nuscrits, et où l'on conserve un verre
ayant appartenu à Charlemagne, qui
était anciennement déposé dans l'ab-
baye de la Madeleine de Châteaudun.
Chartres était jadis la capitale du
pys Chartrain et de la Beauce , avec
le titre de duché-pairie; son diocèse
comprenait huit cent dix paroisses :
elle était comprise dans le gouverne-
ment général de l'Orléanais et dans le
ressort du parlement de Paris. C'est
aiyourd'hui le chef-lieu du départe-
Bo&it d'Eure-et-Loir, et le siège d'un
évéché ; elle possède des tribunaux de
première instance et de commerce,
.et une société d'agriculture et un col-
lège communal. — Sa population ac-
tuelle est d'environ qumze mille ha-
bitants. . *
C'est la patrie d'un assez grand
nombre d'hommes célèbres , parmi
lesquels nous citerons : Guillaume
de saintes, évéque d'Évreux ; Philippe
Besportes , Mathurin Régnier, P. ISi-
eoUe, André et Michel Félibien, Fleu-
ry, mort doyen de la coniédie fran-
çaise; J. Dussaulx, conventionnel et
académicien; Pétion de Villeneuye,
eonventionnet; le général Marceau,
etc.
Chabtrbs (comtes de). Depuis la
fin du neuvième siècle , Chartres eut
des comtes héréditaires qui possé-
daient aussi les comtés de Blois et de
Champagne (Voy. Blois et Champa-
eas). Plus tard, le comté de Chartres
appartint à la maison de Châtillon
(Voy. ce mot). Philippe le Bel en fit
ensuite l'acquisition pour le donner à
son frère , le comte de Valois, et Phi-
lippe de Valois le réunit à la couronne.
Ërigé en duché par François V en
faveur de Renée de France', duchesse
de Ferrare, il fut rachelé, en 1623,
par Louis XIII , des mains du duc de
Nemours , et devint ensuite apanage
de la maison d'Orléans, où le tus aîné
porta toujours le titre de duc de Char-
tres. Voy. Oeléans (maison d'.)
Chartbes (monnaie de). Un de nos
numismates les plus distingués, M. de
la Saussàye, vient d'attribuer à Tasjet,
roi des Carnutes, et allié de César,
une curieuse pièce de billon, qui porte
d'un côté pour légende le mot tascii-
Tios, autour d'un Pégase, et de Tautre
£Al^£00riS, autour .d'une tête* de
.Baccbus ou d'Apollon, derrière la-
.quelle on remarque un pampre. Cette
belle monnaie , qui était restée long-
temps parmi les pièces incertaines,
est la seule médaille gauloise qu'on
puisse, avec certitude, attribuer à la
ville de Chartres. On a retrouvé , de
nos jours, quelques triens mérovin-
giens frappés dans t;ette ville par le
monétaire Blidomond , Blidohon-
BUS, et n'offrant d'autre particularité
remarquable qu'une extrême barbarie.
Mais , à partir du règne de Pépin ,
Chartres nous présente une suite de
monuments numismatiquesplus nom-
breux et surtout plus intéressants.
Le premier de ces monuments est ex-
trêmement curieux: c'est un denier
qui annonce une sorte de transition
entre le faire des artistes de la seconde
race et celui de ceux de la première.
On y voit , au droit , un ange tenant
deux croix, avec les lettres CARN dans
le champ, et au revers, seulement les
deux majuscules RF. Il nous reste
également des deniers frappés à Char-
tres sous les règnes de Charlemagne,
de Charles le Chauve et de Eudes.
Ceux de Charlemagne présentent entre
eux les différences de style que l'on
remarque dans la numismatique de. ce
Î)rince. Ce sont d'abord des pièces sur
esquelles on lit en lettres mal for-
ta
OHA
L*U!tIVElt&
CHA
Biëes le nom de la Tille, gabïtotàs, et
de l'autre le nom du roi J^,2 ea deux
lignes. Ensuite des pièces d*an type
noiNns barbare, présentant au droit
une croÎK à branches égales , avec la
légende ga^notàé civiias entre gre-
netis , et au revers carlits rbx fb
avec le monogramme dans le champ.
Les deniers de Charles II et d'Eudes
nWfrent rien de particulier. On a pré-
tendu qu'aucune espèce n'avait été
frappée à Chartres, depuis cette épo-
que, jusqu'à celle où les monnaies des
barons commencèrent à avoir cours.
C'est une erreur. Il faut restituer à
cette ville une pièce où l'on voit le
mopogramme de Charles , avec la lé-
gende GBATiA DiBBX, et l'inscription
à deux Ï'Sû^42^vitaV ^^^^ ^^^^ ^*
de Charles le Simple, et elle a été in-
contestablement nrappée à Chartres.
Depuis la. fin du dixième siècle jus-
qu'en 1819, époque où le roi de France
racheta du comte de Chartres la mon-
naie de cette ville, le type de cette
monnaie orésente , d'un côté , une
croix, et ae l'autre une figure bizarre
qui a beaucoup occupé les antiquaires.
On a essayé d'expliquer cette figure
de différentes manières ; l'explication
proposée par M. Lelewel est la seule
qui soit admise aujourd'hui. Ce sa-
vant voit dans cette figure une tête
humaine défigurée. Nous reviendrons
sur cette opinion et sur la figure qui
y a donné lieu, et qui se représente sur
un grand nombre de monnaies du
moyen âge, à l'article Typb monb-
TAiBB. La monnaie de Chartres, dont
il existe plusieurs échantillons , exem-
plaires ae types , de modules et de
titres différents, fht d'abord anonyme.
Le côté de la tête chartraine était ané-
pigraphe , et l'autre portait pour lé«
gende gabtiscivitas. Mais le comte
finit par placer son nom au commen-
cement de la légende : b. gomcabtis
ciYiTAs (Richard de Beaumond, 1235-
1255); I. gomcabtis giyitas (Jean,
1255-1279, ou Jeanne, 1279-1293).
Nous avons dit que le type char-
train représentait originairement une
tête. Lelewel a cru en retrouver Porl-
gina] dans ces triens bari^ares doDt
noqs avons parlé plus haut. Nous ai-
merions mieux y voir 1-efBgie de la
sainte Vierge,
D'après l'ordonnance de 131$, les
deniers de Chartres devaient être à
trois deniers dix grains argent le roi,
et à la taille de 235 au marc, et les
mailles de 2 deniers 21 grains de loi
argent le roi ; quatqrze deniers char-
tràins ne valaient qu'un sou tournois.
Çhabtbes (sièges et prises de).
Chartres fut plusiefirs Ms prise et pli*
iée, sous les rois de la premièfe race,
et plus tard par les "Normands , notam-
ment en 858.— Rollon (Roli) vint de
nouveau l'investir en 911. Cette fois
le roi Charles lui en fit lever le siège.
Mais ce fut son dernier acte de vi*
gueur contre les pirates du Nord : peu
après il leur céda la Neustrie.
Depuis 1417 le duc de Bourgogne
était mattre de Chartres , qui était,o^
eupée par des Bourguignons et par des
Anglais. En 1482 Je bâtard d'Orléans
forma le projet de surprendre cette
ville et trouva le moyen de s'assarer
des intelligences dans la place; en ef-
fet , il y avait partout un tort parti op-
posé aux Anglais. « Un bourgeois «
nommé le Petit-Guillaume , qui faisait
d'habitude le commerce de sel avec
ses charrettes , d'Orléans à Blois et à
Chartres, vint^ la veille du dimanche
des Rameaux , se présenter , le matin
de bonne heure , à là porte de la vilto*
Il amenait avec lui plusieurs voitures
chargées de tonneaux. Il était connu;
on ne se défia de rien. Plusieurs por-
tiers étaient gagnés; d'autres se mi-
rent tout aussitôt à emporter des pa-
niers d'aloses que le marchand leur
avait promis. Une des charrettes s'a^
réta sur le pont^levis. C'étaient des
hommes d'armes qui, vêtus de blouses,
diaossés en guêtres et le fouet à la
main , conduisaient les voitures.; d'au-
tres étaient enfermés dans les ton-
neaux : ils sortirent de leur cachette
et tombèrent sur les gardiens des por-
tes. Une embuscade , commandée par
le sire d'Illiers , n'était pas éloignée;
elle arriva à leur aide. Un religieux
CHA
FRAUGE.
Il
jacobin , nommé mattre Sarrazin , qui
était du compïot , avait justement fixé
n^are de son sermon au moment oà
àe devait faire Pattaque, et avait choisi
une égiise à l'autre bout de la vilte. La
garnison et les bourgeois du parti an-
glais fiirent donc longtemps a se met-
tre en défense; toutefois oh commença
à se battre dans les rues. L'évéqiie
était nn Bourguignon nommé Jean de
Fétigni ; il se mit vaillamment à la
tête des défenseurs de la vHIe ; mais
bientôt après il fut tué. Le bailli se
sauva par-des3us les murs*, et le bâ^
tard d^Orléans étant arrivé à la tête
dTane seconde 'embuscades, la ville
iftit entièrement soumise, (/e fîit une
mnde nouvelle pour les Parisiens.
Cfiartres n*est pas éloigné de Paris;
ffétaît de là qu'arriyait la plus grande
partie des fannes, et le pain allait être
encore plus cher. Tout semblait dé*
çsÀter fes bourgeois de cette domina-
tioa anglaise qui n'éprouvait plus que
d» éehecs {*). »
— Les protestants assiégèrent Char-
tres sans succès en 1568; Henri lY la
vntCD 1591^ après deux assauts in-
tneeteax et grâce à Thabileté du comte
dIetjMtillon. Ce capitaine inventa^ dit
ftàimerï de Henri IV, un pont pour
ideseeàdre à couvert dans le fossé et
idonter à l'assaut. Aussitôt que cette
ma<^ïne fut placée , les assiégés eapi-
taJèrent. En entrant dans la viile, le
BAt arrêté par une députation des
îtants; le magistrat lui fit une loa-
E' e et ennuyeuse harangue , où 11 éta-
SSâit que 1a ville appartenait au roi
par le droit divin et par le droit hu-
main. Impatienté de cies longueurs , le
téamafs s'écria : Ajmtez-y : et par
le ébrcit canon. Puis, poussant son
mval, il entra dans Chartf'es.
'CbÎabtbeuse (grande). Monastère
e^èbre par la beauté sauvage des sites
qo| l'entourent, par son ancienneté
et par rétendue de ses constructions,
sitôé dans le département de l'Isère ,
à t4 kilomètres de Grenoble. Le dé-
sert au milieu duqgel il s'élève fut
« .
(^ De Barantc , Histoire des duc9 de
B^ogne.
donné par saîil Hugues, évêque 4t
eette ville, à saint Bruno , qui y fonda
l'ordre des chartreux, en coostraisant
de petits bâtiments épars , à un kilo*
m^re de l'édifice actuellenoeot exiS'*
tant. De nouvelles constructions, fiiî-
tes en 1133, furisnt, dans la suite,
incendiées et rétablies à huit reprises
différentes. Les bâtiments adioels dar
tent de 1676. Les religieux qui habi-
taient la grande chartreuse furept dis^
perses en 1769; ils s'y sont réunis en
partie dçpuis 1816. Ils sont aujourr
d^hui au nombre de trente. (¥eyes
l'article suivant. )
GfiàRTRBux. Célèbre ordre reli-
Sieux fondé par saint Bruno, à la fin
u onzième sièele. Cet homme remar*
-quable était né à Cologne , v^s l'an
1030. Il fut de bonne heure attaché
par l'évêque saint Annoo à i'éeole de
la collégiale de Saint-Cunibert. Après
avoir étudié ensuite à l'école de Eetms,
il fut fait suceessivemeot^ par l'archer
vêque Gervais , écolâtre « puis chance-
lier de cet arcbeviché , dignité qui lui
donnait la direction des &oles publi*-
ques de la viHe et l^inspection suif tous
les établissements d'instruction publi-
que du diocèse^ Lorsque l'usurpateur
simoniaque du siège de Reims, MSr
nasses , eut été cité au coneile d'Au-
tun, en 1077, oiî Bruno fut un ^e ses
accusateurs , et lorsqu'il eut été :dé-
posé, en 1080, le chapitre de Reims
voulut le remplacer par Bruno ; mais
celui-ci avait deis lors résolu de se con-
sacrer entièrement à Dieu ; il se retira
à Saisse-Fontaine, dans le diocèse de
Langres , et là , accompagné de deux
amis, il se. livra avec une ferveur exem-
plaire aux exercioiss de la vie monas-
tique, n quitta ensuite ce lieu et alla
quelques années après , avec quatre
compagnons, trouver saint Hugues,
évéque de Grenoble , qui les conduisit,
en 1084, dans le désert appelé Char-
treuscy situé à 24 kilomètres d^ cette
ville. Là , Bruno et ses compagnons ,
dont le nombre augmenta bientôt,
formèrent un petit établissement qui
prit en peu de temps de grands accrois-
sements, et se rendit utile à la con-
trée environnante en créant des usinas
Il
CHÀ
LUNIVERS.
CHA
H en exploitant des nines. En 1089,
le pape Urbain II appela Bruno auprès
de lui , et celui-ci , après avoir reHisé
tous les honneurs dont on voulait le
combler , alla , en 1094 , fonder une
seconde chartreuse dans la solitude
deUa Torre , au diocèse de Squiiiace ,
en Galabre ; il y mourut le 6 octobre
1101. Léon X autorisa \e& chartreux
à célébrer un of^e propre en son hon-
neur^ office qui fut étendu à toute
TÉglise par Grégoire X, en 1623. Cin-
quante ans après la fondatjpn de la
chartreuse de Grenoble , Pierre le Vé-
nérable faisait le tableau suivant du
genre de vie adopté par les disciples
de Bruno : « Ils sont les plus pauvres
de tous les moines ; la vue seule de leur
extérieur effraye. Ils portent un rud»
cilice, affligent leur chair par des jeû-
nes presque continuels , et ne mangent
que du pain de son en maladie comme
en santé. Ils ne connaissent pas Tu-
saçe de la viande, et ne mangent du
poisson que quand on leur en donne.
Les dimanches et les jeudis ils vivent
d'œufs et de fromage : des herbes
bouillies font leur nourriture les mar-
dis et les samedis. Les autres jours
de la semaine , ils vivent de pain et
d'eau. Ils ne font par jour qu'un seul
repas, excepté dans les octaves de
Noël, de l'Epiphanie, de Pâques, de
la Pentecôte et de quelques autres
fêtes. La prière ,. la lecture et le tra-
vail des mains , oui consiste principa-
lement à copier aes livres , sont leur
occupation ordinaire. Ils récitent les
{>etites heures de l'office divin dans
eurs cellules , lorsqu'ils entendent
sonner la cloche, mais ils s'assemblent
à l'église pour chanter vêpres et ma-
tines ; ils disent la messe les diman-
ches et fêtes. » Bruno n'avait pas
donné de règle particulière à ses dis-
ciples ; ce fut seulement en 1228 que
le cinquième général de l'ordre , Gui-
gnes , rédigea les usages et les cou-
tumes qui s'étaient , de génération en
génération , conservés depuis leur fon-
dateur. iDes additions et des modifica-
tions y furent faites par plusieurs cha-
pitres généraux , et ei^n il en résulta
ce qu'on appelle la règle des Char-
treux , Imprimée en 1581 , réimpri-
mée cent ans plus tard, et confirmée en
1682 par Innocent XI. Cet ordre, re-
gardé comme le modèle de la vie con-
templative, a eu cela de particulier,
qu'irn'eut jamais besoin ae réforme.
11 a donné à l'Église six cardinaux,
deux patriarches , quinze archevêques
et quarante-neuf évêaues , et conser-
vait encore-, au siècle dernier, plu-
sieurs rites anciens dans la célébra-
tion de la messe. Au milieu du dix-
huitième siècle il possédait , dans les
différents États catholiques de l'Eu-
rope , cent soixante et douze maisons,
divisées en seize provinces , dont cha-
cune avait deux visiteurs. Au nombre
de ces maisons figuraient quatre cou-
vents de femmes, qui devaient être
fort anciens, car, dans les statuts,
rédigés en 1368 , il fut défendu de re-
cevoir à l'avenir, ou d'incorporer à
l'ordre de nouveaux couvents de filles.
Martin, onzième général de la société,
donna pour devise à l'ordre un globe ,
surmonté d'une croix, avec ces mots :
« Stat crux, dum volvitur. or bis. »
Ce fut le pape Jules II oui ordonna
que toutes les maisons de l'ordre obéi-
raient au prieur de la grande Char-
treuse , c'est-à-dire de la Chartreuse
de Grenoble. C'était dans le petit
cloître du couvent des chartreux , à
Paris , que se trouvaient les admira-
bles peintures de le Sueur, représen-
tant la vie de saint Bruno , peintures
qui se trouvent actuellement au musée
du Louvre. V. Chartbbuse (grande).
Chasles (L.), député d'£ure-et-
Loir à la Convention nationale, était
chanoine de Chartres avant la révolu-
tion , dont il embrassa subitement les
principes avec une grande ardeur. Il
prit place parmi les montagnards ; mais
il tomba bientôt dans les excès les plus
révoltants, et lui^ ancien ministre de
la religion catholique, il n'eut pas
honte de se joindre à Hâbert pour lever
l'étendard de l'athéisme, et rut envoyé
en 1793 à l'armée du Nord en qualité
de commissaire.- Rappelé à plusieurs
reprises par la Convention, il s'excusa
longtemps, prétextant une blessure
qu'il avait reçue à Hondschoote, et
€HA
FRANCE.
CHA
13
reparut enfin dans rassemblée, où II
eootinua de manifester ses anciens
principes. Ayant été signalé, le 1*'
arril 1795, comme l'un des diefs de
la conspiration jacobine, il fut d'abord
enfermé au château de Ham, puis am-
nistié par la loi du 4 brumaire an iy,
et admis aux Invalides. Mais exilé ensui-
te, comme tous les ex-conventionnels,
àTJDgt lieues de la capitale-, il vécut
depuis obscur et oublié. Chasles est
mort en 1826, laissant en manuscrits
des Mémoires sur la révohUion,
Chasse. — César et Arrién rappor-
I tent que les Gaulois aimaient la cnasse
aTec passion , qu'ils s'y faisaient aider
par aes chiens hardis et vigoureux,
mes dans leur pays ou importes de TÎIe
rde Bretagne, et que pour qu'elle leur
[plût, il fallait qu'elle tût environnée de
dangers et offrît une image de la guerre.
Aussi la poursuite de Vurus, espèce
de taureau sauvage de forte taille et
d'une grande férocité, que nourris-
saient leurs forêts, et dont l'espèce a
disparu, était-elle l'exercice auquel ils
se livraient le plus volontiers, cpiand
i\s n'étaient pas entraînés au loin par
une expédition militaire. Il parait que
sous la domination des Romains cette
passion fut réprimée par les édits im-
périaux; car lorsque les Francs, dé-
terminés chasseurs, comme tous les
f peuples d'origine germanique , arrivè-
rent dans la Gaule, la chasse n*y était
: dIos guère au'un métier pratiqué par
■'les soldats aes frontières, d'après les
\| ordres et pour le profit des pourvoyeurs
'de la table des empereurs. Quand la
\ cour avait besoin de gibier, le maître
]; du sacré palais écrivait aux ducs qui
recommandaient dans les provinces li-
^'mitrophes, et ceux-ci détachaient des
', troupes légères appelées indifférem-
jlment saaUtarii ou venatores, pour en
abattre la quantité nécessaire.
Comme la chasse n'était point très
en usage chez les Gailo-Romains, et
qu'elle était, en quelque sorte, aban-
donnée aux soldats, lorsque les peu-
plades étrangères eurent pris pied dans
b Gaule, les possesseurs du sol virent
sans peine leurs vainqueurs se Tattri-
boer exclusivement, et la défendre au
bas clergé, aux diacres, aux prêtres,
aux abbés, aux évêques; pronibition
dont les deux dernières classes surent
bien s'affranchir quand les membres
qui les composaient furent devenus des
seigneurs suzerains.
La chasse se divisait déjà en vénerie
et en fauconnerie , et pour qu'elle fût
productive, elle était soumise à des
règlements très^sévères. On ne pouvait
prendre ou mettre à mort des bêtes
lauves qu'avec la permission du roi.
Un urus que Gontran, roi d'Orléans
et de Bourgogne, trouva tué dans une
de ses forêts, fut la cause du premier
duel judiciaire dont il soit fait mention
dans notre histoire. La loi : salique
frappe d'une amende quiconque tuera
ou volera le cerf <)ue les chiens d'un
autre auront réduit. Celui qui volé un
chien de chasse est condamné à payer
quinze sous; si. le chien est dressé,
1 amende monte à quarante sous. Chez
les Bourguignons, la punition était
moins sévère, et ramende ne s'élevait
qu'à sept sous, dont cinq revenaient
au propriétaire de l'animal dérobé;
mais aussi le larron était condamné à
baiser le derrière du chien.
£n même temps, il était enjoint aux
juges de faire garder avec le gibier les
forêts où il se retirait, de nourrir les
chiens qu'on leur recommandait, de
tenir les fauconneries royales bien
fournies de faucons et d'éperviers , et
d'exiger avec soin les redevances qui
devaient être payées en oiseaux de cette
espèce. Dans chaque métairie du roi ,
il devait y avoir des oiseleurs et des
gens qui sussent faire des filets pour
toute espèce de chasse.
Au reste, si les premiers rois de
France donnaient une attention si par-
ticulière à la chasse, c'est qu'elle était
pour eux un revenu beaucoup plus
qu'un divertissement. Ses produits,
quels qu'ils fussent, étaient servis sur
leur table et contribuaient à la nourri-
ture des officiers de leur maison.
La chasse et les soins que réclamait
la gardedu gibier avaient donné lieu à
la création d'une administration si
nombreuse, qu'elle équivalait à une
armée. Il existait des veneurs et des
14
CHA
L'UNIVERS.
CHA
laucontiiers patotms t|ui avaient à leur
tête quatre gïaods veneurs et uo grand
faoconmer^ qualifiés tous les cinq du
titre de grands officiers de la couronne.
Ils étaient presque toujours dispersés
dans les provinces pour le service de
la cour, et quand il leur avait été
transmis des lettres du roi ou de la
reine , ou que le sénéchal ou le bou-
teiller leur avaient fait connaître les
Intentions de Tun ou de Tautre, ils
«'assemblaient dans \eà maisons royales
près desquelles ils se trouvaient, te*^
naient èofnseil sur les ordres qu'ils
avaient reçus y et prenaient toutes les
mesures cohveoabtes pour en assurer
l'exécution.
C'était principalement dans l'aU*'
tontine que l'on chassait, et les rois ne
donnaient guère une fête qu'elle ne fût
terminée par une grande chasse. Quand
les fiefs furent devenus des sragneuries
héréditaires entre les mains de ceux
qui les possédaient d'une manière pré-
caire, les possesseurs s'empressèrent
de s'attribuer le droit exclusif de
chasser dans leurs domaines. ï^ar suite
de la mise en culture d'un grand nom-
bre de terrains , les animaux domesti-
ques s'étaient multipliés, et la chasse
avait cessé d'être une nécessité de la
vie; elle devint alors un amusement,
mais un amusement noble, dont les
gentilshommes se montrèrent d'autant
plus jaloux , que la faculté de s'y livrer
fut par eux mise au nombre des signes
caractéristiques de leur noblesse.
Alors la chasse, qui n'avait été
jusque-là qif une guerre faite sans prin-
cipes à des animaux inoffensifs ou
dangereux , devint un art qui eut ses
règles, une science dans laquelle. tout
homme de noble race dut se piquer
d'exceller. Quand nos romanciers font
l'éloge d'un chevalier accompli , ils le
représeqtent toujours comme expert
en fait d'armes, en dits d'araour et en
déduits de chiens et d'oiseaux. Plus la
chasse était périlleuse , plus on l'esti-
mait. Il était beau d'attendre sans
broncher un sanglier furieux qui s'é-
lam^it tête basse, et de le terrasser
au passage; il était plus beau encore
d'alkr dans les Alpes et les Pyrénées
j^quer l'ours dans son repaire > et de
le mettre à mort d'un coup d'épîeu.
Henri lY, dans le temps qu'il n était
que prince de Béarn, se livrait encore
dans ses petits États à cet exercice pé-
rilleux.
Quant à la chasse de ruse, à l'emploi
des trappes, des engins,. des filets, la
noblesse la dédaignait comme jeux d«
villains et communs paysans , ainsi
Sue s'exprime Gaston Phœbus , comte
e Foix , aans ses Déckdts de la chasse,
composés sur la fin du quatorzième
siècle. Pour qu'un seigneur trouvât une
chasse digne de lui , il fallait qu'il y
courût risque de la vie, ou du moins
qu'elle l'exposât à de grandes fatigues.
Au moyen âge , la chasse était con-
sidérée non-seulement comme un amu-
sement noble , mais encore comme
une occupation pieuse , parce que , dit
encore Gaston Phœbus , qui fut k plus
intrépide chasseur de son temps, parce
que eUe sert àfairefuvr tous les pé-
chez mortels. Or, quifvyt Us septjpé-
chez mortels, selm notre foy, il doit
être saulve, Donques, ion veneur
aura en ce^monde joye^ léesse et dé-
duit; et après y aura paradis encore.
Dans le cours de son ouvrage, le noble
comte semble apporter quelque modi-
fication à ce raisonnement : il reconnaît
que tous les chasseurs pourraient bien
ne pas être placés, pour leurs exploits,
au milieu du paradis; mais il compte
(m'au moins ils seront logiez aux
jauxbourgs et basses-cours , parce
qu'ils auront évité l'oisiveté qui est ia
cause de tout maU Dufouilloux, plus
hardi, cite saint Hubert, qui était ve*
neur ainsi qtie saint Eustache; dont
il est à conjecturer, dit-rl , que les
bons veneurs les ensuyvront en para-
dis avec la grâce de Dieu.
Une telle estime accordée à la chasse
fit qu'on s'y livra avec fureur pendant
tout le cours du moyen âge. Les fem-
mes suivaient la chasse au vol et quel-
quefois la chasse à courre. Un gentil-
homme jurait par son chien et par son
oiseau , comme par une chose sacrée.
Rambaud, comte d'Orange, trouba-
dour dii douzième siècle, disait à sa
maîtresse dans une chanson amou-
fi
n
!i, „-_
i? .,
I
OÊJk
WJkÂSC^i
CUA
16
reoM : « Que jamais il ne me soit per*
«mis de ebasser, que jamais je oe
I puisse porter d'épervier sur le poiog ,
«si depuis riostant où .vous m'avez
«donné votre .cceur^ j'ai songé à en
«aimer une' autre que vous. » Quand
un seigneur mourait dans ses terres,
onplaéait un chien sous, les pieds « ou
unoitéau sur le poing de son image,
sculptée sur sa pierre funéraire.
Kdus avons dit que la chasse avait
été interdite aux ecclésiastiques^ £n
effets UQ concile d'Agée, en 506, un
ooneiiede Mâcon, en 585, les^capitu-
lairesde Gbatlemagne, un concile de
Paris, eu 1212, un de Montpellier, en
1214, un de Pont-Audemer, en 1276 <
lu synode provincial d' Auch , en 1 803 ,
etc.,' leur défendirent de se livrer à cet
eiercice et d'avoir chez eux des chiens
et des oiseaux dressés pour la chasse.
Mais, Gonune nous l'avons dit aussi ^
les abbés et les éVéques étant. devenus
d«5 seigneurs tenaporelSi se montré*
rent jaioux des privilèges attachés à ce
titrct et ne tinrent aucun compte des
prohibitions royales ou canoniques i
lU eurent des meutes , des oiseaux , des
Ycaeuts, et parurent dans les campa-
gœs one arbalète à la main ou un
âocoosur lei^oing. Dans le roman du
PetUJthane&Sctiniréy on voitDamp^
abbé, suivre la dame des Belles-Cou-
sioes à la chasse de la reine, et s'y
BX)otrer aussi bon chasseur que hardi
cavalier. Josqu'a^ix temps modernes,
^ gens d'église se sont livrés à un
amosetnent qui leur était défendu et
comtitnait un des privilèges de la no-
blesse. Pour ne citer qu'un seul exem-^
Île, le fameux Jean de Yatteville, qui
m ta Franche-Comté à Louis XIV,
svait dans son abbaye de Baume , où il
termina sa vie aventureuse, un des
Nos beaux éauipages de chasse de la
PfOTînoe, et il s'en servait souvent.
. Ce n'étadt pas toujours cependant en
Ration des règleànents que les^ ecelé"
^tiques se livraient au plaisir mon-*
<l«nde la chasse, car les rois le leur
jennettaient quelquefois. En 774*
^rleina^ne accorda au monastère de
«ïBt-Dcms le droit de chasser le cerf,
itcbemittl et les animaux carnassiers i
dont les peaux , avaient dit les moines ,
leur étaient nécessaires pour ooiivrir
leurs livres. £n 778, il accorda le
même privilège à l'abbaye de Saint-
Bertin, qui avait besoin, non-seule-
ment de couvertures pour ses livres,
mais aussi d'aliments pour ses mala-
des , ainsi que de ceintures et de mou
fies pour ses moines.
Jusqu'à saint Louis, le droit de
chasse, avait appartenu exclusivement
à la noblesse. Ce prince fut le premier
qui l'accorda aux ooorgeois dans quel-
ques provinces. Charles Vl maintint
ce privilège aux bourgeois qui vivaient
noblement, mais interdit absolument
la chasse aux roturiers, laboureurs et
autres, à qui il fut enjoint de n'avoir
chez eux ni chiens, ni furets, ni lacets.
Louis XI, qui ne chassait presque
jamais et voyait avec regret la noblesse
se ruiner en équipages de chasse^ lui
défendit avec une telle sévérité cet
amusement coûteux, qu'alors^ dit
Seissel, auteur contemporain, « c'était
« un cas plus graciable de tuer un
« homme que de tuer un cerf ou un
«' sanglier. » Cette défense fît pousser
les hauts cris, et, à son sujet, les nobles
firent entendre aux états de Tours,
tenus en 1483, des plaintes si vives,
que Chartes VIII lé révoqua peu après
son ayénement à la couronne.
A toutes les époques, les rois de
France ont eu des officiers et des équi-
pages de chasse^ mais, jusqu'à Fran-
çois P', aucun d'eux n'avait, pour cet
objet, porté aussi loin le luxe et la dé-
pense. La partie de sa maison qui con-
cernait les chasses coûtait des sommes
immenses. Partout où il allait, il se
faisait suivre par ses veneurs, ses
chiens et ses oiseaux. Aussi Dufouil-
loux, auteur d'un Traité delà chassé,
dédié à Charles tX, l'appelle-t-il le
père de la vénerie^ ce qui certes ne
vaut pas le titré de père des lettres.
Quant à Charles IX, il fut le Chas-
seur le plus habile, le plus instruit de
son époque, et il nous reste de lui iiù
Traité sur la chasse, dans lequel il
fait preuve d'une éruaition qui con-
vient beaucoup mieux à un lorestielr
qu'à un roi. Il fut néandioins surpassé
16
CHA
L'UNIVERS.
€BA
dans le goût de cet amusement par
Louis XIII, qui excellait à tirer de
Farqiiebuse, et, au dire de madame de
Motteville^ s'amusait à prendre des
oiseaux pendant que ses armées pre-
naient des villes et gagnaient des ba-
tailles. Outre ses équipages différents
pour le cerf, le chevreuil, le loup, le
lièvre et le sanglier, ce prince avait
cent cinquante chiens qui le suivaient
partout dans ses voyages, de sorte que
sur la route il n'y avait pas un buis-
son qui ne fût battu.
Louis XIV eut aussi de brillants
équipages de chasse; il se faisait ac-
compagner dans ses courses par les
princesses de sa famille, les dames 4es
plus qualifiées, et les seigneurs les plus
éminents, qui se regardaient comme
infiniment honorés par le choix que le
grand roi daignait faire d'eux pour lui
servir d'escorte. Louis XV chassa
beaucoup moins; mais comme les
exercices violents étaient nécessaires à
Louis XVI, il se livra ft'équemment à
celui de la chasse. Il était en forêt, en-
touré de ses veneurs et de sfes chiens,
le 5 octobre 1789, lorsque les femrt^es
de PaHs vinrent à Versailles lui de-
mander du [)ain. Napoléon chassait
peu et chassait mal. Les infirmités de
Louis XVIII ne lui permettaient pas
de prendre cet amusement; mais
Charles X, mieux portant, s'y livra
jusque dans sa vieillesse avec une pré-
dilection qui lui fut reprochée plus
d'une fois.
Nous avons dit que les Gaulois se
faisaient aider dans leurs chasses par
des chiens nés dans leur pays ou im-
portés de rite de Bretagne, dont ils sa-
vaient très-bien apprécier les qualités.
Les plus renommes chez eux étaient
les vertagi et les argutarH, pour leur
vitesse, les segurii ou seguriani^ pour
leur intelligence. Dans la suite, à to^e
d'amener en France des chiens étran-
gers et d'en croiser les races, on ob-
tint toutes les espèces que nous avons
aujourd'hui ; on en eut pour le menu
gibier, la grosse bête, la chasse à courre.
Dans la chasse au vol même, on se fai-
sait accompagner de lévriers pour
prendre et saisir certains oiseaux que
le faucon parvenaitbien à abattre, mais
qui étaient trop forts pour que celui-
ci pût les lier et les saisir lui-même.
Pour exciter et guider les chiens,
pour les remettre sur la voie quand
ils l'avaient perdue, et les rallier avant
la fin de la journée, on se servait de
cors. Au surplus, les chiens et les oi-
seaux n'étaient pas les seuls animaux
que Ton emplovat pour la chasse : on
y dressa aussi des bêtes féroces, à Ti-
mitation de ce qui se pratique encore
en Orient Dans l'une des cnasses que
Louis XII donna, en 1510, à l'ambas-
sadeur de l'empereur Maximilien, il
n'y eut, suivant un auteur du temps,
prinse que d'un Uèvre que piintm
léopard: et dans une autre, cÉsux che-
vreuœ Jurentfmns par un léopard.
Avec le temps, la chasse fut trouvée
trop fatigante à cause des grands es-
paces quil fallait parcourir. Alors on
imagina d'enfermer dans des portions
de fôréts, que l'on entoura de murail-
les et que Ton appela des parcs, des
milliers d'animaux qu'on y nourrit, et
qu'en grand appareil et avec grand bruit
on allait, de temps en . temps, massa-
crer sans peine et sans danger. Toute-
fois, la chasse qui exigeait de grands
mouvements et nécessitait de longues
courses , fut toujours réputée la plus
digne d'un véritable gentilhomme.
A toutes les époques de notre his-
toire et jusqu'à la révolution, la chasse
fut une cause perpétuelle de ruine et
de vexation pour le peuple, et même
pour les hommes des classes élevées,
^ui prétendaient n'en point faire par-
tie. Les veneurs du roi s'étaient ar-
rogé, entre autres droits, celui de sé-
journer, quand ils étaient en chasse,
trois jours dans les monastères, et de
s'y faire nourrir eux, leurs valets, leurs
chevaux et leurs chiens. Cet abus sub-
sista jusqu'à Charles V, qui l'abolit
Les ravages que commettaient les
bêtes fauves dans les terres voisines
des forêts étaient si déplorables et exci-
taient tant de réclamations, que Phi-
lippe le Bel et Charles le Bel, au ht de
la mort, pour apaiser les cris de leurs
consciences, léguèrent, par testament
une certaine somme aux laboureur!
CttA
FftANCE.
CËLk
it
voisins des forêts royales, en dédom"
magement du tort que leur avaient
causé les bétes rousses et noires.
Il s'en faut de beaucoup que tous
DOS rois aient été aussi consciencieux :
la ciiasse a donné lieu à une quantité
presque innombrable de rè^ienients,
d'arrets, d'ordonnances, toujours at-
tenlatoires à la propriété du pauvre,
comme s'il eût fallu absolument, pour
oa'un noble s'arnusât, gue l'homme
k travail fât dans la misère et dans
les larmes. II y eut un temps où le la-
boureur ne pouvait, sous peine de ga-
lères, chasser de son champ, autre-
ment qne par des cris, ranimai sauvage
qui dévorait sa récolte. Henri IV, dont
on vante encore aujourd'hui l'amour
pour le peuple, décerna, en 1601, la
pfine de mort contre le braconnier
qui serait surpris chassant plusieurs
fois la grande bête dans les forêts
royales, punition que maintint son
fils, mais dont fût révolté Louis XIV.
Aujourd'hui la chasse est libre
njoyennant quelques conditions impo-
sées par la loi, et qui sont basées sur.
le respect dâ à la propriété et à la tran-
quillité publique. Les abus auxquels
«le Mat donner lieu, et la violation
flfô/brmalités légales, sont punis d'une
amende, de la confiscation des armes,
«t quelquefois de peines correction-
Miles, suivant la gravité des cas.
Chasseloup- Laubàt ( le 'comte ),
Bé à Saint-Sernin en 1754, entra au
«rvice comme volontaire au commen-
jwientde la révolution, et se distingua
dans les premières campagnes sur le
wïin, ainsi qu'à l'affaire d'Àrlon, en
1794. Il était parvenu à cette époque
*u grade de chef de bataillon dans le
*J?8 du génie. Pendant la campagne
«"talie de 1796, il fut chargé de diri-
ge les sièges de Milan et de Mantoue,
Jdc réparer les fortifications de Pes-
tera, de Legnano et de Pizzighitone,
^il déploya dans l'exécution de ces
Jravaux de tels talents, que Napoléon
te nomma général de brigade, et peu
« temps après général de division.
M 1801, le général Chasseloup dirigea,
wus les ordres de Brune, le siège de
Peschicra ; en 1^05, il eut, sous Mas-
séna, une grande part au succès du
passage de l'Adiré. En 1806, il dirigea
les travaux du siège de Dantzick. De
retour en Italie (1810), il fit d'Alexan-
drie une des places les plus importan-
tes de l'Europe. 11 se rendit encore
fort utile pendant la campagne de
Russie. Napoléon récompensa tous ces
services en le nommant (1811) con-
seiller d'État (section de la guerre),
(1813) grand-croix de Tordre de la
Réunion, sénateur et comte d'empire.
Sous la première restauration , il fut
créé pair de France et grand cordon
de la Légion d'honneur. Après la
deuxième, il vota contre la condamna-
tion du maréchal Ney, et jusqu'à sa
mort il fit partie de la minorité libé-
rale de la chambre des pairs. Napoléon
à Sainte-Hélène a rendu un éclatant
témoignage à sa probité et à ses ta-
lents. Il est mort à Paris le 6 octobre
1833.
Chasseneux (Barthélemi de), né à
ïssy-l'Évêque, près d'Autun, en 1480,
étudia le droit aux universités de Dôle
et de Poitiers, et alla perfectionner ses
études aux universités de Turin et de
Pavie. Pendant le séjour qu'il fit dans
ces deux villes, il fut chargé de diverses
missions en Italie. Revenu en France
en 1502, il fut d'abord avocat du roi
à Autun, et se fit, dans l'exercice de
ces fonctions, une réputation de science
et de talent qui ne tarda pas à attirer
l'attention sur lui. Il fut nommé con-
seiller du parlement de Paris en 1531,
et l'année suivante, président du par-
lement de Provence. Accusé de mal-
versation par l'avocat général Laugier,
il fut complètement justifié de cette
accusation en 1535, par une commis-
sion composée de quatre présidents
tirés de quatre différents parlements.
François 1®' l'appela cette même an-
née à son conseil pour y travailler à
l'ordonnance d'Is-sur-Tiile, relative à
la réformation de la justice. Il occu-
pait encore, en 1540, la place de pré-
sident au parlement d'Aix, lorsque fut
rendu le fameux arrêt du 18 novem-
bre, qui condamnait à mort par con-
tumace , comme suspects d'hérésie
vaudoise, quelques-uns des habitants
♦
T. Y. 2* Uvraison. (Dict. encycl., etc.)
2
la
«HA
L'UNIVERS.
IPHA
des villages de Gabrières, de Mérindol
et lieux circonvoisins, bannissait les
autres, et ordonnait la destruction de
leurs maisons. II. paraît que Chasse-
neux arrêta Texécution de cet arrêt;
il est du moins certain qu'il demanda
et obtint de François 1^' que les habi-
tants de Mérindol fussent entendus,
et que, tant qu'il vécut, Tarrét ne fut
f)ornt exécuté. C'était à son successeur,
e baron d'Oppède, de sinistre mé-
moire, qu'était réservée cette triste
exécution. Suivant de Thou, Gbasse-
neux aurait été amené à tenir cette
conduite» qui lui ferait encore plus
d'honneur, s'il n'avait suivi d'autres
inspirations que celles de la justice et
de l'humanité, par les remontrances
d'un gentilhomme d'Arles, Renaud
d'Alleins, qui invoqua en faveur des
malheureux Yaudois un argument sans
réplique, et appuyé sur une autorité
que Chasseneux ne pouvait récuser..
Renaud d'Aiieins lui rappela qu'étant
avocat à Autun, il avait été d'avis
qu'on ne pouvait excommunier les rats
avant de les avoir cités en justice et de
les avoir entendus au moins par pro«
cureur. Or les habitants de Mérindol,
bien qu'hérétiques, pouvaient-ils être
traités plus rigoureusement que ces
animalcules ? Le fait a été révoqué en
doute par Niceron. On trouve cepen-
dant quelque chose d'analogue dans
un ouvrage de Chasseneux, intitulé
Consilia, et imprimé à Lyon en 1S31.
Au premier de ces conseils^ il rap»-
porte que les habitants de Reaune,
voyant leurs vignes dévastées par une
espèce de hanneton, étaient venus à
Autun présenter requête à l'official,
pour qu'il sommât les hannetons d'éi-
vacuer le territoire, bous peine d'ex-
communication. Chasseneux examine
d'abord si les habitants de Beaune ont
ce droit, et ensuite comment il faut
procéder. La première formalité qu'il
exige à peine de nullité, c'est qu'on
fasse citer les hannetons au moins par
procureur. L'embarras était de savoir
comment se ferait la procuration ;
mais l'auteur prouve par un grand
nombre d'autorités, que, quan(f un
procureur se présente pour défendre
quelau'unqui ne le désavoue pas, il est
censé revêtu de pouvoirs légitimes. Il
trace ensuite au long la forme de la
requête, de la citation et de la sen-
tence, et il rappelle à cette occasion
plusieurs procédures de ce genre qu'il
a vu faire à Autqn, à L^on, à Mâcon,
contre des animaux nuisibles tels que
les rats vt les limaçons.
Parmi les ouvrages de Chasseneux,
il faut citer, outre ses ConsiUa dont
nous avons parlé, un commentaire sur
la coutume de Rourgogne , en latin.
C'est un des premiers ouvrages dans
lesquels on ait essayé d'une manière
systématique à éclairer le droit cou*
tunoier à l'aide du droit romain. Ce
commentaire a ité imprimé plusieurs
fois; il a même eu 1 honneur d'être
annoté par Dumoulin , qui , cependant^
ne faisait grand cas ni de l'ouvrage m
de l'auteur.
Cha&sbs des saints. — Les châsseg
où étaient enfermées les reliques dei
saints étaient autrefois fort nombreu-
ses en France. Jusqu'au milieu du sei»
zième siècle , il n'y avait presque pati
d'église qui n'en possédât une, etqudr
^uefois plusieurs. Mais, à partir deoetti
époque , le nombre de ces monuments
a diminué. Les protestants en détrui-
sirent beaucoup pendant les guerres
de religion; et ce qui en restait éprouva
le même sort lors de la révolution de
1789. Sous les deux premières races,
on portait , à la tête des armées , avee
les reliques qu'elles contenaient , les
châsses, que l'on désignait alors par
J'expression de capa ou co^e^; et ht
garde de ces pieux moQuments était
confiée à des prêtres nommés capdr^
/am( chapelains), à qui Charlemagi '
avait accordé la permission de port
les armes , et de combattre , s'il le fi
•lait, pour les défendre ( voyez Cha
DE SAINT MaBTIN et CHAPELAIN
Dans les causes où le serment é
déféré , les châsses des saints étai
placées au milieu de l'élise, et Tao
sateur ou l'accusé venait y prêtt"
serment que l'on exigeait d'eux. C'(
ce que l'on appelaity'ttrore/jer «i»(
La châsse la plus célèbre en Fra
après la cliâsse ou chape de saint M
1?
V-'i.^>i y.,.,,r//^^ .■.......;.,..;■ .; A, ^/--'Z^^y^.:,/^- ,^^Y'i^,.
I
CPA
FEIUCE.
CHA
19
tio . et la seule dont nous donnerons
b description , contenait les reliques
de sainte Geneviève « patronne de Pa'-
Hs, morle. à ee que Ton croit, en
Â12. Cette (Misse était Tœuvre de saint
fipi, trésorier dn roi Pagobert, et
Mfp^e de Noyon. Kous ne savons si
flils était recommandabie par le tra-
Tâ;mais Tanecdote qui suit prouve
£!eil^ subsista longtemps /et qu'elle
JtÂrt riche. En 1145, le pape Eu-
fipeltl, réfugié en France, ayant ré*
solo» de concert avec Suger, d'intro*
duire une r^orme dans fabbaye de
Ssjfite-Geneviève , dont la discipline
était fort relâchée, les religieux, qui
ne voulaient point au'on rétablît les
iràeaaes règles, détachèrent de la
cblssç de la sainte des ornements en
ir pesaot quatorze marcs, dans le
taeia de former une somme assez
forte ppttr l'offrir au pape» et renga-
gea tei|oi}cer à son projet. Leur pré-
«{^«è fut point accueilli ;, alors ils se
ifillitltenti mais force leur fut de se
|MM0tre et de subir la réforme. On
"^ ce que devint ensuite cette
oaaîs on sait qu'en 1242, un
pommé Bonard , reçut l'ordre
une nouvelle, à laquelle il
193 marcs d'argent et 7 marcs
4'or. 'Celle-ci , plus riche que
dirait , suivant I>ulaure , des
, barbares, une infinité de dé*
tHÉ si keaiicoup d'or et de pierreries,
fW sans doute y avaient été , de siècle
faliàcle» ajoutés après coup. Elle était
ppl^ortée par quatre statues de vierges
Ml jpnoaes que nature. Au-dessus
mltieBt uo bouquet et une couronne
ledîaiiiaiits, présents de Marie de Mé-
éek et de Marie-Elisabetb d'Orléans,
aisie douairière d'Espagne.
Cette châsse de sainte Geneviève
MA m grande vénération auprès des
"" * * et c'était vers elle qu'ils
tumaîèot les yeux dans toutes leurs
lltenilés» Elle était, lors des calami-
t^liHi^es , exposée aux hommager
fidèles 4 A promenée procession-
•ellemeat dans les rues de la capitale.
Ql précieux monument a été fondu
IMant la révolution.
Li châsse i3nx fierté de saint Romain i
archevêque de Rouen , figurait autre-
fois dans une cérémonie fort remar-
quable qui avait \\m annuellement en
cette ville. Le roi Dagobert , eti recon-
naissance de ce ^ue ce saint prélat
avait délivré la cite épiscopale d'un af-
freux dragon qui en ravageait les cam-
pagnes, avait accordé a son église
métropolitaine le droit de délivrer
tous les ans un prisonnier le jour de
l'Ascension;, ce prisonnier levait la
châsse de saint Romain , qu'il portait
avec un ecclésiasti^e jusqu'à la ca-
thédrale, après quoi on le mettait en
liberté (*).
Ch ASSET (le comte Charles-Antoine)
naquit à Villefraoche le 25 mai 1745*
Avocat et maire à l'époque de la révo*
lution, i( fut nommé membre de l'As-
semblée constituante, fit décréter là
suppression des dîmes, et fut envoyé
avec le générai Gustine et Régnier en
mission dans les départements du
Haut et du Bas-Rhin et des Vosges*
En 1792, il devint membre de la Con*
vention nationale, vota, dans le pro-
cès de Louis XVI, la détention pen-
dant la guerre et le bannissement
après la paix, et ensuite se prononça
contre le sursis. Après le 31 mai 1793,
il sortit de France, devint aide-chir
rurgien sur un vaisseau anglais, et
aide-chirurgien à Toulon pendant l'oo-
eupation^ anglaise. En 1795, il rentra
en France, où il venait, quoique ab-
sent , d'être nommé membre du Gon*i
seil des Cinq-Cents. Il fit ensuite par-
tie du Conseil des Anciens; et,à l'époque
du 18 brumaire an vu (1799), il s'atta-
cha au parti du général Bonaparte , ce
qui lui valut son admission au sénat
conservateur, le titre de commandant
de la Légion d'honneur, la dignité de
comte de l'empire , et celle de comte
titulaire de la sénatorerie de Metz.
Après la seconde restauration , il fut
Q(»npris, dans la loi du 12 janvier
1816; ail nombre des conventionnels
dits votants; mais il obtint peu après
Fautorisation de rentrer en France.
O Voyez VHittoireduprmiége deScint^
Romain, publiée par M. Floquet , membre
correspondanl de i*Inslitut.
2.
so
GHA
L*UN1VERS.
CHA
Ghasssubs a cheval. — L'insti-
tution des chasseurs à cheval est toute
moderne. Au commencement du rèsne
dé Louis XV, les compagnies francnes
et les légions » corps mixtes auxquels
on donnait aussi le nom de troupes lé-
gères , faisaient encore en partie le ser-
vice qui devait plus tard être confié
aux chasseurs à cheval. Les chasseurs
de Fischer, dont la création ne re-
monte pas au delà de 1740 ou 1743 ,
furent les premiers qui parurent dans
les armées françaises ; mais ce corps ,
originairement composé d*une seule
compagnie dMnfantene de 100 hommes,
n'était pas régulièrement constitué.
Quelques années après , on forma de
cette compagnie une légion de 600
hommes , et Ton y adjoignit 200 cava-
liers. Ce nouveau corps prit successi-
vement la dénomination de dragonS'
chasseurs et celle de volontaires.
L'ordonnance de 1776 attacha un
escadron de chasseurs à cheval à cha-
cun des 24 régiments de dragons exis-
tants à cette époque. Ces différents
essais ayant fait sentir Futilité de corps
réguliers de cavalerie légère, on re-
nonça à ce mélange, et, en i779, on
créa' 6 régiments de chasseurs , dans
la composition desquels entrèrent ces
24 escadrons. Telle est l'origine des
régiments de chasseurs à cheval. Les
services importants que les chasseurs
à cheval rendirent pendant la guerre
d'Amérique leur assignèrent un rang
distingué dans la cavalerie française,
et en flrent bientôt élever le nombre.
On en comptait, en 1792, douze
régiments , que l'on désignait par des
noms de province : c'étaient les chas-
seurs di Alsace y des Trois - Évéchés y
de Flandre, de Franche - Comté , de
Hainaut, de LdnguedoCj de Picardie,
de Guyenne f àe Lorraine ^ ôeBretagne^,
de Normandie et de Champagne.
L'organisation du 10 brumaire an iv
porta à vingt le nombre des régiments
de chasseurs à cheval , et celle de l'an
viii leur donna un effectif de 20,724
hommes.
Les régiments de chasseurs, portés
à trente et un sous l'empire , furent
réduits à vingt -quatre à la restaura-
tion. Ils prirent alors les noms des dé-
partements où ils furent levés. Ainsi
il y eut les chasseurs des ÀrdenneSf
de la Somme f de Y Orne, de la (M'
rente, etc. Ils perdirent ces dénomi-
nations en 1819, et ne furent plus
désignés que par leur numéro d'an-
cienneté. Depuis la révolution de juil-
let, on a^ réduit à quatorze, puis à
douze , les dix-huit régiments qui exis-
taient en 1830. Ces douze régiments
se composent aujourd'hui de cinq es-
cadrons chacun, et constituent une
force réglementaire de 15,192 hommes <
sur le pied de guerre, et de 11,976
sur le pied de paix.
L'institution des régiments de chas-
seurs à cheval , dont le service est le
même que celui des hussards , n'a été i
imitée que par quelques puissances de i
l'Europe; et il est à remarquer que cej
sont presque toutes des puissances du
second ordre. Ainsi la Russie , TAo* :
triche, la Prusse, l'Angleterre, la Ba-
vière , n'ont pas de régiments de chas*
seurs, tandis qu'on en compte hait en
Espagne , deux en Belgique , an en
Suéde , un dans le royaume de Naples.
Chasseurs à cheval de la gabdi
IMPÉRIALE. — En 1798, le général Bo*
naparte , commandant en chef l'armée
d'Egypte , avait créé une compagnie
de guides à cheval y qui lui servit de |
garde pendant toute la durée de cette |
expédition , et qu'il ramena^^n Franee
vers la fin de 1799. Cette compagnie
changea alors de dénomination , et prit,
celle de chasseurs à cheval. Elle fit
partie de la garde des consuls , orgs*
nisée par arrêté du 7 frimaire an viiif
et forma le noyau du régin^eot df
chasseurs institué le 17 nivôse an x*
Augmenté à différentes reprises, e»
régiment se composait, en 1813, d^
2,600 officiers , sous -officiers et sol'
dats. Ce régiment prit, en 1814, lil
dénomination de corjps royal des chah
seurs à cheval de France. RétabU
sur son ancien pied le 8 avril 1815, li
fut enfin définitivement licencié fli|
septembre de la même année.
La garde royale compta aussi , dii^
son organisation, en septembre ISUji
parmi les corps qui la composaient»
CHA
FRANCE.
GHA
U
iu rëç'ment de chasseurs à chevah
Ce r^iment subsista jusqu'au 11 août
1830.
Chàsseubs a pied. —L'origine des
chasseurs à pied est exactement ia
même que ceile des chasseurs à cheval.
On établit, en 1760, dans chaque
bataillon d'infanterie française, une
compagnie de chasseurs, qui prit la
gàume des compagnies de fusiliers.
Ces compagnies, licenciées à la paix de
1763, ayant été de nouveau recréées
en 1775 , se firent bientôt remarquer
par leur belle tenue et leur discipline,
et Ton conçut l'idée d'en former des
corps spéciaux. Cependant ce ne fut
qu'en 1788, et après plusieurs essais,
que l'on en organisa douze bataillons,
'pris de préférence parmi les soldats
fiés dans les montagnes du midi de la
France. Ces bataillons, portés à qua-
torze en 1793, formèrent, un an plus
tard, les trente demi-brigades d'infan-
terie légère qui se distinguèrent pen-
éaiDt les campagnes de la révolution
et de l'empire. On en comptait, en
ISISet 1814, trente -sept régiments,
qiui formaient un effectif de 90,000
bommes; il y en a aujourd'hui vingt et
«iifilont l'organisation est semblable
àeeffedes régiments de ligne. Sur les
luiit compagnies dont se compose le
iMitailion , il y en a une de carabiniers^
six de chasseurs et une de voltigeurs.
L'ordonnance- constitutive du 25 fé-
vrier 1835, oui a subi fort peu de mo-
difications aepuis , donne a ces vingt
et un régiments un effectif de 59,535
hommes sur le pied de guerre , et de
39,275 sur lé pied de paix.
Chàsseubs a pied de la. gabde
IMPÉRIALE. — Après la journée du
18 brumaire, le premier consul com-
posa sa garde de celle du Directoire ,
et l'augmenta de quelques armes spé-
daies. L'arrêté du 7 frimaire an yiii
y fit entrer une compagnie de chas-
seurs à pied , forte de 99 hommes ,
officiers compris. Cette compagnie
forma le noyau des deux bataillons de
chasseurs créés le 23 brumaire an x.
Ces deux bataillons, commandés par
an dief de brigade , étaient composés
de huit compagnies , et formaient un
effectif de 1,699 hommes, officiers
compris. Le maréchal Soult en fut
nommé colonel général.
Ce corps fut augmenté, le 10 ther-
midor an XII, d'un bataillon de vélites,
et Ton en composa , en 1806 , deux ré-
giments de 960 hommes, qui, en 1811,
furent portés à 1,600 hommes ; enfin,
en 1813, on créa un bataillon bis de
chasseurs à pied.
Les deux régiments , réunis en un
seul en 1814 , prirent le titre de corps
royal des chasseurs à pied de France.
Un décret du 8 avril 1815 les rétablit
.sur leur ancien pied , et en créa ua
troisième. Ils furent tous licenciés en
août et septembre de la même année.
Chasseurs d'Afrique. — Neuf
mois après la conquête de la régence
d'Alger, le 21 mars 1831 , le gouverne-
ment créa, sous le nom de zouaves ^
deux bataillons et deux escadrons d'in-
digènes, pour le service de la nou-
velle ftolonie. Ces derniers prirent,
peu de temps après , la dénomination
de chasseurs algériens , et enfin celle
de chasseurs d Afrique, Ces deux es-
cadrons furent successivement portés
à trois régiments en 1832, et à quatre
en 1839. La dernière ordonnance cons-
titutive de ces quatre régiments fixe
le complet des deux premiers à six es-
cadrons de chasseurs français et à deux
escadrons de spahis ou in^digènes; et
celui des deux derniers à cinq esca-
drons de chasseurs français et un es-
cadron de spahis. Dans 1 ordre de ba-
taille, les escadrons de spahis pren-
nent la gauche de leur régiment. Ces
quatre corps, ainsi organisés, forment
un effectif réglementaire de 5,530
hommes , dont 298 officiers.
Chassigner ( Jean -Baptiste ) na-
quit à Besançon à la fin du seizième
siècle; il eut pour maître le savant
Huet , et il puisa dans les leçons de ce
guide éclairé un grand amour pour les
lettres, auxquelles il consacra toute
son existence. Ses poésies, qui sont en
général empreintes de mélancolie , ont
fait croire qu'il avait été malheureux;
mais il nous dit quelque part qu'il
était porté naturellement à une tris-
tesse que les distractions mêmes des
ÈÈ
taà
L'UNIVERS.
MA
fêtes ne pouvaient dissiper. On lui
doit , entre autres ouvrages , deux
poëmes intitulés : Mépris ae la vie y
et consoUiUons contre la morty Be-
sançon, 1594 , in-12 ; et Paraphrases
sur les cent cinquante psaumes de
David, Lyon, 1613, in-12. Ces corn*
positions ne sont pas sans quelque
mérite littéraire. On peut sans douté
V relever bien des longueurs et en blâ-
mer queloues idées bizarres ; mais, en
général , ('auteur fait preuve d'un es-
prit sage et d'un travail consciencieux.
Ses vers sont bien frappé^; la rime
assez riche et constamment alternée ;'
enfin, les enjambements sont rares.
On reconnaît dans Chasslgner un con-
temporain de Malherbe. Il vécut, à ce
que l'on croit, jusqu'en 16^0.
Chastel (P.-L.-A), baron, né en
1774 , à Veigî , en Chablais , s'enrôla ,
en 1792 , dans la légion des Attobro-
ges, prit part aux diverses actions qui
eurent lieu dans les Alpes , sur la Du-
rance , puis sous les murs de Toulon.
A la paix de Campo-Formio , Chaste],
qui avait fait preuve de bravoure à
1 armée des Pyrénées-Orientales et en
Italie, fut envoyé en Egypte. Ce fut
dans une des excursions auxquelles nos
généraux furent entraînés par la pour-
suite de Mourad-Bey , que Chastel dé-
couvrit le fameux zodiaque de Dende-
fah qui , plus tard , transporté en
Èrance, y devint l'objet d'une si vive
polémique. Revenu en Europe avec le
grade de chef d'escadron , cligne prix
de ses services, il assista aux journées
d'Ulm , d'Austerlitz , fit les campa-
gnes de Prusse et de Pologne, déploya
dans toutes les rencontres une rare
capacité , et un courage à toute
épreuve, fut fait colonel, et appelé à
l'armée d'Espagne. Créé général de
brigade sur la demande du maréchal
Soult, il se distingua à la bataille de
Wogram , et il fut élevé au grade de
lieutenant général en 1812. L'empe-
reur, à qui le mérite militaire du oa-
ron Chastel n'avait pu échapper, lui
confia le commandement d'une division
de cavalerie forte de quatre inille hoin-
Tpes , à la tète de laquelle il poussa des
reconnaissances lointaines , et se dis-
tingua dans plusieurs occasions, nd-
tamment à la bataille de la Moskowâj
où les charges qu'il exécuta ébranlè-
rent le corps du général Doklorow,
et à Goerlitz, en Saxe, où le co^pft
d'armée de Murât , dont il disait psàr-
tie, eût à lutter contre 25,000 cava-
liers , 40,000 bommejs d'infanterie ^t
une artillerie nombreuse. La présenee
de Tennemî sur le territoire français
sembla doubler l'énergie de Chastel.
Il rassembla sous les murs de Paris
tout ce qu*il put trouver de troupes
disponibles dans les dépdts, et com-
battit avec sa valeur ordinaire; mais
devant la trahison , et devant les forcer
supérieures de nos ennemis, il lui fal-
lut céder. Sa division et celle da g;é^.
néral Bordesoulle faisant nartie do
corps du duc de Ilaguse, wrentre-
poussées jusqu'à la barrière de Ménil-
montant. Ici nous ne rappelleroBS
qu'un seul fait qui suffira pour Telogè
ou baron Chastel. Le duc de Aagaae
avait une si grande estime pour seâ
caractère , et redoutait tellement l'as**
cendant que pouvait exercer sur Faii-
mée cet officier général , incapable d|)
transiger avec l'honneur, qu'il crat
devoir, au moment où il traitait avec
le prince de Schwartzemberg, non*
seulement lui laisser ignorer ses né*
gociations, mais lui retirer même le
commandement de ses troupes. E&
1815, Chastel fit partie, dans 1er
corps, de l'armée qui combattit ea
Belgique avec un courage digne d'un
autre sort : et si l'on eût alors suivi
ses conseils, Wellington. n'eât pas été
secouru, et les désastres du Mont-
Saint- Jean se fussent changés pour la
France en succès éclatants. Beniré
dans la vie privée après les cent jours,
il vivait itti seiq de l'étude et entouré
d'une société choisie , lorsqu'en 1820,
on ne sait par quelle basse manœuvre,
il fut signalé comme étant à la tête
d'un complot qui aurait eu pour but
l'enlèvement du duc d'Angoulême à
son passage dans les environs de Lo^s-
le-Saulnier. A cette qccasion, le baron
Chastel dirigea une poursuite eu ca-
lomnie contre le Drapeau blanc, dotit
Féditeur responsable fut côfidamiié
iMA
FRANCE,
esÊA
Bar jagement rendu sorappe) à Bourg,
le 18 mai 1820. Xe lieutenant générai
Cliastel , regardé à juste titre comme
un des meilleurs ofGciers de cavalerie
deTarmée française, et dont Napoléon
faisait un cas tout particulier , avait
été mis à la retraite, et s'était retiré ^
Ferney- Voltaire. Il mourut à Genève
en 1836.
C8ASTBLA.BD , bourg avec titre de
ebâfellenie , dans la principauté de*
DomtJés , aujourd'hui département du
Donbs.
Gh4Stblab]> ( Pierre de Boscosel
de), gentilhomme dauphinois, petite-
neveu, ou, suivant de Thou, petit-fîls de
Bayard, né vers 1540, se fît d'abord
connaître par plusieurs actions d'éclat.
Ses parents rayaient attaché à la puis-
sante maison de Montmorency. Ayant
eonçii une violente passion pour l'in-
fortunée Marie Stuart, il l'accompagna
une première fois en Ecosse , lors(|ue
a[ffès la mort de François II elle quitta
ee piaisanê p&ys de Franee. Chaste-
lard, obligé de revenir à Paris, ne put
supporter longtemps cet exil ; il passa
de nouveau en Ecosse. La reine Tac-
éttûttît avec faveur ; mais son impru*
denGeftit la cause de sa {)erte. Surpris
dans la chambré de Marie Stuart , où
U était parvenu à s'introduire secrète-
ment, il fut livré aux tribunaux et
condamné à perdre la tête. Avant de
marcher au supt>lice ^ le malheureux ,
qui avait entendu sa sentence avec une
noble fermeté , lut l'ode de Ronsard
sur la mort; puis se tournant vers
l'endroit où était la reine, il s'écria :
Adieu, la plus belle et la plus cruelle
princesse de ce monde I « Chastelard,
< dit Brantôme , avait beaucoup d'es-
« prit, et se servait d'une poésie douce
« et gentille, aussi bien qu'aucun gen*
« tilhomme de France. » II' ne nous
reste de lui qu'une seule pièce de vers,
conservée par le Laboureur dans les
Mémoires de Castelnau.
Chat , machine de guerre au moyen
de laquelle , après avoir comblé le
fossé d'une ville, on prenait position
au pied du rempart que des mineurs
s'efforçaient alors de renverser, tandis
que ia machine elle-même les proté-
geait contre les projectiles lancés par
les assiégés. Cette machine n'était
autre chose qu'une galerie mobile de
sept pieds de hauteur, sur huit de lar-
geur et seize de longueur, formée
d'une charpente légère avec un double
toit de planches et de claies. Ses flancs
étaient défendus par un tissu d'osier,
et le tout était revêtu de cuirs frais ou
de couvertures de laine. Comme ces
machines ne pouvaient atteindre leur
but que quand elles étaient en grand
nombre et travaillaient ensemble , on
en Joignait ordinairement plusieurs
de front ; on les remplissait d'hommes
armés d'outils, et, mises en mouve-
ment à force de bras , elles s'appro-
chaient, avec la prudente circonspec-
tion de -«l'animal dont on leur avait
donné le nom , de la muraille que l'on
voulait saper.
Ces machines furent employées dans
les sièges jusqu'à la fin du treizième
siècle, et même [)lus tard. On lit dans
le poëme de Philippe -Auguste, par
Guillaume Guiart :
OeraBi Boves fa l'ost de Fr«nca
Qui , contre les Flamans eonianoe.
Li mineur pas ne sounieillent,
tJn ckat bon et fort appareillent ,
Tant enTreot dessous et tant cavént
Qu'une f rant part du mur dcst^a▼ent.
On lit dans le même ouvrage , sous la
date de 1205 , à l'occasion du siège et
de la prise de Constantinople par les
croisés :
Un chat font sus le pont atraire
Dont piéça mention feismes»
Qui fust de la roche meismes ;
Li mineur dessous se lancent,
Le fort mur i miner commencent
£t font le ekat si aombrer
Que rien ne les peut encombrer*
Dans la Fie de saint Louis ^ par
Joinville, il est aussi question de chats
employés dans des sièges de villes ou
de châteaux. Les perfectionnements
qu'a reçus la science de la guerre , et
surtout' la .découverte de la poudre,
ont fait abandonner cette machine,
ainsi que beaucoup d'autres dont on
ne connaît que le nom aujourd'hui.
CHAtEAUBHiAND (Frauçois-Augus-
te, vicomte de) naquit en 1769 à Com-
bourg, près dç Saint -Malo, d'une
noble et ancienne famille, dont l'ori-*
M
€HA
L'UNIVERS.
CHA
gine remonte à la fin du dixième siècle.
Son enfance se passa en partie dans
Tantique manoir de ses aïeux , sous les
regards de la mère la plus aimante,
dont la tendresse n'était que difficile-
ment contenue par Taustère gravité
du père; en partie dans un collège de
province où, malgré la faiblesse de
renseignement qu'on y recevait , il fit
de fortes études. Les joies pures de la
famille , les émotions nées de la soli-
tude et du spectacle habituel d'une
nature inculte et mélancolique, l'ar-
deur du travail , la passion naissante
des beautés littéraires, l'enthousiasme
des chefs-d'œuvre antiques, tels furent
les sentiments qui remplirent cette
enfance. En 1786 , le jeune de Cha-
teaubriand , dont réducatron était
achevée, fut pourvu d'un titre dans
l'armée; il fut fait sous • lieutenant
dans le régiment de Navarre, et cette
j^rofession à laquelle il était naturelle-
ment appelé par sa naissance , conve-
nait d'ailleurs à son humeur active et
à ses goûts aventureux. Peu de temps
après , le jeune officier fut présenté à
Louis XYI; il le suivit dans une
chasse, et obtint l'honneur, si envié
alors , de monter dans les carrosses
du roi. Mais les distinctions et les
plaisirs de cour ne le séduisirent point :
il rêvait les poétiques épreuves d'une
vie agitée et les émotions de la gloire.
Dans l'inaction où le condamnait la
vie des garnisons, sentant son génie
s'éveiller, il charmait son loisir en
essayant sa plume. Il composait des
vers; il traçait des plans; il s'infor-
mait des moyens à prendre pour arri-
ver à la publicité. Tout à coup les
premiers orages de la révolution écla-
tent : l'esprit d'insubordination péné-
tra dans le régiment de Navarre, et y
produisit même une révolte qu'on
réprima difficilement. Ces troubles
civils, dont peut-être d'ailleurs il n'ap-
préciait pas toute la gravité , ne lui
parurent point une occasion d'exercer
l/activité de son esprit et les nobles
instincts de son âme. Il aimait la li-
berté, cependant, et un beau rôle
s'offrait à un serviteur de la monar-
chie , dévoué à la fois aux intérêts na-
tionaux et à ses devoirs. Mais, ou il
ne crut pas à une révolution , ou les
discordes civiles lui causèrent de la
tristesse et du dégoût, ou la passion
de la poésie l'éloigna du foyer tumul-
tueux des intérêts et des discussions
politiques. En 1790, s'étant autorisé
de l'insurrection de son régiment pour
se dégager de ses devoirs militaires , il
s'embarqua pour l'Amérique du Nord,
impatient de satisfaire son avide désir
de grands spectacles et d'impressions
poétiques , heureux de s'élancer dans
un espace immense et Inconnu, for-
mant mille projets à la fois , se propo*.
sant de découvrir par terre le passage
nord-ouest de l'Amérique septentrion
nale en retrouvant la nier polaire,
d'étudier les mœurs du peuple naissaot
formé par Washington , d'amasser les
matériaux d'une épopée dont le sujet
serait V homme de la nature. Ainsi, .
vingt années auparavant, un autre
jeune ambitieux naviguait vers l'île de
France avec le projet de servir la scien-
ce par des découvertes , les lettres ()ar
d'éloquents écrits , et même l'humanité
par des institutions. Comme Bernar*
din de Saint-Pierre, M. de Châteaa-
briand ne recueillit d'autre fruit deseîl
voyages que d'avoir beaucoup vu,
beaucoup senti : que de s'être trouvé
en présence d'une nature éblouissante
de richesse , fraîche et pure comnae
aux premiers jours du monde; que
d'avoir étudié les hommes dans les
conditions les plus diverses de mœurs
et de civilisation. Il revint sans avoir
découvert le passage nohi-ouest; mais
il avait «rré dans les savanes; il avait
contemplé leur riche végétation et re*
cueilli leurs murmures ; il s'était assis
sous le wigwam de l'Indien et dans les
fermes des planteurs anglais ; il avait
été l'hôte de Washington : il revenait
sans épopée sur V homme de la nature,
mais avec un album riche de notes de
toute espèce prises à côté du feu noc-
turne dans le désert, ou près des bords
du Niagara , ou sur les eaux du Mes-
chacébé. A peine avait-il remis le pied
sur le sol natal qu'il lui fallut s'ea
bannir. Le chemin qu'avait fait la ré'.
volution était trop grand pour qu-il
CHA
FRANCE.
CHA
»
hésitât à se ranger du côté des roya*
Jistes qui la combattaient. L'admira-
teur de Washington dut gémir de
prendre les armes contre son pays;
mais sa famille et ses amis lui don-
naient Texempie, mais le dévouement
an prince lui faisait illusion sur ses-
. devoirs de citoyen. Ici commence dans
sa vie une longue période de souffran-
ces qui conâ>aste douloureusement
arec les pures jouissances de son ex-
earsioa au nouveau monde. Blessé
d'un éclat de bomibe au siège de Tbion-
ville, atteint d*un mal contagieux, il
ne se releva de son lit de douleur que
pour se voir en proie à tous les em-
barras d'un absolu dénûment. Après
avoirerré quelque temps en Allemagne,
r après des jours cruels où , sans amis ,
sans ressource , épuisé par une pénible
convalescence , il se crut plus d'une
fois sur le point de succomber à la
détresse et au désespoir, il passa en
Angleterre , et là se condamna , pour
vivre , à d'obscurs travaux. Il faisait
dfô traductions qu'un libraire lui ache-
tait , et ses journées entières étaient
employées à ce labeur qui ne lui rap-
portât qu'un modique salaire. La
ooastaote faiblesse de sa santé venait
ajouter à la tristesse d'une telle vie.
Cependant Texilé ne manquait pas de
consolations : il trouva sur la terre
étrangère un ami qui compatit à ses
souffirances et qui devina son génie ,
M. de Fontanes. Il avait aussi , pour
se soutenir contre les amertumes de
la destinée, la conscience de son ta-
lent, les pressentiments de sa gloire
et l'enivrante émotion des premiers
essais. Dans les heures de la nuit, où
* son loisir lui était rendu, il travaillait
à on traité politique, VEsscU sur les
révolutions, il commençait le Génie
çdu christianisme. Le premier de ses
ouvrages parut à Londres en 1797, et
Lfut assez remarqué pour attirer sur
proscrit l'attention de sa patrie.. On
lut frappé de l'originalité d'idées et de
la richesse de style que déployait le
jeune écrivain dans ce livre d'ailleurs
incohérent pour la composition et le
plan, et dont la forme même porte
encore des traces d'inexpérience. Le
18 brumaire, en rouvrant aux émigrés
les portes de la France, termina rexil
des deux amis. M. de Chateaubriand
revint apportant avec lui Jtala^ René
et le Génie du christianisme. La pu-
blication de ces ouvrages fut une révo-
lution morale et littéraire. Insuffisant
comme démonstration , le Génite du
christianisme est une œuvre trop bril-
lante , trop poétique , trop environnée
de séductions enchanteresses et de
grâces frivoles, pour qu'on puisse le
regarder comme une apologie sérieuse
delà religion chrétienne, un véritable
traité religieux , un service important
rendu au dogme catholique. Mais ce
livre retrempait [es âmes fatiguées
par tant de déchirements, dans des
croyances élevées et consolantes, et les
relevait par des espérances sublimes.
Il eut donc une véritable influence
morale sur la société; il exerça une
action encore plus grande sur les let-
tres. Tant de formes diverses que no-
tre littérature avait revêtues pendant
deux siècles du développement le plus
riche et le plus actif, n'avaient pas
épuisé l'ordre entier des sentiments et
des idées de l'humanité. Il restait tout
un côté de l'âme à exploiter pour l'é-
loquence et la poésie. Jusque-là , les
impressions qui naissent des beautés
de la nature^ des richesses variées de
la création, n'avaient occupé qu'une
faible^ place dans notre littérature.
Fénelôn avait surtout étudié et senti
les. charmes de la campagne dans Ho-
mère; ses plus illustres contemporains
avaient détourné des champs leurs
regards fascinés par la grandeur de la
vie sociale et le luxe des cours. Les
poètes du dix-huitième siècle^i'avaient
fait dans leurs bergeries que la plus ri-
dicule contrefaçon de la vie pastorale.
La nature attendait donc des peintres.
En outre, toutes ces nuances de sen-
timent ,- toutes ces idées délicates et
fugitives , ingénieuses et fantastiques,
qui naissent de la partie la plus bril-
lante et la plus capricieuse de l'ima-
gination , que la raison n'admet que
par une sorte de tolérance , mais dans
lesquelles on trouve tant de douceur à
se oercer, à se perdre quelquefois , et
«A
L'UWrVERS.
CÊU
qui ont f»oiir noug un eharme indé&
nissabie de mystère et de rêverie, tout
ûe\a était resté en dehors d'une poésie
|»rofonde et tbuehante sans doute dans
nos grands maîtres du dix-septième
siècle, mais toujours éminemment
raisonnable, et plus tard ironique et
froide au dix-huitième siècle. M. de
Chftt^ubriand était destiné à porter
la main sur toutes ces cordes laissées
muettes jusque-là. 1\ avait eu , il est
vrai , dans cette tâche nouvelle; deux
illustres prédécesseurs , Rousseau et
Bernardin de Saint-Pierre; mais elle
était réservée surtout à son imagina-
tion brillante et rêveuse, à son talent
ingénieux et poétique. D'ailleurs ces
sentiments et ces idées ne devinrent
dominants ^ dans ta société , que lors-
que les anciennes barrières élevées par
le luxe et l'étiquette entre l'homme et
la nature furent tombées de toutes
parts , et que la destruction des croyan-
ces , Vincertitude de l'avenir, les maux
éprouvés par chacun dans les convul-
sions sociales, eurent disposé les âmes
à la rêverie du doute , aux caprièes de
l'imagination et à la mélancolie des
souvenirs. Nous avons expliqué le suc-
cès du Génie du christianisme, d'/^-
taUiy de René^ œuvres "originales et
durables , où des recherches de senti-
ment, des traits plus brillants que na-
turels , des hardiesses au-dessus de la
prose , sont suffisamment rachetés par
une éloquence émue et fière ,' par la
peinture attendrissante des passions,
par l'expression naïve et poétique des
sensations les plus intimes du cœur,
par la vérité imposante ou gracieuse
de tous ces tableaux de la nature que
dans son souvenir l'auteur avait rap-
portés de ses pèlerinages lointains.
L'admiration gagna le nouveau chef
de rÉts^t lui-même : il est vrai que par
ses tendances religieuses, ou du moins
par cette prédication poétique qui
semblait ramener au catholicisme , M.
de Chateaubriand devenait, sans le
vouloir, l'un des auxiliaires de la po-
litique du premier consul. En t803, il
fut nommé secrétaire de légation à
Rome, et, le 39 novembre de la même
année, ministre de France près la ré*
publique du Valais. Il ne garda pat
longtemps 4set emploi. En apprenant^
au mois de mars 1804 , la nouvelle de
ia mort du duc d'Engfaien , il donna 8|
démission , et se remit tout entier ï
fies méditations et à ses travaux d'^*-
cri vain. Il avait conçu le plan d'i
épopée qui devait être la démonstr^
tion dramatique et vivante de ia thf
développée dans le Génie du christ
nîsme^ et foire victcH'ieusemeDt t
sortir la su(>ériorité poétique et moi
de la religion chrétienne , en l'oppi
sant, par un contraste perpétuel }i
tous lès enchantements du paganisi
à toutes les leçons de la sagesse aal
que. Il avait déjà formé le plan. '
Martyrs; mais il voulait voir les li<
qui devaient servir de théâtre
scènes de son épopée, et teindre
imagination de leurs aspects et de l<
couleurs. Il se résolut , dans ce '
à de nouveaux voyages. « Je voai
aussi , dit-il , accomplir le pèlerir
de Jérusalem. » Nous croyons ^
. parlant ainsi, M. de Chateaubriand
sincère \ mais , de son aveu , la vi
aux lieux saints n'était pour lui qt
but secondaire, et ne venait qu'à|
le besoin de recueillir des ima^"^
des éléments de description pour *'
ouvrage d'esprit. Par là se trahit
la différence qui existe entre ce pè)
de notre âge et les pèlerins d'autre!
par là on peut «issez voir que M;1
Chateaubriand, catholique consci
cieux sans doute , a été par-dessus
{)oëte, et ^ue l'imagination est
ui le premier aliment de là foi. Il
s'embarquer à Trieste ; il parcoorul
Grèce , l'Asie Mineure , la Judée;
il s'avança sur les côtes d'Afrif
campa sur les ruines de Carthage,
s'embarqua pour l'Espagne, où Ifvtt
les ruines de l'Alhambra. Il revint^
France après une année entière pas
dans cette excursion gigantesque
hardie , où il rencontra plus d'un
ril. Les Martyrs, dont bien des
avaient été écrites d'avance sous le ^
de la Grèce ou au milieu des sal
du désert, parurent en 1809. On
combien de critiques furent soulê!
par ce livr^^ et à quelle longue
4fè
FIUUGB.
raâ
ir
Djp ara apparition doopa lieu; oa
i|it qu« malgré la coQ^anca qu*i( eut
(^ son taieot, Tauteur perdit up
liiUt courage, et eut ))e$oin d'être
eoBSolé (^ rassuré p^tr l*amitié et le
g^t de M. de Fontanes. Le jour du
triûinpbe arriva bientôt cepenqant , et
k^Mar^rs furent placéa « parmi nos
monuments littéraires, à un rang glo-
ii«il qu'ils conserveront, ]| n'en est
pf moins vrai que beaucoup des
ffil^ues essqyées alors par M. de
OileaabriaQa étaient justes et le sont
e. On eo fit de très-fondées sur
choix du sujet : non qu'il faille avec
iiieau interciire absolument au poète
Ittjets chrétiens, ce qui serait pros-
* jk Dante et Alilton; mais lors-
B milieu d'un siècle peu croyant,
^ imagination plus poétique que re-
'Mise inet en jeu les mystères de la
et fait agir les puissances célestes
une œuvre en prose d'un carac-
indécis entre le roman et l'épopée,
itnpoi^ible que ces objets div^nsi
(Nent pas de leur sublime gran-
e| de leur mystérieuse sainteté ,
IDâme ils ne paraissent pas rape-
h<i\ profanés par les ingénieuse^
Wms qui les mettent en œu*
i^ ouvrir aux imaginations le
[w l'enfer des chrétiens, il faut
ia foi du Dante et de Milton , il
iiarier comme eux la langue des
1 et s'adresser à des âmes dis-
1 par le sentiment religieux , à
le vol du génie, he Q\e\ et Ten-
de U. de Cbâteaubriand , et toutes
loèoes où il fait apparaître l'É-
' ou ses ministres, ne produisent
ton sur personne et ne sont que
Mes études de style. Qu'on lui ait
i objecté avec beauçoMp de raison
k paganisme n'était plus , à l'é-
qe Constantin , tel qu'il le re-
nte, et qu'un Démodocus ,. par-
le langage de ISestor, était au
'ième siêâe de l'ère chrétienne
personnage impossible; qu'on lui
«ifKrocbé , non moins justement ,
*^rtrop multiplié les événements
horizons de son poëme , et dé-
pour soutenir l'intéréj , trop àç
divers, il n^inapocte, car après
tout , U est peu d'onvrages ^*on Im
avec plus de charme ; il n'est personne
qui ne soit entraîné par la magie de oa
langage si coloré , si souple , si har-
m(Nii6ux, par ces peintures fraîches
et vivantes qui mettent sous qos yeux
la ^ome des empereurs , les forêts de
la Gaule , et les assemblées des cata-
combes et les retraites de la Tbébaïde,
par cet accent de sensibilité qui prête
tant d'intérêt au chaste amour de Cy-
roodooée et au délire de Veiléda. En
IStl parut V Itinéraire de Paris à Je-
rusakmj qu| est peut-être l'ouvrage
de M. de Chateaubriand où la forme
e^t le plus constamment rigoureuse et
pure f ot où le goût a le moins de ta-
ches à relever. Napoléon, qui avait
durement traité le poète , et qui , en
1807, lui avait enlevé la propriété du
Mercure à l'occasion de quelques ar-
ticles sur le voyapeen Espagne de
M. de Laborde, ou il avait cru voiir
des allusions offensautes , sembla dis-
posé à faire sa paix avec lui , et fit les
premières avances en chargeant le
ministre de l'intérie^, M. de Monta-
livet , de témoigner à l'Institut sa sur-
prise de ce que k Génie du chrisUa'
ni$me n'était pas même mentionné
dans le rapport sur les prix décennaux.
£n 1811, M. de Chateaubriand fut de-
signé pour occuper à l'Institut le fau-
teuil vacant par la mort de Marie-Jo-
seph Chenier ; mais des difficultés qui
s'élevèrent au sujet du. discours qu'il
devait prononcer le déterminèrent à
ne pas accepter son élection. Il faut
s^youer que l'Institut, dans son em-
pressement à se rendre au désir ex-
primé par le maître, avait manqué de
tact, et que ce n'était pas à M. de
Chateaubriand à faire l'éloge d'un
homme dont il était séparé par le dis-
sentiment politique le plus complet et
par une inimitié littéraire. La fermeté
avec laquelle il se refusa dans cette
circonstance à des concessions dont
la faveur impériale eût été le prix , ac-
crut encore les sympathies qu'il avait
inspirées au public. Mais nientôt les
Bourbons furent rstmenés de l'exil.
C'est à l'enthousiasme produit chez
certains bommea par leur retour qu'il
2»
CHA
L'UNIVERS.
CÛk
faut attribadr le violent pamphlet in-
titulé de Bonaparte et des Bourbons,
où le plus grand homme des temps
modernes est traité avec une sévérité
portée souvent jusqu'à Toutrage. La
seconde restauration lança M. de Cha-
teaubriand dans la sphère de la politi-
aue active. Ici le pubticiste et Thomme
d'État remplacent chez lui le littéra-
teur et le poète*. Il serait fort long de
raconter toutes les vicissitudes par
lesquelles il passa dans cette vie nou-
velle. Qull suffise de dire que ,' voué
à un système mixte dans lequel les
idées libérales se conciliaient avec les
principes de Tantique monarchie et du
droit divin , il dut se trouver en lutte
avec le pouvoir de la restauration , et
lorsque ce pouvoir tenta de restreindre
les libertés fondamentales qu'il avait
jurées , et lorsque , essayant , par mo-
ments, d'une marche tout opposée,
il chercha , par des concessions plus
grandes que ne le voulaient ses parti-
sans , à se retremper dans la faveur
populaire. C'est ce qui explique com-
ment M. de ClfSteaubriand , tombé
du ministère en 1816 pour n'avoir pas
été assez libéral , en fut exclu en 1824
comme coupable de l'être trop; et
pourquoi , rédacteur du journal roya-
liste/<? Conservateur, de 1816 à 1820,
il fournit , dans les dernières années
de la restauration , faupui de son élo-
quence à un organe ae l'opposition ,
au journal des. Débats. Ce n'est pas ,
du reste, que nous nous chargions
d'expliquer tous les actes de la car-
rière politique de M. de Chateaubriand.
L'histoire impartiale de sa vie fera une
part aux mouvements de la passion ,
a la susceptibilité d'un esprit noble ,
fier, et plein du juste sentiment de sa
force , à ces contradictions enfin où il
est si facile de tomber dans la lutte
compliquée des partis , et dont si peu
d'hommes politiques savent se garan-
tir. En définitive , ce qu'il est impos-
sible de nier, et ce qu'aucune opinion
ne conteste aujourd'hui , c'est que dans
l'ensemble de sa carrière politique,
M. de Chateaubriand narut animé
d'une généreuse sympathie pour la
plupart des idées de liberté et d'amé-
lioration sociale dont la France
mait Taccom plissement; c'est que toi
en restant fidèle à son vieux urapeii
il marcha dans les voies du pi
pour le bien du pays. Il n'v a de
c|ù'une voix pour reconnaître dans
écrits et les discours nombreux (
lui inspirèrent les circonstances, lel
lent de l'orateur et du publiciste.
piiïs haut degré de sagacité, de [
cision et d'éclat. Dans les dernier
années de la restauration, M. de
teaubriand , tout à fait séparé d'i
cour qui le confondait avec ses eoi
mis, ne cessait de signaler, par
reproches suppliants ou ses meni^
f)rophétiques , le précipice vers lej
a monarchie aveuglée s'avançai
grands pas. Le jour de la catastï
arriva , et M. de Chateaubriand vit^
famille des Bourbons repartir poori
troisième et dernier exil. Ni le
nir de ses propres disgrâces, ai
sentiments de patriotisme ne pui
le rendre infidèle au malheur : îl
diqua ses fonctions de législateur,
se retira de la scène politique où il
été inévitablement placé entre
défections. Ce refus et cette retri
étaient une sage résolution dont
le monde apprécia la convenance
noblesse. En effet, le silence et le;
pos étaient ce qui convenait le mi
désormais à M. de Châteaubriai
cette résolution , en lui perroettani
concilier secrètement ses a£fe '
pour les personnes avec ses s]
thies pour le pays , résolvait heui
sèment les dimcultés de sa posif
Pourquoi seulement ne s'est -< '
soutenue ? pourquoi , plus tard , av(
nous vu M. de Chateaubriand roi
ie silence pour protester coni
France au nom des droits de
princes déchus qu'il sait bien ne
voir rentrer en grâce avec une nal
dont ils ont à jamais perdu la "
fiance? Pourquoi, dans la cl
resque émotion de ses regrets
été jusqu'à calomnier un moment <
révolution qui s'accorde si bien
ses généreux instincts, dont il a
n^éme prégaré l'accomplissement^
à laquelle il avait applaudi lai-
t»A
FKAKGE.
CITA
Sft
daos le premier instant, avec un en*
tnânement politique ? Ça été , un mo-
nent, un triste spectacle de voir le
grand citoyen , qui avait si noblement
oûfflbatta pour nos libertés, se faire
le champion d'un parti qui ne remon-
terait au pouvoir que pour conspirer
kar ruine. Depuis quelques années,
M. de Chateaubriand, éclairé sans
doute par la réflexion , s'est renfermé
im m repos qui sied si bien à sa
fidlbse et à son caractère; il n'est
, fios occupé qu'à jouir des douceurs
de la retraite où l'accompagnent de
Idèles amitiés , et qu'il charme encore
|ar la culture des lettres auxquelles
il doit sa plus belle gloire. Depuis
^830 il a donné au public les Études
^storiques, brillante ébauche d'une
kistoire universelle , tableau éloquent
It inspiré des révolutions et des mœurs
le l'humanité , mais souvent revêtu de
'touieuTS ambitieuses et trop chargé
'^ornements poétiques; ÏEssai sur
ktiUératwre anglaise, la traduction
4e MUkm , l'intéressante Histoire du
«wjres dé Férone; enfin nous ne
WB^rons pas de posséder, Avant
iiwN&e, au moins une partie des
lUmm dans lesquels rillustre vieil-
":ftRl retrace pour nous, avec sa pro-
FR histoire , l'histoire du siècle qu'il
^tftiversé, et dont il est, par ses ini-
iMtables écrits, par sa vie «errante de^
$oëte, par l'éclat de ses lutteKS politi-
1^, par son beau génie et son genê-
ts earactère , un des noms les plus
g^ods, un des représentants tœ plus
Brieux. . ^
Çhatsaubbiant. Petite ville fort
denne de la Bretagne , aujourd'hui
»f-iieu d'arrondissement au dépar-
tent de la Loire-Inférieure,
li'origine de Châteaubriant parait
nterau temps de la domination
^-ine. Mais son nom, devenu si
wbre dans l'histoire du règne de
nçois 1" et dans nos annales con-
poraines, lui vient de Briant,
itede Pepthièvre, qui, en 1015,
fit bâtir un château.
'Ï^Trémouille vint former en 1488 le
JTO de ce château , qui tint bon pen-
w quelque temps , et qui ne capi-
tula que lorsque Tartilierie y eut ou-
vert une large orèche. Les fortifications
et le château furent alors rasés ; et du
vieux donjon de Briant il ne reste
plus que trois tours , dont deux sont
fort élevées. Dans le château neuf. On
voit encore l'appartement de la belle
Françoise de Foix , comtesse de Châ-
teaubriant , et le cabinet doré où , sui-
vant une tradition falfuleuse , elle pé-
rit victime de la jalousie de son mari.
La terre et seigneurie de Château-
briant était un des plus anciens fiefs
du duché de Bretagne. On la trouve
citée dans Guillaume le Breton , sous
le nom de Castrum Briani, et dans
la liste des bannerets de Bretagne , du
temps de Philippe-Auguste , sous celui
de Castrum Briendi.
Après avoir appartenu à la maison
de Laval , elle passa au connétable de
Montmorency qui, d'après les Mé-
moires de Vieilleville , se la fit donner
par le mari de la célèbre maîtresse de
Fran(^oi8 I*'*', en lui faisant peur de sa
sévérité au sujet des prévari^tions
commises par le comte dans son gou-
vernement de Bretagne. Plus tard ,
elle appartint à la maison de Bourbon-
Condé. Châteaubriant , situé à treize
lieues de Nantes , compte aujourd'hui
trois mille sept cent neuf habitants.
Chateàdbhiànt (comtesse de).
Voyez Foix.
Chateaubbiânt (édit de). Henri II
s'était toujours montré^fidèie à la po-
litique de François I'*^ qui faisait brûler
les protestants à Paris, tandis qu'il
' les soutenait en Allemagne; « afin, dit
ft Théodore de Bèze , d'oter tout souo-
« çon qu'il pût favoriser ceux de la
« religion. » Ce fut dans cette inten-
tion qu'il publia, le 27 juin 1551, à
Châteaubriant, un édit en quarante-
six articles pour renouveler les persé-
cutions. Il commençait par rappeler
les diverses tentatives faites par lui et
par son père pour extirper 1 hérésie :
« £t n'y voyons, dit*il, aucun amen-
« dément, ni espérance d'y pouvoir
« remédier, sinon par un extrême soin
A et diligence , et avec toutes les ri*
«goureuses procédures dont on doit
« user pour repousser vivement i'in*
$g
tm
VT3MVSU.
• mrè et obstination d'nne telle mal-
4 beurenafê secte , et^^eh purger et net^
« toyer notre royaume. » La sévérité
de ce préambule fait prévoir les me*
sures rigoureuses qui vont suivre ; eh
effet, la connaissance et la correetioù
des hérétiques était attribuée par cet
édit tant aux cours souveraines qu'aux
juges ^résidiaux , sous la condition
toutefois qu'à élux-ci se joindraient,
dix conseillers ou dix avocats du res-
sort pour signer les sentences défini-
tives, car les jugements portés contre
les hérétiques étaient sans appel. Puis
viennent les prescriptions les plus sé-
vères et les plus minutieuses contre la
liberté de la presse, cette puissance qui
commençait dès lors à grandir et à ef-
frayer le pouvoir. Déjà, en 1S85, Fran-
çois P" avait voulu l'anéantir tout
d'un coup , en ordonnant la suppres-
sion des imprimeries sous peine de là
hart ; mais les réclamations du parle-
ment l'avaient obligé, la même année,
de révoquer cette ordonnance. Des
précautions^ que rappellent celles que
prend aujourd hui le saint-siége à l'é-
gard des livres français,sonto«ioqnées,
dans i'édit de Ghateaùbriaht , contre
l'iritroduction de livres venant da lieux
suspects, surtout de Genève, cet éter-
nel foyer de la réforme. Tous les livres
imprimés devaient être soumis à la
censure de la Sorbonne. Les imprime^
ries clandestines étaient interdites, et
la copie signée d'un ' manuscrit des-
tiné à l'impression devait être laissée
entre lès mains du censeur, dont l'au-
torisation était même nécessaire pour
qu'on pût mettre en vente les livreâ
provenant d'un héritage. A l'arrivée
d'un ballot de livres, le censeur devait
être requis et présider lui - même à
l'ouverture du paquet. Les imprime-
ries e^ les magasins des libraires et des
imprimeurs de Paris étaient soumis
annuellement à d^ux visites du cen-
seur, qui devait aussi inspecter trois
fois |»ar an la ville de Lyon. Enfin les
libraires étaient obligés de tenir expo*
fiés dans leur boutique un catalogue
des livres prohibés ^t un autre des
livres qu'ils avaient en étalage. De
plus, il était défendu d'admettre qui
que ce fût dans les éôolefi ou di^s M
tribunaux, s'il ne pouvait jsroduire vt
eértiôeat d'orthodoxie. Vient ensaiH
l'énumék*ation des peines portées ccm»
tre les {^artisans des hérétiques, contm
ceux qgi les défendaient devant le^ tïi*
bunaux , contre ceux qui leur w
voyaient des secours d'argent ou qui
adressaient des lettres aux protestaotl
réfugiés, soit à Genève^, soit dans é'm
très pays séparés de l'Église* Tous leà
biens de ces réfugiés devaient être, |Nt \
le fait même de leur fuite , confisqué!'
au profit du roi; entio, une clause ai^i
surait aux délateurs le tiers des meii^J
blés ou immeubles des condamnés cl'i
des proscrits.
CHiLTBAUB&LàNT (famille de). YHfi:
Laval. •
Chateacbkiant ( traité de )* Gf
traité est peu important par lui-mémef
Biais comme il servit de prétexté ^
Anne de Beaiqeu , régente de Fraoi
pendant la minorité de Charles V]
pour envahir une partie de la Brsl
gne, il est nécessaire d'en dire
quelques mots.
Les divisions qui avaient éclaté Mf;
Bretagne pendant l'administration "
Lannois, ministre et favori du
François II, prirent un caractère
ticulier, lorsque le duc d'Orléai
brouillé avec Anne de Beaujeu « vii
chercher un rdfuge à la cour de j
pHnce. La régente vit dans cette ~
constance une excellente occasion
intervenir dans les affaires de Br<
gne ; aussi le procès et le supplice
Lannois ne purent ils apaiser les t
blés. Le duc d'Orlé0ns, qui devait
tard devenir roi de France « sous
nom de Louis XII, et recevoir le ti
de père du peuple , se mit alors à
tête des seigneurs bretons les plus
posés aux projets de la régente. Il
Îdusgll ne craignit pas de s'entendre a^
'étranger, pour résister à la cour. '
13 décembre 1486, une ligue fut
gnée dans ûe but entre Maximilien,
des Romains, le roi et la^ reine de
varre, le duc de Bretagne François
le duc de Lorraine, le duc et le
nal de Foix , frères de la dudiesse
Bretagne, les comtes d'Angoulémei
IttU
FRASCË.
Wa
«I
ffim à de Dunbis , lé ^\tt d' Albret,
ilil j^enenrs de Lautrec, de Pons et
fOM, beaucoup de seigneurs bre*
l|M»i te prince d'Orange, Lesciire,
MtedeComminges, le maréchal de
Rlnxêt la comtesse de Laval. Cette
1^ fut tenue secrète pendant quel*
fie temps; mais bientôt un asse2
B nombre de seigneurs bretons, peu
its de voir le gouvernement de
tàm^ passer dans les mains du duc
lOi'Sai» et d'autres seigneurs fran-
^1, soDgèrent à prendre aes mesures
tition. Le duc François II ,
eu rimprudence de laisser croire
les ennemis du ministre Lannois
t être recherchés pour les actes
avaient entraîné sa condamnation,
mécontentement éclata, et, sur l'in-
ition du vicomte de Rohan, du ma-
il de Rieux et du comte de Laval,
jne toute la noblesse bretonne se
i à Cbâteaubriant. On jura d'ex*
1 le duc ^Orléans , le comte de
il, le prince d'Oraiige et le comte
minges, qui, aux yeux des Bre*
n'étaient que des étrangers. Anne
■^jeu avait trqp d'habileté pour
^er dans cette nouvelle ligue
it aisément contre-balancer
avait été conclue le 13 dé-
1486. Elle prodigua les pro-
Çaux conjurés et parvint à leur
fener avec la France, vers le mi-
é l'année 1487 , une convention
^t le nom de Cbâteaubriant.
nila que Charles VIII ne ferait
en Bretagne que quatre mille
is de pied et quatre cents hom-
d*afmes. La r^ente déclara en
Jom qu'il ne venait que pour pu-
rébellion du duc d'Orléans, s'en-
à n'attaquer aucune place que de
" avec le maréchal de Rieux, et
acquitter religieusement le prix
ce que ses troupes consomme-
rais la digne fille de Louis XI,
jNMeieose de ses promesses, avait
tes en campagne une armée de
I mille hommes , oui s'empara
l^ind nombre de places impor-
1^ sans toutefois avoir pu se ren-
nattresse de Nantes. Malgré la
ce de cette ville, les po!»i^oufi
que prirertt alot's les troupes éfdèreHt
considérablement aux avantages qu'el-
les remportèrent plus tard, et au 6iic<-
cès de la bataille de Saint - Aubin da
Cormier, livrée le 2Q juiMet 1488.
Cette bataille, dans laquelle le due
d'Orléans fut fait prisonnier, porta un
coup terrible à l'indépendance de la
Bretagne, qui cependant ne fut réunie
à la France que sous Ml règne de Fran-
çois T'.
Ainsi le traité de Cbâteaubriant ne
fht qu'une ruse adroite dont se servit
Anne de Beaujeu pour commencer
l'invasion de la Bretagne.
Chateaubrun ( Jean-Baptiste Vi-
vien de), auteur dramatique, naquit à
Angouléme en 1686. Pour ne point
déplaire au duc d'Orléans , prince éé*-
vot , auquel il était attaché comme
maître-d'hotel, et aussi pour qu'on ne
lui reprochât pas de consacrer aux let-
tres un temps /[u'il devait à ses occu-
pations administratives auprès du mi-
nistre de la guerre d'Argenson, il
s'abstint courageusement , pendant
quarante ans, de mettre au théâtre les
pièces qu'il avait faites en secret. Ce
ne fut qu'à soixante-huit ans qu'il pro-
duisit ses œuvres sur la scène. Il dé-
buta par la tragédie des Troyennes
qui réussit et s'est soutenue asse2
longtemps au théâtre. Cette tragédie
offre des situations touchantes; le
style, faible en général, est quelquefois
plein de sentiment , de naturel et de
pureté. Mademoiselle Clairon dans le
rôle de Cassandre, et mademoiselle
Gaussin dans celui d'Andromaque,
contribuèrent beaucoup au succès.
Chateaubrun allait chercher tous ses
sujets dans la tragédie grecque; il en
imitait les modèles autant que possi-
ble, mais sans comprendre au fond le
génie grec , et sans voir par où cette
imitation pouvait être originale. Après
les Troyennes, parurent Philoctète et
Astyanax qui eurent peu de succès,
thâteaubrun avait encore composé
deux autres tragédies ; mais les ayant
laissées dans un tiroir qui ne fermait
pas, un jour il ne les retrouva plus ;
son valet en avait enveloppé des cd-
telettes : oh assure qu'il supporta cette
CHA
L'UNIVERS
CliA
ihésaventure avec beaucoup de philo*
Sophie. Il mourut dans un ége avancé
en 1775. Il avait été reçu à F Académie
en 1753.
Château - Ghinon , Ca^^m ou
CasteUum caninum , petite et fort
ancienne ville avec titre de comté, dans
le département de la Nièvre. Jadis ca-
pitale du Morvant et sjége d'uu bail-
liage seigneurial, cette ville occupe , à
ce que Ton croit, l'emplacement d'une
forteresse romaine : c'est ce que du
moins tendraient à prouver de nom-
breux restes de monuments et de lar-
ges voies pavées. — C'était autrefois
une place importante, défendue par
des fortifications considérables et par
un vaste château , sous les murs du-
quel Louis XI défit en 1475 l'armée
du duc de Bourgogne. Les royalistes
se rendirent maîtres de la place après
un long siège , et passèrent au fil de
l'épée la garnison amsi qu'une grande
partie des habitants.
Château-Dauphin (prise de). Le
prince de Conti, joint à don Philippe,
commandant l'armée espagnole, avait
passé le Var, emporté Nice et Ville-
iranche , et pénétré jusqu'à Château-
Dauphin à l'entrée de la vallée de Stura.
Le 19 juillet 1744, le bailli de Chivri
et Chevert escaladèrent ce roc sur le-
quel deux mille PiénK)ntais étaient re-
tranchés. Malgré l'artillerie qui les
foudroyait , et la présence du roi de
Sardaigne, ils en atteignirent le som-
met, et restèrent vainqueurs après uu
combat sanglant et acharné, oii l'on
avait vu des grenadiers français pro-
fiter du recul des pièces pour se jeter
dans les embrasures des retranche-
ments. Du côté des alliés, il périt deu^c
mille hommes; mais il n'écuappa au-
cun Piémontais ; le roi de Sardaigne,
audésespoir, voulait se jeter parmi les
assaillants.
Le prince de Conti écrivit à Louis
XV : « C'est une des plus brillantes et
« des plus vives actions qui se soient
(( passées. Les troupes y ont montré
A une valeur aundessus de l'humanité.
« La bravoure et la présence d'esprit
« de M. Chevert ont principalement
«>décidé l'avantage. »
Chateau-du-loib , Casinm ad
Lasdum , Castrum Liai , ancien chef*
Jieu du Vaux du Loir, petit canton de.
Touraine, aujourd'hui compris dans
le département de la Sarthe. Y.ers le
milieu du XP siècle , Château-du-Loir
soutint un siège fort long , pendant
sept ans, contre Geoffroy Martel,
conite d'Anjou , qui en retint le sei-
gneur prisonnier , et ne lui donna ia
liberté que lorsqu'il lui put céder cette
place avec d'autres qui étaient à sa
convenance. Le seigneur de Château-
du-Loir était Gervais, évêque du
Mans. Vers Tan 1090, Mathilde de
Çhâteau-du-Loir apporta cette terre à
Élie de la Flèche , qui se mit en pos< :
session du comté du Maine, non saos
avoir été obligé de le disputer vivement j
à Guillaume le Roux, roi d'Angleterre |
(voyez Maine). Château-du-Loir était I
alors la meilleure forteresse du pays, |
et ce fut là qu'Élie se retrancha pen- j
dant que les Normaaàs ravageaient!
son comté. Depuis , ce château suivit i
la fortune des successeurs d'Élie , qd I
devinrent comtes d'Anjou , ducs de
Normandie et rois d'Angleterre. Ri- :
chard Cœur de Lion assigna sur cette
terre le douaire de la reine BérengèK
sa femme. Après la réunion des pro*.
vinces démembrées, Phi lippe- Auguste]
en fit don à Guillaume des Roches,
sénéchal du Maine, de l'Anjou et de la
Touraine. Château-du-Loir passa eor
suite aux comtes de Dreux , desquell
Philippe de Valois la racheta en M\
pour la somme de 31,000 livres. Fai|
elle fut donnée en apanage avec M
Maine à Louis, premier ducd'Anjoo»
et réunie à la couronne par Louis XL
£n 1496 , Charles VIII la donna a«
maréchal Trivulce sous le titre de ba*
ronnie. Louis XII la lui conserva d
1499, mais à la charge de rachat pep
pétuel. Cédée par le maréchal de W
vuîce à P. de Rohan, maréchal de Giéi
elle fut retirée aux héritiers de ce dep
nier, puis donnée par engagement à b
maison de Soissons qui la posséda r*
ce titre Jusqu'au commencement ui
dix-huitieme siècle.
Outre le siège dont nous avons d^
parlé, le château, construit sur un r(»*!
FRANCE {xvta)
PRAnCE. (XVÎS)
"i^-y^.^, _r^~.„..,.-. ..'r.%;A:^„^<„^^
CHA
FRAIÏCE.
CHA
cher isolé et entouré d'eau, fut encore
investi et pris en 1075 par Foulques
ieRéchio, comte d'Anjou , et eu 1181
par Philippe-Auguste. Fm 1589 il se
rendit à Henri IV.
Cbâteau-du-Loir a aujourd'hui une
population de 3,500 habitants.
Chateaudun , Castellum Dunum,
Castrum Dunense ou Castrum Du-
m n , ancienne capitale du comté de
Duoois, aujourd'hui chef- lieu d'ar-
rondissement du département d'Eure-
et-Loir, à quarante-huit kilomètres de
Chartres. Située sur une hauteur au
pied de laquelle coule le Loir, Châ-
teaudun porta aussi le nom de Hupes-
Clara ou Uràs-Clara (**). Aimoin la
mentionne dans la vie de Sigebert , et
Grégoire de Tours dans celle de Gon-
tran. Le prenrier des vicomtes parti-
culiers deChâteaudunest Geoffroy P"^^
Gis de ff^arin de BeUesme et petit-fils
de Guillaume P% comte d'Alençon.
Geoffroy I" fut assassiné vers 1041.
Son successeur fut son fils Rotrou P',
mort yfers 1066. Celui-ci fut le sixième
ouseptième aïeul de Geoffroy IV, mort
vers 1248, dont la fille puînée Clé-
mence porta cette vicomte dans la
maison de Dreux y d'où elle passa
successivement par mariage dans celles
de Cleimont, de Flandre et de Craon,
— Jean de Craon , grand échanson de
France , dix-huitième vjpomte de Châ-
teaudun, fut tué en 1415 sans laisser
de postérité. Alors la vicomte de Châ«
(eaudun revint à Charles^ duc d'Or-
léans , qui en 1439 la donna avec le
comté de Dunois à son frère naturel ,
Jean, bâtard d'Orléans (voyez Du-
nois). — Au dix-huitième siècle, Châ-
teaudun , capitale du Dunois et chef-
lieu d'un bailliage , avait une abbaye
royale de l'ordre de Saint-Augustin ,
dont on attribuait la fondation à Char-
lemagne. Le château, remarquable par
la hardiesse de sa construction^ est
accompagné d'une grosse tour bâtie ,
suivant les traditions locales, par ThU
baud le Fieux ou le Tricheur en 935.
U reste des constructions est dû aux
(p Dun, hauteur. (CeiL)
(**) yilU-claire, que l'on aperçoit de loin.
comtes de Dunois, ducs de LongueviUe
(quinzième siècle).* Châteaudun fut
presque entièrement détruit par un in-
cendie , en 1723. Les environs de cette
ville furent en 1 183 le théâtre d'un mas-
sacre épouvantable des bandes dévasta-
trices des Brabançons y CoUereauXy
çtc. Les Capuciès (voyez ce mot) y ren-
contrèrent une troupe considérable de
ces aventuriers; ils en tuèrent sept mille
sur la place, et firent un grand nombre
de prisonniers , parmi lesquels se trou-
vaient quinze cents filles de joie que
ces brigands traînaient à leur suite.
Ces malheureuses furent ensuite impi-
toyablement brûlées avec les aventu-
riers à la fortune desquels elles avaient
lié la leur.
Châteaudun a donné le jour à plu-
sieurs hommes célèbres, entre autres,
à Lambert' li'Cors , qui commença ,
avant Alexandre de Paris, le poème
de l'Alexandride ; et à l'oiîévre Jean
Toutain^ l'un de nos plus habiles
peintres en émail.
La population de cette ville est
aujourd'hui de 6,500 habitants.
Châteaudun (monnaie de). On n'a
encore retrouvé aucune monnaie de
Châteaudun antérieure à Charlemagne;
mais on en connaît beaucoup de la pé-
riode carlovingienne. Outre la pièce
de Charlemagne , qui ne porte que le
nom du roi et qui appartient au second
genre des monnaies frappé.es sous son
règne, il en existe de Charles le Chauve,
d'Eudes et de Raoul ; mais aucune ne
aéroge au type consacré de ces princes.
C'est toujours le nom de la ville dvni-
GASTRYM ou DYNIGASTELLVM , Ct la
légende GRATiA di bex avec le mo-
nogramme royal d'Eudes , de Charles
ou de_Raoul ; seulement les deux let-
tres DI de la légende y sont quelquefois
/remplacées par les lettres dn , abrévia-
tion de DOMiNi. D'après un usage qui
était général au moyen âge , les vicom-
tes de Châteaudun prirent au onzième
S'ècle, pour type de leur monnaie,
celui qui était adopté dans leur ville
épiscopale, Chartres. Mais les moné-
taires ne tardèrent pas à défigurer cette
empreinte , et bientôt le type des mon-
naies dunoises n'eut plus que les ca-
T. T. $• livraison. (Dict, engtgl., etc.)
94
eux
L*DNIVERS.
GIIA
iractèr«s génémux des monnaies de
Chartres. On y voyait toujours une tête
sur le côté dépourvu de légende , mais
une tête qui s'altérai-t autrement que
celle de Chartres. Quant à l'autre c6té,
on y lisait en caractères cunéiformes
DTNTCASTELLMm OU d'autres lettres ^
très-souvent mêlées et formant une lé-
gende bizarre et défigurée, autour d'une
croix à branches égales. Enfin , vers la
f)remière moitié du treizième siècle ,
orsque déjà les derniers linéaments
de la tête avaient disparu pour faire
place à une figure à laauelle on ne peut
pas donner de nom , les seigneurs de
Châteaudun commencèrent à mettre
dans la légende leurs initiales ou leurs
prénoms tout entiers. Le premier qui
introduisit cette nouveauté semble être
Geoffroy V, qui vivait vers l'an 1216.
Robert de Dreux, Raoul de Clermont
et tous les autres seigneurs de Château-
don continuèrent cet usage jusqu'à la
confiscation du comté, en 1393. A
force d'altérer le type primitif, ils
avaient fini par le faire ressembler au
type des tournois , et depuis le trei-
zième siècle , la légende avait envahi
le côté qui jusqu'alors en avait été
dépourvu. Il parait qu'en 1236 les
vicomtes de Châteaudun cherchaient
à étendre au delà de leurs possessions
le cours de leurs nM)nnaies. 11 existe
en effet une ordonnance rovale rendue
afin de réprimer cet abus. D'après
l'ordonnance de 1315, les deniers de
Châteaudun devaient être à trois de-
niers dix grains de loi argent le roi ,
et les mailles à onze deniers vingt et
un grains. Quatorze deniers dunois
valaient un sou tournois.
Chatb^u-Fbbmont, ancienne sei-
gneurie de Bretagne (aujourd'hui dé-
partement de la Loire-Inférieure), à
3 myrfamètres de riantes , érigée en
inarquisat en 1694.
Chatbàij - Gàillàbb • d'ândely
(sièges du>. — Philippe-Auguste exécu-
tant îa sentence prononcée contre Jean
sans Terre par la cour des pairs, entra,
en 1203 , dans la Normandie , pendant
que son ennemi, se livrait avec insou-
ciance au plaisir et à la débauche. Il
Tint mettre le siège devant les forte-
resses d^Andely; c'était le boulevard de
la province entière , et Richard n'avait
rien négligé pour en compléter la d^
fense. Un château très-fort dans une tle
de la Seine , le bourg d'Anddy entouré
d'une double enceinte , enfin le château
Gaillard , au haut d'un rocher escarpé
sur la rivedroitede la rivière, formaient
un ensemble de fortifications redouta-
ble pour cette époque. Philippe com-
mença l'attaque au mois de sefrtembra,
€t pendant cinq mois il éprouva la plus
vigoureuse résistance. Les assiégés
avaient à leur tête le vaillant Roger
de Lascy, connétable de Chester. Après
de longs combats, qui sont décrits
d'une manière animée par Guiliaaine
le Breton , dans son poème de la Phi-
Hppide y le château de l'île fut pris
d'abord ; le bourg d'Andely céda
ensuite. Roger commençant alors à
manquer de vivres , renvoya de Teo-
ceinte toutes les bouches inutil^.
Deux bandes , chacune de 500 vieil-
lards malades, femmes ou enfants,
avaient déjà traversé le camp da'
assiégeants. Une troisième troupe de
1 ,200 malheureux , repoussée par Phi-
lippe , dut rester entre le camp et la
place. En butte aux traits des dm
armées , sans abri et saos vivres , ré-
duits à se nourrir de la chair des
chiens ou des cadavres de leurs coi»-
pa^nons, plus de la moitié avaieitt
déjà péri , quand Philippe , toucM
enfin de leur sort , leur distribua dai
vivres et leur permit de se retirer î
mais il était trop tard^ la plupart
moururent après avoir mangé. Gepeih
dant la résistance du Château-Gaillari
se prolongea tout Phiver, et ce M
seulement le 6 mars 1204 qu'il M
pris de vive force, après avoir éfé
escaladé et incendié par lés asst^
géants. Roger de Lascy n^avait ptai
alors que 180 combattants. P^^ustft
la durée de ce siège opiniâtre , le m^
Jean s'était enfui en Angleterre. CUf
teau-Gaillard , dont il reste des niiMi
fort curieuses (voyez les planches 36i|
274 , 275 et 276) , a été déroautelé plT-
ordre de Louis Xin. (^Voy. Andblv.)
Chatbau-Gày, ancieime seigneurit
de l'Auvergne, aujourd'hui départ. dtt
CBA
FRAUCaL
GBA
u
{^•de^Dôiiie, à G kilom. de CtomoDt-
Ferrand , érigée en marqaisat , à la
fin du dixrseptièrtie siècle.
Ghaxiau-Gibon , petite ville de
Tancienne Bretagne , a 16 kilom* de
Rennes , âuidurd'hai chef-lieu du dé*
partement d'Ille-et*Vilaine. Elle était
autrefois fortifiée. Ce fut sous ses
BHirs que le comte de Soissons fat
battu et fait prisonnier, en lâ90 , pav
Je duc de Mercoeur. Château-Oitoa
eompte aujourd'hui 1,453 habitants.
Chatsai^Gontisb, Cctëtrum Gori'
krii , petite ville de Tancien Anjou ,
aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement
do départ, de la Mayenne, à 28 kilom.
d'Angers, fut entourée de fortifîcations
au comnoencement du douzième siècle
par Foulques Néra , comte d'Anjou ,
qui substitua' le nom de Gontier, que
portait le chevalier auquel ii en confia
la garde, à celui de BotsUica (Basociie),
sons lequel elle était connue auparavant.
Pkis tard. Foulques donna cette forte**
lesse oa fief à Yvon, que l'on croit
avoir été fils d'Yves , oomte de Bel-
ksme et d'Alencon.
la terre de dhâteau-Gontier passa
ptas taid par mariage à Pierre II ,
eomte d'Alençou , et fut vendue , par
/eaon, à la maison d'Amboise. Saisie
en 1431 , par arrêt du parlement ,
séant à Pontoise , elle fut ensuite réu-
nie à la couronne , d'où elle fut déta-
dbée en 1656, pour être érigée en
manpiisat , en faveur de Nicolas Bail-*
leuly président à mortier au parle*
flM»t de Paris , chancelier de la reine
Anne d'Autriche et surintendant des
Cette ville était, avant la révolu-
tion, chef- lieu d^une élection, d'un
présidial et d'une sénéchaussée. Elle
fossède aujourd'hui un tribunal de
première instance, une société d'agri-
culture et un collège communal. Sa
popolation est de 6,143 habitants.
Il s'est tenu, à Château -Gontier,
cinq conciles provinciaux: en 1231,
U64, 1269, 1336 et 14^8. Louis XI
jr fit sa résidence pendant quelques
flioia; lesi Vendéens s'en emparèrent
le 20 octobre 1793, mais ils furent for-
as de révacuer quelque temps après.
CHATEAU • Lardon , petite ville de
l'ancien Gâtinais français, aujourd'hui
ehef-Iieu de canton du département de
Seine-et-Marne, à 30 kilom. de Fon-
tainebleau.
Cette ville, dont le nom latin est
Castrum Nantonis ou Landotds, passe
pour être fort ancienne , et l'on pense
généralement qu'elle existait déjà souS
la domination romaine; saint Seve-
rin y mourut en 503, et Childebert,
fils de Clovis, y fonda quelques années
après une abbaye, qui fut reconstruite
vers 1151. Sous les rois de la seconde
race , Château-Landon devint le chef«
lieu d'un comté; Louis le Gros y avait
un château où il séjourna, en 1119,^
pendant les vives et longues auerelles
des chanoines d'Ëtampes et de l'abbé
de Maurigny. En 1436, les Anglais
s'emparèrent de la ville et du château,
que le connétable de Richement reprit
d'assaut en 1437. Cette ville fiit encore
Êrise par les reitres en 1587, et par les
gueurs en 1589. L'élise paroissiale, ^
dédiée à Notre-Dame, est remarquable
par son clocher, que fit , dit-on , cons-
truire un évêque de Poitiers , vers le
milieu du quinzième siècle. La [>opU"
lation de Cnâteau-Landon est aujour-
d'hui de 2,200 bab.
Ch ATBAu - Lardon ( monnaie de ).
— Château-Landon possédait, sous la
seconde race , et au commencement de
la troisième V. un ateher monétaire
d'où sont sorties quelques pièces, dont
quelques-unes sont parvenues jusqu'à
nous. Tels sont, entre autres, des de-
niers d'argent de Charles le Chauve et
de Carloman II , qui n'offrent d'aiU
leurs aucune singularité remarquable,
et des deniers frappés au nom de Phi*
lippe P', de Louis VI et de Louis VIL
Ceux de Philippe P% qui sont fort
rares, présentent d'un coté le nom de
la ville, LAifDOifis gasti, avec une
croix grecque, cantonnée de deux croi-
settes dans le champ, de l'autre le nom
du roi , PHiLippus bsx , inscrit autour
d'une figure bizarre que l'on a compa-
rée à la pièce de blason , connue sous
le nom de Pal, Cette ^ure est accom-
pagnée de deux G, en forme de croix,
et de quelques autres caractères que
3.
sa
CBA
L'UNIVERS.
CBA
Ton ù'a point encore expliqués. Nous
sommes assez portés à voir dans cette
espèce de pal une imitation dégénérée
du monogramme d'Eudes , mono-
gramme que Ton retrouve en effet sur
les monnaies d'une ville voisine , celle
d'Étampes.
L'empreinte des deniers de Louis
VI et VII n'est qu'une dégénérescence
de celle de la monnaie de Philippe P^
On y retrouve ce pal avec le nom
royal; mais les O en forme de croix
se sont métamorphosés en une croix
véritable, et les autres caractères sont
remplacés par une crosse; circons-
tancié qui a lait attribuer à l'abbaye de
Saint-Severin de Château- Landon l'é-
mission de cette monnaie. Quoi qu'il
en soit de cette opinion , que nous ne
partageons pas, il existe encore à Châ-
teau-Landon un lieu connu sous le
nom de la Monnaie.
Chàteau-l'Arg, ancienne seigneu-
rie de Provence, aujourd'hui départe-
ment des Bouches-du-Rh6ne, à 12 kil.
d'Aix, érigée en marquisat en 1687.
Chateaulin, Castrolinum y petite
ville de l'ancienne Bretagne, aujour-
d'hui chef-lieu d'arrondissement du
département du Finistère, à 23 kil. de
Quimper, et dominée par les ruines
d'un ancien château , bâti vers l'an
1000, par Budie, comte de Cor nouai I-
Jes. Elle possède un ti^ibunai de pre-
mière instance et une société d'agri-
culture. Sa population est de 2,783
habitants.
ChatbauMeillant, castruniMe-
éUoldnum, cnstrùm MelUani , petite
ville de l'ancien Berry, aujourd'hui
chef lieu de canton du département
du Cher, à 28 kil. de Saint-Amand ,
fondée , suivant l'opinion la plus gé-
nérale, parles Romains, est surtout
remarquable par un ancien château
que l'on fait remonter au cinquième
siècle. On y voyait encore , au siècle
dernier, une grosse tour carrée bâtie,
suivant la tradition populaire , par
Jules César, et sur ta lanterne du
dame de laquelle était une figure en
cuivre doré , représentant Mell usine ,
personnage qui figurait aussi dans les
armes de la maison de Saint^elais
Lusignan, à laquelle la seigneurie dé
Château-Meillant avait appartenu.
Chateau-Meillant (monnaie de).
— Haultin , et après lui de Bèze , ont
publié, sans doute d'après le manus-
crit de Saint -Victor, où Pon trouve
quelques détails sur la monnaie de
Château-Meillant , le dessin d'un de-
nier de cette ville qui n'existe plus
nulle part. On y voit , d'un côté, la
légende : -f- margabeta dna (domi-
na) , avec un lion rampant dans ua
champ parsemé d'étoiles, et de l'autre,
— B. h GASTBIMELHA , aveC UnC
croix grecque. Cette pièce, qui doit
avoir appartenu à Catherine de Boues,
dame de Château-Meillant ( 1280-1323),
et une autre, récemment découverte,
et qui date de la fin du quatorzième
siècle , sont les seules monnaies que
l'on connaisse de Château-Meillant.
La dernière est un 6ar6an» copié sur
ceux de Limoges. On y lit, d'un côté,
le mot GHASTELLYM, autour d'une
croix grecque, et de l'autre hhelU
BES , autour d'une tête barbue. (Vof.
Limoges [monnaie de].)
Chateauneuf, petite ville du âé«
partement d'Ille-et-Vilaine , à 13 kil
de Saint-Malo , était jadis une place
importante. Elle joua un assez grani
rôle dans les guerres civiles de Bre- .
tagne , entre les Montfort et les Pen*
thièvre. Elle était défendue par un
château qui fut pris par les troupes
royales le 26 mars 1592, repris peu de
temps après par le duC de Mercœur,
et enfin démantelé par ordre de Hen*
ri IV, en 1594.
Il y a auprès de Chateauneuf un fort
hexagone construit sous, terre, es^
1777, d'après les plans de Vauban, d'^
destiné à protéger la cote nord-ouesl
du département. On peut y loger 60(1'
hommes. Le magasin à poudire est,
voûté à l'épreuve dé la bombe.
Chateauneuf (Renée de RieaXi
surnommée la belle de) naquit veri
1550, d'une noble famille de Breta*
gnç. Elle fut'placée comme fille d'bon*
neur auprès de Catherine de Médicis;
et son étonnante beauté, qui, pendant
longtemps, fut proverbiale a la cour C)t
(*) « Le comte de Tonnerre avait fiât
CBA
FRANCE.
GHA
n
f
de
lai attira les hommases de Charles IX
et du duc d*Anjou , depuis Henri III,
dont elle fut la maîtresse pendant plu-
sieurs années; ce prince lui adressa,
par l'entremise de Desportes , le n-
mewr de la cour, une foule de sonnets
qui roulent tous sur sa beauté , et en
particulier sur sa blonde chevelure.
Devenu roi de France, Henri III, s*u-
nissant à Louise de Vaudemont, bien
ue, d'après le malicieux Tallemand
es Réaux, il eût eu quelque envie d'é-
poaser sa favorite , proposa la main
de la belle Châteauneuf au comte de
Brienne, sfmple cadet de famille ; ce-
lui-ci , néanmoins , refusa un mariage
oui le déshonorait en lui assurant la
faveur du roi, et il fut forcé de quitter
la cour. Cependant ^mademoiselle de
ChâteauneuT craignaft peu les charmes
de la jeune reine; elle se crut même
assez sûre de sa puissance pour oser
braver cette princesse dans un bal ; et
le roi se vit jforcé de la punir de cette
insolence en l'éloignant de la cour. Par
dépit, et peut-être par amour, elle
épousa un Florentin nommé Anti-
noitti, qu'elle poignarda dans un accès
de jatousie. L'ancien amour du roi la
fit absoudre de ce crime, et, plus tard,
après avoir, suivant Tallemand des
Réaax, refusé la main du prince de
Transylvanie, qui avait envoyé deman-
der une fille de la cour de France, elle
^MHisa Philippe Altoviti , capitaine de
plère, que Henri III créa baron de
Castellane. Ce second mari périt en-
core de mort violente; il fut assassiné
par Henri d'Angouiême, grand prieur
de France, contre lequel H avait cons-
Rré. Depuis cette époque (1586),
listoire perd la trace de mademoi-
selle de Cnâteauneuf , et Ton ne sait
Blême pas la date précise de sa mort.
Chatbau-ISbuf/u Val de Babgis,
ancienne châtellenie du Nivernais, au-
jourd'hui département de la Nièvre, à
34 kil. de Nevers. La population de
ce lieu est aujourd'hui de 2,057 habi-
tants.
pondre mademoiselle de Châteauneuf sur
un. trône et loi humilié devant elle qui lui
mettait le pied sur la gorge. » ( Tallemand
dn Réaux.)
Cr atbau-Nbuf db Bonafos (mon*
naie de). —Les monnaies d'Alby sont
les mêmes que celle de Château-Neuf
de Bonafos. Nous avons donc cru de-
voir les réunir pour en faire le sujet
d'un seul article. On ne connaît qu'un
seul triens mérovingien d'Alby : c'est
une petite pièce d'or, sur laquelle on
lit ALBiviBNSB autour d'un profil
droit, et domino honitabio autour
d'une croix à branches égales. Aucun
denier carlovingien appartenant à cette
ville n'a encore été retrouvé; jl faut
descendre jusqu'au temps de la féoda-
lité pour retrouver quelques traces de
la monnaie de cette ville. Elle semble
avoir appartenu tout entière, à cette
époque , au comte de Toulouse. Plus
tard , elle fut divisée entre trois pos-
sesseurs, le comte de Toulouse, révo-
que d'Alby, et le seiçneurde Bonafos,
qui firent, vers le milieu du treizième
siècle, un accord par leauel ils con-
vinrent que la monnaie d'Alby nom-
mée Raymondine serait frappée à
frais et à bénéfices communs , dans le
château de Bonafos. Il existe en effet
d'anciens deniers sortis de Tatelier
monétaire établi en vertu de cette con-
vention , et qui présentent au côté
drttit la légende baimvndys , dans le
champ un monogramme que nous n'a-
vons pu lire sur les pièces que nous
avons eues entre les mains, et au re-
vers, le mot ALBiEGi, autour d'une
croix ; c'est sans doute ce type dégé-
néré qui a donné naissance à l'em-
preinte publiée par Duby (Supplément,
{)1. X , n*^ 14). Cette empremte a été
ongtemps regardée comme inexpli-
cable ; nous y avons cependant recon-
nu les mots Raymundus et Albie dni-
tasy BAMVivio et albieci. La croix
grecque du revers y est restée, mais
le monogramme s'est changé en qua-
tre petits piliers dont les deux supé-
rieurs accostent une crosse. A la fin
du douzième ou au commencement
du treizième siècle , Sicard d'Alamon
changea cette monnaie et la ramena
à une meilleure empreinte. On y vit •
alors, d'un côté, une croix avec les
mots ALBiBNSis , et de l'autre côté,
tes quatre petits piliers réunis en
auL
uuravERS.
CSHA
eroix et caotonnés , au ttoisième can-
ton, d'une OFOSse; autour, on lisait
la légende a« bonafos, dont la pre-
mière lettre 9 b, est un souvenir
de Tancienne légende baimyitdvs.
GHATBAU^KlUr BB GADA0NB, aOr
cienne seigneurie avec titre de duché,
dans le comtat Yenaissin, à 8 Ul» d'A-
vignon. Ce lieu, dont la population
«st aujourd'hui de 1,100 bap», était
possédé, au dix*8eptième siècle, par
rune des plus illustres fanoilles du
pays. Voy. Gallban (famille de).
Chatèau*I9buf db Gaiaubb , auK
cienne baronnie du DauphiQé, aujour<-
d'hui département de la Drôme, à J6
kil. de Romans.
GHATBAUrl^BnF LB KouoB, an*
cienne seigneurie de Provence, au<r
jourd'hui département des Bouches-
du-Rhône, érigée en marquisat en
1728.
Ghateaunbuf " Rah DON , petite
ville de l'ancien Gévaudan, aujour-
d'hui chef-lieu de canton du départe^
ment de ia Lozère, à 34 kil. de Monde,
célèbre- par le siège qu'y soutinrent
les Anglais en 1380, contre du Gues-
clin, général des armées de Charles Y.
Ce fut devant cette place que mourut
le connétable , en donnant aux capi-
taines qui l'entouraient ce conseil,
qu'il avait toujours suivi lui-même:
« Qu'en quelque pays qu'ils fissent la
« guerre, les gens d'église, les femmes,
« les enfants et le pauvre peuple n'é^
« talent pas leurs ennemis. »
Le gouverneur de Randon avait ca-
pitulé avec du Guesclin, et promis de
se rendre dans quinze jours, s'il ne re-
cevait pas de secours. Lorsque ce temps
fut écoulé , le maréchal de Sancerre
s'avança sujr les bords du fossé de la
ville assiégée, et somma le gouverneur
de se rendre; il répondit ^u'il avait
donné sa parole à du Guesclin, et qu'il
ne se rendrait qu'à lui. Sancerre avoua
alors que le connétable était mort :
« £b bien , reprit le gouverneur, je
« porterai les clefs de la ville sur son
« tombeau. » Sancerre revint tout pré-
parer pour cette cérémonie extraordi-
naire. On ôta de la tente du héros tout
ce qu'elle renfermait de lugubre; son
cercueil fat placé sur une tsbli cou»
verte de fleurs; puis le gouveraear dt
la ville a$(siégée sortit et ia place à Is
tête de sa garnison, trav^sa l'ann^
au bruit des trompettes, et arriva ûm
la tente du connétable s les prindpfios
officiers de l'arma , debout et silent
cieux , y étaient rassemblés. Le goi^
verneur se mit à genoux devant 1$
corps du connétable, et déposa m m
cercueil les clefs de la place et m
épée* Un modeste monument a ëi
élevé en 1820 au hameau de la Bita*
relie sur le théâtre de cet évéïtfr
ment.
GHATBAUirEUP- 8UB * GHABENUt
Castrum novuMy Neœwtrumf m
cienne diâtellenie de l'Anjou , ai^ooii
d'hui chef-lieu de canton da départie
ment de la Charente, à 12 kil. oe C»
gnac, érigée en comté en 1644. Charl(|
Y la prit sur les Anglais après uotoif
siège, en 1880. C'est entre cette vi8
et celle de Jarlfiac que se donna, c|
1569, la fameuse bataille connue
le nom de Jarnac, et où les calvini
furent battus. (Yoy. JABNic.) La .
pulatiAu de Ghâteauneuf-sur-Charep^
est aujourd'hui de 2,350 habitants. .^
Ghatbaunbuf - sua - Chbb , 9Ê^
cienne seigneuriedu fierry, aujourd'i
département du Cher, à 16 kil.
Bourges, érigée en marquisat en t
en faveur de Golbert. Cette ville,
la population est aujourd'hui de2,<
habitants, possédait autrefois une ri<
collégiale.
ChATEAUNEDF - 8UB - LOIBB ,
cienne seigneurie de l'Orléanais,
jourd'hui département du Loiret
17 kil. d'Orléans, érigée en mar<
en 1671, en faveur de Balthasar P
peaux, secrétaire d'État, et aïeul
Louis Phelipeaux, comte de Pon '
train, qui fut chancelier de France,
1699 à 1714.
Ghateaunbuf - sub - Sabthb ,
cienne seigneurie de l'Anjou, ai^
d'hui département de Maine-et-Loi
à 16 kilomètres d'Angers, érigée
baronnie en 1584.
Chatbau-Pobgien, Castrtm
cianmi^, ou Castn^m Porcinc$um,
cienne principauté de Chamj
caiA
FRANCE.
CHA
39
aujoiirâ*hui chef-Jieo de canton du
d^rtement des Ardennes, à 7 kilo-
mètres de Rethel. La ville de Château-
Porcien est mentionnée dans le testa-
ment de saint Remy, archevêque de
Reims; inais elle devait exister bien
aotérieurement à cette époque, puis-
qu'on a découvert sur une montagne .,
au nord-est de cette ville, d'anciennes
fondations de murs, des puits, des
pavés et des- médailles romaines. Châ-
teau-Porcien , situé sur la rive droite
de TAisne, est dominé par un rocher
escarpé sur lequel on aperçoit encore
les ruines d'un château fort , bâti dans
le quinzième siècle, qui soutint, au
dix-septièine siècle, quatre sièges en
peu de temps. Tombe au pouvoir des
Espagnols en 1650,, il fut repris la
même année par les Français, qui le
j^rdirent encore en 1652, mais le re*
«ouvrèrent en 1653.
Cette ville ne fut d'abord qu'une
mmïe seigneurie qui relevait du comté
ée Sainte-Menebould , et que Raoul de
dlâteau-Porcien vendit, en 1263, à
Thibaut, roi de INfavarre et comte de
Cbammigne , en échange de revenus que
' ee pnftoe lui assigna à Fismes ; puis
^ passa avec la Champagne à Phi*
Ulfpck Bel, qui l'érigea en comté, en
IM, en l'échangeant avec Gaucher II
#e Châtillon , contre la terre de Châ-
lîHoD*sur'-Marne« Depuis, elle passa
dans la famille des ducs d'Orléans, et
en 1439, dans celle des seigneurs de
Eenty, qui la possédaient lorsque Char-
te IX, en 1561, l'érigea en princi-
jMté. Après avoir appartenu aux ducs
ieNevers, elle fut acquise, en 1659,
yir le cardinal Mazarin, et passa enfin
m dues d'Aiguillon.
CHATEAU-ReONÀBD ou R£NAB9«
{Mrum yulpinumy petite ville du
Çlâtinais Orléanais , aujourd'hui du dé*-
Maternent du Loiret, doit son origine
I on château fort construit par Re-
9Hard le Vieux, comte de Sens, vers le
fliâieu du dixième siècle. Louis le Gros
déCmisit ce château en 1230; mais Ro-
kort , comte de Joigny, le fit recons^^ .
tmire et l'entoura de fortes murailles
fmqaées de tours, dont il existe en-
tote quelques restes assez bien oon«
serves. Il fut démoli, en 1627, par
ordre de Louis XIII. La seigneurie de
Château-Regnard appartenait , en 1^69,
à l'amiral de Coligny, après la mort
duquel elle passa dans la maison de
Nassau-Orange. Cette ville compte au-
jourd'hui 2,988 habitants.
Chateau-Regnàult ou Renaud,
Castrum JReginaldi, petite ville de
l'ancienne Champagne, aujourd'hui du
département des Ardennes, à 12 ki-
lomètres de Mézières. C'était autre-
fois une principauté souveraine dont
le chef-lieu était Monttharmé. La ville
fut bâtie en 1230 , par Hugues , comte
de Rethel , et elle appartint successive-
ment aux comtes de Rethel et aux
ducs de Clèves. £n 1629, Louis XIII
en acquit la souveraineté en échange de
Pont-sur-Seine, propriété de la prin-
cesse douairière de Conti. Louis XIV
en fit raser le château . gui était très-
fort. La population ae Château-Re-.
gnault n'est plus aujourd'hui que de 600
habitants.
Chatbau-Regnault ^monnaie de).
— On a plusieurs pièces irappées dans
cette ville, à l'effigie de François de
Conti, qui posséoa la seigneurie de
Château-Reçnault au commencement
du dix-septieme siècle. Ces pièces sont
de tous métaux et trop peu intéres-
santes pour que nous nous arrêtions à
les décrire.
Chateau-Regnault, petite ville
de l'ancienne Touraine, aujourd'hui
chef-lieu de canton du département
d'Indre-et-Loire , à ving;t-huit kilomè-
tres de Tours , fut bâtie au commen-»
cément du douzième siècle par Geof*
froy, seigneur de Château-Gonthier,
qui lui donna le nom de l'un de ses
hls. La seigneurie de Château-Regnault
changea ensuite plusfeurs fois de maî-
tres; elle fut érigée en marquisat en
1620. Cette ville compte aujourd'hui
2,468 habitants.
Chatbau-Renaud (François-Louis
Rousselet, comte, puis marquis de),
l'un des plus granas marins que la
France ait produits, naquit en 1637.
Il servit d'abord dans les armées de
terre, et se distingua sous les ordres
de Turenne, à la bataille des Dunes et
40
€HA
L'UNIVERS.
CHA
aux sîéfi;és de Dunkerque et de Berque-
Saint-Vinan.
II entra dans la marine en 1661 , en
qualité d'enseigne de vasseau, et se
distingua en 1664, dans une descente
opérée sur les côtes d'Afrique par lar-
mée navale aux ordres du duc de
Beaufort. Nommé capitaine de vais-
seau en 1672, il fut envoyé contre les
pirates barbaresques; il s'empara avec
un seul vaisseau de cinq de ces cor-
saires. Il fut promu Tannée suivante au
frade de contre-amiraJ , et fut chargé
'aller croiser avec cinq vaisseaux dans
les mers du Nord. A peine y était-il
arrivé, qu'il aperçut un convoi de cent
trente bâtiments marchands, escorté
Ear l'amiral hollandais Ruyter, avec
uit vaisseaux de guerre. Quoique in-
férieur en forces, Château-Renaud
n'hésita j3as à commencer ratta(]ue; le
convoi fut dispersé : trois vaisseaux
hollandais coulèrent bas, et les autres
furent forcés de chercher un asile sur
les côtes d'Angleterre.
Il commandait une escadre de six
vaisseaux lorsqu'il fût rencontré, sur
les côtes d'Espagne , au commencement
de l'année 1677, par l'amiral hollandais
Evertsen, avec une flotte de seize
vaisseaux de ligne et de neuf brûlots.
Château-Renaud voulut d'abord éviter
le combat, mais forcé ensuite de l'ac-
cepter, il soutint l'attaque avec tant
de bravoure, et manœuvra avec tant
d'habileté, que l'armée hollandaise,
après avoir perdu trois vaisseaux , fut
forcée de se réfugier en désordre dans
le port de Cadix, et de retourner en-
suite en Hollande pour réparer ses
avaries.
Cliâteau-Renaud prit part au bom-
bardement d'Alger, qui eut lieu en
1688; il fut promu l'année suivante au
grade de lieutenant général des armées
navales , et fut chargé de porter en Ir-
lande les secours que la cour de France
envoyait à Jacques II. Il partit de
Brest le 6 mai 1689, avec vingt-quatre
vaisseaux , deux frégates et six brûlots ,
arriva, le 12, sur lès côtes d'Irlande,
et opéra heureusement le débarque-
ment des troupes et des munitions
qu'il était chargé de transporter, mal-
gré les efforts d'une flotte anglaise de
Vingt-huit voiles, qui vint l'attaquer,
et qu'il mit en fuite. Le 18, il rentra
à Brest avec sept navires iiollandais
qu'il avait capturés dans ^ route.
Il commandait l'avant-garde de Tar-
mée de Tourville, dans le combat liyré
par cette armée, le 10 juillet 1690, à
îa hauteur de Bévéziers, à la flotte
combinée des Hollandais et des An*
giais. Chargé de combattre l'avant*
garde de l'armée ennemie, commandée |
par l'amiral hollandais Evertsen, il
parvint à l'envelopper et à la séparer
du corps de bataille, et il la combattit
avec tant de vigueur, que la dest^a^
truction de la plus grande partie des
vaisseaux qui composaient cette escadre
décida du succès de la journée.
Lors de la guerre de la succession .
d'Espagne, Château-Renaud futnommé'
capitaine général de l'Océan par ^
lippe V, roi d'Espagne, en 1701, el
par Louis XIV, vice amiral duLevantt
à la mort de Tourville. Il passa ensoift
dans les Indes occidentales, pour dé*
fendre les établissements espagnols
contre les entreprises des Anglais el
des Hollandais , et ramena en Europl;
la flotte du Mexique. Informé que l'ai»
mée combinée d'Angleterre et k
Hollande l'attendait sur les côtes d'El^
pagne avec des forces supérieures aot
siennes, il voulait relâcher dans Ql
port de France, mais l'amiral espa»'
gnol , don Manuel de Velasco, s'y 0|r»
posa , et voulut aller aborder à Ym
en Galice; il causa ainsi le désastreil
la flotte, dont six vaisseaux et om
galions tombèrent au pouvoir des al<
liés, après que Château-Renaud eii
ordonné lui-même qu'on en brûlât jic|l
et qu'on fît échouer les autres, pow
ravir cette riche proie à l'enneu»
Château-Renaud reçut le bâton (M
maréchal de France en 1703- A PépOj
que de sa mort, arrivée en 1716,1
était lieutenant général et gouveroéltt
de la province de Bretagne.
CHÀTEA.UB0UX , chef-licu du dé]
tement de l'Indre, est une ville
ancienne, et doit son nom et son ou
gine à un château fort construit ▼»
le milieu du dixième sièele, par Raov
CHA
FRAISCE.
CHA
41
'de Déols, surnommé le Large ^ c'est-
à-dire le Libéral. Des habitations se
groupèrent peu à peu autour de ce
château , et formèrent dans le siècle
suivant une ville qui prit le nom de
Castrum Radulphiy d'où vint le nom
moderne de Ch^teauroux. Cette ville,
qui tomba plus tard au pouvoir de
Philippe-Auguste, et fut par lui réunie
au Berry, était, dans l'origine, possé-
dée par les princes de Déols, issus,
suivant Topinion la plus commune , de
la famille des ducs d'Auvergne. La sei-
gneurie de Châteauroux fut érigée en
comté le 16 juillet 1497, par Char-
les Vm , en faveur d'André de Chau-
vigny, vicomte de Brosse. Plus tard ,
elle passa dans la famille des princes
de Condé , et fut érigée en duché- pairie
par lettres de mai 1616,' en faveur de
Henri II de Bourbon , prince de Coi^dé.
En 1736, Louis XV en fit l'acquisition
et la donna à sa maîtresse Marie-Anne
de Maiily-Nesle, qu'il créa duchesse de
Châteauroux. Après la mort de cette
femme, en 1744, ce duché retourna
au domaine royal.
La ville de Châteauroux était, avant
la révolution , le cheMieu d'une élec-
tion. Elle possède aujourd'hui des tri-
luiiaux de première instance et de
eootmerce, une chambre consultative
des arts et manufactures , et une so-
ciété d'agriculture. On y compte 1 1 ,é87
habitants. C'est la patrie clu général
Bertrand.
Chateauboux (monnaies de). Voy.
BioLS. '
Chatbauboux (Marie- Anne, du-
chesse de), sortie de l'illustre famille
ée Nesle, épousa en 1734 le marquis
de la Toameilé, dont elle devint veuve
è rase de vin^-trois ans. Belle, ai-
mabte et spirituelle, madame de la
Tournelle se trouva jetée, dans l'âge
des passions, au milieu d'une cour
dissolue. Elle était ambiteuse : l'exem-
ple de ses trois sœurs, mesdames de
Mailly, de Vintimille du Luc, et de
Lauraguais, qui tour à tour étaient
devenues les maîtresses de Louis XV,
Tenhardit à briguer le même honnhir.
Weat'ètre une plus noble ambition
famma-t-elle; toujours est-il qu'elle
parvint, ce qui n'était pas difficile, à
se faire aimer de Louis XV, et que,
différant adroitement sa défaite, puis,
accordant ou refusant habilement ses
faveurs, elle ne tarda pas à prendre un
empire absolu sur ce prince et sur le
royaume. Madame de Châteauroux n'é-
tait pas une femme aimante, et ce vice
de son cœur contribua puissamment à
sa fortune : elle stipula d*abord le ren-
voi de sa sœur, madame de Mailly, puis
se fit nommer dame du palais* de la
reine, et duchesse de Châteauroux,
avec le brevet d'une pension de 80,000
livres. On ne voit jusque-là dans sa
conduite qu'une ambition vulgaire,
égoïste et personnelle; mais son âme
forte et élevée tendait plus haut: elle
voulait non-seulement qu'on lui par-
donnât son titre de favorite , mais en-
core que la France bénît son nom et
3ue Tnistoire lui attribuât la grandeur
e son roval amant. Par malheur,
Louis XV était fort au-dessous d'elle,
et ce fut à grand' peine qu'elle parvint
à l'arracher quelques instants à sa vo-
luptueuse rnollesse , pour Pentraîner à
la tête des armées de Flandre et d'Al-
sace. Elle y était parvenue et se sentait
heureuse, lorsque le monarque tomba
malade à Metz, et sur le point de
mourir, consentit, pour recevoir l'ex-
trême-onction , que la peur lui faisait
désirer, au renvoi de sa favorite. Ma-
dame de Châteauroux reçut l'ordre de
partir immédiatement, et elle s'y pré-
parait avec fermeté, lorsqu'elle se
rappela que, venue dans la voiture du
roi , elle n'en avait pas une à elle pour
s'en aller. Dans les cours, une per-
sonne disgraciée est traitée comme on
traite , en Orient , les pestiférés *, cha-
cun craint la contagion de sa disgrâce,
et on s'éloigne sans pitié. On ne doit
donc pas trop s'étonner de voir citer
comme un trait de courage l'acte du
maréchal de fielle-Isle, qui osa prêter
sa voiture à la favorite en disgrâce.
Assaillie d'injures et de menaces par
le peuple des campagnes, de tout
temps ennemi des favorites, elle tra-
versa quatre-vingts lieues de pays au
miliei( des outrages et des malédic-
tions, se rendit à Pads et s'y cacha ,
49
CHA
L'UNIVERS.
CHA
attendant avec anxiété des nouvelles
du roi. Pendant tout ce temps, le lAa-
réchal de Richelieu , son ami , lui resta
fidèlement attaché, et lorsque le roi
fut complètement rétabli , il ménagea
un rapprochement entre les deux
amants. Madame de Ghâteauroux ren-
trant alors à la cour, après quatre
mois de disgrâce, reprit son ancien
ascendant sur le roi , et elle semblait
au comble de la faveur, lorsque la mort
vint la frapper au mois de décembre
1744. On a dit que la duchesse de
Ghâteauroux était morte empoisonnée ;
les symptômes de sa mort et les nom-
breux empoisonnements qui eurent
lieu à la cour pendant les règnes de
Louis XIV, du régent et de Louis XV,
rendent le fait assez probable. — On a
publié en 1806 un intéressant recueil
de lettres de madame de Ghâteauroux.
GHATEAtl-SALINS. VoyCZ SALINS.
Ghaxeau - Thibbby , Castrum
Theodorici, Suivant une ancienne tra-
dition , cette ville doit son origine à
un château fort que Gharles-Martel fit
construire pour garder le roi Thierry
IV. Ce château, terminé vers l'an 730,
resta au domaine roval jusqu'à ce que
Louis le Bègue l'eut donné à Hébert P',
comte de Vermandois^ dont les suc-
cesseurs le conservèrent jusqu'en 945,
époque où il passa à Richard , comte
de Troyes. —En 123 1 , Ghâteaii-Thierry
obtint du comte de Ghampagne une
charte de commune , et ses franchises
furent confirmées en 1301 par Philippe
le Bel. En 1803 eut lieu dans cette viue
une assemblée des grands du royaume.
Château - Thierry dut à sa position
importante comme place de guerre de
nombreuses vicissitudes. Prise en 998
par Raoul , duc de Bourgogne, elle fut
reprise la même année par le comte de
Vermandois , et tomba, Tannée sui-
vante au pouvoir de Raoul et de Hu-
gues, ducs de France. Les Anglais
l'assiégèrent inutilement en 1371 ; ils
parvinrent à s'en emparer en 1421 , et
en furent chassés quatre ans après.
Charles - Quint l'attaqua et la prit en
1544. Durant les guerres de la Ligue,
elle fut emportée d'assaut, en 1591 ,
par les Espagnols, qui y commirent
les plus grandes cruautés. Elle se sou-
mit à Henri IV en 1595 ; et vingt m
après, elle se rendit au prince de Condé
et au duc de Bouillon. Rentrée sous
l'obéissance du roi. en 1616, elle H
prise et pillée en i652 , pendant les
guerres de la Fronde* Lors de la euem
a'invasion , en 1814, Château-Thierry
eut horriblement à souffrir du passagi
des alliés des Bourbons , qui , aans l«i
premiers jours de février, la livrèrent
trois fois au pillage. Le 12 février eot
lieu sous ses murs le combat auquel
elle a donné son nom. (Voyez plus bas*)
Château-Thierry, qui, avant la i^
volution , faisait partie de la Briff
champenoise, était le chef-lieu d'une
élection et le siège d'un bailliage et
d'un présidial. C'est aujourd'hui l'iift
des chefs -lieux d'arrondissement di«
département de l'Aisne. Elle possè
un tribunal de première instance,
collège communal et une bibliothèqi
publique. Sa population est de 4,
habitants. C'est la patrie de d
grand fabuliste, Jean de la Fontaine.
Cha-teau-Thiebry (combat de)^
Le 12 février 1814, les troupes du
néral York étaient en bataille sur
plateau en arrière du ruisseau des <
querets, lorsque les colonnes françai
arrivèrent devant elles. La canonn
s'engagea vivement ; la cavalerie
ennemis fut bientôt culbutée par
nôtre ; le général Béliard tourna 1
extrême droite , enfonça leurs c
et le petit nombre de soldats qui
rent s'échapper alla rejoindre le ri
de l'armée qui passait en désordre
Marne à Château-Thierry. L'empe
ayant vu le prince Guillaume dePmi
sortir de la ville pour porter secoi
aux fuyards , envoya contre lui le gi
néral Petit , qui , avec deux bataill'"
de grenadiers, lui prit quatre
hommes, et l'obligea de repasser
ponts et d'y mettre le feu. Cette gl<
rieuse iournée, qui ne coûta gue qua'
cents hommes, fit perdre à l'eno
trois pièces de canon, douze ceai
hommes et dix-huit cents prisonnir-'
Le lendemain les Français rentré
dans Château-Thierry et se mirent
14 à la poursuite des ennemis, aidK
«»*
FJUkNCR.
CHA
, ipelfi Ils firent encore Couver des
pertes considérables, et qui expièrent,
alors les horreurs qu'ils avaient com-
vsmB dans Château-Thierry et dans
, 1^^ environs , car les paysans, exaspé-
rées* en massacrèrent plus de deux mille
qui s'étaient réfugiés dans les bois.
CHATEAU-YiiiLAiN, Cctëtrum FiUa-
nmR , petite ville de l'ancienne Cham-
Bie, aujourd'hui département de la
te-Marne, à 16 kilomètres de Chau-
Bt.La seigneurie de Château-Villain
érigée en comté, sous Heqri II, en
/eur de Joacbim de la Baume, comte
I^Montrevei , et en duché-pairie, sous
'nom de Fitry^ en 1703, en faveur
comte de Toulouse.
ATBAU - YjLLAiN (monnaie de).
'ordonnance de Lagny , rendue en
d , nomme le seign^r de Château-
aiin parmi ceux qui jouissaient du
it de battre monnaie ; cette mon-
, qui n'a pas été retrouvée, devait
à 3 deniers 6 grains de loi , et à la
j de 240 deniers au marc. Il fallait
deniers de Château • Villain pour
^« 1 sou ou 12 deniers tournois.
.ÔtiXBAUX FOBTS. — Daus les der-
ti^ps de l'empire romain , les
'^'~$ seules étaient garnies de
forts ; mais quand, par suite
jorasions que firent les tribus ger-
^ ses, toutes les provinces de la
„ fiirent devenues successivement
provinces frontières, il fallut aussi
protéger contre les invasions et y
struire des forteresses, et les lignes
châteaux forts s'étendant ainsi de
^ehe en proche , finirent par couvrir
Jnur réseau toute l'étendue du ter-
18 la première race , les princes ,
irs des châteaux qu'ils avaient
rés construits dans la Gaule y s'en
luèrent quelques-uns comme rési-
royales, comme rendez-vous
fiasse, mais ne pensèrent guère
stenir les autres et à en accrot-
noœbre, parce que leur coutume
pas d'attendre leur ennemi der-
des murailles , mais de marcher
vase campagne et de le vaincre à la
du soleil. Beaucoup de châteaux
it donc en ruine ; mais, dans
les neuvième et dixième siècles, on fbt
forcé , par les irruptions multipliées
des Normands, de réparer les châteaux
forts et d'en construire de nouveaux ;
on entoura alors de remparts jusqu'aux
monastères eux-mêmes. L'wbaye de
Saint-Germain des Prés, à Paris, fut
ainsi transformée en une forteresse ,
ce qui ne l'empêcha pas d'être prise ,
Eillée et brûlée nlusieurs fois pisir les
ommes du Nord.
Quand, sous le règne de Charles le
Chauve , les fiefs furent devenus per-
pétuels entre les mains de ceux à qui
ils n'avaient d'abord été octroyés que
pour un temps, puis à vie, le nombre de
château3( augmenta considérablement
en France. £n effet, chaque seigneur,
fier de son titre de suzerain hérédi-'
taire et ialoux de le conserver , se can-
tonna dans son partage et s'empressa
de s'y entourer de moyens de défense,
soit contre les insurrections de ses vas-
saux, soit contre la pensée qui pouvait
venir à la royauté de rétracter des con-
cessions impolitiques et ruineuses aux-
quelles sa faiblesse l'avait contrainte.
Dans la suite des temps , la posses-
sion d'un château fort étant devenue
le signe de la suzeraineté , tous les no-
bles qui en étaient investis ou qui pré-
tendaient l'être , se hâtèrent d en éle-
ver un, dont ils firent leur manoir
{)rincipal et le siège de leur domination
égitime ou usurpée. Le sol de la France
fut alors véritablement hérissé de châ-
teaux forts ou maisons fortes, comme
on les appelait aussi. C'est là que les
seigneurs bravaient l'autorité royale,
soutenaient des sièges contre elle et la
faisaient souvent reculer. C'est de ces
forteresses, munies de hauts et solides
remparts, de tours menaçantes, de
fossés profonds, et placées le plus sou-
vent sur des cimes ae roehers, comme
des nids de vautours, que des seigneurs
ignorants, cupides et barbares^ s'é-
lançaient dans la plaine , pour ravager
la moisson du pauvre , rançonner ,
piller, et quel^eiois incendier les mo-
nastères, s'embusquer le long des
grandes routes, y attendre les mar-
chands qui se rendaient aux foires , et
là , en véritables coupe-jarrets , les dé-
44
CliA
L'UNIVERS-
^A
valiser et souvent les mettre à mort.
Les grands feudataires avaient un
grand nombre de châteaux qui , lors-
qu'ils ne s'élevaient pas sur la crête
d'une montagne , défendaient l'entrée
d'une vallée ou le passage d'une ri-
vière. Comme ils ne pouvaient pas les
occuper tous de leur personne , ils en
confiaient la défense à des châtelains,
ou les cédaient à titre de sous-iuféoda-
tion.
Il faut tout dire, si les châteaux forts
furent presque toujours des moyens de
brigandage et de tyrannie , ils furent
quelquefois aussi dés moyens de pro-
tection pour l'impuissance et la fai«
blesse. C'était dans leur enceinte,
qu'au signal donné par le beffroi , les
habitants des campagnes se retiraient,
avec leur mobilier et leurs troupeaux,
à l'approche de l'eimemi. Pour prix
du secours qu'ils en recevaient, ils
étaient tenus d'aider a leur entretien
et de faire , à tour de rôle , même en
temps de paix, le guet ou la guaite
sur le rempart, pour la sûreté person-
nelle de leur seigneur. Les monastères
fortifiés offraient le même abri et
avaient droit au même service. Le roi
eut aussi , pour une destination sem-
blable, des châteaux forts, comman-
dés par des capitaines et gardés de la
même manière , Jusqu'au temps où les
troupes réglées furent assez nombreu-
ses pour qu'on pûf y entretenir des
garnisons permanentes. L'obligation
de faire le guet fut souvent , entre les
mains des capitaines du roi, un moyen
de rançonner ou de vexer les habitants
soumis à leur autorité. Une ordon-
nance générale de janvier 1560, rendue
sur les doléances , plaintes et remon-
trances des états généraux assemblés
à Orléans , modifia ainsi qu'il suit l'o-
bligation vraiment onéreuse pour les
hommes des champs, de monter la
garde dans les châteaux du roi :
« Défendons à tout capitaine ou à
« leurs lieutenants en nos places et
« chasteaux , qui ne sont pas en fron-
« tière, de contraindre les habitants
« des lieux à faire le guet , ou de leur
« faire payer aucuns deniers pour ice-
« lui guet, si ce n'est en cas de besoin
« et nécessité, à peine de privation de
« leurs estats. « ,
Cet article laissait cependant eneorei
une large porte ouverte aux vexations' i
et à l'arbitraire, car, qui pouvait étit^
juge du besoin et de la nécessité, si*
non les capitaines royaux , contre le
quels les habitants n'auraient jat
osé réclamer?
A mesure (jue la puissance roj
prit de l'accroissement en France,
châteaux forts appartenant aux
gneurs diminuèrent en nombre, ps
3ue ies rois démolissaient tous cet
ont ils pouvaient s'emparer. £n effe
dès qu'ils avaient vaincu un vassal
belle, ils lui imposaient pour premier
condition de paix, la destruction T
la forteresse à l'aide de laquelle il m
résisté à sa volonté. Louis XI, en ps
ticulier^ n'oublia jamais cette clai
dans ses traités. François I*', en at
ranl la noblesse à la cour , fit aba
donner beaucoup de châteaux forts i
se dégradèrent, tombèrent en ruinei
ne furent point réparés par leurs pi
priétaires devenus courtisans; pi
sieurs furent pris et démolis par '
divers partis qui déchirèrent la Frai
pendant les guerres de religion. Ri('
lieu en fit ensuite jeter bas un gi
nombre, et le reste disparut sous
XIV^ pour céder la place à des ci
teaux de plaisance. Quand les chofl
en furent venues là, lé roi lui-mén
laissa tomber ceux qu'il possédait
l'intérieur, sauf quelques-uns
transforma en citadelles ou en prise
d'État, comme la Bastille, le M(
Saint-Michel, les châteaux de Hai
de Joux , etc. Quant à ceux qui subsi
taient sur la frontière, on les fortifiai
la manière moderne , et on en fit ^
places de guerre.
Chàteigneràye (la), petite villes
l'ancien Poitou « aujourd'hui chef-li(
de canton du département de la V(
dée^ à 15 kilomètres de Fontenay
Comte, où se livra, en 1793, un coi
bat meurtrier entre les soldats de
république et les Vendéens. Cette
compte aujourd'hui 1 ,437 habitaDta.J
ChatektNebaye (combat de \C
L'armée vendéenne ayant vaincu >
CHA
FRAKCE.
CHA
45
)aars, ]e gj^néral Quetîneau^ se di-
sur Parlhejiay. D'Elbée, maître
ï^eette vilie^ marcha, le 13 mai 1793,
douze ou quinze mille hommes ,
. le |)oste de la Châteigneraye, que
fendaient trois mille républicains,
commandait le général Chalbos ;
joés par des forces supérieures ,
i braves furent écrasés^ tués ou faits
loiers. Les Vendéens, maîtres
fil ville, pillèrent les habitations des
Itriotes. Mais ils furent forcés de se
lier quelques jours après, à la nou-
le de rapproche de Chalbos , qui
m(^\i à la tête d'une armée plus
idérable.
liiEL (Jean), fils d'un riche mar-
id drapier de Paris, étudiait au
je des jésuites , lorsque le 16 dé-
^relâ94, il s'introduisit au Lou-
péuétra dans la chambre de Ga-
' d'Ëstrées , et frappa d'un coup
iteau Henri IV , au moment ou
» baissait pour relever deux gentils-
nes oui lui rendaient leurs de-
i; Qiatel avait voulu frapper le
là la gorge, il^l'atteignit à la lèvre
IWeassa une dent. Arrêté à l'ins-
f^fat soumis aux tortures les
laf&eoses et les endura sans révé-
Ijtt complices. Cependant, des per-
itioos raites chez les jésuites ame-
it la découverte de , plusieurs
séditieux , qui les firent cou-
}r à un bannissement perpétuel.
de Châtel fut chassé avec eux^
lison fut rasée et il paya une
de deux mille francs. Sur
)lacement de cette maison , qui
située en face le Palais de Jus-
fut élevée une pyramide portant
St du parlement et diverses ins-
ions en grec et en latin. Cette
|mide fut abattue en 1605 , à la
ûtation des jésuites rentrés en
Jean Châtel doit être consi-
I comme un instrument des haines
irti ligueur, que Henri IV n'avait
irmer par.son abjuration.
LTELAiN. L'origine des châte-
est fort modeste. Ils n'étaient
>rd que de simples officiers des
et des comtes, qui les envoyaient
inder en leur nom dans les
bourgades ou forteresses de leurs do-
maines. Ces officiers rendaient la jus«
tice y maintenaient les sujets dans l'o-
béissance de qui avait droit de l'exiger,
et jouissaient, dans toute l'étendue de
leur ressort, de la même autorité que
les vicomtes dans les villes. Pour évi-
ter les conflits , partout où il y avait
depuis longtemps un vicomte, on n'en-
voyait point de châtelain, et le vicomte
commmandait au château aussi bien
qu'à la ville. Un châtelain ne pouvait
point se charger de la garde d un se-
cond château sans le consentement du
seigneur à qui appartenait celui qui
avait été confié d'abord à sa surveil-
lance , et quand il avait sous lui des
sous-châtelains, suhcastettani^ le sei-
gneur pouvait exiger que. ces subal-
ternes lui prétassent aussi un serment
de fidélité. Vers le milieu de la seconde
{>artie du treizième siècle, leschâte-
ains furent , dans les villes royales ,
remplacés par des prévôts qui n'eurent
que - la juridiction municipale, avec
le jugement des causes qui s'y ratta-
chaient , et résidèrent dans les villes
ou les bourgs. Quant à l'autorité mi-
litaire et à la garde des châteaux, elles
furent remises à des commandants de
place ou des capitaines, dont quelques-
uns , en mémoire de leur origine ,
prenaient le titre de capitaines-con-
cierges. Ces officiers recevaient direc-
tement les instructions et les ordres
du roi.
Plus tard , on appela châtelains les
seigneurs investis du pouvoir de pos-
séder un château entouré de fortinca-
tioi\s, et dont la terre, érigée en châ-
tellenie , conférait le droit de justice.
Dans la hiérarchie nobiliaire, les châ-
telains étaient d'un rang inférieur à
celui des barons.
Chàtbldon^ petite ville de l'ancien
Bourbonnais, aujourd'hui chef-lieu de
canton de l'arrondissement du^ Puy-
de-Dôme. On a publié, il y a quelques
années , le dessin de deux deniers du
douzième siècle , présentant d'un côté
le monogramme d'Herbert, avec la
légende : Castellykdon; de l'autre,
l'A et l'oD attachés aux branches d'une
croix grecque, et les mots Lydoyicys
4é
€BA
L'UNIVERS.
caiA
TiTiT OU Phïlippvs bbx. Ces deniers
sont évidemment des imitations des
deniers manceaux ; et quoiqu'ils m)r-
tent les noms de Louis YI et de Phi«
lippe- Auguste, il serait déraisonnable
d'y voir des monnaies royales. Ce sont
des monnaies d'un seigneur oblieé
rinscrire sur ses espèce's le nom da
roi, et qui, au mot bex, a même subs-
titué dans Tune de ces pièces le mot
viviT, parce qu'il espérait par là ren-
dre son denier plus semblable encore
à ceux du Mans, qui portaient pour
légende : Signuh dbi vivi. Ce sei-
gneur ne pouvait être que celui de
Châteldon {Castellum Ochnis), lieu
dont le nom se trouve inscrit sur cette
monnaie, et qui se trouve à peu de
distance de Montluçon et de Gien, où
la monnaie d'Anjou a souvent été co-
piée.
Chatblbt. C'est le nom que l'on
donnait autrefois à la justice royale
ordinaire de la ville de Paris. L'audi-
toire de cette juridiction se tenait
dans une vieille forteresse , dont les
restes n'ont définitivement disoaru
qu'au commencement de notre siècle.
Elle s'élevait sur l'emplacement qu'oc-
cupent aujourd'hui la place du Châte-
let et le Pont au Change. Ce fut Jules
César qui, dit-on, la construisit pour
y établir le conseil souverain des Gau-
les. En effet, la tradition avait laissé
le nom de Chambre de César à fune
des chambres de la grosse tour du
Châtelet; et en 1736, on voyait encore
au-dessus ^e l'ouverture d'un bureau,
sous l'arcade de cette forteresse, une
table de marbre contenant ces mots :
Tributian Caesaris. C'était là, sans
doute , que se centralisaient tous les
impôts des Gaules , usage qui semble
s'être perpétué, puisquun arrêt du
conseil de 1586 fait mention des droits
domaniaux accoutumés être payés
aux freil&s du Châtelet
Les comtes de Paris habitèrent pri-
mitivement le Chfttelet; mais dès le
douzième siècle, leurs prévôts les
avaient remplacés dans cette demeure.
Vers celte même époque, tous les of-
fices du Châtelet se donnaient à ferme,
ainsi que cela se pratiquait dans les
Srovfnoes. Mais les exactions et
ésordres s'y multiplièrent bient
un tel point, que saint Louis, en 1]
fut obligé de changer eoinpK
rétat de cette juridiction. Il vint
ger plusieurs fois lui-même, coi
simple juge, au Châtelet, ainsi qti^
prouve le dais surmontant un
royal, qui subsista longtemps dat
lieu des séances de ce tribunal I
seul qui eût une semblable pi
tive.
Le même roi institua un ftéfi
Paris en titre; ce magistrat s adjoi
des conseillers, des enquêtei
minateurs , des lieutenants , et dij
autres officiers. Le bailliage de
créé en 1522 pour la conservati(
privilèges royaux oe l'université,
réuni, en 1526, à la prévôté de
Enfin , en 1551 , le Châtelet fut
en présidial , c'est-à-dhre , en trri
connaissant en première instar
certaines affaires considérables ,
appel, des contestations soumis
justices seigneuriales. Mais en î\
le roi supprima à Paris toutes
tices, ainsi que les bailliages
réunit au Châtelet, qu'il divisa enj
sièges appelés l'ancien et le noti
Châtelet, distinction qui disparoj
ordonnance de 1684. Il serait
difficile de préciser toutes les esj
de juridictions établies au Châl
elles étaient nombreuses et vs
comme les usurpations du régii
dal, dont elles procédaient. Elk
rent toutes supprimées par la 1|
7 septembre 1790, qui créa les '
naux de première instance.
n y avait aussi des Châtdets
téans et à Montpellier, et leur jr
tion était analogue à celle du Gl
de Paris.
Chatblbt (famille do). Voy<
Châtelet.
CHATELLBinE, juridiction #ul
gneur châtelain. Au quatorzièmf
de , et quand le titre de baron
d'être attribué exclusivemeBt-
grands feudataires de la cour<
le donna aux gentifehommcs qui
sédaient quatre cbâtellenies rel
d'un duc et d'un comte.
CHA
FRANCE.
CRA
47
Chàtelleraut, Castrum Heraldî^
dk de raQciea Poitou , aujourd'hui
~ lieu de sous-préfecture du dé-
ment de la Vienne. Cette vilJe
800 nom d'un de ses anciens sei-
nommé Héraud, qui y fit bâtir
château dont ii ne reste pJus aucun
aujourd'hui. Ses premiers pos-
portaient le titre de vicomtes.
ISM, elle fut érigée en duché-pairie
iareur de Gilbert de Bourbon,
de Montpensier, auquel elle
Tenue par néritage de la maison
nagnac. Mais quelques années
I, elle fut réunie à la couronne
Tarrét de confiscation prononcé
le frère ^e Gilbert, le- célèbre
étable de Bourbon. En 1584 ,
i m rengagea , avec le même ti-
de duché, a François de Bourbon,
deMontj)ensier. Lors de larévolu-
elle était possédée par le duc de
'"Touille , à titre d engagement.
deCbâtellerault,qui était jadis
{tlace forte , fut plus d'une fois,
t les guerres de religion , prise
par les protestants et les
. C'était, ' au moment de la
^^..^.m^ le chef-lieu d*une élection
[kfii^ d'une sénéchaussée. Cette
pmàe aujourd'hui des tribunaux
nière instance et dç commerce
société d'agriculture. Sa popu-
est de 9,437 hab. On y remarque
a pont sur la Vienne , dont la
ction. est attribuée à Sully , et
célèbre manufacture d'armes blan-
LTSLLEBAULT (déclaration de),
rtt rexplosion révolutionnaire dé-
minée par l'assassinat des Guises,
fi III, abandonné, rebuté de tous,
Ht plus d'autre ressource qu'une
avec le roi de Navarre. C'était
remière chance favorable qui se
itait au Béarnais pour relever
^parti et se rapprocher du trône,
^ la saisit avec son habileté ordl-
, malgré les répugnances des
.latroduitàChâtelleraulten 1589,
les bourgeois,* qui étaient pour la
irt -huguenots , il y publia, le 4
^ un manifeste adressé aux trois
i de France. Cette pièce, rédigée
par Duplessîs-Mornay , était un chef-
d'œuvre d'adresse. Le roi de Navarre
s'y posait comme médiateur entre la
ligue et la royauté, interçellant tous
les Français ae se réunir a lui pour le
salut de la patrie , faisant déjà pres-
sentir sa conversion au catholicisme.
Après s'être plaint de ce qu'on ne l'a-
vait point convoqué à l'assemblée de
Blois, et avoir déclaré qu'il était prêt
à demander au roi , son seigneur, la
paix du royaume , pourvu qu'on res-
pectât son honneur, il ajoutait :
* Je sais bien qu'en leurs cahiers,
« vos députés ont pu. insérer cette
« maxime générale, qu'il ne faut qu'une
« reliffion en un royaume , et que le
« fondement d'un État est la piété ,
« gui n'est point en lieu oii Dieu est
« diversement servi, et par conséquent
« mal. Je l'avoue , il est ainsi , à mon
« très-grand regret; je vois force gens
« qui se plaignent de ce mat , peu qui
« veuillent y remédier... Or, je me
« suis toujours offert à la raison , et
« m'y offre encore. - . Et moi et tous
K ceux de la' religion , nous rangerons
« toujours à ce que décernera un con-
« cile libre ; c'est le vrai chemin,' c'est
« le seul que de tout temps on a pra-
« tiqué; sous celui-là, nous passerons
« condamnation. Mais de croire qu'à
« coups d'épée^n le puisse obtenir de
« nous, j'estime devant Dieu que c'est
* une chose impossible, et de tait, l'é-
« vénement 1^ montre bien. . . .
« Or , laissons cela ; si vous désirez
a mon salut simplement , je vous re«
« mercie. Si vous ne souhaitez ma con-
« version que pour la crainte que vous
« avez qu'un jour je vous contraigne ,
« vous avez tort ; mes actions résis-
« tent à cela... Il n'est pas vraisem-
« blable qu'une poignée de gens de ma
« religion puisse contraindre un nom-
« bre infîiu de catholiques à une chose
« à laquelle ce nombre infini n'a pu
« réduire cette poignée... Je vous coh-
« jure donc tous par cet écrit , autant
« catholiques , serviteurs du iroi, mon
« seigneur , comme ceux qui ne le sont
« pas , je vous appelle comme Fran-
ce çais , ie vous somme que vous ayez
« pitié cfe cet État et de vous-mêmes.:..
48
CttÀ
L'UNIVERS.
€HA
« Nous avons tous assez fait et souf-
« fert de mal ; nous avons été quatre
« ans y vres, insensés et furieux ; n'est-
« ce pas assez ? Dieu ne nousa-t-il pas
a assez frappés ies uns et les autres
« pour nous faire revenir de notre en-
« durcissement , pour nous rendre sa-
« ges à la fin, et pour appaiser nos
« furies? etc. »
Après avoir ensuite démontré les
dangers de la guerre pour tous , pour
le roi , pour la noblesse, pour le clergé,
pour les peuples des villes et des cam-
Sagnes, il mvoque les députés aux
erniers états, les royalistes, les li-
gueurs eux-mêmes ; il les adjure de
sacrifier leurs passions, leurs querelles
au bien de la France. Il promet sa
protection et sauvegarde à tous ceux
qui se voudront unir à lui en cette
bonne résolution , et il engage sa foi
et son honneur au*il ne souffrira ja-
mais que les catnoliques soient con-
traints en leur conscience ni en leur
exercice libre de la religion, ayant de
longtemps appris que le vrai et unique
moyen de réunir les peuples au service
de Dieu , c'est la douceur , la paix et
les bons exemples (*).
Un mois après ce manifeste , le roi
de Navarre signa avec Henri III un
traité par lequel il s'engageait à servir
le roi. « de toutes ses forces et moyens,
contre ceux qui violînt l'autorité de
Sa Majesté et troublent son État. »
Dès lors la nature de la guerre civile
était entièrement changée. C'était le
royalisme luttant contre l'omnipotence
populaire.
Chàtelux ou Chastellux , an-
denne seigneurie de Bourgogne , au-
jourd'hui départ, de ITonne , à 7 M.
d'Avalon, érigée en comté en 1621.
Chàtelux , nom d'une célèbre mai-
son de Bourgogne, dont le. premier
personnage mentionné dans l'histoire
est Jean de Beauvoir^ seigneur de
Chastelux, qui servit en Picardie
sbus le roi de Navarre, en 1352.
Son peiii-ûls ^ Claude de Beauvoir,
(*) Cette déclaration se trouve tout au
long dans Dupletsis-Mornay , t. IV, § 72 ;
et Mémoires de la Ligue , t. m, p. a38-a45.
seigneur de Chàtelux , est le mem*
bre le plus connu de cette famille. Né
à la fin du quatorzième siècle, et atta*
ché en 1409 , en qualité de chambeliao,
à Jean sans Peur, duc de Bourj^ogMij
il le servit avec le plus grand zèle,
gouverna en son nom le.Nivernais/
villes de Mantes, Pontoise, Meulani
Poissy. Il fut Tun des chefs de'ia
tite troupe de chevaliers bourguigi
qui conçut et exécuta l'aventur
projet de surprendre Paris dans
nuit du 28 au 29 mai 1418. [Voy. "
CLEBG. (Perrinet.)] Chatellix sut
ter du désordre qui régna dans là
après ce coup de main , rançonna^
riches bourgeois et se fit nommer, <
le 6 juin , maréchal de France , en
placement du vieux sire de Rie
Nommé , peu de temps après , lir
nant et capitaine général dans ler
de Normandie , il fut dé&it^ çt
au pouvoir des Armagnacis rmaid
roi , à la sollicitation du duc dé
gogne , paya sa rançon. Il se sti
encore par plusieurs autres expi
Rappelé en Bourgogne après le
tre de Jean sans Peur, il surprit *
vant et y soutint pendant cinq
nés, en 1423, un siège ménooi
contre toute l'armée française, *
quelle les Bourguignons ,' joints
Anglais , firent essuyer enfin m '
faite complète ; aussi fut-il corobM
loges par Philippe le Bon et
c^iapitre d'Auxerre, auquel ap[
nait la seigneurie de Crevant , dj
lui accorda les honneurs du canof
(Voyez Chanoines héréditai]
Chàtelux assista , au nom du dt
Bourgogne^ aux conférences
pour la paix à Auxerre, en 1431;
mourut en 1453.
François- Jean y marquis de
TELUX ,* le dernier membre célèbl
cette famille , naquit à Paris en
A quinze ans , il entra au servie
fut pourvu six ans après d^uo
ment. Bientôt la faveur dont jo(
sa famille lui fit obtenir le til
maréchal de camp , auguel il ni
encore aucun droit, mais qu'il j(
ensuite par des services réels. A<
rante-six ans il passa en Amérir
CHA
FRANCE.
CHA
49
remplit la charge de major général
dans rarmée de Rochambeau. Pendant
les trois années qu'il resta dans ce
pays, il ne cessa de donner des preu-
res d'intelligence et d'activité. Il s'y
lia étroitement avec Washington. A
soo retour , il obtint le gouvernement
de LoDgwy et la place d'inspecteur
finfaoterie , fonctions qu'il exerça
JBSiu'à sa mort, arrivée en 1788. A
RS travaux militaires, le marquis de
Qiatelux joignit les délassements de la
littérature. Ses liaisons de jeunesse
arec les écrivains et les savants les
[plas célèbres de l'époque furent une
,A0G3sion pour lui de développer son
Itetde le diriger. Il fit paraître en
1772 uo traité de la Félicité publique,
Voltaire a mis au-dessus de VEs-
'des lois, ce qui est au moins une
jération. Du reste, on trouve dans
livre des recherches profondes, des
lissànces variées , des vues ingé-
ises, mais on désirerait y voir
dé méthode , moins d'appareil de
dans les détails , et plus de
licite de style. Le marquis de Cha-
rapprta de son expédition aux
Winis des yoyages dans VAmé"
itptentrionale , durant les an^
1780-1781 et 1782. C'est le plus
mt et le plus instructif des ou-
nés de cet auteur ; il s'y montre
ime d'esprit , militaire éclairé et
(Nrvateûr judicieux. Son style est
li d'une narration familière* et en-
; cependant Texpression s'élève
luefois avec le sujet, comme dans
[^portrait si connu de Washington.
1765, M- de Chatelux avait publié
Essai sur Vunion de la poésie et
la musique, où éclate le plus vif
'bousiasme pour la musique ita-
toe. On a encore de lui une traduc-
ide Y Essai sur l^opéra d' Algarotti^
Eioged'Helvétius, en style lourd et
' irrassé, et un Discours sur les
\tages qui résultent four VEu-
de la découverte de l Amérique,
mrs bien pensé , selon la Harpe ,
' bien écrit et plein de vérités
(. On peut joindre encore à ces
rraçes plusieurs articles fournis au
"clément de l'Encyclopédie , un en-
ipiement ae i bncyciopedie , un en- jxous i
T. T. 4« Livraison. (Dict. encycl., etc.)
tre autres sur le bonheur public. Ces
deux mots résument l'objet des loua-
bles préoccupations du marquis de
Chatelux. , Lorsque l'inoculation était
encore combattue en France , il n'hé-
sita pas à se faire inoculer, quoiqu'il
fût à peine âgé de vingt ans. Après sa
convalescence , il alla voir Bunbn , à
qui il dit : « Me voilà sauvé : mais ce
qui me touche davantage , c'est que
mon exemple en sauvera bien d'au-
tres. »
Chatenois, bourg de l'ancienne
Alsace (aujourd'hui département du
Bas-Rhin), situé au pied des Vosges,
à 4 kilomètres de Schelestadt.
Ce lieu , dont la population est au-
jourcji^hui de 2,900 naoitants , fut pris
et brûlé à plusieurs reprises : en 1298,
par les bourgeois de Schelestadt, pen-
dant la guerre entre les Impériaux et
Tévêque de Strasbourg ; en 1445 , par
les Armagnacs, et en 1525, après la
défaite sanglante qu'y éprouvèrent les
paysans révoltés. (Y. l'art. Boubes.)
On voit encore à Châtenois quelques
débris- d'anciennes fortifications.
Chatenots , bourjs^ de l'ancien du-
ché de Lorraine , aujourd'hui du dé-
partement des Vosges , était le séjour
des premiers ducs de la province, qui
en avaient fait une place forte. Ils y
possédaient un château dont les ruines
subsistent encore. Hadwige de Namur,
femme du duc Gérard d'Alsace, y
fonda en 1070. un prieuré de bénédic-
tins, dans le cloître duquel Thierry II,
le f^aillant, fut enseveli en 1115.
Chatillon ou Chàstillon ( mai-
son^ de ). Plusieurs anciennes puis-
santes familles de France ont poVté
ce nom. La plus célèbre est celle de
Chdiillon'Sur'Mame , qui itait alliée
aux maisons souveraines de France ,
d'Autriche et de Jérusalem, et se di-
visait en un grand nombre de bran-
ches , dont les principales furent :
Les comtes de Saint -Paul et de
£lois,de 1235 à 1291. .
Les comtes de Biais, de 1291 à
1386.
I^s comtes de Penthièvre, de 1337
à 1434.
!Nous avons consacré un article spé*
so
èHA
L^KIVERS.
euA
cial au premier et au plus célèbre des
camtes de Penihièvre de la maison de
Ghâtillon. (Yoy. Chablis de Blois.)
Les comtes de Saint-Paul, de 1291
à 1360. .
Les comtes de Porcean, seigneurs
deFêre.de 1248 à 1453.
Les seigneurs de Dampierre, de
1325 à 1471.
Les seigneurs de ChâtUlon^ de Gan^
delus^ Troissi, la Ferlé ^ etc., de 1329
à 1667.
Les seigneurs de Bois-RomeSi com-
tes de Châtillm , de 16S0 à 1762.
Les marquis de Châtillon,
'' Les seigneurs de Marigny, de 1450
à 1603 , etc.
Les membres les plus distingués de
cette famille sont :
Evdes , fils de Mies , qui , sous le
nom ôï* Urbain II, fut le premier des
papes français.
Renavd^ qui suivit à la croisade
Louis le Jeune, devint prince d'An-
tioche, par son mariage avec Cons-
tance, fille de Boëmond II, se rendit
célèbre par ses brigandages , et finit
par tomber entre les mains de Bala-
din , qui lui fit trancher la tête.
Jean de Ciîa.tillon, comte de Char-
tres et de Biais, qui reçut en 1271, de
Philippe lïl , dit le Hardi, le titre glo-
rieux de garde , tuteur et défenseur da
ses enfants et de l'État.
Gaucher de Châtillon , comte de
Crécy et de Porcean, connétable de
France. Il naquit en 1250, fut créé
connétable de Champagne en 1286, et
commanda les troupes de cette pro-
vxïifj^ partout où elles se trouvèrent.
Il mit en fuite, en 1291, l'armée de
Henri , comte de Bar , gendre du roi
d'Angleterre ; se battit en héros à la
funeste journée de' Courtrai , le 11
juillet 1302 , et fut nommé par Phi-
lippe le Bel connétable de France,
après la mort de Raoul de Clermont
de Nesle , tué à cette bataille. Il con-
tribua beaucoup, en 1304 , au gain dt
la bataille de Mons-en-Puelle; en 1307.
il fit couronner le roi de Navarre, a
Pampelune, Louis, fils aîné de Phir
lippe le Bel , et depuis roi de France ,
sous le nom de Louis X ,ûitle Mutin.
Ce prince kiî confia alors les affaires
les plus importantes. Gaucher de Châ-
tillon assista au sacre de Philippe le
long et à celui de Charles le Bel , qui
le choisit , en 1324 , pour l'un de ses
exécuteurs testamentaires. Il signa
comme commissaire, au nom du roi,
les traités de paix faits avec l'Angle-
terre, en 1325 et 1326; en 1328, il
commanda' l'armée française à la ba-
taille de Mont-Cassel , où les ennemis
furent entièrement défaits , et il moa<
rut l'année suivante.
AlexiS'Madeleine-Rosalie de BoiS'
Rogues , duc de Châtillon , né eu
1690, fut successivement colonel d'ofi
régiment de dragons , inspecteur gé-
néral de la cavalerie, maréchal de
camp et lieutenant général. Il coin*
mandait en cette (Qualité la cavaM
française à la bataille de Gnastalla^
où il fut dangereusement blessé. Ses '
vertus et l'estime dont il jouissait à ?*
cour , le firent choisir , en 1735 y pot
être gouverneur du dauphin, fils
Louis XV. Il fut créé duc et pair
1736 , et lieutenant général an gouvfl{!r
nement de Bretagne^ en 1739. Lorsdj
la maladie de Louis XVy il condai^
le dauphin à Metz , et fut exilé peo^'
temps après , sous prétexte qu'il at
fait cette démarche sans en avoir re
l'ordre du roi. Il reviitt àesbnexil
1747 , mais ne reparut plus^àia coŒljj
Il mourut en 1754.
Louié^Omicher de Chàtîllon,]
fils, fiih: iè^ dernier mâle de sa mais(
il mburiit ën'1760, et ne laissa q
deux filles, les duchesses d'Uzès eti
la Trémèuille. — André Bucbesne;
écrit l'histoire de la maison^ de
tillon-sur-Marne(in-fol., 16^1.)
Une autre famille de ce nom ,
de Châtillon-sur-Loing y a fourni à
France l'amiral de Coligny et ses dei
frères,Dandelôt et Odet.(VQy.Coliçnj
Châtillon (Wicolas de), ingénir*
né à Châtillon-sur-Marne, en If
construisit la place Royale , et eatj
Çloire de terminer le Pont-Neuf
tétait à peine commencé quand il
chargé d'en diriger les travaux.— I
mourut en 1616.
CHA.TILL0N, en Piémont (
ettA
FRANCE.
€HA
51
éé)« L'armée de réserve , condaite par
Bonaparte , venait , par une maniée
hardie, de franciiir le mont Saint-
Bernard, quand le général Lannes,
coniBiandaût l'avant'-garde. arriva le
19 mai ISOÔ devant Châtillon. « Il y
trouva quinze cents Croates occupant,
à Tembranchement des deux vallées,
«ne position resserrée et bien appuyée
à la rive gaucbe de la Dora ; il la fît
toarner par la droite, et Tattaquant en
même temps de front , il déposta les
. Autrichiens, leur prit trois cents hom-
mes , trois pièces de ranon , et pour-
suivit le reste jusque sous le fort de
Bard (*). »
Chatillon-lb-Duc , ancienne seî-
eoeuriê de Franche-Comté , aujour-
rbui da département du Doubs , éri-
gée en baronnie en 1626.
Châtillon- LES -DoMBEs, petite
ville de l'ancienne province de Bresse,
aujoard^faui ebef-Iieù de canton du dé-
yartenient de l'Ain , érigée en comté
en 1561 , et acquise en 1645 par ma-
éemoiselte de Montpensier, qui la réu-
nit à la principauté de Bombes. La
«Mrtarioq de cette ville est aujour-
Hw 4e 2,636 habitante.
GK&tH^LON-SUH-DOBDOGNE. VOV.
€Sifnz.LON.
ûuïillotv-sub-Inbre, petite ville
de Tancienne Touraine, aujourd'hui
Aef-Heu de canton du département de
flndre, près de la rive gauche de Tln-
étt^ à 44 kil. de Cbâteauroux. C'était
jÉRfis une place forte, et sa position
•or la frontière du Berri lui donnait
Me assez grande importance. Elle fut
Wéanie par confiscation à la couronne,
f 204. Cétait le sié,2;e d'un présidial
el d'une prévôté royale.
Chatillon-sub-Loing, petite ville
B randm Gâtinais Orléanais, aujour-
0kin chef^lieu de canton du départe-
tmat du Loiret, est dominée par un
jjiîrfcn cbâteau où est né l'amiral de
iMignv, dont te tombeau se voit en-
Are daas la chapelle de cet édifice.
lès avoir appartenu à la famille de
;ne, Châtillon - sur - Loing était
(^ Préfds des événements militaires par
'ie général Mathiei Dumas, t m, p. 17a.
)asse par héritage à la maisOD de Co-
ignv. Cette ville fut prise , pillée e^
nûléeen 1559 parles huguenots, qui
la saccagèrent de nouveau en 1562;
elle fui: reprise par les catholiques en
1569. Après le meurtre de l'amiral
Coligny à la Saint-Bartbélemy, un ar-
rêt du parlement de Paris ordonna,
le â7 octobre 1572, que le château de
Châtillon-sur-Loîng serait rasé , sans
qu'on pût jamais le rebâtir; que les
arbres du parc seraient coupés à la
moitié de leur hauteur; qu'on sème-
rait du sel sur le terrain de la mai-
Son, et qu'on élèverait dans la cour
une colonne sur laquelle on graverait
cet arrêt; mais par un autre arrêt du
15 mai 1576 , ces dispositions furent
révoquées. En 1648., Châtillon fut
érigé en duché -pairie , et en 1698,
Louis XIV en fit un duché héréditaire
en faveur de Paul Sigismond de Mont-
morency , troisième fils de François-
Henri, duc de Piney-Luxembourg. La
population de cette ville est aujour-
d'hui de 2,126 habitants.
Chaxillon-sub-Mabne, bourg de
Tancienne Champagne, aujourcThui
chef'iieu de canton du département
de la Marne, à 28 kil. ae Keiras,
était autrefois une ville considérable.
Hérivée, fils d'Eudes, premier membre
connu de la maison de Châtillon, y
fit construire, en 926, un château que
Louis d'Outre-Mer assiégea sans suc-
cès en 940 et 947. Prise et en grande
partie détruite par l'armée de Charles-
Quint en 1545 , la ville de Châtillon
tomba encore, en 1575, au pouvoir
des calvinistes , qui achevèrent de la
détruire. Châtillon a donné soanom
à l'une des plus illustres familles de
la France. Elle appartenait, au siècle
dernier , à la maison de Bouillon. Sa
population n'est plus aujourd'hui que
de 448 habitants.
Chatillon-sub-Sbiwe, petite ville
de J' ancienne Bourgogne , aiyourd'hui
chef-lieu- de l'un des arrondissements
du département de la Côte -d'Or.
L'existence de cette ville remonte à
une époque très-reculée, et l'on pense
qu'elle prit naissance au quatrième et
au cinquième siècle. Elle formait au^
4.
62
CHA
L'UNIVERS.
CHA
trefois deux villes distinctes, séparées
par deux bras de la Seine, par des murs,
des fossés et des portes. L*une portait
le nom de Botirg , et l'autre était
nommée Chaumont. Elles avaieat.cha-
cune leur château. Mais elles sont
réunies depuis longtemps. Le comté
de Châtillon-sur-Seine fut réuni de
bonne heure au duché de Bourgogne,
dont il ne fut jamais démembré , et
avec lequel il fut réuni à la couronne.
Les ducs de Bourgogne de la pre«
mîère race avaient cnoisi pour séjour
habituel la ville de Châtillon , où Ton
voit encore des restes du château qu'ils
avaient fait construire. Cetteville était
regardée avant la révolution comme la
capitale de la contrée connue sous le
nom de Pays de Ici montagne; c'était
Je siège d'un bailliage considérable.
£lle possède aujourd'hui des tribunaux
de première instance et de commerce^
et une bibliothèque publique de 7,000
volumes. Sa population est de 4,175
hab. C'est la patrie de Philandrier, de
Petiet, ancien ministre de la guerre,
et du maréchal Marmont.
Châtillon - suh - Seinb ( congrès
de).— Ouvert le 4 février 1814 , deux
jours après la bataille de Brienne, ce
congrès fut rompu le 18 mars , cinq
jours avant que Blûcher et Schwart-
zemberg eussent opéré leur jonction
dans les plaines de Châlons. La rup-
ture des négociations fut le signal de
la marche des coalisés sur Paris.
Ce congrès n'avait été, pour les rois
étrangers, qu'un moyen de gagner du
temps et de miner le sol sous les pieds
du héros dont ils avaient juré la perte.
Peux congrès antérieurs, ceux de Pra-
gue et de Francfort , avaient eu le
même caractère ; avec cette différence
qu'à Prague, en 1813^ Napoléon pos-
sédait encore des positions importan-
tes en Allemagne, et qu'à Francfort,
vers la fin de la même année, il était
encore assez redoutable pour que ses
ennemis lui offrissent de se contenter
de la France avecses limites {Naturelles
du Rhin, des Alpes et des Pyrénées.
(Voyez Pbagub et Fbancfobt.) A
Châtillon, les exigences augmentèrent
en proportion du succès qu'avaient eu
les intrigues précédentes, et du chenrîa
que les oandes coalisées avaient £iit
vers Paris, le point de mire de toutes
leurs attaques. Ce n'était plus ses
frontières naturelles qu'on onrait à la
France, c'étaient ses limites de 1792.
Ce n'était plus à Manheim, sur ia rive
droite du Rhin, que devaient s'ouvrir
les conférences, c'était au coeur même
de la France, sur les rives de la Seine,
Î[u'elles allaient se traîner avec une
enteur calculée. Lorsque !'empereur
apprit les conditions humiliante&qu'oa
voulait lui dicter , il s'écria : « C'est
« par trop exiger ; les alliés oublient
« que je suis plus près de Munich qu'ils
« ne le sont de Paris. » Mais son gé-
nie l'abusait; la force des rois coalisés
était immense, parce qu'elle s'appuyaH .
sur un mouvement populaire qu'ils
avaient eu Tart de soulever en Alle-
magne. Aussi dut-il céder à la fortuDe»
et prêter roreil)e ^ sinon souscrire à
des conditions qui l'avaient d'abord
révolté. Cependant , il y eut un mo«^
ment où , avec les 50,000 hommes qii
lui restaient , il renouvela , dépaasft
même les prodiges de ses campagnoi
d'Italie, et parut ressaisir l'avantagea.
Après les victoires de Champ-Aubert»
de Montmirail et de Nangis, les roift
coalisés commencèrent à se repentir
d'aveir élevé de trop hautes prétea»
tions. De son côté, l'empereur écrivît
au duc de Vicence , son plénipote»*
tiaire à Châtillon, de prendre une ai*
titude plusfière, « Je vous avais doniiff
« cart€hlancheiM\à\sd\\r\\\t 17févri^^
« lendemain de la victoire de Nansis^
« pour sauver Paris et éviter une ua«
« taille qui était la dernière en pré^
« sence cle laïuation. La bataille a e^^
« lieu. La Providence a béni nos "^ "
*< mes : j'ai fait 30 à 40,000 prisonnî
« j'ai pris 200 pièces de canon ,
« grand nombre de généraux, etdét
« plusieurs armées sans presque
« férir. J'ai entouré hier l'armée
« prince Schwartzemberg, que j'es[
« détruire avant qu'elle ait repassé
« frontières Vous devez tout '
« pour la paix^ mais mon inten
« est que vous ne signiez rien
« mon ordre , parce que moi seul ji:
we^
CHA
FRAiyCE.
CBA
53
« connais ma position Je veux la
« paix ; mais ce n'en serait pas une que
« celle (}ai imposerait à la France des
« conditions plus humiliantes que cel-
* les de Francfort Je suis prêt à
« cesser les hostilités et à laisser les
« ennemis rentrer tranquilles chez
« eux., sMls signent les préliminaires
« basés sur les propositions de Franc-
c fort V Ces propositions, comme
on Ta déjà vu, c'étaient les limites na-
turelles de la France. Le succès avait
rendu à Napoléon son ancienne éner-
l^e , et même une partie de ses illu-
sions; car, dans une lettre adressée le
18 au prince Eugène, il disait qu'il lui
paraissait possible ,. si la fortune con-
""tinuait à nous sourire, que, Tennemi
mie fois rejeté en grand désordre hors
de nos frontières, nous pussions con-
• terver ritaUe. En effet, l'ennemi con-
timia quelque temps' encore à battre
en retraite. Le 20 , Napoléon est à
'Bray, où l'empereur Alexandre a cou-
dié la Teille. La grande armée des
' Uoaiisés, qui a échoué dans une atta-
'm à Nogent , se précipite vers nos
liNnilSères, poursuivie par les 40,000
limes de Napoléon. Après le glorieux
'. combat de Mérr-sur-Seine , Napoléon
coodie le 22 à Châtres. Le 24 , il est
mdré à Troyes. On est à la veille de
' conclure un armistice à Lusigny ; les
' plénipotentiaires sont nommés départ
'et d'autre ; le général Flahaut est celui
,ée la France. Séparer l'Autriche de la
'coalition, tel était le bot de l'empereur.
|1I se croyait sur le point de l'atteindre,
lorsque PAngleterre et la Russie vin-
fent déjouer tous ses projets. Le
'l*'mars eut lieu à Chaumont le traité
là funeste de la quadruple alliance.
L'An.steterre , la Russie , la Prusse,
FAutriche, s'engageaient à tenir cons-
itmment en campagne une armée de
'(00,000 hommes , dans le but de con-
'^indre la France à se contenter de
■ies limites de 1792. Un article parti-
eîdicr, qui avait surtout en vue i'Au-
^ll^e, portait qu'aucune négociation
It^forée n'aurait Iku avec fennemi.
Cn réponse à ce traité. Napoléon lance
i Fismes deux décrets, dont l'un pres-
crivait des représailles sur les prison-
niers, pour tout citoyen qui serait tué,
et le supplice des traîtres contre tout
fonctionnaire oui refroidirait, au lieu
de l'exciter, l'élan patriotique des ha-
bitants. L'autre ordonnait à tout
Français de courir aux armes à l'ap
K roche de nos armées, et de faire main
asse sur les ennemis. Mais il était
déjà trop tard ; et le demi - succès de
la journée de Graonne rendit aux al-
liés toute leur insolence. Le duc de
Vicence fit de vains efforts pour obte-
nir des conditions moins humiliantes.
Peut-être manqua-t-il de courage en
ne profitant pas Ae la latitude que lui
avait de nouveau donnée l'empereur
pour accepter la base des limites de
1792. En se sacrifiant , il aurait pu
enchaîner les alliés sans enchaîner
l'empereur , auquel serait toujours
restée la faculté de le désavouer. Mais,
le plus probable, c'est qu'au q^ioment
où il aurait offert sa signature , on
n'en aurait plus voulu. Dans une lutte
à mort comme celle qui avait lieu, les
négociations étaient complètement ef-
facées par les événements militaires.
La défaite seule pouvait contraindre
l'empereur à accepter les limites de
1792. Victorieux , les rois coalisés
étaient décidés à ne pas laisser sur le
trône de France l'homme qui les avait
tant de fois fait trembler. Même avec
la France de 1792 , Napoléon les ef-
frayait ; et , comme il l'avait dit lui-
même^ le système de ramener la
France à ses anciennes frontières
était inséparable du rétablissemenê
des Bourbons, Pourquoi donc, sachant
ces choses , ne fit-il pas ouvertement
appel à la démocratie française ? c'était
le meilleur moyen de paralyser la mar-
che .des intrig.ues en faveur des Bour-
bons, et de séparer la cause des peuples
de celle des rois coalisés qui les trom-
paient. Lorsque les alliés virent le
succès toujours croissant de leurs ma-
nœuvres, lorsqu'ils furent convaincus
que le parti des Bourbons avait habi-
lement profité des circonstances pour
grandir à Paris, ils déclarèrent que les
négociations de Châtillon étaient ter-
minées par le fait de la France ( tS
mars.)
€4
caiA
I.TJIHVERS.
CSA
Opendànt il s'en falhil de peu qu'un
incident ne Tint changer tout à coup
la foce dés affaires. L'empereur d'Au-
triche avait été sur le point de tomber
en notre pouvoir par suite d'un mou-
vement oue le général Pire avait fait
sur Domlevent et sur la route de
Langres. L'empereur d'Autriche , qui
se trouvait à Doulievent , fut violem-
ment séparé de l'empereur Alexandre ;
et ce fut avec peine qu'il parvint à se
•réfugier à Dijon, accompagné d'un
seurofGcier. Quelques jours après, le
23 mars, Blûcher et Schwartzemberg
opéraient, dans les plaines de Châ-
lons , leur jonction , que jusque-là les
Inouveménts tant de fois victorieux de
nos armées avaient empêchée. Une
' proclamation des souverains annonça
• au peuple français la rupture des né-
. gociations et leur marche sur Paris.
Au congrès de Ghâtillon figuraient :
pour l'Autriche, le comte de Stadion;
Eour la Prusse , le baron G* de Hum-
oldt; pour la Russie, le comte de
- Rasouroofski ; pour l'Angleterre, le
ministre lord Gastlereagh , lord Aber-
deen , lord Gathcart et le général Char-
les Stewart ; pour la France , le géné-
ral Gaulaincourt , duc de Vicence. La
composition de ce personnel diploma-
tique ne promettait rien de bon à
l'empereur. Le comte de Stadion et le
- comte de Rasoumofski étaient ses en-
- Demis personnels ; quant à lord Castle-
ireagh et à ses acolytes , leurs senti-
ments étaient connus. Sans le comte
de Stadion , qui se sentait soutenu par
un autre ennemi de l'empereur, M. de
Metternich, peut-être Piapoléon serait
parvenu à séparer l'Autriche de la coa-
lition; mais M. de Metternich n'était
pas homme à oublier un affront, sur-
tout un affront mérité.
A Sainte-Hélène , l'empereur disait
que la cession d'Anvers était un des
motifs qui l'avaient déterminé à ne
pas signer la paix de Ghâtillon. « J'ai
« dû m'y refuser, ajoutait-il , et je l'ai
' « fait en toute connaissance de cause;
é aussi , même sur mon roc , ici , en
* tt cet instant , au sein de toutes mes
^ « nûsères , je ne m'en repens pas. Peu
« me comprendront , je le sais; mais ,
(( povr le vulgaire même , et malgré la
« tournure fatale des événements, ne
« doit-il pas aujourd'hui demeurer vi-
■ csible ^ue-le devoir et l'honneur ne
« me laissaient pas d'autre parti ? Les
« alliés , une fois qu'ils m'eussent eo-
ctamé, en seraient-ils demeurés là?
« Leur paix eût-elle été de bonne foi ,
c leur réconciliation sincère? C'eût été
« bien peu les connaître, c'eût été vraie
« folie que de le croire et de s'y aban-
« donner. N'eussent-ils pas profité de
« l'avantage immense que le traité leur
« eût consacré , pour achever, par l'îa-
« trigue , ce qu'ils avaient commencé
« par les armes ? Et que devenaient la
c sûreté , l'indépendance , l'avenir de
« la France? Que devenaient mes obli-
« gâtions , mes serments , mon hon-
« neur ? Les alliés ne m'eussent-ils pas
ff perdu au moral dans les esprits ,
« comme ils venaient de le faire sur le
«champ de bataille? Ils n'eussent
« trouvé l'opinfon que trop bien pré-
« parée ! Que de reproches la France
« ne m'eût-elle pas faits d'avoir laissé
« morceler le territoire confié à ma
« garde ! Que de fautes l'injustice et le
« malheur n'eussent pas accumulées
« sur ma tête I Avec quelle impatience
« les Français , pleins du souvenir de
« leur puissance et de leur gloire , eus-
«sent supporté, dans ces jours de
« deuil , les charges inévitables dont il
« eût fallu les accabler ! £t de là des
«commotions nouvelles, l'anarchie,
c la dissolution , la mort. Je préférai
«de courir, jusqu'à extinction, les
« chances des combats , et d'abdiquer
« au besoin (*). »
Ghâtillon- SUR -Shybe ou Mau-
LÉozr , petite ville de l'ancien Poitou ,
aujourd'hui chef-lieu de canton du dé-
partement des Deux-Sèvres, existait
déjà , dit-on , du temns des Romains ,
et portait le nom de Malus Léo ou
Mweolxum* Elle eut beaucoup à souf-
frir durant les guerres de religion ;
elle fut prise et pillée par les troupes
de Henri IV en 1587. La baronnie de
Mauléon fut érigée en duché pairie,
par lettres patentes du mois de mars
(*) Mémorial.
CHA
FRANCE.
CHA
65
1786, en f3veur d'Alexis - Madeleine-
Rosalie, comte de Châtillon. (Voy^z
Chatillon [famille de].) Ces lettres
portaient : » Que le nom de la terre de
tNauléon, ainsi érigée en duché-pai-
« rie de France , serait commué, tant
■ pour ledit duché que pour la ville de
iMaaléon, en celui de Châtillon. »
Fendant la guerre de la Vendée,
CMlillon fut le quartier général et le
9JÔ;e du gouvernement des insurgés.
Elle fut prise et brûlée plusieurs fois,
et il n*y resta debout que quelques
maisons. Elle a été depuis entièrement
i lecoDStrulte. C'était, avant la révolu-
'tion, le chef-lieu d'une élection. On j
'compte 935 hab.
Chatillon-sub-Sèvre (combat et
"priscde).— Westermann avait amené
''181798, dans Parthenay, sa brave et
.terible légion germanique , formée de
*>,000 volontaires ou déserteurs étran-
gers. Impatient de se signaler, il la
Itoia, le 3 juillet , contre Larocheja-
'"•efio et Lescure , qu*il trouva en po-
^nionsarlc moulin aux Chèvres, et
'fourrant la ville de Châtillon. Sans
'ÇWilterle nombre , Westermann or-
tjBBe Tattaque. Après deux heures
fine lotte sanglante, il s'empare de
ttsiautears et des canons. La déroute
Bt complète. Il tue, met en fuite et
•jwirsuit tout ce qui s'oppose à son
"f»sage, et entre vainqueur dans Châ-
wlon , quartier général des Vendéens.
Ojtrouvedes magasins considérables,
If délÎTre un grand nombre de prison-
■iers républicains.
Après avoir fait incendier le château
^ Larochejaquelin , comme celui de
lescure , Westermann , renforcé par
ijMO gardes nationaux , prit position
iwles mêmes hauteurs , où trois jours
yparavant il avait été vainqueur. Mais
a ne devait pas s'y maintenir long-
■tanps. Lescure , Bbnchamp et Laro-
Hiejaquelîn avaient rallié leurs forces.
W8 Vendéens se glissent en silence
■jw les hauteurs. Surpris au milieu
«8 ténèbres, le bataillon formant
"avant -garde de l'armée républicaine
>end la fuite. En un instant la dé-
bute est complète. Les canonniers
^t tués , les canons sont précipités
dans la descente qui mène à Châtillon,
et les renforts envoyés de la ville sont
entraînés par les fuyards. Vainement
Westermann conserve son audace ; et
fait les plus grands efforts pour rallier
sa troupe. Abandonné de ses soldats,
n'ayant plus d'artillerie , il tourne avec
fureur la bride de son cheval , et s'en-
fuit, accompagné de 300 cavaliers. Les
résultats de cette journée furent im-
menses pour les royalistes. Ils firent
Ï)lus de 2,000 prisonniers. Les canons,
es armes, les munitions, les bagages,
restèrent en leur pouvoir. Ce qui
échappa à* cette défaite se rallia péni-
blement à Parthenay.
— Dans les premiers jours d'octobre
de la même année , le général Chalbos
ayant fait sa jonction avec l'armée de
Saumur, marcha droit à Châtillon à
la tête de 11,000 hommes. Lescure et '
Beaurepaire couvraient cette ville, et
étaieht campés sur les hauteurs du
bois des Chèvres. Chalbos fit halte
pour un moment, et plaça son artille-
rie sur les hauteurs. Le bouillant Wes-
termann , qui connaissait et le théâtre
de la guerre, et les ennemis qu'il fal-
lait combattre , reçut ordre de s'avan-
cer avec sa brigade'. Mais il ne put sou-
* tenir la charge d'un corps d'élite
commandé par Lescure en personne ;
les colonnes formant la droite et la
gauche des républicains plièrent de
leur côté sous le feu des Vendéens, qui
cherchaient à tourner les canons. At-
teint d'un coup mortel, le général
' Chambon tomba en criant : P^ive la
république! Depuis trois heures, la
lutte continuait opiniâtre et incertaine,
quand Westermann, soutenu par les
grenadiers de la Convention , qui mar-
chaient à son Recours, fait un mouve-
ment sur sa droite , culbute l'aile gau-
che des Vendéens , et la met en
déroute. En même temps , Chalbos ré-
tablit le combat sur sa gauche, et bat
l'aile droite des Vendéens. Blessé griè-
vement, Beaurepaire dut à quelques
braves qui se dévouèrent, de ne pas
demeurer au nombre des morts. Wes-
termann poursuivit les ennemis avec
deux mille hommes, et entra le même
soir à Châtillon.
56
CHA
L'UNIVERS.
GHA
L'armée entière le suivit , et il sor-
tit aussitôt avec 500 hommes pour
éclairer la route de Mortagne, par la-
quelle les généraux vaincus s'étaient
retirés. Mais ceux-ci , renforcés inopi-
nément par Delbée et Bonchamp , re-
vinrent à la charge. Westermann, ac-
cablé , se repiia en désordre sur le gros
de Tarmée, qui , atteinte elle-même par
la peur, abandonna ChâtiUon dans une
extrême confusion. Westermann sor-
tit le dernier de la ville, et abattit d'un
coup de sabre un Vendéen qui s'atta-
chait à la queue de son cheyal.
Tl protégeait la retraite à la tête des
grenadiers de la Convention , (][uand ,
averti que les rovalistes, pour célébrer
leur victoire , s étaient gorgés de vin
et d'eau-de- vie , il revient sur ses pas ,
et arrive à minuit à leurs avant-postes.
Au qui vive des sentinelles, il répond
royalistes. Les postes sont égorgés.
On trouve dans la ville les Vendéens
épars^ étendus ivres -morts. Plus de
dix mille sont massacrés , et à peine
leurs chefs ont-ils le temps de monter
à cheval. Westermann les poursuit,
rentre à ChâtiUon, et se résout à dé-
truire cette ville , si souvent funeste
aux répubi icains. Sa cavalerie met aussi-
tôt pied à terre, pille, incendie les mai-
sons, et retourne à Bressuire à la
lueur de cet horrible embrasement.
Le lendemain^ les Vendéens revinrent
en force pour livrer de nouveaux com-
bats; mais, au lieu d'ennemis à vain-
cre , ils ne trouvèrent qu'une ville en
feu et des milliers de cadavres à demi-
brûlés, ou écrasés sous les décom-
bres. Ils se retirèrent alors en désordre
àChollet, où le rendez -vous général
était assigné.
Chatbe (la), Castra, jolie petite
ville du Berry, aujourd'hui chef- lieu
d'arrondissement du département de
l'Indre , construite , dit-on , sur rem-
placement d'un camp romain. — La
seigneurie de la Châtre faisait autre-
fois partie de la principauté de Déols;
elle rut acquise en 1614 par Henri II
de Bourbon , prince de Condé. C'était
autrefois le siège d'une élection ; elle
possède aujourd'hui un tribunal de
première instance, et sa population
s'élève à quatre mille trois cent qua-
rante-trois habitants.
Chàtbes, ancienne seigneurie de
l'ile de France, aujourd'hui départe-
ment de Seine-et-Oise, érigée en mar-
quisat en 1692, en faveur de J. B. du
Deffand, beau-père de la célèbre mar-
quise de ce nom. La seigneurie de
Châtres passa depuis dans la famSh 1
d'Arpajon, et fut de nouveau, en 1720, i
érigée en marquisat sous ce nom , !
qu'elle a toujours porté depuis (voyes j
AaPAJON (*)).
Chatbes (monnaie de). — La petites
ville de Châtres, sous les Carlovio*^
giens, était chef-lieu d'uû canton nooK
mé Pagus Carliensis, et possédait os
atelier monétaire, dont on connaît ua
magnifique denier qui porte pour I
gende caste a moneta, avec les m
nogrammes et toutes les marques q
distinguent les espèces de Charles
Chauve.
Chaughé (combat de). Les
Sapinaud, de la Verie et Goqué étaii
parvenus à réunir quelques débris
Vendéens dispersés en décembre 1
sur la rive gauche de la Loire,
rette désirait les adjoindre à sa peti
armée. Il s'avança, le 1 ô janvier 17l|
jusqu'à Chauche, pour recevoir '
reniort^ qu'il supposait avec rai
devoir être inquiété dans sa m
par les colonnes républicaines qui,
nombre de douze, parcouraient
Vendée. En effet, il rencontra bietf
le détachement qui fuyait, presqu'à
débandade, devant des forces suj
rieures, et ces forces qui elles-mé
se dirigeaient sur Chauché pour le
prendre aux Vendéens. Charette,
avoir rallié les fuyards, sut prol
d'un mouvement mal combiné de
des colonnes républicaines, et se
successivement sur chacune d'i
sans qu'elles pussent se porter
mutuel secours; il les battit sép
ment et^leur tua plus de quinze cei
hommes.
(*) Il s'est glissé dans l'article AïpajJ
une faute typographique , qui n'a pas â
indiquée dans l'errata du premier voluiMS
au lieu de Hastres , lisez : Châtres.
CHA
FRANCE,
CHA
67
Chaud£s-Aigues , A^uœ caUdx^
jolie petite ville de l'ancienne Auver-
gne, aujourd'hui chef-lieu de canton
du département du Cantal, appartint
longtemps à la maison de Sévérac, sur
laquelle elle fut confisquée, verâ le mi-
lieu du quinzième siècle, par Jean II,
duc de Bourbon. Les eaux thermales,
dont Chaudes-iAigues a tiré son nom,
étaient déjà fameuses au cinquième
siècle, sous le nom de Calantes Baiœ.
La population de cette ville est aujour-
d'hui de 2,350 habitants.
Chaubet (Antoine-Denys), sta-
tuaire, né à Paris le 31 mars 1763,
manifesta, dès ses plus jeunes années,
un goât passionné pour la sculpture.
Mais il étudia son art pendant un mo-
ment de décadence, et puisa à l'Aca-
démie et dans l'école de Stouf les prin-
cipes détestables qui régnaient alors
dans les arts. Le bas-relief représen-
tant Joseph vendu par ses frères^ et
qui lui valut, en 1784, le grand prix de
flealpture, était du plus mauvais goût.
Classant au système adtpis alors à
FA^émie, et qui voulait que pour se
mmtrer habile à travailler le marbre,
OAioiirpât, pour le ciseau, les attri-
liiitwas du pinceau, Chaudet avait re-
pi^éi^ité , dans s«n bas-relief, un
paysage avec tous ses accessoires :
des troupeaux, des ruisseaux, des ar-
bres, un pont, des bergères. « J'y au-
rais mis disait-il en plaisantant, de
c la pluie, si le programme l'eût or-
« donné. » Cependant il y avait de si
grandes qualités dans ce bas-relief,
que les camarades de Chaudet le por-
tèrent en triomphe. Lorsque Chaudet
tttiva à Home, la vue des grands mo-
Mes de l'antiquité et des maîtres de
la renaissance opéra une révolution
' éaos ses idées. Il étudia avec ardeur
; Bapltaël, et c'est par l'étude assidu«i
> en chefs-d'œuvre de ce peintre et des
statues antiques que le sentiment de
la beauté et de la pureté se développa
en lui. Chaudet renouvelait ses études
en commun avec Drouais. A son re-
tour à Paris, en 1789, il fut reçu agréé
.à l'Académie : son talent trop pur ne
ait pas d'abord très-goûté; mais, l'é-
cole de David ayant triomphé de celle
«
de Boucher, Chaudet finit par être ap-
précié à sa juste valeur. Il exposa, en
1789, une statue représentant la Sen-
sibiiUé; en 1793, le modèle d'un bas-
relief, exécuté au péristyle du Pan-
théon, et représentant le Dévouement
à la patrie; en l'an yi, sa belle statue
de Cyparisse pleurant son jeune cerf ^
exécutée en marbre et exposée en 1 8 10;
en l'an ix, Œdipe enfaîU^ rappelé à
la -vie par Phorbas, son chef-d'œu-
vre ; l'.^mot^r, le groupe charmant de
Paul et Virginie ; en l'an xii, Cin-
cinnatus au moment où il vient dap'
prendre qu^il est nommé dictateur ;
en 1808, Orphée et AmphUm^ pour le
conservatoire de musique. Outre ces
ouvrages, il exécuta encore la Statue
de l'empereur, pour le palais du Corps
législatif, un bas-relief pour la cour
du Louvre, la Paix, magnifique mor-
ceau d'orfèvrerie, exécuté en argent,
de grandeur naturelle, et placé aux
Tuileries; le bas-relief qui décore le
plafond de la première Salle du Musée;
BélisairCy ciselé en bronze par Chau-
det lui-même; l'ancien bas-relief du
fronton du palais du Corps législatif,
et la statue de Napoléon pour la co-
lonne de la place Vendôme ; une statue
de Dugommier qui se trouve aujour-
d'hui à Versailles, et plusieurs bustes.
Chaudet s'était également exercé dans
la peinture. Il a peint, en 1793, un
yirchimède résolvant un problème
pendant la prise de Syracuse; plus
tard, Ènée et Ànchise au milieu de
l'incendie de Troie, etc. ; mais il lui
manquait entre autres qualités, pour
réussir dans cet art, le sentiment de
la couleur, qui est tout autre chose
que celui de la forme. Il possédait
complètement ce dernier ; mais mal-
gré la correction de son dessin, mal-
gré la grâce de sa composition, il
manquait de profondeur dans la pen-
sée. Du reste, Chaudet est l'un des
plus grands sculpteurs de l'empire ; il
est cependant plus élégant qu'élevé,
et s'il réussit dans les sujets gracieux,
il échoue dans les grands sujets qu'il
traite. La composition du fronton du
Corps législatif était au-dessous de
son talent; sa statue de rempereor.
cha
L'UNIVERS,
CVA
téta d^uii costume idéal, lorsque tous
les ornements de la colonne étaient
conçus dans un système national et'
réel, était un contre-sens, et que Ton
a su éviter dans ces dernières années.
Au reste, il ne faut pas accuser Chau-
det seul de cette faute^ ou plutôt de
cette erreur : il obéissait aU goût de
répoque et peut-être aussi à -une vo-
lonté supérieure. Cet artiste fut mem-
bre de rlnstitut, et il venait d'être
nommé professeur à Fécoie des beaux-
arts, lorsqu'il mourut le 19 avril 1810.
Chàudbonniebs. — ses maîtres
chaudronniers do Paris formaient une
communauté tiès -ancienne; on en
comptait dix-buit dans cette ville sous
le règne de Philippe le Bel, et ils sont
désignés dans le rôle de la taille impo-
sée sur les habitants, en 1202, sous le
nom de ' ckauderonniers et de mai-
gnens ou maingnens (*}. Leurs statuts,
qui étaient antérieurs au règne de
Charles VI, furent confirmés et augmen-
tés par lettres patentes de Louis XII*
au mois d'août 1514. Us avaient deux
courtiers par eux élus à la pluralité
des voix, et qui étaient tenus de les
avertir de Tarrivée des marchands fo-
rains. Les fonction^ de ces courtiers
étaient incompatibles avec la profes-
sion de marchands ; ils ne pouvaient
acheter pour leur compte aucun des
objets dont ils faisaient le courtage.
Enfin il était défendu à tous les fo-
rains de vendre dans Paris aucune
marchandise de chaudronnerie, autre-
ment qu'en gros et pour une somme
au-dessous de quarante livres. Quoi-
que ne formant qu'une seule et même
corporation, les chaudronniers étaient
et sont encore divisés en trois classes.
Les uns sont appelés chaudronniers-
grossiers, qui ébauchent et finissent
toutes sortes d'ouvrages; les seconds
sont nomméschaudronnierS'planeurSy
et ne font que planer les ouvrages oui
sortent des mains des grossiers i enfin
les troisièmes sont les chaudronniers
(*) L'ancien mot maignen est encore en
aaage dans le midi de la FraDce : voyez
Paris sous Philippe le Bel, par M. Géraud,
p. 5az.
faiseurs d'instruments, qui ne font
que les cors, les trompettes, les cvni-
fiales et autres instruments de musique
en cuivre. On donnait le nom de chau-
dronniers au sifflet à des ouvriers au-
vergnats qui couraient la province, et
annonçaient leur passage dans les
villes et les campagnes au moven d'uo'
instrument composé de neuf tuyau
inégaux, appelé communément j9ife'
de Pan. Ces artisans nomades por-
taient ordinairement leur bagase sur
leur dos, dans une droume ou besace ,
de peau.* Ils allaient achetant et n- 1
venaant le vieux cuivre, employait !
peu le neuf et raccommodant les iM*|
tensiles de cuisine ; quelques-uns^ qui
ne vendaient que du neuf et compO'
saient l'aristocratie du métier, avaieit
des chevaux chargés de grands paniai
d'osier, dans lesquels ils mettaieol
leurs marchandises et leurs outils.]
était défendu à ces chaudronniers
bulants de siffler et d'exercer leur
tier à Paris et dans les autres vil
du royaume où les hommes de
profession étaient réunis en cor^j
juraVide. A l'époque de rabolit*'
des jurandes, il fallait, pour être
maître chaudronnier, avoir fait sixi
d'apprentissage et payer six cents I
vres ; le hrevet coûtait en outre "
dix livres. On compte aujourd'hui
soixante et treize chaudronnien'
Paris.
CHA.UPFEUB8. — A dix licucs
Chartres se trouve une vaste forêt
pelée la forêt d'Orgères ; dans laj
la plus reculée et la plus fourh
trouvent les vastes. carrières d'où
été extraites les pierres qui ont
l bâtir la cathédrale de Chartres,
voleurs s'étaient réfugiés, en 1'
dans ces carrières, et y avaient "
une sorte de société qui s'était <
une organisation et des régler
conformes à la profession dé ceux
en faisaient partie. Ces brigands avai
de tous c6tés des émissaires qui f
couraient le pays et signalaient à le
complices les maisons qu'il était fr
de surprendre ; les habitants des
rières d'Orgères sortaient alors
leurs repaires, s'introduisaient, k
FRArtCE.
ClU
w
ià
t^muyert de masques, dans ces
DUS0Q8, garrottaient les hommes,
Crantaient les femmes par des me-
iaees lorsqu'elles résistaient, leut
ffmkûX au feu la plante des pieds,
Sj'à oe que la douleur forçât les
leareuses à indiquer le lieu où
ot cachées leurs richesses. Ces
kifibles tortures avaient fait donner
km brigands le nom àe Changeurs;
ft jetaient partout Teffroi; on avait
lin jsaisi des individus coupables de
IÔ|iaTee effraction, mais aucun n'a<
rpiiMi être convaincu de chauffage^
offeurs continuèrent longtemps
brigandages, et ils défiaient la
oe de la police qui avait Oni par
^ursuivre avec moins d^activité,
'uoe circonstance fortuite les fît
wiï.
X sendarmes à cheval côtoyaient
tdrOrgères ; Tun d'eux, mettant
tmre, pénétra un peu dans Fin-
:du taillis, et aperçut un enfant
iizaine d'années singulièrement
; il rappela; Tenfant obéit et
du pain. Le gendarme le fafit
en croupe et Femmène dans
ge où il lui donna à manger.
«oir apaisé sa faim, Feniant
VD couvert d'argent, un couteau
autres objets qu'il ramasse
Wayer de se cacher. Interrogé
h motif de ces larcins, il répond
ot que ces objets lui plaisent
fie son père en rapporte souvent
' labiés à sa mère \ les gendar-
CMitinuent à interroger l'enfant,
t ainsi que ses parents ha-
00 vaste souterrain où il y a
opdemonde. Soupçonnantqu ils
Air la trace d'une bande de mal-
ils gardent l'enfant, le font
yCt, après l'avoir habillé pro»
t et rendu ainsi méconnaissa-
jli le conduisent à un marché qui
4icBt oans une ville voisine; là,
près d'une femme qui semble
la bonne, il indique du doigt
qu'il a vus dans le souterrain ;
ibi arrête sur-le-cham[>. Ce genre
MMnciation est aussitôt répété
ks villes voisines, et il amène la
d'un grand nombre de bri-
gands. La justice informe et fak faire
par les journaux la description des
objets saisis sur les voleurs : de toutes
parts des témoins arrivent, les accusés
lont des aveux, et Pon acquiert la cer*
titude que ces voleurs forment la bande
des chauffeurs. Ils comparurent de-
vant le jury, à Chartres, au nombre
de cent dix ; une église avait été dis-
posée pour ce curieux procès. La plu-
part des accusés furent condamnés à
mort et l'entrée des carrières de la
forêt d'Orgères fut murée.
Châ.uli^ (Gui de) , célèbre méde-
cin du ouatorzième siècle , fut ainsi
nommé cfu lieu de sa naissance, village
du Gévaudan, sur les frontières d'Au-
vergne. Il étudia la médecine à Mont-
Î)ellier, où il suivit principalement les
eçons de Raymond de Molières , puis
il se rendit à Bologne , où il s'attacha
surtout au professeur Bertruccio, que,
dans son ouvrage , il appelle souvent
son maître. 11 revint ensuite exercer
la médecine à Lyon , puis, après avoir
fait dans cette ville un assez long sé-
jour, il se rendit à Avignon, où il fut
successivement médecin des trois pa-
Ees Clément VI , Innocent VI et Ur-
ain V. C'est dans cette rille qu'il
composa son traité de chirurgie , sous
le titre de Inventarium , sive coUec-
iorium partis chirurgicalis medici-
nœ , imprimé pour la première fois ,
suivant Haller , à Bergame, en 1498 ,
ou , suivant Merkleim, à Venise, en
1490. Ce traité est un bon ouvrage
pour l'époque où il a paru , et Ton
peut affirmer qu'il a plus contribué
qu'aucun autre à faire de la chirurgie
un art régulier et méthodique. Cette
justice a été rendue à Chauliac, même
par les savants étrangers. L'époque
précise de la mort de ce médecin n'est
pas plus connue que celle de sa nais-
sance.
Cha^ulieu (Guillaume Amfpye de) ,
nommé par Voltaire le premier des
poètes négligés , naquit à Fontenay,
dans le Vexin normand , en 1639. Son
père , maîtrq de la chambre des comp-
tes de Rouen , et précédemment con-
seiller d'État à brevet , avait été em-
ployé par le cardinal Ma2arin dan0
OL^
/
60
€HA
L'UNIVERS.
€HA
{)]asieurs missions importantes. Le
eu ne de Chaulieu acquit de bonne
leure , pai^ les agréments de son es-
^ prit, par l'enjouement et la facilité de
son humeur, Tamitié des ducs de Ven-
dôme , qui lui firent obtenir Tabbaye
d'Aumale, les prieurés de Saint-Geor-
ge) de Poitiers et de Saint-Ëtienne.
Ces bénéfices, qui montaient à environ
trente mille livres , joints à la fortune
paternelle de Chaulieu , le mirent en
état de ne plus songer qu'au plaisir,
et sa vie s'écoula joyeusement au mi-
lieu d'un cercle a'amis, comme lui
intelligents et aimables disciples de
Tamour et des muses. Chaulieu avait
fixé son séjour au Temple, dans la
maison du grand prieur de France : là
se réunissaient tous ces épicuriens qui
joignaient au goût du plaisir, une in-
dépendance d'esprit et une hardiesse
d'opi nions remarauables pour le temps.
Chaulieu, élève de Chapelle et de Ba-
chaumont, se distinguait entre tous
par un enjouement délicat et par sa
verve facile. Il mérita, par son genre
de vie et par quelques-unes de ses pro-
ductions , le surnom à^Anacréon du
Temple. Comme Anacréon, il fut fidèle
à la passion des vers , et ressentit l'i-
vresse de l'amour jusque dans son ex-
trême vieillesse. Nous avons le por-
trait de Chaulieu, peint par lui-même,
dans une de ses épitres à Lafare. Il se
représente, dans cette confession naïve,
comme orgueilleux, sujet à l'impa-
tience et à la colère, tour à tour actif
et paresseux, avide de projets et pas-
sionnément épris des douceurs du re-
pos. Ce qu'il sent vivement dans ce
morceau et ailleurs , c'est son amitié
pour Lafare, et il l'exprime avec une
chaleur d'expressions qui fait son plus
grand éloge. Par les deux mots que
nous avons cités , Voltaire a caracté*
risé le poëte. La Harpe remarque avec
raison qu'on trouve dans ses vers les
négligences d'un esprit paresseux ,
mais en même temps le bon goût d'un
esprit délicat. Son ode sur Pinçons^
tance est écrite dans, un style parfait :
l'humeur joyeuse et abandonnée de
ce morceau est entraînante; et quel
charme dans les stances sut la retraite,
sur la goutte f sur la solitude de Fùn^
tenay ! Toutes les poésies de Ghauliea
ne réunissent pas les mêmes qualités;
mais ce qui fera vivre éternellement
les meilleures , c'est un naturel tout k *!
fait inimitable. En parlant des beaux
ombrages de Fontenay, Chaulieu avait
dit :
Beaax arbres, qui m'ares rn naître,
Bientôt toos me verres inoarir.
Us ombragèrent du moins sa tombe;
mort au Temple , le 27 juin 1730,
Chaulieu fut transporté en NormaïKJ
die et fut inhumé dans sa terre na«[
taie. Il n'était pas de l'Académie, et il ^
y a toute apparence qu'il n'essaya j»*
mais de s'y faire recevoir.
Chaulnes, Calniacum , ancieni
baronnie de Picardie , aujourd'l
chef-lieu de canton du département i
la Somme , érigée en comté en 15^^
et en duché-pairie en 1621.
Chaulnes (famille de). — La tei
de Chaulnes fut d'abord longteinf
possédée par la famille &Ongnies^
s'éteignit , à la fin du seizième siei.
dans la personne de Loiàs d^Ovjgnif
en faveur duquel elle avait été én(
en comté en 1563. Elle passa ensuit
Philibert d'Âilly, vidame d'Amiei
dont la sœur la porta en dot, en lOj
à Honoré d'Albert , seigneur de '
denet, qui , deux ans après, fut
duc de Chaulnes. Honoré d'Albert
la tige et le membre le plus célèbre
la famille de Chaulnes.
Frère de Charles-Albert de Luyt
favori de Louis XIII et connétable
France , il fut présenté à la cour
le nom de Cadeîietyel dut à la
santé protection de son frère les
nés grâces du roi et un avancent
rapide. Nommé successivement , et
de courts intervalles , mestre de caf
puis lieutenant général du gouvei
ment de Picardie , il devint enfin »
réchal de France en 1619, et fut
duc de Chaulnes et pair de France
1621. Il commanda avec le marée'
de la Force, en 1625, l'armée de
cardie, et repoussa, en 1635, les
pagnols, qui avaient fait invasion
cette provmce, dont il avait été noi
gouverneur en 1633. Il se distii
CIIA
FRAJNGE.
GHA
61
mtÂége d^Arras , en 1640, se démit
eo 1643 da gouvernement de Picardie,
et fut nommé à celui de TAuver^ne,
ni'il garda jusqu'à sa mort, arrivée en
Charles â^ Albert d^AiUy^ son troi-
isièfoefils, né en 1625, prit le titre de
doc de Chaulnes après la mort de son
firère^né. Il fut nommé lieutenant
[gàiéfalen 1653, puis envoyé trois fois
10 ambassade à Rome , et exerça , en
K73, les fonctions de ministre pléni-
entiaire à Cologne. Il était gouver-
r de Guyenne , lorsqu'il mourut ,
1698, sans laisser de postérité,
li avait institué pour son héritier ,
ës-Àugiisie d Albert de Luynes,
parent , qui fut créé de nouveau
et duc de Chaulnes en 1711 , et
it maréchal de France en 1744.
Le fils de ce dernier , Michel-Fer-
ind (T Albert (VJiUy , lieutenant
léral des armées et gouverneur de
lie, né en 1714, s'adonna avec
iraux sciences physiques, et fut
I, en 1743 , membre honoraire de
lie des sciences. Il mourut en
Le recueil de l'Académie des
tet le journal de physique con-
tde lui plusieurs mémoires in-
sts. Il avait épousé Anne-Jo-
;ii(»inier, qui cultiva aussi avec
les sciences physiques, mais
les folles dépenses le ruinèrent^
^^X la conduite scandaleuse le fit
ir de diagrin.
Mark'JosepkcP Albert cTAilly^ son
H) était né en 1741. A vingt-quatre
j il quitta le service pour se livrer
Pétude ses sciences naturelles , en-
prit dans ce but plusieurs voyages,
Mta particulièrement l'Egypte. On
' doit plusieurs découvertes utiles
les sciences, entre autres celle
propriétés de l'alcali volatil (am-
iiaque gazeux), pour rappeler à la
'i^ asphyxiés. Il fît non-seulement
ttpériences sur les animaux, mais
lui-même, et Ton raconte à ce su-
^one anecdote qui fait le plus grand
ineur à sa conviction et a son cou-
S'étant enfermé un jour dans un
>^ avec plusieurs réchauds de
rbon alluma, il ordonna à son va-
let de ne l'en tirer qu'après Tavoir vu
tomber, et lui indiqua les moyens de
le rappeler à la vie. Cette expérience
réussit parfaitement. C'est encore lui
gui décx)uvrit , en 1773 , le moyen de
taire cristalliser les alcalis , en les sa-
turant d'acide carbonique , obtenu de
la bière en fermentation. Il constata
en outre les propriétés et la nature
de cet acide, en 1775, et ouvrit la voie
aux moyens de fabriquer les eaux mi-
nérales factices , en parvenant à satu-
rer l'eau de ce gaz alors nommé air
ûxe. Il mourut au commencement de
la révolution.
Chàumetoe (Pierre-Gaspard) , né à
Tïevers, le 24 mai 1763, fut successi-
ment mousse , timonnier , copiste et
clerc de procureur à Paris. Il travailla
ensuite au journal de Prud'homme,
puis devint un des orateurs les plus en
vogue parmi les révolutionnaires qui
s'assemblaient dans le jardin du Palais-
Royal. Lié avec les plus ardents patrio-
tes, il fit partie de la commune insur-
rectionnelle qui s'installa elle-même ,
le 9 août 1792, et fut nommé, au mois
de septembre de la même année, pro-
cureur de cette commune. Chaumette
acquit alors une assez grande influence,
et il contribua puissamment à la jour-
née du 31 mai , en formant à l'arche-
vêché une réunion de commissaires de
sections qui organisèrent l'insurrection
contre les girondins. Il entreprit en-
suite de pousser la révolution dans
les excès les plus dangereux. Il com-
mença par attaquer ouvertement la re-
ligion , en se mettant à la tête d'une
députation de prêtres qui vinrent a la
barre de la Convention nationale ab-
jurer leurs croyances ; puis il inventa
ces^ridicules processions où l'on faisait
brûler les ornements et les tableaux
des églises. « Le peuple , disait-il , à
« l'imitation de son ami Clootz, doit
ft être le Dieu des fêtes nationales , et
A il n'y en a pas d'autre, v Cependant,
attaqué vivement par Robespierre au
sujet de ses prédications athéistes , il
se rétracta lâchement et déclara qu'il
reconnaissait l'existence d'un Être su-
prême. Ce fut lui qui inventa et fît
adopter par les ultrà-révolutionnaires
62
aax
L'tJNIVEBS.
CKA
la mode de porter des sabotl. Toate-
fois f quoiqu'il fût rennemi le plus
aebarne des propriétaires et des ri*
ches , il combattit comme anarchique
une pétition présentée contre les mar*
chands par Jacques Roux , auquel il
reprocha de donner ainsi le signal de
la violation des propriétés. Poussé par
son substitut Hébert et par sa propre
ambition , il conçut ensuite he projet
de renverser la BÏontagne , qui , selon
lui , était incapable d'organiser la ré-
publique et ménageait les aristocrates.
Une insurrection fut décrétée au club
des cordeliers et à la section Marat ;
mais la commune désapprouva cette
tentative, favorisée par Tétranger. Les
jacobins firent cause commune avec la
Convention, et les conspirateurs fu*
rent arrêtés dans la nuit du 13 mars.
Chau mette ne fut pas emprisonné en
même temps qu'Hébert : cependant ,
' quelques jours après , il fut aussi tra-
duit devant le tribunal irévolution'
naire , condamné à mort et exécuté le
18 avril 1794. Gbaumette a été accusé
de trahison par tous les partis. Ambi-
tieux et démagogue , il ne fut que le
vil instrument de la faction hébertiste,
vendue en effet aux étrangers , et qui
lui avait promis la place de censeur
ou grand accusateur dans le gouver-
nement qu'elle voulait établir.
Chaumont (famille de). ^ Cette
famille tire son nom de la petite ville
de Chau mont en Yexin. Elle date de
Robert I", seigneur de Chaumont et
vida me de Gerberoi. Son fils, Ot-
mond P*", fut fait prisonnier par les
Anglais en 1119, malheur qui arriva
la même année à Guillaume P% fils et
successeur de ce dernier. Dans la lon-
gue suite des seigneurs de Chaumont,
nous nous bornerons à citer : ,
Mehardde Chaumont^ seigneur de
Guitri , conseiller et chambellan de
Qiarles VI.
Guillaume de Chaumont^ 5** du
nom. conseiller et chambellan de
Charles Vï, puis général réformateur
des eaux et forêts de France.
La famille de Chaumont se divise
ensuite en plusieurs branches, sa-
voir :
V* Seigneurs de Guitri etdeBert^,
chères ;
â° Seigneurs de Bertichères e^ d'Or«i
bec; ,
3* Seigneurs d*Athicules ;
4<> Seigneurs de Bois-Garnie;
Si* Seigneurs d'Esguilly ; ^
&* Seigneurs de Saint-CheroQ,i|i
Courmoncle , et de Riviers.
Dans la première branche,
distinguerons
Philippe de Chaumont;^ vm
des camps et armées du roi,
des blessures qu'il reçut au
de Poligny, en 1636 ; et Gui de Ch
moîU j grand maître de la gard
du roi, tué au passage du Bhii),
1672.
) Dans la deuxième : Henri de
moHtj baron de Lecques et de Bqi
bon , maréchal d^ camps et an
du roi.
Dans la troisième : l"" Louis
ChauînorU, seigneur d'Atbicutos,
en 1567, à la bataille de Saint
où il portait le guidon de la coi
gnie d'ordonnances de Chartes
Montmorency , baron de Dam
^ Hugues de Chaumoni, m
des camps et armées du rm ven
Dans la quatrième : !<> Jean
Ckaumjonty maître de la librairi»
Henri IV, conseiller d*État ordinr
mort en 1667; son fite, Paul-Phiiii
fut évêque d'Acqs , garde de ta
bliothèque du Louvre, et Fuo
quarante de l'Académie franfaiseï
mourut en 1697.
EnBn nous remarquerons, dans
branche de Saint-Cheron : Antoine
Chaumont, chevalier de Tordre
roi , l'un des cent genlilshommes
sa maison , surintendant des mar
et affaires de la reine d'Ecosse ,
en 1582.
CHÀUSUXivi! {Charles d'A
seigneur de); grand maître de
neveu du cardinal d'Amboise, qw
nomma gouverneur dé Milan. En 1^
lorsque Louis XII , cédant trop ft
lement aux conseils du eardiaal,
des secours au pape Jules II oo
ses propres allies, ce fut Chaa
qui commanda les troupes chargées
CHA
FRANCE.
CtiA
63
prendre Bolope. L^année suivante ,
il dirigea le siège de Géaes. A la ba-
taille d'Agoadel , il était à la tête de
Favant-garde. £n 1510, conservant soq
crédit malgré la noort de son oncle ,
fauteur de sa fortune , il eut le corn-
floaudement des troupes qui guerroyè-
leDt pour le compte du duc de Fer-
me et de l'empereur ; et Thistoire
.ki reproche d^avoir traité quelquefois
Jîsramcus avec une horrible cruauté.
12 octobre, il investit Jules II
Bologne, et l'aurait enlevé, sî
rasé poPntife n'eût recouru à des
^ociatioQS trompeuses pour échap-
au danger. Bientôt après , le pape
para de la Mirandole. Cbaumont ,
uel le roi avait associé dans le
mandement le vieux et brave ma-
1 Trivulzio, devait venger avec
I ces échecs. Mais cette tâche était
lessus de ses forces. Inhabile tae-
, opiniâtre et jaloux de son col-
, il essuya de nouveaux revers ,
jetèrent dans une profonde mé-
e. Il était du reste bourrelé de
d'être forcé de combattre le
t. et terrifié de se voir sous le
|$vie excommunication. Il était
Um malade de cbagria quand un
bâta les progrès de son mal.
rté à Coreggio , il envoya sol-
le pape dé lever les censures
arait encourues ; mais avant que
lotion iùx arrivée , il mourut le
iDars ÎSU , à Fâge de S8 ans.
CniusoNT (le dievalier de), capi-
'ie de vaisseau , né vers 1640, tut
oyé, en 1685 , par Louis XIY en
lité d'ambassadeur auprès du roi
SiaiB. (Voirez le root Siam.) Il
Imm accueilli, reçut de grands
"lUfl, et si^a avec les ministres
h un traité dans lequel étaient
les intérêts du commerce
et surtout ceux de la religion
ifue. Peu de temps après , il prit
' de son vaisseau et amena à
) le 18 mai 1686, deux ambas-
iurs siamois qui devaietit flatter la
ité de Louis XIY. L'époque de la
du dievalier de Cbaumont est
rée. Il avait écrit la relation de son
ge, hnprimée à Paris, en 1686.
CâÀUMONT (Denisoit de), Tun des
chefs de cette faction de cabochiens
qui , sous le règne désastreux de Char-
les VI, fit à Paris de si a merveilleuses
hesoinqnes. » I^a populace mutinée
contraignit le duc de Guyenne à lui
confier le commandement et la garde
du pont de Saint-CIoUd* L'anonyme de
Saint-Denis l'appelle : « Infâme écor-
cheur de testes. »
ChàuK ONT, en Bassigny, jolie ville
de l'ancien Bassigny, auiourd hui chef-
lieu du département de la Haute-
Marne. Le nom de cette ville figure
dans l'histoire dès l'année 961 , épo-
que où le roi Lothaire y passa à son
retour de Bourgogne ; ce n'était alors
qu'un bourg fortifié par un château.
ÉHe faisait depuis longtemps partie
des domaines clés comtes de Champa-
gne, lorsaue l'un d'eux, Henri,
deuxième ou nom , lui accorda , par
une charte de 1190, la coutume de
Lorris. Une prévôté y fut établie en
1202 , et Cbaumont commença dès
lors à prendre quelque importance.
Cbaumont était alors protégée par un
château fort, séparé de la ville, et
dont il ne reste plus aujourd'hui que
les débris d'une grosse tour carrée.
Les remnarts dont la ville était envi-
ronnée lurent construits en 1500, par
ordre de Louis XII. François T' et
Henri H y ajoutèrent .quelques bas-
tions ; mais cela est maintenant à peu
I)rès détruit. Cbaumont était, avant
a révolution, le chef-lieu d'une élec-
tion, et d'un bailliage et présidial.
Elle possède aujourd'hui des tribunaux
de première instance et de commerce,
une société d'agriculture et un collège
communal. Sa p9pulationestde6318
habitants.
Chaumort (traité de). Comnoe on
l'a vu dans l'article consacré au Con- -
grès de C/tâtillon, [Napoléon, attaqué
par toutes les forces combinées de
l'Europe, espéra iusqu^au dernier mo-
ment triompher de cette ligue formi-
dable. Battre en détail les différents
corps d'armée qui avaient envahi le
territoire français , et employer toutes
les ressources 'de la diplomatie pour
séparer l'Autriche de la coalition, tel
64
CHA
L'UNIVERS.
CHA
était le plan qu'il avait adopté. Après
les victoires de Champ -Aubert, de
Montruirail et de ^angis , ce plan fut
à la veille de réussir. Déjà l'empereur
d'Autriche, ébranlé par la défaite de
Schwartzemberg^ se trouvait disposé
à conclure un armistice. Dans ce but
allaient s'ouvrir à Lusigny des négo-
ciations qui auraient gravement com-
promis le succès des intrigues du con-^
grès de Ghâtillon. L'Angleterre vit le
danger et le prévint. Aux victoires
de I^apoléon , à ses projets d'armistice
et de réconciliation avec l'Autriche,
elle répondit par le traité de Chau-
mont, qui doubla les forces de la coa-
lition et fît échouer les espérances de
l'empereur.
Ce fut le 1" mars 1814, dix-neuf
jours avant la rupture du congrès de
Châtillon, que fut signé ce traité dont
les conséquences devaient être si fu-
nestes à Napoléon, à la France et
même à tous les peuples de l'Europe,
ameutés alors contre nous. Jusque-là,
l'instinct de la peur et une haine com-
mune contre la supériorité de Napo-
léon étaient les seuls liens qui unis-
saient les rois coalisés ; à partir du
traité de Chaumont, il y eut entre eux
une ligue offensive et défensive , ci-
mentée par la foi des serments. Ce fut
une ébauche du pacte impie auquel ils
osèrent plus tard donner le nom de
Sainte-Alliance. Leurs plénipotentiai-
res étaient lord Castlereagh, pour
l'Angleterre; le prince de Metternich,
Sour l'Autriche ; le baron depuis prince
e Hardenberg, pour la Prusse; et le
comte de Nesseirode, pour la Russie.
C'était la première fois qu'on voyait
un ministre anglais venir sur le con-
tinent signer comme plénipotentiaire
une convention diplomatique; mais
Napoléon avait été pour l'Angleterre
' un ennemi si terrible qu'elle ne croyait
jamais en faire assez pour l'abattre.
M. de Metternich, animé d*une haine
implacable contre l'empereur qui avait
eu l'imprudence de lui dire trop crû-
ment la vérité , joignit tous ses efforts
à ceux de lord Castlereagh pour empê-
cher l'empereur d'Autriche d'élever la
Toix en faveur de son gendre. A Châ-
tillon comme à Chaumont, l'Autriche
était représentée par un diplomate
dont l'amour-propre avait été froissé
par Napoléon et la conscience amollie
par l'Angleterre; nous voulons parieî
du comte de Stadion.
Dans le préambîiie du traité, lei
parties contractantes prétendaient m
se coaliser que pour contraindre M
poléon à accepter les propositions Jn.
paix qui lui avaient été faites au co^)
grès dé Châtillon , propositions hai '
liantes, puisqu'elles avaient pourt
d'enlever à la France ses frontiè
naturelles qu'on avait cependant
connues nécessaires à sa sécurité,
de lui imposer ses limites de 1'
Aux termes de l'article l**", cha«
des quatre grandes puissances s'ei
geait à tenir en campagne contre fi
nemi commun une armée de cent '
quante mille hommes , total six
mille hommes. Art. 2 , chaque
s'engageait à ne pas traiter sé\
ment avec l'ennemi commun. Art
3 et 4, un subside de cinq mili
de livres sterling , fourni par Tj
terre pour le service de l'année
devait être réparti par portions
et en termes mensuels entre les
autres puissances. Les secours
ultérieurement par l'Angleterre
valent être convenus le 1" janvier]
chaque année, et elle devait pay^jf
core, après la conclusion de la pair ''
prorata du subside convenu,
mois à l'Autriche et à la Prusse v
quatre mois à la Russie, pour le
des troupes^ Articles 5 et 8 : si
des puissances était menacée de
que attaque de la part de la
chacune devait envoyer imi
ment à son secours un corps
soixante mille hommes, dont dix
de cavalerie. Cependant tout
gent dû par i'An^eterre pouvait i
fourni en troupes étrangères à sa r'
si mieux elle n'aimait le repréf
par un subside, au taux annuel'
vingt livres sterling par fantassift^
de trente livres sterlins par caw "
Enfin, aux termes de 1 article 16 1
quadruple alliance était conclue
vingt années.
Il
r
Frai
CHA
FRANCE.
CHA
6&
Telles étaient en substance les prin-
dpales dispositions du traité de Chau-
iQODt, qui fut un arrêt de mort pour
l'eoipereur. D*une main, la coalition
lui offrait des conditions inacceptables ;
de l'autre, elle aiguisait ses armes, et
jurait de ne les aéposer qu'après une
Sierra de vingt ans. Cette tactique ba-
lle devait évidemment déchaîner con-
trijjfapoléon tous les partisans de la
jHix, qui alors étaient nombreux en
fïaQce, dans toutes les classes, et
inéme dans les rangs de Tarraée. Avec
la position qu'on venait de lui faire ,
Napoléon, même victorieux , devenait
on obstacle au rétablissement de la
tranquillité en Europe, puisque les
coalisés s'étaient engagés à se soute-
nir mutuellement et a ne plus admet-
tre de. guerres ou de négociations par-
tielles. En apparence, la coalition n'en
\Toulait qu'à l'empereur; en réalité,.
' dte s'efforçait de briser la vieille al-
;^e gui existait entre lui et la nation
«aficaise, pour combattre celle-ci dès
l&'efle aurait abandonné son chef. Le
loeeès répondit malheureusement à
f attente des conjurés. Mais les temps
Utàkàt venus où cette Angleterre ,
fsia soudoyé tout le continent pour le
; noAie tributaire de sa puissance ma-
^'œe, va voir à son tour s'élever
«Dtre elle toutes les marines du raon-
sP, etse former un nouveau blocus
■lODtinental qui fera tomber de ses
Blns le monopole du commerce.
Une des particularités du traité de
ûumont , c'est que , bien que l'al-
nce fût commune et les conventions
tiques , cependant chacune des
itre puissances contracta séparé-
ît avec les trois autres. Quelle que
itla cause de cette particularité, elle
mtreque les alliés n'étaient de bonne
9 ni envers la France ni envers leurs
res peuples, et que très-probable-
>t ils cherchaient à se tromper les
les autres. Ce qu*il y a de certain,
fest que des clauses secrètes furent
Moutées aux clauses patentes. D'après
|Be note confidentielle, remise à Ve-
fcele 11 novembre 1814 par le comte
fe lïesselrode aux plénipotentiaires
«Autriche et de Prusse, le traité
cTcUUance de Chawnont et la paix
de Paris stipulaient que l'AUemctgne
serait un État indépendant. Or, ni le
traité de Chaum'ont, ni celui de Paris,
tels qu'ils ont été publiés, ne contien-
nent rien de semblable. Voici , selon
nous, l'explication la plus naturelle de
ce fait bizarre. Parmi les puissances
contractantes, les unes avaient promis .
des constitutions libérales à leurs peu-
ples pour exciter leur patriotisme, les
autres, plus heureuses, n'avaient rien
promis. Un traité commun devant les
rendre toutes solidaires de ces belles
Îiromesses que personne n'avait l'in-
ention de tenir, la prudence conseil-
lait naturellement d'éviter un engage-
ment inutile. De plus, il ne pouvait
convenir ni à la Russie ni à rAngle-
terre de partager loyalement 1 in-
fluence que les derniers événements
venaient de leur donner sur l'Allema-
gne. L'une et l'autre nourrissaient in-
térieurement l'espoir de changer cette
influence, alors à peu près égale, en
une prépondérance évidente. Dans ces
dispositions, un traité commun ne
faisait les affaires ni de l'Angleterre ,
ni de la Russie : des traités séparés ,
au contraire, leur laissaient le champ
libre. Le traité de la Sainte-Alliance
et le suicide de lord Castlereagh vin-
rent révéler plus tard que ce n'était
pas l'Angleterre qui avait gagné à ce
marché. Que l'idée première de l'ano-
malie qui se fait remarquer dans le
traité de Chaumont soit venue de la
Russie ou de l'Angleterre, le résultat
n'en a pas moins été favorable à la
cause du czar et à celle du despotisme.
Chaumont en Vexin , Calvus
Morts y Calvimontiym, jolie petite ville
du Vexin , aujourd'hui chef-lieu de
canton du département de l'Oise, à 27
kil. de Beau vais.
Cette ville joua un rôle important
durant les longues luttes de 1 Angle-
terre *et de la France aux douzième et
treizième siècles. Elle était bâtie sur
un mamelon élevé , couronné par un
château dont il ne reste plus que quel-
ques ruines. Brûlée par les Normands
en 1140, et par les Anglais en 1167,
elle ne fut pas reconstruite sur le co-
T. Y. 5" Livraison. (Dict. bncyclop., etc.)
M
€HA
L'UNIVERS.
CHA
teati, mais elle s*étendit dans la vallée,
sur le bord de la rivière de Troène.
Sous Lbuis Vil , on y voyait des sou-
terrains immenses dont on ignore au-
jourd'hui l'entrée. Chaumont était au-
trefois le chef-lieu d'une élection et
d'un bailliage. Sa population est au-
jourd'hui de 1,1 26 habitants.
Chàumont-sub-Loibe , bourg de
l'ancien Blésais , aujourd'hui du dé-
partement de Loir-et-Cher, à 12 kii.
de Blois, dominé par un ancien château
situé , suivant la tradition , sur l'em-
placement d'un manoir bâti par Guel-
din, chevalier danois , et par Thibaud
le Grand , comte de Blois. Ce château
fut reconstruit par les seigneurs d'Ani-
boise, entre les mains desquels il resta
jusqu'en 1550. A cette époque, il passa
aux seigneurs de la Rochefoucauld,
qui le vendirent pour la somme de
cent vingt mille livres à Catherine de
Médicis , qui , plus tard , força Diane
de Poitiers de le prendre eh'échange
contre la terre de Chenonceaux. — La
population de ce bourg est aujourd'hui
de 985 habitants.
Chabny, Calniacum^ petite ville
de nie de France, aujourd'hui chef-
lieu de canton du département de
l'Aisne. £lle passe pour fort ancienne,
et l'on croit qu'elle n'est autre que le
lieu nommé Contragium dans l'Itiné-
raire d'Antonin. Philippe de Flandre
donna , en 1167, aux habitants de
Chauny, une charte de cotoniune, qui
fut confirmée par Philîppe^Aligu.ste en
1213. Cette ville fut assiégée par les
Espapols'en 1552. Chauny était au-
trefois une châtellenie royale, et avait
une coutume particulière. On y compte
aujourd'hui 4,200 habitants.
Chaussàbd (Pierre- Jean-Baptiste),
né à Paris le 29 janvier 1766, adopta
avec enthousiasme les principes de la
révolution, fut envoyé, en 1792, dans
la Belgique , et contribua'' puissam-
ment à la réunion des Pays-Bas à la
république française. Lorsque Du-
mouriez trahit la cause de la républi-
que , Chaussard , oui avait alors , sui-
vant la coutume de l'époque , pris le
surnom de PvhUcolay eut de vives
discussions avec lui , et le traita un
jour de vizir. « Allez , M. Chaussard,
« répondit Dumouriez, je ne suis pai
« plus vizir que vous n'êtes Publicofa.»
Chaussard fut Tun des plus ardefitb
sectateurs de la théophilahthropi^.
Sous le consulat, il devint professent
de poésie latine à la faculté des lettitt
de Rennes. Il occupa cette place jj''
qu'à la restauration , époque où U ^
destitué. Il est mort en 1823. 11^
blié un trèf grand nombre d'ouvraj
dont le plus connu est celui qui a p
titre : Fêtes et courtisanes de
Grèce, 1801, 4 vol. în-8'.
Chaussées de Bbunehaut.— <Ï^
nom , donné aux chaussées romaiiMt
en Picardie et en Belgique, a fort em
barrasse les savants. A en croire""
chronique de Jacques de Guysè, ce
dénomination viendrait de ce qu*
archidruide appelé Brunehalde,
vers l'an 1026 avant J. C, du foi
dable royaume de Belgis, fit consti
sept grandes routes partant de sa
pitale, lesquelles avaient toutes
pieds de largeur, et dont quatre ,
nées de colonnes de marbre ,' et '
dées d'allées de chênes, étaient
vertes en briques. A cette h
merveilleuse , qui , on le pense
n'a pu satisfaire personne, ont sut
des explications plus raisonnables;]
Grenier, savant religieux de 'Ooi
tire le nom de Brunenaut de deiii
celtiques qui signifient hauteut
cailloux» Enfin , la dernière opfr
émise à ce sujet, et qui semble la
raisonnable, est que la célèbre Bï
haiit , femme de Sigebert , roi d* j
trasie , et morte en 613, répara
ciennes voies romaines auxguelU
peuple donna son nom; maïs alofl
fauarait expliquer pourquoi Ton*'
commencé qu'au treizième siècle à
appeler ainsi. Plusieurs ouvrages
été faits sur cette matière; nous j
bornerons à citer V Histoire des grt
chemifis de r empire romain, par
gier; V Histoire du duché de Vc
par Carlier, et une Description
voies romaines , vulgairement <
lées chaussées Brunehauty par
goire d'Ëssigny, dans le Magasin
i^yclopédique de 1811.
1^
J m
CHA
FRANCE.
OU
67
CHÀUssB-TmAPB , sorte d'arme éé*
feosive composée de quatre pointes de
fer disposée» de manière qu il y en ait
toujours trois qui portent à terre, et
^e la dernière reste dressée et de-
bout. Cette arme, dont l'usage est au*
jourd'hui abandonné, s'employait pour
arrêter, embarrasser l'ennemi, et sur-
tout dans les gués , dans les défilés où
è^ait ^sser la cavalerie. On lit dans
Mezerai et dans Villaret, qu'en 1407,
\ ks assassins du duc d'Orléaos jetèrent
derrière eux des ehausse-trapes pour
n*étre pas poursuivis. £n 1422* au
âége d'Orléans, Jeanne d'Arc fut bles-
sée par une des chausse-trapes jetées
aux abbrdsdu boulevard attaqué. Louis
!SLI avait fait semer plus de dix-buit
mille chausse-trapes sur les avenues
de ^on cbâteau de Plessis-lez-Tours.
Chaussibr (François), médecin en
«hef de l'hospice delà Maternité, pro-
•Asseur à la faculté de médecine ,
•aiembre de llnstitut et de l'Académie
loyale de médecine, né à Dijon en
1746, avait déjà acquis, par ses ou-
trages et par ses cours d'anatv mie et
defiiysiologie à l'Académie de Dijon,
iMoilébrité méritée, lorsqu'on juillet
mi, fl fut appelé à Paris par le gou-
.timment, pour concourir avec Four-
i€nf à l'organisation de l'enseigne-
.nat médical. Après avoir rempli cette
àoDorable mission, Chaussier retour-
-m à Dijon reprendre ses fonctions de
Sofesseur. Le projet de décret qu'il
ait rédigé fut modifié par la Con-
l'iention nationale; au lieu d'une seule
'^Jeoie centraie de mnté qu'il avait pro-
..posé d'établir à Paris, il en fut formé
r trois, qui sont devenues les écoles de
..-nédeciae de Paris, de Montjpeliier et
'.•ie Strasbourg. Nommé professeur à
^k nouvelle école dont il avait ainsi été
rCD quelque sorte le fondateur, Chaus-
eièr revmt à Paris prendre possession
de la chaire d'anatomie et de physio-
.-legie.Son nom grandit bientôt sur ce
" théâtre digne d^ lui , et il devint en
.y.feit de temps I'uq des oracles de la
/.iiédecine. L'histoire naturelle et la
-Aimie furent également cultivées avec
«Koès par lui. Médecin de l'école po-
^jrteehirique, il fut aussi attaché à cette
éep)e cpmme professeur de chimie.
Ami de Guyton de Morveau, il voulut
opérer, dans la langue anatomique,
une réforme semblable à celle qu'e ce
savant avait contribué à faire adopter
pour la nomenclature chimique. Déjà
il avait publié à Dijon, en 1789, les
principes d'une nouvelle nomenclature
anatomique qu'il employa depuis Cons-
tamment dans ses cours; mais quoi-
qu'il fit succéder à des noms plus ou
nioins insignifiants et souvent bizar-
res , des noms propres à donner une
idée de la position ou des fonctions
des parties, cette nomenclature ne put
être aussi rigoureuse oue celle qui
avait été introduite en cnimie; ausli ,
malgré ses avantages , ne fut-elle pas
Sénéralement adoptée. Chaussier, (]ui
onna à l'étude de la pbysiologie l'im-
pulsion oui a fait faire depuis à cette
science de si grands progrès , adopta
des nouvelles doctrines médicales ce
qu'elles ont de sage et de certain , et
Plusieurs de ses consultations de mé-
ecine légale sont citées comme des
modèles du genre. Cependant, à la
réorganisation de l'école de médecine
de Paris, en 1822, il partagea la dis-
grâce des Vauquelin , des Pinel , des
Dubois, etc., et reçut le titre de pro-
fesseur honoraire. Il mourut en 1828.
âgé de quatre-vingt-deux ans, entouré
des respects des médecins français et
de l'attachement de ses anciens élèves,
dont beaucoup sont arrivés au pro-
fessorat. Chaussier a laissé un grand
nombre d'ouvrages, tous justement
estimés.
Chaussieb (Joseph), maréchal des
logis chef au 2*" régiment de chasseurs,
fit, avec quatre chasseurs, mettre bas
les armes, à liohenlinden, à 100 hom-
mes d'infanterie, parmi lesquels se
trouvaient cinq officiers.
GBAUSSIEJaS ou GHAUCI£BS.— LCS
statuts de la corporation des chaus-
siers, ou fabricants de chausses, con-
sistaient en un petit nombre d'articles,
et ne contenaient aucune disposition
remarquable. Ils pouvaient prendre
autant d'apprentis qu'ils le voulaient,
çt ceux-ci étaient obligés , en entrant
en apprentissage, de payer 8 sous,
5.
68
CHÂ
L'UNIVERS.
€HA
dont 3 revenaient au rot , et 4 à la
confrérie du métier. Quiconque com-
mençait le métier de la chausserie, de-
vait, à l'exception des Gis de maître,
payer 20 sous d'entrée, savoir : 15 au
profit du roi et 5 à celui de la confré-
rie du métier. Trois prud'hommes as-
sençentés faisaient la police du mé-
tier et dénonçaient au prévôt de Paris
les infractions aux statuts que leur
surveillance leur faisait découvrir. Une
ordonnance concernant la police du
royaume , rendue le 30 janvier 1350
par le roi Jean , et publiée en février
suivant, contient, en son titre 36,
deux articles que nous croyons curieux
de reproduire ici, parce qu^ils peuvent
donner connaissance du prix des ou-
vrages confectionnés par les chaus-
siers au milieu du quatorzième siècle :
(c Les chaussetiers , y est-il dit , ne
M prendront et n'auront, pour la façon
« d'une paire de chausses à homme ,
« que 6 deniers, et à femme et enfants
« 4 deniers et non plus. Ceux qui les
« appareillent (les chausses) ne pren-
« dront, pour4nettre un avant-pied en
« une chausse, que 2 deniers , et s'ite
<c sont neufs, que 3 deniers, et s'ils
« font de leur drap , que 4 deniers et
« non plus; et pour mettre une pièce
« es avant-piecfs , ou de coudre la
« chausse , 2 deniers. Et s'ils font le
« contraire , ils l'amenderont. » Les
chaussiers de Paris intentèrent, en
1280, un procès aux fripiers qui ache-
taient de vieilles robes, leû nettoyaient
en rafraîchissant le drap , et en fai-
saient des chausses qu ils vendaient
comme faites de drap neuf; et sur leur
demande, Guillaume Thibout, prévôt
de Paris, défendit aux fripiers, sous
peine de 4 sous d'amende au profit du
roi, et de 12 deniers au profit des gar-
des du métier, de continuer cette pra-
tique frauduleuse. Lorsqu'au milieu
du dix-huitième siècle, on répartit les
différents métiers de Paris en six cor-
Eorations, les chaussiers, devenus fa-
ricants de bas , eurent la prétention
d'en former une à eux seuls; mais ils
échouèrent dans leur prétention: on
les réunit aux drapiers, et tout ce
qu'ils purent obtenir fut défaire don-
ner à leur corporation^ le nom decom-
munauté des drapiers-chaussiers,
Chàussin , ancienne seigneurie de
Bourgogne, aujourd'hui département
du Jura, érigée en marquisat en 1724,.
en faveur de L. H. de Bourbon, prince
de Gondé.
Chàussubes. D'après nos vieux
auteurs et nos anciens monuments, il
chaussure des Gaulois et des premie»
Français, appartenant aux classes éie»
vées , fut empruntée aux Romains et
consista , jusqu'au neuvième siècle, en '
souliers dorés et garnis de bandelettes
qui se croiiKaient et se nouaient au bas
de la jambe , comme de nos jours la
souliers de femmes. Telle était k
chaussure de Charlémagne et de Louis ^
le Débonnaire son fils. Celle de Be^.
nard, fils de Pépin, qui fut retrouva
entière ^uand on exhuma son corps^
consistait en souliers de cuir roupi
avec une semelle en bois. Dans
siècles suivants on varia la forme
chaussures, on porta des souliers-
lacets, des souliers à bandelettes
des souliers à boucles. On porta '
lement des estiriaux, et des heuses
housseaux, appelés par Jean de Gi
lande tibiala etcruraliay ce qui iiK
^ue que ces chaussures couvraient!
jambe et furent ce que plus tard r
appela des bottes ou des brodeqaii
En 1260, Etienne Boiiéau, prévôts
Paris, réunit les coutumes des fa'
cants de chaussures, déjà nombreux i
ce temps-là , et en fit pour eux un
glement obligatoire. Ces artisans
rent partagés en trois classes : celle (
çavetonniers, celle des cordonniers
corduaniers , et celle des çavetiers
sstvetiers ( voy. ces mots )- Les '
premières de ces trois classes étak
assujetties à une redevance annw'
payable en argent, pour les heuses
roi. Il y^ avait de semblables redevaw
qui étaient payables en nature et d<
le produit servait, à ceux qui les
valent , à faire des libéralités à
officiers et à dés maisons reliçieof
Sous Philippe le Bel s'introduisit, p(
les deux sexes, l'usage des souliers d
à la poulaine, qui finissaient en pr^
plus ou moins longue, suivant le
€HA
FRANCE.
GHA
W
et la fortune. Cette pointe était de deux
pieds pour les princes et les grands
seigneurs, d'un pied pour les hommes
de condition moyenne, et d'un demi-
l»ed pour les gens du peuple. Les pau-
vres de la ville et les nommes des
champs portaient des chaussures en bois
oa en cuir avec une semelle de bois.
C^aient nos sabots et nos galoches
d'«ijoard*bui ; on les appelait calo"
pedes OQ calopedia.
Dans les treizième et quatorzième
oèdes, les chevaliers étaient chaussés,
CD campagne , de souliers de fer qui
tenaient mjambart et faisaient par-
tie de Tarmure. A la ville on portait
hhottseaux, et cette mode durait en-
core au quinzième siècle , car on voit
ans les registres de la chambre des
comptes, un article de quinze deniers
pour graisser les Juruseaux du roi
Mi XL Dans le seizième siècle, on
intiflua à porter les houseaux en voya-
^ et dans les châteaux; mais les cour-
tiBDs les abandonnèrent insensible-
Mtpour lebrodequin ou boite fauve
<pit suivant fMarot , était la chaus-
M des élégants et des amoureux ,
■ntDoi n'en était ni plus belle ni plus
I^Bttpnr cela. On portait aussi des
ioi«mxsans avant-pied; c'était une
9^ de brodequins ou plutôt de
■ûnssons , pourvus d'une semelle de
w, et accompagnés d'une tige de
souple et qui se retournait comme
gant; cette chaussure était encore
ne sous le nom de botte molle.
Dçois P** et ses familiers portèrent
souliers de cuir, de velours, d'é-
de soie, ouverts sur le pied,
de broderies, de pierres pré-
!, et lacés avec des rubans. Cette
de se perpétua sous son fils , ses
ts-fiis et jusqu'à Henri III. Henri IV,
fut si souvent forcé de monter à
If reprit la botte, et tous ses ca-
nes firent comme lui. Les magis-
>et les gens d'église portèrent dans
s les temps des souliers , à moins
ils ne fussent dans la nécessité de
un voyage à cheval ; alors ils
ient des bottes comme tout le
Dde. Quand Henri IV fut maître
* son royaume , il se débotta et prit
une chaussure légère. Sous Louis XIII»
les modes espagnoles qui s'étaient in-
troduites en France amenèrent l'usage
de bottes justes au pied , mais plus
hautes, larges, évasées, tombantes et
ne montant qu'à mi-jambe, garnies de
dentelles, et, même à la ville, armées
d'éperons aigus et bruyants. Cette mo-
de se continua longtemps à la cour de
Louis XIV. A l'armée on portait des
bottes de cuir qui dépassaient le ge-
nou, évasées dans la partie supérieure
et servant, aux courriers et aux aides
de camp, de poches pour mettre les
dépêches. Plus tard , on ne porta plus
la botte qu'à l'armée ou à la campagne,
et le soulier fut généralement adopté
pour chaussure de ville ; on n'eût même
pu, sans blesser l'étiquette, se présen-
ter en bottes à la cour , dans une as-
semblée ou une cérémonie publique , à
moins que l'on ne fût militaire, revêtu
de l'uniforme et en fonctions.
Sous Louis XVI, l'anglomanie, qui
travaillait alors les jeunes seigneurs ,
fit reprendre la botte, à l'imitation de
nos voisins d'outre-mer; mais cette
résurrection d'une vieille mode ne fit
pas fortune et fut même trouvée peu
décente, parce que, disait-on, la botte
transformait un grand seigneur en pa-
lefrenier.
Nous n'avons rien dit encore de la
chaussure des femmes, parce que jus-
qu'à Louis XlIIt elle subit peu de va-
riations et consista toujours en souliers
de cuir ou d'étoffes. A cette époque el-
les adoptèrent et portèrent longtemps,
d'abord à la cour, puis à la ville, enfin
partout, les mules^ sorte de pantoufle
a talons de bois. Cette chaussure , il
est vrai, les grandissait, mais elle ne
leur tenait point au pied et leur ren-
dait la marche difficile.
La révolution, en réveillant les goûts
belliqueux de la nation, remit la botte,
chaussure devenue toute militaire, en
honneur auprès des classes civiles. En
1793 , des hommes que les véritables
patriotes virent toujours avec dégoût,
crurent faire de la popularité en se
montrant dans les rues et dans les cé-
rémonies publiques sans bas et portant
des sabots pour toute chaussure. Cette
70
CttA
L'UNtVERS.
€■4
innovation ne plnt à personne , parce
que le patriotisme ne consiste pas à
porter des sabots comme le peuple ,
mais à faire que le peuple porte des
souliers. C'est ce que voulaient en ef*
fet tes véritables patriotes. Sous le Di-
rectoire, on porta des souliers pointus
très-découverts sur le cou-oe-pied,
concurremment avec des bottes à re-
vers, telles qu'on les voit de nos jours
aux jockeis des grandes maisons. Les
odalisques de Barras cherchèrent à im-
patroniser en France la chaussure des
femmes romaines, qui consistait en
une semelle retenue par des bandelet-
tes autour de la jambe, et sur laquelle
reposait le pied nu dont chaque doigt
était orné de diamants ; mais cette
mode ne sortit point des salons du
Luxembourg. Sous le consulat et sous
l'empire, on porta pendant quelque
temps des souliers avec de petites guê-
tres, puis on adjoignit aux bottes à re-
vers oes bottes unies, montant jusqu'au
genou et dites à la Suwarov^, ainsi
que des bottines qui se terminaient à
mi-jambe, et étaient ou garnies d'un
velours ou taillées en cœur par-devant,
et ornées d'un gland. Aujourd'hui on
porte généralement, sous le pantalon,
de courtes bottines ou des souliers à
recouvrements qui les figurent. La botte
{)roprement dite n'est portée que par
es officiers et soldats de la gendarme-
rie, quand ils sont de service. Les fem-
mes continuent à se chausser de bro-
dequins et de souliers en cuir, de toile
de lin, d'étoffes de laine, de soie, etc.
Chadveau-Lagàbde ( N. ) naqujt
à Chartres en 1765. Il jçuissait déjà
de quelque réputation au barreau de
Pans, lorsque les premiers troubles
de la révolution vinrent lui fournir
l'occasion de déployer son courage et
son talent sur un plus vaste théâtre ;
il défendit , entre autres , le général
Miranda , Brissot , Marie-Antoinette
et Charlotte Corday. Arrêté après ce
dernier procès , il recouvra la liberté
après le 9 thermidor, et défendit, de-
vant une commission militaire, en
1797 , l'abbé Brottier, accusé de cons-
piration royaliste, avec Dunaud et La-
villeheurnois. Devenu avocat au conseil
d'État, sous le règne de ItapoléoD, à
la déchéance duquel il adhéra en 1814,
il porta la parole au nom de son ordre,
pour féliciter Louis XVIII sur sa ren-
trée à Paris. Mais, après la seconde
restauration, l'avoéat de Mai!i&-AiUoi-
nette consacra toujours son|léiEone'
ment et son éloquence à la défense dei
proscrits d'un autre parti. Soo ptûi
doyer pour le général Bonnail% (vojrei
ce mot ) attesta que l'^fte n'avait point :
affaibli son zèle pour Tes malbeureui |
poursuivis par le pouvoir , quçl qu'il
fût. Ed 1826, Chauveau-Lagarde TOih
hit accompagner soli jeune eoUègM
Isambert au tribunal . correctionnel»
et lui prêta l'appui de son nom, éà
son expérience et de son estime, eom
ti;e une accusation que les amis de 11
liberté espéraient voir repousser pit
la cour royale. îl a publié : r
Notice historique sur les procès
Marie'Antoinette et de madame, i
sabeth au tribunal révoluHonnairt^
Paris, 1816, in 8**; ^ u^ ExposéM
la conduite du général Bonnaire, sl^
Paris, 1816, ln-8^ Après la rév(*|
tion de juillet, il fut nommé conseiM
à la cour de cassation. Au moment»
nous écrivons ces lignes, février iMl;
Chauveau-Lagarde vient de numriil
après s'être honoré dans la magist^
ture comme il l'avait fait dans
barreau.
Chàutelin (Germain-Louis de),
en 1685, avocat général au parlem
de Paris, s'éleva par son mérite «
fonctions de garde des sceaux et
secrétaire d'État au département
affaires étrangères. Né avec un {
actif et pénétrant, il devint l'ho
de confiance du cardinal de Fleurv
lequel il avait une grande supérior
Ce fut grâce à son habileté qtf*
guerre médiocrement conduite, et i
quée par te honteux abandon de la
logne , se termina par le traité
Vienne , le seul acte glorieux du
de Louis XV. Néanmoins une intr^
de cour le fit disgracier par le
ministre , aux yeux duquel on le
présentait comme un honime avidft
lui succéder. Exilé d'abord à Boo
en 1737, puis à Issoire dans les
XMA
FRAftCS.
CHA
ft
tténes ée PAuvergiie; il mourut eii
ITra à Paris, où il avait obtenu la
fiermission de rentrer peu de temps
l^avant. — Le marquis de Chàu-
mm (Francis-Claude), son fils, ser-
^t avec distinction en Italie , sur le
Biiin et en Flandre , fut nommé tnaré^
èal de camp en 1745 , ministre plé-
Îtentiaire du roi à Gènes -, et com-
dant des troupes françaises en-
fiff^ées eii Corse. Lieutenant général
ID 1749, ambassadeur à la cour de
; Turin en 1753, il obtint, en 1760,
I une des deux charges de maître de la
gard^robe du roi. Il mourut subite-
ment en 1774 à Versailles, dans Tap-
parteràent et sou s les yeux de Louis XV,
dont il fâisait la partie de jeu. On con-
nattdu marquis de Chauvelin queldties
yers faciles et agréables. — Son ih ,
le marquis François-Bernard de Chau-
Yam, né à Paris en 1766, était,
rand éclata la révolution , maître de
garde-robe du roi Louis XVI. Il se
^noBça néanmoins pour la cause po-
nlaire, et fut choisi pour l'ambassade
f Angleterre, en 1792. Bertrand de
Mevilie, dans ses Mémoires, assure
Sk roi ne consentit à placer M. de
Breiin dans un poste si éminent
iW|)our se débarrasser d'un serviteur
feommode, qui pouvait révéler aux
Àfistitutionnels les manœuvres des
tt)Qrtisans. Le nouvel ambassadeur
. «enrit avec zèle la révolution auprès
! du cabinet de Saint- James , auquel il
proposa le rôle de médiateur dans la
guerre qui venait d'éclater sur le con-
tinent, proposition qui fut repoussée.
Bientôt les événements survenus en
France ne permirent plus d'éviter une
Rupture. Mais au milieu de circons-
^nces difficiles , Chauvelin se montra
«digne plénipotentiaire de la républi-
jae française. Enfin , n'ayant pu se
«aire reconnaître comme anàbassadeur
de la république , il reçut , le 24 jan-
^^erl793, à la suite de quelques notes
menaçantes remises à lord Granville,
y trois jours après l'exécution de
Ijouis XVI , l'ordre de sortir de Loa-
«es sous vingt-quatre heures , et du
royaume sous huit jours. -De retour à
™8, il fut chargé d'une nouvelle
mfsslon diplomatique auprèâ du grand»
due de Toscane, mission de peu de
durée V car le prince ne voulut pas re-
connaître la réoublique» Chauvelin rei^
tra alors dans la vie privée, et après le
18 brumaire , fit partie du tribunat.
Nommé à la préfecture de la I^s en
1802, il y pesta huit ans, pendant
lesquels il fit preuve de fermeté , de
justice et de lumières, et en 1810, il
fut nommé eorinie d^empire et eonseil-
ler d'État. Notnmé plus tard à l'inteo-
dance de la Catalogne, il perdit ce
poste important en 1814, et ne compta
plus que parmi les, membres bonà-
raires du conseil d'État. £n 1817, il
fit partie de la chambre des députés ,
et après avoir siégé de 1818 à 1822 ,
il écnoua en 1824, et fut réélu eu 1827 ;
et , dans les luttes parlementaires , in-
trépide défenseur des libertés publi-
ques , il parut sans trop de désavan-
lage à coté du général Foy et des
autres orateurs de l'opposition. Il
donna sa démission en 1829 , et mou-
rut du choléra à Paris , en 1832. ^
Chauvelin ( H. P. ) , abbé de Mon-
tier-Ramev , chanoine de Notre-Danie
et conseiller au parlement de Paris ,
fut, au siècle dernier, l'un des artisans
les plus actifs de la ruine des jésuites.
Déjà , en 1756 , il s'était signalé par
plusieurs écrits dans la grande affaire
des immunités. Ayant fait rendre, en
1763 , au parlement de Paris , un ar-
rêté par lequel cette cour déclarait
qu'elle ne pouvait, sans manquer à
son devoir , obtempérer à l'ordre du
roi qui lui avait enjoint de suspendre
toutes poursuites concernant le refus
des sacrements, Chauvelin fut, avec
trois de ses collègues , arrêté le 9 mai
et enfermé au mont Saint - MicheL
Rendu à la liberté, il commença contre
les jésuites une série ^d'attaques qui ,
le 9 mai 1767 , aboutirent au bannis-
sement de ces religieux. Il retomba
ensuite dans l'obscurité, et mourut en
1770, à 54 ans.
Chauvet , ordonnateur en chef de
l'armée d'Italie. Nous ne connaissons
sur lui que ces mots de Napoléon :
« Chauvet est mort^ Gênes; c'est une
a perte réelle pour l'armée; il était
71
CHA
L'UNIVERS-
CHA
« actif, entreprenant. L'armée a donné
« une larme à sa mémoire (*), » Mais
-ces mots sont pour lui un titre au sou-
venir de la postérité. Nous avons cru
ne pouvoir lui refuser une place dans
riiistoire.
Chàyàgnàg, ancienne seigneuriede
l'Auvergne , aujourd'hui département
du Cantal, érigée en marquisat en
1720.
Chàyàgnàg (Christophe de) com-
mandait dans Issoire pour Henri IV
en 1577. Assiégé par le duc de Guise
avec des forces supérieures, il fut
forcé de se rendre; mais il ne le fit
qu'après des prodiges de valeur. Son
aïeul Maurice j>e Chàyàgnàg , gou-
verneur du Limousin sous Charles
VIII , avait été tué en 1499 en défen-
dant Naples contre Gonzalve de Cor-
doue.
Chàyenàgiebs. — Les chavenaciers
ou chanevassiers , ou marchands de
grosse toile de chanvre (canevas),
lormaient à Paris une corporation très-
ancienne. Leurs statuts se trouvent
dans le registre des métiers d'Etienne
Boileau. D'après ces statuts , chaque
cbavenacier devait , pour chaque pièce
de toile vendue ou achetée en gros,
une obole de coutume; mais il ne
payait ce droit qu'une fois par semaine
pour les étoiles vendues en détail à
son étal ou au marché du roi. Or,
comme 1^ roi percevait plus de droits
{)ar le premier mode de vente que par
e second, le colportage était expressé-
ment défendu à ceux de ces marchands
;Ui avaient un étal. Pour les autres ,
s devaient aller et venir par les halles
sans s'arrêter ni s'asseoir devant les
étaux de leurs confrères , « en destor-
bant eus de leur denrée vendre .»
Toute contravention était punie de
5 sous d'amende.
Un autre article défend aux « hom-
mes foreins de Normandie et d'au-
leurs qui ameinent toiles à cheval à
Paris » de vendre en détail au marché
du roi , sous peine de se voir confis-
quer toute la toile détaillée, « et ce ont
(*) Lettre de Napoléon au directoire, 17
genainal an it.
ordené U preudome du mestier , pm
ce que U roys perdoU sa coustume; »
nul chanevassier ne pouvait acheter
de cette toile « forfète au roy, » sous
peine d'amende , s'il ne jurait « sur
sainz qu\il ne savoitpas que li homme
fustforains.
Le hallier de Paris tlevait livrer des
étaux aux marchands de la corpora*
tion avant d'en disposer en faveur des
forains. Tout homme pouvait entrer
dans la corporation franchement et
sans aucune redevance.
Chàyes (comhat et capitulation de].
— Après l'embarquement des Anglais
à la Corogne, le maréchal Soult se
mit en mouvement pour envahir le
Portugal, conformément aw ordres
que lui a^ait laissés Napoléon. Le 7 mai
1809, il débouchait par la petite vallée
de Vérin, et faisait son entrée dansk
province de Tras-los-Montes. Le géné-
ral Freire, chargé de défendre cette «
f province, avait posté, pour lui disputer,
e passage, un corps de 3,000 hommes
pr& du village de Fèces -Abaxo, (»-
arrière de la Tamega. Les Français,
peu intimidés par cet obstacle, tn*'
versent la Tamega et s'élancent sur
leurs adversaires ; ils les mettent en ,
déroute du premier choc, et les poa^
suivent dans les montagnes. Sur cet
entrefaites, un détachement de la ga^-
nison de Chaves , l'une des principales*
de la province, fort de 3,000 hommes,
s'avance sur le flanc droit de la cavale-
rie qui formait l'avant-garde française,
et une nuée de tirailleurs, embusqués,
dans des rochers inaccessijjles aux che^^
vaux , commence un feu très - mear*
trier. 60 dragons du 19" régiment met»
tent pied à terre , et chassent ces ti*
railleurs. Les Portugais sont attaqués
de front par le W d'infanterie légère,
et tournés sur leur flanc droit par il
19** de dragons; ils se débandent à la
première charge , et prennent la fuite.
600 hommes restèrent sur le champ
de bataille , un grand nombre fut fait
prisonnier , le reste fut poursuivi jus- '
que sous les murs de Chaves.
Le 10, le maréchal Soult s'approebs'
de cette ville, et la fit sommer d'oo-
vrir ses portes. La garnison était en*
CHA
FRA29GE.
CHE
7S
ton forte de 6,000 hommes; cette
soounatioD resta sans effet. En con-
séqoeDce, le 11, à la pointe du jour,
le maréchal fit intercepter, par la di-
vision de cavalerie du général Lorge ,
toutes les communications de Ghaves
sur la rive droite de la Tamega ; le
C' ' d Franceschi , avec sa cavalerie
, opéra en même temps Tinves-
tissanent complet de la rive gauche.
Mais avant de pousser plus loin ses
préparatifs , Soult crut convenable de
tenter une nouvelle sommatiou. Il en-
voya donc un second parlementaire
pour menacer les habitants d'un as-
saut, et de passer la garnison au fil de
répée, si le 12 avant six heures du
matin aucune proposition de capitula-
tion n'était ouverte. La sommation,
cette fois , produisit son effet. Le 12 ,
Cba?es ouvrit ses portes, et livra aux
français une nombreuse artillerie,
vnsi qu'une grande quantité de muni-
tions. La nuit, une partie de la garni-
<oa était parvenue a s'échapper. On
trouva dans la ville quelques soldats
4b ligne et des milices nouvellement
v^Wes ; elles furent désarmées et
woToyées dans leurs foyers.
ÛUTIGPÎY ( Théodore de ) fut , au
«^ de ses contemporains , un des
jnodset des plus habiles politiques
.w dix -huitième siècle, réputation
innitée qu'il avait aussi à l'étranger.
M à Beaune, en Bourgogne, il fut
mooessivement envoyé extraordinaire
«I Italie, en Espagne et en Angleterre,
Bis ministre plénipotentiaire a la diète
TEmpire a Batisbonne , ministre
*»près au roi d'Angleterre en 1731 ,
^Toyé extraordinaire en Danemark ,
imbassadeur en Portugal, à Venise
«J en Suisse en 1751. Lors du renvoi
"Amelot en 1744, tout le détail des
^ires étrangères retomba^ sur lui.
^fut par ses soins que se négocia à
Francfort le traité d'alliance défensive
Jïtre l'empereur Charles VII, le roi
« Prusse , l'électeur palatin et la ré-
r!e de Hesse-Cassel, pour contrain-
la reine de Hongrie à reconnaître
[Emgereur et à lui rendre ses États
■wéditaires. On ignore l'époque pré-
[o»de la mort de c5avigny.
Chual CAntoine } , peintre et des-
sinateur, né à Paris en 1793,
élève de Misbach pour la figure, de
Bridault pour le paysage , et de Van
Spaendonck pour les fleurs. On lui
doit les belles planches du Traité des
accouchements par Maygrier, de l'ou-
vrage sur les veines par Brescbet , de
l'ovologie humaine par Velpeau, de
l'embryogénie comparée par Costé, de
l'anatomie pathologique par CruveQ-
her, les dessins historic|ues du voyage
de Duperrey , les dessins de la mono-
Î graphie des ci:ocus par Gay ( inédits ),
es dessins de la flore des Canaries
par Webb , quarante études de plantes
médicinales (aquarelles.) pour l'école
de ntédecine de Lexington (États-Unis),
les planches de la Flore pittores-
que, etc., etc. Outre ces ouvrages,
qui suffiraient pour valoir à leur au-
teur une réputation méritée, on doit
encore.à M. Chazal des tableaux d'his-
toire^ des tableaux de fleurs et de
fruits', diverses gravures , et des pein-
tures sur porcelaine et sur émail. Nous
citerons parmi ses tableaux d'histoire
saint Joseph et N.-D. de Bonne-Mort ,
dans réglise de Saint-Amablede Riom;
un saint Nicolas et une sainte Cathe-
rine pour la chapelle d'un château près
d'Abbeville; et parmi, ses tableaux de
fleurs, nous signalerons le tombeau
de Van Spaendonck, orné de fleurs,
exposé en 1831. Parmi les gravures
de M. Chazal, nous citerons le portrait
du cardinal de la Fare et plusieurs
planches de fleurs.
Chebreiss ( bataille de ). — Bona-
parte, maître d'Alexandrie, se dirigea
sur le Caire avec son armée , son ar-
tillerie de campagne et un petit corps
de cavalerie. Lorsque la flottille et les
autres divisions eurent rejoint à Rah-
manieh , on s'ébranla , et 1 on remonta
le Nil , à la recherche de l'ennemi. On
le trouva rangé en bataille devant le
village de Chebreiss ou Chobrâkit,
et appuyé au Nil , sur lequel il avait
des chaloupes canonnières et des djer-
mes armées. Napoléon avait donné
ordre à la flottille française de conti-
nuer sa marche en se dirigeant de ma-
nière à pouvoir appuyer la gauche de
l'armée, et attaquer la flotte ennemie
au moment oii l'on attaquerait les Ma-
74
CBÈ
LtlSîVïiS.
(Ittfi
âelaks et fè tillage dé Chébrâfsâ.
Malheurmièiement U violence des vents
he permit pas de suivre eu tout ces
dispositions : la flottille dépassa la
gauche de l'armée , gagna une • lieiie
sur elle , se trouva en présence , et se
vit obligée d'engager un combat très-
inégal, ayant à la fois à soutenir le fçu
des Mameluks et à se défendre contre
les bâtiments turcs. Elle courut de
grands dangers. Néanmoins elle réus-
sit enfin à sortir victorieuse dé cette
lutte, où les savants membres de la
commission n'avaient pas été les der-
niers k payer de leur personne. Cepen-
dant, le bruit du canon avait fait, con-
naître à Bonaparte l'engagement de la
flottille ; il fait marcher l'armée au pas
de charge. Elle s'approche deChebreiss.
t'endant que les soldats républicains
contemplent avec surprise ces célèbres
Mameluks , leurs armes étincelantes ,
leur costume resplendissant d'or et
d'argent , leurs superbes montures,
Bonaparte reconnaît la position , et
aussitôt son génie puissant lui fait de-
viner la tactique nouvelle qu'il, faut
opposer à ces impétueux adversaires.
Il forme ses divisions en carrés lon^s
sur quatre files de profondeur c[ui se
flanquent naturellement, l'artillerie
aux angles et dans les intervalles.
Mourad ordonne la charge; mais ses
braves cavaliers se brisent contre une
inébranlable barrière de baïonnettes;
le feu croisé de l'artillerie achève de
les éloigner du champ de bataille. Alors
les carrés, jusque-là immobiles, s'é-
lancent au pas de charge , et s'empa-
rent du camp de Chobrakit ( 13 juillet
1798). Les Mameluks perdirent 600
hommes, les Français une centaine.
Mourad se hâta de regagner le Caire.
La flottille ennemie prit également la
fuite en remontant le fleuve. ,
Chedel (Quentin-Pierre), l'un de
nos meilleurs graveurs de paysages à
l'eau-forte, naquit à Châlons - sur - ^
Marne en 1705, et mourut à Paris en
1762. Il a travaillé d'après ses propres ^
dessins et ceux de ïeniers, de Breug-^
bel, Wouwermans, Vandér Méulén , '
Boucher, etc. . ',
Chef de bataillon. — L'origine
de ce grade ne remonte pas au delà du
diit^iuttfèMe sièéle. Ce défait eftt
sêdleinent qu'en décembre iîU m
ron sbngeà à ctéet uo emploi inl»-
médiaire entre ie lietitenant^blont^ét
le capitaine. On donna alors au titt»
laire de ce grade la dénominatioi à:
èommandant de batùUlm; mais a-
nouveau titre n'était qu'bonorifi^
il appartenait de droit au plus alKjpj
Capitaine , qui n'en restait pas tot^
le chef de sa compagnie* Il est ce^
dant dit dansTordotinance de créât
que, lorsqu'il y a plusieurs bataille
dans un régiment , chaque batailloOi
l'exception du premier, aura un C0l
mandant sans compagnie, ef qaëj
commandant sera pris parmi léâ
taines. Maiâ cette disposition île f
pas exl^dutée.
Une autre ordonnance de Vt
1774 donne à ees ofQciers le rai
major : mais ils continuèrent à
subordonnés aux lieutenants^ool
et aux majors titulaires. De i'
1776, il n'y eut de comniaûdanf d«
taillon que pour le temps de (^u
seulement , excepté dans le régii
des gardes françaises où ce graâêi
toujours maintenu.
D'Hauthville , écrivain militairtj
coniyi, avait proposé; en 1761
création , à titre permanent, dcr
de bataillon dans tous les régimi
et Ségur renouvela inutilement,^
1786, ce projet; dont la réalisa
ne fut cependant qu'ajournée.
L'emploi de commandait de
Ion ayant été supprimé en 1763i»j
réforma des officiers qui en ér
pourvus. Recréé en 1772 , et de
veau suppHmé en 1 776 , ce grade^
enfin définitivement rétabli, sor'
titre de chef de bataillon^ d'fi
dans les corps de volontaires
naux, eal791, puis dans les régii
d'infanterie de ligne et légère i
l'artillerie , dans le génie , par ''
du 21 février 1798.
Depuis la loi du 14 avril 1882,
chefs de bataillon ' sont nomméll
choix ou à l'ancienneté, et sont
parmi les capitaines ayant quatrtl
au moins de g^»de. Leurs princiM
fonctions consistent à surveiller*
diteiplitle , le service, 1?. tenue, ttâ
€n
FRANGE.
7S
trftièo et la réparation des effets d'hà^
Siiiei&etit ils ne sotlt spécialement
djfl^gés de rinstruction de leurs bai'
âillDDS respectifs qu'en cas de sépâ*
rttion. Lorsque le réginaent se trouve
féuDi,unchef de bataillon, désigné
far le Colonel , est chargé de ce détail^
«fie le titre dMostructeor, sou9 les
Ml!» du tieutenantMïoldhel.
' Çn? BB BRiGÀBï. — DénoBitna-
An sabstituée à celle de colonel par
lldéeret de la Convention nationale
di 11 février 1792, sur rorganisation
kYztmée. Les officiers et soldats
idu les ordres du cbef de brigade
l'appelaient, en lui parlant, citoyen
mjf au lieu de se s^vir de la formule
Moft colonel, usitée jusqu'alors et
Èfà on a encore fait usage depuis.
%idéeret du 1*' vendémiaire an xii^
httot rendu la dénomination de régi*'-
M aox demi' brigades j rétablit
« celle de colonel que portent en*
Iwe aujourd'hui ces officiers supé^
*jtoF b'bscabbon. -r Quelques
ptotleos font remonter l'origine de
vÇ^ à Tannée 1582; suivant d'au-
M^ le nom seul de commandant
iMron fat employé sous Louis
^v; mais ce fut seulement sous Hen*-
!^ÏÏ jju'il commença à désigner des
^iMetions en rapport avec celles des
■teft d'escadron actuels.
Louis XIV, il y eut des com*
m&daDts d'escadron dans les chevau*
et dans les gendarmes de la
Rie; mais ces officiers n'exerçaient
'*un emploi et n'avaient, comme les
de bataillon dans l'infanterie ,
Mtre grade que celui de capitaine ;
kl le déqret du 21 février 1793 qui
>r donna le titre de chefs d'escadron,
1% ont toujours conservé depuis.
Depuis l'ordonnance du 19 février
1, portant organisation des régi*
its de cavalerie à six escadrons , le
nombre des officiers de ce grade est
fcéàdeax par régiment, sur le pied
paix, et à trois sur le pied de guerre.
oyez ESCADBON.)
Chefs b'obbrbs et de congbé-
wtows. — On appelait ainsi au-
^'w^is, dans les ordres réguliers ou
hospitaliers, la t>reœièré; ou priilci-
pale ihaisbn, de laquelle dépeiulâfenk
toutes les autres maisons de li'ordref
et où se teiiait le chapitre géliéiral« Les
abbayes chefs d'ordre étalent.. toutes
régulières , et elles exerçaient une cer-
taine autorité sur les maisons qu'elles
avaient formées. Les abbéà titulaires
de ces abbayes prenaient aussi le titre
de chefs eCordrey et ils Jouissaient en
cette qualité de plusieurs privilèges*
Leurs monastères étaient exempts des
visites de l'évéque diocésain, et affrant
cbis de là Adini nation du roi , pour les
bénéfices qui étaieat à leur collation <
Ils avaient la juridiction de leurs relif
Çieux , et leur pouvoir, à oet égard «
était très-étehdu. Ils avaient enfin un
droit de visite et jde correetion sur tous
les monastèi^s soumis à leur âutoritéa
Voici les noms des seize maisons d'or-
dre que l'on comptait en France :
Bourg' j4chard, en Norniandiei
chef d'une réforme de chanoines ré-
guliers de l'ordre de Saint-Augustin ,
établie en 1680.
La Chancelade^ en Périgord , chef
d'une congrégation de chanoines ré-
guliers du même ordre , et qui était
composée de six maisons.
La Grande - Chartreuse , en Dau*
phiné , dief dé l'ordre des chartreux.
CitèauXy en Bourgogne, chef de
l'ordre de Ctteaux.
Clairvauxy en Champagne, chef
d'unefiliation très-nombreuse du même
ordre.
Ckini ou Clugnyy en Bourgogne»
chef d'une congrégation de l'ordre de
Saint-Benoit.
La Fertéy en Bourgogne , chef de
l'une des quatre filiations de l'ordre
de Cîteaux.
Feuillants y dans le Comminges,
chef de la congrégation de ce nom.
FontevrcmU, dans le Saumurois,
chef de l'ordre de ce nom.
Grandmonty dans la Marche^ chef
de l'ordre de ce nom.
Morimont, dans le Bassigny, chef
d'une des quatre filiations ^e Citeaux«
Pontigntf^ en Champagne, chef d'une
des quatre filiations de l'ordre de Cî-
teaux.
76
CHE
L'UNIVERS.
€BB
- Prémontréj dans le gouvernement
de nie de France , chef de Tordre de
son nom.
Saint' Antoine y en Daupbiné , chef
de Tordre de son nom.
Saint-Hufy en Dauphiné^i'cbef de
Tordre de son nom.
Sainte-Geneviève , à Paris, chef de
la congrégation de son nom.
Ces seize maisons jouissaient en-
semble d'un revenu annuel qui se
montait à la somme de onze cent dix
mille livres de rente.
Chsllss , Cala ou Cells^y bourg de
Tlle de France , aujourd'hui du dépar-
tement de Seine-et-Marne , à 24 kilo-
mètres de Meaux , possédait autrefois
une riche abbaye de bénédictines,
fondée en 660 par Bathilde, femme de
Oiovis II , et. dont le trésor rivalisa
longtemps de magnificence avec celui
de Saint -Denis. Cette abbaye a eu
pour abbesses plusieurs princesses du
sang royal. Son revenu se montait ,
avant la révolution, à environ soixante
mille livres. Supprimée à cette époque,
elle fut en partie démolie trois ans
après , vendue par lots et convertie
plus tard en habitation particulière.
Il y avait en outre à Chelles , sous
les rois de la première race , un ma-
noir royal où se retira Chilpéric après
la mort de deux de ses fils. Ce fut
dans le même lieu qu'il fut assassiné
par les émissaires de Frédégonde.
Chelles (monnaies de). ~- Le mo-
nastère de Chelles stvait, sous la se-
conde race, le droit de battre monnaie;
on possède , en effet ,' des deniers et
des oboles de Charles le Chauve , qui
portent pour légende Kàla.monàs-
TERi [um]. Ce sont d'ailleurs les çeules
monnaies que Ton puisse attribuer à
cette localité.
Chemillé, ancienne baronnie de
TAnjou , aujourd'hui département de
Maihe*et-Loire , érigée en comté , en
1555.
Chemillé (combats de). — Quel-
ques jours après que le tocsin de la
terrible insurrection de la Vendée eut
sonné pour la première fois , les pay-
sans , commandés par le voiturier Ca-
thelineau , enlevèrent Chemillé , petite
ville du département deMatne-et-Loire.
3ui était défendue par trois canons et
eux cents hommes (14 mars 179S).
Un moiS' après , Berruver^ qui, d'aprèi
soniplan a'attaaue générale, s'avaa-
çait en cinq[ colonnes dans la haute
y endée , arriva devant ce bourg avee
celle qu'il commandait en personne,
tandis que Duhoux l'y rejoignait avie
un autre corps de mille nommes. Cl
vif combat livra aux républicaios II i
village jusqu'à l'église , dont les idsop^
§és étaient encore maîtres à l'entiÉf
e la nuit. Cette résistance acharn#
engagea Berruyer à se replier à Saii^
Lambert. " '
Cheminais de Montàigu (TiiWK
léon) naquit à Paris, en 16ô2,d'aiM
famille ancienne dans la robe. AT
de quinze ans , il entra chez, les j
tes^ et après avoir perfectioDoé
études dans le sein de cette docte
ciété , il alla professer la rhétorique
Orléans. Ses sermons lui firent bieo
une brillante réputation d'éloquei
A un esprit facile et pénétrant, à ai
imagination vive et brillante , r^ '
par un jugement solide , il réuDisi
une action noble et aisée , et sni '
l'art d'émouvoir par une onction
ticulière qui le fit comparer à Raêi
avant 'que Massillon mt connu. 1
faiblesse de sa santé fut un obstadt^
Tardeur de son zèle et aux progrès
sa réputation. Ses infirmités 1 enif
obèrent de prêcher TAvent devant
cour de Louis XIY, qui avait vo
l'entendre. Cependant il n'abandoi
entièrement ses fonctions de prédi
teur que lorsque la force lui ma»
pour ce ministère. Il se voua aï
tout entier au soulagemept des
vres , et fît preuve , dans ses demi
années , de la charité la plus active
la plus dévouée. La mort le sarpi
dans ses pieuses occupations, le
septembre 1689. Le P. Breton»
publia , en 1690 , les sermons d»h
Cheminais : il avait, dit le P. Brct
neau, toutes les qualités qui rend
un homme très-aimable, une prob^
exacte, un naturel obligeant,
candeur admirable , une humeur d
et gaie jusque dans le fort de la doo
tilANCE.
€HE
77
leur, une conversation charmante. Il
âait eofio un ami généreux , un très-
bel esprit et un parfait honnête hom-
ne. Cneminais est auteur d*un volume
intitalé : Projet é^une nouvelle ma'
fàère de prêcher. Il y développa une
iDétbode qu'il a souvent suivie avec
sgœès, et qui consiste à bannir des
tomoDS les divisions et les subdivi-
liooS} « parce que, dit-il , par là Télo-
«eoee est génee , contrainte , comme
moffée; les mouvements sont inter-
nwipos et, si on ose dire , étranglés :
apfès avoir parlé avec véhémence,
m recommence froidement un autce
point, ce qui fatigue l'auditeur. » Cbe-
ninais est encore hauteur d'un livre
jlBtituié : Sentiments de piété.
I Cheminsau (Jean), baron, lieute-
«nt général^ etc., né en 1771,' fut
iiiessé à Hondscoote, puis servit suc-
iMsiTement sur le Rhin , dans l'Ouest,
«Italie, oîi il se signala particulière-
Mot sous Masséna. Il 6t ensuite, avec
hiBéme distinction, les guerres d'An-
ttdie et de Prusse , et fut créé général
è brigade en 1811. Envojfé alors à
tannée de Portugal , il prit le com-
itttoent d'une des brigades du gé-
M Foy, et se distingua dans là
tt&aîteôui suivit la funeste journée
dsiraDiles. La place de Palencia avait
f&m d ouvrir ses portes si le général
Fovse présentait en personne. Le gé-
mi se borna heureusement à envoyer
de ses officiers, car les Espagnols
l'eurent pas plutôt aperçu qu'ils
sat feu sur lui. Indigné de cette
on déloyale , Foy ordonna d'em-
çr la place; Chemineau disposa
itôt ses colonnes; l'effet du canon
Jnsaraissant trop lent, il recourt à la
Me, brise les portes, pénètre dans
^ H rues, culbute les Espagnols, les
devant lui et emporte le pont
rion qu'ils cherchent à défendre,
^puté à Lutzen, ce brave officier
^t, en 1813 , le brevet de général de
wision.
Chemins. — On désigne sous ce
Mm générique toutes les voies de corn-
Jnncation établies par terre. Cepen-
« le nom de boutes (voir ce mot)
Confient aux voies principales qui sont
ouvertes et entretenues exclosivement
par l'État ou par les départements, et
le nom de chemins est réservé aux
voies secondaires , qui ne sont classées
ni comme routes royales ni comme
routes départementales. Nous n'avons
pas à nous occuper ici des chemins
de halage qui bordent latéralement les
lignes navigables, et dont la destination
unique est de livrer passage aux mo-
teurs animés que l'on applique aux
bateaux circulant sur ces lignes. Nous
parlerons donc seulement des chemins
vicinaux.
Cette espèce de voies de communi-
cation a été pendant longtemps presque
complètement négligée. Avant la ré-
volution de 1789, les chemins qui fa-
cilitaient l'accès des grands châteaux
étaient à peu près les seuls qui obtins-
sent des fonds de secours ou de cha-
rité. La distribution de ces fonds était
faite par les intendants des provinces ,
qui ne cédaient qu'à de pressantes sol-
licitations. Cependant les parlements
publiaient de temps à autre des règle-
ments sur la matière. L'un d'eux im-
Ïiosait aux cultivateurs l'obligation de
abourer tous les ans, en travers, les
chemins contigus à leurs champs. Cette
disposition , absurde au premier aper-
çu , était réellement , dans beaucoup de
localités,. le moven le moins dispen-
dieux de combler les ornières trop
profondes. Le 17 août 1751 , le parle-
ment de Rouen fit un règlement re-
marquable par la sagesse des mesures
qui y étaient prescrites pour les plan-
tations et pour l'ouverture des fossés.
Depuis 1789, les chemins vicinaux
ont plus sérieusement appelé l'atten-
tion de tous les gouvernements qui se
sont succédé.
La loi du 15 août 1790 porte ^ue
nul ne peut, à titre de régime féodal
ou de justice seigneuriale, prétendre
aucun droit de propriété ni de voirie
sur les chemins publics, rues et places
des communes.
La loi du 24 août 1790 donne à l'au-
torité administrative le droit de cons-
tater les usurpations et les dégrada-
tions faites aux chemins vicinaux.
La loi du il septembre 1790 don«<
78
CH^
L'UNIVERS.
naît aux juges du district la ()o1îce de
cbnservaiibn pôthr les cbemfns vicinaux
aussi bien ôue pour les grandes routes.
' La loi du V8 septembre 1791 char-
geait ]'àdmihistratk)n de la surveillance
et de l'exécution des chemins vicinaux ,
qui devaient être entretenus aux frais
des communautés. Une imposition au
marc la livre de la contribution fon-
cière pouvait être établie à cet effet.
L'article 41 de cette loi portait que
tout voyaî^eur qui décloraît un champ
pour s'y faire un passage, payerait lé
dommage et une amende , à moins que
le juge de paix du canton ne décidât
<|ue le chemin public était impratica-
ble, et alors les dommages et les frais
devaient être à la charge de la com-
mune.
' £n faisant peser cette responsabilité
Bur la commune, on voulait provoquer
son zèle pour l'entretien des chemins
vicinaux; mais une disposition com-
minatoire de ce genre n'avait et ne
pouvait avoir aucun effet.
* La loi du 6 octobre 1791 porte que,
sur la réclamation de la communauté
bu des particuliers, l'administration
ordonne l'amélioration d'un mauvais
chemin et en détermine la largeur;
que les chemins reconnus nécessaires
% la communication des communes
sont rendus praticables et entretenus
à leurs dépens par une contribution
BU marc le franc de la contribution
foncière.
D'après la loi du 16 frimaire an ii,
les chemins vicinaux devaient conti-
nuer d' étire aux frais des administrés ,
sauf les cas où ils deviendraient né-
cessaires au service public.
L'arrêté du 28 messidor* an y était
plus précis : dans chaque département,
l'administration centrale devait faire
dresser un état général des chemins
vicinaux, constater l'utilité de chacun
des chemins, et désigner ceux qui se-
raient conservés ou supprimés.
Les lois du 15 frimaire an ly et du
1 i frimaire an yii mettaient au rang
des dépensi^s communales celles de la
voirie et des chemins vicinaux dans
l'étendue de la commune.
D'après là loi du 26 pluviôse an
yiii. il ^alt statué d'atie manière gé-
nérale que le conseil municipal régie*
Fait la répartition des travaux péoAh
saires à l'entretien et aux réparatidtti
des propriétés à la charge des bâbitantli
Un arrêté des consuls , en date ÛM [
thermidor an x , indique et conseill i
(es prestations en nature pour lesiii '
pa rations les plus urgentes des chetiM '
vicinaux; itiais il ne contient rien dllW i
pératif j et ne prescrit aucune msat^i
doercitive.
La loi du 9 ventôse an xni ol
l'administration de rechercher et
reconnaître les anciennes limites
chemins vicinaux, et de fixer, d'af
cette reconnaissance, leur largeur i
vant les localités, sans pouvoir ce|
dant la porter au delà de six ttit
lorsqu'il sera nécessaire de l'augi
ter, ni faire aucun changement
chemins qui excédaient alors cette
geur. L'article 18 portait qu'à l'ave
nul ne pourrait planter le bord
chemins vicinaux , même dans sa
priété , sans leur conserver la iar(
fixée en exécution de l'article pi
dent. D'apfès le dernier article,
contraventions à la loi devaient
jugées par le conseil de préfe
Cette attribution était une except
la compétence générale conféi^
tribunaux ordinaires par la loi M
septembre 1790.
Deux décrets rendus le 16
1813 ont fixé les attributions
tives de l'autorité administrative
l'autorité judiciaire sur les cl
yicinaux; il en résulte: 1** Que letj
fets fixent la direction et déteri
la largeur des chemins vicinaux,
le recours au ministre de l'intérii
au conseil d'État;
2^ Que les questions qui tou<
la propriété sont renvoyées devai
tribunaux;
3" Que la confection, l'entretif
la réparation dés d^emins yi(
sont à la charge des communes;
4"* Que les conseils municipaux
bèrent sur la mise à exécution et'
entre les habitants la distribut
soit des frais, soit de la prestatio»!
nature.
fMsm*
cm
7»
SQfti la loi du 28 juHlet 1694 règl^
la prestation en nature, laisse aux
oomonmes la faculté de créer une res-*
source extraordinaire de cinq centimes
additioimels , prévoit le cas oi^ un ebe*.
flrin.pourrait intéresser plusieurs corn-
Qiuoes, et dontae, en apparence du
Boins, les moyens de le réparer et de
tatreteair.
Toile était, depuis 1790, la législa«
tiim sur la oaatière.
Plusieurs causes avaient frappé de
mon eette législation; d'abord les
; mrres constantes de la république et
[il l'empire; ensuite l'absence d'unité
Au» la direction imprimée aux tra«
vaux de restauration et d'entretien
des chemins, par les diverses adminis-
trations départementales; enfin l'exi-
Êsâtà des ressources communales et
rétroitesse de l'esprit de localité qui
irésidait à Texécution de ces travaux,
m considérant les chemins vicinaux
«mme des propriétés purement com-
Wmales, dont l'intérêt était borné au
mitoire de la commune , qui , pour
Al, devaient rester uniquement à sa
Éw^; en n'établissant aucune dis<-
Hmiflu entre les communications in-
Menhis et particulières, telles que
!■ IMS et les places , et les chemins
liftAiisant de commune à commune,
iiss villages à la ville, des campagnes
marchés, on s'était mépris sur les
its, on avait sacrifié le bien public,
vain la loi du 28 juillet 1824 avait-
indiqué une différence entre les
inft d'intérêt local et les chemins
grande communication; en vain elle
tt essayé de combiner les ressouffies
diverses communes pour les diriger
( an ng^me but. Cette loi était m-
OfDiriète ; car toutes les mesures qu'elle
freserivait n'étaient que facultatives,
>s^*à-dire subordonnées à l'égoïsrae
éttoit et jaloux des localités. Aussi
Savait-elle remis entre les mains de
Mministratioq qu'une autorité illu-
iDife; et dégradés, envahis de toutes
farts, nos chemins sont devenus pres-
|Ik partout impraticables.
'> fl s*éleva bieiltôt uUe clameur uni-
^WseJle contre un si dépidr^hle état
de choses ) et c'est pour remédier à cet
état qu'une toi nouvelle a été reudue
et promulguée le 21 mai 1836.
Une circulaire contenant des ins-
tructions détaillées pour l'exécution
de la nouvelle loi a été envoyée aux
préfets le 24 juin 1836. Nous en
extrayons la substance dans l'ordre
des divers articles de la loi , qu'il sera
bon d'avoir sous les yeux pour consul-
ter ce commentaire avec plus de fruit.
Art. 1*"^. La réparation des chemins
yicinaux est une obligation générale
imposée aux communes. Les chemins
légalement reconnus prennent tous le
nom de chemins vicinaux; les déno-
minations de .chemins ruraux y de
chemins communaux sont donc sup-
primées. L'obligation d'entretenir les
chemins est restreinte aux chemins
légalement reconnus ; et il n*y a qu'un
arrêté du préfet qui puisse opérer la
reconnaissance légale des chemins. La
reoonnaissapce des chemins doit être
faite partout où elle n'a pas eu lieu ;
elle seule donne attribution aux con-
seils de préfecture pour la répression
des usurpations. Pour donner le carac-
tère de chemin vicinal aux voies de
communications qui doivent en être
revêtues , il faut que le maire forme
l'état de-ces voies , indiquant la direc-
tion de chaque chemin , sa longueur
sur le territoire de la commune , leur
largeur actuelle , les portions qu'il est
nécessaire d'élargir. L'état des chemins
ainsi préparé est déposé à la mairie
pendant un mois ; les habitants de la
commune sont prévenus de ce dépôt
par une publication faite dans la forme
ordinaire; pendant le délai du dépôt, ils
peuvent adresser au maire leurs obser-
vations et réclamations. Après l'expira-
tion du délai , l'état dresse par le maire
est soumis au copseil municipal qui doit
donner éon avis; le sous*préfet trans-
met toutes les pièces, avec son avis
motivé, au préfet; celui-ci, après exa-
men , prend un arrêté qui déclare que
tels chemins, de telle lar^ur, font partie
des chemins vicinaux de la commune.
Le classement des chemins ne doit
étire ni trop restreint, ni trop étendu. Il
y a lieu de réviser les classements pré-
cédemment faits qui remontent à une
80
C0E
4
L'TOflVERS.
CHE
éix>que d^à ancienne; le déclassement
des chemins est dans les attributions de
Tautorité qui prononce le classement ;
seulement li ne sera prononcé qu'après
délibération des conseils municipaux
des- communes qui pourraient être in-
téressées à la conservation du chemin,
et même après une enquête , s'il n'y
avait pas unanimité dans les délibéra*
tions. Après le déclassement d'un che-
min, il y a lieu d'examiner s'il doit
être conservé , ou si le sol ne pourrait
pas en être rendu à l'agriculture. Dans
ce dernier cas , après l'avis du conseil
municipal , le préfet autorise la vente
en remplissant les formalités voulues
§ar le premier paragraphe de l'article 10
e la loi du 28 juillet 1828 . et les disr
Ï positions de l'article 19 de la présente
oi. L'exception de propriété élevée par
un riverain ne fait pas nécessairement
obstacle au classement d'un chemin ;
la question de propriété reste intacte
pour être jugée par les tribunaux. Si
elle est résolue en faveur du réclamant,
le jugement est sans effet quant k la
déclaration de viçinalité; il donne
seulement droit à une indemnité pour
la valeur du chemin. Donc aussi , la
prétention à la propriété du sol ne doit
pas seule déterminer le déclassement
du chemin. Il y a une distinction
essentielle à faire entre les rues et les
chemins. Cette distinction a été consa-
crée par plusieurs ordonnances royales,
notamment par celle du 25 avril 1825;
les rues des bourgs et villages ne
peuvent donc être classées comme
chemins vicinaux.
Art. 2. Les conseils municipaux ne
sont plus astreints à employer la pres-
tation en nature avant de pouvoir
voter des. centimes : ils peuvent em-
ployer les prestations et les centimes
séparément ou concurremment. Il est
urgent que les conseils municipaux
fassent usage, au moins pendant quel-
ques années, du maximum des res-
sources mises à leur disposition. Les
>lus imposés ne doivent plus être ap-
)elés à délibérer avec les conseils pour
e vote des prestations et des cinq
centimes ; et le motif de ce change-
ment à la législation, c'est que la ré-
paration des chemins est aujourdW
une dépense obligatoire et ordinaire.
Le préiet doit toujours sanctionner le
vote des prestations et centimes ordi-
naires. Quant aux dépenses extraor*
dinaires , l'article 6 de la loi du 28
juillet 1824 reste toujours en vigueur^
c'est-à-dire que ces dépenses ne pom^
ront être autorisées que par ordm.
nance royale , et que le concours M
plus imposés sera nécessaire. ^]
Art. 3. L'obligation de fournir
prestation est imposée à deux titi
différents : d'abord , à tout habitai
mâle , valide , dans les limites d'à
fixées par la loi, comme habitant
pour sa personne seule ; ensuite à tt
chef de famille, à tout propriétaii
régisseur, fermier ou colon partiaii
industriel , etc. , pour chaque met '
ou serviteur de la famille, mâle,
lide, résidant dans la commune,
dans les. mêmes limites d'âge;
Ï>our chaque charrette ou voiture i
ée , pour chaque bête de sommeil
trait et de selle , au service de la^
mille ou de rétablissement dans:
commune. Il n'est pas nécessaires
le chef de l'établissement soit ûi
limites d'â^e, ni mâle, ni valide,
même résidant dans la comm"
pour que l'exploitation soit im[
dans tous ses moyens d'action ;
le chef lui-même pourra être dis[
pour sa personne, dans les
d'exemption prévus. Le mot hdibité
doit s'entendre des personnes qui '
leur domicile de fait dans la commi
Pour entendre les mots -au service \
IdfifamiUe ou de rétablissement
la commune y il faut savoir que
prestation, pour tout ce qi^ cons "
un établissement permanent , est
dans la commune où il se trouve ;|
que, pour ce qui constitue un séji
passager , la prestation n'est pas
dans plusieurs conmiunes , mais i
lement dans celle du principal étafc
ment. L'exemption fondée sur lii
gence , quoique non inscrite dans^
loi, doit continuer à être appliqr
Les mots membres de lafanme
placent, dans la nouvelle loi, ceux
ses fils vivant avec lui y qui se "^
CHÉ
FRANCE
valent dans la loi de 1824; ils s'appH-
fBent aux neveux et autres parents
p résident arec le chef de famille.
Le mot serviteur j qui a remplacé
aossi le mot domestique , s'étend à
toos les individus ^ui reçoivent du
éâ de famille un salaire 'annuel et
IBHBanent. Les ouvriers, laboureurs
fttrtisans, qui travaillent à la jour-
ÎÉ'eu à la tâche, ne sont évidemment
itteompris dans la catégorie des ser-
[peurs. La prestation n'est que pour
roitores et les charrettes habituel-
it employées; celles qui ne sont
l'on meuble mis en réserve ne peu-
it être imposées* Une distinction
te doit être faite pour les bêtes
iiomme, de trait et de selle. Si ces
lux sont un objet de commerce,
sont destinés seulement à la con-
latioo ou à la reproduètion, ils
mvent donner ouverture à la pres-
eo nature.
4. Le conseil général n'est pas
à arrêter uniformément, pour
He département , le tarif de con-
en argent des prestations; la
lige pas non plus à établir un
['^ial pour chaque commune.
de la rédaction des tarifs
irersion des journées de presta-
en tâches sont faciles à établir.
i\ municipal n'a qu'à arrêter
représentative des diverses
de travaux , tels que le ramas-
f te cassage, l'emploi du mètre
^ de pierre; la fouille et le déblaie-
idu mètre cube de terre ; le trans-
des matériaux à une distance
etc.; le tarif ainsi arrêté,
ré au taux de conversion des
itions préalablement fixé par le
il général , apprendra à chaque
ibuable ce qui peut lui être de-
\ soit en journées, soit en tâches:
itage de ce dernier mode de tra-
pour les communes et pour les
itaires, doit le faire préférer. Le
d'emploi des journées de pres-
I9 qui consiste à les comprendre
les adjudications des travaux , a
flenté à différentes époques , et ne
'iphis être admis nulle part, comme
"•"ït à ramener le travail de la
CHE ^1
prestation à l'ancienne corvée. Les
formes à suivre pour l'établissement
des rôles de prestation , leur mise en
recouvrement, la libération des con-
tribuables et les comptes à rendrfi ,
continuent à être régies par Tarticle 5
de la loi du 28 juillet 1824. Il doit être
établi dans chaque commune un état-
matrice des contribuables qui peuvent
être imposés à la prestation en nature;
cet état- matrice aoit être déposé pen-
dant un mois à la maison commune.
Les percepteurs - receveurs munici-
Saux sont chargés de la conféction
es rôles, et une remise, calculée sur
le montant total des rôles , leur est
allouée pour ce travail. Les rôles sont
certifiés par les maires, et rendus exé-
cutoires par les préfets. Ils sont publiés
de la même manière et en même temps
que ceux des contributions directes,
et un avertissement est remis à chaque
contribuable; le délai d'option entre
la prestation en nature et le payement
en argent est fixé à un mois. Le per-
cepteur-receveur municipal doit four-
nir au maire le bordereau des cotes
à recouvrer en argent, et un état dé-
taillé des cotes acquittables en tra-
vaux. Les demandes en dégrèvement
sont présentées, instruites et jugées
comme en matière de contributions
directes , c'est-à-dire qu'elles doivent
être présentées dans les trois mois de
la publication des rôles , et soumises
au conseil de préfecture. Elles peuvent
être formées sur papier libre. Les
cotes exigibles en argent sont recou-
vrées comme en matière de contribu-
tions directes. Avant l'ouverture des
travaux^ le maire doit visiter les che-
mins, afin d'apprécier les travaux à
faire. Le maire doit faire annoncer
les travaux quinze jours avant leur
ouverture. Au second dimanche de la
publication , le maire fait remettre à
chaque contribuable tenu à la presta-
tion un avis signé, portant réquisition
de se trouver tel jour , à telle heure ,
sur tel chemin, pour y faire les travaux
qui lui seront mdiqués , en acquitte-
ment de sa cote. Les travaux doivent
être surveillés par le maire ou son dé-
légué. Des quittances sont données
T. V. 6* Zit?rm507i. (DiCT. encycl., etc.) 6
aux presuuires pour constater leur
libération. I^s cotes que les presta-
taires De seraient pas venus acquitter
en nature, le jour ou ils en soat requis,
fiont de droit exigibles en argent; ce-
Kodanf des lyournemeiits peuvent
ir être- accordes en cas d'empêché-
inent Ijiî^tinie. Les prestations ^n oa-'
ture n^ jp^uvent être misea en réservq
{l'une année sur l'autre ; elles doivent
^tre emplqyé^s dans ta durée de l'axer-
Cice auquel elles s'appliquent. L'çni-
ploi des cotes recouvrées en- argent
lentie dans la catégorie des dépense^
copmunales. L'emploi 4es ressource^
communales né peut, sous peine de
lespopsabilitâi avoir lieu guB sur les
cbemins légalement ' reconnue. I-e^
râles de pr^tfttion devant figurer e^
recette çt en dépense au budget de£|
communes , le compte d'emploi doit
en êtrç rendu, comme pour les autres
recettes communes. Tous ces détail^
(TexécutiOn sont d'une appjication gé-
nérale à tous lès départements. ,
AitiS.X'iniposition d'office ne doit
être 'appliquée par le jiréfet que lors-
que Tçtàt des chemins soulevé des
- plaint^ fondées , et que )^ commun?
n'a pas d^à fait emploi de ses ressour-
ces. Le mauvais état des chemins doi(
d'abord être reconnu et constaté pai;
désigné ad hoc paç
s parmi les memnres
al ou du conseil d'air-
ensuite la comniunç
1 déiqêure par iin ar-;
:'éstaaas lecasoiila
: jpas'suivie de tait.
Tt^poser d'ofjjce. l)
;e imposition ne portç
ir les centime^,' mais
encore sur. là prestation en Raturé. Les
forioes à siiiyre pour faire rédiger
d'office le rôle des prestations et ea
assurer (e recouvrement ne diffèrent
, de celles qui sont suivies ordinaire-
méat, qu'en ce ((ue l'initiative v'ien^
du préfet qui notiSe au maire et fait
dans la commune les diverses publica-
tions nécessaires. Le cas analogue se
présente et se résout de la même ma-
nière, lorsque le conseil municipal,
ayant voté des prestations et des cet^
CBB
times , la commune aurait négligé ou
refusé d'en faire emploi.
Art. 6. Lorsqu'un conseil municipal
délibère sur le concours qu'il doit prê-
ter à l'entretien d'un chemin nui inté-
resse plusieurs communes, les plus
imposa ne sont plus appelés à la déli-
bération, et le préfet statue sans l'as-
sistance du conseil de préfecture. S)
une commune refusait le concours lét
ealement demapdé, il y- aurait lieu à
r application de l'article 5. Le concours
peut être exÏRé pour la coustructioa
comme pour la réparation.
Art. 7. Les chemins vicinaux dési-
gnés sous le noin de grande commtt-
fiicalion ne changent pas de carac-
tère; ils sont impresci;iptitijes ; la ré-
pression des usurpations reste dévolue
^ux conseils de préfectgr^; le sol de
ces ctterains continue d'appartenir aux
communes! lès conununes demeu-
rent chargées de pourvoir à leur en-
tretien, au moins en. partie. Lefi ohe^
ininS vicinaux de grande communica-
tion sontdésignés par lecbnséilgéaéral,
qui' indique au^sî. leur' direction.
lorsqu'un chemin, yidnâl de grandf
communication peut iotérê^ser deux
départements, il y a lieu pour les
deux préfets de se concerter. C'est
sur la proposition du préfet que le con-
seil général exerce les différentes attri-
butions qui lui sont dévolues par
l'art. 7, Il est nécessaire de restrein-
tire le classement dans la proportion
des ressources. Dans les i^iartemenU
ou un classement avait été fait avant
la loi , il doit être revisé. Le classe-
înent de toutes les lignes ne doit pas
être simultané, mais successif. Les
propositions du préfet doivent être
accompagnées des avis qes conseils
municipaux et d'airopdissçment. La
loi a réglé clairement les fornies à
cuivre pour je classement des chemins
.vicinaux de grande conipiunicatiop j
fit elle est restée muette sur le déclas-
sement de ces chemins , qui peut quel-
fois être iiécessaire. Mats les formes
pour le déclassement doivent évidenir
mCnt être les mêmes que pour le clas-
sement , et le consçil géôéral prononce
sur les propositions du préfet. Il y a
GHE
FRANCE.
COB
M
nmoat lieu de déclasser lorsqoe les
offres de concours faites par des com-
nunes ou des particuliers ne se réa*
lisent pas. Les communes dont le ter-
litoire est traversé par un chemin
lidoal de grande communication ne
loot pas les seules dont le concours
puisse être demandé : on s'adresse' à
toutes celles auxquelles ce chemin est
ittepar les débouchés qu'il leur offre.
JLe préfet fixe la largeur et les limites
^cbemins de grande communication^
9 «t important d'obtenir la cession
|ratuite des terrains nécessaires à l'é-
tti^issèment. Dans aucun cas, l'achat
des terraios ne doit avoir lieu sur les
hoii départementaux. Le préfet sta-
loe sur les offres de concours lors-
i'elies se rapportent à un chemin déjà
isé. Les oflres de concours doivent
jours, pour être acceptées, présen-
^^les garanties nécessaires. Dans
wtains départements , aucun chemin
'>ldnai a'est déclaré de grande com-
.^MBJcation, avant que des associations
jkeommunes ou de particuliers ^ient
Wet réalisé des offres suffisantes
e couvrir la moitié ou même les
%s des dépenses d'ouverture
^d'flotretieh. C'est un excellent sys-
t qa'il est à désirer de voir se
ir.
Art. S. Les subventions départe-
taies ne peuvent généralement être
ployées que sur les chemins vici-
déclarés de grande communica-
; les cas exceptionnels doivent être
ois préalablement au ministre. Les
tiffles facultatifs ne doivent être
aux subventions que lorsqu'il
été pourvu à toutes les dépenses à la
e de ces centimes. £n cas d'in-
fice, des centimes spéciaux peu*
t être votés. Le conseil général vote
semble du crédit applicable aux
entions, et ce crédit doit être
an budget en un seul article,
le cas ou une commune refuse-
le concours qui lui est imposé par
l^éfet dans une proportion déter-
' , îi y aurait lieu d'appliquer les
4 et 5 de la loi.
Art 9. Les chemins de grande con»-
' on étant placés sous Tauto-
rtté immédiate du préfet, l'emploi des
ressources affectées aux chemins vi<'
cinaux de grande communication ne
doit pas être fait absolument par com-
mune ; ces ressources doivent au con-
traire être centralisées par ligne vici«>
nale , avec affectation spéciale à cette
ligne. Le nombre des ateliers à ouvrir
sur chaque ligne dépend des circons-
tances locales. Les prestations en na-
ture doivent être employées sur le
Î>oint de la ligne où elles peuvent être
e plus utiles, et notamment le plus
près possible de la commune qui les
fournit. Le compte d'emploi à rendre
au conseil général doit être complet
pour chaque ligne vicinale, et embras-*
ser toutes les ressources affectées à
chaque ligne vicinale.
Art. 10. Quoique cet article ne s'ap-
plique qu'aux chemins qui ont été dé-
clarés vicinaux,* les usurpations sur les
chemins non déclarés vicinaux ne doi-
vent pas être tolérées. La répression
des usurpations sur ces derniers che-
mins appartient aux tribunaux or-
dinaires, tandis que sur les chemins
vicinaux elle appartient aux conseils
de préfecture. La répression des dé-
gradations sur les chemins vicinaux
et autres appartient aux tribunaux de
simple police; mais la connaissance
des questions de propriété appartient
exclusivement aux tribunaux ordi-
naires.
Art. 11. « Le 2èle et les lumières
des ingénieurs des ponts et chaussées, •
dit le ministre , « doivent être mis à
profit partout où ils pourront se chai^ *
ger du service des chemins vicinaux. »
Des agents-voyers pourront être nom-
més dans les départements où leur
service est nécessaire. Leur traitement
doit être fixe et sans remises sur les
travaux. Il peut être utile qu'un des
agents-voyers ait la direction du tra-
vail des autres agents. Les agents-
voyers doivent , autant que possible;,
prêter leur concours aux maires pour
introduire la bonne méthode dans les
travaux sur les chemins vieiaaux. .Des
conducteurs , piqueùrs et cantonniers
peuvent être employés, si l'adminis-
tration dispose de ressources su£Br
6.
84
CHB
L'UNIVERS.
CHE
santés. Le règlement spécial que cha-
que préfet propose sur l'organisation
du service des agents-voyers do[t être
soumis à Tapprobation dfu ministre.
Art. 12. Le maximum annuellement
fixé en vertu de la loi des finances
doit servir de base aux propositions
du préfet.
Art. 13. Les propriétés de la Gqu-
ronne étant déjà portées aux rôles , il
n'y a pas de difficulté à leur égard;
mais on doit rédiger un rôle spécial
pour les propriétés de FËtat. Parmi
celles-ci, on ne doit imposer que celles
qui sont productives de revenus. Il n'y
a lieu d'imposer aucune propriété de
l'État lorsque le conseil municipal n'a
voté que des prestations en nature.
Lorsque des centimes spéciaux ont été
votés, l'imposition des biens de l'État
se règle par assimilation avec celle que
l'on exige des propriétés de la même
nature. Si la commune que la, rédac-
tion du rôle d'imposition de l'État in-
téresse, croit que les propriétés de
FËtat sont trop faiblement imposées
comparativement aux propriétés pri-
vées ; si , au contraire , l'administra-
tion forestière croit qu'elle est lésée
par. le rôle que le préfet a rédigé, le
recours contre Farrêté préfectoral est
déféré au ministre , qui statue eri der-
nier ressort. Le préfet seul doit tenir
là main à ce c(ue la contribution spé-
ciale imposée a l'État , comme les cen-
times spéciaux votés par jes conseils
municipaux, ne soient employés qu'aux
travaux sur les chemjns vicinaux. La
contribution assise sur les propriétés
de l'État et de la Couronne doit, selon
Je cas , être employée en partie sur les
chemins vicinaux de grande communi-
cation. Les propriétés de l'Etat et de
la Couronne doivent supporter égale-
ment les centimes spéciaux votés par
les^ conseils généraux.
Art. 14 Pour qu'une commune ait
le droit de demander une indemnité
eiï vertu de cet article , il faut que le
chemiti soit entretenu en état de viabi-
lité. Il est donc nécessaire de faire
constater l'état du chemin , contradic-
toirement par le maire et par le pro-
priétaire ou l'exploitant, avantl'èxpr-
ration de chaque année. En cas de
dissentiment, le sous-préfet nomme
un expert , l'exploitant un autre, et le
conseil de préfecture nomme un tiers
expert dans le cas d'un nouveau dis-
sentiment. La demande en indemnité
ne doit être formée contre le proprié-
taire que dans le cas où il exploite lu^
même , ou bien encore dans le cas oà
l'exploitation est trop divisée pour qoi |
l'on puisse avoir recours. contre lelj
exploitants. Les adjudicataires de ooar
pes de bois, ne peuvent être assimil4pE
a des entrepreneurs ; c'est au propril*
taire de la forêt ainsi exploitée qai;
l'indemnité doit être demandée. F^
dégradation extraordinaire, on d(#
entendre celle dont l'influence estplqp
forte que si elle était due seulemeot*
J'usàge des habitants de la commi
•Les subventions peuvent être exi
.d'une exploitation, même envers
communes autres que celle sur laq
elle est située ; mais ce principe
être appliqué avec réserve. Les subvi
tions sont réglées par le conseil de p
fecture, d'après la reconnaissance
l'état de viabilité. L^ subventjons
peuvent être réglées pour plusi
années; elles doivent rétre annr
^mëiit.. La demande doit être fo
par le maire pour les chemins vicinal
-et par le préfet pour les chemins ^
naux de grande communication,
recouvrement des subventions doit
faire comme en matière de contri
tions directes. Les subventionn
ont. le droit de. s'acquitter, en a
ou par des prestations en nature;
.doivent opter dans un délai ûxé, '
ont opté pour la prestation en natai
-ils sont soumis à toutes les règles
latives à cette espèce de coptrioutî
Les subventions ne peuvent être
Sloyées que sur les chemins qui Y
onné lieu. Elles peuvent être rc
à l'amiable, et ce mode doit être
seillé aux communes.
Art. 15. Cet article de la loi s'i
plique aux chemins existants. La
claration de vicinalité a son e£fet ,
que soit le propriétaire du sol. L'
gissenàent. des chemins n'est plus
4r£mt. dans: la limite de 6 . mètres
€HÉ
FRANCE.
GHE
85
jhait la loi du 9 ventôse an xtii : on
eonseiHe la largeur de 6 mètres , non
compris les fossés , pour les simples
chemins vicinaux; mais pour les che-
mins vicinaux de grande communica-
tion cette largeur serait souvent in-
suffisante , et elle doit être générale-
ment portée à 8 mètres.
Pour le règlement des indemnités ,
ks acquisitions peuvent avoir lieu de
Çéà eré; s'il ne peut y avoir conven-
liOQ à raraiable , on doit procéder par
la Toie d'expertise , dans la forme pré-
Toe par l'art. 17. Du reste, la decla-
lation de vicinalité ne peut avoir lieu
)Qe lorsque le chemin existe et que le
fQblic en a joui.
Art. 16. Cet article a en vue les che-
mins à créer. D'après le ministre, il
M sera presque jamais nécessaire d'y
woir recours pour les chemins vici-
iaux ordinaires , et cela aura lieu ra-
rement même pour les chemins vici-
ttox de grande communication. Ce ne
in donc généralement que pour les
ndressements que cet article trouvera
iHiapplieation. L'arrêté du préfet suf-
1 çiuf autoriser les travaux , et n'a
Khioin d'être précédé d'enquête,
arrêté, applicable aux travaux
«wwiure comme de redressement ,
biplace la loi ou l'ordonnance royale
2^ pour les grands travaux par
«rt.rdelaloi de 1833.
Art. 17. Les formalités prescrites
f cet article sont analogues à' celles
' sont i^latives aux travaux des
ts et chaussées.
Art. 18. La nécessité d'un délai de
ription se comprend sans corn-
itaire.
Art. 19. Cette disposition nouvelle
'fondée en droit comme en équité.
valeur des terrains cédés doit être
!ée dans les caisses communales à
' de recette accidentelle.
Art 20. Cet article est entièrement
!u dans le but de favoriser les
actions relatives aux chemins vi-
lUX.
Art 21. On ne prescrit pas , pour
rtdaction des règlements que doi-
[jt faire les préfets, des règles pré-
et uniformes , si ce n'est en ce
qui concerne : l"» la confection des
rôles; 2^ la comptabilité; 3"* les adju-
dications et leur forme; 4* les aligne*
ments et autorisations de construire.
1^ La confection des rôles de près*
tation en nature doit être faite sur des
cadres imprimés , par les percepteurs-
receveurs communaux. Les directeurs
des contributions directes peuvent
seuls rédiger les rôles relatifs aux cen-
times spéciaux que les conseils muni-
cipaux votent pour le service des che-
mms vicinaux.
2"* La comptabilité relative à l'em-
ploi des ressources en argent que les
communes affectent aux travaux des
chemins vicinaux, est régie par les rè-
gles prescrites pour la comptabilité
communale, quelle que soit la nature
de ces ressources. Quant à la compta-
bilité du service des chemins vicinaux
de grande communication, elle doit
être aussi conforme que possible .aux
règles tracées par l'administration des
ponts et chaussées pour le service dont
elle est chargée.
d"" Les adjudications doivent égale-
ment être ramenées , autant que pos-
sible, aux formes prescrites, soit pour
les travaux communaux , soit pour les
travaux des ponts et chaussées. Pour
les chemins vicinaux , on peut autori-
ser l'emploi , par voie de régie , des
sommes trop peu importantes pour
qu'il soit possible de faire une adjudi-
cation.: dans les autres cas , les tra-
vaux doivent être adjugés. Pour les
chemins vicinaux de grande communi-
cation , il faut faire des adjudications,
à moins d'impossibilité absolue.
4** Les alignements ou autorisations
de construire le long des chemins vi-
cinaux doivent être réglés par les prin-
cipes qui régissent la même matière,
soit pour la voirie urbaine , soit pour
la grande voirie. Pour les chemins vi-
cinaux , on peut laisser aux maires le
droit de donner des alignements , sous
la réserve de l'approbation du sous-
préfet. Pour les chemins vicinaux de
grande communication, c'est au préfet
lui-même à donner les alignements,
sur la proposition des maires , l'avis
de l'agent-voyer, et le rapport du sous-
if.t ...
préfet. Le mode de poursuite des con-
traventions eh matière d'alignement
variera iselon leur nature. Si un pro-
priétaire ne^especte pas l'alignement
gui lui a été donné > et empiète sur le
sol du chemin, il est poursuivi devant
le conseil de préfecture. Si , outre
Tempiètement, il y a omission de de-
mande d^autorisation., le délinquant
est justiciable dehconseil de préfecture
pour le premier fait , et des tribunaux
de police pour le second. Si enGn le
propriétaire construit sans autorisation
Î)réalab]e , mais 6ani$ empiéter sûr la
argeur du chemii) , il n'est poursuivi
que devant le tribunal de police. Les
maires doivent prendre un arrêté pour
obliger les propriétaires riverains des
chemins à demander alignement, tlës
alignements dans les rues des bourgs
et villages restent dans les attributions
directes des maires.
Quant aux mesures dont l'exécutioii
peut varier d'après la différence deâ
localités, ce sont : le maximum dé la
largeur à fixer pour les chemins , les
délais nécessaires pour l'exécution de
chaque mesure, les époques auxquelles
tes prestations en nature doivent ^tre
faites, l'écoulement des eaux, les plan-
tations et rélagage. L'établissement
des fossés et leur curage font partie
des travaux des chemins.
Tel est le sommaire des développe-
ments que le ministre de l'intérieur ,
M. de Montalivet , a donnés à la loi du
21 mai 1836. Nous avons à examiner
maintenant les résultats principaux
que l'on a obtenus avec cette loi, et à
Chercher ceux que l'on aurait pu tirer
d'une législation mieux appropriée aux
besoins et aux habitudes de notre épo-
que.
Le classement des chemins vicinaut
n'est pas encore achevé aujourd'hui.
Au 31 décembre 1839, 2,203 commu-
nes , appartenant à 46 départements ,
étaient encore en retard. Le classement
opéré dans 34,108 communes a fait re-
connaître légalement 350,509 chemins,
ayant ensemble une longueur approxi-
mative de 723,180 kilomètres.
La proportion moyenne de la su-
perficie occupée par les chemins vici-
L'UNIVERS.
CW
COI
naux est de rh de la superbe t9t9)^
du territoire. '
Les prélèvements faits pai" lès com-
munes sur leurs révenus ordinaire^ 4
extraordinaires ont fourni, en iésSj
une somme totale de 4,699,456 fr., m*
férieure de 416,849 fr. aux a)locatiàD|
de Tannée précédente. Mais en ren^;
che, la prestation eh nature a prisphii
de déve)oppement$. ^
L'établissement d'étàtà mairie
pour la prestation en nature a fout
des résultats statistiqùbs curieux,
n'y a plus que 1,085 communes ^^
n'aient pa§ encore d'état de ce gei»||.
et encore, 973 de ces communes peik
vent s'en passer , parce que leurs Kfi^
venus suffisent pour la dépensç m
l'entretien des chemins vicinaux.
lie nombre des hommes iùiposabl
à la prestation, dàps les 36,04à '
munes pour lesquelles ila été r
des états matrices , est de 5,701.
Ce nombre est d!enyiron un cingui^
de la nôpulàtioh totale de cé9 coai^
nés. 11 n'y a que 13 hommes im "
bles sur 10 familles.
On compte 2,063,638, iïhev., J84,
mulets, 304,858 âftes, 2,423,762b ^
et vaches, 1,706,411 voitures à
roues, et enfin 342,^30 voitures i
tre roue$, sujets à la prèstaltion e
ture.
D'après les tarifs arrêtés pal*
conseils çénéi'auX, imè àeuîejouri
de prestation en nature , dads 1
36,043 communes pour lésquell^ i
été rédigé des états matrices, a"
valeur de 12,660,575 francs : c'est .
cote de 2 fr. 88 c. par chef de falni
Sf donc les trois journées , mdîitû
autorisé par la loi , étaient îinpc
dans toutes les communes ayartt .
états matrices , la valeur totale '
la prestation en nature serait
37,981,725 fr., et la cote moyenne
chaque chef de famille Serait de 9
64 c. , acquittables en nature ou eil
gent , au choix du contribuable.
Les conseils municipaux de 36,
communes seulement ont voté
prestations en nature en 1839 ; sur
10,873 autres communes pou"^
d'états matrices , 2,568 avaient
FRAI9CE.
CHS
par d'autres moyens aux besoins da
ferviçe , et il ne reste pius que 8,30^
OQfflinunes qu'on peut regarder comme
ft'iyaDt pas rempli les obligations que
laloi leur imposait. Ce n*est cependant
90e pour 6,796 que Tabsence de vote
a paru aux préfets devoir déterminer
remploi des mesures coërcitives au*
torisees par l'art. $ de la loi. Mais de
êit 1,932 communes dont le ?ote a
reconnu insuflîsant, ont été attein*
|ei par les mêmes mesures ; ^e sorte
lit'en définitive la prestation a été im<
fosée d'office à 7,7^8 communes ap^
fiartenant à 80 départements, et la
nasse imposée est de 0,26 de la masse
des protestations votées.
£fl réunissant les prestations assi*
«es par Tpae et l'autre voie, on trouve
Ijie ce mode d'entretien des chemins
neioaux a été employé, en 1839, dans
VtOSl communes, qui forment leS
tM du nombre total des communes
w royaume, et que la moyenne totale
I99 journées est de 2,47. £n 1838, le
Mobredes communes était moindre
faSiiae, et la moyenne des journées
.«oinsfortedeO,!?.
t U valeur totale de la prestation
Çjwyée en 1839 est de 27,225,810 f.;
A optait que de 24,168,693 fr. en
M9; jl y a donc eu augmentation de
4ûÂi,6l7 fr. , à laquelle ont pris part
IfâaQte et un départements. Il en ré*
•ne une cote moyenne de 6 fr. 86 c.
piposée à chaque chef de famille. La
moyenne de la prestation acquit*
I ep argent , calculée pour les qua*
vingt-six départements, n'est que
\ 26 c., ou de 0,18 de la cote totale.
.. Concurremment avec la prestation
IP nature, des centimes spéciaux, jus-
fi^au maximum de 5 , peuvent être
■^tés par les conseils municipaux, ou
jposés d'office par les préfets, en cas
insuffisance des revenus communaux,
^r l'entretien des chemins vicinaux.
M ee maximum était atteint par toutes
p communes du royaume, il produi*
fait environ 12 millions. Mais 18,130
**T>muoes seulement , ou environ la
îtié de celles qui pouvaient user
cette ressource , ont voté des cen-
^ spéciaux jusqu'^ concurrence de
4,367,427 fr. Le taux moyen de9 cen-
times votés est de 4,11.
Sur les 18,025 communes qui se
sont abstenues de voter des eentimec
spéciaux, 10,733 seulement n'avaient
pas de motifs suffisants. liCS préfets
n'ont employé cependant les mesures
coércitives que contre 8,934 eommu*
nés, dont 1,429 avaient émis des votes
insuffisants. Le montant des imposi-
tions d'office de cette nature s*est élevé
à 1,628,939 fr,, et le taux moyen a été
de 8 cent. 85.
Le montant total des centimes spé-
ciaux votés ou imposés d'office repré-
sente donc le produit de 2 cent. 53 imt
{)0sés sur toutes les communes. Ainsi
'ensemble de toutes les communes n'a
supporté que la moitié environ des
sacrifices qui pouvaient leur être de-
mandés en centimes spéciaux.
Aux centimes spéciaux, les conseils
municipaux peuvent, en vertu de Tar-
ticle 6 de la loi du 28 juillet 1824 •
ajouter encore des. impositions extra*
ordinaires , oui sont alors votées avec
adjonction aes plus forts contribua-
bles , et autorisées par ordonnance^
royales. Il a été usé de cette faculté en
1839 dans 48 départements seulement
et par 678 communes. Le montant de
ces impositions est de 537,432 fr.
Enfin, quelques ressources éventuel-
les se joignent chaque année à celles
dont on vient de présenter Ténumé*
ration. Ce sont :
La cotisation des propriétés de l'É-
tat , soit 93,640 fr. en 1839;
La cotisation des propriétés de la
Couronne , soit 33,123 fr. en 1839 ;
Une somme de 181,763 ft. donnée
au service vicinal en 1839 par l'article
13 de la loi du 21 mai 1836 ;
75,288 fr. , provenant de subven-
tions et d'exploitations d'entreprises
industrielles ;
Des subventions volontaires , s'éle-
vant à 562,902 fr. ;
Les subventions départementales ,
prises sur les centimes facultatifs ; en
1839,413,201 fr.;
Les subventions départementales
provenant de centimes spéciaux ; en
1339, 8,492,219 fr.
CSB
L'UNIVERS.
€HB
Les subyefttions départementales
provenant d'emprunts et d'impositions
extraordinaires autorisés par des lois
spéciales ; en 1839, 480,522 fr.
* L'ensemble de toutes les ressources
<*Kées pour le service vicinal de 1839
donne une somme de 48,614,459 fr.
Au maximum autorisé par la loi , ces
ressources produiraient 69,000,000 fr.
environ.
L'emploi des fonds en 1839 a été fait
de la manière suivante :
Les chemins vicinaux de petite
communication ont reçu 26,257,060 f.,
dont 16,293,496 fr. en prestations
fournies en nature , et 9,963,564 fr.
en argent ; les chemins vicinaux de
grande communication, 20,774,136 f.,
dont 5,923,477 fr. en prestations four-
nies en nature , et 14,850,659 fr. en
argent; le personnel a pris dans la
masse 1,853,263 fr.
A ne juger des effets obtenus que
d'après l'énumération de ces. ressour-
ces considérables , on pourrait être
tenté de croire que depuis la mise en
vigueur de la loi du 21 mai 1836, la
plupart de nos voies de communica-
tions secondaires ont pris un aspect
nouveau ; qu'au moins les plus impor-
tantes de ces voies ont reçu partout
les améliorations principales que ré-
clamait leur état; qu'il est possible
enfin de prévoir l'époque où notre ter-
ritoire sera sillonné dans tous les sens
de chemins sur lesquels la circulation
ne sera pas interdite pendant une par-
tie de l'année. La réalité cepenoant
est loin de répondre à ces projets d'a-
mélioration.
Nous ferons observer d'abord que
la prestation en nature est loin de
produire réellement le travail qu'elle
représente. Quoique cet impôt pèse
également aujourd'hui sur toutes les
classes de la population, et qu'il ne
puisse être comparé à l'odieuse cor-
vée , qui mettait le paysan à la merci
de son seigneur , on regarde presque
partout la prestation comme une vé-
ritable corvée , dont on s'acquitte à
contre-cœur. De plus, l'absence d'une
direction convenante fait perdre encore
une partie notable du travail de la
prestation. Sous l'influence de^ces di«
verses causes, il est certain que l'^i^
produit par cet impôt n'est pas la cin-
quième partie de ce qii'il pourrait
être.
Nous ne prétendons pas néanmoins
que la prestation doive être supprimée
et remplacée par un impôt d'argent.
Les économistes qui ont dit que tout
travail demandé à la population reoré*
sentait un capital , et que le prélev^
ment de ce capital n'était pas phn
onéreux que l'accomplissement du tri*
va il, n'ont pas réflécni à la nature des
occupations des apiculteurs. Geox<d
ont des mortes-saisons , pendant les-
quelles leurs journées et celles de km
attelages sont complètement perdues.
Il est donc avantageux à l'État de
leur demander un travail qui a en
nature une valeur bien plus considén^
ble que celle que l'on pourrait équi#
blement exiger d'eux en espèces, i'
l'on ne voulait pas les obérer datait*
tage. D'ailleurs, pour nier la puissaig
créatrice provenant du concours' A
rect des populations, il faudrait irij
pas savoir que la construction des {yriri
cipales routes de l'Europe est due àti^
corvée. *
Nous croyons donc que l'on de|
s'attacher plutôt à étendre qu'à rel»
treindre ce moyen gigantesque de pif
duction , en ce qui concerne les âlij
mins vicinaux. ':
Mais le vice fondamental de la
du 21 mai 1836 consiste dans l'a
de toute mesure organique propre
assurer le bon emploi des ressoi
créées ou autorisées par cette loi.
nomination des agents - voyers est
cultative; elle est abandonna aux pi
fets, sans conditions de capacité,
garantie contre les choix dus uniqi
ment à la faveur ou à des considr
tions peu susceptibles d'être avoui
Aussi le personnel de ces agents e
aujourd'hui tout à fait inférieur à î
que l'on était en droit d'attendre
d'exiger. Les agents-voyers chefs
généralement assez bien choisis; i
a part un très - petit nombre d'ex<
tions , ils n'ont pour les seconder
des hommes dépourvus des coi
CHE
FRAKGE.
CHfi
noces spéciales les plus nécessaires.
L*àécQtioD des travaux est ainsi com-
piétement abandonnée à l'arbitraire,
sans agents capables de la diriger con-
venablement. La loi n'a prescrit aucune
condition relative au tracé des che-
tnios vicinaux; de sorte que, d'ans
beaucoup de départements , on a cru
devoir se. contenter d'élargir et d^m-
piff^r des voies de communications
que la roideur de leurs pentes rendra
toujours à peu près impraticables. Les
lésultats obtenus ne sont soumis à
aucun contrôle sérieux. On voit , dans
deux départements voisins, les mé-
thodes les plus opposées, les modes
d'administration les plus différents,
être appliqués aux chemins vicinaux.
Pour la conservation des parties res-
taurées, le législateur s'est niontré
aussi imprévoyant que pour les autres
points fondamentaux , en ne prescri"
wtt^ pas l'établissement de canton-
, Bien, et en la laissant seulement fa-
«oltative. Nous n'hésitons pas à le
diie, la loi du 21 mai 1836, en fai-
ittotune part trop forte aux influences
4 \ Tesprit de localité , et en entra-
'ivn l'action du pouvoir central, a
pKMne complètement manqué, le but
•fw Ton devait chercher à atteindre ;
'«.plutôt, en imprimant une fausse
-dMion à des efforts souvent dignes
^i'âoges, elle nous fait désirer la pu-
blication de règlements qui deviennent
^ue jour plus nécessaires. Encore
^el^es années de retard, et nous
Mtfons dissipé en pure perte des sommes
■énormes dont le bon emploi aurait pu
développer d'une manière notable la
frospérité du pays.
" Cependant le gouvernement avait
«tre les mains les moyens de parer
aix graves inconvénients que nous ve-
nons de signaler. Tous ies travaux
d'utilité publique sont confiés à un
torps d'ingénieurs qui se recrute ex-
tiosivement à la première école sa-
inte du monde, et qui constitue l'une
-«es administrations les plus fortement
Jganisées dans l'État. Rien n'était
•gJ8 facile que de donner aux fonc-
"ûûs des inçénieurs l'extension qu'au-
W réclamée le service des chemins
vicinaux: une faible anipientatîon dans
le personnel des ingénieurs et des con-
ducteurs employés sous leurs ordres
aurait suffi pour parer à toutes les
exigences de ce nouveau service. Aloi^
les • conditions de capacité , de mon-
îité et d'impartialité, en ce qui con-
cerne les personnes; d'exoerience ,
d'art , de régularité , d'ensemole , pour
ce qui touche à la conception et à
l'exécution des travaux ; de contrôle ,
de surveillance, en ce qui concerne les
résultats obtenus et la comptabilité;
ces conditions , disons -nous, étaient
remplies sans que l'on fût obligé de
faire chaque jour de vains efforts pour
les réaliser.
Il est pénible d'avouer par quelles
considérations mesquines peuvent se
laisser parfois entraîner les hommes
appelés à administrer les intérêts et
les affaires d'un grand peuple. Mais
nous ne pouvons nous dispenser de si-
gnaler ici la cause principale qui s'est
opposée jusqu'à présent ou qui pour-
rait encore s'opposer à un retour aux-
principes véritables d'administration,
en ce qui concerne les chemins vici*
naux. Les préfets chargés de la nomi-
nation des agents-voyers , de la direc-
tion supérieure des chemins, dans
leurs départements, de la publication
des règlements particuliers, acquièrent
sur cette branche de travaux publics
une influence qu'il ne leur est pas
donné d'exercer ailleurs. Ils sentent
tout l'avantage qu'il l^ur est possible
d'en tirer, pour eux personnellement ,
et ils ne consentiraient pas maintenait
à se dessaisir du pouvoir presque dis-
crétionnaire qui leur est accordé ; ils
feraient même des efforts désespérés
pour le conserver. Quels avantages
ne trouvent-ils pas à pouvoir dire aux
conseils généraux , auprès desquels bien
peu d'entre eux savent prendre une
attitude convenable: « J'ai achevé cette
« année tant de kilomètres ; j'ai dé-
« pensé telle somme sur nos ohe-
« mins.... » Peu importe, après cela ,
la manière dont les chemins ont été
faits et dont l'argent a été dépensé.
S'il, arrivait qiPon fût tenté de nous
taxer d'exagération, nous invoque»-
io
LUKIVERS.
ricms , pobr nous justifier, un témoi-
gnage officiel dont on ne k'écusera cer-
tainement pas l'autorité.
^«Souvent, y est- il dit, l'absence
« d'une bonne direction dans les tra-
it Taux qui peuvent être faits ne con-
* tribue pas moins que l'insuffisance
«des ressources à porter obstacle à
it ramélioration des communications
« vicinales du second ordre....
« On ne peut se le dissimuler, les
«ressources affectées à ces voies de
« communication , dans les cinquante-
c six autres départements , employées
« sané direction suffisante j presque
« sc^ns contrôle, ne produisent que
« des résultats presque insignifiants.
R Cet état de choses est d'autant plus
« à regretter, que ces ressources pour
«ces cinquante-six départements ne
« s'élèvent pas à moins de quinze mil-
«( lions cinq cent mille francs (*). »
' Quelques-uns de nos lecteurs trou-
veront peut-être que nous avons donné
à l'article Chek ins un développement
Sue ne comportait pas le cadre de ce
ictionnaire; mais nous aimons à
croire que d'autres, en bien plus grand
nombre, nous sauront gré d'avoir mis
à leur disposition la partie de notre lé-
gislation administrative qui intéresse
fe plus les 87,234 communes de la
France. Il n'est personne qui ne re-
connaisse que les chemins vicinaux
sont un des plus puissants moyens de
civilisation , de progrès et de prospé-
rité , et que , pour en hâter le perce-
ment ou l'amélioration , il importe de
faire connaître à ceux qui sont appelés
^ en jouir, les obligations gue les lois
leur imposent et les devoirs qu^elles
leur prescrivent.
Chemisb. — Ce vêtement de dessous,
appelé en basse latinité, camisa, ca^
tnisia, camisUe, camisilis, camisa
lus , camsile, et en vieux français , ca-
mise , chainse ^ ckaisel, chainsily etc.,
remonte à la plus haute antiquité.
Dès le huitième siècle, on en fabri-
(*) Rapport au roi, par le ministre de
riatérieur, sur l'exécution , pendant Tannée
x839, de la loi du ai mai x836, relative
«ux chemins vicinaux
qnalt dùis les maisons royales, fins
son capitulaire de l'an ^Xt^dkvM,
Gharlèmagne ordonne qu'il soit foatei
aux femmes dés gynéœes de la tim
de lin pour en faire des chemisés.
Au neuvième siècle , c'était une (^
lanterie que de faire des présents de
chemiser. Salomon , qui fut dac de
Bretagne de 857 à 874, en envojoi
trente au pape Adrien H , avec trerrie
pièces de drap de diverses couleuis.
On imposait aux arrière - vassaux dél
redevances payables en chemises, ûli
lit dans une cnarte du douzième 8iè>
de, qu'un vassal à qui il est fait m
concession de terres devra , pour cH*
que métairie, payer tous les ans, à 11
Saint-Michel , un cens de trente seè.
et à Pâques , dix œufis , une poote Jt
onze chemises, dont une sera pajéi
au métayer qui mettra tes fonds envi*
leur. Une autre charte du mémet6ffl|i|t
émanée de Théodoric , abbé de Saiflt»
Maxime de Trêves, exige, pour laed»
fiion de douze manoirs, le payemeott
lui et à sdn église de douze porcs eh»
graissés et d'autant de chemises, ""^
droit d'investiture. On exigeait
femmes serves la fabrication ne!
daire d'un certain nombre de ees vttg
ments. On voit, par un règlement iv;
bli pour les métairies de l'abbaye II
Saint-Bertin , que les hommes du VB
nastère devaient, par semaine, M
ner trois jours de travail , et les feii
mes ^briquer quatre chemises. '*'
Différents règlements ecclésiastiq^
s'occupèrent des chemises des reiigii
de l'un et de l'autre sexe. Dans o
que Chrodégond, évêque de Metz,
pour son diocèse, il dit qu'il serti
donné annuellement aux clercs avteh
ces en âge , trois chemises ; et que
prêtres et les diacres, probabien
plus jeunes, n'en auraient que d
IJne charte de 1084 fixe à douze
nombre des chemises que les moit.
d'une abbaye auront pour vé/ure^ll
une de 1 1 18 attribue quinze livres pw
les chemises des religieuses et du lallN
nastère.de Saint-Colomban , et iieMi|
accorde que cent sous pour leur chlA
sure. '
Une sentence arbitrale prononoélJl
FRABrCE
:«•
wn
n
tm, entre FéVégué de Paris et son
flhapitre, nous apprend qae les che-
wUsoi étaient au nombre des offrandes
rTon faisait à la Vierçe , et ^*oq
suspendait dans .réglise , près du
inpitre où Ton chantait Tévangiie.
Cetait uo acte de dévotion de couvrir
Itine chemise un saint en qui on avait
M. On lit dans la chronique de Mou-
M, qu'un boinme pieux vêtit un
- nlDt d'une chemise qu'il avait appor«*
ffc avec lui. Un autrô genre de dévo-
tioD consistait à toucher de sa che-
oiise les reliques, les châsses ou la
^présentation d'un saint. Ce vêtement,
aiost sanctifié , acquérait une grande
fertu; il préservait de maladie celui
(ftà le mettait , ou guérissait les infir*
mités dont 11 pouvait être afflige.
On appelait aussi chemise un véte->
(peat de lin que les prêtres mettaient
|iir-dessu8 leurs habillements , et qui
Éteendait jusqu'aux pieds. C'est l'aube
es portent aujourd'hui et le ro-
dont les chanoines ont seuls le
i^'t de se revêtir. On donnait le
ilRienom à une espèce de robe que
klAevaliers portaient par-dessus leur
Mm. Plus tard , cette robe fut rac*
WÉ, fendue sur les côtés , et les
MUers y firent peindre ou broder
Itn armoiries ; telle fut l'origine dé
iehasoble, que les prêtres portent
R officier, et sur laquelle est brodée
)ix, véritable blason des vassaux
^Jésufiklhrist. On appelait également
éaam où gambison une tunique de
Mies de fer que l'on portait comme
iniure défensive; enfin l'on donnait
linore ce nom pux caparaçons dont
"itouvrait les chevaux.
£tre forcé de paraître publiquement
I chemise était , au moyen âge , une
^de humiliation et une aggravation
• peine. Quand un coupable était con-
liimné à faire amende honorable , la
m voulait qu'il la fit les pieds nus et
~1 chemise. Jusqu'aux temps moder-
!B) certains condamnés à mort pour
Ijv crimes exceptionnels furent cou*
ms à l'échafaud en chemise. D'un
^tre côté, exécuter un pèlerinage ou
A^reher en chemise à la suite d'une
fiMetsioD, était une œuvre pieuse à
laquelle on attribuait des grflcM nom-
breuses et spéciales.
Les chemises étaient encore fort
rares au temps de Charles VU i mais
depuis , la culture du lin et du chanvre
ayant pris un immense développement
en France, et la coutume d'en faire en
coton s'étant introduite, elles sont de-
venues si communes , que , pour four-
nir la preuve qu'un homme est réduit
au dernier degré de la pauvreté, on
dit maintenant qu'il n'a pas de che-
mise.
Chemni1:z ( combat de ). — L'armée
de Silésie avait passé l'Elbe dans les
premiers jours d octobre 1818. Napo«
léon résolut de marcher aussitôt à elle
et de l'attaquer avant qu'elle fût réunie
aux trois autres armées dés coalisés.
Murât, qui se trouvait avec trois divi-
sions à Freyberg, et Poniatowski, qui
occupait Altenbourg, devaient mas-
quer ce mouvement en contenant l'a*
vant-garde de la grande armée de Bo-
hême. Cette avant -garde était déjà
parvenue à la hauteur de Pening et
d'Altenboure , lorsque les troupes de
Napoléon notaient encore qu'aux en-
virons de Duben, se dirigeant vers
Rosslau et Wittenberg. Murât porta
sur-le-champ ses divisions en avant de
Freyberg, et prit lui-même la route de
Chemnitz avec le deuxième corps d'in-
fanterie et la cavalerie de Kellërmann«
A quelque, distança de cette ville , il
rencontra la division autrichienne du
général Murray; les circonstances lui
paraissant favorables , il fit attaquer.
La fortune se décida bientôt pour les
Français : Murray fut culbuté et re-
poussé vers Waldkirchen, après avoir
perdu beaucoup de monde. L'ancien
adjudant commandant Carrion-Nisas ,
qui servait dans les rangs de l'armée
trançaise comme volontaire du 20'' de
dragons, se distingua particulièrement
dans cette affaire : il entra le premier
dans un carré ennemi , qui fut fait
entièrement prisonnier.
Chenelaye (la), ancienne seigneu-
rie de Bretagne, aujourd'hui départe-
ment d'Ille-et-Vilaioe, . érigée en mar-
quisat en 1644.
Cheivbbaii.i«es , petite ville de iç
03
CHB
L'UNIVERS.
Marohe, aujourd'hui chef-lieu de can*
ton du département de la Creuse. Cette
ville, qui était autrefois très-forte, fut
détruite presque entièrement par les
Anglais au commencement du quin-
zième siècle. Reconstruite, vers 1440,
par Bernard et Jacques d'Armagnac,
comtes de la Marche, elle soutint, en
1592, un siège contre les royalistes,
qui ne s'en emparèrent qu'après huit
mois de blocus. La population de Che-
nerailles est aujourd'hui de 1 ,028 hab.
Chénieb (Louis de) naquit en 1723,
à Montfort, en Languedoc, d'une fa-
mille originaire du Poitou. Il perdit de
bonne heure son père et sa mère,
abandonna à sa sœur tous ses biens,
et partit pour Constantinople, où il
dirigea bientôt après une maison de
commerce, qu'il abandonna ensuite
pour s'attacher au comte Desalleurs,
ambassadeur de France près de la
Porte. Après la mort de ce dernier, il
géra les affaires de la marine et du
commerce jusqu'en 1764. De retour
en France, en 1765, il accompagna,
deux ans après, le comte de Brugnon,
que le roi envoyait en Afrique pour
conclure un traité avec l'empereur de
Maroc, et déploya dans cette mission
une grande habileté. Nommé consul
général , puis chargé d'affaires die
France près de cette puissance barba-
resque, il revint dans sa patrie en 1784,
et tut , malgré lui , mis à la retraite.
Il s'occupa alors de coordong^er les
nombreux matériaux qu'il avait re-
cueillis dans ses voyages, et fit paraî-
tre ses ouvrages sur l'Orient, compi-
lations qui, bien que trop superficielles
pour la partie historique, méritent
cependant toute confiance pour les re-
marques locales. Lors delà révolution,
Chénier devint membre du premier
comité de surveillance de la ville de
Paris. Au 31 mai 1793, il se montra
favorable aux Girondins. Aussi, ni ses
opinions, ni ses efforts ne purent-ils
sauver du supplice André Chénier, son
fils, dont la mort hâta la sienne, qui
arriva en 1796.
Chénier (Marie-André de) naquit à
Constantinople, le 29 octobre 1762.
Il semble que le beau ciel sous lequel
il ouvrit les yeux à la lumière, le saog
§rec qu'il reçut de sa mère, femme
'une beauté et d'un esprit célèbres,
aient influé su^ son génie et contribué
à lui donner ce caractère de simplidté
antique qui'nous frappe dans ses vers.
Nul chez nous ne s'est rattaché plas
directement à l'antiquité : en restant
poète français, poète moderne, il est
remonté jusqu'à Homère, et a dérobé,
en s'appropriant ses larcins, plusieaii,
des beautés de cet idiome qu'il appelle
Un lang^age sonore, aux douceurs soureraiueSi
Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaioes.
A seize ans, André Chénier, élèw
du collège de Navarre, le savait déjà,
ce langage, et avait traduit en vers une
ode de Sapho. Cette pièce , sans ébe
digne* de voir le jour, porte déjà l'em-
preinte d'un talent original. A vingt
ans, ses études terminées, il entra, eft-
qualité de sous-lieutenant, dans le ri»
giment d'Angoumois; mais le yvk
qu'il trouvait dans la vie de régiment)!
lasservissement à des devoirs moiHK,
tones, le dégoûtèrent : il revint à Paal
au bout de six mois, avec le dessôl
de se livrer à la poésie sans distraft
tion. Il se mit au travail avec uneift
deur qui dérangea sa santé et finit |I0
amener une maladie grave. Lesdedf:
frères Trudaine, ses intimes amiSi.-
après avoir hâté sa guérison par leum
soins, le décidèrent a les accompa^
dans un voyage en Suisse. Chenii
avait alors vingt-deux ans. « On a lÉ
trouvé, dit M. de la Touche, son éir
teur, quelques restes de ses inipN^
sions passagères, mais rien qui se W
porte a l'idée d'écrire un ouvrage. Ûl
y sent même l'embarras d'une adol
ration trop excitée, et l'impuissâoiei
de cet enthousiasme qui, pour créfl^
a besoin de la magie des souvenirs, i
Au retour de ce voyage, André Qé^
nier fut emmené à Londres par II
comte de la Luserne, ambassadeur ei
Angleterre. Le temps qu'il y pa**
n'eut pour lui que dégoûts et imp^
tiences ; la dépendance où il était pMi
lui pesait, et des souffrances physiqajlï
se joignaient à cette irritation d'esprit
Ce fut seulement en 1790 qu'il se ÛA
à Paris. Il y reprit ses travaux oooh
CHB
FRANCE.
GVE
93
neooéSi'et s'appliqua à les renfermer
daos on pian mûrement combiné, a Las
du iiaux goût d'élégance qui affadissait
la littérature, il méditait à la fois la
reprodaction savante et naturelle des
formes du génie antique, et Fapplica-
tioode ce langage aux merveilles de la
dTJIisation moderne. C'est ainsi qu'il
fonlait chaoter la découverte du nou-
ma monde, et célébrer, sous le titre
iHermés, les grands progrès des
sciences naturelles. En même temps»
il s'étudiait à renouveler les grâces
naïves de la poésie grecoue dans de
eourtes élégies , admirable mélange
d'étude et de passion, où la simplicité
a quelque chose d'imprévu, oii l'art
n'est pas sans n^ligence et parfois
sans effort, mais qui respirent un
diarme à peine égalé de nos jours (*). »
Son talent s'essaya aussi à des ébau-
dKsd'égiogues, et, dans ces fragments,
i retrempa aux sources de la poésie ce
{enre qu'avait si complètement défi-
çffé la subtile affectation de Fonte-
Mile. Bien peu de personnes étaient
dans la confidence de ces travaux. Son
MRi le poète Lebrun, Roucher, le
wn[iis oe Brazais, le chevalier de
i^, composaient tout son audi-
- les grands événenients politiques
fnooihmencèrent la révolution vin-
ttot interrompre les travaux d'André
Chénier. Il abandonna les études poé-
tiques de sa solitude paisible pour les
orageuses discussions de la presse po-
itique, et, réuni à quel(|ues écrivains,
4Dtre autres à ses amis de Pange et
Boucher, il établit, dans le Journal de
Air», une énergique opposition aux
|inoci[)e8 démocratiques qui coAimen-
çaient à triompher. Mais il n'employa
pas seulement, à l'appui de ses opi-
lioDS, Féloquence au pamphlet; il
ttma sa muse du vers satirique et de
nambe acéré; et bientôt ses poésies
eo|Otre-révolutionnaires appelèrent sur
ni la sévérité du gouvernement. Ar-
lêtédiez M. de Pastoret, il fut traduit
iQ tribunal révolutionnaire, condamné
P Tillemaîa , Cours d'éloquence fran-
à mort, et exécuté le 7 thermidor an ii.
Placé sur la fatale charrette avec son
âmi Roucher, le peintre des mois, ils
s'entretinrent de poésie en s'avançant
vers l'échafaud, et récitèrent ensemble
un passage de Racine, ces vers d'^n-
dromaqtte qui célèbrent les consola-
tions de l'amitié. Puis Roucher se ré-
pandait en' regrets sur la destinée de
son ami : « Vous, disait-il, vertueux
jeune homme, on vous mène à la mort
plein de génie et d'espérance ! ~ Je
n'ai rien fait pour la postérité, répon-
dit Chénier : pourtant, ajouta-t-il en
se frappant le front^ j'avais^ quelque
chose là. » C'était la muse, dit M. de
Chateaubriand, qui lui révélait son
génie au moment de la mort. Ce n'est
qu'en 1819 que les essais d'André
Chénier furent recueillis et publiés.
Jusque-là, quelques fragments élégia-
3ues étaient tout ce qu'on connaissait
e lui. Cette publication eut la plus
grande influence sur la littérature de
notre temps, et c'est dans ce poète de
la fin du dix-huitième siècle^ non moins
que dans Shakspeare, que la nouvelle
école a été puiser le goût de la simpli-
cité naïve et familière, et des images
pittoresques; heureux les novateurs,
si, en empruntant à André Chénier la
liberté des formes poétiques et la cou-
leur descriptive, iis avaient imité sa
réserve, la sobriété de sa riche imagi-
nation, la sage pureté de son génie.
Chénieb (Marie-Joseph de) naquit
à Con^tantinople, le 28 août 1764.
Amené de bonne heure en France, il
fit ses études à Paris, au collège Ma-
zarin, puis entra en qualité de sous-
lieutenant dans un régiment de dra-
gons. De même que son frère, il sen-
tit bientôt le vide de son existence mi-
litaire au milieu des loisirs monotones
de la paix, et il revint à Paris pour se
livrer tout, entier à de fortes études
.littéraires. Bientôt il débuta par une
tragédie, Azémirey qui fut représentée
à Fontainebleau en 1686, et n'eut au-
cun succès. Pour être plus heureux à
Paris, il s'avisa du stratagème sui-
vant : Àzémire ne fut point annoncée
sur l'affiche; au lever du rideau, ma-
demoiselle Sain val vint annoncer aux
«14
CKE
L'UNIVERS.
caifi
spectatâirs réunis pour voir représen-
ter Za^e^ que rindisposition d'un ac-
teur avait forcé de changer le specta-
cle, et qu'on allait jouer une pièce
nouvelle. Malgré cette précaution,
Azémire échoua une seconde fois.
Après trois ans de travail, Ghénier
donna son Charles IX, qui obtint un
très-grand succès. En ITSTl parurent
Henri f^III, qui offrait plusieurs scè-
nes empreintes d'un pathétique vrai,
et la Mort de Calas, talus Gracchus
fut accueilli aussi favorablement que
Charles IXy et accrut à la fois la re-
nommée littéraire et la popularité po-
litique du poëte. Bientôt après, cette
popularité le désigna aux suffrages des
électeurs, et il alla siéger parmi les
membres de la Convention. Il se jeta
d'abord avec ardeur dans le mouvement
révolutionnaire , vota la mort de
Louis XVI, et siégea longtemps parmi
les députés qui formaient le parti
de la Montagne; mais il s'en éloigna
ensuite, et se rangea parmi les mem-
bres les plus modérés de la Conven-
tion. L'esprit de {>arti l'a cependant
accusé d'avoir participé à la mort de
son frère, ou du moins de n'avoir pas
tout fait pour la prévenir. On sait au-
jourd'hui à quoi s'en tenir sur cette
calomnie, dissipée par des faits irré-
cusables , tels que l'amour inaltérable
que lui conserva sa mère. La carrière
dramatique de Marie-Joseph se res-
sentit du changement de ses opinions.
Ses tragédies, de Timoléon^ de Féné-
Ion, semées de traits contre le régime
de la terreur, furent applaudies quel-
quefois par le public, mais censurées
par les collègues du poëte, qui arrê-
tèrent . même les représentations de
Timoléoà, et en firent saisir et brûler
tous les manuscrits. Une seule copie,
conservée en secret par madame Ver-
tris, sauva cet ouvrage, et fut imprimée
en 1795. Après les événements du 9
thermidor., auxquels Chénier prit peu
de part, il continua à plaider la cause
de la modération politique contre le
parti triomphant^ qui exerçait alors de
sanglantes réactions. Il demanda ,^ en
1794, le rappel des proscrits, et com-
posa son hymne du Chant du départ ,
qui partagea lon^iiips, avec la Uar^
seUlaise* le privilège de 0Dn<fuire nos
soldats a la victoire. Bientôt après il
revint, sans se contredire, aux mer>
sures de rigueur, dans l'éloquente ac-
cusation qu'il fit retentir contre les
complots royalistes du Midi. Élu ffè*
sident de la Convention , en 1795 , il la
défendit avec une intrépidité re^la^
quable contre les sections insargéeti
Les suites de la journée du 13 vende*
miaire le portèrent au sein du eoœitf
de salut public^ Après la dissolutidodè
la Convention , Chénier devint mente
du Conseil des Cinq^Cehts. Il eotle
tort de s'irriter dés attaques dont la
presse le poursuivait, au point à'uff^
quer les répressions de la force piiUî'
que contre la plus précieuse et la plof
sainte des libertés qu'il avait aidé à
conquérir. Cependant, pendant toaH
la durée de ses fonctions législative!^
il s'occoupa const£|mment des pro(p:ft
de l'instruction publique, des scteoef |
et des lettres. Ce fut sur son rappo$:
que fut décrété, en 17911, TétablissB',
ment des écoles t>rimaires. £n 11%^
il s'éleva contre la.destructioh des Ht
vres et des objets d'arts qu'on vpoW ■
anéantir sous prétexte qu'ils hpflr.
laient la féodalité, et fît rendre oft-
décret pour réprimer ces actes de «ao*
dalisme. Le Conservatoire de mosiqill
fut fondé en l'an ii , sur son rapoosl
et d'après ses projets. Il travailla A
l'organisation de l'Institut; appuya il
fixation à deux cent cinquante, Al
Doinbre des élèves de l'école polyte#
nique; enfin, ce fut sur son rap^
que la Convention accorda ,. le 3 jal^
vier 1794, 300,000 fr. de secours, fi
furent répartis entre cent seize Ur
vants, littérateurs. et artistes. ,
Après le 18 brumaire, le républicaB
reparut chez Marie-Joseph; et daniK
commission législative des Cinq-Geo^
comn](e dans celle du Tribunat, il p^
testa souvent avec hardiesse, au nfll|
des libertés publiques assassiiaées. Gr
pendant , à l'épooue (kt couronnemeli^
par une contradiction déplorableyi
composa une tragédie de Cyrus, <wi
malgré quelques sentences généréqseï
sur les droits des peuples, le poHnfP
CHB
FRANCE,
9ff^
nouveau e^ offlciellement chanté. Plu-
sieurs odes dédiées au conquérant, et
même un commencement de poème
épique en son honneur, sont aussi des
inconséquences qu'on ne peut justifier.
Toutefois Ciiénier, mécontent sans
doute du pouvoir, qui ne se montrait
pas assez reconnaissant de ce qu*il fai-
svt pour (ui, revînt bientôt à son at-
Me d'opposition; et quelques pas-
Èges trop hardis de son épitre à
rmavre fui firent 6ter si place d'ins-
pecteur général de rUnIversité. Ce
qu'il ne pouvait dire tout haut, il ré-
crivit alors pour lui-même, voulant
ainsi se soulager de la gène qui pesait
sur tut, et se consoler, des malheu-
reuses complaisances auxquelles il s'é-
tait abaissé. Pamrii ces vers satiriques ^
ces cpftres inédites composées dans la
solitude, rien de plus amer, de plus
énergique et de mieux écrit que lé
fOOTceau cité par M. Villemaih dans
ftm Cours de littérature -française, et
JqI Oflit par ces vers : • * *
^▼Qix (Us oppresseurs fut toiyoars ennemie;
' HUodis qu'if voyait des flots d'adorateurs
ttiTmrfre avec FEtat leurs vers adulateurs,
tf ^Mn dans sa cour remàtqiis ^ngton absence :
wit chanta la gloire et fioo pas la puissance.
l^ Tibère^ tragédie posthume d6
'oieph Chénier et son meilleur ou*
Wage, ftit composé à cette époque de
tt vie. Malgré une action pénible et
iomiseniblable dans quelques-uhe^ d6
fts parties, malgré une teinte de dé-
clamation renandue en plusieurs en-
'i^itsdu étylCj des beautés fortes et
ûvantes assurent un rang distingué à
ttttepiècç-, dont on trouvera d'aitleurs
une analyse aussi intéressanteque juste
dans le j^ours d^ M. Villèmain. On à
encore (le Marie- Joseph plusieurs mor-
ceaux de critique littéraire , parmi les*
tjucls on remarque iSon Tabieau histà-
jî«e ie Vétàt et des progrès de la
fwéraiure française depiàs 1789,
2>mpo^ çn 1808, à la dertiande de
jJapolédB; un discours Svr les progrès
«^9 connaissantes' eti Europe^ et de
^^fifeiçhénentpMbHéenP'rance, qu'îi
g énonça ep 1801, lorsqu'il remplam
arat dans !^ mrt d'instruction du dé-
(^oôentâe la Seine, et son Rapport
sur les prise décennaux. Ce dernier,
ouvrage, /ai/ à t Institut national, est
line revue pleine de talent et d'impar-
tialité de tous les livres de l'époque.
L'auteur y a rendu justice à Deiille et
à la Harpe, ses ennemis, avec une
sincérité u'éloge qui fait le plus grand
honneur à son caractère. Marie-Joseph
Chéniër est mort à Paris, en 18114 à
l'âge de quarante-six ans. Son éloge
funèbre fut prononcé par M. Arnault^
et M. de Chateaubriand lui succéda
comme membre de la seconde classe
de rinstitut.
. Chenilles. — Pendant longtemps^
les animaux furent considérés en
France comme justiciables des tribu-
naux, et, en oonséquence, assignés,
accusés, défendus, condamnés ou ab-
sous. On procédait en forme contre les
cochons, les dùens, les mulets, les
chenilles, etc. Le clergé prononçait
gravement une sentence d'excommu*
tiication contre les bétes coupables de
eriiloes et délits , et les livrait ensuite
à la justice séculière. Les preuves de
la condaiirnation d'animaux à l'emprii-
sonnement, au bannissement, à là
mort , se rencontrent presque à chaque
page de nos Tieill«s annales judiciaires;
Parmi les pièces existant d'ans les àr^
chives dites de Joursanvauit, vendue^
il y a de quinze à éix-huit mois, se
trouvait une quittance dtf 10 Irv. 2 sols
6 deniers, payés par le cliâtelaiû die
Romorantrn , pour un pourceau qui fut
retenu deux mois en prison , puisisoyé,
iju commandement du baitii de Blôis^
pour avoir mangé un enfan(t à Viglain^
en 1438. Ce qui'ést <iigne de r^marque^
ts'est que, malgré les lumières oùe les
lécrivains du temps deXbjuis XIV oiqt
jetées sur la France, dans la dernière
période du règne de cCi prince, ces ex-
travagantes procédures ont été encore
eri usage. Dans uhe des premières an-
nées du dix-huitième siècle, comm&lefi
chenilles désolaient le territoire de Is
petite ville de' Pont^iu-Çhâteau , en
Âuver6;ne, un grand vicaire nommé
Buriii les excommunia , puis renvoys
la procédure devant le juge du lieu.
Clelui-ci, apt*ès avoir religieusement
renipli toutes les formalités pronon^
Cȣ
L'UNIVE»S.
GBE
une sentence contre ces reptiles, et
leur enjoignit solennellement de se re-
tirer dans un territoire inculte qu'il
leur désigna, et ce, sous peine de
dommages-intérêts et de châtiments
corporels. Le narrateur de cette cu-
rieuse aventure ne dit pas si les che-
nilles obéirent. i
Cheiïnbdollé (Charles de), poëte,
auteur du Génie de Vkomme^ naquit
à Vire, en basse Normandie, en 1769.
La révolution ayant éclaté au moment
où il achevait ses études, il se décida
à s'expatrier. C'est en Allemagne que
son goût pour la poésie se développa,
et qu'il composa ses premiers chants.
Rentré en France après le 18 brumaire,
il continua ses travaux avec une nou-
velle ardeur. Ses premières publica-
tions furent remarquées, et lui valurent
upe chaire de professeur de belles-
lettres au lycée de Caen. Peu de temps
après, il fut nommé inspecteur d'aca-
démie, fonctions qu'il exerça jusqu'en
1830, tout en continuant à s'occuper
d'essais poétiques. Il vivait d'ordinaire
retiré à sa charmante habitation du
Coisei, où il menait une vie paisible
et douce. Nommé alors au grade émi-
nant d'inspecteur général de Tuniver-
fiité, il éprouva tant de peine à chan-
ger ses habitudes, et regretta tellement
son loisir, qu'il ne tarda pas à résigner
ces hautes fonctions. Il mourut en
1833, laissant de nombreux manus-
crits. On trouve, dans les vers de
Chennedollé, de l'élévation, du senti-
ment, un style brillant ; mais cet aur
teur n'est pas exempt des défauts de
cette littérature dite impériale, qui ne
se faisait pas uneddée nette de la sim-
plicité du style, et qui confondait sou-
vent le faste avec la richesse, le luxe
avec l'élégance, et la déclamation avec
le sublime.
Chenongeàux, petite ville du dé-
partement (fIndre-et-Loire, à 32 kil.
de Tours, sur les rives du Cher, où
l'on remarque un des plus beaux châ-
teau)^ de la province. La fondation du
château de Chenonceaux est due à
Thomas Bohier, qui le bâtit, sous le
règne de François I*', sur l'emplace-
ment occupé depuis le treizième siècle
par un très-modeste manoir apparte-
nant à la famille de Marquis. Henri II
Tacheta en 1535, et le donna à Diaue
de Poitiers avec le duché de Valenti-
nois. Elle déploya pour l'embellir la
magnificence et le goût qui lui étaient
naturels; mais à la mort du roi, sur
lequel Diane avait exercé un si long
empire, Catherine de Médicis, jalouse
même du monument élevé par sa ri-
vale, la contraignit à. le lui céder en
échange de la terre de Chaumont-sur-
Loire, et en acheva les travaux avec
une pensée d'orgueilleuse émulation.
Transmis par la reine à Louise de
Yaudemont , sa belle-illle , Chenonceaux
vit couler les larmes de la veuve de
Henri III. J. J. Rousseau , Fontenelle,
Buffon, Montesquieu, Sainte-Palaye,
Voltaire , ont habité et décrit ce gra-
cieux séjour et ses riants ombrages.
Construit sur un pont qui traverse le
Cher, Chenonceaux est encore, parfai-
tement conservé ; il appartient au comte
de Villeneuve.
Cheppe (la) , villase du département
de la Marne , arrondissement de Cbâ-
Ions, situé dans une plaine immense;
population , 350 habitants. C'est à peu
oe distance de ce village que se trou-
vent des retranchements appelés camp
d'Attila; et il parait à peu près incon-
testable que c est là que se donna la
bataille ou le roi des Huns fut battu
par Aétius, en 451. Ces retranclie-
ments ont une circonférence de 1>79!1
mètres , et occupent une superficie de
243,648 mètres. [Voy. Chaloms-sub-
Mabne (bataille de).]
Cheb (département du). — Ce dé-
partement, formé principalement de
la partie orientale du Berry, réunie à
une petite portion du Bourbonnais,
doit son nom à la rivière du Cher, qui
le traverse du sud-est à l'ouest, et dont
la vallée particulière en comprend la
presque totalité, tandis que celle delà
Loire en forme seulement la lisière
orientale, où elle le sépare du départe-
ment de la Pïièvre. Le Cher a , sur ce
département, un cours de 8 myriam.
4kilom., et y reçoit plusieurs affluents:
par la droite, la Marmande et l'Eure;
par la gauche, rArnon. La partie sep-
ctoB
FRANCE.
€HE
§7
tentrionale est en outre arrosée par la
grande et la petite Sauldre. Au nord,
ce département est limité par celui du
Loiret; au nord-ouest, par celui de
Loir-et-Cher; à l'ouest, par celui de
rindre; au sud, par celui de TAllier.
Sa superficie est Je 706,844 hectares ,
Kur lesquels les terrains improductifs
en tiennent près de 63,000. Sa popula-
tion s'élève à 276,853 âmes; elle est ré-
partie en 3 arrondissements dont les
chefs-lieux sont Bourges, St-Amand et
Sancerre, et en 29 cantons renfermant
297 communes. Bourges est le siège de
la préfecture; d'un archevêché qui a 5
autres diocèses sous sa juridiction;
d'une cour royale et d'une académie
universitaire ; de la 22* conservation fo-
restière, et de la 15*" division militaire.
Il paye 1,310,130 fr. de contributions
directes sur un revenu territorial de
9,985,000 f., et nomme quatre députés.
Les hommes les plus illustres nés
dans le département du Cher sont : le
célèbre Jacques Cœur, Térudit Labbe ,
k mathématicien Souciet, Bourdaloue;
et parmi les contemporains, le maréchal
Macdonald, M. Raoul-Rochette, etc.
Ceekasco (prise de). — Après la
victoire de MondôvJ, Bonaparte, ne
voulant laisser aucun relâche aux Pié-
inofltais et aux Autrichiens, envoya
Masséna investir Cherasco, ville re-
viStue d'une bonne enceinte palissadée
et garnie de vingt-huit pièces de canon ,
9Qe l'ennemi abandonna pendant la
luit. L'acquisition de cette petite
place, importante à.cause de sa position
au confluent de la Stura et du Tanaro,
procura un poste à l'abri d'un coup de
iDain , très-propre à établir les dépots
de première ligne, empêcha lérétaolis-
<nneot de la communication avec
leaulieu, et força Colli de se mettre à
«Hifert au delà du Pô.
CHERB0UB&, ville forte et maritime ,
place de guerre de première classe,
«jïcf-lieu d'une préfecture maritime,
jl'ane direction des douanes, et de
"une des sous-préfectures du départe-
ment delà Manche, est le siège d'un
^ibuàal de première instance, de
•iMnmerce et de la marine, et possède
■oc école d'hydrographie de deuxième
classe. Sa population est de 13,443
habitants. Elle est située à l'extrémité
de la presqu'île du Cotentin, à l'em-
bosichure de la Divette, au fond de la
baie comprise entre le cap Levi à l'est
et le cap de la Hague à l'ouest.
Cherbourg , qui est désigné sous les
noms latins de Cœsarls Surgus , Ca- '
roburgns, Chereburgum , CherebeV'
tunij passe pour une ville fort ancienne. '
Il est bâti sur l'emplacement d'une
station romaine, appelée Coriallum
dans l'Itinéraire d'Antonin. On croit
son château d'origine romaine , et
Yauban, qui le fit démolir en 1688,
crut y reconnaître des restes de ma-
çonnerie antique. Aigrold, roi de Da-
nemark, y séjourna vers 945. Un acte
de 1026 parle de son château. Guil-
laume le Conquérant fonda l'hôpital
dans la ville et construisit l'église du
château. Le roi d'Angleterre Henri II
y fit souvent de longs séjours avec la
reine Éléonore et toute sa cour. Lors
de la conquête de la ISormandie par
Philippe-Auguste, Cherbourg tomba
sans*!coup férir au pouvoir des Fran-
çais. En 1295, il fut pillé par les An-
glais. En 1355 , le Cotentin ayant été
cédé à Charles le Mauvais , roi de Na-
varre , Cherbourg devint le principal
appui de la domination de ce prince;
et, durant le reste du quatorzième
siècle, ce fut là que débarquèrent cons-
tamment les troupes anglaises et na-
varraises qui venaient ravager la Nor-
mandie. En 1418, les Anglais assié-
gèrent Cherbourg, dont ils ne purent
s'emparer qu'après trois mois de siège.
En 1450 , l'armée du roi Charles VII
assiégea et reprit cette place, et ce
succès compléta l'expulsion des An-
glais de la Normandie. Durant les
guerres de la Fronde , cette ville em-
brassa le parti du prince de Condé.
Vers 1687, Louis XIV forma le pro-
jet de créer un port militaire à Cher-
bourg, et d'en faire une place forte
considérable. Vauban y fut envoyé,
mais après quelques travaux prélimi-
naires, le projet fut abandonné, et
même, en 1689, les nouveaux ouvra-
gés et les anciennes fortifications fu-
rent détruits 'par ordre de la cour.
T. T. ?• Livraison. (Digt. engycl.^ btc.) 7
98
CBE
L'UNIVERS.
C||E
liéanmoîns on sentit bientôt la faute
qu'on avait commise, et, dang les pre-
inières années du dix-huitième siècle,
quelques travaux furent entrepris à la
bâte , mais ils étaient insuffisants , et
les Anglais purent sans peine, en 1750,
s'emparer ne Cherbourg.
Napoléon comprit toute l'impor-
tance de Cherbourg , que Yauban ap-
pelait une position audacieuse, et il nt
reprendre avec activité les travaux de
la digue que Ton avait commencée sous
Louis XVl a Jamais lés Romains ,
« dit-il dans lé Mémorial de Sainte-
a Hélène, n'entreprirent rien de plus
n fort, de plus difficile, qui dût durer
s davantage... J'avais résolu de renou-
« vêler à Cherbourg les merveilles de
« rÉgypte : j'avais élevé déjà dans la
' mer ma pyramide ; j'aurais eu aussi
« mon lac Mœris. Mon grand objet
« était de pouvoir concentrer à Chér-
it bourg toutes nos forces maritimes ;
a et, avec le temps, elles eussent été
« immenses, afin ue pouvoir porter le
« grand coup à l'ennemi. J'établissais
a mon terrain de manière à ce que les
ft deux nations tout entières eussent
« pu, pour ainsi dire, se prendre corps
« a corps ; et l'issue ne aevait pas être
« douteuse, etc. v
Nous ne pouvons entrer ici dans le
détail des prodigieux travaux exécutés
et terminés à Clierbourg depuis le
commencenoentde ce siècle. Nous nous
bornerons à dire que l'illustre voya-
geur, M. Alexandre de IJumboldt,
avant été visiter Cherbourg en 1837,
s est écrié, après avoir vu la digue,
que cV/atï le plus bel ouvrage de main
d'homme qu'il eûtiamais vu, '
La digue est établie à 6,000 mètres
de l'entrée du port de commerce ; sa
longueur est de 3,768 mètres sur une
base de 80 mètres.
Cherbourg , qui était anciennement
compris dans le Cotentin , le diocèse
de Coutances, le parlement de Rouen,
l'intendance de Caen , et l'élection de
Yaloçnes, est la patrie des frères Par-
mentier, qui, en ISâb, découvrirent
l'Ile de Fernambouc ; de Jacques et de
François Callières ; de Jean Hamon, mé-
decin; du contre-amiral XroudQ etc.
Ghebboubg (sièges de).— Le châ-
teau de Cherbourg a soutenu plusieurs
sièges mémorables. En 1378, cette
ville, que le roi de Navarre avait cédée
pour trois ans à Richard II , fût assié-
gée par les Français; mais la résis-
tance fut vigoureuse et opiniâtre. Oli*
vier du Guesclin, frère du conaétable^
tomba dans une embuscade que loi
avait dressée le commandant an^ait,
et fut fait prisonnier. Enfin , après six
mois d'efforts infructueux , les assié-
geants renoncèrent à leur entreprise,
— En 1450, les Anglais, battus!
Formigni et chassés de toutes les ]^
ces qu'ils possédaient en Normandifi ^
se retrancnèrent dans Cherbourg, dofjt
ils étaient mattres depuis 1418 , i
bientôt y arrivèrent d'Angleterre t«|»
tes sortes de munitions. Cependant
connétable de Richemont assiégea
place , u la plus forte de Normaudii
sans nulle excepter, » dit Alain C
tier. ft Les Français s'y gouverne
honorablement et vaillamment,
firent battre la ville de canons et
bardes , et de plusieurs autres eo^
merveilleusement et le plus subfi
meut que oncque homme vit. » ÂJ
les assiégés virent avec étooDen
leurs ennemis dresser une de 1<
batteries sur la grève, dans un
que les eaux de la mer couvraient
lois par jour. A l'approche de la i
gud , ils bouchaient la lumière et
bouc^ede leurs canons avec des
graisseuses , et , quand les eaux
talent retirées , ils revenaient à l
{)ièces et recommeàçaient le feu. £
e commandant Thomas Gowel (
tula le 22 août. Ainsi , la Norman
était tout entière redevenue fran
— En 1758, lorsque les
anglaises, encouragées par l'inepti
nos gouvernants, venaient faire
tentatives jusque dans nos ports,
s'emparèrent de Cherbourg sans 0|
sition, en restèrent tranquilles pc'
seurs durant huit jours, démoi
les fortifications, brûlèrent vingt^i
vaisseaux , emportèrent l'artillerie
même les cloches , et ne se retiri"^
qu'après avoir fait payer une
rançon aux habitants. ii
CHE
FEAIfCE.
CUE
99
CfmGm^l-hiUa Cxtarêa), ville
'joaritime de T Algérie, à 73 kilom.
ouest d'Alger, fut construite près des
jaues dePaocienne C^arée, par les
Jfaares (tosés d'Ëspagoe , dans les
àniières années du quinziènae siècle.
Vmxd\ André Doria s'en empara
par un coup de main en 1531. Le ha-
sard décida de roecnpation de cette
viliepar le3 Français, le 36 décembre
1839. Un brick de commerce français
jibt d'Alger à Oran fut pris par un
sAm plat à la hautear de Cherchel ;
lesKabaïles s'en enîparèrent. Mais le
i^pitaine, qui avait tait mettre la cha<
jpipe à la mer, parvint avec son équi-
;eè gagner Alger. Le lendemain,
I bateaux à vapeur incendiaient le
ick frapi^is amarré dans le port de
Qierehel, et Toccupation de cette ville
lut décidée. En effet, la première opé-
nlioQ de la campagne de 1640 fut la
frise de cette ville. Le 16 mars , le
*""" expéditionnaire entrait à Cher-
évacuée par ses habitants. (Voy.
>TAlftWÀC.)
• JUs habitants n'ayant plus reparu ,
"■/inrêtédu gouverneur de l'Algérie,
'itedu 20 septembre 1840, or-
\ le séquestre et la réunion au
' e de l'État de toutes les pro-
situées daos la ville et dans la
4e défense du territoire, qui
ieot pas été réclamées au V^ oe-
il prescrivit en même temps la
tioo d'une colonie composée de
^milles , dont chaque dief dut
^oir une maison dans la ville et
hectares de terre dans la banlieue,
i|^ charge de réparer la maison et de
"ver les terres dans Tannée 1841.
ïBBCHjBicoNT (Jean de) , trésorier
relise de Laon , fut chancelier de
uçesous Philippe le Long, en 1320,
jnvé de son emploi à la mort de ce
^ en 1321. Charles le Bel le ré-
deux ans après, et il conserva
place jusqu'à sa mort, arrivée
1338. Charles le Bel l'avait nommé
4e ses exécuteurs testamentaires,
âcnillede Cherchemont s'éteignit
Www (Louis-Kicolas-Henri) , né
«ftins, vers 1769, succéda à son père
dans la charge de généalogiste des or-
dres de Saint-Lazare , de Saint-Michel
et du Saint-Esprit. A l'époque de la
révolution, il prit le parti des armes
et parvint de grade en grade jusqu'à
celui de général de brigade- dans les
deux premières campagnes de l'armée
du Nord , où il commanda aux soldats
d'un bataillon de l'Yonne de faire feu
sur Dumouriez qui trahissait. En
1795, il fut nommé chef de Tétat-ma-
jor général de l'armée de l'Ouest,
commandée par le général Hoche , son
ami , et eut une grande part à la pre-
mière pacification de la Vendée. Choisi^
en 1797, pour conimander la garde du
directoire exécutif, il déplut à l'un des
directeurs, et reprit du service dans
l'armée active avec le grade de général
de division. Peu de temps après, i)
fut appelé au posté de chef de l'état-
major général de l'armée du Danube,
sous les ordres de Masséna. Blessé
grièvement dans une des actions qui
précédèrent la mémorable bataille de
Zurich, il mourut de ses blessures le
14 juin 1799. Sa mémoire fut honorée
par les regrets de l'armée et du corps
législatif de France. On a de lui , entre
autres ouvrages, un Abrégé chrono-
logique d*édits, déclarations y règle-
ments y arrêts et lettres patentes des,
rois de France de la troisième race,
concernant le fait ds noblesse; Paris,
1788, in-12 : c'est un code de jurispru-
dence nobiliaire, précédé d'un discours
sur l'origine de la noblesse, ses diffé-
rentes espèces , etc.
Chébisey (Louis, comte de) , né à
Metz, en 1667, d'une famille très-an-
cienne, combattit en Allemagne sous
les maréchaux d'Asfeld et de Coigny.
En 1738, Louis XV le créa lieutenant
général malgré son âge avancé ; il ser-
vit encore en 1742 et 1743, signala
son courage par divers faits d'armes ,
fut blessé deux fois à la journée d'Et-
tingen, et, h peine guéri, alla com-
mander sur la Sarre , sous les ordres
de Coigny, puis en Flandre, sous le
maréchal de Noailles. Il mourut à
Metz, en 1750.. Ses fils et petits-fils
ont tous suivi la carrière militaire;,
Tun de ces derniers, maréchal de'
7.
!
100
CHB
L'UNIVERS.
€HE
camp en retraite, a commandé un
régiment de la garde royale; l'autre,
capitaine d'état-major , a donné sa dé-
mission en 1880.
Chbron (Aug.-Athan.)f acteur de
l'Opéra,. est né en 1760, à Guyancourt.
Il débuta en 1779, et les applaudisse-
ments quMl reçut du public décidèrent
sa réception. A une belle voix de basse-
taille, Cbéron joignait une figure inté-
ressante et une taille majestueuse.
Parmi les rôles dans lesquels il s'est
distingué, on doit citer Agamemnon
dans Iphigénie en Aulide^ le paclia
dans la Caravane, le roi d*Ormus
dans Tarare y et surtout Œdipe à Co-
lone. A cette époque, l'art ou chant
était inconnu en France., et l'on criait
bien plus qu'on ne chantait : Chéron,
très-bon musicien et possédant une
voix facile, commença a ne plus crier,
et c'est à ce titre surtout qu'il a droit
à occuper une place dans rhistoire de
l'art. Il quitta le théâtre en 1808 et
mourut en 1829.
Chébon (Elisabeth-Sophie), peintre
de portraits, naquit à Paris en 1648.
Fille de Henri Chéron, peintre sur
émail, elle dut à son père les premières
leçons de son art et devint bientôt cé-
lèljre. Elle fut reçue à l'Académie en
1676, et mourut en 1711. Son frère,
Louis Chéron 9 né en 1660, fut aussi
un peintre distingué. II fut forcé, en
1696, de se réfugier en Angleterre, à
cause de sa religion , et y mourut en
1713. On voit de lui de beaux plafonds
au château de Bou^ton.
Chébub.in (le père), capucin , né à
Orléans, au commencement du dix-
septième siècle, se livra à la culture
des sciences exactes, et perfectionna
divers instruments d'optique et d'a-
coustique. On voit par une de ses*
lettres, datée du 27 février 1675, que,
dans une expérience faite en présence
de Tun des généraux de son ordre , il
fit «entendre très -distinctement, à
A quatre-vingts pas de distance, et
« discerner les voix des particuliers
« dans une multitude qui parlaient en-
« semble, quoique dans le milieu on
« ne les pût aucunement entendre , car
« ils ne parlaient qu'à voix basse , et
« néanmoins on n'en perdait pas tm
« syllabe. » Il a laissé plusieurs o\h
vrages estimés.
Chbbubini ( Marie-Louis-Cbarles»
Zenobi-SalVador), compositeur de mit
sique, est né à Florence, le 8 septei
bre 1760 ; il apprit , dès l'âge de ne
ans, les règles de la composition soi
Bartolomeo Felici et sous son fils AI
sandro, puis il passa sous la directio|
de Pietro Bizzari et celle de Giusepi
Castucci. En 1773, c'est-à-dire à l'âj
de treize ans , il composa et fit exé
ter une messe solennelle et un intei
mède, et à dix-huit, il donna, àl'i
glise et au théâtre, plusieurs ouvragi
Le grand-duc de Toscane Léopbld
protecteur éclairé des beaux-arts, 1
accorda une pension en 1778, poi
qu'il pût aller à Bologne étudier
le célèbre Sarti. Ce fut cet babi
maître y dont il suivit pendant quai
ans les leçons, qui lui donna cette pi
fonde connaissance du contre-noi
qui est le caractère principal de
talent. Chérubini se mit entin à co
poser. Il donna, en 1780, l'opéra
Quinto Fabio , à Alexandrie ; en 17
ceux d'Jrmida, de Messenzioy à*
rence, et d'Jdriano in Stria, à
vourne; en 1783, Quinto Faèio
Sposo di tre femine^ à Rome; en 17i
Vidalide. à Florence, et Jlessan
nelle IncUe, à Mantoue. M. Chéru
se rendit à Londres , et y fit exécu
en 1785 et 1787, la Finta Princii
et Giulio Sabino. Il fut bientôt ap
à Turin , pour écrire une Iphigéni
AuUde, Il était déjà venu à Paris
1786, mais il ne s'y fixa qu*à son
tour de Turin, en 1788 : ce fut al|
qu'il fit la musique du Démop
Marmontel pour l'Opéra. La mon
nie générale de cette œuvre nuis
son succès, et le Démophon de Y
fit bientôt oublier celui de Chérub
Mais on établit, en 1789, un oi
italien à Paris; la troupe était exi
lente : Chérubin! en devint le chef d
chestre, et lui fit représenter plusi
opéras de PaesieuOy de Cima
etc., auxquels il ajouta divers
ceaux, en général assez goûtés;
citerons surtout le magnifique qua
CHE
FRANCE.
CHE
101
Cara^ da voi dipende, dans les F'iag-
giatorifelici; mais il ii*osa jamais ris-
qaer, sur ce théâtre, aucun opéra en-
tier de sa façon , pas même un seul de
ceux qu'il avait composés jadis en Ita-
lie. Il est vrai, que Cimarosa était un
I rirai redoutable. Tout à coup , M. Ché-
nibini , sortant de la route des grands
(Dattres, voulut se faire novateur : la
mélodie était usée , vieille ; elle exige
Dne dépense considérable d'imagina-
tion; le révolutionnaire employa toute
sa science à développer son instrumen-
tation, et, en substituant à la mélodie-
les effets bruyants d'une orchestration
sarante, il assura à la musique d*e£fet
un triomphe momentané sur la musi-
que de sentiment. Cette révolution fut
commencée par son opéra de Lo-
d(Âska, représenté en 1791. Déjà Mo-
tart,et après lui MéhuI, avaient su
tirer parti d'une puissante harmonie
alliée a la mélodie ; M. Chérubini n'in-
ventait pas en cela ; il donnait seule-
HMnt plus d'importance à l'harmonie;
il sacrifiait l'art à la science ; et c'est
a cela qu'il nous paraît avoir fait un
nal considérable à l'école sur laquelle
diaercé une longue influence. Ce-
S^ant le public n'était pas encore
itué à ces effets, et, en général,
fcsoovrages de M. Chérùhini, malgré
h science profonde qui s'y trouve,
bmx peu goâtés et sont a peu près
Aobliés aujourd'hui : ils manquent de
Tflfve, de variété, d'originalité. l,a
nélodie y est nulle , ou si souvent bri-
.aée, interrompue, qu'on ne peut la
tuivre. Cepenaant, 1 opéra des Deux
Journées f joué en 1800, est resté au
ïépertoire; il fut proposé, dans le
apport sur les prix décennaux, en
1810, pour- une .mention honorable.
Les opéras d'Élisa (1795) , de Mé-
<we (1797) , composés d'après le sys-
^e de musique développé dans Lo-
^ka , eurent moins de succès,
il. Chérubini, qui n'était encore qu'ins-
pecteur du Conservatoire , ne trouvant
pas sa position en rapport avec sa ré-
putation, partit alors pour l'Allema-
pe.Il se rendit à Vienne en 1805, et
V fit représenter son opéra de Fani»-
^>qui obtint un grand succès. Mais
la campagne d'Austerlitz changea sa
position en Autriche : il fut obligé de
revenir à Paris. [Napoléon , qui ne l'ai-
mait pas , le laissa de côté. En vain
écrivit-il sa partition de Pîmmo^/ione
(1809), l'empereur ne lui donna aucun
encouragement. Il se retira alors au-
près du prince de Chimay, chez leauel
il composa sa messe en /or. M. Chéru-
bini, s'écartant de toutes les tradi-
tions reçues, voulut, a-t-on dit, que
sa musique exprimât le sens drama-
tique des paroles ; mais cette innova-
tion est, suivant nous, un résultat
déplorable : ce fut de confondre deux
genres très-différents, la musique dra-
^matique et la musique religieuse.
La restauration valut à M. Chéru-
bini le titre de professeur au Conser-
vatoire, en 1816, celui de surinten-
dant de la musique du roi , la même
année; enfin, celui de directeur du
Conservatoire, en 1822. Il avait été
nommé en 1814 membre de l'Institut.
Depuis cette époque, M. Chérubini a
peu travaillé pour le théâtre : son der-
nier ouvrage a étéÂli-Baba, joué en
1833 et accueilli froidement. Il a pré-
féré composer des œuvres religieuses
en assez grand nombre, notamment '
la messe du Sacre de Charles X,
Chervin (Nicolas), né à Saint-Lau-
rent d'Oingt, vers 1785, après avoir
fait ses études au collège de Villefran-
che, se rendit en 1805 à Lyon, où il
commença ses études médicales. Dès
1809, Chervin voulut passer dans
l'Inde, par terre, à cause du blocus
continental , dans le but d'observer le
choléra-morbus. Désirant aussi étudier
par lui-même la fièvre jaune, il s'em-
barqua le 3 novembre 18i4, et arriva
à la Guadeloupe le 15 décembre, cinq
jours après la prise de possession de
cette île par les troupes françaises. La
fièvre jaune n'y exerçait plus ses rava-
ges , mais il put y recueillir des rensei-
gnements précieux sur les épidémies
antérieures. Au printemps de 1816, la
maladie reparut; bornée d'abord à
quelques individus, elle finit par mois-
sonner la plupart des Européens, y
compris la garnison. Le docteur Cher-
vin se multiplia; il vit tout , connut
foi
CHÊf
L'UNI VERfe,
tttE
tout , et en moins de quinze mois il
ouvrit plus de cinq cents cadavres à
la Pointera* Pitre. Non content des
faits qu'il a ainsi recueillis, il recom-
mence de nouvelles études : il parti
▼isite tous les lieux où la fièvre jaune a
régné , se rend dans ceux qu'elle ra-
vage, recueille partout les opinions,
de quelque part que ce soit; et, chargé
de cet inappréciable travail , fl rentre
dans sa patrie après huit années de
courses et de périls, apportant avec
lui les opinions de plus de six cents
médecins américains sur la contagion
ou la non-contagion de la fièvre jaune.
Parti de la Guadeloupe en 1822, il ap-
prend, en arrivant en France, quek»
lièvre jaune vient de ravager l'Espa-
gne, alors en révolution, et le 9 mai
1823 il arrive à Madrid. Après cette
nouvelle excursion , ces nouvelles dé-
penses ajoutées à tant d'autres, le doc-
teur Chervin revint à Paris. Un corps,
placé par son élévation même au-des-
sus de toutes les coteries , de tous les
préjugés , l'Institut, a honoré ses tra-
vaux du seul prix qu'il fût libre d'ac-
corder à de semblables sacrifices. L'A-
cadémie des sciences lui a décerné , en
1828 , le prix de dix mille francs.
Cheby (Philippe), peintre d'histoire,"
naquit à Paris , le 15 février 1759. Ses
, parents virent avec regret son goût
décidé pour les arts ; toutefois ils con-
sentirent à le placer chez Yien. Bien
qu'il n'eût alors que quatorze ans , il
comprit que l'instruction était le plus
utile auxilâire de l'art , et il entreprit
de refaire ses études. Il passait les jours
à peindre et consacrait une partie des
nuits à étudier le grec et le latin , et
bientôt il put lire dans leur langue les
écrivains d'Athènes et de Rome. Son
premier ouvrage fut une Annoncia*
tion , qui attira sur lui l'attention de
l'Académie ; quelques ^ autres sujets
religieux traités par lui , entre autres
une Décollation de saint Jean , pour
l'église de Carantan , fixèrent sa répu-
tation.
Sa fortune lui permettai de travailler
pour la sloire seule. Le marquis de la
Villettejui commanda un Martyre de
saint Etienne , qu'il devait lui payer
trois mille francs. L'àtti'ste tfépargiiâ
rien, ni temps ni travail. « \m
«t dépensez plus que je ne vous donner
« lui dit un jour le marquis. — Qu'im-
ft porte ? l-épondit le peintre, je ne me
41 suis pas engagé à vous rendre Jastê
« la monnaie de vos mille écus? »
Vien , de retour de Rome^ vint voir
son ancien élève et le trouva terminant
ce tableau , dont il fut tellement sa-
tisfait , qu'il engagea le jeune artiste)
se présenter à l'Académie pour s'y ûiiré
admettre comme agréé. Mais Chéry
voulant mériter cette distinetiofi paf
des travaux plus importants, composi
sa Mort d'Alcibiaae, dont l'esquisie
fut mise par Yien sous les yeux dl
TAcadémie. Cette société , confirmant
toutes les espérances du jeune bomnM^
arrêta que ce sujet serait traité par Irà
sur une toile de grande dimension. Gl :
tableau , rapidement terminé , fijt cl*
posé ati salon de 1791 et placé sous II
n' 1". Il n'est paâ inutile de rappdtf
ici que ce n» 1*' était Une distinction
ordinairement attribuée au premitf
peintre du roi. Vien étant alors reyétt
de ce titre, Chéry se défendit d'ttl
honneur qui lui semblait un empiâ6^
ment sur les droits de son maître. 4 .
TAcadémie , charmée de cette mow-
tie , le nomma agréé.
Cependant la révolution avait co#
mencé ; Chéry , plein d'entbousiastté
pour la liberté et nourri de Tbistoifè
des républiques anciennes , accepta M
idées nouvelles avec ardeiir ; il ootiSi^
cra son talent et sa vie au triompM
de cette cause.
Au 14 juillet , il marcha contre a
Bastille à Ta tête d'une compagnie A
gardes françaises qui l'avait cbow
pour son chef. Il monta à l'assaut ftà *
des premiers. Blessé à la tête, ilivt
obligé de subir l'opération du trépat.
A peine guéii , il partit comme voicHh
taire et gagna les épaulettes de cap^
taine sur le champ de bataille. D>
retour à Paris , il fut nommé membit
de la Convention et fit partie du pï*'
mier comité de salut public. CompW*
rais dans l'affaire du duc d'OrléansJI |
fut a^rêté et ne recouvra la libei»
qu'après le 9 thermidor.
CKE
FRANGE.
108
Des
Le gouTefnement ouyrit, en 17d4,
. m concours entre les artistes ; chacun
avait le eboix du sujet. Ghéry peignit
un soidai s'élançant aurdevant aun
tovp de sabre destiné à son générai ^
épisode des guerres de la Vendée. Il
obtint le second prix ; le premier avait
^ été décerné à Gérard. Ghery avait tou-
jours compris noblement et la révolu*
tion et rinfluence sociale des beaux-arts.
Aussi le Directoire qui , comme toufe
nos gouvernements révolutionnaires^
comprit très-bien Taction qu'un ausbi
lissant moyen pouvait exercer sur
I masses, le chargea de faire un ta-
ieau dont le but était de ramener le
uple au calme et au respect des lois,
'artiste peignit Charondcts mourant
ur donner l'exemple de ce respect,
tableau fut exposé en plein air sur
place Vendôme, devant Thôtel du
inistre de la justice. L'artiste fut
osûite nommé maire de Gharonne et
« Bellerille, puis chef de la police
'rite et militaire dans le département
la Seine. Au 18 brumaire, il somma^
après les ordres du Directoire, le
J Bonaparte de venir rendre
r! de sa conduite. Mais celui-ci ,
faisant mettre hors la loi, lé
à prendre la fuite : quant au
ibfeau de Gharondas , il fut mis en
L'orage passé, Ghéry rentra dans
[ans et exposa, en 1802, .^^rcwre
mant amoureux d^ Hersé (tableau
est passé en Angleterre) , et un
VDid jouant de la harpe devant
L En 1803 , un concours eut lieu
)ar la repr^entation de la paix d'A-
liens. « Ghéry, dit M. Huàrd , qui
lavait célébré en vers cet événement,
insporta son poëme sur la toile,
sa composition obtint le prix, ri
1804 , il fit plusieurs tableaux re-
mi, et, en 1806, plusieurs por-
n'ts de personnages célèbres. En
112, il exposa la Naissance et la Toi*
de Fénus. La même année, le
l^overnement le chargea de représen-
r la distribution dés récompenses
[iiitaires , faite par Tf apoléon sur le
tianip de bataille d'Iéna. L'empereur,
titisâk du tableau, en demanda une
copie réduite pour son cabintit. La
chute de l'empereur suspendit oe tra-
vail et le tableau fut détruit; aussi
Ghéry disait-il : « Je compte les évé-
« nedfients politiques par mes tableaux
* crevés. »
Ghéry s'était montré trop patriote
pour ne pas être persécuté par la res-
tauration. Il fut arrêté en tSlô et eut
beaucoup de peine à recouvrer la li-
berté. Lorsque la révolution de 1830
arriva, fidèle à ses souvenirs, le vieux
peintre fit son tableau (aujourd'hui en
Angleterre) de Thrasybule rendant
au peuple d Athènes ses lois démo-
cratiques. Mais la fortune continua à
lui être contraire : oublié et pauvre,
Ghéry vivait du produit de quelques
leçons : dans l'hiver de 1888, il était
malade et sans bols. Un faible secours
qu'il reçut , après l'avoir demandé au
roi Louis-Philippe, dont il avait es-
sayé jadis de sauver le père au péril
de sa Tie, vint adoucir ses derniers
moments. Il mourut le 28 février 1838,
pauvre et fier de la carrière qu'il avait
parcourue.
Ghesapeàk (combat de).-— Une es^
cadre française , commandée par Des-*
touches , capitaine de vaisseau , appa<<
reilla de New-Port le 8 mars 1781.
Elle était composée de sept vafsseaux
de ligne, du Romukts de quarante*
quatre canons , pris aux Anglais , e^
^une frégate. A son bord se trouvaient
mille hommes de troupes de terre,
commandées par M» de Vioménil. Le
16 mars on découvrit, près de la baie
de Ghesapeàk, une escadre anglaise
croisant dans ces parages; quoique
l'infériorité du nombre tut du côté de
l'escadre française , Destoucbes donna
ordre de se former aussitôt en ligne
de bataille et d'attaquer les Anglais.
Le feu commença de part et d'autre
avec vivacité. La liardiesse et l'habileté
des manœuvres du commandant fran«>
cais eurent un p^ein succès sur la tête
oe la ligne ennemie comme à l'arrière*
earde. A deux heures trois quarts le
feu ayant cessé de part et d'autre , les
Français se trou vaut en avant et sous
le vent des Anglais , Destouches or-*
donna de rétablir l'ordre de bataille 9
104
L'UNIVERS.
CHB
mais les Anglais ne crurent point de-
voir courir les risques d'ug second
engagement et se retirèrent.
— Après la prise de Tabago , le
comte de Grasse, commandant la flotte
des Antilles , dont Rocliambeau avait
réclamé Tassistance-, vint, le 30 août
1782 , mouiller avec vingt et un vais-
seaux , dans la baie de Chesapeak.
Ayant pris position à rentrée des ri-
vières de James et d'York, il informa
de son arrivée les. généraux des ar-
mées combinées, et débafrqua 3,500
hommes qu*il avait amenés du Cap.
Pendant qu'il attendait le retour de
ses embarcatiops, sa frégate de décou-
verte signala vingt-sept voiles enne-
mies , se dirigeant vers la baie. Le
comte de Grasse ordonna alors de se
tenir prêt à combattre et à appareil-
ler. Vers midi, la marée lui permit de
former une IJgne de vitesse, et les ca-
pitaines obéirent avec tant de célérité,
que, malgré Tabsencede quinze cents
hommes et de quatre-ving-dix ofOciers,
employés au débarquement des trou-
pes , Tarmée navale fut en moins de
trois quarts d'heure sous voiles et en
ligne. Le combat s'engagea par un feu
très-vif à j'avant-garde ; il dura jus-
qu'au coucher du soleil. Plusieurs
vaisseaux furent très - endommagés ,
mais la victoire resta indécise. Pendant
quatre jours de suite les deux flottes
demeurèrent en présence sans pouvoir,
à cause des mauvais temps, recom-
mencer la bataille^ Enfin M. de Grasse,
craignant d'être devancé dans la baie,
prit le parti de s'y rendre.
Chessb (Robert) , gardien des cor-
deliers du temps de la Ligue, se déclara
tout à coup ennemi forcené de Hen-
ri IV, après la mort de Henri III. Son
ordre l'ayant envoyé en qualité de
gardien des cordeliers, à Vendôme , il
contribua, lorsque cette ville eut été
livrée au duc de Mayenne, à soutenir
l'exaltation des habitants. Le roi vint
en faire le siège au mois de novembre
1Ô89 , et l'emporta d'assaut. Chessé
fut saisi dans la chaire même de.
Saint-Martin, et pendu à l'instant par
les soldats du duc de Biron. Voyant
qu'on manquait de cordes , il détacha
lui-même celle qui lui servait de ceio-
ture, pour aider à son supplice. Les
cordeliers le regardèrent comme un
saint et un martyr. En 1789 , sa têle
était encore attachée à la tribune de
l'orgue de l'église de 'Saint-Martin.
Cheyâgb (droit de). — On appelait
ainsi un droit de douze deniers parisis
qui , dans quelques provinces , se
payait tous les ans au roi , par les bâ-
tards et aubains mariés qufy étaient
établis. Ceux qui payaient le droit de
chevage étaient appelés chevagiers.
Cheval.— Les Gaulois avaient une
haute estime pour les chevaux. Ordi-
nairement beaucoup plus forts en ca-
valerie qu'en infanterie, ils étaieut
fort adroits dans les combats à cbe?a}.
Les Francs , dont la principale force
consistait en infanterie, n'employaient
guère de chevaux dans les* batailles,
mais ils en faisaient un grand usage à
la chasse, dans les voyages et dans les
cérémonies publiques; ils se piquaient
sur ce point d'un luxe qui ne le cédait*
point à celui des Romains. Ils coih ^
vraient leurs montures de riches cafMK
raçons chargés de broderies d'or et':
d'argent, et même de pierreries. Rid»»/
mer, jeune seigneur franc, étant venu"
en Gaule visiter le préfet de l'Auvei^
gne , fît le voyage avec un appareil
magnique dont la description se trouTe^
dans la deuxième épître de Sidoine*.
Apollinaire, adressée à son ami Domi*
tius : « Que je regrette , dit-il , qoe^
« vous n'ayez pas été témoin du su*
« perbe cortège du jeune Ricimer et
« de son équipage à la manière bar-
« bare... Son cneval était cou vert d'une
« housse magnifique ; un grand nom*
« bre de chevaux de main, sur lesquels
« brillaient des pierres précieuses,
« précédaient et couraient. » Ce luxe
de pierreries ornant les harnais def
chevaux devait faire d'autant plus
d'impression sur les Gallo Romains
qu'il était prohibé chez eux par une loi
expresse.
La considération dont le cheval
jouissait chez les Gaulois et chez les
Francs, était souvent funeste à ee no-
ble animal. Lorsque son maître était '
mort , on regorgeait sur sa tombe et i
FRANCE.
CHE
JOS
M Teifteirrait dans sa fosse , souvent
iTec le$ serviteurs qui avaient été
chargés de lai donner leurs soins. Dans-
k tombeau découvert à Toumay , en
1653, et que l'on croit être celui de
IChiidéric , père de Clovis , on trouva ,
avec les ornements en or et les véte-
ineots du défunt, des harnais , la tête
d'uo cheval, et les ossements de deux
hoinmes immolés aussi , sans doute ,
pour lui continuer leurs soins dans
l'autre monde.
Après la conversion de Clovis , on
n'immola plus les chevaux sur la tom-
itt des guerriers, mais ils continuèrent
à figurer dans les cérémonies des fu-
nérailles, et telle est Torigine de Tu-
sage où Ton est encore de nos jours ,
de mener, à la suite du char funèbre
d'un officier général ; son cheval de
^taille couvert d'un caparaçon noir.
Insensiblement, et à mesure que la
fosion s'opéra entre les diverses po-
potations qui habitaient la Gaule, on
•ploya les chevaux à la guerre ; Tu-
lage en devint même si général, qu'au
'^yen âge la noblesse ne voulut
ijtti combattre qu'à cheval. Alors les
y'Wtt furent classes, et reçurent
«WBes destinations et divers noms :
i^Jestiers ou dextriers et les pale-
/^ forent réservés pour les tournois
<tle8 batailles. La Castille et le Da-
^^fL fournissaient les meilleurs.
J*&haquenées servaient aux prome-
~ ies^ quelquefois aux voyages, et
ient surtout la monture des fem-
• L'humble roussin ou ronsin avait
r destination de porter les baga-
p; c'était de la Bretagne que 1 on
itles plus vigoureux. Ce modeste
utile serviteur était souvent l'objet
ofle redevance féodale que les vas-
Qx étaient tenus de payer à leur sei-
r, dans certains cas prévus par la
^i; On l'appelait alors ronsin de ser-
Pour quelque raison qu*un homme
noble race montât à cheval , il ne
[^Mvait chevaucher juc sur un cour-
^it que le fer avait respecté. Con-
fiiner un chevalier à monter un che-
N bongre ou une iument, c'était le
'^Kgrader et l'assimiler à un vilain, à
2ui toute autre monture était inter-
ite.
Monter un cheval Manc était une
prérogative qui n'appartenait qu'aux
rois , ' et que ceux-ci n'accordaient
qu'aux hogimes d'un rang au moins
égal au leur et qu'ils voulaient hono-
rer. Lorsque Manuel Paléologue, em-
pereur de Constantinople , vint en
France pour implorer les secours de
la chrétienté contre Bajazet, Char-
les YI, gui alla à sa rencontre, le 3 juin
1400, jusqu'au pont de Charenton,
accompagné de trois cardinaux et d'un
grand nombre de ducs , comtes et ba-
rons , lui fit donner un cheval blanc
pour faire son entrée dans Paris, hon-
neur que son père, Charles Y, avait
refusé à l'empereur d'Allemagne.
C'était , de la part d'un chevalier ,
une grande preuve de fofce et d'agi-
lité que de s'élancer , armé de toutes
pièces, sur son destrier dont un écuyer
tenait la bride. Mais comme il n'était
pas donné à tout le monde de faire de
ces tours de vigueur et d'adresse , on
dressait^ le long des routes , des bor-
nes en pierre et de peu de haujteur
ai^pelées montouers , et qui servaient
aux vieillards et aux femmes pour se
placer sur leur haquenée. Dans plu-
sieurs rues, du Marais , à Paris , on
trouve encore j, à la porte des anciens
hôtels, de ces bornes qui aidaient aux
magistrats du parlement et des cours
souveraines à enfourcher la mule pa-
cifique sur laquelle ils se rendaient au
Palais. (Voyez Sautoibs et Ëtrtebs.)
L'usage de monter deux sur le même
cheval fut très-fréquent au moyen
âge : Charles YI était monté sur le
même cheval que son favori Savoisy,
lorsqu'il lui prit envie, en 1389, cle
voir, comme simple particulier, l'en-
trée de sa femme Isabelle à Paris , et
l'histoire rapporte qu'il reçut de bons
coups de homaie des sergents chargés
de maintenir l'ordre parmi le popu-
laire qu'avait attiré ce spectacle. La
reine LIisabeth d'Angleterre paraissait
en public sur le. même cheval qu'un
de ses grands officiers , et assise der-
rière lui. Au dix-septième siècle encore,
on offrait à la personne que l'on ren-
108
L'UiaVERS.
CKE
eontràit à pied, et que Ton respectait,
la croupe au cheval ou de te mule que
Ton montait, ist c'était une politesse
exquise.
Les chevaux furent quelquefois em*
ployés comme moyen de supplice. On
dit que la reine Brunehaut fut atta-
chée à la queue d'une cavale indomp*»
tée , qu'ensuite on lança à travers les
rochers et les broussaillles où elle mit
en pièc^ le corps de cette prmcesse.
L'écartèlement d un criminel se faisait
au moyen de quatre chevaux; c'était
le suppliée réservé au régicide : ce fut
celui que souffrit Damiens. (Yoy. Gà*
VALBUIB, RAfiÀS.)
CHEVALsaiE. — « C'est , dit M. de
Sismondi,-un caractère très-frappant
de la révolution qui donna le trône de
France à la maison capétienne, que le
progrès graduel, mais constant, de la
nation, et la décadence simultanée de
ta race royale. Au fondateur de la dy-
nastie nouvelle succèdent, dans un
ordre régulier, son fils , son petit-fils ,
son arrière-petit-tils ; chacun de leurs
longs règnes embrasse toute une gé-
nération ; tout un siècle se passe , et
leur domination s'affermit; cependant
ils n'ont fait , durant ce long temps ,
que sommeiller sur le trône : ils n'ont
montré que faiblesse , amour du repos
ou ^mour des plaisirs ; ils ne se sont
pas signalés par une seule grande ac'-
tion. La nation française, au contraire,
qui marque Ses fastes par les époques
de leur règne, s'agrandit et s'enno-
blit d'année en année , acquiert à cha-
que génération des vertus nouvelles ,
et devient, à la fin de cette même pé-
riode, l'école d'héroïsme de tout l'Oc-
cident, le modèle de cette perfection
presque idéale qu'on désig^ne par le
nom de chevalerie, et que les guerres
des croisés, les chants des troubadours
et des trouvères, et les rotnans même
des nations voisines rendirent propres
à la France (*). »
La chevalerie brillait de tout son
éclat au temps de la première croi-
sade , c'est-à-dire . sous le règne de
Philippe 1er; mais à -quelle époque
O Histoire des Français, t. IT, p. 197.
avait commencé cette grande inUt»
tion? Cette question a embarrassé
tous les historiens, et aucun n'a pu h
résoudre d'une manière satisfaisattti
Chez des peuples naturellement ^
riers, comme les barbares qui vidr^nt^
à l'époque des grandes invasiODs , n-
tremper la nationalité gauloise et
donner leur nom à la France, la prf^
mière prise d'armes devait être M
brée par d'imposantes cérémonies.
« Il est d'usage, dit Tacite, eu fs^
lant des Germains , qu'aucun d^eax oe
Ï)renne les armes avant que la tril^
'en ait jugé capable. Alors , dansfl
semblée même, un des chefs, oa
père, ou un parent, revêt le jeu
homme de l'écu et de la framée. Gt
là leur toge; c'est chez eux le prein^
honneur de la' jeunesse. Avant gT'^
cérémonie, ils ne paraissent être
des membres de la famille, alors
deviennent membres de larépubliqal
Ainsi, chez les anciens Germaios
chez les Francs , la prise d'armes '
un acte national, une cérémoaie
blique. Cette coutume ne périt
avec l'invasion; Charlemagne eein
solennellement l'épée à son fils , ~
le Débonnaire , et celui-ci conféra
même honneur, avec le même
monial, à Charles le Chauve, en
Mais bien qu'on ait dû puiser A
ces cérémonies l'idée de celles quij
rent plus tard en usa^e pour coi
l'ordre de la chevalerie, on ne p
voir l'origtoe de cette institution
même. Ce sont les maux extrêmes
font trouver les remèdes destioél
les combattre; c'est au milieu de
narchie et des désordres qui si^
rent l'établissement de la l^odi
que dut naître la chevalerie. « La
sécration des armes de la noble
devenue la seule force publique,^
défense des opprimés, en rut l'I
fondamentale. A une époque où lei
religieux se ranimait, où cependanij
valeur semblait être la plus digne ^
toutes les offrandes qu^on pût
ter à la Divinité, il n'est pas
qu'on ait inventé une ordination
taire à l'exemple de l'ordination Si
dotale , et que la chevalerie ait
petffj
CO&
FRANCE.
a»
dMiècoDde prêtrise, destinée d*une
ÎIflière plus active au âervice divin,
et probable aussi (^tie le culte <jle la
Ikip Marie, qui retri^la^it presque
^i de. la Divinité, et qui accoutu-
à tourner les regards de la piété
Pimage d'une jeune et belle femme,
ibaa à donner à la défense du
le plus faible, et à Tamour, ce
Itère religieux qui distingue la
literie du moyen âge , de celle des
iS temps héroïques (*).»
Tordre de chevalerie était en effet
engagement religieux autant que
"Ire; il ne pouvait être conféré
infidèles , et c^étàit à Dieu et aux
8 que le chevalier se dévouait par
eérémonies mystiques,
jeune homme, Técuyer qui aspi-
au titre de chevalier , était d*a-
dépouillé de ses vêtements , et
au bain , symbole de purification.
.Bain.) Au sortir du bain, on
pTétait d'une tunique blanche,
lé de pureté ; d'une robe rouge ,
lie du sang qu'il était tenu de
re pour le service de la foi;
f fciye ou justaucorps noir , sym-
ti la mort qui l'attendait , ainsi
les hommes.
purjfié et vêtu, le récipien-
observait pendant ving- quatre
i un jeûne rigoureux. Le soir
i , Il entrait dans l'église et y pas-
la nuit en prières , quelquefois
(quelquefois avec un prêtre et des
uns qui priaient pour lui ; c'était
leFon appelait la veille des armes,
lendemain , son premier acte
la confession ; après guoi le prê-
li donnait la communion ; puis il
tait à une messe du Saint-Esprit,
[Ohlinairement à un' sermon sur les
)îfs des chevaliers et de la vie nou-
où il allait 'entrer. Le sermon
i) le récipiendaire s'avançait vers
si, l'épée de chevah'er suspendue
cou ; le prêtre la détachait , la
sait et la lui remettait au cou.
[técipiendaire allait alors s'agenouil-
devant le seigneur qui devait l'ar-
*■ chevalier : « A quel dessein , lui
ISismondi , Histoire des Français, t. lY,
loi.
« demandait le seigneur., désiréz-yoâs
« entrer dans J'ordre ? si c'est pour
a être riche , pour Vojlis reposer et être
« honoré sans faire honnemr à la che-
ft Valérie, vous en êtes indigne, et se-
« riez à l'ordre de chevalerie que vous
« recevriez , ce que le clerc simonia-
« que est à la prélature. » Et sur la
réponse du jeune homme , qui promet-
tait de se bien ac^uitteir des devoirs
de chevalier , le seigneur lui accordait
sa demande.
Alors s'approchaient des chevaliers
et quelquefois des dames ^ pour revêtir
le récipiendaire de tout son nouvel
équipement ; on lui mettait 1° les épe-
rons; 2° le haubert ou la cotte de
mailles ; 3° la cuirasse : 4° les brassards
et les gantelets ; 5° enfin on lui ceignait
l'épée.
Il était alors adoubé ^ c'est-à-dire,
adopté, selon du Gange. (Voyez Adou-
BEB, t. I, p. 130.) Le seigneur se
levait, allaita lui, et lui donnait Vac-
colade, ou accolée, ou colée. trois
coups du plat de son épée sur 1 épaule
ou sur la nuque, et quelquefois un
coup de paume de la main sur la joue,
en (lisant : « Au nom de Dieu, de saint
« Michel et de saint George , je te fais
a chevalier. » Et il ajoutait quelque-
fois : ft Sois preux , hardi et lovai. »
Le jeune homme ainsi armé cheva-
lier , on lui apt)ortait son casque , on
lui amenait un cheval ; il sautait des^
sus, et caracolait en brandissant sa
lance et en faisant flamboyer son épée.
Il sortait ensuite de l'église , et allait
caracoler sur la place , au pied du châ-
teau, devant le peuple avide de pren-
dre part au spectacle.
Ces cérémonies achevées , le réci-
Ïiiendaire jurait de s'écarter de tout
ieu oii il y aurait trahison ou faux
jugement, s'il n'était pas assez fort
pour l'empêcher; d'aider de tout son
pouvoir et d'honorer les dames et de-
moiselles; de Jeûner tous les vendredis
et de faire offrande chaque jouh a la
messe. C'étaient les principales obli-
gations des chevaliers, obligations qui
sont très-bien résumées dans une an-
cienne ballade d'Eustache Dèschamps,
citée par Sainte-Palaye :
iÙB
CHE
LTNIVEIIS.
CHE
Vottf qni voules l'ordre d« charalier,
. Il TOjis çonTimt mener nouvelle TÎe;
Dérotcmcnt en oraison veillier, '
' Pecirie fair, orffaeil et rillenie : '
. 1/ÉgIise devez lieffendre , \
La vefve, aussi l'orpheiiin entreprendre ;
Estre hardis et le peuple garder ;
Prodoms, loyaalx sans rien de l'autroi prendre :
Ainsi se doit chevalier gouverner.
' Humble cncr ait; tondis (*) doit travailler
. Et pourvoir faits de chevalerie ;
Guerre loyal, estre grand voyagier,
Tournois suir (**) et jouster pour sa mie.
II doit à tout honneur tendre.
Si c'oin ne puist de lui blasme répandre,
He lascheté en ses œuvres trouver ;
Kn entre tous se doit tenir le mendre (***) :
- Ainsi se doit gouverner chevalier.
Il doit amer son seigneur droiturier,
- Et dessus tous garder sa seigneurie ;
Largesse avoir, estre vrai justicier ;
Des prodomes suir la compaignie ,
Leurs diz oïr et apprendre
Et des vaillands les prouesses comprendre.
Afin qu'il puist les grands faits ach/îv.er.
Comme jadis list le roi Alexandre :
Ainsi se doit chevalier gouverner (****).
Tel était le cérémonial que Ton ob-
servait pour armer les chevaliers en
temps de paix; mais en temps de
guerre, on omettait la plus grande par-
tie de ces formalités.
« On créait , dit un auteur du temps
de Charles VU, des chevaliers durant
les sièges, devant ou après un assaut :
c'était le prince ou le général, ou
quelqu'un des principaux cnefs de Tar-
inée , qui conférait ce grade. Celui qui
devait le recevoir venait, une.épée à
la main , se présenter au prince ou au
général , et lui demandait la chevale-
rie. Le prince ou le général prenait
Tépée , et , la tenant a deux mains ,
lui donnait un coup du plat de cette
épée, en Fappf^lant chevalier. Ensuite
le prince nommait un vieux chevalier
f^our lui chausser les éperons dorés et
'accompagnera l'assaut. Que, si l'on
n*était pas près de donner rassaut, et
que l'on travaillât actuellement à mi-
ner la muraille, le nouveau chevalier
devait passer et veiller la nuit dans la
(*) Toujours.
(**) Suivre.
(***) Le moindre.
(****) Poésies manuscrites (TEustache
Deschamps, dans Sainte-Palaye , Mémoire
sur la chevalerie, 1. 1, p. 144.
mine avec le vieux chevalier (*). » Cette
veNle tenait lieu de la veille des armes,
qui se faisait dans une église , quand
la céirémonie avait lieu en temps de
paix.
On faisait aussi des chevaliers sur
le champ de bataille, quand la bataille
allait commencer, et Ton observait
alors encore moins de formalités; oa
en trouve la preuve dans une anecdott
racontée par Froissard. Les arméei
de Philippe de Valois et d'Edouard
d'Angleterre étaient près d'en venir
aux fnains à Yironfosse en Tiérache.
lorsqu'un lièvre se leva au premi<
rang de l'armée française ; les soldat
ayant à cette vue poussé de graa^
cris , on crut à Tarrière-garde que
bataille commençait, et Te comte 1
Hainaut, qui la commandait, fit à
hâte quatorze chevaliers. Mais la b
taille n'eut pas lieu , et ces chevaliei
furent toujours appelés depuis 6h
tiers du Uèore:^
Du reste, les princes et les g^
raux d'armée n'étaient pas les si
qui pussent faire des chevaliers ; cet
prérogative appartenait même ai
simples chevaliers ; mais ils ne [~
vaient conférer cet honneur qu'à
gentilshommes de nom et aat
c'est-à-dire, qu'à des hommes doati
noblesse remontât au moins à d(
générations, tant du côté matei
que du côté paternel ; les rois s(
pouvaient donner en même temps
noblesse et la chevalerie.
Les chevaliers étaient d'ailleurs
différents ordres : les plus élevés à
la hiérarchie étaient les chevaliers
très , c'est-à-dire, ceux qui avaient
titres de duc , de comte ou de baron]
venaient ensuite les simples chevalii
bannerets , puis enfin les chevali(
bacheliers. ( Voy. Bagh£LI£BS, Bi
NEBETS et BannIEBES. )
Les distinctions et les prérogatif
accordées à la chevalerie étaient il
nienses. Une lance forte et difficile
rompre , une double cotte de mail
à l'épreuve de l'épée, étaient des arr
exclusivement afrectées aux chevalic
(*) Nie. Uplon, Hfdere militari, c. Sil
CHE
FRATÎCE.
€HB
109
LV brillait partout sur leur armure,
sur les housses et les harnais de leur
chevaux. Ces richesses servaient à les
faire distinguer dans les assemblées ,
et 00 leur donnait en leur parlant ou
ea leur écrivant les titres honorifiques
Mre, messire et monseigneur ; leurs
femmes seules avaient le droit de se
faire appeler madume.
Im chevaliers se distinguaient aus9i
entre eux par les diverses armoiries
dont ils cnargeaient leur écu, leur
cotte d'armes, leur pennon, ou leur
knnière.
Ils étaient les seuls qui mangeasseat
i la table du foi , honneur que ne par-
tageaient Di les fils du monarque, ni
ses frères , ni ses neveux , avant d'à-
Toir reçu leurs, armes. Ils étaient
exempts' de payer les droits de vente
des denrées et marchandises achetées
pour leur usa^e. A leur approche ,
toutes les barrières, tous les châteaux,
tous les palais s'ouvraient pour les
Kcevoir, et lés honneurs qu'on leur
Kndait Âirent portés quelquefois, il
fout le dire, jusqu'à de blâmables
«scès.
feis, plus les prérogatives atta-
QNs^ Tordre de la chevalerie étaient
^tantes, plus la dégradation d'un
" àmïm lâche et félon était ignomi-
nieuse.
Dn chevalier condamné juridiaue-
Jneotà l'infamie de la dégradation était
d'abord conduit sur un échafaud , où
toutes ses armes et les différentes
pièces de son armure étaient brisées
a sa présence et foulées aux pieds. Il
voj^ait son écu y dont le blason était
Cmicé , suspendu à la queue d'une ca-
1^ et trMné honteusement dans la
boue. Les rois , les hérauts et pour-
ittivants d'armes, exécuteurs de la sen-
tence, proféraient en même temps
ttotre le coupable toutes les injures
re peuvent suggérer l'indignation et
mépris. Des prêtres, après avoir ré-
cité les vigiles de l'office des morts ,
pononçaient sur sa tête les malàiic-
Bons dû psaume cviii. Trois fois le
Toi ou héraut d'armes demandait le
itNndu criminel; trois fois le pour-
Mivaat d'armes le nommait , et tou-
•
jours le héraut affirmait que ce n*étatt
point le nom de celui qui était devant
ses yeux , puisqu'il ne voyait dans cet
homme qu'un traître déloyal et foi"
menUe. Prenant ensuite des mains du
poursuivant d'armes un bassin rempli
d'eau chaude , il le versait sur la tête
du coupable comme pour effacer le ca-
ractère que lui avait conféré l'accolade.
Après quoi , le malheureux était tiré
en bas de l'échafaud , au moyen d'une
corde qu'on lui {)assait sous les bras ;
placé sur une claie ou sur une civière,
et couvert d'un drap mortuaire, il était
enfin porté à l'église, où l'on faisait
sur lui les mêmes prières et les mêmes
cérémonies que pour les morts.
La chevalerie briHa de tout son éclat
au onzième et au douzième siècle ; elle
perdit de son importance au treizième
siècle , à mesure qu'avec les progrès
de la puissance royale , disparurent
l'a na renie et les désordres qui avaient
rendu cette institution nécessaire. Elle
n'existait plus que pour la forme à la
fin du quatorzième siècle; et quand
Charles- VI voulut, en 1389, créer
chevaliers ses deux cousins , le roi de
Sicile et le comte du Maine, le peuple
vit avec étonnement les détails de la
cérémonie , « car il y avoit fort peu de
gens, dit le moine de Saint -Denys à
qui nous empruntons ce fait, qui sçus-
sent que c'étoyt que l'ancien ordre de
pareille chevalierie. » Enfin, le titre
même de chevalier cessa d'être con-
féré, lorsque que Charles VI, en créant
une armée régulière , eut anéanti les
prérogatives qui y étaient attachées.
( Yoy. Arméb et Compagnies D'oa*
DONNANCE. )
Le souvenir de l'ancienne chevalerie
resta cependant populaire , et la mode
des exercices par lesquels les cheva-
liers se préparaient à soutenir les fati-
gues de leur rude carrière , fut long-
temps entretenue par la lecture des
roman# où leurç exploits étaient cé-
lébrés. ( Voy. Joutes et TouBNois. )
Quelquefois même l'imitation fut pous<
sée plus loin , et plus d'une fois
encore de vaillants capitaines se virent
conférer par leurs frères d'armes, sur
le champ de bataille où ils s'étalent
Il*
L*UNI?IJIS.
fiSÊB
illastrés par de glorieuses prouesses »
le samt ordre cEs chevalerie. Après U
bataille de Mari|piiân, François I*"^ vou-
lant honorer Bayard , « qui , dans les
deux journées , s'était montré tel qu'il
avait accoutumé en autres lieux. ou il
avait été en. pareil cas , » le fit appeler
et lui dit : « Bavard -, mon ami , je
« veux qu'aujourd'hui sois fait cheva^
if. lier par vos. mains... Avez vertueu-
^ semant , par plusieurs royaumes et
« provinces» combattu contre plu*
(c sieurs nations.. Je délaisse la France,
<(- en laquelle on vous connott assez...
« Dépéchez-vous. » — Alors prit son
espée Bayard, et dit: «Bire, autant
R vaille que sj estois Roland ou Olivier^
« jGai^defroy ou Baudouyn son frère. »
— Et puis après si eria hautement ,
l'espée en la main dextre : « Tu es bien
« heureuse d'avoir aujourd'hui , à un
« si beau et si puissant roy, donné i'or^
A dre de chevalerie. Certes, ma bonne
ft espée , vous serez moult bien comme
A relique gardée , et sur toutes aultres
A honorée ; et ne vous porteray jamais ,
« si ce n'est contre Turcs , Sarrazins
« ou Morçs. » — Et puis fît deux sauts,
et après remit au fourreau son espée. 4
C'était la chevalerie des romans , dit
M. de Sismqndi , que François P*^ s'etV
forçait ainsi de renouveler , en met-
tant en oubii l'axiome que les rois de
France étaient chevaliers en naissant.
Mai^, par cette cérémonie, il sut ho-
norer Bayard , de qui il reçut ainsi la
ehevalerie , et Fleuranges , à qui il la
conféra a son togr.
CH£yA{.BiiiE (Ordres de). (Voyez
OaPBBS HELICtlBÇX Ct MIUTAIBES.)
Chetalebie es lois. { Voyez Ba-
GUEIilEa.)
Cheyai^et.— Instrument de tortur%
qui , grâce à l'adoucissement de nos
mosurs; n'existe plus. Le Dictionnaire
de TrévauçD le définit ainsi : « Banc
ou tréteau qui sert à donner la ques-
tion, qui fait bander les certes sur
lesquelles ies corps dés criminels sont
suspendus en l'air. »>
On appelait aussi chevalet une pièce
de bois taillée carrément , à vives arê-
tes , portée sur quatre pieds , de ma-
nière à€e qu'uo des angles lût en Tair y
et sur lafsdl* on mettaîl à ctonl,
pour un tempe plus ou moias Iobje,
un patient à qui on attachait des {khsi
9UX deux jambes. Le chevalet était ca
usage dans les villes de garnison , et
servait à punir les fautes et infractiois
à la discipline que conunettaient leg
soldats. On y plaçait , sans jugeœeat
n.i condamnation , les femmes oe maup
vaise vie que Ton surprenait à heure
indue dans les casernes ou les cham^
brées. Ce genre de châtiment, qui était
fort douloureux et offrait plus d-oi
danger, a été aboli à la révolution.
Consacré à ce dernier usage, le cfae«
valet s'appelait le {dus communémeot
cheval de bois.
Chevalier (Jacques -Louis -Vin^
cent ) , ingénieur-opticien , né à Paris,
eii 1770 , améliora considérablemeat
les instruments de mathématiques, 4
surtout les instruments d'optique. |
est le premier qui ait exécuté le
croscope achromatique dont £al4[
avait donné la théorie , et qui soit ^
venu à achromatiser le microscope fli*
laire afoctis variable.
CuEYALiEB (Jean -Gabriel -Aujp*
tin ) , ingénieur-opticien , hé à Meilai
en 1778, connu depuis longtemps à
le public 9 sous le nom de l*ingé\ '
Chevalier, est J' auteur de plusi
inventions utiles, et d'un assez gi
nombre de perfectionnements ; il s^
aussi beaucoup occupé d'observa '
météorologiques pour le olimat de
ris ; il est auteur de plusieurs ou
ges estimés.
Cheyaeier (N.), musicien de
chambre de Henri IV, et l'un
vingt- quatre violons de la bande
Louis XIII , fut un des plus ba'
compositeurs de son époque, pouf
musique instrumentale , et surto
pour la musique de ballet. De 15Sf
1617, il composa trente-trois "
pour les fêtes qui furent données
Louvre , à Fontainebleau et à TobW
gar Henri IV, Louis XHI, la
larguerite et Marie de Médicis.
Chevalier (N.), ingénieur-mééijj
nicien à Paris , fiit employé , en 1794,
Ear le comité de salut public, à la fr
rication des poudres. Il offrit alors i "
ma
FRAFCE.
(Q9E
111
à la Convention, un ftisii portant huit
iSaàrges, et se trouva compromis, après
te 9 thermidor , dans Tinsurrection du
U germinal. Apnt inventé une fusée
iaextioguible , il en fit publiquement
l'essai le 30 novembre 1797, Ses opi-
flioDS républicaines le firent, sous le
«Misuiat , jeter en prison , où il était
encore lorsque éclata le complot de la
mchine ififerncUe. Quoique le minis-
.llde la police, Fouché , ne pût guère
# tromper sur les véritables auteurs
.je l'attentat, il feignit de croire que
Jtooup partait des jacobins , et le ré-
féiicain Chevalier fut traduit devant
m commission militaire , condamné
^ mis à mort comme complice d'uh
ittime qui n'était ni le sien ni celui de
|oa parti.
' ChbtâU'L£&eb6. Ce nom , employé
''abord pour désigner toute espèce de
tTalerie légère , ne prit une significa-
particulière qu'en l'année 1498 ,
ue oii Louis XII créa plusieurs
pagnies^e cavalerie, qui furent
nées sous la dénomination spé-
de cbevau-légers.
^Onelqoes compagnies franches por-
aussi , sous le règne de Fran-
¥*, le nom de cbevau-légers. On
ém les Mémoires de Brantôme ,
de ces compa^ies était, en
, employé» au siège de la Rô-
le,
l)è8 Taonée 1570, Henri IV entrete-
tone compagnie , désignée soûs le
de chevau' légers du roi, qu'il
rpora dans sa garde en 1592. In-
ndamment de cette compagnie ,
linaireroent composée de cent à
X cents hommes, on comptait en-
e vers la fin du règne de ce prince,
iiors des ranss de la garde , neuf
npagnies de cnevau-légers; formant
tôQt douze cents cavaliers. Ces com-
|ic8, enrégimentées sous Louis
, formèrent le principal corps de
«ne légère de cette époque; mais
perdirent alors le nom de ehevau-
'8, qui ne fut plus conservé depuis
par la compagnie des chevau-4é-
^de la maison du roi.
«tte compagnie, composée, en 1 630,
•viron cent cinquante hommes,
était commandée par un capltaine-lieii-
tenant, deux sous-lieutenants et deux
enseignes ou cornettes ; le roi en était
capitaine. Elle faisait le service auprès
do prince , d'abord par trimestre, en-
suite par semestre. Ses armes défen-
sives étaient le plastron et la calotte ;
ses armes offensives Tépée ou le S9-
bre et les pistolets. Louis XIY y ajouta,
dansles derniers temps de son règne»
vingt carabines , qui devaient être
portées par les vingt derniers pension-
naires, et Louis XV Jeur dtonna le fu-
sil en 1746.
Les chevau-légers de la garde por-
taient rhabit éccCrlate bordé de blanc,
avec parements blancs, poches en tra-
vers; galons en plein* et brandebourgs
d'or sur le tout; boutonnières d'argent ;
boutons or et argent ; ceinturon Uanc
bordé d'or; veste blancha galonnée
et bordée d'or ; plumet et cocarde
blancs; chapeau et casque à la ro-
maine.
Ils avaient quatre étend»tis carrés
de taffetas blanc, brodés d!or et d'ar-
gent, avec un foudre sur les quatre
coins, et cette devise : Sènsere gisan-
tes. L'écharpe était pareille à i'eten-
dard , dont la lance se terminait par
une fleur de lis dorée.
p- Sous ie règne de Henri IV , Um» les
chevau- légers avaient la qualité d'é-
cuyer ; et lorsqu'ils étaient entrés dans
le corps, sans être nobles, ils rece-
vaient , après cinq ans de service ,. des
lettres d'anoblissement. Cette condi-
tion fut portée à vingt ans sous Louis
XIII, en 1610; elle fut abolie sous ie
règne de Louis XIV, et il fallut alors,
pour être admis dans la compagnie,
justifier de cent ans de noblesse.
Le règlement du 8 novembre 1603
accordait une solde de quarante sous
par jour à chaque chevau^éger. D§h
puis 1666 , cette paye fut rédu te à
quarante livres par mois , et définiti-
vement fixée à quinze sous par jour,
en 1781.
La comps^me des chevau-légers de
la maison du roi se distingua aux ba-
tailles de Leuze (1691), de Maiplaquet
(1709), etd'Ettingen (1743). Supprî-
mée en 1787 et rétsèlie ,en 1S14, elle
'
lis
CIIE
L'tJNIVEftS.
Cttft
fut définitivement supprimée en 1815.
(Voy. Hommes d'âbmes, Langiebs
et Maison militaire du boi. )
Les escadrons auxiliaires, attachés,
en 1776 , à chacun des vingt-trois ré-
giments de cavalerie, sous le nom
& escadrons de chevaulégers , formè-
rent, en 1779, six régiments de che-
vau-légers qui furent organisés à qua-
tre escadrons. Désignés d'abord par
leur numéro d'ancienneté, ils prirent,
en 1784, les noms à^OrUans, des
' Trois-Évéchés y de Franche-Comté,
de Séptimanie, de Quercy et de la
Marche, I^eiur uniforme était : habit
bku^ avec les poches en long; bou-
tons timbrés d'un cheval monté et du
numéro du régîment. Ils étaient coif-
fés du chapeau , et armés comme les
chasseurs à cheval (voy. ces mots);
ils furent licenciés en 1 788.
SousTempire, la dénomination de
chevau- légers. reparut et fut associée à
celle de lanciers, pour désigner un
corps de cavalerie légère, qui prit
ainsi le nom de chevau- légers-lan-
ciers.
Chetbgieb ou Chefgieb.— C'était
anciennement le nom d'une dignité
ecclésiastique. Les uns disent que le
chefcier ne différait en rien du Pbi-
MiciEB (voyez ce mot); les autres,
que c'était une espèce de sacristain
chargé des habits et des ornements
sacerdotaux. Comme l'usage particu-
lier de chaque chapitre réglait les
droits des dignitaires, les privilèges
des chefciers variaient selon les locali-
tés. Les marguiiliers-clercs de l'église
d'Orléans étaient vassaux du chefcier.
Vers ta fin du quatorzième siècle, ils
voulurent s'affranchir de cette servi-
tude; mais un arrêt du parlement de
Paris les força de renoncer à leurs
prétentions.
Cheyelube. — Les anciens Gaulois
considéraient une longue chevelure
comme une marque "d'nonneur et de
liberté. La leur était naturellement
blonde; pour paraître plus terribles
dans les combats , ils lui donnaient
une couleur éclatante , à l'aide d'une
pommade de suif de chèvre et de cen-
dre de hêtre; et ils en étaient si fiers
que César, en les contraignant dé h
couper, après les avoir asservis, leur
causa une humiliation qui leur U
plus sensible que la perte de leur in
dépendance. Chez les Francs, oon»
chez toutes les populations d'origi
germanique , la longueur des chev(
était aussi un signe de distinction
de noblesse, spécialement réservé a
honfimes libres. Comme il n'y avait q|
les serfs qui eussent la tête ra
couper la chevelure d'un homme
n'appartenait point àr cette cla
c'était commettre un crime que
lois. punissaient avec la plus grai
sévérité , ou que l'opinion publi
flétrissait hautement quand le couj
ble était à l'abri du châtiment 1
ainsi l'on trouva horrible l'action
Frédégonde , oui fit couper les
veux à une maîtresse de son beau
et les exposa ensuite dans la cbai
de ce prince. La loi saligue fo
ceux qui avaient pris part à une (
piration , à se couper les cheveux
uns aux autres, et à être ainsi les agi
de leur propre dégradation. L'id
prérogative était si bien attachée
possession d'une longue chevel
que sous la première et la se~
race, quand on déposait un souv(
ou que l'on voulait rendre son
tier naturel inhabile à lui succéder,
se contentait de leur raser la
Clovis fit ainsi, en 510, couper les
veux à un petit roi de sa famille,
pelé Cariaric^ et au fils de ce roi; (
les ayant rendus, par ce moyen, i
■ gnes de régner, il s'empara de l(
£tat9. En 526, Childebert , roi de
ris, et Clothaire, roi de Soissons,
lant s'approprier, au préjudice de li
trois neveux, la part de leur frère
domir, roi d'Orléans, mprt en
envoyèrent à Clotilde des cisea
une épée, lui demandant , par c<
gage muet , ce qu'elle prêterait
ses petits-fils, de la dégradation
la mort. On oonnaîl la réponse
reine , et le crime odieux dont
réponse fut suivie. (Voy. Ce
BEBT r'.)
Charlemagne, désirant conserv<
sceptre dans sa maison, recomi
CHE
FRANCE
CHE
113
à ses fils, dans un de ses capitulaîres,
de ne jamais faire couper les cheveux
à leurs enfants, quelle que fût la faute
qu'ils eussent commise , recommanda-
tion, du reste, à laquelle son petit-6ls,
l'empereur Lotbaire, ne crut point de-
voir se soumettre, puisque, après avoir
Élit crever les yeux à son fils Hugues,
coupable de révolte , il lui fît couper
hs cheveux pour le dépouiller de son
èoit de succession.
L'affranchi avait la permission de
laisser croître sa chevelure, mais on la
loi coupait s'il était remis en esclavage.
les ecclésiastiques et les religieux, en
signe de la servitude spirituelle à la-
fielle ils se soumettaient veiontaire-
nent^se rasaient la tête et ne conser-
vaient qu'un petit cercle de cheveux.
Prendre un homme et le traîner par
les cheveux , c'était , chez les Saxons,
les Bourguignons et les Lomhards, un
Mit que la loi frappait de cent vingt
tous d'amende , et que les coutumes
deBarcelonne punissaient de mort,
l^d il avait eu lieu sur la personne
(ton soldat. Chez les Francs, on jurait
IMses cheveux. Les laïques qui vou-
lut, sans quitter le monde , s'asso-
QQ^àla vie claustrale et participer
û grâces spirituelles dont un mo-
ttstère était la source, faisaient, au
Mpérieur de ce monastère, l'offrande
«on de leurs cheveux ; mais la loi dé-
fadait à tout homme libre de se faire
jwiper les cheveux et d'entrer dans
« ordres sans une permission du roi,
% que le nombre des sujets soumis
lia ûxe et au service militaire ne di-
Jttinuât pas. Pour confirmer une dona-
Jwi , on s'arrachait un cheveu et on
^déposait sur l'autel , si la donation
^toit faite à une église. Si c'était à un
jpBrticulier, on l'insérait dans le sceau
€ Ton attachait à la charte. On se
^"Jcooamandait à quelqu'un en lui of-
Iwnt un cheveu. Saint Germier s' étant
■**du à la cour de Clovis , nouvelle-
ment converti , ce prince , pour lui té-
Joigncr à quel point il l'honorait,
wràcha un cheveu et le lui présenta,
w 80Q invitation , les courtisans en
ijfant fait autant, le saint s'en retour-
iftdaQs son diocèse les mains pleines
T« Y. 8« Uvrcûson. (Digt. emgygl., etc.)
de cheveux, et charmé de l'accueil
qu'on lui avait fait.
Dans les circonstances douloureu-
ses , se couper la chevelure était un
si^ne de détresse ou d'affliction. Les
prisonniers de guerre se coupaient
quelquefois la leur et Tenvo^ient à
leur famille; pour les inviter a traiter
de leur rançon. Les femmes coupaient
leurs cheveux quand elles avaient
éprouvé un grand malheur, et si ce
malheur était la mort d'une personne
qui leur était chère, elles les déposaient
sur son tonibeau. Valentine de Milan
coupa ainsi les siens et les déposa sur
la tombe de Louis d'Orléans , son
mari , assassiné par Jean sans Peur,
duc de Bourgogne*
La mode des cheveux longs subsista
jusqu'à François P'; alors l'idée de
prérogative et de supériorité qui y était
attachée s'étànt eftacée, les hommes
adoptèrent les cheveux courts , et l'u-
sage de les porter ainsi se maintint
pendant près de deux cents ans. Les
femmes , qui , dès le commencement
du douzième siècle, avaient commencé
à friser les leurs , les conservèrent
dans toute leur longueur, et plus tard
les couvrirent de poudre blanche. On
lit dans le Journal de l'ÉtoilCy (ju'en
1693, on vit trois religieuses frisées et
poudrées se promener dans Paris.
Quand on eut adopté les cheveux courts,
on porta, pour se tenir la tête chaude,
et aussi pour cacher la calvitie , des
bonnets de peau et des calottes de ve-
lours ou de drap, auxquelles des che-
veux étaient attachés; enfin, à partir
de 1620, l'art de travailler les cheveux
s'étant perfectionné , on porta d'am-
ples et volumineuses perruques qui
semblaient avoir pour but de ramener,
d'une manière artificielle , les longues
chevelures d'autrefois. Dans le dix-
huitième siècle, on laissa de nouveau
croître les cheveux. Alors , dans les
deux sexes, on les frisa, on les parfu-
ma , on les teignit , on les couvrit de
poudre blanche , de poudre de couleur
et même de poudre d'or. Les honimes
de cour et ceux d'un rang élevé ou
d'une profession noble les emprison-
naient dans des bourses de velours ou
a
114
CHE
L'UNIVERS.
CHB
de satin qui leur tombaient sur les
épaulés. Les bourgeoiset gens du com-
mun les attachaient avec un ruban noir
et en faisaient une queue qui descendait
guerquefois jusqu'au bas des reins, ou
ien encore un catogan. Les femmeâ
Surchargeaient les leurs de fleurs, de
plumes , de rubans , de pierreries , et
rart d'en tirer un parti qui rehaussât
la beauté devînt fort compliqué et fort
difûcile. Pendant la révolution, les pa-
triotes portèrent les cheveux courts et
rejetèrent la poudre. Sous le Direc-
toire, le parti réactionnaire reprit les
cheveux longs , la poudre , le catogan,
auquel il ajouta des tresses de chaque
côté de la tête, et à^^ faces qui tom-
baient jusque sur les épaules. On nat-
tait ainsi les cheveux , et on les rele-
vait sûr la tête à l'aide d'un peigne
courbe. Quant aux femmes, toutes
celles qui se piquaient d'élégance cou-
pèrent leurs cheveux et les remplacè-
rent par des perruques blondes^ Enfin
on vit naître , pendant le consulat , et
se généraliser sous l'empire , la mode
de porter les cheveux très-courts. Ce
fut une grande affaire que de décider
l'armée a s'y soumettre , et il fallut
bien des instances pour amener lés
soldats à supprimer la queue, bien
qu'elle eût pour eux de graves incon-
vénients, et qu'elle fût moins un orne-
ment qu'une servitude.
Chsvebt (François de) ^ lieutenant
général des armées du roi , naquit à
Yerdun-sur-Meuse, en 1695, de parents
fort pauvres, et devint orphelin pres-
que en naissant. A l'âge de onze ans ,
H suivit un régiment qui passait à Ver-
dun, et parvint, malgré sa jeunesse , à
se faire engager. En 1710 (il n'avait
alors que quinze ans) , il fut nommé
sous-lieùteuant dans le régiment de
Beauce. En 1741, il était parvenu au
grade de lieutenant-colonel, après avoir
passé successive me«t par tous l'es
grades inteirmédlaires. C'est en cette
qualité qu'il 0t la campa^e de Bo-
hême. Au siège de Prague, il comman-
dait les grenadiers choisis pour l'esca-
Ipde. Au {moment où l'on posait la
première échelle, il assembla les sef-
g^t» de #oq d^têÇbeoieQ^ I ft leur
dit : « Mes amis, vous êtes tom bra*
« ves, maïs il fnejaut ici un beavsi
« TROIS POILS. Le voilai ajouta-t-il,
« en s'adressant à j'un d'eux. Camo'
« rade y tu monteras le premier , je
« te suivrai. Le factionnaire tecriera
« WE» D A , ne réponds rien. Il lA^
« chera son coup de fusil et te mon-
« querdf tu tireras et le tueras, » La
chose arriva oomme il l'avait dit.Cbe*
vert entra le premier dans la ville. Le
roi le nomma brigadier. £o 1743,
lorsque l'armée eut quitté Prague,
Chevert y fut laissé avec dix-huit ceots
hommes seulement, les malades et M
convalescents. Avec une aussi faible
garnison , Il soutint le siège queldùi
temps. Mai^ enfin , ne pouvant plU9
résister, il voulut au moins sortir aveé
les honneurs de la guerre. Pour oeb',
il écrivit au général en chéfde^a^
mée autrichienne, qu'il allait faire saur
ter la ville et périr sous ses décombi^
avec la garnison et les habitants,'!
on ne lui accordait pas une capitul^
tion honorable. II obtint tout ce (^
demanda. Il servit depuis avecdlstifl^
tion euBauphiné et à Tarmée d'ItaM
Il fut créé maréchal de camp en 17'*^
et lieutenant général en 1748. En 1"
ce fut à une habile manœuvre
commanda, que fut dû le succès
bataille d'Ha^tembeck. Chevert
d'être employé en 1761, à cause de
vieillesse. Il avait été nommé ooi
mandeur en 1754, et grand'croix'
Saint-Louis en 175B. Il mourut à Pa*
en 1769, et fut enterré à Saint-£i
tache.
Cheyebus (Jean Le£ébure de}|
à Mayenne en 1768, émi^ra à Té
de la révolution. Il se réfugia d
en Angleterre, puis il passa aux EU
Unis, prêcha rÈvangile aux sauvf
du !Nord, leur bâtit une église, et
appelé à Tévéché de Boston, enl'
Plein de l'esprit de charité que l'ai
de l'Evangile recommanda à ses
très, il se fît chérir de tous les peof
qu'il visita ou administra spiriti
ment. Partout on rendit hom<
ses vertus, à sa tolérance, à sa
tbropie.' ^P^ès avpir, pendant (
gués années, con^açr^^^o^iik
GHB
PRÀWCE,
CHEi
115
rai aux Américaiiis , il revint dans sa
Datri'e pour y oecu^er le siège de MoDh
taubao , où il continua de déployer le
caractère évan^élique qui l'avait déjà
fait comparer a Fenelon. En 1826 , il
fut enlevé à ra£fection de ses diocé-
lains, par sa nomination i l'archevé-
cbéde Bordeaux. Successivement élevé
à la dignité de pair de France et de
cardinal, M. de Cheverus est mort
lans ces dernières années, emportant
des regrets universels.
CfiSVETAIIV, Chetetaine oiuChe-
ISTAINE , vieux mot qui vient du la*
tin capitaneu^^ comme notre mot
àetuei de capitame, dont il avait la sl-
{oification. Les Anglais disent encore
aojoiûd'bui clieftain pour désigner un
chef oa commandeur militaire.
CheVbxbâge , terme de notre ao-
deane législature , désignant un droit
que tés é<îuyers du roi prenaient à Pa-
lis sur le foin venu par eau. Les abtis
auquel cet impôt donnait lieu engagè-
ifent saint Louis à Tabolir par une pa-
1êote de 1256.
Chevigny-lez-Semùr , ancienne
Ig^eurie de Bourgogne , aujourd'hui
Jprtement de la Côte-d'Or, érigée en
m en 1699.
C^iLt ABD (André) , dominicain ,
visionnaire en Amérique, né à Ren-
fin)ort en 1682, avait publié, pen-
un voyage qu'il fit en Europe ,
iffi ouvrage où l'on trouve des docu-
; nents curieux sur les missions des
'intilles (voyez ce mot), depuis l64^ ;
«a pour titre : Desseins de S. Ém. de
^^helieu pour l'Amériq'ue, etc., Ren-
dues, 1659, in-4\
f Gbevillàrd (Jean) , généalogiste ,
;jé. dans le dix-septième siècle, â pu-
. ilié : Grand armoriai ou Cartes de
!. Wwoft , dé chronologie et d'histoire^
';ftris, sans date, in-foi. Il a laissé ma-
nuscrit un Ji$cueU de blasons et or-
^ries des prévôts des marchands ,
^ pfiS۔ll&r$ et guartiniers de la-ville
, «Parw, dl^suis 1268 fusqu'éh 1729.
Jac^pi^ChevUlard, son fils, a laissé
'V^I>i£U(fTiiuiire héraldique y Paris,
. 1723, iû-12, et plusieurs autres buvra-
. ges estimés.
CâivaujU) (Louis) , né en 1680 ,
mort en 1751 , a composé : NobUiaire
de Normandie, eon&natU j^ eatalnh
gve des tioms, qualUés, armes et bkh
sons des familles nobles de cette pro*
Hnce, grand in-fol. , sans texte. Ce
recueil est fort recherché.
Chbyilisb (André) , dopteur et bi-
bliothécaire de Sorbonne, né à Pon-
toise en 1636, mort en 1700 , fut un
ecclésiastique aussi savant qiie pieux.
On lui doit la conservation dq précieux
volume intitulé : Spéculum num^nœ
salvationis , qu'il acheta pour quel-
ques pièces de monnaie au milieu de
plusieurs livres de rebut. Il est auteur
ae plusieurs ouvrages, entre autres du
livre qui a pour titre : Origine deVimr
primerie de Paris ^ ibid., 1694.
CHBVBEiiOif T (prise du village de).—
Au commencement de juillet 1815, un
corps autrichien , sou9 les ordres de
Golloredo , avait eu plusieurs engage-
ments, dans le département du Haut-
Rhin , avec l'armée d'observatioû du
Jura , commandée par le général Le-
courbe. Le 2, les Autrichiens attaquè-
rent les Français sur toute leur ligne
de Roppes à Chevremoni;. L'occupa-
tion de œ dernier village était indis-
E ensable à Tennemi , qui voulait dé-
order notre droite , pour iptercepter
nos communications avec IViQptbelliard
et Besançon. Chevremont fui 4onc vi-
vement attaqué : les Français ne pu-
rent s'y maintenir, et en turent chas-
sés après la plus opiniâtre résistance.
lisse retiraient en aésordre, lorsqu'un
brigadier de gendarmerie , nommé
Prost, entreprend de les ramener à
l'ennemi; il arrache une caisse des
mains d'un tambour et bat la charge.
Le courage des soldats s^ inanimé ; ils
poussent des cris d'enthousiasme et
fondent sur les Autrichiei)^ victorieux.
Après une lutte acharnée « le colonel
Jacquet, qui commandait le cinquante-
deuxième régiment de ligne, repoussa
les Autrichiens et rentra dans Chevre-
mont.
Cheyeette, Chevrie, Chèvre. —
On iappelait ainsi une espèce de mu-
sette , dont l'usage était fort répandu
dans les douzième , treizième et qua-
tolrzièine sièdes , et h laquelle nos
116
CHE
L'UNIVERS.
CUfi
aîeur se plaisaient à donner les for-
mes les plus ridicules (*). On lit dans
ie poète Guillaume de Macbault(**) {le
Temps pastour, chapitre : Comment
H amant fut au dîner de sa damt^ :
Car je ris toot en un cerne (oerele)
Cornemoses , flajos et cAevrttUs,
Cet instrument est encore connu
sous le nom de chèvrCf cfUévre, chiO'
vre , dans le Gâtinais , la Bourgogne ,
le Limousin, et sous celui de loure ou
de bedon dans quelques autres provin-
ces.
Ghevreul (Michel-Eugène), Tun
des savants dont les travaux ont ie
plus enrichi la chimie, est né à An-
gers en 1786. Élève du célèbre chi-
miste Vauquelin , il succéda, en 1809,
à son maître dans renseignement par-
ticulier qui avait été fondé par Four-
croy. Il fut nommé aide-naturaliste au
muséum d'histoire naturelle, ensuite
{)rofesseur des sciences physiques au
ycée Cbarlemagne, examinateur à l'é-
cole polytechnique, directeur des tein-
tures et professeur de chimie appli-
quée à la manufacture royale des
Gobelins , et enfin professeur de chi-
mie au muséum d'histoire naturelle.
Les travaux de ce savant sont trop
nombreux pour' que nous puissions
les mentionner tous ici ; nous devons
cependant citer parmi les plus remar-
quables , ses recherches sur les corps
§ras , qu'il a exposées dans une série
e Mémoires lus à l'Institut , et qu'il
a pHbtiées. depuis dans un traité spé-
cial sur cette matière. M. Ghevreul
est membre de l'Académie des scien-
ces , de la Société royaL^ de Londres ,
etc.
Ghbvbeusb, Caprosium, petite ville
du département de Seine-et-Oise , ar-
rondissement de Rambouillet. C'était
jadis un lieu important , défendu par
l'un des plus forts châteaux de la pro-
vince. Aujourd'hui il ne pfésente plus
(*; Toyez les planches du traité tU Mw
siea sacra par le prince-abbé Gerbert, de
la forêt Noire.
(**) Voyez Dictionnaire historique ti Die-
ûonnaire des musiciens.
qu'un amas de ruines , où l'on distin-
gue encore l'emplacement de huit oa
dix tours. A Tépoque des guerres qai
désolèrent la France sous le règne de
Charles VI , la ville de Chevreuse fiit
prise d'abord le duc de, Bourgogne,
puis reprise, en 1417 , jsarTanDegui
du Châtel, prévôt de Paris ; le château
resta au duc , et la ville fut entière-
ment pillée. Quelque temps après , la
ville et le château tombèrent au pou-
voir des Anglais , qui les possédèrent
jusqu'en 1448. Cette ville , ancienne-
ment comprise dans le Hurepoix, le.
gouvernement général de l'Ile de
France, le diocèse, le parlement, Tiff-
' tendance et l'élection de Paris , avait
le titre de duché-pairie, 6t fit pendant
longtemps partie du comté de Mon^
fort l'Amaury , puis elle appartint )
la maison de Guise et à celle de Lnjf-,
nés.
Chevreuse (Marie de Rohan-Mont*
bazon, duchesse de), née en 1600, M
célèbre par sa beauté et son esprit»;
Mariée à l'âge de dix-sept ans auooti»
nétabie de Luynes , alors favori k
Louis XIII , elle se trouva veuve «
. 1621 , et se remaria, au bout d'^M^
avec Claude de Lorralni^ , duc de Ùm
vreusiB. Madame dé ! Chevreuse ^
fort galante. Un de' ses premî
amants , le duc de Lorraine , la j
\ dans les intrigues de cour , et on I
trouve presque constamment mêlée'
toutes celles du règne de Louis T*
et de la régence d Anne d'Autn
Aimée de la reine , elle fut , pour
seul fait, persécutée par le cardinal
Richelieu , qui . ne pardonnait pas
cette princesse d'avoir repoussé f
mpur qu'il lui offrait , et à madame
Chevreuse d'avoir été le témoin, p
être même l'instigatrice, d'une mj
iication dans laquelle il avait joué
rôle ridicule. Ififadame de Chevri
fut donc exilée à Bruxelles , d'où
revint triomphante lorsque Louis
et Richelieu eurent cédé la plaoB^
Mazarin et à la régente. Mais sa
veur ne fut pas de longue durée.
timement liée avec le coadjutear ,
puis cardinal de Retz, qui était
même temps l'amant de sa fille,
CHE
FRANCE.
CHE
117
prit parti parmi les frondeurs.^ et
tomba dans la disgrâce de la reine.
Elle conserva pourtant toujours assez
d'JDfluence sur elle pour la faire con-
sentir plus tard à la disgrâce du su-
riotendant Fouquet. La duchesse de
Chevreuse mourut en 1679. Un horti-
Wc soupçon, celui d'avoir empoisonné
sa fille , pèse sur sa mémoire ; mais
de tels crimes doivent être avérés pour
çie rbistoire ose en porter l'accusa-
tion formelle , et celui-là est loin de
Chbvbièbes ,' ancienne seigneurie
doDauphiné, aujourd'hui département
de ITsère, à 2 kilomètres de Saint-Mar-
cellin, érigée en marquisat en 1682.
^ Chbvbiehs , famille noble et an-
cienne du Maçonnais, et se prétendant
issue des comtes de Mâcon. Ses armes
étaient ^argent à trois chevrons de
fmles avec une bordure engreslée
d^azur. Elle eut pour chef Jean de
févriers, chevalier qui vivait vers
Fan 1170, et, dont un des fils, Paul,
ffltévéque d'Évreux. Les personnages
Kttarquâbles de cette famille sont :
'J\Pi€rre de Chevriers y sfeur de
Wrt-Mauris , qui accompagna saint
' J5^«n Afrique , et se aîstingua en
'' ÛMigne à la suite de Philippe III.
Jl^ Barthélémy de Chevriers, fils
» précédent , et bouteiller de quatre
•ftis de France.
fUumbert de Chevriers , fils du
' dent , se signala lors de Fexpédi-
dltalie de Charles de Valois , et
t fait chevalier par le roi Philippe VI,
' loi ceignit lui-même le baudrier en
^mpense de sa belle conduite dans
défense de Tournay, contre les An-
B8, en 1S40.
f André de Chevriers se trouva à la
llle de Rosebecque, en 1382, fut
tenant de Jean de Vienne , amiral
France, en Î385 , puis du .maréchal
^Qcicault, dans son expédition d'I-
ic, en 1402.
JJ^ Lotus de Chevriers, capitaine des
Mes du comté de Mâcon , assista au
ibat de Rupelmonde, en 1452, et à
i de Gade Tannée suivante. Il fut
baote faveur auprès du duc de Bour-
06 , Philippe le Bon.
Il y eut une branche cadette de
Chevriers , qui date de François de
Chevriers, lequel vivait en 1613.
Chevbon , figure de blason , com-
posée de deux bandes plates, assem-
blées par le sommet , et s'écartant
Tune de Tautre, comme les deux bran-
ches d'un compas à demi ouvert.
— Une ordonnance du 16 avril 1771
décida, que quand un soldat aurait fini
le temps de son engagement , s'il en
contractait un nouveau, il aurait droit
de porter sur le bras gauche un che-
vron de la couleur des revers de Fha-
bit. Si , à l'expiration de ce second
engagement , il en contractait un troi-
sième , il avait droit à un second che-
vron ; enfin , s'il continuait à servir
après son troisième engagement, il
EoiTtait sur le même bras deux épées
rodées en sautoir. A chacune de ces
décorations était attachée une augmen-
tation de paye pour le soldat qui en
était revêtu. Abandonnée dans les pre-
mières années de la révolution, la dé-
coration dû chevron , et la haute paye
à laquelle elle donnait droit , fut réta-
blie, mais avec quelques modifications,
par un arrêté des consuls , du 3 ther-
midor an X. Depuis , les dispositions
qui Fa valent rétablie ont été successi-
vement modifiées par un décret du 24
messidor an xii, par une loi du 10
mars 1818, par une décision minis-
térielle du 12 août 1822, et par une
ordonnance royale du 25 juillet 1830.
Aujourd'hui, les sous-officiers et sol-
dats ont droit à un chevron après huit
ans, à deux chevrons après douze ans,
et à trois chevrons après seize ans de
service. Les sous-officiers portent les
chevrons en galon d'or ou d'argent,
comme les marques distinct! ves des
grades.
Chèze (la.) ou làChâisb, ancienne
baronnie du Poitou , aujourd'hui dé-
partement de la Charente , érigée en
marquisat en 1697.
Chèze (la) ou la. Chaise, ancienne
seigneurie du Beauiolais ^ auiourd'hui
département du Rhône, érigée en
comté en 1718.
Chezeby , nom d'une ville et d'une
liée cédées à la France par Fart, l*'
vallée
118
CHB
L'UNIVERS.
CHI
du traité ooncHi à Turfat le H4 mars
1769, eptre la France et la Sardaigne,
I^a ville de Chezery, qui ïajt mainte-
nant oartie du département de l'Ain ^
pôssèae une population de 1,205 habi-
tants.
Ghbzy (Antoine-Léonard de) , orien-
taliste, fils d'un ingénieur distingué
qui fut directeur des ponts et cbaus-
siées^ naquit à Paris, en 1773. Il fut
admis ^ récole polytechnique dès la
formation de cette école \ il en sortit
pour suivre les cours de langues orien-
tales au collège de France , et étudia
particulièrement la langue persane
sous lyi. Sylvestre de Saey, dont il fut
l'élève \e plus distingué. Ses succès
dans l'étude du persan lui valurent, eq
1807, la place de professeur-suppléant
à l'école spéciale des langues orientales
vivantes. Hamiltonf membre de l'Aca-
démie de Calcutta , étant vequ , en
1803 , faire le catalogue des manuscrits
indiens de la bibliothèque nationale,
apprit en même temps le sanskrit à
Fr. de Schlegel , oui résidait alors à
Paris. Ce fut dans la conversation de
ces deux savants que Chézy puisa les
premières notions de cette lan^ue^ et
il est le premier Français qui, sans
avoir voyagé , ait acquis une connais-
sance profonde de 1 idiome sacré des
Indiens. Aussi , lorsque la grammaire
de Wilkins parut dans le Bengale,
Chézy fut-il en état de la juger et d'en
rendre compte en homme qui connais-
sait son ^ujet. £n-1814, Louis XVIII
créa en sa faveur une chaire de sans-
krit au collège dé France. Cette chaire
est la première de ce genre qui ait
existé en {Europe. £n 1815, il devint
professeur titulaire de persan à l'école
des langues orientales , et fut élu , en
1816, membre çje l'Académie des ins-
criptions et belles-lettres. On a de lui :
Med^noun et LisUa^ poème traduit du
persan de Djamy, 1807, 2 vol. in-18 :
cîette traductioq fut jugée di^ne d'un
prix décennal, en 1810; Yadjnadatta
Iftulha, ou la Mort de Ya^J^nado^ta ^
épisode tiré du Râmâyanq, et traduit
du sanskrit, 1814, in-rà''; la Recon-
naissance (kSakountala, drame sans-
krit, texte et traduction; l* anthologie
éroHque d'Amarou^ texte et tradoG-
^on. Chézy fut enlevé par le €bolÉn
ea 1832: il laissait inédits |i|ix^D^(
ouvrages sur le sanskrit , et cinq m
l'arabe et le persan.
. Chiabi (coinbaf ^e). — Le marM
de Villeroi avait, en 1701, rem^acé
Catinat dans le commandement de
Tarroée d'Italie ; car ^ disait fo^Asm
de Maintenon (lans uqe de ses lettre^
Le roi n'aime pas cqnfier ses affaires 1
des gens sans dévotion. Catinat se mit
sans murmurer sops les ordres du fiou-
veau général , qui ,. avec, son imprv-
dence et son orgueil ordinaires, reprit
l'offensive. Aux observations que lui
marcher contre Chiari sur rOglio,<^'il
croyait abandonné. Catinat se fit rajié?
ter l'ordre trois fois; puis, ^e retQii^
nànt vers les ofGciers qu'il CQaHn9ll^
daiit : jllons, yiit-il , messieurs, U/wê
obéir. On marcha au^ ret|^anébemen(|»j
On y trouva toute l'arasée d'Ëug^.
OU} avait été averti par i<( tr9itre Anié^
aée de Savoie, Malgré les preuve^ d|
courage par lesquelles ce prjnee iM
qua sa trahison, malgré lés em0
désespérés de Catinat, les Fraoy*
furent rçpounsés ayec upe perte 41
cinq à six mille hommes. i
Chiclana (b£|taillede).— Pepdft
que les Français, $ous .le£; priJres
duc de Bellune , bloquaient Cadix |
terre (février 1810), la junte insu^
tionnelle, réfugiée dans cett^ vil
conçut le prqjei de les forcer à iei
le siège, en faisant attaquer leurs \ïf
de revers. En conséquence, einq
Anglais « tjrés de la earnison de U
et de celle je Gibraltar, âirent tri
portés par mer à AigésiiraS) et 8e 1
nirent a Tarifa avep douze mille
pagnols. Cette arméie), commandée i
le général Pena , se mit aussitj^t ,
iparcbe. Le 4 mars r elle arriva a
hauteur de Santi-Petrï, jffès dès
sitions qu'occupait le général Villl
spécialement chargé de garder Ifts
bouchés de l'île de Léqn , et essajfJi:^
les. emporter. Les Adglo-Es]
ayant échoué dans cette .tentative
CHI
FRANCE.
€HI
119
Stèrent eo avant vers Chiclana , où
i ^ quartier général de l'armée
fraofaîse* te duc dci Bellune fît retirer
MB |M>stes, se concentra, et prit posi-
tion à Chiclana roéoie, avec sa réserve,
eoœposée de deux brigades. IS'ayant à
n disposition qu'environ six mille
hunmes, il avait d'abord résolu d'at-
tedre l'ennemi ; mais il Se décida bien-
Ipt a [prendre Toffensive, en voyant
h possibilité d'attaquer les Anglo-Ës*
[BOls sans laisser paraître sou infé-
^ti numérique. U fît déboucher ses
Q|M» par les bois , sur les derrières
>fe^Demi , le culbuta et le rejeta vers
!i,iBér. £n le poursuivant dans cette
il^on, il vit que les Anglo-Espa-
(jîiols s'étaient emparés de la hauteur
niprtaote de Barossa, et ordonna
"" ipoéral Ruffin de l'enlever à la
lonette. A peine noattres de cette
les Français furent attaqués
^|ia corps de l'armée coalisée , sous
[«rdres du général anglais Graham,
'lombat s'ouvrit par un feu terrible
|3lerle et de mousqueterie ; mais
ft les troupes ennemies sfélan-
U'une sur l'autre et se chqirgè-
[la baïonnette avec uqe rage in-
i. Les Français étaient à peine
itredeux; cependiant, dans deux
les successives I ils repoussèrent
rieusement lès Anglo- Espagnols,
[lecpnde de ces attaques, le géné-
" ma , mortellement blessé , fut
de rester sur la hauteur de Ba-
.avec guelques soldats également
et fut fait prisonnier. Cet évé-
jeta quelque désordre dans la
^. lé qu'il commandait, mais elle
lêébrma promptement, et elle re-
^'' le due de Bellune, après avoif
Anglo -Espagnols en complète
1. ^s derniers firent ensuite
rs tentatives sur le centre de
l|ée française; mais, toutes les fois
' se présentèrent , ils furent cul-
et rentrèrent dans Cadix. La ba-
de Chiclana fut très-meurtrière :
sdliés perdirent 3,500 hommes,
** ^és que prisonniers ; du côté de^
" i, 00 étajua la perte à 2,500
les tu^ ou hors de combat,
lesquels se trouvèrent plusieurs <
« ' • • -•— .. *
offiçjers de rang. Nous enlevâ^les i
l'ennemi six pièces de canon çt trois
drapeaux; un des nôtres tomba au
pouvoir d'un régiment anglais.
Chicot (N.) , gentilhomme gascon ,
bouffon de Henri IV, se distingua par
sa bravoure et son zèle pour la cause
de ce prince , autant que par l'origina-
lité de ses plaisanteries , et le sel qu'il
joignait aux avis burlesques qu'il don-
nait aux gens de la cour. Ayant fait
prisonnier, au siège de Rouen, le
comte de Chaligoy, il reçut du noble
seigneur, irrité dé ses rodomontades «
un coup d'épée sur la tête , dont il
mourut quinze jours après. On rap-
porte que quelques instants avant d'ex-
pirer, Chicot voulut se précipiter de
son lit pour assommer un curé , li-
gueur fanatique , qui réfusait de don-
ner l'absolution à un soldat mourant,
parce qu'il était au service d'un roi hu-
guenot.
Chigoyneâu (François) , né à Mont-
pellier, en 1672, (Je Michel Chicoy-
neau , chancelier et professeur d'ana-
tomie et de botanique de l'université
de cette ville, fut d'abord destiné à la
marine; mais il embrassa ensuite la
carrière de la médecine. Reçu docteur
en 1693, il succéda à son père dans sa
place de chancelier de Tuniversité et
dans ses deux chaires d'anatomie et
de botanique , et fut envoyé à Marseille
par le duC d'Orléans, avec Boyer et
Verney, lorsque la peste s'y montra,
en 1720. Apres cette mission, dont ih
s'acquitta avec le plus grand dévoue-
ment, il fiit appelé à Paris, où il de-
vint médecin d«s enfants de France ,
puis médecin du roi, à la mort de
Chirac, son beau -père. Chicoyneau
avait été nommé associé libre de l'Aca-
démie des sciences, en 1782. Il est
mort le 18 avril 1752.
Chien. — LesGaulois, dontlachassc
était le divertissement favori , faisaient
le plus grand cas de l'intelligent ani-
mal qui les secondait dans ce noble
exercice. Ils se faisaient suivre de leurs
chiens partout , même dans leurs ex-
péditions militaires. Bituitus^ chef des
Arvernes, attendant, avec 100,000
hommes , le consul Q« Fabius Maxi-
130
GHI
L'UNIVERS.
CHI
mus , qui marchait à lui à la tête de
30,000 soldats, dit , en voyant le petit
nombre d'ennemis qui se disposaient
à Fattaquer, que l'armée romaine suf-.
firait à peine à un repas des chiens
qui étaient dans la sienne.
Les Francs, peuples chasseurs comme
les Gaulois, attachaient également une
grande importance à leurs chiens , et
les lois saliques, des Ripuaires, etc.,
punissaient très-sévèrement le vol d'un
de ces animaux , surtout s'il était dressé
pour la chasse.
Chien (ordre des chevaliers du). —
On prétend que cet ordre ftlt institué
. par un seigneur de la maison de Mont-
morency, Bouchard lY, surnommé
Barbe-Torte , qui , en 1102, vint à Pa-
ris, suivant Belleforét, accompagné
d'un ^rand nombre de chevaliers, qui
portaient tous un collier façonné en
télé de cerf, avec un méda'ijlon qui
{>ortait l'effigie d'un chien. C'est d'ail-
eurs tout ce qu'on sait sur cet ordre
bizarre.
Chiffbes. — On ignore complète-
ment quels furertt les signes dont les
premiers Gaulois se servaient pour
exprimer les nombres et calculer. Tout
ce que l'on sait , c'est que quand les
Romains se furent empares de la
Gaule, ils y introduisirent les leurs,
qui étaient , comme on le voit par les
inscriptions et les autres monuments
écrits, un certain nombre de lettres de
leur alphabet. Le latin étant devenu la
^langue ofpcielle dans laquelle furent
rédigés et promulgués les traités , les
capitulaires , les canons des conciles ,
les chartes de fondation, de donation,
d'affranchissement, etc., ces actes
durent être datés au moyen du chiffre
romain. Lorsque François V"^ eut or-
donné que les actes de l'autorité , les
arrêts des cours de justice, ainsi que
les transactions particulières, seraient
rédigés et écrits en langue française,
on commença à faire un usage général
des chiffres dont nous nous servons
aujourd'hui , et que nous appelons
chiffres arabes.
Ces chiffres viennent-ils réellement
des peuples dont ils portent le nom ,
et ea quel teaips ont-Us été introduits
en Europe? Ces deux questions ont
occupé bien des savants , et cependant
elles sont encore indécises. Selon des
auteurs, ce fut Gerbert. d'Aurillac,
savant mathématicien , successivement
précepteur de l'empereur Othon ITI et
du jeune roi Robert , puis archevêque
de Reims, enfin pape sous le nom de
Sylvestre III , qui s'en servit le pre-
mier en France. Si cela est vrai , de
qui Gerbert les tenait-il ? Voilà ce que
I histoire ne nous dit pas.
Selon d'autres écrivains, les chiffres
arables, dont les Indiens seraient les
premiers inventeurs , n'auraient com-
mencé à être connus en Occident que
vers la fin du treizième siècle, etoa
les devrait au moine Planude, à qui
on attribue une vie d'Ésope.
Le savant Huet, évêque d'Avran-
ches , nie que les chiffres dits anbes
nous soient venus d'Orient tels aue-
nous les écrivons : il n'y voit auc aei
lettres grecques tracées à la bâte et
mal conformées; ainsi, à son avis,
du p, on aurait formé le 2; du f, le S;
du ^, le 4; de l'e, le 5; du <r, le 6;
du Ç , le 7; du H , le 8 , et du 0 , le 9*
M. Charles Nodier partage cette o^
nion pour une partie des chiffres. S
cette idée était vraie , on pourrait sQ(h
poser que les chiffres usuels ont nos
haute antiquité chez nous , qu'ils y ont
été apportes par les Phocéens et adop*
tés par les marchands gaulois qui com-
merçaient avec Marseille. Mais on s
répondu que si ces chiffres viennent
de lettres grecques, quelques-unes de
ces lettres ont subi une transforma*
tion telle, que pour les reconnaître
dans les chiffres auxquels elles ont
donné naissance, il faut une foi ro-
buste. Quant à leur introduction par
les Phocéens , on demandera corameiil.
il se fait que les chiffres , une fois cott^
nus, aient été abandonnés pendafli.
tant de siècles pour être repris ensuit^
et comment on les a retrouvés. Ccai
qui prétendent que les chiffres arab*
ou indiens nous sont venus de l'O-
rient, justifient leur opinion en ce qœt
pour faire les calculs, on procède «».
partant de la droite, comme lise*
presque tous les peuples orientaux*
CHI
FRANCE.
CHI
tSl
A cela on peut leur répondre que,
pour énoncer un nombre écrit en
chiite, on commence à le lire par la
gauche. Ainsi leur raisonnement ne
prouve rien. La question est donc en-
core indécise.
CHrLDEBEBT P'v troisième fils de
Clovis, et le second de son mariage
aree Clotilde, eut en partage le royau-
jnede Paris^ qui lui échut en 511. La
invoure, jointe à la cruauté, forme le
principal trait de son caractère ; 'des
guerres d'ambition occupent tout^on
i^oe. Il se Joignit, en 523, à ses deux
ireres, Clotbaire et Ciodomir, pour
Un la guerre à Si^isrnond, roi des
Boarguignons. Ce pnnce Cfut vaincu,
et ia Bourgogne qui, • depuis près de
cent vingt ans, était constituée en
royaame, fut démembrée (534). Cio-
domir périt dans cette expédition. Son
loyaume revenait à ses enfants; mais
lis n'avaient pour se défendre contre
Tavidité de leurs oncles que leur aïeule
Qotilde. a Childebért, voyant que sa
■ère avait porté toute son affection
w les fils de Ciodomir, en conçut de
iï«vie; et craignant que, par la taveur
^ b reine, ils n'eussent part au
^Mffle, il envoya secrètement vers
, 9» frère, le roi Clotbaire, et . lui fit
" dfe : « Notre mère garde avec elle
« les fils de notre frère, et veut leur
«doQoer le royaume; il faut que tu
«viennes promptement à Pans, et
* Que, réunis tous deux en conseil, nous
«déterminions ce que nous devons
« faire d'eux, savoir si on leur coupera
« les cheveux, comme au reste du peu-
« pie, ou si, les ayant tués, nous par-
«tagerons entre nous le royaume de
« notre frère. » Fort réjoui de ces pa-
roles, Clotbaire vint à Paris. Cbilde-
Savait déjà répandu dans le peuple
£B les deux rois étaient d'accord pour
ver ces enfants au trône. Ils en-
^yèrent donc, au nom de tous deux,
«6 reine, qui demeurait dans la même
ville, et lui dirent : « Envoie-nous les
«enfants, que nous les élevions au
« trône. » Elle, remplie de joie, et ne
nehant pas leur artifice, après avoir
w boire et manger les enfants, les
^voya, en disant : « Je croirai n'avoir
« pas perdu mon fils, si je vous vois
« succéder a son royaume. » Les ea-
fants étant allés, furent pris aussitôt
et séparés de leurs serviteurs et de
leurs gouverneurs ; et on les enferma
à part, d'un côté les serviteurs et de
l'autre les enfants. Alors Cbildebert et
Clotbaire envovèrent à la reine Area-
dius, portant des ciseaux et une épée
nue. Quand il fut arrivé près de la
reine, il les liTi montra, en disant :
« Tes fils, nos seigneurs, ô très-glo-
R rieuse reine, attendent que tu leur
« fasses savoir ta volonté sur la ma-
« nière dont il faut traiter ces enfants;
« ordonne' qu'ils vivent les cbeveux
« coupés , ou qu'ils soient égorgés. »
Consternée à ce message, et en même
temps émue d'une grande colère, en
voyant cette épée nue et ces ciseaux,
elle se laissa transporter par son in-
dignation, et ne sachant, dans sa dou-
leur, ce qu'elle disait, elle répondit
imprudemment : « Si on ne les élève
« pas sur le trône, i'aime mieux les
« voir morts que tondus. » Mais Arca-
dius, s'inquiétant peu de sa douleur,^
et ne cherchant pas à pénétrer ce
qu'elle penserait ensuite plus réelle-
ment, revint en diligence près de ceux
qui l'avaient <> envoyé , et leur dit:
« Vous pouvez continuer, avec l'ap-
psobation de la reine, ce que vous
avez commencé, car elle veut que vous
accomplissiez votre projet. » Aussitôt
Clothaire, prenant par le bras l'aîné
des enfants, le jeta à terre, et lui en-
fonçant son couteau sous l'aisselle, le
tua cruellement. A ses cris, son frère
se prosterna aux pieds de Cbildebert,
et lui saisissant les genoux, lui disait
avec larmes : « Secours-moi , mon
« très-bon père, afin que je ne meure
« pas comme mon frère. » Alors Cbil-
debert, le visage couvert de larmes,
dit : « Je te prie, mon très-cher frère,
a aie la générosité de m'accorder sa
« vie; et si tu veux ne pas le tuer, je
« te donnerai pour le racheter ce que
« tu voudras. » Mais Clotbaire, après
l'avoir accablé d'injures, lui dit: « Re-
« pousse-le loin de toi, ou tu mourras
« certainement a sa place; c'est toi
« qui m'as excité à cette affaire, et tu
n
CHl
L'IÎMVEfeiS.
CEI
« ës si prompt à rëpi*endré ta foi ! »
Childebétt. à ces paroles: repoussa
l'enfant et le Jeta à Clothaire, qui, lê
rècê?ant, lui enfonça son couteau
dans le côté, et te .tua, comme il avait
hit à son frerê. Ils tuèrent ensuite les
serviteurs et les gouverneurs ; et après
iquMls furent mort^, Clothaire, mon-
tant à cheval, s'en alla, sans se trou-
bler aucunement du /neurtre de ses
neveux, et se rendit avec Çhildëbert
dans les faubourgs. La reine, ayant
fait poser les petits corps sur uri bran-
card; les conduisit, avec beaucoup dé
chants pieux et une immense douleur,
à réglise de Saint-Pièrre, où on les en-
terra tous deux de la même nranière.
L'un des deux avait dix ans et l'autre
sept.
« Ils ne purent |irendre le troisième,
Clodoald, qui fut sauvé par le secours
de braves guerriers; dédaignant un
royaume terrestre, il se consacra à
Dieu, et s'étaut coupé les cheveux de
sa propre main, il fut fait clerc. 11 per-
sista dans les boiinès œuvres et mourut
prêtre (*). »
Childebert ^t Clothaire se partagè-
rent ensuite les États de leurs neveux ;
mais ils ne furent pas longtemps d'ac-
cord ; leur haine éclata' après la mau-
vaise issue d'une expéaition qu'ils
avaient faite ensemble en Espagne, et
dans laquelle ils avaient perdu la moi-
tié de leurs troupes. Childebert rava-
gea alors les États de Clothaire^ et
excita son fils Chramne à se révolter
contre lui. Mais bientôt après il mou-
rut à Paris (556), et, comme il ne
laissait pas d'enfant mâle, ses États re-
vinrent à Clothaire, qui devint aloris
ie seul roi des Francs.
CHitDEBEfii! P' (monnaie de). —
On ne connaît de ce prince qu'une
seule pièce ; c'est un très-beau triens,
publié par Bouteroue et Leblanc, et
qui présente d*un côté le nom royal
autour d'un buste armé d'un bouclier,
Childebebtus bèx, et au revers un
rhrisme anse et accosté des lettres ah
sur un globe, avec la légende àrela-
TOCIVIT.
(*) Grégoire de Tours.
CfiiLBEBXBT II, roi d'Australie,
lits de Sigebert et de Brùnéhaut, né
reirs 570, fut proclamé eé 576, sons
la tutelle de sa raère^ qui, lor§ de sa
captivité, Ait remplacée dànl l'admi-
nistration du royaume par un Conseil
de régence composé de seigneurs aus-
trasiens. Peu dé temps après que
Childebert eut pris lui-même les rênes
de l'État, la mort de son oncle Gon-
tr^ri l'appela à la, succession des
royaumes de Bbur^ô^ne, d'Orléans, et
d'une partie de eeïui dé Paris ; mail
son règne fut de courte durée. Il
mourut empoisoniié à l'âge de vingt-
six ans, au moment où il se préparait
â conquérir la Neustrie (596). Il lais-
sait deux fils : Thierry, aai eut le
royaume de Bourgogne, et Théodebert,
i)ui devint roi d'Aûàtrasie.
Childebert II (monnaie de).—
Ori connaît de ce prince un tiers de
sou d'or frappé en son nom, en Au-
vergne, ainsi que l'indiquent les gran»
des lettres AR, initiales de Anvemà
9 >
çîvitas, et une autre pièce au reveri.
de laquelle on voit un dragon ave^
des caractères que l'on n'a pu eocoif
déchiffrer complètement. Qn attribut:
encore à Chilaebert II une pièce éêl
bronze, dont le champ nrésente d'mi]
côté Elpbbebtib, et ae l'autre u
chrisme dans un feuillage. C'est, avi
une autre pièce, où on lit le nom
Thbodobigus, et qui pourrait te
aussi bien appartenir à Théodoriç
Grand qu'aux princes mérovingieni
du tnèim nom, la seule espèce de cui*
vre qui figure dans la sërie mérovîn"
gienne.
Chilbebbbt III, dit le Jlmte^
de Thiejry V\ né vers 683, fut p
clamé en 695, à la mort de Clovis
son frère ; mais, de même que ses d^
prédécesseurs, il ne régna que de nook.!
Le véritable roi fut Pépin le Gros
d'Héristai, qui, avec le titre de vam
du palais, eut toujours une autorit
souveraioe. Childebert UI mourut
7tl, laissant un fils, Dagobert, i
porta aussi, après lui, |e titre de i
Childebbbt m (monnaie de). -?*]
Nous ne connaissons aucune moi
J
GHI
FRANCE.
p l'on puisse attribuer dvec certî-
t»fpàce prince. Le nom de Chjlde-
bèrt, qui se lit^ »ur des triens frappés
diosdeux localités de Bourgogne* ié-,
sigoées par les légendes du. revers,
fVfik FiciT et BOHis, n'est ni celui
deceprluee, ni celui d'un roi du même
lom. Il désigne la monétaire, ainsi
fK les légendesf M^aoysus, d'une
ilpiaie de Cbâlons-sur-filaone, et
(^nuoiaiGus xon> d*une pièce frap-
. (^DSSKÀiiD. -r- Le continuateur
k frédégaire dit que ce prince était
fils de Pépin d'Héristal et d'Alpaîde,
ctpre de Charles-Martel* Ce person-
il4gp, qui est un des plus insignifiants
d» Botre histoire^ est un de ceux dont
qu'est te plus occupé. Il connbattit
*" Sarrasins avec Cnarles-Martel ; il
siège de Narbonne; il intervint
les querelles de ses neveux, après
trt de Charles. A partir de 741,
mnales ^ chronicfues ne parlent
^ de lui; mais les généalogistes sont
«i oui l'oiit illustré en voulant
ide lui un deç ançltres de la dy-
eapétienne. Les plus grands éru-
I siècle dernier se sont engagés
des discussions interminables,
||p[ démontrer la, descendance carlo-
tHienae de Robert le Fort, l'ancêtre
inné et reconnu dés Capétiens. En se
>ÉMhant à dhildebrand, Duchesne^
Bouchet, les Sainte-Marthe, le
'"te, etc., y opt consacré tpute leur
itioD, aidée de toutes les subtilités
bdialectiaue. Pauvre sujet d'escri-
Bi fK>ur»des nommes si savants ! Mais,
tout temps, les érudits se sont pas-
ÉHlQés ppiir des questions n'ayant
tvleur que pei|e qtie leur donnait
préoccupation. Adrien Valois a ei^
k bon espnt de réfiiter toute cette
l^logie d'invention moderne, et
t'est aujourd'hui un point en dehor^
^ la discussion. Ce n'est pas tout ;
Qjildebrand fut encore, au dix-septième
fittle, le héros d'un poème épique;
iws il j a longtemps que Boileau a
ttyastice du poète et du poème, par
jm vers que tout le monde connaît.
^1 trouvera 1^ résuqné de toutes les
Wttisioni relatives à Childebrand,
cHi m
dans la. préface du tome x de la colleqr
tioD des historiens de France, éf aussi
dans un mémoire de Foncemagnci
imprimé dans le tome x du recueil de
l'Académie des inscriptions et belles-
lettres.
Childebig I", fils de Mérovée,
lui succéda en 458. La dissolution des
mœurs de ce prince avant provoqué
les ressentiments d^s bomnoes libres
du royaume, il se vit forcer de quitter
ses États et de chercher un asile dans
la Thufinge, auprès d'un roi dont il sé-
duisit la femme; et la royauté fut dé-
férée, suivant les vieilles chroniques,
au maître de la milice des Romains.
« Il s'abandonna, dit Grégoire de
Tours, à une honteuse luxure, désho-
norant les femmes de ses sujets; e.^
ceux-ci , indignés de ces outrages , 1^
détrônèrent. Ayant découvert qu'oui
en voulait môme à sa vie, il se réfugia
dans la Thuringe, laissant dans son
pays lin homme qui lui était attaché^
pour qu'il apaisât, par de douces pa-
roles, les esprits furieux. Il lui donna
aussi un signe pour qu'il lui fît con-
naître quand il serait temps de retour-
ner dans sa patrie, c'est-a-dire qu'ils
divisèrent en deux une pièce d'or^ que
Childéric en emporta une moitié, et
que son ami garda l'autre, disant:
« Quand je vous enverrai cette moi-
« tié, et que les deux parties réunies
« formeront la pièce entière, vous
« pourrez reveniren toute sûreté dans
9 votre, patrie. » Étant donc passé
dans la Thuringe, Childéric se réfugia
chez le roi Bizin et sa femme Basine*
Les Francs « aptes l'avoir détrôné,
élurent pour roi, d'une voix unanime,
^gidius r)—* Celui-ci était déjà dans
la huitième année de- son rè^ne, lors-
que le fidèle ami de Childéric, ayant
secrètement apaisé les Franes, envoya
à son prince des messagers pour lui
(*) Leç Francs, en prenant pour chef
^gidius^ ne firent sans doute que suivre
l'ancien usage de se. mettre au service des
généraux romains. Le vrai de tout cela , dit
M. de Chateaubriand en racontant rexil de
Childéric , c'est qu'il alla à Constanliuople,
d'où Tempereur le dépêcha en Gaule poiif
contre-balanoer Fautorité suspecte d'^idius.
tu
cm
L'UNIVERS.
GHI
remettre la moitié de la pièce qu'il
avait gardée. Celui-ci, voyant par cet
indice certain que les Francs désiraient
son retour, et c[u'ils le priaient eux-
mêmes de revenir, quitta Thuriuge et
fut rétabli sur le trotte. Tandis qu'il
régnait, Basine abandonna son mari
pou-r venir auprès de Childéric. Celui-
ci l'épousa, et en eut un fils qu'on ap-
pela du nom de Clovis. Ce fut un
grand prince et un redoutable guer-
rier. » (Voy. Basine.) Cbildéric V
mourut en 481 (*).
Childéric II, second fils de Clo-
vis II et de Bathilde, roi d'Austrasie
en 660, réunit tout l'empire des Francs
en 670 , à la mort de Clothaire III, son
frère, et par la retraite de Thierry.
Ëbroïn, maire du palais, ayant voulu
mettre ce dernier sur le trône , fut
rasé et confiné dans un monastère, et
le prince enfermé dans Tabbaye de
Saint-Denis. Childéric, devenu maître
absolu du royaume , se conduisit d'a-
bord par les conseils de Léger, évé^ue
d'Autun. Mais ce prélat perdit bientôt
sa confiance , et il le fit enfermer avec
Ebroïn au monastère de Luxeuil. Chil-
déric se rendit alors odieux aux grands,
en ne tenant aucun compte de leurs
privilèges. Bodillon, l'un d'eux, fut
par ses ordres attaché à un poteau et
fouetté comme un esclave. Cet outrage
fit naître une conspiration. Le même
Bodillon , chef des conjurés , l'assassina
(*) On a découvert en x654»àTournay)
un tombeau où étaient déposés» à côté d'un
squeleUe, une assez grande quantité d'objets
précieux, entre autres une épée dooi la
Soignée était garnie d'une feuille d'or, une
aclie d'armes ou francisque en fer, beau-
coup d'abeilles en or, cent médailles d'or,
d'empereurs du Bas-Empire, la plupart con-
temporains de Cbildéric, et deux cents mé-
dailles d argent des premiers empereurs. On
a supposé que ce tombeau était celui de
Childéric. Les objets qu'il contenait, donnés
d'abord à l'archiduc Léopold - Guillaume
d'Autriche , alors gouverneur des Pays-Bas ,
{>as^èrent, après la mort de ce prince, à
'électeur de Mayence ,*qui , en i663, en
fit présent à Louis XIY. Ils sont maintenant
déposés au cabinet des antiques de la bi-
bliothèque du roi.
dans la forêt de Livri , près de Cheiles ,
en 678 ; il étaft à peine âgé de vingt*
quatre ans. La reme Bihniide, alors
enceinte, et Dagobert, leur fils aîné,
encore enfant, ne furent pas épargnés.
Leur autre fils, Daniel, échappa seul
à ce massacre. (Voy. Chilpéhic 11.) «
Childéric TI (monnaie de).— Trois
princes du nom de Childéric ont régné
sur les Francs; mais le second estli'
seul dont'nous connaissions des mon»^,
nàies. C'est en effet à lut que Ton at^
tribue généralement les triens et leil
sols sur lesquels on voit aa droit la lé-
gende Hidaerigvs REx , puisuDbasd
tourné à droite et revêtu d'un paluda^
mentum ou manteau sous une arcadef
au revers, une croix accostée des tel
très MA, initiales de Massilia (Mi
seille) , dont le nom se trouve in
en toutes lettres dans la légende. Cel
représentation d'un buste sous
arcade est unique dans la série m
vingienne. On connaît d'ailleurs d'i
très sols et d'autres triens de la m'
ville qui ne présentent que le
ordinaire, c'est-à-dire, le nom da
autour de son buste, les lettres
accostant la croix, et la légende
siUE civiTATis. Nous dcvons ei
nrientionner ici un beau tiers de
frappé au nom de Childéric II et de
frère Clothaire, et qui porte, d
côté, les mots Childéric vs rsx
tour d'un buste, et de l'autre,
TARivs REX autour d'une croix,
lettres ma^ qui accompagnent
croix, prouvent que cette pièce a
frappée à Marseille. On y remai
d'ailleurs le motcoNOB, légendes
matique des dernières monnaies
maines dont on a donné tant d'exj
cations différentes. Enfin , on con
encore de Childéric des triens fra
à Metz , et présentant , d'un côté,
figie du pnnce avec son nom, et
l'autre, la légende mettis giv au
d'une croix ansée.
Chi^dbrig III , le dernier des pi
ces de la dynastie mérovingien
Après la mort de Charles-Martel, '
loman et Pépin se partagèrent
vaste empire; le premier eut l'Aui
sie, le second, la Neustrie et la
cm
FRANCE.
CHI
125
gogoe. Maïs Pépin, né Austrasien, et
parlant toujours la langue germanique,
était considéré , par les peuples sur
lesquels il devait régner, comme un
étranger. « Ils ne lui obéissaient qu'à
regret, et peut-être avaient-ils fait en-
tendre quelque plainte, de ce qu'il ne
jotait plus de roi auquel ils pussent
teander justice, lorsqu'ils étaient
fprimés par le maire du palais. Pépin ,
'|0ur les satisfaire, tira de quelque
mvent un dernier Mérovingien qu'il
'iMmiœaCliildéricIII (742). On ne sait
'BisoD âge, ni son origine; mais il est
I probable que Pépin , fidèle à la politique
l4e ses prédécesseurs, fit, dans cette
|jiief»sioQ, choix d'un enfant. La plu-
[firtdes chroniqueurs parlent pour la
[fremière fois de Childéric III, au mo-
UK&t de sa dé[)osition {*), » Mais dix
: après, Pépin, que la retraite de
i frère Carloman avait rendu maître
toute la monarchie des Francs,
ivaot son autorité assez bien éta-
députa vers le pape Zacharie,
ira, évéque de Wirtzbourg, et
reFulrad , son chapelain , « pour
roger, dit Éginhard , sur les rois
(jeiistaient alors en France, et qui
imt que le nom de rois sans au-
paissance royale. Par eux, le
fè répondit qu^il valait mieux que
ni-là fût roi , qui exerçait la puis-
ce royale (**). » Pépin tut élevé sur
bouclier, dans une assemblée de la
te qui fut tenue à Soissons, au
«s de mars 752, et Childéric III,
, int été solennellement déposé , reçut
itoDsure ecclésiastique et fut enfermé
1 couvent de Sithiu, nommé depuis
întrBertin, à Saint-Omer, où il^Aiou-
fioLvimc V% fils de Clothaire I",
it roi de Soissons en 561 , à la
t de son père. Il se montra tout
jword avide , fourbe , querelleur : il
lut s'approprier le trésor de son
^ que l'on gardait dans la résidence
^ Brame; mais ses frères le forcèrent
.'0 Sismondi, Histoire des Français, 1. 1,
"► t55.
{**) Éginhard , Annales , t. V, scr, fr, ,
'|.i97.
ranti
à partager. En 562 , il envahit les États
de son frère Sigebert, et lui prit
Reims, sa capitale; repoussé à son
tour, il perdit Soissons , et fut sur le
point d'être dépouillé de tous ses États.
Chilpéric ne s'était encore allié qu'à
des femtaes de basse extraction; à
l'exemple de Sigebert , il voulut avoir
pour épouse une princesse du sang
royal , et il épousa Gaisuintbe , sœur
deSrunehaut. Mais Frédégonde, Tune
des anciennes concubines du roi , n'a-
vait rien perdu de l'empire qu'elle
exerçait sur lui. Bientôt Gaisuintbe
périt de mort violente; Frédégonde
devint reine , et la guerre se ralluma
plus furieuse entre la Neustrie et l'Aus-
trasie. En 576, Sigebert victorieux
allait détrôner Chilpéric. Celui-ci trem-
blait; mais Frédégonde eut recours
au poignard , et Sigebert fut assassiné.
Dès lors l'ascendant de cette femme
fut encore plus grand sur Chilpéric :
elle lui fit immoler, les uns après les
autres, tous les fils qu'il avait eus
d'autres femmes; elle poursuivit ses
rivales jusqu'à la mort; elle anima son
mari contre Grégoire de Tours, contre
Prétextât, contre tous ceux qu'elle
haïssait. Tous les crimes de Châpéric
ont été inspirés par elle. Ce pnnce,
théologien, lettré, bel esprit, était
trop faible pour être féroce. Les Récits
mérovingiens de M. A. Thierry nous
montrent parfaitement ce mélange de
faiblesse innée et de cruauté acquise
qui composaient son caractère et jus-
tifient parfaitement ce mot si vrai des
éditeurs de la collection des historiens
de France , en parlant de ce prince :
Uxorius magis quant crudelis (t. Il,
. 115). Chilpéric fut assassiné à Chel-
es, par ordre de Frédégonde, en 584 ;
il était âgé de quarante-cinq ans. Son
fils Clothaire II lui succéda.
Chilfbrtg n fut proclamé roi en
715, aprèsjjla mort de Dogobert III.
On dit ^u'il était fils de Childéric II,
assassine en 673. Mais le* passage sui-
vant de It chronique d'Ërchambert
rend cette filiation douteuse. « Les
« Francs occidentaux , dit cet auteur,
« constituent roi un clere\npmmé Da-
« nihel qu'ils appellent Chilpéric; car
fe
IM
q«i
^UNIVERS.
CHI
«la deflcendançe des roîs venant à
4c manquer, ils sont dans Tusagè d^
KCpiDrûiiBeff celui qu*ils trouvent lé
« plus proche des Mérovingiens. »
Chilpéric, secondé par le inaire Raim-
froi , essaya de lutter contre Charles-
Martel , lofiais il fut vaincu et mourut
en 730.
Chimib. — Les origines de la chimie
sont, comme celles des autres -scien-
ces, environnées d'épaisses ténèbres.
On ne trouve dans l'antiquité aucune
trace d» T^istenoe ^e cette science.
C'est en vaio qji'on a cru pouvoir dé-
montrer Topimon contraire, en con-
fondant aveo la chimie les procédés de
quelques arts économiques et indus-
firiels, ou les premiers principes de
l'art pharmaceutique, tels qu'ils exis-
taient cheE les Égyptiens , Jes Chinois,
les Phéniciens « et plus tard chez les
Grecs. Une étude plus approfondie de
cette branche des connaissances hu-
maines démontre qu'elle appartient
tout entière aux nations modernes.
On ne saurait faire remonter son
origine plus haut qu'au septième siè-
cle , lorsque les Arabes commencèrent
à s'occuper dea sciences physiques.
Les rêveries de l'alchimie, née dans le
commencement de l'ère chrétienne,
avaient fait faire de nombreuses re-
cherches, auxquelles on devait déjà la
découverte d'un certain nombre de
faits. Tandis que les philosophes cher-
diaient à la fois la transmutation des
métaux et le remède universel , les
médecins ûiventaient un grand nombre
de préparations compliquées cju'ils va-
riaient à l'infini ; et , en traitant des
plantes et des animaux par l'eau et le
feu dans des vaisseaux distillatoires ,
ils avaient reconnu qu'on en séparait
des produits et des substances volati-
les, qu'on retrouvait plus ou moins
constamment, suivant certaines cir-
constances. Telles «ont les véritables
sources où la chimie a pris son ori-
gine.
Le plus ancien des autem^ç arabes
oui ait écrit sur la chimie est Géber,
dent le véritable nom était Abou-Mous-
sah-D|jafar«Al4^ofi : il vivait dans le
buitièa^e siède» La définition que cet
auteur donne de la ehimie prouve qu'il
en comprenait bien l'objet. &est, dit»
il ; une science qui à pour Mdeemh
naître l'action que tes divetses stép
tances de la nowre exerceiU ks «Ms
èur les autres. Ce qui est fort remftp
quable, c'est ^u'il admettait trois
principes oi^ éléments poiir tous ki
corps , opinion qui sW pi^opàgée i»
puis lui jusqu'à une époque trisr»*
prochée de nous. Outre plusieurs âw|
qui sont demeurés dans là science, ûi
trouve encore dans cet auteur la âi^
cription de plusieurs fourneaux et a^
pareils distillatoires , dont Fusage s'ét
perpétué jusqu'à nos jours. j.
Après Géber, les Arabes de Vém^
de Cordoue sont les seuls chez lesottli
on retrouve des traces de la cuItoréÉ
la chimie, et encore ils ne Tenvis^
rent que dans ses rapports avec l'aft"
guérir. On peut voir paf leurs éd
le peu de progrés qu'ils firent failt
cette science. On y trouve àculef ""
la description de diverses prépara
tirées du règne minéral, a'iin
grand nombre appartenant au
végétal , et de quelques appareils
tiliatoires. En effet, c'est aèA An
et principalement de Mesué Pan
Rhazès, Aveuzoav. Averrhoès,
date, en médecine, l'emploi de ce
composés chimiques employés
aujourd'hui. L'exploitation des
d'or, d!argent, de fer, d'étain, de
vre , etc. , qui prit dès cette époque
grande extension en Espagne.
France et en Allemagne , dut faire
rechercher peu à peu les connai
qu'exigent la métallurgie.
Les chrétiens d'Occident av
puisé dans ces écoles et dans les
des Arabes les doctrines qui y i
professées. Aussi les erreurs que
tenaient ces livres, au lieu &é
raître , se propagèrent-elles à U
veur des ténèbres qui couvraient r
l'Europe ; l'opinion que tous les
taux étaient composés de soufire
mercure devint dominante; pi
on s'occupa de la décomposition fj
la recomposition de ces debr {
Les moines, dans la solitude de
clôtures, semblent surtout ^étre
«1
FliAIfCG.
m
occopës qiiè tous les autres de ces sof*
tes dé recbercfaes. Toutefois, pendant
cette période qui s'écoule depuis le
milieu du treizième sièoie jusqu'au
oommeneement du quinzième, quel-
qœs iiommes s'élevèrent au-dessus de
leurs contemporains et firent faire
quelques progrès à la science. Ainsi
Albert le Grand exerça une influeiioe
Dsrquée, non-seulement, en propa-
rnt des connaissances puisées dans
physique d^Aristote, mais eneore
par son savoir étendu. Roger Bacon ,
qui surpassa en savoir tous les hom-
mes de son temps , travailla sur tous
Itt métaux connus, et il est le premier
^ ait fait rentrer dans cette classe le
mmgaiièse et le bismuth. Arnaud de
VilleneuTe fit plusieurs découvertes
fiéciettses , entre autres celle de Tes*
Ml-de'>TÎn. Pans cette même période^
mwvnr arts liés à la chimie firent des
|Ri^rè| assez remarquables. C'est
sin^ que les fonderies de fer, de cui*
m, les fabriques d'ustensiles métal»
j'BttOfïï, les verreries , Texpioitation des
"iiiin, celle des alunières et des vi-
les ateliers de teinture, etc..
llMrent un développement très-tion*
Mnde. C'est aussi de cette époqiie
- jMÉ ÉKt» rétablissement des pharma*
mê publiques.
^f^ 'Dans le cours du quinzième siècle ,
: chimères de l'astrologie, de la thé<y-
'VMpbie et de Talchimie continuèrent à
^4lH&iner les esprits, et s'opposèrent à
nouveaux progrès en chimie. Ce-
lant Basile Yalentin posséda des
Ions assez exactes sur la théorie et
itiqae de cette science et sur son
[uence dans la préparation des mé-
lents. Jean Pic de la Mirandole
son neveu François rendirent aussi
*itta grands services à la science et s'é-
^'lament avec force contre les pratiques
'iqrstîques de Tastroloçie.
f- Le seizième siècle vit paraître Para-
lii^, et ses principes amenèrent,
la chimie et dans l'art de guérir,
^îèe révolution qui se fit sentir en
^WHace comme dans tout le rests de
fEurope. Mais l'étendue de cet article
hbi ootis permet pas d'exposer les théo-
ties de ce notateur enthousiaste , dont
tes idées erronées s'opposèrent loi)g<«
temps aux progrès de la chimie, e^
qui cependant découvrit quelques fait^
qui sont restés dans le oomame de la
science.
La fin du seizième siècle, et sur-
tout le commencement du dix-septiè-
me, se firent remarquer par une mar-
che plus philosophique des esprits et
par une tendance plus grande à coor-
donner les faits observés dans les siè-
cles précédents. C'est alors qu'on vit
une classe d'éclectiques ç|ui eomn^encè-
rent à séparer la chimie des rêveries
théosopbiques. Les sociétés savante?
qui furent formées presque en m^rae
temps, vers le noilieu du dix^aeptièm^
siècle , en Italie , en Angleterre et eu
France, contribuèrent. aussi à dissiper
its erreurs qu'avait enfantées le goût
pour les sciences occultes. On reconnut
que la voiQ des expérienoes était la
la seule qu'il fallait suivre pour scru-
ter utilement la nature. Toutefois, les
progrès de l'esprit humain , dus sur-
tout à Bacon, Galilée , Tpricelli , Des^
cartes, r^ewton, ne se manifestèrent
que gradueliemeut.
Au milieu du mouvement généri^
uni agite les esprits au commencement
au dix-huitième siècle apparaît $tahl ,
qui fixa pour cinquante années la théo-
rie de la chimie, dont il sut présenter
l'ensemble 1q plus imposant^ le sys-
tème le plus lie et le plus étendu. Pen-
dant plus d'un demi-Siècle les chimistes
marchèrent sur ses traces. Parmi ceux
qui se distinguèrent en France peq-
dant cette période , nous devons citer
Geoffroy aîné, Rouelle, Louis Le-
mery, Lellot, Baron, Baume', Bue-
quet. Mais au milieu des travaux de
ces savants , nous devons mentionner
plus particulièrement comme ayai|t
conduit aux résultats les plus impor-
tants, la déterrjHnation df» affînités
chimiques, que Geoffroy aîné imagraa
le premier, en 1718, de représenter
dans un tableau méthodique; idée heu-
reuse que Séoac et Macquer. dévelop-
pèrent ensuite et qu'ils éclairèrent par
de nouvelles di>servations.
Cependant, en étudiant les corps
d^ fort nombreux 'nm cowposfti^t
IM
GHI
L'UNIVERS.
CBI
le domaine de la chimie, on avait peu
tenu compte jusqu'alors de l'influence
de l'air et de la formation de fluiiles
gazeux de diverse nature; les observa*
tions importantes de Yenel, de Black,
de Brownriçg et de Macbride sur le
gaz appelé air fixe par Haies ; celles de
Cavenaish sur plusieurs fluides élas-
tiques différents de l'air, furent sui-
vies d'importantes découvertes sur la
nature et les propriétés différentielles
de ces divers corps gazeux. Chaque
jour la science s'enrichissait des nou-
velles découvertes de Priestley^ de
Rouelle cadet, Scheele, Bergmann,'
Bayen, Fontana, Berthollet; mais,
malgré l'ensemble qui existait dans les
efforts de ces savants, il y avait en-
core une grande divergence d'opinions
sur la^théorie des phénomènes qui s'of-
fraient à l'observation. Une révolution
était préparée, mais il fallait un homme
supérieur pour l'opérer ; cet homme ,
c'était la France qui devait le produire!
Lavoisier, qu'une suite de découvertes
chimiques miportantes suffirait pour
placer au premier rang des chimistes
de son siècle , doit être considéré
comme le savant qui a rendu le plus
Î^rand service à la science , surtout par
es immenses améliorations qu'il a
portées dans les expériences de la chi-
mie, par l'exactitude des résultats
qu'il en a tirés, par' la force du génie
qui lui a montré et ouvert une carrière
nouvelle , et enfin par la création d'une
doctrine fondée sur tous les faits re-
latifs aux fluides élastiques.
La révolution opérée par Lavoisier
eut d'abord le sort de toutes les inno-
vations. Ses idées trouvèrent de nom-
breuses oppositions, mais enfin la
vérité triompha. Berthollet fut le pre-
mier qui embrassa les principes de
Lavoisier, et son exemple fut suivi par
Condoroet, Laplace, Cousin, Monge,
Coulomb, Dionis, Fourcroy, Guyton
de Morveau. La science, ainsi renou-
velée, demandait un langage nouveau
pour être présentée dans son ensemble
avec la clarté de principes qu'elle avait
acquise. Lavoisier, Guyton de Mor-
veau, Berthollet et Fourcroy se réuni-
rent pour cré^r une nomenclature qui
rendit alors l'étude de la chimie aussi
facile- et aussi claire qu'elle avait été
jusque-là fastidieuse et obscure; aussi
vit-on bientôt cette nomenclature se
répandre dans toute l'Europe avec la
doctrine pneumatique. Cette nouvelle
doctrine, créée par le génie de Lavoi-
sier,-imprima^iine telle impulsion à la
chimie dans le cours des ^ioze der-
nières années du dix-huitieme siècle,
Sue cette science fit plus de progrès
ans ce peu de temps qu'elle n'en avait
fait dans la longue série des siècles
précédents. Disons aussi qu'une autn
cause qui concourut puissamment aussi
à hâter les progrès de la chimie , cefiiK
l'esprit mathématique£|ui s'introduisit
dans la science , et la précision rigot>
reuse dont on fit preuve dès lors daiy
l'examen de toutes ses opérations. GÉ
nouvelles connaissances <^ui portaieiÉ
la lumière dans la chimie minérale»
hâtèrent surtout les progrès, jusque*
là très-lents , de la chimie organiquet^
Pendant le seizième siècle , les essai|
sur les matières animales et végé
étaient bornés à l'analyse par le fe
aussi les résiiltats qu'on avait obten
étaient autant d'erreurs. Vers lemili^
du dix-septième siècle, la chimie
maie fit quelques progrès ; Brand
en découvrant le phosphore et enti ^
vaut par hasard le moyen de Veifitià
de Turine , fit naître une nouvelle i
de recherches. Pendant la prei
moitié du dix-huitième siècle, ons'l
cupa beaucoup de l'examen de l'urii
et des matières excrémentitielles. iVi
très substances animales furent
ment étudiées, ef les travaux
Rouelle cadet, qui commencèrent^
1771 , donnèrent à la chimie anii
une forme scientifique. Nous cil
parmi les chimistes français qui
contribué vers la fin du dix-liuitii
siècle à accroître nos connaisaai
dans cette partie de la science ,
thollet, Fourcroy, Vauquelin, Moi
Séguin, Deyeux, ParmentieretBi<'
dont les expériences ont fait coni
quelques-unes des propriétés
ques des tissus animaux.
Le commencement du dix-neui
siècle vit une foule d'hommes r(
CHI
FRANCE.
€HI
139
BMiidables poursuivre avec non moins
d'ardeur que de succès les travaux qui
avaient jeté tant d*éclat dans le siècle
précédent. Les différentes parties de
la chimie devinrent Tobjet des recher-
dies des savants, et il serait trop long
de rappeler ici les nombreuses décou-
vertes que notre époaue a vu faire.
Kous ne devons signaler ici que celles
£i ont eu une influence marquée sur
I ()rogrès ultérieurs de la chimie.
Ainsi la doctrine pneumatique fut mo-
diiée par les travaux de Berthollet,
qui, dans sa statistique chimique , éta*
mit de nouvelles lois pour les affini-
tés; senlement il se trompa, en ad-
mettant à tort que ces combinaisons
ém corps s'effectuent en [)roportions
infinies. Proust eut le premier la gloire
ie démontrer cette erreur de Berthol-
tal , et bientôt les recherches de Ga^-
Iiossac et de plusieurs chimistes étran-
gers créèrent la théorie atomistique.
GHte théorie, féconde en résultats
ftMes, a été confirmée plus récemment
la connaissance que Ton a acquise
lénomènes éiectro - chimiques ,
en France avec un grand suc-
far MM. Ampère, Gay-Lussac,
I^MJMjfd , Dulong, Becquerel, Larive,
B'après les principes de la chimie
latique , Foxygène seul , dans la
de Tacidification, était consi-
eomme le principe générateur des
mais les recherches ont dé-
rlÉmtré que Thydrogène, le chlore,
., pouvaient aussi donner naissance
des acides en se combinant avec
itres corps. Plusieurs corps jus-
>là méconnus ont été aussi décou-
nous citerons entre autres le
désigné auparavant sous le
(f acide muriatique oxygéné. Le
de Lavoisier avait soupçonné
18 longtemps dans les terres et les
lis fixes, Texistence de métaux
>*aliers. En 1807, Davy vint jus-
tes prévisions de l'illustre chi-
fîrançais. Les métaux nouveaux
lés par l'action de la pile de Yolta
;, à la même époque, reconnus
étudiés par MM. Gay-Lussac et
lard. Tous ces travaux sur la chi-
minérale ne pouvaient pas man-
quer d'exercer leur influence sur la
chimie organique ; aussi les matières
organisées devinrent- elles l'objet de
redierches fructueuses de la part de
MM. Chevreul, Braconnet, Pelletier,
Robiquet, etc. Parmi ces travaux nous
citerons surtout ceux de M. Chevreul
sur les corps gras ; les recherches de
cet habile cnimiste ont ouvert une nou-
velle carrière que plusieurs chimis-
tes contemporams parcourent avec le
plus grand succès , et principalement
MM. Bussy et Lecanu, etc. Une dé-
couverte non moins importante par ses
résultats, est celle des alcalis végétaux,
due à M. Sertuerner. Parmi les décou-
vertes principales de ce siècle, nous
devons aussi mentionner celle de l'a-
nalyse des corps organiques, qui
appartient à MM. Gay-Lussac et Thé-
nard , et qui depuis a reçu des perfec-
tionnements nombreux de MM. Che-
vreul , Bérard , Dumas , etc.
Nous pensons , par ce petit nombre
d'exemples, avoir donné une idée de la
marche rapide des études et desr dé-
couvertes chimiques depuis le com-
mencement de ce siècle. On peut voir
que le résultat le plus général des tra-
vaux multipliés qui se poursuivent de
toutes parts consiste dans le perfec-
tionnement de l'art de l'analyse, et par
conséquent dans une connaissance plus
exacte de la composition de tous les
corps de la nature. Comme les prin-
cipes de cette science se simplifient de
jour en jour, on voit aussi ses applica-
tions s'étendre et se multiplier. Il nous
suffira de rappeler celles que les arts
doivent à Vauquelin et à M. Chevreul,
et celles que la toxicologie et la mé-
decine légale doivent aux travaux de
1VÏ. Orfila.
Chinarb (Joseph) , né à Lyon , en
1756, s'adonna de bonne heure à la
sculpture , et alla perfectionner en
Italie les études qu'il avait faites sous
la direction de Biaise. Il remporta à
Rome, en 1786, le grand prix, au-
quel le pape avait invité les artistes de
tous les pays à concourir. Le sujet
était Andromède délivrée par Persée.
Une copie de ce chef- d'œuvre est au
musée de Lyon. Ardent républicain ,
T. V. 9* Livraison. (DiCT. encycl., etc.)
9
130
cm
L'UWIYEllLS.
cm
(Ihinard fat ensuite per8éeuté par I«
gouvernement pontiûcal, à cause de
ses opinions. Arrêté et sur le point
d'être mis à mort, il ne dut la vie qu'à
l'arrivée de nos armées victorieuses.
i)e retour à Lyon , il fut nommé pro*
fesseur de sculpture à Técole de cette
ville. Bien* qu'habitant la province , ce
fut lui qui fut choisi par Napoléon
pour sculpter le carabinier de l'arc du
Carrousel. Cet artiste mourut en 1813*
On a de lui un très-grand nombre de
bustes , dont le plus estimé est celui
de madame Réçamier.
Chinb (rapports de la France avec
la ). Yoyez Missions.
Chiniag de |.â Bastide (Mathieu),
membre de l'académie de Montauban ,
né en septembre 1739, mort en juin
.1802] Il a publié une Histoire de kf
littérature française^ depuis les temps
les plus reculés jusqu à twsjours^ etc.,
1772, 2 vol. in-12; et une Dissertar
Mon sur les Basques , 1786, in-8^ Ce
volume, devenu assez rare, est plein
d'érudition , mais d'une érudition maj
digérée. — Son frère, Pierre Chiniac
4e la Bastid^e, président du tribunal
criminel au département de la Seine ,
a aussi laissé plusieurs ouvrages inté-
ressants pour rhistpire de France.
CsiNON, Caino, Kino^ Chinuni
castrumy ÇhinOj ancienne ville de la
Touraine, aujourd'hui chef-lieu d'ar-
rondissement du déj)artement d'Indre-
et-Loire , sur la Vienne , à 44 kilomè-
tres de Tours. L'époque de la fonda-
tion de cette ville est fort incertaine.
On sait s^^il^*^^i^^i d'après Grégoire
4e Tours {De glor. confess.}, que
c'était déjà, au cinquième siècle, une
ville assez considérable. Sur la mon-
tagne qui la domine s'élèvent les rui-
nes imposantes d'une ancienne forte-
resse qui , c|uoiqu'elle semble aujour-
d'hui n'avoir jamais formé qu'un seul
tout , se composait autrefois de trois
châteaux différents , mais réunis dans
une même enceinte*' L'un avait été
bâti par Thibaut le Tricheur , les
deux autres par Philippe- Auguste et
par Henri II d'Angleterre , qui mou-
rut à Chinon , en 1 1 90. Charles Yli
résida quelque temps dans ce château,
et y ajouta des fortifications, des te»
parts , puis il y fit construire une mai*
son poar Agnès Sorel. Cette maisoa
communiquait avec les appartement^
du roi par un mystérieux souterraio
que l'on a découvert au commencé»
ment de ce siècle. La tradition montre
encore, dans une des tours, la cham-
bre où Jeanne d'Arc fut présentée cm
la première fois à Charles VIL Ajôo*
tons que le roi de Bourges ne vivail
f»as en Touraine avec un bien grani
uxe ; car il existe une note d'un reeO*
veur des deniers royaux à Chioon , le*
quel réclamait à la chambre des com^
tes de France « vingt sotts, jXjiNf
manches neuves fnises à uri tnéilt
pourpoint de monseigneur Charly
septième (*). » '-
Louiç XI donna ensuite Cbiaonl
la reine, sa mère. Plus tard,cett|
Ville fut engagée à Henri de Lorraipcs
duc de Guise, pour 1^,333 livres etj
Richelieu l'acheta moyennant 119 '"
livres, et cette portion du domaine
la couronne fut immédiatement éfif
en duché.
. Chinon possède aujourd'hui un
bunal de première instance et un
lége communal. Sa population est
7,000 habitants. C'est la patrie de f
bêlais y né h la Devinière^ métair
une lieue de la ville, et de Math
de Neuré, savant mathématicien
dix-septième siècle, ami de Gasseï
Chinon (états de).— Purantic
de son règne , Charles VII conva
assez fréquemment les états généri
mais il ne nous est resté aucun moi
ment de ces assemblées. Les état^
avaient été assemblés à Cbinoo
mois de septembre 1427 , furéot
nouveau convoqués à Poitiers ppi|i{
15 novembre de la même année, f"
remis au 8 janvier 1428 , et, avant
cette époque fût venue, ajourn'
nouveau a Tours pour le 18 |u|
Aucun des députés ne se rendit!
convocation, et les états, ap[
Tours pour le 10 septembre sui
furent définitivement convoqoi
. (*) essais sur Thistoire (le Chinea
pumoustier, m-Hf Chinon, x8o^
«BAIICB.
eut
m
GMMd pour les preraiéfti Ibum d*0Cy çrire sur ces deniers un nom qui n'of-
toUre. On annonça en memis tempe frait plus aucun sens , on te remplaça
^ < chacun des assistants auroii par celui de la province. Ces monnaies
i £raBcb# liberté d'acquitter sa loyauté
& et de dire pour le bien des besognes
« tèat ce que bon lui sembleroit. » Les
Ittts se prolongèrent jusque vers le
teilieu du mois de novembre. Ils de-
todèrent, entre autres choses, la
itfftrme de la chambre des comptes,
iMè des tribunaux inférieurs du
Same, et la réunion en un seul des
parlements de Poitiers et de Hé-
-Éoi, réunion qui fut prononcée par
fM ordonnance du 7 octobre ]498,
èiobsista jusqu'en 1443. Les états
HMmièrent d'ailleurs au roi quatre
wt inilie livres , à payer moitié par
'h lingue d'oit, moitié par la langue
mk et le Dauphiné , et il fut ordonné
la noblesse et le clergé conCour-
itaveo le tiers état à i'acquitte-
de cette taille. On fît de plus un
à tous les grands vassaux de la
mne , ef on les somma de se ren-
trée toutes leurs forces sous l'é-
royal; mais le bâtard d'Or*
, Dunois:, fut le seul qui répon-
teet appel.
NON (monnaie de).— On ne con-
he pièce gauloise ou méro-
loe frappée à Chinon. Les seules
les de cette ville qui soient par-
jusqu'à nous sont des deniers
t d'un côté la légeude qainq-
TBO autour d'une croix, et de
un buste royal autour duqujel
tantôt i^YDovicysfiB» , et tan-
'ïTBOor, pour Turones ou r«ro-
On a beaucoup discuté pour
à quel prince il faut attribuer
F^iers. Nous nous contenterons
irtér ici l'opinion Ja plus pro-
La barbarie de leut style em-
dp leur assigner une époque plus
ieqoe la- fin du dixième siècle,
sont une iàiitatiod évidente des
frt^ipés à l'effigie de Louis
fmaire^ Il faut qoqc eu cop-
HU'à l'époque de la dissolution
Bipire parlofingien , lorsque l'pn
ita pour les monnaies un type uqi-
én copia à Chinon (telles de ce
et que dans la suite , las d'ins-
çeraient donc des espèces locales , et
non des espèces royales.
Pour reî;rouver un atelier monétaire
à Chinon, il faut redescendre dans
l'histoire jusqu'au commencement dii
quinzième siècle. Charles VII y établit
alors un hôtel provisoire qui fonc-
tionna pendant tout le temps que les
Anglais furent maîtres des principales
Yilles (ju royaume. Les espèces ifrap-
pées a cette époque h Chinon portent
pour marque distinctîve un C à la fîa
de chaque légende ; ainsi on lit sur les
grands blancs : kabolys fbango-
EYM^EXG. OM SITNOMENDI BENE-
DICTYMC., etc.
Chinssé ou Chisse, aujourd'hui
ChicheviUe y ancienne seigneurie du
Poitou, département des Deux-Sèvres,
érigée en comté en 1629.
Chic ( bombardement de ). — Du-
quesne, avant d'aller châtier les cor-
saires d'Alger, poursuivit, en 1681 ,
ceux de Tripoli presque dans le port de
Chio, où il les foudroya de son artil-
lerie , sans ménager les habitants ae
la ville. Plusieurs maisons et des mos-
quées furent incendiées, et cette ri-
goureuse exécution militaire se Qt
sous les yeux du ca pi tan-pacha , qui
lui-même était entré dans le port avec
trente-six galères.
Çhiomaba, épouse du tétrarque
galate Ortiagon, dont Polvbe, Plu-
tarque et Tite-Live ont célébré le cou-
rage et la vertu. La défaite que ses
compatriotes avaient éprouvée au mont
Olympe, Tan 189 avant J. C, l'avait
rendue prisonnière des Romains. « Les
captives gauloises avaient été placées
sous la garde d'un centurion avide et
débauché, comme le sont souvent les
gens de guerre. La beauté de Chiomara
était justement célèbre; cet homme
s'en éprit. D'abord il essaya la séduc-
tion ; désespérant bientôt d'y réussir ,
il employa la violence; puis, pour
calmer l'indignation de sa victime , il
lui promit la liberté. Mais , plus avare
pcore ûu'amoureux , il exigea d'elle,
à titre de rançon , une forte somme
0.
132
CHI
L'UNIVERS.
CHl
d'argent, lui permettant de choisir
entre ses compagnons d*esclavage ce-
lui qu'elle voudrait envoyer à ses pa-
rents, pour les prévenir d'apporter
Tor demandé. Il fixa le lieu de ré-
change près d'une petite rivière qui
baignait le pied du coteau d'Ancyre.
Au nombre des prisonniers détenus
avec répouse d'Ortiagon , était un de
ses anciens esclaves : elle le désigna ,
et le centurion , à la faveur de la nuit,
le conduisit hors des postes avancés.
La nuit suivante^ des parents de Chio-
mara arrivèrent près du fleuve, avec la
somme convenue en lingots d'or; le
Romain les attendait déjà , mais seul
avec la captive, car il n'avait mis dans
la confidence aucun de ses compa-
gnons. Pendant qu'il pèse l'or qu on
Tient de lui présenter , Chiomara , s'a-
dressaut aux deux Gaulois dans sa
langue maternelle, leur ordonne de
tirer leurs sabres et d'égorger le cen-
turion. L'ordre est aussitôt exécuté.
Alors elle prend la tête, l'enveloppe
d'un des pans de sa robe, et va re-
joindre son époux. Heureux de la re-
voir, Ortiagon accourait pour l'em-
brasser; Chiomara l'arrête, déploie
sa robe , et laisse tomber la tête du
Romain. Surpris d'un tel spectacle,
Ortiagon l'interroge; il apprend tout
à la fois l'outrage et la vengeance. « O
« femme,s'écria-t-ii,que la fidélité est
« une belle chose ! — Quelque chose
« de plus beau ^ reprit celle-ci, c'est de
« pouvoir dire : Deux hommes vivants
« ne se vanteront pas de m'avoir pos-
« sédée. » L'historien Poiybe raconte
qu'il eut à Sardes un entretien avec
cette femme étonnante, et qu'il n'ad-
mira pas moins la finesse de son es-
prit que l'élévation et l'énergie de son
âme (*). »
Chibag ( Pierre ) naquit à Conques,
petite ville du Rouergue, en 1650. Le
peu de fortune de ses parents les obli-
gea, quoiqu'il fût fils unique, de le
destiner à l'Église. Après lui avoir fait
Élire ses humanités à Rodez , ils l'en-
(*) Am. Thierry, histoire des Ganloit,
U I, p. 379, d'après Tite-Live, Pliitarque,
et Yalère Maxime.
voyèrent étudier la théologie à Moot*
pellier. Placé comme précepteur chez
un pharmacien de cette ville, ilyfitla
connaissance de Chicoyneau , chance-
lier de l'Université , qui lui conGa la
direction des études de ses deux fils,
qu'il destinait à la médecine. Chirac
s'adonna lui-même à cette science, et
il y fit bientôt de tels progrès que l'U-
niversité lui conféra, en 1683 , le titre
de docteur. U fut chargé, en 1687,
d'une chaire de professeur , qu'il rem-
plit avec le plus ^rand succès, jusqu'en
1692 , époque ou il fut nommé méd^
cin de l'armée de Catalogne, commaii*
dée par le maréchal de ]\oailles. Il ni
quitta ses fonctions que pour occuper
celles de médecin du port de la Bt'
chelle, où une malame épidémiqdl,
faisait de grands ravages, et au hoi
de deux ans il alla reprendre sa chaiw
à Montpellier. Appelé à Paris, ""
1706, par le duc d'Orléans, def
régent , il le suivit en Italie et en
pagne, puis fut nommé, en 171
premier médecin de ce prince, deve
régent. L'Académie des sciences 11
nora, en 1716, du titre d'associé,
succéda, en 1718, à Fagon, dam]
surintendance du Jardin des Plai '
reçut, en 17128, des lettres de nobi
et fut nommé, en 1731 , premier "
cin de Louis XV. JI n^ourut à
Tannée suivante.^ Chirac a laissé
assez grand nombre 'd'ouvrages;
aucun ne répond à la grande réj
tion de ce célèbre médecin.
Chibuagie (histoire de la^
France. — Les contrées occideol
de FEurope avaient vu périr les
ces, et le plus grand nombre des
numents des arts détruits par les
vasions des barbares du lïord. La
cadence de la médecine avait été
rapide encore et plus complète
celle d'aucune autre science. Les
ne^ étaient devenus les seuls dépoai
res des secrets de guérir ; et les prie
l'invocation des saints, l'appiicat
des reliques , étaient à peu près
seuls remèdes employés par ces sia
liers .successeurs d'Uippocrate. Ti
opération sanglante leur était iol
dite par les papes et les. oondles.
CHI
FRANCE.
CHI
188
dorent confier à des ouvriers ignorants
la partie la plus importante et la plus
dimciledela chirurgie; aussi, aucun
iRODQment des connaissance^ chirur-
gicales de cet âge n'est-il parvenu jus-
qu'à DOUS.
C'est seulement au onzième siècle
que ToQ voit poindre les premiers
rayons d'un meilleur avenir. L'Italie,
te pays le plus avancé alors sous le
njiport des institutions politiques, de-
vait précéder les autres contrées de
PEarope dans la carrière scientiGque.
L'école de Salerne fut instituée, et de-
vint par la suite le modèle de celle de
Montpellier. Aussi est-ce à des Italiens
que 1 CD attribue la renaissance de la
diirargie sur le sol de notre patrie.
L'homme qui a exercé le plus d'in-
ileeoce sur l'étude de la chirurgie en
France, est, sans contredit, Lanfranc
|à Milan , le disciple le plus distingué
k Guillaume de Saliceto , professeur
tVérone; c'est à lui que les Français
iont redevables des premiers pas qu'ils
''i faits dans la carrière chirurgicale.
TJvait à l'époque des plus grands
"les excités par les factions des
^ » et des Gibelins , et comme il
iMtjnis une prt active à ces dispu-
%tt fut exilé de Milan par Mathieu
WBDoti. Il se réfugia jen France, s'ar-
quelque temps à Lyon, et vint en
à Paris , ou il ouvrit des cours
ics, et acquit une célébrité extraor-
Mire. Un grand nombre d'autres
urgiens , Italiens comme lui, et ré-
iés en France pour la même causb,
rent se fixer aussi dans la capitale,
y firent fleurir les 'connaissances de
ys. La France était du reste fa-
blement préparée pour profiter des
ères que lui apportait l'Italie ; les
otts académiqtteSf et l'Université
leur succéda à, cette époque, fai-
9t affluer à Paris, par la célébrité
leurs maîtres et par le système d'é-
le qui y était adopté, une foule d'é-
iers de toutes les nations. Les lu-
ères n'étaient plus la propriété ex-
nve des congrégations religieuses ;
<^]à la chirurgie comptait quel-
~ nommes distingués. Tels étaient
doute les quatre maîtres dont
les noms ne sont pas parvenus jus-
qu'à nous, non plus que l'ouvrage qu'ils
avaient composé en commun, mais du
mérite duquel nous pouvons juger par
le témoignage que Guy de Chauliac
leur a rendu. Déjà brillait Jean Pitard,
chirurgien de Louis IX, qui suivit son
mattre dans ses expéditions à la terre
sainte , et qui , sous Philippe le Bel ,
dont la santé fut aussi confiée à ses
soins, composa et fit approuver les
statuts par lesquels le collège des chi-
rurgiens ûit constitué. Un enseigne-
ment régulier de la chirurgie fut alors
établi ; les élèves furent soumis à des
examens, et les maîtres tinrent assem-
blée dans l'église Saint-Jacques de la
Boucherie, en attendant qu'ils eussent
un&demeure fixe. Depuis cette époque,
la tradition ne fut plus interrompue ;
des moyens nouveaux d'instruction, le
nombre toujours croissant.de ceux qui
suivirent cette carrière nouvelle, exci-
tèrent de tout côté une ardente ému-
lation ; bientôt la chirurgie française
brilla au premier rang. Le collège de
chirurgie , la faculté de médecine de
Paris, furent dès lors la source ou les
étrangers vinrent puiser des connais-
sances approfondies; et c'est de ce
double foyer que jaillit la lumière qui
éclaira dans la suite la chirurgie des
autres nations.
Les noms de Henri de Mondaville
ou Her monda ville, de Robert le Myre,
de Jean de Saint- Amand , et de tant
d'autres dont V Index funereuts de
J. Devaux nous a conservé la liste;
ceux de plusieurs médecins qui firent
entrer dans leurs ouvrages les matières
^qui forment le domaine de la chirur-
gie, tels qu'Arnaud de Villeneuve, etc.,
n'intéressent l'historien que parce
qu'ils montrent l'extension et l'impor-
tance que prit alors l'étude de la chi-
rurgie.
Mais, malgré tous ces travaux, une
distance énorme séparait encore la
chirurgie du quatorzième siècle de
celle de l'antiquité. Pour se placer à la
hauteur des Grecs, il fallait non-seule-
ment du génie , mais un amour pas-
sionné pour l'art, et une constance
capable de surmonter les obstacles qui
134
CBi
LUNÎVIÎIUS;
s'opposaient à des étqdes approfon-
dies. Guy Chadliac, qui fut sans con-
tredit le premier chirurgien de ce siè-
cle, possédait à ua haut degré toutes ces
qualités. Doué d'un esprit droit, d'une
raison sévère, il dut à des travaux
constants , et à la méthode qu*il mit
dans ses études, l'érudition la plus
étendue qu'il fttt possible d'acquérir
de son temps, et une notion des tra-
vaux de ses prédécesseurs, aussi com-
plété que l'exigeait le projet qu'il Qvàit
formé de tracer le code des connais-
sances acquises en chirurgie. Un sa-
vant historien (Àckermann) a dit que
la Chirurgie de Guy de Chauliac pou-
vait tenir lieu de tout ce qui avait été
écrit jusqu'à cette époque. Du reste,
le plus grand éloge que Ton puisse
faire de cet ouvrage, c'est de men-
tionner la faveur durable qui lui fut
acquise , car, pendant près de trois
iSiècIes, il fut le livre classique par ex-
cellence. Il rendit l'étude de la chirur-
fie facile et profitable , et plaça la
rance à la tête du mouvement chi-
rurgical qui s'opérait en Europe.
Tout semblait annoncer à la chirur-
gie un long avenir de perfectionne-
ment, et à fa France la gloire de mar-
cher la première dans l'étude de cette
branche importante de l'art de guérir.
Mais les .mauvaises .passions allaient
bientôt arrêter cet essor, et près de
deux siècles se consumèrent en de mir
sérables disputes, et firent reculer l'art
de la chirurgie dans la carrière où il
avait jusque-là fait de si grands pas.
Expliquons cette marche rétrograde,
qui permit aux autres contrées de,
1 Europe de rejoindre la France, et
même de la dépasser pendant quelque
temps.
Jusqu'au règne de Charles VII, tous
les membres de la faculté de médecine
avaient été des clercs^ et quoiqu'ils ne
fussent pas attachés au clergé par des
liens indissolubles, la loi du célibat
leur permettait l'accès de l'état ecclé-
siastique, et leurs succès dans l'art dç
guérir les conduisaient souvent aux
Eénéfices les plus importants et aux di-
gnités les plus élevées ; aussi étaient-ils
sounpiis aux lois de FÉglise, qui leur
lâissbit entrevoir, pour la fin dé leur
carrière , les •honneurs et ia fortune.
C'était probablement i'obéiésaDoe aux
canons des conciles* et les tépagnao'
ces d'une fausse délicatesse ou d'une
vanité ridicule, qui avaient engaj5é ces
docteurs à s'abstehit de l'exerace ée
la chirurgie. Dès lon^nàpsils avaient
f>ris l'habitude de faire exécuter sous
eurs yeux, par les barbiers, les pan*
sements qui ne réclamaient p^i k
main des chirurgiens. Soit par l'erot
de circonstances fortuites, soit pour
éloigner de leurs malades les cfairur-*
giens dont ils étaient jaloux, ils iu-
troduisirènt peu à peu l'usage de faire
pratiquer, par ces mêmes barbierai
des saigliées, des ouvertures d'abeèiî
et quelques autres petites opâratiotis
de même espèce. Du reste, tes chirM^
giens avaient en quelque sorte prôw
la main à cet envanissement de leaii'
privilèges, en se déchargeant quelqu»
fois eux-mêmes sur \es servants &^
qu'un esprit étroit pouvait trouver «
vil dans leurs fonctions. Mais ils iH
laient bientôt payer Jes secours qu'il
avaient acceptés de ces mains ë^
gères. Attirés par les bénéfices qa
faisaient à raide de la lancette et il
bistouri , et qu'ils étaient loin de^
liser au moyen du peigne ou du ragw
les barbiers ne tardèrent pas à coslg
dérer les nouvelles fonctions àuxqu^^
les on les avait élevés, comme la pionf
la plus importante de leur professi
Ils réclamèrent avec instance, et, <f
ce temps de privilège, ils finirent
obtenir le privilège lé^al de cette i
velle branche qu ils ajoutèrent à 1
industriel Ce fut à l'ombre de i
constitution , et en exploitant la
dulité du vulgaire, cette mine in
sable pour le charlatanisme et
l'ignorance, qu'ils empiétèrent de}
en jour davantage sur la science, |
vinrent à se faire charger même
traitenaent des maladies les plus
ves; et ce fut en vain qu'une on
nance royale et des sentences plusn
fois renouvelées réprimèrent leurs
tentions (Voy. l'art. Bàrbibbs); '
relevèrent dé ces disgrâces passa^
pour continuer léura envahisseoMilll'
J
CHI
FRANCE.
Gitt
isk
*
JUaDdoDDés à eux-mêmes, ces fraters
éiiipomniadçs n'auraient jamais été,
pour les chirurgiens, des rivaux bien
dangereux; mais un ennemi plus puis-
sant trouva en eux d'utiles auxiliaires
contre les chirurgiens, et ne rougit
pas d'ajouter le peigne et le rasoir aux
insignes de sa bannière.
Depuis que le cardinal d'Es toute-
ville eut abrogé, en 1452, la loi dix
célibat imposée aux médecins; depuis
qu'on leur eut donné, comme dit Ques-
poy, des femmes au lieu de bénéuces,
leur ambition s'éveilla; reculant les
limites du domaine de la médecine, ils
y ajoutèrent tout ce qu'ils purent
prendre au domaine chirurgical , et
tOQtce qu'ils en purent pratiquer sans
déroger à ce qu'ils appelaient leur di-
gnité. Alors rien ne leur coûta pour
abaisser et pour supplanter les chirur-
giens. Ils y parvinrent plus d'une fois
a appelant à leur aide la compagnie
m barbiers, dans lesquels ils trouvè-
ftiit des serviteurs soumis.
D*UQ autre côté, des contestitions
ps nombre s'élevèrent entre les me-
ttons et les chirurgiens; mais nous
imposerons point en détail ces dis-
ions, dont vingt décrets et ordon-
ttoces ne purent tarir la source. Dans
toes ces disputes, on voit deux corps
dimés par leurs intérêts , tantôt s'at-
tirer ouvertement, tantôt travailler
iôardement à se nuire, appelant sou-
vent à leur aide ce que l'intrigue a de
plus vil et de plus révoltant. Mais c'est
en vain qu'on y cherche quelques
jvogrès pour la science; l'art chi-
nirgical, qui, importé d'Italie, avait,
comme une plante vigoureuse, poussé
de si profondes racines sur le sol de
France, et semblait devofr bientôt por-
ter les plus beaux fruits, languit alors,
rtpuise , et meurt enûn , étouffé par
l'envahissement de l'ignorance et de
honteuses passions.
Cependant, de f525 à 1580, la paix
sembla faite entre les médecins et les
chirurgiens; mais cette paix ne fut
fi*apparente, et quoique les tribunaux
oe fussent pas obligés d'intervenir
Jhtre les deux corporations, leurs con-
teitations n'en -furent pas moins vi-
Tes, et les sourdes menées auxquelles
les médecins ne cessèrent d'avoir re-
cours parvinrent à empêcher les chip
rurgiens de jouir des droits que leu^
accordaient leur institution primitive
et les privilèges nouveaux qu'ils avaient
obtenus. Les dispositions bienveillan-
tes de François 1*% de Henri II et dé
Charles IX, pour la chirurgie, durent
même céder devant la résistance de là
faculté ; et les édits des deux premiers
de ces princes, pour l'afliliation des
chirurgiens à l'université, ne purent
avoir la sanction de l'enregistrement^
Cependant , malgré tant de sujets de
découragement, le zèle de quelques
hommes qui cultivaient la chirurgie
n'en fut pas moins excité. Guillaume
Vavasseur et Rodolphe Lefort pratir
quèrent leur art avec succès, et se
firent , si nous en croyons je lémoL-
gnage de leurs contemporains, une
réputation méritée. Matnurin de La-
noue et Jean de Lanoue, son fils, se
signalèrent par leur érudition pro-
fonde, et Thierry se fit remarquer par
son habileté surtout dans le traite-
ment des affections syphilitiques, tan-
dis que Tagault développait avec plus
de clarté et enrichissait de commen-
taires nouveaux la doctrine de Guy de
Chauliac.
Les esprits , préparés par les levons
de ces hommes habiles , n'attendaient
plus que cette impulsion du génie qui
pousse à la découverte des vérités
nouvelles ; c'est alors qu'arriva Am-
broise Paré. Doué au plus haut degré
de toutes les qualités qu'exige l'étude
de la chirurgie , animé du plus vif en-
thousiasme pour cet art , il s'éleva ra-
pidement au-dessus de ses prédéces-
seurs et de tous ses contemporains ,
et il sut mériter le titre de père de la
chirurgie moderne, titre que n*ont
pu lui refuser même les nations riva-
les de notre gloire.
Pigray, le disciple et l'ami de Paré,
exposa sous une forme plus régulière
et plus commode les doctrines de son
maître ; Guillemeau ne mçrita pas
moins d'Ambroise Paré, en le faisant
f)arler la laneue des savants. Du reste,
'ophthalmologie doit aussi à cet ha-
186
CHl
L'UNIVERS.
CBI
bile chirurgien plusieurs perfection-
nements , et il a en outre contribuée
réformer Fart des accouchements. Il
faut aussi ranger parmi les élèves de
cette école , formée aux leçons d'Am-
broise Paré : Severin Pineau , habile
lithotomiste et chirurgien distingué ;
Jacques Démarque, l'un des bons écri-
vains sur les bandages ; Rousset , li-
thotomiste , et auteur de travaux ori-
ginaux sur Popération césarienne;
Adrien et Jacques d*Amboise; The-
venot; Nicolas Habicot, anatomiste
industrieux et hardi chirurgien ; et
enfin Barthélemi Cabrol , professeur à
Montpellier. Mais l'éclat que jetèrent
sur la France les noms que nous ve- .thousiasme qu'il avait pour son art ,
de Paris s'étaient jusau'alors disputé
le privilège , fût conné à un chIru^
gien. Dionis fut nommé pourTanato-
mie et les opérations. £n même temps,
le prince comblait d'honneurs et de
richesses Félix , Clément , Maréchal ,
Beissier, et tous ceux qui donnaient
leurs soins à la cour ; et ces encoura-
gements , quoique prodigués à un pe-
tit nombre d'hommes , n'en étaient
pas moins propres à enflammer rému-
lation des autres et à faire avancer la
science.
Tandis que le plus ^rand chirurgien
du siècle, Jean-Louis Petit, faisait
passer dans l'âme de ses élèves l'en-
'
nous de citer ne fut que passager. La
faculté de médecine , jalouse de l'at-
tention qu'excitait le collège des chi-
rurgiens , voulut tenter un dernier ef-
fort pour perdre ses rivaux , et pour
cela elle tâcha de les avilir par une as-
sociation déshonorante. Elle parvint ,
à force d'intrigues, à faire prononcer
par l'autorité la réunion des barbiers
et des chirurgiens en une seule corpo-
ration , et à faire exclure de la faculté
la chirurgie, qu'on y avait un instant
reconnue. Depuis lors, tout zèle et
toute émulation furent éteints parmi
les chirurgiens français ; c'est à peine
si l'on pourrait citer parmi eux quel-
ques hommes qui cherchèrent à rele-
ver l'honneur de leur art.
Cependant, durant la seconde moitié
du dix-septième siècle , dans le temps
même de l'avilissement le plus com-
jplet de la chirurgie, deux hommes,
également distingués par leurs talents
et par les charges dont ils furent re-
vêtus, conçurent le noble projet de
relever dans les esprits l'amour de la
science. Bienaise, et après lui Rober-
teau, rétablirent à leurs frais, dans les
écoles de chirurgie alors désertes , et
entretinrent, par une pension annuelle,
plusieurs charges de démonstrateurs.
Enfin, Louis XIV, en réformant, par
une déclaration du mois de décembre
1671, l'école royale de chirurgie du
Jardin des Plantes , voulut que l'en-
seignement dont les docteurs des fa-
cultés de médecine de Montpellier et
Maréchal , premier chirurgien du roi,
et Lape}[ronie , si digne oe lui succé-
der , éveillaient chez Te monarque ces
sentiments de bienveillance pour la
profession de deux hommes qui avaient
su lui inspirer une profonde estime et
une véritable affection. Le premier ré-
sultat de leurs efforts et de leurs sol-
licitations fut la création , par lettres
patentes du mois de septembre 1714,
dans l'école de Saint-C^me , de cin|i
places de démonstrateurs chargj^i
d'enseigner l'anatomie et la chirurgie^:!
Cette ordonnance excita une oppost*)|
tion violente de la part de la faculté
de médecine , mais n'en reçut pas
moins son exécution. L'enseignement'
fondé par Louis XIV était cependant
incomplet et confié à un trop petit
nombre de professeurs; Lapeyronie,
par une munificence vraiment royale,
fonda une sixième chaire à laquelle il
assura un traitement égal à celui des
autres ; le titulaire fut chargé de faire
deux cours d'accouchement , un poor
les élèves en chirurgie , l'autre pour
les sages-femmes. Il fit en outre don*
ner à ces démonstrateurs un nombre
égal d'adjoints , dont il se chargea et
payer lui-même les honoraires. Noa'
content de faire fleurir à Paris ren-
seignement chirurgical , il demanda
encore et obtint , pour la ville de
Montpellier , la nomination de quatre
professeurs et de quatre adjoints, (fù
durent aussi embrasser dans leurs le*
cons toutes les parties de la chirurgie.
CHI
FRATNCE.
CHI
187
Hais ii manquait un amphithéâtre, et
l'on Dégiigea d'attacher des honoraires
aax fonctions qu'on venait de créer ;
ce fut encore Lapejnronie gui leva
cette doubJe difficulté , et qui fournit
l'argent nécessaire. Cet homme, dont
s'bonorera à jamais la France , ne se
contenta pas de relever et de favoriser
aJDsi la chirurgie de son vivant, il vou-
lut encore la soutenir après sa mort.
Son testament est un monument ad-
mirable de philanthropie et d*amour
de la science : frais d enseignement ,
créations de prix annuels , fondation
d'une bibliothèque , rentes considéra-
bles destinées à encourager la chirur-
*^'e, construction d^un amphithéâtre,
gs aux hôpitaux pour assurer des
cadavres aux démonstrateurs d'anato-
iffiie, etc. , etc. , tels sont lei^ articles
Jirincipaax d'un testament qui devait
CBcore ajouter à tous les bienfaits
^nt la science était déjà redevable a
!ce généreux citoyen.
Sais le plus grand bienfait de La-
oie , révénement le plus impor*
Ht dans l'histoire de la chirurgie mo-
celui dont l'influence est le
connue , et sur lequel il est le
nécessaire de s'étendre , c'est la
de l'Académie royale de chi-
ie, dç ce corps qui dicta à l'Eu-
UQ code chirurgical dont , après
tôt un siècle , les articles fonda-
taux sont encore en pleine vi-
r. A côté de ce grand événement
foDle de circonstances, qui favorî-
rent plus ou moins les progrès de la
'rorgie, s'effacent en quelque sorte,
paraissent peu dignes d'arrêter
attention. On ne peut cependant pas-
' sons silence la déclaration du roi ,
^ avril 1743 , qui exclut de la so-
é des chirurgiens la communauté
barbiers^ institua des degrés acadé-
, exigea des élèves une éducation
aie, et prescrivit, pour l'obtention
titre de maîtrcv en chirurgie , des
s sévères d'examen. !Nous cite-
encore la fondation de VÊcole
'oUque de chirurgie y où Desault dé-
ta comme professeur de clinique,
Chopart enseigna avec tant de zèle^
^, établie par arrêt du conseil du
4 juillet 1750, reçut sa dernière con^
titution par un règlement du roi, du
19 mars 1760. A cet établissement se
rattache celui d'un hospice de perfec-
tionnement, qui n'avait d'abord que
six lits , et qui fut fondé par édit du
roi , du mois de décembre 1776.
A l'Académie succéda l'école de
Desault , de cet homme dont la puis-
sante influence ne saurait être contes-
téCj qui apprit à connaître les rapports
des organes entre eux , et à diriger
l'instrument tranchant dans la pro-
fondeur des tissus avec autant de pré-
cision que si ces tissus étaient transpa-
rents ; qui fut, en un mot, le créateur
de l'anatomie chirurgicale ; qui servit
l'art par de nombreuses découvertes ,
et plus encore par son amour pour la
chirurgie et par l'enthousiasme qu'il
communiquait à la foule d'élèves qui ,
de tous les pays, venaient se presser à
ses savantes leçons.
Une dernière cause enfin de l'avan-
cement de la chirurgie française , à la
fin du siècle passé et au commence-
ment du dix -neuvième , furent les
guerres de la révolution. Arrêtons-
nous sur cette nouvelle branche de
l'art chirurgical , qui a rendu de si
grands services au pays , et qui , après
avoir pris naissance au sein de la
France , a servi de modèle et a donné
l'impulsion à tout le reste de l'Eu-
rope.
La chirurgie militaire, si bien orga-
nisée dans les armées françaises , est
une institution toute moderne ; née
pendant les guerres de la révolution ,
c'est sou^ le règne de Napoléon qu'elle
's'est perfectionnée , au point d'exciter
l'admiration de nos ennemis eux-mê-
mes.
Sous les dynasties mérovingienne
et carlovingienne , et pendant les pre-
miers règnes de la monarchie capé-
tienne , on ne trouve aucune trace de
chirurgiens militaires. Les rois avaient
auprès d'eux leurs médecins ou phy-
siciens ; les barons se faisaient accom-
pagner de leurs clercs ou chapelains,
qui possédaient quelques éléments em-
piriques et grossiers de l'art de guérir.
Le reste de l'armée était livré aut
188
CHI
L'UNIVERS.
CHI
fnédicasires y espèces de médecio^
ignorants et avides qui suivaient |^
troupes pour débiter leurs baumes.
Des femmes se mêlaient aussi dans les
camps pour panser le^ blessures ; elles
suçaient les plaies faites avec les flè-
ches, les dards et les lapces*
Lorsque saint Louis partit pour la
croisade, Jean Pitard, son premier
chirurgien , se fit accompagner de plu-
sieurs myres ou mfiitres myres^ qui
étaient les çhirurajens de cette épp-
3ue. La plupart étaient des moines ,
es clercs ou chapelains, qui joignaient
à Texercice d& k médecine celui du
sacerdoce. Les successeurs de Pitard
se contentèrent d'accompagner les rois
à la guerre, et n'instituèrent point uo
corps de chirurgie pour Tarmée. Les
riches et puissants seigneurs, qui conr
duisaient et commandaient des bandes
aux armées, avaient avec eux desmy-
resy et, dans la suite, des chirurgiens
2ui étaient attachés à leur, personne.
;es hommes donpaient bien des soins
aux officiers et aux soldats , mais ils
en recevaient un salaire , ou du moins
ils les soignaient sans y, être obligés.
L'invention delà poudre à canon de-
vait nécessairement arqeher une révor
lution dans la chirurgie qui s'occupajt
des blessures faites a la guerre. Les
plaies produites par les projectiles lan-
cés par la poudre sont bien plus gra-
ves , bien plus dangereuses que les
blessures faites avec 1 épée, les flèche^
ou la lance; elles réclamaient des soins
beaucoup plus importants. Cependant,
ce ne fut c|ue sous Henri IV que na'^
qurt la chirurgie militaire. Le grand
Ambroise Pare n'avait pourtant aucun
grade dans l'armée ; il y accompagna
M. de Montejean , commandant les
hommes d'armes , et ensuite M. de
Jlohan. Il dut toute l'autorité qu'il eut
sur ses confrères a l'ascendant de sorj
génie ; chacun voulait être secouru
par lui. Ce fut lui qui , le premier ,
connut le traitement qui convenait aux
plaies d'armes ^ feu ; il abolit les cou-
tumes empiriques qui, loin de les gué-
rir, ne faisaient sou vent, que les ag-
graver ; il dilata les plaies, et supprima
rusage barbare d'y appliquer de l'huile
bouillante , qu'il remplaça par les di-
gestifs dont maintenant ^corc Foii
lait usage. Ses succès, dans ces.iemu
d'ignorance , paraissaient autant 0^
prodiges ; et sa réputàtiori devint a
grande dans les camps , que le soldtf
ne connaissait plus de danger (pid^
ce grand chirurgien était jprei^
Metz était assiégé ; les blesses jiéirii'
saient privés de secours , P^re y^
dans la ville pour y porter les bf'
faits de son art ; les soldats, ipsti
de son arrivée , s'écrient : « Noi
« craignons plus rien, notre Âinbi
tt est avec nous. ». Les grands sèii
renfermés dans la piace le x^
comme le secours le plus pré
qu'on pût leur ehvoyer; et, par
soins, l'abondance régna dans sa
son, taddis que tous les assiégés él
réduits aux plus rudes privations^
célèbre Pigray, disciple de Par^
succéda aux armées ; mais , <
lui , Pigray appartenait à un
seigneur; il accompagnait M.
Vauguyon. C'est sous itenri
les premiers hôpitaux militaires
établis. Sous Louis XIII , on c
chirurgien - major dans . chaque
jnent ; dès lor$ la chirurgie nuli
commença à s'organiser ; il y
hôpitaux militaires , des ambi
dirigés par un chirurgien en cbefjr
eut le titre de chirurgien-major
camps et armées.
Les guerres que Louis XIV
soutenir nécessitèrent l'établiss
d'un grand nombre d'hôpitaux
taires et ambulants. Sous ce
l'organisation du service de S£ ^
litairé se perfectionna;, le chîhi
inajor de l'armée eut pour le s
outre les chirurgiens- majors. et
majors attachés à chaque rè^'
un plus grand nombre aê cliir
de tous Tes grades attachés à
ambulance. Les chirurgieris -
des hôpitaux et des iré^iments
choisis parmi les praticiens )es
instruits du royaum^. « £n wU ^
dit M. Perc^ (Éloge de Sabatlçr,
n'y avait guère, de chirurgièi|5 H
et en réputation qui n'êusseîit
aux armées et dans les régimeni
^kAi?îcis.
GHI
IM
Ïm-Louh Petit avait Mi Huit cam-
Ï^es comme chirurgien aide-major j
^ erisiiîte comme chirqrgîen-maj[or ;
m As en avait déjà fait quatre , tout
Ab quMl était , lorsijU'il mourut. Le
■^^ Arnaud; Beissiei:, s*étaîent
m
fours honorés du titre de chfrur-
militaîj'e , et Ton n'obtenait alors
dilBcilemçnt les emplois civils , si
n'était aile les gagner à là guerre,
itre les chirurgiens-m,ajors des ar-
, H y eut aussi des chirurçiens-
ijtants qui. dirigeaient principale-
Tadministration dû service de
et avaient la suprématie sur le^
irgiens - ndajors ; mais ils furent
primés vers 1795.
^écldt dont avait brillé la chirurgie
* aifc , soiis le règne de Louis X.IY,
lènta encore sous ceux de Louî^
^«tde Louis XVI. Des chirurgiens
'à du génie de l'observation , ri-
des, découvertes faites par Am-
Paré et Pjgray , et plus tard par
ly , étudièrent avec plus d'atten-
S phénomènes que présentent
lies faites par les armes à feu^
fixèrent , dans leurs écrits ou
irs leçons , le véritable traîte-
l^i convient a ces redoutable^
m. Pbrmi ces grands praticiens
Istinguent alors le Dran, Jean-
Petit, Desport, Loubet, Ka-
Garengeot , Lafaye , Làpey-
i , Baglen , Faure ; Dufouart ,
ifâr(|. Lombard, Percy, Noël,
rotte et Thomassin. Des écoles
raction, pour former des chi-
fens d'armée, peuplaient les hô-
X et les régiments de sujets déjà
M<^ de faire le service v Vacher,
i&^on; Chassenet, à Lille; De-
i , a Nancv ; à Strasbourg , Lom-
t^ le RIcne; à Metz, Rpbillard
imobier, étaient les instituteurs
te. jeunesse studieuse, qui, dé-
{\ a dpnné tant d'éclat à la cbirur-
"lilîtalire.
était rétat des choses quand les
s dé la révolution éclatèrent.
rze armées s'opposaient alors à
îod étrangère; et tenaient tétè
">pe coalisée, il fallut lever un
nombre considérable de chirtirgfébs j
et , malgré les crises nombreuses qui
entravèrent souvent les autres bran-
ches de l'administration ^ là chirurgie
militaire, dirigée par Percy, Noël,
Saucerotte, Thomassin, Lombard, Lar^
rey , Dupont et quelques-uns de leurs
disciples , mérita la reconnaissance dti
pays et l'admiration de l'Europe. Na-
poléon se déclara le protecteur de la
chirurgie militaire; il l'honora par se^
éloges et la récompensa par d'éclatante
bienfaits. Stimulée par les encourage-
ments du grand capitaine , là chirurgie
alla au delà de ce qu'on pouvait espé.<«
rer ; elle se créa de nouveau?^ devoir^
et de nouveaux dangers. Auparavant
les chirurgiens se tenaient derrière la
ligne de bataille et attendaient qu'on
leur apportât les soldats blessés; on
les vit alors partout au plus fort dû
danjnjer , parcourir lesJignes de bataille
pour prodiguer , au milieu des boulets
et des balles , les premiers soins aux
blessés. L'histoire doit une belle pa^e
aux servic<« que rendit la chirurgie
militaire à l'arniéè d'Orient . sous la
direction dé M. Larrey; elle redira
les services non moins importants ren-
dus par cette belle institution à l'ar-
inée du Rhin , à Ulm, à Âusterlitz, à
iéna , à Eylau , à PultusCk , à Fried*
land et en Espagne , sous les ordres
de Percy.
Les limites de cet article pe nous
permettent pas de traiter ici en détail
de la belle institution de la chirurgie
d.e bataille due à Percy; qu*il nous
suffise de dire que, par elle j les chi-
rurgiens transportés, avec les appa-
reils nécessaires aux pansements, d un
bout du champ de bataille à l'autre,
comme l'artillerie légère , apportent
aux malheureux blessés des secours à
tous les instants, les pansent, leç
opèrent , même au milieu des lignes
de bataille, et arrachent à la mort
bien des malheureux que des secours
trop tardifs auraient laissés mourir.
Mais l'institution de la chirurgie m\^
litaire n'est pas le seul titre de gloire
que le dix-neuvième siècle ait à présen-
ter aux siècles, à veniK Depuis le com-
140
Gfll
L'UNIVERS-
CHI
mencement de ce siècle, la France voit
surgir de tous côtés des hommes dis-
tingués dans Tart chirurgical , et si
les travaux pénibles des camps font
nattre de grands chirurgiens et amè-
nent des découvertes importantes sur
le traitement des blessures par les ar-
mes de guerre , la pratique dans les
grands hôpitaux civils , les travaux qui
résultent de cette observation plus
calme et plus constante , font surgir
des hommes non moins distingués et
jettent de nouvelles lumières sur un
grand nombre d'autres points de la
pathologie chirurgicale. Les progrès
de la chirurgie ne sont pas moins nom-
breux , depuis le rétablissement de la
paix ; et dans l'échange de découvertes
ou de perfectionnements qui s'est éta-
bli entre les nations , on voit la France
conserver au milieu de l'Europe , et à
leur étonnement , la suprématie que
n'avaient pu lui faire perdre ni ses
dissensions ir^testines, ni ses efforts
surnaturels pour repousser l'invasion
étrangère, «
Nous n'entreprendrons pas , dans le
cadre resserré de cet article , d'énumé-
rer les découvertes , les améliorations
et les perfectionnements sans nombre
qui appartiennent à la période de qua-
rante années qui vient de s'écouler ; il
faudrait en quelaue sorte reprendre
une à une toutes les parties de la chi-
rurgie et en faire une histoire parti-
culière.' Les progrès récents de Part
chirurgical trouveront naturellement
leur place dans les articles que nous
consacrerons aux hommes auxquels
ils sont dus.
Chiusa (affaire de la).— Le général
Guyeux, commandant une division de
l'armée qui , sous les ordres de Bona-
parte, envahissait, au mois de mars
1797, les provinces impériales de la
haute Italie, rencontra la colonne du
général Baj^alitsch , retranchée à Pu-
fero , lui prit deux pièces de canon , et
la refoula dans les gorges de Capo-
retto, à la Chiusa autrichienne. Arri-
vée au fort de la Chiusa-di-Pletz , la
division victorieuse trouva de nou-
veaux ennemis à combattre. Ces obs-
tacles furent {bientôt surmontés. La
Chiusa^ em[)ortée d'assaut , et les 500
hommes qui la défendaient faits pri*
sonniers , rien ne s'opposait plus a ta
poursuite de la colonne autrichienne,
qui marchait en toute hâte sur Tarrisi^
et allait être atteinte par Guyeux, lor»
Qu'elle tomba au milieu de la divisioi
u général Masséna. Prise alors en têt
et en queue, elle mit bas les armes e
se rendit prisonnière. 30 pièces de caj
non , 400 chariots , des bagages, 4,(
hommes et 4 généraux tombèrent
en notre pouvoir.
. — Le T' janvier 1801, lors des d(
nières opérations qui précédèrent ej
Italie la conclusion de la paix coi
quise à Marengo et à Hobenlinden,!
général Moncey se présenta de noc
veau devant la Chiusa autrichienne!
et la fit tourner par sa réserve,
parvint avec beaucoup de peine à gi
vir les rochers les plus escarpés. 1
même temps le général Boudet
avancer une pièce de huit devant
principale porte du fort , qui bient
fut enfoncée. Les Autrichiens, ébra
lés par la vigueur des assaillant
étonnés de se voir foudroyés par le ti
des Français en position sur des cior
qu'ils avaient crues inaccessibles,
retirèrent à la hâte, laissant une
taine de prisonniers et un grand
bre de blessés.
Chiusella (combat de la).— Aj
l'admirable passage du Saint-Berm
l'avant -garde de l'armée français
commandée par Lannes^ avait em|
Ivrée , la clef des plaines de l'It
puis elle s'était élancée sur la i
de Turin. Le 26 mai 1800, elle
heurta contre un corps de 10,000
trichiens rassemblés à la hâte |
couvrir la capitale du Piémont , et jj
tranché à Romano derrière la Chf
sella, dont le pont était défendu |
une batterie. La victoire fut décî
par un mouvement d'audace. Deux
taillons d'infanterie , au milieu d*!
grêle de balles et de mitraille ,
nèrent le pont et déblayèrent le
où la colonne d'attaque se pW
en masse et culbuta les Autrid
Alors la cavalerie ennemie essaya
rétablir le combat par une charge
cai
FRANCE.
CHI
141
gonreuse ; maïs trois fois elle vint se
riser contre les baïonnettes de notre
brare infanterie. Les Impériaux rom-
pus s'enfuirent alors à Chivasso (voyez
ce mot), d'où ils se replièrent sur
Tarjn.
Chivasso (prisede).— Aussitôt après
le combat de la Ghiusella , le général
Lances s'avança sur le P6, et occupa,
le 28 avril 180Ô, le bourg de Chivasso.
Un grand nombre de barques char-
gées de riz et de blé vinrent alors
porter l'abondance dans le camp fran-
çais. Le premier consul Bonaparte y
passa la revue de son avant-garde , et
distribua aux braves les récompenses
et les éloges que méritait leur va-
leQr.
Chiverwy ou Chevebny, ancienne
seigneurie du Blésois , aujourd'hui dé-
partement de Loir-et-Oier , à 12 kiL
deBlois, érigée en comté en 1677, en
fiiTear de Philippe Hurault, chance-
ler de France , qui prit depuis le nom
àeette seigneurie.
, Chivbbny (Philippe Hurault, comte
^^ chancelier garde des sceaux de
^ tence , né à Chiverny en Bretagne.
' loi père , Raoul de Chiverny , était
■ Jflrtcn 1527 au siège de JVaples. Deux
I ««es ancêtres avaient péri à la ba-
Jllc d'Auray, à côté de Charles de
.Mois. Dès l'année 1562 , la protection
'«cardinal de Lorraine et la faveur
;fc Catherine de Médicis l'avaient ad-
onis à prendre part aux affaires publl-
.fies. Il parvint aux premières digni-
K8 de la magistrature , après avoir
Blousé la fille du président de Thou.
^ ommé chancelier du duc d'Anjou,
.'jepuis Henri IIÎ , il suivit ce prince
> jûis ses expéditions militaires ; mais
■ ne l'accompagna point à Varsovie,
!» reine mère et le roi jugeant sa pré-
ifttceàParis plus utile à leurs intérêts.
. J*s sceaux lui furent confiés en 1578.
Toutefois, ses liaisons avec les ligueurs
.« firent disgracier après la journée
.«s barricades ; il rut rappelé par
.Jjori IV, qui lui rendit les sceaux en
.wnt à ceux qui l'entouraient : « Mes-
* ?^" \ ^^ ^^^^ pistolets que j'ai
.«baillés à M. le chancelier ne font pas
« tant de bruit que ceux de quoi nous
« tiroii8tousle8Joar8;)inais ils frappent
« bien plus fort et de plus loin , et le
« sais par expérience par les coups que
« j'ai reçus. » Ce fut Chiverny qui fit
tous les préparatifs pour le sacre et le
couronnement du monarque. Il fut en-
suite chargé de rétablir le parlement
de Paris , ainsi que les autres cours
souveraines du royaume. Après avoir
joui constamment de la confiance du
roi, Chiverny mourut en 1599. De
Thou , Scévole de Sainte - Marthe et
INicolas Rapin ont loué la prudence et
la dextérité de ce magistrat , qui
n'était pas inaccessible a la corrup-
tion, s il faut en croire le JaurtuU
de r Étoile. Les Amours du grand
Akandre , attnbués à Louise de
Lorraine, princesse de Conti, nous
ont laissé de curieux détails sur les
longues amours du vieux chancelier
avec la marquise de Sourdis , tante de
la belle Gabrielle. On a imprimé à
Paris, en 1636, les Mémoires d Estât
de messire PhiL HuratUt, comte de
Chiverny y etc., avec deux InstrucUons
à ses ef^ant^, et la Généalogie de la
maison des Hurault Ces mémoires
commencent à l'an 1567, et finissent
à 1599.
Chizby (bataille de).— Au commen-
cement de 1373, il ne restait aux
Anglais qu'une très-petite partie du
Poitou. Charles V, pour les chasser
complètement de cette province , donna
à du Gueselin l'ordre d'entrer en cam-
pagne dès le commencement du prin-
temps, longtemps avant l'époque où
les Anglais avaient coutume de passer
la mer. Au mois de mars 1373, le
connétable , à la tête d'une troupe de
1,400 combattants, vint assiéger la
ville de Chizey. Les Anglais qui étaient
encore dans le Poitou se réunirent
alors à Niort, au nombre de 700 hom-
mes d'armes, et se dirigèrent sur
l'armée française. Les assiégés ayant
appris l'approche de ce secours, firent
une sortie contre les assiégeants;
mais , dit Froissard , « ils ne purent
porter le grand faix des François, et
furent tout de premier cils là déconfits
morts et pris ; oncques nul des leurs
ne rentra au châtel. » Peu de temps
L.
142
cao
LuminBRS.
mo
après arriva l'aTant-sai^de dananne,
ootnposée da 90^ pilrards bretons et
l^ifavins, qbipaaséreDt à l'instant du
côté des Fratifaia. Aussi les Anglais
ftirênt-ils cbmplétemant défaits, mal-
gré le courage avec lequel ils se batti-
rent. Cette victoire^ qui fit capituler
Chizejr, MIort et Lusignan , compléta
la Conquête du Poitou.
€hlo9Icki (Jos.), général de divi-
sion au service de la France, naquit à
Varsovie en 1772. Après le dernier par-
tage de la Pologne, il s'enrôla dans les
braves légions jiolon aises auxiliaires de
ta république française, et prit une part
glorieuse aux campagnes d^Italie. Gonti-
mandant du 1*" régiment de la Vistule
en 1607, il entra en Espagne l'année
suivante , et se distingua particulière-
ment au si^e meurtrier de Saragosse,
aux combats de Maxia et de Bécbila ,
devant Xiérida et Tortose, contre le
fameux Mina, et sous les murs de Sà-
gonte. Général et commandant d'une
rigade à la suite de la garde impériale
en 1812, il fut blessé à Smolensk. Bn
Ï814 , Chlopicki ramena en Pologne Ws
débris de ses lésons, et fut nommé
Î;énéral de division. Mais , révolté de
a brutalité du grand-duc Constantin ,
il donna sa' démission en 1818 , et vécut
dans la retraite jusqu'au moment où ,
appelé par la révolution de 1830 à di-
riger les affairés de son pays , il com-
mença un rôle nouveau dont l'ex position
et l'appréciation ne nous appartiennent
plus. Disons cependant qu'il n'a pas
su icomprendre le noble élail de sa pa-
trie, qu'il l'a compromise, perdue
même par sa faiblesse , et que , si on
lui accorde unanimement la gloire
d'avoir été un bon général , on lui re-
fuse celle dfavoir été un bdn dictateur.
Chocolat. — C'est aux Espagnols
que nous devons le eboeolat. Quel est
le premier qui en fît usage en France?
Ce point a été controversé. Selon les
Mélanges d^hùMre et de littérature
publiés par d'Argonoe sous le nom de
Vigneul de MarvSUe, Ce fut le cardinal
AJphonse de Richelieu , mort en 1QÔ3 ,
û*ère du célèbre ministre, qui en tenait
le secret de quelques moines espagnols.
^uÎTanl les Mémoires de w4demoise(ie
de MotOpenskry ce serait Tin^f
Marie-Thérèse, femme de touis^
qui aurait apporté de son pays le gpft
de cet aliment, qu'elle faisait préparer
en secret chez une de ses femmes, d
Qu'elle prenait en cachette. Si cetU
ernière version est la véritable, le
goût de la reine finit car être coonq^
m CQurtisaïas l'adoptèrent, et Parji
imita les courtisans. ]L.e 11 féyrie^f
madame de Sévigné recommandait à )l
fille l'usage du chocolat pour se r^
mettre^ ce qui indique qu on lui att^-'
buait alQr9 des vertus curatlves, oa
moins hygiéniques. Cependant, gi
que temps après , cet aliment, qui i
vait point opéré les miracles que 1 ,
en attendait , tomba dans le décri»'
fut chargé de malédiction. La m'
madame de Sévigné, revenue de
premier engouement , écrivait à
dame de Grignan que le chocolat
la source de vapeurs et de palpitât
qu'il flattait pour un temj;>s, puis ^
mait tout à coup une fièvre cond'f
qui conduisais à la mort; enfin,
n'était plus à la mode du bel air
soutenir. La spirituelle marquif
fut pas plus heureuse dans ses (
mations contre la boisson noi
qu'elle ne Pavait été dans ses pi
tibns sur Racine et sur le café. '
en effet dans le Mercure galant ^
1682, le chocolat était une desc
que l'on servait aux collations
]Louiâ XIV donnait à Versailles epj
tains jours de divertissement "
mars 1684, un médecin de Paris i
Bachot fit soutenir à la Faculté,
daot sa présidence, une thèse (
était dit que |e chocolat bien /ai
une invention si noble , gu'U d^
être la nourriture des dieux ^
que le nectar et ràmbroisie- Vit
la consommation du chocolat est!
venue ^e plus en plus considérablCj
elle a donné naissance à un cor^
important.
Ceôdbon.^ capitaine à la 25' dj
brigade d^infanterie légères Pefl(
le siège de Gênes, le 23 avril ÏSQOj
officier, se trouvant au pouvoir 4^
uemi , persuada au cojonel autrir
que le chemin le plus court pour
imo
FR^ISPB,
cno
< Xi
M3
finer le pont de Gorne^lîano était de
passer par uo jardin, A peine y fut -il
flotré av6c 460 homnries , que )e capi*^
taioe Mongenot , le lieutenant Henrioa,
iKBOuâ-lieutenant Gautheret et le chas-
seur Boulogne s'emparèrent de la porte,
Sérièrent ; « Bas les armes. » Le ca-
pjlaine Cbodron dit aussitôt aux Au-
Iricbieos : « C'est vous maintenant qui
les nos prisonniers. » £t les 450 bom-
IKS se rendirent à discrétion.
Choignss (combat de). — Pendant ]|
yremière quinzaine du mois de janvier
^14, la grande armée des alliés avait
ssivement contraint à la retraite
tés les divisions françaises oui s*ef-
^ient d'arrêter sa iiiarcne sur
I^S. Eéunie entre Langres et Neuf-
* leau , elle n'avait plus , le 20 , devant
, que les troupes du duc de Tré*
, oui avaient quitté ]l«angres pour
a CbaumoDt. Au point du jour,
i&oe de Schw^rtzeniberg , géné'«'
iiDedes alliés, ordonna au comt^
y et au prince royal de Wurtem-
de marcher sur cette dernière
Le premier s'avança par la routç
le second prit la route de
nne et Montagny. Déjà il s'étai^
de Cboignes et allait devenir
du pont qui est en avant de ce
, lorsque survinrent Quatre cents
iers de la vieille garae. Dès lors
ne changea : non-seulement le^
ais reprirent Choigoes et cohser-
lit l0 popt , mais ils culbutèrenf:
la Marne deux bataillons wur-
fgeoîB qui furent entièrement
Ifçannioins, attaqué sur sa
i(e et mt son front par le comté
' y et par le prince royal, ^e plus^
' sqr sa gauche par le comte d^
, le duc de Trévjse, qui n'avait
six ou sept mille hommes, fuj:
\àe se replier sur Bar-sur-Aube.
Ciiom, ancienne baronnie de la
, aujourd'hui du département dé
wa.
Çkow (Marie-Emilie Jolly (Je) na-
"^'à Bodrg en Bresse, d'une famillç
^1 et vtut à la cour sous le patro-
sde la duchesse de Gonti. Sa figure
Hi pas régulière, mais elle avait dç
'Jtm^t 4e r^^prit , 4§ la 4ouc6Uf,
et des manières pleines de dignité : le
dauphin, fils de (.ouïs XIV, en devînt
éperdument amoureux , et ne pouvant,
à ce qu^oTi croit, en faire sa maî«
tresse, il l'épousa secrètement, comme
Louis XIV avait épousé madame de
Maintenon. Mademoiselle de Choin
était à moitié dauphine à Meudon,
comme madame de Maintenon à moitié
reine à Versailles; elle y recevait le duc
et la duchesse de Bourgogne, qui la
traitaient comme, une belle-mère , et
devant lesquels elle sut toujours con-
server sa dignité , quoique son union
ne fût pas avouée. Louis ^IV qui ,
dans les dernières années de sa vie, et
dominé par madame de Maintenon, se
montrait fort sévère sur le chapitre des
mœurs, manifesta d'abord du mécon-
tentement; mais il finit par offrir à
son fils de recevoir mademoiselle de
Choin f et même de lut dûimer un ap-
{)artement à Versailles, oe qu'elle re-
fusa. La simplicité de sies goûts la
{)orta sans doute à ce refus; car aprè$
a mort du dauphin , elle \éçut dans la
retraite , contente d'une modique for^
tune, et sans paraître regretter jamais
sa grandeur passée. Mademoiselle d^
Choin mourut en 1744. Elle eut une
heureuse influence sur le dauphin 4
homme faible et médiocre, qu'elle do*
mina constaminent.
Choiseul, ancienne baronnie du
Bassigny, aujourd'hui du département
ffe la Hauttt-Màrne, à 22 MlomMres de
€haumont.
Choissui* (maison de),— Le premier
membre connu de cette famille, l'une
des plus illustres de l'ancienne Cham-
pagne, est Raynieb, seigneur dé
Choiseul , premier vassal du comte de
Langres, vers 1060.
Roger, Son fils, alla à la crofsade en
1095. Leurs successeurs furent : Ray-'
nard /•', vers 1 lô7. -^ Fouqtteê^ «ntre
1178 et 1182. — RaynardUy en 1202
et mo, — Ray nard II i y en 1235. —
Jean /", 1239-1271. — Jean II, sei-
gneur de Cboiseul et d^Aîgremont,
connétable de Bobert II , duc de Bour-
gogne, mort en U08. — Jean III, sire
de Clioiseul, mort en 1336, et qui fît
partie d'une ligue forniée en 1314 par
L
144
CHO
L'UNIVERS.
cno
les seigneurs de Bourgogne et de
Champagne contre Philippe le Bel,
pour la conservation de leurs privilè-
ges. — Gui, mort en 1365. — Jméy
diambellan du duc Jean de Bourgogne,
fait prisonnier par les Anglais devant
Calaiâ. La famille de CUoiseul s'est
divisée en un grand nombre de bran-
ches ; nous ne mentionnerons que les
principales :
Branche des barons de ClénwrU.
Formée par Girard de Choiseul , fils
puîné de Gui ; il eut pour successeurs :
Louis de Choiseul , baron de Clémont,
vers 1412; Guillaume, mort en 1479;
et Pierre y chambellan du duc Fran-
çois II de Bretagne.
Branche des barons et marquis de
Langues,
Commencée par Philibert de Choi*
seul , seigneur de Lanoues , Aigremont
et Meuvy, fils puîné de Guillaume de
Clémont, mort en 1504, après avoir
été chambellan et conseiller de Char-
les VIII et de Louis XII, et successi-
ment gouverneur d'Arras , de Florenee
(1491) et de Bourgogne. Ses succes-
seurs-furent : Antoine, — Jean y sei-
gneur et baron de la Ferté , de Lan-
gues etd'Autreville, mort en 1564. —»
Antoine, qui vivait en 1583. — David,
colonel, mort en 1621. —^Cléria'
dus /^', maréchal des camps et armées
du roi. -* Clériadus II, marquis de
Lanques, mestre de camp de Bourbon-
Cavalerie, mort en 1692, sans posté-
rité.
Branche des seigneurs d' Aigremont.
Cette branche, dont le chef fut Re-
nier /*"", fils de Jean II, sire de Choi-
seul, n'a produit aucun personnage
remarquable; mais d'elle est sortie la
Br<mche des barons de Beaupré,
Cette branche a été formée par
René, baron de Meuse et de Beaupré,
fils puîné de Pierre II d' Aigremont.
Les personnages les plus remarquables
qu'elle a produits sont : Chrétien, mort
en 1598, en défendant le château de
Monteclaii pour Henri IV contre la lÀ-
igàt,-- François-Joseph, dit le Comte
de Choiseul , qui se trouva au bom-
bardement d'Alger, devint capitaine
de vaisseau et gouverneur de Saiot-Do-
mingue, et fut tué à son bord en re-
venant en France. — François-Joseph
de Choiseul, marquis de'StaiQYllIe,
héritier du nom du comte de Stain*
ville , son oncle , ambassadeur du doc
de Lorraine.
Etienne Joseph, duc de Choiseul*
Stainville, mmistre d'État soos
liouis XV, né en 1719, embrassa d'a-
bord la profession des armes, et entn
au service sous le nom de comte de
Stainville. Son avancement fut rapide;
mais ses goûts le portant plutôt vett
la politique, il abandonna l'état mlK*
taire pour suivre la carrière de la ^
plomatie. La faveur de madame
Pompadour lui fit obtenir l'amba
de Rome , où il eut à s'occuper
l'affaire de la bulle Unigenitus. Envi
à Vienne en 1756, son premier a
dans ce poste important fut la
clusion du traité d'alliance avec I'
triche. Depuis plusieurs années,
prince de Kaunitz , ministre de T
pératrice Marie -Thérèse, nég
cette alliance dans le but d'écraseï
puissance naissante de la Prusse;
son côté, Choiseul pensait, et
raison, que la France ayant s
redouter l'accroissement de TA
terre et de la Russie, devait s*d_
surtout sur TAllemagne, et ëole
l'Autriche à l'alliance anglaise. ^
reprocné au traité signé par le due
Choiseul , d'avoir donne le signai
l'abandon de la grande politique
Sully et de Richelieu : il est vrai i
ces deux ministres , continuateurs
François P*", avaient constaroi
lutté 'contre la maison d'Autric
mais en diminuant son influence,'
l'avaient rendue moins redoutabtei^
Louis XIV, en lui enlevant rEs(
avait changé la nature de ses raj
avec la France ; d'ailleurs l'AngU
n'était pas encore, au dix-«eptièaiej
de, ce qu'elle devint au dix-buiti4
et, depuis, les faits ont dém<
que l'alliance de l'Allemagne est
seule que la Firanoe doive oonr
dans son intérêt et dans celui de la
cno
FRANCE.
€HO
145
TÎiisatîon àvL monde C). La politique
de Choiseul était donc une politique
intelligente, car c'était celle de favenir.
L'agression pertide de l'Angleterre, et
la capture de nos vaisseaux en pleine
paix, prouva d'ailleurs que Choiseul
arait eu raison. Le cardinal de Remis,
ministre des affaires étrangères, signa
le traité , mais il quitta bientôt après
le ministère , et Choiseul le remplaça
(1768). Après la mort du maréchal
de Relle-Isle , il devint en outre mi-
nistre de la guerre, mais il donna alors
à son cousin , le duc de Praslin , les
: deux ministères des affaires étrangères
k de la marine.
. La guerre contre l'Angleterre avait
été heureuse à son début : la prise de
Minorque était un beau succès ; mais
lîéntôt la perte de' toutes nos colo-
Mîes, la ' destruction de toute notre
imrine, changèrent la face des affai-
1«. Pour résister à un ennemi si
ssant, Choiseul négocia le j^acte de
aie (1761) : il s'assurait ainsi l'ap-
de la marine espagnole et de la ma-
napolitaine ; mais malgré tous ses
la France, vaincue et épuisée,
«Uigée de consentir à la paix de
^ , qui nous enleva le Canada , la
iane> Tabago et le Sénégal, et
de nouveau à Dunkerque un com-
e anglais pour régler sou veraine-
t tout ce qui y regardait la marine,
que cette place ne fût plus un sujet
crainte pour l'Angleterre.
Le ministre avait été obligé de ce-
• il jn'a vait pas commencé la guerre :
illi violemment, il s'était défendu,
la paix de 1763, il se propo-
t de venger la France de ses déiaî-
il £e préparait à lai guerre maritime
se fit sous Louis X¥I, et qu'il
ait faite lui-même sans sa disgrâce
revue et si déshonorante pour
îs XV. Cependant la mort de la
'Murquise de Fompadour l'avait encore
msaé tout-puissant; il profita de son
Éouvoir pour accomplir d'utiles réfor-
mes et en préparer d'importantes.
^lédéric II avait opéré une révolution
4aiis la tactique : Èhoiseul l'imita, et
(*) "Voyez les Akkales, t. II , p. 1 33, note.
son ordonnance de 1762 organisa Tar-
rqée française d'après le système que
Frédéric avait consacré par ses vic-
toires, ir créa des écoles militaires,
organisa les corps d'artillerie et du gé-
nie, et donna a ces corpç spéciaux
la supériorité qu'ils ont su conser-
ver depuis cette époque. Pour faire
oublier à la France la perte de tant de
colonies importantes, Choiseul s'atta-
cha à faire prospérer les Antilles
françaises; il répara leurs fortifica-
tions, leur donna des gouverneurs ha-
biles et intègres, et sut tirer un admi-
rable parti de Saint-Domingue, dont
la prospérité devint dès lors prodi-
fîieuse. Il s'efforçait de rendre à la
France l'influence que des revers pro-
longés lui avaient fait perdre. II oc-
cupait le comtat Venaissin en réponse
aux anathèmes de Clément XIII contre
le duc de Parme, réunissait la Corse
à la France malgré l'Angleterre , et
faisait punir de mort un Anglais sur-
pris à lever les plans de Rrest. Il défen-
dait les cdionies espagnoles convoitées
Ï)ar Tavidité anglaise , et menaçait de
a guerre le cabinet de Saint-James,
si celui-ci me respectait pas Içs alliés
de la France. Il fomentait l'insurrec-
tion des États-Unis et se disposait à
les faire soutenir par la marine fran-
çaise et par celle de l'Espagne ; enfin
il travaillait à déjouer les projets de
Catherine sur la Pologne, poussait les
Turcs à la guerre contre la czarine ,
et se préparait à soutenir les Polonais
au moyen d'un corps de troupes fran-
çaises. Plus tard, Louis XV lui-même
avoua que le partage de la Pologne
n'aurait pas eu lieu si Choiseul eût
encore été ministre (*).
Tous ces projets , toute cette poli-
tique furent abandonnés à la chute de
Choiseul. Qui le renversa? une vile
créature que l'on appelait la comtesse
du Rarry, comme pour cacher à quel
(*) On dit que Choiseul encouragea les
essais de Gribeauval qui avait construit en
1769 un chariot à vapeur; Tanuée suivante
le célèbre ingénieur éiait arrivé, par le moyen
de sa machine, à faire parcourir en une heure
cinq kilomètres à une masse pesant cinq
milliers.
T. V. 10* Livraison. (Dict. engycl., etc.)
10
1
14G
€HO
L'UNIVERS.
€HO
degtë d'abjection en était venu le
chef de l'Etat. Choiseul ne voulut
jamais plier deyant cette courtisane de
bas étage ; elle le fit exiler à Chante-
loup (1770).
Choiseul avait suivi le mouvement
des idées de son époque ; Topinioa
était devenue une puissance ; il la res-
pecta , la consulta , et suivit toujours
ses conseils. C'était pour lui obéir qu'il
avait protégé les philosophes et chassé
les jésuites en 1764. Elle s'était pro-
noncée avec mépris contre la duBarry,
et Choiseul n'avait été renversé que
pour avoir résisté à cçtte femme :
il n'en fallut pas davantage pour chan-
ger son exil en triomphe. Pour la pre-
mière fois, et c'était un symptôme
qui annonçait le réveil de la nation ,
la cour et la ville osèrent braver le roi,
et aller rendre hommage à un ministre
disgracié.
A la mort de Louis XY , Choiseul
sortit de son exil. Tout portait à es-
pérer qu'il reprendrait le pouvoir sous
un prince qu il avait uni a une Autri-
chienne pour cimenter rajliance des
deux cours de Versailles et de Vienne i
il n'en fut rien ; et nous croyons de-
voir le regretter vivement, surtout en
pensant que Louis XVI lui préféra
rincapable Maurepas. Le duc de Choi-
seul mourut en 1785.
Louise-Honorine Crozat du Châtel,
duchesse de Choiseul-Stain ville, mariée
fort jeune au duc de Choiseul, et élevée
en riche héritière , n'hésita pas à re-
commencer son éducation après son
mariage, et comme la nature l'avait
douée de brillantes facultés intellec-
tuelles, elle devint aussi distinguée par
son esprit qu'elle l'était naturellement
par le cœur. Sa vie fut un long dé*
vouement à M. de Choiseul. Elle par-
tagea d'abord sa faveur, puis son exil,
et comme pendant ce temps la fortune
de son mari fut compromise par le
hixe qu'il déployait à Chanteloup, elle
ne craignit pas de comprometti^e aussi
la sienne, et vendit jusqu'à ses dia-
mants afin de pouvoir continuer à exer-
cer la généreuse hospitalité qui , pour
elle aussi bien que pour M. de Choiseul,
était devenue un besoin impérieux. Le
siècle était à la littérature, et parmi
les gens de lettres qui se pressaient
autour de M. de Choiseul, on doit ci-
ter l'abbé Barthélémy, le savant auteur
du voyage d'Jnacharsis , qui , sous
les noms d^Jrsame et de PhéiMe,
nous a laissé le portrait et l'éloge de
$es nobles amis. M. de Choiseul mou-
rut en 1785; ses dettes étaient im-
menses , la fortune de sa femme était
loin d'être intacte, et pourtant, par
son testament, il laissait des dons et<
cessifs à tous ceux qui l'avaient servi.
Les gens d'af&ires pressaient la du*
chesse de s'en tenir à ses droits : celle*
ci, tout erf leur répondant qu'elle pr^
tendait bien u^er d'un droit anqud
rien ne la ferait renoncer , saisit uoe
plume, garantit les dons faits par m
mari , ajoute à plusieurs d'entre eux»
s'engage à payer toutes les dettes, ^
dans un état voisin de la panvrètég
se retire^ dans un des plus paovr^
couvents de Paris , avec une sr
femme pour la servir. La duchesse
Choiseul vivait là retirée « honorée
tous, et visitée par quelques zm%
lorsque la révolution éclata ; elle
quitta jamais la France, et au me
où tout ce qui appartenait à l'a
cratie se trouvait trop heureux qii'
voulût bien l'oublier, elle sortit de
retraite pour réclamer chaleurei
ment le savant auteur d'Jnachar
qu'elle eut le bonheur de sauver de
prison > et peut-être de la mort, f*"
elle rentra dans la solitude, où
mourut obscurément , on ne sait
en quelle année.
Claude 'Antoine- Gabriel ^ dnc
Choiseul - Stainvifie , naquit en if
çt remplaça dans la pairie^ en 171
le ministre de Choiseul. Il était ec
nel de Royal-Dragon lorsque la ré
lution éclata : placé sous les ord
de Bouille, il fat chargé de s'enteni
avec Louis XVI pour le voya
Farennes. Il attendit le roi à
Sommerville, partit avant l'arrivée
ce prince , et né se trouva à Vareni
qu'après son arrestation. Il quitta
France après les jouroées de sepCe
bre, leva un régiment de hussaroS
Angleterre, et servit à l'armée
Condé. Jeté en 1795 par une temi
sur 1^ côtes de France, loMqa'il p»*
eno
FRANCE.
€HO
147
sait dans les Indes , il fut arrêté et
resta eo prison jusqu'en 1800. A [a
restauration, il fut nommé pair de
France, et refusa de voter la peine de
mort contre le maréchal Ney , « at-
tendu, dit-îl, que la chambre avait
sumimé une partie essentielle de la
éefinse, » Depuis, il fit toujours par-
tie de la minorité qui ccjtpbattit les
projets des ultraroyaiistes. A la révo-
iQtioD de juillet 1830, il fut l'un des
dtoyens qui composèrent le gouverne-
meDt provisoire. II est mort en 1889
gouverneur du palais du Louvre.
Jacques, comte de Choiseul-Staîn-
* TÎIle, maréchal de France, fut fait
lieutenant général en 1760. C'est
en cette qualité qu'il combattit pen-
dant ia guerre de sept ans contre les
Prussiens, sur lesquels il remporta
plusieurs avantages. Employé Tannée
ftnrante à Tarraée du Rhin , il se si-
Ba de nouveau et reçut le bâton de
. tehal de France en 1783. Il fit
icdes états généraux de 1789, et
tpeu après leur convocation,
branche des seigneurs de Fre-
"et de Frémanville, celle des
s d^AiUecourty marquis de
et celle des marquis de
y n'ont produit aucun person-
qai ait joué un rôle politique
remarquable. Un membre de Tune
ées branches , M. le comte André-
in-Maxime de Choisenl-d'Ail-
rt, connu par de savants tra-
it et notamment pat un livre
inarquable, intitulée Z>e ^influence
croisades sur tétât des peuples de
'wropey Paris, 1809, in -8*, est,
'Tîis 1817, menibre de l'Académie
inscriptions et belles-lettres, où il
[icmplacé le comte de Choiseul-Gouf-
Sous devons mentionner encore
ame la comtesse Félicité de Choi-
Meuse, une de nos romancières
phis fécondes.
tœhe des seigneurs de Francières.
l/ean de Choiseul , baron de Fran-
, qui commença cette branche ,
le troisième fils de René , baron
Beaupré; son fils, Claude ^ mar-
de Francières , fut l'un des plus
's capitaines du dix-septième siè-
Il naquit en 1682, et tut d'abord
connu sous le nom de comte de Choi-
seul. Il fit ses premières armes en
1649, au combat de Vitri-sur-Seine ,
fut l'un de ceux qui se distinguèrent
le plus dans la campagne de Hongrie ,
en 1664; et on lui attribua le gam de
la victoire de Saint-Gottard. Nommé
maréchal de camp en 1669, il alla la
même année défendre Candie , assié-
gée par les Turcs. De retour de cette
glorieuse campagne, il suivit Louis XIV
en Hollande , en 1672 , se distingua au
combat de Senef(1674), prit Deux-
Ponts (1676) , et força , en 1689 , l'élec-
teur de Bavière à la retraite sur le
haut Rhin. Ses services furent ré-
compensés en 1693 par le bâton de
maréchal. Il mourut en 1711 sans lais-
ser de postérité.
Les branches de Chevignijy à^Es-
guilly et de Bussières n*ont produit
aucun personnage qui mérite d*étre
mentionné ici.
Branche des seigneurs de Praslin,
Nicolas de Choiseul , tige de cette
branche , était second fils de Pierre de
Choiseul , seigneur de Chevigny. —
Ferry /*', son fils , mourut à Jarnac ,
en 1569, en combattant les hugue-
nots. — Son fils, Charles de Choiseul ,
marquis de Praslin, fut l'un des hom-
mes les plus remarquables de la fin
du seizième siècle. Il fit ses premières
armes contre les religionnaires , sous
le maréchal de Matignon, et se trouva
avec Henri III au siège de Paris , en
1589. Après la mort de ce prince, il
fut l'un des premiers à reconnaître
Henri IV, qui le nomma gouverneur
de Troyes. Ce fut lui qui , après l'as-
sassinat du roi, donna sa parole à
Sully, retiré à la Bastille , qu'il pou-
vait venir au Louvre sans danger. Il
fut , pendant la régence , l'un des con-
seillers de Marie de Médicis ; chassa ,
en 1611, les jésuites de la ville de
Troyes , et déconcerta dans la suite ,
Sar d'habiles manœuvres, les projets
es princes révoltés, qui furent ainsi
forcés à signer la paix de Sainte -Me-
nehould. Nommé, en 1619, maréchal
de France, il joua, en cette qualité,
lin rôle important dans les guerres de
religion. Il mourut en 1626, âgé de
soixante -trois ans, après quarante-
10.
148
GItO
L'UNIVERS.
€HO
cinq ans de service , pendant lesquels
il avait commandé neuf armées, as-
siégé et pris cinquante-trois villes , as-
sisté à quarante-sept batailles , et reçu
vingt-deux blessures. Roger, son fils ,
fut maréchal de camp et lieutenant du \
roi «n Champagne; il se trouva à
toutes les expéditions militaires du
règne de Louis XIII , et fut tué à la
bataille de la Marfée , en combattant
dans l'armée du roi. — François, son
fils, lui succéda dans ses titres et di-
gnités, et mourut en 1690.
CésarGahriet de Choiseul , duc de
Prasiin , né à Paris en 1712, remplaça
son cousin, le duc de Choiseul -Stain-
ville, dans l'ambassade de Vienne,
lorsque celui-ci fut appelé $u minis-
tère, en 1758; en 1760, il devint mi-
nistre des affaires étrangères, et signa
le traité de 1763. Créé à cette époque
duc et pair , il rendit au duc de Choi-
seul le portefeuille des affaires étran-
gères , et reçut en échange celui de la
marine. D'immenses travaux furent
entrepris sous son administration ; il
agrandit et fortifia le port de Brest ,
reorganisa l'artillerie de la marine,
répandit parmi les officiers un vif dé-
sir d'instruction , soumit les élèves à
des examens sévères, et conçut le pro-
jet d'un nouveau voyage autour du
monde , dont il chargea Bougainville.
Lorsqu'il dut partager la disgrâce de
son cousin, il laissa dans nos ports
soixante et dix vaisseaux de ligne, cin-
quante frégates, et, dans les maga-
sins, les bois et tous les matériaux né-
cessaires pour accélérer les nouvelles
constructions que le duc de Choiseul
avait jugées nécessaires pour com-
mencer la guerre à laquelle il se pré-
parait. Il avait encouragé les ingé-
nieurs de la marine , et , par ses soins,
l'art des constructions navales avait
fait chez nous d'immenses progrès;
enCn il s'était occupé d'une législation
coloniale destinée à abolir graduelle-
ment l'esclavage des noirs. Le duc de
Prasiin mourut en 178S.
Marie - Gabriel - Jifçusfe - Florent ,
comte de Choiseul , connu sous le nom
de Choiseul-Gouffier, depuis le ma-
riage ^u'il contracta fort jeune avec
l'héritière de la maison de GoufGër,
naquit à Paris en 1752* Il s'adonna de
bonne heure à la culture des arts da
dessin , et montra dès l'enfance une
prédilection marquée pour tout ce qui
se rattachait à la Grèce. Il mit enfin à
exécution, en 1776, un projet qu'il
méditait depuis longtemps : c'était de
visiter cette contrée. Guidé [uir les
conseils de l'abbé Barthélémy, il s'en-
toura d'artT^tes et d'hommes capables
de le seconder dans cette entreprise,
et s'embarqua , au mois de mars, sur
VAtalante, commandée par le mar-
quis de Chabert , membre de l'Acadé-
mie des sciences, qui était chargé de
lever une carte de la Méditerranée.
M. de Choiseul visita toute la Grèce,
en étudia tous les monuments, fit dessi-
ner les costumes et les sites qui rappe-
laient quelque souvenir, et décrivit les
usages, les cérémonies, les jeux, qui
lui parurent avoir été conservés des
temps antiques, par les Grecs mo-
dernes. Il observa tout avec disce^
nement, et n'oublia rien de ce qui
pouvait présenter quelque intérêt. D9
retour en France , il mit en ordre
nombreux matériaux qu'il avait amaK
ses, et fit paraître, en 1782, le pre*.
mier volume in folio, avec atlas, di.
son royage pittoresque en Gréd^
qui obtint un succès d'enthousiasme»;
Avant la publication de cet ouvrajei;
et sur la seule réputation de son un*,
portance , l'Académie des inscriptioni
et belles-lettres admit l'auteur au nooh
bre de ses* membres; et, en 1784f'
l'Académie française le donna pour
successeur à d'Aiembert. Peu detemff
après, le comte de Choiseul fut nomi '
ambassadeur à Constantinople. Il
tous ses efforts pour introduire dai
la Turquie la civilisation européenoe;
par ses conseils, le grand vizir, HaP
Pacha, fit venir à Constantinople '
officiers du génie, d'artillerie, et <
ingénieurs de marine français qui i
parèrent les places fortes de l'empi
créèrent cfes fonderies , perfectioi
rent l'artillerie turque, et donnj
une nouvelle organisation à l'ai
ottomane. De jeunes Turcs furent
voyés à Paris pour y étudier
sciences et les arts, et les ré[
ensuite dans leur pays. Mais ces pn*^
j
CttO
FRANCE.
€UO
149
jets furent anéantis par la mort d*Ha-
iJl-Pacha , et son fanatique successeur
arrêta ces efforts de régénération , qui
devaient être repris plus tard par le
sultan Mahmoud.
Le comte de Choiseul se montra , dès
le principe , hostile à la révolution.
Nommé, en 1791, à l'ambassade d'An-
gieterre, il refusa de se rendre à son
poste, resta à Constantinople , et en-
voya sa correspondance politique aux
prmces émigrés. Décrété alors d'arres-
tation , il se rendit auprès de Cathe-
rine II , qui l'accueillit d'une manière
flatteuse. Sous Paul P", il devint le
directeur de l'académie des arts et des
bibliothèques impériales. Cependant il
revint en France aussitôt qu il le put,
et reprit, en 1802, sa place à rAcadé-
mie des inscriptions et belles -lettres.
En 1809, il nt paraître la première
partie du second volume de son Foyage
m Grèce, La seconde partie n'a été
publiée qu'en 1820, après la mort de
fauteur. Sous la restauration , le comte
JeChoiseulfut nommé ministre d'État,
Oembre du conseil privé et pair de
înoce. Il mourut en 1817. Le recueil
ItUcadémje des inscriptions et belles-
. bttres contient de lui plusieurs mé-
AiOires, parmi lesquels nous citerons
W Dissertation sur Homère, son Mé*
iMÂre sur r/iippodrome (TOlympiey
et ses Recherches sur Vorîgine du
Bosphore de Thrace, La collection
fa monuments antiques de divers
genres, qu'il avait recueillie en Grèce,
a été acquise en grande partie par
k gouvernement , qui l'a placée au
Louvre.
Branche des comtes du Plessis, dites
de Choiseul, pairs de France.
Ferry //de Choiseul , troisième fils
de Ferry V de Praslin , auteur de
cette branche , eut pour fils César de
ChoisetU, duc de Choiseul, pair et
maréchal de France, comte du Plessis-
Praslin. Celui-ci naquit à Paris, en
1^; il commença à se distinguer au
<i^e de la Rochelle, où il comman-
dait un régiment. Il défendit ensuite
les lies d'Oieron et de Ré contre les
Anglais. Plus tard, il contribua à la
prise de Pignerol, et gagna la confiance
du cardinal de Richelieu, qui l'em-
ploya à diverses négociations^ où il eut
l'habileté de détacMr de l'alliance des
Espagnols les ducs de Savoie, de Parme
et de Mantoue. Depuis 1636 jusqu'en
1645, .il servit dans le Piémont, et
commanda plus d'une fois en chef l'ar-
mée française. Il conquit toutes les
places de ce pays, et vainquit cons-
tamment les Espagnols; en 1645, il
alla assiéger, en Catalogne, la forte-
resse de Roses , dont la prise lui valut
le bâton de maréchal. Il retourna en-
suite en Italie, où^ tour à tour géné-
ral et négociateur, il vainquit le pape
Innocent X et le força à traiter. En
1648, il remporta sur les Espagnols
la victoire de Trancheron , qui lui as-
sura la conquête du Milanais; mais
manquant de tout ^ et ayant dépensé
450,000 fr. de sa fortune, il ne put
pousser plus avant ses succès. Les
troubles de la Fronde avaient éclaté ;
la cour rappela Choiseul, lui donna
des éloges , et le chargea de défendre,
avec 4,000 hommes, Saint-Denis et le
pays qui s'étend depuis cette ville jus-
qu à Charenton. Le maréchal s'ac-
quitta de cette mission avec succès ,
battit les Parisiens, et força les Es-
pagnols qui venaient à leur secours
a battre en retraite ; puis il soumit
Bordeaux; et lorsque Turenne leva, à
Stenay, l'étendard de la révolte, Ma-
zarin le charsea d'aller réduire lé grand
capitaine. Cnoiseul arrêta Turenne,
l'empêcha de venir délivrer les princes
détenus a Vincennes , et le vainquit à
Rethel. Choiseul fut ensuite le maître
de Louis XIV dans l'art de la guerre,
et il le suivit dans plusieurs sièges ;
plus tard, il dirigea la construction des
fortifications de Perpignan, et donna
ainsi à la France un de ses plus redou-
tables boulevards. En 1663, il fut créé
duc et pair, employé à diverses négo-
ciations , et il ménagea le traité d'al-
liance qui fut conclu entre Charles II
et Louis XIV contre la Hollande. En-
fin il acheva sa glorieuse carrière en
1675, à l'âge de 78 ans.
Alexandre de Choiseul , comte du
Plessis -Praslin, maréchal de camp,
fut tué au siège d'Arnheim, en 1672.
— César 'Auguste 9 duc de Choiseul,
pair de France, comte du Plessis-Pras-
150
CHO
L'UNIVERS.
CHO
lin, frère du précédent, succéda au
maréchal de C noiseul , et fut tué au
siège de Luxembourg, en 1684. —
Auguste, duc de Choiseul, pair de
France, comte du Plessis-Prasiin, frère
du précédent, servit en 1669 sur le
Rhra , puis à Candie et dans les Pays-
Bas ; il se couvrit de gloire à Fleurus,
à Steinkerque , et mourut en 1705 ,
sans postérité.
Branche des comtes d'Hostel.
Le personnage le plus célèbre de
cette branche , qui commence à Fer»
ry m de Choiseul, troisième fils de
Ferry du Plessîs, est Jean-François-
Gaston de Choiseul, qui fut lieutenant
général des armées du roi, se distin-
gua aux batailles de Cassel , Fleurus ,
Steinkerque et ISerwinde; alla, en
1701 , servir en Italie , où il sauva Cré-
mone; fut ensuite gouverneur de Man-
toue, et mourut en 1705, des suites
des blessures qu'il avait reçues à la ba-
taille de Cassano.
La branche des seigneurs de Traves
n'a produit aucun personnage remar-
quable.
Choisniw (Jean), secrétaire de
Henri III, né à Châtellerault dans les
premières années du seizième siècle ,
fut chargé par la reine Catherine de
Médicis de préparer auprès de la diète
polonaise, et avant même gue le roi
Sigismond -Auguste eût expiré, Télec-
tion du duc d'Anjou. Il commença et
seconda l'œuvre achevée plus tard par
J. de Montluc, évêque de Valence,
auprès duquel il fut ensuite employé.
Il a laissé un ouvrage fort curieux ,
contenant les détails de toutes ces in-
trigues, et intitulé Discours au vray de
tout ce qui s'est faict et passé pour
Pentière négociation de è élection du
roi de Pologne^ Paris, 1574, in-8*.
Choisy ou SoiSY, ancienne seigneu-
rie du Gâtinais Orléanais (aujourd'hui
département de Seine-et-Marne), éri-
gée en comté en 1564, et en marqui-
i?at en 1599.
Choisy (François-Timoléon , abbé
de) , membre de r Académie française ,
né à Paris en 1644. On raconte que,
doué d'une très-jolie figure, il fut,
dès le berceau , gâté par sa mère, qui
se plaisait à rhabiller en femme, peut-
être pour singer la manière do»t pQ
élevait, ou plutôt dont on énervait le
frère de Louis XlV, et faire ainsi sa
cour à Mazarin ; ce qu'il y a de certain,
c'est que ce déguisement , sous lequel
il se montra presque continuellement
jusqu'à l'âge de trente-deux ans , à la
cour, au théâtre, et même à l'église,
favorisa plusieurs aventures galantes
et scandaleuses racontées par lui-
même dans l'œuvre anonyme publiée
en 1736 sous ce titre : Histoire de ma-
dame la comtesse des Barres , noni
qu'il avait pris pour compléter son
travestissement. Atteint d'une mala-
die dangereuse à son retour de Rome,
où il avait accompagné le cardinal de
Bouillon, il résolut de se convertir;
et , pour eflfecer le souvenir de sa con-
duite passée , il publia , de moitié a?ec
Dangeau, quatre dialogues surïim'
mortalité de rame , la providence ^
rexistence de Dieu et la religion^ Par
ris, 1684, in^l2. L'année suivante,!
obtint de faire partie de rambassa(B|
envoyée au roi de Siam pour le coo*
vertir à la religion catholique. C'i
pendant ce voyage , dont 11 a publié
relation (Paris, 1687), que labbé
Choisy se fit ordonner prêtre , a
avoir pris tous les degrés en quà
jours. Le reste de sa vie se resseni
de ses antécédents. Malgré sa cornai
sion, il fut toujours homme de pl^r
sirs, et mourut à Paris en 1724, doyà.
de l'Académie française. Ses ouvra£f|>
sont légèrement écrits, encore plas^^
gèrement pensés. Les principaux son^
1*" une yie de David , et une P^ie ($■
Salomon, panégyriques du roi m
France, qui lui assurèrent la faveif
royale et lui ouvrirent les portes i€
l'Académie; 2« V Histoire de rÊgUse/
en onze volumes in-4**. ^ :
Choisy au Bac, Cauciacum^ tIK
lage de l'Ile de France, aujourd'h^',
département de l'Oise, à 4 kil. 4|'
Compiègne , où les rois des deux prfr»
mières races possédaient un cbâton}-
qui leur servit souvent de résîdepos.
Auprès dé ce château se trouvait ooi.
abbaye, dans l'église de laquelle ftireuf
enterrés les rois Clovis III, Chilfe
bert Iljet Dagobert III. Berthe, femml
de Pépin, et mère de Charlemagnet
j
CHO
FRANCE.
CHO
Ui
morte au château de Ghoisy en 783 ,
ht aussi Inhumée dans JSette église ;
mais son corps fut pins tard transféiré
à Saint- Denis. Il ne reste plus aujour-
d'iiai de traces du château ni de Tab-
baye de Ghoisy.
Choisy-lr*boi , petite ville de Tan-
cieûneîlc de France, auj. dép. de la
Seioe, où mademoiselle de Montpensier
fit bâtir par Mansard, en 1682, un
magnifique château , qui , habité suc-
cessivement par Louvois, par le Dau-
pbia fils de Louis XIV, et par la prin*
cesse de C!onti , fut acheté à la mort de
cette dernière, et reconstruit, par or-
dre de Louis XV, pour madame de
Pompadour. Ce château , en partie dé-
moli, est aujourd'hui converti en fa-
brique. La ville de Ghoisy compte
S,OH hab.
Choléba ÉpiDÉMiQtJB. — Quoiçue
fious devions traiter dans un article
spécial des principales épidémies (voy.
cemot)quiont sévi sur la France,
Mqs croyons utile d'exposer rapide-
ment l'histoire du choléra épidémique,
itot le triste passage est encore pré-
tttt à tous les esprits. Les ravages
I^Bx qu'il a exercés dans toute TEu-
iK les nombreuses victimes qu'il a
Jfes, sa marche singulière des ré-
fî^ les plus éloignées jusqu'à nouSj
M en dépit de toutes les barrières qui
itttpu loi être opposées, lui méritent
litte place particulière dans l'histoire
4es épidémies.
Tous les témoignages s'accordent
tir établir que l'épidémie commença
, août 1817 à Jessore, ville du Ben-
K située dans le. Delta du Gange, à
milles de Calcutta. Depuis cette
jpoqne, elle s'est toujours avancée de
fist à l'ouest, saps rien perdre de sa
fcrcc et de sa nature primitive. De
lessorc, elle parvient en quelques mois
^u'à Dacca , Dinapore et Calcutta,
inée suivante, elle gagne Bombay
et Madras, et en 1819 elle atteint
Ceylan , Ulé de France et Bourbon,
ta 1820 et 1821, les cdtes et les
Btincipales villes du golfe Persique
•ent envahies par le fléau, qui frappe
«cccssivement Schîraz, Mascate, Is-
fahan et toute l'Arménie. Pendant
1832 , il remonte le long du Tigre
et de l'Euphrate , et se montre à
Alepw En 182a, il touche U Russie
dans les gouvernements de la Nouvelle^
Géorgie et du Caucase. Mais à cett#
époque, par suite de circonstances in<*
saisissables^ il n'étend pas plus loin
tes progrès vers l'Europe. Pendant
plusieurs années, il s'arrête, et od
n'est qu'en 1829 qu'il est observé à
Tiflis et ensuite à Astrakan. A dater
de cette époque, sa marche semble^
pour avoir été suspendue pendant
quelque temps^ n'en être que plus ra-
pide. Il éclate à Orenbourg et à Mos^
cou. En 1831, il frappe Saint-Pétërs-*
bourg, la Pologne, la Gallicie, l'Au*
triche » la Bohême, la Hongrie, la
Prusse, et, continuant ses effrayants
progrès, il traverse la mer, se montre
en Angleterre, d'où, frandiissant le dé«
troit, il passe en France, éclate à Calais
le 15 mars 1832, et bientôt après à Paris.
A la première annonce de l'appari-
tion du choléra dans Londres, il fut
facile de prévoir son invasion dans
Paris. Dès lors, l'administration crut
devoir prendre à l'avance toutes les
précautions que réclamaient les cir-
constances. Dès le 20 juillet 1831,
M. de Bondy, alors préfet du dépar-
tement, écrivit au conseil général des
hospices une lettre qui renfermait
plusieurs questions polir la solution
desquelles ce conseil crut devoir for-*
mer deux commissions, l'une admi-
nistrative, composée de MM. le comte
Chaptal, le baron Carnet de la Bonat-
dière et Coehin, auxquels on adioigilit
MM. Desportes et Jourdan^ adminis-
trateurs des hôpitaux; l'autre, sani-
taire, dont MM. Portai, Antoine Du-
bois, Lisfrano, Chomel, Cruveilhier,
Parent du Châlelet et Guénau de Mus-
sy ^rent nommés membres.
Cette dernière commission proposa
d'établir^ dans les quartiers les plus
éloignés du centre de Paris, troil où
quatre hôpitaux exclusivement desti-
nés au traitement des cholériques]
elle désignait pour le service spécial
ceux de Beaujon, de Saint-Louis, de
Saint-Antoine et de Coehin, et elle en
demandait surtout la séquestration*
Elle indiquait en même temps la for-
mation d'hospices à Montmartre ou
152
€HO
L'UNIVERS. '
€HO
au mont Vadërien, pour recevoir les
conyalescents. Elle conseillait en même
temps de défendre, pendant toute la
durée de Tépidémie, les grai^des réu-
nions d'hommes, la vente de la fripe-
rie et des bardes ; de transporter les
marchés sur les boulevards extérieurs,
non loin des barrières; de placer à
toutes les maisons où il y aurait des
cholériques, un signe particulier et
reconnaissable qui serait maintenu
huit jours encore après la cessation
de la maladie. Du reste, elle ajoutait
à ses conseils des mesures pleines de
sagesse et de charité pour les pauvres
et les indigents, auxquels elle propo-
sait de distribuer des vêtements, et
chaque jour un peu de vin, de bière,
' et même d'^eau-de-vie.
Persuadée qu'elle ne pouvait tout
faire et tout voir par elle-même, l'ad-
ministration résolut d'appeler auprès
d'elle un certain nombre de citoyens
habitués, par état ou par goût, à s'oc-
cuper d'objets d'utilité publique. Du
reste , on sentit que cette espèce de
conseil devait se composer d'hommes
instruits et assez connus de leurs
concitoyens pour en être écoutés;
qu'ils devaient être investis d'un cer-
tain pouvoir pour être obéis ; enfin,
qu'ils devaient être assez nombreux
pour suffire à tous les besoins. Dans
le désir d'atteindre ce triple but,
le préfet de police , de concert avec
le préfet du département, prit, le
20 août 1831, u» arrêté qui créait tout
à la fois une commission centrale de
salubrité composée de 43 membres;
douze commissions d'arrondissement
chargées de correspondre avec elle, et
qui devaient elles-mêmes s'entendre
avec d'autres comipissions nommées
' dans chacun des 48 quartiers de la
ville et des deux arrondissements ru-
raux du département. Des médecins,
des chimistes, des pharmaciens con-
nus, des citoyens honorables; présen-
tés par les maires, furent désignés
pour faire partie de ces commissions ;
et afin qu'elles ne manquassent d'au-
cun renseignement utile , on leur ad-
joignit des commissaires voyers et des
commissaires de police. Les commis-
sions de quartier furent plus spécia-
lement chargées de visiter les maisons
particulières, de constater l'état des
fosses d'aisance, des plombs, des puits,
des puisards ; cle surveiller les insti-
tutions, les écoles,^ les maisons habi-
tées par des nourrisseurs de chevaux,
de porcs, de lapins^ de chiens, de pi-
geons. Elles durent encore porter leur
attention sur tous les établissements
qui pouvaient devenir nuisibles par
une mauvaise tenue ou par l'odeur
qu'ils exhalent. Les commissions ceu*
traies intermédiaires entre la commis*
sion centrale et les commissions de
quartier eurent pour attributions de
recevoir les rapports de ces dernières,
de les examiner, d'en vérifier l'exacti-
tude, d'en faire ensuite un extrait des*
tiné à être envoyé à la commissiott \
centrale. Enfin, la commission cen-
trale, joignant à ses propres lumières .
la connaissance de tous les faits ainsi
acquis, devait à sou tour éclairer l'ad* .
ministration, et lui proposer les me-,
sures au*elie croirait nécessaires.
On établit dans chaque quartier,
même temps que l'on prenait tout<
ces mesures de salubrité, des bureai
de secours ou portes médicaux^ da
lesquels un médecin , un pharmaeicé
et un certain nombre d'élevés en m6^
decine, d'infirmiers et de eardes-nttn
lades, devaient se tenir prêts jour e^
nuit à porter secours aux malades pour
lesquels on les réclamerait.
Enfin la commission centrale %
publier une instruction (15 novembif
1831) sur le régime à suivre pour 8<^
préserver du choléra et sur la cou*
duite qu'il faudrait tenir si l'on s'eft:
trouvait atteint.
De son côté, l'administration d(i
hôpitaux ne restait pas oisive: el|(l
préparait des salles nouvelles, faisaifi
purifier les anciennes, augmentait W
personnel des élèves et des infirmiers^
enfin, ne voulant négliger aucune <kl
précautions que la prudence semblail
mdiquer,, elle ordonna de suspendlfi
les cours d'anatomie. t
Tout avait donc été prévu autant^
que possible par l'autorité pour rendrt|
1 épidémie moins meurtrière à Paiw]
que dans les villes qu'elle avait traver-
sées, lorsque, le 13 février 1832, le
cuo
FRANCE.
CHO
153
bruit se répandit que dans la rue des
Lombards, un portier venait de mou-
rir du choléra. Cependant les membre^
de la coDunission centrale hésitaient
encore à se prononcer, lorsque le 26
mars, quatre personnes furent tout à
coup attaquées, et moururent en peu
d'heures. Le lendemain 27, six autres
iodjvidus, chez lesquels la maladie
était bien caractérisée, furent trans-
portés à FHôtel-Dieu. Le 28, on en
comptait 22, et sur les 48 quartiers
de Paris, la maladie en avait envahi 35.
Dès lors, la commission centrale se
déclara en permanence ; les bureaux
de secours furent organisés, et des
hôpitaux temporaires établis dans
chaque quartier. Seul de tous les ar-
rondissements, le 3* avait été épargné;
mais du 31 mars au 1" avril, l'épidémie
se répandit dans toute la ville, et surtout
dans la plupart des quartiers situés sur
les bords de la Seine. Déjà, sur les 300
nudades existants ^u 31 mars, 86 n'exis-
taient plus. Le choléra avait éclaté le
36 mars, et, dès le 2 avril, le nombre
^ morts s'élevait à plus de 100 par
)m\ le 3, il était de 200 ; toutes les
Î^BBures, il augmentait dans une
Jiitigression effrayante : le 9, plus de
^t20O personnes furent atteintes, et
J14 périrent. Enfin, 18 jours après
linvasion du fléau (14 avril), on comp-
tait 12àl3,000 malades et 7,000 morts;
<^r la plupart des individus frappés
parla maladie succombaient au bout
^ quelques heures.
Cette marche rapide de l'épidémie,
tttte violence extrême à laquelle on ne
s'était pas attendu, rendirent insuffi-
santes toutes les précautions déjà
Îrises. Il fallut recourir promptement
de nouvelles mesures, dont les unes
Wrent pour but d'assainir la ville, et
ks autres de porter de prompts secours
^ citoyens frappés par la maladie.
htmi eux, deux classes méritaient au
(ilas haut degré l'intérêt : les pauvres
tt les détenus. On organisa pour les
premiers des secours à domicile, et un
ttrtain nombre d'ambulances que l'on
wtsoin de placer dans des quartiers
^ rapprochés de leurs demeures que
les hôpitaux temporaires, situés pres-
que tous aux extrémités. de la ville;
mais ces nouveaux asiles, créés à la
hâte, manquaient pour la plupart de
matelas, de couvertures, de linge.
L'adn;jnistralion se résolut alors à
faire un appel à la bienfaisance publi-
que, et le zèle des bons citoyens ne fit
f)as défaut dans ces tristes moments :
es uns offrirent de fortes sommes, et
les autres une partie de leur propre
habitation pour y recevoir des malades.
24 heures s'étaient à peine écoulées,
que déjà la charité publique avait meu-
blé de tout ce qui leur était nécessaire
les ambulances, les hôpitaux tempo-
raires et les postes médicaux. Dés
étudiants s'offrirent en .même temps
pour soigner les malades, des femmes
de toutes les conditions s'empressèrent
de suivre cet exemple, et leur zèle in-
fatigable ne se démentit pas un seul
instant pendant toute la durée de l'é-
Sidémie. Quant aux détenus, le préfet
e police leur fit distribuer des vêle-
ments plus chauds et des aliments plus
abondants. On blanchit à la chaux les
murs intérieurs des prisons ; on re-
nouvela l'air des chambres et des dor-
toirs; enfin on fit de fréquents lavages
à l'eau chlorurée des vases, des cou-
chers, des planchers et des latrines.
Le service des inhumations fut aussi
pour l'autorité un sujet de graves in-
quiétudes. Le nombre des morts aug-
mentant dans une proportion tout à
fait inattendue, il fallut augmenter le
nombre xies individus chargés d'ins«
crire les décès , et créer dans chaque
mairie de nouveaux registres. Bientôt
les moyens de transport furent insuf-
fisants pour conduire à leur dernière
demeure les victimes de l'épidémie.
Les ouvriers chargés par l'entreprise
des convois de construire de nouveaux
chars funèbres, s'y refusèrent, dans
la crainte de devenir eux-mêmes la
proie de la maladie , par suite du tra-
vail forcé qu'exigeait une construc-
tion aussi rapide. L'idée vînt alors
d'avoir recours aux fourgons de l'ar-
tillerie. On les essaya pendant une
nuit; mais il fallut y renoncer, à cause
du bruit que détermine leur marche
pesante. Ces voitures d'ailleurs n'étant
154
CHO
L'UNIVERS.
CHO
pas suspendues, imprimaient aux corps
qu'elles transportaient des secousses
telles , que les planches des cercueils
se séparaient , et que le tissu des vis-
cères déchirés laissait échapper un li-
auide infect qui se répandait dans
1 intérieur des voitures, et de là sur le
pavé. Enfin Ton se décida à employer,
pour Fenlèvement des corps , de ce$
voitures dont les tapissiers se servent
pour Tenlèvement des meubles ; mais
la vue de ces chars funèbres improvi-
sés , dans lesquels on voyait entassés
un grand nombre de cercueils , porta
dans l'âme des citoyens, et surtout
dans celle des femmes, une telle im-«
{)ression de douleur et d'effroi , que
'on fut obligé de renoncer à s'en ser-
vir. Alors tous les moyens furent mis
en usage : des cercueils étaient trans-
portés dans des voitures de place , que
suivaient les parents et les amis du
défunt, d'autres étaient transportés
à bras ; enfin l'on voyait, dans ce triste
moment , des malheureux porter eux-
mêmes jusqu'à leur sépulture leur
femme ou leurs enfants. Bientôt lea
rues de la capitale n'offrirent plus que
le spectacle de la maladie et de la
mort ; la désolation et l'effroi ne con-
nurent plus de bornes alors, et les
habitants, se croyant dévoués à une
mort inévitable , se hâtèrent de fuir de
toutes parts. Pendant les journées des
5 , 6 et 7 avril , le nombre des chevaux
de poste demandés fut de 618^ et celui
des passe-ports augmenta de 500 par
jour.
Enfin, après avoir acquis une inten-
sité aussi effrayante, le mal s'affaiblit*
Le 14 avril, le nombre des décès baissa
de 756 à 651 ; le 30 , ils dépassèrent
à peine 100 (114), et du 17 mai au 17
juin , on n'en compta plus que 15 à 20
par jour. Déjà l'on commençait à res-
J)irer^ lorsqu'à la fin de juin et dans
es premiers jours de juillet, une aug-
mentation assez forte se fit remarquer
dans la mortalité, qui remonta et se
soutint journellement de 30 à 45. Tout
à coup^ cette limite fut dépassée : le
9 juillet , 71 personnes succombèrent;
le 13, il en meurt 88; le lendemain»
107; 128 le 15; 170 le 16, et 225 le
18. Mais dès le lendemain, les décès
étaient tombés à 130, et à partir da
28 juillet , il â'y en eut plus que 25 à 30
Ï^ar jour. La maladie se tint dans cette
imite pendant tout le mois d'août et
le commencement de septembre, i
partir du 8 de ce mois , le nombre des
décès alla de 10 à 20 par jour; il os-
cilla ensuite entre 1 et 10 du 18 sep-
tembre au V octobre; puis enfin,
entre 0 et 6. A cette époque , l'épidé-
mie fut considérée comme éteinte.
* La durée totale du choléra épidémi-
que dans Paris fut de 180 jours ou 27
semaines , du 26 mars au 30 septem-
bre. La période d'augmentation ou d^
croissance fut de 15 jours, et la périodo
de diminution de 62. Dans les prar
miers moments de l'invasion , plus dé|
trois cinquièmes des malades périlt
saient. Sur les 22 premiers , 18 suOr.
combèrent ; mais à compter du 20 avrilt
le nombre des décès ne dépassa piu^
la moitié ; au commencement de nm^
il était à peine le tiers, et plus tard il '
vint une fraction moindre encore,
décès furent ainsi répartis : pendant
première période , il y eut en mars
morts; en avril^ 12,733, en mai,St
en juin (jusqu'au 15), 266. Pendaûl
seconde période ou de recrudesceiMH
en juin (du 15 au 30) , 602 ; en jailf^
2578; en août, 969; en septemti
357 ; ce qui donne un total de 18,4
morts pour la durée entière de l'éj
demie.
Le choléra, une fois déclaré à Pai
ne* tarda pas à envahir les contrées vi
sineis; sur les 80 communes ru
.du département, l'épidémie en a
attaqué 9 avant le 1*' avril , 33 avi
le 6 y 51 avant le 11 , 67 avant le 1
mai , et au 1*' octobre 77.
Il nous resterait maintenant à
la marche de l'épidémie dans toute
France, et à indiquer comment le
rayonnant autour de Paris comme d'i
vaste foyer d'infection , s'est rép
dans toutes les directions ; mais oui
que les matériaux de cette looj
histoire n'ont pas encore été r
rétendue de cet article ne nous
mettrait pas de la faire avec asaet
détails. Nous renvoyons aussi, '
j
CHO
FRANCE,
CHO
i^
la description des symptômes , des
causes et du traitement de dette ma-
ladie, aux ouvrages spéciaux, et sur-
tout aux dictionnaires de médecine
qui ont été publiés depuis Tépoque où
le choléra s*est montré en France.
Cholet, petite ville de l'ancien
iDJou, aujourd'hui chef-lieu de canton
du département de Maine-et-Loire,
à 36 kilomètres d'Angers. Cette ville a
joué un prand rôle dans les guerres de
la Vendée, et son château, pris et re-
^8 plusieurs fois par les républicains,
rot complétenient détruit; il avait été
Mti en lese.'Cholet , ^uijavait le titre
k baronnie. fut érige en marquisat
CD 1677, en faveur d'Edouard Colbert,
comte de Maulevrier. Cette ville pos-
|ede aujourd'hui un tribunal de com-
merce, un conseil de prud'hommes et
we chambre des manufactures. On y
eompte 7,345 habitants.
Chout (combats et prise de). —
IBS les premiers jours de Tinsurrec-
vendéenne , Cathelineau s'était
à la tête des bandes et avait suc-
iTcment occupé Saint-Florent, Jal-
Chemillé. Ces rapides exploits
' "ent tellement le nombre de ses
ns, qu'il n'hésita pas à marcher,
mars 1793, sur Cholet. Cette ville
qu'une faible garnison ; les
eurs y entrèrent et la saccagè-
Ce fut alors que l'importance
»urs croissante de la révolte décida
champ et d'Ëlbée à en prendre le
mandement.
Depuis cette première occupation ,
tel devint un dçs principaux foyers
rinsurrection , et te but vers lequel
dirigèrent les principales attaques
'généraux républicains. Après la
itede Chemillé(ll avril 1793),
Vendéens avaient évacué la ville et
ient retirés découragés au delà de
;Vre Nantaise, et Berruyer en avait
s possession. Plus tard, Cholet,
' encore au pouvoir des Vendéens,
it leur quartier général. Mais les
très successifs de Châtillon , dé
igne et de la Tremblaye ( voy. ces
), les forcèrent de l'abandonner
15 octobre 1793. Alors, désespérés,
songèrent à passer la Loire. Mais
ratait
It
avant de se déterminer à cette retraite
fatale ils voulurent tenter un dernier
effort, et l'attaque de Cholet fut réso-
lue. Le 17 au matin , ils se dirigèrent
sur la ville au nombre de 40,000 hom-
mes. Ils étaient attendus. Se précipi-
tant avec la rage du désespoir, Stofïet .
et la Rochejaquelin attaquent d'abord
les ailes ,. tandis que Bonchamp .et
d'Elbée marchent au centre sur Chal-
bos. Ce choc vigoureux ébranle la ligne
républicaine, et le général Bard est
blessé. Mais en ce moment la réserve
mayençaise accourut pour rétablir le
combat; Bard, malgré sa blessure,
rallie ses grenadiers et s'écrte : Camor
rades , voulez-vous passer pour des
lâches aux yeux de ces braves f Aus-
sitôt on fait volte-face, et Je combat
recommence avec une nouvelle fureur.
Les Vendéens reculent à leur tour.
Bonchamp , d'Elbée , font des efforts
désespérés pour prolonger la mêlée.
Le général Beaupuy, serré par eux,
échappe avec peme au carnage; ils
tombent enfin criblés de blessures
mortelles. Leur collègue Piron fait un
dernier effort et les arrache du champ
de bataille. Mais ensuite la déroute
est générale et tous s'enfuient disper-
sés jusqu'à Beaupréau, laissant 8,000
morts sur les hauteurs de la Tremblaye
et de Cholet. L'armée républicaine
exécutant alors avec une extrême ri-
gueur les ordres terribles de la Con-
vention , pénètre dans Cholet la tor-
che à la main , et cette ville est incen-
diée et livrée au pillage.
— La Rochejaquelin venait de périr
dans une rencontre près de Trémen-
tine , lorsque Stofflet »qui avait pris le
commandement et brûlait de se signa-
ler, se disposa pour attaquer Cholet,
défendu par le général Moulin , com-
mandant 5,000 hommes, et ayant pour
toute artillerie cinq pièces de canon.
Le 10 février 1794, 5,000 Vendéens
fondent sur les retranchements en
poussant d'affreux hurlements, et y
pénètrent de toutes parts. En vain le
général Moulin veut rallier ses soldats;
atteint de deux coups de feu , pour-
suivi par les tirailleurs de StofQet y il
va tomber vivant dans les mains des
156
CHO
L'UNIVERS.
CHO
royalistes , quand il saisit ses pistolets
et'^se brûle la cervelle. StofOet entra
triomphant dans Cholet, si souvent
baigné du sang des deux partis. Mais
le général Cordellier vint bientôt faire
cesser les déplorables excès auxquels
se. livrait le vainqueur. Accourant de
Geneste au secours de Cholet, il rallia,
sur la route de Nantes, un grand
nombre des fuyards de la veille, et
força de nouveau les Vendéens à éva-
cuer la place. Stofïlet ne parvint à
régulariser la retraite que sur les
hauteurs de Nouaillé.
— - Lorsque, dans les premiers jours
de mars , Cordellier fut remplacé par
le général Huchet, Stofïlet, devenu
plus hardi, se présenta aux avant-pos-
tes de la ville. Le général Grignon,
qui , avec sa colonne, venait de ren-
forcer la division de Cholet , ordonna
la charge et ne fut pas obéi ; ses sol-
dats se débandèrent, sous prétexte que
les cartouches étaient trop grosses
pouir leurs fusils. Grignon les conjura
en vain de marcher à l'ennemi à Tarme
blanche; ils se révoltèrent. Informé
du désordre, Huchet arrive sur le
champ de bataille avec des troupes
nouvelles et arrête les fuyards. Gri-
gnon s'écrie : Je suis déshonoré; je
ne puis plus commander. En même
temps les soldats se pressent autour
du général Huchet et lui présentent
des cartouches : Tiens y général y lui
disent-ils, vois les cartouches anglai-
ses et dis qu'on ne nous trahît pas.
On ne put arrêter ce désordre qu'en
faisant rentrer ces troupes dans leurs
retranchements. Deux jours après, les
républicains sorftrent dfe Cholet, où ils
abandonnaient équipement , grains et
fourrages.
Chomel (A. F.), médecin à l'hô-
pital de la Charité, et professeur à l'é-
cole de médecine , a publié un Essai
sur le rhumatisme, Paris, 1813, in-4° ;
des Éléments de pathologie générale,
Paris ^ 1817 , in-8'' ; et un mémoire sur
les fièvres et les maladies pestilen-
tieUes^ Paris, 1821. Il est un des au-
teurs du nouveau Dictionnaire des
termes de médecine , chirurgie y phar-
macie^ physique, etc.; du Diction--
naire de médecine, avec Adelon, Bé-
clard , Biett , etc.
Chomel ( Jean-Baptiste-Louis), fils
d'un médecin du même nom, naquit à
Paris et fut reçu docteur en 1732.
Nommé , en 1747 , professeur de bo-
tanique , il devint ensuite médecin ot-
dinaire du roi, puis doyen de la facul-
té de médecine en 1755, et mourut à
Paris en 1765.
Choppet, serçent du génie, dé-
couvrit , au siège de Dantzig, en 1S07, |
un puits de mine, communiquant i ;
des galeries que les assiégés construi-
saient pour renverser les travaux d'atr
taque des Français. Sans s'inquiéter
des dangers qu'il allait courir, il des-
cendit dans le puits , y trouva douie
mineurs prussiens, leur imposa par
son courage et son audace , les fit pri*
sonniers et les ramena tous les dooz^
au camp'.
Chobévêques , espèces de prélî
subalternes qui n'étaient point ordc
nés évéques , mais qui étaient chi
de gouverner , sous l'autorité des
ques , les paroisses où ils étaient
blis. Ces prélats siégeaient dans
conciles et prenaient rang après 1
membres de l'épiscopat. Us pouvaic
conférer les quatre ordres mineurs^
le sous-diaconat , mais les conc"
d'Ancvre et d'Antioche leur défci
rent de conférer le diaconat et la
tri se , ce qui ne les empêcha pas d'<
piéter souvent sur les fonctions
évéques.
Charlemagne , de l'avis du
Léon , et de concert avec les ési _
de ses États, les réduisit, en 803,
la condition des simples prêtres; '
défendit d'exercer aucune fon(
épiscopale, et déclara nulles les oi
nations qu'ils faisaient. Malgré ce
glement, ils continuèrent à admit
trer la confirmation , ce qui leur
défendu en 829 ; enfin , un
assemblé à Paris , en 849 , et cofflj
des métropolitains de Tours , Re«
et Rouen, et des évéques leurs saf
gants, déposa tous ceux qui exisf
en France. Il paraît cependant
survécurent à cette mesure rigoui
car ilâ ne disparurent que dans
QIO
FRANCE.
CHO
167
dixième siècle, époque où ils furent
remplacés par les vicaires généraux.
Chobges , petite ville de l'ancien
Dauphiné , aujourd'hui chef-lieu de
canton des Hautes -Alpes , à 5 kilom.
d'Embrun. Cette ville est bâtie [>rès de
remplacement d'une ancienne cité des
Caturiges , où les Romains firent éle-
ver plusieurs édifices , entre autres un
temple de Diana qui sert aujourd'hui
d'alise paroissiale ; auprès de ce tem-
ple s'élevait une citadelle qui domi-
aait la ville. La population de Chorges
est aujourd'hui de 2,009 habitants.
Chobges ( monnaie de ). — Lelewel
a, le premier, publié un tiers de squ
d'or qu'il attribue avec beaucoup de
raison à ia ville de Chorges. Cette
monnaie, comme toutes les pièces mé-
rovingiennes, présente, d'un côté, un
buste de profil tourné à droite, la tête
,ornée d'un collier de perles, et le corps
couvert d'un paludamentum, avec cette
légende : cathiricï. Au revers on
istingue une croix potencée et ansée
M un globe, accosté de deux besants.
ft liten légende : vgihtnak, et à
.RKTgae , qui est séparé du champ par
tttnit, se trouve le signe ^ . Cette
%ttde doit peut-être se lire ygimon-
X4JUTS. Cette pièce est le seul monu-
inent monétaire que Ton connaisse de
h îille de Chorges.
Chobieh (Nicolas), né à Vienne
ft> Dauphiné en 1609, fut avocat au
farlement de Grenoble , mais négligea
fe barreau pour se livrer tout entier
à l'étude de l'histoire de sa province,
mourut en 1692. On a de lui , entre
^tres. ouvrages : une Histoire gêné'
wfe du Dauphiné, Grenoble et Lyon,
ii661 et 1672, 2 vol. in-fol. ; Nobiliaire
éi Dauphiné j Grenoble, 1697 , 4 vol.
fc-12 ; Recherches sur les antiquités
Se Henné, Lyon, 1659. Il est aussi
fauteur de l'ignoble recueil publié
tfabord sous le titre à^Aloisiœ Sigeœ
TdktanaR satyra sotadiça, et ensuite
•Ous celui de /. Meursii latini sermo-
^elegantisBy à Grenoble, sans date,
î yol. in-12. Chorier avait de l'éru-
Won; mais il manquait de goût et
w critique. Ses ouvrages latins sont
Béanmoios écrits avec une certaine
élégance. Il mourut à Grenoble en
1692.
Chobon< Alexandre-Etienne ) , pro-
fesseur et compositeur de musique,
.naquit à Caén, le 21 octobre 1772. Dès
son enfance, ses dispositions pour la
musique étaient si heureuses , qu'il
apprit sans maître , et sans autre se-
cours que les ouvrages de d'Alembert
et de J. J. Rousseau , les principes de
la composition. Grétry l'engagea en-
suite à prendre des leçons de l'abbé
Rose, habile théoricien. Forcé d'étu-
.dier les mathématiques pour pouvoir
exécuter les calculs de la composition
inqsicale, il fit dans cette étude des
progrès si rapides , que Monge le fit
nommer répétiteur pour la géométrie
descriptive a l'école normale, en 1795,
puis cnef de brigade à l'école polytech-
nique. Choron apprit l'italien et l'alle-
mand. Il étudia les ouvrages des prin-
cipaux auteurs qui ont écrit dans ces
deux langues , et bientôt il eut acquis
une immense érudition musicale.Di vers
ouvrages que nous citerons plus loin le
firent alors avantageusement connaî-
tre, et, vers 1812, le ministre des.
cultes , Bigot de Préameneu , lui con-
fia la direction de la* musique des fêtes
et cérémonies religieuses , et le char-
gea de réorganiser les maîtrises et les
chœurs des cathédrales. Mais les évé-
nements de 1814 empêchèrent l'exé-
cution de ce travail que l'empereur
avait approuvé ; cependant il fut
nommé, en 1816, directeur de l'O-
f^éra, et il profita de l'influence que
ui donnait cette position pour deman-
der la réorganisation du Conserva-
toire de musique, que le gouverne-
ment avait fermé, comme une fonda-
tion d'origine républicaine. L'école de
chant et de déclamation fut rétablie et
reprit bientôt son ancienne réputa-
tion.
Choron perdit, en 1817, sa place
de directeur de l'Opéra. Ce fut alors
qu'il conçut le projet d'enseigner
la musique par une méthode simul-
tanée, qu'il appela concertante. Son
projet fut approuvé par l'intendant
de la maison du roi, M. Pradel,
et Choron se mit aussitôt à l'œuvre
i&i
CHO
L'UNIVERS.
CHO
avec Penthousiasme qui M était ha-
bituel; il publia, en 1818 , sa Méthode
concertante de musique à quatre par^
tiesy et donna une nouvelfe extension
à son école, qui devint, plus tard, le
Conservatoire de musique classique.
II parcourut ensuite la France et re-
cruta partout des élèves; et, peu de
temps après, en 1827, on entendit,
pour la première fois à Paris, les
compositions de Bach , de Handel et
de Palestriria. Le gouvernement , cé-
dant à Tenthousiasme général excité
par les succès de Choron , se décida
alors à l'encourager; on lui alloua une
subvention et il institua un pension-
nat. Il ne se contentait pas de répan.*
dre le goût de la musique dans Içs
classes élevées , il voulait la rendre
populaire; il fît des essais en grand
sur les enfants des écoles des frères,
et ses succès prouvèrent qu'il n^y avait
(ju'à vouloir pour réussir. La révolu-
tion de 1830 arriva sur ces entrefaites ;
le Conservatoire de musique classique
coûtait à rÈtat quarante -six mille
ffahcs ; trente-deux élèves, y étaient
élevés et formés à Tart du professorat :
dans un de leurs accès d'économie, les
chambres réduisirent Tailocation de
quarante-six mille à douze mille francs :
en vain Choron protesta-t-il , en vain
rappela-til les services qu'avait rendus
son école , la réduction fut maintenue
et l'école fut fermée. Il en mourut de
chagrin le 29 juin 1834. Il avait pu-
blié sur l'art musical un grand nom-
bre d'ouvrages , dont nous citerons
seulement les principaux : Collection
de romances^ chansons et poésies y
mises en musique, 1806, in-8**: plu-
sieurs de ces airs, entre autres celui de
la Sentinelle, sont devenus populaires;
—^Dictionnaire historique des mtisi-
eîens, etc., morts ou vivants, Paris,
1810-1812, 2 vol. in-8° (en société
avec M. Fayo\k) -.^Méthode élémen-
taire de musique et de plain-chant ,
à l* Usage des séminaires et maîtrises
des cathédrales , 181 1 , in - 12 ; —
Traite général des voix et des ins-
truments d'orchestre y 1812, in-8'*; —
Bibliothèque encyclopédique de mu-'
sîque, 1B14, in-8^— Iwré choral de
Paris, contenant le chant du diocèse
de Paris y écrit en contre-point, etc»y
* 1817 ; — Méthode concertante de mu-
sique à plusieurs parties , dune d(jf-
Jlculté graduelle, etc., tSi7 '^-Expo-
sition élémentaire des principes de
la musique , servant de complément
à la Méthode concertante, 1818; —
Méthode de plain-chant , etc,, conte:
nant les leçons et exercices nécessai'
res, etc., 1818, petit în-4*'; — leMU'
sicien pratique pour appreîidre aw
élèves à composer correctement^ etc,,
1818; — Méthode raisonnée d'har-
monte et daccompagnement à t usage
des professeurs , etc., 1818;— 3fé-
thode pratique d'harmonie et daC'
compagnement à Pusage de^ élèves^
etc., 1818; — Méthode concerta,
de plaint -chant et de contre-m^
ecclésiastique, etc., 1819; — Solfêgi
ou Leçons élémentaires de mttsigi
en canons; — Solfèges à plusleit
voix sans basse continue ; — Solji\
harmonique ou Exercices mémo
ques d'harmxynie vocale, etc., 1811
Chouan (Jean Cottereau , di
Cet homme, qui donna la premi
impulsion au soulèvement des bani
royalistes de la rive droite de la Loi
et qui leur transmit son nom (*), et
né en 1757 sur la paroisse de Saia
Berthevin (canton ouest de Laval,
A l'exemple de son père et de ses trd
frères , n fut d'abord contrebandu
pour le sel , ou faux-saunier , et il
distingua de bonne heure par son a|
lité et son audace. Arrêté un jour
(*) « On ignore presque généralemeatj^i
dit Tauteur du supplément de fat Bh^'*
phie uiùi^erselle , « la Véritable cause
fait appeler du nom de ekouans les m
royalistes de Ja rive droite de la Loire,
sieurs pensent que c'est parce qu*ik m
nissaient la nuit dans les bois et conl
saient le cri du chat-huant pour se
naître. Nous' pouvons affirmer que la
raison est que la famille Gottereau p
ce nom parce que l'aïeul de Jean était
rellement triste et taciturne. On lui d(
le nom de l'oiseau de nuit, et par un
assez ordinaire, on donna le même i
qîiet à toute la famille, qui le portait lô
temps avant rîhsurrection.*
CHO
FRANCE.
CHO
150
flagrant délit, il fut condamné à mort,
et ne dut la vie qu'au dévouement de
sa mèrt , gui fit soixante-dix lieues h
pied pour aller implorer la clémence
de Louis XVI. Cette leçon ne put ce-
paidant le faire renoncer à sa dange-
reuse profession ; il recommença à
l'exercer aussitôt qu'il fut libre ; mais
rassemblée constituante, en abolissant
les gabelles , vint bientôt lui ôter ce
moyen d'existence. Il songea alors à
s'en procurer un autre qui fût en rap-
port avec la manière de vivre à laquelle
il était habitué depuis son enfance. Le
U aoât 1792 , lorsque des gendarmes
et des gardes nationaux de Laval vin-
rent à 5aînt-0uen publier le décret de
rassemblée nationale qui ordonnait la
levée en masse , il harangua les pay-
fâps, les souleva, et^secondé par eux,
Sint à expulser les agents de la force
ique. Ce qui d'abord n'avait été
l^ne émeute, devint bientôt une in-
itnectioD ; des bandes se formèrent ,
ururent en armes tout le pays ,
irent pour chefs les frères Chouan,
tts depuis longtemps par leur au-
i braver les lois et les décrets du
ement. Les forêts de Misdon ,
'Otigère et du Pertre, furent les
iers théâtres de leurs exploits et
ienrs brigandages ; une espèce de
ier creusé dans un bois , et recou-
d'une claie gazonnée, fut le pre-
^artier général de leur chef,
n Gottereau conduisit ensuite sa
npe à Laval , oii il opéra sa jonc-
avec les Vendéens. Il les suivit
o'à Granviile , puis il les accom-
a dans leur retraite après ta dé-
du Mans. Forcé ensuite de sus-
eleshostilitésaprèslacapitulation
I la Jaunaye , il fut un des premiers
K)Ttir des bois et à reprendre les ar-
en 1794. Un jour qu'il faisait re-
t ses soldats fatigués dans une
ie dite la Babinière, un déta-
ent cantonné au Port-Brillet sur-
sa troupe , qui s'enfuit en désor-
Jean Chouan, resté en arrière
protéger la fuite de sa belle-
, fut atteint d'une balle pendant
il chargeait sa carabine et se dis-
^losait à tirer sur les soldats de la ré-
publique. Emporté par ses gens dans
le bois de Misdon , il y expira quel-
ques heures après , le 28 juillet 1794,
et fut enseveli dans le lieu même des
réunions ordinaires de ses bandes. La
Biographie universellB, à laquelle
nous empruntons ces derniers détails,
recueillis sur les lieux mêmes auprès
des compagnons d'armes dé Chouan ,
qualifie de mensongers les différents
récits qu'on a faits de la mort de ce
chef de rebelles, et surtout la version
d'après -laquelle sa tête aurait été sé-
parée du corps , et portée en triomphe
aGravelle. '
Deux autres frères de Jean Chouan
périrent comme lui les armes à la
main. Le quatrième , nommé René ,
vivait encore en 1806, et s'était retiré,
Couvert de blessures , à Saint -Ouen
(Ma5^enne).
Chou Aws.— Nous avons, dans l'arti-
cle précédent , fait connaître l'origine
des premières bandes de chouans. Ces
bandes , encore peu nombreuses , sur-
prirent et massacrèrent quelques dé-
tachements de troupes républicaines.
Ce succès attira dans leurs rangs un
grand nombre de déserteurs , de gens
sans aveu , qui voulaient légitimer en
quelque sorte leurs brigandages, en les
exerçant au nom de la royauté. Mais
ils furent poursuivis activement et
chassés des environs de Laval. La
Vendée s'était aussi soulevée : l'insur-
rection n'y était pas partielle, comme
dans le bas Maine; tout le Bocage
avait pris . les armes , et se rangeait
sous les ordres dés nobles et des prê-
tres. Des rebelles de Normandie»
d'Anjou et de Bretagne , les uns vin-
rent se ranger dans les rangs de l'ar-
mée catholic|ue ; les autres, liant leurs
opérations a celles de cette armée,
continuèrent à désoler le pays par
leurs vols et leurs brigandages. Après
la pacification de la Vendée, les chouans
Continuèrent la guerre dans le Maine,
et surtout dans la Bretagne. Ils avaient
d'immenses avantages sur les républi-
cains ; protégés par les accidents d'un
terrain qu'ils connaissaient parfaite-
ment , secourus par les habitants ,' qui
leur servaient d'espions , ils attaquaient
160
CHO
L'UNIVERS-
CHO
leurs ennemis par petites bandes , et ,
après avoir tué quelques bleus , ils
disparaissaient dans les champs de blé
et dans les ajoncs dont le pays est
couvert. C'était une guerre de haies
et de buissons , beaucoup plus meur-
trière pour les soldats que pour eux.
Ils furent cependant forcés d'en venir
à composition ; mais la paix ne pou-
vait être de longue durée entre eux et
la république. Leurs bandes ne se
composaient plus de paysans fanati-
ques ; ces premiers défenseurs 4ii trône
et de l'autel étaient morts ou avaient
reconnu qu'ils n'étaient que les instru-
ments de nobles aventuriers ou de
prêtres intrigants. On ne voyait plus
répondre à rappel des chefs que des
conscrits réfractaires , C|ue des déser-
teurs de l'armée républicaine , ou des
hommes qui s'étaient fait une habi-
tude du pillage et des excès qu'amène
la victoire. Ces hommes ne pouvaient
plus vivre que de la guerre ; ils la re-
commençaient sans cesse , afin de
pouvoir continuer impunément leurs
rapines et leurs assassinats. Il n'est
pas possible de calculer exactement le
nombre de chouans qui combattirent
le gouvernement républicain : après
la déroute de Quiberon , les chefs de
ces rebelles firent le relevé de leurs
bandes , et ils les évaluèrent à 120,000
hommes armés et à 50,000 sans armes ;
en faisant la part de l'exagération, on
peut croire qu'il restait encore envi-
ron 60,000 chouans décidés à se battre
à l'occasion. La chouannerie ne fut
complètement détruite qu'en 1803 ;
sous l'empire ^ sauf quelques résis-
tances individuelles qui avaient ppur
cause la conscription, il n'y eut pas
d'insurrection. En 1815, lorsque, l'em-
pereur revint de l'île d'Elbe » la rébel-
lion vendéenne recommença ; mais
ces vaines tentatives , excitées par
l'Angleterre , furent heureusement
comprimées par le général Lamarque.
La révolution de 1830, en chassant
une dernière fois la branche aînée des
Bourbons , fournit aux fauteurs de
troubles un prétexte pour renouveler
leurs scènes de vols et de vengeances.
En 1832 , la veuve du duc de Berri
vint , au nom des prétendus droits de
son fils, activer par sa présence ta guerre
civile dans les départements^ de la
Loire-Inférieure et des Deux-5èvres;
mais elle put à peine réunir ud mil-
lier d'individus pour soutenir soa
entreprise. Après quelques combats,
dans lesquels ces malheureux furent
écrasés , les nouveaux chouans dépo-
sèrent les armes , et cette tentative
se termina par l'arrestation de Thé-
roïne d'une aussi malencontreuse levée
de boucliers. — Les principaux chefs
de chouans furent le% frères Chouan ,
Frotté , Cadoudal , Puisaye , le prêtre
Bernier, Rivière et Polignac.
Choudied (Pierre), né à Angers,
d'une famille de robe , suivit la cat'
rière du barreau ; et lorsque éclatai!
révolution , il fut investi des fonctions
d'accusateur public près le tribunal du
département de Maine-et-Loire. Non»»
me à l'assemblée législative en ITdU
il y devint bientôt membre du conuti
militaire , au nom duquel il accusa *^
ministre de la guerre Duportail.
était dès lors dans le parti républieai
et il fit l'un des premiers entendre
cri de déchéance. Mais ce n'était
seulement contre la cour et la royai
que s'élevaient alors les amis
la liberté, c'était contre Fasse
législative; et, la veille du 10 aoAl
nous voyons Choudieu déclarer
la tribune^ que cette assemblée, d
il faisait partie, est incapable de
ver la patrie. Le lendemain, il sera
du côté des démocrates , et contri
de toute sa puissance au renversera
du trône constitutionnel. Cepen'
Shoudieu, ancien avocat, était l'ho
3 la légalité ; et on le vit tour à
s'opposer à l'établissement d'un tril
nal populaire aux Tuileries , combat
le proiet de transférer les prisonni
d'Orléans à Paris, et s'élever contre
municipalité insurrectionnelle du
août. Élu ensuite membre de la
vention , il se rangea parmi les
bres qui composaient le parti de
Montagne. Après avoir repoussé, *
l'intérêt du duc d'Orléans , le p
d'expulsion de tous les Bourbons
se porta accusateur du ministre
CAO
FRANCE.
CHR
161
ée; puis, dans le procès de Louis
XVI, il vota la mort sans appel ni
sursis. Envové plus tard en mission
dans la Vendée , il s'y prononça pour
les mesures les plus vigoureuses. A
son retour, il se montra Tun des plus
ardents adversaires^ des girondins. Les
événements du 9 thermidor lui en-
lacèrent le crédit dont il jouissait à
la Convention , mais ils ne purent al-
térer sa fermeté d'âme; il lutta de
toutes ses forces contre la réaction, et
oe craignit pas d'accuser directement
les plus puissants de ses fauteurs. Dé-
crété d'accusation après le 12 germi-
nal, comme l'un des auteurs du
mouvemeni insurrectionnel qui éclata
contre la Convention , Choudieu était
détenu au château de Ham , lorsque
ramnlstie du 4 brumaire le rendit à la
lihertc. Nommé chef de division au
ministère de la guerre , après le triom-
fbf du parti républicain sur les direc-
tCQTs Merlin et Treilhard, il fut dis-
ffacié sous le consulat , comme mem-
•nvde la société du Manège ; poursuivi
grès le 3 nivôse par la police de Fou-
lé, qui s'obstinait à chercher dans
Ittitstes du parti jacobin \es auteurs
An crime commis par les royalistes,
Ile réfugia en Hollande, puis il ren-
tn en France sous l'empire, fut banni
far la restauration en 1816 comme
lucide, et se réfugia en Belgique, où
la révolution de 1830 le trouva. Il est
ttort en 1840.
" Choukguen (prise du fort). — Il y
ivait longtemps que les Anglais Oxaient
Jbrs vues ambitieuses sur les posses-
iNons françaises de l'Amérique. Ils
trurent, en 1756, avoir trouvé une oc-
casion favorable ; ils se préparaient à
fondre sur le Canada , lorsque le mar-
£18 de Vaudreuil , lieutenant générai
la Nouvelle-France , se mit en de-
voir de les prévenir, et résolut d'atta-
fier le fort de Chouéguen, à l'em-
wKiçhare de la rivière de ce nom. Il
B'avait que trois mille hommes ; mais
fa o/ficiers secondèrent si bien ses
^eins, que les Anglais se trouvè-
tent investis et attaqués lorsqu'ils s'y
attendaient le moins. Le marquis de
Montcalm , qui s'était chargé de la
calm , qui s'était chargé de la d'£schyie
r. Y. 11* lÀvraism. (Digt. ekgygl., etc.)
principale attaque , surpassa ce qu'on
attendait de sa valeur ordinaire.Les Ca-
nadiens et les sauvages traversèrent la
rivière à la nage. Par cette manœuvre
hardie , la communication fut coupée
entre le fort George et celui de CÎioué-.
guen. Une batterie de canons, établie
avec la plus grande célérité , 6t cesser
le feu de la place. Le gouverneur de-
manda à capituler , et fut fait prison-
nier de guerre avec sa garnison. Sept
vaisseaux de guerre et deux cents bâ-
timents chargés de munitions furent
les fruits de cette victoire.
Chrétien db Troyes. — L'un des
romanciers les plus féconds et les plus
estimés du douzième siècle, mourut
en 1191, la même année que Philippe
d'Alsace, comte de Flandre, qui fut
son protecteur. Il ne nous reste de ce
poète que trois chansons et six ro-
mans, qui sont ceux de Percevaly du
Chevalier au Lioii , de Lancelot du
Lac^ de Clîgety ^Érec et dÉnidej et
de GtdUaume a Angleterre, Tous ces
romans se trouvent en manuscrit à la ^
bibliothèque royale. Ses diverses tra-
ductions et son roman de Tristan sont
perdus.
Chrétien (Florent), l'un des plus
célèbres érudits du seizième siècle,
naquit en 1540 à Orléans. Son père,
médecin distingué , et qui fut attacha
en cette qualité à François r*" et à
Henç II , prit beaucoup de soin de
son éducation. Le jeune Chrétien étu-
dia le grec sous la direction de Henri
Etienne, et devint précepteur du prince
de Béarn^ depuis Henri IV. On a de
lui divers ouvrages envers et en prose,
tels que le Cordelier ou le Saint-Fran"
çois de Buchanany mis en vers fran-
çais, Genève, 1567, in-4"; Jephté ou
le FœUy tragédie, traduction du même
auteur en vers français, Paris, 1566,
^-4**; les quatre livres de la vénerie
d'Oppian, traduits du grec en vers
français, ibid. , 1575, in-4**; Epi-
grammata ex anthologid grgeca se-
lecta, etc., Paris, 1608, in-8°; His-
toire de notre temps , etc; enfin , il
est encore auteur de traductions en
vers latins, d'Aristophane, d'Euripide,
d'£schyie, de Sophocle, et d'autres
11
162
^m
L'UNIVERS.
cv»
Soëtes grecs. Chrétien occupe un rang
istingué j^armi les savants qui, au
seizième siècle, réveillèrent en France
J^amour de Tantiquité et des lettres en
général. Ses traductions sont correctes
et fidèles; mais malheureusement le
travail ne donne pas le goût , et ses ver-
sions manquent le plus souvent d'élé-
sance, dUiarmonie et de facilité. Dans
la tragédie de Jephté , par exemple, on
trouve en très-grand nombre des hia-
tus , des enjambements , des vers lan-
guissants, composés de synonymes
mutiles. Pour voir Chrétien véritable-
ment poëte, i) faut lire ses vers latins.
On dit qu'il travailla à la satire Mé-
laippée. Rovaliste zélé, il dut saisir
avec joie 1 occasion de porter im der-
nier coup à la ligue. Il eut aussi une
querelle avec Ronsard , mais une que-
relle qui n'avait rien de littéraire :
quelc[ues attaques dirigées contre les
calvinistes, et non une question de
goût, avaient excité sa colère. Il se
convertit cependant avec son élève
Henri IV, et mourut zélé catholique,
en 1596.
Chbistiani (le baron Cli. J.), ma-
réchal de camp, était frère d'un avocat
de Strasbourg qui fut député à la Con*
tention nationale, membre du Conseil
des Cinq-Cents, commissaire du Di-
rectoire dans son département, et ré-
voqué en 1799. Acijudant- major en
1794, il décida par sa bravoure la prise
du fort Saint-Èlme. Colonel des» gre-
hadiers de la garde impériale à la ba-
taille de Dresde, il attaqua à la baïon-
nette des ennemis de beaucoup supé-
rieurs en nombre , et les culbuta sur
tous les points. Les batailles de Va-
chau et de Leipzig , et les campagne^
de France enl814etl815, mirent le
comble à sa réputation. Il est mort
dans ces dernières années.
CHBiSTiArtiSME. Quelle influence
la religion chrétienne a-t-elle exercée
sur les destinées de la nation fran-
çaise? Quels services , en échange , la
trance a-t-elle rendus au christia-
nisme? Telles sont les deux questions
que la nature de cet ouvrage nous
oblige d'examiner, au moins sommai-
rement , dans cet artjq^e.^ ^jprès y
avoir répondu, quelques considéra-
tions générales suffiront pour faire
entrevoir ce que , dans l'avenir, le
christianisme a le droit d'attendre
encore de la France, et ce que, de son
côté, la France peut espérer du chris-^
tiantsme.
Il est inutile de dire que ce dernier
mot sera pris dans son acception la
plus étendue , et que tout ce qui con-
cerne le .dogme et la théologie restera
complètement étranger à notre sujet,
aussi bien que l'histoire de l'église
chrétienne en elle-même. Ce qui doit
nous occuper uniquement, ce sont,
qu'on nous passe le mot , les rapports
de la France avec le christianisme;
c'est l'action réciproque qu'ont eue
l'un sur l'autre et le peuple et la reli-
gion. Cette étude n'est pas moins im-
portante que neuve, et nous espérojB
qu'on excusera ce qu'elle pourrai
avoir de trop imparfait, en songeant!;
la grandeur de la sphère qu'elle em*
brasse.
La plupart des événements qui v
être mentionnés, ayant été ou devi
être traités , avec les développem
nécessaires , dans des articles à
il suffira de les apprécier rapide!
dans leur ensemble , et surtout
leurs conséquences , en ayant le i
de renvoyer le lecteur aux arti
mêmes.
La conversion des Gaulois rai
sous le drapeau du christianisme
des peuples les plus braves de laterie
nous disons un des peuples , car, si ''
Gaule n'était alors gu une proviii
romaine , bn pouvait déjà prévoir^^
viendrait un temps où , aidée par i
circonstances , elle finirait par lorD^
une grande nation , dont Fépée
rait de tout son poids dans la '
du monde politique et religieux
leur côté, les Gaulois, en se coovi
tissant, recevaient beaucoup plus q^^
ne donnaient. La con(juête rofDaf
commençait , il est vrai , à les iailb
au secret de l'unité politique; m»'
l'exemple de la religion païenne, « _
se§ dieux innombrables, avec ses Mi*
timents profonds d'in^iité qui W-
mettaient deux races d^omoMS itMf
J
^m
FRAîîCE.
CPIR
169
rjuimaDité, les maîtres et les esdaveiSt
n'était pas de nature a développer,
dans Tesprit du peuple conquis, la
croyance à Fé^alité, à la fraternité
uoiverselle et a Funité de Dieu. Ce
que le polythéisme n'apprenait pas aux
Gâoiois, le christianisme vint le leur
apprendre; la conquête, en brisant
leurs clans, les avait préparés à la vie
politique; la conversion les Gt naître
à la vie morale.
Cette double influence se manifesta
bientôt dans leur littérature, païenne
pour la forme, chrétienne pour le
lond; s'ils demeurèrent inférieurs aux
jconquérants pour la beauté du style,
' combien ne surpassèrent-ils pas pour
i'éléva^on des sentiments et la pro-
fondeur des' idées , ceux d'entre eux
2ui ne voulurent pas reconnaître la
mne nouvelle? Le christianisme, in-
dépendamment des consolations qu'il
leur donna , améliora donc beaucoup
la situation politique où se trouvaient
les Gaulois. Dans le cas où le gouver-
nement romain aurait persévéré dans
aoQ refus de se converti;', l'Évangile
jouait aux Gaulois une supériorité
ft avec le temps, leur eût permis
s'affranchir de la servitude. Si,
contraire, quelque empereur venait
adopter la loi du Christ , c'en était
â encore de la servitude nationale;
cessait d y avoir des Gaulois et des
Somains , un peuple vainqueur et un
peuple vaincu, il n'y avait plus que
jfes cbrétiens et des païens. Cet évé-
nement si désirable se fit longtemps
i|ttendre; les néophytes eurent de ter-
rihiessouffrances, d'horribles martyres
k endurer avant qu'il arrivât (voyez
.CofiVEBSiON ) ; mais il arriva enfin
Mys le règne de Constantin le Grand.
La Gaule, qui s'était distinguée de
Jioone heure par la vivacité de sa foi ,
£t qui avait arrosé, elle auj^i, de son
Ai^, les racines de l'arbre sacré' dont
b s^ve devait être si féconde^ la Gaule
vît dés lors grandir tous les jours da-
vantage le rôle qui lui était départi
laos Tempire romain, à la veille de
devenir Tempire chrétiçn.
)Le zèle religieux des Gaulois contri-
bua be^pcoup , par son exemple., à i^
ço^iversioii de Constantin, qui, comme
on sait, résida d'abord dans les Gaules*
Ce prince eut cela de commun aveô
César ^ qu'il jeta dans notre pays les
premières bases de sa grandeur, C'est
de la Gaule que César s'élança pour
renverser l'aristocratie romame, et
pour porter au peuple^roi l'unité poli*»
tique , qui seule pouviait consolider sa
puissance; c'est de la Gaule encore
que s'élança Constantin pour vaincre
Maxence. le représentant des vieilles
erreurs au polythéisme, et pour doter
l'empire césarien de l'unité religieuse
qui lui manquait. L'un et l'autre, celui-
ci avant de passer le Rulncon, celui-là
avant d'entrevoir le Labarum, avaient
dû franchir tes Alpes; l'un et l'autre
avaient des Gaulois dans leurs armées.
Ainsi nos ancêtres ont pris part aux
deux grandes révolutions qui ont re-
nouvelé le monde antique : la monar-»
cbie impériale et le triomphe politique
du christianisme. Jus(}u'à ce jour nous
nous sommes montrés plus fiers de
Tassistance qu'ils ont prêtée à César
que de celle qu'ils ont prêtée à Cons-
tantin ; cependant, de ces deux titres
de gloire , le moins ancien est encore
plus considérable que le premier. Il
témoigne que la Gaule n'avait pas at*
tendu l'arrivée des Francs pour s'en*
rôler au service de la religion de l'a-
venir.
Lorsque le christianisme fut monté
sur le trône, la Gaule continua de le
défendre avec courage. L'unité de rE*-
glise, menacée par les hérésies, trouva
en elle un soutien non moins fort que
dans les provinces d'Afrique. C'est
appuyée sur l'Église gauloise et sur
l'Ëglise africaine que l'unité religieuse
triompha des premiers coups qui lui
étaient portés. Dès le troisième siècle,
saint Irénée composa contre les gnos-
tiques son livre de ï Unité du gouver^
nement du mondé. Au quatrième,
saint Hilaire de Poitiers lutta aussi
contre les dissidents, souffrit l'exil
comme Athanase, et languit plusieurs
années dans la Phrygie, tandis ç^u'A-
thanase se réfugiait à Trêves , près de
saint Maximin, évéque de cette ville et
natif de Poitiers. Saiut Jérôme donne
11.
164
GHft
L'UNIVERS.
cna
les plus grands éloges a saint Hiiaîre.
li trouve en lui la grâce hellénique et
la hauteur du cothurne gaulois; il
rappelle le Rhône de la langue latine;
enfin il dit en propres termes : « L'Ë-
«glise chrétienne a grandi et crû à
« Ponibre de deux arbres, saint Hilaire
« et saint Cyprien. » Saint Cyprien dé-
fendit en Afrique les mêmes principes
d'unité que saint Hilàire dans la
Gaule (*).
Après que l'invasion des barbares
eut, |)ar le démembrement de l'empire
romain , mis en péril l'unité de l'Église
chrétienne, le clergé gaulois continua
de demeurer fidèle à l'évéque de Rome ,
au pape, dont la direction l'avait déjà
aide à accomplir de si grandes choses.
Il eut alors à traverser une époque
extrêmement critique; les irruptions
successives des barbares dans la uaule ,
l'établissement, sur son sol, des Bour-
guignons et des Visigoths convertis, il
est vrai , mais professant l'arianisme ,
menaçaient de aétruire les églises dé-
pendantes de rÉglise de Rome, la
seule, à cette époque, qui fût assez
fière pour ne pas baisser la4;ête devant
la puissance temporelle. Incapable de
résister longtemps aux Bourguignons
et aux Visigoths ariens , le clergé ca-
tholique des Gaules comprit qu'il ne
pourrait contré-balancer la puissance
de ces barbares qu'avec le secours d'au-
tres barbares , et il rechercha l'alliance
des Francs Saliens, dont le courage
était au moins égal à celui des autres,
et que leur barbarie même tendait à
rendre plus dociles ou au moins plus
disposés à subir son influence. Ce parti
^tait d'autant plus sage , que , même en
dépit de la résistance la plus énergique
de la part des prêtres, les Francs au-
raient toujours fini par conquérir une
grande partie de la Gaule libre. Par
un heureux hasard , le clergé gaulois
renfermait dans ses rangs un prélat
distingué , et les Francs avaient pour
chef un prince aussi intelligent que
brave : l'un était saint Remi , évêque
de Reims; l'autre était Glovis. Le
(*) "Voyez V Histoire dt France, par M.
Michèle! , t. I, p. ix8.
succès répondit aux espérances de ces
deux grands hommes.
La conversion des Francs sauva le
clergé gaulois ; elle prépara la forma-
tion de notre unité nationale , par la
ruine des Visigoths et des Bourgui-
gnons , et par la fusîon de tous les bar-
bares et des Gaulois en un seul peuple.
Il y a plus , cette conversion sauva la
papauté naissante, qui trouva désor-
mais dans la France un auxiliaire ca-
pable de protéger son autorité morale.
C'est à tort, suivant nous, qu'on a at-
tribué aux Francs tout l'honneur de
cet événement qui décida des destinées
de l'Occident; les Gaulois y contri-.
huèrent aussi pour une large part.
Personne n'ignore que les ide^ poli-
tiques ne furent pas sans influence sur
la pieuse détermination de Clovis: en
se faisant catholique, il devenait le
protecteur naturel de la majorité de la
nation gauloise, qui ne souffrait qu'a-
vec impatience le joug des Bourgiii-
fnons et des Visigoths. Il eut le mérite
e comprendre les conséquences poli* _
tiques de son changement de religion.
Mais, si ce calcul était habile, cèdent
personne ne doute aujourd'hui , c'était '
parce que l'immense majorité des Gaih
lois demeurait sincèrement attachée à
l'Église qui comprenait le mieux l'es-
prit du christianisme. Pourquoi donc
ne voir que ce qui est en faveur des
Francs et fermer les yeux sur ce ^m
honore les Gaulois? La cause première
de tout le bien qui eut lieu alors r^
dait dans les sentiments religieux de la
Gaule et dans l'intelligence de son
clergé national; sans ces deux cir*
contances, les Francs n'auraient pas
fait le quart de ce qu^ils ont accompli,
ils auraient tout au plus fondé un éta- '
blissement dans le genre de celui des
Visigoths et des Bourguignons. La
postérité leur doit des actions de grâces
pour avoir fait un choix éclairé; mail
n'en doit-elle pas plus encore aux Gaih
lois, dont les bonnes dispositions ool
seules rendu possible le triomphe do
catholicisme? Cette main mystérieine
qui aplanissait partout les obstadei
devant les guerriers francs, c'était
l'Église gauloise , c'était la foi de la
i
CHR
FRANCE.
CHE
105
nation qui voyait en eux les instru-
ments da Christ.
Quoi qu*il en soit , ta conversion de
Ciovjs eut d'heureux résultats et pour
le christianisme et pour la France.
Rome catholique sortit de son berceau,
et songea dès lors à remplacer Rome
païenne ; quant a la France , entrete-
Jiue dans ses sentiments d'unité par
le clergé romain , elle jeta les fonde-
ments de sa nationalité qui devait cou-
rir de grands dangers encore , mais
enfin qui triompha , et qui est aujour-
d'hui un objet aadmiration et d*envie
pour les peuples lés plus civilisés du
monde. Et de la sorte , le même pays,
sinon le même peuple, fut une des
principales causes qui amenèrent le
triomphe du christianisme sous Cons-
tantin , et le triomphe du catholicisme
sousCIovis. (Voyez Mérovingiens.)
Quand les Mérovingiens» amollis
par les jouissances de la conquête, ces-
sèrent d'être en état de commander
clignement à la France , d'autres bar-
jbares, les Carlovingiens. vinrent les sup-
^anter, et ne firent pas moins pour le
àristianîsme que n'avaient fait leurs
ivedécesseurs. Ils commencèrent par le
^ttre à l'abri des attaques du maho-
{Détisme et des invasions des Saxons
idolâtres. La sphère d'action des Méro-
vingiens ne s'était guère étendue que
^r la Gaule; la sphère d'action desCar-
Iovin{;iens embrassa l'Europe entière.
Pour faire équilibre à l'immense monar-
chie des Arabes, ils groupèrent en un
seul faisceau la France gauloise et toutes
les populations germaniques. La papau-
téleurdut plus encore qu'elle n'avait dû
aux Mérovingiens : raltiance de ceux-ci
avait indirectement protégé l'évêque
de Rome contre les envahissements
des Ostrogoths ; les Carlovingiens le
délivrèrent du voisinage encore plus
inquiétant des Lombards, et assur<è-
ivnt son indépendance religieuse par
des donations territoriales.
Pour prix de tant de services , le
pape consentit à ce que Charlemagne,
le plus ^and homme de sa dynastie,
prit le titre d'empereur romain. Mais
ce n'était pas un vain titre que recher-
cbait Charlemagne ; il voulait sérieu-
sement ressusciter le grand empire ,
et , à l'exemple de César, de Constan-
tin, et des califes, isuocesseurs de
Mahomet , réunir dans sa personne le
pouvoir spirituel et le pouvoir tempo-
rel. A la rigueur, il admettait le par-
tage de l'autorité religieuse entre lui
et l'évêque de Rome , mais à la condi-
tion que ce dernier lui céderait la pré-
pondérance. (Voyez Chàblehagne.)
De son côté , le pnontife romain nour-
rissait des prétentions non moins éle-
vées , mais mieux justifiées. Il recon-
naissait la toute-puissance de César
dans les choses de ce monde ; dans le
domaine de TËglise, il n'acceptait
d'autre supérieur que Dieu même. S'il
pliait quelquefois sous la ver^e de fer
de Charlemagne, il protestait intérieu-
rement contre la violence , et en appe-
lait du présent à l'avenir.
A partir de cette époque, on put
déjà prévoir la guerre terrible qui al-
lait s'engaçer entre la papauté et l'em-
pire, et qui devait remplir de troubles
toute la durée du moyen âge. Tant que
Charlemagne vécut , la papauté fit acte
de résignation , enchaînée qu'elle était
par les liens de la reconnaissance et
par l'ascendant du génie. Mais aussitôt
que le trône de France fut occupé par
le débile héritier de l'empereur, elle tra-
vailla sourdement au démembrement de
ce vaste pouvoir qui , après avoir sauvé
le christtanisnie mis en péril par les
inahométanSy avait empiété sur l'in-
dépendance même du saint-siége. Elle
n'eut pas grand' peine à y réussir : la
dissolution de l'empire arabe permet-
tait d<^ détruire 9 sans danger pour la
religiolp, la monarchie carlovingien-
ne , dqnt l'extension était devenue un
obstacle au développement de la puis-
sance pcfntiOcale. Une foule d'autres
causes, telles que la diversité des
races, les prétentions féodales de la
noblesse, les invasions des Normands,
favorisèrent encore les projets de la
cour de Rome. Le morcellement fut
si complet , que la France du moyen
âge eut beaucoup moins d'étendue que
la France des Mérovingiens, ou -que la
Gaule à l'époque de la conquête romai-
ne; et, de plus, les prétentions de la
166
GHII
L'UNïtEftS.
iMk
noblesse ftodaie à Tindépendancè rédui-
sirent à presque rien la nationalité fran^
çaise et le pouroir des rois , ses repré-
sentants. Les véritables successeurs de
Cfaarlemagne furent non pas 1^ empe-
Teurs français^ mais les pontifes ro-
inains; la monarchie sacerdotale rem-
Îlaça là monardiie carlovingiennei
ies empereurs d'Allemagne ayant aussi
porté la main èur la succession du
grand homme, ce fut entre eux et la
papauté qu'eurent lieu les hostilités le&
plus sanglantes qui signalèrent la lutte
delà théocratie chrétienne et du nou-
vel empire romain.
Oh le voit , les papes punirent sévè-
rement la France pour les prétentions
de Charlemagne à la suprématie reli-
gieuse. Toutefois , on ne doit voir là
qu'un dissentiment dont la religion
n'était pas l'objet , car dans les deux
camps, on était sincèrement attaché à
la loi du Christ: l'empereur empiétait
sur le pouvoir spirituel du pape, le pape
ne se faisait pas faute d'agir en prince
temporel, et d'empiéter sur la puissance
politique de l'empereur ; mais la cause
du christianisme n était pas pour cela
radicalement compromise; ce n'était
qu'une querelle de famille au sein de la
chrétienté. L'histoire a conservé le
souvenir de tout le sang'que la France
carlovingienne a versé pour la défense
de la religion du Christ ; et ce sou-
venir ne s'effacera jamais.
f Touchée des maux que faisait endu-
rer à la France la tyrannie des sei-
gneurs féodaux , et désirant en outre
créer un contre-poids politique en état
de contenir les empereurs d'Allema-
gne, la papauté contracta une alliance
étroite avec la dynastie capétienne , et
l'aida avec persévérance à^ relever
l'unité nationale du pavs, à l'asseoir
sur des bases solides. Elle en a été ré-
compensée par le dévouement des rois
et de la nation , toujours prêts à pren-
dre les armes pour la sainte cause,
comme ils furent toujours prêts aussi
à résister aux envahissements injustes.
On en vit la preuve pendant les croi-
sades : aucun peuple ne paya son tribut
aussi généreusement que la France dans
cette lutte de la chrétienté contre leà
sectateurs de Mahomet, Quel qu'Sittété
le parti que la politique tira de cet événe-
ment,renthousiasme futgénéral, le peu-
ple se leva en n>asse , et plusieurs rois
se joignirent avec lui aux seigneurs féo-
daux pour voler à la délivrance du tom-
beau du Christ. Les dievaliers français
se distinguèrent entre les chevaliers de
toutes les autres nations; aussi les his-
toriens des croisades ont-ils à bon droit
intitulé leurs écrits : Gesta Dei per
Francos, Faits et gestes de LHeupark
bras des Francs, Encore aujourd'hui,
les Arabes et les Turcs, gardant le soU'
venir de cette époque, donnent à tous
les Européens le nom de Francs. C'est
dans le personnage de saint Louis sur-
tout que se manifestèrent glorieas^
ment les sentiments de la natioa
française; il sut en même temps com-
battre pour le christianisme et résister
aux exigences immodérées de la pa-
pauté. L'influence morale de ce prince
égale souvent et surpasse quelquefois
l'ascendant du pape, qui se laissait
préoccuper par des pensées politiques.
Peu de mots suffiront pour caratt
tériser l'époque de la réforme , qui fttt
pour la France une question politiqot
au moins autant qu'une question reli*
gieuse. Cette fois encore, comme sooS
les Carlovingiens , ce n'était pas le
christianisme même qui était en cause,
c'était une des manières de le com-
prendre ; il s'agissait d'un dissentime^
grave , sans doute , mais qui ne brisaii
pas le lien commun de la famille chré-
tienne. Le protestantisme avait |)0Qr
la France un attrait puissant, c'^
son principe de liberté si bien faii
pour séduire les descendants de ces
Gaulois qui avaient accueilli avec taAl
de faveur les doctrines de Pélas^;
mais il avait un tort grave qui de-
vait le faire repousser par la majo-
rité de la nation , c'était son manque
de sociabilité, son éloignement poof
toute autorité, et pour toutes les vé-
rités acquises sur lesquelles repose la
doctrine de l'unité, dans l'ordre poli-
tique comme dans l'ordre religiest;
c'étaient surtout ses tendances aristo-
cratiques et ses idées sur la prédesti*
nation qui menaçaient de faire revivre
j
cam
fflANGE,
CHR
iér
]à préjugés d6 rdntt^uité. Le pro-
testantisme remplaçait, à son insu
peut-être 1 les hommes libres du paga-
nisme par les fidèles favorisés de la
grâce, et les esclaves par ceux que la
grâce n'illuminait pas. Un pareil sys-
! tèrae, dont raristocratie était la consé-
yience nécessaire, ne pouvait convenir
à la monarchie la plus démocratique
de TEuropc ; il ne fut guère accepté que
par les classes privilégiées. Après une
longue série de guerres civiles, les
calvinistes succombèrent sous les at-
taques des partisans de Tunité natio-
nale et du catholicisme , qui se confon-
daient dans une même croyance et se
prêtaient un mutuel appui. Dans cette
occasion encore, Tancienne alliance de
la France et de la papauté fut utile à
toutes les deux : à la papauté, en main-
tenant son ascendant moral sur le
seul État qui pût la protéger contre
les empiétements de l'Espagne devenue
trop prépondérante; à la France, en
Taidant à garder intacte sa nationalité,
qui n'aurait pas manqué d'être pro-
fcndément entamée par les projets
fiodépendance de la féodalité renais-
bnte; l'exemple de la portion de l'Ai-
Almagne qui embrassa la réforme est
là pour le prouver. L'unité religieuse,
en d'autres termes, le catholicisme,
était le soutien naturel de l'unité po-
litique; cela est si vrai, que les plus
grands défenseurs de la nationalité
française, quel qu'ait été le mobile ou
l'étendue de leur foi, furent tous de
zélés catholiques, tels que Louis XI,
François F', Richelieu , Louis XIV et
Napoléon lui-même. Il est à remarquer
encore que les États de l'Europe chez
Jesquels l'unité politique se développa
le plus tôt et se consolida le plus soli-
dement sont la France et l'Espagne,
c'est-à-dire les deux États le plus sin-
cèrement attachés au catholicisme.
La gloire du règne de Louis XIV fut
pour le peuple français la récompense
au choix qu'il avait su faire; mais lors-
que le grand roi eut abusé de la for-
tune, le protestantisme, énergique-
ment représenté par l'Angleterre et
par la Hollande , parvint à prendre sa
ïevandie, en se liguant avec l'Autriche
contre l'ennemi commun.
Jusque-là, comme nous t'avons déjà
fait observer , il n'y avait eu que des
dissentiments plus ou moins sérieux
entre la papauté et la France , dissen-
timents qui avaient toujours fini par
une réconciliation, et qui avaient
tourné à l'avantage de la religion chré-
tienne. Au dix-huîtième siècle, il en
fut autrement; emportée par l'élan de
la jeunesse, là philosophie se mit à
miner en même temps le trôneet l'autel,
à attaquer les papes et les rois ; dans sa
haine du passé,elle méconnut le christia-
nisme lui-même. Pour arriver plus tdt
à l'avenir, qu'elle n'entrevoyait encore
que vaguement, elle rompit complète-
ment avec la tradition. C'était s'enlever
le meilleur moyen d'atteindre le but.
Au lieu de chercher à ramener le ca-
tholicisme dans la voie de l'Ëvangile,
dont il n'avait que trop dévié depuis
l'institution des jésuites, la philosophie
prit pour les conséquences naturelles
de la religion d'amour et d'égalité , ce
3ui n'était que l'effet d'un moment
'égarement et d'abus. A part quel-
. ques honorables exceptions, Rousseau
entre autres, tous les philosophes dti
dernier siècle tombèrent dans cette
funeste erreur, et firent passer dans
l'esprit des masses les préjugés, spiri-
tuellement exprimés peut-être, mais
certainement peu honorables , dont
ils étaient les premières victimes.
S'ils avaient dépensé, pour introduire
une sage réforme dans le sein même
du catholicisme , une faible partie de
tout l'esprit qu'ils dépensèrent pour
le ruiner à tout jamais dans l'opinion
publicjue, la France n'aurait pas été
ébranlée jusaue dans ses fondements,
et mise à oeux doigts de sa perte.
Fille de la philosophie du dix-huitième
siècle , la révolution française en eut
toutes les qualités et tous les défauts.
A l'exemple de l'école philosophique,
l'école révolutionnaire se laissa trom-
per par les apparences ; elle se vengea
sur la religion même des obstacles que
les émigrés et les ultramontains op-
posaifent à l'avènement de la démocra-
tie. Il y eut un moment de vertige où
la rupture fut complète, et où les orgies
du prétendu culte de la raison ouvrirent
la porte à l'invasion de l'athéisme.
tes
CHR
L'UNIVERS.
La révolution eut cruellement à se
repentir de son divorce avec le chris-
tianisme; de tous les malheurs qui
fondirent sur elle, ce fut celui qui eut
les conséquences les plus terribles. A
partir de cette époque, elle ne fut plus
comprise par les autres peuples de
TKurope: condamnée à Tisolement,
méconnue, calomniée, en proie à tou-
tes les fureurs de la guerre civile,
elle fut réduite à ne plus vaincre qu'a-
vec le secours des armes ^ elle qui
.avait si fortement compté sur la puis-
sance de son ascendant moral. Le
monde présenta alors un singulier
spectacle : d*un côté, un peuple héroï-
que ne craignant pas de verser son
sang à flots pour la défense de la li-
berté, de régalité et de la fraternité,
tandis gu*il repoussait nominalement
la religion ^ui lui avait enseigné ces
vérités sublimes; de l'autre, l'Europe
entière coalisée contre ce même peuple
au nom du christianisme, et défendant
tous les privilèges que TÈvangile avait
voulu détruire. Certes , si la loi du
Christ avait de véritables défenseurs
dans un camp, ce n'était pas dans celui
où Ton abusait ainsi de son nom,
c'était parmi ces révolutionnaires qui,
à leur insu, lui servaient de nouveaux
martyrs. Mais , comme ils avaient le
faux semblant de l'impiété, on ne vou-
lait voir en eux que des athées en ré-
volte contre la religion qui avait
régénéré l'univers , et qui avait fait la
Srandeur de cette belle France qu'ils
éfendaient avec tant de valeur.
Les mauvaises leçons de la philoso-
phie n'avaient pas été les seules causes
de l'irréligion des révolutionnaires en
1793 , irréligion, d'ailleurs, beaucoup
plus apparente que réelle , ainsi que le
prouva la suite. Les intrigues de l'é-
tranger y avaient été pour beaucoup ,
ainsi que la conduite du clergé français.
Après avoir d'abord servi la cause popu-
laire, les prêtres, au lieu de réunir tous
leurs efforts pour la diriger, entrèrent
dans une voie d'égoïsme et de réaction
qui leur enleva toute influence morale,
et qui porta préjudice aux intérêts de
la religion. Des querelles domestiques
entretinrent la division dans leur sein,
quand ils avaient besoin du plus étroit
accord pour coiriprimer le déborde-
ment des mauvaises passions. Plu-
sieurs d'entre eux n'eurent pas honte
de donner au peuple l'exemple de Ta-
postasie. D'une autre part, 1 étranger,
a qui ses relations avec les émigrés, et
les intelligences de ceux-ci avec lears
parents du leurs; amis non émigrés,
mettaient, pour ainsi dire , le pied en
France 9 poussa les masses à tous les
genres d'excès, pour avoir le droit de
démembrer notre territoire et de re-
nouveler sur une plus grande éebelie
le partage de la Pologne. Pitt se croyait
bien près d'atteindre ce but, lorsqu'il
disait en plein parlement d'Angleterre,
que la France n'était plus qu'une chose
sans nom.
Mais son machiavélisme l'abusait;
tous les chefs de la révolution n'étaieot
pas sans croyances; un d'entre eux,
surtout, Maximilien Robespierre, osa
affronter l'hydre de l'athéisme, et,
après une lutte sanglante, il parvint à
le terrasser. Alors la Convention dé-
clara, devant Dieu et devant les hom-
mes, que le peuple français avait étéi
calomnié et qu'il croyait' à l'existeocal
de l'Être suprême et à rimmortalitl>]
de l'âme; de là au retour à l'Évangile,
il n'y avait qu'un pas. Tout porte à
croire que Robespierre voulait récon-
cilier la révolution avec le christianis-
me , comme il l'avait réconciliée avec
Dieu Ç) ; mais la haine de ses ennemis
ne lui en laissa pas le temps.
Cette gloire était réservée à Napo-
léon , qui fit un concordat , non-seule-
ment avec rÉvangile, mais encore avec
(*) Certes il était difficile de mieux résu-
mer la morale de l'Évangile et de la niieni
approprier à l'esprit du temps qu'il ne l'avift
fait dans Tartide 3 de la loi du i8 floréal
an II : « Le peuple français met au premier
« rang des devoirs de lîiorame de détester
« la mauvaise foi et la tyrannie, de punir
« les tyrans et les traîtres , de secourir les
« malheureux , de respecter les faibles , de
« défendre les opprimés , de faire aux au*
« très tout le bien qu'on peut et de nêlre *••
'ajuste envers personne, » De ces priadpei
à un retour au christianisme il n*y aTait
plus qu'un pas. On peut même dire qM
tenir un pareil langage c'était avoir coib-
mencc déjà la réconciliation.
€HR
FRANCE.
CHR
I6d
le eatholieisme. La France témoigna
son approbation par des transports
d'ivresse , en apprenant qu'elle avait
enOn repris son rang dans la grande
famille chrétienne. Cependant, il faut
le dire, le premier consul tira parti
delà circonstance. dans l'intérêt de sa
politique plutôt <]ue dans des vues re-
ligieuses. S'il avait profité des avantages
de sa position et mis en usage toutes
les ressources de son génie, il est
probable qu'il durait fait consentir la
papauté à une sage réforme qui aurait
régénéré le catholicisme et toute la
chrétienté. Mais, aussi pressé de re-
nouer avec le passé que la révolution
avait été impatiente de devancer l'ave-
nir, il se contenta de stipuler, sur les
bases des anciennes libertés de l'église
gallicane. A. quoi bon aurait servi de
ni^gocier en faveur des autres nations,
et prendre le rôle de conciliateur entre
le pape et les peuples? Il méditait déjà
ie faire plier un jour sous le sceptre du
conquérant, et la papauté, et les rois
les peuples. Ses prévisions ne l'a-
' fflt pas trompé : l'Europe vit bien-
surgir des ruines de la république
lise un nouveau Charlemagne ;
la cour de Rome, après avoir
lifert de nombreuses humiliations,
redressa contre Napoléon comme
te s'était redressée contre les héri-
\ de l'empereur carlovingien. Jou-
ais, elle n'échappa à son joug que
ar retomber sous celui de l'Autriche
de la sainte-alliance, dont elle ne
(^affranchira que le jour où elle saura
conquérir l'amour des peuples qu'elle
si longtemps protégés avant de pren-
reparti contre eux. Quoi qu'il en soit,
.uis le concordat, la France est res-
tGdèle au christianisme, dont elle ap-
éàe chaque jour davantage la supério-
rité sur les autres religions du monde.
Ainsi donc , pour résumer ce qui
Ifécède , la France, à part un moment
'erreur, n'a jamais cessé de rendre
s plus glorieux services au christia-
'snie, à toutes les époques de son
oire, du temps des Gaulois, sous
Mérovingiens, sous les Carlovin-
^ns , sous les Capétiens , pendant le
«oyen âge , à l'époque des croisades,
au seizième et au dix-septième siècle ;
elle travaillait encore pour lui dans le
siècle dernier, alors même qu'elle sem*
blait le renier. En revanche, le chris-
tianisme a présidé à notre éducation
religieuse, et n'a'paé été non plus sans
influence sur notre éducation politi-
que , en entretenant chez nous les sen-
tmients de sociabilité démocratique
qui caractérisent notre génie natio-
nal , en réveillant les principes d'unité
auxc[uels la conquête romaine avait
initié les Gaulois nos ancêtres. Avec
l'assistance du clergé catholique, les
Mérovingiens ont soumis les Visigoths
et les Bourguignons qui avaient dé-
membré notre territoire ; avec l'assis-
tance du clergé catholique , les Carlo-
vingiens ont fondé une des plus vastes
monarchies' qui aient jamais existé, et
dont le cœur était la France. Soute-
nus par le clergé catholique et par la
papauté , les Capétiens ont triomphé
de la noblesse féodale , qui , par d'au-
tres moyens que les Bourguignons et
les Visigoths, mais d'une manière non
moins funeste , avait aussi démembré
notre territoire. D'intelligence avec la
papauté enfm , Louis XI , François P',
Richelieu et Louis XIV ont solide-
ment assis cette nationalité française
à laquelle nulle autre ne saurait être
comparée.
Maintenant que nous avons répondu
aux deux questions posées au com-
mencement de cet article, il est temps
de terminer par quelques considéra-
tions générales, où. nous essaierons de
pressentir l'avenir. Une des meilleures
preuves que les prédictions des philo-
sophes qui annoncent la fin du règne
du christianisme ne sont pas prêtes à
se réaliser, c'est qu'après s'être séparé
un moment de cette sublime religion,
le plus grand pedple de l'Europe a fini
f)ar se ranger de nouveau sous sa loi ;
a religion ^ui a accompli ce miracle
en accomplira encore beaucoup d*au-
tres. D'ailleurs, quelle vérité nouvelle
a apportée la philosophie? serait-ce
le dogme de la charité, ou celui de l'éga-
lité, ou bien encore celui de la frater-
nité? mais l'Évangile ne les renferme-
t-il pas tous? n'est-ce pas lui qui les a
Ifl)
L'ùiïîvâ».
en
Ï»Topâgé$? Serait-ce le principe de là
iberté ? mais leâ premiers temps de
rÉglise chrétienne et les différentes
oommunaiités protestantes montrent
que Id liberté n*a rien dinconcilia-
ble avec les maiimes de TËvangile.
La religion qui porta tant d^hom-
mes à souffrir le martyre plutôt que
de transiger avec leur foi , ne saurait
faire des esclaves; et Thistoire té-
moigne qu'elle a partout développé
Tamour de rindé|)endance. !Nous ne
parlons pas du principe de l'unité et
de Tautorité ; l'exemple de la papauté
et même celui de TÉglise grecque ont
trop largement démontré sa puissance.
Quant au principe de la multiplicité,
le christianisme, avec son admirable
conception de la trinité une et indivi-
sible, lui a accordé tout ce qui pou-
vait lui être accordé, sans retourner
au polythéisme.
La plus grande gloire de la philoso-
nianifesté dans la défense de cette doc-
trine à la fois si pieuse et si consola-
trice; mais, .loin que le christianisme
soit contraire à la perfectibilité , il en
est le plus ardent propagateur. L'É-
vangile n'invite-t-il pas à chaque ins-
tant le Odèle à prendre soin de Famé-
lioration de son âmé? or le perfec-
tionnement de rindividu et celui de .
la société sont inséparables : l'un mène
naturellement à l'autre. Ce n'est que
par un esprit -d'aberration qu'on a
pu imaginer que l'Évangile est un
obstacle au développement de la. loi
du progrès , dont le germe est en
lui. Le christianisme n'a pas moins
l'intelligence du passé aue celle de l'a-
venir. Quelle religion s honore de plus
belles traditions quenelle gui , remon-
tant à Abraham et à Moïse, résume
en elle la philosophie grecque et toutes
les religions de l'Asie , les plus nou-
velles comme les plus anciennes , de-
puis le mahométisme jusqu'au boud-
dhisme et même jusqu'au brahmanisme!
où trouver ailleurs aussi complètement
réunies toutes les conditions de la plus
vaste eathoUcUé f
De tristes malentenddâf Odt seob
motivé la lutte du protestantisme et
de la papauté au seizième siècle. Ui
christianisme ne repousse ni le pri
cipe de l'unité que défendaient les (
f)es , ni le principe de la liberté po
equel combattaient les protestao*
avec un peu moins d'exagération
part et d'autre , on serait faciletn
tombé d'accord , et on n'aurait
prêté le flanc aux envahissementâ
la puissance temporelle. Le chri
nisme ne repousse pas non plus le [
cipe de la fraternité , de l'égalité et
progrès au nom duquel la philoso
du dix-huitième siècle battit en br
et le protestantisme et la papai
tout au contraire , il en est le sou
inébranlable. Si les protestants et
catholiques, oublieux de la morale
Christ , n'avaient pas tonné contre
philosophes, ceux-ci ne se scrr
pas montrés aussi aveugles envei
christianisme, qui est un arsenal
plet , qui contient en lui tout ce i^
philosophie a cru découvrir et qui
sède toutes les ressources nécess
pour améliorer le sort du monde.
Aussi , voyez comme il s'avanee
cessivement à la conquête de l'uni'
Déjà toute l'Europe , à l'exception
peu qui reste de la Turquie , est "*
tienne; l'Amérique entière, i
quelques sauvages indigènes, est
tienne ; une grande portion de T
soumise aux Russes et aux An
est chrétienne ou obéit au ch
nisme; avec la France, le christiai
règne à Alger; une foule de col
européennes ont été l'implanter
d'autres côtes de l'Afrique , et jif
dans les îles de la Polynésie. Là
sionnalres de toutes les Églises le
piagent incessamment et le font "
-trer jusqu'au sein des déserts,
cette immense république , il y a l'i
de dix empires aussi grands que
cien empire romain. Desespossci
directes, si l'on passe aux paysq
domine ou qu'elle menace , on v
Turquie d'Europe, dont la popo
est presque entièrement cbréticf
la veille d'échapper aux rausa
et de suivre l'exemple de la G ^
Cfift
PkANCE.
c«à
n!
franchie; PAsie Mineure, la Perse,
FArabie, TÉgypte et les régences de
tttfaarie , en un mot , tout rislamisme ,
aar le point 4e subir le même sort
SipÂigérie. L'Asie entière, à part
ipire chinois , est sous l'ascendant
i9<Rasses et des Anglais , qui n'at-
iiileQt qu'une occasion pour se la
Hta^r; la Chine elleméme serait
mt d*état de résister aux attaques
Hnbi&ées des armées de la Russie et
flattes de l'Angleterre. Il est donc
évident que c'est Télëment chré-
qui fait aujourd'hui la loi au
[e; encore quelques pas, et Tuni-
tout entier sera le domaine du
tiaoisme , qui Tenserre.
te pins grand obstacle qui s'oppose
'ûttenant à l'accomplissement des
'ennes prophéties , ce sont les dé-
ents intérieurs de la république
eone. Divisée enj)lusieurs Églises
B, la grande Eglise a tourné
t elle-même la force qui ne lui
été donnée que pour faire triom-
le christianisme. Fier de sa su-
ite , le catholicisme a refusé de
attre TËglise grecque , si puis-
int représentée aujourd'hui par
^nnpereurs russes; et il a long-
traité en filles révoltées les nom-
Églises auxquelles a donné
nce le protestantisme. Mais les
ences sont moins profondes qu'on
icrait tenté de le croire, en ne
que les effets de l'animosité
une; il y a dans le christianisme
d'ampleur et assez d'esprit de
îliation pour que la lutte aes dif^
tes Églises se termine par de
I concessions. Si les leçons de
bire, pendant les trois derniers
s, ont suffisamment prouvé aue,
lé domaine religieux comme dans
«naine politique, la monarchie
. rselle est ùh rêve, on commence
ii à comprendre que l'unité n'offre
moins dVivantages en religion qu'en
**1tte. Ce que n'a pu faire la con-
avec la force des armes , l'asso-
le fera avec le secours de la
^ Déjà , en politique , la concep-
dëréqnilibre a été acceptée comme
ibeiliear moyen d'obtenir les avan*
tages de !^unité , sans en avoir les in-
convénients, c'est-à-dire, sans violet
l'indépendance des peuples qui ont sa
asseoir leur nationalité sur aes fonde-
ments solides ; la diplomatie sagement
comprise est le meilleur gage d'union
et d'harmonie. Eh bien ! cette même
conception de l'équilibre, ne pour*
rait-on pas s'en servir avec encore plus
de facilité pour ramener la paix dans
le sein de la république chrétienne.^
Des négociations ne s'entameront-eltes
jamais entre toutes ces Églises qui de-
vraient être lasses de s'entre-choquer
inutilement, et qui devraient enfin
comprendre que la division du travail^
en religion comme en économie politi-
que, est un moyen d'arriver plus sûre-
ment et plus rapidement au but ? Le jour
où le christianisme aurait ses congrès
comme la diplomatie, ce jour-là, la su-
périorité de la papauté cesserait d'être
un objet de contestation (*). Sous la
présidence de quelle autre Eglise que
l'Église romaine pourraient être tenus
ces nouveaux concilesPL'Ëglisegrecque
est soumise à l'autorité temporelle du
czar ; l'Église anglicane et les Églises
protestantes dépendent également ,
d'une manière plus ou moins directe,
du chef politique de l'État; la papauté
^eule ne courbe pas la tête devant répée
de César ; elle ne relève que de Dieu
même. De ce rapprochement des Égli-
ses , résulterait une régénération reli-
gieuse , qui centuplerait la force d'ac-
tion du christianisme; et le triomphe
(*) Un précédent de triste mémoire a
prouvé naguère qu'un rapprochement entre
les différents cultes a cessé d*é(re imprati-
cable. On a va la Russie, TAutriche et la
Prusse , c'est-à-dire , trois puissances repré-
sentant l'église grecque , l'église protestante
et réglise catholique , en) appeler à la re«-
ligion pour cimenter leur politique rétror
grade. Ce qu'a fait la sainte aUiance pour
la cause du passé , les peuples , s'ils suiven|
les nobles conseils de Béranger, le feroni
lin jour pour la cause de l'avenir. Et , s'il
faut un président à celte nouvelle alliance,
véritablement digne du nom de sainte , ce
n'est pas au czar qu'elle s'adressera, c'est
aux héritiers des Sixte-Quint et des Gré-
goire TII.
i72
GilB
L'UNIVERS.
CHR
de la papauté , pour être moins impé-
rieux, ne serait pas moins éclatant.
Dans une postérité peu reculée peut-
être, nos neveux pourraient voir le
monde entier converti au catholicisme ,
suivant les prédictions; la terre déli-
vrée du fléau de Tesclavage et de la
polygamie, et voyant commencer le
règne universel de la liberté , de l'éga-
lité, de la fraternité et du progrès.
Malheureusement un dernier reste
d'animosité ajournera peut-être à long-
temps encore la réconciliation que nous
appelons de tous nos vœux pour la
gloire de TËglise chrétienne autant
que pour le bonheur de la famille hu-
maine.
Mais aujourd'hui même, le christia-
nisme tel qu'il est représente rétablis-
sement le plus gigantesque et le plus
grandiose dont Thistoire ait jamais
donné le spectacle. Ce ne seront certes
pas les pronostics passionnés de quel-
ques matérialistes ou de quelques mé-
taphysiciens, si grand que soit leur
mérite personnel, qui arrêteront sa
marche ascendante. Rien ne manque
plus à son triomphe : la philosophie
elle-même est à moitié convertie; fai-
sant un noble retour vers la tradition ,
elle a le bon esprit maintenant de
s'appuver sur le passé pour se diriger
plus sûrement et plus majestueusement
vers Tavenir. Si le christianisme avait
pu périr, il aurait succombé sous les
coups simultanés de la philosophie d^
dix-huitième siècle et de la révolution
de 1793; ayant résisté à ce double
choc, ayant reconquis et ranimé à son
teu sacré ceux mêmes qui , un instant,
avaient espéré de le détruire, il a do-
rénavant d'autant moins à craindre
qu'il est sorti de la lutte plus jeune et
mieux retrempé, et que c'est TÈvangile
à la main que les peuples aujourd'hui
demandent un soulagement à leurs
misères. Il est donc temps que la
France reprenne son ancien rôle; le
christianisme et la civilisation ne sont
Cju'une seule et même chose; se mettre
à la tête du christianisme, c'est mé-
riter encore mieux de rester à la tête
de la civilisation. Depuis un quart de
siècle surtout notre essor est entravé ,
parce que n'étant plus philosophes,
nous ne savons pas redevenir chré-
tiens comme l'étaient nos pères dans
les belles époques de notre histoire.
Nous sommes toujours le peuple le plus
sociable, le plus charitable, le plus civi-
lisateur; mais nous ne possédons plus
cet ascendant moral qui était le plus
bel attribut de notre nation. Encore
une fois , cela vient de ce que nous né*
gligeons trop de placer notre politique
bienfaisante sous l'égide du christia-
nisme, qui féconde tout ce qu*il pro-
tège.
Dans la question d'Orient , par
exemple , quel peuple a manifesté des
sentiments plus honorables et [liui
désintéressés que la nation firan(^aise,
toujours prête à secourir tantôt |i
Grecs renaissant à la liberté, tantôt'
Ëgyptiens, tantôt les Turcs essay
de se régénérer, c'est-à-dire, d'entr
dans le mouvement de la civilisât!'
moderne? £t cependant cet exenaple
été jusqu'à ce jour sans une influei
.bien marquée sur l'opinion des au
nations de l'Europe. L'Angleterre et
Russie, beaucoup plus habiles que noi
sont parvenues à voiler leurs proj
ambitieux en excitant, au nom
christianisme, les passions des peu
contre les mahométans de Consta
nople et d'Alexandrie. En réalité,
n'est pas à l'affranchissement des
tiens qu'elles aspirent, c'est à l'en
hissement, celle-ci du détroit
Dardanelles, celle-là de l'isthme
Suez ; mais Tune et l'autre ont l'art
mettre leur intérêt personnel à couf
sous le manteau de la religion. No
au contraire, ce que nous dési~
avant tout , c'est l'amélioration du
des chrétiens, c'est leur délivr
mais comme nous n'avons jamais
mot de diristianisme à la bo
tout en ayant une politique confoi
à ses maximes, et que d'un autre
nous favorisons les projets de r'
ration des musulmans, ce qui
encore cojiforme au christianisme,
adversaires s'appliquent et ne r
sent que trop a nous faire passer
un peuple impie qui pactise avec
infidèles. Si nous prouvions bau
J
CHft
FRANCE.
GHtt
17a
à TEarope que notre politique est
beaucoup plus dans le véritable esprit
du cbristianisnie que celle de ceux qui
nous accusent, Terreur générale serait
bientôt dissipée. Or, la meilleure ma-
nière de le prouver, c'est de parler,
oon-seulemeot au, nom de la civilisa-
tion que certains Étuts ne se fout pas
défaut de tourner en dérision, mais
encore au nom du christianisme , c|u*ils
font profession, au moins publique-
ment, de respecter. Pourquoi nous pri-
Ter gratuitement d'un pareil secours?
De nos jours, le cliristianisme est
la cause ou le prétexte de tout ce qui
, se fait d'important dans le monde« Sa
puissance matérielle est vigoureuse-
ment représentée par l'Angleterre et
inrla Russie, deux peuples chez les-
quels le pouvoir temporel et le pouvoir
3>irituel sont réunis dans la personne
0 chef de TÉtat; quant à sa puissance
norale, elle semble tout à fait effacée
^pois que la papauté, négligeant de
iiriger hardiment les peuples catholi*
Pies et s'épuisa nt dans des disputes
Qtiles avec l'Église protestante et
figiise grecque, a perdu le prestige
^1 omnipotence. Tant que le clergé
.Aétien n'aura pas trouvé le secret
Ane nouvelle association plus large
re l'ancienne, il en sera de même, et
politique demeurera prépondérante
iBf la religion. Cependant la civilisa-
"tioo n'est pas absolument privée de
Censeur; la France la protège et la
%a triompher. Mais combien son
triomphe serait plus pro npt et plus
complet, si le peuple fran(;jai8 , embras-
tsuit de nouveau le christianisme avec
mtant d'ardeur que par le passé, rede-
ytmi le peuple très-chrétien! Alors,
tp présence du christianisme mercan-
tile des Anglais et du christianisme
^uérant des Russes, on verrait
urgir un christianisme civilisateur,
«tiquel ne tarderaient pas à se rallier
toutes les nations de l'Europe et du
nonde, qui gémissent sous le double
çog de l'Angleterre et de la Russie.
Joe telle mission serait- elle donc au-
tesus des forces de ce peuple que le
monde entier a salué longtemps du
nom de grande nation ?
Chbistin (G. Gab. Fréd.), avocat»
député aux états généraux, né à Saint*
Claude en 1744 , uublia des Mémoires
en faveur des serfs du chapitre de cette
ville, et sut intéresser Voltaire à leur
cause, qui échoua devant un arrêt con*
firme par le conseil d'État. Après la
session de l'Assemblée constituante,
Il revint occuper la place de président
du tribunal de son district, et périt en
1799, dans l'incendie qui consuma la
ville de Saint-Claude. Il a laissé une
Dissertation sur Pabbaye de Saint*
Clavde^ ses chroniques ^ ses légendes ,
ses chartes, etc., 1772, in-8**; une
Collection de Mémoires présentés au
roi par les habitants du Mont-Jura
et le chapitre de Saint-Claude, etc.,
1772 , in-8°. Il est auteur de la Lettre
du P. Polycarpe à tavoccU général
Séguier, attribuée à Voltaire.
Chbistine de France, digne fille de
Henri IV, née en 1606, épousa, en
1619, Victor-Amédée II, duc de Sa-
voie. Ce prince étant mort en 1637,
elle gouverna, pendant la minorité de
son fils, avec prudence et fermeté.
Attaquée par ses deux beaux-frères,
dont l'un, le prince Thomas, ligué avec
les Espagnols, réussit à s'emparer de
Turin , elle se mit sous la protection
de Louis XIII, son frère, fit rentrer
le Piémont sous l'autorité de son fils,
Charles-Emmanuel II, et rendit le
calme à ses États. Cette princesse
mourut en J 663.
* Chhistinedb Pisan était fille d'un
conseiller de la république de Venise.
Son père, Thomas de Pisan, fut appelé
en France par Charles V, en qualité
d'astronome. C'était en 1368. Chris-
tine avait alors cinq ans. Elle fut élc*
vée à la cour de France , et épousa ,
dès l'âge de quinze ans, un gentil»
homme picard nommé Pierre du Car-
tel. Mais bientôt Charles V mourut;
Thomas de Pisan , déchu de son cré>
dit, mourut peu après de vieillesse, et
surtout de chagrin , et du Castel lui-
même ne tarda pas à les suivre. De-
meurée veuve avec trois enfants, sans
famille et sans protecteurs , Christine
chercha sa consolation dans l'étude.
Elle lut les livres que lui avait laissés
t74
^M
L'UNIVF».^.
c#»
son pèpe; e^]e j^ss^yç d-^ composer à
Son tour. Ses premiers écrits, ses
petits Dictiez , comme elle les appe^
fait , compo3és de ballades , de lais, de
rondeaux , et autres poésies légères,
lui firent bientôt un^ réputation qui
ne tarda pas à se répandre , même au
dehors de la France. Le roi d'Angle-
terre, le duc de Milan, firent tous leurs
efforts pour fattirer à leur cour; mais
rien ne put la décider à quitter son
pays d'adoption, Philippe, duc de
Bourgogne , prit à ses gages son fils
aîné , et donna encore à notre poè'te
d'autres témoignages du vif intérêt
qu'il lui portait ; mais on ne voit pas
que Christine ait profité , pour s'enri-
chir, de la protection des grands et du
jcrédit que lui donnait sa réputation.
Elle vécut dans un état voisin de la
gêne; et nous trouvons, en 1411, que-
le roi lui accorda un secours de 200
livres. On ne sait ni où , ni en quelle
année elle mourut.
C'était une femme d'une grande
beauté, si l'on en iuge par un portrait
qui est en tête d un des manuscrits
de la bibliothèque royale. Ses ouvra-
ges , extrêmement nombreux , puis-
Îju'ijs ne forment pas moins de 15 vo-
umes, ne méritent pas l'oubli profond
où ils sont tombés. ]S'était*4a langue
imparfaite et bégayante de son temps,
Christine de Pisan serait un grand
Ï)pëte. Elle a du poète véritable toute
a noblesse de sentiments, toute la
tendresse id' âme, toute la grâce; il ne
lui a manqué qu un bon instrument.
Le sien lui a suffi pour traduire sa
pensée; mais ce n'était point assez
pour se faire entendre de la postérité.
Il n'y a pas d'édition générale des
œuvres de Christine de Pisan; mais
Une bonne partie de ses écrits a été
réimprimée dans les tomes II et.III de
Ja collection des meilleurs ouvrages
français composés par des femmes.
Bon jaîstoire du roi Charles le Sage,
publiée pnr l'abbé Lebeuf dans les
notes du 3® volume de son Histoire de
'PariSy a été reproduite dans le tome V
de la première série des Mémoires sur
l'histoire de France publiés par M. Pe-
titot. M. Hiomassy a fait paraître, dans
ces dernières années, un Essai sur les
écrits politiques de Christine de Pi'
san y suivi d'une notice littéraire et
de pièces inédites, Paris, 1838, in-8°.
Chboniques. Voyez Histoire.
Chroniques de Sainx-Denis (les),
appelées aussi les grandes chrofdqm
de France. Cet ouvrage, l'un desçlus
curieux monuments de notre histoire)
jouissait autrefois d'une grande répu-
tation. Mais après avoir servi de oasf
à nos premiers annalistes, tels quf
picole, Gilles, Gaguin , etc., il tomhi
dans un tel discrédit au dix-septièine,
siècle, qu'à peine quelques éruditf
osaient y avoir recours. Cependant u|
mémoire que la Curne de Sainte-PçJ
laye consacra à cet ouvrage, et quitt
inséré dans le recueil de l'Académi
des inscriptions et belles-lettres, le
jmit en faveur, et depuis cette époqi
son autorité n'a fait que s'accroître.
D'après une savante notice de M.
X.acabane, publiée dans la Bibli
que de l'école des chartes, lesgr
chroniques ne remontent pas au
des premières années du règne de
lippe le Hardi , qui parvint au
en 1270. Entreprises par l'ordre
prince, et peut-être même par celui
Louis IX, elles furent exécutées
les yeux du célèbre Vendôme, abl
Saint-Denis, et régent du roya
par un religieux de son abbaye,
mé Primaz. Le travail primitif,
s'arrêtait à la mort de PhiUppe
guste (1223) , était déjà terminé
1274, époque ou il fut présenté
l'auteur à Philippe le Hardi.
Dans cette première partie des
niques, on trouve, cour le com
ment de notre histoire, un grand
bre de fables qui faussèrent coi
tement, pendant pluisieurs siècles
idées que l'on devait avoir sur V\
gine de la monarchie française. '
,Yant elles, les Gaulois et les F
étaient issus des fugitifs de Troie
uns par Brutus, prétendu fils d'
nius, fils d'Ënée; les autres par
eus ou François, fils d'Hector,
Jusqu'au règne de Charlemagoe,
narration suit en général un seulî
teur, Aimoin, reUgieux dtFkwg
cm
FflÀHCp.
CHU
175
de Saiot-Bejf^-aur-Loîjre au dixième
siède; puis vienjt une traduction fort
inexacte deJa vie de Charlemagne, par
lôn secrétaire Éginhard; puis un frag-
meot de la fausse clironique de l'ar-
cbe?équeTurpin, où sont détaillés les
6its et prouesses du preux Roland.
Ibis cette partie de Touvrage est la
(eule où se trouvent entremêles des dé-
tirés des romans du moyen âge.
reste est emprunté à nos anciens
)rien8 qui ont écrit en latin, com-
l'auteur anonyme de la Fie de Louis
itébonnaire; Suger ; les deux auteurs
^\ rie de Louis FH; Rigord; Guil-
16 le Breton ; Thistorien de Louis
; Guillaume de Nangis, auteur des
de saint Louis et de PhUippe le
rdif ainsi que d'une chronique qui
réte à Tan 1301; enfin le premier
itinuateur de ce même Guillaume
)!faiigis, de 1301 à 1340. Jusqu'à
je époque, les Chroniques de Saint-
*T ne sont que la traduction frau-
de textes latins antérieurs , où
intercalés de loin en loin des faits
à d'autres sources, mais trop
nombreux pour donner au récit
'es renferme le caractère et le mé-
d'une composition originale. De
4e 134Q à Tavénement du roi
en 1 350 , la rédaction devient
ornent originale. L'histoire de
années est fou vrage d'un moine
Saint - Denis , qui écrivait avant
Jbataille de Poitiers. Interrompu
* fin du rè^ne de Philippe de Va-
ce recueil fut longtemps aban-
é, et ne fut repris que sous
les V. Ce prince, suivant l'auteur
[focellente notice déjà citée, char-
"^JPierre d'Orgemont, chancelier de
ie, de continuer ce grand travail;
igistrat le continua en effet jus-
1375 ou 1377, et trèsnrobaole-
jusqu'à la mort de Charles V,
I. A dater de l'avènement de
W^ les Grandes chroniques
it plus qu'une copie littérale de
nre de Juvénal des Ursins jus-
1402, et de la chroniçjue de Jean
tier pour les 20 années qui sui-
Là rarrétent les manuscrits qui
uatn de ttxte à 1^ première édi-
l
tion de ces chroniques publiée en 14d6.
C'est seulement depuis qu'on y a ajouté
les Fies de Louis XI ^ de Charles
FUI et de Louis XU. Reproduit dans
la. collection des historiens de France
publiée par dom Bououet « ce recueil
a été de nouveau publié séparément,
il y a quelques années, par M. Paulin
Paris, sous le titre suivant : Grandes
chroniques de France, selon qu'elles
sont conservées en téglise de Saint-
Denis en France , Paris , 1839 et suiv.,
in-fol.
Chronique scandaleuse. —Lors-
ue Louis XV, usé par la débauche,
ut devenu , comme son bisaïeul l'a-
vait été dans sa vieillesse , un sultan
inamusable, le lieutenant général de
police imagina, pour ranimer son es-
prit épuisé , de faire recueillir par ses
agents tout ce qui se passait d'amu-
sant , d'impudique et de scandaleux ,
dans les petites maisons des grands
seigneurs, dans les couUsses des théâ-
tres et dans les mauvais lieux de Paris.
A ces documents il Ht joindre l'histoire
des relations des plus illustres liber-
tins avec les plus célèbres courtisanes,
l'histoire des prêtres et religieux sur*
pris dans des maisons de prostitu-
tion, etc^ Quand on manquait d'anec-
dotes , on en inventait , et tous les
matins, ce dégoûtant rapport était
présenté au roi, qui s'en amusait beau-
coup dans son lit, et se plaisait à ra-
conter a son lever, en présence de ses
courtisans, les actes de libertinage
que quelques-uns d'entre eux avaient
commis la veille, et que, par un reste
de pudeur, ils auraient voulu cacher.
Cette honteuse complaisance du
lieutenant de police dura longtemps ,
et fournit assez de matériaux pour
que de cette collection d'anecdotes im-
pures on pût composer un livre qui
eut , sous le titre de Chroniques scan»
daleusesy trois éditions successives,
en deux , trois et quatre volumes. Par
un raffinement digne de l'époque , on
attribuait ce sale ouvrage à un béné-
dictin , que cependant on ne nommait
point. Ces archives de la dépravation
des classes élevées peuvent servir à
l'histoire des mœurs du dk-huitièinç
1
176
ClC
L'UNIVERS.
CtM
siècle; mais le proGt qu'on en peut ti-
rer est loin de compenser le dégoût
qu'elles inspirent.
Chypbe ( royaume de). Voyez Jé-
RU>ALEM.
CiBOT (Pierre-Martial), l'un des plus
distingués parmi les missionnaires
français de la Chine, naquit à Li-
moges en 1727, entra fort jeune dans
l'ordre des jésuites , et partit en 1758
pour les missions de la Chine. 11 ar-
riva en 1760 à Péking, et y resta jus-
qu'à sa mort, arrivée en 1780. C'est à
lui et au P. Amiot , son collègue , que
l'on doit la plus grande partie des do-
cuments qui sont parvenus en Europe,
à la fin du sieMe dernier , sur le cé-
leste empire. Les recherches de ces
deux savants sont répandues dans les
quinze volumes des Mémoires sur les
Chinois^ et forment la partie la plus
importante de ce recueil.
CiGÉBi ( Pierre-Luc-Charles ) , né à
Saint-Cloud en 1782 , fut élève de l'ar-
ehitecte Bellangé, puis étudia, dans
les ateliers de rO[)éra , la peinture de
décorations, et devint bientôt un de nos
plus habiles décorateurs. Cicéri a fait
taire à son art d'immenses progrès.
Le nombre des ouvrages qu'il a exécu-
tés pour différents théâtres s'élève à
près de 400, Nous n'entreprendrons
point de les mentionner ici ; mais nous
devons citer ses décorations de la res'
taie, é''Armide^ de la Lampe mer-
veilleuse y àt la Muette de Portidj de
Moïse y de Robert le Diable y etc. Il
fut chargé, en 1810, «par le roi de
Westphalie, d'exécuter les décora-
tions du grand théâtre de Cassel , et
c'est à lui que fut confiée la direction
des fêtes du sacre de Charles X.
CiGÉBON, lieutenant-colonel de la
garde, commandant le bataillon des
vélites de Turin, résista, avec 450
hommes , pendant huit jours , en oc-
tobre 1813 , dans la ville de Vurtzen,
aux assauts de plus de 8,000 Russes ,
qui ne purent jamais parvenir à l'en-
tamer. Après leur avoir fait éprouver
des pertes considérables, il effectua sa
retraite au travers des bataillons enne-
mis, fit sauter le pont de Vurtzen, et ar-
riva heureusementau quartier général.
CiMBBEs (Voyez Rimbis.)
CiMETiÈBE. ^Chez les Gaulois et
chez les Romains, les inhumations
avaient lieu dans des champs hors des
villes, et de préférence le long des
grands chemins ; et quoique leurs tom-
beaux fussent assez généralement réu^
nis dans le voisinage des endroits
habités , ils ne formaient point , à pro-
prement parler, de cimetières. C'esl
a l'introduction du christianisme dao4
les Gaules qu'est dû l'établissement
de ces champs de repos. En effet, c|
fut seulement lorsque l'on eut instituf
l'usage de prier pour les morts danf
les lieux mêmes où ils reposaient,
l'on imagina de les inhumer tous d
un même local , afin que chacun
recueillir sa part des grâces que :
saient descendre du ciel les prii'
que l'on disait pour tous. Telle
1 origine des cimetières chrétiens , qi
l'on établit cependant hors des vill
selon l'ancienne coutume.
Jusqu'à l'empereur Léon II , qui
gna en Orient de 473 à 474, ou, se
d'autres , jusqu'au pape du même n
3ui occupa la chaire de Saint-Pi(
e 682 à 684 , il fut défendu d'inhu
dans les églises. Mais cette prohi
tion ayant alors été levée pour
églises isolées au milieu des cham[
celles des villes réclamèrent bientôt'
obtinrent le même privilège. Le di
de reposer dans un lieu consacré
d'abord exclusivement réservé
évéques,- aux abbés et aux princii
dignitaires du clergé. Mais tout ce
appartenait au clergé flit ensuite
mis à y avoir part , et bientôt les
ques eux-mêmes réclamèrent le voi
honneur ; mais le clergé eut soin
ne l'accorder qu'avec parcimonie,
de n'y admettre que les fondateurs
les bienfaiteurs des églises. A t'é|
du régime féodal, quand les
devenus indépendants, secouéreat^
joug de l'autorité royale , et en
Ï>èrent les droits , ils s'attribue
'envi, pour eux et leurs familles
privilège d'être inhumée dans leségf
et les monastères, et le clergé se
vaitfort heureux quand ils ne poi
pas plus loin encore leur exi(
CIM
FRANCE.
riM
177
Toutefois , la classe noble fut la
seule entre les diverses classes de laï-
ques qui jouit du droit ^e reposer dans
fes^lises, et toutes les autres en furent
privées. Bientôt , pour satisfaire celle-
ci, le clergé imagina une prérogative
oui devint une distinction aussi : ce fut
06 leur assigner , dans le voisinage de
relise, un terrain particulier quMI
bénit, et qui dès lors fut regardé
comme la récompense d'une mort
dirétienne. Bientôt même on attacha
aux inhunaations , dans cette terre bé-
nite, une si grande importance, qu'en
exclure un décédé était la peine la plus
terrible qui pût être infligée à sa mé-
moire, et ceJle dont on frappait les
excomoiuniés morts sans s'être récon-
ciliés avec rÉglise.
Voilà comment les cimetières se
trouvèrent transportés au milieu des
Mitations. Il n'en fut pas cependant
jk même pour tous. Il en est que les
ailles allèrent chercher en s'agrandis-
it et en les enveloppant dans leur
iote : tels furent a Paris celui des
cents , et un grand nombre d'au-
situés d'abord à une grande dis-
, et qui , par la suite des temps ,
trouvèrent au centre de la capi-
Les cimetières , quelque part qu'ils
înt placés, furent pendant long-
is des lieux de superstition et de
uche. De prétendus sorciers s'y
idâient , et y allumaient des cierges
dant le jour , dans la persuasion
les âmes des défunts dont les
tes y reposaient , évoquées par cet
I, viendraient leur révéler les
futures et cachées ; et des fem-
de mauvaise vie s'y assemblaient
ant la nuit , sous prétexte de se
ter à la prière. Ces deux pratiques
ent défendues par les canons 34 et
du concile d'Elvire ; la première ,
e qu'il ne faut pas inquiéter les
des saints , cereos per diem in
eterio non incendi , quia inquie-
^i spiriius sanctorum non sunt;
seconde, parce que les femmes que
^votion semblait y réunir s'y li-
lîent ouvertement à la débauche, eo
[|«od suh obtentu orafionîs latenter
scelera committunt. Jusqu'au règne
de Philippe-Auguste , le cimetière des
Iimocents à Paris fut le théâtre de
désordres tellement scandaleux, que
ce prince , pour satisfaire à la pudeur
publique, ordonna qu'il fût entouré
de murailles.
Depuis cette époque, il ne s'est
point passé de siècle qu il ne soit émané
de l'autorité civile ou du pouvoir
ecclésiastique quelques prescriptions
ayant pour but de maintenir le res-
pect que l'on doit aux lieux consacrés
Ïiar la cendre des morts. Pour ne par-
er que de celles qui ont été publiées
dans des temps presque modernes,
nous dirons que deux conciles tenus à
Bourges , l'un en 1523 et l'autrie en
1584, ainsi qu'un autre, assemblé à
Bordeaux en 1624 , défendirent de te-
nir dans les cimetières des assemblées
profanes , telles que foires et marchés.
Par un arrêt du .parlement de Dijon ,
du 3 mars 1560 , il fut défendu au sei-
gneur de Martigny-le-Comte de per-
mettre à ses vassaux de danser dans
le cimetière de cette paroisse. Mêmes
défenses furent faites en 1614 par un
arrêt du grand conseil. Le parlement
de Rennes défendit en 1622 , sous
peine de punitions corporelles , d'en-
trer, tant dans les églises que dans les
cimetières, avec armes et bâtons, et
d'y commettre des indécences.
L'inconvénient d'avoir, dans l'en-
ceinte d'une capitale qui prenait de
l'accroissement tous les jours, des
cimetières qui devenaient autant de
foyers d'infection , se fit sentir à la
longue. On pensa donc à les transpor-
ter hors de la ville, et Charles IX con-
clut l'idée de les remplacer tous par un
immense champ de repos qu'on aurait
établi au bois de Boutonne. Là , cha-
que famille se serait fait élever sous
1 ombrage un asile où ses membres se
devaient tous retrouver un jour , et
au bout d'un siècle, cette réunion de
monuments funéraires aurait, selon
ce prince , transformé la forêt en un
lieu de promenade fort agréable. Cette
idée ne fut point mise à exécution, et
c'est seulement beaucoup plus tard que
l'on a pris une mesure que réclamait
T. V. 12' lÂvraisan. (Dicx. encygl., btc)
12
178
€IN
L'UNIVERS.
CIN
vivement la salubrité publiée. (Voyez
Catacombes de Paris. )
Depuis la révolution , le choix d*un
étnplacement pour établir un cimetière
est laissé à Tautorité municipiile; mais
avant de recevoir le corps des fidèles,
il faut que cet emplacement soit bénit
par rÉglise. En conséquence de l'ar-
ticle 25 d'une ordonnance de 1695, les
dmetières doivent être entourés de
murailles , dont l'article 3 du décret
du 23 prairial an xit fixe la hauteur à
2 mètres au moins. La Convention
nationale avait déclaré, Je 12 frimaire
an II , qu*aiicune loi n'autorisait à re-
fuser la sépulture , dans les cimetières
publics , aux citoyënis décédés , quelles
que fussent leurs opinions religieuses ;
mais le décret du 23 prairial an xii ,
cité déjà plus haut , se prêtant à des
répugnances qui sont encore fort en-
racinées , surtout darns les provinces ,
ordonna que dans les communes où
Ton professe plusieurs cultes , chaque
culteaurait son lieu d'inhumation par-
ticulier ; et qu^ , dans lé cas où il n'y
aurait qu'un seul cimetière, il fât par-
tagé par des murs y haies ou fossés ,
(sn autant de parties qu'il y aurait de
cultes différents.
Cimier, nom des ornements dont
étaient surmontés , au moyen âge, les
casques des chevaliers. Ces ornements
passèrent ensuite dans le blason, et
te cimier devint une des pièces les plus
importantes de Vécu d'un gentilhom-
me. (Voy. Blason.)
CiNCiBiL. — Le consul Ce Cassius ,
qui commandait en l'an 186 avant J. C.
rarmée d'occupation de la Gaule trans-
padane , ayant révolté par ses brigan-
dages les peuplades gauloises des Al-
pes, ces peuplades prirent les armes
et implorèrent le secours de Cincibil ,
l'un des chefs les plus puissants de la
Transalpine orientale. Mais l'expulsion
des BoTes et la conquête de toute la
Circumpadane avaient répandu au delà
des monts la terreur du nom romain.
Avant d'en venir aux moyens violents,
Cincibil voulut essayer les voies de pa-
dllcation.il envoya a Rome, pour porter
les plaintes des peuplades des Alpes,
une ambassade présidée par son pro-
pre frère. Le sénat répondît « qu'il
« n*avait pu prévoir ces violences , et
ft qu'il était loin de les approuver; mais
c( que C. Cassius étant absent poui* le
« service de la république , la justioe
« ne permettait pas de le condaraner
« sans l'entendre. » L'affaire en resta
là; toutefois le sénat n'épargna rieh
pour faire oublier au chef gaulois ses
sujets de mécontentement (*). Sob
frère et lui recurent des présents nuk
gnifiqués : cotliers d'or , vases d'ar*
gent , chevaux , armures et habits lé»
mains pour tous tes gehs de leur saift,
libres ou esclaves.
CiNGéTOEix, noble trévire, qaî,|it
jalousie et par ambition , se mit a 11
tête du parti des Romains, quifi s
beau-père, Indutiomar, combattait ai
autant de patriotisme que d'hablli
A l'approche de l'armée de César
courut, avec la plupart des nobl
se joindre au général romain ,
son rival fut contraint de se
mettre. Le proconsul , récoitipeni
la trahison , t*etint Indutidmat pi ~
nier, et signifia à sa nation qù*
eût à reconnaître Cingétorix pour
magistrat suprême. Mais la soUi
sion des Trévires ne fut pas loi
Sollicités par l'infatigable Induth
ils se levèrent en masse, l'an 5^vj
déclarèrent Cingétorix ennemi
§atrie. Le banni se réftigia aui
ans le camp de Labiénus, l'un
heutenants ne César, l'informa
résolutions du conseil et des
d'Indutiomar; et bientôt une san(
défaite essuyée par ses compatrioi
la mort d'Indutiomar , tombés
champ de bataille, le remirent à la
du gouvernement. Cependant les 1
virés secouèrent encore une foil
joug; mais Labiénus remporta,
'an 51, une seconde victoire qui
mit enfin complètement cette
geuse nation.
Cinq-Mabs (Henri CoiffierdeEi
marquis de ) , second fils d^Anl
Coiffier, marquis d'Effiat,
de France et surintendant des fini
(*) Thierry, Histoire des Gtotois, i
p. 339.
CIN
FRANCE.
CIO
179
naquit en 1690. Envoyé de bonne
heure à la cour, il y nt un chemin
rapide; sa beauté, son élégance , la Ti^
Tacitédesoii esprit plurent à Louis XIII»
et il devint le favori de ce prince.
Il fut successivement capitaine d'une
Gompapie du régimedt des gardes «
puis grand maître de la gard^-robe ,
et eofla grand écuyer de France. Dès
Idft on ne l'appela plus que M. le
Grand. Richelieu avait contribué à son
inncement, dans Tespoir qu'il par*
tiendrait à distraire le morose Louis
XIII. Mais ce jeune homme s'imagina
fue, parce qu'il savait amuser le roi , il
pourrait gouverner la France; et il
iwilut substituer son chétif mérite au
fénie da grand cardinal, il s^entendit
iree le comte de Soissons , le duc de
iMiilloD et le frère du roi ; la reine
Aait au courant du complot ; de Thou
HdeFootraillei en étalent les agents
les confidents. D'abord il voulut
assassiner Richelieu , et en parla
Louis XIII dans un moment d'hu-
t de ce prince contre le cardinal,
le roi, qui savait distinguer entre
Ministre et son favori , ne voulut
se prêter à ce crime, tl surveilla
démarches de Ginq-Mars, reçut
es ses confidences , le trahit plus
, quand il lui eut laissé le temps
devenir coupable, et s'en fit un
rite auprès de Richelieu quand tout
découvert. Non content d'intriguer
les mécontents, Cinq-Mars avait
conspirer avec l'étranger ; dans son
Jedce de supplanter le cardinal,
avait demandé au duc de Bouillon
Tille de Sedan <, et à l'Espagne une
' , afin d'avoir un moyen d'agir,
on asile en cas de défaite. Le traité
lit été conclu entre de Fontrailles et
duc d'Olivarès ; le duc d'Orléans et
ékn de Bouillon y avaient souscrit,
n Richelieu eut connaissance de la
ianspiration ; Cinq-Mars et de Thou
pent arr^s à Narbonne ^ où le roi
paît rendu pour achever la conquête
P Roussilton. Le duc de Bouillon se
Fiva en abandonnant sa princi{)auté.
Gaston obtint son pardon en trahissant
•es complices ; rpais Cinq-Mars et de
Thou payèrent de leur tête leur trahi-
son , et ils furent exécutés à Lyon le
12 septembre 1643.
CiNTBÂ (convention de). — Lorsque
les Anglais , secondés par un soulève*
ment général de la population , eurent,
au mois d'août 1808 , opéré une des-»
eente en Portugal, et, grâce à la su<*
périorité de leurs forces, battu le duc
d*Abrantès à la bataille de Yimpiro,
ceiui-ci sentit qu'il ne pourrait conser*
ver longtemps sa position , et envoya
aux -ennemis , pour tâcher d^obtenir
une capitulation honorable , le général
Kellermann , qui fut reçu par eux avec
la plus grande distinction, etj après
avoir conclu une suspension d'armes ,
arrêta les bases d'une convention qui ,
après de longs pourparlers , fut signée
ie 30 août, au ^village de Cintra. Les
principaux articles portaient que le^
troupes françaises évacueraient entiè-
rement le Portugal avec armes et ba-
gages , et seraient embarquées sur des
vaisseaux anglais qui les déposeraient
dans un port français, entre Roche-
fort et Lorient. Cette convention , dé-
sapprouvée en Angleterre, fut néan^-
moins religieusemekit exécutée. L'ar-
mée française, ramenée un mois après
en Espagne, prit une éclatante revan-
che à la Corogne , où elle força les An-
glais vaincus d'évacuer l'Espagne et de
chercher à leur tour un refuge sur
leurs vaisseaux.
CiOTAT (la) ,. petite ville maritime
de l'ancienne Provence, aujourd'hui
chef-lieu de canton du département des
Bouclies-du-Rhône, à 29 kilomètres de
Marseille. La Ciotat est bâtie sur l'em-
Ïilacement de l'ancienne Citharistes,
ondée par les Marseillais , environ un
siècle et demi avant l'ère chrétienne.
Les Romains y avaient une station
maritime qui est mentionnée dans l'Iti-
néraire d'Antonin, mais il n'en reste
plus aucun vestige. L'origine de la ville
actuelle remonte au siècle de Ray-
mond-Bérenger. Sa population s'ac-
crut insensiblement, de telle sorte
que , sous le règne de François !•', elle
s'élevait à 10,000 âmes. Mais la révo-
cation de redit de Nantes lui porta uh
coup dont elle ne se releva pas ; on n'y
compte plus aujourd'hui que 5,450 ha-
12,
180
CIP
L'UNIVERS.
CtR
bitants. Cette ville est la patrie de l'a-
miral Gantheaume.
CiPAYES ou Cypahis, troupes re-
crutées dans les Indes orientales,
parmi les indigènes , et destinées à la
défense de nos colonies asiatiques. Les
divers corps de cipayes doivent leur
origine à la Compagnie française des
Indes orientales , qui demanda et ob-
tint du gouvernement , au commence-
ment du dix-huitième siècle, l'autori-
sation d'entretenir à ses frais un corps
de troupes indigènes pour le service de
Pondicnéry et des comptoirs qui en
dépendaient. Ces troupes furent alors
constituées en six compagnies; elles
{)assèrent à la solde de l'État lors de
'abolition de la Compagnie des Indes,
et, en 1791 , on en lorma deux batail-
lons t|ue Ton assimila , quant à l'orga-
nisation, aux régiments français. Néan-
moins les officiers européens qui en
faisaient partie, commandaient tou-
jours les of&ciers indigènes, quel que
fût leur grade. Les cipayes, réduits
à un bataillon sous la restauration, ne
forment plus aujourd'hui que quelques
compagnies détachées.
Ctpierre ou Sipiebre (Philibert
de Marsilly, seigneur de) , né dans le
Maçonnais, dut aux Guises son éléva-
tion. Après avoir servi avec distinc-
tion sous Henri II , il fut nommé , à la
recommandation de ses. patrons , gou-
verneur du duc d'Orléans, depuis
Charles IX, qui le fit ensuite premier
gentilhomme de sa chambre, et loi
donna les gouvernements de l'Orléa-
nais et du Berri. Cipierre mourut à
Liése en 1566. « C'était, dit de Thou,
un homme de bien et un grand capi-
taine, qui n'avait rien de plus à coeur
que la gloire de son élève et la tran-
quillité de l'État. » Si Charles IX , sur
le trône , ne sembla pas suivre les le-
çons de son ancien gouverneur, ce fut,
selon Brantôme , parce que le maré-
chal de Retz lui fit oublier la bonne
nourriture que lui avait donnée le
brave Cipierre.
Cipierre (René de Savoie, plus
connu sous le nom de), fils de Claude
de Savoie , gouverneur et grand séné-
chal de Provence, embrassa sous Char-
les IX le parti des huguenots, fit des
levées en Provence par ordre du prince
de Condé, combattit avec Crussol d'A-
cier, Mouvans, Céreste, etc., et assista
à la prise de Nîmes et de Montpellier.
Sa conduite lui attira la haine de son
propre frère, le comte deSommerive.
Il revenait de Nice, où il était allé sa-
luer le duc de Savoie, son parent,
quand il fut assassiné dans Fréjus,
par un parti de ses ennemis , qui d'a-
bord lui avaient tendu, aux environi
de cette ville , une embuscade à laqueUi]
il avait échappé. On ne douta point]
que la cour et le comte de Sommern
n'eussent ordonné et préparé ce mt
tre, qui eut lieu en 1567.
Cirgéo (comtat de). — Voyez F]
SINONE.
CiRçoNYALLÀTiON (lignes de).
Ceinture défensive dont s'entoure
armée occupée au siège d'une pla<
et dont Tobjet est d'arrêter les secr*
qu'on chercherait à envoyer aux ai
gés. A cette enceinte sont quelqw
opposées des lignes de contrevallatk
destinées à protéger le camp contrai
garnison assiégée lorsqu'elle est
nombreuse. Les généraux de la
blique et de l'empire ont rarement
le teitips d'opposer* de pareils mi
de défense à des. ennemis contre'
quels on agissait bien mieux par
coups d'audace.. Cependant, au
de.Mantoue, le camp français
protégé par une ligne de circonvi
:tion , et un homme dont l'opinion
cette matière est d'un poids imme"
a dit : « Turenne, assiégeant la
pelle (*), dut la prise de cette
ses lignes de circonvallation , car
Juan s'en étant approché à une
de canon , les reconnut et n'osa
les attaquer. Cet exemple fut
Saint- Venant (**) ; la place fut
grâce à la circonvallation , en pi
de l'armée ennemie. Les exemptai^
cette espèce peuvent se compter
milliers dans les quinzième et sei^"^
siècles , chez toutes les nations
péennes, et cependant on demai
(*) En i656.
C*)En i(i57.
€IR
FRANCK.
€IR
181
((iioi servent les lignes de circonvalla-
tion; on les a discréditées ; il est posé en
principe qu'il n'en faut pas élever (*).»
CiBEY-LES • M àBEiLLES , ancienne
baronnie de Chanipagne (aujourd'hui
département de la Haute-Marne), à
Skil. de Chaumont en Bassignv, éri-
gée en marc|uisat vers le milieu du dix-
septième siècle.
CiBQUES et AMPHITHÉÂTRES. — Le
nom de cirque servait à désigner, chez
les anciens, un grand bâtiment de fi-
core, soit oblongue , soit ovale , où
m donnait des spectacles au peuple.
Cétait un édifice ayant quelque res-
lemblance, pour la forme et la desti-
nation, avec le stade des Grecs. Vers
le milieu de sa longueur se trouvait un
«ur d'environ 2 mètres de haut , sur
* double d'épaisseur, et dont la partie
périeure était ornée d'autels, de pe-
temples, d'obélisques et de statues,
massif s'appelait la spina. Le cir-
, entouré de murailles, était fermé
e de ses extrémités par les car-
ou barrières qui se trouvaient
t les portiques et les loges d'ani-
farouches, et d'où partaient ceux
mcouraient aux courses de che-
ou de chars. A l'extérieur, le cir-
était environné de colonnades, de
les, d'édifices et de boutiques de
5 sortes de marchands, et une
les jeux terminés , l'intérieur était
enté par les courtisanes et par
oisifs. Les jeux du cirque commen-
t en général par la course des
puis venaient les courses de
aux et les courses à pied , aux-
les succédaient les combats de
iateurs , qui plus tard furent ré-
pour l'amphithéâtre,
plupart des cirques , théâtres ou
itliéatres, construits dans les
les par les Romains , furent , à l'é-
ede l'invasion des barbares, trans-
en citadelles , et sur la plupart
voit encore de curieux vestiges de
transformation. Après la con-
, plusieurs de ces monuments
nrent des résidences royales. Dans
Iques villes , les portions souter-
0 Mémoires de Napoléon.
raines de ces monuments, et notam-
ment les caoeaR, où étaient renfer-
mées les bétes, furent cédées pour
servir de logements à In classe pauvre,
tandis que la classe riche élevait ses
maisons dans l'arène; de sorte que
l'emplacement des cirques devint sou-
vent un quartier ou un faubourg d'une
ville nouvelle.
Dans<|uelque8-unes de ces enceintes,
les rois de la première race, et sur-
tout Chilpéric et Chiidebert, donnèrent
quelquefois des jeux et des divertisse-
ments. « On distingue encore les res-
taurations grossières faites pour ap-
proprier ces colosses romains aux
pompes gallo-franques. Enfin, aux
quatorzième et quinzième siècles, lors-
aue les mystères sortis des églises et
des cimetières appelèrent à leurs re-
présentations la foule émerveillée , ce
fut de préférence sur ces débris encore
imposants que les confréries dressè-
rent leurs pieux échafauds. Quant à
ceux de ces monuments situés dans les
lieux déserts, et dont les hautes herbes,
les arbustes et les animaux sauvages
achevaient silencieusement la destruc-
tion, ils donnèrent le sujet d'une foule
de légendes populaires et de traditions
merveilleuses qui forment une partie in-
téressante de notre poésie nationale. »
M. Magnien , à qui nous avons em-
prunté le passage qu'on vient de lire ,
a publié, dans V Annuaire de la société
de Vhistoire de France pour Vannée
1840, une curieuse notice sur les cir-
ques , théâtres et amphithéâtres cons-
truits par les Romains dans les Gaules.
Nous en extrayons la liste suivante des
villes de France qui ont possédé autre-
fois un cirque ou un amphithéâtre :
Agen , un amphithéâtre ruiné.
Angers y ampnithéâtre.
Arles, un vaste amphithéâtre et un
cirque nouvellement découvert.
Autan, un grand amphithéâtre dé-
couvert dans le dernier siècle-, mais
aujourd'hui enseveli de nouveau sous
les décombres.
Bavç^, un amphithéâtre et un cir-
que.
Beauvais, un amphithéâtre détruit.
Besançon, un amphithéâtre depuis
182
CIR
L'UNIVERS.
CIR
longtemps détruit. Cet édifice servit,
au cinquième sjè0)e> de forteresse aux
Alains.
Béziers, un amphithéâtre ruiné par
Charles Martel. Il est taillé en partie
daQS le roc , ce qui est moins commun
pour les amphithéâtres que pour les
théâtres.
Sonnée (X40iret) > un amphithéâtre.
Bordeaux , un amphithéâtre ruiné,
vulgairement appelé le palaU GcUlien,
Cet édifice , 4ont on fit une forteresse
pendant les guerres civiles , fut démoli
en 1792, dans la crainte qu'il ne ser-
vît contre la ville.
Bourges, un amphithéâtre détruit,
appelé la Fo^se des arènes.
Cahors y un amphithéâtre très-dé-
gradé, vulgairement appelé les Ca-
durmes,
Chenevîère, près de Montargis , ua
amphithéâtre appelé \aFoss§aux lions,
découvert en 1608, quand on creusa
le canal de Briare.
DôlCj un amphithéâtre tout à fait
détruit.
Doué , un amphithéâtre formant un
octogone régulier, où Ton exécuta au
moyen âge diverses représentations. On
y joua notamment les Actes des apô-
tres, et des DtableHes au seizième
siècle.
FréjtiSy un amphithéâtre.
GraHy un ampnithéâtre ruiné, ap*
pelé château Julien*
levroux , un amphithéâtre presque
entièrement détruit ; un cirque.
Limoges y un très-grand amphi-
théâtre, imparfaitement déblayé.
Lisieux , un amphithéâtre.
Lyon, un amphithéâtre ruiné; peut-
être un cirque.
Le Mans , un amphithéâtre décou-
vert en 1791 , et enseveli de nouveau,
en 1831 , sous les décombres.
Metz, un amphithéâtre détruit.
Moyrano (Jura) , un amphithéâtre
ruiné.
Narbonne, un amphithéâtre ruiné.
Néris, un amphithéâtre.
Nîmes, un magnifique amphitfaéâ<*
tre, « si bien construit, dit /ii^dré du
« Chesne, que ny la fureur des Goths,
« ay les flammes d'Attila, ny l'indignité
« des Sarrasins, ny encore lesruinesde
» Charles Martel , ne Tont pu démaiH
d teler. » Parmi les diverses trai^for-
mations que cet édifice a subi^ , il
faut remarquer celle qui en a fait
longtemps un cimetière.
Orange y un amphithéâtre ruiné;
un cirque.
Orléans, un amphithéâtre ruiné;
bâti sur le penchant d'un coteau.
Paris y un cirque ou un amphithéâ-
tre, situé devant Tanoienne abbajw
de Saint-Victor , entièreinent détruit. ^
Suivant quelques antiquaires , le dos
des Arènes , mentionné dans uae
charte de 1284, ne se rapporte pal
^ un ouvrage des Romains, mais à as
cirque élevé par Chilpérie, qui, suivaii
Grégoire fie Tours, « fit construtfi
ft des cirques à Soissons et à Parig. t-,
Périgueuœ , un amphithéâtre ooq^
vellement fouillé.
Poitiers, un très-grand amphi
tre, nommé le palais GalUen. 11
tradition populaire a fait de cet édi'
la demeure de la fée Mélusine.
l'appelait, au seizième siècle, le
loiioire ou parloir, comme, dans
sieurs villes de l'Italie, au m
âge, on appelait l'ancien amphithé
parlaccio, .
Reims, un amphithéâtre roiné.
Rodez, un amphithéâtre dont
reste peu de vestiges.
Saint-Bertrand y un ampbi
douteux.
Saint-Michel de Tùwsh^ jptm
Toulouse, un très-petit ampbithi
Saintes, un vaste amphithé
qui, suivant quelques aittiquainie
servi de naumachie.
Saiumur, un amphithéâtre d
longtemps détruit , et sur li» w
duquel on jouait au t& siècle des
bleries et la Passion par pe
ges.
Sceaux près de Monêargu,
amphithéâtre ruiné.
Soissons, un amphithéâtre on
cirque entièrement détruit. (Yoy.
haut Paris,)
TînUniaCj près de TuUe, hb
phithéâtre.
rienne, un amphithéâtre en
CIT
FRANCE.
CIT
183
taillé dans le roc , et un cirque. (Voy.
J^^inifiGffli et TUBATRB.)
ÇisçLfjRs. — jjart du ciseleur,
c*est-a-dire ^ de celui qui taille, au
raoyeo d'un ciseau , une matière quel-
coDque, e$t, comipe l'indique cette
défioltioD, extréfuemeat vague; ji tient
à l'orfèvrerie , à la bronzerie , à la
sculpture, | la serrurerie d'oroemiBQts,
à la fonderie, enfin à toutes les bran-
ches d'industrie qui ipettent eu œii?re
les métaux. Cependant , en général , la
ciselure est regardée coname une j^riie
des beaux-arts.' Ainsi la ciselure pro-
PfenwQt dite , qui consiste à produire
00 relief eq repoussait une plaque de
iiétal ou en la creusant au burin , tou>
.che à la sculpture pt à Torfévrerie ;
am\ oe saurious-nouf citer ici qn
ciseleur célèbre que Fou i^e puisse
placer encore mieux à Tarticle orfè-
vrerie; les œuvres de ciselure ïes plus
nioarpables sont, en effet, des pièces
«orfèvrerie pour la plupart : ce «ont
:foretables , dps châsses , des v^ses en
r,en argent ou en cuivre , epriciiis de
yrerie^ et émaux ; ce sont ces ma-
'figues armures que l'on admire au
ée d'artillerie; etdepuis le seizième
les oeuvres des Cellini, des
des Germain, des Denière,
&fip3tein, etc.
OsTELLÂ. ( combat de ). — Au prin-
ps de l'aunée ^96, T^rmée des
wées orientales étendait ses lignes
u'à la Fiuvia (Catalogne). Lorsque
générai Périgaon eut été remplacé
leeommandemept par Schérer, le
rai Urrutja résolut de profiter de
rogatives que la constitution de TÉtat
reconnaît à certains individus regni-
coles , soit qu'ils tiennent ce droit de
leur naissance, soit qu'ils aient 9cconi-
pli pour l'acquérir certaines opnditipns
exigées par les lois,
Les citoyens sont ceu)( qui jouissent
du droit de cité.
Les prérogatives conférées par ce
droit se divisent en deux classes :
1"* celles qui ne peuvent être exercées
qu'en commun et collectivement,
comme l'élection des magistrats et le
vote des contributions et des lois , soit
directement, soit indirectement, par
des mandataires élus dans l'assemblée
des citoyens, etc.; 2» les prérogatives
qui s'exercent individuellement, telles
que le droit 4'être promu à des fone-
tipns publiques. Mais la qualité de ci-
toyen oblige aussi à des devoirs qui.
du moins, dans l'état actuel de notre
législation, ne sont pas toujours com-
pensés par ces prérogs^tives qui ii'exis-
tent réellement que pour un petit
nombre d'individus. Telle est, par
exemple, l'obligation de payer au pays
l'impôt du recrutement, impôt si lourd
pour le pauvre, et dont le riche par-
vient ri facilement à s'exempter.
Les mots citoyen et citoyenne,
substitués, en 1793, aux mots mon-
sieur et madame, furent employés
dans cette acception jusqu'au coup
d'État du iS brumaire. On en revint
alors à l'ancien usage, et Meptot le
titre de monseigneur fut lui-même
rétabli pour les grands dignitaires de
l'empire. Heureux pourtant si cet évé-
empire. ueureux pourtant
logement, et d'attaquer ^ur tout » nement ne nous ayait ramené que pela
ffifmi. J^ 9 mal , Vives, chargé d'en- de l'ancien régime. (Voye^ les articles
Assemblées PfiiMAiBBS , CP9STITU-
TION8, Q«0IT8 i>B 1.'P0MVB )iT BU
CITOYEN.)
CiTBAU^L, CUferpium, célèbre ab-
baye qui faisait partie au diocèse de
Cbâionssur-Saâne, et était située à SO
kil.de Dijon. Elle fut fondée par Ro?
bert,abbé de IKolesme, lequel, en 1098,
abandonna son abbaye, et se rendit,
avec 21 religieux, dans la forêt de
Citeaux, qui n'était alors qu'une
vaste solitude. Cette forêt leur fut
concédée, ainsi que les terres voi-
ia g^che de Çchérer, $e porta
1^ Àamp de Cistella , qui avait déjà
un tnég^re de combats lors des
ires de la montagne Noire, en nor
iV 1794. Jl enIPMta et poursuivit
trpupes qui l'occupaient, et brûla
les efteis de campement. Gepea-
il arriva api: fuyards des reniorts
pern^irent de prendre une éclatante
Jmrapcbe. Nos troupes rentrèrent dans
«ifurs ^sitions,
ÛTi (droit de). — C'est ainsi que
m DMaioe le droit d'oxereer les pré*
184
CIT
L'UNIVERS.
€IU
sînes, par Reynard, vioornte de
Beaune, et leur établissement, pro-
tégé par Eudes, duc de Bourgogne, et
par 1 évéque de Cbâlons, ne tarda pas
a devenir célèbre. Robert donna à ses
religieux la rèele de Saint-Benoît, et
bientôt leur réputation de ferveur et
d'austérité leur attira une foule de
novices. Ce fut sous Âlbéric, second
abbé de Cfteaux, que cette maison
commença à avoir des statuts particu-
liers. Sous le troisième abbé, Etienne,
la nouvelle abbaj^e, devenue trop nom-
breuse, fut obligée de détacher d'elle
plusieurs colonies , et en moins de trois
ans on vit s'élever les abbayes de la
Ferté, de Pontîgny, de Clairvaux et de
Morimond , que Ton nomma les quatre
filles de Cîteaux ; et comme ces filles
produisirent à leur tour un très-grand
nombre de communautés , elles eurent
le rang et la prérogative de maisons
chefs d'ordre, bien qu'elles demeuras-
sent toujours sous la direction de
Tabbé de Cîteaux. L'abbaye de Mo-
rimond posséda seule jusqu'à 700 bé-
néfices, et eut sous sa dépendance les
ordres militaires de Calatrava, d'Al-
cantara et de Montesa en Espagne, et
ceux de Christ et d'Avis en Portugal.
Mais la plus illustre de toutes les
communautés de l'ordre fut sans con-
tredit celle de Clairvaux, fondée en
1115 par saint Bernard. Lenombredes
moines de cette abbaye devint dans la
suite si considérable, qu'ils formèrent
la plus grande partie des établisse-
ments cisterciens, et que le nom de
BemarcUru, qui leur avait été donné
d'abord à eux seuls, passa plus tard
à tous les autres.
Le relâchement s'introduisit, vers la
fin du douzième siècle , dans l'ordre
de Dteaux , qui était possesseur d'im-
menses richesses. Jean de la Barrière ,
abbé de Notre-Dame des Feuillants,
près Toulouse, parvint, en 1577, après
de longs efforts, à opérer une réforme
parmi ses religieux. Cette réforme
donna naissance à la congrégation des
FeuiUarUs, qui s'étendirent ensuite en
Italie sous le nom de Botiardins ré-
formés. Toutefois, de toutes les réfor-
mes des cisterciens, la plus célèbre est
celle qui fut opérée ep 1664 par l'abbé
de Rancé. (Voyez Bernard^ Rangé,
Tbappe, Feuillants.)
De la maison de Cîteaux dépendaient
près de 800 monastères d'hommes et
environ autant de monastères de filles.
On a souvent appelé l'abbaye de Ctteaux
le mausolée des ducs de BourgognCf
et c'était avec raison , car tous les dacs
de la première race, à l'exception de
Robert P' et de Hugues I"% antérieurs
à la fondation de l'abbaye, y ont été
inhumés.
De Ctteaux-sont sortis, outre saint
Bernard, le personnage le pluseélèbre
de cet ordre, quatre papes et un grand
nombre de cardinaux.
Il reste encore aujourd'hui de cette
abbaye de magnifiques bâtiments , qui
dépendent de la commune de Gilly-lez-
Cîteaux.
CiTOLE , ancien instrument à cordes, .
qu'un passage du roman de la Rose dis*
tiogue formellement de la harpe :
Dieu merci . bien foi^ier say
si TOUS de oien qae plus dier ay
Mes deux martelets et lu'esdurpe
Que ma eitote ne ma harpe.
Les sons devaient en être bien douxi
puisque Guillaume Guiart, qui florii
sait en 1248, en parle en ces tei
dans ses vers :
Qae le roy de France à celle erre
Enveloppa si de paroles >
Plus douces que sons de citoles.
Ciudad-Real (combat de). —
duc de rinfantado ayant rallié
troupes après avoir été battu à U<
4B'était porté dans la Manche pour
vrîr et garder les défilés de la Si<
Morena , qui conduisent en AndaU
Il avait pris sur la Guadiana , aux
virons de Ciudad-Real , une forte
sition protégée par 20 pièces de cai
Le général Sébastian], qui avait
ordre d'occuper la province de
Manche, et de remplacer dans '
cantonnements les troupes du
chai Victor, qui s'étaient portées vi
le Portugal, ne voulut pas laisser
général ennemi le temps d'au^m
ses forces , qui s'élevaient déjà a ti
hommes, et de prendre une al
plus menaçante. En conséquenoe,
CIU
FRANCE.
CIV
185
s'avança sur lui , et Tattaqua le 27 mai
1809. Le général Milbaud, soutenu
par une division polonaise , commença
l'action en forçant le pont de la Guà-
diaoa, sous la protection d'une bat-
terie de 12 pièces. La rapidité et la
fermeté de ce mouvement étonnèrent
(Tabord les Espagnols; attaqués en-
suite avec impétuosité , ils furent cul*
butés et mis complètement en déroute.
1,500 restèrent sur le champ de ba-
taille; 4,000 furent faits prisonniers;
7 pièces de canon , 4 drapeaux et 25
caissons tombèrent au pouvoir des
vainqueurs. Les fuyards prirent la di-
rection d'Almagro ; le général Milbaud
les atteignit le lendemain, et en fit un
grand carnage. Le général espagnol
Gallos fut tué, et Tennemi perdit en-
core dans cette retraite 5 canons,
70 voitures et un grand nombre de
. prisonniers.
CiUDA.D-RoDfiiGO. — Cette ville du
royanine de Léon , qui nous fut en-
levée par les Portugais pendant notre
désastreuse guerre d'Espagne en 1706 ,
et reprise l'année suivante par le mar-
ps de Bai , fut le'théâtre de quelques
MMix faits d'armes pendant les guerres
*è l'empire. Au mois de septembre
i^, quelques semaines après la ba-
taille d'Almonacid, le général Mar-
chand battit, en avant de cette place,
un corps d'armée espagnol commandé
pr le duc d'el Parque. Au mois de
juin de l'année suivante, le prince
fEssIiog, ne pouvant faire sortir Wel-
lington de son système de temporisa-
it résolut d'investir Ciudad, que sa
position et sa force rendaient une
oeeilente place d'armes pour l'armée
<kstinée à marcher en Portugal. Elle
irait 5,000 hommes de garnison, «t
Tavant-garde anglaise, postée entr^
, i'Aguéda et la Coa , semblait disposée
àlasieeourir. Après six semaines d'es-
^aimiouches qui ne purent déterminer
)q alliés à sortir de leur camp, Nej
«pvrit enfin la tranchée. La place re-
iKta comme les villes espagnoles résis-
taient alors. Il fallut 25 jours de tra-
1^ poussés avec vigueur, ouvrir une
Mcbe et livrer un assaut pour faire
«déposer les armes à la garnison , qui se
rendit à discrétion (*), Au mois de
septembre 1811, Wellington investit
Ciudad. Le duc de Raguse, appelant à
son aide le général Dorsenne, avec le-
quel il opéra sa jonction à Tamanès ,
lui en fit lever précipitamment le siège ,
et se mit à sa poursuite. Mais au com-
mencement de la campagne de 1812,
profitant de l'éloignement de Mont-
Brun et de Dorsenne, le général an-
glais bloqua brusquement la ville où
commandait le général Barrié. Il poussa
les travaux avec vigueur, donna l'assaut
au bout de 9 jours de tranchée, et
s'empara de la place, où il laissa une
forte garnison espagnole. Cette opéra-
tion arrêta et paralysa complètement
l'armée française, qui avait tenté l'in-
vasion du Portugal.
Ci viLis. — Première tentative pour
former un empire gaulois. — Quarante-
sept ans après la mort d'Hermann , les
contrées voisines de l'embouchure du
Rhin , et qui n'avaient pu se soustraire
au joug ou à l'alliance onéreuse des
Romains , voulurent profiter des guer-
res civiles qui suivirent la mort de
Néron pour ressaisir leur indépen-
dance. Civilis fut pour les Bataves,
mais sur un plus petit théâtre, ce que
le chef des Chérusques avait été pour
les peuples du nord-ouest de la Ger-
manie.
Pendant que les troupes de Vespa-
sien et celles de Yitellius se livraient,
au milieu de Rome, des combats
acharnés, assiégeaient et brûlaient le
Capitoie, larnouvelle de plus en plus
accréditée d'un grand désastre en Ger-
manie était reçue à Rome sans y
répandre le deuil ; on parlait d'armées
romaines battues , de camps des légions
pris, des Gaules soulevées, comme de
choses indifférentes. Apprenons de
Tacite quelles furent les causes de ce
vaste embrasement.
«c Les Bataves, dit l'historien, tant
qu'ils demeurèrent au delà du Rhin,
firent partie des Cattes. Chassés par
une séaition domestique, ils occupèrent
l'extrémité alors inhabitée des côtes de
(*) Tableau des guerres de la révolution,
p. 393.
186
CÏV
L'UNIVERS.
CIV
la Gaule, et une île située entre les
lagunes et bijgnée en face par rOcéan,
des trois autres cptés par le Rhin.
Alliés des Rumainst , sans que la so-
ciété du plus fort les écrase de s^ pré-
pondérance, ils ne fournissent a 1 em-
pire que des hofnnf)0s et des armes.
Les guerres de Germanie avaient long-
temps exercé leur coulage; leur gloire
s'accrut en Bretagne , où Ton Qt passer
plusieurs de leurs cohortes, comin^n-
dées, selon Tusage de ce peuple-, par
le3 plus nobles de la nation. Le pays
entretenait en outre une cavalerie d^é-
lite, qui excellait à nagef avec ses
armei^ et ses chevaux , et qui traversait
le Rliin s^ns rompre ses escadrons.
a Julius Paulus et Claudius Civilis,
issus d'un sang royal « surpassaient en
illustration tous les autres Bataves.
Paqlus , accusé faussemept de révolte,
fut tué par Fontéius Gapito. Civilis fut
chargé de chaînes et envoyé à JNeron ;
absous par Galba, il courut un nou-
veau danger sousVitellius, dont Tar-
inée demandait sa mort. Telle fut la
cause de ses ressentiments. Son espoir
vint de nos malhejLirs. Civilis, plus
rusé que le commun des barbares , e^
qui se comparait aux Annibal et aux
Sertorius, par^e qu'il portait au visage
laxnéme cicatrice, ne voulut. pas at-
tirer sur lui les forces romaines par
une rébellion déclarée. Il feignit d'être
ami de Yespasien , et de prendra parti
dans nos querelles. I| e§t yrai qu'4i^"
topius Primus lui ^ypit ^rit de dé-
tourfier, par une fausse alarme, {es
secours que mandait Vitellius , et de
retenir no^ légions, en les naenaçant
des Germains. Hordéonius F)apcu$ lui
avait donné dp vive voix le même avis,
par inclination pour Yespasien et par
intérêt pour la république, dopt la
ruine était inévitable si la guerre ^^
renouvelait et que tant 4^ millier^
d'hommes armés inondassent rita)ie.
« Quand sa révolte fut décidée, Civi-
lis, tout en cachant des vues plus pf(h
&ndes, et résolq d'acconinioder se^
plan^ à la Jfortune , commença de la
sorte à remuer Tordre établi. Vitellius
avait ordonné des levées parmi lesBa-
tayes. Cette charge , 4éjà pesante en
elle-même, était aggravée par l'avarice
et la débauche des agents du pouvoir;
il^ enrôlaient des vieillards et des in-
firmes, pour en tirer une rançon et les
renvoyer. Dans ce pavs , les eofasts
sont généralement de haute taille; il$
enlevaient les plus beaux pour 4Hd{}-
mes plaisirs, Les esprits se soulevèrent,
et des hommes ^postés pour souffler
la révolte persuadèrent au peuple de
se refuser aux levées. Civilis, sous
prétexte de donner un festin , réunit
dans un bois sacré les principaux de la
motion , et les plus audacieux de la
multitude. »
Quand la nuit et la joie eurent
éphauffé les imaginations , il harangua
ses cpnvives^ célébrant d'abord l'ao*
cfenne gloire de la patrie, puis énumé-
rant tout ce qu'elle avait à souffrir
sous le jpug romain^ insultes, raptç,
brigandages : « On ne nous traite plus,
« comme autrefois, en alliés, s'écriait-
<( il , mais en esclaves ! Tantôt c'est le
« lieutenant qui arrive avec la ruiM
« de sofi cortège et l'inspiafiof de «es
« pommandements; tantôt ee sont lil
« préfets et les centurions qui vien^;
« nent se rassasier dp Qotre sang 4-
« de nos dépouilles; et alors il fai^ w
« nouvelles proies à de nou^eaiix ppr
« prej^seurs : le briganda^ fps^^
« menccso^s mille noms diyers.V<)|||-
« qu'^MJouri'liuî on q^ps éor^o m^
n (çore par le recrutement qui arraAt-
a le (ils à.son père, le frère à «on ifèrêt
<i et, pour ne pli|s se revoir, pour^ailt;
« jamais l'occasion fut-elle au$si bA^
<! pour reconquérir notre liberté? Jl? ^
A mais les Romains furent-iU; moioii-
«craindre? Leurs camps ^ t&mff'
« ment que du butin et des vieillaidf».
a Les Bataveg n'on|; qu'è lever Md^
« mept les yeux, et nç p^s sa fajr^ m-
« ^ppuv^ritail du mm 4é quelguii Ir
a gions imaginaires. ^^ po^séABM*
<i nous pas une infanterie et iiR^ ^Ht
« lerie exeellenties, et lé$ Ger^naioff jM
« sont-ils pas nP9 frère§? Les G#iltoilt
« d'ailleurs, conspirent pour dou9i #-
« jusqu'aux Eomaina ipéimes» à fH
<( cette guerre i^e déplaira pas. Yaiir
a ans, piQM& nQm en larnas v^ néRU
d auprès de Vesp^siaQ; ?<|iiiqiiMllt
J
CIV
FRANCE.
CIV
187
« qai viendra nous demander compte? »
Ces paroles furent accueillies avec
eQthoQsiasme. Çivilis lia tous les coo-
Yive$ par ee que la religion contenait
d'çf^agements terribles et de rites so-
lennels. Aussitôt il fit proposer aux
Ganinéfates de s'associer a Tentre-
prise-Ce peuple, qui habitait U partie
septantriqpale de l'ile , avait tout des
Bâtavejs, origine, langage, bravoure,
exeepté le qpmbret Ses a|;ents allèrent
i|ussi soiliqiter les auxiliaires des 'lé-
gions de Bretagne, ces cohortes bata-
m envoyées d'Italie par Vitellius, et
qui alors' se trouvaient à Mayence.
Parmi les Ganinéfates, il y avait un
homme appelé Brinio , fils d'un chef
qui avait longtemps bravé impunément
la puissance des empereurs. Brinio
était d'une bravoure éclatante ; mais
il n'avait pour lui que sa fougue et sa
brutale audace. De concert avec les
Frises, peuple d'au delà du Rhin, il se
jeta sur un camp de deux cohortes ,
Toisin de l'Océan. Les Romains ne S9
talent pas sur leurs gardes ; le camp
pris et pillé, et les cohortes disper-
lies. Les commandants des différents
firts, ne pouvant se défendre, y mirent
lifeu et se retirèrent.
CiviliB , dissimulant encore , feigfiit
IM grande colère contre Brinio , et
MiQa aigrennent les commandants
imnains a avoir abandonné les forts.
8 les exhorta à regagner chacun leqrs
eitnpements , et à se reposer sur lui
la sein de tout pacifier. « Ma cohorte,
? leur mandait'il , suffira pour étouf-
* fer la rébelliop. » Le piège était vi*
iible; les préfets romains sentirent
Se les cohorte^ éparses seraient plus
nlement écrasées. P'ailleurs , il»
eommepcaient à «'apercevoir que Bri<>
«io n'était que rinstrument, et Civilis
rime véritable de tous, ces troubles.
U secret de ses desseins perçait peu
è peu à travers les indiscrétions de la
ist^ belliqueuse des Germains. GIvilis,
▼oyaqt le peu de suci!ès de son arti-
St eut recours à la force. Se mettant
tête des Ganinéfates, des Frises et
fcs Bataves, il marche contre les Ro*
inalDs, leur débauche une cohorte de
Toogrês , qui passe de {son coté , et ,
après les avoir égorgés presque sans
résistance, consternes qu ils étaient de
cette trahison imprévue , j| s'empara
de la flotte qu'ils avaient sur le Rhiq.
Gette victoire , glorieuse pour le
moment, fut encore utile pour la suite:
elle donna ai|x Qpitav^s ^es armes et
une flotte , et la nouvelle en fut pro*
clamée avec éclat dans les Gaules et
dans la Germanie, où Givilis fut ce-
iébré comme un libérateur.
La Batavie était donc affranchie;
et Givilis , dévoilant ses grands des-
seins,tra vaillait à réunir dans une même
indépendance les Gaules et la Germa-
nie. Hordéonius , en fermant les yeux
sur ses premières tentatives, en avait
favorisé le succès; mais lorsque des
courriers lui eurent annoncé coup sur
coup que le camp était envahi, les co-
hortes détruites, le nom ropciain effacé
de l'Ile, inquiet et irrité, il ordonna à
Mummius Luperpus de marcher contre
Givilis. -Lupercus commandait uncamp
de deux légions; i) prit les légionnaire^
qu'il avait avec lui, les Ubiens, can-
tonnés près de là, la cavalerie trévire,
qui se trouvait un peu plus loin, et j|
passa le fleuve en diligence. Il avait
joint à sa troupe une division de ca-
valerie batave, depuis longtemps ga^
gnée, mais qui feignait de rester fidèle,
afin que sa défection ayant lieu SMr le
cbaipp de bataille , ei)t plu^ d'impor*
tance et d'édat.
Givilis s'envîrpnna des enseignes
romaines pour frappef les siens par
le spectacle de leur ^lojre, et l'ennemi
par le souvenir de sa défaite. J| r^nge^
derrière le corps de bataille sa mère ,
ses sœurs et toute la foule des femn^es
et des eqfants , comme un encourage-
ment a la victoire et up obstacle à la
fuite. Le chant d^s guerriers et les
hurlements des femmes retentirent
sur toute la ligqe et donnèrent le si?
gnal du cpmbat. Un second cri , piais
plus faible , partit ^es légions enne'-
mies, et décela leur découragement;
car leur aile gauche venait d'être misa^
à décoi^vert par la désertion de la ca-
valerie batave, qui s'était tournée aus*
sitôt contre el|e. Toutefois, en ce pé-
ril extrême, le soldat légiounaire gar-r
188
CIV
L'UNIVERS.
c:iv
dait ses armes et son rang; mais les
auxiliaires ubiens et trévires, se déban-
dant avant le prenaier choc, se disper-
sèrent dans la campagne. Les Ger-
mains s'acharnèrent sur eux , et les
lésions eurent le temps de repasser le
Rhin, et de gagner un de leurs forts
appelé Fêtera Castra , c'est-à-dire, le
Vieux-Camp , poste important par sa
position et par les travaux qu'Auguste
y avait fait exécuter.
Cependant les cohortes bataves ,
renvoyées par Vitellius d'Italie à
Mayence, avaient été de nouveau rap-
pelées par l'empereur au delà des Al-
pes : elles étaient en pleine marche,
lorsqu'un courrier de Civilis les attei-
gnit. Le chef insurgé leur annonçait
sa nouvelle victoire, et n'épargnait ni
exhortations ni promesses pour les en-
gager à embrasser la cause commune.
Elles se laissèrent persuader, et vin-
rent grossir les troupes victorieuses.
Par la jonction de ces deux vieilles co-
hortes, le chef batave se voyait une
armée régulière; toutefois, encore ir-
résolu, et songeant à la puissance des
Romains , il se borna à faire recon-
naître Vespasien par tous ceux qui
étaient avec lui , et envoya proposer
le même serment aux deux légions qui, *
repoussées à la première affaire, s'é-
taient retirées dans le Vieux-Camp. -
Elles répondirent « que les Romains
« ne prenaient pas conseil d'un traître
« et d'un ennemi; que VitelliUs était
« leur empereur, qu ils combattraient
« pour lui jusqu'au dernier soupir;
« qu'il convenait mal à un déserteur
« batave de s'ériger en arbitre de l'em-
« pire de Rome; qu'il n'avait à espé-
« rer de son crime qu'un juste châti-
« ment. » A cette réponse , Civilis ,
enflammé de courroux , entraîne aux
armes toute la nation batave; lesBruc-
tères et les Tenctères s'y Joignirent
aussitôt; et, avertie par de rapides
messagers, la Germanie accourt au
butin et à la gloire.
Pouf soutenir un choc si menaçant,
les commandants des deux légions de
Vetera en renforcèrent à la nâte les
retranchements. Civilis occupait le
centre de son armée avec l'élite des
Bataves. Il avait couvert les deux ri-
vages du Rhin de bandes germaniques,
tandis que sa cavalerie se déployait au
loin et battait la plaine, et que sa
flotte remontait le fleuve. Ici flottaient
les enseignes romaines des vieilles co-
hortes bataves ; là les étendards ger-
maniques et les simulacres d'animaux
sauvages , tirés du fond des bois con-
sacrés pour aller au combat. Ce mé-
lange de drapeaux, présentant l'aspect
d'une guerre à la fois étrangère et ci-
vile, frappa les assiégés de stupeur.
Les Bataves et les guerriers d'outre-
Rhin prirent chacun un poste séparé,
afin que leur vaillance, se déployant à
part , resplendît d'un plus vif éclat.
Toutefois , l'armée barbare n'avait
point, assez de machines de guerre
pour faire une ouverture dans les mu-
railles avant d'aller à l'assaut. Aussi,
lorsqu'ils se présentèrent pour assail-
lir les remparts , reçus par une grêle
de traits et de pierres, ils furent con-
traints de s'éloigner en frémissant;
n'ignorant pas d'ailleurs que la place
n'avait des vivres que pour peu de
jours , ils se décidèrent à forcer les
Romains par la famine.
D'un autre côté, la discorde affai-
blissait la seule armée romaine qui pât
dégager les légions de Vetera. Hor-
déonius, son chef, est massacré; Vo- '
culn , qui lui succède , subit le même
sort , malgré son courage et sa fer-
meté. En même temps, les soldats qd
la composent, dévoués à Vitellius,
apprennent que Vespasien, au nom
duquel Civilis prétend combattre, est
maître de l'empire. Des présages si-
nistres accompagnent cette nouvelle:
le Rhin, épuise par une sécheresse
inouïe dans ces contrées , n'est ploi
qu'un faible ruisseau, comme si les
barrières de l'empire voulaient s'abais-
ser elles-mêmes devant les barbares.
Le Capitole,ce palladium sacré auqael
sont attachées les destinées de Rome,
vient d'être dévoré par un incendie;
présage assuré , disaient les druides
par toute la Gaule, que la souverainew
du monde allait passer aux natiom
transalpines. Enfin, la grande prophé-
tesse des Germains avait prédit aox
c:iv
FRANCE.
civ
189
Bataves la défaite des légions. C'était
ooe jeune fille du pays des Bructères,
nommée Véléda ; invisible à tous les
yeux, elle restait le jour enfermée dans
une tour écartée, ne sortant que la
naît pour courir les bois et les bruyè-
res à la clarté des étoiles. Personne
oe pouvait arriver jusqu'à elle ; un de
ses parents était seul chargé ^e lui
apporter les messages et de recevoir
les oracles qu'elle rendait.
Bientôt Civilis put couper sa lon-
gue chevelure, qu'il avait laissée croî-
tre depuis le commencement de la
guerre; son vœu était accompli , sa
vengeance satisfaite : les Romains de
Vetera étaient venus lui demander la
vie. Réduits à ronger le bois et la ra-
eioe des plantes , arrachant l'herbe
qui pousse entre les pierres, il leur
fallut envoyer a Civilis une députation
suppliante. Civilis avait enGn jeté le
masque : effaçant de ses étendards le
nom de Vespasien , il y avait inscrit :
Empire gaulois, II espérait qu'à ce
oonj la Gaule tout entière vienarait se
joindre à lui pour reconquérir son in-
(iépendance. « Que les assiégés de Ve-
«tera, dit-il aux députés, suivent le
- «nouvel étendard, qu'ils prêtent ser-
« ment à l'empire gaulois, et les Ger-
« mains les recevront en frères. >» Il
fallut consentir à tout. Les Romains
.sortirent de la place; mais ils avaient
trop longtemps rendu impuissants les
.efforts de leurs ennemis pour avoir foi
<laos leurs promesses. A cinq milles
environ , les Germains s'élancèrent
d'une embuscade, et tombèrent à l'im-
proviste sur la colonne. Les plus intré-
pides furent tués sur la placé; beau-
coup périrent en fuyant; le reste re-
broussa chemin et se réfugia dans le
camp; les Germains y mirent le feu,
et tous ceux qui avafent survécu au
combat furent la proie des flammes.
On dit que Civilis, ayant armé son
fils, tout jeune encore, àe flèches et de
javelots proportionnés à son âge, lui
donna pour but les légionnaires pri-
sonniers. D'autres furent envoyés à
Véléda, peut-être pour d'horribles sa-
crifices. Civilis ne perdait aucune oc-
casion de gagner la faveur de la pro-
phétesse ; il avait de vastes projets. On
remarqua que ni lui, ni aucun de ses
Bataves, n'avait prêté serment à l'em-
pire gaulois. Il voulait rester libre,
{)our dominer à la fois la Germanie et
es Gaules. Mais déjà la fortune chan-
geait : les Gaulois , oubliant qu'ils ne
devaient chercher que leur indépen-
dance nationale, voulaient faire un
empereur. Sabinus , qui se disait des-
cendant de César, venait d'être pro-
clamé chez les Langrois. Les Rémois,
les Séquanes , voyant que la cause de
la Gaule devenait celle d'un homme,
refusèrent de prendre les armes. En
même temps, Vespasien, maître tran-
quille de l'empire^ envoyait une armée
nombreuse avec un général expéri-
menté. Sabinus fut défait par les Gau-
lois eux-mêmes avant l'arrivée du gé-
néral romain, et n'échappa qu'en se
réfugiant dans un souterrain, où il
vécut neuf années avec sa femme, la
belle et vertueuse Éponine. Civilis,
resté seul, marcha hardiment au-de-
vant des Romains, surprit le camp de
Céréalis , le força , mit en fuite la ca-
valerie , et aurait détruit Tarmée ro-
maine, si Céréalis, absent au moment
de l'attaque, n'était venu rétablir le
combat. La fortune de la journée chan-
gea. Les Germains reculèrent, et Civi-
lis, se voyant serré de tous côtés , fut
contraint de se réfugier dans l'île des
Bataves, après avoir soutenu, près de
Vetera, deux batailles contre Céréalis.
. La guerre se rapprochant des fron-
tières de la Germanie, de nombreux
guerriers vinrent se joindre à Civilis,
qui , profitant de la conQance témé-
raire de l'ennemi, faillit exterminer
l'armée romaine. Les Bataves avaient
remarqué que la garde se faisait avec
négligence dans le camp placé sur les
bords du W^haal ; ils choisirent* une
nuit sombre, et, s'abandonnant au
fil de l'eau, ils pénétrèrent, sans ren-
contrer d'obstacles, au milieu des re-
tranchements. Céréalis était absent; il
avait été passer la nuit ailleurs, dans
les bras d'une femme ubienne, nommée
Claudia Sacrata. Les Romains, sur-
pris sous leurs tentes , périrent en
grand nombre sous les coups desGer-
190
CIV
L'UNIVERS.
CIV
mains; en métne temps leut flotte
était surprise, etquana lejouf vint,
lés Bataves s'en retournèrent triom-
phants, traînant à leur suite les bâti->
ments qu'ils avaient pris, et la trirème
{)rétorienrte, qu'ils envoyèrent en pré-
sent à Véléda.
Ce fût le dernier suc(;ès de Civilis.
Prévoyant la victoire prochaine des
Komainà , il entama avec leur chef de
secrètes hégociations. Céréalis avait
lui-même envoyé porter des paroles de
paix à Véléda : il lui représenta que les
Germains n'avaient retiré de leur al-
liance avec Civilis que le massacre ou
la ftiite de leurs frères ; que s'ils con-
tinuaient , les torts et Tinsulte étant
d'un côté ; de Faùtre seraient la ven-
geance et les dieux.
Ces paroles flrent effet sur Véléda.
Les Germains une fois ébranlés , les
fiataves, réduits aux plus déplorables
extrémités , le ftirent bientôt à leur
tour. Civilis demanda lui-même une
entrevue au général romain, cher-
cha à excuser sa conduite , et , pour
prix de son humiliation, obtint la per-
mission de vivre tranquille' dans sa
ftâtrie. Les Bataves rentrèrent dans
eurs anciens rapports avec Rome, et
restèrent libres de tout tribut.
Ainsi se termina cette guerre qui
avait commencé d'une manière si me-
na(^ante pour Rome. Peut-être aurait-
Il été donné à Civilis d'y jouer le rôle
d'Hermann ; mais il ne sut point faire
une alliance solide avec les tribus
germaniques. Il préféra s'associer aux
Gaulois, qui, rompus au joug de Rome,
ne lui prêtèrent qu'une assistance par-
tielle. Les Germains , qui d'ailleurs
n'étalent point alors sérieusement
menacés, ne virent point dans ce chef,
combattant au nom d'un empire gau-
lois , un défenseur de l'Indépendance
germanique. Ils ne lui envoyèrent que
ceux de leurs guerriers qui, impatients
de repos, saisissaient toute occasion
de butiner et de combattre.
Civisme. — Ce mot , l'un de ceux
dont notre langue s^est enrichie de-
puis 1789, sert à exprimer en un seul
mot ce que Montesquieu appelait la
vertu politique. « Cette vertu, dit
notre grand publicîste (*), est un re-
noncement à soi-même; on peut fô
définir ran),(yurdes lois et de la patrie.
Cet amour demandant une préiérence
continuelle de rintérêt public au sien
jjropre, donne toutes les vertus parti-
culières: elles ne sont que cette préfé-
rence. Cet amour est singulièrement
affecté aux démocraties; dans elles
seules, le gouvernement est confiée
chaque citoyen. Or, le gouvernement
est comme toutes les choses du monde:
pour le conserver, il faut l'aimer. »
Pendant la révolution , on exigea de
tout homme qui. voulait prendre part
au maniement des affaires publiques, et
Occuper une fonction quelconque, un
certificat de civisme. Ce certificat, qui
devait être délivré par un corps admi-
nistratif légalement constitué, attes-
tait qu'en foute circonstance , la per-
sonne à qui il était accordé avait rem-
f)li tous les devoirs et satisfait à toutes
es obligations que la loi imposait à
chaque citoyen. Le certificat de ci-
visme n'était donc que l'attestation
d'un fait important à constater, sur-
tout à cette époque ,'où les chefs du
pouvoir exécutif, entourés de traîtres
3ui conspiraient la ruine de la France,
evaient être à chaque instant exposés
au danger de déposer dans des mains
ennemies une partie de l'autorité qui
leur avait été confiée.
Cependant, par une loi du 18 ther-
midor an m , les candidats aux fonc-
tions publiques ont été dispensés de la
nécessité de fournir un certificat de
civisme. On a seulement remplacé
celte utile formalité par l'obligation
du serment, obligation illusoire pour
les fripons , qui n a pu mettre un irem
aux turpitudes du Directoire, aux scan-
dales de 1814 et de 1815, et qui ne
nous a pas empêchés de voir plus d une
fois des hommes enrichis par la con-
trebande et aux dépens du trésor, ap-
pelés à diriger les finances de l'Ç^f**
Civita-Castellana (bataille de).--
Le général Mack venait de s'emparer
de Rome , et Championnet , ayant
laissé une garnison au château Saint-
ê
(*) Esprit des lois , liv. iv, ch. 5.
CIV
FRANCE.
CXA
191
Ange , était yetiu s'adosser aux tnôo-
tagnes, dans une position admirable.
C'était un triangle formé par le Tibre,
la Treia et une chaîne de collines qui
longe la route de Florence. Après quel-
ques jours d'indécision , Mack résolut
de s'avancer avec 40,000 hommes con-
tre la droite des Français , pour net-
toyer la route de Florence, enlever
Civita-Gastellana, et forcer le pont du
Borgbetto. Divisée en cinq colonnes ,
Tarmée napolitaine chercha à envelop-
{ler Tarmée française d'un réseau que
es manœuvres savantes de Champion-
net et la bravoure des chefs et des sol-
dats parvinrent heureusement à rom-
pre. Kellermann, commandant Tavant-
§ardé placée en avant de JNépi , mit en
éroUte , avec une poignée de braves,
la première eolonne , forte de 8,000
hommes. La seconde, qui s'était por-
tée sur Rignàno, fut arrêtée dans sa
marche par la quinzième demi-brigade
légère, aux ordres du chef de bataillon
Lahute. Celui-ci s'étant d'abord re-
plié sur le pont de Civita-Castellana, y
soutint pendant plusieurs heures le
choc de 8,000 ennemis , qu'il repoussa
enfin après leur avoir lait éprouver
une perte considérable. La troisième
colonne fut culbutée en se portant de
Fabrica sur Santa-Maria di Falori , et
lâeha pied au premier choc. Maurice
Mathieu défit la quatrième. £nflh la
dernière colonne , au bruit de ces dé-
sastres , Se hâta de repasser le Tibre
sans brûler une amorce. Mack, décon-
certé par sa déroute . s'établit à Cata-
lupo , fit passer le Tibre à une partie
de ses troupes , et forma des disposi-
tions pour attaquer le centre des po-
sitions françaises , où il croyait mieux
réussir. (4 décembre 1798.)"
CtviTELLÀ-DEL-TRONTO (prîse de).
— En décembre 1798 , le général Du-
hesmé , qui commandait la gauche de
Tairmée de Rome, envoya le général
Monnier faire le siège de Civiteïla-del-
Tronto. Cette forteresse , regardée
avec raison comme le boulevard des
Abruzzes , couronne le faîte d'une as-
sez haute montagne. Les fortifications,
bien revêtues et flanquées à chaque
angle, ne sont dominées d'aucun point
et protègent la tlilé , qu'entoure d'ail-
leurs un torrent très-profond. La place
fut investie le 7. Munie de douze pièces
en bronze du plus gros calibre , elle
ne manquait d'aucun des approvision-
nements nécessaires pour soutenir un
long siège; Néanmoins, la présence
du général Monnier intimida à tel
point la garnison napolitaine^ qu'a-
près dix-huit heures d investissement,
et quoique les Français n'eussent avec
eux aucune pièce de siège , le com-
mandant demanda de lui-même à par-
lementer, et se constitua prisonnier
de guerre.
CiviiAC, ancienne seigneurie du Ba-
zadois, aujourd'hui du département
de la Gironde, érigée en marquisat en
1047.
CiZE, notH de l'Une des contrées
dans lesquelles on divisait autrefois la
basse ISavarre. La vallée de Cize, dont
Saint-Jean-Pied-de-Port était la. capi-
tale, forme aujourd'hui l'arrondisse-
sement de cette ville , et fait partie du
département des Basses-Pyrénées.
Clacy ( combats de ). — Napoléon
avait résolu de tenter, le 9 mars 1814,
une attaque sur la ville de Laon , oc-
cupée par les Prussiens et les Russes.
Il fit donc, là veille au soir et dans la
nuit , marcher ses différents corps. A
la pointe du jour , on aperçut la posi-
tion des alliés : ils avaient 80,000
hommes en ligne, et leurs avant-posites
étaient aux villages de Clacy, Semilly ,
Ardon et Athies. Les Français , à la
faveur du brouillard qui cadiait leurs
mouvements , s'emparèrent de Semilly
et d'Ardon ; mais la possession de ces
postes ne cessa de leur être disputée ,
et leur coûta beaucoup de monde. Vers
quatre heures de l'après-midi , le gé-
néral Charpentier, qui, avec sa divi-
sion et celle du général Boyer de Ré-
beval , arrivait d'Êtouvclle , d'où il
avait le matin expulsé les Russes , re-
çut ordre d'essayer, de concert avec
les généraux Curial et Friant , un coup
de main sur Clacy. Curial fil tourner
la droite du village par 300 tirailleurs,
et Charpentier l'attaqua de front et de
flanc. La brigade Montmarie y entra
par le chemin de. Mons , s'en empara
192
€LA
L'UNIVERS.
c:la
de vive force , et fit prisonniers 7 of-
ficiers russes et 250 soldats. Le 10,
dès le jour, Blucher, jaloux de réparer
cet échec , dirigea sur Clacy les trois
divisions du corps de Woronsow et
les hussards du général Balck. Le gé-
néral français laissa arriver la colonne
d'infanterie jusqu'à une demi - portée
de canon, et alors il la mitrailla telle-
ment , qu'elle fut contrainte de cher-
cher un refuge dans le bois qui est à
gauche en avant du village. La cava-
lerie ne fut pas repoussée moins éner-
giquement, et six autres attaques de
l'ennemi , faites dans le courant de la
journée avec des troupes fraîches et
plus nombreuses, n'eurent pas un meil-
leur succès.
Glagenfcrth (prise de). — Après
les conobats de Tarvis et de Chiusa ,
trois divisions ayant traversé les gor-
ges qui conduisent de l'État véni-
tien dans le Tyrol , campèrent à Vil-
Inch. Masséna se mit en marche le
27 mars 1797. A une lieue de Cla-
genfurth, il rencontra l'armée autri-
chienne, la défit, entra dès le soir
dans la capitale deJa Carinthie, et vit
fuir devant lui les débris de l'armée du
prince Charles.
CjLAiR ou Clbr (S.), né au com-
mencement du règne de Clotaire II ,
sur les bords du Rhône, dans le vil-
lage qui porte aujourd'hui son nom ,
fut abbé du monastère de Saint-Mar-
cel de Vienne, en Dauphiné, le gou-
verna pendant vingt ans , et mourut
vers l'an 660, Sa vie, ouvrage d'un
anonyme , a été publiée par Mabillon
et Bôllandus.
Claib (S.),, prêtre et martyr du
neuvième siècle, naquit à Rochester,
passa ensuite dans les Gaules , et s'é-
tablit dans le Vexin , où il acquit bien-
tôt une haute réputation de vertu. Une
femme éprise de lui n'ayant pu lui
faire partager sa passion , s'en vengea
en payant deux meurtriers qui Fassas-
sinerent, vers l'an 894, dans un bourg
ç|ui porte son nom , et qui est célèbre
par le traité qui céda à RoUon la pro-
vince de Neustrie.
Clairag « Clariacum, jolie ville de
l'ancienne Guyenne , à 22 kil. de Mar-
mande, doit son origine à une célèbre
abbaye de l'ordre de Saint-Benott,'dont
la fondation remontait au huitième
siècle.
Gérard Rousselle, abbé de Ciairac ,
embrassa, en 1527, laireligion protes-
tante , et attira à sa nouvelle croyance
une partie des habitants de la ville.
Les capitaines catholiques Lavalette,
de Losse et Montferrand^, vinrent in-
vestir la place 'le 30 mai 1674 , et fu-
rent forcés de se retirer le 20 juin sui-
vant , après avoir donné deux assauts
inutiles. En 1621 , Louis XIII fit en
personne le siège de Ciairac; la ville
se rendit à discrétion après douze jours
de tranchée ouverte. Le roi imposa
aux habitants une contribution de
150,000 livres pour le rachat de leurs
biens , et fit pendre quatre des princi-
Kaux chefs ; mais l'année suivante, les
abitants firent main basse sur la gar-
nison catholique, et se rendirent de
nouveau maîtres de la place.
Claibaut (Alexis-Claude), né à Pa-
ris le 7 mai 1713 , partagea avec Euler
et d'Alembert l'honneur d'être regardé
comme l'un des successeurs immédiats
de Newton dans la découverte des lois
du système du monde. Son père , géo-
mètre distingué lui-même, et associé
de l'Académie de Berlin , dirigea de
bonne heure son esprit vers l'étude des
mathématiques. A douze ans , il pré-
senta à l'Académie des sciences un
mémoire remarquable , et à treize , il
était en état de tenir sa place dans
une société de savants et dWtistes ou
figuraient la Condamine, Noilet, Ju-
lien Leroi. En 1731 , il fut jugé digne
d'entrer à l'Académie ; mais comme il
n'avait que dix-huit ans . on fut oblige
de demander pour lui au roi une dis-
pense d'âge. 11 est le seul pour oui
cette formalité ait été nécessaire de-
puis rétablissement de l'Académie.
Ciairaut mourut à Paris le 17 mai
1765, âgé de cinquante - deux aûs
Bailly, quYavait été son élève, a rendu,
dans son Histoire de rastrmomie mo-
derne, un juste hommage à sa.mé-
moire. Le morceau qu'il lui a consacre
est un des plus éloquents qui soient
sortis de sa plume. Les ouvrages de
CLA
FRANCE.
CLA
193
Glairaut sont , outre un grand nombre
de mémoires publiés dans le recueil de
rAcadémie : Recherches sur les cour»
bes à double courbure^ 1731 , in -4°;
Éléments de géométrie, composés
pour madame du Châtelet , 1741 ,
in-8" ; Théorie de la figure de la terre,
4743, in-8* ; Élémeràs d'algèbre, 1 746,
in-8** ; Théorie de la lune y déduite du
seul principe de t attraction , in-4° ,
1752; Théorie du mouvement des co-
mètes, 1760, in-8°.Tous ses ouvrages
ont été plusieurs fois réimprimés ; les
Éléments de géométrie surtout , et les
Éléments d'algèbre, ont eu le plus
grand succès.
Glaibon ( Glaire-Hîppolyte Leyris
de la Toude) naquit, en 1723, à Samt-
Wanon, petite ville de la Flandre
française. On ignore le nom de son
père', et tout ce qu'on sait de sa nais-
sance , c'est que sa mère , accouchant
aa bout de sept mois de grossesse, en
temps de carnaval , Tenfant, qu'on n'a-
vait pas crue viable , fut baptisée par
un caré assisté de son vicaire , dégui-
sés, l'un en Gilles, et l'autre en Ar-
lequin, et qu'on avait eu grand' peine
à trouver , occupés quMIs étaient à se
divertir. Dès l'âge de douze ans, la vo-
cation de la grande tragédienne se ma-
nifesta : on 1 avait menée au spectacle,
et en rentrant elle déclara à sa mère
qu'elle serait actrice. Dévote et aca-
riâtre, celle-ci l'accabla de mauvais
traitements pour lui faire abandonner
une idée qu'elle considérait comme une
inspiration du diable ; tout fut inutile,
et la jeune fille lui dit un jour , avec
cette énergie indomptable qui est un
des signes des véritables vocations :
« Eh bien ! tuez-moi donc tout de suite,
« car sans cela je jouerai la comédie. »
Force fut enfin de céder , et mademoi-
selle Clairon , à peine âgée de treize
ans, débuta dans les rôles de soubrette
à la comédie italienne. Des tracasseries
de coulisse la forcèrent ensuite de quit-
ter ce théâtre , et elle alla à Rouen ,
où elle joua tous les rôles qui pou-
vaient convenir à son âge. De Rouen
elle se rendit au Havre , et c'ei»t pen-
dant ce voyage qu'un de ses camarades,
dont elle avait repoussé l'amour, pu-
blia pour se venger un pamphlet in-
fâme où il attaquait la jeune artiste
dans son talent et dans son honneur.
Du Havre , mademoiselle Clairon alla
à Gand , où elle fit partie d'une troupe
destinée à jouer la comédie devant 1^
tat- major d'une armée anglaise qui
menaçait alors la France; mais promp-
tement dégoûtée de vivre au milieu des
ennemis de son pays , elle échappa aux
Anglais , qui , devmant sa résolution ,
la s'Urveillaient activement , et elle ar-
riva à Dunkerque, où elle reçut un
ordre pour débuter à l'Opéra. Elle y
parut effectivement avec succès en
1743, et elle eût pu rester sur cette
scène, dont sa belle voix la rendait di-
gne , si un penchant irrésistible ne
Peut entraînée vers la muse tragique.
Elle obtint un ordre de début pour la
Comédie -Française; et celle qui jus-
gu«-là n'avait guère joué que les sou-
rettes, s'engagea pour les premiers
rôles tragiques. Elle joua Phèdre , et
la Comédie-Française, si riche en ta-
lents à cette époque , compta une
grande actrice de plus. Une discussion
du duc de Richelieu et des comédiens,
dans laquelle les derniers montrèrent
plus d'honneur que le maréchal , la fit
mettre en prison au FortVÉvêque en
1765. Elle n'y resta que cinq jours;
mais , outrée de rinjustice qu'on lui
avait faite, elle jura de ne plus repa-
raître sur la scène , et elle tint parole.
Mademoiselle Clairon avait alors qua-
rante-deux ans ; elle se retira près du
margravexI'Anspach, dont elle devint la
femme selon quelques-uns , la maî-
tresse selon d'autres. Elle y resta pen-
dant dix-sept ans , et revint ensuite à
Paris, où elle mourut le 18 janvier
1803, à l'âge de quatre-vingts ans.
Mademoiselle Clairon a fait faire un
pas immense à l'art dramatique : c'est
a elle que nous devons l'exactitude des
costumes et le langage naturel qui a
remplacé la diction notée dont nous
avons parlé à l'article Champmeslé.
On a d'elle un ouvrage authentique
ayant pour titre : Mémoires d'Hippo^
lyte Clairon y et réflexions sur l'art
dramatique. On y voit l'importance
et la dignité qu'avait à ses yeux la
T, Y. 13* lÂvraison. (Dict. engyglop., etc.)
13
1^
CXA
L'UNIVERS.
CliA
profession de comédien , professrion
qu'elle aima toute sa vie , et qu'elle sut
toujours faire respecter en sa per-
sonne.
Clairons, instruments à vent,
en cuivre jaune , et qui remplacent les
tambours dans les compagnies d'in-
fanterie légère et dans les compagnies
de voltigeurs de l'infanterie de ligne.
De toute antiquité on s'est servi
d'instruments de diverse nature pour
appeler les troupes , et leur indiquer ,
par des signaux convenus, les devoirs
a rempHr ou les mouvements à exé-
cuter. Il paraît qu'on employait autre-
fois à cet usage un instrument à vent
qu'on appelait clairon , et qui fut rem-
placé, en 1347, par la caisse de tam-
bour. (Voy. Tambour.) Depuis cette
époque, ce dernier instrument fut seul
en usage dans llnfanterie.
L'arrêté du 22 ventôse an xii et le
décret du 2* jour complémentaire an
XIII, portant création des compagnies
de voltigeurs dans chaque bataillon
d'infanterie légère et de ligne, affectè-
rent deux instruments militaires,au lieu
de tambours, à chaque compagnie de
voltigeurs. Ces instruments étaient de
petits cors de chasse auxquels on donna
le nom de cornet.
Après le licenciement de l'armée en
1815, et à l'organisation des légions
départementales , toutes les compa-
gnies d'infanterie indistinctement eu-
rent deux tambours; mais, par une
ordonnance du 18 décembre 1816,
on remplaça les tambours par deux
cornets dans les compagnies de vol-
tigeurs. Une décision royale du 12 no-
vembre 1819 supprima un des deux
tambours dans les compagnies de ca-
rabiniers et de chasseurs des bataillons
d'infanterie légère, et le remplaça aussi
par un cornet. Enfln, un emploi de
caporal -cornet fut créé par décision
ministérielle du 29 mars 1820.
Après un essai de quelques années ,
Texpérience ayant démontré que le
cornet était nuisible à la santé des hom-
mes qui s'en servaient , et présentait
d'ailleurs d'autres inconvénients pour
le service, une ordonnance du 22 mai
1822 prescrivit son remplacement par
un autre instrument qui prit le nom
de clairon. Toutefois , cet instrument
ne commença à être employé que vers
Fe commencement de Tannée 1828. Le
clairon ne donne que cinq.notes, mais
ces notes sont suf usantes pour l'exé-
cution des 26 sonneries adoptées par
les règlements. De ces 26 sonneries ,
quinze sont .affectées au service jour-
nalier des troupes, et 11 sont flus
particulièrement consacrées aux ma-
nœuvres des tirailleurs. Le son de cet
instrument a une très-grande portée,
et s'entend très-distinctement, même
au milieu du bruit des armes a feu.
Cette propriété a donné à M. Sudre
Fidée (l'appliquer au clahron la phono-
graphie^ ou langue musicale, au moyen
de laquelle des ordres assez compli-
qués peuvent être transmis à une très-
grande distance avec une célérité qui
approche de celle que Ton peut obtenir
avec le télégraphe. Des essais ont été
faits dans cebuten présence de différen-
tes commissions nommées par le gou-
vernement , et les résultats ont semblé
répondre à ce qu'on en attendait. Ce-
pendant il ne paraît pas que le gou-
vernement ait riep fait depuis pour
profiter de cette utile invention.
ClaiM-v^àI ( J. B.), célèbre acteur
de rOpérà^ Comique, né à Paris vers
1740, exerija d^abord la profession de
perruquier qui' lui donna l'accès des
coulisses et lui fournit ainsi le moyen
de reconnaître sa vocation. Mais ce
fut surtout à sa jolie figure , à la dis-
tinction de sa tournure et de ses ma-
nières que Clairval dut les succès qu'il*
remporta dans son emploi (Tamoureuœ.
Surnommé, pour ses bonnes fortunes ,
le Mole de la comédie italienne , il fut
l*un des principaux soutiens de la mu-
sique des Philidor , des Wonsigny et
des Grétry. Quand l'âge eut affaibli
ses moyens, on fit sur lui cette épi-
gramme :
Cet acteur miiiaudier et ce chanteur sans voix
Écorche les auteurs qu'il rasait aatrefns.
Il mourut en 1795.
Claïrvaux ( abbaye de ). — L'ab-
baye de Claïrvaux , chef de l'une des
plus importantes congrégations de
l'ordre de Cîteaux, fut fondée en 1114,
ÇL4
FEAKCE.
ChA
19a
p^ saint Bernard , aidé des libéralités
d'Hugues , comte de Cbampagne , qui
lui donna la vallée d'Absinthe avec
toutes ses dépeudauces ; cet établisse-
ment fut encore enrichi plus tard par
Tbibaut, cpQvte de Champagne, et par
les conoites <le Flandre. En peu d'an-
nées , Bernard fonda ou agrégea à son
abbaye soixante - seize monastères ,
dont trente-dnq seulement étaient en
France. £n 1181 , les religieux de
Clairvaux étaient si nombreux qu'on
fut obligé de leur construire un nou-
veau monastèr-e où , à la mort de saint
Bernard, vivaient sept cents moines.
A répoque de la suppression des
communautés religieuses, il y avait
encore à Clairvaux quarante religieux
de chœur, vingt frères oonvers, et un
grand nombre de domestiques. Le re-
venu de l'abbaye consistait à cette
époque en cent vingt mille livres de
rente , dont soixante-six mille seule-
ment en argent et le reste en nature.
Les murs de l'enclos du monastère
avaient près de deux mille mètres de
circonférence. Dans les caves du mo-
nastère se trouvait le fameux foudre
qui pouvait coiTtenir jusqu'à huit cents
tonneaux de vin.
De Clairvaux sont sortis un pape,
Eugène III, quinze cardinaux, et un
très-grand nombre d'archevêques et
évéques.
Depuis la révolution , les bâtiments
de l'abbaye de Clairvaux ont été con-
vertis en une maison centrale de dé-
tention , où l'on enferme aussi, depuis
queiquesajinées,des détenu s politiques.
Clairvaux dépend aujourd'hui ae la
connuune de Ville-sous-la Ferté , vil-
lage du département de l'Aube, dans
Farrondissement et à 14 kilom. de Bar-
sur-Aube. (Voy. Citeaux et saint
B^RNABD. )
Claiby, ancienne seigneurie de Pi-
cardie, aujourd'hui du département de
ja Somiîje, à 4 )iil. de Péronne, éri-
gée en comté en 1623, sous le nom
de Clairy-Créquû
Claixe (la) on la Clayette y an-
cienne baronnie de Bourgogne, au*
iourd'bui département, de Saône-et-
îoire , érigée en comté en 1730.
Clamegy , Clameciacum , petite
ville de l'ancien Nivernais, aujourd'hui
chef -lieu d'arrondissement du dépar-
tement de la Nièvre.
On ne sait rien de précis sur la fon-
dation de Clamecy, qui remonte à une
époque reculée. C'était autrefois une
place forte , et Ton voit encore quel-
ques vestiges de ses fortifications ; elle
a beaucoup souffert dans nos guerres
civiles et a soutenu plusieurs sièges.
Le château a été détruit lors des dis-
sensions des seigneurs de JNevers et
des ducs de Bourgogne. Un des fau-
bourgs de Clamecy, situé sur l'autre
rive de l'Yonne, était le siège d'un
évéché in partibus qui était à la no-
mination des ducs de Nevers , avec
l'agrément du roi , et qui a subsisté
jusqu'à la révolution.
Cette ville , patrie de Royer Piles et
de M. de Marchang}^, auteur de \àGaule
poétiquey était anciennement un chef-
lieu d'élection. Elle possède aujour-
d'hui des tribunaux de première ins-
tance et de commerce et une société
d'agriculture ; on y compte 5,539 ha-
bitants.
Clamenges ou Clémengis ( Ma-
thieu-Nicolas de ) , appelé en latin Cle-
magiics ou de Clemagiîs, du nom du
village de Clamenges en Champagne,
où il était né, remplissait, en 1393,
la çlace de recteur de l'académie de
Paris. Ce fut lui qui rédigea au nom
de la Sorbonne et présenta au roi , le
30 juin de l'année suivante, un Traité
dans lequel il exposait les moyens de
faire cesser le scnisme par l'interven-
tion de l'autorité royale. Il fut pendant
quelque temps secrétaire de l'antipape
Benoit XIII; mais ayant été soupçonné
d'avoir rédigé la bulle d'excommuni-
cation lancée contre Charles VI-, roi
de France, il fut forcé deux fois de
s'expatrier et passa plusieurs années
en Toscane. Ses lettres prouvent qu'il
rentra ensuite en France , (|u'il recou
vra ses bénéfices et qu'il vivait encore
en 1431 , au temps du concile de Bâle.
Le recueil des ouvrages de cet auteur,
qui a joui danç son temps d'une éton-
nante réputation , a été publié par Ly-
dius , Leyde , 1618 , in-4'>. Il renferme
13.
196
CLA
L'UNIVERS.
CLA
différents Traités sur des matières
ecclésiastiques , et des lettres adres-
sées à des prélats , à des cardinaux, et
à Henri , roi d'Angleterre.
Clameur de haro. (Yoy. Haro.)
Clamorgan (Jean de), seigneur
de Saane ou Saave, chef de la marine
du Ponant , servit pendant quarante-
cinq années dans la marine française,
sous François I", Henri II, François II
et Charles IX. Il avait composé, pour
en faire hommage à François I""*, une
Carte universelk, avec détermination
des longitudes et des latitudes , et un
Traité sur la construction des navires
et sur les navigations lointaines. Ces
ouvrages n'ont pas été publiés^ mais
on a de lui un Traité fort curieux de
la chasse au loup, dédié à Charles IX,
et conservé en manuscrit à la biblio-
thèque de Dresde.
Claparede ( le comte ) , lieutenant
général , pair de France, né à Gignac
(Hérault) en 1774, après avoir servi
en Italie ( an vu ) comme chef de ba-
taillon, et à Farmée du Rhin (an yiii)
comme adjudant-commandant, accom-
pagna le général Leclerc à Saint-Do-
mingue, et obtint^ dans cette funeste
campagne, plusieurs avantages impor-
tants sur les nègres. De retour en
France , après la mort du général en
chef de l'expédition, Claparede partit
pour l'expédition de la Dominique,
revint en France après la soumission
de cette colonie , et reçut le comman-
dement de la 1"*^ briga'de du ^^ corps
de la grande armée. A la tête de cette
brigade, il se distingua aux combats
de Wertingen , d'Ulm , d'Hollabrûn ,
aux batailles d'Austerlitz et d'Iéna.
A cette dernière bataille ce fut lui
qui , avec sa seule brigade , commença
l'attaque contre 8,000 Saxons et les
mit en déroute. Il se signala encore
au combat de Pulstuck, où il fut
blessé, ainsi qu'à toutes les affaires
qui eurent lieu en Pologne en 1807.
Après la bataille de Tilsitt, il fut
nommé général de di vison. En 1809 ,
eut lieu la brillante affaire d'Ebers-
berg, au passage de la Tramm, sur
laquelle le bulletin de la grande armée
s'exprime ainsi : « La division Clapa-
a
«
«
« rède seule, et n'ayant que quatre
« pièces de canon , lutta pendant trois
« heures contre 30,000 ennemis. Cette
« action d'Ebersberg est un des plus
« beaux faits d'armes dont l'histoire
« puisse conserver le souvenir. La di-
vision Claparede 's'est couverte de
gloire; le pont, la ville et la position
d'Ebersberg seront des monuments
durables de son courage ; le voya-
geur dira : C'est de cette superbe
position , de ce pont d'une si longue
« étendue , de ce château si fort par
«c sa situation, qu'une armée^de 30,000
« Autrichiens a été chassée par 7,000
« Français. » Claparede prit encore
une part glorieuse à la bataille d'Ess-
ling où il fut blessé de nouveau, à celle
de Wagram et au combat de Znaïm.
Après ta campagne , l'empereur le
nomma grand oftcier de la Légion
d'honneur. Après avoir servi avec
distinction en Espagne pendant deux
ans, Claparede reçut le commande-
ment en chef du corps polonais au
service de France , fit à la tête de ce
corps la campagne de Russie, et se
trouva à la bataille de la Moscowa et
au passage de la Bérésina , où il fut
encore blessé. En 1813, il fit partie
du corps d'observation de Mayence. Il
commandait la 3*^ subdivision de la
l'* division militaire, lorsque Napo-
léon débarqua au golfe Juan ; il resta
étranger aux événements des cent
jours, et, après la deuxième restau-
ration, il fut nommé inspecteur gé-
néral d'infanterie, gouverneur du châ-
teau royal de Strasbourg et pair de
France. Pendant la réaction de 1815
et de 1816, le général Claparede n'a pas
cessé d'user de l'influence (]ue lui don-
naient ses fonctions militaires à Paris,
pour adoucir le sort de ses anciens
frères d'armes persécutés par le mi-
nistre Clarke.
Clara d'Anduse , issue d'une fa-
mille illustre, qui possédait la sei-
§neurie d'Anduse, est mise au rang
es meilleurs troubadours du seizième
siècle. Il ne reste d'elle qu'une seule
f)ièce recueillie par Sainte-Palaye; et
'on voit, par ce petit ouvrage, que
Clara d'Anduse fut unie à un mari ja-
CLA
FRANGE.
CLA
197
ioux ; qu'elle finit par justifier sa ja-
lousie; que sa liaison secrète avec un
autre fut découverte ; qu'elle vit son
amant éloigné pour toujours par son
époux , et nit au désespoir de cette sé-
paration. Les vers dans lesquels elle a
. exprimé ses regrets, sa douleur et son
amour, semblent inspirés par une pas-
sion vive, et plaisent en outre par un
tour délicat et assez ingénieux.
Cl ABAG (Charles - Othon- Frédéric-
Jean-Baptiste , comte de) est né à Pa-
ris en 1777. Il roonCra de bonne heure
un goût prononcé pour les arts ; mais
en 1795, il fut appelé par son père à
Tarmée de Condé, et il y servit jusqu'à
la dissolution de cette armée. Il alla
ensuite en Italie où ses connaissances
en archéologie lui firent confier la di-
rection d'une partie des fouilles de
Pompéi. En 1814 il revint à Paris;
puis il alla étudier la nature vierge
dans les forêts de rAmérique. C'est
à ce voyage que nous devons la belle
gravure représentant une forêt du
BrésiL En 1818, M. de Clarac fut
nommé conservateur des antiques du
musée royaKdu Louvre, et, en 1838,
membre ae l'Académie des beaux-arts.
Il a publié : la Description des anti-
ques du musée rcfyal, commencée par
Ennio Quirino Visconti, Paris, 1820,
in-8 ; la Description des ouvrages de
la sculpture française des 16'. 17* et
18*" siècles y exposés dans les salles
de la gcUerîe dAngouléme , Paris ,
1823, m-8o; le Musée de sculpture
^antique et moderne ^ ou Description
de tout ce que le Louvre^ le Musée
roycU des antiques et le jardin des
Tuileries renferment en statues, bus-
tes, bas-reliefs, inscriptions, accom*
pagnée d^une Iconographie grecque
et romaine, et de plus de 1,200 sta-
tues antiques tirées des principaux
musées et de diverses collections de
l'Europe; magnifique ouvrage com-
mencé en 1825, et qui est sur le point
d'être achevé.
Clabion (J.) , né à Saint-Pont-Ie-
Seyne, département des Basses-Alpes,
pharmacien ordinaire du roi , eut de
bonne heure un goût très-prononcé
pour l'étude de la botanique. Il vint à
Paris à vingt et un ans étudier la mé-
decine, et, en 1803, soutint sa thèse
sur ï Analyse des végétaux en gêné'
rai, et sur ceUe de la rhubaroe en
particidier. Devenu clief du labora-
toire de chimie de l'école de médecine
et préparateur de Fourcroy, il donna,
dans le Journal de Médecine ^ plu-
sieurs Mémoires, parmi lesquels on
remarque ceux qui traitent de la cou-
leur jaune des ictériques et de Cana^
lyse d^s sucs gastriques. Nommé
professeur de botanique iQrs de la dis-
solution et de la réorganisation de la
Faculté, il a cessé, depuis 1830, de
faire partie du corps des professeurs ,
par suite de la nouvelle organisation
de l'école.
Clabke (Henri Jacques-Guillaume),
duc de Fèltre et maréchal de France,
né à Landrecies en 1765, entra à l'é-
cole militaire de Paris en 1781, fut
nommé sous-lieutenant en 1782 , et
capitaine ivî 1784. L'année suivante ,
il obtint le grade de chef d'escadron
dans le 2* régiment de cavalerie légère,
et bientôt après il re<^ut le commande-
ment de ce même régiment en rem-
placement de M. de Beaujeu , à la des-
titution duquel , dit-on , ses dénoncia-
tions n'avaient pas été étrangères.
Ce régiment faisait alors partie de l'ar-
mée de la Moselle ; à la première af-
faire , le nouveau colonel se montra si
mauvais soldat , jtX fit preuve de tant
d'impéritie, que, sans la bravoure et
l'intelligence des officiers, tout le ré-
giment était perdu. Chassé de l'armée
delà Moselle, il passa à l'armée du
Rhin , où il fut employé dans les bu-
reaux. L'aptitude qu'il montra pour les
travaux de cabinet lui fit accorder le
grade de général de brigade , et lui
valut d'être appelé par Carnot au co-
mité de salut public en qualité de chef
de bureau topographique. Il fut main-
tenu dans ces fonctions par le Direc-
toire, qui le nomma général de division,
et l'envoya en Italie pour surveiller le
général Bonaparte, que ses victoires
commençaient à rendre suspect au
pouvoir. "Le conquérant de l'Italie pé-
nétra la secrète mission de Clarke , et
le traita d'abord avec mépris ; mais
f9B
GLA
L'UmYERS.
CLA
reconnaissant bientôt le parti quMl
pourrait tirer de son surveillant en le
mettant dans ses intérêts , il eut le ta-
lent de gagner sa confiance et d'obte-
nir de lui les révélations qu'il désirait.
Cependant Clarke fat bientôt rappelé
par le Directoire, qui soupçonnait sa
trsÉiison ; mais Bonaparte lé retint , et
le fît assister au traité de Campo-For-
mio. Carnot, son protecteur, ayant été
exilé après le 18 fructidor, Clarke fut
mis en non-activité comme général, et
perdit sa place comme bureaucrate.
Mais cette disgrâce ne dura pas : le Di-
rectoire, en l'an vi, l'envoya comme
ambassadeur à la cour dé Turin. Il prit
une part très-active à la révolution du
18 brumaire, et le premier consul l'at-
tacha à son cabinet particulier. Après
la bataille de Marengo , il fut nommé
ministre plénipotentiaire près du roi
d'Étrurie; en 1805, gouverneur de
Vienne et grand officier de la Légion
d'honneur; en 1806, gouverneur d'Er-
furt et de Berlin; enfin, ministre de
la guerre en 1807, au retour de la
campagne de Prusse. C'est durant cette
administration, où Clarke se signala
par le dévouement le plus absolu aux
projets ambitieux et gigantesques de
son maître, qu'il reçut le titre de duc
de Feltre et le grano cordon de la Lé-
gion d'honneur. C'est aussi sous son
ministère qu'eut lieu la fameuse cons-
piration du général Mallet, qu'il n'eut
pas le talent de prévoir, mais qu'il sut
cruellement punir. En 1814, lorsque
Clarke vit T Europe entière conjurée
Contre Napoléon , il se mit en rapport
avec le marquis de Chabannes , agent
des Bourbons. Le duc de Rovigo le dé-
nonça comme traître à Napoléon; mais
l'empereur ne put croire à tant d'in-
gratitude, et lui laissa son portefeuille.
Il ne tarda pas à se repentir de son
incrédulité et de sa confiance. En effet,
au moment de l'invasion étrangère, la
France se trouva dépourvue de tous
moyens de défense ; tes places fortes
n'avaient pas le quart de leurs pièces
en batterie, et beaucoup manquaient
de chaînes pour faire jouer les ponts-
levls. Lors de la défense de Paris (30
mars 1814) « tout ce qui tenait au dé-
partement de la guerre M luit aveic
une mollesse inconcevable : les points
les plus importants ne furent point ar-
més ; les munitions de guerre restè-
rent dans les arsenaux y les Instructions
manquèrent aux troupes, les cartou-
ches à la garde nationale. C'est en ap-
{ prenant cette conduite du ministre de
a guerre que Napoléon , sur la route
de Fontainebleau , s'écriait : « Clarke
« est un vilain homme; on me l'avait
« bien dit; mais je n'aurais pas voulu
a le croire. » Il vovait alors , mais trop
tard,^u'un génie désorganisateur avait
conspiré avec les hordes du Nord con-
tre la fortune et l'indépendance de la
patrie. Clarke fut aussi servile sous les
Bourbons qu'il l'avait été sous Napo*
léon. A la chambre des pairs, dont il
avait été nommé membre le 4 juin 18M,
il ne craignit pas d'avouer que le roi
était le seul interprète des lois: Siveut
le roi, ajouta-t-il , si veut la loi. Quel-
ques Jours après le débarquement de
Napoléon au golfe Juan , il fut nommé
ministre de la guerre ; il fit des pro-
clamations, s'efforça d'enrôler quel-
ques troupes; mais le fugitif de i'ile
d'Elbe ne poursuivit pas moins sa
marcYie triomphale; et Clarke^ le 30
mars, s'empressa de quitter la capitale
et de passer à l'étranger. Il rentra en
France à la suite des armées coali-
sées, reçut le portefeuille de la guerre
après la chute du ministère Talleyrand.
Mais à peine eut-il pris place au conseil,
qu'il classa Tarmée par catégories,
proposa l'établissement des cours pré-
vôtales , fit poursuivre et fusiller une
foule de généraux couverts de gloire ,
surchargea le budget de la guerre,
tandis qu'il réduisait Taf mée a rien ,
et accabla d'injures, de mauvais trai-
tements, d'humiliations, de misère,
les anciens Officiers. Cette affreuse
persécution dura plus de deux ans, et
ce ne fut que vers la fin de 1817 que
l'armée fut délivrée de cet odieux mi-
nistre. Qui le croirait ? Cet homme ,
qui n'avait jamais vu un champ de ba-
taille, qui n'avait conquis ses grades
que dans les bureaux et par son dé-
vouement de courtisan, reçut, en place
de son portèfettillci le bâtOn de mare-
GUI
FRANCE.
CLA
199
dial de France ! Mais il ne jouit
pas longtemps de cette dernière fa-
veur : il mourut le 28 octobre 1818,
laissant une fortune de 8 millions.
LVpitapbe suivante, écrite au crayon,
fut trouvée sur son tombeau :
Ci-gît ClarLe, d'odiea$e mémoire,
ministre sans talent , et maréchal sans gloire.
Claude, né dans le midi de la
France, vers 1470, a eu l'honneur de
faire connaître à T Italie Tart de la
peinture sur verre. Jules II avait or-
donné au Bramante d'orner les fenê-
tres du Vatican de verres historiés.
. Bramante, qui avait admiré chez Fam-
bassadeur français un vitrail superbe ,
appela à Rome le peintre Claude, qui
vivait alors à Marseille et qui jouissait
d'une grande réputation. Claude amena
avec lui un de ses confrères, nommé
Guillaume , et tous deux exécutèrent
au Vatican plusieurs vitraux qui furent
détruits en 1527. Ils firent ensuite,
pour l'église de Santa Maria del Popolo,
deux verrières où ils représentèrent
l'histoire de la Vierge ; on peut encore
admirer ces beaux vitraux, dont les
Italiens disaient qu'ils étaient descen-
dus du ciel. Claude mourut peu de
temps après avoir terminé cet ouvrage,
et fut remplacé par Guillaume.
Claude (Jean) , l'un des plus célè-
bres ministres du culte réformé, naquit
en 1619 à la Sauvetat de Caumont,
dans l'Agenois. II dirigeait avec succès
l'école de théologie qu'il avait formée
à îiîmes , lorsque , accusé de mettre
obstacle a l'exécution d'un projet de
réunion des calvinistes et des catho-
liques, il fut frappé d'une interdiction
qui le força bientôt a quitter le Lan-
guedoc.-Attaché en 1656 au consis-
toire de Charenton , il eut , dans di-
verses polémiques religieuses , l'occa-
sion de mettre au grand jour les qualités
d'un esjprjt qui brillait autant par la
profondeur de l'érudition que par la
finesse de la dialectique. Claude fut
bientôt regardé comme Pâme de son
parti ; aussi , le jour même de la révo-
cation de redit de Nantes, reçut-il
l'ordre de partir dans les vingt-quatre
heures. Il se retira à la Haye près de
son fils , qui suivait , ainsi qu'il l'avait
fait lui-même, la vocation paternelle ,
et il y mourut au bout de deux ans.
La plupart de ses nombreux écrits de
controverse ont été imprimés à l'étran-
ger. Nous devons une mention parti-
culière à sa Défense de la réforma-
tion , en réponse au livre de Nicole ,
intitulé Préjugés légitimes contre les
calvinistes , et à sa version de la cé-
lèbre conférence qu'il eut avec Bossuet.
t'évêque de Meaux répliqua par une
sorte de défi , s'engageant à se faire
succ^sivement accorder par son ad-
versaire, dans une nouvelle rencontre,
tous les points qu'il lui refusait ; mais
celui-ci ne releva pas le gant.
Isaac^ son fils, né à Saint-Affrique,
en 1653, exerça d'abord le ministère
à Sedan , nuis accepta la direction de
l'église wallonne à la Haye, où il mou-
irut en 1695. C'est par ses soins que
parurent la plupart des œuvres de son
père.
Jean- Jacques y fils d'Isaac, né à la
Haye en 1684, commença dès l'âge de
quinze ans à écrire sur' diverses ma-
tières d'érudition profane; ses idées
s' étant plus tard tournées vers la reli-
gion , il embrassa la profession de
ministre et mourut pasteur de l'église
française à Londres, en 1712.
Claude de France, fille de
Louis XII et d'Anne de Bretagne,
naquit à Romorantin en 1499. Héri-
tière, du chef de sa'mère, du duché
de Bretagne , elle fïlt , tout enfant ,
recherchée en mariage par Charles
d'Autriche, auquel on l'aurait accordée
si la raison d'Etat , plus forte que les
sympathies de la reine , n'eût porté
Louis XII à la marier à François de
Valois, héritier présomptif de fa cou-
ronne de France. Fiancée, en 1506, 5
l'âge dé sept ans, Claude fut solennel-
lement mariée, en 1514, à Saint-Ger-
main en Laye. Elle apportait en dot à
son époux , outre le duché de Breta-
gne, les comtés de Blois, de Coucy,
deMontfort, d'Étampes, d'Ast, êtres
éternels droits au duché de Milan, qui
ont coûté à la France tant d'or et de
sang. Claude était loin d'être belle ;
mais elle était douée des qualités les
plus éminentes; les historiographes
200
CLA
L'UNIVERS.
GLÀ
du temps la célébraient comme une
sainte, le peuple Tadorait et l'appelait
la bonne reine. Le libertin François I"
fut lui-même touché de sa douceur et
de sa vertu, et pendant dix années que
dura leur mariage, il n'eut point de
maîtresse déclarée, et l'entoura cons-
tamment de soins et d'égards. Claude
mourut à Blois en 1524 , à l'âge de
vingt-cinq ans , ^près avoir donné ie
jour à sept enfants. Sa devise , dont
aucun historien n'a contesté la jus-
tesse , était une lune en plein avec ces
mots : Candida candidis,
Clàusel (Bertrand) , comte et ma-
réchal de France, est né à Mirepoix,
en 1772. Il s'enrôla comme volontaire
en 1791, et parvint rapidement au
grade de capitaine; il fît les campagnes
de 1794 et 1795 à l'armée des Pyré-
nées , passa ensuite à l'armée d'Italie ;
commanda une brigade dans la cam-
pagne de ] 799 , et fît partie de l'expé-
dition de Saint-Domingue. En 1802 ,
après la mort du général Leclerc , il
aida le général Rochambeau à sauver
les débris de l'armée , puis il revint
en France. Il fut nommé, en 1804,
commandant de la Légion d'honneur ,
et envoyé à l'armée du Nord avec le
grade Je général de division ; peu de
temps après il passa en Italie, et con-
tribua , en 1809 , à la conquête de
l'Autriche. Mais c'était en Espagne
3ue Clausel devait surtout s'illustrer :
ans les campagnes de 18 iO et de
1811, il soutmt tout le poids de- la
guerre terrible que les Espagnols fai-
saient aux armées françaises. En 1812,
il commanda en chef l'armée qu'avait
abandonnée le général Marmont griè-
vement blessé , et ce fut alors qu'il fît
cette brillante retraite, dite du Por-
tugal , comparée à la retraite de Ney
en Russie. Il rentra en France au mo-
ment où déjà les Bourbons avaient re-
paru. Louis XVIII le nomma grand-
croix de l'ordre de la Réunion et
chevalier de Saint-Louis , et , peu de
temps après , inspecteur général d'in-
fanterie et grand officier de la Légion
d'honneur. Lors du retour de l'île
d'Elbe, Clausel rejoignit le drapeau
tricolore , et reçut le commandement
d'une armée à la tête de laquelle il op*
{>osa , aux ennemis qui envahissaient
es départements du Midi , une éner-
gique résistance. Compris, après la
seconde restauration, dans 1 ordon-
nance du 24 juillet 1815, il fut déclaré
traître au roi et à la patrie, et forcé
de fuir aux Ëtats-Unis. Il revint ce-
pendant à la suite de l'amnistie de
1820; fut envoyé à la chambre des
députés par l'arrondissement de Re-
thel, en 1827 ; coopéra à la révolution
de juillet , et fut envoyé en Afrique
en qualité de gouverneur générai.
Rappelé en France en 1831, le général
Clausel reçut alors le bâton de maré-
chal, et fut de nouveau^ en 1832, en-
voyé dans l'Algérie ^ qu'il continua de
gouverner jusqu'eh 1836. A cette épo-
que , il commanda la première expédi-
tion de Constantine , où il éprouva un
échec, dont il doit être moins blâmé
que le ministère qui , en lui intimant
I ordre d'entrer en campagne, lui avait
refusé les renforts qu'il demandait.
De l'avis de tous les militaires, le ma-
réchal Clausel est peut-être l'homme
de guerre le plus habile que nous
ayons, et le seul qui soit en état de
commander dans une guerre sérieuse.
Clausel de Coussebgues (Jean-
Claude), député, né à Coussergues
(Aveyron), en 1765, était conseiller à
la cour des aides avant la révolution.
II fit partie de la première émigration,
et servit dans l'armée de Condé. Ren-
tré en France sous le consulat , il se
fit libraire et journaliste; les opinions
qu'il émettait dans sa feuille étaient
loin d'être hostiles au grand homme,
qui gouvernait alors la France. En
1808, il fut nommé membre du corps
législatif; en 1809, conseiller à la cour
impériale de Montpellier; en 1813 ,
pour la deuxième fois, membre du
corps législatif. Membre de la cham-
bre des députés pendant la première
et la deuxième restauration, il a cons-
tamment parlé et voté en faveur des
projets de loi contraires aux libertés
publiques. La liberté de la presse n'a
pas eu de plus violent adversaire , les
émigrés de plus chaud défenseur que
M. Clausel. En 1820 , il proposa de
CLA
FRANCE.
€LA
201
porter un acte d'accusation contre
M. Decazes, ministre de l'intérieur ,
comme complice de l'assassinat du
duc de Berry. Un mouvement d'indi-
gnation éclata aussitôt dans i'assem-
olée; on demanda le rappel à l'ordre;
on le traita de calomniateur^ et un
grand nombre de députés voulaient
même qu'il fût poursuivi. Depuis 1815,
il était conseiller à la cour de cassa-
tion.-
Clausen (combat de). Maître de la
ville de Botzen en Tyrol, après la dé-
faite du général Laudon, Joubert y
laissa seulement une force suffisante
pour observer le général autrichien
qui errait dans les montagnes, puis
marcha droit sur Clausen, petite ville
sur l'Ëisach , où Kerpen avait rallié
ses troupes battues à Saint-Michel.
Les Impériaux , profitant des moyens
de défense que leur offrait ce pays de
défilés, firent les meilleures aisposi-
tions. L'attaque fut vive et bien con-
certée, et le succès longtemps disputé;
enfin , Joubert essaya de faire tourner
l'ennemi par une brigade d'infanterie
légère qui gravit, après les plus gran-
des difficultés, des rochers escarpés
d'où elle fit rouler sur lui d'énormes
Ï terres; pendant ce temps il marchait
ui-méme contre le centre. Trop fai-
bles pour résister à cette double atta-
que, les Autrichiens se retirèrent alors
en désordre, laissant 1,500 hommes
tués ou prisonniers. Le lendemain
matin les Français entrèrent dans
Brixen.
Clayareàu (Nicolas-Marie), archi-
tecte des hospices civils de Paris, né
dans cette ville en 1757, mort à Arras
en 1815, a construit : le hideux por-
tail de l'Hôtel-Dieu de Paris ; l'école
de médecine clinique, rue des Saints-
Pères, et l'hôpital d'Arras, qui s'é-
croula peu de temps après sa cons-
truction.
Claveau (Antoine-Gilbert), avocat
à la cour royale de Paris, né à Châ-
teauroux, en 1788, a plaidé avec talent
dans une foule d'afraires remarqua-
bles, entre autres dans celle de Vépin*
gle noire, ainsi que dans celle des
aeux fourriers de la garde royale.
Desbans et Chayaux; il les assista jus-
qu'à l'heure de l'exécution; au mo-
ment où ils allaient être fusillés,
M. Claveau, les embrassant, leur dit :
« Adieu , mes amis , nous nous rever-
« rons dans l'autre monde. — Oui, ré-
« pondirent-ils, et, comme fourriers,
« nous allons préparer les logements. »
Dans le procès des pétards^ il plaida
pour Bouton. Sentant que le péril
était extrême, il eut recours à un vio-
lent moyen de défense. Il voulut tou-
cher et épouvanter. Après avoir déve-
loppé , avec autant de force que de
chaleur, les raisons légales, afin de
porter un coup terrible, il eut Pair d'a-
bandonner son client au sort qui l'at-
tendait ; et s'écria à plusieurs reprises : '
Frappez-le donc ! en faisant accompa-
gner chacune de ces exclamations du
récit d'un malheur. Enfin il ajouta :
a Son épouse est morte aujourd'hui,
« et c'est moi qui lui en ai porté la
« nouvelle; frappez-le donc) » Bou-
ton s'évanouit ; Je toutes les parties
de la salle, l'auditoire, ému de terreur
et de pitié, faisait entendre des san-
glots : il fallut interrompre la séance.
Le lendemain Bouton fut condamné à
mort, et M. Claveau suspendu de ses
fonctions pendant un mois. Il refusa
de présenter aucune défense pour lui-
même, mais il fit les démarches les
plus actives pour la victime qu'il avait
résolu d'arracher au bourreau; il
réussit encore, et, après plusieurs
commutations successives de peines,
l'infortuné Bouton fut mis en liberté
à l'époque du sacre.
Au commencement de 1827, sur la
prière du vénérable duc de liaroche-
foucauld-Liancourt , M. Claveau se
chargea de la défense des élèves de
Châlons, qu'il fît acquitter. Depuis il
est toujours resté parmi les premiers
avocats du barreau de Paris.
Claveysan, ancienne seigneurie du
Dauphiné^ aujourd'hui du départe-
ment de la Drome, érigée en marqui-
sat en 1658.
Clavier (E.), savant helléniste,
naquit à Lyon le 26 décembre 1762.
Il s'adonna de bonne heure à l'étude
de la jurisprudence, et, en 1788, il
202
ChA
L'UNIVERS.
CLA
obtint une charge de conseiller au
Châtelet. Après la' suppression de ce
tribunal^ il fut homme juge à la cour
de justice criminelle du département
de la Seine, où il siégea jusqu'en ISll,
et il déploya dans ses fonctions une
rare intégrité et un profond sentiment
de ses devoirs. Lorsque Moreau fut
traduit devant le tribunal de la Seine,.
on flt auprès de Clavier des démarches
pressantes pour obtenir la condamna-
tion à mort de Faccusé ; on promettait
qu'on lui ferait grâce : Et à nouSy qui
nous fera grâce ? s'écria Clavier in-
digné. Reçu en 1809 à la classe d'his-
toire et de littérature ancienne de
l'Institut, Clavier mourut en 1817. Il
avait eu pour gendre le célèbre Cou-
rier, et ne lui avait donné sa fille que
sur la promesse qu'il se ferait recevoir
à rinstitut ; on sait quel fut le résultat
des démarches de Paul-Louis. On doit
à Clavier : 1° OEuvres de Plutarque,
traduites par Amyoty avec des notes
et des observations, par MM. Brotier
et f^auvilliers, édition augmentée de
la version de divers traités et frag-
ments inédits de Plutarque, 1801-
1806, 25 vol. in-S**. L'éditeur, en n'al-
térant que très-peu le texte, a fait, dans
la traduction dAmyot, un grand nom-
bre de corrections indispensables;
2° Bibliothèque dApoUodore V Athé-
nien^ 1805, 2 vol. in-8°. Cette édition,
oui renferme le texte grec, une tra-
Quction française et de nombreuses
notes, n'est pas à l'abri de tout re-
proche , par suite des modifications que
Clavier a fait subir au texte. Les notes
sont intéressantes. 3° Histoire des
premiers temps de la Grèce, jusqu'à
l'expulsion des Pisistratides y 1809,
2 vol. in -8°, réimprimée en 1822, 3
. vol. in-8'*. Malgré les nombreuses et
savantes recherches auxquelles Clavier
s'était livré pour cet ouvrage, l'his-
toire des premiers temps delà Grèce,
on peut le dire, restait encore à
faire après lui. 4° Description de
la Grèce de Pausanias, traduction
nouvelle avec le texte grec, Paris,
1814-1824, 6 vol. in-8°; les quatre
derniers volumes ont été revus et pu-
bliés par Coraî et Courier. Côt ouvrage
est, sans contredit, le meilleur de
Clavier; auquel on doit en outre des
éditions de l Exposition de la doctrine
de réalise gauicane par Dumarsais ;
des tioertés de l'église gallicane par
Pithou, et un assez grand nombre de
mémoires lus à l'Institiit et imprimés
dans le recueil de l'Académie des
inscriptions.
CLAviÈaE (Emile), né à Genève en
1735, vint se fixer à Paris, pour se
soustraire aux poursuites que ses opi-
nions lui avaient attirées lors des dis-,
sensions intestines qui agitaient sa
ville natale. Plein d'habileté et d'au-
dace dans les opérations financières, il
contribua à étendre les mouvements de
la bourse , et ce fut peu^être lui qui
réveilla en France cet esprit d'agiotage
qui déjà , sous Law , avait causé tant
de maux. Il avait amassé une fortune
assez considérable, lorsqu'il se lança
avec ardeur dans la carrière de la rè»
volution. Membre zélé de la société
des amis des noirs, doué d'un esorit
actif, mais irascible et opiniâtre, ii se
fit bientôt remarquer par sa haine con-
tre la cour, et par une critique amère
des plans de son compatriote Necker.
Brissot, de concert avec les jacobins,
le fit porter, en mars 1792, au minis-
tère des finances, ou contributions pu-
bliques^ et, lorsqu'au mois de juin le
roi lui reprit son portefeuille , l'as-
semblée législative déclara, par un dé>
cret, qu'il emportait l'estime et les re-
grets de la nation. Après la sanglante
journée du 10 août, les girondins, de-
venus tout-puissants, réclamèrent et
obtinrent la réintégration de leurs
amis Rolland et Clavière. Aussi Cla-
vière^ partageant les destinées de sa
faction, se trouva-t-il ensuite compris
dans toutes les accusations qui furent
dirigées contre elle. Décrété d'arresta-
tion avec son collègue Lebrun, sur la
proposition de Couthôn, il fut traduit
au tribunal révolutionnaire, dont il pré-
vint la sentence en se tuant dans sa pri-
son, le 8 décembre 1793. Après s'etré
entretenu avec d'autres détenus sur la
manière la plus prompte de mourir, il
avait marqué, avec la pointe de son
couteau, la place oil il devait f rappelai
CftÉ
FRANGE.
CLÉ
306
Attiâ il s'était retiré àsm m chambre.
Le Jendemain on le trouva étendu sur
son lit 4 ayant son couteau enfoneé
éans le cœur.
Clbmbtigb SB HONGBIB, fille de
Charles Martel, roi de Hongrie, épousa,
en 191^, le roi deFranee, Louis X, sur-
nomnoé le HuUn. Ce monarque avait,
pour contracter ce nouveau naariage, ré-
pifdié sa première femme, Marguerite de
Bourgogne, et, comme cette princesse
mourut au moment où Gléoienee ve-
nait d'arriver en France, de vagues
soupçons d'empoisonnement pesèrent
sur ia nouvaile reine. Au bout d'un
an , Louis X meurt subitement à son
tour, et les mêmes soupçons se repré-
sentent , mais sans plus de certitude ,
et pour cette fois du moins, la reine
n'avait nul intérêt à cette mort.
Clémence était enceinte; on atten-
dit son accouchement pour nommer
un roi, et elle donna le jour à un fils
qui dut succéder à son père, mais qui
ne vécut que six jours, et auquel son
oncle, Philippe le Long, succéda à son
tour. Clémence, qu'aucun intérêt ne
retenait plus en France, y resta ce-
pendant, livrée tout entière à des actes
de piété et de charité qui furent peut-
être considérés par elle comme une
expiation. Quoi au'il en soit, elle fut
entourée d égards et de considération
pendant les douze années qu'elle sur-
vécut à son fils. Elle mourut en 1328.
Clémence Isaube. (Voyez Jeux
FLORAUX.)
Cléhencet (dom Charles), béné-
dictin de la congrégation de Saint-
Maur, né en 1703, mort en 1778, fut
chargé, avec Durand, de la continua-
tion des />ecréto/é5 (ies papes, et d'au-
tres travaux historiques. On a de lui
t/frt de vérifier les dates, etc., Paris,
1750, in-40, ouvrage conçu et impar-
faitement exécuté par Dantine, refait
par ciémencet, et heureusement revu
et terminé par dom Clément (voy. ce
nom) 5 une Histoire générale de Port-
Royal, Amsterdam (Paris), 17j^5-56,
10 vol. inlS, et les vol. 10 et 11 de
VtHstoiri littéraire de la France;
Œuvres de saint Grégoire, 1. 1, 1778.
Clémeivo^. Voyez Clamenges.
CLte«HT IV (Grtjîdo-Fvleoéi, ou
Guy-Foulques ou Fouquet), élu pape en
1266 pour succédera Urbain IV, était
né à Saint-Gilles et avait été successi-
vement militaire^ jurisconsulte^ secré-
taire de Louis IX, marjé, père de fa-
mille, veuf, prêtre, évéque do Puy,
archevêque de Narbonpe et cardinal.
Son élévation, qu'il devait à la protec-
tion du roi de France, ne changea rien
à la simplicité de ses nnieurs, et n'al-
téra point la reconm^issance qu'il avait
vouée à Louis IX. Il mit, par la prag-
matique sanction , un terme aux dif-
férends qui régnaient entre les cours
de Rome et de France. J^ insi-
nuations de Clément déterminèrent
Louis IX à une nouvelle croisade;
toutefois le pape lui conseillait de ne
point quitter la France. On a accusé
ee pontife d'avoh* conseillé le supplice
dp jeune Conradin, compétiteur de
Charles d'Anjou au royaume de Naples;
mais cetie assertion ne repose sur au-
cune preuve. Il mourut en 1268 à
Viterbe.
Clément V, élu pape en 1305, en
remplacement de Benoît .XI, por-
tait, avant son élévation, le nom de
Bertrand de Goth, Né à Villandreau,
dans le diocèse de Bordeaux, il fut suc-
cessivement créé évéque de Commin-
ges et archevêque de Bordeaux par le
pape Boniface VIII. Il passait pour une
des créatures de ce pontife, et cepen-
dant Philippe le Bel proûta de l'in-
fluence qu il avait sur les cardinaux
pour le faire élire; ipais ce prince n'i-
gnorait pas la convoitise du prélat
gascon., et avant de lui promettre sa
puissante intervention il avait exigé
des garanties. Suivant le récit quelque
f)eu romanesque de Villani, le roi et
'archevêque se seraient rencontrés
dans la forêt de Saint- Jean d'Angély,
à moitié chemin entre Paris et Bor-
deaux, et là se serait fait ce pacte cé-
lèbre qui mit la papauté sous la dépen-
dance de ia couronne de France.
Philippe le Bel voulut d'abord être ré-
concilié avec l'Église, ainsi que tous
Cîux qui avaient pris part à l'attentat
d' Anagni. La mémoire de Boniface VIII
devait être flétrie; le pontife promet-
904
CL^
L'UNIVERS.
GLÉ
tait en outre de fixer sa résidence à
Avignon ; désornriais Rome ne devait
plus être ia capitale du monde chré-
tien. Il y avait enfin une dernière con-
dition, mais qui demeura secrète, et
que Philippe le Bel se réservait de faire
connaître quand les temps seraient
venus ; c'était l'abolition de Tordre du
Temple.
Bertrand de Goth consentit à tout
et fut élu pape sous le nom de Clé-
ment Y. Il fut couronné à Lyon (1305),
et fixa sa résidence à Avignon (1309),
au grand étonnement de la chrétienté.
Alors commença cette captivité de la
papauté €|ui amena le grand schisme,
et par suite la réforme de Luther. Clé-
ment y, menacé d'être traité plus du-
rement que ne l'avait été BonifaceVIII,
obéit en tremblant à tous les ordres
qu'il reçut du roi de France qui le te-
nait sous sa main. Il révoqua les bulles
Clericis laïcos et Unam sanctam que
Boniface VIII avait lancées contre
Philippe le Bel ; il entendit des milliers
de témoins qui vinrent déposer contre
la mémoire de ce pontife, et si le roi
lui permit plus tard de mettre fin à
cette procédure odieuse, la mémoire
de Boniface VIII n'en resta pas moins
flétrie. Enfin, il consentit aux pour-
suites que Philippe le Bel dirigea con-
tre les chevaliers de l'ordre du Temple,
et il prononça la suppression de Tor-
dre au concile de Vienne (1311), en
présence des évéques consternés. Le
grand maître Jacques, en montant sur
son bâcher, le cita à comparaître de-
vant le jugement de Dieu ; et il mou-
rut en effet l'année même du -supplice
du grand maître (1314).
Clément VI, élu pape en rem-
placement de Benoît XII, s'appelait
auparavant Pierre Roger ^ et était
originaire du Limousin. Il fut succes-
sivement abbé de Fécamp, évéque
d'Arras, archevêque de Rouen, car-
dinal et proviseur de Sorbonne , et fut
élu pape en 1342. Ce fut lui qui, par
contrat du 9 juin 1348, acheta de la
reine Jeanne de Naples la souveraineté
d'Avignon , moyennant une somme de
80,000 florins qu'il ne paya jamais.
Son séjour dans cette ville causa de
nouveaux troubles dans Rome qu'agi-
tait la faction de Rienzi. Clément VI
prétendait que ses prédécesseurs n'a-
vaient pas su être papes ; aussi fit-il
tous ses efforts pour se mettre à l'abri
d'un semblable reproche ; il mit tout
en œuvre pour étendre son pouvoir
temporel. Villani l'accuse de cupidité,
d'impureté, d'orgueil, tandis que Pé-
trarque , jugeant plutôt en poète qu'en
historien, loue sa générosité et ses
lumières. Clément VI mourut à Ville-
neuve-d'Avignon en 1352.
Clément (dom François) , religieux
bénédictin de la congrégation de Saint-
Maur, naquit en 1714 à Bèze, près de
Dijon , et prononça ses vœux à l'ab-
baye de Vendôme*, le 31 août 1731.
Passionné pour l'étude, il s'v livra
avec un tel emportement qu'à l'âge de
vingt-cinq ans le délabrement complet
de sa santé le força de quitter ses li-
vres , qu'il ne reprit sérieusement que
vingt ans après. Ce fut alors que ses
supérieurs lui confièrent la continua-
tion de V Histoire littéraire de France,
Dom Clément en acheva le onzième
volume, rédigea entièrement le dou-
zième, et classait les matériaux qui
devaient entrer dans la composition
du suivant, lorsque sa congrégation
le chargea de continuer le Recueil des
historiens de France^ en remplace-
ment de dom Poirier , qui , avec dom
Précieux et dom Etienne Housseau,
se retirait de l'entreprise , après avoir
publié deux volumes. Le savant et
consciencieux écrivain , aidé de dom
Brial , publia le douzième et le trei-
zième volume de cette précieuse col-
lection , dont il laissa la continuation
à son collaborateur, pour donner une
nouvelle édition de Y Art de vérifier
les dates. Cette édition parut en 1770
et obtint un«grand succès ; mais l'au-
teur était loin d'en être aussi satisfait
que le public ; il se mit à l'œuvre dans
rintention d'en publier une troisième,
et , après treize ans d'un travail sans
relâche , il donna au public le premier
volume, en 1783, le second, en 1784,
le troisième en 1787, et conduisit ainsi
à bonne fin le plus beau monument
d'érudition du dix- huitième siècle.
€L^
FRANCE.
CLE
205
1)om Clément faisait partie d'une
commission chargée par le roi de re-
cueillir et de publier les diplômes,
chartes, et autres actes relatifs à
notre histoire; il était de plus associé
libre résidant de TAcadémie des ins-
criptions et belles-lettres, lorsque la
révolution le força de quitter sa retraite
studieuse et chérie. Ayant trouvé un
asile et des soins chez son neveu , M.
Duboy-Laverne , directeur de Timpri-
merie' nationale , il reprit la suite de
ses travaux avec autant de confiance
et d'ardeur que si les temps eussent
été aussi tranquilles qu'autrefois , et
prépara des matériaux pour Vy4rt de
vérifier les dates aimnt Jésus-Christ,
La première partie de ce nouvel ouvrage
était rédigée , la seconde fort avancée,
lorsqu'une attaque d'apoplexie le frappa
de mort le 29 mars 1793. Ses manus-
crits sont restés en partie entre les
mainsde M. Duboy-Laverne, son petit-
neveu , et en partie entre celles de dom
Brial.
Clément (Jacques), assassin du roi
Henri III , était natif de Sorbonne, au
diocèse de Sens. Le roi de France et
le roi de Navarre s'étaient rapprochés
et assiégeaient ensemble Paris; cette
réconciliation avait frappé la ligue de
terreur. Le duc de Mayenne, la Châtre,
Villeroi, et les autres principaux li-
gueurs, étaient réunis et délibéraient
sur les moyens de se défaire de Henri
III, lorsque Bourgoing, prieur des ja-
cobins de Paris , se présenta à eux et
leur offrit le bras d'un de ses moines,
qu'on était parvenu à décider à tuer le
roi; c'était Jacques Clément. Pour
exalter ce misérable, qui était à la fois
jeune, ardent, libertin, dévot et vision-
naire, on avait eu recours, dit-on, à
toutes sortes de manœuvres. Pendant
Jft jour, on ne cessait de présenter à
son imitation l'exemple de Judith dé-
livrant sa patrie par le meurtre d'Ho-
lopherne ; pendant la nuit , ses supé-
rieurs se présentaient à lui sous la
forme de fantômes, et, lui parlant dans
l'obscurité, troublaient sa tête déjà
échauffée par le jeûne et la supersti-
tion; si bien que le malheureux était
convaincu qu'un ange lui était apparu,
lui présentant une épée nue, et lui or-
donnant de tuer le tyran. Des contem-
porains ajoutent que la duchesse de
Montpensier était l'âme de cette ma-
chination infernale , et qu'elle s'était
prostituée à Jacques Clément pour le
déterminer au parricide. L'otlre de
Boursoing fut acceptée avec joie; mais
la difficulté était de faire pénétrer Clé-
ment jusqu'au roi : une lettre d'Achille
de Harlay, tombée entre les mains
de Mayenne-, en fournit le moyen. Le
31 juillet 1589, Clément jeûne, se con-
fesse et communie , puis il part pour
Saint-Cloud, où se trouvait Henri III.
Le lendemain, il se présente au palais
pour remettre la lettre dont il était
porteur. Pendant que le roi la lit, ce
fanatique tire un couteau caché sous
ses vêtements, et le lui plonge dans le
flanc. Henri s'écrie \ Ànî le méchani
moine, il m* a tué, qu'on le tue. Aus-
sitôt cent épées immolent l'assassin
sous les yeux du roi. Henri III mourut
le lendemain. Jacques Clément fut loué
à Rome en pleine chaire; à Paris, on
mit son portrait sur les autels .avec
l'Eucharistie; on l'honora comme un
martyr, et il fut rangé au nombre des
saints.
Clément (Jean-Marie-Bernard), le
plus célèbre critique du siècle dernier,
naquit à Dijon , en 1742. Destiné par
sa famille à la carrière du barreau, il
se sentit attiré vers celle des lettres
par un goût irrésistible , et demanda
fort jeune encore une chaire de pro-
fesseur au collège de Dijon, qu'il quitta
bientôt après pour se rendre à Paris.
Après quelques débuts dans la poé-
sie , qui ne furent pas très-heureux, il se
livra tout entier à la critique litté-
raire, et se fît bientôt en ce genre une
réputation méritée. Choqué des éloges
exagérés que l'on donnait à la traduc-
tion des Géorgiques de Virgile, par
l'abbé Delille, il publia un volume
d'observations où il fît remarquer tou-
tes les fautes qui avaient échappé au
poète y mais où il négligea d'analyser
également les beautés qui ont fait sur-
vivre cette traduction à sa critique,
d'ailleurs exacte, quoique d'une sévé-
rité excessive.
CUÈ
L'UNîVEE».
M
Mi^ «eux de ses ouygra^es ^i«£ffe&t
le phts de bruit sont >ceux: qu'il écrivit
contre Voltaire, ^epeadant il js'était
d'abord jnontré admirateur sipcère du
grand p«éte; n)ai$ un vers de d'Aleao^
bert, qui ie mettait au-dessus de Ea*^
cine et de Corneilie, les brouilla» Cié<<-
ment voulut soutenir les droits des
cbefs de notre littérature classique ; et
"de là naquit une querelle dans le cours
de laquelle Clénaent publia .contre Vol-
taire trois volumes de lettres et ub
Traité de la tragédie^ pour fatre
suite à ces lettres^ en 2 vol. in-8°. Vol-
taire hir répondit en lui donnant le
surnom de Clément l' Inclément, qui
lui est resté; mais d'Alembert poussa
plus loin la vengeance, et le ût enfer-
mer à la Bastille, d'où le gouverne-
ment , forcé par Topinion publique ,
fut obligé de le faire sortir au bout de
4rois jours. Toute la vie de Clément
fut d'ailleurs occupée de querelles et
de tracasseries , que lui suscita tou-
jours l'âpreté de sa critique. Il mourut
à Paris en tSV2. Les meilleurs de ses
ouvrages sont le Traité de la tragé-
die, que nous avons déjà cité, et un
Essai sur Ja manière de traduire les
poêles en vers, 1 vol. in- 8**.
Glémenï i>E BoissY (Athanase-
Alexandre), conseiller à la chambre
des comptes, né à Créteil, en 1716,
mort à Sainte-Palaye , en 1798, passa
une partie de sa vie à former un Re-
cueil ele la juridiction et de la juris-
prudence de la chambre des comptes,
qui forme quatre-vingts cartons in-iolio,
et est actuel lem«nt à la bibliothèque
du roi. La table des pièces dont est
composé ce précieux recueil a été im-
primée en 1787, in-4''. On doit en ou-
tre à Clément de Boiss^^ plusieurs
ouvrages historiques ou religieux dont
•quelques-uns ne sont pas sans mérite.
Clément ]>£ Rcs (le comte Domi-
nique), né, en 1750, à Paris, était
avocat en 1789, fit partie, en 1793 et
If 94 , de la commission à laquelle la
France dut l'école normale. II. donua
«a démission en 1796 ; mais le gouver-
nement consulaire alla le chercher dans
«a retiraite pour l'élever à la dignité
' de sénateur. Ce fut au mois de septem-
|»re 1800 que lui arriva r;aventup#
siingalière qui donna lieu à tant d^
conjectures et de fables. Enlevé en
plein jour par un parti de chouans, il
lut enferme dans un souterrain , et ne
ait rendu à la liberté qu'après une
captivité de dix-neuf jours. Peu de
temps après , M. Clément de Bk fut
Appelé à la préture du sénat, rfommé
pair de France en 1814, maintenu dans
xsette dignité pendant les cent jours ,
il se vit , par l'ordonnance royale du
24juillet 1816, exclu de la chambre,
oii il rentra en 1819. Il est morteo
1837.
Clément -Desoames, professeur
de chimie industrielle au conservatoire
des arts et métiers , né à Dijon , flt ses
premières études dans cette ville , et
vint ensuite à Paris , chez un de ses
oncles qui était notaire , et chez lequel
il fut placé en qualité de clerc. Mais il
abandonna une carrière qui ne four-
nissait pas assez d'éléments à son
activité. Son goût pour les sciences
s'était déjà jévélé ; dans les courses
qu'il faisait pour son patron, il trou-
vait le temps de courir aux bibliothè-
ques publiques; il y puisa de premières
connaissances qui augmentèrentencore
son ardeur pour les études scientifiques-
Bientôt il put , à l'aide de ses écono-
mies , acheter des livres; il abandonna
la carrière du notariat et se livra en-
tièrement à l'étude de la chimie. Lie
avec des savants distingués , il reçut
de Mongolfier et de Gu-yton de Mor-
veau des conseils utiles , et compléta
ses études dans les laboratoires de ces
chimistes. Les travaux publiés par
Clément Désormes, dans divers re-
cueils scientifiques, sont très-nom-
breux et ont fourni , pour la plupart ,
d'utiles applications ; et ses leçons , au
Conservatoire des arts et métiers,
JBuivies par un très-grand nombre d'au-
diteurs, ont eu la plus heureuse in-
fluence sur le développement de Tin-
dustrie.
Clément- Mebseau, de Dreux,
construisit avec Jean Thiriau, maître
maçon de Paris, la digue, que le car-
dinal de Richelieu fit élever pour fer-
mer l'entrée du port de la Kocbell^
eut
FKLMCE.
Mr
aux Anglais, pendant le siège de cette
vJJJe.Oe fntle 10 décembre 1638 qu'ils
ooromencèrent cette digue si fameuse
dans Tbistoire de nos guerres civiies :
elle fut farte avec des vaisseaux rem-
plis de pierres et de maçonnerie, qu'on
flt eouler à fond. Elle avait treize pieds
de hauteur^ dix-huit de largeur en as*
siette conduite en talus , et unissait
par une plate-forme de cinq pieds.
Traversée par le canal des Fascines,
elle ne laissait passage que pour un
vaisseau. La mer la dégrada en quel»
ques endroits; mais réparée par les
soins de Clément et de Thiriau , die
résista heureusement au choc des flots.
A la fin du dix-huitième, siècle 9 elle
existait encore presque entièrement.
N'oublions pas de dire qu'avant ces
architectes, Pompée Targon, ingénieur
italien , avait échoué complètement
dans une tentative du ménie genre :
il avait voulu former ladigueau moyen
d'estacad^ç de tonneaux remplis de
bois et de terre, et reposant sur des
machines flottantes. Mats l'essai de ce
procédé , d'ailleurs ingénieux , avait
occasionné de grandes dépenses sans
donner aucun résultat satisfaisant.
Clémont ou Clefmont, ancienne
baronnie de Champagne, aujourd'bui
clief-lieu de canton du département
de la Haute-Marne.
Clébambault ( Louis - Nicolas ) ^
compositeur de musique, naquit a*
Paris en 1676. Il fut successivement
organiste de plusieurs églises de Paris
et de la maison royale de Saint-Cyr.
Louis Xiy y ayant entendu l'une de
ses cantates , en fut si content, qu'il
le chargea d'en composer plusieurs
pour le service de sa chambre , et le
nomma suriniendant de la musique
particulière de madame de Maintenon.
Ciérambault a publié cinq livres de
cantates , et a «cquis une grande re-
nommée dans ce genre. On cite sur-
tout sa cantate d Orphée» Il est mort
en 1749.
Clebc (Antoine-Margqerite ) s'en-
gagea comme simple soldat en 1790.;
Il se distingua surtout à Bellune, où
ii pénétra, lui cinquième, dans le quar-
tier générai ennemi , et fit trois cents
prisonniers. A la bataîHe d.'Ulm, il
chargea , à la tête de cent chasseurs ,
une colonne russe, et lui enleva huit
pièces de canon. Nommé ensuite colo-
nel du l*'^ régiment de cuirassiers, Il
conduisit ce corps en Russie et en
Saxe, fut atteint, à Hanau, d'un éclat
d'obus, et n'en fit pas moins la cam-
Eagne de France. Il fut de nouveau
léssésoos les mursde Paris, et promu
au grade de marédial de camp le 2S
août 1814. Il fut nommé comte en
1818.
Clbic (Laurent), né en 1785, à la
Balme , avec la double privation de
l'ouïe et de l'odorat, fut confié, à l'âge
de douze. ans, aux soins de l'abbé Si-
card, et partagea bientôt avec Mas-
sieu , son aîné , les honneurs de ces
exercices publics qui portèrent si haut
la réputatim) de l'instituteur des sourds-
muets de Paris. Il y avait près de dix
ans qu'il secondait' son maitre dans
réducation de ses frères d'infortune ,
lorsqu'en 18i6 il alla porter aux États*
Unis la connaissanciB de ces principes
de la fécondité desquels il était lui-
même un exemple vivant. Après avoir
puissamment contribué à la fondation
des institutions de Hartford et de Phi«
ladelphie, il épousa une de ses élèves,
et quatre enfants doués de leurs sens
furent le fruit de cette union. Il n'a
pas l'originalité d'esprit souvent si
piquante de Massieu, mais, d'un autre
coté, il possède un style plus correct
q.»e celui de son célèbre condisciple.
Ses idées sur les choses de la vie réelle
sent en outre beaucoup {)lus justes.
On a de lui un discours fort remar-
quable qu'il composa en anglais dans
les premières années de son séjour
aux États-Unis, à l'oocasion d'un exa*
men public de ses élèves.
Clerc, nom que l'on doQuait, dès
le temps de la primitive église, aux
ministres des autels, parce que, comme
les lévites dans Israël , ils devaient
avoir pour unique part des biens de
ce monde, le service du Seigneur. Le
mot dere^ du grec xX^îpoc, dont on a'
&it en latin clmAS. et clericus, signi-
fie en effet part ou portion héréditaire.
Les ecclesiastigiÙBS ayaat seuls cob*
M8
CLB
L'UNIVERS.
CLE
serve, peodant le moyen âge, quelques
restes d'instruction et de science, et
tout ce qui n'appartenait pas au clergé
étant plongé dans une profonde igno-
rance, c/erc devint alors synonyme de
savant; et quand les ténèbres cpm-
niencèrent à se dissiper, on continua
à donner ce nom aux hommes qui
exerçaient des fonctions qui suppo-
saient un certain degré d'instruction.
Ainsi la dénomination de clerc, appli-
Suée d'abord aux officiers chargés
'aider et de suppléer le chancelier
(Voyez Glebgs du secret) , fut en-
suite généralement donnée à tous les
greffiers des cours et tribunaux et des
corporations, et bientôt après aux se-
crétaires desofficiers ministériels. Tels
furent les clercs des commissaires du
roi, ou du parlement, dont il est ques-
tion dans une ordonnance rendue par
Philippe de Valois en 1344; les clercs
du Chàtelet de Paris, et ceux des
baillis, sénéchaux et prévôts, men-
tionnés dans des lettres données par
Charles V, en 1357, et par le roi Jean,
en 1361 et 1363* les clercs des villes
de commune f mentionnés dans une
ordonnance rendue par saint Louis en
1256 ; le clerc du guet, qui était chargé,
à Paris , de tenir les écritures néces-
sitées par l'institution du guet; enfin,
les clercs des avocats, des avoués, des
notaires et des huissiers. Ceux-ci for-
maient , à Paris el dans plusieurs au-
tres grandes villes , des corporations
connues sous le nom de Basoches.
(Voyez ce mot.)
Clebgs du segbet. — Au commen-
cement de la troisième race , le chan-
celier remplissait auprès du roi les
fonctions oes notaires et des secrétai-
res. Frère Guérin, chevalier de Saint-
Jean de Jérusalem , évéque de Senlis
et chancelier de France de 1223 à
1228, ayant augmenté considérable-
ment l'importance de sa charge, et ne
pouvant entrer dans les détails, aban-
donna le secrétariat aux notaires et
aux secrétaires du roi, se réservant
seulement la direction et inspection
de leurs travaux. Ces secrétaires, qui
avaient l'avantage d'approcher du sou-
verain, devinrent des personnages con-
sidérables à leur tour, et le roi en dis*
tingua quelques-uns auxquels il com-
muniqua les affaires même les plus
délicates de l'État, et qui furent nom-
més clercs du secret. Une ordonnance
rendue en 1309, par Philippe IV, en
nomme trois sous ce titre, et leur sou-
met vingt-sept clercs ou secrétaires
nommés après eux. Avec le temps, les
clercs du secret perdirent ce premier
titre, etdevinrent les secrétaires d'État.
ClERGS-RiBÀUDS ou GOUILLABDS,
sorte de bouffons assez nombreux au
moyen âge , ainsi nommés parce qu'ils
portaient la tonsure ecclésiastique, et
qu'ils parcouraient les villes et les
campagnes en chantant et en faisant
des vers pour ceux qui les payaient oa
leur donnaient à boire. Plusieurs eon-
ciles s'efforcèrent de les réprimer;
ceux de Rouen et de Château-Gontier,
eh 1231, ordonnèrent qu'on leur rase-
rait entièrement la tête, afin de faire
disparaître la tonsure, qu'ils déshono-
raient.
CLEBoé , dénomination sous la-
quelle on comprend l'ensemble des
clercs, dans l'acception primitive de ce
mot, et par extension , tous les indÎTi*
dus de 1 un et de l'autre sexe qui se
sont voués d'une manière particulière
à la vie religieuse et au service des
autels.
Les premiers apdtres de la Gaule
ftirent des Romains , des Italiens , et
surtout des Grecs; et il s'écoula sans
doute un certain temps avant qu'ils
pussent se recruter parmi les hommes
qu'ils avaient convertis à la foi nou-
velle. Ces saints missionnaires du-
rent donc, pendant longtemps, com-
poser, avec les auxiliaires qu'ils fai-
saient venir de temps en temps des
lieux qui avaient été le berceau du
christianisme, tout le clergé de la
Gaule. Peu à peu ce[/èndant les idées
qu'ils avaient mission de répandre pé-
nétrèrent dans les ihasses , et furent
adoptées par les grands; les crovances
s'affermirent, les traditions se formè-
rent , et les Gallo-Romains , devenus
à leur tour des chrétiens éclairés et
fervents , purent fournir non-seule-
ment des prêtres, mais même des évé-
CLE
FRANCE
CLE
309
ques en suffisante quantité pour en
composer une société ecclésiastique.
Alors enfin ils eurent un clergé na-
tional.
Au commencement du cinquième
siècle, le corps des évéques de la Gaule
était composé de deux classes d'hom-
mes bien distinctes. Les uns sortaient
de la vie monastique ; les autres avaient
été pris dans les hautes classes de la
société. Il n'existait alors que deux
monastères dans la Gaule; c'étaient
ceux de Lerins et de Saint-Victor de
Marseille. « A voir, de la plage d'An-
tibes , dit M. Fauriel , ce petit îlot de
Lerins, avec son aride campagne et
ses grêles bouquets de pins , on est
loin de soupçonner le rôle glorieux que
cette motte de terre a joué dans l'his-
toire du christianisme gaulois. Ce fut
là que, vers l'an 410, ou un peu plus
tôt , saint Honorât fonda une retraite
qui ne fut d'abord qu'un ermitage ,
mais qui , prenant des accroissements
rapides , devint bientôt un monastère
considérable. A peine fondé , ce mo-
nastère fut une école célèbre de théo-
logie et de philosophie chrétiennes^ où
se for nièrent les hommes d'église les
plus distingués de la Gaule entière
fiar le talent et le savoir. Presque tous
es abbé§ de ce monastère , en même
temps chefs de cette école, devinrent
d'illustres évéques qui apportèrent à
l'Église gauloise la science et les doc-
trines dont elle avait besoin, et qui ne
lui Seraient point venues d'ailleurs. De
ce nombre furent saint Hilaire , saint
Kucher, Principius, Antiolius, Fauste,
Vincent , Loup , et plusieurs autres ,
parmi lesquels on peut comprendre
Salvien, qui passa aussi plusieurs an«
nées à Lerins. Ce furent ces évéques
ou ces prêtres qui formèrent la partie
érudite et savante du clergé gallo-ro-
main, auquel ils devaient concilier une
si grande considération morale (*). »
Quant aux évéques que l'on prenait
dans les hautes classes d^ la société ,
c'étaient ordinairement des hommes
très-riches , qui consacraient dès lors
(*) Voyez l'Histoire de ta Gaule méridio-
pak , par M. Fauriel , t. I , p. 4o3.
T, V. 14« livraison, (Dict. encycl., etc.)
leur fortune aux devoirs de leur nou-
veau ministère, faisaient bâtir de nou-
veaux temples , décoraient ceux qui
existaient déjà , et les dotaient des re-
venus nécessaires pour en assurer le
service. L'éclat attaché à leur nom et
à leur rang dans la société civile se
réfléchissait en outre sur leurs églises
et sur le clergé en général ; et leur
fortune, qui leur permettait de faire
de grandes aumônes et de soulager
beaucoup de misères privées , les met-
tait même quelquefois en état d'adou-
cir les misères publiques , et d'agir
dans ce monde comme les lieutenants
et les représentants de la Providence.
Telle était la constitution du clergé
gallo-romain au commencement du
cinquième siècle, à cette époque oii les
barbares, faisant de toutes parts ir-
ruption dans l'empire , vinrent en
achever la décompositio'n. Depuis
longtemps le clergé formait une cor-
poration fortement constituée; bien-
tôt cette corporation resta seule debout
au milieu de là désorganisation géné-
rale, et son pouvoir n'était pas uni-
quement moral et religieux : dès le
temps de Constantin , les évéques
avaient pris une part considérable de
l'autorité judiciaire ; ils étaient deve-
nus les supérieurs des magistrats or-
dinaires. Ces privilèges , d'abord mal
définis , furent ensuite déterminés par
plusieurs lois successives , et considé-
rablement étendus. Voici quelques-
unes des dispositions de ces lois :
Indépendamment de la part que les
évéques avaient au jugement des af-
faires civiles , ils > furent chargés de
surveiller et de dénoncer les juges or-
dinaires , pour èause de négligence
dans leurs fonctions.
On leur abandonna la poursuite de
certains actes réputés délits , des jeux
de hasard , par exemple.
Ils furent appelés à concourir à la
plupart des fonctions de l'autorité
municipale , à l'administration des
fonds , à la perception de l'impôt , à
la direction des travaux d'utilité pu-
blique.
Ils intervinrent dans la nomination
des tuteurs ou curateurs , et eurent le
14
910
«U
L'ÎJNlVERg.
Ci.p
droit ito odnMfver dans leurs ^gU«e«
les actes de cea nominations.
Ils présidèrent au choix de divera
agents municipaux , tels que les ofH»
eiers qui > sous le titre de curateurs ,
étaient chargés de tout ce qui avait
rapport à l'achat et à la distributioa
des subsistances.
Bientôt enfin , ils devinrent les vé«-
ritables cheh de la cité , titre que la
loi leur conféra et qu'elle ne reconnut
qu'à eux seuls (^).
Une fois transformé en une magis-
trature aussi importante, Tépiscopat
fut avidement recherché , et , au temps
des premières invasions des barbares,
il devint l'objet dô brigues et d'efforts,
tels ^e jamais aucun pouvoir, aucune
magistrature n'en a jamais excité.
« Hitaire , archevêque d'Arles , 'écarta
plusieurs éviques, contre toutes les
règles, en^ordonna d'autres de la ma-
nière la plus indécente , contre le vœu
«t malgré le refus formel des habitant$
des cités ; et comme ceux qui avaient
été ainsi nommés ne pouvaient se
faire recevoir de bonne grâce par les
citoyens qui ne les avaient pas élus ,
ils rassemUaient des bandes de gens
armés , avec lesquelles ils allaient
ûorome des ennemis les assiéger ou
les bloquer , et c'était les armes à la
main que le ministre de la paix en-
vahissait le siège où il devait la prê-
cher (**)- »
' L'établissement des barbares dans
les Gaules ne fit qu'accroître la puia-
sainee du clergé. Presque immédiate-
ment après la conquête, les évéques et
les abbés prirent place parmi les leu-
des du roi. « On a beaucoup parlé, dit
M. Guizot (***), des avantages que va-
lut au clergé la conversion des conqué-
rants, et Ton ne peut en effet contes-
ter l'ascendant qu^acquit rapidement
la religion chrétienne sur l'esprit des
barbares. Ce fut là certainement la
première source du pouvoir de l'Église.
Mais des causes d'une autre sorte con-
tribu^ent aussi à ses progrès , et sa
(*) Voyez M. Fauriel, ouvrage cité, p. 877.
(**) donc. La»»., t. III, col. 1401.
(**") EBMisfurrhi&toiredef^raiieeyp.axft.
grandeur pnt racine ailleurs gue dam?
es croyances. Si le clergé avait besoin
des conquérants , les conquérants , à
leur tour, avaient grand besoin du
clergé. Tout était dissous, détruit
dans l'empire ; tout tombait, disparais-
sait, fuyait devant les désastres de l'in-
vasion et les désordres de l'établisse-
ment. Point de magistrats qui se
crussent responsables du sort du peu-
ple et chargés de parier ou d'agir en
son nom ; point de peuple même qui
se présentât comme un corps vivant
et constitué , capable , sinon de résis-
ter , du moins ae faire reconnaître et
admettre son existence. Les vainaueurs
parcouraient le pays , chassant devant
eux des individus épars , et ne trou-
vant presque en aucun lieu avec m
traiter, s'entendre, contracter enfin
quelque apparence de société. Il fallait
pourtant que la société commençât ,
qu'il s'établît quelques rapports entre
les deux populations; car l'une, en de-
venant propriétaire, renonçait à la vie
errante, et l'autre ne pouvait être ei-
terminée. Ce fut là l'œuvre du'clergé...
Les évéques , les supérieurs des mo-
nastères conversaient et correspon-
daient avec les rois barbares ; iU en-
traient dans les assemblées des leudes,
et en même temps la population ro-
maine se groupait autour d'eux dans
les cités. Par les bénéfices, les legs,
les donations de tout genre, ils acqué-
raient des biens immenses , prenaient
place dans l'aristocratie des conqué-
rants, et en même temps ils retenaient
dans leurs terres l'yisage des lois ro-
maines , et les immunités qu'elles ob-
tenaient tournaient au profit des cul-
tivateurs romains. Ils formaient ainsi
la seule classe du peuple ancien qui
edt crédit auprès du peuple nouveau,
la seule portion de l'aristocratie nou-
velle qui fût étroitement liée au peu-
ple ancien ; ils devinrent le lien des
deux peuples , et leur puissance fut
une nécessité sociale pour les vain-
queurs comme pour les vaincus.
« Aussi fut-elle acceptée dès les pre-
miers moments , et ne cessa-t-elle de
goitre. C'était aux évéques que s'a-
dressaient les proviaoea , les cités ,
ÇI^E
FRANCE.
CLE
211
tonte la population romaine, pour
traiter avec les barbares ; ils passaient
leur vie à correspondre, à négocier, à
voyager, seuls actifs et capables de se
faire entendre dans les intérêts , soit
de rÉglise, soit du pays. C'était à eux
aussi que recouraient les barbares
pour rédiger leurs propres lois , con-
duire les affaires importantes, donner
enfin à leur domination quelque om-
bre de régularité. Une bande de guer-
riers venait-elle assiéger une ville ou
dévaster une contrée, l'évêque parais-
sait seul sur les remparts , revêtu des
ornements pontificaux , et, après avoir
étonné les barbares par son tranquille
courage, il traitait avec eux de leur
retraite. Une querelle s'élevait-elle en-
tre le roi et ses leudes, les évêques^
servaient de médiateurs. De jour en
jour, leur activité s'ouvrait quelque
carrière nouvelle, et leur pouvoir re-
cevait quelque nouvelle sanction.
« Quand la richesse des églises cessa
d'être exposée au pillage continuel que
leur avaient fait essuyer les premiè-
res violences de l'invasion , les barba-
res eux-niêmçs recherchèrent avîde^
ment Tépiscopat. Ainsi , après que les
évêques eurent pris place narmi les
feudes, ceux-ci vinrent à leur tour
prendre place parmi les évêques , et
laoïalgame des deux peuples s'opéra
de la sorte dans les Jeux classes su-
périeures , qui , plus tard , devaient
former l'aristocratie du régime féodal.
« Si l'élection des évêques était res-
tée entre les mains des fidèles, ou seu-
lement entre les mains du clergé lui-
raéme, cet amalgame eût rencontré
plus d'obstacles, et probablement bien
peu de barbares seraient arrivés à l'é-
piscopat Mais à peine convertis , les
rois barbares s'eftbrcèrent d^fenvahir
le droit de nommer aux évéchés. Tan-
tôt ils se prévalaient , pour se l'attri-
Quer, des donations qu'ils avaient fai-
tes aux églises , ou de la né(;essité
imposée aux évêques élus d'obtenir la
confirmation royale ; tantôt l'ambition
des candidats venait seconder la leur.
Celui qui n'espérait pas obtenir les
suffrages du clergé et du peuple d'une
ville épiscopate, s'adressait au roi, eu
recevait une nomination souvent ache-
tée, et la force soutenait ebsutte ce
qu'avait fait l'intrigue ou la faveur.
Sous Pépin et Charlemagne , qui mé-
nagèrent avec le plus grand soin le
clergé , non-seulement pour s'en faire
un appui , mais parce que seul il pou«
vait les aidef à établir quelque ordre
dans leurs États, le droit d'élection
fut solennellement reconnu. Cepen-
dant la pratique contraire prévalut
souvent sous ces deux règnes ; Pépin
déclare , dans un capitulaire , « qu'a-
près avoir pris le conseil des grands ,
il a nommé dans les cités des évdqueff
légitimes ; » et i( sufQt de Rre quel-
ques-unes des dironiques qui racon-
tent la vie de Charlemagne , pour se
convaincre qu'il regardait les évéchés
comme des bénéfices dont il pouvait
disposer à son gré. »
La corruption du clergé devait être
une conséquence inévitable d'un td
état de choses. Les Gallo-Romains ,
devenus évêques et puissants , la pln-
1>art du temps par 1 intrigue et la viol-
ence , se servirent , à là manière des
barbares , d'un pouvoir qu'ils avaient
obtenu par les moyens qui convenaient
aux baroares ; quant à ceux-ci, ils con-
servèrent leur narbarie sur leur siège
épiscopal. Les traditions ne tardèrent
pas à se perdre, et la science, la vertu,
qui ne brillaient plus dans les premiers
rangs du clergé , cessèrent de se mon-
trer dans \es rangs inférieurs, où d'ail-
leurs l'émulation ne se faisait plus
sentir. Les anciens foyers d'où la vertu
ecclésiastique s'était jusque-là répan-
due dans toute la Gaule , les monas-
tères de Lerins, de Saint-Victor, etc.,
avaient perdu tonte leur influence. La
mission du clergé séculier semblait
finie, et avec elle celle du christia-
nisme en Occident, si une réforme
austère n'était venue retremper les es-
prits.
Cette réforme , ce fut le clergé ré-
gulier , ce furent les moines qui l'o-
pérèrent. Nous avons vu, au quatrième
siècle , les monastères de la Provence
fournir au clergé gaulois les hommes
qui devaient en former la partie éru-
dite et savante., ceux qui , par leurs
14.
219
CLE
L'tlNIVERS.
CLË
vertus , deYaient lui concilier une si
grande considération morale. Cette
rois, ce fut des monastères de (Ir-
lande et de rÉcosse que vint la ré-
forme ; elle fut préchée par saint
Golomban, missionnaire ardent et im-
pétueux , qui fit prévaloir un instant
dans la Gaule le spiritualisme enthou-
siaste de rÉglise d'Orient. Des gran-
des écoles de Luxeuil et de Bobbio ,
fondées par saint Golomban, sortirent
les fondateurs d'une foule d'abbayes :
saint Gall , à qui la Suisse dut le fa-
meux monastère de ce nom ; saints
Magne et Théodore , premiers abbés
de Kempten et Fuessen , près d'Augs-
bourg ; saint Attale de Ëobbio ; saint
Romaried»Remi remont; saint Omer,
saint Bertin , saint Amand , ces trois
apôtres de la Flandre ; saint Wau-
drille, parent des Carlovingiens, fon-
dateur de la grande école de Fonte-
nelle , en Normandie , qui doit être à
son tour la métropole de tant d'au-
tres.
A côté de ces écoles , on vit des
vierges savantes en ouvrir d'autres aux
personnes de leur sexe. Sans parler de
celles de Poitiers et d'Arles, de celle de
Maubeuse, oii sainte Aldegonde écrivit
ses révélations , sainte Gertrude , ab-
bessede rîiveljle, avait été étudier en
Irlande; sainte Bertille, abbesse de
Chelles, était si célèbre , qu'une foule
de disciples des deux sexes affluaient
autour d'elle de toute la Gaule et de
la Grande-Bretagne (*).
Mais ce n'était pas assez d'une ré-
formation morale au clergé ; il fallait
une réforme matérielle et complète de
la société. La culture des terres conGée
aux esclaves par les Gallo-Romains,
regardée comme un métier déshono-
rant par les barbares , qui préféraient
vivre de pillage ou du produit de leurs
troupeaux, était presque partout aban-
donnée, depuis que les sources de l'es-
clavage avaient tari. Les serfs et les
nouveaux colons étaient d'ailleurs peu
piopres à des travaux auxquels ils n'é-
taient pas habitués, et qui les ravalaient
(*) Voyez Micbelet , Histoire de FraQce ,
t.I, p. 268.
à leurs propres yeux plus encore que la
servituae elle-même. La réhabilitation
du travail fut la tâche qu'entreprirent
les disciples de saint Benoît. C'est à
ces religieux surtout que l'on doit le
renouvellement de Tapiculture et les
premiers progrès de l'industrie en Eu-
rope, au moyen âge. Défrichements de
terres, ouverture des chemins, assai-
nissement des lieux humides et maré-
cageux, construction des villages et des
hameaux, arts, métiers, manufactures,
ils nous ont tout donné, et nous leur
devons encore un bienfait peut-être
plus grand, la conservation d une par-
tie des chefs-d'œuvre des littératures
antiques (*).
Une seule partie du clergé fut réel-
lement grande et noble au moyen âge :
ce fut le clergé régulier. Lui seul fit de
belles choses ; lui seul étendit le do-
maine de l'Église et porta jusaue chez
les barbares la connaissance cle la re-
ligion. Quant au clergé séculier, com-
posé , à tous les degrés de sa hiérar-
chie, depuis révéque jusqu'au simple
curé, de véritables seigneurs féodaux,
il participa à la corruption générale, et
fut peut-être la partie la plus mépri-
sable et la plus oégradée de cette so-
ciété de barbares. « On connaît , dit
M. de Chateaubriand , l'épouvantable
histoire du prêtre Anastase , enfermé
vivant avec un cadavre , par la ven-
geance de l'évêque Caulin (Grégoirede
Tours.) Dans les canons ajoutés au
premier concile de Tours, sous Tépis-
copat de saint Perpert , on lit : « li
« nous a été rapporté que des prêtres,
« ce qui est défendu {qvod nejas\ éta-
« blissaient des auberges dans les égli-
« ses, et que le lieu où l'on ne doit en-
« tendre que des prières et les louan-
« ges de Dieu , retentit du bruit des
« restins, de paroles obscènes , de dé-
« bats et de querelles* » En 1351, les
prélats et les ordres mendiants expo-
sèrent leurs mutuels grief^ à Avignon,
devant Clément VIL Ce pape, favora-
(*) Voyez dans les AifirAi.xs , le chapitre
intitulé : Influence de la puissance territO'
riale du clergé au moyen âge, t. I, p. 148
et suiv.
CLE
FRANCE.
CLE
313
ble aux moines , apostropha ainsi les
prélats: « Parlerez - vous d*humilité,
« vous , si vains et si pompeux dans
« vos montures et vos équipages ? Par-
« lerez-vous de pauvreté, vous si avi-
« des, que tous les bénéfices du monde
« ne vous suffiraient pas ? Que dirai-
« je de votre chasteté? Vous hai's-
« sez les mendiants, vous leur fermez
« vos portes, et vos maisons sont ou-
« vertes aux êtres les plus infâmes
« {lenonihus et truffatoribm), » La si-
monie était générale ; les prêtres vio-
laient presque partout la règle du cé-
libat; ils vivaient avec des femmes
perdues, des concubines et des cham-
brières; en Biscaye, on ne voulait que
des prêtres qui eussent des commères,
c'est-à-dire, des femmes supposées lé-
gitimes (*). »
Cette fois encore , la réforme vint
des monastères. En effet, et c*çst un
fait remarquable, tous les réformateurs
qui parurent, du dixième au quinzième
siècle, appartenaient au clergé régu-
lier. Il ne fallut rien moins que leurs
efforts réunis, combinés avec la réac-
tion excitée au quinzième et au sei-
zième siècle par les doctrines novatri-
ces de Luther et de Calvin, et par les
guerres de religion dont elles furent la
cause ou le prétexte , pour relever Té-
pîscopat de la dégradation morale où
il était tombé, et le replacer dans Té-
chelle sociale au rang qu'il doit occu-
per dans la hiérarchie ecclésiastique.
Triomphant en France avec Riche-
Heu et Mazarin , le clergé fut comblé
d'honneurs sous Louis XIV, et dé-
claré le premier des ordres et des corps
de rÉtat. Mais ces honneurs furent
un écueil où il échoua de nouveau.
« Dans le dix-huitième sièclei, il sem-
bla ployer sous le poids de sa gran-
deur. Sa prospérité précédente l'avait
exposé à deux périls, celui de sa propre
faiblesse et celui de la haine d'autrui,
double suite de la fortune On vît
alors des abbés petits-maîtres et un
clergé de cour; et comme si on eût
pensé désarmer ainsi la colère et le
(*) Éludes historiques, t. III, p. 420 et
suiv.
mépris des philosophes, des prêtres se
firent philosophes eux - mêmes , ne
voyant pas que c'était amasser quel-
ques mépris de plus , sans rien ôter à
la colère (*). »
Tel était le clergé lorsque éclata la
révolution, et lorsque les états géné-
raux furent convoqués. Il fut repré-
senté à cette assemblée, comme les
deqx autres ordres de l'État , par des
mandataires de son choix. De ces
mandataires, ceux qui faisaient partie
du haut clerçé appartenaient à l'aris-
tocratie nobiliaire, dont ils partageaient
les sympathies , et avec laquelle ils
étaient intéressés au maintien de tous
les privilèges. Ils firent dès l'abord
cause commune avec elle et avec la
cour. Il n'en fut pas de même des dé-
putés du bas clergé. Ceux-ci, lorsqu'on
agita la question du vote par tête, fu-
rent les premiers à se réunir au tiers
état, avec lequel ils votèrent toujours
dans la suite, pour les mesures les plus
libérales.
Nous ne reviendrons point ici sur
la vente des biens ecclésiastiques , ni
sur la résistance malentendue qu'une
• (*) LA-VRENTrÉ , artidcfGi.ER6K du Dic-
tionnaire de la conversation. Voyez d'ail-
leurs pour plus de détails sur les mœurs du
clergé français à cette époque , les articles
Collets (petits), Collier (affaire du), Rouav
et Dubois. N'oublions pas d'ajouter ici, pour
affaiblir l'impressioD péuible que fera naître
la lecture de ces articles , que, pendant que
l'infâme Dubois déshonorait la pourpre par
ses débauches, et que Rohan, après avoir
ruiné des milliers de créanciers, volait, afin
de pouvoir continuer sa vie de plaisir et de
dissipation, les biens de l'hôpital des Quinze-
vingts, de vertueux ecclésiastiques, tels que
le véuérable Lasalle , fondateur de la con-
grégation de la doctrine chrétienne, Ber-
nard ou \t Pauvre prêtre, et une foule d'au-
tres se consacraient entièrement au soula-
gement et à l'instruction du pauvre. Tandis
que les abbés de cour traînaient leur inu-
tilité dans les boudoirs de toutes les femmes
perdues, de savants bénédiciins, tels que
les Moutfaucon , les Bouquet, les Clément,
les Brial , consacraient leurs veilles studieu-
ses à répandre quelques lumières sur le^
époques les plus obscures de notre histoire.
214
CLE
L'UNIVERS.
CLE
grande partie du clergé ne craignît pas
d'opposer à cette mesure jugée néces-
saire par tous les hommes impartiaux.
Nous avons donné à cet égard tous les
détails nécessaires dans un article
spécial. (Voyez Biens ecglésiasti-
QUBS.)
La suppression des ordres monas-
tiques, dont la mission était depuis
longtemps accomplie, et qui formaient
une sorte d'anachronisme au milieu
du dix-huitième siècle , était une con-
séquence nécessaire de la suppression
des biens du clergé ; l'Assemblée cons-
tituante la décréta le 13 février 1790,
en accordant une pension viagère à
tous les individus qui avaient fait par-
tie des anciennes congrégations. Elle
voulut ensuite rendre la circonscrip-
tion ecclésiastique conforme à la cir-
conscription civile , et elle décréta , le
18 juillet suivant , qu'il y aurait un
évéque par département, que les cha-
pitres métropolitains étaient suppri-
més, et que les évéques et curés se-
raient nommés par les électeurs. « Le
clergé oublia alors son caractère évan-
gélique, et profita de cette occasion
pour crier à l'hérésie et à la persécu-
tion. Il abandonna les rangs démocra-
tiques, où ii avait montré a'ahord tant
de sagesse et de dévouement, et passa
dans ceux des privilégiés. Il confondit
le salut de la religion avec celui de ses
intérêts temporels, et se plaça dans
cette politique contre-révolutionnaire
où il est encore aujourd'hui, et qui
semble faire de la religion de la li-
berté et de l'égalité , la religion de l'a-
ristocratie et du despotisme. Les évé-
ques , dit Ferrières , refusèrent de se
prêter à aucun arrangement , et , par
.leurs intrigues , fermèrent toute voie
de conciliation , et sacrifièrent la reli-
. gion à un fol entêtement et à un atta-
chement condamnable à leurs riches-
ses L'assemblée s'irrita de ces
résistances , et décréta que les ecclé-
siastiques seraient astreints au serment
civique^ devant leur commune et dans
leur église, et qu'ils y ajouteraient ce-
lui de maintenir la constitution civile
du clergé ; le refus du serment en-
traînait la déchéance des titulaires et
leur remplacement par des ecclésiasti-
ques assermentés ; enfin il fut ordonné
de former la liste des prêtres qui au-
raient "prêté ou refusé le serment.
« Ces décrets furent présentés à la
sanction du roi, qui en référa secrète-
ment au pape. Celui-ci refusa son ad-
hésion , et il fallut une émeute pour
que Louis, se disant forcé, donnât sa
Sanction. Les évêques furent indignés
de cette faiblesse, et lui reprochèrent
d'enrtpiéter sur le pouvoir spirituel.
Tous les ecclésiastiques de l'assemblée,
à l'exception de soixante-trois curés ,
refusèrent le serment , et cet exemple
fut suivi par les cinq sixièmes du clergé
(27 décembre 1790.) On destitua les
réfractaires, et on les remplaça par l'é-
lection ; mais les destitués protestèrent,
déclarèrent leurs successeurs intrus,
et les excommunièrent avec tous ceux
qui recevaient les sacrements de leurs
mains. Le parti de la révolution perdit
des sectateurs qui lui donnaient un
puissant crédit par leur caractère mo-
ral ; le parti de 1 ancien régi me y gagna
ce qui pouvait seul lui donner quelque
force, une portion du peuple. Il y eut
alors deux clergés, l'un rebelle, l'autre
hérétique, et malheureusement le pre-
mier était généralement vertueux et
croyant, le second scandaleux et impie.
Tous deux firent le plus grand mal à la
révolution, les réfractaires en l'embar-
rassant d'une opposition inflexible qui
finit par la guerre civile , les constitu-
tionnels en la discréditant ( pour la
plupart) par leurs mœurs et leurs doc-
trines. Ce fut l'incrédulité qui y gagna.
Le peuple préféra sa foi nouvelle a sa
foi ancienne, la révolution à la reli-
gion : voyant les prêtres engagés dans
les rangs de ses adversaires , il s'habi-
tua à regarder la religion comme en-
nemie de la révolution , et la traita
comme telle. Les deux églises engen-
drèrent partout des discordes : si, à
Paris, la multitude brûla un manne-
quin du pape , lequel venait d'excom-
munier les prêtres assermentés, si elle
faisait des émeutes devant les maisons
où officiaient les prêtres réfractaires,
si elle les poursuivait de ses cris : à
la lanterne! dans le Midi et dans
CLE
FRANCE.
cLe
!^15
rOuest il y eut des troubles encore plus
graves causés par des prêtres non as-
sermentés : Tevéque de Trégujer ex-
cita une insurrection par un mande-
ment où il disait que les ministres de
la religion étaient réduits à la condi-
tion de commis appointés par les bri'
gands. A Montauban , les protestants
furent massacrés par les catholiques ;
Montpellier, j\îmes,Toulouse, Castres,
furent ensanglantés par des meurtres
et des combats (*). » « Les prêtres et
surtout les évêques, dit Ferrières, em-
ployaient toutes les ressources du fa-
natisme pour soulever le peuple des
cara]}agnes et des villes contre la cons-
titution civile du clergé Leurs
écrits produisirent l'effet qu'ils en at-
tendaient : des troubles éclatèrent de
toutes parts. » Dans le Gévaudan , le
Poitou , la Bretagne , les paysans se
portèrent aux derniers excès contre
tes prêtres constitutionnels, et les chas-
sèrent des églises. La guerre civile de-
vint imminente.
Le 29 novembre 1791 , l'assemblée
législative décréta que les prêtres in-
sermentés seraient privés de la pension
qui leur avait été accordée; qu'ils ne
pourraient plus exercer le culte, même
dans des maisons particulières ; enfîn
qu'ils étaient déclarés suspects de ré-
volte , et mis sous la surveillance des
autorités ; et le 27 mai 1792 , un nou-
veau décret autorisa les directoires
des départements à prononcer contre
eux la peine de la déportation-, sur la
simple dénonciation de vingt citoyens.
L'année suivante éclata la guerre civile
de la Vendée. ( Voyez ce mot. )
Les prêtres insermentés qui avaient,
de concert avec la noblesse, excité cette
guerre impie, furent dès lors considé-
rés comme les ennemis les plus achar-
nés de la révolution , et le gouverne-
ment ordonna contre eux les moyens
de répression les plus sévères; toute-
fois, il faut le dire, cette sévérité,
tempérée par Robespierre et par ses
amis, devint quelquefois une atroce
-cruauté dans les mains des proconsuls,
(*) LaVallée , Histoire des Français^ t. IV,
p. 4o.
qui abusèrent si indignement de l'au-
torité que , dans les dangers extrêmes
de la patrie, la Convention avait cru
devoir leur confier. ( Voyez Ca&bisb,
DuMONT (André ) , etc. )
Pendant ce temps -là, une grande
partie du clergé assermenté se désho'»
norait en abjurant solennellement les
croyances qu'il avait jusque-là profes-
sées. A l'instigation des hébertistes,
révéque de Paris , Gobel , vint le 7 no-
vembre 1793, avec douze de ses vi-
caires, déclarer à la Convention qu'il
renonçait à ses fonctions de ministre
du culte catholique, parce due, disait-
il, il ne devait plus y avoir d autre culte
public et national que celui de la liberté
et de l'égalité. (Voyez ABJUBàTiON,
1. 1, p. 34.) Presque tous les prêtres de
la Convention suivirent cet exemple;
Grégoire fut le seul qui protesta éner-
giquement : « Catholique par convîc-
« tion et par sentiment, s'écria-t-il9,
« prêtre par choix . j'ai été désigné par
« le peuple pour être évêque ; mais ce
« n'est ni de lui ni de vous que je tiens
« ma mission... On ne m'arrachera
« pas une abdication. »
L'un des premiers soins de Bona-
parte , dès qu'il fut arrivé au pouvoir,
tut de rétablir en France le culte ca-
tholique. C'était une entreprise diiB-
cile; les prêtres réfractaires , revenus,
pour la plupart, dei'exil, et protégés
par le gouvernement, semblaient croire
que la religion ki'était compatible qu'a-
vec les Bourbons et l'ancien régime;
ils avaient pris en haine le pouvoir
nouveau, et pour se donner un air de
martyrs , ils refusaient de prier dans
les temples qu'on leur avait de nou-
veau ouverts. Le clergé constitution-
nel s'était épuré pendant la tempête
qui venait de s'apaiser ; les mauvais
prêtres avaient apostasie pour se ma-
rier ; les autres , anciens Jansénistes ,
voulaient reformer une Lglise natio-
nale , sans le concours du pape. Sous
l'influence de Grégoire , évêque de
Blois , ils essayèrent de se réorganiser
et de mettre fm au schisme, dans deux
conciles tenus, l'un en 1797, l'autre
en 1801. Celui-ci comptait quarante-
cinq évêques et quatre-vingts prêtres
216
CLE
L'UJNIYERS.
CLE
députés par les diocèses, qui se ras-
semblèrent en grande pompe à Notre-
Dame, et se montrèrent animés d'un
esprit évangélique et conciliateur.
Leurs conférences publiques excitè-
rent un vif intérêt, et attirèrent une
grande foule. Mais les réfractaires re-
fusèrent de s'unir à eux ; et le gouver-
nement, qui n*aimait pas leurs prin-
cipes démocratiques , rejeta leur plan
de pacification, et recourut, pour met-
tre fin au schisme, àTautoritédu pape.
Pie VII , qui occupait alors la chaire
pontificale, et qui plus d'une fois déjà
avait témoigné de sa sympathie pour
les doctrines démocratiques (voy. Ca-
tholicisme, t. IV, p. 296), s'em-
pressa d'adhérer aux propositions du
premier consul, et envoya à Paris le
cardinal Gonsaivi , qui conclut avec
Joseph Bonaparte un concordat , dont
nous citerons les clauses les plus im-
portantes. .
La religion catholique était recon-
nue comme la religion du gouverne-
ment et de la majorité des Français ;
son culte devait être public; il devait
être créé dix archevêchés et cinquante
évêchés , dont la circonscription serait
déterminée par le pape et le premier
consul. Tous les anciens sièges devaient
être abolis; le consul devait nommer
les nouveaux titulaires, qui recevraient
ensuite du pape l'institution aposto-
lique. Le gouvernement s'engageait à
fournir un traitement convenable aux
évêgues et aux curés. La propriété des
anciens biens ecclésiastiques était dé-
clarée incommutable entre les mains
des acquéreurs; les lois qui avaient
supprimé les ordres monastiques oii
l'on se lie par des vœux perpétuels
étaient confirmées ; les prêtres mariés
étaient sécularisés, et le célibat des
ecclésiastiques était reconnu comme
loi fondamentale de TËglise.
Par suite de ce traite, le pape de-
manda aux évêques des deux partis
leur démission. Deux constitutionnelis
et trente-sept réfractaires la refusè-
rent. Les anciens sièges furent alors
annulés par une bulle; soixante nou-
veaux sièges furent institués, et le
premier codsul y pourvut en choisis-
sant pour les "remplir, douze, prélats
constitutionnels , dix-sept prélats et
trente et un prêtres réfractaires. Le
concordat fut ensuite présenté au Tri-
bunat et au Corps législatif, et adopté
sans discussion, ainsi que les lois or-
ganiques sur le culte catholique et les
cultes protestants; et le lendemain,
les consuls allèrent à Notre-Dame avec
toutes les autorités et les corps cons-
titués assister à la messe et au Te
Deum,
Le clergé réfractai re venait d'obte-
nir une éclatante victoire ; « il ne s'en
montra point reconnaissant ; il justi-
fia, par ses affections pour l'ancien
régime, les craintes des révolution-
naires ; il continua à discréditer la re-
ligion par ses passions haineuses , son
intolérance , ses querelles misérables.
Le gouvernement le supplia vainement
d'exercer la charité évangélique en
oubliant le passé: les sermons, les
mandements devinrent des satires de
la révolution ; les prêtres constitution-
nels furent persécutés par les évêques,
jusqu'à ce qu'ils eussent rétracté leurs
opinions ; on leur refusa les places qui
leur avaient été promises ; on déclara
invalides les mariages qu'ils avaient
bénits. Il fallut la main vigoureuse du
premier consul pour arrêter ces scan-
dales. « Je ne fais rien pour le clergé,
« disait-il , qu'il ne me donne aussitôt
« lieu de m'en repentir. » Et en effet,
le clergé , qui trouva pour lui les flat-
teries les plus servilés , fut un des ins-
truments les plusactifsdesa chute (*).»
Nous ne dirons rien ici de la part
que prit le clergé aux réactions qui
signalèrent les premiers temps de la
restauration. Nous ne parlerons pas
non plus de ses intrigues pour rame-
ner complètement le gouvernement des
Bourbons daiis les voies de l'ancien
régime. Ces détails occupent une place
trop importante dans l'histoire de
cette désastreuse époque, pour que
nous tentions de les en détacher et de
les présenter ici sans raconter en
même temps des faits avec lesquels ils
se lient dans le système de la contre-
(*) La\al!ée , Histoire des Français, t. IV,
p. 367.
CLE
FRANCE.
CLE
217
révolution. Disons seulement que rat-
tachement que Louis XYIII montra
toujours pour la constitution qu'il
avait jurée en montant sur le trône ,
lui valut de la part du clergé une haine
mal dissimulée tant que vécut Tauteur
de la charte, mais qui éclata aussitôt
qu'il eut rendu le dernier soupir. Le
clergé manqua «lors à toutes les con-
venances, en refusant de prendre part
à un cérémonial qui exigeait sa pré-
sence auprès du cercueil du feu roi.
C'était peut - être un avertissement
qu'il voulait donner à son successeur ;
c'était du moins une manière de cons-
tater le pouvoir qu'il prétendait exer-
cer sous le nouveau règne. Quoi qu'il
en soit, Charles X alla au-devant de
ses exigences, et ne fit rien que par
ses conseils. Hâtons -nous de le dire,
pour que Ton puisse juger de la mo-
ralité et de la sagesse de ses conseils ,
qne leur résultat fut la violation des
serments prêtés par le roi à son avè-
nement au trône et la déchéance de sa
dynastie. ^
Depuis la révolution de juillet, le
cierge français a perdu son influence
politique. Espérons qu'il n'essayera
pas de la reconquérir. Les temps ne
sont plus oii il avait besoin de puis-
sance pour protéger les peuples. Les
peuples aujourd'hui savent se protéger
eux-mêmes. Les rois non plus n'ont
que faire de sa protection ; une double
expérience a dû lui prouver combien
est impuissante la protection qu'il ac-
(X)rde aux ennemis de la cause démo-
cratique. Que le clergé se souvienne
donc enfin de ces paroles de son divin
maître : Mon royaume n'est point de
ce monde; qu'il vive au milieu du
peuple pour le moraliser avec succès ,
et lui faire entendre de près la parole
de Dieu ; qu'il s'associe à ses douleurs
et à ses souffrances pour les soulager,
et il dominera encore le monde de sa
pauvreté et de son humilité. Un écri-
vain de génie le lui a dit dans ces der-
niers temps : « Descendez des villes ,
« quittez vos habits de soie et d'or
«pour la bure et une croix de bois;
« venez sous le chaume, comme le
a géant Antée qui retrouvait sa force
« quand il touchait la terre, toucher
« la terre de vos pieds et de vos mains,
« à côté du pauvre ; le peuple alors
« vous reconnaîtra. »
Le clergé possédait sous l'ancienne
monarchie de grands privilèges. Nous
avons dit qu'il formait le premier ordre
du royaume, il précédait la noblesse;
dans les états généraux et partout, il
avait le pas sur les laïques. Les évê-
ques, comtes ou ducs et pairs, avaient
le droit de siéger au parlement.
Les ecclésiasp'ques étaient exempts
des charges municipales, de la con-
trainte par corps pour dettes civiles,
du logement des gens de guerre, de
toute imposition pour la subsistance
des troupes ou les fortifications des
villes , de tailles personnelles pour leur
patrimoine, aussi bien que pour les
dîmes affectées à leurs bénéfices , de
droits d'aides, de vingtièmes, de capi-
tation , etc. ; mais ils payaient sous le
titre de décimes, subventions, dons
gratuits, etc. , des contributions dont
ils faisaient eux-mêmes la répartition
et le recouvrement , et dont le total
s'élevait à environ douze millions.
Le clergé avait huit chambres supé-
rieures ecclésiastiques , qui siégeaient
à Paris, Tours, Lyon, Rouen, Tou-
louse, Bourges, Bordeaux et Aix. Les
pourvois en cassation ; contre les ar-
rêts rendus par ces chambres , étaient
renvoyés à. rassemblée ordinaire du
clergé , qui jugeait en dernier ressort.
Les grandes assemblées ordinaires
du clergé se tenaient régulièrement
tous les dix ans, depuis 1606. Lesjoe-
tites assemblées ordinaires , nommées
aussi assemblées de comptes , parce
que l'on ne devait s'y occuper que des
comptes , des décimes et du don gra-
tuit , se tenaient tous les cinq ans , de-
puis 1625. Les assemblées extraordi-
naires étaient celles qui étaient con-
voquées pour délibérer sur des affaires
imprévues et d*un grand intérêt. Telle
fut celle qui se tint à Paris, en 1713
et en 1714. Ces assemblées, qui ne
pouvaient durer que six mois, et où
aevait assister un commissaire du roi,
étaient composées des députés dçs seize
918
eu
rUNiVERS.
CLE
provinces ecclésiastiques de Lyon,
Rouen, Tours, Sens, Paris, Reims,
Bourges^ Alby, Bordeaux, Auch, Nar-
bonne, Toulouse, Vienne, Arles, Aix
et Embrun. Les autres provinces ecolé-
siastiques n*y étaient pas représen-
tées.
Le clergé se composait de quatre
cent dix-huit mille deux cent six in-
dividus des deux sexes , savoir :
Archevêques tS
ÉTéqaes (j compris les éréqucft in partibus
et ceax de l'ile de Corse) xag
x6 maisons chefs d'ordre et de cong;rég«>
tion, habitées par des religieux au nom-
bre de • x,t2o
625 abbayes d'hommes en eommende.. . . 6,«oo
ii5 abbayes d'hommes en règle 1,200
253 abbayes de filles xo,i2o
€4 prienrcs de filles. . . é 2,56o
24 chapitres de chanoinesses^ 600
655 chapitres de chanoines • . . . . xi,853
Bas-chœur. i .3, 000
Bnfants de chœor 5,ooo
Prieurs on chapelains 27,000
Curés . 40iOOo
Vicaires , 5o,ooo
Commandeurs de l'ordre de Malte 178
Chevaliers. :....... 5oo
Adigleoses cheralières de Malte. 28
Religieux rentes, tels qne ceux de Cîteaux,
les bénédiclins, les chanoines réguliers
de Saint- Augustin, les prémontrés, etc. 32,6oo
Beligieux anciens mendiants, presque toos
rentes i3,5oo
Carmes, augnstius et jacobins réformés. . . 9,5oo
Capucins, récollets et picpus réformés de
l'ordre de Saint-François, sans rerenus. 21.000
Minimes.... 2,5oo
Ermites sans rërenns 5oo
Religieuses de l'ordre de Saint -Angus tin. i5,ooo
Religieuses de Saint-Benoît. 8,000
Religieuses de Cîteaux 10,000
Religieuses de Fontevrault. • z,5oo
Religieuses de Saint-Dominique 4,ooo
Religieuses de Sainte-Clair i2,doo
Carmélites , 3oo
Ursulines.
9»ooo
Vîsitandinee 7,000
Religieuses qui TiTaieot d'aumânes 2,000
Ecclésiastiques mâles engagés dans les or-
dres, employés dans les collèges, les sé-
minaires, léa missions» ou n'exerçant
aucune fonction 100,000
4 1 8, 206
Le revenu total du clergé s'élevait,
non compris celui des hôpitaux, à
119,593,596 livres; ce qui aujourd'hui
représenterait une somme beaucoup
plus forte.
Le concordat de 1801 avait fixé le
nombre des archevêchés à dix, et celui
des évéchés à cinquante. Ces nombres
ont été augmentes par un nouveau
concordat conclu en 1817, et aujour-
d'hui le clergé est composé ainsi qu'il
suit :
Archevêques. .., »....•
Étéques
Vicaires générattic
Chanoines. • , , ,
Curés
Vicaires. ','...','./.
Desserrants. ....#..!!...,!.
Chapeiains.. .,,.,,....
Anmdniers ;
Prêtres habitués des paroisses
Directeurs et professeurs dans lès sémi-
naires. ... , ,
Élères dans 86 séminaires et dans 120 éco-
les secondaires ecclésiastiques
14
66
000
3,3oj
6,2t6
25,175
5«o
906
1,677
1,072
10,904
m
5j,ig8
On compte en outre 3,000 congré-
gations religieuses de femmes , dont
220 se consacrent à la vie contempla-
tive, et 2,780 au soulagement des ma-
lades et à l'enseignement. Les frais da
culte étaient évalués, dans le budget de
1840, à la somme de 35,744,859 fr.
Mais dans cette somme sont comprises
les dépenses des cultes protestant et
israélite. ( Voyez Catholicisme ,
Chbistianisme, Consistoikb, Cul-
tes, etc.)
Clébembault, ancienne femille,
dont le premier personnage connu fut
Geoffroi Clérembauît, seigneur du
Plessis. Son petit-ills, Macé Clérem-
bault, seigneur du Plessis - Clérem-
bault et de la Plesse, fut, en 1347, ca-
pitaine général pour le roi en Bretagne,
Anjou et Maine. Le membre le plus
distingué de cette famille fut :
Philippe de PaUuau , comte de Clé-
rembauâ, maréchal de France , né en
1620. Il se trouva au siège de Landre-
cies en 1637, à la prise d'Arras en
1640, au siège de Perpignan sous les
maréchaux de Schombere et de la Meil-
leraye, à ceux de Thionville, de Sierck
et de Philisbourg, aux combats de Frl-
bourg, de Nordiingen (1645), à la prise
de Courtrai, de Berg-Saint-VinoX, de
Mardick, de Furnes, de Dunkerque
en 1646, et à celle da château et du
fort de Mont-Rond, dans leBerri, en
1651. Si l'on en croit le marquis de la
Fare dans ses Mémoires, Richelieu
lui accordait toute sa confiance.
Le marquis ClérembatUt , son fils
CLE
PRAIICE.
CXE
219
aîné, lieutenant général, périt à !a
suite du funeste combat d'Hochstett
en 1704, en trafersant le Danube à
cheval. — L'abbé Juks de Clérem-
baulty son autre fils, deyint académi-
cien et ne fut célèbre que par sa lai-
deur* Comme il occupait le fauteuil de
notre grand fabuliste, les plaisants di-
saient qu*on avait nomme Ésope à la
place de la Fontaine.
GLéBïssEÀt; (Charles-Louis), pein-
tre et architecte j membre de l'Aca-
démie de peinture et de sculpture, et
de celles oe Londres, de Saint-Péters-
bourg, etc., naquit à Paris, en 1722,
et mourut à Auteuil, en 1820; il étu-
dia son art en Italie, où il passa vingt
années à dessiner les monuments ro-
mains, et construisit, à Metz, Thôtel
du gouvernement. Appelé en Russie ,
il y devint le premier peintre de Ca-
therine II et créa le musée de Saint-
Pétersbourg. On a de cet artiste des
dessins et des gouaches très-estimés :
Clérissea!! a publié : Antiquités de la
France y monuments de Nîmes , 1778,
în-fol. Dufourny et Legrand sont ses
élèves. ^
Clebmoiît, bourg du Maine, au-
jourd'hui du département de la Sarthe,
à 4 kilomètres de la Flèche, érigé en
marquisat en 1576, en faveur de
George P', seigneur de Clermoht et
de Galerande, trisaïeul de Charles
George de Clermont Galerande, né
à Pans, en 1744, maréchal de camp
à l'époque delà révolution, mêlé en-
suite aux intrigues de Coblentz et du
comité royaliste, chargé plus tard,
Î)ar Louis XVIII, de ses singulières
ettres au premier consul , créé pair de
France en 1814,. et mort à Paris en
1823.
Clebmont , ancienne seigneurie du
Dauphiné , aujourd'hui du département
de l'Isère, à 18 kilomètres de Greno-
ble, érigée en comté en 1547. C'était
la première baronnie de la province.
Cette seigneurie avait donné son
nom à une ramille illustre, de laquelle
sont sortis un grand maître de l'ordre
de Saint- Jean de Jérusalem , un maré-
chal de France et plusieurs évêques
ou archevêques. Cette famille est
connue depuis Sibauty premier du
nom, seigneur de Clermont, men-
tionné dans un acte de 1094.
Sibaut If, son fils, vivait encore en
1180. Comme il avait commandé les
troupes qui servirent, en 1120, à chas-
ser de Rome l'antipape Grégoire VIII ,
le pape Calixte II, pour lui témoigner
sa reconnaissance, accorda à la maison
de Clermont le privilège de porter
pour armes deux clefs d'argent passées
en sautoir, sur un champ de gueules,
et pour cimier la tiare papale avec
cette devise : Si omnes te negaverunt,
ego te nunquam negabo.
Les personnages tes plus remarqua-
bles de ses descendante sont :
Aynard de Clermont ^ deuxième du
nom, créé en 1340, par Humbert II,
dauphin de Viennois, chef des guerres
delphinales.
Antoine de Clermont, troisième du
nom, en faveur de qui fut érigé, en
1547, le comté de Clermont, grand
maître des eaux et forêts de France ,
et lieutenant général des armées du
roi en Dauphiné, mort en 1569 des
blessures qu il avait reçues à la bataille
de Montcontour.
Henri de Clermont, créé duc et pair
en 1571, tué en avril 1573.
François de Clermont, comte de
Tonnerre, lieutenant général des ar-
mées du roi, mort en 1679.
François de Clermont- Tonnerre,
son fils, évéque et comte de Noyon,
pair de France, commandeur des or-
dres du roi, membre de l'Académie
française , o»^ il fonda un prix de poé-
sie; mort en 4701.
François de Clermont-Tonnerre ,
évéque et duc de Lan^res, neveu du
précédent, fut charge de V Oraison
funèbre de PhUippe de France , duc
d'Orléans, frère de Bonis XIV, mort
en 1724.
Gaspard, marquis de Clermont-
Tonner^-e, né en 1688, mort en 1781,
commandeur de l'ordre de Saint-Louis,
maréchal de France , duc et pair , se
distingua à Tarmée de Bohême en
1741, au combat de Sahav, à la défense
de l'Alsace, au siège de tribourg, à la
bataille de Fontenoi , oà il comman-
xto
CLE
L'UNIVERS.
CLE
dait la gauche de Tarmée française , à
la prise de Tournai^ à celle de "Bruxel-
les, à Raucoux et a Laufeld. En qua-
lité de doyen des maréchaux, il re-
présenta le connétable ' au sacre de
Louis XVI.
JtUeS' Charles- Henri de Clermont-
Tonnerre y lieutenant général, duc et
pair de France, commandant du Dau-
phiné, périt sur Téchafaud en 1794.
Stanislas , comte de Clermont-Ton-
nerre, né en 1747, était colonel au
moment où éclata la révolution. Dé-
puté de la noblesse aux états généraux,
il fut nommé président de la minorité
lors de la réunion de cette minorité
aux députés du tiers état. Dans la
nuit du 14 août 1789, il vota l'aboli-
tion de tous les privilèges ; quelque
temps après il fit accorder le ciroit de
cité aux protestants , aux juifs , aux
comédiens. Le 22 février 1790, il pro-
posa d'investir le roi de toute la puis-
sance executive , afin qu'il pût répri-
mer les troubles des provinces. Après
la session , il fonda , avec Malouet ,
une société politique en opposition
avec les jacobins, et qui prit pour or-
gane le journal des impartiaux. Cette
Feuille, dont les principes étaient en
opposition directe avec ceux qui do-
minaient à rassemblée législative, fut
cause de l'arrestation du comte de
Clermont-Tonnerre , après la fuite du
roi, en 1790. Mis presque aussitôt
après en liberté, il nit encore arrêté
le 10 août et de nouveau relâché au
bout de quelques instants. Mais ,
comme il retournait chez lui , un de
ses anciens domestiques, qu'il rencon-
tra , ameuta le peuple contre lui et le
fit massacrer. Ses opinions politiques
ont été recueillies et publiées en 1791,
en trois volumes in-8".
Clebmont «EN Abgonne, petite
ville de l'ancienne Champagne, aujour^
d'hui chef-lieu de canton du départe-
ment de la Meuse, à 24 kilomètres de
Verdun. Cette ville, qui avait le titre
de comté, fut donnée, par l'empereur
d'Allemagne, à l'église oe Verdun. Thi-
baut, comte de Bar, s'en empara, en
1204. Cependant, lui, ses successeurs
et les ducs de Lorraine, devenus
comtes de Bar, n'en continuèrent pas
moins à faire hommage aux évéques
de Verdun pour la seigneurie de Cler-
mont, jusqu'à l'an 1564, époque oiî
ce comté fut compris dans les investi-
tures données par les empereurs aux
ducs de Lorraine. De l'an 1633 à l'é-
poque de la paix des Pyrénées, les rois
Louis XIII et Louis XIV s'en rendi-
rent maîtres plusieurs fois. Mais, par
ce traité , le duc de Lorraine aban-
donna à la France tous les droits qu'il
prétendait avoir sur le comté de Cler-
mont, et Louis XV en fit présent au
f)rince de Condé , à charge de foi et
lommage à la couronne. Les tortifica-
tions de' Clermont furent rasées quel-
que temps après sa réunion à la France.
Sa population est aujourd'hui de 1,446
habitants.
Clebmont en Beàuvaisis, petite
ville avec le titre de comté, dans l'ancien
Beauvoisis , a jj. chef-lieu d'arrondisse-
ment du déparlement de l'Oise, joue un
grand rôle dans l'histoire des guerres
du moyen âge et même des tenjps mo-
dernes. On fait remonter au règne de
Charles le Chauve la construction de
son château. .Elle fut surprise par le
célèbre captai de Buch, lors des trou-
bles de la Jacquerie ; les Anglais s'en
rendirent maîtres et la pillèrent en
1359; elle leur résista opiniâtrement
en 1415. En 1430, le château fut pris
par le maréchal de Boussac ; mais la
ville, retombée au pouvoir des Anglais
en 1434, leur fut enlevée par la Hire
et rendue, en 1437, pour la rançon
de ce même la Hire. Elle ne tarda
pas à rentrer sous la domination fran-
çaise. En 1569, Charles IX aliéna Cler-
mont au duc de Brunswick , moyen-
nant 360,000 livres, et trente ans
après , la duchesse de Brunswick re-
vendit la ville à Charles, duc de Lor-
raine. En 1595, elle fut prise par
Henri IV sur la ligue, et en juillet
1615, le prince de Condé s'y retira
avec quelques troupes et parvint à s'y
fortifier. Aujourd'hui le château de
Clermont est devenu une maison cen-
trale de détention pour les fenàraes.
Cette ville, qui était avant la révolu-
tion le siège d'un bailliage et le chef-
CLE
FRANCE.
CLte
221
lieu d^une élection, possède aujour-
d'hui un tribunal de première instance
et un collège communal: Sa population
est de 2,715 habitants^ Cest la patrie
de J. Grevin et de J. Fernel.
Clebmont en Beauvaisis (comtes
de). — Les comtes de Clermont ont
joué un grand rôle dans notre histoire,
soit par eux-mêmes, soit par ['impor-
tance de leurs possessions. En voici la
liste :
V Renaud P^^ le premier comte de
Clermontdont l'histoire fasse mention,
fut, en 1054, l'un des généraux de
l'armée commandée en chef par Eudes,
frère de Henri I", et dirigée contre
Guillaume le Bâtard,ducde Normandie.
2** et 3° Hvgues , suîiiommé de
Mouchi y et Henaud II possédèrent en-
suite successivement le comté de (jler-
raont.
4° Raoul /", nommé connétable de
France par Louis VII , eut de longues
querelles avec Philippe d'Alsace, comte
de Flandre et régent du royaume , et
plus tard avec le chapitre de Beau vais,
qui l'excommunia plusieurs fois. Il ac-
compagna Philippe-Auguste à la croi-
sade et mourut au siège d'Acre, en
1191.
;5** Catherine, sa 011e, lui succéda ,
avec son mari , Louis, comte de Blois
et de Chartres , qui fut tué devant An-
drinople, en 1205.
6" Thibaut , dit le Jeune , mourut
en 1218 sans laisser d'enfants. Phi-
lippe-Auguste acquit ensuite les droits
de ses héritiers sur le comté de Cler-
mont et en investit son fils.
7« Philippe , dit Hurepel , mort en
1234.
^° Jeanne, sa fille aînée, épousa,
en 1236, Gaucher ou Gautier de Châ-
tillon, qui, dans la guerre de saint
X.ouis contre le comte de la Marche ,
tua de sa main le sénéchal de Sain-
tonge. Il accompagna encore le roi de
France en Egypte et y périt, le 5 avril
1260, dans la petite ville de Casel, en
défendant vaillamment, contre les Sar-
rasins, une rue qui conduisait au lo-
gement du roi. Comme il n'avait pas
laissé d'enfants de sa femme, qui
mourut la même année , le comté tut
réuni à la couronne par saint Louis ,
qui était le plus proche héritier, et qui
en investit son sixième fils,
9** Robert de France, qui épousa
Béatrix, fille de Jean de Bourgogne,
seigneur de Charolaiset d'Agnès, dame
de Bourbon. II succéda à cette der-
nière seigneurie de Bourbon, et mou-
rut en 1318. Son fils lui succéda dans
le comté de Clermont, etii sa mère,
dans la seigneurie de Bourbon, qui fut
érigée en duché. Depuis cette époque
les comtes de Clermont se confondent
avec les sires de Bourbon (voyez Boub-
BON.) Robert eut pour bailli , dans
son comté de Clermont, le célèbre
Beaumanoir (voyez ce nom.) Le comté
de Clermont fut de nouveau réuni à la
couronne, lors de la confiscation gé-
nérale des biens du connétable de
Bourbon.
La famille des premiers comtes de
Clermont a donné naissance à plusieurs
branches collatérales , dont les princi-
pales sont celles :
1° Des seigneurs ô'Mlly et de Néelle.
2° Des seigneurs d'OJjemont et de
Mello,
3<» Des seigneurs de Saint-Fenant
et du Sauchoi,
4° Des seigneurs de Thorigny et de
Monfgobert.
S" Des vicomtes de Chantilly et vi-
comtes d'Junai.
La plupart de ces branches ont
fourni des personnages remarquables.
Oh distingue, dans la première, Raotd
de Clermont, deuxième du nom, con-
nétable de France, en 1287, qui prit
une part active à toutes les guerres de
Philippe le Hardi et de Philippe le Bel,
et se trouvait à la malheureuse bataille
de Courtrai , qui fut livrée contre son
avis.
Dans la deuxième : 1** Gui de Cler-
mont, premier du nom, maréchal de
France en 1296, tué à Courtrai en
1302; 2° Jean de Néelle, deuxième
du nom, grand queux de France en
1345, nommé par Philippe VI l'un de
ses exécuteurs, testamentaires ; 3** Gui
de Néelle , deuxième du nom, maré-
chal de France en 1345^ tué à Moron
en-Bretagne, en 1352; 4* Gui de Néelle,
222
a.jE
L'UIÏIYEBS.
CLE
troisième du nom , conseiller et cham-
bellan du roi, tué à Azincourten 1415.
Et enfin dans la dernière, Jean de
Clermçnt, nommé maréchal de France
en 1362, tué en 1356 à la malheureuse
journée de Poitiers.
Clehmont-Febrani), Claromom,
NemossiiSy Nemetum, Augustoneme-
tumy Arvernorum civttas^ Arvemiy
Tune des plus anciennes villes de la
France, autrefois capitale de la pro-
vince d'Auvergne, aujourd'hui cnef-
lieu du département du Puy-de-Dôme.
L'origine de Clermont 'remonte à
répoque où les Romains s'établirent
dans les Gaules. A 8 kilomètres de
son emplacement actuel se trouvait la
cité gauloise de Gergovia, qui soutint
contre César un siège qui Ta rendue
célèbre. Après la destruction de cette
ville , les habitants se retirèrent à
Clermont, qui, fondée, ou du moins
embellie sous Auguste, devint la capi-
tale de TArvernie et prit le nom à'Au*
gu^tonemetum. Les empereurs en fi-
rent plus t^rd une cité ae droit latin
et y établirent un sénat. Les art$ y
furent cultivés avec succès; l'école ou
des maîtres habiles enseignaient les
belles-lettres fut longtemps célèbre,
et attira des étudiants de toutes les
parties de la Gaule. On y voyait une
statue colossale de Mercure, que
Pline appelle une merveille du monde.
Cette statue, qui était en bronze,
avait 122 mètres de hauteur , et avait
coûté environ 400,000 sesterces. Le
temple consacré à la même divinité ,
sous le nom de ff^assoGatate, excita
fadmiration des barbares eux-mêmes ;
il existait encore au temps de Grégoire
de Tours.
A répoque des invasions des bar-
bares, Clermont portait encore le
nom d'Au^ustonemetum : mais déjà
on nommait Ciarusmons la citadelle
qui la dominait, et qui ]^lus tard lui
donna son nom. Cette ville fut prise
et saccagée par les Vandales, en 408,
parles troupes d'Honorius, en 412;
assiégée inutilement en 413 par les
Visigoths, elle leur fut cédée deux ans
après. Thierry, fils naturel de Clovis ,
s en empara en 507 ; eUe fut pillée ,
brûlée et détruite par Thierry, en 532 ;
elle éprouva le même sort en 761 , en
853 et en 916, années pendant les-
quelles elle tomba successivement au
pouvoir de Pépin , des Normands et
des Danois. Ce fut dans ses murs que
se tint; en 1095, le célèbre concile où
fut donné le signal des croisades. Du
douzième au treizième siècle , elle eut
beaucoup à souffrir des guerres civi-
les et des incursions des Anglais. Pen-
dant les troubles de la ligue, elle resta
constamment fidèle à Henri III et à
Henri IV.
La ville de Mont-Ferrand (voyez ce
mot) , située à un kilomètre de Cler-
mont , fut réunie , en 1731 , à cette
ville, qui prit dès lors le nom àe Cler-
mont'Fer rand ; mais cette réunion
donna lieu à de nombreuses contesta-
tions et à des procès, qui étaient à peine
terminés à l'époque de la révolution.
Clermont était alors la capitale d'uq
gouvernement militaire et le siège
d'un évéché suffragant de Bourses,
d'une élection , d'une sénéchaussée et
d'un présidial , d'une cour des comp-
tes , etc.... Elle possède aujourd'hui
des tribunaux de première instance et
de comnierce, une académie universi-
taire, une académie des sciences, bel-
les-lettres et arts , un collège royal ,
une école secondaire de médecine et
une bibliothèque publique on l'on
compte 15,000 volumes et qui contient
des manuscrits précieux , une bourse
de commerce, une chambre consulta-
tive des arts et manufacture!. Sa po-
pulation^ y compris celle de Mont-Fer-
rand, est de 28,257 habitants. On y
remarque, entre autres édifices cu-
rieux , la cathédrale , fondée au cin-
quième siècle et rebâtie au treizième ;
I église Notre-Dame du Port, bâtie en
580, détruite en 824 par les Normands
et reconstruite en 853 ; le châteaii
d'eaq, fontaine d'une grande élégance,
construite en 1511. uest la patrie de
Grégoire de Tours, de Biaise Pascal, du
jurisconsulte Domat. du chevalier
d'Assas, du poète Detille, du gram-
mairien Girard, de Dulaure, auteur de
VHistoire de PariSj etc.
CL£jaiiONT-F£aj&AND (monnaie de).
FRANCE (LoniaXIl)
'ifn.Ay.A7t^r^ ix^ i^€^^^i^9t^, ,
.
FRANCE.) XI. £
-i9é..j^i/^..Ai^e .û'J«„^-^.--.^;g^/^ '-
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FRANCE. (X1?S)
,^.»-,.-^.. '//^a^J^^...^ -^ .*^ -^ 9^.,
CLE
FRANCE.
eu
333
•^La vU]«de Glermont,oonime capitale
de rAuvergne, a toujours jOué un rôle
irnportant dans notre histoire monétai-
re. 0<i y frappait déjà monnaie pendant
la période gauloise; on connaît, en
effet, un ^tatèred'or représentant d'un
côté une tête nue , avec la légende
, — GBivtïSTOAix ; de l'autre , un
eheval au galop, et comme symbole
un S et un vase à deux anses. Il est
d'autant plus probable que la figure
représentée sur cette belle médaille est
eelle du fameui chef arverne Veroen*
gétorix, qu'avant ^u'on la décou^
vrît on l'attribuait déjà à l'Auvergne,
à cause de la fréquence de leur pré-
sence dans ce pays, des statères tout à
fait semblables à cette figure, mais ané»
pigraphes.
Pendant la période romaine, Cler*
mont, comme toutes les villes de la
Gaule, perdit son autonomie ^ et cessa
de posséder un atelier monétaire; mais
elle recouvra ce privilège sous les rois
de la première race; l'on connaît, en
effet, des tiers de sou d'or de cette
époque frappés au nom de cette ville,
et ai piècds spnt même si nombreu-
ses, que nous devons renoncer à les
décrire; il nous suffira de dire que peu
de viilas en France en ont produit
d'aussi beaux et en aussi grand nom-
bre. On remarque très-souvent au re-
vers de ces pièces les deux grandes
lettres A R, initiales du mot Arperni,
nom latin de Glermont. Ces grandes
lettres se trouvent aussi sur les tiers
de sou des autres villes de l'Auvergne,
telles que Taloude, f^eroUum vicum,
et il ne faut pas confondre , comme
on le fait souvent, ces monnaies avec
celles d'Arles, qui portent aussi un A
et un R, mais avec cette particularité
que dans les pièces de cette dernière
▼ille, ces lettres cantonnent ordinaire-
ment la croix, et sont accompagnées
du chiffre vu. Parmi les monétaires
de Glermont , nous citerons BaU"
dricus , BomialuSy Mnidltis, Lev>*
Maximusy Hevegisuus, Eblenus^ Eo-
diciuë et Manileabo. Ge dernier a
frappé une monnaie à son nom et à
celui d'un Tbéodebert , qu'A est diffi-
eila de déterminer. On ne sait si c'est
le premier ou le second des princes de
ce nom. Cependant, malgré cette in-
certitude, cetriens n'en est pas moins
curieux , parce qu'il est fort rare de
trouver réunis sur les mêmes pièces
les noms des rois et des officiers pré-
posés à la fabrication des monnaies.
L'histoire monétaire de Glermont n'est
pas moins féconde sous la seconde
race ; elle fournit d'abord une petite
monnaie d'argent marquée des ini-
tiales GLA au droit et AR au revers,
CLArusmoHs AKVemorum, dont l'é-
poque ne peut être antérieure au règne
des derniers Mérovingiens* On connaît
aussi des deniers de Qermont frappés
sous Pépin le Bref, Carloman , Char-
lemagne , Louis le Débopnaire , et il
est à remarquer que tous sont d'an-
cien style, c'est-à-dire, monnayés
dans le système barbare usité avant la^
conquête de l'Italie. Le plus remar-
2uable de tous ces deniers e^t celui de
larloman, non-seulement parce qu'il
est unique, mais encore parce que c'est
le seul monument monétaire connu
jusqu'ici sur le frère de Chartemagne,
Pendant le moyen âge, les comtes
d'Auvergne, nuis le chapitre de la ca-
thédrale de Glermont , possédèrent le
droili^e battre monnaie; les chanoines
l'acquirent des comtes en 1030, et ils
le possédaient encore en 1315, lors du
fameux édit de Lagny, qui régla que
la monnaie de Glermont devait être à
trois deniers seize grains argent le
rbi ; de sorte que treize deniers ne va-
laient que douze petits tournois. Geà
deniers sont assez conqmuns ; ils pré-
sentent d'un coté la tête de la Vierge
avec la légende se a mabu, et au re-
vers une croix cantonnée de quatre
trèfles portés sur des pédoncules, et
autour YBBa abyiïbni».
Ct£aMONT-FEBEAi«D(sié^de). Eu-
rîCj roi des Visigoths, poursuivant avec
arueur ses projets de conquête dans les
provinces gallo-romaines , fit aux Ar-
vernes, vers l'an 470, une guerre opiniâ-
tre. Ils se défendirent héroïquement ,
encouragés qu'ils étaient par le brave
Ëcdicius et par l'éloquent Sidoine
Apollinaire. Chaque année , Euric ve-
nait bloquer la ville de Glermont,
224
CL£
L'UNIVERS.
CI.E
jusqu'à ce que l'hiver le forçât de nou-
veau à lever le siège. Cette' lutte opi-
niâtre continua jusqu'en 474 , époque
où Népos, le nouvel empereur d'Occi-
dent , abandonna lâchement à Euric
les provinces au midi de la Loire et
l'Arvernie , que ce prince n'avait pas
su conquérir. Il faut lire, dans les let-
tres de Sidoine , quel fut alors l'éton-
nement, le désespoir des Arvernes,
qui, selon l'expression du digne évêque,
s'étaient montrés les derniers Romains
de la Gaule. La chute de Clermont ne
{)récéda que de deux années celle de
'empire d'Occident,
Clersellier (Claude) , philosophe
du dix-septième siècle, mort en 1684,
à soixante-dix ans, est appelé par Bayle
« Tillustre M. Clersellier , l'ornement
« et Tappui du cartésianisme. » Il fut
l'éditeur des Lettres de Descartes
sur la morale^ la physique, fa méde-
cine et les mathématiques , Paris ,
1667, 3 vol. in-4'* ; Des principes de
la philosophie de Descartes y Paris,
1681 , in-4«, et des OEuvres posthu-
mes de HohavUy son gendre Paris,
1682, i^-4^
Clervant ( Claude - Antoine de
Vienne, baron de), issu de la famille
des ducs de Bourgogne, né,J^e1on
toute apparence, à Metz, vers 1505,
fut le premier gentilhomme de cette
ville qui embrassa le protestantisme ,
et l'homme qui , par l'ardeur de son
prosélytisme, contribua le plus aux
progrès de la réforme dans le norà-
est de la France. Clervant établit des
I)réches à Metz et dans les villages de
a Lorraine; assista, en 1575, au traité
conclu entre les princes d'Allemagne,
le prince de Condé et le duc d'Alen-
çon; amena à ce dernier les 2,000
retires que le duc de Guise battit près
de Château-Thierry, et fut fait pri-
sonnier dans cette affaire. Il mourut
quelques années plus tard, sans que
1 on sache précisément en quel lieu ni
à quelle époque. .
Cléry (J.-B. Cant Hanet), né à
Jardy, près de Versailles, en 1759,
s'est rendu célèbre par son dévoue-
ment à Louis XVI et à sa famille,
pendant leur captivité au Temple. On
lui doit le Journal de ce qui s* est passé
à la tour du Temple^ pendant la cap*
tivité de Louis XP'I^ Londres , 1798 ,
in-8**, ouvrage qui a eu un nombre
considérable d'éditions. Il est mort en
1809, à Hitzing, près Vienne.
Cléry-sur-Loiee , Cleriacum , jo-
lie petite ville de Kancien Orléanais,
aujourd'hui chef-lieu de canton du dé-
partement du Loiret, était autrefois
entourée de murs , de tours et de fos-
sés, et paraît devoir son origine à un
oratoire consacré à la Vierge, oratoire
qui , dit-on , existait dès le milieu du
sixième siècle. Philippe de Valois posa,
en 1330 , la i)remiere pierre d'une
église qui , entièrement terminée sous
son règne, fut a moitié détruite par
le comte de Salisbury, en 1428.
Louis XI la fit reconstruire plus tard_
avec magnificence, la dota de 2,330
écus d'or, et la désigna par son testa-
ment pour le lieu de sa sépulture. Il y
fut en effet inhumé , et on voit au-
jourd'hui , dans la grande nef de cette
église , le monument qui lui fut élevé
en 1622. On remarque encore à, Cléry
la maison qui fut habitée par ce
prince, et l'hôtellerie où descendirent
Louis XÏII, Louis XIV et la marquise
de Pompadour. La population de
Cléry est aujourd'hui de 2,510 hab.
Clèyes (Marie de), le plus ieune
des enfants de François V de Clèves,
duc de Nevers, et de Marguerite de
Bourbon- Vendôme , naquit en 1553,
et fut élevée par sa mère dans la reli-
gion calviniste. Elle parut à la cour
sous le règne de Charles IX ^ et sa
beauté fixa aussitôt tous les regards ;
tous les poètes du temps la célébrèrent
sous le nom de la belle Marie, Le duc
d'Anjou, depuis Henri III, éprouva
pour elle un violent amour. La diffé-
rence de religion , suivant les auteurs
de Mémoires , fut la seule cause qui
l'empêcha de l'épouser. Quoi qu'il en
soit, Marie de Clèves fut mariée au
prince de Condé , son cousin germain.
Le duc d'Anjou en fut désolé d'abord ;
mais son élection au trône de Pologne
vint' ensuite le distraire. Peu de temps
après , arriva la Saint-Barthélémy, qui
força le prince de Condé et sa femme
€LI
FRANCE.
CLI
225
à abjurer le calvinisme. (Tétait deux
moift après la célébration de leur ma-
riage. Marie abjura publiquement dans
réglise de Saint-Denis, le 3 octobre
1572 , et fut félicitée de sa conversion
par un bref du pape. Elle mourut en
coudie deux ans après , le 30 octobre
1574. Henri III, qui venait de succé-
der à Charles IX. et était depuis un
mois de retour de Pologne, en fut
saisi d'une si vive douleur, qu'il resta
enfermé plusieurs jours sans manger,
dans un appartement tendu de noir,
et ne reparut ensuite en public que
couvert de vêtements noirs parsemés
de têtes de mort.
Clin ABÀRii. On nommait ainsi un
corps de cavaliers gaulois entièrement
revêtus de fer, comme les chevaliers
du moyen âge.
Clichy - LA • G AREimE , village de
rile-de-France, aujourd'hui du dépar-
tement de la Seine ^ où les rois de la
{»remière race avaient un palais que
'on nommait la Noble-Maison. Ce fut
dans ce palais que Dagobert épousa ,
en 625, Gomatrude, qu'il y répudia
quatre ans plus tard. — Le 26 mai
627, Clotaire II y convoqua un concile
mixte composé d'évéc|ues et de laïques,
pour régler les affaires du royaume.
Deux autres conciles y furent encore
assemblés en 636 et en 653. —Pendant
les années 1795 , 96 et 97, ce fut à
Clichy que se tint le fameux club
contre-révolutionnaire nommé la SO'
dété de Clichy, et qui fut supprimé
au 18 fructidor an y. (Voyez Clubs.)
— Le 30 mars 1814 , ce village fut le
théâtre d'un vif engagement entre les
alliés et les gardes nationaux de Paris,
qui s'y défendirent avec une rare in-
trépidité. Le feu ne cessa que lorsqu'un
armistice eut été conclu. Les ennemis,
furieux de la résistance qu'ils avaient
éprouvée , livrèrent Clichy au pillage.
Clients. A l'époque où César pé-
nétra dans la Gaule , l'association et
la fédération étaient les principaux
éléments du système politique de ce
pays. La multitude , placée au-dessous
de'raristocratie, se divisait en deux
classes : le ()euple des camoagnes et le
peuple des villes ; et dans cnacune était
établi l'ordre de la clientèle. Dans la
Eremière, le client appartenait au chef
éréditaire du canton ; il cultivait ses
domaines^ et [suivait son étendard à
la guerre. Son devoir était de défendre
son patron jusqu'à la mort^ et l'aban-
donner dans une circonstance péril-
leuse était un acte infâme. Dans la
seconde , les conditions de la clientèle
étaient essentiellement différentes pour
le fond. Les faibles , les pauvres , les
artisans étaient aussi engagés, pour la
durée de leur vie , à des nommes puis-
sants; mais cet engagement, tout à
fait volontaire, ne liait point les fa-
milles, ne 'conférait aucun droit au
fils du patron, et n'imposait aucune
charge au fils du client; en outre,
comme des clients nombreux prou-
vaient un grand crédit, et conduisaient
aux plus hautes charges de la cité , le
patron avait le plus grand intérêt à
protéger ceux qui se soumettaient à
lui , et à les traiter avec ménagement.
Cette institution , utile pour les temps
de lutte , ne fut pas sans inconvénient
pendant la paix, et mit souvent en
péril la liberté gauloise. Ajoutons
Îiu'elle n'existait pas seulement parmi
es individus, mais se retrouvait encore
dans les rapports des divers peuples
entre eux. Ainsi qu'on le voit à chaque
page dans les Commentaires de César,
de petits États se groupaient , avec le
titre de clients , autour d'un Ëtat plus
puissant , et s'assoclant ainsi à sa for-
tune, avaient droit à sa protection. Ce
lien n'était cependant pas indissoluble,
et les États clients pouvaient se re<
porter à volonté sous la dépendance
d'un autre peuple plus puissant ou
moins tyrannique.
Pour un État principal comme pour
un individu noble, l'influence au de-
hors et la puissance à l'intérieur
étaient presque toujours basées sur le
nombre des clients.
Au-dessous des peuples clients se
trouvaient les peuples «2(/e^, ordinai-
rement soumis par la conquête. D'au-
tres échangeaient quelquefois entre
eux le nom de peuples frères ; et cette
alliance était sainte et inviolable.
Le système de dientèle avait encore
T. T. 15* Livraison. (Digt. engygl., etc.)
15
226.
€LI
L'UNIVERS.
eu
"M
laissé des tratesdaiu» la Gaule roina»i^
au cinquièipe siècle. Oa y désignait
par le nom de clients les colons anran.*
cbis , «t en outre certains petits pro4
priétaires doirefois jCultiYateufs libres
de leurs, terres, mais qui, réduî.ts h
ne piua pouvoir payer lès impôts, fi4
nissaient par se. mettre^ eux et kars
biens , sous la dépendance de quelque
puissant perscMonage qui les couvrait
de son immunifté. .
. — On aippelaitclients , soits le règne
de Philippe^Auguste , des gentilsbom*
mes^ui ) lorsque les armées étaienteii
eapipagne,. servaient fiouala bannière
de leur 'seigneur, du, sous celle de
Tavoué de quelque monastère dont ils
étaient vassaux. €e8 troupes combat**
taîent ordieairement à cheval; cepen«
dant, il est quelquefois question, de
elients à pied« -clientes pedûes^ not»m-i
ment dans le récit de larprtsedu cbâ«
teau d'Andely par Philippe- Auguste O4
Il n'est plus question de elients dans
les armées françaises , après le règne
dece roi^ - - , . ;i
CLUfCHAicFS, ancienne seigneurie
de r>iormandie, aujourd'hui eu dépa^f^
tement du Calvackis , à* G^ kilomàtreâ
de Coutaeces, érigée en comté en l^é&
Cliniqob. L'étude deta médecii»
au lit même du malade constitue ce
qu'on appelle la médecine clinique^
. C'est en Tan m que l'on a donné
pour la première fois en France une
organisation spéciale aux écoles clini-
ques. Déjà ,: il est vrai & Desbois de
Bochefort avait fait à l'hôpital de la
Charité des le^ns cliniques qui furent
^nsuite.eontinuées par Corvisart, Déjà
aussi , Desault avait établi et dirigé à
rUôtel'Dîeu de Paris une école cli-
nique de. chirurgie qui. a laissé des
souvenirs glorieux. Enfin , la Société
royale de.Biédfteiney interprète- des
vœux formés depuis le commencement
du siècle partous les médeeinséciaii^s,
avait , en :1790 , présenté un plao d'ins-
titutions cliniques. Ces institutions fi<p
rent pai|tie des écoles de aa^té^crééee
en 1794, à Paris, à Strasbourg et à
; (f) "Voyelle P» .Dapiel» HUtoire de la
milice française, t. I^ p. x35.
Montpellier. Oneeéa des ohaices de
diniques: médicales; et chhrurgicales
qui fuirent distinctes des chaire» con-t
sacrée» à i'euseigttëment théorique de
la médecine et de.ia rchirur/ete^
<. Depuis t les études cliniques ottt ac-
quis en France une grande extension.
ha Faeulté de médecine oorbpte actuel*
lement quatre pmfesseiirg'de clinique
médicale et quatre prefesseurs'de dt*^
pique chirurgicale. Depuis pliisieurs
années, elle a créé, en outrai, une
chaire de diniqued'aoooacheaienti Un
grand npnahre de médeetnshattachés
aux hôpitaux donnent «aussi des ieeoos
de cliiuquedans ha hôpitaux , etcom-
plètent ainsi les études pratiques si
indispensablesaux jeunes nnédecins.
CussoN, petite ville de Tancienne
Bretagne 9 aujourd'hui ehef^lieu de
canton du département de ja Loire-
inférieure. On- y> voit encore, sur un
roc qtii la domine ,:dea ruines de l'an**
tique château qm fut ^ssédé par le
célèbre connétable de Clissont La po*
pulation dci cette ville est aujourd'hui
de 1,200 habitants; 1 .
QLisaoN:(combatde)é Afi^reiiant Jes
deux défaites que les troupes trépublir
caines venaient d'essuyer, la premièrei.
à Torfou, le 19 septembre! 1793, la
seconde à Montaigu le 21 » le génépal
Canclaux , dont la division était can^
tonnée à Clisson , ju^a prudent de ce
replier sur Nantes. Il se met donc ea
marche le 23; mais déjà Bonchitanpet
trois autres chefs, Lvrotde la Patouitt
1ère, Talmont etrd'iIsi^y,t>d5Qiit en
roDte pour lui couper la reti»ite, et
l!attaq(ient vigoureusensent à sa sortie
de;Qisson» Les patriotes :4Kp{K)sèrent
la plus énergique résistance.. A trois
reprises, Bonchampi q«i déploie no
à»i^age de liQ»« renouvelle lei^barget
chaqo^fois ilest neppussé, quand tout
lui promettait une éclatante vietoine.
Qharette>i <|ui>iavait. promis de forendre
part è l'actietf, pe 5e<;montrail pss;
ce manque de parole aeb^e de jet#r
l'indéeisien parmi les Yeoiléeps.^ Can«v
ciau< en profila , et; parvint àitr^ompre
leera vaegsu Ea vaio-Bojichanop a'efe
feroe»-tH|i4e BalJiei; )es;ro>ia)istep'etf4e
les ramener au combat. Lie bruit court
i
1
i
«
\
^,
FBA-NCE.(X,1V?3)
^ii^Zi^.,.^.^ '^âl^.
Il
FRAINCE.
CLO
227
parmi eux qu'ils 6t>/jt Ivabis^ puisque
Charette , qu'ils ont se4X>uvu rasant-
veille, les abandonne ce jouHà. Il
devient impossible de. 1^ r^tenic da-f
vantage, ejii , bientôt cbacun obercha
son salut dans ta fuJte<; Bonchamp et
les autres chefç sont obligés de suivre
leurs soldats^' C'anci^ux b^ profita de
son succès que pour continuer plws
sûrement. «ft en meilleur ordre sou
mouvement ^rétrograde vers Nantes.
. Clisson (Olivier de) y né en Breta-;
gne^ connétable de France, en 1380,
saus Je.règue de Gbarles YI. Il n'avait
qye douze» ans ^ lorsque soppère fut
décapité à Paris , par ordre de Philippe
de Valois. Sa mère r.envoya en Angler
terre ^ ou il fut élevé; mais il revint
en Bretsigne aussitôt qu'il fut en âge
de porter les armes^ et se trouva, eu
1364 y à la bataille .d'Auray» où il per*
dit un Q^ilt Importait aux Anglais une
baine implacable: Jean de Mont£ort,
duc de Bretagne , avant donné au cé-
lèbre Cbandos te château de Gavre •
Clissoa jura (ju'il n'aurait pas un An-
glais pour voisin , alla attaquer le cbâf-
teau , et le dénwlit entièrement. Forcé
alors de quitter la Bretagne ^*il vint à
la cour de Cbaries Y, où il fut comblé
(ie faveur». ;II devint, eu 1370i le frère
et le<x^mpagon d'armes de du (xuesalin^
avec lequel il contribua à délivrer la
France du. fléau des grandes ccmpa"
gni^. (Y^y.pu GuBSCUNetGuAjXDSS
GOMi^àGMIE$.) U voulut ensuite re-
tourner en Bretagne, et il y fut en
effet bhèu x»(^; ma\$ le duc^ ^ui
coosenvait contre lui un {profond rest
sentiment, avait ordonné en secret à
Balavan, commandant' du, cbâteau de
l'Herioine^de Tarrélter» de le coudre
dang un aaoy.etde le Jetev à la mer»
Bala^an. garda, ion prisonnier, dans
pendant la minorité de Charlea YI.
Olivia, commanda en cette qualité, l'ar
vant-garde de l'armée frauçaise^ à la
bataille de Bosbeeq, si funeste aux
Flamands^, jqui y perdirent vingt-cinq
mille hommes» Jl s'occupait du projet
decbasser entièrement, les Anglais du
sol. de la France lorsque, dans la
nuil du 13 au 14 juin ia93, il faillit
être. assassiné par une troupe de bri-«
gauds que commandait Pierre de
CraoRi son ennemi particulier. (Yoy.
CsAON (Pierre de.) ,
; Olivier de Clisson, l'un des plus
babiles généraux <de son siècle, lami
et le compagnon d'armes de du Gues-
cUn , auquel on l'a souvent comparé t
sedésbonora par une incroyable avidité
pour l'argent. Il jouit cependant d'une
faveur constante soua. le règne de
Charles Y et dans les premiers temps
de celui de Gbarles YI; ces deux
princes appréciaient ses talents et sa?
iraJeat qu il leur était nécessaire. IVIais,
dans les ^troubles.qui signalèrent la
démence de Charles YI , les nombreux
ennemis qu'il s-'était faits se réunirent
pour Tàccabler : il fut dépouillé de
toutes ses c^rges, accusé de malé-
fices, en 1891, et condamné à: une
amende de cent mille marcs d'argent»
Il se retira alors dans son château de
losselin, en:Bretague> où il n^purul:
le 24 avril 1407. Il laissa, une fortune
évaluée à 1,700,000 livres, somme
prodigieuse pour le temps*-
' Ci.0€iiB^ ^ L'opifiiOB la plus généo
i*alemert admise amourd'hui attribue
l'introduction des cloehes* eniOccideni:
à saint Paulin, qui fut évéque de Noie
tii Gampanie , de 409 à .481 » et qui
i'en servait pour appeler les fidèles aux
oÉices de Téglise. Baavioi etPolvdore
-Yirgîier attribuent riiiventk)n de ces
l'espoir <)ue .16. pritiee ne tarderait pas- mstniments sonores au/p^j^abinie^*
à se repentir d'ua ordcet si ci^u^KEa
effet;,. Jeaa de Montfort conseutitt
peu de temps après, à rendre.à Giisson
sa liberté^ moyennant une raneon
considérable; iLse réconcilia même,
depuis* f sincèrement avec lui . > •
: i Churles ¥» au lit de la «mort ,. désir
gnaL GlisfiOQ oommele seui/hommt
capable de porter Tépée de connétable
qui. occupa la.obaire pontifteàle.deOOO
à 607 ; du Gange combat cette opinion,
aussi bien. que la précédente;, sans en
ém^trè aucune pour son proprecomp-
te* D'autres écrivains prétendent que
les cloches étaient encore inconnues à
l'Église avaqt la fia du dixième sièd^
et qu'on n'a eommeol^é à sueitcjseryir
qu'en 972; n^ia cette assertion est
228
€LO
L'UNIVERS.
GLO
clairement démentie par les faits.
En effet, Alcuin parle de Tusage
de bénir les cloches comme antérieur à
Tan 770; et le moine de Saint«Gall ra-
conte qu'un religieux de son monas-
tère, fort habile dans l'art de fondre
et de travailler les métaux , ayant fait
une très-belle cloche, dont le son émer-
veillait Charlemagne, dit à ce prince,
qui le félicitait de son ouvrage : « Ma-
« gnifîque empereur, si vous voulez
« me faire donner beaucoup de cuivre,
«et, au lieu d'étain, seulement cent
« livres d'argent, je vous en ferai une
« autre près de laquelle celle-ci vous
« seinblera muette. »
Les cloches, mises au nombre des
objets nécessaires à la célébration du
service divin, furent d'abord destinées
à convoquer les fidèles aux assemblées
religieuses , aux prières de l'église , à
sonner les heures canoniales ; et quand
XiOuis XI eut ordonné que dans tout
son royaume on récitât V Angélus trois
fois par jour, elles eurent pour mission
de rappeler ce devoir de piété.
Cette manière éclatante d'appeler
l'attentionr, flatta bientôt la vanité
des grands , et , en premier lieu , des
gens d'église. Les évéques et les abbés
voulurent que l'on sonnât les cloches
quand ils arrivaient dans une ville ou
une paroisse soumise à leur juridic-
tion ; les rois exigèrent ensuite le même
honneur quand ils faisaient leur entrée
solennelle. Mathieu Paris raconte que
Kichard, roi d'Angleterre, fut reçu
en 1240, à Ptolémaïs, au son des clo-
ches et au chant des prêtres. Le con-
tinuateur de Guillaume de Nangis dit
que, lorsque l'empereur Charles IV
vint en France en 1378, les cloches ne
saluèrent point son arrivée , parce que
c'était un honneur qui ne se rendait,
«n signe de souverameté et de domi-
nation, qu'aux rois et aux grands per-
sonnages chargés par eux de missions
importantes dans le royaume. Cepen-
dant on lit , dans le roman de Ùarin
le Loherains, quatre vers qui sem-
blent indiquer gue cet honneur était
accordé , au moins quelquefois , à des
hommes dont la tête ne portait point
une couronne. Les voici:
lÀ Loherans à Ne .re-Dame Tint ,
Et la jroine moult grant joie li fiât
li saint sonoèrent tost coulreral Paris ,
Ke Oex tonant n'i poltron oïr.
Les cloches sont appelées ici U seint
du mot latin signumy par lequel on
les désigna d'abord.
En même temps s'introduisit l'u-
sage de sonner les cloches en signe de
réjouissance , lors d'un événement im-
Eortant , tel que le gain d'une grande
ataille, la signature d'un traité de paix,
la naissance d'un héritier de la couron-
ne. Quand Louis XI V vint au monde, ce
qui eut lieu Te 5 septembre 1638, la ville
de Paris , sitôt qu'elle en eut reçu la
nouvelle, ordonna, entre autres mar-
ques d'allégresse, que l'on mît en vo-
lée toutes les cloches des paroisses et
des couvents , et que la sonnerie durât
la journée entière du lendemain. La
grosse cloche du Louvre et celle de
l'hôtel de ville, qui ne se branlent
pointa moins de la naissance d'un
dauphin, sonnèrent toute la journée
du 7 et encore celle/du 8.
Les cloches eurent aussi cour des-
tination d'annoncer des événements
douloureux ; on les sonnait d'une ma-
nière lente et lugubre, lors de l'agonie
d'un moribond , pour inviter les fidèles
à prier pour lui, et, après son décès,
{)our annoncer son inhumation; on
es sonnait pour faire connaître le tré-
pas des ecclésiastiques, des bénéfi-
ciers, et des seigneurs des paroisses.
Comme ces derniers se prévalaient
quelquefois de leurs privilèges , pour
taire usage des cloches dans des cir-
constances qui n'avaient rien de reli-
gieux, une ordonnance défendît à
toutes personnes, même aux seigneurs,
de se servir des cloches et de contrain-
dre les curés à les faire sonner à d'au-
tres heures et pour d'autres convoca-
tions que celles qui étaient Gxées par
l'usage ; quantaux curés , il leur fut
recommandé de se conformer aux usa-
ges établis.
Les. cloches donnèrent aussi quel-
quefois le signal du meurtre et du car-
nage ; ce fut celle de Saint-Germain*
l'Auxerrois, puis celle du Palais, et
enfin toutes celles qui existaient dans
CLO
FRANGE.
€L0
229
Paris , qui donnèrent le signal de la
Saint-Aarthélemy.
On faisait enlever les cloches d*une
TÎHe lorsqu'elles avaient servi à assem-
bler des séditieux, ou quand on vou-
lait seulement prévenir une révolte.
Cette peine fut infligée en 1552 à la
ville de Bordeaux , et, en 1574, à celle
de Montpellier. (Vojrez Bbffboi.)
Lors de la révolution on transforma
en pièces de canon , et en pièces de
cinq et dix centimes, un grand nom-
bre de cloches , et notamment celles
des couvents supprimés. Néanmoins ,
à la réouverture oes églises , il s'en est
trouvé encore une quantité suffisante
pour les besoins du eulte.
Les cloches ont donné lieu autrefois
à bien dés superstitions, que les auto-
rités civiles et ecclésiastiques con-
damnèrent tour à tour. Il fut un temps
où on les sonnait pour chasser les dé-
mons, pour déhvrer les possédés,
pour tuer les chenilles , pour évoquer
les ombres des morts , etc. De toutes
ces superstitions , la plus tenace et
la plus dangereuse est celle qui les
fait sonner pendant un orage, pour
chasser les nuages qui recèlent la
foudre. ,
Cloche bàïiaxe , hancwche ou
bancloqtie, nom sous lequel on dési-
fnait,au moyen âge, les cloches des
effrois, dont le principal usage était
d'appeler les bourgeois aux assemblées
où devaient se discuter leurs intérêts.
(Voyez l'article Beffroi.)
Toutes les fois que le roi ou un sei-
gneur délivrait à une ville une charte
de commune, il lui octroyait en même
temps une cloche banale ou munici-
pale. Cette clause se trouve mention-
née, en termes exprès, dans la charte
d'affranchissement de Tournai, con-
cédée en 1187; dans celle de Riom,
accordée en 1345 par Philippe de Va-
lois ; et dans celle que Jean , comte
d'Artois, accorda, en 1^76, à la ville
de Saint- Valéry.
Nous croyons devoir ajouter que la
cloche municipale s'appelait cloche ba-
nale et bancloche , à cause de l'une des
significations du mot bannir ^ qui vou-
lait dire aussi : appeler , convoquer.
publier. On dit encore , en Anjou et
en Touraine, bannir un mariage,
pour en publier les bans. (Voy. Bans
BE UAHTAGE.)
Cloches (bénédiction des). Les clo-
ches destinées au service du culte sont
regardées comme des objets profanes,
jusqu'au moment où elles ont reçu la
bénédiction , que l'on appelle impro-
prement le baptême» Cette cérémonie,
?[uoique de la plus haute antiquité , ne
ut cependant pas toujours réputée né-
cessaire. Alcuin, qui en parle comme
d'un usage existant avant 770, la con-
damne comme superstitieuse , et dit en
termes formels qu'il ne faut point bé-
nir les cloches , leur faire des onctions
sacrées , et leur imposer des noms. Le
moine Helgand parle d'un saint per-
sonnage de son temps qui blâme éga-
lement cet usagé , qu'il traite aussi de
superstition. Un capitulaîre de 787 le
déifendit ; néanmoins il s'observa tou-
jours, etingulfe, moine du dixième
siècle , parle de deux grandes cloches
qui furent baptisées et nommées Bar-
tholomée et Bittin , et de deux petites
qui reçurent les noms de Pega et Bega.
Avec le temps la bénédiction , ou le
baptême des cloches , devint d'obliga-
tion dans l'Église ; le cérémonial de ce
baptême fut réglé par le pontificat ro-
main et par les rituels , et l'on trouve
même, dans les canons du concile tenu
à Toulouse en 1590, un article qui ré-
serve aux évéques le droit de bénir les
cloches; néanmoins, les prélats peu-
veiit déléguer de simples prêtres pour
cette partie de leurs fonctions ; ce qu'ils
font ordinairement pour les villes où
ils ne résident pas.
Cloches (rachat des.) — Sous l'an-
cienne monarchie, lorsqu'une place
était prise après avoir souffert le ca-
non , les cloches des églises , ainsi que
tous les ustensiles de cuivre qui se
trouvaient dans la ville appartenaient
au grand maître d'artillerie, et les ha-
bitants étaient obligés de les racheter
.à prix d'argent. Cet usage, qui, sui-
vant le P. Daniel , existait encore du
temps de Louis XIV, était depuis long-
temps tombé en désuétude, lorsqu'il
fut rétabli par Napoléon en 1807, lors
230
GLO
L'UNIVERS*
),
€LO
3,009
1,200
^ 600
300
100
>25
IS
12
de la prise de Dantzig. Les cloches de
cette ville* fljrént alors ddndéés à Vavr
tîllërie^ et les habitants le^ rach^tèretft
pobf a ne somme ssié^ considérante,
qui fut distribuée ainsi quMI Gtiit àax
militaires dè^dilTéfents giràdels : •
lé généràrde brigade Teçùt 4,000 fr.
Le (Lionel '
Le chef dé bataillon
Le capitaine • ' ' •
Lè.lîeutenattt
Le sergent-major
Le sergent ^ ■
Le èappiiàl
Le canDhiiier.
Les sapeurs et les mineurs forent re-
gardés comme trouas d'artiflerie.* La
moitîé de 'chaque somme fut donnée
aux grades t^rrespondants des troupes
auxiliaires et-dutrain.
Par un décret du 22 septembre 1 81 0,
l'empereur détermina cette répartitfon
du prix du rachat dès cloches en non!-
bre de parts de la -manière suivante :
••' 16 au généra! de division. ' ■-
12 au général dé brigade.
S au colotiel.' -
• 6 au major.
4 feio chef de bataillon. ^
2 au capitaine.
1 au lieutenant.
8 au sergent-maior, conducteur et
garde. ■ . i ; = i ..
' '4 au sergent.
2 au caporal.
1 au canonnier.
Le commandant de l'équipage de
siège avait les parts de son gradé',
plus 20; •
.'' Pour déterminer le montant de cha-
que parti on partageait le prix du ra-
chat par moitiés i dont l'une était
affectée aux officiers ^ et l'autre' aux
sons - officiers , soldats ' et ' employés.
Dans cette dernière prtion , les auxi-
liaires et le train avaient dèmî-part , et
lés sapeurs et mineurs une part entière
comme les canonniers. Depuis lors,
pendants les uns des autres. Le plus
andieh Ile ees ^ohefe sirr fefuel^noias
ayons des données féritablëii»$Bt Iwl-
fôritjues est €lodion. Gr^oife^ de
Toàrs ne parle ^qu'avec une- extrême
défiatice'' des chef^ «ntérieuri à ce
dernier. Sûivam^^eet ëcrfvnln, Clo-
didn partit de sa résidence au château
de D>spel^ 60 Thuring« vers Ta^ 430;
il pàsMi^lf Rhin , s'eihpara de Cambrai,
etisoon^t peu à peu tout iepays situé
entre le làrin «t la Sommet « Qu^
« quès^unS'SttsureDt, ditcnsiiite l^his-
« torîen,'iqw»iie'rai Mérovée,qui'efit
« pcHir fils Childéric,;élait cte sa race.»
Mais H <n8 tilt 'pas un met de pkisr ni
(Nrr Clodion'iif sur Mérovée. îk failt
donc regarder comme fal)uleux tout 09$
qui est di« dams pinsiecirs' histoires de
France sur les exploits et survie règne
dé €lodfon. »'" ' " .
■' Glodion (Claude - Michel), sculp-
teuf , né è- IVaïii^- vers 1745 ^ a excellé
dans le genre' gracieux' $ ses «befi^
d'^ieavre sont déjeunes fîttesqai jouent
tivee' des oiseaux, qni S'oeeupent de
palier leur beauté naissante, ou qai
s'abandonnent à la nêverie; une bai->
gneuse* que rembarras d'être nue enf-
oeliit encore ; a ne bergère au sourire
naïf qui donne à manger à des tourte-
t^eller^etc:, feto. On lui reprodie ce-
pendant de n'avoir pas toute la pureté
de dessin que demande la sculpture^
et ce défaut est surtout sensible dans
son Sûamandre dènséûhé -paries feux
ëe F'ttlcani; dsim son Vetettle en re-
pos, et dians son MénPesquieu, Le
meilleur de ses ouvrages est W groupe
du Déhgei ClOdion 'est? mort- a Paris
en 1814, ^ptbs avoir ' profiané son ci-
seau en produisant un& foute de su-
jets-obâcenes. ■■ '"■ " • ' '^' »
Clodomir, l'atné des fils de Clovis
et de Clotilde, devint roi d'Orléans à
fa mort de son père, ^ 611^ Ë)(cité
par sa mère, et sans - doute aussi par
sa propre ambition, il martcha avec:ses
iï ne s^est plus présenté d'occasion dé frères contfre Sigismond^ roi de Bour«
remettre cet usage ïen Vigueur.
' Clodion. -i- Les' Francs e<)mmen-
cèrent à s ■établir' en Gaule vers 480.
Ils étaient divisés en plusieurs tribus
commandées par autant de chefs tndé-
gogne. Ce prince fiït' vaioco et fait
prisonnier par CN>domir;>mii', de re-
tour dants ses États, le 'fit jeter,' avec
sa» femme et ses enfants, éan9Ùft puits,
dof)t ii fit ensuite fcnrnleirf i^entrée avec
.<■/
CLO
FRANCE.
CLO
281
:' .T r
des pierres. Les Burgondes prirent ' du genre humain, les régénérateursT de
alors:fp«irvailGôndeffMf^ ftfère de fie
niiHieu^eiix rprioee. Clodomir mafcba
é& nouveau conlre eux , «n ô24*- il f^t
tDé-.dant'Uii&bataiyfii^ et» sa tîte, B^r
parée ^de «on 'corps^. fut poitée en
triompii» eu bout .d'une pique. Le9
Burgondes espéraient décourager Aea
Francs eu) leur préaeotani ce trophée»
Mais la vue de lalêiède Giodomir pro->
duisit'UTDefifiBt tout différent; ils de-
vinrent furieutftseprécjpitèrentaveu*
giéméntisur leurs ennemis, et en ilrent
on carnage horr^ebrCtodi^mirr n'était
âgé que detrenteans^ Il avait eu de. a^i
Semaoe, |}<xlinque , îtrois^enfants, do«t
les deux; aines furait massacrés par
Jears oncles'^ Chiidebert et.Ciotair«k
qui :se.parlagèreat: le rovaumer d<Orr
féamsi Le (roisième, CJodoald,: fut
forcé dleinbeasser lavie «lona^tique^
Il .a'.été .eanonis'é , et est- c^hûu sous le
noffiiie saint tGioud'. ( Noye^ Childet
BBBT et'CLOui> (sa-inO;.) • : ',
CtooTS ( Jean^-Baptiste du Val-de-
Gnâce),^ plus; connu sous le nom é'y^-
noûkorsis^ baron prussien , naquit à
Trêves en 1755, et«vint f^ire ses élu-
dés à Paris. I| y obtint des succès assez
brillaals , et se lia avec x]uelques-un6
deai'Jiirtérateurs les plus célèbres «dji
tocips. T^ourrifde la leetur-e des aâ-
deos, et; plein d'admiration pour les
législateurs de S|)atte et d'At()ènes , il
àljma^Da que les mêmes institutions
pouvaient oonve^ir à tous les lieux et
a tous les. tem^s v et il .se crut appelé à
fA^mocna^è^er runàvers» On le vit alocs
parcourir i'Alleœa^n^^ l'Italie et plu-
sieurs Vautres oantrées de l'Europe,
SDOS le nom ^^ Anacharsis, qu'il avait
substitué à celui d« J^an-^c^tiste, et
coBsaoriBr sa fortune à «la propagation
de Èou philantàropisme^ De Retour à
Faria lopscyie Ja r«volutjor) éclata, il
eia embrassa la Clause .avec enthou-
siasnMl) Après a^ojr adressé à l*Ass^m-
Mée constitusaute un grand nombre de
pétitions ^1 d'adresses , etc., il prit le
titre adorateur du^genre humain y et se
mit à la tête d'une foule d'individui^,
qui , revêtus de costumes étrangers ,
et se disant députés de tous les peuples
du moacte * vinrent féliciter , ^ nom
la France.. Il manifesta âolenoellement
à la barre de TAssemblee législative )a
joie qu'il avait ressentie en voyaùt
tombçr le trdne constitutionnel dans
la journée xlu 10 août; il proposa de
lever une légion prussienne, sous le
nom de légion vandale; applaudit
bautement a l'action d'Ankarstroera ,
assassin du roi de Suède, et demanda
la mise à prix de là tête du roi de
Prusse. Les électeurs du département
de rOise Renvoyèrent à la Convention
au mois de septembre 1792; il y porta
ses idées de subversion politique et
religieuse , et ne cessa de réclamer une
réforme radicale pour lé monde entier.
Imbu des principes de son siècle contrç
lecbristia^iisme, il se déclara Vennemi
personnel de l'auteur de TÉvangile , ef
fut un des apdtres les plus fervents dû
ctUte dé la Raison, Dans le procès dl$
Louis XVI , il vota la mort a^ nom dû
genre humain, et ajouta ; « Je con-
dji damne pareillement à mort l'infâme
« Frédéric-Gui Haume. » Son livre De
la république universelle est la véri-
table et complète expression des senti-
ments et des idées d'un bomifte qui ,
en Ivaine du fanatisme religieux et de
la monarchie féodale , était devenu fa-
natique d'athéisme et de sentiments
démocratiques. « Le peuple , y disait-
« il, est le souverain et le dieu du
« monde; la France est le centre du
« peuple-dieu ; les sots seuls peuvent
« croire à l'existence d'un autre dieu,
« d'un Être suprême. » Avec une telle
doctrine, le fougueux Prussien devait
s'associer aux athées et aux ochlS-
crates qui, soudoyés par l'étranger,
voulaient pousser la révolution dans
les excès,. et compromettre sa cause
par l'anarchie ; au.vsi partagea-t-il leur
puissance, leur délire et leur sup-
plice. Compris dans la dénoncia-
tion portée par Saint-Just contre les
hébertistes ei les agents de l'étraoger,
il fut arrêté et condamné à mort le
24 mars 1794. En allant à l'échafaud,
il ne cessa de. prêcher l'auteur du Père
Duchesnèy pour le prémunir contre
les réminiscences religieuses de son
enfance f et demanda à être exécuté le
28S
CLO
L'UNIVERS.
CLO
dernier, afin d'avoir le temps de faire
de nouvelles observations et de pro-
longer de quelques instants le cours de
ses spéculations sur la nature humaine.
Il reçut ensuite le coup fatal avec le
courage d'un fanatique.
Gloquet ( Hippolyte ) , membre de
r Académie de médecine, agrégé à la
faculté de Paris , né à Paris en 1787 ,
a publié les ouvrages suivants : Traité
(Tanatomie descriptive, Paris, 1815,
2 vol. in-S®; Traité des odeurs ^ des
sens et des organes de Volf action,
Paris, 1821 , in-8°; Faune des méde-
cins, 1822-1827, in-8o; Traité de Va^
natomie de Phomme comparée dans
ses rapports les plus importants avec
celle des animaux, et considérée sous
le double rapport de r histologie et de
la morphologie, 1825 et années sui-
vantes , 5 parties in-4o.
Cloquet* ( Jules ) , frère du précé-
dent , chirurgien en second de Thôpital
Saint- Louis, membre de l'Académie de
médecine, professeur à la faculté de
Paris , a publié un assez grand nombre
d'ouvrages , dont les plus importants
sont : Recherches anatomiques sur les
hernies de l'abdomen ^ Paris, 1817,
in-4«, fig.; Anatomie de 1^ homme y ou
Description et figures lithographiées
de toutes les parties du corps humain,
1821-27; Manuel d'anatomie descrip^
tive du corps humain-, 1824 et années
suivantes , 250 planches in-4**.
Closteh - Gàmp ( combat de ) —
L'armée prussienne, commandée par
le prince héréditaire de Brunswick,
s'était portée sur le bas Rhin et assié-
geait Wesel. Le marquis de Gastries ,
gui depuis devint maréchal de France,
lut envoyé au secours de cette ville
avec un corps d'armée formé à la hâte.
Il s'avança avec rapidité, emporta
Rheinsberg l'épéeàla main, et jeta dans
Wesel un secours de six cents hommes
d'élite. Méditant ensuite une action
importante, il vint camper , le 15 oc-
tobre 1760, à un quart de lieue de
Gioster-Gamp. Le prince héréditaire
ne crut pas devoir l'attendre devant
Wesel et m décida à l'attaquer. Pen-
dant la nuit du 15 au 16, il se porta
par une marche forcée au-devant de
lui avec l'intention de le surprendre.
Mais le général français s'était douté
de ce projet , et avait fait coucher son
armée sous les armes. Vers les quatre
heures du matin , il envoie à la décou-
verte M. d^Assas, capitaine au régi-
ment d'Auvergne. A peine cet ofBcier
a-t-iLfait quelques pas , que des grena-
diers en embuscade l'environnent et le
saisissent à peu de distance de son ré-
giment. Ils lui présentent la bajk)n-
nette, et lui disent que s'il fait du bruit,
il est mort. D'Assas se recueille un
instant pour renforcer sa voix , et crie :
j4 moi, Auvergne y voilà rennemi! Il
tomba aussitôt percé de coups. Mais
l'éveil était donné; la bataille com-
mença au milieu des ténèbres. On se
battit de part et d'autre avec acharne-
ment pendant cinq heures, et le champ
de bataille resta aux Français. Les en-
nemis furent obligés de se retirer avec
une perte considérable , de repasser le
Rhin et de lever le siège de Wesel , où
le marquis de Gastries entra avec huit
bataillons. Sans cette victoire, l'ennemi
pénétrait en France.
Glotàire T' était le plus jeune des
fils de Glovis et de Glotilde. Kn 511 ,
après la mort de son père , il obtint
en partage le royaume de Soissons.
Quand l'âge de l'ambition et de l'acti-
vité fut venu pour lui , il s'associa à
ses frères , les suivit dans leurs expé-
ditions , et combattit avec eux contre
les Burgondes. Bientôt il se montra
plus cruel qu'aucun d'eux; ce fut hii
3ui, après la mort de Clodomir, roi
'Orléans , fit massacrer les fils de ce
prince pour s'emparer de son héritage.
( Voy. Ghildebebt. ) Glotàire , après
avoir partagé le royaume d'Orléans
avec Gnildebert, ajouta encore à ses
possessions les États de Théodebald ,
roi d'Austrasie, petit-fils de Théodoric,
son frère aîné. Ghildebert , jaloux des
accroissements de Glotàire, excita con
tre lui son fils Ghramne, qui prit les
armes et se révolta , malgré tous les
efforts de son père pour le ramener à
l'obéissance. Tant que Ghilddwrt vé-
cut , Ghramne put se soutenir ; mais à
la mort de son oncle , il devint trop
faible, et se trouva exposé à la ven-
iL„.
GU>
FRANCE.
GLO
9SS
geance de son pèlre. Poarsuivi et atteint
dans les États du duc de Bretagne , il
fut battu de verges, enfermé dans une
chaumière , et brûlé avec toute sa fa-
mille. Cependant Clotaire , revenu de
sa fureur, se repentit, et mourut bour-
relé de remords et de terreurs reli-
gieuses, en s'écriant : « Wah ! quel est
« donc ce roi du ciel qui fait mourir
« les grands rois de la terre (561) ? »
Il fut enterré à Soissons, dans l'é-
glise de Saint'Médard. Sa luxure avait
^alé sa cruauté et son ambition.
Clotaibb II n'avait çue quatre
mois lorsqu'il succéda à Cbilpéric, son
gère , en 584, sous la tutelle de Fré-
égonde , sa mère , qui le plaça sous
la protection de Contran , roi de Bour-
gogne, en lui affirmant que sa nais-
sance était légitime. Contran , tant
qu'il vécut , empêcha les effets de la
haine de Frédégonde et de Brunehaut,
et suspendit la lutte de rAus|rasie et
de la Neustrie. Mais à sa mort , qui
arriva en 593 , ces deux femmes ne se
continrent plus , et sur \k fin de leur
carrière, elles se firent une guerre
acharnée , comme dans leur jeunesse.
Frédégonde remporta une victoire en
556, après la mort de Childebert, et
mourut triomphante en 597. La Pïeus-
trie, dont son génie avait soutenu
la nuissance , s'affaiblit sous son fils
enrant. Clotaire fut dépouillé de pres-
que tous ses États par les fils de Childe-
bert ; mais il se releva ensuite à la fa-
veur de leurs dissensions, et triompha
par leur mort (613). Brunehaut se
trouva alors à la tête de la vaste mo-
narchie austrasienne , comme tutrice
de ses arrière-petits-fils. Elle était me-
nacée par la coalition des leudes; hé-
ritier de la haine que sa mère avait
Touée à cette princesse, Clotaire fit
tout pour la perdre. Aveuglé par sa
passion , il se fit le complice de l'aris-
tocratie çuerrière , et entra dans une
conspiration dont le résultat définitif
devait être la ruine du pouvoir royal.
Brunehaut succomba en 614 , et pérît
d'un supplice hQrrible. (Voy. l'article
BBU9EHA.UT. ) Clotairc avait satisfait
sa vengeance ; les leudes voulurent à
leur tour contenter leur ambition. En
615 , à rassemblée de Paris , ils arra-
chèrent à Clotaire une constitution quk
sanctionnait le triomphe de l'aristo-
cratie laïque et religieuse ; dès lors les
maires devinrent inamovibles. Bientôt
l'Austrasie se lassa de Clotaire et vou-
lut un roi particulier; Clotaire lui
donna son fils aîné Dagobert ; mais ce
prince était si peu capable de gouver-
ner, que son père tùi obligé de re-
pousser lui-même les Saxons oui me-
naçaient ses États. La fin du règne de
Clotaire II fut paisible; il s'occupa
d'administration et reconquit sur les
leudes une partie de son autorité. Il
mourut eh 628 , âgé de quarante-cinq
ans, laissant le trône à Dagobert P^
Clotàibe m, petit-fils de Dagobert,
l'aîné des fils de CIbvis II , obtint , en
655 , à la mort de son père , la Neus-
trie et la Bourgogne; Cbildéric son
frère régna en Austrasie. C'est à cette
époque que commence la décadence
des Mérovingiens , décadence qu'a-
vaient préparée les concessions faites
par Clotaire II aux leudes et aux maires
du palais. Batilde, mère de Clotaire III,
lutta vainement contre Ébroïn , qui la
força de quitter le pouvoir, et qui tint
le jeune prince en tutelle jusqu'à sa
mort, arrivée vers l'an 670; U avait
dix-huit ans.
Clotaibb (monnaie de). Il existe
dans les collections numismatiques
un assez grand nombre de monnaies
frappées au nom de Clotaire; ce sont
des sous et des tiers de sou d'or. Les
plus curieux et les plus nombreux sont
sortis des ateliers d'Arles et de Mar-
seille. Ils présentent le t}[pe ordinaire
de ces deux villes , c'est-à-dire , qu'on
y voit au revers une croix ansée sur
un degré au-dessous duquel se trouve
un globe. De chaaue côté de cette
croix , se trouvent les lettres initiales
HA ou AB, et en outre, sur les triens,
les chiftres yii , destinés à indiquer
que ces pièces valaient sept siliques
ou 24 grains d'or. Le champ du droit
est occupé par une tête laurée et de
profil ; ces pièces portent pour légende,
tantôt GHLOTABiYS B£x dcs dcux cô-
tés, tantôt CHLOTABiYS BEX au droit,
et yiGTYBIA OOTTIGA, TICTOBIA
284
«. -f.
GLO
• ** •',
L'UNIVERS-
€LO
GHÎOTÀBii auTevers ; enfin il y en a
sj^r.. lesquelles on Ut : çnihmvncY»
ÂBx aa droit , ghlôxabiys b^x au
revers, et conob à Texergué.
" Ces monnaies, frappées à Arles et g
Marseille, ne ^ont pas les seules qui
portent' lie nom de Clotaii'e. Il y en.â
q^autres qui sont sorties de râtelier de
Çhâlons-sur-Saô'ne ; et sur ' lesquelles
on voit' les mots chlotabivs bex ,
une croix ansée et accostée des lettre^
inA, caVillônno , et un profil droit;
^'autres viennent |^ut êlre de Verdun ;
on y voit le nom.rôyat'GHLQTÀBivs,
une croix h'eaumée, Iç motyiBEDivcv,
et une tête de prôOl.
' Il est assez dinicile de déterminer quel
est celui des ir^is Cl ota ire auquel appar-
ti'eniiént toutes ces pièces; ce qu'il y
û de certain , c'est' qife ces princes ont
tous trois fajt battre monnaie. La
pièce qui porte pour légende lés mots
ViCTVBiA OOTTiCA appartient incon-
testablement au premier, qui a seul
remporté uiîe victoire sur les Goths.
Cellp qui porte le nom de.Childéric
appartient. à Clotaire IJI et à son' frère
Childéric, rof.de Neustrie, Quant aut
autres pièces, on ne peut les» attribuet
avec certitude à un de. ces princes
plutôt qu'aux autres; cependant il est
probaljle qu'elles ne sont pas de Clo-
taire I*' , parce que c'est seulement à
la fin du règne de ce prince que l'on
commença à remplacer en France le
nom de l'empereur par celui du roi,
et que l'usage contraire subsista même
encore «ous plusieurs de ses succes.-
seurs.
Clotaibe IV, dont l'origine est
incertaine, fut 'créé roi d'Austrasié
par Charle^s Martel , en 717. C'était un
de ces personnages dé circonstance
auxquels les chefs ambitieux de l'Aus-
trasie faisaient jouer le rôle de roi mé-
rovingien et chevelu , nour tenir les
peuples en respect. Charles Martel
exerça tout le pouvoir ( Voy. ràrticie
Champ db mabs), et Clotaire IV ne
Eut qu'un instrument entre ses mains.
Charles l'abandonna après s'en être
iservî pendant trois ans, de 717 à 72(K
Clotilde ou Chbotechild, fillç
de Chilpéric, frère de Gondebaud, roî
èe Bourgogne, sévit, encore en bas
âge, enlever son père., par yp de ces
a^es de violence (}af ensanglantent à
chaque page l'histoire des raCes roya-
les., à cette époque de .nos annales,
flevée par Gbndebaud, rineurtrierde
son père, elle fut mariée à Clovis , roî
ou cpèf des Francs Clotilde était clwé-
tienhe catholique , et on' la mariait à
un païen: Élevée dans une des coord
les plus polies de ce temps , douée de
beauté, d'intelligence' et de vertu , oa
l'a livirait à un barbsire . grossier et
abandonné 'aux passions les plus sau-*
vages; et la seule garantie qu'elle put
obtenir, ce fui le libre exercice de sa re-
ligion. Le siège du royaume des Francs
était alors à Soissons'; c'est ia( que,
par sa beauté et ses vertus, Clotilde
commença ^ prendre siir son époux
un ascenclant dont les effets eurent la
plus grande influence sur tes progrès
de la monarchie des Francs dans les
Gaules. La conversion de Clovis s'an-
nonça par la permission qu'il donna à
Clotilde de faire baptiser leurs enfantsl
Ce premier nas , qui n'était peut-être
Î[u'un acte ae complaisance , enhardit
a jeune reine : elle exliorta son époux
à quitter lui-même le culte de ses dl-
yihités de sang pour embrasser celui
du Dieu-homme mort sur |a- croix;
Clovis hésitait; il n'était pas alofs si
puissant qu'il ne dût craindre de mé-
contenter son armée: La bataille 'de
Tolbiac vint lui fournir une occasion
gue peut-être il désirait : « Dieu de
« Clotilde, s'écria-t-il dans cette jour-
« née fameuse , je jure d'embrass/er ta
« loi, si tu me donnes la victoire!'*»
La victoire lui resta , et saint Rémi ,
évêquede Reims, administra bientôt le
baptême au roi et à un grand nombre
de ses soldats. Cependant lâ'cdnversion
des Francs n'adoucit guère leur carac-
tère, et la reine Clotilde, dégoûtée de
voir se massacrer entre eux I^s princes
de sa famille, se retira, quelques an«
nées après la mort de son- époux, dans
lin monastère où elle finit ses jours^
l'an 5t4S. Son corps fut 'rapporté à
^aris , où on l'inhuma près deClovis^
dans l'église de Saint-Pierre «t Saint-
Faul , Sur l'emplacement- de laquelle
CLO
FRANCE.
CLO
385
s'élève aujourd'hui le Panthéon. €lo-'
tilde «st une des plus nobles et des
plus belles figures de l'histoire du
moyen âgel EÏle ouvre la touchante
galerie de ces femmes généreuses qui,
trop souvent , payèrent de leur vie ou
de leur bonheur [*mitiatioti civilisatrice
qu'au nom de Dieu 'elles ven lient
donner è nn monde encore barbare.
CLOub (saint) ou Clodgald , le
plus Jeune dés fils de Clodomir, fût
sauve de la fureur de ses oncles par
l'Ihterventîori des' guerri3rs francs.
Enfermé dans un monastère, il grandit
dans la' i^otitude et la -inéditation ,
coupa sa longue chevelure, et après
avoir fait plusieurs voyages et aVoijr
essayé de diverses conditions de la vie
cléricale , fonda un monastère dans le
Village de Nogent'^ où il mourut vers
560.
Clodet. Voyez Jàttst.
CtotJTiEBS. Ces artisans (|ui , dans
leurs statuts, prenaient au3si les noms
de larmiers, etameurs, et marchands
ferroniiiers y étaient autrefois divisés
en deux classes, savoir : celle des cioU"
tiers proprement dits , la seule dont
nous nous occuperons ici , et celle
des chutiers ctépinple, dont nous
parlerons à l'article epinglier. Outre
toutes sortes de clous que faisaient les
maîtres cloutiers de Paris , ils avaient
le droit de foirer des gourmettes de
chevaux , des tourets ou gros clous ,
qui ont une tête arrêtée dans une par-
tie de la branche du mors aopelée la
gargouille ,'ûe& anneaux ae toute.
grandeur, des barres, des chaînettes
d'avaloire, des boucles à dossière,
des boucles de soupente, et enfin tous
les petits ouvrages de fer qu'on peut
fabriquer avec le marteau et F enclume,
sans ^voir besoin de lime ni d'étau ,
et qui étaient alors à l'usage des sel-
liers , carrossiers , bourreliers, coffre-
tiers et malletiers. Un maître cloutier
ne pouvait avoir que deux apprentis
qui , pour avoir droit à la maîtrise ,
devaient faire cinq ans d'apprentissage,
et ensuite servir deux ans en qualité
de compagnon. Ils étaient en outre
tenus de présenter un chef-d'œuvre,
fbrmalilé dont les fils de maître étaient
r,
seuls exemptés par les statuts. ' Le
brevet coûtait 18 livres, et la maîtrise
320. ' ' ' •'
H y avait à Paris, au temps de Phi-
lippe le Bel, dix-heuf maîtres clomiers.
On y compte aujourd'h td quarante-
neuf fabriques de clous de toute es-
pèce^. .
Clotts (*), fils de Childéric, devint,
ar h mort de son père ,'481 , chef dfe
a peuplade franqueétabire à Tournai.
D'autres chefs francs etaipnt déjà éta-
blis à Cologne, à Saint-Omer, à Cam-
brai et au IVlans. Clovis attaqua d*abord
les plus faibles de ses voisins; Ycs
Gâllô-Romains. Avec îe -secours de
Ragnacaire, chef des Frands de Cam-
brai , il attagua Syagrius et le vainquît
prèè de Soissons. Syagrfus ,• réfugié
î)rès d'AIaric II, roi rfes Visigoths, fut
réclamé par Clovis, qui le fit tuer. Clo-
vis se trouva alors assez puissant pour
obtenir la main deClotilde, ^^ tfun
prince des Burgondes ou Bourgui-
gnons. ^
Les chroniqueurs des âges suivants,
qui ont compris totitertmportànce de
cette union, en ont singulièrement
embelli toutes les circonstances. Gré-
goire de Tours se contente de dire que
Clovis envoyant souvent des députa
en Bourgogne, ceux-ci virent la jeune
Clotilde. Témoins de sa beauté et de
sa sagesse, et ayant appris qu'elle était
du sang roval, ils dirent ces choses à
Clovis. Cefui-ci envoya aussitôt' de^
députés à Gondebaud pour la lui de^
mander en mariage. Gondebaud, îcraî-
gnant de la refuser, la remit entre^les
mains des députés qui, recevant la
jeune fille, se hâtèrent de la mener a(i
roi. Clovis, transporté deiore à Éa
vue, en fit sa femme. Mais l'abrévia-
teur et le continuateur de Grégoire de
Tours, Frédégaire, en sait bien da-
vantage. «Le Gaulois Aurélien, dé-
guisé en mendiant, portant sur son
dos une besace au bout d'un bâton, est
chargé du message : il devait remettre
à Clotilde un anneau que 10i«nvoyait
Clovis, afin qu'elle eût foi dans les pa-
(*) Ou Hlodwio ; Grégoire de Tours écrit
Chlôdaveus,
'•..
286
CliO
L'UNIVERS.
CLO
rôles du messa^^er. Aurélien, arrivé à
la porte de la ville (Genève), y trouva
Ciotilde assise avec sa sœur Sfiedeh-
leuba : les deux sœurs exerçaient
l'hospitalité envers les voyageurs, car
elles étaient chrétiennes. Clotilde s'em-
presse de laver les pieds d' Aurélien.
Celui-ci se penche vers elle et lui dit :
« Maîtresse, j*ai une grande nouvelle
« à t'annoncer, si tu me veux con-
« duire dans un lieu où je te puisse
« parler en secret« — Parle, » lui ré-
pond Clotilde. Aurélien dit : « Clovis,
« roi des Francs, m'envoie vers toi ;
« si c'est la volonté de Dieu, il désire
« vivement t'épouser^ et, pour que tu
« me croies, voilà son anneau. » Clo-
tilde T'accepte, et une erande joie re-
luit sur son visage ; elle dit au voya-
geur : « Prends ces cent sous d'or pour
« récompense de ta peine^ avec mon
« anneau. Retourne vers ton maître ;
« dis-lui que s'il veut m'épouser, il
« envoie promptement*'des ambassa-
« deurs à mon oncle Gondebaud. »
C'est presque une scène de VOdyssée,
« Aurélien part; il s'endort sur le che-
min; un mendiant lui vole sa besace,
dans laquelle était l'anneau de Clotilde;
le mendiant est pris, battu de verges,
et l'anneau retrouvé. Clovis dépêche
des ambassadeurs à Gondebaud, qui
n'ose refuser Clotilde. Les ambassa-
deurs présentent un sou et un denier,
selon rusage, fiancent Clotilde au nom
de Clovis, et l'emmènent dans une
basterne. Clotilde trouve qu'on ne va
pas assez vite ; elle craint d'être pour-
suivie par Aridius, son ennemi, qui
peut faii^ changer Gondebaud de ré-
solution. Elle saute sur un cheval, et
la troupe franchit les collines et les
vallées.
« Aridius, sur ces entrefaites, étant
revenu de Marseille à Genève, remontre
à Gondebaud qu'il a égorgé son frère
Chilpéric, père de Clotilde ; qu'il a fait
attacher une pierre au cou de la mère
de sa nièce, et l'a précipitée dans un
puits ; qu'il a fait jeter dans le même
puits les têtes des deux frères de Clo-
tilde; que Clotilde ne manquera pas
d'accourir se venger, secondée de toute
la puissance des Francs. Gondebaud,
effrayé, envoie à la poursuite de Clo-
tilde; mais celle-ci, prévoyant ce qui
devait arriver, avait ordonné d'incen-
dier et de ravager douze lieues de pays
derrière elle. Clotilde sauvée s'écrie :
« Je te rends grâce. Dieu tout-puis-
« sant, de voir le commencement de
« la vengeance que je devais à mes pa-
« rents et à mes frères ! »
« Véritables mœurs barbares, qui
n'excluent pas la mansuétude des
mœurs chrétiennes, mêlées dans Clo-
tilde aux passions de sa nature sau-
vage (*). »
Clovis avait étendu sa domina-
tion jusqu'à la Loire. Les Alemans ,
à cette nouvelle , vinrent pour pren-
dre leur part du butin. Clovis n'en-
tendait pomt partager. Il se retourna
contre eux; if les rencontra à Tol-
biac , à quatre lieues de Cologne..
La bataille fut sanglante, indécise;
Clovis désespéra même un moment
du succès. Depuis longtemps Clotilde,
sa femme, s'efforçait de le convertir
au catholicisme. Elle avait môme ob-
tenu de faire baptiser ses deux en-
fants ; mais Clovis résistait pour lui-
même. Il avait peine à comprendre un
Dieu mort sur la croix ; il lui semblait
qu'il n'était pas d'assez noble origine,
a Votre Disu, disait-il, ne peut rien,
« et, qui plus est, il n'est pas même
« de la race des dieux. Deus vesfer
nihilposse manifesta tur, et, quqdntcL'
gis est, nec de deorum génère esse
probatur. » Cependant, dans le péril,
on n'examine pas toujours les titres
de celui qui vous tend la main. Atout
hasard, Clovis invoqua le Dieu des
chrétiens pour le tirer de peine, et met-
tant en quelque sorte son baptême en
enjeu , promit sa conversion pour la
victoire. La fortune à l'instant chan-
gea. Les Alemans furent vaincus, et
Clovis tint parole ; il se fit baptiser.
Lia moitié de ses barbares, au nombre
de trois mille, suivirent son exemple,
et changèrent Odin pour le Christ,
sans attacher sans doute une bien
{*) Cette réflexion est de M. de Chateau-
briand dans ses Études historiques , aux-
quelles nous avons emprunté ce dernier
exU*ait de Frédégaire.
■BANCE.(Msiovin|i.ns)
CLO
FRANCE.
CLO
237
erande importance à la cérémonie qui
les initiait a l'Église.
Cette conversion des Francs eut ce-
pendant de sérieux et immenses ré**
sultats. Par un singulier liasard, Clo-
vis se trouva seul roi orthodoxe entre
tous les princes contemporains. L'hé-
résie d'Arius avait saisi les barbares
à leur entrée dans TEmpire. Les Van-
dales, les Visigoths, les Bourguignons
étaient ariens. L'empereur de Cons-
tantinople lui-même persécutait ceux
qui croyaient à la divinité de Jésus-
Christ. Ainsi le clergé de toutes les
églises eut les yeux sur ce nouveau
royaume, consacré à sa naissance par
un baptême orthodoxe. Le pape Anas-
tase écrivait à Clovis : « Votre foi ,
c'est notre victoire; » et Tévéque de
Vienne, sujet, des Bour^içnons, lui
disait : « C'est nous qui triomphons
quand tu combats. Çtcum puànatis
fjincimus. » C'était beaucoun d'avoir
pour soi tous les évéques de la Gaule.
L'assistance de l'Église ne manqua pas
à Clovis. Nous le verrons tout à l'heure
miraculeusement conduit à la conquête
du royaume des Visigoths.
- Clovis, maître des provinces cen-
trales, allié des cités armoricaines,
vainqueur des Alemans qui, sur ses
-traces , voulaient pénétrer dans la
Gaule, voyait chaque jour augmenter
son renom et sa puissance. Les guer-
riers des autres rois francs venaient
en foule se ranger sous les drapeaux
d'un chef si habile. Aussi fut-il bientôt
en état d'agrandir ses possessions aux
dépens des Bourguignons et des Visi-
goths. Les Bourguignons furent a^
taqués les premiers. Clotilde poussait
son époux a cette guerre pour.venger
la mort de son père assassiné par
Gondebaud. Les évéques l'appelaient
secrètement^ Pour les rattacher à son
parti, Gondebaud leur promit de se
faire catholique, leur donna ses enfants
à élever. Il n en fut pas moin Attaqué,
battu par Clovis, qui le soumit à un
tribut annuel. Puis ce fut le tour des
Visigoths.
« Alaric, roi des Goths, voyant les
conquêtes continuelles que faisait Clo-
Tis, lui envoya des députéi pour lui
dire : « Si. mon frère y consent, j'ai
-« dessein que nous ayons une entre-
« vue sous les auspices de Dieu. » Clo-
*>vi8 y consentant, alla vers lui. S'étant
joints dans une fie de la Loire, située
auprès du bour^ d'Amboise, sur le
• territoire de la cité de Tours, ils con-
versèrent, mangèrent et burent en-
semble; après rêtre promis amitié,
ils se retirèrent en paix.
« Beaucoup de gens, dans toutes les
Gaules, désiraient alors extrêmement
être soumis à la domination des Francs.
Il arriva que Quintien, évéque de Ro-
dez, haï pour ce sujet, fut chassé de
la ville. On lui disait : « C'est parce
« que ton vœu est que la domination
« des Francs s'étende sur ce pays. »
Peu de jours après, une querelle
s'étant élevée entre lui et les citoyens,
les Goths qui habitaient cette ville
ressentirent de violents soupçons; car
ces citoyens reprochaient a Quintien
de vouloir les soumettre aux Francs;
et ayant tenu conseil, ils résolurent
de le tuer. L'homme de Dieu en ayant
été instruit , se leva pendant la nuit ,
avec ses plus fidèles ministres, et sor-
tant de la ville de Rodez, il se retira en
Auvergne, où Tévêque saint Euphra-
sius le reçut avec bonté et le garda
avec lui (*). »
Nous ignorons quelles instances fu-
rent faites à Clovis par les évéques du
midi; mais un jour «le roi dit à ses
soldats : « Je supporte avec ^rand
« chagrin ^ue ces ariens possèdent
« une partie des Gaules. Marchons,
« avec l'aide de Dieu, et après les avoir
« vaincus, réunissons le pays en notre
« pouvoir. » Ce discours plut à tous
ses guerriers. L'armée se mit en mar-
che et se dirigea vers Poitiers. Là se
trouvait alors Alaric; mais comme
une partie de l'armée passait sur le
territoire de Tours, par respect pour
saint Martin, Clovis donna l'ordre que
personne ne prît dans ce pavs autre
chose que des légumes et de 1 eau. Un
soldat de l'armée s'étant emparé du
foin d'un pauvre homme, dit : « Le
« roi ne nous a-t-il pas recommandé
■ . »
(*) Gr^oive de Tours.
« ^ • « t
. ^ >
238 CL
« Ab' ii6(preadret[U6tde F^herbe^t rien
« autreoîhoBe;. elr bien ! c'est de l'beri»
• fee^ (fïMiB n-avoas pas tN*an$gres8é'
t «fls ojQdres^ » ii6BS-;ia p*eiioiis^P 0^
ayant fait Tfoienoe aa'{iauvre,ii.|liii
anracha seafoân baplarciB.^CeiâitfiaiH
vint anst^reiUes au m. Assaut aussitôt
fràp^ùlft waïé^t de sob épée, et dits
« Ou seral'espoit de ia Tèetaitie, si noiii
k offenscms. sâi nt.MartÎA. •> i^, fut «es-
teznpour jeH)|iéûber« TacEnée de rien
prendra ésiiis. qei pajr ac^ i < r < • ; \,
- «ci Le roi env^a;:des députés à. U
basiyqiie du saint,, ienv disantes i^^jàk
» toz, et^vous trouverez. peut-étrâ dans
Il le saint itempi^ quelque, présage ^e
« ta- Ttciairei. » Après leuc avoir cbuné
desippçsenta pour .ornerUe licil saioti
il i ajouta iv JK Sei^euc^' si vous êtes
« mon i aide,, et si .vous avez résoliu.de
« iiwer.eii mesinaias cette nation iuf
« erédute et to«ijQurs.enDef»ie devotre
^ nocD, daignez soeCaive wr vQtre far
a Teor à: rentrée de la basil^ua de
« Saint-Alartin^ afio ottèfje sache .si
« V9tisldaigiieft:étf« favofable.à votce
« serviteur. w.iLes eû^oyés^s'étant hâr
tésv arrivèrent 'A iâ sainte basilique,
sddq lîofdre du roi ^ au* momeut où
ils* entnaîËnt ^ !«« premier ebantreieni-
tonna todt à coup cette, aotieone.;
41 Seigneur |> vQiâ#'«[>'fi«e9) revéftU' de
« feiof • *]M«ri la i:giterre^ et vous avez
<r exÉeriAinéiceux quÂH^na^iiaîaflfiiefil*:»
Ayaiit ovtenduiv <sis .psaume ]etv3rendtt
grâefftà£lien4 ilsipcésentèrenliies dons
au saint ^èonfesseur, etaUèreat'pieins
dejoieianoDnGer.aa roi ce présage; >
. ;«i)L^ar«ée étant arrivée sur les bords
de^la Vienne, o» igàorait eotièrenient
tlaus ?quel eudmiA il fallait passer œ
fleuMe, 4otv Âltétaît' enflé par une inoi^
dation? de>phiie. )P«âdaDt latpuit, le roî
ayant priéde, Seigneur de vouloir bien
lut nHontrer w^ gué par où l'on- pât
-passer .ylelaDdefDajiR:noatin,'p8r'i*ordce
de iDieii,.^tiBë iûcbeitd/uoe grandeur
extraordinéive entra dansi lefleuveaMlx
feuxifdeiii'aiBnée^ elM^tai^nt àigués,
nobatrajpbriïnonpouTait traverser. Ae^
«iviinuriettrritpite de. Poitiers, leroi
se tenait dans sa tente sur une éléva-
tion; il vit de loMbUBtfeit^i^Q^it
de la basilique de Saint-Hilaire et sem-
L'UNIVERS.
CLO
blait voler vers lui, eoro(ne.p<itir indi^t
qtter qiCfiidé'de ta lumièner du: saint
ei&nfesaeiir.Hilairef le.rGdtnbmpbûrait
pliï9 faeilum^ntide eiss baadQs liéréti«
q«e«9 centre lesq|KieIliBaiâe:ipootife lui*
ïAèim avait;, ^ouv^t souienn^ là >foi*
Cionvis défefiidaÀ touteTarinéeide^ét
pouille/. personne ou «teipillec. letibien
d«:i}uiiqiie:4a ftlt dans cet endroit ou
dan$/la3route«^«(' ,♦ < .\ k n \
/ AC^eQdantidoiris«nviat«i£(mnins
av^ AUrio,(iroil. dés Ootbjs, danst 1«
f bamp die Vouglé,: à ttoisi ligues 4t la
ville jde Poitiers. Les GgHhsiayant-pris
ia fuite< ^lon -Jeuc eoutuMafift^ Je vroî
€loyis,^idéde làien^itteinporla Uivic'^
^ir&. Il avait, pourjalliéie.fili'«de Sic
^ebert-Claude ,t nonmiét GlodéffiQ Ge
^gebeft boitait d*ua .couf quMliairait
TeçU au(genai»:à la bataille de Tolbiac
«vontreles AlemansiikLé roi, après avoir
mis les Gotbs en tiit» et 'tué ienr roi
Aiar.ic, futftout à ooup'.surprisparîder-
riène par deux aoldefts qui èmi portè-
rent des .€oup6 1 dA lance . sur .lés djeux
côtés. Mais.> ki>bonté tde sa -ettir^ise et
la légèreté de soncbeval ifti^réservè^
rentd^iaimort. Il pérèt dans cette i)a-
.taille un- gimnd jnombre d'Auvergnats
qui :^dient venus avœ Af^Mlipaire,
^nsî que tes premier.s des sénateurs.
AprèSîl^oombàt^Anaaiâric, ûls.d*Ala«*
rte«,s'^fuit eu Ësga^eeijpnuveroa
niF^.sagease/ie Koyauoie ide 8«ii père.
Ciovis an^^^a raon $ls:,Tl3[]éodenc en
AjiiFergnepar Albi.et RodeZri}elKit-Qi
asMimit k soii< '(ère toutes tes tyiJksa ior
{Hiii la •irentiere,,«d^ «firotbs jusqu'à
celle, deil Bourguignons. Alàncâyei^
régné, Yingfrdeiux.mis^ .€^i$,. anrès
axoir passéirbrrerilans laiyiilede Boe-
d«^ux eti emportq de Toulouse tous
les tt*é^9rs d'Alârig , ^nàrcbt ; dut* . An^
^uléme. Le Seigneur tuiaecoedaime
si graodovgr^ceiqu^Afla^'^e tes jmirp
s'écroulèrent ! d'ettil-niénies..i . ApvèB
ny^ir;,<ilassn.l6S :Gotfaa,uiIisnHGÉ^ la
jm latacldidBuil.reDtri éua^Howtii et
offht un grand nombre de prËsonte à
ia sainte basilique du bienheureux
•Martin* .; r. .j.. '«<> i
.<j:«i6Wifriia|railt ni;ut.^e/i'«aipéreur
Anastas'e des lettres de consul, fut
FRAN CE . (Uei-ovin^ioni)
€LO
FRANCE.
239
r
pevétu, ésoB la basiUqiie de Sainte
Martin ^> deiâa tunique de pourpre et ,
de la chlamydev et posa la couronne
sur sa tête.. Ensuite^ étant monté à
cbeval, il jeta^e se propre maki, avec
une efttréarie bienveillance , de Tor et
de Fargeot au peuple assemblé sur le
eh<*min qui est entre la porte du ves-
ty^uie de la basilique de Saint-Martin
et de rédise de La ville, et, depuis œ
jour, il fut appelé consul ou auguste.
Ayant quitté Tours-, il vint à . Paris ,
et j^ fixa le siège de son empire. Tbéo-
derio vint Pv trouver. ...
m La roi élovis , pendant son séjonv
à F^is, entova^ en ieoret an fils de
Sigebert, kui taisant dire : « Voilà que
< ton père est: âgé, il boite. de son
« pied malade : s'il. venait à mourir,
« son joyauœe t'appartieiidraitde droit
« ainsi que notre amitié. « Séduit par
«'«Btle amfatttion, Cloderie fonha le
projet.de tuersoii pérei. Sigebert étant
sorti de rla. ville de Cologne, et ayant
patsé le Rhèit ,>pour se promener clans
ta: forêt de Bucooiai, sfenéormit à midi
dans sa tenter «son fib envoya, contre
lot des assassins et le fit tuer, dans
Fespoirqu'il posséderait son royaumëi
Mais, par le jugement de Dieu, il
tombadans fab fosse qu*il avait .mé-^
cbamment creusée piour son pèreu U
eiiva;ya au roi .Clovis des messagens
pour lui annoncer la moft de soi» pèrCf
et lui dit a r Mon. père est mort, et
« j'ai; en moa pouvoir ses trésors et
« son ro}iaume»; envoie-moi qudqucs-
« uns de&;lieHS,'et;je leop>reraettru
« volontiers ceux des trésors qui te .
a plairont. <9. Gloviff tépondit -ti «Je
« rendagrâoeâ ta bonne volonté, et
« je te prie.de montrer tes trésors à
« mes envoyés,' après quoi tu tes nos-
« sédoras tous. » Gloderie montra noac
aux envoyés les trésors de son père^
Pendant '^cpi'iis les leiaminaient , le
prince dit : « €^ÊSt dans ce tioffre que
« mon père avait coutume d'amasser
« se8:pièpeS:>d'or^ » I^ ,(^i rfirept :
« Plonge,. YOtKe xnain jusqv'au fond
(c.|)Ouci 4nMfver 'tout. » Lui, Tayant
fait et':5^élaiit tout à faitbaissé,. un^det
envoyés leva sa francisque et lui brâa
le cr&ne. Ainsi cet indigne fils subit ,
la mort tfent il avait tïsppé son père;
€lovis, apprenant que Sigebert et «oi|
fils étaient morts y- vint» dans' cette
même ville, et ayant coBvoqué toot
le peuple, il lut dit': <l Éeoutezice qui
« est arrivé. Pendant que je naviguais
« sur le fieuve de TEseaut y Cloderie ,
« fils de mon parent, tourmentait son
« père en lui disant que je voulais le
a tuer. Comme Sigebert-Âiyait à tra«*
« vers ia forêt de Baconia , Cloderio a
« envoyé des meurtriers- qui l'ont mis
« àixiort; lui*méme a été assassiné, je
« ne sais par qui , au moment où il
« ouvrait les trésors de son ^)àre. Je
« ne suis nullement <ooroplice de ces
a cboses. Je ne pais répandre te sang
« de mes parents, car cela est défendu.»
« Mais puisque ces choses sont anri-
« vées, je vous dosMie un conseil ; s'il
«t TOUS est agréable^ accepte≤ Ayez
« recours à moi , mettea-vous sous ma
« protection. » Le peuple répondità ces
paroles par des. applaudissements de
mains et de boucne, et 'l'ayant élevé
sur un bouclier, ils le eréèitent leur
soi. Clovis reçut donc le ropume et
les. trésors de Sigebert, et les ajouta
à sa domination. Chaque jour Dieu
disait tomber* ses- ennemis sous sa
main et augmentait son royaume,
parce qu'il marchait le cœur droit de-»
vant le Seigneur, et faisait les choses
qui sont agréables- à «es yeux.
à il .marcha ensuite contre^ le roi
Gararic. Dans la guerre-ooatre Sya*
grius , Clovis Tavait appelé à son W»
cours;, mais Cararic se tint loin de
lui; il ne secourut ancun parti, atten^
dant l'issue au combat pour faine al-
liance avec celai qui remporterait ia
victoire. Indigné de cette action,. Clo-
vis s'avança contre lui , «et^raj^At en^*
touré de pièges ,< le: fit prisonnier avec
son fils , et les fit tondre tous deux ,
enjoignant que- Cararic fût oidonné
prêtre et son fils diacre;>Cot«mie Cara«
rie s'affligeait de. son abaissement «et
pleurait, on rapporte que ton fils loi
dit : it Ces braocne& oht été coupées
ft d'uniqrbre^ veit et vivant, il :ne se-
a cfaerii point, et es. poasseï^ ra^e-
c meot de -nonvdlesbi .Biaise à.tlMeu
« que celui qui a fait ces choses ne tarde
UÙ
CLO
LIJNIVEIIS.
CLO
« pas davantage à mourir ! » Ces pa- •
rôles parvinrent aut oreilles de Glovis,
qui crût quMls le menaçaient de laisser
croître leur dievelure et de le tuer ; il
ordonna alors qu'on leur tranchât la
tête à tous deux. Après leur mort ^ il
8*empara de leur rojraume, de leurs
trésors et de leurs sujets.
« Il y avait alors à Cambrai un roi,
nommé Ragnacaire, si effréné dans
ses débauches qu'à peine épargnait-il
ses proches parents eux-mêmes. Il
avait un conseiller, nommé Farron,
qui se souillait de semblables dérègle-
ments. On assure que lorsqu'on ap-
portait au roi quelque mets , quelque
don, ou quelque objet que ce soit,
il avait coutume de dire que c'était
pour lui et son Farron, ce qui exci-
tait chez les Francs une indignation
extrême. Il arriva que Clovis ayant fait
feire des bracelets et des baudriers de ^
faux or (car c'était seulement du cui- '
vre doré), les donna aux leudes de
Ragnacaire pour les exciter contre lui.
Il marcha ensuite contre lui avec son
armée. Ragnacaire avait des espions
pour reconnaître ce qui se passait, 11
leur demanda , quand ils furent de re-
tour, quelle pouvait être la force de
oette armée. Ils lui répondirent : «C'est
« un renfort très-considérable pour
« toi et ton Farron. » Mais Clovis
étant arrivé, lui fit la guerre. Ragna-
caire voyant son armée défaite, se
préparait à prendre la fuite , lorsqu'il
fut arrêté par ses soldats, et amené,
avec son frère Ricaire, les mains liées
derrière le dos , en présence de Clovis.
Celui-ci lui dit : Pourquoi as*tu fait
« honte à notre famille en te laissant
« enchaîner? Il te valait mieux naou-
« rir; » et ayant levé la hache, il la
lui rabattit sur la tête. S'étant ensuite
tourné vers son ftère , il lui dit :
« Si tu avais porté secours à ton frère,
« il n'aurait pas été enchaîné; » et il
le frappa de même de sa hache. Après
leur mort , ceux qui les avaient trahis
reconnurent que l'or qu'ils avaient
reçu du roi était faux. L'ayant dit au
roi, on rapporte qu'il leur répondit :
«Celui qui, de sa propre volonté,
«traîne son maître à la mort,
« de recevoir un pareil or; « ajoutant
qu'ils devaient se contenter de ce qu'on
leur laissait la vie , s'ils ne voulaienf
pas expier leur trahison dans les tour-
ments. A ces paroles , eux voulant ob-
tenir sa faveur, lui assurèrent <]u'il
leur suffisait qu'il les laissât vivre.
Les rois dont nous venons de parler
étaient les parents de Clovis. Renomer
fut tué par son ordre dans la ville du
Mans. Après leur mort, Clovis re-
cueillit leurs royaumes et tous leurs
trésors. Ayant tué de même beaucoup
d'autres rois, et ses proches parents,
dans la crainte qu'ils ne lui enlevas-
sent l'empire , il étendit son pouvoir
dans toute la Gaule. On rapporte
ou'ayant un jour assemblé ses sujets,
il jparla ainsi de ses parents qu'il avait
fait périr. « Malheur à moi qui suis
« resté comme un voyageur parmi des
. « étrangers , n'ayant pas de parents
« qui puissent me secourir si radver-
« site venait! * Mais ce n'était pas
qu'il s'affligeât de leur mort; il pariait
ainsi seulement par ruse, et pour dé-
couvrir s'il avait encore quelque pa-
rent afin de le faire tuer.
« Toutes ces choses s'étant passées
ainsi, Clovis mourut à Paris ou il fut
enterré dans la basilique des Saints-
Apdtres, qu'il avait lui-même &tt
construire avec la reine Clotilde. Il
mourut cinq ans après la bataille de
Vouglé. Son règne avait duré trenie
ans, et sa vie quarantoK^inq (*). »
Clovis II , nls de Dagohert, ^ui suc*
céda en 638. Il réunit sous sa domina-
tion les royaumes de Neustrie et de
Bourgogne ; mais il n'exerça qu'un pou«
voir nominal. Les maires du palais
étaient arrivés déjà à un degré de puis-
sance qui annihilait presque le pouvoir
royal. On raconte que , dans une di-
s^e, Clovis II, après avoir distribué
aux pauvres tout l'argent contenu dans
ses coffres, fit enlever de la basilique
de Saint-Denis les lames d'or et d*ar-
n Grégoire de Tours, tndmt par M.
Gutzot, dans la collection des mémoires re-
latifs à ruistoire de Frence. Toysk ks arti-
cles CATH0I.XGISKX, QiaiSTIAglSMB, MÉMO
varoums.
€LC
FRANCE.
GLU
Ut
sent dont son père avait fait couvrir
les tombeaux des rois , et qu'il en par-
tagea le produit entre les plus indi-
gents. Il mourut en 656, et fut enterré
à Saint-Denis.
Clovis III, fils de Thierry III,
régna cinq ans sous la tutelle de Pépin
d'Héristal , duc des Francs, qui avait
réuni les mairies de Neustrie et d'Aus-
trasie , et dont le pouvoir remportait
de beaucoup sur celui des rois. Il mou-
rut en 695, à Tâge de quatorze ans.
Clovis (monnaie de). — On possède
un grand nombre de triens portant le
nom de Clovis; ces pièces ont été frap>
pées dans différents endroits, tels que ,
Orléans: ghloboyivs, profil droit;
AYRiLiA^Nis FiTVB, croîx avec les
lettres BEB (peut-être pour BEx); Arles :
CHLODOViGYS, profil droit, n dans le
champ; eligiys mo, croix ansée, avec
les lettres ab , initiales du nom de la
ville, et le chiffre vu ; Paris : glodo-
YEVS BEX, croix ancrée et accostée
des lettres eligi, pour Eligii, profil
droit, pABisivs inciyet; Tournai:
CHLODOVEVS BEX , profil droit, TOB-
IVAGYM , croix ansée sur un globe. Le
palais : ghlotoyigys bex, tête de
profil, PALATiNA MONETA, croix au-
sée et ancrée, accostée des lettres
BLIGI.
On connaît encore d'autres mon-
naies de Clovis , qui ne portent aucun
nom de ville , et sont seulement mar-
quées du nom du roi et de celui du
monétaire ; tel est un triens faux que
' possède M. Rousseau , et sur lequel
on lit GLODOYIOBEX, EBOBINOMON.
Des trois princes mérovingiens qui
ont porté le nom de Clovis , Clovis II
est le seul à qui Ton puisse attribuer
ces monnaies ; en effet , Clovis \" n'en
fit jamais frapper aucune à son nom
propre , et Clovis III régna très-peu de
temps, et à une époque où la barbarie
était à son comble, tandis que les
pièces que Ton vient de décrire sont
d'un stvle assez remarquable. D'ail-
leurs elles sont presque toutes mar-
quées du nom de saint Éloi > moné-
taire de Dagobert et de Clovis II. .
Club , mot anglais , importé en
France quelques années avaut la révo-
T. Y. 16" Livraison. (Dict. engycl., etc.)
lution , pour désigner les société po-
pulaires et les réunions politiques.
Le premier club ouvert à Paris fut le
club poHlique , dont les séances com-
mencèrent en 1^82 , sous le ministère
de Calonne. La première condition
imposée par le gouvernenient aux fon-
dateurs de cette réunion , contrastait
singulièrement avec le nom qu'on leur
avait permis de lui donner : on ne de-
vait y parler ni du gouvernement , ni
de la religion. Il est inutile de dire que
cette condition ridicule dans les cir-
constances difficiles où la France allait
se trouver, ne fut nullement observée.
Un second club fut établi en 1785 ,
au Palais-Royal, sous le nom de club
de Boston, ou des américains; il s'en
établit ensuite plusieurs autres , sous
les noms de club des Arcades, club
des Étrangers, club de la Société
olympique y etc. Toutes ces sociétés
furent dissoutes par ordonnance, en
1789.
Mais les grands événements qui se
préparaient occupaient trop sérieuse-
ment les citoyens pour qu'ils consen-
tissent à rester isolés , et ne cherchas-
sent pas à se réunir pour se commu-
niquer leurs craintes, leurs espérances
et leurs vues d'amélioration. Aussi
vit-on bientôt s'établir d'autres clubs.
Le premier qui fut fondé après la
convocation des états généraux, fut le
club breton.
C'était une réunion des députés de
la Bretagne, qui s'assemblaient pour
discuter les questions qui devaient
être posées à l'Assemblée nationale.
Bientôt plusieurs députés des autres
provinces , et siégeant avec les parti-
sans de la réforme dans l'assemblée des
états généraux , s'y présentèrent aussi
et V furent admis. La réunion était
déjà très-nombreuse dès les premiers
jours de juillet 1789. Chapelier, Gou-
pil de Préfeln, Lanjuinais, Sieyès,
Barnave, Lameth, en faisaient partie,
et le duc d'Aiguillon en était président.
Pour y être reçu, il fallait être présenté
par deux memores , et subir les chan-
ces d'un scrutin. Après le 6 octobre ,
le club breton qui , jusqu'alors , avait
siégé à Versailles, suivit à Paris l'As-
16
CLU
L'UMVEHS.
CSilT
seinMée nationale, S*étab1it dans la
bibliéthè<]ue du couvent des Jaco-
bins de ia rue Saint-Honoré, et chan-
geait son titre contre celui de 5o-
tîété des amis de la Constitution.
Cette société avait déjà acquis , à la
fin de 1789 , une grande importance ;
t'était elle qui organisait la résistance
contre U cour; elle entretenait des
correspondances , faisait imprimer de
nombreux pamphlets , préparait les
motions à faire a l'Assemblée, et lors-
que ses séances furent rendues publi-
ques , on put se convaincre qu'elle était
-te centre a'un grand nombre de sociétés
populaires dans les provinces. Comme
nous le verrons, elle changea encore de
nom dans la suite, et prit celui de
club des Jacobins y sous lequel elle
devint l'un des principaux pouvoirs de
l'État. (Voyez Jacobins.)
Outre le club breton, les chefs du
parti réformateur avaient aussi formé,
dès l'année 1789, à Montrouge, une
réunion aux délibérations de laquelle
le nom du duc d'Orléans , fort popu-
laire à cette époque, donna d'abord
iin grand retentissement. Cette société,
connue sous le nom de clvb de Mont^
rouge, était fort nombreuse; ses prin-
cipaux membres étaient Mirabeau ,
5ieyès , Latouche, Sillery et Laclos.
IJn troisième club , fondé par Bon-
nevitle , auteur de V Esprit des reli-
gions , sous le nom de Cercle social y
ou Bouche de fer, exerj^a aussi dans
le même temps une très-grande in-
fluence. En effet , les doctrines qu'on
y professait étaient dès lors pure^
ment démocratiques , et un journal ,
rédigé avec talent, rendait compté
des séances. Ce club tint ses pre-
mières séances dans le cirque du Pa-
laifr'Royal.
Cependant, ces assemblées où se
formaient les convictions , où les plus
graves intérêts de la France étaient
discutés, où prenaient souvent nais*
«ance des résolutions qui devaient
avoir la plus grande influence sur la
marche de la révolution , ces assem-
blées n'étaient encore que tolérées ,
^t aucune loi n*avait essayé , en les
meùtionnant seulement, de les enlever
à Farbîtraire du pouvoir exécutif,
lorsque l'Assemblée constituante son-
gea à combler cette lacune de la légis-
lation. « Ceux qui voudront former
des sociétés ou des clubs, dît -elle
dans son décret du 19 juillet 1791,
seront tenus , à peine de 200 livres
d'amende contre les présidents, se-
crétaires ou commissaires de ces clubs,
de faire préalablement , au greffe de
la municipalité, la déclaration des
lieux et jours de leurs réunionst. »
Une autre loi du 29 septembre
suivant interdit à ces sociétés toute
espèce d'action sur les pouvoirs lé-
galement constitués. Mais ce^te pro-
hibition fui abolie en 1793, par la
Convention, qui fit des clubs de véri-
tables assemblées politiques , dont la
réunion formait l'un des premiers
pouvoirs de l'État.
Tandis que le club breton prenait le
titre de Société des amis de la cons-
titution, une autre société , sous celui
de cltd) monarchique, ou de Société
des amis de la constitution mo-
narchique, se formait rue de Char-
tres, dans un but tout à fait op-
t)Osé. Ses principaux associés étaient
les membres de la minorité royaliste
de l'Assemblée nationale , et elle était
composée en grande parité de nobles
et oe partisans de rancîen régime.
Chassée par une émeute du local
qu'elle occupait dans la rue de Char-
tres , elle s'assembla ensuite dans
relise de la maison professe des je- ^
suites , rue Saint-Antoine , d'où elle '
fut encore bientôt chassée. Ce second
échec entraîna sa dissolution. Après
les clubs que nous venons de citer, les
principales sociétés de ce genre étaient
le tluo HicheUeUy celui de la Biblio-
thèque y celui des Matkurins, le club
de 1789 , enfin celui du faubourg-
Saint- Antov/ve.
Sous le nom de Société fintemelie,
Tallien avait fondé, au commencement
de 1791 , à l'hôtel Soubîse,dans le local
occupé aujourd'hui parles archives du
ro]^aume, le club le plus nombreul
qui existât alors ; on y comptait plus
de huit cents associés. On ne s'y livra
d'abord qu'à des discussions sur h
tix
MELASCt.
OJO
Ml
minfâle, et sur la théorie de la poli-
tique. La tolérance de toutes les opi-
nioDS était la première base des sta-
tuts; mais ces principes ne. tardèrent
pas à 0tre délaissés. Les opinions des
membres se modifièrent, ainsi que
celles du fondateur, et la tribune de ia
société devint, comme celle des Jaco*
bins y mais avec moins d'éclat , Tun
des organes aToués de l'opinion démo-
cratique.
Il en fut de même d'une autre so-
ciété Êratemelle, connue sous le nom
de cktb des CordeUerg, Celte-ci fîit une
de celles qui jouèrent le plus grand
rôle pendant la révolution ; et son his-
toire, qui embrasse toute la période
conventionnelle, ne peut être traitée
que dans un article spécial. [Yoy. Co&-
DfiLÏBBS (club des)].
Après la journée du 17 juillet 1791 ,
où la municipalité de Paris et la
Fayette avaient fait au Champ de Mars
un usage si cruel de la loi martiale ,
pour dissoudre un paisible rassemble-
ment de pétitionnaires, une scission
eut lieu dans la société des Amis de la
constitution. La partie républicaine de
cette société continua de siéger dans
le local qu'elle avait oocupé jusque*là
et prit le nom de club des Jacobins,
tandis que les membres qui approu-
vaient la conduite de la municipalité ,
ceux dont la oonstitution établie par
TAssemblée nationale avait comblé
tous les voeux , et qui bornaient leurs
désirs au maintien du pouvoir royal ,
avec les restrictions gue lui avait im-
posées cette constitution y formèrent la
société des FeuiUantSy qui eut un ins-
tant une grande influence, et donna
son nom au parti constitutionnel to«t
entier. ( Y. Fbuillànts. ) Mais cette
Boc4été, dont la Fayette était Tâme,
se recruta bientôt de royalistes quand
même y et de partisans du pouvoir
absolu, qui finirent par la dominer
entièrement; alors les constitution-
nels se retirèrent , et le club fut dis-
sous.
Les girondins, oui avaient les pre-
miers demandé la aéchéance et la mise
en accusation de Louis XVI, s'ef-
frayèrent Icvsqu'ils virent que le peu-
ple, ne Toutant i^us se tonfentcr de
vaines paroles, était décidé à faire
acte de souveraineté. Dès lors, tous
leurs ^ort^ tendirent à modérer les
passions populaires qu'ils avaient eut-
mânes décnaSnées , et leurs journaux
ne prêchèrent plus que la modéradôo
et le respect des lois. Attaqués bientôt
aux Jacobins, ils fondèrent, sous le
nom de dub de la Réunion, une société
dans le but de travailler au maintien
de la ro;^auté, et là ils. se coBoertèrent
pour feire mettre en aecusatiba Ro-
bespierre oui , aux Jacobins 9 avait de-
mandé la aécbéance et une convention
nationale. Ce club n'eut que très-peu
d'influence, et fut fermé après le 10
août.
Après le dub des Gordeliers, la réu-
nion qui ooussa le plus à l'exagération
fut le duo des Enragés. Les motions
les plus anarchiques partaient de ce
club, dont les principaux membres
étaient Maillard, Voidel, Saint- Htt-
rugue , Santerre , Henriot , Payan et
Lazouski ; l'influence de ces hommes ,
qui prenaient entre eux le nom de
casse-àous y.fut beaucoup plus nuisible
qu'utile à la révolution.
La* constitution de l'an m avait été
acceptée par le peuple. Moins démo-
cratique que celle de 1793, mais plus
libérale que celle de 1791 , elle eût pu
consolider la liberté si la faction roya-
liste n'y avait pas porté obstacle. G'eèt
alors que le Directoire y espérant Se
faire un appui des hommes modérés
de tous les partis , des indif^ents et
des égoïstes , mit tout en ceuvre pour
oomprimer les efforts des partis ex-
trêmes, des démocrates aussi bien que
des royalistes ; mais il échoua dans cet
essai imprudent du système auquel
on a donné depuis le nom de juste-
milieu. Les démocrates, irrités des san-
glantes réactions des royalistes et des
avantages que )a constitution nouvelle
leur avait accordés dans Félectlon du
tiers des conseils , conspirèrent , sous
la direction de Gracchus Babeuf, pour
rétablir la constitution de 1798. Dé-
noncés par un de leurs chefs, ils fhrent
vaincus au camp de Grenelle et lifrés
à des commissioat militaires qui les
16.
944
CLU
L'UNIVERS.
a.u
firent fusiller ou les condamnèrent à
la déportation. Le lieu où ils se réu-
nissaient , connu sous le nom de club
du Panthéon, fut fermé par arrêté du
6 ventôte an iv.
Les royalistes, enhardis par la défaite
des démocrates 9 conspirèrent aussi;
trahis à leur tour, ils furent livrés aux
tribunaux ordinaires, et ne furent con-
damnés qu*à une courte détention. En
même temps les conseils, composés
de royalistes , rappelaient les émigrés,
•menaçaient les acquéreurs des biens
nationaux de revenir sur la vente de
ces biens, et marchaient ouvertement
à une restauration. Les chefs du parti
se réunissaient à jours fixes, pour con-
certer entre eux les mesures propres à
hâter la réalisation de leurs projets et
se préparer à l'insurrection. Ce club ,
nommé club de Ciichy, n'était com-
{>osé que d'anciens émigrés et de roya-
istes avoués. Alors, le Directoire ef-
frayé se rapprocha des démocrates , et
fit un coup d'Etat pour changer la
majorité des conseils; Pichegru fut
arrêté ; on déporta une partie des con-
tre-révolutionnaires à Gayenne, et Ton
ferma le club.
Le Directoire et les conseils* senti-
rent alors la nécessité de remonter
resprit public ; ils n'avaient pu oublier
r influence que les sociétés populaires
avaient eue en 1792 ; la constitution de
Tan Hi n'interdisait pas formellement
les réunions politiques ; elle défendait
seulement aux clubs de s'intituler so-
ciétés populaires, de s'affilier, de cor-
respondre , de présenter des pétitions
eollectives, etc. Le gouvernement vou-
lut user de toute la latitude aue lui
laissait la loi, mais en évitant de don-
ner aux sociétés populaires une auto-
rité politique. De nouvelles sociétés
furent donc légalement autorisées sous
le nom At cercles constitutionnels ; et
l'on vit s'ouvrir presque aussitôt les
cercles de la rue au Bac y du Théâtre-
Français y de la Sainte-ChapeUe y des
hôtels Richelieu, Saint j Toulouse y
Noailles , etc.
Les élections de l'an vu avaient fait
entrer dans les conseils un grand nom-
bre de véritables patriotes qui , com-
prenant que le Directoire perdait la
république, voulurent ramener le gou-
vernement dans les voies de la liberté.
Les deux cent cinquante députés dé-
mocrates du Conseil des Cinq - Cents
organisèrent dans ce but la société
des Amis de P égalité et de la liberté y
ou le club du Manège y qui s'ouvrit le
18 messidor, et où se réiinirent aussi-
tôt tous les patriotes sincères. Le mo-
ment parut favorable aux amis de la li-
berté ; comptant sur T appui de plusieurs
généraux, les plus ardents meneurs,
ils affichèrent ouvertement leurs espé-
rances de révolution. Dans des séances
qui rappellent celles du club des Jaco-
bins , et dont le compte rendu était
publié par ajournai des Hommes li-
bres^ on maudit le 9 thermidor; on
prononça l'éloge des montagnards tués
, oans les journées de prairial ; on réha-
, bilita la mémoire de Babeuf et des in-
surgés du camp de Grenelle. On se
, croyait assuré du succès ; mais le Di-
rectoire s'effraya de l'activité des pa*
. triotes. Cependant, n'osant les attaquer
lui-même ouvertement, il eut recours
aux moyens employés par les thermi-
doriens contre la société des Jacobins;
il excita contre les patriotes assem-
blés au Manège la foule d^s désœuvrés
et des corrompus qui , sous le nom de
jeunesse incroyable y avait remplacé la
jeunesse dorée; ces sicaires des nou-
' veaux Clodius vinrent en effet attaquer
le club ; mais ils furent reçus parle
Eeuple avec une énergie, qui les fit
ientôt renoncer à leur projet. .
Le club du Manège tut alors dé-
noncé au Conseil des Anciens comme
un repaire d'anarchistes et de bu-
veurs de sang. « Les Hébert, les Ron-
« sin , les héritiers de Babeuf , vien-
« nent de reparaître, s'écria Courtois ,
A et il n'est pas plus dans la nature du
« tigre de boire du sang^ qu'il ne l'est
« dans celle de ces hommes de cons-
« pirer et de ravager. » Le Conseil des
Anciens retira à la société l'autorisa-
tion de se réunir dans le Manège, qui
dépendait du lieu où il tenait ses séan«
ces. Les inspecteurs de la salle firent
fermer la porte du Manège et y mi-
rent une sentinelle, avec Ta consigne
€LU
FRANCE.
ci,v
U&
de se retirer dès qu'on paraîtrait l'in-
sulter ; mais la sentinelle fîit respectée,
et leâ membres du club allèrent s'ins-
taller dans l'ancienne église des Jaco-
bins, rue du Bac, nommée alors le
Temple de la Paix , et que la muni-
cipalité leur avait offerte. Le Direc-
toire avait cependant compté sur une
émeute , dont il espérait se faire un
prétexte pour dissoudre toutes les so-
ciétés populaires; on avait tout fait
pour Y exciter les patriotes. « Dans la
dernière séance, le jour même où la
société attendait l'arrêté qui l'expul-
sait , une provocation à la révolte est
proférée. Un membre , qui Jusqu'alors
s'était fait remarquer par la violence
et l'exaltation de ses opinions, s'écpie :
j4iix armes! aux armes l marchons
contre nos oppresseurs ! Ces cris ne
sont pas plutôt entendus aue le provo-
cateur est précipité à bas de la tribune.
Keconnu pour un ancien espion, nom-
mé Lavalette, il est arrêté par les
clubistes et conduit par eux à la com-
mission des inspecteurs du Conseil des
Anciens (*). »
Le Directoire et le Conseil des An-
ciens poursuivirent le club du Manège
dans son nouveau local; mais la ma-
jorité du Conseil des Cinq-Cents défen-
dit et soutint que les sociétés patrio*
tiques étaient indispensables pour ra-
nimer l'enthousiasme du peuple et
défendre les républicains partout as-
sassinés par les royalistes, par les
chauffeurs et par les chouans. Le pré-
sident du Directoire , Sieyès , fait une
sortie calomnieuse contre les clubs,
où il ne se trouve , dit-il , que des dé-
magogues , des brouillons et des ba-
vards ; puis , le 26 , le Directoire , qui
n*a de force que pour les mesures
réactionnaires , fait fermer le club
du Manège et opérer une perquisi-
tion dans les bureaux du journal des
Hommes libres. Si un homme vénéré
des patriotes , se fût à ce moment si
pénible pour la république française ,
emparé de l'influence au club du Ma-
nège, la patrie eût pu être sauvée,
malgré la trahison flagrante des chefs
(*) Mémoires de Gohier, 1. 1 , p. <o8.
du pouvoir. Le club du Manège avait
acquis en peu de temps une impor-
tance assez ^ande pour pouvoir pren-
dre l'initiative révolutionnaire, s'il
avait été dirigé par un patriote éner-
gique et pur. Cependant le mauvais
vouloir des directeurs et du Conseil
des Anciens finit par triompher, et,
le 26 thermidor , le club du Manège ,
devenu celui du Temple de la Paix,
fut définitivement fermé. Tous les au-
tres cercles constitutionnels euirent
bientôt le même sort.
Sous le consulat, sous l'empire et*
sous la restauration, il ne fut plus
question de clubs. Les sociétés secrètes
les remplacèrent. Après la révolution
de 1830, un grand nombre de citoyens,
persuadés que le nouveau gouverne-
ment allait déchirer les traités de 1815
et s'engager dans une guerre de pro-
pagande, ouvrirent pour le seconder
un club au manège de la rue Mont-
martre. Mais il fut promptement fermé
de vive force ; et, comme il arrive toutes
les fois que l'élan populaire est violem-
ment comprimé , ce fut le signal de la
formation d'un grand nombre de so-
ciétés secrètes plus redoutables cent
fois qu'une discussion libre et contra-
dictoire, en présence des agents de
l'autorité.
Clugny , nom d'une ancienne fa-
mille de Bourgogne, qui a produit
plusieurs personnages remarquables.
Les principaux sont :
Ferri de Clugny, évéque de Tour-
nai, cardinal et conseiller du grand
conseil du duc de Bourgogne. Il fut,
à différentes reprises, chargé par ce
prince de missions importantes, et
mourut à Rome en 1483.
GuiUaume de Clugny, frère du pré-
cédent , remplit, comme lui , des cnar-
ges importantes sous Philippe le Bon
et Charles le Téméraire, ducs de Bour-
gogne; et, après la mort de ce dernier,
passa au service de Louis XI , qui le
nomma évéque de Poitiers en 1479. Il
mourut à Tours l'année suivante.
Cluis, ancienne baronnie du Berri ,
aujourd'hui du département de l'Indre,
à 14 kilom. d'Issouduo.
Clujny, Clmiacunij petite ville de
346
c6a
vinarsoB*
^A
l'dûcieii Mâcôhnais , aujourd^inû ebe^
ireu de canton do dépattemeiit de
Sàône-èt'Loire , n'était encore, sous
Charlemagne , qu*un simple hameau
que cet empereur donna à la cathé*
drale de Saint-Vincent de Mâcon. Qetta
terre passa ensuite successivement
entre les mains de Guérin , comte de
Mâcon , et de Guillaume 1**% duo d*A*
quitaine; et ée dernier y bâtit, en
910, mie abbaye qui devint dans la
suite le chef d'une congrégation con-
sidérable. Saint Odon, second abbé
de Cluny, y institua, vers 9Bo, une
réforme de Tordre de Saint-Benof t, qui
se répandit bientôt dans tous les paya
chrétiens. Les monastères qui s'y sou-
mettaient devenaient de simples prieu-
rés; Cluny fut toujours la seule ab-
baye de la congrégation cpui possédât
en Europe plus de deux mille maisons
religieuses. L'abbé de Clony, qui était
supérieur général de Tordre entier,
avait , en 1789, plusl de cinquante mille
livres de rentes. H siéaeait au parle-*
înent de Paris, en qualité de conseil-*
1er d'honneur.
Il ne reste plus aujourd'hui, des \m-*
menses bâtiments de oette abbaye, que
le palais abbatial et de l'église, qu'une
chapelle et quelques elochers.
La ville de Clunv , dont la popula*
tlon est aujourd'hui d0 4,1 S2 habiunts,
est la patrie du célèbre peintre Pi^udbon;
Coalitions. — Bien qu'on ne dé*
signç ordinairement âKMis œ nom que
les l%ùes qui fie fùnrmèrent contre la
France à l'époque de la révolution de
89 , cependant, nous Tappliquerons ici
à toutes les Figues que Ton vit éclora
contre nous depuis l'époque où oom*-
mencèrent à se heurter les intérêts
rivaux de TAn^térre et de notre
patrie.
1« La première coalition est celle
qui fbt faite en 1134, entre Henri I*',
roi d'Angleterre, et l'empereur Henri V,
qui devait envahir la France. Mais,
grâce à Ténergie et à l'activité déployées
par Louis VI , grâce à l'enthousiasme
et à Tardeur des popilations , cette in-
vasion n^eut pas' heu , et les princes
firent la paix.
T" La sèooade eoalHioii eut» pour
chefs Jean sans Ter^e et Otton ; elle se
termina d'une manière glorieuse poiir
la France, en 1314, par la bataille de
Bouvipes.
3** La conquête de l'Italie , par Char-
les y m, était à peine achevée que
Ludovic Sforoe, auc de Milan, Al-
phonse Il , Maxîmilien , le pape ,
Ferdinand et Isabelle , signèrent avec
Venise une ligue défensive et offensive
contre la France, Nous avons raconté
ailleurs les événements qui furent le
résultat de cette ligue ("*}. Malgré la
brillante victoire de Fornoue, en
1495 , ritalie n'en fut pas moins per-
due pour la JFrance.
4** Les intrigues de Jules II, secon-
dées par les fautes de Louis Xll , ame-
nèrent, §p .1511, la formation d'une
ligue , qu'on . appela la sainte ligue y
entre le pape , Venise et Ferdinand.
Ijeur but était l'expulsion des Fran-'
çais de l'Italie ; ce but fut atteint après
la bataille de Novarre ; Henri VIII et
Maxirailien se joignirent, en 151 3, à
cette coalition.
5° En 1523, le pape, TKmpereur, le
roi d'Angleterre, Ferdinand, archiduc*
d'Autriche, Venise, Florence, Gènes,
etc. , conclurent contre la France une
alliance qui eut pour résultats Tinva-
sion de toutes nos frontières , la ba-
tAkile de Pavie, et enfi^ le traité de
Madrid.
6'' Les victoires de Louis XIV sui^
la Hollande avaient excité lés craintes
et la jalousie de TËurope ; une ligue
lut formée à la Haye , entre Tempe-
reur d'Allemagne ^ le roi d'Espagne et
les Provinces-Unies : l'électçur pala-
tin , les électeurs de Trêves , de Mayen-
ce , de Cologne , et i'éyéque de Munster,
y accédèrent pe^ après » et TAngleterre
S'y joignit en 167d, La France en sor-
tit victorieuse par la paix de Nimègue.
T" La haine quel TEurope entière
portait à Louis XIV s'accrut après la
paix de ^Nimègue. XiCS troubles excités
en France par la révocation de Tédit
de Nantes lui offrirent une occasion
favorable; le 9 juillet 1686^ une al-
(*)Voy. Charles VIII, Italie (guer-'
res .^\ et les An «mm» t.- I» ju a6o.
«OA
feurge:
MT
Haneé rfëftosffe fkit formée à Adgs^
bourgs mtte rEmpèrenr, les rois d'Es-
pagne etdeSttède, les ProTtnoes-U nies,
rétectetff palatin et Vé\texem de Saxe,
les cercles de Bavière, de Franootiie et
du haut Rhin. L'année snitante, le duo
de S&Toie , félocteur de Bavière , tous
fes pr!nees dltalie , Innocent XI , y
acquiescèrent; et enfin l'Angleterre
en fit autant, lorsque Jacques II eut
été détrôné. La France n'avait pas en*
core eu à supporter un tel choc ; elle
le soutint pourtant glorieusement. La
paix de Kyswkk, en 1696, termina la
guerre.
8*^ £n 1703, se forma une nouvelle
coalition oh entrèrent F Angleterre,
l'Empire, !a Hollande , les cercles d' Al**
lemagne, etc.EHe était moins vaste,
il est vrai , que la précédente , mais
plus redoirtabte , car ta France, seule,
devait se défendre non-seulement elle«
même, mais défendre encore l'ËSfiagne,
qui était depuis longtemps épuisée. La
guerre terrible qui suivit , et dans la^
quelle les alliés avaient cru démembrer
la France , ne nous ôta pas une pro^
vince , et nous n'y perdîmes que quel«
ques côlonids.
Sous la régence du duc d^Orléans et
le règne honteux de Louis XY, Ja
France était trop affaiblie et trop peu
avide de conquêtes ^ovr exciter les
craintes ou la jalousie de l'Europe)
aussi, dans les guerres du dix-hui-
tième siècle, eut-elle toujours des al*
liés , et il ne se forma contre elle au*
cune coalition. Il en fut de même sous
Louis XVI ; mais , lorsque la révolu-
tion éclata , l'Europe entière complota
notre ruine , et on vit se former ces
ligues fcrrmidables que l*on désigne
plus particulièrement sous le nom de
coalition.
La l'« fbt conohie le 27 aoAt 1791,
à Pilnitz , entre l'Antricbe et la Prusse.
Toutes les puissances de l'Europe,
sauf la Suède , le Danemark , la Suisse
et la Turquie , j entrèrent successive-
ment. Elle fut dissoute le 17 octobre
1797, par le traité de Campo-Formio.
La 2", formée en mars 1799, entre
r Autriche, la Russie, la Grande-Bre-
tagne , la Turquie , les États barba-
rMques et le rojaume dés Deux'^Si^
dies, fut rompue par les traités de
Lunéville, en 1801 ; et d'Amiens^ em
1802.
La S*, formée, en 1803, entre TAd*
gleterre, TAutriche et la Russie, fut
terminée par la bataille d'Austerlits et
par la paix de Presbourg, signée le 26
décembre 1805.
La 4*, formée an mois de septem^
bre 1806, entre la Prusse, la Russie
et l'Angleterre, fut terminée |)ar la
paix de Tilsitt , signée les 7 et 9 juillet
1807.
La 6*, formée entre TAùtriche et
l'Angleterre seulement , Commença en
avril 1809, et fut terminée en une
seule campagne par la victoire de Wa«
gram , qui amena la paix de Schœn*
nrann, signée le 14 octobre 1809.
La 6** et dernière coalition eut lieu
en 1813, après les désastres de Mos*
cou, et fut conclue entre la Russie^-
la Prusse, T Angleterre, la Suède et
l'Autriche. Elle fut terminée par l'abi
dication de Napoléon , signée à Fon«
tainebleau le 11 avril 1814, et replaça-
la famille des Bourbons sur le trdns
de France.
Une 7* coalition se forma en 1814
après le retour de Napoléon. La Suède
cette fois n'y prit aucune part. Malgré
les traités qui suivirent la seconde
restauration, résultat funeste des re«
vers essuyés par notre armée à Wa^^
terloo, on peut dire que cette coalition^
perpétuée en quelque sorte par lu
sainte allianoe (voyez ce mot), n'est
point encore dissoute aujourd'hui;
car, par plus d^un acte, et notamment
par le traité du 15 juillet 1840 , elle
a prouvé la persistance de son animo<*
site contre la France.
GoÀEAZE, bourg du département
des Basses-Pyrénées, à 18 kilomètres
de Pan, était l'une des douze premières
baronnies du Béarn. Cest au château
de Coaraze que Henri IV passa son en«
fance.
€k>BL£]!rrz (prise de). Pendant que
les Impériaux battaient partout en re-
traite, le général Marceau se dirigea
le 22 octobre 1794 sur la ville de Co»
Menu , défendue par une forte ûivh
248
GOC
L'UNIVERS.
GOC
Bîon autrichienae avantageusement
retrancha. !N*ayant pu attirer l'ennemi
en plaine, Marceau attaqua les redou*
tes, dont il s'empara après une courte
résistance, et les Français entrèrent
en triomphe dans Tancien quartier
général de l'émigration. (Voyez Ëhi*
GBATION.)
Cocagne (mât de). L'exercice du
mât de cocagne , qui fait aujourd'hui
Eartie de toutes les réjouissances pu-
ligues, est assez ancien : il paraît
avoir été introduit en France par les
Anglais . pendant les guerres qui ont
désolé la France sous le règne de
Charles Vï. Le 1" septembre 1425,
on planta à Paris , rue aux Ours , en
face de la rue Quincampoix, un mât
de trente-six pieds de hauteur, à la
cime duquel était planté un panier
contenant une oie grasse et six-blancs
de monnaie (deux sous et demi). On
oignit le mât, et on promit à celui qui
parviendrait à la cime, le mât et le
Iianier avec ce qu'il contenait. Toute
a journée , les jeunes gens essayèrent
de gagner le prix offert à la force et
à l'agilité , mais aucun n'en put venir
à bout. Toutefois, un jeune varlet qui
avait approché plus près que les autres
du but, obtint l'oie grasse, mais il
n'eut ni le mât , ni le panier , ni les
six-blancs. De 1425 à 1758, l'exercice
du mât de cocagne ne fut point renou-
velé en France. Cette dernière année ,
le sieur Torré , artiûcier italien , fon-
dateur et directeur du Wauxhall^ à
Paris , avant obtenu la permission de
donner des bals et des fêtes foraines,
l'admit au nombre des divertissements
qu'il offrait au public, et lui fit acqué-
rir le droit de cité.
COGABDE. Voyez CoULEUfiS NA-
TIONALES.
Coche. Voyez Voitures.
CocHEBEL(combatde).Du Guesclin,
chargé de tenir tête en INormandie au
captai de Buch , rencontra , le 16 mai
1364, les Navarrais postés sur un
monticule, près de Cocnerel, village à
trois lieues d'Ëvreux. Pour leur enle-
ver l'avantage du terrain, du Guesclin
feignit de décamper. Le captai ne put
empêcher ses Anglais de descendre.
<r
Du Goescliti fit alors volte-face, et, en
rangeant son armée en bataille , il lui
adressa cette courte harangue : « Pour
«Dieu, sou venez- vous que nous avons
« un nouveau roi de France ; que sa
«couronne soit aujourd'hui étrennée
«par vous; pour moi, j'espère donner
« au roi le captai de Buch pour étrennes
«de sa noble ro)[auté. » £n effet, la
victoire fut décisive : le captai fut fait
prisonnier au premier rang même de
son armée , et les autres chefs navar-
rais perdirent la vie.
CocHiN (Henri) , célèbre avocat au
parlement de Paris , naquit dans cette
ville en 1687 , et y mourut en 1747,
laissant la réputation d'un homme
vertueux et d'un grand orateur. Ses
plaidoyers ont été imprimés en 6 vol.
ia-4% 1751.
..&M^Éve,/ean-Z>&msCocHiN, fon-
dafeùr de l'hospice qui porte son nom, -^
à Paris , naquit dans cette ville en
1726, et fut nommé en 1756 curé de
Saint-Jacques du Haut-Pas. Ayant
conçu, en 1780, l'idée de fonder un
hospice pour les pauvres du faubourg
Saint- Jacques , et ayant annoncé qu'il
consacrait à cette bonne œuvre un
fonds de 37,000 fr. , des aumônes lui
arrivèrent de toutes parts. L'architecte
Viel se chargea gratuitement de la di-
rection des travaux , et deux pauvres
de la paroisse posèrent la première
pierre du monument , qui fut terminé
en juillet 1782. Cocbin mourut le 8
juin de l'année suivante, laissant un
grand nombre d'ouvrages de piété.
Jean- Denis-Marie CocHiiv , de la
même famille que les précédents, né
en 1789, avocat aux conseils du roi et
à la cour de cassation , fondateur des
salles d'asile de Paris, fut un des
hommes qui contribuèrent le plus,
dans ces dernières années, aux progrès
de l'instruction du peuple. Son fils a
suivi ce noble exemple.
CocHiN (Nicolas), graveur à l'eau-
forte , né à Troyes en 1619. On a de
ce maître un assez grand nombre d'es-
tampes dont la pointe facile et agréable
a ouelque ressemblance avec celle de
Cahot. Il a gravé, d'après ses compo-
sitions, le Passage de la mer Rouge,
€OG
FRANCE.
€0€
249
fharu(^n submergé, un Repos en
Egypte y etc. ; d'après Paul Véronèse,
Ië& Noces de Cana, et d'après le Titien,
le Martyre de saint Pierre Domini-
quin; enfin, d'après Fouquières, Vao
der Meulen, etc.» divers sujets re-
latifs à l'histoire militaire du règ^e
de Louis XIV.
Trois autres graveurs ont porté le
nom de^Cochin :
Noél ou NataliSy également né à
Troyes<, grava les planches du livre de
la fille du fameux Charles Patin.
Charles-Nicolas y né à Paris, en
1688, mort dans cette ville en 1754, a
laissé un assez grand nombre de plan-
ches gravées d'après Watteau , Res-
tout, Lemoine, Coypel, BouUongne,
Cazes, etc.
Charles-Nicolas, son fils et son
élève, né à Paris, en 1715, merldans
cette ville en 1790, fut l'un des plus
célèbres graveurs de son temps.
Cependant, dans le nombre immense
des pièces qui composent son œuvre ,
il en est peu qui aient encore de la va-
leur. Cédant au mauvais goût de son
époque, il négligea le dessin et ne visa
qu'à l'effet. Son chef-d'œuvre est la
collection des batailles de l'empire chi-
nois , qu'il grava pour l'empereur de
la Chine , d'après des dessins fournis
par des missionnaires. Il a enrichi
beaucoup d'éditions de luxe de vignet-
tes dont le mérite le plus essentiel est
une grande facilité. Les Ports de
France, qu'il a exécutés avec Lebas,
sont au nombre de ses meilleures
pièces. Cochin avait cultivé les lettres
avec succès; il composa uq grand
nombre de mémoires pour l'académie
de peinture, et fut Tun des acteurs
les plus distingués des réunions de
madame Geoffrin.
CocaiMCHiNE. Voyez Missions.
Cochon.— Suivant Strabon,les Gau-
lois, grands mangeurs de viande, sur-
tout de viande de porc , élevaient
et laissaient nuit et jour , en plein
champ , de grands troupeaux de ces
animaux qui étaien':, pour ceux qui
les rencontraient, aussi dangereux que
des loups. La Gaule nourrissait tant
de porcs, qu'elle fournissait de graisse
et de salaisons, non-seulement la ville
de Rome , mais l'Italie tout entière.
Ceux de ses fils qui allèrent, les armes
à la main , se fonder une autre patrie
sur les rivages du Po , y portèrent le
goût qu'ils avaient pour la viande de
porc, et Polybe nous apprend qu'ils
en entretenaient aussi des troupeaux
considérables. Il est probable que les
Bourguignons, les Visigoths, les Francs
et tous les autres peuples qui passèrent
successivement le Rhin, pour se par-
tager la Gaule, élevaient des porcs dans
leur patrie ; quoi qu'il en soit, les lois
qu'ils se donnèrent à eux-mêmes four-
nissent la preuve qu'ils attachaient
une grande importance à la conserva-
tion de ces animaux. Celle des Visi-
goths contient quatre articles qui les
concernent, ainsi que l'arbre dont le
fruit rend leur chair ferme et savou-
reuse. Le second chapitre de la loi sa-
lique est composé de dix-neuf articles,
uniquement consacrés au vol des co-
chons. Saint Rémi, par son testament,
laisse ses cochons à partager entre ses
deux héritiers. Mappmius, archevêque
de Reims au sixième siècle , écrit à
Villicus, évéque de Metz, uniquement
pour lui demander ce que coûtent les
cochons dans son pays. Dans les ca-
pitulaires de Charlemagne, on voit ce
prince recommander à ses régisseurs
d'élever , entre autres animaux, force
cochons dans ses métairies. Dans deux
états des revenus et dépenses de Phi-
lippe-Auguste, pour Tan 1200 et l'an
1202, on remarque une somme de cent
sous et une de quatre livres quatre
sous, employées pour achat de co-
chons; enfin, dans un dénombrement
de l'abbaye de Saint-Remi de Reims,'
cité par du Cange , on voit que cette
maison possédait quatre cent quinze
cochons. Un nombre aussi grand pour
un seul monastère étonnera d'abord,
maison le comprendra aisément quand
on se rappellera que , même ceux des
moines que leur règle assujettissait à
un maigre perpétuel, étaient autorisés
à préparer leurs aliments avec du jus
de lard , quand le pays qu'ils habi-
taient ne produisait point d'huile. Or
le diocèse de Reims est dans ce cas-là.
m
tiôc
GO<2
Cette aotorlsatîon explique en outré
pourquoi nos rois s'engagèrent dIu-
sieurs fois à payer à des monastères
des redevances en porcs, ou permirent
à ces monastères de faire paître dans
!es forêts royales ceux qu'ils passée
daient. Quelques communes jouissent
encore, sous le nom de glanaée, d'un
droit semblable dans les forêts de TÉ*
tat, mais seulement pendant le temps
où le chêne laisse tomber son firuit.
La ehaf r de cochon était si recherchée
autrefois^ qu'il y ayatt des festins dont
elle faisait seule les frais. Ces festins
étaient appelés baconimesy da vieux
mot bacon, qui signinait cochon. Le
chapitre de Notre-Dame de Paris était
traité ainsi, en certaines occasions so-
lennelles , et c'est à cette coutume
qu'est attribuée l'origine de la foire
aux jambons , qui s est tenue long-
temps sur le parvis de cette église.
Les habitants des villes , ne pouvant
pas avoir des troupeaux décochons,
nourrissaient au moins un ou deux
porcs, que , dans le jour, ils lâchaient
dans les rues pour s y engraisser des
immondices qui n'étaient jamais enle-
vées. En 1131 , comme le fils aîné de
Louis le Gros, le prince Philippe, déjà
associé à la royauté par son père, se pro-
menait à cheval dans les rues de Paris,
un de ces cochons errants se jeta dans
lesjambesdesa monture, laquelle se ca-
bra etfit tomber le prince, qui mourut
des suites de cette chute. Cet accident fit
défendre de nourrir des cocho'ns à Pa-
ris, et ce règlement, méconnu dès son
origine , fut renouvelé sans plus de
succès pendant plusieurs siècles. Les
religieux de Saint-Antoine se préten-
dirent exceptés de la prohibition, parce
que leur patron est toujours représenté
escorté d'un cochon. Ils ajoutèrent
plus tard à cette prétention , déjà as-
8e« extraordinaire, celle d'avoir le droit
de laisser vaguer leors porcs dans les
rues de la capitale , et ils parvinrent à
la faire admettre. Us lâchaient donc,
dès le matin , leurs cochons , marqués
d'un signe qui les faisait reconnaître
et respecter. Le bourreau saisissait
tous ceux qui , n'appartenant point à
M8 moines , étaient surpris en ma-
raude, les conduisait à )'H6M-Dieày
au profit duquel ils étatebt confisqués.
Le cochon, qui se nourrit d'immon-
dices et croupit dans les ordures , est
fort sujet à une sorte de lèpre que
l'on appelle ladrerie. C'est à l'usage
de la ehair des cochons ladres que
l'on attribua l'origine de cette maladie
contagieuse qui parut en France , vers
la fin de la deuxième race, et -y causa,
pendant huit siècle» , des ratages af-
freux. Pour la prévenir autant que
possible , on institua des officiers ,
nommés langueyeurs de porcs ^ qui re-
connaissaient à l'absence ou à la pré-
sence de certaines pustules blanches
sous la langue de l'animal, s'il pouvait
être ou non livré à la consomma*
tion. Quand ils trouvaient un co*
chon ladre , ils le marquaient à l'o-
reille, pour que personne ne l'achetât.
La lèpre ayant disparu ptnd tard , on
se rassura*; deux arrêts du parlement,
l'un de 1602, l'autre de 1667, permi-
rent de vendre de la chair de cochofi
ladre , et assignèrent un endroit par-
ticulier de la halle pour cette vente.
En 1604, les langueyeurs furent rem-
placés par trente vendeurs-visiteurs
de porcSy payant finance, puis, l'année
suivante, rétablis et confondus avec
ces derniers , et sous le même nom , à
la condition de payer finance comme
eux. Enfin , ceux-ci furent, en 1708 ,
remplacés à leur tour par cinquante
inspecteurs - contrôleurs de pores ,
ayant le droit d'établir sous eux des
hommes experts dans le lan^ueyage.
Ces derniers officiers ont été suppri-
més à la révolution, et le soin de veil-
ler à ce que Pon n'expose en vente que
de la chair saine fut remis à la police
de salubrité. (Voyez Chàrgutibrs.)
Cochon de l'Apparent (Charles),
né en 1750, dans la Vendée, était con-
seiller au présidial de Poitiers, lorsque
la révolution le plaça sur un plus vaste
théâtre. INommé député suppléant aux
états généraux, il s'associa avec en-
thousiasme aux défenseurs de la cause
populaire. En 1792, il reparut à la
Convention nationale comme député
des Deux-Sèvres. Cochon s'y montra
d'aboid ardent montagnard et TOta là
cmc
WSil^KIÎEu
Mi
mort dé Lonis XYI. Envofyé enïicrite à
l'armée du Nord, ^ remplacement des
commissaires que Dumouriéî tenait
de lirrer aux Autrichiens , il chercha
«a vain à pénétrer jusqu'au quartier
général , et fut obligé de s'enfermer
dans Yalenciennes , où il fut assiégé
par les Anglais. Après avoir contribué
a la défense de cette place , et résisté
avec hauteur à toutes les propositions
de Tennemi, il en sortit , le 1^' août
1798> avec la garnison, et r^arut, le
6 du même mois à la tribune, pour y
justifier la conduite du général Ferrand
et celle des volonrtaires républicains ,
et dire que les habitants et les troupes
de ligne avaient seuls été coupables.
Ayant évité d'ailleurs de se prononcer
d'une manière positive entre les divers
partis qui divisèrent la Convention , il
entra, après le 9 thermidor, au comité.
de salut public , où il obtint assez
d'influence pour faire donner des com^
mandements en chef aux généraux
Dumas, Candaux et Merlin. £n 179d,
il fut chargé d'unie nouvelle mission à
l'armée du Nord. Devenu ensuite
membre du Conseil des Aneiens, il fut
ehoisi, au mois de germinal an iv, pour
remplacer Merlin au poste difficile de
iBtmstre de la pdlice générale. L'éloi-
gnement qu'il manifestait de plus eo
plus pour \û parti démocratique, et la
pioaitioti que lui donnait vis-à-vis des
royalistes seik vote dans le procès de
XiOiltf XVIy finirent par le jeter dans
cette faction du joste-milieu, qui ima«
giha le système de bascule. Ainsi il
signala son activité par la double ré*
pression oe la conspiration républi*
(âaine de Babeuf et du complot monar-
chique de Brottier. Les complices de
oe dernier semblaient néanmoms avoir
compté sur le ministre de la police,
^u'on accusait généralement de roya^
iMme, puisqu'ils avaient résolu de lui
conserver son portefeuille , en cas de
BQCcès. U eut beau protester. Sa per»»
picBcité babitoelle a deviner de quel
o^ serait k victoire s'était trouvée
CD défaut ; non-seulement il n'obtint
|ns la majorité des suffrages lors du
remplacement de Letourneur dans la
pentafehÎQ dire^oriale^ il fut même
deètîf tié peu de jours avant le 18 froo-
tâdor. Cette disgrâce né fut pour lui
que le prélude d'une proscription com«
plète. Condamné à la déportation , il
en fut quitte pour rester prisonnier
dans l'tled'OIeron, jusqu'au moment od
le 1 8 brumaire vint le rendre à la liberté.
Il fut nommé, en 1800, à la préfectore
de la Vienne, à celte des Deux-Kètiie»
en 1805 , et sénateur en 1809. Après
les désastres de 1813, l'empereur ren«
voya avec des pouvoirs extraordinaires
dans la 20'' division militaire , pour y
organiser la défense contre les armées
ennemies , ce qui ne l'empêcha pas
d'adhérer, en 1814, à la déchéance de
ffapoiéon. Il ne put éviter néanmoins,
sous le gouvernement royal, d'être
exclu de la pairie et des fonctions pu-
bliques. Pendant les cent jours , il oc«
cupa la préfecture de la Seine-Infé*
rieure, et rentra dans la vie privée au
8 juillet. Exilé ensuite comme régicide,
il fut rappelé en France, par une
ordonnance de 1817, et mourut àPoi*
tiers en 1825.
Cocon AS (Annibal, e^mte de), l'un
de ces Italiens qui vinrent chercher
fortune en France, sous la régeneede
Catherine de Médicis , se couvrit de
sang et se distingua par ses cruautés
à la Saint-Barthélémy. Devenu ensuite
le favori du duc d'Aleoçon, frère du
roi , il fut , avec le sieùr de la Mole,
l'agent principal de la faction des po*-
Utiques ou mcUcwUents , oui voulait
mettre ce prince sur le troue au pré-
judice de Henri III, alors en Pologne*
Les princes, leurs courtisans, les mat-
tresses des uns et des autres, organi-
sèrent le complot avec la discrétion et
le mystère qui couvrent d'ordinaire
les intrigues politiques où il y a deb
femmes. Aussi Calherine de Médièis
en fut-elle bientôt informée. Elle suT'*'
veilla les princes et les fit garder à vue.
Le roi de Navarre^ le prince de Condé,
le duc d'Alençon , fatigués de cette
contrainte, résolurent de se faire en-
lever ; mais l'alarme fut donnée d'à*
vance : l'entreprise échoua ; la oour
alarmée quitta Saint-Germain ; Char*
les IX mourant s'écria : « Du moins,
s'ils avaient attendu ma mort»»LaMoUi
Ué
a^B
vvtates^.
<ûtt
«oonneeellesd^aujourd'hui; niais sou-
vent le premier consul nous convo-
quait à midi et nous gardait jusqu'à
neuf ou dix heures du soir. Coniorr
mémeut à Tarrôté du 24 thermidor
lan Yiii, les membres de la commission
concoururent au travail de la sectioui
et eurent séance à rassemblée géné-
rale avec voix consultative. L'arrêté
ne donnait séance qu'à MM. Tronchet,
3igot-Préameneu et Portails ; M» Mal-
leville fut néanmoins admis.
Dans le conseil d'État, indépendam-
ment de Troncbet, de Éigot-Préame-
aeu, de Portalis, de Malleville, d'£m-
mery, de Berlîer, de Real et de
Tbibaudeau, se trouvaient d'autres ju-
risconsultes du mérite le plus distin-
gué, et notamment Cambacérès, Gre-
nier, Treilhard , Rœderer. Les discus-
sions qui eurent lieu entre tous ces
hommes illustres sur la rédaction du
code demeureront à jamais célèbres
dans l'histoire, qui en a soigneuse-
ment recueilli les procès- verbaux. Elles
furent brillantes et approfondies , à
cause de la force du talent, de la di-
versité des systèmes et de la liberté
avec laquelle se produisait chaque opi-
nion* Toutefois , ce qu'il y avait de
glus remarquable, c'est que ce concile
e jurisconsultes était la plupart du
temps présidé par un homme qui avait
une gloire immense , mais purement
militaire. Selon le Mémorial ae Sainte-
Hélène, le premier consul Bonaparte
se faisait expliquer par Troncbet,
avant la séance , les termes de droit
qui lui étaient entièrement étrangers;
alors, éclairé par la divination du gé-
nie , il marchait tête levée dans une
sphère pour lui toute nouvelle, et sur-
. prenait les vieux jurisconsultes dont il
était entouré, par la profondeur et l'o-
riginalité de ses vues, la vigueur de sa
logique et la subtilité souvent éloquente
de son raisonnement. Si l'on veut ca-
ractériser la direction et la nature
d'influence que Bonaparte exerça sur
la rédaction du code civil, on dira qu'il
fut presque constamment l'avocat des
idées et des principes défendus par
Portalis; ou bien, lorsqu'une transac-
tion était nécessaire entre les idé^
nouvelles et fes anciens ^ystème^f lov9-
2ue les esprits, nourris des tradition^
iverses de la jurisprudence , et anîr
mes par des prmcipes politiques conr
tradictoires , cherchaient inutilement
les* solutions qui devaient naître de la
nature même des choses, Bonaparte,
par la seule force de son Intelligence,
s'élançait pour ainsi dire d'un bond
sur la raison suprême et décisive , et
conciliait les systèmes opposés en les
rappelant à la source de la lumière.
«Si le code civil, a dit M. Troplong,
opéra la fusion des idées anciennes
avec les idées de la révolution , s'il
est empreint de cet éclectisme qui est
la philosophie du dix-neuvième siècle,
c'est principalement à Napoléon qu'il
faut en attribuer l'honneur ; son esprit
de conciliation prudente brille dans le
code^ comme dans la réunion des partis
politiques qui déchiraient l'État. t>
Si 1 on veut se faire un idée du rôle
de Napoléon dans la discussion du
code civil, on n'a qu^à consulter les
procès -verbaux du conseil d'État , no-
tamment sur le divorce et sur Tadop-
tion.
A mesure que les divers titres du
projet de code civil furent adoptés an
conseil d'État, le gouvernement les fît
revêtir de la sanction législative. Ici
il est nécessaire de rappeler en peu de
mots comment les lois se confection-
naient sous l'empire de la constitution
de l'an yiii, alors en vigueur. Le pou-
voir de créer la loi se partageait entre
les consuls, ou le gouvernement^ le
tribunat et le corps législatif; Tini-
tiativeou la proposition de la loi était
réservée au gouvernement, qui l'exer-
çait avec le concours, toutefois non
obligatoire, du conseil d'État; le tri-
bunat discutait la loi proposée et émet-
tait un vœu d^adoption ou de rejet;
le corps législatif adoptait ou rejetait
la proposition sans la discuter, mais
après avoir contradictoirement en-
tendu les orateurs du gouvernement
et ceux du tribunat.
On avait déjà présenté le titre préli-
minaire, de ia publicatiôa des lois;
le titre I®'", de la jouissance et de ta
privation des droits civilSf et le titre
00»
FEASCB.
WP
%BB
W^ dés actes de Ntat dvU. lorsqu'un
ificident arrêta tout , et lailUt faire
échouer le projet de donner un code
dvil à la France.
Plusieurs membres du tribunat
étaient fortement imbus d'idées repu-
Mieaines , et ne voyaient pas sans dé*
pit , à la tête du gouvernement , un
homme qui concentrait tout le pout
voir dans ses seules mains. Au corps
législatif siégeaient aussi beaucoup df
membres de la Convention et des a^
semblées précédentes, qui ne s*acoont
modaient guère plus volontiers que
leurs collègues du tribunat, de la part
fort minime que depuis le 18 bru<^
maire il leur était permis de prendre
aux affaires publiques. Les uns et les
autres' résolurent , à Foocasion du
eode civil, de tâter le premier consul,
d'essayer leurs forces contre lui, et,
a'il était possible , de reconouérir un
peu de leur ancienne autorite. Le tri*
Dunat fit donc un très mauvais accueil
aux projets du code civil qui lui furent
-soumis. Il attaqua vivement le titre
fNTéliminaive. La plupart des objections
n'étaient que de pures cbicanes , et la
manière dont* elles furent présentées
tenait de la dérision et de Tinsulte.
Les réponses victorieuses de l'éloquent
Portails et de ses collègues ne prof
duisirei^ rien* Ou voulait donner
un soufflet à Bonaparte. Le rejet du
titre préliminaire fut voté par le tri<-
bunat le 21 frimaire an x, et prononcé
4e 24 par le corps législatif, quoiqu'à
la faible majorité de 3 voix, 142 contre
Il en allait arriver autant au titre
de la jouissance et de (a privaiUm
iies droits civils, dont le tribunat pro-
poiisait le rc^t, lorsque le premier coup
sul recourut à une de ces mesures de
vigueur par lesquelles il a éteint itt
Ikctions en France. Le 12 nivôse an x.
Il adressa au corps législatif le message
suivant : « Législateurs , le gouverne-
« ment a arrêté de retirer les projets
« de loi du code-civil. C'est avec peine
*« qu'il se trouve obligé de reotiettre
« a une autre époque des lois atten^
« dues avec tant d'intérêt par la na-
« Hoa; oiMS il s'est eoEvainfia que
« le team s'est pas venu où l'on por^
« tera dans ces graiides discussions
« le calme et l'unité d'intention qu'el*
« les demandent. >» A ce coup Imt
prévu, les amis de Tordre applaudi*
rent, les turbulent^ se turent. Fort9
de l'appui des uns , et enhardis par la
Stupeur des autres, les consuls prirent,
le 18 germinal, un arrêté qui modifia
essentiellement la confection des lois.
Jusqu'alors, après avoir été discutées*
en conseil d^fMt^ elles étaient présen-
tées par le gouvernement au corps lé-
gislatif, qui en donnait une communi-
cation officielle au tribunat; le tribunat
les examinait, puis les renvoyait, avec
un vœu d'adoption ou de rejet, au
corps législatif, qui demeurait libre de
temr ou de ne tenir pas compte de ce
vœu. Par l'arrêté du 18 germinal t il
fut établi qu'après avoir subi l'exameo
du conseil d'État, et avant d'être por-
tés au corps législatif, les projets d^
loi seraient communiqués officieuse-
ment, par le secrétaire général du con-
seil | à la section du ^ibunat quête
matière regardait, pour qu'en cas d^
désapprobation il s ouvrît, entre les
tribuns et les con$eillers , des confé-
rences où les projets fussent amendés
de consentement mutuel. li est ai$é
de concevoir qu'une loi, qui, par ^ite
de cette cooMnunipatian jpuipieuse faite
au tribunat, avait obtenu son aâfsenti-
ment préalable, ne pou v^aiit plus qu'êtrye
adojpitée par lui lorsque W cprp^ légia*
latit la lui communiquait <»ficielle-
meot.
Quoique le nouvel ordre de choses
eût débarrasse la marche dq code éd
tout obstaclepour l'avenir, le premier
consul, afin d augmenter le mécontea-
tement général, et de mieux faire sen-
tir son pou voir i laissa cette grande ei^
treprise dormir encore p^ndjant huit
mois. Ce ne fut que le 23 fructidor an x
(9 septembre 1802) qu'on r^jprit, ou
plutêt qu'on recommença la discussion
au conseil d'État. Mais dès lors la be-
sogne alla vite. Bu 14 ventôse an xj
au 24 ventôse an xii , les trente-six
lois qui composent le coda dvil furent
«uccessivemeat décrétées. Ainsi, un on
«t quelques jpurs su£6reot à raûhèvtf-
156
cdi>
L'tmiVERS.
caD
ment de ce vaste travail. Certes, quand
on voit les lenteurs apportées de notre
temps à la confection des lois , quand
ce n est pas trop de toute une session
pour Tenfantement d'un budget et de
quelques lois d'un intérêt spécial , on
est autorisé à croire que la création des
codes serait impossible aujourd'hui,
et on ne peut refuser un juste tribut
d'admiration et de reconnaissance au
grand homme qui en fut un des plus
zélés promoteurs. Après l'adoption sé-
parée des différents titres du code ci-
vil , une loi qui les réunissait en un
seul corps, qui donnait à leurs articles
une série unique de numéros , et dé-
pouillait de toute autorité les lots an-
térieures sur les mêmes matières, fut
rendue le 30 ventôse an xii (20 mars
1804). Dans la nuit du 20 au 21 de ce
nnriéme mois, on fusillait le ducd*En-
gbien à Yincennes. N'y eut-it, dans la
coïncidence des dates , qu'un simple
effet du hasard.^ Napoléon ne voulut-
il pas plutôt par ces deux actes d'une
nature si diverse , consolider sa puis-
sance ?
Le code civil a fait disparaître une
multitude d'abus dont nous allons si-
gnaler les principaux. Ainsi : les droits
d'aînesse et demasculinitéoutrageaient
la nature; les droits féodaux étaient
incompatibles avec les principes de la
liberté publique; le droit lignager pa-
ralysait le droit de propriété; les rentes
foncières non rachetables attribuaient
une espèce de domination au créancier
et imposaient une gène trop onéreuse
au propriétaire du sol ; l'imprescripti-
bih'té du domaine public laissait les
citoyens dans la crainte perpétuelle
d'être poursuivis par le fisc; enfin, la
vente rompait les baux au grand détri-
ment de l'agriculture; toutes ces er-
reurs, toutes ces injustices sont ac-
tuellement bannies de notre législation.
Depuis sa promulgation en mars
1804, le code civil n'a subi que trois
modifications importantes : la pre-
mière, par la loi du 8 mars 18t6, qui
a aboli le divorce; la seconde, par la
loi du 14 juillet 1819, qui a supprimé le
droit d'aubaine; la troisième, par la
loi du 16 avril 1832, qui permet au roi
de lever pour des causes graves la pro^
hibition de mariage entre beau-frère
et belle-sœur.
Environ trois mois après l'achève-
ment du projet de code civil, les con-
suls, par un arrêté du 13 germinal
an IX (3 avril 1801) , établirent près du
ministère de l'intérieur, pour rédiger
un projet de code commercial, une
commission composée de MM. Vignon ,
président du tribunal de commerce, le
Gras, jurisconsulte, Vital-Roux, Cou-
lomb, ancien magistrat, et Mourque,
administrateur des hospices. Le projet
fut communiquéaux tribunaux et cham-
bres de commerce, à la oour.de cas-
sation et aux tribunaux d'appel, puis,
avec leurs observations , renvoyé à la
section de l'intérieur du conseil d*État.
Lors de la discussion, qui n'eut lieu
que trois ans après, cette section était
présidée par M. Regnault de Saint-Jean
d'Angely, et avait pour membres
MM. Cretet, Fourcroy, Français (de
Nantes), Miot, Pelet (de la Lozère),
Ségur, Bégouen, Lavalette, Deloë,
Blanc d'Hauterive, Gorvetto, Beugnot
et Maret. La discussion en conseil
d'État, commencée le 4 novembre
1806 , et finie le 29 août 1807, employa
soixante et une séances. Napoléon y
prit moins d'intérêt et moins de part
qu'au code civil. Les points sur lesquels
il s'arrêta principalement furent les
dispositions relatives aux faillites , pour
les rendre plus sévères , et celles qui
attachent la contrainte par corps aux
billets à ordre, pour les adoucir. Les
débats remplirent quatre séances, qui
se tinrent à Saint-Cloud, les 28, 29
juillet, l""** et 8 août 1807, commeneô-
rent à sept heures du matin et se pro-
longèrent jusqu'au soir. Inutile de dire
3ue la communication officielle , la
iscussion dans l'assemblée générale du
tribunat après la communication offi-
cielle, et la discussion devant le corps
législatif, eurent lieu pour le code de
commerce comme pour le code civil :
on suivait alors cette marche pour
toutes les lois. Depuis sa promulga*
tion , qui eut lieu le 25 septembre 1807,
le code de commerce n'a subi qu'une
modification véritablementimportaBle:
coo
FRANCE.
CDD
157
par la loi du 28 mai 1838 ^ le livre m
de la Faillite a été entièrement re-
fondu.
Un autre arrêté des consuls du 3 ger-
minal an X churgea une commission
composée de MM. Treilhard , Try, Ber-
therau , Sé^uier et Pipeau , de préparer
un projet de code de procédure civile,
et lui donna pour secrétaire M. Fon-
deur. Même marche que cour les deux
autres codes. Le projet rut imprimé,
adressé aux tribunaux, qui firent leurs
observations , et envoyé à la section de
législation du conseil d'État, alors pré-
sidée par M\ Bigot-Préameneu , et
composée de MM. Berlier, Gally, Real ,
Siméon et Treilhard. La discussion
s'ouvrit le 30 germinal an xiii (20 avril
1805), fut terminée le 29 mars 1806,
et employa vingt-trois séances. Ce code
est celui de tous qu'on a le moins dis-
cuté au conseil d'Etat : la matière était
aride, et la plupart des membres du
conseil ne Tentendaient pas. Napoléon,
presaue toujours absent, ne présida
que la séance du 22 février 1806, où
une députation des notaires de Paris
vint présenter diverses réclamations,
dont la principale concernait les ventes
volontaires. Promulgué le 20 mai 1806 ,
le code de procédure civile n'a subi
aucune modification importante.
Il nous reste à parler du code d'ins-
truction criminelle et du code pénal.
Ces deux codes , dans le projet primitif
de rédaction, n'en formèrent qu'un
sous le nom de code criminel. Un ar-
rêté du 7 germinal an tx (28 mars
1801) confia le soin de le rédiger à une
commission composée de MM. Viel-
lard, Target, Oudard, Treilhard et
Blondel. Le travail des commissaires
fut imprimé, distribué à la cour de
cassation, ainsi qu'aux cours tant cri-
minelles que d'appel, pour qu'elles
eussent à y faire leurs observations; le
tout fut ensuite envoyé, selon Tusage,
à la section de législation du conseil
d'État. La discussion n'y commença
' que le 2 prairial an xii (22 mai 1804),
quelques jours après l'établissement du
régime impérial , et fut interrompue le
20 décembre de la même année, au
bout de vingt-cinq séances ; puis , pen-
dant.quatre ans, on ne songea plus au
projet de code criminel. Ce ne fut
qu'en 1808 qu'on en reprit la discus-
sion. A cette époque, la section de lé-
gislation avait pour président M. Treil-
hard, et pour memores MM. Albinon,
Berlier, Faure et Real. Elle s'associa
M. Muraire, premier président de la
cour de cassation, et M. Merlin, pro-
cureur général près la même cour.
C'est alors que, séparant des disposi-
tions pénales les disp%)sitions relatives
aux formes, on divisa le projet origi-
naire en deux codes. Le code d'ins-
truction criminelle fut le premier sou-
mis à la discussion, qui dura du 30
janvier 1808 au 30 octobre et occupa
trente-sept séances. Après avoir fini le
code d'instruction criminelle, on vint
au code pénal. Ce travail fut terminé
en quarante et une séances , du 4 oc-
tobre 1808 au 18 janvier 1810. Le tri-
bunat n'existait plus lors de la confec-
tion de ces deux codes; ils ne furent
donc présentés qu'au corps législatif.
Or, soit désapprobation de certaine
partie du code d'instruction criminelle,
soit, de la part de quelques députés,
désir de montrer au gouvernement
qu'il existait parmi eux un noyau d'op-
position avec lequel on devait compter,
le corps législatif, après avoir favora-
blement accueilli au vote public cha-
cune des neuf lois qui composaient ce
code, en repoussa une au scrutin par
cent vingt-cinq boules noires. Lorsque
l'empereur, qui était alors en Espagne,
apprit ce rejet, il en conçut un vif
mécontentement, et morigéna bientôt
cette velléité inattendue d Indiscipline.
A la suite du combat de Burgos, pre-
mier succès de la campagne, il venait
d'écrire au corps législatif pour lui
faire horomage de douze drapeaux en-
nemis. Le corps législatif, à la récep-
tion de la lettre de l'empereur, vota
une adresse pour le remercier; en
outre, une députation alla féliciter
l'impératrice Joséphine sur la victoire
de son auguste é|)0ux. L'impératrice
répondit à cette députation qii elle était
très-satisfaite que « le premier seuti-
« ment de l'empereur, après la victoire ,
« eût été pour le corps qui représente
T. v; 17* Livraison. (Dict. encyCl. , btc)
17
258
COD
L'UmVRRS.
toB
« la nation. » Tous les journaux pu-
blièrent cette réponse, le Moniteur ex-
cepté. Le silence dii journal officiel
servit de prétexte à Napoléon pour
démentir la réponse attribuée à José-
phine par les autres feuilles ; et comme
il gardait toujours rancune au corps!
législatif, il développa par la même
occasion une étrange tbéorie sur la
force de son propre gouvernement,
« Sa Majesté Tipperatrice n'a point dit
« cela , » portait un article inséré au
Moniiewr le 15 décembre, et sorti sans
doute de la plume impériale; « elle
«connaît trop bien nos institutions,
« elle sait tr<»> bien que le premier re-
« présentant ae la nation c est Tempe*
« reur, car tout pouvoir vient de Dieu
«et de la nation... Dans Tordre de
« notre hiérarchie constitutionnelle, le
a premier représentant de la nation est
« Tempereur, et ses ministres , organes
« de ses décisions; la seconde autorité
1 représentante est le sénat ; la troi-
m sième est le conseil d'État, qui a de
A véritables attributions législatives;
« le corps législatif , qu'on devrait
«plutôt appeler conseil^ n'a que le
« quatrième ranjg. »
Après cet incident, le vote du code
d'instruction eriminelle et du code
pénal ae rencontra plus d'obstacle : la
dernière loi du premier fut décrétée 1^
16 décembre 1808, et la dernière du
second le 20 février 1810. I^éanmoins^
ces deux codes n'ont pas été mis tout
de suite en activité. On ne pouvait
bécoter le code d'instruction crinù-
nelle avant que le code pénal fût
sur pied; et même après, il fallait at-
tendre qu'une loi eût organisé Tordre
judiciaire sur de nouvelles bases. Cette
loi iatervifit le 20 avril 1810.
Depuis lors, le code d'instruetioA
orimiaeUe.et le code pénal ont été fré-
oueraaieat modifiés ; ce dernier surtoi^t
la été en beaucoup de points impor-
tants. L'pbolition de la peine de mort
daas plusieurs cas; celle de la mutila-
tien «et de la marque; des modifications
au mode de surveillance; la suppres-
sion 4u crime de non-révélation de
eofnplot; la distinction , en matière po-
litique, entre le complot et Tattentat;
la faculté attribuée au jury de déclare!^
dans un verdict de culpabilité qu'il
existe des circonstances atténuantes;
Tobllgation pour les juges, en pré-
sence de cette déclaration , d'appliquer
une peine d'un degfé inférieur à celle
dont autrement le crime devrait être
puni , et la faculté d'abaisser la peine
de deux degrés ; enfin le retranchement
du jparagraphe de l'article 259, qui
punissait de la prison quiconque s'at-
tribuait des titres de noblesse non lé-
galement conférés : telles sont les prin-
cipales modifications que la loi du 28
avril 1832 a introduites dans le code
pénal.
CoDOLET, ancienne seigneurie du
Languedoc, aujourd'hui du départe-
ment du Gard, érigée en marquisat
en 1622.
CoEFFETEAU (Nicolas), dominicain ,
né à Saint-Galais , petite ville du
Maine, en 1574, mort à Paris en 1623,
iui moment où il venait d'être nommé
évéque de Marseille. Son érudition en
théologie et ses talents comme prédi-
cateur lui avaient fait une grande ré-
putation. II fut chargé par Henri IV
et par Grégoire XV de composer divers
ouvrages de controverse qui sont conv-
plétement oubliés aujourd'hui. On lui
doit en Qutre des poésies fort médio-
eres, et une traduction de Floms, qui
passa pendant quelque temps pour le
chef-d'œuvre de la langue française.
CoEHOBN (Louis de ), né a Stras-
bourg en 1771, de la famille du fameux
Goehorn , surnommé le P^auhan hol-
landais y était en 1789 lieutenant au
régiment d'Alsace. Capitaine en 1792 ,
il ut en cette qualité les campagnes
d'Amérique. Obligé, par une maladie
grave , de revenir en France , il y servit
comme simple soldajt pendant six mois,
et ne fut réintégré dans son grade qu^à
la recommandation de Hoche. Le ca-
pitame Goehorn se trouva presque à
toutes les affaires qui eurent lieu pea-
dant la mémorable campagne du Palà-
4inat, et combattit avec beaucoup de
valeur à la bataille d'Etlingen et à celle
de Langenbruck. Son amour pour la
discipline faillit lui coûter la vie après
la prise de Raiserslautern. Ayant voula
COE
FRANCE.
COE
25d
réprimer lies excès d'une colonne de
cliasseurs qui se livrait du pillage, il
fut reçu par des cris et des nuées. In-
digné d'un tel acte d'insubordination,
Coehorn menace de punir de mort qui-
conque continuera de piller ; mais on
ne Técoute pas davantage. Alors il fait
feu sur un des pillards qu'il étend à ses
Sieds, et en blesse un autre. Cet acte
e fermeté ût d'abord rentrer la troupe
dans l'ordre; mais bientôt des mur-
mures éclatèrent de toutes parts. Coe-
horn se tourne aussitôt vers les mutins,
en disant qu'il est encoce prêt à punir
ceux qui se rendront coupables de teU
brigandages; « mais cependant, ajouter
« t-il, si quelqu'un de vous veut venger
c( la mort de son camarade, me voilà
« prêt; » et en même temps, il jeta ses
armes. Plusieurs de ces forcenés se
précipitèrent alors sur lui et lui fîr^t
onze olessures; Coeborn ne dut la vie
qu'à quelques officiers qui parvinrent,
non sans peine, à le tirer de leurs
mains. Employé, en 1799, à l'armée du
Danube , sous le général Jourdan , il se
distingua aux affaires d'Ostèr-Ach et
de Liptingen , où il fut blessé d'un
coup ide feu» Il fut fait adjudant géné-
ral la naême année, et re^ut le com-
mandement de la ligne du Rhin depuis
Strasbourg jusqu'à Neubrisack. Là
encore il déploya niai n tes fois contre
les Autrichiens sa valeur ordinaire. Il
fit ensuite la campgnede Prusse, en
1805, celle d'Autriche, en 1806, et fut
créé général de brigue eu 1807. Il fut
blesse d'une balle à Friediand , passa,
en 1806, à Dantziek, et fît la ^mpa-
fne d'Autriche, eii 1809, sous les or-
res de Claparèdè. Le général Coehorn
déploya la plus grande^ valeur dans
Taffaire d'Ebersberg, où sa division,
séparée momentanément du reste de
Tarmée, par l'incendie du pont sur la
Traun, eut à lutter pendant trois heures
et avec quatre pièces d'artillerie seule-
ment, contre trente mille Autrichiens.
Coehorn se trouva ensuite aux batailles
d'AspeiD, d'Ëssling et de Wagram.
Employé, en 1813 , à la grande armée
d'Allemagne^ sous les ordres de Mar-
mont, il prit part aux batailles de
liUtzen et Bautzen, et eut la cuisse
emportée par un boulet à la bataille de
Leipzig. Resté au pouvoir de l'ennemi ,
Ïnrave Coehorn fut transporté à
eipzig, où il mourut.
— La famille de Coeborn a fourni
plusieurs rejetons qui s'établirent dès le
quatorzième siècle dans le comtat Ye-
naissin , entre autres , un habile officier
de la marine française, Joseph de
Coehorn, mort en 1715, à Carpen-
tras, sa ville natale, après s'être dis-
tingué en plusieurs occasions .et spé-
cialement en 1664, à l'attaque de
Gigeri en Barbarie ^ sous les ordres du
duc de Beaufort.
Cœnigenses, peuple gaulois men-
tionné par Pline, et qui semble avoir
été pendant un assez long espace de
t;emps er^lobé dans le territoire des
Marseillais. Des médailles trouvées
récemment permettent de les placer à
l'embouchure du Rhône , sur le bras
du Delta, auquel Ptolémée donne le
nom de Cœnus fluvitcs,
CoESSiN (F.-G.), né à Lisieux^en
1782, s'est fait un nom dans les pre-
mières années de notre siècle , par soa
niysticisme excentrique. Elève enthou-
siaste du coDveiitionnel Rome, puia
de Clouet, à l'époque où celui-ci fut
envoyé à Cayenne pour y fonder une
répuolique modèle^ il imagina, vers
1810 , ue créer un établissement qui
n'avait rien de commun avec une ré-
Subliaue, et qui, malgré le mystère
ont U s'environnait, fut généralement
connu à Paris sous le nom de. la Mai-^
son grise ; c'est à Ghaillot qu'il avait
posé les bases de ce mystique asile. Il
était devenu un fougueux ultramon-
tain, et il serait difticile de donner une
idée des singularités de son institut ,
où la sévérité du régime alimentaire
qui était prescrit aux néophytes pou-
vait remplacer les austérités de tout
autre genre. En effet, disait M. Coës-
sin, le besoin d'aliments est le cachet
de notre imperfection terrestre , et les
résultats hoBteux de la digestion sont
la Qétrissure permanente découlée du
péché originel. De malins observateurs
prétendaient cependant <|ye la table
particulière de M. Cpëssin était aussi
somptueusement servie que celle de ses
17.
\
260
COE
L'UNIVERS
COE
adeptes était pauvre et frugale; en
même temps M. Coëssin s'amusait à
faire des expérimentations diverses sur
certains anmiaux, et particulièrement
sur des lapins , prétendant pouvoir à
volonté modifier 1 organisation et chan-
ger même entièrement les espèces.
Bientôt la maison de Chaillot ne pou-
vant plus suffire au nombre toujours
grossissant de ses disciples, il la quitta
pour se fixer dans la rue de J' Arcade,
dans un hôtel environné de fort beaux
jardins. M. Coëssin , maître de serrer
ou d'élargir une doctrine dont il avait
seul tout le secret , recommanda alors
à ses disciples tous les plaisirs permis,
et surtout la société des femmes ,
comme des voies plus commodes ou-
vertes à la perfection. Déjeunes dames
charmantes vinrent donc s'enrôler sous
sa bannière ; mais chacun des mem-
bres versait un contingent dans la
caisse de la société, dont M. Coëssin
était , comme de raison , le dispensa-
teur et le gardien, en sa qualité de
grand pontife. De là des discussions ,
des embarras , auxquels le blocus de
Paris vint fort à propos fournir à
M. Coëssin l'occasion de mettre un
terme. La restauration devait ouvrir
tine nouvelle carrière à son activité
d'esprit; mais un certain voile envi-
ronna ses nouvelles opérations. Tout
ce que l'on sut , c'est qu'il fit depuis
ce temps de fréquentes excursions et
d'assez longs séjours à Rome, où l'on
dit qu'il fonda une nouvelle émanation
de la prem ère maison grise. On apprit
aussi qu'il venait souvent à Paris,
chargé de missions mystérieuses. A
cette courte notice nous ajouterons le
passage suivant , extrait des Mémoires
de madame de Gerdis: « Je reçois
« aussi quelquefois , dit cette dame ,
« un homme fort extraordinaire; c'est
« M. Coëssin. Après avoir été philo- '
« sophe dans le mauvais sens, il est
« devenu , par la force de son esprit ,
ce très-croyant et très-dévot; mais il
« est infiniment trop tdtram^ntain,
« Ses ennemis disent qu'il est hypo-
« crite ; pour moi je suis certaine qu'il
« est très-persuadé de la vérité de la
« religion ; il a la foi que donnent de
« grandes lumières ; il n'a peut-être
« pas celle qu'inspire le cœur et qui
« vient du ciel; il est ambitieux, mais
« du moins son ambition est noble
« et généreuse. Je n'ai point connu
a d'homme qui ait, dans la conversa-
« tion sur les grands sujets de la reli-
« gion et de la politique, une élo-
« quence aussi forte, aussi entraînante
« que celle de M. Coëssin... La nature
« la fait pour être prédicateur, et sur-
« tout missionnaire; et néanmoins cet
« homme n'est plus tout à fait le même
« lorsqu'il écrit; il a publié un ou-
« vrage intitulé les Neuf livres y dans
« lequel on trouve des étincelles d'un
« grand talent, et qui d'ailleurs a de
« robscurité et manque souvent de ré-
« sultat. Il est l'inventeur d'une espèce
« de bateaux è vapeur, qui , dit-on ^
« doivent produire de grandes choses
« pour le commerce, et une fortune
« immense et prompte pour l'inven-
« teur. Il me dit qu'il comptait gagner
n incessamment des millions., et que
« son projet était de porter ces trésors
« à Rome pour y exécuter un grand
« plan en laveur de la religion. !Nous
ce imaginâmes qu'il avait l'intention et
« l'espérance de se faire élire pape, a
« la mort de Pie VII. Il est curieux de
« voir ce que deviendra cet homme
ce extraordinaire. » Quant à nous, nous
n'avons pu découvrir ce que, depuis
une vingtaine d'années, il est devenu.
CoBTiON, ancienne seigneurie de
Bretagne, érigée en vicomte, en 1650,
et en marquisat, en 1717, sous le nom
de la Bourdonnay.
CoETiYY, ancienne famille de Bre-
tagne, tire son nom de la terre de
Coëti vi , située dans le diocèse de Léon.
On n'en connaît la descendance ç|ue
depuis Prégentf seigneur de Coëtivi,
premier du nom , chevalier banneret ,
^ui vivait en 1212. La famille de Coë-
tivi qui , dans la guerre civile de Bre-
tagne , avait embrassé le parti de
Charles de Blois , a produit comme
personnages remarquables :
^lain III, qui servit sous le con-
nétable de Richemont , et fut tué en
1425 au siège de Beauvron.
Prégent Fil, qui joua un grand
€OE
FRANCE.
€OB
261
r6le dans les guerres de Charles VII
contre les Anglais , et se trouva à la
plupart des sièges et des batailles de
1420 à 1450. A cette dernière date, il
fut tué d'un coup de canon au siège de
Cherbourg. Il avait été nommé ami-
ral de France en 1439. « Sa mort , dit
« le chroniqueur contemporain , fut
« un grand dommage et perte notable
« pour le roi; car il étoit tenu des
« vaillants chevaliers et renommés du
« royaume , fort prudent et encore de
«' bon âge. »
j^lain de Coêtivi, cardinal , évêque
de Dol, puis de Cornouailles, et enfin
d'Avignon , fut un des plus vertueux
prélats de son temps. Il mourut à
Aome en 1474.
CoETLOGON , ancienne châtellenie
de Bretagne (aujourd'hui département
des Côtes-du-Nord ) , érigée en mar-
quisat en 1622.
CoETLOGON (Alain-Emmanuel de) ,
né en 1646, se distingua dans onze
batailles navales , entre autres aux
combats de Bantry , sur les côtes d'Ir-
lande, en 1688; de la Hogue, en 1692 ;
et de Yelez-Malaga, en 1704. Il était
f parvenu au grade de chef d'escadre,
orsqu'à la mort du maréchal de Châ-
teau-Renaud, en 1716, il fut nommé
vice-amiral. Mécontent du ministère
qui l'avait oublié dans une promotion
de maréchaux de France, il prit le
parti de se retirer, en 1727, au novi-
ciat des jésuites de Paris. Quatre jours
avant sa mort, arrivée en 1730, on lui
envoya le bâton de maréchal ; il ré-
pondit à son confesseur , qui lui an-
nonça cette nouvelle , qu'une telle fa-
veur l'aurait Qatté autrefois, mais que,
près de sortir du monde , il le priait
Ue ne lui parler que de son néant.
CoETLOSQDET (Charles-Yves-César-
Cyr, comte du) , né à Morlaix en 1783,
entra fort jeune au service, se distin-
gua en Italie, à Austerlitz , à léna , en
Espagne, à Essling, et dans la cam-
f>àgne de Russie. Il obtint, en 1813,
e commandement du 8" hussards, de-
vint général de brigade dans la même
année , et assista à la bataille dé Mon-
tereau. Chargé, pendant la première
restauration 4 du commandement du
département de la Nièvre, il fit, lors
du retour de Napoléon , quelques ten-
tatives en faveur de l'autorité royale ,
et resta sans emploi pendant les cent
jours. Aussitôt après la seconde res-
tauration , il fut chargé d'une mission
dans l'Ouest, se rendit ensuite à Bor-
deaux, auprès du général Clausel , et
fut nommé aide-major-général de la
garde royale. Élevé, en 1821, au grade
de lieutenant général , il fut appelé à
la direction du personnel du ministère
de la guerre. Il était conseiller d'État
lors de la révolution de 1830, après
laquelle il se retira de$ affaires. Il est
mort en 1836.
CoETLOSQUET ( J. G. de ) , né, en
1700, à Saint-Pol de Léon , chancelier
de Bourges, évêque de Limoges, n'a
d'autre titre à la célébrité que d'avoir
été le précepteur du duc de Boulo-
gne , depuis Louis XVI, et de ses rrè-
res; fonctions qui , suivant l'usage, le
firent entrer à 1 Académie française en
1721. Il mourut en 1784, à l'abbaye de
Saint-Victor.
CoETMÀN (Jacqueline le Voyer,
dite de). — «Six mois après la mort
de Henri IV, une certaine demoiselle
Coetman , une petite bossue , (|ui se
fourroit partout et qui se faisoit tou-
jours de fête, accusa mademoiselle du
Tillel d'avoir été d'intelligence avec
M. d'Espernon pour faire assassiner
Henri IV. Ravaillac, qui étoit d'An-
gouléme, dont M. d'Espernon étoit
gouverneur, fut six mois chez elle
comme chez la nonne amie du duc ,
mais quelques années avant que de
faire le coup. La Coetman disoit que
la reine mère étoit du complot , mais
que Ravaillac ne le sa voit pas ; faute
de preuves, et pour assoupir une af-
faire qui n'étoit pas bonne à ébruiter,
la Coetman fut condamnée à mourir
entre quatre murailles ; elle fut mise
aux filles repenties , où on lui fit une
petite iogette grillée dans la cour ; elle
y est morte quelques années après (*).
COETQUEN , ancienne seigneurie de
Bretagne , érigée en marquisat en lô7ô.
(*) Tallemont des Réaux f hîstoriea d«
inademoiselle du Tiliet*
des
€IW
LTJNIVEBS.
COIÇ
CcEUR (Jacques), argentier du roi
Charles Vil, l'un des créateurs du com-
merce français , était fils d'un orfèvre
de Bour§;es. Il fut, dans sa jeunesse,
employé à la fabrication des monnaies;
il se livra ensuite au commerce, et s'y
enrichit. Charles VII, qui voulait se
rattacher, le nomma maître de la mon-
naie de Bourges, puis le chargea, peu
de tenips après, de diriger, sous le
titre d'argentier du roi, 1 administra-
tion des finances de la France. Ces
fonctions ne Tempéchèrent pas de se
livrer au négoce; elles lui fournirent au
contraire le moyen de donner une
grande impulsion à l'industrie fran^
caise. Il faisait sur terre et sur mer,
avec les chrétiens et les musulmans ,
un comitierce considérable de drap
d'or et de soie , de fourrures, d'armes,
d'épicerie^, de lingots d'or et d'argent;
il occupait trois cents facteurs et il di-
rigeait plus d'affaires à lui seul que
tous Içs négociants réunis de la France
et de l'Italie. Les mers étaient couver-
tes de ses vaisseaux , et il luttait avec
avantage contre Gènes et contre Ve-
i^ise. Bientôt ses richesses furent si
considérables qu'elles donnèrent nais-
sance à un proverbe : riche comme
Jacques Cœur, Lorsque Charles VII
entreprit^ en 1448, fa conquête de la
T^ormandie, Jacques Cœur, dont le
patriotisme égalait la haute intelli-
gence , lui prêta 200,000 écus d'or, et
entretint quatre armées à ses frais
pendant toute la durée de la guerre.
Agnès Sorel , qui mburut l'année sui-
vante, le choisit pour l'un de ses exé-
cuteurs testamentaires, et le roi l'a-
nDblit en réconipensede ses nombreux
services. Il acheta alors des terres et
des châteaux « et devint propriétaire
de la seigneurie de Saint-FargeaU, de
laquelle dépendaient vingt-deux pa-
roisses. Mais tant d'opulence excita la
jalousie et ia cupidité des nobles et des
courtisans , qui dès lors conjurèrent sa
perte. Charles VII l'ayant mis au nom-
bre des aml3as^deurs qu'il envoyait à
Lausanne, pour terminer le schisnie
de Félix V, ses ennemis profitèrent de
ftOA absence pour le perdre dans l'es-
prit du roi. On l'accusa d'avoir fait
sortir de l'argent du royaume , d'avoir
vendu des arnies aux mUsuInoan^, ren-
voyé à son maître un ei^clave chrétieii
qui s'était réfugié sur une de ses ga-
lères, contrefait le sceau du roi, al-
téré les monnaies ^ enfin de s'être servi
du nom du roi pour forcer les particu-
liers et même des provinces à lui payer
des sommes considérable^. Charles
nomma pour le juger une commission,
dont il donna la présidence à Chaban-
nes , Fennémi mortel de, l'accusé. Ce
fut en vain que Jacques Cœur iri vogua
le bénéfice de çléric^ature: en vain fut-
il réclamé par les grands vicaires de
Poitiers, toutes lés réclandations fu-
rent inutiles^ On lui refusa des avocats
et un conseil. On rie voulut pas éntei>
dre ses témoins à décharge. £n un
mot, la procédure fut conduite avec une
iniquité révoltante. Enfin, comme il
persistait à se proclamer innocent de
toutes les accusations portées contre
lui , on le menaça de la question. L'ap-
piaireil des tourments abattit s'orl cou-
rage, et il déclara s'en rapporter au
témoignage de ses accusateurs. Alors
fut rendu contre lui , le Id mai 1453 ,
un arrêt qui le déclarait convaincu des
crimes dont on l'accusarit et I^ con-
damnait à mort. Cependant le io\ ^ en
considération dé certains services , et
à la recommandation du pape, com-
mua sa peine , et décida qu'il payerait
au trésor royal une indemnité de
400,000 écus , Que foiis ses biens se-
raient confisques , et qu'il subirait la
pèinè du bannissement perpétuel , et
ferait amende honorable devant une
église.
Jacques Cœur fut ensuite enfermé
dans fe couvent des cordeliers de Beau-
caire; mais il s^en écbappa peu dé
temps après, par lé secours de Jean
puviilage, l'un de ses facteurs â qui
il avait fait épouser sa nièce. La con-
fiscation de $es biens t'avait réduit à
la misère ; ses commis , dont il avait
été plutôt le père que lé maître , se co-
tisèrent pour lui lournir une somme
de 60,000 écus. Il put alors se réfu-
gier auprès du pape Calisté III , qui
uii confia le commandement d'une
flotte qu'il venait d'armer <K)ntrè lés
um
PAANCE.
COF
368
Tares. Jame» Cœur «'embarqua,
loais ii toniba malade en traversant
l'Archipel, et loourut à Chio vers 1461 .
Tel fut le sort de cet hoinnae, qui,
avec rhéroïne de Domremy, et comme
elle SQf ti des rangs du peuple , avait
si puissamment contribué à faire re-
rnaître ta nationalité française. Il est
eurieux de rapprocher sa destinée de
celle d' Angot , que Tingrat François I*"'
laissa iDc^rlr dans la misère. (Voyez
Louis XI, dont Tesprit pénétrant
aurait » biea apprécié Jacques Cceur,
fit réhabiliter sa méemrç ; mais ce ne
fut qu^après un long procès , qui fut
seulement terminé sou$ Charles YIII,
que ses enfants purent rentrer dans la
possession des seigneuries de leur père,
usurpées par Chabanaes^ comte de
Dammartin.
Jacques Cœur, dont la devise était
« A cœur vaillant rien d'impossible, »
avait composé des ouvrages d'un haut
intérêt 4 entre autres, un Dénombre-
ment ou calcul des revenus de la
France , qui a été inséré dans la Di-
fH$ion du monde de Jacques Signet.
Un savant travail de Bonamy, que
l'on trouve dans le recueil de J'Acadé^
mie des inscriptions, a lavé la mé-
moire de Jacques Coeur de tous les
crimes qu'on lui avait iinpotés.
CcBUVBBS , ancienne seigneurie du
Soissonnais, aujourd'hui département
de l'Aisne , à 8 kilom. de Soissons ,
^igée,en 164ô, en duché-pairie, soiis
le nom d'Esirée».
CoEVOBDBN ( prise de ). — La ri-
gueur du froid pendant l'hiver de 1794,
et la crainte dWaiblir son aripée en
l'étendant sur un terrain trop consi-
dérable, déterminèrent, dit-on, Piche-
gru à cantonner d'abord l'armée éa
Nord dirrière les lignes delà Grèbe,
puis à ne pas inquiéter les Anglais,
qui s^étaient retira en arrière de l' Ys-
ftel. Leur position était bonne ; mais
ils en étaient venus à perdre Itiule
€)onf]ancedaBa4eur courage. L'appari-
tion d'uo seul bataillon français et
d'un escadron de hussards devant Har-
devrick suffit pour leur faire évacuer
Campén et JLwoI. Tant de pasiUani-
mité accrut l'audace de nos troupes.
IL fallait chasser entièrement les An-
glais de la Hollande* Après le passage
de l'Yssel , un seul bataillon de gre-
nadiers et deux escadrons de hussards,
envoyés pour faire une reconnaissance
sur Goo, Kessen, Almelo et Hardem-
berg, leur JBrent évacuer le Twente.
Une faible patrouille pa|^ut à Hardem-
berg ; dès que les Anglais l'aperçurent
marchant pendant deux (ieues avec de
l'eau jusqu'aux genoux , au milieu deç
marais formés par le dégel , ils éva*
cuèrent Goevoraen, le 16 février, en
fuyant dans un désordre complet. Ces
braves , qui les faisaient reculer , n'é-
taient pas cependant des militaires
endurcis dans les travaux guerriers ;
c'étaient pour la plupart des jeunes
gens que la réquisition avait enlevés à
leurs familles ; mais leur ardeur dou-
blait leurs forces physiques; le désir
de la gloire exaltait toutes le^rs facul-
tés; de manière qu'on ne vit jamais
mieux la vérité de cet adage militaire *
 la guerre, c'est le cQurage qui
porté les sacs.
CoFFiN (Charles) , recteur de l'Uni-
versité , et l'un des hommes qui ont
cultivé chez nous avec le plus de suc-
cès les lettres latines, naquit , le 6 oo-
tobre 1676, à Buzancy, dans le diocèse
de Reims. Après de brillantes études,
qu'il termina à Paris , au collège du
Plessis, il fut, en 1701, nommé par
RoHin régent de seconde dans celui de
Dormans-Beanvais, oO il lui succéda
eomme principal en 1713. l'habileté
dont il fit preuve dans ses nouvelles
fonctions le fit revêtir^ en 17 là, de la
première dignité universitaire. Il con-
tribua alors à faire décréter l'établisse-
ment de l'enseignement gratuit dans
les collèges ; puis , à l'expiratiou des
trois années de son rectorat , il rede-
vint principal du collège de Be^uvais,
place qu'il occupa Jusqu'à sa mort, ar-
rivée en 1749. 11 fit paraître, en 1727,
un volume de poésies latines, oii l'on
trouve autant de grâce que de facilité.
On y admire surtout une charmante
ode au vin de Champagne, ^ui valut
à l'auteur, de la part des Renvois re-
GOitQaissants, l'envoi annuel d'un pa-
264
COF
L'UNIVERS.
€OF
nier de leurs meilleurs produits. L'heu-
reux disciple d*Horace et d'Ovide
s'éleva plus tard à des chants plus sé-
rieux. Ses belles hymnes enrichissent
le bréviaire de Pans, et la touche de
sa plume se reconnaît dans divers pas-
sages de r Anti-Lucrèce, qu'il revit
avec Crevier et Lebeau.
CoFFiNHAL (Jean-Baptiste), né en
17.54, à Aurillac, d'une famille hono-
rable , mais sans fortune , embrassa
avec ardeur la cause de la révolution,
fiomme d'action avant tout, doué d'un
caractère énergique et d'une grande
force corporelle, il se distingua, par sa
décision et par son courage, dans tou-
tes les journées les plus périlleuses.
Malheureusement, il poussa quelque-
fois la fermeté jusqu'à l'excès^ et sa
conduite envers Lavoisier le fit passer
pour un homme cruel; reprocne en
partie mérité, et d'autant plus fâcheux
que , aussi bien que son patriotisme ,
sa probité est restée à l'aori des atta-
ques de ses adversaires , et même de
ses ennemis. Elle lui valut Ttstlme et
l'amitié de Robespierre, qui cependant
s'efforçait de modérer sa fougue. On
le distinguait habituellement de ses
deux frères par le surnom de Duhail.
Il commença par étudier la médecine ;
mais il abandonna bientôt cette car-
rière pour suivre celle du barreau.
Dans ce but , il vint à Paris , où il
acheta une charge de procureur au
Châtelet. Dès que la révolution éclata,
il se prépara à prendre les armes.
Dans la journée du 10 aoât, on le vit
se battre avec vaillance contre les roya-
listes, et surtout contre les Suisses,
leurs auxiliaires. Aussitôt après la prise
des Tuileries, la commune le nomma
vice-président du tribunal du 10 août,
qui se ' montra impitoyable envers les
contre-révolutionnaires. Les suffrages
de la majorité le portèrent au fauteuil
de la présidence, dans le sein du club
des Jacobins. Lors de la création du
tribunal révolutionnaire, il accepta les
fonctions de juge , puis de vice-prési-
dent de ce tribunal terrible. II prit
part, en cette qualité, à un grand
nombre de condamnations ; on lui re-
pro(^ d'avoir traité quelques accusés
avec beaucoup de dureté. Lorsque La-
voisier demanda un sursis de quinase
jours pour mettre la dernière main à
une découverte qu'il croyait utile,
Coffinhal s'y opposa , et ,' dans son
mépris pour l'illustre savant, qu'il
croyait sincèrement coupable de mal-
versations, il s'oublia jusqu'à dire :
« La république n'a plus besoin de
chimistes ; » paroles de colère d'autant
f^lus déplacées dans sa bouche, que
ui-méme ne manquait pas d'instruc-
tion. Cependant il resta en grande
partie étranger à ces exécutions nom-
breuses qui , sous le nom de grandes
fournées, souillèrent les derniers temps
de la terreur, jusqu'au 9 thermidor.
Partisan de Robespierre , il dut gémir
comme lui de l'usage épouvantable
qu'on faisait de la loi du 22 prairial ,
conçue dans une autre pensée , quoi
qu'en aient pu dire les tnermidoriens
et leurs défenseurs. [Voyez les Anna-
les^ t. II , p. 314 et 399, et dans le
Dictionnaire, l'art. PRAifiiAii (loi du
22).]
Coffinhal fut du petit nombre des
révolutionnaires de cette époque qui
comprirent que, si on ne songeait pas
enfin à organiser la république, elle se
flétrirait dans la démoralisation et fi-
nirait par périr sous les coups de l'a-
narchie. Ne voyant de remède au mal
que dans une "dictature personnelle,
il encouragea Robespierre à mettre à
exécution ses projets de réforme. Ce-
lui-ci lui fit entendre que la république
pouvait être sauvée autrement que
par une usurpation de pouvoir , et en
n'ayant recours qu'à des moyens lé-
gaux pour arriver à de sages améliora-
tions. Mais , an 9 thermidor, lorsque
Coffinhal vit les ennemis de Rob^*
pierre déjouer par leur machiavélisme
Je système de modération adopté par
celui-ci, il revint à lui-même et voulut
tout enlever par un visoureux coup de
main. Ce fut lui qui, dans la soirée du
8 fflermidor, offrit d'aller à la tête de
quelques hommes déterminés, s'empa-
rer des membres du comité de salut
public et de sûreté générale. Robes-
pierre , aimant mieux succomber que
d'avoir recours à la violance, s'opposa
GOF
FRATÎCE.
GOG
266
fortement à ce projet , qui aurait dé-
cidé le succès en sa faveur. Le 9, après
la séance de la Convention , ce fut en-
core CofQnhal qui alla délivrer Hen-
riot, retenu prisonnier au comité de
sûreté générale, et même à ce moment,
SI Robespierre avait voulu suivre ses
conseils et ceux de Saint- Just, la vic-
toire pouvait revenir du c6té de la
Commune, mais il aima mieux suc-
comber que d1 miter Cromweti. Les
troupes de la Convention , sans avoir
éprouvé la moindre résistance sur leur
route, entrèrent de même, sans coup
férir, dans la salle de rhôtel de ville,
où était assemblé le conseil général de
la Commune. Coffinbal parvint à s'é-
cbepper , mais après avoir passé sa
fureur contre Henriot , dont Tineptie
avait été si funeste à son parti. L*ayant
rencontré dans un corridor de Photel
de ville, il s'élança sur lui et le préci-
pita du haut d'une fenêtre daus une
des cours intérieures , en lui disant :
« Tiens, misérable, voilà le prix de tes
lâchetés. » Un fait certain, c'est que
si Coffinhal avait été le chef de la force
armée à la place de Henriot , l'événe-
ment aurait très-probablément pris
une autre tournure ; mais Robespierre,
qui ne voulait pas de violence , l'avait
tenu , à dessein , éloigné du comman-
dement militaire.
, La fin de Coffinhal fut tragique.
Étant parvenu à s'ouvrir, sabre en
main, un passage à travers la foule
des sections armées, il erra quelque
temps à l'aventure et finît par aller
chercher un refuge dans rîle des
Cygues. Là, il endura pendant quel-
ques jours les souffrances de la soli-
tude au milieu des privations les plus
cruelles, sans consolations, sans nou-
velles de ses amis , sans vivres. Mou-
rant dMnanition , il se décida enfin à
quitter ce triste séjour et à aller de-
mander l'hospitalité à un ami auquel
il avait rendu d'importants servires et
sur la dévotion duquel il comptait :
cet ami s'acquitta des devoirs ae l'a-
mitié et de la reconnaissance en le
livrant à la gendarmerie. Comme tous
les autres vaincus , Coffinhal avait été
mil hors la loi par le décret du 0
thermidor ; le tribunal n'eut donc qu*à
constater son identité, pour l'envoyer
'à l'érhafaud. Il y monta le 18 ther-
midor (août 1794), avec le courage
qu'on lui avait toujours connu.
Coffinhal - Dunoyeb ( Joseph ) ,
frère du précédent , baron , conseiller
d'État , conseiller à la cour de cassa-
tion, naquit à Aurillac, en 1757. Il
ne partagea point les opinions po»
litiques de son frère dont il ré-
pudia même le nom, et sut se-
maintenir constamment dans une li-
gne-de modération qui lui permit de
conserver ses hautes fonctions sous
tous les gouvernements. En 1814, il
fut un des premiers à adhérer à la
déchéance de l'empereur, qui l'avait
comblé de faveurs, et dont il avait
plus d'une fois célébré la puissance et
la gloire.
COFFBETIEBS-lVf ALLETIEBS. — CeS
artisans , nommés aussi bahuiiers ,
étaient régis par des statuts qui re-
montaient à l'année 1596; deux jurés
gouvernaient l«ur communauté et fai-
saient des visites dans leurs ateliers.
L'apprentissage était de cinq ans ,
après quoi l'aspirant à la maîtrise de-
vait encore faire cinq ans de compa-
gnonnage : la maîtrise coûtait ensuite
sept cents livres , et le brevet cinquante
livres.Les cpffretiers-malletiersne pou-
vaient commencer leur travail avant
cinq heures du matin ni le finir plus
tard que huit heures du soir , à cause
du bruit qu'ils faisaient, et qui aurait
incommodé le voisinage.
CoGEB (F.-M.) , licencié en théolo-
gie, né à Paris en 1723, mort dans
la même ville en 1780 , après avoir été
recteur de l'Université, ne nous est
maintenant connu que par les sarcas-
mes dont Voltaire la accablé , et qu'il
s'était attirés en faisant une critique
amère du BélUaire de Marmontel , et
des philosophes. Il n'était désigné
parmi ceux - ci que sous le nom de
cogepecus. Outre des poésies latines,
il a laissé une Oraison funèbre de
Louis XV.
Cognac , Coniacum. ou Copriniet^
cum, petite ville de l'Angoumois , au-
jourrbui chef -lieu d'arrondissement
m
€»H
L'UNIVERS.
COI
4u déûarteroent de la Charente, était
autreiois dominée par un château fort
dont U ne reste plus que quetoues rui*
nés v^ dans le parc duquel la auchesse
d'AngouIême accoucha de François P'
en 1494.
Cette vilk, où îl s'est tenu trois
conciles, dans le treizième siècle , fut
issiég^ inutilement par le prince de
Condé, en 1551. C'était ^ avant la ré-
volution 1 ie cbef-lieu d'une élection et
]^ siège d'un bailliage. Elle possède au-
iourd'hui des tribunaux de première
rastanoe et de commerce; sa popula-
tion est de 3,400 habitants.
, CoGNiET (Léon), peintre d'histoire,
né à Paris en 17d4, élève de Guéria,
a obtenu le prix de Kome en 1817;
ses principales œuvres sont; MetahiAS
p&ursuM par se^ sujets , Marias à
Carthage , prise de Loqrono , Numa ,
Rebecça enlevée par h templier ^ le
plafond de la salle des manuscrits au
Louvre, représentant Bonaparte di-
rigeant les trcwaua: des savants en
Égfpie, eto«
CoG:NiST ( Juies-Louis-Pbilippe),
peintFe de paysages , né à Paris en
179S , est élevé de M. Bertin. Cet ar-
tiste, qui a adopté le genre de Michal-
lon, a exposé, depuis 1824 , un assez
grand nombre de vues de France , d'I-
talie et de Sicile.
CoBOBTBs. — Cette dénomination ,
empruntée à la nomenclature militaire
des Romains, était sans application
dans nos armées, -quand Bonaparte
l'introduisît dans Torganisation pri-
mitite de la Légion d'honneur ( voyez
ce mot), et plus tard danni eelle des
gardes nationales. Suivant le décret
du 30 septembre 1805 , chaque cohorte
de la garde nationale fut composée de
dix compagnies : une de grenadiers ,
une de chasseurs, et huit de tu^iliers.
Plusieurs cohortes devaient être réu-
nies en légion. Ce furent les cohortes
levées en vertu de ce décret , qui , lors
de la descente des Anglais à Flessin-
gue , marchèrent sur ks cotes de la
Flandre hollandaise, et contribuèrent
à leur faire évacuer l'Ile de Yalcberen.
{Voyez OARDE nationale. )
Ci»KU& et CoHUAGB» •— On donnait
autrefois le nom de cokue à une gs^-
lerie ouverte, élevée sur une place pu-
blique, quelquefois dans un cimetière,
sous laquelle se tenait le marché d'une
ville et où se rendait en quelques en-
droits la justice, lorsqu'il ne s'agis-
sait que de causes sommaires et aun
faible intérêt. On appelle aujourd'hui
ces portes de galeries des Halles.
Quand les cohues étaient employées
comme lieux d^exposition et de vente,
les marchands (^\ venaient y apporter
leurs denrées , étaient tenus de payer,
au profit de la ville , ou du seigneur
de l'endroit , une redevance appelée
cohuage, dont il est souvent fait men-
tion dans nos vieux auteurs et danç les
pièces originales;
En Normandie et en Poitou , la 'co-
hue était le lieu ou se tenaient les
plaids, quel que fut celui où siégeait le
magistrat,
-C'est à la grande afOuence de monde
que l'on rencontrait dans lés marchés
et dans les salles des tribunaux qil'est
dû le mot cohue que nous employons
aujourd'hui pour parler d'un rassem-
blement considérable et confus.
Coiffure. — Nous avons , dans des
articles spéciaux , traité de la coiffure
des hommes; nous ne parlerons ici
que de celle des femmes.
Jusqu'au règne de Charles VI , la
coiffure des femmes différa peu de celle
des hommes : une belle chevelure ,
Quelques fleurs choisies avec goût ,
étaient les seuls ornements par lesquels
elles se distinguassent.
Elles imaginèrent alors une haute
coiffure conique , à l'extrémité de la-
quelle elles attachèrent un voile qui
pendait plus ou moins bas suivant les
qualités. Le voile de la bourgeoise ne
descendait que jusqu'à la ceinture, ce-
lui de la femme d'un chevalier touchait
jusqu'aux talons , et celui d'une reine
ou d'une princesse traînait sur la
terre.
Jouvenel des tJr&ins , en parlant des
désastres dont l'hôtel d'Isabeau de Ba-
vière fut le théâtre, dit qu'en 1417,
malgré les guerres et les tempêtes po-
litiques , « les dardes et demoiselles
menoieot un excessif est^t , et qu'elles
<XN[
FRANCE.
GQI
267
portQieBt des cornes merveilleusement
hautes et (arges , ayant de chacun costé
deux grandes oreilles si larges que
quand elles vouloient passer par un
huis , elles étoîent obligées de se bais-
ser et de se présenter de costé. » En
Flandre y où les cornes étaient nées,
on les appelait des hennins ; dans les
anciennes tapisseries flamandes , on
retrouve de ces coiffures gigantesques
qui s'élevaient jusqu'à deux et trois
pieds de hauteur. <
Ces cornes monstrueuses qui ser-
virent d'abord à distinguer les femmes
du premier rang , et ^ue toutes les au-
tres adoptèrent ensuite, ainsi que le
voile qui y était attaché , excitèrent l9
bile des prédicateurs. Deux carmes ,
Tun nommé Breton , et l'autre Tho--
mas Gooare, les attaquèrent publi(jue-
ment en chaire , et elles disparaissaient
partout où ils passaient , mais pour se
redresser plus orgueilleuses encore
lorsque le sermon et le sermonneur
étaient oubliés. Cinquante ans après ,
en t467 , sous Louis XÏ , les femmes ,
dit Monstrefet , « mirent sur leur tête
bourrelets à la manière de bonnets
ronds qui s'amenuisoient par-dessus
de la hauteur de demi -aulne, ou de
trois quartiers de long ; telles y avoient
et aucunes (es portoient moindres , et
déliés couvre-cliiefs par-dessus, pen-
dant par derrière les aucunes et les
autres. « Comme on le voit, les femmes
avaient alors de la persévérance, et
conservaient longtemps les mêmes
modes. Elles finirent pourtant par
abandonner les hennins , et passèrent
d'une extrémité i l'autre. Sous le règne
de Charles VIII , elles prirent de pe-
tits bonnets fort bas , garnis en de*
hors de peaux tachetées de noir et de
blanc. A la mort de son premier époux,
Anne de Bretagne mit sur sa tête un
voile aoir. Les dames de la cour l'imi-
tèrent et ornèrent de franges rouges
ou couleur de pourpre ces voiles que
les bourgeoises adoptèrent aussi, et
dont elles augmentèrent l'éclat en y
joutant des affrafea d'or et en les char-
geant même de perles.
Les femmes de Qualité , dont les ri-
dhe» btourgeoîses adoptèrent toutes les
coif^res, imaginèrent « soua Fran-
çois I*% de relever leur toupet , de re-
taper les clieveux des tempes t et de
faire du tout une espèce de pyramide
qu'on rejetait en arrière; mais cette
mode ne dura pas longtemps comme
ornement distincUf ; elle devint bien-
tôt générale, et même, quelques da-
mes d'un rang élevé ne l'adoptèrent ja-
mais.
Marguerite , sœur du roi chevalier ,
et aïeule de Henri IV , prit une toque
surchargée de dorures , ou un petit
chapeau avec une plume ; cette coiuure
devmt bientôt à la mode, et elle se
soutint jusqu'à la fin du règne de Hen-
ri II. Les femmes portèrent ensuite,
jusque sous Henri ÎY, de petits bon-
nets avec une aigrette. La seconde
Marguerite de Valois, femme de ce
prince , ne s'assujettit à aucune mode ;
cependant sa coiffure favorite était le
toupet relevé , les cheveux des tempes
frisés, et elle portait sur h tête un
bonnet de velours ou de satin enri-
chi de filets de perles et de pierreries ,
avec un bouquet de plumes.
A peu près dans le même temps re-
parut le chaperon des Mérovingiens ,
et cette coiffure, (|ue Scaliger trouvait
fort sotte , dura jusqu'à Louis XIH.
C'était pour les dames une pièce de
velours oui formait le bonnet et reve-
nait sur le front , où il faisait la pointe ;
les bourgeoises ne le portaient qu'en
drap. Ou les appelait dames à choc
peron.
Sous le règne de Louis XIY , après
l'introduction des rubans connus d'a-
bord sous le nom de Fontanges^ qu'ils
avaient empruntés à la belle personne
qui les avait mis à la mode, les,
hautes coiffures reparurent et parvin-
rent bientôt à un tel degré d^'élévation,
que les architectes furent obligés de
hausser et d'élargir les portes , parce
que, comme au temps des hennins,
les femmes ne pouvaient plus y passer.
Tant que dura le règne de Louis XV,
hg coiffures subirent de nombreu-
ses variations; elles s'abaissèrent ou
s'exhaussèrent suivant le goât ou la
fantaisie de la favorite en titre que
les dames de la cour et les bourgeoises
268
COI
L'UNIVERS.
COI
de la ville s^empressaient d*iinîter«
Mais sous Louis XVI, vers 1774 et
4775, les femmes élevèrent leur coif-
fure à une hauteur tellement exorbi-
tante que , dans [es loges des théâtres,
elle interceptaient aux spectateurs la
vue des décorations et des acteurs, et
que, pour mettre Gn aux querelles
continuelles que cet obstacle susci-
tait , de Vi>me , directeur de TO-
pérà , fut obligé de faire, en novembre
1778, un règlement qui défendait
Taccès de l'amphithéâtre aux per-
sonnes dont la coiffure était trop
haute.
Ces coiffures extravagantes ne pou-
vaient se soutenir qu'à Taide d*un écha-
faudage fort compliqué et souvent fort
pesant, et il y entrait tant de fil de fer
ou d'archal, qu'on était en droit de
demander à une dame. quel était le
serrurier qulTavait coiffée. On imagina
alors d'introduire dans la coiffure une
multitude d'objets qui la transfor-
maient en un parterre ou en une bou-
tique de curiosités. Lors du célèbre
combat de la Belle-Poule , les femmes
placèrent sur leurs têtes une petite fré-
gate avec ses agrès, sa mature, ses
voiles, ses pavillons; et cette coiffure
fut appelée du nom du bâtiment qui
lui avait donné naissance. Vers la
même époque, une plaisanterie de
Beaumarchais , qui tombait sur le ga-
zetier Marion , donna lieu à la créa-
tion du qmsaco^ lequel fiit ensuite
détrôné par le pou/f.
Cette coiffure était infiniment supé-
rieure au quésaco , par la multitude
de choses qui entraient dans sa com-
position ; elle empruntait son nom de
la confusion d'objets qu'elle pouvait
contenir. Il y en avait d'ailleurs plu-
sieurs espèces, dont la plus remar-
quable était le pou/f au sentiment ,
ainsi nommé parce qu'il était relatif
aux objets qu'on aimait le mieux. Ba-
chaumont nous a laissé dans ses Mé-
moires une curieuse description du
pov^ au sentiment de la duchesse de
Chartres , mère de Louis-Philippe.
« Au fond , dit-il , était une femme
assise sur un fauteuil et tenant un
iiourrisson ^ ce qui désiguait le duc de
Valois et sa nourrice. A la droite était
un perroquet becquetant une cerise,
oiseau précieux à la princesse ; à gau-
che , était un petit nègre , image de
celui Qu'elle aimait beaucoup. Le sur-
plus était garni d'une toufre de che-
veux du duc de Chartres, son mari;
du duc de Penthièvre , son père; du
duc d'Orléans , son beau-père, etc. Tel
était l'attirail dont la princesse se char-
geait la tête. Toutes tes femmes de la
cour raffolèrent des pouffs et voulu-
rent en avoir. »
Mais, en 1780, la reine ayant perdu
ses cheveux à la suite d'une couche, et
adopté une coifftire basse appelée à
Venfanty toutes les femmes de la cour
répondirent à ce signal , et la hauteur
de la coiffure , réduite à Versailles , le
fut bientôt à Paris et dans les pro-
vinces.
Depuis cette époque , les variations
de la coiffure des femmes ont été trop
fréquentes pour que nous entrepre-
nions de les enregistrer ici. Disons
seulement que dans cette partie de leur
parure elles ont remplacé le désir de
se faire remarquer à tout prix par de
la simplicité et de l'élégance, et qu'on
n'a plus eu à leur reprocher les extra-
vagances oui leur ont attiré, à juste
titre , les epigrammes et les sarcasmes
de nos aïeux.
CoiGNET (Horace) , musicien , né à
Lyon, en 1736, a composé la musique
dû Pyi^malion de J.-J. Rousseau. Coi-
gnet' s'inspira près de l'auteur, et sa
composition a résisté aux efforts ten-
tés pour la remplacer. Il est mort à
Lyon , le 29 août 1821.
CoTGNY , ancienne seigneurie de
Normandie (aujourd'hui du départe-
ment de la Manche) , érigée en comté
en 1650, en faveur de Jean- Antoine
de Frauquelot , maréchal de camp , et
enfin en duché en 1747. Le personnage
le plus remarquable de la famille de
Coigny est :
François de Franquelot^ d'abord
comte, puis duc de Coigny, né en
1670. Il embrassa de bonne heure l'é-
tat militaire , servit d'abord en Flan-
dre, puis sur le Rhin. Villars, qui
commandait Farmée d'Italie ^ ayaof
COI
FRAJNCE.
€OI
369
renoncé au commandement, en 1734,
à cause de son grand âge , mit à sa
place le comte de Coigny, comme le
plus ancien des lieutenants généraux ,
et c/était ce dernier qui commandait
Tàrmée, lors de la bataille de Parme,
où les Impériaux furent complètement
battus. Il prit ensuite Modène et vain-
quit de nouveau les Impériaux à Guas-
talla. Uannée suivante, il fut nommé
au commandement de Tarmée d* Alle-
magne, et eut pour adversaire le prince
Eugène, qui n*osa pourtant pas ris-
?[uer une Dataille. Le comte de Coigny
ut créé maréchal de France en 1741 ,
et mourut le 18 décembre 1759.
Son fils, Antoine- François y mar-
quis de Coigny f né en 1702, lieute-
nant général des dragons, se distingua
à Tattaque de Weissembourg et au com-
bat d'Angenim , en 1744, puis au siège
de Mons, et à la bataille de Raucoux;
il perdit la vie le 4 niiars 174S , dans
un duel motivé par un propos offen-
sant qu'il avait tenu au jeu à un prince
légitimé.
GoïMBRE (prise de). L'armée fran-
çaise, sous les ordres du prince d'Ëss-
Ting, marchait sur Coîmbre (septembre
1810). Lord Wellington avait pris une
bonne position en avant de cette ville,
sur la montagne d'Acolba , et croyait ,
en s'y maintenant, arrêter la marche
des Français et mettre Coîmbre à l'a-
bri de leurs attaques. Il se trompait :
car il avait commis la grande faute ,
qu'on lui a si souvent reprochée , de
n^avoir pas fait occuper les défilés de
Serdao. Dirigeant son armée à travers
ces défilés , le prince d'Essling tourna
la position des Anglo-Portugais. Wel-
lington s'aperçut trop tard du mou-
vement qu'il eût dû prévenir, opéra
sa retraite oar le revers opposé de la
montagne d'Acolba et passa le Mon-
dego. L'armée française se porta aus-
sitôt sur Coîmbre , et , après quelques
escarmouches avec l'arriere-garde en-
nemie , elle fit son entrée dans cette
ville (1*' octobre). Elle la trouva dé-,
serte. Les habitants avaient été con-
traints de fuir ; une proclamation du
lord Wellington et du maréchal de
Beresford avait ordonné, sous les
peines les plus sévères, à tous les Por-
tugais habitants des villes et des cam-
pagnes de fuir ^ et d'emporter ou de
détruire tout ce qui pouvait être utile
aux Français. Les soldats manquaient
de vivres; ils se répandirent dans la
ville pour en chercner. Ils en trouvè-
rent dans presque toutes les maisons ;
mais, oubliant bientôt le motif excu-
sable qui leur avait fait violer l'asile
des simples particuliers, ils se mirent
à piller. Les autorités françaises ne
purent empêcher le désordre ; ce fut
un grand malheur. Le 5, Masséna
quitta Coîmbre; il fut forcé d'y laisser
ses malades et ses blessés^ avec une
trop faible garnison, et les habitants,
à leur retour dans la ville, exercè-
rent contre eux de terribles représail-
les.
CoiRE (prise de). Les Autrichiens,
effrayés de voir la démocratie envahir
la Suisse et l'Italie , avaient repris les
armes en 1799. Leur première démons-
tration hostile fut l'envahissement des
Grisons. Il était du plus- grand inté-
rêt pour les Français de reprendre
l'initiative avant la jonction des Russes.
Masséna franchit le Rhin, bat les Au-
trichiens à Luciensteig, et les poursuit
le 7 mars devant la ville de Coire, où
ils avaient pris position sur les hau-
teurs. Il ordonne aux bataillons de la
trente- septième et de la cent troisième
de ligne de marcher à l'ennemi au pas
de charge et en colonnes serrées :
Cttabran s'avance à leur tête. En un
instant les rangs des Autrichiens sont
enfoncés; ils sont en pleine déroute,
et se trouvent cernés par les édaireurs
et les grenadiers français, qui avaient
longé leur front, et s'étaient portés
rapidement sur le chemin du Tyrol ,
de manière à leur couper toute retraite.
Trois mille prisonniers, parmi lesquels
était le général en chef Aulfemberg, et,
seize pièces de canon, furent les tro-
Shées de cette victoire. Lorsqu'on con-
uisit à Masséna le général Anffem-
berg , il se rappela (|u il l'avait sommé
par écrit, deux jours auparavant,
d'évacuer le territoire des Grisons.
« Monsieur, lui dit-il, je vous ai écrit,
avant hier au soir; hier matin j'ai reçu
270
€01
LtJOTVEtlS.
1:61
votre réponse, et aujourd'hui je vous
donne à diner. »
Le 16 mai suivant y Coîre retomba
au pouvoir des Russes, devenus les
auxiliaires des Autrictiiens, qui étaient
parvenus après des combats sanglants
a forcer Masséna de quitter la position
formidable de Luciensteig; mais bien-
tôt les armes françaises reprirent leur
supériorité. Moreau ordonna au géué-
ràf Molitor de chasser les Autrichiens
du pays des Grisons, et une colonne
commandée par le général Dornemans
reprit Coire le 14 juillet 1800.
CoiSLiN, ancienne seigneurie de
Bretagne, aujourd'hui du département
de la Loire-Inférieure, érigée en mar-
quisat en 1634 , et en duché-pairie en
1661,
La famille de •Cambout descendait
de Gilbert du Cambout , qui vivait en
1347. Elle a fourni des écuansons aux
ducs de Bretagne, des capitaines de
Farrière-ban , des évoques de Saint-
Brieuc et de liantes, des guerriers
tués à Aurai et à Azincourt.La sei-
gneurie de Goislin lui fut acquiso par
mariage au seizième siècle. En 16^5 ,
un seigneur de Cambout et de Coislin.
mourut capitaine de la ville et du
château de Nanteé. Son (ils , gouver-
neur des ville et forteresse de Brest,
lieutenant général de la basse Breta-
gne , fut la même année député aux
états de la province , et obtint m n siège
au parlement de Bretagne. Le fils de
celui-ci, Pierre- César y marquis de-
Coislin, colonel général des Suisses et
Grisons , mourut en 1641 , à Page de
vin^t-huit ans , des blessures qu'il
avait reçues au si^e d'Aire.
Il eut, de son mariage avec Marie
Séguier, fille du chancelier de France :
Armand, lieutenant général , qui
obtint rérection du marquisat de
Coislin en duché-pairie, et Pierre^ né
à.Faris, en 1636, qui devint évêque
d'Orléans, ^rand aumônier de France
est cardinal. Gelui-ci mourut en 1716,
regretté des gens de bien et [)]euré des
pauvres. II. laissa une. mémoire digne
de la plus haute vénération, autant
pour ses vertus et son ardente diarit4
4u6 j^our l'admirable conduite qu'il
tiht dans son diocèse, où sa Sollicitude,
vraiment apostolique, parvint à dé-
tourner les persécutions dirigées par
le gouvernement contre les calvinistes,
après la révocation de Tédit <ie Nan-
tes. Il avait logé dans son palais les
officiers des dragons envoyés à Orléans,
et contenu les soldats par ses exhor-
tations et par ses largçsses.
_Son neveu, Henri-Charles^ duc de
Coislin et pair de France après la
mort de son frère Pierre^ décédé
sans enfants en 1710, naquit à Paris
en 1664 et mourut en 1732. Il devint
successivement évéque et prince de
Metz, premier aumônier du roi, mem-
bre de TAcadémie française et de celle
des inscriptions et belles -lettres.
Comme son oncle, il déploya une ad-
mirable charité envers ses alocésains ,
qui durent à ses soins d'utiles établis-
sements et plusieurs fondations pieu-
ses. Ce vertueux prélat eut avec la
cour de Rome quelques démêlés, par-
ticulièrement au sujet de la bulle
UnwenituSf sur l'acceptation de la-
quefie il avait publié un mandement
qiii fut supprimé par arrêt du grand
conseil, sur la demande du nonce. Ce
fut lui qui légua a l'abbaj^e de Saint-
Germain des Prés la célèbre biblio-
thèque du chancelier Séguier, dont il
avait hérité et quMl avait enrichie
d'une infinité de livres précieux. Le
P. Montfaucon a donné le catalogue
des manuscrits grecs de cette vaste
collection , qui fut détruite en grande
partie par un incendie en 1793, et dont
les débris ont été réunis à la biblio-
thèque royale.
Une branche sortie de. la famille du
Cambout , au commencement du dix-
septième siècle , donna naissance aux
seigneurs de Bécai.
Coislin (le chevalier de). La for-
tune avait abandonné ^uy ter , le 4
août 1666. La flotte hollandaise, ^u:-
coutumée à la victoire, avait éprouvé
des pertes considérables dans un com-
bat contre les Anglais. Kuvter lui-
même s'jétaft vu exposé pendant trois
heures au feu des amiraux enoemis ,
et deux cents hommes avalent été, tués
sur son bord. Cependant les Anglais ,*
COL
MAHGE.
CDL
2n
dése'spératit d6 le prendre, avaietit f<
approcher deux brûlots pour incendier
son navire. Les chevaliers de Goislin
et de Lorraine , Gavois , le baron de
Busca et quelques autres Français con-
çurent alors la pensée la plus auda-
cieuse : voyant un des brûlots près
d'accrocher Famiral hollandais , ifs se
jettent dans deux chaloupes avec qua-
rante mousquetaires et vont au-devant
de ce bâtiment incendiaire pour l'écar-
ter, au péril de leur vie. Le capitaine
anglais, intimidé , saute alors dans sa
chaloupe, et met le feu au brûlot , qui
s'embrase, mais oui ne fait aucun ma]
à l'amiral. La belle action de Goislin
et de ses intrépides compagnons avait
sauvé Ruyter, qui , penclant cette ma-
nœuvre, était enfin parvenu à se dé-
barrasser des amiraux anglais,
GoLARDEAU (Gharles-Pierre), poète,
naquit à Janville, en Beauce, en 1732.
Son oncle , curé de Pithiviers , après
avoir veillé aux études du jeune
homme, l'envoya chez un procureur
dans l'intention d'en faire un avocat ;
mais Golardeau ne faisait que des vers,
et il fallut enfin lui permettre de sui-
vre un penchant impérieux qui le dé-
tournait de toute autre occupation.
Son début poétique fut très-brillant :
ce fut sa Lettre aHéloUe à ASailard^
imitée de Pope et publiée en 1758.
Une héroïde sur Armide et Renaud ,
publiée peu de temps après, eut moins
de succès. En t758, il fit jouer une
tragédie d'Mtarbé, dont le sujet était
tiré du Tétémaque, et en 1760 une
autre tragédie intitulée Caliste, imitée
d'une pièce anglaise de Rov^^e. Ces
deux ouvrages prouvèrent plus de ta-
lent pour Ta versification que pour
l'art dramatique , et n'eurent au tliéâ-
tre qu'un succès passager. L'auteur
avait peut-être moins de dispositions
«ncore pour la comédie , s'il faut en
juger par les Perfidies à la mode^
f>iece en cinq actes et en vers , qu'on
rouve dans ses œuvres^ mais qui ne
fut pas représentée. Il revint de pré-
férence aux petits poëmes erotiques
ou allégoriques , et aux imitations ou
traductions en vers. Il versifia le Tem-
ple de GnidCy de Montesquieu, et les
deux ))remiêt«s I^utts d'Yoting» Il ent
le projet d'en faire autant pour le Té*
lêmaque; mais il fut probablement
effrayé de la difficulté de faire des ver^
f)lus harmonieux et plus poétiques que
a prose de Fénelou. Golardeau fut
élu à rAcadémie en 1776, en rempla«
cernent de Saint- Aignan ; mais il
mourut avant le jour de sa réception ,
et fut remplacé par la Harpe.
GoLASSE (Pascal), compositeur dé
musique, né si Paris, en 16S6, fut Té^
lève de Lulli, aux opéras duquel il
travailla , et qui le fit nommer , en
1683, l'un des quatre maîtres de la mu<*
sique de la chapelle du roi ; Louis XIV,
qui aimait assez sa musique , le nom-
ma, en 1696, mattrë de musique de
sa chambre. On doit à cet artiste des
motets, des cantiques et des cantates ,
composés pour la chambre et pour la
fehapelle de Louis XIV ; dix opéras ,
qui ont tous été représentés : les
Noces de Thétis et Pelée ^ jouées en
1689, eurent un |rand succès; cet
opéra contient en effet plusieurs mor-
ceaux rernarquables. Gblasse est mort
à Versailles en 1709.
Golaud-de-la^Salcette (Jacques*
Bernardin), né à Grenoble, en 1769,
devint aide de camp du eénéral La-
meth et servit à l'armée d'Italie. Gon*
traint, en 1793, à cause de sa nais-»
sance, de donner sa démission, il reprit
plus tard son rang, fut promu au
grade de général de brigade, fit la pre*
mière campaghe d'Italie sous Bona*
parte, et contribua puissamment à la
victoire de Castiglione. Les lies Io-
niennes ayant été abandonnées à la
France par le traité de Gampo-Formio,
la Salcette fut nommé commandant de
Zante. Attaqué, en 1798, à Nicopolis
en Albanie, par une armée turco-russe,
forte de onze mille homnies, il livra
avec sa troupe , composée seulement
de cinq cents combattants, une ba*-
taille que l'on comparai celle dès Hier-
mopyles, et tomba avec les siens au
pouvoir de l'ennemi. Arrivé à Gons^
tâtttinople, après avoir souffert les plus
liorribles traitement$, il fut condamné
au bagne, d'où il ne sortit que long-
temps après. 0è retour «n France, il
979
COL
L'UNIVERS.
COL
fut employé dans la division de Tlsère,
Gt les campagnes d*Allemagne, et fut
chargé du commandement de Rome.
Kommé, en 1815, commandant de la
7* division militaire, il cessa ses fonc-
tions après la bataille de Waterloo, et
vécut depuis dans la retraite.
CoLBEfiT (famille de). — Cette fa-
mille qui , au dix-septième siècle , a
donné de si grands hommes à la
ï'rance. descendait, suivant un titre
assez douteux, d'une maison origi-
naire d'Ecosse, qui s'était établie en
Champagne dans le treizième siècle.
C'est ce que prouverait l'inscription
du tombeau de Richard Colbert, placé
aux Cordeliers de Reims, et qui était
ainsi conçue : *
Ci fit li preax chevalier Richard Colbert, dit li
Bscossois, Kif (ici trois ou quatre mots qu'on ae
saurait lire) z3oo. Pries pour Tame de li.
Au milieu de la pierre, continue
Moréri, à qui nous empruntons ces
détails, est gra^é Técusson des armes
de ce chevalier, et on lit au-dessous :
Bn bscosse je us le berceaa
Et Reims m'a donné le tombeaa.
Cependant, jusqu'à Nicolas Colbert,
marchand drapier suivant les uns, sei-
gneur de Vandières suivant les autres,
conseiller d'État et père du grand Col-
bert, aucun membre de cette famille
ne 6t parler de lui, et il est probable
que le ministre de Louis XIV, devenu
marquis de Seignelay, ne fut pas fâ-
ché de pouvoir compter Richard l'Es-
cossois au nombre de ses ancêtres, au
moyen d'une généalogie fabriquée par
Ménage. C'est un sacrifice au'il fît aux
préjugés de son temps, et qu on ne doit
peut-être pas lui reprocher trop amè-
rement.
CoLBEfiT (Jean-Baptiste), marauis
de Seignelay^ ministre secrétaire d'É-
tat et contrôleur général des finances,
naquit à Reims, le 29 août 1619 ; son
oncle, secrétaire du roi, le plaça chez
Maseranni et Cenami , banquiers du
cardinal Mazarin. Ce ministre, appré-
ciant ses talents , lui confia le soin de
ses affaires. Près de mourir, il le choi-
sit pour être un de ses exécuteurs tes-
tamentaires. Ou doit compter au nom-
bre des services reodus par le cardinal
à la France, celui d'avoir désigné Col-
bert pour son successeur. Il le recom-
manda comme un homme d'une appli-
cation infatigable, d'une fidélité à toute
épreuve, et d'une capacité supérieure
dans les affaires. « Sire , dit-il à
« Louis XIV, quelques jours avant de
« mourir, je vous dois tout; mais je
« crois m'acquitter en quelque sorte
« avec Votre Majesté, en lui donnant
« Colbert. »
Louis XIV apprécia bientôt la va-
leur de l'homme qui lui était ainsi re-
commandé; et, quelques mois après,
Fouquet ayant été disgracié, Colbert
devint contrôleur général des finances.
Bientôt après, on lui confia les minis-
tères de la marine et de la maison du
roi, et, à part la direction de la guerre,
il se trouva investi de Tadministration
entière de la France ; en effet, le con-
trôleur général des finances était
chargé, non-seulement de la percep-
tion des impôts et des payements,
« mais encore de tout ce qui peut in-
fluer sur le revenu de l'État, la fixa-
tion des diverses sortes d'impôt et de
leur taux, la direction des sources de
richesse auxquelles ils s'alimentent,
c'est-à-dire les encouragements et les
règlements concernant l'agriculture,
les arts mécaniques, le commerce, en
un mot le bien-être général du paysC*). »
Colbert fut toujours à la hauteur de
ces importantes fonctions, et il est du
petit nombre des ministres dont le
nom est resté populaire. La scanda-
leuse administration de Fouquet avait
mis les finances dans un état déplora-
ble; le revenu total de l'État, au mo-
ment où il quitta la direction des af-
faires, était de 89 milHohs seulement;
la dette en absorbait 52 ; le gouverne-
ment ne pouvait donc, en réalité, dis-
poser que d'un revenu de 37 millions.
Lorsque Colbert mourut, le revenu s'é-
levait à 105 millions, et la dette avait
été réduite à 32. La véritable base de
la grandeur du règne de Louis XIV
est dans cette habile administration
(*) Voyi*z TexcelleDl article publié sur
ColKert , par M. Reynaad, dans V Encyclo-
pédie nouvelle.
j
FRANCE (Ei^n= aelQuieXIV)
COL
FRANCE.
COL
^7Z
des finances, quf seule pouvait lui per-
mettre d'entreprendre de grandes cho-
ses et de faire face aux dépenses né-
cessitées par ses entreprises. Si le mi-
nistre s*oppo8a autant qu'il le put aux
emprunts, c'est que, connaissant la
passion du roi pour les dépenses, il ne
voulait pas lui fournir une ressource
dangereuse, dont il le savait trop dis-
posé à abuser. Ou lui a reproché de
n'avoir pas connu l'importance du
•crédit ; c est une erreur grossière, et il
suffit, pour la réfuter, de citer les pa-
roles qu'il adressa, en 1672, au prési-
dent de Lamoignon, d'après les avis
duquel on venait de se décider malgré
lui , à recourir à un emprunt. « Vous
« triomphez, dit-il, mais croyez-vous
« avoir fait lac^on d'un homme de
« bien ? Croyez-vous que je ne susse
« pas comme vous qu'on pouvait trou-
« ver de l'argent à emprunter ? Mais
« connaissez-vous comme moi l'homme
« auquel nous avons affaire, sa passion
« pour la représentation , pour les
« grandes entreprises, pour tout genre
9 de dépenses ? Voilà oonc la carrière
« ouverte aux emprunts, et par consé-
« quent à des dépenses et a des im-
« pots illimités ! Vous en répondrez à
« la nation et à la postérité. »
Colbert a été surtout, de la part des
économistes du dix-huitième siècle,
l'objet d'attaques très-vives, pour ses
règlements sur l'agriculture, l'indus-
trie et le commerce. Mais avant lui la
France n'avait ni commerce ni indus-
trie ; Sully avait pour ainsi dire tout
sacrifié à Tagriculture, qu'il avait ex-
clusivement encouragée. Colbert vou-
lut compléter l'œuvre du ministre de
Henri IV, et comme tout était à faire,
il fut comme lui exclusif, et encoura-
âea l'industrie au détriment peut-être
e l'agriculture. Sully avait eu raison,
sans doute, de donner tous ses soins
au développement des arts agricoles :
le pays subissait la conséc|uence des
longues guerres civiles qui l'avaient
ensanglanté ; la plus grande partie du
sol était inculte; il tallait avant tout
le rendre capable de nourrir ses habi-
tants. Mais ce résultat obtenu, fallait-
il continuer à jamais le même système,
faire du peuple français un peuple ex«
dusivement cultivateur, et le forcer
d'exporter les produits de son sol pour
acheter ceux des manufactures étran-
gères? r^on sans doute. Richelieu avait
donné à la France une importance po-
litique trop grande pour que ee pays
resfât tributaire des autres, à quelque
titre que ce fût. « Nourrir Tindustrie
avec f agriculture, faire germer par-
tout la population agricole, soumettre
en un mot la terre à la manufacture,
afin de les faire prospérer plus tard
concurremment , et l'une par l'autre,
telle fut la grande politique de Col-
bert pour l'accroissement de la popu-
lation , et par conséquent de la splen-
deur de notre noble pays (*). »
Lorsque Colbert devmt ministre, la
France ne possédait que des manufac-
tures dont les produits grossiers suf-
fisaient à peine aux premiers besoins
de ses habitants ; la draperie fîfie était
fabriquée en Espagne et en Hollande,
les belles soieries en Italie ; les toiles
et les dentelles en Hollande et en Bel-
gique, etc. ; il voulut que l'industrie
française rivalisât de tous points avec
l'industrie étrangère, et appela des
autres pays les manufacturiers les plus
habiles. Van Robais pour la draperie
fine, Hindret pour la bonneterie , etc.
Leurs élèves répandirent leurs procé-
dés , et , six ans après, 42,000 métiers
fabriquaient en France de beaux draps ;
et nos dentelles, nos soieries, nos gla-
ces, notre bonneterie, nos armes blan-
ches, nos toiles égalaient les mêmes
produits fabriqués à l'étranger; plu-
sieurs manufactures rovales furent
créées pour servir de modèle à l'indus-
trie privée : « L'industrie, justement
orgueilleuse de ses succès, craignit
bientôt qu'on n'altérât les bonnes mé-
thodes de fabrication dont on venait
de l'enrichir ; elle crut être arrivée à
la perfection; elle voulut rendre les
procédés invariables en faisant partout
le même mode de fabrication ; de tou-
tes parts, les manufactures sollicitè-
rent des règlements, et Colbert sous-
crivit à leurs vœux.
(*)Arlicle Colbbrt, par M. Reynaud.
T. y. 18* Livraison. (Diqt. encygl. , etc.)
18
274
COL
L'imiVERS.
COL
« Cf9U Hglemeais ne soim fk la Vâ*fiéi
ique }a dàsc^ipttôn eiràdtê d«fi meill^ors
procédés dé febrlcàtkM; et, soos oé
rapport , ité tormetit des instruction^
tres-utiies) inAîs ees ^ègtements étaient
exclusifs, Tartiste ne pouvaft pas s'en
écarter, la stricte exécution en était
commandée, et les inspecteurs bri*
aaient les métiers, brûlaieiDt (es étoffes,
pronociçaieut des amendes toutes leà
lois qu^on se permettait quelques
changements danS les mék;hodes pres^
èrites (*). »
Il fallait bien enseigner aux artisans
les procédés que i'imrpulsioh nouvelle
donnée au commerce et à Tindustrié
avait fait inventer; et pour que ceé
procédés triomphassent des préjugés
d*une aveugle routine, il fallait leur
donner Tautorité de règlements éma-
nés de l'autorité supérieure. Mais Col*
bêrt n'avait pas la prétention de faire
de ces règlements un code qu'on ne
pdt jamais modifler; et si l'industrie
fut enchaînée pendant plus d'un siè-
cle, dans des liens oui ne furent rom-
pus qu'en 178d, ce n e$t pas à l'homme
du progrès qu'il faut s'en prendre,
mais bien à ses inhabiles successeurs,
à ce gouvernement qui, stationnaire
par «y$tème, et repoussant toutes les
améliorations, quel qu'en fût l'objet éi
de quelque part qu'elles vinssent, de*
vait enfin tomber sous les coups d*un
peuple justement irrite.
Colbért ne négligea cependant j)oint
l'agriculture ; la reductidn des taille$,
S ni frappaient surtout les petits eul*
vateurs, et une plus juste répartition
de cet imp^, la réduction des gab'el*
les, la création de nombreuses routes,
l'entretien assuré de toutes celles qui
existaient, la construction du canal dif
Languedoc, étaient des encourage*
ments, indirects il est vrai, mais cer^
tainemeht' efficaces : « enfin, en éten-
dant, conîme il le fit, la marine, la
pêche , le commerce, les colonies, lei
arts et les manufactures, il présenta k
la terre dje npuveaux hommes à, nour-
rir, et 'par conséquent aux laboureurs
(*) Chapt^l^^ De V industrie française ,
tu,' p. à47.
da noîiteaux profits à prendre sur ie
{feu mAme de ledits récoltes (*). » Que
l^otii^se dOn0 de teprocber à Colbert
d'avoir prohibé l'exportalTOii des blés;
celte prûtiibition, en diminuant le prix
des Subsistances, favorisa l'aoeroilsse-
ment de la population. Au lieu de coiv
spinmateurâ étrangers, il donna à l'a-
griculture des consomma Wurs français;
elle n'y perdit rien et la France y gagna
en puissance.
Il y aurait déjà, dans les services
que nous venons d'énumérer, de quoi
suffire à la gloire d'un homme, mais
Colbert ne s'en tint pas là : il cciintinua
les efforts de Richelieu pour donner à
la France une marine redoutable. En
peu d'années, elle eut 100 vaisseaux,
et les rôles de l'inscription maritime
présentèreùt les noms de 60,000 maP^
lelots. Il créa Brest, Toulon, Roche-
fort; acheta Dunkerque; commença
Cherbourg; et liant l'industrie, fe
commerce et la marine dans un avenrt
commun, il fonda toutes nos colom'eâ
pour assurer des débouchés à l'indus-
trie et au commerce, et un emploi à
la marine en temps de paix.
« Comprenant enfin, que l\>pu-
lence ne suffit pas pour constitùet
la vraie richesse des hâtions , il ap-
pliqua tous ses soins à vivifier en
France la culture des lettres, des scien-
ces et des beaux-arts. Richelieu avait
aperçu avant lui la décrète puissance
de notre langue, et devinant l'ascen-
dant que la nation française jpôuvait
prendre par là sur les autres, H. avait
Créé l'Académie aveb mission d'amé-
liorer ce bel idiome, destiné, dans sa
politique, à dévenir l'idiome souverain
du monde civilisé ; marchant su;* lefe
traces de ce hardi génie, Colbert, bieû
que peu lettré (**), n^ traita pas l'Aça-
{**) m ^^t d^jÀ «ii9i9«rfvlprBq»*i( 9ppnt
le ùtiUi { ce ^4 J«au GaVpis , qlifeé d^ Sfiii^-
Martin ^e Care<f ^\^ fond^tj^ du Jqiu'iÛ|
4es sjiyazi^s, qui lui eo^eigna o^tte If^ngwa^
i^ se fpnua cepeiidant Ifi l)iblîota^^uQ u
plus belle peut-efr è qa'^ucua parUculjçi;' ^
jamais possédée, l^ i^auuscrils qui faïf
saiént partie dé ceUe cotleçtiQU passèreiÀ
dans la suite k la bibliothèque royafe, dont
GOL
FRANCE.
€OL
275
tiùn ^ ^ VwBk m% k fttel- \im% 4«g»é
d*ac^vké9t de «pteàdeiir ge» «aooiura-
eftœei^ $^rè^ à*él«tev. Koo çoalefit
îtoce s^tià fecftT de famières, Û y a4-
idieail TAcadénie <i«9 k»scriptiona «t
oelWletlrcs et l'AoadéQHM des aeiea-
ces. C^jtei» VkapulsiQn clonoée jMir
EicUelLett se pouvait pas êlre plu» sa-
^«mtitl odMtifuuéev et» Ton serait em-
bartaaaé A» dé^îKicr lawiflte de ces trois
.RoUfS coiDpasoi^, dwirgée, l'HDa du
petfiitctiotiiieitiedt ik to Wêue^ Vavttfe
flf l'étude de Tlu^oire. et du perfec-
tionnement du style, là troisième ée
V^sei««|iim de tà Battre et 4e la dé-
oouvârte ée ses toÂ9«. noétfite. d'être
placéa la prwoière (*). »
Coihertcréa en outve Tobsei^vatoiec^
le jardiia des plantes, l'aoadénpie de
peinlurç, IfaiGadémi^ dVcbîKeot^ure,
réeolo é$. Fraiiceà Home; i^ 9»{;iDeDta
la bibiioidiè^e royale et lie cabiûetdes
inédaiH0&; il en^oM^agea \m artiaesi
ies $avaat& ^ tes Mtiiéirateiirs ârauçais
etétcaagfvs f^); il attire les hommes
ik forment au^ourd'iim Tune des {iTus pr^
cieuses richesses. Voyez BiBLZOTHÈQtre» ,
t. H, p. 517.
(*) ReyBaud', îbid.
(^ Le lecteur ne> parcourra pae sans in*
térdl la KjBta- de ces. eneounigemenu donnés
pat Colvert aiUL Iklérateurs ; cette liite^ Mdi«-
gèe]^43iapfiaiiv«8irort rare, «llm iqppp.é*
oiaMPtis^eQ ami; €i|iiieti«e&; 9IIR ea^ de i663«
dfi roi « exccUeqt honqie pour la. pbjsi*-
que et pour la, connfiissan<:e des. passions
et des MiM, dont fl- a^ fait-divers aarrag es
foTA f^m^ w^. pei>«imn 4«. «om» i»
A|n «eiir Canrartt lequel^ aanaconnais^noe
d*aocane aatrê langue que sa maternelle,
est admirable pour joger d* tootee Ica
|fo)lnctH^iif',dtJ Tespriti wné peaslmi dew. tSpo
A-u sieur /e ClefCg «^^fuit poë|« français • 600
An sieur Pierre Chrneiïfet premier poète
dniiMtique da mot^ltt. , . , aooo
i^^ simn i9a(#M^^ If ^m fertilv ^iv««>
et dQué de la pbif belle imagination qiii
ait jamais été laoo
jlitt wMat Ménmgt, eMellen^pour la erftjque
det pnlW« ,. ...;..«..» a«K»
Ah ai^ur, (d><|é d« i>lur», qui écri( l'histoire
en latin pur, et élégant ,. . zooo '
Au siea« BéfWr exeelteot- poète fr^i^fs» . . Soo
AP) eieql Ciffmtiifile^eu^^ kqé fp^e Cq«4-
çais et dramatique» « . . . . ioqo
An sieur Mo fier», excellent poète comique. 1000
Ja «iaur. Bw^ijêrnih , podia françai* tott
âfiéable , . . z5oo
lea pins habiles de t9uta VEwopA, at
atlira aînsi à la Frai(i^ cette prépo«^-
déira«6e nporate. qu'eUe^e^er^ sur tou-
tes; tes notions an dix^huiti^m^: sièicle,
et qui swrv4<$«t 9m victoires de
LjBUisXIV.
Non eonteat de rendre wnsi rEurope
▼essaie de (a FraneO) il voulut faire da
Paris un cbef-li^u digpe da la nouvelle
pwasanoa dis sa patrie. Il aonstruisit
aa aebeita uoa foule da nponuAuents,
les quaisii les b^levards , k X^ai^vras
las Tuélejne^.
Il axerfa enfo im taut le fflraud
¥^i^ ufie baureuss: iafliwnfe. Il lutta
eoQstumpii^t cctiktre la QO»aie bellj)-
queuse de Louvois; ce fut lui qui da-
eida L(Hus XXV à signeir la paix de Ni-
inègue. IVlais, ea 1670, la crédit d^
Louv<]j|s remporta, et. le roi, fatigué de
l'opposition continuelle <|ue son ^ajjd
aiiaiatre. appoiftait à ses fantaisies-,
méconnut ses services et ne erajgnit
peint de Toutiiagar devant soa colic^ue^
Colbert, malade de la pierre et usé pa):
la tr^vajl, fi^ atterré^e tant dlnju^cè;
\{ se mit au lit et ne se releva plus^
Au père le Cointret habile pour l'histoire. .
Au sieur Huetf de Caeo , gvaiMi petstm-
' B«Ke, qui ? traduit Oqigine.
Au sieur CAfvpmtiv, poète et orateuf
français
Au sieur abbé Cot/irtf poite et orateur fran-
çaia» . . ,
ii^&ienr.SQ'^/èrr, seyantes lettws bumaine*.
Au sieur Dauerier, idem .^
Au sieur Ogier^ consommé daaa la théolo-.
gie et les belles-lettres '. .
Au sieur Rallier» ptofessa^t parfaitement
la langue arabe.
A l?abbe^/«
f^aytFt aavant es béllestleUres.
At> Hemr tf JlM^^wrtiu^ h|ibi?i9Aqurl|bietoire.
^, aient iti Sainte-Mar/he, l^apile pour l'his-
toire.
A» stear du JferHe^t poète btio.
Afi si^, FUe^er, pqëte fci^at^it <(t, latin, .
Aux sieurs tle F'aiois frères , qui écriTent
. l'bibtoire en latin ;
Aa siauF Jtfaiiii, poète Utin
A^ ai^iin ^eùtf, poète fnDaçaif
An sif^ur abbé de Bour%fysi eonsomm^ dans
la théologie positive scolastiqne ; dans
L'histcHTo» lea.lettree humaiMs» et ktlan-
gnea prientales
Au sieur Chqpeltân, le plus g.rand poète
français qui ait jamais été, et du plus
solids.jsgeioent
An aieur, 4bbé Càfs^t^ 990t^» ^rateus et
ss^«ant en théologie
Au sieur Perrault» babile en poésie et en
BeUea^lcttns
Aa sieur MéMenU, bistoriograpbe
18.
iSoo
SiSqoi
zaoo
«ao»
lOOO
3ooo
iloo
6oo
rooo
xaeo
zaoo
foo
Soo
a4oo
6oo
3ooQ
iSoo
4ooo
276
COL
L'UNIVERS.
COL
On dit que le roi alla le voir et répara
ainsi sa faute; d'autres, au contraire,
disent que Golbert refusa de recevoir
une lettre de Louis XIV, en disant :
« Je ne veux .()lus entendre parler du
« roi, qu'au moinsà présent il me laisse
« tranquille. Si j'avais fait pour Dieu
« ce que j'ai fait pour cet homme, je
« serais sauvé dix fois et je ne sais ce
« que je vais devenir. » Bourdaloue
l'assista dans ses derniers moments;
il mourut le 6 septembre 1683, à l'âge
de 64 ans. Avec lui finit la série de nos
grands ministres (Sully, Richelieu,
Mazarin, Colbért) ; la tradition fran-
çaise était désormais sans représen-
tants, et la monarchie penchait vers
son déclin.
Charles Golbebt, marquîsde Crois-
sy, frère du grand Goibert , naquit à
Paris en 1629 , fut premier président
au parlement de Metz et ambassadeur,
et mourut ministre d'État en 1696. Il
avait été l'un des négociateurs de la
paix de Nimègue et de celle d'Aix-la-
Chapelle.
Jean-Baptiste Colbebt , marquis
de Seignelay, fils du ministre , naquit
à Paris en 1651, et se forma aux af-
faires sous, la direction de son père,
qui obtint pour lui la survivance du
ministère de la marine. Il commença,
en 1676, à diriger ce département, et
acheva d'élever la marine française à
ce haut degré de puissance qu'elle at-
teignit sous Louis XIV. Il mourut en
1691.
Ja^cqttes - Nicolas Golbebt , son
frère, né à Paris en 1654 , mort dans
cette ville en 1707, fut archevêque de
Rouen, membre de l'Académie fran-
çaise depuis 1678, et l'un des fonda-
teurs de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres.
Jean-Baptiste Golbebt , marquis
de Torcy, uls du marquis de Groiss]^,
naquit en 1665. Il fut nommé secré-
taire d'État au département des affai-
res étrangères en 1689 , surintendant
général des postes en 1699, et con-
seiller au conseil de régence pendant
la minorité de Louis XV, à la mort
de Louis XIV. Ses ambassades en Por-
tugal, en Danemark et en Angleterre
l'ont placé au rang des plus habiles né-
gociateurs. Il mourut à Paris en 174i6.
On a publié, en 1756, ses Mémoires
pour servir à l'histoire des négoda-
Hons . depuis le traité de Ryswich
jusqwà la paix d^Utreckty 3 vol.
in- 12, divisés en quatre parties. La
première est consacrée aux négocia-
tions pour la succession d'Espagne; la
seconde aux négociations avec la Hol-
lande ; la troisième aux négociations
avec l'Angleterre, et la quatrième aux
négociations pour la paix d'Utrecht.
Ces Mémoires sont de la plus haute
importance pour l'histoire de cette
époque.
Edouard- Charles - f^ictorin Gol-
bebt , descendant du marquis de
Groissy, naquit en 1758. 11 entra de
bonne heure dans la marine, prit part
à la guerre d'Amérique, et y çagna la
décoration de l'ordre de Gincinnatus.
Il émigra ensuite, servit à l'armée de
Gondé , puis se rendit en Angleterre
et se trouva à l'affaire de Quiberon. Il
passa ensuite dans la Vendée, où il de-
vint aide de camp de Stoffiet, l'ancien
garde-chasse de son frère , le comte
Colbert de Maulevrier. A la mort de
cet homme, il passa en Amérique , et
revint en France vers la fin du consu-
lat. Tant que dura l'empire , il vécut
éloigné des affaires ; mais à la première
restauration , il fut uoitimé : capitaine
des gardes du pavillon. Élu; député du
département d'Ëure-et-Lbire , à la se-
conde restauration', il vota constam-
ment avec la maWJité de la chambre
de 1815, et fut I un des députés roya-
listes les plus ardents ; aussi obtint-il,
en 1816, le grade de coiiti*e-amiral. H
mourut en 1820.
Edouard - Pierre - David Gol-
bebt, né à Paris en 1774, s'engagea
en 1793, comme simple soldat, et ser-
vit successivement dans la Vendée, en
Espagne et en Egypte. Rentré en
France après la capitulation d'Alexan-
drie, il fut nommé aide de camp de
Junot, et fut fait chef d'escadron
sur le champ de bataille d'Austeriitz.
Il combattit à léna , à Pulstuck , ftjt
nommé colonel du 7^ de hussards à
la suite de cea actions sanglantes , et
COL
FRANCE.
COL
Tf7
{>rît une part jEçlorieuse à celles d'Ey-
au et de Friediand. Créé baron en
1808, il fut fait général de brigade le
9 mars 1809. Pendant la campagne de
1809, il se distingua à la bataille de
Raab et à celle de Wagram , où il fut
atteint de trois coups de feu. Attaché
à la garde impériale en 1811 , il con-
duisit la brigade de lanciers en Russie,'
sous les ordres du duc d'Istrie. Il prit
part à toutes les affaires de cette cam*
pagne, se couvrit de gloire à Baut-
zen, et fut fait général de division en
1813. II combattit avec courage à
Montmirail , à Champ-Aubert, à Nan-
gîs , et ne déposa les armes qu'à la
paix. Il les reprit en 1815, fut blessé
a Waterloo , et suivit Parmée derrière
la Loire. Retiré dans ses foyers, après
la dissolution de cette armée, ce brave
et honorable général eut Thonneur
d'être persécuté et exilé par la res-
tauration.
AugUste-Marie-François Colbebt,
frère du précédent^ né à Paris en 1777,
s'enrôla comme simple soldat en 1793,
et devint, en l'an iv, aide de camp du
général Grouchy. Il suivit , dans la
même qualité, le général Murât en
Italie et en Egypte ^ où il devint chef
d'escadron, et rut grièvement blessé
au siège de Saint-Jean d'Acre. Il se
distingua ensuite à la bataille de Ma-
renço, et fut nommé, immédiatement
après, colonel du 10^ de chasseurs à
cneval. Devenu^ général de brigade
durant la campagne de 1805 , il fut
chargé par Napoléon de porter à l'em-
pereur Alexandre l'ultimatum de la
paix d^Austerlitz; l'année suivante, il
prit une part active à la bataille d'Iéna,
et fut cité avec éloge dans le bulletin
de la grande armée. En 1808, il fît
partie de l'expédition d'Espagne , mit
plusieurs fois en déroute l'armée de
Castanos, et fut tué le 3 janvier 1809,
prèsd'Astorga. Il était du nombre des
généraux auxquels le gouvernement
impérial avait décerné une des statues
âui devaient être placées sur le pont
e la Concorde.
Col d'Ai&genteea. — Le 21 octo-
bre 1795 , le général Yaubois, com-
mandant la droite de l'armée des Al-
pes, disposa une attaque contré les
Îïostes avancés des Piémontais , dans
a vallée de la Stora. Quoique forte*
ment retranché et gardé par deux ré-
giments suisses, le col d'Argentera fut
forcé et emporté à la baïonnette. L'en-
nemi s'étant rallié dans le village , es-
saya en vain de s'y soutenir, et si les
neiges et les glaces n'eussent retardé
les détachements français de droite et
de gauche, tous les Piémontais qui se
trouvaient à Argentera eussent été faits
prisonniers.
Col de Ranos (combat du.) Voyez
Rangs.
Col de la Cboix (combat du). —
Le général Moulin , qui dirigeait les
opérations de l'armée des Alpes en
l'absence de Kellermann, fut attaqué le
23 septembre 1795 par les Piémontais .
Trois cents d'entre eux se portèrent
contre ses avant-postes , placés au col
de la Croix, et les forcèrent de se re-
plier sur la Montai. lii, le générai
rouget repoussa l'ennemi , qui , peu
de jours après, fut encore battu à Mal-
chaussée par l'adjudant général Cham-
baud, et le 14 octobre à la Novalaise,
par les généraux Lacombe , Fournier
et Pouget.
Col de la Madeleine ( combat
du). — Les Piémontais tentèrent , en
1793, de repousser les attaques tou-
jours heureuses des Français sur les
montagnes de la Savoie. ït leur im-
Î)ortait du reste beaucoup de soutenir
es Lyonnais, assiégés par les troupes
de la Convention. Mais leurs succès
furent de peu de durée. Il suffît au
général Kellermann de paraître pour
raincre. Le général Ledoyen , qui ser-
vait sous ses ordres, repoussa d'a-
bord, le 10 septembre, tous les pos-
tes avancés aes Savoisîens , pour les
empêcher d'augmenter leurs forces
dans la Tarentaise et le Faussigny ,
points sur lesquels Kellermann se
proposait de diriger ses principaux
efforts. Après avoir fait gagner
à ses troupes les sommités les plus
élevées des Alpes , celui - ci com-
manda, le 20 septembre, à un batail-
lon de quatre cents hommes de s'a-
vancer directement vers l'importante
na
QOh
vmmEMé
COh
pgiBiHtn fhi <0) <ie la Madeleine;, t^»
éis qn'mf autre coUnoe de pareille
f^tctn secondant .oetteattaciue, battait
\m Fiéttioiitai« i çt k^ i>blie«ait de s»
felirer sur M^ntîer avec un^ perte
Coi^ »« TnrfBB,* ^ Cette eotréç i^m
Piémont fut enlevée « le S i^ia^ 1794,
|i)ar k8 bripde3 de Massena et de
Macqutlrt^ qui oQnMflu^ilent avee suc-
•es leur nnH^yem^t offensif. Au mois
d'août d«l'«nn^e suivante les Austro^
Sardes se portèrent aussi «ut le co)
à9 T0tïi6» Un eorps de troupe fort
nombreux se retranchait près de oc
poster i BéMrosa » quand le général
Mdcquart prdpnna » le 17 du même
moie, au g^éral t)aliemagne de mair*
cher à Tennf mi^ Cette expédition réus*
sit pérfoitement» La position fut for*»
née, etceux aqi la défendaient se virent
obligés de battre en retraite, anrèj;
avoir vu massacrer une partie de leur
jarrière-i^rdei sans oser la défeodrç.
Cot Diï TsN^A.'— Ce passage , Vue
de ceux qui conduisent de l^intérieur
4e l'Afrique dans la Mitidyà , en tra?
versant TAtlas, est devenu célèbre par
les iuttdp glorieuses et sanglantes que
notre jeune armée a dû y soutenir tou-
le$ les fois qu'elle Ta traversé. Il a
été rendu praticable à l'artillerie par
les travauii du génie , lors de la pre-
mière expédition de Constantine, en
1836. Une rputq de 15,600 mètres de
développement, dont 1^600 au delà du
col, y a été ouverte deouis la Mitidjà
jusqu'à l'entrée de la pface de Médéan,
et construite en six jours , sous la
protection des troupes continuelle-
ment occupées à repousser l'ennemi.
Aussi les Arabes , frappés d'admira-
tion , disaient - ils : ^^ Il n'y a pas de
montagnes pour les Français. »
Col de Tebhe ( prise du ). — Les
Piémontais « continuellement battus
en 1795» cherchaient quelquefois à dé-
busquer nos troupes de leurs posi-
tions; ils se présentèrent le 5 juillet
devant le camp du col de Terme. Les
avapt-postes surpris furent obligés de
se ri^pliQri et il s'engagea une lutte
meurtrière e^ opiniâtre , où , en0n , la
bravQur^ française remporta sur le
Oi^mkrç. Cependant:, deux mille enner
jn|s avaient filé, sur des rochers situés
a la droite du cpl« eX déjà' douze cents
étaient descendus sur un vieux Camp
d'où ils fusillaient tout ce qui se pré-
i^entait sur ce passage, et ôtaiftiit ainsi
toute rettaiie aux républicpiins. Le
généra) Pelletier^ cQmnianaant le camp,
voit ffoldemént ce danger; il fait
avancer deux pièces de canon , soute-
nues seulement par deux cents bom-
mes I dont il enflamme le courage en
les appelant son intrépide préserve.
Cette petite troupe coramenbé àudat
çieusement l'attaque, repousse les deuX
mill^Piémontais , et les Oblige à re-
passer te col de llnferno ; partout le$
ennemis sont mis en déroute. Le géoé*
rai Serrurier commandait en chef danà
cette glorieuse journée.
CoLDOBB, graveur en bîéi*reâ Ôttes,
tant en creux qu'en relief, se 6.Ï un
nom célèbre pendant le règne de
Henri IV» par la finpsse et f élégance
de son travail. ISeS portraits étaient
d^une ressemblance parfaite. On pré-
sume que Coldoré est un sobriquet, ci
que le vrai nom dé cet ^histe est Ju-
lien de ^ontenai , le même qlie HenH
ÏV qualifie , dans ses fôttres patentée
du ââ décembre 1608, du titre de lâoit
valet de chambre, et de sôh grave(i)^
en pieirr es fines. Oii l'appelait Coldoré,
à cause de plusieurs chaînes d'or Qu^li
portait pendues à son cou , comme
autant de récompenses accordées par lé
roi, suivant l usage de de temps.
Coii DU Mont (combat du). — ten-
dant (}ue Keliermann organisait le^
services de farinée d'Italie, et recon-
naissait les points de défense (ju'il était
nécessaire d'occupet pour renoussër
les Piémontais, il fut ttBppè de Vitn*-
portancè du Col du Motlt, ou de ÛrU
sanches. Ce poste Ouvrait bbur l'oftin-
sive un débouché dans la tâllééd^Aost^;
d'un autre çdté. il couvrait le boUr|
Saint-Maurice, et assurait la commu*-
nication avec le hfiont Cents. Dès le IT
avril 1795, le général Mdulin en essaya
l'attaque; mais la neige tomt^ant en
s^bondance, lui opposa deè diffiéult^
qui firent échouer cette dttac(ue; il la
reprit au printemps , et lé 19 itiai , dttA
COL
FRAKGE.
€OL
9T9
miWe deux cents h^fpmiesf «avancèrent
divisés en trois cpl^noes^, celle de gs^u^
çbe, airrétëe dans sa D;iarche ps^ç uivè
tourne» te jiffreuse^ ùitiMigée de ré-
trogrâaèr. A droite ,.qiiairecei|ts hpoi-
Ws ' df yâient tourner les.rte^r^nche-
ments et tâcher fi'y pénétfer.au travers
if^es glaces. Cette 4(5oJonnç pe p,ut.«xi4-
cuter ce mouverr^et^t; mais eiie tra-
versa h$ prêtes des montagnes ^ et
. arriva à ^a destination au moment où
sur le centre on einportait jes dernièf ^
redoutes: La colo&rie du centre « des-
. tinéé à faire les |)ripetpai]x effqrts^ fut
. favorisée dan$ sa marche par un vent
impétueux rQdi portait Ifi neige da^s
les yeux des < ennemis et les aveuglait*
A près atoir traversé dans le plus graind
.silence les premiers rel|rflnt?hemwt5,
les Fran^ia arrivent jusqu'à demî-
portée de pistolet d'ukie redoute, sans
répondrç au feu de l'ennemi. En mmm
d'une demi-bedrei toits le^ retrancher
mentd sQnt ei^levfés à la baïonnette; On
fait ^ l'ennemi dçnx cent dix prisjofii-
niers : |p res^ des. troupes' piémon-
ta lises s'éjohappat ainsi que eeilea icfui
étaient cantonnées au Baracon de la
Croix, i^s troupes françaises mon-
trèrent dans cette attaque une patience
et une constance incroyables; elles
no^rcbèrent pendant dix heures au
miltea des neiges « luttant contre
un ouragan épouvatiti^le. Le froid
ét«it ^ Yif , que reau-«de*îie et le vin
fêlaient dans les bidons. La prise
u Col du Mont fut d'autuf^t phis im-
portante, qu'elle procura à i'brmée des
Alpes Wncalciilable avantage de tenir
en é^bec pendant tout^ la campagne,
avec trois cent cinquante faommes,
trois mille Piémôntais qui pouvaient
ae li-Ouver par Une simple marche an
centre jd6 la v^Uée d'Aoste, derrière
les retranchements du prince Thomas.
Aussi l'ennemi es8aya-^il ensuite plus
d'une fois de reprendre ce poste; mais
la valeur de nos soldats rendit tou-
jours ces attaques infructueuses* u
CoLfeTTS (sainte), née à Corfoie en
. Picardie « le 13 jahvièr 1380. Dès sa
plus tendre enfance, die se fit remar-
quer par son goât nour la piété et
pour la {Mitique oes : vèrtat dbr^-
tiennes. Après âsnlv véôu successive-
ment chez les béguines , chez les.sœurs
du^^iers ordre de $aint*Françoiâi puis
4m9 m ermitage t elle ehtra oàns
l'ordre des religieuses de Sairtte^laire ,
et conçut la pi&nsée d'en opérer là ré-
forme. Benoft XIII approuva son des-
:jSëifii et lui doùna las pouvoirs néces-
r^^lfes pour l'exécuter. Colette échbua
eh France , mais elle réussit m Savoie ,
en iBoUrgogn^, dans les Pavs-Bas et
en Espagne. Elle mourut à. Gand, le 6
mars t44&, à l'âge de sôixante^six ans.
Sa canonisation, reculée de siècle en
sidele, fut définitiveitienii prononcée le
3 mars 1307^ par Pie VU. Le nom de
lainille de cette piense fddime était
^ CQiiieNQN (François) ^ graveur, né à
J^anoy vers i6Sl , mort dans cette ville
en 1671, fiit l'élève de Callat^ dont il
.im|ta la iha^ière. fies prodnctiopssont
«ombreuses ettrès-^rechérchées; bn lui
dûit de charmants paysages et des vues
fort utiles aujourdfhui pour l'histoine
de l'architecture;' on cite surtoiit ses
bâtiments de Home, ses vues de FlO'
renùe^ sa nitte de MaUê^, Cet artiste
avait ksidéldngtehips en Italie, où il
faisait lé commerce d'eétampes.
CoLi&if I , ancien comté de la Bresse,
aujourd'hui département de l'Ain, à
dix-huit àilotiiètrës de Bourg, qui a
donné son nbm à l'une des plus illus-
tres familles de France.
Gaqmrd jp^E Co£iB>iri^ premier du
liom^ seigneur de Cbàtilion-8or*Loing,
d'une adclenrie maison dé Bourgogne,
fbt le premier de i^a famille ^Ui is'éta-
blit en France, après lé irénnidn db
cette provinbe à M couronne. Il accom-
pagna Charfés VIII danë l'expédition
de Naples eh 1493, et Lduii XII à là
conquête du Milanéis; il cbbimanda un
corps de troupes à la bataillé d'Aignà-
del, un autre à la bataille de Mari-
gnan, sous François P% (][ui le créa
maréchal de France, et lut donna le
gouvernenient de Champagne et de Pi'
cardie. Soii mariage avec Louise de
Montmorehcv^ sceur du connétable
Anbe, avait beaucoup contribué à son
crédit. Il mourut à Dax en 15S2, lors-
qu'il allait secourir l'dotarabte. Ce fut
2S0
ceL
L'UNIVERS.
COL
Chabannes de la Palisse qui le rem-
plaça.
Ôdet DB CoLiGNi, cardinal de Châ-
tillon, fils du précédent, frère de Ta-
miral et de d'Andelot [voyez Andelot
(d')], né en 1515, reçut la pourpre en
1 533 , des mains de Clément VU , et fut
successivement archevêque de Toulouse
à dix-neuf ans et évéque de Beauvais à
vingt ans. La lecture de quelques écrits
de Calvin, et surtout rascendant de
d* Andelot, Tayant déterminé à em-
brasser la réforme, il fut cité par les
cardinaux inquisiteurs, puis excom-
munié par Pie IV et rayé^e la liste des
cardinaux. Odet de Coligni épousa
alors publiquement et en robe rouge
Elisabeth de Hauteville, qui fut pré-
sentée à la cour, où on la nommait in-
différemment madame la Cardinale,
ou la comtesse de Beauvais, Odet
avait pris ce titre de son évéché, qu'il
continuait d'occuper, et parut même
avec sa femme en habit Je cardinal à
la déclaration de la majorité de Char-
les IX. Lorsaue la guerre civile recom-
mença entre les catholiques et les pro-
testants , Odet de Coiicni , qui s'était
associé à toutes les luttes de ses
frères contre le parti des Guises, prit
les armes contre les premiers , et as-
sista à la bataille de Saint- Denis. Sui-
vant Brantôme, « il y fit très-bien, et
« montra au monde qu'un noble et
« généreux cœur né peut mentir ni
« faillir, en quelaue lieu qu'il se trouve ,
« ni en quelque tiabit qu il soit. » A la
suite de cette Journée, il rejeta la paix
Î|ue Catherine de Médicis lui offrait,
ut décrété de prise de corps, et passa
en Angleterre, où il fut bien accueilli
par la reine Elisabeth. Après la paci-
lication de 1570, il se disposait à re-
venir en France lorsqu'il mourut à
Hampton, le 14 février 1571 , empoi-
sonne par un de ses valets de cham-
bre, qui périt sur l'échafaud. La veuve
du cardinal réclama son douaire, mais
la demande fut rejetée par arrêt du
parlement de Paris, en 1604.
Gaspard de Coligni , deuxième du
nom, frère du précédent, naquit en
1517, à Châtillon-sur-Loing. Il parut
à l'âge de vingt-deux ans à la cour de
François P', et raccompagna dans la
campagne oui se termina par le traité
de Crépy. Il se lia alors avec François
de Guise, dont il devait devenir plus
tard l'implacable ennemi. Blessé en
1543, au siège de Montmédy, il refusa
de quitter l'armée, et Tannée suivante
il fut armé chevalier sur le champ de
Cérisoles, par le duc d'Enghien, qui
voulait récompenser sa valeur; puis il
revint en France, et servit dans l'armée
du dauphin, uui était alors la seule
force capable d'arrêter Charles-Quint.
Après la mort de François I"% le con-
nétable de Montmorency, qui était tout-
puissant à la cour, sollicita pour son
neveu le commandement de Tarmée
d'Italie. Mais le crédit de Diane de
Poitiers l'emporta sur celui du conné-
table, et Brissac obtint la préférence.
D'Andelot, qui s'était engagé dans
cette expédition avec l'espérance qu'elle
serait dirigée par son frère, s'enferma
dans la ville ae Parme, où il fut fait
f prisonnier. Pendant sa captivité, il se
ivra avec ardeur à ces controverses
religieuses qui agitaient alors tous les
esprits, et devint protestant. De re-
tour en France, il communiqua ses
convictions religieuses à ses deux frè-
res, et se déclara lui-même ouverte-
ment pour la religion nouvelle. Odet
et Gaspard de Congni furent pkis ré-
servés. Ce dernier, qui avait a ména-
ger Henri II, continua à servir dans
ses armées. Après le désastre de Saint-
Siuentin (1557), il fut chargé de la
éfense de cette place, qu'il ne rendit
qu'à la dernière extrémité. Fait prison-
nier par les Espagnols, il se racheta
en payant une forte rançon , mais il
cessa de paraître à la cour, et ne s'oc-
cupa plus que d'affaires de religion.
D'Anaelot achevait alors de l'attacher
au parti de la réforme. Après la mort
de Henri II , les trois frères se mirent
ouvertement à la tête des réformés , et
ils prirent part avec Condé à la fa-
meuse conspiration d'Amboise. Le but
des conjurés était d'arracher le jeune
roi , François II, des mains des Guises
et de s'emparer du gouvernement. La
cour, avertie qu'il se tramait un com-
plot, s'était retirée au cbftteau d'Am-
COL
FRANCE,
GOL
281
boise. Condé et Coligni Vy suivirent;
mais ils furent si bien surveillés par
les agents des Guises, qu'ils n'osèrent
rien entreprendre. La conjuration ayant
échoué, Coligni n'en demanda pas
moins à rassemblée des notables, reu-
nie à Fontainebleau , le libre exercice
du culte pour les protestants. Mais-
rien ne fut décidé. François II mourut
(1560), et la gaerre civile éclata sous
son successeur, Charles IX (1563). lÀ
duc Fran<^ois de Guise, chef du parti
des catholiques, remporta sur tes pro-
testants une victoire signalée à Dreux,
et déjà il assiégeait Orléans, leur place
d'armes, lorsqu'il périt assassiné par
Ppltrot. Coligni fut accusé, non sans
raison, d'avoir été l'instigateur de ce
crime. Il releva son parti, que la perte
de la bataille de Dreux avait abattu.
Après une seconde défaite à Montcon-
tour, il'parvint encore à créer des res-
sources nouvelles, et les catholiques
le virent avec étonnement à la tête
d'une armée traverser en vainqueur
une grande partie de la France. Ce-
pendant sa tête avait été mise à
prix ; cinquante mille écus étaient
promis à celui qui le livrerait mort
ou vif. Mais la paix de Saint-Ger-
main lui permit de retourner à la cour
(1570).
Charles IX l'accueillit à bras ou-
verts, l'appela du nom de père, et lui
prodigua les marques du plus affec-
tueux attachement. Coligni invita le
jeune roi à se mettre à la tête d'une
expédition en Flandre, afin de se sous-
traire a la tutelle de sa mère. Catherine
de Médicis craignit dès lors pour son
autorité, et elle ne négligea rien pour
aigrir le roi son fils contre les protes-
tants. Ceux-ci ne prêtaient que trop à
la haine que . Charles IX leur por-
tait depuis longtemps. Leur morgue
et leur imprudence devaient hâter la
grande catastrophe. Cependant Coh'gni
continuait à se barcer de vaines illu-
sions. Au mariage de Henri de ^Navarre
avec Marguerite de Valois , il montra
à Henri de Montmorency d'Anville les
drapeaux des protestants suspendus
dans l'église de Notre-Dame depuis les
défaites de Jarnac et de Montcontour,
et il s'écria : « Dans peu, on les arra-
a chera de là, et on les remplacera par
« d'autres qui seront plus agréablcfS à
« voir! » tant il crovait à la nonne foi
et à la sincérité de Cnarles IX. En vain
ses amis ^alarmés de l'air mystérieux
de la cour, s'efforçaient de l^éloigner.
Coligni croyait qù*il avait subjugué
l'esprit du roi. Peut-être aussi les
grâces dont le prince l'avait comblé lui
inspiraient - elles du dégoût pour la
guerre civile. « J'aime mieux, dit-il un
« jour, être traîné par les rues de Paris
« que de recommencer la guerre civile,
« et donner lieu de penser que i'ai la
« moindre défiance du roi, qui çlepuis
« quelque temps m'a remis dans ses
« bonnes grâces. »
Quelques jours après qu'il eut tenu
ce langage, le 22 août 1572, en sor-
tant du Louvre, Coligni fut blessé
d'un coup d*arquebusé qui lui enleva
un doigt de la main droite et lui fra-
cassa le coude du bras gauche. I/as-
sassin aposté par les Guises eut le
temps de s'échapper. La nouvelle de
cet attentat excita une terreur géné-
rale; les protestants s'armaient pour
venger Tamirai ; on s'attendait à une
collision sanglante dans les rues de
Paris. Charles IX jura que les coupa-
bles seraient punis, et il alla lui-même
avec toute la cour rendre visite au
blessé. Deux jours après, le tocsin
donnait le signal du massacre, dont Co-
ligni fut une des premières victimes.
Le Lorrain Besme assassma le vieillard
dans son lit, sans respect pour ses
cheveux blancs; le cadavre fut jeté par
la fenêtre, et Henri de Guise, qui at-
tendait dans la cour, s'approcha pour
voir s'il était bien mort. Les restes de
Coligni furent suspendus au gibet de
Montfaucon; mais quelques serviteurs
fidèles enlevèrent au péril de leur vie
le corps de leur maître , et l'enseveli-
rent aans le tombeau de sa famille à
Châtillon. Catherine de Médicis fît
brûler ses papiers. On a même pré-
tendu qu'un mémoire manuscrit de
Coligni sur les guerres civiles avait été
jeté au feu par Charles IX. Mais il n'en
est rien ; rédigé sur les notes de
l'amiral par son ami Mornay, il a été
JtS2
COL
L»UÏ«VEI«.
€ùj:
nublié avec les œuvi^s de ce célèbre
. lomiïié a'£tat.
François pB Cûligt^i^ fils de rami-
ral., né en 1557, éoiappé au massacre
de h SaiDt-Barthélemi , se réfugia d'a-
bord à Genève, puis à Bâle; il rentria
ensuiie en France , et se joignit aux
. méconteiits , commandés par le duc
d'Alehçon.. A la paix qui suivit, la mé-
moire c|e Famiral Coligni ayant été
réhabilitée, son fils fjut remis en pos-
session de ses biens* Pendant les guer-
res de. la li^Ue, Fraoçpis de Coligni
resta fidèle a Henri ÏV, qui le réconi-
pensa par le gouvernement de Bour-
gogne 4 )jaip la place de colonel général
de riniantèriè que son père et son oncle
avaient remplie, et par celle d*amiral
^e Guyenne. Il mourut en 159 1.
Gaspard Di Cohiùm-CHATi'LLO^ ,
troisième du nom , fils du précédent ,
né en 15Ô4, fit ses premières armes en
Hollande contré les Espagnols, et ob-
tînt, ehsuite |a place de colonel général
de l'infanterie. Ayant remis Aigues-
Mortes au pouvoir du roi en 1622, il
fut nommé maréchal, et fit. avec des
Succès variés, la campagne de Savoie,
de Flandre et de Picardie (1630-1638).
Il repâssâ en Piémont en 1639, revint
éh Flandre Patthée suivante, et fut
battu à là bataille de la Marfée. Il se
retii^a du service après cette défaîte, et
hiourut en 1646. Il était très-coura-
géux , et en donna de brillantes preuves
dans lés plaines d'Àvain , où il décida
la victoire (i63à), à la t)rise de Dàm-
villiers (1637.), au siège d'Arras (1640J,
et même à la Marfée (164i), où il resta
$eul sur lé champ de bataille avec sept
bu huit combattants, et fit de vainis
efforts pour rallier les^ fhyards. Mais
on Ta accusé d'avoir souvent com-
{)romis le succès de ses troupes par sa
enteur et sa nonchalance. .
Gaspard de Golignî , duc de Ghâ-
tillon, lieutenant général des armées
du roi, fils du précédent, abjura le
calvinisme en 1643, et mourut eh
t649, à l'âge de trente-quatre ans, d'une
lessure ^u'il aVait reçue à l'attaque de
tlbàreilton. Il lajsàâ un filk, mort à
l'âge de dix-sept ans, et en qui finit la
postérité de l'atifilral dé Golignt.
GoLiGNY (Jean de>» eomte de Bdh
ligny et baron de la Motte Sai^V^ean,
ne en 1617» fut le compagnon fidàé du
prince de Gondé, pendant la guerre de
ta Fronde, et commanda ensuite en
Hongrie les^ six mille auxiliaires franr
caîs qui prirent une part glorieuse à
la victoire rempjortée sur les Turcs ,
auprès de Saint-Gothard. Affaibli par
l'â^e et les infirmités, il passa les der*
"lieres années de sa vie dans son châ<
éaù de la Motte Saint- Jean, situé près
'e Bigpih, sur les bords de la Loire,
Ai il lui pri}; fantaisie d'écrire un
abrégé de sa vie sur les marges d'uii
jnissel en vélin, in-4*^ dont Mirabeau
fit l'acquisition. Ges mémoires , gui
^'occupent guère gu'une bulnzainé
dé pages in-8°, ont été publies pour là
première fois en entieir, il y a peu d'an-
nées , dans les pièces justificatives dé
la monarchie de Louis XlV, par '
M. Leniontey. Outre une ëurleuse
peinture de mœurs, ils offrent encore
des détails d'un haut intérêt sur les
vues ambitieuses du prince de Gondé,
que l*auteUr accuse a'avoii* voulu de-:
trôner Louis XIV, et dont il rte fait
jamais reveriir le nom sans l'accompa-
gner d*urte épîthète Injurieuse.
GoLiN (Pierre Gilbert), surnommé
Chatnaulty compositeur de musiaué
et premier chapelain de la chapelle des
enfants de France pendant lé règne de
François P% de \bii à 1586. M. té\\i
cite de lui huit messes publiées à Lyon
en 1541, in-fol.; de^ hiotets et uii ma-
gnificat.
GoLlNÈS (Simon dfej , célèbre Im-
J)rimeur français du seizièhie siècle,
naquit à GentiUy, près PéHs, suivant
lés uns, et en Picardie suivant leâ au-
tres. Après avoir , travaillé Quelque
temps chez HenH Étienhe, dont il de^
vint l'associé , et dont filus tard il
épousa la veiive, il mouriit en 1546.
CoLïN-MAiLtAiRD (jcàrt) était uii
guerrier fameux dii pays de Liège, fait
chevalier, pour ses exploits , pal* Ro-
bert, roi de Fratocé, eii 9ôé. Dans Iâ
dernière bataille qh'il livrîi àuncoltite
de Lbuvain, il eut, dit-bn, lés deqx
Veux crevéâ , et n'en eontliiuA psJÉ
itioinS) guidé par ses êcnyers, àitâppér
iw
FTtAIÎCR
cw»
2M
^ri) ji^r V^nqeqn aveo soa redoutable
l^9iilet ^ «on arme de prédilection ^
ceUe. ^î. Iw avait ralu )e surnom <Se
MçiiUnf^ ï^ est sans doute le sou-
venir historicfue ^u(^^eî\ Il faut rappor**
ter rinv^ntion ou au moins la déno-
mination de Tantique jeu de ÔoliU'
.. JG;<H*I4-S (le Père), jésuite, néàXbion-
vifte vers 17âO, partit en 1767 pour
PéHi^^ et remplit auprès de Fempe^
re^ de la Chine les fonctions de ma-
thématicien, fi a enrichi le recueil des
Mémoires sur les Chinois de plusieurs
travaux fort importants. Il est mort à
Pékin en 1781, .
COI^LATION DES BÉNBFIGES. Voy.
BÉNÉriCBS etlNYESTlTUBES.
. Coi^LS (Cliarles), chansonnier et au-
teur dramatique, naquit, en 1709, à
Pfiris, où son père était procureur du
roi au Châtelet et trésorier de la chan-
callerie du palais. Cousin de Regnardi
il soutint rhonneur de cette parentç
par une gaieté vive et spirituelle qui
éclata dans des ouvrages précoces. Ce
fut en vainque ses parents cnerchèrent
à lui faire embrasser une profession
plus sérieuse que celle vers laquelle il se
sentait entraîné: faire des comédies,
des chansons, lui paraissait Toccupa-
tîoii la plus heureuse. Nos vieux chan-
sonniers eurent d*abora ses affections ^
piais il admirait davantage, çt avec
raison , les cpuptets de Wnàrd, 11 se
lia avec ce poète,, et, bientôt après,
avec Crébitfon.; les cQnseils de ces
deux amis exercèrent éur son goût une
influence i^tile^^ils étalent dé cette fa-
jneuse société du Caveau, où régnaient
la gaieté, Tesprit, la franchise, et y
appelèrent Collé, pluâ dighe que per-
èpnne ay prendre sa plaCe. Après ta
qissplutibh de cette académie chan-
tante. Collé fut admis datis là société
dû duc d'Orléanâ, dont un des princi-
t)aux amusement^ était de jouer la
comédie. Ce fut |)our lès plaisirs de
cette société quMl ooinposa toutes ces
mnàtm dont plusieurs ont été recueil*
lleç dans son théâtre* Le prince le
HP^iitiiâ m de S66 lecteurs ordinaires,
et lui ddUtia dans seë sôhâ-fermes iin
ihtérêt q|ui lui procui^a tiUe existence
aisée, Ils'essaja ensuite sur.uqi» plus
grande scène, et donna ^ en i763« aq
Théâtre-Francis » une cpmédie inti-
tulé pupMÎs et iksronais^ qui reçut
du public un excellent acqueiî. Lia eo-
médie ae la y:eu\>e n'y e^t qu'une re-
présentation. La partie de chasse de
HeÀri Jf^ n'y fut Jouée qu'eu 1774;
mais elle 1 était, déjà depuis .près de
dix ans, et avec le plus grana /succès,
sur les théâtres de spciet^ et de pro-
vince. « Parmi les comédies de se-
cpnde classe, il en est peu d^aussi sui-
vies et d'aussi intéressantes que cette
pîèce^» ait la Harpe. Il accorde le
même éloge à Dupuis et Desronais.
« C'est, djt-il, une pièce de caractère;
celui de Dupuis est bien soutenu , et
s'il n'est pas dans l^ordre commun, il
n'est pas non plus hors de nature
La versification est la partie faible de
cet ouvrage; c'est de la prose rimée et
construite avec assez de peine. Mais
tous les sentiments y sont naturels.
Cette comédie laisse au lecteur beau-
coup à désirer sans que le spectateur
puisse s'en a[)ercevoir. » Dans le théâ-
tre de société , on trouve une gaieté
originale et franche , mais qui va sou-
vent jusqu'à la licence , et qui porte h
cet égard le cachet du temps. Les chan-
sons de Collé font une grande partie
de sa gloire, ei on en gardera le sou-
venir malgré le discrédit où a çU les
fairetomber de nos jours un héritier du
genre, qui eh a agrandi les limites. Dû
resté, Collé, dân^ là chanson, ne à'est
pas exclusivement borné aux sujets;
galants et grdveleiiî , comme l'a i^it
remarquer Béranger lui-même, tl à
aussi chansohné les ridicules littérai-
res et célébré les événements natiô-
lisiux. U chatîsdn sur la prise de t>ort-
Mahon lui valut une pensiou de èoo
livret. 11 a laissé plusieurs fnanuscrits,
parmi lesduels se trouvé un Comlhën-
taire sur les tragédies de Voltaire, oli-
vragé où il prétendait venger Cor-
liëille, qd'il admirait beaucoup, de
Voltaire, qu'il n'aimait pas. Il hidiirut
en 1783.
Collectes , CbttfefcTEijBis. — Ijé
mot collecte, qùl fe'emplôvàit ancieh-
rièment ^ouir ext)Hmer le recouvre-
384
GOL
L'ONrVERS.
€OI.'
ment de toute espèce de droit péca-
Dîaire ou d'impôts , ne signi6ait plus,
au moment de la révolution , que le
recouvrement de Timpôt sur le sel et
de la taille. Longtemps en France les
communes eurent le ciroit de voter les
impôts et de les faire percevoir par
des collecteurs nommés par elles. Un
grand nombre de chartes du quator-
zième siècle établissent d'une manière
irrécusable ce droit, qui survécut à
Tanéantissement des franchises com-
munales , mais qui au seizième n'était
plus qu'une charge ruineuse à laquelle
chacun cherchait à se soustraire, car
les collecteurs étaient responsables de
la recette, même lorsqu'ils n'avaiisnt
point touché, et après un certain délai
on pouvait les contraindre à payer de
leurs propres deniers les tailles de toute
la paroisse , sauf leur recours contre
les habitants. Aussi les communes
abandonnèrent-elles bientôt le droit de
choisir des collecteurs; le pouvoir se
vit obligé d'en nommer d'ofnce.
On appelait collecteurs des amendes
les préposés à la perception des amen-
des prononcées pour les contraven-
tions concernant les eaux et forêts.
CesofRciers furent supprimés en 1777.
Les collecteurs du pape en France
étaient des ofGciers envoyés par le
pape pour lever certains impôts établis
au proGt du saint-siége, et qui avaient
principalement pour motif la défense
du christianisme contre les infidèles
et les hérétiques.
Collège de Feange. — Parmi les
savants qui s'enfuirent de Gonstanti-
nople après la prise de cette ville , et
vinrent répandre dans l'Occident le
§oût des lettres grecques, il en est un
ont le nom appartient à l'histoire du
collège de France : c'est Jean Lascaris,
l'un des plus éminents d'entre eux. Il
fut accueilli chez nous avec une dis-
tinction toute particulière, et c'est
dans son commerce que se formèrent
les premiers hellénistes français , et
surtout Guillaume Budé , i^homme
dont les efforts devaient contribuer le
plus à cette fondation. Cependant un
concile , celui de Vienne , venait de
recommander l'enseignement du grec.
Les premières tentàtÎTes qui forent
faites pour l'introduire à Paris n'eo
suscitèrent pas moins une violente op-
position de la part de l'Université, oà
régnait alors sans partage le latin des
scolastiques, et où la terreur qu'inspi-
raient les nouvelles hérésies, faisait
rejeter sans examen toutes les inno-
vations. Cependant Budé étant deve|;iu
bibliothecaire.de François P', trouva
dans Pierre du Chastel , premier au-
mônier du roi, et dans Guillaume
Parvi ou Petit, son confesseur, deux
zélés partisans. Tous trois pressèrent
de concert l'exécution d'un projet qui,
d'après une lettre du*premier, paraît
avoir été arrêté dans l'esprit du sou-
verain dès 1518 : c'était de fonder un
collège où le grec serait la principale
branche d'enseignement. Ce collège de-
vait être placé dans les bâtiments de
l'hôtel de Nesie, et avoir cent mille
livres de revenu pour l'entretien de six
cents places gratuites. Budé écrivit,
f)ar l'ordre du roi , à Érasme , pour
'engager à en venir prendre la direc-
tion, nonneur que celui-oi déclina
tout en donnant les plus grands
éloges au projet , dont l'exécution fiit
ensuite retardée par les graves événe-
ments qui suivirent; mais, après la
paix de Cambrai , des lettres patentes
du 24 mars 1529 {*) fondèrent, sous
le titre de Collège royal ^ l'école où
devaient enfin revivre chez nous les
doctes traditions de l'antiquité. Il est
vrai qu'il ne fut plus question de lui
assigner un local qui lui fût propre ;
mais le plan primitif fut étendu , et,
avec l'enseignement du grec , il em-
brassa celui de l'hébreu. Les profes-
seurs, ou lecteurs royaux, comme on
les désigne encore , uirent d'abord au
nombre de quatre. C'étaient , pour le
grec, Pierre Danès, élève de Lascaris,
et Jacques Toussatn, élève de Budé;
pour l'hébreu, Paul Paradis, dit le
(*) Il £Biiit se rappeler qu'il était encore
d'usage a cette épo(|ue de faire commencer
Tannée à Pâques, et que par conséquent si
Ton veut ramener a notre calendrier la date
des événements survenus du premier jan-
vier à cette fêle , il faut forcer d'une unité
le chiffre de Faunée.
COL
FRANCE.
COL
285
Canosse , juif converti , et l'Italien
Agathias (juidacerio. L'un des deux
derniers ne tarda pas à être remplacé
par François Vatabie. La jeunesse des
écoles se porta en foule pour entendre
ces nouveaux maîtres, qui comptèrent
Amyot parmi leurs premiers audi-
teurs. Chaque cours en réunissait près
de cinq cents. L'enseignement des
sciences fut bientôt associé à celui des
lettres. En effet, en 1532, Oronce Fine
fut chargé d'y faire un cours de ma-
thématiques conjointement avec l'Es-
pagnol Martin Poblacion. On avait
d'abord hésité à faire figurer le latin
dans le programme^ ann de donner
moins d'ombrage aux anciens collèges,
qui redoutaient la concurrence que
pouvait leur faire le nouvel établisse-
ment, dont les cours étaient gratuits.
£n 1534, cependant, ou créa la chaire
de langue et de littérature latine, qui
eut pour premier titulaire Barthélemj
Latomùs ou le Masson. Mais l'Uni-
.versité n'avait pas attendu cette me-
sure pour donner des preuves de ses
dispositions malveillantes à l'égard des
lecteurs rovaux. L'année précédente,
le syndic dfe la faculté de théologie
avait porté au parlement ses griefs
contre ceux qui étaient charges de
l'enseignement du grec èt'de l'hébreu,
les accusant d'affaiblir le respect dil à
laVulgate, en se permettant d'expli-
quer directement les textes sacrés,
bien qu'en cela ils ne fissent qu'exécu-
ter la lettre de leurs statuts! On ignore
quel jugement fut rendu ; mais les le-
çons continuèrent. Les cours se fai-
saient encore dans des salles des col-
lèges de Cambrai ou des Trois-Évéques
et de Tréçuier, qui occupaient alors le
terrain ou devait plus tard s'élever le
Collège royal. Au mois de décembre
1539 , François l" signa une ordon-
nance pour 'faire passer les marchés
relatifs aux constructions qu'il y pro-
jetait , et qui devaient porter le nom
de Collège êtes Trois tangues. Si le
mauvais vouloir du chancelier Poyet
empêcha que ce projet ne fût exécuté
alors, il ne put empêcher du moins la
création, en 1542, de deux chaires pour
la médecineet pour la philosophie; \ts
nouveaux professeurs furent VidusYi-
dius ou Vital Vidaro et François Vi-
comercato. Les lecteurs royaux se
trouvaient ainsi au nombre de neuf.
Ils étaient traités de commensaux de
la maison du roi, et François P*" leur
avait accordé, avec 450 livres d'ap-
pointement pour chacun, l'exemption
de tous impôts et subsides. Il voulait
même leur assigner de plus une bonne
abbaye; mais cette promesse ne fut
f»as réalisée. En 1543, ri les plaça sous
'autorité immédiate du grand aumô-
nier, et le premier qui fut , en cette
qualité, chef du collège de France, fut
Antoine Séguin, dit le cardinal de
Meudon. Jacques Colin, l'un des aumô-
niers ordinaires du roi, et son lecteur
particulier, para}t avoir eu la direction
de rétablissement jusqu'à cette épo-
que. La dernière marque de faveur que
François F' donna à ses lecteurs fut
l'édit de mars 1545, qui les rendait
justiciables des seuls parlements.
Quant à rUniversité, elle fut déboutée
de sa demande, lorsqu'à l'occasion de
quelques troubles survenus en 1556,
elle voulut renouveler ses anciennes
prétentions.
Pendant les guerres civiles , le
nombre des élèves du collège de
France diminua graduellement, et
les" leçons finirent par être entière-
ment suspendues. A la fin de 1562,
les professeurs reprirent leur ensei-
gnement , et en même temps touchè-
rent une partie de leurs appointe-
ments arriérés. Un des hommes qui
honoraient le plus le collège à cette
époque était Pierre Ramus ou la Ra-
mée , qui occupait , depuis 1551 , la
chaire d'éloquence et de philosophie.
Nul ne se montra plus ardent que lui
à maintenir les privilèges du corps des
lecteurs, dont, en 1566, il se trouvait
le doyen. A roccasion d'une nomina-
tion peu goûtée, il obtint, cette année
même, l'ordonnance du 24 juin^ ré-
glant que les professeurs <]ui se pré-
senteraient à 1 avenir seraient exami-
nés publiquement , avant leur entrée
en fonctions, par leurs collègues; et,
l'année suivante, les lettres patentes
de Mouhns, datées du 8 mars, por-
28Ç
COL
L'UNIVERS.
c6t
tafit qottlea tandîdtlft ne Bevafeo^ pré*
sentéi àiftnomiBaliOndii roi qn'apr^
cet eoLaéiea. Toutefois, ces presQriip-
tiens pavaissent û'airoiir }afoms é^
fort reipeetées. 11 est ^vieux ée vqu^
àans qiieis termes Ramus peigeait la
situation des professeurs en réclamant
auprès de Calneriiie de M^dids, Téj^ec-
tioo d'un bfttiment où leurs cours pi^.
sent être réunb. ^ Ils se servent, di-
« sait-U, par oiaoîièrç 4e prest, d'ur«e.
« salle, ou plustôt d'une rue, so^s tel-
« les conditions que leurs leçons sont
f sqjettes à être destour||»ées par U
« passage des crocheteûrs et lavsD*
ft dières. » R^^n>^s fonda, par son tes-*
ornent en date du y août 166a, uç^
nouvelle chgaire de mathématiques,
laquelle subsista jusqu'en 1732. Il avait,
liégué pour cett^ fondation une rent^
^e bûQ livres sur Thôtel de ville. Vers
î^ 9iênie teoops , l'Université obtint
çsiôtk un arrêt assujettissant à ses sta-
tuts tous oeux qui enseignaient quelque,
science que ce fÛt, et souoiet tant les
Içctçurs royau^, ^oùj^çonnés, à ce qu'il
paillait, d'hérésie, à signer upjB profes^
sien de foi rédigée par elle. Leur pré-
sence k ses processions fut cependant
ce qu'elle en obtint de plu$ positif.
Chdjrles 1% organisa de nouveaux
cours de pbiiosopnie et de médecine i
Henri IIJ, en 1587,^ créa des chaires
dé chirurgie et de langue arabe, et une
chaire de philosophie i^our l'explica-
tion dju Nouveau Testamehf;, et il aug-
mienita de l$p livres les appointements
dfss lecteurs, pour les récompenser de
leu^ fidélitjé pendapt les premiers trou-
bles de la M^ue. Leur traitement se
trouvait ^insi porte à 200 écus d'or, et
l'onesl; étonne de les voir profiter des
bonnes 4is|,osit;ions de son successeur
ppur réclainer le pa^en^ent d'j^n fort
long arriéré» « Pestime mieux , dit
A âenri ly, qu'on djmiiiu^ de ma de;
« pense e^ qn^qn, en ôte de ma tablé
* pour en, payer mes lecteurs. » Il
porta, plus tard leurs appointements
de 6Q0 livres à 900, fooaà des chaires
d'anatomi(9 et de bptanique, et fit re-
connaître, en 1609, par Sully et dé
Thou, le terrain occupé par les collèges
de Tréguter et de Cambrai, afin d^
plaofir l^^iftcje^ dggcLt Xir^ùjÇi étail
récUat^ dépuif $i long^enips- X^ bl-
bliQthèquç ou roi, alors à Font^c^e-
bJeau, devait y être tr^ua^pprtée. ^^
iiçmX surprit ^enri IV ai;i lïoîlîçu dç
ce^ projets. Ce fut tiOi^is ^I^ qu^
posa, le 28 apûtl610, la pr«mjiei;e
pierre de la construction, arrêtée par
son père, et qui, terminée seulement
dansi quelques ^ties en ^634, resta
ensuite longtemps inachevée. Le méme^
prince fonda une seconde chaire d'a-
rabe et; une chaire de 4roit canoli*
Vancienue querella du collège et de
L'Université se ranjmaen 1625. La ri-
valité de deux prétendants à U chaire
de Kajmus. avait occasionné quelques
troubles. Le recteur aj^ant. voulu s'in«
terposer, l^s lecteurs royaux en masse
se plaignirent de cette démarcfîe
comme d'une ajtteinte à leurs privilè-
ges. L'Université , ,de son côté , die-
nianda qu'ils rçconm^ssent définrtÎY'e-
ment l'autorité de son dief , et qu'on
ne. nommât plu$ aux places vacantes
que des lionimes pris dans ^oç sein.
Elle appuyait particulièrement sur la
Qécesàit^ de faire cesser Pa)3ils du tra-
fic des chaires, qui avait surtout été
Qagrantsous l'administration deis car-
dinaux du t^erron et de la Rochefou-
cauld. Un arrêt du 8 aoât ayant ac-
cueilli la demande de l'Université, les
lecteurs royaux adossèrent piusieurK
requêtes au conseil, qjai, par on airrdt
du 18 marà 1633, reconqut le grand
aumônier pour unique chef dû colljége
de France, et fit défense an reeteur
d'y prétendre à aucune autorité. t.cs
choses demeurèrent dans cet état jus-
qu'à la mort du cardinal* Barberin^ ea
1671 ; alors radministratmn de réta-
blissement entra dans^les attrifoutioits
du ministre de la maison du roi , qui
était le grand Colfoert. Depuis, les rap-
ports du grand aumônier avec les toc-
teups i;oyaux se bornèncent ao droit cte
recevoir leur serment.
Louis XI^ ne paraît avoûr été que
médiocrement favoraMc aux profes-
seurs du coHége de France :cçr il di-
minua leurs appointements. R ^nda
néanmoins une seconde ehafre d]edk*ott
canon et une de syriaque. Quâiit an
COL
F&àNCE.
coi
287
«OM^ 4» ixo\\ fywnqsis quà j^ fut gnr
y^t ^ 16S^4 U ^it ceas^ faire pactie
de t'fioseignemeiit^ de ia faculté. Sou^
oe règne, ou créa, avec le titre cfiuSK-
peoteur, up fopM^tioDoaire chargé dis
radmînistration intérieure. Le pre-
mier qui pecupa ce post^ fut J. Gal-
lois, nommé en 1684. En 1758, époque
où écrivait Tabbé Goujet, auteur d un
oaémoire historique sur le collège de
France , le personnel de cet étabnsse'-
^leut se composait c|e dix professeurs.
Bas lettres patentes da 16 mai 1772
. çoQ^rniérent cçtte organisation , que
y\at modifier un a^ret du conseil du
âû iuin 1773, en substituant un cours
. d^ mécanique à celui de syriaque , un
. àe littérature française à celui de phi-
losophie grecque et latine, un de turc
et 4^ persan au second cours d'arabe,
un d'histoire naturelle au second coui^s
4a ijnédecine, ua de droit de la nature
et des fl^ens au second cours de droit
canon. En 1774, on fit disparaître leç
vieux bâtiments qui entouraient Tédl-
fice comnç^ncé par Louis XIII; et, Iç
22 mars, le duc de la Vrillière posa la
première pierre d'un nouveau corps de
logis donnant sur la place Cambrai. I^
f(<it construit sur les dessins de Chal-
giin, et achevé au bout de quatre ans.
SéQ peintre ïarraval décora le plafond
e bi grande s,alle d'un taJt>,leau qui
«'existe plus.
Le collège de France fut au nombre
des établissements que daps son rap-
port sur rinstructioH publique en 9i,
Tallef ran4 proposait de fondre dans
rinstîtut.' Sa proposition ne fut pas
adoptée. X>e 13 juillet 1795 (25 messî-
cior au m) la Convention autorisa les
professeurs à continuer Içurs fonctions
comme par le passé , et les assimila
Sourie traitement à ceux du muséum
^histoire iktjurelle^ qui recevaient
6, 000 fr^ L'établissement, placé alors
dans lés attributions du ministre de
Fiutérieur, prit le titre de Collège nq-
tix^haL gu'il changea en l'an xiii con-
tre çeku de Ççllêge impérial^ pour re-
prendre à la restauration son titre
primitif. En 1816, sous Tadministrà-
Ijion dç iy{. de Yaublanc , les appointe-
ments furent réduits à â,000 fi^. La
même amo^, on cj^é^ les chaires de
sanscrit et de cliînois , confiées , Tune
à M. Chezy, l'autre à M. Abel de Ré-
JUdusai.
Le collège io France a été de nos
jours témom de diverses disgrâces po-
litiques. Le 30 décembre 1823, une or-
donnance signée Corbière destitua,
pour cause d^pinion, M. Leftvre-Gi-
neau; puis, comme par uiie sorte dô
réaction^M.'Récamier, nommé en 182^
à la chaire' de médecine, fut obligé,
par les manifestations d'une jeunesse
^ui avait peu de sympathie pour les
élus du pouvoir d'alors, de fermer son
cours à peine commencé. Nous avons
vu encore , en février 1831 , un mois
avant l'ouverture du cours d'économie
politique dé J. B. Say, M. Tissot sus-
pendu de ses fonctions, ou plutôt
femporairemeut destitué , pour avoir
publié son Précis de Thistoîre de Id
révolution^ et plus récemment le pro-
fesseur de l'histoire des législation^
comparées trouva , dans les admira-
teurs mêmes de son talent, d'inexora-
bles ju^es de sa conduite politique.
Apres avoir été longtemps dans le$
attributions du ministre de rintérieur.
le collège de France pass^ , le 4 avril
1831, au ministère des travaux pu-
blics! Le 11 octobre 18^2; H rentra
dans son département naturel, celui de
^instruction publique- tout en demeu*
rant en dehors ae radmînistration
universitaire. Quant à soti organisa-
tion intérieure ,. elle resta telle que
l'avait établie une ordonnance royale
du 26 juillet 1829. Le personnel actuel
se compose de vingt-quatre profts>-
seurs, dont l'un, avec le titre d^admi-
nistrateur, prèsjde les réunions. La
nomination aux chaires vacantes donne
lieu à^une double présentation, faite
d'un côté par lé corps d^s professeurs,
et de l'autipe par l'Institut. Le mi bis-
tre prononce entre les candidats lorsr
que, ce q^ui est extrêmement rare» te
même candidat n*est pas présenté des '
deux côtéSp Les décrets de FUntversité
impériale avaient déféré anx înspee-
teurs généraux de ces corps une troi-
sième présentation, droit que M. Frais-
sinous vouhitun moment faireterâfe
28S
€OL
L'UOTVERS.
GOt
lors de la Tacanee de la chaire d'as-
tronomie par la mort de Delambre, mais
3a*ils ne reYendiqnent pins aujour*
'bui.
11 serait trop long de donner ici la
liste complète des hommes distingués
qui se sont succédé dans les différentes
chaires depuis leur création. INous rap-
pellerons cependant que le collège de
France a compté parmi ses illustra-
tions dans les sciences . Gassendi ,
Tournefort , Daubenton , Lalande ,
Halle, Darcet, Portai, Corvisart, Vau-
queiin, CuYier, Ampère, Lacroix,
Tliénard; dans les lettres: Batteux,
Rollin, le Beau, de Guignes, Delille,
Legouvé, Andrieux, Sylvestre de Sacy.
Son programme embrasse aujour-
d'hui l'astronomie, les mathématiques,
la physique mathématique et la physi-
que expérimentale, la médecine, la
chimie, Fhistoire naturelle des corps
organisés et celle des corps inorgani-
sés, le droit de la nature et des gens,
la morale de l'histoire , les langues
hébraïque, chaldaîque et syriaque, l'a-
rabe, le persan, le turc, le chinois et
le tartare mandchou , le sanskrit , la
langue grecque, la philosophie grecque
et latine, la poésie latine, la littérature
française, l'économie politi<]f]e, l'ar-
chéologie, l'histoire des législations
comparées. En 1840 , le grand poète
polonais Mickiewiz a inauguré dans
cet établissement une chaire de litté-
rature slave , à laquelle on vient d'en
ajouter deux autres d'un intéréjt moins
neuf, mais plus actuel : l'une, des lan-
gues et littératures germaniques ; l'au-
tre, des langues et littératures de
l'Europe méridionale.
Le collège de France figure, au bud-
get de l'État en 1841, pour la somme
de 149,000 fr.
De grands travaux de construction
s'achèvent en ce moment, pour rendre
Elus digne de sa destination cet éta-
lissement, qui forme le plus haut
échelon de notre enseignement natio-
nal, et qui justifie plus pleinement en-
core aujourd'hui qu'il ne le faisait au
moment où il le recevait , cet éloge du
député Villars , rapporteur de la loi de
l'an III : « La Sapience à Rome , le
« collège de Gresham à Londres, les
«t universités d'Oxford et de Cam-
« bridge, celles d'Allemagne, ne pré-
« sentent point un systèAned'enseigne-
« ment aussi vaste , aussi complet ,
« aussi propre à conserver le dépôt des
« sciences et des arts. »
Collèges. (Voyez Uhivebsité.)
Collèges électobaux. (Voyez
Constitutions et Électeubs. )
Collégiale. — Dans les villes où
il n'y avait point d'évéques, le désir
de voir célébrer l'office divin avec la
même pompe que dans les cathédra-
les , fit instituer des chanoines régu-
liers qui vivaient en commun et sous
la même règle que les membres des
chapitres épiscopaux. Les églises des-
servies par ces chanoines étaient appe-
lées églises collégiales , on simplement
collégiales. Elles étaient accompagnées
d'un cloître qui subsiste encore près
de quelques-unes. On distinguait aenx
sortes de col égiales ; les collégiales
de fondation royale , comme les sain-
tes chapelles de' Paris, de Vincennes,
etc., et les collégiales de fondation ec-
clésiastique. Dans les premières, le roi
conférait les prébendes; dans les se-
condes , ces bénéfices étaient à la no-
mination de collateurs institués par
l'acte de fondation de ces églises.
Plusieurs chapitres de coll^iales
étaient même anciennement des ab-
bayes qui , dans la suite , avalent été
sécularisées, et dont les revenus avaient
été convertis en prébendes et en cano-
nicats. Telle était, entre autres, à Di-
jon, la collégiale de Saint-Étienne,
qui avait été antérieurement un mo-
nastère de l'ordre de Saint-Augustin.
Les chapitres de collégiales jouis-
saient des mêmes privilèges que les
chapitres de cathécfrales , mais à un
degré un peu moindre. En revanche,
ils étaient plus accessibles. Un bâtard
ne pouvait obtenir un canonicat de
cathédrale qu'avec une dispense du
pape, tandis que celle de l'évêque lui
suffisait ordinairement pour entrer
dans un diapitre de collégiale, où Von
pouvait aussi être admis beaucoup plus
jeune que dans ceux des cathédrales.
Quand la révolution supprima les
COL
FRANCE.
COL
389
cbdpitirés, et déclara propriétés natio*
nales les caDonicats et les prébendes ,
il Y avait longtemps que les chanoines
ne vivaient pins en commun , sauf
ceux que lés evéoues avaient réunis en
collégiales dans la ville épiscopale. Ils
étaient tenus toutefois à la résidence,
et pouvaient habiter à part partout où
ils voulaient , dans la circonscription
de leur église.
On comptait en France, en 1789,
526 chapitres de collégiales. Il n*y en
a plus aujourd'hui qu'un seul, celui
de Saint-Denis.
Collembebct , ancienne baronnie
du Boulonnais (auj. dép. du Pas-de-
Calais), érigée en marquisat en 1691.
Collet (Joseph), contre-amiral, né
à' Saint-Denis de Bourbon en 1768,
passa , en 1790 , des bâtiments du
commerce sur la corvette de guerre la
Bourbonnaise y et se signala depuis ce
temps par le courage qu'il déploya
surtout dans divers combats contre les
Anglais , dans les mers de l'Inde , en
Egypte , à Saint-Domingue. Comman-
dant de la première division de la flot-
tille de Bordeaux , Collet , dans une
sortie tentée avec cinq canonnières
seulement , captura un cutter anglais
et deux corvettes , après sept heures
d'un combat opiniâtre. Sa belle con-
duite comme commandant de la Mi"
nerve y dans le glorieux combat du
25 septembre 1806 , à la hauteur de
rtle o'Aix, lui valut de la part de
Tempereur le témoignage de satisfac-
tion le plus flatteur. Au sortir des
prisons d'Angleterre, où l'avait amené
cette dernière affaire , Collet avait été
nommé capitaine de vaisseau. Lors
du bombardement d'Anvers , il {par-
vint à préserver son escadre , qui se
trouvait devant cette ville. Le 30 avril
1815, il soutint dans le golfe de Na-
f^les, sur la frégate la Melpoméne,
'un des derniers et des plus beaux
eombats livrés aux Anglais par notre
brave marine. £n 1827 , il prit le
commandement de la division chargée
du blocus d'Alger. Malgré le danger
de ces parages et le délabrement de
sa santé, il remplit sa mission pendant
* quatorze mois, jusqu'à ce que son état
fût presque désespéré. Collet ne jouit
pas longtemps du titre de contre-ami-
ral dont on venait de récompenser son
mérite. Rentré à Toulon , le 30 août
1828 , il y mourut six semaines après,
emportant de justes et universels re-
grets.
CoLLETST (Guillaume), un des pre^
miers académiciens, naquit à Paris en
1598. De bonne heure, il consacra
tous ses travaux à la poésie et aux let«
très. Le cardinal de Richelieu ajant
vu de ses essais en poésie , le prit en
affection et l'engagea à travailler pour
le théâtre. CoUetet obéit, et composa
CymindCf ou les deux victoires; tragi-
comédie , et se joignit en même temps
aux poètes que Richelieu faisait tra-
vailler aux pièces qu'il aimait à lais-
ser passer pour son ouvrage. C'est
ainsi qu'il coopéra à l'Jveugle de
Smyme et aux Tuileries. Le cardinal
fut si content d'un morceau de CoUe-
tet qui se trouvait dans les Tuileries ,
qu'il donna à l'auteur six cents livres
pour six vers contenant la description
de la pièce d'eau du jardin. Il ajouta
« qu'il ne lui donnait cette somme que
pour ces six vers, et que le roi n'était
pas assez riche pour payer le reste. »
Colletet exprima sa reconnaissance en
termes où son avidité mercenaire s'é-
tale ingénument. Il disait :
Armand qui pour six vers m'as dannë six cents litres,
Qae ne puis-je à ce priy te vendre tous me» livres I
Cependant un mot de cette descrip-
tion déplaisait au cardinal. Un des six
vers était celui-ci :
La canne s'hnmecter de la bourbe de Teau.
Ce fut en vain que le cardinal vou-
lut faire mettre barboter. Colletet tint
bon , et déduisit les motifs de son opi-
nion dans une longue lettre. Le cardi-
nal achevait de la lire, lorsque plu-
sieurs courtisans le vinrent compli^
menter sur un succès que venaient de
remporter les armées françaises, et
lui dirent que rien ne pouvait résister
à Son Éminence : « Vous vous trom-
pez, répondit le cardinal en montrant
la lettre, voilà un homme qui, à Paris
même, me résiste en face. » Du reste,
cette résistance n'eut pour CoUetet au-*
T. Y. 19" Livraison. (Digt. xngygl., btg.)
19
2M
COL
LÎUMIVERS.
^m^
oune suite fâcheuse. Richeiiep ne fut
pâÈ le seul prôtMteor de Colletet
François de Harlay^ archevêque de
Rouen, lui ayant demandé une nymne
à la Vierge, lui envoya en payement
upe statuette d'Apolloni m argent. Il
eut aussi plusieurs places honorables
et lucratives, entre autres cette d'avo-
oat du roi aii conseil. Il possédait aussi
dans les environs de Paris des terreâ
considérables. Maii^ la frondd , et sur-
tout son inconduite, dérangèrent gra-
vement ses affaires. Dans les dernier»
jours de sa vie , il était à peu près ré-
duit à la misère, et Ses amis furent
obligés de se cotiser entre eqx pour le
faire enterrer. Ce poète , peu délicat
sur le choix de sa société habituelle ,
avait épousé successivement ses trois
servantes. Il a célébré )a dernière,
nommée Claudine , dans un grand
nombre de vers. Outre les ouvrages
dont nous avons parlé, il composa
des sonnets, des épigrammes. Il avait
de la facilité, et offre parfois des pas-
sages naturels et agréables , au milieu
d'un ^rand nombre de platitudes , de
grossièretés et de bizarreries. Il a
composé aussi divers Traités de poé^
sicy réunis sous le titre dtArtpoétU
que.
CoLLETBT (François), fils: du précé**
dent, né à Paris en 1628. C'est celui
dont Boileau a dit :
Tandis que Golletet, erotté jusqu'il l'ichiae,
S'en va chj^^er sou pain de cuisine en cuisine.
Dans sa jeunesse, CoUetet porta les
armes : if fut fait prisonnier par les
Espagnols et emmené en pspagne. A
son retour en France, il crut pouvoir,
comme son père, s'enrichir avec sa
plume ; mais il eut beau publier vo-^
iuroe sur volume , il tomba dans une
misère que Boileau eût mieux fait de
respecter. Sur la fin de sa vie, CoUetet
obtint le privilège du Jfmmal d^Àvisj
qui , selon toute apparence, ne le tira
pas de son dénûment. 11 mourut vers
1676. Ses nombreuses production^
sont tombées dans on profond oubli:
Collets (petits).— Au dix-huitième
siècle, on appelait de ce nom, des êtres
amphibies , appartenant à TÉglise par
la cdolécrâtioiB, et au monde par la \i»
cence de letfv conduite, port^nlUQ ^
tume de prêtre i Tétant qqelquefois,
et se faisant appeler Monsiepir rat)bé.
Toujours vêtus ay^ une coquetterie
rsolierohée , bien cbau^^és , t^ien pou-
di'és, le^ petits; collets étaie^ de toutes
les partiel de débauche des ^gneurs
libertins , et l'emportajeut prévue
loujDprs flur.eux par kuir? mes de
toute nature. Ils assiéges^ient les anti-
cliambres des ministres , inondaient
les boudoirs des femmes galantes en
crédit , des actrices à la mode et ri-
chement entretenues , se constituaient
les valets des prostituées de haut pa-
r^ge, chantaient, dansaient, sautaient
pour elles , faisaient leurs commis-
sions , les réconciliaient avec leurs
amants ou leur en procuraient d'au-
tres , se prêtaient enfin à mille intri-
gues, dans l'attente d'un bénéfice,
quelquefois même d'un évéché, que ces
femmes sollicitaient en leur faveur, et
qui souvent ne devait jamais venir.
Quelques-uns d'entre eut , suivant
une autre carrière , faisaient de petits
vers fleuris , comm« Tabbé de Bernis,
que Voltaire appelait Babet la bo9i-
quetiére; des contes graveleux , comme
l'abbé Gréconrt; ou des opéras-comi-
ques, commel^abbéVoisenoa. Les pe-
tits collets, dans liésqùeis il ne faut pas
confondre les abbés t)ubo8, Mabiy,
Condillac , Morellet , Kay^al > etc. ,
qui se sont occupés de matières histo-
riques , philosophiaues et écoDoiai-
ques , les petits collets , dGsona-opus ,
ent disparu à la révolutioo, et n'ont
point encore reparu.
COLLiBERTS. — On désignait sous
ee nom une classe d'individus qui peu-
vent se placer à peu près indifférem-
ment, ou au dermer rang des hommes
libres ou à la tête des serfis. Soit que
leur nom signifie ^rancf du coi ou cte
çoUier, soit qu'il serve à dési^or
proprement les aiSfranchts d'un même
patron (*) , il n'en est pas moins cer-
tain qpe les colliberts étaient privés
en pwrtie de la liberté. Leur maître
pouvait les vendre, les échanger, les
donner comme les serfs. Leur^ oifants
{*) De cum eide^UUrtus, i^a Canee*}
C0h
FRA9CB.
COL
«1
fîi^lussment la Ipi de leur Qrigipc^ , ($>
ne pouvaient être e^x-mêmes qije poW
Ifberts. Cependant il résulte de pli|-
sieùrs exemples fournis pér les ançienr
nés chartes (*), quç Içs cerfs étaient
inférieurs aux çollibertsii dsiu^ la classa
desquels ils pouvaient e;ntrer par up
enfin , g^e l[es çoUiberts étaient en
quetgue aortç des serfs libres, et diffé-
raient peu des anciens colons, qu'ils
faraissént avoir remplacés. (Voyez
'EBSONNiis [état desj. )
Çollibe:^ts de Ve*ndke.— Il existe
encore dans les marais de la Vendée
une certaine race d'hopmes connus
sous le nom dé colliberts , qui , d'or-
dinaire , n'habitent que dans leurs bar
teaux. C'est une race vagabonde et
presque sauvage , descendant , disent
quelques auteurs , des anciens Agesi-
nates CombolectrL Ces malheureux,
qui sont pour les s^utres habitants ug
objet dé mépris et de crainte supersti-
tieuse, s^ adonnent presque exclusive*
louent à la pêche. On les regarde, maiç
à tort, comme des espèces de crétins.
Ils se tiennent principalement vers lei^
embouchures du Lay et de la Sèvrç
niortaise , et ne doivent pas être con-
foi^dus avec les hùtUers des maraiis.
(Voyez HyTTiEBS.) Ils ne s'allient
qu'entre eux , et forment une race
particulière , qui diminue chaque jpuç
et Onira inévitablement par s'éteindre.
Leur nom vient probablèinent de ce
que, durant la féodalité, ils étaient
ce qu'on appelait cotUberis, classe in-
termédiaire entre les serfs et les hom-
mes libres. (Voyez l'article précédent.)
CoLLi^Ei^. — B^ieç avant la conquête
de la (jaule par Jules César , le collier,
appelé torques, était un omettent mi;
litaire en usage chez les Gaulois ; c'est
ce que prouve évidemment l'histoire
de Manhus Torgtmtus. Quand les Ro-
mains eurent fait de la. Gaule une pro-
vince de leur empire, ils donnèrent le
collier avec la ceinture à quel,(|ues ma*
gistrats , comme signe caractéristique
(*) Voyez entre autres le Cartulaire d^
Saint-Père de Chartres, publié par M. ^uèr
r?«ç4» ^•IjIP- *"^*
de leur aqtQçité. Quant ai^ çoHier mi-
litaire, qu'ils avaient auss^ adopté, il
n'^a^t pa^ nécfçsàj^e, pouç )ç pp.rter ^
d'être piaryqnii à| ui^ grade {çrt éleyç ;
car on vQJt d^p^ Anomiei) -. j^ariptellin
que ciet Qrnement était une d^^ fna?-
quçs distin.Qtîyçs d^ ^ade de drqgor^
noire , w porte^enseign?.
Il y avait des oçlliers dc) plusji^^r^
espèces : cç^.mi des sq^dat^ çjuxiliair^
étaieint d'oir, ceux (]e$ citoyen^ 0^ 14-
gionnaires étaier^t d'^irgent^ et cette
distinction était rationnelle ; car les
premiers, en défendant l'enipire, ex-
posaient leur vie pour des, intérêts qui
leur étaient étrangers, tandis que le^
seconds ne faiisaient que remplir un
devoir* Ces colliers consistaient, ep
trois cordons entrelsicés *, c'était la
marque de la victoire , et un en déco-
rait après le combat les guerriers qui
avaient vaillamment cq^nbattu.
Au moyen â^e , |e collier devint u^i
des ornements des chevaliers, çt il fut
adopté comme marque distinQtive. p^
les différents ordres militaires.
Cependant la coutume de dounear
des colliers aux personnes que l'on es-
timait, ou dont on vpulait réçompeu-
ser la bravoure , ne sei perdit point
pour cela ; seulement ces g^es de
considération prirent le nom de chaî-
nes. Louis XI en décora les députés
suisses qui lui apportèrent la ratifies^
tion du premier traité d'alUance que la
France ait signé avec la confédération
helvétique. Le même roi, assistant au
siège du Quesnoy , et ayant vu avec
quelle valeur avait mpntÇ à t'ass^aut^
Raoul de Lannoy, l'up. de $es plus
braves capitaines , lui dit à la fin de l^
journée , en lui jetant autour du ço\i
une chaîne d'or , de la valeur de, cinq
cents écus : « Par la Pâque-Dieu, n^Qn
« ami , vous êtes trop furieux ei^ un
« combat , il faut vous enchainçr \ car
« je ne veux point vous perdre, dési-
«*rant me servir de vous encore plu$
« d'une fuis. »
Depuis, le collier a ce^sé 4'êtfeun^
décoration militaire, pour devenir une
parure de femme et le signe distinctif
^e quelques fonctions subalternes,
fellçs quç céJ^ 4^8 huissiers dç^ p.a<j
19.
392
COL
LUIrtVEftS.
IX>L
lais ropax, des chambres législatives,
des ministères, etc.
CoLLiBB (affaire du). (Voyez Ca-
GLIOSTBO , LAVOTTB et ROHÂIf . )
CoLLiN DB Vebmont (Hyacinthe),
Tun des meilleurs peintres du dix-hui-
tième siècle , naquit à Versailles en
1693. Il fut élève de Rigaud et alla
compléter ses études en Italie. Il fut
reçu membre de l'Académie de pein-
ture en 1725 , et devint professeur en
1740. Il mourut en 1761. Ses ouvrages
sont trop nombreux pour que nous
puissions les citer ici.
CoLLiN d*Hableville (Jcan-Fran-
çois ) , auteur dramatique , naquit à
Mevoisin, près de Chartres , en 1755.
Il vint achever ses études à Paris , et
s'y flt recevoir avocat ; mais cette pro-
fession n'était point conforme à ses
goûts, et, entre autres pièces de poésie
où il s'essaya à cette époque, il fit une
élégie sur le malheureux sort d'un clerc
au parlement. Le genre satirique dans
lequel il s'exerça d'abord ne convenait
ni à son esprit ni à son humeur. Il
l'abandonna bientôt pour le genre co-
mique y OÙ il ne porta pas beaucoup de
force ni de gaieté, mais où il plut ce-
pendant par la pureté de son goât , la
douceur élégante de son esprit , et
l'ingénieuse facilité de son style. Il
débuta par ^Inconstant. Cette comé-
die , composée d'abord en cinq actes,
puis réduite à trois, fut applaudie
comme l'heureux essai d'un talent ri-
che d'avenir. Deux ans après , parut
rOptimiste y qui fut également bien
accueilli. « L'intrigue en est un peu
faible, dit la Harpe, mais bien conduite
et bien ménagée ; elle a même un mé-
rite dramatique , c'est d'amener natu-
rellement les incidents qui font res-
sortir le principal caractère ....
M. Collin a fait son Optimiste sur un
plan analogue à son caractère , qui le
porte aux idées douces et aux senti-
ments philanthropiques. » Excité par
ces encouragements , Collin d'Harle-
Tille produisit les Châteaux en Espar
gne , pièce amusante, malgré de nom-
breuses et fortes invraisemblances, et
le Fieux célibataire, qui est son
chef-4'œuvre, sans mériter réellement
le nom de comédie. Depuis ce tomps
son talent baissa , et ses succès au
théâtre devinrent de plus en plus rares.
Cependant, il fît représenter un grand
nombre d'ouvrages , tels que M, de
Crac y farce ingénieuse , mais faible ;
Rose et Picard, ou la suite de VOpti-
miste ; les Deux voisins , ou être et
paraître; la Défense de la petite
villCy pièce qui honore plus le carac-
tère de l'auteur que son talent; les
Artistes; les Mœurs du jour y ou VÉ^
cote des jeunes femmes; les Riches;
Malice pour malice , etc. Palissot ,
dans ses Mémoires littéraires , a jugé
sévèrement Collin d'Harleville : non-
seulement il lui refuse la force comi-
2ue, mais même toute gaieté et toute
nesse. « Le ton doucereux , ajoute-
t-il, le ton sentimental et quelquefois
même un peu niais , qui est le ton do-
minant de presque tous les ouvrages
de Collin d Harfeville , l'absence totale
de sel et l'insipidité qui les caractéri-
sent, prouvent qu'il n était pas né pour
la poésie. » Il y a sans doute dans ce
jugement une dureté injuste ; mais il
est certain qu'on ne peut lire long-
temps le théâtre de cet auteur sans
être saisi d'ennui. L'homme , chez
Collin d'Harleville , est fort aimable
sans doute, mais l'écrivain, malgré
ses qualités réelles , est loin de l'être
autant. Outre ses comédies, il a laissé
un poëme allégorique en deux chants,
intitulé Melpomèneet ThaliCy et plu-
sieurs pièces de vers insérées dans
VAlman/ich des Muses et dans les
journaux. Cet homme, d'un caractère
égal et doux , fut attaqué , dans ses
dernières années, d'une profonde mé-
lancolie que rien ne pouvait dissiper.
Il mourut à Paris en 1806.
CoLLiouRE, ville maritime de l'an-
cien Roussillon , aujourd'hui chef-lieu
de canton du département des Pyré-
nées-Orientales , existait sous le nom
de Camo liberis y dès l'année 535 de
Rome.C'est à cette époque que des am-
bassadeurs romains y débarquèrent
pour essayer de soulever les popula-
tions contre Annibal. Collioure compte
aujourd'hui 3,272 habitants. A peu de
distance de cette ville , dans les mon-
COL
FRANCE.
COL
â9a
tagnes de FAIbère, on remarque l'an-
cienne abbaye de Valbonne , de l'ordre
de Cîteaux, fondée en 1164 , et où fut
enterrée Yolande , épouse de Jac-
ques P', roi d'Aragon.
GoLLiouBE ( sièges de ). — Louis
XIII résolut, en 1642 , de reprendre
aux Espagnols cette ville dont la pos-
session devait lui faciliter la conquête
de Perpignan. Le maréchal de la Meil-
leraie, renommé pour son habileté à
conduire les sièges , fut chargé de ce-
lui-ci. Sous ses ordres était Fabert , le
brave officier plébéien. Trois mille
hommes défendaient Une hauteur d'où
il fallait les chasser pour s'approcher
de la place : l'entreprise était difficile.
Fabert reçut Tordre d'aller trouver le
maréchal, qui désirait le consulter.Mais
il avait entendu le maréchal appeler sa
compagnie les chanoines de Fabert,
parce qu'elle était demeurée deux ans
a la cour. Aussi , sentant vivement
cette raillerie amère, refusa -t- il de
quitter son poste. La Meilleraie vint
lui-même. M. de Fabert , lui dit-il,
ojiMions le passé; donnez'inoi votre
avis. Que ferons -notis? — FoUàle
premier bataillon des gardes prêt à
exécuter vos ordres, répondit Fabert ;
nous ne savons qu'obéir. ■_ — Point de
rancune, lui dit le maréchal ; je viens
vous demander votre sentiment. —
C'est d'attaquer , répliqua Fabert.
Marche! cria le maréchal. A ces mots
le premier bataillon des gardes s'a-
vança, et les autres le suivirent. Fa-
bert attaqua les Espagnols , et les
poursuivit l'épée dans les reins jusque
dans Collioure, qui, d'après Tallemand
des Réaux(*), se rendit par le plus
grand hasard du monde. « La Meille-
« raie, dit-il , fit jouer un fourneau sans
« rime ni raison , et te fourneau com-
•« bla le seul puits qu'ils eussent dans
« la ville. Ainsi il se fallut rendre pour
« ne pas mourir de soif (13 avril). »
— Les derniers mois de 1793 furent
marqués par des revers à l'armée des
Pyrénées-Orientales. Le général es-
pagnol Ricardos résolut de profiter de
ses avantages pour marcher sur les
(*) Historiettes ^ t.ï, p. 4oÇ.
frontières de France et emporter le
fort Saint-Elme , Port- Vendre et Col-
lioure. Un combat furieux s'engagea,
le 22 décembre , sur la rive gauche du
Tech, où nous fûmes encore battus;
quelque effort que pût faire le repré-
sentant Fabre (de 1 Hérault) pour ra-
mener les troupes au combat , il n'y
put parvenir, et chercha en combattant
une mort glorieuse dans les rangs de
l'ennemi. Bientôt Port - Vendre et
Saint-Elme se rendirent , livrés par la
trahison, et les habitants de Collioure,
effrayés par les menaces des Espa-
gnols, forcèrent le commandant à ca-
pituler. L'armée française , entière-
ment démoralisée, se retira sous Per-
pignan.
Mais au printemps de l'année sui-
vante Dugommier, vainqueur au camp
de Boulou , chassa les Espagnols du
Roussillon, et leur fit repasser les
Pyrénées en désordre ; on les suivit
en masse sur Collioure, on s'appliqua
à enlever à cette place les deux forts
de Saint-Elme et cle Port- Vendre, qui
faisaient son appui , on la bloqua par
mer, et elle ouvrit ses portes le 29 mai
1794.
Colloque de Potssy. — On don-
nait autrefois le nom de colloques à
des conférences tenues entre des per-
sonnes qui différaient par leurs opi-
nions religieuses, et qui cherchaient à
s'entendre et à se rapprocher. Il y a
eu de tout temps de ces conférences
en France; mais c'est au seizième
siècle qu'elles furent le plus fréquen-
tes; Le colloque le plus célèbre peut-
être de cette époque si féconde en
controverses religieuses, fut celui qui
eut lieu à Poissy en 1561. Catherine
de Médicis hésitait encore entre les
deux partis religieux qui divisaient la
France ; elle voulait d ailleurs se faire
rechercher également par l'un et par
l'autre , en donnant des craintes aux
catholiques , et en faisant concevoir
quelques espérances aux réformés.
C'est pourquoi elle vint assister elle-
même avec le jeune roi , son fils , aux
conférences de Poissy. Les réformés
étaient représentés par Théodore de
Bèze , assisté de quelques - uns des
^
€6L
LnGfNIVERS,
COL
théolègîens de son parti. Les càtboli-
xme^ avaient pour représentant le car-
dinal de Lorraine, assisté de Montlac,
ëvêqne de Valence. Après de longues
discassions, qui roulèrent principale-
ment sur le dogme de la présence
réelle et sur <}uelques autres points de
controversé non moins énineux , le
Isardinal de Lorraine et Théodore de
^ze se séparèrent, plus divisés d'opi"
toions qnMls ne l'étaient auparavant;
île sorte que le colloque de Poissy eut
nn résultat tout opposé à celui que leis
iiomm^ sincèrement religieux en
-avaient attendu.
GoLLOT - d'Hehbois ( Jean - Marie )
^st un des hommes de la révolution
qui ont exercé le plus d*infiuence sur
les masses , et qui ont le plus marqué
par Fexagération de leurs principes et
par la dureté de leurs actes. Cepen-
dant , on doit le dire à sa décharge, il
était d'un degré au-dessous de Billaud-
Yarennes, son ami et son collègue,
^ui le surpassait en cruauté , en ma-
chiavélfsme et en ambition. Ils avaient
commencé tous deux par être comé-
diens; mais comme Billaud avait,
en outre, fait partie de la congrégation
de l'Oratoire , il v avait en lui à la fois
du prêtre et de Vacteur, tandis que
Collot, toujours drapé à l'antique , se
montrait presque exclusivement théâ-
tral. Tel était surtout le caractère de
son éloquence dans le club des jaco-
bins, à la tribune de la Convention,
et jusque dans le sein du comité de
salut public. Peu de révolutionnaires
se sont plus compromis en paroles ,
quoiqu'il s'eii trouvât beaucoup qui,
sans imiter son langage , le laissaient
' loin derrière eux , dans la carrière des
excès ; Fouché , par exemple , qui fut
l'instigateur des plus horribles ven-
geances à Lyon, et qui en laissa peser
toute la responsabilité sur son émule.
Son nom de fariniile était Collot; au
théâtre, il se faisait appeler d'Herbois ;
quand il se lança dans la politique , il
lui parut mieux sonnant de réunir ces
deux noms, dont le dernier ne manquait
pas d'un certain parfum de noblesse. Il
naquit vers 1750, d'une famille bour-
geoise de Paris ) qui lui donna de
4'initractton. Il était d\nie tmOe
moyeiine, avait le teint brdn^ la m-
vdure noire et crépue , le regat*d in^
quiet et sombre ; du resté , assez beau
de figure et doué d'un br^^ane sonore.
Comédien aïkibulant avant la révolu-
tion, on le vit figurer, siiion avec éclat,
4a moins avec un certain talent , «ur
la scène des principales villes de France
et de Hollande , notaoBunent à B(^-
deauXf à la Haye et à Lyon , où sa
<;onduile, plus régulière que celle des
acteurs de l'époque , lui attira quelque
considération. Il cumulait les fonetionb
d'auteur dramatique avec celles de co-
médien; il composa un grand nombre
de pièces, dont quelques-unes, ^mitées
de l'espagnol et de l'anglais, obtinrent
même du succès. Il eut quelque temps
la direction du théâtre de Genève ; la,
l'exemple des mœurs helvétiques dé-
veloppa de. plus eni^us ses tendances
républicaines et rehaussa son amour
de l'indépendance. Malheureusement,
le goût oes liqueurs fortes vint exalter
encore son caractère déjà si porté aux
excès ; aussi les girondins l'avaiénl-
ils, par dérision , surnommé le sobre
ColloL
Dès le début de la révolution, il ac-
Irourut à Paris , fréquenta les sociétés
populaires, et s'y fît remarquer par des
accents passionnés , une élocution re-
tentissante, et des poses à gràtad effet.
Mais ce ne fut guère qu'en 1791 que
commença sa fortune politique : on
livre de peu d'importance en fut la
première cause. Le club des jacobins
ayant proposé un prix pour le meilleur
ouvrage qui ferait com{»«ndre au peu-
ple les avantages du régime constitu-
tionnel, Collot composa un petit traité
ayant pour titre VÀ(mà7iack du père
Gérard{*) ; cet Opuscule fut couronna
et valut une grande popularité à
son auteur. Peu de temps après,
l'affaire des soldats de Château-Vieux
augmenta encore l'influence de Col-
lot-d'Herbois , et fut pour lui l'ooca-
(*) Le père Gérard était vk cùltivatenr
breton , que son bailliage avait ic^oîsi povr
représentant ani états généraux ; il jeubsaît
d'une réputation d'honnêteté, de bon
et de vertu.
(ùoi,
iPïiAiSfCÈ.
t!l0L
^ibh. ll*lihfe véritable ov^tibn. tei
solditâ éliisseâ du régiment icie CM-
\ea\x -Vbux avaient eié, àut termes
des Ibiè (Je îfeur pays, envoyés aux ga-
lères die Brest , pour àyoîr pris part à
Qme msiirk'ectioh , celle de Nancy j qui
^vait été comprimée par Bouille ; mais
J opiiiion publique s'était prononcée
très-fo'rtem'eril contre le succès de ce
fougueux défenseur de l'ancien ré-
gime, Soutenu par la société fies ja-
cobiiis , bollot pirésenta à l'Assemblée
législative une pétition en faveur deis
militaiicès condamnés; cette pétition
ayant ^té âccueiliie par l'Assemblée,
les cantons suisses, consultés par Louis
XVI , consentirent à l'élargissement
des détenus. Collot alla les chercher
lui-même, et les ramena en triomphe
à Paris , où une fête civique eut lieu
en leur honneur. C'est dans cette so-
lennité qiie parurent pour la première
fois les bonnets rouges, qui devinrent
la coiffure de prédilection pour les ré-
volutionnaires ; il est à remarquer que
loin de s'opposer â ces démonstra-
tion , la cour chercha plutôt à les ex-
citer ; elle vit avec plaisir les novateurs
se parer du bonnet des galériens , es-
pérant les confondre les uns avec les
autres; déjà elle se consolait de se$
déàtites, en poussant le peuple auk
excès. Collot-d'Herbois, qni avait par-
tagé avec les soldats de Château-
Vieux lés honneurs de la journée , se
crut dès lôrs un personnage assez im-
portant pour aspirer au ministère de
la justice , qu'il ne put cependant ob-
tenir.
Il fiut Un des principaux instigateurs
de la journée du 10 août , qui lui per-
mit d'entrer dans la nouvelle munici-
palité de Paris, oii il se lia étroitement
a Billaud-Varennes, avec lequel il par-
tagea la responsabilité des massacres
de septembre, quoiqu'il ne paraisse
pas y avoir pris une part aussi active
que son ami. Il présida l'assemblée
électorale qui nomma les députés à la
Convention, et fut lui-même un des
représentants qu'elle choisit. TJn des
premiers^ il demanda l'aboUtion de la
royauté^ que décréta, en efiet, la Con-
vehtion, dès l'ouverture de ses seau-
pes : c'est à tbrt jué lii k6AîtëUr H\
iâttribuel'înitiativedecettebropositloii,
«lie avait été faite lôrsqii^ prît la pa-
role ; mais il rappUya avec une èpeirgife
qui ne contribua pas peu à lé fairfe
adopter- Loirs dti procès dîi rbi, Collot,
qui avait été envoyé en mission à Tîîce,
après la conquête dé ce pays , vers l'a
fit! de 1792, adressa son vote paif écrit
à l'Assemblée : il lapinait pour la mort
isans sursis. Dans la lutte de la Mon-
tagne et de la Gironde , il déploya
beaucoup de fermeté ; mais le succès
de la journée dû ÎBI mai ne isufïït pas
pour désarmer sa colère; il poursuivit
encore les vaincus. Le là juin, les
$uffrages de l'assemblée le portèrent
au fauteuil de la présidence.
Enfin , au mois de septembre sul-
viant, il fut nommé membre du comité
de salut public , en même temps que
Billaud-Varennes. Dans la division du
travail , ils eurent l'un et l'autre la
correspondance administrative , fonc-
tion dont ils surent tirer parti, Blllaud
surtout, pour se donner la haute main
dans les départements. Les excès de
tout genre qui s'y commirent ne sont
pas de nature à honorer leur gestion
commune. Aussi bien ^ue Billaud-
Varennes, Collot-d'Herbois votait tou-
jours pour les mesures les plus violen-
tes, bans une délibération du comité,
quelques-uns de ses collègues ayant
émis I avis de se délivrer des suspects
par la déportîition, Collot s'écria : « îi
« he faut rien déporter, il faut détruire
« tous les conspirateurs ; que les lieux
« où ils sont détenus soient minés ;
« que la mèche soit toujours allumée
« pour les faire sauter, si eux ou leurs
« partisans osent encore conspirer
« contre la république. » Là Conven-
tion n'avait que trop bien choisi, lors-
qu'en novembre 1793 , elle l'envoya à
Lyon pour punir cette ville de sa ré-
volte. Aidé par Fouché, il fît périr plus
de seize cents personnes; six cents
expirèrent sous le feu de la mitraille
en un seul jour. La ville même fut
détruite, son nom proscrit et rem-
placé par celui de Commune qffranr
chie, « Nous le jurons, avait-il dit, lé
« peuple sera vengé; le sol qui fut
396
COli
LUNIVERS.
GOt
« rougi du sang des patriotes , sera
« bomeversé. Tout ce que le crime et
« le vice avaient élevé, sera anéanti ;
« et , sur les débris de cette ville su-
« perbe et rebelle , qui fut assez cor-
« rompue pour demander un maître ,
« le voyageur verra avec satisfaction
« quelques monuments simples élevés
« à la mémoire des amis de la liberté,
« et des chaumières éparses , que les
« amis de Tégalité s'empresseront de
a venir habiter » De retour à Pa-
ris , Coliot-d'Herbois repoussa avec
succès les accusations qui avaient été
portées contre sa sévérité excessive et
poussée jusc^u'à la férocité. Pour ré-
veiller la colère du peuple , il fit pro-
mener dans les rues de la capitale
Teffigie de Chalier , sur la personne
duquel les royalistes s'étaient portés à
des excès qu'égalaient à peine ceux des
révolutionnaires.
Lé 23 mai 1794 , en rentrant chez
lui à une heure du matin, Col lot fut
attaqué par un jeune homme, nommé
Jdmiraly qui lui tira deux coups de
pistolet, presque à bout portant, sans
l'atteindre. Cette tentative d'assassinat
mit le comble à sa popularité. Mais,
au 9 thermidor, il se conduisit avec
une perfidie et une cruauté qui lui
firent tort dans l'esprit des masses.
Pendant la lutte , il montra une ani-
mosité extraordinaire contre Robes-
pierre . qu'il avait si longtemps flatté,
et, après la victoire, il n'eut pas honte
d'insulter et de calomnier la mémoire
de l'homme aux pieds duquel il s'était
jeté la veille du combat, et dont il avait
embrassé les genoux avec toutes les
apparences du repentir. Il n'eut qu'un
beau moment , c'est lorsque , croyant
la Convention en danger, il monta au
fauteuil de la présidence , se couvrit,
et dit d'une voix forte : « Nous n'a-
« vons plus qu'à mourir. » Encore
n'est-il pas bien certain qu'il crût la
Convention sérieusement menacée. Il
n'en eut pas moins la gloire de l'hé-
roïsme.
Mais il réclama vainement le prix
des services qu'il avait rendus a la
contre-révolution , elle ne le paya que
d'ingratitude. Ainsi que Biliaud-Va-
reiines, il ne tarda pas à être obligé de
sortir du comité de salut public. Ce
succès ne suffisant pas aux thermido-
riens, une accusation fut portée contre
lui, par Lecointre de Versailles. Après
avoir triomphé de cette première ac-
cusation , il fut dénoncé de nouveau
par Merlin de Douai et condamné à la
déportation. Transporté à la Guyane
avec son ami Billaud-Varennes , il y
mourut, à l'âge de quarante-cinq ans,
le 8 janvier 1796. Il cherchait une
consolation à ses maux dans l'i-
vresse ; quelques heures avant de
mourir , dans des atteintes d*une fiè-
vre chaude , il avait bu une bouteille
de rhum qui lui fit endurer des dou-
leurs horribles.
CoLMAja , grande, belle et ancienne
ville de l'Alsace , aujourd'hui chef-lieu
du département duHdut-Rhinetsiége
d'une cour royale à laquelle ressortis-
sent les départements du Haut et du
Bas-Rhin , avec tribunaux de première
instance et de commerce, collège com-
munal, institut de sourds- muets, et
une population de 15,442 habitants.
Quelques auteurs pensent que cette
ville fut bâtie sur les ruines de l'an-
cienne ^r^^n^OTtam^ où les Romains
avaient construit une forteresse que
les barbares détruisirent plusieurs fois;
mais l'opinion de Schœptlin , qui place
Argentonaria àHorbourg, est mainte-
nant plus généralement admise. Sous là
monarchie des Francs, Colmar était
une censé royale; elle devint peu à peu
un bourg , qui fut réduit en cendres
en 1106, et rebâti peu de temps après.
£n 1220, sous Frédéric II, le bailli
Walfel réleva au rang de ville , et l'en-
toura d'un I mur d'enceinte qui fut
agrandi en 1282. Peu de temps après
Colmar devint ville libre impériale.
En 1562 , elle fut entourée de tours et
de fortifications qui furent considéra-
blement augmentées par la suite. Les
Suédois s'en emparèrent en 1632.
Louis XIV la prit en 1673 f et en fit
raser les fortifications. Elle a été réu-
nie à la France en 1697, par la paix de
Riswick.
CoLMAB (conspiration de), ainsi
nommée .parce que ce fut devant la
COL
FRANCE.
cx>t
!M
cour d'assises de cette ville que paru-
rent les chefs présumés du mouvement
tenté à Béfort. L'association patrioti-
que des Carbonari, dont la vente su-
prême siégeait à Paris , avait organisé
dans toute la France un vaste plan d'in-
surrection contre le gouvernement
imposé par les baïonnettes étrangères.
Le moment décisif semblait arrivé, et
il avait été résolu que les confédérés
de Béfort, entourés des patriotiques
populations de TAlsace, prendraient
rinitiative. De toutes les directions ac-
couraient vers cette ville des patriotes
dévoués : de Paris, le général la Fayette
et son fils, le colonel Pailhès, Ba-
zard , etc. ; de Neuf-Brisach, Joubert,
Armand Carrel, etc. Toutes les mesures
semblaient bien. prises; niais une cir-
constance malheureuse les fit échouer:
la dénonciation d'un sous-offîcier de-
venu traître par peur. Dès lors il fallut
avancer Theure fixée pour Texécution,
et l'entreprise fut manquée. Parmi les
conjurés, les uns durent rebrousser
chemin ou prendre la fuite , les autres
furent arrêtés soit à Béfort même,
soit en Suisse, au mépris des droits de
la neutralité. L'acte d'accusation de la
cour de Colmar porta le nombre des
inculpés à quarante-quatre ; Finstruc-
tion dura neuf mois , et pendant tout
ce temps, les prisonniers, auxquels
étaient prodigués les témoignages des
plus vives sympathies, montrèrent
une résignation et une fermeté dignes
de leur cause. Quatre furent conoam-
nés à cinq ans de prison , 600 francs
d'amende et deux ans de surveillance :
c'étaient Tellier , Dabland , Guinard
et Pailhès. — A ce procès se rattachè-
rent encore deux funestes épisodes : la
mort du général Berton qui , malgré
réchec de Béfort, s'était obstiné à pro-
voquer un mouvement à Saumur,
comme d'autres généraux avaient dd
en provoquer par toute la France , et
l'odieux assassinat du brave colonel
Caron. (Voy. Berton et Caron.)
CoLMARS , Colmartium^ petite ville
de l'ancienne Provence, aujourd'hui
chef-lieu de canton du département des
Basses- Alpes , tire son nom d'une col-
line que les Romains avaient consacrée
audieuMars,etsur laquelle les premiers
chrétiens bâtirent une église en l'hon-
neur de saint Pierre. Cette ville était
autrefois divisée en plusieurs bourga-
des; mais peu à peu les habitations se
réunirent au confluent du Verdun et de
la Sence, et y formèrent une ville que
Raymond de Turenne réduisit en cen-
dres en 1390; prise par le capitaine
Cartier en 1588, elle tomba enfin dans
le dix-septième siècle au pouvoir de la
France , qui en fit un& place de guerre
formidable. Sa population n'est que de
927 habitants.
CoLMEY, ancienne seigneurie du
Barrois , aujourd'hui département de
la Moselle , à 2 kilomètres de Lon-
guyon.
CoLN ïT DE Ravel (Charles- Joseph-
Auguste-Maximilien de), littérateur,
né à Mondrepuy en Picardie, en 1768.
Destiné à suivre la même carrière que
son père , garde du corps de Louis XV,
qui s'était distingué à Fontenoi , il en-
tra successivement à l'école de Rebais
et à celle de la Flèche. La révolution ,
qui le surprit au sortir de la dernière,
dérangea ses projets , et après avoir
passé par plusieurs vicissitudes que lui
attirèrent son nom et ses opinions , il
se fit enfin libraire et ouvrit un ma-
gasin j à Paris, au coin de la rue du
Bac, vis-à-vis le pont Royal. Mais il
ne se donna pas tout entier aux soins
de son commerce , et réserva aux let-
tres une partie de son temps. Sous
l'empire il se fit remarquer par plusieurs
morceaux de critique littéraire, et par
des écrits politiques où le gouverne-
ment impérial était spirituellement et
souvent même hardiment attaqué. A
la restauration, qu'il accueillit avec
joie, il entra dans la rédaction de la
Gazette de France^ et ses articles con-
tribuèrent pendant plus de quinze ans
à la prospérité de ce journal. La révo-
lution de juillet lui nt perdre les pen-
sions dont on avait récompensé ses
services; mais il survécut peu à ce
désastre de son parti et de sa fortune,
le choléra l'enleva dans, l'année 1832.
CoLOBE. Selon du Cange , au mot
Colobium, c'était une tunique sans
manches , ou dont les manches ne pas-
d9S
€XfL
L'UNIVERS.
COL
Baient pas \q coude , 0ue les érémies ,
bribces et geHâ de loi portèrent long-
leilips. Lors de la révolution on en
voyait ebcorfe la forme dans l'habille-
tnent de plusieurs ordres religieux.
Cologne. — Vers Tan 441 , à l*épop
que où les Francs, chassés de la GauIè
par Aéti us, renouvelèrent leurs tenta-
tives pour s'établir sur )a rive romaine
du Knin , cette antique cité de la Ger-
manie occidentale tomba au pouvoir
de leurs bandes dévastatrices, en même
temps que Trêves et Mayence. Cologne
eut pepeadant un autre sort que ces
deux matnéureusés villes. Elle ne fut
pas livrée aux flammes , et , plusieurs
mois après avoir été prise , elle était
encore pleine de Francs qui y demeu-
rèrent quelque tefnps avec leurs fem-
mes et leurs enfants. Lors de la grande
invasion des Francs d'outre-Rhm , en
463, Égidius, interrompant le cours
de ses victoires sur les Visigoths , ac-
courut à Cologne ; maïs les Francs ne
lui laissèrent pas le loisir de se mettre
en défense ; ifs fondirent sur lui en si
grand noitibre, et avec tant d'impétuo-
sité, que Cologne fut emporté d'as-
saut ; Ê^îdîus lui-même n'échappa que
par la fuite au carnage des siens.
— En 715, Charles Martel, échappé
de là prison où Plectrude le retenait
dans cette ville, et soutenu par les
Austr'asiens, vint assiéger la veuve de
son père, qui fut trop heureuse de sb
tirer d'embarras en lui livrant ses trois
ïlls et Ijes trésors de Pépin. — L'anriéje
suivante, ()uand sa puissance était a
peine assise , Charles fut attaqué sous
les murs de Cologne, alors comprise
tians l'Austrasie , par le Frison Rad-
bod , ligué avec Ragnifred , maire die
Ch'Ipéric ÎL Cette fois il ftit battu et
réduit à se réfugier avec une troupe de
cinq cetats hommes dans la forêt des
Arcfennes. Depuis le démembrement
de l'empire de Charlemagne , la ville
sainte , devenue toute germanique ,
h'eut pliis , jusqu'au dernier siècle , de
rapports avec ta France.
— A la fin du mois d'octobre 1794 ,
Jôurdan, voulant profiter des avantages
que lui assurait la prise de Juliers
'(voye2 ce mot) , divisa son armée eu
iTois grandes colonnes, la premièriè
6e porta Isur Bonn; lui-même, â là
tête de là deuxième, entra dahs Cô*-
logne sans coup férir , et ]Vf arceau ,
avec la troisième, eniporta Coblentk ,
rendez-vous de l'émieràtîon. tlologne
devint alors le fchef-lieù du départe- .
ment de la Roër.
— Le 14 janvier 1814, Ibrsque nos ar-
mées durent rétrograder jusqu'aux an-
ciennes frontières AeAo France, les
généraux Sébastîani et Arrighl éva-
cuèrent Cologne, qui Ait occupée le
lendemain par les Cosaques.
Cologne (congrès de). — Louis XIV
venait de pénétrer victorieusement
en Hollande , et de dévaster le Bran-
debourg , et ses armées , commandées
par Turenne et Condé , tenaient en
échec l'Allemagne tout entière. L'Eu-
rope, effrayée de la puissance du grand
roi , chercha , au commencement de
l'année 1673, à s'interposer entre les
parties belligérantes. La Suède, entre
autres, essaya de faire accepter sa mé-
diation par la France et la Hollande ;
elle proposa d'abord une suspension
d'armes pendant l'hiver; mais les
Français et les Hollandais s'y refusè-
rent également, et elle obtint seule-
ment qu'on assemblât un congrès à Co-
logne, où l'on vit bientôt 5e rendre des
ambassadeurs de France , d'An^è-
terre , de Hollande , et des puissances
médiatrices. Toutefois, les prétentions
exorbitantes de la France firent Bien-
tôt perdre tout espoir d'arriver à une
conclusion pacifique. Les négociations
traînèrent en longueur , et elles du-
raient encore eii février i674 , quand
l'empereur d'Allemagne , désirant y
mettre fin, fit commettre une infâme
violation du droit des gens , violation
que la politique tortueuse et perfide
du cabinet autrichien renouvela au
congrès de Rastadt , en 1799.
L'Empereur chargea dix officiers du
régiment de Grana, en garnison à
Bonn, de se rendre à Cologne, et d'ar-
rêter le ministre plénipotentiaire de
l'électeur de Cologne , le prince Guil-
laume de Furstemberg , auquel l'Em-
pereur ne pouvait pardonner d'avoir
décidé l'électeur à livrer passage aux
cot
FRANCE.
cbt
ariiaéés ftiihçatses. té 14 février , lié
prineë Gitillaume 5e rendant près dé
réiébteùir ftit arrêté bar des ofBciert
mii tirèreht sur sa voiture. Le cocher
H Uëux laquaîs ifurerlt tbës ; lés pei*-
sbnnes qûi accompagnaient te prince
Furent blessées iddn^erbusemeht , mii
les agresseurs mohtei'ent sur le siège:
à ia place du cocher , et émmeiièrenc
la voiture hors de là ville où les attén*
dait une escorté biitHchiénne qui leà
conduhtt à Bonn. G^t attentiat eût le
résultat Uu'eh attehdait l'Empereur, il
causa la dissbhition immédiate du coii*
grès.
CoLO^BÀT^ (Saînt) naquît , en 54Ô,
dans le Jiaj^s de Leîristér en Irlande,
îl fit ses études et devint moine dani
)e monastère de Benchor ; mais la vie
hionotone du cloître lui devint bien-
tôt insupportable; il quitta sa patrie et
passa eh France , en 585 , avec douze
nioinfes db sôti couvent , dans Tînten-
llon di5 parcourir !e pays et d*y prêcher
la réforme des moeurs. Ses paroles, a(>
cueillies avec empressement par les
grands iet par le peuple , lui firent bien-
tôt une grande reputatîota de sainteté.
Arrivé en Bourgogne, il s'y arrêta d'a-
près les sollicitations du toi Gontraq,
et il fonda un monastère au milieu des
Vosges. Mais le nombre de ses disci-
ples devint bientôt si considérable,
qu'il fut obligé de qditter !^ montagne
où il s'était d'abord établi , rt de cons-
truire à LuxeUil une maison plus vaste
et plus acieessible. ïl y établit une école
qui devint la plus célèbre du huitième
siècle , et d'où sortirent une foule d'il-
lustres docteurs et de grands prélats.
Il était depuis dix-neuf ans à la tête db
«e monastère , lorsque éclata sa (Jue-
relle avec Théodoric !I , rôî de Bour-
gogne. « Saint Colomban , dit M. Gui-
« zot, prêchait U réforme des mœurs,
« le 2èl0 de la foi , sans tenir compte
k d'aucune co'n«idératiort , d'aucune
« circonstance; se brouillant avec lefe
i« princes , avec les évêques , jetant db
« tbus côtés le fe.u divin, sans s'inquié-
« ter de l'incendie (*). » Ayant flétri
hautement les désottlres du roi, il
(*} Cours d'hist. mod. , seizième leçon.
Plrrlta éoràth m et i*)^^sli â la hâfné
de Brunehaut . qui excitait le Jeune
prince à la ë'éDauche. Après de viO"
lents débâts , où il emplova ilkne énler-
'gie indbhiptable -, Colômbati fut fôk-cé
de quitter la Bourgogne , fut conduit h
Mantes et ehibarqué pour l'Islande \
hiais le vaisseau qui le portait fut rejeté
par une ténipéle sur les côtes dé la Bre-
tagne. Il revint chiez les FHihcs , s'éta-
blit dans lés États de Théédebert;., près
ttu lac de Geriêve; et quand Théodebert
^t été vaincu par Théodoi^ic , il se re*
tît'a en Lombardie , où Agîlulphe l'ac*
i^ueillit avec bonté. Colomban fonda
dans ce pays , en 612 , le monastère
de Bbbbio ', où il mourut le 21 Novem-
bre 615 , à l'âge de 76 ans. On a con-
JserVé de lUl Une règle itionastique,
quelques lettres , queli(}ues fragments
poétiques et seize discours <lont l'élo-
quence fest Vive , éhèrgique et passion-
née. La cbllectioh de ses œuvres a été
publiée par Thom. Sirm; Louvain,
1667, in-fol. avec les notes de Fié*-
ilning.
€oLOMBAN, abbé dé Saint -Troh,
mort au milieu du neuvième siècle , et
auquel on attribue le poème intitulé
de Origine atque prirnordiis gentils
Franc&mm {sUrpis ÇarôUftse). Cet
ouvrage, écrit vers 840, et dédié à
Ckurles le Chauve ^4d\t partie de la
collection des hlstoriif^hs de France,
publiée par dorti Bouquet.
Colombe ( Sainte ) , vierge chré-
tienne, martyrisée à Sens, sous Marc-
Aurèle, selon les uns, et appelée la
première martyre de la Gaule ceM-
g«e; soûs l'ërhpereur Auréllert, verfs
273 , selon. d'autres 4 dont l'opinion est
plus probable. Tous lés faits dont on a
composé son histoire sont incertains ;
mais y dès le septième siècle . elle était
à Paris l'objet d'une grande vénéra-
tion, et Dagôbert lui fit faire uhe châsse
magnifique qui l^it placée à Sens dalilis
l'église des bénédictins.
CoLOitBBL (Nicolàîs) ^ peintre, hà-
quit à Sotteville , près de Rouen , en
1646, et mouirut à Paris en X'Jil. Il
fut élève de Lesueur, et il est le seul
artiste distingué qui soit sorti de l'é-
cole de ce grand peintre. Il tut reçu à
BOO
COL
L'UNIVERS.
CÙL
]*Académîe de peinture en 1694, à son
retour dltalie.Ses tableaux sont froids,
inais d'un excellent goût.
CoLOMBiEB (droit de). — L'honneur
d'avoir dans sa basse - cour une tour
élégante surmontée d'une girouette ou
d'un pigeon en faïence n appartenait
jadis, surtout dans .les pays de droit
coutumier, qu'au seigneur haut justi-
cier (*) , quand même il n'eût eu au-
cune terre en domaine pour nourrir
ses pigeons {**), Tout au plus était-il
permis au roturier de construire une
volière dans quelque grenier de sa
maison , s'il avait cinquante arpents
de terre.
. Le manant qui tirait sur un pigeon
était poursuivi comme voleur (ordon-
nance de Henri IV , du mois de juillet
1607), ou même condamné aux galères.
£n 1721 , un paysan dut payer une
forte amende pour avoir effrayé et
blessé un des pigeons seigneuriaux qui
dévastaient son champ nouvellement
ensemencé.
CoLOMBiEBE (Glaudc de la), jésuite,
né en 1641 à Saint -Symphorien, près
de Lyon , professa d'abord la rhétori-
que au collège de cette ville; lise voua en-
suite exclusivement au ministère de la
prédication , puis se retira à Paray le
Monial , où il devint le directeur de la
célèbre Marie Alacoque , et Ton croit
même qu'il est auteur de la vie de cette
religieuse, publiée par Languet. Il
coopéra avec elle à faire instituer la
fête du Sacré-Cœur de Jésus , dont il
composa l'ofQce. Il mourut en 1682 ,
avec la réputation d'un saint. Sans
mériter d'être placé parmi les prédica-
teurs de premier ordre, le père de la
Colombière offre dans ses sermons des
qualités distinguées : on y trouve as-
sez de chaleur et d'action, et un style
généralement agréable et naturel.
Colon. — Sous la domination ro-
maine , le colon était celui qui , ayant
été originairement esclave, avait été
affranchi , à la condition de s'attacher
(*) La tour et la girouette étaient des mar-
ques de noblesse.
(**) Cette condition était seulement exigée
dans quelques provinces.
à la culture d'un domaine qu'il faisait
valoir , soit pour le compte de son an-
cien maître , qui était tenu de pour-
voir à sa subsistance et à celle de sa
famille ; soit pour le sien , à la charge
d'une redevance. Le colon participait
de l'homme libre et de l'esclave : de
l'homme libre, en ce que le propriétaire
du fonds n'avait aucune autorité sur
sa personne, et qu'il jouissait de quel-
ques droits civils; de l'esclave, en ce
au'il était tellement incorporé au fonds
. e l'héritage , qu'il ne lui était pas
permis de s'en éloigner sans le consen-
tement du maître; il pouvait y être
ramené de force et remis en servitude
s'il désertait. Sans être serf de corps,
il était esclave de la terre , et ce que
l'on appelle en législation , immeuble
Sar destination. Il transmettait sa con-
ition à ses enfants , qui , ainsi que
lui , avaient besoin d'un second affran-
chissement pour entrer dans la classe
des hommes libres ou ingéims. Les re-
gistres du cens contenaient un état de
tous les colons; ils y étaient naéme
taxés à certains tributs, en conséquence
desquels on les nommait aussi trihitr
taires ; mais quand ils faisaient , pour
eux ou leurs propriétaires , trafic des
denrées qu'ils récoltaient , ils n'étaient
point soumis à l'impôt appelé collation
lustrale que payaient les négociants.
Comme on le voit, les colons, sous
la domination romaine, étaient tous
de véritables serfs : il n'en fut pas de
même après la coiiquête de la Gaule
par les JFrancs. Alors on entendit par
colons, des cultivateurs auxquels les
grands propriétaires distribuaient une
partie de leurs terres pour les cultiver
et y vivre , à charge d'une redevance,
ou d'autres servitudes.
Ces colons étaient tantôt des hom-
mes libres , tantôt de véritables serfs,
souvent de simples fermiers, souvent
aussi des possesseurs investis d'un
droit héréclitaire à la culture des
champs qu'ils faisaient valoir. De là
vient la variété des noms sous lesquels
sont désignées , dans les actes anciens,
les métairies exploitées à des titres et
selon des modes différents; de là vient
aussi le nombre et l'infinie diversité
eot
FRANCE;
COL
801
des redevances et des droits connus
plus tard sous le nom de droits féo»
daux. Suivant le polyptique de l'ab-
baye de Saint-Germain des Prés , qui
considère toujours les colons comme
ingénus , ces hommes avaient non-seu-
lement un pécule, mais encore des
biens qui leur étaient propres , et qui
Provenaient soit d'acquisitions, soit
'héritages. Leurs redevances étaient
en général plus douces que celles des
serfs, et il est facile de reconnaître
dans ce précieux document, que les
colons étaient pour la plupart des
hommes qui avaient accepté volontai-
rement le servage , soit pour éviter le
service militaire , soit pour obtenir la
jouissance d'une partie du sol.
La loi de la concession faite au co*
Ion réglait ordinairement le mode de
succession de ses biens ; seulement , à
chaque mutation dans les tenures , le
seigneur percevait une redevance.
Les redevances imposées aux colons
variaient à l'infini, comme nous l'avons
dit plus haut. Parmi les redevances en
argent payées par les colons , nous ci-
terons le chevage, impôt consistait
ordinairement en quatre deniers; et
Fost ou herban , au moyen duquel il
se rachetait du service militaire.
Le fermage de la tenure se payait
quelquefois en argent, mais souvent
aussi en nature ou en services de corps.
La garde y le gttety la chevauchée ^
les charrois , les corvées, les travaux
dans les bois étaient les services de
corps les plus habituellement exigés.
Du reste , même dans la condition la
plus dure, le colon avait ordinaire-
ment trois jours à lui par semaine.
Le colonat prépara une révolutign
dans la propriété. « Les colons , dit
M. Guizot Clans ses Essais sur Phis-
Mre de France , acquirent peu à peu,
et de génération en génération, de
nouveaux droits sur le sol qu'ils fai-
saient valoir. A mesure que s'apaisa
Ja tourmente sociale , ces droits pri-
rent plus de consistance ; il devint
difficile de considérer comme un sim-
ple fermier et d'expulser à volonté le
ooloD dont les pères avaient depuis
longtemps cultivé le même champ,
sous les yeux et au profH des pères du
seigneur. Ainsi , le travail sanctionné
. par le temps reconquit ce qu'avait
usurpé la force, adoucie à son tour
par la même puissance; les proprié-
taires s'étaient vus contraints de se ré-
duire à la simple condition de cultiva->
teurs;^ les cultivateurs redevinrent
()ropriétaires ; mais ce fut là l'œuvre
ente des siècles. » (Yoy. Pebsounbs
[étal des] et Propriété. )
Colonel. Titre que l'on donne à
l'officier supérieur oui commande un
régiment, et dont le grade, dans la
hierarchfe militaire, vient immédia-
tement après celui de maréchal de
camp.
G est sous le règne de Louis XII
que l'on voit apparaître pour la pre-
mière fois le titre de colonel , qui fut
alors associé à celui de capitaine et
donné aux chefs des bandes dont se
composait alors l'infanterie française.
François I" le donna, en 1534, au
1>reinier capitaine dé chacune de ses
égions. On sait que l'organisation de
ces corps dura peu, et que l'on en re-
vint bientôt au système des bandes
militaires. Les chefs de ces corps con-
tinuèrent à porter le titre de colonels
jusqu'en 1544 , époque de la création
de la charge de colonel général. Les
chefs de corps furent alors appelés
mestres de camp, puis successivement
colonels , de 1661 à 1721 ; mestres de
camp, de 1721 à 1730; colonels, de
1730 à 1780 ; et mestres de camp , de
1780 à 1788.
Cette variation dans les titres adop-
tés pour désigner les chefs de corps ,
était occasionnée par la suppression
ou le rétablissement de la charge de
colonel général. Ainsi ces officiers
étaient appelés mestres de camp quand
il y avait un colonel général y et re-
prenaient le nom de colonel toutes les
fois que la charge de colonel général
était supprimée.
Une ordonnance du 25 mars 1776
aiouta au titre de mestre de camp ,
alors en usage, celui de commandanty
pour distinguer le mestre de camp
qui commandait un régiment , du
mestre de camp en second, grade qui
lot
Cftl4
i,in«yKfts-
€9h
prenait rani; aprè^ )e iif^tire 4^ ^(oii
fonimi^9d«9t.
Qne ordoonaneo du H ^9trs n^iS^
^ aupf rinnaçl les iii^stce$ 4e çawq
ea sécotKJi, fendit aux m^ties ()e e^iiiop
commandiaots le titre de oolopçl t qug
ces offieiers supériears n'ont pim
quitté, si ce n'est depuis le décret di4
2t férrier 1798 , qui substitua à cett^
dénomination celle de ch^de Mgacle^
jusqu'au décret du t*' vendémiaire
ap xii, qui le rétablit.
Un décret impérial du S3 ma.r3 1809
créa quarante-sii^ colui^is eu second.,
destinés à commander tous les corps
provisoires dont la formation pourrait
être jugée nécessaire, t^e nombre de
ces officiers fut réduit à vingt, par
décret du 9 mars 18 M. Leur grade fut
supprimé à la restauration.
La loi d'avancement du Jl4 avril
I83â laisse entièrement au choix du
roi ia nomination des colonels; elle
n'impose aux candidats d'autre condi^
tion que celle d'avoir servi au moins
deux ans dans le grade de lieutenant*
colonel.
Les attributions die ces officiei:s
étaient autrefois fort étendues ; iis
noarchaient dans la hiérarchie immé-
diatement après les généraux en chef;
mais leur importanoe alla toujours e9
déclinant , à mesure que de nouveau;;:
agents intermédiaires vinrent se placer
entre eux et le pouvoir suprême , et
leur autorité se trouva en qéfinitive à
peu près resserrée dans les limites où
elle est actuelteinent renfernofée.
Les devoirs et l'autorité du colonel
s'étendent aujourd'hui à toutes les
parties du service ; il est responsable
de la police , de la discipline, de la t^
nue, de l'instruction, et il dirige l'ad-
ministration du corps dont le com-
mandement lui est confié. Il veille à ce
que les officiers des différents grades
restent tous dans leurs attributions.
Son autorité doit se faire sentir plu-
tôt par impulsion que par vine action
immédiate. £n un mot , il exerce sur
son régiment l'influence que donne la
supériorité de l'instruction , du talent
fit de la bonne oonduito. Tels sQut^ 4v
moins, lesyçfiux ^u règlenjieu^; mais
il fçiud.r^»t, pqqr qu'ils tussent ren[ipii|,
q^ç le mérite reconn^ eilt plus w
ptart que la faveur et lés conside^atjo.ps
politiques, au choix des che(s de corp^î
c$ c'est ce qui, nialheureusejnent^
pWrive pais toujours.
Colonel gé«4r<U de rinfcknfex^» -;
Ce fut dix ans après ripstitutibn dçS
logions, vers Tai^ 1544, que. Fran-
çois Y' cyéa Içi çbarjge de cplonel géné-
ral de l'infanterie. Cette charge était
la plus considérable de l'armée après
celle de maréchal. Ses prérogatives
étaient très-grandes, et eUes furent
encore augmentées sous le règne de
Henri m , qui, en 1584, ^èng^d. en
charge de la couronné. Le colonel gé-
néral commandait toute Tinfantene;
c'était lui qui commissionnait les of-
ficiers , et aucune nomination , m^aiç
pour l'epipfoi de caporal ou d'auspes-
sâde , ne pouvait être faite sans son
agrément. Il avait deux compagnies
colonneUes qui tenaient le premier
rang parmi les autres compagnies oa
bandes de l'armée, et qui seules avaient
le droit de porter un drapeau blanc.
Lorsque les régiments eurent été ins-
titués, chacun d'eux eut sa conopagnie
colonnelle , qui était la première da
régiment , et dont le capitaine prit le
titre de lieutenant -colonel, comniie
représentant ou tenant \ieù du colonel
général.
Nous avons vu que h charge de
colonel général avait été supprimée et
rétablie à différentes époques. Sous
l'empire, il n'exista point de colonel
général de l'infanterie , mais ce titre
reparut pour quelque temps au com-
mencement de la restauration ; il y eut
ménie un colonel général de l'infan-
terie légère.
Voici la liste des CQlor\çIs généraux
dç l'infanterie y depuis leur çréatroit
jusqu'à nos jours :
i544> Jean, «ir« de Taix, nomm^ p«r ooinaussion.
1547. Charles de Cossé, comte de Brisiic, id.
1547. Gas|)ard de Coligny, seigiiecir de diMUIflai
en titre d'office.
x5$5. François de CoUgiiy, sou fràre» WfOffiS
d'Andelot, id.
i558. Biaise de Montluc, id.
iStfo. Charles de là lothefOQMidd, coyito #9 1^
d^» id.
C0I4 JFAÀVCë- poj' *»»
.56.. TiZwt 'I. cri: ';':;;rB^,.c,M. peau , ind/pendammenT d^ 1^' garde
1S69. PtkitjppéStrocei, seigneur d'Él>ernay,id. qU il Oevait dVOir CpHlflie pnnce OU
i5S2. /mih-Lpvia 4« Hogaiet d« la Valette, duo cofTime officier général QB 1 simiée; il
î;te.r»Ô"'ir:."m« ^'ctr^ pouvait faire grfçe, mdmè pour crime
de la couronne. eapiUi , ai|]E ofuciers 6t soldatsf qe sai
ï6io. ^«Riinrd de ifogaret de 1» vaiena, ion fîi«. Compagnie, et décidait Souverainement;
depuis duc d'Epernon eu ,6io . soua ^jg ^^^^^^ |gg querelles entre les Offii
Louis aI1|. . . .^ «j ' ' * j t
A la mort de ce demier, en i66f, U ohargt CierS SUlSSeS. I| a Vai t eU OUtrO UUC garOC
de colonel (énémi (lit sopprimée. ^e douzc trabaus OU l^aUebarqiers ,
''"• ^^ ',«''L^ïe'ctr^rl^: d'eJLis^Sâï eoUetcnus aux dépens du roi. H por^
d'Orléans, qui donna sa démission le 5 tait, DOUr marqife dlStinC^VC 06 S^
décembre xjio. dignité, six drapçaux du régiment des
1780. Louis Xyi rétablit de nouveau la charge de gaj.jjçg ^^^^^ ^^ sautoit derrière ré-
colonel général en 1780, et en revêtit Louu ©«♦m*»» k»"«"-» v»» »««•«••.
de Bourbon, prince de Condé, qui I*occnpa CUSSOn 06 868 armCS*
jusqu'en Î788, époque où elle fut encor» La ChargC dC COlOUCl général dCS
une fois supprimée. Sulsscs et Grisons disparut à la révo-
En 1814, Louis XVIII rendit aq lution; mais l'empereur la rétablit, et
prince de Condé le titre de colonel gé- la restauration la conserva. Elle a été
néral, et ce prince le conserva jusqu'à je nouveau supprimée a la révolution
sa mort, arrivée en 1818. de 1830.
Le duc de Bourbon, son fils, fut j^es colonels généraux des Suisses
pourvu, en 1814, du titre de colonel et Grisons ont été, depuis la créatiqn
général de T infanterie légère. de cette charge :
Depuis Ja charge de colonel gêné- ^comtede Montmorency 4e Méru, eu.... ^5^
rai de 1 infanterie a ete définitivement Pe Hariay de sand. en 1 596
supprimée. Henri duc de Rohan, en i6o5
Colonel général des Suisses et Gri-, ^r.té'e'„'':6^,!'°"''""' " '"*
sons. — Cette charge n'était autrefois u marquis de coisUn. en t634
qu'un emploi temporaire, et cepen- te marquis de la châtre, en ....; t64a
x4nn4- ;i At\l* 4-^..:rx7,»o ^««..^X -»«^ ..^ Lc maréchal de Bassompicrrc , rétaWi «H . . . io4f
dant 11 était toujours occupe par un Le maréchal de Schomberg. en 164)
prince. Charles iX rerigea en titre Le comte de soissons, en tes?
d'office en faveur de Charles de Mon tr J-^ <^"5 *^" ?*^™* v®" • *• • • *^Zi
morency de Méru, en 1571. Le corn^ L^ H^'c^S";^";::;::::;::::::;: V,ll
n^ncjenient de toutes les troupes suis* u comte d'Artois, en ... « t??'
ses lui fut attribué, excepté toutefois Le maréchal Lannes dûc de Montebello, en. . i8ot
rpliii dp la pnmnâffnip dp<! rpnt SiiÎç^îpjb ^ maréchal vîcecontafétâble prmwï de Neuf-
cpiui ue ia compagnie ues cent auissck ^j^^tér et de WàgMmveii 1800
qe la garqe. Cette charge n était poiqj; te comté dArioîs, en.. t8a
une charge de la couronne ; cependan|; ^^ ^"^ ^® Bordeaujt, en «sai
celui qui eq était pourvu prétait serr Colonel général de la cavalerie lé'
ment entre les mains du roi. gèreetétrangèi^e. — La création de ce
Le colonel général des Suisses avaij; grade remonte à Louis XII, (]ui nom-
différents privilèges, tels que celui de ma ilL de Fontrailles capitaine gêné'
la nomination aux emplois de colon^ rai des Albanais. Sous Henri II, cette
et de capitaine, celui de faire portep charge fut remplacée par Celle de cd^
les couleurs de sa livrée aux drapeaux loneiaénéral de la cavalerie; maiç
4es coa)i>agnies , excepté à celui de la elle n^était donnée (yie par commis-
GOippagnie dont il était le chef, que sion, et elle ne fut érigée en titre d'o&
l'on opmmait la générale. Cette cpm- fice que sous Charles IX, en 1565.
pagnie avait le drapeaq blanc, et mar- Les privilèges du colonel général
cbait en tête du régiment des garde^ de la cavalerie étaient considérables :
suisses , quoiqu'elle formât uo coi:pf cet officier commandait toutes les
séparé* tjrpupes de son arme, les passait en re-
Le fiolop9l général ^yait chez )ui vuô im^ad |l le jugeait convenable,
804 €0t L'UNIVERS. COL
présentait à la nomination du roi |)our reur,'créa plusieurs colonels gëù^aux
tous les emplois; les commissions de sa maison militaire, et investit de
n'étaient valables qu'autant qu'elles cette dignité, pour les grenadiers à
avaient été présentées à son visa, ce pied, le maréchal Davoust; pour les
qui s'appelait prendre l'attache du chasseurs à pied , le maréchal Soult;
colonel général; enfin, il avait la haute pour la cavalerie, le maréchal Bessiè-
inspection sur la police, la discipline, res; pour Fartillerie et les matelots,
radministration, les remontes, etc. le maréchal Mortier. Le prince Eugène
Louis XIII ayant pris à sa solde Beauharnais porta pendant quelques
beaucoup de cavalerie allemande, créa années le titre de colonel général des
pour cette cavalerie ua colonel gêné- chasseurs à cheval; et en 1813, le ma-
rai qui fut indépendant de celui de la réchal Suchet fut nommé Tun des co-
cavalerie française. Cette charge fut lonels généraux de la garde. Cette di-
donnée par commission, en 1636, à gni té fut abolie en 1814.
Jean Streiff de la Vonslin. Le baron Colonel général des carabinier s,—
d'Engenfeld lui succéda en 1638 , et Le prince Louis, frère de l'empereur,
lorsque ce dernier quitta, peu d'an- fut le seul qui posséda ce titre sous
nées après , le service de France , sa l'empire. Le duc d' Angouléme le prit
charge fut supprimée et réunie à celle en 1814, et le porta jusqu'à la révolu-
du colonel général de la cavalerie fran- tion de juillet 1830, oii il fut supprimé,
çaise et étrangère. Colonel génércd des chctëseurs à
Ce dernier office fut aboli en 1790, cheval. — Ce titre, créé en 1808 pour
et ne fut point rétabli depuis. le général de division Marmont , de-
Le colonel général de la cavalerie puis duc de Raguse, fut donné Tan-
légère portait pour marque de sa di- née suivante au général de division
gnité six cornettes aux armes de Fran- comte Groucliy, lorsque Marmont fut
ce , passées en sautour derrière l'écu élevé à la dignité de maréchal de Tem-
de ses armes. pire. Il fut aboli à la restauration.
Voici la liste de ces officiers, depuis Colonel général des chevau-légers
leur origine jusqu'à leur suppression : lanciers. — Ce titre, conféré , par or-
De Fontrailles, premier cpiuine géDéral des donUanCC du 16 mal 1814, aU duC (jC
AitMMis , sous Louis xji, en Mg!» Bcrrî , fut porté par ce prince jusqu a
cbBries de Cessé, en. i54S sa mort, arrivée en 1 820.
îï:,"'» d.tT.'i':' d« d.*5»:L::«: : : : llll ^ Colonel général des çuirassUrs.-
Le duc de Guise, en. iSôg Ce titrc , confcre par I empereur, en
De DaoïTUie. en is?! jgQg ^ qq général dc division GouvioD
Sîïm'Ta'rr^;;:::;::::::;:::.*.'::..'.'.': îs^î saînt-cyr, fut ensuite porté par le ge-
Le doc d*Aomaie,'e^. ' x585 uéral dc divisiou Bclliard. Louis XYin
De le Guiche, en x586 ledonua, cu 1814, au duc d^Angoo-
S.ri^Sï'^.tebVco'-îe-ïii.e;^;;:»::;; llll lênje qui le porta jusqu'en 1830.
Le duc des ursins, en. i589 CoUmel général des dragous» — Les
Le comte d'AuTerçne .en 1 696 attributîons dc ccttc chai^e étaient à
u5::îi!srar.: ^iiuïiu;;;^;;»: îlrJ p»» pr*? i» mêmes que ceiies du «>.
Françob de Valois, comte d'Aiais. en 161 8 loncl général de la cavaleric légère.
Le duc de Rohan. en 1618 Créée cu 1668, pouT Ic duc de
"^nn^sî'^^^ïtr: .Tî! ^'.^"^T^:. T. i6aa La«zuo , cllc ne fut Supprimée qu'à la
Louis de Valob, comte d'Al'a'isV»! !!!!...! i6a6 révolutiOU dO 1789. LB titTC fut réta-
Le duc de Joyeuse, en. i65o blî SOUS l'empire, oonservé par la res-
î^ ^"l'ill^^Tl^'n^:^' '^ .'Si tauraUon , et aboli une dernière fois
l«e comte a AuTcrgne» son nerea» en 1075 , r ■ .- «•••■. *.
Lecomted'ÉTreax,en 170$ par la réVOlutlOD dC jUllICt. Avaot
Le prince de Tureone, en 1740 1789, IC COlonel général pOMaît pOUr
Le »ar<|u>s de Béthmie, en .739 maroue dîstinctîve de sa dignité six
Coloffiels généraux de la garde tm^ étenoards semés de fleurs de lis, et
pérkde. — Napoléon , devenu empe- passés en sautoir derrièfe l'éco de ses
COL FRANGE. fioi. BOS
armes. Voîci la liste des colonels gêné- si elle était admise, Tabandon des co-
raux des dragons depuis leur création: lonies que possède aujourd'hui la
u> duc 4« Lauzttn, eii x668 Francc; cUe causerait la ruine de notre
D'Arçouge» de Rannes. en 1678 marine ct la pcrtc dc Hotrc iofluence
î::.t'.'d.'î^r«::::v.::::::::::::::: «tî «lans le monde; eiie noas «viraitia
Le duc de Gakhe, en 1703 part qUI UOUS CSt QUC, danS IC dfOlt,
Le maréchal dac de Coigny, en 1704 de propagcr au loiu Ics bicnfaits de la
!:: rrî^h.'.'ÏJî'^inT «'•.!"::::::::::: :',48 civilisation. £»««, la dernière oonsé.
Le duc de Cherreuse et de Lnynes, en 1754 CpienCC d UnC telle manière dC VOir,
Le duc de Coigny, en 1771 serait pour nous d'abaudonuer à notre
î:co°:.t%X'.^"-iiim;;i;™:::::::::: XI ^™«"e ^vale les.mers et Ic com.
Le comte Mansouty, en 18 f . mercc, pour ëtrc rcjctes sur le conti*
u duc d'Angoaiéme, en t8i4 ucnt , ct mis aux pHses avec notre
Colonel général des gardes natio^ véritable alliée , T Allemagne.
nules du royaume, — Ce titre , con- Cherchons donc à réfuter, par This-
féré en 1814, par Louis XVtlI, au toire, les assertions de ces hommes,
comte d*Artois, fut porté par ce prince qui cherchent dans Thistoire, qu'ils
jusqu'à son avéniement au trône. De- altèrent à dessein, des arguments pour
puis , il a été supprimé. soutenir leurs assertions mensoiigè-
Colonel général des hussards. — res, et justifier en quelque sorte leurs
Cette charge , créée par Louis XVI , le ooupables menées.
22 novembre 1778, en faveur du duc II n'est pas vrai que la France soit
d'Orléans, était un démembrement de venue à la suite des autres nations de
celle de colonel général de la cavalerie l'Europe dans le grand mouvenient de
légère. Elle fut supprimée en 1790. Le découvertes géographiques et de colo-
titre fut rétabli par l'empereur en nisation qui eut lieu au quinzième et
1808, et conféré au général de division au seizième siècle. La France les
Junot , duc d' Abrantès , qui , à sa mort, avait, au contraire^ précédées toutes
eut pour successeur le général de di- de plus de deux siècles. Dès le milieu
vision duc Charles de Plaisance , qui le du quatorzième siècle, elle avait fait
conserva jusqu'à la restauration de d'immenses découvertes et fondé d'im-
1814. A cette époque, une ordonnance portantes colonies en Afrique; et l'on
du 16 mai en investit le duc d'Or- serait même presque en droit de re-
léans , aujourd'hui Louis-Philippe. garder la tentative faite par saint Louis
Colonies. — Il existe aujourd'hui contre Tunis comme une première mâ-
chez quelques hommes des préjugés nifestation de cette tendance de la
contre lesquels on ne saurait trop s'é- France à s'étendre et à propager au
lever, car ils sont contraires à la tra- loin ses idées,
dition nationale delà France et peuvent Aucun gouvernement n'a jamais
mettre le pays en danger, compromettre failli chez nous à la mission civilisa-
son avenir, et devenir un obstacle au trice de la nation. Charles YIII allait
rôle qu'il veut et doit jouer dans le s'entendre avec Christophe Colomb et
monde. Parmi ces préjugés, il en est lui donner ces vaisseaux qu'il avait
un surtout que tout vrai patriote doit vainement sollicités partout, lorsque
combattre à outrance, c'est celui qui Isabelle, déterminée peut-être par la
est relatif aux colonies. « Nous ne connaissance de ce fait , ordonna l'ex-
« sommes pas , ose-t-on dire , un peuple pédition. ]Le cardinal d'Amboise en-
« colonisateur; le génie delà colonisa- voya Aubert en Amérique, et celui-ci
«tionnous manque; notre histoire le découvrit le Canada. François P', à
« prouve; nous n'avons eu des colonies son tour, fit faire d'autres tentatives;
« qu'après les autres peuples de l'Eu- mais alors la France, occupée de com-
« rope et nous n'avons pas su les gar- battre pour sauver l'indépendance de
cder, nous ne savions qu'en faire. » l'Europe menacée par Charles-Quint,
Cette coupable théorie nécessiterait, ne pouvait prêter une attention exclu*
T. V. 20* Livraison. (Dict. engyglop., btc.) 20
COIi
L*UinV£U.
»L
sife à la fcndâtUon de colbnies Ibiii^
tàines. Ptus tard , Villegi^non s'étabiH
au Brésil. Sully, Richelieu , Colbsrt^
Choisèal , Vërgenhes, Turgot, tous nos
gratids ministres, ont compris l'imi
pbrtancè des colonies, auxquelles il9
oht eodsacré tous leurs soins. Le (>eti«
pie lui-même à toujours, en ce points
secondé ses gouvernants; c'est ea
que doivent prouver sans réplique les
nombreuses eompagiiies qui se formé*
rtnt daiis le cbqrs dii dix-septième
tiècle peur reiploitalâon des poisesi-
siens françaises en Afrique et dans les
itidës ; c'est ce que prouve avant tbut
2a liste chronoiogiqùe des colonies
fondées par les Français, et des ten^
tatifreâ quMls ont faites à différentiss
•époques pour former des établisses
'meiHS iau.delà des mers (*).
i365. Colonies fondées par les Dieppois ^
Sénégal et dans la Gninfie.
Vers 1400. |:tablissement de Béthencourt aux Ca-
naries,
'vers 149t. CharlesVllI appelle Christophe Colomb.
x$o3. Tentâttres ooiiimernal«s<lans les Ipàm.
|5o6. Aubert découvre le Canada.
i5a5. Le Florentin JeanVérazzani prend pos-
session de Terre-Keuve an nom du
roi de France.
i535. Jaoques Cartier à Terre-NeuTe et %\k
Canada (**).
i54i. Crémier établissement au cap'fir«ton.
lii'fé Etablifesemeiit de Villegagiion à Rio^da-
Janeiro.
i56o. Établissement au bastion de France (Al-
• gérie).
i6d4. Béveloppemeni de la «olpnle 4e Terre-
Neuve» en rue de la pécbe de la moru«.
(^ Gfetlé liste a été dressée prineîJMileroettt
d'après la JPfoiice statistiqite de* coiomes,
publiée par le ministère; die est en tous
poinis en oontradiction avec le Manuel de
Ueeren sur Thistoire moderne , ouvrage ip-
complel fel inexact, et que trop d'historiens
copi^ot, saps SQOgpr à vérifier les renseigne-
mOQts qu'ifs y trouvent.
(**) En 1539, le roi rendit une ordon-
nance qui nommait le seigneur de Rober-
val , chef de l'armée envoyée aii Canada ,
I>our s'emparer des pays non occupés par
es princes chrétiens , et autorisait cet offi-
cier à se faire livrer Us prisonniers cutt'
damnés à mort, pour les mener à cette expé-
dition. Cette ordonnance fut bientôt suivie
d'une autre qui prescrivit aux justiciers de
livrer les prisonniers condamnés, pour 1«m
envoyer dans la même contrée. CatoL des
mPcfU¥ei JoursemMa, t« I, pt 3o.
i6()f . Établissemtants ^Ums TàM^* M Cf^
nada. Fondation de Qn^ec
1624. Premiers établissements dans rinâé.
X62S. Établissemeat k Saint- Cbristophe (Âi»«
. . .tilles).
X626. Établissement à Sion4n»ary (Guiane),
. JÇremier établisseivent an Sénégal.
z6a8. Nouvel établissemeot au bastioft d»
Fr«nee.
i63o. Eublissement à Gonenama (Gnian^.
i634' Établissement à Cajenne.
}e35. Établiasement à la Martinique.
z635. JÉtahlissèmeiit à la Qaadeloupe.
z64a. Établissement à l'île Bourbon (HefercA
le place en 1720 1)
Premier établissement à Madagascar.
x644- Constractipn dn fort Dapphin (à Mat
dagascar).
1664. CoIi>ert acquiert dans Us Antillesi
Saiht'Domi ngue,
Sai|iite-L>a^ie«
Grenade,
Les Grenadilles,
llarié-Galandé,
Saint'Martini
Saifit-Cbristophe,
Saiiit-Bartfaélemy,
Sainte-Croix,
La TprtvM.
1667. Acquisition de l'île de Corée, d'Ar^uio,
de Portendyck (Sénégal^
1668. f'ondatioh du coi^ptoir deSttrate (tade).
1674. Aequisition de Jrinqpemale (à Geylsa).
Acquisition de Saint-Tbomé (côte d«
Coro^andel).
rS8o. Établissement t la Loolslàne.
1693. Acquisition de Pondiebéry»
1688. Fondation de Cbandernagor.
x6g5. Fondation du comptoir d'Albreda (S^
négal).
17x1, Fondation de l'Me de Franor.
Z7z3. NouTel établissement au cap Breton oa
île Royale (golfe de Saint-Laurent).
Z727. Établissement à Mabé. j 1 j «
Z739. Établissement à Karikel. j *" '^'
Z746. Acquisition de Madras*
Z74g. Établissement à l'ile Saint-Jean (golft
de Saint-Laurent).
17(0. itnbliweAept ^ Snîrite-aiwteiielfli»-
gascar. .
Z75a. Établissement i Tanaon.
Établissement !k Mazulipatam.
1758. Gtfminétes de Pnpleix it^ Mené* ds
long sur 25 de large) à Cpromané«|>
Z764. Établissement à Saint-Pierre et i Hi-
qiielon.
I774. EtabliBseinent dins ta bal* d'Anteiigfl
(Madagascar).
X783. Acquisition de Tabago.
Z798. Conquête tle Malle et de VÉgypte
zSt8. Établissement du l«rt Bakd (SénégJ
zSaz. N4>arel établissement à Saiate-]tai}«
de Madagascar.
zSaS. Nouyel établissement ^e Saint-Cbarla
(Sénégal).
iftig. MeqTel étabKssemwt à T%viâagm {^
dagascar).
z83o à z84i. Conquête de TAlgérie.
Qiid cono|ur« dé cette suite de faitSt
sinon que nous arond eii rajsen de din
COL
F&AIfCX.
€Oh
«Si^ ^nocur^ pue palsganoe estentielr
lenien^ ealoni^trkse , et qu'elle »
dev^nc^ toute* le9 nutrea nutioos m<H
4euiep àvm rétablifllement des eblor
piee?
P3SS0QS inçjÎQteniiQt à ta réfutation
d^^D autre pr^ugé : ta preuve, diton;
^ue l'esprit de la oatioQ tCeaX pas porté
à la colonisation 1 e'est cpie tious n'a-:
YOns pas eooservé qos eolonies. Il
n'est pas vrai que noua liyoïia perdu
toutes nos colonies; et si nous n'afoos
pu ponserver toutes eelleè cpié nous
avions fopcléeSi H a fallu « pour noui
les faire abandonner « les guêtres les
plus terrii)les. Xa guerre de la sueccs-
«ion d'Espagne a pu seule nous enl»*
ver l'Apadie et Terre-Ntovc (ITt/j)»
et i| a fallu ta guerre de sept ans pbut
nous faireperdre le Cauada et les Indes
(i763r] ; la révolution^ pour nous faire
ppdre Saint-Eloutingue (1794); ia ea-
ûituiation de Menou pour nous enlever
l'Egypte (1803) ; et les odieux traités
de 1^11^ pour nous priver de Tahagô
et de l'île de France. Ce n'est donc
pas par légèreté, par incurie, par igno-
rance de l'utilité des eolonies, que la
Franoe a perdu de belleà possessioas ,
mais par suite de guerres désastreu*
ses , et à cause de Timpétitie ou de la
trahison de quelques hommes. La vb*»
lonté formelle de conserver l'Algérie ,
âui ^ manifeste aujourd'hui avec tint
/énergie 4 n'eit-elie pas d'ailleurs une
preuve suffisaiite que ta Franc» sait
apprécier futilité 4ei poeaesaioos d'oo*
tre-mer ?
Ou refuse à ta nation û'aucaise le
génie colonisateur ! Mais que ron se
]:appel|e donc l'étonnante prospérité
de Saint-Domingue, dé l'Ile de France
et de Bourbon, que l'on oompare à ces
belles colonies toutes celles des autres
nations , et que Ton voie si , dans au«
cune, ta colonisation a porté de sem-
blables fruits. Mous savons donc colo*
niseri seutament nous ne colonisons
pas comu^e tas peuples exclusivement
Industriels, I9ous ne sommes pas un
peupta de marchande , et Ton ne dira
jamais de ta France qu'elle n'est
qu'une ^ran(^ A^ulîgue où l'on vient
éehàndier les prodaits des «Kverses par^
ties du inonde : nous sommes avant
tout une nation politique, et sans né-
gliger l'iridustrieet lecommëroe, nous
trouverons toujours dans l'agriculture
ta base pinoipale de notre prospérité
matérielle. Ce que nous voulons, ce
sont moins des eolonies purement
commerciales que des colonies agrico-
les et surtout dès colonies politiques ^
c'est-à-dire des établissements ^Ui
nous permettent d'étendre au loin
notre mfluenee civilisatrice, qui assu-
rent à notre marine une entière liberté
d'action, en lui préparant dans toute
l'ètendiie des mers des ports amis où
elle puisse trouver, en temps de
guerre , un abri pour réparer ses ava-
ries et renouveler ses provisions. Ce
que nous voulons, ce sont des établis-
saments où notre industrie puisse
trouver des débouchés , et d'où elle
puisse nous ràp^rter les denrées que
le sol de la Fraoee ne produit pas , <A-
pour lesquelles uouss«[)ions tributaires
des étrangers. On a to d'autres na-
tions sacrifier lés malheureut habitants
du Mexique pomr s'emparer de leur or;
exterminer les populations des États-
Uiiis pour s'épargner la peine de les
dvîfiser ; égorger les Chinois à Java
pooirS^assurer le monopole des épiceS.
iNous l'avouons, be n'est pas ainsi que
la France entend la colonisation. Par-*
tout ou elle a fondé des établissements,
elle a porté avec elle les bienfaits de
ta civilisation, et a laissé des Souve-
nhrs dont elle a droit d'être fière et qui
ne s'eflîoeront jamais. Au lieu d'em-
poisonner avec de l'eau*de-vle , et de
ohasser comme des béies fauves , lès
sauvages de ta Lodisiane et du Canada,
eite les a civilisés et convertis an chris-
tianisme; il n'a pas tenu à elle de
porter les mêmes bienfaits aux popu-
lations répandues iur leÀ inhombrables
lies de rOoéan indien , populations
malheureuses qui , grâce à une autre
nation qui se prétend colonisatrice par
excellence, ne connaissent guère de ta
> civilisation européenne que ee qu'elle
^ a de hideux et de repoussant. Peùt-
"^ êtte aurions-nous pu aussi étendre ^
^ faire fleorir nos colonies des Indes
90.
aoa
€OL
L'UNIVERS.
COL
orientales, en y cultivant des poisons
dont le sol de ces climats est si fertile.
Nous ne l'avons pas voulu ; il nous a
semblé plus digne d'un grand peuple ,
d'en faire des lieux de relâche pour
nos missionnaires , pour nos martyrs,
qui vont porter aux Chinois et aux
Japonais , non pas , comme les mar-
chands anglais , une ivresse hideuse et
mortelle , mais le christianisme et
l'exemple de toutes les vertus..
Le nom de la France est encore
cher au Canada, et l'on y est fier
de pouvoir se vanter d'une origine
française. Enfin c'est à la France que
les nègres d'Haïti sont redevables de
leur langue , de leurs institutions , et
de cette civilisation qui les rend si.
éminemment supérieurs à tous les
hommes de leur couleur.
Un officier de la marine française
visita, en 1838 ^ notre ancien établis-
sement d'Ouidahy en Guinée. Nous
avions là un fort avec une chapelle ,
autour de laquelle étaient groupées
quelques maisons. Lorsque nous
abandonnâmes cet établissement, au
commencement de la révolution , les
habitants de ces maisons étaient es-
claves ; ils furent alors rendus à la li-
berté. Un mulâtre et un noir, l'un
jardinier, l'autre concierge, étaient
chargés de la garde du fort et des ar-
chives ; ils se sont toujours religieu-
sement acquittés de ce devoir , et ils
arborent encore avec orgueil le pavillon
tricolore sur les restes de notk'e éta-
blissement. La plupart des habitants
de la peuplade parlent encore notre
langue, et tous se glorifient de donner
à leur village le nom de village fran-
Sais. En Egypte, en Syrie, le souvenir
e la France s'est de même conservé,
et l'on y entoure presque de la même
vénération les noms de saint Louis ,
de Bonaparte et de Kléber.
On peut classer sous deux points de
vue principaux les colonies fondées
par la France : les unes sont purement
agricoles , comme le Canada , Terre-
Neuve, la Louisiane, le Sénégal, l'île
de France ; les autres, telles que Malte
et l'Egypte , étaient des colonies poli-
tiques, et c'est ce qu'est encore au-
jourd'hui l'Algérie. Dans la création
des premières, la France semble s'être
involontairement Inspirée de la poli-
tique des Grecs , dont les idées sont
un des éléments de sa civilisation. Son
but était de donner à la mère patrie
des appendices qui pussent servir au
développement de sa puissance. Dans
la fondation des secondes , elle a plu-
tôt imité les Romains.
Nous avons donné la liste de l'éta-
blissement de nos principales colonies:
nous renvoyons , pour les détails de
leur histoire , aux articles que nous
avons consacrés à chacune d'elles en
particulier. Nous terminerons celui-ci
par un tableau général de celles que
nous possédons aujourd'hui, et par un
exposé rapide de leur organisation,
de leur importance actuelle et de leur
avenir. Citons d'abord les articles des
traités de 1815 qui y sont relatifs.
Art. 8 du traité dé Paris de 1814.
« Sa Majesté Britannique, stipulant
pour elle et ses alliés , s'engage à res-
tituer à Sa Majesté Très-Chrétienne,
dans les délais qui seront ci-après fixés,
les colonies , pêcheries , comptoirs et
établissements de tout ^enre que la
France possédait au 1*' janvier 1792,
dans les mers et sur les continents de
l'Amérique, de l'Afrique et de l'Asie,
à l'exception toutefois des îles de Ta-
bago et de Sainte-Lucie, et de Ule de
France et de ses dépeiviances , nom-
mément Rodi*igue et 'les'- Séchelles,
lesquelles S. M. T.-C. cède en toute
propriété et souveraineté à S. M. Bri-
tannique.
Art. 9. Le roi de Suède consent à
ce que Tîle de la Guadeloupe soit res-
tituée à la France , et abandonne ses
droits sur cette île.
Art. 10. Le roi de Portugal s'engage
à restituer à la France la Guiane Iran-
çaise.
Art. 12. S. M. B. s'engage à faire
jouir les Français dans les Indes des
mêmes privilèges accordés ou à accor-
der aux nations les plus favorisées.
« De son côté , S. M. Très-Chrétienne
n'ayant rien plus à cœur que la perpé-
tuité de la paix entre les deux couron-
nes de France et d'Angleterre, et
COL
FRANCE.
COL
309
aux termes du traité de Paris , seront
uécessaires pour maintenir la police
dans les établissements , et à leur ac-
corder un délai de trois mois pour ar-
ranger leurs affaires personnelles,
comme aussi à leur fournir les facili-
tés nécessaires et les moyens de trans-
I)ort pour retourner en France avec
eurs familles et leurs propriétés par-
ticulières. »
Art. 13 du traité de Paris. « Quant
au droit de pèche des Français sur le
grand banc de Terre-Neuve , sur les
côtes de Tile de ce nom et des îles ad-
jacentes, et dans le golfe de Saint-
Laurent, tout sera remis sur le même
pied qu'en 1792. » (Voy. Versailles
[traite de.])
En conséquence des traités de 181 5,
la France possède aujourd'hui :
voulant contribuer, autant qu'il est
en elle , à écarter dès à présent , des
rapports des deux peuples, ce qui
pourrait un jour altérer la bonne m-
telligence mutuelle, s'engage à ne faire
aucun ouvrage de fortification dans
les établissements qui lui doivent être
restitués, et qui sont situés sur le con-
tinent des Indes , et à ne mettre dans
ces établissements que le nombre de
troupes nécessaires pour le maintien
de la police (200 cipayes !!). »
Art. 8 de la convention du 7 mars
1815. «L'Angleterre s'engage, dans le
cas où il surviendrait une rupture,
1** à ne point considérer ni traiter
comme prisonniers de guerre les per-
sonnes qui feront partie de l'adminis-
tration civile des établissements fran-*
çais dans l'Inde , non plus que les
ôfiBciers, sous-ofiQcîers et soldats qui,
La Martinique.
ÎMarie-Galande
la Désirade i .,,_ a»«ii^
les Saintes j aux Antilles.
St-Martin (une partie; ,
Bourbon.
Sur la côte de Coromandel. . | ^^^*"JlfSrtte'dS.^'!^'."~°!^°** ( V^"eno.^:
iKarikal et son territoire
Yaoaon et son territoire
la loge ou factorerie de Masulipatan. . . ;
( Malie et son territoire \ dans les
1 les loges de Calicut >
/ Cbandernagor et son territoire I Indes.
iCassimbazar
Yougdia
Dacca
Balassore
Patna
Bans le Goudjérate | la factorerie de Surate
En Arabie.. . f le droit d'établir des factoreries à Moka et à Maskate.
/ rile St.-Louis et I@s îles voisines (Babagué , Safal et
le poste militaire de Richard-Tol.
— de Dagana.
A ,-, c^nz»«ki J le fort de Bakel (acguis en 1818).
AU ;>enegai. . . < |g ^^^^ st. -Charles (1825).
riie de Gorée.
le comptoir d'Abrida.
le comptoir de Ségbiou (*).
Sur la côte de Malabar.
Au Bengale.
Gueber acquises en 1799).
(*) La France possède cependant , mais
suins les occuper, les établissements suivants :
L*île et le foit d'Arguin (1677) , Portendick,
Sudel (1701), fort de Saint-Pierre (i7t5),
fort Saint- Joseph (1698), le comptoir de
T^atacon (vers i75o), le cap Vert et les
terres depuis la pointe des Mamelles jus-
qu'au cap Bernard , avec les villages de Dakar
et de Bin ^i 768) , les comptoirs de Rufis-
que, Portudal et Joal (1677) , le comptoir
de Salum (1785), le comptoir de Géi'èges
et de Yintam (1695), Tlle de Carabanne
(i836), le territoire de Dhiogué (1827),
celui de Seghiou (1887), celui de Dhimbe-
ring (1837), le comptoir de Tile de Bissao
(1700), nie Gambia (1785), le comptoir
de Ouidah, l*)le Borodoro (1786), les comp-
toirs de Médina, de Sansandin, du grand
Paris et du petit Paris, du grand et du petit
Dieppe, les forts de la Mine, d'Acra et de
Il§
«SM
I/UNITERS.
CDL
Ml dmti soff i*iic
nie dfi Stp-lfarle.
TloUngue
Ibrt Daapbtû
Saiflte-Lli(5k. «
TMtiâtâ te «...•<
Aiw.p*«r.<fg^?gi»'«v;;;/;::::::::::::;::::;:::;:
FcMflte à Lanéfl
I^ouiiboaryé. •
Port Choiseal
autres eomptoin de la baie d'Afitoiigil. . .
Ue Marosse. i*
ê\ Hyès 4t| FaozAfaife.
Tefre-Ifeave.---Saint-Pierre eÏMiquelon.
o Barbarie. l*Al«érie.
{éVAMftdepttiAMf.
éracnés depuis longtemm ei dûd
réOôcxxpéA m I8i9.
POPULATION bES G0L05IB8 KRASÇAISES {*).
1 ■ r f -x-.w
Martinique. .
Guadeloupe.
Guiane
Bourbon
Sénégal
Inde
Saint-Pierre.
Mada
AIgé
agascar.
rie
blanche.
ii,m..
1,026..
J43..
165,166..
1,482..
80..
inconnu..
LmiiE.
de couleur.
29,928. .
4,164..
7,749..
853..
4,920..
Total.
41,062. .
5,189. .
39,271..
7,691 . •
166,118..
5,000.
b8C3iAtB.
76,517..
93,349..
15,751..
66,354. .
I»»a6ii..
Total.
Algérie.
tdTAL CtÉHiMAli
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.... 117,5^9
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1,489
if il" f »■ I m n II ■■>*
L
563,778
|,&00,0QQ7
tOTAL GÉNâUL 3^000,00(>
Productions ou objets de commerce des colonies françaises.
Martinique sucre , café , c«ton . caoso^
Guadeloupe. sucre , café , ooton , Cacao.
Guiane sucre , café , coton , cacao , girofle , cannelle , rocou.
Bourbon sucre, café, girofle^ poivre, muscade.
Inde opium , indigo < camphre , bôjouin , laine, étain ■ laque , étofjef*
Sétiégal gomme , ciië , ivoire , or.
Madagascar viande de IxBuf pour Bourlion.
Saint -Pierre et Miquelon. pèche et préparation de la morue (7 millions de kilog. en 1838).
Gormeutin (côte d'or) , divers territoires
dans leWalo(i8ao-3o). Ces établissements,
comme on peut le voir sur la carte, s'éten-
dent depuis le Sahara (Arguin), jusqu'au
{;oire de Bénin (Guinée). (Toy. Sékboal^)
(*) On n'a pas compris dans ce tablesa
les foQCtionmiires et les troupes des garoi-
sohs , si ce û^e^ à Madagascar où la po-
pulation blanche ne se compose que des
fonctionnaires sauf i3 créoles.
tÔL PRÀNCfe. céL
Contmefae des càloiiies avec ta Prance en 183^/
iiï
iîiÉ
■ ■> 1 ^,^^ti
■ 1 1.\'- ■ » .« «
■àftiHlqoé
QntilelQupQ.
Gaiane(i836)
Botirbon (1836)
Ipdè *
ô«né«al
Si^Dt-Pierre et MiqiieloD (tfoUtir de ^a warne
if àdagascai [commerce avec Bourbon en 1838)
âfNmvitioifs
dé la colonie
ed France.
18,2S4,839rr.
05,348,656
2,MM73
17,268,481
4,313,004
6,306,618
taLPORTATIOÏfS
de France
dans la colonie.
9O,4I0,642fr.
20,7C8,2M
13,268,481
1,744,260
tn^polrtée 6» France eu las^j
Total général.
1*0TAt.
38,650,481^.
4e,it6«ti9
6,8)4,99fl
30,678,213
6,057,264
l4,26b,5O0
a,l07;&56
1,103,645 .
146,794,570
Tabteau cke <Upense4 €t det rmtUeti ^s colonies françaises pour Vannée 1840*
RisCElTES
LdCAifeS.
GOIXMCIES.
Atartlfliqne.
Goadelotipe
Guiaoe ,
Bourbon
Sénégal
Inde
Saio^Plerre et lliftaelon<
Madaga'iicâr
Servi(9e des colonies en France.
I*.>i«»...
Total.
2,I37,180fr-
â,067,768
I,736y440
' 298,455
917,858
12,850
CRÉDITS
ALLOUÉS
AU BUDOBT.
2,365,469 &•
2,532,241
1,311,990
1,087,103
924,368
95,050
190,000
60,000
124,679
8,620,000
16,132,700
tOTAL
DÈS RECETTES-
DÉKEII^.
4,502,649 fr-
4,627,909 fr.
4,600,009
4,534,617
l«e(MI,789
I^58«,IS5-
2f823,543
2,886,664
1,222,^-23
I,I37,<26&
1,012,408
1,012,408
132,850
188,850
60,000
60,000
124,679
124,679
16,102,577
7,512,700
Relevé des droits, perçus en France, en 1335^ sur les denrées et marchandises
coloniales importées des colonies françaises,
Martinique io,904,208 tt.
(Guadeloupe 14,786,184
Guiane...T 968,364
Bottrbon 7,990,759
Sénégal 141,926
Inde., 42,446
Saint-Pierrre et Mlquelon et grande pèche . . io,4io
34^843,297
Tableau du mouvement delà navigation française auquel le commerce
maritime des colonies françaises a donné Ueu en 1838.
lilartinfqne
Gaadelonpe
Gulane «
Bourbon
Sénégal
Inde
SalDt-Piffffi n Mlqiifflon.. .
Totaux généraux
ENTRÉES.
308
538
41
202
81
87
16S
1409
47,665
59,595
6,299
54,644
7,691
13,063
23,544
211,501
3,270
6,196
469
3,246
74J
1,198
3,040
18,162
SORTIES.
na-
vires.
315
501
47
204
55
91
|68
1381
ton-
neaux.
43,135
&3,315
7,962
58,718
6,534
13,934
25,218
208,816
s O 2
3,123
4,349
586
3,251
602
1,245
3,842
15,848
ÉniANGERS.
NOMBRE DE
NATIRB»
entrés.
417
173
18
37
15
488
50
1198
sortis.
419
201
19
37
9
455
50
1190
«11
COL
L'UNIVERS.
GOL
Ainsi, nos colonies rapportent au
trésor 34 millions , 26 en défalquant
les 8 millions qu'elles nous coûtent;
elles donnent lieu à un commerce
entre elles et la France, dont le chiffre
s'élève à 146 millions ; elles occupent
18 mille matelots. Certes ces résul-
tats, sans parler de l'importance po-
litique qu'ont nos colonies , méritent
qu'on regarde ces possessions comme
ayant une grande valeur ; et cepen-
dant leur état actuel est loin d être
aussi prospère qu'il pourrait l'être si
les préjuges ne s'y opposaient. De plus,
•.il tant remarquer au' Alger n'entre
pour rien dans ces cniffres; l'état de
guerre, si maladroitement prolongé,
empêche la colonisation de cette con-
trée, et l'apathie inexplicable du gou-
vernement arrête et paralyse les efforts
des particuliers. Quelle serait donc
l'importance de nos colonies, si Bour-
bon, la Guadeloupe et la Martinique
abolissant l'esclavage et adoptant les
procédés de l'industrie européenne,
entraient enfin dans une voie de pro-
§rès rationnels; si on savait tirer parti
e la Guiane, défricher ce pays si
fertile et si salubre, quoi qu'on dise, et
qui pourrait devenir pour nous de vé-
ritables grandes Indes, et des Indes
placées a 1,200 lieues du Sénégal,
c'est-à-dire à dix jours d'une de nos
Srincipales colonies; si on voulait en-
n s'établir à Madagascar et en tirer le
riz, ce pain des pauvres, dont on pour-
rait nourrir une partie de notre po-
pulation, et dont le commerce offrirait
un nouveau développement à notre
navigation sur le golie Arabique et sur
la INléditerranée ; si on donnait aux
pêcheries du Sénégal toute l'extension
dont elles sont susceptibles ; si l'on ré-
gularisait la pêche du corail sur la côte
aAlger, en l'encourageant par des
primes; si l'on faisait enfin tout ce
qu'il y aurait à faire, et surtout si l'on
organisait l'Algérie ? D'ici à un demi-
siècle, nous aurions une puissance co-
loniale supérieure à celle de toute au-
tre nation. La France aurait repris sa
position dans la Méditerranée , et elle
aurait ressaisi la puissance qui semble
lui échapper.
Quand donc la France, sortant en-
fin de sa torpeur, comprendra-tette
qu'elle abandonne les traditions de ses
ancêtres, qu'elle fait défaut à son passé
et qu'elle marche à sa ruine? (^and
donc l'esprit public, réveillé de ce long
sommeil où dés intérêts égoïstes l'ont
plongé , reprendra-t<il eiinn son éner-
gie ? Dieu seul le sait ; mais , jus-
que-là, n'espérons pas que le pays
comprenne ce qu'il peut faire de ses
colonies. Il est même à craindre, car
il faut tout dire, qu'un jour vienne où
l'on veuille les abandonner. Un parti
puissant exploite cette idée. Il est
des gens qui proposent chaque année
à l'assemblée chargée de défendre les
intérêts et l'honneur du pays, l'aban-
don d'Alger, et dont les discours, tra-
duits en arabe par les ordres d'Abd-el-
Kader, vont servir ensuite de prodanu-
tions contre nos armées. Il s'est troavé
un ministre qui, abandonnant l'At-
lantique à l'Angleterre, osait lui aban-
donner aussi d'un seul coup, dans ses
coupables prévisions, les Antilles, la
Guiane, le Sénégal, Madagascar, Bour-
bon, les pêcheries de Terre-Neuve; et
quelques esprits, soit lâcheté, soit dé-
couragement , semblent aujourd'hui
désirer ce honteux sacrifice. En pré-
sence d'un tel état decbosesja tâche des
véritables amis du pays doit être de
rappeler de toutes leurs forces la grande
tradition française ; de dire et de répé-
ter que moins \ios colonies sont nom-
breuses, plus il faut s'efforcer de les
conserver, plus il faut chercher à en
tirer parti ; que moins nous en avons,
plus il faut travailler à en acquérir de
nouvelles. L'aven'r de la France est là;
son commerce, son industrie, sa ma-
rine, son influence, la grandeur de son
nom y sont intéressés. Qui oserait
proposer de sacrifier tout cela ?
OoLOKNO (siège du château de). —
Le marquis de Maillebois, comman-
dant les armées françaises en Italie, se
porta, au mois de juin 1734, sur le
château de Colorno , place très-forte,
sur le Pô. Une action longue et meur-
trière s'engagea entre les Français et
le général autrichieo de Wurtemberf,
rangé en bataille derrière le diâteaii.
GOL
FRANCE.
COL
313
Cekii-ci fat obligé à la retraite, après
un combat de oeuf heures, abandon-
nant la garnison et deux mille cinq
cents morts.
Colosse d'osier. — La religion
druidique avait, comme on sait, adopté
les sacrifices humains. Souvent on
i-emplissait d'hommes vivants, de pri-
sonniers de guerre, un colosse d* osier
I)osé sur un vaste bûcher. Les druides,
es bardés et le peuple l'entouraient
en foule. Les voix et les gémissements
des victimes étaient couverts par les
cris, les chants, le son des harpes, des
trompes et des autres instruments de
tnusique. Un prêtre mettait le feu au
bûcher, et tout disparaissait dans des
tourbillons de flamme et de fumée.
CoLOT. — Ce nom est celui d'une
famille qui, pendant plus d'un siècle et
demi, pratiqua presaue seule en France
la taille, par la méthode dite haiU ap»
pareil. Laurent Colot ou Vancien^
médecin à Tresnel, en Champagne,
avait appris cette méthode d'Octavien
de Ville, qui la tenait de Mariano
Santo de Barletta. £n 1556, Henri II
l'appela à Paris, le fit chirurgien de sa
maison et créa pour lui une charge de
lithotomiste à l'Hotel-Dieu. Cette
charge fut possédée par ses descen-
dants jusqu'à Philippe Colot. Laurent
Colot enseigna sa méthode à son fils,
dont il vit bientôt la célébrité égaler
la sienne. Celui-ci fut père d'un troi-
sième Laurent Colot^ qui hérita de
l'habileté de son père et de son aïeul,*
et donna le jour à Philippe Colot Ce
fut lui qui, atteint lui-même de la pierre,
se fit tailler par son propre fils. Connu
dans toute l'Europe et appelé de tous
côtés, Philippe Colot ne réserva pas
pour lui seul le secret qu'il tenait de
ses pères; il associa à ses travaux
Giraulû, son neveu, et Séverin Pi-
neau. Le fils de ce Girault fut à son
tour le maître de François Colot, qui
mourut le 25 juin 1706, et composa
un Traité de l'opération de la taille
avec des observations sur la formor
tien de la pierre et les suppressions
d'urine, qui fut publié en 1727, vingt
et un ans après sa mort.
COLSON (Guillaume-François), pein-
tre d'histoire , né à Paris le 1" mai
1785. Admis de bonne heure dans l'a-
telier de David , il y fit en peu de
temps des progrès remarquables. Mais
abandonné de ses parents , et forcé de
travailler pour vivre, il ne put obtenir
le grand prix de peinture. Cependant
il ne se rebuta pas; et bientôt (1812),
il débuta par une œuvre capitale. Nous
parlons de son grand tableau représen-
tant la clémence de Bonaparte envers
une famille arabe. Cet épisode de
l'expédition d'Ég3^pte attira l'attention
de tous les luges éclairés. « M. Colson,
A dit David , en parlant de ce tableau,
« est devenu un très-habile homme ; il
« en a donné la preuve dans la dernière
«exposition; il est du nombre des
a élèves destinés à illustrer mon école,
« je dirais presque son pays; je fais la
«c plus haute estime de son grand ta-
« lent. » Depuis ce temps , M. Colson
a exposé, en 1819, un Saint Charly
Boromée communiant les pestiférés
dans le lazaret de Milan; ce tableau,
qui orne auiourd'bui la chapelle prin-
cipale de l'église Saint -Merry, est
d'une composition sage, également
bien entenaue d'effet et d'expression.
Il a exposé, en 1824, un Jgamemnon
méprisant les prédictions de Cassan-
drcy qui se trouve maintenant au mu-
sée de Nantes. Nous crovons que cet
artiste est aujourd'hui à la Havane.
CoLUMB ou Colomb (Michel), le
plus grand sculpteur de l'école de
Tours, naquit vers 1431; ses œuvres,
qui font depuis longtemps l'admiration
des connaisseurs, étaient cependant
restées anonymes; c'est seulement
dans ces derniers temps qu'on a pu les
restituer au ^rand artiste , dont l'ins-
cription funéraire renferme les seuls
documents qu'on ait .jusqu'ici sur les
événements de sa vie. « Je n'étois ,
dit-il , qu'un pauvre enfant , sans ap-
pui, courant sur les routes, à la merci
de Dieu et des saints patrons de nos
villages, oubliant souvent boire et
manger pour voir travailler à toutes
les belles croix en pierre qui ornent
les lieux saints du diocèse de Léon ,
et faisant moi-même de petites imaiges
en bois avec un mauvais couteau, lors-
314
GOM
LUKIVEKS.
COM
qpe de vénërdbleft pfétres me prirerit
eri pitié et se chargèrent de me nour-
rir, en tne disant : TraTdille , petit ,
regarde tout ton saoul , et le dochér
à Jour de Safnt-Pol, et les belles œo-
▼res des compaignons ; regarde, aime
)e bon Dieu, le aonx Sauveur et la be-
noiste Vierge Marie , et tu auras la
grâce des grandes (choses ; tu seras en
renom dans le Léon et la belle duché
de Bretagne. Ainsi Je faisois dépuis
longtemps pour devenir habile ouvrier,
lorsque notre duchesse Anne m*a com-
ttiandé te tombeau de notre gracieux
duc François II et tté la duchesse Mar-
guerite (*). »
On ne cotinatt ati($tin des outrages
exécutés par Columb avant ce mauso-
lée. Tune des plus belles productions
de Fart français. Cfe fut en 1607 qu'il
termina ce cnef-d'œuvre. Peu de temps
tibrès, Marguerite d'Autriche, voulant
élever à Wotre-Dame de Brou le mau-
solée de Philibert de Savoie, chargea
Columb de cet ouvrage, qui fait aussi
radmiratioU des connaisseurs, et que
lés découvertes de M. Leglajr ont der-
nièrement restitué à son véritable au*
teur. Columb est mort après l'année
1512, à l'âge de plus de quatre-vinai-
un ans, laissant une nombreuse école.
Combat à la babbii^be. — Le
(;ombat à la barrière fut, avec la Joute,
le tournoi, le behours ou bebourdis et
le pas d'armes , un de ces Jeux mili-
taires qu'inventa , dit-On , Créoffroy de
Preuilly, gentilhomme tourangeau, au
treizième siècle, et dont le goût de-
vint bientôt une passion chez la no-
blesse française. Il consistait en une
lutte dans laquelle deux troupes de
chevaliers, descendus de leurs couN
sîers, s'atteignaient avec la masque,
le sabre et la hache, jusqu'à ce qu'un
des deux partis eût repolisse l'autre
au delà d'une barrière qui fermait la
lice. Il est très-frégtiemment parlé de
ciombats à la barrière dans les romans
de chevalerie et dans la partie des-
criptive et héroïque de l'histoire de
France au moyen âge ; ce jeu n'était
pas cependant aussi recherché que les
(^) Gnéj^, BisUfire dé Nànus, p. aoà.
aiiirea, ipiarce cfue, pour à*y livrer, il
Aillait mettre pied à terre, et (3dmbat-
tre à la manière des vilains, et que les
gentilshommes tenaient siUguHère-
ment à parader devaiit le^ à^mé^ sur
leurs grauds et loutdsf chevaux de ba-
taille. Le combat à la batrière ^ pris
iln, aveo les autres eter<;iceà setnbla-
bles, vers le milieu du Éieizième siède«
Combat où DtBt jùdigiaibb. —
L'usage du combat judiciaire fut im-
porté dans leé Gaules par les peuples
germaniques. On le ttoûvé en effet
prescrit, dans eertainei) circonstances,
par la loi des Ripiiaires et bar toutes
lés autres )oi^ barbares , à rexeeptlon
de la loi saliouè. Acettè époque, toute
question se réduiéalt en fait , cft il n'y
avait d'autres preuves du fait que le
(ferment, soit de la partie, soit de ses
témoins, et le cortibat.Gobdebaud, dans
iâ loi Gombette, confirma cette insti-
tution, «afin, dit le texte, qu'on ne fit
« plus de serments téméraire^ sur des
<t faits obscurs, et de faux serments sur
« deâ faits certains. »
La plus ancienhe relation d'un cora-
bat judiciaire se tirouve dans Grégoire
de Tours. « L'an 690 , dit-il , pendant
queGontran chassait danâ la forêt des
Vosges, il trouva la dépouille d'un
buffle qu'on avait tué. Il pressa de
questions le garde de la lofèt pour
savoir qui avait osé en agir ainsi dans
une forêt iroyale. Le garde nomma
Ghundon , chambellan du roi. Le roi
alors fit arrêter ce dernier, qui fut con-
duit à Châlons chargé de chaînes. Mais
lorsque ces deux hommes discutèrent
eti présence du roi, Ghundon dit qu'il
n'était point coupable de ce dont on
l'accusait, et le roi ordonna le combat.
le chambellan présenta son neveu
pour combattre â sa placé. Les deux
champions entrèrent dans la lice. Le
jeune homme porta un coup de lance
au garde , et lui perça le pied ; et le
garde étant tombe aussit6t sur le dos,
le jeune homme tira le poignard qui
petidait à sa ceinture, et lorsquMI étitt-
chait à couper la gorge à soii adver-
saire terrassé , il nit lui-même blessé
au ventre d'un coup de poignard, et
tous deux tombèrent morts. Ghondoo
cok
ftlANCE.
obBi
Sis
alors s'enAiit vers la basilique de Saîn^
Marcel; mais le roî cria qu'on l*ar-
fëtât. Où ratteîgûit avant qu'il pût
toucher le sedil sacfé, on rattacha à
un poteau, et il ftit lapidé. Dans la
stiite, le ror se Repentit beaucoup d'a-
voir cédé avec tant de précipitation à
la colère, au point de faire périr si
promptement, pour une faute légère,
lin homme fldèie et nécessaire. »
L'usage du combat judiciaire avait
paru s'aâaiblir sur là fin dé la pre^
mière race, par suite de rinfluéncé du
clergé, qui cherchait à y Substitue]^ lé
serment. Mais Charlemagrie fût, pa^
les remontrances des grands de l'em-
pire, obligé de le rétablir. L^abécdôte
suivante, que nous cimpruntonii à
l^un des chroniqueurs de cette épo-
que , est de nature à faire voir com-
bien cette coutume était aloi'S po-
pulaire; elle donnera d'ailleurs une
idée du cérémonial Usité dàiis ces cir-
constances :
« Les Francs, dit Erraôld le Noir,
ont une coutume qui remonte à là plus
haute antiquité, dure encore, et sera,
tant qu'elle subsistera, l'honneur et la
gloire de la nation. Si quelqu'un , cé-
dant à la tprce, aux présents ou à l'ar-
tffice , refuse de carder envers le roi
une éternelle fidélité, ou tente, par un
àtt criminel , contre le prince , sa fa-
mille ou sa couronne , quelque entre-
S'rise qui décèle la trahison , et si l'un
e ses égaux se présente et se porte son
accusateur, tous deux doivent à l'hon-
neur de se combattre le fer à la main
en présence des rois, des Francs et de
tout ce qui compose le conseil dé \à
nation, tant est forte l'horreur qu'a la
France pour un tel forfait. Un grand
nommé Béro, célèbre par d'immenses
richesses et tme excessive puissance ,
tenait de la munificence de l'empereur
Charles le comté de Barcelone, et f
exerçait depuis longtemps les droitiS
âttadiés à son titre. Un autre grand ,
auquel son propre pays donnait le nom
de Sanilon, exerça des ravages sur ses
terres; tous deux étaient Goths dd
naissance. Ce dernier se rend auprès
du roi , et porte , en présence du peu-
ple et des grands assemblés, une nor-
rible accusation contre son rival. Bérd
iiie tout. Alors tous deux â'éfanceni
à rehvl, èé prosternent auit pieds il^
fastres du nloharqde/ et demandent
qu'on leur mette dans les mains le^
armes du combat. Béro S^écrië le pre^
mier i « César, je t'en supplié au nom
« méthe de ta piété, qu'il me soit per-
é mis de repousser cette ëcciisation ;
« mais qu'il me soit permis aussi, con-
« formémént au* usager dé notre na-)
« tion, de combattre à cheval, et de me
«servir de mes propres armés. « Cette
prière, Sanilônla répète avec instahce.
« C'est atix Francs, répond Céfear, qu'il
« appartient de prononcer; c*est leuîr
« dfroft; il convient qu'il éii Soit ainsi,
« et nous l'ordonnons. » Les Francs
rènderit leur Sentence dans leà formesr
consacrées par leurs antiques u^âgeâ.
Alors lès deux champions préparent
leurs armes, et brûlent dé ^*élàncer
dans l'arène du combat. Césai^, poussé
par soîi amour pour Dieu, leur adresse
cependant ce peu de paroles , éi^pres-
slon vraie de sa bouté : « Quel due sdlt
« celui de vous qui se reconnaîtra vo-
«lontaii'ementcoupcibleducrime qu'on-
« lui impute, plein d'indulgence et éri-
« ehaîné par mon dévouement au Sei-
«gneur, je lui pardonnerai sa faute,
<t et lui remettrai toutes les peines dues
« â son délit. Croyez-le , il vous est
« plus avantageux de céder à tnes con-
« seils que de recourir aux cruelles ex-
« trémités d'un horrible combat. » Mais
ces deux ennemis renouvellent leurde-
rtiande avec instance, et crient : « C'est
« le combat qu'il nous faut ; que tout
<< âoît disposé pour lè combat. » Le
sage empereur, cédant à leurs désirs,
leur permet de coUibattre selon la cou-
tume des Goths, et les deux rivaux ne
tardent pas un instant à lui obéir.
«Tout près du château Impérial,
nommé le palais d'Aix, est un lieti re-
marquable, dont la renommée s'étend
au loin. Entouré de murailles toutes
de marbre , défendu par des terrasses
de gazon et planté d'arbres, il est cou-
vert d'une herbe épaisse et toujours
verte; le fleuve, coulant doucement
dans un lit profond, en arrose le mi-
lieu , et il est peuplé d'une foule d'oi-*
116
COK
L'UNIVERS-
COU
leaux ttt de bétes fauves de toute es-
pèce. C'est là que le monarque va
souvent, et quano il lui plaît , coasser
avec une suite peu nombreuse; là, ou
bien il perce ae ses traits des cerfs
d*une inimense stature, et dont la tête
est armée de bois élevés , ou bien il
abat des daims et d'autres tanimaux
sauvages; là encore, lorsque, dans la
saison de Thiver, la glace a durci la
terre, il lance contre les oiseaux ses
faucons aux fortes serres ; là se ren-
dent Béro et Salinon, tremblants de
colère. Ces guerriers , d*uoe baute
taille , sont montés sur de superbes
coursiers ; ils ont leurs boucliers rejetés
sur leurs épaules, et des traits arment
leurs mains ; tous deux attendent le
signal que le roi doit donner du baut
de son palais; tous deux aussi sont
suivis d une troupe de soldats de la
garde du monarque, armés de bou-
cliers , conformément aux ordres du
prince, et qui , si Tun des champions
a frappé du glaive son adversaire, doi-
vent , suivant une coutume dictée par
l'humanité, arracher celui-ci des mains
de son vainqueur, et le soustraire à la
mort. Dans l'arène est encore Gun-
dold, qui, comme il en a l'habitude
dans ces occasions, se fait suivre d'un
cercueil. Le signal est enûn donné du
haut du trône. Un combat, d'un genre
nouveau pour les Francs, et qui leur
était inconnu jusqu'alors, s'engage
entre les deux rivaux. Ils lancent d'a-
bord leurs javelots, se servent ensuite
de leurs épées , et en viennent à une
lutte furieuse, ordinaire chez leur na-
tion. Déjà Béro a percé le coursier de
son ennemi. Aussitôt l'animal furieux
se cabre sur lui-même, et fuit à toute
course à travers la vaste prairie. Sa-
linon feint de se laisser emporter, lâche
enGn les rênes , et de sou épée frappe
son adversaire, qui alors s'avoue cou-
pable. Aussitôt la vaillante jeunesse
accourt, et, fidèle aux ordres de César,
arrache à la mort le malheureux Béro,
épuisé de fatigue. Gundold s'étonne ,
et renvoie son cercueil sous le hangar
d'où il l'avait tiré; mais il le ren-
voie vide du fardeau qu'il devait por-
ter; car César accorde la vie au
yaiocu, lui permet de se retirer sain et
sauf, et pousse même la démence Jus-
3u'à consentir qu'il jouisse des pro-
uits de ses terres (*). •
L'influence civilisatrice du clergé
gallo-romain, qui, ainsi gue nous l'a-
vons dit, avait presque (ait abandon-
ner, à la fin de la première race , Tu-
saçe des combats judiciaires, finit par
agir sur les compagnons de Charle-
magne, comme elle avait agi sur ceux
de Clovis. Cette coutume barbare sub- *
sista toutefois dans toute sa force tant
que la famille carlovingienne se main-
tint sur le trône; mais à partir de
l'avènement des Capétiens , elle com-
mença à s'affaiblir. En 1041 , fîit ins-
tituée, par Henri I*', la Trêve du Sei-
gneur, qui , en mémoire de la passion
de Jésus-Christ, défendit, sous peine
d'excommunication , de livrer aucun
combat , depuis le mercredi jusqu'au
lundi de chaque semaine.
En 1145, Louis VI abolit par une
charte l'usage qui autorisait le prévôt
de Bourges à appeler en duel quicon-
que n'obéissait pas à ses mandats, et il
défendit, en 1167, le combat dans les
procès, quand la chose en litige ne dé-
passerait pas la valeur de cinq sous.
En 1260, un édit de saint Louis dé-
fendit, mais seulement dans les do-
maines du roi, les duels ou gages de
bataille. Le parlement avait encore
ordonné, en 1256, un combat singu-
lier pour cause d'adultère. Philippe le
Bel, qui avait défendu pour toujours,
en 1303, les combats en matière civile,
les rétablit en 1306 par un édit qui
les restreignit à quatre cas, et en ré-
gla le cérémonial.
En 1386, le parlement, qui déjà, en
1354, avait ordonné un combat pour
une accusation de viol, prononça un
arrêt semblable dans une cause de
même nature entre les nommés Ca-
rouge et Legris. La femme de Carouge
accusait Legris de l'avoir violée. Celui-
ci nia le fait; sur la plainte de Carouge,
le parlement déclara qu'il échéoit gage,
et ordonna le combat. Legris fut tué.
Cependant son innocence fut procla-
(*) Ermoldus Nigellus, p. 77 et suit.
COM
FRANCE.
COM
317
mée longtemps après par le véritable
coupable , qui avoua son crime au lit
de la mort.
£n 1409, une ordonnance de Char-
les VI défendit les duels, à moins qu'il
n'y eût gage jugé par le roi ou le par-
lement; cette prérogative fut même
exclusivement réservée au roi , à par-
tir du commencement du seizième
siècle. François I*' ordonna et présida
plusieurs combats en champs clos. Le
règne de Henri II commença par le
fameux duel de Jamac et de la Cha-
taigneraye, qui eut lieu avec toutes les
formes et tout l'appareil des combats
judiciaires. L'issue de ce combat , si
funeste à la Chataigneraye , favori de
Henri lï, engagea ce prince à faire le
serment de ne plus autoriser de pareils
combats. « Cependant ce serment, dit
Voltaire dans son Essai sur les mœurs,
ne l'erapécha pas de donner deux ans
après, en conseil privé, des lettres pa-
tentes par lesquelles il était enjoint à
deux jeunes gentilshommes nommés
Fendilles et d'Aguerre, d'aller à S*edan
se purger par duel de certaine accu-
sation qu'on n'ose indiquer en bonne
compagnie. »
Par un édit.de 1569, Charles IX dé-
fendit les combats singuliers, avec ré-
serve néanmoins de les autoriser en
connaissance de cause, cevq<ï'il fit pour •
une accusation de consprr^ion portée
par Albert de Luynes contré 'le capii-
taine Panier, exempt des g^i^les du
corps, qui y fut tué. Ce duel parait
être le dernier qui ait été revêtu des
formes officielles. Cependant on pour-
rait encore ranger dans cette classe
une joute sanglante qui fut autorisée
par Henri IV, et à laquelle ce prince
assista. Cette joute eut lieu en 1605,
entre le duc de Guise et le maréchal
de Bassompierre. Suivant le récit que
ce dernier en a fait dans ses Mémoi-
res, il avait inspiré au roi de la jaiou*
sie au sujet de la belle d'Entragues, et
le défi du duc de Guise n'était que l'ef-
fet d*une basse flatterie. Le combat
eut lieu dans la cour du Louvre, qu'on
dépava à cet effet. Bassompierre reçut
dans le ventre un tronçon de la laiîee
lie ^n adversaire. Ses entrailles sor*.
tirait, et on le crut mort dans le mo-
ment. Il survécut cependant, et se
guérit.
Voici quelles étaient les formalités
usitées au moyen âge dans les combats
judiciaires :
Le théâtre de la lutte était un espace
appelé champ clos , autour duquel on
tendait une corde que personne ne
pouvait franchir. Primitivement, on
voyait s'élever en tête de cet espace
une potence ou un bûcher destiné aux
vaincus. Deux sièges tendus de noir
étaient réservés aux combattants, qui
s'y plaçaient pendant les préliminaires
du combat. Ces préliminaires consis-
taient en discours, formules et cérémo-
nies religieuses, dont la principale était
le serment prêté par les parties sur les
évangiles, et par lequel elles affirmaient
qu'elles n'avaient employé ni sorcelle-
ries, ni maléfices, ni enchantements;
affirmation dont on prenait ensuite la
précaution de vérifier l'exactitude par
une rigoureuse visite. Cela fait , on
{)artagedit également l'espace, le vent,
e soleil entre les adversaires, et quel-
quefois on leur distribuait des sucre-
ries ou autres friandises pour leur te-
nir lieu de rafraîchissements ; puis on
visitait et on mesurait leurs armes;
après quoi, le combat commençait à
un signal donné par le maréchal du
camp , qui criait : « Laissez aller les
bons combattants! »
Il était défendu aux assistants, sous
des peines très - sévères , de parler, .
tousser^ craciier, éternuerou faire quoi
que ce soit qui pût distraire ou inter-'
rompre les champions. Celui qui offrait
le combat devait jeter quelque chose,
à son adversaire; c'était ordinaire-
ment un gant , que celui-ci ramassait
pour marquer qu'il acceptait le défi.
L'objet, ainsi jeté et ramassé, était ce
qu'on appelait le gage de bataille,
ChacuQ des combattants choisissait,
aussitôt un ou plusieurs témoins. Ces,
témoins, auxquels on donna longtemps
le nom de parrains^ n'eurent d'abord
d'autres fonctions que celles de veiller
au maintien des règles et formalités
prescrites pour le combat. Mais dans
la suite, ils durant y participer aussi i
iië
L'UmVEBS.
et prèûéH fâtt «t eatisé poar leori
filleuls, soit pour I6S appuyer, soit
pour les venger.
Avant d'entrer eh lice, les combat-
tants assistaient à la messe, et souvent
même ils recevaient rEucharistie en
fbriïie de vlatiqaé. On trouve encore
dans quelques ancienis missels le pro*
pre de cette tnéS8e,qui y est intitulée
Missà pro duello. Après le combat ,
le vainqueur revenait à Féglise faire
ses actions de grâce , et il y laissait
queliquefois , comme ex voêiy les dé-
pouilles de son ennemi. Les armes or*-
dinaires étaient, pour les nobles, Tes-
pâdon, épée large et à deux tranchants,
la cuirasse 9 le bouclier et la lance,
quand on comblittait à cheval. Les ro-
turiers ne pouvaient se mesurer qu'a-
ve(; le bâton.
Desfohtaineft et Beaumanoir nous
oiïlt donservé les diverses formalités du
CN^mbàt Judiciaire, tel que l'ordon*
liaient encoire les tribunaux de leur
temps. Non-senlement le combat avait
lieu entré lès parties oontendantes ,
mais il pouvait s'établir aussi entre
Tune des parties et les témoins pro-
duits par r^utre. Sur un d^enti
donné par celié-ci, le combat coni-
ifien^aSf ; et si le témoin était vaincu,
Ift piartie était censée avoir produit un
ftlux témoin , et ellu perdait son pro-
éês. Si le procès avait été Jugé en pre-
mière instance sur une déposition de
témoins, la partie qui l'avait perdu
avait le droit de famser immédiate*
ment le jugement, en donnant au juge
le démenti auinoment où il prononçait
sa sentence. Alors le combat s'eoga-
g^ait avec lui. Dans tous les cas , le
vainôti n'en était pas quitte pour les
hasards du combat, il deVait en outre
{)ayer une grosse amende,' et c'est de
à que vient le proverbe : Lès bcfêttts
payent V amende. Il n'était pas permis
au vassal défausser le jugement de
son seigneur. Il n'y a, dit Desfontai*
oes, entre toîy seigneur, et ton vUain,
êiutré juge fors Dieu, Ce fut saint
Louis qui introduisit Tusage de faus-
ser, c'est-à-dire, d'appeler des juge-
ments sans que le combat en résultât.
Ce fut ime espèce de révolution.
IheifMi c^tnips eas) on.peQfgitçn
battre par procureur, hotampQt
quand le procès concernait des feio^
mes ou des ecclésiastiques. (Voyez le
mot CHÀMPtoif.) Telle était la \è^ir
lation en matière civile. En matière
criminelle, la partie qui succonobaitt
soit par elle-même, soit par son cham-
pion, était pendue ou brûlée, « ^^ c^
guiseroU vaincu, disent les établis-
sements de saint Louis, si seront pe»*
du. » Pendant que les champions com-
battaient, les deux parties étaient
gardées hors de la lice « la corde au
cou, attendant la potence ou la liberté,
suivant le résultat de la lutte.
Un noble pouvait appeler un rotu-
rier au combat; mm le premier n'é-
tait pas tenu de répondre à l'appel du
second. Une charte de l'année III6
accorde aux moines de Tabbaye de
Saint-MaU]>des-Fo8$és le privilège i^
faire battre lieurs serfs avec des per*
sonnes franches (*).
Pour plus de détails Qur cette ma*
tière, nous renvoyons aux chartea da
communes accordées k différentes vil*
les au commencement du douzième
siècle, et au niiot Duelluk du Glos-
saire de du Gange. Voyez d'aillears
l'article Dubl*
Cqmbault (monnaie de),— Il paraît
que le petit village de Combauit, ea
Brie , aujourd'hui département de
Seine-et-Marne , arropdissemept 49
Melun , posséda autrefois un atelier
monétaire. On lui attribue générale^
ment un triens qui présente d'un coté
un buste de profil droit, arec la lé-
gende: GoMBELLis FIT, et au revers
une croix anséè avec le nom du moaé*
taire Robombris.
CoMBs (Michel), né à Feurs (Loire)
le Su octobre 1787, entra au service
comme volontaire la IT ventôse an Jh
passa par tous les grades inférieerst
fut nommé adjudant sous-officier eo
1807^ et reçut, le l*"" oetobre 1807,
là croix de la Légion d'honneur, ea
(*) Nous avons fait dé nombreux eli-
prqnts , dans le ooufs de cet article» à YMû'
foire des duels, par M. Fougwonx df Cm*
pigneultefi.
€6M
FRÂSCE.
et»
Hicôitipensé âë sa bdte conduite péri*
daht )â câttipagne de Pi>U8se et de Po-
logne. La valeur dolit il fit preiivç
pendant les catnpa^dès suivantes lui
fit conférer, lé 7 juin 1809, Tépaulettè
de sptis-iieiJtenânt. Nommé lieiitenàîît
Ui 18 mai 1811 , et àdjudant-major le
16 décembre de. la rtiëme ëniiee , il
dût à sa réputation de bravdiire êôh
admission darï^ la gafde iitipêFiàle, et
passa, lé 12 juin 1813, comme liéUtei-
iiant en second dans le l**" tégiméiit
dé grenadiers à pied de la vieille garde.
Il 0t ëti cette qualité là campagne dé
Russie. Ad retour de cette tatalé ex-
pédition, Napoléon , voulant réorgani-
ser soh airmee, choisit les officiers les
plus dlstiti|ués pout leur confier le
commandement iet Tinstruction éeh
soldats des dernières levées. Confit^
fut, en conséquence, nommé, le 12
mars 181^, Capitaine adjudant-majoi*
dans le 135* regiinënt d'mfanterie de
ligtie, et ^t àvée ce corps les cçiiipâ-
ghes de Sàxé eh 1813, et de France
en 1814. Na{)olêon, qui connaissait là
bravoure de Combe, rappela de nou-
veau datis les grenadiers à pied de la
vieille gardé , et lui donna , le 3 avril
1814, lé brevet de capitaine èhef de
bataillon dans ce corps d'élite. L'erïl-
pii^e était à son déclin, et Texistence
d'une foule de braves allait être bri-
sée. Napoléon, en perdant àa puis-
sance, n'en conservait pas inoins toiis
ses droits â l'anection d*un grand
nombre de ctisurs iiobles et dévoués.
XiOrsquMI s*dgit de désigner ceux qui
devaient raccompagner dans son exjj ,
îl n'v eut que rembarras du choix.
Coitine fut désigné pour faire partie
du bataillon , et fut nommé comipan-
dant de la 2* compagnie de grenadier^
le 7 avril 1814.
Au mois de mars 1815, Il revint eh
France avec rcmpereùr,quî le nomma
officier de la Légion d'honneur le 11
avril suivant, et chei de batai11on>ma-
jordans le V régiment de grenadiers
a pied de la vieille garde le Ï3 du
menié mois. Il combattit à Wateirloo,
fil resta Je dernier sur le champ de
bataille. Après nos désastres, il s'ex-
patria^ et ne revint en France qu'à la
rë^dlutfon dé 183Ô. Placé, le U dé^
cetubre de cette année, coinme lieutB»
nant-colônel dans le 24^ de ligne, i4
fut iiommé colonel du 66* le 14 dé*
cembre 1831 ; et ce fut lui qui, le 23 féh
vriët 1832, s'empara de la forteresse
d'AlicÔrie. Si rdccupâtiop de cette
place ne produisit pas Teffet qu'en atf
tendaient les véritables amis dé la li*-
liysné , ce n'est pas à l'ititeépide coio<-
iiël qu'il faut s'en prendre, mais à
ceux qui, après cette action éclatante,
eurent la lâcheté de lui enlever le oom^
Inandement du 66i^. La réprobation
générale qui accueillit cette honteuse
Tiiesûre força le gouvernement à rapi-
Î)eler dariS les rahgs dés défenseurs de
a patrie celui qui visnait d'ajouter ut
nouveau fleuroti à sa glorieuse cou*-
ironile. Mais , comme par une àmère
dériiiion , ce fUt à la tête d'iiti c«ir^
ardent et le plus dévoué. Il fut appelé
au conlmandement de la légion étran-
gère par uhé ordonnance royale du
V lilai 1832. Il ne conserva cepetidadt
ce posté que ^Uel^ues mois, et fut
nomrné colonel du 47<' de ligne le le
octobre suivant. Dégoûté d'un servie^
que Ton semblait prendre S tâche de
rendre pénible , Combe avait té désir
de se retirer; mais sur ce qu'Oii lui St
obserVe^ qu'il y a^ait eiicore quelque
chose à faire eti Afrique, le jUStë mé-
contentement qu'il éprouvait fit place*,
dans son noble Cœur, à une résolution
généreuse. Il sollicita et obtint de faire
partie du corps expéditionnaire placé
sous les ordres du général BUgeaud
dans la province d'Oran. Dès lors ,
tous les champs dé bataille ot il sa
trouva furent témoins de sa valeur.
Toutes les fois qu'on marchâlit à Ten^
nemi, il avait un commandement d'Of-
ficier général ; il ne redevenait simple
colonel que dans les ^misons, cft
lorsque tout danger était passé. AprÔS
le glorieux combat de la Sicka , toute
l'armée pensait que le grade de maré-
chal de camp serait le prix de ses longs
et brillants services. Combe attendit
inutilement les insignes de ce grade)
iso
GOM
L'UNIVERS.
GOM
on lui envoya la décoration de comr
mandear de la Légion d'honneur,
vain hochet devenu sans valeur de-
puis qu'on a prodigué sans discerne-
ment cette aistinction si glorieuse
dans l'origine. Déçu dans ses espé-
rances les plus légitimes, Combe re-
prit son projet d'abandonner le ser-
vice. Déjà sa demande de retraite était
formée; encore quelques jours, et,
rentré dans ses foyers , le colonel eût
été pour jamais rendu à la vie civile,
lorsaue l'expédition de Constantine fut
déciaée. Le général qui l'avait souvent
conduit au combat lui montre un
nouveau danger à affronter, une occa-
sion brillante d'être encore utile à son
pavs. Aussi zélé patriote qu'intrépide
soldat, G)mbe déchire sa demande de
retraite, et vole à l'un des postes les
plus périlleux de l'armée: il y est
frappe mortellement, et expire en hé-
ros. Voici , d'après les journaux offi-
ciels, le récit de cet événement (*) :
Le corps expéditionnaire était arr
rivé devant Constantine, et la tranchée
avait été ouverte le 12 octobre 1837.
L'assaut de la place fut résolu pour le
13 au matin. En conséquence, les co-
lonnes d'attaque furent organisées
pour le donner. Le colonel Combe
commandait la deuxième. Après avoir
adressé à sa troupe quelques paroles
pleines de chaleur et d'énergie, il s'é-
lance au pas de course vers la brèche,
où pleuvait une grêle de balles, en
criant: «En avant, mes amis! et vive
à jamais la France!» Arrivé sur la
crête , et dans la première maison qui
faisait face à la brèche, le colonel re-
connut d'abord que toutes les issues
étaient fermées; il se mit à découvert
pour en ouvrir une. Là il reçut une
première blessure au cou , et n'en
continua pas moins à marcher en
avant, jusqu'à une barricade à l'abri
de laquelle les Arabes faisaient un feu
yif et meurtrier sur nos soldats. Le
colonel, jugeant aussitôt de quelle im-
portance il était de renverser promp-
tement cet obstacle, s'adressa à sa
(*) Voyez la Sentinelle 4e Varmée et le
^Qntteur universel.
troupe , et dit : « La croix d'honneor
« est derrière ce retranchement , qai
ft veut la gagner ?» M. Besson , sous-
lieutenant de voltigeurs au 47% n'at-
tendit pas la fin de la phrase ; il fran-
chit la barricade d'un seul bond , et
fut suivi de tous ses voltigeurs. Quel-
ques minutes après, le colonel Combe
reçoit le coup mortel; il le sent, mais
ne le témoigne pas,et, se survivante lui-
même par l'énergie d'une âme qu'ein-
brase 1 amour de la patrie, il ne s'oc-
cupe que de l'issue du combat: il
assure la victoire, puis, se tournant
vers les siens , il leur dit : « Ce n'est
« rien, mes enfants, je marcherai bien-
« t6t à votre tête.» Il se dirige ensuite
vers la brèche pour se faire panser;
mais il veut auparavant rendre compte
au commandant du siège du succès dé-
cisif de nos colonnes. Il s'avaneedroit
vers lui, et lui dit avec calme: «La
« ville ne peut tenir plus longtemps;
« le feu continue, mais va bientôt ces-
« ser; je suis heureux et fier de pou-
« voir être le premier à vous l'annon-
« cer. Ceux qui ne sont pas blessés
« mortellement pourront se réjouir
« d'un aussi beau succès; pour moi,
«c je suis satisfait d'avoir pu verseï
« encore une fois mon sang pour ma
« patrie. Je vais me faire panser.»
Ces paroles sont sublimes de simpli-
cité. Le calme avec lequel Combe les
avait prononcées ne laissait point
soupçonner qu'il fût mortellement at-
teint; ce ne fut ^ue lorsau'il se re-
tourna pour aller à l'ambulance qu'oa
aperçut avec une admiration mêlée
d effroi le trou de la balle qui avait
percé l'omoplate et traversé le pou-
mon. A cinquante pas de là, il tomba
en faiblesse. Il fut d'abord porté à soo
bivouac, oii les premiers soins lai
furent donnés , puis à l'ambulance, ou
il expira le 15 octobre 1837.
Dans sa longue et glorieuse car-
rière. Combe a fait mieux ^ue d'ob-
tenir des grades, il les a mérités. On
ne pourrait pas en dire autant de tous
c«ux que le gouvernement lui a pré-
férés.
Après la mort de Combe, le général
en chef de l'armée d'Afrique paya,
GOM
FRANCE.
€OM
831
dans ses rapports officiels , un juste
tribut d'éloges à sa mémoire; le roi,
voulant honorer un trépas si glorieux,
ordonna qu'un buste en marbre re-
traçant les traits du héros serait placé
dans rbôtel de ville de son pays natal,
et que son cœur, transporté en France
aux frais de TÉtat , y serait aussi dé-
posé. Le ministre de la guerre écrivit
une lettre de condoléance à sa veuve;
un député, mû par les plus honorables
sentiments, proposa à la chambre d'ac-
corder une pension de 3,000 fr. à la
veuve Combe; toutes les âmes géné-
reuses s'associèrent avec empresse-
ment à ce projet. La demande fut prise
en considération dans la séance du
10 février 1838; une commission,
composée de MM. Énouf, général La-
rhy, général Schneider, de Montépin,
colonel de Lacoste, général Doguereau,
Pérignon, Gaiilard-Kerbertin et colo-
nel Garraube , fut nommée dans celle
du 17. Le 27, le général Doguereau,
rapporteur, conclut au rejet de la pro-
{)osition. Lie 9 mars, la discussion eut
ieu ; MM. le général Bugeaud , Lara-
bit , Baude, de Chasseloup-Laubat
(Just) , le colonel Garraube , défendi-
rent chaleureusement la proposition ,
qui fut vivement attaquée par le rap^
porteur et par le ministre des finances ;
enfin, le scrutin vint mettre un terme
à cette pénible discussion sur le degré
d'héroïsme de la mort du colonel
Combe. Sur 319 votants, dont la ma-
jorité absolue était 160, il y eut 159
voix pour l'adoption de la proposi-
tion, et 160 contre. Dans la session de
1840, une pension de 2,000 fr., à titre
de récompens.e nationale, a été accor-
dée à madame Combe.
CoMBÉ (M. Madeleine de Cyz de),
née à Leyde en 1656, dans le calvi-
nisme, se maria à dix-neuf ans, devint
bientôt veuve, passa en France, abjura
le calvinisme , et quoiqu'elle ne vécût
guère que d'aumônes, ronda, en 1686,
pour les femmes pénitentes, l'établis-
sement des filles du Bon Pasteur, au-
quel Louis XIV accorda, en 1688, une
maison et des secours en argent. Ma-
dame de Combé mourut en 1692.
• CoMBEFis (François) , dominicain,
T. T. 21* livraUon. (Digt. engycl., etc.)
né à Marmande en 1605, enseigna la
philosophie et la théologie à Bordeaux,
puis vint à Paris en 1640. Le clergé
de France^ assemblé en 1665, le char*
gea de donner de nouvelles éditions
et des versions latines de plusieurs
Pères grecs. Il mourut en 1679, à Pa«
ris. Ses principaux ouvrages sont:
55. Patrum ÂmphUochU^ MethodU
et Andreae cretensis opéra omnia,
Paris, 1644, 2 vol. in-fol.; Grœco-la-
tinx Patrum bibUothecœ novum auC'
tariumy 1648, 2 vol. in-fol.; Bibiio-
theca concionatoria j 1662 , 8 vol.
in-fol.; Originum rerumque Cons*
tantinopoUtanarum ex variis auctO'
ribus maniptUuSy 1664, in-4°; BibUo*
thecœ grxcorum Patrum auctarium
novissimum grœce et latine y 1672 ,
2 vol. in-fol.; Ecclesiastes grœcus,
1674, in-8'; S, Maximi opéra, 2 vol.
in-fol.; Basilius inagnm ex intégra
recensitasy 1679, 2 vol. in-8'*; Histo-^
rise byzantine scriptores post Théo*
phanem, grœce et latine y 1685, in-fol.
Ce volume forme le 19* de V Histoire
byzantine, et Combefis, qui le publiait
par ordre de Colbert, mourut pendant
son impression.
CoHBBNNATOBES. — Lcs Romains
appelaient ainsi les conducteurs des
cnariots à quatre roues {benna) usités
pour voyager dans la Gaule. Le mot
benne , qui désigne encore dans quel-
ques départements une voiture d'osier
à quatre roues , est employé dans le
même sens par les paysans d'Allema-
gne. Un bas-relief trouvé à Dijon offre
la représentation du benne et de ses
conducteurs.
COMBBAiLLES, Combralia y petit
pjays de l'Auvergne , compris aojour-
d'hui dans le département du Puy-de-
Dôme , avait pour capitale la petite
ville de Com6rai^5, Evaonou Evaux,
en latin Evahonium, et portait le titre
de baronnie. Cette contrée, après avoir
longtemps fait partie des domaines des
comtes d'Auvergne , avait ensuite ap«
partenu à la maison de Bourbon, puis
successivement aux ducs de Montpeur
sier et d'Orléans. La ville de Combraîl-
les était , avant la révolution , le siège
d'une élection. . .
21
3«
W¥
L'UNIVERS.
COU
Gai||BiiQ9rP9 , Oppidum Candidù'
brmêi «mci^nne batQnnifi de !• Auver-
gne, ai^Qurd'hui chef-lieu d'un canton
du département du Puy-de-Diôine , à
%2 kil. de Ricm , érigée ea marquisat
en 163S. La populittipu de Combrondè
est aujpurd'uuj de X^^i hab.
C0VQUT13. — Les bandei gauloises
qui epvahissaieut la Grèce en 279,
venaient d'être défaites aux Thermo-
pyies et dans TCCta. Le hrenn cepeur
Qe^W\ ne perdant pas courage , résolut
de tenter une seconde attaque, et d'o-
pérer pour cela une diversion terrible
sur r^toiie. Gombutis et Qrestorios ,
chargés de cette mission, ^'en ^c-*
qqitterept avec une horrible cruauté.
Suivant les prévisions du brenn 1 àix
çiiile Ëtoliens abandonnèrent silors le
camp des Thermopyle^ pour venger
leur patrie, et Combutis (ut forcé d9
battre en retraite. La moitié de se^
troupes périt dans cette marche au
milieu d'une population soulevée. Mais
çon but était rempli*
CoMBDiB. — Il y a deux espèces de
çnmédie : l'une , Siavante et réfléchiç «
approfondit \^ nature humaine eJq
riant de ses travers; celle-là forme
Vesprit autaint qu'elle l'amuse 1 elle
fait penser autant qu'elle fait rire«
elle syoute à la ^,mme de nos e^pé-;
riences sur rhomme et le moude^ ^
mérne tepaps qu'elle nous procure pat
renjouement de se$ peintures ie di-;
vertissement le plus frs^ne et le plus
vif. C'est la haute comédie. L'autre se
borne à saisir les plus gros traits.de9
caractères comiques , à reproduire Ie$
contrastes et les incidents plais$ints
qui se présentent à la surface qe I9 yie,
et to,u$ ces ridicules accidentels qui
font pstrtie des mœurs de chaque épot-
que; d'ordinaire elle Charge ce qu'elle
voit, elle outre ce Qu'elle imiie, et
provoGue, par l'exagération des Qgur
res qu^elle fait mouvoir, un rire plus
vif que délicat, une gaieté plus bruyante
que durable. C'est la comédie de se*
con^ ordre , dont î'ahus produit If
genre bouffon et la farce. Le premier
de ces deux genres de comédie n'a pas
été connu en France avant l^lojièce ,
et n'a été pratiqué avec bonheur apj^ès
lui que très-rarement et dans un très-»
petit nombre d'ouvrages. Le second
remonte, dans notre histoire littéraire,
à une date bien plus àncienpe , et ses
monuments sont très-nombreux. Cette
comédie, qui n'est pas Pétude des ri*
dicttles , qui en est 1 esquisse rapide et
souvent la caricature bouffonne, qui
se propose Iç rire pour unique but ,
nous la trouvons en France de très-
bonne heure , dans des temps encore
barbares, lorsque tous les autres gen-
res sont encore dans l'enfance, ou bien
n'existent pas ; nous la trouvons an
milieu des ténèbres du mo^en âge,
non pas sans doute aussi spirituelle et
aussi habile qu'elle peut être, non pas
cultivée avec le talent et le goût dont
ce genre est susceptible, souvent gros-
sier^, au contraire, et marquée de l'i-
gnorance du temos, ordinairement
bornée au comique bouffon, mais ea^n
assez développée, et se présentant avec
des traits assez formés et assez ôrigi«
naux pour qu'on puisse , dès cette épo-
que , constater son existence et com-
mencer son histoire. Deux causes
hâtèrent chez nous le développement
de ce genre de comédie. D'abord ces
ouvrages inspirés par le rire , et dont
la gaieté fait le génie , n'ont pas be-
soin pour naître que la civilisation et
le goût soient venus. La plaisanterie,
la parodie , n'ont rien qui soit incom*
{latible avec la rudesse des esprits et
a grossièreté des mœurs. En outre ,
ce genre devait être en France d'au-
tant plus précoce , que le go^t de la
plaisanterie, de la bouffonnerie, de la
satire, était un penchant |>rononcé
chez nos aïeux, et que, de très-bonne
heure , notre nation mérita d'être ap-
pelée le peuple le plus gai de l'univers.
Voilà ce qui explique pourquoi , tandis
que la tragédie n'était pas même en
germe dans les plates et barbares pro-
ductions des auteurs de mystères, que
d'insipides chroniques rimées étaient
nos poèmes épiques, et que tous les
autres genres étaient parefUement ab-
sents ou informes, la soèiété'des cleres
de la basoche produisait cette fauree
de l^ Avocat Pathe&n, œuvre d'une
gaieté si vive et si originale , qui par-
FRAIfCE.
GOM
928
fais offre des traits d'un excellent co*
Riiqué , et qui est un de ces monu*
ments antiques et précieux par lesquels
le génie français se dédommage ou se
eonsole d'avoir été si longteinps bar*
bare.
; C'est au commencement du quînr
zîème siècle , sous le règne de Charles
VI , que se formèrent les deux socié-
tés auxquelles notre théâtre comique
dut la naissance. Vers Tan 1402, la
confrérie des Enjauts sans souci,
dont le chef s'appelait le Prince des
sots y commença a représenter sçs
pièces intitulées sotties; et la baso-
che , composée des clercs de procu-
reur, inaugura sur un théâtre sé-
paré les petites comédies qu'elle ap-
pelait moralités ou farces, (Voir Abu
DBAMAxiQDB.) Telle est l'origine pro-
prement dite de notre comédie. Avant
cette é|)oque , on ne trouve que quel-
ques scènes de pantomime bouffonnes
qui faisaient partie des représentations
religieuses mêlées à la célébration des
offices dans les grandes fêtes , ou qui
amusaient le peuple des rues dans les
jours de réjouissances publiques.
Les moralités étaient, des trois gen^
res de pièces oui parurent alors, celui
où il y avait le moins de gaieté. Les
auteurs se proposaient souvent de don-
ner dans les moralités une leçon édi-
fiante revêtue d'une forme symbolique.
Quelquefois les personnages y étaient
les mêmes que dans les mystères ; on
y voyait paraître Dieu, la Vierge et les
saints. iJn des caractères les plus sail»
lants des moralités, et une des causes
qui leur enlèvent presque tout comi-
que , c'est le goût de Tallégorie , c'est
l'habitude de personnifier des êtres
abstraits, des vertus, des vices, et de
les habiller d'un costume où tout est
symbolique jusqu'aux moindres dé-
tails. Cette coutume, qui s'était ré-
pandue dans le roman de la Rose , et
Î|ui régnait universellement dans les
ettres , amusait un public à la fois
erossier et subtil , heureux de deviner
des éniemes faciles, et d'ailleurs porté
au svidoole , comme toutes les socié-
tés dans l'enfance. On voyait dans les
moralités une foule de personnages
comme ceux-ci : Bonne fin. Motte fin.
Peu et Moins, Bien avisé et Mal
avisé, etc. "Les farces et les sotties
étaient de petits cadres où Fon jetait
une aventure bouffonne , où Pqn pei-
gnait sans art, mais avec une verve
folle et caustique , un de ces caractè-
res toujours surs de faire rire la mul-
titude , un de ces types moitié de na-
ture , moitié de convention : le valet
fripon , le faux brave, le mari trompé,
etc. , etc. Dans ces petits ouvrages ,
la gaieté allait ordinairement jusqu'à
un cynisme effronté qui ne cnoquait
^er^onne , parce que la corruption
était extrême alors, corruption naïve,
si l'on veut , moins odieuse sans doute
que celle que le plus haut degré de ci«
vilisation anime, mais qui n^est pas
innocente , et que les enthousiastes di|
moyen âge ne parviendront pas à faire
absoudre ni à dissimuler. La sottie
avait pour trait distinctif la hardiesse
avec laquelle elle s'élevait quelquefois
jusqu'à la satire politique. Le Prince
des sots y imitant sans le savoir l'an-
cienne comédie grecque, frondait quel-
Suefois le pouvoir , censurait les anus,
ésignait à la raillerie publiqueles vices
des grands ou des prêtres. Sous Louis
XII , prince tolérant , qui favorisa la
libre expression des sentiments popu-
laires , qn représenta une sottie où la
Mère sotte , personnifiant l'Église ro-
maine , déclarait à Sotte occasion et à
Sotte ficdnee qu'elle voulait usurper le
temporel des rois. A la faveur de sa
robe d'église , Mère sotte essayait de
séduire les prélats attachés au Prince
des sots , qui figurait la royauté , et
parvenait à gagner plusieurs d'entre
eux. Alors les tra]tres et les sujelf^
fidèles engageaient une lutte , à la fin
de laquelle le prince découvrait sous
l'habit ecclésiastique la robe de Mère
sotie f et la dépouillait de son attirail
emprunté ; et la pièce se terminait par
la déposition humiliante de la fausse
papesse. On voit d'ailleurs qu'en au-
torisant de telles représentations,
Louis XII consultait aussi la politi-
que ; car il était bien aise de voir l'o-
pinion publique se prononcer contre
la cour romame , avec laquelle il était
21.
S24
OOM
L'UIVIVERS.
GOM
engagé dans une lutte politique et re-
ligieuse.
Les sotties n'appartenaient pas ex-
clusivement aux Enfants sans souci.
Bien que cette confrérie fût distincte
de la oasoche, les genres traités des
deur parts étaient les mêmes. Les ba-
sochiens se permirent aussi plus d'une
fois des attaques contre les corps de
rÉtat et les personnes. Mais sous
François P"* cette hardiesse parut fac-
tieuse. Le droit de toucher aux affai-
res publiques, même par Tallusion,
fut retire aux deux confréries; et,
comme autrefois les poètes comiques
d'Athènes , les Enjfants sans souci et
les basochiens se virent contraints par
des mesures pénales de se borner aux
sujets généraux et de ne plus fronder
que les mœurs. (Voir Abt dbàmàti-
QUE.) Leurs comédies de mœurs ne
furent du reste , comme auparavant ,
que des farces. Ils en jouèrent un plus
grand nombre que jamais. Mais, à
partir de cette époque, leurs produc-
tions devinrent de plus en plus obscu-
res ; elles ne tardèrent pas à être effa-
cées par les nouvelles comédies des
poètes érudits ; elles n'offrent rien
qu'on puisse mettre à côté de la farce
célèbre que les basochiens , un siècle
auparavant, avaient fait applaudir sur
leur théâtre , alors beaucoup plus flo-
rissant. Vers Tannée 1450 avait paru
l* Avocat Pathelin, qui ne vaut uas
précisément pour nous unelliaae,
comme le dit M. de Sainte-Beuve dans
le livre où il s'efforce de réhabiliter
notre moyen âge littéraire et de dissi-
muler notre pauvreté avant l'âge clas-
sique, mais qui révèle la vive source de
gaieté et d'esprit que renfermait déià
le génie français , et nous permet de
citer quelque chose de vraiment comi-
?ue bien avant Molière. La scène où
'athelin marchande la pièce de drap ,
et celle où le marchand , interrogé par
le juge , confond dans ses réponses
son drap et ses moutons , sont mar-
quées au coin de la bonne plaisanterie,
et aujourd'hui même l'effet n'en est
pas affaibli par les obscurités d'un lan-
gage qui paraissait déjà fort vieux à
Etienne Pasquier. Une foule de traits
heureux font de l'auteur inconnu de
cette farce un des ancêtres de Rabe-
lais et de Molière. Brue^^s reprenant
Pathelin au dix-septième siècle, et rha-
billant à la moderne, ne lui a pas con-
servé sa verve , et affaiblit souvent sa
gaieté; et c'est dans l'original qu'il
laut étudier ce monument , où se dé-
couvre toute la vocation comique de
notre nation.
• Les Enfants sans souci et les baso-
chiens, dont le théâtre , comme nous
l'avons dit, tomba en pleine décadence
à partir du milieu du seizième siècle,
subsistèrent toutefois longtem|)s eih
core. Ces deux confréries se soutinrent
avec leurs cérémonies et leurs statuts
jusqu'au commencement du dix-sep-
tième siècle , où elles finirent par se
perdre obscurément dans les orgies
du mardi gras. En IQOS^ le Prince de»
50^ avait encore le droit d'entrer par
la grande porte à l'hôtel de Bourgogne
le mardi gras, et d'y prendre une col-
lation.
Les comédies qui firent tomber en
discrédit, au milieu du seizième siècle,
les farces des confk'éries, ou qui du
moins détachèrent de ces spectacles la
f)artie la plus éclairée du punlic, ûirent
e résultat de cette réforme que le godt
de l'antiquité, l'érudition, les rapports
fréquents avec l'Italie amenèrent dans
notre littérature à cette époque. Dans
ces comédies, plus régulières qyejout
ce qu'on avait vu jusque-là, les^souve-
nirs de Plante et de Térence se mê-
laient à de nombreux emprunts faits
aux pièces italiennes. Tels furent Y Eu-
gène de Jodelle, la Trésorerie de
Grevin, les Corrivaux de Jean de la
Taille, le Brave de J. A. de Baïf. On
fît aussi alors des traductions de co-
médies latines ou grecques : Ronsard
traduisit le Plutus d\4ristophane. Cette
nouvelle génération de poètes érudits,
qui réformaient tout et qui affichaient
un souverain mépris de tout ce qui les
avait précédés , prenaient en pitié les
farces et les sotties^ comme ils acca-
blaient de leurs dédaigneuses railleries
les mystères de$ conrrères de la pas-
sion ; et leurs comédies, qu'ils jouaient
entre eux, ou devant un public choisi
COH
FRANCE.
COJW
325
qu'ils réunissaient dans l'intérieur d*un
collège , leur paraissaient des innova-
tions profondes et glorieuses. Il est
vrai que ces comédies étaient d'une
construction plus régulière que les an-
ciennes pièces , et attestaient |)lus de
culture dans les écrivains. Mais avec
un peu plus d'ordre , et quelques ré-
miniscences classiques , elles ne s'éle-
vaient pas beaucoup au-dessus delà
bouffonnerie des /arce^ 9 et reprodui-
saient même la licence et le cjmisine de
ces basochiens tant dédaignés. VEu-
aène de Jodelle, représenté devant
rUniversité, est rempli des plus gros-
sières indécences. La pièce roule sur
les stratagèmes employés par un abbé
pour conserver la possession de sa
maîtresse, qu'un officier lui dispute.
L'auteur ne recule pas devant les si-
tuations les plus libres. Ainsi ces co-
médies nouvelles ne différaient pas
de l'ancien théâtre autant que se Ti-
maginaient les réformateurs , et ^ mal-
gré quelques changements légers, l'es-
prit comique était le même. Un progrès
véritable ne se fait sentir que chez un
seul des écrivains comiaues de cette
école. Pierre Larivey, Gnampenois, se
distingue de tous ses contemporains
par des traits d'une bonne et franche
plaisanterie, un dialogue vif et naturel,
et par une certaine connaissance du
cœur et des passions. Dans sa pièce
des Esprits y le personnage du vieil
avare Séverinest presque un caractère.
Cette pièce , à laquelle Molière a fait
plusieurs emprunts , et dont Regnard
aussi s'est souvenu dans son Retour
Imprévu, fait assurément plus d'hon-
neur au théâtre du seizième siècle que
toutes les tragédies servilement et gau-
chement imitées du grec, qui exci-
taient alors tant d'applaudissements.
On lira encore aujourd'hui avec plaisir
les Esprits de Pierre Larivey : mais
on succomberait d'ennui en lisant la
Cléopàtre de Jodelle, qui fut célébrée
ù son apparition comme une mer-
veille. Ainsi on peut remarquer ici
deux choses : c'est que la comédie ,
malgré l'illusion des Ronsard, des Jo-
delle, des Baïf, subit une réforme
beaucoup plus légère que la tragédie,
et qu'elle garde sur la tragédie une
avance marquée.
Les successeurs de Larivey sont
très au-dessous de lui. D'ailleurs, les
progrès de l'art dramatique furent re-
tardes par les guerres civiles , et , au
milieu des collisions sanglantes des
partis, l'esprit comique déserta les
théâtres pour descendre sur le champ
de bataille, et lancer dans la mêlée les
traits perçants du pamphlet et du li-
belle satirique. Toute la comédie de ce
temps est dans la satire Ménippée.
Sous Henri IV, le théâtre renaissant
subit une influence nouvelle , celle du
drame espagnol. L'imitateur des Es-
pagnols, Hardy , changea la forme de
fa tragédie. Plus irrégulier que l'école
de Ronsard, disposant du temps et de
l'espace avec une hardiesse sans limi-
tes, il compliqua à l'excès les ressorts
de l'intrigue. Aucun progrès ne résulta
de ces changements : le style chez
Hardy est moins comique que chez
Larivey : les caractères sont nuls,
l'action est compliquée sans être atta-
chante , la bouffonnerie est rarement
plaisante.lVo vateur indi scr et et étourdi ,
il créa un penre nouveau , la tragi-
comédie, ou il alliait la plus lourde
emphase avec les trivialités les plus
plates, où il prodiguait les lazzis et les
tirades tragiques , les scènes d'amour
et les scènes de meurtre , les concetti
et les coups de poignard. Il ignora le
parti qu'on pouvait tirer de là liberté
qu'il usurpait : il s'en servit capricieu-
sement sans génie et même sans es-
prit. Il arrêta , par ses déplorables
succès , le progrès de notre double
scène. Il est aussi l'inventeur de la
pastorale , ou du moins il introduisit
chez nous ce genre italien, mais le dé-
figura par le plus triste mélange de
grossièreté et de fadeur , de boufton-
nerie et d'affectation. Cependant , en-
tre les mains de Mairet et de Rotrou,
la comédie redevint un peu plus ré-
gulière et se montra plus raisonnable.
Mais, dans les ouvrages de ces auteurs,
ce qui domine toujours c'est l'imbro-
glio espagnol, ce sont les faux-briîlants
italiens, les métaphores ampoulées de
Calderon et de Lope de Vega. Tel est
926
COM
L'UNIVERS.
COH
le caractère des premières comédies
de Corneille, Très - supérieures aux
fdllés ^boductiôbs dé Hardy, elles sont
firôidës et fhdsses pour les coriizeptionà
6t pbUr lé àtylë ; et lie méritaient pas
lès éxarmen^ qtiMl t ajouta dans SA
vidilëâ^é; A là niéhië épbqde, dti in-
ventait aussi un nouveau genre de
farce : c'était les pro/b^t£^^ arotatifs,
que Venàiferit réciter sui* le théâtre,
avant là pièce qu'on devaîtjouèr , des
acteurs célèbres par leur talent pour
le grotesque, tels que lesTurlupin, les
Bruscainbille, les Guilldt-Gorju . etc.
On fit auâsi de nombireuseS imitations
des parades italiennes, et lé burlesque
devint, même dans la |)artie la plus
élégante de la société , une mode qui
&e soutint longtemps , et dbiit la prb*
vittfce ti'était pas encore revenue au
temps où Bbileau écHvait le premieir
fchant de VJrt poétique.
Cependant, une réforme définitive
et durable tie tarda pas à s'opéreK dn
6ë fàssà de la confusion et de l'anar-
cHie produites isur la scède par les in-
hbvatibhs sans limites dé Hard^. Ôh
comméhça à rougir des grossièretés et
de la licence qui déshonoraient la co-
Ihédié et la tragédie. Le goût s'éclaira ;
les littérateurs demandèrent de nou-
téau à l'étude de6 anciens des lumiè-
res et une direction. C'est alors que
les unités font leur apparition dahs
notre art dramatique. Autant le théâ-
tre avait été capricieux et désordonné
au temps de Hardy , autant il devint
régulier -et sévèrement sj^métrique.
Dans la société , à la grossièreté et à
l'esprit fougueut du seizième siècle,
succédaieht, sous leministèirë de Ri-
chelieii, lé goût de la régularité et des
bienséslhces. Les règles d'Aristote,
imposées â la ti*àgédie avec une rigou-
reuse exactitude, trouvèrent faveur
auprès dû public. La tragédie dassique
lia^uit, et dut aussitôt uh immortel
éclat àii génie de Corneille. Coxâeille
ne fut pas contraint, comme on l'adit,
d'accepter un joug qui lui répugnait.
Il ne concevait rien de mieux que le
système dramatique, qu'il consacra
par ses chefs-d'œuvre , et ne se fit au-
cune violence pour observer toutes les
bienséances qui s'introduisirent dur
notre scène. La tragédie classique ne
fut t^as le résultat d'une erreur aceré*-
ditée par quelques commentateurs
d'Aristote et quelgues beaux esprits
scrupuleux; elle tut le produit des
moeurs, de l'esprit publie; elle répon-
dait à l'état de la société du dix-sep-
tième siècle. D'aitleurà, elle racheta
bien asseas par l'étude savante de la
nature humaine, par la peinture idéale
et vraie des passions ; par les beautés
incomparables du langage , ce que la
Symétrie de ses formes extérieures et
le rigoureux décorum qui lui était im-
posé devaient lui Ôter nécessairement
d'action, de vérité familière et de v»>
riétë. On peut , à certains égards ,
trbuvei' a redire à la réforme qui vint
opérer, dans la tragédie ^ une méta-
morphose aussi complète. Mais on est
forcé de reconnaître que cette réforme
était le résultat de causes nécessaires.
La comédie fut comprime dans cette
grande révolution ; mais elle eut un
Bonheur ^ui manqua à la tragédie. H
est vrai qu'elle attendit plus longtemps
qu'elle l'heure du perfectioniiement
glorieux et décisif, Corneille ayant été
porté par la nature de son çénie au
genre tragique , et Molière n'étant né
que Seize ahs après Corneille; Mais elle
subit beaucoup moins que la tragédie
le jdug de ces bienséances qui vinrent
régir notre théâtre. Elle put coctserTer
ses allures familières, sa verve libre,
et même un peu de son antique licence.
Elle resta populaire en se perfection-
natlt. Il est vrai qu'elle se soumit aux
unités de temps et de lieu comme la
tragédie. Mais cette gène est bien
moins forte pour le poëte comi()ue, qui,
s'emparant par le rire du spectateur,
ne lui permet pas de s'enquérir si la
durée ae la pièce et le lieu des scènes
sont vraisemblables , et peut , sans
scrupule et sans combinaison labo-
rieuse de prétextes, faire arriver tous
les personnages et rassembler tous les
événements sur la même place publi-
que, dans la même rue ou dans la
même salle. Qui songe à trouver
mauvais, en lisant fjécb/è desfemmesy
que to\ïs les personnages viennent tour
J
i tour coilverser devant la porte de la
maiiOn d'Àrnolphë? Qui remarque,
en lisant la fametJse «bene dd Eonnêt
dariS le Mlsarithràpe , qii'ii est assez
singulier qu'Orbnte s'établisse , pour
récitel* ses vers à Alceste , dans l'ap-
partement de Célimène, en l'absence
de la maltresse du logis ï En détint-
tive , la comëdlé lie subit , au dix-
Beptième siècle, que les entraves de la
raison et du bon coût, et Molière ptit
allier à la science, à l'art, â la délica-
tesse, la vérité familière, la vai-iété des
tons ,' les formes les pliis populaires
du bon sens, les plus naïves saillie^.
Son théâtre est, à proprement parler,
notre lliéâtre national , dans leqdel re-
paraissent, à t&\é de la perfection de
l'âge classique, tct antique esprit gaii-
loifi, cette raillerie inUigéhe que noijs
avons sighalëe dans l'auteur de PaiAe-
Un et dans Larivey. Ce n'est pas que
liotre tragédie n'ait étÊ nationale aussi,
puisque, comme nous l'avons montré,
elle sortait Att besoins de l'époque.
Mais elle était faite siiftottt pour i'élite
brillante de la société ; elle s'adressait
à une cour ingénieuse et polie , pas-
sionnée pour les arts , liiais esclave de
l'étiquette. Molière fiit à là fois l'in-
terprète de la délicatesse du grand
monde et de la gaieté familière du
inonde bourgeois , de la raison fine et
profonde des unà, et du bon sens tri-
vial et non moins profond des autres;
Il fut le poëte des grands et des petits,
de la cour et du peuple , et sa renom-
mée est une de celles dans lesquelles
se confondent les admirations de tous
les rangs; son génie est uh de ceux
dans lesquels se reconnaît une nation
tout entière.
On a quelquefois appelé Corneille le
père de la comédie, à cause desapièce
du Menteur. Il est vrai qiie là ou vit,
pour la première fois , l'éliide des ca-
ractères s'ajouter à l'intérêt de l'Intri-
gue. Cette pièce fut sans doute un ser-
vice rendu à la comédie, et Molière a
déclaré qu'elle lui avait Été fort Utile.
Toutefois , la science des caractères
comiques s'y montre bien imparfaite
encore, et un reste d'imitation espa-
gnole 7 vient bien souvent refroidir le
hatlirel et la gaieté. Molière a si peb
emprunté aux autres, il a fait faire tdDt
à coup à son art un si grand pas , il a
tii'étant dechoses dèson propre fonds,
gu'il doit ftre appelé le père de la co-
médie, bn même temps que le pretnier
dé nos poêles comiques. Il commença
par perfectionner la comédie de second
ordte, celle où l'intrigue dotnine, et
oh le rire est plus vif que délicat. Il
atteignit, dan^ te
toutes les qualités i
rieur est susceptibli >
ses ridicules, il pré i
tiliis profonds et t i
génie. Vinrent l'E :
V École des femtiie t
progrès éclatant, p
lères rendus avec ^ , j
y déterminaient les situations au lieu
d'en dépendre, et que le comique d'ob-
servation, celui qu On puisé àui Sour-
ces même de la nature, n'y laissait pliis
que très-peu de placé au comique de
bonvention. Cependant, il lui était ré-
servé de porter son art plus haut en-
core : il fit fe Misanthrope, te Tûrtum,
l'avare, les Femmes Savantes. La, le
comique épuré, sans Stre afîaibli, ne
résulte j alliais de mbyéns factices ciu
vulgaires ; l'action est eiitièrement
simple, sans produire aucun vide, parcs
queles caractères, aussi vivants, aussi
naïls dans leurs ridicules oU leurs pas-
sions, qu'ils sont savamment étumés,
suffisent seuls à provoque!: la gaieté et
à intéresser la pensée , et nous procu-
rent un plaisir vif et élevé où là raison
trouve son compte autant que l'imagi-
nation et les sens. Dans te Tartuffe et
le Misanthrope surtout, Molière a rais
toute la maturité de son talent, toutes
les lumières de Son expérience, toute
la finesse de son esprit, toute la pro-
fondeur de sa raison. Ce sont les deiis
chefs-d'œuvre de la haute comédie ,
c'est la gloil-e éternelle dé notre théâ-
tre et l'honneur de l'eSprit humain.
Après Molière, on né trouve rien
qui égale le haut rang où il s'est placé,
rien même qui en approche réellement.
On s'est demandé pourquoi toute la
comédie, toute la naute comédie du
moins, était ainsi renfermée dans un
3M
GOM
L'UNIVERS.
€OII
seql homme; pourquoi la décadence
avait immédiatement commencé après
Molière, tandis que la tragédie avait
eu trois périodes florissantes à chacune
desguelles s'attachent le nom et les
. chers-d*œuvre d'un homme de génie.
On a dit que les sentiments de 1 âme,
les passions du cœur offrent au poète
un fonds plus riche que les défauts
d'humeur et de caractère ', que quand
un homme de génie aura peint les types
comiques les plus saillants et les plus
originaux, il n'y aura plus à y revenir;
et qu'ainsi les sujets principaux saisis
par un homme supérieur ne laisseront
plus à ceux qui viendront après lui que
te second rang. Cette observation n'est
juste au*en partie. Il est bien vrai que
les ridicules présentent moins de va«
riété dans leurs formes que les pas-
sions; sans doute Tamour maternel
peut revêtir beaucoup plus de formes
dans la tragédie que le pédantisme dans
la comédie. S'ensuit-il cependant qu'il
faudra s'interdire dans la comédie tout
ce qui aura été traité par un grand
écrivain? La médiocrité fera bien, en
pareil cas , de s'abstenir : mais le génie
aura-t*il le droit de se plaindre que la
matière lui manque? its travers prin-
cipaux, les ridicules saillants ne se
transforment-ils point à chaaue épo-
que, selon les changements des idées
et des mœurs? le cœur humain d'ail-
leurs , quand on sait y regarder, n'offre-
t-il pas dans les mêmes défauts, dans
les nnémes ridicules , des diversités infi-
nies? Si un autre Molière s'était pré-
senté dans le dix-huitième siècle, c'est-
à-dire un autre écrivain doué pour la
comédie d'un génie aussi grancl que le
sien, faut-il croire qu'il aurait été ré-
duit à l'impuissance? On oublie d'ail-
leurs que Molière n'avait pas dérobé à
ses successeurs tous les grands types
3ue la comédie peut traiter. La manie
u jeu, l'ambition, l'orgueil , voilà des
sujets immenses laissés par lui à ses
successeurs, qui ne surent pas en pro-
fiter. En définitive, quelle est la
manière la plus simple d'expliquer cette
longue décadence où la comédie est
tombée de si bonne heure, la haute
comédie du moins, car il n'est question
ici que de celle-là? En deux mots, il
ne vmt pas après Molière d'hommes de
génie, et aucun autre genre n'aplas \
besoin de génie. La haute comédie, i
nous n'hésitons pas à le dire, est ce
cju'il y a de plus difûcile dans l'art
dramatique, parce ^ue, tenue d'être
sérieuse comme la rarson , il faut qu'elle
ne permette pas de regretter la gaieté
que fait naître la folie, parce que son
œuvre est double; que (l'un côté, elle
s'adresse à la partie la plus forte et la
plus virile de notre esprit; de l'autre,
a sa partie la plus capricieuse et la plas
frivole , qu'elle doit être une école de
la vie et un passe-temps amusant, une
leçon de morale, de philosophie ou
d'expérience, et un plaisir qui fasse
rire franchement. La tragédie, plus
simple dans son but, nous parait un
fardeau moins accablant pour les forces
de' l'écrivain. La haute comédie est
toujours placée entre deux écueiis:
d'un côté, la froideur; de Taulxe, le
rire trop bruyant, le comique trop fa-
cile ou trop vulgaire. Autant la co-
médie de second ordre peut se passer
de génie, autant la comédie la plus
élevée en a besoin.
. Regnard fut comparé à Molière par
ses contemporains; mais d'ordinaire il
prend le plaisant pour le comique, et
excepté son Joueur, il emprunte aux
situations, à l'intrigue, aux traditions
de coulisse trop de moyens de succès.
Le caractère même du Joueur est une
conception trop superficielle qui ne
donne pas tous tes effets qu'on pouvait
tirer de cette passion. Du reste, si on
ne demandait à la comédie que de la
gaieté, Regnard serait au premier rang.
Sa verve facile réjouit et entraîne; son
dialogue animé, plein de feu et de sail-
lies, a dé plus le mérite d'appartenir à
cette belle lansue si naturelle, si saine
et si vive du dix-septième siècle. Du-
fresny et Dancourt, contemporains de
Regnard, prirent souvent pour sujets
des anecdotes qu'ils mettaient en ac-
tion avec beaucoup d'esprit et de faci-
lité : mais faire porter la comédie sur
des exceptions , sur les incidents d'un
jour, c'était la rendre bien frivole. Us
firent aussi bien des farces, mais sans
COM
FRANCE,
€OM
339
L mettre .cette originalité et cette
uffonnerie de bon aloi par lesquelles
. Molière avait su donner même à la ca-
ricature de rintérét et du naturel.
Dans le dix-huitième siècle, la co-
médie se distingua surtout par l'esprit.
Mais la comédie veut autre chose que
de l'esprit; avant d'être spirituelle, il
faut qu'elle soit vraie, c'est-à-dire,
qu'elle reproduise la vie humaine sous
son côté comique avec une savante et
. naïve fidélité; il faut que le poète co-
. niique fasse souvent abnégation de son
esprit, qu'il le cache, ou qu'il l'oublié :
. ce n'est pas lui qui doit être comique,
ce sont ses personnages. Au contraire,
. dans le dix-huitième siècle , l'esprit
était possédé du besoin de se faire
voir, il se travaillait pour se mettre en
saillie, il s'exploitait par mille raffine-
ments ingénieux, et au théâtre comme
dans les salons, il étalait toutes ses
grâces piquantes pour attirer tous les
regards.
Destouches mit dans son théâtre,
avec beaucoup d'aimable finesse, une
douceur, une honnêteté et une poli-
tesse qui ne sont pas sans charme,
mais qui lui ôtent la force comique.
Quelquefois aussi doux que Térence, il
n'est jamais observateur et peintre
comme lui , excepté dans son GlorieuXy
oui est du reste le seul de ses ouvrages
aigne de vivre dans les fastes de la
comédie; encore le caractère principal
n'est-il pas toujours dessiné sans exa-
gération ; on ne voit pas assez le prin-
ci[)e de cet orgueil excessif: plus d'une
fois , le Glorieîix s'enQe sans propos ,
comme un enfant. L'humilité soudaine
avec laquelle il s'amende à la fin est
moins un trait de vérité qu'un moyen
de dénoûment. Destouches eut la pré-
tention avouée de ressusciter le grand
art de Molière. Au demeurant, il est
moins comique que Regnard, moins
même que le Sage, qui avait tiré un
heureux parti des ridicules d'une classe
nouvelle, les traitants, dans son Fur-
caret y pièce mordante, où il est mal-
heureux seulement que tous les per-
sonnages soient uniformément fripons.
Un contemporain de Destouches , plus
ingénieux que lui et moins naturel.
Marivaux, eut dans la comédie une
manière à part mii consistait surtout
dans l'analyse subtile des sentiments,
dans la recnerche des nuances les plus
légères, les plus insaisissables de la
passion , dans une gaieté sentimentale
et une grâce maniérée. Du- reste, cette
comédie , qui nous éloigne encore plus
de Molière, a pourtant un côté de vé-
rité : on y trouve, à quelques égards,
cette vérité relative à laquelle l'écrivain
arrive toutes les fois qu'il reproduit'
un caractère particulier de la société
de son temps, toutes les fois qu'il fixe
par l'imitation une des nuances passa-
gères dont se compose la physionomie
de son époque. Le marivaudage ne fut
pas l'invention d'un homme d'esprit :
il régnait dans beaucoup de salons, et
des pièces telles que la Surprise de
r amour, le Legs, le Préjuge vaincu j
ne firent seulement que le. mettre en-
core plus à la mode. Toutefois , il est
vrai de dire que Marivaux, qu'on ne
peut trouver faux en regardant les
cercles où l'on causait, était encore
plus le complice que l'observateur du
travers d'esprit qu'il retraçait. Ce mé-
rite de vérité relative est bien plus
frappant dans le Méchant de Gresset.
« Cette pièce, dit M. Villemain (*) , est
la médaille des salons du dix-huitième
siècle. Voltaire lui-même ne vous don-
nerait pas toute la langue spirituelle
de ce temps , si vous n'aviez le Méchant
de Gresset. Jamais toutes les grâces du
monde, cette flatterie maligne, cette
amertume mêlée d'insouciance, ces
exagérations si vives, cette verve de
dédain, cette franchise d'égoïsme qui
veut être gaie, cette raillerie apparente
sur soi-même, pour se moquer des
autres, ce sacrifice de toutes choses à
l'esprit et cette satiété de l'esprit qui
se jette dans le paradoxe, cette légèreté
enfin qui n'est souvent que le défaut
d'attention et de raison, n'ont été si
bien rendus , et l'effet poétique est né
de cette peinture si fidèle d'une société
sans âme et sans poésie. » A plusieurs
égards même, le personnage de Cléon
n'est pas seulement le vivant portrait
(*) Cours de littérature , premier volume.
sso
LTJNIVEKS.
tém
'd*un homme du monde du dix-huitième
^siècle i mais souvent son égoîsme^ soh
esprit et sa malignité sont de touâ les
temps et trouveraient plàbe dans toutes
les iociétés civilisées; ÎJe M'échant eit
rotivragë d'une raison fine qui est quel-
quefois profbride; c'est un temps a*ir-
rét dans la décadence ; c'est un deè plus
beaux titres de la comédie du dii-nui-
tième sièclis. La Métrbmàhie de Pirôn
mérite aussi une place à part. Dans
cette pièce, le caractère principal n'est
^e le portrait embelli de la passion de
rimëi* qui possédait l'auteut. Ce n'eât
pas un caractère çétléral, un t^pe de
premier ordre, mais c'est une peirituire
originale, Tivé, amusante, d'autaht
plus naturelle que rauteiit travaillait
d'après lui-même, et n'avait qu'à âe
Regarder pon^ être vrai. G'e^t une
œuvre durable bar la fermeté et la fa-
cilité de la versification et du langage.
Dans la dernière moitié du dix-hiil-
tième siècle, la comédie, sauf tine
grande exception, ne compte plus
d'ouvrageâ de cette importance : la dé-
cadence s'accroît sensiblement. Sans
douté, dans une foule de petites pièces
de cette période que personne ne lit
plus \ oh trouverait de resprit en abou-
dance, on pourrait rtire en les lisant.
L'esprit et la jB^aiëté tie côtihàissent
paft d'interrègne (sn France. Mais de
telled productiohs intéressent moins
l'histoire de l'art que celle des mœurs.
Michel Sedaine, seul parmi les auteurs
dk cet ordre , se distingua par un degré
assez remarquable d'invention drama-
tique et par une sorte de candeur qui
donne du charme à sdn esprit. Du
reste, dans sa décadence, la comédie
descendait moins bas que la tragédie,
qui expiait bien le privilège d'avoir eu
trois âges glorieux. Là Gageure îih-
prévue de Sedainè est assuréineht une
œuvre infiniment supérieure aux plates
déclamations des la Noue et deà Le-
mierre.
La seule grande renommée comique
de la fin du dix-huitième siècle c'est
Bisaumarchais. Toutefois , k Mariage
. de Figaro ne serait que le chef-d'œuvre
de la comédie d'intrigue, sans un nou-
veau genre d'intérêt t sans une nouvelle
source de vérité générale qiie Beau-
marchais se brée en agitant à sa hià-
lilère, àUr le théâtre , le grand pi^bblème
social et politique de Son temps , qui
h'est pas encore résolu danS lé noti'e
tJn ordire entier de la Société alors en-
core tout-puissant, persdnhiBé et atta-
i|ué sur la scène avec autant d'audace
due de finesse ; la liittë ebtrë le riche vo-
fuptueux et lé pauvre industrieux et rii-
sé,représentéë avec la profondeur d'une
expérience consommée et la vfervë d'une
imàgiilation active; voilà ce qui fait la
durée de l'œuvre de Bfeâiiiiiarcnaià , en-
core plus oue l'hàbile construction de
soh inti'igdfe souvent trop compliquée,
et les saillies éblouissantes de âou style
souvent tirop iraffiné.
La décadence de la comédie a con-
tinué dans notre éiêcle. Certes , à dé-
faut de génie, le courage n*a pas
manqué à plusieurs de nos écHVamâ.
Sous l'empire, Collin d'Harletillë, )>i-
card et plusieurs autres, ont fait de
louables efforts pour retrouvât le se-
cret de Molière. Ils ont rhis datis leurs
pièces de l'élégance, du talent, des
Intentions estimables, Collin d'Harle-
Ville surtout, doht le caràctèi'e aimable
et doux a laissé danS le public d'aftec-
tueux souvenirs. Mais il est trop évi-
dent, aU moindre examen de ces
productions , que Molière a ^ardé son
secret. Plus tard, M. Casimir Delavi-
ghe- surpassa Collin d'Harlevillé daUs
son Éeoie des vieillards, où le comique
est agréable, diais trop dépouirvu de
forces , où il y a moins dé traits co-
miques que de jolis vers. D'ailleurs,
en aéhors decétte haute carrière éburue
Sans succès éclatant, une foîile de pe-
tites pièces assez ingénieuses et fort
gaieis se multipliaient aux ap[)laudisse-
ments d'un public spirituel, et obte-
naient un succès de vogue mérité.
Nous l'avons déjà dit, cette sorte de
comédie ne peut chômer chez un peuple
tel que nous. M. Scribe* a conquis par
ses vaudevilles , souvent bien faux pour
tes mœurs, mais adroitenlent conauîts
et pleins de saillies, une réputation
lé|;itime, à laquelle il aurait peut-être
mieux fait de ne pas vouloir ajouter la
gloire plus sérieuse que promet et que
COH
FRANCE.
CiOH
38f
doftne rarement la haute comédie. Sa
Tocatioo véritable était pour le genre
légêir et superficiel, mais susceptible
«l'agréaient et de girâee, qu'il a cultivé
d'abord si heureusement; Toutefois;,
on ne peut méeonnattre dans Bertmnd
ef Bâton et dans le y erre d'eaux joiiés
aux Français, une habile entente dé la
scènis et lîrie verve spirituelle.
Nos auteurs comiques se plaignent
beaucoup d'une difficulté qui vient
s'djotiter pour eux à toutes celles
qu'ils trouvent dans leur art. Leur
position i disent- ils^ est bien moins
favorable encore que celle dé leurs
devanciers t dans une époque où la
confusion des ran^s, suite d'une ré-
volution qui a tout bouleversé, la
suppression des grandes inégalités so-
ciales^ l'uniformité d'aspect que pré-
sentent de plus en plus nos nlœurs
douces et élégahtes, laissent entre les
caractères peu de différences tran-
chées, àffiaiblissent lés saillies , mêlent
les types , et déjouent à chaque instant
le pinceau du poète comique par l'in-
cohérèhcê ou l'insignifiante jpâleur des
modèles. Cette plainte est londée, et
c'est là en effet un grand obstacle dé
plus. Cependant, sous ùh autre point
de vue, une révolution qui a produit
des changements si profonds dans la
société et dans les mœurs, a dû faire
naître des ridicules nouveaux ou faire
prendre aux anciens des formes nou-
velles. Quelle que soit l'uniformité de
la société actuelle, les passions des
hommes , et surtout celles que nos ins-
titutions elles-mêmes mettent en jeu ,
n'y produisent-elles pas des inégalité^
d'autant plus ridicules qu'elles isont en
désaccord avec lès principes qu'on pro-
clame? De nos jours, l'ambition, la
vanité, l'hypocrisie semblent s'être re-
nouvelées pour le poëte comiqUe. Le
Bourgeois gentUhomme et Tartuffe
existeiit encore, mais sous un habit
tout nouveau^ qui permet au poëte de
les étudier encore et d'être original eii
leis peignant. Après tout, aucune épo-
que ne manque de ridicules , et l'hu-
manité sera toujours d'uhe variété
inéptiisable sur ce point. Tienne seu-
lement UQ homme de génie ^ et l'héri-
tage de Molière sera recueilli, et
malgré les obstacles qui sehiblent e6n->
jurés contré elle, la haute bomédie
renaîtra sur notre Scène.
Comédiens. —^ L'art du comédien
fbt longtemps parmi nous dans l'en-
fance, comme l'art dramatique lui-
même. Mais si tard que soient venus
les perfectionnements de la tragédie et
de la comàlie 4 de bonne heure ^ dès
le quinzième siècle , on j)eut nommeir
une foule d'auteurs qui se soiit fait
plus ou moihs connaître par leurs es-
sais : les premiers souvenirs qui nous
aient été conservés sur les comédiens
ne remontent pas au delà du commen-
cement du dix-septiènië siècle. Les pre-
miers acteurs , dont le talent ait laissé
des traces, appartenaient à cette troupe
qui, en 1S98, s'établit à l'hôtel de
Bourgogne , précédemment occupé par
les confrères de la Passion. Alors se
distinguèrent, dans la farce et les pa-
rades nurlèsques , Ë.obert Guérin, dit
Lafleur ou Gros -Guillaume; Deslau-
riers, dit Bi>uscambille ; Hugues Gué-
rin , dit Fléchelle ou Galithier-Gar-
guille ; Henri le Grand , dit Believilie
ou Turlupin. Ces deux derniers rem-
Ïilirent aussi avec succès lés rôles qu'on
eur confiait dans les pièces comiques
d'un genre plus sériehx. Believilie n'ap-
partint d'aoord à aucune troupe, et
commença sa réputation sur un théâ-
tre en plein vent ; il attirait autour de
ses tréteaux une telle afiluence de spec-
tateurs ; que les comédiens de l'hôtel
de Bourgogne se plaignirent au cardi-
nal de Richelieu de cette fâcheuse con-
currence. Le cardinal voulut juger ^ar
lui-même du talent de ce rival dange-
reux. BeUeville, mandé au F^lais-Royal
et installé dans une alcôve , inlprovisë
une farce qui divertit extrêmement les
spectateurs , et Richelieu fut si satis-
fait qu'il le fit admettre dans la troupe
de l'hôtel de Bourgogne: A la même
époque, l'acteur Alisbn s'attirait de
grands applaudissements dans les rôles
de servantes et de nourrices ; car élors
les fembies ne montaient pas encore
sur la scène , et tous les rôles étaient
remplis par des hommes. La première
femme qui parut sur lé théâtre fUt Itt
833
COH
L'UNIVERS.
COM
Beaupré, qu'on vit , en 1634, créer les
râles de soubrettes dans la Galerie du
palais de Corneille. A côté d'elle se
faisait remarquer Jodelet , qui repré-
senta le valet du Menteur.
L'acteur tragique de cette troupe était
Pierre le Meissier , dit Bellerose , qui
créa les principaux rôles des premières
tragédies de Corneille. Malgré la faveur
Sue tous ces artistes et quelques-uns
'une autre troupe établie au Marais
trouvaient auprès du parterre, Tart
était encore peu avancé : la déclama-
tion , l'emphase , une sorte de chant
mesuré , de mélopée , régnaient dans
le débit tragique et étaient presque
tout naturel à l'expression des [)as-
sions. Dans la comédie, la pantomime
bouffonne , les grimaces , les intona-
tions burlesques étaient mises beau-
coup trop en usage par des acteurs qui
croyaient avoir tout fait quand ils
avaient fait rire la multitude. Deux
grands hommes , frappés de ces dé-
fauts , amenèrent une grande amélio-
ration dans la récitation dramatique.
Une nouvelle troupe , dirigée par Po-
quelin, qui, en emorassant la profes-
sion d'acteur, avait pris le nom de
Molière, vint s'établir à Paris vers
1659.Cette troupe, formée par les con-
seils et les exemples de l'homme qui ,
après avoir écrit une scène du Tar»
l^ff^ » venait jouer un rôle dans XÉ-
cole des Maris , cette troupe fît voir
au public combien les ouvrages dra-
matiques gagnaient à être joués natu-
rellement et sans exagération. Là brilla
surtout le célèbre Baron , qui , plus
tard, après la mort de Molière, quitta
la salle du Palais -Royal, où cette
troupe était établie, pour entrer à
l'hôtel de Bourgogne. Ses camarades
les plus fameux furent Lagrange et
Latborillière , qui allèrent présenter
au roi , campé devant Lille , un placet
pour obtenir la levée de l'interdit jeté
sur Tartuffe ; Béjart , qui eut un im-
mense succès dans le rôle de Laflèche,
le valet d'Harpagon ; mademoiselle Bé-
jart , qui devmt la femme de Molière^
et lui causa tant de chagrins par sa
coquetterie. Plusieurs des acteurs de
Molière firent faire aussi des progrès
à la déclamation de la tragédie; mais,
de ce côté , Molière les flairait plus
par ses leçons que par ses exemples.
« Il ne réussit jamais dans le tragique,
dit Voltaire ; il avait une volubilité
dans la voix et une espèce de hoquet
qui ne pouvait convenir au jeu sérieux,
mais qui rendait son jeu comique plus
plaisant. » Du moins il cherchait à
mettre ses acteurs en garde contre
l'emphase et la mélopée. On sait com-
ment il s'amusa à contrefaire le débit
de plusieurs comédiens de l'hôtel de
Bourgogne , dans son Imffromptu à
FersaiUeSy dont la première partie
est un spirituel et charmant tableau
de ses tribulations de directeur.
Celui qui parvint véritablementà per-
fectionner la déclamation tragique fut
Racine ; il était doué d'un talent ex-
traordinaire pour réciter; on trouve
dans ses Mémoires, publiés par son fils,
des exemples surprenants ae l'impres-
sion qu'il savait faire sur ses auditeurs.
Il fit sentir aux comédiens les inconvé-
nients de ce chant dont ils avaient
contracté l'habitude ; il leur indiquait
les tons qui se rapprochaient le plus
des sentiments qu'il avait voulu expri-
mer , c'est-à-dire de la nature ; il leur
donnait mille instructions de détail, et
répétait sans cesse qu'il n'y avait point
de déclamation sans naturel , et que
c'est dans l'âme du comédien qu'est le
foyer de son talent. C'est au seul Ba-
ron qu'il lui arriva souvent de dire :
« Pour vous , je n'ai rien à vous près-
«crire : votre âme vous en dira plus que
« mes leçons. » Parmi les élèves que ce
grand homme forma à l'hôtel de Bour-
que le jansénisme et la piete
filiale imposent à Racine le fils , on ne
saurait douter du tendre penchant que
le maître éprouva pour l'élève , et de
la liaison qui se forma entre Racine et
la Champmesié. Si l'on en croit ma-
dame de Sévigné , cette actrice était
bien loin de passer pour jolie ; mais
elle était remplie de. grâces et avait
beaucoup d'esprit ; elle avait une pro*
fonde sensibilité qu'elle exprimait au
théâtre avec beaucoup d'énergie et qui
COM
FRANCE.
GOH
383
ne manquait Jamais de faire couler des
larmes. Les éloges que lui ont adressés
les plus grands nommes du temps, ont
encore plus contribué à conserver sa
mémoire que la supériorité de son ta-
lent ; car la renommée de l'artiste est
précaire et s'obscurcit aisément dès
que l'artiste a disparu; mais fioileau,
Racine, la Fontaine, lui ont donné
l'immortalité par leurs vers. La Fon-
taine disait :
Tous régnerez longtemps dans la mémoire
Après avoir régné josqaes ici
Dans les esprits, dans les cœurs même aussi.
Qui ne connaît l'inimitable actrice.
Représentant ou Phèdre ou Bérénice ,
Chimène en pleurs ou Camille en fureur ?
Cependant , les efforts de Racine n'a-
vaient pu encore débarrasser entière-
ment la déclamation de ce débit chan-
tant et cadencé que consacrait la tra-
dition. Dans la fin de sa carrière, après
la mort de Racine, la Champmeslé
revint à ce malheureux chant qui lui
valait des applaudissements , parce
qu'elle avait la voix très-belle et très-
sonore. Mademoiselle Duclos , formée
par elle , mit dans son jeu trop d'ap-
prêt et d'enflure; une nouvelle ré-
forme devint nécessaire : ce fut l'ou-
vrage de mademoiselle Lecôuvreur,
qui fit entendre le véritable langage de
la tragédie. Cette actrice , célébrée par
les meilleurs poètes de son temps , et
que Voltaire à placée dans son Temple
au 6oâ^,' ^détruisit sans retour les
anciens défaùtâ- de la déclamation,^
amena le temps des Dumesnil et des
Clairon , le plus bel âge de la comédie
française. Les triomphes de mademoi-
selle Clairon furent associés à ceux de
Je Kain. Voltaire dut beaucoup à ces
acteurs , qu'il dirigea souvent par ses
conseils ; il leur prodigua la louange
en mille endroits , et c'était justice :
car avec Voltaire commence l'époque
où les comédiens font beaucoup pour
Je poète , où des ouvrages faibles ou
superficiels par eux-mêmes , doivent
au jeu des acteurs l'apparence du vrai
mérite et le succès. La Harpe dit de
Je Kain qu'en conservant les anciens
principes , il y ajoutait une force d'ex-
pression et une profondeur de senti-
ment que n'avait pas avant lui la tra-
gédie. Son action , ainsi que celle de
mesdemoiselles Clairon et Dumesnil ,
était bien plus véhémente et plus logi-
que que celle de leurs prédécesseurs.
« Qui aurait osé, dit Voltaire avec ad-
miration , qui aurait osé comme M. le
Kain , sortir les bras ensanglantés du
tombeau de Ninus, tandis que l'ini-
mitable actrice qui représentait Sémi-
ramis ( mademoiselle Dumesnil ) se
traînait mourante sur les marches du
tombeau même ? » Cependant la véhé-
mence des mouvements et des attitudes
alla un peu trop loin dès cette époque :
et les imitateurs de le Kain poussèrent
souvent le tragique de l'action jusqu'au
mélodrame, sans que Voltaire, infi-
dèle au vrai goût dans cette question,
cessât d'applaudir. Sauf ces exagéra-
tions , la tragédie conserva de^ inter-
prètes dignes d'elle , entre autres La-
rive , et la tradition du goût et de la
passion se maintint jusqu'à Talma,
qui vint l'enrichir par les conceptions
de son génie; qui, réformateur heu-
reux des costumes et de la mise en
scène , dépassa tous ses prédécesseurs
par le sentiment profond et la savante
mtelligence des chefs-d'œuvre de nos
poètes. A côté de ce grand tragédien
ftarut , comme un auxiliaire digne de
ui , la pathétique Duchesnois , qui
vient tout à coup de retrouver une hé-
ritière, douée des plus hautes qualités
tragiques , mais peut-être moins sou-
ple et moins variée qu'elle dans son
talent , moins touchante dans les sen-.
timents tendres.
La comédie , dans le dix-huitième
siècle, ne fut pas moins heureu-
sement partagée en acteurs que la
tragédie ; peut - être même la décla-
mation comique du dix-septième siècle
fut-elle surpassée par des artistes tels
aue Fleury, Mole , Préville , Monvel ,
ont on retrouve quelques traditions
chez plusieurs de nos contemporains,
surtoutchez MM.MonroseetMenjaud,
par des actrices telles que madame Fa-
vart , mademoiselle Contât ; telles que
mademoiselle Devienne et mademoi-
selle Bourgoin, qui nous conduisent
presque en face de la place brillante'
que mademoiselle Mars vient de lais-
3M
OHM
L'UTOVEESI.
OHM
s^r vjd^* ^pérqps que nptro grande
comédienne n'a pas emporté s^vec elle
tous les secrets de son art, et que le
SQUTenir de se^ |e|ÇODS et Tiaspiration
de ses exemples Ivii donneront des suc-
cesseurs qui sauront maintenir notre
spène CQmique à la hauteur où cette
ipimitat)ie actrjoe Ta soutenue pen-
dant sa lopç\ie e^ giçtrieuse carrière.
— La profession dq comédien a tou-
jours été poursuivie en France par les
foudres de TltgUse. Le concile q' Arles
déclara, en p^y c^mx qui s'y livr^iept,
excommunies tant qu'ils l'exerceraient;
mais cet anathème qui, de tout temps,
a reçu chez ppus sou exécutjQU i ne
les £|tteignait pas dans les pays étran-
gers. Ainsi, les cpuiédieus italiens ve-
nu$ en France à diverses époques, loin
d'être excommuniés, étaient n^embres
delà confrérie du Saint -Sacrement,
et on les vit plusieurs fois , à Paris,
tenir les cordons du dais dans les pro-
<^ssions. Les secteurs et les actrice^
de l'Académie royale de musique ou
4e l'Opéra n'étaient pa^ non plus ex-
communiés, parce que ce spectacle
avait été établi sous le nom d Acadé-
mie. Les nobles qui embrassaient la
Srofession de comédiens étaient regar-
es comme ayant dérogé, à moins qu'ils
i^e fissent partie de la troupe des co-
médiens du rpi. C'est ce qui résulte
d'une déclaration de Louis XIII , en
date du 16 avril 1641 , et d'un arrêt
du conseil rendu le 10 septembre
1Ç68, en faveur de Floridor» gentil-
homme et comédien du rui.
. L'çxistenoe de la plupart des comé-
diens de provinee ét^it fort triste et
fprt p[iisérable; il ^'en ét^it pas de
ruéme des eoni^iens de Paris, dont la
position était à la fois plus stable,
plus brilla^nte et plus heureuse. Pepr
dant les dernières années qui précé:
dèrent la révolution de 17S9, les paris
entières des sociétaires de U Comédie?
Francise et de lai Cpmédie-It£ilieune
s'élevèrent jusqu'à 30,000 francs anr
nuellement. Les acteurs de l'Opéra
touchaient de forts appointements, qui
leur étaient exactement payés par la
ville ou par l'État. Après vingt ans de
serYÎce^f les prewieri» ^vûet9 de ces
trois U^tres airaieQt droit à une peu?
sion de,retraite de 1500 francs, que le
roi doublait pour la plupart d entre
eux. Peu de temps avant 1789 , ils
avaient pris le titre de pensionnaires
du roi. Ils quittèrent plus tard ce titre
p^ur prendre celui a'artistes drama-
tiques, qu'ils ont conservé , et qu'ils
prennent encore aujourd'hui dans les
actes publics. (Voyez Théaxk^O
C0M£ST0R (Pierre, surnommé),
c'est-à-dire le Mangeur, à cause de
son ardeur dévorante pour l'étude,
était doyen de l'église de Troyes. Il di-
rigea ensuite l'école de théologie de
Paris, depuis 1164 jusqu'en 1169,
puis se retira à Saint- Victor , et mou-
rut en 1178 , suivant les uns, en 1188,
suivant les autres. Il a composé un
livre fs\meux intitulé : Scolasiica his-
toricaj imprimé pour la première fois
à Utrecht, en 1473, petit in-fol. C'est
une histoire sainte tirée de l'Écriture
et des glojses, et qui ya depuis le com-
mencement de la Genèse jusqu'à la fin
des Actes des apôtres. Ce hvre , qui
fut reçu avec enthousiasmet et fut pen-
d2int trois siècles regardé comntie clas-
sique , fut traduit en français en 1495,
par Guiard des Moulins , sous le titre
de Bièle historiée, Paris, A. Verand ,
sans date, 2 vol. in-fol.
CODIIICBS A&BIGOLSS. — ASSOCÎa*
tions formées dans le but d'améliorer
les procédés agricoles et les races les
plus utiles des animaux domestiques,
par des hommes qui se livrent aux
travaux des cbamp$, et même par des
citoyens qui y sont étrangers, mais
consentent à concourir au but com-
mun par une faible cotisation annuelle.
Ce fut une cir<!ulaire ministérielle
du 22 mai 1820 qui provoqua, dans
les départements) la création de ces
sortes d'établissements. On recom-
manda d'y admettre les hommes qui
pratiquent même, dans un ordre peu
élevé, l'art honorable. ef difficile de
l'agriculture; on ne demanda point
que le président de chaç|UG couiioe
sortît de la classe des cultivateurs or-
dinaires, et fût en état de rédiger dos
mémoires, on n'exigea de lui que de
simples notes résumant, avec autant
COM
FRANCE.
COM
ass
d-exac(îtude que possible, les travaux
de l'association.
Les avantages qui [yoavaient résulter
de cette mesure furent longs à se faire
apprécier, et il se passa plusieurs an*-
nées avant qu*oh se déciqât, dans les
campagnes, é en faire un premier essai.
A la iin, les préfets, à force de stimu-
ler lei? cultivateurs, obtinrent la créa-
tion d'un premier comice, puis d'un
second ; énûn l'esprit d'imitation agis-
sant de proche en. proche, ces asso-
ciations s'étendirent d'un canton à
Tautre, et il est aujourd'hui des dépar-
tements qui en comptent un assez
grand nombre.
Conformément à la circulaire de
1820, les comices agricoles se réunis-
sent lin jour de foire ou de mafché,
dans une ville, dans yn village, même
dans un champ, et là, le premier ma-
fistrat administratif du pays distribue
es prix au ci^ltivatçur qui, à une épo-
que déterminée, a obtenu le plus de
succès dans* un genre quelconque de
culture, présenté les bestiaux les plus
beaux et les troupeaux les mieux te-
nus, perfectionné les instruments ara-
toires, ou fait Papplication la plus heu-
reuse de ceux qui sont en usage.
Les conseils généraux sont autorisés
à voter comme dépense facultative une
petite somme à ajouter au produit des
cotisations volontaires, cour donner
S lus d'importance aux prix. Dans les
épartements où il existe une société
d'apiculture, les comices agricoles
sont en correspondance avec elle, et
c'est par son intermédiaire qu'ils font
parvenir à l'administration leurs comp-
tes rendus et leurs demandes.
CoMii^ES ( Philippe de ) , seigneur
d'Argenton, naquit au château de Co-
mines, près de Menin , en Flandre,
en 1445, d'une famille ancienne e( il-
lustre. II passa sa jeunesse à la cour
de Philippe le Bon, duc de Bourgogne,
suzerain ae sa province, et fiit attaché
à la personne de son fils , le comte de
Charolais. Il suivit ce dernier dans là
guerre du bien public, et se trouva à
la bataille de Montihérv. Le comte de
Charolais ayant succédé à son père ,
sous le nom de Charles le Téméraire,
continua à admettre Comines dans sa
confiance et son intimîté.Lorsque, ir-
rité d'un manque de foi de Louis XI,
Charles le retint prisonnier à Péiponne,
Comines, déjà prudent et habile, mai-
gré sa jeunesse, essaya de calmer son
maître, et ne pouvant y réussir aussi
bien qu'il le voulait , avertit le roi des
points sur lesquels il faudrait céder
pour ne pas se mettre dans le plus
grand péril. Enfin , les conseils qu'il
âonna aux deux parties cpntribuèrent
beaucoup au traité qui réconcilia un
moment les deux princes, et lui attirè-
rent l'estime et la considération de
Louis -XL Cependant , l'esprit du duc
de Bourgogne s'aigrissait de plus en
plus par ses revers, par son ambition
trompée, par ses ruses, qui échouaient
contre les ruses de so(i astucieux et
puissant rival. Une sorte de frénésie
s'empara de lui, et faisait chaque
jour des progrès; les conseils modérés
l'irritaient. La tâche devenait ainsi
plus facile pour le roi de France , qui
mettait tout en œuvre pour détacher
de lui peu à peu tous les hommes ha-
biles et considérables qu'il avait parmi
ses serviteurs. Comines , dégoûté du
service d'un maître sur lequella raison
n'avait plus d'empire , et chez lequel
la passion remplaçait la politique^ sé-
duit d'ailleurs par les raisons crintérét
que le roi de France faisait valoir au-
près de lui, sedéfïida à changer de parti
et de cour. H devint le conseiller de
Louis XI, défection qui lui fut large-
ment payée par le don de plusieurs
principautés et seigneuries. Un riche
mariage, l'acquisition de la belle sei-
gneurie d'Argenton , la dignité de sé-
néchal de Poitou , qui lui fut conférée
par le roi , achevèrent de le mettre
dans une des positions les plus bril-
lantes du royaume. Les lettres paten^-
tes que le roi lui donna pour la charge
de sénéchal, témoignent de sa vive
reconnaissance pour les services de
son conseiller. « Louis,. . etc. , savoir
faisons que comme notre amé et féal
conseiller chambellan, Philippe de Co-
mines, desmontrant sa grande et ferme
loyauté et la singulière amour qu'il a
eue pour nous, se soit dès son jeuii«
L'UNIVERS.
GOH
âge disposé à nous servir , honorer et
obéir, comme bon, vray et loyal sujet
doit son souverain seigneur; et no-
nobstant les troubles qui ont été , et
les lieux où il a conversé, gui par au-
cuns temps nous ont été et encore
sont contraires, rebelles et désobéis-
sants, toujours ait gardé envers nous
vraye et loyale fermeté de courage ;
et même en notre grande et entière
nécessité, à la délivrance de notre per-
sonne, lorsqu'étions entre les mains
d'aucun de nos dits rebelles et déso-
béissants qui s'étoient déclarés contre
nous , et en danger d'être là détenus,
notre dit conseiller et chambellan,
sans crainte du danger que luv en pou-
voit advenir, nous avertit de tout ce
qu'il pouvoit pour notre bien, et telle-
ment s'employa que par son moyen et
aide , nous saillîmes hors des mains
des dits rebelles; et en plusieurs au-
tres manières nous a faict et continue
de faire chaque jour plusieurs grands,
louables, et recommandables servi-
ces, etc. n Louis XI employa Gomines
dans plusieurs missions importantes.
Après la mort de Charles le Témé-
raire, il l'envoya en Flandre pour ten-
ter de réunir les villes de cette contrée
à la France : il l'envoya aussi prendre
possession, au nom de la couronne,
du duché de Bourgogne. Il lui confia
plus tard une ambassade à Florence ;
mais cette dernière mission fut , dit-
on , moins un honneur qu'une dis-
grâce , quelques nuages s'étant élevés
entre le prince soupçonneux et son
ministre. AFlorence, Comines soutint
la querelle des Médicis contre les
Pazzi, et rendit les plus grands servi-
ces à Laurent de Médicis, qui remer-
cia Louis XI de lui avoir envoyé un
si sage ambassadeur. Parfaitement
accueilli à son retour, Comines jouit
de nouveau de toutes les bonnes grâ-
ces du roi pendant les deux années que
dura encore le règne de Louis XI.
Sous le règne suivant, ayant pris part
aux cabales du duc d'Orléans et du duc
de Bourbon contre la régence, il subit
les conséquences de leur défaite, et fut
conduit à Loches , où on l'enferma
dans une de ces cages de fer que
Louis XI avait mises en usage. « Plu-
sieurs les ont maudites , et moi aussi,
dit-il, qui en ai tâté sous le roi d'à
présent. » Condamné à l'exil , apr^
une détention de huit mois, il ne tarda
pas à rentrer en grâce , et, en 1495, on
le retrouve fondé de pouvoirs au traité
3ui fut conclu entre le roi et Tarchi-
uc d'Autriche. Charles VIII Temmena
avec lui dans sa campagne d'Italie , et
le chargea d'aller à Venise pour tâcher
de maintenir cette république dans la
neutralité. Comines découvrit les me-
nées des Vénitiens contre Charles , et
la vaste conjuration de peuples qui se
forma tout à coup contre les Français.
Il avertit son maître, et vint le re-
joindre pour combattre près de lai à
la glorieuse journée de Fornoue , qui
n'eut d'autre résultat que de renare
la retraite possible. Le traité de Yer-
ceil, conclu peu de temps après, et qui
fut son ouvrage, lui attira , de la part
de ses ennemis , de violentes attaques
dont son crédit fut ébranlé : il fut
mis à l'écart pendant le reste de sa
vie , qui se prolongea jusque sous le
règne de Louis XII. Il mit à profit le
loisir de sa vieillesse pour écrire ses
Mémoires. Ce livre , qui « a autorité
et gravité, comme dit Montaigne , et
sent partout son homme de bon lien
élevé aux grandes affaires , » ce livre
joint au talent de conter une remar-
quable sagacité politique , et une fi-
nesse de raison qu'on avait rarement
rencontrée dans le moyen âge , et par
laquelle s'annonce l'esprit des temps
modernes. Comines conte bien , mais
sans imagination pourtant , et sans
avoir rien dans l'expression de pitto-
resque. Son récit plaît par un tour
naïi, accompagné partout d'un sens
judicieux. Sa moralité est celle d'un
diplomate ministre de Louis XI. Ôo
a fait une grande méprise en le com-
parant à un des historiens les plus sé-
vères pour la morale , à Tacite. Co-
mines expose froidement et sans
indignation , avec un sentiment de
sympathie et d'admiration même, les
fouroeries et les machinations politi-
ques de son maître. Il ne blâme guère
la duplicité et le crime que lorsqu'ils
COK
FRANGE.
COJH
u%
n'ont pas léussî ou qa*ils étaient inu-
tiles. Comme dit M. Villemain, « il se
plaît si fort à l'habileté , qu'il excuse
volontiers une mauvaise action bien
faite. ..* . La tyrannie lui paraît sur-
tout odieuse parce qu'elle est dérai-
sonnable. » Le même écrivain rap-
pelle « un esprit sérieux, solide,
intelligent de toutes les ruses, jugeant
avec un sens merveilleux le caractère,
la forme, le but des gouvernements,
plus habile que scrupuleux , mais ce-
Eendant s'élevant à la probité par le
on sens, parce qu'à tout prendre, elle
est plus raisonnable que le reste , et
qu'elle assure mieux le maintien de la
puissance. »
CoMiNEs (combat de). — « En 1 382,
le duc de Bourgogne avait conduit
Charles YI contre les Flamands ré-
voltés. Le 9 novembre, le connétable
Olivier de Clisson et le maréchal Louis
de Sancerre, avec Tavanl-garde, se
trouvèrent sur la Lys, au pont de
Comines. Le bâtard de Flandre,
avec cent vingt chevaliers, y avait déjà
effectué un premier passage, après un
combat acharné, mais sans pouvoir se
maintenir sur la rive ni résister aux
Flamands qui, accourus de tous côtés,
l'avaient forcé de repasser en lui fai-
sant éprouver des pertes considérables.
lue connétable et le maréchal brûlaient
de venger cet échec. De son côté,
Pierre Dubois, avec six ou sept mille
Flamands, était dans Comines, dé-
terminé à opposer une vigoureuse ré-
sistance : le pont n'était point coupé;
les Flamands s'étaient contentés d'en-
lever le plancher, en laissant les so-
lives : la rivière n'était nulle part
guéable, et quand les chevaux l'auraient
passée à la nage, ils n'auraient pu
prendre pied sur la rive opposée, qui
était trop escarpée. Le connétable,
après avoir fait reconnaître le terrain,
ne savait quel parti prendre ; mais le
sire de Sempy, qui connaissait bien Je
pay;s, avait irait conduire de Lille un
petit bateau, avec des pieux et des
cordes, qu'il fixa dans la rivière, au-
dessous de Comines, dans un lieu
couvert par un bosquet d'aunes. U ne
pouvait centrer que neuf personnes à la
fois dans son bateau; mais il conti-
nua, pendant toute la joi^rnée du 10,
à faire passer, sans être découvert ,
des chevaliers d'élite. Son exemple fut
suivi, et quelques autres batelets fu-
rent encore amenés dans la rivière, et
employés à transporter des soldats
aguerris. Â la fin de la journée, quatre
cents hommes d'armes, tous gentils-
hommes, tous choisis parmi les plus
braves de l'armée , se trouvèrent sur
la rive gauche de la Lys, avec le ma-
réchal de Sancerre à leur tête. Pierre
Dubois les découvrit comme la nuit
approchait ; toutefois, craignant quel-
que surprise, il n'alla point aussitôt,
comme il aurait dû, les rejeter dans la
rivière ; il aima mieux les laisser pas-
ser sans munitions, sans abri, dans la
boue, une longue nuit de novembre,
se proposant de les attaquer à l'aube
du jour. Mais dès ses premiers, rayons
il fut attaqué lui-même par le connéta-
ble de Clisson, dont les soldats, plaint
des planches devant eux, s'avançaient
sur tes solives du pont, qui étaient
encore sur pied. Sancerre, en même
temps, avec sa troupe, le prenait à dos;
les Flamands se troublèrent, ils furent
mis en déroute et le passage de la Lys
fut forcé (*). »
CoMiRS. — On nommait ainsi , au
moyen âge une espèce àe bateleurs, la
plupart Provençaux, qui savaient joues
de divers instruments, et s'en allaient
de villes en villes, de châteaux en
châteaux réciter et chanter les compo-
sitions des trouvères. (Voyez Jon-
GLEUBS.) On les appelait encore mu-
sars, plaisantins y pantomimes, etc.
Comité. Ce nom , emprunté au
langage narlementaire des Anglais et
des Américains du INord, a servi chez
nous, depuis le mois de juillet 1789
jusqu'à l'établissement du gouverne-
ment consulaire , à désigner les réu-
nions de députés spéciaux, délégués
par les assemblées oélibérantes , pour
préparer les projets de lois ou exami-
ner une question , une affaire , et en
faire leur rapport. Quelquefois aussi ,
(*) Sismondi , Histoire des Français, t. XI,
p. 387 et suiy.
T. Y« 22'' Livraison. (Digt* bngygl., btg.)
2^
dss
OOM
L'UNIVERS.
bùà
pendant la même période, on a donné
une plus grande extension au mot co-
mité. Nous ferons connaître les diffé-
rentes acceptions quii a reçues, en
traitant des diverses réunions qu'il a
servi à désigner.
Les états généraux se divisaient en
bureaux et en commissions; le§ as-
semblées des notables de 1787 et de
1788 avaient aussi donné ce tiom aux
différentes fractions dans lesquelles
elles se partageaient pour Texàmeh
des questions qui leur étaient soumi-
ses. Lorsque lès députés du tiers aux
états généraux de 1789, se considé-
rant comme la majorité de rassem-
blée , eurent statué que les votes
seraient comptés par tête, et que la
tjèrification cfes pouvoirs des députés
des différents ordres serait faite en
commun par les trois ordres réunis ,
ils décidèrent qu'une commission serait
cbargée de préparer à cet égard les
d/écisjons de rassemblée, et de lui faire
tin rapport sur les élections. Cette
commission, qui prit le titre de comité
de vérification^ fut le premier comité
établi en France.
L'assemblée se dl^isa ensuite en un
grand nombre de comités , auxquels,
suivant leqrç attributions respectives ,
le secrétariat renvoyait toutes les pé-
titions, lettres; mémoires, etc., qui lui
étaient adressés. Les comités ne pou-
vaient rendre leurs décisions publi-
ques ; mais ils étaient autorisés a don-
ner des avis et des éclaircissements ,
sans en référer â l'assemblée ; enûn ils
avaient le droit d'exiger la communi-
cation et l'envoi de tous les actes et
documents qui pouvaient se trouver
dans les arcbives et dans les différents
dépots publics. '
Nous allons Indiquer ici sommaire-
ment les principaux comités de l'as-
semblée constituante, de l'assemblée
législative et de la Convention. î\ou$
consacrerons ensuite quelques mot4
aux diftërents comités qui se sont for-
mes en debors de ces trois assem-
blées.
ASSSMBLÉB CONSTITUANTE.
1789. 19 juin. Comités des subsU^
tances , de vérification et de conti^-
tieux, de rédaction^ de règlement.
Dans la séance du 17 juin, rassemblée
des députés du tiers, après s'être cons-
tituée en Assemblée nationale^ déclara
qu'elle devait ses premiers moments à
1 examen des causes qui produisaient,
dans les provinces du royaume , la di-
sette qui les afiligleait, et à la recherche
des moyens qui pouvaient y remédier
de la manière la plus efGcace et la plas
prompte. En conséquence , elle décida
qu'un comité serait formé pour s'oc-
cuper de cet objet important. Le 19,
la veille de la fameuse séance du Jeu
de paume, elle procéda à l'organisation
de ce comité , qui fut nonimé comiii
des subsistances y et de trois autres,
auxquels elle donna les nonis de co-
mités de vérification et de cont&n-
tietix^ de rédaction^ et de règlement
Le 22 juin , lors de la réunion de la
majorité des membres du clergé aoj
députés du tiers , seize membres (te
cet ordre furent admis à faire partie
du comité de vérification. Le comité
des subsistances fut supprimé le 4 avril
1791 ; les trois autres subsistèrent au-
tant que l'Assemblée constituante.
6 juillet. Comité de constitutîûn. Ce
comité se composa d'abord de huit
députés, savoir : du clergé, Cbampiou
djB Cisse, archevêque de Bordeaux, et
talleyrand-Périgord, évêque d'Autun;
de la noblesse, Clermonl-Tonnerre et
Lally-Tollendal ; du ti ers -état, Moa-
hier , Sieyès , le Chapellier et Bcr-
gasse. Un comité spécial fiit or-
ganisé le 26 août , pour rédiger y
projet de Déclaration des droite w
l'homme , déclaration qui fat décré-
tée seulement le 3 novembre i7Sîl.
Le 28 Septembre 1790, Sejjt nou-
veaux membres, savoir : ijuport,
A. de Lameth, Clermont-Tonnerre,
Beaumetz, Pétion, 3uzbt et Tnonrel,
ftjrent adjoints au comité de constlttj
tîon , qui prit alors !e nom de coim
de révision, La constitution availw
présentée par parties séparées aUi 4er
fibérâtions de {'àssembteb, qot l^aw
Successivement votéjBS. Ces difler^
décrets furent réunis fit cooidoiu»
par le comité de révision. Ce conutè
mm
FRANCE.
tdH
Mb
ayant acheyé son travail , fit son rap-
port, te 5 août 1791. Le S aoât, la
cliscussîon commença, let le S septem-
bre, après d'inutiles efforts de la part
des royalistes pour faire modifier qtiel-
ques articles qui restreignaient trop ,
suivant eux, lepdovoir royal, il tut
procédé à une dernière lecture de Tacte
constitutionnel , et rassemblée déclara
solennellement qu«la constitution était
terminée.
^S juillet. Comité des rapports, La
formation de ce comité fut décrétée
en ces termes, sur la proposition de
Volney : « L^Àssemblée nationale, at-
tendu Ibs distractions et les retards
qu'apportent ^ seis travaux et à Tœuvre
importante de la constitution, les at-
f aires de détail qui se multiplient de
jour en jour , arrête qu'il sera fixé un
comité pour y être renvoyés tous les
cas de police et d'administration , et
qu'il en sera fait ensuite rapport à
rassemblée, s'il y a lieu. » Le nombre
des membres de ce comité ftit ensuite
fixé à trente.
Dans la même séance, le député
Duport, se fondant sur les crimes qui
se commettaient de toutes parts, et
sur les complots qui se tramaient
«contre la liberté et la sécurité publi-
ques , demanda la formation d'un se-
cond comité chargé d'informer contre
les conspirateurs et surtout coi)tre
les fonctionnaires ennemis du peuple
et abusant de leur autdrité pour l'op-
primer» Sa motion fut adoptée à une
très-grande majorité , et il fut décidé
que le cofnîté des recherches serait
composé de douze membres, et renou-
velé tous les mois.
12 et 13 aoât. La suppression des
droits et des privilèges féodaux, décré-
tée dans la nuit du 4 août , nécessita
la création dis plusieurs comités , qui
furent chargés dé l'examen de toutes
les questions auxquelles cette suppres-
sion devait donner naissance. Tels
furent le comité féodal^ dont le nom
indique assez les attributions; le co-
fnite Judiciaire y qui devait s'occuper
du règlement et de la liquidation des
offices de judicature ; enfin le comité
teclétiastiquej composé de seize mem-
bres, et institué pour recueillir et
coordonner tous les documents sur les
dîmes et les biens ecclésiastiques. Ite
nouveaux membres fureât adjoints à
ce dernier comité par un décret du 5
février 1790.
Les autres comités de l'Assemblée
constituante furent :
Le comité d'agricuiturè et de corn-'
merce, organisé par décret du 2 sefH
tembre.
Le comité mUitaire^ établi le !•'
octobre, sur la «notion du géi^éi'al
Wimpfen. Ce député avait renouvelé ,
le 29 septembre, la proposition qu'il
avait d^ faite, de créer un comilSé
militaire chargé d'organiser l'armée,
de déterminer lé nombre des soldats,
des sous-ofScîers et deis officiers ^ui
devaient la coinposer; dé régler la
solde qui devait leur être attribuée,
et de fixer par des lois le hiode de
l^avancertient. Cette proposftioii îiit
adoptée par l'assemblée à une grandb
majorité.
Le comité de marine y composé de
douze membres j et organisé lé B oc-
tobre. .
Le comité des pensions. L'assem-
blée , tout en modifiant 'ancien état
social , voulait respecter ies positions
acquise.^ par des services rendus à la
patHé. EHe forma dans son sein, le 4
janvier 1790, ûh comité qui avait pour
mission de constater les droits des
personnes auxquelles l'État faisait des
pensions. Ce comité était cooiposé de
douze membres.
Comité colonial, organisé par dé-
crets des â, S, 10 mars, et d avril
1790.
Comité dès finances, créé le 1 1 juin.
Comité d'aliénation des domaines
nationaux, les 9 et 26 juillet.
Comité diplomatique , les 29 et 30
juillet. Ce comité, composé de six
membres, était chargé spécialement
dé prendre connaissance des traités
qui existaient entre la France et Ie3
puissances étrangères , et des engage-
ments qui en résultaient, afin d^a
rendre compte à l'assemblée quand ellQ
l'exigerait. Son premier rapport fut
présenté par Mirabeau ; il avait pouir
22.
840
GOH
L'UNIVERS.
GOM
objet les traités condus avec TEspagne.
Comité de jurisprudence crimi"
neUsy organisé par décret da 10 sep-
tembre 1790. La mission de ce comité
était temporaire et exceptionnelle ; il
était chargé de présenter un mode
d'exécution pour le décret voté par
l'assemblée , le 31 juillet précédent, et
de proposer une rédaction pour Tordre
que l'assemblée devait intimer au pro-
cureur du roi près le tribunal du Châ-
telet de Paris, « de poursuivre comme
criminels de lèse-nation les auteurs,
imprimeurs et colporteurs d'écrits
excitant le peuple à 1 insurrection con-
tre les lois , à Peffusion du sang et au
renversement de la constitution. ^ Ce
décret avait été motivé par la publica-
tion d'un libelle contre-révolutionnaire
et d'un numéro du journal de Camille-
Desmoulins.
Comité des monnaies, 11 septembre
1790. Ce comité était composé de
deux membres du comité des nuances,
auxquels furent adjoints quatre mem-
bres de l'académie des sciences, pour
faire des expériences sur la manière
de rendre le métal des cloches mal-
léable.
Comité de commerce. Ce comité,
organisé par décrets des 6 et 19 jan-
vier 1791, était spécialement chargé
de pésenter un nouveau mode d'or-
ganisation des tribunaux de commerce.
Enfin le comité des (Assignats, créé
le 28 juillet 1791.
ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.
L'Assemblée constituante avait clos
ses séances le 30 septembre 1791 ;
l'Assemblée législative ouvrit les sien-
nes le lendemain. Le nombre de ses
comités , d'abord fixé à sept , fut en-
suite porté à vingt-trois. Ces comités ,
;sauf ceux qui mrent créés pour des
circonstances exceptionnelles , por-
taient les mêmes noms que ceux de
l'Assemblée constituante, et avaient
les mêmes attributions. Des employés
et des commis rétribués étaient atta-
chés à chacun d'eux. Quelc|ues dépu-
tés avaient demandé la création d'un
comité central; cette motion ne fut
pas admise ; mais dans la suite, il fut
décidé que les comités Ae&pétHioMy
û*ctgriculùure , . de sttrveUlance , de
commerce, et le comité militaire ,
nommeraient chacun deux de leurs
membres pour composer une commis-
sion spéciale, chargée de présenter
des mesures capables de rétablir la
tranquillité publique. (Voyez Commis-
sion DE SALUT PUBLIC.) Sauf cctte
commission, les comités de l'Assemblée
législative ne louèrent pas un rôle fort
important. Il n'en fut pas de même
de ceux de la Convention. Cette as-
semblée réunissant à elle seule tous les
pouvoirs de l'État, délégua la plus
.grande partie de son autorité à ses
comités, et c'est à eux qu'il faut attri-
buer la plupart des grandes choses qai
se sont faites en France pendant la
session conventionnelle. Nous devons
donc traiter avec j^lus de détails cette
partie de notre article.
CONVENTION NATIONALE.
La Convention, dans sa seconde
séance, le 21 septembre 1792, avait
décrété que ceux de ses membres oui
avaient fait partie de l'Assemblée lé-
gislative seraient chargés de surveiller
les papiers des comités institués par
cette assemblée , et dans lesquels ils
avaient travaillé.
Le même jour , dans la séance du
soir, un député ( Fauchet ) fit remar-
quer que le comité de sûreté générale
ne pouvait, sans un grand danger pour
la chose publique, interrompre ^es
opérations, et il demanda que les
membres de ce comité , qui tous gi-
saient partie de la Convention, fus-
sent continués provisoirement dans
leurs fonctions. Cette motion fut
adoptée , et la décision de l'assemblée
fut étendue à tous les comités et à
toutes les commissions nommées par
l'Assemblée législative.
Le lendemain, la Convention dé-
créta que ces comités et commissions
viendraient , avec le conseil exécutif,
lui rendre compte de leurs travaux et
de la situation de. la république» et elle
chargea une commission de quatre
memhres de lui {)résenter le tâ)leaa
des différents comités à établir. Cette
COM
FRANCE.
GOH
841
commission fit son rapport dans la
séance du 1*' octobre, et l'assemblée,
3ui avait delà décidé rétablissement
u comité (fe la guerre , compléta
l'organisation de ses comités.
Nous diviserons le chapitre que nous
leur consacrerons en deux paragra-
phes : dans le premier, nous traiterons
des comités et bureaux dont les fonc-
tions étaient relatives au régime in-
térieur de la Convention; le second
aura pour objet les comités chargés
du régime général de la république,
et dont les fonctions embrassaient
toutes les parties du gouvernement.
S !•'.
Comités et bureaux dont les fonctions
étaient relatives au régime inté^
rieur de la Convention :
i** Archives nationales.
T Commission centrale.
3° Bureaux des procès-Derbaux ^
renvois et expéditions,
4* Comité des décrets.
6* Comité des pétitions et de cor-
respondaThce,
&^ Comité des inspecteurs de la
saUcy du secrétariat et de rimpri-
merie nationale.
V Archives nationales. Celait dans
les archives nationales qu'étaient dé-
posés : 1^ les minutes des procès-
yerbaux de T Assemblée constituante,
de l'Assemblée législative et de la Con-
vention ; 2** les originaux de toutes les
pièces adressées à ces assemblées. Les
archives étaient placées sous la sur-
veillance d'une commission desix mem-
bres.
2^ Commission centrale. Cette com-
mission, composée d'un membre de
chaque comité , devait être renouvelée
tous les quinze jours. Elleétait chargée
de présenter chaquejour un tableau du
travail auquel l'assemblée devait se li-
vrer. Ce tableau était 'divisé en deux
parties : la'première avait pour objet les
affaires d'expédition qui pouvaient être
traitées Jusqu'à midi ; la seconde com-
prenait les travaux dont rassemblée de-
vait s'occuper depuis midi jusqu'à la fin
de la séance. Ce tableau était affiché la
veille, à la fin de chaque séance. La
commission centrale présentait encore,
chaque semaine, un tableau des ques-
tions qui devaient être traitées dans
la semaine suivante. Pour le former ,
elle correspondait avec tous les comi-
tés, qui indiquaient les rapports prêts à
être mis à l'ordre du jour.
La commission centrale était corn*
posée de dix-neuf membres.
3* Procès-verbaux, renvois et ex-
péditions. Ces trois dénominations
s'appliquaient à trois bureaux parti-
culiers, qui, réunis, formaient le bu-
reau principal de la Convention. Un
comité de six membres était chargé
de les surveiller.
' 4® Comité des décrets. Ce comité
était chargé : V de surveiller l'appo-
sition du sceau de la république sur
les décrets , et leur envoi aux dépar-
tements et aux corps administratifs ;
T de correspondre sur cet objet avec
tous les ministres , corps administra-
tifs, municipalités et tribunaux de
justice , auxquels les instructions né-
cessaires avaient été adressées ; 3** de
surveiller l'impression des lois ; 4° de
délivrer des certificats d'apposition du
sceau ; 5° de rédiger les actes d'accu-
sation par suite des décrets rendus ;
6<> de présenter à la Convention les
rectifications nécessaires pour les er-
reurs qui auraient pu se glisser dans
la rédaction ou dans l'impression des
décrets. Ce comité était composé de
quinze membres, en y comprenant
les membres du comité de surveillance
des bureaux des procés-verbaux , ren-
vois et expéditions.
5* Comité des pétitions et de cor-
respondance. Ce comité, composé de
vingt-quatre membres, se divisait en
deux sections: la première, des péti-
tionSf était chargée d'enregistrer tou-
tes celles qui étaient présentées à la
Convention , d'en faire le renvoi aux
comités compétents, aux ministres et
aux corps administratifs, d'analyser
les adresses et d'en rendre compte à la
Convention ; la seconde, nommée sec^
tion de correspondance, était chargée
de correspondre au nom de la Conven-
tion avec les représentants du peuple
envoyés en mission aux armées et dans
les départements.
&* Comité des inspecteurs de la *
salle, du secrétariat et de V Imprime-
Ui
€0H
L'UNIVERS.
€OJII
fie. Ce comité était chargé de surveil-
ler les travs^ux ^e coastruçtion ^ dé
dii^tributiop et d'apfipM|))emeDt dos co-
mités et de tous les autres lieux dé*
pendant du pala^i^ où, siégeait la Gop-
veotjon; il insp^tait et arrêtait les
comptes de llmprinierie nationale ;
doQi^aitf après Tavis du président de
Tasse^nbiée , les consignes à la garde
et aux . grenadiers-gendsfrpies de ser;
xice ; s^rvçUlait les bureaux de posté
4e rassemblée, le bureau établi pour
]a distribution de tous les projets de
décrets et autres écrits, I9 bureau éta-
bli pour le recensement des scrutins ,
et celui deâ inspecteurs des travaux ,
lesquels étaient chargés de la ^arde
de tous les objets mobiliers de la Con-
vention. IJn des membres de ce comité
expédiait et signait les mandats. Qe
comité était composé de dix-huit n^em-
bres.
SU.
Comités dont les fonctions étçkimt re-
latives au régime générai de (a
république :
V Comité de oçnstituiiosn.
S° ^ d'instruction pubUgue.
3^ r- des fecçurs publics.
4*» — ds dipision,
é" — de législation et/éodaL
6° — d'agriculture.
7» — . flfe commerce,
8"* — des finances.
9« — d'akénation,
lO"" -^des domaines.
11° — de liquidation.
12'' — de lexdmen des 4^mptes.
13*^ — de la guerre et des arme9'
14* — de marine.
15- — coiomal.
le*" -^ des. ptmts et chaussées,
17** — diplomatique et de défense
générale.
1 8** — dh? sûreté générale*
19° — de salut pubiifi.
1» Comité de constitution. Ce co-
mité était chargé de nrésenter à la
Gouveotion un prqjet de constitution
républicaine, et devait se dissoudre
après la présentation de son rapport ; ce
rapport eut lien dans le nioisde février
1793. Le comité de. constitution était
danft Torigine composé de neuf nxem-
ines dont les noms isaiveat : 3ièje9 *
Th. Payne,Brissot, Pétlpni Vergniaud,
Gensonné, fiarrère, panton e( Con-
dorcet.
2? Comité d'instrticti^ publique.
Ce comité divisa son travail général
en treize sections, savpir ; 1** Organi-
sation générale de Tinstruçtiôn publi-
q^è , composition ou examen des ou-
vrages destinés à rédiicàtipn publique;
2° £iupa|.ion morale, régime intérieur
des dinérents étahli^fçments^ ni^ures
a prendre r^làtivepi^nt aux, pension-
nats , resppnsabiiité deâ chêfi^ dç pen-
sioi^nats , étabii^seipents particuliers
d'éducatjpn dans ieur§ rapports Qvec
les établissements piiblics ; 3** éduca-
tion physique; 4"* edue«)tion ^ fem-
mes ; 6*" éducation ^ês Qrphe|ias , des
aveuglés - néç. et àp^ ' sçurds -» muets ;
6" écoles d'iniiyçtrieî 7? voyageurs,
bibliothèque^ , m,i)spç^i.cp)i^çtion8 et
Gorrespopdance générale , fnoiJe dins-
truction pour le$ écoles des clinérents
degrés, mode^ d'enç,ei^némëqt d^ns.les
lieux où 1^ langue tr^pçai^e.est peu
usitée ; S° examens , prix et encoura-
§em(^ts , révision de (a (pi ^ur les
revêts d'ipvention, d^ \^ loi sur le
bureau de consultât jon,<çt, sur lé bu-
reau d'adipipjçtratiQf) ; d* fêtes natio-
nales; tO*" élfx^tionçaux places vacantes,
première formation de la société na-
tionale; il'' traitements e^ pensions
^e retraite, bourses attaphée? aux
établissements ^t {'auçién régime;
là"* bibliographie, cataiogUe . général
dé toutes l€^ pibliothèques nés établis-
j^qa^nts relig pux et autre^ qui avaient
été supprimés; 13° dictionnaire des
municipalités. Outre ces travaux, le
çpmité devait s'occuper d'un, travail
spécial sur la valeur et le produit des
biens dépendants des établissements
d'instruction publjgue. fe cpipîte au-
quel la France doit la plujpàrt ai Eps
grancj^ établissements spii^ntifiques.,
r institut, le inuseum d'I^istoire natu-
relle, le bureau des longitude^^ le don-
&ervatoire de musique, la bibliothè-
que nationale , etc. , était composé àe
vingt - quatre membres ; ce& membres
étaient , lors de la première formation,
CfOndoircet, JPrieur, Àrbogast, Ch^ier
Hérault, j&orsas, Lauj^inaU) l^bmoMt
I^Qtenas , Sieyés , Bar^, Pusaulx ,
cou
FRANCE.
cp^i
843
Chdsset, L. S. Mercier, David, Ch.
Vîllette, Durand-Maillanne, Lequinio,
RoUx-Fasillac, Ant. Kabaut, Ci. Fau-
ehét, Baudin (des Ardennes), Qui-
nette et Léonard Bourdoh.
3* Comité des secmrs publics. Ce
comité, divisé dans te principe en trois
sections, sous les noms de secours
publics y mendicité et salubrité, sur-
Teillait lés établissements publics de
charité, tes hôpitaux et les prisons
sous le rapport de la salubrité seule-
ment ; il était chargé de proposer un
mode de répartition générale des se-
cours pour les pauvres dans tous ^es
départements ; un mode de répartition
particulière pour un département dé-
l^igné, pour une ou plusieurs commu-
nes , et même pdur les individus , à
l'occasion d'accidents graves , tels
oûMiiôndations , incendies, etc. ; enân
\i devait surveiller les vagabonds , la
voirie et la médecine sous le rapport
de la pratique et de son application au
service pomic. Ce comité comptait
vingt-quatre membres.
4° Comité de division et circons-
cription. Ce comité était chargé des
changements à opérel* dans la division
des communes et des districts. Il s'oc-
cupait de l'établissement des juges de
pS\x, dès tribunaux de commerce, des
commissaires de police; rectifiait les
erreurs commises dahs les élections et
nominations d'administrateurs ; réglait
le nombre des notaires, la circons-
cription et le nombre des paroisses,
et généralement tout ce qui concernait
les matières ecclésiastiques. Il était
composé de vingt-quatre membres.
S** Comité de législation et féodal.
Ce comité formait deux divisions : la
première , dite systématique , se divi-
sait en huit sections : 1® procédure ci-
vile de première instance et d'appel ,
de requête civile et de cassation , rela-
tivement à tous les tribunaux ; exécu-
tions des titres et jugements sur les
rapports d'experts ; saisies et opposi-
tions, inventaires; 2® mariages, puis-
saiice maritale ^ ses effets, sa durée et
sa dissolution; 3"* tutelles et curatelles,
pupillarités , minorités, interdictions ;
4* travail sur les choses , meubles ou
immeubles , corporelles oii iacorpo-
relles , propriétés , possessions , pres-
criptions , usufruits « usagf s , habita-
tions, servitudes, etc. ; 5^ transmis-
sions des biens par donatioiis entre
vifs, institutions oontractuelJes, dona-
tions à cause de mort , teâtaments ,
codicilles, fidéi-commis^ substitutions,
legs, etc.; 6"* successions légitimes
descendantes , ascendantes , collatéra-
les, rapports, partages, etc.; 7*" et
B"" obligations , en général , et tous
leurs accessoires, contrats et quasi-
contrats, dvoits respectifs des con-
joints , conventions ntatriolonialos ,
échangés, ventes, emphytéoses, etc. La
seconde division se subdivisait seule-
ment en deux sections , soils le nom
de sections des rapports. Elles étaient
composées chacune de douze membres,
occupés des différents rapports qui
étaient prescrits, par décrets de la Con-
vention. Les deux divisions du comité
comptaient ensemble quarante -huit
membres. Le comité de législation,
qui présenta la fameuse loi des sus'
pectsy était l'un des trois comités de
gouvernement. Les deux autres étaient
le comité de salut public, et le comité
de sûreté générale.
6** Comité d'agricuUure. Ce comité
formait six sections , savoir : l"" ca-
naux , cours d'eau , moulins et machi-
nes hydrauliques ; 2<> mines, minières
et carrières ; S^ haras , troupeaux ,
écoles vétérinaires et animaux destruc-
teurs ; 4» police rurale, fêtes agricoles,
encouragements, dîmes, boulangerie,
vendanges ; 6«» routes , chemins vici-
naux, pépinières, tabacs, rhubarbe,
garance, ponts et chaussées ; 6* dessé-.
cheraents, défrichements. Ce comité
était composé de vingt-quatre mem-
bres.
7® Comité de commerce» Ce ci^mité
était divisé en quatre sections, dont
les travaux étaient partagés de la ma-
nière suivante : 1° commerce propre-
ment dit, primes d'encouragement,
subsistances et commerce des grains;
S"* tout ce qui concernait les artâ ^
les manufactures ; 3° niessageries ,
roulages , navigation intérieure et ex-
térieure, postes , douanes, poudres cl
844
COM
L'UNIVERS.
COM
salpêtres ; 4® enfin , la auatrième pré-
parait les décrets relatifs à la législa-
tion, aux tribunaux de commerce,- aux
foires et marchés, aux faillites , aux
poids et mesures, à la police des routes.
Ce comité était composé de vingt-qua-
tre membres.
8* et 9" Comité des finances et c<h
mité d'aUénatUmdes biens nationaux.
Ce comité s'était divisé en six sections :
la première , nommée section des as-
signats et monnaies, se subdivisait en
deux parties, dont Tune s'occupait de
la fabrication des pièces d'or, d argent
et de cuivre, de leur cours, de leurs em-
preintes, et de tout ce qui était relatif
au système monétaire ; elle surveillait
la commission des monnaies , les mar-
Îjues et contrôles de l'orfèvrerie, la
abrication des sous provenant du mé-
tal des cloches; elle examinait les ré-
clamations des villes et départements
sur rétablissement des hôtels des
monnaies; elle recevait les bijoux,
vaisselles d'or et d'argent offerts en
dons patriotiques et envovés à la mon-
naie pour être fondus ; elle était dépo-
sitaire des essais des différentes pièces
de monnaies proposées par les artistes.
La seconde partie surveillait la fa-
brication des assignats. Des commis-
saires pris dans son sein étaient cons-
tamment en tournée dans les différentes
manufactures de papier ; d'autres as-
sistaient au brûlement des assignats
retirés de la circulation. La même
section était encore chargée des rap-
ports sur la contrefaçon de ces billets,
sur les moyens d'y obvier, sur les de-
mandes en remboursement d'assignats
faux, brûlés , déchirés ou perdus ; des
rapports sur les récomnenses à accor-
der aux dénonciateurs aes fabrications
de faux assignats, des rapports sur
les récompenses à accorder aux auteurs
des inventions utiles à la fabrication
des assignats et monnaies; et enfin ^
de la correspondance avec les caissiers
et directeurs de la caisse de l'extraor-
dinaire, et avec le ministre des contri-
butions publiques, sur tout ce qui
avait rapport aux assignats et mon-
naies. Cette section fut d'abord com-
posée de vingt-quatre membres, mais
elle en détacha huit pour la section
d'aliénation des biens nationaux. Les
deuxième et troisième sections étaient
chargées de la surveillance de tout oe
qui était relatif aux contributions et
aux dépenses publiques , de la tréso-
rerie nationale , de la vérification des
comptes et de l'achat du numéraire;
elles formaient un bureau des recettes,
ayant pour objet la contribution di-
recte , le timbre , les droits d'enregis-
trement et autres y réunis, les douanes,
les postes, messageries et loteries, les
anciennes créances du trésor public;
et un bureau des dépenses, chargé de
régler les dépenses du culte, de 1 exté-
rieur, payées par le trésor public , de
l'intérieur , à la charge des départe-
ments , de la guerre , de la marine et
des colonies, des affaires étrangères,
de l'ordre judiciaire , à la charge du
trésor public. Ces sections surveil-
laient en commun les caisses de l'ex-
traordinaire. Elles étaient chargées
d'examiner et arrêter les états de
recette et dépense de cette caisse, no-
tamment celles qui provenaient des
ventes, régies et emplois des biens na-
tionaux, ainsi que les~ difficultés qui
s'élevaient à cette occasion ; elles opé-
raient la liquidation de l'actif et du
passif de la nation ; elles réglaient
aussi tout ce qui se rapportait à l'é-
mission, à la circulation du papier-
monnaie , et généralement tout ce qui
devait être payé par la caisse de l'ex-
traordinaire ; elles examinaient les
pétitions relatives à ces objets , ren-
voyées par l'assemblée, ainsi que tous
les projets de finance qui leur étaient
présentés. La section des contributions
directes et indirectes était composée
de dix membres, et celle de l'ordinaire
et de l'extraordinaire des finances , de
seize. Enfin la quatrième section da
comité des finances fut séparée par un
décret du 21 octobre 1792 pour former,
avec une section du comité des domai-
nes , un comité à part , sous le titre
de comité d'aliénation des biens na-
tionaidx. Voici le texte de ce décret :
« La Convention décrète que les deux
sections, l'une du comité des finances,
l'autre du comité, des domaines , qui
OOM
FRANCE.
€0»
U6
étâîentcbargéesderaliéûatioD des biens
nationaux, de ceux de la liste civile, de
Tordre de Malte et autres ordres de
chevalerie , et des biens des émigrés ,
seront réunies en un seul, comité qui
s'occupera desdits objets, ainsi que de
tout ce qui pourra y avoir rapport, et
qui demeurera séparé du comité des
linances et du comité des domaines. »
Seize membres composaient le comité
d'aliénation.
lO^ Comité des domaines. Le travail
de ce comité embrassait trois objets :
1* la rentrée de tous les biens de l'an-
cien domaine de la couronne , aliénés
par engagements , dons , concessions
ou échanges; de cet objet dépendaient
les liquidations des finances, payées
par les détenteurs , pour raison des
objets aliénés; l'examen des échanges
et des. baux des objets domaniaux ; la
surveillance des opérations de la régie
relativement aux domaines fonciers (la
partie fiscale étant du ressort du co-
mité des finances) ; la correspondance
avec le comité de législation , pour la
rédaction du code des eaux et forêts.
T^e deuxième objet était la démarca-
tion précise de ce qui appartenait à la
nation dans les biens pîossédés par les
communauté laïques et ecclésiasti-
ques qui avaient été abolies. Le troi-
sième objet était de régler l'adminis-
tration forestière sur laguelle une loi
avait été portée. Ce comité était com-
posé de vmgt-quatre membres.
11° Comité de liquidation. Ce co-
mité était divisé en sept sections : V*
arriéré des départements ; 2^ offices de
judicature et municipaux ; 3** créances
du clergé et des anciens pays d^états;
4** pensions et gratifications; 5° bre-
vets de retenue , charges et otKîces mi-
litaires, receveurs généraux et parti-
culiers des finances et domaines ; fsf"
greffes domaniaux , dîmes inféodées ,
objets domaniaux et féodaux ; 7° ju-
randes et maîtrises. Ce comité était
composé de vingt-quatre membres.
12° Comité de Vexamen des comp'
tes. Un arrêté pris pr l'Assemblée lé-
gislative, le 5 décembre 1791, et
confirmé par la Convention, avait
réglé ainsi les attributions de ce co-
mité: «Le comité de Texamen des
comptes sera chargé d'examiner les
comptes sur pièces et acquits compta-
bles , et tous les comptes qui auront
été présentés au bureau de comptabi-
lité établi par décret du 15 septembre
1791 ; d'en faire le rapport à l'Assem-
blée; de proposer les lois à former
Ï^our accélérer la présentation et
'apurement soit des comptes cou-
rants, soit des comptes arriérés. » Ce
comité était composé de quinze mem-
bres.
13** Comité de la guerre et des arô-
mes. Il se divisait en six sections ,
comprenant dans leur ensemble toute
l'administration du personnel et du
matériel de la guerre. Mais l'action
gouvernementale était confiée au co-
mité de salut public. Le comité de la
guerre était composé de ving^quatre
membres.
14*" ComUé de marins. Ce comité
préparait les travaux de la Convention
relativement à l'administration de la
marine. Il était composé de dix-huit
membres.
15^ Comité colonial» Ce comité était
chargé de l'examen des différentes af-
faires concernant les colonies. Il était
composé de douze membres.
16^ Comité des ponts et chaussées.
Ce comité , charge de la direction des
travaux publics et de l'examen de toutes
les affaires qui s'y rattachaient, se
composait de douze metabres.
1 7° Comité diplomatique. Ce comité,
ui prit plus tard le nom de comité de
'éjense générale, s'occupait des rela-
tions de la république avec les nations
étrangères. Neuf niembres le compo-
saient. Ses attributions finirent par
passer au comité de salut public.
18** Comité de scUut pubHc,
19** Comité de st^rete générale.
Ces deux comités , surtout celui de
salut public, ayant joué un très-grand
rôle, et ayant été revêtus de la plus
grande partie du pouvoir exécutif pen-
dant toute la durée de la session con-
ventionnelle , nous avons cru devoir
leur consacrer des articles à part. Voy.
ci-après, Comité de salut pubug
et COHITB DE SUASTÉ GÉNERALB.
%
S46
L'UNIVERS.
€091
ComUésJnrméâ en dehors des assem-
blées iégislatives.
Comités de surveillance. Aussitôt
après l'établissement du comité des
recherches et inforriiations, à TAsschi-
biée constituante, un semblable comité
fut établi à l'hdtel de ville par les élec-
teurs de Paris. Les districts ou sec-
Hons de la capitale et les communes
des départements voulurent ensuite
avoir aussi leurs qomités de recherchés.
Leui exeinple fut suivi par les clubs;
et bientôt il n'y eut pas une société
populaii-e qui n*eût, sdiis le nom de
comité de surveillance , son comité de
recherches, comme TAssemblée natio-
nale.
Dans Porigine, ces eomités exami-
naient les dénonciations, et si elles
leur paraissaient fondées, elles en ré-
féraient au club, qui les transmettait
à Tautorité compétente pour prononcer
sur le fait dénoncé. Ces rapports étaient
Quelquefois publiés dans les journaux,
^àns la suite , une loi du 14 frimaire
an II assimila apx corps constitués les
comités de surveillance établis dans le
sein des différentes sociétéis populaires.
Oes comités devinrent alors des auto-
rités publiques, et correspondirent di-
rectement avec les comités de sûreté
générale et de salut public de la Con-
vention. Ils remplacèrent, pour tout
ce qui boncernait la police intérieure,
les administrations des districts et des
sections. Leurs attributions, qui avaient
toujours été en augmentant jusqu'au
18 brumaire, furent ensuite successi-
vement restreintes; cependant ils sub-
sistèrent aussi longtemps que les so-
ciétés populaires, avec lesquelles ils
furent abolies. Voyez Clubs.
Comité autrichien. Carra fut le dé-
nonciateur de ce club royaliste. Voici
comment il s'exprimait à ce sujet dans
ses annales patriotiques: « Ce complot
(une Saint-fiarthéjemy de patriotes),
médité depuis longtemps et qui a tou-
jours échoué, soit par la faiolesse des
conjurés, soit pair la surveillance et les
précautions des bons citoyens, prend
aujourd'hui une consistance effrayante
dans les combinaisons et dans l'âme
stupidfi et atroce des directeurs du
comité aatriehiéh , des pî^IncIpatixdieCs
de la garde du roi , du plus grand nom-
bre des membres de Pétat-major pari-
sien , et des commandants de la gen-
darmerie nationale. » Chabot soutint
à la tribune de TAssemblée législative
que ce comité existait, et il lé prouva
au nioyen d^une foule de pièces aoi
furent examinées par lé connité clés
recherches dé l'Assemblée. Les papiers
trouvés dans l'armoire de fer confir-
mèrebt l'accosatidn de Carra et de
Chabot, et il fût prouvé que le comité
autrlchren avait été forme sodU Finspi-
ration de Marie* Antoinette^ à l'enet
de correspondre avec les émigrés, les
Ï puissances coalisées et les agents roya-
istes, qui travàillaieiit à l'étranger aa
rétablissement de la monarchie ab-
solue. Barnave, Dupoft, A. Lameth,
Chapellier, gagnés par la cour, Duport-
Dutertre, garde dés sceaux en 1791,
Duportail, ministre de la guerre à la
même époque, Laporte, intendant de
la liste civile, Durosoy, correspondant
des émigrés , Montmorin , Bertrand de
Molleville, anciens ministres, Cler-
mont-Tonnerre et Saint-Priest , étaleat
les principaux meneurs de ce comité.
Comité central des fédérés, Lejoar
même où Brunswick publiait son io-
soient manifeste, l'Assemblée légis-
lative décréta la permanence deis sec-
tions de Paris. Mais les patriotes
avaient devancé cette tardive résolu-
tion ; les fédérés avaient constitué on
comité central qui s'était assemblé
plusieurs fois chez Santerre. Ce co-
mité , composé de quarante-quatre
membres, et réuni dans la salle dès
correspondances aux jacobins , choisit
cinq de ses membres qui formèrent le
directoire de l'insurrection : c'étaient
Vaugeois d'Argentan, Debessé de !i
Brome, Guillaume de Caen, Simon de
Strasbourg et Galissot de Langres.
A ces chefs furent ensuite adjoints
Carra , Fournier l'Américain , Westtf-
mann , Kcecklin , Santerre , Alexandre,
Latouski, Antoine la Grey et Garin.
La première réunion du directoire eut
Ueu dans la nuit du 19 au 20 juillet, i
Charenton, chez Villate, qui plus tard
devint l'un des jur^ au tribunal lévo-
€0B|
FRANCE.
COM
947
latEOnnaîre, Af^ plusieurs délibéra-
tîoQS fort orageuses, le projet d'in-
surrection fut arrêté, pqur le 29 juillet ^
mais rien n'était p^épaf é pour ce
mpmeht; le peuple paraissait en:
core avoir tirop de conftance dans
l'Assemblée nationale. Le dirççtpirq
ajourna son eptjreprise, saos cesser de
tenir ses séances, soit à Cparentof^,
soit dans le faubourg Saint- Antoine,
soit dans le Ipcal flu comité de surveil?
lance, des j§(iobin§. Il s'était aMgmenté
de plusieurs patriote^ bien cpnqus,
tels quQ Robespierre^ Marcb^nd , Cha-
bot, Granet 4e Marseille, Tallinn, Vi-
lain d'Aubigny, Legendr^ et Lacroix
(d'Eure-et-Loire). Lp 4 août, il avait
été décidé que le peuple se Içyerait
dans la nuit du 9 au 10 et irait assiéger
\efj^ Tuileries. Le plan d'attaqp^ était
af psi organisé : Sa^terre et Wqçt^r-
mapn devaient pon4uir^,ie fEmbourg
Saint-AntoJn^; Foi^rnier TAjnériç^in ,
la fauboprg Saint-Marceau; Danton î
B^rl^aroux, barra, Ç^tnille Desmou*
liDS, Qai|lee^Rebepque^ veillaieptavec
les Marseillais sou^ les armes. A oqzjs
heuires et demie du soir, uo coup 4é feu
^e fit entendre d^ps la cour du Com-
merp^, et le p§upïe se u^it à crier aiui.
armes. Aussitôt lé? Marseillais partir
rei^t, ej; Canii)le Il^snioulins cpqrut
aux église^ faire soiiner le^ tocsin*
Les, patriotes arriyèrepi; p§pdapt la
nuit, et 1^ lendemain, ^ cjnq heures
dû matin , l'attaque cpmmpuça (*). .
Comité pqptulaixe ,ÇL l'évécM* ÏA
Gphventipp venait d^ prendre upQ
ii^iesure.qMi allait sauver ia.répgbiiqufi;
eiie venait de décréter rétabli ss^ipept
d'i^Q comité de salut public. Le parti
illtjrarévolutidnpaire , qui commençait
à ^çqiiérii: 4e J'influence sur ig peu-
ple, né se contenta pa^ de cette rnani-
festatipn 4es sei^timpntç déippcratiques
de r Assemblée; les meneurs des sec-
tions, déclamant contre §a mollese,
firent décréter là fprrpatipq d'uij cp-
Tniié central de safyt pufiUQ^ gui se
réunit à réyéché. pe comité prétendit;
aussitôt exercer la souveraineté au potii
dés quaranté-buit sectipps de Paris, se
(*) Vjoyez l'art ^.oùt J^journée 4» <lbiL).
mit en correspondance aveo les qua-
rante-quatre mille municipalités de la
république, prépara une insurrection
contre les girondins, et décida que le
peuple devait se leyet pour aller de-"
n[)an4er à la Convention si elle croyait
avoir asseiî d'énergie pour sauver la
patrie. Mais Robespierre et Marat
attaquèrent ce eomité eomiiie inutile
et cqninie dangereux, et les jacobins
firent imprimer et distribuer une liste
de ^s noeaobres pour lès faire sur-
veiller- Abandonné alors pai; les chefs .
du parti populaire, le comité central
de salut publie se sépata, mais ce ne
fqt. que poiir reparaltce biedtôt après
sou$ un autre nom. .
Comité cenixal révoiuiionfiaire de
sahtt public. Le danger devenait à
chaque instaut plus terrible à l'inté-
rieur et à l'extérieur. La Commune,
sur la proposition de Chaumette, ar-
rêta qu'il serait organisé, un comité
entrai répoiutionnaire de salut pu'
bliÇf con)posé des présidents des co-
mités révolutionnaires des sections et
des députés de tous les corps adminis-
tratifs, lesquels ;se réuniraient à la
municipalité les dimanches et les jeu-
dis. A peine ce comité fut-il formé,
qu'il prépara un nouveau 10 août
cpntre la faction girondine. Mais la
majorité des représentants ji'était pas
encore convainque de-l'iphabileté poli-
tique des girondins; elle résista à la
volonté populaire; le conaité de salut
public dénonça même, par l'organe de
Barrère, Ghaumette et le comité cen-
trai révplutionnaire, qui avaient formé
le projet d,'eplever les yipgt-deux dé-
putés dopt les sections avaient de-
mandé I4 niise en jugemept.
Le lendémjiin, le comité central
révplutionnaire des seciiops se réunit
sous prétexte de répartir l'emprunt
forcé et 4e faire la (iste des suspects,
mesures que la Commune avait ordpn-
néjBs; mais à peine étajt:on en pré-
^enpe, que. quelques, m W^res s'écriè-
rent qu'ilfallalt marcher sur la Conven-
tion , où se triqpyaient les plus dangi?-
reux suspects, e|; qu'il faljait enlever
les vingt-d^qx déj^qtés désignés cdmm^
ïf^ chefs dfi pajT^i giron4ip- On reyint
S48
com
L'UÎÎIVERS-
GOV
eneore dan joon après sur ee projet,
301 derait, disait-on, mettre nn aux
issensioDS qui dédûraient la GooTeo-
tion; mais le maire Paebe refusa de
sortir des Toies légales , et aucune ré-
solution ne fut adoptée. Deux mem-
bres du comité furent ensuite arrêtés
par ordre de la commission des douze;
mais ils furent bientôt relâchés. Ce-
pendant ces lenteurs du comité lui
avaient fait perdre la confiance des
patriotes; il n'avait pas su. organiser
l'insurrection ou'ils demandaient; un
nouveau comUé insurreeUaimel, com-
posé de commissaires envoyés par les
sections « la Commune et les cluDs, fut
formé à révéché. Le 28 mai , ce comité ,
qui comptait cinc[ cents membres,
nomma une commission de six mem-
bres pour présenter un plan d'insurrec-
tion. Le 29, il décida, pour rassurer les
timides et ôter tout prétexte à la résis-
tance, quet*insurrectionyîirai^ respect
aux propriétés ; et chacun de ses mem-
bres promit le secret et une obéissance
absolue à la commission des six. Cette
commission, investie ainsi de la dic-
tature, eut bientôt arrêté le plan de
Finsurreetion ; elle ne veut pas em-
ployer la force ni verser de sang; son
premier acte sera de casser la Com-
mune actuelle, d'en installer une
autre, qui, en vertu des pouvoirs qui
lui seront conférés , requerra la force
publique, fera entourer la Convention
par les sections armées, lui iH*ésentera
une pétition dans laquelle on deman-
dera l'arrestation des vingt-deux giron-
dins, et ne se retirera que lorsque
cette demande sera accordée.
Le comité insurrectionnel s'assem-
bla le 30 à neuf heures, approuva le
plan de la commission des six , prit le
nom di* union républicaine y se déclara
en permanence et en insurrection pour
sauver la chose publique, menacée par
une faction aristocratique et oppressive
de la liberté, et convoqua les sections
pour obtenir leur approbation et leurs
pouvoirs. Ces préparatifs durèrent
. toute la journée. Le soir, la commis-
sion des six fit fermer les barrières,
battre la générale et sonner le tocsin.
Le 31 , dès le matin , cette commission
Tint à la Commune, fit vérifier ses
pouvoirs par trente-trois sections sur
quarante-huit, cassa la Commune, la
Rintégra à l'instant en lui conférant
une autorité fllimitée, et se l'associa
pour diriger Finsurreetion. Le plan
des six fot aussitôt exécuté ; les sections
se réunirent; le canon d'alarme, tiré
par ordre du nouveau commandant de
h garde nationale, Henriot, appela
bientôt sous les armes quatre-vingt
mille hommes , qui parcourure-nt silen-
cieusement les rues pour aller se poster
autour des Tuileries. Alors la Com-
mune, toujouis dirigée par le eomité
insurrectionnel, envoya successivement
trois d^utations à la Convention pour
demander qu'une commission formée
dans son sein pût se mettre en rapport
avee l'assemblée, et qu'il lui fat ac-
cordé une salle voisine de celle où
si^eaient les représentants. Cette pro-
position fut adoptée, ainsi que celle de
donner quarante sous par jour à chacuii
des ouvriers qui resteraient sous les
armes pour veiller au maintien de l'or-
dre public. La commission des douze
fut ensuite supprimée, et ses papiers
furent saisis. Cependant l'insurrection
n'était pas terminée; ceux qui l'avaient
commencée ne voulaient s'arrêter que
lorsque les vingt-deux seraient exdus
de la Convention. Dans la matinée do
l''*' juin , le comité insurrectionnel , qui
se réunissait dans une salle voisine de
celle où siégeait le comité de salut pu-
blic, voulut s'entendre avec les mem-
bres de ce comité pour obtenir l'arres-
tation de ces députés. La journée se
passa en pourparlers ; mais le soir, le
tocsin sonna, la générale fut de nop-
veau battue pendant toute la nuit, et dès
qu'il fit jour, la Convention fiiit une
seconde fois cernée. Une députatîonde
la Commune se présenta alors à la
barre et exigea l'arrestation provisoire
des conspirateurs. Vovez Commission
BES douze et Mai (Journée du 31).
— On donne encore aujourd'hui le
nom de comités à des assemblées perma-
nentes d'hommes spéciaux , créées par
l'autorité supérieure, pour délibérer
sur différentes questions d'intérêt pu-
blic : tels sont , auprès du ministère de
COM
FRANCE.
cov
349
la guerre, les comités d'artillerie,
de cavalerie y dHn/anterie, des j^orW-
ûcixtions, etc. ; et auprès du ministère
da commerce , le comité consultatif des
arts et numujactures. Enfin les diffé-
rentes sections dont se compose le
conseil d'État portent aussi le nom de
comités.
GoHiTB BE sAJLvr PUBLIC. -^ Placé
au timon de i*État , dans le fort de la
tempête révolutionnaire, au moment
où le choc de tous les éléments conju-
rés présageait un naufrage presque
certain , le comité de salut puoiic sut
non-seulement mettre la France à Fa-
bri des attaques de FEurope coalisée,
et la délivrer des fureurs de la guerre
civile, il sut encore lui rendre 1 offen-
sive, et l'élever à un degré de puissance
qu'elle n'avait jamais eue avant lui.
Aussi la contre-révolution ne man-
qua-t-elle pas de prendre prétexte des
excès qui avaient été commis sous son
W^ne, pour le renverser, et [)our jeter
un blâme injurieux sur sa mémoire et
sur celle de toute la révolution ;
comme si un grand peuple, menacé
dans son existence , et oont l'étran-
ger , de concert avec l'émigration , se
partageait d'avance les dépouilles,
avait pu voir sans indignation ces pro-
jets impies , ou agir , dans les trans-
ports de la colère , avec une modéra-
tion que ne gardent même pas ses
rivaux , quand ils combattent pour
quelques oallots de marchandises.
Mais la raison de l'Europe et la re-
connaissance nationale ont fait justice
de l'exagération de ces reproches ; et
aujourdliui, c[uels que soient son pays
ou ses convictions politiques, tout
homme qui a le moindre sentiment de
la grandeur s'associe au jugement qui
a été porté par Napoléon à son avène-
ment au consulat, jugement qu'il con-
firmait encore à Sainte-Hélène : « Le
comité de salut public, disait-il, c^est
le seul gouvernement qu'ait eu la
/France pendant la révolution, » Les
légitimistes eux-mêmes partagent se-
crètement cette opinion . et 1 homme
de génie de leur parti , ae Maistre , a
eu le courage d en convenir haute-
paent. Il avouait que, sans le comité
de salut public , c'en était fait de la
France , parce que les émigrés , après
l'avoir livrée aux rois, n'auraient jamais
pu l'arracher de leurs mains. M. de
Chateaubriand, M. Berryer, sans s'ex-
pliquer avec autant de liberté, lais-
sent souvent entrevoir qu'ils ne pen-
sent pas autrement.
Pour être juste , il ne faut pasju^er ce
gouvernement, tout révolutionnaire et
tout martial , comme on jugerait tin
gouvernement ordinaire ; il faut le
prendre pour ce qu'il était, c'est-à-
dire , pour un pouvoir exceptionnel ,
dictatorial, et transitoire, ainsi que
toute espèce de dictature. Il faut avoir
toujours présente à la pensée la mis*
sion dont il était chargé , mission dont
la nature se révèle par les circonstan-
ces qui l'engendrèrent , et par le nom
même qu'ij reçut à son origine. Le sa-
lut de l'État, voilà le motif qui lui
donna naissance ; le salut de FEtat ,
voilà quelle fut la base de toute sa po-
litique. En voyant combien il se mon-
tra sévère, terrible, et quelquefois im-
pitoyable, il ne faut pas oublier contre
quels ennemis il avait à lutter, en
quel état de détresse il reçut le dépôt
du pouvoir, quelle responsabilité enfin
aurait pesé sur lui, s'il n'avait pas
triomplié. Il faut se rappeler qu'il avait
à combattre l'Europe entière , à faire
rentrer dans le devoir un grand nom-
bre de villes et de provinces insurgées.
Il faut se rappeler surtout que , pour
vaincre les rois et terrasser rhydre de
l'anarchie , il ^vait à conquérir sur les
préjugés de la Convention . sur ceux
de la Montagne , sur ceux de toute la
France républicaine, la somme de puis*
sance nécessaire pour ramener l'unité
au sein de l'anarchie , Tordre au sein
du chaos. En effet , ce serait une er-
reur de croire qu'il fut investi tout à
coup de la dictature ; ce ne fut qu'à
son corps défendant , et à mesure que
le danger croissait, que la Convention
se laissa arracher , plutôt qu'elle ne
céda volontairement , la dél^ation de
ses propres pouvoirs qui n'avaient pas
de bornes. Encore ne cessa-t-elle ja-
mais d'y mettre certaines restrictions,
comme on pourra bientôt s'en conr
UUI9IVEES.
cov
yainere en lisdnt le texte des lois qui
fixaient les attributions da gouverae*
ment réroluticnnaire.
Nous insistons sur ce point , parce
que, si Ton a généralement tend compté
au comité de salut public des obstacles
matériels qu'il rencontra dans l'inté-
rteur du jiays et à la frontière , on a
peu ou point fait attention aux obsta-
cles moraux que les sentiments de li-
berté de l'époque , portés au plus haut
degré , opposaient à son activité. De
. loutes parts, sur les bancs m^mede la
Convention ; on lui criait : Sauvez
l'État ; mais , par une défiance om^
brageuse, on lui en refusait les mo^^ens.-
Dans ratternative de laisser périr la
France, en respectant tous les scrupules
d'une légalité jaloqse, ou de sauver la
patrie, en forçant la représentation
nationale à être conséquente avec elle-
même , le comité de selut public n'hé-
sita pas ; il prit en main les armes
que Ton craignait de lui confier , et ,
sous le titre de gouvernement révolu-
tionnaire, il se ut investir un moment
de la toute- puissance, Quitte à en ren-
dre compte lorsque 1 ennemi serait
terrassé. Sans les divisions qui éclatè-
rent dans son sein , il est très-proba-
ble qu'il serait parvenu à doter la ré-
Bublfque de cette unité de pouvoir qui
roi a toujours manqué, et a fonder en-
fin , sur Ijes bases de Tédifice révohi-
tionnaire , un gouvernement plus ré«
gulier et plus solide que ce Directoire
a cinq têtes, qui tomba en poussière au
premier souffle de l'armie^ seule frac-
tion du peuple où la tradition de l'u-
nité rie s'était pas complètement effa-
cée ; où , au contraire , le besoin de
vaincre l'avait constamment réchauf-
fée; où, enfin, la victoire lui avait
donné une consécration nouvelle.
D'une manière ou d'une autre, il Ail-
lait que le pouvoir redevînt unitaire ;
seulement , la France avait le dioix
entre une tmité librement consetitie ,
et une unité imposée par la violence.
La Convention n'ayant pas voulu
choisir un président de la république
dans le sein de son comité de gouver-
nement , qui renfo'mait cependant
plus d'un homme d'État distitogué ^ le
Directoire , installé par elle, fîit con-
traint de céder la place à un jeune gé-
néral, oui, de premier consul^ ne tarda
paè à devenir empereur et autocrate.
L'institution du comité de salut pu-
blic ne s'éleva qu'avec peine, et à tra-
vers des phases lentement pilogressi-
ves ; son personnel ne fut ni toujours
composé des mêmes individus, n\ cons-
tamAient animé du m^n^e «sprit. Les
différences sont si marquées , qu'on a
distingué avec raison plusieurs comités
de salut public, dont un seul, celui
dui exerça la puissance depuis le mois
ae juillet 1793 jusqu'au mois de juil-
let 1794, a accompli les grandes eboses
dont il tient d'être question; aussi
l'histoil'e lui a-t^elle donné le titre d^
grand comité de sahûpubUc, Il était
composé de douze membres, dont les
noms sontdevedus célèbres : Barrère,
Biliaud - Varennes , Carnot , iGoilot-
d'Herbois, Prieur de la Marne, Ro-
bert-Lindet , Robespierre aîné , Gqu-
tfaon, Saint-Just, Jean-Bon Saint-iko-
dré, Prieur de la Côte-d'Or, Hérault-
Séchelles. Antérieurement^ il y en avait
eu un premier assez niai dessiné, puis
un second déjà plus puissant , quoi-
que manquant encore d'homogénéité.
Après le 9 thermidor, il y en eut en-
core plusieurs autres; mais à partir
de cette époque, l'institution du co-
mité de salut public, envahie par ks
thermidoriens, alla toujours en dédi-
nant, à ce point mie la dernière audmi-
Rïstration semblait travailler pour les
royalistes, lorsque la Convention se
déclara dissmite. On retrouve done
dans son existence trois périodes bien
tranchées : 1** celle de sa formation
depuis le printemps de l'année 1799
jusqu'à Tautomne de la même année;
2"* celle de son apogée, qui dura près
d'un an ; 3" celle de sa décadence , du
9 thermidor an ii (27 juillet 1794) au
5 brumaire an m ( 36 octobre 179&),
moment où le Directoire prit le gouver-
nement des affaires. Un grand nomlNre
d'écrivains ont eu le tort de tout con-
fondre, sans taire attention à <sette di-
Tision cependant bien fondée; Quel-
ques autres ont compté trois pniMah
paux oonùtés : un premier qui eatca
COM
FB^CE.
cov
en gestion le, 5 avril 1793* et qui ett
sortit à la fia de juillet de la même
année; Pa)iiton,Bafrère et Hobert-Liii-
det en faisaient partie; un second,
dans lequel Danton refusa d'entrer,
inais qui exerça ia dictature à partir
de la fin de juillet 1793 jusqu'au 37
Juillet de l'année suivante : c'est le
grand comité de salut public dont
nous avons déjà nommé les membres;
un troisième, où se glissèrent d'abord
quelques thermidoriens adjoints aux
membres (Survivants ou non remplacés
du précédent coiiiité,. et ensuite mêlé
de thermidoriens et de contre-révolu-
tionnaires peu éloignés du royalishie*
Cette classification a l'avantage d'être
conforme aux trois périodes de for-
mation , d'apogée et de décadence
que parcourut l'institution durant sa .
carrière; mais 0ile a l'inconvénient
d'être incom(>lète et de ne pas faire
ressortir des subdivisions fort impor*
tantes. £n réalité , il y eut un grand
nombre de comités de salut public ^
dqnt un seul acquit une puissance con-
sidérable, et resta pendant une année
composé des mêmes membres. Après
ce qui vient d'être dit , il est presque
superflu de répéter que c'est celui qui
fut démembré par la révolution du 9
thermidor, lorsqu'il était dans l'enfan-
tement d'un gouvernement régulier,
et à la veille de mettre fin à la dicta-
ture révolutionnaire. Pour être à la fois
logique et complet , il nous paraît inr
dispensable de ranger les diftérents
comités souB trois divisions corres-
pondant aux trois périodes de la maN
che de l'institution; ainsi le lecteur
aura sous les yeux l'ensemble et les
détails dans Tordre chronologique, et
sans confusion.
Première peVîocfe. Autant'par l'tffet
d'une erreur grave eh politique , qu'à
cause de la division qui se manifesta,
dès l'ouverture de ses séances , entre
la Montagne et la Gironde , la Con-
vention recula aussi longtemps qu'il fut
possible devant la fiécessité de créer
un pouvoir exécutif doué d'assez d'é-
nergie et d'assez d'indépendance pour
remplacer l'ancien pouvoir, abattu
dans la journée du 10 août. Réunis*
$ant en elle, par droit dé i^préseifta*
tioa, tous les éléments dé la puissance
nationale, elle aurait voulu être à là
fois assemblée délibérât! ve et gouver-
nement; prétentiori contraire à I expér
rience et à la théorie, qui Tune et
l'autre ont démontré la nécessité de
la séparation du pouvoir exécutif et du
pouvoir législatif, et les avantages de
leur indépendance respective dans de
certaines limites et sous le contrôle
de la souveraineté nationale. L'immi-
nence du danger pilt seule décider la
Convention à déléguer une partie de
ses dttî*ibutions à quelques-uns de ses
membres. L'impossibilité matérielle
d'expédier les affaires directement pat*
elle-même lui arracha d'abord une
première concession; à l'exemple delà
Constituante et de la Législative, qui,
par suite du mauvais vouloir de la
monarchie, s'étaient trouvées dans uûh
situation analogue, elle partagea le
travail préparatoire entre plusieurs
eomitjés choisis daus ^bn sein, et
n'agissant presque pas pàreux-mémesl
Tel fut, pour ce qui concernait la
guerre, le comité de défense générale;
qui devait servir de transition pour
arriver au coipité de salut public ,
c'est-à-dire, à quelque chose qui corn»
mençât à ressembler à un pouvoir
exécutif. Ainsi donc , ce fut l'urgente
nécessité de résister aux ennemis du
dehors qui seule fit faire de premier
pas; le oesoin decouipr^m^ les en-
nemis du dedans en avait également
fait accomplir un autre par la forma-
tion d'un coniité 4k surveillance et de
sûreté génék*ale. La Convëntioo sb
montra toujours moins avare envers
ce dernier comité qu'envers lesautrelg.
parce que, exerçant la police, il avaii
mission de les tenir en respect; et l'on
verrla que sa <léfiahce en tira un parti
fort habile , lorsque Taucroisseipent
du danger lui eut imposé de plus
grands sacrifices.
Le pieu d'étendue des aftributioiis
du comité de défense générale, le grand
nombre de tnembres dont il se compo-
sait, membres d'opinions différentes,
et mis avec intention les uns en pré-
sence des autres pour se faire équili«
L'UNIVERS.
COM
brei la publîdté de ses délibérations,
dans lesquelles les ministres venaient
rendre compte de leurs opérations, et
auxquelles étaient admis les autres dé-
putes qui jugeaient convenable de s'y
rendre ; toutes ces imperfections réu-
nies n'étaient guère propres à assurer
les succès de nos armées, surtout au
moment où le général Dumouriez ne
demandait qu'à profiter des divisions
du gouvernement. Des trahisons , des
revers, prouvèrent à la Convention et
à la France au'il fallait plus d'ensem-
ble et plus ae secret dans les opéra-
tions pour vaincre des ennemis dont
les plans étaient conçus dans le mys-
tère et exécutés sans confusion.
Depuis longtemps Robespierre ,
Danton, Marat, et la voix du peuple,
demandaient qu'on introduisît de l'u-
nité dans la direction des affaires.
Instruits par l'expérience, les Giron-
dins, alors prépondérants, résolurent
enfin d'apporter quelc[ue remède au mal.
Le 22 mars 1793, après plusieurs propo-
sitions d'AlbUte y de Bentabole et de
ÎHtinette, tendant au même but, Isnard
emanda que, conformément au décret
du 13 mars, on s'occupât de laformation
d'un comité de salut public. Bancal,
ae faisant l'interprète des sentiments
ombrageux de la majorité, ne s'opposa
pas à cette motion; mais il demanda
que ce comité se bornât à surveiller
les ministres , que ses membres fus-
sent réélus de quinze jours en quinze
jours, et qu'il n eût qu'un mois de du-
rée. Le même jour, la Convention
chargea le comité de défense générale
de lui présenter un projet d'organisa-
tion d'un comité de scuut public. £n
^et, dans sa séance du 25, l'Assem-
blée décréta l'établissement d'un nou-
veau comité sous le nom de comUé de
défense générale et de salut public,
composé de vingt-cinq membres. Le
lendemain furent élus , pour en faire
partie: Dubois-Crancé^ Pétion, Gen-
sonné, Guyton-Morveau, Robespierre
aîné, Barbaroux, Rhul, Vergniaud,
Fabre ^d'Églantine , Buzot, Delmas,
Guadet, Condorcet, Bréard, Camus,
Prieur de la Marne , Camille Des-
mottUns, BarrèrC) Quinette, Danton,
Sieyès, Lasource, Isnard, Cambaeârès,
Jean Debry. On vota en outre une
liste de dix suppléants. Voilà quelle
fut la première éoauche du comité de
salut public, ébauche encore pâle et
douteuse, ainsi que l'indique son nom,
emprunté moitié à l'ancien comité
qu'il remplaçait, moitié au comité
nouveau qui allait surgir. C'est sans
doute pour ce motif que les auteurs
gui ont écrit sur le comité de salut pu-
lic passent ce premier essaii sous si-
lence; mais c'est à tort, suivant nous,
parce qu'on y voit clairement la véri-
table origine de la nouvelle institution,
et la source toute militaire d'où elle
est sortie (*). Au reste, la composi-
tion du nouveau comité, oii les giron-
dins avaient la majorité , mais où les
montagnards étaient en nombre suf-
fisant pour entraver leur politique en-
vahissante, ne se prétait nullement à
cette rapidité d'opérations , à cet ac-
cord de vues aue la Convention s'en
était promis. Il était chargé de prépa-
rer et de proposer toutes les lois et les
mesures .nécessaires pour la défense
extérieure et intérieure de la républi*
que ; il devait appeler à ses séances ,
au moins deux fois par semaine , les
ministres composant le conseil exécu-
tif provisoire, lesquels étaient tenus
de lui donner tous lesédairoissements
^u'il demanderait : mais on lui avait
imposé l'obligation de rendre compte
tous les huit jours à la Convention de
l'état de la république et de ses opéra-
tions qui seraient susceptibles de pu-
blicité, et de désigner chaque jour deux
de ses membres pour donner à l'as-
semblée les éclaircissements qui lui
seraient demandés sur l'état de la ré-
publique. Des attributions aussi res-
(*) Déjà, en juin 179a , une commission
de salut public avait été instituée par FAs-
semblée législative pour sauver le pays, mis
à deux doigts de sa perte par les intrigues
de la cour et par les démonstrations hos-
tiles du duc de Brunswick; la patrie fiu
déclarée en danger; mais la Commune se
chargea alors, de son propre mouvement,
d'agir avec une énergie dont la représenta-
tion nationale se montrait incapable. (Voy«
CowKxssioirB.)
COBI
FRANCE.
COM
353
treifltes ne pouvaient pas plus lui don-
ner la force désirable que la multipli-
cité de ses membres et la publicité ié
ses délibérations répondre du secret.
En outre, il offrait largement prise
aux divisions intestines et aux intri-
gues ; aussi ne tarda-t-il pas à se divi-
ser en deux parties : d'une part , les
girondid^, ayant Gensonné à leur tête,
et possédant l'avantage d'avoir pres-
que toujours fait la loi dans Tancien
comité de défense générale ; d'une au-
tre part, les montagnards, dirigés par
Danton et par Robespierre, par Dan-
ton surtout, et ayant à la fois plus de
bonne volonté et plus de vigueur join-
tes à une intelligence instinctive du
iDaniement des affaires. Robespierre
s*aper{ut un des premiers que ce co-
mité, mstitué par le décret du 25 mars,
n'était pas à la hauteur des circons-
tances, et qu'il ne ferait rien de bon.
Le 3 avril , à la séance de la Conven-
tion , il se crut obligé de donner sa
démission, qu'il motiva sur la mau-
Taise volonté de ce comité , qui , sui-
vant ses expressions , professait des
principes contraires à l'égalité, et res-
semblait plutôt à un conseil de Du*
mouriez qu'à un comité de l'Assemblée
nationale.
Le lendemain , 4 avril , Isnard pro-
posa une réforme , an nom même du
comité de défense générale et de salut
Sublic ; il demanda l'établissement
'un comité d'exécution composé de
neuf membres , chargé de remplir les
fonctions attribuées au conseil exécu-
tif des ministres , et de prendre toutes
les mesures de défense générale, né-
cessitées par les circonstances, n II
<c faut , dit-il , donner aux ressorts du
a gouvernement plus d'action , plus
a d'énergie, plus d'unité. Les ménan-
« ces qui environnent le pouvoir exé-
« cutii et vos comités , la publicité des
« délibérations de ces comités , l'abus
« qui peut résulter de cette publicité ,
«l'aveu des ministres eux-mêmes,
« tout a concouru à déterminer le co-
« mité à la mesure qui va vous être
« soumise. ^ Ces paroles produisirent
de l'impression sur l'Assemblée; mais la
proposition fut ajournée au lendemain.
^position lui ajournée auienaemam. « aemoni
X. V. 23* JJvraison. (Digt. engygl., etc.)
Le 5, en effet , Isnard revint à la
charge; cette fois il fut appuyé par
Bréard et Barrère. Les ménagements
qu'employa ce dernier , pour vaincre
les résistances de l'Assemblée , méri-
tent d'être mentionnés, parce qu'ils
montrent quelle défiance animait les
esprits. « Vous vous effrayez de la
« dictature, dit -il, tandis que vous
« avez confié au comité de surveillance
« (sûreté générale), à cause des trahi-
« sons et des conspirations, le droit
« terrible de lancer des mandats d'ar-
« rêt et d'amener contre les citoyens. »
Ce qui suit est relatif au nouveau co-
mité. « Un comité sans pouvoir
« sur la liberté civile , délibérant sans
« publicité , sans action sur les finanr
« ces, sans pouvoir indépendant de
« l'Assemblée nationale, exerçant une
« simple surveillance , délibérant dans
« les cas urgents les mesures de salut
tt public, et en rendant compte à la
« Convention ; pressant l'action du
Cl conseil exécutif, dénonçant à î'As-
« semblée les agents publics suspects
« ou infidèles, et suspendant provi-
« soirement les arrêtés du conseil exé-
a cutif , quand ils paraîtront contrai-
« res au bien public, à la charge d'en
« rendre compte dans le jour à la Con-
« vention. » C'était sous ces dehors
modestes que se présentait le comité
qui devait plus tard faire trembler
rEurope et la Convention elle-même.
La proposition fut adoptée, et on
chargea Isnard, Barrère , Thuriot, Ma-
thieu et Danton de rédiger un projet
de décret.
Enfin, le 6 avril, l'organisation d'un
comité, portant cette fois exclusive-
ment le nom de comité de salut pu-
blic, fut décrétée. Il n'est pas inutile
de citer le passage suivant de la ré-
ponse de Thuriot à Buzot , qui s'oppo-
sait à la mesure : « On a créé un co-
« mité de sûreté générale qui agit
« pour la Convention contre les parti-
« culiers , et sans lui en rendre compte.
« Ici le comité de salut public est tenu
« de vous rendre compte de toutes ses
' « opérations : on craifit son influence
« sur le tribunal criminel ; mais on a
« démontré que , ne pouvant accuser
23
Si4
GOM
LTJOTVERS.
COM
« personne, le tribunal ne t)eut être
« son instrument.» Le décret présenté
par Isnard fut adopté en ces ternies :
Art. !•'. Il sera formé, par appel no-
minal, un comité de salut public y com-
posé de neuf membres de la Conven-
tion nationale. — Art. ii. Ce comité
délibérera en secret; il sera chargé
de surveiller et d'accélérer Taction de
l*ad mi nist ration confiée au conseil exé-
cutif provisoire (des ministres) , dont
il pourra même suspendre les arrêtés,
lorsqu'il les croira contraires à l'inté-
rêt national , à ta charge d'en infor-
mer sans délai la Convention. —
Art. in. Il est autorisé à prendre,
dans les circonstances urgentes , des
mesures de défense générale extérieure
et intérieure ; et ses arrêtés, signés de
la majorité de ses membres délibé-
rants, qui ne pourront être au-des-
sous des deux tiers , seront exécutés
sans délai par le conseil exécutif pro-
visoire. Il ne pourra , en aucun cas,
décerner des mandats d'amener ou
d'arrêt , si ce h'est contre ses agents
d'exécution , à la charge d'en rendre
compte sans délai à la Convention. —
Art. IV. La trésorerie nationale tien-
dra à la disposition du comité de sa-
lut public , jusqu'à concurrence de
100,000 livres, pour dépenses secrètes,
qui seront délivrées par le comité, et
payées sur les ordonnances qui seront
signées comme les arrêtés. (Cet article
est renvoyé au comité pour être pré-
senté de nouveau.) — Art. v. U
fera chaque semaine un rapport gé-
néral et par écrit de ses opérations
et de la situation de la république.
— Art. VI. Il sera tenu un registre de
toutes les délibérations. — Art. vu.
Le comité n'est établi que pour un
mois. — Art. viii. La trésorerie na-
tionale demeurera indépendante du
comité d'exécution et soumise à la sur-
veillance immédiate de la Convention ,
suivant le mode fixé par les décrets.
Cette seconde tentative d'organisa-
tion du pouvoir exécutif, quoique lais-
sant encore beaucoup à désirer san^
doute, était cependant en progrès sur
rétablissement antérieur d'un comité
de défense générale et de salut public.
Un moins grand nombre de membres,
le secret dans les délibérations,^ le
droit de diriger les ministres et' de
suspendre leurs opérations quand ils
feraient fausse route, la faculté de
punir les agents de l'administration
refusant d'obéir aux lois de la hiérar-
chie , le nom de comité d^sxécidUm
glissé dans le corps du décret, étaient
autant d'innovations qui ramenaient
la Convention vers cette partie des
traditions gouvernementales qu'une
grande nation ne peut jamais oublier
sans' imprudence. Du reste , les res-
trictions ne faisaient pas défaut , et
l'on cherchait à reprendre d'une main
ce que l'on donnait de l'autre. Le gou-
vernement naissant , placé sous la tu-
telle de la Convention , et sous l'ins-
pection du comité de surveillance et
de sûreté générale, n'avait d'action
que sur les fonctionnaires publics; les
finances étaient mises à l'abri de ses at-
teintes ; son budget ne se montait gu*à
la somme de 100,000 francs ; il était
tenu de rendre compte de ses opéra-
tions à tout instant du jour ; enfin , il
ne pouvait prendre des mesures d'exé-
cution que dans les cas urgents et
pour la défense extérieure et intérieure.
A vrai dire , ce n'était pas encore un
gouvernement; mais c'était déjà une
pierre d'attente pour aider à édifier
plus tard un monument plus solide.
La Convention avait beau résister à
l'évidence, la force des choses supé-
rieure à ses préjugés l'entratoait in-
sensiblement vers un changement de
système.
Immédiatement après Padoptîon du
décret et séance tenante, l'Assemblée
procéda à la nomination du personnel
ne ce comité , le premier qui porta ex-
clusivement le nom de comité de salut
public, bien qu'en réalité on doive le re-
garder comme le second. Les membres
qui réunirent la majorité des suffirais
turent: Barrère,Delmas,Bréard,Caiii-
bon , Danton , Jean Debry, GuyUm-
Morveaux, Treilhard, Lacroix d^Eure-
et-Loir. Jean Debry ayant donné sa
démission le lendemain, le comité Hit
réduit à huit membres; mais on ne
tarda pas à lui adjoiùdre R(ri)ert*
coin
FRANCE.
COM
355
Lîndet. Pas un girondin ne fut choisi;
mais, pour neutraliser l'influence
des montagnards, on leur adjoignit
plusieurs membres de ^ la Plaine.
La Gironde ne cherchait qu'à lier
les bras à Danton, et réservait
ses forces pour la fameuse commis-
sion des Douze. ( Voy. cet article. )
Soutenu par Lacroix, Robert-Lindet,
et quelques autres , Danton s'ap-
puya sur la Commune, dans le but de
renverser les girondins , qui eurent le
tort de vouloir jouer au plus fin -avec
les montagnards , au lieu d'entrer
franchement en accommodement avec
eux. La révolution du 31 mai leur ré-
véla trop tard la faute qu'ils avaient
commise , et , de leur côté , les mon-
tagnards ne surent pas se défendre
d'abuser de la victoire.
Quoi ^u'il en soit , le comité de sa-
lut public, institué par le décret du
6 avril 1793, et conservé intact le mois
suivant, ne parcourut pas une carrière
fort brillante. Le manque d'homogé-
néité ne lui ner mettait pas d'exercer
une grande influence, dans un moment
où la division était dans l'assemblée
qui lui avait délégué ses pouvoirs, dans
un moment surtout oij la puissance de
la Commune prenait un développement
excessif. A cette époque ,. et quelque
temps encore après, ce n'est pas de
la Convention que vient l'impulsion ,
c'est du peuple , qui est impatient de
prouver sa souveraineté et de tout
conduire lui-même. Néanmoins, le co-
mité du 6 avril 1793 continua d'exister
jusqu'au 10 de juillet de la même an-
née ; au mois de juin cependant, il avait
subi une modification dans son per-
sonnel par la nomination de Jean Bon-
Saint-André et Gasparin, qui rem-
placèrent Robert-Lindet et Treilhard.
L'homme qui joua le principal rôle
dans ce comité fat Danton , qui avait
pris pour sa part d'attributions la
conduite des affaires extérieures, et
dont la puissance s'était assez consi-
dérablement accrue pour inspirer des
craintes à tous ceux qui ne voyaient
la république que dans l'absence d'un
gouvernement unitaire. Le fait est que
Danton ne se regardait pas comme
très-éloîgné du moment où il mettrait
la main sur le pouvoir suprême. Cette
ambition non moins précoce qu'impru-
dente lui suscita des ennemis jusque
sur les bancs de la Montagne. Vam-
dueur de la Gironde depuis le 31 mai,
il se flatta de faire prévaloir son sys-
tème sur celui de la Montagne et de la
Commune, avec lesquelles il avait
iusque-là marché d'accord. Dans ce
out, il changea tout à coup ses batte-
ries : après s'être servi adroitement
des deux premiers comités de salut
public dont il avait été le personnage
mfluent, il sembla vouloir prendre son
point d'appui sur le comité de sûreté
générale, qui lui était toujours dé-
voué, et sur le conseil des minis-
tres, lesquels, pour la plupart, étaient
ou ses créatures ou ses partisans. Il
crut, en outre, se donner plus de li-
berté d'action en affectant de se retirer
de la direction des affaires; une dé-
mission volontaire lui parut le meilleur
moyen d'occuper une position supé-
rieure , tout en gardant les apparences
du désintéressement et de la modéra-
tion. Mais ses prévisions le trompèrent ;
en cherchant trop à s'effacer, il se mit
plus que jamais en évidence, et devint
le point de mire de toutes les attaques.
De leur côté, les montagnards aési«
raient le renouvellement du comité de
salut public, où les modérés se trou-
vaient en trop grand nombre, et qu'ils
accusaient d'avoir agi avec mollesse
dans les derniers événements. Le 10
juillet, dans la séance du soir de la
Convention , Danton proposa lui-même
la dissolution de ce comité, et il profita
de la circonstance pour prier l'Assem-
blée de recevoir sa démission, parce
qu'il se sentait peu propre à ce genre
de travail. Mais il ajouta quelques
paroles bien imprudentes : « Formez
sans moi un autre comité plus fort
et plus nombreux, dit-il; j*en serai
V éperon au lieu d'en être l'agent y et je
ferai plus de bien. »
Seconde période. C'est donc au
10 juillet 1793 que remonte la forma-
tion du grand comité de salut public,
âui apporta à la révolution cette force
'unité qu'elle avait jusqa^aîors inuti-*
23.
3se
GOH
L'UNIVERS.
t09È
lement poursuivie. Mais son personnel,
d'abord de neuf membres, puis ensuite
filé à ciouze, ne se recruta qu'avec
peine, et ne fut entièrement complet
que vers le commencement du mois de
septembre. Les neuf membres nommés
le 11 juillet furent Barrère, Gasparin^
Coutnon, Thuriot, Saint- Just, Prieur
de la Marne, Hérauit-Séchelles, Ro-
bert-Lindet et Jean Bon-Saint-André.
Cette administration , où ne fieraient
que des montagnards, ne reunissait
cependant pas encore les conditions
nécessaires pour agir avec ensemble ;
elle présentait un mélange de danto-
nistes et de jacobins assez puissants
pour se faire contre-poids, pas assez
pour prendre l'initiative dans un sens
ou dans un autre. Il fiallait une épura-
tion quelconque qui assurât la supé-
riorité à ceux-ci ou a ceux-là. La retraite
d'un membre démissionnaire (Gaspa^
fin) permit à Saint-Just et à Coutnon
de proposer Robespierre , qui fut admis
à l'unanimité, et qui entra dans le
nouveau comité le 27 juillet. La né-
cessité d'imprimer aux affaires de la
guerre une direction vigoureuse et
éclairée fit rechercher un peu plus
tard Carnet et Prieur de la Cote-d'Or ,
dont les talents militaires allaient être
d'un si grand secours; ils furent nom-
més tous les deux ensemble, le 14 août*
Enfin, le 6 septembre, Billaud-Ya-
rennes et Collot-d'Herbois , à la grande
satisfaction des ultrarévolutionnaires ,
qui commençaient à se plaindre de la
modération au nouveau comité, vin-
rent lui apporter son dernier appoint.
Désormais , sauf l'élimination de Tku'
riot, qui ne sortit qu'à la fin de sep-
tembre, il fût assis sur des bases so-
lides et invariables , du moins pour neuf
mois. Les deux derniers choix, faits
dans la séance du 6 septembre, ache-
vèrent de ruiner le parti de Danton
dans le comité. Vainement la Conven-
tion lui offrit d'y prendre rang; il per-
sista dans son refus; faute impardon-
nable au moment où Billaud-Yarennes,
son ennemi personnel , allait trouver
tant d'occasions pour se venger. Il est
à présumer que Danton ne croyait pas
plusd'aVenir au comité du mois de juillet
3u'à ceux du mois de mars et du mois
'avril. S'il n*avait pas eu l'espérance
de le dominer et de le plier à ses
désirs, aurait -il, dans cette même
séance du 6 septembre, où il eut
l'imprudence de se récuser, propoté
d'ériger ce comité en gouvememe/U
provisoire! Il le fit parce qu'il ne
voyait en lui qu'un marchepied. D'ail-
leurs, il s'y croyait suffisamment re-
présenté par xKuriot et Hérauit-Sé-
chelles; mais ce dernier ne tarda pas
à être victime de sa fausse position et
de sa conduite plus qu'équivoque. Dan-
ton et lui approchaient de leur ruine.
Nous n'avons rien dit de Granet,
élu en même temps que Billaud-Ya-
rennes et CoIiot-d'Herbois , mais qui
donna sa démission, ce qui, après
la retraite de Thuriot, laissa à douze
le nombre des membres restants.
Tel était, au mois de septembre
de Tannée 1793, le duodé^mvirat
auquel était réservée la gloire de
sativer la révolution. Il acceptait la
direction des affaires dans un mo-
ment de crise, où le plus grand
nombre commençait à désespérer du
succès. La. moitié dé la France en ré-
bellion; l'Europe entière en armes,
maîtresse de nos places fortes et ayant
déjà pénétré au cœur de la France, à
quelques lieues de Paris ; une armée
dénuée de tout, démoralisée et aban-
donnée par ses généraux; notre marine
livrée aux Anglais avec l'arsenal de
Toulon ; Dunkerque à la veille de subir
le même sort; le pays ruiné, affamé;
les parents et les amis des émigrés
favorisant à Tintérieur les entreprises
du dehors et prêtant main-forte aux
girondins révoltés; la Yendée en feu;
tel était l'état des affaires lorsque douze
hommes énergiques et dévoués accep-
tèrent le fardeau du gouvernemaat.
Encore n'avons-nous pas parlé des en-
traves que leur suscitaient la jalousie
ombrageuse de la Convention , voyant
f)artout le fantôme de la dictature;
'exagération et l'indiscipline de la
Commune toute-puissante et aveuglée
f)ar les intrigues des agents de la coa-
ition; le mauvais vouloir des danto-
nistes, qui ne gênaient pas moins sa
COM
FRANCE.
COM
35r
marche que les orgies des hébertistes;
enfin, dans le sein même du comité,
des germes de division, qui, sans des
efforts de patriotisme et d'abnégation
qu'on ne saurait assez louer, auraient
tout perdu. Quelques mois plus tard,
la révolte des girondins et des royalistes
était vaincue, la Commune réprimée,
les dantonistes et les hébertistes ré-
duits à l'obéissance , les armées étran-
gères battues et en retraite. Un peu
plus d'une année après, l'histoire avait
a enregistrer vingt-sept victoires, dont
huit en bataille rangée , cent vingt com-
bats , quatre-vingt mille ennemis tués,
quatre-vingt-onze mille faits prison-
niers, cent seize places fortes ou villes
importantes conquises, dont seize après
siège et blocus , deux cent trente-sept
forts ou redoutes enlevés, trois mille
bouches à feu, soixante et dix mille
fiisils,dix-neuf cents milliers de poudre ,
quatre-vingt-dix drapeaux pris à l'en-
nemi ; plus de mille captures faites sur
le commerce anglais; une bataille na-
vale qui, sans avoir été suivie du triom-
phe, avait cependant relevé l'honneur
de notre marme, dont le matériel et le
personnel avaient été en grande partie
renouvelés, etc., etc. Certes, il y a là
de quoi effacer- quelques taches et
rendre indulgent pour quelques excès
de sévérité; Ta contre-révolution a pu
seule garjder rancune au comité de
salut public.
]Ve pouvant donner ici le détail des
opérations de ce comité, qui expédiait
environ cinq cents affaires par jour,
nous nous bornerons à dire comment
ses différents membres s'étaient dis-
tribué entre eux le travail. — Billaud-
f^arennes et CoUot-d'Herbois étaient
spécialement chargés de la correspon-
dance avec les départements. — Saint-
Just s^occupait des institutions et des
lois constitutionnelles. — Robespierre
avait pour sa part l'étude des questions
générales et la direction morale de
r esprit public. Il se montra à la hau-
teur de cette pénible tâche en terras-
sant le monstre de l'athéisme; et cette
victoire sauva la révolution à l'inté-
rieur, en même temps que les succès
de nos armes la sauvaient à la fron-
tière. — Coutkoriy presque toujours
malade, n'eut de fonctions bien déter-
minées que vers la fin, lorsque le co-
mité eut songé à former un bureau de
police générale; alors il reçut en par-
tage, avec Robespierre et Saint- Just,
la responsabilité de ce nouveau dépar-
tement. — Les relations extérieures
furent un moment du ressort de Hé'
ratUt-SéchelleSy qui , tout jeune encore,
monta sur i'échafaud le même jour que
Danton, le 4 avril 1794 (14 germinal
an II) , sous l'accusation d'avoir trompé
la confiance du comité en emportant
chez lui des pièces diplomatiques et
en les communiquant à un agent de
l'Autriche. Hérault-Séchelles avait d'a-
bord concouru à l'élaboration des ins«
titutions politiques; c'est lui qui pré-
senta la constitution de 93 , laquelle fut
en grande partie son ouvrage ; la nou-
velle déclaration des droits de l'homme
avait été rédigée par Saint-Just. —
Jean Bon-Saint- André avait le minis-
tère de la marine; il se rendit à Brest,
et y resta presque toujours pour ac-
tiver les arnlements. — Robert-Lindet
el Prieur de la Manie devaient veiller
sur les approvisionnements en subsis-
tances; mais Prieur ayant été cons-
tamment en mission, ce soin reposa
entièrement sur Lindet, qui s'en ac-
quitta avec beaucoup de zèle. — La
partie matérielle des opérations mili-
taires avait été confiée à Prieur de la
Côte-d'Or, officier du génie d'un grand
mérite. — Carnoty également officier
du génie, était à la tête du ministère
de la guerre ; les plans de campagne ,
la nomination du personnel et la direc-
tion du moral de l'armée rentraient
dans ses attributions. C'était lui sur-
tout qui avait pour mission d'organiser
la victoire; il y parvint en travaillant
quinze heures par jour, en réalisant
aes combinaisons stratégiques d'une
f>ortée nouvelle, en prenant lui-même
e fusil dans une circonstance décisive,
en remplaçant les officiers nobles qui
avaient abandonné l'armée par une
nouvelle génération d'officiers plé-
béiens, parmi lesquels il sut distinguer
dès son début le jeune artilleur de
Toulon, qui devait bientôt rivaliser
z^
COH
LUraVEHS.
COM
avec les plus grands capitaines de Tan-
tiquité. — Barrère faisait ordinaire-
ment les rapports à la Convention.
Après la mort de Hérault-Séchelles , il
eut, en outre , l'inspection des affaires
extérieures, dont la sphère était du
reste peu étendue dans un temps de
guerre générale. L'absence de Jean
Bon-Saint-André rejeta encore sur lui
une partie du poids de l'organisation
maritime. Enfin, il avait dans sa dé^
pendance le domaine de l'instruction
publique et des beaux-arts, directement
confié à deux commissions composées
d'hommes compétents; mais sa véri-
table fonction était celle de rapporteur
du comité, et ne fût-ce que pour an-
noncer des victoires , elle ne lui laissait
guère de loisir.
Les hautes questions d'État se trai-
taient dans des réunions générales où
la majorité seule faisait loi. Ceci expli-
que comment on trouve assez souvent
la signature de tels ou tels membres
apposée au bas de certaines mesures
contre lesquelles ils avaient voté. Aux
termes de l'article 3 du décret du 6
avril 1793 , les arrêtés du comité de
salut public devaient être signés par la
majorité de ses membres délibérants ,
dont le nombre ne pouvait pas rester
au-dessous des deux tiers ; ce qui né-
cessitait cinq signatures pour le moins.
Mais la multitude des affaire^ cou-
rantes s'opposa à l'accomplissement
de cette formalité : les membres du
comité regardèrent trois signatures
comme suffisantes , et là plupart du
^ temps ils signèrent de confiance les
dispositions prises par un collègue
dans sa spécialité; il y eut même, mais
en fort petit nombre, des arrêtés qui
. ne furent signés que d'un seul nom.
Dans les derniers temps surtout , le
comité de salut public appelait quel-
quefois à ses grandes reunions les
membres ducomité de sûreté générale,
guiprenaient part à la délibération.
Cest de cette manière que fonction-
nait , tantôt en commun , tantôt en
bureaux distincts , le grand comité de
salut public. Cependant , il lui man-
quait quelque chose pour être un gou-
vernement plus parfait il n'avait
pas de président. En lui en donnant
un , la Convention aurait redouté de
sMmposer un maître , tandis qu'elle se
croyait garantie contre les usurpations
de douze hommes absolument égaux
entre eux et privés de cette lî^Brté
d'action et de cette rapidité de mouve-
ment que procure seule une hiérarchie
bien ordonnée. Cette absence d'un gage
puissant d'unité rendait la situation
du comité d'autant plus précaire qu'on
exigeait de lui des efforts de puissance
que la concentration du pouvoir avait
seule produits jusque-là. L'indépen-
dance respective de ses différents
membres avait des inconvénients im-
parfaitement compensés par les pré-
cieux avantages de la division du tra-
vail. Il était à craindre que chacun
n'affectât une espèce de souveraineté
dans les matières de sa compétence, et,
de plus , ceux qui étaient diargés des
travaux les plus épineux encouraient
une responsabilité plus effrayante que
les autres. A ce pomt de vue , Robes-
pierre , Saint- Just et Couthon se trou-
vaient les plus mai partagés; ils avaient
le département à fa fois le plus diffi-
cile et le plus délicat : le plus difficile,
lyuisqu'ils avaient à traiter les ques-
tions générales ; le plus délicat , puis-
qu'ils devaient exercer un contrôle sur
la conduite des individus. Il â fallu des
prodiges de patriotisme et d'activité
pour que ces douze hommes se soient
entendus assez longtemps pour tirer
la France du danger où l'avaient mise les
attaques simultanées de la coaiitioa et
de l'anarchie. Par une force de vo-
lonté sans pareille , ils ménagèrent en-
tre eux cette union dont les éléments
leur avaient été refusés ; et elle leur
donna le moyen de dominer la Con-
vention elle-même, malgré tout et
gu'elle avait fait pour les retenir to«-
jours en tutelle.
Mais ce ne fut pas d'un {H*eniier bond
qu^ils atteignirent le fout marqué ; ils
n'y arrivèrent qu'après bien aes hm-
nagements et en tirant parti des cv-
constances. On a vu ce qu'était leur
pouvoir à son point de départ : un Gioi-
ple droit de surveillance sur le conseil
des ministres, et la feculté de prendre
CPU
FRANCE.
ÇQM
359
dtes maures de salut public dans les
cas urgents , mais sous la réserve du
contrôle permanent de la Convention ,
où les fluctuations de la majorité n'é-
taient pas de nature à entretenir un
esprit de suite dans le système d'opé-
rations. Aussi bien que le précédent ,
le nouveau comité était sous le coup
du décret du 6 avril ; la Convention
persistait toujours à désirer un pou-
voir capable dfe sauver la république,
mais hors d'état de devenir un gou-
vernement durable. Le comité, au
contraire, qui ne pouvait rien faire
d'utile sans unité , tendait à absorber
en lui toute la puissance executive; de
là une lutte d abord déguisée , et en-
suite ouverte , où le comité garda l'a-
vantage tant gue le danger fut immi-
nent, mais ou il succomba lorsque la
Convention n'eut plus à trembler pour
l'existence même du pays.
A peine installé d'une manière défi-
nitive, le nouveau comité eut à soute-
nir un choc violent. Dans la séance
de la Convention du 25 septembre, il fut
attaqué simultanément par les héber-
tistes et par les dantonistes. Les revers
qui avaient suivi la victoire de Hond-
£cboote servaient de prétexte aux mé-
contents , et des divisions avaient été
fomentées dans le sein même du comité;
ilu moins Thuriot s'était-il déclaré de-
puis quelque temps en désaccord avec
ses collègues ; mésintelligence qui mo-
tiva sa démission.Les agresseurs obtin-
rent d'abord un premier avantage:
£ri€^y qui avait attaqué le plus vivement
le comité , fut élu pour en faire partie.
Mais bientôt la fortune tourna contre
eux, lorsque le comité eut fait entendre
sa défense. Billaud-Varennes, Barrère,
Prieur de la Côle-d'Or, Robespierre
et Jean Bon-Saint-André, seuls mem-
bres présents , prirent successivement
la parole et ramenèrent la Convention
à des sentiments meilleurs. Robespierre
surtout monta plusieurs fois à la tri-
bune et y obtint un de ses plus beaux
«uccès d'éloquence ; sa dernière impro-
visation, encore plus applaudie que les
autres, remua profondément l'assem-
blée, qui se leva tout entière et déclara
que le çomUé avait toute sa confiance.
Briez fit amende honorable; son élec-
tion fut rapportée ; on décida de plus
que le comité garderait les 50 millions
mis à sa disposition , et dont il avait
Eroposé de se dessaisir. Au lieu d'é-
ranler sa puissance, cette attaque lui
fit faire un pas de plus vers la dicta-
ture (*). Quelques jours plus tard,
le 19 vendémiaire (10 octobre), sur
un rapport de Saint- Just , la Conven-
tion rendit le décret suivant , qui
ruina les espérances de ceux qui es-
péraient encore renverser le nouveau
gouvernement : « Art. l*'. Le gouver-
nement provisoire de la France sera
révolutionnaire jusqu'à la paix. —
Art. 2. Le conseil exécutif provisoire,
les ministres , les généraux , les corps
constitués, sont placés sous la surveil-
lance du comité de salut public , qui
en rendra compte tous les huit jours à
la Convention. — Art. 3. Toute me-
sure de sûreté doit être prise par le
conseil exécutif provisoire , sous l'au-
torisation du comité, qui en rendra
compte à la Convention.— Art. 5. Les
généraux en chef seront nommés par
fa Convention nationale, sur la présen-
tation du comité de sailut public. —
Art. 12. La direction et l'emploi de
l'armée révolutionnaire (**) seront in-
cessamment réglés de manière à com-
primer les contre-révolutionnaires. Le
(*) Le même jour , il fat décrété c|ue
le comité de salut public de la Convention
nationale porterait seul cette dénomination,
et que les autres comités de ce nom , éta-
blis dans les diverses sections ou départe-
ments de la république, seraient aopelés
comités de surveillance. En outre, depuis
le i3 septembre» les comités de la Conven-
tion eux-mêmes n'étaient plus nommés que
sur la présentation du comité de salut pu^
blic.
(«*)Dè8 le 5 septembre, sur le rapport
du comité de sâlut public , la convention
avait décrété qu'il y aurait à Paris une force
armée soldée par le trésor public, composée
de 6 mille hommes et de i a 'cents canon-
niers, destinée à comprimer les contre-
révolutionnaires , à exécuter les lois révolu-
tionnaires et les mesures de salut public
qui seraient ordonnées par la Convention
nationale et à prot^er les subsistance^.
360
GOM
L'UNIVERS.
GOM
comité de salut public en présentera le
plan. » L'adoption de ce décret don-
nait une grande extension aux attri-
butions du comité ; les ministres s'ef-
façaient de ))Ius en plus devant lui , et
il commençait à prendre la haute main
sur les généraux. Dans ses considéra-
tions préliminaires, Saint-Just avait
attribué tout le mal au pouvoir exé-
cutif et à l'administration. Sur trente
mille employés , avait-il dit , il en est
peut-être fort peu à qui le peuple don-
nerait sa voix. Il s'était plaint aussi
du généralat , dont quelques membres
subissaient l'influence des dantonistes,
quelques autres celle des hébertistes ;
du reste, cette seule déclaration , que
le gouvernement serait révolutionnaire
jusqu'à la paix , fournissait au comité
les moyens de triompher de tous les
obstacles et de remplir sa tâche.
Mais l'organisation du gouverne-
ment révolutionnaire fut encore mieux
déterminée le 14 frimaire an ii (4 dé-
cembre 1793) , sur la proposition de
Billaud-Varennes. La citation de quel-
ques articles de cette loi du 14 frimaire
suffira pour montrer tout le méca-
nisme du gouvernement d'alors , au-
quel participaient la Convention , le
comité de salut public, et le comité de
sûreté générale.
« Section IL Exécution des lois,
«Art. l""*. La Convention nationale
est le centre unique de l'impulsion du
gouvernement.
« 2. Tous les corps constitués et
les fonctionnaires publics sont mis
sous l'inspection immédiate du co-
mité de salut public, conformément
au décret du 19 vendémiaire. Pour
tout ce qui est relatif aux personnes
et à la poUce intérieure, cette ins-
pection particulière appartient au
comité de sûreté générale de la Con-
vention, conformément au décret du
1 7 septembre dernier. Ces deux comi-
tés sont tg;ius de rendre compte , à la
fin de chaque mois, des résultats de
leurs travaux à la Convention natio-
nale. Chaque membre de ces deux
comités est personnellement respon-
sable de l'accomplissement de cette
obligation. »
La Convention, au premier rans ; le
comité de salut public , au second; le
comité de sûreté générale , au troi-
sième ; telle était la composition du
gouvernement révolutionnaire , tri-
nité terrible qui étonna le monde par
des prodiges d'énergie. Mais il s'en
fallait beaucoup que le jeu de ces trois
principaux ressorts fût combiné dans
un but d'unité. La Convention, arbitré
suprême , avait opposé l'un à Tautre
plutôt qu'associé ensemble le comité
de salut public et le comité de sûreté
générale. Comprenant enfin que le
comité de salut public avait besoin
d'une force dictatoriale pour vaincre
l'étranger, elle prenait son parti de
cette dure nécessité, mais à reg^t, et
en rappelant au nouveau pouvoir qu*il
resterait toujours placé sous la sur-
veillance du comité de sûreté géné-
rale, exclusivement chargé de la po-
lice intérieure et de tout ce qui con-
cernait les personnes , conformément
au décret du 17 septembre, qui n'était
autre chose que la fameuse loi des
suspects. Non contente du droit de
censure qu'elle s'était réservé à elle-
même, la Convention s'efforçait de
créer une seconde censure plus directe
et plus active, une censure de tous les
jours, de tous les instants, et toujours
prête à frapper celui des douze dicta-
teurs qui voudrait non-seulement sa-
tisfaire son ambition personnelle, mais
encore agrandir les limites du cadre
dans lequel avait été renfermé le goo-
vernement. Par ses attributions, par
son ancienneté , le comité de sâreté
générale était éminemment propre à
cette fonction ; aussi la Convention se
plaisait-elle à augmenter ses pouvoirs
avec autant de persistance qu'elle
marchandait ceux du comité de saint
public. Il est encore à remarquer
qu'elle ferma toujours les veux sur lei
excès de l'un, tandis qu'elle punit avec
une grande sévérité les contraventions
de l'autre; et cependant les abus d'au-
torité qui eurent lieu dans le cooaité
de salut public, ne sauraient être oom-
parésàceux que se permit le comité de
sûreté générale , qui renfermait dans
son sein des hommes d'une cruauté
€OM
FRANCE.
COM
361
et d*une immoralité dont rien n'appro-
che. Mais ce comité était considéré
comme un instrument qu'il fallait se
ménager, pour s'en servir en toute li-
berté quand le moment serait venu.
Pour tout le reste, la loi du 14 frimaire
était plus largement co'hçue que celles
3 ai avaient précédé. Par l'article 1*'
e la section III, relative à la compé-
tence des autorités constituées , le co-
mité de salut public était particulière-
ment chargé aes opérations majeures
en diplomatie^ et il pouvait traiter di-
rectement ce qui dépendait de ces mê-
mes opérations. L'article 5 introdui-
sait un changement notable qui offrait
au gouvernement le moyen de mettre
un terme à l'anarchie. Il y était dit :
« Tout ce qui est relatif aux lois ré-
volutionnaires et aux mesures du gou-
vernement et de salut public n'est plus
du ressort des administrations de dé-
partement.» £n conséquence, 1^ hié-
rarchie qui plaçait les districts , les
municipalités, ou toute autre autorité
sous la dépendance des départements,
est supprimée pour ce qui concerne les
lois révolutionnaires et militaires , et
les mesures de gouvernement, de sa-
lut public et de sûreté générale. En-
fin l'article 1*' de la section IV, con-
cernant la réorganisation des autorités
constituées, autorisait le comité de
salut public à prendre toutes les me-
sures nécessaires pour procéder au
changement d'organisation des auto-
rités constituées. Certes, il y avait
loin de là à la première ébauche de
pouvoir exécutif, conçue le 26 mars,
et à ce comité du 6 avril qui s'était
trouvé sans force , en présence de la
Convention et de la Commune , d éve-
nte encore plus puissante après la
révolution du 31 mai. Touteiois , le
gouvernement restait toujours placé
dans une position embarrassante vis-
à-vis du conseil des ministres et du
comité de sûreté générale , quoiqu'il
eût besoin de toute sa force pour se
défendre contre les dantonistes et la
Commune , qui continuaient leurs at-
taques.
Dans la séance du 18 nivôse an ii
(7 janvier 1794), Danton parvint à di-
minuer les ressources financières du
comité. Sur sa proposition et sur celle
de Bourdon de l'Oise, la Convention
décréta en principe qu'à l'avenir aucun
ministre ne pourrait puiser dans le
trésor public qu'en vertu dun décret
rendu sur le. rapport du comité de sa-
lut public. Elle chargea le comité de
salut public de veiller à ce que l'acti-
vité des forces nationales n'éprouvât
aucun ralentissement; elle le chargea
en outre de présenter un rapport sur
le mode de versement à laire pour
toutes les dépenses nationales et sur
l'organisation d'urgence du gouverne-
ment provisoire. Ce décret avait évi-
demment pour but de changer le con-
seil des ministres, qui ne travaillait
plus pour Danton, et de l'empêcher de
tirer aucun fonds du trésor public
sans que le comité de salut public eût
provoqué une discussion sur l'objet
de ces fonds. C'était une véritable
victoire remportée par les dantonistes.
Le mois suivant , les hébertistes re-
commencèrent l'attaque , et cette fois,
sans l'énergie de Collot et de Saint-
Just, c'en était fait du comité. Billaud-
Yarennes était absent, ainsi que plu-
sieurs autres membres ; Robespierre
et Couthon étaient malades au lit;
Carnot, Robert-Lindet et Prieur de la
Côte-d'Or avaient à peine le temps de
suffire £tux besoins du service mili-
taire. La section Marat et les corde-
liers profitèrent de ces circonstances
pour tenter une insurrection, à la léte
de laquelle ils voului*ent mettre Pache,
qui heureusement ne seconda que
mollement leur&. efforts. Grâce à cette
hésitatioli, Saint-Just et Collot-d'Her-
bois purent tenir tête à l'orage. Ce
dernier se rendit au club des jacobins,
où, après avoir montré tout ce qu'a-
vait déjà fait le comité de salut public
pour sauver la patrie, il s'écria : « Vaine
espérance! Billaud et Saint -André
sont absents; nos amis Couthon et
Robespierre sont malades ; nous res-
tons donc en petit nombre pour com-
battre les ennemis du bien public ; il
faut que vous nous souteniez ou que
nous nous retirions ! » Mille voix l'in-
terrompirent : « r^on ! non! ne nous
m
CQM
1,'OTIVEÏIS.
COM
quittez pas ! ne vous retirez pas, nous
vous soutiendrons! » Alors Collot-
d'Herbois reprit : « Fort de votre as-
sistance, le comité de sàlut public ne
cédera pas aux intrigants ; il prend des
mesures fortes et rigoureuses, et, dût-
il périr, il ne reculera pas devant une
tâche glorieuse ! » La société des Ja-
cobins envoya aussitôt une députation
aux cordeliers , qui finirent par se
rendre à la raison , et par retirer le
voile quMls avaient mis sur la décla-
ration des droits de Thomme.
Vainement , le 20 mars , les danto-
nistes firent un dernier effort à la
Convention pour renverser le comité
de salut public et le comité de sûreté
générale , qu'il entraînait dans sa
sphère ; Couthon, Moïse, Bayle et Ro-
j)espierre les repoussèrent avec avan-
tage. Cette double victoire ne tarda
pas à devenir fatale aux hébertistes et
aux dantonistes, qui portèrent leur
tête sur Téchafaud ^ Hébert et ses
principaux partisans , le 24 mars (4 ger-
minal), et Danton et les siens, le 14 du
même mois (4 avril).
Déjà le 7 germinal (27 mars), le co-
mité avait obtenu le licenciement de
l'armée révolutionnaire, toute dévouée
aux hébertistes , et qui s'était souillée
par d'horribles excès. Le 12 germinal
(!*' avril) , il avait fait décréter une
réforme encore plus importante. Dans
la séance de ce jour , l'Assemblée na-
tionale consentit , sur la demande de
Carnot , à la suppression du conseil
des ministres, et au remplacement des
six ministères par douze commissions
administratives rattachées au comité
de salut public , sous l'autorité de la
Convention. Le droit de préhension
&t attribué exclusivement , sous la
surveillance du comité de salut public,
à la conimission chargée du commerce
et des approvisionnements. L'article
20 du décret portait : « Les membres
des commissions et leurs adjoints se-
ront nommés par la Convention natio-
nale, sur la présentation du comité de
salut public. Ces commissions organi-
jseront sans délai leurs bureaux , sous
l'approbation du comité de salut pu-
blic Les nominations des employés
lui seront également soumises , et de-
vront être confirmées par lui. » Le dis-
cours remarquable que prononça alors
Carnot renferme un tableau complet
des différents ressorts du gouverne-
ment révolutionnaire. L'enchaînement
des pouvoirs y est exposé avec autant
de grandeur que de clarté: — première-
ment , le peuple , qui cherche la ta-
mière et la direction qu*il doit pren-
dre , mais c|ui , ne pouvant délibérer
en assemblée générale , se forme en
assemblées d'arrondissement pour élire
les mandataires qu'il charge de le re-
présenter dans une assemblée natio-
nale ; — deuxièmement, la Convention,
conservatrice des droits qui assurent
la liberté du peuple , et qui ne peut
oublier que son enceinte ne doit ja-
mais offrir aux nations qu'un grand
spectacle ; que quiconque y apporte
des discussions étrangères aux intérêts
du peuple , quiconque affaiblit dans
l'opinion l'idée de tout ce que la puis-
sance offre de plus imposant, de tout
ce que la . vertu offre de plus géné-
reux , de tout ce que les mœurs et
le courage offrent de plus propre à
élever, à intéresser les âmes, mécon-
naît la sublimité de sa mission, avilit
la majesté d'un peuple que la nature ,
la liberté, la rage impuissante des rois
ligués contre lui , ses maux , sa eons-
tance, ses sacrifices, ont rendu le pre-
mier des peuples dont il soit fait men-
tion dans les annales de l'univers; —
troisièmement, le comité de salut pu-
blic, émanation directe, partie inté-
grante et amovible de la Convention ,
chargé de tous les objets d'une im-
portance secondaire ou qui ne peuvent
être discutés en assemblée générale,
et placé au centre de Texécutioa pour
mettre entre les divers agents de i^
tion immédiate, qui aboutissent à lui,
la concordance nécessaire à leur im-
primer le mouvement qu'exige le pro-
digieux ensemble d'une nation de
vingt-cinq millions d'hommes; — qua-
trièmement, les douze commissions,
qui, rattachées au comité de salut pu-
blic, embrassent tout le système de
l'exécution des lois; — avant tout, la
raison qui plane au-dessus du gou-
€0111
FRAHCB,
COM
3«3
vernement, au-dessus de la Conven-
tion, au-dessus du peuple lui-mét^e.
La suppression dû conseil des mi-
nistres , qui n^avait que trop souvent
entravé la marche des affaires par ses
hésitations et par les intrigues aux-
quelles il servait de prétexte ou d'ins-
trument , donnait enGn au comité de
salut public une plus grande liberté
d'action. A partir de cette époque, en
effet , "commença l'apogée de sa puis-
sance. Il avait réprimé l'insurrection
des Girondins, il avait repris Toulon
et Chassé les étrangers du cœur de la
France , il venait de dompter les hé-
bertistes et les dantonistes, le conseil
des ministres était supprimé, le co-
mité de sûreté générale, reflet presque
toujours exact des sentiments de la
majorité de la Convention , subissait
l'ascendant du nouveau pouvoir. Ce-
pendant il restait encore la Commune,
qui continuait à faire mauvais usage
de l'influence extraordinaire qu'elle
avait acquise après la révolution du 31
mai, et qui donnait au peuple l'exem-
ple de la démagogie et de l'irréligion.
Soutenu par le club des jacobins.9: le
comité de salut public parvint, non
sans de grands efforts , à la faire ren-
trer dans le devoir, et à déjouer les
intrigues des contre-révolutionnaires ,
parents ou amis des émigrés, agents
de l'étranger comme eux , et feignant
un républicanisme effréné pour pous-
ser la révolution aux excès, et la faire
expirer dans les convulsions de l'anar-
chie. On sait quelle part Robespierre
prit à cette victoire, et avec quel cou-
rage il risqua sa popularité , dans le
but d'arracher la France aux embras-
sements impurs de l'athéisme. Le 20
prairial (9 juin), à la suite d'un magni-
nque discours, souvent interrompu
par les applaudissements , il fit décré-
ter par la Convention que le peuple
français avait toujours cru à l'exis-
tence de l*Être suprême et à l'immor-
talité de l'âme. L'article 3 du décret
présenté par lui allait plus loin; il re-
produisait, dans uii stvie révolution-
naire, l'esprit de quelques-unes des
plus belles maximes de l'Évangile. Il
était ainsi conçu : « Le peuple français
met au premier rang de ses devoirs de
déserter la mauvaise foi et la tyran-
nie, de punir les tyrans et les traîtres,
de secourir les malheureux , de res-
pecter les faibles, de défendre les op-
primés, défaire aux autres toutie
bien qu^onpeuty et de n^être injuste
envers personne, » La réponse de Car-
, not à l'orateur des jacobins est égale-
ment remplie de passages de la plus
grande beauté.
Ce dernier triomphe remporté sur la
Commune et sur les ultra-révolution-
naires porta à son comble le pouvoir
du comité de salut public. Alors tout
trembla devant lui; plus on avait voulu
restreindre ses attributions, plus elles
devinrent étendues, et il se trouva en
possession d'une véritable dictature.
«... Le comité de salut public , dit
M. Mignet, disposa de tout sous le nom
de la Convention qui lui servait d'ins-
trument. C'était lui qui nommait et
destituait les généraux, les ministres,
les commissaires - représentants , les
luges, les jurés. Par ses commissaires,
les armées et les généraux étaient v
sous sa dépendance, et il dirigeait
d'une manière souveraine les départe-
ments; par la loi des suspects , il dis-
posait de toutes les personnes ; par le
tribunal révolutionnaire, de toutes les
existences; par les réquisitions et le
maximum, de toutes les fortunes;
par la Convention effrayée, des dé-
crets d'arrestation contre ses propres
membres. »
Si ces hommes étaient restés unis ,
rien n'aurait pu rompre un pareil fais-
ceau ; malheureusement trop de causes
tendaient à les diviser , pour que la
mésintelligence ne se glissât pas parmi
eux, dès que l'existence du pays aurait
cessé d'être en danger. Par sa nature
même , le gouvernement révolutioii-
naire était une exception à laquelle il
fallait s'empresser de substituer un
gouvernement régulier pour Fnettre
un terme aux moyens terribles qui
seuls avaient permis de sauver la France.
Mais si les dictateurs avaient été assez
heureux pour tomber d'accord sur
toutes les grandes questions de salut
public , il n'était guère possible qu'ils
S64
GOM
L'UNIVERS.
€0111
s'entendissent de même sur la manière
de concevoir les modifications à intro-
duire dans la nouvelle organisation
gouvernementale.
C'est du moins ce qui arriva. Quel-
3ues membres du comité persistèrent
ans la croyance que Tunité politique
pouvait subsister sans un chef quel-
conque chargé de la représenter;
quelques autres travaillèrent à l'éta-
blissement d'une pr^idence dans le
genre de celle des États-Unis d'Amé-
rique ; ceux-ci se montrèrent partisans
d'une démocratie excessive; ceux-là
inclinèrent.vers une réconciliation en-
tre le peuple et la bourgeoisie; d'au-
tres, prévoyant les malheurs qui al-
laient arriver, se prononcèrent pour
le maintien du statu quo. Le desac-
cord augmenta insensiblement; et,
malgré quelques tentatives de rappro-
chement, il passa à l'état d'hostilité;
les rivalités vinrent encore enveni-
mer la querelle. La mort de Hérault-
Séchelles, et l'absence de Saint-André
et de Prieur de la Marne , en mission
permanente, réduisaient à neuf le
nombre des membres présents au;^ dé-
libérations du comité. Une chose bien
remarquable, c'est ^ue ces neuf mem-
bres se classèrent instinctivement en
trois triumvirats : d'une part , Robes-
pierre, Couthon et Saint-Just ; d'une
autre, Biliaud-Varennes, Collot-d'Her-
bois et Barrère ; d'une autre encore ,
Garnot, Prieur de la Côte -d'Or et
Robert -Lindet. Le triumvirat dont
Robespierre était le chef ne voyait
de remède que dans une réforme qui
donnerait enfin un président à la ré-
Ïiublique. Il n'avait provoqué la loi
errible du 22 prairial que dans l'es-
f>oir d'intimider et de punir au besoin
es grands coupables qui profitaient
de leur titre de conventionnels pour
conserver l'impunité et éterniser le
régime exceptionnel dont ils profitaient
avec tant de scandale. En réalité, il
se jproposait d'abolir la terreur , aus-
sitôt après l'établissement d'un gou-
vernement régulier ; ses censeurs les
plus sévères ont avoué qu'il avait pré-
paré un projet d'amnistie, et ce ne fut
qu'après le 9 thermidor que les vain-
Sueurs purent rejeter sur la mémoire
es vaincus la responsabilité de toutes
les cruautés commises. Le triumvirat
soumis a l'influence de Biliaud-Varen-
nes représentait tous les sentiments les
plus ultra-révolutionnaires ; dominé
par une sombre jalousie contre Ro-
bespierre , qu'il espérait supplanter ,
Billaud - Varennes dominait Gollot-
d'Herbois , non moins terroriste que
lui, et il avait eu l'art de s'attacher
Barrère, homme plus faible que cruel,
mais qu'un vieux levain de fédéralisme
aveuglait sur les idées gouvernemen-
tales de Robespierre. Le triumvirat
où figurait Carnot redoutait avant tout
une rupture ; composé d'hommes mo-
dérés en politique, et exclusivement
occupés de travaux militaires , il vou-
lait que le comité restât uni , pour
concentrer toutes ses forces contre
l'étranger. Biliaud-Varennes, qui spé-
culait sur la désunion , s'efforça de
prouver que c'était Robespierre qui
prenait l'offensive. Ses collègues le
crurent d'autant plus facilement, que,
depuis plusieurs semaines, Maximilien
avait cessé de venir au comité. Une
autre considération les rassura sur les
sentiments de Biliaud-Varennes, ce
fut sa liaison avec Barrère , qui , jus-
que-là , ne s'était pas fait remarquer
par autant d'exagération que son ami;
enfin , la dureté flegmatique de Saint-
Just , qui n'avait rien d'un jeune
homme que l'âge ; son dogmatisme
doctoral , sa crudité si souvent insul-
tante, achevèrent de les indisposer, et
ils prirent parti contre Robespierre,
qui avait le tort d'être absent. L'exem-
ple de la majorité du comité de salut
public entraîna le comité de sûreté gé-
nérale , où Le Bas et David tenaient
seuls pour Maximilien. Le comité de
sûreté générale ne pouvait pardonner
à Saint- Just , à Couthon et à Robes-
pierre d'avoir accepté la direction du
bureau de police*générale , qui emnié-
tait sur ses attributions, et qui tenaait
à le réduire à la nullité, résultat d*aa-
tant plus désirable, que ce comité
avait déshonoré la révolution par
d'norribles excès. Tout ce qu'il res-
tait de <}antonistes et dliâiertistes
COM
FRANCE*
COM
S65
à' la Convention vint grossir ce
premier noyau ; et , pour comble de
malheur , la Plaine , qui , depuis quel-
que temps , appuvait de ses votes la
politique^ modère de Robespierre ,
n'eut pas honte de le trahir , et de
faire cause commune avec le»thermi-
doriens contre Thomme qui avait sauvé
la vie aux soixante-treize membres de
la Gironde détenus en prison. Devant
une telle coalition, Robespierre devait
succomber; il succomba, en effet, le
27 juillet 1794, un an, jour pour iour,
après son entrée dans le comité de sa-
lut public, qui, décimé par cet évé-
nement , ne tarda pas à être entraîné
dans la chute des triumvirs.
Troisième période. Le 9 thermi-
dor, la Convention prit sa revanche
du 31 mai. La coalition des rois était
à moitié vaincue, la Commune et les
factions avaient été abattues , le salut
de rtttat ne pouvait plus inspirer de
craintes sérieuses ; on se crut en droit
de payer d'ingratitude les anciens ser-
vices, et de se délivrer du comité qui
avait accompli de si grandes choses.
Il ne suffisait pas d'avoir envoyé au
supplice Robespierre, Saint -Just et
Couthon, il ne suffisait pas d'avoiiw
enveloppé dans leur ruine Robespierre
jeune, Le Bas et une centaine de
leurs amis, on voulut, sinon se
défaire sur-le-champ de tous les an-
ciens membres du comité , du moins
paralyser leur influence en leur adjoi-
gnant des thermidoriens pour collè-
gues. La mort de Hérault-Séchelles,
celle de Robespierre, de Saint- Just et
de Couthon n'avaient laissé que qua-
tre places vacantes ; pour enlever aux
membres survivants tout espoir de do-
mination, on regarda Jean Bon-Saint-
André et Prieur de la Marne comme
démissionnaires pour cause d'absence,
ce qui porta à six le nombre des mem-
bres à remplacer. En conséquence , le
14 thermidor (l**- août 1794), Tallien,
Eschassériâux ( la Vierge ), Bréard,
Laloi , Treilhard et Thuriot furent
nommés membres du comité de salut
public. Ainsi, les six anciens membres
du comité se trouvèrent hors d'état
de soutenir la lutte contre les intrus
qui, peu de jours après, forcèrent Bil-
laud-Varennes et Collot-d'Herbois d'a-
bord, puis ensuite Barrère à donner
leur démission. On ne conserva que
Carnot, Prieur de la Côte -d'Or et
Robert-Lindet, parce qu'on ne pouvait
se passer de leurs talents pour achever
de vaincre la coalition. Mais ce qui
porta surtout un coup terrible à ia
puissance du comité de salut public,
ce qui dénatura complètement l'es-
prit de l'institution , c'est au'il fut
décidé qu'à l'avenir ses membres se-
raient renouvelés par quart tous les
mois. Pour plus cle précautions en-
core, la Convention réorganisa les
comités , les rendit tout à fait indé-
pendants les uns 4cs autres , et les
fit surveiller plus activement encore
par le comité de sûreté générale , en-
couragé dans ses fonctions de grande
police. Dès lors, il n'y eut plus de co-
mité de gouvernement ; ce fut l'assem-
blée qui gouverna ou plutôt qui es-
saya de gouverner elle-même par l'in-
termédiaire de ses comités. Les héri-
tiers du grand comité de salut public
n'eurent plus en partage que les affai-
res diplomatiques et les opérations
militaires.
Pour se faire une idée des senti-
ments mesquins de défiance ^ui domi-
naient la majorité de la Convention , il
faut lire la discussion qui eut lieu,
dans son sein , le 18 fructidor (an ii),
au sujet de la nouvelle organisation
des comités. Poultier,>Rewbell, et Le-
quiniô surtout, se distinguèrent dans
cette croisade contre tout genre de
supériorité; ils allèrent jusqu'à nier
que jamais homme fût plus nécessaire
qu'un autre. « Citoyens, s'écriait Rew-
bell , si la raison seule ne pouvait nous
convaincre qu'un exemple que nous a
donné une ancienne république ne soit
pas perdu pour nous, Épaminondas
avait déjà rendu les services les plus
importants à sa patrie. £h bien ! dans
un renouvellement de magistrature,
pour prouver qu'un homme n'est ja-
mais nécessaire dans une république ,
il fut nommé inspecteur des égoûts.
Quoique nous n'ayons pas encore beau-
coup d'Épaminondas parmi nous, n%
366
COM
L*tJNIVERS.
€0M
soyons pas moioB jaloux que les Thé-
bams de prouver que la liberté n'ad-
met point d'hommes nécessaires. Ainsi
plus d'hommes nécessaires, plus de do'^
minateurs ; vous devez vous interdire
la faculté de perpétuer le pouvoir dans
les mêmes mains, sans quoi vous
n'avez rien fait pour la liberté publi-
que. Je propose donc , au lieu de la
rédaction du projet portant que les
membres sortants des comités die salut
public et de sûreté générale ne seront
rééligibles dans le même comité qu'a«
près l'intervalle d'un mois, de décréter
que les membres de l'un des deux co-
mités de salut public et de sôreté gé-
nérale ne pourront être élus membres
de l'autre comité et réélus dans le
même comité qu'un mois après leur
sortie. » Cette proposition fut adoptée
au milieu des plus vifs applaudisse-
ments. Lequinio alla encore plus loin ;
« Je demande , dit-il , à faire un amen-
dement à la proposition de Rewbell.
Je propose de décréter que les mem-
bres des comités de salut public et de
sûreté générale, sortant par quart
tous les mois , ne puissent y être réé-
ligibles qu'après quatre mois. Sans
cette précaution , vous courez les ris-
2ues de voir la formation de chacun
e ces deux comités rouler sur une
vingtaine de représentants , qui forme-
ront une sorte de comité permanent,
dont les membres auront alternative-
ment un congé d'un mois. £t vous en
voyez tous les dangers ; nous sommes
tous purs ; mais lorsqu'il s'agit des in-
térêts du peuple, toutes les possibili-
tés doivent se calculer. Or, quand on
connaît le cœur humain , on sait com-
bien facilement on s'accoutume à boire
dans la coupe de l'ambition; tel est
entré pur dans la carrière, que la
jouissance du pouvoir a bientôt per-
verti. On vous dira que vous ne rééli-
rez que les hommes qui en seront
dignes ; mais je vous répéterai ce que
vous a dit Rewbell : il ne faut pomt
dans la répubiiqued'homme nécessaire.
Quant au secret , ou vous en croyez
tous les représentants également ca-
pables, ou bien vous devez décréter la
permanence des premiers élus. Je de-
mande que l'on décrète ma proposi-
tion. » Il faut dire, à la louange de ta
Convention , Qu'elle passa à l'olrdre du
jour; mais elle approuva les consi-
dérations sur lesqufilles Lequinio
avait a^uyé sa motion. Le décret de
réorganisation des comités en fixait le
nombre à seize , et les déclarait indé-
pendants les uns des autres , pour
mieux les retenir sous le conirôle de
la Convention. Voici le titre II de cette
même loi , pour ce qui est relatif aux
attributions du comité de salut public:
« Article 1"'. Le comité de salut pu-
blic aura sous sa surveillance directe
et active ;
« Les relations extérieures ;
« L'organisation et la levée des trou-
pes de terre ;
« L'exercice et la discipline des gens
de guerre ;
« Les plans de campagne, mouve-
ments et opérations militaires ;
a La levée des gens de mer ;
« Les classes et organisation de Tar-
mée navale;
« La défense des colonies ;
« La direction des forces et expèdi-
lions maritimes, et la construction
aes vaisseaux et agrès;
« Les manufactures de toute espèce
d'armes; les fonderies, les bouches à
feu et machines de guerre, les poudres,
les salpêtres, les munitions de guerre,
les magasins et arsenaux pour la guerre
et la marine ;
« Le travail des ports, la défense des
côtes, les fortifications et les travaux
défensifs de la frontière, les bâtiments
militaires ;
« Les remontes, charrois, convois et
relais militaires ;
« Les hôpitaux militaires;
« L'importation, la circulation inté-
rieure, l'exportation des denrées de
toute espèce ;
« Les magasins nationaux ;
a Les subsistances des armées;
« Leurs fournitures en effets d'habil-
lement, équipement, casernement et
campement.
« Il a seul le droit de réquîsitioil
sur les personnes et les choses.
« Ilaledroitde fairearréter les fonc-
G09I
PÏIÂJÏCE.
€OBt
367
tîounaires publics et agents civils et
militaires, sur lesquels il exerce sa sur*
veillance.
« Il peut les traduire au tribunal ré-
Tolutionnaire , en se concertant atieç
ie tomité de sûreté générale.
n^ Article â. La trésorerie nationale
Itii ouvrira , pour dépenses secrètes et
extraordinaires, un crédit de dix mi^
lions; les crédits préeédemment ou-
verts et non employés sont supprimés. »
Cette fois , rinstitution était rame-
née aux proportions que lui avaient
toujours rêvées les représentants de la
nation. Ils avaient besoin d'une grande
force pour achever de détruire la coa-
lition; cette force, ils la trouvaient
dans leur comité de salut public , au-
quel ils ne refusaient aucun genre de
ressource pour vaincre ; les thermido-
riens n'avaient pas oublié l'argent.
Mais^ autant ils désiraient qu'il fut ir-
résistible à la frontière , autant ils exi-
geaient qu'il demeurât sans puissance
a l'intérieur ; aussi , pour prévenir la
résurrection d'une dictature j d'un
triumvirat ou même d'un tribunal ^
ils s'empressèrent de décréter que
toutes les délibérations du nouveau
comité seraient toujours signées de
sept membres au moins , présents à la
délibération; quant aux dangers du
fédéralisme administratif, personne
ne paraissait s'en préoccuper. L'orga-
nisation du 18 fructidoi: avait enfin ré-
solu le problème; on avait trouvé ce
que le seul besoin ^'improviser la fou-
are avait fait chercher si longtemps ,
mais en vain : une immense niachiite
de guerre , et pas de gouvernement.
Non contents encore de tous ces
succès, les thermidoriens voulurent
faire le procès à l'ancien comité dans la
Îersonne de plusieurs de ses membres.
>ès le 1 1 fructidor, un mois après la
chute de Robespierre, Lecbintre de
Versailles avait dénoncé Billaud-Va-
rennes, Collot-d'Herbois et Barrère,
ainsi que Vadier, Amar et Vouland,
du comité de sûreté générale ; mais
cette accusation avait été repous-
sée par l'immense majorité de la Con-
ventiofi et déclarée calomnieuse. Ce-
pendant, après plusieurs autres tenta-
tives inutiles, la réaction, renforcée
par la rentrée des soixante - treize
girondins, finit par arriver à son but.
Le 12 ventôse an m (mars 1795), la
Convention décréta d'arrestation Bil-
laud-Varennes, Collot-d'Herbois, Bar-
rère et Vadier, et peu de jours après
l'insurrection populaire du mois dé
prairial, ils furent condamnés à la
déportation. L'un des principaux chefs
d'accusation était qu'-ils avaient réduit
la Convention à un état d'oppression ;
ce ^ui n'était pas tout à fait inexact ,
mais ce qui ne faisait honneur ni à
l'aptitude gouvernementale de la re-
présentation ni à son courage. Ce
lameux procès eut surtout pour con-
séquence de prouver que dans le comité,
ce n'était pas Kobes pierre qui avait
constamment poussé aux mesures im-
pitoj^ables, et que pour l'ambition,
aussi bien que pour la cruauté, Bil-
laud-Varennes n'avait point eu d'égal.
A partir du 15 germinal an m
(avril 1794), le nombre des membres
du comité de salut public fut porté à
seize, circonstance qui n'était guère
{)ropre à lui rendre l'homogénéité et
'influence qu'il avait perdues. Déjà
depuis le 15 ventôse (mars) de la même
année, Carnot avait cessé d'être réélu;
le royalisme avait déjà assez d'ascen-
dant pour l'éloigner des fonctions
?u'il avait si glorieusement remplies.
)u reste, à part le mois de vendé-
miaire où le sort l'avait. désigné comme
membre sortant, il resta chargé de la
dfrection des affaires de la guerre de-
puis le mois d'août 1793 jusqu'au mois
de mars 1795, c'est-à-dire pendant
l'époque où l'armée républicaine étonna
le monde par des prodiges. Il eut pour
successeur un certain Aubry , roya-
liste déguisé, qui poursuivit de sa haine
le général Bonaparte, et dontTincapa-
citc est devenue proverbiale. Lindet fut
également remplacé aux subsistances
par Boissy - d' Anglas , que le ]|^uple
surnomma Boissy-Famine. Il en fut
pour tout le reste à peu près comme
pour la gueiTC et pour les subsistan-
ces ; aussi, lorsque le Directoire prit
en main les rênes du gouvernement ,
il trouva l'État dénué de ressources.
866
COM
L'UNIVERS.
COM
On nous saura gré sans doute de ne
pas être entré dansT'examen détaillé des
opérations de cette foule de comités de
salut public qui se succédèrent du
9 thermidor jusqu'au 4 brumaire an ly
(26 octobre 1795) , époque où la Con-
vention déclara sa mission terminée.
Cependant, avant de finir^ il est né-
cessaire de dire un mot sur la com-
mission de cinq membres, qui fut ins-
tituée le 30 vendémiaire an ly (22 oc-
tobre 1796)^ pour prendre des mesures
de salut public contre les royalistes,
lesquels commençaient à . oublier la
leçon qu'ils avaient reçue le 13 ven-
démiaire. La Convention désigna
Tallien, Dubois - Crancé , Florent
Guyot, Roux de la Marne et Pons de
Veriîun, pour composer cette cowi-
missîon de salut public. On crai-
gnit un moment que Tallien ne mit
cette circonstance a profit pour s'em-
parer de la dictature , dont il semblait
avoir quelquefois caressé la chimère;
mais, soit qu'il manquât d'audace, soit
qu'on eût mis des obstacles suffisants
a son essor, il n'en fut rien. La com-
mission des cinq se borna à faire dé-
créter par la Convention des mesures
de précaution contre les royalistes
émigrés ou parents d'émigrés, pette
fois encore les conventionnels en fu-
rent quittes pour la peur ; mais le Di-
rectoire , ce fils de leur œuvre, allait
bientôt avoir affaire au général Bona-
parte.
Tableau des membres de la Convention na-
tionale qui ont composé le comité' de salut
public (*),
1793.
COMITÉ DE DÉFENSE GÉH ÉRALB ET DE SALUT
PUBLIC , OU COMMXSSIOIT DE SALUT PUBLIC.
96 mars, Dubois-Crancé , Pétion , Gen-
sonné , Guyton - Morveau , Robespierre
Taîné, Barbaroux, Kuhl, Yergoiaud, Fabre-
d'Églaiîtine, Buzot, Delmas, Guadet, Con-
dorcet , Bréard , Camus , Prieur de la
(*ICe tableau et celui des membres du
comife de sûreté générale, que nous don-
nerons p. 376, ont été dressés par nous
d'après le Moniteur et les procès-verbaux
de la Convention. G^est un travail entière-
ment neuf qui nous a coûté de longues et
pénibles recherches. Nous pouvons en ga>
nmtir Texactilude.
Marne, Camille Desmoulins , Barrère, Qui-
nette , Cambacérès, Jean t)ebry , tiantoa,
Sieyès, Lasource, Isnard.
GOKITÉ DE SALUT PUBUG.
7 amA Barrère, Delmas, Bréard, Dan-
ton , Robert-Lindet , Treilhard , Guyton-
Morveau, Lacroix d'Eure-et-Loir, GambioB.
1 1 mai. Les mêmes membres.
m Juin, Les mêmes, excepté Treilhard
et Robert-Lindet , qui sont remplacés par
Gasparin et Jean Bon-Saint-André.
10 juillet» Jean Bon-Saint- André, Bar-
rère, Gasparin, Couthon» Hérault - Sé-
chelleSfThuriot, Prieur de la Marne, Saint-
Just , Robert-Lindet.
27 juillet, Gasparin donne sa démissioa
pour cause de maladie. Il est remplacé par
Robespierre.
i3 août. Les mêmes.
14 août. Adjonction de Camot et de
Prieur de la Gô(e-d'Or.
6 septembre. Adjonction de Billand-Ya-
rennes, GoUol-d'Herbois, Danton et Granet
Danton refuse, et le lendemain Granet
écrit à TAssembiée pour donner sa démis-
sion et demander son remplacement. L'As-
semblée passe à l'ordre du jour ; cependant
Granet n'en persévère pas moins dans son
refus.
1 1 septembre. Le comité est prorogé poar
un mois.
A la fin du même mois , Thuriot donne
aussi sa démission. Le comité se trouve alon
composé de douze membres , savoir : Jeu
Bon-Saint- André , Barrère , Hérault-Séciiel-
les , Prieur de la Marne, Saint-Jast , Rdiert-
Lindet, Robespierre, Prieur de la CÀte-d'Or,
Garnot;BiiIaud-Yarennes et GoUot-d'HeriMM.
25 septembre, Briez est adjoint au comité
par un décret rapporté le même jour.
11 octobre (20 vendémiaire an 11 }. Lb
mêmes membres.
12 novembre (22 brumaire). Les
membres.
i3 décembre (23 frimaire). Les
membres.
1794.
10 janvier (21 nipose). Les mêmes
bres.
10 février {in pluviôse), Jjes mêmes
bres.
12 mars (22 venldsé). Les mêmes mem-
bres.
3 avril (14 germinal). Mort d'Héranlt-
Séchelles. Il n'est pas remplacé. Le comiiê
se trouve alors composé de onze membres;
mais en réalité on n'ea comptait qae iiaa^
car Jean Bon-Saint-An^ré et Prieur da h
OOJH
FRANCE.
COM
Marne , envoyés en mission dans les dcnar-
lements, ne rentrèreat qu'après le 9 tner-
midor.
XI avril (n2 germinal). Les mêmes.
X X mai (a a floréal). Les mêmes.
10 juin (2 a prairial). Les mêmes.
10 juillet (aa messidor). Les mêmes.
a8 Juillet (to thermidor). Mort de Ro-
bespierre, Samt'Just et Gouthon.
3 X juillet (^ 1 3 thermidor), Jean Bon-Saint^
André et Prieur de la Marne sont consi-
,dérés comme démissionnaires en vertu d'une
décision du x x thermidor. En conséquence,
six nouveaux ihembres viennent compléter
le comité; ce sont Laloi, Eschasseriaux ,
Rréard, Xhnriot, Treilhard et Taliien.
I*' septembre (i5 fructidor), Fourcroy,
Cochon, Delmas, Merlin de Douai, Eschasse-
riaux Taîné , Bréard , Laloi , Thurioi, Treil-
hard, Prieur de la Céte-d'Or, Garnot, Ro-
bert-Lindet.
6 octobre (x5 vendémiaire an m).
Membres sortants.
Robert-Lindet.
Camot.
Prieur d« la CAte-d'Or.
prieur de la Marne.
C ujrton-Morveaa.
Jtichard.
Foareroy.
Cochon.
Delinas.
Merlin de Doaai.
Bscbasseriaax alnë.
Brèard.
Ijaloi.
Thariot,
Treilhard.
5 novembre (i5 brumaire).
Membres sortants.
Treilhard.
Laloi.
Eflchasseriaux l'aîné.
Cambacérès.
I*^iet de la Lozère.
Carnot.
Prieur de la Marne.
G uyton -Monreau.
Richard.
Fonrcroy.
Cochon.
I>elma8.
Merlin de Dooai.
Bréard.
Tbvriot.
6 décembre {t 5 frimaire).
BodfSjyi*jitnglas.
^ndré Dumont.
J?uboiS' Craneé.
Cambacérès.
Pelet de la Loieire.
Carnot.
Prienr de la Marne.
Gnyton-MorTeaa.
Richard.
Foareroy*
Del mas.
Merlin de Dooai.
Membres sortants.
Cochon.
Bréard.
Tfihriot.
Chaxal. Delmaa.
Boissj-d'Aiiglas. Merlin.
André Dumont.
Dnhois-Crancé.
Cambacérès.
Pelet de la Lozère.
Carnot.
Prieur de la Marne.
Guyton-Morveau.
Richard.
3 février (i5 pluviôse).
Merlin de Douai.
Fourerojr.
Laeombedu Tarn,
Bréard.
Marec.
Chaxal.
Boissy-d'Anglas.
An Iré Dumont.
Dubois-Crancé.
Gambacérèi.
Pelet de la Lozère.
Carnot.
Membres sortants.
Prieur de la Marne.
Guyton-Monreau.
Richard.
5 mars (i5 ventése).
Membres sortants.
Cambacérès.
Pelet de la Lozère.
Carnot.
Siejrès.
Juipprte.
Rewbel.
Merlin de Douai.
Fourcroy
Lacombe.
Bréard.
Marec.
Chazal.
Boissy.d'Anglas.
André Dumont.
Dubois-Crancé.
4 avril (i5 germinal).
Cambacérès. Membres sortants.
•Aubry, Boissy-d'Anglas. ,
Taliien. André Dament.
Creuze'-Latottche, Dubois-Crancé.
Cillet.
Roux de la Haute-Mame.
Siejès.
La porte.
Rewbel.
Merlin de Doaai.
Fourcroy.
Lacombe.
Bréard.
Marec.
Chazal.
1795.
5 Janvier (i5 ntvdse).
Membres sortants.
JJtÊoree, Fourcroy.
T. V. 24' lÂoraison. (Dict. encycl., etc.)
Treilhard.
Ferment.
F'emier.
Babaut»Pommier.
Doulcet.
Cambacérès.
Attbry.
Taliien.
Gillet.
Roux de la Hante>Marne.
Sieyès.
Laporte.
Rewbel.
Merlin de'Donai.
Fourcroy.
Lacombe.
4 mai (i5 floréal).
Membres sortants.
Bréard.
Marec.
Chazal.
Creuzé-Latoudie.
24
970
COM
L'UNIVERS.
COlf
s juin (i5 prairial).
Membres sortants.
Merlin de Douai.
Fourcroy.
Lacombe.
Laporte.'
Camon,
Larivière.
Blad.
TreilharcL
Fermont«
Vemier.
Babant-Pommier.
Bonicet.
Cambacérès.
Aubrj.
Tallien.
Gillet.
Bous.
Sieyès.
Bewbel.
3 jtùltet (i5 messidor).,
Soîss/-d*Ânglas, Membres sortants,
J^wet, Gillet.
Jean Debrjr, Boux.
Lesage d Eurent' Loir. Sieyà«,
Marec. Rewbcl.
Gainon.
Larivière.
Blad.
Treilhard.
Fermont.i
Vernier.
Baba u t-Pommier.
Boulcet.
Camhacérès.
Aubry.
Tallien.)
a août (ï5 thermidor).
Merlin de Douai. Membres sortants.
Leloumeur de la Manche. Cambacérès.
Sie/ès. Aubry,
JtewbeL Tallien.
Boissy-d'Anglas. Treilhard.
Louyet.
Jean Debry.
Lesage d'Eare-et*Loir.
Marec.
Gamon.
Larivière.
Blad.
Feroiont.
Vernier.
Babaat'Pommier.
Doulcet.
!«' septembre {iS fructidor).
Zareveillère'Lepaux. Membres sortants.
Cambacérès. FermonW
Daunou, Vernier.
Berlier. Babaat-Pommier.
Merlin de Dooai. Doulcet.
Letonrneor de la Manche.
Sieyès.
Bewbel.
Boissy-d'Anglas»
Louvct.
Jean Debry.
Lesage d'Eure-et-Loir.
Marec.
Gamon.»
Larivière.
Bhd.
6 <ictohe (i5 vendémiaire),
Chénier Membres toftoaU,
Eschasseriaux aine. Marec.
Gourdon. Gamon.
Thibaudeau, Larivière.
Lareveillèv*-Lepaox. Blad.
Cambacérès,
Daunou.
Berlier.
Merlin de Douai.
Letoomeor de4a Manche.
Sieyès.
Bewbel.
Boissy-d'Angtas.
Lonvet.
Jean Debry.
I<esage d'Bure-et-Loir.
Comité db subets géné^alb. -
C'est celui qui , après le comité de saiot
public, joua le rôle le plus important
sous la Convention. U n'était m ia
continuation du comité desurveitianee,
formé soiis l'Assemblée législative, Ifr
quel avait pris sa source dans le comité
des recherces ou dans celui des rap-
ports , créés l'un et l'autre par la Cons-
tituante, le 28 juillçt 1789 (voyez plos
haut).
Sous la Convention, le comité de
sûreté générale occupa un rang excep-
tionnel : dénué d'attributions gouTe^
nementales, il devint cependant I'bb
des principaux rouages du gouverne-
ment révolutionnaire , par la piiissaoce
dont la Convention se plut toujours ï
l'investir, pour qu'il exerçât sur lc8
personnes une police vigilante. Notf
avons dit, dans rarticle précédent, quil
était considéré par laConvention comoN
un contre-poids qu'elle opposait aa co-
mité de salut pubHc, et comme une c^
sure permanente prête à frapper cec
qui, soit par ambition, soit par amoiv
du bien public, essayeraient d'augineo-
. ter la somme de pouvoir concéd^ayec
tant de peine au gouvernement. I^oitf
Tavons prouvé en citant la loi du 1^
frimaire an ii (4 décembre 1793)» 9'''
statuait sur l'organisation da ^Hve^
nement révolutionnaire. L'artidêtt
(section ii), après avoir déterflQÎoéjtf
attributions du comité de salut publiai
ajoute : « et, pour tout ce qui «tit
latif aux personnes et à là police iw^*
rieure^ cette inspection partiamt
appartient au comité de sûreté génârale
de la Convention, conformément JJ
décret du 17 septembre dernier. » ^
GOH
FRANCE.
COM
8T1
décret du 17 septembfe est mieux
connu sotts le nom de loi de$ suspects^
U avait été présenté pdr le comité de
législation , run d(tô trois principaUit
comités de gottvémement. Aux ter-
mes d6 Farticle 9 dô la loi du H
frimaire ( même section), le comité
de sûreté générale devait diriger
les Opérations des districts, aux-
quels était exdusivémiéiit attribuée la
surveillarice de rexécdtiôn dés lois ré-
Tolutiorinaires, et dèÉ mesurée de gôu-
vernement, dé sûreté générale et dé
çalùt public 4ans les départements.
Cet article est ainsi conçu : «Néan-
moins; aftin Uu'à Paris Taction de la
police n^épl'Oove aucune entrave, les
comités révolutionnaires continueront
de correspondre directement et sans
aucun intermédiaire avec le comité de
sûreté générale de la Convention , con-
formément au décret du 17 septembre
dernier. >•
On le voit, dans ces temps de crise
et de défiance , le coniité de sûreté gé-
nérale était , à part le mystère , quelque
chose de semblable aii conseil des dix
de Venise; sous ses coups se trouvaient
placées la liberté et la vie de tous les
cito^en3. Il exerça cette magistrature
terrible avec une rigueur excessive, et
c'est aux nàembres qui en composaient
la majorité qu^il faut surtout demander
compte do sang dés innombrables vic-
times de la terreur. Par un insigne
privilège, refusé au confite de salut
public, la Convention permit au comité
de sûreté générale de se choisir un
président, pour introduire quelque
unité dans seâ délibérationis. Pendant
les mois les plus orageux de l'année
1793, c'était Vadier gui avait le titre
de président du comité; plusieurs let-
tres de l'accusateur public, Fouquier-
Tînville , lui Sont adressées sous ce
couvert.
Dès le 21 septembre 1792, second
jour de son installation, la Convention
s'occupa du comité de sûreté géné-
rale (*). Le comité alors existant ayant
(*) Le 3o mai i7pa , TAssemblée législa-
tive avait décrété que le coniité de surveil-
lance, formé sottt U Constituante , porterait
été convoqué à l'ouverture de là
séance, un membre fit observer qu'fl
èè trouvait sans pouvoirs, par la dis-
solution de l'Assemblée fégislative qui
l'avait créé. Mais comme tous lés mem-
bres du comité avalent été choisis par
les électeurs pour faire partie de la
Convention, celle-ci les maintint dans
leurs fonctions , et elle décréta que les
divers comités et commissions exis-
tants sous l'Assemblée législative se-
Mient provisoirement conservés.
Cependai^t ^^ comité provisoire de
sûreté générale ne fut remplacé que
vers le milieu du mois d'octobre 1792.
Jusqu'à cette époque, la Convention lui
renvoya un grand nombre d'affaires.
Le 2 octobre, e|le l'avait autorisé à se
faire rendre compte de toutes les ar-
restations politiques qui avaient eu lieu
dans toute la république depuis le 10
août; du reste, il nes'occupaitgtièreque
des questions qui lui étaient renvoyées.
Enfin, le 17 octobre, eut lieu l'instal-
lation d'un comité définitif composé de
trente membres, conformément à une
décision du 2 du même mois. Voici la-
liste des membres élus : Fauchet, Ba-
zîre,Gorsas, 6oupilleau de Montaigu,
Grégoire, Lecoinle-Puyraveau , Gos-
suin, Maribou-Montaut (Louis), Ro-
Vère, Delaunay d'Angers, Ruamps,
Chénier, Kervélégan, Couppé , Bréard ,
Ingrand, Saladin, Musset, Bordas ^
Alquiër, Brival, Hérault, Duquesnoy,
Levris, Audouin, Laurent de Mar-
seille, Niou, Chabot, Lavicomterie,
Salle. C'était un mélange de monta-
gnards et de girondins dans des pro-
portions à peu près égales. Mais
lorsque la division se fut jprononcée
avec plus de force entre la Gironde et
la Montagne, chacun des deux partis
ajouta une plus grande importance à
s emparer de cç comité par de^ nomi-
nations faites dans son sens. Vers la
fin du mois de décembre, quelques
jOurs avant l'ouverture des débats re-
latifs au jugement du roi, les giron*
le nom de comité de sûreté générale ; de-
puis lors , il fut alternativement désigné par
Pune DU l'autre de ces dénominations, sou^
venit par toutes les deux à là fois.
24.
97%
COH
L'UNIVERS.
COH
dîns remportèrent d'abord Tavantage.
Ils parvinrent à éliminer un grand
nombre de montagnards^ en proGtant
d^un article du règlement qui prescri-
vait le renouvellement des comités tous
les deux mois. Le 22 décembre, en
eiïet, la Convention décréta que tous
ses comités seraient renouvelés par
moitié et suivant la désignation au
sort, avec cette particularité que les
membres qui n'avaient pas assisté as-
sidûment aux séances du comité
seraient rangés au nombre des sor-
tants. A cette époque, le personnel
du comité de sûreté générale et de sur-
veillance était ainsi composé: Bazire,
Musset, Goupilleau de Montaigu, Ma-
ribou -Montant, Rovère, Coupé, Bri-
val, Leyris, Cbabot, Vardon, Cavai-
gnac, Duprat, Bernard, Bonnier,
Duquesnoy, Ingrand, Ruamps, Au-
doum, Tallien, Kervélégan, Drouet,
Hérault, Fauchet, Delaunay d'An-
gers, Grangeneuve, Lecointe-Puyra-
veau , Lavicomterie, Manuel , Bordas,
Laurent de Marseille. Les quinze der-
niers membres furent désignés comme
membres sortants. Les noms de cette .
liste , qui diffèrent des noms de la pre-
mière , sont ceux de plusieurs membres
suppléants qui avaient remplacé des
absents ou des démissionnaires. Le 9
janvier 1793, pendant les débats du
procès, on opéra le renouvellement,
et les girondins ne manquèrent pas
cette occasion de se rendre maîtres
du comité de sûreté généi^àle, ainsi
qu'on va le voir par les réclamations
de plusieurs montagnards et par la
liste des remplaçants. C'étaient Cham-
bon, Depéret, Grangeneuve, Cham-
peaux, Jarry, Lemaréchai, Gomaire,
Dupont, Ruault, Rebecqui, Gorsas,
Zangiacomi, Bordas, Ëstadens, Jouene-
Long-Cbamp. Plusieurs montagnards
se récrièrent vainement contre ces no-
minations. — a Marat: C'est une cons-
piration... Reconnaissez-vous enfin les
intrigues de la faction ? — Un autre :
Ce ne sera plus un comité de sûreté
générale; ce sera un comité de contre-
révolution. — Marat : C'est Roland
qui a fait la liste. — Une voix : A peine
y trouve-t-on deux patriotes. » Deux
jours auparavant, pour prévenir les
troubles que pourrait occasionner le
procès, la Convention avait décrété
que le nombre des membres du comité
de sûreté générale serait doublé, c'est-
à-dire porté à soixante. Le coftiité de
sûreté générale avait, en outre, reca
l'autorisation de se faire remettre les
pièces du procès , qui avaient été dé-
posées au tribunal au 17 août.
Mais les montagnards ne tardèrent
pas à prendre leur revanche après Fissue
des débats, et ils songèrent à l'établir
sur des bases nouvelles. Le 21 janvier,
plusieurs membres, Fabre d'Églantine
entre autres , demandèrent que le co-
mité de sûreté générale fût à l'instant
renouvelé; ils observèrent que cette
institution avait été de la plus grande
utilité pour la liberté lors deFAssemblée
constituante , qu'on en avait senti les
avantages sous l'Assemblée législa-
tive; mais que l'organisation qui lui
avait été donnée dans la Convention
s'opposait à tout le bien qu'on en de-
vait attendre; qu'un tel comité, com-
posé de soixante membres, contraint à
ne décerner de mandats d'amener que
sous la signature de dix-huit membres,
toujours difficiles à réunir, ne pouvait
remplir son objet; que cependant les
émigrés rentraient chaque jour: à Pa-
ris; que les ennemis de la liberté^ les
royalistes, les contre-révolutionnaires,
y affluaient. Ils conclurent à ce que
le comité de sûreté générale ne fût plus
désormais^ composé que de douze
membres, nommés à haute voix. Cette
mesure fut présentée comme étant
seule capable de retenir les cons-
pirateurs, qui ne craignaient pas
de menacer les jours de ceux qui
avaient voté la mort du roi. Le
même jour , dans la séance du soir,
le renouvellement du comité fut mis
aux voix et décrété. Le lendemain 22,
le président proclama les noms des
douze députés qui , par le résultat du
scrutin, étaient désignés pour compo-
ser le comité de sûreté générale. En
voici la liste : Bazire, Lamarque, Cha-
bot, Ruamps, Maribou-Montaut, Tal-
lien , Legendre de Paris, Bernard de
Saintes, Rovère, Ingrand, JeanDe^
COM
FRANCE-
COM
878
bry, Duhem. Cette fois , le triomphe
de la Montagne n'était pas douteux ;
ce qui ne ressortait pas moins, c'était
rinuuence qu'avait eue Danton sur la
Î>lus grande partie de ces nominations ;
a majorité des voix lui appartenait
évidemment dans le nouveau comité.
Le 28 janvier, Buzot, l'un des chefs
de la Gironde, attaqua ce nouveau co-
mité. « Vous devez , dit-il , rapporter
ce funeste décret, par lequel vous avez
ordonné que le comité de sûreté géné-
rale serait composé de douze memores,
décret qui a été rendu dans une mal-
heureuse circonstance dont on a su
profiter, et qui a été exécuté dans une
séance du soir, où il ne se trouvait
presque personne. » Mais l'assemblée,
^oique beaucoup plus nombreuse ce
jour-là, passa à rordre du jour sur la
proposition de Buzot.
Ce comité de sûreté générale, en
grande partie dirigé par Bazire et
Chabot , amis de Danton et de Fabre
d'Églantine , fut conservé , sauf quel-
ques modifications , pendant plus de
nuit mois ; on ne le changea que vers
le milieu du mois de septembre 1793.
La plupart de ses opérations furent
l'objet des attaques des Girondins.
Il servit le plus souvent la politique de
Danton , lequel était entré , le 26 mars ,
dans le comité de défense générale et
de salut public, et qui, le 7 avril, fut
également compris parmi les membres^
du premier comité, qui porta exclusi-
vement le nom de comité de salut pu-
blic (voyez l'article précédent). Le 9
avril , trois jours après l'établissement
du comité de salut public, le comité
de sûreté générale demanda, à cause
de la multitude d'affaires dont il était
chargé, une augmentation de quatre
membres etleremplacementdeRuamps
et Maribou-Montaut, envoyés en nais-
sîon. En conséquence, la Convention
nomma Cavaignac, Brival, Lanot,
Carrier, Leyris et Maure, pour faire
partie du comité de sûreté générale,
dont le personnel se trouva ainsi de
seize membres, au lieu de douze. Ce
renfort lui permit de seconder plus ac-
tivement l'opposition de la Montagne
contre la commission des douze , créée
par les girondins, et qui resta en fonc-
tions depuis le 18 jusqu'au 31 mai. Le
24, le comité de sûreté générale dé-
nonça à la Convention les abus d'auto-
rité que s'était permis cette commission
fameuse, à laquelle nous avons con-
sacré un article spécial.
Après la révolution du 31 mai, le
comité de sûreté générale, aussi bien
que le comité de salut public du 6
avril, commença à devenir l'objet des
'attaques de la Montagne. Ces attaques
redoublèrent lorsque, le 11 juillet, la
Convention eut élu les premiers mem-
bres de ce second comité de salut pu-
blic, auquel l'histoire a conservé le
nom de grand. Une foule de voix ré-
pétaient que le comité de sûreté gé-
nérale aurait dû être renouvelé de-
puis longtemps. De plus, la mésin-
telligence s'était glissée parmi ses
membres. L'un des plus récents, Mau-
re, crut, avant de partir en mission,
devoir avertir l'Assemblée nationale
que le comité de sûreté générale, dont
il ne suspectait cependant pas le ci-
visme, était d'une grande négligence.
«Peu de comités, dit-il, ont autant
« de besogne, et peu travaillent moins
« que celui-là. Des femmes assiègent
« toute la iournéa son antichambre ,
« comme chez les ci-devant grands. »
Le 13 août on lui avait déjà adjoint
Dartigoyte, Michaud du Doubs, Ber-
nard de Saintes, Jay de Sainte-Foi, Du-
Ï)uis de Rhône-et-Loire , Moïse Bayle ;
e 9 septembre , sur la proposition de
Drouet, appuyée par Maure, la Conven-
tion décréta qu'il serait renouvelé et
réduit à neuf membres. Le 11 , en effet,
elle nomma Panis , Lavicomterie , Guf-
froi, Chabot, Alquier, Lejeune de
l'Indre, Bazire, Garnier de Saintes,
Julien de Toulouse. Mais ce comité où
figuraient encore des dantonistes ne
pouvait convenir au comité de salut
public; aussi n'eut-il même pas le
temps de s'installer. Deux jours après
sa nomination, le 13 septembre, la
Convention décréta que tous les co-
mités seraient renouvelés intégrale-
ment et recréés sur des listes, présent
tées par le comité de saktt pmlic. £n
conséquence, le lendemain 14, un
974
COM
UUWIVERS.
€OH
autre comité dé sûreté générale, formé
de douze membres, fut oompo^ainti
au*ii suit; Vadier, tuante. Le Bas;
loucher-Saint-Sauveuî) David, Guf«
fVov, LavicoititeHe , Alnâr, Ruhl ^
Lebon, VouUand et Moïse Bayle. Ce
fi^t un coup terrible pour Danton ,
qui aurait cependant bien dû prévoir
que le nouveau comité de salut pu<
blic, où il avait pour la seconde fois
f6 septembre) refusé d'entrer, ne pour*
rait pas tolérer uû comité de spreté
générale soumis à un autre ascendant
3ile le sien. Danton avait rêvé, saâa
oùte , lin rôle de médiateur, et compté
le remplir avec l'assistance de fuelques
généraux et de {)lusieurs menores du
conseil des ministres; mais il s'était
abusé sur son degré de pàissanœ, et
il s'était mis gratuitement dans une
position critique qui allait lui devenir
funeste, en lui faisant commettre des
fautes. Le 14 octobre, la Convention
porta de douze à seize le nombre des
membres du comité de sûreté générale,
par l'adjonction de Dubarran, Laioi,
Jagot, Louis du Bas-Rhin. Ce nombre
varia encore dans la siiite. ,
On a vu que lorsque la Convention
proclama le gouvernement révolution^
naire , elle confirma le comité de sû-
reté générale dans ses fonctions de
haute surveillance sur les personnes.
II n'abusa que trop de ses pouvoirs
pendant la terreur ; plusieurs dé ses
membres étaient d'une cruauté qui
passe toute croyance. Nous ne revien-
drons pas ici sur le portrait qu'en a
tracé dans ses Mémoires Sénart , l'un
des agents de ce comité C). Du reste,
pour ce oui concerne la politique, le
comité ae sûreté générale répondit
aux désirs de la Convention. Après le
9 thermidor , la Convention , qui se
montra si sévère pour l'ancien comité
de salîit public, ne rechercha en rien la
conduite des membres du comité de
sûreté générale. Un seul , Vadier, fut
enveloppé dans la condamnation de
Billaud-Varennes , CoIlot-d'Herbois et
(*) Voyez les Aithales , t. Il , p. 3i7 el
siiiv. et les Mémoires de Sénart, pag. i45-
i53.
Barrère; encore fut-tl puni plutôt pouf
^voir défendu les princi|iiS[^ politiques
de ses coaccusés que pour sa cppduite
dans le sein du comité» AJais Yoiiliand,
paais Amar en furent quitter pour une
première attaque , qui échoup, et Louis
du Bas-Rbia ne fut même pas in-
quiété.
• La cause de cette préfér^ce est
bien simplet chargé par laConvention,
quoique d'une maniéré indirect^ , de
contre-, balancer le comité de salut pu-
})lic, le comité de sûreté générale ne se
soumit à son ascendant que tagat que la
Convention lui en donna i'cixémpleu
Lorsque la division eut éclaté parmi les
membres du grand comité, et qu'il vit
la Convention disposée à \uf reprendre
les pouvoirs qu'elle lui avait délégués ,
il fit cause commune avec çlle et en-
tretint des intelligences avec, lès ther-
midoriens. Ce gui l'indisposait surtout
contre Robespierre, Saint-Just et Coa-
thon , c'était le bureau de police qu'a-
vait institué le comité de salut public,
et dont les triumvirs avaient accepté
ia direction. Il comprit que le but du
comité de salut public était de le sup-
planter, et il n'épargna rien pour le
diviser. Quand la mésintelligence s'y
fiit introduite, il se rangea du coté
des membres qui formaient la majo-
rité; mais ce n'était pas d'eux qu'il
recevait le mot d'ordre , il allait 1^
chercher sur les bancs de la doiiTen-
tion. Nous n'avons pas besoin 4e dire
que Le Bas n'entrait pour rien dans
ces intrigues , dont il devait être Tune
des victimes ; David y était étranger
aussi ; mais quelle action pouvaient
avoir sur leurs collègues ces deux
hommes, mal soutenus et presque iso-
lés ? Les menées du comité de sûreté
générale contribuèrent pour beaucoup
au succès de la journée dû 9 thernii-
dor;ce fuirent ses membres influents,
Vadier, Amar, Voulland, qui portèrent
le dernier coup à Robespierre , par
une calomnie dont ilf riaient eux-mé-
hfies : ils le dépeignirent comme on
royaliste qui conspirait pour les Bour-
bons , et ils ajoutèrent qu'on avait
trouvé Che2 lui des preuves de sa tra-
hison. Cette impudente fausseté i»e
€OBI
FRANCE.
cent
375
trouva créance que dans les faubourgs
et que pour quelques instants; mais
c'était tout ce que demandaient les
inventeurs. Quand on reconnut qu'ils
avaient menti , il n'était plus temps de
réparer Terreur.
Voici quelle était la composition du
comité de sûreté générale à Fépoqué
du 9 thermidor : Vâdjé^^ Amar, Voul-
land, Jagot, Louis du Bas* Rhin,
David , Le Bas , Moïse Bayle ; Lavi-
comterie, Élie- Lacoste, Dubarran,
Ruhi. Ils se divisaient en trois partis
principaux correspondant aux trois par*
tis qui s'étaient formés dans le comité
dQS9!utpubiic.D'uncôté,yâdier,Àmar,
YouÙand, Jagot et Louis du Bas?
Rhin représentaient le même sys<
tème d'exagération et de terreur que
le triumvirat dont Billaud-Varennes
était le chef; aussi les nommait-on
tantôt les gens révolutionnaires et
tantôt ks aens d'expédition. De l'au*
tre , Davia et Le Bas défendaient les
mêmes idées d'unité gouvernementale
que le triumvirat dirigé par Robes-
pierre ; on les désignait sous les noms
aéc&uteurs ou de gens de la haute
main. Enfin , Moïse Bayle , Lavicom-
terie, Élie-Lacoste , Diibarrau, for-
maient un parti neutre, comme le
triumvirat composé de Garnot, Ro-
bert-Lindet et Prieur de la €ôte-
d'Oir ; on les nommait ^ pour cette
raison , les gens d'eœamen, ou encore
les gens de contre-poids.
Après la chute de Robespierre , les
thermidoriens voulurent entrer dans
le comité de sûreté générale aussi bien
^ue dans le comité de salut public. Le
13 thermidor, ce dernier comité avait
été renouvelé par moitié; le lendemain,
14, la Convention renouvela égale-
ment le comité de sûreté générale.
Bien qu'il n'y eût qu'une place vacante,
par suite de la mort de Le Bas , la
Convention élimina Jagot, David, La-
vicomterie, et, augmentant le nombre
des membres du comité, réduit depuis
quelques mois à douze , nomma pour
en faire partie avec les huit membres
conservés, Bernard de Saintes, Mer-
lin de Thionville , Goupilleau, André
Dumont, Legendre et Jean Debry.
Jean Debry ayant fait accepter sa dé-
mission par l'Assemblée , la Conven-
tion décida que pour cette fois le co-^
mité ne serait composé que de treize
membres.
A partir de cette époque, le comité
de sûreté générale perdit beaucoup de
son ancienne influence. Ne craignant
plus rien du comité de salut public»
ni des autres comités qu'elle avait
à dessein rendus indépenoants I6s uns
des autres, la Convention en revint
à son ancien désir , qui était de gou-
verner par elle-même. Le 15 fructi-
dor , le nombre des membres du co^
mité de sûreté générale fut porté à
seize, et depuis lôrs , tous les mois ,
on renouvela les comités par quart.
Voici comment ses attributions fu-
rent fixées par la loi du 18 fructidor
an II (4 septembre 1794), qui régla dé-
finitivement la réorganisation des co-
mités : « Titre /, art. 3. Le comité de
sûreté générale à la police générale
de la république ; il décerne des man-
dats d'amener ou d'arrêt contre les
citoyens et les remet en liberté ^ ou
les traduit au tribunal révolution-
naire.
« Les délibérations, pour arrêter ou
mettre en liberté , doivent être prises
au moins par cinq de ses memores ;
ses arrêtés , pour traduire au tribunal
révolutionnaire , doivent être pris au
nombre de neuf ag moins.
«4. Lorsqu'il met en arrestation des
fonctionnaires publics, il en prévient,
dans les 24 heures, les comités qui ont
la surveillance sur eux.
« 5. Il a particulièrement et immé-
diatement la police de Paris.
« II requiert la force armée pour
l'exécution de ses arrêtés.
« 6. La trésorerie nationale tient à sa
disposition 300,000 livres pour dé-
penses extraordinaires ou secrètes. »
Une belle mission était réservée au co-
mité, c'était de diriger la mise en liberté
des suspects; mais si, pendant la
terreur, il avait eûcombré les pri-
sons avec une injustice souvent révol-
tante, il ne les désemplit pas avec
beaucoup plus d'équité. Plusieurs de
ses membres ne purent se justifier de
876
COU
L'UNIVERS.
GOM
raecufiation d'avoir fait un traOc de
ces fonctions sacrées.
Tableau des membres de la Corufention na-
. tionale qui out composé le comité' de sûreté
générale,
179a
17 octobre.
Fandiet» Ingnnd.
Bazire. Saladin.
Gonas. Maaset.
GoupiUean de Monuig a Bordas.
Grégoire. Alqaicr.
Lecointe-Pajraveaa. Brlval.
Gossuin. Hérault.
IfanboiumonUat (L.). DoqaesDOj.
Aovère. Leyris.
Delaunay d'Angers. Audouin.
RuaiDps. Laurent de Marseille.
Cbénier. Nioa.
XervélégOD. Chabot.
Couppé. LaTicomterie,
Bréard. Salle.
Suppléants.
Manuel. Pons de Verdun.
Vardon. Thuriot.
Grangenenvet Axéma.
Cavaignae. Bernard.
Cochon. Tallien.
Duprat. Bonnier.
Paganel. Drouet.
Moïse Bayle.
Au aa décembre le comité» par suite des
mutations qui avaient introduit plusieurs
suppléants dans son sein, était ainsi composé :
Membres restants. Membres sortants.
Bazire. Ingrand.
Musset. Buamps.
GonpilIeaudeMontaigu. Audouin.
Maribou'BIontaut (L.;. Tallien.
Rorère. Kenrélégan.
Couppé. Drouet.
Brival. Hérault.
Leyris. Faucbet.
Chabot. Delaunay d'Angers.
Vardon. Grangeneuve.
Cayaignac, Lecointe-PuyraTean.
Dnprat. Lancomterie.
Bernard. Manuel.
Bcnnier. Bordas.
Duquesnoy. Laurent de Marseille.
Suppléants n'ayant remplacé aucun des
membres sortis avant le 22 décembre.
Cochon. Pons de Verdun.
Paganel. Thuriot.
Moise Bayle. Azéina.
Le 'j janvier. La Convention décrète que
le nombre des membres du comité sera dou-
blé , c*est-à-dire porté a soixante. Cepen-
dant le çf janvier elle se borne à élire quinze
membres nouveaux pour remplacer lès q uinze
sortants, et alors le comité est ainsi composé :
Membres anciens. Membres aoweaux.
Bazire. Chambon.
Musset. Depéret.
Goupilleau de Montaign. Qrangenenvet
Manbou-MoBtaut (L.). Chaœpeaaxi
Bovère.
Couppé.
Brival.
Leyris.
Chabot.
Vardon.
Cavaignae.
Duprat.
Bernard.
Bonnier.
Duquesnoy.
Biroteau. ■
Genissieu«
Faucbet.
Andouin.
Delaunar l'atoé.
Bertrand.
Michand.
ViUers.
Jarry.
Leinaréchal.
Gemaire.
Dupont.
Buanlt.
BebecquL
Gorsas.
Zançiacomi.
Bordas.
Estadens.
Jouene-Longchainps.
Suppléants.
Durand-MaiUane.
Blutel.
Kervélégan.
Delahaye.
Ingrand.
Dartigoyte.
Lecointe>PuyraTeau.
** Si à ces quinze suppléants on ajoute la
six suppléants de la liste précédente, on aura
un chinre de cinquante et un membres poor
tout le comité , chiffre qui ne diffère de
celui de soixante que. de neuf seulemeot.
Comme nous ne trouvons aucune trace de
nouvelles nominations , il est à présumer
que la Convention laissa le personnel da
comité dans cet état.
^ 1793.
^n janvier. Le comité est réduit à doute
membres. Les membres élus sont :
Bazire)
Legendre de Paris. '
Lainarqoe.
Bernard de Saintes.
Chabot
Bovère.
Buamps.
Ingrand.
Maribou-Montaut.
Jean Debry.
Tallien.
Duhein.
9 avril. Adjonction de quatre membres
et remplacement de Ruamps et Mariboa*
Montant, envoyés en mission. liCS nouveiax
membres élus sont :
Cayaignac.
Carrier.
Briral.
Leyris.
Lanot.
Maure.
Dartigoyte.
Michand du Doubs.
Bernard de Saintes.
i3 août. Le comité est porté à dix-huit
membres par l'adjonction de deux nou-
veaux membres et de quatre autres poor
remplacer ceux qui avaient été mission. I^
six membres élus sont :
Fay de Sainte>Foi.
Dnpuis de Rhdne-et-UiÎN.
Moïse Bayle.
8 septembre. Des paroles prononcées pv
Maure aux Jacobins dans la séance de ce
jour , il résulte que le comité se ti'ouvait
alors de vinet-quatre. Maure et Drouet es
demandent la réduction à neuf; en effet, k
lendemain, 9 septembre ^^t leur proposi*
tion , la Convention décrète que le comité
sera réorganisé et réduit à neuf membres.
Les membres élus sont:
COJM
FRANCE.
GOM
Wt
Pœia.
LaTieomterie.
Gaffroy.
Chabot.
Alqaier.
Lejeune de l'Indrew
Buire.
Garnier de Saintes.
Jnlien de Toaloose.
Suppléants,
Le Bas.
Gaston.
Moïse Bajie.
Lebon.
Dronet
i3 septembre. Sur la proposition de Dan-
ton, la Gonvention décrète que tous ses co-
mités seront renouvelés intégralement, et
recréés sur des listes présentées par le co-
mité de salut public. En conséquence , le
lendemain , le comité de sûreté générale est
composé ainsi qu*il suit :
Vadier. LaTÎcnmterie.
Panis. Amar.
Le Bas. Rahl.
Boncher St.«SattYeur. Lebon.
David. Yonlland.
GnfTroy. Moïse Bayle.
i4 octobre (aa vendémiaire an ii).
Les mêmes plus :
Laloi. Jagot.
Dabarran. Louis du Bas«Rhin.
Brumaire.
Vadier. Voalland.
Panis. Moïse Bayle.
Le Bas. Laloi.
Dayid. Dubarran.
GufTroy-. Jagot.
LaTieomterie. Louis da Bas-Rhin
Amar. Gantier de Saintes,
Ruhl. Lejeune.
Frimaire,
"Les mêmes membres.
1794.
Du mois de nivôse au mois defloréaL
Vadier. VouUand.
Panis. Moïse Bayle.
\jtt Bas. Laloi.
I>aYid. Dubarran.
OufTroy. Jagot.
J^ricomterie. Louis du Bas-Rhin.
Amar. Élie Lacoste.
Ruhl.
/?« mois de floréal au mois de thermidor»
Vadier. VouUand.
T^ Baa. Moïse Bayle.
David. Dubarran.
J^vicomterie. Jagot.
Amar. Louis du Bas>Rbin.
Ruhl. Élie Lacoste.
14 tliermidor,
deux membres qui
I^egendre de Paris.
Gouptlleau de Fonténay.
3Ierlin de Thionville.
^yuiré Dumont.
Jean Debrj (*).
JSemard de Saintet,
Ajnar.
1.0a î« da Bas- Rhin.
.S
a
>8 P
a
o
a
n'avaient pas été
remplacés précé-
demment \ de Le
Bas, mort le 9 ther-
midor» et de David,
Jagot et La vicomte*
rie , éliminés par
décret du <3 ther*
midor.
Dabama*
Rahl.'
Élie Lacoste.
Vonlland.
Vadier.
Moïse Ba jle.
x5 fructidor.
Bourdon de VOise, Membres sortatUt,
Cohmbel. Élie Lacoste.
MéauUe, VouUand.
CiauteL Vadier.
Mathieu. \ Moise Bayle.
Montmayou*
Lesage~Senaute,
Legendre.
Goupillée u.
Merlin de Thionville.
André Dumont.
Bernard de Saintes.
Amar.
Louis du Bas- Rhin.
Dubarran.
Bulil (*) , pois Levasseur de la Meurthe.
z5 vendémiaire an m.
Laporte. Membres sortants.
Rewbel, Bernard de Saintes.
Henta&oiU, Amar.
Reverchon. I^uis du Bas-Rhin.
Bourdon de l'Oise. Dabarran.
Colombel.
Méaulle.
Glauzel.
Matoien.
Montmavou
Lesage Seoaull.
Legendre.
Goupilleau.
Merlin.
A. Dumont.
Bernard de Saintes.
i5 brumaire.
Membres sortants,
Merlin de Thionville.
André Dumont.
Goupilleau.
Legendre de Paris.
(*} Aussitôt après son élection , Jean De-
Barras.
Laignelot.
Garni er de i'Mube.
Armand de la Meuse,
Lajjorte.
Rewbel.
Bentabolle.
Reverchon.
Bourdon de l'Oise.
Colombel.
Méaulle.
Clauzel.
Mathieu.
Montmayou.
Lesage-Senault.
Levasseur de la Meurthe.
bry offre sa démission à l'Assemblée , qui
l'accepte, et décide que, pour cette fois , le
comité ne sera composé que de treize mem-
bres. Le mois suivant le nombre en fut porté
à seize, et il resta le même jtuquà la fin, ,
(*) Le 16 fructidor, Ruhl donne sa dé-
mission , motivée sur la faiblesse de^a santé.
Il est remplacé par Levasseur de la Meur-
the.
^8
COM
L'UNIVERS,
€Oll
i5 frimaire^
Legendre dt Pari». SorMtt, •
Goupiiieau d» Mont^gu, LeTasseur de ]« Meurthe*
Lomontdu Caifodos. Colombel.
Boudin de i'Indrt, Lesage-S«na(llt.
Barras. C)|aù>lc
Laignelof.
Gamier de l'ÀAbe.
Armand de U Measa,
Laporte.
Rewbel.
BentaboUe.
Reverchon.
BoardoD de l'Oise.
MéauIIe.
Mathieu.
MoDtmayoQ.
Clause
F'ardon»
Roifère.
Guffrox.
Legendre.
Goupiiieau.
Lomunt.
Boudin.
Barras.
Laignelot.
Garnier.
Armand..
Laporte.
Bewbel.
BentaboUe.
Rererchon.
Bourdon de l Oise,
Auguis.
Perrin des Vosges»
Mathieu»
Ciauzel.
Vardoo.
Rovère.
Guffroy.
Legendre.
Goupiiieau.
Ix>mont.
Boudin.
Barras.
Laignelot.
Garnier.
Armp.nd«
Câres.
Pémartin»
Gauthier de l*Ain*
DeUcloy.
Ysabeau.,
Montmajrou,
Auguis.
Ferrin des Vosges.
Mathieu.
Clauçel.
Rovère.
Guffroy.
Legeudm.
Goupiiieau.
Lomont.
Boudin.
1795.
i5 nivôse.
Sortent*
Bourdon de l'Oise.
Montmayon.
Méanlle.
Mathieu.
ib pluviôse.
Membres sériants,
Laporte.
Rewbel.
BentaboUe.
Reverchon.
i5 'ventâse.
Membres sortants,
Laignelot.
Garnier.
Armand.
Barras*
Vardon.
Bourdon de l'Oise.
Ckenier:
Thibaudaw (*).
Courtois.
Sefestte,
Calàs.
Pémartin.
Gauthier de l'Ain.
Del4cloy.
Tsabeau.
Montmayou. *
Auguis.
Perri|i dM Vosges.
Mathieu.
Clauzel.
Rorère.
GttfTroy.
Guyornar,
Pierre .
Kervétégan,
Bergoing,
Cbenier.
Courtois.
Sèves tre.
Gales.
Pémar1;iii.
Gauthier de l'Ain.
belécloy.
Tsabeau.
Montmayou.
Auguis.
Perrin des Vosges.
Mathieu
x5 germinal.
Membres
tmnont.
Boudin.
Cfoupilleau»
Legendre.
i5 fioréaL
Membres sortants,
Clauzel.
Rovère.
Guffroy.
Genevois,
Lomont.
Boeère.
Boudin.
Guyomar.
Picrret.
Kerrélégan,
Bergoing.
Chenier.
Courtois.
Sevestre.
Calés.
Pémartin.
Gauthier de l'Ain.
Delécloy.
Ysabeau.
i5 prtdriaL
Membres sorteatls,
Montmayou.
Auguis,
Perrin des Vosges
Mathieo.
i5 messidor.
Membres sarfwals^
Pémartin.
Gauthier de l'Ain.
Oelpcloy,
Ysabeau.
Calés (").
Delaunay d'Angers
Mariette.
Perrin des Vosges.
Bailly.
Bailleul.
Genevois.
Lomont.
Rovère
Boudin.
Guyomar.
Pierret. .
Kervélégan.
(^) Thibaudeau donna aossitôl
mission.
(**) Envoyé en mission.
4^
J
FRANCE.
COM
tm
Chenjer.
Coartoti.
Scvcstrô*
2 S thùrmidor,
Ctfèi, Mtmkre^ ioHantt,
Pfmartia» Gkenkr. ,
Cauihierdi FJtin. Sevestre.
TstAeûu. Courtois.
Dclaanay d'Angers. Ber^oing.
Mariette*
Ferriii des Vosges.
Bailiy.
G«p4vois«
Lompnt.
Rovére.
Bondio..
Guypipard.
Fîerret.
Kerrélégan,
i5 fructidor,
^fuiroi. Mtmbmi sortants.
Mentmajan G.eqeypii.
Coiombeh Pierret.
Hardy. Kenrélégan.
Mafru, Goyomard.
0alès. Perrin des VosgesK(*)
Pémartio.
Gauthier de l*Ain.
Tsabeaa.
Dekiaosy cPAnçers.
Mariette.
Baîlly.
BaiflenL
Boudin.
Lomont.
Rovère.
i5 'Vendémiaire 9^< iv.
Membres sortants,
Lomont.
Rovèret
Mariette.
Boodin.
Jtoberyot,
Guf0mmvd.
g^ervélégan.
Qui rot.
HoDtmsyoa.
Colombel. *
H^rdy.
Barras.
Pénartin.
Gauthier de l'Ain.
Ysabean.
Dtflaanay d'Angers.
Bailiy.
BaiUeal.
Comités hisxobiques. ^ Las co«
mîtes historiqiies ont été établis eq
vertu de deux arrêtés du ministre dQ
rinstructiop publique (18 juillet 183,4
>t 10 janvier 1836), à Teftet de recber*
;her et de publier tous les documents
nédits relatifs à i'bistoire de France..
W y 9i^ quelque chose de pand et de
rraiment national dans Tidée d'orga-
liser et de placer sous le patronage de
(*) Envoyé «Q misiioD.
là chambre des dépités -et dd pays
toutes oèé publications qnf se faisaient
autrefois sâ&s ensemble et qui, par
cela même qu'elles étaient le résultât
d'efforts particuliers et isolés, ne s'ac-
eompiissajetit qu'àerand'peine et avec
d'innombrables dintcultés* Le but de
la création des comités historiaues a
été de donner à la science, par 1 appui
du fitouvernément , des ressource^
qu'elle n'avait jamais eues jusqu'alors,
et de réunir, 'si l'on peut s'exprimer
ainsi , en un faisceau , les recherches
isolées et les lumières dispersées sur
tous les points de la France. C'est là
ridée qui préoccupait vivement M. tiui-
aot lorsqu'il disait au roi , dans un
rapport : « Le besoin de voir mettre
un terme aux efforts isolés commence
à être si vivement senti, que quelque^
personnes se sont récemment formées
en société pour tenter de concentrer
et de coordonner les recherches de
tous les hommes qui se vouent à des
travaux sur Thistoire de France.
(M. Guizot faisait allusion à la Société
de l'Histoire de France.) J'espère que
cette société n'aura pas fait un vain
appel aux amis de la science ; je m'as-*
socie à ses efforts ; mais je ne puis me
dissimuler que, lors même qu'elle
parviendrait à disposer de ressourcée
plus considérables qu'il n'est permis
de le supposer , son action ne serait
encore que partielle , et ses publica-
tions n'embrasseraient que quelques
séries de monuments. Au gouverne-
ment seul il appartient, selon moi , de
pouvoir accomplir le grand travail
d'une publication générale de tous les
matériaux importants et encore inédits
sur l'histoire de notre patrie. Le gou-
vernement seul possède les ressources
de tout genre qu'exige cette vaste en-
treprise. Je ne parle pas même des
moyens de subvenir aux dépenses
qu'elle doit entraîner; mais comme
gardien et dépositaire de ces legs pré-
cieux des siècles passés , le gouverne-
ment peut enrichir une telle publica-
tion d'une foule d'éclaircissements que
de simples particuliers tenteraient en
vain d'obtenir. » (Rapport au roi, 81
décembre 1838.)
S80
GOM
L'UNIVERS.
vom
Il n*y eat d'abord qu'un seul comité
formé près le ministère de Tinstruc-
tlon publique (18 juillet 1834) ; mais
bientôt (10 janvier 1835) on en créa
un second qui eut ses attributions
distinctes. Le premier avait pour mis-
sion de s'occuper de l'histoire propre-
ment dite, histoire civile, religieuse,
militaire , administrative , et histoire
de nos relations diplomatiques ; le se-
cond était spécialement chargé, comme
disait l'arrêté du ministre , de concou-
rir à la recherche et à la publication
des monuments inédits de la littéra-
ture , de la philosophie , des sciences
et des arts, considérés dans leurs rap-
pK)rts avec l'histoire générale de la
France.
M. Guizot, dès l'instant où il con-
çut le projet de créer ces comités, mit
fa plus grande activité pour mener à
bonne fin son entreprise. Il écrivit plu-
sieurs rapports au roi (31 décembre
1833, 27 novembre 1834, 2 décembre
1835) ; il envoya à tous les préfets une
circulaire relative à l'amélioration des
bibliothèques (novembre 1833), et il
donna des instructions dStailiées aux
diverses sociétés savantes des dépar-
tements et aux correspondants histo-
riques de son ministère (23 juillet
1834, décembre 1834 et mai 1835).
L'organisation des comités ne subit
aucune modification jusqu'au mois de
décembre 1837. Ce fut alors que M. de
Salvandy essaya de multiplier les co-
mités et de porter leur nombre à cinq
pour correspondre aux cinq sections
de rinstitut; mais en 1840, M. Cou-
sin, ministre de Tinstruction publique,
en conservant le comité des beaux-
arts, a réuni en un seul les quatre
comités des sciences , des sciences mo-
rales et politiques, des chartes, chro-
niques et inscriptions, et de l'histoire
de la langue française, et s'est rap-
proché ainsi du plan adopté par M.
Guizot, son prédécesseur.
Lorsque les comités furent institués,
une somme de 120,000 francs fut
ajoutée au budget du ministère de
rinstruction publique , qui prenait les
travaux sous sa direction , et qui de-
vait répartir les fonds alloués par les
chambres entre toutes les persooMi
employées à la publication des doca*
ments inédits, rimprimerie et un bo-
reau spécialement attaché aux comité
Plus tard^ les chambres augmentè-
rent l'allocation, et la somme affectée
aux travaux historiques est portée ao*
jourd'hui à 150,000 francs.
Nous devons énumérer, en finissant,
les divers ouvrages qui ont été puUià
jusqu'à présent par les comités : Né-
godations relatives à la succatian
dP Espagne y 1835, 2 vol. , par M. Mi-
gnet ; Mémoires militaires relayé
la guerre de la succession d'Espam
1835-1838, 3 vol. , par M. le géoéni
Pelet; le Journal de Jehan Maué»
sur les états tenus sous le rèmà
roi Charles FUI, 1835, 1 vol., par
M. Bernier ; Le sic et non d^Abfàr
lardy 1836, 1 vol. , par M. Goasin;
Procèsrverbauxdes séances duconsd
de régence du roi Charles nil, p»
M. A. Bernier, 1836 ; Pièces relè-
ves à la pille de Reims , 1839-1849,
3 vol., par M. Varin ; Chronique sf
la guerre des Albigeois y 1837, 1 toI-i
par M. Fauriel ; Correspondance étt
ambassadeurs vénitiens envoyés à b
cour de France y 1838, 2 vol., pw
M. Thomaseo ; Chronique de Bem
de Sainte -More y 1837, 2 vol.,ptf
M. F. Michel; Chronique de Ber-
trand du GuescUn, 1839, 2 vol.,p*
M. Charrière; Chronique du religiàs
de Saint-Denis, 1839-1840, 2 »oIm
par M. Bellaguet; les Olimy reqis^
du Parlement y 1839, 1 vol., P
M.Beugnot; Cartidairesdela FraMff
1840, 3 vol. , par M. Guérard; leïM
des métiers d^ Etienne Boileau, lllj»
1 vol. , par M. Depping ; Lettres es
rois , reines , etc. , de France, <&•>
1839, 1 vol., par M. ChampolBoi-
Figeac ; Correspondance -de Souf^i
archevêque de Bordeaux, 1839,'
vol. , par M. Eug. Sue ; la TaiileJ
Paris sous le roi Philippe le *li
1837, 1 vol., par M. Géraud; ^
menés de paléographie , 1838 , 3 w»
in-fol., par M. Natalis de Wailly.
D'autres ouvrages qui concer»»
non - seulement l'histoire politi(j*i
mais encore l'histoire littéraire et Irt
COM
FRAIS CE*
€0M
381
sont commencés. Ils continueront di-
gnement , par leur importance , la sé-
rie des travaux achevés, et ils servi-
ront à rendre plus évidente , de jour
en jour, Futilité de la création des co-
mités historiques.
GoMM, roi des Atrébates, avait été
imposé à cette nation par la [)olitique
des Romains (64 av. J. G.), ainsi que
Gavarin Tavait été au^ Gênons, Tasget
aux Garnutes , et Gingétorix aux Tré-
vires. Cependant la tyrannie du pro-
consul Labiénus ayant soulevé contre
lui tout ce qui conservait un cœur
généreux , .Gomm , depuis longtemps
tourmenté par ses remords, et dans
le fond sincèrement attaché à son
pays , rompit avec rétranger , et tra-
vailla avec ardeur à Tœuvre de Tin-
dépendancce. Labiénus, inquiet de
cette défection , résolut d'en prévenir
les suites en faisant assassiner le chef
gaulois. II lui envoya un lieutenant
avec quelques centurions dévoués, et
quand on fut en présence, un des
Romains le frappa a la tête d'un vio-
lent coup d'épee qui le fît tomber de
cheval, baigne dans son sang.
Comm eut de la peine à se rétablir;
mais il jura cependant « qu'il ne se
ce retrouverait jamais face à face avec
« un Romain que sur le champ de ba-
« taille. » Gette occasion tant désirée
ne tarda pas à s'offrir. Sous les murs
d'Alesia, ce fut lui qui commanda
l'infanterie gauloise. Quand, après les
désastres de ce siège , une nouvelle
ligue se forma, son nom figura encore
parmi les chefs les plus dévoués à leur
patrie. Ge fut lui qui alla enrôler, au
delà du Rhin, 500 hommes de cavalerie
germaine. Mais la défaite des Bello-
iraques et la mort de leur chef Gorrée
lyant porté un coup fatal à la cause
gauloise, les vaincus demandèrent à
grands cris qu'on envoyât des députés
st des otages à Gésar. « A ces seuls
nots , Comm monta à cheval , sortit
lu camp, et sous l'escorte des cavaliers
p'il avait amenés d'outre-Rhin, de
orét en forêt , il parvint à gagner la
xapmanie , reniant une patrie qui se
ésignait déjà à servir , et allant en
liercher une 9utre où du moins ses
yeux ne rencontreraient pas un Ro-
main (*). » Mais fl ne put se résigner
longtemps à l'exil, et revint au milieu
de ses sujets, qu'il chercha de nouveau
à soulever contre l'étranger. Gette fois
ils étaient résignés à la servitude , et
ils le bannirent même de la cité. Il se
réfugia alors dans les bois avec une
poignée de braves , et fit aux légions
une guerre de partisan qui les gêna
beaucoup. Traqué avec acharnement
par G. Yolusénus Quadratus, le même
qui autrefois s'était chargé de le faire
assassiner, il employa tour à tour,
λour échapper au danger, les armes et
a ruse. Un jour enlin qu'après une
action fort vive , il se retirait avec les
siens , il aperçut Yolusénus qui le sui-
vait de près. Tourner bride , s'élancer
sur lui et le frapper mortellement de
sa lance, fut l'affaire d'un moment.
Alors , soit qu'il lui suffît de s'être
vengé de son assassin , soit qu'il vît sa
position désespérée , il envoya propo-
ser sa soumission au questeur, et elle
fut acceptée à des conditions honora-
bles. Mais Gomm, fidèle à son serment,
n'avait voulu traiter que par truche-
ment. Puisqu'il avait déposé les armes,
il ne devait plus se trouver face à
face avec un Romain,
Dès lors la Gaule fut irrévocable-
ment et complètement soumise au joug
de la république.
GOMMANDANT SUPERIEUB, officicr
général chargé , en temps de guerre ,
de la défense d'une ville fortifiée , du
commandement des troupes composant
la garnison, et de la haute surveillance
des établissements militaires et des
divers services administratifs. Les
pouvoirs de cet officier, auquel le conà-
mandant de la place est subordonné,
sont quelquefois illimités, et ont alors
quelque analogie avec ceux des gou-
verneurs.
Le titre de commandant supérieur,
qui avait disparu depuis 1814 de notre
nomenclature militaire, fut employé
de nouveau en 1831 , époque où on le
donna à des officiers généraux chargés
(*) Am. Thierry, Histoire des Gaulois ^
L m , p. ai4*
L'UNIVERS.
GOH
du commandânent de quelques-unes
de nos places frontières. On désigne
aussi quelaiiefois sous ce nom le dom-
mandant d an diâteau ou d*ilne maison
royale.
GomcARDÀHT DIS nJiGB, officîer
auquel sont coniiées la conBervation, la
garde et la défense d'une Tille forti-
fiée, d'un poste niiilitaire, d'uii fort ou
d'une citadelle. Les lieutenants de roi,
qui remplissaient ces fonctions avant
nsi, furent Supprimés à cette époque,
et remplacés par des officiers de même
grade , auxquels on donna d'abord le
nom de commandants temporaires y
puis, en 1794, celui de commandants
d^armes. L'administration des places
de guerre reçut alors une nouvelle
organisation , et les nouveaux titulai-
res , dont le nombre fut fixé à cent
rquarante-sept , dont neuf de première
classe , dix-huit de seconde, trente-six
de troisième, et quatre-vingt-quatre de
quatrième, eurent sous leurs ordres
des majors de place , des adjudants de
place divisés en deux classes (capitai-
nes et lieutenants), des secrétaires de
place et des portiers-consignes.
Le titre de eoïnmandant de place
ayant succédé, le 16 avril 1800, à ce-
lui de commandant d'armes , on ne
désigna plus s6us cette dernière déno-
mination que les officiers auxquels
était confié le commandement d'un
quartier général ou d'une place enne-
mie momentanément occupée.
Les ministres de la restauration,
jaloux de faire revivre les anciennes
institutions, rétablirent, en 1814, le
titre de lieutenant de roi ^ auquel on
renonça cependant en 1829 , pour re*
venir à celm ée commandant déplace.
On fit alors un nouveau daSsement
des places de guerre, dont les comman-
dants ne formèrent plus que troi^
classes : la première, composée de co-
lonels; la se(Conde, de lieutenants-co-
lonels, de chefs de bataillon ou d'esca-
dron ; et de majors ; et la troisième ,
de capitaines.
Les devoirs du commandant de
place sont très-étendus. En temps de
Î^aix, il dirige la police des troupes de
a garnison, et veille à la conservation
et
des fortifications et des établlssem
militaires qui dépendent de son
mandement. £n temps de gaerrèj
doit défendre jusqu'à la dernière e
mité là place qui lui est co;
(Voyez C^PiTULÂTioif.)
Les emplois des eomma
des officiers de rétat-matjor dei
de guerre sont donnés obmme
à d'anciens militaires que leur
leurs infirmités rendent im{iro|
service de l'armée active,
peuvent encore utiliser, dans
sition plus tranquille, leur ex
et leurs talents.
D'après l'annuaire de 1840
sonnel des états-ihajors des
compose de 23 commandants
rarère classe, ST dé seconde
troisième; 12 majors; 2d
dants de postée, forts ou
108 adjudants , 6 aumôniers
crétaires , formant ensemble
de 310 oilSciers. On compte
10 officiers de toqs grades
comme auxiliaires, à l^^uite
majors des places. Nos pdé
l'Algérie sont comprises dapr
luations. (Voyez LiBttis
BOI.)
' COMMÀNDSHIE Ct COMH
Voyez Maltb (ordre de) et
MILITAIHBS.
CoifHAHrN, ancienne ba
Bourgogne, aujourd'hui d
de la Côte-^'Or, à 24 kilo
Dijon , érigée en comté en 1
GoMHSNBE. — Pris dans iMtiW
primitif, ce mot ne signifiaiiSjMit
chose que le dépôt d'un bédé^MH
les marns de celui qui; ne pooilA^
noriiquement lé posséder, n'eâ'iHjl
que 1 administration pendant qu'flfcjj
en vacance, à la charge de fvf
compte des fruits à celi^i qui î^f^
pourvu plus tard. La commends W
alors limitée au temps pendant IcfV
le bénéfice pouvait rester sans v
laire. Mais comme- ce temps dt^
cance profitait au commendatwwt
qui prenait rarement le sbtn ds MW
\
cou
IiTlANCE-
COM
983
permettaient les prescriptions ecclé-
siastiques, et que, dans la suite, il
parvint même à se faire maintenir dans
ses fonctions, nonobstant la nomina-
tion d*un bénéficier, et à s'attribuer
pour son droit d'administration une
forte partie des revenus. C'est ainsi
que naquirent les commendes perpé-
tuelles.
Les commendes étaient données au
commencement dans l'intérêt de TÉ-
fflise, et à des hommes engagés dans
les ordres sacrés, et ceiix qui en étaient
pourvus ne pouvaient cumuler les
fonctioûs eonlésiastiques avec le gou-
vernement flcin monastère. Mais cet
arràngem^^fut troublé par la suite,
s du clergé séculier, de-
endataires , prétendirent
avantages dont ils jouis-
c leur premier titre , et réunir
r une seule tête de doubles
atives et de doubles revenus,
prétentions réussirent. Alors les
es, voyant que l'on pouvait pos-
une commende sans appartenir
^ gé régulier, pensèrent qu'on
aussi bien en jouir sans ap-
dergé. Ils les briguèrent,
ent à la faiblesse des rois,
de la première race, on
, des paroisses , des mo-
^nir la proie des officiers
roi et des hommes de
enaient abbés sans être
trouvaient dans le re-
s une solde et des
venus.
sai
n
de'
g«
tno
ven ^^
appol^Bieni
Ch
en ret
des mi
rendre
reparut
souvent
Cependant
à trouver fo
it fin à ce désordre
mendes des mains
s laïques , pour les
te^^Sglise; mais l'abus
de son règne, et
de ses successeurs,
ines ne tardèrent pas
lourd le joug d'un com-
tuendataîre, qui leur faisait observer
les règles de leur ordre d'une manière
beaucoup plus rigoureuse quMls ne
l*aaraient fait sans lui. Ils crièrent
donc fort contre les commendes lai-
mies: mais on ne les écouta pas. Il
était en effet fort indifférent qu'un
moine guerrier ou libeirtin laissât ses
confrères dans l'indigence, tandis qu'il
entretenait à leurs dépens ses soldats ,
ses chiens, ses oiseaux et ses maî-
tresses, ou qu'un séculier le fit avec
moins de scandale et peut-être plus de
profit pour l'État. Aussi les commendes
talques un moment proscrites furent-
elles bientôt rétablies, et se maintinrent
nonobstant toute opposition. Les évê-
ques même, en considération du pres-
sant besoin qu'en avait le roi , approu-
vèrent la distribution que Charles le
Chauve faisait à âes fidèles des monas-
tères qui étaient à sa disposition. Ils
exigèrent seulement qu'il rat pourvu à
l'entretien des lieux saints ainsi qu'à
la subsistance des religieux, et char-
gèrent le roi lui-même d'y veiller.
Cette indulgence, si toutefois c'en
était une, fut le signal d'un déborde-
ment général , et toutes les digues que
Charlemagne avait un moment oppo-
sées à l'avidité des séculiers furent
rompues. Le roi s'attribua des abbayes,
en donna à ses fils , à la reine , à' ses
filles, et il n'y eut point de comte qui
ne s'en fît concéder. Tous les vassaux
un peu puissants en exigèrent, et mi-
rent leurs services à ce prix. Bientôt
ces commendataires regardèrent les
bénéfices dont ils étaient pourvus
comme des biens propres,/ et ils se
mirent à en disposer par ventes,
échanges, partages , etc. , laissant sans
scrupule les lieux saints dans un hon-
teux état de nudité, les bâtiments en
ruine et les moines dans la misère.
Cet état de choses fit repentir les
évêques de leur condescenaance. Ils
déclamèrent vivement contre les dila-
pidateurs des biens des églises, lei$
frappèrent même d'excommunication;
mais tout fut inutile, et l'abus des
commendes alla toujours en augmen-
tant.
Cet abus menaçait , sous la troisième
race , les églises et les monastères d'une
ruine complète. On crut avoir trouvé
le remède qu'on avait inutilement
cherché dans les siècles précédents , e|
On retira les commendes aux laïques
pouir les restituer aux clercs. Alors
prit naissance un désordrç aussi grand
et plus scandaleux encore que le pre«
384
€Ofil
L'UNIVERS.
GOM
inîer. Les rois et les seigneurs firent
tonsurer ceux de leurs enfants Qu'ils
voulurent enrichir sans appauvrir leurs
domaines, et leur firent donner des
commendes opulentes. Les membres
du corps épiscopal se firent investir de
riches bénéfices. Des abbés possédant
le titre d*un monastère s'attribuèrent
la commende de plusieurs autres.
Enfin la corruption et le luxe du clergé
dépassèrent bientôt toutes les bornes;
on vit les gens d'église mener la vie
des seigneurs les |)lus fastueux et les
plus dissolus, avoir comme eux des
tables somptueuses, des équipages de
chasse, et; des gynécées peuplés de
femmes de mauvaise vie.
De siècle en siècle , les conciles ajou-
tèrent inutilement sur cette matière
des prescriptions nouvelles aux pres-
criptions anciennes. Vainement plu-
sieurs papes révoquèrent les commen-
des que leurs prédécesseurs avaient
accordées, et même celles qu'ils avaient
accordées eux-mêmes ; vainement la
suppression de cet abus fut demandée
à Louis XI , par les états tenus à Tours
en 1483; vainement le concordat de
Léon X et de François P*^ les frappa
indirectement de prohibition , leur
nombre alla toujours en augmentant,
et le contîile de Trente n'osant atta-
quer de front un état de choses que
tant d'hommes puissants avaient in-
térêt à maintenir, lui accorda l'autorité
de la chose jugée, se bornant à ex-
primer le vœu qu'en matière de béné-
fices on rétablît l'ancienne discipline
de l'Église.
II semblerait qu'après ces différen-
tes tentatives on devait se tenir
pour battu. Cependant les succes-
seurs du roi chevalier cherchèrent
aussi à mettre des bornes à l'abus des
commendes, abus qui fournissait au
luxe des prélats tant de moyens de se
satisfaire , et aux réformés tant d'ar-
guments contre l'Église dont ils se
séparaient. Henri II , en 1556 , déclara
les commendes abusives, ordonna en
conséquence que les revenus des béné-
fices tenus de cette manière seraient
appliqués aux besoins de l'Église et aux
ji^cessités des pauvres, et que tous les
bénéfices seraient conférés en titre.
Cette même suppression fut reDOuvelée
par Charles IX en 1571 ; mais Henri m
en revint à l'usage anciennement éta-
bli de donner des monastères et même
des évéchés aux courtisans et aux
hommes de guerre. « En 1574, ditl'au-
« teur du journal de VÉtoUe, an eapi-
« taîne dauphinois nommé le Gas, qui
« avoit suivi le roi en Pologne, etàqui
« Sa Majesté avoit donné, pour récom-
« pense de ses services , les éveschezde
« Grenoble et d'Amiens , vacants par la
« mort de l'amiral de Crequy, vendit à
« une garce de la cour l'évesché d'A-
« miens , qui dès longtemps avoit ie
«bouquet sur l'oreille, la somme de
« trente mille livres, ayant vendu ao-
« paravant l'évesché de Grenoble qua-
« rante mille livres au fils du seigneur
« d'Avanson. » Nous n'avons pas be-
soin d'ajouter qu'il ne vendit ainsi que
la commende de ces deux évêdes;
l'administration spirituelle des diocèses
ne lui avait pas été donnée. Plus tard,
aux états de Blois, tenus en 1579,
Henri III, sans se dépouiller delafe*
culte de disposer des bénéfices, b
restreignit en ce qui concernait les
bénéfices réguliers, auxquels il proiwt
de ne nommer à l'avenir que des rdi-
deux. La suppression des commendes
fut encore arrêtée par Louis XIU»'
l'assemblée des notables tenue à Rouen
en 1617. Cependant, malgré tant d'or-
donnances et de règlements qui seiB*
blaient devoir les frapper de mort, te
commendes se perpétuèrent jusqu'à la
révolution , qui les abolit enfin, ^
appliquant les biens des éslisesetiks.
monastères aux besoins de l'État, ea
supprimant les vœux religieux, et eo
chargeant la nation de la subsista«%
des membres du clergé séculier, quiuit
seul reconnu.
Commensal, titre que l'on donnait
autrefois aux officiers et aux doniesfr
ques de la maison du roi et des maison
royales, c'est-à-dire, des maisons»
prmces du sang qui avaient ce ^
nommait une maison en titre d'(A^
Ce titre n'appartenait cependant pj
indistinctement à tous les officiers d
domestiques de ces maisons; il oeM
J
COM
FRANCE.
COM
385
donnait qu'à ceux qui , servant près de
la personne des rois ou des princes,
avaient bouche et livrée en cour, et
étaient inscrits sur l'état de la maison
du roi enregistré en la cour des aides.
On distinguait trois ordres de com-
mensaux. Le premier comprenait les
officiers de la couronne , les chefs d'of-
fice, ceux qui formaient le conseil du
roi , tous ceux enfin qui , à cause de la
dignité de leurs offices , avaient le titre
et rétat de chevalier, et étaient nobles
d'une noblesse transmissibie à leur
postérité. Tels étaient le grand maître
de la maison du roi , le grand cham-
bellan, le grand maître de la garde-robe,
le grand ecuyer, le grand échanson , le
grand veneur, le grand fauconnier, le
grand louvetier et les autres grands
officiers. Le second ordre de commen-
saux se composait des maîtres d'hôtel ,
des gentilshommes servants, des offi-
ciers de la vénerie, de la fauconnerie,
de la louveterie, des écuyers, des ma-
réchaux des logis, des fourriers, des
gardes de la porte , des valets de cham-
bre, huissiers, portemanteaux, valets
de la garde-robe , contrôleurs , hérauts
d'armes, gardes delà manche et autres
officiers de seconde classe. Dans le
troisième ordre, on comptait tous les
bas officiers et domestiques dont les
offices étaient depuis l'origine remplis
par des roturiers.
Plusieurs ordonnances du seizième
siècle accordèrent successivement la
commensalité de la maison du roi au
grand prévôt de l'hôtel, à ses lieute-
nants, à ses greffiers, gardes et ar-
chers, aux officiers du grand conseil.
Les avocats aux conseils du roi étaient
réputés commensaux. Plusieurs sujets,
sans être officiers et domestiques de la
maison du roi ou des maisons royales,
participèrent aux privilèges, exemp-
tions et franchises des commensaux,
en vertu des charges et offices dont ils
étaient pourvus. Enfin plusieurs ecclé-
siastiques et bénéficiers, sans être ex-
pressément tenus à un service auprès
de la personne du roi , de la reine, des
enfants de France ou des princes,
jouissaient des mêmes avantages ; tels
étaient, entre autres, les chanoines de
la Sainte-Chapelle de Paris et de quelr
ques autres chapitres.
Les privilèges des commensaux con-
sistaient principalement en exemptions
des charges publiques. Les plus anciens
actes où il en soit guestion remontent
au quatorzième siècle. Ce sont un
commandement par lequel Philippe le
Long fit rendre, le 10 janvier 1317, à
trois de ses officiers, des droits de
Séage sur eux indûment perçus pour
es denrées destinées à leur consom-
mation, et un arrêt du parlement, de
1318, portant la même exemption en
faveur des commensaux.
Outre ces privilèges utiles, les com-
mensaux en possédaient aussi d'hono-
rifiques, tels que celui de prendre le
titre d'écuyer, d'occuper certaines pla-
ces dans les processions et les cérémo-
nies, etc. Les commensaux ecclésias-
tiques, indépendamment des privilèges
qui leur étaient communs avec tous les
autres'officiers et domestiques du roi,
étaient dispensés de la résidence , per-
cevaient les fruits de leurs prébendes
pendant le temps de leur service à la
cour, étaient exempts des décimes pour
raison des bénéfices qu'ils possédaient.
Les commensaux gue la vieillesse ou
leurs infirmités obligeaient de renoncer
à leur service, obtenaient du prince
des lettres de vétérance, en vertu des-
quelles ils continuaient à jouir des pri-
vilèges et exemptions attachés à la
commensalité.
CoMM£BGE.~La fondation de Mar-
seille par les Phocéens , 600 ans avant
Jésus -Christ, et plus tard, l'établis-
sement des Romains 'dans ce qu'ils
appelèrent la province romaine , en
donnant aux Gaulois du Midi la con-
naissance et le goût des productions
étrangères que les premiers appor-
taient sur leurs navires , et que les s^
conds tiraient, pour leur consomma-
tion , de l'Italie et de la Grèce , four-
nirent , entre les denrées exotiques et
les produits indigènes , l'occasion d'é-
changes variés et fréquents. De là
naquit dans les pays qui s'étendent
des Alpes , de la Méditerranée et des
Pyrénées jusqu'à la Loire, un com-
merce qui dut être lucratif, si on en
T. V. 25* Livraison. (Dict. KNfcvcLOP., etc.)
25
«66
WM
L'UNIVERS.
€0M
juge par l'éUil florissant dans lequel
César trouva les villes de ces contrées
lorsqu'il entreprit de soumettre la
Gaule à la domination des Romains.
Quant aux Gaulois enfermés entre
le Rhin , la Manche et le grand Océan,
de nombreux passages d'auteurs grecs
et latins nous apprennent que dans les
mêmes temps où Tyr et Cartbage s'é-
levaient par le commerce à un haut
degré de richesse et de puissance po-
litioue , ils se confiaient avec intrépi-
dité, sans guide ^ sans boussole, à
des barc|i}es fragiles pour aller dans les
lies Britanniques , et jusque dans les
Orcades , recevoir du plomb , de Té-
tain, des pelleteries, des esclaves et
des chiens de chasse , contre la poterie
commune, les ouvrages de cuivre pu
de fer , et les vins d'Italie qu'ils y por-
taient avec grand bénéfice. Vannes,
alors capitale de l'Armoriqûe, était le
centre ae ce commerce. C'était dans
le port de cette ville que les négociants
gaulois déchargeaient ce qu'ils appor-
taient de ces fies , pour transporter
par terre ou par eau à Narbonne ou
Marseille , et livrer aux marchands de
Grèce ou d'Italie ce dont ils n'avaient
pas trouvé le placement dans leur pays.
Si quelque chose pouvait compenser
pour les peuples la perte de leur indé-
pendance et de leur nationalité , on se-
rait en droit de dire que la domina-
tion romaine fut un bienfait pour la
Gaule. En effet , elle y porta la civili-
sation du vieu]^ monde et y donna une
)uissante impulsion au commerce qui,
ui-méme , aida puissamment à l'éta-
)lissement du christianisme. Si plu-
sieurs cantons de la Belgique persé-
vérèrent dans l'usage adopté oepuis
longtemps chez eux , de repousser les
productions étrangères, les Gaulois du
Centre et du Midi ne firent aucune dif-
ficulté de les accueillir et de s'associer,
pour se les procurer, avec les publi-
cains et les chevaliers romains qui ve-
naient trafiquer à ?ïarbonne et dans
les quartiers riverains du Rhône et de
la Saône. Comme ils possédaient l'art
de travailler les métaux, et recueil-
laient des paillettes d'or dans le sable
de plusieurs de leurs rivières , leur pa-
tience jointe à leur industrie leur foui:
nit des objets à donner contre cm
qu'on leur apportait , et un échange
eontinuel de productions naturelles et
de produits tabriqués s'opéra bientôt
de ville à ville , de province à provlDce
et de pays à pays. Lor^ue ces res-
sources devinrent insuffisantes, on
défricha les terres , on déboisa les co-
teaux , on fouilla les mines, en même
temps que l'on curait les rivières, que
1 on creusait des canaux , et qu'on ou-
vrait des routes. Grâce au commeree,
le sol se couvrit de moissons , les ri-
chesses sortirent de la terre, les hom-
mes et les marchandises circulèreot
du nord aq midi, de l'es^ à l'ouest,*
tout prit dpns la Gaule un ait de^
et de prospérité. ^ .
Bientôt on vit se manifester Te^
d'association. Dès le rè^ne deTibat,
soixante ans au plus après la conm
il existait à Paris upe compagnie de
négociants par eau , appelés rmUS)
nautœ parisiaci^ dont les bateaux cou-
vraient la Seine, tant en mxm
qu'en descendant. Bientôt toutes »
rivières navigables, telles que le Rbo«i
la Saône, la Durance, la GaroDDe>
l'Yonne , . la Loire , la Marne , cte*?
eurent des compagnies semblabl<sj
celle qui exploitait la Seine; et les w
que côtoyaient ces rivières se pcB|r
rent d'actifs négociants qui les ean-
ehirent en s'enrichissant eux-ineffl«-
Dès ce moment, les nautes furent 9N^
mis à une organisatioa particuliètt»
divisés en ditiérents corps investis*
beaux privilèges, parmi lesquels dobi
ne citerons que l'exemption de la 11*
telle et de la curatelle, charge alo0
fort onéreuses, la défense deNtfJ;
même pour dettes, leurs marchai»'
ses, lorsqu'elles étaient exposées J|
vente sqr les marchés « ^ la facnllp
faire juger les différend^ qui i^
vaient entre eux pour f^it^ de (f^
nierce , par des arbitras de leur m<
et, à défaut, par les juges ordisaU^
des lieux où ils se trouvaient.
Pour prix des avantages qui i^
étaient accordés , ainsi que poor F^*
tretien des rivières , canaux, rouM^
ponts qu'ils paicooraienl » les W"
COJH
FRANGE.
GOM
â87
ciânts payaient au fisc, sur les mar-
chandises qu'ils introduisaieut dans la
Gaule, un droit de douane à la fron-
tière, et un droit d'octroi à la porte
des villes où ils se proposaient de les
vendre; ces droits variaient en raison
de la nature des objets importés. Lés
denrées de première nécessité n'étaient
que légèrement taxées , et celles de
luxe l'étaient davantage. Ainsi, les
productions de l'Inde et de l'Arabie ,
telles que la cannelle , la myrrhe , le
poivre, le gingembre et autres aro-
mates , les pierres précieuses , les t)er-
les , les peaux de Perse et de Baby-
lone , les soies écrues et ouvragées ,
l'ivoire, Tébène, les eunuques payaient
un droit éi]uiva}ent à cent fois leur
valeur intrinsèque. La sortie des pro-
duits du sol , et des marchandises fa-
briquées dans la Gaule , était affran-
chie de tout droit ^ à la condition que
l'exportation ne s'en ferait qu'à des
nations amies de l'empiré, et que les
marchandises exportées ne seraient
point dé celles qu'il était défendu de
vendre aux étrangers , comme les ar*
mes, l'or en lingot ou fabriqué en
monnaie, les pierres à aiguiser, les
esclaves possédant certains talents, etc.
Tel était le régime sous lequel fut ,
Sendant un temps , placé le commeroè
es Gaulois ; mais cet état de choses
ne dura pas; l'avidité fiscale trouva
bientôt ûeû prétextes et des moyens
pour le charger d'une multitude de
taxes arbitraires dont nous parierons
plus bas. Les invasions des barbares ,
pendant le quatrième et le cinquième
$iècle, portèrent aussi de funestes atr
teintes au commerce des Gaulois ; mais
guand les bandes germaniques se furent
irrévocablement fixées dans les con-
trées dont elles avaient fait la con-
quête , leurs chfefs comprirent à leur
tour l'avantage du commerce et ils
couvrirent de leur protection les hom-
mes industrieux qui ne demandaient
qu'à leur procurer en abondance les
objets de leur convoitise, qu'ils étaient
venus chercher de si loin. On trouvé
dans les lois des Yisigotfas, des Boar-
guignons, des Fraoos Saliens, des
Francs Ripu^res, plusieurs articles
ayant pour but de favoriser les entre-
prises commerciales et ceux qui s'y li-
vraient. Le commerce était devenu si
nécessaire, qu'il se releva, malgré
le nombre des nations toujours en
guerre qui couvraient alors la Gaule.
Arles prit rang parmi les cités les plus
opulentes du pays. Narbonne , sa ri-
vale , vit abonder dans son marché les
tributs de l'Espagne , de la Sicile , de
l'Afrique et de l'Orient. Bordeaux,
si heureusement bâtie sur un grand
fleuve , s'enrichit promptement , en
joignant à l'importation de la poix , du
Sapyrus , etc. , l'exportation des cires,
es suifs , auxquels ses marchands sa-
vaient donner une grande blancheur,
et surtout des vins dont le commerce
était devenu très-actif, depuis que
Probus avait permis aux Gaulois de
replanter les vignes que leur avait fait
arracher Dortiltien. lîe Nord et l*Ouest
ne prospéraient pas moins ; Trêves ri-
valisait avec Narbonne; Aleth avait
acquis une grande puissanpe par le
nombre de ses habitants, l'audace de
ses marins, et l'étendue de ses rela-
tions commerciales. Grâce à l'activité
qui régna pendant cette période , l'a-
griculture , cette source première de
toute pi'osf^érité commerciale , oonti-
liua de- faire des progrès. La terre se
couvrit d'oliviers, d'orangers et de ci-
tronniers au midi , de plantes ligneuses
et oléagineuses au nord , et de céréales
partout. Les rives de la Loire furent
l)lantées de ces vignobles célèbres çui
firent de l'Orléanais et de la Tourame
des contrées opulentes et fournirent
matière à ces expéditions qui firent
de Nantes une ville de premier ordre.
Les choses en étaient à ce point
lorsque deux grands événements vin-
rent accélérer la marche du progrès.
Le premier fut l'importation en Eu-
rope de l'insecte précieux qui produit
la soie. Ces riches tissus dont Justi-
nien avait cru devoir défendre l'u-
sage aux particuliers , parce qu'ils se
vendaient au poids de 1 or , devinrent
alors accessibles aux fortunes de se-
conde classe, et fournnrent de noui
veaux aliments aux spéculations des
navigateurs et des marchands. Le se»
2ô.
388
COM
L'UNIVERS.
COM
cond de ces événements fut Texpulsioii
des Goths des provinces qu'ils possé-
daient dans le Midi , expulsion suivie
peu de temps après de la réunion de
Marseille à la monarchie des Francs ,
qui rendit celle-ci maîtresse du com-
merce de la Méditerranée et ouvrit à
ses négociants la Grèce, l'Asie Mi-
neure, l'Éçypte, la Syrie, et tout l'O-
rient. Les juifs , dans tous les temps
si prompts à accourir partout où il y
a du profit à faire , ne manquèrent pas
d'entrer avec ardeur dans les voies
commerciales ouvertes à leur patiente
et laborieuse activité. Ils en furent
exclus. Alors ils se réfugièrent dans
la banque, ou plutôt dans l'usure cju'ils
exercèrent avec colère, puis rentrèrent
dans le commerce pour en être bien
des fois expulsés encore et y revenir
toujours.
Il fallait qu'en ces temps-là les bé-
néfices commerciaux fussent consi-
dérables , car les négociants payaient
cher la protection et les encourage-
ments qu'ils recevaient de l'autorité.
Aux droits de douane et d'octroi,
dont nous avons parlé plus haut,
la fiscalité romaine avait depuis , et
d'année en année, ajouté une mul-
titude d'impositions qui, toutes réu-
nies, formaient un total effrayant.
Pour ne parler que des marchandises
amenées par eau, un bateau qui mouil-
lait dans un port devait payer un droit
d'entrée, un droit de salut et de bien-
venue, un droit de pont , s'ily:en avait
un , ce qui arrivait presque toujours ,
un droit d'ancrage s il séjournait , un
droit pour obtenir la permission de
décharger les marchandises, le loyer
de l'emplacement que la cargaison oc-
cupait a terre, enhn, cinq ou six au-
tres droits sous des noms divers. Tel
fut l'état de choses que les rois francs
trouvèrent institué dans la Gaule à
leur arrivée , qu'ils y maintinrent et
gui y subsista jusqu'au moyen âge.
On sentait bien que cette multipli-
cité de taxes était très-préjudiciable
au commerce, mais on ne pouvait pas
Tabolir, parce qu'elle était profitable
aux chefs de second et de troisième or-
dre, et formait une partie essentielle
du revenui des terres qui leur étaient
échues lors du partage de la conquête.
Dagobert I**", n'osant entreprenore de
dépouiller les descendants des vieui
compagnons de ses ancêtres, imagina
de créer .aux marchands des lieux de
franchise où ils s'assembleraient pour
vendre, pendant un temps fixé, les ob-
jets dont ils faisaient commerce, sans
avoir à payer des droits qui en aug-
mentaient si considérablement le prix.
Telle est l'origine des foires, La pre-
mière fut celle de Saint-Denis, près
de Paris, dite du LandiUlAS commer-
Sants qui y conduisaient leurs marchao-
ises étaient tenus de se rendre en un
lieu marqué, hors des limites dufud'
cessait la franchise. Là, ils étaient
exempts de quatorze droits anciens,,
que la charte de fondation réduisit à
un petit nombre de redevances modé-
rées et supportables, au profit de l'ab-
baye de Saint-Denis, que le monarqoe
eut la politique d'intéresser, par œ
moyen,, au maintien du nouvel éta-
blissement. La foire du Landit devint
bientôt l'entrepôt le plus important des
richesses du monde. On y accourait de
toutes les provinces de France, on y
venait d'Angleterre, d'Allemagne, de
Lombonlie , d'Espagne , d'Egypte, de ^
Syrie ret «des côtes barba resques. On y
trouvait jusqu'aux plus opulents [pro-
duits de rinde, que les Grecs allaient
chercher à leurs sources, et que les né-
gociants français allaient, tour à tour,
leur acheter sur leur terre ferme et
dans leurs îles.
Cette accumulation d'objets de gnnd
prix en France n'eut pas seulement
pour résultat d'enrichir l'État ainsi
que les particuliers , et de stimuler,
comme nous l'avons dit, l'agricui-
turc , elle donna aussi essor à la science
de la mise en œuvre, et contribua puis-
samment aux progrès des arts. Aussi,
dès le septième siècle, on possédait et
l'on portait fort loin l'industrie qui
consiste à travailler les métaux, à tail-
ler et à monter les pierreries pour en
faire des parures de luxe , et en déco-
rer les ameublemeuts et surtout les
châsses des saints. Déjà l'on façonnait
si habilement Tor et l'argent, qu'on en
OOM
FRANCE.
€OM
889
rrf
faisait des ouvrages dans lesquels le
prix du travail remportait sur celui de
la matière. La vie de saint Èloy, par
saint Ouen , même lorsqu'on la débar-
rasse des exagérations qui peuvent s'y
trouver, prouve la vérité de ces asser-
tions, qui, au premier coup d'œil, sem-
blent exagérées elles-mêmes.
Le succès de la foire de Saint-Denis
donna à Dagobert et à ses successeurs
l'idée d'en instituer plusieurs autres : les
chartes d'institution de ces foires nous
en fournissent la preuve. Mais depuis la
mort de ce roi jusqu'à l'extinction de
sa race, le commerce français ne fit
que se maintenir, perdant même du ter-
rain plutôt qu'il ne prenait de l'accrois-
sement. Cela devait être; les maires du
palais, qui régnaient sous le nom des
descendants de«Clovis, avaient autre
chose à faire que de protéger des mar-
chands. Cependant plusieurs ordon-
nances publiées sous le nom de Childé-
ricIII, dernier roi de sa dynastie, défen-
dirent, sous peine de la perte de la main,
de fabriquer et de mettre en circula-
tion des monnaies fausses; et elles
confirmèrent les privilèges que Dago-
bert avait accordes à l'abbaye de Saint-
Denis, en fondant sur son territoire
la foire du Landit, et consolidèrent
ainsi cet établissement.
Pépin et Carloman ne pensèrent qu'à
affermir leur pouvoir, et n'accordè-
rent au commerce qu'une attention se-
condaire. On a pourtant de ces deux
princes une ordonnance sur les mon-
naies, et deux chartes sur la foire de
Saint-Denis. Mais Charlemagne, mal-
gré ses voyages multipliés et les soins
qu'exigeait le gouvernement de son
vaste empire, donna de nombreux en-
couragements aux entreprises dont son
esprit rapide et profond comprit toute
l'importance. Il fit construire à Bou-
logne , pour la sûreté des navires , un
phare d'une grande beauté, à la place
de celui qu'y avait élevé l'empereur
Caligula, et qui était tombé en ruine.
Il publia des ordonnances sur les juifs,
qu il dépouilla des droits et des privi-
lèges des marchands, sur la taille et le
poids des monnaies , sur le larcin et la
vente des choses saintes, sur le com-
merce clandestin des serfs, sur les prêts
usuraires, sur les redevances fiscales^
sur le droit de circulation par terre et
par eau, sur la sanctification du di-
manche, etc.... Il défendit le commerce
aux ecclésiastiques , afin que l'appât
du gain ne les détournât pomt de leurs
devoirs sacrés. Mais la prohibition des
vêtements somptueux et des parures
de luxe dut, en fermant l'entrée du
royaume à une classe importante de
matières premières, amener la ruine
de l'industrie qui donnait une nouvelle
valeur à ces matières.
Malgré cette erreur qui tenait à l'i-
gnorance de l'époaue, Charlemagne
laissa le commerce aans une situation
prospère. A sa mort, la France possé-
dait de riches entrepôts et une marine
marchande considérable; ses naviga-
teurs étaient familiarisés avec les
courses sur mer, ses négociants avec
les excursions par terre ou sur les
fleuves dans les régions du Nord. La
lettre de change, ce moyen si rapide
et si commode de transporter sans
déplacement et sans frais les capitaux
d'un pays dans un autre, avait déjà
été inventée par les juifs, lorsque,
ayant été chassés du royaume par Da-
gobert, ils se retirèrent en Lombardie.
Enfin, tous les marcliands avaient pour
se réunir et parler de leurs affaires,
des maisons qui leur appartenaient en
commun , que, du temps de Grégoire
de Tours, on nommait domiis nego-
tiorum , que plus tard on appela par-
loirs aux bourgeois , parloirs aux
marchands, et auxquelles nos bourses
de commerce doivent leur origine.
Comme on le voit, le commerce
se débarrassait de ses langes, mais
il devait être longtemps encore ar-
rêté dans son développement. Louis
le Débonnaire , quoique contraint
pendant presque tout le temps qu'il
vécut , de lutter contre les entrepri-
ses de ses fils , continua autant qu'il
le put, l'œuvre de son père. Il publia
plusieurs ordonnances sur les mon-
naies, les ponts et chaussées, les péages
sur les grandes routes et les droits de
navigation sur les fleuves ; il fit purger
la Méditerranée des pirates africains
m
CM
L'UinVERS.
0»K^
qui l'infestaient, et avaient capturé
huit bâtiments marchands aux Mar-
^illalâ , et rendit aux juifs le droit
d*acheter et de yèndfe, dontilssetrou^
raient alors pHtés pour la seconde ou
troisième foisi. Toutes les mesures de
ee prince forent intelligentes et bon-
nes, mais il commit la même f^âte que
le grand homme dont il occupait la
place. Il frappa d'une proscription nou-
velle les habillements ainsi <|ue les pa-
rures de prix qu'il défendit, surtout
avec sévérité, aux gens d'église, et
anéantit ainsi les manufactures et les
fabridues qui subsistaient encore.
4 partir de Charles le Chauve, Jus-
qu'à la chute de la dynastie carlovin-
gienne, c'est-à-dire, de 84^ i 987, le
commerce fut ruiné complètement par
les invasions continuelles des hommes
ûii Nord, par le pillage et Tincendie
des villes qu'il avait fondées et qu'il
àlimentajt , par le brigandage des pi-
rates ^ui avaient reparu plus auda-
cieux que Jamais, et surtout par âuite
de la faiblesse du gouvernement qui
ne Savait rien protéger. L'établisse-
theût en 912 de Rollon et de ses com-
pagnons, dans la partie de la Neustrie
que Charles Te Simple leur avait cédée,
contribua, ainsi que l'ordre parfait que
le duc des Normands établit dans ses
États, à donner quelque répit aux com-
merçants; mais ils avaient été si griève-
ment ettaiitde fols blessés, que leurs
plaies saignaient encore lorsque Hu-
fues Capet parvint à la couronne,
lalheureusement ce n'était point ce
prince qui devait les guérir. Il avait
rencontré dans ceux qui , après avoir
été longtemps ses ^aux, avaient pon-
senti à le proclamer le premier d'en-
tre eux, des obstacles qui neutralisè-
rent les bonnes intentions qu'il avait
sans doute. Ces obstacles existèrent
probablement aussi sous les succes-
seurs de ce prince et , jusqu'à l'avéne-
ment de Philippe-Auguste, en 1180 ,
empêchèrent le commerce anéanti de
se relever de ses ruines.
Pour acquérir la preuve de ce fait , il
suffît de Jeter un coup d'oeil rapide sur
l'état du royaume pendant cette période.
Le roi , malgré l'éminence de son titre,
n'avait de pouvoir réel ^e dans lespayi
iqiii lui appartenaient en propre et codi*
posaient son domaine. Les grands, aol
s'étaient fait, dès le temps de Chanel
te Chauve , concéder à perpétuité les
cantons et provinces dails lesquels ils
n'avaient eu d'abord qu'un pouvoir
temporaire, puis un pouvoir à vie, s'j
étaient, à la conditiofi d'une iûsigni*
iant hommage , constihié de vérita-
bles souverainetés. Ils rendaient la
justice, frappaient monnaie, établis-
saient des impôts, et levaient des
soldats pour faire à leurs voisins, et
ftourentau roi, ces guerres intérieures
contre lesquelles on ne trouva d'autre
remède, en 1041 , que l^institiitioD de
la lYéve de Dieu. Comme léi^ intérêts
de chacun de ces souverains étaient
souvent opposés à ceux des autres, les
ducs, comtes et barons hérissaient
leurs frontières de barrières et d'obs-
tacles qui en fermaient aux MarehaDdi
rentrée et la sortie. Loin d'indeniBiser
le marchand des empêchements ap-
portés à son industrie, ilà réerasaieat
d'impôts vexatoires, souS le nom de
péages, à chaque pas qu'il faisait dans
le ief plus ou moins étendu où ils
régnaient en maîtres. Ils s'arrogeaient
i^ui* lui le droit de prise , s'embus-
quaient sur les chemins, poiur le Dé-
valiser <|uand il osait se rendre d'iipe
seigneurie dans une autre, et lais*
saieht, dans un état complet de dé-
gradation, les canaux et les roatei,
bien que les droits qu'ils exigeàieat
eussent pour prétexte l'entretien des
voies de communication. Comme ici
côtes septentrionales de la France
étaient partagées entre le comte de
Flandre et les ducs de Bretagne et de
Normandie, et que le reste demeon
longtemps au pouvoir des Anglais;
comme aussi celles du Midi étaient
sous la domination des ducs d'Aqoi-
taine, des comtes de Toulouse , des
rois de Majorque , de Castille et d'i*
rason, il s'ensuivait que le roi Dépos-
sédait aucun port de mer. Il ne poo-
vait donc encourager le commerce
extérieur, et donner l'exemple de b
protection que tout sage gouve^D^
ment doit lui prêter. Il devait donc
i
COM
FRANGE.
OOli
891
fie borner à des invitations , à des exr
bortatiofiâ auxquelles avait égard qm
voulait.
A toutes eea causes de mort , vint
pe joindre, comme un fléau , l'héroïque
tûkeàeB croisades. Si les grands dépla-
cements d' hommes auxquels elle donna
lieu pendant près de deux siècles, en«-
riehirent ies villes qu^ls traversèrent,
entre autres celle cfë Ljron ^ ils rui-
Itèrent toutes les antres, par l'im*
mense exportation de numéraire
qui en fut la conséquence. Cette
esporlation ûit telle, que, pendant
nm partie de cette période, Tintée
tel au peu d'espèces monnayées qui
relta dans le royaume monta à un
toux exorbitant, et que le commercé
de consommation journalière, le seul
2ui subsistât encore, se faisait par voie
'échange à défaut do signe représenta-
tif. Ainsi, dans les marchés, on donnait
deux poules pour une oie , deux oies
pour un porc , trois agneaux pour un
iriouton, trois veaux pour une vache^
un certain nombre de boisseaux d*orge
ou de seigle pour un boisseau de blé.
Ajoutez a cela que la navigation était
encore dans l'en£ance, que rignoraiice
des marchands était si grande qu'ils
ne savaient ni lire ni écrire, et étaient
obligés de recourir à des clercs pour
Iflt tenue de leurs livres et pour Téta-
Iriissement de ieUrs comptes. Quelques
villes cebendaht , telles que Toulouse,
Montpellier, Béziers, Marseille, Nar*
bonne, qu'avait dès longtemps enri-
chies le commerce, et dorit le passage
des croisés avait accru l'opulence , se
soutenaient encore. Malgré la misère
générale , elles avaient fait quelques
entreprises en Espagne et dans les
échelles du Levant , conclu , avec lès
États voisins, des traités de commerce,
et formé entre elles des associations
pour se livrer à des spéculations im-
portantes. Montpellier laisart un grand
trafic avec l'île Majorque, dans les
États des rois de Chypre et de Jéru-
salem, avec Antioche , ConStantinople
et Tripoli d'Afrique, oii ses négociants
avaient des comptoirs et des consuls.
Toutefois, cette prospérité h'était que
locale; si un petit nombrls de villes
continuaient à s'enrichir, toutes les
autres étaient réduites à la misère, et
d'ailleurs cette Splendeur des villes du
Midi finit elle-même par s'éclipser, au
moins pour un temps. Cependant,
cette période si déplorable et si longue
ne fut pas tout à fait perdue pour
l'instruction commerciale. Au co^^
mencement du onzième siècle , âelon
Lebenf^ on substitua le chiflre arabe,
si commode pour le calcul , au chii>
fre romain dont on s'était servi jus*
que-là:
Quand Philippe- Auguste parvint à
la couronne, il trouva le commerce de
la Méditerranée entre les mains des
Vénitiens et des Génois , et celui de \A.
France dans un état complet d'anéan-*
tissement. Heureusement, il s'était
maintenu dans la Champagne et dans
la Brie six foires , qui, après avoir été
aussi célèbres que celle du Landit,
avaient perdu, il est trai, beaucoup de
leur importance, mais en avaient ce-
pendant conservé assez pour redeve-
nir plus tard aussi florissantes qu'elles
l'aVÂient été par le_pàS6é. Il eût été
bien peut-être que Philippe - Auguste
leur donnât les encouragements dont
elles avaient besoin, et qu'elles avaient
reçns autreibis. Il n'en fit rien.
Toutefois, il publia un règlement
pour la police de celle du Landit,
fit élever à Paris deux halles , avec
une galerie couverte , pour la com-
modité des marchands, et défendit aux
clercs d'excommunier, selon l'usage
de l'Éfflise, ceux qui feraient, le
dimanche, le commerce de blé ou
d'autres marchandises, ainsi que ceux
gui traiteraient des affaires avec les
juifs ou qui les serviraient. Il perniit
de prêter de l'argent sur le cheval , les
bardes et les meubles d'un chevalier,
mais il défendit de recevoir en gage
les vases sacrés , les ornements d'é-
glise, ainsi que les vêtements nouvel-
lement ensanglantés du mouillés, sans
doute parce qu'ils pouvaient servir
d'indices pour la iiécônverte d'un
crime. Il défendit également d'engager
les biens d'église , sans la permission
du seigneur dominant de la terre. Eh
1199, selon Duhaiilaât, il eréa la pfé*
aoa
COM
L'UNIVERS.
COM
voté des marchands de Paris , et lai
donna , entre autres attributions , la
surveillance et la police de toutes les
marchandises qui arrivaient dans cette
ville par la Seine et par ses affluents.
Ayant acquis, en 1204, la Normandie,
par confiscation sur Jean sans Terre,
et recouvré plusieurs ports sur TO-
céan , il accorda à la ville de Cher-
bourg le privilège dont jusque-là avait
joui exclusivement celle de Rouen,
d'envoyer chaque année un vaisseau
pour commercer en Irlande. Ce fut
sous son règne que les juifs créèrent
les assurances. Ces traites, qui avalent
lieu par rapport aux transports parterre
et sur les fleuves, avaient pour but de
garantir les voyageurs des risques que
couraient leurs marchandises d*étre
pillées par les vagabonds et les grands
seigneurs. Ce fut seulement {lorsaue
les routes et les rivières devinrent plus
sûres, que les assurances furent appli-
quées aux risques de la mer.
Louis yill , dont le règne fut, il est
vrai , fort court , ne fit rien pour le
commerce; mais son fils Louis IX,
qui porta pendant quarante-quatre ans
la couronne, publia plusieurs actes qui
eurent pour objet de continuer l'œuvre
de son aïeul. Ayant réuni à la cou-
ronne diverses villes importantes, tel-
les que Carcassonne, Nîmes, Béziers,
et préparé la réunion du comté de
Toulouse, il releva le commerce du
Midi , et fit creuser uh port à Aigues-
Mortes, dont il voulait faire Tentre-
pôt des marchandises du Levant. £n
1270 , Tannée même de son départ et
de sa mort , il publia une grande or-
donnance pour assurer la sécurité des
commerçants, et garantir les consom-
mateurs ^contre leurs fraudes. Il dé-
fendit d'entraver sans de bonnes rai-
sons la circulation des srains, vins et
autres marchandises, d'une province
à l'autre , et même hors du royaume.
Il défendit de démonter les marchands
et de prendre leurs chevaux , même
pour son service personnel , et frappa
d'une amende de soixante sous celui
qui vendrait à faux poids. Mais la me-
sure la plus importante de son règne
pour le commerce , fut celle que prit
par son ordre Etienne Boileau, prévôt
de Paris. (Voyez Boileàtj [Etienne].)
Ce magistrat classa, en 1260, les
marchands et commerçants en com-
munautés , leur donna pour régies
de conduite celles des coutumes sai-
vies par eux jusque - le qui fiireot
reconnues les meilleures, leur nom-
ma des chefs et leur imposa des (i^
voirs. Les statuts des aiverses com-
munautés ou confréries approuvés
dans une assemblée de bourgeois, aoe-
mentes ou modifiés de siècle en siède
et réunis en un recueil , servirent de
point de départ et de modèle à tout
ce que Ton fit jusqu'à la révolotioo
sur le commerce intérieur et sur TId-
dustrie. Sans doute, l'idée d'empri-
sonner l'industrie dans des limites
quMl lui était défendu de franchir, la
nécessité (Tacheter certaines matières
du roi , qui substituait un monopole
odieux au droit imprescriptible qoe
tout homme possède de travailler,
semblerait barbare aujourd'hui, et le
serait en effet. Alors , c'était toat ce
que l'on pouvait faire de mieux, et,
dans le fait , on s'en trouva bien.
Le comté de Toulouse ayant fait,
en 1272, retour à la couronne, Phi-
lippe le Hardi , fils et successeur de
saint Louis , profita de cette circons-
tance pour attirer, au moyen de grands
privilèges, dans les villes de ce comté,
et particulièrement à Nîmes, les mar-
chands lombards , toscans , romains,
génois , vénitiens , etc. , qui fréquen-
taient Montpellier, alors encore aii
pouvoir du roi d'Aragon. Il anoblit
Raoul, son orfèvre et son argentier,,
et fut ainsi le premier roi de France
qui récompensa par la noblesse te
services rendus dans le commerce.Phi-
lippe le Bel, que le besoin d'argent
porta si souvent à altérer les monnaies,
donna aussi de grands encouragements
au commerce, mais bien moins en vue
du bien public qu'en vue de son inté-
rêt particulier. Il fit des efforts puis-
sants et efficaces pour relever les na-
nufactures, qu'il soumit à la surveillance
d'inspecteurs spéciaux. Il défendit la
sortie des laines , pour forcer ses su-
jets à mettre eux-mêmes en œane
COM
FRATVCE.
€OM
39i
eette matière première, et prohiba éga-
lement la sortie des drogues et tein-
tures qui servaient à la tabrication et
à la coloration des draps. Il publia ,
sur l'épicerie et les marchandises qui
se venaaient au poids, une ordonnance
fort sage que renouvela et étendit après
lui Charles le Bel. Il défendit de ven-
dre défausses marchandises y d'ache-
ter des marchandises volées , interdit
aux courtiers le négoce des marchan-
dises dont ils faisaient le courtage , et
rendit leur ancienne importance aux
foires de Champagne et de Brie. Phi-
lippe le Bel aida même au commerce
sans y penser. Ses guerres Payant mis
plusieurs fois dans l'obligation de dé-
fendre les tournois, les guerres privées
et les gages de bataille , ce fut autant
de trêves accordées aux négociants ,
qui purent faire circuler paisiblement
leurs denrées dans les parties du
royaume que n'occupaient pas les ar-
mées royales.
A l'exemple du monarque, les grands
Tassaux prodiguèrent les encourage-
ments aux commerçants de leurs do-
maines. Toutes les villes du Nord se
peuplèrent de manufactures ; les foires
de Bruges rivalisèrent avec celles de
Saint-Deniset delà Champagne. Dans
cette dernière province , le commerce
prit une extension considérable. Reims
se remplit de fabriques importantes ,
et fut la première ville de France où
Ton transforma la soie en tissus. Tou-
tes les villes du Midi retrouvèrent
leur ancienne activité, et le commerce
frani^is redevint ce qu'il avait été au
septième siècle. Ce n'était pas, comme
nous Tavons dit , que Philippe le Bel
le protégeât dans l'intérêt de ceux nui
s'y adonnaient; car il causa, par plus
d'une mesure fiscale , de graves préju-
dices à ces derniers. D'abord , les fré-
quentes altérations de monnaies qu'il
se permit portèrent souvent la per-
turbation dans les calculs; ensuite
1 publia une loi somptuaire qui dut
entraver la vente des objets de prix ;
mfin il frappa de droits exorbitants
es produits de la fabrication. Les in-
lustriels réclamèrent, le roi ne les
îcouta pas ; et, l'élan étant donné, ils
continuèrent à vendre et à s'enri-
chir.
Louis Hutin et Philippe le Long re-
nouvelèrent les ordonnances de leurs
prédécesseurs concernant les foires
de Champagne et de Brie , la mise en
gage des vases sacrés et des ornements
d'église, l'affranchissement des mar-
chands du droit de prise , et la dé-
fense de sortir les laines du royaume.
De [)Ius , le second de ces rois eut
une idé&4ieureuse qui devait être re-
prise par Louis XI , et ne recevoir son
exécution <]ue beaucoup plus tard : ce
fut d'établir l'uniformité des poids et
des mesures par tout le royaume.
Charles le Bel marcha sur les traces de
ses frères et de son père , et se mon-
tra comme eux favorable aux com-
merçants et aux consommateurs. Il re-
nouvela, ainsi quenous l'avons dit plus
haut , l'ordonnance de Philippe le Bel
relative aux épiceries et marchandises
qui se vendaient au poids , et donna
une place particulière aux changeurs
de Paris. Philippe de Valois s'occupa
beaucoup des foires de Champagne ;
il s'efforça de leur conserver, par plu-
sieurs règlements et ordonnances , la
splendeur qu'elles avaient recouvrée ;
enfin il défendit les réquisitions de vi-
vres et de chevaux dans Paris.
Cependant les Lombards , que Phi-
lippe le Hardi avait attirés à Nîmes ,
s'étaient promptement répandus dans
toutes les autres villes au royaume.
Instruits dans la science de l'usure
par les juifs , qui avaient coutume de
se retirer chez eux toutes les fois
qu'on les expulsait de France , ils ne
tardèrent pas à égaler leurs maîtres
et à être confondus avec eux dans une
haine commune et méritée. Philippe
de Valois , pour soulager le commerce
dont ils étaient devenus le fléau, et fa-
voriser les manufactures qui commen-
çaient à s'établir à Arras , Amiens ,
Cambrai , et dans plusieurs autres
villes, affranchit, le 12 janvier 1330,
leurs débiteurs du quart de ce qu'ils
leur avaient emprunté , et accorda à
ceux dont les dettes étaient échues,
quatre nM)is de délai pour s'acquit-
ter. Plus tard, il défendit de rien leur
m
COM
L'UNIVERS.
COU
Dayer du tout, sous peine de payer df^qx
Fois. Le roî Jean , après avoir publié
en février 1350 une ordonnance en
^52 articles sur la police 4u royauaiç,
les gages des serviteurs, je salaire des
ouvriers , les bénéfices des artisans ,
marchands et commerçants, etc., con-
firma, en 1351, la décision de son
prédécesseur, portant défense de rien
payer aux Lombards, juifs, et autres
usuriers, des sommes qui leur étaient
dues. Deux ans après , il or^nna que
les biens de ces hommes sans entrail-
les , ainsi que ceux des Italiens qui dé-
voraient le royaume , seraient mis
sous sa main, et déclara légalement li-
bérés envers eux ceux de leurs débi-
teurs qui verseraient au trésor royal
le capital qu'ils en avaient ireçu , tai-
sant remise des intérêts. Ces divers
fictes étaient des spoliations sans doute,
inais ils étaient nécessaires pour épou-
vanter des hommes qui , ne prêtant
que sur des dépôts de marchandises,
de hardes, de mobilier, ou sur des con-
trats emportant hypothèque , et qe
courant, en conséquence, nul danger,
(exigeaient des intérêts ruineux avec
lihe rapacité que rien ne pouvait as»
sbiivir , et qui renaissait toujours plus
affamée. Pour donner une idée de rex^
ces auquel était alors portée l'usure,
i|Ous nous bornerons à dire que Phi-
lippe le Bel crut beaucoup faire pour
les commerçants , en déclarant que
Ton ne pourrait pas exiger d'eux plus
de vingt pour cent d'intérêt sur l'ar-
gent qu'oi^ leur prêterait en temps or-
dinaire, et il pensa favoriser singulier
rement les foires, en réduisant à quinze
pour cent le loyer des capitaux dont on
y ferait emprunt.
Charles Y, absorbé par les soins de
la guerre contre les Anglais , ne s'oc-
cupa que fort peu du commerce de son
royaume ; et si , en réduisant l'intérêt
de l'argent à dix pour cent , il prit une
mesure quifuf favorable à l'industrie,
il lui porta un grave préjudice en renou-
velant les lois somptuaires, qui n'a-
vaient jamais eu pour résultat que
de l'arrêter dans son essor. Néan-*
moins, le commerce français, par
suite des encouragements qu'il avait
reçud de Philippe le Btt| et de les ffla,
^'ouvrit des débouebés itûpoitants
dont il fut longtemps en posses-
sion exclusive. En 1864,* des navi-
gateurs voyageant au hasard, ou peut-
être poussés par la tempête , avaient
découvert les côtes occidentales de
l'Afrique, et y avaient fbndé d^utiles
établissements. En 1 865, des négociants
de Dieppe et de RoUen firent un traité
d'association pour soutenir Une entre-
prise dont ils pressentaient leis résul-
tats. En conséquence, l'année Isuivante
il partit de Normandie un iiotnbre de
vaisseaux tel, qu'on n'en avait pas en-
core vu autant sur ces mers. JL.es faaff-
dis aventuriers qiii les montaient abo^
dèrent au Sénégal et à la rivière de
Gambie, i)ù ils bâtirent plusieurs fbrts;
puis, pénétrant jusqu'à Sierra^L^one,
sur la côte de Malaguette , ils y bâti-
rent deux villes , qir ils nonantèrent le
P^etit-Paris et le Petit-Dieppe. Ces
établissenients avaient des eonnptoin
oùjles AfIMcains trouvaient un maitbé
totjyours ouvert , et les vaisseaux friB-
çais des cargaisons toujours prêta.
^on conteùts de ces avantages, les iso-
dateurs de oe Goitimeroe remontaient
les rivières de Sénégal i, de Gambie;
puis, après un portage de quelques
lieues, s^embarquaient sur le If iger, il
répandaient dans la Nigritie et \H
royaumes de Tombut et de l^éli , la
toiles, leâ couteaux, les eaux-de-vie, le
miel , les grains de verre , lé sel , etc.,
qu'ils échangeaient pour de l'ivoire^
des cuirs , des gommes , des pluBNi
d'autruche , de l'ambre cris , de la
poudre d'or et de la cocHenille, înseelc
précieux doiit le monopole avait été
jusaue-là entré les mains ûéi Yénitiess
et des Génois. Ce commerce, dans fe-
3uel la France ne livrait que les pro-
uits de sa fabrication, et qui ren-
dait jusqu'à dix capitaut pour un , jeu
d'immenses richesses dans |e royautne.
Ces brillants résultats eu auraient
amené d'autres, si là démaace de
Charles VI, la rivalité des maisoss
d'Orléans et de Bourgogne, le pil-
lage de la fortune publique pir
tout le monde , les intrigues d'Isa-
beau de Bavière, et l'intetveotioi
cok'
MaNCE;
coin
Z9é
du roi d'Angleterre et dii duc de Nor-
mandie dans nos affaires itltérieu-
res, n^en eussent tari la source, en
favorisant la concurrencé redoutable
que la Hollande et la Hanse teutoni-
que faisaient aux négociants français.
Lé commerce se concentra alors dans
uil petit nombre de villes en posses-
sion de la faculté de résister à tous les!
ébranlements politiques , telles que
Reims , Toulouse , Garcassonne et
Beaucaire , qui avalent contribué an-
térieurement pour 20,452,120 fr. de
notre monnaie â la rançon du roi
Jean , cris; en 1356 à la triste journée
de Poitiers. Il se concentra entre les
mains de tjuelques hommes laborieux
et intelligents, entre autres de ceDine
Raponde , bourgeois de ^aris , qui ,
pour tirer des mains dé Ëàjazet le fils
du duc de Bourgogne , fait prisonnier
à la bataille de Nicopoiis, en 1396,
avec plusieurs autres seigneurs , paya
en èfret la somme de 100,000 ducats .
que le père du jeune captif, maigre
l'étendue de seà donnai nés , était hots
d'état d'acquitter ; et dé cet autre mar-
chand , qu( , dé))Ouillé de sa fortune ,
etildrisonné, fugitif, alla, après tant de
services rendus à la France, tbourir sur
la terrederexil, victime de Tingratitudè
dii ï^oî et de l'avidité des courtisans.
Dê^ ié septième siècle , un négociant
français appelé îSamon, que sort esprit
aventureux avait conduit chez les Es-
clavons , avait été nommé roi par des
peuples encore enfants, qui ne savaient
coniment récompenser l'homme supé-
rieur qui avait fait tant de chemin,
traversé tant de rivières, franchi tant
de montagnes , pour leur apporter des
[Choses qu'ils ne connaissaient pas.
Jacqufes Coeur ne porta point de cou-
ronne ; mais il fut l'égal et même le
[)rotecteur d'un roi ; car Charles VII
l'eût trouvé plus tard dans la valeur
ie Duriois et dans les exploits de la
Pucelle que des secours stériles, si urt
iimp\e négociant ne l'eût, par dés avan-
ies d'argent, et en entretenant à ses
'rais quatre armées, mis en état de
commencer la conquête de son
•ovaume.
'Nous voici arrivés à ce quinzième
siècle gui prépara celui de la renais-
saiicé, h ce sièéle de merveilles où tout
aopàirut comme par enchantement -,
ou fut trouvée rapplîcation de la
boussole à la navigation , où fut dé-
couverte rimprimerie, qui devait chan-
ger la face du monde et devenir une
puissance, où Christophe Colomb
(lonna tout un hémisphère à TËspa-
gne, où Barthélémy t)ias découvrît le
cap de Bonne-Espérance, que Vasco
de ûama franchit audacieusement
deux ans aptes, pour parvenir, par
une voie nouvelle , aux Indes , à la
Chine et au Japon, et ruiner le com-
merce des Vénitiens et des (Jénois.
La Fraiice ne tira pas d'abord un parti
fructueux de ces importantes décou-
vertes. Charles VIÏ , trop occupé du
bêsoiii de réparer les désastres causés
par la démence de son père , les ma-
nœuvres criminelles de ses oncles, et
les actes dé félonie de sa mère , ne
put songer à rendre ta vie au com-
merce d'un royaume dont il lui fallait
d'abord chasser l'étranger. Ce ne fut
donc que dans Us pays qui étaient
restés soumis à sa domination et dans
ceux où il s'établit, à mesure qu'il ga-
gna du ierrain, (|u'il put favoriser
rindUstrie. Cest ainsi qu'en février
1443 il fît à la ville de Lyon la con-
cessioti de trois foires franches par
an, avec la permission de s'y servir de
toutes les monnaies étrangères, et que,
le 19 juin 144Ô , 11 rétablit, avec
exemption d'impôts pendant les dix
preniiers iouirs , les ibires de Cham-
pagne et dfe Ëi-ie , que la guerre avait
interrompues.
Louis XI, dont la tête puissamment
organisée pouvait concevoir et fécon-
der beaucoup d'idées à la fois , donna
des soins particuliers aux affaires
commerciales , et surtout aux affaire^
industrielles. S'il ne put établir l'uni-
formité des poids et mesures, i'éforme
déjà tentée, nous l'avons vu , par Phi-
lippe le Long , et qu'il essaya dé réa-
liser, il publia du moins beaucoup d'or-
donnances pour rendre la vie au
commerce. Il institua deux foires fran-
ches par an à Bayonne, porta au nom-
bre de quatre celles que son père avait
COM
L'm^IVERS.
€0H
établies à Lyon, et pour les Êivoriser,
défendit aux marcnands français de
fréquenter celles de Genève. En juin
1472 , il exempta de tout droit et im-
pôt les denrées et marchandises appor-
tées à celle de Saint-Denis. Enfin , le
commerce lui doit l'institution des
postes, et la promptitude qu'acquirent,
entre négociants , les correspondances
écrites et les relations personnelles ,
f)ar la permission qu'il donna à tout
e monde de se servir des chevaux
des courriers, en payant un droit mo-
déré pour chaque distance de quatre
lieues.
Louis XI accueillit avec empresse-
ment, et installa à Lyon des ouvriers
florentins qui, chassés de leur pays
par les querelles des Guelfes et des
Gibelins, apportaient en France la fa-
brication de la soie, dont les Rémois
étaient en possession depuis le trei-
zième siècle, mais qui était restée chez
eux dans l'enfance. Il établit à Tours
plusieurs manufactures de soieries qu'il
surveillait lui-même, et comme cela
était déjà arrivé du temps de Philippe
le Bel, l'exemple du souverain stimula
les grands vassaux de la couronne, et
ceux-ci se firent un devoir d'encou-
rager aussi le commerce et l'industrie
dans leurs domaines. François II, duc
de Bretagne , établit à Vitré une fa-
brique d'étoffes de soie, et fit venir des
ouvriers d'Arras, pour monter à
Rennes une manufacture de tapisse-
ries.
Nous ne parlerons de Charles VIII
que pour dire qu'il institua définiti-
vement à Paris la foire de Saint-Ger-
main , et qu'il ne paraît pas qu'il ait
eu égard aux remontrances des états
de Tours, qui lui demandaient, sur le
fait de la marchandise , la liberté du
commerce , l'abolition des péages , la
réduction des foires, la diminution
des tailles et la perception des traites
foraines aux frontières.
Sous Louis XII , la circulation des
§rains, bien des fois permise et défen-
ue auparavant, fut autorisée de pro-
vince à province, et en 1502, les Bas-
ques, les Normands et les Bretons
commencèrent à se livrer à la pèche de
la morue et à fréquenter le banc de
Terre-Neuve.
François P*" fut le protecteur da
commerce aussi bien nue des lettres
et des arts ; il favorisa les voyages de
long cours et les établissements loin-
t&ins. En novembre 1536, il permit à
tous les marchands du royaume de
commercer avec les étrangers, et ee
fut par ses ordres que l'amiral Chabot
découvrit le cap Breton, la Floride 4
la Virginie , remonta le Maragoon et
parvint jusqu'au Canada. Ce priooe
voulait expédier des navires dam
l'Inde, mais il ne put exécuter ce pnh
jet , à cause des guerres qu'il eut )
soutenir contre Charles-Qumt.
La fabrication des soieries prit une
nouvelle extension sous Henri II, qojt
afin d'affranchir son royaume du tri-
but qu'il payait à l'étranger pour te
matières premières , ordonna la plan-
tation des premiers mûriers que l'on ait
cultivés en France. François II publia,
en janvier 1560, une oraonnancep
tant que le payement des obligations
entre marchands entraînerait la c^
trainte par corps , et , par des monfi
que l'on ne peut expliquer, il enjoint
aux juges de refuser aux marchan»
qui auraient vendu des étoffes de so«
à crédit, toute action contre leurs dé*
biteurs. Il fit défense aux gentilshoiD-
mes de faire le trafic des marchandiseSi
sous peine d'être privés des privilèges
de la noblesse et mis à la taille;^
enfin , en août de la même année, *
ordonna que les différends qui suri-
naient entre les marchands , pour »
fait du commerce , seraient jugés par
des arbitres.
Charles IX créa, en novembre loi*
la juridiction des juges et consuls «
Paris, dont il régla la compétence et
qu'il confirma trois ans après. Ennai
en 1572 , dans le but de favoriser»
fabriques du royaume, il prohiba 1 «•
portation des laines, des lins, dei
chanvres , et l'importation des drapJt
velours, satins, étoffes d'or et d'argent,
harnais, armes, tapisseries , etc.
Henri III fut trop occupé pendant
son règne à se livrer aux plaisirs, o*
à se défendre contre la ligue, V^
FRANCE.
GOM
897
prêter son attention au commerce;
mais à peine Henri FV fut - iJ maî-
tre du royaume, qu'inspiré par
Sully , il donna à Tindustrie de puis-
sants encouragements. En 1603, il
établit une fabrique d'babits de drap
et de toile d'or et de soie, et en 1607,
des manufactures de tapisseries. Il
institua une chambre composée d'bfli-
ciers tirés du parlement , de la cham-
bre des comptes , et de la cour des
aides, où étaient décidés tous les points
relatifs au commerce. Il favorisa par-
ticulièrement l'éducation des vers à
soie, ordonna qu'il fût établi dans
chaque diocèse une pépinière de mû-
riers, et fit planter de ces arbres jusque
dans son parc de Saint-Germain en
Laye. C'est, sans contestation, à Sully
que sont dus les progrès qu'a faits
chez nous l'art d'obtenir et cle travail-
Jer la soie, et la supériorité que, dans
cette double industrie, la France a
longtemps possédée sur les autres na-
tions européennes.
Ce fut seulement sous le règne de
Henri IV que le profit que l'on pouvait
tirer du commerce des Indes, dans
lequel les Portugais et les Hollandais
s'étaient si prodigieusement enrichis,
commença à fixer l'attention des négo-
ciants français. En 1604, une compa-
fnie qui obtint une exemption de
roits sur les marchandises qu'elle
apporterait de ses deux premiers voya-
ges, fut nantie d'un privilège exclu-
sif pendant quinze ans , et reunit des
capitaux et des navires pour y faire
des envois et en tirer des denrées.
Cette première compagnie, dont on ne
parla guère, et qui ne parait pas avoir
fait des expéditions nombreuses , fut ,
sn 1615, réorganisée ou rempl^ée
lar une autre , qui fut pourvue d'un
privilège de douze ans. Il faut que
^te seconde compagnie ne se soit pas
nontrée beaucoup plus entreprenante
|ue la première , ou que le résultat de
;es opérations n'ait pas été satisfai-
ant , car , deux ans après l'expiration
le son privilège , le gouvernement se
rut obligé de stimuler l'activité des
légociants, en les invitant à se réunir
D sociétés commerciales pour faire ,
à intérêts communs, des entreprises
de long cours , et en déclarant que la
participation que les gentilshommes
prendraient aux spéculations mariti-
mes n'entraînerait point la dérogation
dont l'avait frappée François II. Six
ans après, ces invitations produisirent
leur effet , et l'on vit se former une
Conmagnie dite des Iles d Amérique^
qui fonda à Cayenne , à Saint-Domin-
gue, et dans quelques autres îles des
Antilles, de faibles établissements,
opéra quelques échanges de marchan-
dises, et subsista sans faire de grands
bénéfices, jusqu'en 1664.
Mais,, sous Louis XIV, l'esprit d'as-
sociation acquit un vaste développe-
ment , et reçut de nombreuses applica-
tions. Deux Compagnies furent créées,
en 1664, l'une pour le commerce des
Indes orientales et l'autre pour celui
des Indes occidentales , dans laquelle
vint se fondre celle des îles d'Amérique.
Successivement apparurent la Compa-
gnie du 5éné^a/^ qui fut confirmée,
dissoute, et reorganisée plusieurs fois;
la Compagnie de la Gidnée, en posses-
sion du privilège exclusif du commerce
des noirs, et de celui de la poudre d'or ;
la Compagnie de la Louisiane j celle
àe Saint-Domingue y celle delà Chine^
et d'autres peut-ïtre encore qui nous
échappent. Toutes étaient investies,
pour un temps plus ou moins long ,
du privilège exclusif de commercer
dans les contrées dont elles portai^t
le nom, et on appela encore la no-
blesse à leur secours, en déclarant de
nouveau qu'elle pouvait , sans crainte
de déroger, prendre part au commerce
maritime.
Colbert avait rédigé la célèbre or-
donnance de mars 1673 (voy. les An-
nales , t. II, p. 28 et suivantes), qui
plaçait enfin le commerce français sous
l'empire d'une législation bien raison-
née, et tout semblait devoir prospérer;
mais il n'en fut point ainsi , car les
meilleures lois nedonnent aux hommes
ni l'instruction , ni Texpérience dont
ils sont dépourvus. Le privilège que
l'on avait cru devoir prendre pour point
de départ, était destructitde toute
émulation , de tout progrès ; donnait
L'UinVERS.
lieu à la f^aodc, et entratDait des sai-
sies àe navires , des procès , des con^
fiscationsà n'en jamais finir. D'un autre
côté, toutes ces Compagnies, dont les
droits n'étaient pas clairementdéfinis,
et qui avaient souvent des intérêts
contraires, se heurtaient et s'entra-
vaient les unes les autres. Toutes
ne faisaient donc que des affaires
peu actives , et leur avenir était évi-
demment compromis, lorsqu'on 1685
la révocation de l'édit de Nantes , en
expulsant du royaume deux cent mille
familles , qui emportèrent avec elles
des capitaux considérables et des se^
crets de fabrication qui nous apparte-
naient exclusivement , les frappa d'un
coup funeste, ainsi que toutes les in-
dustries dont elles exportaient les pro-
duits. On crut bien faire en réutiissant,
au mois d'août 1717, les Compagnies
du Sénégal, de la Guyane et de la
Louisiane, à celle des Indes occiden-
tales , oui prit le nom de Compagnie
cFOccidenty et en laissant en dehors la
Compagnie de Saint-Domingue, dont
le privilège fut révoqué deux ans après ;
cet arrangement dura deux ans , après
lesquels, en 1719, on réunit la Com-
pagnie d'Occident à la Compagnie des
Indes orientales, dans lac[uelle s'était
déjà fondue celle de la Chine; et, sous
le nom de Compagnie tUs Indes , fat
formée une vaste association qui ob-
tint le monopole du commerce du
monde, et fut autorisée à sous-traiter
avec des entreprises particulières ,
moyennant des réserves et des droits
à son profit, pourjlles points du globe
dont il lui conviendrait de céder l'ex-
ploitation.
Pendant tout le dix-hoitièitie siècle,
on fut rempli de bonnes intentions pour
le commerce; mais comme oh travail-
lait sur une matière que l'on ne con-
naissait pas encore , on agit presque
toujours à tâtons , et on fatigua , par
des changements sans motils et sans
terme, la chose du monde qui a le plus
besoin de fixité. Ainsi , en 1700 , on
créa un conseil général de commerce;
en 1708, six Intendants du commerce ;
en 1715, lin conseil général du com-
tneioe et des manufattures, que Fou
remplaça, le S2 jaih 1733, par un Hm-
reau composé de boit personnes. En
juin 1724, on réduisit à quatre les in-
tendants du commerce, et on les sup-
prima en 1774. On institua , en 1790,
un conseil royal ; en 1775 , an inspec-
teur général du commerce ; et, en 1788,
on supprima les inspecteurs généraux
des manu£aictures et du commerce)
que l'on remplaça par des inspecteurs
spéciaux pour cbaque genre d'indus-
trie. Enfin , les nombreux traités de
commerce que l'on conclut pendant»
siècle , avec les Provinces - Unies dei
Pays - Bas (1739), la Suède (1740),
Maroc (1767), Hambourg (17e0), h
Grande-Bretagne ( 1786 ), la Rasuc
(1787), ne furent pas, dans toutes
leurs stipulations , favorables aux in-
térêts bien entendus de la France.
Il faut reconnaître, cependant, que
toutes ces réformes suivies d'Innova-
tions, peu de temps après r^orîàki
elles-mêmes, étaient faites en yuê da
bien ; mais, par suite de l'ignoranœ oè
l'on était encore des vrais princities
de l'économie politique et de la scienec
commerciale, que les économistes, si
chaudement attaqués d'abord, ont fiai
cependant par établir, on devait com-
mettre et l'on commit en effet bien
des fautes. Il resta toutefois de cette
époque bien des établissements et biss
des institutions utiles au comoiMe.
La bourse de Paris fut fondée en 1794;
des assemblées générales de négociaili
furent autorisées dans toutes les pb-
ces commerçantes ; il fut permis ft toU
le monde, a l'exception des magis-
trats, de faire le négoce, et il lîtt dé-
claré, une troisième ou quatrième iss,
que la noblesse pouvait , sans craiati
de déroger, faire le commerce en gr«
et prendre des intérêts dans les spé-
culations maritiUies. En même teiii|Si
la circulation des vins dans le rojzvm
fut affranchie de toute entrave* et ru
promit des réi3ompenses pabli^nefi
ceux qui fonderaient de nouveaux tXt
blissement commerciaux. Ce fut ~~'
ft cette époque que l'on commeoçià
connaître la haute utilité des valsHS
de crédit ; une caisse d'escompte, créés
en 1767, et remplacée par une suât
FRjprClS.
W»i
m
en 1776, aecrut la masse du signe re-
présentatif, et fut le modèle des caisses
bubliques instituées plus tard , et de
la Banque de France, qui rend aujour-
d'hui de si grands services au négoce
et à rindustrie.
£n général, pendant les soixante
et douze ans que dura le règne de
liOuis Xiy, une immense imjpulsiofi
fut donnée au commerce urançais
(voyez l'article Gûlbbbt) , et ce fut ee
prince qui , sans s'en douter , fut le
créateur de cette classe moyenne qui
devait plus tard remplacer , par une
aristocratie d'intelligence et d argent,
l'aristocratie nobiliaire, que son or-
fueil s'était plu si longtemps à dégra-
er. (Voy. Boubgbûis, Boubgeoisib.)
Sous la régence, le commerce reçut,
de la fausse application du système
de Law, de la trop grande extension
qu'on lui donna, et de l'effroyable
agiotage qui en fut la conséquence ,
de nombreuses blessures , qui , toute-
ibis, ne purent l'anéantir. Après quel-
oues années de perturbation , quand
ae nombreux capitaux eurent été dé-
placés, le commerce reprit sa marche
accoutumée, malgré les entraves dont
on l'avait chargé, c'est-à-dire, malgré
le monopole attribué à la Compagnie
deB Indes. Enfin, cette Compagnie,
qui avait reçu dans son association
avec la banque de Law, une blessure
dont elle n'avait pu se guérir (voyez
Banque ) , ne pouvant résister aux
pertes que lui avait fait subir la guerre
maritime , hors d'état de soutenir la
concurrence que lui faisait l'Angle-
terre , et voyant à chaque bilan dimi-
nuer son capital, remit, en août 1770,
fion actif, ses droits et privilèges entre
les mains du roi, qui les accepta, en
se chargeant d'acquitter ses obliga-
tions et de psjer ses dettes. Louis
XVI , le 14 avril 1786 , institua une
nouvelle Compagnie des Indes, et pu-
blia, le 13 avril 1786, un règlement
pour la vente des marchandises qu'elle
importerait. Mais bientôt éclata la ré-
volution, et le privilège de cette Com-
pagnie eut le même sort que tous ceux
qui entravaient la marche de la liberté.
Ainsi finit cette, institution, qui, si
elle ne fyt pas toujours heureuse dans
ses spéculations, n'en rendit pas moins
de grands services, en fondant desétsi-
blissements, en familiarisant les con^-
merçants avec les spéculations de lon-
gue àurée, et en formant une marine
marchande , dont l'industrie privée
tira parti pour son propre compte,
lorsque les temps furent venus, et (^ue
le génie commercial eut une entière
liberté d'action.
De grandes et importantes mesures
poiir le commerce furent prises au
commencement de la révolution. ]L.'a-
bolition des jurandes et des maîtrises ,
en donnant naissance à la libre con-
currence, l'établissement de l'unifor-
mité des poids et des mesures, en
facilitant les transactions entre les
différentes provinces de la Frence,
devaient lui faire prendre en peu de
temps un essor immense. Mais le com-
merce pour prospérer a besoin de repos
et de sécurité , conditions qu'il ne pou-
vait obtenir d'une époque de crise et
de bouleversements. D'un autre côté,
des intrigants en firent un instrument
de coupables manoeuvres ; profitant de
la liberté nouvellement accordée à tous
les genres de transactions , les ennemis
de la révolution accaparèrent les den-
rées de première nécessité , et essayè-
rent de vaincre par la famine le peuple
dont ils ne pouvaient triompher par les
armes. 11$ firent disparaître le numé-
raire, et la France se vit réduite à la
monnaie nominale des assignats, mon-
naie que l'agiotage et les falsifications
de l'étranger eurent bientôt fait tomber
en discrédit. C^est alors que la Con-
vention se vit forcée de publier la loi
du maximum f mesure terrible, qui
anéantit immédiatement tout le com-
merce intérieur, le seul que nos guerres
avec l'Europe entière nous permissent
de faire.
Sous le directoire, le consulat et
l'empire, le commerce maritime fut
complètement anéanti par nos guerres
avec la Grande-Bretagne, par la perte
de nos établissements dans l'Inde, en
Afrique et en Amérique, et par le
blocus continental. On ne vit alors de
denrées étrangères sur nos marel^
400
COBI
L'UNIVERS.
COM
que celles qu'allaient conquérir sur les
mers de hardis croiseurs , ou que nous
apportaient en fraude d'aventureux
contrebandiers. Mais sous la dernière
de ces trois périodes, le commerce in-
térieur des productions indigènes et
rinclustrie surtout prirent de grands
développements, par suite de la ma-
nière presque violente avec laquelle
Napoléon torca la France à perfec-
tionner sa fabrication, à créer chez
elle une grande partie des produits
pour lesquels elle avait jusque-là payé
tribut à l'étranger, et à remplacer par
d'autres ceux qu'elle ne pouvait abso-
lument obtenir de son territoire ou de
son travail. Aussi le commerce, qu'il
avait placé sous le patronage d'un mi-
nistère spécial et qui y est resté depuis ,
ne fit qu'une halte, pour se remettre
en marche, aussi entreprenant, aussi
intelligent et plus libre que jamais,
3uand la paix lui eut rendu la faculté
e s'élancer de nouveau sur les mers,
et eut restitué à la France une partie
des établissements lointains et des co-
lonies Qu'elle possédait autrefois. Régi
aujourd'hui par un code particulier,
tire en grande partie de l'ordonnance
de 1673 , il est en état de braver toutes
les concurrences, et doit, de nécessité
absolue, arriver avec le temns au plus
haut degré de splendeur et ae prospé-
rité. Voyez Banque , Colonies , Com-
pagnies DE COMMEBCE, CREDIT PU-
BLIC, Monnaies, etc.
CoHMEBGE (ministère du). — Il
semble que pendant longtemps le com-
merce n'ait été considéré par le gou-
Yernement que comme une des sources
les plus importantes du revenu public,
et que si les rois le protégèrent quel-
queiois, ce fut bien moins dans l'in-
térêt des peuples que dans celui de
leurs finances. Aussi jusqu'à Sully, la
surveillance du commerce resta-t-élie
toujours exclusivement dans les attri-
butions des officiers chargés du reoou-
▼rement des impôts. C'est de l'adminis-
tration du grand ministre de Henri IV
que date la première tentative faite
pour le dégager de l'influence des
boromes de finance. Une chambre
spéciale, où devaient être discutées
tontes les mesures relatives au com-
merce, fut établie en 1607, et com-
posée de membres du parlement, delà
chambre des comptes et de la cour des
aides. Malheureusement, la mort de
Henri IV, qui arriva avant que cet
établissement se fût consolidé , paralysa
l'heureuse influence que l'on était en
droit d'en attendre; et cette chambre
fiit dissoute de fait sous l'administra-
tion imprévoyante de la régente , Marie
de Médicis. Mais Richelieu la recom-
posa et en prit la présidence. Colbert,
le régent , les différents ministres de
Louis XV et de Louis XVI , lui firent
subir quelques modifications , aug-
mentèrent ou diminuèrent sa compé-
tence et ses attributions ; cependaDt
elle subsista jusqu'à la révolution.
Abolie alors, ainsi que toutes les
anciennes institutions , cette chambre
fut remplacée, en 1793, par un co-
mité pris dans le sein de la Conven-
tion , et les douanes furent mises dans
les attributions du ministre des rela-
tions extérieures.
Sous le consulat , on recomposa «a
conseil de commerce , aux discussions
duquel Napoléon prit souvent une
part importante.
Enfin, en 1812, un ministère da
commerce fut créé et confié à M. Col-
lin de Sussy , dans les attributions du-
quel furent mis les douanes, tout œ
qui se rapportait à la propriété md»-
liaire , aux subsistances , aux cour-
tiers , aux établissements industriels,
les consulats, la marine marchande, elc.
Ce ministère, institué plutôt dansk
but de veiller à l'exécution du Uocos
continental que dans celui de favori-
ser le mouvement commercial de b
France, ne subsista que jusqu'oi 1814
et le commerce retomba sous lio-
fluence des agents du fisc.
Une ordonnance royale créa, en
1824, un bureau de commerce, é-
visé en un bureau d'hommes d^afifiaires,
chargés de préparer toutes les naesorei
relatives au commerce , et un consei
supérieur devant lequel le bureau ve>
naît apporter et défendre son travaJL
Quatre ans après , au mois de jan-
vier 1828, ce bureau fot rempiaoé^
FRANCE.
GOM
401
ches maritimes ; sur les vœux des con-
seils généraux du commerce , des ma«
nufactures et du conseil d'agriculture,
et sur toutes les questions que le mi-
nistre juge à propos de lui renvoyer.
Il est présidé par le ministre et se
compose en outre de vingt -quatre
membres.
LeconseUcTagriculture est composé
de trente membres nommés par le mi-
nistre, avec Tapprobation du roi.
Le conseil général du commerce
se compose de membres nommés pour
trois ans par les chambres de com-
merce, et pris, soit dans leur sein,
soit dans leur circonscription. Chaque
chambre nomme un membre , à Tex-
ception de celle de Paris, qui en
nomme huit , et celles de Lyon , Mar-
seille , Bordeaux , Nantes , Rouen et
le Havre, qui en nomment chacune
deux.
Enfin , le conseil général des manU"
Direction du commerce intérieur, factures est composé de vingt mem-
un ministère du commerce; maïs ce
ministère , dont les attributions n'a-
vaient pas été nettement définies , ne
put durer, et, à la chute du cabinet
a la tête duquel était M. de Martignac,
le 9 août 1830 , on en revint au bureau
de commerce , qui fut reconstitué sur
ses anciennes bases.
Le ministère du commerce fut en-
Un constitué définitivement en 1830 ,
et , depuis , il a toujours existé , tout
en subissant différentes modifications,
suivant Finfluence des hommes aux-
quels il a été confié.
Il porte aujourd'hui le nom de mi-
fdstère de VagricvUure et du corn»
trierce, et se compose , outre le secré-
taire général, de trois directions,
savoir :
Dir€ction de FeigricuUure et des
haras f comprenant deux bureaux :
t*' borean, agricaltiire.
%* — hara*.
€ies manufactures et des établisse'
ments sanitaires , comprenant quatre
bureaux :
i** borean» conunanw iulsciaur.
a* — - manafactares. ,
3* — céréales et approrisioanements*
4* — police sanitaire.
Direction du commerce extérieur y
comprenant trois bureaux :
a*' burean, léçisbtion, formation et application
des tarifs de douane et de narigation.
a* — archives des docnoients français, et stft*
tistiqae générale du royaume.
3* — archives des documents étrangers.
De ces trois directions dépendent le
conseil supérieur du commerce, le
conseil d'agriculture, le conseil gé-
néral du commerce , et I^ conseil gé-
néral des manufactures. Le conseil
supérieur du commerce a été or-
Iganisé par ordonnance du 29 avril
1831 , pour remplacer le bureau du
commerce. Ce conseil est appelé à
donner son avis sur les projets de lois
et sur les ordonnances concernant les
tarifs des douanes, et leur régime, en
ce qui intéresse le commerce ; sur les
projets des traités de commerce et de
navigation ; sur la législation commer-
ciale des colonies; sur le système des
encouragements pour les grandes pé-
bres nommés pour trois ans , par vingt
des chambres consultatives des arts
et manufactures, et de quarante mem-
bres nommés par les ministres de l'a-
griculture et du commerce et des toa-
vaux publics, avec l'approbation du
roi. En outre , dix memores du con-
seil général du commerce, apparte-
nant à des villes de fabriques, ont
entrée au conseil général des manu-
factures.
Ces trois derniers conseils tiennent
chaque année une session dont le minis-
tre de l'agriculture et du commerce et
celui des travaux publics fixent Tépoque
et la durée. Us délibèrent et émettent
des vœux sur les propositions faites par
leurs membres, soit en leur nom , soit
au nom des sociétés d'agriculture, des
chambres de commerce , et des cham-
bres consultatives des manufactures
Î[u'ils représentent. Enfin , ils donnent
eur avis sur les matières que le minis-
tre renvoie à leur examen. Des com-
missaires nommés par le roi sont char-
Î;és de développer les questions qui
eur sont soumises , et de leur four-
nir les explications dont ils peuvent
avoir besoin. Des employés du minis-
tère du commerce remplissent les
T. V. 26' Livraison, (Dict. bncycl., etc.)
26
À02
€OBI
LOJNlirEils.
kôk
fonctions de secrétaires. Chacun deà
conseils nomme, à sa première sessjon,
'son président , qui , dès lors , devient
de droit membre pour trois ans dû
conseil supérieur du commerce.
pii ministère du commerce dépen-
dent encore un conseil supérieur de
santé , composé de vingt-deux mem-
bres , et présidé par le ministre , et le
comité consultatif des arts et manvr-
factures. Ct dernier conseil^ composé
^'hommes spéciaui: , àti iibmbi*ê de six
ou sept, à été institué pour donner d
Tadministratioii les avis dont elle peut
avoii* besoin , sur la |)artie technique
des mesures à [irendre pour les manu-
factures et fabriques. Le décret dû 29
janvier 1812, qui organisa Tancieh
ministère du commerce, est le premier
acte où il soit fait nlention de ce cd-
ihité, qui comptait cependant déjà
plusieurs annéeis d'existence. ,,
Les ministres du commerce ont ëté,
depuis la fondation de ce ministère :
Ministres du commerce,
Pe ijSi? à >8i4i CoUin de Sussy.
Ministres du commercé et des travaux pu^
. 'iUes,
li macs , ?83«, 4'^rgMtC.
3i décembre i83a, Thîers.
21 f&ari ;834, Passy.
Ifinis'trei du comme^cei
.A nm . x834» DoabAtttl.
zo novembre 1 834 1 Teste.
i8 novembre i834, Duchi|tel
^ ï5 férrier i856, Pass^.
tg septembre t83(5, BfarUn 4m Iford.
it mai x839, Cunin-Oridaine.
x*''mars '84o, Gouin.
5 septembre 1 840, Canin<-Gridaîne.
GoMMEBGB (trîbunadx de). Voyez
Consuls et Justice (administration
delà).
GoMMËRCi?, ville de Fancrenne Lor-
raine, aujourd'hui chef-lieu d'àrron-
dissemetitdû département de la Meuse.
Cette viile n'est coiinue que depuis le
neuvième siècle ; mais il est probable
qu'elle existait antérieurement. Dans
le principe, c'était une simple seigneu-
rie, qui fut érigée plus tard en princî-
|)aute, et obtint une charte de com-
mune eq 1324. Charles-Quint l'assié-
gea en 1^54. JCommercy forma long-
temps deux seigneuries distinctes,
sous les noms de Cbâteàti-Hatit et de
Château-Bas; la première fut possédée
^ar Phiilppè-Einmahuel de Gohdy, le-
auel là transmit à son fils 10 cardinal
de Retz , qui y rédigea ses Mcnioires.
![I en lit réparer Tancièn château , et
ë vendit avec la ville à Charles IV,
)rince de Vaudemont; par les soins
lùquel fut réparé, ëh itOS, le château,
(ont Stanislas fit une demeiire magni-
fique^ auioui'd*hui tirànsformée en on
quartier de cavalerie.
Commercy était, âvâiit là révoln-
tion^ le chef-lieu a'un bailliage; elle
ne possède aujourd'hui qu'une Justice
dé paix, le tHbunal de rarirohdisse-
ment étaijt â Saiht-Mihiel. Sa popula-
tion est de 3,622 habitants.
Cqmhersoih (Philibert), médecin et
botaniste français, né eh 1627; à Châ-
tillon-lez-DorabeSi en Bresse, mort en
1713, à rtle de France, où il avait ac-
compagné Bougainville dans son
voyage dé ôirctimnavigation. Il y avait
forme une ^ande collection de plantes
qùé lé hiinisti^ de la marine fit venir
à Paris pour être déposée au Jardin
du roi. Avant son voyage « il avait
composé un Marfurologe de la ho-
tantque, histoire oe tous les botanis-
tes inorts victimes de leur zèle poor
la science.
ÇoMMiNGES y pays avec titre de
comté, dans l'ancienne Gascogne, était
borné au nord par l'Arniagnac, ae
midi par les Pyrénées, â l'oiiest par le
Bifiorre et une partie de l'Armagnac,
à 1 est par le Conserans et le bas Lan-
guedoc. Il avait environ 10 nivriamè-
très de longueur et 5 myrîamètres de
largeur. U se divisait en haut et bas
CômmingeSy et avait pour capitale
Saint-Bertran de Commmges.
Ce comté, qui fait aujourd'hui pa^
tie du département de la Haute-Ga-
ronne, de l'Ariége et du Gers, joais-
sait de plusieurs privilèges, parai
lesquels nous mentionnerons le droit
des lits et passeries, en vertu duquel
ses habitants pouvaient faire avec PO
pagne le commerce des marchandises
non prohibées, sans pouvoir être in-
quiétés , que les deux pays fussent ci
paix ou en guerre.
€0M
FRANCE;
co»
403
te pays de Comminges était habité,
à l'époque de César, par les Convènsêy
que Pompée obligea de se fixer dans
1 Aquitaine. Leur ville fut d'abord ap-
pelée Lugdunum^ dénomination corn-
niune à toutes les villes bâties sur les
hauteurs, et auquel on ajouta ensuite
Convenarûm^ pour la distinguer des
autres cités ou niémé nom.
Bâtie au sommet d'un mont escarpé,
à peu de distance de la Garonne^ el;
entourée de muips flanqués de grandes
tours , cette ville était , au sixième
siècle , la place la plus importante de
ia Vasconie. Elle avait été fondée à la
în de la guerre de Sertorius^ par Pom-
pée , qui y avait transplanté les pliis
turbulents d'entre les loériens. A l'é-
poque de la conspiration de Gondd-
vald (voyez ce nom), ce prince, acconl-
pagné de Mu m mol et des auti'es chefs
gailo-romaihs attachés à sa fortune,
y fut accueilli avec empressement par
Chariulfe^ comte du pays, et par la
population , qui s'engagea à détendre
Courageusement les conjurés, et se
prépara aussitôt à soutenir un long
siège (586). Mais une fois dans la ville,
les Goodovaldiens, dont l'armée était
assez, nombreuse , s'en emparèrent
par là plus insigne perfidie. Ayant fait
croire aux Convenues que l'armée de
Gôntrari arrivait, et les ayant engagés
à marcher les premiers a sa rencon-
tre , ils chassèrent aussitôt hors des
remparts presque tout le reste des ha-
bitants, et fermèrent les portes der-
rière eux. Ari bout de peu de jours,
les Francs vinrent investir. là ville.
Le siège fîit lonp et opiniâtre. Enfin
les chefs ennemis réussirent à cor-
rompre Mùmmol, qui leur livra le
malheureux Gondovald. La ville de-
vait être ouverte le lendemain; les
Gondovaldiens passèrent la nuit à pil-
ier les -églises et à cacher leur butin.
Le jour venu, les assiégeants entrèrent
et massacrèrent tout ce qu'ils rencon-
trèrent, sans distinction etsaiis merci.
Quand il ne resta plus dans la ville
une seule créature vivante, on y mit
le fbu, et bientôt il n'y eut plus un édi-
fice debout (*}. Ce ne fut que cinq
(•J Grégoire de ToUw, Tll, 38. Port-
cénts ans pjas tarduu'une nouvelle ville
des Cpn venues s'éleva sur le même
site , avec le nom altéré dé Cbmmin-
§es.
CoMMiNGES (comtes de). — Suivant
âaelques auteurs, le Commingeois eut
tk comtes partipuHèrs dès le com-
meiicement du dixième siècle, et on
trouve en effet un certain Asnariùs
avec le titre de comte en ^. On trouve
encoi*e, dans les chroniques du temps,
désignés en cette qualité , Arnaud eh
944 i Roger P' en 983 , Raymond I*»*
en 997 ; puis Ainelius , Bernard l*' ,
fils de Raymond , Guillaume en 1015
et 1025, Roger II en 1026 et 1035^,
Arnajiid II en lOOi et 1070, |toger III
eh 1074, Bernard II, fils de Raymond,
en 1075 et 1 100. Mais on ne sait pas
au juste si ces comtes proviennent de
la même souche. On ne possède de
renseignements exacts qu'à partir de :
Bernard III, fils de Roger, cohite
de Comminges, vers l'an 1120, blessé
à mort dans un combat livré en 1150,
près de Saitit-Gaudens.
Ii50. DôdoUy son fils, se fit, en
1181, religieux cistercien à Feuillans,
après avoir gouverné 81 ans.
1181. Bernard ly, fils et succes-
seur de Dodoh, après avoir passé plu-
sieurs années dans des querelles cau-
sées par ses prétentions sur la ville
de Conserâus, eut avec Raymond-
Roger, comte de Foix, une guerre qui
dura six ans. En 1211, il porta secours
à son cousin, Raymond VI, comte de
Toulouse, contl^e Simon de Montfort,
qui le défit complètement, en 1213, à
la bataille de Muret. Par suite de cette
défaite , le comte de Comminges fut
forcé d'aller à Narbonne abjurer toute
doctrine contraire à celle de l'Église
romaine. Mais il reprit les armes en
1218, recouvra une partie des domai-
nes due les croisés lui avaient enlevés;
et , l'année suivante ^ il commanda le
corps de bataille de l'armée des Tou-
lousains à la journée de Basiége , où
quam cunctos inlerfecerunt , ul non rema-
neret mingens ad p^rietem , omnem urbem
cum ecclesiis reliquisque aediiiciis succeude-
runt f niliil ibi prœter humum vacuam re-
linquentes.
26.
404
COM
L'UNIVERS.
COM
ceux-ci furent victorieux. Il mourut en
1226.
1226. Bernard K fils de Bernard
IV, conclut, Tannée oe son avènement,
un traité de pa» avec Louis VI , au-
quel il fit hommage de tous ses do-
maines. Il mourut subitement en 1241.
1241. Bernard FI, fils et succes-
seur de Bernard V, prêta serment de
fidélité, en 1243, à samt Louis, se re-
connut vassal du comte de Toulouse
pour ce qu*il possédait aux diocèses
de Conserans et de.Comminges, et
mourut en 1312. Il avait, dix-huit ans
auparavant, en 1294, abandonné son
comté à son fils et successeur,
1294. Bernard Fil f qui, en 1309,
obtint de Philippe le Bel des lettres
2ui lui accordaient la permission de
onner en partage à ses fils puînés
une partie des nefs qu'il tenait du
roi. Créé chevalier par le roi en 1313,
il mourut en 1335.
1335. Jeany son fils posthume, mou-
rut en 1339.
1339. Pierre-Raymond /•% fils de
Bernard VI , s'empara du comté de
Comminges au préjudice de ses nièces,
les sœurs de Jean. Il mourut en 1341
ou 1342.
1341 ou 1342. Pierre-Raymond Ily
fils du précédent, eut à soutenir contre
les seiçneurs de la maison de Tlle-
Jourdain , qui défendaient les droits
de Jeanne , fille de Bernard VII , de
longues guerres, qu'il termina enfin,
en 1350, par son mariage avec cette
princesse. Il fut fait prisonnier, en
1362, à la bataille de Launac, par le
comte de Foix, et mourut en 1376.
1376. Marguerite y fille de Pierre-
Raymond U, lui succéda au comté de
Comminges. Elle fut mariée trois fois,
et en dernier lieu à Mathieu de Foix,
grand partisan de la maison de Bour-
gogne. Marguerite lui ayant fait don,
par son contrat de mariage , du comté
de Comminges , celui-ci renferma sa
femme dans le château de Saverdun ,
où il la retint prisonnière pendant une
vin^aine d'années; et Jeanne, après
avoir chansé plusieurs fois de prison,
ne fut rendue à la liberté qu'en 1443,
au moyen d'un traité conclu entre le
roi et Mathieu de Foix , traité par le-
quel une partie du Commingeois fut
abandonnée à Mathieu, et le reste à
Marguerite.Lajouissancedutoutdevait
appartenir au survivant, après la mort
duquel le comté aurait été réuni à la
couronne. Jeanne étant morte en 1443,
Jean IV, comte d'Armagnac, s'em-
para d'une partie du Comminjgeois ;
mais Louis XI, alors dauphin, le
chassa de ses conquêtes et de ses biens,
et le fit prisonnier. Mathieu mourut
en 1453, et dès lors le comté de Com-
minges fut réuni à la couronne, dont
il fut distrait deux fois par Louis XI
en 1461, d'abord en faveur de Jean de
Lescun, bâtard d'Armagnac, qui mou-
rut sans enfants mâles en 1472, et en-
suite en faveur du chambellan Odet
d'Aidie, seigneur de Lescan. Il fut
réuni à la couronne par lettres du
même [)rince, enMate du 25 août 1498.
François P' en fit don à Odet, vicomte
de Lautrec , qui eut pour successeur,
en 1529, son fils Henri. Celui-ci étant
mort sans lignée, le comté de Commin-
ges fut enfin, en 1540, réuni à la cou-
ronne pour ne plus en être séparé.
CoMMiBE (Jean), jésuite, naquit à
Amboise en 1625. Son goût le porta
à cultiver la poésie latine, et il le fit
avec le plus grand succès. Horace avait
été son auteur favori , et les connais-
seurs trouvent que le P. Commire sai-
sit quelquefois dans ses pièces le ton
de son inimitable modèle. Ses fables
n'ont ni l'élégante précision, ni le bat
moral de celles de Phèdre ; peut-étie
même sont-ce moins des fables que
d'ingénieux parallèles , d'agréables
descriptions ; mais le charme du style
couvre si bien les défectuosités du
sujet, qu'on les lit toujours avec plai-
sir. Le talent du P. Commire ne se fât
probablement pas élevé jusau'aux
grandes compositions; mais il r&ssis-
sait parfaitement dans les pièces de
peu d étendue, qui peuvent recevoir un
degré d'intérêt suffisant de l'éléganee
et du fini de la forme. U était profes-
seur de théologie à la Sorbonne,etk8
études vers lesquelles son inclination
l'entraînait ne. lui firent jamais négli-
ger les devoirs de son état, Le$ parth
C09I
FRANCE.
GOM
406
fhrcues des psaumes et des prophètes
lui furent même une occasion de con-
cilier l*un et l'autre. Mais cette œuvre
n'a pas le genre de mérite qu'on lui
souhaiterait, et les qualités de l'au-,
teur sont l'opposé de celles qu'il lui
aurait fallu pour rendre la majesté
des livres saints. Le journal de Tré-
voux s'enrichit aussi des travaux du
P. Commire, et entre autres de Re-
marques sur les poésies de saint
Orentius. Le P. Commire était en re-
lation avec Ménage, avec Santeuil, son
émule en poésie latine, avec le célèbre
Huet, évéque d'Avranches, qu'il en-
gagea à écrire son Histoire des navi-
cations de Salomon, et avec le P. Bou-
nours , à qui il adressa une belle ode,
Êour le consoler des critiques de Bar-
ier d'Aucourt. Toutes ses poésies
ont été réunies en un volume où
l'on trouve, outre ses paraphra^
ses des psaumes , des pièces néroî'
gués, des odes, des idylles , des /a-
bles, des épigrammes et enfin 'un
drame^ dont le sujet est la conception
de la Vierge. Le P. Commire mourut à
Paris en 1703.
Commise, droit qu'avait leseigneut
suzerain de s'emparer, pour un temps
limité ou pour toujours, du fief de son
vassal, quand celui-ci manquait aux
devoirs imposés par la foi et hommage.
Les deux principales causes de la
commise étaient le désaveu et la/eïo-
fU€> (Voyez ces mots.)
CoMMisSÀiBE, Commissarius. — Ce
nom y que l'on trouve employé pour
la première fois, en 1254, dans une
ordonnance de saint Louis , désigne ,
dans notre nomenclature administra-
tive, un fonctionnaire civil ou judi-
ciaire, chargé par l'autorité supé-
rieure, par une cour ou par un tribunal,
d*une mission particulière. Tels étaient,
tous l'ancienne monarchie, les hommes
qui composaient les tribunaux extraor-
oinaires chargés de prononcer dans
les procès dont on ne croyait pas pou-
voir laisser le jugement aux tribunaux
ordinaires.
Les jugements de ces commissaires
étaient sans appel; ils étaient nom-
més par le roi , qui les choisissait dans
toutes les classes de citoyens ; parmi
les ennemis des accusés dont il voulait
la condamnation , parmi les amis de
ceux dont il désirait l'absolution. C'est
ainsi que furent condamnés Enguer-
rand dfe Marigny sous Louis X ; Jac-
ques Cœur, sôus Charles VII; de
Thou , Cinq - Mars , sous Louis XIII ;
Fouquet, sous Louis XIV; et que
furent absous, sous ce dernier prince,
les grands personnages compron\is
dans le procès de la célèbre empoison-
neuse la Brinvilliers. Mais si les juge-
ments rendus par commissaires étaient
prompts et presque toujours con-
formes aux désirs de ceux qui les
avaient provoaués, le peuple les re-
gardait en général comme des œuvres
d'iniquité, et ses sympathies réhabili-
taient ordinairement les malheureux
que l'on s'était efforcé de flétrir par
ce semblant de justice. François I*'
visitant un jour,- dans l'église àes Cé-
lestins de Marcoussi , le tombeau de
Jean de Montaigu , grand -trésorier de
Charles VI, décapité aux halles par
ordre du duc de Bourgogne , dit qu'il
V avait lieu de regretter qu'un tel
nomme fût mort par justice. «Sire,
« s'écria un moine , il ne fut pas con-
« damné à mort par jttstice, mais par
ft commissaires, » Frappé de ces pa-
roles, le roi jura de ne jamais donner
à une commission le droit d'envoyer
un homme à la mort, ce qui ne l'em-
{)écha pas de faire exécuter, en 1523,
e surintendant de Semblançai, con-
damné à mort par des commissaires,
et d'aller lui-même déposer comme té-
moin devant ceux qu'il avait choisis
pour condamner le cnancelier PoyeJ.
Les cours prévôtaies (Voy. ce mot),
créées par la restauration pour don-
ner un caractère légal aux fureurs
réactionnaires des partisans de l'ancien
régime, étaient de véritables commis-
' sions, comme celles de l'ancienne mo-
narchie. Depuis , il n'y en a plus eu ,
et un article de la Charte interdit ex-
pressément la création de commissions
et de tribunaux extraordinaires. Les
juges-commissaires ne sont plus que
des magistrats délégués par les tribu-
naux ordinaires, pour certaines opéra-
49$
am
L*u|sreyERS«
COM
tions qui ne peavent ^e faîtes pwc le mières années du règne de Charles YII,
tribunal tout entier. ' * ' - nfi^ig i^j^y revint pnu tard; èteefct
En matière aâministrative, on donne sous ce prince que s'établît Tasage de
encore le nom de commissaires à de^ loger les gens de guerre abecpkdeait
officiers publicâ , commis à des fonc- feu et à la chandelle , expression qui
tions spéciales. Tels étaient les conir a été depuis diversement interprétée.
missaires des guerres (V. ces mots) -
et tels sont encore aujourd'hui les
cçmmissaires de police^ les commis-
saires-priseurSy etc.
On donnait encore le nom de com-
missaires, sbus le gouverkiement révo-
lutionnaire , dux membres de la Con-
vention envoyés aux armées ou (dans
les départements, avec une niissiori
spéciale. (Voyez Repbésbntànts dû
PEUPLE EN MISSION.) Des fonctions
analogues viennent d*étre rétablies
tout récemment (août 1Ô41) , et con-
fiées à l'officier public envoyé à Tou-
louse, sous le titre de commissaire
extraordinaire^ à l'occasion des trou-
bles dont cette ville a été le théâtre.
COMHISSAIBES DES GUEBBES. —
jusqu'au règne du roi Jean, les sé-
néchaux et les baillis remplirent en
France les fonctions de ces officiers ;
mais leurs pouvoirs étaient circons-
crits dans les limites de leurs bailliages,
hors desquels ils ne pouvaient plus
être utiles aux troupes. Les eapîtamei
des compagnies en devenaient alors
les administrateurs. Us recevaient là
solde et en faisaient eux-mêmes la ré^
partition ; mais cet état de choses ,
qui était insufTisant pour assurer la
régularité du service, changea lors-
gu on eut créé, en 1S55, sous le titre
de conducteurs de gens de guerre^
uii corps d'administrateurs militaires
chargé des monstres (revues) , de la
pdUce , de la discipline et des approvf*»
sionnements; l'année suivante on en
comptait douze pour toute l'armée. '
Une ordonnance de 1373 autorisa
les connétables, les maréchaux , et les
maîtres des arbalétriers , à nommer
En 1445', des commis furent nommés
pour inspecter Thabillement des troo-
pes , le namachèment et les cheTaai
de remonte de la cavalerie, inspectioQ
gui fût pixé alors podr la première
fols.
Plus tard, lors de l'oreamsation
des bureaux des secrétaires d-État, des
commis et des commissaires des guer*
res furent donnés ponr employés à ce-
lui de la guerre. Les premiers travail-
laient dans les bureaux; ils nereçureot
jamais d'organisation définitive, les
seconds étaient les agents du ministre
aux armées et dans les places de
guerre ; ils y parurent dès Tannée de
leur création (1514) , avec le titre de
commissaires et l'autorité nécessaire
pour remplir sans entraves leurs fonc-
tions. En 1537 on leur donnait le titre
de commissaires des guerres ordind"
res. Ces officiers furent alors cbargés
de passer les troupes en revue poar
éonstater leur effectif , de veiller â
leurs besoins , de surveiller les agents
des subsistances , de pourvoir aux ap-
provisionnements des plfloes et(iesa^
mées. Ils correspondaient djrecteiDeDi
avec le ministre de la guerre , et ne re*
cevaient d'ordres que de lui seul; en-
fin, une ordonnance de 1553 leur ac-
corda ie droit de si^er au parle-
ment.
Charles IK^ en confirmant , par son
édit de 1567 , les lois qui {eur aoco^
daient ces prérogatives , rappela une
disposition d'une ordonnance du rai
Jean . qui voulait qu'un clerc du s^
cret lût envoyé aux armées pour ton-
tes les expéditions royales. Léditajoo-
tait : « Il sera envoyé un commissaire
pour les monstres des gens de guerre ' « des guerres aox gouverneurs des pro-
qui étaient sous leurs oridres , des lieu- « vinces , cbe£s des armées et geai-
tenants, commis ou commissaires des
guerres , que Ton nommait aussi mé-
neurs de gendarmes , archers et ar*
balétriers. Cet essai d'administration
militaire f\x\ abandonné dans les pre*
« raux des finances , pour donner ans
« au roi de tout ce qui se passe , 4
« faire faire à l'entour d'eux toutes
« expéditions nécessaires» et on kat
« donnera les mémoires et les gi*
CRM ?PAfîCE.
im fyin écrire l'histoire du
«If
Les abus qui ^'introduisaient dans
l'a^minîstratfoh intérieure des com-
pagnité, lorsque le soiii de rèceToir et
de distribuer la solde des troupes étaif
confié aux capitaines, obligeaient sou-
vent le ministre de la guerre de char-
ger les commissaires des guerres d^
tériller l'effectif de ces corps et de
constater l'état de leur |iabillement^
de leur armement ej de leur équipe-
ment. Aujourd'hui , ces fonctions sont
iittribuées aux itlspectéurs généraux
d'armes qui les remplissent irune ma-
nière plus contenabie et plus utile au
bien du service.
On ne troUve dans l'histoire de no-
tre administration militaire , jusqu'au
commencement du dix-septième siècle,
aucune trace de commissaires ordon-
nateurs; on voit seulement que Henri
Il créa deux commissaires généraux
des retïîiésquieurent sous leursordres
des commissaires temporaires et des
agents secondaires. Mais ces commis-
saires générauit n'étaient point insti-
tués comme chefs directs des commis-
saires des guerres. On les remplaça ,
en 1627 , par six inlmdatUt généraux
qui avaient voix déllMrative au con-
seil du roi. I*eti de temps après oif
cHa (Jes trésoriers généraux des ar-
méet, et on établit dans chaque élec-
tion un conseiller commissaire parli-
Cu&ÉT des vivres. L'introduction danj
l'armée de ces différents officiers ap-
porta quelques améliorations dans l'ad-
■mnistratioD , Bans cependant amener
tous les résultats qu'on en attendait.
Tous les services languissaient : ceui
des hfipitaui, des vivres et fourrages ,
se faisaient avec lenteur, sans mé-
thode réeulière, et souvent même avec
une négligence coupable. Cependant
l'administration militaire demeura Eta-
tionnaire aussi longtemps que les ar-
mées purent être approvisionnées par
la voie des réquisitions en nature;
mais les grandes armées mises sur
pied par IJouis XIV et le système def
entreprises adopté par Louvois exi-
gèrent une plus grande surveillance-
L'usage deg revues produisit peu
On comprit alors que, pour donner
plus de force et d'autorité au corps
administratif, il convenait de nlacef
un intermédiaire entre lùj et le mi-
nistre de la guerre, tes commissaire;
des guerres avaient eu pour chef, ad
commencement du dix-septième siècle,
un seul commissaire général (1614) ,
mais dont l'emploi avait bientôt été
aboli, parce que l'on avait redouté le
Couvoir excessif de ce fonctionnaire ;
ts commissaires des guerres curen^
alors pour supérieurs des commissaU
res ordonnateurs, qui furent chargés
de la répartition du service administra^
tif. La création de ces officiers data
de 1635.
En 1667 ou créa des eontrôleuTt
des guerres, chargés de la tenue des
registres et du contrôle des revues de
troupes. Trente commissairet ordi-
naires provinciaux des guerres fu-
rent institués en 1704 et repartis dans
les provinces et dans les généralités du
royanme. Ils étaient exclusivement
chargés du service intérieur, et subor-
donnés aux commissaires des guerrei
avec lesquels ils concouraient pour les
places d'ordonnateurs.
La solde des commissaires des guer-
res avait été fixée a 480 livres, en 1S14.
On ne connaît pas lés changements
qui y furent faits jusqu'en 1698; mais,
à cette époque , un arrêt du conseil
du roi gxa [es privilèges, les attribu-
tions et les appointements de ces
fonctionnaires; ceux qui avaient payé
50,000 livres pour la finance de leur
charge, recevaient, pour gages , 3,300
livres , et pour appomtements , 3,000.
Ceux nui avaient financé 40,000 liv.,
touchaient à titre de gages, 1,600 Iit-,
408
GOM
LUNIVERS
€01l
et 3,000 li?. d^appointements. Enfin ,
ceux qui n'avaient payé que l'ancienne
finance, c'est-à-dire 30,000 Ht., ne
recevaient que 1,320 liv. de gages,
sans appointements.
^ Un édit de 1664 leur avait donné
rang à la eauche des commandants de
la troupe dont ils avaient la police; ils
prenaient leurs logements immédiate-
ment après ces officiers, et prési-
daient le conseil de guerre en leur ab-
sence. On ne leur donna cependant
Funiforme qu'en 1746.
Lors des réformes du comte de Saint-
Germain , le nombre des commissaires
des guerres , qui s'était considérable-
ment accru , fut réduit à cent soixante,
et leurs appointements furent fixés de
la manière suivante :
Frais de
Solde, bnreao.
i8 commisfl. ordonnatenrs 6,000 1. a,ooo I.
16 -— des guerres princip. S.ooo 1,000
90 — des guerres de i'* cl. 4>ooo
96 — des guerres de a* cl. 3,ooo
so élèves i,aoo
Les ordonnateurs furent assimilés
aux colonels ; les commissaires princi-
paux , et ceux dés première et deuxième
classes, aux capitaines ; les élèves, aux
lieutenants. Peu de mois après, le
nombre des commissaires des guer-
res fut porté de cent soixante à cent
soixante-seize.
Un édit de décembre 1783 supprima
les 176 charges de commissaires des
guerres établies à la fin de 1776, et en
créa 180 nouvelles. Le corps, bientôt
réduit à 130, fut de nouveau augmenté
et porté à 160 en 1788 ; mais la finance
de leur charge avait été fixée à 55,000
livres, que ces fonctionnaires furent
obligés de payer sous peine de dé-
chéance.
Leur répartition se fit de la manière
suivante :
a 3 commissaires ordonnateurs.
Près le conseil de la guerre z
A Paris I
Dans les divisions ai
xa7 commissaires des gturres.
Dans la maison du roi 3
En résidence dans les généralités. . . . ^ . . 34
Dans les divisions et pour l'artillerie. . . 90
ai Élèves.
La solde et les frais de bureau de ces
171 fonctionnaires étaient les mêmes
qu'en 1776.
Un décret du 20 septembre 1791
changea toute cette organisation. Des
cours martiales ayant été établies dans
toutes les divisions, on y plaça 23 ot'
donnateurs grands Juges militaires^
qui en étaient les présidents , et au-
tant de commissaires auditeurs des
guerres chargés de la poursuite des
crimes et délits militaires.
Cette nouvelle organisation porta
l'effectif du corps à 364 fonctionnaires
ainsi répartis :
4i commiss, ordonnateurs, dont a3 juges.
De I** class*. 8
De s* classe B
De 3* classe. >5
390 commiss, des guerres, dont^^ asuGteurs,
De 1** dasse 10
De a* classe > ao
De 3* classe 3o
De 4* classe 5o
De 5* classe x8o
Enfin 33 aides commissaires.
Un décret du 17 janvier 1795 porta
Teffectif du corps à 600 hommes, sa-
voir :
6o ordonnateurs.
a4o commissaires de i'* classe.
3oo — de a* classe.
La Convention se réserva la nomi-
nation des nouveaux titulaires, sur la
présentation du comité de salut puMic.
Parmi les nouvelles attributions mn
leur furent données, on remarque edk
qui les chargeait spécialement de la
levée des contributions en pavs enne-
mi, diaprés les fixations arrêtées par
les représentants du peuple en missioo
aux armées , ou par les généraux es
chef.
Le personnel de l'administration mi-
litaire subsista ainsi jusque sous le
consulat. Mais par un arrêté du 29
janvier 1800, les fonctions attribuées
aux commissaires des guerres furent
partagées entre deux corps distincts et
indépendants Tun de Fautre : le pre-
mier, sous le titre d'inspecteurs auxre^
vues; le second sous celui de cominif-
saires des guerres (voy. Inspbgtbobs
AUX BBYUES). Lc corps du Commissa-
riat couscrva la surveillance des appro-
visionnements en tout genre, tant aux
COM
FRANCE.
40a
armées que dans les places et les villes
de garnison ; la levée des contributions
en pa^^s ennemi, la police des étapes et
convois militaires, de l'artillerie et
des ambulances, des hôpitaux, des pri-
sons, corps de garde et autres établis-
sements militaires; les distributions
de vivres, fourrages, chauffage, habil-
lement et équipement; la vérification
des dépenses résultant de ces distribu-
tions, et de toutes les autres dépenses,
excepté la solde. Sa composition de-
meura fixée comme il suit :
ComnûsMÎres ordonnatears 35
— des guerres de i'* classe. lao
— > des gaerres de ** classe. . lao
Adjoints « 35
3x0
Les commissaires ordonnateurs en
chef, créés temporairement en 1796,
eurent le grade de général de division;
les ordonnateurs, celui de colonel de
cavalerie ; les commissaires des guer-
res, celui de chef d*escadron ; et les
adjoints le grade de capitaine.
A la fin de Tempire , le corps des
commissaires des guerres se composait
de 314 membres, ainsi répartis :
4 ordonnateurs en chef.
4o ordonnateurs.
96 commissaires des gaerres de x'* classe,
loi — des gaerres de a" classe.
61 adjoints. .,^^
4 — honoraires.
8 — provisoires.
Le corps des commissaires des
^guerres, supprimé par ordonnance du
29 juillet 1817, en même temps que
celui des inspecteurs aux revues, fut
remplacé par un nouveau corps admi-
nistratif, qui prit la dénomination de
corps de rintendance militaire. Les
membres des deux corps supprimés
purent seuls concourir à la formation
de ce dernier. (Voyez Intendants
lilLITÀIBBS.)
Ck)M]fISSAIBSS-PBISEUBS. — CcS
fonctionnaires qui ont le droit de faire,
privaiivement à tout autre, les prisées
et les ventes des biens meubles s'ap-
pelèrent d'abord huissiers - priseurs.
Ce fut un édit de février 1566 qui les
créa dans les juridictions royales, mais
leurs attributions furent réunies par
un autre édit de mars 1576 à celles
de. serments royaux «rto.ire..^lfc
lesquels ils ne formèrent dès lors qKr
seul et même corps.
Un nouvel édit de Louis XIV
brisa, en 1696, cette union, et créa
de nouveaux offices de jurés-priseurs
et vendeurs de meubles, dans toutes les ^
villes et bourgades du royaume du
ressort immédiat des justices royales,
à l'exception de Paris, où les choses
devaient rester sur l'ancien pied. La
finance de ces offices parut trop fai-
ble à Louis XV ; il les supprima par
édit de février 1771, et en créa de nou-
veaux partout le royaume ; mais pres-
que aussitôt, de nouvelles lettres pa-
tentes ordonnèrent qu'il fût sursis à
l'exécution de cette mesure et à la levée
des offices nouvellement créés; en con-
séquence, les attributions des priseurs
furent confiées aux notaires, greffiers,
huissiers et sergents royaux ; et le roi
se réserva sur les ventes un droit de
quatre deniers pour livre , que ces
officiers furent chargés de percevoir et
déverser au trésor royal sous leur res-
ponsabilité personnelle. Enfin , quand
le gouvernement, par la perception, à
son profit , du produit de ces offices,
eut été à portée d'en connaître la va-
leur et d'en établir la finance, la sur-
séance ordonnée par Téditde 1771 fut
levée par arrêt du conseil du 25 no-
vembre 1780.
Les offices d'huissiers-priseurs fu-
rent supprimés en 1790; une loi du 21
juillet de la même année, confirmée
par une autre du 17 septembre 1793,
restitua aux notaires, greffiers, huis-
siers et sergents le privilège dont ils
avaient joui autrefois de priser, esti-
mer et vendre les biens meubles, et
deux arrêtés du Directoire, en date des
12 fructidor an iv et 27 nivôse an v,
firent défense à toute personne non
revêtue d'un de ces titres d'usurper
cette partie des fonctions qui y étaient
attachées.
Cet ordre de choses fut modifié par
la Ici du 27 fructidor an ix, gui retira
aux notaires, greffiers, huissiers et
sergents , les prisées des meubles et
ventes publiques aux enchères qui
avaient lieu à Paris et dans le départe-
'410
L'PBayEAS.
«mi
m'et^t de la Sme, pouc If s atlrjbuor
éxclusfremeot à 4e nouveaux officiers,
semblables à ceux qu^avaît crééf
Lotiîs XV, et appelés pommissaires-
priseors. Ces ofnpiers, dont le pombre
fut fixé à quatre-vingis, eureof; une
chambre de discipline, et furent placés
sous la surveillance du tribunal de pre-
mière instance du département de la
Seine, et assujettis à verser au trésor
public un cautionpement de 100,000
francs. Le premier consul se réserva
la nomination ^es commissaires-pri-
seurs et leur donna m costume.
La loi des finances du 28 avril 18)p
ordonna l'institution des commissâi-
res-priseurs dans toutes les villes du
royaume où il serait besoin.
Commission , nom sous lequel on
désigne une réunion ordinairement peu
nombreuse d'bommes choisis pour
remplir des fonctions spéciales et tem-
poraires. Les comités (Voyez ce inot)
sont des commissions permanentes.
Nous avons dit un mot , dans Tar-
|icle COMMTSSAiEE , des commissions
instituées sous Tancienne monarchie ,
pour juger les accusés que le pouvoir
voulait soustraire à leurs juges natu-
rels.
Les assemblées politiques délèguent
souvent à des commissions Texamen
((es questions qui leur sont soumises,
et la préparation des projets de lois
qu'elles doivent voter. Telles furent,
sous l'Assemblée législative , la com-
mission de salut pvbUc (Voyez cemol);
sous la Convention, la commission des
douze (Voy. ce mot), et la commission
des onze , qui fut chargée de rédiger le
projet de constitution promulgué en
ran III ; et telles sont encore aujour-
d'hui , à la chambre des députés et à
la chambre des pairs , les aifférehtes
commissions nommées par ces assem-
blées.
Enfin , on désigne sous le nom de
commissions scientifiques, des sociétés
de savants et d'artistes chargées par
le gouvernement d'exptoWr un pays ,
dans rintérét de la science et des arts.
Telles furent les commissions d*Égypte
et de Morée , dont les travaux reste^
ront comme des monuments du génie
pinlisatenr de la Frai|pe ^ ^Ue fit en-
core la commission de rAJg^e, qm,
opérant sur un sol moins ri<âie , ne
pourra sans doute rëuniir ûg anssi
grand nombre de documents ihtîSres-
sants , mais dont les travaux auront
du moins produit ce résultat, dé dres-
ser rinventairé scientifique 4^' Fan-
jCienne Mauritanie.
Commission de s^lut public. —
La Fayette, qui voulait sauver te roi
malgré lui. avait formé le' projet d'aller
avec les ^avletiers commandant la
§arde nationale expulser les jacobins
e'ieur salle et saisir leuts papiers;
mais la plupart de ceux qui devaient
prendre part à cette expédition reculè-
rent devant le danser qu'elle présen-
tait', et le JOs aîné de la Liberté fiit
obligé de repartir potir l'àriDée. D'un
autre cÔté,quatre-v]ngt raille Prussiens,
commandés par le dnc de Bronâwîcî,
arrivaient à Coblentz, et pouvaient
être en six semaiiies à Paris. De toute
part, le peuple demandait fabdication
ou la décbéjance de Louis XVI; les
fédérés arrivaient à Paris et mena-
çaient d'agir par eiix-mémes. Dans oei
gravés circonstances, F Assemblée lé*
gislative forma dans son sein une
commission de salut public J>out pro-
poser les mesures qù elle croirait pro-
pres à conjurer le danger. La oominis-
sion, composée de patriotes, proposa
un projet ae déclaration de ta patrk
en danger : la discussion de ee projet
fut entamée le même jour, 30 juin 1791
Après une violente opposition de II
part de la droite et d'admirables dit*
cours de Vergniaud et de Condorœt,
^Assemblée entendit un rapport di
tous les comités réunis, décréta la
mesure qui devait sauver la France; le
président^ au milieu d*un majestueux
silence, prononça cette solennelle fo^
mule : Citoyens y la patrie est en daih
ger. Mais la mission de la commissioa
de salut public n'était pas terminée:
le 8 août, Jean Debry fit un rapport
sur la conduite de la Fayette, et de-
manda la mise en accusation de a
soldat factieux qui avait menacé de
renverser la constitution. Ajoutoas
cependant que la msûorité de W
U^ ™t> GMtce |es Goodlinifin de ee étaient d'un patriotisme ]dus gœ sus-
fapporf. 1 . pèct, et trois d'entre eux. Gardien,
^ -rwi.f ^^ LarivièreetVîgéénecacItaient pas
'C'oMMission DES DOUZB. — f.'éloi-
fnement de quatre-vingt-deux dej)utés
ela Montagne', envoyés' en inission
dans les départements , avait donné
pour (juelaue temps aux girondins là
Dinjonté (fans la Convention. Ils ne
tardèrent pas à en abuser, et exercè-
rent sur l'Assemblée une sorte de des-
potisme; mais leur inlTuence ne s'é-
tendait pas au dehors , et les députés
du parti populaire avaient conservé
toute la leur sur [a Commune, dont
les membres appartenaient à l'opi-
nion démocratique.
Le 18 mai 1793 , Guadet , l'un des
chefs du parti de la Gironde, vint, soijs
le prétexte que le parti populaire avait
leur penchant pour le royalisme.
" Dès que Paris , dit W- Tissof, eut
appris la formation et la composition
(je la commission des douze, il lai sem-
bla qu'une nouvelle tyrannie allait s'é-
lever, et ■ ■ evolutionnaire en
flit plus B né l'aiiratt étéd'ap-
prendre n de l'une de nos
armées. disaient les jaco-
bins, il I js d'un péril éloi-
Ïné ; aujt— - .._. ., mal est au cœur.
a Commune de Paris surtout parais-
sait animée des craintes les plus vives.
Elle se réunit le 19 mai : on y fît les
propositions les plus violentes, on r
demanda la mort des vingt-deux cheQ
le projet de décimer et de dissoudre la du parti girondin, et tout le monde
Convention nationale , présenter _
cette assemblée un projet de décret or-
donnant que les autorités de Paris se-
raient cassées et remplacées provisoi-
rement, dans les vingt-quatre heures,
par les présidents des sections ; que les
suppléants de l'Assemblée se réuni-
raient à Bourges , dans le pins court
délai , sans cependant pouvoir entrer
convint que la Convention n'était plus
en état de sauver la France, dans la
crise terrible où elle se trouvait (').'"
Ce fut alors qu'eurent lieu à l'évê-
ché les réunions du comité populaire
chargé d'organiser l'insurrection qui
éclata le 31 mai. [Voyez Comf(e';«)pa-
laire à l'évécké, (p. 347), et mai {jour-
née du 31}]. Ces faits étaient connus
(■ . ûdlia UCpCllUdl.. , _ _,^ . _. ._
onction avant d'avoir reçu la de tout le monde ; les membres di
uvelle certaine de ia dissolution de commission des douze étaient eu x^
la Convention ; enfin , que la nouvelle
de ces mesures serait immédiatement
portée dans les départements par des
courriers extraordinaires,
Cette motion excita les murmures
de tous les députés patriotes ; elle fut
rejetée , et , sur la proposition de Bar-
rère , l'Assemblée décréta , comme
moyen terme, la création d'une com-
mission composée de douze membres
par la Commune depuis un mois.
Les membres de cette commission
furent tous pris dans les rangs de là
droite , et parmi lés ennemis des mon-
tagnards. Boileau, laHosdinière, Vi-
gée, Boyer-Fonfrède, Rabaut-Saint-
■Étienne, Kervelegan, Saint -MartJn-
Valogne, Gomaire, H, Larivière, Ber-
goein, Gardien, Mollevaut, furent dé-
signés pour en faire partie. A l'excep-
tion de Bergoeing , de Boyer-Fonfrède
et de SaiDt-Martin , tous ces hommes
in^me instruits dans le plus grand dé^
tail des mesures que le peuple prenait
contre eux ; aussi se préparèrent -il s à
frapjKr un grand coup. Le 24 mai ,
Vigee, leur rapporteur, vmt présenter
un décret qui mettait |a Convention
sous la sauvegarde dés bons citoyens^
Le poste de l'Assemblée devait être
augmenté, les citoyens prêts, au pre-
mier rappel , à marcher au secours de
la représentation nationale ; la clôture
des assemblées générales des sections
était fixée à dix heures do soir. Enfin ,
dans le dixième article, |a commis-
sion demandait l'autorisation de pren-
dre toutes les grandes mesures qu'elle
croirait nécessaires pour sauTcrla pa-
trie et assurer la tranquillité publique.
Ce décret fut adopté malgré l'opposi-
tion de Banton et de Marat; c était
(') Histoire complète de la révolution
412
GOM
L'UNIVERS.
GOH
une véritable dictature que la commis-
sion des douze venait de se faire dé-
cerner. Elle profita de son triomphe
pour faire arrêter, dans la nuit même
qui suivit , les membres de la Com-
mune qui avaient demandé la mort des
vingt -deux, plusieurs présidents de
section et le substitut Hébert , qui,
dans un article de son journal , avait
formulé la même demande.
La Commune fit aussitôt signer par
les sections une pétition pour deman-
der rélargissement des citoyens in-
carcérés , et la mise en accusation de
la commission pour avoir attenté à la
personne de magistrats populaires en
les arrachant à leurs fonctions. Cette
jjiétition fut portée à la Convention, et
c'est alors que le président Isnard fit à
l'orateur de la Commune cette réponse
menaçante dont les expressions rappe-
laient celles du maniteste de Bruns-
wick (*).
Le 27 mai , de nouvelles pétitions
furent présentées à la Convention ; la
séance de TAssemblée fut longue et
orageuse ; une partie de la droite finit
par quitter la salle ; elle fut remplacée
par Tes pétitionnaires qui envanirent
en foule les places réservées aux dé-
putés. Le parti de la Montagne, se trou-
vant alors en majorité, fit décréter, sur
la motion de Lacroix , rélargissement
d'Hébert et de ses compagnons de cap-
tivité, et la suppression de la commis-
sion. Mais le lendepaain , les girondins
firent revenir l'Assemblée sur cette dé-
cision : la commission des douze fut
rétablie , on lui rendit tous ses pou-
voirs ; mais pour faire à la Commune
une concession , dont on attendait le
rétablissement de la tranquillité publi-
que , on décréta l'élargissement pro-
visoire des citoyens incarcérés.
Le 29 et le 30, de nouvelles péti-
tions vinrent demander à la Conven-
tion la suppression de la commission
des douze. L'Assemblée en ordonna
l'impression , mais ne prit sur elles au-
cune décision. Enfin , le 31 eut lieu la
grande insurrection qui amena la sup-
pression définitive de la commission.
*
(*) Voir les Ahitàles, t. II, p. aSr.
Mais ce résultat ne suffisait pas à
ropinion populaire ; la plupart des pé-
titionnaires avaient demandé l'arres-
tation et la mise en jugement des
membres de cette commission , et des
vingt-deux che£s du parti girondin.
Le 2 juin, une nouvelle insurrectioo
eut lieu plus redoutable encore que
celle du 31 mai , et la Convention as-
siégée par une foule immense pro-
nonça le décret suivant :
« La Convention nationale décrète
que les députés, ses membres, dont la
noms suivent , seront mis^en état d'ar-
restation chez eux, qu'ils y seront sons
la sauvegarde du peuple nrançais et de
la Convention nationale , ainsi que de
la- loyauté des habitants de Paris : •
« Gensoné , Guadet , Brissot, Cor-
sas , Pétion , Vergniaud , Salles , Bar-
baroux , Chambon , Buzot , Biroteaa,
Lidon , Lasource , Lanjuinais , Gran-
geneuve, Lehardy, le Sage (d'£ur^
et-Loir), Louvet , Dufricbe , Yalazé;
« Les membres de la commission
des douze, à l'exception de ceux d'en-
tre eux qui ont été dans cette com-
mission d'un avis contraire aux man-
dats d'arrêt lancés par elle. Les noms
des premiers sont : Rervelegan , Ga^
dien , Habaut-Saint-Étienne, Boiieao,
Bertrand la Hosdinière , Vigée , MoII^
vaut, Henri la Rivière, Gomaire , Be^
goeing.
« Les deux membres exceptés sont:
Boyer - Fonfrède , Saint - Martin - Va •
logne.
« Sont également décrétés d'arres-
tation : Clavière , ministre des ooo-
tributions publiques , et Lebrun , mi-
nistre des affaires étrangères. »
CoHMiTTiMus, l'un dcs privilèges
les plus iniques dé l'ancien régime,
était le droit que le roi accordait à
certaines personnes^le plaider en m-
mière instance , tant en demandaflt
^'en défendant , par-devant certains
juges , et d*y faire évoquer les causa
où elles étaient parties.
Ce privilège, qui autorisait les plai-
deurs à faire juger leurs débats parles
reauétes de 1 hôtel ou les requêtes do
Palais., avait d'abord été institué ca
faveur des officiers commensaux de la
GOM
FRAWCE.
GOM
4ii
maison du roi.Mais avec le temps, un si
grand nombre de personnes se l*attri-
Duèrent , que Charles VI fut obligé
d^ordonner que nul n*en jouirait plus,
sMl ne recevait actuellement des gages
du roi, et que le chancelier Robert
Briçonnet déclara en plein parlement,
le 6 février 1497 , qu il ne délivrerait
plus de compiittimus qu'aux domesti-
ques du roi. Cependant on se relâcha
encore dans la suite ; car Tédit de
Moulins de 1566 et Tordonnance de
1669, dite des committimusy donnent
la liste d'un grand nombre de person-
nes , et même de communautés , qui
jouissaient de ce privilège et n'étaient
en aucune manière attachées au ser-
vice de la cour.
Les lettres de committimus n'étaient
valables que pour un an , et elles n'é-
taient nomt admises en Artois, en
Cambrésis , en Flandre , en Hainaut ,
en Bretagne , en Franche-Comté et en
X>auphiné ; cette exception avait été
formellement énoncée dans les traités
et capitulations qui avaient réuni ces
provinces à la France.
COMMONi, peuple du midi de la
Gaule, que Ptolémée place sur la côte
voisine de Marseille, et auquel il attri-
bue les villes de Massilia (Marseille) ,
Tauroentium (Taurenti, aujourd'hui
en ruine), Olbia (Éoube ou Saint-
. Vincent de Carquairaunes) , et Forum
Julium (Fréjus).
Communautés éjCCLÉsiÀSTiQUES.
On appelait ainsi un corps composé de
Slusieurs ecclésiastiques qui avaient
es intérêts communs. .Ces commu-
nautés étaient séculières ou réguliè-
res.
Les communautés séculières étaient
celles que composaient des ecclésiasti-
ques qui ne taisaient point de vœux
particuliers, et ne vivaient point sous
une règle commune. Tels étaient les
membres des chapitres des églises ca-
thédrales et collégiales , des séminai-
res, etc.
Les communautés régulières étaient
composées de religieux vivant en com-
mun sous des supérieurs , et suivant
une règle approuvée par l'État. Tels
étaient les chapitres de chanoines ré-
guliers et de chanoinesses , et en gé-
néral tous les monastères. (Voyez
ObdBES BELIGIEUX.)
Commune db Pàbis. De toutes les
municipalités de la France, la commune
de Paris est évidemmentcelle qui a joué
le plus grand rôle pendant la révolu-
tion. Dans ces temps d'orage , où l'in-
surrection pouvait seule servir de tran-
sition pour passer du régime de l'ab-
solutisme à celui de la liberté, la
commune delà capitale était naturelle-
ment appelée à une puissance excep-
tionnellCr Quoiqu'elle ait souvent de-
passé le but marqué , il faut lui ren-
dre cette justice , qu'elle se montra
digne de sa tâche. Emanation directe
du peuple parisien , qui résumait en
lui tous les sentiments nationaux , elle
sut étendre son empire sur les autres
communes , et devenir l'âme de tous
lès pouvoirs insurrectionnels qui sou-
tinrent l'énergie de la nation dans les
jours de danser. Elle fut bien moins
la commune de Paris que la commune
centrale de la France -, aussi , pour la
distinguer entre toutes, on la désigne
par un nom oui est devenu historique :
on l'appelle ta Commune.
Née en 1789 , elle poursuivit sa car-
rière agitée jusqu'en 1795. La Cons-
tituante trouva en elle un interprète
intelligent et un défenseur intrépide.
Après avoir favorisé l'essor de la ré-
volution , elle voulut en activer la
marche , et elle ne tarda pas à entrer
en lutte avec la Législative. La Con-
vention elle-même courba la tête de-
vant elle , et se vit obligée de passer
sous les fourches caudines ; mais cette
assemblée finit par se délivrer du joug
populaire; mais elle en subit momenta*
nément -un autre , celui du comité de
salut public, qui, après avoir dompté
la Commune , dut céder à son tour.
La Convention, le comité de salut pu-
blic et la Commune, voilà les trois
corps politiques qui ont alternative-
ment exercé la dictature pendant le
fort de la tourmente révolutionnaire.
L'origine de la municipalité de
Paris remonte à une simple corpo-
ration de marchands. Au moyen âge ,
à l'époque de l'affranchissement des
kU
COM
LlTNIVEàS.
èofli
comroâhes, la part de privilèges mu-
hicipaux qu'obtint la capitale dut na-
lurellement être bien faible ; ses bour-
geois firent , il est vrai , pour étendre
leurs droits , des efforts qui furent
quelquefois couronnés de succès; mais
ils ne trouvèrent pas , comme ai| leurs,
iin appiii siiffisaut dans Tesprit de lé
population « et ils perdirent bientôt
tout ce quMls avaient gagné. (Voyez
GhÀPEBOMS BLANCS et Maillotins.)
lie premier privilège de Paris , c'était
d*étre le centre de la monarchie dès
sa naissance ; quant à ses intérêts par-
ticuliers , en tant que cité du royau-
me , sa population en a toujours fait
bon marche , comme il convenait aux >
habitants d'une métropole. Aujour-
d'hui encore que son administration
municipale dispose d'un budget aussi
considérable que celui de plus d'un
royaume , ce p'est pas de sa prospé-
rité comme ville que Paris est le plus
fier , c'est de son rang comme capi-
tale du pays le plus civilisé du monae^
voilà pourquoi de toutes les communes
de la France elle se. résigné a être la
seule dont le chef n'ait pas une ori-
gine élective.
mus ne ferons point ici l'histoire
de l'ancienne admmistration munici-
pale de Paris; la place de cette histoire
est marquée à l'article Pbéyôt des
UÀBGHANDS. Toutefois , dès à pré-
sent ^ nous devons dire que Paris n'a
jamais eu de véritable commune, si ce
n'est dans les tenops de révolution;
et même alors , la commiuné de Paris,
loin de ressemble]: aux autres com-
munes dé France, est devenue un
pouvoir à part , se posant comme le
représentant non pas de la cité pari-
sienne , mais des intérêts généraux du
pays. (Voyez Ligub, SqtZB, Fhonds,
et la suite de cet article.)
II résulte de là que , pour une mii-
nicipalité, l'historien trouve toujours
la commune de Paris , ou trop taible
où trop forte : trop faible dans lès
temps réguliers , à cause du voisinage
du gouvernement central qui l'annule;
trop forte dans les moments de révo-
lution , parce qu'elle devient elle-même
un gouvernement nouveau qui sesubs-
titue k t'anciéti gouvemênièiii , usé
S* ar ses efforts pour défendre des tra*
itlons qui ont tait leur temps . et gui
ne peuvent plus sufSrç aux besoim
d'une génératîoQ plus Jeiiue bt plot
vigoureusement tremp<^. Qpelqiidiois
aussi , dans les gperres civile^ et dans
lès guerres dé reii^on , l'hôtel âë fille
de Paris à été pris bar dés atnbîtieax
ϻour uii centre d intri^^es et qd
byër de rébellion ; mais , le plos
souvent, je peuple parisieQ ii'à ré-
pondu à leurs excitatioas aue Ion-
ou'ils se constituaient les defensears
des idées dominantes daiis toute re-
tendue de la France. On en a vu ub
exemple éclatant pendant les guerres
de la ligue ; les Guises auraient âé
moins puissants , s'ils avaient ^xnisé
une autre cause que celle dti catholi-
cisme, et les derniers Talots moins
impopulaires , s'ils avaient été pins
fidèles à la politiç|ue de François l'.
Après les folies de la Froiidè , la mo-
hicipalité parisienne perdit, en pré-
sence de Louis XIV, tonte inHaeoee
politique , et fut réduite â an rdk
purement administratif ( ^ elle redevint
ainsi ce qu'elle fut toujours ^ lorsque h
patrie ne fut point eh pipie aux dis-
sensions intestines et expdsée an dan-
ger des invasions étrangles.
A l'époque où la reVolntion éàt
ta, radiHinistration mtinicipale de
la ville de Paris se coniposait d*in
jprévÔt des jlnarchands , de qjpt»
échevins et de trente - sii conseilleo
de ville , tous pris parnii ces aiicitt-
nes familles bourgeoises èfeore pin
vaines de leur édilité que les nettes ne
l'étaient de leurs titres héréditaiteii
et manifestant comine eài une rèpi-
gnance invincible pour toute espax
d'améliorations. Uiie (>areille monici-
palité devait être aussi in^^inssauli
que déplacée dans une épO)j|iie de ré-
génération nationale ; aussi s*efiÎMpe4-
elle de jour en jour davantage , après
la convocation des états gén&aux. Ç^
pendant , comme il fallait ime direc-
tion au peuple pour soutenir ses droits,
et pour prévenir les excès d*une in-
surrection que les fautes de la noblesse
rendaient inévitable, les électenn^i
COM
MAi^ck.
toà
415
Paris acceptèrent le r61e que l'ancienne
municipalité refusait de remplir, et se
transformèrent peu à peu en magis-
trats populaires. Quels citoyens , en
effet , avaient droit a ces nobles fonc-
tions jplus quç ceux qui avaient été
charges par le peuple de la capitale
de cnoisir les vingt représentants dei^
communes à rAssemblee constituante,
et qui, par leurs choix, avaient prouvé
qu'ils étaient les dignes interprètes
des vœux de la population parisienne^
et de ceux de toute là France , alors
animée des mêmes sentiments de pa-
triotisme? Voyant bien que la cour né
consentirait jamais à réformer et à
rajeunir l'administration actuelle de là
capitale , les électeurs prirent sur eu)ç
de s'immiscer dans les attributions
municipales. L'éloignement de l'As-
semblée nationale, qui siégeait à Ver-
sailles , justifiait encore davantage
cette usurt)ation. Elle était si natu-
relle , qu'elle eut lieu sans qu'on s'eri
aperçût, ^owt ainsi dire; le peuple en
témoigna sa satisfaction par des ap-
Slaudissements , et sa confiance leur
onna aussitôt cette autorité morale
qui défie la pufssance des baïonnettes ;
et qui seule est irrésistible.
Mais ce fut seulement après la des^
titution de Necker, et deux jours avant
la prisé de la Bastille, que les électeurs
commencèrent à diriger activement
radmkiistratidn de Paris. La nomina-
tion d'UD ministère antinational,. les
préparatifs belliqueux de la cour , tout
indiquait l'existerice d'uri complot
aristocratique , ,et le projet de quelque
grand coup d'État. De ion coté, le
peuplé , poussé à bout , paraissait dé-
cide à une résistance sérieuse; déjà
les provocations de la troupe avaient
été repoussées , et un commencement
d'insurrection avait eu lieu ; il fallait
donc prendre un parti (*).
« Le dimanche 12 juillet , après
rinsiirrection qui suivit la nouvelle
de la disgrâce de M. Necker, les
(*) Tbus les passages de cet article que
Poo troutera placés entre guillemets dfit
été , annme ôelai • ci , extraits du Mo^
électeurs ajant appris qtie ^ilôtel
de ville était rempli d'un sraùd nom-
bre de citoyens, s'y rendirent a six
beures du soir , pùur prendre provU
^oirement le gouvernement de la ville.
Le peuple ootiht des électeurs qu'on
lui délivrerait les armes qui pouvaient
Se trouver daiis Thôtel de ville. Cet or-
dre ne s'exécutant pas avec assez de
promptitude, le peuple cherche lui-
même , et bientôt il a découvert le dé-
pôt des armes des gardes de la ville.
Les portes sont enfoncées soudain , et
les armes pillées. L'instant d'après,
on vit un homme en chemise , jambes
nues et sans souliers , le fusil sur l'é-
paule . prendre la place d'un garde de
ville désarmé , et monter fièrement la
garde à la porte de la salle.... Sur les
onze heures du soir, se trouvant enfin
en nombre suffisant , les électeurs pri-
rent l'arrêté suivant : « Sur les de*
« mandes pressantes de nombre de
iK citoyens alarmés qui se sont rendus
« à l'hôtel de ville , et qui ont témoi-
«c gné leur appréhension aux électeur^
« alors assemblés ; pour tâcher de pré^
« venir le tumulte i lesdits électeurs.
« ont arrêté que les districts seront sur-
« le-Qhamp convoqués, et que des élec-
« teurs seront envoyés aux postés dei^
« citoyens armés, pour les prier de su-
« percéder, au nom de la patrie, à
« toute espèce d'attroupement et voie
« de fait.... » Les électeurs eonfirmèt
rent par acclamation Ja nomiiiation do
prévôt des marchands, dps échevina,
au procureur du roi , et des autres of-
ficiers composant le bureau ordinaire
de l'hôtel de ville. Ils prirent les me?
sures les plus sages pour assurer . les
subsistances et le bon ordre. Siur U
proposition d'un d'entre eux , on créa
un comité permanent. »
Voici quelques passaces de l'arrêté
du lendemain ^ qui connrma ces me-
sures : « Du 19 juillet. Les électeurs
arrêtent:
« Art. m. Il sera établi dès ce mo-
ment un comité permanent , composé
de personnes qui seront nonçmiées par
l'Assemblée , et dont le nonobre sa^j^
«tuginenté par les électeurs, ainsi qu'ils
trouveront convenir.
416
LUNIVEHS;
COSI
«Art. X. Le présent arrêté
sera imprimé , lu , publie et affiché avec
le nom des personnes que l'Assemblée
va choisir et nommer pour former le
comité permanent, en attendant que
rassemblée des électeurs, convoquée
pour Taprès-midi de cette même jour-
née, ait de son côté choisi et nommé
les membres qu'elle doit adjoindre à
ceux nommés par l'assemblée générale.
« Et à rinstant même ont été nom-
més, pour composer le comité perma-
nent:
« M. le prévôt des marchands {M, de
FlesseUes),
a M, de Camy, procureur du rpi et
de la ville.
« MM. Bt^mUt, Sagerety Fergne,
Rouen, échevins.
« M. Feytard^ greffier en chef.
« Deux conseillers de ville et un
quartinier.
« MM. le marquis de la Salle ^ l'abbé
Fauchet, Tassin^ de Leutre, Quatre-
mère, Dumangin, Girons conseillers;
1/ucloz au Fresnoffy Bancal des IS'
sotz y Hyony Legrand de SaùU-Aené,
JeantUy électeurs.
« M. Grêlé y citoyen.
« M. Mareau de SaiM-Méryy prési-
dent des électeurs. »
C'est aussi à ces électeurs que Paris
doit le rétablissement de sa milice,
^ui servit de modèle à l'organisa-
tion de la garde nationale. L'article y
de l'arrêté dont nous venons de faire
connaître quelques dispositions est
ainsi conçu : « U sera demandé dans le
moment même* à diaque district de
former un état nominatif, d'abord de
deux eents citoyens (lequel nombre
sera augmenté successivement); ces ci-
toyens doivent être connus et en état
de porter les armes; ils seront réunis
en corps de nUUceparisieime, pour
veiller a la sâreté publique, suivant les
instructions qui seront données à ce
sujet par le cqinité permanent. »
Le jour même, aussitôt après son
installation, le comité permanent ren-
dît un arrêté relatif au prompt réta-
blissement de la milice parisienne.
« Le 14, M. de k Salle fiit nommé
comBMndantdc k gatrde nationak sur
le refus du duc d'Aumont. Les eocar-
des vertes furent proscrites en haine
du comte d'Artois, dont la maison
portait cette couleur. Les rubans rose
et bleu, couleurs de la ville, furent
adoptés cour marques distinctives des
soldats citoyens. Le comité des élec-
teurs était permanent nuit et jour à
l'hôtel de viHe. Il s'occupait de rorga-
nisation de l'armée patriotique, tandis
que les districts travaillaient à lui pro-
curer des moyens de défense. Des dé-
putations continuelles accouraient de-
mander qu'on distribuât les armes qui
se trouvaient dans les dépôts publics.
Le prévôt des marchands, M. de Fles-
seUes, prodiguait les promesses, n'en
exécutait aucune , et continuait d*aigrir
les esprits déjà violemment indisposés
contre lui. Le peuple se précipita en
foule dans l'hôtel des Invalides , et y
trouva vingt-huit mille fusils et vinet
pièces de canon... Les députés de la
Commune, envoyés au gouveroeur de
la Bastille pour mettre un ternse aux
hostilités, étaient porteurs da décret
suivant :
« Le comité permanent de la milice
parisienne, considérant qu'il ne doU
y avoir à Paris aucune force nùR-
taire qui ne soit dans les mains de
la ville y charge les d^tés qu'U en-
voie à M. le marquis de Laanay,
commandant de la Bastille, de lai
demander sll est disposé à recevoir
dans cette place les troupes de la
milice parisienne, qui la gardenwt
de concert avec les troupes qui s^
trouvent actuellement, et qui serai
aux ordres de la ville.
« Fait à l'hôtel de vilk, ee 14 juil-
let 1789.
«Signé: db Flbssbxjj», prérll
des marchands et président du comité;
DB LA ViGHB, président des élec-
teurs.*
Voilà comment se forma kl premièn
ébauche de k Commune; créatiei
toute spontanée, à laquelle k iinse éi
la Bastille donna k oonsécratioB éi
succès, et d'où sortit bientôt une ins-
titution plus routière et plus dufibh
Un changwieBt devint néeessaôc,
totsqu*on eut découvert k preuve es
COM
FRANCE.
COM
417
la trahison du prévôt des marchands,
M. de Flesselles , qui , pendant Tatta-
que, écrivit au gouverneur de la Bas-
tille : « Pamuse les Parisiens avec des
« cocardes et des promesses ; tenez bon
«jusqu'au soir, et vous aurez du ren-
te fort. » Le malheureux paya de la vie
cette criminelle duplicité. Le 16 juil-
let, après la visite du roi à rAsseniblée
constituante, les électeurs, toujours
réunis à Thôtel de ville, donnèrent un
nouveau chef à la Commune. Ils con-
fièrent les rênes de l'administration
générale à Baillv,qui reçut alors le
titre de maire de Paris; celui de pré-
vôt des marchands fut supprimé.
£n même temps, ils mirent à la
i tête de la milice le général de la
Fayette, qui reçut le titre de com-
I mandant général de la garde nationale.
! £>u reste, le triomphe du peuple, loin
{ d'exalter l'assemblée des électeurs, ne
I fit que développer les sentiments de
I modération dont elle avait toujours
t donné des preuves. sOn peut en juger
I par la réponse de son président, Mo-
i reau de Saint-Méry, à la députation
envoyée par TAssemblée constituante
i à rhotel de ville : « Dites au roi , mes-
f, « sieurs, qu'il acquiert aujourd'hui le
f « titre de père de ses sujets... Dites-
I « lui que nous sommes prêts à tomber
i; « â ses pieds. »
Lorsque Louis XVI eut l'heureuse
i idée de venir se montrer un instant au
fieupie de la capitale, le nouveau maire
ui fît le plus brillant accueil. A l'en-
j trée de la barrière , le roi fut reçu par
i le corps municipal, ayant en tête
p Bailly, qui lui présenta les clefs de
1^ ville sur un plat d'argent , et lui dit :
j « Sire, l'apporte à Votre Majesté les
<c clefs dfe sa bonne ville de Paris ; ce
^ « sont les mêmes qui ont été remises
, a à Henri IV. Il avait reconquis son
. « peuple : ici, c'est le peuple qui a re-
«t conquis son roi.. . » A l'hôtel de ville ,
où il fut de nouveau harangué par
Bailly et par Moreau de Saint - Mé-
ry, Louis XVI confirma, pour la
forme, l'élection populaire du maire et
.du commandant général de la garde
nationale, élections qui furent bientôt
sanctionnées par les suffrages des dis-
tricts.
La nouvelle Commune avait pris
pour modèle la politique de l'Assemblée
constituante; mais il s'en fallait ^e
beaucoup que les districts fussent aussi
modérés qu'elle, et ils ne se soumet-
taient qu'imparfaitement à sa direc-
tion. Ils étaient alors, par le fait, in-
vestis d'une grande puissance. «La
révolution ayant renversé ou anéanti
les tribunaux, leurs membres se dis-
persèrent d'eux-mêmes , et la justice
distributive se trouva dévolue aux dis-
tricts. La démission et surtout la fuite
de M. de Crosne, lieutenant de police,
entraîna la chute des commissaires du
Châtelet, chargés de veiller à la police
de leurs quartiers, de recevoir les
plaintes des citoyens, d'envoyer les
prévenus ou les accusés en prison , à la
charge d'en faire leur rapport , dans les
vingt-quatre heures, aux tribunaux
qui devaient suivre la procédure. Les
districts, assemblés dans leurs chefs-
lieux, furent gardés par les bourgeois;
tous concoururent à la formation de
la garde nationale; chacun eut ses com-
pagnies, chacun nomma ses officiers,
et fut soumis au même règlement, si-
gné par le maire de la commune, et
accepté par la Fayette , comman-
dant général de la milice nationale,
li vint, en cette qualité, dans cha-
que district, recevoir le serment
des officiers et des soldats. Tous les
districts eurent aussi leur comité civil
permanent; le service s'y fit exacte-
ment jour et nuit; deux ou trois com-
missaires y recevaient les plaintes des
citoyens, ouvraient les ordres adressés
par le maire ou par le commandant
général, et les faisaient ensuite passer
a l'officier de garde , qui les mettait à
exécution.
a II serait difficile de se dissimuler
que soixante administrations particu-
lières, formées subitement comme au-
tant de petites républiques, dans le
sein de la capitale , of&aient de très-
grands inconvénients, et embarras-
saient beaucoup la marche de l'adminis-
tration générale, dont les trois places
T. V. 27* Uvraism. (Dict. kngycl., etc.)
27
41 B
GOM
L'UNIVERS.
COH
principales étaient réunies sur une
inénie tête.., La capitale fut plusieurs
jours sans lois, sans magistrats, sans
tribunaux; chacun voulait être iuge
dans sa propre cause... Au coin ae la
nnênie rue , on pouvait lire deux arrê-
tés de différents districts , dont l'un
détruisait Fautre,.^ Du moment que
les comités des districts furent dimi-
PUé^ des deux tiers, quand ils concou-
rurent de nouveau à la formation d'une
municipalité provisoire, en choisis-
sant chacun cinq représentants dopt
SQÎXjante ^administrèrent , et furent,
pour ainsi dire , le conseil du maire ;
pendant que les iew^ cent quarante
autres les surveillèrent et s'occupèrent
de la rédaction d'un plan de munici-
palité, ils remirent une partie de
l'autorité à leurs représentants; ils
renoncèrent aux réformes et aux
améliorations qu'ils n'auraient jamais
pu réaliser, et se bornèrent à remplir,
dans leur arrondissement, les fonc-
tions des anciens commissaires du
Châtelet , pour la police distributive ;
ils veillèrent spécialement à ce que les
boulangers fissent un nombre de cuis-
sons proportionné à la quantité de fa-
rine qu'ils reçurent de la municipalité,
ou qu'Us achetèrent eux-mêmes des
fermi<9!^ et des laboureurs...
« La discussion du plan de muniej-
. palité dans tous les districts contribua
beaucoup à donper aux citoyens des
notions précises sur plusieurs vérités
auxquelles Le plus grand nombre d'entre
eux n'avait jamais réfléchi.., ]!^ous
n'entrerons point dans le détail de ce
plan V qui ne fut que provisoire. Nous
nous bornerons à dire qu'avec tous ses
défauts, il fut très-utile à I9 capitale et
à tout le royaume ; que sou comité des
subsistances , en particulier , a sjauvé
Paris de la famine; que les représen-
tants de la Conununes élu3 d'abord au
nombre de cent vinet , puis portés à
cent quatre-vingts , demeurèrent fixés
à trois cents ; que des lieutenants de
-maire, sur la demande de M. Bailly,
furent établis dans les divers départe-
ments, et que les mesures les plus
sages furent prises pour accélérer et
faciliter les travaux de l'administra-
tion , et assurer le maintien du bon
ordre et de la tranquillité publique.
« Une autre opération , non moins
importante, fut l'organisation de la
garde nationale de Paris , et Tincor-
poration des gardes françaises dans les
rangs de cette milice. M. de la Fayette
présenta un plan simple , que la Corn-
inune de Paris et les districts eurent
le bon esprit d'adopter provisoirement
Il composa l'infanterie parisienne de
trente et un mille hommes , dont mille
officiers, et la divisa en deux corps,
l'un de six mille hofrimes soldés ; Taih
tre , de vingt-quatre mille non soldés,
tirés de la bourgeoisie.
« Paris fut partagé en six divisioos
de dix districts chacune. Un comman-
dant fut créé pour chaque division , ft
l'on établit dans chaque district un
bataillon composé de cinq compagnies
de cent hommes chacune, dont une,
soldée et casernée , fut placée au mi-
lieu des quatre bourgeoises , sous le
nom de compagnies du centre. On
laissa aux districts l'élection de leors
chefs militaires ; celle des six com-
mandants fut attribuée à une assem-
blée de division formée des repré^-
tants des districts... Le droit d^élîre le
commandant général fut déclaré a|h
partenir aux districts, et l'on assujettit
cette éjeption aux mêmes formalités
que celte du maire. »
Dans les districts, c'était l'influenee
du peuple qui dominait; tandfs fK
celle de la classe bourgeoise avait k
dessus à la Commune. Ce désaci^
fut , dans la suite , la source des pbs
grands malheurs. Le passage qai suit
montrera combien les avis dînéraieBt
sur la manière de comprendre la sa-
ture des attributions et la part de poih
voir réservées au corps municipal et à
son chef, « Ceux en (^ni la révdutîo
n'avait pu déracine^r les préîagésée
l'ancien régime , voulaient faire Ai
maire une espèce de lieutenant dej»-
lice, et de la municipalité tin Ikiic*
de ville. Leur imagtnation ne s'éUfr
dait pas au delà du cercle de la j^'
mière administration , et ne learjpn*
sentait rien de mieux qu^on prévit ds
marchands , des éelièvms et det q1ia^
CéM
tloiers. D'autres prétipndaieiit faire de
PâfiB une espèce de république dont le
maire eût été le do|;e , la municipalité
le fiénai, et les districts rassemblée
du peuple. La plupart même des dii^-
tHcts abusant du principe que la na-
tion est la source essentielle de toute
puissance , et que les mandataires ne
doivetit pas être supérieurs à leurs
commettants, s'arrogeaient le droit
de subordonner à leurs décisions les
arrêtés de la Commune^ et celui de les
eensurer. Os ne voulaient pas voir que
chaque district en particulier n'est
qu'une sectioU du corps entier dont
elle ne peut sans usurpation s'attribuer
la puissance dans toute sa plénitude ,
et qu'elle doit être nécessairement dé»
pendante de la réunion des représen-
tants de ce corps , relativement à la
Dortion de pouvoir qui leur a été con-
née. »
Le SO juillet , l'assemblée générale
des électeurs et le comité permanent
avaient abdiqué leurs fonctions excep-
tionnelles, et fait place à un conseil
de cent vingt membres élus par les
soixante districts. Ces nouveaux con-
seillers (eha(|ue district en avait norïi-
mé deux) prirent le titré de représen-
tants dé la Commune de Paris, Ils
suivirent les errements de leurs prédé-
cesseurs, et confirmèt'eht plusieurs
arrêtés qui avaient eu pour obiet d'eii-
travei^ le développement de la puis-
sance populaire , laquelle commençait
à inspirer des craintes sérieuses à la
4)Ourgeoisîe. La mésiiitelligence entre
la Commune et les districts ne cessa
pas pour cela; aucontraii'e, elle alla
toujours en augmentant. La presse
accusa la Commune de vouloir réta-
blir le despotisme bourgeois y et rem-
{)lacer l'aristocratie de naissance par
'aristocratie d'argent. La Commune
eut beau répondre aux attaques des
journaux par des mesures répressives,
sa sévérité n'eut d'autre résultat que
de lui Aire perdre tout ce qui lui res-
tait de son ancienne popularité. Le 5
.octobre , elle se vit obligée, par une
insurrection populaire, d'aller elle-
méioe chercher le roi à Versailles,
€t de le rameâei^ à Paris. Un peu
râÀNCE. coM 419
plus tard , he pouvant suffire aux tra-
vaux dont elle était surchargée, la
Commune se fit adjoindre soixante
nouveaux membres et soixante sup-
pléants, ce qui porta sou personnel à
deux cent qarante officiers municipaux,
divisés en plusieurs comités. Pour ré-
sister avec moins de désavantage aux
pirogrès constants du parti révoîution-
iiaire , elle institua un comité des re-
cherches; mais cette nouvelle institu-
tion ne tarda pas à devenir un auxi-
liaire pour ceux-là même qu'elle de-
vait reprimer. C'était principalement
sur la garde nationale que comptait la
Commune pour maintenir son autorité
chancelante ; le serment prêté par les
officiers de cette milice .était ainsi
conçu : « Je jure d'être fidèle à la na-
tion , au roi , à la loi , et à la Com-
niime de Paris. » Mais toutes ces
précautions ne purent empêcher la
révolution naissante de prendre son
essor. Énergiquement attaqué par Ma-
rat et par Danton , qui dominaient {e
district des Cordeliers, affaibli par des
divisions intestines , entravé uans sa
inarche par les vices d'une organisa-
tion sans unité , le conseil de la Conri-
mqne vit d'ahord s'élever à l'archevê-
ché Une autorité rivale ; et le bureau
finit par se séparer de l'assemblée gé-
nérale , qui donna sa dénû;ssîon.
Alors, par son décret du 21 mai
1790, l'Assemblée constituante orga-
nisa définitivement la municipalité de
Paris. Ce décret divisait la Commune
en quarante-huit sections, et instituait
un maire et seize administrateurs com-
posant le bureau , trente-deux mem-
bres formant un conseil municipal , et
quatre-vingt-seize notables qui , réunis
au bureau et au conseil municipal,
composaient le conseil général. Au-»
près de ces conseils étaient un procu-
reur de la Commune et deux substi-
tuts. M. Bailly resta toujours maire;
mais cette municipalité définitive ne
fut pas plus heureuse que celles qui
l'avaient précédée. Elle s'usa dans sa
lutte avec le peuple; et, après l'arres-
tation de Louis XVI à Varennes, elle
eh vint à cette extrémité de faire tîrer
sût le peuple. Le 17 juillet, Bailly et
27
420
COM
L'UNIVERS.
GOM
la Fayette dispersèrent par la force
les pétitionnaires du Champ de Mars,
qui prétendaient que la fuite du
roi entraînait nécessairement sa dé-
chéance.
L'Assemblée constituante approuva
la conduite de la Commune; mais, peu
de temps après , M. Baiiiy, ne se sen-
tant pas de force à conserver plus long-
temps une autorité aussi pesante,
donna sa démission (19 septembre
1791)* Toutefois, il continua d'exercer
ses fonctions jusqu'au commencement
du mois de novembre suivant.
' Telle fut la première Commune,
celle que Ton pourrait appeler la Com-
mune de la Constituante y parce qu'elle
se plaça constamment sous Tégide de
cette assemblée célèbre. Son caractère
distinctif fut une modération extrême
et un inébranlable attachement à l'an-
cienne dynastie. Son maire, l'un des
membres les plus distingués de la (Cons-
tituante, régla toujours sa politique
sur celle de cette assemblée, qui vou-
lait sincèrement le régime constitu-
tionnel, mais qui se flattait à tort de
pouvoir convertir à ce régime l'héritier
des anciens rois absolus. Comme le
maire, le commandant de la garde na-
tionale faisait partie de l'Assemblée
constituante. La conformité d'opinions
qui existait entre M. Baiiiy et le géné-
rai la Fayette aurait pu donner de la
vigueur à Faction de la Commune, si
les intrigues de la cour n'étaient pas
venues traverser toutes leurs opéra-
tions , et n'avaient pas fini par com-
promettre la considération de ces deux
hommes , si estimables à tant de titres,
mais manquant l'un et l'autre de cette
force de caractère indispensable pour
se diriger sûrement dans un temps de
révolution. Moins faciles à tromper, et
péchant par un excès d'énergie plutôt
3ue par un excès de modération, les
istricts n'espéraient plus rien de l'an-
cienne dynastie. Beaucoup d'entre eux
inclinaient vers la branche d'Orléans,
dans la croyance qu'une nouvelle fa-
mille accepterait seule les conséquences
d'un nouveau réginae ; d'autres se sen-
taient déjà emportés vaguement vers
des idées républicaines; persuadés que
le peuple ne pourrait jamais recon-
quérir sa dignité que sous le règne de
la démocratie. Les fautes et les mal-
heurs de Louis XYI ayant domaé raison
aux districts contre la Commune et
contre la majorité de la Constituante,
il fallut songer à une organisation
mieux appropriée aux circonstances.
Environ un mois et demi après la
dissolution de la Constituante, une
nouvelle municipalité prit la direction
de la capitale. Le 14 novembre 1791,
Pétion, quoiqu'il eût pour concur-
rents M. Dandré et le général la
Fayette, fut élu maire à la place de
Bailly. Aucun membre de Tancienoe
assemblée, si ce n'est Robespierre,
n'était alors aussi populaire que Pé-
tion ; l'un et l'autre s'étaient fait r^
marquer à la tribune nationale par
l'ardeur de leur patriotisme, et le
peuple leur en avait témoigné sa r^
connaissance en les portant tous les
deux en triomphe. L'élection de Pé-
tion acquit encore plus d'importance
par les autres choix qui l'accompagnè-
rent. Manuel devint procureur & la
Commune, et on lui donna Danton
pour substitut. Robespierre, qui rem-
plissait alors les fonctions d'accusateur
public (*), n'entra pas dans la nouvelle
Commune^ mais il n'en resta pas
moins d'acoord avec ses chefs. Ceux-ci
recherchèrent en outre l'appui de Ca-
mille-Desmoulins , Billaud-Yarennes,
Tallien, CoUot-d'Hérbois, Marat, qui
jouissaient d'une assez grande in-
fluence dans leurs sections respectives.
Par Robespierre , la Commune dis-
posait du club des jacobins ; par Dan-
ton , elle disposait de celui des corde-
liers; or, ces deux clubs étaient les
plus renommés, les plus nombreux,
et \%& plus énergiques. L'organisation
du corps municipal ne fut complète-
ment arrêtée qu'en janvier 1792. Void
les noms des vingt -quatre menibrcs
qui le composaient: Dussault, Oa-
vière , Cbambon , Thomas , Sergent,
Boucher-Saint -Sauveur, Biderroano,
PatriSy Boucher - René , Moucbettc,
(*) Il avait été nommé en juin 1791, flC
donna sa démission en avril 179a.
COM
FRANCE.
COM
431
Osselin , Leroi , Mollard , Hu , Jurie ,
Ferai, Lefebure, Guyard, Guinot,
Thérein , Panis , Debourges , Dreue ,
L.emetayer. Une particularité assez re-
marquable , c'est que l'un des secré-
taires-ereffiersdu maire était M. Royer-
Collard; en sa qualité d'adjoint, il
signa avec Pétion , entre autres arrê-
tés, celui du 11 février 1792, sur les
piques.
Dans ses débats avec la cour, qui
n'était que trop souvent secondée par
le conseil des ministres, la Consti-
tuante avait pris pour auxiliaire la
Commune, et elle en avait fait son
pouvoir exécutif à elle ; pouvoir exé-
cutif (]uasi - populaire , qui lui permit
de déjouer les manœuvres de l'aristo-
cratie nobiliaire. Moins docile que la
première , la seconde Commune suivit
ses propres inspirations; l'une avait
été constitutionnelle, l'autre laissa per*
cer des tendances républicaines, et
elle entraîna dans sa marche l'Assem-
blée législative, qui n'était pas à la
hauteur de la circonstance. D'intelli-
gence avec la minorité de cette assem-
blée, et soutenue par le parti j)opu-
laire, elle répondit par des attaques
ouvertes aux attaques sourdes du châ-
teau. Lorsqu'elle vit l'étranger et la
cour conspirer ensemble pour étouffer
la révolution , elle se changea en pou-
voir insurrectionnel. Bientôt la jour-
née du 10 août 1792 , préparée par
celle du 20 juin , vint porter le dernier
coup à l'ancienne monarchie. Cette
journée fut l'ouvrage des deux partis
qui devaient , plus tard , se combattre
sous le nom de girondins et de mon-
tagnards, mais qui, à ce moment, agis-
saient de concert. Les deux hommes
qui y contribuèrent le plus furent Bar-
baroux pour les girondins, et Danton
pour les montagnards. Comme contin-
gent, les députés des départements
fournirent les fédérés de Marseille et
de la Bretagne; Paris envoya ses clubs,
ses faubourgs, toute la partie énergi-
que de sa population. Billaud-Varennes
prêta main -forte à Danton , qui pava
de sa personne, ainsi que Camille-
l>esrooulins et Barbaroux. Des réu-
nions secrètes avaient précédé l'atta-
que ; elles se tenaient à Charenton ,
chezVilate (Voyez Comité central des
fédérés^ p. 346). Toutefois, il faut
le dire, l'immense majorité de la
France trempait dans cette conjura-
tion qui eut un cachet éminemment
populaire. Pétion , en sa qualité de
maire , joua un rôle moins ostensible
que Danton et Barbaroux; cependant
il se prêta à tout avec une complai-
sance qui ne permet pas de douter
qu'il fût dans le secret des chefs de
l'insurrection.
La défaite du pouvoir royal motiva
un nouveau changement dans 4'orga-
nisation de la Commune. Les mem-
bres de la municipalité du 14 novembre
1791 étaient loin d'appartenir tous
au même parti. Les uns, partageant
les sentiments d'une portion de l'As-
senâbiée législative , travaillaient dans
l'intérêt de la classe bourgeoise et de
la famille d'Orléans; les autres, radi-
ealement populaires, ne voyaient*plus
de salut que dans l'établissenient de
ia république ; nous ne parlons pas de
ceux qui , fidèles aux errements de la
Commune du 14 juillet 1791 , avaient
toujours voté pour le système deBailly
et de la Fayette , et s'étaient opposés ,
dès les premières séances de cette mu-
nicipalité, à ce qu'on enlevât leurs
bustes de la salle ues délibérations du
conseil ; la journée du 10 août , faite
sans eux et contre eux , finit par leur
enlever toute influence.
Comme les circonstances réclamaient
une grande énergie , les modérés n'a-
vaient que peu de chances en leur fa-
veur ; ce qui devait encore avancer
leur défaite , c'était qu'une partie con-
sidérable de la bourgeoisie désirait la
république avec autant d'ardeur que le
peuple. L'union des montagnards et
des girondins , c'est-à-dire , des par-
tisans de la république , les uns au
profit de la bourgeoisie , les autres
au profit des masses, paralysa toutes
les forces de ceux ^ui désiraient en-
core le régime constitutionnel compris
à la manière tles Anglais , et l'avéne-
ment au trône de la ifamille d'Orléans,
qui leur semblait appelée à devenir
pour la France ce qu'avait été la mai*
4ii
ton
VVmYEKS.
CQH
son de Itànovre pour l'Ang1etenre«
Alors, dans la nuit du ô au 10 août^
èentqaatre-iririgts députés des5ectioni|
kè présentêfetit à ilidtcl de ville et
Ton vit sUrgir une municipalité émit
nemmeht démôoi'atique, eelle que Ton
désigne ordIhairemeDt sdus le nom
de commune du 10 août, parce qu'elle
se constitua d'elle-même la veille d^
cette révolution.
^ Le 10 août devait ruiner les affaires
des constitutionnels qui avaient placé
leur espoir dans la branche cadette,
àus^i bien que celles des constitutionnels
qui tenaient encore pour la branche
aînée. Gela est si vrai^lque lé chef de la
famille d'Orléans commençait à se faire
républicain. Il ne s'agissait plus que
de savoir qui l'emporterai^ des giron*
dins ou deâ montagnards. Tout indi-
j^uait que les girondins deviendraient
Erépondérants dans le sein de rAssem*
lée législative, tandis que les monta*
gnai^s prendraient le dessus à la Com-
mune. C'est en effet ee qui arriva.
La nduvelle municipalité fut éminem-
ment populaire. Dans le tenouvelle-
ment du mininère, les girondins eu-
rent cinq ministres sur six ; mais
Danton , qui reçut le portefeuille de
la justice , était destiné par son éner-
fie , et avec l'appui de la Commune ,
dominer le nouveau cabinet; et,
comme il l'avoua lui-même, porté au
ministère par un boulet de canon , il
fut le ministre de la révolution. Ainsi
donc , la Journée du 10 août tourna
d'abord contre les Girondins.
Non-seulement la commune du 10
août eut un caractère démocratique,
mais,poul* cela même qu'elle avait une
origine insurrectionnelle, elle fut enva-
hie par le peuple, qui vint s'asseoir
en ma!ti*e dans les salles de Thâtel de
ville. Jnsque-là , le conseil général n'a-
vait été qu'une réunion d'officiers mu-
nicipaux délibérant en commua avec
le maire , et lui soumettant son avis ;
dans la nuit du 9 août , il se transforma
en une assemblée souveraine, et im-
posant sa volonté au maire. Ce fut
comme une commission de salut pu-
blic, investie des pouvoirs les plus
étendus, et regardant son autorité
comme supérieure à edle dQ l'As*
semblée législative. On ^ûl dit une
Convention au petit pied , [et toute
parisienne , en attendant la grande
Convention nationale. On èû jugera
p^r la citation suivante, qui n'est au-
tre cbose que le commencement du
procès-verbal de la première séance
du nouveau conseil général : « L'As-
« semblée des commissaires de la mu-
« nîcipalitédes sections réunies , arec
« pleins pouvoirs de sauver la chose ^u-
« blique , considérant que la première
« mesure de salut public exi|;eait de
« s'emparer de tous les pouvoirs quela
« Commune avait délégués, et d'oter à
« l'état-major l'influence malbeureose
^ qu'jl a eue jusqu'ici sur le sort de
« la liberté ;
« Arrête : 1» gue l'état-mayor sera
« suspendu provisoirement de ses fonp*
9i lions; U** que le conseil général delà
« Commune sera également Suspda
« provisoirement , et oue M. lenuiire,
« M. le procureur de la Commune, et
« les seize administrateurs , contiDQ^
« ront leurs fonctions adMnisM
« v^s. »
Ainsi, dès leur début, les codimS'
saires des sections renversent tdat ce
qu'avait fait la Législative pour rendre
la garde nationale indépendante de
l'autorité de la Commune; ils suspen-
dent provisoirement ou plutôt ils cas-
sent 1 ancien conseil général, aul aus-
sitôt leur cède la salle des séances;
^nfin, s^ils conservent le maire, Toû
dés partisans des girondins , c'est à la
cpndition qu'il se bornera à des fon^
tions administratives, et, pourroiem
le lui faire comprendre , i\é maintien-
nent au même titre les seize adminis-
trateurs. A partir de cette époque, «
effet, Pétion ne fut plus maire que de
nom. Dans la même séance, l'asseffi*
b|ée des commissaires des sections a^
réte qu'ilsera nommé un commandaiil
général provisoire, quoiqu'un décret
de la Législative, en date du 12^
tembre 1791 , eût supprimé le grade de
commandant général de la garae natio-
nale, et décidé que chacun desebeft
de légion commanderait tour à tour
pendant un mois. Dès lors, la foitv
COM
FRAJVCE.
CQ9I
438
rablique fut remise aux mains de la
Commune, comme en 1789; et la no*
mînatîon de Santerre au grade de
cefnmandant général, nomination faite
8ur4e-ohamp et à runanimité, lui ea
assura la librç disposition. Upe autre
circonstance qui mérite d'être rappor-
tée , c'est qu'il fut décidé que les bustes
de Louis XYI, Bailly, Neoker et la
IFayettè, seraient otés de la maison
commune. Ou les descendit à l'instant,
et ils firent mutilés au milieu des ap-
plaudissements des spectateurs.
Cfaâumette, qui présidait la séance,
fut lîommé secrétaire - adjoint , ainsi
que Coulombeau. Il nous reste à dire
<ïomment était composée cette assem-
blée des commissaires des sections ,
qui, sous le nom de conseil général,
dirigea pendant plusieurs mois les opé-
rations de la Commune du 10 août , ou,
si Ton veut, de la Commune des sections.
Chacune des quarante-huit sections
avait nommé six commissaires avec des
pouvoirs illimités; ce qui portait à
deux cent quatre-vingt-huit le nombre
total des itoembres de l'assemblée {%
(*) Tableau des commissaires des quarante^
huit sections qui ont composé le conseil gé-
néral de la commune , le lo août 179a.
1 . Qdikze-Vihgts. ** Huguenia(*), Boi».
seau , Rossignol , Fourneau , * Fontaine ,
* A. C. Ballin, Les deux derniers remplacés
plus tard par *Miet et ^Mareux.
2. Bon coirsEiL, ci-devant Maucokseii..
Xulier, ** Bonbommet , ** Chàrtrey, * Car-
rette, *J. D. David, et * Gomé^ remplace
plus tard pai* * Lamotte.
3. Arskital. * JoUy Bertault, * Coucedieu,
* Barucaud, *Yincent, * Léger et X^fre^»
remplacé plus tard par * Boula-.
4. Marseille, ci-devant Théâtre fraxt-
cAts. * Simon , ** Chaumette , *Lebo|s , Ro-
hertt BiUaudde VarenneseX Fabred Èglan»
tine. Ces trois derniers , députés à la Con-
(*) Les noms précéda d'une étoile désignent ceux
<]tii, conformément à un arrêté, avaient pris et rempli*
rent rengagement d'étrejoarnellementà leur poste,
jusqu'au renouyellement du conseil général. Lef
deux étoiles désignent ceux qui furent chargés, dans
la nuit du 3 septembre , de faire auprès des muni*
cipalités, districts et départemejit , telles réquisi*
«iont qu'ils jugeraient nécessaires pour le salut de
la patrie. Les noms en italique sont ceux des mem-
Strea qai forent remplacés plus tard.
L^es plus connus étaient : Robeagîerre,
Billaud-Varennès, Chaumette , Fabre-
Tention, furent remplacés par *Favanne,
* J.-E. . Brochet et Vincent.
5. Bonne itouyelle. Boulay, ** Hébert,
*Véron, 'Belette, Dehay et Ôhampertois f
remplacés ' plus tard par folâtre et Bri-
card.
6. MowTREuiL. ** Bernard, ** Chauvin
fils, Tourlot, 'Boulanger, Aubert et Da-
mois.
7. Crop^ rouge. **Brutus Sigaud,*Ri-
G. de la Barre ,.**Gobeau, ** Millier, Vel-
chinger , et Cobnar, qui fût |)lus tard sus-
pendu.
8. Grayilliers. p. Bourdon, député à la
Convention , ** J.-M. Martin, * G. Truchon,
* Duval-Dutain, Colombart et Saurin.
9. RÉUNION, ci-devant Beaubouro. 'P.
Simon , 'Lemaire, 'Guidamoiu', **' Michel,
Dumas et Riquet.
10. Fontaine de Grenelle. Rivailler»
''Gaudicheau, Rousseau, Sabatîer, Rouval
et ** Audouin , remplacé plus tard par J.-M.
Defrasne.
1 1 . t^ANTHÉoN FRANÇAIS, ci-dcvant Sainte-
Genevikve. *Bigant, *CrouteUe, *Gorel,
Méhé fils, *Belliot et Pauvel, remplacés
plus tard par Ch. Lhomme et * Marie.
la. FiNisTERRE, ci -devant Gobelins.
'Mercier, Maillet , Baron , Rossignol, Des-
liens et * Camus, remplacés plus tard par
Pelletier, *Genci et 'Beaudoin.
i3. Argis. Jacot, Gallien, Fial^ Alef,
Blerzy, N. Jérôme, remplacés par 'Char
huet, 'Délépine, * Grenier et S.-T. Char-
bonnier.
14. Tuileries. *King£en, Michaut ,
Benoit, * Paillé, Restout, volant.
i5. Observatoire. * Lefebvre - Longa-
renne, Defraisne, Thomas , 'd*Uériquehem,
René et Paris, remplacé par Lenoir.
16. Droits de l^homme, ci-devant Roi
DE Sicile. 'Lecler<^, Mareux, Lenfant,
' Coulombeau , Rumel et PoUet, remplacé
par J. Chevalier.
17. Bondi. * CallY, ''Aron-Romain, Jfcfa-
vler aîné. Bourdon, *'Daiijron et Romet, rem-
placés par Laurent y * Cervignières» * Tra-
verse et * Thomas.
18. Amis de la patrie, ci-devant Pon-
ceau. 'Caillieux, *Pantaclin, 'Delvoix,
♦Bailly, Spol et Duffort, remplacé par
Cardot, puis par Rocnefort.
19. LuxEM&ouRG. **C.-L. Grandmaison^
Faucon, Chaude ^ Robin, LrN, Guérin,
424
COM
L'UNIVERS.
COM
d'Églantine, Hébert, Bourdon (de signol, Fouquier-Tin ville, L'Enfant,
roise) , Pache , Dumas , David , Ros- Ghambon. Les uns avaient été élus
Leclerc, remplaces, par Pache, *Godart,
**Dareaudery, Merceuay et * Lasnier.
20. FÉDÉaRs , ci-devant Place kotalk,
Nartez , ** Bernard - Samson , Journet ,
* Lai né, *Maneuse et Lemeunicr, tué par
accident , en rempiissaot une mission dans
la nuit des visites domiciliaires, et remplacé
par * Vincent.
.ai. PousoiririKaB. * Faro , 'Pelletier,
VHermina, *Beaudier, *Marc et*Dupré.
aa. LouvRB. **F.-V. Legray, ** Crosne,
Beltrait, Balle, BelUfond et Lavoîpierre ,
remplacés par CoUard, Neuville et Vivier.
«o. NoKD, ci-devant Faubourg Saint-
Denis. Colange, *F.-P. Briac, 'C-N. Du-
pont, G. Constant, *Oger et Landregin,
remplacés par Desmarets et Desnelles .
24. La CITÉ. *Franchet, **Laborey,
* RioUot père, Jacot-de-Villeneuve-des-Ur-
sins , Gille, et Laiguillon, remplacé par Dur
mouchet, puis de nouveau élu.
a 5. PopiNCOURT. Barry puis Arnaud ,
Payen puis Ducansel, Tourane, Suchct,
Chaize, Duchesne , Roquette. Arnaud fut
remplacé par * Dangé, Payen par * Denelle,
Ducanzel par * Venimeuse « Suchet par
Barry, puis Colange, puis Barry, C!uiiz&
par ffutauy puis Cossauge.
a6. Halles, ci-devant des Innocents.
Bouin, *Jobert, *PécouI, ^Langlois, *Mi-
chonis, "Nicout.
a 7. Invalides. Leroy, Lepage, Jacob,
Guinges, Vaillant, Thévenot, remplacé par
Nouet.
a8. Contrat social, ci-devant des Postes.
Dervieux , Blondel, Guiraud , Roussel,
*Jams, *J. -N.David; les quatre premiers
remplacés par * Cochois , Briquet ** Bodson
jeune, *Coulon.
ag. Lombards. Poullenot, Louvet, Leliè-
vre (avoué), Cretté^ Guiliot, **Jolly, rem-
placés le 6 septembre par Carré * Delaunay,
*Brenillard, Va, * Agy et Deschamps.
3o. Halle aux blés. Chambon, Real,
Mirabal, Ganilh, Chevri, * Hénissard, rem-
placé par Levacher.
3i. Butte des moulins, ci-devant Pa-
lais-Roy a.l. Tain ville , Hyune , Boissel , La-
clos, Segny et Lebreton, remplacés par Ma-
rino et Lacoste.
3a. Faubourg Montmartre. "Ménagé,
Pépin, Gapany, Hassenfratz , Gircoun ,
Bivey, remplacés par *Cohendet, * Vas-
Mux, "Durour, *Peironet Landrin.
33. Pont-Neuf , ci-devant Henri IY;
*Menil, Fournier, Révérend, LeteUier,
Minier, Liardei , remplacés le ao août pv
* Cochois, * Briquet, ** Bodson jeune et
"Coulon.
34. Sans-culottes, ci-devant Jabdo
des plantes. Lucas, Martin, Jaladier,
Champ-Romain, Bachelier, Ménard, rb*
placés successivement par ** Félix (profes-
seur), Henriot jeune, Martin Verdier, Gtf*
main (Félix), Jaladier, Durieux jeune. .
35. Marais, ci-devant Enfants Rocca
•Gaucher, Bocotte, Henri, Pottin, Cellot,
Lefèvre, remplacés par * Dufour, * Lejoli-
vet, Gauthier, Jaillaut, * Charles.
36. Beaurepaire, ci- devant Thermes si
Julien. J.-B.-C. Mathieu, N.-J. Jacob,
F.-E. Joubert, A.-L.-Ag. Varin, H. yana,
Belu>urt, remplacés par CelUer et Vacbiri
37. Quatrb-Na.tions. LegangneuriOw*
radam, Alex. Roger, Lecomte, * J.-B. Jan-
son, *V. Oliveau.
38. Champs-Élisées. J.-G. Delfauh, Du*
bertret (traiteur) , M. Boutenot, A.-U. Ma^
lin (épicier) , J.-B. Lubin, * J.-Jaoq. Lubis.
39. Piques, ci-devant place Viedôbl
* Moulins, Duveyrier, Piron, Laignehtt
Matlùeu et Robespierre (député à U Coih
vention); les quatre premiers furent en-
suite remplacés par Arthur, ' Chàtelet, poil
Morel, Frenard, puis Baurillon, Orguelin
et Tresfontaine.
40. De 1 79a , ci-devani Bibltotbîqol
Chenier, * Reboul, * Destournelles, * Lefènt»
•Beaudrais, Bosque, remplacé par*Can»
41. Mail. P.-L. Moëssard, A. Fery,
*A.-G. Geoffroy, *P.-L. Larcber, JacqoeH
Andro et /. Fichu, remplacé par * Camui.
4a. Molière et la Fontaine, d-deviol
Montmorency. *Émi,Boutet, ♦Menue»
sier, *Valle!, PinonelCh. Saint-Disicr.
43. Temple. Goin, Tassin, BoUot, Telf
sier, Prinet, Lefèvre, remplacés par *•
gain, puis Naudin, * Talbot, * Mille ei ftH.
44. Vaudin, * Avril, * Devèze, Chewliff,
* Bigos; Daunay, remplacé par Bulio.
45. Gardes-Françaises. *Lavau,Profi*
net, Asseofratz, Renâudin, * Laplanche ^
Codien, remplacé par Loppé.
46. Maison commune. Leloup père, *Chi*
pelet, Quenet, Bouclujontaine , Gêna,
Ducluseau, remplacés par Touian, RidiV'
don, *Tr«stondam et * Morand.
47. La Fraternité, ci-devant de Litf*
COM
FRANCE.
€OM
425
dans la nuit du 9 août; les autres le
10, d'autres encore plus tard. La no-
mination de Robespierre n'eut lieu que
dans la journée du 10 ; sa renommée
de vertu et son talent de parole lui ac-
quirent une grande part d'autorité mo-
rale sur le conseil général. Marat,
Tallien , Collot-d'Herbois , remplirent
aussi dans la suite différentes fonc-
tions auprès de la nouvelle munici-
palité.
Une députation , ayant Danton pour
orateur, avait été annoncer à la Légîs-
Jative la formation de cette Commune
insurrectionnelle. Effrayée par le bruit
du canon qui grondait encore, l'As-
semblée s'empressa de la reconnaître.
Un peu plus tard ^ dans les derniers
iours du mois djaoût , elle essaya de
la dissoudre, mais en vain; elle fut
contrainte de rapporter son décret de
dissolution (30 août) , et de subir une
commune gui relevait directement de
la souveraineté du peuple , et qui , par
la voix de Manuel , son procureur, me-
naçait d'en appeler à l'insurrection. II
était temps de céder, car déjà le con-
seil général avait , de sa propre auto-
rité , défendu aux sections de procéder
aux élections ordonnées par la Légis-
lative. La lutte était inégale entre une
iDunici[)alité fière de sa victoire, en
possession de la confiance du peuple ,
et une assemblée qui avait reconnu
son incompétence , en convoquant une
Convention nationale.
La Commune du 10 août exerça donc
la dictature pendant l'interrègne par-
lementaire; elle fut, à cette époque,
quelque chose d'analogue à .ce que de-
vint , en 1793, le comité dé salut pu-
blie. Pour sauver la patrie en danger,
elle concentra un moment tous les
pouvoirs dans ses mains. Santerre^ le
nouveau commandant général de -la
force publique, fut à sa dévotion.
Kile se chargea de la garde du mo-
françois, Mouchet, Fayette, Beaufamé,
£scabasse el Desgalgnès, remplacé par
II>urand.
48. Mirabeau. A. Maréchal, A. Lliuil-
lier, C. Pagnier, J. Auvray, J. Faure, H.-F.
peiTOchel.
narque détrôné , dont elle demanda la
déchéance. Elle hérita de l'autorité du
directoire du département de Paris,
qui jusque-là avait plusieurs fois es*
sayé de partager le pouvoir municipal
avec elle, qui avait provoqué la sus-
pension de Pétion et de Manuel après
la journée du 20 juin , mais que son
attachement pour l'ancien régime ve-
nait d'entraîner dans une même chute
avec le trône. Elle eut un comité
de surveillance ou doniinait Marat,
même avant d'en faire partie, et qui
poursuivit les contre-révolutionnaires
avec la dernière rigueur. Elle disposa
de valeurs considérables en vendant
les hôtels séquestrés des nobles. Elle
envoya des commissaires dans tous les
départements pour imprimer partout
une direction uniforme, et préparer
les élections pour la Convention natio-
nale; à Paris, elle présida elle-même
à ces élections. Par Danton , elle eut
voix dans les délibérations du pouvoir
exécutif, qui essaya inutilement de lui
résister. D'ailleurs, avec le secours de
ses comités, elle s'empara d'une partie
de la puissance gouvernementale et ju-
diciaire ; outre le comité de surveil-
lance , elle avait un comité militaire ,
un comité des subsistances, etc., etc.;
elle-même, comme on l'a déjà vu,
était une espèce de comité de salut
public. Enfin , la création d'un tribu-
nal extraordinaire pour juger les cou-
pables du 10 août, et tous ceux qui
conspiraient contre l'indépendance na-
tionale, semblait devoir lui donner
encore une plus grande force de terreur.
Certes, elle avait besoin d'une ex-
trême énergie pour faire face aux
dangers que courait la France, et
l'on ne pourrait sans ingratitude au-
jourd'hui reprocher à la Commune du
10 août la sévérité qu'elle fut con-
trainte de déployer pour sauver l'inté-
grité du territoire, ramener la victoire
sous nos drapeaux, et repousser les
étrangers déjà presqu'aux portes de
Paris. Mais il ne s'ensuit pas pour cela
qu'on doive imputer à la Commune tout
entière les massacres de septembre, ces
terribles scènes de représaille et de ven-
geance, provoquées parles dangers delà
4S6
COH
L'UNIVERS.
C9n
patrie et par rîDaction du tribunal c^^ar*
gé de punir les traîtres et )es conspira-
teurs, et surtout par la voix de Danton,
8'écriant : a Mon avis est que, pour dé-
« concerter les agitateurs et pour arré-
« ter l'ennemi , ii faiii faire peur aux
9 royalistes. » Le seul des comités de là
Commune qui intervint dans ces fu-
nestes journées fut le comité de sur-
veillance et de salut public, et encore
tout porte-t-ii à croire qu'il iqtervint
bjen plus pour réduire le nombre dp^
victimes que pour pousser le peuple
aux excès (voyez tes Annales, t. Il,
p. 247 et suiv.). Sans doute alors quel-
ques membres de la Commune, Marat
Î>ar ses écrits , Billaud-Varennes et Tal-
ien par leur présence, encouragèrent
Iq fureur populaire, ipais ils le firent
en leur propre nom, jamais en vertu
d'une autorisation directe de la Com-
ipune. Eux seuls, plus tard, osèrent
défendre les massacres de septembre,
et se virent désavouer par Pétion, par
bauton, par Robespierre et par leç
plus ardents patriotes.
Dans tous les cas , ce ne serait pas
sur le conseil général de la Commune
que devrait peser la responsabilité de
ces massacres, ce serait sur les mem-
bres de son comité de surveillance,
qui n'agissaient pas toujours de con-
cert avec lui, et qui avaient fini pa^
affecter une sorte d indépendance. Dans
le conseil général dominait l'inQuence
de RobesDierre; dans le comité de sur-
veillance dominait celle de Marat, quoi-
qu'il n'y ait été adjoint que le 2 sep-
tembre. Ce dernier, d'accord avec
Robespierre et avec Danton , tant qu'il
ne s'était agi que de combattre contre
la cour, avait séparé sa cause de la
leur après la victoire ; la férocité de se^
principes, flétrie par eux, avait été la
cause de cette scission. Au moment
où eurent lieu les massacres de sep-
tembire ,' voici quelle était la position
respective de ces trois bommes que
l'on appelait les triumvirs, bien moins
parce qu'ils étaient unis , que parce que
toute la force révolutionnaire se trou-
vait alors concentrée en eux. Sa qualité
de ministre, et ce mélange d'énergie
et de spontanéité qui faisait le fond de
son caractère, avaient doimé la baule
main à Danton dans le gouvernement
A la Commune, le véritable chef, ce
n'était plus Pétion , quoiqu'il conservât
toujours le titre 'de maire, p'était Ro-
bespierre, dont la popularité n'avait
fait que s'accroître, tandis que celle de
Pétion diminuait de jour en jour, ï
cause de son indécision, et par suite
des intelligences qu'il entretenait avec
le parti orléaniste, s'il faut en croire
les révélations du temps. Lorsque le
département de Paris chercha à re-
lever la tête et à entrer en conflit
d'autorité avec la Commune, celle-d
aima mieux confier le soia de n
défense à Robespierre qu'à Pétion.
Deux fois, à la tête d'une députa-
tion municipale, lîobespierre vint à
l'Assemblée législative plaider la cause
de ses clients, et le succès répondit à
son attente. Le département vaioca
reconnut lui-niême son erreur, et poor
gue ses attributions purement relatives
à la perception des impôts fussent
mieux déterminées , il consentit a ne
plus porter quç le nom de commistifm
administrative. Quant à Pinfluence de |
Marat , on l'a déia v^ , elle s'exerçait !
surtout au sein au comité de surveil-
lance, oii il eut pour collègues Daplain, I
Panis, Sergent, L'Enfant, Lefort, 1
Jourdain , Deforgues , Giiermear, Le- :
clerc et Durfort. 1
Marat était encore plus insensé que
cruel ; mais on n'en doit pas moins
convenir que ses j^rédications vio-
lentes, qui entretenaient dans les niai-
ses les idées de vengeance, contri-
buèrent beaucoup aux massacres de
septembre. Une tois aue les mînistrs
im[)ro visés de la colère du peuple,
excités par Tallien et BiUaud*Vareft-
nés, se furent, sans hésiter, sfà^-
siitués au bourreau , ni Danton , ni
Robespierre, ni Pétion, en un mot m le
gouvernement, ni la Commune, n^et-
rent la puissance de les désarmer. La
seule ressource qui restait c'était m
recours à la loi martiale; mais cette
mesure de rigueur, prise au moment
où les Prussiens s'avançaient sur Paris,
aurait poussé le peuple à rinsunee*
tion, arrêté les enrôlements vokMilaijci
€011
FRAI9CE.
GOBI
427
et amené une nouyelle défaite... la der-
lifère p^ut-étre. Le peu de bien qui
était possible alors, la Commune le
fit, en envoyant des officiers munici-
paux inspecter les prisons, et arracher
£(u fer des bourreaux un assez grand
nombre de victimes. Le 2 septembre,
il est vrai, il parut une proclamation du
comité de surveillance, dans laquelle^
non content de justifier |es massacres,
ce comité invitait les départements à sui«.
Tre l'exemple d^ la capitale; mais cet
écrit, qui eut une bien funeste influencé^
était rduvragQ de Marat. ou tout au
plus dq comité de surveillance. La ré*
ritabte pensée de la Commune, on la
reconnaît bien mieux dans la procla-
mation suivante que dans les massacres
de septembre. Voici le langage qu'elle
tint, lorsqu'elle apprit la nouvelle di^
i;iége de Verdun : « Citoyeps, Tennemi
4t 05taux portes de Paris; Verdun, qii{
« l'arrête, ne peut tenir que huit jours*
9 Les citoyens qui le aefendent ont
« ji^ré de mourir plutôt que de se ren-
« flre; c'est vous dire qu'ils vous font
« un rempart de leurs corps. Il est de
« votre devoir de voler à leur. secours.
« Citoyens, marchez à l'instant sous
« vos drapeaux; allons nous réunir au
« champ de Mars^ qu'une àrmiée de
4c soixante mille homines se forme à[
« l'instant. Allons expirer sous le^
0 cot4ps de rennemif ou l'exterminer
«c sous les ndres. » Par ses soins,
çhacju^ jour, dix-huit cents hommes
équipés partaient de Paris ppur la
frontière; quelquefois, il en partait
jusqu'à cinq miAe. Quatre-vingt millg
nommes se trouvèrent bientôt sous les
armes.
Lorsque la Convention nationale eut
tenu ses premières assemblées, ieà
Oirondins cherchèrent à reprendre
leur revanche sur la Commune du 10
août. Us la représentèrent comme une
autorité rivale que ne devait pas tqlé-
irer la Convention. A dessein, ils tour-
nèrent contre elle les massacres de
scsptembre , qu'elle n'avait pas pu em-
pêcher. Ils affectèrent de confondre
csnsemble , sous le nom de triumvirs ,
31arat, Danton et Robespierre, ipal-
^ré les diuéreneea qui separ^^ient ees
trois hommes. En un mot, ils exploi-
tèrent au profit de leur ambition fout
le mal qui avait, eu lieu , sans tenir
contiptè des grandes choses qui avaient
été accomplies. Cependant la politique
de la Commune était bien supérieure
à la leur; elle comprenait les avantages
de l'unité gouvernementale , si néces-
saire dans un grand pays; tandis que
les Girondins allaient droit au fédéra-
lisme. Le résultat de cette nouvelle
lutte eut au moins cela de bon , que le
comité de surveillance fut recherché
par l'Assemblée nationale pour sa
cruauté et pour seis malversations , et
qu'il fut desavoué par la Commune.
Tant que le danger demeura imminent,
1^ Commune tint bon contre les attaques
des Girondins , alors prépondérants et
surtout animés contré KobespierreJ
qui 4vait \ plus que tout autre < donnq
des idées gouvernementales aux com-^
missaires des sections; mais il fallut
céder, quand la défaite des ennemis et
la puissâncei3roissante(ie la Convention
eurent rendu la dictature municipale
moins nécessaire. Le 2 décembre 1792,
la Commune du 10 août fut remplacée
par iine commune provisoire, et
Chambon fut proclamé maire de Paris.
Ce fut sous l'administration de cette
commune du 2 septembre qu'eut lieu le
procès de Louis XVI. Chambon était
une créature de Pétion,ét, comiTie lui,
appartenait au parti dé ta Gironde;
mais le conseil général se mit plus
d'une fois en état (Thostilité avec lui ,
et vota dans le sens des Mpntagnards
plutdt que dans le sens des Girondins.
Après la condamnation du roi^
lorsque la Gironde commença à perdre
du terrain, cette municipalité, qui,
d'ailleurs, n'était que provisoire, dut
céder la place à une autre. Les succès
remportes par les armées étrangères ,
depuis la dissolution de )a Commune
du 10 août, nécessitaient qn redouble-
ment d'énergie, et dans les derniers
temps de son administration , Cham-
bon , homme nul , n'avait plus aucune
autorité.
Le 14 février 1793 , Pache , ex-mi-
nistre de la gqerre, fut proclamé maif^
de Paris , en rea)plfiice{nen| çl^ Chain-
428
COM
L'UNIVERS.
COM
bon. Ce fut un triomphe pour les
Montagnards; malheureusement Té-
nergie de cette nouvelle municipalité,
oue Ton pourrait appeler la Commune
ae 1793, ressemble à de la violence plu-
tôt qu'à de la vigueur. Elle contribua
puissamment à la révolution du 31 mai
et du 2 juin, qui entraîna la défaite des
Girondins. Ceux-ci avaient irrité son
courroux en nommant la fameuse
commission des douze, qui avait pour
but de supplanter la Commune et de
s'emparer du gouvernement de la ca-
ÏHtale. Après la ruine des Girondins,
a municipalité victorieuse ne connut
plus de bornes , et elle se signala par
un esprit d'exagération, de désordre
et d'impiété. Le maire Pache , le pro-
cureur Chaumette et son substitut
Hébert formèrent un triumvirat qui ,
en déchaînant toutes les passions no-
fmlaires, se flatta de renverser à la lois
a Convention et le comité de salut
public. Chaumette, l'inventeur des
fêtes de la Raison , avait été élu pro-
cureur dès le 12 décembre 1792, pen-
dant que Chambon était encore maire;
quant à Hébert, c'était le rédacteur
éhonté du Père Duchesne. Dirigée par
ces trois hommes, la Commune devint
un foyer d'insurrection ; dans sa ma-
nière d'entendre l'égalité, elle voulait
qu'on abattît tous les clochers, parce
qu'ils dépassaient le niveau des autres
maisons , et elle n'eut pas honte de
donner l'exemple de l'apostasie et de
l'athéisme, ^ais elle trouva dans le
comité de salut public , et principale-
ment en Robespierre, un adversaire
formidable qui sut réprimer sa révolte
et la faire rentrer dans ses attribu-
tions. Les enragés connus sous le nom
d'hébertistes , et qui avaient le projet
de nommer Pache dictateur, sous le
nom de grand juge, furent déjoués, et
les principaux chefs de la conspiration
portèrent leur tête sur l'échafaud, le 24
mars 1794. Pache et Chaumette n'é-
chappèrent au même sort que parce
qu'ils eurent la précaution de se ré-
tracter et de faire amende honorable.
Le 21 floréal an ii (10 mai 1794) ,
Fleuriot-Lescot fut nommé maire , en
remplacement de Pache , par un ordre
du comité de salut public, ainsi conçu :
« Le comité de salut public arrête que
le citoyen Fleuriot remplira provisoi-
rement les fonctions de maire de Pa-
ris , vacantes par l'arrestation do
citoyen Pache. Il prendra ces fonctions
sur-le-champ , et. habitera la maison
de la mairie. »
Cette sixième municipalité, bien dif-
férente de la précédente, fit une guerre
ouverte aux partisans de Tanarchie et
de l'irréligion. Elle fit une adresse à
la Convention , pour qu'à la place de
l'inscription : A la Raison, qui avait
été mise sur les temples, il lui fât per-
mis d'inscrire : A l'Être suprême. Ed
toute circonstance, jusqu'au 9 thermi-
dor du moins, elle appuya les mesures
adoptées par le gouvernement révolu-
tionnaire; aussi pourrait-elle être ap-
pelée la Commune du comité de salut
public, A partir de la défaite des bé-
bertistes, l'élément municipal perdit
beaucoup de sa puissance; c^étaît le mo-
ment où toute l'autorité se concentrait
dans les mains du comité dictatorial.
Lorsque la division eut éclaté parmi
les membres de ce comité, la Commune,
toujours fidèle aux idées d'unité gou-
vernementale, se prononça pour Robes-
pierre. L'immense majorité du conseil
municipal était favorable aux triaoi-
virs; le secrétaire Fleury, Tagent natio-
nal Payan et le maire Fleuriot parta-
geaient également leur manière de com-
prendre l'organisation de la république.
La défaite de Robespierre^ dans b
journée du 9 thermidor, entraîna celle
de toute la Commune, qui fit de vaius
efforts pour le sauver ; Fleuriot ,
Payan , Fleury et un grand nombre
de membres du corps municipal mon-
tèrent sur l'échafaud le même joor
que Maximilien, Saint- Just, CouthoA
et Robespierre jeune, qui, de même
que Le Bas , n'avait pas voulu séparer
son sort de celui des vaincus. Alon
la Commune fut définitivement domp-
tée par la Convention , qui s^était tou-
jours montrée jalouse de son autorité.
Le 14 fructidor (31 août 1794), les
thermidoriens , s'empressant de réo^
Çaniser l'ensemble de la république
a leur manière, décrétèrent que II
GOM
FRANCE.
COM
429
Commune de Paris serait adminis-
trée par plusieurs commissions, dont
les présiaents seraient réélus tous les
mois. De la sorte , la Commune n'eut
plus de maire , plus de chef, partant
plus d'unité; les thermidoriens ne vou-
laient pas autre chose. La nouvelle
municipalité se montra aussi contraire
aux partisans de Robespierre , que la
précédente leur avait été favorable.
A l'époque des insurrections de prai-
rial, le peuple voulut ressusciter Tan-
cienne Commune : dans cet espoir, il
nomma Cambon maire de Paris ; mais
le succès s' étant cette fois encore pro-
noncé en faveur des thermidoriens, coa-
lisés avec ce qui restait du parti de la
Gironde, cette tentative n'eut que des
résultats funestes. La constitution de
Tan ni, qui instituait le Directoire ,
divisa la Commune de Paris en douze
municipalités, ayant chacune un maire,
. six administrateurs, un officier de l'é-
tat civil , un commissaire du pouvoir
exécutif et un secrétaire de l'état civil.
Chaque municipalité formait quatre di-
visions , lesquelles avaient chacune un
juge de paix et un commissaire de po-
lice. La constitution de l'an viii , qui
mit à la tête de l'État trois consuls ,
inaintint la division de Paris en douze
municipalités , chacune avec un maire,
deux adjoints , un juge de paix, un
percepteur des contrinutions , un re-
ceveur d'enregistrement et un comité
de bienfaisance. Cette organisation
s'est maintenue jusqu'à ce jour. On
peut donc dire que depuis le 9 thermi-
dor, la municipalité parisienne, entiè-
rement démembrée , ne fut plus qu'un
corps administratif , qui n'empiéta
plus sur le terrain de la politique que
pour offrir à tous les pouvoirs qui se
succédèrent des adresses de félicita-
tions et des flatteries de cour.
Ainsi donc, le règne de la Commune
ne dura que cinq ans , du 14 juillet
1789 (prise de la Bastille) au 27 juillet
i794 (9 thermidor an lï); mais dans
ce court espace de temps , elle occupa
le plus souvent la première place parmi
les assemblées et les pouvoirs auxquels
événements donnèrent naissance,
liistoire est un miroir tidèle de
l'histoire de la révolution. D'abord
une commune constitutionnelle , sous
l'administration de Bailly , l'homme de
la Constituante ^t de la monarchie re<
présentative. Ensuite une commune
^ui pousse à la république , commune
à moitié girondine, à moitié monta-
gnarde , ayant Pétion pour maire et
Danton pour substitut du procureur.
Puis une commune toute montagnarde,
toute démocratique , la commune du
10 août, dans laquelle Pétion, image
des girondins débordés par les mon-
tagnards , n'est plus maire que nomi-
nalement, tandis que le peuple domine
en réalité, par l'intermédiaire du con-
seil général des sections. Puis , après
la convocation de la Convention na-
tionale , une commune de transition :
Chambon , girondin , en est le maire ;
mais son pouvoir n'en est pas moins
paralysé par celui du conseil général ,
qui appuie les montagnards. Puis en-
core, après la défaite des girondins,
nouvelle invasion du peuple à l'hôtel
de ville , nouvelle commune populaire
comme celle du 10 août , dirigée par
Pache en qualité de maire, Chaumette
en Qualité de procureur, et Hébert en
qualité de substitut ; commune exagé-
rée jusqu'à la fureur, et se livrant aux
orgies de l'immoralité et de l'athéisme,
jusqu'au moment oîj elle expire sous
les traits vainqueurs du comité de sa-
lut public. Puis enfin une commune
démocratique encore, mais disciplinée,
ayant Fleuriot pour maire , marchant
d accord avec le gouvernement , tant
que les membres qui le composent
sont unis entre eux , et finissant par
succomber avec les triumvirs dont
elle a épousé la cause. Ces cinq admi-
nistrations municipales ne sont-elles
pas le reflet des cinq phases décisives
que traversa la révolution française
depuis la prise de la Bastille jusqu'au
9 thermidor?
C'était une fonction bien périlleuse
alors que celle de maire de la Com-
mune de Paris; des cinq magistrats
qui la remplirent , trois payèrent de
leurs jours ce ftmeste honneur : Bailly,
Pétion et Fleuriot. Chambon ne dut
qu'à sa nullité d'échapper au méipe
480
COM
L'UNIVERS.
GOS
sort; ft tà Pache l'évita, ce ne fut
qu'après avoir été emprisonné, et
grâce au désaveu qu'il fit de toute
participation aux complots des héber-
tistes. Le prévôt des lïiarchands , lui-
même , qui , sans avoir porté le titre
de maire I en occupa néanmoins le
poste un moment, M. de Fiesselles
avait rou^ le premier de son sang les
degrés qui menaient à l'hôtel de ville*
Époque terrible , où les contre -révo-
lutionnaires, les ultra-révolutionnaires
et les modérés étaient emportés vers
iin même suppliée !
L'histoire générale de la Commune
se partage en trois époçrues principales :
la première municipalité, dirigée par
in, Baifly, fut la conséquence de Tavé-
nement de la bourgeoisie aux affaires j
après le 10 août , c'est le peuple qui
s empare du gouvernement politic^ue ;
enfin , le 9 tnermidor a pour consé-
quence de substituer la bourgeoisie au
peuple dans la direction des destinées
de la France. A aucune époque , si ce
n'est un instant avant le 10 août , on
ne trouve associées ces deux grandes
classe;; de la nation , guj cependant
sont sœurs et si bien taites pour se
comprendre, s'unir, et ne former
qii'i^ne majestueuse unité.
Chose remarquable ! le peuple ne de-
vient prépondérant que lorsque la par
trie est sérieusement en danger ; et ,
ce qui n'est pas moins digne d'atten-
tion , il perd sa prépondérance dès que
le pays est sauvé. C'est que le peuple
est le plus grapd élénient de force et
d'énergie: cest que, ppur défendre
l'intégrité du sol national, il est tou-
jours prêt à sacrifier son repos e^ son
sang. Malbeureijsement s^ vigueur
l'égaré quelquefois et lui fait dépasser
le but marqué j ce qui n'arriverait pas
si la classe aiséé, apssi portée à la
modération qu'il est fougueux lui-
même, s^appliquait à lui donner des
conseils et à partager avec lui la puis-
sance , au lieu de lui faire une opposi-
tion systématique et aveugle.
C'est à tort qu'on cherche à repré-
senter le peuple oompae inhabile au
maniement d^ affaires : son passage
if la Commune pendant la révolution a
montré qu'il possède au plus baut point
l'intelligence des traditions gouverne-
mentales, et qu'il ne voit dans l'anar-
chie qu'un moyen de destruction, et pas
autre chose. L'exemple de la Connmune
du 10 août en est une preuve irrécu-
sable. Elle avait un double caractère
que beaucoup d'historiens ne voient
pas ou font semblant de ne pas voir;
elle était à la fois un pouvoir gouver-
nemental et un pouvoir insurrection-
nel. En cette dernière qualité, la seule
oue ses ennemis mettent en saillie à
dessein, le peuple a commis des excès
dont l'humanité gémit, dont il gémit
lui-même ; mais en sa qualité de pou-
voir gouvernemental, il a accompli de
grandes choses, que l'histoire ne peut
Î)asser sous silence. A peine installé à
'hôtel de ville , le conseil municipal
des sections comprit que le danger de
la division et du fédéralisme n'était
Î)as moins à redouter que le danger de
'invasion; il comprit que l'étranger
ne pouvait être vaincu que par runion.
L'unité de la république, son indivisi-
bilité, voilà le principe que Ton savait
apprécier à l'hôtel de ville avant mène
Î[ue la (Convention fût assemblée; voilà
.e principe qu'on y défendit toujours,
alors même que la Convention pen-
chait vers le fédéralisme. L'unité na-
tionale, telle fut )a devise de Thôtel de
ville toutes les fois que le peuple?
siégea. A l'hôtel de ville , on n'avait
fias cette adoration aveugle pouf ii
iberté, qui faisait qu'à la Coriventîon
on ne voulait pas de hiérarchie, pas
de président de la république , et qoe
,;sous le noms de dictature , de trlum*
virât ou de tribunat, on proscrivait
toute espèce de gouvernement. Plo-
sieurs fois l'hôtel de ville fut à liai veiDe
de donner à la révolution le <^ef qui
lui manquait. Dès le 10 août, le con-
seil municipal excitait Robespierre à
s'emparer oe la présidence; sous l'ai-
ministration de Pache , les héberts-
tes, exagérés en cela comme en toute
autre chose, voulaient nommer un di^
tateur; en 1794 encore, la commune,
dirigée par Fleuriot, s'efforça (d^élevcr
Robespierre à la présidence. L'oppo-
sition de la Législative fit échoua h
COM
FRANCE.
CÔM
48t
première de ces tentatives; Topposi-
tion de la Convention et du comité de
salut public fit échouer les deux autres.
Il n'en est pas moins vrai que c'é-
tait le peuple, si souvent accusé d'in-
capacité politique , qui seul voyait bien
. que la republique irancaise ne serait
consolidée que le jour oâ elle aurait un
président. En jetant deux fois les yeux
sur Robespierre pour l'investir de
cette marque de confiance , le peuple
avait, en outre, fait preuve d'un grand
sens politique. En eiret, de tous tes ré-
volutionnaires, c'était Maximilien qui
représentait le mieux les traditions
d'unité gouvernementale. Danton était
l'homme de l'insurrection avant tout;
. Hobespierre était l'homme de gouver-
nement. Pour ce motif, et malgré ce
qu'avait d'entraînant et d'irrésistible
réloquence de Danton, le peuple lui
préférait Robespierre.
Mais, dira-t-on, peut-être la Con-
vention connaissait aussi bien que la
Commune le prix de l'unité politique,
et elle ne repoussait Maximilien que
J)arce qu'il était le chef du parti popu-
aire, et au'avec lui elle redoutait la
tyrannie g'une seule classe de la na-
tion. S'il en était ainsi, elle aurait
appuyé Danton, qui inclinait vers la
bourgeoisie plutôt que vers le peuple;
mais elle ne prêta assistance ni à Dan-
ton., ni à aucun autre; mais, loin de
soutenir ceux qui travaillaient à la re-
construction du pouvoir exécutif, elle
les poursuivit tous, et ne se tranquil-
lisa qu'après leur supplice. Le comité
de salut public, coupable d'avoir, par
miracle, ramené un moment l'unité
dans le gouvernement, expia cruelle-
ment cet acte de génie. Enfin , la Con-
vention donna la mesure de sa politique
dans la constitution de Fan m, qui
instituait cinq directeurs; ef lorsque
Tîapoléon réduisit d'abord ce nombre
de cinq directeurs à celui de trois con-
suls pour arriver enfin à l'unité, qui
applaudit le plus à ce changement? le
peuple, encore le peuple, quoiqu'on
prétende toujours qu'il n'entendra ja-
mais rien à la science du gouvernement.
Ce n'est pas sans raison que la Con-
vention manifesta toujours des senti-
\
ments de jalousie si prononcés contre
la Commune, en qui elle s'entêta à ne
voir qu'une rivale; la part de la Com-
mune dans l'histoire ne sera, certes,
Eas inférieure à celle de cette assem-
lée célèbre, qui cependant sut accom-
plir de si grandes cnosâ.
Communes. — Nous avons raconté
ailleurs , en abrégé, les principaux évé-
nements de la révolution communale
oui éclata , au nord de la France , à la
fin du onzième siècle et dans les pre-
mières années du douzième ; nous avons
montré les vicissitudes de cette révo-
lution au Mans, à Cambrai, à Noyon,
à Beauvais, à Saint-Quentin , à Laon,
à Amiens, à Soissons, à Sens, à
Reims, etc., c'est-à-diré, dans les plus
importantes des villes qui, par le fait
de l'insurrection et d'une lutte armée,
ou par une transaction , ou bien encore
par une concession volontaire des sei-
gneurs et des rois, avaient obtenu des
chartes de commune {*). Nous ne rap-
pellerons point ici ce que nous avons
déjà dit; nous laisserons de côté le
récit des faits, pour n'envisager la
grande question de la révolution com-
munale que dans ses résultats les plus
généraux.
Depuis la fin du dernier siècle, on
a beaucoup écrit sur les communes; on
a émis sur leur établissement les sys-
tèmes les plus divers; aujourd'hui
même, malgré les lumières qui ont été
apportées dans |a discussion pac les
plus éminents de nos historiens, le
débat n'est pas clos , tous les points ne
sont pas éclaircis, toutes les incer-
titudes ne sont pas dissipées, et,
comme il n'existe aucun livre qui puisse
satisfaire complètement les esprits et
résoudre toutes les difficultés , on dis-
cutera, nous le croyons, longtemps
encore.
Nous n'avons pas la prétention de
substituer nos pensées à celles des
autres , et de donner une théorie plus
satisfaisante et plus complète que celles
qui ont été mises au jour depuis Bré-
quigny jusqu'à M. Aug. Thierry; nous
voulons seulement constater les résul-
(*) Voyez les Akkales, t I,p. i5^»
419
GOM
L'UOTVERS.
COM
tats que la science a obtenus, en quel-
que sorte, par le choc des opinions les
plus opposées, et montrer le parti
?|u'on peut tirer des livres qui ont été
aits jusqu'à nous, pour saisir, com-
prendre et expliquer les causes, la na-
ture et les résultats du plus grave,
sans contredit, de tous les événements
du moyen âge.
Cet article ne sera donc, pour ainsi
dire, qu'un résumé succinct des prin-
cipaux ouvrages qui, depuis un demi-
siècle environ , ont été composés sur la
révolution qui donna naissance aux
communes. Nous devons parler d'abord
de la remarquable dissertation que,
soiis forme de préface, Bréquigny in-
séra dans le onzième volume du Re-
cueil des ordonnances. Ce travail , le
premier en date, a été le point de
départ de tout ce que Ton a écrit jus-
qu'à nos jours sur les communes.
Quand on le lit attentivement, on est
surpris de la prodigieuse quantité d'i-
dées lumineuses et justes que l'auteur
a répandues sur ce c|u'ily avaHde plus
obscur dans son sujet, de sa marche
ferme sur un terrain non encore ex-
ploré, et aussi de l'ordre et de l'admi-
rable clarté qu'il a introduits dans ses
arguments, dans ses preuves; en un
mot, dans toutes les parties de son
travail. Au reste, l'analyse de cette
dissertation fera voir que depuis un
demi-siècle déjà les points les plus im-
Ï)ortants avaient été indiqués et que
a science, pour s'être essayée dans
les voies les plus diverses , n a pas dé-
fmssé de beaucoup , sur ce point , les
imites Gxées par Bréc|uigny.
L'illustre érudit a divisé sa disserta-
tion en six parties : « D'abord, dit-il,
nous déterminerons ce que nous en-
tendons par le mot comm2/ne5; deuxiè-
mement, nous fixerons l'époque de l'éta-
blissement des communes en France et
nous en développerons rapidement les
premiers progrès ; troisièrr.ement, nous
rechercherons quels furent les motifs
de cet établissement; quatrièmement,
nous examinerons quel devait être le
titre qui donnait le droit de commu-
iie<;cm(iuièmement, nous ferons voir
quel était l'objet des principales clauses
que ce titre renfermait; sixièmement,
nous exposerons enfin comment, par
qui et par quelles raisons les com-
munes ont été quelquefois modifiées,
abolies ou rétablies (*). »
Après avoir montré combien est
vague et indéterminé le mot com-
mune^ a Nous n'entendons ici , par ce
mot, ajoute-t-il, que les corps munici-
paux qui s'établirent en France pour
garantir de l'oppression les habitants
des villes , soit que ces corps se soient
formés d'abord par des confédérations
tumuituaires , autorisées ensuite par le
souverain , soit qu'ils aient été établis
à l'imitation de ces premières confédé-
rations, en vertu de concessions au-
thentiques préalablement obtenues.*
Il dit ensuite que les caractères dis-
tinctifs des communes peuvent se ré-
duire à trois :* 1" l'association jurée et
autorisée par titre authentique ; 2* la
rédaction et la confirmation des usages
et coutumes ; 3"* l'attribution des droits
et privilèges, du nombre desquels était
toujours une juridiction plus ou moins
étendue , confiée à des magistrats de la
commune et choisis par elle. Puis il
revient encore sur cette idée qu'il ne
faut pas confondre les communes avec
les villes qui n'avaient obtenu que des
affranchissements de redevances féo-
dales, des concessions de coutumes,
les droits qu'on nommait bourgeoisies,
et avec les villes qui avaient été en
possession, de temps immémorial,
d'un régime municipal. Dans les exem-
ples qu'il choisit, on voit une allusioo
aux cités où s'étaient perpétuées les
traditions du régime municipal romaio.
La distinction importante établîepar
Bréquigny a été conservée et recom-
mandée par M. Guizot dans les leçois
qui terminent son cours de VHistoke
de la civilisation en France, L'em-
prunt est évident. Seulement M. Gui-
zot, à l'aide de travaux récents (des
ouvrages de Savigny , Ray nouard , etc.X
a mieux précisé le caractère des vil-
les qui jouissaient de privilèges et de
franchises sans avoir de coTistitutkm
(*) Recueil des ordonnances des rois it
France y t. XI; préface, admit.
COM
FRAfItÈ,
GOM
433
communcUey et principalement de cel-
les où s'était conservé le régime mu-
nicipal romain. Mais M. Guizot, pour
un emprunt aussi important (et ce
n'est pas le seul qu'il ait fait à la dis-
sertation dont nous parlons) , n'a pas
cité Bréquigny. ,
Ce qui est dît du serment que se
prêtaient entre eux les bourgeois
confédérés a été de même reproduit
par M. Augustin Thierry (avec plus de
force , il est vrai , et plus de clarté) dans
les Lettres sur l'histoire de France y
et notamment à la fin du chapitre cin-
quième des Considérations qui précè-
dent les récits des. temps mérovin-
giens.
Dans la deuxième partie de sa
dissertation , Bréquigny fixe l'épo-
que de l'établissement des commu-
nes au douzième siècle , sous le
règne de Louis VI. II a peut-être
exagéré ici le rôle que la royauté
a joué dans cette grande révolution.
commune elle-même. Puis il examine
les conditions essentielles de cet acte,
et pour discuter avec plus de méthode,
il divise son sujet en quatre pomts .:
1** l'acte fondamental de la commune
deYBÏt sanctionner la confédération
des habitants unis ensemble par ser-
ment pour se défendre contre les vexa-
tions des seigneurs qui les opprimaient ;
2"* les personnes qui devaient inter*
venir dans cet acte : d'abord , les bour-
geois, les membres de l'association
jurée; ensuite, les seigneurs contre les-
quels avait été dirigée cetteassociation;
3*" si le seigneur immédiat et principal
devait contribuer à l'établissement de
la commune et lui donner en quelque
sorte;une première forme, le roi devait
ensuite l'autoriser par une concession
spéciale; 4^ enfin , Fauteur montre
comment on pouvait suppléer au titre
original lorsqu'il n'était pas possible
de le représenter. Tout cela , comme
on le voit, concerne la forme, si nous
On peut lui reprocher aussi de n'avoir . pouvons nous exprimer ainsi, plutôt
pas mi^ux précisé, à la fin de la que le fond de la constitution et de
j„...:à ^:^ _* j^-.- 1-. *-^:„:i — Torganisation communales.
INous avons dit que dans la cinquième
partie de sa dissertation , Bréquigny
recherchait quel était l'objet des prin-
cipales clauses des chartes de commu-
nes. Il reconnaît d'abord dans ces
chartes deux choses bien distinctes :
1** les articles qui se rapportent exclu-
sivement à l'organisation communale,
en tant que résultat de l'association
sous la foi du serment; 2o une rédac-
tion dès coutumes , un code renfermant
des lois civiles et pénales. Il entre en-
suite dans des développements sur ce
qui est contenu dans ces deux parties
si distinctes. ISous ne le suivrons point
dans ces développements. Nous nous
bornerons seulement à dire qu'ici encore
M. Guizot a fait à Bréquigny, sans le
citer, un notable emprunt, et qu'il lui
doit, par exemple, ainsi qu'à Berroyer
et à Laurière, cette idée que les cou^
tûmes des communes sont les vérita-
bles sources de notre droit privé. Au
reste, les opinions de Bréquigny sur ta
juridiction et l'administration munici-
pales, sur les privilèges, les franchises
deuxième partie et dans la troisième,
Jes causes de la révolution communale.
Il s'est borné à dire , comme en pas-
sant, que ce fut l'oppression des sei-
gneurs qui détermina le mouvement
et les insurrections dans les cités du
nord de la France, et, ailleurs^ à
donner, comme des motifs de l'établis-
sement des communes, ces deux rai-
sons qui nous paraissent trop simples
et trop vraies : 1° l'avantage des habi-
tants qui demandaient le droit de com-
mune; 2° l'intérêt des souverains qui
raccordaient. Il devient plus ferme et
plus précis lorsqu'il énumère le profit
que Iqs bourgeois des villes, d'une
part, et la royauté, d'autre part, ont
retiré de l'établissement des communes.
11 réduit à trois les avantages de la
royauté : V une somme une fois payée
au roi , pour la confirmation ou l'octroi
de la charte ; 2** une redevance annuelle ;
3** le service militaire.
. Dans la quatrième partie de son tra-
vail , Bréquigny recherche quel devait
être le titre fondamental du droit de
commune. C'était, dit-il, la charte de
T. V. 28* lÂvraism. (Dict. bngygl., etc.)
38
4M
COH
■LMDMVËRS*
GOM
des commuas, Jes beffMs, les ré-
serves insérées dans les clauses des
éta^çtes , etc. , etc. , ont été , comme il
est facile d'en acquérir la oonviction
par la lecture de tous les ouvrages sur
le régime municipal et sur ks com^
rrnmeêy très-souvent mises à Céntri*
butîon «t t«prodiiiteSi
Enfin ) Bréquisny ^^e cette ques-
tkni,dans la sixième |)artie dé sa dis^
sertâtion : iPar ^ et pour quelles eau*
ses les comknui^es étaient-elles modi-
fiées , supprimées ou rétablies? et il y
répond de trois manières, savoir: 1°
par les circonstances politiques; 2* par
l'intérêt ou la volonté de celui qui
avait accordé ou confirmé les chartes
de commune; V" par l'intérêt ou la
volonté des IxHirgeois eux-mêmes.
liC. Leber, qui a réimprimé les deux
préfaces <)ui se trouvent dans les vo-
lumes XI et XII du Btcueil des créhn»-
ftanceêC), a fait la critique de Cer-
taines parties de la IHssiertation stif
ieê commîmes. Parmi les reproches
qu'il adresse à l'auteur, l<^ trois sui-
vants ne nous ont point paru sans
fondement. Il Marne d'abord Bréqui-
gny d'avoir trop accordé à la puissance
et à l'inflttekice de la royauté dans l'é-
ittblissement des communes; ensuite,
d'avoir omis tout ce qui concerne les
dfolts d'usage dans les campagnes et
ia jouissance des communaux, en un
mot, d'avoir passé sous silence tout eé
qui tient au téginïe rural ; enfin , de
n'avoir pâte touiburs été , dans ses con-
sidérations, à la teiuteur de son sujet.
Ainsi, dit41, Bréquigny réduit à trois
les avantages que la royauté a retirés
de l'établissement des communes : une
^emme une fais payée; les redevances
wmuelles; le service militaire. Wauw
rait-il pas dû faire des réflexions sur
l'appui que la royauté trouva dans la
bourgeoisie naissante contre la féoda-
lité , sur le rôle de ia bourgeoisie .î> etc. ,
etc. On pourrait i^pondre à M. leber
ique Bréquigny a écrit sa dissertation
avant la révolution , et qu'il ne pouvait
pas apprécier alors à sa juste vafleur,
comtnë <m le fiift aujourd'hui , la gran-
deur et l'importatice du râle que la
bourgeoisie a joué dans notre histoire.
M. (âizot, qui est venu après la révt>-
hition, a complété sur ce point d*une
extrême gravité la diss^atiott de
Bréquigny.
On peut, nous ne l'ignorons pas,
adresser bien des reproches à cette lu»
mineuse dissertation ; mais nom n^en
persistons pas moins à dire que les ou-
vrages entrepris depuis cinquante ans
sur te même sujet , ne Tout pas de
beaucoup dépassée; l'auteur y n lou-
ché leis ^ints les plus imp^ortants de
la question, et «ouvent il a résida
d'une manière satisfaisante les phtt
graves difficultés.
Aussi, y a-t-il lieu de s^étoHmr
que depuis Bréquigny, et api^ la
révolution, un de nos piftis granéB
érudits, un des hommes les plus ver-
sés dans l'étude des documents des
onzième et douzième siècles , D.
Brial, n'ait* écrit sur les commik
ftesy dans une préface célèbrie, que
des choses vagues, insignifiantes , et
souvent nsême erronées (*)- Il y pré»
ten^ , par exemple , que oe qui donna
naissance aux communes, et poossi
les habitants des villes à Ifnsttttee-
tion, ce furent principalement la liaine
que de tout temps les homttKs ont
eue contre leurs supérieurs , et Tes-
prit d'irréligion qui commençait ideis
a faire de grands progrès , non peint
seulement au nord de la France, mais
dans le midi , dans la Flandre et dans
l'Italie. On ne doit tenir aucun ooMple
de l'opinion de D» Brial, qui a ptm
lui , en définitive , d'^autrës titres i
notre estime et à notre ressp«et qae
ses considérations sur les communs^
Nous passons sans transitiez mt
Lettres sttr f histoire de Fremee et
M. Augustin Thierry. I^oâs ne
arrêterons pas longuement snr txt
vrage , qui ne contient pas ,
quelques-uns l'ont cru, Me
sur les communes. M. An^. Thierry,
dans ses Lettres^ qui épient destinées
X*) Cotteclicm des meiHeHres dissertatiôlis, (*) Voy. la préface du t XÏT da JUmm^
notidftt , traités , etc. , t. XX. Paris , 1 838« des hUtormns de iPmtee^
FRANGE.
CÔK
485
^ produire Mir presque tous les poiDtg
les plus importants de notre histoire
nationale une véritable révolution, n'a
point cherché à donner un nouveau
système» Il voulait seulement réfor-
mer ce qu'il y avait de faux dans les
opinions émises par les historiens ses
devanciers , opimons qui^ avant son
livre , jouissaient auprès du publie
d'un grand crédit. On avait dit et ré-
pété sans besse que Louis VI était le
véritable fondateur des communes ^
M. Augustin Thierry a montré l'exa-
gération de cette assertion , et peu^
être a-Ml oédé un peu trop , isur ce
point, à l'esprit de réaction. C'est
pour mieux montrer la participation
de la bourgeoisie , agissant par elt^
même, inoépendamment de toute in-
fluence étrangère , et |>our mieux
iaiie sentir ce qu'il y avait de fort et
d'énerçqoe dans l'esprit démocrati-
que qui se manifesta , au oommenoe-
«lent du douzième siède , dans toutes
les villes du nord de la France, qu'il
a donné sur chaque commune les beaux
fécits que tous connaissent et que nous
avons mquemment eités dans les Ah-
Ki.LS6. Il ne faut donc point <^ereher
dans les Lettres sur (^histoire de
France l'opinion de M. Augustin
Thierry sur les c&mmunes ; nous
trouverons ailleurs sa théorie dans le
cinquième chapitre des considérations
qui pi^ieèdent les ItécUs mérotHn-
giens,
Kouf avons déjà eu occasion de dire
que le s^tème de M. Guizot reposait
en grandi partie sur la dissertation de
Bréquigny .Gomme pour certains points
de son sujet il a pénétré plus avant
que son devancier > comme il a vu
plus loin , et comme aussi il a été
plus méthodique quelquefois et plus
précis, et qu'il a émis un certain
aomfcNré^f idées nouvelles , nous istojons
devoir donner le résumié des Leçons
qu'il a consacrées aux communes [*).
C'est au douzième siècle , dit-il ,
qu'on a rapporté l'origine, la première
{*) Cûttrs ifkisioire de la elpiiisation en
#Wiiice(K8a9-iS3o), i6«, 17*, iS« et 19*
leçons.
formation des communes françaises.
Par Une réaction contre ropiniôn ac-
créditée qui attribuait cette origi^ n
la politiaue et à ^intervention des
rois , detnt systèmes se sont élevés. '
D'une part , on a soutenu que les
communes étaient bien antérieures au
douzième siècle; d'autre part, qu'elles
étaient l'œuvre et la conquête des
bourgeois eux-mêmes , le résultat de
f insarrection. C'est ce dernier" sys-
tème qu'a soutenu M. Aug. Thierry
( M. Guizot fait allusion aux Lettres
sur l'hisixAre de France ). Ces deux
systèmes sont incomnlets , et ne peu-
vent rendre compte de tous les faits.
Il y a BU «n effet , ajoute M. Guizot ,
une grande crise au douzième siècle ,
comme le prouvent les actes contem-
porains* Mais celui qui examine ces
%ctes avec soin y reconnaît trois clas-
ses de faits bien distincts. Les uns
parlent de libertés et de coutumes mu-
nicipales comme de faits anciens et
Incontestés ; d'autres contiennent la
concession de certains privilèges , de
ûertaines exceptions particulières , au
profit de td ou tel bourg , de telle ou
telle ville, mais sans les constituer en
communes proprement dites ; enfin, il
y a des actes qui constituent des corn--
munes proprement dites, v qui confè-
rent aux habitants de telle ou telle
ville une sorte de souveraineté, une
souveraineté analogue à celle des
possesseurs de ûefs dans l'intérieur de
leurs domaines,.
Pour expliquer ces trois classes de
faits bien distincts qui révèlent des
régimes municipaux essentiellement
ditiérents , M. Guizot parle d'abord ,
et en s'appuyant sur l'autorité de
M. Raynouarcl , de la persistance du
r^ime municipal romain dans les vil-
les de France , et principalement dans
celles du Midi. Puis , il montre com-
ment des villes nouvelles se sont for-
mées par l'agglomération des serfs et
par l'arrivée d'une foule d'étrangers ,
villes que les seigneurs , dans leur in-
térêt , soutenaient et protégeaient.
Elles reçurent , dit-il, des privilèges
qui ne constituèrent pour elles ni un
régime nmnicipal semblable à celui
28.
436
ce»
L'UNIVERS
COM
des anciens municipes romains, ni un
régime communal. Enfin , il ajoute
que, dans d'autres villes, par suite
des** vexations des seigneurs féodaux ,
laïques ou prêtres , éclatèrent des in-
surrections qui créèrent les commu-
nesproprement dites.
Gomme nous Pavons dit précédem-
ment , cette distinction à étaolir entre
les villes françaises au moyen âge , a
été empruntée par M. Gulzot à Bré-
quigny. Mais , il faut le dire , M. Gui-
zot a précisé avec une grande clarté
ce point très-important qui, dans la
dissertation de Bréquiçny, était sim-
plement mentionné et mdiqué.
M. Guizot a subordonné en quelque
sorte, dans ses leçons, la question de
l'origine des communes à la question
plus vaste et plus générale de la for-
mation du tiers état. Cependant on
trouve encore dans ses considérations
certaines idées qui se rattachent di-
rectement à rétablissement et à la cons-
titution des communes; celle-ci, par
.exemple, qui avait été émise déjà par
Bréquigny , que les chartes de com-
mune n'ont point un caractère ex-
clusivement municipal^ qu'elles ont
aussi un caractère tégislatif; qu'elles
sont la base d'un droit écrit , de lois
civiles et pénales.
Ailleurs, il a fait entre les destinées
des communes françaises et des répu-
bliques italiennes une comparaison
que nous devons signaler. Il montre
comment, en France, toutes les vil-
les arrivèrent, les unes plus tôt, les
autres plus tara , à être dominées par
le pouvoir central , la royauté. Il n'en
fut pas de même en Italie, ajoute-t-il :
« Les cités, les républiques italiennes,
après avoir une ibis vaincu les sei-
gneurs voisins , ne tardèrent pas à les
absorber. Ils se virent obligés de ve-
nir habiter dans leurs murs , et la no-
blesse féodale, en grande partie du
moins, se métamorphosa ainsi en
bourgeoisie républicaine. Mais d'où
vient cette bonne fortune des villes
d'Italie ? De ce qu'elles n'eurent ja-
mais affaire à un pouvoir central très-
supérieur; la lutte demeura presque
toujours entre elles et les seigneurs
particuliers locaux , sur lesquels elles
avaient conquis leur indépendance.
Les choses en France se passèrent
tout autrement. »
Enfin , abordant l'histoire des com-
munes françaises, et envisageant dans
un court taole^u leurs destmées , M.
Guizot a signalé pour ces communes
trois causes de décadence que nous
allons rappeler :
1<* L'isolement même dans lequd
elles se trouvaient , et la difficulté de
se confédérer entre elles.
2^ La nécessité d'appeler, par suite
de la lutte avec les seigneurs, une in-
tervention étrangère, celle du roi.
3® Les troubles intérieurs qui ame-
naient encore en définitive , et forcé-
ment, cette intervention étrangère.
Depuis l'époque où M. Guizot a
interrompu ses leçons , on a fait plu-
sieurs dissertations sur les communes.
Elles ne méritent guère de fixer notre
attention. Cependant il en est une qui
contient en apparence assez de résul-
tats pour être signalée à nos lecteurs.
IVous voulons parler du livre de M.
Tailh'ar sur VqffranchissemerU des
communes duns le nord de la Frasax^
que nous résumerons en quelques
mots pour le réfuter (*). .
M. Tailliar donne à l'établissement
des communes du nord de la Franee
cinq origines ou causes distinctes.
1<» Les traditions plus ou moins ef-
facées du régime municipal romain.
2*" La conquête ou la revendicatioii
de la liberté par l'insurrection.
30 Les concessions royalUs, Toctroi
ou la consécration par les princes de
lois communales, ou de libertés et de
franchises plus ou moins étendues.
4"* La combinaison et le mélange des
institutions de paix avec les aocieno^
libertés locales.
b*" L'état originel de franchise et de
liberté dans lequel les grandes villes de
la Flandre se sont constamment main-
tenues.
(*) De raffrancliissement des commmMf
dans le nord de la France, et des avanlagci
qui en sont résultés , par M. Tailliar, M
voi.in-So. Cambrai, 1837.
GOM
FRANCE.
GOM
437
Il y a dans ce système une grande
confusion. Je reprends une à une les
cinq causes qui ont contribué, suivant
M. Tailliar, à produire la révolution
communale.
£t d'abord, on ne peut donner
comme cause les traditions plus ou
moins effacées du régime municipal
romain. Il y avait des villes , au nord
de la France surtout ,. qui n'avaient
rien conservé de ce régime municipal,
et des villes nouvelles qui ne l'avaient
jamais connu. Dans tous les cas, il n'y
aurait point là une cause générale.
On peut dire encore que le souvenir
et les débris du régime municipal ro-
main n'étaient pas asl^ez forts pour
déterminer à eux seuls l'explosion. Si
quelques villes essayèrent de raviver,
au douzième siècle, les anciennes tra-
ditions d'ordre et d'administration,
c'est qu'elles étaient poussées par un
puissant motif. Connaître ce motif,
ce serait connaître la cause réelle du
mouvement qui se manifesta dans les
villes du nord de la France , au dou-
zième siècle.
T L'insurrection n'est point une
cause, mais un des premiers effets dans
la révolution. Quelle a été la cause de
l'insurrection?
3® Les concessions royales, t octroi
ou la consécration par les princes
des lois communales , ou de inertes
et de franchises plus ou moins éten-
dues, marquent le terme et non les
origines de la révolution.
4» Les institutions de paix , il est
vrai, ont précédé la révolution du dou-
zième siècle , mais elles avaient avec
cette révolution une cause commune.
Quelle est donc cette cause ?
5" L'exemple des villes de la Flandre
n'aurait pas suffi non plus pour dé-
terminer la révolution. Il est évident,
par les récits contemporains, qu'il n'a
exercé aucune influence dans les in-
surrections de Laon, d'Amiens , et de
bien d'autres villes encore. La révolu-
tion, on le comprend aisément, aurait
eu son entier accomplissement sans
l'exemple de la prospérité des riches
cités de la Flandre.
On le voit) M. Tailliar s'est mépris
sur les origines ou causes, comme il
dit, de la révolution communale. Il a in-
troduit dans sa dissertation une grande
confusion en voulant concilier (c'est
là son but) tous les systèmes, et en
cherchant plusieurs causes pour un
fait qui, en réalité, n'en avait qu't^n^.
Nous devons ajouter que les dévelop-
pements donnes par M. Tailliar, à la
première partie de son livre, sont fon-
dés sur cette confusion. •
Nous ne parlerons point ici des tra-
vaux qui ont été entrepris sur l'his-
toire des villes où s'étaient perpétuées
les traditions du régime municipal
romain. Nous laisserons de cété Roth,
Savlgny , Ra^^nouard , et ceux qui,
comme Sertorius, Hûllmann, Raumer,
Sismondi , Léo , Sclopis , Balbo , etc.,
ont plus insisté sur les villes d'Alle-
magne et d'Italie que sur les villes de
France. Nous ne devons nous arrêter
que sur les ouvrages destinés spécia-
lement à éclaircir les origines et l'é-
tablissement des communes françai-
ses. Nous aurions mentionné certaine-
ment la dissertation de M. d'Ëckstein,
si sa théorie sur les ghildes et les as-
sociations du moyen âge en général,
théorie empruntée à Wilda , n'avait
été reproduite récemment en France,
dans un livre de M. Augustin Thierry,
avec beaucoup plus de force, de clarté
et de talent. C'est à ce livre que nous
avons hâte d'arriver comme au der-
nier terme que la science ait atteint
sur la question si controversée des
communes.
Nous ne rébéterons point ce que
M. Augustin Tnierry a dit , au com-
mencement du chapitre cinquième des
considérations qui précèdent les Ré'
cits des temps mérovingiens (*), sur
les transformations que la société en
général, par des causes diverses, subit
dans les Gaules, depuis la chute de
l'empire romain et l'invasion des bar-
bares jusqu'au onzième siècle. Nous
renvoyons nos lecteurs à ce chapitre.
Nous arrivons , de prime abord , aux
(*) Récits des lemps mérovingiens , pré-
cédés de considéraUoiis sur rbistoire de
France. Paris, 1840
4W
COM
L'UNIVIilRS.
CQM
page» oà il montre les causes et les
forme* de la grande révolution qui
éclata daos les villes du nord et du
midi de la France vers la fin du on-
zième siècle. Sur presque tous les
points t nous reproduirons à peu près
textuellenoent les paroles de M. Au-
gustin Thierry, de peur d'affaiblir, en
ebapgeant la lorme si daire et si belle
de sa dissertation, la force de ses
pensées et de ses arguments.
a II reste à déterminer toutes les
causes et toutes les formes de la lutte
tantdt sourde, tantôt violente qui
éclata dans les villes pour le rétablis-
sement de la liberté civile , qui n'était
plus qu'un souvenir ; à recbercher
d'où vint le principe d'une nouvelle
vie dans l'organisation munici[)alef
pourquoi, aux approches du onzième
siècle, la population urbaine, selon les
paroles d'uu contemporain, s'agite et
machine la guerre; pourquoi tous les
troubles du temps servent la cause de
la bourgeoisie , soit qu'elle les excite
ou qu'elle s'y mêle, soit qu'elle se
soulevé pour son propre compte , ou
qu'elle prenne parti dans les combats
que se livrent lés pouvoirs féodaux.
Pour toutes les cités qui , une à une,
depuis la fin du dixième siècle . réagi-
rent contre leurs évéques, ou d accord
avec ceux-ci contre la seigneurie laï-
que , les moyens furent divers , mais
le but fut le même ; il y eut tendance
à ramener tout au corps de la cité, et
à rendre de nouveau publics et élec-
tifs les offices devenus seigneuriaux.
Cette tendance fut l'âme de la révolu-
tion communale du douzième siècle,
révolution préparée de loin, qu'an-
noncèrent ça et là , durant plus de
cent ans,des tentatives isolées, et dont
rexplosion générale fut causée par des
événements d'un ordre supérieur , et
en apparence étrangers auic vicissitu-
des du régime municipal.
« Il est difficile de naesurer aujour-
d'hui l'étendue et la profondeur de
l'ébranlement social que produisirent,
dans la dernière moitié du onzième
siècle, la querelle des investitures et
la lutte de la papauté contre l'Empire.
Tout ce qu'avait fondé la conquête
germanique dans le monde roniain se
trouva mis en question par cette lutte,
la légitimité du pouvoir né ât la force
matérielle, la oomlnatloB des armes
sur l'esprit, l'invasion des moeurs et
de la hiérarchie militaire dans la so-
ciété civile et dans l'ordre ecclésiasti-
que. Non-seulement les prérogatives
ue la couronne impériale et sa souve-
raineté sur l'Italie, mais le principe
violent et personnel de la seigneurie
féodale partout où elle existait, mais
la puissance tenmorelle des évéques
transformés en feudataires, et me-
nant, à ce titre, la vie mondaine avec
tous ses excès , se trouvèrent en butte
au courant d^opi nions et de passions
nouvelles soulevé par les prétentions
et les réformes de Grégoire VII- Pour
soutenir cette grande> lutte h la fois
religieuse çt politique, la papauté mit
tn œuvre, avec une audace et une
habileté prodigieuses , tous les germes
de révolution qui existaient alors, soft
en deçà, soit au delà des Alpes. Dans
l'Italie supérieure, où la dernière des
conquêtes barbares avait enraciné les
moeurs germaniques, et où la domina-
tion des Franks avait ensuite déve-
loppé , d'une manière svstématique , les
institutions féodales, fa seigneurie des
évéques était complète, et là, comme
au nord et au centre de la Gaule « il y
avait guerre entre cette seigneurie et
les restes des constitutions muniei-
pales, restes dIus puissants que nulle
part ailleurs , a cause de la richesse des
villes. La suspension des évéques du
parti impérial, et les condamnations
portées centre ceux qui ne renonçaient
pas aux habitudes et aux dérèglements
des laïques, désorganisèrent plus ou
moins le gouvernement de ces grandes
cités, et ouvrirent une large voie à
l'esprit révolutionnaire qui déjà y fe^
mentait. Il semble qu'au milieu de a
travail de destruction et de renouvel-
lement, les villes de la Lombardie et
de la Toscane aient jeté les yeux sur
celles de l'État pontifical, Tanden
exarchat de Ravennes, pour y cher-
cher des exemples, soit par atftetian
pour tout ce qui tenait au parti de b
papauté, soit parce qu'on sç sonvenait
GQH
FRANCE,
eoM
489
gue les ^filles du patrimoine de Saint-
Pierre n'avaient pas subi l'influence de
la coi^Mête et de la barbarie lombardes.
BepMJs qu'elles avaient été détachées de
Tempire grec , ces villes étaient régies
par la méine constitution municipale;
dans toutes, il y avait des dignitaires
nomopéscQ»5?4^.Ge titre, adopté par les
villesi qui se reconstituaient, devint le
signe et en quelque sorte le drapeau
de la réforme municipale; mais en
inaugurant ce4;itFe nouveau pour elles,
les cités de la baute Italie lui firent si-
gniOer autre chose que ce qu'il avait
exprimé jusque-là 'dan9 les villes de
l'État romain. Là les consuls étaient
desim{)Ies conseillers municipaux, non
€|e véritables magistrats ayant puis-
sance et juridiction. )ls devinrent à
Pise, à Florence, à Milan, à Gênes, le
Douvoir exécutif, dont toutes les attri-
outions leur furent confiées, jusqu'au
droit de guerre et de paix ; ils eurent
le droit de convoquer l'assemblée des
citoyens, de rendre des décrets sur
toutes les choses d'administration,
d'instituer des juges au civil et au
crimiuel et d'être juges eux-mêmes;
en un mot , ils furent les représentants
d'une sorte de souveraineté urbaine
qtii se personnifiait en eux. Ayant ainsi
trouvé sa forme politique, la réorga-
nisation municipalese poursuivitd'elte-
ipéme et pour elle-même; elle ne resta
Sas bornée aux seules villes d'Italie,
oqt l'évêque était du parti de Tem-
pire, et le clergé rebelle aux réformes
ecclésiastiques. Dans toutes les autres,
le consulat électif fut établi de concert
par révêque et les citoyens. Bien plus,
le mouvement ne s'arrêta pas en Italie,
il passa les Alpes et se propagea dans
la Gaule; il gagna même au bord du
Khin et du lânube les anciennes cités
dâ la Germanie. Gomme je l'ai dit plus
baut , de nombreuses tentatives avaient
eu lieu isolément depuis un siècle pour
briser ou modifier, dans les villes, le
pouvoir seigneurial, soit des évéques,
«oit des comtes; l'impulsion partie des
cit^ italiennes vint donc à propos;
elle fut l'étincelle qui alluma, de proche
cta proche^ l'incendie dont les maté*
riaux étaient accumulés; elle donna
une direction à la force spontanée de
renaissance qui agissait partout sur les
vieux débris de la o^unioipahté ro-
maine; en un mot, elle fit, de ce qui
n'aurait été sans elle qu'une succession
lente et désordonnée cr actes et d'efforts
puretoent locaux, une révolution gé-
nérale.
« Ici, je me hâte de le dire, il fôut
distinguer deux cboses, lu révolution
et sa forme. Quant au fond, le mouve-
ment révolutionnaire fut partout iden-
tique; en marchant du midi au nord,
il ne perdit rien de son énergie, et
acquit même, çà et là, un nouveau
degré de fougue et d'audace; quant à
la forme, cette identité n'eut pas lieu,
et, au delà d'une certaine limite, la
constitution des villes italiennes ne
trouva plus les conditions morales ou
matérielles nécessaires à son établisse-
ment. Le consulat, dans toute l'éner*
gie de sa nouvelle institution, prit
racine sur le tiers méridional de la
Gaule , et, partout où il s^établit, il fit
disparaître ou rabaissa les titres d'of-
fices mupicipaux d'une date antérieure.
Une ligne tirée de l'ouest à l'est, et
passant au sud du Poitou, au nord du
Limousin, de l'Auvergne et du Lyon-
nais, marque en France les bornes où
s'arrêta ce qu'on peut nommer la ré-
forme consulaire. Sur les terres de
l'Empire , le nom de consuls pénétra
plus loin, peut-être à cause de la que-
relle flagrante entre le pape et l'empe-
reur; il parut le long du Rhin, en
Lorraine, dans le Hainaut; mais là ee
fut une formule seulement , et non la
pleine réalité du régime municipal des
villes d'Italie et des villes gauloises du
midi. Ce r^ime était quelque chose
de trop ramné, de trop savant pour
les munioipes dégradés du nord, et
même pour ceux du centre de la Gaule;
entre le Rhin, la Vienne et le Rhône,
l'instrument de régénération politique
eréé sur les rives de l'Arno n'avait plus
de prise , ou demeurait sans efficacité.
Aussi , sur les deux tiers septentrionaux
de] la Franee actuelle, le mouvement
donné pour la renaissance des villes,
pour la formation de leurs habitants
en corporations régies par elles-mêmes.
440
GOM
L'UNIVERS.
COM
eut-il besoin d'un autre ressort que
rimitation des cités italiennes. Il jfallut
qu'un mobile plus simple, plus élémen-
taire, en quelque sorte, qu'une force
indigène, vint se joindre à l'impulsion
communiquée de par delà des Alpes.
Ce second mouvement de la révolution
communale eut pour principe les tra-
ditions les plus étrangères au premier;
pour expliquer sa nature et distinguer
les résultats qui lui sont propres, je
suis contraint de faire une digression,
et de passer brusquement de la tradi-
tion romaine à la tradition germani-
que. »
Ici, M. .Aug. Thierry parle de la
ghilde, et de rinfluence ne cette an-
cienne institution germanique sur la
régénération des villes du nord de la
France. Nous exposerons brièvement
sa théorie.
« Dans Tancienne Scandinavie, ceux
qui se réunissaient aux époques solen-
nelles pour sacrifler ensemble , termi- "
liaient la cérémonie par un festin
religieux. Assis autour du feu et de la
chaudière du sacrifice, ils buvaient à
la ronde, et vidaient successivement
trois cornes. remplies de bière. Tune
pour les dieux , l'autre pour les braves
du vieux temps, la trotôième pour les
parents et les amis dont les tombes ,
marquées par des monticules de gazon,
se voyaient çà et là dans la plaine ; on
appelait celle-ci la coupe de l'amitié.
Le nom d'amitié, minne, se donnait
aussi quelquefois à la réunion de ceux
qui offraient en commun le sacrifice,
et, d'ordinaire, cette réunion était
appelée ghilde, c'est-à-dire , 6ang«<e^ à
frais communs; mot qui signifiait aussi
association ou confrérie, parce que
tous les cosacrifiants promettaient,
par serment , de se défendre l'un l'autre
et de s'entr'aider comme des frères.
Cette promesse de secours et d'appui
comprenait tous les périls, tous les
grands accidents de la vie; il y avait
assurance mutuelle contre les voies de
fait et les injures, contre l'incendie et
le naufrage, et aussi contre les pour-
suites légales encourues pour des cri-
mes et des délits même avérés. »
Après avoir ainsi parlé du caractère
général des ghîldes Scandinaves et
germaniques , M. Augustin Thierij
suit les transformations qu'elles subi-
rent, sous rinfluence du cnristiaDismef
par exemple , sans rien perdre toute-
fois de leur caractère originel. Sui-
vant lui , les Germains les apportèreot
avec eux dans tous les pays où ilsjs'é-
tablirent. « On peut croire, dit-il,
qu'elles figurèrent parmi les causes,
ignorées aujourd'hui , de l'anarebie
mérovingienne, de cette ère d'indi^
cipline qui précéda l'établissement de
la seconde race. » Il voit des ghilda
dans toutes les associations qui sont
Ï>rohibées par les Capitulaires, C'est
à que, pour montrer le véritable ca-
ractère des anciennes associatioas
germaniques modifiées sous l'empiR
des idées chrétiennes , il donne qael*
Sues articles de la ghilde du roi Eric,
ont les statuts furent rédigés au trei-
zième siècle. Ces réunions tradition-
nelles , venues de la Scandinavie et de
la Germanie , se continuèrent oendaot
le moyen âge, et M. Augustin Thieny
reconnaît une ghilde dans la grande
confédération des paysans de la No^
mandie contre les seigneurs et les
chevaliers. « Ce ne fut pas sans dont»
pour la première fois , dit-il , qu'an
commencement du onzième siècle,
l'instinct de liberté se fit une arme de
la pratique des associations sous le
serment ; et, dans le cours de ee siè-
cle de crise sociale , l'instinct de Tor-
dre y qui, non plus que l'autre, ne pé-
rit jamais , tenta de créer , à l'aide de
cette pratique , une grande institution
de paix et de sécurité. La fameuse
trêve de Dieu , selon ses derniers I^
glements, promulgués en 1095, f^
une véritable ghilde ; et , dans le&pr^
mières années du douzième siècle»
Louis le Gros , cet infatigable mainte*
neur de la paix publique , établit datf
son royaume, par l'autorité des éw
ques , et avec le concours des'prétrs
de paroisse , une fédération de d^
fense intérieure contre le brigandMC
des seigneurs de châteaux et de d^
fense extérieure contre les hostilito
des ]>ïormands. Le seul historien f^
mentionne cet établissement le dcsi*
GÔM
FRANCE.
GOM
441
Çne par le nom de communauté popu-
ïaire. C'étaient là de nobles applica-
tions du principe actif et sérieux de la
I vieille ghilde germanique ; mais elles
n'eurent qu'une existence et une action
passagères ; elles s'étendaient à de trop
grands espaces de territoire , elles
avaient besoin de la réunion d'un
trop grand nombre de volontés diver-
ses, et dépendaient trop du plus ou
moins d'enthousiasme inspiré par la
prédication religieuse. A côté d'elles ,
une autre application de la ghUde ,
toute locale et toute politique , pro-
duisit quelque chose de bien plus du-
rable et de bien plus efficace pour la
renaissance de notre civilisation, la
commune jurée. Née au sein des villes
de la Gaule septentrionale, la com-
mune jurée , institution de paix au
dedans et de lutte au dehors, eut pour
ces villes la même vertu régénératrice
que le consulat pour les villes du Midi.
Elle^ fut le second instrumetit , la se-
conde forme de la révolution du dou-
zième siècle.... La ville qui s'avisa la
première de former une association
de garantie mutuelle , restreinte à ses
habitants seuls et obligatoire pour eux
tous, fut la créatrice d'un nouveau
t^pe de liberté et de communauté mu-
nicipales. La ghilde , non plus mobile
au gré des chances de l'affiliation vo-
lontaire , mais fixée invariablement
sur une base et dans des limites terri-
toriales, mais bornée à la protection
des droits civils et des intérêts publics ,
tel était l'élément de cette forme de
constitution urbaine, aussi originale
dans son genre que la municipalité con-
sulaire rétait dans le sien , aussi puis-
sante pour rallier une société asservie
et à demi dissoute que le consulat
pouvait l'être pour retremper et forti-
fier une société encore unie et com-
pacte dans l'enceinte des mêmes mu-
raflles. »
IVous savons maintenant sous Tin-
lluence de quel principe s'accomplit ,
dans le nord de la France , d'après
M. Aug. Thierry, ce qu'on est con-
venu d appeler fa révolution commu-
noie. Ce principe , ce fut l'ancienne
ghilde germanique. Il est inutile de
suivre plus loin M. Aug. Thierry dans
ses développements. Nous ne citerons
f)lus qu'un court passage où il signale
a persistance du principe de la ghilde
même après l'établissement des com-
munes. « La résolution , dit-il , d'où
sortirent les communes jurées , n'é-
puisa pas tout ce qu'il y 'avait de vie
et de puissance , pour le bien comme
pour le mal , dans la pratique des as-
sociations sous le serment. Trois sor-
tes de confréries subsistèrent depuis
le douzième siècle, à côté des commu-
nes ou dans leur sein : la confrérie de
faction , usitée principalement chez la
noblesse ; la confrérie pieuse , bornée
aux oeuvres de religion et de pure cha-
rité; enfin la confrérie de commerce
ou d'arts et métiers. Ce dernier genre
d'association , d'une grande impor-
tance historique par sa durée et ses
résultats sociaux ^ eut cela de remar-
quable , qu'il naquit , de même que la
commune urbaine , d'une application
de la ghilde à quelque chose de pré-
existant , aux corporations ou collèges
d'ouvriers qui étaient d'origine ro-
maine. »
Telle est la plus récente des théo-
ries qui ont été émises sur l'origine et
l'établissement des communes fran-
çaises. Ceux qui liront le cinquième
chapitre des Considérations qui pré-
cèdent les Récits des temps 'mérovin-
giens , trouveront un si grand enchaî-
nement dans les idées , tant de force
dans les raisonnements , et tant de
clarté dans l'exposition , qu'ils seront
tentés d'admettre, sans examen et sans
restriction , les opinions de M. Aug.
Thierry. Nous croyons , nous , que ce
chapitre a fait faire uu grand pas à la
science ; et cependant nous ne pensons
pas que tout soit également vrai dans
les assertions de 1 iflustre historien ;
nous ne pensons pas que l'influence des
révolutions de Fltalie , au midi , celle
des associations germaniques, au nord,
dans les limites qu'il leur assigne, aient
été aussi marquées, aussi puissantes
et aussi décisives qu'il le prétend. Mais
notre intention n'est pas de nous en-
gager dans une discussion où nous au-
rions contre nous un grand nom , et
40
MM
l.'uiiivmus.
lieot4tfe la Tériié* U «t nia» saga de
dore eet article |>ar une des plus bel-
les et des plus ingénieuses théories
historiifuei qui aient jamais été don-
nées. Nos lecteurs sauront bien appré-
cier la valeur de tous les systèmes que
nous avons exposés , démêler , au mi-
lieu des controverses, le vrai du faux,
et se faire eux aussi , sans que nous la
leur indiquions, une opinion arrêtée et
sûre sur cette grande question des
communei.
CoMMDifiBBS. (Voyez PARaON-
NIBSS. ]
CoilMUTATIOU DE PBIHK. — L'on
trouve chez presque touç les peuples
une autorité supérieure , ayant pou-
voir de tempérer les rigueurs de la
justice , et qe donner accès à la mi-
séricorde après que la loi a pro-
noncé. L'histoire de France contient
beaucoup d'exemples de commutations
de peine. Jean de Poitiers , seigneur
de Saint- Vaiier , condamné en lô23 à
perdre la tête, allait se mettre à ge-
noux pour recevoir le coup de la mort,
quana on lui apporta des lettres de
commutation en une prison perpé-
tuelie« fjd comte d'Auvergne et le sei-
gneur d'Ëntragues , condamnés à
mort au parlement, reçurent de Henri
lY, le â avril 1605, des lettres de com-
mutatioa en un emprisoanement per-
pétuel.
' £n droit , selon tous les auteurs qui
ont écrit sur le droit public , le pou-
voir de commuer les peines n'appar-
tient qu'au souverain. £n fait, les rois
de France en ont été investis sans
contestation jusqu'à la promulgation du
code pénal du 25 septembre 1791 , q^i
abolit la commutation de peine* Mais
la l'aison publiaue fit rétanlir ce droit
dans l'art 86 dfu sénatus-consulte du
16 thermidor an x; et la charte (art.
38) en a investi le roi , comme repr^
sentant la souveraineté de la nation.
Les lettres de commutation sont ex-
pédiées du ministère de la justice, et
contre-slgnées par le garde des sceaux;
elles doivent être entérinées par la
cour royale dans le ressort de laquelle
le coupable a été condamaé. (Voyçs
Gaagjb.)
GOMORTOB, ckrftgOMioiS. — liS
Tectosages , échappés au désastre de
Delphes (279 ans avant J. G.), s'étaient
divisés en deux colonnes , dont Tuoe
était retournée dans la Gaule avecsoB
butin , tandis que l'autre , réunie à
une horde de Galls et de Tolistoboîa,
avait pris le diemin de la Thraoe,
flous la conduite de Gomontor. Là, ik
rencontrèrent Léonor etLatar,fui,
avec leurs bandes, allaient franchir k
Bosphore pour s'établir en Asie (voya
GiXATES). Une grande partie des dob-
veaux venus s'enrôla dans l'expéditioo
de ces deux chefs ; et Gomontor, cma-
vaut avec lui les Galls, resta seul Ina^
tre de presque toute la Thrace, ËtaUi
au pied de l'Hémus , dans la ville de
Thyie j dont il fit le siège de soi
royaume, ce chef força les villes iodé-
pendantes à lui payer uo tribut; Bf*
zance , entre autres , fut taxée annufl-
lement à dix mille pièces d'or (eoTini
200,000 fr.) ; et, sous les suooesseois
de Gomontor, die paya même U soffime
de 80 talents (environ 345.000 fr.).
Après avoir ainsi tyraiinisé la Thraoe
pendant ^lus d'un siècle , les Gaulois
furent exterminés , à la suite d'u
soulèvement général.
Compagnies bs gomksbcb,doo
que l'on donne aux associations jk
marchands ou de capitalistes , aoi »
forment pour exploiter un graisaoû»
merce, une grande manufacturei bk
vaste entreprise industrielle et fiM^
cière. Nous avons fait, à l'artJck
Banqub , l'histoire de plusieurs a»
dations semblables. Phous ne tniti'
rons ici que de celles qui ont eu pov
objet le commerce des pavi d'ooM'
mer, et la mise en rapport des coloiMi
fondées par la France dans les div
rentes parties du monde.
Compagnie (TJfrique. — Deux w
gociants de Marseille , qui t ^ ^^*
avaient obtenu du dey d'Alger, moy*
Dant uoe redevance, la periiiissioM|
former un établissepient pour la pécf
du corail dans une lie voisine de 1|
côte d'Afrique, furent les eréatmn*
notre commerce avec l'Afrique.
Ce premier, établisseipenti cooit
tant en magai^ios fortifiéh (^^ ^
J
FiusrcB.
441
le soni de Saàtiim de France^ fût ûé^
truit en 1568, et relevé, en 1597, par
la Cqmpagnie d'Afrique, créée à cette
4po(]ae« et qui s'jf fixa en 1604, après
aroir renouvelé ses capitulations avee
la Porte. £b 1637, Louis Xill transe
forma le Bastion de France en un fort
replier et susceptible de défense;
mail la Ck>mpagnie rahandonna qael^
que temps après pour transporter à la
Calle le eeirtre de ses affaires, qui ne
commenoàrent guère à prospérer qu'a-
près 1694.
La même année, par suite de traitée
entre la France et le dey d'Alger, la
Compagnie d'Afrique fut reconnue
propriâaire incommutable du Bastion
de France, de la Calle , de Cap-Rosse
et de Bone ; elle obtint le privilège ei-
olusif de la pècbé du corail daqs toutes
les mers dépendant de l'Algérie, de la
traite des laines, de la cire, du cuir,
des peau](, etc. ; et il fut en outre con-
venu que si la guerre s'allumait entre
la France et la régence d'Alger, les éta-
blissements de la Compagnie seraiei^
respeetés par les indigènes. Ces divers
aTantages étaient le prix d'une rede-
vance annuelle de 4,000 doubles d'or
que la Compagnie devait payer au de?.
Par un arrêt du conseil en date du
15 juin 1712, le roi concéda à la Coo^
pagnie d'Afrique le commerce exclusif
de la côte de Barbarie ; et , par un
traité du 16 juillet 1714 avec le bey de
Constantiné^ cette société obtint le
droit de faire, même à l'exclusion des
Bf usolmans , des chargements de blé ,
d'orge et de fèves , dans la ville de
Sone et dans deux autres places.
Malgré tant d'avantages , la Compa-
goie d*AfHqne ne prospéra point. £lle
it obligée de se dissoudre; et, par ar-
rêt do 4 juin 1719, le roi concéda,
pour 24 ans, tous les privilèges dont
0lie était investie, à la Compagnie des
Ifideg. Celle-ei, qui né fut pas plus heu-
reuM que sa devancière, pria bientât
après fe voi d'accepter la rétrocession
le son privilège, et le roi, accueillant
^ette prière, transporta , le SI novem-
bre 1730, pour dix années, à un sieur
racgues Auriol et à ses associés, les
Iroite et exemptions dont avait joui
la Gampagiiie d'Afrique. En 1746, Aih
riol ne demanda point la oentinuatioii
de son privilège , ce qui indique que
l'exerdice ne lui en avait pa« é^ fruc-
tueux.
L'année suivante , Louis XY créa ,
sous le nom de Compagnie royale
d'Afrique, une nouvelle société à la-
quelle il concéda le privilège exdusif
du commerce des Étata d'Alger et de
Tunis, à l'exception de oelui des capi-
tales , ainsi que de quelques villes ré-
putées libres; et en 1743, les traités
conclus avec les anciennes compagnies
furent renouvelés. Les commence-
ments de la nouvelle assoeiation ne
furent pas heureux* La peste qui ra-
vagea Alger interrompit aon oom-
*merce; des pirates algériens lui enle-
vèrent, en 1744, presque tous ses co-
failleurs) les Maures massacrèrent
70 de ses employés , et emmenèrent
en captivité les habitants de la Calle.
Ces diverses calamités la'forcèrent de
solliciter des secours; la chambre de
commerce de Marseille lui en donna ,
et lui avança , jusqu'à 1751, annuel-
lement 40,000 livres.
Ces secours fructifièrent entre se?
mains; et cette année-là même, elle
fit un bénéfice de 370,000 livres;
mais ses employée ayant malversé,
elle^ déchut ensuite rapidement, et en
1766, son capital primitif de 1 million
S00,000 livres se trouvait réduit à
600^000 livres; mais un nouveau di-
recteur placé à la tête de la Compa-
gnie en releva ai bien les affaires, que,
aidé de quelques circonstances heu-
reuses , oe privilèges accidentels que
tes événements mirent à sa disposi-
tions, et dont il tira parti en homme
habile, au bout de quelques années,
le capital social s'élevait à 1,800,000
livres , dont 300,000 furent réparties
aux actionnaires* et que l'eapée sul*
vante on prêta au roi M00,00Q livres
pour la eonstruetion des formes dy
port de Toulon.
Le siège de la Compagnie d'Afrique
était à Marseille; mais elle entrete-
nait à Paris un agent pour payer les
dividendes aux actionnaires» Qt leur
coQUDuuiquer le bilan de l'afiaoeiation
444
GOBf
LIJMVERS.
G6M
que le bureau lui envoyait. Cette Com-
pagnie ne fut abolie qu'à Fépoque de
la révolution.
Compagnie du Levant. — * Il a été
créé successivement plusieurs Compa-
gnies pour le commerce du Levant. La
plus considérable et la seule dont il
importe de parler est celle qui fut ins-
tituée par lettres patentes, en 1670,
pour le commerce des échelles de la
Méditerranée. Son privilège était de
vingt années ; elle obtint , le 18 juillet
de la même année, 10 livres de grati-
ficatfon par pièce, de drap qu'elle ex-
porterait, l'exemption de tout droit
d'entrée pour les munitions nécessai-
res à l'approvisionnement de ses vais-
seaux^ un prêt de 200,000 livres sans
intérêts pendant six ans, enfin plu-
sieurs autres privilèges. Cependant elle
ne prospéra point, et fut obligée de
renoncer à demander le renouvelle-
ment de sa concession quand le terme
en fut expiré.
Compagnie du Sénégal, — Le com-
merce de la partie occidentale et mé-
ridionale de l'Afrique située au delà
du cap de Bonne-Espérance, commença
"par une association de quelques négo-
ciants qui vendirent leur établisse-
ment de la petite île de Saint-Louis ,
située à l'embouchure du Niger, à la
grande Compagnie des Indes occiden-
tales créée en 1664. Cette grande Com-
pagnie ayant été supprimée en 1674,
vendit, moyennant 78,000 livres et
une redevance d'un marc d'or par an-
née , à la Compagnie du Sénégal , ins-
tituée dès le 8 novembre 1673, la par-
tie de son privilège concernant la côte
d'Afrique , avec les établissements
qu'elle y possédait.
La Compagnie du Sénégal était te-
nue de transporter pendant huit ans,
chaque année , dans les îles françaises
d' Amérique, 200 noirs, pour lesquels
il lui était alloué une prime de 13 livres
par tête. Les marchandises qu'elle im-
portait ne payaient à l'entrée que le
demi-droit. Ses entreprises eurent un
si mauvais succès, qu'après huit ans
d'existence, elle se trouva heureuse de
céder, en 1681 , pour 10,000 fr. , ses
comptoirs et ison privilège à une nou-
velle Compagnie qui se chargea de ran*
plir ses engagements.
En 1684, le conseil jugeant que le
privilège de cette Compagnie était trop
étendu, le restreignit, par arrêt du 13
septembre de l'année suivante, aux
côtes comprises entre le cap Blanc et
la rivière de Sierra-Leone. Comme les
bases de l'association existante étaieot
changées, l'association fut dissoute^ et
il se forma une nouvelle Compagnie
du Sénégal qui commerça sans sua»
jusqu'en 1696. Une autre lui suowla
sans être plus heureuse , ce qui déter-
mina , en 1719, le duc d'Orléans, ré-
gent, à la réunir à la Compagnie d^Oc-
cident, qui fit le commerce exdosif do
Sénégal jusqu'en 1766, époque où ce
commerce mt déclaré libre.
Compagnie de Guinée. — Lors de
la restriction qui fut apportée, le
12 septembre 1685, au privilège de
la Compagnie du Sénégal, eelleik
Guinée obtint le commerce exclo»
des côtes qui s'étendent de la rivière
de Sierra-Ledne au cap de Bonoe-Eî-
pérance. Elle eut le monopole dacooF
merce des noirs , sans être tenue à
aucune indemnité envers la ComjiagBie
qui en avait précédemment joui. £B(
devait transporter 12,000 noirs dans
les colonies françaises , et importa
12,000 marcs de poudre d'or daos''
royaume.
Elle traita plus tard , du conseott
ment du roi, avec Philippe V, roi d'fr
pagne, pour le transport des noifi
dans les colonies de cette monarcbic-
A cette occasion , elle prit le nom*
Compagnie de VAssientey etobtiflli
par arrêt du 28 octobre 1701, de wj
veaux privilèges qui furent : le dr»
d^entrepôt pour les marchaoïbif
Qu'elle ferait venir d'Espagne, Içdrt^
e transit pour celles qu elle tirefljj
d'Amérique , l'exemption de la ffloij
des droits établis sur les cacaos qa'^
importerait pour la consommatioaii
royaume, enfin la franchise de ttil
droit pour les marchandises qtf*
transporterait en Afrique et en Al*"
rique. Le privilège de cette Compact
expira à la paix d'Utrecht, et des vr
très patentes du 16 janvier 1716 ^
J
COM
FRANCK.
COM
445
darèrent libre le commerce qu'aupa-
ravant elle avait seule le droit de
faire.
Compagnie des Indes orientales,
— Plusieurs Compagnies furent suc-
cessivement formées pour le com-
merce des Indes orientales. La plus
heureuse fut celle de Ricault , à qui
Louis XIII conféra pour dix ans le
monopole de ce commerce; mais les
opérations de cette société furent ar-
rêtées pendant la minorité orageuse
de Louis XIV , et le duc de la Meille-
raie paralysa son privilège, en s'empa-
rant de Madagascar , où elle avait des
établissements , et qui lui servait de
lieu de relâche.
Le duc de Mazarîn, fils de la Meille-
raie, et la Compagnie, ayant cédé leurs
droits au roi, en 1664*9 Colbert créa
une nouvelle Compagnie qui obtint
pour cinquante ans le droit exclusif
de commercer depuis le cap de Bonne-
Espérance jusqu'au delà aes mers de
la Chine; la propriété et même la sou-
veraineté de toutes les terres qu'elle
acquerrait ; la faculté d'entrepôt pour
ses retours . etdès-pï:imes, tant à l'ex-
portation aes {produits français dont
elle se chargerait ati départ qu'à l'im-
portation des marchandises qu^elIe rap-
porterait de ses voyages.
Outre ces avantages, la Compagnie
reçut , en 1664 et en 1668 , pour dix
ans et sans intérêts, deux prêts de
2 millions chacun , sur lesquels devait
être prélevée la perte que le capital
pourrait éprouver jusqu^au terme du
remboursement, et de grandes faveurs
furent promises à ceux qui prendraient
des actions.La Compagnie, en échange,
devait transporter quelques , prêtres
dans ses établissements , prêter foi et
hommage , offrir à chaque mutation
de roi une couronne et un sceptre d'or,
et constituer un capital de 15 mil-
lions.
Cette dernière condition ne fut point
remplie, et le capital ne s'éleva jamais
î plus de 9 millions , ce qui empêcha
la Compagnie de donner toute l'exten-
sion nécessaire à son commerce ; d'un
lutre c6té , les guerres de 1667 et de
1672 , et le peu de succès des escadres
du roi lui furent si nuisibles , que le
roi fut obligé de lui faire , en 1676,
l'abandon des 4 millions qu'il lui avait
prêtés. On somma les souscripteurs
en retard de compléter leurs paye-
ments, sous peine de perdre leurs
avances. En 1684 , on fit un appel de
fonds , montant au quart de cnaque
action, et quatre-vingts intéressés seu-
lement y répondirent. Alors on dé-
clara les autres déchus, et on appela
de nouveaux actionnaires ^ en leur of-
frant la position de ceux-ci, à la charge
de leur rembourser le quart de leurs
actions , taux auquel on les aurait ré-
duites , et à payer le supplément qu'ils
avaient refusé d'acquitter.
Tandis que la Compagnie prenait
ces mesures, qui révélaient sa détresse,
les fermiers généraux accéléraient sa
ruine en la privant, sans compensation,
de ses plus grands avantages, et le
gouvernement lui-même v aidait puis-
samment, en prohibant, avec une
grande sévérité, le commerce des mar-
chandises de l'Inde dans l'intérieur du
royaume. Dans cette position fâcheuse,
la Compagnie concéaa, vers la fin de
1687 , a la Compagnie Jourdan , son
privilège exclusif pour le commerce de
la Chine. £n 1698, hors d'état de faire
des expéditions, elle accorda à des
particuliers, moyennant un bénéfice
de quinze pour cent , des permissions
pour en faire , puis finit par abandon-
ner aux mêmes conditions la totalité
de son commerce à la ville de Saint-
Malo. La Compagnie des Indes orien-
tales n'existait donc plus que dç nom,
lorsqu'elle fut, en 1719, réunie à celle
d'Occident pour former avec elle la
Compagnie aes Indes.
Compagnie des Indes. — Cette Com-
Sagnie , (]ue Law imagina pour servir
'auxiliaire à la banque générale qu'il
avait établie, fut constituée, en 1719,
par la réunion de la Compagnie des
Indes orientales à celle d'Occioent. Si
la première n'apporta à la combinai-
naison nouvelle que des affaires en
mauvais état , la seconde y entra avec
un capital de 100 millions , la ferme
générale du tabac , les privilèges de la
Compagnie du Séni^al, et le crédit
446
LTTNIVEBS.
COU
ipie lui avaifiit valu f^iisiiura opâra«»
tioos fniatueuB6B.
La Compagnie des Indes fut inyestie
de privilèges tels que n'en avaient ja-
mais obtenu les Compagnies qui l V
vaient précédée. Conune personne ne
doutait des succès qui l'attendaient,
et que ses actions étaient payables m
billets dcu la banque et en billets d'É-
tat, ces papiers relevèrent avec rapi-
dité. La même année , la Compagnie
des Indes ajouta encore à son privilège
les concessions dont jouissait la Com-
pagnie d'Afrique , à la condition de
rembourser à cette Compagnie le
montant de ses effets ainsi que le prix
de ses établissements , et , par arrêt
du 10 novembre 1719 , il lui fut per-
mis d'emploj^er telle partie de son ca-
pital qu'dle jugerait convenable, pour
raccroissement de la pèche et rétablis-
sement des manufactures.
Tïon contente de jouir des avantages
que lui procurait le commerce des
deux Indes et de T Afrique , la Compa-
gnie ambitionna les benéoces que les
traitants tiraient de l'administration
des revenus de l'État. Elle avait ob-
tenu, en juillet 1719, le bénétice du
monnayage pour neuf années , elle
était en possession des droits imposés
sur la vente du tabac; elle passa , le 2
septembre , le bail des fermes sénéra-
les ; le 33 du même mois , celui des
Î;al>elles et domaines de l'Alsace ^ de
a Franche-Comté et des Trois-Evè-
ohés; le 13 octobre, on lui confia
l'exercice général des recettes des fi-
nances; et, le 32 novembre, elle prit
possession du domaine d'Occident.
Cette Compagnie, riche d'un capital
de 300 millions , en possession de tous
les établissements formés avant elle
dans les quatre parties du monde,
maîtresse d'un commerce esclusif sur
toute la surfaœ du globe > et dotée de
tous les avantages que procuraient les
affaires de finance, cette Compafpic,
disonsHious , crut que rien ne lui se-
rait impossible. Elle entreprit donc de
rembourser les dettes dç l'État , de di-
minuer les charges publiques, et de
payer un dividende à ses actionnaires.
C'étaientbien des chosesà la fois, aussi
la haute (^nion qu'elle avait de n
puissance devait - elle entraîner u
ruine.
Pour parvenir au rembourtenMpt
projeté lies dettes de l'État, elle em-
prunta en actions rentières au porteur,
^ contrats è 3 pour ce&t^ la eonu»
de 1300 millions I augmenta de KM
millions, une somme égale à son «a-
prunt , qu'elle avait avancée au roi,
prêta encore 100 miflioos, pourk
remboursement des 4 millions coaii'
tués à son profit sur le tabac , eoio,
supprima l'entrée sur le poiescm, {^
duisit quelques droits sur les aides <li
la ville de Paris , et fixa le dividodi
des actions , pour 1730« à 40 poor
cent.
Tant d'engagements ehargèngit il
Compagnie de dettes considéraUft
Elle avait d'abord pris pour sooeooifiti
toutes celles des Compesnies qa'dk
remplaçait; elle n'avait ooteou le bé
néfioe des monnaies ^'en se f»
dant débitrice de 60 milHoDS eovea
l'État; enfin, la Banque lui avait fowi
pour 26 millions de nillets à distraies
a la Louisiane. De tout ceci, il résoita
qu'après avoir soldé les intérêts des* !
em|M*unt, acquitté les termes édsl
de ses dettes courantes , il aurait âili
à la Compagnie , pour distribuer le
dividende de 40 pour cent proœiitSQf
100,000 actions que possédait le ni^
et 400,000 qui étaient, en circotatiMi
un fonds libre de 100 millions, tsak
que le résidu général de tous Jfl
comptes s'élevait, selon Law,àSl
millions, et^ selon d'autres g^
leurs I seulement à 58.
Ainsi , presque dès son débDt^»||
Compagnie 4^ Indes sn vit horsd^
de remplir les engagements doatv
s'était chargée. Une sa^e adoùaistt^
tion aurait cependant pu «ropédMr^
confusion de s'intro4aire dans les v
tails du nombre prodigieux d'af&ii*
qu'elle avait entreprises. Mais k»J^
songer à prévenir et réprimer lesaW
on dépensa pour le commerce deisof
mes immenses sans ordre et sansi^
telligence ; on ne s'oooupa que di
moyens de donner aux actions le ,^
leur imagmaire de 4 milliards, f>*
IMi
FRANCE.
4€7
circuler les l4ôO millions de biliels
que la banque avait émis , «t d'ôuvf it
ainsi, sans le savoir, un goufïre où
allait bientôt 8*engloutiT toute la for-
tune publique.
Pour donner nnfe vâteiir éneorc plus
iàbuleuse aux actions de la Compagnie,
et une circulation plus rapide aux bil*
léts de la Èat^que, le gouvernetneht,
partageant l'illusion générale , S'aveu-
gla jusqu'au point de vouloir 6ter aux
espèces leur valeur par des diminua
tiens Successives et des lois somp*»
tuaires. Il fut défendu de garder citez
soi plus de 500 francs en monnaie ',
on proscrivit les pierreries, la vais*
selle d'or et d'argent, les équipages de
luxe; on abolit l'usage des espèces
d'or; on réduisit d'un huitième celleâ
d'argent ; et ces mesures . qui trans-^
formaient les richesses de la nation
en valeurs fictives, jetèrent la cons-
ternation dans le pajs , et amenèrent
le décri des actions de la Compagnie
ainsi que des billets de la Banque,
dont tout le monde songea à se dé*
faire , quand on eut voulu leur donner
un cours forcé. Le 23 février 1720, le
gouvernement , espérant remédier au
désordre qu'il avait suscité , imagina
de char^r ta Compagnie des Indes
de l'administration générale de la Ban-
que , et La^ . qui jusque-là avait régi
ce dernier établissement, fut créé con-
trôleur général des finances.
Cette union consommée , un édit du
21 mai suivant rétablit le taux des
monnaies dans une proportion qui eon*
vînt au commerce étranger. H ordonna
en même temps une diminution suc^
cessive sur les actions nour les fixer ,
au 1*' décembre, à 5,5o0 livres, être*
duisit, pour le même terme, les bfl*
lets de blinqUe de 50 pour cent. Cette
première banqueroute , car c'en était
une, fit trembler la Compagnie, et
sausa une telle rumeur qu'il rallut ré*
iroquer l'édit. Mais il avait porté son
;oup , et les actions aussi bien que \€S
>illets éprouvèrent une forte baisse.
ilors le gouvernement, qui se trou-
vait débiteur envers les particuliers
le tous ces billets , ne pouvant en di*-
Ditttier la valeur prinritite, essaya
A*m dlmlhHdr le ttotbbre. Oti reehéf-
cha toufi ûmx qui avaient fait de gron-
des et rapides fortutieil t)ar l'agiotage
de ces sortes de papfenâi « el on voulut
les ootttraî&dre à rapporter chacun
nne certaine quanMté a'àctfoas. Mais
cette !n<^tsition jeta un nouveau trou«
ble dans l'État^ et plusieurs action-
•nâlres, pour s'y soustraire, s'enfui-
rent dans les pays étrangers avec leurs
effets, après avoir réalisé, leurs billets
et leurs aetions , quoique ^ par arrêt
du 20 octobre 1T20, le roi eût défendu
à tous seâ sujets de feortir sans. per-
mission du royaume, jusqu'au l" jan-
vier 1721.
Dans l'année 1720 on consulta les
frères Paris sur les remèdes à appli-
quer à cette situation qui s'aggravait
de jour en Jour* Ces financiers ^rent
d'avis d^ôter à là Compagnie la recette
générale des finances, d'annuler les
traités passés avec elle à raison du
bénéfice des monnaies , d'annuler pa-*
reniement les bauk des fermes gêné*
raies, et d'unir la Compagnie des In-
des à Itt Banque , de manière tpte k»
opérations de l'une répondissent de
celles de Tautre. Tout cela fut arrêté
le «janvier 1T21.
A cette époque , il restait en capital
à la Compagnie des actions représen-
tant une somme de 75 millions, et des
dettes, dont les plue onéreuses étaient
celle de 12 millions contractée en ac-
tions rentières à d pour eeni, en vert»
de l'arrêt dû S septembre 1719 , et
celle de SOd millions , autre emprunt
contracté en 1720, en actions rentières
à 2 pour eent. Il lui restait encoro
3 millions de l^entes du capital de 100
millions oonstitilé à son nrofit , par Ié
roi , sur la ferme du tabac dent elle
avait faérité de la Compagnie d'Occi*
dent et qui lui avait été retirée. Le roi
kri rendit eetle ferme % et piassa à son
]profit nn Contrat d'aHénaUon^ à. titre
d'engagement, du domaine d'Ooci«-
dent , dont elle avait été aussi d^ios*
Le nombre des aetimis lut fixé à
&S,000 ; il en fut créé 4é,000 , et le
dividende f^t arrêté à 100 livres par
actioii , atee ptomasse d'avantages qui
448
com
LUOTVEftS-*
€0V
permettraient de le porter , lés années
suivantes, à 150 livres. Pour faciliter
le placement des actions , le roi pro-
mit , en 1724 , à la Compagnie , d ins-
tituer toutes les loteries qu'elle juge-
rait nécessaires, et, en juin 1725, il
la déchargea de toutes les opérations
de la banque générale.
Quoique débarrassée de toute en-,
trave étrangère , et ramenée à un but
purement commercial , la Compagnie
des Indes ne fut guère plus heureuse
que par le passé. Ses loteries n'eurent
f>oint le succès qu'elle s'en promettait;
es défenses faites en 1717 , et renou-
velées en 1726, d'introduire en France
des marchandises de l'Inde, lui portè-
rent un grand préjudice. En 1730 ,
pour rembourser les frais que lui avait
occasionnés, en 1726 et 1727, la guerre
du Malabar , elle fut obligée de céder
à une compagnie le privilège du com-
merce de Barbarie ; en même temps ,
elle commit la faute d'affermer les ta-
bacs , dont le produit s'accrut beau-
coup entre les mains du fermier ; en-
fln, elle s'opposa inutilement, en 1732,
à l'établissement de plusieurs entre-
pôts de cafés des colonies, qui lui
enlevaient aussi des profits considé-
rables.
De 1738 à 1745, les guerres et les
projets ambitieux qui occupèrent la
Compagnie l'obérèrent tellement, que
pour se soutenir il lui fallut recourir
a des emprunts ruineus, suspendre le
payement des dividendes , et faire un
appel de 200 francs par action. Le roi
vmt à son secours , se reconnut son
débiteur d'une rente de 9 millions,
lui prêta, en 1748, au delà de 8 mil-
lions pour paver les dividendes de
1747 et 1748, lui fit remise des divi-
dendes qui lui revenaient sur 11,835
actions dont il était propriétaire;
enfin , l'autorisa à constituer pour
12,000 livres de rentes viagères , sur
une ou deux têtes , à 10 et 7 ? pour
cent.
Ces secours furent inutiles , parce
que la Compagnie crut devoir se mê-
ler des affaires des princes indous et
devenir conquérante. Elle rencontra
sur son diemin la Compagnie anglaise
qui 8*opposa aux princes que la France
soutenait. Elle ontint la souveraineté
de quatre provinces qui ne lui raii-
portaient rien, et qui 1 assujettirent à
des frais de garde et de défense, pour
lesquels elle fut obligée d'emprunter,
partie en 1752 , partie en 1755 , m
somme de 30 millions.
Pendant ce temps , la Compagnie
était vivement attaquée dans son exis-
tence et ses privilèges. On demandait
à quoi avaient servi les sacrifices qa'oo
avait faits pour la soutenir , et ooei
fruit on retirerait de ceux qu'il raQ*
drait faire encore pour l'aider dans
ses entreprises. On démontrait ft
son commerce avait toujours été très*
borné , et gue le monopole dont die
était investie tuait l'émulation et a^
rétait l'essor que prendraient 1^ af-
faires sous le régime de la liberté. 1/
gouvernement, a qui parvenaient ces
plaintes, ne voulut rien précipiter. Par
un édit de 1764, il céda à la Comi»:
gnie les 11,835 actions dont le lù
était propriétaire, plus 11,835 billets
d'emprunt créés en 17 45 , oont le ni
était propriétaire aussi , et ensemble
les intérêts et dividendes afférents à
ces titres, sauf payement de 72,000 fr.
de pensions , dont ces intérêts et di-
videndes étaient grevés an profit de
diverses personnes dont l'état serait
fourni. Par le même édit, le roi reprit
à la Compagnie les îles de France et
de Bourbon, Tautorisa à faire un ap-
Î>el de 400 livres par action, et enlii
ui donna de nouveaux statuts rédigtf
EarNecker, à qui elle devait son réta-
lissement.
La Compagnie, ainsi régénérée, p^
rut prospérer un instant. Elle étawl
diverses loteries qui lui donnèrent des
profits, liquida ses dettes, et elle a
avait acquitté, en 1766, pour la sono'
de 40 millions. Néanmoins, toutes e0
apparences de succès étaient tromp^
ses. Si la Compagnie avait paye ^
vieilles dettes, Je nouveaux étabjà»-
ments dans ITnde , des procès pen»Bi
les réclamations insâiarables (ks
grands privilèges, la torcèreot (f^
contracterde nouvelles, dontlasonuMi
réunie à ce qu'il restait des andeoi^
j
TT ^
COM
FRANCE.
COBI
44d
s*éleyait, en 1769, au chiffrede 58 mil-
lions. Elle avait d'ailleurs perdu des
privilèges importants. Elle n'avait pas
été dédommagée de celui de vendre des
nègres dans les colonies d'Amérique,
qu'on lui avait retiré en 1766 , pour
une faible augmentation de prime
qu'elle avait obtenue sur ses exporta-
tions et ses importations; de plus,
elle venait de perdre encore tout ré-
cemment, et sans dédommagement,
la vente exclusive des cafés du Le-
vant.
Elle se plaignit publiquement de ces
pertes, et ses réclamations réveillèrent
les querelles sur la question de savoir
si son existence était ou non profita-
ble au pays. Tous les économistes
prirent la plume. L'abbé Morellet
j;eta de grandes clartés sur la matière,
et jamais discussion ne fut plus sa-
vamment engagée. Enfin , le gouver-
nement , ou convaincu , ou voulant
faire une épreuve, suspendit, par arrêt
du 13 août 1769, les privilèges de la
Compagnie , et déclara le commerce
libre dans toutes les contrées où elle
en avait eu le monopôle; cette sus-
pension fut effectuée par un nouvel
arrêt du 17 février 1770.
Par suite de cette grande mesure, il
fut accordé à la Compagnie la faculté
d'établir une loterie dont le fonds se-
rait de 12 millions, et dont le produit
devait être appliqué au payement des
dettes ; mais différentes circonstances
rendirent nuls les avantages qu'elle
espérait tirer de cette dernière faveur.
Enfin, par arrêté du conseil du 8 avril
1770, le roi accepta la cession de tous
les biens, droits et actions de la Com-
pagnie des Indes, se rendit propriétaire
de tous ses immeubles réels ou fictifs,
meubles, effets, marchandises, créan-
ces, etc. ; se chargea de ses engage-
ments de toute nature , en maintenant
l'appel de 400 livres par action , au-
torisé en 1764 , et confirmé pour les
retardataires, par lettres patentes du
9 février 1770. Moyennant cet appel ,
l'action de 1600 livres produisant 80
livres de rente, selon l'édit de 1764,
iiit portée à 2,500 livres , produisant
125 livres de rente perpétuelle. Quant
à la liberté de commerce , elle ftit
maintenue , et plusieurs actes firent
connaître la manière dont il devait se
faire , et la protection dont il serait
environné.
Les choses restèrent ainsi pendant
quinze ans. Au bout de ce temps , on
crut reconnaître que le laisser-passer
et le laisser-faire des économistes n'a-
vaient pas procuré tous les avantages
qu'on en attendait. On crut s'aperce-
voir que sous le régime de la liberté,
les cargaisons n'étant ni combinées
entre elles, ni proportionnées aux be-
soins des lieux de leur destination, s'y
vendaient à bas prix , tandis que le
concours des arrivages dans les mar-
chés de rinde-y surhaussait le prix
des achats ; que d'un autre cÔte les
importations en retour, composées de
marchandises de mêmes espèces, sans
mesure ni assortiments , avec excès
dans quelques articles et manque total
dans d'autres, étaient aussi désavan-
tageuses aux négociants qu'insuffi-
santes pour l'approvisionnement du
royaume; et l'on en revint à l'idée
qu'une Compagnie privilégiée pouvait
seule, par ses ressources , son crédit ,
et l'appui d'une protection particu-
lière, faire utilement le coiflmerce des
Indes et de la Chine.
En conséquence , un arrêt du con-
seil, en 57 articles, et daté du 14 avril.
1785, institua une nouvelleCompagnie
des Indes.
Cet arrêt ne tenant nul compte de
la cession faite, le 9 février 1770, par
la Compagnie alors existante , de tout
son actif au roi, à la charge de payer
ses dettes , et ne considérant les pri-
vilèges de cette association que comme
en état de suspension, les déclara abo-
lis quanta elle. Cela fait, on en in-
vestit la nouvelle société , déchargée
. des soins politiques, ainsi que des frais
de souveraineté qui avaient ruiné
l'ancienne, et investie pour sept ans
du droit exclusif de commercer , par
terre et par mer, depuis le cap de
Bonne-Espérance jusque dans les mers
des Indes orientales , les côtes orien-
tales de l'Afrique, Madagascar, les fies
Maldives , la mer Rouge , Siam , la
T. V. 29" Livraison. (Dict. knçycl. , etc.)
29
«ov
LTIflVEKS.
Gbine, la Goelitiiebme el k Jap#n. Le
rt de liorient fut assigné pour être
point de départ et le lieo d'arrivée
des expéditions, ainsi que l'entrepôt
général des marchandises.
Les î\es de France et de Bourbon
furent laissées en dehors du privilège,
et il fut pertois aux r^nicoles de eoo*'
oourir à leur approvisionnement, savf
à prendre, pour la forme, un passe-
port de la Compagnie , <|ui ne Bouvait
pas le refuser , et devait le oélivrer
sans frais. Les deux îles, elles-mêmes,
eurent la faculté de commercer dinde
en Iode, et de faire la traite des noirs,
sur la côte orientale de TAfnque, soit
pour leurs besoins particuliers , soit
pour eeux des colonies d'Amérique où
elles étaient autorisés à transporter
leurs cargaisons.
La gestion des affaires de la Cùm*
pagnie, dont le centre principal devait
être à Paris, fut confiée à douze ad*
ministrateurs, qui devaient être agréés
par le roi, et soft capital ixé à 20 mil*
fions, divisés en 20,000 actions de
1000 francs. Chaque administrateur
dut en souscrire 500 , sur lesquelles
2fii0 devaient étre^dépoçéès danâ la
caisse de k Compagnie à titre de eau-
tionneraenV Quant aux 14,000 autres,
on devait les offrir aux spéculateurs
et aux capitalistes. Ce capital, déclaré'
.insaisissable tout le temps du privi*
lége, demeurait affecté et hypothéqué,
par préférence spéciale, à tous les en*
gagements de la Compagnie. Le bilan
devait être dressé, et le dividende fix4
tous les ans , sauf le premier, dont
répoque fut fixée au mois de décembre
1787. Si |>endant le cours du privilège
il venait a éelater une guerre , les an-
nées qu'elle durerait ne compteraient
pas, et à la paix , la Compagnie eom*-
pléterait les sept ans qui lui étaient
accordés. Le roi s'obligeait à protéger
la Compagnie , à la maintenir, même
par les armes , dans Texerciee de ses
droits, et à racheter ceux^e ses admii-
nistrateurs, capitaines, officiers et
matelots qui seraient faits prisonniers
de guerre. Il la garantit de toutes de^
mandes et prétentions qui pourraient
je former contre elle, provenant du
privilège de l'aneienne Cempagnie des
Indes, et lui accorda le transit pour
toutes ses raarebandises, même êelks
^î seraient nécessaires à la traite des
noirs , si elle jugeait à prepos de la
faire. Il lui accorda pareillement la
permission d'exporter des matières ,
d'or et d'ar^nt , nonob^nt toutes
défenses contraires, à la seule coDdi*
tion de faire connaître au contrôleur
giénéral des finances la valeordeccs
sortes d'exportations. Enfin, il abolit
à son occasion le droit d'induit, &éà
ê podr cent suv tes marchandises pro-
venant du commerce de l'Inde et delà
Chine , et à 3 pour cent sur celles des
îles de Brance et de Bourbon.
Outre ces nombreux avantages, le
roi eéda à là Compagnie la jouissaoee
gratuite du port de Lorient , d«s bé-
tels , magasins , caves , ebantiers de
construction, cordérie, ateli^s, pon-
tons, ustefusiles,. facilité de port , ete.i
y existant et appartenant à ïtM)
comme aussi la jouissance pamlt^
ment gratuite des bâtiments» ma^'
sins, comptoirs , ateliers , loges , ete.i
qui se trouvaient au delà du cap de
Bonne^Ëspérance , et dont l'usage loi
était nécessaire^
Le 19 juià de la mente afifiée,!»
statuts et règlements particHirliers qiK
la Compagnie rédigea, ainsi ^e l'arrêt
du 14 avril qui lui en conférait ledroili
furent homologués et rendus exéeu*
toires; le 13 avril 1786, parut on rè-
glement pour la vente des marebaDd^
ses provenait du commerce et l'Ifi^!
et le 21 septembre 1786, afin de lu
donner le temps de fonder des éfr
blissements solides , et la {losfiibiliK
de faire de vastes entreprises, tf*
privilège fut prorogé.
On avait enfin profité des leçons à
passé , et puisqu'on croyait le no»
pôle . absolument nécessaire poor *
oomuierce de l'Inde , on Favait assis,
cette fois, sur des bases raisoantbltf-
La nouvelk Compagnie des Indes a»-
rait-elle obtenu des succès , c'est ee
qtie l'on ne fut pas à même de reçofr
naître. Quatre ans après sa fondatios,
et au moment où die n'avait pas encoi*
eu le temps de doiMier des fK^
COM
FHAISCE,
GOM
451
nombreuses d'intelligence et de capa-
cité, la révolution survint , qui porta
]e trouble dans ses opérations ; et , le
3 avril 1790, TAssemblée constituante
la supprima , et rétablit la liberté du
commerce par un décret ainsi conçu :
« Le commerce de Tlnde , au delà' du
cap de Bonne- Espérance, est libre
pour tous les Français. »
Compagnie de la Chine. — Vers la
fin de 1687, la Compagnie des Indes
' orientales se trouvant hors d'état de
faire des expéditions dans toutes les
contrées dont se composait son privi-
lège, céda, avec le consentement du
roi , le droit exclusif de commercer
avec la Chine, à une compagnie de né-
gociants et de capitalistes, a la tête de
laquelle se mit un nommé Jourdan.
Cette compagnie, qui eut en même
temps la faculté d'utiliser à son profit
tous les établissements qu'elle trouve-
rait fondés sur les lieux, n'ayant en
conséquence aucuns frais à faire, au-
tres auc l'achat de ses chargements et
l'expédition de ses navires, devait ob-
tenir des bénéfices, et en obtint en ef-
fet. Elle serait allée loin peut-être,
mais, en mai 1719, l'édit qui réunit la
Compagnie des Indes orientales à celle
d'Occident, révoqua des privilèges dont
elle n'était que rétro-concessionnaire ,
et la déclara supprimée.
Compagnie des îles d'Amérique. —
C'est la plus ancienne qui ait été créée
pour l'exploitation du nouveau monde.
Des lettres patentes qui lui furent dé-
livrées en 1626, lui conférèrent la pro-
priété de toutes les fies qu'elle mettrait
en valeur, lui concédèrent le droit
exclusif d'y commercer, ainsi que ce-
lui d'exiger de chaque habitant, depuis
seize à soixante ans, annuellement cent
livres de tabac ou cinquante livres de
coton. En échange de ces avantages,
elle ne devait faire passer dans ses éta-
blissements que des naturels français
et catholiques, entretenir dans chaque
centre d'habitation trois prêtres pour
les besoins spirituels, et à chaque mu-
tation de roi prêter foi et hommage
et offrir une couronne d'or.
Cett^ Compagnie , quoique ses
moyens fussent bornés, parvint rapi-
dement à un si haut degré de prospe-
cté, que les Français ar£«rèrehtbi6il^
tôt leur pavillon sur toutes les 1)M voi-
sines du siège principal de leurs éta-
blissements. En conséquence, par artêt
du 12 février 1635, le roi petmit à fo
Compagnie de nommer un caf^itaine
général des capîtanies, d'avoir âtis^gi^tfs
de guerre pour la défense de seâ pbs-
sessions, et dV instituer ^tê officiera
pour y rendre la justice. Ge fat alors
qu'elle prit le titre de Comp^gfrîe d^
tles d'Anfîërique. ' .~ '
Mais Favidité que montra cette Gonit-
pagnie, ruina en moins de quinine afffs
de si beaux commencements. Commfe
elle avait seule le droit de commercer
dans ses tles, les habitants étaient foi^-
cés de lui acheter les vivres que le sèl
ne leur fournissait point ebéore. Elle
les leur vendit si cher et fixa si bas te
prix des marchandises qu'ils lui doô-
tiaient en échange, qu'elle les mit dans
la nécessité d'ouvrir avec les HoWdB-
dais, qui se montraient plus modâ^éft,
un commerce interlope, dont le résul-
tat fut sa ruine complète. Elle obtint,
en 1642, de nouveaux privilège et le
renouvellement des anciens, mais le
mal était fait. Elle eut le bon esprit de
s'en apercevoir et de ne pas s'entétet.
De 1649 à 1651, avec la permission <fu
roi , elle vendit toutes ses îles et opé^a
sa liquidation. Ses privilèges, ainsi que
ceux de toutes les compagnies d- Amé-
rique, furent accordés à celle dès
Indes occidentales fondée par Colbert.
Compagnie de la Nauvelle'France.
— Cette Compagnie, formée en 1638,
reçut de Louis XIII la concession du
Canada, que l'on appelait alors la
Nouvelle - France^ de Québec et des
terres qu'elle découvrirait. Elle obtint
en même temps deux navifes, le pri-
vilège exclusif de toute espèce de com-
merce et d'entreprises, à l'exception
de la pêche et du trafic de la baleine et
de la morue, dont les habitants du
Canada avaient le libre exercice. Il lui
ftit accordé de plus le droit de bâtir
des forts et forteresses, et d'entretenir
les troupes qu'elle jugerait néces-
saires à la défense du pays, d'ériger
des terres en fiefs titrés et (J'înstifuer
29.
453
COM
L'tlNlVEHS.
CÔM
des tribunaux pour rendre la justice
en son nom.
Ses charges étaient de faire passer
au Canada, pendant la première an-
née de son établissement, 300 hommes
de divers métiers, français et catholi-
ques; 4,000 pendant les quinze années
suivantes, et dé pourvoir à tous leurs
besoins pendant trois ans.
La soif de ^ains excessifs ruina cette
Compagnie comme elle avait ruiné
celle des Iles d'Amérique. Les Hollan-
dais s'emparèrent de son commerce,
et il n'existait plus lorsque le privilège
exclusif de commercer avec le Canada
fut, en 1654, transporté par Louis XIV
à la Compagnie des Indes occiden-
tales.
Compagnie de la France équi-
noxUue, — Quelques négociants fran-
çais , sous la conduite de Poucet de
Brétignj^, avaient déjà, en 1643, fait
une expédition dans la contrée située
entre 1 Orénoque et le fleuve des Ama-
zones, lorsqu'en 1651, il se forma, pour
y fonder des établissements fixes, une
compagnie qui paraissait devoir pren-
dre un grand essor, obtenir de beaux
succès, et qui eut les suites les plus dé-
sastreuses. L'abbé de Marivault, qui
en était le fondateur, se nova en s'em-
barquant; Roy ville, envoyé à Cayenne
{>our y commander, fut assassiné dans
a traversée. Les principaux intéressés,
qui avaient commis cet attentat, péri-
rent tous misérablement. Le com-
mandant de la citadelle passa chez les
Hollandais avec une partie de sa gar-
nison. Enfin, ceux des colons qui
avaient échappé à la misère, à la faim,
aux intempéries du climat et aux ar-
mes des indigènes, gagnèrent les îles
du Vent sur un bateau et deux canots,
et abandonnèrent après quinze mois,
Cayenne aux Hollandais qui s'en em-
parèrent.
£n 1663, une nouvelle compagnie se
forma dans le même but que la précé-
dente, sous la direction du maître des
requêtes de la Barre. Elle fit une expé-
dition, chassa les Hollandais de Cayen-
ne, et y jeta les fondations d'un nou-
vel étaolissement. Mais comme son
fonds social ne s'élevait pas à çlus de
200 ,000 francs , et qu'avec ces bibles
moyens, elle devait coloniser aussi la
Guyane, il lui fallut renoncer à sod
privilège. L'année suivante, elle fut
absorbée par la grande Compagnie des
Indes occidentales, qui réunit les pos-
sessions et les droits de toutes les
autres.
Compagnie des Indes occidentaks.
— Pour former cette Compagnie,
Louis XIV racheta, au prix de 745,000
livres , les îles d'Amérique , que la
Compagnie de ce nom avait vendues,
en 1649 et 1651, lorsqu'elle s'était mise
en liquidation. Par édit de 1664, il con-
céda à la nouvelle association le com-
merce de l'Afrique, de la France équi-
noxiale et de l'Amérique septentrio-
nale. Ce corps puissant devait détruire
le commerce interlope que les Hollan-
dais faisaient dans les établissements
français; TÉtat lui prêta pour dix
ans, sans intérêt, une somme égale ao
dixième de son capital, et déchargea
de tout droit les denrées qu'il porte-
rait dans ces diverses colonies.
Ces avantages n'aboutirent à rien;
l'infidélité des agents, les besoins des
colons, les malheurs de la guerre, ainsi
qu'une foule de désastres que le bureau
oe Paris ne pouvait ni prévoir ni ré-
parer, mirent la Compagnie dans la
nécessité de contracter des delle^. et
cette nécessité jeta le plus grand dé-
sordre dans ses affaires. Pour sauver
une partie de la mise des actionnaires,
et persuadé que la liberté du commerœ
procurerait à l'Amérique des avantages
qu'elle n'obtiendrait jamais du mono-
pole, le gouvernement, en 1674, suf
prima la Compagnie des Indes oca-
dentales, et se chargea de ses dettes,
qui se montaient à 3,523,000 livres.
Compagnie de rAcadie. — Cette so-
ciété fut créée en 1683, pour feirt
exclusivement le commerce du castoi
et des pelleteries qui se tirent des
hautes régions de l'Amérique septen-
trionale. Elle obtint des succès tait
que les produits furent abondants et
qu'elle jouit de toute la plénitude de
son privilège ; mais les animaux qa'die
dépouillait de leurs fourrures dimi-
nuèrent de nombre ou se ré^gièreot
C^M
FRANCE.
COJ»
4ô3
dans des contrées inabordables; en-
suite des fraudeurs lui firent une dan<
gereuse concurrence. Ces deux causes
capitales, réunies à d'autres, firent
qu'à l'époque de Texpiration de son
monopole, en 1703, elle renonça à en
demander le renouvellement.
Compagnie du Canada. — La Com-
pagnie de l'Acadie. n'ayant point de-
mandé, en 1703, la continuation de sou
privilège^ il se forma, en 1706, sous le
nom de Compagnie du Canada, une
autre société qui avait pour but le
même commerce, c'est-à-dire celui du
castor et des pelleteries. Elle fit quel-
ques expéditions, fonda quelques comp-
toirs, mais n'arriva jamais à une pros-
périté réelle. Elle fut réunie, en 1717,
a la Compagnie d'Occident.
Compagnie de Saint-Domingue, —
Cette Compagnie fut instituée en 1698
par Louis XIV, pour défricber et met-
tre en valeur la partie de l'île Saint-
Domingue qui s'étend du cap Tiburon
à la pointe du cap Béate. Ce territoire,
dans un développement de plus de
cinquante lieues de côtes , et sur plus
de trois lieues de profondeur, ne comp-
tait pas alors cent habitants. La Com-
pagnie ,' dont le privilège devait durer
vingt-cinq ans, s'était obligée à y faire
passer 2ô00 noirs pendant les cinq
premières années, et dans chacune des
vingt autres, deux cents Européens et
deux cents noirs. Elle devait aussi em-
pêcher les habitants du cap Français ,
de Léogane , du petit Goaye et autres
lieux , de déserter leurs habitations
pour venir s'établir sur son territoire.
Elle fut autorisée à faire des traités de
paix et d'alliance , à nommer aux em-
plois militaires , et à instituer des tri-
bunaux pour rendre la justice en son
nom.
Cette Compagnie débuta fort bien.
Elle distribua gratuitement des terres
à ceux qui lui en demandèrent, et ven-
dît, dans 4a proportion des besoins et
des talents, des esclaves à trois ans de
terme. Elle accordait le même crédit
pouF les vivres et marchandises, quoi-
qu'ils dussent être livrés au cours du
marché général. Quant aux produc-
tions du sol, elle les prenait en échange
au prix qu'elle aurait payé dans les au-
tres quartiers. Un système si bien en-
tendu, si modéré, devait faire prospé*
rer les affaires de la Compagnie comme
celle des habitants ; mais les adminis-
trateurs qui l'avaient fondée furent
remplacés , et ceux qui leur succédè-
rent se montrèrent animés d'un tout
autre esprit. Le désir de s'enrichir
avec promptitude, remplaçant la pru-
dence qui semait pour recueillir , les
colons se trouvèrent en proie aux vexa-
tion s non-seulement des chefs supé-
rieurs, mais encore des employés su-
balternes. Cette conduite déloyale
porta ses fruits. Abhorrée des habi-
tants , ruinée par les infidélités de ses
agents, trompée dans ses spéculations,
Ja Compagnie se vit, en 1720, trois ans
avant l'expiration de son privilège ,
obligée de remettre ses droits au gou-
vernement.
Au mois d'avril de la même année,
le roi laissa à tous ses sujets la liberté
de commercer avec Saint-Domingue,
c'est-à-dire, avec la portion de cette
ile dont il avait fait concession à la
Compagnie. Mais au mois de septem-
bre suivant , il investit la Compagnie
des Indes de tous les avantages dont
avait joui l'association qui venait de
se dissoudre , et lui accorda en même
temps le commerce exclusif des noirs
dans toute l'île, à la charge d'y en in-
troduire deux mille par an.
La Compagnie des Indes abusa de
son privilège , comme l'avait fait la
Compagnie de Saint-Domingue, et son
manque de modération causa des sé-
ditions et des troubles qui durèrent
deux ans. On pilla ses magasins , on
brûla ses édifices , on refusa les noirs
apportés par ses vaisseaux. On se dis-
posait à aller plus loin encore , lors-
qu'en 1724, le gouvernement, pour
arrêter l'orage , permit sagement au
lieutenant général , qui avait des pou-
voirs suffisants pour cela, de révoquer
les privilèges de 1^ Compagnie. Les
troubles s'apaisèrent alors ; et, depuis
ce temps , le commerce de Saint-Do-
mingue fut ouvert à tous les négociants
français.
Compagnie d^Occident. — Cette
454
\
COllf
UUKÏVERS.
€091
Compagnie fut créée pair Lav en 1717,
pour augmenter le crédit de }a banque
générale qu'il avait fondée. Les prin-
cipales clauses du privilège furent le
commerce exclusif de la Louisiane
pendant vingt-cinq ans, et depuis le
1*' janvier 1718 jusqu'au 31 décembre
1743 , de celui du castor, dont on dé-
posséda la Compagnie du Canada.
Le capital de cette Compagnie fut
fixé, par l'édit de décembre 1717, à
cent millions payables en billets d'État,
pour lesquels il fut créé par le roi, sur
Jes fermes générales , une rente de
quatre millions au profit de la Com-
pagnie. En 1718, la nouvelle associa*
tionse rendit adjudicataire de la ferme
générale des tabacs pour quatre mil-
Tions vingt mille livres. Afin de favo-
riser ses plantations de la Louisiane ,
et d'augmenter la consommation du
tabac, elle rendit la vente libre. Au
mois de septembre de la même année,
elle fut autorisée à acheter les privi-
lèges de la Compagnie du Sénégal ; et
cette opération, qui fut consommée en
171^, lui procura le conamerce exclu-
sif de cette contrée de l'Afrique, aux
mêmes conditions que la Compagnie
d'Occident.
Telle était la situation de la Compa-
gnied'Occident en mai 1719, lorsqu'elle
fut réunie à la Compagnie des Indes
orientales. (Voyez ce mot.)
Compagnies et assurances. — Nous
devons dire un mot , en finissant cette
histoire abrégée des grandes compa-
gnies de commerce qui se sont éta-
blies en France , sur une autre espèce
i d'associations qui ont pris de nos Jours
un grand développement. Nous vou-
lons parler des compagnies d'assuran-
ces. Les assurances contre les risques
de la mer sont fort anciennes. Il n'en
est pas de même de celles qui ont pour
but la garantie des désastres causés
risque que coorent les bateaoxd'étié
submergés sur les fleuves , contre ce*
lui auquel sont exposées les voitores
d'être incendiées en route. Nous avons
des assurances eontre les ravages de
la grêle , contre la gelée des vignobles,
contre les chances du recrutement mi-
litaire , etc. ; enfin, nous en avons
même sur la vie. Toutes, à TexceptloQ
de la dernière , prennent , moyearant
une prime annuelle ou une fois payée,
pour leur compte particulier le pré-
judice qu'éprouvent les assurés aam
les cas prévus parleurs statuts, et les
en indemnisent ou leur fournissent le
moyen d'y porter remède. Quant aax
dernières , les assurances sur la vie,
elles ont pour but de faire payer à une
personne désignée une somme quel-
conque après le décès de l'assuré.
Il avait été question d'assujettlT te
établissements d'assurances contre le
recrutement à des règlements qui te
auraient rendus presque impossibles.
Mais , lors de la discussion de la lei
d'avril 1841 , on a modifié les preffliè'
reï idées qu'on avait eues sur la ma-
tière , et on s'est borné à soumettre
ces établissements à des formalités
dont on trouvera le détail à Tarticie
Remplacement.
GoMPA&Nrss DE Jbhv. On don»
ee nom aux associations de royalifr
tes qui se formèrent pendant la rêve-
lution, dans le midi de ta France, après
le 9 thermidor , et qui commirent da«
ces contrées un grand nombre d'tt-
sâssinats. Ces scènes de meurtrecooi-
mencèrent à Lyon peu de temps après
le 9 thermidor. « On publia une listt
in-4« où se trouvaient les noms de
tous ceux qui étaient soupçonoés (f**
Toir fait quelque dénonciation , el,
dans une colonne parallèle, celui des
personnes dénoncées, guillotinées oa
fusillées. Guidée par cette liste, b
I
ar les incendies ; celles-ci sont tout à Jeunesse dorée de Rhône et Loiret*
ait modernes, et ne datent que du quait les révolutionnaires de porté o
dix-huitième siècle. De nos jours on
a , comme nous le verrons plus bas ,
appliqué les assurances à la garantie
de beaucoup d'autres dangers, et même
de dangers certains. Nous avons,
entre autres, des assurances contre le
porte , les faisait sortir comme p««f
les conduire à la commune , <t ^
égorgeait ou les assommait parder;
rière. Les cadavres étaient attacha*
la première voiture qui passait, tr«-
nés jusqu'aux bords m Rhône et jetts
cosf
FRANCE.
con
455
à l'eâu. A défaut de voiture, les tueurs
eux-mêmes traînaient leurs victimes
dans le fleuve. Pas une voix ne s'éle-
vait pour blâmer ces scènes atroce3.
La classe bourgeoise , alors maîtresse
de la ville , se contentait de dire ,
lorsqu'elle n'excitait pas directement
Je zèle des assassins : C^e^t un Ma-
thevon de moins /. . . . On n'épargna
pas les femmes. . . Les meurtres étaient
presque toujours suivis de vols. . . Les
• massacres n'eurent d'autres suites ju-
diciaires que la traduction devant le
tribunal de Roanne d^une quinzaine
de jeunes gens notoirement connus
comme égorgeurs. Ils furent acquittés,
et le jour où ils devaient rentrer à
Lyon, des femmes sortirent au-devant
d'eux , jetant des 'fleurs sur leur pas-
sage; le soir, ils furent couronnés au
spectacle. On continua d'assassiner
publiquement dans cette ville pendant
Eljusieurs années encore ; mais il est
ien difficile, pour ne pas dire impos-
sible , de donner , même approximati-
vement, le chiffre des victimes. Mar-
seille, Aïx, Toulon, Tarascon, presque
toutes les communes de l'ancien com-
tatVenaissin et delà Provence, furent
aussi en proie aux égorgeurs. L'His-
Jtoijre générale et impartiale publiée par
Prudhomme, dansun tableau annexé
au sixième volume, porte à 750 le chit-
fre des individus égorgés dans tout le
Midi après la réaction du 9 thermidor.
Mais Pradhomme, dont les opinions
contre-révolutionnaires sont bien cour
nues , parle uniquement des meurtres
qui eurent lieu dans les villes pripcir
pales, tandis qu^il n'y eut pas un vij.
fage , pas un hameau dans ce malheu-
reux pays , où quelaue assassinat n'ait
été commis par les tnermidoriens. Les
preuves que l'on possède à cet égar4
permettent d'afGrmer que, dans les
contrées qui furent le théâtre de ces
attentats, la réaction fit plus de victi-
mes que n'en avait fait la terreur (*).»
Les compagnies de JéhUy qui avaient
pris Leur nom de Jébu , U destructeur
(*) Voyez Bisloire ffbrlementairê de la
révoùitioft Jrançaisep t. XXX.VI, p. 409
et suir.
de la maison d'Achab et des prêtres ie
Baal, étaient appelées par le peuple
les compagnies de Jésus, Elles pre-
naient aussi quelquefois le nom 4^
compagnies du soleil.
COMPAONIES LITTÉRAIRES aVUlfU
le dix-septième siècle, — L'article
Académie française nous a déjà
fourni l'occasion de dire quelques mots
des sociétés qui avaient précédé en
France la célèbre institution dont Ri-
chelieu se fît le protecteur; mais, for-
cés de nous restreindre , nous avons
dû omettre quelques faits intéressants
qui trouvent naturellement iei leur
place.
. En parcourant l'histoire de France
pour découvrir quelque essai à^ acadé-
mie, quelque reunion dont les occu-
pations ressemblassent à celles des
sociétés savantes de nos jours , on
trouve d'abord l'école fondée par dhar-
lemagne dans son palais (Voy. École
PALATINE), et dont lui-même voulujt
être membre. La guerre dispersa bien-
tôt cette assemblée; la guerre en|pd-
cha qu'il s'en reformât de pareilles
pendant le moyen â^e. N'oublions pas
cependant de mentionner ici les g^
lantes compagnies qui à cette époqi^e
s'établirent dans nos différentes pro»-
vinces sous le nom de Cours d'amour,
(Voy. ce mot.) Si elles n'accordaient
pas aux lettres la première place, elles
perpétuaient du moins, au milieu des
mœurs un peu grossières du temps, Le
goût des sociétés noiies , et leur héri-
tage se transmit puis tard aux Jeuqc cfe
la gaye science . si célèbres depuis
sous le nom de Jeux floraux. (Voy.
ce mot.) Il s'établit encore, du quator-
zième au quinzième siècle, d'autres
institutions littéraires, mais qui ne
durent pas leur origine à à&s idées
d'amour profane : nous voulons parler
des PuyS'Notre-pame. On désignait
ainsi des compagnies qui, à certaine^t
Jpoques de 1 année, se réunissaient
ans plusieurs bonnes villes deFrancCy
nour entendre des pièces de vi&rs, doni
fa récompense consistait souvent,
comme à Toulouse, en une fleur d'av?
gent. Mais tous ces chsu^s^ .(ousflefl
rondeaux, toutes ces ballades, avaient
456
COM
L'UNIVERS.
COM
exclusivement poar objet la louange
de la Vierge, et cette particularité ne
doit pas étonner si Ton songe au culte
fervent et empressé que le moyen âge
avait voué à la mère du Christ. Le
S lus ancien de ces puys {*) fut institué
Rouen vers 1150; celui d'Amiens fut
fondé en 1393. Mais ce fut surtout
pendant les quinzième et seizième
siècles qu'ils brillèrent d'un vif éclat.
Tous les ans on nommait un prince
ou maître du jeu , qui devait subvenir
aux frais nécessaires. A Amiens, ce
maître était président d'un dîner célé-
bré le jourcle la Chandeleur, et pen-
dant lequel « il faisait représenter un
mystère , et donnait à chaque associé
un chapeau vert et une copie du mys-
tère; le lendemain, après la messe, il
décernait publiquement une couronne
d'argent à l'auteur de la meilleure
ballade. Ce^ usages, ou quelques autres
du même genre, furent aussi pratiqués
dans plusieurs villes de France. Sans
être précisément les mêmes que ceux
qui constituent nos académies moder-
nes , il existe cependant entre eux des -
rapports qui sont faciles à saisir. Au
nord de la France et dans les Pays-Bas,
le nom donné à ces compagnies différa :
il fut plus savant, plus littéraire; elles
furent appelées chambres de rhétori-
crue. Plusieurs de ces chambres avaient
déià, vers 1302, une organisation ré-
gulière. Outre les poésies sacrées que
l'on recevait au concours, elles propo-
saient, à certaines époques de l'année,
des questions de littérature ou de phi-
losophie , auxquelles les seules cham-
bres reconnues étaient admises à ré-
pondre; elles le faisaient ordinaire-
ment par une moralité en vers. La
chambre qui remportait le prix, appelé
Joyau du pays, proposait à ^n tour
une autre question. Les fêtes données
(*) On n'est pas d'accord sur l'origine de
ce mot, comme dénomination de ces confré-
ries. Les uns lui donnant la signification de
colline (podium) f ont )>ensé qu'il désignait
l'emplacement choisi primitivement pour
tliéâti*e naturel de ces réunions; les autres
le tiraient d'un miracle opéré par Notre-
Dame, qui sauTa un enfant endormi sur le
bord d'un puits^
à l'occasion de ces concours étaient
très - brillantes. Les compagnies se
rendant visite les unes aux autres, dé-
ployaient tout le luxe qui était à leur
portée (*). »
Il ne paraît pas qu'il ait existé à Pa-
ris d'institution semblable sous Fran-
çois I*% le père des lettres. Ce fut
sous Charles IX, et avec la protection
de ce roi, que s'établit cette académie
de Baîf, dont la similitude avec l'Aca-
démie française est presque complète.
Quand les guerres de religion se furent
apaisées et eurent laissé fructifier ces
germes de culture littéraire , le goût
des réunions devint dominant, et plu-
sieurs années avant la création due à
Richelieu, il s'était formé à la cour et
à la ville des cercles destinés spéciale-
ment à des conversations sur l'élo-
quence et la poésie, et à la lecture des
ouvrages nouveaux. Sans parler des
réunions de l'hôtel de Rambouillet, de
mademoiselle de Scudéry, etc. , dont
il a été question à l'article Bubeaux
d'espbit, nous citerons comme une
des premières et des plus remarqua-
bles de ces sociétés, celle que Mal-
herbe tenait chez lui presque tous les
soirs. « Il était cependant fort mal
meublé, et logeait dans une chambre
garnie où il n'y avait que sept ou huit
chaises de paille; souvent les chaises
étaient toutes occupées, et il lui sur-
venait encore du monde; Malherbe
fermait alors la porte en dedans , et
répondait à ceux qui frappaient : At-
tendez, il n'y a plus de chaises (**}.•
Le fameux gazetier Renaudot avait
aussi à son bureau d'adresse (voy. ce
mot) une sorte d'académie ; et Ménage,
suivant l'exemple de Malherbe , reu-
nissait les hommes de lettres ses amis
dans sa maison du cloître Notre-
Dame, d'abord tous les mercredis soift
et plus tard tous les jours.
Nous voici amenés à l'époque où le
cardinaKministre, prenant sous son pa-
tronage la petite reunion de Comartet
en rnotot\
(*) Les compagnies littéraires en M
par M. Leroux de Lincy, Revue de
n** du 24 janvier 184 1.
(**) Leroux de Liocy, d'après Bacan.
€OJ»I
FBANCE.
C»N
457
de Desmarets^ lui octroya, aa prix de
son indépendance, une constitution of-
ficielle et le glorieux titre d'Académie
française. De curieuses tentatives fu-
rent faites par des particuliers poHr
rivaliser avec cet étaolissement, dont
la faveur et Téclat toujours croissants
excitèrent bien des rumeurs. Ainsi
s'élevèrent les académies de la vicom-
tesse d'Auchy (*) et de Tabbé d*Au-
bignac. Mais Tune fut fermée par
ordre de l'archevêque de Paris , parce
qu'on y avait soutenu certaines pro-
positions peu orthodoxes sur la philo-
sophie et la théologie ; l'autre, ouverte
en 1662 , et fréquentée par beaucoup
d'hommes distingués , s éteignit avec
son fondateur. «On le voit, par toutes
ce^ imitations , dit M. Leroux de
JLîncy, Richelieu , en créant l' Acadé-
mie française, ne pouvait que réussir ;
cet établissement répondait aux be-
soins d'une époque oii des maîtres
dans tous les genres allaient produire
des œuvres immortelles. »
Compagnies militaires. Le mot
de compagnie sous lequel on désigne
aujourd'hui l'une des divisions du
bataillon ou de l'escadron (voyez ces
mots), avait dans l'origine, une signi-
fication beaucoup moins restreinte.
Ainsi, dans l'infanterie, il s'appli-
quait,, au commencement du règne
de François V, à des corps de trou-
pes de diffésentes forces, et quel-
quefois à des bandes de plusieurs mil-
liers d'hommes, pourvu que leur chef
eût le titre de capitaine (voyez ce mot).
]L,es légions , organisées peu de temps
après, furent divisées chacune en six
compagnies de mille hommes ; mais
cette organisation improvisée dura
peu , et l'on en revint bientôt au sys-
tème des compagnies et des bandes
ir régulières, qui n'avait d'ailleurs ja-
mais été abandonné.
Les compagnies de cavalerie légère
xi'étaient pas organisées plus réguliè-
ment que celles de l'infanterie ; quant
iM. celles de la gendarmerie ou grosse
4*aya1erie , elles avaient en partie con-
servé l'organisation des compagnies
(*) Voyez DES Uasizrs (Charlotte). .,.
d'ordonnance, instituées par Charles
, VII (voy. Compagnies d* ordonnance),
Henri II réunit, en 1558, plusieurs
compagnies d'infanterie, pour en for-
mer les premiers régiments. Charles
IX fit de même. Montluc, dans le qua-
trième livre de ses Commentaires , se
sert des expressions de régiment et
A'enseigne^ pour désigner les sept
bandes ou compagnies à la tête des-
quelles il alla au secours de Corbie en
1558. Sous Louis XIII , presque tou-
tes les bandes avaient été réunies en
régiments. C'est alors que ces cor[)s
furent divisés en bataillons , subdivi-
sés eux-mêmes en un certain nombre
de compagnies , que, dans les énumé-
' rations , on désignait aussi quelquefois
sous le nom d'enseignes , parce que
chacune d'elles avait un drapeau.
Depuis, la force numérique des com-
pagnies a plusieurs fois varié (voyez
l'art. Bataillon) ; mais la significa-
tion de ce mot est toujours restée la
même.
Longtemps les compagnies portè-
rent le nom de leurs capitaines ; et cet
usage, aboli seulement en 1791, repa-
rut au commencement de la restaura-
tion, qui s'effor<jait de faire revivre
toutes les institutions de l'ancien ré-
gime. Mais cette tentative échoua
comme la plupart ae celles du même
genre ; et , à la réorganisation des lé-
gions en régiments en 1820, on rendit
aux compagnies leurs numéros , pai*
lesquels elles n'ont plus cessé d'être
désignées depuis.
Jusqu'à la révolution , chaque colo-
nel ^u raestre de camp d'infanterie et
de cavalerie avait , dans son régiment,
sa compagnie particulière qu'on appe-
lait la compagnie colonelle. Les colo-
nels généraux avaient également, pour
leur compte particulier , une compa-
gnie dans tous ou dans presque tous
les régiments de leur arme , préroga-
tive qui était une suite de l'importance
qu'on attachait précédemment au ti-
tre de capitaine.
Autreiois , les compagnies s'ache-
taient. Une com{)agnie de gardes-
françaises se payait environ quatre-
vingt mille livres. Celles de cavalerie
458
COM
L'UNIVERS*
COM
s'obtenaient moyennant le dépât an
trésor roval d'une finance oui variait ,
suivant l'arme, de sept à cfix mille li-
vres. Cette finance n'était restituée
gu'avec réduction, et même quelque-
rois elle était entièrement retenue.
Les compagnies des régiments étran-
gers étaient la propriété des colonels,
et elles s'achetaient aussi fort cher.
Celles de l'infanterie ne s'achetaient
pas ; la vente n'en était pas autorisée
par les règlements ; mais il n^en fal-
lait pas moins dépenser beaucoup d'ar-
gent pour les obtenir; car tout capi-
taine nouvellement nommé devait tenir
compte à celui qu'il remplaçait, des
déboursés au'il avait ou qu'il était
censé avoir faits pour Tent retien de la
compagnie. Ces corps ne furent tous
au compte du roi qu'en 1762 , et les
charges de capitaines ne cessèrent d'ê-
tre vénales que sous le ministère du
maréchal de.Ségur,
Compagnies Jranches, — On nom-
mait ainsi autrefois des bandes iso-
lées composées de dragons , de hus-
sards et de fantassins , que Ton em-
ployait en temps de guerre à faire des
mcursions sur le pays ennemi , et qui
étaient pour ainsi dire sur terre ce que
les corsaires sont sur la mer. Ceux
qui servaient dans ces compagnies
étaient connus sous le nom de partir
sans.
Depuis Louis XI jusqu'à Louis XIII,
les villes entretinrent pour leur défense
particulière des corps de troupes qui
portaient aussi le nom de compagnies
Jranches. En cas de guerre, ces com-
pagnies rejoignaient 1 armée ; après la
campagne, elles revenaient tenir gar-
nison dans les villes auxquelles elles
appartenaient. Vers le milieu du dix-
huitième siècle, il n'y avait pas de
ville un peu considérable qui n'eilh
conservé quelqu'une de ces compa-
gnies. Les soldats qui les composaient
étaient alors connus sous le nom ^af-
chers. Ils n'allaient plus à la guerre ;
mais ils servaient au maintien de l'or-
dre et à la police intérieure des ville^.
La ville de Paris avait, en 1550, trois
de ces compagnies , soiis les ordres
d'un colonel qui portait le titre ôt cor
' pitaine général. Depuis , ces compa-
gnies ont été dissoutes, et remplacées
par à^% corps qui ont successivement
porté lé nom de Gvet à. pied et à che-
val. Garde de Paris ^ Gendarmerie
de la ville de Paris ^ et enfiin Garé
municipale.
Compagnies (grandes)^ Nous avons
donné, aux SiTt^cies aventuriers. Ban-
des militaires , et Brabançons , une
idée de la composition des grandes
compagnies ; il nous reste à faire con-
naître ici les brigandages commis par
ces troupes indisciplinées , et la ma-
nière dont Charles V parvînt à en
délivrer la France. Ce prince venait de
succéder à son père , mort à Londres
en captivité. Deux traités qu'il avait
conclus avec la Bretagne et la Navarre,
faisaient bien augurer de son r^e;
mais l'anarchie qui s'était établie sous
le précédent roi, subsistait encore, et le
peuple souffrait plus encore de la paix
que de la guerre qui l'avait précédée.
En effet, depuis que les soldats et les
nobles ne se faisaient plus la guerre
entre eux, ils s*étaient tous tournés
contre lui, et le rançonnaient à ofr
trance. « Il n'y avait , dit le contimtt-
teur de Guillaume de Nangis , aucune
province qui ne fdt infestée de bri-
gands ; les uns occupaient des fort^
resses, d'autres logeaient dans les vil-
lages et les maisons de campagne, et
personne ne pouvait voyager sans ni
extrême danger. Les soldats du nÀt
eux-mêmes , qui auraient dû prot^
nos paysans et nos voyageuj^ , ne
son^aienl au contraire qu'à les éi-
pomller honteusement. De^ chevaQers
même , tout en se disant amis du ni
et de la majesté royale, tenaient ces
brigands à leurs ordres. Bien plo^
quand Ils venaient dans les yîIkb, a
Paris même, chacun les reconnaissall;
mais personne n'osait mettre la maiB
sur eux pour les punir Quand fe
roi donna à du Guesciin le comlé le
Longueville, celui-cf prt)mit, en retour,
de chasser du royaume les br^aodi
?|ui le dévastaient; mais loin ée Ir
aire, il permit à ses Bretons dPenlevcf
dans les villages et sur les grands elie-
miuF Pargent« les habits, tes chevaux.
COH
FRANCE-
GOBI
459
le bétail, enfin tout ce quMUy trour
yeraient. »
La situation du Midi était encore
plus déplorable. Le Languedoc et la
Provence ayant moins souffert de la
guerre que les autres provinces,
payaient alors ce privilège par une ter-
rible compensation. L'espoir d'un bu-
tin plus abondant y avait attiré la
plupart des grandes compagnies, pour
lesquelles le voisinage d'Avignon, et
la perspective de pouvoir rançonner
les riches prélats qui composnient la
cour du saint -père, étaient d'ailleurs
un puissant appât.
Urbain V , effrayé , frappa d'ana-
thème, en 1364, les compagnies et tous
ceux qui les favorisaient ou leur four-
nissaient des armes et des vivres , et
il prêcha contire eux une sorte de croi-
sade.
Un moyen assuré de se débarrassar
ie ces brigands eût été de donner des
airnaes au peuple ; mais le souvenir de
l'insurrection des Capudés (Voyez ce
mot) n'était pas effacé ; et la noblesse
redoutait moins les brigands dont elle
partageait les profits que le peuple
irmé , qui , dans la Flandre surtout ,
savait faire valoir ses droits aux dé-
pens de tous les privilèges.
Il fallut songer à un autre expé-
dient : le roi Jean avait pris l'engage-
meni de faire une croisade contre les
Musulmans. Ce projet, qu'il n'avait
pu poursuivre , venait de recevoir un
commencement d'exécution de la part
îu roi de Chypre, qui, ayec 10,000
[gommes et 1,400 chevaux, avait pris
ît pillé Alexandrie. L'empereur d AI-
emagne , Charles IV , qui se trouvait
jiors à Avignon, promit de livrer pas-
mge à travers ses États jusqu'à Venise,
iu¥ grandes compagnies qui parti-
raient pour la croisade, et de les dé-
frayer pendant la route. Charles V
jliercîia en conséquence à pousser vers
Î^Allemagoe les grandes compagnies.
Celle oue cpmmandait Tarcni prêtre
Arnaud de Cervoles (Voy. Cebvoles)
fut la première à partir, et elle s'a-
rança à travers la Lorraine; mais elle
f commit de tiels dégâts , que les pay-
sans allemands se soulevèrent pour
lui fermer le passage. Arnaud leur
livra bataille : il fut vaincu , et forcé
de rentrer en France, où il fut tué
quelque temps après par un de ses
soldats. Cet exemple n'était pas de na-
ture à encourager les autres compa-
gnies, et tous les efforts qu'on put
faire pour les conduire à la croisade
furent inutiles.
Une autre expédition fut alors pro-
posée pour les employer. Henri de
Transtamare était venu demander au
roi des secours contre son frère ,
Pierre le Cruel [Voyez Càstille (rel.
avec la)]. Charles V saisit avec em-
S ressèment cette occasion de se défaire
e ces hôtes incommodes, et en même
temps de venger sa belle-sœur, Blan-
che de Bourbon (Voyez ce mot), em-
poisonnée par le roi de CastîIIe. TOu
Guesclin ûit désigné pour commander,
^ sous le nom de Jean de Bourbon,
comte de la Marche, l'armée, dont
le rendez-vOus fut fixé à Châlons-sur-
Saône. Le roi lui fournit des sommes
considérables pour acheter les services
des principaux capitaines des compa-
gnies, et en effet, il compta bientôt
sous ses drapeaux Robert Briquet,
Jean Carsuelley Naudon de Bageran^
Lamitj le petit Mesquin y les bâtards
Camus j de l*Espare, de Breteuil,
Espiote, Perrot de Savoie y et beau-
coup d'autres, qui , à la tête des prin-
cipales bandes , s'étaient depuis long-
temps rendus célèbres par leurs bn-
gandages*
De Châlons , du Guesclin se dirigea
sur Avignon , oii il obtint du pape la
levée de l'excommunication qui avait
été lancée contre les compagnies , et
un subside de deux cent mille francs
d'or, dont le pontife se dédommagea
en imposant une décime sur le clergé
de France. L'armée se rendit ensuite
à Montpellier, où elle séjourna quel-
que temps pour attendre le reste dés
compagnies. Puis elle prit la roule du
Roussillon, et entra, le r*" janvier
1366, à Barcelone, où l'attendait
Henri de Transtamare.
Cette armée était forte de 30,Oâro
combattants; elle traversa l'Èbre à
Alfaro, et de là se dirigea sur Ca-
460
COM
L'UNIVERS.
cosf
iahorra^ où Henri se fit prodamer roi.
Ce prince entra ensuite à Burgos , où
il se fit couronner de nouveau. Sa
marche fut presque un triomphe ; les
Castillans se soulevaient à son appro-
che , contre don Pedro , dont les sol-
dats eux-mêmes désertaient pour venir
se joindre à ceux que commandait du
Guesclin. Au bout de trois mois,
Henri avait conquis toute Ja Castille,
et don Pedro , forcé de fuir , était ré-
duit à aller demander à Bordeaux un
asile et des secours au prince de Gal-
les.
Les grandes compagnies furent alors
congédiées, à l'exception de 1,500
hommes d'armes qui restèrent au ser-
vice du nouveau roi de Castille. Les
autres rentrèrent en France; mais ils
ne tardèrent pas à retourner en Espa-
gne, combattre pour une autre cause.
En effet, don Pedro n'avait pas re-^
nonce à recouvrer son royaume ; il
parvint à déterminer le prince de Gal-
les à lui porter assistance. Une armée
anglaise, composée en grande partie
de soldatâ des grandes compagnies ,
passa les Pyrénées; mais ces merce-
naires n'obtinrent pas les succès qui
avaient signalé l'expédition comman-
dée par du Guesclin ; ils n'avaient plus
les Castillans pour auxiliaires , et ils
comptaient d'ailleurs une multitude
des leurs dans les rangs opposés. Un
grand nombre périrent de part et
d'autre dans cette expédition; ceux
qui repassèrent les Pyrénées trouvèrent
la mort dans la guerre qui ne tarda
pas à éclater de nouveau entre la France
et l'Angleterre.
Les compagnies qui n'avaient point,
pris part à la guerre. de Castille, s'é-
taient rendues en Italie , où l'appât
d'un riche butin , et le retentissement .
de la guerre civile, les avaient appe-
lées. Elles s'y maintinrent longtemps ,
s'y recrutèrent, et, dans le quinzième
siècle , elles eurent presque exclusive-
ment , sous le nom de condottieri , le
Srivilége de composer les armées des
ifférentes républiques dans lesquelles
se partageait alors le territoire de la
Péninsule.
Compagnies d'ordonnance,— ^ous
avons, à l'article Abmeb, fait connaî-
tre l'organisation de ces corps formés
{)ar Charles Vil, et qui furent, avec
es francs archers, institués à la même
époque, le premier essai fait en France
d'une armée régulière et permanente.
Tîous avons vu que ces corps étaient
composés de plusieurs espèces de trou-
pes ; la principale , les hommes d'ar-
mes , en formait la véritable force, et
passa longtemns pour une des plus
Draves milices au monde. Les hommes
d'armes ou gens d^armes donnèrent
leur nom aux compagnies d'ordon-
nance, qui, nommées ainsi de l'ordon-
nance qui les avait créées , et modi-
fiées presque à leur origine par divers
décrets de Louis XI , de Louis XH et
François 1'% quittèrent bientôt lenr
prehifère dénominatioa pour prendre
celle de gendarmerie ^ sous laquelle
elles subsistèrent jusqu'au temps de
Louis XIV. C'est a ce mot que nous
ferons l'histoire de cette institution,
l'une de celles qui ont joué le plus beau
rôle dans notre histoire militaire. Voy.
Gendahmebie.
Compagnon, facteur de la Compa-
gnie française du Sénégal , fut le pre-
mier Français qui visita les royaumes
de Bambouk et de Galam , et les fa-
meuses mines d'or de Tamba-Aoura et
de IVetteko. Il obtint, dans un voyage
qu'il fit dans ces contrées vers 1716,
des échantillons de la terre dont on
tirait l'or, et en envoya à Brue, qui les
fit passer à Paris. De retour en France,
il se fit architecte , et mourut vers le
milieu du dix-huitième siècle. Le réeft
de son expédition se trouve dans h
Relation de P Afrique occidentale, par
Labat.
Compagnon ou Gkos i>k Flas-
DBE. — Les deniers tournois ayant ai
depuis saint Louis un très-grand sik-
ces dans toute l'Europe, le systèoe
adopté pour ces pièces finit par ébe
adopté généralement. Les gros et
Flandre, frappés d'après ce système,
et portant d'un côté le nonà du comte,
et de l'autre celui de la province, oat
eu en France , au quatorzième siède,
à cause de leur bon aloi, un cours fort
considérable. Ils étaient alors connus
cont
FRANCEi
tOM
461
600S le nom de compagnons. Voyez
fÏÂNDRE (monnaie de).
Compagnonnage. «Depuis un temps
immémorial, dit M. de Mangourît dans
son Histoire de la fondation du Grand
Orient de France. les charpentiers, les
chapeliers, les tailleurs d'habits, les sel-
liers, les maçons constructeurs, les tail-
leurs de pierre, et, en général, presque
tous ceux qui exercent des métiers de
ce genre , sont dans Tusa^e de se réu-
nir sous des formes mystérieuses pour
recevoir compagnons les garçons qui
ont fini leur apprentissage. Ils ont adop-
té un mode d'initiation dont robjet est
de former un lien universel , et de réu-
nir en une grande famille les ouvriers
de chaque corps d'état. Ils sont secou-
rus par leurs camarades, dans quelqtîe
partie du monde qu'ils soient jetés par
le sort ; on leur procure du pain et du
travail dans un pays , lorsqu'ils n'en
trouvent point dans un autre. »
Quoique le compagnonnage soit très-
ancien , il ne fut découvert comme
existant en France que vers le milieu
du dix-septième siècle. « Le 21 septem-
bre 1645 , dit Dulaure ( Histoire de
Paris), les compagnons cordonniers,
appelés compagnons du devoir , fu-
rent dénoncés à la faculté de théologie
de Paris, à cause des pratiques de l'ini-
tiation d'un apprenti au grade de com-
pagnon. » Voici le détail de ces pra-
jques. Ces artisans s'assemblaient dans
ine maisbn où ils occupaient deux
chambres cbutiguës. L'aspirant rece-
rait d'abord lé baptême avec les céré-
nonies en usage dans les mystères
l'Eleusis ou dans les églises des chré-
iens. On lui donnait un parrain et
ne marraine ; et on lui faisait prêter
erment sur sa foi, sur sa part de pa-
adis, sur le saint chrême, de ne ja-
lais révéler ce qu'il voyait faire et en-
siMtait dire. Toutes ces pratiques fu-
ent condamnées comme impies par la
iculté de théologie. L'offîcial de PaHs,
ar sentence du 30 mai 1648, et le
ailli du Temple , par une autre sen-
snce du 11 septembre 1651, les pros-
ri virent, et firent promettre aux maî-
res cordonniers de n'en plus souffrir
usage.
Cette découverte en amena d'autres,
dit toujours Dulaure ; on fut informé
que les ouvriers chapeliers , tailleurs
d'habits et selliers , en élevant les
apprentis de leurs métiers au grade
de compagnons , observaient des céré-
monies semblables.
Les chapeliers se réunissaient dans
deux chambres contiguës. Dans l'une
était une table sur laquelle ils pla-
çaient une croix et tous les instru-
ments de la passion ; sous la chemi-
née ils dressaient des fonts baptis-
maux. L'aspirant, après s''étre choisi
narmî les assistants un parrain et une
marraine, était introduit dans la cham-
bre du mystère ; là , il jurait sur le H-
vre des Évangiles , qu'il ne révélerait
pas, même dans la confession, ce qu'il
allait faire , ni le mot de.guet dont se
servaient les compagnons pour se re-
connaître entre eux ; après quoi , le
récipiendaire était assujetti à plusieurs
cérémonies qui ne sont pas décrites ;
niais on sait que le sacrement de bap-
tême lui était administré avee le rite
• adopté par KÉglise.
Les compagnons tailleurs se réunis-
saient également dans deux chambres
contiguès. Sur une table couverte d'une
nappe mise à l'envers , étaient étalés
une salière, un pain, une tasse à trois
pieds à demi pleine , trois pièces de
monnaie, trois aiguilles, et le livre des
Évangiles, sur lequel l'aspirant, après
avoir choisi un parrain et une mar-
raine , prononçait un serment sem-
blable à celui des chapeliers. Puis on
lui faisait le récit des trois premiers
compagnons , lequel avait rapport aux
' objets mystérieux placés dans la cham-
bre ou posés sur la table.
Les compagnons selliers observaient
'dans l'initiation des pratiques à peu
près semblables ; et , après le serment
prêté par le récipiendaire, ils dres-
saient un autel sur lequel l'un d'eux
célébrait le sacrifice de la messe sans
en rien omettre.
Un décret de la faculté de théologie,
du 14 mars 1655, condamna ces pra-
tiques, qui offraient en effet des formes
{)areilles à celles des initiations de
'antiquité. On y trouvait un secret, des
4e2
^M
vumYWàs.
COM
sermentf; , des signes et des mots de
reconnaissance ; 1 initié était purifié,
et il arrivait à un état meilleur ; enfin,
on lui contait une fable , comme on
en débitait dans les initiations antiques,
et le sujet principal de cette fable était
toujours un événement malheureux,
une persécution , un attentat ou une
mort.
Telle est la trace que le comf)agnon-
nage a laissée dans notre histoire. Ce-
jjendant cette grande association avait
depuis longtemps donné signe d'exis-
tence. Lorsqu'aux onzième et douzième
siècles , Fart se fut déplacé et passa
des mains des moines dans celles des
Jaïques , ees derniers , à l'exemple de
leurs devanciers, liés entre eux, dans
tous les pays , par une confraternité
qui leur assurait aide et secours, ou
bien encore' à l'imitation des artis-
tes byzantins et arabes, qui avaient
continué les corporations romaines,
s'unirent, formèrent une confrérie
qui se reconnaissait à certains si-
gnes , et cachait au vulgaire les règles
de son art. En Allemagne , cette asso--
dation , déjà commencée par les archi-
tectes de la cathédrale de Cologne , ne
se répandit généralement que du temp;s
d'Ërvf^in de Steinbach , à la fin du trei-
zième siècle. Les membres qui la com-
posaient se divisaient en maîtres et
en compagnons, et se donnaient (e
nom de francs-maçons, à cause de
certains privilèges dont jouissait le
métier de maçon. Cette association se
divisait à son tour en associatioms
particulières qui portaient le titre de
loges, du nom donné à l'habitation
de l'architecte près de chaque édifice*
en, construction. Les Statuts de la
franc-maçonnerie étaient tenus secrets;
avant d'être reçus ^ les frères s'enga-
geaient sous serment à l'obéissance,
et à garder un silence absolu sur tout
ee qui concernait leur union. Les
maximes de l'art ne devaient jamais
être écrites; elles étaient exprimées
par des figores symboliques , emprun-
tées à la géométrie ou bien aux instru-
ments d'architecture et de maçonnage ;
et la connaissance de ces symboles
n'était ^KUDWiquée qu'aux^seuls ini-
tiés. Cette absencç de toute leçon
écrite avait le double avantage de cot-
server l'art , comme une chose sacrée,
au-dessus de la portée du vulgaire,
qui l'eât profané et affaibli , et de for-
cer à l'apprentissage f)ratique tous
ceux qui voulaient devenir artistes. On
n'était reçu franc-maçon qu'après les
preuves de maîtrise dans un exameo
d'autant plus sévère et d'autant plos
scrupuleux , que la confrérie répondait
du talent aie &&& membres, désignant
souvent les maîtres , les conducteurs,
les compagnons qui devaient entre-
{)rendre un édifice; les encourageant,
es réprimandant et les punissant 8^
Ion le mérite de leur ouvrage. L'es-
prit mathématique des architectes da
moyen âge , ne voyant le bien et le
l)eau de l ensemble que dans la symé-
trie, l'ordre et l'harmonie des parties,
avisa de soumettre à des règles invio-
lables non -seulement la conduite des
artistes , mais encore la oonquite mo-
rale des francs* maçons. La vie de cha-
cun devait être religieuse , honnête et
tranquille. Un règlement maconniquet
fait à Torgau en 1462, par les maltio
de Magdebourg, d'Halberstadt , d'fiSi-
desheim , et conservé de nos joon à
Kochlitz (*) , est resté corame un cu-
rieux monument des statuts de Tasstt-
çiation. Les ranports les plus impo^
tants, comme les plus insignîQantseï
apparence, des architeetes et des ou-
vriers, y sont stricteiuent réglés SMS
menace incessante de puDitioa; «t
cette punition n'étaft riepi moins, ee
plusieurs cas , que de se voir exj^im
de la confrérie comme mauvais sê^
ou déclaré sans honneur, Jje nap-
songe,la calomnie, l'envie, uoeviei-
baucbée, étaient, chez les compapMai»
punis par le renvoi ; et tout poiH ^
croire qu'une pareille cofidaiiuiatMi
les privait de leur onétier; ehnlv
maîtres , ces mêmes fautes inummat
le même résultat : ils étaient aioasàit
clarés sans honneur. La nuHiidre wk
gligence dans le travail , et j
dans l'entretien des instruments
{*) Stiq^itz, Pièee$ relaliYSs à l'ki
de Tarchitecture.
€OM
F&ÂlfCE.
C»M
nHPv
ootHs, était égatement puBki ie peines
déterminées. Deux tribunaux , Fun su-
périeur, Tautre inférieur, connaissaient
âss débits, et jugeaient tous les diffé^
rends. Le premier de ces tribunaux sié-
geait, tous les trois ans, daos le chef-
lieu de chaque confrérie particulière.
Le second se tenait dans la loge de
Tarcbiteote , quçilifîée de lieu sacré;
enfin, la grande loge de Strasbourg
{>rononçait en dernier ressort sur toutes
es causes. Au dix-8eptiènf>e siècle,
lorsque Strasbourg fut incorporée à
la France , une décision de la diète ini-
périale rompit les relations des loges de
rAllemagne avec la loge de cette ville.
La tradition nous a aussi conservé,
sur le compagnonnage, d'autres détails,
qui ont été, dans ces derniers temps,
recueillis et publiés par M. Agricol
PerdiguierC). Nous puisons dans le
Livre du compagnonnage ceux de ceâ
détails qui nous ont paru dignes d'être
ra-is sous les yeux dé nos lecteurs.
C'est dan 9 Tantiquité orientale <}ue
les compagnons vont chercher Torigme
de leur société . Formées dans la Judée ,
en Syrie, en Egypte, à Timitation des
grandes associations religieuses des
Ësseniens et des initiés aux mystères,
puis fortifiées de l'esprit d'union des
corporations romaines, les assoeiations
d'ouYriers furent apportées en Occi*
dent par les artisans qui avaient ac-
compagné les croisés dans leurs pre-
mières expéditions.
. Elles s'étendirent rapidement, et ce
furent elles qui construisirent tous les
grands monuments du moyen âge. On
connaît les noms de deux de leurs
chefs : maître Bon-CËil, qui, après
avoir achevé Notre-Dame de Paris ,
partit en 1370 pour Upsal en Suède,
avec des compagnons et des bacheliers ,
et saint Benezet, qui, à la tête des
frères pontifes, ou faiseurs de ponts,
construisit, en 1180, le pont d'Avi-
gnon.
JionB avons vu que les ouvriers al*
«nfiands nrirent, en se réunissant en
société , le nom de francs-maçons.
(^ Dam son excellent petit livre intitulé
t^^ Livre de compagnonnage, Paris, 1941,
% TOl. in-3a.
Les tailleurs ^^ pierre , qui tormèrent
en Franèe la première association de
compagnonnage, prirent lenomdecoTTi-
pagnons étrangers ou de loups; les
menuisiers et les serruriers ^ les pre-
miers qui les imitèrent, prîreftt celui
de compagnons libres ou de gavots.
Ces deux sociétés, qui prétendent faire
remonter leur origine à la construction
du temple de' Jérusalem , regardent Sa-
lomon comme leur premier fondateur.
Dans la suite, de graves dissensions
éclatèrent dans leur sein; une partie
des maçons se séparèrent des autres,
et formèrent une société nouvelle sous
le nom de compagnons-passants ou
loups-garoiix y et li en fut de même
chez les menuisiers et les serruriers,
où les dissidents prirent le tom de
compagnons du devoir ou de dévo-
rants. Ces deux sociétés reconnaissent
pour fondateui^ un nommé maître
Jacques; suivant les uns, conducteur
des travaux du temple de Jérusalem ;
suivant d'autres', grand maître de l'or-
dre des Tenapliers, et le même person-
nage (|uf le fameux Jacqjues de Molay*
Les charpentiers, qui se désignent
par les expressions cle compagnons'
passants-charpentiers oO de arilles,
se donnent la même origine, et attri-
buent la rédaction de leurs statuts à
un religieux de Vordre de Saint-Benoît ,
nommmé le P. Soubise.
«Le compagnon nage fut alors partagé
en trois catégories bien distinctes,
dont l'une marehait sous la bannière
de Salomon ; la seconde , sous celle de
maître Jacques, et la troisième, sous
celle du P. Soubise. Quoique d*ori-
gines diverses, elles se ressemblaient
néanmoins sous beaucoup de rapports,
et avaient toutes un certain mélange
de paganisme , de judaïsme et de chris*
lianisme dans les formes, mais dans le
fond un but louable. Elles ne tardè-
rent pas à initier d'autres corps d'é-
tats. V Le tableau suivant, que nous
empruntons au Livre du compagnon-
nage, fera connaître4e rang que ces
corps d'états occupent entre eux dany
€ette grande association, et Tép^que
oii, suivant la tradition, chacun d'ewf.
y fut initié ;
464
corn
L'UNIVERS.
COM
At. J. C.
Ap. J.G.
559.
56o.
570.
•i33o.
X407.
1409.
x4io.
xSoo.
x6oi.
z6o3.
1609.
X700.
X701,
Z701.
X703.
1706.
17S8.
17^9.
1775.
1795.
1797-
Tail1«an de pierre.
Charpentiers d^haatei faUies.
Menuisiers. ■
Serruriers.
Tanneurs.
Teinturiers.
CordJers.
Vanniers.
'Chapeliers.
BlancherS'icbaaoiaettrt.
Fondeurs.
Épingliers.
Fori^eroBS.
Tondeurs en drapa et tourneurs.
Vitriers.
Selliers.
Poéliera.
Doleurs.
Couteliers
Ferblantiers.
Bourreliers. *
Charrons.
Cl ou tiers.
Couvreurs.
Toiliers.
Maréchaux ferrants.
Plâtriers.
Le compagnonnage, interrompu pen*
dant la révolution, époque où l'on n'eût
point osé se réunir en assemblées se^
crêtes, renaquit sans bruit, tel qu'il
était autrefois, sous le Consulat, et
se propagea mystérieusement durant
l'Empire et la Restauration , puis se
remontra au^ grand jour après la ré-
volution de juillet.
Le passade suivant de l'ouvrage de
M. Perdiguier pourra donner une idée
de l'importance que peut avoir aujour-
d'hui le compagnonnage. «Beaucoupde
sens ont cru que les compagnons
étaient des hommes qui n'avaient ni
feu ni lieu , et menaient une vie tou-
jours vagabonde , toujours insouciante.
Ceux-là n'ont point connu le compa-
gnonnage.
«Le compagnonnage actif qui peuple
les villes de devoir^ telles que Lyon,
Avignon, Marseille, ISîmes, Montpel-
lier, Toulouse, Bordeanx, Nantes, Pa-
ris, etc., et tant d'autres villes, se
compose, en grande partie, d'ouvriers
de dix-huit à vingt-cinq ans. Il se re-
nouvelle sans cesse; c'est une filière,
c'est un moule par oh la classe ou-
vrière passe sans interruption; les
formes Donnes ou mauvaises qu'elle
contracte là ne s'effacent jamais en-
tièrement ; elles sont portées en partie ,
par ceux qui les ont prises, dans leç
familles , dans les ateliers , et dans tous
les coins de la France.
« La jeunesse qui se retire du com-
pagnonnage actif, non de cœur, mais
corporellement, est remplacée par une
nouvelle jeunesse qui vient continuer
la tradition et les formes anciennes.
Le compagnonnage est l'armée de rio*
dustrie. Si rarméefrançaise des champs
de bataille se compose en temps ordi-
naire de trois cent mille soldats, Tar*
mée française des ateliers s'élève, quoi-
que là les congés soient volontaires et
par conséquent beaucoup plus courts,
au moins a cent mille hommes. Ainsi,
tous les trois ans , cent mille ouvriers
passent par cette filière. »
Si le compagnonnage ne s'éeartait
jamais de l'esprit de son institution,
elle aurait un but d'utilité philanthro-
pique , en ne formant qu'une seule
famille de tous les ouvriers de la même
profession , et en assurant des secours
aux indigents, aux malades, aux in-
firmes et aux voyageurs. Il n'en est pas
ainsi ; il devient une occasion fréquente
de rixes , de querelles , suivies quel-
quefois de meurtres , entre geos de
{>rofessions différentes , et même entre
es schismatiques et les orthodoxes de
professions semblables; car lescoiB'
pagnons ont des dissidents parmi eux.
Espérons qu'il n'en serapastoujoiffsde
même , et que les compagnons finiront
par se rendre aux sages conseils qn'on
de leurs frères, M. Agricol Perdiguier,
leur donne dans son remarquable ou-
vrage.
Compagnons. — Au temps ou ecr^
vait Ammien-Marcellin y et même a
temps de Tacite, les nations germani-
ques, au nombre desquelles nous n^é-
sitons pas à placer les Francs, avaient
des chefs particuliers que les Romaint
appelèrent reges, principes regaki^
reguliy suivant la nature et l'étendoe
de leur puissance. Ces chefs supréoies
de chaque peuple avaient sous eux <l0
grands d'ordre secondaire, nommés en
latin subreguliy procereSy optiof-
tes y primatesy et c'était de la ûéè^
de ces grands que dépendait toute U
force des rois, à une époque où d»
cun ne cultivant de terre que ce
Ct>M
FRANCE.
am
465
lui en fallait pour faire subsister sa fa-
mille, n'était soumis à aucun tribut et
à aucune redevance servi ie au profit
du clief de TÉtat. Ces seigneurs ,
comme on les appela plus tard, ne
f>ouvaient traiter en leur nom avec
es puissances étrangères , ni se ren-
dre leurs clients ; mais ^ à cela près ,
ils étaient presque indépendants dans
leurs cantons. Ils étaient toujours
compris dans les traités ; et le roi , à
qui ils devaient fidélité et non pas dé*
vouement, ne pouvait entreprendre
légitimement une guerre sans leur
avis et consentement. C'était parmi
eux que les chefs suprêmes choisis-
saient leurs ambassadeurs quand ils
voulaient négocier avec une puissance
ennemie, et c'étaient leurs enfants que
Ton donnait en otage pour garantie
de l'exécution des conventions arrê-
tées.
Il suit de ce qui précède que les rois
germains étaient , par les grands qui
rormaient leur conseil , et dont l'adhé-
sion leur était nécessaire , tenus dans
les liens d'une tutelle quelquefois fort
§énante. Pour échapper à l'action
'hommes orgueilleux et jaloux , qui
avaient le pouvoir de les contredire
et le droit ae refuser leur concours à
une expédition militaire que la nation
n'avait point ordonnée, ou que ne né-
cessitait point le besoin de défendre
le pays , ces rois imaginèrent de choi-
iir parmi eux une troupe d'élite, com-
posée de guerriers jeunes et aventu-
reux, dont ils payaient les services
lar des banquets, des armes de guerre
>u de chasse , des chevaux de prix ,
;tc. 9 et dont ils exigèrent , outre le
erment de fidélité, celui du dévoue-
nent le plus absolu. Ces guerriers ,
lue Ton appela les compagnons (voy.
^i.2LBMAGNE , tomc I, page 46), fu-
ent, parmi les Germains, les premiers
lOnimes libres qui consentirent à alié-
ler leur indépendance et devinrent
assaux.
Une fois environnés de cette milice
ermanente , les rois germains furent
eauGOup moins contrariés dans leurs
rojets par les grands dont la puis-
balançait la leur, et la paralysait
même quand ils se liguaient entre eux
pour faire prévaloir leur opinion.
Aussi , ils comblèrent de marques
d'estime les hommes intrépides qui
s'attachaient à leur fortune , qui con-
sentaient à leur prêter le serment de
dévouement. De leur côté , les compa-
gnons se piquaient de remplir ce ser-
ment dans toute son étendue. Au pre-
mier appel , ils prenaient leurs armes,
se rangeaient sous leurs enseignes, et,
sans demander pourquoi, s'élançaient
sur le peuple désigné à leurs coups.
Si leur roi rencontrait la mort dans
une bataille , ils se faisaient tous tuer
jusqu'au dernier sur son cadavre ; s'il
était fait prisonnier , ils se rendaient
sur le champ pour partager sa capti-
vité ; car c'eût été un opprobre pour
eux de rentrer sans lui dans leurs tri-
bus.
Les grands, en se dévouant au roi,
faisaient corps avec le peuple auquel il
commandait , et perdaient réellement
une partie de leur indépendance ; mais
ils n'aliénaient point l'autorité qu'ils
avaient sur leurs cantons ; de plus, ils
nese plaçaient point sous sa protection ,
et ne se faisaient point ses hommes ,
comme les Antrustions. Ils s'asso-
ciaient volontairement à lui , à la con-
dition d'avoir part «à la gloire et au
butin. Ils possédaient le droit de pren-
dre des compagnons parmi leurs su-
jets et même parmi ceux du. roi , qui
ne pouvait voir avec ombrage qu'un
des siens se dévouât à un chef dont lui-
même avait reçu le serment de dévoue-
ment.
On se faisait le compagnon du roi
pour la vie, ou pour le temps que de-
vait durer une expédition déterminée,
après laquelle on redevenait indépen-
dant. Comme aucune loi n'obligeait
de se donner, soit d'une manière , soit
de l'autre, il s'ensuit que quand on
l'avait fait, on était tenu de suivre
son chef avec docilité, de lui obéir
aveuglément et de ne jamais l'aban-
donner, sous peine d'être puni comme
déserteur ou parjure. Du reste, l'en-
gagement était rompu à la mort de
celui avec qui on l'avait contracté, et
un roi n'héritait d'aucun droit sur
T. Y. SO*" Livraison. (Digt. bngyglop., etc.)
80
466
GOH
L'UNIVERS.
CAJH
les compagnons de son prédéces-
seur.
Malgré les avantages dont jouis-
saient les compagnons, ils ne furent
jamais très-nombreux i parce que beau-
coup d'hommes libres préférèrent leur
fière et sauvage indépendance aux pro-
fits que pouvait leur valoir ce qu'ils
regardaient comme une servitude.
Quand Glovis se convertit à la religion
chrétienne, il n'en comptait pas plus
de trois mille, qui, croyant devoir à
leur chef le sacrifice de leurs croyances
religieuses, reçurent le baptême avec
lui. Il y ajouta plus tard ceux des pe*'
tits rois de sa jfamille qu'il détrôna,
mit à mort, et auxquels il se substitua.
Quand sa monarchie fut assise sur des
bases solides et s'étendit sur un vaste
territoire, ce fut parmi ses compa-
gnons qu'il choisit les officiers dont il
composa sa maison , ainsi que les ducs
et les comtes chargés du gouverne*
ment des provinces; ce fut à eux qu'il
distribua les bénéfices militaires et les
terres fiscales dont il dépouilla les
Komains, en se réservant les droits
qu'il avait au dévouement des nou-
veaux dignitaires et possesseurs. Alors,
ouand on vit que le dévouement con-
cluisait à la puissance et à la richesse,
l'ambition et l'avarice imposèrent si-
lence à l'orgueil ; tous les grands restés
libres jusque-là offrirent de se dévouer,
et bientôt il n'y eut plus de compa-
gnons parce que tout le monde le fut,
a l'exception de ceux qui , en raison de
l'infériorité de leur condition, ne pu-
rent point se recommander pour un
bénéfice. (Voyez Recommandation.)
Il résulta de cet arrangement un
nouvel ordre de choses qui consolida
le pouvoir royal, mais pour un temps
fort court. Le traité d Andlau, entre
les fils de Glovis, en rendant hérédi-
taires des concessions qui n'avaient été
faites que pour un nombre d'années
limité, avec faculté de retrait en cas
de félonie, lui porta une première at-
teinte, qu'aggrava encore une mesure
semblable prise forcément, plus tard»
Ïiar Charles le Chauve. Alors, toutes
es entraves d'autrefois reparurent, et
la féodalité tint la royauté courbée
sous un joug si solide, qu'il fallut ï
celle-ci onze siècles pour s'eo délivrer
entièren^ent.
Le nom de CoMPAanoif s a encore
eu une autne acception daos les pre-
miers temps de notre histoire. Vers la
fin de la domination romaine, on nom-
mait cornes, comte ou compagnon, im
assesseur qui accompagnait un niagis^
trat dans sa province , et le déchargeait
des détails dans lesquels il ne pouvait
entrer lui-même. Quand les comtes
furent devenus des magistrats investis i
de fonctions civiles et militaires, ils
eurent à leur .tour des compagnoos
pour préparer les affaires et jugei
celles qui avaient peu d'importance.
Les Francs maintinrent dans les Gau>
les les institutions qu'ils y trouvèrent
établies, et qui régissaient les hooioies
vivant sous la loi romaine. Les com-
pagnons furent donc conservés par
eux pendant tout le temps de la pr&
mière race et le commencement de ia
seconde. Lorsque sous Charles le
Chauve les fiefs et bénéfices furent (l^
venus entre les mains de leurs posses-
seurs des seigneuries héréditaires, et
que le droit de rendre la justice fit
partie de la souveraineté, les seigoeun
curent des compagnons différents de
leurs vassaux pour les assister daoi
leurs plaids , et formant leur cooseii
particulier.
Ces compagnons, pour qui Tassis^
tance aux plaids ou assises n'était
point un devoir féodal , comme œioi
que remplissaient les vassaux, ^^
vaient de leur suzerain des gages ei
argent, vêtements ou denrées. UneW
somptuaire de 1224 nous apprend ^
les comtes, barons et coevaliersi
avaient encore des compagnoss aux*
quels ils ne pouvaient donner pins de
deux robes par an; le don de ces robcf
se nommait livraison^ de là vient it
nom et l'usage des livrées. Les cotf*
pagnouSi. attachés spécialement à 11
{personne du maître , se livraient daH
'intérieur de son hôtel à divers soi»
domestiques, et ils jouissaient d'ail
considération supérieure à celle quw
tenaient même les 01s du seigoetf
auquel ils appartenaient» Aunlèuff*
COM
FRANCE.
467
d'eux étaient les éeuyers qui se véUUeni
de leur propre y et dans un rang de
beaucoup inférieur, les écuyem domes-
tiques. On ne peut pas fixer Tépoonie
précise où les seigneurs cessèrent a'a-
voir des compagnons.
GoMPANS, ancienne seigneurie de la
Brie champenoise, aujourd'hui dépar-
tement de Seine-et-Marne, à 6 kilom.
de Dammartin, érigée en comté, en
1670, en faveur de Louis Boucherat,
depuis chancelier de France.
CoM^ÂNS (Jean-Dominique, comte),
lieutenant général, pair de France,
naquit en 1760, à Salière, départe*
ment de la Haute-Garonne. Il partit
pour la frontière, en 1792, comme
capitaine dans le 3* bataillon des
gardes nationales de son département;
se distingua aux armées des Alpes,
d'Italie et des Pyrénées-Orientales.
Devenu, en 1798, dief d'état-major
de Tarmée d'Italie, Il se signala dans
plusieurs occasions contre les Autri-
chiens, contre les Russes , et mérita le
grade de général de brigade. Ce brave
(officier, que Tïapoléon regardait avec
raison comme run de ses meilleurs
généraux, fut chargé, après la bataille
'léna, de commander une division. Il
prit part à tous les succès de nos ar-
mées , et il n'est guère de bulletin dans
lequel son nom n'ait été honorablement
cité. Il fit des prodiges de valeur pen-
dant la campagne qui suivit la retraite
de Russie. Après la retraite, à Lutzen,
il empêcha les Russes de déborder
l'armée française; à Bautzen, à Wa-
ehau, à Leipzig, il fit les plus héroï-
lues efforts; dans cette dernière ba-
taille , il fut couvert de blessures ; mais
es dangers de la France le retinrent
90US les drapeaux; et, en 1814, il fut
lu nombre des braves qui disputèrent
>ied à pied le sol de la patrie aux ar-
nées étrangères. Il vint ensuite pren-
ire position à la butte de Beauregard,
H*ès de Belleville, et y fit tout ce qui
iépendait de lui pour retarder la né*
»ssité d'une capitulation. Napoléon
ijant abdiqué, Gompans, dont Vhabi-
été et le savoir égalent la bravoure,
îàt nommé membre de la commission
lu contentieux de la guerre, et appelé
aa conseil de la guerre. Pendant les
cent jours, il reprit les armes, et fut.
fait prisonnier a Waterioo : peu de
jours après, Il revint en France, et fiit
créé pair le 17 aodt 1818.
GoHPAHi. (combat de). *^ Battu à
Arcole les 16, 16 et 17 novembre 1796,
car cette mémorable bataille dura trois
jours 1^ le maréchal Alvinzi voulait, ea
se retirant sur Montebeilo, marrher
jusqu'à Vicence, et rejoindre son lieu-
tenant Davidowich par les gorges de la
Brenta; mais, dès le 18, Bonaparte
avait pris ses mesures pour fondre
sans délai, avec ses troupes réunies,
sur celles de Davidowich qui étaient
cantonnées à Castel-Novo et à Pa-
cengo, non loin de Vérone. Le plan de
Bonaparte était si habilement combiné,
qu'il entraînait la perte de la division
Davidowich. Par malheur, ce général*
apprit le 19 la défaite d'Alvinzi, et
lorsque, ce jour-là, les colonnes fran-
çaises s'ébranlèrent pour rattaquer»
sentant tout le péril de sa position, il
était déjà en marche pour regagner les
montages. Néanmoms, la tête des
Français atteignit l'arrière-garde au-
trichienne à Compara. Les régiments
d'Ehrbach et de Lattermann éprouvè-
rent de grandes pertes, spécialement
le premier, dont tout un bataillon fut
coupé et contraint de se rendre. Un
autre détachement de trois ou quatre
cents hommes, qui espérait se sauver
en traversant l'Adige, se noya presque
entièrement.
GoHPÈBB et CoifitàRjs. — Au
moyen âge, ces noms, consacrés par
la religion, et marquant une espèce
de parenté snirituelle , étaient des ti-
tres honorables , et non pas , comme
aujourd'hui , des qualificatioBS rail-
leuses et triviales. D'un autre côté, le
lien qui unissait le parrain et la mar-
raine fut longtemps considéré par l'É-
glise comme un empêchement au ma-
riage, et cet empêchement fut souvent
exploité dans l'intérêt de la politique
et dans celui des passions. Il rautvoir,
dans Grégoire de Tours , avec quelle
adresse perfide Frédégonde, lorsqu'elle
était encore au nombre des servantes
de la reine Audovère, sut faire tourner
30.
L'UNIVERS.
COM
cette loi eodësiastîqueau profit de son
ambition.
Chilpéric venait de partir pour une
expédition au delà du Rhin, contre les
Saxons, laissant sa femme enceinte de
plusieurs mois. Avant son retour, elle
accoucha d'une fille , et consulta Fré*
d^onde pour savoir si elle devait la
faire baptiser en l'absence d^ son
mari : « Madame , répondit la rusée
suivante, lorsque le roi mon seigneur
reviendra victorieux, pourrait^il voir
sa fille avec plaisir , si elle n'était pas
baptisée C) ?» La reine prit ce con-
seil en bonne part , et Frédégonde se
mit à préparer le piégé où elle voulait
la faire tomber. Ouand le jour du bap-
tême fut venu, à rheure indiquée pour
la cérémonie, le baptistère était orné
de tentures et de guirlandes; Tévéque,
en habit pontificaux , était présent;
mais la marraine n'arrivait pas , et on
Tattendit en vain. La reine ne savait
que résoudre, quand Frédégonde , qui
se tenait près d'elle , lui dit : « Qu'y
« a-t-il besoin de s'inquiéter d'une
« marraine? Aucune dame ne vous
« vaut pour tenir votre fille sur les
« fonts ; si vous m'en croyez , tenez-
« la vous-même. » L'évéque , proba-
blement gagné d'avance, accomplit les
rites du baptême, et la reine se retira
sans comprendre de quelle consé-
quence était pour elle l'acte religieux
qu'elle venait de faire.
Au retour du roi, toutes les jeunes
filles du domaine royal allèrent à sa
rencontre, portant des fleurs et chan-
tant des vers à sa louange. Frédé-
gonde, en l'abordant, lui dit : « Dieu
• soit loué de ce que le roi notre sei-
« gneur a remporté la victoire sur ses
« ennemis, et de ce qu'une fille lui est
« née 1 Mais avec qui mon seigneur
« dormira-t-il cette nuit? car la reine,
« ma maîtresse, est aujourd'hui sa
"^XA commère et marraine de sa fille Hil-
«deswinde. — £h bien! répondit le
« roi , si je ne puis dormir avec elle ,
ft je dormirai avec toi. » Sous le por-
tique du palais, Chilpéric trouva Au-
dovère, tenant entre ses bras son en«
faut , qu'elle vint lui présenter avec
une joie mêlée d'orgueil ; mais le roi,
affectant un air de r^ret, lui dit:
« Femme , dans ta simplicité , tu as
« fait une chose criminelle ; désormais,
« tu ne peux plus être mon épouse. »
— En rigide observateur des lois ec-
clésiastiques, le roi punit par Texii
l'évéque qui avait baptisé sa fille, vt il
engagea Audovère à se séparer de lui
sur-le-champ, et à prendre, comme
veuve, le rôle de religieuse (*). «Quel-
jques iours après cette répudiation,
Chilpéric épousa Frédégonde.
!Nos annales of&ent encore ane as-
tre circonstance où cette parenté fic-
tive, conférée par les cérémonies du
baptême, servit de voile à 4a perfidie
et a l'ambition : ce fiit quand la cour
de Rome lança ses foudres contre le
pieux Robert et contre sa femme,
parce que le roi avait servi de parrain
a l'un des enfants de Berthe et du
comte Eudes son premier mari. (Voy>
Berthe et Robert.)
L'Église s'est relâchée depuis de ces
rigueurs; cependant elle ne permet
encore le mariage entre compères et
commères que moyennant dispenses.
CoMPiÈGNE , Compendium , yi^
fort ancienne d^: duché de Valois, as-
jourd'hui cheC^f^u de sous-préfecbire
du département de TOise. On a attri-
bué, sans fondement , la fondation de
Compiègne à Jules César ; cependant,
les médailles et les antiquités que Foo
trouve fréquemment dans les environs
sont une preuve que Compiègne avait
déjà quelque importance à l'époque de
la domination romaine. Quoi qu'il eo
soit , dès le règne des premiers vM
de France, on y voyait une njaisoi
royale où presque tous les princes à
la première et de la seconde race pu-
blièrent des actes importants. Cbaiw
le Chauve, en 876 , agrandit et embei'
lit la ville de Compiègne, et lui dooBi
le nom de Carlopolis. Il fit aussi Utf
dans les environs deux châteaux, dont
l'un a subsisté jusqu'à saint hv^)
(*) Gesta reg. Franc, apitd script, ren
galU tt franc, II, 56 1.
(♦) Aug. Thierry, Récits méropingi^i
t. I, p. 33i.
FRANCE (louis XJl)
CX>M
FRANCE.
GOH
169
qui en fit élever un autre. Celui-ci fut
reconstruit ou augmenté successive-
ment par Louis XI, François P*^, Louis
XIV, Louis XV et Napoléon. Louis
le Bègue, Louis V et Hugues Capet
furent enterrés dans l'église de Tab-
baye de Saint -Corneille , fondée par
Charles le Chauve.
En 1413, les Bourguignons , Tune
des deux factions qui se disputaient
alors la France , se rendirent maîtres
de Compiègne, qui leur fut repris Tan-
née suivante par Charles VL £n 1417,
les Anglais, qui s'en étaient emparés,
en furent chassés par un vaillant ca-
pftaine, Bosquiaux , qui défendait le
château de Pierrefonds. La trahison
de la reine Isabeau de Bavière fit en-
suite retomber Compiègne et tout le
nord de la France au pouvoir des An-
glais, mais, quelques années plus tard,
Charles VII s'étant présenté devant la
ville, y fut reçu aux acclamations du
peuple. Cependant , en 1430, Compiè-
fne fut de nouveau assiégé par le duc
e Bourgogne, et ce fut dans une sor-
tie contre les assiégeants que Jeanne
d'Arc, qui s'était renfermée dans la
place, tomba au pouvoir des ennemis.
(Voyez Jbanne p'Abc.)
Vd fut dans le château de Compiè-
gne que Napoléon , au mois de mai
1808, relégua le roi d'Espagne Char-
les IV, sa femme, et leur favori Go-
doî. Enfin , ce fut dans le même châ-
teau qu'eut lieu, au mois de mai 1810,
le mariage de l'empereur et de l'archi-
duchesse d'Autriche , Marie - Louise.
Les monuments remarquables de
Compiègne sont : le pont construit sur
rOise, de 1730 à 1733; les églises de
Saint- Jacques et de Saint- Antoine;
rhdtel de ville , et surtout le château
royal , l'un des plus beaux de France.
Cette ville est la patrie de P. d'Ailly,
chancelier de l'université de Paris,
BOUS Charles VI , de Jean Fillîon , de
Venette, de dom P. Coûtant, de Marc-
A.ntoine Hersan, etc. Autrefois chef-
iieu d'élection, elle possède aujourd'hui
les tribunaux de première instance et
le commerce, un collège communal
^ une bibliothèque publique. Sa po-
>alation est de 8879 nab.
Oe fut à Compiègne que s'assembla,
le l*"' octobre 833, ce plaid fameujc où
se consomma la dégradation du mal-
heureux Louis le Débonnaire, soumis,
nar une intervention inouïe du clergé
iranc, à une pénitence et à une dégra-
dation publique. (Voyez Louis le
DÉBONNAIRE et LoTHAiBE , et pour
les détails de cette diète, l'acte publié
dans le Recueil des conciles du P. Sir-
mond, et dans les Historiens de
France, tom. VI, p. 243, sous le titre
de Âcta impiâe et nefandm exauctO"
ratUmis Ltidovici Piiy imperatoris.)
Compiègne (sièges de). —La guerre
ayant recommencé en 1413 , entre le
duc de Bourgogne et les seigneurs de
France qui entouraient Charles VI ,
Jean sans Peur « se reconforta , as-
sembla ses gens pour chevaucher vers
Paris, et se logea d'abord à Saint -De-
nys, puis à Compiègne, où il mit gar-
nison et laissa moult vaillans gentils-
hommes. » L'année suivante , le roi
« fîst des mandemens par toutes ses
parties du royaume, assembla bien
80,000 hommes où il y en avoit moult
de haute seigneurie (*), et chevaucha
droit à Compiengne, et là mist le siège
tout autour. Mais il y eut de grans
escarmuches, et moult firent ceux de
la ville de paine aux gens du roy. »
Enfin , le vaillant bâtard de Bourbon
manda aux habitants « qu'il les yroit
« esmaier le jour de may au matin. »
On se prépara dans la ville à le bien
recevoir; « et, quant vinst le jour de
may, le bastart de Bourbon , grande-
ment accompaignié , vinst à la porte
de Compiengne, et avoit, luy et ses
gens, chescun ung chapel de may sur
la teste armée. Là , y eut grant as-
sault d'un costé et d aultre, et y en
eut moult de bléchiés ; » mais, quelque
défense que fissent les gens du duc de
Bourgogne, ils se virent enfin obligés
de se rendre , à condition « qu'ils s'en
yroient sauve leurs corps et leurs
biens, et le roy le leur accorda. »
Compiègne fut encore plusieurs fois
pris et repris par les Bourguignons et
(*) Mémoires de Pierre de Fenin , p. 39
et soiv.
470 . oom L*umv£iis.
par les Armagnacs, «par qaoyelle( fut On souf^^nna Gaîllaome de Flavi,
moult dommâçiée. » En 142^, elle se gouverneur de Compiègne , Se l'aToir
l'endit à Henri Y, powr retomber, un sacrifiée à dessein , impatienté de ce
an après, âu pouvoir des gens du roi qu'on lui attribuait à elle seule toute
Charles. Cette fois encore , elle fut la gloire de la défense. Cependant le
cruellement pillée. Bientât les Bour- siège continua. Compiègne était réduit
guignons revmrent y mettre le siège ; aux dernières extrémités , et se défen-
« mais ils faillirent à leur entreprise; dait néanmoins avec acharnement. Les
car les gens du rôy qui estoient de- capitaines de Charles VU rassemblé-
dens ladeffendii^entbien, et tant firent rent enfin quatre mille combattants,
quMl falttt que les assiégeansse deslo- et attaquèrent le camp des Bourgui-
gassent. Assez tost après , le duc de gnons pendant , que les assiégés enle-
Bethefort, régent, vînt prier au sel- Vaient leurs bastides. Aussitôt le siège
gneur de Saveuses qu'il vousist aller fut levé avec précipitation. Les An-
mettre le siège devant Compiengne et glais, au reste , se crurent amplement
luy bailleroit gens et paement ; et luy aèdommagés de cet échec par la prise
envole à tout trois cens combatans en- de la Pucelle.
glez , lesquels tindrent siège environ Composition. — C'est le nom qoe
quinze jours. » Au bout de ce temps, l'on donne, dans la législation du
les assiégés capitulèrent à des condi- moyen âge, ou, pour mieux dire, dans
tiens honorables , et bientôt « il n'y la législation barbare, à là compensa-
eut plus de places en l'ïlIe-de-France, tion pécuniaire que l'homme qui s'ê*
ne aux mètes (frontières) d'entour qui tait rendu coupable de meurtre, de
ne fussent en l'obéissance du roy violence ou de blessures, devait payei
Henry (*). » à la famille de la victime ou à la vic-
— Au printemps de l'année 1430, les time elle-même , si elle avait survécu
bourgeois , résolus à sauver le pays, aux sévices dont elle avait été robjct
malgré le roi , chassaient de toutes Voici à quel taux rhomicide était eva^
parts l'Anglais, quand la Pucelle vint, lue dans les différentes lois barbares:
par sa présence, ajouter encore à l'en-
thousiasme. Le duc de Bourgogne P«>«'«nFranclîbre,d6lâM.i^*iroy*lè,
ayant entrepris le siège de Compiègne, pou, un duc. che. le. Bararo». et «n é«^é.
Jeanne d'Arc se jeta dans cette place, qae chez les Aiemans gSo
accompagnée de Xaintrailles , de Cha- ^""^^ ***» *»*»•""• *^f *» î«*\e ^^J^^^» ^
bannes, etc., et fît avec eux unesortie, . ^t^'^^^t^ ' r""^ s^
le 24 mai , à la tête de 600 hommes. Pour un diacre ^es les Ripnaires. ... 1 ! 5o«
Les Français, d'abord vainqueurs , du- ^*»?''„*»'' <*»«"« "^^ >«* Aieman* et les
rent céder enfîn à la supériorité du wJL'rf^.*:"*!.'!".*""^^^^
nombre, et firent retraite en bon or- l*ouranRoi|iainVconrié'dnrôi;poarûn
dre. Jeanne, toujours à l'arrière-garde, 5?!."*'" *°® '^•"* ". ««î»»»» chez le»
s'arrêtait de temps eu temps et faisait f^J;'"*: f^;^^ p.'**"*';"! !** !*f!T
volte-face. Déjà les derniers rangs PouruncieranëHiirâ'cii'esi^Ripnaim;
avaient passé les barrières, quand un £**"' **** Franc ripuaire libre-, pour un
arche* picard s'approcha de la valeu- ^.'SiïrS.i'S ilT^X',^
reuse Pucelle, qu aucun de ses compa- un Franc virant sous uioi s«ii(|u«; «t
ghons ne protégeait , la saisit , et là ^ p^"' "" Dénan^.. ...... aoo
Fenversadeson cheval; Lyonel, bâtard 'T.«i.°rits.'"X-"Bo'^ïi:S:
de Vendôme , survint en ce moment : un Aleman , un BaTaroî» . un Frison
Jeanne se rendit , et lui donna sa foi, ^ °« ?.? ^^^P"* *^^?' les Ripuaires ii»
Cet officier la céda au sire de I,uxem- ^-^Jr.T^Ui'i'J^r «i^^
bourg , qui la Vendit aux Anglais, a la les Bourguif nous t$«
etânde loie de ces féroces ennemis. ^^^ ""* homihe de condition moyenne,
° ** un escIsTe outriei' en aryent, dies les
^-« —r t *ta • «1. . Bourguignous I wn Romain ^y«f«ttr»
(*) MémOli^ de Pierre de Fetiin. ab homme da roi oad'iHMéfUfi/
4%
COtt FRANCE. GOtt 471
Ui RtpteiNs t «n eoioa. a'apfte 4mix YAnt d'uii meurtrier au fite de «es y'io-
voZCtZtSi::^:!';;r'^ênc:'ée """ fci«««. devenu son ami : « Tu dois me
l'église Ko « rendre de grandes actions de grâce,
Pour un forgeron (cMUte),ciiesie»Boiii*- « mon chcr frère, dc ce que i*ai tué
Po5ïl":i;d;Végii;e;a*â;;d;;i« *• « ^ parent», car > composition que
les Alemans ; ponr an Romain tribu- « CCla ta ValU S fait afflUOr lor et l'ar-
uire, chez le* Salions ••••.•• 45 « geut daus ta maîsoD ; tu scrais main-
PourunafrranchichexIesBararois;poiir -, ♦«-«-♦ «i»»» i« jjx«wi.«,«^«. ««. i^ z
un orfèvre, un armurier. unforgeVon; « tenant daUS IC dénâmcnt et la ffiH
chez les Alemans; pour un charron * SCrO, SI CSt événement DO t avait UQ
chez les Bonrçnignoas 4o « peu relCYé. »
Ponr on eaclaTC» fût-il mènmimwtnn «o- inrt»«»«s i /^A^fA «^a*;»» «m a a^ !»«->
Ion tribuuire . chez les Bipuaires. ... M . COMPS. — * CcttC petite Ville dC 1 aih
Pour un ganleur de cochons, chez les Cienue PrOVeUCe , aUJOUrd'hui chef<«
Bourguignons 3o lieQ de canton du département du
Pour un esclave, eh., le. BaTaroi. ^ y^^^ ^^^^ autrcfoiS UnC place fortC
Voici maintenant le tarif des coups assez considérable. Elle soutint un long
et des blessures : siège, et fut détruite de fond en com-
che» Us saiinu. Coup à la tête atcc ef- ble lofS dc la guerrc achaméc que se
fusion de sang. ................ 3o8ous. firent Charlcs d'Anjou et Charles de
Si le cerveau apparaît, et que trois os *.». ^ ^^ ^ i ^' ^ a i •
soient brisés. .. . 45 Duras pour la succession de la reine
Chaque coup, sans efTosioti de Mng.. . . 3 JeaunC. Sa pOOUlatiOQ s'élèvC SUJOUr*
Coup de poing 3 ^'^ui à 900 1130.
^. '^i'l'^-^Z\t7^U:i;;^, ' compte bbndu de Necker— C'est
cet os jeté i la distance de .4 pieds ré- ie nom SOUS Icquel OU désigne Tétat
M>nne sur un bouclier 6 ^j^g recettesctdes dépeuscs du royaume
ordiîe'coupée.!!::::;;:!::;;!;;;!:; i. puWié par ce ministre dans les pre-
Paupière supérieure coupée 6 micrs jours dc janvier 1781. C'était la
Nez percé. 6o première fois que l'on rendait compte
Làvre supérieure coupée ......«• o i j i« i
Le double pour la l^re inférieure. 3" P^^P}^ f^C 1 USagC qUC le gOUVemC*
Chaque dent cassée x meut faisait de ss fortuoc. La sensa-
Langue coupée 4o tiou produite par cette publication
S;"d^gt%*nnûi*.;;e'e;i;i::;:;::;:;;;: % f»* immense, et eue m époque dans
Castration 4o Ibistoire financière de la France. Dans
Cuisse coupée 8o ]e but dc rclcvcr sa popularité affai-
o'^braf Sr^ " .^'!:!*!!^! rs blic par la gucrrc d' Amérique , Necker
£»k«s/««iti/weir«).'ô'sbrisé..\..'..'...\ 36 * avait obtcuu du roi , quî approuvait
Nez. oeil arrachés, main, pied, coupé... loo tOUS SCS plsUS , la pCrmiSSioU dC pU-
^.w«fl;;à^l•.y;f.;^;,A:::::;:;: "l Wier le compte rendu de «on admi-
Os de la tête brisé 6 uistratiou des financcs ; cette innova-
oBii arraché, pied, main, oreille coupés. 4» tiou, indispensable à la fondation du
^•■P*~* ^ créditpublic, était, disait-il, tout le
La composition, qui avait été insti** secret de la prospérité financière de
tuée dans le seul but d'apaiser et d'é- TAngleterre. « Dans ce travail , em-
teindre les haines , était cependaut preint de tous les défauts du ministre,
quelquefois refusée par la partie offen- mais qui initia pour la première fois
sée, et ce refus était Tannonce de ter- la dation au mystère si soigneusement
ribles vengeances. Mais ce cas était gardé de la recette et de la dépense de
très-rare, et le plus souvent les plai- rËtat, il relevait avec une orgueilleuse
gnants Tacceptaient , et y trouvaient emphase les fautes commises par ses
une source d'abondantes richesses. On prédécesseurs, en se montrant comme
peut lire, pour s'en convaincre, la san- rhomme unique qui les avait réparées.
glante histoire de Sichaire , racontée Suivant lui, le déficit était comblé; et,
par Grégoire de Tours dans le sep- malgré 530 millions d'emprunts faits
tième et le neuvième livre de son his- pendant la guerre , et pro(iMisant 45
toire, et où Fon trouve ie propos sui- millions d'intérêts, la recette excédait
471
L'UNIVERS.
COU
la dépense de dix millions. Mais ce ré*
saitat merveilleux n'était pas claire-
ment démontré : on ne voyait pas ,
malgré de vraies économies et des ré-
formes administratives, par quels mi-
racles le ministre v était arrivé. Lui-
même semblait le démentir en jannon-
çant qu*il faudrait bientôt en revenir
au projet de Turj^ot : Tabolition des
privilèges en matière d*impdt; et en
effet , il paraît que le déficit non-seu-
lement n était pas comblé, mais s'éle-
vait à 46 millions.
« La cour s'indigna de cette innova-
tion démocratique , du ton insuppor-
table et des projets ultérieurs du mi-
nistre; elle regarda le compte rendu
comme une dégradation de la royauté,
qui s'abaissait à l'état -de la royauté
anglaise ; elle fit bonté à la reine de
la voie roturière où le roi se laissait
avilir; elle excita la jalousie du vieux
Maurepas. Necker, assailli par les
mêmes haines , les mêmes perfidies ,
les mêmes intrigues qui avaient ren-
versé Turgot, mal soutenu par le mo-
narque , toujours docile aux clameurs
des courtisans , donna sa démission.
Sa disgrâce fut regardée par le peuple
comme une calamité publique C^). »
Voy. les Annalbs, 1. 1, p. 175 et suiv.,
et au Dictionnaire, l'article M£gkeb.
CoMPTB BENDU DE 1«32. — La ré-
volution de juillet était à peine con-
sommée, qu*une forte opposition se
forma dans la chambre contre la mar-
che du gouvernement. Les députés qui
la composaient crurent apercevoir dans
les actes du pouvoir une tendance évi-
demment contre-révolutionnaire, et
pensèrent qu'il était de leur devoir
d'en avertir le pays. En conséquence,
MM. Barrot et Garnier-Pagès rédigè-
rent séparément un compte rendu qui
fut soumis à l'approbation des Qua-
rante et un députés présents à Paris.
La rédaction Je M. Barrot ayant été
trouvée trop peu énergique, et celle de
M. Garnier-Pagès un peu provocatrice,
M. Gormenin fut chargé d'en composer
une troisième conjointement avec M.
(*) Th. Lavallée, Histoire des Français,
X m, p. SaS.
Barrot; ces deux députés firent une
excursion hors de Paris, et rédigèrent
en ces termes ce manifeste , l'un des
documents les plus curieux de notre
histoire contemporaine et qu'à oe titre
nous croyons devoir reproduire ici C) :
A nos commettants.
Les députés soussignés, présents à Paris,
convaincus des périls d'un système qui
éloigne le gouvernement de plus en plus àt
la révolution qui Ta créé , regardent , dus
la situation actuelle de la France , comme
le plus impérieux de leurs devoirs, de ro*
dre compte à leurs commettants de leon
principes et de leurs votes. S'il n'a pas été
en leur pouvoir de ramener le gcavertM*
ment . aux conditions de sa propre conao^
vation, il est du moins en leur pouvoir de
signaler le danger.
Notre révolution de i83o a été dÎTOK-
ment appréciée. Les uns n'y ont vu qu'on
incident , qu'une modification de la restin*
ration, et ils en ont conclu que les homact
et les principes de la restauration devaient
être les principes et les hommes^du gourer
nement nouveau. L'influence de cette opi-
nion s'est retrouvée dans toutes les pkaw
de la longue et stérile' session qui vient de
s'accomplir. On l'a reconnue dans les dé-
bats sur la liste civile , sur l'hérédité de h
pairie, sur l'organisation de rarmée;elfei
présidé à la discussion du budget; elle di-
rige Tadministraiion de l'empire, et règle
son attitude vis-à-vis de l'étranger.
Les autres , et les soussignés sont de ce
nombre , ont salué , dans la révélation de
Juillet, la consécration définitive des pris*
cipes et des droits proclamés par la granik
révolution de 17S9. Ces principes et es
droits , telle est la base large et puissaote
sur laquelle ils auraient touIu asseoir k
trône. Leurs discours et leurs voles ont clé
été constamment la conséquence de oede
pensée.
Ainsi, lors de la discussion de la liste ci-
vile, nous avons cm que la royauté noi-
velle avait d'autres conditions de force tf
d'existence que le luxe et la corruption dei
vieilles monarchies ; que , forte de son ori-
gine populaire et de la raison publiqBei
elle n'avait besoin ni de frapper les iàièr
nations par son opulence , ni d'aebeler «>
dévouements ; dans la même discusiioo, 4
(*) Pour plus de détails , voyez le Bi^
tionnaire politique, art, Coxpti aiavo.
GOH
FRANCE.
€0V
478
tvff rinsistanceda ministère à rétablir dans
notre langage et dans notre droit politi-
ques y l'expression féodale de sujets , nous
avons dà protester.
Les débats sur la constitution de la pai-
rie ont été un vaste champ où les parti-
sans des doctrines du régime déchu ont
fait connaître à la fois et leurs désirs et
leurs regrets. A les entendre , rien de plus
sacré que les privilèges préexistants à la
révolution; et, suivant eux, point d'État,
point de société possibles hors l'hérédité
de la pairie. C'était une pensée de la res-
tauration.
Quant à nous, fidèles au principe d'éga-
lité et de souvâ*aineté nationale , nous
avons fait prévaloir le vœu de la France,
et rhérédtté a été abolie.
Nous voulions plus : nous demandions
que le pouvoir législatif, même dans l'autre
chambre, dérivât d*une délégation du sou-
verain , c'est-à-dire de la nation. Nous ne
voulions pas que certains pairs pussent se
dire plus légitimes que le roi. H nous pa-
raissait que la révolution devait élire ses
législateurs , comme elle aurait dû instituer
ses juges. La majorité en a jugé autrement :
le temps et l'expérience prononceront en-
tre elle et nous.
L'armée a été l'objet de notre plus vive
lollicitude. Réparer, pour le passe, les in-
justices de la restauration ; la rendre pour
l'avenir redoutable aux ennemis de la
France, sans que la liberté intérieure en
pût être menacée; assurer l'avancement
ion à la faveur, mais aux services ; répan-
Ire l'instruction dans les régiments ; enfin,
iméliorer, sous tous les rapports, la condi-
ion du soldat, tel était notre but. La pro-
>osition de reconnaître les grades et les
lécorations des cent jours satisfaisait au pre-
DÎer de ses vcbux , et elle avait été adoptée
»ar les deux chambres. Il appartenait à une
aesure législative de consacrer une répara-
ion qui n'était pas individuelle mais col-
9ctive. Sans donner ni refuser la sanction
oyale, le gouvernement a substitué une
rdonnance à une mesure législative , mé-
risant ainsi l'initiative des chambres, vio-
int les règles de compétence constitution-
elle, et même les formes matérielles éta-
lies pour le refus de la sanction. Nous
rons dû protester.
Deux systèmes étaient présentés pour
organisation de l'armée : l'un, qui de-
landait une puissante réserve , composée
B la garde nationale et des soldats libérés
du service , aurait permis de dîmioner la
force et les dépenses de l'armée perma-
nente ; l'autre , au contraire , laissait la
garde nationale mobile sans organisation ;
il exigeait inutilement la présence sous le
drapeau d'un plus grand nombre de sol-
dats.
■ Le premier système , plus économique ,
|>liis favorable à la fusion de la ganfe na-
tionale et de l'armée, était le nôtre. Le se-
cond a obtenu la majorité.
Le budget semblait devoir réunir toutes
les opinions dans des vues d'économie et
de soulagement des contribuables.
Les continuateurs de la restauration ont
trouvé toutes les dépenses légitimes , tous
les impôts bien assis : et, comme si ce n'eût
pas été assez de la loi douloureuse de la
nécessité, ils se sont chargés, dans leurs in-
sultantes théories, de fiiire considérer
comme un bienfait l'exagération de l'impôt.
Nous aurions voulu que la révolution ap-
portât sa dot au peuple. Loin de nous la
J>ensée de compromettre des ressources que
a défense du territoire peut rendre néces«
saires ; mais une administration plus écono-
mique et plus simple , une meilleure as-
siette de certains impôts , un mode de re-
couvrement moins tracassier, diminueraient
le fardeau des charges publiques , elles en
deviendraient plus équitables et moins pe-
santes pour les classes laborieuses.
Les questions d'administi-atioh inté-
rieure nous ont aussi trouvés divisés. Autant,
et plus que nos adversaires, nous voulions,
nous demandions la répression de toutes les
atteintes à l'ordre public. Convaincus que
la sécurité est le premier besoin d'un peu-
ple dont l'existence est dans le travail, nous
pensions qu'un gouvernement populaire
aurait eu plus de force pour prévenir les
troubles, et plus de modération pour les
réprimer. Le gouvernement , qui s'est pro-
clamé si fort , n'a réussi par ses violences ,
selon son propre aveu , qu'à organiser la
résistance sur tous les points du territoire,
et à jeter, dans les populations les plus dé-
vouées , des ferments d'irritation et de dé-
sordre.
Quant au personnel de l'administration,
après la chute d'un gouvernement auquel il
se rattachait naturellement un certain nom-
bre d'existences, il était facile de reconnaître
où se trouveraient les ennemis d'un nouvel
ordre de choses. Le gouvernement, abusé
par de funestes doctrines et par d'injustes
préventions , n'a vu d'ennemis* que dans
t wilnini pour b Cm»
Un membre de roppotition a Toula que
la Fraaee fût eafia fi fon goaTernemeat
caraindrait de fe compromeUre faiif retour
afec elle daof la révolutioa de juillet. La
proposition Bricquenlle, après avoir échoué
une première foil , a été reproduite dans la
dernière testioo. Elle était conune le prea-
sentiment d'une tentative récente, dès Ion
méditée, et dont le pouvoir, si Ton en croit
son organe officiel, possédait déjà le secret.
On a vu cependant le parti ministériel réu-
nir tous ses efforts pour dénaturer cette
proposition, et même, après le vote des
chainbres, un mauvais vouloir en a retardé
la sanction, comme si cet inexplicable délai
devait être une protestation tacite et un
motif d'absolution. Ce svsième de ménage-
ments compromet la paix intérieure de la
France, et porte les hommes timides à dou-
ter d'un gouvernement qui parait douter de
lui-même.
La dernière session semblait plus parti-
culièrement consacrée à la réalisation des
promesses de la charte. Les chambres de-
vaient constituer le pouvoir municipal dana
toutes sea branches , organiser la responsa-
bilité des ministres, celle de tous les agents
du pouvoir, l'instruction primaire et la li-
berté de Renseignement. ISous avons pressé
Taccom plissement de ces promesses. Nous
demandions un système municipal (]ui dé-
centralisât les petites affaires , simplifiât les
grandes , étendît partout les éléments de la
vie politique, et associât au moins au droit
de cité le plus grand nombre possible de
citoyens. Une large organisation du dépar-
tement et de la commune serait en effet le
Elus puissant moyen de force , d'ordre pu-
lic et de prospérité matérielle. Des projets
de loi avaient été arrachés, pour ainsi dire,
au ministère par les exigences de ropiniou ;
ils ont été neutralisés dans la chambre par
une secrète influence , et détruits enfin par
des ajournements indéfinis. Tels étaient nos
vœux sur la politique intérieure , ils ont été
impuissants.
Dans les relations de la France avec l'é-
tranger , notre bannière a encore été celle
de 1789 : point de gueire d'ambition ni de
conquêtes, mais indépendance absolue à
l'intérieur de toute influence étrangère.
C'est la rougeur sur le front que nous avons
plusieurs fois, dans le cours de la session ,
. entendu les agents du gouvernement parler
de la crainte de déplaire aux cabinets
L*IJlfIVKRS.
étrangen. Nom croyionf que h Fnm
était à jamaif affirancme de cette humiiiim
influence : nous ne désavouons pas m
vives sympathies pour le bonheur et hli»
berté des autres peuples, mais doos d'itou
jamais eu la prétention de les soiunettRÎ ^
nos institutions.
Après le renversement d'une dynitiit
imposée par la sainte alliance, le gouven»
ment devait f urveiller avec inauiétude la
mouvements des monarques etrao§en.Il
ne devait pas leur permettre sortoat lé-
tendre et d augmenter leur paissanoe.
Il Pavait reconnu lui-même , (pond \
avait annoncé à la France Tintentioa ik
secourir l'Italie contre l'Autriche , et k
Jïrotéger contre la Russie la nationalité pD-
onaise. Et cependant , malgré ses proous-
ses formelles, malgré les intérêts andenid
nouveaux de la France , il a abandooDén-
talie à la domination de rAutriche,et3i
laissé périr la Pologne , cette Pologne qe
nous pouvions secourir , quoi qu'on eu w
dit à la tribune, et que notre devoir était
de sauver.
Que l'on ne croie pas qu'un langage a»-
sure et ferme eût amené la guerre : dm
croyons, au contraire , que c'était le seul d
le plus sûr moyen de conserver la paix.
En résumé, la paix avec riudépeixlaace
et la dignité de la France, l'ordre par h
liberté , une fidélité inaltérable à la pensa
de la révolution de juillet , pensée de ai-
tioualité , de justice , d'ordre , de gloire (t
de modération, de liberté et de civîlisalioa
générale , pensée glorieuse et pure que vf^
aimons à reproduire , que tous nos votH
ont fidèlement exprinaée^ que nos ce»
n'ont jamais trahie : telle a été et teOc isi
toujours notre religion politique.
Loin de nous d'imiter nos advtfsaird
dans leurs violences et leurs calomoiB-
Mais que les hommes du i3 mars noos v
sent si une seule de leurs promesses 1 *
tenue.
'Ib devaient réunir autour du trône |(*'
tes les opinions, et ils ont jeté des divisM*
funestes parmi des hommes généreoi ^
rapprochaient l'amour de la liberté ei R
sentiment du danger de la patrie.
Ils devaient affermir la révolution, e<B
ont brisé ses appuis naturels parla*»'
solution des gardes nationales des rilks b
plus belliqueuses et les plus dévouées.
Ils devaient favoriser la liberfé de ■
presse qui sauva la France, et ils l'ont I*
quée avec leurs réquisitoires « ruinée 1^
COH
FRANGE^
«OM
4K
.i«s imfiSts» eortompue avec laon aBortit-
aamento, accablée avec les amendes.
Ils savaient que l'immense majorité Je
la nation et de la chambre des députés vou-
lait abolir Thérédité de la pairie , et ils ont
traité de visionnaires ei de folles la volonté
nationale et parlementaire.
Ils avaient déclaré qu*iU feraient régner
l'ordre légal, et il n*est pas une loi dont ils
niaient perverti oti fau^ l'application ;
Qu'ils s'appuieraient sur les chambrés, et
ils ont étouffe leur initiative ; qu'ils acquit-
teraient, par rhospitalité , la dette de la
France envers les patriotes réfugiés de la
Pologne, de l'Italie, de l'Espagne, et ils ont
flétri cette hospitalité par les conditions
honteuses qu'ils y ont attachées.
Ils nous ganmtissaient la sécurité inté-
rieure, et sans cesse elle a été troublée par
des émeutes, par des conflits violents entre
le peuple et l'autorité, par les agressions
de plus en plus audacieuses du gouverne-
ment déchu.
Ils nous annonçaient un désarmement gé-
néral , et ils nous otit si bien enlacés dans
un dédale inextricable d'intrigues diploma-
tiques , qu'il leur est impossible à eux-mê-
mes d'assigner un terme à cet état d'anxiété
qui n'est ni la paix ni la guerre « et qui tUe
- notre commerce et notre industrie.
Enfin , dans quelle situation le système
de la quasi-légitimité laisse-t-il la France
«près deux ans d'expériences ? Au dehors,
la coalition des rois n'est-elle pas plus me-
naçante que jamais? Au dedans , la guerre
civile n'est-elle pas flagrante? Ces soldats
qui bordent nos frontières , ces complots,
ces tentatives , ces troubles sans cesse re-
naissants dans l'Ouest et le Midi, ne suffi-
ront-ils pas pour ouvrir les yeux du pou-
voir? Attendra-t-il, pour se prononcer,
que nos départements soient en feu , nos
provinces envahies, la France compromise,
et qu'elle ne puisse se sauver qu'en prodi-
guant à la fois ses enfants et ses trésors?
Nous le proclamons avec une doulou-
reuse et profonde conviction : que ce sys-
tème se prolonge, et la révolution de juillet
et la France sont livrées à leurs ennemis.
La restauration et la révolution sont en
présence; la vieille lutte que nous avions
csrue terminée recommence. Que le gouver-
nement choisisse; la position équivoque
qu'il a prise n'est pas tenable. Elle ne lui
donne ni les forces de la restauration , qni
est irréconciable, ni celles de la révolution,
qui s'irrite et se défie.
La YnoM da s$3o a peaué « eomme oeDe
de 1789, que la royauté bénéditaire, en-
tourée d*institutions populaires , n'a rien
d'inconciliable avec les principes de la li-
berté. Que le gouveinement de juillet rentre
donc avec confiance datis les conditions de
son existence. Le tdotide entier sait ce que
la révolution française apporte de puis-
sance à ceux à qui elle se donne ; mais elle
veut qu'on se donne à elle sans retour, sans
arrière -pensées. Pour nous, unis dans le
même dévouement a eette grande et noble
cause, pour laquelle la France combat de-
puis quarante ans, nous ne l'abandonnerons
ni dans ses succès, ni dans ses revers;
nous lui avons consacré notre vie, et nous
avons foi dans son triomphe.
Paris, le a8 mai z83a.
Suivent les signatures de x35 députési
CoMPTOiB d'escompte.— Au mois
d'août 1830, une commission spéciale
fut chargée par le gouvernement d'exa-
miner et ae constater la situation
commerciale et industrielle du pays
et de rechercher les causes des em-
barras existants sur plusieurs points
du royaume. Un vaste champ était
Ouvert, comme on le voit, aux Investi-
gations de cette commission, mais elle
se contenta d'indiauer quelques-unes
des circonstances récentes qui avaient
déterminé la crise commerciale, et d'en-
gager le gouvernement à opposer des
palliatifs aux souffrances du pays. Le
ministère demanda aux chambres un
crédit de 80,000,000, dans le but de
secourir les commerçants et les indus-
triels ^u'il croyait encore pouvoir dé-
rober a une ruine imminente. Cette
somme fut mise à la disposition du
gouvernement par la loi du 17 octobre
1830, et elle fut immédiatement dis-
tribuée par parcelles , à titre de prêts
et d'avances , entre les solliciteurs.
M. Odîlon-Barrot ^ alors préfet de
la Seine, avait provoqué lui-même une
enquête commerciale dans chacune des
douze grandes divisions de la capitale;
et les commissaires délégués par les
arrondissements avaient demandé, à
la presque unanimité, la création d'une
caisse d'escompte où le petit commerce
pourrait renouveler ses capitaux. Une
Bomme de 1,300,000 francs, accordée
476
GOH
LUNIVERS.
Ssr le ministre des finances, M. Laf-
tte, et prélevée sar les 30,000,000,
fut aussitôt consacrée à la réalisation
de cette heureuse idée, et quelques
mois plus tard la ville de Pans ajouta
à la dotation, dont l'insuffisance avait
été reconnue, un crédit supplémentaire
de 4,000,000 de francs. Un conseil
d'escompte, composé d'hommes spé-
ciaux choisis dans les différentes bran*
cbes de l'industrie, fut chargé de diri-
ger les opérations de la caisse. Il fut
convenu qu'elle ne recevrait que les
effets portant au moins deux signa-
tures, et qu'elle les passerait ensuite
à l'ordre de la Banque de France;
transaction par laquelle on voulait rap-
procher les aeux établissements et con-
cilier tous les intérêts. Le taux de l'es-
compte fut fixé à 2 pour cent au-des-
sus de celui de la Banque, afin d'assu-
rer à celle-ci sa part ordinaire de
bénéfice sur le papier qu'elle devait es-
compter en société avec le comptoir.
Il y a peu d'exemples, dans notre
histoire financière, d'un plus grand
bien accompli avec de plus fiibles
ressources et à moins de trais.
Du r*^ janvier 1831 au 30 décembre
1832, 59,928 effets, représentant
33,191,433 fr. 20 c, furent présentés
à l'escompte. Sur cette masse de bil-
lets, la caisse en escompta 30,722,
dont la valeur collective s'élevait à
17,563,376 fr. 48 c. Au 31 décembre
1832 , le comptoir avait recouvré
16,969,413 fr. 98 C, et il restait en
souffrance 593,962 fr. 50 c. ; mais les
bénéfices réalisés sur les opérations du
comptoir et les recouvrements succes-
sifs opérés depuis sa clôture, les uns
estimes à 97,669 fr. 46 c, les autres à
217,196 fr. 52 c, ont diminué consi-
dérablement la part des dommages; et
comme on évalue aujourd'hui, en outre
de ces sommes, à 92,998 fr. 34 c. les
rentrées éventuelles, il suit qu'en défi-
nitive le déficit ne s*élèvera guère au
delà de 220,000 fr.
Passé le 80 juin 1831, le comptoir
temporaire d'escompte delà ville de
Pans devait cesser ses opérations et se
mettre en liquidation : sur les repré-
sentations qui lui furent adressées de
tontes parts , le conseil municipal n*
cula de quelques mois le terme \m-
crit. Toutefois, l'ordre fut donné de
resserrer graduellement le service de
la caisse. D'abord le montant des ((•
fets escomptés s'était élevé à plus de
1,600,000 fr. par mois; dans les der-
niers temps, la somme mensuelle da
escomptes fut réduite à moins de
300,000. Le 31 septembre, la ferme-
ture de l'établissement eut lieu. DV
{>rès les renseignements recueillis p»
'administration, les 30>722 effets ad-
mis à l'escompte, avaient été prcsea*
tés par 1,345 maisons, occupait ao
moins 20,000 ouvriers.
Si nous entrons dans ces détaik.
c'est que la caisse d'escompte de Pan
à puissamment contribué à faire ift
sortir la nécessité de réorganiser paroi
nous le crédit industrieL
a Le petit commerce, dit M.Aristide
Guilbert dans un travail fort reau^
quable sur l'établissement et les résul-
tats de cette banque populaire, le petit
commerce, qui comprend la presque
totalité des commerçants et des fabri-
cants , est sous l'influence d'une gAv
continuelle. Non point que cela tienne,
comme on serait porté a le croire, à li
nature même de ses travaux ; si pa^
fois l'embarras provient des dtoso,
presque toujours il est causé parTiB*
suffisance de notre système de Dan(|Dt
En effet, dans l'état actuel des dioset,
à qui le petit commerce peut-il s'adres-
ser pour obtenir quelque assistance?
Sera-ce à la Banque de France? I^o>i
car cet établissement n'ouvre son cre
dit qu'à des conditions qui la rendes
seulement accessible à la haute indaf-
trie. Ainsi elle n'admet que les foitt
billets ayant au plus 90 jours \àuAj^
petit commerce, les effets qui reprd'
sentent quelquefois de faiblefi soaiatf
ne sont payables qu'à une |)lus loa*
gue échéance. Elle veut des billets iv
timbre avec trois signatures bien cos-
nues ; or, le petit commerce orée sui-
vent ses valeurs sur papier mortetB*
point de garanties à ofirir.
« Le commerçant et le fabricant «
s'adresseront point non pluSf datf
leurs embarras, aux banquiers du pit*
FRANCE.
GOK
477
mier ordre; ils savent que ceux-ci, ac-
coutumés aux grandes spéculations sur
Jes fonds publics et les matières pre*
inières, ne voudraient point descendre
à des transactions qui leur rapporte-
raient de moindres avantages. Ils sont
donc obligés de recourir aux banquiers
inférieurs connus sous le nom dV«-
compteurs. Ces derniers, dont le nom-
bre est très-considérable , escomptent
S)urle moins autant de valeurs que la
anque de France. Le taux de Tés-
compte , tojijours plus fort que celui
qu'exige cet établissement , varie ordi-
nairement de 5 à 8 pour cent. Nous
n'osons parler de ces abominables
transactions, dans lesquelles le ban-
quier inférieur demande au delà de 50
pour cent. Il y a malheureusement
trop d'exemples des exactions et des
sacrifices extrêmes auxquels la cupi-
dité et la nécessité peuvent porter
l'escompteur et le commerçant. Ce
que nous voulons démontrer, c'est
qu'on devrait créer à Paris et dans les
principales villes du royaume, des
comptoirs d'escompte qui rempliraient
les mêmes fonctions et rendraient les
mêmes services que les banques loca-
les de l'Angleterre. D'après un rap-
port présenté l'année dernière au par-
lement britannique , les banques du
R.oyaume-Uni offrent uncrédit presque
illimité à son industrie , et tiennent à
sa disposition une valeur de trente mil-
ions de livres sterling, ou huit cents
nîllions de fr. Qu'il y a loin de cette
nagniGque situation à celle de la
?'rance ! »
CoMTAT Yenàissin , comitatîis
"^indiscinus f ou simplement comto^^
el est le nom que l'on donnait à une
»etite province enclavée dans la Pro-
ence , et qui , avant la révolution ,
ormait avec le comtat d'Avignon un
•tat indépendant dont la souveraineté
ppartenait au pape. Cette contrée ti-
ait son nom de la ville de Yenasque
^indiscina) qui en fut la capitale, et
osséda un évécbé jusque vers le on-
îèYSie siècle. Le comtat était borné au
ord par le Dauphiné, à l'est et au
jd par la Provence , et à l'ouest par
\ Rhône, qui la séparait du Langue-
doc. Elle occupait une étendue que
Ton peut évaluer à 36 myriamètres
carrés. Les villes les plus considéra-
bles étaient Garpentras , qui en était
la capitale, Yatréas, Cavaillon et
Yaison.
Du temf)s de César, le comtat Ye-
nàissin était habité par les Cavares et
une partie des ^oconces et des Mé'
miniens. Il fut compris , sous Hono-
rius, dans la première Yiennoise. Après
la chute de l'empire d'Occident, il passa
successivement sous la domination des
Burgundes , des Ostrogoths et des
Francs ; puis il fit partie du royaume
d'Arles , et plus tard du marquisat de
Provence. Dans le partage qui fut fait
de cette dernière seigneurie, en 1125,
le comtat échut au comte de Toulouse,
Alphonse Jourdain , par les héritiers
duquel il fut possédé jusqu'à la guerre
des Albigeois , en 1229. Raymond YII
se rendit à Paris , et y si^na un traité
par lequel il céda au saint-siége tous
les pays qu'il possédait au delà du
Rhône. Mais l'empereur Frédéric II ,
suzerain légitime du comtat , réclama
contre ce traité, et ordonna à ses su-
jets de ne reconnaître d'autre seigneur
3ue le comte de Toulouse , en faveur
uquel Gr^oire IX renonça enfin à
ses prétentions en 1234. Malgré cette
renonciation , lorsque les États des
comtes de Toulouse tombèrent par
succession entre les mains de Philippe
le Hardi, Grégoire X, se fondant sur
le traité de Paris , réclama vivement
l'abandon du comtat Yenàissin. Phi-
lippe promit au pape de faire droit à
ses réclamations , et Grégoire X , par
une lettre du 27 novembre 1273, le
remercia de cette promesse , qui fut
exécutée au mois d'avril de l'année
suivante.
En 1791 , la guerre civile éx;lata en-
tre Avignon et Carpentras ; mais mal*
gré la résistance de cette dernière
ville , le comtat fut réuni à la France
dans cette même année , et forma les
deux tiers du département de Yau-
duse.
Les habitants decette province jouis-
saient depuis François V du privilège
d'être considérés comme Français et
479
UUJMIVEES.
COM
ré^niocto. T^éanmoms, la doiioeur du
gouvernemant çoatifical, qui ne levait
sur eux aucune iaiik)eition, et le ^and
nombre de leurs nranchises municipa*
les , leur laissèrent des regrets* même
après leur réunion à la France,
Le vice-légat d* Avignon était le gou-
verneur général et Fintendant général
des armes du comtat Venaissin. L*ad-»
ministration était confiée aux consuls
élus par les habitants des villes et des
bourgs, et au conseil de ville de cha-
que communauté ; seulement leursi
acteis devaient être légalisée par le vice*
légat. Le revenu du pape dans le com-
tat Venaissin et les États d'Avignon
ne consistait que dans le produit des
biens domaniaux qu'il y possédait,
produit qui ne s'élevait guère qu'à
cent mille livres. Cette somme était
insuffisante pour payer l'entretien des
officiers de justice et de police que le
gouvernement papal envoyait d'Italie,
et qu'il était obligé de payer de ses
propres deniers.
Les états de la province s'assem*
blaient à Carpentras. Il y en avait de
trois sortes : i° les états généraux ,
qui be furent pas convoqués depuis
1594 ; 2*^ V assemblée générale, qui se
tenait régulièrement diaque année ; et
enfin ïassemblée ordinaire. On sui-
vait dans le comtat Venaissin le droit
romain et les constitutions des papes.
Comte. — Dès ie temps de la repu-»
blique romaine , on désignait sous le
nom de comités les tribuns , les pré-*
fets et les scribes qui accompagnaient
dans les provinces les proconsuls, les
propréteurs , et les autres officiers ci-
vils et militaires. Sous les premiers
empereurs romains, le nom ae cornes
ou comte fut plutôt une marque de do-
mesticité qu'un titre de dignité ; il ne
prit cette dernière signification que peu
de temps avant Constantin. Ce prince»
suivant Eusèbe , divisa les comtes en
trois classes , la première des illus'
très , la deuxième des clarissimes , la
troisième des parfaits , et il donna à
ces officiers le pas sur les ducs. Les
comtes commencèrent seulement ,
dans le quatrième siècle, à être rêvé*
);us de commandements militaires.
C'était le titre qne Ton donetitt ao
einquième siècle, aux gouverDean des
villes ou des diocèses. Le titre et la
attributions des comtes subsistèrent
après les invasions des barbares, et
ees officiers continuèrent d'être amo*
vibles , ce qui est attesté par tous la
monuments de l'bistoire de la premièfc
race; mais ils jouissaient de taotdi
vantages, que leurs offices étaient n-
cherchés aussi avidement que les lié-
néfices. « En 574 , dit Grégoire à
Tours , le comte Peonius enraya soi
fils Mummolus porter des présents an
roi Gontran, pour obtenir d'être eoih
firme dans son office. Mummolus re*
mit les présents , mais sollicita li
comté pour lui-même, et suppianb
son père, qu'il aurait dû servir.» Os
voit par ce récit que , tant que le roi
put nommer les comtes , cette dipiti
qut être surtout la récompense ds
services de cour, et que lesJeoaQ
gens élevés auprès du prince mtiÉ
souvent, en qualité de comtes, s'eflri*
ehir dans les provinces. Marculf oo»
a conservé la formule par laquelle if
roi investissait le comte de sa dignité.
Après un court préambule , il disait;
R Comme nous avons éprouvé ta 6^
ff lité et ce que tu vaux, nous te esi-
«ferons, pour agir et gouverner, li
« charge de comte dans le canton de^t
« <|ue N. ton prédécesseur a exercée
a jusqu'ici ; de telle sorte que tu garda
« toujours envers notre gouvernemest
« une foi intacte , et que tu tiennesct
« gouvernes sous ton pouvoir et ta ja*
« ridiction tous les peuples deffleo*
« rant dans ton canton , soit Francs,
« Romains, Burgundes, soituoeastit
« nation. Tu les régiras avec juati».
« selon leur loi et leur coutume ;l>
« seras surtout le défenseur des vw*
« ves et des orphelins ; tu réprime*
« avec la plus grande sévérité les (Sr
« mes des voleurs et des nialfaitenis,
« afin que les peuples , joyeux de tas
« gouvernement ,- puissent vivre h*
« reux et tranquilles ; et tu auras soA
A en outre, de verser chaque ^
« dans notre tréspr tout ce qui di^
A venir au fisc. » La" mèms fofïjjj
servait aussi pour la'créationdtf «>■'
con
FRANCE.
47é
et des patrices. Il y avait donc, à Vé*
poque de Marculf , peu ou point de
oifrérence entre les attributions de ces
officiers et celles des comtes.
Les comtes n'avaient aucun pouvoir
sur les leudes , ni sur les évéques , les
abbés et leurs avoués. Ils ne condui-*
saient à Tarmée que les vassaux sou-
mis à leur juridiction. Ils étaient sup-
pléés par des vîsuiers ou vicaires dans
les villes et les oourgs, et présidaient
les plaids composés d'hommes libres
et d'échevins. Chargés de diriger la
procédure, et de recueillir les votes de
seux qui étaient les véritables juges ,
ils devaient leur expliquer les faits de
la cause et les preuves qui s'y rappor-
^ient ; ils indiquaient quelle était la
!oi des parties , et quelles étaient les
iispositions de ces lois. Ils posaient
les questions que les juges avaient à
-ésoudre : ils entendaient leur déci-
sion, prononçaient le jugement, et ac-
n[>rda|ent main -forte pour Texécu-
ion.
A l'époque de désordre et d'anar-
ibie qui précéda la chute des Méro-
ingiens , les comtes cherchèrent ,
;omme les autres dignitaires, à acqué*
ir des domaines , et à faire perdre à
Biir autorité son caractère de déléga*
ion de la royauté. S'ils convoquaient
es plaids , c'était dans l'unique but
e multiplier les occasions de compo-
itions et d'amendes dont ils prèle*
aient une partie. Mais les choses
bangèrent sous l'administration forte
l puissante de Charlemagne ; les
:>mtes devinrent alors de simples
^ents du pouvoir royal. Les descrip*
ons minutieuses des capitulaires in-
iquent à la fois et la sagesse du mo«
irque et les innombrables abus qui
ïgnaient dans Tadministration de la
LStice. « Que les comtes et leurs vi*
caires , disent les capitulaires , con-
naissent bien la loi, afin qu'aucun
i'uge ne puisse juger injustement ea
eur présence , ni changer indûment
la loi — Nous voulons et nous or-
donnoBs que nos comtes ne remet*
tent point le terme de leurs plaids ,
et ne les abrègent pas à tort pour
g'adonaer à la diasse ou à d'autres
« plaisirs. .. Qn^aucan comte ne tienne
« ses plaids, ril n'est à jeun et de sens
c rassis. . . Qu'il ait un bon grefQer ,
« que les scribes n'écrivent pas d'une
« manière illisible. • . Si un comte né-
« glige de rendre la justice dans son
« comté, que nos envoyés logent chez
c lui jusqu'à ce que justice soit ren-
« due. »
Ces envoyés étaient les missi do^
minici, chargés d'exercer une surveil-
lance active sur tous les délégués du
pouvoir royal : « S'ils trouvent un
« mauvais comte , disent les capitu-
« laires, ils devront nous en informer.»
Charlemagne , en outre , prenait de
sages précautions contre l'ambition
des comtes : « Jamais , dit le moine
« de Saint-Gall , il ne confiait à ses
« comtes, si ce n'est à ceux qui étaient
e situés sur les frontières ou dans le
« voisinage des barbares , l'adminis*
« tration de plus d'un comté. »
La mort de Charlemagne entraîna
la décadence et la chute de toutes les
institutions. On voit déjà, sous Louis
le Débonnaire , les comtes posséder
de grands biens dans les provinces
qu'ils administraient au nom du roi ,
et les étendre chaque jour d'une ma-
nière légale ou illégale. Ils commen-
cèrent ensuite à transmettre leur of-
fice comme un héritage à leurs enfants,
et ce fait , qui montrait l'avilissement
de la puissance royale , est sanctionné
par les lois de Charles le Chauve. « Si
«run comte de ce royaume vient à mou-
« rir , disent les capitulaires de l'année
« 877 , et que son fils soit auprès de
« nous , nous voulons que notre fils ,
« avec ceux de nos fidèles qui se trou-
« veront les plus proches parents du
« comte défunt, ainsi qu'avec les autres
« officiers dudit comté, et l'évéque dans
a le diocèse duquel il sera situé, pour-
« voient à son administration jusqu'à
« ce que la mort du précédent comte
« nous ait été annoncée , et que nous
« ayons pii confére)r à son fils , présent
« à notre cour , les honneurs dont il
. « était revêtu. Si le fils du comte est
« encore enfant, que ce même fils,
« l'évéque , et les autres officiers du
<i lieu , veillent égalementà l'adminis»
4S0
0511
L'UNIVERS.
c tration du comté, jusqu'à ce qu'tn-
« formés de la mort du père , nous
« ayons accordé au fils la possession
« des mêmes honneurs. »
Une fois Tabus consacré d'une ma-
nière aussi formelle, les conséquences
en furent désastreuses pour la royauté.
'Wilhem et Engelschalk occupaient,
sous Louis le Bègue, deux comtés sur
les confins de la Bavière. A leur mort,
leur office fut donné au comte Arbo ,
au détriment de leurs fils. « Alors ,
dit le chroniqueur, ces enfants et leurs
parents , considérant cela comme une
grande' injustice , dirent que les cho-
ses devaient se passer autrement , et
quils mourraient par le glaive, ou
qu'Arbo quitterait le comté de leur fa-
mille. » Ce fait peut donner une idée
des luttes incessantes engagées entre
les seigneurs et la royauté, rutte^ dont
celle-ci sortait rarement avec avan-
tage. Dès le règne de Charlemagne ,
les comtes avaient, à ce titre, un cer-
tain nombre de bénéfices. Quand ils
eurent obtenu l'hérédité, ces bénéfices
ne furent plus les bénéfices du roi ; et
les hommes qui en dépendaient devin-
rent leurs vassaux , et ne furent plus
sous la dépendance immédiate du roi.
Du reste, comme Fobserve judicieuse-
ment Montesquieu , les fiefs devinrent
l^éréditaires plutôt que les comtés ; car
se priver de 'quelques terres était peu
de chose ; renoncer aux grands offi-
ces , c'était perdre la puissance même.
Une fois cette révolution consom-
mée, les comtes cessèrent de rendre
la justice. Ils abandonnère/it leurs
fonctions à des officiers amovibles, et
qu'ils se chargèrent de rétribuer. Dans
la suite , lorsque la rovauté sortit vic-
torieuse de sa longue lutte avec la féo-
dalité , les rois réunirent à leur do-
maine , par le moyen de successions ,
confiscations , mariages ou acquisi-
tions , la plupart de ces anciens com-
tés.
Longtemps avant la révolution , le
titre de comte était devenu un simple
titre d'honneur , que le roi accordait
encore quelquefois, en érigeant en
comtés certaines seigneuries , mais
qui ne conférait aucune autorité. Pour
empêcher que les comtes ne derii»-
sent trop nombreux, Charles IX or-
donna , en 1564, que toutes les lettres
d'érection contiendraient à l'ayenir la
clause de réversion du comté à la
couronne au défaut d'enfants mâles;
mais cette réversion ne regardait que
le titre.
Depuis le"* dixième siècle jusqn'à
la fin du onzième, on n'établit an*
cune distinction entre les ducs s rm
Suis, comtes, princes, etc.; mais,
ans les siècles précédents, les comtes
étaient soumis aux ducs. « Ennodios,
« dit Grégoire de Tours, gouvernait le
« duché de Tours et de Poitiers, et
« les comtes des villes de Tours et de
« Poitiers obtinrent de ChildebertiTé-
« tre soustraits à son autorité. » Ily
eut entre les marquis et les comtes»
longues contestations pour la pré-
séance. Ces contestations forent dé-
cidées , peut-être à tort , en faveur des
marquis ; car , outre que le titre de
comte est plus ancien , on peut le*
marquer que plusieurs marquisats fo-
rent érigés en comtés; enfin, qoeb
pairie fut souvent donnée aux oom*
tés, et jamais aux marquisats.
Le titre de comte était encore attii-
bué à quelques fonctionnaires fort dif-
férents des comtes proprement dits.
Ainsi il est employé dans une cfaaite
du onzième siècle pour désignera
avocats des églises cathédrales. U
nom de comte des lois, cornes legvM,
se donnait à un professeur eo aroit
Enfin , au dernier siècle , le oomw^
dant des bagnes portait encore le titie
de comité.
COHTESIDU PALAIS OU COïT»
PALATiif s. — On appelait ainsi en gé-
néral , dit du Gange, ceux qui étaieif
attacliés au service du roi et oeuxfi
rendaient la justice dans son pais*
« Parmi ses innombrables attribotiw»
« le comte du palais , dit HincmVt
« avait surtout le soin de juger «Ijj
« la justice et la raison , toutes v
« causes qui, s*étant élevées aiile«|^
« étaient déférées au palais pour y êw
« jugées , et de réformer les déoflo*
« mal jugées. » D'après le même *
teur, ils connaissaient de toutes W
COM FRANCE. tON 4dl
eatuies qui étaient portées devant le Anciennes comtés-pairies dont phi'
roi , sans intermédiaires , et de toutes sieurs furent ensuite érigées en du*
les affaires concernant le roi, la di- chés -pairies, et dont la plupart
gnité royale ou l'utilité publique. Ils étaient déjà réunies à la couronne
siégeaient dans le palais avec leurs as- au diX'huitième siècle.
SeSSeurS, désignés quelquefois sous Mjouet jértols, érigé» m comtés-paârits m, 1296
Je nom d*échevins du palais : et lors- Qu'erre, érigée par Charles viî en 1435
cu'ils n'étaient pas en état de résoudre • ?rZ?;';;?ni:'.«i"r.f!.'f*''".''?" llu
des questions graves et difficiles, ils en Drtux « par charies ix en z S69
réféf'aient au roi en son conseil. On -5" • p" ^^^^^ ^", «"•, »458
Vftit rfan«î TpHit Hp K {i^r^v nii'il V avait -^•'««*» doanée au duc de Bouillon en i65a
voii aans i eau ue luersy qu 11 y avaii ^^.^ ^^.^^ p,, Charles vu en. 1455
un premier comte du palais, charge /"orvc, comté tenue «n pairie par les duc» de
du sceau , et plusieurs comtes infe- , Bourbonnais.
rieurs rendant la justice. Voici , d'à- ^^Z'^rréteZ ?n'!7!.!!' . .?!!'J: T ,35.
près du Gange , les noms de tous ceux Maine, par le roi Jean ^.' /..'.[.'.'.','.'.'.',[. 1368
de ces officiers qui se trouvent men- Manhe , par Philippe, le Long en i3i6
tiennes dans les historiens : ^Trlf^F^: ^l'ï:,t .'t'."^ •.■■.: ! ! ! i ! llYy
sous LES ROIS DE LA PREMIERE RACE. ^"^^ » V" ,^***.''*!î '* *" *'t^
Pottoa , par Louis X en i3i5
Sons Sigebert» roi d' Austrasie, Gucilio. Rethehis , par Louis XI en i464
Sous Cbildebert, Trudalf et Bomalf. Saintonge» par Charles Vil en i4i8
Sous Dagobert 1*', Tacilo, Sainl-VTrandegisil, Ba- Soissons , par Charles VI en i4o4
SousCtoTisII, Aigulf,Berthoruis,Rigobert, Ira- CONARDS. — On appelait ainsi , à
ning. Rouen, des bouffons ou badins^ qui
soo»c[oiaîreiii.Andobaid. s'étaicnt associés pour /ott^r tous Ics
Soos CIoTis 1I1> Ansoald, Marso, Andramn, Amo. " i 'i ^ rZ-x • • ?
30QS cioTis m et chiipéric. Wamo. aus , au camaval , les faits vicieux , et
Sous Thierry II, chrodebert. réformcr Ics moeurs par le ridicule.
30II5 chiidebert II, Temuif. jjg gyaient le privilège ( reconnu tous
sous LES ROIS DE LA DEUXIEME RAGE. Ics aus par uu arrêt du parlement de
Sous Pépin, wichert. Roucu ) de se masquer seuls aux jours
Sons Charlemagne, Anselme, Vorad ou Voradin, graS, Ct d'OCtroycr SCUls à d^autrCS^
soLTuis i«, Ragonfred. Bernard. R.nuif. Adai- moyennant fiuance , la permissioij de
bard, Bertric, Morhard, Gebuin, Ruodbcrt. SC masqUCr aUSSl. DC trCS - anClCnS
Sons Lothaire, Ansfrid. poëtcs frauçais emploient conard pour
rad. Boson, Foulques. conards ctait douc la même cnose que
Sous Eudes, EWuin. Vabbé dss sots. C'était le pendant de
Soos Lothaire, Héribert III, comte de Vermandois* JOU ( ).
I othaire suDorima la titre de comte CONCABNEAD , petite et forte ville
l^tbaire supprima le ntre ae comte jnarjtjme de l'ancienne Bretagne, au-
T^.l;-j.*^.:»,i»- ^«1, j„„.c.j- jourd'hui chef-lieu de canton du dé-
I^ rois d'Aquitame, de la dynastie Jartement du Finistère; population,
franaue, avaient aussi leurs comtw V habitants. Le connectable dû
pajatins ; il en fut de même pour les ^^^^^i^ s>en empara en 1373, et fit
'°f^t^^l?f^i. T « ,««H« A'i passer la garnison au fil de l'épée. En
CoMTBS-PAiwES. -Le mode dé- «[^gg elle tomba au pouvoir du vi-
rectioii de Mrtains domaines en corn- ^; ^ ^„^ après quelques jours
té*-patrtes était le même que » on em- ^ ^^ f„t ^ ^i^^ ^^ "f^ 'ot^.
ployait pour ï^duch^-patrtesJVoy. ^ \j .,„^i /r ,57^ et reprise le
»U des archevêchés, celui de Lyon, (*) voyez Bibliothèque de Técole des
piar exemple , conféraient au titulaire chartes, tome l, n^ livraison, THistoire des
e titre de comte et pair. conards de Rouen , par A. Floquet.
T. Y. 31" Livraison. (Dict. bkcycl., etc.) 31
482
CON
L»U$riViJlS.
WN
donnée au duc de Mercioeur en t^^.
Concert spirituel — tour rem-
plir le vide que laissait la fermeture
des théâtres pendant la quinzaine de
Pâques, on imagina, en mar3 1735, de
faire concourir la religion aux diver«
tissements des srands , et on institua,
dans une des salles du château des Tui-.
leries > ce qu'on appela un concert spi-
rituel. Par un mélange de profane et
4e sacré , on chargea Tes acteurs et les
actrices de TOpéra de chanter des
hymnes religieux , et des voix aul fai-
saient habituellement entendre des airs
amoureux et passionné.s , entonnèrent
le Salve Reginap le Stella maris, le
De profunms , le Miserere, etc. A la
révolution , les concerts spirituels fu-
rent supprimés ; on les a rétablis de-
puis quelques années , non plus pour
amuser la cour, mais pour en tirer un
Srofit et initier le public aux beautés
e la musique sacrée.
CoifCHBS, ConchaBj Concaey CaS'
teUio, petite ville de Tancienne Nor-
mandie , autrefois chef-lieu d'une élec-
tion, d'un bailliage et d'une vicomte,
fut érigée en comté en 1527, et en
niarçjuisat , au commencement du dix-
huitième siècle. Aujourd'hui la ville
de Conches, dont la population est de
2,056 habitants, est le chef- lieu de
l'un des cantons du département de
l'Eure.
Concierge et Conciergerie. —
Les maîtres ou maires du palajs furenjt
d'abord chargés, sous les rois de 1^
première race, de rendre la justice aux
officiers et à la domesticité du roi.
Plus tard, Ils furent remplacés dans
ces fonctions par un comte auquel suc-
céda , en 988 , un officier appelé con-
cierge du palais. Lorsqu'en 1286 , Ën-
guerrand de Marigny fit élever , pour
servir d'habitation au roi, le palais où
siègent aujourd'hui les cours et tribu-
naux de Paris , on eut soin d'y réser-
ver \ pour le concierge , un logement à
part que Ton nomma la conciergerie.
Cet officier fut révêtu, sous Philippe
de Valois , en 1348, du titre de bailli ;
et des lettres de Charles Y, régent du
royaume, en 1358, lui accordèrent lejs
droits de moyenne et basse justice à
l'intérieMr^ des mi& et r^nfiss m ida-
sieurs maisons , et une juridiction sur
les marchands qui possédaient 4esbû)h
tiques dans les allées de la Mercerû,
ou appuyaient leurs auvents ou éta*
lages contre le^ inurs du p^lai^* ^
concierge avait en outre 1^ droit de
faire enlever tous jes arbres morts qw
sç trouvaient dans les chemias royau
et autres du ressort de la vicomte 4e
paris; et c'était à lui qu'était coofitt
l'inspection sqr le grenier du roi , aiw
que sur le portier et les sentinelle dv
palais. Charles VI réunit , ea 1416,à
son domaine l'office de concierge; m
on l'eq détacha postérieurement, car,
en 1667, le concierge-bailli du palaii
rendait encore la justice.
Dans chaque maison royale, il y
avait paiement un concierge que l'on
avait investi d'une certaine autorité
sur les employés subalternes.
Conciles. — Tableau chronéf
que des conciles tenus en France,
présidé par saint Irénée, qui écrit au pap(
Tictor pour Teo gager à ne pas rompre aftf
les Asiatiques quarto-décimants,c'est-à'diiti
célébrant la Pâqne le dimanche après k
quatorzième jour de la lune.
Vers 300. Concile d'Ë/ne (Eliberitanum ou îiSk-
ritanum} , cq Rouçsiilon.
On lui attribue quatre-vingt-un ciMV
pénitentiaux.
314. Concile à* séries (AreUten$e).
Six cents évêques de l'Occident asatto-
rent à ce concile ,. convoqué par ConstanliB'
Gécilien y fut absous et les donatist^ coa-
djRoainés.
353. Deuxième concile d'jiriet.
On y prononça la condamnation (b f^
de Sirmich , de Marcel d'Ançyre cl de«if
Athanase, condamnation à UqaeWetM^
vit Vincent de Gapoue, légat du papi<
364. Conciiç de Poitfn oa de T<mltHuê{Q»Sàa^
Saint Hilaire et les autres évéques n^
Hques des Gaules s'y séparèrent de b i^
raunion . de Saturnin , évéque d'Arta» *
Ydens et d'Ursaoe.
36a. CoocUe de Bmm ÇBkUimm)
On y déposa psatrélie saint HllMifc
360. Gomdle d» PvU I (ParimtM).
Oa y rejeta la fonnule dressée ftjj
Arien», «t connue sous \» noa defc*''
de Âimini,
G9lf
FIM^C&
ÇQM
43a
Vers 389. C<wcile de If(mn {^(sw^imnite),
P9 ffo fgaore Tobjet.
429. Concile de Tro/es (Trecet^ff).
Oq y cboUiï $aint G^ermaio d'Auxerr« »i
sùot I4OUP 4e Tcoyps poi)r f^ler en Angle-
terre comb^ftrç riiéré$ie des Pél^çiens,
439. Concile de But eo Proyence (Regieo^e).
Ce concise ^ présidé par saint Hilaire d'Ar-
les , avait pour but de remédier ^ux désor-
dlres de Teglise d'Eqibrun.
44I> CPQcile d'Oron^* I (A.rausi«a?qum)'
Ce ne fut qu*uue réunion des évéques de
trois provinces* Il nous reste des Qcte$ de
trente canons , qui sont importants pour
l'histoire de I^ discipline ecclésiastique. On
y remarque, entre autres choses, la défense
de livrer les serfs réfugiés dans les églises ,
et Tordre de les protéger.
i^9. Çp«cil« d« Fww (Vareuse).
On y fit dix canons relatifs à la disci-
pline.
442. Condle d'Jrl».
U en reste cinquante-six canons.
à ce que l'oa croit, présidé par sfûnt Hi*
laire d'Arles.
4U. Concile dUrJcf,
I ce qu'on suppose.
452. Goodle à'Jrief,
On y fit cinquante-six canons , dont le
ringt-dleuxième défend de condamner à la
lénitei^ce tina personne mariée, sans le
ionseotement de son conjoint.
463. Concile à*Jlag*r4 (And^aveiue).
tour l'ordination d'un évoque. On y fit
lou2e canoas sur la discipline.
45{>. C«ocUed'^r/w,
u sujet d'un différend entre Fauste , abbé
le Lerins, ft Théodore, évèque de Fréjus.
463. Coocile d'^WM ,
Foccasion de Fordinatioa d'un évéque de
He.
44)5. Concile dp F'atmts (Yeseten^e).
Oii j. fit seize canons, dont le dernier or-
pnné* de chasser de Téglise les clercs qui
bservaient les augures, et condamne la su-
erstition connue alors sous le nom de
jrt lies saints, e^ qui consistait à chercher
a présage de Taveoir dans le premier \erset'
ui se présentait à Touverture d'un livre de
écriture sainte.
i70. Concile dç Chdlon-sur-SaÔM (Cabilonense).
Od j élit pour évéque de Châlon un
-être nommé Jean.
473. Concile de Bourses (Bitnricense).
On y prodame SimpUdus, évèque de
475. Concilf à* Arles et dç JUjon.
IX J e$t question des doc^rin^^ rela^ivcQ
à la prédestination.
505. CoQcile àiAs4^ (^gatbense),
OU se'trouvèrent vingl^qua^e évéquiss et dix
députés. On y fit sur la di«eipUn«i quarantA*
huit canons , dont le vingt-deuxième permet
apx prêtres ^t aux dercs de retenir les biens
de l'enlisé a««c la p«rmi«sion de révéque,
sana iiouvoir i^nmoina les v^dre ni les
dpnner ; le vingt e| unième autorise Téta-
Uissement de chapelles domestiques; enfin
le quarante et unième abolit le sort des
saiifif, Sien que les Gaules ne fissent plus
partie de l'empire , on y datait encore les
actes ecclésiastiques parles consuls romains ;
ainsi ce concilu est daté du consulat de Mes-
sala, vingt-deuxiène année d'A]aricII,roi
des Yisigoths.
51 1. CoodU d'OHétuu (Àareliaaease),
le 10 juillet. Trente évéques. s'y réuni-
rent , et y rédigèrent trente et un canoni
sur la discipline. Le quatrième ordonne que
les fils , les petits-fils et les arrière-petits-fils
de ceux qui ont vécu dans la cléricature ,
demeureront sous le pouvoir ei la juridiction
de l'évéque. Dans le sixième» il est défendu
d'admettre daJK le clergé quiconque ne pré-
senterait pas des lettres du roi ou du juge.
517. CondUede 6ir*ru/# (Gerendense),
le 8 juin. Sept évéques s'y réunirent et y
rédigèrent six canons
517. Concile d'^/lfcM,dioc. do Vienne (Epuonense).
présidé par saint Avit , évéque de Vienne ,
du 6 au i5 septembre. On y fit quai'ante
cauons, dont le vingtième défend aux dercs
de rendre TÎsite aux femmes, d«4nendier le
soûr, sans compagnons et sans nécessité.
517. Conoile de L/on,
On ne fit qu'y confirmer les canons du
concile d'Albon.
524. Concile d*Ârles,
le 6 juin. On y fit quatre canons.
527. Concile de Curpentnu (Carpentoracteusc),
le 6 novembre. (>n y suspendît Agrcece,
évéque d'Autibes. % ^
529. Concile d'Orange,
le 3 juillet. Treize évéques présidés par
. saint Gésaire y souscrivirent vii)gt-K:inq ar-
ticles envoyés par le pape , sur la grâce et
le libre arbitre.
529. Concile de f^tUsony
le 5 novembre. Douze évéques y firent
cinq canons , et y déddèrept l'introduction
en France du Kyrie eleison, à l'imitation des
églises d'Orient et d'Italie.
81*
4M
tM
L'ONlVEtlS.
CÙHf
630. Concile de faïence,
en juillet et en août Contre les semi*
pélagiens.
533. Concile à'Orldms,
le a 3 juin. On y fit vingt canons , dont le
hmtième supprime Tordre des diaconesses.
685. Concile û^'Chrmont en Aavergne {ArerneBse).
Quinze évêques y firent seize canons,
dont le cinquième enjoint aux seigneurs des
Francs et aux ancieiu qui se trouveront dans
les châteaux , ou bien à 4a suite de la cour ,
de se rendre à Pâques , à la Pentecôte et à
r^oël , chacun dans la ville capitale où il est
domicilié , pour y célébrer ces fêtes avec
révéque.
638. Concile d'Or/ÂiM.
On y fit trente-trois canons^
541. Concile d'Or^Vvw.
On y fit trente-huit canons.
549. Concile A' Orléans t
le aS octobre. Cinquante évéques et vingt et
un députés y assistaient et y firent vingt-
quatre canons. C'est le premier concile daté
des années du règne d'un roi de France.
549. Concile de Ciermont,
tenu par dix évéques. On y adopta les ca-
nons du cinquième concile d'Orléans.
550. Concile de Toul (Tallense).
Les actes de ce concile sont perdus.
551. Concile de Paris II.
On y déposa Saffarac ,■ évéqae de Paris.
554. Concile à*Arl«s,
le 29 juin. On y fit sept canon.
557. Concile de Peuis III.
On y fit dix canons relatifs à l'usurpation
des biens ecclésiastiques.
582. G»ncile de Saintes (Santonense).
On y déposa Emerius , évéque de cette
ville, que Cherebert, fils de Clotaire V ,
rétablit ensuite sur son siège.
566. Concile de L/on»
On y fit six canons.
567. Concile de Tours (Taronense),
le 17 novembre. Neuf évêques y firent
vingt-sept canons et quelques règlements sur
^la discipline et les cérémonies du culte. Le
. vingt - troisième porte que l'évéque qui est
marié doit vivre avec sa femme (epûcopa)
comme avec une sœur.
573. Concile de JPam IV.
On y déposa Promatus , évêque de Châ-
leaudun, qui fut maintenu sur son siège par
Sigebert , roi d'Austrasie.
577. Concile de Paris Y.
Chilpéric voulut y faire prononcer la dé-
position et l'excommunication de Prétextât,
evêque de &ouen.
679. Concne de Châlon-sur-SaSni.
Salonius d'Emb.nin et Sagittaire deGip
y furent déposés.
580. Concile de Bemi, près Compiègne (Brennaceii$e)i
Grégoire de Tours s'y justifia par sermeot
des accusations portées contre lui.
582. Concile de Iffâeon (Matisconenso),
le 1*^' novembre. Vingt et un évêques
firent dix-neuf canons.
583. Concile de L/on.
Au mois de mai , Tévêque et douze déj»
tés y firent six canons , dont le dernier or
donne l'établissement , dans toutes les vSa
de France , d'un logement séparé pour les
lépreux , qui devaient y être nourris et t^
aux dépens de l'Église.
685. Concile de Calmée,
On y confirma les donations Élites avi
églises par le roi Gontran et sa famille.
585. Concile de Maçon ,
le a 3 octobre. Présidé par Prisque^éTèqK
de Lyon; quarante-trois évêques y assistè-
rent et y firent vingt canons , dont le premiff
ordonne la cessation de toute œuvre servik
et ide toute plaidoirie le dimanche. Le ca-
quième enjoint de payer la dime aux prêtiv
et ministres de l'Église, sous peine d'eiooi-
munication ; le sixième , de ne célébrer b
messe qu'à jeun , excepté le jour de la cène
dn Seigneur.
686. Concile A'Auxerre (Altissiodorenie).
On y fit quarante-cinq canons. Le preoiiî
porte défense de se d^uiser en c«rf, a
vache ou en d'autres animaux, le i^' jasviff'
Le douzième défend de donner la comni'
nion aux morts ; le trente -sixiènie défti^
aux femmes de recevoir l'eucharistie dans h
main nue.
687. Concile de Chrmont ,
au sujet de quelques paroisses contestés
entre Rodez etUrsicin.
689. Concile de JVar6o/me (Narbonemc),
le I®' novembre. On y proscrivit Tosap
{)aïen qui consistait à s'abstenir de traviiBif
e jeudi , parce que ce jour était consiati
Jupiter.
590. Concile de Poitiers (FictavicnM).
On y excommunia deux religieuses ^
Sainte-Croix de Poitiers , qui s'étaient révol-
tées contre leur abbesse.
590. Concile de Sawrci on Sourci (Satuiacam)»
à trois lieues de Soissons. On y npi^l'
Droctégisile , évéque de Soissons , chaiff t
quatre ans auparavant , à cause desoa i^
gnerie.
690. Coneiled«Jlf«Ci(lletaMe). ,
On y déposa Gilles , archevêque de tfi^
€ON
FRANGE.
COK
485
&90. Coiicil« â» C^iwahn (Ga]»ftlitâniim).
On y couâamna Élétradiie , femine d'EuIa-
lius» comte d'Auvergne.
694. CoDciU de Ckdlon^ur-Saâne.
On y décida que la manière de psalmodier
suivie à St.-Martin de Tours, à St.-Denis et
à St.-Germain des Prés de Paris , serait in-
troduite dans ie monastère de St.-Marcel.
601. Concile de Sens (Senonense).
On y traita de la réforme des mœurs , de
la simonie et de Pordinittion des néophytes.
003. Concile de Chdlon-snr- Saône ,
présidé par Arédius, évéque de Lyon.
Brunehaul y fit déposer saint Didier.' Ce
concile n'est pas reconnu par l^Église.
615. Concile de Paru VI.
Toutes les provinces nouvellement réunies
sous la domination de Clotaire y envoyèrent
des députés. Les évêques y furent au nombre
desoixanie-dix-neuf. On y fît quinze canons,
dont le dixième porte que les donations des
évéques et des clercs en faveur de l'Église se-
ront valables malgré l'absence de formalités.
624. Concile de Mdcon.
Discossion sur la règle de SL-Colomban.
625. Concile de Reims,
On y fit vingt-cinq canons, dont le premier
concerne les Précaires ecclésiastiques. C'est
'* un des plus anciens monuments où il en
soit fait mention. Yoy. Prbcairz.
627. Concile de Clieh/ (Clippiacense) ,
le a6 mai. On a perdu les actes de cette as-
semblée convoquée par Clotanre et compo-
' sée d'ecclésiastiques et de laïques.
636. Concile de Ciieh/,
le i^ nui. Saint Agile y fut nommé abbé
de Rebais.
638. Concile à'OrUans ,
contre un hérétique que l'on croit avoir été
> grec et monolbélite.
643 ou 644. Concile de Chalon-sur-Saône ,
le a5 octobre. On y fit vingt canons sous-
> cri (s par trente-neuf évéques et par six dé-
putés.
652. Concile de Clichf.
Clovis II et vingt-quatre évêques y con-
firmèrent les privilèges de l'abbaye de St.-
Denis.
659. Concile de Malay-le-Roi (Mansolacense) ,
sur la rivière de Yannes, à une lieue de
Sens. On y fit plusieurs règlements sur la
discipline.
660. Concile de Nantes (Nannetense).
On y fit vingt canons , dont le sixième
aotorise Tinbumation des morts dans le
parvis ou porche de l'église , et la défend
dans l'intâieur de l'église.
670. ConeaedoAenfMMt (Bardiffalense),
tenu en présence du comte Loup par les
métropolitains de Bourges , de Bordeaux et
d'Eause, assistés de leurs comprovinciaux»
n avait iNMir "but la pacification du royaume
et la réforme de la discipline.
674. Concile des Ce^es (Oallkannin).
On ne sait pas dans quelle ville il se réunit.
Saint Léger y fut dégradé. Ce concile n'est
point reconnu par l'Église.
676. Concile de Crêejr en Ponthieu (Cbriatiacnm).
Il n'eut pour objet que la discipline mo-
nastique.
677. Concile de Moria/, diocèse de Tonl , ou d«
Marli , près Paris (Marlacense).
On y dégrada Chramiin, évéque d'Embrun.
679. Concile des Gaules,
contre le monothélisme.
689. Concile de Rouen (Rethomagense) ,
présidé par saint Ambert ; seize évéques y
assistèrent. Cest tout ce que l'on sait de ce
concile.
742. Concile , probablement , de Ratisbonne (Ger-
qianicam).
On y fit seize canons, énoncés au nom de
Carloman , qualifié de duc et prince des
Francs. Ce concile , le premier de France
et d'Allemagne qui porte la date de l'Incar*
nation , défend aux clercs et aux moines de
porter les armes , et fait mention , pour la
première fob, des chapelains et des au-
môniers.
743. Concile de Liptines (Liptinense) ,
aujourd'hui les Estines , dans le Hainaut. Il
fut assemblé par Carloman , et présidé par
saint Boniface. Outre l'introduction de la
règle de Saint-Benoit , on y autorisa le prince
à prendre des biens ecclésiastiques a titre
de Précaire, pour subvenir aux dépenses
des guerres contre les Sarrasins , les Saxons
et les Bretons.
744. Concile de Soissons (Saessionense).
Yingt-trois évéques, assemblés par ordre
et en présence de Pépin, y firent dix canons,
qui ne furent souscrits que par Pépin et trois
autres personnes.
745. Concile d! Allemagne (Germanicum).
On y déposa Gévilieb deMayence, qui
avait commis un homicide.
747. Concile A* Allemagne.
On y reçut les canons des quatre conciles
généraux.
752. Concile de Mayenee (Moçuntinum).
On y confirma plusieurs évéques et abbés.
.- 753. Concile de f>r6«ri« (Vermeriense) ,
assemblé par le roi Pépin ; on y fit vingt et
un canons concernant pourlaplupartlesma-
486
4Mi
uumvxis.
«èK
riages. Ces canooft sont ttès^eurfett à con-
. suUer à cause des déttàiU d» aman qu'ony
irouTéL.
753. Concile de Mft* (MfAenee).
Assemblée mix.te où l'on fit buit fttatuti >
dont le cinquième a rapport à la inoniiBie ,
. et porte qu'à Paveair la uvre-paids Aê vaudra
plus que vmgt-deux aouA.
755. Coacile 4e ytnwt-iurSfinej{VvfûeiU9) ,
de f^er, près Grespy, ou de Femeiùl sur
roise, le XI juillet. On y fit viog^-einq
>canons, dont le quatorzième condamne,
comme une coutume judaïque , Fusage pu
était le. peuple d'éviter de ^e servir , le di-
manche, de chevaux, de bœufs ou de voi-
tures pour voyager , et de préparer à l'aranee
' ses aliments. Le vingt-cinquième canofi dé-
fend aux èvèques et aux abbés de recevoir
des présents pour rendre la justice.
756. Concile de Compiègne (Coropeadiense) »
le 22 jum. Oh y fit dix-huit canons concer-
nant les mariages. L'un d'eux accorde (a
permission de se remarier quand l'un des
deux époux est atteint de la lèpre. L'année
suivante il se tint au même lieu une assem-
blée où Tassillon , duc de Bavière ,' prêta
serment de fidélité à Pépin.
76^. Concile à' Attigny-sun-JUsne (Auiniacense).
Vingt -sept évêques et dix -sept i^bbés y
assistèrent, et se promirent mutuellement
de se faire dire, à la mort de chacun d'eux ,
^ iin certain nombre de psautiers et de messes.
767. Concile de Gwtilty, près Paris (GentiH «censé ).
Des légats dû pape et des Grecs y assis-
tèrent.
768 on 769. Concile de RatisbonAe (Ratisbonense).
On y interdit aux chorévéques les fonc-
tions épiscopales.
777. Cdncile de Paderbom (Paderbonensç).
Oii y baptisa un grand nombre de Saxoils.
779. Concile de Duren (Duriense) ,
dans le duché de Juliers; On y fit vingt-
quatre canons , dont le septième mentionne
pour la première fois la dlme en Allemagne.
780. Concile de Paderbom ou de lÀptt^dt {Pader»
bornense vel Lappiense).
Gharlemagne y décida la créatiod de cinq
évèchés dans la Saxe.
782. Concile de CologAe,
Assemblée mixte où les Saxons firent
leur soumission.
783. Concile de Padeiiorh ,
sur les affaires de Saxe.
785. Cbncilé dé Paderbom ,
mt le même objet.
791. Condle de Ifaiionne ,
le 17 juiîi. Sur l'hérésie de Félût d'Xîrgel,
•br lè mèBie sujet.
794. Concile de FraneftH-na^U-itHn f^htAêdi^
dfeBèe).'
Tons les évêquet de Oermame, de ^uk
et d'Aquitaine^ eC dfftix légats du pafwj
«ondamn^r^nt.rfa[érM« dé Félix d'Urgdtt
d'âipaâd de Tolède. On y fît cinquiiriMB
canons*
796. Goiidl«<da« GvUes.
On y déposa Joseph i évâqoe du Vans.
799. Concile de B^badk , dioc^ de BitisbooM
(Ratisbonense).
On y fit douze canons.
^99. Concile 6.' jUx-ia- Chapelle '{èjfûsfnamt).
Félix d*l7rgel y abjura sa doctrine.
803. Coacïlè à* jé ix- la- Chapeiie, au mois d'oetobt
807. Concile cle Salltbourg (Sdlubargeue).
On n*y XïwXÂ qiie d^affaires relatÎTesui
dîmes.
809. Concile A* Àix-îa-Chapelle.
Oh s^y occupa de la question de savoirs
le J^aint- Esprit procède du fils eomine^
père.
813. Concile à'Jrles , le 10 mal
613. Concile de Reims, le le mal.
813. Concile de 3fa/mc0, le 9 juin.
818. Conbile de Càkton-sttr-SaMe.
813. Concile de Tour».
Cles cinq «oociles , teiius par ordre ft
Charlemagae , s'occu|^èreiit sttrttmt de ri-
formes éoelésiBStiqiieë.
818. incite d';^^» kti «ola de sefîMbii
On y canfirtna les «ctes des diîq ends
précédents.
414. CtfiMsitto de JVflTtfM (Kôttoneme).
On y régla les limites de» diocèses à
Noyon et de Soissons.
816. Cëncile i^AMa-thhpette.
Oû y fit une règle pont lerèhanoJiKi*
les chanoinesses.
817. Concile à* ÂUt-tà^thàpette ,
au mois de juiti. Oil s^^ dpcdpk de h riS^
de Saint-tiehbft.
822. Concile de Thionville (apad Theodonii nlba^
On y fit, pour la sûreté des ecdéfl»^
tiques , quatre articles , qui furent eonfa^f
l'année suivante par Teihjieretu* et les p»*
de Gaule et de Germanie.
8^2. Concile d*^M%ii/ ,
où Louis le Débonnaire fit pénitence p"
bliqûe.
823. Concile de Compiègae ,
sur l'abus des clioses saintes.
825. Concile de Pvis VII,
au mois de novembre , les évâqs» .'
blâmèrent le deuxième condle de IfK*^
GON
tRAM^E.
co^
4st
826. Cencile d*jiix-là- Chapelle.
Ce fiit une suite du précédent.
8M. Q«n«l« d'iàgelhéim . sur la Saltz (Inpelheo-
heimeoss).
Hêrojd, t^wnce danois, y fut instruit 6<
ooDverti.
829. Concile de Pans VIlî ,
le 6 juin. Tingt-cinq êvêques y assîstèrétit.
On s'y occupa presque uniquement des de-
'voirs des rois et des ecclésiastiques..
829. Concile de Ma/mee^
au mois de juin. Vingt -quatre évéques y
assistèrQfit.
829. Coneiledè W»mu (Vormatiense). ^
Ony fit un cUpitulaire dé plusieurs artieleSy
dont le plus considérable défend Tépreuve
de Teau froide.
829i doneile àf hjon^
n tfen reste qu'une lettre écrite par plu-
sieurs archevêques et éfèques à Louis le
Débonnaire , pour réclamer contre la pro*
tection que ses officiers accordaient aux juifs.
880. Cohcilé de Nim^iae (Noviemaçeiiie).
On y déposa Jcssé, éTÔque d'Amiens.
681. Concile d*^/«.fa»CAa/»*//«.
On y nroelama l'Innocence de l'impéra-
trice Judith.
832. Concile de Saint-Denis , en France (Sen-Dio-
njrsiennu)»
le ï*' février. On y traita de la réforme du
monastère.
838. Concile de Çûmpi^ »^
le î** octdbre. On y condamna I^uis le
Débonnaire à uhe pénitence publique, après
l'avoir déposé. Ce concile n*est pas admis
par l'Église. Voy. ComMàoK» {plaid de),
884. Goncilis à» Saint- Denis,
Louis y fut réconcilié avec l'Église; .
836. Concilcde arA»ô»ï«7/#(»F»dTheodonÎ8 yillam).
Quarante évoques y annulèreat tout ce
qui avait été fait contre Louas le Débon-
naire , qu'ils rchabilitèrenL Abbon, arche-
vêque de Reims, fut déposé. Les aurehevêques
d« Lyon el de Yieiine y furent condamnés
par contumaee.
SSa. CoKcile de Trameje, en Brewe (Slramiaeense),
de Crémituéù en Dauphiné, selon #auti-es
historiena. Voy. aussi Crémisui {plaid de).
836. Concile à* AtM-la- Chapelle»
6 février. On s'y occupa de l'usurpation des
biens ecclésiastiques.
837i Concile d*^w-/«-C*V*'^*>
le 9o avril. On n'y prit aucune décision
importante.
888. Concile de Quitrèf-tur-Oise I (Carisiacnm),
le 6 septembre. On y condamna les ouvrages
liturgiques d'Amalaire , chorévêque de Lyon.
839. Concile do Chdlon^sur-iaâhe.
Oh n'y fit riend'importatit.
840. Candie à*Ingelheim (Ingeïiienheimense) ,
le a5 août. On y rétablit AbboU sur te iiége
de Reims.
841. Concile dé tawrtàeufn (TSèirlàcenfee],
lieu voisin du champ de bataille dé Fontenai.
On y proclama cette bataille cdntme le ju-
gement de Dieu , et ony ordohiié des prières
et un jeûne de trois joiirs j^oiir W àmeS ëas
SQldats qui ^ avaielrt péri.
84f . Coàcile de Tairi*
On y ordonna une fête annuelle pour céi»
lébrer la délivrance de la ville assiégée par
les Normands.
842. Concile à* Àîx-ht-Chapètte.
Louis et Charles le Chauve y décidèrent
le partage des possession&. de Lothaire en
France.
843. Concile de Coulène (in vilIâ Colonia) ,
près da Mans.
843. Concile de Loire, près d'Angers (apud Lau-
riaeum).
On y anathémalisa eeux qui ne respec-
teraient pas l'autorité du roi.
843. Concile de Geraiïgnjr, dans l'Orléanais (Ger-
maniciense),
relatif à la réforme des ordres monastiques.
844. Concile de Thionville.
Lothaire, Louis et Charles s'y jurèrent
une amité fraternelle.
844. Concile du Château de Fem,
On y fit dodze canons.
845. Concile de Beawnùs.
On y fit hidt articles.
845. Concile de Meaux ,
le 17 juin. On y fit, sur l'aliénation dès
biens ecclésiastiques, cinquante-six canons,
dont dix-neuf seulement furent admis par
les seigneurs réunis à Épernay Paniiée sui-
vante.
848. Concile de Paris IX,
le 14 février. On y confirma les privilè-
ges de Corbie.
846. Concile de Sens.
Rien d'important.
847. Concile de Mayenee,
pour remédier à l'usurpation des biens
ecclésiastiques.
848. Concile de Mayence^
au mois d'octobre; On y condamna la doc-
trine de Gothescalc sur la prédestinauon.
848. Concile de Limoges (Lemovioense).
Rieii d'important.
848. Concile de Bretagne (Britannicum).
Tenu par le duc Womenoé, rdatiVeBMmt
à la simonie des évoques bretons.
4SS
€0X
LUÎ^IVERS.
GO!V
848. Concile de Rtdm (Rotonense).
Le duc Nomenoé y fui proclamé roi.
848. Concile de X/o/i.
Rieu d'important.
849. Concile de Quierex-^ur^Oùe.
On y condamna Gothescalc. Ce concile
n'est point reconnu par TÉglise.
849. Concile de Chartres (Carnotense).
On y donne la tonsure à Charles, frère
cadet de Pépin, roi d'Aquitaine.
849. Côndle de Paru X. ^
On y déposa tous les chorévèques de
Fraoce«
(Il y eut cette année deux conciles en
Allemagne).
850. Concile de Moret, dioeâse de Sens (apnd
Morittom).
. On ne sait rien de cette assemblée.
852. Concile de Ma/ence.
On y fit des règlements sur la discipline.
852. Concile de Francfort' sur-le-Mein,
859., Concile de .fo won; ,
sur l'ordination d'Hincmar.
853. ConcQe de Quiercy-sur-OUe ,
contre la doctrine.de Golhescalc.
853. Concile de Paris XL
853. Concile de P^erberie,
On y approuva les articles du concile de
Soissons.
855. Concile de Valence , en Danphiaé.
On Y fit vingt-trois canons, dans l'un
desquels les évéques proclament <* la prédes-
tination des élus à la rie, et la prédestina-
tion des méchants à la mort. »
855. Concile de Boneuil (apnd rillam Bonoilôm),
à trois lieues de Paris.
857. Concile de Quigrcf ,
assemblé par Charles le Chauve pour aviser
aux affaires du royaume.
857. Concile de Ma/ence.
Les actes de ce concile sont perdus.
858. Concile de Worms.
Réunion de l'église de Hambourg à celle
de Brème. ^
858. Concile de Qvdertj.
On y écrivit une lettre au roi Louis le
Germanique, pour blâmer sa conduite.
859. Concile de l'abbaye de Saint-Jome, près de
Langres (Lingonense).
On y fit seize canous.
859. Concile de Metz ,
le a 8 mai , pour aviser à la paix entre Charles
le Chauve, Lothaire et Louis le Germani-
que.
869. Concile de Toul (Tullense), ou de Saronnière
(apnd Saponarias).
On y fit treize canons sur des affiûra
particulières.
860. Concile d'^M;./a-CAa/)e//«.
le 9 janvier, au sujet de la reine Thietbei^ge.
Ce concile n'est point reconnu par l'Églik
- 860. Concile de Câblent» (Confiuentittm),
le 5 juin. Traité entre Louis , CWles et
leurs trois neveux, Louis, Lothaire et Char*
les.
860. Concile de Mayenee.
860. Condle de Toul II on de Tusey, près de Vm-
couleurs (Tasiacrase).
. Cinquante-huit évéques souscrivirent doq
canons contre les pillages et les parjures.
861. Concile de Soiuons.
. Rothade de Soissons y fut excommunié
par Hincmar.
861. Concile de Pitres-sur- Seime {f\a!baM).
Ce concile, commencé le 25 juin, don
jusqu'à Tannée suivante. On y publia un ca-
pitulaire de Charles le Chauve coatre les
pillages.
862. Concile de Soissons.
Ce concile n'est point admis par l'Église.
862. Conà\e à' ÂisB-la^CliapelU,
le 110 avril. Les évéques y permirent à
Lothaire^ marié avec Thietberge, d'épouser
sa concubine. Ce concile n'est point recoooti
par l'Église
863. Concile de JSfeu,
relatif au mariage de Lothaire. Ce oODok
n'est point reconnu par l'Église.
^ 863. Concile de Vetberie^
le 25 octobre. On y termina les lonstfs
contestations de l'évéque du Mans et ^
l'abbé de Saint-Calés.
864. Concile de Pitres ,
le 25 juin, pour les affaires de l'EglittC
de l'État
864. Gooeilede Cologne.
le 26 septembre. On y confirma les stainO
de l'église de Cologne.
865. Concile d'Jttigny (Attiniaeease).
Arsène , légat du pape , 7 obligea U-
thaire de reprendre Thietberge, sa fenufle.
866. Concile 3e Soissons,
le 18 août On y couronna la reine H(^
mintrude , femme de Charles le Chauve.
867. Concile de Troyes (Tricassinnin).
le 25 octobre, relatif à des discussioK
avec la cour de Rome j sur la dépoâtitt
des évéques.
868. Condle de JForms,
le 16 mai. On y fit quatre-vingts oan(ms.
868. Conciles de Gaule et de Bourgogne (GalKesM")'
Les Pères de ce concile récJamèreot eotS/t
le pape la liberté des élections des évèftfk
J
CON
FRANGE.
c»ir
489
969, Concile de Verbene,
]e a4 avril. On y accusa Hincmar, évêque
de ]ùoa, de tnuùsoa envers Charles le
Chauve.
869. Condle de Piftvi,
CD août. On y fit quinze capitules sur les
affaires de l'Église et de l'État.
869. Concile de Mets»
le 9 septembre. On y couronna Charles
le Chauve comme roi de Lorraine.
870. Concile de F'iennt en Daaphiné.
On y traita des privilèges monastiques.
870. Concile d'Âitign/.
Trente évécfhes y jugèrent, au mois de
mai, Carloman^ fils-du roi Charles.
870. Concile de Cologne.
Les actes de ce concile sont perdus.
871. Concile de Dotui-les-Prés (Duziacen«e) ,
dans le territoire de Mouzon, le 5 août.
On y déposa Hincmar de Laon.
871. Concile de Compifgne.
On y excommunia les fauteurs de Carlo*
man , révolté contre son père.
873, Concile de Sentis»
Carloman y fut déposé du diaconat et de
tout degré ecclésiastique, puis condamné
à mort.
874. Concile de Doust-ieS'Prét.
On s'y occupa des mariages incestueux
et de l'usurpation des biens ecclésiastiques*
874. Concile de Reims.
876. Concile de Pontion (Pontigonense),
■a diocèse de Châlons-sur-Marne , le 21
juin. On y confirma l'élection de Charles le
Chauve comme empereur. Dans un des ca-
sons on défendit de piller les meubles de
'érêque après sa mort.
877. Concile de Compiègne.
877. Concile de Compiigne,
e 8 décembre. Louis le Bègue y fut cou-
unné roi de France.
878. Concile de Ifeuslrie.
878. Concile de Tro/es.
Commencé le 11 août par le pape Jean
t trente évèques, ce concile eut ciuq ses-
Ions. Dans la troisième on ordonna de
lisser sans sépulture les cadavres des excom-
luniés. Après la cinquième, le pape cou-
>nna le roi Louis le Bègue.
879. Concile de Maniailie (Nantalense),
itre Tienne et l'Isère, le i5 octobre:
ngt-trois évéques y accordèrent le titre de
»i au duc fioson.
181. Concile de Fimes (apad Sanctam Macram),
diocèse de Reims.
880. Concile de CAdIon-sun-Séiône » le tSnui.
887. Concile de Cologne , le x*' arril.
887. Concile de J»or/»
entre les diocèses de Maguelone et de Nî-
mes, le 17 novembre. On y déposa deux
évéques.
8^. Concile de Tours,
868. C»ùéi\9d* jégaune on Saint']lfauHe*{AgtMnm»e)t
en Valais. Rodolphe y fut reconnu roi de
la Bourgogne transjurane.
888. Concile de Mets.
888. Concile de Ma/enee,
890. Concile de Worats.
Les actes de oe concile sont perdus.
890. Concile de Volemea , en Dauphiné.
Les évéques des provinces d'Arles , d'Em-
brun et de Yieune y élurent pour roi, Louis,
fils de Boson , Agé "de dix ans.
• 890. Concile de Fortheim (Forcheimeue),
au mois de mai. On y reconnut pour suc-
cesseurs du roi Amoul, à défaut d'héritiers
légitimes, les deux bâtards de ce prince,
Wentibolde et Ratolde.
891. Concile de ilfeiui-»r- 2>ir« (Magdunense),
892. Concile de VUhm.
On y fit quatre canons contre les usurpa*
teurs des biens de l'Église.
893. Concile de Reims.
Le a 8 janvier on y sacra roi de France,
C3iarles, nls de Louis le Bègue.
894. Concile de C/uUon-sur-Saône.
Le i"* mai, on s'y occupa de l'affaire de
Gerfroi, moine de Flavieny, accusé d'avoir
empoisonné Adalgaire, evêque d'Autun.
895. Concile de Trieur on Trewe, près de Mayence
(Triburieuse).
On y fit cinquante-huit canons. Le vingt-
deuxième portait que ceux qui seraient ac-
cusés de quelque crime dont la pieuve
n'existait pas , se purgeraient par serment ;
mais que si l'on avait quelque raison de les
.soupçonner» ils subiraient l'épreuve du fer
ardent.
900. Concile de Reims,
le 6 juillet. On y excommunia les meur-
triers de l'archevêque Foulques.
902. Concile d'jisiilan (Attilianum ), au diocèse de
Marbonne.
903. Concile de Foreheim.
Adalbert, comte de Bamberg, y fut dé-
pouillé de ses biens.
906. Concile de VJbba/e de Saint-Tibeti» en Lan-
guedoc (apad S.-Tiberium}»
relatif à l'église d'Ausonne.
909. Concile de Jonquières (De Jnncheriis),
au diocèse de Maguelone, le 3 mai; peu
important.
909. Concile de Troli, près de Soissons (Trotleia*
num) , le a6 juin.
921. Concile de Troli.
4M
cbit
L'ONiVÉllS-
4Mll
93t. Concile de Cobtentt.
On y ftt huit tanons.
023. Concile de Reims,
Seulfe, archevêque de KeioiSy et ses suf&a-
gants y qrdonnèrent à ceux q^i s'étaient
trouvés à la i)atailie de Soissons, livrée eotre
Charles et Robert, de faire péuitence pen-
dant trois carêmes consécutilî, codiine ayant
assisté à une bataille donnée enire Français.
927. Cooeilv de Trh^ (Trcvifense).
Les Mte« en sont perdus<
927. Condlede TmR,
eautdqué par Hébert, coiale de Termin-
dois; peu important.
93S. €»iidle d« FUHts,
diocèse d# Reims , contre les nsurpalcfurs
de biens eceiéfliastiques.
911. Ccineile de S(^setii,
On y déposa Artaud, ftrehevéque de
Reims. Ce concile n'est point reconnu par
rÉglise.
947. Oùûdit âë Jftuèoratet
le 27 mars, sur le rétabHssetneht de la
discipline ecclésiastique.
947. Concile de P^enbtn (Virâttnense).
On y maintint Artaud sur le , siège de
Reims.
948; Condle dé JHotUon (IloSomense) ,
sur le même sujet.
948. Concile d'/n^Me/m ,
en présence des deux rois Otton et louis
d*Oulre-mer. Vingt-binq évêques y assistè-
rent avec un grand nombre d'abbés , de
chanoines et de moines ; on y rétablit Ar-
laud sur son siège et oh y menaça de l'ex-
comiBuuication; Hugues, cdmte de Paris.
948. Concile de VÀMajre dt Saint- f^incent de huoa
(Laudunense).
On y cita le comte Hugues pour qu'il eût '
à répondre aux accusations dirigées contre
lui.
948. Concile de Trècès.
Hugues y fut excommunié.
972. Concile da Mont-Sainte-'Marie » diocèse de
Soissons (apad Montein Sanctao Maris).
975. Condle de Reims,
On y excommunia Thibaut, usurpateur
du siège d'Amiens.
987. Ceincile d« Rtimi,
On y excommunia Amoul, fils naturel du
roi Lothaire, comme étant de connivence
avec le prince Charles de Lorraine.
' 988. Condle de Reims.
le a3 janvier. Le même Atneul y fut élu
archevêque de ReiniS;
989. Condle dé AnltS.
). Condle de VJlbaxe de CX«ri^(MiSt « Mh
(Carroftaeé].
On y fit trois canons centre les lMri|^
et ceux qui frapperaient les clercs.
990. Coiidfe de JfmiMiMi ,
^ûàttë les MuriMtettirs des biens eoMiii-
ques.
991. Coodie de Saim-Bushi, ptH Rdiiu (Rtmeue).
Oti y dép&sa Arnottl; comme coopaUe
de trahison. Ce Cûndle fl'eâl [loint tecoBin
par l*Église.
9M. Go^le de Reiks ,-
contre les usurpateurs des hïtté ecclésiasti-
ques.
994. Coddle A'jinsè {ktiéianÀ), pik dk Ijfb.
On y fit neuf canons. Le Sëptièfne déioi
les œuvres sérviles le samedi depuis nones,
et le huitième prescrit rabstinence te Bff-
credi et le jeûne le vendredi.
995. Condle da JlfcntioR,
le a juin. Gerbert, archevêque deReias,
y fut àuspendu dé ses fonctions.
996. Gôiicile et Seùnt-Dénis ,
sur les dîmes de Tabbaye. Ce concile doou
lieu à une émeute qui fit fuir les èfèqaei.
999. Condle de Poitièfr,
le i3 janvier. On y fit trois canons tat
le dernier défendait, sdus peine de ééfft
dation , aux prêtres et àvdt diacres à'WB
dés femmes chez eux.
1003. Condle de Tkiontitte.
1015. Condle de Reiwu.
1990. Condle à* Ain (Àiriaeenie). dansrAHin»
1022. Condle d'Or/«biw.
On y condamna au feu treize maaiééc*
nouvellement découverts. Le roietlini*
Constance y assistaient
1023. Concile de P^Uert.
On y discuta , sans la décider, k qiMS^
de savoir si saint Martial devait Itre,^
les litanies , placé parmi les apétns *
parmi les confesseurs.
1024. Cdndlè de Pmris îtll.
On y donna le titi^ d'a^^ i §MJÊ^
tial.
1024. Condle â^Anse * pMs de Vftm.
1027. Condle de Cktnoax , m félÊ»'
contre les manichéens.
1029. Condle de ZiiMeyIu.
iOSl. Cotieilede Rmofêtt
le i*r novembre. On y fil vmgt-ciwf*
nom ; le cinquième prescrivait aax s*^
diacres de garder le célibat o(Hiin<'^
prêtres et les diacjvs; le sixième onkaïf
aux ministres ecclésiastiques, séculiers rfif
guliers, de se raser la barbe ctdeportff>
tonsure en forme de Gooftfitne.
tin
Hi^ct.
COR
491
r
YOSI. Cbiicite ai tMogéJf,
le i8 novembre. Oh y pronon^ l'eiooin-
munièàtidh ëbntre tous ceux qui àe garde-
raient bas Iti paix et la justice; on peririit
de Wè'hër iiod-sëulëmeni dans lit oathS-
ûHk , ihàU dans toute autre église ^ pourvu
tjtië lë tirédidatëtù^, clerc bu Inôiiie, eût àii
tooîiiâ rôTdre dé lecteur,
i6d4* Concile à'uàquitMne,
Il se tint plusieurs cpnciles cette «nné^,
ou ron décida qu^où ieûnéraii le vendre4|,
et qti'oh 8*àbstièiidrait de Tiaode» w iamedi.
1041.
Il se liât plusieurs conciles ep FraAoe
c^tté ànnééf poiif rétablissement de k trêve
de Dieu.
1042. Condiç é.e Saint- Gtlles (SuaèÛ iêgidii)>
eh Languedoc. On y confirma la trêve de
t)ieu,
1043. Condi0d«jy<v&«aa«,
Je 17 mars et le 8 août.
1047. Côodl* de THhtjf (T<aitgienM)i ait diocèse
d'Ëlne.
lo48. Condle de Sens,
I049. Concile de Reims,
le 3 ôctolH'è» présidé par le pape Léon.IX.
Tiiigt êvêqiies et cinquante abbés y assisiè-
f<ent; oh y défendit sous peine d^a^tbéoa^,
à tout autre évèqùè qii'à celui de Rome , de
brendre lé titré d'apostolique ; on y excom-
munia les évêques qlii , ayant été invités au
boncile, h*y étaient point venus, et n'avaient
point ëntbvê d'excuse par écrit.
1049. Concise de Rouen.
On y &t dix-neuf canons contre la sioM-
■ nie.
IbSO. Condle de -Tours,
contre l'hérésie de Bérenger^
1050. Condle de Brîonne (Brionense),
en Normandie, contre le même Béreofer»
1060. Concile de Paru XUI.
tin y condamna Èérenger»
1054. Condle de J\hrbùnne.
On y confirma la trêve de Dieu.
Ij0t»&. Condle de la Gaula L/oniataéi
1056. Condle de Tours.
On Y reçut la rétractation de Béreagerv
1056. Goricîlb de Usieujf (LelbtlehM^ ;
tenu k la demaiide de Gitttlatnne le Bâtlird ;
on y déposa Mauger» archevêque de R^lien,
et 0nj déereta le iotwre*/ea.
1056. OiOéWe du Ràatn.
On y dressa une pi^ofôsâlbn de foi par
làqné^ an recomtaidtait , ^u'ftprèèi lï tJoA-
saerittM»]!, lé pain et \é vih detienheht le
oorps «t le sang de J. 0.
1(^5. Concile de Ifarbonne.
1055. Condle dfJngtn ( Andigtvenie) »
ëôhtre Èêrehçér.
1055. CoMile de Toufetàt,
contre la simonie et la nvia^ des aeelé-
siàstiques.
1650. Condle d'^r^,
relatif à l'^oçmmunieation de Béreager ,
vicolnte cle Narbonhe.
1060^ Gonaie 4e ^f«ftfw.
Le 3 1 janvier, «m y fit dix ëanonl sur
la simonie et rincantineneedes clercs.
i960. Concile de Tban,
On y aonfinna lef dédsîbnft frileé dans le
précédent.
I669i Cdn«ite ^ Tèkfbyséi
lÙ&È. C&àtàleà'Jiii^krè,
le 4 avril. On y condamna l'hérésie dé Bé-
reng^«
l9«è,€oaéi»dëOkihh'M^Sà«Hei
1068. Condle d*Auch (Avscense).
On y ordonna c|Ue touie^ lek églises du
diocèse, sauf.eeUe.dtf Sàini^raÉi, Paye-
raient à lacathé<irale le quart de leurs aimes.
IM8. Goataike de TMtiUie ,-
contre la simonie.
1070. Gbndle é*Jhaè » diObèâe dé Vf (M.
ID73< Condle de Ghéitin^UfaSMàei
1072. Condle de ildute.
On y fît vingt-quatre canons ; le einquîèiiie
défend aux prêtres de baptiser sans être à
jeuni hors le ct^ de néoea^ilê; Le qtiiKor-
j^ième prohibait les mariages secrets. Enfin,
d'après le dix-septième ^ nn homme veuf ne
pouvait épouser une femme atèe laquelle il
avait eii commerce pendant la vie de sa pre-
mière femmej .
I073< Concile de Ro9«h,
au sujet d^un tnmulte arrivé dans l'église
de Saint-Ouan«
1073. Concile de Pbîtiért t
au monastère de Moustiër-Neuf ^ petit' obli-
ger Guillauine YI » comte de I^oitiers , à
quitter Hildegarde de Bourgogne , sa femniè.
1073. Genéile de Châhh'SUt'Sàône,
1073( Condle de Poitte» ,
le i3 janvier* contre l'hél^ë de Bérenger,
qui £aiUit y tire tuét-
iOM. Getidle de Rouen.
On y fit quatorze oâUbiis »it la discipliné.
1074. Condle de Parts XlV.
contre les décrets dé Gi^goirè YII, qui dé-
fendait adjt fidèles d'assister à la messe cê-
lébj^ par dê$ prêtées conëbbihairés. Ôe
concile n'est pas reconnu par l'Église.
1077. Coiicîlê cie Jbijon (Dîvionense),
On y àûpbià lés ëlércs siihohîaqdes.
493
COH
L'UNIVERS.
CQH
1077. Condie à*jiutun (An^mtodonense).
Oo y fuspencRt ntanassès , archevêque de
Reims , pour crime de simonie.
1678. Concile de Poitiers.
On attribue k ce concile dix canons, dont
le huitième exclut les bâtards des dignités
ecclésiastiques.
' 1079. Concile de Bretapte (Armoricaniim) *
pour remédier à quelques abus.
1079. Concile de Lyon,
On j déposa Manassès.
1080. CoDdIe de JfMttjr. *
On J déposa Ursion, évéque de Soissons.
1080. Concile de LiHebotme, en Normandie
(Juliobonense).
On y fit quarante-six canons (treize, sui-
vant d^autres) contre les clercs concubinai-
res»
1060. Concile à* Avignon (Àrenionense).
On y déposa Achard, usurpateur du siège
d^Arles.
1080. Concile de Bordtmtx,
contre Fhérésie dé Bérenger.
1060. Concile de G&a/roiur, en FvHtou.
1081. Concile de StUatt* (SAntonense) ;
peu important.
1081. Concile. d'IssouJun (Ezolidanense).
Le i8 mars , on y excommunia les deres
dlssoudun et les chanoines de Saint-Martin
de Tours.
1082. Concile de Méoux.
On y décida que les monastères qui ne
pourraient entretenir que dix religieux se-
raient soumis à Marmoutier ou à Gluni.
1085: Condie d« Satnt-Comeilie de Compiègne.
Dix évêques et dix-neuf abbés y dépo-
sèrent Evrard, abbé de Corbie.
1089. Condie de Saintes.
1090. Condie de Toulouse.
1091. Concile de Narbonne,
contre la siàionie.
1091. CondI* ù'Étampes (Stampense),
relatif à l'élection d'Yves au siège de Char-
tres.
1092. Condie de ^<iiM0iu»
contre Thérésie de Roscelin.
1093. Condie de Reims.
On y défendit à Robert le Frison, comte
tt Y\^^^^^9 ^® s'emparer, comme il avait
1 habitude de le faire, de la succession des
clercs après leur mort.
1094. Concile de it«n^,
le 17 septembre, relativement au ma-
riage de Philippe I^'aves Bertnide de Mont-
fort.
1094. Condie d'jéutun.
On y excommunia le roi Philippe.
1095. Condie de aemoat, en Auvergne (dm*
iBontanuu»).
C'est le plus célèbre de tous les conciles
qui se tinrent en France ; il fut convoqué
par le pape Urbain II ; il s'ouvrit le 18 no-
vembre et finit le a3 du même mois. Tra»
archevêques, deux cent cinq prélats portut
crosse, tant évêques qu'abbes, assistèrent
à cette assemblée où étaient accoures de bws
côtés des milliers de barons et unemultitadt
immense de peuple. Après avoir commencé
par des décrets sur la r^orme du dergé, le
rétabhssement de la trêve de Dieu, « k
renouvellement des excommunications la-
cées contre l'empereur Henri IV et le ni
Philippe I», on s'occupa de la grande 1^
faire qui préoccupait la chrétienté lout »
tière, et l'on adopta un canon portant qv
« quiconque [lar seule dévotion, et noi
« pour acquérir des honneurs ou de ^l^
« gent, se consacrerait à délivrer l'église ik
«Dieu à Jérusalem, pourrait réputer sa
« pèlerinage en lieu de pénitence. » Le pape
Urbain adressa ensuite à U multitude m
premier discours qui n'était point à la h»-
teur de la circonstance ; mais Pierre PEr-
mite qui lui succéda , fit un tableau si pi-
thétique des souffrances éprouvées parks
chrétiens d'Orient , qu'il excito le plus nf
enthousiasme parmi tous ses auditeurs; k
pontife reprit alors la parole, et son discouB
entrecoupé de pleurs et de sanglots reowii
tous les cœurs : « C'est du sang chrétifl»,
« dit-il, racheté par le sang du Christ, qà
« se verse en Asie; c'est de la chair dat-
« tienne , de même nature que la chair di
« Christ, qui est livrée aux bourreaux...'
« Nation d'au delà des monts, aimée e(
« choisie de Dieu, que vos âmes s'émeuwst
« au souvenir de vos ancêtres! La terre qoe
«vous habitez a jadis été envahie par»
« Sarrasins , et l'Europe aurait reçi la ki
«» de Mahomet sans la valeur de vos pèrs.
« Rappelez à votre esprit leurs daogenei
« leur gloire; ils ont sauvé l'Occident dek
« servitude, vous aussi vous déUvrerez Ha-
« rope et l'Asie; vous délivrerez la cité di
« Christ , cette Jérusalem que s'était duà*
« sie le Seigfheur, et d'où la loi nous est «-
** nue Puisque vous ayez tant d'ardtf
« pour la g|uerre, dit-il, en se touF»^
« vers les seigneurs et les barons, eo void
« une qui expiera toutes vos viokoee;
« puisqu'il vous faut du sang, versez le sii{
«infidèle. Soldats de l'enfer, deveneaki
« soldau du Dieu vivant. Le Christ otaMrf
m pour vous , à votre tour moorec f^
« lui. ••
tùn
FItAN€B.
€0N
403
Ha enUidUsiasiiie diffidle a décrire ac-
cueillit ces paroles. La foule entière se jeta
aux pieds du pontife , et tous , aux cris mille
fois répétés de Dieu le veut! Dieu le veut!
firent le serment de délivrer la terre sainte.
Ils adoptèrent ensuite pour signe de recon-
naissance, une croix cousue sur Jeurs ha-
bits, et de là prirent le nom de croisés.
Urbain leur, promit la rémission de leurs
péchés, mit leurs biens sons la garantie de
la trêve de Dieu , et excommunia à l'avance
ceux d'entre eux qui violeraient le sermeni
qu'ils venaient de faire. (Voyez les AKNi.LBS,
1. 1, p. 17a et suiv., et l'article CaoïsADES.)
1096. Concile de JRouen >
en février. On y confirma les décisions
du concile de Clermont , et on y -fit huit
canons, dont le sixième défendait, sous peine
d'excommunication , aux laïques aussi bien
qu'aux dercs de porter les cheveux longs.
1096. Concile de Tours ,
présidé par te pape Urbain II. Çn y con-
firma le concile de Clermont ; suivant un
auteur contemporain , le pape s'y fit cou-
roaner sur le seuil de l'église , d'une cou«
ronne de palmier, selon l'usage qui se pra*
tiquait à Rome,
1096. Concile de Nîmes,
présidé par le pape Urbain II. On y fit seize
canons, dont le plus remarquable est celui
qui confirme aux moines le di^oit d'exercer
les fonctions sacerdotales.
1097. Concile de Saintes,
le a mars. On y ordonna de jeûner les veil-
les des fêtes des apôtres.
1097 Cdncile.de Reims.
1099. Concile de Saint- O/her (Audomarense).
On y publia cinq articles sur la trêve de
I>ieu.
IIOO. Concile de f^alenee, en Dauphiné.
Ou y suspendit pour simonie , Norgaud,
évèque d'Autun.
1 100. Concile de Poitiers.
On y déposa Norgaud et on y fit seize ca-
nons , dont le cinquième défendait l'usage
des gants, des sandales et de l'anneau dans
l*exercice des fonctions ecclésiastiques , sauf
une permission du pape.
IIOO. Concile d'^itjtf.
On y excommunia ceux qui, ayant pris la
croix, y n'accomplissaient pas leur vœu.
1104. Concile de Trojes.
J 104. Concile de Beaugency (Balgenciacense).
Le roi Philippe I"" et Bertrade y jurèrent
de \ivre séparés jusqu'à ce qu'ils eussent
obtenu dispense du pape.
1104. Concile de Paris XV.
le 2 décembre. Philippe !««• et Bertrade
de Montfort y furent absous des excommu-
nications prononcées contre eux.
1 106. Concile de Reims ^ le 2 juillet.
II06. Concile ^ de wPoiVierf.
On y publia la croisade.
1106. Concile de' Lt'sieux ,
présidé par Henri I", roi d'Angleterre.
1106. Concile de Troj-es,
présidé par le pape Pascal II. Le mariage
de Louis le Grès avec Lucienne de Roche-
fort y fut déclaré nul.
III2. Concile d'jénse.
Il n'en reste aucun acte.
II 12. Concile de tienne.
On y condamna l'investiture donnée par
un laïque.
II 12. Concile d'Jix (Aqueuse).
Peu important.
11 14. Concile de Seauvais,
On y excommunia l'empereur Henri V et
Thomas de Marie.
11 15. Concile de .$^oùj on/.
Il 15. Concile de ^eim.
On y excommunia encore l'empereur
Henri.
II 15. Concile de Tournus (Trenorchiense).
Il 16. Concile près de Bèze, alors diocèse de Lan-
grès (Lingonense) , aujourd'hui diocèse de Dijon.
1 1 16. Concile de Dijon.
Il 18. Concile de Toulouse.
On y décida qu'une croisade serait pré«
chée contre les Maures d'Espagne.
11 18. Concile de Rouen.
Assemblée mixte.
11 18. Concile de Vienne.
Les actes en sont perdus.
II 19. Concile de Toulouse,
le 8 juillet. On y fit dix canons , dont le
troisième est dirigé contre les manichéens.
1119. Concile de Reims ,
présidé par le pape CalUxte II, assisté de
quinze archevêques , déplus de deux cents
évêques , et d'environ autant d'abbés. On y
fit plusieurs décrets contre la simonie , les
investitures et l'incontinence des ecclésias-
tiques , et pour la trêve de Dieu.
1119. Concile de Rouen ,
en novembre. On y défendit aux prêtres
tout commerce avec les femmes, ce qui excita
une sédition.
II 20. Concile de Beaucais,
On y canonisa saint Arnoul de SoissonSi
1132. Concile de Soissons.
On y obligea Abailard de brûler lui-même
son livre de la Trinité.
éu
WN
vmnjos^
MU
}I34. Couale <!« Jh*«mif^
1127. C9f)ci|« 4« Aisul^.
On Y ^ondaipua reKeieioe du droiC 4*^
Bris (voye^ cç mot).
11 28. Conpile 4e Tro/ef.
On y décida que Ton donnerait une règle
par écrit et Thabit blanc aux. templier^*
1198. ComA]» de Motim,
1129. Concile 4« Pdm XVI.
On y réforme le monastère d-Argenteuil.
II29. Concile de Chàions-sw-Afamt ^ le a férriec^
1 130* Concile du Pui en fêlai (Aniciense).
On y excommunia Aujiclei ^f comma
sdiismatique.
1 130. Concile d'Êtampes;
en avril. Assemblée mixte, où Ton déclara
Pierre de Léon antipape.
II 30. Concile de Clermont, en Anvergne.
On y fî^ treize canons.
1131. Concile de ^e/m,
le 19 octobre , présidé par Innocent II.
Treize archevêques, deux cent soixante-trois
évéques, et un grand nombre d'abbés, de
clercs et de moines français , allemands , an-
glais et espagnols, y assistèrent. On y publia
dix-sept canons ; le douzième condamne en
ces termes Tusage des tournois : « Nous dé-
« fendons en toute manière ces fériés ^ on
« fêtes détestables où les nobles s'assemblent
« et combattent témérairement pour faire
€( parade de leur force et de leur audace ,
» d'où souvent il arrive mort d'homme , et
« danger pour les âmes. » Louis VII, qui
assistait avec son pèr« à ce concile, y 111$
sacré par le pape,
1132. Concile de Creixan (CreisMnani)* daBi le
tefritoire de Karbonne.
1133. Concile 4^ Jouarre (Jotrense),
diocèse de Meaux.
Il 40. Concile de Sens,
le 2 juin. On y condamna les doctrines
d'Abailard.
^42. Concile de Lqgni (Latiniacense).
1145. Concile de Bourges.
Louis VII y déclara son projet de partir
pour la terre sainte.
II46. Concile de f^«2«Aii (Yizeliacense) ,
le jour de Pâques 3i mars. Louis Vil sV
croisa avec la reine Éléonore et un grana
nombre de seigneurs.
1146. Concile de Laon,
relatif à la croisade.
1 146. Concile de Chartres |
le 30 avril , relatif à la croisade , dont saint
Bernard refusa d'être le chef.
1147. Concile dç Paris XVÏI.
On y examina les doctrines émises sur la
X«in<t(l, i^r OUiMit â^ k BowÉ»» é#e
d^ Poitiflrfi«
114^. Comâ^^ ifi M^m*
Ifl 9 X mars , présidé par le pape JLnfjm UL
On y fit plusieurs canons, dont la sixiène
privait de la sépulture eeclésiasliijue la
avauêf qui enoignamHt des églises au ààk
4e ce (fui avait été anukemnement régie. Qa
y abolit en outre les sous^tufonés. ôilbot
dfi la Porrée y rétracta ies erreurs.
1 153. Concile de BeaugtHej.
le 18 mars. On y prononçi la nullité du ■>•
viage deLouisVHaveeÉiéenoredeGiiyflini
1154. Concile pràs de Muret»
relatif à Tinsurrection éss habitanU deTe-
zelai contre l*abbaye dn même non).
II55. Cobcile de Soùsons,
Louis VII et les barons y jurèrent 0»
paix de dix ans.
1157. Concile de Reims ^
contre les Fifres, secte d* Albigeois rcjundoi
en Picardie et dans les Pays-Ba$.
I|6|. Concile de Neufmarçkê {nmid NoTumNo*
catum) , diocèse de Ron<9.
II61. Concile de Beauyai^.
Dans ces deux conciles*on recoiiuatponr
pape Alexandre III. ■«
1162. Concile de Montpeltier (Monspdi«ns<)<
On y excommunia l'antipape Tictor i
ses complices.
II63. Concile de Tours,
le 19 mai, présidé par le pape Alexandre \&^
assisté de dix-sept cardinaux , de cent vsb^
quatre évéques et de quatre cent qtAtaff
abbés. On y publia plusieurs canons, do'
le quatrième condamnait les maniehéetu.
1 16ii. Concile de Lomhers, prés AIbi (Limbari«N)>
contre les Bons-homme^ , ^i liaient bmw-
chéens.
1166. CÔMik de iZtoMik
ina. Concile d'Jpraneàfs (AMasalMi*).
le 21 mai. Henri II y fut absous de TW'
sinat de Thomas de GantorbérL
II8I. Concile du Puj (AnicieiiseJ,e(d«|«(i
(Vasatense).
1182. Concile de Lîmoge$,
sur la discipline.
1185. Concile de i>4m XnU,
relatif à la croisade.
II85. Concile de Cktammr.
1187. Concile de Ijfouzoti, diocèse de Idas*
II88.
Il y eut cette année plusieurs asscmU^
relatives à la croisade; elles se tinrent, »
première entre Gisors et Trie , la ««■"
au Mans, la troisième à Paris f dans ki de*
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dernières, oh dédda rétdblÛMnent de la
1190. OwâU ck novmt
le I X février. On y fit trente-deux caoont.
1193. Concile de ComfUgne,
On f déelara nul le mariage dePhilipp^^
August» avee Ingebiirge.
1196. Conetle de Montpéliitr.
On y accorda «{iielques privilèges aux fi-
dèles qui iraient secourir les chrétiens d'Es-
pagne.
1196. Concile de Paru XIX.
On s'y occupa de la validité du mariage
du roi.
1198. Candie de Senst
contre les Popiicains, espèce de manichéens.
1 199. Gondle de />(/m,
relatif au mariage du roi.
1200. Concile de Flnrn*.
On y prononça Tinterdit sur les terres de
Fhîli ppe- Auguste.
l'SOO. Concile de Nûsle en Vermandoi8(NigelIeose).
On y leva l'interdit prononcé à Tienne,
1201.
Sur le même sujet.
I20I. Concile de Pari4 XX.
On y condamne Evrard de Nevers comme
hépétjque.
1204. Copcile de ^eaus.
1205. Concile à* Arles,
t209. Concile de Montelimar (Montis-Limarii).
1209. Concile de f^aiânce.
Le comte de Toulouse y fit sa soumission •
au légat du pape.
1209. Concile de Saint-Giiies.
Le comte de Toulouse y est absous.
1209. Concile d'Avignon.
1210. Concile de Saint-Gittts.
1210. Condle de Paris XXI.
On y condamna au feu quatone des dis-
ciples d'Amauri ; on décida que les livres de
la métaphysique d'Aristote récemment ap-
portés à Paris, et traduits du grec en latin,
seraient brâlés , et que défense serait faite
de lés transeiire , de les lire et même de
les garder, sous peine d'excommunication.
121 1. Condle de JVerbojuie.
On y offrit au comte de Toulouse de lui
rendre ses États sMl voulait enchâsser les hé-
rltiques , ce que le comte refusa.
I2II. Condle d'u/r/ej.
On y excommunia le comte de Toulouse.
ISI!3. Condle de Paniers (Apamiense),
présidé par Simon de Montfort.
1213. Concile de Paris XXII.
On y fit, pour la réformation du clergé,
éikweirê ftatulSi dont Tun défendit la célébra-
t^o de la messe i tkn* ou tmsfiicH, (Voyes
ce mot.)
1213. Condle de jMvatir\ fVanlIiiM).
12 15. Condle de HontptlUfr,
Les prélats qui y assistèrent demandèrent
an pape de leur donner Simon , comte de
Montfort , pour seigneur en place du comte
de Toulouse. On y fit en outre quarante-six
canons.
1215. CoMUede^w^iXXUI.
R^iert de Gourçon, eavdi&ai et iéoit, y
fit un statut pour î'écoW de Paris ; G%Bt le
plus ancien règlement en oe genre.
1216. Concite de Melm.
Les grands du royaume s'y oppestMiit ^
]'exoommunicati«& lanoée par Inaoeelit Uf
contre Philippe-Auguste.
1219. Condle 4e Toahasé»
1983. Concila de /Zomn,
ISS», GoncUe de Pvù X3U¥,
contre les Albigeois.
IfiSA. Concile d« MmUpeUitr.
IStt. Go^fUe de P^ri$ %Vf ,
sur les affoires d'Angleterre et des Albigeois.
ISIS. CoMile de Afe/iiii.
' 1225. Condle de Sourg$s,
La demande qui fut laite par le pape de
deux préb^ides dans chaque église cathé-
drale , et de deux places monacales dans cha-
3ue abbaye, y fiit rejetée par les procureurs
es églises.
1229. Condle de i>«arr« XXVI.
On y exeommunia Raymond, eomtt de
Toulouse , et on confirma au roi et à ses
hoirs à perpétuité, les droits sur les terres
de ce comte.
1227. Concile de Ifaihonnê.
On y fit vingt panons, dont quelmies-uns
ifègardent les juifs, que l'on obligea de porter
sûr la poitrine la figure d'une roue.
1227. Concile de ParU XXVII.
Ce concile, assemblé d'abord à Meaux, fu(
ensuite transféré à Paris. Raymond y ^igaa
un traité de paix avec le roi.
1228. Concile de Toulmue.
On Y publia quarante-cinq canons contre
l'hérésie ; le quatorzième défendiiit aux laï-
ques d'avoirles livres de TAncien et du Nou-
veau Testament.
1231. Çondie de Routa»
On y fit cinquante-deux règleiDoenls de
discipline.
123 11 Conpile de Chéteau-Gontier.
On y ordonna, comme dans le concile (pré-
cédent, de raser complètement, pour laire
disparaître la tonsure cléricale , les cUrcs ri'
bauds oagouUardi, HToyez ces mots,}
4M
CSDH
LmnVERs.
€»n
Ons*y ^gpnpa d'an différeod simrenu ea-
tre le roi et llUon, évèque de BeaaTais.
1334. CowHle d« Béùtn.
Ob y fit vingt-sÛL canons.
I JK34. Concile d*^/to.
U36.0MKiJ« deJl^iéMM.
On y fit an règlement de vingt-neuf ar-
ticles pour les inquisiteun.
1231». Coadlc de ItMmu on de Smimi'Qmemiùu '
1235. Coacile de CompUgmê, le 5 aedt.
S35. Cimcile de Stmlù^
le i4 novembre. Dans oe concile, les év^-
Sue mirent l'interdit sur toute la partie du
omaine du roi , située dans la province de
Rems,
1230. Condlederott»,
le To juin. On y fit un règlement dont le ■
premier article défendait de maltraiter les
juifs.
1238.' Concile de Ccgnme (Capiniaceiue),
le 13 avril. On y publia trente-huit canons,
dont le sixième ordonnait que diaque église .
paroissiale aurait- un sceau , portant le nom
de la paroisse.
1239. Concile' de Tours,
1239. Concile de 5^amf- 9ti«ii/iji.
1239. Concile de Sens.
1210. Concile de Mdun et de Sentis,
Dans le deuxième, on accorda au pape le
vingtième des revenus ecclésiastiques.
1240. Concile de Ltwal, dens le Maine (apnd
Vallem Goidonis).
1243. Concile de Biûert^ le x8 avril.
1244. Concile de Narbonne,
1245. Concile de L/on I.
Treizième concile général tenu sous In-
nocent IV, en présence de Baudouin, empe- ^
reur de Constantinople. Cent quarante évé- *
Sues y assistèrent, entre autres les paU'iarches
e Constantinople , d'Antioche et d'Aquilée
ou de Venise. Il y avait aussi plusieurs pro-
cureurs de prélats absents et les députés des
chapitres. Ce concile eut trois sessions. Le
pape y déposa l'empereur Frédéric. Les dé-
crets qui sont proprement l'ouvrage du con-
cile sont au nombre de dix-sept. On y
décida que les cardinaux porteraient le cha-
peau rouge.
1240. Concile de Be'tiers,
le 19 avril. On y publia quarante-six arti-
cles contre les hérétiques , et on y donna
aux inquisiteurs un grand règlement de
trente-sept articles.
1247. Concile d'Éiampes, le a3 août.
1248. Concile de Pans XXVIII.
On y fit vingt-trois canons.
ma Cottcile de FaUnee,
k 5 décembre. On y fit vûigMroisGiiioK
1251. Concile de JVvrôu (ftnnnense),
le 96 juillet.
1351. Condte de r/^iSr (Insnlaoun),
dans le Venaissin. On y fit treize canooi.
1252. CondJe de Sau^ le x& noreaibie.
1253. Condle de Pmris XXIX, le is noreoibM
1253. Coadle de SmmmtÊr (Salmoriease),
en décembre. On y fit trente et un canoos,
dont le vingt-septième prohibait les mahi-
ges clandestins.
J254. Condle de ChâteÊXt-Gcnlitr.
1256. Condle d'^/fti.
On y dressa soixante et douze caDOiu
1255. Condle de Bordeaux ^
le i3 avril. On y publia une constitution de
trente articles.
1255. Condle de Parie XXX , le x3 jailleL
^250. Condle de Paris XXXI , an mois defénift
1250. Condle de Pans XXXII. le 3i joiQd.
1250. Concile de Sots, le a4 octobre.
1258. Condle de Mu/fee (Roffiacense),
en Poitou, le 21 août.
1258. Condle de Monipeilier,
le 6 septembre. On y fit huit statuts.
1200. Concile de Cognac»
présidé pîur rarchevêque de BordeaBX. 0^
y fit dix-neuf articles, dont le premier dé-
fendait de passer la nuit dans les églises. Ci
autre défendait aussi, sous peine d'anathèoei
la guerre des coqs, espèce de jeu en osap
principalement dans les écoles.
1200. Condle à'jirles.
On y condamna Tes doctrines des loidiir
mites, et Ton y fit dix-sept canons, dootk
troisième décidait que la confirmation dcvat
être administrée et re^ue à jeuo.
1201. Condle de Paris XXXQI«
le 10 avril , pour aviser aux moyens d'obte-
nir les secours du ciel contre les Tartaie^
1202. Concile de Cognac
On y fit sept articles.
1203. Condle de Paris XXXIV.
L'archevêque de Tyr y obtint le ccnliè»
des revenus du clergé de France , P**^
cinq ans, pour secourir les chrétieasdeii
terre sainte.
1204. Condle de Xf unies,
le i*' juillet. On y publia neuf canons, doi|
le cinquième défendait de semr pios *
deux plats aux repas que l'on donnut Mt
prélats dans les visites de leurs diocèscL
1204. Condle de Paru XXXV, le a6 aoAt
1204. Condle de Boulogne (Bonoùtnit)*
1207. Concile de Pont-Judemer (ad Ponte* ^
le 3o août. On y ordonna aux dercs
J
cou
FRANCE;
€oir
497
de porter la tonsure et Phabit clérical, et de
s*ab8tenir de tout négoce.
1268. Concile de Château* GoRtier,
le a3 juillet. On y fît sept canons, dont le
premier défendait aux baillis et aux autres
juges séculiers d'occuper les biens de TÉglise,
et d'y envoyer des mangeurs. (Voy. ce mot.)
1369. Concile de Sens, le a6 octobre.
1370. Concile de CompUgtte, le ig mai.
1270. Concile d'jérignon , le i5 jaillet.
1 271. Concile de Langei (Lan^esiacum), en Touraine.
1271. Concile de 5«in/- Çu«ii/in.
1373. Concile de Rennes, fe aa mat.
1274. Concile de L/on 11.
Quatorzième concile général, du 7 mai
au 17 juillet; il fut présidé par Grégoire X,
et il s'y trouva cinquante évéqués , soixante
et dix abbés, et mille autres prélats. Les
Grecs y abjurèrent leur scbisme, et recon-
Dureot la primauté du pape. On y fit la pre-
mière constitution qui ait autorisé la régale.
1275. Concile dijàrles.
On y dressa vingt-deux canons.
1876. Concile de Saumur, le 3i août.
1376. Concile de Bourges, le x3 septembre.
1278. Concile de Langei.
1278. Concile de Compiègne, le 9 arril.
1S79. Concile de Pont'jindemer.
1279. Concile de Béùert, le 4 mai.
1279. Concile d'Avignont le 17 mai.
1279. Concile A* Angers , le aa octobre.
1280. Concile de Bourges,
1280. Concile de Sens.
1281. Concile de Paris XXXTI.
contre les religieux mendiants.
1282. Concile à* Avignon.
On y fit dix canons.
1282. Concile de J'oinrM.
1282. Concile de Tours.
1286. Concile de Riei, le i4 février.
1286. Concile de Mdcon.
1286. CoïkcWe àe Bourges , le 19 septembre.
I2S7. Concile de Reims, le i*' octobre.
1268. Concile derr/j/e> dans le comtat Venaissin.
J290. Concile de JVÎogtiro (Nngaroliense), dans
l'Armagnac.
1294. Concile de Saumur,
e 9 mars. On y fit cinq statuts, dont le troi*
ième condamnait l'usage d'imposer des pé-
tîtences pécuniaires dans la confession.
1299. Concile de Rouen , le 18 juin.
1299. Concile de Bésiers, le 39 octobre.
1300. Concile à*Aueh.
ISOl. Concile de Melun.
130 1. Concile de Reims, le a a novembre.
1302. Concile de Pani XXXYII ;
isemblée des seigneurs et des prélats, le
9 avril , contre la bulle de Boniface TIU ,
itiUilée j4iuculta, filL
1303. Concile de Reims, U Sowptcmbre.
1303. Concile de Compiègne, le 4 janvier.
1308. Concile de Paris XXXVIII ,
tenu au Louvre le la mars. Guillaume de
Nogaret y présenta une requête au roi con-
tre Boniface Tni.
1303. Concile de Pans ,
tenu au Louvre, le i3 juin, dans la chambre
du roi. Guillaume du Plessis y présenta une
requête de vingt-sept articles contre le pape.
1303. Concile de Nogaro, dans l'Armagnac.
; 1303. Concile de Cambrai»
1306. Concile d*Aueh.
1310. Concile de Pans XXXiX.
On y examina la cause des templiers, dont
cinquante-neuf furent condamnes à la peine
du feu.
1310. Concile de .f«i/iV.
On y condamna au feu neuf templiers.
131 1 er 1312. Concile de rienn*.
Quinzième concile général , présidé par
Clément "V. Trois cents évéques , outre les
prélats de rang inférieur, y assistèrent. On
y prononça la suppression de Tordre des
templiers , et la condamnation des bégards
et des béguines. La bulle Clericis laicoi y
fut révoquée.
1314. Concile de Paris XL , le 7 mai.
1315. Concile de Saumur.
I3I5. Concile de Nogaro.
1315. Concile de Senlis.
I3I8. Concile de Senlis, le »>] mars.
1320. Concile de Sens,
le la mai. C'est dans les canons de ce concile
que l'on trouve la première mention de
lexposition et de la procession du saint
sacrement.
1324. Concile de Pari* XLI, le 3 mars.
1326. Concile de Senlis, le 1 1 avril.
1.126. Concile d* Avignon,
le 18 juin. On y fit cinquante-neuf articles,
dont un contre les empoisonneurs et les en-
chanteurs.
1326. Concile de Maretae, diocèse d'Auch ,
le 8 décembre. On y fit cinquante-six canons.
1327. Concile de Rujfee, en Poiton> le a x janvier.
1732. Concile d* Avignon ,
présidé par le pape Jean XXII , contre 1 anti-
pape Pierre de CiOrbière.
1329. Concile de Compiègne, le 8 septembre.
1330. Concile de Mareiae, le 6 décembre.
1335. Concile du Prieuré du Pré, près Rouen.
On y fit treize articles, dont le troisième
défendait aux moines l'habit court et le port
d*armes.
1336. Concile de Bourges, le 17 octobre.
1336. Concile de Château- Contier, le ao novembre.
1337. OnucSLe d* Avignon.
T. Y. 32* Livraison. (Digt. engygl., btg.}
32
m
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LiJiiayp^s.
f^V
13^2. Cpneile ^e Saumur,
Oa y fit trente-deux oanons.
1344. Concile de Nojoa, le x6 jaiUet.
1347. Copcile de Patis XLII,
du 9 au 14 mars. On y fit treize canons,
dont le premier défendit les condamnations
d'ecclésiastiques par des juges séculiers.
1351. Concile de Beuers, le 7 norembre.
1365. Concile d'v^^f * le i3 mai.
1366. Concile A' Angers,
le 19 mars. On y fit trente-quatre articles,
dont le seizième défendait aux clercs et aux
évèques de se faire servir à table plus de
deux plats.
I368. Copcile de Lapai^r, le 27 mai. -
1974. Concile de Narhonne, te i5 arfil.
' 1395. Concile de Pans XLllI»
premier concile national sous la troisième
race le 4 février. On y délibéra sur le moyen
de faire cesser le sonisroe dans l'Église.
1899. Concile de Pwà XLIV,
dc^uxième concile national i le as mai. Q s'y
trouva, avec le patriarche d'Alexandrie, onxe
archevêques, soixante évèqoés, soixante <)t
de nouveau la fête des fous, et oneaut^t
coutume qui consistait à surprendre le len-
demain de Pâques les clercs paresseux dans
leurs lits, à les promener nus par les rues,
et à les porter en cet élat à Téglise, ou, a(rà
les avoir placés sur l'autel, on les arrosut
largement d'eau bénite.
1440. Congrès de Bourges , le s6 aoit.
1446. Concile de Rouen,
le i5 décembre. On y fit dix statuts; le sep-
tième condamnait la superstition de ceo
qui , dans la vue de quelque gain , doniuieit
à certaines images de la Vierge des nw
particuliers , tels que ceux de JNotre-Dm
de Recouvrance , Notre-Dame de Conter
tioa , etc. Le onzième condamnait les v»
cacades qui se faisaient dans les églises. <>
le trente-deuxième défendait aux ecdétiU'
tiques de porter des chaperons à corDettA
14^8. Concile d'jéag^rs, le igjaiHet
14^5. Concile de Soitsoas, le 11 joilkt-
1457. Xoncile d'Apignon, le 7 septembre.
1485. Concile de Sens, le 23 juin.
dix abbés , soixante-huit procureurs de ch4- ,,, ^^^0- Candie de Tours ,
pitre, les députés des universités d'Orléans, * assemble au mois de septembre par Louis U
«l'Angers, de Montpelliei^ et de Toulouse.
1405. Concile de Pans XLV, le ai oetob^e.
1406. Concile de Paris Xl\i »
pour la cessation du schisme.
T408. Concile de A^iniSf le a 9 avril.
1408. Concile de Paris XLVII,
le troisième concile national » du 1 1 août au
5 novembre. On y fit de longs règlements
sur l'église gallicane. Les prélats partisaqs
de Benoit XIII y furent déclarés fauteurs
do schisme. Deux Espagnols ayant été trou-
vés porteurs d'une bulle par laquelle Vier
noît nill excommuqiait et déposait les
princes qui s'étaient déclarés pour la cession,
furent amenés, du Louvre au Palais, chacun
dans un tombereau , et y restèrent exposés
le l'esté du jour aux insultes de la populace.
Le lendemain , on lés ramena dans le même
équipage du Louvre au parvis Notre-Dame,
où on pronopça un long sermon contre eux
et contre Benoit , après quoi la buUe fqt
lacérée; l'un d'eux fiit condamné à une prison
perpétuelle, l'autre à une prison de trois aus.
1408. Concile de Perpignan,
présidé par Benoît XIIL Ce concile n^est
pas reconnu par l'Église.
1429. Concile de Paris XLVIU,
ouvert le i^*^ mars, clos le a3 avril. On y
fit quarante articles sur la discipline et la
réforme du clei^é , et l'on condamna exprei^
sèment les fêtes des fous et de Vdne. (Voy.
ces mots).
|431. Concile de JVc^tef»
le 33 ayiil > sur la discipline. On y proscrivit
et composé de tous les prélats du roya««
et d'un grand nombre de docteurs. Un
y proposa huit questions sur la guerre qn"
allait déclarer à Jules n, et qui futappn»-
vée par le concile.
1628. Concile de Pans XUX,
ouvert le 3 février, clos fe 9 octobre. Oi
y condamna les erreurs de Luther.
1528. Concile àe Bourges,
le ai mars. On y fit plusieurs articles cwH»
l'hérésie de Luther et pour la réforiMtt*
des mœurs.
1528. Concile de Ljon,
le 21 mars. Sur le même snjet
1548. Concile de Boulogne.
1551. Concile de Neurhonn*.
On y fit soixante-six. canons en p**
partie sur la discipline.
1557. Concile de Fi^aa»,
sur la réformation des mœurs.
1561. Concile de Poissy (colloque de). V.CoiW«*
1564. Concile de Beims ,
pifésidé par Charles, cardinal de I^)i*î*
On s*y occupa de la discipline ecelésiitfr
et de la réformation des mœurs.
1665. Concile de Reims,
sur le même sujet.
1565. Concile de CamhraL
1569. Concile d* Avignon.
1581. Concile de RoueH.
1583. Concile de Retm,
tenu par le cardinal de Guise. ^^
1583. Concile de Taurt (ce concile fcl «^
^aosféré à Aa^^n\,
4:if9 P14NGE. i^9 ' élSS
Sur la foi et |a discipline. le 5 août, et il publia deux déei'eU doiu
1583. Concile d'Embrun. le secoud fut confirmé par un bref du pi^p^,
1584. Concile de Bourges. en date du 20 septembre. Cependant les af-
1686. Concile à'jiix. faires ecclésiastiques ne furent déûnilive-
1586. Concile de Cambrai, ment réglées que par le concordat du aS
sur la discipline ecclésiastique et les mœurs, janvier i8 13 (*).
^. ConaiM ée Touiousa, qd volt mt cc t^Wcau qu'îl 0 été
«9i,coDeaed^«i»o«. convoqué, en France, un très-grand
«ir la ««»FWM- nombre de conciles et d'autres assem-
ir-cS:otdt1IX:«. ^^^^ pour délibérer sur les matières
I6I0. Concile de crw**. rcligieuscs. L'ordrc chronologique,
I6I2. Concile de Parti L. suivânt Icqucl îl a été drcssé , nous ^
Tenu par les suffragants de l'archevêque forcés de confondre les concilès génér
de Sens, contre le traité de la puissance ec- raux av?C les COncileS nationaux et
clésiastique d'Edmond Richer. avec les conciles provinciaux, quoique
1812. Concile d'^ix, CCS troîs espèccs d'asscmblécs soient
sur le même sujet. loin d'avoir la même iniportance. Les
I6Î4. Concile de Bordtaas. concilcs géuérau^ OU oecuménioues
1635. Concile de Narbonne. întéresscnt ct engagent toute la cnré-
1668. condie f^'ignom. ^jg ^^ j^g c^ncilcs natlouaux oDt sur-
1 671. Concile de JvoivoiiJitf. a^ * u* *. i»* aa^^^a^^^^ ..^i:*-:
1682. A..embWe générale du clergé de France. ^OUt pOUr objCt j indépendance polltl-
I^ libertés de l'Église gallicane 7 foreat proclamées qUC Ct ladminiStratlOn mOrale OU
de nouveau dans quatre articles derenua célèbres. p^yg • leS COUCilcS prOVinCÎaUX UC S'OC*
1704. Cendlede r«ifo« (Tolonense). CUpCUt guèrC qUB (|eS dlffiCUltéS qUÎ
On y fit quelques décrets synodaux. entravent l'essor de la religion ou la
i727.Condied'^mft/»., Hiarchc du clcrgé dans telle ou telle
sur quelques maueres ecclésiastiques. \oç;à\iXé, A part ces différences , les
A t.ii J « '^*l' I A* uns et les autres sont également né-
^i^Si'ar rï^&Sr '^^^'^ «" développemint de rinsti-
Celte aasembiée n'est pas reconnue par TÉ- * (*) Nous avons suivi pour tout ce qui est
^se. postérieur au concile de Trente , l'excellente
Ï7W. chronologie des conciles publiée par M. L.
Depuis l'assemblée de 1797 jusqu'à celle de lyfaslatrie.
de X 801, les prélats constitutionnels tinrent Nous croyons devoir ajouter, pour la
Soixante synodes , et huit conciles métropo- commodité du lecteur, à celte notice des
litains dans les villes de ^eja/i^(7n,^o//r^e^, conciles français , ou tenus en France, là
Houeti, Lyon, Reims, Rennes, Aix et liste chronologique des yingt conciles œcu-
Carcassonne, méniques , ou généraux.
.,, ^ '?^'* Jérusalem 5o
Assemblée de Paris , tenue par les prélats Nicée 3a5
constitutionnels dans Téglise métropolitaine, Constaotinopie. d^i
Kiie n'est point reconnae p» l'ÉjW __ ^^^^:\\:::::::::::::::. fi
ÏWÏ« Gonstantinople 55î
Concile national tenu k Paris. lî avait été Gonstantinople. 680
convoqué dès le *a5 avril ; il fut ouvert le 9 Co*^anti ' '{ se'
jain« Six cardinaux, neuf archevêques, iJuran."."^^ .*.'!..'!!!.** !.'****.* naf
quatre-vingts évèques et neuf prâtres nom- Latran.!'. .!!.!!.!.!!.!..!!!.!! 1139
jBés àdesévéchés, maisnonpas enoore ca« Utran 1179
noniquement institués, y assistèrent. Il fut }^*'*° "j5
présidé par le cardinal Fesch. Mais le cou- 5;^°° "fj
cilc ayant aecline sa compétence sur les Vienne. .«■ i3ii
questions qui lui furent posées , Napoléon-^ Constance 1414
dont il ne remplissait pas le but , en pro- ^^ '^Si
nonça la dissolution le 10 juiUet. Il fut de ii^!!; ! ! '. ! i .' i i .* .* i .' .* .' ! i i .* i i i îs!»
nouveau convoqué en assemblée générale Trente.*..,.*..,*..*... ',,.,'.....*.' Z544
92,
M0
€3011
L'UNIVERS.
coir
tution chrétienne ; on peat les consi-
dérer comme les ressorts de son gou-
vernement.
Les conciles nationaux étant ceux
qui rentrent plus spécialement dans
notre sujet, nous ne saurions nous
dispenser d*en rapporter au moins
les principaux caractères. Quoiqu'ils
aient tous un but commun, Ta souve-
raineté et la prospérité du pays , ce-
pendant ils se présentent avec des
traits distinctifs sous chacune des
trois races qui ont successivement
gouverné la France.
Du temps de la race mérovingienne,
ils sont particulièrement dominés par
rintluence des évéques, ces représen-
tants éclairés de TÉglise gauloise , qui ,
en s'appliquant à ménager une fusion
entre le peuple conquérant et le peuple
conquis , jetèrent les premières bases
de la nationalité française. Mais à la
fin , les évéques parurent renoncer à
une si noble tâche pour se préoccuper
exclusivement de leur intérêt person-
nel; dès lors ils ne formèrent plus
qu'une caste aristocratique qu'entraî-
nèrent dans leur chute les derniers
mérovingiens, princes abâtardis et vrai-
ment dignes du nom de rois fainéants.
Sous les GarlovingieAs , sous Char-
lemagne surtout, les conciles subirent
Tascendant direct de Tempereur, en
qui semblaient s'être concentrés le
pouvoir spirituel et la puissance tem-
porelle. Trop heureux de changer de
maîtres, les papes , dont la grandeur
naissait à peine, professaient pour
l'autorité du nouvel empereur d'Occi-
dent le même respect qu'ils avaient
professé aup^upavant pour l'autorité
des empereurs de Constantinople; le
temps n'était pajs venu encore où ils
allaient , à leur tour, parler en maî-
tres. Ce aue les conciles perdirent
alors en ihuépendàncè, ils le gagnèrent
en pouvoir et en éclat. La plupart des
peuples de l'Occident ayant été réunis
en un seul faisceau par Gharlemagne,
* la décision de s«s concile» devint une
loi pour une grande partie derSurope.
C'étaient les conciles généraux de l'Oc-
cident plus encore que des conciles
nationaux.
Sous les Capétiens nouveau diaa*
gement. Depuis la mort de Charlema-
gne, la papauté avait eu le temps de
prendre son essor, et elle avait si bien
profité des circonstances, que la oatios
française, se redressant cette fois avec
une entière conscience de sa seaverai-
neté, avait besoin de toute son éDe^
gie pour ne pas retomber de DOUTeao
sous le joug de la cour de Rome, oo
Î plutôt pour s'y soustraire. L'Églisega^
icane sut comprendre sa mission; elle
prêta un appui intelligent aux rois, et
tes conciles eurent alors un caractère
vraiment national. Ils surent résister
au pape quand la dignité de la France
et Pihtéret général de la religion leur
parurent en danger.
Pour compléter cet article , et k
rendre aussi clair que possible, il ooos
reste à dire sous quel point de vue la
France et son clergé ont envisagé la
conciles. L'Église gallicane , presfx
toujours aussi jalouse de la grandon
morale du christianisme que dé !¥
dépendance politique de la France, i
constamment regardé les condiei
comme une institution sacrée , sans
laquelle l'unité de l'Église perd sa f»
jesté et court le risque de dégéo^
en une dictature oppressive et iial'
tante. Elle n'a reconnu le caract^
4e l'infaillibilité, autant du moiis
qu'elle est possible en ce monde,
qu'aux décisions communes des cob*
cites généraux et des papes. En cas lie
scission, et notamment à l'époque di
grand schisme d'Occident, où plusieon
{>ontifes se disputaient en même te^
a chaire apostolique, laFraoceaémii
ro[)inion que les conciles généraia
étaient supérieurs au pape. Voilàpoor*
quoi, plus d'une fois, résistant aux di-
sions du pape, elle en appela aa fiittf
concile. Cette doctrine fut victoricast*
ment défendue au concile général de
Constance (1415) par l'illustre Gersoi}
chancelier de l'éguse et de l'aniveiw^
de Paris. Un peu plus tard , en l^J»»
elle fut consacrée par la pragniati(|iK
sanction de Charles VU , digne coo-
plémentde la pragmatique saoctioads
saint Louis (1268), et qui érigea es
iQi de l'État les décrets du concile de
eoN
FRAT7CE«
€09
ik)i
fiâie(14dl), confonnes à ceox du con-
cile de Constance.
Le concordat de François I^, con-
clu en 1516, porta atteinte, il est vrai^
aux libertés de TÉgiise gallicane, et
concéda bénévolement aux papes le
don de Tinfaillibilité , qu'ils s'attri-
buaient eux-mêmes; mais la France
protesta toujours en secret contre cette
prétention exagérée, et le clergé lui-
même, malgré Tes tendances ultramon-
taines qui le dominèrent trop souvent
depuis Tavénement du protestantisme,
profita de la lutte engagée entre Louis
jQy et la cour de Rome, pour revenir
aux anciennes croyances de l'Église
gallicane. En 1682, une assemblée gé-
nérale du clergé de France ne craignit
Îas de faire entendre la vérité au pape
nnocent XI : par une nouvelle pro-
fession de foi en quatre articles, elle
confirma les principes des pragmati-
ques sanctions de saint Louis et de
Charles VIL Voici la substance de
cette décision, devenue si célèbre sous
le nom des quatre articles de 1682 :
« 1"* Le pouvoir temporel est indépen-
dant du pouvoir spirituel ; 2° Le conr
cUe général est supérieur au pape,
ainsi que l'ont décidé les Pères de
Constance ; 3"* Le jugement du pape^
même en matière de foi, n'est jpas
infàilMley tant qu'il n'a pas V assen-
timent de V Église ; 4"* Les coutumes
et les lois reçues dans l'Église galli-
cane doivent être maintenues. »
Qu'importe, après cela; si les revers
arrachèrent à Louis XIV une rétrac-
tation secrète de ces vérités ? malgré
oe désaveu forcé, elles continuèrent à
régner dans les cœurs, alors même
gpie les caprices de la fortune condam-
naient leurs nombreux défenseurs au
lilence. On en vit une nouvelle preuve
rendant la révolution française : un
les articles organiques du concordat,
M>oclu entre Te pape Pie Vil et le
>remier consul , était ainsi coiicu (*) :
I Ceux qui seront choisis pour rensei-
( gnement dans les séminaires, souscri-
[ ront la déclaration faite par le clergé
(^ Art. XXIV de la section m du tib« zi,
ODcemaDt les ministres.
« de France en 1682, et publiée par un
« éditde la même année ; ilsse soumet-
« tront à y enseigner la doctrine qui y
« est contenue ; et les évéques adresse-
« ront une expédition en forme de cette
« soumission au conseiller d'État char*
« géde toutes les affaires concernant les
« cultes (Voy. Concordat).» Les qua-
tre articles, dit Talon, ne sont pas une
innovation, ils ne font que confirmer
une vérité constante , déterminée par
tous les conciles , et notamment bar
ceux de Constance et de Bâie. Enfin ,
guel plus bel éloge en faire que d'a-
jouter qu'ils avaient été rédigés en
frande partie par Bossuet , qui en pu-
lia une défense aussi profonde qu'élo-
quente! Personne, assurément, n'ac-
cusera révêque de Meaux d'avoir été
l'ennemi du catholicisme.
L'Église française n'a pas professé
une doctripe moins éclairée sur la
composition des conciles' que sur
rétendue de. leurs pouvoirs. On peut
s'en convaincre par les passages qui
suivent, empruntés à un prélat vé-
nérable, à l'evéque Guillon , dont l'au-
torité en pareille matière est d'un grand
poids (*). r. De qui se composent les
conciles? Tïous répondons, avec tous
les canonistes, que l'on y appelle d*a-
bord tous ceux qui y ont voix délibé-
rative par l'institution divine, tels que
les évéques y et que tous sont tenus de
s'3[ rendre , à moins qu'ils n'aient des
raisons légitimes ; mais qtS Vofn doit
y appeler aussi les prêtres et les
autres clercs recommandables pour
leur science^ leur sagesse et leur exr:
périence. L'Église ne fait pas diffi-
culté d'inviter aux conciles tous ceux
qui peuvent y être de quelque utilité
ou qui ont intérêt à y assister, et jus-
qu'aux hérétiques mêmes, pour en-
tendre leurs raisons , leurs défenses,
et tâcher de les faire rentrer dans son
sein. A quel titre voyons-nous donc
les simples prêtres , les diacres même ,
intervenir aans les conciles des pre-
miers siècles , à commencer par celui
de Jérusalem ? Le texte sacré ne laisse
(*) Encyclopédie des gens du monde,
art GoxrciLss.
S02
CON
L'UNIVËftS.
cmf
aucune équivoque : Les apôtres et les
ptrétres s' assemblèrent pour examiner
e^ résoudre l'af/airè , est-il dit au
ehap, xjy du livre des Actes (vers. 6.)
La décisioi\ synodale rapportée à Id
suite s^exprime dans les mêities ter-
mes. La pratique constante de ces
laeabx siècles était que les évêques nd
délibérassent rien d'important que de
concert avec leur clergé Ce qui
Q'a point empêché le plus grand nom-
bre des modernes théologiens de con-
clure que les évêques seuls ont voix
délibérative dans les conciles, comme
étant seuls juges et défîniteurs dans
les matières de foi. . . . » Voilà quels
sont les voeux de la plupart des mem-
bres de TËglise gallicane , et on voit
que la lettre même des écritulres est
eo leur faveur. Les apôtres et les
prêtres y c'est-à-dire, les évêques et les
mandataires du clergé, tds sont ceux
qui doivent avoir séance 'dans les con-
eileis , présidés par le pontife romain.
De cette manière , l'Église est complè-
tement représentée avec son unité
tigUfée par le pape , son aristocratie
indiquée par les évêques, sa démo-
cratie vivante dans le cœur de tous,
mais manifestée surtout par la pré-
dence des élus du clergé. tJn simple
coup d'oeil, jeté sur le tableau histori-
que qui précède, sufût pour montrer
que, soit dans nos conciles nationaux,
soit dans nos conciles provinciaux, les
évêques ont toujours été assistés dans
leurs déclarations par un grand nom-
bre d'abbés ou de prêtres.
Ainsi donc la France à toujouî*s
attaché une grande importance à l'ins-
titution des conciles , et elle a plusieurs
Ibis essayé de leur rendrp le caractère
démocratique quMls avaient dans les
premiers t^nips du christianisme. Elle
a vu avec douleur la pai[)auté se priver
depuis le milieu du seizième siècle de
^'assistance de ces grandes assemblées,
qui sont, pour la monarchie pontificale
et pour la chrétienté, ce qu'étaient,
pour la monarchie française , les états-
généraux. Voilà bientôt trois siècles
^ue la cour de Rome a cessé de con-
voquer les conciles , bien qu'ils dussent
être réunis au moins une fois tous les
dît ahs. Puisse eette, infractioii an
lois constitutives de TÉgliae ne pas M
être un jour aussi funeste qaà nos
anciens monarques, ce règne du twD
pfôisir, sous la sécurité duquel ils m-
lèrent , environ deux siècles , sans
appeler tes états généraux, (kâce à
Dieu , les conciles aujourd'hui , hûo
d'être un écileil pour la pàpaaté, soDt
au contraire une force nouveltefu
doit Taider à remonter au rangéie?é
d'où elle est déchue. Ils redeviendront,
dès qu'elle le voudra, ce qu'ils ont
toujours été, c'est-à-dire, iès turjs
du corps dé PÈglUey suivant l'cipH*
sion des Pères du eondle de €olog«
en 1549. Depuis quand surtout la coor
de Rome a-t-elle vu diminuet sa»
cesse et se réduire à presque riaii
fempire qu'elle exerçait autrefois aj
le monde? Depuis qu'il n'y a i)te«
conciles : enseignement manireste^
bien fait pour dessiller les yeux (te
plus aveugles. Si la destinée de b
papauté avait été de se transformereD
pouvoir temporel , la suspension (te
conciles lui aurait été utue au ma»
titre que la suspension des états g^
iraux Favorisa le développement «
l'absolutisme des rois; mais,comii«
une pareille transformation serait «k
apostasie, parce que sa puissance 01
une puissance morale avant tout, fl
qui a profité pour un instant aw*
térêts politiques des princes bcrtoB
de César, a été constammeat pr^
ciable à la cause, exclusivement w*
gieuse, dès pontifes successeuis*
saint tierre. Du reste, le mal J
loin d'être irréparable , et tons *
biens matériels dont Rome a ^ *
pouillée ne valent pas la pdne (p*
les regrette. Il y aurait lie« à»J^
applaudir, au Contraire, si ranâ*;
son génie âb feu sacré de l'Évan^i
elle sait mettre à profit les rich***
immatérielles dont elle possède «**•
le précieux dépôt. De toutes tes «•*
qui cotltribuèrent à donner la vicfcJ^
aux apôtres, la pauvreté ne firt p>»"
moins puissante.
Dans un siècle où les asseiwj*
repréisentatîves soW devenus le rtfj*
le plus actif du gouvcrùëfli^t ff^
\
tdN
FRANCE.
QOMf
que, le rétablîssehient de§ (Conciles ëàt
plus que jamais une nécessité pour
FÉglise. Leur suppression provisoire
est un rtialheur qui ne saurait daret
îongtemps encore. N'est-ce pas le
christianishie qui, par son exennple , a
initié le^ nations à la majesté des as-
semblées délibératives? Le souvenir
des anciens conciles, Isbuvenir impé-
rissable dans la mémoire des hommes,
n'a pas peu contribué au respect des
peuples modernes pour l'établissement
des teprésentations nationales. Gom-
ment donc admettre que TÉglise, qui a
conçu le modèle de cette institution
sur une échelle si grandiose, reste
seule privée de ces bienfaits ! Il y a là
tine anomalie choquante qui doit i)ien-^
tôt disparaître. Le jour où elle n'exis-
tera plus , l'appui de la France sera
de nouveau acquis à la grande cause
du catholicisme; car aujourd'hui en-
core, elle répète les paroles pronon-
cées, au quinzième siècle, par le
chancelier (jcrson, paroles qui méritent
d'autant plus d'être méditées qu'elles
sont d'un des hommes les plus pieux
qui aient jamais existé, de fauteur de
Y Imitation de Jésus- Christ, «Il n'y a
point eu jusqu'à présent , disait-il , et
tl n^y aura point dans Ut suite de
contagion plus funeste dans l'Église
que l'absence des conciles généraux.»
Les conciles provinciaux ne lui parais-
saient pas moins nécessaires , et s'il
ne disait rien des conciles nationaux,
c'est parce que, de son temps, ils n'é-
taient pas menacés de tomber en dé-
suétude comme les autres.
CoNCiNi , plus connu sous le nom
de maréchal d'Ancre, était fils d'un
notaire de Florence. Il parvint à se
faire recevoir en gualite de gentil -
homnne dans la maison que l'on for-
mait à Marie de Médicis , avec laquelle
il vint en France en 1600. La fameuse
Léooora Dori, dite Galigaï, exerçait
déjà un grand ascendant sur l'esprit
de cette princesse. Concini s'attacha à
lui plaire, et • elle finit par l'épouser.
Ce fut le commencement de sa fortune.
Après la mort de fleuri IV, Marie de
médicis , proclamée régente du royau-
me , le nt premier gentilhomme de la
tihambre, et lui donna les goaverne-
ments de Montdidier, de Roye, de Pé-
rottiie, puis enfin le gouvernement le
Î^lus Important du ro^^aume, celui de
a Normandie. Concini acheta alors le
inarquisat d'Ancre, et bientôt après il
fiit créé maréchal de France , quoiqu'il
n'eût jamais paru siir aucun champ de
bataille; puis on le nomma tninistre,
quoiqu'il fût étranger et qu'il n'eût ja-
mais étudié les lois du royéume qu'il
était appelé à gouverner. Ces faveurs
enflèrent le cœur de Concini; il devint
fier et hautain. Les ministres de
Henri IV furent disgraciés et remplacés
par ses créatures; les pirittced du sang
furent éloignés de la cdur. Concini
leva à ses dépens un corps de sept mille
hommes pour faire respecter son au-
torité. Il alla jusqu'à interdire à
Louis iLin toute promenade hors de
Paris, et il le séquestra aux Tuileries.
Le jeune prince avait pouf compa-
gnon de ses jeut un gentilhomme
nommé de Luynes, qui lui suggéra lès
moyens de secouer le joug de Concini.
Louis XIII consentit à tout pour plaite
à son favori, plutôt que par naine pour
le maréchal. Le 24 avril 1617, Concini
traversait le pont du Louvre, accom-
pagné de cinquante à soixante per-
sonnes, pour se rendre auprès du roi,
lorsque le baron de Vitry, qui l'atten-
dait avec des Suisses armés de ilisils,
s'avança au-devant de lui, et lui dit,
en portant sa main sur son bras droits
A Le roi m'a ordonné de me saisir de
« votre personne. » Concini , étonné ne
cette brusque apostrophe, fit un ceste
pour mettre la main sur la sarde de
son épée, soit pour se défendre, soit
pour se rendre prisonnier. Mais au
même instant, le baron de Vitry fit
signe à ceux qui le suivaient , et Con-
cini tomba frappé de plusieurs balles
qui l'iavaient blessé mortellement. Son
cadavre, enterré sans pompe, fut ex-
humé par la populace oe Paris , traîné
à travers les rues jusqu'au Pont-Neuf,
et brûlé devant la statue de Henri IV.
On dit qu'un misérable poussa la rage
jusqu'à faire cUire son cœur sur des
charbons , et qu'il le dévora devant le
peuple. Ce qui justifiait jusqu'à un
n
€04
OOH
UUWIVERS.
coir
eertain point la haine publique, c'é-
taient les exactions dont Concini s'é-
tait rendu coupable. On trouva dans
ses poches des valeurs en papier i>our
1,985,000 livres, et dans sa maison
^,200,000 liv. également en papier. Le
parlement procâa contre sa mémoire ,
qui fut déclarée infâme. Sa femme Ga-
Jigaî ne fut pas épargnée; condamnée
comme sorcière, elle fut décapitée sur
la place de Grève. (Voyez Galigaï.)
CoNGOLiTÂN (*) , chef gaulois , com-
mandait, conjointement avec Aué-
roëst, vers l'an 225 avant J. G., la
confédération des divers peuples des
Alpes connus sous la dénomination
générale de Gésates, S'étant avancé
avec une armée formidable au secours
des nations celtic|ues établies en Italie
et que les Romains voulaient asservir,
Concolitan battit les légions dans une
première journée, près de Fésules, et
leur tua six mille hommes. Il avait juré
fiolenneilement avec les autres chefs ,
et avait fait jurer à ses soldats : « qu'ils
« ne détacheraient pas leurs baudriers
« avant d'être montés au Capitole. •
Aussi Rome, saisie de terreur, s'at-
tendait-elle à voir bientôt paraître à
^es portes cet ennemi terrible qui
marquait sa route par le pillage et la
ruine. Le consul ifimilius accourut
près de Fésules dans la nuit même qui
suivit la défaite. Les confédérés, maî-
tres d'un riche butin, décampèrent
aussitôt. Tandis qu'iEmilius les pour-
suivait et les harcelait à l'arrière-garde ,
le hasard voulut que le second con-
sul, Attilius Régulus, vînt débarquer
avec des troupes près de Télamone,
marchant, sans le savoir, au-devant
des Gaulois. Enfermés ainsi de toutes
parts, ils combattirent avec leur bra-
voure et leur acharnement ordinaires ;
mais la mauvaise qualité de leurs ar-
mes causa leur défaite. Quarante mille
restèrent sur la place, et dix mille fu-
rent pris. Concontan, tombé lui-même
au pouvoir des Romains, fut traîné
devant le char du triomphateur; pour
ne pas le faire manquer à son ser-
ment, on lui avait laissé son bau-
(*) Geann^oilU'-'tan , chef du pays des
forêts.
drier. Il mourut ensuite dans les fers.
CoNCOBDiLT. — - On donne ce nom
à toute transaction conclue entre le
pape et un gouvernement qoelconqae,
pour déterminer les droits, respectib
de i'Êglise romaine et de l'État, dans
ce qui concerne soit les doctrines re-
ligieuses, soit l'organisation da dergé.
Les conventions contractées par le sou-
verain pontife sur des intérêts par^
ment politiques , tie reçoivent pas li
même dénomination ; ils rentrent dam
la classe des traités ordinaires, \m
qu'alors la cour de Rome négociées
qualité de puissance temporelle. Ub
concordat est donc un acte diplomati-
que touchant à la fois au domaine r^
ligieux et au domaine politique; c'est
un accord plus ou moins équitable en-
tre les deux puissances rivales , stipfr
lant l'une au nom du spirituel, l'autre
au nom du temporel , et cherchant à
renouer des relations d'amitié coo-
promises par des conflits d'autorité, oo
suspendues par un divorce momentaoé.
Dans les premiers temps da chris-
tianisme , on nommait concordats hs
conventions qui réglaient les différendi
des évéques, des abbés, des supérieon
de couvents, ou bien encore des mo*
nastères, des communautés reii^
ses. Ce fut seulement vers le dooziènK
siècle , quand la papauté eut acquit
assez de force pour rivaliser avec iei
rois et les empereurs, que les concor-
dats devinrent des actes de la plm
haute importance pour les peuples
aussi bien que pour la cour de Rooie.
Les querelles incessantes de rempire
d'Allemagne et du saint-siége donnè-
rent naissance à un assez grand noo-
bre de transactions de cette nature.
La France , au contraire , qui , suitoA
pendant la première partie du mo^
âge , vécut presque toujours en boa*
intelligence avec la papauté, n'e^
alors ni à en demander,, ni à ei
obtenir. Les libertés de l'Église gr
licane, confirmées par la pragmati-
que sanction de saint Louis, en X^
et par celle de Charles Vil, en 14*
(voyez FfiÀGMiiTIQUE sanctioh)»
furent longtemps une garantie suff-
sante contre les envahissements m
GON
FRANCE.
GOK
(06
saint-siége. Aussi notre histoire ne
présente-t-elle oue deux concordats
qui méritent de fixer oarticulièrement
]*attention : Fun conclu , au commen-
cement du seizième siècle ^ par Fran-.
cois V; l'autre conclu, au commen-
cement du dix-neuvième siècle , par
Pïapoléon, premier consul.
La cour de Rome , tout en restant
intimement liée , sauf quelques rares
exceptions , avec les rois de France ,
dont elle avait besoin pour faire con-
tre-poids aux empereurs d'Allemagne,
n'en chercha pas moins à obtenir la
révocation des pragmatiques sanctions
de saint Louis et de Charles VIL Ces
deux lois constitutives, qui avaient
consolidé les libertés de l'Eglise galli-
cane, gênaient doublement la politi-
que pontificale , d'abord parce qu'elles
maintenaient aux évêques le droit de
se faire élire par les chapitres des égli-
ses cathédrales et métropolitaines,
ensuite parce qu'elles s'opposaient à
ce que le pape prélevât des «contribu-
tions sur les fidèles du royaume sans
l'aveu du gouvernement français. De
l'une et de l'autre il résultait que les
rois de 'France, quoique rois très-
chrétiens et fervents catholiques ,
jouissaient , dans l'exercice de leur au-
torité publique, d'une indépendance
absolue , et ne relevaient aue de Dieu.
La pragmatique de Charles YII , qui
avait érigé en loi de l'État les décrets
du concile de Bâle , allait même jus-
qu'à poser des limites, eu matière de
toi , aux prétentions des successeurs
de saint Pierre ; elle ne reconnaissait
le caractère d'infaillibilité qu'aux dé-
cisions du pape qui avaient reçu l'ap-
probation d'un concile général. On
comprend donc combien la cour de
Elome, non moins jalouse de son pou-
voir temporel que de sa puissance sa-
cerdotale, se croyait intéressée à com-
battre et à renverser ces principes,
outenus par les légistes français oien
»lus encore que par le clergé gallican ;
•rincipes nationaux qui proclamaient
1 supériorité des conciles en même
emps que l'indépendance des évêques,
t qui mettaient un empêchement à la
ortie des capitaux du royaume.
...i -*
Jusqu'au commencement du seizième
siècle , les papes firent de vains efforts
pour parvenir à leur but. Après une
concession de |)eu de durée, Louis XI
lui-même s'était empressé de revenir
aux errements de l'ancienne monar-
chie (voy. Pragmatique sanction).
Mais François P' ne craignit pas d'in-
nover. Le 18 août 1516 il conclut
avec le pa^e Léon X un concordat qui
s'écartait a la fois des principes de la
législation française et de ceux de la
législation pontificale. Le pape et le
roi s'y firent mutuellement aes con-
cessions aux dépens de l'Église galli-
cane. Comme on l'a déjà vu, trois ob-
jets principaux étaient consacrés par
la pragmatique sanctionde Charles VU:
1° la supériorité des conciles sur le
pape, lequel était regardé comme tenu
a assembler au moms une fois tous
les dix ans un concile général ; 2^ le
droit d'élection aux évechés et aux
autres grands bénéfices , réservé aux
églises et aux chapitres ; 3° la réforme
d'un grand nombre d'abus et d'exac-
tions auxquels la cour romaine avait
assujetti tout le clergé, particulière-
ment des annates (*). De son côté , la
papauté niait la supériorité des con-
ciles , revendiquait l'infaillibilité pour
les successeurs de saint Pierre, et éle-
vait des prétentions fiscales sur les
bénéfices ecclésiastiques. Pour tran-
cher toute difficulté, le chancelier Du-
prat , négociateur du roi de France ,
offrit de renoncer à la convocation
périodique des conciles , et de rendre
ainsi au pape une suprématie contes-
tée ; mais il exigea en retour que la
nomination aux evéchés et aux autres
bénéfices plus importants fât enlevée
aux peuples et aux églises pour être
abandonnée au roi. La (]uestion finan-
cière fut résolue par lui à peu près de
la même façon : il consentit à laisser
au pape les annates , c'est-à-dire , la
première année de revenu de tout bé-
néfice ecclésiastique nouvellement con-
féré, à la condition, toutefois, que le
pontife renoncerait à quelques-unes
(*) Yoyez Sismondi , Histoire des Fran-
çais, t. XYI, p. 4a et suivantes.
im
CON
L'UMVERS.
QDir
des perceptions arbitraires qui cau-
saient ie plus de mécontentement.
Telles fdrent les principales disposi-
tîonB du concordat de 1S16, dont les
bases avaient été convenues dès le
mois de décembre , dans l'entrevue de
François I*"^ et de Léon X, à Bologne.
€'étaft un Véritable traité de partage,
où Ton avait sacrifié les intérêts gé-
néraux du christianisme et ceux de
rÉsIise gallicane à Tambition person-
nelle du inonarque français et du pon-
tife romain. Il servit 'de prétexte à
quelques autres arrangements parti-
culiers: Adrien de Boissy, frère du
frand mattre , fut nommé cardinal ;
^hiliberte de Savoie, sœur de la mère
àe François P', mais de ringt-deux
ans ()lus Jeune qu*elie , fut promise en
mariage à Julien de Médicis , et dut
lui apporter en dot le duché de Ne-
hiours (*). De l'argent , des pensions ,
des bénéfices ecclésiastiques, furent
distribués aux courtisans du pape et
aux négociateurs.
On pense bien que la France ne dut
pas voir d'un bon œil un pacte qui
anéantissait toutes les libertés de l'Ë-
glise gallicane , qui enlevait au peuple
la nomination des évéques , pour les
placer sous la dépendance immédiate
du roi ; qui fournissait aux papes les
moyens de faire triompher leur doc-
trine sur l'infaillibilité , en les débar-
rassant du contrôle des conciles. Une
seule disposition pouvait plaire à l'es-
prit public , c'était la renonciation du
pape à ce système d'exactions qui avait
causé tant de troubles ; mais la con-
cession des annates enlevait une par-
tie de sa valeur à cette sage disposi-
tion. De toutes parts on protesta con-
tre l'exécution du concordat de 1516,
et le parlement, après une lutte de
deux ans , ne consentit à l'enregistrer
qu'à son Corps défendant. Les plain-
tes , il faut en convenir , n'étaient pas
toutes également justifiées ; ainsi l'é-
lection des évéques donnait lieu à des
intrigues et à des scandales qui appe-
laient une réforme quelconque. Le
(*) On sait que le pape Léon X apparte-
nait à la famille des Médicis.
passage suivait de BraAtôme fera m
combien le mal était grabd : « Lefù
étoit , quand ils ne se pouvaient ac-
corder en leurs élections, le plussoa-
vent s'entre-battoient , se gourmoient
à coups de poing , venoient aux bra-
queraars et s'entre-blessoient , voire
s'entre-tuoient... Ils élisoient le plus
souvent celui qui étoit le meilleur
compagnon , qui aimoit le plus les
g , qui étoit le meilleur biberon ,
bref , qui étoit le plus débauché....
D'autres élisoient par pitié quelqiK
pauvre hère de moine, qui en cachette
les déroboit , ou faisoit bourse à part
et faisoit mourir de faim ses ré-
gieux.... Les évesques élevés et pane-
nus à ces grandes dignités, Dieaait
quelles vies ils menoient... , uDevie
toute dissolue après chiens, oyseaoïi
festes , banquets , confréries , noces'*
dont ils en faisoient des séraifc
Ten dirois davantage, maisjenewfl
pas scandaliser. »
Nous croyons rendre un service am
lecteurs en citant ici le passage cons-
créa cet événement dans VEssaihiy
torique sur la puissance tempom
des papes, ouvrage savant publié 8«b
l'empire par M. Daunou (*). «fi*
vain Jules n avait excommunié lin»
XII , et l'avait menacé de transfe»
le titre de roi très-chrétien à ce w
d'Angleterre , Henri VlII , qui de""*
le mériter si mal ; en vain le cmqoiè*
concile de Latran avait publié uoflf
nitoire contre le parlement deW*
et tous les fauteurs de la pragnutif
sanction (de Charles Vit), en leur*
joignant de venir à Rome pour y i*
dre compte de leur conduite ; JuteB
était mort sans avoir ébranlé Dg
XII. Cet excellent prince mourut»
môme au moment où Léon X sefr
posait à le tromper ; et la couronne*
France appartint à François I*'t •jj
Louis XII avait dit fort souvent ;•»
gros garçon gâtera tout. »
« En effet, François I*', dans une*
(*) Nous avons pris cette dtalion J*J
troisième édition qui est de x8xi)P-.r
et suiv. L'ouvrage parut pour la pf***
fois eh 1S09;
GON
FRANCE.
ۏll
60f
ftevue avec Léon X, à Bologne, con-
sent à faire un concordat , et charge
son chancelier, Antoine Duprat, de le
rédiger avec deux cardinaux nommés
â cet? effet par le pape. Les principales
dispositions de ce concordat sont cel-
les qui portent qu'à Tavenir les chapi-
tres des églises cathédrales et mé-
tropolitaines ne procéderont plus à
l'élection des évéques ; que le roi ,
dans un délai de six mois, à compter
du jour de la vacance , présentera au
pape un docteur on liceacié , âgé de
vingt-sept ans au moins, qui sera
pourvu par le pape de l'évêché vacant;
que si le présenté n'a pas les qualités
requises, le roi sera tenu d'en propo-
ser un autre dans trois mois , à comp-
ter du jour du refus ; que d'ailleurs le
pape, sans présentation préalable de la
part du roi , nommera aux évéchés et
archevêchés qui viendront à vaquer en
cour de Rome. Il faut noter qu'en ac-
cordant au. roi les nominations, le
pape se réserve les annates (*).
a François V va lui-même au par-
lement pour y faire publier le concor-
dat , et le chancelier Duprat expose
les motifs qui l'ont dicté. On refuse
d*enregistrer ; le roi s'irrite. Le par-
lement proteste entre les mains de
l'évêque de Langres , que si l'enregis-
tl*ement a lieu, ce sera par contrainte,
et que l'on n'en jugera pas moins con-
formément à la pragmatique. On en-
registre enfin , mais en écrivant sur le
repli du concordat, qu'il a été lu et
publié du^très-exprès commandement
lu roi , réitéré plusieurs fois.
« L'évêché d'Alby vint à vaquer en
[519; le chapitre nomma selon la
pragmatique, et le roi selon le concer-
tât. Le parlement de Paris , jugeant
ntre les deux pourvus , prononça en
aveur de celui qu'avait élu le chapitre
'Alby. En 1521 , un évéque de Con-
om, élu par le chapitre de cette ville,
it également maintenu contre celui
(*) Voici y à ce sujet, la réflexion de
fèzerai : « On ne vit jamais d'échange plus
zarre ; le pape, qui est une puissance spi-
tuelle y pnt le temporel pour lui , et donna
spirituel à un prince temporel. »
que lé roi avait nomhaé. Toutes leâ
causes de cette espèce furent jugées de
même jusqu*après la prison de Fran-
çois 1*' , et auraient continué de l'ê-
tre, si une déclaration du 6 septembre
1529 n'eût attribué au grand conseil
la connaissance de tdus les procès re-
latifs aux évêchés, abbayes, et autres
bénéfices dont la nomination avait été
accordée au roi par le pape Léon X.
« Le président Hénault rassemble
tous les motifs allégués èh faveur Ad
concordat , et qui peuvent se réduire
aux deux suivants : l*' les rois, en fon-
dant les bénéfices, et en recevant l'É-
glise dans l'État, ont succédé au droit
d'élire qu'exerçaient les premiers fidè-
les ; T la simonie , l'intrigue , l'igno-
rance , présidaient aux élections , et;
donnaient aux diocèses d'indignes pas-
teurs. Mais, au fond, le^ nominations
royales n'étaient point l'article qui ex-
citait le plus les réclamations du par-
lement ; il se plaignait surtout des
annates et de la bulle de Léon X con-
tre la pragmatique; des atmates, que,
depuis saint Louis jusqu'à Charles vit,
tous les rois avaient prohibées, et ^e*
d'anciens papes avaient déclarées abu-
sives et simohiaqùes , quand elles
étaient exigées par les empereurs ; de
la bulle de Léon X , qui traitait de
peste publique, de constitution impie,
une pragmatique fondée sur les dé-
crets des conciles généraux , chérie de
la nation et promulguée pair les sou-
verains. Cette bulle suspendait , ex-
communiait, menaçait de la t)erte des
possessions temporelles, soit ecclésias-
tiques , soit même civiles , les prélats
français et jusqu'aux seigneurs laïques
qui redemanderaient ou regretteraient
fa pragmatique sanction de Charles Vil.
Enfin l'on avait osé citet* , dans cette
même bulle de Léon X, la bullé Unam
sanctom de Boniface VIII , où le droit
d'abattre les trônes^ de ravir et décer-
ner les couronnes, est attribué au pon^
tife romain. Voilà ce qui provoquait la
résistance du parlement ; et l'on doit
convenir, ce semble, qu'elle n'était ni
déraisonnable, ni contraire aux inté-
rêts de la monarchie. S'il ne s'était
agi que de substituer au droit de con-
IM
cas
L'UNIVERS.
GON
flmier les élections , acquis depuis
longtemps au monarque , celui de les
faire lui-même, nous avons lieu de
nenser que l'enregistrement eût souf*
tert beaucoup moins de difficultés. »
Du reste, et M. Daunou en con-
vient lui-même, Tarticle qui attribuait
au roi Félection des évéques et des ab-
bés n'eut pas les résultats qu'on s'en
promettait. Cefte innovation avait été
conçue dans le double but d'augmen-
ty Taction centralisatrice, du pouvoir
monarchique , et de mettre des bornes
à l'influence de la cour de Rome sur
le clergé français. Malheureusement
les divisions religieuses que suscita
bientôt Tavénement du protestantisme
eurent un effet tout opposé : le clergé
catholique rechercha l'appui du pape
contre les envahissements de l'auto-
rité royale ; et les attaques des calvi*
nistes lui faisant ajouter encore plus
de prix à cette alliance, il cessa peu à
peu d'être gallican pour devenir ultra-
montain. On en vit la preuve à l'épo-
que néfaste de la Saint'Barthélemy et
pendant les fureurs de la ligue.
« Les dissensions qui déchiraient
alors la . France , dit M. Daunou ,
avaient sans doute diverses causes ,
mais parmi lesquelles on n'a point as-
sez remarqué Tabolitiou de la prag-
matique et l'établissement du concor-
dat. D'un côté, un si funeste change-
ment dans la discipline, en aigrissant
les esprits, les avait disposés à recevoir
les nouvelles opinions dogmatiques
réprouvées par la cour de Rome ; de
l'autre, les maximes ultramontaines
que le concordat avait introduites,
que Catherine de. Médicis avait propa-
gées , inspiraient des sentiments d'm-
tolérance à ceux qui restaient dans la
communion du saint-siége : la prag-
matique eût préservé la France et de
l'hérésie et du zèle persécuteur. Sous
l'empire du concordat , ces deux ger-
mes de discorde, fécondés l'un par
l'autre, ont enveloppé de leurs horri-
bles fruits les règnes de Charles IX et
de Henri III. Les nouveaux intérêts
que le concordat donnait au, clergé de
France , le dévouèrent à la cour ro-
maine et affaiblirent de plus en plus
les liens par lesquels il devait tenir i
l'État. »
Il est très-{)robable que, si la pra^
matique sanction de Charles VII nV
vait pas été révoquée , la France an-
rait beaucoup moins eu à souffrir da
guerres de religion. Le clergé gallica .
aurait même pu, au besoin, interTeoir
comme puissance modératrice, entre
la papauté et les protestants. Mais,!
l'époque où François P' fit son oofr
cordât avec Léon X , qui pouvait pré*
voir la tempête dont était menacée b
chrétienté ? Et puis , si la peinturede
Brantôme est aussi exacte Qu'origi*
nale, les mœurs du clergé gallican ne
lui auraient peut-être pas permis de
jouer un aussi beau rôle. La réTOO*
tion des pragmatiques n'en est pie
moins un tait malheureux , parce qiiei
à défaut du clergé, les légistes, appojéi
sur ces deux lois et dirigés par le yo"
tueux l'Hôpital, auraient pu jeter m
peu de baume sur les plaies de b
France. Les reproches adressés pei
M. Daunou au concordat de 1516 ra-
tent donc dans toute leur vigaeor;
mais on regrette qu'il n'ait pasatta^
avec le même courage la dispositMi
qui sacrifiait les conciles au pape. C^
tait cependant celle qui méritait le
plus d'attention, nuisgu'elle portait*
coup mortel à nnstitution mémedi
christianisme , en permettant à la pi*
pauté de réaliser le plus grand attea*
tat qu'jelle ait jamais médité : la «f;
pression des conciles généraux, 9|
sont l'un des éléments essentiels s
inviolables de notre société religieoi^
Cette disposition n'était pas plus tt*
tionale que les autres , car la Fi**
avait toujours défendu les oonciltf«
dont l'autorité, réunie à celle du 0i
possédait seule, à ses yeux, les cirsO'
tères de l'infaillibilité humaine, lif
cet oubli se conçoit jusqu'à un oee^
point : le livre de M. Daunoa tu*
particulièrement de la puissance tg
porelle des papes ; et puis il écRw
sous le règne et un peu sous la diev
d'un homme qui n'aimait pas plu*"
f;randes assemblées en matière dei**
igion qu'en matière politique.
D'après ce qui précède , on 10^
j
CON
FRANCE.
CO^
509
porté à considérer le concordat de 1516
comme une conception détestable, et
de nature à donner une bien petite
idée du génie de François V, Ce se-
rait aller beaucoup trop loin , suivant
nous ; et , pour 1 apprécier à sa juste
valeur, il est nécessaire de se rappeler
les circonstances qui raccompagnèrent
et le but dans lequel il fut signé. Ce
but était surtout, et on peut même dire
exclusivement politique. A ce point de
vue, le concordat de 1516, quoique
suivi de résultats assez médiocres, ap-
paraît comme une conception qui pou-
vait avoir deâ conséquences d une
grande portée , dans Tordre matériel.
Pour être mieux compris, disons
d'abord un mot de la politique du sei-
zième siècle, cette époque si brillante,
mais si agitée, où une carrière im-
mense était ouverte à l'ambition de
tant de princes. La plupart des grands
peuples dont se compose la république
européenne, étaient enfin parvenus,
sous la protection du gouvernement
monarchique, à jeter les bases de leur
puissance nationale.
Le moyen âge avait péri sans retour,
avec sa féodalitjé et la double dictature
de ses papes et de ses empereurs. Sur
les ruines de la monarchie carlovin-
gienne et de la monarchie sacerdotale
qui l'avait remplacée, s'étaient élevées
une foule de puissances indépendan-
tes , reconnaissant le pape pour chef
de l'Église chrétienne, mais ne voulant
pas plus relever de lui que de l'empe-
reur d'Allemagne ; fières , en un mot ,
de leur souveraineté. Telles étaient
surtout la France, l'Angleterre et
['£spagne , qui avait purgé son sol de
a présence des Mahométans. L'empire
l'Allemagne , formé de plusieurs peu-
ples momentanément associés plutôt
|ue fondus ensemble , avait perdu son
incienne prépondérance et ne figurait
ilus qu'au même titre que les autres
lations. L'ère moderne avait com-
uencé. Mais il s'en fallait encore de
«aucoup que le monde européen eût
rouvé les bases de son organisation
Liture ; loin d'être d'accord, les nations
laissantes, ou, pour mieux dire, les
•rinces qui les gouvernaient, étaient
animés de sentiments de défiance et
nourrissaient des arrière-pensées de
convoitise. Au sortir du chaos , tout
se trouvait encore en suspens. Allait-
on à un nouvel ordre de choses , où
l'on verrait un grand nombre de na-
tions florissant en même temps sur le
sol de l'Europe , et vivant entre elles
sur le pied de l'égalité? Retournait-on
à l'unité de la conquête , comme à l'é-
poque de l'ancien monde romain?
Voilà ce qu'on ignorait. Dans le doute,
presque tous les princes inclinèrent
pour la conquête,* qui avait l'avantage
de flatter leurs passions , et qui leur
offrait la perspective de placer leur
nom dans l'histoire, à côté de ceux de
Charlemagne, d'Alexandre et de César,
sans compter le malin plaisir d'humi-
lier des rivaux. Les. idées de puissance
et de civilisation mondaine qui domir
naient alors , l'antiquité grecque et
romaine renaissant dans les livres
des savants de l'époque , le paganisme
se réveillant plus beau que jamais aprè$
un long sommeil , les sentiments d'u-
nité matérielle qu'avait entretenus le
souvenir de Charlemagne, et qui, ne
s'étaient jamais effacés, même au sein
du moyen âge, un immense désir
^'aventures , dernier reste des temps
de la chevalerie, tout se réunissait
pour exciter les aiïibitieux à des entre-
prises audacieuses. La papauté elle-
même, oubliant ce qui s'était passé
depuis le douzième et le treizième siè-
cle, et abusée par le développement
qu'avait pris sa '^puissance séculière ,
rêvait de nouveau la monarchie uni-
verselle à son profit. Les papes du sei-
zième siècle ont cela de particulier,
qu'ils furent des princes politiques
beaucoup plus gue des pontifes ; im-
prudents, qui s'imaginèrent que la di-
plomatie, même aidée du machiavé-
lisme , pourrait être utile au dévelop-
pement d'une puissance toute morale.
La reconstruction de l'empire romain,
tel fut le mobile des actions de la plu-
part des souverains de cette époque ,
principalement à Rome , en France et
en Espagne. La monarchie universelle
né fut pas seulement l'utopie de Fran-
çois I" et de Charles-Quint ; elle fut
(10
^mx
L'UiaVERS.
COK
9U8si le rêve des Jules n, des Léon X,
et des Sixte-Ûuint, car, au seizième
Cfiècle, tout , oepuis la civilisation jus-
qu'au christianisme, tendait à se ma-
térialiser; et les esprits ne s'étaient
pas encore élevés à la conception de
l'équilibre qui devait servir de base à
la politique moderne.
Pour arriver à la monarchie univer-
selle, il fallait d'abord être prépondé-
rant. Or, en 1516, la prépondérance
appartenait évidemment à François P**,
àont le règne s'était annoncé sous de
si brillants auspices# Il venait de ga-
ffner la bataille de Marignan ; le nord
de l'Italie subissait déjà sa loi , et il
méditait de nouvelles conquêtes sur
cette belle terre, qui fut si longtemps
le centre du monde occidental. Le
hasard de la naissance n'avait pas en-
core réuni la couronne d'Autriche et
la couronne d'Espagne sur la tête de
ce Charles-Quint , oestiné , en outre ,
à devenir empereur d'Allemagne ; l'ar-
chiduc Chartes n'était alors qu'un
jeune prince qui recherchait l'amitié
du roi de France , objet de son admi^
ration, de son envie, peut-être. Fran-
çois X'*' n'était pas sans entrevoir le
' jour où il se présenterait pour lui une
occasion de mettre la main sur le
sceptre impérial. Dans tous les cas, il
avait besom de se ménager l'amitié
du pape pour conijuérir l'Italie et pour
consolider sa prépondérance sur les
autres nations. Maître du Milanais, ne
prévoyant pas que bientôt l'Espagne
Je supplanterait dans la péninsule ita-
lienne, il ne voyait aucun danger à
faire quelques concessions à la cour de
Home. Ces concessions même avaient
un moyen de l'attacher à sa propre
cause; quitte à rompre avec elle, quand
le moment serait venu de se partager
les dépouilles des autres peuples. En
attendant, il consentit à un premier
partage dpnt les libertés de l'Église
gallicane firent tous les frais. La ques-
tion ainsi posée, on doit convenir
qu'il ne conclut pas un trop mauvais
marché. Cessant de contester au pape
une infaillibilité problématiqift qu'il
espérait d'ailleurs faire servir à ses
desseins, il ^cbc^ta, pa? quelques con-
cessions fiscales, la faculté de nommer
lui-même les évoques et les abbés de
son royaume ;' faculté précieuse, qui le
rapprochait de cette puissance absoioe
dont ne saurait se passer un prince
qui a des arrière-pensées de conquête
Voilà très-probablement dans quel es-
prit fut conçu le concordat de 1516.
Par malheur, ces prévisions flat
teuses ne se réalisèrent pas ; la for
tune , après avoir souri à ses débuts
se tourna brusguement contre lui , et
prodigua ses faveurs à cet arcbidoc
Charles , qui eut le mérite d'en profi-
ter. Alors le jeune prince franMisent
la douleur de le voir passer à Cnaries*
Puint le rôle qu'il avait ambitionné;
il sentit revivre en lui ce Charlemagne,
cet Alexandre et ce César , qu'il a^
Voulu prendre pour modèles. AloRi
ses projets ayant échoué, les sacrifices
auxquels il avait souscrit dans le con-
cordat se tournèrent contre lui, etb
France, privée des compensations qu'A
avait rêvées pour elle , ne recueillit dt
cet acte rien autre chose que la perte
des libertés de son Église.
Mais il n'en est pas moins vrai qat,
dans l'ordre politique, le concordat de
1516 était une innovation profonde.
Comment en douter, lorsqu'on voit
Charles-Quint lui-même se substitos
à François I*% en suivant une poUfr
que analogue à celle du monarp
français ; politique de concessions en-
vers le saint-siége , parce que , Rotf
étant le siège de la puissance (noté,
il fallait obtenir sa sanction pourcoB*
solider les fruits de la victoire et de
la conquête? Outre la satisfaction dV
voir sauvée la France du démembit'
ment qui la menaçait, ce qui dut encori
consoler les mânes de François Tt
c'est que Charles-Qu\nt , malgré n*
série de brillants succès, ne fut eo dé-
finitive guère plus heureux que ni'
Une fois prépondérant, Charlcs-Q»*'
pe put jamais franchir l'abîme qu^
pare la monarchie universelle de f
prépondérance politique ; ^^ i V^f
avoir poursuivi inutilement un v*
tome insaisissable, il se vit forcédei^
connaître que ce qu'il avait de pj*
grand à £sure , c'était d'abdiqua. ^
i»^
FHÀNOE,
^V
M^
papauté TQDlsjit \i\en accepter ]6 rôle
d'auxiliaire, mais elle dédaignait cielui
d'instrument , et elle ne manquait pc|S
qe moyeps pour s'y soustraire. En op-
posant au monarque espagnol tantôt
J'Angieterre, tantôt la France, elle
préludait à ce système d'équilibre qui
était destiné à remplacer le système
brutal de la conquête, essayant ses der-
nières armes avant d'expirer pour tou-
jours.
Ainsi donc, au point de vue politi-
que, un des principaux caractères du
concordat de François I^', c'est de
marquer l'époque où la France du sei-
. zième siècle, pleine de confiance dans
sa vigueur monarchique , songea un
moment à reconstruire l'ancien en^-
Î)ire de Charlemagne, et à étendre SMr
'Europe une domination semblable à
celle que Rome exerça dans l'antiquité.
Mais cet écart d'ambition , comme
tant d'autres bien plus brillants, a
porté malheur à notre pays ; et l'exem-
ple de François P', de Louis XIV et
de Napoléon' est là pour prouver que
Je secret de sa puissance réside dans
son esprit civilisateur bien plus encore
que dans la force de ses armes.
— Le concordat de^Japoléon, analo-
gue à celui de François I*"' sous plus
d'un rapport , en diuère beaucoup ce-
pendant , par suite des circonstances
tout exceptionnelles qui lui ont donné
naissance. Une brouille passagère, un
simple conflit d'autorité avait précédé
le concordat de 1516 ; le concordat de
iSOX vint mettre un terme à un di-
vorce de presque dix années. U rendit
a la France le haut rang qu'elle avait
toujours occupé dans la communion
chrétienne , d'oii elle n'était sortie que
par un malentendu déplorable. Voilà
pourquoi il fut accueilli par des trans-
ports d'allégresse, et reçu, pour ainsi
dire, comme un présent du ciel. De-
puis longtemps, la France était lasse
d'une séparation qui semblait l'avoir
mise au ban des nations chrétiennes,
et pendant laquelle tant d'orages l'a-
vaient assaillie et mise plusieurs fois à
jeux doigts de sa peite , comme si
Dieu avait voulu la punir d'avoir un
lostant séparé sa cause de celle du
christianisme. Le divorce était plqs
apparent que réel ; car les dpctrmes
des révolutionnaires reflétaient l'esprit
sublime de l'Évangile bien plus que
les doctrines de la coalition ; maiis en-
fin le divorce existait. Tout ce qui de-
vait le faire cesser parut un bien , et,
lorsqu'on en eut la nouvelle , le con-
cordat de 1801 reçut autant d'éloges
que celui de 1516 avait soulevé de pro-^
testations« Jamais aete n'eut mieqx
l'apparence d'une récpnciliation ; la
joie de l'Église n'était pas moindre;
elle ouvrait les bras avec un bonheur
tout maternel , pour recevoir l'enfant
. prodigue rentrant enfin à la maison.
Malheureusement, cette réconcilia-
tion , toute sincère qu'elle fût de la
part du peuple français , n'eut pas les
neureuses ^ conséquences qu'on s'en
était promises : les esprits éclairés ,
qui s'attendaient à voir le cbristia>
nisme , retrempé par le contact de la
* révolution , s'élancer dans une nou-
velle ère de jeunesse et de progrès ,
furent bientôt cruellement détrom-
pés.. Le même désenchantement ne
tarda pas à s'emparer de ceux qui ,
moins préoccupés du perfectionnement
de rinstitution chrétienne , avaient
borné leurs espérances à voir l'union
régner désormais entre le pape et le
chef politique du gouvernement fran-
çais. L'ancienne querelle, un moment
assoupie, se réveilla tout à coup, non
moins violente , quoique sous une
forme diplomatique. Il n'y eut rien de
changé, si ce n'est que le dissenti-
ment fut moins grandiose; au lieu
d'être général comme auparavant, il
devint individuel. Ce ne fut plus la
lutte d'un grand peuple parlant au
nom du progrès et de la grande Église
répondant au nom du passé, ce fut la
lutte de deux individus : le pape et
l'empereur ; on aurait dit que le moyen
âge allait recommencer. Ce qui est
certain, c'est qu'il y avait dans l'un
des deux concurrents l'étoffe d'un
Charlemagne, et que le pontife romain,
quelque loin qu'il fût de ressembler aux
Grégoire VII ou aux Innocent III,
avait, pour appuyer sa résistance, des
auxiliaires qui ne manquaient pas d«
613
CON
L'UNIVERS.
€0N
ressources. On sait comment se ter-
mina cette malheareuse division ; mais
on ne connaît pas aussi bien les cau-
ses qui Tengenarèrent.
Faisons orabord une courte analyse
des principales dispositions de ce con-
cordat célèbre, conclu, le 15 juillet
1801 , entre le premier consul de la ré-
publique française et le pape Pie VU.
Les ratifications en furent échangées
le 23 fructidor an ix (10 septembre
1801 ) ; mais il ne fut mis à exécution
qu'au mois d'avril 1802. Le préambule
en est concis, et mérite d'être cité :
« Le gouvernement de la république
française reconnaît que la religion ca-
tholique , apostolique et romaine , est
la religion de la grande majorité des
citoyens français.
« Sa Sainteté reconnaît également
que cette religion a retiré et attend
encore en ce moment le plus grand
bien et le plus grand éclat de réta-
blissement du culte catholique en
France , et de la profession particu-
lière qu'en font les consuls de la répu-
blique.
« En conséquence , d'après cette re-
connaissance mutuelle , tant pour le
bien de la religion gue pour le main-
tien de la tranquillité intérieure , ils
sont convenus de ce qui suit :
Art. 1er. La religion catholique ,
apostolique et romaine, sera librement
exercée en France. Son culte sera pu-
blic, en se conformant aux règlements
de police que le gouvernement jugera
nécessaires pour la tranquillité publi-
que. »
En vertu des articles 4 et 5 , les no-
minations aux évéchés devaient être
faites par le premier consul , et Tins-
titution canonique devait être donnée
par le saint-si^e, suivant les formes
établies par rapport à la France avant
le changement de gouvernement , en
d'autres termes , avant la révolution.
L'article 6 imposait aux évéques l'obli-
gation de prêter directement entre les
mains du premier consul le serment
de fidélité qui était en usage avant le
changement de gouvernement , ser-
ment exprimé en ces termes : « Je jure
ft et promets à Dieu , sur ces saints
« Évangiles , de garder obéissanoe et
« fidélité au gouvernement établi fv
« la constUt^on de la réftmpt
« française. Je-promets aussi de nV
« voir aucune intelligence , de n'asû-
« ter à aucun conseil, de n'entretenir
« aucune ligue, soit au dedans, soit au
« dehors , qui soit contraire à iatran-
« quillité publique ; et si , dans mon
« aiocèse ou ailleurs , j'apprends qQli
« se trame quelque chose au préjudice
« de l'État , je le ferai savoir au çoo-
« vernement. » L'article 10 conférait
aux évêques le droit de nommer les
curés , sous la réserve que les minis-
tres de leur choix seraient agréés par
le gouvernement. L'article 13 mettait
lesi)iens nationaux à couvert eootn
toute répétition ultérieure; il était
conçu en ces termes : « Sa Sainteté,
« pour le bien de la paix et rheaiw
« rétablissement de la religion catlKh
«lique, déclare que ni elle, ni sa
« successeurs ne troubleront en an*
« cune manière les acquéreurs da
« biens ecclésiastiques aliénés, et qa'eo
« conséquence , la propriété de ee(
« mêmes biens , les droits et mwa
« y attachés, demeureront incommota*
« blés entre leurs mains ou celles de
« leurs ayants cause. »
Comme on le voit, le concordat de
1801 , aussi bien que celui de ih%
avait été conçu par le gouvemcnwt
français dans un but politique bean-
coup plus que dans un but rëï^
Le premier consul, en proie aux rév0
d'avenir les plus ambitieux , ne voyait
dans la religion qu'un moyen de goa*
vernement comme un autre, unpa
plus élevé , il est vrai , mais d'autant
plus utile qu'il était plus vénérable.
Et l'entraînement de la France versk
christianisme, et l'entraînement de h
papauté vers une réconciliation vtt
le peuple très-chrétien , il e^^
tout à son profit. Par les curés, ii^
pérait dominer les fidèles ; par leséif
ques , qu'il transformait en ofiiôcn
Ï)ublies, il dominait les curés ;tooie
a communion chrétienne, enrégioKf
tée comme une armée, devait recette
des évêques les ordres supérieurs dPy
général en chef, et ce général en dni
GON
FRANCE.
€0N
51S
c'était lui-même. Sous prétexte de pré-
venir les envahissements de la cour
de Rome, qui alors étaient fort peu à
craindre , il avait ainsi placé le clergé
sous sa domination personnelle. Dans
son ambition dévorante, il ne deman-
dait rien autre chose au christianisme
que de lui servir d'abord de marche-
pied pour monter jusqu'au trône , et
. ensuite de bouclier pour s'y défendre
et s'y maintenir. La suite des événe-
ments ne permit guère d*en douter ;
mais ce qui prouve que telle était déjà
sa pensée, c'est le texte de l'article 13
du concordat: « Sa Sainteté reconnaît,
« dans le premier consul de la républi-
« que française , les mêmes droits et
« prérogatives dont jouissait tancien
'« gouvernement. » Avec quel art il
saisissait une si belle occasion de pré-
parer les esprits au rétablissement de
l'ancien gouvernement, en assimilant
ses prérogatives à celles des descen-
dants de de saint Louis ! C'était d'au-
tant plus habile , qu'en apparence ces
paroles avaient seulement pour objet
de garantir l'indépendance au pays.
Bu reste , il faut rendre cette jus-
tice au premier consul, que s'il ne s'é-
tait pas oublié lui-même dans le con-
cordat , il y avait également pris soin
des intérêts de la France. Non-seule-
ment les acquéreurs de biens natio-
naux avaient obtenu un gage de sécu-
rité , mais les articles organiques
ajoutés au corps du traité garantis-
saient la liberté des cultes , faisaient
une large part à l'esprit de tolérance ,
et sanctionnaient la plupart des chan-
gements utiles introduits par l'Assem-
Dlée constituante. Ils prévoyaient les
tentatives que pourrait faire le clergé
[)our s'empar^^r de nouveau des regis-
;res de l'état civil , et s'y opposaient
brmellement. Ils confirmaient les lois
[ui avaient supprimé les ordres mo-
lastiques ; ils maintenaient le prin-
Ipe de la rétribution du clergé par
État , et assignaient un traitement de
5.000 fr. aux archevêques, de 10,000
ux évéques, de 1,500 aux curés de
remière classe, et de 1,200 aux curés
e seconde classe.
Cette analyse serait incomplète , si
nous ne citions pas quelques autres
dispositions des articles organiques.
Conformément à l'article 2 du concor-
dat, stipulant qu'il serait fait par le
saint-siége, de concert avec le gouver-
nement , une nouvelle circonscription
des diocèses français , le nombre des
archevêchés ou métropoles fut fixé à
dix, celui des évêchés à cinquante (yoy.
Abghevéghés) , et il dut y avoir au
moins une paroisse dans chaque jus-
tice de paix. L'article 11 portait que
les archevêques et évêques pourraient,
avec l'autorisation du gouvernement,
établir dans leurs diocèses des chapi-
tres cathédraux et des séminaires,
mais que tout autre établissement se-
rait supprimé. L'administration du
culte protestant était réglée par des
dispositions à part, portant également
le titre d'articles organiques.
Malgré tout ce qu'il renfermait de
bon , le concordat de 1801 reposait
sur les bases les plus fragiles. Son
principal vice était d'attenter à l'indé-
pendance morale du clergé. Pour s'en
convaincre, il suffit de lire le titre 1*'
des articles organiques. Il y était dit
que les décrets des synodes étrangers,
mênje ceux des conciles généraux , ne
pourraient être publiés en France avant
que le gouvernement en eût examiné
la forme , leur conformité avec les '
lois, droits et franchises de la républi-
que française , et tout ce qui , dans
leur publication-, pourrait altérer ou
intéresser la tranquillité publique.
Ainsi ce n'était plus l'Église gallicane,
représentée par un concile national ,
qui, d'accord avec le gouvernement,
était juge dans les matières religieu-
ses, c'était le gouvernement lui-même.
François P' et Louis XIV n'avaient
pas osé aller si loin ; ils avaient res-
pecté, au moins en principe, les droits
des conciles nationaux. L'Église se
trouvait réduite au rôle de simple ins-
trument.
Aussi , qu'arriva-t-il ? Tant que Na-
poléon fut le plus fort, le clergé rongea
son frein ; mais il se redressa aussitôt
que la fortune parut devoir changer.
Les archevêques et les évêques firent
un peu comme les maréchaux de l'em-
T. Y. 33* livraison, (Digt. bngygl., btg.)
33
S14
CÙH
rUTÏIVERS.
CM
Etre : ils touraèrent contre lé mattr«
s armes qu'il ne leur avait données
que pour le défendre. Convoqués en
concile national, Tannée 1811, ils re-
fusèrent d'obéir h ses ordres, quand il
voulut leur faire déclarer que l'insti-
tution canonique n'était pas absolu-
ment nécessaire. De son côté, le pape
opposait à ses prétentions une résis-
tance qui l'irritait encore davantage.
Dès lors, il arriva le contraire de ce
qu'il avait espéré : loin de servir à
1 accomplissement de ses projets , 1a
religion devint pour lui un embarras
formidable qui accéléra sa chute.
Il en eût été autrement s'il avait su
la comprendre d'une manière plus
grandiose et plus profonde; si, au lieu
de la rapetisser aux dimensions d'un
rouage politique, il s'était aperçu
qu'elle est le plus puissant moyen de
civilisation qui existe. Ce qu'il devait
exiger du pape , ce n'était pas qu'il
consentît à jouer auprès de lui le rôle
de complaisant : c'était qu'il s'occupât
de porter la réforme dans les abus qui
avaient amené la décadence du catho-
licisme. A la place de cette assemblée
de prélats , reunie en 1811 , dans un
but mesquin, si l'empereur avait exigé
le rétablissement des conciles géné-
raux , comme il avait le droit et la
puissance de le faire , croit-on que le
pape se fût opposé à ce retour aux an-
ciens usages de l'église chrétienne?
Quand même il l'aurait essayé, il ne
l'aurait pas pu , parce que la convoca-
tion d'un concile général était la meil-
leure manière de rétablir l'équilibre
entre le pouvoir temporel et le pouvoir
spirituel , la meilleure manière de ré-
générer la sublime institution du
diristianisme. Au nom des doctrines
de l'église gallicane et de celles de
toute la chrétienté , Napoléon l'aurait
forcé de consentir à une mesure qui
devait rendre au catholicisme lui-même
l'ancien éclat qu'il avait perdu. £t,
pour cela . il n y aurait pas eu besoin
de sortir aes limites de la légalité, car
un des articles organiques remettait
en vigueur la déclaration faite par le
clergé de France en 1682, déclaration
qui, comme on sait, proclamait la né-
cessité dea coDciloi généraux. Mais,
au lieu d'élargir ainsi Tborizon, Tïapo-
léon se renferma dans une spbén
toujours de plus en plus étroite; il
prétendit tout mener par lui-même, U
religion aussi bien que la politiqoe.
Charlemagne, il est vrai, avait donoé
l'exemple d'une pareille tentative ; mais
l'église d'Occident , n'avait pas encoie
pris, à cette époque, le dév.elopponeat
qu'elle prit dans la suite ; mais, «
Charlemagne avait beaucoup d'ambi-
tion, il avait encore plus de ici, tandi*
qu'on ne peut pas en dire autant de
son glorieux émule. D'ailleurs, loin de
redouter les grandes assemblées,comme
Napoléon, Charlemagne fit un fort W
emploi de l'institution des conciles-
Sous ce rapport, et pour les idées reF
gieuses, l'empereur du huitième siècle
l'emporte de beaucoup sur l'cmperettï
du dix-neuvième siècle , homme de
génie plus que de cœur , qui avait,
en outre , le désavantage de vivre à
une époque de scepticisme général,
mais dont la grande figure , pour ce
qui ne. touche pas à la religion^ nepft*
lit devant aucun genre de parallèle.
Cependant, il faut en convenir, le
despotisme de Napoléon n'empêcha
pas seul la réconciliation d'être dura-
ble. L'éloignement de l'église catho-
lique pour toutes les réformes réd^
mées par le progrès des lumières ne
s'y opposait pas moins. Elle n'avait
consenti à quelques concessions dans
le concordat qu'avec l'espérance de
les retirer peu à peu et de se rappw-
cher le plus possible des errements de
l'ancien régime. Déjà cependant, J
début de la révolution , son refus *
marcher avec l'esprit du siècle ava»
eu les plus funestes résultats ; car fl
la Constituante avait pris des mesui^
sévères, c'était l'aversion du cfefp
pour toute espèce de réformes et tft*
méliorations qiii en avait été lacw*
Voyant que la papauté encouragea*
les prêtres dans leur résistance, rAjj
semblée nationale avait été obli|^^
recourir aux movens extrêmes , à0
ses décrets sur la constitution «^
du clerçé. Sans doute , cjle av»H é»
trop loin en cherchant à le séfii^
CON
PRAHCE.
GOIV
515
complètement de la papauté, centre
naturel de la communion chrétienne ;
mais comment ne pas dépasser le but,
dans un temps de crise, et lorsque la
cour de Rome , ne voulant entendre à
aucune;proposition conciliatrice, épou-
sait ouvertement la cause des privi-
lèges de la naissance? La Constituante
n^aurait pas accueilli les doctrines
presbytériennes avec autant de faveur,
elle n'aurait pas porté atteinte à la
puissance morale du pape , si ce der-
nier avait prêté l'assistance de son au-
torité à la cause du progrès. Sous la
Convention même, au moment où la
révolution manifesta les sentiments
les plus hostiles au catholicisme, on
aurait tort de croire que l'irréligion
fât ia seule cause de cette hostilité. Ce
n^étaient point des impies, tous ces
montagnards qui avaient pris pour
symbole le discours de Jésus-Christ
sur la montagne ; ils le prouvèrent, en
préchant la fraternité et en terrassant
' le monstre de l'athéisme. Leur éloi-
gnement pour le catholicisme venait
uniquement de ce que le pape et le
clergé , au lieu de bénir la démocratie
naissante et de diriger ses premiers
pas, lançaient contre elle toutes les
foudres de l'Église. La montagne brava
fièrement ces anathèmes , et finit par
triompher, parce que Tesprit du chris-
tianisme était bien mieux compris
dans ses rangs (pa dans ceux de la
coalition des rois. De même , sous
l'empire , la papauté aurait eu beau-
coup moins d'humiliations à souffrir
du chef de l'Ëtat, si , abandonnant des
tendances rétrogrades pour devenir
civilisatrice et populaire, comme aux
beaax siècles de sa puissance, elle avait
su le rappeler à Tordre au nom des
principes démocratiques du christia-
nisme. En persévérant dans son ancien
système, elle se priva de ses plus
^andes ressources, et elle fut réduite,
>our échapper à une ruine complète ,
le rentrer dans la coalition des rois :
uneste pensée, car, si elle conserva
3s apparences du triomphe, en réalité.
Ile ne fut pas moins vaincue que
empire. La restauration des papes n%
jt guère plus heureuse que la restau-
ration des Bourbons; les uns et les
autres devinrent les çscfaves de leurs
libérateurs.
Ainsi donc les torts sont partagés :
soit à Rome , soit à Paris , on s'est
créé de graves difficultés , pour n'avoir
pas compris le christianisme d'une
manière plus large et plus généreuse ;
des deux côtés, on a compromis le
succès de la réconciliation, nui s'an-
nonçait cependant sous de si brillants
auspices. Les tentatives de rapproche-
ment qui avaient eu Heu à i époque
du directoire auraient peut-être eu
plus d'avenir, si le clergé français,
plusieurs fois réuni en assemblées
générales , avait pu s'entendre avec le
pape; dans cette hypothèse, au moins,
la réconciliation eût été plus religieuse
que politique, et par conséquent plus
franche. Mais toutes les négociations
échouèrent, et l'honneur de conclure
la paix avec le saint-siége était réservé
au premier consul. Loin de convoquer
un grand concile national pour prendre
ses conseils et s'éclairer de ses lu-
mières, Napoléon traita la question
lui-même comme s'il se fût agi d'une
simple affaire de chancellerie. La ma-
nière dont il posa les bases de son
concordat mérite d'autant plus d'at-
tention qu'elle prouva que son parti
était définitivement arrêté. l\ devenait
évident qu'il penchait pour l'absolu-
tisme et que, non content d'avoir ré-
tabli l'ordlre et donné de la stabilité
an gouvernement par l'institution du
consulat, il allait déclarer ouverte-
ment la guerre à la liberté , puisqu'il
ne respectait même pas Tindépendance
du clergé gallican. A ce point de vue le
concordat doit être considéré comme
une des mesures qui décida de son
avenir. Bien des succès ont pu l'abuser
longtemps , mais , à la fin , alors même
qu'il eut fait souscrire au pape Pie VII,
enfermé à Fontainebleau, un nouveau
concordat (1813) encore plus arbitraire
que le premier, il dut reconnaître que
son amoition l'avait induit en erreur.
Après la chute de l'empereur, les
rôles changèrent : ce ne fut plus le
gouvernement français qui se montra
trop exigeant envers la papauté , ce
33.
516
GOff
L'UNIVERS.
GON
fut, au contraire, le clergé qui devint
enyahissant et qui prit sa revanche sur
la révolution et Tempire. La restaura-
tion ne se borna pas à revenir sur les
dispositions humiliantes pour le pape ,
elle voulut encore sacrifier tout ce qu'il
y avait de sage, d'éclairé et de tolérant
dans le concordat de 1801. Le 11 juil-
let 1817, Louis XVIII conclut à Rome
avec le pape Pie VU un nouveau con-
cordat qui faisait revivre celui de
François P'. Dès le début, la restau-
ration reculait de trois siècles en ar-
rière. Le concordat de 1801 , avec
tous ses articles organiques, était
annulé; quarante-deux arcnevéchés et
évêchés devaient être ajoutés aux an-
ciens ; tous les abus du passé allaient
renaître, les sinécures , les dotations
fastueuses, l'augmentation du haut
clergé; un article spécial , l'article 10,
donnait au clergé une espèce de pou-
voir discrétionnaire pour triompher
des obstacles qui s'opposeraient au
bien-être de la religion. Mais l'opinion
publique accueillit cette convention
avec une réprobation générale, qui
trouva des interprètes jusque dans les
deux chambres, et les ministres se
virent obligés de renoncer à l'espoir
d'obtenir pour elle la sanction légale.
Le concordat de 1801 n'en fut pas plus
respecté pour cela, et la France ne
tarda pas à voir revenir les congréga-
tions de moines et même les jésuites.
(Pour plus de détails, voyez les Quatre
Concordats^ par dePradt, 3 vol., Paris,
1818 ; Appréciation du projet de loi
relatif aux trois concordats, pRr
Lanjuinais, cinquième édition , Paris,
1818 ; Essai historique sur les libertés
de Véglise gallicane^ par l'abbé Gré-
goire, Paris, 1818.) Le concordat de
1817, comme celui de 1813, n'ayant ja-
mais eu force de loi , nous n'avons dû
entrer dans quelques développements
oue sur ceux de 1516 et de 1801 , les
deux seuls qui aient une grande im-
portance dans l'histoire.
CONCOUBS. .— Il faudrait remonter
à l'origine des sociétés pour découvrir
celle des concours; car on les retrouve
toujours sous quelque forme dans
l'histoire de toutes les races et de tous
les pays. Les premiers ne furent, il est
vrai , que des luttes fort peu intellec-
tuelles où se déployaient seulement la
force et l'adresse physiques. Nous
voyons cependant des les premières
olympiades les Grecs venir, dans
des concours publics, disputer avec
le prix du ceste celui des vers et des
compositions littéraires. La Grèce œ
transmit point à Rome le goût de
ces luttes où se développaient a la fois
les forces du corps et les facultés de
l'intelligence. Mais plus tard au moyfo
âge, lorsque le monde romain eut
fait son temps, et surtout lorsque les
croisades eurent ramené chez nous la
tradition des mœurs de la Grèce et de
l'Orient, aux assauts chevaleresques
des tournois commencèrent à se mêler
les concours poétiques des cours d'a-
mour. Dès 1323, le collège du gai sa-
voir, de Toulouse, invitait tous les
poètes de la langue d'oc a venir dispu-
ter ce prix de la violette d'or, que
rétablit plus tard Clémence Isaure eu
fondant les jeux floraux.
Les académies qui se sont créées
depuis ont presque toutes adopté h-
sage de mettre périodiquement au
concours la discussion de quelque
question scientiGque ou le développe-
ment de quelque sujet de compositioD
littéraire. Toutes nos écoles à peu près
ont des concours dans lesquels se dis-
putent des prix annuels. JNous retrou-
vons encore des concours artistiquesou
industriels dans ces expositions publi-
ques que terminent des distributiousde
médailles. Enfin, nous avons introduit
dans plusieurs de nos villes du !iord
les concours de musique de la Belgiqsc
et de l'Allemagne.
La voie du concours n'est pas
employée seulement pour donner te
distinctions à accorder au talent; elk
sert aussi à décider le choix entre les
candidats à certaines fonctions. I^
concours était dans rancienne uni-
versité le mode ordinaire de nomi-
nation aux chaires. La nouvelle l's
successivement admis dans la plupart
de ses branches. Elle a des concours
Î)our les chaires de ses facultés et pour
'agrégation. L'admission aux écoks
CON
FRANCE.
CON
517
spéciales du gouvernement se décide
également par la voie du concours.
C est par la même voie que s'obtien-
nent les places du service de santé dans
nos hôpitaux. Enfin , nous mettons au
concours, comme le faisaient les Grecs,
au rapport de Pline, l'exécution de nos
grands monuments d'art. Si , dans cer-
tains cas, la rapide épreuve d'un con-
cours n'est pas le moyen le plus sûr
pour découvrir le canoidat le plus di-
gne, elle a du moins l'avantage d'éloi-
gner ceux qui sont tout à fait inca-
pables.
Une des applications les plus remar-
âuabies qui aient été faites du principe
u concours, est l'établissement du
concours général des collèges. Cette
'institution compte aujourd'hui un siècle
et plus d'existence. L'historien Louis
Legendre, chanoine de Notre-Dame,
avait, par testament du 4 février 1733 ,
destine une rente annuelle de deux
mille quatre cents livres à la fondation
d'un concours de poésie et de musi-
que, sorte d* olympiades françaises
qui devaient avoir lieu à Paris tous les
quatre ans. Le testateur déférait le ju-
gement de ce concours à ses confrères
du chapitre métropolitain, ou, à leur
défaut, aux cordeliers du grand cou-
vent. Ni les uns ni les autres n'ayant
accepté Thonneur qu'il leur faisait, le
parlement, par arrêt du 1*' juillet
1744, décida que les fonds du legs de
Legendre seraient employés à la créa-
tion de prix annuels à partager par
voie de concours entre les élèves des
trois classes de rhétorique , de seconde
et de troisième des collèges de l'uni-
versité de Paris. La faculté des arts
vota l'adoption de ce concours le 7
septembre. Ce vote fut sanctionné par
un nouvel arrêt du parlement, le 8
mars 1746, et la première distribution
eut lieu à la Sorbonne , le 23 août 1747,
en présence d'une députation de con-
seillers en robes rouges. Le latin eut
tous les honneurs de la séance; car
non-seulement le discours d'apparat
était écrit dans cette langue, mais en-
core on ne couronna que des composi-
tions latines, et les nominations furent
proclamées en latin. Deux ans plus
tard, le recteur Charles Coffîn fonda
pour la classe de seconde ùexrst prix de
version latine, auxquels il affecta une
rente de cinquante livres. En 1754,
J.-B. Coignard, imprimeur du roi et
ancien élève de l'université, affecta de
son côté une rente de trois cents livres
à la fondation d'un prix d'éloquence
latine pour les maîtres es arts. Enfin,
Bernard CoUot, chanoine et professeur
émérite, légua, en 1757, a l'univer-
sité une rente de quatre cent vingt
livres pour la fondation d*un grand
prix de grec, lequel devait être dis-
puté par les élèves réunis des trois
classes supérieures ; disposition bizarre
qui fut annulée par arrêt du parlement
du 29 mai 1758. Au prix de grec furent ,
substitués des prix de thème et de ver-
sion latine pour toutes les classes jus-
qu'à la sixième inclusivement. On
rappelait à chaque distribution générale
des prix, dans l'ancienne université^ le
nom des auteurs de ces diverses fon-
dations.
Les prix cessèrent, en 1789, d'être
proclamés en latin. En 1793, ce fut
aux Jacobins de la rue Saint-Honoré ,
dans la salle des amis de la liberté et
de l'égalité, qu'eut lieu la distribution.
Le discours latin fut remplacé par une
allocution du président du départe-
ment. Depuis cette époque, le con-
cours général fut interrompu jusqu'en
1801. Il reparut avec l'établissement
des écoles centrales. Cette année-là , les
élèves qui avaient obtenu les prix fu-
rent couronnés une seconde fois, et
harangués au Louvre par Arnault de
l'Institut. Le concours de 1805 s'ouvrit
entre les quatre lycées qui venaient
d'être organisés à Paris, et pour la
première fois tes sciences et l'histoire '
figurèrent au programme. En 1810,
on rétablit la harangue latine; puis
vint 1815, et l'absence de la solennité
du concours cette année-là ajouta,
contrairement sans doute aux inten-
tions des auteurs de la mesure, un
deuil de plus à la douleur publique.
Un cinquième concurrent, le collège
de Versailles, entra dans la lice en
1818, et un sixième, le collège Saint-
Louis, en 1820. Un seul prix jouissait
518
COJg
vimïwss.
oim
encore de la dénomination spéciale de
prix d'honneur, c'était celui au'oh ac-
cordait au discours latin de rhétorique .
En 1822, on en. créa un second pour
la philosophie. Ce prix, attaché d'aoord
à Fa dissertation latine, est, depuiç
1831 , donné à la dissertation française.
Deux nouveaux établissements furent
admis au concours en 1832, les coU
léges communaux de Stanislas et de
ftollin. En 1836, les science^ eurent
aussi leur prix d'honneur, qu'on affecta
au cours ae mathématiques spéciales.
Les privilèges attachés à ces trois
granas prix sont, avec l'exemption du
iservice militaire, celle des frais d'ins*
cHption et des droits d'examen et de
diplôme dans toutes les facultés.
En 1838, M. de Salvandi , alors mi-
nistre de l'instruction publique , essaya
d'étendre le bénéfice ou concours aux
collèges royaut des départements, du
moins pour les classes de mathémati-
ques spéciales, de philosobhie et de
rhétorique. Les vainqueurs furent nom-
més; mais ce fut, malheureusement
pour eux, tout ce quMis obtinrent, et
l'essai ne fut pas renouvelé. Cette
même année pourtant , l'université pré-
levait plus de vingt mille francs sur son
budget pour le concours général des
huit collèges de Paris.
Aucun fait intéressant ne se présente
plus à partir de cette époque dans
l'histoire de l'institution. Tous les ans,
dans le courant du mois de juillet,
chacun des collèges rivaux envoie au
concours l'élite de ses classes. Chaque
composition est jugée à huis clos par
une commission spéciale de membres
de l'université; puis a lieu, du 15 au
20 août, la distribution solennelle dans
laquelle le ministre, entouré de tous
les corps savants de Paris, remet aux
jeunes vainqueurs les palmes qu'ils
ont conquises.
On a Deaucoup dit pour et contre
l'institution du concours. Ce n'est
point ici le lieu d'en discuter les
avantages et les inconvénients; mais
nous omettrions la partie la plus inté-
ressante peut-être ae l'histoire de cette
Institution, si nous n'ajoutions pas
que sur la liste des prix a*honneur on
distingue les noms de Thomas ea 1749,
de Delilte en 1755, de la Harpe èa
1756 et 1757, de Noël en m,
dé Faucompret en 1786, de le Maiic
en 1787, de Burnouf en 1792, de te
det en 1804 , de Victor Lecierc en 1806
et 1807, de Cousin en 1810, d'Adrieo
de Jussieii en 1814, d'Alhred etài
Gustave de Wailly en 1817 et 18)1.
nous ne pouvons terminer cet artià
sans homoier au moins \e Livre ctlmr
neur, cet annuaire d'émulatioo, oè
M. Jarry de Mancy, pendant les deiil
années qu'il en a dirigé la publicatioo,
complétait pour ainsi dire le concours,
et qu'il enrichissait de détails si pré-
cieux pour l'histoire de l'institutioa.
Concubinage. — tous les rois de
|a première race ont eu des coogh*
bines, et la célèbre Frédégonde ftt
longtemps celle de Chiipèric, roi de
Soissons, avant d*étre son épouse lé-
gitime. Il en fut de même sous la se-
conde dynastie, malgré les défeDses
des conciles; et Charlemagne lui-méaie,
qui cherchait tant à réformer lesmœun
de ses sujets, eut plusieurs concubines
Ou'il choisissait dans ses gynécées.
Cependant , avec le temps, le concubi-
nage finit par être regardé comme une
débauche contraire au respect dâ u
sacrement de mariage. Il aeviot alon
Im délit, non-seulement quand il i^
commis par des clercs, mais encore
quand des laïques s'en rendirent cou*
pables. Un grand nombre de coutumes,
entre autres celles de Touraine,l>
dunois, Anjou, Perche, Maine, Ox^
brai , etc. , essayèrent de réprimer es
désordre, en dépouillant les conçu»
naires d'une partie des droits ciw
dont jouissaient les personnes légifr
mement mariées , et en déclarant nul»
les libéralités faites en concMbinaje-
Celles de Normandie allèrent plus loifii
elles frappèrent de nullité les araii^
ces accoraés aux bâtards. L'article w
de l'ordonnance rendue par Louis 111»
en 1629 voulût aussi que les donatiotf
entre concubinaires fussent ^^^^^i
de nul effet, et cette jurisprudence W
appliquée par un grand nombre à^^
rets. Cependant, quand les libérau»
ne passaient pas les bornes d'une fi'
1
CM
FRANCE.
GON
dl9
$ion aliiDentaire et n'étaient point en
disproportion avec la fortune au dona-
teur, elles étaient assez ordinairement
maintenues.
Les hommes qui, par profession,
devaient donner rexemple de la régu-
larité et des bonnes mœiirs , offrirent
souvent eux-mêmes celui de IMacon-
duite, en vivant çubiiouemënt en
concubinage. Il serait dimcile de S6
faire une idée du nombre de près-
. criptions qu'il a fallu pour rappejer ,
sous ce rapport , les prêtres ?i Taus-
térité de leurs devoirs et à la sain-
teté de leur ministère. Il n*y a peut-
être pas eu de concile ou Ton n*att ré-
digé uiieiques canons ayant poiir but
de réformer Sur ce poitit la conduite
des clercs. Au treizième siècle, les évé-
ques permettaient, moyennant paye-
ment , aux prêtres et aux clercs de vivre
en concubinage. Un concile, tenu à
Paris en 1211î, frappa ce désordre dé
Censure, mais n'y apporta point de
remède; car le célèbre Olivier Maillard ,
qui prononça, de 1494 à 1508, un grand
nombre de sermons dans les églises de
Saint- Jean en Grève, reprochait aux
ecclésiastiques de son temps d'entre-
tenir des concubines, et même des
femnies publiques à pain et à pot, et
de dilapider ainsi des biens destinés à
un autre usage. Voyez Batabd et BÀ-
TÀB0ISE.
CoN DAT ou CoNDÉ. — Ce mot , dans
ja langue celtique, signifiait cotifluentj^
et se disait du point de jonction de
deux rivières ou de deux ruisseaux.
Ainsi , ie plus ancien nom de Tabbaye
de Saint-Clauae fut Condat, parce
qu'elle était au confluent de la Bienne
et du Lison. Condé en Flandre est à la
jonction de TEscaut et de la Haisne:
Condé-sur-Noireau à celle de TOrrie et
du Noireau; enfin un grand nombre de
lieux ont porté et portent encore en
France lie nom de Condé.
Nous, ne savons auquel de ces en-
droits il faut attribuer le triens et le
denier dont la description va suivre.
coNDATEVico, bustcdc face. — aydo*
îdVNDVSMONiTA, croix haumée, can-
tonnée au premier et au troisième
canton d'un nesant, au deuxième d'un
A, et au Quatrième d'un w. — con-
DATOMÔNETA , crotx à branches éga-
les , monogramme de Charles. — gba-
TiA Di BEX. Ce dernier appartient â
Charles le Chauve.
M. Cartier attribue le triens 9 Con-
dés y petit village deTouraine, où mou-
rut saint Martin. Quant au denier.
MM. FôUger et Combrouse pensent
que Ton doit l'attribuer à Cosne; mais
bien d'autres localités, telles que Condé*
Sur-Noireau, Condé en Flandre, etc.,
y auraient autant de dîroits.
CoND^, Condatum, Condamm, —
Cette ville de l'ancien Hainaut , au-
jourd'hui chef-lieu de canton du dép.
du Nord, est fort ancienne. Les Nor-
mands s'en emparèrent en 882. Phi-
lippe d'Alsace la ruina en 1174. Elle
fut rebâtie quelque temps après , et ,
en 1326, il s'y tint un célèbre tournoi,
Louis XI , après l'avoir assiégée san^
succès en 1477, la prit en 1478, mal-
gré une vigoureuse résistance ; mais il
fut obligé de l'abandonner , à la nou-
velle de l'approche de l'archiduc Maxi-
mijien. Les Français ne la quittèrent
qu'après l'avoir pillée et incendiée.
Elle tomba de nouveau ^ en 1049 , au
pouvoir des Français, qui l'évacuèrent
peu de teinps après. Turenne s'en ren-
dit maître en 1655 ; le prince de Condé
la reprit Tannée suivante^ à la tête de
l'armée espagnole. Elle tomba en 1676
au pouvoir de Louis XIV, et le traité
çle Nimègue en assura la possession à
la France. Bloquée , le 9 avril 1793 ,
par les Autrichiens , cette ville fut
obligée de se rendre, le 12 juillet 1794;
mais elle ne resta pas longtemps au
pouvoir des ennemis. (Voyez Condb
[sièges de.1) Défendue vaillamment en
1814 par l'intrépide Daumesnil , elle
fut de nouveau assiégée en 1815 , et
ne se rendit qu'avec les honneurs de
la guerre.
La ville de Condé , avec àes dépen-
dances , avait appartenu d'abord à la
maison d'Avesnes, puis à celle de Châ-
tilloh-Saint-Pol. Elle passa, à la fin du
quinzième siècle, à la maison de Bour-
bon, à laquelle Charles-Quint l'enleva,
pour la donner aux de Lalain, des mains
aesquels elle passsl à la maison de
520
COU
LUNIVERS.
Goir
CroySolre. Cette maison la possédait
encore au dernier siècle , sous la sou-
veraineté de la France.
CoNDE (combats et sièges de). —
Condé était une des plus fortes places
du Hainaut. Le 11 avril 1676, Louis
XIV vint en personne en faire lesié^e,
avec une armée de trinquante mille
hommes. Le prince d'Orange se mit
aussitôt en marche pour la secourir.
La communication entre les quartiers
de l'armée française était difucile , à
cause de Tinonaation : ses lignes em-
brassaient une si grande étendue de
terrain, qu'il n'était pas possible de les
défendre. Il fallait donc ou marcher
au-devant de Tennemi, ou presser très-
vivement le siège. « Un jour de plus
ou de moins, dit Pélisson, était de la
plus grande conséquence. Aussi les nô-
tres avaient-ils Tordre de ne se point
arrêter que tout ne filt emporté. »
« Le roi fit attaquer les dehors pen-
dant la nuit du *2S, Le maréchal d Hu-
mière commandoit à la droite, le ma-
réchal de Lorges à la gauche; enfin
une troisième attaque devoit être diri-
gée par le maréchal de Créqui. Le si-
gnal ayant été donné par la décharge
ae toutes les batteries , tous les de-
hors furent emportés en peu de temps,
ce qui jeta l'épouvante dans, la ville, et
obligea la garnison de capituler et de
se rendre prisonnière (*). »
— Placée sur l'extrême frontière de la
France et des Pays-Bas autrichiens, la
place de Condé devait être, et fut en
effet, en 1792, le théâtre de continuels
combats , jusqu'à ce que l'ennemi eût
été éloigné des limites de la France.
Le 9 mai 1792, un détachement com-
posé de plus de cent huUans se pré-
sente au poste extérieur de Marcou.
Une escouade de- huit jeunes recrues,
commandée par le sergent Rousselot,
gardait cet ouvrage. Peu effrayé du
nombre des ennemis , Rousselot s'a-
dresse rà sa petite troupe : Si je recule,
dit-il, tuez-moi; si quelqu'un de vous
recule , je le tue. Il se bat quelques
instants dans son poste, puis com-
(*) Histoire de Louis XIV, par Limiers,
t. II, p. Srg. -^■•
mence sa retraite, en faisant on fea
continueK Rousselot seul brûle plus de
quarante cartouches, et reçoit plus de
vin^ balles dans son cliapeau et ses
habits. Un de ses soldats, se sentant
blessé, lui dit : Mon sergent^ /^J^
crois y la cuisse cassée. — Marches'i»
encore f — Otd,— VUe^ vite, recharge
ton arme. Ainsi ces braves rentrèrent
dans Condé. Il n'y en eut que trois de
blessés.
—Vingt jours après, deux mille cinq
cents Autrichiens se présentèrent aox
avant-postes à quatre heures du nu-
tin. Le capitaine Gastine s'y défendit
vigoureusement; mais le nombre de
ses ennemis le contraignit à £3iire sa
retraite sur la ville, dont l'artillerie fit
essuyer une grande perte à Tune des
colonnes autrichiennes qui s'étaittrop
avancée. Au premier avis, le maréchal
Luckner s'approcha de Condé ; mais
les Autrichiens ne l'ayant pas attenda^
ses troupes rentrèrent dans le camp
de Famars.
— Après la défection de Dumouriez,
l'armée des coalisés entra sûr le terri*
toire français, menaçant à la fois Lille,
Condé et ^Maubeuge. Tous les avant-
postes de Condé furent repoussés le 9
avril , et la ville fut exactement inTes-
tie par l'armée de Cobourg. Quatre
mille soldats, commandés par le géné-
ral Chancel , ^'y défendirent vaitlam-
ment ; mais leurs efforts furent conti-
nuellement repoussés. Le eénéral
Dampierre essaya en vain de les se
courir. Pendant près de trois moiSt
cette brave garnison supporta les pri-
vations et les fatigues les plus erod-
les. Réduite depuis six semaines à one
ration journalière de dix onces de
pain , deux onces de cheval , une onoe
de riz et un tiers d'once de suif ptf
homme, et ne recevant aucune solde,
elle n'avait plus de vivres que foet
deux jours , lorsqu'elle céda enfin à la
nécessité , et capitula , le 12 juillet
1793.
—Les victoires d'Hondtschooteetde
Fleurus avaient mis d'immenses es-
Eaces entre les places du Nord enn-
ies par les Autrichiens et les Anglais,
et les armées destinées à les soutenir.
CON
FRANCE.
CON
521
Aussi les troupes républicaines , mar-
chant de victoire en victoire, d^abord
dans la Flandre, puis dans la Hollande,
ne firent aucun mouvement pour s'en
.emparer. La Convention nationale dé-
créta que les garnisons qui ne se ren*
draient pas vingt-quatre heures après
la sommation seraient passées au fil
de Pépée. Le commandant autrichien
de Condé, privé de toute espérance de
secours, environné d*une armée nom-
breuse, se rendit à discrétion (30 août
1794), abandonnant 161 bouches à feu,
6000 fusils, 100,000 boulets, et des
vivres pour six mois.
Condé (maison de) , branche colla-
térale de la maison de Bourbon {*). Le
premier prince de Condé fut Louis P'
de Bourbon, cinquième et dernier fils
de Charles de Bourbon , duc de Ven-
dôme, et frère cadet d'Antoine de
Bourbon, roi de Navarre.
Ce prince, l'un des plus braves ca-
pitaines du seizième siècle, était né en
1530. Bien qu'il fût de sang royal, il
avait , comme un autre , son chemin à
faire ; car sa fortune était loin de ré-
pondre à l'éclat de sa naissance. Il
était le cadet d'une maison nombreuse ;
aussi , quand il parut à la cour , son
modeste équipage y fît sourire ; il n'y
pouvait faire grande figure , n'ayant
guère, comme on le disait, que la cape
etrépée. Après de brillants faits d'ar-
mes enTiémont , où il servit comme
volontaire sous le maréchal de Bris-
sac, après s'être distingué à la bataille
de Saint-Quentip , où il rassembla les
débris de l'armée, il sollicita un gou-
vernement de province , qu'il ne put
obtenir. Comme ses frères alors , il
embrassa la réforme, dont l'esprit aus-
tère contrastait cependant avec son
humeur pétulante et son penchant
pour les plaisirs. Les humiliations qu'il
avait essuyées , l'espoir d'attacher sa
fortune aux chances de triomphe que
la réforme pouvait offrir , et surtout
le sentiment de rivalité qui poussait
les Bourbons à lutter contre la mai-
son de Lorraine, eurent peut-être plus
(*) Voyez BouRBOv (maison de) , tableaux
j-énéaiogiques , n» Y III.
de part à cette détermination que les
convictions religieuses. Quoi qu'il en
soit , il fut le chef le plus actif et le
plus valeureux du parti ; et la part se-
crète qu'il prit à la conjuration d'Am-
boise faillit lui coûter la vie. Arrêté
sous un autre prétexte cependant , il
essaya vainement de se disculper des
charges qui pesaient contre lui , et fut
condamné à perdre la tête , le 26 no-
vembre 1560. Mais le jeune roi Fran-
çois II mourut fort à propos pour lui,
quelques Jours après.
' A l'avènement de Charles IX , une
autre politique prévalut , et le prince
de Condé fut remis en liberté. Re-
placé aussitôt à la tête de son parti ,
et mécontent de la part que l'on avait
faite aux protestants , il se jeta avec
une sorte de fureur dans la guerre re-
ligieuse. Toutes ses campagnes furent
marquées par des preuves d'une bra-
voure éclatante. Cependant il fut fait
prisonnier à la bataille de Dreux , en
1562 , et eut le même sort à celle de
Saint-Denis, en 1567. A en juger par
les résultats de la plupart de ses expé-
ditions , la valeur du chevalier l'em-
portait chez lui sur les talents du gé-
néral. Une sorte de fatalité s'attachait
à lui sur le champ de bataille. A Jar-
nac, il avait déjà le bras fracassé,
quand, au moment de charger l'ennemi,
le cheval du comte de la Rochefou-
cauld, son beau -frère, lui cassa la
jambe : « Vous voyez , lui dit-il tran-
« quillement, que les chevaux fougueux
c nuisent plus qu'ils ne servent dans
« une armée. » Puis il ajouta : « Avec
« un bras en écharpe et une jambe
c cassée, le prince de Condé ne craint
« pas de donner la' bataille , puisque
« vous le suivez. » Bientôt couvert de
blessures, et ne pouvant plus soutenir
ses armes , il se rendit. « Alors , dit
Brantôme , un très-brave et très-hon-
nête gentilhomme , capitaine des gar-
des du duc d'Anjou , nommé Montes-
quiou, fondit sur lui en criant : « Tuez,
mordieu, tuez, » et le renversa d'un
coup de pistolet dans la tête (15 dé-
cembre 1569).
Le fait suivant peut donner une
idée du dévouement de sa petite ar-
633
COH
VXmJYEBA.
GON
inée« II manquait d'ar^eot le plus sou*
vent pour acquitter la soldé. Un joui*
lesreitres, auxiliaires allemands, me-
nacèrent de Tabandonner. Alors il
proposa aux siens, qu*il ne payait pas
non pliis , de solder eux - mêmes les
étrangers , et tous se cotisèrent aussi-
tôt. Ce prinee était de cbétive appa*
fence , petit et bossu , mais spirituel
et aimable autant que courageux. Ses
mœurs étaient loin de répondre à Taus-
tèi*e religion qu'il avait embrassée ; et
les pièges où Catherine de Médicis le
fit tomber plus d'une fois compromis
rent gravement son parti. « Le bon
prince, dit Brantôme, était bien aussi
mondain qu'un autre , et aimoit au-
iant la femme d'àutrui aue la sienne,
enant fort du naturel de ceux de la
race de Bourbon , qui ont tous été de
h)rt amoureuse complexion. » Condé
eut de son mariage avec Èléonore de
Jloye , sa première femme : Henri ,
prince de Condé, François, çrjncede
Côriti , qui mourut sans postérité , et
Charles , cardinal de Vendôme. De sa
seconde femme, Fi'ançoise d'Orléans-
Longueviile, il eut un quatrième fils,
Charles de Bourbon , qui fut là tige de
là branché de Soissons.
Le cardinal de Fendômey qui prit
le nom de cardinal de Bourbon a la
mort de son oncle, cet autre cardinal
de Bourbon que les ligueurs, après
l'assassinat de Henri III , proclamè-
rent roi de France sous le nom de
Charles X, crut pou voir jouer le même
rôle , et conserva toujours , après la
conversion de Henri ÎV , l'espoir de
monter sur le trône. Les mécontents,
les factieux et les fanatiques, que l'ab-
juration du roi n'avait point désar-
més, surent habilement profiter de
l'ambition de son parent , et en firent
le chef de leur parti. Le cardinal crut
un instant qu'il allait. être couronné;
mais la conspiration fut découverte ,
et les projets des conspirateurs déjoués,
II en tomba malade de chagrin. Henri
IV alla le voir, et lui dit , pour toute
vengeance : « Mon cousin, prenez bon
a courage; il est vrai que vous n'êtes
« pas encore roi, mais le serez possi-
<( oie après moi. » Le cardinal de Bour-
bon mourut peu de temps après, le 30
juillet 1594.
Henri /*""., hé à la Ferté-soùs-Jôùarre,
le 9 décembre 1552, fut, suivant une
expression du temps, la vrak àmk
son père. Il fît de bonne heure l'ap-
prentissage de la guerre avec son cou-
sin Henri de Navarre , depuis Henri
IV, sous les ordres de l'amiral de Co-
ligriy. Tous deux firent leurs premières
armes aii combat de Laroche-l' Abeille,
en 1570. Les deux, princes, faillireat
péril* à la Saint-Barthélémy, et ne
Sauvèrent leur vie qu'éri sacrifiant
leur religion. Condé fît cependant en
cette occasion une plus longue et plus
digne résistance que son cousin. Char*
lés IX les fit comparaître tous deiH
devant lui pendant le massacre de là
Saint -Barthélémy, et leur laissa le
choix entre la mort et ta messe. Heon
de Bourbon ii'osa résister ; mais
Condé répondit : « Que Sa Majesté
« ordonnait comme ilTui plaisait oe sa
ft tête et de ses biens , qu'ils étaient à
« sa disposition ; mais que , pour sa
« religion, il n'en devait rendre compte
a qu'a Dieu seul , duquel il en avait
« reçu la Connaissance. » Cependant il
promit ensuite d'abjurer ; mais aus-
sitôt qu'il fut débarrassé de ses gardes,
il s'enfuit en Allemagne, et parvint à
y réunir quelques troupes , à la tête
desciuelles il rentra en France et se
rendit au camp d'Alençon , où il fol
élu généralissime des protestants. H
mourut empoisonné. , en 1588. Sa
femme , Catherine de là Trémouillef
fut poursuivie cdmmeauteur ducrime;
mais Henri IV, devenu roi de France,
mit fin aux poursuites, et annula te
témoignages accablants qui ne man-
quaient pas contre la veuve de so»
parent. Les historiens jugent et eï*
pliqùent diversement le fond de cette
affaire, qui est resté fort ténébreux.
Henri II, fils posthume du précè-
dent , naquit à Saint Jean-d'Angcl^i
en 1588. Ayant épousé, en 1609, Cjuj;
lotte de Montmorency, dont Henri 1»
était épris, il fut obligé de prendre U
fuite pour mettre sa jeune femme a
Tabri des poursuites du roi. Il ««*
f^ugia à Bruxelles, puis en Italie, ^^
FRANCE (R=*a= i= Louis XiVJ
V^„,// (lr^^..O.}
COK
FBANCS^
cm
#ss
revint en Franee if ue sous la régence
de Marie de Médicis, qu'il troubb par
ses intrigues et son ambition. Sa pre-
mière révolte, qui date de l*an 1614,
se termina la niénae année par le traité
de Sainte-^lenehould. Mais ses pré-*
tentions ii^ayant fait que grossir par
les concessions qu'il avait obtenues de
la reine, il reprit les arnies , et ne les
déposa qu'au traité de Loudun. Une
troisième tentative le fit enfermer à la
Bastille, puis à Vînoennes. Mais il plia
devant Richelieu , et se soumit enOn.
Rien ne saurait justifier ses entrepri-
ses , où Ton ne trouve guère qu'une
ambition vulgaire, et qui ne furent pas
inéme colorées a'une afjparence de
conviction. Le zèle fanatique dont il
s'était épris pour la cause catholique ^
était peu smcère , puisqu'il menaça
plus d une fois la cour de se faire hu-
guenot.
Son seul titre à la gloire fut , selon
le mot de Voltaire , d'avoir donné le
jour au grand Condé. Son second fils,
Armand de Bourbon, prince de Conti,
fut la tige de la famille de ce nom.
Louis Uy surnommé le Grand Condé,
naquit à Paris le 8 septembre 162t, et
porta , jusqu'à la mort de son père
(1646), le nom de duc d'Ënghien.
Il parut pour la première fois à la
cour en 1638 , et y attira bientôt tous
les regards. « Je viens d'avoir, disait à
a quelque temps de là le cardinal de Ri-
a chelieu à l'un de ses confidents, avec
« M. le duc, une conversation de deux
a heures sur la religion , la guerre et
« les intérêts des princes : ce sera le
a plus grand capitaine de l'Europe, le
<c premier hoAme de son siècle , et
« peut-être des siècles à venir. »
Le duc d'Ënghien fit ses premières
armes au siège d'Arras, en 1640; il
accoii)pagna , l'année suivante, le ma-
réchal de la Meilleraye au siège d'Aire ;
servit, en 1642, sous les yeux de Tu*
renne, à l'armée du Roussitlon, et se
fit remarquer, pendant toute la durée
de cette campaane, aux sièges de Per-f
fu'gnan, de Collioure et de Salces. Il
ut investi . en 1643 , du commande-
ment en cnei^ des armées de Flandre
et de Picardie. Toutefois, on jugea
convenable, afin de modérer la vivacité
de son courage , de lui adjoindre le
maréchal de mospital, homme de ca-
pacité et d'expérience. Les ËspagnoU
venaient de mettre le siège devalit Ro*
croi : la perte de cette place aurait dé*
couvert les plaines de la Champagne,
et ouvert ainsi à l'ennemi, vers l'inté*
rieur du royaume, un passage facile et
sans danger. Le duc a'Ëngnien com*
prit qu'il devait faire tous ses efforts
pour secourir la ville menacée, et livrer
même au besoin une bataille sous ses
tnurs. Il fallait, pour attaquer les Es*
pagnols , passer, à la vue de leur ar-
mée, un défilé situé au milieu des bois
et des marécages. Mélos avait néglieé
de faire occuper ce point importance
Le duc sut habilement profiter de cette
négligence; pendant que son infante-
rie euectuait le passage, il se porta,
avec une partie ae sa cavalerie, sur un
tertre situé à une demi-portée de ca-
non de la ligne ennemie. Le 18 mai, à
six heures du soir, l'armée française
avait franchi le défilé , et se trouvait
en présence de l'ennemi. Une partie de *
la nuit fut employée par le prince à
ireconnaitre la position de l'armée es*
pagnole, el à assurer ses dispositions
pour la bataille du lendemain. Gassion,
chargé de cette mission , vint lui ren-»
dre compte des obstacles que la nature
du terrain présentait à l'exécution -
de son projet. Le duc insista. « Mais^
lui dit Gassion , si nous perdons la
bataille, que deviendrons-nou^f -^
Je ne m^en mets point en peiney ré-
pondit le duc , parce que je serai
mort auparavant. » L armée espa-
gnole s'élevait à 26,000 hommes, dont
8,000 de cavalerie; celle du prince ne
comptait que lâ,000 hommes d'infan*
terie et 7,000 chevaux. Cependant les
Espagnols furent complètement bati;
tus : 8,000 des leurs furent tués, 7,00û
restèrent prisonniers; le prince leur
prit leurs bagages, leur caisse, 24 bou-
ches à feu, 200 drapeaux, 60 étendards
et uu immense butin; il poursuivi!
ensuite ses succès, et s'empara en qua-
tre mois des places d'Émery, de Rar-
lemont , de Maubeuge , de Binch , de
Thionville et de Sierck.
634
CON
L'UNIVERS.
CON
Ces premiers succès du jeune prince
avaient fixé sur lui l'attention de la cour
et de TËurope. L'armée d'Allemagne,
commandée par Turenne, avait éprou-
vé, Tannée suivante, quelques revers
aa'il importait de reparer. Le^ duc
'Enghien , qui venait d'être investi
des gouvernements de la Champagne
et de la Brie, reçut l'ordre de se réu-
nir an vicomte et d'agir de concert
avec lui. L'armée ennemie, comman-
dée par Merci, occupait la plaine en
avant de Fribourg , dans le Brisgau ,
et des redoutes échelonnées depuis le
pied jusgu*au sommet de la mon-
tagne qui avoisine la ville. Les deux
généraux français résolurent de lui li-
vrer bataille. Tandis que Turenne atta-
quait la gauche de l'armée bavaroise ,
le duc d'Engbien se dirigeait vers les
retranchements. Le 5 août, à cinq
heures, les troupes arrivent en pré-
sence de cette lormidable position;
elles s'avancent par un chemin rude
et escarpé, couvert de vignes et de
maçonnerie , et arrivent , malgré le
feu le plus meurtrier, au pied d'une
batterie défendue par 3,000 hommes.
Quelque hésitation se manifeste alors
parmi elles; le prince s'en aperçoit,
descend de cheval, marche le premier
au milieu des balles, et jette son bâton
de cohfimandement dans les lignes en-
nemies : elles furent en un instant en-
foncées , et les Bavarois , forcés de
chercher un abri dans-les bois, y furent
poursuivis et massacrés. La bataille
de Fribourg dura trois jours. Le suc-
cès de la première journée assura celui
des deux autres. Merci abandonna le
champ de bataille et perdit 9,000 hom-
mes tués, blessés ou prisonniers. Cette
victoire eut pour résultat immédiat
la prise de trois villes importantes :
Spire, Philisbourg et Mayence; et,
quelque temps après, la reddition des
places deBerghen, Creuznach, Worms,
Oppenheim et Landau.
Au commencement de l'année 1645,
le cluc d'Engbien reÇut le commande-
ment de l'armée chargée d'agir dans le
Luxembourg. Peu de temps après , il
alla porter des secours à Turenne ,
auquel Merci venait de faire éprouver
un échec à Mariendal. Dans cettecam-
pagne, il s'empara de plusieurs places
destinées à défendre le passage du
Rhin, fît capituler Wimpfen,et,àia
faveur d'une nuit obscure, enlevad'as-
saut le poste de Rotterberg.
La bataille de Nordlingen (3 août
1645), 011 l'ennemi perdit 4,000 hom-
mes tués, 2,000 prisonniers, 15 pièces
de canon et 40 étendards; la prise de
Furnes et celle de Dunkerque, en sep-
tembre et octobre 1646, venaient de
donner un nouveau lustre à la gloire
du duc d'Engbien, lorsqu'une intrigoe
de cour, suscitée par une basse ja-
lousie , le fit envoyer en Catalogne.
Cependant le roi crut devoir tempérer
cette espèce de disgrâce en le nom-
mant gouverneur du Berri, grand
maître de sa maison ^ puis vice-roi et
commandant en chef de la Catalogne.
Ce nouveau théâtre ne lui fut pas fa-
vorable. Il échoua sous les murs de
Lérida. Cependant , soit par présomp-
tion, soit pour se conformer à un an-
cien usage consacré en Espagne, il
avait fait ouvrir la tranchée au sondes
violons; cette fanfaronnade ne lui
réussit pas, et il fut obligé de lever le
siège de la place.
Mais la fortune se lassa bientôt de
lui être contraire. Il fut appelé, Tu-
née suivante (1648), au command^
ment de l'armée de Flandre. Le débol
de cette campagne fut marqué par la
prise d'Ypres. La reddition de cette
, place força l'archiduc Léopold de lor-
raine à se jeter dans les plaines de
Lens , oii le prince gagna sur loi ia
sanglante bataille de cç nom. [Voytf
Lens (bataille de)]. Cette victoire dé-
cida la paix avec l'Allemagne. Le prince
reprit ensuite Furnes sur les Espa-
gnols, et reçut, au siège de cette place,
un coup de feu qui faillit lui casser la
cuisse. Ses services furent alors re
compensés par le don du paysàcOff*
montois , que la reine mère lai con-
céda dans les termes les plus hooo-
^Rappelé à Paris en 1649, il ^
chargé du commandement des troupes
destmées à combattre le parti de *
Fronde, et parvint à ramener dans b
GON
FRANCE.
CON
525
capitale la cour et le cardinal de Ma-
zarin. Cependant, après un service
aussi important, le prince de Condé
se vit en butte aux persécutions du mi-
nistre. Mazarin, piqué de l'opposition
du prince au mariage de sa nièce avec
le duc de Mercœur, et de certaines
railleries très-vives sur son adminis-
tration , résolut de s'en venger en lui
faisant perdre la faveur de la cour, et
en le rendant suspect à tous les partis.
Ce fut à la suite de ces sourdes me-
nées qne le prince de Condé fut ar-
rêté le 18 janvier 1650, avec le prince
de Conti, son frère, et le duc de Lon-
gueville. Conduit d'abc^d à Vincennes,
puis transféré à Marcoussi , et de la
au Havre, il tie fut remis en liberté
que le 13 février 1651. Il conçut de
ce traitement le plus vif ressentiment,
et jura aussi de s'en venger. « Je suis
. entré dans cette prison le plus inno*
cent de tous les hommesy disait-il plus
tard à Bossuet,/en suis sorti le plus
coupable. » Menacé , bientôt après ,
d'une nouvelle arrestation , il crut de-
voir s'y soustraire en se retirant à
Saint-Maur le 6 juillet 1651. Bientôt
une foule de partisans vinrent lui of-
frir leurs services. La froideur avec
laauelle le roi le reçut dans une visite
gu il vint lui faire, augmenta ses dé-
nonces, et détermina sa resolution.il
envoya aussitôt Sillery, son confident,
à Bruxelles, pour traiter aveolecx)mte
de Fuensaldagne , commandant des
troupes espagnoles , souleva le Berri,
puis se retira dans soii gouvernement
de Guyenne , où il leva un corps de
10 à 12,000 hommes, et en quinze
jours se rendit maître de l'A ngou mois,
du Périgord , de la Saintonge et de la
Guyenne. Cognac était la seule place
de la Saintonge qui eût refusé de se
déclarer pour lui ; il l'assiégea , et il
allait s'en emparer, lorsqu'un débor-
dement subit de la Charente , qui en-
traîna les ponts et sépara ses quar-
tiers , le força de lever le siège. Le
24 janvier 1652, le duc d'Orléans traita
avec lui de l'expulsion du cardinal, et
joignit ses troupes à celles des Espa-
gnols qui allaient se réunir à l'armée
le Condé.*
L'armée royale se trouvait auprès
de Gien; c«lle du prince campait à
quelques lieues de la, sous les ordres
des ducs de Nemours et de Beaufort.
Les rivalités de ces deux chefs allaient
devenir funestes au parti. Déjà les
soldats, qui (Savaient le prince à 100
lieues de distance , se croyaient per-
dus, lorsqu'au milieu de la nuit un
courrier se présenta devant les grand'-
gardes. C'était le prince lui-même. Il
avait quitté secrètement la ville d'A-
gen, et, déguisé, accompagné seule-
ment de six personnes, il s'était rendu,
à travers mille dangers, aux environs
de Lori, où campait son armée, qu'il
ne joignit gu'apres huit jours de mar-
che et de fatigue. Sa présence excita
parmi ses troupes une ardeur extraor-
dinaire; il en profita pour attaquer
le maréchal d'Hocquincourt avant que
celui-ci eût opéré sa jonction avec
l'armée de Turenne.
Le 6 avril il marche sur Montargis,
dont il se rend maître par un coup de
main, et de là il s'avance vers l'armée
royale, campée dans les environs de
Blesneau; il l'attaque au milieu d'une
nuit obscure et la rejette au delà de ses
positions. (Yoy. Blesnbàu [combat
de.]) Ce combat, dans lequel le prince
de Condé enleva cinq quartiers a l'ar-
mée royale, aurait eu des résultats
avantageux pour son parti, sans l'ar-
rivée du corps de Turenne, qui arrêta
sa marche victorieuse. Les disposi-
tions habiles de ce général sauvèrent le
roi,qui était à Gien, et que leprince avait
eu le projetd'enlever. Conde manœuvra
ensuite sur Paris, où Turenne le sui-
vit pour le combattre. Le prince espé-
rait gagner Conflans et Charenton
avant que son adversaire pût l'y at-
teindre. Mais les deux armées se ren-
contrèrent le 2 juillet, au faubourg
Saint- Antoine, ou un combat sanglant
s'engagea, et où toute la bravoure du
prince échoua contre les savantes ma-
nœuvres de Turenne (Voy. Fauboubg
Saint-Anîoine [combat du]). Sa perte
eût été inévitable si les habitants de
Paris ne lui eussent ouvert leurs por-
tes. Il quitta cette ville le 16 octobre et
alla se jeter dans les rangs des Espa*
SM
ۥ11
L'UKtVBRS.
gnols, oà la fortune le suivit rarement.
Cependant ii s'empara de Rethel le
30 octobre, de Sainte-Menehould le 14
novembre et reçut le 25 le titre de gé-
néralissime des troupes espagnoles. .
Ses opérations furent peu impor-
tantes pendant ia campagne de 1653;
ses plus grands succès furent la capi-
tulation de Rove et celle de Rocroi. Il
chercha, Tannée suivante, à reprendre
Arras pour les Espagnols; Turenne
le força d'en lever le siège; mais il as-
sura h retraite de Tarnlée espagnole,
dont les fautes de ses collègues, l'ar-
chiduc d'Autriche et le comte de Fuen-
perdu et que Votre Altesse a tout ré-
paré. »
La campagne de 1655 fut employée
tout entière en marches et en contre-
marches; le 6 juillet 1656, il opéra sa
jonction avec les troupes de Farchiduc»
et alla attaquer le maréchal de la Ferté
devant Valencrennes. Il le fit prison-
nier et lui prit 4,000 hommes. Ce com-
bat obligea Turenne à lever le siège
de cette place et décida la capitulation
de celle de Condé. Le 22 mars 16^7,.
le prince se rendit maître de Saint-
Guilain; le 1*' juin il se jeta avec
2,000 chevaux dans Cambrai, assiégé
par Turenne, qui ftit forcé de se reti-
rer.
Le 14 juin 1658, Farchiduc voulut,
contre son avis, attacfiier Farmée avec
laquelle Turenne faisait le siège de
Dunkerque. Le prince s'était placé sur
une éminence, d oà il pouvait observer
les dispositions des deux armées :
« Vous êtes- vous jamais trouvé. à une
bataille, dit-il au due d'York, qui se
trouvait auprès de lui, et qui depuis
fut roi d'Angleterre? — Non, répondit
le duc. — Eh bien ! reprit Condé, dans
une demi-heure, vous verrez comment
on en perd une. » En effet, Farchiduc
fut complètement battu. Pendant cette
action, a laauelle on a donné le nom
de bataille des Dunes (voy. ce mot),
le prince avait obtenu quelques succès
avec Faile qu'il commandait, et il al-
lait peut-être pénétra dans la ville,
lorsque, entouré de toute part par des
forces supérieures, il fut obligé de
battre en retraite.
La paix des Pyrénées lui rouvrit, en
1659, les portes de la France. Une
clause du traité stipulait son retour
et sa réintégration dans ses places et
dignités. Dans le mois de janvier 1660,
il se rendit à Aix, où était la cour. |
Le roi l'accueillit avec bonté et ras-
sura qu'il avait tout oublié. Le 31
décembre . 1661 , il fut porté en tête
d'one promotion de chevaliers de
Fordre du Saint-Esorit. Toutefois, et
malgré cette réconciliation apparente,
i.l resta sans conmandement jusqu'en
1668, époque à laquelle Louvois le
chargea de la conquête de la Franche-
Comté, sous les ordres de Louis XIV.
Il s'empara, le 7 février, de la yilleet
du château de Besançon , soumit ec
peu de temps lespiaces^de Dôlç, Gray,
Joux et Sainte-Anne, et il venait d'être
appelé au commandement de Farmée
sur la Sambre, lorsque le traité d'Aix-
la-Chapelle mit fin à la guerre. Maïs
en 1672 eut lieu la guerre de Hollande,
et Louis XIV entra dans les Pays-Bas
avec une armée de 100,000 hommes,
divisée en trois corps. Coudé, qui com-
mandait celui du centre, prît Wesel,
Emerrch et se signala au passage du
Rhin à Toihuts : il y eut le poignet
gauche cassé d'un coup de pistolet, et
n'en continua pas moins de poursui-
vre Fennemi, qu'il rejeta à 2 Ireues de
ses premières positions. La gravité de
sa blessure le força cependant à rési-
gner son «commandement ; mais on loi
confia, l'année suivante, cehii de far-
mée du Bas-Rhin, chargée de conser-
ver les conquêtes faites en Hollande
et d'y contenir Fennemi.
L'année 1674 offrit au prince de
Condé de nouvelles occasions d^acqué-
rir de la gloire. Louis X^^ ahandoooé
de tous ses alliés, attaqué par toutes
les puissances de FEurope, se trouvait
réduit à ses propres forces et obligé
de défendre ses frontières. Quatre ar-
mées furent créées dans la Franche-
Comté, en Allemagne, dans le Aoos-
sillon et en Flandre. Condé reçoit h
commandement de cette demiâre; if
CON
FRANCE.
COff
5119
marche, |e M août , contre la prince
d*Orange, qu'il rencontre près du vil-
lage de Senef, entre Mons et Charleroi.
Il passe, à la tête de la maison du roî,
un ruisseau qui le sépare de Tennemi,
Fattaque avec son impétuosité ordi-
nairc, l'enfonce et le met en déroute.
A cet instant l'infanterie française, qui
avait pénétré dans le village du Fay,
éprouvait une vigoureuse résistance
de la part de l'ennemi : Gondé se porte
aussitôt sur ce point, devenu le théâtre
du plus affreux carnage ; sa présence
décide la victoire, et le prince d-Orange
abandonne le champ de bataille, sur
lequel le général français passe la nuit.
(Voy. Senef [bataille de.]) Cette ba-
tailfe, l'une des plus sanglantes du
règne de Louis XIV, fut cependant
sans résultats ; les pertes y furent ba-
lancées et les deux armées s'attribuè-
rent réciproquement la victoire. Condé
' venait de s'emparer du Limbourg lors-
qu'il reçut, en 1675, l'ordre d'aller
remplacer le maréchal de Turenne,
qui venait d'être tué au combat de
Salzbach. Il fit lever à Montécuculli
le siège de Hagueneau, s'empara de Sa-
verne et força l'ennemi à évacuer
FAIsace et à repasser le Rhin. Mais ce
fut sa dernière campagne. Tourmenté
depuis quelque temps par la goutte, il
sollicita et obtint du roi la j)ermission
de rentrer dans la vie privée. Depuis
cette époque, il parut rarement à la
cour et vécut paisiblement dans sa
belle terre de Chantilly, dont il avait
fait une habitation presque royale. Il
mourut à Fontainebleau le 11 décem-
bre 1686, à l'âge de 65 ans.
INé avec un caractère impérieux, em-
porté, dur et colère, ce pnnce suppor-
tait difficilement les contrariétés, et
amais il ne souffrit que ses inférieurs
oî fissent la mpindre observation. Il
if mait cependant à rendre justice au
^rai mérite ; ainsi , il fit rendre les
lonneurs funèbres, même dans les
•angs ennemis, au général Merci, qui
ut trouvé parmi les morts après la ba-
aille de Nordlingen; il marqua lui-
tiSme le lieu de son tombeau et dicta
et^te épigraphe : 5to, viator; heroem
Y3&iccLS' (Passant, arrête; tu fouies
sous tes pieds les cendres d'un héros.)
Il se montra le protecteur éclairé
des lettres; admirateur passionné du
grand Corneille, il ne fut point injuste
envers Racine, dont il encouragea les
Î)remiers essais, et qu'il soutint contre
es cabales de ses ennemis* fioileau et
Molière furent aussi toujours aceueil-
lis par lui avec la plus grande bien*
veillanoe.
Du reste, Condé n'avait aucune des
qualités qui constituent l'homme d'Ë*
tat. Malgré la prédiction de Riche-
lieu, et contrairement à l'opinion de
Voltaire» il n'aurait jotté qu'un rôle
fort secondaire dans le maniement des
affaires, si les événements l'y eus-
sent appelé. Pendant la fronde, il em*
brassa et quitta tour à tour les deux
partis, et il ne sut jamais profiter des
circonstances qui pouvaient lui être
favorables.
En résumé , la vie privée du prinee
de Condé n'a pas toujours été à l'abri
du reproche, et l'histoire ne lui par-
, donnera jamais d'avoir , pendant huit
ans, porté les armes contre son pays.
Sa vie militaire, que nous avons
rapidement esquissée, a été brillante.
Pendant le cours de ses campagnes, il
ne reçut gu'une blessure sérieuse , et
pourtant il ne fut jamais moins- pro-
digue de son sang que de celui de ses
soldats. « Il était né général , a dit
Voltaire; l'art de la guerre était en
lui un instinct naturel. » Et cepen-
dant, il faut bien le dire, il dut sou-
vent la victoire à l'opiniâtreté de son
caractère, et rarement aux inspira-
tions du génie.
A la i^n de sa carrfèiie, il perdit
tout à coup son courage et ses facultés.
« Ké plus agile que robuste, dit Vol-
taire , il éprouva la caducité avant le
temps; et son esprit s'afïlalblissant
avec son corps, il ne resta rien du
grand Condé les deux dernières an-
nées de sa vie. » Bossuet prononça
son oraison funèbre. Ce fut le che'f-
d*œuvre et le dernier ouvrage du grand
orateur.
Henri-Jules de Bourbon, prince de
Condé, fils du grand Gondé, s'annonoi
d'une manière brillante dans la seule
I»38
Goir
LUNIVERS.
€0K
carrière où sa maison se soit illustrée;
il combattit aux côtés de son père à
la bataille de Senef, et lui sauva la vie
en aidant le comte d'Ostain à le re-
placer sur son cheval. Mais il n'eut
point le bonheur de rencontrer d'au-
tres occasions semblables, et les sou-
venirs que son nom réveille y ne sont
pas tous d'une nature héroïque. La
bizarrerie de son humeur, son ava-
rice, ses vapeurs, et les attentions ri-
dicules .qu^ii donnait à sa santé , le
rendirent la fable de la cour. On peut
consulter, à son sujet , les Mémoires
du duc de Saint-Simon , qui donne les
détails les plus étranges sur la vie
privée de ce prince, qui « alloit jusqu'à
peser tout ce qui sortoit de son corps. »
Il mourut en 1709, laissant, de son
mariage avec Anne de Bavière , prin-
cesse palatine ,
Louis m, né en 1668. Celui-ci se
comporta avec distinction aux sièges
de Mons et de Namur , montra de la
valeur et de l'intelligence, et mourut à
Paris d'un mal subit en 1710, après
une vie désordonnée. La violence de
son caractère était extrême. Voici l'é-
trange portrait que le duc de Saint-
Simon nous donne de ce petit-fils du
grand Coudé :
> « C'étoit un homme très-considéra-
blement plus petit que les plus petits
hommes , qui , sans être gras , étoit
gros de partout; la tête grosse à sur-
prendre, et un visage qui faisoit peur.
On disoit qu'un nain de madame la
princesse en étoit cause. Il étoit d'un
jaune livide, l'air presque toujours fu-
rieux; mais en tout temps si fier, si
audacieux , qu'on avoit peine à s'ac-
coutumer à lui. Il avoit ae l'esprit, de
la lecture , des restes d'une excellente
éducation, de la politesse et des grâces
même quand il vouloit ; mais il vou-
loit très - rarement. Il n'avoit ni l'in-
justice, ni l'avarice, ni la bassesse de
ses pères , mais il en avoit toute la
valeur , et avoit montré de l'applica-
tion et de l'intelligence à la guerre. Il
en avoit aussi toute la maugnité et
toutes les adresses pour accroître son
rang par des usurpations fines, et plus
d'audace et d'emportement qu eux
encore à embler. Ses mœurs perverses
lui parurent une vertu , et d'étranges
vengeances , qu'il exerça plus d'uoe
fois, un apanage de sa grandeur. Sa
férocité étoit extrême et se montroU
en tout. C'étoit une mense toujours
en l'air, et qui faisoit fuir devant elle,
et dont ses amis n'étoient jamais eo
sûreté, tantôt par des insultes extrê-
mes, tantôt par des plaisanteries cruel-
les en face, et des chansons qu'il sa-
voit faire sur-le-champ qui empor-
toient la pièce et qui ne s'effaçoient
jamais Les embarras domesti-
ques^ les élans continuels de la plus
furieuse jalousie , le vif piquant a'en
sentir sans cesse l'inutilité , un con-
traste sans relâche d'amour et de
rage conjugale, le déchirement de
l'impuissance dans un homme si fou-
gueux et si démesuré , le désespoir de
la crainte du roi et de la préférence
de M. le prince de Conti sur lui...,
la rage du sang de M. le duc d'Orléans
et de celui des bâtards, toutes ces fu-
ries le tourmentèrent sans relâche et
le rendirent terrible comme ces ani-
maux qui ne semblent nés que pour
dévorer et faire la guerre au genre hu-
main... Quiconque aura connu ce
prince n'en trouvera pas ici le portrait
chargé. » L'aîné de ses neuf enfants
Hit:
Louis-Henri y qui était né en 1691
Il fut nommé chef du conseil de ré-
gence après la mort de Louis XIV, et
devint , après celle du duc d'Orléans,
premier ministre du jeune roi. Il hé-
rita de l'humeur rapace de ses pères,
puisa à pleines mains dans les caisses
de l'État, se compromit dans les opé-
rations financières de Law , plas tard
s'associa aux manœuvres des frères
Paris, et grossit, par toutes ces voies
ténébreuses , sa fortune héréditaire.
La célèbre marquise de Prie , sa mat-
^tresse, exerça sur lui une influence qoi
ne tourna ni au profit de sa gloire, ni
à l'avantage de l'Etat. Le duc de Bom^
bon (car il conserva ce titre , et ne
porta point celui de prince de Condë,
qui lui appartenait de droit cependaitf}
tut supplanté , en 1726 , comme pre-
mier ministre par le cardinal Fieaiy,
CON
FRANCE.
i:oN
525
qui le lit exiler de la cour, et dont la
rancune le poursuivit longtemps. Re-
tiré à Chantilly, il s'y livra avec pas-
sion à rétude de la chimie et de This-
toire naturelle, dont il forma de pré-
cieuses collections. Il y moturut en
1740.
Charles de Bourbon, comte de
Cbarolais, second fil? de Louis III,
naquit à Chantilly en 1700. Il n'avait
que dix ans quand il perdit son père,
dont il eut le caractère violent et em-
porté. Son éducation fut très-négli-
sée ; il fut de bonne heure abandonné
a lui-rtiéme , et se livra avec fureur à
ses passions désordonnées. Tout jeune,
il se plaisait à torturer des animaux ;
plus tard , il se montra cruel envers
ses domestiques ; et Ton dit même
gue ses débauches furent plus d'une
lois ensanglantées. Il quitta secrète-
ment la France, en 1717, et alla en
Hongrie, servir ^omme volontaire,
contre les Turcs , dans l'armée du
prince Eugène. Il voyagea en Italie ,
puis en Bavière, revint en France , en
1720, fut admis aussitôt à faire partie
du conseil de régence , et devint , la
même année, gouverneur de la Tou-
raine. Il persévéra dans les désordres
de sa première jeunesse, et la tradition
l'accuse d'avoir plus d'une fois tiré sur
des couvreurs, pour avoir le plaisir de
les Yoir tombei: du toit. Il mourut à
Paris , en 1760 , sans avoir été marié.
Louis-Joseph de Bourbon y prince
de Condé , fils de Louis-Henri duc de
Bourbon, était né à Paris, le 9 mars
1736, et il ne s'était encore fait con-
naître que par des écarts et des dé-
sordres scandaleux , quand la guerre
de sept ans éclata , et lui offrit Pocca-
sion de mieux établir sa renommée. Il
avait passé sa jeunesse sous la disci-
pline du comte deCharolais son oncle,
assez mauvais instituteur pour un
jeune homme dont les passions étaient
vives et bouillantes , et sur qui la cor-
ruption du temps pouvait avoir -prise
si aisément. Le \T\nct de Conde ob-
tint, dès son début, et selon le privi-
lège de sa naissance, le titre de lieu-
tenant général. Il servit sous le com-
nnandement du maréchal d'Estrées, et
se lit remarquer particulièrement à la
journée de Hastenbeck. C'était le
champ de bataille qu'il fallait aux hom-
mes de cette maison , si pauvres , si
mesquins dans la vie civile. C'était là
seulement qu'il leur était donné de
montrer ce qu'ils valaient. On rapporte
qu'un officier invitant un jour le prince
de Condé à reculer de quelques pas,
pour éviter le feu d'une batterie : « Je
« ne trouve pas, répondit-il, toutes ces
« précautions dans l'histoire du grand
« Condé. » On pourrait mentionner
dans le cours de la guerre de sept ans
d'autres rencontres oii ce prince prit
une part glorieuse ; et l'on ne saurait
lui refuser d'avoir contribué aux suc-
cès de la journée de Johannisberg. A
rissue de la guerre, il se confina dans
sa belle résidence de Chantilly. Les
Condé avaient toujours admis dans
leur commerce habituel les esprits
distingués du temps. Le prince de
Condé aimait particulièrement à rece-
voir à Chantilly Buffon et Marmontel.
D'Alembert, Diderot et quelques au-
tres esprits d'une égale hardiesse,
étaient aussi admise Chantilly, et il y
avait même dans le mouvement d'op-
position C[ui se manifestait alors, quel-
ques points auxquels le prince de
Condé ne craignait pas de se rallier.
Il présenta, par exemple, un mémoire
au roi, protestation énergique contre
l'édit du chancelier Maupeou , qui cas-
sait les parlements ; mais ses disposi-
tions changèrent complètement aux
approches de la révolution, c[ui trouva
en lui un adversaire aussi implacable
qu'aveugle. Il fut le premier a sortir
de France, et donna ainsi, de concert
avec le comte d'Artois , avec lequel il
sympathisait de tout point sous ce
rapport, le signal de l'émigration. En-
fin, il organisa, sur les bords du Rbin,
le corps d'émigrés qui fut connu sous
le nom d'armée de Condé. Après les
défaites de la coalition et les dernières
opérations du prince près de Cons-
tance, son corps d'armée fut licencié,
et il alla rejoindre le comte d'Artois
en Angleterre, où il gagna comme lui,
par des intrigues et des menées se-
crètes, le pain qu'il tenait des larges-
T, V. 34* Uoraison. (Dict. engycl., etc.)
34
526
GOW
L'UNIVERS.
CON
sas brîUBOÎques. No& revers lui rou-
yrireut, ea 1814, le chemin de la
Fraoce, dont il lui fallut s'éLoigoer
encore f^endaat les cent jours. A soa
(etour , U reprit les titres qu'il avait
portés sous rancienoe monarchie , et
iredevint ^and nu^tre de la maison du
roi et colonel général de rinfanterie*
U mourut à Chantilly , en l&iS » ej(
Ton prétend qu'au moment de rendre
rame, ses yeux se ranimèrent, et qu'il
s'écria, dans son transport : « Ubi e^t
beîlum f » Son corps fut déposé à
Saint-Denis, et, par ordre de Louis
XVIII, plajcé dans le caveau des rois
de Franjce.
Le seul héritier qui restât de son
nom, était Louis-Joseph-Henriy due
de Bourbon, qui, à l'exemple de son
ajieiU le premier ministre, s'en tint à
ce titre et ne prit pas celui de prince
de Condé. U était né en 174&, et fort
jeune avaU épousé sa cousine, la prin-
cesse Louise d'Orléans.. Ce mariage ,
g^fâce à quelque» incidents romanes-
?ues ,. fournit le sujet 4e la pièce :
Jmoureux de quinze ans. Le duc
de Bourbon mena la vie des princes
oisi& de cette époqjue , et se livra à
d'assez scandaleux désordres. Un inci-
dent de bal masqué dont les. particula-
rités sont fort connues, amena une
rencontre d'honneur entre lui et le
comte d'Artois. Le dernier avait arra-
ché le masque de la duchesse de Bour-
bon, sa maîtresse délaissée, s'il en
faut croire les. dires du temps, et qui
l'avait poussé à bout dans un accès de
jalousie. Les deux princes, après s'être
liait réciproquement une légère bles-
sure, se réconcilièrent, en dépit de
l'aventure étrange et fort ébruitée qui
avait donné lieu au due] (Voyez Ckaa-
LES X). Le duc de Bourmm fit ses
premières armes au siège de Gibraltar,
en compagnie du comU d'Artois, et y
reçut une blessure. Associé aux hs»-
nés politiques de son père, quand la
révolution éclata , il servit la même
cause et commanda aussi un corns
d'émigrés qu'il avait organisé dans le
pavs de Liège. U assista aux princi-
pales affaires des campagnes contre-
révolutionnaires , et reçut au combat
de Bertheim une btessure au poigoet.
Il se retira en Angleterre, où, comoM
tous les siens » il s'occspa d'intrigues,
et il se disposait peut-être à reparaître
dans les armées enneaûeSf quand il
apprit la mort de son fils, le doc
d Ër^ghien. Il essaya peaiiant les cent
jours y après la fuite oe Louis XVIIi,
%Q dhriger le seulèvement de la Ve»
dée; inais il édioua dans cette tisota*
ti ve , et se retira bientôt après en An-
gleterre. Rentré en France après la
seconde abdication de Pïapoléoni» ii U
investi du titre de grand naaitre d< la
maison du roi , et véeut dans ses (to*
maines , où il se livra aux plaisirs de
la chasse, son unique occupation, #tà
quelques relations intimes ^ où il M
parait pas q/à'iï ait rencootré le boo-
làeur. Personne n'ignore que |Mur soi
testajnent, du 30 août 182», il avait
institué pour son héritier Henri 4'Or
léans , duc d'Aumale. La révotutiei
de 1830 causa au duc de Bourbea m
impression de peine et d'eiSrei dont
ses sympathies politiques ne laissai
pas douter. Son intentioa secrète était-
elle^ ainsi qu'on l'a dit , de partager k
toit de la éimiile exilée , et de revenir
sur ses dispositions testamentaîNi^
Quoi qtt'ii en soit de ces eiroonstdaseï
difficiles à éclaircir, la nuMrt du 4tt«de
Bourbon survint peu de temps aprèii
et cette fin du dernier des Goadé élÉ
faite pour causer l'étoiuiemeBt Le
prince fut trouvé ,, le 30 aoAt t830,
pendu par un moucboir à FespagnoM
de sa fenêtre, 4aas son château de
Saint-Leu. Un procès célèbre ÙA itt
tenté à l'occasion de cette eatastrepbs:
il eut pour résultat Tabandon d*
poursuites commencées, et l'opittB*
«û prévalut en justice , fut que ledtf
ne Bourbon avait mis fia à ses joiB>>
Loids-AtUoine-Henri de Bowf^
duc d'Ënghien^ fils du précédent, étii
né à Chantilly, ke 2 aoât 1772. Ilaiaft
suivi , à l'âge de vingt ans» son aaaf
père , le prince de Condé , dans féoi'
gration. Il servit avec distinctîoD da^
les rangs de cette noblesse Ù90^
dont les illusions furent si aveugles^
si opiniâtres, et la conduite à eoupi:
bie. Quand l'armée du prince deCtfode
i
CON
FRANCE.
CON
527
fut définitivement licenciée , il se fi^^a
à Ëttenheim (grand-duehé de Bade).
C'est là que , prévenu de participer à
des complots contre la sûreté de la
république, il fût arrêté le 15 mars
1804, à cinq heures du matin. Il arriva
en poste au château de Vincennes, le
^0 au soif. Une commission militaire
le jugea dans la même nuit, et le con-
damna à mort à quatre heures du ma-
tin. Une demi-heure après, le dernier
rejetoD de la famille de Condé tombait,
fusillé, dans les fossés du château. Il
était â^é de trente-deux ans.
Voici comment Napoléon lui-même,
dans ses Mémoires, s'explique sur cette
triste catastrophe : « Le duc d'Ênghien
a périt parce qu'il était un des auteurs
« principaux de la conspiration de
« Georges, Moreau et Picnegru.... Le
« duc d'Enghien figurait déjà depuis
<r 1796 dans tes intrigues des agents
a de FAngleterre, etc. » {Mém,yX, lï,
page 228.) Plus loin, on lit encore
(p. 340-341) : « La mort du duc d^En-
« ghien doit être attribuée aux person-
« nés qui dirigeaient et commandaient
a de Londres l'assassinat du premier
« consul, et devinaient le duc de Berry
« à entrer en France par la falaise de
« Béville , et le duc d'Enahien par
« Strasbourg Elle doit être éter-
« nellement reprochée enfin à ceux
a qui, entraînés par un zèle criminel,
« n^attendirent point les ordres de leur
« souverain pour exécuter le jugement
«i de la commission militaire, etc. »
Enfin ^dans son testament il dit en
termes exprès : « J'ai fait arrêter et
« juger le duc d'Enghien , parce que
<c cela était nécessaire à la sûreté, à
a l'intérêt et à l'honneur du peuple
« français, lorsque le comte d'Artois
« entretenait de son aveu , soixante as-
« sassinsà Paris. Dans une semblable
« circonstance, f agirais encore de
« même (*). »
CoNDB (Louis-Marie) , fils d'un né-
gociant d'Auray, où il naquit en 1752,
fut d'abord destiné à Fétat ecelésias-
(*) Voyez Napoléon, ses opinions etjugef
tnents sur les hommes el sur les choses, par
M. Damas Hinard, 1. 1, p. 433 et 438.
tique. Mais son humeur inquiète, son
esprit naturellement actif et sa cons^
titution robuste, fe rendaient peu pro-
pre à une vie dé contemplation, de
retraite et de renonciation. De là une
lutte contre la volonté de sa famille,
et sa fuite de la maison paternelle , à
l'âge de quatorze ans. Devenu maître
de ses actions, il se rendit à Lorient,
le port le plus voisin d'Aurây , et s'y
embarqua sur le navire de la Compa-
gnie des Indes le Duic de Duras, com-
mandé par le capitaine Brumanière,
La vocation du marin se montrait avec
trop de force pour qu'elle fût combat;
tue plus longtemps par ses parents. A
son retour en France, après un voyage
de dix-huit mois , il fut rappelé chez
son père , qui lui fit l'accueil le plus
tendre. Depuis cette époque jusqu à la
guerre d'Amérique, Conde fit plusieurs
campagnes en Chine et au Bengale,
comme enseigne surnuméraire et
comme enseigne , sur les navires dii
commerce le Comte d^Argènsonj fe
Pondichéry, le Jriton, et le Gange,
En 1778, il passa au seirvice de TÉtat,
et fut élevé au ^rade de lieutenant de
frégate. Il servit en cette qualité suc-
cessivement sur Vlphigénie, sur tM-
grette ,. sur VÉpervier, et prit une
part honorable à lia destruction des
forts et des établissements anglais
dans les rivières de Gambie et de
Sierra-Leone. Le chef de cette dernière
expédition savait (^e le lieutenant
Condé avait été chargé, dans ses cam-
pagnes précédentes, de faire entrer
dans nos ports plusieurs cutters cap-
turés sur les Anglais : il le destina à
aller porter des dépêches au gouverne-
ment français, et à conduire a Brest la
corvette anglaise la Junon. Pendant
le trajet, gui fut très-périlleux, Condé
soutint cinq engagements contre les
forces ennemies, et cinq fois îl sortit
victorieux de ces combats. « Dans une
de ces rencontres , dit un historien ,
un baril de cartouches , placé près de
lui , fit explosion et le brûla des pieds
à la tête ; cet accident ne lui fît point
abandonner son poste ; s'étant fait ap-
porter un baquet d'eau , il s'y plongea
tout entier, et continua, danâ cette
34.
628
CON
L*UNIVERS.
CON
position, à donner ses ordres, quoiqu'il
souffrît horriblement de ses blessu-
res. » Appelé, en 1780, au comman-
dement du Saumon, il fut envoyé aux
Antilies,, où il servit de mouche pen-
dant trois ans à MM. de Ternay, de
Barras et de Grasse : comme tel , il
assista aux divers combats que livrè-
rent ces officiers supérieurs^ et dans
toutes les circonstances il les seconda
avec son courage et son intelligence
ordinaires.
Au retour de la paix , il fit pour le
compte de la marine marchande plu-
sieurs campagnes au Bengale et à la
Chine. La révolution le rappela au
service de TËtat : elle le Gt d'abord
lieutenant et ensuite capitaine de vais-
seau. Enl79<5, nous lui voyons prendre,
en cette dernière qualité^ le comman-
dement du Ça ira, un des bâtiments
de haut bord qui faisaient partie de
l'armée navale du contre-amiral Mar-
tin. La flotte républicaine , sortie de
Toulon le 3 mars , ne tarda pas à se
trouver en présence des forces de l'a-
miral Hothara. Tandis que Condé ma-
nœuvrait pour rejoindre l'armée, qui
s'était formée en ligne de bataille , le
Ça ira, dans un fort tangage, fut dé-
mâté de ses deux mâts de hune d'un
seul coup. Deux vaisseaux anglais ,
V Inconstant et V Agamemnon, vinrent
l'attaquer aussitôt, comptant en avoir
bon marché. En effet , le brave capi-
taine était dans la position la plus
critique , le feu s'étant manifesté dès
les premiers coups de canon dans ses
porte-haubans, et sa batterie étant
paralysée par la chute de ses mâts.
Condé, avec un admirable sang-froid,
dégage son artillerie , force Vlncons-
tant a quitter son travers, à se retirer
même du champ de bataille , et cause
en peu de temps des avaries considé-
rables à VAgamemnon. Cependant le
contre-amiral Martin envoie le Censeur
pour le soutenir, et la Festale pour le
prendre à la remorque. Nos vaisseaux
vont 'opérer leur retraite, quand lord
Hotham manœuvre pour les envelop-
per. Condé conçoit aussitôt la pensée
la plus audacieuse : il vire de bord,
vent devant, et cette évolution lui per-
met de prolonger les bâtiments an-
glais , en continuant de faire un fea
très-nourri. Enfin, l'avant-garde de la
flotte républicaine vient d^ager le
Ca ira et le Censevr, qui avaient com-
battu, trois heures durant, à demi-
portée de canon, contre des forces sa-
périeures; mais le lendemain, ces dm
vaisseaux, séparés encore du gros (le
l'armée par la lenteur de leur marcbe,
durent recommencer cette lutte iné-
gale et succomber glorieusement. Pen-
dant un nouveau combat de sept
heures, ils soutiennent intrépidement
le feu de sept vaisseaux anglais, parmi
lesquels on' compte la Princesse-
Royale , de quatre-vingt-dix, et le M
tannia^ de cent canons. Deux des bâ-
timents ennemis , VlUustrious et le
Courageux , sont bientôt démâtés de
leur grand mât et de leur mât d'arti-
mon. Quant au Ça ira, ce n'est plus
qu'un ponton, couvert de morts et de
blessés, criblé de boulets et faisante»
de toutes parts. Douze pièces de ea-
non sont démontées, la soute an
poudres à l'arrière est noyée, quatre
cents hommes ont été tués , un grand
nombre sont blessés , et Condé lui-
même , défiguré par deux blessures et
par de fortes contusions au bras droit,
a la poitrine, à la tête, et sur diverses
parties du corps, est à peine recofr
naissable. Il amène son pavillon,^
bientôt après , le capitaine Benoît, ds
Censeur, est réduit à la même néces-
sité.
Condé fut reçu à bord de la Prit-
cesse-Royale, par lord Hotham,*
officiers et ses marins , avec des n*
ques extraordinaires de respect. Lor^
qu'il remit son épée, selon l'usage )>
1 amiral anglais, celui-ci lui dit : « Coig
« mandant, ie garde pour moi cette jmj
«rieuse épée; mais je vous prietflj
« cepter la mienne , en témoignage^
«mon admiration pour votre ne»
« courage. » Condé avait combattu '^
jour-là Nelson, alors capitaine de F
gamemnon, et il s'était montré df«
"d'un tel adversaire. Le pa ira/
mutilé pour survivre àjsa* défaite
rit en mer , malgré les efiforts qu
fit pour le sauver. Nommé chef **
€ON
FRANCE.
CON
529
vision à sa rentrée en France , en
1796, Condé eut, de 1800 à 1805, le
commandement du vaisseau^ l'Union,
Passant ensuite sur ]e Brave , il fut
attaché , au mois d'octobre 1805 , à
l'escadre qui était destinée à porter,
sous les ordres du contre-amiral Leis-
sègues , des troupes et des munitions,
de guerre à Saint-Domingue. Cette es-
cadre avait rempli heureusement sa
mission , et elle était à la veille d'ap-
pareiller, ^uand l'amiral Duckworth
vint tout à coup la surprendre dans
son mouillage. Condé fait d'incroya-
bles efforts pour remettre le Brave en
état de faire tête aux Anglais, qui se
préparent à intercepter nos vaisseaux.
il renouvelle presque toutes les ma-
nœuvres, presque tous les prodiges du
combat et de la défense du Ça ira. Il
se défend simultanément contre le Ca*
nopus y le Donégaly V Atlas y VJga^
memnon, bâtiments de soixante-quatre
à quatre-vingt-huit canon^. Les rava-
ges , la destruction , le carnage , sont
terribles à bord du Brave : sur six
cents hommes d'équipage, trois cent
cinquante sont tués ou mis hors de
combat , et Condé a reçu quatre bles-
sures graves. Force lui'fut de se ren-
dre à l'ennemi, toujours malheureux
et toujours grand dans sa défaite. Il
resta prisonnier jusqu'à la paix , les
Af^glais ayant constamment refusé de
se prêter à un échange. Lorsqu'il re-
vint en France, en 1814, ses longs et
nombreux services furent récompensés
par la dignité de contre-amiral. Le
collège électoral du Morbihan le nomma
membre de la chambre des députés
pendant la courte et orageuse période
des cent jours. Il mourut à Pontivy,
lé 10 février 1820 , laissant deux fils ,
Alphonse et Marie, qui tous deux sont
officiers dans la marme royale.
CoNDK-suB-Noi RBAD, petite ville de
l'ancienne Normandie , aujourd'hui
chef-lieu de canton du département du
Calvados. Cette ville doit son origine
à un ancien château fort dont la cons-
truction est attribuée aux Romains
par la tradition. Elle tomba, en 1418,
au pouvoir des Anglais , sur lesquels
les Français la reprirent en 1449. Ce
fut une des premières villes qui em-
brassèrent la réforme. Les protestants
y eurent des assemblées des le com-
mencement du seizième siècle, et ils y
tinrent , en 1674 , un synode provin-
cial.
Condé-sur-Noireau avait autrefois
le titre de châtellenie ; elle possède au-
jourd'hui un tribunal de commerce,
et l'on y compte 5562 habitants.
C0NDILLA.G ( Étienne-Bonnot de ) ,
le plus lucide métaphysicien des temps
modernes, et, pendant le dix-huitième
siècle , le chef reconnu de l'école fran-
çaise , naquit à Grenoble en 1715.
L'extrême faiblesse de sa vue lui ayant
longtemps interdit toute application ,
il était parvenu à l'âge de aouze ans
sans savoir encore lire. Il paraît ce-
pendant qu'fl avait reçu d'un curé les
f)remiers rudiments de l'instruction,
orsque son frère , M. Bonnot de Ma-
bly, grand prévôt de Lyon , l'appela
près de lui. Il avait alors seize ans. Là,
il entreprit de refaire seul son éduca-
tion. Rousseau , qui fut , comme on
sait, précepteur des enfants du grand
prévôt , se félicite d'avoir le premier
deviné le penseur chez le jeune Con-
dillac, qui , à cause de son humeur ta-
citurne, était au contraire iugé d'une
manière assez peu favorable par son
frère, l'abbé de Mahly.
Celui-ci se chargea pourtant de lui
quand il vint à Paris , où il détermina
même , non pas sa vocation , puisque
Condiliac ne dit jamais d'autre messe
que sa première, mais son entrée dans
la prêtrise. L'abbaye de Mureaux lui
fut conférée en récompense sans doute
de sa soumission. Une fois ^ue le
jeune abbé eut quitté le séminaire,
Diderot et Duclos devinrent, avec Jean-
Jacques ^ sa société habituelle. Il se
livra lui-même tout entier à l'éluci-
dation des questions les plus ardues de
la métaphysique, et commença enGn
la publication d'une série d oeuvres
philosophiques dont les volumes se
succédèrent ensuite rapidement. On
vit paraître en 1746 VEssai sur l'ori-
gine des connaissances humaines,
que nous ne faisons que nommer ici ,
parce que nous aurons l'occasion d'y
530
CON
L'UNIVERS.
€ON
I»
revenir , et en 1749 , le TYaité des
systèmes , dans lequel il anéantît lés
absurdes fictions des métaphysiciens
Ï»récédents en donnant à leurs idées
a clarté gui leur manque; celui des
Sensations en 1754, et en 1755 celui
des Animaux , où il combat, au sujet
de la manière de sentir des bétes , To-
Sinion de Buifon , dont on l'accusait
e s^étre approprié les idées:
Nommé ensuite , sur la recomman-
dation de la reine Marie Leezinska,
précepteur de Tinfant duc de Parme ,
il composa pour son élève un Cours
d'études, comprenant des traités sépa-
rés sur la grammaire , Fart d'écrire ,
l'art de raisonner , l'art de penser , et
l'histoire. La méthode ^u'rt y déve-
loppe consiste à faire suivre, pour ap-
prendre, k route qu'on doit avoir suivie
pour créer la science, sans tenir compte,
bien entendu, de la part que le hasard
peut avoir eu dans les découvertes.
De retour à Paris en 1767 , Condil-
lao déclina l'honneur de diriger l'édu-
cation des trois fils du dauphin , qui
furent depuis les rois. Louis XVI ,
Louis XVIII et Charles X. Il entra
fannée suivante à l'Académie fran-
çaise , où il remplaça l'abbé d'Olivet.
En 1776, on vit paraître leCommer^ce
et le Gouvernement, considérés rela-
tivement l^unàtautre, ouvrage que
la Harpe nomme le livre élémentaire
de la science économique , et que nos
hommes d'État devraient peut-être
consulter davantage. Sur l'invitation
qui lui en fut faite, en 1777, par le
eonseil de l'instruction publique en
Pologne, il composa sa Logique pour
l'usage des écoles du Palatinat. Il
mourut quatre mois après l'impres-
sion de ce livre, le 3 août 1780, au
(Gâteau de Flux, près de Beaugency.
On a encore de fui un ouvrage pos-
thume, la Langue des calculs y qui
ne vit le jour qu'en 1798, et qui, bien
qu'inachevé, n'en montre pas moins
combien la sévère critique de l'auteur
s'adaptait admirablement à la logique
rigoureuse des nombres.
Disciple de Bacon et de Locke, Gon-
dillac suivit pourtant , dans la recher-
che des ventés philosophiques, une
route souvent opposée à celle de ses
maîtres. Le désir de suivre la méthode
de l'analyse et le besoin d'être simple
se sont parfois trouvés en lutte diez Hiî.
Bien qu'il ait emprunté à Bacon la mé-
thode expérimentale, il mérite le repro-
che que lui a adressé M. Cousin , de
négliger l'observation , et , après avoir
rejeté en principe la méthode de la
synthèse , il a le tort d'en faire efifec-
tivement le plus fré^jucnt usage. Cest
ainsi qu'il cherche à composer , en le
devinant , l'entendement humain qtie
Locke s'était efforcé de décomposer.
La conclusion à laquelle il arrive, c'est
que non-seulement nos idées, mais nos
facultés doivent leur existence aax
sen^ , et que ces dernières ne sont que
des sensations transformées , expres-
sion qui, à cause de son peu de crarté,
a été l'objet d'un grand nombre de
critiques. On a reproché à cette doc-
trine de Condiilac de favoriser le ma-
térialisme. Cependant , ainsi que fa
très-bien dit M. Bouillet , elle n^ con-
duirait qu'autant que Ton accorSierait
la sensation à la matière , et c*est ce
qu'assurément Condiilac ii'a pas fait
lui-même. La Romiguière non-seule-
ment disculpe Condiilac de cette ten-
dance, mais va jusqu'à soutenir qu'au
contraire il accorde trop à l'activité de
rame. Personne n'a mieux comprn
que lui combien les signes sont néces-
saires au progrès de la pensée, ni nrieui
démontre que toutes les langues sont
de véritables méthodes analytiques.
Dans son premier ouvrage, ilVamto
avec une merveilleuse claii;é la sta-
tion de tous les problèmes snr Te»-
tendement humain à l'étude de l'as-
sociation des idées entre elles et avee
les signes. Quant aux règles du style,
il les réduit à ce lumineux principe,
qui consiste à conserver rigoureuse-
ment dans l'expression TendiaîneniMt
des idées.
On peut regretter de voir ce philo-
sophe , si positif d'ailleurs , adopter
pour le traité des sensations le pi«D
qu'il a suivi. Ce livre est en effet, poor
ainsi dire, le roman de la psychologie.
L'auteur y donne pour clef die son sys-
tème une hypothèse qui encore n'a pii
€ON
FRANCE.
CON
531
le mérite de la nouveauté , puisque
cette statue qu*it afiime par degrés re*
|»roduit des suppositions hasardées
avant iui par Biimn et Diderot. Mais
les défauts que présentent les écrits
de Gondillàc ne sont pas de nature à
justifier le jugement au moins léger
de M. Royer-Collard, quand il n'y voit
que « df« lueurs de bon sens qui vont
s'éteindre peu à peu dans l'esprit du
^stème. » Pour nous, nous partageons
radmiration de DugakI Stewart pour
cette partie «i remarquable des œuvres
de Gwidillac qui se rapporte à ractioh
réciproque de la pensée et <lu langage,
lïous kii devons les progrès modernes
de la philologie , et assurément ses
hardies et nobles conceptions sur la
formation du langage de l'homme n'ont
cas plus à redouter les pieux arguments
de N. de Bonakl que les brillants pa-
radoxes de Jean-Jacques.
GoNJDOH , ancienne capitale du Con*
domois, aujourd'hui chet-lieu de sous*
préfecture du département du Oers.
Suivant quelques auteurs, cette ville
doit son origine à un monastère qui
existait dès le commencement du neu-»
Tième siècle, et qui fàt détruit plusieurs
fois par les Normands. Reconstruit en
f 011 par Hugues , évéque d'Agen , 11
fut érigé en éveché en 1317 par le pape
Jean A.XI1. Les fortifications de Con-
dom, qui avaient été démolies en 1229,
lorsque Raymond, comte de Toulouse,
fit la paix avec le roi de France , fu-
rent relevées dans la suite. La ville eut
horriblement à souffrir des cruautés
des protestants, lorsqu'en 1669 ceux-ci
y pénétrèrent sous les ordres de Mont*
gommery.
Ck)ndom possédait jadis un séné*
chai, et l'origine de ce privilège remon-
tait au moins à Tannée 1286. Henri II
X établit unprésidial en 1552. En 1286,
£douard, roi d'Angleterre, et Augier,
abbé de Condom , fixèrent dans une
convention nouvelle l'étendue de la
{'ustiee subalterne , convention qui ,
N'en que confirmée par Philippe de
Valois en 1329, donna lieu à Une lon-
§ue querelle entre les consuls de Gon-
cm et révéque , laquelle ne fut
terminée qu'au siècle dernier, et
le fut en faveur des habitants. Cette
ville était, avant la révolution, le chef-
lieu d'une élection ; elle possède au-
jourd'hui de^ tribunaux de première
instance et de commerce , et l'on y
compte 7144 habitants. C'est la patne
de Scipion Dupleix , de du Bartas et
de Biaise de Montiuc.
Co]vi>OMOis , petit pays du midi de
la France, placé par les uns en Gasco-
gne, par les autres en Guyenne. Il
était borné au nord par lA^noîs,
dont il avait commencé par faire par-
tie, au midi par l'Armagnac, à l'est
par la Lomagne , à l'ouest par le Ba-
zadois , et il formait avec ce dernier
pays une lieutenance royale sous le
gouvernement de Guyenne et de Gas-
cogne. Il avait environ six myriamè-
tres de longueur sur quatre de lar*
geur.
; Du temps de César , la plus grande
{partie du Condomois était nabitée pat
es Nitobriges. Sous Honorius, ce pays
se trouvait compris dans TAquitaine.
De la domination des Romains , il
passa sous celle des Wisigoths ; puis,
comme il faisait anciennement partie
de TAgénots , il suivit la destinée de
ce dernier pays, et appartint successi-
vement aux ducs de Gascogne et de
Guyenne ^ et fut enfin réuni à la cou-
ronne avec le Bordelais et la Guyenne,
en 1451, sous le règne de Charles VIL
Les villes principales de ce pays étaient
Condom, capitale; Nérac, Gabaretet
Mont-de-Marsan. îl est compris au-
jourd'hui dans les départements du
.Gers et de Lot-et-Garonne.
CoNDOBCET , ancienne seigneurie
du Dauphiné , aujourd'hui du dépar-
tement ue la Drôme , érigée en ma^ui-
sat au commencement du dix-buitieme
siècle.
,CoNi>OJRCET ( Marie- Jean- Antoine-
Nicolas de Caritat , marquis de ) , né à
Ribemont, près de Saint-Quentin , le
7 septembre 1743 , d'une ancienne fa-
mille du Dauphiné , fut élevé au col-
lège de Navarre , à Paris. Le succès
avec lequel', à seize ans , il y soutint
devant d'Alembert une thèse de ma-
thématiques, lui valut les premiers
encouragements de ce savant, qui fut
532
CON
L'UNIVERS.
CON
depuis son ami. Trois ans apc^ , il fit
son entrée dans le monde , sous les
auspices du duc de la Rochefoucauld.
£n 1764, il présenta à TAcadémie des
sciences son Essai sur le calcul inté-
gral, et en 1767, son Mémoire sur le
problème des trois corps, ouvrages
qu'il réunit en 1768 sous le titre d'its-
sai d^ analyse y et qui lui valurent,
l'année suivante , une place à l'Acadé.-
mie. En 1773, il publia les éloges des
académiciens morts avant 1699. Après
avoir réfuté , dans ses Lettres d'un
théologien y les Siècles littéraires de
Sabathier de Castres, il donna, en 1776,
une nouvelle édition des Pensées de
Pascal , en y joignant des notes dans
lesquelles il s'attachait à rétablir le
principe de la dignité de la nature hu-
maine, trop méconnu par l'écrivain de
Port-Royal. Nommé secrétaire perpé-
tuel de l'Académie en 1777, il remporta
la même année un prix à Berlin , pour
sa Théorie des comptes. Il entra en
1782 à l'Académie française, d'où l'a-
vait longtemps éloi^néM'influence de
Maurepas, qui ne lui avait jamais par-
donné son refus d'écrire l'éloge du duc
de la Vrillière , motivé sur les nom-
breuses lettres de cachet dont ce mi-
nistre académicien avait été l'auteur.
Ce fut encore la liberté de ses. opinions
qui l'empêcha d'obtenir le prix pro-
posé en 1772 pour l'éloge de l'Hôpi-
tal.
Pendant la guerre de l'indépendance,
Condorcet avait écrit en faveur des
Américains. De 1781 à 1784, il s'oc-
cupa principalement à rechercher l'ap-
plication du calcul mathématique à la
solution des questions politiques. Il
fournit un assez grand nombre d'arti-
cles à l'Encyclopédie, et fit imprimer en
1 787 , sous le pseudonyme de Schwarz ,
des Réflexions sur l'esclavage des ne-
grès, où l'on trouve les sentiments du
philanthrope réunis à la logique de l'é-
conomiste. EnGn , il entra tout à fait
dans le domaine de la politique par
son ouvrage sur les ^4 s semblées pro-
vinciales, ainsi que par sa collaborar
tion à la oibliotheque de V Homme pu-
blic et à la Feuille villageoise. Ami de
Turgot, il prit la plume pour soutenir
contre Necker les mesures que ce mi-
nistre avait prises pour faciliter le
commerce des grains. Son adversaire
l'emporta, et quand il parvint au pou-
voir , Condorcet , qui était alors ins-
pecteur des monnaies , donna sa dé-
mission , pour n'avoir pas de rapports
avec un homme dont il désapprouvait
les principes.
Député de Paris à l'Assemblée D3-
tionate , il en fut ensuite nommé se-
crétaire, et la présida en février 1792.
Il fît, le 20 avril , sur l'organisation de
l'instruction publique, un rapport re-
marquable où il demandait rétablisse-
ment de l'enseignement gratuit pour
tous les degrés , de manière à ce qae
chaque citoven pût arriver à la con-
naissance die tous ses devoirs et de
tous ses droits. Ce fut lui qui rédigea
le manifeste adressé à la France et à
l'Europe pour annoncer la suspension
du pouvoir royal après la journée do
10 août.
Député de l'Aisne à la Convention,
où l'avaient appelé en même temps sii
autres départements, il vota le plus
ordinairement avec les girondins. Lors
du procès du roi.,.. il opina pour la
peine la plus forte j^i; ne fût pas la
mort. Il avait cependant été du nom-
bre des membres qui voulaient déférer
le jugement à un tribunal formé de
députés spéciaux. Nommé successive-
ment aux comités de salut public et
de constitution , il s'y fit remarqua
p^r un attachement sincère aux prin-
cipes républicains , et réussit quelque
temps à se maintenir en dehors des
querelles des partis. Il allait faire adop-
ter un projet d'acte constitutif dont
l'escfuisse paraissait avoir eu, quelques
mois auparavant , l'assentiment de
l'Assemblée, q[uand éclata la révolu-
tion du 31 mai. Son opposition àb
nouvelle constitution le fit, sur les dé*
nonciations de Chabot, citer à la bam
le 8 juillet, et il finit par se voir, le 3
octobre, enveloppé dans l'acte d'aoco-
tion porté contre Brissot. Mis bon ta
loi, il trouva un refuge dans la maison
d'une dame Vernet , chez laquelle il
écrivit son Esquisse cTun tableau hU-
torique des progrès de l'esprit hu-
CON
FRANCE.
CON
533
main, qu'on pourrait appeler la Bible
de la philosophie , puisqu'elle offre à
la fois histoire et prophétie , récits du
passé connu et appréciation du futur
possible^ Condorcet v développa le
principe qui faisait la l)ase de sa doc-
trine, celui de la perfectibilité indéfi-
nie de la nature hunoaine. Ce fut dans
le même asile qu'il composa VÉpUre
(Tun Polonais exUé en Sibérie à sa
femme, épître dont les vers respirent
une douce mélancolie. Huit mois s'é-
taient ainsi écoulés , lorsqu'il apprit
ou'un décret de la Convention éten-
dait les rigueurs de la mise hors la loi
à ceux qui cachaient les condamnés.
Aussitôt il se sépare de sa généreuse
hôtesse, et sort de Paris sous le cos-
tume d'un ouvrier. Au bout de deux
jours passés dans une ancienne car-
rière aux environs de Montrouge, il
entre pour prendre quelques aliments
dans un cabaret de Clamart , où son
extérieur excite des soupçons. Un mem-
bre du comité révolutionnaire du lieu
l'arrête, et le fait conduire au Bourg-
]a-Reine. Le lendemain , qui était le
28 mars 1794, son geôlier le troiiva
privé de vie , soit qu'il eût succombé
a l'effet du besoin et de la fatigue ,
^itiqu'il eût fait usage d'un poison
ciu'il portait, dit-on, toujours sur lui.
C'est ainsi que périt , âgé à peine de
cinquante ans, un homme dont la
droite raison et la haute vertu ont fait
Fun des plus beaux caractères du dix-
huitième siècle. Ses œuvres complètes,
formant 21 volumes , ont été publiées
par Garât de l'Institut. On a depuis
voulu faire passer sous son nom. cer-
tains mémoires sur la révolution, où il
serait aussi difficile de reconnaître
son esprit que son style.
Sophie de Grouchy, sa femme, née
en 1765, fut une des plus spirituelles
comme une des plus belles femmes
de son temps. Les brillantes qualités
de son esprit l'avaient fait distinguer
à la cour de Louis XVI. Dans la suite,
elle partagea avec madame de Staël le
sceptre de la société parisienne. Digne
de comprendre l'hoi^ime supérieur au-
quel elle avait associé son existence,
elle pai4^gea ses travaux ; et quand ,
après une douloureuse captivité , elle
fut rendue à la liberté , elle s'occupa
du soia de publier la partie encore
inédite des œuvres de son mari , et y
mit des préfaces remarquables. Elle
donna elle-même, en 1798, une nou-
velle traduction delà Théorie des sen-
timents , ainsi que de la Dissertation
sur l'origine des langues , par Adam
Smith , et y joignit des Lettres sur la
Sympathie, adressées à son beau-frère
Cabanis. La conduite qu'elle tint lors
du procès du maréchal son frère , en
1817, fut pleine de courage et de dé-
vouement. Elle mourut le 6 septembre
1822 , à la suite d'une longue et dou-
loureuse maladie.
CoNDREN (Charles de) , né à Vau-
buin , près Soissons , en 1588 , avait
d'abord été destiné par sa famille à la
carrière militaire; mais une. vocation
irrésistible lui fit embrasser l'état ec-
clésiastique , et il fut reçu docteur de
Sorbonne en 1615. Dès lors il renonça
à tous les biens du monde , se consa-
cra uniquement à des œuvres de cha-
rité , et entra enfin , en 1617 , dans la
congrégation du cardinal de Bérulle ,
qui le nomma, en 1622, supérieur de
la maison de Saint-Magloire, et le choi^
sit pour son directeur. Devenu mal-
gré lui confesseur de Gaston , duc
d'Orléans, il déploya une grande habi-
leté dans des négociations difficiles.
Après la mort du cardinal de Bérulle,
en 1629, il fut élu à l'unanimité géné-
ral de l'Oratoire, et mourut en 1641;
après avoir, refusé les archevêchés de
Reimis, de Lyon, et le chapeau de car-
dinal..Iknourut le 7 janvier 1641.
CôNDRiEu , petite et très-ancienne
ville du Lyonnais , aujourd'hui dépar-
tement du Rhône. Située sur la rive
droite du fleuve, elle était, à l'époque
romaine, habitée par les Conderates,
peuple de nautoniers que nous trou-
vons mentionné avec les Nautœ de la
Saône , de la Loire et de l'Arcom'e ,
dans l'inscription d'un monument fu-
nèbre élevé par les membres de cette
corporation a leur patron , Tauricius
Florens. Il est à remarquer qu'au-
534
GON
L'UNIVERS.
€ON
jourd'hui encore (*) le petit port de
CoDdrieu eU habité en grawle partie
par des gens de rivière et des char-
pentiers de bateaux. Les vignes aux-
quelles Condrieu doit sa célébrité pas-
sent dans le pays pour avoir été plantées
par les Romains. Elle avait autr^ois
titre de baroimie, et la seigneurie fon-
cière en appartenait à la maison de
Villars. Sa population est de 3870 h.
CoNfiTODUN , chef gaulois. (Voyez
COTUAT.)
CoNFBDÉBATiON duRhin. -- Après
la signature de la paix de Presbourg,
oui termina la glorieuse campagne
d'Austerlitz , Napoléen résolut de dé-
truire Tancien empire germanique , qui
dans le fait n*existait fSus que de nom.
En conséquence, le 1*' août 1806, six
mots après la paix de Presbourg, le
ministre de France pr^enta la note
suivante à la diète de Ratisbonne :
« Le soussigné, ichargé d'affaires de Sa
« Majesté rempereiir des Français et roi
« d'Italie pès la diète générale de l'Empire
« germanique, a reçu de Sa Majesté l'ordre
« de faire à la diète les déclarations suivaa-
« tes ;
« Leurs Majestés le roi de Bavière et de
Wurtemberg^, les princes souverains de
Ratisbonne, de Bade, de Berg , de Hesse>
Darmstadt , de Nassau , et les autres prin-
cipaux princes du midi et de l'ouest de
rÂilemagne, ont pris la résolution de for-
mer entre etix une confédération qui les
mette à Tabri de toutes les incertitudes
de Pavenir, et ils ont cessé d'être États de
rSmpire.
« La âluatioB dans laquelle le traité de
Presbourg a placé directement les cours
alliées d« la France, et indinectement les
{u-inces qu'elles entourent et qui les avoi-
sinent, étant incompatible avec la condi-
tion d'un État d'Empire , c'était pour elles
et pour ces princes une nécessite d'ordon-
ner sur un nouveau pian le système de
leurs rapports, et d'en faire disparaître
une contradiction qui aurait été une
source permanente d'agitation , d'inquié-
tude et de danger.
« De son côté, la France, si essentielle-
ment intéressée au maintien de la paix
dans le midi de rÀIlemagne, et qui ne
pouvait pas douter que , du moment où
O Voyez Muratori, t.II« p. 748.
«
te
t€
«
«C
«
« elle aurait fait repasser le Rhin à ses troo-
* pes, ia discorde, conséquencfi «néntibk
« de relations contradictoires ou inoertai>
« nés , mal définies ou mal connues, aurait
** compromis de nouveau le repos des jpeu-
« pies , et rallumé peut-être la guerre sur
«« le continent, obligée d'ailleurs de 000-
« Courir au bien-être de ses alliés, et de les
« faire jouir de tous les avantages qae k
« traité de î*resbourg leur assure, et qu'eDe
« leur a garantis, la France n'a pn voir,
« dans la confédération qu'ils ont fcnnée,
« qu'une suite naturelle et le complémiit
« nécessaire de ce traité.
« Depuis JoQgtenqps, des altératioiu s»
« cessives, qui, de siècle en sièGle,i'otf
« été qu'augmentaat , ayaimt réduit la oobi-
f< titution germanique à n'être plus qu'oK
« ombre d'elle^nême. Le temps avûtduBsé
« tous les rapports de grandeur et de faro
« qui existaient primitivement entre les <&
« vers membres de la confédération, e&tit
« cbacun d'eux et le tout dont ils fsisaieiit
« partie. La diète avait cessé d'ailkon
« d'avoir une volonté qui lui fût propit
« Les sentences des tribunaux suprêmes «
* pouvaient être mises à exécution. Tout
« attestait un affaiblissement si grand , qiK
« te lien fédér^tif n'offrait plus de ganntk
« à personne» et n'était, entre les poioviis,
«* qu'un moyen de dissension et de disoorii
« Les événements des trois coalitions oit
«• porté son affaiblissemeniç à son dénie
'« terme. Un électorat a été sappriné^wb
« réunion du Hanovre à W Prusse; un ni
« du Nord a incorporé à ses autres ilBb
« une des provinces de l'Empire; le tnité
« de Presbourg a attribné à leurs Majcstîi
«« les rois de Bavière et de Wurtemberg, ^
« à Son Altesse Sérénissinae l'électeur àt
« Bade, la plénitude de la soiiv^'ainelê,
« prérogative que les autres électeurs réA-
« nieraient sans doute, et seraient fondai
« réclamer, mais qui ne peut s*aecdrdcr ■
« avec ta lettre, ni avec I esprit de laeo»
« tttutioa de l'Empire.
« Sa Majesté i'emperewr et rm est doK
« obligé de déclarer qu'il ne reconaait phs
« rexist^ence de la coBststution genaaiiq^
K en reconnaissant néanmoins la sonmér
« nelé entière et absolue de chacoi ^
«< princes dont les États composent aDJo»-
« a'hui l'Allemagne, et en Gonservant •«"(
« eux ks mêmes relations qu'aveclesinti*
« puissances indépendantes de l'Europe.
« Sa Majesté l'empereur et roi a a€OC^
« le titre de protecteur de la confédérêtif^
CON
FRANCE,
€ON
535
« du Rhin, Il ne l'a fait que dans des vues
« de paix, et pour que sa médiation , cons-
« tamment interposée entre les plus faibles
« et les plus forts, prévienne toute espèce
•( de dissension et de troubles.
« Ayant ainsi satisfait aux plus chers in-
« téréts de son peuple et de ses voisins,
cf ayant pourvu , autant qu'il était en lui , à
«< la tranquillité future de l'Europe , et en
« particulier à la tranquillité de rÂllema-
« gne , qui a été constamment le théâtre de
« la guerre , en faisant cesser la contradic-
« tion qui plaçait les peuples et les princes
« sous la protection apparente d'un système
« réellement contraire à leurs intérêts po-
«( litiques et à leurs traités , Sa Majesté l'em-
** pereur et roi espère qu'enfin les nations
« de l'Europe fermeront l'oreille aux insi-
«( nuations de ceux qui voudraient entrete-
cc nir sur le continent une guerre éternelle ;
<c que les armées françaises qui ont passé le
« Rhin l'auront passé pour la dernière fois,
« et que les peuples d'Allemagne ne verront
ce plus que dans l'histoire du passé l'horri-
«t ble tableau des désordres de tout genre,
<t des dévastations et des massacres que la
« guerre entraîne toujours avec elle.
« Sa Majesté a déclaré qu'elle ne porte-
ce rait jamais les limites de la France %vl
«c delà du Rhin. Elle a été fidèle à sa pro-
« messe. Maintenant son unique désir est
« de pouvoir employer les moyens que la
« Providence lui a confiés pour afiranclûr
<c les mei*s , rendre au commerce sa liberté,
« et assurer ainsi le repos et le bonheur au
« monde.
<( Ratisbonne, le i^^ août 1806.
« Signé : Bâcher. «
Cette notip était la déclaration du
traité conclu, dès le 12 juillet précé-
àent, entre l'empereur Napoléon et
plusieurs membres de Tancien Empire
germanique. Cet acte, qui établissait
la coafédération du Rhin, était ainsi
conçu :
Art. I. Les États de Leurs Majestés les rois
de Bavière et de Wurtemberg, de leurs Al-
tesses Sérénissimes les électeurs arcfaichaii'*
celier et de Bade, le duc deBerg et Clèves',
le landgrave de Uesse-Darmstadi, les princes-
de Nassan-Usingen et Nassau- Weilbourg ,
les princes de Hchenzollern-Hechingen et
Hohenzollern-Sigmaringen , les princes de
6alm>Satm et Salm -Kyrbourg , le prince
d'Isenbourg-Birstein , le duc d'Aremberg ,
le prince de Liechtenstein et le comte de
la Leyen, seront séparés à perpétuité du
territoire de l'Empire germanique , et unib
entre eux par une confédération liarticH^èi'e
^sous le nom d^Ét^ts confédérés clti Rhin.
Art. II. Toute k» de l'Empire germanique,
'qui a pu jusqu'à présent con<2emer et obli-
ger Leurs Majestés et leurs Altesses Sérénis-
simes les rois et princes et le oomte dénom-
més en l'article précédent , leurs sujets et
leurs États ou partie d'iceux, s^a à l'avenir,
relativement à leurs dites Majestés et Altes-
tes et audit comte, à le«rs États et sujets res-
pectifs, mille et de nut. effet; saut "néan-
moins les droits acquis à des créanciers et
pensionnaires par te recez de mil huit cent
trois, et les dispositions du paragraphe
trente-neuf dudit recez , relatives à l'octroi de
navigation du Rhin, iesiquelles continue-
ront d'être exécutées suivant leur forme et
teneur.
Art. ill. Chacun des rois et princes eon-
fédérés renoncera à ceux de ses titres qui
expriment -des rapports quelconques avec
l'Empire germanique, et (e premier août
pi'ochain il fara notifier à k diète sa sépa-
ration d'avec l'Empire.
Art. lY. S. A. S. l'électeur archichan-
celier prendra les titres de prince primat el
d'altesse éminentissime.
Le litre de prince primat n'emporte avec
lui aucune prérogative contraire à la pléni-
lune de la souveraineté, dont chacun des
confédérés doit jouir.
Art. V. Leurs Altesses' Sérénissimes l'élec-
teur de Bade , le duc de Berg et Clèves et
le landgrave de Hesse-Darmstaidt pi'endront
le titre de grand-duc. Ils jouiront des droits,
honneurs et prérogatives attachés è Isi di-
gnité royale. Le rang et la prééminent
«nlre eux soat et demeureront fixés confor-
mément à l'ordre dans lequel ils sont nom-
més au présent article.
Le chef de la maison de Nassau prendra
le titre de duc, et le comte de la Leyen le
titre de prince.
Art. VI. Les intérêts communs des Étals
confédérés seront traités dans une diète,
dont le siège sera à Francfort, et qui sera
divisée en deux collèges, savoir : le collège
des rois et le collège des princes.
Art. VIL Les princes devront nécessaire-
ment être indépendants de toute puissance
étrangère à la confédération, et ne pourront
conséquemratot prendre du service d'aucun
genre que dans les Éiati confédérés ou alliés
k la confédération. Cenx qui , éiaftt déjà au
service d'autres puissanees, voudivlit y rcai-
536
€0N
L'UNIVERS.
coir
ter, seront tenus de faire passer leurs pria-
cipautés sur la tèle d'un de leurs enfants.
Art. TIII. S'il arrivait qu'un desdits prin-
ces voulût aliéner en tout ou en partie si
souveraineté, il ne le pourra faire qu'en
faveur de l'un des États confédérés.
Alt. IX. Toutes les contestations quis'élè-
veront entre les États confédérés, seront
décidées par la diète de Francfort.
Art. X. La diète sera présidée par son
Altesse Éminentissime le prince primat, et
lorsqu'un des deux collèges, seulement,
- aura à délibérer sur quelque affaire. Son
Altesse Éminentissime présidera le collège
des rois , et le duc d^Nassau le collège des
princes.
Art. XI. Les époques où , soit la diète ,
soit un des collèges séparément , devra s'as-
sembier, le mode de leur convocation, les
objets qui devront être soumis à leurs déli-
bérations, la manière de former les réso-
lutions et de les faire exécuter , seront dé-
terminés par un statut fondamental , que
Son Altesse Éminentissime proposera dans
le délai d'un mois, après la notification
faite à Ratisbonne, et qui devra être ap-
prouvé par les États confédérés. Le même
statut lixera définitivement le rang entre les
meotbres du collège des princes.
Art. XII. Sa Majesté l'empereur des
Français sera proclamé protecteur de la
coufèdération, et en cette qualité, au décès
de chaque prince primat, il en nommera le
successeur.
Art. XIII. Sa Majesté le roi de Bavière
cède à Sa Majesté le roi de Wurtemberg
la seigneurie de Wiesensteig, et renonce
aux droits qu'à raison de la préfecture de
Burgau il pourrait avoir ou prétendre sur
l'abbaye de Wiblingen.
Art. XIV. Sa Majesté le roi de Wurtem-
berg cède à Son Altesse Sérénissime le
grand-duc de Bade le comté de Bondorf ,
les villes de Breunlingen et de Wiilingen ,
avec la partie du territoire de cette dernière,
située à la droite de la Brigach , et la ville
de Tuttlingen avec les dépendances du bail-
liage de ce nom, situées à la droite du Da-
nube.
Art. XY. Son Altesse Sérénissime le
grand-duc de Bade cède à Sa Majesté le roi
de Wurtemberg la ville et le territoire de
Biberacb , avec ses dépendances.
Art. XVI. Son Altesse Sérénissime le duc
de Nassau cède à son Altesse Impériale le
grand-duc de Berg la ville de Deutz ou
Duyiz, avec son territoire, la ville et le bail-
liage de Kœnigswinter et le bailliage de
Willich.
Art. XVII. Sa Majesté le roi de Bavière
réunira à ses États et possédera en loate
propriété et souveraineté la ville et le terri-
toire de Nuremberg, et les commanderies
de ïlobr et de Waldstetten de l'ordre teuto-
nique.
Art. XVin. Sa Majesté le roi de Wur-
temberg réunira à ses États et possédera en
toute souveraineté et propriété la seigneurie
de Wiesensteig, et les ville, territoire et dé-
pendances de Biberacb, en conséqueoa
des cessions à lui faites par Sa Majesté k
roi de Bavière et Son Altesse Sérénissioe
le grand-duc de Bade ; la ville de Waldsée,
le comié de Schelklingen, la commanderie
de Kapfenbourg ou Laucbbeim , et la com-
manderie d'Alschhausen , distraction faite
des seigneuries d'Acliberg et Hohenfels,et
l'abbaye de Wiblingen.
Art. XIX. Son Altesse Sérénissime ie
grand-duc de Bade réunira à ses États et
possédera en toute propriété et souveraineté
le comté de Bondorf , les villes de Breun-
lingen , Wiilingen et Tuttlingen, les parties
de leurs territoires et leurs dépendanees
spécifiées en l'article XIV, et tels qu'ils loi
ont été cédés par Sa Majesté le roi de Wur-
temberg.
Il possédera en toute propriété la prinor
paute de Ueitersheim, et toutes celles de
ses dépendances situées dans les possessions
de Son Altesse , telles qu'elles seront en
conséquence du présent traité.
Il possédera également en toute propriété
les commanderies teutoniques de Beuggea
et de Fribourg.
Art. XX. Son Altesse Impériale le grind-
duc de Berg possédera en toute souverai-
neté et propriété la ville de Deutz ou Dajtx
avec son territoire , la ville et le bailliage de
Kœnigswinter et le bailliage de Willidi,eB
conséquence de la cession à lui faite par
S. A. S. le duc de Nassau.
Art. XXI. Son Altesse Sérénissime le
O'and-duc deHesse-Darmstadt réunira à ses
Etats le burgraviat de Friedberg, pourk
Sosséder en souveraineté seulement , pes-
ant, la vie du burgrave actuel , et en toute
propriété après ie décès dudit bui^ve.
Art. XXII. Son Altesse ÉminentissiiM
le prince primat réunira à ses États et poi^
sédera en toute propriété et souveraineté
la ville et le territoire de Francfort.
Art. XXIIL Son Altesse Sérénissime le
prince de HohenzoUern-Sigmaringen posiê'
€0X
FRANCE.
CON
537
dera en toute propriété et souveraineté les
seigneuries d'Achberg et de Hohenfels , dé-
peudanles de la commanderie d'Akchhau-
sen , et ]es couvents de Klosterwald et de
Habsthal.
Son Altesse Sérénissime possédera en sou-
veraineté les terres équestres situées entre
ses possessions a<;tuelles et les teiTitoires
au nord du Danube; sur lesquels sa sou-
veraineté doit s étendre en conséquence du
' présent traité, et notamment les seigneu-
ries de Gamertingen et de Heittengen.
Art. XXIV. Leurs Majestés les rois de
Bavière, de Wurtemberg; Leurs Altesses
Sérénissimes de Badé, de Berg et de Hesse-
Darmstadt; Son Altesse Éminentissime le
prince primat ; Leurs Altesses Sérénissimes
les duc et prince de Nassau-Usingen et de
"Weilbourg, de HohenzoIIern-Sigmaringen ,
de Salm-Kyrbourg , d'isenbourg-Birstein ,
et le duc d'Aremberg , exerceront tous les
droits de souveraineté , savoir :
Sa Majesté le roi de Bavière , sur la prin^
cipauté de Schwarzenberg , le comté de
Gastell , les seigneuries de Speckfeld et Wie-
sentheid j les dépendances de la principauté
de Hohenlohe, enclavées dans le margraviat
d'Ansbach et dans le territoire de Rothen-
bourg, nommément les grands bailliages de
Schillingsfiirst et de Kirchberg, le comté de
Sternstein, les principautés d'Œttingen , les
possessions du prince de la Tour et Taxis ,
au nord de la principauté de Neubourg , le
comté d'Edelstetten , les possessions des
prince et comte de. Fugger, le burgi'aviat
deWinterrieden, et enfin les seigneuries de
Buxheim et de Tannhausen , et sur la tota-
lité de la grande route allant de Memmingen
à Lindau.
Sa Majesté le roi de Wurtemberg , sur les
possessions des prince et comtes Truchsess-
Waldbourg , les comtés de Baindt, d'Egloff,
de Guitenzell , de Heybach , dlsny, de Kœ-
nigseck- Aulendorf, d'Ochsenbausen , de
Roth et de Schussenried ei Weisenau ; les
seigneuries de Mitingen et Sulmengen, Neu-
Ravensbourg, Tannheim, Warthausen et
"Weingarten , distraction faite de la seigneu-
rie de Hagnau ; les possessions du prince de
la Tour et Taxis , à Texception de celles qui
sont situées au nord de la principauté de
Neubourg et de la seigneurie de Strasberg
et du bailliage d'Ostrach; les seigneuries de
Gundelfingen et de Neufra ; les parties du
comté de Limbourg-Gaildorf non possédées
par Sadite Majesté ; toutes les possessions
des princes de Hohenlohe , sauf rexception
faite au paragraphe précédent , et enfin la
partie du bailliage ci-devant roayençais de
Krautheim , située à la gauche de la Yaxt.
Son Altesse Sérénissime le grand-duc de
Bade, sur la principauté de Furstemberg
(étant exceptées les seigneuries de Gundel-
fingen , Neufra , Trochtelfingen, Jungnau et
la partie du bailliage de Mioeskirch , située
à la gauche du Danube), la seigneurie de
Hagnau, le comté de Thengen, le landgra-
viat de Klettgau , les bailliages de Neidenau
et Billigheim,Ia principauté de Linange,les
possessions des princes et comtes de Loe-
wenstein-Wertheim, situées à la rive gauche
du Mein (étant exceptés le comté de Loe-
wenstein , la partie du Limbourg-Gaildorf ,
appartenant aux comtes de Lœwenstein , et
les seigneuries de Heubach, de Breuberg
et de Habizheim) ; et enfin les possessions
du prince de Salm^Reiferscheid-Krautheim,
situées au nord de la Yait.
Son Altesse Impériale le grand -duc de
Berg , sur les seigneuries de Limbourg-Sty-
rum , de Bruck , de Hardenberg , de Gim-
born et Neustadt, de Wildenbérg, les com-
tés de Hombourg , de Bentheim , de Steia-
fourt , de Horstmar , les possessions du duc
de Looz , les comtés de Siegen , de Dillen-
bourg (les bailliages de Wehrheim et Bur-
bach exceptés) , et de Hadamar, les seigneu-
ries de Westerbourg, de Schadeck et de
Beilsteîn , et la partie de la seigneurie de
Runkeu proprement dite , située à la droite
de la Lahn; et pour les communications
entre le duché de Glèves et les possessions
susdites au nord de ce duché, Son Altesse
Impériale aura Tusage d'une route à travers
les États du prince de Salm.
Son Altesse Sérénissime le grand-duc de
Darmstadt, sur les seigneuries de Breuberg,
de Heubach, sur la seigneurie ou bailliage
d'Habizheim, le comté d*Erbach, la sei-
gneurie dllbestadt , la partie du comté de
Kœnigsheim possédée par le prince de
Stolberg^Gedern , les possessions des barons
de Riedesel enclavées dans les États de sa
dite Altesse Sérénissime, ou qui leur sont
contiguës , nommément les juridictions de
Lauterbach , de Stockhausen , de Moos et
de Freienstein, les possessions des princes
et comtes de Solms en Wetléravie (à l'ex-
ception des bailliages de Hohensolms, Braun-
feis et Greifenslein) , et enfin les comtéà de
Witigenstein et Berlebourg, et «le bailliage
de Hesse-Hombourg, possédé par la branche
de ce nom , apanagee de Hesse-JDarmstadt.
Son Altesse Éminentissime le prince pri-
538
CON
LTJNIVERS.
CON
nat , s«r les posMMMBs de» pr incai et comtes
de Lœwensteio-WertheiiD, aitoées à la droite
dtt BCeitt, et sur le oonté de Riaeck.
Leurs Altesses Sérénissimes le duc deNa»'
sau-Usingea et |Mriaee de NassAu-Weiibourg^
aNT les biMUiages de Dievdorf , Ahenwied,
Ne«erbo«rg et lar partie du comté du Bas-
|s»mbourg ajpparteoaM au prmce de Wied-
i^nkel* ks poii»tés de Wied-Neuwied et le
Holsapfel, la seigaeurie de Schaombourg,
k comté de Diez et ses dépendaiiGes , la
partie du village de Mûnzfetden appirte-
wmt au prÎBce de Nassau-Fulde, le bailliage
de Wehrheim et de Burbach , la partie de
lai seigneurie de Runkeo située à la gauche
de la Lahot la terre écpiestre de Gran&berg»
et enfifi les bailliages de Hohensolms, de
BiranaSek et de Greifenstein.
Soft Altesse Séréoissime le pciace de Ho»-
henzoHern-Sigmariiigea, sur les seigneuries
dèTrochtelfiDgen, de Juagoau, de Strasberg,
le, bailliage d'Ostracb, et la partie de la sei>*
g«earie de Moeskireb située à la gauche du
Danube.
SoB Altesse Sérénissime le prince de Salm-
liyrbourg , sur la seigneurie de Gehmen.
. Son Ailesse Sérénissime le prince d'Isen-
be«irg-Birsteia&,sur les possessions des comtes
d'Iseuibourg - Budingen , W»6htersbach et
lieerholz , sans que les comtes apanages de
sa branche puissent se prévaloir de cette
slip*ilation pour former aucune prétention
à sa charge»
El son Ailesse Sérénissime le duc d'Arem!<
berg, sur le comté de Dulmien.
Artl XXY. Chacun des rois et princes
confédérés possédera en toute souveraineté
les terres é<|Mestres enclavées dans ses pos-
sessions ; quant aux terres équestres inter-
posées entre deux des États confédérés»
elles serout partagées, quant à la souverai-
neté entre les deux Etats , aussi également
qne Êiire se pouiTa, mais de manière à ce
qu'il n'en résulte ni. morcellement, ni mé*
lange de territoire.
Art. XXVI. Les droits de souveraineté
sont ceux de législation ^ de juridiction su-
prême, de haute police, de conscription mi-
tttaire ou recrutement , et d'Impôts.
Art. XXVIL lies princes ou comtes ac-
tueUement régoants conserveront chacun ,
^1^wvto<> propriété nationale et privée, tous
les domaines sans exception qu'ils possé-
dait maintenant y aiosi que tous les droits ,
seigneuriaux et féodaux, non essentielle^.
nient inhérents à la souveraineté, et notam-
ment les droits de basse et moyenne juri-
diction en matière civile et eriminelle, de ju-
ridiction et de police forestière, de chasse, de
pèche, de mines, d'usines, de dîmes et
prestations féodales, de patronage et, autres
semblables, et les revenus provenant desdits
domaines et droits.
Leurs domaines et biens seront assimilés,
quant à l'impôt, aux domaines et biens des
princes de la maison sous la souveraineté
de laquelle ils doivent passer, en vertu da
présent traité ; ou si aucuns des princes de
ladite maison ne possédaient d'immeubles,
aux domaines et biens de classe la plus pri>
vilégiée. Ne pourront lesdits donoaines et
droits être vendus à un souverain éiranger
à la confédération, ni autrement aliénés, sans
avoir été préalablemento£ferts.au prince sont
la souveraineté duquel ib setrouTcnt placésL
Art. XXVUL En matière crinaineHe, les
{>rinces et comtes actuellement régnants ft
eurs héritiers jouiront des droits d'auslre-
gués, e'est-à-due, d'être jugés par lean
pairs; et dans aucun cas la confiscati<ia et
leurs biens ne pourra être prononcée m
avoir lieu, mais les revenus pourront être
séquestrés pendant la vie des condanmés.
Art. XXIX. Les Étals confédérés oontoi-
hueront au payement des dettes actuelles
des cercles , non-seulement pour leurs poi-
s,essions anciennes , mais aussi pour les ter-
ritoires qui doivent être-respectivenient son-
mis à leiup souveraineté.
La dette du cercle de Souabe sera à b
charge de lieurs Majestés les rois de Bavièi«b
de Wurtemberg, de Son Altesse SéréncnÎBt
le grand-duc de Bade, et de Leurs Altesses
Sérénissimes les princes de HohenzoUen-
Hechingen et Sigmaringen, de Lichtensleia
et de la Leyea ; et divisée entre eux «^n»
la proportion de ce que chacun desdits rail
et princes possédera dans la Souabe.
Art. XXX. Les dettes propres de chaqm
principauté, comté ou seigneurie passait
sous la souveraineté de l'un des États oo»-
fédérés, seront divisées entre ledit État et
les princes et comtes actuellement régnanU)
dans la proportion des revenus que ledit
État doit acquérir et de ceux que les prÎBOfli
ou comtes doivent conserver d'apràs wa sti-
pulations ci-dessus.
Art. XXXI. Il sera, libre aux princes ei
comtes actuellement régnants , et à leurs ht
ritiers, de fixer leur résidence partout oè
ils le voudront, pourvu que cesoitduia nnda
États membres ou alliés de la eonfédéntioa
du Rhin , ou dans les possessions qu'ils oo»*
serveiront en souveraineté hors du territoût
œN
FRANCE.
CON
539
de la cMifêdératicKi^ et de retirer teurs. re-
venus ou leurs capitaox, saas pouvoir être
assujettis pour cette cause à aucun droit ou
iwDÔt mi^Icoaque,
Art. XXXtl. Les individus enaplojjés dans
Tadmiaistratioa publique des principautés,
comtés ou seigneuries, qui doivent, en vertu
du présent traité, passer sous la souverai-
neté de Fim des États confédérés, et que te
souverain ne jugerait pas à propos de <ion-
serrer dans teurs emplois , jouiront d'une
pension de retraite égale à celle que les loi»
o« règlements de TÉtat accordent aux offt-
eiers du même grade.
' Art. XXXIII. les membres des ordres
imlitairesoor^ieux qui pourront être, eiK
conséquence du préseut traité, dépossédé»
•u séeiiliurisés, recevront t^ae pension an-
Qiielle et viagère^proportionnée mx revenu»
dont ils jouissaient, à leur dignité et à leur
âge , et hypothéquée sm* les biens dont ib
étaient usufruitiers.
Art. XXXIV. Les rois, grands-ducs, ducs
et princes confédérés renoncent, chacun
d'eux pour soi y^ ses héritiers et successeurs,
à tout droit actuel qu'il pourrait avoir ou
prétendre sur les possessions des autres
membres de la confédération , telles qu'elles-
9ont et telles qu'elles doivent être, en con-
aéquenoe du présent traité ; les droits éven-
tuels de succession demeurant seuk résér- .
vés, et pour le eas seulement où viendrait
à s'éteindre la luaisûn ou la brandte qui
possède maintenant, ou doiti en vortii dn
présent traité y posséder en souveraineté les
territoires, domaines et biens soi* lesquels
les susdits droits peuvent s'étendre.
* Art. XXXV. Il y aura entre l'empire
français et les États confédérés du Rhin,
collectivement et séparément, une alliance,
en vertu de laquelle toute guerre continen-
tale, que l'une des parties contractantes au-
rait à soutenir, deviendra immédiatement
commune à toutes les autres.
Art. XXXVI. Dans le cas eu une puis-
mnee étrangère à l'alliance et- voisine arme-
rail, les hautes parties contractantes, pour
ne pas être prisés au dépourvu , armeront
pareillaméat, d'après la demande qui en
sevft fiiite par le ministre de l'une d'elles à
Francforts
Le contingent que chacun des alliés devra
fournir, étant divisé en quatre quarts, la
diète déterminera combien de quarts devront
être rendus mobiles ; mais l'armemenl ne
sera effectué qu'en conséquence d'une invi-
tation adressée par Sa Majesté l'empereur
et roi à ekactine des puissances alliéed.
Art. XXXVII. Sa Majesté le roi de Ba-
vière s'engage à fortifier les villes d'Aogs-
bourg et de Lindau , à former et entretenir
en tout temps dans la première de ces deux
places , des établissements d'artillerie f et à
tenir dans la seconde une quantité de fusib
et de munitions suffisante pour une réserve,^
de même qu'à avoir à Augsbourg des bou-
langeries, pour qu'on puisse confectionner
une quantité de biscuits , teMe qu'en cas de
guerre, la meordie des armées n'éprouve
pas- de reta«»d.
ArtL XXX VIB. Le contingent à Iburnir,
par ckacttft des altiés pnur le cas de guerre ,
est fixé comme il suit : la France fournira
deux cent mille hommes de toutes arines ,
le royaume de Bavière trente mille komues
de toutes armes , le royaume de Wurlem*
berg douze mille, le ^and-duehé de Bade
huit mille, le graûd-duc de Berg cinq milie^
le grand-duc de Darmstadt quatre raille.,
Leurs Altesses Sérénissimes le duc et prince
de Nassau avec les autres princes confédérés
fourniront un contingent de quatre mille
hommes.
Art. XXiïX. Les hautes parties con-
fraclBStes se' réservent d'admettre par la
suite dans la nouvette eonfêdération d'au-
tres princes et État» d'Allemagne qu'il sera*
trouvé dé l'intétèt commua d'y admettre.
Art. XL. Lea ratifications du présent
traité seroni échangées à Munich , le vingt-
cinq juillet de la présente année.
Fadt à Pa^i&, le 13 juillei ifto6^.
Suivent les sfgruBftures^
Ainsi', toQt le stid-ouest de TAUe*»
ma^ae, aceomplissaitô te schisme po-
litique eommeflcé, après le traité de
Westpbalte , par la confédération rhé*
nane, se séparait du iK>jrdy où demi**
mit la Prusse, et de Test tout entier
au pouvoir de TAutriche. Napoléon
avait voulu qu'il y eût dan» l'Allemagne
même une alliance permanerUe contre
TAutriclie et contre la Pmsse, et il
réussit à la former.
Lê6aoûtl806,(|uatrejourSfaprès que
Iqs souverains eonfédérés eurent» pr
l'organe du ministre de France, notifé
à la diète de Ratisbonne leut aete de sé-
paration , François U abdiqua le titre
d'eaipjereur d'Allemagne et de rot des
RoiKkaÂns. Il se vit eoatra<kit de rch
cennaître quQ les liens <|ui l'avaient
attaché à l'empire germanique étaient
540
CON
L'UNIVERS.
cox
rompus , et, de délier les électeurs ,
princes et États de leurs devoirs en-
vers lui ; trop heureux de pouvoir in-
corporer ses provinces allemandes à ses
Ëtats autrichiens et commencer, sous
le nom de François F", la série des em-
Sereurs d'Autriche. Après mille ans
'existence , le saint-empire créé par
Charlemagne venait d'être détruit par
le fondateur de Fempire français.
Mais le véritable but de rïapoléon
était bien moins de renverser l'empire
germanique que de le reconstituer à
son proOt, sur le modèle de l'empire
de Charlemagne. S'il avait seulement
voulu former une Allemagne libérale
{)our tenir en respect la Prusse et
'Autriche et 'les entraîner dans le
mouvement de la civilisation, il aurait
donné plus de vigueur et plus d'u-
nité à la confédération dullhin. Mais
la division de cette ligue entre seize
princes allemands empêchait qu'elle
n'eût ^une force qui lui fût çropre, et,
par suite, une véritable indépendance;
aussi ne fut-elle qu'un instrument entre
les maius de la France, au lieu d'être
une puissance capable de maintenir
l'équilibre germanique.
Dans la suite , la confédération du
Rhin vit grossir ses rangs , pour ainsi
dire, après chaque victoire des armées
françaises.
De 1^6 à 1813, Napoléon lutta
contre la Prusse et l'Autriche , étendit
la confédération dont il était le chef,
en y faisant entrer de nouveaux mem-
bres , et remania le nord - ouest de
l'Allemagne , comme il avait déjà fait
dans le sud-ouest , en y créant un
royaume pour un de ses frères. En ef-
fet', le 25 septembre 1806, l'archiduc
grand-duc de Wurzbourg accéda à la
confédération du Rhin ;ïe roi de Saxe,
le 11 décembre 1806; lesducsdeSaxe-
Weimar, de Gotha , de Meinungen ,
Jiildburghausen et Cobou^g ; de Meck-
lenbourg -#Schwerin et Strélitz; de
Holstein- Oldenbourg ; d'Anhalt-Des-
«au, Bernbourg et Goethen ; de Lippe-
Detmold et Scnaumbourç; de Reuss-
Greiz, Schleiz, Lobenstem et Ebers-
dorf; de Schwarzbourg-Rudolstadt et
Sondershausen, et de Waldeck , le 15
décembre 1806. Ces accessions étaient
le résultat de la défaite des Prussiens
à léna et à Auerstaedt. En 1807, letraité
de Tilsit fit entrer dans la confédératioa
le royaume de Westphalie et le royaume
de Saxe , formés avec les provinces
enlevées à la Prusse. Les projets de
domination que nourrissait 1 empereur
sur " l'Allemagne devinrent alors de
plus en plus évidents. Le royaume de
Westphalie fut donné à Jérôme Bona-
parte ; déjà un autre prince français,
Murât , avait reçu le. grand-ducbé de
Berg et de Clèves. En 1809 , la coo-
fédération du Rhin- fut encore aug-
mentée , et, en 1813, époque de sa
dissolution , elle comptait trente-(p
tre États, dont les principaux étaient
le royaume de Saxe avec le grand-
duché de Varsovie, les royaumes ée
Bavière, de Wurtemberg et de ÎV^À-
phalie, les grands -duchés de Baéty
de Berg- Clèves y de Hesse-Darnistoât,
de ff^urtzbourg et de Francfort,
Le souverain du grand - duché de
Francfort avait le titre de jwinccpri-
matj et présidait le collège des ràif
composé des princes qui gouvernaient
les principaux États faisant partie de
la confédération. Les autres Étais
beaucoup moins considérables for-
maient le collège des princes, qui était
présidé par le duc de Nàssau-Usingei,
et comptait vingt-quatre États.
Les événements qui , en 1814, d»8-
gèreiTt la face de l'Europe, amenèrentli
dissolution delà confédération du BIbBi
dont tous les princes, à l'excepliondi
roi de Saxe , avaient accédé succesfr
vement à la coalition , à mesure ç
nos troupes se retiraient vers w
frontières de France. Après les traita
de 1814 et de 1815, il se fonni;
Vienne une nouvelle confédératioB^
prit le titre de confédération goB*'
nique. ^
Le système politique que suivît Iv*
poléon dans ses relations avec la en*
fédération du Rhin contribua fajjj
ment à sa chute , car il fut le priaOF
motif de la défection de rAllan^
C'était une grande et belle pensée^
d'élever, sur les ruines de l'empire j^
manique , soutien décrépit do r^
j
CON
FRANGE^
COJS
64ft
féodal , une ligue des États allemands,
qui sentaient le besoin d'une grande
réforme politique , en harmonie avec
les progrès de la civilisation française;
en ce sens ^ la création de la confé-
dération du Rhin ne saurait recevoir
assez d'éloges. Au centre de la vieille
Allemagne, entre les gouvernements
despotiques de TAutriche et de la
Pcusse, naissait une jeune Allemagne,
prête à soutenir la France dans la croi-
sade qu'elle avait entreprise pour la
régénération de TEurope. Mais si tel
fiit le projet de Napoléon , lorsqu'on
1806 il jeta les premiers fondements
de la confédération du Rhin , il faut
convenir que déjà il avait trop restreint
le champ de la liberté , et donné trop
de latitude à son ambition person-
nelle , pour que le Succès répondît à
son atteinte. A cette époque , il com-
mençait à renier la liberté , Tégalité et
le progrès ; à ses yeux , la civilisation
c'était bien moins les améliorations
sociales , pour lesquelles la révolution
avait fait de si terribles sacrifices , c|ue
la conquête de TEurope , la centralisa-
tion de tous les Ëtats autour de son
trône impérial. Cette unité, que la ré-
volution avait rendue au peuple fran-
çais , pour qui elle était un bien
inappréciable , il voulait Timposer à
tout le continent européen , dont elle
aurait retardé plutôt que hâté le dé-
veloppement. En effet, pour parvenir
à une fusion générale, il fallait que
le nouveau régime fît non-seulement
des concessions , mais encore des sa-
crifices à 1 ancien; autrement comment
mettre un terme à la lutte du despo-
tisme régnant dans les Ëtats du Nord,
avec les sentiments de liberté qui ani-
maient l'Eurone méridionale? La force
du sabre , voilà le moyen à l'aide du-
quel l'empereur voulut réunir sous un
tnêtne joug , sous le sien , les éléments
si divers qui avaient creusé un abîme
entre la féodalité du moyen âge et la
révolution française. Prenant à l'une
sa noblesse héréditaire , à Tautre
quelques-unes de ses innovations les
moins importantes, il essaya de gref-
fer ces emprunts sur le tronc de l'ab-
solutisme militaire , et il se crut assez
fort pour donner toujours à son System
me personnel la sanction de la victoire.
Aussi, dès l'origine, il y eut un
malentendu entre lui et la confédéra-»
tion du Rhin. Les Allemands, une par-
tie du moins , virent avec satisfaction
tomber le saint-empire qui entravait
Tessor de leur développement. Sous
les auspices de leur nouveau protec-
teur , ils se flattèrent de restaurer la
nationalité allemande et de devenir le
centre de cette nationalité. Napoléon ,
au contraire , ne les aj^pelait à l'indé-
pendance aue pour les affranchir de la
tutelle de la Prusse et de TAutricbe ;
en les opposant avec habileté à ces
deux puissances , il espérait assez af-
faiblir TAllemagne pour en faire un
jour une province française.
Le seul point sur lequel il y eut ac-
cord^entre lui et les peuples de la
confédération , nous ne parlons pas
des princes qui , pour la plupart, sui-
vaient les calculs de l'intérêt dynasti-
.que, c'était la destruction du saint-
empire. La ruine de ce i^ieil édifice, usé
par le temps, fut aussi le seul résultat
qui survécut à l'alliance de la confédé-
ration avec l'empire français. Les Al-
lemands ne taraèrent pas à s'aperce-
voir que leur prétendu protecteur
n'était qu'un nouveau Cromv«^ell. Tant
^u'il fut le plus fort , ils subirent le
joug en murmurant; mais aussitôt
que la fortune des armes se déclara
contre lui, ils l'abandonnèrent, et, des
rangs de son armée, ils passèrent dans
ceux de la coalition des rois. Seul , le
roi de Saxe, malgré ses propres sujets,
lui demeura fidèle.
Cette défection, qui assura le triom-
phe de la Russie et de l'Angleterre,
n'aurait pas eu lieu si Napoléon avait
sincèrement favorisé le réveil de la
nationalité allemande ; si , au lieu de
confondre, dans une même armée, les
troupes de la Prusse et de l'Autriche
avec celles de la confédération du
Rhin, il avait créé une Allemagne li-
bérale à côté de l'Allemagne absolu-
tiste. Ce n'est donc pas contre leur
protecteur que les Allemands se sont
soulevés , c'est contre le conquérant
qui plaçai]; des princes français sur
T. V. 35* lÀoraison. (Dict. sngycl. , btc.)
35
i4è
é^
L"tîmVERS.
téH
le trdijie de§'£iât8 germaniques', ee
n>st pas ]é libérateur de rEurope
qu'ifs ont trahi , c>st l'homme qui,
ajant juré de fe devenir, préféra ré-
gner en dietatenr sur les peuples et
sur les rois , l'homme qui ne craignit
pas de trahir lui-même la révolution
qui l'avait porté au faite du pouvoir,
et que tout son génie ne pourra ia-
mais faire absoudre de ce parricide.
Conférence. — Entre les diverses
significations de ce mot, nous ne par-
lerons que de oelies qui ont rapport à
notre histoire.
Les conférences sont des assemblées
politiques dans lesquelles les ministres,
ambassadeurs, chargés de pouvoirs,
etc., discutent les intérêts des souve-
xains qui les y ont envoyés , et résol-
vent les questions qui ont donné lieu
à leur réunion. On connaît les oonfé-
rences gui eurent lieu en 1659, entre
le cardmal Mazarln et don Louis de
Haro , dans l'île des Cygnes , sur la
Bidassoa, et qui amenèrent la paix des
Pyrénées et le mariage de Louis XIV.
Une conférence est aussiune entrevue
entre deux souverains. Telle fut celle
iqui eut lieu les 25 et 26 octobre 1807,
entre les empereurs Napoléon et
Alexandre, et qui eut pour conclusion
la paix de Tilsitt.
Sous l'ancienne organisation judi-
ciaire, tes diverses compagnies étaient
quelquefois obligées de se réunir en
conférences pour terminer les diffé-
rends qui s'élevaient entre elles à l'oc-
casion de leurs juridictions, et il arri-
vait souvent que ces assemblées don-
naient lieu à de nouvelles difficultés
qui retardaient la solution des pre-
mières, et compliquaient les questions
que l'on avait à résoudre. Aujourd'hui
que les lois ont nettement défini les
attributions des tribunaux, les conflits
sont tr^s-rares entre eux, et quand il
en survient par hasard , ils sont jugés
par la cour suprême.
Les conférences sont aussi des as-
semblées de magistrats ou d'avocats,
ayant pour but la discussion de points
de jurisprudence difficiles , nouveaux
ou peu connus. Ces assemblées ont par
fois aussi pour but la réforme des lois
anciennes et là rédaction de nouteaax
règlements. Oh v Suit la marche adop*
tée en matière de plaidoiries dans las
cours et tribunaux. Les conférences
ont principalement pour fout d'ins-
truire les jeunes avocats , de leur ap-
prendre à discuter les questions les
plus importantes , et à connaître la
juste portée des lois. Avant la révohi-
tion, il se tenait des conférences sem-
blables près de chaque parlement;
nous ignorons si aujourd'hui 11 s'en
tient ailleurs qu'à Paris.
A l'école normale, on a|>pelle de œ
nom des discussions scientifiques soa-
ievées entre les élèves sous la directido
et la présidence d'un professeur ap-
pelé maître de conférences.
En langage religieux , on appelle
conférence des disputes familières et
arrangées d'avance, oui ont Heu pu-
bliquement dans une ^lise entre deox
docteurs, l'un partisan de la bottoe
cause et de la sévérité des principes»
l'autre défenseur des maximes nM-
chëes du monde , et reproducteur des
argumentations de l'incrédulité; cehà-
cl s'appelle Vavocatdu diable. Il péri
toujours sa cause, et c'est justice : car
d'ordinaire il défend pitoyablement îftà
client. On voit bien qu il .e.st nonné
d'office. L'abbé Frayssinous, éq/A
évéque d Hermppolis et ministre éi
roi sous la restauration , s'était fiît,
avant de parvenir aux dignité , vie
brillante réputation , jpar des ièMè'
rences qu'il avait établies à Sainli-Sai*
pice.
Confession. — C^est une qoeate
encore controversée que celle de M-
voir si la confession a été en usage Â
la naissance du christianisme ,- et i
elle tire son origine de celle qui étH
imposée aux néophytes dans les iiritf^
tions anciennes, V ou si, telle ^iif^
existe aujourd'hui , elle date "*~~^
époque beaucoup plus mocforÂe.
qui admettent la première vc
s'appuient d'un grand nombre de
sages des Pères de l'Ëglise, M
ment de ces paroles de saint MH:
« Confessez-vous les uns aux aâMikf
Ceux qui adoptent la version oontnlii
prétendent que ces paroles ne €wS^
€09
FRAÉCE.
€OS
547
fient qu'aux hommes attachés au ser-
vice des autels, et que, jusqu'au temps
de Louis le Jeune, la confession ne
fut d'obligation que pour les clercs.
Cette dernière opinion nous paraît
fort hasardée, car le second canon du
concile de Leptine, tenu en 743, en-
joignait à chaque commandant mili-
taire de se faire accompagner, en
temps de guerre, d'un prêtre pour re-
cevoir les confessions des soldats et
leur imposer des pénitences. On sait
en outre que, sous Louis le Gros, lors
de l'institution des milices communa-
les, les curés suivaient leurs paroissiens
à l'armée pour les prêcher, les confesser
et les assister à la mort.
On a longtemps parlé des confes-
sions faites à haute voix; et, faute
de bien comprendre les diverses signi-
fications du mot confessiOj on s'est
imaginé que les pénitents s'accusaient
{)ubBquement, et en présence de tous
es fidèles, des fautes qu'ils avaient
commises. Il en a été ainsi quelquefois
sans doute; mais ce n^a été que par
suite d'un abus. Dans l'origine, la con-
fession publique était tout simplement
la récitation du Confiteor. Le pénitent
s'accusait d'avoir péché d'une manière
générale et absolue, et sans entrer
dans le détail de ses fautes. Dans là
suite, quelques hommes, plus scrupu-
leux que les autres , crurent donner
une preuve d'humilité en racontant
leurs péchés avec toutes les circons-
tances qui les avaient accompagnés ;
et les prêtres adoptèrent volontiers
une pratique qui les initiait aux se-
crets les plus intimes des individus et
des femilles, et, pour enipécher les
scandales dont ces révélations publi-
ques étaient souvent la cause, ils ima-
ginèrent la confession secrète', telle
qu'elle est en usage aujourd'hui.
Autrefois les confessions n'étaient
pas aussi fréquentes , même dans les
couvents, qu'elles l'ont été depuis.
Dans la narration d'une visite pasto-
ijile qu'Odon , archevêque de Rouen ,
fit, en 124S, dans son diocèse,, on lit
que les religieuses de Saint-Âmand
n'étaient pas tenues de se confesser
plus de cinq fois par ah. Dans la même
narration , l'archevégue rapporte qu'il
trouva dans les environs de Saint-Lô
neuf prêtres qui ne confessaient qu'une
fois l'an, et qu'il leur enjoignit de re-
nouveler annuellement quatre fois cet
acte de religion.
Ce fut toujours à un prêtre (jue les
Ï)énitents durent faire la révélation de
eurs fautes. Cependant cette règle
générale eut des exceptions. Des ab-
besses obtinrent ou usurpèrent le pou-
voir de confesser leurs religieuses, de
leur imposer des pénitences et de les
absoudre. Quand on manquait de prê-
tres, que le danger était pressant, et
qu'il y avait risque qu'un malade mou-
rût déconfèSy un laïque pouvait remplir
les fonctions de confesseur. C'est ce
que permirent, en 1248, les statuts
synodaux de l'église de Carcassonne.
Cum îmminet mortis periculum , nec
potest habere proprium sacerdotem,
in quo casu, si alii defuerint, potest
etiam lalco confiterî, Joinville, dans
la Fie de saint LoulSy nous fournit en
ces termes une nouvelle preuve de cet
usage : « Messire Gui d'Ybelin, connes-
« table de Chypre, s'agenoilla en coste
« nioy et se confessa à moy, et je li
ft dis : Je vous absolz , de tel pooir
« comme Dieu m'a donné. » Lors de
la proscription des templiers, ces che-
valiers, auxquels on refusait les se-
cours spirituels, se confessèrent les
uns aux autres , et se donnèrent mu-
tuellement l'absolution avant de mar-
cher au supplice.
Mais quand un laïque avait reçu la con-
fession d'un mourant, il était tenu de
la reporter à un prêtre, et d'accomplir
la pénitence qui aurait été imposée au
pénitent s'il eût survécu. On lit dans
des lettres de rémission de 1474: « Le
suppliant mena le blessé dehors la
maison, en l'admonestant de son salut,
et lui priant, en l'onneur de Dieu,
qu'il se confessast et ne mourust point
sans confession, et que s'il vouloit se
confesser à lui, qu'il s'obligeoit à dire
sa confession à bouche de prestre, et
de faire la pénitence pour lui. »
Longtemps on refusa aux criminels .
condamnés à mort la consolation de
se confesser avant de subir leur arrêt,
S48
CQH
LUniYEBS.
et Ton croît eomBranémeiit qae ce fot
Qiarles VI qui la leur aecorda. On
est dans Terreur. Ce prince ne fit qae
confirmer et étendre an usage qui
commençait à s'introduire avant lui.
En effet,* les statuts synodaux de l'é-
glise de Castres ordonnèrent, en 1358,
aux pasteurs ordinaires, d'avertir, et,
au besoin, de contraindre par les cen-
sures ecclésiastiques , les juges et les
seigneurs temporels de mettre les
criminels condamnés à même de se
confesser, et à cet effet, de leur en-
voyer des confesseurs s'ils le deman-
daient ; et on lit dans le registre de
l'hôtel de ville d'Abbeville, dit le Livre
nmge, sous la date de 1366 , « ^e se
depuis le criminel reaueroit avoir con-
fession , que prestre li fut baillé pour
le confesser, et pour che fu ledit Jehan
confessé au gibet par un prestre. »
Quand la corruption et la vénalité
eurent fait irruption dans le clergé,
comme dans tous les autres ordres de
l'État, la confession , comme tous les
autres sacrements et cérémonies reli-
gieuses , ne s'accorda qu'à prix d'ar-
gent , et ce qui avait été dans l'origine
une offrande volontaire devint une taxe
que le clergé exigea avec beaucoup de
rigueur. Des lettres de rémission de
1476 parlent d'un nommé Havart cpii
< demanda à icelui Thomassin cinq
solz et demy à prester, pour soy con-
fesser et oraonner à Pasques. »
Le produit des confessions fut sou-
vent un sujet de contestation entre
les évéques , les abbés et les curés de
paroisses; et il nous reste des actes
nombreux de transaction qui l'attri-
buent soit aux uns , soit aux autres ,
notamment un accord de 1254, entre
je doyen de Saint-Giermain FAuxer-
rois et le curé de Saint- Ëustache, par
lequel il fut convenu que les deux pré-
tendants partageraient, entre autres
produits, celui des confessions. La
question de savoir si ce produit appar-
tenait au commendataire ou au des-
servant du bénéfice, donna lieu à des
milliers de procès , qui furent jugés
tantôt dans un sens , tantôt dans un
autre, suivant les circonstances. Un
des obstacles les plus sérieux que les
ordres mendiants rencontraient quand
ils voulaient s'établir quelque part, ve-
nait de la pratique observée par eux
de s'attribuer le produit des eonfcs-
sions , et même d'en faire l'abandon
aux pénitents. Quand les confessions
forent gratuites, les chefs de paroisses
se montrèrent beaucoup plas aooom-
modants, et acceptèrent volontiers des
auxiliaires qui ne leur coûtaient plus
rien. Alors aussi l'obligation de se
confesser quatre feis l'an fut réduite
à une seule, le jour de Pâques.
La confession fut souvent une
source de graves désordres. Cette com-
munication intime d'un homme avec
un autre fut dans tous les temps, entre
les mains du clergé , un dangereux le-
vier politique. « Ceux qui travaillèrent
le plus efiacacement à rétablissement
de la ligue , furent , dit de Thon , les
confesseurs , qui développaient à l'o-
reille de leurs pénitents ce que les
prédicateurs n'osaient pas clairement
exposer en public; ceux-ci, en effet,
s'abstenaient de nommer les person-
nes, dans la crainte d'être punis ; mais
les confesseurs , abusant da secret de
leurs fonctions, n'épai^naient ni le
roi, ni ses ministres, et au lieu de con-
soler par des discours de piété œox
qui s'adressaient à eux, ils leur rem-
plissaient l'esprit de faux bruits, et
mettaient leur conscience à la torture
par des questions embarrassantes et
par mille scrunules. Par le même
moyen, ils fouillaient dans les secreli
des familles , soutenaient que les
sujets pouvaient former des associa*
tionssans l'autorisation du prince, les
entraînaient dans cette funeste ligne,
et refusaient l'absolution à ceux qâ
ne voulaient point en faire partie. Oi
porta des plaintes contre ces eonftt-
seurs séditieux, continue le même au-
teur, on leur enjoignit de ne pas abu-
ser ainsi de (a sainteté de leur mini^
tère. lis ne changèrent pas , ils forerit
seulement plus circonspects, et Insti-
tuèrent ce dogme nouveau, que le pé>
nitent qui découvre ce que lui a dit
son confesseur est aussi ooupaNe on
le confesseur qui révèle la '
de son pénitent. »
GON
FRANCE.
CON
6t9
Après la conversion de Henri IV et
sa reconnaissance en qualité de roi de
France et de Navarre, la haine que le
clergé portait à ce prince ne s'éteignit
pas dans tous les cœurs. Dans piu-
^ sieurs paroisses de Paris, notamment
à celle de Saint-André-des-Arts , les
prêtres refusaient d'admettre à la con-
fession ceux qui s'étaient réjouis de
son entrée dans la capitale. Mais cette
ténacité dans des sentiments que dé-
fend la religion alla plus loin, et plus
(l'un assassin, chancelant avant la per-
pétration du crime, put aller cherchier
auprès du confesseur à qui il avait
confié son dessein, des encouragements
qui lui rendirent des forces, et des ar-
gumentations qui levèrent ses scru-
pules.
L'influence des confesseurs fut quel-
quefois très-puissante dans Tesprit des
rois; aussi les jésuites étaient-ils très-
empressés de faire obtenir ce titre à
l'un d'eux. Cette confiance accordée
par le chef de l'État à un homme qui,
par sa position et par le serment qu'il
avait prêté, était obligé de tout révéler
au général de son ordre, même les
secrets qui n'étaient pas les siens , de
quelque manière qu'ils fussent parve-
nus a sa connaissance , livrait la poli-
tique du royaume à la merci d'un
étranger, et eut souvent des suites
' désastreuses. Pour n'en citer qu'un
exemple, nous dirons que c'est au jé-
suite le Tellier, confesseur de Louis
XIV, que furent dus les persécutions
religieuses du dix- septième siècle , la
révocation de Fédit de Nantes , l'exil
de tant de familles riches et indus-
trieuses, et la révélation de tant de
secrets dans les arts que Ta France
avait nossédés seule jusqu'alors.
Il mt toujours sévèrement défendu
par les lois ecclésiastiques, et même
par les lois civiles, aux prêtres de ré-
véler, même à la justice, ce qui leur
avait été confié au tribunal de la pé-
nitence. Plusieurs d'entre eux ont été
réprimandés, interdits, dégradés, et
même punis de mort, pour avoir rompu
sur ce point le silence que leur minis-
tère les oblige à garder. Aussi, quand
un ecclésiastique est appelé en témoi-
gnage , s'il dit que pour répondre
a la question qu'on lui adresse, il se-
rait dans la nécessité de révéler ce
qu'il a appris en confession, il n'est
f»lus fait d'instances sur ce point, et il
ui est permis de conserver le secret
qui lui a été confié sous le sceau d'un
sacrement.
Confiscation. — C'est le nom par
lequel on désigne l'adjudication oes
biens d'un particulier au profit du fisc,
pour cause de crime, de contravention
ou de délit. La peine de la confisca-
tion, fréquemment employée sous les
premiers empereurs romains, fut en*
tièrement abolie par Justinien. Un
édit rendu en 630 par DagobertP%
sur l'observation du dimanche, est le
premier document où il en soit fait
mention chez nous. Cet édit défendait
de voiturer par terre le dimanche, sous
peine de la confiscation du bœuf attelé
du côté droit. On connaît une ordon-
nance semblable rendue par Pépin et
promulguée, suivant l'opinion la plus
f)robable, en l'année 744. Cependant
a confiscation pout cause de crime
ne s'est définitivement établie en
France que sous Phi lippe- Auguste, qui
rétendit des fiefs aux grands alleux, à
toutes les espèces d'héritages, et même
aux effets mobiliers du criminel ; c'é-
tait, on peut le dire, une législation de
circonstances et qui servit merveilleu-
sement l'esprit envahisseur de la
royauté. Toutefois, dès le commence-
ment de la régence de Blanche de Cas-
tille, les seigneurs se plaignirent que
les confiscations, en retombant sur les
enfants des condamnés, ne frappaient
que des innocents, et ils demandèrent
que, suivant l'ancienne coutume, on
restituât aux familles les biens confis-
qués. Mais la reine, dans une assem-
blée tenue en 1227« ne leur accorda
qu'une partie de leurs demandes.
La confiscation n'était pas appli-
?|uée de-la même manière dans les dif-
érentes provinces du royaume. A
Yillefranche , en Périgord, les biens
d'un homme condamné à mort comme
meurtrier appartenaient au roi, les
dettes payées préafabiement ; le fisc ne
prenait que dix livres sur ceux de
4»
cox
L'UNIVERS.
CON
rhooime pendu pour crime de vol ; le
reste passait aux héritiers.
A Langres, la veuve d'un homme
condamne au dernier supplice repre-
nait ses biens et son douaire. Si cette
peine frappait une femme, Tévéque
ayait droit à une part dans les biens
du mari.
Pans les pays de droit écrit, la con-
fiscation n'avait lieu que pour le crime
de lèse-majesté divine et humaine. Ce-
pendant le parlement de Toulouse rap-
pliquait en plusieurs autres cas , sauf
réserve, au profit des enfants, de la
moitié ou du tiers des biens.
(.a confiscation pour crime, à la-
quelle tant de favoris des rois durent
leur immense fortune , fut abolie dans
toute la France par la loi du Ht jan-
vier 1790; mais elle fut rétablie le 30
août 1793, par une loi que complétè-
rent celles dfu 19 mars 1793 et du 1*"
brumaire an ii.
Le Gode pénal de 1810 appliqua la
confiscation au crime d'attentat contre
la sûreté de l'État et à celui, de fausse
monnaie. Mais Napoléon fit toujours,
en faveur des enfants du condamné»
remise de cette peine, qui fut enfin
abolie par la charte de 1814. La con-
fiscation pour cause de contravention
subsiste encore, et probablement elle
restera toujours en vigueur.
CoNFLANS. — Ce bour^ de l'ancien
4uché de Bar, aujourd*hiy chef-lieu de
canton du département de là Moselle,
était autrefois défendu par un château
fort, construit en 1170 par Thierry,
évêque de Metz. Ce diâteau fut pris
par les Messins en 1354, rendu peu de
temps après au duc de Bar, assiégé
sans succès par le duc de Bourgogne
en 1546, et pris par le maréchal de
Vieille ville en 1552.
CoNFLÀNS (traité de). — Ce traita,
signé en 1465, termina la guerre du
bienpublic. Trente-six commissaires fu-
rent nommés par Louis XI pour ré-
former les abus dont les princes s'é-
taient plaints. Le roi accordait en
outre à tous les princes qui s'étaient
ligués contre lui des gouvernements,
des provinces, des villes, des pensions;
a son frère le duché de Normandie ; au
comte de Charolais les villes de la
Somme; au duc de Bourbon glu^eurs
seigneuries en Auvergne; au due de
Nemours le gouvernement de Paris et
de l'IIe-de-France ; au comte d'Arma-
gnac les châtellenies du Rouergue
m'il avait perdues. Telles étaient tes
irincipales clauses du traité de Coo'
ians ; elles étaient humiliantes pour le
roi qui cédait à des sujets rebelles; mais
les princes ligués se dégradèrent parce
qu*ils terminaient, en se partageant
lés dépouilles du peuple aussi bien que
celles du roi, une guerre qu'ils avaient
entreprise sous le prétexte du bienMh
blic. Cette paix atteignit enfin un der-
nier but, elle mit fin à une ligue fatale
au royaume, et Louis XI sépara fies
ennemis en leur faisant deâ promesses
qu'il était bien déterminé à ne pas te-
nir.
Confient, petite contrée, avec titre
de comté et de viguerfe, dans Fan*
cienne province de Roussillon. Le pays
de Confient était enclavé entre la vi-
fuerie de Perpignan à l'est , et la Cer*
agne française à l'ouest. Il avait en-
viron 4 nîyriamètres dans sa ploi
grande longueur, sur 29 kilomètres
de largeur. Villefranche en était le
chef-lieu. Cette contrée fut oéd^ à h
France avec tout le Roussillon par le
traité des Pyrénées.
CoNFOLENs , ConfluetUes , petite
ville de l'ancienne Marche, mainte-
nant l'un des chefs-lieux d'arrondisse-
ment du département de la Charente.
Cette ville, qui compte aujourdlmi
2,687 habitants, possède un trtbiBiai
de 1"^* instance et une bibliothèque pt-
blique de 13,000 volumes. On j re-
marque un pont d'une haute antioailé
et les ruines d'un ancien château Hirt.
La terre, seigneurie et baronnie de
Confolens fut érigée en comté en 1604,
en faveur de Joacïiim de'ChâteaUYivn,
gouverneur de Bourgogne.
CONFBÈRES DE LA PaSSIOK. — Cé-
tait le nom que l'on donnait aux ac-
teurs qui, au moyen âge, repvéaea-
taient les mystères de la passion, cC
dont Charles VI érigea, en I^M, la
troupe en confrérie , sous le titra de
maUreSj gouverneurs et eonfirèreBie
tù^
FEAHCE.
C05
551
la confrérie de la passUm et résur-
rèctîon de Notre-Seigneur , fondée
4ans l'église de Sainte-Trinité à Paris,
Ils représentèrent pendant 150 ans des
moralités^ dans la grande salle de
rtiôpital de la Trinité, puis achetèrent
Thôtel de Bourgogne, qu'ils cédèrent
f^lus tard avec le privilège qui, en 1548,
eur avait été accordé par le parlement,
à d'autres comédiens dont les succes-
seurs représentèrent, sous Louis XIII
et Louis XIV, les pièces de Corneille
et de Racine. (Voy. Abt dbamati-
Congé. — La plus ancienne ordon-
nance qui renferme le mot congés dans
Je sens où l'emploie aujourd'hui notre
langue militaire (*), est celle qui fut
yendùe en 1879, sur les permis d'ab-
sence accordés dans la gendarmerie
par les capitaines des compagnies d'or-
donnance. Les différentes espèces de
congé étaient marquées encore dans le
dernier siècle , non-seulement par le
contexte de l'acte, mais par la couleur
du papier ; ainsi il y avait des cartou-
ches blanches, jaunes, rouges, vertes.
En droit féodal, on donnait le nom
de congé à la permission que le sei-
gneur donnait a son vassal ou à son
censitaire de disposer d'un héritage
qui était en sa mouvance.
CoNGBÉGATiON. — Associatiou de
personnes appartenant au même ordre
ecclésiastique , et vivant à part sous
une règle particulière.
Il y avait en France trois sortes de
congrégations : les congrégations ré-
gulières , les congrégations séculières,
6t les congrégations laïques.
' Les premières étaient celles qui se
formaient dans le sein d'un ordre reli-
gieux. Telles étaient les congrégations
de Saint-Maur, de Saint-Vannes, de
âaint-Hidulphe , et les deux observan-
ces de Cluni , toutes issues de l'ordre
de Saint-Benoît. Les chanoines régu-
liers formaient différentes congréga-
tions ; celle de Sainte-Geneviève , la
plus nombreuse, se nommait congré-
gation de France. Le concile de Trente,
qans la sess. 15 , chap. 8, ordonna que
^*) De con^eare (basse lat.), congéer.
tou^ les monastère qui n'étaient point
àoumis a deâ chapitres généraux , ou
à de^ évéques , et n'avaient pQint leurs
visiteurs réguliers, fussent tenus de
se mettre en congrégations.
Les congrégations séculières étaient
celles que formaient entre eux des prê-
tres séculiers.. Il y en avait plusieurs
en France ; le^ plus célèbres étaient
celles de l'Oratoire , de la Doctrine
chrétienne , de la Missioii , de Saint-
Su Ipice , des Ëudistes , etc. Ces con-
grégations, dont quelques-unes sub-
sistent encore , étaient formées de
différentes maisons réunieâ sous ia
direction de supérieurs généraux.
Les congrégations laïques sont celles
qui sont composées de personnes pieu-
ses, se réunissant sous l'invocation
d'un saint , pour se livrer en commun
à des exercices de piété.
Dans le temps de la restauration^
on appela congrégation une esoèce de
gouvernement occulte recrute dans
tous les rangs de la société , et ou do-
minaient principalement les Pères de
la compagnie de Jésus. Cette associa-
tion avait pour but spécial d'étouffer
les lumières, de refouler le progrès,
et de ramener la France au régime du
bon plaisir et à la servitude du moyen
âge. A cet effet , proscription des bons
livres , publications d'oeuvres fanati-
ses , prédications incendiaires , pro-
cessions scandaleuses, érections de
calvaires , plantations de croix, pro-
fanation de tout ce que la religion
a de saint et de sacré , la congréga-
tion n'épargna rien; et les lois ne
furent pas plus respectées par elle que
les autorites qu'elle fît taire et qui la
redoutaient. Heureusement , la révolu-
tion de juillet ,' qu'elle avait provoquée
par son intolérance et par s^ excès ,
en a fait bonne justice.
CONGBÈS DIPLOMATIQUE . nom
sous lequel on est convenu de dési-
gner les réunions des plénipotentiaires
de différentes puissances ; réunions
dont lé but est d'essayer de résoudre,
par les négociations, les questions dont
la force des armes n'a pu amener la
solution.
L'origine de ces réunions est touj;^.
559
CON
LUNIVERS.
COH
moderne; le premier congrès euro-
péen se réunit en 1644; il se tint à
Munster et à Osnabruck , villes qui
avaient été désignées par la France, et
où se rendirent les plénipotentiaires
des diiférentes' puissances mtéressées,
pour ne former qu'un seul congrès,
bien que les affaires dussent se traiter
séparément, savoir : dans Tune de ces
deux villes , par des plénipotentiaires
eux-mêmes , et dans l'autre , par leurs
délégués. Ce fut là que fut conclu le
traité de paix dit de ^estphaUe.
En 1659 eut lieu , dans une île de la
Bidassoa ( Ttle des Faisans ) , un con-
frès où les plénipotentiaires de la
'rance'etdeTEspagne signèrent, après
vingt - cinq conférences , la paix dite
des Pyrénées. Ce congrès est connu
dans rhistoire sous le nom de congrès
des Pyrénées, L'Espagne adhéra à ce-
lui de Munster , et céda à la France le
Roussi lion , le pays de Gonflent et plu-
sieurs places dans le Pays-Bas.
Le 31 juillet 1667 fut signé , au cotir
^rès de Breda , le traité qui mit fîn à
«a guerre que les Pays-Bas , la France
et le Danemark faisaient à l'Angleterre.
Ce traité avait pour objet principal le
règlement des intérêts des différentes
puissances dans les Indes occiden-
tales. Les droits de péage à l'entrée du
détroit du Sund y furent sérieusement
discutés dans ce congrès.
En 1668, le 3 mai, à la suite du
congrès d^ Aix-la-Chapelle , fut signé
ie traité qui termina la guerre dite de
)a Dévolution entre la France et l'Es-
pagne. Les places conquises par la
France , dans les Pays-Bas espagnols ,
lui restèrent , à' la charge par elle de
restituer la Franche -Comté à l'Es-
pagne.
En 1673 , le conarès ouvert à Co-
logne pour mettre un à la guerre qui
durait depuis 1672, entre la France et
l'Espagne, fut dissous par suite des
violences exercées par l'ambassadeur
de l'empereur d'Allemagne contre le
ministre de l'électeur de Cologne.
En 1678 eut lieu le congrès dit de
Nimègue, où furent signés, en 1679,
plusieurs traités de paix , dont un en-
tre la France et les Pays-Bas ; un autre
entre la France et l'Espagne; et ud
troisième entre la France, la Suède «
et l'Empire germanique. Ce congrès
eut encore pour conséquence immé-
diate la paix avec le Brandebourg , si-
gnée ù Saint-Germain ; la paix avec le
Danemark , signée à Fontainebleau et
à Lund ; et ennn la paix entre la Saède
et la Hollande , signée à ïïimègue.
La prise de Strasbourg, dont LoQii
XIV s'était emparé en pleine paix, et
ses projets d'agrandissement, gu'O ne
f>renait pas même le soin de dissimo-
er , donnèrent lieu , en 1681 , à m
ligue offensive et défensive concloe à
la Haye, entre divers États de l'Alte-
magne. Guillaume III en fut le dief;
la Hollande et la Suède, puis r£mpe*
reur , l'Espagne , et quelques cerdes
de l'Empire y adhérèrent. Le congrès
qui s'ouvrit à Francfort fut rompa
par la France «n décembre 1682, et
transféré à Ratisbonne, où il eut pour
conclusion une trêve de vingt ans avec
la France ; trêve qui n'empêcha pas les
armées françaises d'envahir , en 16S8,
les provinces du Rhin et de commen-
cer une nouvelle guerre qui duraneof
ans. Des considérations relatives à la
succession d'Espagne déterminèrent
cependant Louis XIV , après avoir es-
sayé en vain de diviser les alliés, àio;
voquer la médiation de la Suède, qu
provoqua l'ouverture du congrès è
Ryswick , en 1697. On y négocia (fa-
près les principes consacrés dans les
traités de Westphalie et de Nimè^
et Ton finit par signer une paix géné-
rale **
Depuis 1713 jusqu'en 1814,euKrt
lieu un ^rand nombre de congrès où"
France joua le principal rôle. Lespra-
cipaux furent : le congrès à*Utrê^
qui termina la guerre de la successioi
d'Espagne , et donna lieu à hait tr*
tés de paix séparés signés , de 1719
à 1715, entre la France, l'Espaipe,
l'Angleterre , la Hollande, la Savowjt
le Portugal ; le congrès de itow»
tenu en 1714; le congrès deHanooftt
en 1715; le congrès de Cambrdf •
1722 , où, sous ^a médiation de »
France et de l'Angleterre , eut li« ■
conclusion de la paix entre l'EspagB^
CON
FRANCE.
COTS
«ftS
et TAutriche ; le congrès de Soissons,
en 1728; le congrès d^Aix-la-ChU'
pelle, en 1748; le congrès de Tes-'
cherty en 1779 ; le congrès de Paris ^
en octobre 1782 , qui termina , entre
la France et TAngleterre , la guerre
dite d'Amérique ; le congrès de Ver-
saiUeSy en décembre 1784, dans lequel
la France fut médiatrice entre Jo-
seph II et la Hollande.
La série des congrès qui ont été
tenus depuis la révolution française
commence par cplui de Rastadt , ou-
vert le 9 décembre 1797 , et qui n*eut
d'autre résultat que Tassassinat de
deux plénipotentiaires français , le 28
avril 4799. Vinrent ensuite le congrès
d'Amiens ^ à la suite duquel fiit signé ,
le 27 mars 1802 , un traité de paix en-
tre la France et TAngleterre ; le fa-
meux congrès d'Erfurth^ où l'on vit,
en octobre 1808 , les empereur^ Napo-
léon et Alexandre, les rois de Saxe,
de Bavière, de Vurtemberg, le roi de
Westphalie , Jérôme;, le grand - duc
Constantin , le prince Guillaume de
Prusse , et plusieurs princes ou en-
voyés d'autres puissances. L'Angle-
terre s'y montra disposée à traiter
avec la France et la Russie , à condi-
tion que l'Espagne et la Suède seraient
représentées au congrès par des pléni-
potentiaires. Mais Napoléon ne voulut
point reconnaître ce droit à l'Espagne,
et le congrès n'eut d'autre résultat
que la conclusion de la paix entre la
France et l'Autriche , et des copven-
tîons qui restèrent secrètes entre les
empereurs Napoléon et Alexandre. Il
nous reste encore à citer le con-
grès de Châtillon, tenu en février
et mars 1814 ; le congrès de tienne ,
de 1814 à 1815 , où les puissances en-
nemies de la France firent un nouveau
remaniement de l'Europe ; le congrès
iT j^iX'la- Chapelle ^ en 1818, où fut
décidée l'admission de la France dans
la sainte-alliance; enfin, le congrès de
f^érone , en 1822 , où il fut décidé que
la France porterait la guerre en Es-
pagne pour y rétablir le pouvoir ab-
solu de Ferdinand.
Congres judigiaibe, espèce de
preuve juridique dont on faisait usage
autrefois, lorsque la nullité d'un ma-
riage était demandée pour cause d'im-
puissance. Il n'y a aucune trace de
cette preuve ni dans le droit civil , ni
dans le droit canonique ; cependant elle
était en usage dans les ofQcialités de
France, vers le milieu du seizième siè-
cle, et quoiqu'elle fût contraire aux
bonnes mœurs , elle n'en subsista pas
moins pendant plus d'un siècle , puis-
qu'elle ne fut abolie qu'en 1677. — On
attribue l'origine de cet usage à un
jeune homme , qui , accusé d'impuis-
sance , offrit de prouver le contraire
en présence de chirurgiens et de ma-
trones. L'official permit ce genre de
preuves ; les autres tribunaux suivirent
cet exemple, et une multitude d'arrêts
des parlements constatent que cette
preuve était généralement admise. Le
mari accusé d'impuissance était con-
damné à prouver sa virilité en présence
d'experts nommés par le tribunal. S'il
sortait victorieux. Faction de sa femme
était rejetée ; si , au contraire , il n'a-
vait pu consommer le mariage , la de-
mande était admise , et le mariage dé-
claré nul. L'abolition de ce libertinage
légal fait le plus grand honneur au
parlement de Paris et à l'avocat général
Lamoi^on. Ce/ fut dans la cause du
marquis de Langey , dont le mariage
avait été annulé pour cause d'inipuis-
sance , que Lamoignon fit son célèbre
réquisitoire pour demander la sup-
pression du congrès; le parlement,
par son arrêt du 18 février 1677 , or-
donna que cette preuve judiciaire serait
à jamais abolie dans le ressort, et les
autres parlements imitèrent cette ju-
risprudence. Le congrès fut alors
remplacé par les visites des gens de
l'art; mais depuis la révolution de
1789, l'impuissance n'est plus une
cause de nullité de mariage , et il ne
reste rien de cette impudeur judiciaire
dans notre législation moderne.
Congrès scientifique, institution
digne des plus grands encouragements,
et toute dans les intérêts du progrès,
fondée il y a quelques années par
M. de Caumont , savant antiquaire de
• Caen. Cette institution consiste à réu-
nir dans une même ville un grand
H4
OM
J/mXTŒKS*
eoir
nombre d'hommes distingués dans les
sciences , les arts et les lettre^ , appelés
des eerirops, et même des contrées
les plus éloisnées , pour y débattre et
y r&oudre des questions posées par
les académies et sociétés savantes , ou
()ar des particuliers, et faire des explo-
rations dans la ville et les lieux les
plus remarquables qui Tavoisinent. Le
congrès se divise en plusieurs commis-
sions ou bureaux qui tiennent des
séances particulières « pour examiner
les questions qui leur sont renvoyées,
puis ensuite faire leur rapport et'don-
ner leurs conclusions, dans les séances
générales, qui sont toujours publique^.
Les sessions du congrès scientifique,
qui n*ont lieu qu'une fois par an , ont
été Gxées jusqu'à ce Jour au mois de
septembre , pour utiliser le temps des
vacances. Elles durent ordinairement
dix jours. Avant de se séparer, le
congrès désigne la ville dans laquelle
il s'aissemblera Tannée suivante , et y
domine un secrétaire général qui se
choisit deux secrétaires adjoints, pour
donner connaissance de la résolution ,
rassembler les matériaux qui serviront
de base aux délibérations, faire les
invitations, et prendre tous les moyens
nécessaires pour rendre la réunion
intéressante et nombreuse. Les socié-
tés savantes sont invitées à y prendre
part, soit en y envoyant des' députés
exprès , soit en se choisissant des re-
présentants sur les lieux mêmes. Cha-
que assistant, en qualité de membre ,
doit payer une somme de dix francs ,
pour concourir aux frais de la session,
et ceux qui ne peuvent point s'y ren-
dre en personne , sont admis , moyen-
nant la même cotisation , à adhérer à
ses travaux. Après la clôture du con-
grès, ceux qui ont rempli les fonctions
de secrétaire général et de secrétaires
adjoints , restent chargés de la publi-
cation du compte rendu des séances ,
lequel est distribué tant aux partici-
pants qu'aux adhérents au congrès.
La session du congrès scientifique pour
1940 a eu lieu à Besançon. M. €h.
Weiss, bibliothécaire de cette ville, en
avait été nommé secrétaire général.
£116 a attiré un grand nombre de sa-
vants de Suisse et d'Allemag^e,et9tf
foirt brillante. Celle de 1841 s'est \xm
à |L.yan , celle de 1842 aufa liea à Bor-
deaux.
CoTfi (sièges et bataillç de). Le lieu-
tenant général de Bujonde était chargé,
en juin 1691, d'assiéger et de preoire
Conj. Dix jours après l'investissemetf
de cette place, le prince Eugène écrivit
au gouverneur qu'il comptait souspn
de jours attaquer les lignes françaises:
c'était une ruse. Le paysan chargé de
cette dépêche se laissa prendre; an
interrogatoire confirma les dessein
des Impériaux. Aussitôt legéoânl^
Bulonde, s^isi d'une terreur penij|9i
et croyant à chaque instant voir le
prince Eugène tomber sur ses qosr*
tiers , leva le ^iége sans attendre «
renfort que lui envoyait Catinat,
—Apres la prise du Châteao-DasplBi
les armées réunies des Français <^ilfi
Espagnols se portèrent sur GoKi
dont le sjége fut aussitôt commeoâi'
Cette ville ^ située au confluent dei
rivière de Gesse et de laStorSf^
quatorze lieues de Turin , est nntài
principales places fortes de ritalie.^
tranchée était à peine ouverte, fwk
roi de Sardaigne se présenta ipm^
lever le siège , et livra bataille }fl^
septembre l744.Qnsecanonnad'alv
pendant quelque temps ; mais veisii
heure après midi , les grenadien m
roi de Sardaigne se portèrent veitli
porte de la Madona del Ulmo,etfi'
taque devint vive et sanglante. « I^
Français et les Espagnols combattii^
en cette occasion comme desalliéif!
se secourent et comme des riTaaxf|
veulent chacun donner rexempifef
roi de Sardaigne perdit près de M
mille hommes^ et le champ de hattj
Les Espagnols ne perdirent que >*
cents hommes, et les Français «sj^
onze cents hommes tués ou hkij»
Le prince de Conti , qui était ^[*
et soldat, eut sa cuirasse peroés*
deux coups et deux ^vaux tuésjjj
lui (*). » La prise de Coni fiitleW'
tat de la bataille, rtéamnoins fv0
(*) Campagnes de Louis UT, i'
page 36.
COH
FRANCE.
€0N
$5S
des coalisés » vaincue par la rigueur
de |a saisoQ et affaiblie par les mala-
dies, se hâta de repasser les Alpes. *
— Quand Bonaparte eut remporté
les victoires de Montenotte , de Mille-
simo et de Monde vi, le roi de Sardai-
goe demanda la paix. Il l'obtint , mais
U dut remettre Coni pour assurance
de sa fidélité (1796).
— Après la déroute de Schérer, les
Français eurent à combattre dans la
baute Italie les Impériaux et les Rus<
ses réunis sous le commandement de
S^varoff, et ne cédèrent le terrain
Îue pied à pied. Championnet défen-
it, par des manœuvres savantes, les
approches de Coni ; mais, a^ant perdu
la bataille de Genola, Tarmee française
coupée battit en retraite, et laissa
Mêlas former le siège de Coni. Celui-
;i poussa les travaux avec vigueur :
sept mille hommes furent employés à
ouvrir les tranchées, à élever des bat-
teries. Les eaux furent détournées pour
*endre inutiles les moulins de la for-
Heresse, et les tranchées ouvertes tout
i la fois dans la nuit du 4 au 5 dé-
jeuibre 1799. La garnison tenta le
endemaih une sortie; mais ses efforts
furent infructueux. Dans la nuit du
[ t au 12, on établit deux cents pièces
l'artillerie sur dix-neuf batteries. Le
en demain elles commencèrent un feii
;i terrible, que les troupes qui défen-
laient les ouvrages extérieurs furent
>bligéè6 de les abandonner précipitam-
nent : une bombe tombée dans un
nagasin à poudre fit sauter une re-
loute. Les Autrichiens Toccupèrent
îans la nuit du â au 3 janvier, et ou-
TÎrent aussitôt la seconde parallèle.
L.e bombardement continua, et le feu
»rit à plusieurs endroits de la ville.
/'ers le soir, ta redoute du milieu sauta,
t les habitants firent prier le général
;4ichtenstein d'épargner la ville : ce
irînce s'y refusa. Le gouverneur fran-
ais, dénué de toute espérance de
ecourSf se détermina à capituler après
leuf jours de tranchée ouverte; deux
nîlle cinq cents hommes formant sa
garnison furent prisonniers de guerre.
Cependant les Autrichiens n'occupè-
eot pas longtemps Coni , la clef da
Piémont du côté de la France. Bona-
f»arte, vainqueur à Marengo, en exigea
a remise cmq mois après.
CoNjuRÀTEUB. On appelait, en
basse latinité, conjuràtores, plusieurs
personnes qui attestaient ensemble,
par serment , devant les juges , qu'ils
croyaient faux ou véritabFe un fait
dont la preuve était douteuse ; que de
deux plaideurs, l'un était bien fondé
dans le droit que lui contestait son ad-
versaire, ou enfin qu'un accusé était
innocent du crime sous la suspicion
duquel il avait été traduit en justice.
Le serment des conjurateurs, auxquels
se joignait toujours la partie intéres-
sée, se prononçait quelquefois sur des
reliques , ce qui s'appelait jurer par
les saints. Cette manière de prouver
un fait incertain ou un droit litigieux,
apportée dans la Gaule par les popu-
lations d'outre-Rhin, y "fut usitée sous
les deux premières races, et subsista
jusque vers la fin du treizième siècle.
Notre histoire fournit plusieurs
exemples de cet usage du serment;
nous ne citerons que le suivant :
Gontran, roi de Bourgogne, faisait
difficulté de reconnaître Clotaire II
pour fils de Chilpéric, son frère. Fré-
dégonde, mère de Clotaire, non-seule-
ment jura que son fils était légitime,
mais fit appuyer son serment par celui
de trois éveques et de six autres conju-
rateurs. Alors Gontran, convaincu,
h'hésîta plus à reconnaître Clotaire
pour son neveu.
CoNNBXABLB. — On fait générale-
ment remonter l'origine de cette di-
gnité au règne de Henri V; mais ce
ne fut d'abord qu'un office de la mai-
son du roi, ayant quelque rapport avec
celui de grand écuyer, qui paraît l'a-
voir remplacé. Les plus granaes préro-
gatives furent ensuite attachées à cette
charge ; mais il est probable qu'elle ne
prit cette importance que par degrés*
Aussi est-il difficile de dire précisément
à auelle époque elle devint la première
derÉtat. Les uns prétendent que Dreux
de Mello , douzième connétable , fut le
premier auquel on confia le comman-
dement des armées, en 1191 ou 1193.
D'autres assurent, au contraire, que
5{k)
COlff
L'UNIVERS.
€ON
ce fut seulement en 1218 que cette
charge fut donnée par commission à
Mathieu de Montmorency, « dont on
faisoit alors, dit Pasquier, le plus
grand état.» Cette opinion est la plus
accréditée; c'est celte que nous adop-
tons.
Les archives de la cour des comptes
contiennent deux pièces extrêmement
curieuses sur le sujet qui nous occupe;
mais par malheur elles ne portent
point de date. Voici un fragment de la
première : « Le connestable est et
« doit estre le plus secret et étroict
« conseil du roy, et le roy ne doit or-
« donner nul tait de guerre sans le
« conseil du connestable Le con-
« nestable doit estre logé à la cour,
a près du roy ou dans la chambre du
« roy; avoir douze curdes et douze
ft coiffins et busches pour ardoir, et
« doit aussi avoir sept septins et six
« cinquains et deux poignées de chan-
« délies menues , et torches de nuit
« pour le convoyer en son hôtel ou en
« sa ^ville , et le ^lendemain doit-on
« rendre aux fruitiers, si doit avoir
« trente-six pains , un septier de vin
« pour saiiamille, devers le tinel (office)
« en deux barils pour sa chambre , '
« l'un devers sa bouche, l'autre devers
« les bouz , et estable pour quatre
« chevaux. » On lit dans la deuxième :
« Le connestable est par dessus tous
t autres qui sont en lost (armée) ^ ex-
« cepté la personne du roy. »
Le connétable avait en outre de
grands privilèges : il était inamovible,
avait le droit de mettre la main sur
les plus hauts dignitaires de J'Ëtat ,
et était lui-même mviolable pour tout
autre que pour le roi. Dans une place
f>rise d assaut, tout lui appartenait , à
'exception de l'or et des prisonniers ,
qui revenaient au roi, et de l'artille-
rie, qui était le partage du grand maître ^
des arbalétriers ; enfin, il avait le droit
de prélever un iour de solde sur les
appointements de tous les capitaines
et soldats de l'armée. Philippe de Va-
lois exempta de cette redevance les
princes du sang, non à cause de leur
dignité , mais parce qu'ils faisaient la
guerre à leurs dépens. Le connétable
possédait le droit de justice; outre sod
prévôt, qui l'accompagnait en teoips
de guerre , il avait encore sa justice
ordinaire à la table de marbre de la
grande salle du palais de Paris. A la
guerre, quand le roi commandait ^a^
mée, le commandement de rayant-
garde appartenait au connétable. L'on
des principaux griefs de Charles de
Bourbon contre François I*" était ^e
ce prince avait, en 1521, confié à son
détriment le commandement de l'a-
vant-garde au comte d'Alençon.
Charles VII, en accordant Tépée de
connétable à Arthur de Bretagne , lui
conféra l'autorité sur les amiraux;»
qui prouverait que ce grand dignitaire
commandait les armées navales aussi
bien que les armées de terre. Il oe
paraît p^s que la puissance du conné-
table ait jamais porté ombrage à l'ao-
torité royale; cependant cette cbai^
resta souvent vacante^ il en fut ainsi,
Ear exemple, depuis Jean II de Boin>
on, mort en 1488, jusqu'à Charles II
de Bourbon, créé connétable en 1515.
L'insigne de la puissance de conné-
table était une épée d'armes ayant k
manche d'or émaillé de fleurs de iô.
Alain Chartier nous a conservé la des*
cription du cérémonial observé Ion
de la réception de ces officiers. « Apièi
la résolution du conseil, dit cet wà/h
rien, on manda messire Charles d'Aï»
bret, comte de Dreux, vers le roi, ai
jardin de l'hôtel Saint-Paul à Paris;
là «se trouvaient avec le roi , Looii,
duc d'Orléans, le duc de Boui^ognei
plusieurs autres prélats ou banmiy
ainsi bue Reynaut de Corbie, chaan*
lier. On présenta Tépée au seignoif
d'Aibret, qui la refusa moult de fni|
mais par le plaisir et le vouloir do m
et des princes, l'épée lui fut doniil
publiquement et par grand mvslin
(cérémonie). Après que le roi la lai o^
remise nue, les ducs d'Orléans ttéi
Berri, de Bourgogne, de Bouiten, M
ceignirent le baudrier, et le eomSttt
ble prêta serment entre les ndrâsÉi
chancelier. »
Voici le cérémonial qui fîit olmuirf
plus tard à la nomination d'Afiae éi
Montmorency : L'écuyer donna fé^
t.
GON FRANGE. CON » 657
au dauphin, qui la remit au roi ; le roi « mons à perpétuité lesdites charges
tira Tepée, les princes attachèrent le « de connétable et d'amiral de France,
baudrier, et Montmorency reçut de son « vacantes à présent, comme dit est,
souverain Tépée nue; aussitôt les trom- « sans qu'ores ni à l'avenir elles puis-
pettes sonnèrent , et les hérauts d'ar- « sent être rétablies pour quelques
mes, revêtus de leurs cottes d'armes, « causes, occasions et en faveur et
et la tête nue, crièrent : Vive de Mont- «considération de quelque personne
morenc^, connétable de France ! Alors « que ce soit. »
le connétable, l'épée nue , se mit de- Cette dignité était abolie depuis près
vant le roi, qui se rendit à la chapelle, de deux siècles, lorsque Napoléon vou-
où pendant la messe, et en recondui- lut la rétablir. Par un senatus*con-
sant le roi , Montmorency tint tou- suite du 28 floréal an xii , le prince
jours le glaive royal au poing. Louis-Napoléon , et Berthier, prince
Le connétable prêtait au roi l'hom- de Neuchatel, furent crées, le premier,
mage lige ; voici une partie de la for- grand connétable, et le second , rice-
mule du serment : « Vous jurez Dieu connétable: mais ces titres étaient
« le créateur, par la foi et la loi que seulement nonorifîques; ils ne confé-
n vous tenez de lui, et sur votre hon- raient aucune autorité , seulement le
a neur, que, en Toffice de connétable grand connétable assistait, avec l'em-
« de France, duquel le roi vous a pour- pereur, au travail annuel du ministre
«vu, et dont vous faites hommage de la guerre et du directeur de l'admi-
« pour ce élu, vous servirez icelui en- nistration dé la guerre. Il était le cin*
« vers et contre tous qui peuvent vivre quième grand dignitaire de l'empire,
« et mourir sans personne quelconque et , en cette qualité , spécialement
« «n exempter, en toutes choses lui chargé d'installer les maréchaux et de
K obéirez comme à votre roi et souve- les présenter au serment.
K rain seigneur, etc., etc. » Nous terminerons cet article par la
Au sacre du roi , le connétable se liste chronologtaoe des connétables
tenait à sa droite, l'épée nue à la main, qui se sont succédé depuis la création
K Monseigneur Charles de Bourbon , de cette dignité jusqu'en 1627.
lit Marillac, au repas qui suivit le r. ^ j 'x i.t
sacre, servit de connétable au dîner ^^^^ Liste des connétables. ^^^
lu roi , en pleine salle de l'hôtel de i^. Albéric de Montmorency """
EVeimS, c'est à savoir, demeura de- ioS3. Thibaut I", seigneur de Montmorency, xogo
K)ut , tenant l'épëé . nue au poing ]Z[ ^î!;'^*'^. ^^^ .^\^f ;*";*; ;::;:;:;;;;;:
X>Ute droite, sans SOy bouger de 1x07! Gaston dé' Chanmont.seigneQV' de
)]ace. » «Quand le roi, dit Gode- Po'wy »....
Toy, faisait son entrée dans une ville J"J; Guy !"!!!.*.'.'.' .T.*.' .'.'.'.*.*'.'!.*.' .'.'!!.*.'
le parlement, le connétable venait de-^ ztts! Hugues dé oiaumo'nt! .*.*!.. !.!.....* nis
rant lui en tenant l'épée en main, et »»38. Mathieu l*', seigneur de Montmorency. xi6o
Fétu de précieux habits de velours bleu, "5«- ^;;ir!.T!"^!.^'*T^^^^ 1191
it enrichis de fleurs de lis d'or. » Lors- 1x93. Dreux dé Meilo/quatrièmedunom..'! xt'ig
|Ue le roi siégeait aux états généraux »a"9- Mathieu n U Grand, seigneur de Mont-
lU dans les lits de justice , le connéta- ^3^ j^Z^Y^l comiàeViinlfori; ! ! .' ! ! »!?
»le était assis devant lui, iepee nue isSo. Otlles, seigneur de Trasignies 1276
I la main. ^*77* Humbert de Beaujeu, sire de Montpen-
Par un édit du mois de janvier 1627, ,,85. Ratmk;ae;mo;Vs^igVe«rdeN;;ie: \lll
aOUlS XIII supprima les charges de xSoa. doucher de ChAtillon, comte de Por-
onnétable et de grand amiral , l'une «^n. ««gn«» de chAUUon . sur-
acante par la mort de Lesdiguières, ,3 RaoûiTeBrienn;i";;;mi;d'Ëuet'ie '^'^
'autre par la démission de Montmo- Guines 1344
eOCy. « Par ces présentes signées de «344. B«ouI de Brienne 11, comte d*Bu et de
notre main, est-il dit dans cet édit, ,35,^ ci^,^^ê'c,sime:iii'à»p.g^.l^ "^^^
nous révoquons , éteignons , suppn- d'Àngooiéme.< 1354
SSn coït LllfMVERS. GÔIV
x3S4. Jâ«aet 4e Boorbon }••, c©mte de fa et du Capucin tombèrent au pouToor
.3S6. o.ÏÎS'J: fc:X*ï:;i:ÀiU.i; '"• des Français Selo» les uns. Ils furent
comte de Brienne i356 enfin emportcs d assaut ; selon dao-
i356. Bohert, «eîçneor de Fiennes t38a tres , ils sc rendirent par capitulatioD,
i38o. Olivier IV, sira de ciisson, comt« de tensc 06 laqueUe iis avaient SI vailiain-
Porhaet, seigneur de Belleville, de ment COntribué.
.39.. FfcS;';:.°d"i;ii;; ii^'à-B;: :;;::: X^ coNNiTiBLiE. voyez mamchaus-
1397. Louis de Champagne, comte de San- SEE»
cerre , seigneur de Cbarenton t4oi CONOW DE BÉTHUNE y POete , gOCT-
Moa. ch.ri « 2;^;^; »*^ ^•a;'»'^^^ ^^^^ ricr et homme d'État du ôou&hm
z4zx. Walerao de Luxembourg iij/comt«de SÎècIe. Il brillait VerS la fin de CC SÎèck
saini-Poi i4ï3 à la cour dc France , où , il attirait les
x4«5. Bemard^d'Annagn« vu, co^ _^^^ regards par la noblcsse de son orieine
x4a4' Jeon stewârt,' comté de Bucbeo* 1424 et SOU talent de poëte. Il célébra daos
f4a5. Arthus de Bretagne, comte de Richemont, SCS VerS Marie, COmteSSC do ChamÙ-
M6S. j^rikt^z'^c-^^^T^- '*" g."« ' «j"' '"' «y»'» '"«p''^ "'•« .^•f ff
Pol, de Ligny, et seigneur d'Enghien. 1475 SIOU. I( partit pOUr la CrOlSaoe 06
i483. Jean 11, duc dc Bourbon et d'Aurer- 1204. En SOn absence, Sa dame lul filt
.5.». chr;iHn«d''rX..àâ.c.;i '*" ««flclèle. « dans un chant ahiié «
tellerauU, dauphin et duc d'Auver- aOUlOUreUX le poete CrOISe iDaOdlt
gne i5a7 l'amour. il joua dans la croisade un
\^l: îïïri' S^:Z îm-ÔSi;^:»;.; "*' î;ô'« '«•portant- «. f"î, «hoisi .par te
de Oammartin, seigneur de Chan- DaronS pOUr négOCier 1 abaiCatlon a A-
«'"y ««'4 lexis au trône de Constantinople, qn^
\l^ SrX''dî'ÏS;;^/^%V£SViï '*" f<^^ «surpé sur son neveu II réussit
let i6at dans sa mission; mais il fut moiu
„ _, . . . - » j . heureux quand il fallut conserver au
CpwRETABLB (prise du fort du). — ig^^e prince la couronne qu'il lui avait
Le fort du Connétable et celui du Câ- ^^^ rendre. Ses sages conseils ne pa-
pucin sont situes sur les hauteurs qui „nt empêcher le nouvel empet«ar%le
s'élèvent en amphithéâtre au nord de tomber ^ans les fautes qui^e lirait
Gironne^endantle siège dé cette ville renverser par les croisés: Baudoon,
par les R-ançais, en 1809, plusieurs ^omte de flandre, ayant été élu e»
attaques^ furent tentées contre ces deux pg^eur de Constantinople, Conon, qui
forts OUI prenaient nos lignes a revers, fuj ^tait uni par les liens de vassattK
''•if l"'"ux* 5«P®"ss««î a»«c V"« »P'- fut investi du commandement de iî
niâtrete héroïque par la garnison esr ville, pendant une expédition à la tte
pagnole. Encourages oar ce pr«»nier je laquelle marcha ce prince et oà 1
succès, les Espagnols firent, le 7 Juin, ^„^ii |a vie. Conon maintint les Br-
de concert avec Ta garnison du Mont- Pantins dans le devoir, et fit prodant
Joui et celle de la place, une sortie, empereur Henri de Flandre, fib 4e
afin de recouvrer la redouté et les fau- Baudouin. Lorsque Henrî mooErt.
bourgs que nos troupes avaient eœ- conon fut chargé de la régenc* à»
port^ la veille; mais deux reginwnte, dam la minoritl^de son M. Il raSt
1 un français , 1 autre italien , defendi- encore de grands services sous le i^
rent ces positions avec une intrépidité jes princS de Courtenay. On teSoR
égale a celle qu ils avaient déployée l'époque de sa mort,
pour 8 en emparer. Le détachement CoNftUBBBux (batailles de). — ta
sorti du fort du Connétable fut obligé landes de Conquéreux en Bretagne fa-
de fuir, et se retu-a. précipitamment ^ent deux fois ensanglantiS , à
derrière ses remparts. Les relations dixième siècle, par les querelles èa
militaires ne sont pas d accord sur la Angevins et des Bretobs. GeoflM
mamere dont les forte du Connétable Gnsegonnelle y fat batta iTabord, a
«èN
ftÉlANCÉ
coir
55#
#81, par Conàii lé Tort (*).' Après la
mort de Geoffroi , les hostilités et les
ravagés mutuels recommencèrent. En-
fin Conan et Foulque de Nerra se don-
nèrent rendez-vous sur le même champ
àe bataille pour le 27 juin 992. Conan ,
inférieur en cavalerie, usa d'un stra-
tagème pour s'assurer de la victoire. Il
fit creuser des tranchées qu'il recou-
vrit ensuite de feuillage. Les Angevins,
attirés dans le piège par une fuite si-
mulée, allaient être mis en pleine dé-
route, quand le comte d'Anjou les
excita à la vengeance, ressaisit l'avan-
tage, et tua Conan avec plus de mille
de ses soldats. Ce fut la bataille la plus
remarquable livrée en France penaant
le règne de Hugues Capet. Elle n'eut
cependant aucun résultat important.
Geoffroi , fils de Conan , fit la paix avec
Foulque, et prit ensuite le titre de duc
de toute la Bretagne.
Conques, petite ville du Rouergue,
aujourd'hui chef-lieu de canton du dé-
partement de l'Aveyron. Elle doit son
origine à une abbaye fondée dès les
|)remiers temps de la monarchie. Dé-
truite en 730. par les Sarrasins, cette
abbaye fiit reoatie p^r Charlemagne et
augmentée par Louis le Débonnaire.
Elle fut, en 1537, régularisée par le
pa^e Paui III , à la requête de Fran-
çois P'. A l'époque de sa prospérité,
elle compta jusqu à neuf cents moines.
I^es titres féodaux, qui formaient un
immense cartulaire, furent anéantis
peu après l'extinction des privilèges,
en 1789. Cette ville, qui est la patrie
de Chirac, médecin de Louis XV,
compte aujourd'hui 1,309 hab.
CoNQUET (le) , petite ville maritime
fort ancienne, située sur le bord de
FOcéan, à cinq lieues de Brest, com-
prise avant 1789 dans la basse Breta-
gne , parlement et intendance de Ren-
nes; aujourd'hui dans le département
du Finistère, arrondissement de Brest.
Cette place , dont le port était au-
trefois très-commerçant et très-fré-
quénté, et qu'animait une population
Q Cette Bataille donua naissance au
proverbe : C'est comme à la Bataille de
Comjuéreux, oU U tort l'emporte sur le droit.
de marins, d'armateurs et dé mar-
chands, avait dès le quinzième siéclç
une véritable importance. Les Anglais
la dévastèrent ensuite, et le peu de
maisons qui échappèrent à leurs rava-
ges se distinguent encore aisément
par le style gothique de leur architec-
ture. A une demi-lieue sud du Conquet ,
sur la pointe la plu$ occidentale de la
France, se trouvent les ruines impo-
santes de l'antique abbaye de Saint-
Martin , fondée au commencement du
septième siècle et célèbre dans les an-
nales de la Bretagne. La population
du Conquet s'élève aujourd'hui à
1,273 habitants.
CoNBAD , fils de Rodolphe II , roi de
la Bourgogne transjurane, et sur-
nommé le Pacifique y eut une seule
guerre à soutenir pendant son règne.
Les Hongrois , qui , cherchant à former
un établissement en France, avaient .
attaqué à l'improviste ses frontières^ .
et taillé en pièces le corps d'armée qui
s'y trouvait posté, étaient descendus
le long du Rhône en ravageant tout le
pays sur leur passage. Dans le même
temps, lès Sarrasins, après avoir ra-
vagé la Lombardie, s'étaient établis
au pied des Alpes, d'où ils faisaient
incessamment aes excursions dans la
Savoie et le Dauphiné. Conrad, crai-
gnant alors qu'il ne Se forme une coa-
lition de ces barbares , traite avec les
uns , et leur offre la paisible possession
des pays occupés par les autres s'ils
parviennent à les en chasser ; et pen-
dant qu'ils sont aux prises, il les f^it
envelopper par ses troupes, qui les dé-
truisent en grande partie. Conrad avait
épousé en 958 Mahaut de France, dont
il avait eu plusieurs enfants. Il mourut
en 994.
CoNBAD (Guillaume), lieutenant au
2* régiment d'artillerie à cheval , né
dans le département du Bas-Rhin, ve-
nait d'avoir la cuisse emportée par un
boulet à la bataille de Marengo. Les
canonniers voulaient l'enlever du champ
de bataille; il les renvoie à leurs piè*
ces , et se soulevant avec effort pour
observer le tir de sa batterie, il leur
crie : « Mes amis, pointez un peu plus
bas. *
660
GON
L'UNIVERS.
GON
GoNHABT (Valentin) naguit à Pau-
sen, en 1603. Sa famille était càlvipiste
et originaire de la province de Hainaut.
Pourvu de la charge de conseiller et
secrétaire du roi, il se trouva par sa
position de fortune en état de tenir
maison ouverte aux gens de lettres,
dont le commerce lui plaisait. C'était
chez lui que se rassemblaient, vers
1630, Godeau, Gombauld, Chapelain,
Habert, commissaire de Tartillerie,
l'abbé de Cerizy, son frère, Sérizay et
Mallevilie. A ce petit noyau se réuni-
rent le P. Faret, Desmarets et Bois-
Robert. C'était déjà le personnel de
TAcâdémie française. Il ne manquait
plus que les lettres patentes du roi
pour la consacrer. Elles ne se firent
pas attendre. Bois-Robert parla de
cette réunion au cardinal de Richelieu,
qui offrit de la protéger, à la condition
d'y être admis. Serizay, Malleville et
quelques autres voulaient qu'on reje-
tât cette offre; mais Chapelain parvmt
à faire adopter par l'assemblée un avis
contraire. La société à laquelle on don-
nait les noms à^ Académie des beaux
esprits f d^ académie d^ éloquence , d'^^f-
cadémie éminente, se constitua sous
le titre à^ Académie française. Le se-
crétaire d'État Servien, du Châtelet
et Beautru, conseillers d'État, Habert
de Montmort, maître des requêtes,
demandèrent à en faire partie et furent
agréés. Le chancelier Séguier sollicita
et obtint la même faveur. On nomma
un directeur et un chancelier xlont les
fonctions seraient temporaires, et un
secrétaire qui serait perpétuel. Cette
dernière charge fut confiée à Conrart.
On tint alors registre de ce qui se pas-
sait dans les assemblées , et les regis-
tres commencèrent au 13 mars 1634.
Les lettres patentes de Louis XIII
pour l'établissement de l'Académie
française sont datées de janvier 1637.
Elles furent scellées le 29 du même
mois, et vérifiées au parlement en
juillet 1637. Conrart occupa la place
de secrétaire jusqu'à sa mort, arrivée
le 25 septembre 1675. Conrart ne sa-
vait aucune langue morte, mais il pos-
sédait presque toutes les langues vi-
vantes, et savait bien la sienne. Les
œuvres de Cojirart sont en û petit
nombre, qu'on peut se faire difwiiie-
ment une idée de son genre de talent
Pélisson, dans son histoire de TAct-
demie, attribue à la modestie de
Conrart le petit nombre d'écrits qui
nous restent de cet auteur. Boileao,
toujours sévère , aualifie cette modestie
de bonne conseillère. Il reste de Con-
rart une ballade imprimée dans les
œuvres de Sarrazin , une épUre enm
imprimée dans la première partie des
épîtres de Bois-Robert, la préface k
traités et lettres de Gombauld fo»
chant la religion, et cinquante et ud
psaumes retouchés sur l'ancienne ver-
sion de Clément Marot. On prétendit,
en 1720 , avoir découvert un manuscnt
des cent cinquante psaumes retoucbés
par Conrart, mais il y a tout lieade
croire que c'était une fraude de libraire.
Conrart a été l'éditeur de l'ouvrage
anonyme de Michel le Faucheur, inti-
tulé Traité de Taction de torateurn
de la prononciation et du geste; mais
c'est à tort qu'il lui a été attribué.
Cons-là-Gbandyille, ancieooe
baronnie de Lorraine, aujourd'hui dé-
partement de la Moselle, érigée eo
marquisat en 1719.
CoNSABBRUCK ( bataille et cofflbat
de).— Au mois d'août 1675, le duc de
Zell , l'évéque d'Osnabruck son fifère,
et le duc de Lorraine avec 26,0M
hommes, assiégeaient Trêves pour f
rétablir l'électeur dépossédé par li
France. Vignori, gouverneur de h
ville, avait une nombreuse paraison.
Le maréchal de Créqui à la tête d'««
bonne armée vint occuper le campdt
Consarbruck , au confluent de la &rrt
avec la Moselle. Vignori devait, au a»*
ment où le maréchal serait attaqué,
faire une puissante sortie et DrwJ
les ennemis par derrière. Créqui w
attac(ué en effet le 11 août; maisl^
Çnori ayant été tué d'une chute *
cheval , la sortie fut manqoée. Ob
assure d'ailleurs que le maréchal,^
par &a présomption, avait commis w
sur faute, et se laissa surprendre an>^
d'arriver à la place gu'il avait choi«
pour champ de bataille. Les 6D>i£
fondant sur lui par ie pontet lesditf
CION
FRANCE.
mu
561
gués qti'il avait négligés, se trouvèrent
dans son camp d*où les troupes n'a-
\aient pas encore été tirées. Tout s'en-
fuit vers Metz ou Thionvitie. On perdit
les bagages , les tentes , les drapeaux
et un grand nombre de prisonniers.
L'armée, qui comptait 15 à 18,000
hommes, fut entièrement dissipée, et
Créqui , ne pouvant ta rallier, se jeta ,
lui cinquième, dans Trêves, déterminé
à s'y faire tuer en la défendant , pour
effacer sa honte. La résistance de
Trêves fîit en effet héroïque et ses
officiers se virent contraints de signer
la capitulation sans lui. [Voy.TBBVES
(sièges de)].
— Beurnonville venait de remplacer
Kellermann à l'armée de la Moselle,
quand, en 1792, il reçut ordre de s'avan-
cer dans l'intervalle qui se trouvait vers
Trêves et Coblentz entre les armées
de Dumouriez. Dès le 9 novembre , le
général Labarolière , marchant par
Freudenbourg et Saarbourg, s'avança
avec trois mille hommes jusqu'au pont
de Gonsarbruck : il aurait pu même,
dès ce jour , s'emparer de Trêves , où
les ennemis n'étaient pas encore éta-
blis; mais l'armée n'était pas en me-
sure pour soutenir ses efforts. Un
mois après, les Français campèrent à
Metternich , Nonweiller et Gherff ; les
Autrichiens étaient postés en avant
sur les hauteurs de Pellingen, occu-
pant aussi les positions de la Char-
treuse et de .la Montagne- Verte. Il ne
s'agissait de rien moins que d'attaquer
à la fois Gonsarbruck , Pellingen et la
Montagne-Verte; mais la rigueur du
froid nit un obstacle à cette entre-
1>rise. On ne put l'exécuter que dans
a nuit du 4 au 5 décembre. Vers le
soir, toutes les batteries ennemies
se trouvaient démontées ; les Tyro-
liens qui couvraient la côte avaient été
repoussés; le château situé au pied
<le la montagne était pris , et les co-
lonnes d'attaque se formaient , lors-
qu'on vit paraître des renforts envoyés
par la garnison de Luxembourg. Peu
de jours après , on tenta une double
attaque sur Gonsarbruck et sur Pellin-
gen. La première fut prévenue, et ne
Téussit pas. La seconde ne fut pas plus
heureuse , et dut être remise au len-
demain. Pendant ce temps, la colonne
formant la gauche, incertaine dans ses
mouvements , et mal dirigée par des
chefs peu d'accx)rd , fut mise en dé-
route; les fuyards criaient à la trahi-
son^ tandis que la cavalerie légère fai-
sait sa retraite en bon ordre. Pendant
la nuit du 15 décembre, Beurnonville
renforça ce point d'attaque , et le gé-
néral Pully, donnant le signal du pas
de charge, gravit les hauteurs, malgré
les hommes et les retranchements qui
les couvraient. Les autres colonnes le
suivent. Cependant , arrivés près de
Gonsarbruck, les généraux jugent .im-
f>ossible de forcer les ennemis dans
eurs positions, et la retraite est ré-
solue; Labarolière fait attaquer de
nouveau pour la couvrir. A la faveur
d'une vive canonnade qui foudroie les
f)OStes ennemis le long de la Moselle,
es mouvements rétrogrades s'exécu-
tent sans obstacles, et presque sans
échec. L'armée de la Moselle fut mise
en quartier d'hiver dans le territoire
français , sur les rives de la Sarre,
après une campagne d'hiver de moins
de deux mois , brillante sans doute,
mais aussi rude qu'infructueuse. •
Conscience (liberté de).—A partir
du jour où le christianisme eut triom-
phé du paganisme, il devint persécu-
teur à l'égard des autres religions et
des sectes qui s'élevèrent dans son
sein, ^t ces dernières, à leur tour^ op-
primèrent les orthodoxes toutes les
fois qu'elles en eurent le pouvoir. On
sait que les persécutions exercées par
les ariens contre les catlToliques furent
en partie la cause des succès des
Francs contre les Bourguignons et^
contre les Visigoths de l'Aquitaine.
Plus tard, la question de la liberté re-
ligieuse fut encore agitée, les armes à
la main , et elle produisit , au dou-
zième siècle, la guerre des Albigeois;
au seizième , les guerres de religion ;
au dix-septième et au dix-huitième, les
dragonnades et la guerre des Céven-
nes. (Vovez ces mots.) Du reste, à
part quelques succès partiels, le résul-
tat de ces luttes sanglantes, où se mê-
lèrent bien souvent des questions
T. V. 36« lÀoraUon. (Dict. engygl., etc.)
36
m
€011
LTJNIVERS.
XOlf
]M)iitiques, fut presque toujours fu-
neste aux dissidents. La liberté de cons-
t\enee ne date , eu France, que de la
Constituante, et ce fut le 33 août 1789
que le principe en fut hautement pro-
claoïé, après une longue et tumultueuse
discussion, où le président ^ ne pou-
tant ramener la tranquillité au sem de
rassemblée 4 offrit deux fois sa démis-
sion. Voici une partie du discours
pt'ononcé à cette occasion par Mira-
beau i et qui nous semble très-bien
résumer la question : « Veillez à ce
« qu'aucun culte , pas même le f^ôtre,
« ne trouble Tordre public, voilà votre
M devoir ; mais vous ne pouvez pas al-
« 1er plus loin. On vous parle san» cesse
«( d'un culte dominant : Dominant î
« Messieurs, je n'entends pas ce mot, et
« j*ai besoin qu'on me le définisse. Est-
A ce un culte oppresseur que Ton veut
ft dire? Mais vous avez banni ce mot,
« et des hommes qui ont assuré le droit
ft de liberté ne revendiquent pas celui
« d'oppression. Est-ce le culte du prince
« que l'on veut dire? Mais le prince
« n'a pas le droit de dominer sur lés
« consciélicés , ni de régler les opi-
^ nions. Est-ce le culte du plus grand
« nombre? Mais le culte est une opi-
* nion ; tel ou tel culte est le résultat
« de telle ou telle opinion. Or, les opi-
« nions ne se forment pas par le ré-
« sultat des suffrages ; votre pensée est
« à TOUS , elle est indépendante, tous
<c pouvez l'engager. Enfin, une opi-
(( nion qui serait celle du plus grand
« nombre n'a pas le droit de dominer.
«t C'est un mot tyrànnique qui doit
« être banni de notre législation ; car
« si vous l'y mettez dans un cas, vous
« pouvez Vj mettre dans tous : vous
le aurez donc un culte dominant , une
t philosophie dominante, des systèmes
« dominants. Rien ne doit dominer que
« la justice ; il n'y a de dominant que le
« droit de chacun , tout le reste y est
« soumis. Or, c'est un droit évident ,
fc et déjà consacré par vous , de faire
tt tout ce qui ne peut nuire à autrui.»
Enfin, après plusieurs amendements
et sous-amendements ajoutés succes-
sivement à une motion de M. de Cas-
tel laiie , l'article suivant fut adopté :
« iVtf/ ne doit être inquiété p&wr ses
opinions, même religieuses ^ pcwn
que leur manifestation ne tromepu
tordre public établi par la loi. ^t
Il n'y eut plus en France de liberté
de conscience lorsqu'en 1798, les hom-
flies qui cherchaient à perdre la réTO-
lution, en la poussant aux excès , eu-
rent fait décréter l'abolition de toute
espèce de culte. Les membres éclairà
du parti de la Montagne, et notaoï-
ment Robespierre (*), tentèrent tù-
nement de paralyser l'effet de cette
déplorable décision en opposant aoi
saturnales des hébertistes uo déent
^ui interdisait toute mesure contraire
à la liberté des cultes. JNapoléon la réta-
blit et la compléta en 1803 , en accor-
dant les droits civils aux juifs. La charte
octroyée de 1814 lui porta atteintes
proclamant une religion de r£tat, et
sous la restauration le clergé catholi-
que mit tout en œuvre pour l'anéa-
tir. Il n'est plus question, dans la
charte de 1880 , que d'une religion
professée par la majorité des Fran-
çais.
CoNSEîL, nom sous lequel on M*
gne en France un grand nonnbre d'as-
semblées constituées légalement^
pour délibérer sur des objets d'intént
public. Nous diviseront , dans cet ar-
ticle, ces différentes assemblées, d'a-
près leurs attributions , en trois clas-
ses principales, savoir : conseils 1^
latifs, conseils administratifs etcoMMc
judiciaires.
1» Conseils législatifs,
^Conseil des Anciens et Consélk
Cin^' Cents. — Le pouvoir léjijIiW
avait été confié, par la constitution <k
l'an III , à deux assemblées, nooun^
conseils. Celui des Cinq-Cents , aia^
nommé du nombre des membres (jj^
lé composaient , était chargé de t|
{)ropositjon et de la confection "0
ois, qui devaient ensuite être près»-
tées à l'adoption du Conseil des »
ciens. Tant que cette adoption naw
pas eu lieu , les projets votés par *
(•) Voyet p. i68, col. i, note(*).e«^
HÀLxs, t. II, p. 400, OÙ Ton cilecef«*P
d'uH de ses discours : Ceit» qui ««**?*■'
pécher de dite ta messe soittpUufisf^
que ceux qui la diteiU»
ton
PRANCB;
£611
sea
Conseil des Cinq-Ceats n'avaient que
le titre de résolutions. Deux cents
membres au moins devaient prendre
part aux votes , pour qu'un projet re*
çût le titre de résolution. Il fallait «
pour être éli^ible à cette assemblée,
être âgé de vmgt-cinq ans accomplis
(cette limite devait être reculée jusqu'à
trente ans, après Tan vu), et avoir ré-
sidé pendant dix années consécutives
sur le territoire de la république. Les
élections avaient lieu pour trois ans,
au bout desquels les membres sor-
tants pouvaient être réélus. Mais on
ne pouvait rentrer dans l'assemblée
qu'après deux années d'intervalle,
quand on en sortait après y avoir siégé
six ans.
Le Conseil des Aneiens se compo-
sait de deux eent cinquante membres,
âgés de quarante ans accomplis , ma-
riés ou veufs , et domiciliés depuis
quinze ans sur le territoire de la répu-
blique. Cette assemblée approuvait ou
rejetait, mais sans les amender, les ré-
solutions du Conseil des Cinq-Cents,
lesquelles n'avaient force de loi qu'après
cette approbation. Une résolution re-
jetée par les Anciens ne pouvait être
présentée de nouveau qu'après un an
révolu. L'une des prérogatives les plus
importantes du Conseil des Cinq-Cents
consistait dans le droit que lui accor-
daient les art. 102 et 103 de la cons-
titution, de changer la résidence du
Corps législatif. Son décret à oet
égard était irrévocable, et les mem-
bres de l'une ou de l'autre assemblée
qui auraient refusé de s'y soumettre,
se seraient rendus coupables d'atten-
tat contre la république. On sait que
ce fut un décret semblable qui , au
18 brumaire^ transféra à Saint- Cloud
le Corps législatif, et facilita ainsi la
révolution qui amena la dissolution
des conseils et l'anéantissement de la
constitution. (Voy. Bbumaibe [ coup
d'État du 18.]) Enfin , le Conseil des
Anciens choisissait les cinq directeurs
sur une liste de cinquante membres
oui lui était présentée par le Conseil
des Cinq-Cents.
La Convention , dans le but de
maiotenir dans le Corps législatif les
traditions républicaines, et de résister
à la réaction royaliste qui se manifes-*
tait dans les assemblées primaires «
avait décidé que, pour la première foiS|
les deux tiers au moins des deux Con-
seils seraient composés de convention*»
pels. En oonséquenoe, le 30 août 1795,
on tira au sort les iionis de cinq cents
membres de la Convention, qui furent
incorporés dans les deux Conseils. Les
deux cent cinquante autres membres
furent seuls soumis aux chances d'une
réélection.
Le 27 octobre , le nouveau Corps
législatif se forma en assemblée gé-
nérale aux Tuileries , dans la salle où
avait sié^é la Convention, et procéda
à sa division en deux conseils* Le
lendemain, ces assemblées tinrent
leur première séance , le Conseil des
Anciens dans la même salle, et le Con-
seil des Cinq- Cents dans la salle du
Manège, où avaient siéi^é successive-
ment l'Assemblée constituante, l'As-
semblée législative, et la Convention
jusqu'à la fin de 1793. Ce local n'é-
tait que provisoire; on construisait
pour cette assemblée , au Palais-Bour-
bon, une sallei où elle s'installa le 31
janvier 1798.
Les deux Conseils avaient une garde
de 1 ,200 grenadiers , divisés en deux
bataillons de six compagnies ; et l'É-
tat faisait, à chacun de leurs membres,
un traitement de 10,000 ûr. par an,
auxquels on ajouta bientôt après une
indemnité de 4,000 fr. pour frais de
logement, de secrétaire, etc. ; enfin,
ils ne siégeaient que six jours par dé-
cade. Le choix de leur costume donna
lieu à de longues discussions ; on avait
d'abord pensé à donner une toge blan-
che aux Anciens , et une toge rouge
aux Cinq-Cents ; mais ce costume pa-
rut trop antique, et l'on finit par
adopter, pour les deux Conseils , un
manteau écarlate, brodé en laine, avec
un bonnet de velours surmonté d'une
aigrette tricolore. Les députés de-
vaient conserver, sous le manteau,
leur costume provisoire, consistant
en un habit bleu , avec la ceinture
de soie tricolore, garnie d'une frange
d'or.
86.
664
CON
L'UNIVERS.
CON
Le Conseil des Anciens et le Con*
seil des Cinq-Cents subsistèrent depais
le 37 octobre 1795 jusqu'au 9 novem-
bre 1799 (18 brumaire an viii.)
Les membres les plus remarqua-
bles du Conseil des anciens , furent :
Baudin ( des Ardennes ), Chassiron,
Cornet , Cornudet , Curfal , Dedeley-
d* Agiers, Dupont (de Nemours), Garât,
Gaudin, Girot (de l'Ain), Goupil-Pré-
feln, Lacuée, Lebrun, Lemerder,
Lenoir-Laroche, Lanjuinais, Mercier,
Fauteur du tableau de Paris, Palissot,
Perrin ( des Vosges ), Rabaut jeune,
Roujoux, Tronchet, etc.
Ceux du Conseil des Cinq-Cents fu-
rent Andrieux, les deux Arena, Boulay
(de laMeurthe), Boulay-Paty, Cabanis,
Cacault, Chabaud-Latour , Chénier,
Crasseux, Creuzé^Latouche , Daunou,
Jean Debry, Duchâtel , Dulaure, Du-
molard, Duvicquet, les Eschasseriaux,
Fabre (de l'Aude), Favard de Langlade,
Goupilleau (de Montaigu ), Jars-Pan-
▼illers. Job Aymé, le général Jourdan,
Lecointe-Puyravaux , Legendre, Le-
sage-Sénault, Mallarmé, Monge , Pas-
toret, Pons (de Verdun), Poulain-
Grandpré , Salicetti , Santhonax, Tal-
lien , Texier - Olivier , Thibaudeau ,
Villetard, Vitet, etc...
2* Conseils ddministraUfs.
Conseil d'État, — Le premier et le
plus important des conseils adminis-
tratifs est sans contredit le conseil
d'État, qui, avant la révolution de
1789, étart appelé Conseil du roi (*).
Sun origine remonte au berceau de
la monarchie. Le roi, dont l'autorité
était sans limites, remplissait^ au sein
de son conseil, les devoirs infinis de la
puissance absolue. Il avait des conseil-
lers pour la rédaction des lois et des
ordonnances; il en avait pour diriger
l'administration ; il en eut pour le se-
conder dans la distribution de la jus-
tice, jusqu'au moment où ih délégua
ce dernier pouvoir, et appela ainsi les
(*) Nous aurions pu à la rigueur placer
le conseil d'État parmi les conseils judiciai-
res ; nous^le plaçons ici , parce qu'il nous a
semblé que ses fonctions les plus importantes
avaieiA pour objet l'administration , ce qui
était vr«if surtout avant 1789.
Sarlements, c'est-à-dire, Tantorité jo-
iciaire, à l'existence. Cette délégation
du pouvoir judiciaire ne fut cependant
pas complète , et les restrictions que
la couronne y apporta devinrent le
principe d'une lutte qui ne devait finir
qu'avec la monarchie elle-méme/Eotre
autres matières essentiellement jadi-
ciaires, Iç roi s'était réservé la naate
prérogative de casser les arrêts do
I parlement qui contrevieudraient am
ois et ordonnances du royaume «on
attenteraient aux attributions de son
conseil.
Ces attributions étaient immenses:
elles avaient pour objet la prépara*
tion ({es édits , ordonnances et règle-
ments, les demandes en interpréta-
tion de ces ordonnances et édits, les
conflits de juridiction , les rè^lemeots
de juges en matière civile et criminelle,
les évocations pour parenté et autres
cas , les affaires fiscales jugées à la
cour des aides, les appels desordon*
nances d'intendants, ceux de la cham-
bre des comptes, ceux en matière de
f)rises maritimes, les prises à partiet
es évocations pour les matières béoé-
ficîales, féodales et domaniales; enfioi
les demandes en cassation des arrêts
et jugements en dernier ressort eoo*
traires aux lois, édits et ordonnances
du royaume. Ces matières, tantôt ad-
ministratives et tantôt judiciaires*
furent successivement réparties, à di-
verses époques, en cinq départemeots
ou conseils particuliers, dont laréti-
nion formait le conseil d'État: conseil
des affaires étrangères , conseil dtf
finances, conseil -des dépêches, conseil
du commerce et' conseil privé ou des
parties. Les attributions des (fi^
premiers étaient principalement goo-
vernementales et administratives; (p
les du dernier avaient un caractère
contentieux et même judiciaire; c^
outre les conflits et les évocations,!!
exerçait toutes les attributions qw
appartiennent aujourd'hui à la ootf
de cassation.
Le premier règlement de (ffi^
étendue qui ait été fait sur le o»-
seil du roi est celui de Henri ID.
du 8 janvier 1685. Ensuite sont veM»
les lèglements des 16 juin 1<I^>
CON
FRANCE.
CQH
56S
1*' mai 1657, et surtout celui du 3
janvier 1673, qui a donné au conseil
d'État une organisation qu'il a pres-
que entièrement conservée jusqu'à la
révolution de 1789. Un règlement spé-
cial du mois d'août 1669, relatif aux
règlements de juges, et enfin le règle-
ment du mois dre juin 1738, eurent
pourt)b|et de régulariser l'mstruction
des affaires portées devant le conseil
privé ou des parties. C'est ainsi que le
conseil d'État fonctionna jusqu'à l'é-
poque de la révolution.
Par deux décrets des 15 et 20 no-
vembre 1789, promulgués le 29 août
1790, sous,le titre de loi provisoire du
conseil d'État, l'Assemolée consti-
tuante avait décidé que , jusqu'à l'or-
ganisation du pouvoir judiciaire , le
conseil d'État, au sein duquel une or-
donnance du 9 août 1789 avait insti-
tué un comité contentieux des dépar-
tements ministériels, continuerait ses
fonctions, sans pouvoir toutefois ren-
dre aucun arrêt de propre mouvement,
ni ordonner aucune évocation avec re-
tenue du fond des affaires. Mais la loi
du 11 septembre 1790 ne tarda pas à
attribuer aux administrations départe-
mentales la décision souveraine du
contentieux de l'administration. La loi
du 14 octobre suivant réserva seule-
ment au roi , pomme chef suprême de
l'administration, le droit de prononcer
sur les questions de compétence entre
les diverses autorités administratif
ves.
Peu de jours après, la cour de cas-
sation fut instituée par la loi du V
décembre 1790, et vint couronner l'or-
ganisation judiciaire établie par la loi
du 24 août précédent. Le conseil d'É-
tat, qui n'avait été provisoirement
maintenu que jusqu'à cette époque, et
qui se trouvait dépouillé de la plus
grande partie de ses attributions, fut
supprimé par la loi du 27 avril et par
celle du 25 mai 1791 , ou, ce qui est
la même chose, son titre et ses attri-
butions furent transportés au conseil
des ministres , sauf la liquidation de
la dette publique , déjà réservée à un
comité spécial et à l'Assemblée natio-
nale par la loi du 17 juillet 1790.
Cette époque fut un temps d'anar-
chie et de confusion administrative;
ou plutôt la justice contentieuse était
la proie de la première autorité locale
qui osait se permettre des envahisse-
ments. Après le 18 brumaire, la cons-
titution de l'an viii porta remède à
ce désordre. Il y était dit (article
25) : a Sous la direction des consuls,
« un conseil d'État est chargé de ré-
« diger les projets de loi et les règle-
a. ments d'administration publique, et
« de résoudre les difficultés qui s'élè-
« vent en matière administrative. » Ce
principe, posé dans la constitution,
fut expliqué par un arrêté des consuls
du 5 nivôse suivant, dont l'article 11
mérite d'être remarqué. On y lit : « Le
(1 conseil d'État développe le sens des
« lois sur le renvoi qui lui est Êiit par
« les consuls des questions qui lui ont
« été présentées. Il prononce , d'après
« un semblable renvoi, V sur les con-
« flits qui peuvent s'élever entre l'ad-
« ministration et les tribunaux ; 2° sur
« les affaires contentieuses dont k
« décision était précédemment remise
« aux ministres. » Par les articles 66,
67 et 68 du sénatus-consùlte du 16
thermidor an x , le conseil d'État fut
divisé en sections, et les ministres
furent appelés à prendre part à ses
délibérations. L'article 77 du sénatus-
consulte du 28 floréal an xii institua
des conseillers d'État à vie, après cinq
années de services. Le décret du 11
juin 1806 attribua au conseil d'État la
connaissance des affaires de haute po-
lice administrative; enfin, le même
décret et un décret du 22 juillet sui-
vant réglèrent les formes d'instruc-
tion des affaires contentieuses.
Sous l'empire, le conseil d'État, qui
renfermait tôuà les débris de nos as-
semblées révolutionnaires, acquit une
haute influence ; mais cette influence
dut naturellement s'affaiblir par l'éta-
blissement du gouvernement représen-
tatif. Le principe de la responsabilité
ministérielle, qui est le dogme fonda-
mental de ce gouvernement , ne pei^
mettant pas de distinguer entre les
actes d'aoministration auxquels le con-
seil d'État est demeuré étranger, et
ceux qui ont été précédés de son avis,
ce conseil ne pouvait plus avoir d'au*
obv
LIJNÏVERS.
CON
tre umetéfs ^e celui d'auxiliaire du
ministère, qui doit répondre de ses
dâibérations quand il juge convenable
fie les traduire en actes d*administra-
tion publique.
La Charte de 1814 ne contient au-
cune disposition sur le conseil d*Ëtdt;
mais la restauration n'eut pas la pen-
sée de l'abolir, puisque, dès le 29 juin
1814, elle s'occupa du soin de le réor*-
ganiser dans un esprit rétrograde, et,
s*il ne put se réunir en assemblée gé-
nérale avant le retour de Tile d'Kibe,
ses comités ne travaillèrent pas moins
à l'expédition des affaires. Aussi , à la
secoïKle restauration, une nouvelle or-
donnance , moins contraire aux pro-
grès des idées, fut-elle rendue pour sa
réorganisation, sous la date du 23 août
1815. Plus tard, une autre ordonnance,
en date du 26 août 1824, apporta des
modifications à cette organisation, ré-
gla les conditions d'âge , d'aptitude ,
de fortune, de révocation, et le mode
ëes délibérations. Cette troisième or-
donnance fut elle-même suivie d'une
ordonnance du 6 novembre 1828 , qui
réduisit de trente à vingt-(|uatre le
nombre des conseillers d'Etat en ser-
vice ordinaire; et^ dès le l''' juin de
cette même année, le gouvernement
avait rendu une ordonnance spéciale
fK)ur le règlement des conflits , ma^
tière qui avait excité de vives plaintes.
La Charte de 1830 a gardé le même
fiflence sur le conseil d'État que celle
de 1814; cependant cette institution
a soulevé de vives récriminations.
Pour y satisfaire , des ordonnances
royales des 2 fêvrier et 12 mars 1831
concédèrent la publicité, la défense
orale et l'audition du ministère public
dans les affaires contentieuses. En€n,
l'ordonnance royale, du 18 septembre.
1889 a ajouté , sous le titre de comité
de légisïaUon, un sixième comité aux
t)lnq comités qui existaient déjà sous
les titres de comité «de législation et
de Justice administrative, comité de
f intérieur, comité du commerce et des
travaux publics , comité des finances ,
■et comité de la guerre et de la marine.
Tous ces comités préparent les ordon-
naoces des minfstres, et donnent leur
ans sur les affiaires qui leur sont sou-
mises; mais ces avis ne devieanent
des décisions que par Ja signature mi-
nistérielle ; ainsi le conseil d'État est
un corps purement consultatif. Depuis
1830, il a été présenté aui chamorcB
plusieurs projets de loi poorconsti*
tuer définitivement et légalement le
conseil ; mais aucun n'est arrivé à m
turlté. La grande difficulté qui 'dim
les esprits les plus éminents est celle
de savoir si le conseil d'État aura hbc
juridiction propre, c'est-à-dire, si dans
les affaires contentieuses seulement,
ses décisions auront force obligatoire,
comme les jugements des autres tribu-
naux. Cette question ne devrait pas es
être une ; le comité de la justice admi-
nistrative est un tribunal qui juge ta
affaires contentieuses entre les parti-
culiers et l'État ; si les décisions de
ce comité ne peuvent avoir vie que par
la volonté ministérielle, l'État est juge
et partie dans sa propre cause. En ces
circonstances, le comité du Gontea-
tieux devrait présenter les mêmes ga*
ranties d'indépendance que les autres
tribunaux du royaume.
Le conseil d'Etat connaît en appel
des arrêts des conseils de préfecture
et des appels comme d'abus contre les
membres du clergé.
Au sommet de la hiérarchie des
fonctionnaires du conseil sont lescoo-
seiilers d'Ëtat , puis les maîtres des
requêtes, et enfin les auditeurs. Ils soat
tous amovibles. Le service se divisées
service ordinaire et en service extra(ff*
dinaire. Le premier comprend les
fonctionnaires siégeant habituellemenl
et recevant des émoluments; dans le
second se trouvent un nombre illiffifl^
de personnes qui ne reçoivent poifl*
d'ai^intements , et qu'on a décorées
du titre honorifique de conseiller d'É-
tat ou de maître des requêtes ea s^
vice extraordinaire.
Conseil d'tJtdministreiUon, nom ^
Von donne aux officiers qui, ^
chacun des corps de l'armée , se râh
nissent pour en arrêter les coflïpw*
n y a un conseil d'adminîstration daai
chaque régiment et dans les batailtem,
escadrons, compagnies, formant eai?»
isolés. Lorsqu'une portion de coip»
est détachée et qu'eue éoitfi'a*»»»»'
€011
F&iKCE.
€ON
w.
trer dle-méme, il est fovmé ufi coBseil
d'administration évetituel, qui est in-
vesti , pour cette portion de corps dé-
tachée , des métnes attributions que le
conseil d'administration principal.
(Voyez Abmbe.)
Conseil d'agriculture. Voyez CoM-
HBacB (ministère du).
Conseil (^arrondissement. Voyas
Dl&PÀHTBMENTS.
Conseil de commerce. Voyez Com-
MEBGE (ministère du).
Conseil de conscience. Au nombre
des^divers conseils que, par ordoo-»
nance du 15scs)tembrel71ô, Louis XV,
ou plutôt le reigent Philippe d'Orléans,
institua , pour l'assister dans l'admi-
nistration des affaires du royauiQe,
fut le conseil de conscience, qui eut
pour attributions les affaires ecclésiaii-
tiques. #
Par règlement du 23 décembre de la
même année , ce conseil fut composé
comme il suit : président, le cardinal
de Noailles ; conseillers , l'archevéciue
de Bordeaux,, le procureur général
d'Aguesseaù, et l'abbé Poulie, conseiii-
1er au parlement; secrétaire, Tabbé
Dorsanne. Le conseil dut se réunir
tous les jeudis à quatre heures, et plus
souvent, si le besoin des affaires le
demandait, dans une des salles du
Louvre; cependant le roi trouva bon
que, pour l'expédition des affaires cou-
rantes , ses assemblées eussent lieu à
l'archevêché.
Le 4 août 1716, la compétence du
conseil de conscience s'accrut, par suite
d'un arrêt du conseil qui lui attribua
la direction du tiers des revenus des
archevêchés, évéchés, abbayes, etc., et
«nsemble celle des biens de ceux de la
religion réformée , confisqués ou mis
en régie, pour en faire l'emploi déter-
miné par l'arrêt. Ce conseil, de même
que ceux qui avaient été créés en même
temps , fut aboli à la majorité du roi.
Conseil de la ^a^ncellerie. Sous
l'ancienne monardiie, ce conseil était
établi auprès du chancelier, pour lui
faire des rapports sur certaines afifai-
res, et particulièrement sur eeties de
Finoprimerie et de la librairie.
Ornseil de la guerre, nom sous le-
qaei eo désignait un eooseil permaaent
d'administration du département de
la guerre , créé par ordonnance du 9
octobre 1787. Les attributions du mi?
nistère de la guerre furent alors divi-
sées en deux parties distinctes. Le
conseil de la guerre fut diargé dé
toute la partie législative et consulta-
tive, et le ministre de la guerre con-
serva la partie active et executive de
l'administration. Ce conseil eut doné
l'initiative de toutes les propositions
et de Texamen des projets d'améliora-
tions jugées nécessaires. Il était com-
posé de nuit officiers généraux , d'un
officier général ou supérieur faisant
fonctions de rapporteur; d'un secré-
taire du conseil, et d'un secrétaire du
rapporteur.' 1,6 premier était clioisi
parmi les quartiers-maîtres les plus
distingués de l'armée.
Les quatre lieutenants généraux
étaient MM. de Gribeauval , le comte
de Puységur, le duc de Guignes , et le
marquis de Jaucourt; les quatre ma-
réchaux de camp, MM. de Fourcroy ,
le comte d'Ësterhazy, le marquis d'Au-
tiebamp , et le marquis de Lambert.
Le colonel de Guibert fut nommé rap-
porteur , et M. Qiadelas secrétaire au
conseil.
Ce conseil dura peu : il fut dissous
par ordonnance, le 14 juillet 1789. Il
fut rétabli le 17 février 1828, sous le
nom de conseil supérieur de la guerre,
et le duc d'Angouléme en fut nommé
président. Tous les projets de lois ,
d'ordonnances, de règlements et de
décisions , devaient être discutés dans
ce conseil avant d'être souféis à l'ap-
probation du roi. Il avait aussi pour
fonctions d'examiner les lois et ordoi)-
nances en vigueur, afin de pouvoir
indiquer successivement les améliora-
tions dont elles pouvaient être sus-
ceptibles.
Ce conseil était composé du ministre
de la guerre , de trois maréchaux , et
de douze lieutenants généraux. Deux
intendants militaires y étaient atta-
diyés, avec voix consultative seulement.
Un marécbal de camp ou un colonel
remplissait les fonctions de secrétaire.
€e conseil fut dissous le 27 août
1830 , après deux dn$ et demi d'exis-
tence.
M8
€ON
L'UNIVERS.
COR
Cofueil de Pamirauté, commission
permanente établie près du ministère
de la marine , pour donner son avis
sur ce ^ qui se rapporte à ce départe-
ment.
Conseils de préfecture. Voyez DÉ-
PÀBTSMBNTS et PbÉFEGTUBES.
ConseU de révision. Voy. Conseil
DE GUEBBB , GaBDE NATIONALE , et
Regbutement.
Conseil de salubrité. Voyez Com-
MEBCE (ministère du).
Conseil des dépêches. Il était com-
posé du chancelier de France, de qua-
tre secrétaires d'État, de tous les
membres qui formaient le conseil d'É-
tat ou des affaires étrangères , et des
autres ministres et conseillers d'Ëtat
Sue le roi voulait bien y faire appeler,
se tenait ordinairement le samedi ,
et avait pour attributions les affaires
3ui avaient rapport à l'administration
e l'intérieur du royaume , et la cor-
respondance avec les provinces. On le
nommait conseil des dépêches, parce
que , dans l'origine , les décisions qui
en émanaient étaient renfermées dans
les dépêches ou lettres signées par un
des secrétaires d'État , suivant la ma-
tière dont il s'agissait.
Conseil des finances. Ce conseil
avait pour attributions la connaissatice
des affaires concernant les finances,
le domaine, les droits de la couronne,
et les différends qui survenaient entre
les particuliers et les fermiers ou trai-
tants, à l'occasion des droits que ceux-
ci étaient chargés de percevoir. Il était
présidé par le roi et composé du chan-
celier, du contrôleur général, d'un chef
du conseil, des intendants des finances,
et de quelques conseillers d'État et
maîtres des requêtes. Sa compétence
et le mode de procéder devant lui
avaient été régies le 15 septembre
1661.
Il y avait encore un conseil ordinaire
des finances , où se traitaient seule-
ment les afiaires des finances du roi.
Les arrêts qui s'y rendaient étaient
signés par un secrétaire du conseil.
Outre cela, il existait un conseil
royal des finances institué au mois de
septembre 1681, qui était composé du
chancelier , du contrôleur général , et
de trois conseillers d'État oomméspar
le roi, qui connaissaient desafùuies
les plus importantes des finaooes spé-
cifiées dans le règlement qui leur fat
donné.
Ces divers conseils, qui n'empédiè-
rent pas les finances du royaume de
tomber dans une effroyable confiisioQ,
furent abolis lors de la révolution.
Conseil des ministres, assemblée
des ministres sous la présidence du
roi ou de l'un d'eux, pour discuter les
projets de lois, les ordonnances, et \(&
mesures de gouvernement et d'admi-
nistration générale. Autrefois , on y ^
admettait des ministres d'État, e*est-
à-dire , des ministres sans attributioos
précises , sans autorité gouvememeo-
taie, et appelés seulement pour donner
leur avis sur les matières qui s'y trai-
taient. Ces sortes de ministres nireot
supprimés par le fait de la révolation
de juillet 1830. Cependant, lors de ia
formation du cabinet du 11 août de
la même année, MM. Laffitte, Casimir
Périer , Dupin aîné et Bignon , fiirent
autorisés, en qualité de ministres saiii
portefeuille, à prendre place au conseil
des ministres. Mais le cabinet doot
ils faisaient partie fut dissous trois
mois après son installation, et depuis
ce temps, le conseil des ministres M
se compose que de ministres à port^
feuille.
Conseil du roi» Voyez ComU
d'État.
Conseil du sceau des titres. lîapo-
léon, en instituant les majorats,lc
1^ mars 1808, créa un conseil spéd»
chargé de recevoir les demandes de
ceux C|ui solliciteraient la faveur d'es
constituer un. Voici l'article qui c»
cerne ce conseil : u Titbb T'. Art. U*
L'archichancelier procédera à FeD-
inen de la demande, assisté d'un ooo-
seil nommé par nous, et composé aiosi
qu'il suit : trois sénateurs , deux eoB*
selliers d'État , un procureur géoéraif
un secrétaire général; ce conseil sen
dénommé conseil du sceau des Olf^
Le secrétaire général tiendra le vffi'
tre des délibérations, et en sera d^^
sitaire. »
Ce conseil a subi aaelques iDodÎBCi'
tions dans le temps ae la restauisM
GON
FRANGE.
GON
560
et a été supprimé depuis la révolution
de juillet , en conséquence de Tabro-
gation des majorais. Il n'était que
temporaire, et ne subsistait au' autant
que l'exigeait l'examen des demandes
pour lequel il avait été constitué.
Conseil étroit ou privé. — L'origine
du conseil étroit ou conseil privé , dé-
nomination qui a fini par prévaloir ,
remonte presque à celle de la monar-
chie française. Clotaire avait pour con-
seillers intimes trois seigneurs qui le
trahirent, en lui persuadant d'accepter
trente-six mille sous que lui offraient
les Lombards pour se racheter d'un tri-
but annuel de douze mille sous qu'il leur
avait imposé. Ils avaient eux-mêmes. '
reçu chacun mille sous pour prix de
ce 'conseil déloval. Charlemagne avait
toujours près de lui trois de ses con-
seillers les plus éminents et les plus
sages. Ses successeurs ne choisirent
I)as toujours de tels hommes pour
eurs conseillers intimes , mais ils en
eurent toujours auprès fl'eux. C'est
d'un conseil privé qu'il faut entendre
lin article des lettres par lesquelles
saint Louis laissa à la reine sa mère
la régence du royaume , pendant son
premier voyage d'outre-mer. « Qu'elle
« ait, y est-il dit, plein pouvoir (plena-
« riam potestatem) d'appeler et d'ad-
« mettre au gouvernement des affaires
« de notre royaume ceux qu'il lui plai-
« ra, d'en éloigner ceux qu'elle jugera
« à propos , selon qu'elle avisera être
« opportun et convenable. »
Le pouvoir qu'avait la reine Blan-
che d'admettre au conseil et d'en ex-
clure ceux qu'elle voulait , saint Louis
l'avait évidemment à plus forte rai-
son , et il le transmit à ses succes-
seurs. Dans le fait, il n'y eut jamais
sur ce point d'autre loi que la volonté
du prince. S'il s'établit des i^sages, si
le droit d'entrer au conseil devint la
prérogative de certaines charges , de
certaines dignités, ce droit ne fut ja-
mais absolu; il put toujours y être
dérogé par un acte émané de la cou-
ronne ou une simple manifestation de
sa volonté, ainsi que cela eut lieu,
conune on le verra , au commence-
ment du quinzième siècle.
La conseil étroit , institué dans l'o-
rigine pour donner au roi son avis
dans les affaires sur lesquelles il était
consulté , obtint par la ^ite une sorte
de juridiction. On ignore à quelle épo-
que elle lui fut attriouée, mais on sait
qu'il la possédait déjà au temps de
Philippe te Bel , et ce fait est prouvé
par un jugement qu'il rendit en 1296 ,
pour mettre fin à une contestation sur-
venue entre deux seigneurs , laquelle
avait été portée devant lui. Le 10 juil-
let 1319, il fut publié une ordonnance
sur la tenue du conseil privé et l'ad-
ministration du trésor ; et le 3 décem-
bre de la même année , un règlement
pour l'exclusion des prélats du parle-
ment, et leur maintien au conseil. Les
termes de cette disposition sont as-
sez curieux pour être rapportés : « Il
« n'aura nulz prelaz députez en par-
ti lement , car le roy fait conscience de
« eus empeschier ou gouvernement de
« leurs experitiiautez(a^i^ri&t«^û)n^), et
« le roy veut avoir en son parlement
« genz qui y puissent entendre conti-
« nuellement sanz en partir, et qui ne
« soient occupez d'autres granz occu-
« nations. Toutes voies s'en entente
« du roy (toutefois V intention du roi)
« n'est mie que les prelaz qui sont de
« son conseil en soient pour ce hors,
« ançois est s'entente {au contraire,
a son intention est) que ils demeu-
« rent de son conseil , et il les ap-
« pellera à ses autres granz besoi-
« gnes.» En 1359, pendant la captivité
du roi Jean, dans la crainte que le
dauphin , qui gouvernait à sa place ,
ne lût amené par faiblesse à prendre
des mesures ou à faire des concessions
préjudiciables au bien de l'État, le
conseil de régence arrêta et fit publier
par le jeune prince , qu'il ne rendrait
aucune ordonnance et n'accorderait
aucun privilège autrement gue par dé-
libération du conseil. Cette importante
disposition fut souvent renouvelée;
elle se retrouve même dans l'ordon-
nance royale du 19 avril 1817, mais
elle ne fut jamais bien exécutée.
Avec le temps, un grand nombre
de personnes s'étaient , soit en raison
de leur naissance , de leurs alliances
ou de leurs dignités , attribué le droit
d'entrer au conseil secret, et au con-
1
470
L'UNnms.
coir
fteil privé, et d'y BÎéger stns en être
légalement investies. Pour remédier à
cet abus , Charles VI , par lettres du
36 avril 1407, fixa à vingt-six le nom-
bre des membres de ces deu». conseils,
« sans ce qu'autres quelconques, dit-il,
« de quelque état, condition ou préé-
ft minence qu'ils soient , y soient re*
« ceus, exceptez toutes fois ceux de
« notre lignage et les chefs d'office de
« nostre royaume , tant au fait de la
« guerre , comme de la justice et de
« nostre bo8tel,lesqueU nous ne voulons
« ny entendons forcher d'estre à nos
« consaulx , ri os voulons qu'ils y soient
« quand ils seront pardevers nous. »
Le conseil privé ayant acquis une
grande influence sur les affaires pu*
liques, se vit exposé à des séductions,
et tout donne lieu de croire qu'il ne
fut pas inaccessible à la corruption ;
car un édit de février 1540, publié par
François I*% fit défense à tous les con-
seillers du conseil étroit et privé, pré-
sents et à venir , de quelque état , di-
gnité et condition qu'ils soient , « de
« prandre doresnavawt aucunes cho-
« ses des princes estrangiers, potentaz
« et républiques , leurs ambassadeurs
« ou aucuns ministres, soit par acbapt
« ou rkompense, prest ou aultrement,
« en quelque manière que ce soit, sans
« expresse commission deûementexpé-
« diee en forme, sur peine d'estre pu-
« gny comme infidelles et désobéis-
« sants à nous et à nostre Estât, et
« comme crimes de ièze-majesté. » Il
fallait que le mal fdx bien grave pour
qu*on le frappât de peines aussi sé-
vères.
Le t*' aoât 1576, la compétence ju-
diciaire du conseil privé fut augmen-
tée; Des lettres patentes de ce jour
évoquèrent et réservèrent à ce conseil
la connaissance des procès relatifs an
cierge , qui , jusque-là , avaient été
dans les attributions du grand con-
seil. Mais en janvier 1597 , par suite
d'un édit sur l'administration de la
justice, les évocations, etc., il lui fut
défendu de s*occuper des causes de ju-
ridiction contentieuse , lesquelles de-
vaient être renvoyées aux cours sou-
veraines à qui il appartiendrait d'en
eonnattre.
Le mode de procéder par-devant le
conseil privé fut réglé [^r différents
actes de l'autorité souveraine, notain>
ment par l'ordonnance du ^7 féfrier
1660 , celle d'aoât 1737 , et le r^l6
ment du 38 juin 1738. Ses déeisiou
avaient force de loi. Un arrêt du con-
seil d'en haut , en date du* 6 juillet
1661, enjoignit aux parlements, graod
conseil , chambre des comptes , cour
des aides, et toutes autres compagnies
souveraines, de déférer et se soumet-
tre aux arrêts du conseil privé.
Tel qu'il fut organisé en 17S8 , œ
conseil, appelé aussi conseil det par-
ties y eut pour attributions deoofioii-
tre des affaires contentieuses eotre
particuliers, lorsque ces affaires étaieat
relatives à l'exécution des lois et (v*
donnances du royaume, ainsi qu'à ïiS'
dre judiciaire établi par le souveraia.
Il connaissait exclusivement des d»*
mandes en cassation d'arrêts reDda
par les cours supérieures^, des coolliti
élevés entre les mêmes cours, desrè*
glements à faire entre elles , des éro*
cations sur parentés et alliances, es
oppositions au titre des offices, des
rapports de provisions de ces offietf)
etc., etc.
Le roi n'assistait point au eonsei
privé; cependant il y figurant pv^
fauteuil vide dans lequel il était eeosé
être présent au rapport et à la diso»'
sien des affaires. Ce oonseil étaitoré-
sidé par le chancelier , et composé (Ib
garde des sceaux , qui prenait pbft
après ie chancelier lorsque les deox
charges étaient séparées, desqo^
secrétaires d'État, des cooseillert dic-
tât et des maîtres des requêtes q» f
servaient par quartier. Legranddovtfi
autrement -appelé le doyen des ààff
des maîtres des re<]uête8 avait le m
d'entrer au conseil toute l'année; ks
doyens de quartier, au contraire, d'i-
valent le droit d'y entrer, outre k
temps de leur quartier , que peodttt
les trois mois qui suivaient leur teof
de service. Les agents géoéraméi
clergé avaient entrée au conseil, lan-
gu'onde vait y agiter quelques que^^
intéressant leur ordre en général, v
pouvaient y faire telles represeetatiatf
et réquisitions qu'ils JageaicBl eoort-
CON
FRAIÏCBU
€Q1!I
sn
nobles ; mais ils étaient obligéis de se
retirer avant qu'on allât aux opi-
nions.
Les réunions du conseil privé avaient
lieu à portes closes , et , avec les conseilr
1ers f il ne pouvait y assister que les
deux secrétaires du chancelier, le gref-
fier du conseil de quartier et deux
huissiers des conseils du roi appelé^
huissiers de la chaîne. Les anaires
étaient instruites par le ministère des
avocats nommés avocats au conseil du
roi. Le nombre des juges nécessaires
f>our rendre un arrêt n'était point fixé;
es procès s'y décidaient à la pluralité
des suffrages . et , en cas de partage ,
la voix du chancelier comptait pour
deux et rompait Téquilibre.
Le conseil privé, étroit, ou des par-
ties , suivait toujours le roi , et tenait
ordinairement ses séances dans une
des salles de l'habitation rovale ; mais
lorsque le roi allait à l'armée, ou fai-
sait ijuelque voyage dans lequel le con-
seil était dispensé de le suivre , il se
réunissait chez le chancelier.
Ce conseil a été détruit avec la
royauté , lors de la rçyplution. Lors-
que Napoléon rétablit chez nous le
gouvernement monarchique, d'abord
comme consul , ensuite comme empe-
reur, il rétablit le conseil privé, et le
sénatus-consulte du 16 thermidor an x
en indique même deux. L'art. 57 porta
que les projets de sénatus-consulte se-
raient discutés dans un conseil privé
composé de deux ministres', deux sé-
nateurs, deux conseillers d'État, et
deux grands officiers de la Légion
d'honneur , tous désignés par l'empe-
reur à chaque tenue. L'art. 86 ajouta
que l'empereur exerçait le droit de
£iire grâce , après avoir entendu dans
un conseil privé , le grand juge , deux
ministres . deux sénateurs , deux con-
seillers d'État et deux^z^^e^ de la cour
de cassation. Les magistrats du par-
quet de la cour de cassation furent
compris dans la dénomination de Jû-
ges. Napoléon le décida ainsi en bru*
maire an xi, et l'usage fut cons-
tamment en harmonie avec cette déci-
sion. Ce conseil , ou plutôt ce double
conseil, n'existe plus. Les matières
dont il avait à s'occuper sont aujour-
d'hui traitées au conseil des ministres.
Conseil exécutif provisoire. Le pou-
voir exécutif s'étant trouvé de fait
vacant . après la journée du 10 août
1792, 1 Assemblée nationale en inves-
tit provisoirement le conseil des mi-
nistres, par une loi du 15 du même
mois. Ce conseil , qui reçut alors le
nom de conseil executif provisoire ,
exerça ce pouvoir jusqu'au 12 germi-
nal an II , où une nouvelle loi le lui
retira pour le partager entre divers
comités de la Convention.
Conseil général de département
(Voyez DÉPARTEMENT.)
Conseil général de commerce. (Voy .
Commerce [ministère du]).
Conseil général des prisons. Ce
conseil , formé de vingt-quatre mem-
bres choisis parmi ceux de la société
royale pour 1 amélioration des prisons,
fut établi par une ordonnance du 9
avril 1819. Il s'assemble au ministère
de l'intérieur, sous la présidence du
ministre, et délibère sur toutes les
questions relatives à l'amélioration
des prisons , qu'il £aiit inspecter par
des délégués.
Conseil municipal. (Voyez Muni-
cipalités.)
Conseil officieux. Ce conseil avait
été institué dans l'intérêt des militai-
res, par la loi du 6 brumaire an y, qui
portait, article l*' : « Les tribunaux
civils nommeront trois citoyens, pro-
bes et éclairés , qui formeront un con-
seil of^deux , chargé de consulter et
défendre gratuitement, sut* la demande
des fondés de pouvoir, les affaires des
défenseurs de la patrie et des autres
citoyens absents pour le service des
armées de terre et de mer. » Cette loi
est tombée en désuétude, et il n'existe
plus de conseils officieux , si ce n'est
dans quelques barreaux où des avo-
cats en ont institué en faveur des in-
digents.
Conseil royal de Pinstruction pu-
blique. (Voyez Université.)
Conseil supérieur du comm£rce et
des colonies. (Voyez Commerce [mi-
nistère du].)
8* Conseils judiciaires.
Le conseil d'État et les conseils
673
CON
L'UNIVERS.
GON
de préfecture étant, par leurs plus
importantes attributions, des con-
seils administratifs, nous avons dû
les classer dans la section précéden-
te. Cependant ces conseils ont aussi
des attributions judiciaires, et sont
dans certains cas de véritables tribu-
naux. Il en était de même du conseil
privé. Ces conseils appartiennent donc
aussi à cette section, dans laquelle on
doit en outre ranger les suivants :
ConseU de discipline de la garde
nattoîicUe.ÇVoyez Gabdb nationale.)
Conseil de guerre. (Voyez Justice
MILITAIBS.)
Conseil des prises. C'était une com-
mission extraordinaire que le roi éta-
blissait en temps de guerre près de l'a-
miral, pour iuger en première instance
la validité des prises faites en mer,
soit par la marine royale, soit par les
particuliers qui avaient obtenu des
commissions pour armer en course.
Cette commission était composée de
l'amiral , qui en était le chef, et chez
qui elle se tenait, d'un certain nombre
de conseillers d'Etat et de maîtres des
requêtes , du secrétaire général de la
marine, jqui avait voix délibérative ,
d'un grefaer et des autres officiers né-
cessaires.
Anciennement les officiers de l'a-
mirauté avaient le droit de juger les
prises en première instance et sauf
appel ; mais ils ne l'exerçaient ^ue
comme représentant Tamiral, à qui ce
droit appartenait exclusivement. Tou-
tefois, on ne voit pas qu'aucun amiral
ait fait usage de cette prérogative avant
Henri de Montmorency. Cet amiral
étant mort en 1626 , et Louis XIÏI
ayant supprimé le titre de sa dignité,
pour créer la charge de grand maître,
chef et surintendant de la navigation
et commerce de France , en faveur du
cardinal de Richelieu , ce prélat , et
après lui le duc de Brézé , la reine
mère, le duc de Vendôme et le duc de
Beaufort, qui lui succédèrent, jugè-
rent les prises, comme le faisait le
grand ofQcier qu'ils remplaçaient.
Après le décès de M. de Beaufort,
arrivé en 1669, Louis XIV rétablit la
charge d'amiral en faveur.du comte de
Vermandois; et la minorité de ce
prince ne lui permettant point de pré-
sider au conseil des prises , les jug&
ments qui y furent rendus dans li
suite cessèrent de l'être au nom de
l'amiral. Il fut établi en 1672 une com-
mission du conseil , où les prises fo-
rent jugées et les arrêts rendas aa
nom do roi. Le comte de Vermaodois
étant mort , et le comte de Toulouse
ayant été pourvu de sa charge, aussi
en minorité , les arrêts de la coromis-
sion du conseil des prises coDtiauè-
rent à être rendue au nom du roi;
mais ce prince ayant atteint sa majo-
rité, et acquis le droit de présider, il
réclama une des plus honorables pré-
rogatives de l'amirauté. Il fut £ut
droit à sa requête, et un règlement du
9 mars 1695 ordonna que les arrêtt
seraient rendus en son nom.
Le conseil des prises, fut maiotom
par arrêt du conseil d'État do 12 mai
1702, puis aboli plus tard, pour être
rétabli plusieurs rois , savoir : eu fé-
vrier 1719, lors de la déclaration de
guerre faite à l'Espagne ; le 3 noTcn-
bre 1733, à l'occasion de la gaerre dé-
clarée à l'empereur d'Allemagne , le
10 octobre précédent ; le 15 mars 1744,
à l'occasion de celle qui fut déclarée à
l'Angleterre ; enfin différents règle-
ments semblables , ayant toujoius
pour base celui de 1695 , furent faits
le 14 juin 1778.
La révolution n'établit point de eoa-
seils des prises , et attribua les causes
dont ils connaissaient , d'abord au
tribunaux de commerce , sauf ap|iei
aux tribunaux de district (14 févner
1793) , ensuite au conseil exécutif pro-
visoire (18 brumaire an ii); ensuite
de nouveau aux tribunatlx de com-
merce (3 brumaire an ly). Enfin, le X
ventôse an yiii, une loi ôta auxtriht'
naux la connaissance des prises,^
chargea le gouvernement de pouryoi'
au mode de jugement des contestatioai
qui y sont relatives.
Le 6 germinal suivant, un arrfté(iB
gouvernement établit à Paris un ooft-
seil des prises , composé d'un conseil'
1er d'État, de huit membres da sénat
et d'un procureur impérial. Le 8 b*
1806 , ce conseil fut placé dans les at-
tributions du grand juge mtoistre é
J
CON
FRANCE.
CON
573
la justice. Le 11 juin de la même an-
née , ses décisions furent attribuées à
la connaissance-du conseil d'État ; et
le 12 novembre 1810, un décret impé-
rial en investit les membres du titre
de conseillers au conseil impérial des
prises. Cette cour de justice a cessé
d'exister à la paix.
Conseil martial, La loi du 21 août
J790 avait attribué à des tribunaux
composés d'officiers de marine, et
qu'elle qualifiait de conseils martiaux,
la connaissance des délits commis à
bord de vaisseaux de l'État, et empor-
tant la peine des galères ou la peine de
mort. Le décret du 22 juillet a substi-
tué à ces conseils des conseils de guerre
maritimes, et il a étendu leurs attri-
l3Utions à tous les délits dont la puni-
tion excède la cale ou la bouline. En
conséquence, les conseils martiaux
n'existent plus.
Conseil provincial d* Artois, tribu-
nal qui tenait ses audiences à Arras,
et avait été créé par l'empereur Char-
les-Quint, le 12 mai 1530. Sa compé-
tence fut réglée par les placards, du
niême prince , en date des 12 mai , 23
juin, 5 juillet 1530, 10 juillet 1531 , et
par une déclaration du 25 mars 1704.
Plusieurs contestations s'étant élevées
entre les officiers de ce conseil et ceux
des bailliages royaux de la province
d'Artois, sur cette compétence et les
attributions du ressort de tous ces tri-
bunaux, les droits des uns et des au-
tres furent fixés par des lettres patentes
du 13 décembre 1728, enregistrées au
parlement de Paris le 5 septembre 1730.
Un édit du mois de février 1771
avait supprimé^ le conseil provincial
d'Artois, et un autre édit du même
mois et de la même année avait établi
à sa place un conseil supérieur dans la
ville d' Arras; mais ces édits furent
révoqués par un autre du mois de no-
vembre 1774, qui remit les choses sur
le même pied où elles étaient aupara-
vant, à quelque différence près dans
l'exercice de la juridiction.
Le ^ ressort du conseil provincial
d'Artois s'étendait sur toute la pro-
vince d'Artois , et sur les villes et ter-
ritoires de Dunkerque, Gravelines et
Bourbourg. Ce conseil fut supprimé,
comme tous les tribunaux de l'ancien
régime, par la loi du 7 septembre 1790.
. ConseU souverain d'Alsace. C'était
un tribunal souverain établi à Colmar,
et qui tenait lieu de parlement dans la
province d'Alsace. Il connaissait en
première instance de toutes les affaires
de ceux qui avaient autrefois leurs
causes commises à la régence d'Autri-
che : tels étaient les abbés , les prieurs,
les ^communautés ecclésiastiques, les
grinces, les seigneurs et les gentils-
ommes, à l'exception de ceux de la
bpsse Alsace, qui avaient leur direc-
toire à Strasbourg; à l'exception aussi
des officiers des lieux dépendants du
temporel de l'évêché de Strasbourg,
de ceux du comté de Hanau, etc. , des
sentences desquelles les appellations
étaient portées à leurs régences res-
pectives. Il faut encore excepter le
grand et petit sénat de Strasbourg , qui
jugeaient en dernier ressort les anaires
criminelles et civiles jusqu'à la somme
de dix mille livres.
Le conseil souverain d'Alsace con-
naissait de même en première instance
de toutes les'causes des officiers de son
corps , et de celles des officiers de la
chancellerie qui était établie près de
lui. Toutes les appellations, tant des
juges royaux que de ceux des seigneurs
et des magistrats des villes , et même
les appellations comme d'abus des tri-
bunaux ecclésiastiques, étaient pareil-
lement de son ressort. Ce conseil fut
supprimé par la loi du 7 septem-
bre 1790.
Conseil souverain de RomsiUon^
tribunal souverain établi autrefois a
Perpignan , capitale du Roussillon.
Avant l'institution de ce conseil , il
y avait à Perpignan un conseil royal
particulier créé par les rois d'Espagne ,
auxquels appartenait, alors le Rous-
sillon. Quant au conseil souveram , son
établissement, de la part de la France,
date de 1642, époque où le Roussillon
fut réuni à la France; cependant ce
tribunal ne fut complètement constitué
qu'en 1660, après la paix des Pyré-
nées. Son ressort comprenait la vi-
gûerie du Roussillon , et celles de
674
COM
L'UNIVERS.
GOH
Conflans et de Gerdagne, qui étaient
alors unies, et dont le siège était à
Montlouis. Le conseil souverain de
Koussillon a été supprimé par la loi
du 7 septembre 1790.
Conseil iupérieur. On à appelé ainsi
des tribunaux que Louis XV, après la
mutilation et rexil du parlement de
Paris, avait créés par ses édits des
mois de février, août , se|)tembre et dé*
cembre 1771, dans les villes d'Arras,
Blois , Châlons , Clermont-Ferrand ,
Lyon, Poitiers, Nîmes, Bayeux, Douai
et* Rouen. Ces tribunaux connaissaient
en souverain et en dernier ressort, de
toutes les matières civiles et crimi-
nelles dans rétendue des t)ailliage8
dont leur arrondissement était com-
posé, à l'exception des affaires concer-
nant les pairs , les pairies , etc*
Louis XVI ayant rappelé à leurs
fonctions les magistrats dispersés sous
le règne de son prédécesseur, supprima,
par ses édits de novembre 1774 et fé-
vrier 1775, les conseils supérieurs 4 et
rétablit Tordre des jurkiictions tel qu'il
était avant qu'ils fussent créés.
Conseil abhb dbs GauloiS) Cofi-
silium armatum» —Lorsque les Gau-
lois assemblaient le conseil armé, c'é-
tait pour eux la proclamation d'a-
larme et l'ouverture d*une guerre à
mort. Tous les hommes, jeunes ou
vieux, en état de porter les armes ,
devaient se rendre a ce conseil , et le
dernier venu était mis à mort aux
yeux de l'assemblée (*).
C0NSEHV4T0IfiB DE MUSIQDB. —
JusQu'en 1784, les maîtrises des ca-
théclrales et l'école de TOpéra avaient
suffi pour former les chanteurs dont
on avait besoin , soit pour Texécution
du chant religieux , soit pour celle du
ehant dramatique. Mais les opéras de
Gluck opérèrent une révolution si con-
sidérable sur notre théâtre lyrique,
que renseignement ancien du eliant
ne sufQt plus aux exigences de la scène.
On résolut alors de créer une école
spéciale pour l'enseignement de la mu-
sique vocale, et le ministre de Bre-
(*) Voyez César, Guerre des Gatiles , liv. v,
teuil, protectear écX^fté des boNDH
arts, fonda, le S janvier 1784, ÏÉcé
royale de chant ^ à laquelle on ajouta,
en 1786, des classes de déclamatioi
qui la firent nommer École royakà
chant et de déclanuÊtion, Telle Ait
rorigine du Conservatoire. Un de sa
premiers élèves fut Talma, etGôiM
fut son premier directeur.
Cet établissement Ait détruit a
1789. Mais à cette époque on ergani-
sait la garde nationale de Paris:»
créa pour cette garde un corps de nu-
sique , dont les quarante-cinq nnsi-
ciens qui avaient appartenu aux mosi-
crues des gardes françaises domt
former le noyau. Cette créatioD était
due à un simple particulier, Sarrette
(voyez ce nom), qui avait fait agréer
ses actes au générai la Fayette. Ad
mois de mal 1790, la municipalité de
Paris se chargea de la dépense, porta
le nombre des exécutants à qlùtr^
vingt-dix, et chargea le corps demii-
sique du service des tètes pobliqofl-
Mais, en 1793, on supprima lescon-
pagnies soldées de la garde parlsieiiM,
et dès lors la ville, qui n'avait plosée
fonds pour la garde nationale ^ cessa M
payements aux musiciens. Le eovfi
allait se dissoudre, lorsque Sarntlt,
à force de persévérance, obtint m
maintien. Il représenta que l'abolitioi
des maîtrises et la destruction du citrp
de musique allaient détruire Tart ma-
sical en France , attendu que lesartiiM
qui le composaient pouvaient IiIb
quitter la France. La municipalité,'^
cidée par ces raisons, créa sneéflA
gratuite de musique. Cette école |loa^
vut bientôt à tous les besoins; cet*
fille qui fournit des corps de mttficie*
aux quatorze armées de la répubUi)*
et des orchestres pour les fêtes naM-
nales. « C'est de la que sont partial
nombreux élèves^ qui, tépandosdJV
les camps français, animaient par des
accords belliqueux l'intrépide covnp
de nos armées; c'est de là qu* Mf
chants civiques , disséminés d'un W
de la France à l'autre, allaient ]«ap
chez l'étranger^ jusque sous les tf^
de Tennemi , troubler le repos deadj
potes ligués contre la république; «^
ooir
FRANCE*
GOM
996
là auront été inspfrés ces hymnes bril-
lants et solennels que nos guerriers
chantaient sur tes monts de TArgonne,
dans les plaines de Jemmapes et de
Fleurus , et en forçant le passage des
Alpes et des Pyrénées (*). »
La Convention, comprenant Fim-
portance de cet établissement , se bâta
de lui donner la stabilité nécessaire à
son perfectionnement, Férigea en InS"
titut national de musique ( 18 brumaire
an II, 1793), et le compléta deux ans
après (16 thermidor an m), en lui
donnant le nom. de Conservatmr^ de
musique. Voici le décret :
« L'Institut central de musique est
« établi à Paris pour exécuter et en-
« seigner la musique. Il est composé
« de cent quinze artistes. Sous le rap-
« port d'exécution, il est employé à
« célébrer les fêtes nationales; sous
« le rapport d'enseignement, il est
« chargé de former les élèves dans
« toutes les parties de Tart musi-
« cal.Six cents élèves des deux sexes (**)
«t reçoivent gratuitement Tinstrue-
« tion dans l'Institut. » On vota en
même temps un crédit de deux cent
Quarante mille francs , rétablissement
'une bibliothèque musicale . composée
de livres et partitions , et la création
d'une collection d'instruments.
En 1802, le crédit fut réduit à cent
ra.ille francs ; c'était la première atteinte
portée à cette admirable institution;
le nombre des élèves des deux sexes
fut réduit à trois cents, et celui des
professeurs à trente-cinq, outre trois
inspecteurs de l'enseignement et un
directeur. Les élèves étaient admis à
la suite d'examens. Le but du Gonser-
Tatoire resta toujours celui de propager
la musique dans la société , et de former
des musiciens pour les armées et pour
les orchestres.
£n 1808 , le Conservatoire reçut une
nouvelle organisation; on y joignit des
cours de déclamation tragique et co-
miijue; on chargea de ces cours les
artistes dramatiques les plus illustres;
(*) Chénier, Rapport à la Convention sur
rorganisation d« fiastitut national de mu-
(*^) Six par département.
on porta fe nombre des élèves à quatre^
cents^, dont trente-six pensionnaires.
Le Conservatoire, outre son ancienne
destination, en reçut une nouvelle,
eelle de fournir des sujets de tous les
genres pour les principaux théâtres^
De nombreux concerts formatent dé
bons exécutants, d'habiles chefs d'or*
chestre, et ouvraient de nouvelles
issues aux jeunes compositeurs; des
méthodes pour tous les instruments
étaient composées; enfin le Conserva*
toire brillait d'un éclat qu'il faut sans
doute attribuer à l'habileté de son di-
recteur Sarrette, et à la protection
éclairée de l'empereur. Mais cette ad-
mirable institution ne fut pas plus que
les autres à l'abri des préventions de la
restauration ; son nom fut changé en
celui û^ École rovale de musique; elle
fut placée sous la direction de l'inten-
dant des menus plaisirs; son budget
fut diminué; les professeurs et les
élèves furent découragés; enfin les
concerts furent supprimés. L'institu-
tion était détruite; mais on avait dé-
ttult une œuvre de la Convention, on
s'en consolait.
Cependant, en 1824, ali moment où
l'École royale allait s'anéantir tout à
fait, la restauration vint à son se-
cours; elle nomma un directeur, et
choisit M. Chérubini, bien que Sar-
rette vécût encore : on rétablit quel-
ques classes, on en créa de nouvelles;
mais l'influence de l'école italienne de-
vint toute-puissante , surtout dans les
études de cnant; bref, on n'avait pas
recréé le centre de notre école de mu-
sique française. En 1828, la société
des concerts commença ses séances;
mais elle employa le talent de ses
membres à faire connaître la musique
allemande; la direction manquait; il y
eut de grands succès , mais pour l'Italie
et r Allemagne; on cultiva tout, on
pensa à tout, excepté à la France;
mais, nous le répétons et à dessein,
l'œuvre républicaine n'était pas réta-
blie. Le Conservatoire ne reprit son
nom qu'en 1830; une direction puis-
sante, impartiale ) nationale surtout,
agissant en vue de continuer le déve-
loppement de l'école française de mu*
576
COR
L'UNIVERS.
CON
/
slque, lui manoue encore. Mais peut-
étfe que Ton n^y sait pas quMl existe
une école française!
Nous terminons en indiquant l'or-
ganisation actuelle de cet établisse-
ment : il possède un directeur, trois
inspecteurs , soixante et dix professeurs
et quatre cents élèves.
Nous avons parlé précédemment des
méthodes du Conservatoire ; il en existe
•quatorze qui ont été composées par
ies professeurs spéciaux les plus dis-
tingués, et revues par une commission.
Ces traités ont été traduits dans toutes
les langues, et assurèrent (sous l'em-
pire) la suprématie de l'école exécu-
tante française dans toute l'Europe.
Alors aussi notre école musicale bril-
' lait de tout son éclat : elle avait pour
représentants Gossec, Catel, Lesueur,
Berton et Mébul.
Les concerts du Conservatoire com-
mencèrent dès 1801; ils n'avaient lieu
3u'à de rares intervalles; en 1804, ils
evinrent réguliers. « Ils avaient pour
but, dit M. Miel, de donner aux études
une application pratique, en façonnant
les élevés à l'exécution de la belle mu-
sique dans tous les genres, ancienne
et moderne, de former des chefs d'or-
chestre et de fafre débuter les princi-
)aux lauréats. Chaque élève avait un
/eton de présence. Les frais prélevés,
es bénéfices étaient placés pour venir
au secours des musiciens pauvres ou
infirmes , de leurs veuves et de leurs
orphelins. L'institution a été main-
tenue jusqu'au changement survenu
en 1814. »
En 1828, les concerts furent repris,
non plus par le Conservatoire, mais
par une société d'artistes composée de
professeurs et d'élèves de cet établisse-
ment, sous la direction de M. Habo-
neck aîné. Cet orchestre, inimitable
pour sa précision, son aplomb, son
goût, son ensemble, sa vigueur, est
arrivé au plus haut degré de renom-
mée; rien au monde, en Allemagne
même, ne peut lui être comparé, et
cela de l'aveu même des étrangers.
Cependant la société des concerts et le
Conservatoire sont dans une fausse
voie, et il ^aut le dire. Le Conserva-
toire fait des machines, mais nonpia
des, artistes; tout y^ est sacrifié au mé-
canisme, au matériel de l'art, au tour
de force, à la difficulté vaincue; l'art
y est presque inconnu. C'est le goût de
l'époque, dira-t-on. Cela est vrai; mais
à. quoi bon un Conservatoire alors? à
quoi doit-il servir, si ce n'est à con-
server les saines traditions au lieu de
céder à la mode et au mauvais goût?
Le Conservatoire n'est plus le centre
de notre école française, qui se perd
ou se dénature par cela même. Ce sont
deux vices graves et qui éclatent dans
les concerts , où la musique étrangère
est presque seule jouée.
La société des concerts a atteint sod
apogée auant à l'exécution ; mais elle a
en elle oes vices qui doivent être signa-
lés comme étant le résultat de l'art et
du mauvais goût de l'époque. Son sys-
tème de location exclut entièrement le
public (moins soixante places sur douze
cents) ; la mode du grand monde y est
toute-puissante; et c'est ce public de
salon qui a accepté le genre des solos
à difficultés vaincues. Mais le reprocbe
le plus grave que l'on puisse adresser
à cette société, c'est d'avoir employé ses
immenses et admirables ressources à
ne faire connaître que la musique al-
lemande. Pourquoi donc ce privilése?
Nous ne voulons pas exclure Beetho-
ven , mais nous croyons que nos coffl*
positeurs français ' ont leur valeur.
D'ailleurs l'invasion de la musique al-
lemande est parallèle à l'invasion de
la littérature allemande, à l'invasioA
du romantisme germanique, contem-
poraine de l'invasion désarmée étm*
gères ; et il y a lieu de regretter que
l'établissement fondé par la ConveotioB
pour répandre nos chants dans lo
camps ennemis, pour centraliser noiR
école musicale, ait tellement perdoee
caractère, qu'on n'y exécute plus*
musique nationale, et que ce soit in
salon aristocratique et une succnrsriB
du Conservatoire de Vienne.
Le Conservatoire a repris son tllK
en 1830; il a encore à reprendre soi
ancienne organisation, son andeoHk;
alors seulement il répondra à làgrtfik
pensée qui a présidé à sa créatioA.
GON
FRANCE.
GON
57T
GONSEBYÀTOIBE DES ABTS ET MIB-
TTEBS. — Le célèbre Vaucanson , qui
légua au roi la collection complète de
ses machines , fut , en 1775 , le premier
fondateur de ce bel et utile établisse-
ment, auquel un décret du 19 vendé-
miaire an m donna un commencement
d'existence, en ordonnant sa création
et en y attachant trois démonstrateurs
et un dessinateur, aux appointements
annuels de quatre mille livres chacun.
Une commission ayant été chargée , en
1795, d'acheter tous les objets qu'elle
reconnaîtrait nécessaires aux arts,
rhôtel de Mortagne, où étaient réunis
les premiers, devint insuffisant pour
recevoir les nouveaux, qui se trouvè-
rent fort nombreux. Alors le gouver-
nement ordonna que les uns et les
autres seraient transportés à Tan-
cienne abbaye Saint-Martin pour y être
exposés aux yeux du public, et aug-
mentés d'abord de plus de quatre cents
modèles, qui avaient été soumis à
Fexamen de l'Académie des sciences,
et se trouvaient oubliés dans un gre-
nier; ensuite, de toutes les machines,
instruments et outils à l'usage de l'a-
griculture et des arts industriels qui
pourraient être inventés plus tard , et
dont l'étude serait reconnue utile au
progrès de la science. Le gouverne-
ment ayant fait des achats , et insen-
siblement les mécaniciens et les hommes
industrieux s'étant habitués à ajouter
à la collection les modèles ou les des-
sins dont ils étaient les créateurs,
l'établissement, auquel on avait déjà
donné le nom de Conservatoire des arts-
et métiers , prit un accroissement ra-
pide. Une ordonnance royale du 16avril
1817 créa un directeur qu'elle chargea
de l'administration, un inspecteur géné-
ral dont les fonctions gratuites devaient
consister dans la surveillance de tout ce
qui concernait l'établissement , et plaça
sous les ordres de ces deux fonction-
naires un nombre suffisant d'employés
et de gardiens. La même ordonnance
institua un conseil d'amélioration et
de perfectionnement, composé de l'ins-
pecteur général, du directeur, et de
six autres hommes les plus versés dans
la connaissance des sciences et des
arts, lesquels devaient assister gratui-
tement les deux premiers de leurs
lumières. En 1819, une ordonnance
royale accrut l'importance du Conser-
vatoire , en y créant trois cours publics
et gratuits des sciences applicables à
la fabrication et à l'industrie, savoir :
un cours de mécanique appliquée aux
arts, un cours de chimie aussi appli-
quée aux arts, et un cours d'économie
industrielle, auxquels fut adjoint un
cours de géométrie descriptive et de
dessin , qui prit et conserva le nom de
petite école. Le conseil de perfection-
nement vit alors étendre le cercle de
ses attributions et accroître le nombre
de ses membres , qui fut porté à dix-
sept, savoir: V l'mspecteur général,
le directeur ou administrateur, et les
trois professeurs des cours, membres
perpétuels; 2** six membres de l'Aca-
démie des sciences ; 8* six manufactu-
riers, négociants ou agriculteurs. Les
membres composant ces deux dernières
séries, dont les fonctions étaient gra-
tuites, étaient renouvelés par tiers tous
les trois ans. Ce conseil, qui devait
s'assembler au moins tous les trois
mois , avait pour attribution la recher-
che et la proposition au ministre de
l'intérieur de tout ce qui pouvait aider
à l'accroissfement et à la prospérité du
Conservatoire. Uti conseil dit d'admi-
nistration, qui devait se réunir au
moins tous les quinze jours, et com-
posé de l'inspecteur général, du dirfsc-
teur et des trois professeurs , fut chargé
des affaires d'exécution et de détail,
avec le droit de provoquer l'attention
du conseil de perfectionnement sur tout
ce qu'il croyait utile à l'établissement.
Enfin , douze bourses de mille francs
chacune furent créées en faveur de
douze jeunes gens peu fortunés ayant
de l'aptitude pour les arts et les sciences
industrielles. Le duc de la Rochefou-
cauld fut dépouillé, par une ordonnance
du 14 juillet 1828, de toutes les fonc-
tions gratuites qu'il remplissait, et no-
tamment de celle d'inspecteur général
du Conservatoire, où il ne fut point rem-
placé. Les devoirs du directeur s'étant
alors accrus de ceux de l'inspecteur, on
lui adjoignit pour le seconder un sous-
T. V. 87* JJvraisan. (Dict. engygl. , btc)
37
^7»
f»5
L'ÇI^IYlftS.
«m
directeur. P^r ordpaiiance da ?1 août
1828, ce directeur pbtint entrée au
conseil de perfectfonnemeot, sous la
surveillance duquel furenf placées les
écoles royales d'arts et métiers , et dont
le sous-directeur devint le secrétaire.
Jusque-là, le Conservatoire p'avaif
oi^vert au public que les trois courç
dont nous avons parlé. Un quatrième,
exclusivement destiné à rexplication
des machines, fut institué par ordon-
nance royale du 6 poai 1829. Enfin,
six nouveaux cours paiement gratuits
^t publics furent créés par ordonnances
des 26 septembre et 13 novembre 1839.
Le norppi'e des professeurs s'élevant
alors à dix , une ordonnance du 24 fé-
vrier 1840 composa de leur ensemble
le conseil de perfectionnement, à Tex-
clusion de toute personne étrangère à
l'établissement, et lui retira Tactioii
qu'il avait depuis l'ordonnance d'août
1828 sur les écoles d'arts et métiers.
Un des professeurs, désigné par le mi-
nistre de l'agriculture et pUcé sous
ses ordres, fut charsé des soins de
f administration , à la pïacedu directeur
qui se trouva supprimé.
Telle est Inorganisation actuelle du
Conservatoire. Nous n'entrerons dans
aucun détail sur les richesses scientiû-
gues que les soins du gouvernement et
le zèle des particuliers ont réunies dap$
cet établissement^ 90iis dirons seule-
3 lent qu'Qi^ v trouye des modèles ou
es dessins de tout ce que les hommes
ont imaginé pour amuter à leurs forces
et les a^der (fans leurs travaux, soit
agricoles, soit industriels, depuis le$
plus laborieux iusqu'àux plus délicats.
Les cours publics et gratuits ouverts
au Conservatoire, au nombre de dix,
comme nous l'avons dit , sont lies sui-
vants ; chimie ap{|liquée aux arts; géo-
métrie et ^canique appliquées em^
arts; économie industrielle; physique
çt démonstration des machines ; agri-
culture, premier cours; agriculture,
deuxième cours; mécanique indus-
trielle; géof[nétrie descriptive; législa-
tion iadustrielle ; chimie appliquée. Les
cours de la petite école sont ceux qui
suivent : géométrie descriptive; dessin
de;» maclunes ; desûn de la figura. Tous
lesi ans, des affîctie^ apposées iostnii-
sent le public du jour de l'ouvertme
dès cours et du nom des professeon
oui les feront. Pour être admis à çeoi
de la petite école, il |aut avoir qua-
torze ans et savoir l'arithniétique.
A la collection de machiaes^ ço est
jointe une autre d'environ YÎQgt plk
volumes propres aux études des indiii-
triels, des fabricants et de$ artistes,
recueillis tant en France qq'à rétraii;
ger, et formant une bibliotnèque publi-
que, dont M. Godard, aujourd'huilii-
bliothécaire adjoint , a eu la belle et
grande idée de faire )e centre de \f
science en tout ce qui concerne la spé-
cialité du Conservatoire.
CoNsoAANrfil, anciens habitantsili
Conserans. Voyez ce mot.
C0NSPIBA.T10NS. — Les plus célè-
bres conspirations tramées ea Fraux
sont ; la conspiration de McMarii
{>révdt des marchands , qui , peadant
a captivité de Jean , essaya de livra
Paris à Charles le Mauvais, roi M
r^avarre ; la conspiration du connéiar
ble de Bomboni qui voulut déoeii'
brer la France avec l'aide de Charles;
Quint; la conspiration des $e\;sfi,^
tentèrent de substituer à laotaisoo^
Valois la race des Guises , et appeler
i rent à leur secours Içs Espagnols; b
çoasplration ùe JacqmsXUmed,^
assassina Henri ïll; )a çoospiratiij>
du wjaréchal de Biro^, qui, a^
avoir combattu avec courage ^^
ver Henri ÎV sur le trune, s'cffoÇ
de lui arracher la couronne ^ ser
guant avec les Espagnols; les cooS'
pirations de Jean cSàtelj qoi ^
ce prince, eideBavaillaaq^i^^
La féodalité, ^étruitf par EicbM
amena à Paris une louk de now
qui se jetèrent dans un eraod oo(#
de conspirations ) do^t te but était 1^
mort di^ cardinal^ les plus çoP**
parmi l«s conspirateurs oe pette^
que furent Gaston cTOrléaM, W
de Louis XUI , qui fut UQ Otodèb J
lâclieté et d'insolence, le co»i^^
Chalak, Cinq-Mars^ixmqWJllW^
le d^ de Montmarevfiif^ V^r^\
tcius décapitésf. Sous Louis XlYif
^Qbless^, ^^ haùtuéç w ((WfV*
ceN
FRANCE.
ÛÙV
579
ment absolu , se livra à tout les plai*
sirs de la cour et ne songea pas à cons*
pirer. Seulement, le due de Rohan
essaya de souierer la Normandie avec
Taide d'une flotte hollandaise ; sous le
régent, des débauchés de cour et leurs
maîtresses se mêlèrent aussi de cons-
piration, et conçurent la pensée d'ap-
peler l'Espagnol en France; sous
Louis XV, on conspira contre les Jours
du roi; sous Louis XVI , il se nt un
grand nombre de conspirations, ou
plutât on vit à chaq[ue instajit éclater
le sentiment populaire qui %tait hos-
tile à là monarchie. Cependant la
journée du 10 août, qui renversa la
royauté , paraît avoir été le résultat
d'une conspiration habilement combi-
née ; de son côté la royauté ne s'était
pas fait faute de conspirer contre la
nation. Sous la Convention, il n'y eut
oue la conspiration des girondins, qui
lut plutôt un système avoué d'opposi-
tion à l'esprit des montagnards; sous
le Directoire, il se fit une dangereuse
conspiration , celle de Babeuf , et plu-
sieurs insignifiantes \ sous le consulat
eut lieu la conspiration dont le résul-
tat fut Texplosion de la machine puis
celles de Moreau et Pichegru, de
George Cadoudal , de Ceracchi et
d'Jrena, La conspiration du général
Mollet fut la seule oui éclata sous
l'empire. Le mépris et la haine qu'ins-
Î lirait un gouvernement imposé par
'étranger devaient nécessairement pro-
duire, sous la restauration , un grand
nombre de conspirations. Les plus
importantes furent les complots de
Orenoble, de Béfort^ de Saurmty de
Paris, de la RocheUe. Dans la répres-
sion de toutes ces tentatives , le pou-
voir, après avoir perfidement exploité
la lâcheté de quelques conjurés , se
montra inutilement cruel. La franc-
maçonnerie et le carbonarisme de-
vinrent ensuite des conspirations per-
manentes jusqu'aux journées de juillet
1830 oui cettç fois ce fut le pouvoir
royal qui fut puni pour avoir conspiré
contre le pacte fondamental. Depuis
cette époque plus d'une conspiratioiv
a éclate cont];|B le gouvernement; mais
le souvenir en est encore trop réoent
pour qu'il soit nécessaire de les énu-
mérer ici.
CONSTÀNGB • ChLOBB OU CONS-
TANCE I" (Flavîus-Valérius), empci-
reur romain , né dans la haute Mesie
vers l'an 250, fut nommé César en 292
par Dioclétien , qu'il avait aidé à re-
pousser une irruption des Sarmates.
Inquiétant peut-être l'empereur par
ses vertus, il reçut pour département
les Gaules , l'Espagne et la Grande-
Bretagne, où il eut deux ennemis à
combattre, Carausius , usurpateur de
la Grande-Bretagne, et les Francs qui
s'étaient emparés du pays des Bataves.
Il reprit au premier ta ville de Boulo-
gne ; les seconds , forcés de se rendre
à discrétion et d'abandonner leurcon-
.quéte, furent dispersés dans diverses
contrées de la Gaule. Vers le même
temps, Constance releva Autun, ren-
versée vingt-cinq ans auparavant par
les Bagattaes, A l'abdication de Dio-
clétien , en 305 , il parvint à l'empire
avec Galère-Maximien et conserva son
ancien département. Après avoir rem-
porté plusieurs victoires sur Carau-
sius et les Germains, il porta ses ar-
mes dans la Bretagne , et mourut en
306 à York {Eboracum), laissant plu-
sieurs enfants, dont le plus célèbre est
Constantin le Grand, qu'il avait eu
d'Hélène, fille d'un hôtelier, sa femme
légitime ou sa concubine , et qui lui
succéda. Constance était doux, juste,
tolérant pour les chrétiens , et si pau-
vre qu'il était obligé d'emprunter de
l'argenterie pour le service de sa
table.
Constance, filf^ de Guillaume V,
comte d'Arles, surnommée Blanche
ou Canckde à cause de la blancheur
de son teint, épousa, en 998, le roi de
France, Robert, que le pape avait, sous
prétexte de parenté , contraint de se
séparer de Berthe sa première femme.
Constance apportait à la cour d'un
roi bigot et complètement dominé
par les prêtres, l'élégance, la cul-
ture et tes mœurs faciles du Midi ,
déjà en réaction contre la rigidité du
christianisme du Nord ; aussi a-t-elle
été traitée sévèrement par les histo-
riens du temps, tous ecclésiastiques,
37,
680
GON
LUNIVERS,
€ON
et s'inquiétant bien plus de ce qu'ils
nommaient la licence de sa cour que
du développement littéraire apporté
Sar Constance , développement dont,
u reste, le temps n'était pas encore
venu. Constance amenait avec elle de
Provence des poètes et des trouba-
dours, et c'est d'eux, aussi bien que des
courtisans qui composaient sa 3uite,
que l'historien Glaber a dit : « On vit
a la France inondée d'une nouvelle
« espèce de gens, les plus vains et les
« plus légers de tous les hommes. Leur
« façon de vivre, leur habillement, leur
« armure , les harnais de leurs che-
a vaux étaient également bizarres ;
c vrais histrions, dont le menton rasé,
« les hauts^de-'chausses , les bottines
c ridicules et tout l'extérieur mal com-
• posé annonçaient le dérèglement de
« rame.» Est-il besoin de chercher bien
loin la cause de la haine des historiens
pour Constance? Cette cause n'est-elie
pas sufÇsamment expliquée par l'an-
tique et éternelle haine de la barbarie
pour la civilisation 9. du Nord pour le
Midi? et ne faut-il pas en rabattre
beaucoup sur les vices généralement
attribués à Constance ? Altière et dé-
daigneuse , elle domina son faible
époux, qui eût fait sans doute un bon
moine, mais qui était un pitoyable
monarque. Il avait peur d'elle; il la
baissait de tout l'amour qu'il avait
pourBerthe, qu'on l'avait forcé de
répudier, et dont il essaya même de
faire réhabiliter le mariage. Cons-
tance voyait tout cela ; elle avait pour
ennemi Hugues de Beauvoir, favori de
B.obert ; elle eut l'aBdace de le faire
assassiner sous les yeux mêmes de son
mari , et nulle raison ne peut l'absou-
dre du reproche de cruauté , si le fait
est exact, aussi bien que celui des per-
fiécutions qu'elle exerça contre d'obs-
curs hérétiques descendants des an-
ciens manichéens. On raconte que son
confesseur s'étant trouvé par nasard
Î^armi les condamnés , elle lui creva
es yeux de ses propres mains; acte
que rend à peine croyable la plus fa-
natique dévotion et l'emportement
d'une nature méridionale. Constance
fut, dit-on encore, mauvaise mère ; et,
de ses quatre fils, elle n'en aimaqifnii
seul , auquel elle voulut assarer b
couronne, au détriment de ses deux
frères aînés. Il n'y avait peut-être, ao
fond de toute cette haine, qu'une am-
bition qu'elle comptait pouvoir con-
tenter avec ce jeune prince, doué d'un
caractère plus faible que ses frères.
Elle souleva en sa faveur une partie
du royaume après la mort de Robert,
qui arriva en 1031; mais, vaincue et
obligée de rendre plusieurs places dont
elle s'était emparée , elle mourut de
chagrin eif 1032.
Constance (bataille et prise de).
L'armée du Danube ayant vaincu les
Russes dans la longue bataille de Zu-
rich, la division Gazan, renforcée de
deux régiments de cavalerie, reçut
ordre d'attaquer , le 7 octobre 17^,
un corps considérable de Russes et
d'émigrés campés en avant de Coos-
tance. Le prince de Condé commao-
dait en personne ; l'affaire Ait très-
vive. L'aile gauche, aux ordres du due
d'Enghien, eut d'abord quelque avaih
tage; mais elle fut repoussee dans h
ville par des forces supérieures. Le
général Bauer, commandant la droite,
se trouva coupé avec une partie de sa
cavalerie; il se fit jour , rentra dam
la ville, s'empara du pont du Rhin, et
couvrit ainsi la retraite. Trois fois
dans cette même journée , la ville de
Constance fut prise et reprise ; de part
et d'autre on combattit avec une ^
valeur. Cependant, à la dernière atta-
que , les troupes du général Gazai
poussèrent leurs ennemis avec tant de
vigueur, qu'ils entrèrent dans la rk
Eêle-méle avec les vaincus. U était dix
eures du soir; on se battit avec
acharnement dans les rues , et les ré-
publicains arrivèrent au pont du Rhin
avant leurs ennemis : tous les émigrés
?[ui se trouvèrent alors dans la ville
urent prisonniers. Le prince de Goodé
et le cluc d'Enghien ne se sauvèrent
qu'à la faveur de la nuit ; le général
français Vauborel, émigré, fut tué.
— Les Autrichiens, vaincus par Mo*
rQ^u , au printemps de IdOO , avaient
encore sur le lac de Coivstanoe une
flottille de chaloupes canonnièies,
j
i
coir
FRANCE.
CON
681
commandée par le capitaine anslais
Williams. Le 11 avril, la flottille fran-
Saise se dirigea sur Bregentz, et y prit
ix-sept canonnières désarmées; le ca-
pitaine, Williams quitta bientôt le lac
de Constance, aussi honteusement
qu'auparayant il avait quitté celui de
Zurich , en coulant bas ses chaloupes
sans coup férir, et en se sauvant par
terre.
Constant de Rebecque* (Henri-
Seniamin), le plus spirituel, le plus
ingénieux et le plus fécond , sinon le
plus grand des orateurs de la restau-
ration, et, sans contredit, le publicîste
le plus distingué de notre siècle.
Comme romancier , sa place est mar-
quée à côté des meilleurs observa-
teurs du cœur humain ; comme érudit,
il a enrichi notre littérature d'un livre
solide et profond ; enfm il a laissé
dans la critique des œuvres de l'esprit
une trace lumineuse que n'ont encore
effacée ni le temps, ni les travaux
plus ambitieux que durables de ceux
qui ont prétendu fonder chez nous
une nouvelle esthétique. A tant de ti-
tres , cet homme naérjterait de remplir
de longues pages dans le tableau des
gloires de la France ; mais le cadre
étroit oii nous sommes enfermés ne
nous permet de reproduire ici que
quelques-uns des traits de son existence
isi utile et si laborieuse.
Benjamin Constant naquit à Lau-
sanne, le 25 octobre 1767, de parents
d'origine française. Il appartenait à
l'une de ces ramilles qui avaient fui
devant les persécutions religieuses du
règne de Louis XIV. Son père était
colonel d'un régiment suisse au service
de la Hollande. Homme de goût et de
savoir , il prit un grand soin de l'édu-
cation de son fils. Après les premières
études, faites sous les yeux mêmes de
son père , Benjamin fut placé d'abord
à l'université d'Oxford , où ses succès
furent médiocres à cause- de son ex-
trême jeunesse , puis à Erlang , où il
commença à prendre le goût du tra-
vail ; enfin, à Edimbourg, où il se dis-
tingua parmi les jeunes gens les plus
renommés pour leur zèle et pour les
talents dont le germe se développait
déjà en eux, Mackintosh, Laïng, Wilde,
Graham, Erskine.
Ses études achevées, il vint à Paris,
où il se lia avec quelques-uns des
beaux esprits du temps. Il logeait
chez Sicard , et Sicard recevait chez
lui Morellet, la Harpe, Marmontel,
presque tous les académiciens philoso-
phes. Une place que son père avait
obtenue pour lui à Brunswick lui fit
quitter la France avant que la révolu-
tion eût éclaté; il n'y revint qu'en
1797. Ce fut alors qu'il réclama et ob-
tint, en qualité de fils de religionnaire,
le titre de citoyen français, et que
commença pour lui la vie littéraire et
politique. Sa brochure De la force
du gouvernement actuel de la France,-
et delà nécessité de s'y rallier y le mit
en rapport avec Chénier, Daunou,
Louvet, et les plus sincères amis de
la liberté. Il montra ensuitq, dans
deux autres ouvrages , les RéacUons
politiques j et les Effets de la terreur,
que les persécutions ne font jamais
qu'envenimer et) éterniser les haines,
et qu'elles vont inévitablement contre
le but qu'elles se proposent d'atteindre.
La modération de son caractère de-
vait naturellement le placer entre les
Eartis extrêmes ; il fut un des mem-
res les plus influents du club de
Salm', qui, placé entre le club contre-
révolutionnaire de Clichy et le parti
démocratique , luttait à la fois et con-
tre les royalistes et contre ce qui res-
tait des anciens montagnards.
Après le 18 brumaire. Benjamin
Constant fut appelé au tribunat par
le premier consul; Mais loin que cette
faveur lui eût ôté son indépendance,
il ne profita de sa position que pour
faire entendre au pouvoir les vérités
qu'il croyait utiles , et il mérita l'in-
signe honneur d'être évincé du tribu-
nat, avec les Chénier, les Cabanis , les
Daunou, les Ginguené, les Andrieux,
toute l'indépendance et toute la gloire
de ce conseil législatif. Plus tard , il
reçut , comme son illustre amie , ma-
dame de Staël , l'ordre de quitter [la
France. Il se retira en Allemagne, et
habita successivement Weimar, puis
Gœttingue.
m
cov
L'UNIVERS.
cev
Ce fbt durant cet ekW qu'il écrivit
Adolphe, CécUe. créations iiupéris*
sabies, parce quelles sont vraies « et
que l'auteur les a tirées , non pas (Je
son imagitiatiott s Biais de sa vie et de
son cœur, et où le charme des détails
et la maffia du style compensent am-
plement le défaut de ce qu'on appelle
l'action; ce fut alors aussi qu'il ter-
mina l'ouvrage qui avait été la pensée
de toute sa vie, puisqu'il dit lui-même
que dès l'âge de dix-neuf ans il avait
conçu quelque chose d'analogue : De
la reUgion, considérée datiB sa source ^
ses formes et ses développements.
Quelques autres productions plus lé-
gères, et des études dans toutes les
Branches de la philosophie et de la
littérature ) occupèrent le reste de ses
loisirs.
A la première restauration, il fut
séduit comme tant d'autres par l'espoir
de voir enfin renaître la liberté ; mais
bientôt ses illusions disparurent, et
Suand Napoléon, se disant guéri du *
espotisme, revint s'asseoir sur le
trdne, Benjamin Constant ne crut pas
trahir la cause sacrée à laquelle il
avait dévoué sa vie, en acceptant une
place dans le conseil d'Ëtat. Il se ré-
fugia en Angleterre pendant la réac-
tion sanglante qu'on a appelée la ter-
reur blanche. A son retour » U publia
son traité De la doctrine politique ^
et remplit de ses articles les journaux
libéraux du temps. Pendant quinze
ans , on vit ce noble athlète de la li*
berté ^ à la tête de l'opposition de la
presse, toujours Intrépide, toujours
sur la brèche, ferme dans sa foi a l'a*
venir, braver les invectives, les calom-
nies, les amertumes dont on l'abreuvait
sahs cesse , et consumer sa vie dans
une lutte qui ne finira peut-être ja-
mais : la lutte du droit imprescripti-
ble contre le fait brutal et écrasant.
Élu député, il se montra à la tribune
ce qu'il était dans la presse , le plus
infatigable adversaire des abus de tout
genre. £n butte à mille tracasseries
ae la jiart du pouvoir « il se concilia
y du moins dans ta nation les plus vives
sympathies ; et plus d'une fois ses ef-
forts en faveur de la justice y et ses
attaques contre l'arbitraire ) forait
couronnés d'un plein succès : il eut la
gloire et le bonheur d'arracher à la
mort tin Innocent, Wilfrid Kégnauit.
Mais les forces de son corps s'usaient
dans un métier si rude , et bientôt il
ne resta plus de lui qu'une sorte de
cadavre qu'animait seule sa belle et
vaste intelligence. Il sortait à j^eine
des mains du chirurgien, quand il re-
çut la lettre de la Fayette qui Tinvi-
tait à apporter sa tête à l'enjeu del>
révolution de 1830. On sait la part
qu'il prit à ces événements glorieux;
mais il ne survécut pas longtemps â
ce qu'il croyait le triomphe déGoitif
de la liberté. Il mourut trop tard en-
core, car il mourut désenchanté de ce
rêve, rejeté dans l'opposition par les
fautes du pouvoir, et désespérant à a
dernière heure d'une cause dont il
n'avait jamais désespéré, même durant
les plus sombres jours de sa noble rie.
Il expira le 8 décembre 1830.
Constantin II (Claudius Ftama
JuUus Constantinus) , fils aîné do
grand Constantin et de Fausta^nél
Arles, en 316, fut nommé césar eo
317, et proclamé auguste en 337, ayant
reçu pour sa part de l'héritage pater-
nel les Gaules, l'Espagne, et b
Grande-Bretagne. Mécontent de soo
lot , il passa les Alpes à la tête d'une
armée , alla attaquer son frère Cons-
tant , fut défait et périt dans uneeiB-
buscade près d'Aquilée , à Tâge de
vingt-quatre ans.
Constantin III, usurpateur qœ
régna quatre ans en Gaule « nW
que simple soldat avant d'être pro-
damé empereur; les légions roffls*
nés cantonnées dans la Grande•Sr^
tagne, estimant sa bravoure et phB
encore son nom , qui leur f^Pr^^
des souvenirs de gloire , le revcure»
de la pourpre vers Tan 407. Il ps^
ensuite sur le continent, battit les r
néraui^qui vinrent à sa rencontrCiS
s*établit à Arles. D'abord reconnu (»
toléré par fionorius, il ne deffleo"
cependant pas longtemps paisible pos;
sesseur de sa nouvelle dignité, iwg
les brillants succès qui couroonèrv
ses premières expéditions etqttOMjOi
CON
FRANGE.
CON
58S
fAt vaillamment secondé par Constant,
l'aîné de ses fils , qu'il avait nommé
césar, et qui se rendit maître de TEs-
pasne. En 411 , il se vit assiégé dans
Arles par*Gérontius , général révolté
contre lui, puis par Constance, qu'Ho-
norius ei\yoyait pour reconquérir la
Gaule sur les deux usurpateurs qui se
la disputaient. En vain son maître des
milices , Edowig , accourut des bords
du Rhin avec un secours de Francs
etd'Alemans, il fut contraint de se
rendre après un sié^e de quatre mois,
et décapité à douze lieues cle Ravennes,
avec Julien , seul fils qui lui restât ,
quoiqu'on leur eût promis la vie sauve
et que Constantin se fût fait ordon-
ner prêtre avant la capitulation.
Constantin ( Abraham ) , l'un de
nos peintres sur porcelaine les plus
distingués, est né à Genève en 1785.
Il a exécuté sur porcelaine, l'Entrée
de Henri IF à Paris, d'après Gérard;
la Fomarinay d'après Raphaël : il a
commencé la reproduction des fres'
qites du Vatican, et il continue main-
tenant ce beau travail. Il a peint aussi
sur 'émail le Bélisa^e et la Psyché de
Gérard, les portraits de la reine de
Westphalie , du prince et de la prin-
cesse Eugène , des rois de Rome ,
d'Espagne et de Sicile , de made-
moiselle Mars, de Louis XVIII et
d'Alexandre P', d'après Gérard. On
peut voir au musée ae Sèvres les œu-
vres de cet artiste.
Constantin (Robert) , né à Caen
dans le seizième siècle , fut l'élève de
Jules César Scaliger, qui, en mourant,
le chargea de {publier quelques ouvra-
ges q^'il laissait imparfaits. Constan-
tin passa ensuite en Allemagne, où il
fréquenta les écoles les plus célèbres.
De retour à Caen, il se fit recevoir
docteur en médecine en 1564, et donna
des leçons publiques et particulières
de langue grecque. On l'accusa de lais-
ser percer dans ses explications du
Nouveau Testament des opinions fa-
vorables au protestantisme; il en ré-
sulta pour lui Quelques désagréments,
et il fut forcé ae se retirer à Montau-
ban. Il y exerça quelque temps la
médecine ; mais bientôt ne s'y croyant
plus en sûreté , il se réfugia en Alle-
magne, où il vécut dans la misère
iusqu'à sa mort, arrivée le 27 décem-
ore 1605. Ses principaux ouvrages
sont : 1° Leadcon grseco-latinum, Ge-
nève, Crispin, 1562, 2 vol. in-folio;
2* Suppkmentum lâtinœ linguœ seu
Dictionarium abstrusorum vocabulO'
runiy Genève, 1573, in-4® ; 8" A, Corn.
Celsi de ^e medica libri; Sereni
poema médicinale et Remnii pœma
de ponderibus et mensuris, cum an*
notât. y Lyon, 1549, 1664, in-16;
4° Theophrasti de historia planta-
rum cum annotât, /. C. ScaUgeri,
Lyon, 1584, in-4*; 5* des notes sur
Dioscoride; 6"* Nomenclator insi-
gnium scriptorum quorum libri ex-
tant vel manuscripU, vel impressi
ex bibUotheds AngUœ et Gallim; in^
dexque totius bibUoth. atme PandeC'
tarum, Conrad. GemeH. Paris, 1555,
in-8^
/
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES ARTICLES
CONTENUS DANS LE CINQUli^IE VOLUME,
^9QQ*
Charron (Pierre). t
Qiarroux. a
Charroy (Sébastien). 3
Chars. ibid.
Chars de goerre. ibid.
Charte. ibid.
Charte normande. i)>id.
Charl»-partie. 5
Chartes. ibid.
Chartier (Alain). 6
Chartier ÇG.). Ibid.
Chartier (Jean). 7
Chartier (Ren^. ibid.
Chartrain. ibid.
Chanran'(J. H. S.). 8
Chartre. ibid.
Chartres. ibid.
Chartres (comtes àe), 9
Chartres (monnaie ae). ibid.
Chartres (sièges et prises de), zo
Chartreuse (grande). xi
Cbarireux. ibid.
Chasies (L.). is
Chasse. * i3
Cbasselou^Laubat (le comte). 17
Chasseneux (Barthélemi de), ibid.
Chasses des saints. 18
Chasset (le comte Charl.-Ant.) 1 9
Chasseurs à obérai. ao
Chasseurs à cheval de ta garde
impériale. ibid.
Chasseurs à pied. az
Chasseurs à pied de la garde
impériale. ibid.
Chasseurs d'Afrique. ibid.
Chassigner (Jean-Baptiste), ibid.
Chastel (P.-L.-A.). a a
Chastelard. a3
Chastelard (P.de Boscoeel de).ibid.
ChaU ibid.
Chateaubriand Qf.-kMe, de), ibid.
Châteaobriant. a9
Châtcaubriant (comtesse de), ibid.
Chàteanbriant (édit de). ibid.
Châtcaubriant (famille de). 3o
•Chàteaubriant (traité de), ibid.
Châteaubrnn ( J.-B. Vivien de). 3 z
Ctaâteau-Chinon. 3 a
Château-Dauphin (prise de), ibid.
Château-da*Loir. ibid.
Châteaudun. 33
Ghâteaudnn (monnaie de), ibid.
(J>âtean>Fremont. 34
Château • Gaillard - d'Andely
(sièges du). ibid.
CÙteau-Gay. ibid.
Gbâtean-Giron. 35
Château-Gontier. ibid.
Cbâtatn-LaiMloa. ibid.
Pages.
Château'Landon (monnaie de). 3 5
Château-l'Arc. 36
Châteaulin. ibid.
Château-Meillant. ibid.
Chàteau-M eillant (luoim. de), ibid.
Châteauneuf^. ibid.
Cbâteauneuf (René de Rienxj. ibid.
Château-Neuf au val de Bar-
gis. 37
Château -Neuf de Bonafbs
(monnaie de). ibid.
Cbftteau-NeuF de Gadagne. 38
Cbàteau-Neuf de Galaure. ibid.
Château-Neuf le Rouge. ibid.
Châteauneuf-Randon. ibid.
CbÂteauneuf-sor-Charente ibid.
Châteanneuf-sur-Cber. ibid.
CbAteaunenf-sur-Loire. ibid.
Châteauaeuf'Sor-Sarthe. ibid
Cbàteau-Poraen. ibidv .
Cbâleaa>Regnard. 39
Cbftteau-Regnault. ibid.
Ch&teaa'Regnault(monn. de). ibid.
Cbâteau-Renaud/F.-L.-R.de). ibid.
Châteauroox. 4o
Châteauroux (monnaie de). 4t
CbAteaurottx(M.-A.|dudi.de).ibid.
Château-Salins. 4 a
Château-Thierry, n ibid.
Château*Thierry(coinbat de).ibid.
Château>Villain. 43
Château- Villain (Monn. de), ibid.
Châteaux forts. ibid.
Châteigneraye (la). 44
Châteigneraye (combat de la).ibid.
Châtel (Jean). 45
Châtelain. ibid.
Châteldon. ibid.
Châtelet. 46
Châtelet (famille du). ibid.
Cbâtellenie. ibid.
Châtetlerault. 47
Châtellerault ( décUratioD
ibid.
48
ibid.
ibid«
5o
ibid.
5z
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
5a
54
de).
Chfttelux.
Châielux (maison de).
ChAlenois.
Châlillon (maison de).
Cbâlillon (Nicolas de).
Châtillon (combat de).
Cbâtillon-le-Duc.
Cbâtillon-lez-Dombes.
Châ tillon-8ur-Dordogne«
Châtillon-snr-Indre.
Gbâlillon*sur- Loing.
ChâtilIon-sur-Mame.
Cbâtillon-sur-Seine.
ChâtUlon (congrès de).
ChAtilion-sur-Sèrre,
Pages.
ChâtilIon-8n^8dm(éômbat et
prise de). 55
Châtre (la). 56
Châtres. Jbid.
Châtres (monnaie de). ibid.
Chauché (combat de). ibid.
Chaudes- Aiguës. 57
Chaudet (Antoine*I>enys). ibid.
Chaudronniers. 56
Chaufieurs. ibid.
Chauliac (Gui de). 59
Chaolieu (Guill. Amfryede). Ibid.
Chaumes. 60
Chaulnes (famille de). Ibid.
Cbaumette (Pierre-Gaspard). 61
Chanmont (famille de). 6a
Chaumont (Charles de). ibid*
Chaumont (le chevalier de). 63
Chanmont (Denisoit de). ibid#
Chanmont en Bassiçny. ibid.
Chanmont (traité de). ibid.
Chaumont en Vexin. 65
Chanmont-sur-Loire. 66
Chauny. ibid.
Chaussard (Pierre* J.-Bapt.). ibid.
Chaussées de Brunehaat. ibid.
Chansse-trape. 67
Chanssier (François). , "'• ibid.
Chaussier (Joseph). ibid.
Chanssiers. Ibid.
Chaussin. ^.>:'^r-- 68
Chaussures. ibii.
Chauveau>Lagarde (N.). 7»
Chanvelin (Germain-L. de), ibra.
Chauvelin (H. P.). 71
Chauvet. ibid.
Chavagnac. 7a
Chavagnac (Christophe de), ibid.
Chavenaciers. ibid.
Chaves (combat et capit. de), ibid.
Cbavignv (Théodore de). 73
Chaxal (Antoine). Ibid.
Chebreiss (bataille de). ibid.
Chedel (Quentin-Pierre). 74
Chef de bataillon. ibid.
Chef de brigade. 75
Chef d'escadron. ibid.
Cheft d'ordres et de congré-
gations, ibid.
Cbelles. 76
Chelles (monnaies de). ibid.
Chemillé. ibid.
Chemillé (combats de). ibid.
Cheminais de Montaign (T.). ibid.
Chemineau (Jean). 77
Chemins. ibadl
Chemise. 90
Chemnits (eomhat de). 91
Ghenelaye (la).
M0
TÀBLB ALPHABETIQUE DES ABTICX.ES
Cbcocraillet. 91
Chënier (Iaw» de). 9a
Cbénier (Marie-Aodré de), thàd.
Chénier (Marie-ioeeph de). 93
Cbentlie*. 96
Chcnnedollé (Chulctde). 96
CbeuoDceaax. 3|id.
Chcppe (la). ibîd.
Cher (département'da). îbid.
Cherasco (prise de). 97
Cherboarf. iUd.
Cherbourg (iMgtê de). 98
CherdKl* 99
ChercbMnoot (iMfl d«)« Ifaid.
Chénn (Loais-Nic-Heori). ibîd.
Cbérisey (Louis, comte de)> ibid.
Cbérpn (Aag.-Athan.). 100
Chéron (ÉIisabvtl|.Sophie). ibîd.
Chéxvbin (le père). ibid.
Cbërubini (M..L.-G.-Z.-S.). ibid.
Chervin rWicplM). aoz
Chéry (Pnilippe). ma
Chcsapeak (combat de). io3
Cbfftsé (Robert). io4
CheTage(dfoitd«). ibid.
Cheval. ibid.
Cheralerie. 106
Chevalerie ^Ocdre* de). 110
Chevalerie es lois. ibid.
Chevalet. ibid.
Chevalier (lacq.-Uais-Y.). ibid.
Chevalier (JeaD-Gab.*àag.). ibid.
Chevalier (tf.). ibid.
Chevau-légers. . «iz
Chevecier ou Chefder. 1 1 a
Chevelure. ibid.
Chevert (François de). zi4
Cheveras (Jean Lefébniede).ibid.
Chevetain. ii5
Chevétrage. ibid.
Ch4vigny*lez-9«iiiiir. ibid.
Cheviller (André). ibid.
Chevillard (André). ibid.
Cbevillard (Jean). ibid.
Chevillard (Louis). ibid.
Chcvremont (prise de)* ibid.
Charrette. ibid.
Chevreul (Michel-Eugène). zx6
Chevrense. ibid.
Cbevrense' (Marie de Bohan-
Monthatoo, dnohsise dtt). ibid.
Chevriéres. un
Chevriec|(&iaiaifd»>. ibid.
Chevron. ibid.
Chèw (la). ibid
Chesflry. ibid.
Cbézy (AntoiM-LéoiMnl d«). zi^S
Chiari (combat de). ibid.
Chiclana (bataille de). ibid.
Chicot (M.). 1x9
Chicojafan (François). ibid.
Chi«q. ibid.
Chien (chevaliers du). lau
Chiffres. ibid.
Childebert !«'. m
Childebert I*' (monnaie de). laa
Childebert U. ibid.
Childebert il (mQuiai» de), ibid.
Childebert III. ibid.
Childebert ill (monnaie de), ibid.
aaid«bran4. sa3
Childéric ï".
Ghildéric II.
Childérie II (1
Childéric lit.
ebilpéric I«.
Cbilpéric II.
Chinie.
China rd (Joseph)
de).
Riges.
ia3
"4
ibid.
îbid.
ia5
ibid.
tȐ
X2S
Chine (rapports de la France
avec la). x3o
Chiniac de la Bastide (Math.), ibid.
Chinon. ibid.
Chioon rétau de). ibid.
Chinon (monnaie de). x3z
Cbinssé ou Chissé. ibid.
Chio (bombardement de). ibid.
Chiomara. ibid.
Chirac (Pierre). x3a
Chirurgie (histoire de la). ibid.
Chinsa (affaires de la). i4o
ChiuseUa ^eombat de la) ibid.
Chivasso (prise de). x4i
Chivemy on Chevemjr. ibid.
Chivemy (Ph. HuraiHt, e. de), ibid.
Chizey (bataille de). ibid.
Cblopicki (Jos.). x4a
Chocolat. ibid.
Chodron. ibid.
Choignes (eombat de). :43
Choin. ibid.
Choia( Marie-Emilie Jollyde).ibid.
Cboiseul. ibid.
Choiscul (maison de). ibid.
Cboisnin (Jean). x5o
Choisy ou Soisy. ibid.
Choisy(P.-Timoléon,abbéde).ibid.
Choisy au Bac. ibid.
Choisy-le^roi. i5i
Choléra épidémiqne. ibid.
Cholet. x55
Cholet (combats et prise de), ibid.
Cbomel (A. F.). i56
Chomel (Jeaa-Bapt.-Louis). ibid.
Choppet. ibid.
Chorévéqnes. ibid.
Chorges. 157
Chorges (monnaie de). ibid.
Chorier (Nicolas). ibid.
Choron (Alexandre-Etienne), ibid.
Chonan (Jean Cotterean, dit). i58
Chouans. 159
Choadieu (Pierre). z6e
Chouéguen (prise du fort). x6i
Chrétien de Troyes. ibid.
phrétien (Florent). ibid.
Christiani (le baron Ch. J.). i6a
Christianisme. ibid.
Christin (C. Gab. Fréd.). 173
Christine. ibid.
Christine de Pisan. ibid.
Chroniques. 174
Chroniques de Saint-Denis, ibid.
Chronique scandaleuse. 175
Chypre (royaume de). 176
Cibot (Pierre-Martial). ibid.
Cicéri (Pierre-Loe Charles), ibid.
Cicéron. ibid.
Cimbres. ibid.
Cimetière. ibid.
Cimiar. I17S
Gincibil. 3»i<i.
Pspk
Ciogétorix. i-l
Cinq-Mars (Henri Cmfter de
Bnzé, marquis de). ibid.
Cintra (convention de). 179
Ciotat (la). iU
Cipaycs ou Cypahis. ito
Cipifrre ou Si pierre. ibii
Ci pierre (René de Savoie» de), ibid.
Circéo (combat de). ibii
Circenvallation (lignes de), ibii
Ctrey.Ies-Mareilles. id
Cirques et amphithéâtres, ibid.
Ciselose. lU
Gistella (combat de). ibii
Cité (droit de). ibkL
Ctteaux. ibid.
Citole. iS^
Cindad-Real (combat de). IM.
Ci odad- Rodrigo. iti
Civilis. ibid.
Civisme. i«i>
Civita-Castellana (bataille de).ibid.
Civitella-del-Tronto (prise de). 191
Civrac. ibid.
Cize. ibid.
Claey (combats de). ibii
Clagenfurth (prise de). iV
Clair ou Cler (S.). ibÙ.
Clairac. ibid
Clairaut (Alexis-Claude), ibii
Clairon (Mlle). 19}
cuirons. ^ içi
Clairval (J. R). jhi
Clairvaux (abbaye de). i^
Clairy. 19^
Claite (la). ibii
Clamecy. ibii
Clamenges oa Clémengis (M»-
thieo-Nicolas de). ibid
Clameuirde haro. 19^
Clamorgan (Jean de). ibii
Claparéde (le comte). ibii
Clara d'Aadase. îM.
Ctarac (le comte de). i97
Clarion (J.). 9ii
Clarke (Henri^aeq.-!^!.). iM
Claude, peintre sur verre. 199
Claude, les nûnistres. >^
Claude de France. i^-
Glausel (maréchal). »>■
Clausel de Coussereoes. i^*
Clausen (comlMt de). ^
Ciavareau (Nicolas-Marie), ibid-
aaveau (Antoine-Gilbert). iM.
Claveysan. / iW.
Clavier (E.). >«■
Clavière (Emile). >«
Clémencç de Hongrie. ^
Clémence Isaure. ^
Cléraancet (dom). ^
Clémengis. ^
dément IV (Gttido-mcodi). iî''
Clément V. «**
Clément VI. ^
Clément (dom). ' i^
Clément (Jacques). ***
Géme^t (Jean*3topie-B«ra.). ^
Clément de Boissy (A^.'A1.)*^
CléoMnt de Ris (le comis). «^
Clément Desormes. ^
ClémenV'Meneaii. ^
J
GOlJTBiraS DANS LE CIRQUlàMB TOLUUB.
m
Pages.
Plinwnt ou Clefmont. 207
CJérambanlt (Loai8-If)fpla«).ibid.
CÙrc (Antoiii»-Ma(gn«n^)* ^^^à.
Clerc (Laarent). ibid.
Clerc. ibid.
piercs 4a swirpX. 3q8
liïiçrcs-Ribaads oa GouilUrds.|bid.
Çi«rgé. )bid>
C^^remb^ult f famille de). ai$
Ciéri&seaa (Charles-loiiia). axg
Clermont (Maiae). . ibid.
Clnmont TDa^phiiiéi). ibid.
4Ilermont (famille de). ibid.
Clermont en Argonnft. 320
Clermont en ISçan^nisù. ibid.
Clermont en BeJinT. (comt. d«). 22 z
Clermont-Ferrand. 222
Çtermont>Ferr9iid (inonn. de)'ibid.
ClermontoPçrrand (si^« fie). aa3
Çtersellier (CUnde). 224
Clervant (Claude-Antoine de
Vienne, baron de). ibid.
Cléry (J.-9. Cant Haoet). ibid.
Cléry-sur- Loire. ibid.
Clèves (Marie de). ibid.
Clinabarii. tx%
Clicby>la-Gareane. ibid.
Clients. ibid.
Clincb««npf« %*$
Clinique. ibid.
CUsson. ibid.
Clisson Toombat de). ibid.
Cliuon (OlÎTier de). 227
Cloche. ibid.
Cloche banale. 229
Cloches (béoédictioii de*), ibid.
Cloches (rachat dm). ibid.
Clodion. 23o
Clodion (Claude-Michel). ibid.
Clodomir. ibid.
Cloots (Anacbarsis). 23 1
Cloquet (Hippolyte). 2 Sa
Cloqnet (Jules). ibid.
Closter-Camp (combat de), ibid.
Clotaire r^ ibid.
Clotaire II. a33
Clotaire 111. ibid.
Clotaire (monnaie de). ibid.
Clotaire IV. 234
Clolilde. ibid.
Cloud (saint). 235
Clouet. ibid.
CIoDtiers. ibid.
CloTis I«r. ibid.
Cloris IL 240
Cloris Ul. 241
Cloris (monnaie de). ibid.
Club. ibid.
Clngny. 245
Chijs. ibid.
Ouny. ibid.
Coalitions. 246
Coaraae. 247
Coblentx (prise de;. ibid.
Cocagne (mât de). 248
Cocarde. ibid.
Coche. 243
Cochervl (combat de). ibid.
'Cochin Hes). ibid.
Cochincaine. 249
Cochon. ibid.
Pages.
Gpçlion de l'Apparent (Ch.). aSo
Cqponas (Anniba)» oomttdff)* aSx
Cocossates. s94
Codes (histoire des cinq), ibid.
Gedolet. aâS
Coeffetean (NicQlaa)* ibid.
Coeborn (Louis de). ibid.
CcRnicepsiMi. 269
Coçfsin (F.-G.). ibid.
Coetion. 260
GoetiTy (famille de). ibid.
CoQtlogon. 261
Coetlogon (Alain«Emm. de), ibid.
Goetlosquet (Charles • Yvea-
César-Cyr, coiQte du). ibid.
Coetlosquet (J. G. de). ibid.
Coetman (Jacqueline leVof er*
dite de). ibid.
Goetquen. ibid.
G«eur (Jacques)* 262
Coeavres. 263
Coerorden (prise de). ibid.
GofSn (Charles). ibict.
Coffinbal (Jean-Baptiste). 264
CofBnhal-Dunoyer (Joseph). 26S
Coffretiers-Malletiers. ibid.
Coger (F.-M). ibid.
Gagnac. ibid.
Cogniet ^Léon). 266
Cogniet (Jules-Loois-Phil.). ibid.
Cohortes. ibid.
Cohue et Gohnage. ibid.
Coiffure. ibid.
Coignet (Horace). 268
Coiguy Camille de). ibid.
Coigny. ibid.
Coiinbre (prise de). 269
Coire (prise de). ibid
Coislin. 270
Coislin (famille de). ibid.
Coislin (le chevalier de). ibid.
Colardeau (Charles-Pierre). 271
Colasse fPascal). ibid.
Colaud-ae-la-Salcette. ibid.
Cdtbert (famille de). 272
Col d'Argentera (affaire du). 277
Col de Banos (consbat du), ibid.
Col çle la Croix (combat du), ibid.
Coldela Madelaiiie (comb.du).ibid.
Col de Tend^ (affaire 4$). 178
Col de TéttU (affaire du), ibid.
Col de Terme (prise de). ibid.
■Cotdoré. ibid.
Col du Mont (combat du), ibid.
Colette (sainte). 279
Colignou (Fr^i^is)* ibid.
Coligny. ibid.
Coligny (famille^de). ibid.
Coligny (Jean <le). 282
Colin (Pierro ttlbw^ ibid.
Colines (Simon de). ibid.
Colin-Maillard (Jean). ibid.
Collas (le Père). ^ 283
Collation des bénéfices ibid.
Collé (Charles). ibid.
Collectes, Collectent ibid.
Collège de France. 284
Collèges. 288
Collèges électoraux. ibid.
Collégiale. ibid.
Collemberg. 289
Pages.
280
iUd.
Collât (Joseph).
Cqlletet f Guillaume).
Colletet fFrançois).
Collets (petits).
Golliberts.
Colliberts de VemM««
Collier.
Collier (affaira du).
Gollin de Vermont (Hyae.).
Gollin d'Harleville (J.-F.).
Cqllioure.
Collioure (ailles de).
Colloque d^oissT.
Gollot-d'Herbois (J.-Marie).
Col ma r.
Gèlmar (conspiration de).
Golmars.
Golmey.
Cqlnet de RatoI.
Golobe.
Cologne.
Cologne (congrès de).
Colomba n.
Colombe (Sainte).
Golombel (Nicolas).
Colombier (droit de).
Golombière (Glande de la).
Colon.
Colonel.
Colonies.
^loruo(8iége du ehâtean de). 3 1 2
Colosse d'osier. 3*3
Colot. ibid.
Golson (GuiIlaame>FmBÇois) ibid.
Columb ou Colomb (Michel), ibid.
Combat à la barrière. 3x4
Combat ou duel judiciaire, ibid.
Combault (monnaie de). 3i8
Combe (Michel). ibid.
Combé (M. Madel. de Cyz de). 32 1
290
ibid.
ibid.
29X
ibid.
29a
ibid.
ibid.
ibid.
293
ibid.
«94
296
ibid.
.>97
ibid.
ibid.
ibid.
298
ibid.
*99
ibicL
ibid.
3oo
ibid.
ibid.
Sot
3o5
Combeiis (François).
Combenna tores.
Combrailles.
Combronde.
Combutis.
Comédie.
Comédiens.
ibid.
ibid.
ibid.
322
ibid.
ibid.
33i
Comestor (Pierre.snmommé). 334
Comices agricoles. ibid.
Comine (Philippe de). 33 S
Géminés (combat de). 337
Comirs. ibid.
Comité. ibid.
Comité de salut public. 349
Comité de sûreté générale. 370
Comités hiytpffiquet. 379
Comm. 38 X
Commandant supérieur. ibid.
Commandant de place. 382
Commanderie et comman-
deurs, ibid.
Commarin. ibid.
Commende. ibid.
Commensal. 384
Commerce. 385
Commerce ^ministère du). 400
Commerce (tribunaux de). 402
Commercy. ibid.
Comiuerson (Philibert). ibid.
Comminges. 'bid.
Gomminges (comtes de). io$
**..
TABLB ALPHABBTIQUB DBS ABTIGLBSt BTG.
(J««).
•« i Pages.
4o4
4o»
ibid.
4o6
4so
Comnisaair».
Coamissairet des guerres.
CommisMires^priseors.
Oomaustion.
Commission de saint public ibid.
Cammissioo des doose. 4( '
Commiuimus. 4is
Commoni. 4i3
CommuDMiti» fleclëstastiqiies.iUd.
^C«mtes du palais, -f
^>>mt4s'paines.
Cenards.
CoDcsmean.
Concert spirituel.
Goncbes.
Concierge et conciergerie.
Conciles.
Commune de Paris.
Communes.
Communiera. -"-^
Commutation de peine.
Comontor.
Compagnies de commerce.
Compagnies de /ébu.
ignies littéraires.
Paies militaires.
Compagnonnage.
Compagnons.
Compans.
ibid.
43i
44a
ibid.
ibid.
ibid.
454
ibid.
457
460
461
464
467
Compans (Jean>Dom. comte), ibid.
Compara (combat de). ibid.
Compère et commère. ibid.
Compiègne. 4^8
Compiègne (sièges de). 469
Composition. 470
Comps. 47 1
Compte rendu de Necker. ibid.
Compte rendu de i83i« 47a
Comptoir d'escompte. 47^
Comtat Venaissin. 477
Comte, 47S
Concinî.
Concolitan.
Conconiat. ^
Concours. '"t
Concubinage.
Condat ou Condè.
Condé.
Coudé (combats et sièges de)
Condé ?maisoD de).
Condé (Loois'Marie).
Condé>sur-Noireau.
Condillac (Ét.>Bonnot de).
Condom.
Coudomois.
Condorcet.
Condren (Charles de).
Condrîeu.
Conetodnn.
Confédération du Rhin.
Conférence.
Confession.
Confiscation.
Conflans.
Conflans (traité de).
Confient.
Confolens.
Confrères de la Passion.
Congé.
Ptges.
480
48 r
ibid.
ibid.
48a
ibid.
ibid.
ibid.
5o3
5o4
ibid.
5ia
5i4
5i5
ibid.
, 5i6
5x7
Ss7
5a9
ibid.
53 z
ibid.
ibid.
533
ibid.
534
ibid.
546
ibid.
549
l5o
ibid.
ibid.
ibid.
ibid.
55i
559
Congrégation.
Congrès diplMnati4{iie.
Congrès jnaidaire. 653
Congrès scientifique. ibid.
Coni (sièges et bataille ds). 554
Conjnrateur. 555
Connétable. ibid.
Connétable (prise do fort dm). 551
Connétablie. ibid.
Conon de Béthnits. ibid
Conquérenx (batnillea d«).
Conques.
Conqoet (le).
Conrad le Padfiqae.
Conrad (Guillaume).
Conrart (Talenttn).
Cons-la-GrandTille.
Consarbmck (affaire de).
Conscience (lioerté de).
Conseil.
C6nseil armé des Gaulois.
Conserratotre de musique.
Conserratoire des arts et mé
tiers.
•Consoranni.
Cons|i.iration.
Constance.
Constance • Chlore (FInvius-
Valerius).
Ctmstance (bat. et prise de).
Constant de Rebeoque (Hémi-
Benjamin). 58i
Constantin 11 (Claudins). 58i
Constantin III. ibid.
Constantin TAbraham). 583
ConsUntin (Robert). ibid
ibid.
ibid.
56a
ibid.
ibid.
56t
5<i
5-4
li
577
57»
ibid.
579
S8e
riH Dx Là table du cisquieiu tolumk.
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ERRATA.
Page 37 , col. I, ligne 45 , ou val de BaugiS) lisez .* au tal de Barois.
Page 59, col. a ligne 149 Ghaulieu, listz : Chauliac.
Page HS, coL a, ligne ai, effacez: son frère.
J