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Full text of "France : dictionnaire encyclopédique / 3 Bil - Cai"

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'.^-     s 


L'UNIVERS. 


HISTOIRE  ET  DESCRIPTION 

DE  TOUS  LES  PEUPLES. 


iTii>0 


DICTIONNAIRE  ENCYCLOPÉDIQUE 


DE 


LA  FRANCE. 


'iome  €in^nïme* 


TYPOGRAPHE   DE  FIRMIN  DIDOT  FRÈRES, 

nUK   JACOB,   N°    56. 


i^miir^i. 


M.  PH.  LE  BAS, 

MEnime  ns  i.'insnTUT  (âc&dëmie  des  inscriptions  bt  BEiuK-mmiES), 


TOME  CINQUIÈME. 


PARIS, 


l'IRMIN  DIDOT  FEÈRES,  ÉDITEURS, 

IHFBIUEUBS-LIBBAIBE5   DE  l'iNBTITUT, 


lOil.   «-M-S 


L'UNIVERS, 


OU 


HISTOIRE  ET  DESCRIPTION 

i  DE  TOUS  LES-  PEUPLES, 

Be' LEURS  RELIGIONS,  MŒURS,  COUTUMES,  ktc. 


DICTIONNAIRE  ENCYCLOPÉDIQUE 

DE  L'HISTOiaE  DE  FRANCE, 

PAR  M.  PH.  LE  BAS, 

MSlflBIiE   DE   X.*XZrSTITUT. 


c. 


Ghabbon  (Pierre)  nac[u^  à  Paris, 
en  1541 ,  d'un  libraire  père  de  vingt- 
doq  enfants.  Il  alla  faire  son  droit  à 
Orléans,  et  prit  le  bonnet  de  docteur 
à  Bourges ,  où  il  se  fixa  dans  le  but 
d'exercer  la  profession  d'avocat.  Mais 
il  s'en  trouva  dégoûté  au  bout  de  six 
ans,  et  embrassa  l'état  ecclésiastique, 
n  fit,  à  la  suite  de  Tévéque  de  Bazas, 
(rnaud  de  Pontac,  plusieurs  missions 
'ans  la  Gascogne  et  le  Languedoc , 
rec  xai  succès  qui  le  fit  nommer 
jiéoJogal  à  Agen,  à  Bordeaux,  à 
JahoTs  et  à  Condom ,  et  lui  valut  la 
place  de  prédicateur  ordinaire  de  la  ' 
reine  Marguerite.  La  célébrité  qui 
commençait  à  s'attacher  à  son  nom 
Qe  put  le  distraire  de  l'accomplisse- 
•Jent  d'up,  ancien  vœu,  celui  d'entrer 
•lans  un  ordre  religieux.  La  vie  mo- 
nastique eût  offert  un  asile  convena- 
ble à  ses  spéculations  philosophiques  : 
*es  qnarante-cino  ans  lui  en  fermèrent 

I  entrée.  Refuse  pour  ce  motif  par 
tes  chartr^x,  puis  par  les  célestins, 

II  reprit  ses  prédications  à  Angers 
û  abord,  puis  à  Bordeaux.  Ce  fut  dans 
<*tte  dernière  ville  qu'il  se  lia  avec 


Montaigne,  qui  y  remplissait  alors  les 
fonctions  de  maire.  Leur  amitié  de- 
vint  étroite  et  ne  se  démentit  jamais. 
Le  livre  de  la  Sagesse  est  bien  de 
l'école  de  Montaigne ,  quoiqu'il  n'ait 
pas  le  même  charme  de  style  que  les 
Essais,  La  mort  seule  put  séparer 
les  deux  amis.  Montaigne,  en  expi- 
rant dans  les  bras  de  Charron,  le  pria 
de  porter  désormais  les  armes  de  sa 
famille;  et  Charron,  dans  son  testa- 
ment, légua  tous  ses  biens  au  beau- 
frère  de  Montaigne.  Il  mourut  d'une 
attaque  d'apoplexie,  à  Paris,  en  1603. 
Charron  varia  souvent  dans  ses  goûts 
et  dans  ses  idées  :  avocat  d'abord , 
puis  théologien,  nous  l'avons  vu  aspi- 
rer ensuite  à  l'état  monastique,  et  en- 
fin devenir  exclusivement  philosophe. 
Les  ouvrages  que  nous  avons  de  lui 
nous  donnent,  par  leurs  dates,  l'his- 
toire chronologique  de  ces  variations. 
En  1594 ,  il  publie  son  livre  de  trois 
vérités,  ouvrage  où  il  prouve  contre 
les  athées  qu'il  y  a  une  religion  ;  con- 
tre les  païens,  les  juifs,  etc.,  que  de 
toutes  les  religions ,  la  chrétienne  est 
4a  seule  véritable  ;  contre  les  hér^ti- 


T.v.  1"  JÀcraison.  (Digt.  bngygl.,  btc.) 


a 


€HA 


UtJMVERS. 


^tBê. 


ques,  qu'il  ny  a  de  ^alut  que  dans  TÉ- 
glise  cathbliqué  ;  et  dès  Tannée  sui- 
vante il  fait  paraître  un  ouvrage  pu-' 
rement  philosophique,  le  Traite  de  la 
sagesse.  Cette  tbjs ,  c'était  si  bien  lie 
libre  penseur  qui  avait  parlé  plutôt 
que  le  théologien ,  et  il  y  avait  dans 
ce  livre  tant  de  passages  où  se  trou- 
vaient exprimées  des  pensées  peu  or- 
thodoxes, que  Charron  £ut  en  butte  à 
de  violentés  attaques.  Èii  vtitn  corri- 
gea-t-il  quelques  chapitres;  ep  vain 
publia-t-il,  en  1600,  sa  Réfutation  des 
néréUques,  avec  un  recueil  de  ses,  an- 
ciens liscout'S  chrétiens  sur  la  divi- 
nité ,  la  création ,  la  rédemption  et 
Teucharistie;  en  vaià  la  nlioH;,  qui  viâl 
le  frapper  tout  à  coup  en  1603 ,  sem- 
bla-t-elle  devoir  désarmer  ses  ennemis, 
Fauteur  et  son  ouvrage  Àifëtit  pour* 
suivis  par  l'université,  le  parlementet 
les  jésuites.  Le  P.  Garasse ,  jésuite , 
appela  Charron  le  patriarche  des  eê" 
prits  forts ,  et  voulut  le  faire  passer 

{)our  athée.  L'abbé  de  Saint-Cyran  re- 
eva  ce  que  ces  attaques  pouvaient 
avoir  d'injuste  et  d'outré.  Lors  de  la 
mort  de  Charron ,  le  parlement ,  de 
concert  avec  la  faculté  de  théologie , 
se  disposait  à  supprimer  l'ouvrage , 
quand  le  président  Jeannin ,  chargé 
par  le  clbancelier  de  le  réviser,  y  ht 
des  corrections,  au  mx^yen  desquelles 
il  fdt  réimprimé  en  1604,  avec  la  vie 
de  l'auteur.  Cet  ouvrage  est  te  plus 
célèbre  de  -eeux  qu'a  publiés  Charron. 
C'est  un  traité  assez  complet  dé  mo- 
rale j,  écrif  avec  une  grânae  liberté  et 
un  vif  amour  de  la  vérité.  On  reoon* 
naît  chez  l'auteur  de  félévation  dans 
l'esprit,  de  la  hardiesse  dans  la  pen^ 
fiée,  de  la  passion  pour  le  bien  et  le 
vrai  ;  Him  on  doit  blâmer  dans  son 
ouvrage  nm  sobriété  exagérée  de  toute 
espèce  d'ornements;  sa  sagesse  est 
trop  nue  f  quelques  orisements  sim^- 
ples  ne  feraient  qif  en  relever  la  grâoè 
naturelle.  H  y  a  Mn  de  la  recherche 
à  l'élégance  :  celle-ci  convient  partout. 
On  regrette  plus  d'une  fois,  en  lisaiit 
Charron,  qu^il  n'ait  pai»  emorunté  aux 
^îtres  dieSénèque,  qu'il  déclare  avoir 
été  son  guide,  quet(|ue  chose  de  leur 
ttvaèitéf  ^  leor  éfigincUité,  dci  leur 


parure  ^êde  ;  in  ifègrette  ^u'il  n'ait 
pas  suivi  dé  plus  près  un  autre  modèle 
qu'il  ne  nomme  pas,  mais  qu'il  a  sans 
cesse  devant  les  yeux  :  nous  voulons 
parler  de  Montaigne.  Autant  le  style 
de  celui-ci  est  Rapide,  brillant,  origi- 
nal ,  autant  celui  de  son  ami  est  uni- 
forme et  triste.  Malgré  la  fermeté,  la 
clarté,  le  nombre  et  la  précision  qui 
sont  les  qualités  distinctives  des  écrits 
de  Charl'ob,  nliUe  part  la  philosophie 
de  cet^  auteur  n'a  cette  forme  gaie, 
ubre:,  joyeuse^  relevée^  enjovêe  méme^ 
dont  il  nous ,  parle  imprudemment 
quelque  ban.  Il  croit  avoir  secoué  le 
ioug  de  la  scolastique  :  oui ,  pour  la 
libené  d'exainén  ;  ihais,  du  reste,  il 
rappelle  sans  cesse  cette  école  dont 
il  avait  ;'eçu  les  leçons  dans  sa  jeu- 
nesse. Que  de  divisions  dans  s^^n  ou- 
vrage! Que  de  subdivisibns!  Ses  ar- 
guments, ses  définitions,  ses  distinc- 
tions sont  innombrables.  L'esprit 
s'embarrasse  dans  ce  dédale  de  com- 
partiments inutiles  ;  il  se  fatigue  à 
suivre  ces  mille  petites  avenues  par 
où  le  promène  l'auteur,  au  lieu  de  lui 
marquer  une  voie  large  et  directe 
pour  le  conduire  au  but.  Quoi  c|u'ii  en 
soit ,  à  en  jug^  par  le  Traite  de  la 
sa^essCy  Charron  semble  au  fond  n'a* 
voir  eu  d'autre' religion  que  celle  d6 
la  conscience  et  de  la  nature  ;  et  on 
trouve  chez  lui  dés  propositions  qui 
font  voir  que  si  cet  ecclésiastique  se 
conformait,  dans  la  conduite  de  sa 
vie,  aux  croyances  humaines,  il  por-» 
tait  dans  la  vie  spéculative  une  grande 
indépendance  d'esprit.  Il  dit  quelque 
part  :  «  La  religion  n'est  tenue  que 
par  moyens  humains,  et  est  toute 
bâtie  de  pièces  maladives.  »  11  dit  en-* 
Gore  :  «Bien  que  l'immortalité  de 
l'âme  soit  la  chose  la  plus  universel-* 
lement  reçue ,  elle  est  la  plus  faible-^ 
ment  prouvée^  ce  qui  porte  les  esprits 
à  deuter  de  beaucoup  de  choses.  » 

Chabboux,  CarrofuMj  petite  vilM 
de  l'ancien  Poitou,  aujourd'hui  chef^ 
lieu  de  canton  du  département  de  la 
Vienne ,  à  10  kilomètres  de  Civrày^ 
doit  son  origine  à  un  célèbre  monas^ 
tè^e  fondé  en  78^  pair  Roger ,  comtd 
He  Limoges.  Charlemagne  le  dota  ma-* 


caiA 


I19|^GE< 


CHA 


gnifigiie^hent,  et  lui  donna  une  biblio-' 
thèque  et  des  reliques  qui ,  daos  la 
suite,  devinrent  pour  cette  maison  une 
source  de  richesses*  L'église,  bâtie 
?ers  la  fin  du  huitième  siècle,  étaàx 
comptée  au  nombre  des  plus  belles  du 
royaume.  Détruite  pendant  les  guerres 
de  religion,  elle  est  aujourd'hui  en  rui" 
Des;  mais  ces  ruines  offrent  encore 
un  aspeet  imposant*  Il  s'est  tenu  dans 
cette  ville,  en  1028^  un  concile  contre 
les  roanîchéensl  Lorsque  Gharronx 
Êiisaft  partie  du  rO]^aunie  d'Aquitaine, 
son  nom  franc  était  Carrof;  c'est  ce 
qu'attestent  ces  vers  de  Tfaéodalphe  ^ 
CTêg[Qe  d'OrléaiiSi  cités  paf  de  Va- 

Est  locas,  hcme  vocitstAt  Carrof  eo^oomint  Oalli , 
Quo  sahatoris  sub  nomine  pœnitet  «nUa. 

La  population  de  cette  ville  est  au- 
l^d'tmlâè  1,700  hab. 

Chabroy  (Sébastien),  lieutenant- 
colonel  de  rétat-mafor  dé  la  garde  im- 
périale, étant  sous-offîcieiP  des  guides 
du  générai  Bonaparte  à  l'affaire  de 
Gaza,  tûa,  dans  on  combat  singulier, 
no  cÏNf  de  mameluks  qui  venait  défier 
le  corps  entier  des  guides  rangés  en 
bataille.  1\  monta  le  premier  sur  la 
brèche  à  l'assaut  de  Jaffa  ;  à  la  bataille 
âi  Mont-Tbabor ,  il  tua  deux  mame- 
luks, enleva  plusieurs  chevaux,  s'em- 
r a  de  six  dromadaires  de  course,  et 
prisonniers  tous  tes  Arabes  qui  ï%& 
montaient^  Au  combat  d' Aboukir ,  il 
fot  dâ  nombre  àe&  guides  qui  enlevè- 
nsf^t  les  redoutes  turques.  Pïommé 
feoiS-Hêiitténant ,  il  traversa  deux  fois 
^  ^ne  des  Turcs  et  des  mameluks , 
pendant  le  siège  du  Gaire^  pour  porter 
m  dépêches  aux  généraux  Yerdier  et 
^^oranteâu ,  et  reprit  un  poste  qui  ve- 
nsiit  d'être*  forcé  par  l'ennemi.  A  Tat- 
tagneda  pont  de  Cabezon,  en  Espagne, 
le  14  juin  1808,  Gharroy,  devenu  offi- 
<>er  a'état-ma^r ,  chargea  à  la  tête 
d'une  compagnie  de  voltigeurs ,  et  en- 
leva qoatre  pièces  de  canon  sous  lé 
wi  de  quatorze  mHle  ennemis.  Un 
Bxris  après  la  bataille  de  Kio-Secco , 
rt  loorsuirit  seul  une  pièce  de  canon, 
^la  ramena,  ainsi  qu'un  officier  et 
||i|sieiir8  artîHeurs  espagnols.  Dans  la 
joaraée  ^  il  lua  de  sa  main  six 


grenadiers  da  régiment  de  Saragosse. 
Il  se  distingua. également  pendant  les 
campagnes  de  1811  et  de  1812  en  Es- 
pagne. 

Ghabs,  ancienne  seigneurie  du 
Yexin  français,  aujourd'hui  du  dépar- 
tement de  *Seine-e't-Oise ,  à  12  kifom. 
de  Pontoise ,  érigée  en  baronnie  en 
1605. 

Ghabs  DB  guebbe.  Outre  leur  re- 
doutable cavalerie , -les  Gaulois  lan- 
çaient encore  sur  les  champs  de  bataille 
de  lourds  chariots  armés  de  faux  ou 
de  pointes  acérées,  et  montés  par  un 
grand  nombre  d'archers.  Geux-ci, 
lorsque  tes  rangs  ennemis  étaient  rom- 
pus ,  sautaient  en  bas  des  chars  et 
combattaient  à  pied ,  avec  le  javelot 
ou  avec  l'épée.  Les  Gaulois  étaient  si 
exercés  à  se  servir  de  ces  chars,  qu'au 
dire  de  Gésar ,  ils  pouvaient  les  faire 
descendre  par  des  pentes  rapides ,  y 
arrêter  tout  d'un  coup  les  attelages  ^ 
ou  les  diriger  sur  un  autre  point  Les 
conducteurs  se  tenaient  debout  <sur  le 
timon  ,  et  se  plaçaient  même  sur  le 
joug  des  chevaux  'pour  diriger  leurs 
mouvements.  Les  cnars  de  guerre  ser- 
vaient aussi  bien  à  la  défense  qu'à 
l'attaque.  Liés  ensemble,  ils  formaient, 
avec  les  chariots  de  bagages,  les  seuls 
retranchements  dont  les  Gaulois  en- 
tourassent leurs  camps. 

Ghabte.  Voyez  Constitutions. 

Ghabtb  nobmandb  ou  Chàbtbb 
AUX  IiïORMANDS.  —  On  désigne  sous 
ce  nom  les  lettres  patentes  données 

Sar  Louis  Hutin  aux  habitants  de  la 
[ormandie ,  pour  la  confirmation  de 
leurs  privilèges. 

Ge  prince  leur  accorda,  en  1314, 
une  première  charte  qui  ne  contenait 
que  quatorze  articles  ;  mais  elle  fut 
augmentée  par  de  nouvelles  lettres, 
en  date  du  15  juillet  Ae  l'année  sui- 
vante. G'est  à  ces  dernières  lettres  que 
s'applique  plus  particulièrement  te 
nom  de  charte  normande.  Gette  charte 
fut  confirmée,  en  1339,  par  Philippe 
de  Valois;  en  1380 ,  par  Charles  vl  ; 
en  1458 ,  par  Gharles  VU  ;  en  1461  ^ 
)ar  Louis  XI;  en  1485,  par  Char, 
es  VÏII,  et  en  1579,  par  Henri  III. 
Kous  croyons  faire  plaisir  à  nos  lec 

1. 


l 


CHl 


L'UNIVERS. 


CHA 


teurs  en  leur  donnant  ici  la  traduction 
de  la  charte  normande,  l*un  des  plus 
curieux  et  des  plus  importants  docu- 
ments de  l'histoire  de  l'ancien  droit 
français. 

«  Art.  1^'.  Le  roi  et  ses  successeurs 
«  ne  feront  faire  en  Normandie  d'autre 
«  monnaie  que  celle  de  Paris  et  de 
«  Tours;  et  les  gros  tournois  seront 
«  du  poids  et  de  la  valeur  qu'ils  avaient 
«  du  temps  de  saint  Louis. 

ft  2.  Le  fouagc  ou  le  monnayage 
«  sera  levé  comme  il  est  marqué  dans 
«  le  registre  des  coutumes  de  INor- 
«  mandie. 

«  3.  Les  nobles  et  les  habitants  de 
«  Normandie  qui  doivent  au  roi  des 
«  services  à  la  guerre,  seront  libres 
«  lorsqu'ils  s'en  seront  acquittés. 

«  4.  Quand  les  seigneurs  de  fief  au- 
«  ront  rendu  leurs  services,  le  roi  ne 
«  pourra  rien  exiger  de  leurs  vassaux, 
«  sauf  le  cas  d'arrière-ban. 

«  5.  Lorsque  le  roi  et  ses  succes- 
«  seurs  revendiqueront  quelque  héri- 
«  tage,  le  procès  sur  la  propriété  sera 
«  jugé ,  quoique  les  possesseurs  oppo- 
«c  sent  la  saisme  ou  la  possession  d  an 
«  et  un  jour. 

«  6.  S'il  y  a  contestation  sur  la  pos- 
«  session  d  an  et  jour,  la  chose  con- 
«  tentieuse  sera  mise  en  la  main  du 
«  roi ,  jusqu'à  ce  que  la  question  sur 
«  la  possession  ait  été  décidée. 

«  7.  Le  roi  ne  lèvera,  en  Normandie, 
«  que  ses  revenus  ordinaires,  et  n'exi- 
«  géra  que  les  services  qui  lui  sont 
«  dus  y  a  moins  qu'il  n'y  ait  quelque 
«  urgente  nécessité. 

«  8.  Aucun  sergent  royal  de  l'épée 
«  ou  autre  ne  pourra  faire  exercer  son 
«  office  par  des  personnes  de  louage, 
«  sous  peine  de  perdre  l'office. 

a  9.  On  ne  pourra  prendre  des  vivres 
«  ou  autres  denrées  pour  le  roi  sans 
«  ses  lettres  scellées  de  Sion  sceau  ou 
A  du  maître  de  son  hôtel;  et  quand  il 
«  y  aura  des  lettres,  les  marchandises 
«  seront  appréciées  et  payées  avant 
«  d'être  enlevées. 

«  10.  Le  droit  de  tiers  et  danger  ne 
«  sera  pas  levé  sur  le  mort-bois. 

«  11.  Si  quelqu'un  se  prétend  franc 
«  du  tiers  et  danger,  parce  que  ses  bois 


c  ont  été  plantés  anciennement,  il  en 
«  sera  exempt  en  prouvant. 

«  12.  Les  deniers  levés  pour  faire 
«  ou  réparer  les  ponts  y  seront  em- 
«  ployès,  etc. 

«  13.  Lorsque  le  roi  sera  chargé 
«  des  bâtiments  ou  de  la  reconstruc* 
c  tion  des  ponts ,  les  particuliers  n'y 
«  contribueront  pas. 

«  14.  Les  nobles,  dans  leurs  terres, 
«  auront  le  varech  et  les  choses  quai- 
«  ves. 

«  15.  De  trois  ans  en  trois  ans^  le 
«  roi  enverra  des  commissaires  pour 
«  informer  des  excès  de  ses  officiers. 

«  16.  Nul  homme  libre  ne  sera  mis 
«  à  la  question  ,  à  moins  qu'il  n'y  ait 
«  contre  lui  des  présomptions  violentes 
«  de  crime. 

«  17.  Aucun  avocat  ne  pourra  pren- 
«  dre  plus  de  30  livres  pour  les  grandes 
«  causes ,  etc. 

«  18.  Les  causes  décidées  à  l'échi- 
«  quier  de  Normandie  ne  seront  pas 
«  portées  au  parlement  de  Paris. 

«  19.  La  prescription  de  quarante 
«  années  aura  lieu ,  en  Normandie,  en 
«  toutes  matières. 

«  20.  Les  héritages  qui  seront  réu- 
«  nis  au  domaine  du  roi ,  par  défaut 
«  de  pavement,  seront  estimés  par  des 
«  prud'nommes. 

«  21.  Les  parents  pourront  faire  le 
«  retrait  des  héritages  réunis  au  do- 
«  maine  du  roi,  faute  de  payement. 

«  22.  Ceux  qui  auront  des  domaines 
«  du  roi  par  don ,  échange  ou  autre 
«  aliénation,  ne  pourront  traduire  les 
ft  autres  sujets  du  roi  dans  les  justices 
«  éloignées. 

ce  23.  Quand  il  s'agira  d'exécution 
«  de  lettres  passées  sous  le  scel  royal^ 
«  les  parties  ne  seront  pas  mises  en 
«  procès,  à  moins  que  l'une  d'elles  ne 
«  prétende  avoir  payé. 

<c  24.  En  matière  de  retrait ,  celui 
«  qui  ne  possédera  pas  l'héritage  ne 
«  pourra  être  ajourne.  » 

Longtemps  avant  la  révolution ,  on 
ne  suivait  plus  les  dispositions  de  cette 
charte  :  les  rois  de  France  y  avaient 
dérogé  par  des  lois  postérieures.  Néaa- 
moins,  son  autonté  était  encore  si 
considérable ,  que,  quand  il  s'agissait 


; 


CHA 


FRANCE. 


CUA 


de  faire  quelque  règlement  qui  pouvait 
intéresser  la  province  de  Normandie^ 
et  qui  était  contraire  à  cette  charte , 
on  avait  soin  d'y  insérer  la  clause  : 
Nonobstant  clameur  de  haro^  chartre 
normande  y  etc. 

Charte-pabtie.  Autrefois,  comme 
aujourd'hui)  on  était  dans  Fusage, 
lorsque  Ton  dressait  un  contrat  synal- 
lagmatique,  de  faire  autant  d'actes 
semblables  qu'il  y  avait  de  parties  con- 
tractantes. Ces  actes  se  nommaient 
chartes  paricles  (charta*  pariclœ, 
paricolsBy  paHculœy  Bientôt,  par  sur- 
croît de  précaution ,  l'on  traça  au  mi- 
lieu d'une  feuille  des  caractères  et  des 
mots  qu'on  peut  comparer  aux  sou- 
ches des  passe-ports  ou  des  inscrip- 
tions de  rente ,  et  qui  étaient  ensuite 
coupés  en  li^ne  droite,  ondulée  ou 
dentelée.  De  la  \%%  chartes-parties  on- 
d'idées  j  dentelées  (ckartœ  partîtes 
wuMatœy  et  indentatœ),  Cyrogra- 
phum  est  le  mot  que  l'on  trouve  le 
plus  fréquemment  inscrit  sur  la  sou- 
che des  cnartes-parties,  qui  remontent 
à  une  haute  antiquité.  Ce  mot  était 
ordinairement  accompagné  de  quelque 
épithète  spécifiant  la  nature  de  l'acte; 
du  nom  des  parties  contractantes,  ou 
bien  encore ,  surtout  au  quatorzième 
siècle,  de  quelques  lettres  dé  l'alphabet. 
Enfin  on  traçait  aussi,  soit  des  images, 
soit  des  formules  de  dévotion  sur  la 
ligne  de  la  souche,  qui  se  trouvait  pla- 
cée le  plus  souvent  dans  le  haut  ou  sur 
le  côte  de  la  charte.  Quand  cette  iij^^ne 
était  au  bas  de  l'acte,  ce  qui  était  plus 
rare ,  on  plaçait  quelqueiois  le  sceau 
dans  le  haut  de  la  pièce.  Les  inscrip- 
tions étaient  tantôt  horizontales,  tan- 
tôt perpendiculaires  ;  et  elles  se  dis- 
tinguent en  général  par  la  grandeur 
des  traits  ou  des  ornements  qui  les 
accompagnent,  souvent  aussi  par  la 
couleur  de  l'encre.  Aux  chartes-parties 
coupées  en  ligne  droite ,  succédèrent 
les  chartes  dentelées  et  ondulées,  qui, 
vers  la  fin  du  quatorzième  siècle,  ne 
portaient  guère  que  par  exception  des 
mscriptions  à  la  souche.  Le  savant 
Mabillon  n'a  pu  découvrir  en  France 
de  charte  dentelée  remontant  au  delà 
<le  1106;  quant  aux  chartes-parties. 


la  plus  ancienne  chez  nous  est  de  l'an- 
née 1034,  tandis  qu'en  Angleterre  il 
en  existe  du  neuvième  siècle. 

Châbtes.  —  Ce  mot  servait  autre* 
fois  à  désigner  toute  espèce  d'actes.  On 
ne  s'en  sert  aujourd'hui  que  pour  dé« 
signer  les  titres  anciens.  Dans  les  huit 
ou  neuf  premiers  siècles,  on  employait 
les  noms  de  charttda  ou  chartaela  de 
préférence  à  celui  de  charta,  qu'au 
douzième  et  au  treizième  siècle  on 
écrit  souvent  quarta^  quarttUa  ou 
karta.  Au  huitième  siècle,  le  mot 
charta  seul  a  signifié  Un  passe- port  ; 
mais  en  général  il  ne  prend  un  sens 
détermine  que  par  les  adjectifs  aux- 
auels  il  est  joint.  Voici  l'enumération 
aesjprincipales  espèces  de  chartes  : 

CTiarta  jurata  ou  sacramentaHs  '<, 
acte  de  serment  ou  de  fidélité ,  ou  con- 
tenant une  promesse  quelconque ,  sous 
la  foi  du  serment. 

Chartae  de  mtmdeburde,  chartes  de 
niainboumie,  c'est-à-dire  de  protec- 
tion ou  de  tutelle,  accordées  aux  églises 
et  aux  monastères  par  les  rois ,  les 
seigneurs  et  les  évéques.  Ces  chartes 
s'appelaient  aussi  quelquefois  sauvetés, 
salvitates, 

Chartœ  apennes^  chartes  apennes. 
Quand ,  par  accident,  des  titres  de  pos- 
session ou  de  privilèges  venaient  a  se 
perdre ,  le  magistrat  ou  gouverneur  du 
lieu  faisait  expédier  deux  chartes  dites 
apennes  ^  qui  étaient  des  espèces  de 
procès- verbaux  du  désastre ,  auxquels 
on  donnait  encore  le  nom  de  chartas 
relationis.  On  faisait  ordinairement 
deux  expéditions  de  ces  actes  :  on  en 
affichait  une  en  public ,  pour  conser- 
ver les  droits  des  tiers  et  appeler  leurs 
réclamations ,  et  l'on  délivrait  l'autre 
aux  possesseurs  des  titres  perdus.  Les 
diplômes  délivrés  par  les  princes  pour 
la  confirmation  ae  ces  chartes  sont 
appelés,  dès  le  neuvième  siècle, /)&»- 
cMLrtœ  ou pantochartœ  ;  les  pancartes 
de  Charles  le  Chauve  sont  les  pre- 
mières qui  entrent  dans  le  détail  des 
biens,  terres  ou  privilèges  dont  on 
voulait  faire  confirmer  la  possession. 

Chartes  traditionis ,  transfusionis^ 
refusionis,  offersionis ,  transfersio^ 
nis,  perpetualis  transactionis ,  stabi' 


CSA 


L'UNIVBW. 


faiA 


iUcUii ,  confirmaUoniê  ,  désigoaient 
lies  actes  de  donation ,  coipine  charte 
confertoria ,  ehart'm  eleemosynariœ, 
V-  La  charte  de  soumission,  oharta 
obnoiciationis ,  était  ufi  acte  par  le- 
quel on  vendait  soi  et  sa  famille, 
quand  on  ne  poairait)  se  procurer  les 
aliments  nécessaires  à  la  vie,  sa- 
tisfaire un  créancier  on  solder  une 
amende. 

Les  mots  charta  tracUUotUsj  çeS' 
sionis,  largUionis  et  doncUionis,  ser- 
vaient à  désigner  les  actes  de  vente. 

IjQS. càartse  benqficiarise ,  chartes 
hén^iairesy  avaient  pour  (^jet  ks 
concessions  de  bénéfices.  (  Voyez  Bb- 

RBFIGSS.  ) 

La  charte  prestaire  f  charta  preS" 
iaria,  était  l'acte  par  lequel  une  église 
ou  un  monastère  abandonnait  à  un 
particulier  l'usufruit  de  quelques  ter« 
res ,  sous  certaines  conditions. 

La  charte  précaire,  charte^  preca^ 
fia  y  précaire  y  était  celui  par  lequel 
le  particulier  demandait  pu  acceptait 
cet  usufruit. 'Ces  deux  sortes  de  char- 
tes devinrent  fréquentes  dans  les  hui- 
tième et  neuvième  siècles.  (  Voy.  Pbé** 

GAIBE.  ) 

Il  y  a  encore  pour  les  charte^  un 
grand  nombre  de  dénominations  ;  mais 
nous  ne  citerons  plus  que  les  suivah* 
tes  :  charta  audienticàis ,  citation  k 
un  tribunal;  charta  cautionis ,  charte 
d'obligation  ou  de  caution;  charta  pi' 
gnoratUmiSy  charte  d'engagement  et 
de  garantie  ;  charta  hxreditaria ,  tes- 
tament ;  charta  divisionis,  charte  de 
partage  ;  chartx  rogatœ,  actes  qqe  les 
témoins  étaient  priés  de  signer. 

A  l'article  Diplomàtiqub  ,  nous 
traiterons  des  moyens  généraux  d^  te- 
connaître  l'authenticité  des  chartes. 

Chàbtieb  (Alain) ,  né  à  Bayeux  en 
1386,  fut  rhomme  le  plus  illustre  de 
son  temps.  Dès  sa  jeunesse ,  il  enten- 
dit joindre  à  son  nom  les  épithètes 
d'excellent  orateur,  de  noble  poète, 
de  renommé  rhétoricien;  et  tout  le 
monde  connaît  l'histoire  du  baiser  que 
lui  donna  Marguerite  d'Ecosse,  femme 
du  dauphin  de  France,  depuis  Louis  XL 
Il  n'avait  guère  que  seize  ans  lorsqu'il 
conçul;  le  projet  d'écrire  l'histoire  de 


^on  siècle,  et  que  Charles  yi,  pour 
l'encourager  dans  ce  travail ,  Je  nofûnya 
clerc ,  notaire  et  secrétaire  <}e  sa  m^i.- 
son  :  place  que  lui  conserva  Charles 
yil.  On  ^oute  même ,  ifiais  il  y  ^ 
doute  sur  ce  point,  qu'il  fut  archi- 
diacre de  Paris  et  conseiller  au  parle- 
ment. On  ignore  l'époque  de  sa  mort  : 
les  uns  1^  placent  en  1449 ,  d'autres 
en  14^7,  d'autres  enfin  en  145$.  Quel- 
ques-unes des  pièces  de  poésie  àe  Char- 
tier,  le  Dpbat  du  réveil -maûn^  la 
Belle  dame  sans  merci  y  etc.,  se  lisent 
encore  avec  plaisir.  Chartier  n'a  pas 
l'élégance  de  Charles  d'Orléans,  la 
verve  et  l'énergie  populaire  de  Villon  ; 
mais  on  trouve  dans  ses  vers  ^n^  bon- 
homie et  une  naïveté  qui ,  même  pour 
nous,  offrent  un  charme  inexprimable. 
Qiartier  a  rendu  d'incontestables  ser- 
vic^ç  à  )a  langue  française  :  poète,  pro- 
sateur, érndit  autant  qu'on  pouvait 
l'être  de  son  temps ,  il  a  fixé  quelque^ 
règles ,  cherché  des  combinaisons  nou>> 
veiles  des  mètres  poétiques,  et  surtout 
il  a  ^li  l'honneur,  nous  n'osons  pa^ 
dire  d'ouvrir  la  route  à  Charles  d'Or«- 
léans  et  à  Villon ,  mais  au  moins  de  la 
leur  montrer.  Ce  n'est  pas  encore  un 
poète  français ,  mais  c'est  mieux  déj| 
qu'un  trouvère,  c'est  mieux  qu'un  de 
ces  vieux  fommtders  dont  Villon,  se- 
lon Boileau^  sut,  le  premier,  débrouil- 
ler l'art  confus.  Il  forma,  avec  Charles 
d'Orléans ,  ce  qu'on  pourrait  appeler 
la  transition.  La  meilleure  édition  des 
oeuvres  d'Alain  Chartier  est  celle  de 
Paris,  1617,  in-4°. 

Chàbtibb  (G.),  évêque  de  Paris, 
né  à  Bayeux,  était  parent  d'Alain  et 
de  Jean  Chartier.  Il  tnt  élevé  à  la  coiir 
de  Charles  VU,  et  nommé  à  l'évêch^ 
de  Paris  en  1447.  Ce  fut  d'après  soti 
avis  que  Louis  XI  forma  un  conseilX 
composé  de  deux  membres  de  chacun    \  : 
des  trois  ordres,  pour  aviser  à  la  dimi-      ^ 
nution  des  impôts.  Plus  tard ,  lors  de        i 
la  guerre  du  bien  public,  Chartier 
montra  peu  d'intelligence  politique  en 
voulant  taire  ouvrir  les  portes  de  Paris 
aux  princes  lisués  contre  le  rôi  :  avis 
qui  eût  causé  la  perte  du  royaume  s'il 
eût  été  suivi.  Au  reste,  Louis  XI  ne 
le  lui  pardonna  pas.  Api^s  sa  mort, 


€HA 


FRANGE. 


CHA 


arrivée  en  1472,  ce  prince  éerivlt  au 
prévôt  des  marchands  pour  lui  expo- 
ser ses  griefs  contre  te  prélat ,  et  ii 
exigea  que  ses  motifs  de  plaintes  fus- 
seot  consignés  dans  l^épitaphede  Char- 
tier,  qui ,  du  reste ,  était  un  homme 
feoommandable  pour  ses  vertus  pri- 
vées. 

Chibtieh  (Jean),  frère  d'Alain, 
entra  dans  Tabbaye  de  Saint-Denis ,  y 
devint  chantre  et  historiographe  de 
France.  Son  frère  le  fit  connaître  à 
Charles  YII ,  qui  le  chargea  de  dé- 
brouiller le  chaos  des  vieilles  chronî- 
3ues  que  Ton  gardait  dans  les  archives 
e  cette  abbaye.  Le  zèle  avec  lequel  il 
s'acquitta  de  cette  pénible  tâche  le  fit 
apprécier  de  Charles  VII,  qui  l'atta- 
cha à  sa  personne  et  le  rendit  témoin 
de  tousses  actes  publics,  afin  qu'il  les 
racontât  et  les  transmît  à  la  postérité. 
Le  roi  le  feisait  entretenir  à  s^g  frais, 
tenait  à  sa  disposition  des  gens  pour 
le  servir,  et  des  chevaux  pour  le  trans- 
porter partout  où  il  voulait.  Jean 
Cbartier  vit  tout  le  règne  de  Charles 
VII  et  en  écrivit  l'histoire.  Dans  ses 
travaux  à  l'abbaye  de'  Saint-Denis ,  il 
avait  achevé  la  collection  des  Grandes 
chroniques  de  France  y  vaste  compi- 
lation qui  accrédita  tant  de  fables ,  et 
qui  répandit  des  idées  si  fausses  sur 
les  origines  de  notre  histoire:  Les  deux 
ouvrages  de  Jean  Chartier,*  V Histoire 
de  Cmrles  Fil  et  les  Grandes  chro- 
niques,  furent  imprimés  sous  Louis 
XI  en  1476,  à  Pans,  3  vol.  in-fol.  Le 
second  de  ces  ouvrages  fut  In  première 
histoire  de  France  publiée  par  la  voie 
de  l'impression;  il  a  été  réimprimé 
dans  la  collection  des  historiens  de 
France,  et  enfin,  de  nos  jours,  M.  Pau- 
lin Paris  en  a  donné  une  nouvelle  édi- 
tion jusqu'au  règne  de  Charles  Y  in- 
clusivement, avec  une  dissertation  sur 
les  sources  de  ces  chroniques  et  une 
notice  sur  les  manuscrits  dont  il  a  fait 
usage,  Paris,  1836,  in-fol.  On  peut 
consulter  sur  ces  chroniques  la  criti- 
que et  l'analyse  qu'en  a  faite  M.  Au- 
gustin Thierry,  dans  sa  cinquième  let- 
tre sur  l'histoire  de  France ,  et  dans 
le  tome  xv  du  Recueil  de  l'Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres,  un 


mémoire  de  la  Gurne  Sainte-Palaye. 
L'histoire  de  Charles  VII  a  été  réim- 
primée seule  par  D^nys  Godefroi,  Pa- 
iris,  1661,  avec  d'autres  pièces  d'écri- 
vains contemporains.  En  tête  de  cette 
histoire,  qui  n'est  qu'une  chronique, 
Jean  Chartier  place  un  petit  prologue 
où  il  annonce  l'intention  d'&rire  les 
faits  de  ce  règne ,  le  plus  véritable- 
menty  que  je  pqurray,  dit-il,  sans  por- 
ter faveur  ni  haine  à  aucun.  Le  style 
de  cet  écrivain  est  naïf,  mais  n'a  riea 
d'original;  il  renferme  d'excellents 
renseignements,  mais  tout  est  présen- 
té confusément ,  sans  n^éthode,  sans 
autre  ordre  que  l'ordre  chronologique. 
Jean  Chartier  mourut  vers  H61 ,  peu 
de  temps  après  Charles  YII. 

CHABTiBR(Kené)  naquit  à  Vendante 
en  1572.  Il  montra  dès  sa  plus  tendre 
enfance  une  passion  ardente  pour  l'é- 
tude, et  cultiva  en  même  temps  la  lit- 
térature ,  la  philosophie ,  la  tnéologie 
et  la  médecine.  Apies  être  resté  plu- 
sieurs années  à  Angers  et  à  Bordeaux, 
où  il  perfectionna  ses  études  médica- 
les, ii  vint  à  Paris,  où  ii  fut  reçu  doc- 
teur, le  26  août  1608,  et  nommé  pro- 
fesseur de  pharmacie.  En  1612,  il  fut 
nommé  médecin  des  dames  de  France; 
en  161*3,  médecin  ordinaire  du  roi ,  et 
en  1617,  professeur  de  chirurgie  au 
collège  royal.  Il  mourut,  le  29  octobre 
1654,  d'une  apoplexie^  qui  le  surprit  à 
cheval,  à  l'â^e  de  quatre-vingt-deux 
ans.  Si  Chartier  n'a  rien  publie  d'ori- 
ginal, ii  s'est  acquis  une  grande  célé- 
brité comme  (éditeur  ;  et  son  plus  grand 
titre  est,  sans  contredit,  l'édition  com- 
plète des  œuvres  réunies  d'Hippo- 
crate  et  de  Galien. 

Chàrtbàtn,  Camutensis  ager,  ou 
trâctus.  Ce  pays,  dont  Chartres  était 
la  capitale ,  faisait  partie  de  la  Beauce 
et  du  gouvernement  général  de  l'Or- 
léanais. Il  était  borné  au  N.  par  la 
Normandie  et  l'Ile  de  France  ^  au  S. 
par  le  Dunois  et  l'Orléanais  propre- 
ment dit,  à  l'E.  par  le  Gâtinais,  et  à 
l'O.  par  le  Perche.  Il  avait  douze  lieues 
de  longueur  sur  dix  de  largeur. 

Au  temps  de  César,  le  pays  char- 
train  faisait  partie  du  territoire  des 
Carnutes;  sous  Honorius,  ii  était 


8 


C0A 


L'UNIVERS. 


€HA 


{ 


compris  dans  la  quatrième  Lyonnaise. 
Depuis,  il  suivit  les  destinées  de  Char- 
tres, sa  capitale. 

CHÀfiTBAN  (J.  H.  S.),;né  à  Carcas- 
sonne  en  1779,  entra  au  service  à 
rage  de  quatorze  ans ,  fit  les  campa- 
gnes de  1794  et  1795  dans  TarniQ^ 
des  Pyrénées-Orientales,  passa  à  celle 
d'Italie,  après  la  paix  de  Bâle,  et  se 
distingua  en  diverses  rencontres.  U 
servit  ensuite  sur  le  Rhin,  à  la  grande 
armée,  et  fut  fait  colonel  en  1813. 
Vainqueur,  le  28  juillet ,  de  six  mille 
Russes,  qui  essayèrent  en  vain  de  l'ar- 
rêter dans  les  gorges  de  Pina ,  il  as- 
sista le  30  à  la  bataille  de  Gulm,  se  fit 
jour  au  milieu  des  colonnes  ennemies, 
êur  enleva  cinquante -deux  officiers 
supérieurs,  dégagea  son  général  de 
division,  et  une  partie  des  troupes 
tombées  en  leur  pouvoir.  Nommé  gé- 
néral de  brigade  pour  ces  deux  beaux 
faits  d'armes ,  il  fut  mis  à  la  demi- 
solde  par  les  Bourbons.  Au  retour  de 
Tempereur,  Chartran  fut  chargé  du 
commandement  du  département  de 
l'Aude,  et  rencontra,  en  se  rendant  à 
sa  destination,  le  baron  Trouvé,  avec 
lequel  il  eut  une  entrevue,  dont  le  dé- 
tail, publié  dans  une  intention  coupa- 
ble, produisit  plus  tard  l'effet  (|u  on 
en  attendait.  U  fut  mis,  peu  de  jours 
après  cette  fatale  rencontre,  à  la  tête 
d  une  brigade  de  voltigeurs  de  la 
garde ,  combattit  vaillamment  à  Fleu- 
rus  et  à  Waterloo.  Dans  cette  dernière 
bataille,  it  attaqua  des  hauteurs  qui 
paraissaient  inexpugnables.  Repoussé 
trois  fois,  il  revint  trois  fois  à  la  charge, 
et  emporta  la  position.  Le  général 
Chartran,  oblige  de  faire  sa  retraite, 
l'exécuta  en  bon  ordre,  se  rendit  sous 
les  murs  de  la  capitale,  passa  la  Loire, 
et  revint  à  Paris  après  le  licenciement. 
Envoyé  d'abord  en  surveillance  à 
Lille,  puis  arrêté,  traduit  devant  une 
commission  militaire,  il  fut  condamné 
à  mort  et  exécuté.  U  avait  alors  trente- 
six  ans,  comptait  vingt-deux  années 
de  service,  vingt-deux  campagnes,  et 
un  grand  nombre  d'actions  d'éclat. 

Chàetbe.  Ce  mot  avait  ancienne* 
ment  deux  acceptions  bien  différentes. 
Il  était   pris  comme  synonyme  de 


charte,  dont  il  venait  probablement 
par  corruption ,  et  servait  à  désigner 
un  acte  ou  un  titre  ancien. 

U  signifiait  en  outre  une  prison,  un 
lieu  caché,  et  il  avait  probablement 
pour  racine  le  mot  latin  carcer;  l'on 
en  fit  chartrier,  dans  le  sens  de  pri- 
sonnier,  et  il  nous  en  est  resté  la  lo- 
cution, tenir  en  chartre  privée,  dans 
le  sens  de  tenir  en  prison. 

Le  mot  cAar^re  servait  encore  à  dé- 
signer une  espèce  de  maladie  d'enfant, 
appelée  aujourd'hui  carreau.  D'où 
l'on  disait  venir  en  chartre,  tomber 
en  chartre. 

Ghàbtbes,  Autricum,  Camutum 
civitas,  est  une  des  plus  anciennes 
villes  de  la  France.  Avant  la  conquête 
des  Romains,  elle  était  la  capitale  des 
Garnutes  ou  Camuti  (Voj[.  ce  mot)  et 
le  siège  principal  du  druidisme,  et  elle 
acquit,  sous  la  domination  romaine, 
une  assez  grande  importance.  Placée 
plus  tard  sous  la  puissance'  immédiate 
des  rois  francs,  elle  fut  successivement 
prise  par  Thierry  II,  roi  d'Orléans  et 
de  Bourgogne ,  et  en  852  et  872  par 
les  Normands ,  qui  la  brûlèrent  et  la 
détruisirent.  Durant  la  longue  lutte 
de  la  France  et  de  l'Angleterre,  elle 
tomba  au  pouvoir  des  Anglais,  et  ne 
fut  reprise  qu'en  1432.  Attaquée  sans 
succès  par  les  protestants  en  1^68,  elle 
fut  prise  en  1591  par  Henri  IV^qui  s'y 
fit  sacrer  trois  ans  après. 

Vers  la  fin  du  onzième  siècle,  la 
ville  de  Chartres  était  défendue  par 
une  enceinte  de  fortifications  dont 
quelques  parties  subsistent  encore , 
entre  autres  une  porte  en  pierre  de 
taille  flanquée  de  deux  grosses  tours. 

La  cathédrale  de  Chartres  est  un 
des  plus  beaux  monuments  que  nous 
ait  légués  rarchitecture  du  moyen 
âge  :  une  église  construite  sur  son 
emplacement  avait  été  incendiée  trois 
fois,  quand  l'évêque  Fulbert,  lors  du 
dernier  incendie,  arrivé  en  1020,  fit 
un  appel  à  la  générosité  de  tous  les 

{)rinces  chrétiens,  et  du  produit  de 
eurs  offrandes  commença  le  nouvel 
édifice,  qui,  après  sa  construction, 
qui  se  prolongea  pendant  près  de 
cent  trente  ans ,  fut  dédié  à  la  Vierge 


'vCx^^i,*^,;;  ^-■^/'■^.,,A^^ 


^m^iêesi^^ÊBltSS^^^ 


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1 


FRANCS.fxnifs) 


^1 


FRANCE.  (XIU'S) 


FRANCE  (;^rii'5J 


i-:^..^    ,^.i'^^^-      y,^.    /fC, „-/.,.      /VUr^t.. 


FRANCE, (Xiri'S) 


* .  Vi:^™,- 


CHA 


FRAN€ir. 


CHA 


9 


le  17  octobre  1260,  par  Pierre  de 
Mainçy,  soixante-seizième  évêque  de 
Chartres.  —  Le  projet  avait  été  d'a- 
bord de  construire  les  deux  clochers 
sur  le  même  dessin ,  mais  il  n'y  eut 
ii'acheyé  que  celui  qui  est  appelé  le 
clocher  vieux,  En  1838,  par  la  uégli- 
Çeoce  de  quelques  ouvriers,  le  feu  prit 
a  la  toiture  du  bâtiment,  et  détruisit 
complètement  la  charpente.  -^  Des 
fonds  assez  considérables  ont  été  vo- 
tés par  les  chambres  pour  réparer  ce 
malheur. 

On  remarque  encore  à  Chartres  l'an- 
eienne  église  de  Saint-André,  le  cabinet 
d'histoire  naturelle,  la  bibliothèque 
publique  renfermant  quarante  mille 
volumes  imprimés  et  nuit  cents  ma- 
nuscrits, et  où  l'on  conserve  un  verre 
ayant  appartenu  à  Charlemagne,  qui 
était  anciennement  déposé  dans  l'ab- 
baye de  la  Madeleine  de  Châteaudun. 

Chartres  était  jadis  la  capitale  du 
pys  Chartrain  et  de  la  Beauce ,  avec 
le  titre  de  duché-pairie;  son  diocèse 
comprenait  huit  cent  dix  paroisses  : 
elle  était  comprise  dans  le  gouverne- 
ment général  de  l'Orléanais  et  dans  le 
ressort  du  parlement  de  Paris.  C'est 
aiyourd'hui  le  chef-lieu  du  départe- 
Bo&it  d'Eure-et-Loir,  et  le  siège  d'un 
évéché  ;  elle  possède  des  tribunaux  de 
première  instance  et  de  commerce, 
.et  une  société  d'agriculture  et  un  col- 
lège communal.  —  Sa  population  ac- 
tuelle est  d'environ  qumze  mille  ha- 
bitants.       .      * 

C'est  la  patrie  d'un  assez  grand 
nombre  d'hommes  célèbres ,  parmi 
lesquels  nous  citerons  :  Guillaume 
de  saintes,  évéque  d'Évreux  ;  Philippe 
Besportes ,  Mathurin  Régnier,  P.  ISi- 
eoUe,  André  et  Michel  Félibien,  Fleu- 
ry,  mort  doyen  de  la  coniédie  fran- 
çaise; J.  Dussaulx,  conventionnel  et 
académicien;  Pétion  de  Villeneuye, 
eonventionnet;  le  général  Marceau, 
etc. 

Chabtrbs  (comtes  de).  Depuis  la 
fin  du  neuvième  siècle ,  Chartres  eut 
des  comtes  héréditaires  qui  possé- 
daient aussi  les  comtés  de  Blois  et  de 
Champagne  (Voy.  Blois  et  Champa- 
eas).  Plus  tard,  le  comté  de  Chartres 


appartint  à  la  maison  de  Châtillon 
(Voy.  ce  mot).  Philippe  le  Bel  en  fit 
ensuite  l'acquisition  pour  le  donner  à 
son  frère ,  le  comte  de  Valois,  et  Phi- 
lippe de  Valois  le  réunit  à  la  couronne. 
Ërigé  en  duché  par  François  V  en 
faveur  de  Renée  de  France',  duchesse 
de  Ferrare,  il  fut  rachelé,  en  1623, 
par  Louis  XIII ,  des  mains  du  duc  de 
Nemours ,  et  devint  ensuite  apanage 
de  la  maison  d'Orléans,  où  le  tus  aîné 
porta  toujours  le  titre  de  duc  de  Char- 
tres. Voy.  Oeléans  (maison  d'.) 

Chartbes  (monnaie  de).  Un  de  nos 
numismates  les  plus  distingués,  M.  de 
la  Saussàye,  vient  d'attribuer  à  Tasjet, 
roi  des  Carnutes,  et  allié  de  César, 
une  curieuse  pièce  de  billon,  qui  porte 
d'un  côté  pour  légende  le  mot  tascii- 
Tios,  autour  d'un  Pégase,  et  de  Tautre 
£Al^£00riS,  autour  .d'une  tête*  de 
.Baccbus  ou  d'Apollon,  derrière  la- 
.quelle  on  remarque  un  pampre.  Cette 
belle  monnaie ,  qui  était  restée  long- 
temps parmi  les  pièces  incertaines, 
est  la  seule  médaille  gauloise  qu'on 
puisse,  avec  certitude,  attribuer  à  la 
ville  de  Chartres.  On  a  retrouvé ,  de 
nos  jours,  quelques  triens  mérovin- 
giens frappés  dans  t;ette  ville  par  le 
monétaire  Blidomond  ,  Blidohon- 
BUS,  et  n'offrant  d'autre  particularité 
remarquable  qu'une  extrême  barbarie. 
Mais ,  à  partir  du  règne  de  Pépin , 
Chartres  nous  présente  une  suite  de 
monuments  numismatiquesplus  nom- 
breux et  surtout  plus  intéressants. 
Le  premier  de  ces  monuments  est  ex- 
trêmement curieux:  c'est  un  denier 
qui  annonce  une  sorte  de  transition 
entre  le  faire  des  artistes  de  la  seconde 
race  et  celui  de  ceux  de  la  première. 
On  y  voit ,  au  droit ,  un  ange  tenant 
deux  croix,  avec  les  lettres  CARN  dans 
le  champ,  et  au  revers,  seulement  les 
deux  majuscules  RF.  Il  nous  reste 
également  des  deniers  frappés  à  Char- 
tres sous  les  règnes  de  Charlemagne, 
de  Charles  le  Chauve  et  de  Eudes. 
Ceux  de  Charlemagne  présentent  entre 
eux  les  différences  de  style  que  l'on 
remarque  dans  la  numismatique  de.  ce 

Î)rince.  Ce  sont  d'abord  des  pièces  sur 
esquelles  on  lit  en  lettres  mal  for- 


ta 


OHA 


L*U!tIVElt& 


CHA 


Biëes  le  nom  de  la  Tille,  gabïtotàs,  et 


de  l'autre  le  nom  du  roi  J^,2  ea  deux 

lignes.  Ensuite  des  pièces  d*an  type 
noiNns  barbare,  présentant  au  droit 
une  croÎK  à  branches  égales ,  avec  la 
légende  ga^notàé  civiias  entre  gre- 
netis ,  et  au  revers  carlits  rbx  fb 
avec  le  monogramme  dans  le  champ. 
Les  deniers  de  Charles  II  et  d'Eudes 
nWfrent  rien  de  particulier.  On  a  pré- 
tendu qu'aucune  espèce  n'avait  été 
frappée  à  Chartres,  depuis  cette  épo- 
que, jusqu'à  celle  où  les  monnaies  des 
barons  commencèrent  à  avoir  cours. 
C'est  une  erreur.  Il  faut  restituer  à 
cette  ville  une  pièce  où  l'on  voit  le 
mopogramme  de  Charles ,  avec  la  lé- 
gende GBATiA  DiBBX,  et  l'inscription 

à  deux  Ï'Sû^42^vitaV  ^^^^  ^^^^  ^* 
de  Charles  le  Simple,  et  elle  a  été  in- 
contestablement nrappée  à  Chartres. 
Depuis  la.  fin  du  dixième  siècle  jus- 
qu'en 1819,  époque  où  le  roi  de  France 
racheta  du  comte  de  Chartres  la  mon- 
naie de  cette  ville,  le  type  de  cette 
monnaie  orésente ,  d'un  côté ,  une 
croix,  et  ae  l'autre  une  figure  bizarre 
qui  a  beaucoup  occupé  les  antiquaires. 
On  a  essayé  d'expliquer  cette  figure 
de  différentes  manières  ;  l'explication 
proposée  par  M.  Lelewel  est  la  seule 
qui  soit  admise  aujourd'hui.  Ce  sa- 
vant voit  dans  cette  figure  une  tête 
humaine  défigurée.  Nous  reviendrons 
sur  cette  opinion  et  sur  la  figure  qui 
y  a  donné  lieu,  et  qui  se  représente  sur 
un  grand  nombre  de  monnaies  du 
moyen  âge,  à  l'article  Typb  monb- 
TAiBB.  La  monnaie  de  Chartres,  dont 
il  existe  plusieurs  échantillons ,  exem- 
plaires ae  types ,  de  modules  et  de 
titres  différents,  fht  d'abord  anonyme. 
Le  côté  de  la  tête  chartraine  était  ané- 
pigraphe ,  et  l'autre  portait  pour  lé« 
gende  gabtiscivitas.  Mais  le  comte 
finit  par  placer  son  nom  au  commen- 
cement de  la  légende  :  b.  gomcabtis 
ciYiTAs  (Richard  de  Beaumond,  1235- 
1255);  I.  gomcabtis  giyitas  (Jean, 
1255-1279,  ou  Jeanne,  1279-1293). 

Nous  avons  dit  que  le  type  char- 
train  représentait  originairement  une 


tête.  Lelewel  a  cru  en  retrouver  Porl- 
gina]  dans  ces  triens  bari^ares  doDt 
noqs  avons  parlé  plus  haut.  Nous  ai- 
merions mieux  y  voir  1-efBgie  de  la 
sainte  Vierge, 

D'après  l'ordonnance  de  131$,  les 
deniers  de  Chartres  devaient  être  à 
trois  deniers  dix  grains  argent  le  roi, 
et  à  la  taille  de  235  au  marc,  et  les 
mailles  de  2  deniers  21  grains  de  loi 
argent  le  roi  ;  quatqrze  deniers  char- 
tràins  ne  valaient  qu'un  sou  tournois. 

Çhabtbes  (sièges  et  prises  de). 
Chartres  fut  plusiefirs  Ms  prise  et  pli* 
iée,  sous  les  rois  de  la  premièfe  race, 
et  plus  tard  par  les  "Normands ,  notam- 
ment en  858.— Rollon  (Roli)  vint  de 
nouveau  l'investir  en  911.  Cette  fois 
le  roi  Charles  lui  en  fit  lever  le  siège. 
Mais  ce  fut  son  dernier  acte  de  vi* 
gueur  contre  les  pirates  du  Nord  :  peu 
après  il  leur  céda  la  Neustrie. 

Depuis  1417  le  duc  de  Bourgogne 
était  mattre  de  Chartres ,  qui  était,o^ 
eupée  par  des  Bourguignons  et  par  des 
Anglais.  En  1482  Je  bâtard  d'Orléans 
forma  le  projet  de  surprendre  cette 
ville  et  trouva  le  moyen  de  s'assarer 
des  intelligences  dans  la  place;  en  ef- 
fet ,  il  y  avait  partout  un  tort  parti  op- 
posé aux  Anglais.  «  Un  bourgeois  « 
nommé  le  Petit-Guillaume ,  qui  faisait 
d'habitude  le  commerce  de  sel  avec 
ses  charrettes ,  d'Orléans  à  Blois  et  à 
Chartres,  vint^  la  veille  du  dimanche 
des  Rameaux ,  se  présenter ,  le  matin 
de  bonne  heure ,  à  là  porte  de  la  vilto* 
Il  amenait  avec  lui  plusieurs  voitures 
chargées  de  tonneaux.  Il  était  connu; 
on  ne  se  défia  de  rien.  Plusieurs  por- 
tiers  étaient  gagnés;  d'autres  se  mi- 
rent tout  aussitôt  à  emporter  des  pa- 
niers d'aloses  que  le  marchand  leur 
avait  promis.  Une  des  charrettes  s'a^ 
réta  sur  le  pont^levis.  C'étaient  des 
hommes  d'armes  qui,  vêtus  de  blouses, 
diaossés  en  guêtres  et  le  fouet  à  la 
main ,  conduisaient  les  voitures.;  d'au- 
tres étaient  enfermés  dans  les  ton- 
neaux :  ils  sortirent  de  leur  cachette 
et  tombèrent  sur  les  gardiens  des  por- 
tes. Une  embuscade ,  commandée  par 
le  sire  d'Illiers ,  n'était  pas  éloignée; 
elle  arriva  à  leur  aide.  Un  religieux 


CHA 


FRAUGE. 


Il 


jacobin  ,  nommé  mattre  Sarrazin ,  qui 
était  du  compïot ,  avait  justement  fixé 
n^are  de  son  sermon  au  moment  oà 
àe  devait  faire  Pattaque,  et  avait  choisi 
une  égiise  à  l'autre  bout  de  la  vilte.  La 
garnison  et  les  bourgeois  du  parti  an- 
glais fiirent  donc  longtemps  a  se  met- 
tre en  défense;  toutefois  oh  commença 
à  se  battre  dans  les  rues.  L'évéqiie 
était  nn  Bourguignon  nommé  Jean  de 
Fétigni  ;  il  se  mit  vaillamment  à  la 
tête  des  défenseurs  de  la  vHIe  ;  mais 
bientôt  après  il  fut  tué.  Le  bailli  se 
sauva  par-des3us  les  murs*,  et  le  bâ^ 
tard  d^Orléans  étant  arrivé  à  la  tête 
dTane  seconde  'embuscades,  la  ville 
iftit  entièrement  soumise,  (/e  fîit  une 
mnde  nouvelle  pour  les  Parisiens. 
Cfiartres  n*est  pas  éloigné  de  Paris; 
ffétaît  de  là  qu'arriyait  la  plus  grande 
partie  des  fannes,  et  le  pain  allait  être 
encore  plus  cher.  Tout  semblait  dé* 
çsÀter  fes  bourgeois  de  cette  domina- 
tioa  anglaise  qui  n'éprouvait  plus  que 
d»  éehecs  {*).  » 

—  Les  protestants  assiégèrent  Char- 
tres sans  succès  en  1568;  Henri  lY  la 
vntCD  1591^  après  deux  assauts  in- 
tneeteax  et  grâce  à  Thabileté  du  comte 
dIetjMtillon.  Ce  capitaine  inventa^  dit 
ftàimerï  de  Henri  IV,  un  pont  pour 
ideseeàdre  à  couvert  dans  le  fossé  et 
idonter  à  l'assaut.  Aussitôt  que  cette 
ma<^ïne  fut  placée ,  les  assiégés  eapi- 
taJèrent.  En  entrant  dans  la  viile,  le 

BAt  arrêté  par  une  députation  des 
îtants;  le  magistrat  lui  fit  une  loa- 
E'  e  et  ennuyeuse  harangue ,  où  11  éta- 
SSâit  que  1a  ville  appartenait  au  roi 
par  le  droit  divin  et  par  le  droit  hu- 
main. Impatienté  de  cies  longueurs ,  le 
téamafs  s'écria  :  Ajmtez-y  :  et  par 
le  ébrcit  canon.  Puis,  poussant  son 
mval,  il  entra  dans  Chartf'es. 

'CbÎabtbeuse  (grande).  Monastère 
e^èbre  par  la  beauté  sauvage  des  sites 
qo|  l'entourent,  par  son  ancienneté 
et  par  rétendue  de  ses  constructions, 
sitôé  dans  le  département  de  l'Isère , 
à  t4  kilomètres  de  Grenoble.  Le  dé- 
sert au  milieu  duqgel  il  s'élève  fut 

« . 
(^  De  Barantc ,  Histoire  des  duc9  de 
B^ogne. 


donné  par  saîil  Hugues,  évêque  4t 
eette  ville,  à  saint  Bruno ,  qui  y  fonda 
l'ordre  des  chartreux,  en  coostraisant 
de  petits  bâtiments  épars ,  à  un  kilo* 
m^re  de  l'édifice  actuellenoeot  exiS'* 
tant.  De  nouvelles  constructions,  fiiî- 
tes  en  1133,  furisnt,  dans  la  suite, 
incendiées  et  rétablies  à  huit  reprises 
différentes.  Les  bâtiments  adioels  dar 
tent  de  1676.  Les  religieux  qui  habi- 
taient la  grande  chartreuse  furept  dis^ 
perses  en  1769;  ils  s'y  sont  réunis  en 
partie  dçpuis  1816.  Ils  sont  aujourr 
d^hui  au  nombre  de  trente.  (¥eyes 
l'article  suivant.  ) 
GfiàRTRBux.  Célèbre   ordre  reli- 

Sieux  fondé  par  saint  Bruno,  à  la  fin 
u  onzième  sièele.  Cet  homme  remar* 
-quable  était  né  à  Cologne ,  v^s  l'an 
1030.  Il  fut  de  bonne  heure  attaché 
par  l'évêque  saint  Annoo  à  i'éeole  de 
la  collégiale  de  Saint-Cunibert.  Après 
avoir  étudié  ensuite  à  l'école  de  Eetms, 
il  fut  fait  suceessivemeot^  par  l'archer 
vêque  Gervais ,  écolâtre  «  puis  chance- 
lier de  cet  arcbeviché ,  dignité  qui  lui 
donnait  la  direction  des  &oles  publi*- 
ques  de  la  viHe  et  l^inspection  suif  tous 
les  établissements  d'instruction  publi- 
que du  diocèse^  Lorsque  l'usurpateur 
simoniaque  du  siège  de  Reims,  MSr 
nasses ,  eut  été  cité  au  coneile  d'Au- 
tun,  en  1077,  oiî  Bruno  fut  un  ^e  ses 
accusateurs ,  et  lorsqu'il  eut  été  :dé- 
posé,  en  1080,  le  chapitre  de  Reims 
voulut  le  remplacer  par  Bruno  ;  mais 
celui-ci  avait  deis  lors  résolu  de  se  con- 
sacrer entièrement  à  Dieu  ;  il  se  retira 
à  Saisse-Fontaine,  dans  le  diocèse  de 
Langres ,  et  là ,  accompagné  de  deux 
amis,  il  se.  livra  avec  une  ferveur  exem- 
plaire aux  exercioiss  de  la  vie  monas- 
tique, n  quitta  ensuite  ce  lieu  et  alla 
quelques  années  après ,  avec  quatre 
compagnons,  trouver  saint  Hugues, 
évéque  de  Grenoble ,  qui  les  conduisit, 
en  1084,  dans  le  désert  appelé  Char- 
treuscy  situé  à  24  kilomètres  d^  cette 
ville.  Là  ,  Bruno  et  ses  compagnons , 
dont  le  nombre  augmenta  bientôt, 
formèrent  un  petit  établissement  qui 
prit  en  peu  de  temps  de  grands  accrois- 
sements, et  se  rendit  utile  à  la  con- 
trée environnante  en  créant  des  usinas 


Il 


CHÀ 


LUNIVERS. 


CHA 


H  en  exploitant  des  nines.  En  1089, 
le  pape  Urbain  II  appela  Bruno  auprès 
de  lui ,  et  celui-ci ,  après  avoir  reHisé 
tous  les  honneurs  dont  on  voulait  le 
combler  ,  alla ,  en  1094 ,  fonder  une 
seconde  chartreuse  dans  la  solitude 
deUa  Torre ,  au  diocèse  de  Squiiiace , 
en  Galabre  ;  il  y  mourut  le  6  octobre 
1101.  Léon  X  autorisa  \e&  chartreux 
à  célébrer  un  of^e  propre  en  son  hon- 
neur^ office  qui  fut  étendu  à  toute 
TÉglise  par  Grégoire  X,  en  1623.  Cin- 
quante ans  après  la  fondatjpn  de  la 
chartreuse  de  Grenoble ,  Pierre  le  Vé- 
nérable faisait  le  tableau  suivant  du 
genre  de  vie  adopté  par  les  disciples 
de  Bruno  :  «  Ils  sont  les  plus  pauvres 
de  tous  les  moines  ;  la  vue  seule  de  leur 
extérieur  effraye.  Ils  portent  un  rud» 
cilice,  affligent  leur  chair  par  des  jeû- 
nes presque  continuels ,  et  ne  mangent 
que  du  pain  de  son  en  maladie  comme 
en  santé.  Ils  ne  connaissent  pas  Tu- 
saçe  de  la  viande,  et  ne  mangent  du 
poisson  que  quand  on  leur  en  donne. 
Les  dimanches  et  les  jeudis  ils  vivent 
d'œufs  et  de  fromage  :  des  herbes 
bouillies  font  leur  nourriture  les  mar- 
dis et  les  samedis.  Les  autres  jours 
de  la  semaine ,  ils  vivent  de  pain  et 
d'eau.  Ils  ne  font  par  jour  qu'un  seul 
repas,  excepté  dans  les  octaves  de 
Noël,  de  l'Epiphanie,  de  Pâques,  de 
la  Pentecôte  et  de  quelques  autres 
fêtes.  La  prière ,.  la  lecture  et  le  tra- 
vail des  mains ,  oui  consiste  principa- 
lement à  copier  aes  livres ,  sont  leur 
occupation  ordinaire.  Ils  récitent  les 

{>etites  heures  de  l'office  divin  dans 
eurs  cellules ,  lorsqu'ils  entendent 
sonner  la  cloche,  mais  ils  s'assemblent 
à  l'église  pour  chanter  vêpres  et  ma- 
tines ;  ils  disent  la  messe  les  diman- 
ches et  fêtes.  »  Bruno  n'avait  pas 
donné  de  règle  particulière  à  ses  dis- 
ciples ;  ce  fut  seulement  en  1228  que 
le  cinquième  général  de  l'ordre ,  Gui- 
gnes ,  rédigea  les  usages  et  les  cou- 
tumes qui  s'étaient ,  de  génération  en 
génération ,  conservés  depuis  leur  fon- 
dateur. iDes  additions  et  des  modifica- 
tions y  furent  faites  par  plusieurs  cha- 
pitres généraux ,  et  ei^n  il  en  résulta 
ce  qu'on  appelle  la  règle  des  Char- 


treux ,  Imprimée  en  1581 ,  réimpri- 
mée cent  ans  plus  tard,  et  confirmée  en 
1682  par  Innocent  XI.  Cet  ordre,  re- 
gardé comme  le  modèle  de  la  vie  con- 
templative, a  eu  cela  de  particulier, 
qu'irn'eut  jamais  besoin  ae  réforme. 
11  a  donné  à  l'Église  six  cardinaux, 
deux  patriarches ,  quinze  archevêques 
et  quarante-neuf  évêaues ,  et  conser- 
vait encore-,  au  siècle  dernier,  plu- 
sieurs rites  anciens  dans  la  célébra- 
tion de  la  messe.  Au  milieu  du  dix- 
huitième  siècle  il  possédait ,  dans  les 
différents  États  catholiques  de  l'Eu- 
rope ,  cent  soixante  et  douze  maisons, 
divisées  en  seize  provinces ,  dont  cha- 
cune avait  deux  visiteurs.  Au  nombre 
de  ces  maisons  figuraient  quatre  cou- 
vents de  femmes,  qui  devaient  être 
fort  anciens,  car,  dans  les  statuts, 
rédigés  en  1368 ,  il  fut  défendu  de  re- 
cevoir à  l'avenir,  ou  d'incorporer  à 
l'ordre  de  nouveaux  couvents  de  filles. 
Martin,  onzième  général  de  la  société, 
donna  pour  devise  à  l'ordre  un  globe , 
surmonté  d'une  croix,  avec  ces  mots  : 
«  Stat  crux,  dum  volvitur.  or  bis.  » 
Ce  fut  le  pape  Jules  II  oui  ordonna 
que  toutes  les  maisons  de  l'ordre  obéi- 
raient au  prieur  de  la  grande  Char- 
treuse ,  c'est-à-dire  de  la  Chartreuse 
de  Grenoble.  C'était  dans  le  petit 
cloître  du  couvent  des  chartreux ,  à 
Paris ,  que  se  trouvaient  les  admira- 
bles peintures  de  le  Sueur,  représen- 
tant la  vie  de  saint  Bruno ,  peintures 
qui  se  trouvent  actuellement  au  musée 
du  Louvre.  V.  Chartbbuse  (grande). 
Chasles  (L.),  député  d'£ure-et- 
Loir  à  la  Convention  nationale,  était 
chanoine  de  Chartres  avant  la  révolu- 
tion ,  dont  il  embrassa  subitement  les 
principes  avec  une  grande  ardeur.  Il 
prit  place  parmi  les  montagnards  ;  mais 
il  tomba  bientôt  dans  les  excès  les  plus 
révoltants,  et  lui^  ancien  ministre  de 
la  religion  catholique,  il  n'eut  pas 
honte  de  se  joindre  à  Hâbert  pour  lever 
l'étendard  de  l'athéisme,  et  rut  envoyé 
en  1793  à  l'armée  du  Nord  en  qualité 
de  commissaire.-  Rappelé  à  plusieurs 
reprises  par  la  Convention,  il  s'excusa 
longtemps,  prétextant  une  blessure 
qu'il  avait  reçue  à  Hondschoote,  et 


€HA 


FRANCE. 


CHA 


13 


reparut  enfin  dans  rassemblée,  où  II 
eootinua  de  manifester  ses  anciens 
principes.  Ayant  été  signalé,  le  1*' 
arril  1795,  comme  l'un  des  diefs  de 
la  conspiration  jacobine,  il  fut  d'abord 
enfermé  au  château  de  Ham,  puis  am- 
nistié par  la  loi  du  4  brumaire  an  iy, 
et  admis  aux  Invalides.  Mais  exilé  ensui- 
te, comme  tous  les  ex-conventionnels, 
àTJDgt  lieues  de  la  capitale-,  il  vécut 
depuis  obscur  et  oublié.  Chasles  est 
mort  en  1826,  laissant  en  manuscrits 
des  Mémoires  sur  la  révohUion, 

Chasse.  —  César  et  Arrién  rappor- 
I  tent  que  les  Gaulois  aimaient  la  cnasse 
aTec  passion ,  qu'ils  s'y  faisaient  aider 
par  aes  chiens  hardis  et  vigoureux, 
mes  dans  leur  pays  ou  importes  de  TÎIe 
rde  Bretagne,  et  que  pour  qu'elle  leur 
[plût,  il  fallait  qu'elle  tût  environnée  de 
dangers  et  offrît  une  image  de  la  guerre. 
Aussi  la  poursuite  de  Vurus,  espèce 
de  taureau  sauvage  de  forte  taille  et 
d'une  grande  férocité,  que  nourris- 
saient leurs  forêts,  et  dont  l'espèce  a 
disparu,  était-elle  l'exercice  auquel  ils 
se  livraient  le  plus  volontiers,  cpiand 
i\s  n'étaient  pas  entraînés  au  loin  par 
une  expédition  militaire.  Il  parait  que 
sous  la  domination  des  Romains  cette 
passion  fut  réprimée  par  les  édits  im- 
périaux; car  lorsque  les  Francs,  dé- 
terminés chasseurs,  comme  tous  les 
f  peuples  d'origine  germanique ,  arrivè- 
rent dans  la  Gaule,  la  chasse  n*y  était 
:  dIos  guère  au'un  métier  pratiqué  par 
■'les  soldats  aes  frontières,  d'après  les 
\|  ordres  et  pour  le  profit  des  pourvoyeurs 
'de  la  table  des  empereurs.  Quand  la 
\  cour  avait  besoin  de  gibier,  le  maître 
];  du  sacré  palais  écrivait  aux  ducs  qui 
recommandaient  dans  les  provinces  li- 
^'mitrophes,  et  ceux-ci  détachaient  des 
',  troupes  légères  appelées  indifférem- 
jlment  saaUtarii  ou  venatores,  pour  en 
abattre  la  quantité  nécessaire. 

Comme  la  chasse  n'était  point  très 
en  usage  chez  les  Gailo-Romains,  et 
qu'elle  était,  en  quelque  sorte,  aban- 
donnée aux  soldats,  lorsque  les  peu- 
plades étrangères  eurent  pris  pied  dans 
b  Gaule,  les  possesseurs  du  sol  virent 
sans  peine  leurs  vainqueurs  se  Tattri- 
boer  exclusivement,  et  la  défendre  au 


bas  clergé,  aux  diacres,  aux  prêtres, 
aux  abbés,  aux  évêques;  pronibition 
dont  les  deux  dernières  classes  surent 
bien  s'affranchir  quand  les  membres 
qui  les  composaient  furent  devenus  des 
seigneurs  suzerains. 

La  chasse  se  divisait  déjà  en  vénerie 
et  en  fauconnerie ,  et  pour  qu'elle  fût 
productive,  elle  était  soumise  à  des 
règlements  très^sévères.  On  ne  pouvait 
prendre  ou  mettre  à  mort  des  bêtes 
lauves  qu'avec  la  permission  du  roi. 
Un  urus  que  Gontran,  roi  d'Orléans 
et  de  Bourgogne,  trouva  tué  dans  une 
de  ses  forêts,  fut  la  cause  du  premier 
duel  judiciaire  dont  il  soit  fait  mention 
dans  notre  histoire.  La  loi  :  salique 
frappe  d'une  amende  quiconque  tuera 
ou  volera  le  cerf  <)ue  les  chiens  d'un 
autre  auront  réduit.  Celui  qui  volé  un 
chien  de  chasse  est  condamné  à  payer 
quinze  sous;  si.  le  chien  est  dressé, 
1  amende  monte  à  quarante  sous.  Chez 
les  Bourguignons,  la  punition  était 
moins  sévère,  et  ramende  ne  s'élevait 
qu'à  sept  sous,  dont  cinq  revenaient 
au  propriétaire  de  l'animal  dérobé; 
mais  aussi  le  larron  était  condamné  à 
baiser  le  derrière  du  chien. 

£n  même  temps,  il  était  enjoint  aux 
juges  de  faire  garder  avec  le  gibier  les 
forêts  où  il  se  retirait,  de  nourrir  les 
chiens  qu'on  leur  recommandait,  de 
tenir  les  fauconneries  royales  bien 
fournies  de  faucons  et  d'éperviers ,  et 
d'exiger  avec  soin  les  redevances  qui 
devaient  être  payées  en  oiseaux  de  cette 
espèce.  Dans  chaque  métairie  du  roi , 
il  devait  y  avoir  des  oiseleurs  et  des 
gens  qui  sussent  faire  des  filets  pour 
toute  espèce  de  chasse. 

Au  reste,  si  les  premiers  rois  de 
France  donnaient  une  attention  si  par- 
ticulière à  la  chasse,  c'est  qu'elle  était 
pour  eux  un  revenu  beaucoup  plus 
qu'un  divertissement.  Ses  produits, 
quels  qu'ils  fussent,  étaient  servis  sur 
leur  table  et  contribuaient  à  la  nourri- 
ture des  officiers  de  leur  maison. 

La  chasse  et  les  soins  que  réclamait 
la  gardedu  gibier  avaient  donné  lieu  à 
la  création  d'une  administration  si 
nombreuse,  qu'elle  équivalait  à  une 
armée.  Il  existait  des  veneurs  et  des 


14 


CHA 


L'UNIVERS. 


CHA 


laucontiiers  patotms  t|ui  avaient  à  leur 
tête  quatre  gïaods  veneurs  et  uo  grand 
faoconmer^  qualifiés  tous  les  cinq  du 
titre  de  grands  officiers  de  la  couronne. 
Ils  étaient  presque  toujours  dispersés 
dans  les  provinces  pour  le  service  de 
la  cour,  et  quand  il  leur  avait  été 
transmis  des  lettres  du  roi  ou  de  la 
reine ,  ou  que  le  sénéchal  ou  le  bou- 
teiller  leur  avaient  fait  connaître  les 
Intentions  de  Tun  ou  de  Tautre,  ils 
«'assemblaient  dans  \eà  maisons  royales 
près  desquelles  ils  se  trouvaient,  te*^ 
naient  èofnseil  sur  les  ordres  qu'ils 
avaient  reçus  y  et  prenaient  toutes  les 
mesures  cohveoabtes  pour  en  assurer 
l'exécution. 

C'était  principalement  dans  l'aU*' 
tontine  que  l'on  chassait,  et  les  rois  ne 
donnaient  guère  une  fête  qu'elle  ne  fût 
terminée  par  une  grande  chasse.  Quand 
les  fiefs  furent  devenus  des  sragneuries 
héréditaires  entre  les  mains  de  ceux 
qui  les  possédaient  d'une  manière  pré- 
caire, les  possesseurs  s'empressèrent 
de  s'attribuer  le  droit  exclusif  de 
chasser  dans  leurs  domaines.  ï^ar  suite 
de  la  mise  en  culture  d'un  grand  nom- 
bre de  terrains ,  les  animaux  domesti- 
ques s'étaient  multipliés,  et  la  chasse 
avait  cessé  d'être  une  nécessité  de  la 
vie;  elle  devint  alors  un  amusement, 
mais  un  amusement  noble,  dont  les 
gentilshommes  se  montrèrent  d'autant 
plus  jaloux ,  que  la  faculté  de  s'y  livrer 
fut  par  eux  mise  au  nombre  des  signes 
caractéristiques  de  leur  noblesse. 

Alors  la  chasse,  qui  n'avait  été 
jusque-là  qif  une  guerre  faite  sans  prin- 
cipes à  des  animaux  inoffensifs  ou 
dangereux ,  devint  un  art  qui  eut  ses 
règles,  une  science  dans  laquelle. tout 
homme  de  noble  race  dut  se  piquer 
d'exceller.  Quand  nos  romanciers  font 
l'éloge  d'un  chevalier  accompli ,  ils  le 
représeqtent  toujours  comme  expert 
en  fait  d'armes,  en  dits  d'araour  et  en 
déduits  de  chiens  et  d'oiseaux.  Plus  la 
chasse  était  périlleuse ,  plus  on  l'esti- 
mait. Il  était  beau  d'attendre  sans 
broncher  un  sanglier  furieux  qui  s'é- 
lam^it  tête  basse,  et  de  le  terrasser 
au  passage;  il  était  plus  beau  encore 
d'alkr  dans  les  Alpes  et  les  Pyrénées 


j^quer  l'ours  dans  son  repaire  >  et  de 
le  mettre  à  mort  d'un  coup  d'épîeu. 
Henri  lY,  dans  le  temps  qu'il  n  était 
que  prince  de  Béarn,  se  livrait  encore 
dans  ses  petits  États  à  cet  exercice  pé- 
rilleux. 

Quant  à  la  chasse  de  ruse,  à  l'emploi 
des  trappes,  des  engins,. des  filets,  la 
noblesse  la  dédaignait  comme  jeux  d« 
villains  et  communs  paysans ,  ainsi 

Sue  s'exprime  Gaston  Phœbus ,  comte 
e  Foix ,  aans  ses  Déckdts  de  la  chasse, 
composés  sur  la  fin  du  quatorzième 
siècle.  Pour  qu'un  seigneur  trouvât  une 
chasse  digne  de  lui ,  il  fallait  qu'il  y 
courût  risque  de  la  vie,  ou  du  moins 
qu'elle  l'exposât  à  de  grandes  fatigues. 
Au  moyen  âge ,  la  chasse  était  con- 
sidérée non-seulement  comme  un  amu- 
sement noble ,  mais  encore  comme 
une  occupation  pieuse ,  parce  que ,  dit 
encore  Gaston  Phœbus ,  qui  fut  k  plus 
intrépide  chasseur  de  son  temps,  parce 
que  eUe  sert  àfairefuvr  tous  les  pé- 
chez mortels.  Or,  quifvyt  Us  septjpé- 
chez  mortels,  selm  notre  foy,  il  doit 
être  saulve,  Donques,  ion  veneur 
aura  en  ce^monde  joye^  léesse  et  dé- 
duit; et  après  y  aura  paradis  encore. 
Dans  le  cours  de  son  ouvrage,  le  noble 
comte  semble  apporter  quelque  modi- 
fication à  ce  raisonnement  :  il  reconnaît 
que  tous  les  chasseurs  pourraient  bien 
ne  pas  être  placés,  pour  leurs  exploits, 
au  milieu  du  paradis;  mais  il  compte 
(m'au  moins  ils  seront  logiez  aux 
jauxbourgs  et  basses-cours ,  parce 
qu'ils  auront  évité  l'oisiveté  qui  est  ia 
cause  de  tout  maU  Dufouilloux,  plus 
hardi,  cite  saint  Hubert,  qui  était  ve* 
neur  ainsi  qtie  saint  Eustache;  dont 
il  est  à  conjecturer,  dit-rl ,  que  les 
bons  veneurs  les  ensuyvront  en  para- 
dis avec  la  grâce  de  Dieu. 

Une  telle  estime  accordée  à  la  chasse 
fit  qu'on  s'y  livra  avec  fureur  pendant 
tout  le  cours  du  moyen  âge.  Les  fem- 
mes suivaient  la  chasse  au  vol  et  quel- 
quefois la  chasse  à  courre.  Un  gentil- 
homme jurait  par  son  chien  et  par  son 
oiseau ,  comme  par  une  chose  sacrée. 
Rambaud,  comte  d'Orange,  trouba- 
dour dii  douzième  siècle,  disait  à  sa 
maîtresse  dans  une  chanson  amou- 


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16 


reoM  :  «  Que  jamais  il  ne  me  soit  per* 
«mis  de  ebasser,  que  jamais  je  oe 
I  puisse  porter  d'épervier  sur  le  poiog , 
«si  depuis  riostant  où  .vous  m'avez 
«donné  votre  .cceur^  j'ai  songé  à  en 
«aimer  une'  autre  que  vous.  »  Quand 
un  seigneur  mourait  dans  ses  terres, 
onplaéait  un  chien  sous,  les  pieds  «  ou 
unoitéau  sur  le  poing  de  son  image, 
sculptée  sur  sa  pierre  funéraire. 
Kdus  avons  dit  que  la  chasse  avait 
été  interdite  aux  ecclésiastiques^  £n 
effets  UQ  concile  d'Agée,  en  506,  un 
ooneiiede  Mâcon,  en  585,  les^capitu- 
lairesde  Gbatlemagne,  un  concile  de 
Paris,  eu  1212,  un  de  Montpellier,  en 
1214,  un  de  Pont-Audemer,  en  1276 < 
lu  synode  provincial  d' Auch ,  en  1 803 , 
etc.,'  leur  défendirent  de  se  livrer  à  cet 
eiercice  et  d'avoir  chez  eux  des  chiens 
et  des  oiseaux  dressés  pour  la  chasse. 
Mais,  Gonune  nous  l'avons  dit  aussi  ^ 
les  abbés  et  les  éVéques  étant. devenus 
d«5  seigneurs  tenaporelSi  se  montré* 
rent  jaioux  des  privilèges  attachés  à  ce 
titrct  et  ne  tinrent  aucun  compte  des 
prohibitions  royales  ou  canoniques  i 
lU eurent  des  meutes ,  des  oiseaux ,  des 
Ycaeuts,  et  parurent  dans  les  campa- 
gœs  one  arbalète  à  la  main  ou  un 
âocoosur  lei^oing.  Dans  le  roman  du 
PetUJthane&Sctiniréy  on  voitDamp^ 
abbé,  suivre  la  dame  des  Belles-Cou- 
sioes  à  la  chasse  de  la  reine,  et  s'y 
BX)otrer  aussi  bon  chasseur  que  hardi 
cavalier.  Josqu'a^ix  temps  modernes, 
^  gens  d'église  se  sont  livrés  à  un 
amosetnent  qui  leur  était  défendu  et 
comtitnait  un  des  privilèges  de  la  no- 
blesse. Pour  ne  citer  qu'un  seul  exem-^ 
Île,  le  fameux  Jean  de  Yatteville,  qui 
m  ta  Franche-Comté  à  Louis  XIV, 
svait  dans  son  abbaye  de  Baume ,  où  il 
termina  sa  vie  aventureuse,  un  des 
Nos  beaux  éauipages  de  chasse  de  la 
PfOTînoe,  et  il  s'en  servait  souvent. 
.  Ce  n'étadt  pas  toujours  cependant  en 
Ration  des  règleànents  que  les^  ecelé" 
^tiques  se  livraient  au  plaisir  mon-* 
<l«nde  la  chasse,  car  les  rois  le  leur 
jennettaient  quelquefois.  En  774* 
^rleina^ne  accorda  au  monastère  de 
«ïBt-Dcms  le  droit  de  chasser  le  cerf, 
itcbemittl  et  les  animaux  carnassiers  i 


dont  les  peaux ,  avaient  dit  les  moines , 
leur  étaient  nécessaires  pour  ooiivrir 
leurs  livres.  £n  778,  il  accorda  le 
même  privilège  à  l'abbaye  de  Saint- 
Bertin,  qui  avait  besoin,  non-seule- 
ment de  couvertures  pour  ses  livres, 
mais  aussi  d'aliments  pour  ses  mala- 
des ,  ainsi  que  de  ceintures  et  de  mou 
fies  pour  ses  moines. 

Jusqu'à  saint  Louis,  le  droit  de 
chasse,  avait  appartenu  exclusivement 
à  la  noblesse.  Ce  prince  fut  le  premier 
qui  l'accorda  aux  ooorgeois  dans  quel- 
ques provinces.  Charles  Vl  maintint 
ce  privilège  aux  bourgeois  qui  vivaient 
noblement,  mais  interdit  absolument 
la  chasse  aux  roturiers,  laboureurs  et 
autres,  à  qui  il  fut  enjoint  de  n'avoir 
chez  eux  ni  chiens,  ni  furets,  ni  lacets. 

Louis  XI,  qui  ne  chassait  presque 
jamais  et  voyait  avec  regret  la  noblesse 
se  ruiner  en  équipages  de  chasse^  lui 
défendit  avec  une  telle  sévérité  cet 
amusement  coûteux,  qu'alors^  dit 
Seissel,  auteur  contemporain,  «  c'était 
«  un  cas  plus  graciable  de  tuer  un 
«  homme  que  de  tuer  un  cerf  ou  un 
«'  sanglier.  »  Cette  défense  fît  pousser 
les  hauts  cris,  et,  à  son  sujet,  les  nobles 
firent  entendre  aux  états  de  Tours, 
tenus  en  1483,  des  plaintes  si  vives, 
que  Chartes  VIII  lé  révoqua  peu  après 
son  ayénement  à  la  couronne. 

A  toutes  les  époques,  les  rois  de 
France  ont  eu  des  officiers  et  des  équi- 
pages de  chasse^  mais,  jusqu'à  Fran- 
çois P',  aucun  d'eux  n'avait,  pour  cet 
objet,  porté  aussi  loin  le  luxe  et  la  dé- 
pense. La  partie  de  sa  maison  qui  con- 
cernait les  chasses  coûtait  des  sommes 
immenses.  Partout  où  il  allait,  il  se 
faisait  suivre  par  ses  veneurs,  ses 
chiens  et  ses  oiseaux.  Aussi  Dufouil- 
loux,  auteur  d'un  Traité  delà  chassé, 
dédié  à  Charles  tX,  l'appelle-t-il  le 
père  de  la  vénerie^  ce  qui  certes  ne 
vaut  pas  le  titré  de  père  des  lettres. 

Quant  à  Charles  IX,  il  fut  le  Chas- 
seur le  plus  habile,  le  plus  instruit  de 
son  époque,  et  il  nous  reste  de  lui  iiù 
Traité  sur  la  chasse,  dans  lequel  il 
fait  preuve  d'une  éruaition  qui  con- 
vient beaucoup  mieux  à  un  lorestielr 
qu'à  un  roi.  Il  fut  néandioins  surpassé 


16 


CHA 


L'UNIVERS. 


€BA 


dans  le  goût  de  cet  amusement  par 
Louis  XIII,  qui  excellait  à  tirer  de 
Farqiiebuse,  et,  au  dire  de  madame  de 
Motteville^  s'amusait  à  prendre  des 
oiseaux  pendant  que  ses  armées  pre- 
naient des  villes  et  gagnaient  des  ba- 
tailles. Outre  ses  équipages  différents 
pour  le  cerf,  le  chevreuil,  le  loup,  le 
lièvre  et  le  sanglier,  ce  prince  avait 
cent  cinquante  chiens  qui  le  suivaient 
partout  dans  ses  voyages,  de  sorte  que 
sur  la  route  il  n'y  avait  pas  un  buis- 
son qui  ne  fût  battu. 

Louis  XIV  eut  aussi  de  brillants 
équipages  de  chasse;  il  se  faisait  ac- 
compagner dans  ses  courses  par  les 
princesses  de  sa  famille,  les  dames  4es 
plus  qualifiées,  et  les  seigneurs  les  plus 
éminents,  qui  se  regardaient  comme 
infiniment  honorés  par  le  choix  que  le 
grand  roi  daignait  faire  d'eux  pour  lui 
servir  d'escorte.  Louis  XV  chassa 
beaucoup  moins;  mais  comme  les 
exercices  violents  étaient  nécessaires  à 
Louis  XVI,  il  se  livra  ft'équemment  à 
celui  de  la  chasse.  Il  était  en  forêt,  en- 
touré de  ses  veneurs  et  de  sfes  chiens, 
le  5  octobre  1789,  lorsque  les  femrt^es 
de  PaHs  vinrent  à  Versailles  lui  de- 
mander du  [)ain.  Napoléon  chassait 
peu  et  chassait  mal.  Les  infirmités  de 
Louis  XVIII  ne  lui  permettaient  pas 
de  prendre  cet  amusement;  mais 
Charles  X,  mieux  portant,  s'y  livra 
jusque  dans  sa  vieillesse  avec  une  pré- 
dilection qui  lui  fut  reprochée  plus 
d'une  fois. 

Nous  avons  dit  que  les  Gaulois  se 
faisaient  aider  dans  leurs  chasses  par 
des  chiens  nés  dans  leur  pays  ou  im- 
portés de  rite  de  Bretagne,  dont  ils  sa- 
vaient très-bien  apprécier  les  qualités. 
Les  plus  renommes  chez  eux  étaient 
les  vertagi  et  les  argutarH,  pour  leur 
vitesse,  les  segurii  ou  seguriani^  pour 
leur  intelligence.  Dans  la  suite,  à  to^e 
d'amener  en  France  des  chiens  étran- 
gers et  d'en  croiser  les  races,  on  ob- 
tint toutes  les  espèces  que  nous  avons 
aujourd'hui  ;  on  en  eut  pour  le  menu 
gibier,  la  grosse  bête,  la  chasse  à  courre. 
Dans  la  chasse  au  vol  même,  on  se  fai- 
sait accompagner  de  lévriers  pour 
prendre  et  saisir  certains  oiseaux  que 


le  faucon  parvenaitbien  à  abattre,  mais 
qui  étaient  trop  forts  pour  que  celui- 
ci  pût  les  lier  et  les  saisir  lui-même. 

Pour  exciter  et  guider  les  chiens, 
pour  les  remettre  sur  la  voie  quand 
ils  l'avaient  perdue,  et  les  rallier  avant 
la  fin  de  la  journée,  on  se  servait  de 
cors.  Au  surplus,  les  chiens  et  les  oi- 
seaux n'étaient  pas  les  seuls  animaux 
que  Ton  emplovat  pour  la  chasse  :  on 
y  dressa  aussi  des  bêtes  féroces,  à Ti- 
mitation  de  ce  qui  se  pratique  encore 
en  Orient  Dans  l'une  des  cnasses  que 
Louis  XII  donna,  en  1510,  à  l'ambas- 
sadeur de  l'empereur  Maximilien,  il 
n'y  eut,  suivant  un  auteur  du  temps, 
prinse  que  d'un  Uèvre  que  piintm 
léopard:  et  dans  une  autre,  cÉsux  che- 
vreuœ  Jurentfmns  par  un  léopard. 

Avec  le  temps,  la  chasse  fut  trouvée 
trop  fatigante  à  cause  des  grands  es- 
paces quil  fallait  parcourir.  Alors  on 
imagina  d'enfermer  dans  des  portions 
de  fôréts,  que  l'on  entoura  de  murail- 
les et  que  Ton  appela  des  parcs,  des 
milliers  d'animaux  qu'on  y  nourrit,  et 
qu'en  grand  appareil  et  avec  grand  bruit 
on  allait,  de  temps  en .  temps,  massa- 
crer sans  peine  et  sans  danger.  Toute- 
fois, la  chasse  qui  exigeait  de  grands 
mouvements  et  nécessitait  de  longues 
courses ,  fut  toujours  réputée  la  plus 
digne  d'un  véritable  gentilhomme. 

A  toutes  les  époques  de  notre  his- 
toire et  jusqu'à  la  révolution,  la  chasse 
fut  une  cause  perpétuelle  de  ruine  et 
de  vexation  pour  le  peuple,  et  même 
pour  les  hommes  des  classes  élevées, 
^ui  prétendaient  n'en  point  faire  par- 
tie. Les  veneurs  du  roi  s'étaient  ar- 
rogé, entre  autres  droits,  celui  de  sé- 
journer, quand  ils  étaient  en  chasse, 
trois  jours  dans  les  monastères,  et  de 
s'y  faire  nourrir  eux,  leurs  valets,  leurs 
chevaux  et  leurs  chiens.  Cet  abus  sub- 
sista jusqu'à  Charles  V,  qui  l'abolit 
Les  ravages  que  commettaient  les 
bêtes  fauves  dans  les  terres  voisines 
des  forêts  étaient  si  déplorables  et  exci- 
taient tant  de  réclamations,  que  Phi- 
lippe le  Bel  et  Charles  le  Bel,  au  ht  de 
la  mort,  pour  apaiser  les  cris  de  leurs 
consciences,  léguèrent,  par  testament 
une  certaine  somme  aux  laboureur! 


CttA 


FftANCE. 


CËLk 


it 


voisins  des  forêts  royales,  en  dédom" 
magement  du  tort  que  leur  avaient 
causé  les  bétes  rousses  et  noires. 

Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  tous 
DOS  rois  aient  été  aussi  consciencieux  : 
la  ciiasse  a  donné  lieu  à  une  quantité 
presque  innombrable  de  rè^ienients, 
d'arrets,  d'ordonnances,  toujours  at- 
tenlatoires  à  la  propriété  du  pauvre, 
comme  s'il  eût  fallu  absolument,  pour 
oa'un  noble  s'arnusât,  gue  l'homme 
k  travail  fât  dans  la  misère  et  dans 
les  larmes.  II  y  eut  un  temps  où  le  la- 
boureur ne  pouvait,  sous  peine  de  ga- 
lères, chasser  de  son  champ,  autre- 
ment qne  par  des  cris,  ranimai  sauvage 
qui  dévorait  sa  récolte.  Henri  IV,  dont 
on  vante  encore  aujourd'hui  l'amour 
pour  le  peuple,  décerna,  en  1601,  la 
pfine  de  mort  contre  le  braconnier 
qui  serait  surpris  chassant  plusieurs 
fois  la  grande  bête  dans  les  forêts 
royales,  punition  que  maintint  son 
fils,  mais  dont  fût  révolté  Louis  XIV. 

Aujourd'hui  la  chasse  est  libre 
njoyennant  quelques  conditions  impo- 
sées par  la  loi,  et  qui  sont  basées  sur. 
le  respect  dâ  à  la  propriété  et  à  la  tran- 
quillité publique.  Les  abus  auxquels 
«le Mat  donner  lieu,  et  la  violation 
flfô/brmalités  légales,  sont  punis  d'une 
amende,  de  la  confiscation  des  armes, 
«t  quelquefois  de  peines  correction- 
Miles,  suivant  la  gravité  des  cas. 

Chasseloup-  Laubàt  (  le  'comte  ), 
Bé  à  Saint-Sernin  en  1754,  entra  au 
«rvice  comme  volontaire  au  commen- 
jwientde  la  révolution,  et  se  distingua 
dans  les  premières  campagnes  sur  le 
wïin,  ainsi  qu'à  l'affaire  d'Àrlon,  en 
1794.  Il  était  parvenu  à  cette  époque 
*u  grade  de  chef  de  bataillon  dans  le 
*J?8  du  génie.  Pendant  la  campagne 
«"talie  de  1796,  il  fut  chargé  de  diri- 
ge les  sièges  de  Milan  et  de  Mantoue, 
Jdc  réparer  les  fortifications  de  Pes- 
tera, de  Legnano  et  de  Pizzighitone, 
^il  déploya  dans  l'exécution  de  ces 
Jravaux  de  tels  talents,  que  Napoléon 
te  nomma  général  de  brigade,  et  peu 
«  temps  après  général  de  division. 
M 1801,  le  général  Chasseloup  dirigea, 
wus  les  ordres  de  Brune,  le  siège  de 
Peschicra  ;  en  1^05,  il  eut,  sous  Mas- 


séna,  une  grande  part  au  succès  du 
passage  de  l'Adiré.  En  1806,  il  dirigea 
les  travaux  du  siège  de  Dantzick.  De 
retour  en  Italie  (1810),  il  fit  d'Alexan- 
drie une  des  places  les  plus  importan- 
tes de  l'Europe.  11  se  rendit  encore 
fort  utile  pendant  la  campagne  de 
Russie.  Napoléon  récompensa  tous  ces 
services  en  le  nommant  (1811)  con- 
seiller d'État  (section  de  la  guerre), 
(1813)  grand-croix  de  Tordre  de  la 
Réunion,  sénateur  et  comte  d'empire. 
Sous  la  première  restauration ,  il  fut 
créé  pair  de  France  et  grand  cordon 
de  la  Légion  d'honneur.  Après  la 
deuxième,  il  vota  contre  la  condamna- 
tion du  maréchal  Ney,  et  jusqu'à  sa 
mort  il  fit  partie  de  la  minorité  libé- 
rale de  la  chambre  des  pairs.  Napoléon 
à  Sainte-Hélène  a  rendu  un  éclatant 
témoignage  à  sa  probité  et  à  ses  ta- 
lents. Il  est  mort  à  Paris  le  6  octobre 
1833. 

Chasseneux  (Barthélemi  de),  né  à 
ïssy-l'Évêque,  près  d'Autun,  en  1480, 
étudia  le  droit  aux  universités  de  Dôle 
et  de  Poitiers,  et  alla  perfectionner  ses 
études  aux  universités  de  Turin  et  de 
Pavie.  Pendant  le  séjour  qu'il  fit  dans 
ces  deux  villes,  il  fut  chargé  de  diverses 
missions  en  Italie.  Revenu  en  France 
en  1502,  il  fut  d'abord  avocat  du  roi 
à  Autun,  et  se  fit,  dans  l'exercice  de 
ces  fonctions,  une  réputation  de  science 
et  de  talent  qui  ne  tarda  pas  à  attirer 
l'attention  sur  lui.  Il  fut  nommé  con- 
seiller du  parlement  de  Paris  en  1531, 
et  l'année  suivante,  président  du  par- 
lement de  Provence.  Accusé  de  mal- 
versation par  l'avocat  général  Laugier, 
il  fut  complètement  justifié  de  cette 
accusation  en  1535,  par  une  commis- 
sion composée  de  quatre  présidents 
tirés  de  quatre  différents  parlements. 
François  1®'  l'appela  cette  même  an- 
née à  son  conseil  pour  y  travailler  à 
l'ordonnance  d'Is-sur-Tiile,  relative  à 
la  réformation  de  la  justice.  Il  occu- 
pait encore,  en  1540,  la  place  de  pré- 
sident au  parlement  d'Aix,  lorsque  fut 
rendu  le  fameux  arrêt  du  18  novem- 
bre, qui  condamnait  à  mort  par  con- 
tumace ,  comme  suspects  d'hérésie 
vaudoise,  quelques-uns  des  habitants 


♦ 


T.  Y.  2*  Uvraison.  (Dict.  encycl.,  etc.) 


2 


la 


«HA 


L'UNIVERS. 


IPHA 


des  villages  de  Gabrières,  de  Mérindol 
et  lieux  circonvoisins,  bannissait  les 
autres,  et  ordonnait  la  destruction  de 
leurs  maisons.  II.  paraît  que  Chasse- 
neux  arrêta  Texécution  de  cet  arrêt; 
il  est  du  moins  certain  qu'il  demanda 
et  obtint  de  François  1^'  que  les  habi- 
tants de  Mérindol  fussent  entendus, 
et  que,  tant  qu'il  vécut,  Tarrét  ne  fut 

f)ornt  exécuté.  C'était  à  son  successeur, 
e  baron  d'Oppède,  de  sinistre  mé- 
moire, qu'était  réservée  cette  triste 
exécution.  Suivant  de  Thou,  Gbasse- 
neux  aurait  été  amené  à  tenir  cette 
conduite»  qui  lui  ferait  encore  plus 
d'honneur,  s'il  n'avait  suivi  d'autres 
inspirations  que  celles  de  la  justice  et 
de  l'humanité,  par  les  remontrances 
d'un  gentilhomme  d'Arles,  Renaud 
d'Alleins,  qui  invoqua  en  faveur  des 
malheureux  Yaudois  un  argument  sans 
réplique,  et  appuyé  sur  une  autorité 
que  Chasseneux  ne  pouvait  récuser.. 
Renaud  d'Aiieins  lui  rappela  qu'étant 
avocat  à  Autun,  il  avait  été  d'avis 
qu'on  ne  pouvait  excommunier  les  rats 
avant  de  les  avoir  cités  en  justice  et  de 
les  avoir  entendus  au  moins  par  pro« 
cureur.  Or  les  habitants  de  Mérindol, 
bien  qu'hérétiques,  pouvaient-ils  être 
traités  plus  rigoureusement  que  ces 
animalcules  ?  Le  fait  a  été  révoqué  en 
doute  par  Niceron.  On  trouve  cepen- 
dant quelque  chose  d'analogue  dans 
un  ouvrage  de  Chasseneux,  intitulé 
Consilia,  et  imprimé  à  Lyon  en  1S31. 
Au  premier  de  ces  conseils^  il  rap»- 
porte  que  les  habitants  de  Reaune, 
voyant  leurs  vignes  dévastées  par  une 
espèce  de  hanneton,  étaient  venus  à 
Autun  présenter  requête  à  l'official, 
pour  qu'il  sommât  les  hannetons  d'éi- 
vacuer  le  territoire,  bous  peine  d'ex- 
communication. Chasseneux  examine 
d'abord  si  les  habitants  de  Beaune  ont 
ce  droit,  et  ensuite  comment  il  faut 
procéder.  La  première  formalité  qu'il 
exige  à  peine  de  nullité,  c'est  qu'on 
fasse  citer  les  hannetons  au  moins  par 
procureur.  L'embarras  était  de  savoir 
comment  se  ferait  la  procuration  ; 
mais  l'auteur  prouve  par  un  grand 
nombre  d'autorités,  que,  quan(f  un 
procureur  se  présente  pour  défendre 


quelau'unqui  ne  le  désavoue  pas,  il  est 
censé  revêtu  de  pouvoirs  légitimes.  Il 
trace  ensuite  au  long  la  forme  de  la 
requête,  de  la  citation  et  de  la  sen- 
tence, et  il  rappelle  à  cette  occasion 
plusieurs  procédures  de  ce  genre  qu'il 
a  vu  faire  à  Autqn,  à  L^on,  à  Mâcon, 
contre  des  animaux  nuisibles  tels  que 
les  rats  vt  les  limaçons. 

Parmi  les  ouvrages  de  Chasseneux, 
il  faut  citer,  outre  ses  ConsiUa  dont 
nous  avons  parlé,  un  commentaire  sur 
la  coutume  de  Rourgogne ,  en  latin. 
C'est  un  des  premiers  ouvrages  dans 
lesquels  on  ait  essayé  d'une  manière 
systématique  à  éclairer  le  droit  cou* 
tunoier  à  l'aide  du  droit  romain.  Ce 
commentaire  a  ité  imprimé  plusieurs 
fois;  il  a  même  eu  1  honneur  d'être 
annoté  par  Dumoulin ,  qui ,  cependant^ 
ne  faisait  grand  cas  ni  de  l'ouvrage  m 
de  l'auteur. 

Cha&sbs  des  saints. — Les  châsseg 
où  étaient  enfermées  les  reliques  dei 
saints  étaient  autrefois  fort  nombreu- 
ses en  France.  Jusqu'au  milieu  du  sei» 
zième  siècle ,  il  n'y  avait  presque  pati 
d'église  qui  n'en  possédât  une,  etqudr 
^uefois  plusieurs.  Mais,  à  partir deoetti 
époque ,  le  nombre  de  ces  monuments 
a  diminué.  Les  protestants  en  détrui- 
sirent beaucoup  pendant  les  guerres 
de  religion;  et  ce  qui  en  restait  éprouva 
le  même  sort  lors  de  la  révolution  de 
1789.  Sous  les  deux  premières  races, 
on  portait ,  à  la  tête  des  armées ,  avee 
les  reliques  qu'elles  contenaient ,  les 
châsses,  que  l'on  désignait  alors  par 

J'expression  de  capa  ou  co^e^;  et  ht 
garde  de  ces  pieux  moQuments  était 
confiée  à  des  prêtres  nommés  capdr^ 
/am( chapelains),  à  qui  Charlemagi  ' 
avait  accordé  la  permission  de  port 
les  armes ,  et  de  combattre ,  s'il  le  fi 

•lait,  pour  les  défendre  (  voyez  Cha 

DE  SAINT  MaBTIN  et  CHAPELAIN 

Dans  les  causes  où  le  serment  é 
déféré ,  les  châsses  des  saints  étai 
placées  au  milieu  de  l'élise,  et  Tao 
sateur  ou  l'accusé  venait  y  prêtt" 
serment  que  l'on  exigeait  d'eux.  C'( 
ce  que  l'on  appelaity'ttrore/jer  «i»( 
La  châsse  la  plus  célèbre  en  Fra 
après  la  cliâsse  ou  chape  de  saint  M 


1? 


V-'i.^>i  y.,.,,r//^^  .■.......;.,..;■  .;  A,  ^/--'Z^^y^.:,/^- ,^^Y'i^,. 


I 


CPA 


FEIUCE. 


CHA 


19 


tio .  et  la  seule  dont  nous  donnerons 
b  description ,  contenait  les  reliques 
de  sainte  Geneviève  «  patronne  de  Pa'- 
Hs,  morle.  à  ee  que  Ton  croit,  en 
Â12.  Cette  (Misse  était  Tœuvre  de  saint 
fipi,  trésorier  dn  roi  Pagobert,  et 
Mfp^e  de  Noyon.  Kous  ne  savons  si 
flils  était  recommandabie  par  le  tra- 
Tâ;mais  Tanecdote  qui  suit  prouve 

£!eil^  subsista  longtemps /et  qu'elle 
JtÂrt  riche.  En  1145,  le  pape  Eu- 
fipeltl,  réfugié  en  France,  ayant  ré* 
solo»  de  concert  avec  Suger,  d'intro* 
duire  une  r^orme  dans  fabbaye  de 
Ssjfite-Geneviève ,  dont  la  discipline 
était  fort  relâchée,  les  religieux,  qui 
ne  voulaient  point  au'on  rétablît  les 
iràeaaes  règles,  détachèrent  de  la 
cblssç  de  la  sainte  des  ornements  en 
ir  pesaot  quatorze  marcs,  dans  le 
taeia  de  former  une  somme  assez 
forte  ppttr  l'offrir  au  pape»  et  renga- 
gea tei|oi}cer  à  son  projet.  Leur  pré- 
«{^«è  fut  point  accueilli  ;,  alors  ils  se 
ifillitltenti  mais  force  leur  fut  de  se 
|MM0tre  et  de  subir  la  réforme.  On 
"^  ce  que  devint  ensuite  cette 
oaaîs  on  sait  qu'en  1242,  un 
pommé  Bonard ,  reçut  l'ordre 
une  nouvelle,  à  laquelle  il 
193  marcs  d'argent  et  7  marcs 
4'or.  'Celle-ci ,  plus  riche  que 
dirait ,  suivant  I>ulaure ,  des 
, barbares,  une  infinité  de  dé* 
tHÉ  si  keaiicoup  d'or  et  de  pierreries, 
fW  sans  doute  y  avaient  été ,  de  siècle 
faliàcle»  ajoutés  après  coup.  Elle  était 
ppl^ortée  par  quatre  statues  de  vierges 
Ml  jpnoaes  que  nature.  Au-dessus 
mltieBt  uo  bouquet  et  une  couronne 
ledîaiiiaiits,  présents  de  Marie  de  Mé- 
éek  et  de  Marie-Elisabetb  d'Orléans, 
aisie  douairière  d'Espagne. 

Cette  châsse  de  sainte  Geneviève 
MA  m  grande  vénération  auprès  des 
""  *  *  et  c'était  vers  elle  qu'ils 
tumaîèot  les  yeux  dans  toutes  leurs 
lltenilés»  Elle  était,  lors  des  calami- 

t^liHi^es ,  exposée  aux  hommager 
fidèles  4  A  promenée  procession- 
•ellemeat  dans  les  rues  de  la  capitale. 
Ql  précieux  monument  a  été  fondu 
IMant  la  révolution. 
Li châsse  i3nx  fierté  de  saint  Romain  i 


archevêque  de  Rouen ,  figurait  autre- 
fois dans  une  cérémonie  fort  remar- 
quable qui  avait  \\m  annuellement  en 
cette  ville.  Le  roi  Dagobert ,  eti  recon- 
naissance de  ce  ^ue  ce  saint  prélat 
avait  délivré  la  cite  épiscopale  d'un  af- 
freux dragon  qui  en  ravageait  les  cam- 
pagnes, avait  accordé  a  son  église 
métropolitaine  le  droit  de  délivrer 
tous  les  ans  un  prisonnier  le  jour  de 
l'Ascension;,  ce  prisonnier  levait  la 
châsse  de  saint  Romain ,  qu'il  portait 
avec  un  ecclésiasti^e  jusqu'à  la  ca- 
thédrale, après  quoi  on  le  mettait  en 
liberté  (*). 

Ch  ASSET  (le comte  Charles-Antoine) 
naquit  à  Villefraoche  le  25  mai  1745* 
Avocat  et  maire  à  l'époque  de  la  révo* 
lution,  i(  fut  nommé  membre  de  l'As- 
semblée constituante,  fit  décréter  là 
suppression  des  dîmes,  et  fut  envoyé 
avec  le  générai  Gustine  et  Régnier  en 
mission  dans  les  départements  du 
Haut  et  du  Bas-Rhin  et  des  Vosges* 
En  1792,  il  devint  membre  de  la  Con* 
vention  nationale,  vota,  dans  le  pro- 
cès de  Louis  XVI,  la  détention  pen- 
dant la  guerre  et  le  bannissement 
après  la  paix,  et  ensuite  se  prononça 
contre  le  sursis.  Après  le  31  mai  1793, 
il  sortit  de  France,  devint  aide-chir 
rurgien  sur  un  vaisseau  anglais,  et 
aide-chirurgien  à  Toulon  pendant  l'oo- 
eupation^ anglaise.  En  1795,  il  rentra 
en  France,  où  il  venait,  quoique  ab- 
sent ,  d'être  nommé  membre  du  Gon*i 
seil  des  Cinq-Cents.  Il  fit  ensuite  par- 
tie du  Conseil  des  Anciens;  et,à  l'époque 
du  18  brumaire  an  vu  (1799),  il  s'atta- 
cha au  parti  du  général  Bonaparte ,  ce 
qui  lui  valut  son  admission  au  sénat 
conservateur,  le  titre  de  commandant 
de  la  Légion  d'honneur,  la  dignité  de 
comte  de  l'empire ,  et  celle  de  comte 
titulaire  de  la  sénatorerie  de  Metz. 
Après  la  seconde  restauration ,  il  fut 
Q(»npris,  dans  la  loi  du  12  janvier 
1816;  ail  nombre  des  conventionnels 
dits  votants;  mais  il  obtint  peu  après 
Fautorisation  de  rentrer  en  France. 

O  Voyez  VHittoireduprmiége  deScint^ 
Romain,  publiée  par  M.  Floquet ,  membre 
correspondanl  de  i*Inslitut. 

2. 


so 


GHA 


L*UN1VERS. 


CHA 


Ghasssubs  a  cheval.  —  L'insti- 
tution des  chasseurs  à  cheval  est  toute 
moderne.  Au  commencement  du  rèsne 
dé  Louis  XV,  les  compagnies  francnes 
et  les  légions  »  corps  mixtes  auxquels 
on  donnait  aussi  le  nom  de  troupes  lé- 
gères ,  faisaient  encore  en  partie  le  ser- 
vice qui  devait  plus  tard  être  confié 
aux  chasseurs  à  cheval.  Les  chasseurs 
de  Fischer,  dont  la  création  ne  re- 
monte pas  au  delà  de  1740  ou  1743 , 
furent  les  premiers  qui  parurent  dans 
les  armées  françaises  ;  mais  ce  corps , 
originairement  composé  d*une  seule 
compagnie  dMnfantene  de  100  hommes, 
n'était  pas  régulièrement  constitué. 
Quelques  années  après ,  on  forma  de 
cette  compagnie  une  légion  de  600 
hommes ,  et  Ton  y  adjoignit  200  cava- 
liers. Ce  nouveau  corps  prit  successi- 
vement la  dénomination  de  dragonS' 
chasseurs  et  celle  de  volontaires. 

L'ordonnance  de  1776  attacha  un 
escadron  de  chasseurs  à  cheval  à  cha- 
cun des  24  régiments  de  dragons  exis- 
tants à  cette  époque.  Ces  différents 
essais  ayant  fait  sentir  Futilité  de  corps 
réguliers  de  cavalerie  légère,  on  re- 
nonça à  ce  mélange,  et,  en  i779,  on 
créa' 6  régiments  de  chasseurs ,  dans 
la  composition  desquels  entrèrent  ces 
24  escadrons.  Telle  est  l'origine  des 
régiments  de  chasseurs  à  cheval.  Les 
services  importants  que  les  chasseurs 
à  cheval  rendirent  pendant  la  guerre 
d'Amérique  leur  assignèrent  un  rang 
distingué  dans  la  cavalerie  française, 
et  en  flrent  bientôt  élever  le  nombre. 

On  en  comptait,  en  1792,  douze 
régiments ,  que  l'on  désignait  par  des 
noms  de  province  :  c'étaient  les  chas- 
seurs di  Alsace  y  des  Trois  -  Évéchés  y 
de  Flandre,  de  Franche  -  Comté ,  de 
Hainaut,  de  LdnguedoCj  de  Picardie, 
de  Guyenne f  àe Lorraine ^  ôeBretagne^, 
de  Normandie  et  de  Champagne. 

L'organisation  du  10  brumaire  an  iv 
porta  à  vingt  le  nombre  des  régiments 
de  chasseurs  à  cheval ,  et  celle  de  l'an 
viii  leur  donna  un  effectif  de  20,724 
hommes. 

Les  régiments  de  chasseurs,  portés 
à  trente  et  un  sous  l'empire ,  furent 
réduits  à  vingt -quatre  à  la  restaura- 


tion. Ils  prirent  alors  les  noms  des  dé- 
partements où  ils  furent  levés.  Ainsi 
il  y  eut  les  chasseurs  des  ÀrdenneSf 
de  la  Somme  f  de  Y  Orne,  de  la  (M' 
rente,  etc.  Ils  perdirent  ces  dénomi- 
nations en  1819,  et  ne  furent  plus 
désignés  que  par  leur  numéro  d'an- 
cienneté. Depuis  la  révolution  de  juil- 
let, on  a^  réduit  à  quatorze,  puis  à 
douze ,  les  dix-huit  régiments  qui  exis- 
taient en  1830.  Ces  douze  régiments 
se  composent  aujourd'hui  de  cinq  es- 
cadrons chacun,  et  constituent  une 
force  réglementaire  de  15,192  hommes  < 
sur  le  pied  de  guerre,  et  de  11,976 
sur  le  pied  de  paix. 

L'institution  des  régiments  de  chas- 
seurs à  cheval ,  dont  le  service  est  le 
même  que  celui  des  hussards ,  n'a  été  i 
imitée  que  par  quelques  puissances  de  i 
l'Europe;  et  il  est  à  remarquer  que  cej 
sont  presque  toutes  des  puissances  du 
second  ordre.  Ainsi  la  Russie ,  TAo*  : 
triche,  la  Prusse,  l'Angleterre,  la  Ba- 
vière ,  n'ont  pas  de  régiments  de  chas* 
seurs,  tandis  qu'on  en  compte  hait  en 
Espagne ,  deux  en  Belgique ,  an  en 
Suéde ,  un  dans  le  royaume  de  Naples. 

Chasseurs  à  cheval  de  la  gabdi 
IMPÉRIALE. — En  1798,  le  général  Bo* 
naparte ,  commandant  en  chef  l'armée 
d'Egypte ,  avait  créé  une  compagnie 
de  guides  à  cheval  y  qui  lui  servit  de  | 
garde  pendant  toute  la  durée  de  cette  | 
expédition ,  et  qu'il  ramena^^n  Franee 
vers  la  fin  de  1799.  Cette  compagnie 
changea  alors  de  dénomination ,  et  prit, 
celle  de  chasseurs  à  cheval.  Elle  fit 
partie  de  la  garde  des  consuls ,  orgs* 
nisée  par  arrêté  du  7  frimaire  an  viiif 
et  forma  le  noyau  du  régin^eot  df 
chasseurs  institué  le  17  nivôse  an  x* 
Augmenté  à  différentes  reprises,  e» 
régiment  se  composait,  en  1813, d^ 
2,600  officiers ,  sous -officiers  et  sol' 
dats.  Ce  régiment  prit,  en  1814,  lil 
dénomination  de  corjps  royal  des  chah 
seurs  à  cheval  de  France.  RétabU 
sur  son  ancien  pied  le  8  avril  1815,  li 
fut  enfin  définitivement  licencié  fli| 
septembre  de  la  même  année. 

La  garde  royale  compta  aussi ,  dii^ 
son  organisation,  en  septembre  ISUji 
parmi  les  corps  qui  la  composaient» 


CHA 


FRANCE. 


GHA 


U 


iu  rëç'ment  de  chasseurs  à  chevah 
Ce  r^iment  subsista  jusqu'au  11  août 
1830. 

Chàsseubs  a  pied. —L'origine  des 
chasseurs  à  pied  est  exactement  ia 
même  que  ceile  des  chasseurs  à  cheval. 

On  établit,  en  1760,  dans  chaque 
bataillon  d'infanterie  française,  une 
compagnie  de  chasseurs,  qui  prit  la 
gàume  des  compagnies  de  fusiliers. 
Ces  compagnies,  licenciées  à  la  paix  de 
1763,  ayant  été  de  nouveau  recréées 
en  1775 ,  se  firent  bientôt  remarquer 
par  leur  belle  tenue  et  leur  discipline, 
et  Ton  conçut  l'idée  d'en  former  des 
corps  spéciaux.  Cependant  ce  ne  fut 
qu'en  1788,  et  après  plusieurs  essais, 
que  l'on  en  organisa  douze  bataillons, 
'pris  de  préférence  parmi  les  soldats 
fiés  dans  les  montagnes  du  midi  de  la 
France.  Ces  bataillons,  portés  à  qua- 
torze en  1793,  formèrent,  un  an  plus 
tard,  les  trente  demi-brigades  d'infan- 
terie  légère  qui  se  distinguèrent  pen- 
éaiDt  les  campagnes  de  la  révolution 
et  de  l'empire.  On  en  comptait,  en 
ISISet  1814,  trente -sept  régiments, 
qiui  formaient  un  effectif  de  90,000 
bommes;  il  y  en  a  aujourd'hui  vingt  et 
«iifilont  l'organisation  est  semblable 
àeeffedes  régiments  de  ligne.  Sur  les 
luiit  compagnies  dont  se  compose  le 
iMitailion ,  il  y  en  a  une  de  carabiniers^ 
six  de  chasseurs  et  une  de  voltigeurs. 
L'ordonnance-  constitutive  du  25  fé- 
vrier 1835,  oui  a  subi  fort  peu  de  mo- 
difications aepuis ,  donne  a  ces  vingt 
et  un  régiments  un  effectif  de  59,535 
hommes  sur  le  pied  de  guerre ,  et  de 
39,275  sur  lé  pied  de  paix. 

Chàsseubs  a  pied  de  la.  gabde 
IMPÉRIALE.  —  Après  la  journée  du 
18 brumaire,  le  premier  consul  com- 
posa sa  garde  de  celle  du  Directoire , 
et  l'augmenta  de  quelques  armes  spé- 
daies.  L'arrêté  du  7  frimaire  an  yiii 
y  fit  entrer  une  compagnie  de  chas- 
seurs à  pied ,  forte  de  99  hommes , 
officiers  compris.  Cette  compagnie 
forma  le  noyau  des  deux  bataillons  de 
chasseurs  créés  le  23  brumaire  an  x. 
Ces  deux  bataillons,  commandés  par 
an  dief  de  brigade ,  étaient  composés 
de  huit  compagnies ,  et  formaient  un 


effectif  de  1,699  hommes,  officiers 
compris.  Le  maréchal  Soult  en  fut 
nommé  colonel  général. 

Ce  corps  fut  augmenté,  le  10  ther- 
midor an  XII,  d'un  bataillon  de  vélites, 
et  Ton  en  composa ,  en  1806 ,  deux  ré- 
giments de  960  hommes,  qui,  en  1811, 
furent  portés  à  1,600  hommes  ;  enfin, 
en  1813,  on  créa  un  bataillon  bis  de 
chasseurs  à  pied. 

Les  deux  régiments ,  réunis  en  un 
seul  en  1814 ,  prirent  le  titre  de  corps 
royal  des  chasseurs  à  pied  de  France. 
Un  décret  du  8  avril  1815  les  rétablit 
.sur  leur  ancien  pied ,  et  en  créa  ua 
troisième.  Ils  furent  tous  licenciés  en 
août  et  septembre  de  la  même  année. 

Chasseurs  d'Afrique.  —  Neuf 
mois  après  la  conquête  de  la  régence 
d'Alger,  le  21  mars  1831 ,  le  gouverne- 
ment créa,  sous  le  nom  de  zouaves ^ 
deux  bataillons  et  deux  escadrons  d'in- 
digènes, pour  le  service  de  la  nou- 
velle ftolonie.  Ces  derniers  prirent, 
peu  de  temps  après ,  la  dénomination 
de  chasseurs  algériens ,  et  enfin  celle 
de  chasseurs  d  Afrique,  Ces  deux  es- 
cadrons furent  successivement  portés 
à  trois  régiments  en  1832,  et  à  quatre 
en  1839.  La  dernière  ordonnance  cons- 
titutive de  ces  quatre  régiments  fixe 
le  complet  des  deux  premiers  à  six  es- 
cadrons de  chasseurs  français  et  à  deux 
escadrons  de  spahis  ou  in^digènes;  et 
celui  des  deux  derniers  à  cinq  esca- 
drons de  chasseurs  français  et  un  es- 
cadron de  spahis.  Dans  1  ordre  de  ba- 
taille, les  escadrons  de  spahis  pren- 
nent la  gauche  de  leur  régiment.  Ces 
quatre  corps,  ainsi  organisés,  forment 
un  effectif  réglementaire  de  5,530 
hommes  ,  dont  298  officiers. 

Chassigner  (  Jean -Baptiste  )  na- 
quit à  Besançon  à  la  fin  du  seizième 
siècle;  il  eut  pour  maître  le  savant 
Huet ,  et  il  puisa  dans  les  leçons  de  ce 
guide  éclairé  un  grand  amour  pour  les 
lettres,  auxquelles  il  consacra  toute 
son  existence.  Ses  poésies,  qui  sont  en 
général  empreintes  de  mélancolie ,  ont 
fait  croire  qu'il  avait  été  malheureux; 
mais  il  nous  dit  quelque  part  qu'il 
était  porté  naturellement  à  une  tris- 
tesse que  les  distractions  mêmes  des 


ÈÈ 


taà 


L'UNIVERS. 


MA 


fêtes  ne  pouvaient  dissiper.  On  lui 
doit ,  entre  autres  ouvrages ,  deux 
poëmes  intitulés  :  Mépris  ae  la  vie  y 
et  consoUiUons  contre  la  morty  Be- 
sançon, 1594 ,  in-12  ;  et  Paraphrases 
sur  les  cent  cinquante  psaumes  de 
David,  Lyon,  1613,  in-12.  Ces  corn* 
positions  ne  sont  pas  sans  quelque 
mérite  littéraire.  On  peut  sans  douté 
V  relever  bien  des  longueurs  et  en  blâ- 
mer queloues  idées  bizarres  ;  mais,  en 
général ,  ('auteur  fait  preuve  d'un  es- 
prit sage  et  d'un  travail  consciencieux. 
Ses  vers  sont  bien  frappé^;  la  rime 
assez  riche  et  constamment  alternée  ;' 
enfin,  les  enjambements  sont  rares. 
On  reconnaît  dans  Chasslgner  un  con- 
temporain de  Malherbe.  Il  vécut,  à  ce 
que  l'on  croit,  jusqu'en  16^0. 

Chastel  (P.-L.-A),  baron,  né  en 
1774 ,  à  Veigî ,  en  Chablais ,  s'enrôla , 
en  1792 ,  dans  la  légion  des  Attobro- 
ges,  prit  part  aux  diverses  actions  qui 
eurent  lieu  dans  les  Alpes ,  sur  la  Du- 
rance ,  puis  sous  les  murs  de  Toulon. 
A  la  paix  de  Campo-Formio ,  Chaste], 
qui  avait  fait  preuve  de  bravoure  à 
1  armée  des  Pyrénées-Orientales  et  en 
Italie,  fut  envoyé  en  Egypte.  Ce  fut 
dans  une  des  excursions  auxquelles  nos 
généraux  furent  entraînés  par  la  pour- 
suite de  Mourad-Bey ,  que  Chastel  dé- 
couvrit le  fameux  zodiaque  de  Dende- 
fah  qui ,  plus  tard  ,  transporté  en 
Èrance,  y  devint  l'objet  d'une  si  vive 
polémique.  Revenu  en  Europe  avec  le 
grade  de  chef  d'escadron ,  cligne  prix 
de  ses  services,  il  assista  aux  journées 
d'Ulm  ,  d'Austerlitz ,  fit  les  campa- 
gnes de  Prusse  et  de  Pologne,  déploya 
dans  toutes  les  rencontres  une  rare 
capacité ,  et  un  courage  à  toute 
épreuve,  fut  fait  colonel,  et  appelé  à 
l'armée  d'Espagne.  Créé  général  de 
brigade  sur  la  demande  du  maréchal 
Soult,  il  se  distingua  à  la  bataille  de 
Wogram ,  et  il  fut  élevé  au  grade  de 
lieutenant  général  en  1812.  L'empe- 
reur, à  qui  le  mérite  militaire  du  oa- 
ron  Chastel  n'avait  pu  échapper,  lui 
confia  le  commandement  d'une  division 
de  cavalerie  forte  de  quatre  inille  hoin- 
Tpes ,  à  la  tète  de  laquelle  il  poussa  des 
reconnaissances  lointaines ,  et  se  dis- 


tingua dans  plusieurs  occasions,  nd- 
tamment  à  la  bataille  de  la  Moskowâj 
où  les  charges  qu'il  exécuta  ébranlè- 
rent le  corps  du  général  Doklorow, 
et  à  Goerlitz,  en  Saxe,  où  le  co^pft 
d'armée  de  Murât ,  dont  il  disait  psàr- 
tie,  eût  à  lutter  contre  25,000  cava- 
liers ,  40,000  bommejs  d'infanterie  ^t 
une  artillerie  nombreuse.  La  présenee 
de  Tennemî  sur  le  territoire  français 
sembla  doubler  l'énergie  de  Chastel. 
Il  rassembla  sous  les  murs  de  Paris 
tout  ce  qu*il  put  trouver  de  troupes 
disponibles  dans  les  dépdts,  et  com- 
battit avec  sa  valeur  ordinaire;  mais 
devant  la  trahison ,  et  devant  les  forcer 
supérieures  de  nos  ennemis,  il  lui  fal- 
lut céder.  Sa  division  et  celle  da  g;é^. 
néral  Bordesoulle  faisant  nartie  do 
corps  du  duc  de  Ilaguse,  wrentre- 
poussées  jusqu'à  la  barrière  de  Ménil- 
montant.  Ici  nous  ne  rappelleroBS 
qu'un  seul  fait  qui  suffira  pour  Telogè 
ou  baron  Chastel.  Le  duc  de  Aagaae 
avait  une  si  grande  estime  pour  seâ 
caractère ,  et  redoutait  tellement  l'as** 
cendant  que  pouvait  exercer  sur  Faii- 
mée  cet  officier  général ,  incapable  d|) 
transiger  avec  l'honneur,  qu'il  crat 
devoir,  au  moment  où  il  traitait  avec 
le  prince  de  Schwartzemberg,  non* 
seulement  lui  laisser  ignorer  ses  né* 
gociations,  mais  lui  retirer  même  le 
commandement  de  ses  troupes.  E& 
1815,  Chastel  fit  partie,  dans  1er 
corps,  de  l'armée  qui  combattit  ea 
Belgique  avec  un  courage  digne  d'un 
autre  sort  :  et  si  l'on  eût  alors  suivi 
ses  conseils,  Wellington. n'eât  pas  été 
secouru,  et  les  désastres  du  Mont- 
Saint- Jean  se  fussent  changés  pour  la 
France  en  succès  éclatants.  Beniré 
dans  la  vie  privée  après  les  cent  jours, 
il  vivait  itti  seiq  de  l'étude  et  entouré 
d'une  société  choisie ,  lorsqu'en  1820, 
on  ne  sait  par  quelle  basse  manœuvre, 
il  fut  signalé  comme  étant  à  la  tête 
d'un  complot  qui  aurait  eu  pour  but 
l'enlèvement  du  duc  d'Angoulême  à 
son  passage  dans  les  environs  de  Lo^s- 
le-Saulnier.  A  cette  qccasion,  le  baron 
Chastel  dirigea  une  poursuite  eu  ca- 
lomnie contre  le  Drapeau  blanc,  dotit 
Féditeur  responsable  fut  côfidamiié 


iMA 


FRANCE, 


esÊA 


Bar  jagement  rendu  sorappe)  à  Bourg, 
le  18  mai  1820.  Xe  lieutenant  générai 
Cliastel ,  regardé  à  juste  titre  comme 
un  des  meilleurs  ofGciers  de  cavalerie 
deTarmée  française,  et  dont  Napoléon 
faisait  un  cas  tout  particulier ,  avait 
été  mis  à  la  retraite,  et  s'était  retiré  ^ 
Ferney- Voltaire.  Il  mourut  à  Genève 
en  1836. 

C8ASTBLA.BD ,  bourg  avec  titre  de 
ebâfellenie ,  dans  la  principauté  de* 
DomtJés ,  aujourd'hui  département  du 
Donbs. 

Gh4Stblab]>  (  Pierre  de  Boscosel 
de),  gentilhomme  dauphinois,  petite- 
neveu,  ou,  suivant  de  Thou,  petit-fîls  de 
Bayard,  né  vers  1540,  se  fît  d'abord 
connaître  par  plusieurs  actions  d'éclat. 
Ses  parents  rayaient  attaché  à  la  puis- 
sante maison  de  Montmorency.  Ayant 
eonçii  une  violente  passion  pour  l'in- 
fortunée Marie  Stuart,  il  l'accompagna 
une  première  fois  en  Ecosse ,  lors(|ue 
a[ffès  la  mort  de  François  II  elle  quitta 
ee  piaisanê  p&ys  de  Franee.  Chaste- 
lard,  obligé  de  revenir  à  Paris,  ne  put 
supporter  longtemps  cet  exil  ;  il  passa 
de  nouveau  en  Ecosse.  La  reine  Tac- 
éttûttît  avec  faveur  ;  mais  son  impru* 
denGeftit  la  cause  de  sa  {)erte.  Surpris 
dans  la  chambré  de  Marie  Stuart ,  où 
U  était  parvenu  à  s'introduire  secrète- 
ment, il  fut  livré  aux  tribunaux  et 
condamné  à  perdre  la  tête.  Avant  de 
marcher  au  supt>lice  ^  le  malheureux , 
qui  avait  entendu  sa  sentence  avec  une 
noble  fermeté ,  lut  l'ode  de  Ronsard 
sur  la  mort;  puis  se  tournant  vers 
l'endroit  où  était  la  reine,  il  s'écria  : 
Adieu,  la  plus  belle  et  la  plus  cruelle 
princesse  de  ce  monde I  «  Chastelard, 
<  dit  Brantôme ,  avait  beaucoup  d'es- 
«  prit,  et  se  servait  d'une  poésie  douce 
«  et  gentille,  aussi  bien  qu'aucun  gen* 
«  tilhomme  de  France.  »  II'  ne  nous 
reste  de  lui  qu'une  seule  pièce  de  vers, 
conservée  par  le  Laboureur  dans  les 
Mémoires  de  Castelnau. 

Chat  ,  machine  de  guerre  au  moyen 
de  laquelle ,  après  avoir  comblé  le 
fossé  d'une  ville,  on  prenait  position 
au  pied  du  rempart  que  des  mineurs 
s'efforçaient  alors  de  renverser,  tandis 
que  ia  machine  elle-même  les  proté- 


geait contre  les  projectiles  lancés  par 
les  assiégés.  Cette  machine  n'était 
autre  chose  qu'une  galerie  mobile  de 
sept  pieds  de  hauteur,  sur  huit  de  lar- 
geur et  seize  de  longueur,  formée 
d'une  charpente  légère  avec  un  double 
toit  de  planches  et  de  claies.  Ses  flancs 
étaient  défendus  par  un  tissu  d'osier, 
et  le  tout  était  revêtu  de  cuirs  frais  ou 
de  couvertures  de  laine.  Comme  ces 
machines  ne  pouvaient  atteindre  leur 
but  que  quand  elles  étaient  en  grand 
nombre  et  travaillaient  ensemble ,  on 
en  Joignait  ordinairement  plusieurs 
de  front  ;  on  les  remplissait  d'hommes 
armés  d'outils,  et,  mises  en  mouve- 
ment à  force  de  bras ,  elles  s'appro- 
chaient, avec  la  prudente  circonspec- 
tion de -«l'animal  dont  on  leur  avait 
donné  le  nom ,  de  la  muraille  que  l'on 
voulait  saper. 

Ces  machines  furent  employées  dans 
les  sièges  jusqu'à  la  fin  du  treizième 
siècle,  et  même  [)lus  tard.  On  lit  dans 
le  poëme  de  Philippe -Auguste,  par 
Guillaume  Guiart  : 

OeraBi  Boves  fa  l'ost  de  Fr«nca 
Qui ,  contre  les  Flamans  eonianoe. 
Li  mineur  pas  ne  sounieillent, 
tJn  ckat  bon  et  fort  appareillent , 
Tant  enTreot  dessous  et  tant  cavént 
Qu'une  f  rant  part  du  mur  dcst^a▼ent. 

On  lit  dans  le  même  ouvrage ,  sous  la 
date  de  1205 ,  à  l'occasion  du  siège  et 
de  la  prise  de  Constantinople  par  les 
croisés  : 

Un  chat  font  sus  le  pont  atraire 
Dont  piéça  mention  feismes» 
Qui  fust  de  la  roche  meismes  ; 
Li  mineur  dessous  se  lancent, 
Le  fort  mur  i  miner  commencent 
£t  font  le  ekat  si  aombrer 
Que  rien  ne  les  peut  encombrer* 

Dans  la  Fie  de  saint  Louis  ^  par 
Joinville,  il  est  aussi  question  de  chats 
employés  dans  des  sièges  de  villes  ou 
de  châteaux.  Les  perfectionnements 
qu'a  reçus  la  science  de  la  guerre ,  et 
surtout' la  .découverte  de  la  poudre, 
ont  fait  abandonner  cette  machine, 
ainsi  que  beaucoup  d'autres  dont  on 
ne  connaît  que  le  nom  aujourd'hui. 

CHAtEAUBHiAND  (Frauçois-Augus- 
te,  vicomte  de)  naquit  en  1769  à  Com- 
bourg,  près  dç  Saint -Malo,  d'une 
noble  et  ancienne  famille,  dont  l'ori-* 


M 


€HA 


L'UNIVERS. 


CHA 


gine  remonte  à  la  fin  du  dixième  siècle. 
Son  enfance  se  passa  en  partie  dans 
Tantique  manoir  de  ses  aïeux ,  sous  les 
regards  de  la  mère  la  plus  aimante, 
dont  la  tendresse  n'était  que  difficile- 
ment contenue  par  Taustère  gravité 
du  père;  en  partie  dans  un  collège  de 
province  où,  malgré  la  faiblesse  de 
renseignement  qu'on  y  recevait ,  il  fit 
de  fortes  études.  Les  joies  pures  de  la 
famille ,  les  émotions  nées  de  la  soli- 
tude et  du  spectacle  habituel  d'une 
nature  inculte  et  mélancolique,  l'ar- 
deur du  travail ,  la  passion  naissante 
des  beautés  littéraires,  l'enthousiasme 
des  chefs-d'œuvre  antiques,  tels  furent 
les  sentiments  qui  remplirent  cette 
enfance.  En  1786 ,  le  jeune  de  Cha- 
teaubriand ,  dont  réducatron  était 
achevée,  fut  pourvu  d'un  titre  dans 
l'armée;  il  fut  fait  sous •  lieutenant 
dans  le  régiment  de  Navarre,  et  cette 
j^rofession  à  laquelle  il  était  naturelle- 
ment appelé  par  sa  naissance ,  conve- 
nait d'ailleurs  à  son  humeur  active  et 
à  ses  goûts  aventureux.  Peu  de  temps 
après ,  le  jeune  officier  fut  présenté  à 
Louis  XYI;  il  le  suivit  dans  une 
chasse,  et  obtint  l'honneur,  si  envié 
alors ,  de  monter  dans  les  carrosses 
du  roi.  Mais  les  distinctions  et  les 
plaisirs  de  cour  ne  le  séduisirent  point  : 
il  rêvait  les  poétiques  épreuves  d'une 
vie  agitée  et  les  émotions  de  la  gloire. 
Dans  l'inaction  où  le  condamnait  la 
vie  des  garnisons,  sentant  son  génie 
s'éveiller,  il  charmait  son  loisir  en 
essayant  sa  plume.  Il  composait  des 
vers;  il  traçait  des  plans;  il  s'infor- 
mait des  moyens  à  prendre  pour  arri- 
ver à  la  publicité.  Tout  à  coup  les 
premiers  orages  de  la  révolution  écla- 
tent :  l'esprit  d'insubordination  péné- 
tra dans  le  régiment  de  Navarre,  et  y 
produisit  même  une  révolte  qu'on 
réprima  difficilement.  Ces  troubles 
civils,  dont  peut-être  d'ailleurs  il  n'ap- 
préciait pas  toute  la  gravité ,  ne  lui 
parurent  point  une  occasion  d'exercer 
l/activité  de  son  esprit  et  les  nobles 
instincts  de  son  âme.  Il  aimait  la  li- 
berté, cependant,  et  un  beau  rôle 
s'offrait  à  un  serviteur  de  la  monar- 
chie ,  dévoué  à  la  fois  aux  intérêts  na- 


tionaux et  à  ses  devoirs.  Mais,  ou  il 
ne  crut  pas  à  une  révolution ,  ou  les 
discordes  civiles  lui  causèrent  de  la 
tristesse  et  du  dégoût,  ou  la  passion 
de  la  poésie  l'éloigna  du  foyer  tumul- 
tueux des  intérêts  et  des  discussions 
politiques.  En  1790,  s'étant  autorisé 
de  l'insurrection  de  son  régiment  pour 
se  dégager  de  ses  devoirs  militaires ,  il 
s'embarqua  pour  l'Amérique  du  Nord, 
impatient  de  satisfaire  son  avide  désir 
de  grands  spectacles  et  d'impressions 
poétiques ,  heureux  de  s'élancer  dans 
un  espace  immense  et  Inconnu,  for- 
mant mille  projets  à  la  fois ,  se  propo*. 
sant  de  découvrir  par  terre  le  passage 
nord-ouest  de  l'Amérique  septentrion 
nale  en  retrouvant  la  nier  polaire, 
d'étudier  les  mœurs  du  peuple  naissaot 
formé  par  Washington ,  d'amasser  les 
matériaux  d'une  épopée  dont  le  sujet 
serait  V homme  de  la  nature.  Ainsi, . 
vingt  années  auparavant,  un  autre 
jeune  ambitieux  naviguait  vers  l'île  de 
France  avec  le  projet  de  servir  la  scien- 
ce par  des  découvertes ,  les  lettres  ()ar 
d'éloquents  écrits ,  et  même  l'humanité 
par  des  institutions.  Comme  Bernar* 
din  de  Saint-Pierre,  M.  de  Châteaa- 
briand  ne  recueillit  d'autre  fruit  deseîl 
voyages  que  d'avoir  beaucoup  vu, 
beaucoup  senti  :  que  de  s'être  trouvé 
en  présence  d'une  nature  éblouissante 
de  richesse ,  fraîche  et  pure  comnae 
aux  premiers  jours  du  monde;  que 
d'avoir  étudié  les  hommes  dans  les 
conditions  les  plus  diverses  de  mœurs 
et  de  civilisation.  Il  revint  sans  avoir 
découvert  le  passage  nohi-ouest;  mais 
il  avait  «rré  dans  les  savanes;  il  avait 
contemplé  leur  riche  végétation  et  re* 
cueilli  leurs  murmures  ;  il  s'était  assis 
sous  le  wigwam  de  l'Indien  et  dans  les 
fermes  des  planteurs  anglais  ;  il  avait 
été  l'hôte  de  Washington  :  il  revenait 
sans  épopée  sur  V homme  de  la  nature, 
mais  avec  un  album  riche  de  notes  de 
toute  espèce  prises  à  côté  du  feu  noc- 
turne dans  le  désert,  ou  près  des  bords 
du  Niagara ,  ou  sur  les  eaux  du  Mes- 
chacébé.  A  peine  avait-il  remis  le  pied 
sur  le  sol  natal  qu'il  lui  fallut  s'ea 
bannir.  Le  chemin  qu'avait  fait  la  ré'. 
volution  était  trop  grand  pour  qu-il 


CHA 


FRANCE. 


CHA 


» 


hésitât  à  se  ranger  du  côté  des  roya* 
Jistes  qui  la  combattaient.  L'admira- 
teur de  Washington  dut  gémir  de 
prendre  les  armes  contre  son  pays; 
mais  sa  famille  et  ses  amis  lui  don- 
naient Texempie,  mais  le  dévouement 
an  prince  lui  faisait  illusion  sur  ses- 

.  devoirs  de  citoyen.  Ici  commence  dans 
sa  vie  une  longue  période  de  souffran- 
ces qui  conâ>aste  douloureusement 
arec  les  pures  jouissances  de  son  ex- 
earsioa  au  nouveau  monde.  Blessé 
d'un  éclat  de  bomibe  au  siège  de  Tbion- 
ville,  atteint  d*un  mal  contagieux,  il 
ne  se  releva  de  son  lit  de  douleur  que 
pour  se  voir  en  proie  à  tous  les  em- 
barras d'un  absolu  dénûment.  Après 
avoirerré  quelque  temps  en  Allemagne, 

r  après  des  jours  cruels  où ,  sans  amis , 
sans  ressource ,  épuisé  par  une  pénible 
convalescence ,  il  se  crut  plus  d'une 
fois  sur  le  point  de  succomber  à  la 
détresse  et  au  désespoir,  il  passa  en 
Angleterre ,  et  là  se  condamna ,  pour 
vivre ,  à  d'obscurs  travaux.  Il  faisait 
dfô  traductions  qu'un  libraire  lui  ache- 
tait ,  et  ses  journées  entières  étaient 
employées  à  ce  labeur  qui  ne  lui  rap- 
portât qu'un   modique   salaire.  La 
ooastaote  faiblesse  de  sa  santé  venait 
ajouter  à  la  tristesse  d'une  telle  vie. 
Cependant  Texilé  ne  manquait  pas  de 
consolations  :  il  trouva  sur  la  terre 
étrangère  un  ami  qui  compatit  à  ses 
souffirances  et  qui  devina  son  génie , 
M.  de  Fontanes.  Il  avait  aussi ,  pour 
se  soutenir  contre  les  amertumes  de 
la  destinée,  la  conscience  de  son  ta- 
lent, les  pressentiments  de  sa  gloire 
et  l'enivrante  émotion  des  premiers 
essais.  Dans  les  heures  de  la  nuit,  où 

*  son  loisir  lui  était  rendu,  il  travaillait 
à  on  traité  politique,  VEsscU  sur  les 
révolutions,  il  commençait  le  Génie 

çdu  christianisme.  Le  premier  de  ses 
ouvrages  parut  à  Londres  en  1797,  et 

Lfut  assez  remarqué  pour  attirer  sur 
proscrit  l'attention  de  sa  patrie.. On 
lut  frappé  de  l'originalité  d'idées  et  de 
la  richesse  de  style  que  déployait  le 
jeune  écrivain  dans  ce  livre  d'ailleurs 
incohérent  pour  la  composition  et  le 
plan,  et  dont  la  forme  même  porte 
encore  des  traces  d'inexpérience.  Le 


18  brumaire,  en  rouvrant  aux  émigrés 
les  portes  de  la  France,  termina  rexil 
des  deux  amis.  M.  de  Chateaubriand 
revint  apportant  avec  lui  Jtala^  René 
et  le  Génie  du  christianisme.  La  pu- 
blication de  ces  ouvrages  fut  une  révo- 
lution morale  et  littéraire.  Insuffisant 
comme  démonstration ,  le  Génite  du 
christianisme  est  une  œuvre  trop  bril- 
lante ,  trop  poétique ,  trop  environnée 
de  séductions  enchanteresses  et  de 
grâces  frivoles,  pour  qu'on  puisse  le 
regarder  comme  une  apologie  sérieuse 
delà  religion  chrétienne,  un  véritable 
traité  religieux ,  un  service  important 
rendu  au  dogme  catholique.  Mais  ce 
livre  retrempait  [es  âmes  fatiguées 
par  tant  de  déchirements,  dans  des 
croyances  élevées  et  consolantes,  et  les 
relevait  par  des  espérances  sublimes. 
Il  eut  donc  une  véritable  influence 
morale  sur  la  société;  il  exerça  une 
action  encore  plus  grande  sur  les  let- 
tres. Tant  de  formes  diverses  que  no- 
tre littérature  avait  revêtues  pendant 
deux  siècles  du  développement  le  plus 
riche  et  le  plus  actif,  n'avaient  pas 
épuisé  l'ordre  entier  des  sentiments  et 
des  idées  de  l'humanité.  Il  restait  tout 
un  côté  de  l'âme  à  exploiter  pour  l'é- 
loquence et  la  poésie.  Jusque-là ,  les 
impressions  qui  naissent  des  beautés 
de  la  nature^  des  richesses  variées  de 
la  création,  n'avaient  occupé  qu'une 
faible^  place  dans  notre  littérature. 
Fénelôn  avait  surtout  étudié  et  senti 
les. charmes  de  la  campagne  dans  Ho- 
mère; ses  plus  illustres  contemporains 
avaient  détourné  des  champs  leurs 
regards  fascinés  par  la  grandeur  de  la 
vie  sociale  et  le  luxe  des  cours.  Les 
poètes  du  dix-huitième  siècle^i'avaient 
fait  dans  leurs  bergeries  que  la  plus  ri- 
dicule contrefaçon  de  la  vie  pastorale. 
La  nature  attendait  donc  des  peintres. 
En  outre,  toutes  ces  nuances  de  sen- 
timent ,-  toutes  ces  idées  délicates  et 
fugitives ,  ingénieuses  et  fantastiques, 
qui  naissent  de  la  partie  la  plus  bril- 
lante et  la  plus  capricieuse  de  l'ima- 
gination ,  que  la  raison  n'admet  que 
par  une  sorte  de  tolérance ,  mais  dans 
lesquelles  on  trouve  tant  de  douceur  à 
se  oercer,  à  se  perdre  quelquefois ,  et 


«A 


L'UWrVERS. 


CÊU 


qui  ont  f»oiir  noug  un  eharme  indé& 
nissabie  de  mystère  et  de  rêverie,  tout 
ûe\a  était  resté  en  dehors  d'une  poésie 
|»rofonde  et  tbuehante  sans  doute  dans 
nos  grands  maîtres  du  dix-septième 
siècle,  mais  toujours   éminemment 
raisonnable,  et  plus  tard  ironique  et 
froide  au  dix-huitième  siècle.  M.  de 
Chftt^ubriand  était  destiné  à  porter 
la  main  sur  toutes  ces  cordes  laissées 
muettes  jusque-là.  1\  avait  eu ,  il  est 
vrai ,  dans  cette  tâche  nouvelle;  deux 
illustres  prédécesseurs ,  Rousseau  et 
Bernardin  de  Saint-Pierre;  mais  elle 
était  réservée  surtout  à  son  imagina- 
tion brillante  et  rêveuse,  à  son  talent 
ingénieux  et  poétique.  D'ailleurs  ces 
sentiments  et  ces  idées  ne  devinrent 
dominants  ^  dans  ta  société ,  que  lors- 
que les  anciennes  barrières  élevées  par 
le  luxe  et  l'étiquette  entre  l'homme  et 
la  nature  furent  tombées  de  toutes 
parts ,  et  que  la  destruction  des  croyan- 
ces ,  Vincertitude  de  l'avenir,  les  maux 
éprouvés  par  chacun  dans  les  convul- 
sions sociales,  eurent  disposé  les  âmes 
à  la  rêverie  du  doute ,  aux  caprièes  de 
l'imagination  et  à  la  mélancolie  des 
souvenirs.  Nous  avons  expliqué  le  suc- 
cès du  Génie  du  christianisme,  d'/^- 
taUiy  de  René^  œuvres  "originales  et 
durables ,  où  des  recherches  de  senti- 
ment,  des  traits  plus  brillants  que  na- 
turels ,  des  hardiesses  au-dessus  de  la 
prose ,  sont  suffisamment  rachetés  par 
une  éloquence  émue  et  fière ,'  par  la 
peinture  attendrissante  des  passions, 
par  l'expression  naïve  et  poétique  des 
sensations  les  plus  intimes  du  cœur, 
par  la  vérité  imposante  ou  gracieuse 
de  tous  ces  tableaux  de  la  nature  que 
dans  son  souvenir  l'auteur  avait  rap- 
portés de  ses  pèlerinages  lointains. 
L'admiration  gagna  le  nouveau  chef 
de  rÉts^t  lui-même  :  il  est  vrai  que  par 
ses  tendances  religieuses,  ou  du  moins 
par  cette   prédication   poétique    qui 
semblait  ramener  au  catholicisme ,  M. 
de  Chateaubriand  devenait,   sans  le 
vouloir,  l'un  des  auxiliaires  de  la  po- 
litique du  premier  consul.  En  t803,  il 
fut  nommé  secrétaire  de  légation  à 
Rome,  et,  le  39  novembre  de  la  même 
année,  ministre  de  France  près  la  ré* 


publique  du  Valais.  Il  ne  garda  pat 

longtemps  4set  emploi.  En  apprenant^ 

au  mois  de  mars  1804 ,  la  nouvelle  de 

ia  mort  du  duc  d'Engfaien ,  il  donna  8| 

démission ,  et  se  remit  tout  entier  ï 

fies  méditations  et  à  ses  travaux  d'^*- 

cri  vain.  Il  avait  conçu  le  plan  d'i 

épopée  qui  devait  être  la  démonstr^ 

tion  dramatique  et  vivante  de  ia  thf 

développée  dans  le  Génie  du  christ 

nîsme^  et  foire  victcH'ieusemeDt  t 

sortir  la  su(>ériorité  poétique  et  moi 

de  la  religion  chrétienne ,  en  l'oppi 

sant,  par  un  contraste  perpétuel  }i 

tous  lès  enchantements  du  paganisi 

à  toutes  les  leçons  de  la  sagesse  aal 

que.  Il  avait  déjà  formé  le  plan.  ' 

Martyrs;  mais  il  voulait  voir  les  li< 

qui  devaient  servir  de  théâtre 

scènes  de  son  épopée,  et  teindre 

imagination  de  leurs  aspects  et  de  l< 

couleurs.  Il  se  résolut ,  dans  ce  ' 

à  de  nouveaux  voyages.  «  Je  voai 

aussi ,  dit-il ,  accomplir  le  pèlerir 

de  Jérusalem.  »  Nous  croyons  ^ 

.  parlant  ainsi,  M.  de  Chateaubriand 

sincère  \  mais ,  de  son  aveu ,  la  vi 

aux  lieux  saints  n'était  pour  lui  qt 

but  secondaire,  et  ne  venait  qu'à| 

le  besoin  de  recueillir  des  ima^"^ 

des  éléments  de  description  pour  *' 

ouvrage  d'esprit.  Par  là  se  trahit 

la  différence  qui  existe  entre  ce  pè) 

de  notre  âge  et  les  pèlerins  d'autre! 

par  là  on  peut  «issez  voir  que  M;1 

Chateaubriand,  catholique  consci 

cieux  sans  doute ,  a  été  par-dessus 

{)oëte,  et  ^ue  l'imagination  est 
ui  le  premier  aliment  de  là  foi.  Il 
s'embarquer  à  Trieste  ;  il  parcoorul 
Grèce ,  l'Asie  Mineure ,  la  Judée; 
il  s'avança  sur  les  côtes  d'Afrif 
campa  sur  les  ruines  de  Carthage, 
s'embarqua  pour  l'Espagne,  où  Ifvtt 
les  ruines  de  l'Alhambra.  Il  revint^ 
France  après  une  année  entière  pas 
dans  cette  excursion  gigantesque 
hardie ,  où  il  rencontra  plus  d'un 
ril.  Les  Martyrs,  dont  bien  des 
avaient  été  écrites  d'avance  sous  le  ^ 
de  la  Grèce  ou  au  milieu  des  sal 
du  désert,  parurent  en  1809.  On 
combien  de  critiques  furent  soulê! 
par  ce  livr^^  et  à  quelle  longue 


4fè 


FIUUGB. 


raâ 


ir 


Djp  ara  apparition  doopa  lieu;  oa 

i|it  qu«  malgré  la  coQ^anca  qu*i(  eut 
(^  son  taieot,  Tauteur  perdit  up 
liiUt  courage,  et  eut  ))e$oin  d'être 
eoBSolé  (^  rassuré  p^tr  l*amitié  et  le 
g^t  de  M.  de  Fontanes.  Le  jour  du 
triûinpbe  arriva  bientôt  cepenqant ,  et 
k^Mar^rs  furent  placéa  «  parmi  nos 
monuments  littéraires,  à  un  rang  glo- 
ii«il  qu'ils  conserveront,  ]|  n'en  est 
pf  moins  vrai  que  beaucoup  des 
ffil^ues  essqyées  alors  par  M.  de 
OileaabriaQa  étaient  justes  et  le  sont 
e.  On  eo  fit  de  très-fondées  sur 
choix  du  sujet  :  non  qu'il  faille  avec 
iiieau  interciire  absolument  au  poète 
Ittjets  chrétiens,  ce  qui  serait  pros- 
*  jk  Dante  et  Alilton;  mais  lors- 
B  milieu  d'un  siècle  peu  croyant, 
^  imagination  plus  poétique  que  re- 
'Mise  inet  en  jeu  les  mystères  de  la 
et  fait  agir  les  puissances  célestes 
une  œuvre  en  prose  d'un  carac- 
indécis  entre  le  roman  et  l'épopée, 
itnpoi^ible  que  ces  objets  div^nsi 
(Nent  pas  de  leur  sublime  gran- 
e|  de  leur  mystérieuse  sainteté , 
IDâme  ils  ne  paraissent  pas  rape- 
h<i\ profanés  par  les  ingénieuse^ 
Wms  qui  les  mettent  en  œu* 
i^  ouvrir  aux  imaginations  le 
[w l'enfer  des  chrétiens,  il  faut 
ia  foi  du  Dante  et  de  Milton ,  il 
iiarier  comme  eux  la  langue  des 
1  et  s'adresser  à  des  âmes  dis- 
1  par  le  sentiment  religieux ,  à 
le  vol  du  génie,  he  Q\e\  et  Ten- 
de U.  de  Cbâteaubriand ,  et  toutes 
loèoes  où  il  fait  apparaître  l'É- 
'  ou  ses  ministres,  ne  produisent 
ton  sur  personne  et  ne  sont  que 
Mes  études  de  style.  Qu'on  lui  ait 
i  objecté  avec  beauçoMp  de  raison 
k  paganisme  n'était  plus ,  à  l'é- 
qe  Constantin ,  tel  qu'il  le  re- 
nte, et  qu'un  Démodocus ,.  par- 
le langage  de  ISestor,  était  au 
'ième  siêâe  de  l'ère  chrétienne 
personnage  impossible;  qu'on  lui 
«ifKrocbé ,  non  moins  justement , 
*^rtrop  multiplié  les  événements 
horizons  de  son  poëme ,  et  dé- 
pour  soutenir  l'intéréj ,  trop  àç 
divers,  il  n^inapocte,  car  après 


tout ,  U  est  peu  d'onvrages  ^*on  Im 
avec  plus  de  charme  ;  il  n'est  personne 
qui  ne  soit  entraîné  par  la  magie  de  oa 
langage  si  coloré ,  si  souple ,  si  har- 
m(Nii6ux,  par  ces  peintures  fraîches 
et  vivantes  qui  mettent  sous  qos  yeux 
la  ^ome  des  empereurs ,  les  forêts  de 
la  Gaule ,  et  les  assemblées  des  cata- 
combes et  les  retraites  de  la  Tbébaïde, 
par  cet  accent  de  sensibilité  qui  prête 
tant  d'intérêt  au  chaste  amour  de  Cy- 
roodooée  et  au  délire  de  Veiléda.  En 
IStl  parut  V Itinéraire  de  Paris  à  Je- 
rusakmj  qu|  est  peut-être  l'ouvrage 
de  M.  de  Chateaubriand  où  la  forme 
e^t  le  plus  constamment  rigoureuse  et 
pure  f  ot  où  le  goût  a  le  moins  de  ta- 
ches à  relever.  Napoléon,  qui  avait 
durement  traité  le  poète ,  et  qui ,  en 
1807,  lui  avait  enlevé  la  propriété  du 
Mercure  à  l'occasion  de  quelques  ar- 
ticles sur  le  voyapeen  Espagne  de 
M.  de  Laborde,  ou  il  avait  cru  voiir 
des  allusions  offensautes ,  sembla  dis- 
posé à  faire  sa  paix  avec  lui ,  et  fit  les 
premières  avances  en  chargeant  le 
ministre  de  l'intérie^,  M.  de  Monta- 
livet ,  de  témoigner  à  l'Institut  sa  sur- 
prise de  ce  que  k  Génie  du  chrisUa' 
ni$me  n'était  pas  même  mentionné 
dans  le  rapport  sur  les  prix  décennaux. 
£n  1811,  M.  de  Chateaubriand  fut  de- 
signé pour  occuper  à  l'Institut  le  fau- 
teuil  vacant  par  la  mort  de  Marie-Jo- 
seph Chenier  ;  mais  des  difficultés  qui 
s'élevèrent  au  sujet  du.  discours  qu'il 
devait  prononcer  le  déterminèrent  à 
ne  pas  accepter  son  élection.  Il  faut 
s^youer  que  l'Institut,  dans  son  em- 
pressement à  se  rendre  au  désir  ex- 
primé par  le  maître,  avait  manqué  de 
tact,  et  que  ce  n'était  pas  à  M.  de 
Chateaubriand  à  faire  l'éloge  d'un 
homme  dont  il  était  séparé  par  le  dis- 
sentiment politique  le  plus  complet  et 
par  une  inimitié  littéraire.  La  fermeté 
avec  laquelle  il  se  refusa  dans  cette 
circonstance  à  des  concessions  dont 
la  faveur  impériale  eût  été  le  prix ,  ac- 
crut encore  les  sympathies  qu'il  avait 
inspirées  au  public.  Mais  nientôt  les 
Bourbons  furent  rstmenés  de  l'exil. 
C'est  à  l'enthousiasme  produit  chez 
certains  bommea  par  leur  retour  qu'il 


2» 


CHA 


L'UNIVERS. 


CÛk 


faut  attribadr  le  violent  pamphlet  in- 
titulé de  Bonaparte  et  des  Bourbons, 
où  le  plus  grand  homme  des  temps 
modernes  est  traité  avec  une  sévérité 
portée  souvent  jusqu'à  Toutrage.  La 
seconde  restauration  lança  M.  de  Cha- 
teaubriand dans  la  sphère  de  la  politi- 
aue  active.  Ici  le  pubticiste  et  Thomme 
d'État  remplacent  chez  lui  le  littéra- 
teur et  le  poète*.  Il  serait  fort  long  de 
raconter  toutes  les  vicissitudes  par 
lesquelles  il  passa  dans  cette  vie  nou- 
velle. Qull  suffise  de  dire  que ,'  voué 
à  un  système  mixte  dans  lequel  les 
idées  libérales  se  conciliaient  avec  les 
principes  de  Tantique  monarchie  et  du 
droit  divin ,  il  dut  se  trouver  en  lutte 
avec  le  pouvoir  de  la  restauration ,  et 
lorsque  ce  pouvoir  tenta  de  restreindre 
les  libertés  fondamentales  qu'il  avait 
jurées ,  et  lorsque ,  essayant ,  par  mo- 
ments, d'une  marche  tout  opposée, 
il  chercha ,  par  des  concessions  plus 
grandes  que  ne  le  voulaient  ses  parti- 
sans ,  à  se  retremper  dans  la  faveur 
populaire.  C'est  ce  qui  explique  com- 
ment M.  de  ClfSteaubriand ,  tombé 
du  ministère  en  1816  pour  n'avoir  pas 
été  assez  libéral ,  en  fut  exclu  en  1824 
comme  coupable  de  l'être  trop;  et 
pourquoi ,  rédacteur  du  journal  roya- 
liste/<?  Conservateur,  de  1816  à  1820, 
il  fournit ,  dans  les  dernières  années 
de  la  restauration ,  faupui  de  son  élo- 
quence à  un  organe  ae  l'opposition , 
au  journal  des. Débats.  Ce  n'est  pas , 
du  reste,  que  nous  nous  chargions 
d'expliquer  tous  les  actes  de  la  car- 
rière politique  de  M.  de  Chateaubriand. 
L'histoire  impartiale  de  sa  vie  fera  une 
part  aux  mouvements  de  la  passion , 
a  la  susceptibilité  d'un  esprit  noble , 
fier,  et  plein  du  juste  sentiment  de  sa 
force ,  à  ces  contradictions  enfin  où  il 
est  si  facile  de  tomber  dans  la  lutte 
compliquée  des  partis ,  et  dont  si  peu 
d'hommes  politiques  savent  se  garan- 
tir. En  définitive ,  ce  qu'il  est  impos- 
sible de  nier,  et  ce  qu'aucune  opinion 
ne  conteste  aujourd'hui ,  c'est  que  dans 
l'ensemble  de  sa  carrière  politique, 
M.  de  Chateaubriand  narut  animé 
d'une  généreuse  sympathie  pour  la 
plupart  des  idées  de  liberté  et  d'amé- 


lioration sociale  dont  la  France 
mait  Taccom  plissement;  c'est  que  toi 
en  restant  fidèle  à  son  vieux  urapeii 
il  marcha  dans  les  voies  du  pi 
pour  le  bien  du  pays.  Il  n'v  a  de 
c|ù'une  voix  pour  reconnaître  dans 
écrits  et  les  discours  nombreux  ( 
lui  inspirèrent  les  circonstances,  lel 
lent  de  l'orateur  et  du  publiciste. 
piiïs  haut  degré  de  sagacité,  de  [ 
cision  et  d'éclat.  Dans  les  dernier 
années  de  la  restauration,  M.  de 
teaubriand ,  tout  à  fait  séparé  d'i 
cour  qui  le  confondait  avec  ses  eoi 
mis,  ne  cessait  de  signaler,  par 
reproches  suppliants  ou  ses  meni^ 

f)rophétiques ,  le  précipice  vers  lej 
a  monarchie   aveuglée  s'avançai 
grands  pas.  Le  jour  de  la  catastï 
arriva ,  et  M.  de  Chateaubriand  vit^ 
famille  des  Bourbons  repartir  poori 
troisième  et  dernier  exil.  Ni  le 
nir  de  ses  propres  disgrâces,  ai 
sentiments  de  patriotisme  ne  pui 
le  rendre  infidèle  au  malheur  :  îl 
diqua  ses  fonctions  de  législateur, 
se  retira  de  la  scène  politique  où  il 
été  inévitablement  placé  entre 
défections.  Ce  refus  et  cette  retri 
étaient  une  sage  résolution  dont 
le  monde  apprécia  la  convenance 
noblesse.  En  effet,  le  silence  et  le; 
pos  étaient  ce  qui  convenait  le  mi 
désormais  à  M.  de   Châteaubriai 
cette  résolution ,  en  lui  perroettani 
concilier  secrètement  ses   a£fe  ' 
pour  les  personnes  avec  ses  s] 
thies  pour  le  pays ,  résolvait  heui 
sèment  les  dimcultés  de  sa  posif 
Pourquoi  seulement  ne  s'est -<  ' 
soutenue  ?  pourquoi ,  plus  tard ,  av( 
nous  vu  M.  de  Chateaubriand  roi 
ie   silence  pour  protester  coni 
France  au  nom  des  droits  de 
princes  déchus  qu'il  sait  bien  ne 
voir  rentrer  en  grâce  avec  une  nal 
dont  ils  ont  à  jamais  perdu  la  " 
fiance?  Pourquoi,  dans  la  cl 
resque  émotion  de  ses  regrets 
été  jusqu'à  calomnier  un  moment  < 
révolution  qui  s'accorde  si  bien 
ses  généreux  instincts,  dont  il  a 
n^éme  prégaré  l'accomplissement^ 
à  laquelle  il  avait  applaudi  lai- 


t»A 


FKAKGE. 


CITA 


Sft 


daos  le  premier  instant,  avec  un  en* 
tnânement  politique  ?  Ça  été ,  un  mo- 
nent,  un  triste  spectacle  de  voir  le 
grand  citoyen ,  qui  avait  si  noblement 
oûfflbatta  pour  nos  libertés,  se  faire 
le  champion  d'un  parti  qui  ne  remon- 
terait au  pouvoir  que  pour  conspirer 
kar ruine.  Depuis  quelques  années, 
M.  de  Chateaubriand,  éclairé  sans 
doute  par  la  réflexion ,  s'est  renfermé 
im  m  repos  qui  sied  si  bien  à  sa 
fidlbse  et  à  son  caractère;  il  n'est 
,  fios  occupé  qu'à  jouir  des  douceurs 
de  la  retraite  où  l'accompagnent  de 
Idèles  amitiés ,  et  qu'il  charme  encore 
|ar  la  culture  des  lettres  auxquelles 
il  doit  sa  plus  belle  gloire.  Depuis 
^830  il  a  donné  au  public  les  Études 
^storiques,  brillante  ébauche  d'une 
kistoire  universelle ,  tableau  éloquent 
It  inspiré  des  révolutions  et  des  mœurs 
le  l'humanité ,  mais  souvent  revêtu  de 
'touieuTS  ambitieuses  et  trop  chargé 
'^ornements  poétiques;  ÏEssai  sur 
ktiUératwre  anglaise,  la  traduction 
4e  MUkm ,  l'intéressante  Histoire  du 
«wjres  dé  Férone;  enfin  nous  ne 
WB^rons  pas  de  posséder,  Avant 
iiwN&e,  au  moins  une  partie  des 

lUmm  dans  lesquels  rillustre  vieil- 
":ftRl retrace  pour  nous,  avec  sa  pro- 
FR  histoire ,  l'histoire  du  siècle  qu'il 
^tftiversé,  et  dont  il  est,  par  ses  ini- 
iMtables  écrits,  par  sa  vie  «errante  de^ 
$oëte,  par  l'éclat  de  ses  lutteKS  politi- 
1^,  par  son  beau  génie  et  son  genê- 
ts earactère ,  un  des  noms  les  plus 
g^ods,  un  des  représentants  tœ  plus 

Brieux.  .        ^ 

Çhatsaubbiant.  Petite  ville  fort 
denne  de  la  Bretagne ,  aujourd'hui 
»f-iieu  d'arrondissement  au  dépar- 
tent de  la  Loire-Inférieure, 
li'origine  de  Châteaubriant  parait 
nterau  temps  de  la  domination 
^-ine.  Mais  son  nom,  devenu  si 
wbre  dans  l'histoire  du  règne  de 
nçois  1"  et  dans  nos  annales  con- 
poraines,  lui  vient  de  Briant, 
itede  Pepthièvre,  qui,  en  1015, 
fit  bâtir  un  château. 
'Ï^Trémouille  vint  former  en  1488  le 
JTO  de  ce  château ,  qui  tint  bon  pen- 
w  quelque  temps ,  et  qui  ne  capi- 


tula que  lorsque  Tartilierie  y  eut  ou- 
vert une  large  orèche.  Les  fortifications 
et  le  château  furent  alors  rasés  ;  et  du 
vieux  donjon  de  Briant  il  ne  reste 
plus  que  trois  tours ,  dont  deux  sont 
fort  élevées.  Dans  le  château  neuf.  On 
voit  encore  l'appartement  de  la  belle 
Françoise  de  Foix ,  comtesse  de  Châ- 
teaubriant ,  et  le  cabinet  doré  où ,  sui- 
vant une  tradition  falfuleuse ,  elle  pé- 
rit victime  de  la  jalousie  de  son  mari. 

La  terre  et  seigneurie  de  Château- 
briant était  un  des  plus  anciens  fiefs 
du  duché  de  Bretagne.  On  la  trouve 
citée  dans  Guillaume  le  Breton ,  sous 
le  nom  de  Castrum  Briani,  et  dans 
la  liste  des  bannerets  de  Bretagne ,  du 
temps  de  Philippe-Auguste ,  sous  celui 
de  Castrum  Briendi. 

Après  avoir  appartenu  à  la  maison 
de  Laval ,  elle  passa  au  connétable  de 
Montmorency  qui,  d'après  les  Mé- 
moires de  Vieilleville ,  se  la  fit  donner 
par  le  mari  de  la  célèbre  maîtresse  de 
Fran(^oi8  I*'*',  en  lui  faisant  peur  de  sa 
sévérité  au  sujet  des  prévari^tions 
commises  par  le  comte  dans  son  gou- 
vernement de  Bretagne.  Plus  tard , 
elle  appartint  à  la  maison  de  Bourbon- 
Condé.  Châteaubriant ,  situé  à  treize 
lieues  de  Nantes ,  compte  aujourd'hui 
trois  mille  sept  cent  neuf  habitants. 

Chateàdbhiànt  (comtesse  de). 
Voyez  Foix. 

Chateaubbiânt  (édit  de).  Henri  II 
s'était  toujours  montré^fidèie  à  la  po- 
litique de  François  I'*^  qui  faisait  brûler 
les  protestants  à  Paris,  tandis  qu'il 
'  les  soutenait  en  Allemagne;  «  afin,  dit 
ft  Théodore  de  Bèze ,  d'oter  tout  souo- 
«  çon  qu'il  pût  favoriser  ceux  de  la 
«  religion.  »  Ce  fut  dans  cette  inten- 
tion qu'il  publia,  le  27  juin  1551,  à 
Châteaubriant,  un  édit  en  quarante- 
six  articles  pour  renouveler  les  persé- 
cutions. Il  commençait  par  rappeler 
les  diverses  tentatives  faites  par  lui  et 
par  son  père  pour  extirper  1  hérésie  : 
«  £t  n'y  voyons,  dit*il,  aucun  amen- 
«  dément,  ni  espérance  d'y  pouvoir 
«  remédier,  sinon  par  un  extrême  soin 
A  et  diligence ,  et  avec  toutes  les  ri* 
«goureuses  procédures  dont  on  doit 
«  user  pour  repousser  vivement  i'in* 


$g 


tm 


VT3MVSU. 


•  mrè  et  obstination  d'nne  telle  mal- 
4  beurenafê  secte ,  et^^eh  purger  et  net^ 
«  toyer  notre  royaume.  »  La  sévérité 
de  ce  préambule  fait  prévoir  les  me* 
sures  rigoureuses  qui  vont  suivre  ;  eh 
effet,  la  connaissance  et  la  correetioù 
des  hérétiques  était  attribuée  par  cet 
édit  tant  aux  cours  souveraines  qu'aux 
juges  ^résidiaux ,  sous  la  condition 
toutefois  qu'à  élux-ci  se  joindraient, 
dix  conseillers  ou  dix  avocats  du  res- 
sort pour  signer  les  sentences  défini- 
tives, car  les  jugements  portés  contre 
les  hérétiques  étaient  sans  appel.  Puis 
viennent  les  prescriptions  les  plus  sé- 
vères et  les  plus  minutieuses  contre  la 
liberté  de  la  presse,  cette  puissance  qui 
commençait  dès  lors  à  grandir  et  à  ef- 
frayer le  pouvoir.  Déjà,  en  1S85,  Fran- 
çois P"  avait  voulu  l'anéantir  tout 
d'un  coup ,  en  ordonnant  la  suppres- 
sion des  imprimeries  sous  peine  de  là 
hart  ;  mais  les  réclamations  du  parle- 
ment l'avaient  obligé,  la  même  année, 
de  révoquer  cette  ordonnance.  Des 
précautions^  que  rappellent  celles  que 
prend  aujourd  hui  le  saint-siége  à  l'é- 
gard des  livres français,sonto«ioqnées, 
dans  i'édit  de  Ghateaùbriaht ,  contre 
l'iritroduction  de  livres  venant  da  lieux 
suspects,  surtout  de  Genève,  cet  éter- 
nel foyer  de  la  réforme.  Tous  les  livres 
imprimés  devaient  être  soumis  à  la 
censure  de  la  Sorbonne.  Les  imprime^ 
ries  clandestines  étaient  interdites,  et 
la  copie  signée  d'un  '  manuscrit  des- 
tiné à  l'impression  devait  être  laissée 
entre  lès  mains  du  censeur,  dont  l'au- 
torisation était  même  nécessaire  pour 
qu'on  pût  mettre  en  vente  les  livreâ 
provenant  d'un  héritage.  A  l'arrivée 
d'un  ballot  de  livres,  le  censeur  devait 
être  requis  et  présider  lui  -  même  à 
l'ouverture  du  paquet.  Les  imprime- 
ries e^  les  magasins  des  libraires  et  des 
imprimeurs  de  Paris  étaient  soumis 
annuellement  à  d^ux  visites  du  cen- 
seur, qui  devait  aussi  inspecter  trois 
fois  |»ar  an  la  ville  de  Lyon.  Enfin  les 
libraires  étaient  obligés  de  tenir  expo* 
fiés  dans  leur  boutique  un  catalogue 
des  livres  prohibés  ^t  un  autre  des 
livres  qu'ils  avaient  en  étalage.  De 
plus,  il  était  défendu  d'admettre  qui 


que  ce  fût  dans  les  éôolefi  ou  di^s  M 
tribunaux,  s'il  ne  pouvait  jsroduire  vt 
eértiôeat  d'orthodoxie.  Vient  ensaiH 
l'énumék*ation  des  peines  portées  ccm» 
tre  les  {^artisans  des  hérétiques,  contm 
ceux  qgi  les  défendaient  devant  le^  tïi* 
bunaux  ,   contre  ceux  qui    leur  w 
voyaient  des  secours  d'argent  ou  qui 
adressaient  des  lettres  aux  protestaotl 
réfugiés,  soit  à  Genève^,  soit  dans  é'm 
très  pays  séparés  de  l'Église*  Tous  leà 
biens  de  ces  réfugiés  devaient  être,  |Nt  \ 
le  fait  même  de  leur  fuite ,  confisqué!' 
au  profit  du  roi;  entio,  une  clause  ai^i 
surait  aux  délateurs  le  tiers  des  meii^J 
blés  ou  immeubles  des  condamnés  cl'i 
des  proscrits. 

CHiLTBAUB&LàNT  (famille  de).  YHfi: 
Laval.  • 

Chateacbkiant  (  traité  de  )*  Gf 
traité  est  peu  important  par  lui-mémef 
Biais  comme  il  servit  de  prétexté  ^ 
Anne  de  Beaiqeu ,  régente  de  Fraoi 
pendant  la  minorité  de  Charles  V] 
pour  envahir  une  partie  de  la  Brsl 
gne,  il  est  nécessaire   d'en  dire 
quelques  mots. 

Les  divisions  qui  avaient  éclaté  Mf; 
Bretagne  pendant  l'administration  " 
Lannois,  ministre  et  favori  du 
François  II,  prirent  un  caractère 
ticulier,  lorsque  le  duc  d'Orléai 
brouillé  avec  Anne  de  Beaujeu  «  vii 
chercher  un  rdfuge  à  la  cour  de  j 
pHnce.  La  régente  vit  dans  cette  ~ 
constance  une  excellente  occasion 
intervenir  dans  les  affaires  de  Br< 
gne  ;  aussi  le  procès  et  le  supplice 
Lannois  ne  purent  ils  apaiser  les  t 
blés.  Le  duc  d'Orlé0ns,  qui  devait 
tard  devenir  roi  de  France  «  sous 
nom  de  Louis  XII,  et  recevoir  le  ti 
de  père  du  peuple ,  se  mit  alors  à 
tête  des  seigneurs  bretons  les  plus 
posés  aux  projets  de  la  régente.  Il 

Îdusgll  ne  craignit  pas  de  s'entendre  a^ 
'étranger,  pour  résister  à  la  cour.  ' 
13  décembre  1486,  une  ligue  fut 
gnée  dans  ûe  but  entre  Maximilien, 
des  Romains,  le  roi  et  la^ reine  de 
varre,  le  duc  de  Bretagne  François 
le  duc  de  Lorraine,  le  duc  et  le 
nal  de  Foix  ,  frères  de  la  dudiesse 
Bretagne,  les  comtes  d'Angoulémei 


IttU 


FRASCË. 


Wa 


«I 


ffim  à  de  Dunbis ,  lé  ^\tt  d' Albret, 
ilil  j^enenrs  de  Lautrec,  de  Pons  et 
fOM,  beaucoup  de  seigneurs  bre* 
l|M»i  te  prince  d'Orange,  Lesciire, 
MtedeComminges,  le  maréchal  de 
Rlnxêt  la  comtesse  de  Laval.  Cette 
1^  fut  tenue  secrète  pendant  quel* 
fie  temps;  mais   bientôt    un  asse2 

B nombre  de  seigneurs  bretons,  peu 
its  de  voir  le  gouvernement  de 
tàm^  passer  dans  les  mains  du  duc 
lOi'Sai»  et  d'autres  seigneurs  fran- 
^1,  soDgèrent  à  prendre  aes  mesures 
tition.  Le  duc  François  II , 
eu  rimprudence  de  laisser  croire 
les  ennemis  du  ministre  Lannois 
t  être  recherchés  pour  les  actes 
avaient  entraîné  sa  condamnation, 
mécontentement  éclata,  et,  sur  l'in- 
ition  du  vicomte  de  Rohan,  du  ma- 
il de  Rieux  et  du  comte  de  Laval, 
jne  toute  la  noblesse  bretonne  se 
i  à  Cbâteaubriant.  On  jura  d'ex* 
1  le  duc  ^Orléans ,  le  comte  de 
il,  le  prince  d'Oraiige  et  le  comte 
minges,  qui,  aux  yeux  des  Bre* 
n'étaient  que  des  étrangers.  Anne 
■^jeu  avait  trqp  d'habileté  pour 
^er  dans  cette  nouvelle  ligue 
it  aisément  contre-balancer 
avait  été  conclue  le  13  dé- 
1486.  Elle  prodigua  les  pro- 
Çaux  conjurés  et  parvint  à  leur 
fener  avec  la  France,  vers  le  mi- 
é  l'année  1487  ,  une  convention 
^t  le  nom  de  Cbâteaubriant. 
nila  que  Charles  VIII  ne  ferait 
en  Bretagne  que  quatre  mille 
is  de  pied  et  quatre  cents  hom- 
d*afmes.  La  r^ente  déclara  en 
Jom  qu'il  ne  venait  que  pour  pu- 
rébellion  du  duc  d'Orléans,  s'en- 
à  n'attaquer  aucune  place  que  de 
"  avec  le  maréchal  de  Rieux,  et 
acquitter  religieusement  le  prix 
ce  que  ses  troupes  consomme- 
rais la  digne  fille  de  Louis  XI, 
jNMeieose  de  ses  promesses,  avait 
tes  en  campagne  une  armée  de 
I  mille  hommes ,  oui  s'empara 
l^ind  nombre  de  places  impor- 
1^  sans  toutefois  avoir  pu  se  ren- 
nattresse  de  Nantes.  Malgré  la 
ce  de  cette  ville,  les  po!»i^oufi 


que  prirertt  alot's  les  troupes  éfdèreHt 
considérablement  aux  avantages  qu'el- 
les remportèrent  plus  tard,  et  au  6iic<- 
cès  de  la  bataille  de  Saint  -  Aubin  da 
Cormier,  livrée  le  2Q  juiMet  1488. 

Cette  bataille,  dans  laquelle  le  due 
d'Orléans  fut  fait  prisonnier,  porta  un 
coup  terrible  à  l'indépendance  de  la 
Bretagne,  qui  cependant  ne  fut  réunie 
à  la  France  que  sous  Ml  règne  de  Fran- 
çois T'. 

Ainsi  le  traité  de  Cbâteaubriant  ne 
fht  qu'une  ruse  adroite  dont  se  servit 
Anne  de  Beaujeu  pour  commencer 
l'invasion  de  la  Bretagne. 

Chateaubrun  (  Jean-Baptiste  Vi- 
vien de),  auteur  dramatique,  naquit  à 
Angouléme  en  1686.  Pour  ne  point 
déplaire  au  duc  d'Orléans ,  prince  éé*- 
vot ,  auquel  il  était  attaché  comme 
maître-d'hotel,  et  aussi  pour  qu'on  ne 
lui  reprochât  pas  de  consacrer  aux  let- 
tres un  temps  /[u'il  devait  à  ses  occu- 
pations administratives  auprès  du  mi- 
nistre de  la  guerre  d'Argenson,  il 
s'abstint  courageusement ,  pendant 
quarante  ans,  de  mettre  au  théâtre  les 
pièces  qu'il  avait  faites  en  secret.  Ce 
ne  fut  qu'à  soixante-huit  ans  qu'il  pro- 
duisit ses  œuvres  sur  la  scène.  Il  dé- 
buta par  la  tragédie  des  Troyennes 
qui  réussit  et  s'est  soutenue  asse2 
longtemps  au  théâtre.  Cette  tragédie 
offre  des  situations  touchantes;  le 
style,  faible  en  général,  est  quelquefois 
plein  de  sentiment ,  de  naturel  et  de 
pureté.  Mademoiselle  Clairon  dans  le 
rôle  de  Cassandre,  et  mademoiselle 
Gaussin  dans  celui  d'Andromaque, 
contribuèrent  beaucoup  au  succès. 
Chateaubrun  allait  chercher  tous  ses 
sujets  dans  la  tragédie  grecque;  il  en 
imitait  les  modèles  autant  que  possi- 
ble, mais  sans  comprendre  au  fond  le 
génie  grec ,  et  sans  voir  par  où  cette 
imitation  pouvait  être  originale.  Après 
les  Troyennes,  parurent  Philoctète  et 
Astyanax  qui  eurent  peu  de  succès, 
thâteaubrun  avait  encore  composé 
deux  autres  tragédies  ;  mais  les  ayant 
laissées  dans  un  tiroir  qui  ne  fermait 
pas,  un  jour  il  ne  les  retrouva  plus  ; 
son  valet  en  avait  enveloppé  des  cd- 
telettes  :  oh  assure  qu'il  supporta  cette 


CHA 


L'UNIVERS 


CliA 


ihésaventure  avec  beaucoup  de  philo* 
Sophie.  Il  mourut  dans  un  ége  avancé 
en  1775.  Il  avait  été  reçu  à  F  Académie 
en  1753. 

Château  -  Ghinon  ,  Ca^^m  ou 
CasteUum  caninum ,  petite  et  fort 
ancienne  ville  avec  titre  de  comté,  dans 
le  département  de  la  Nièvre.  Jadis  ca- 
pitale du  Morvant  et  sjége  d'uu  bail- 
liage seigneurial,  cette  ville  occupe ,  à 
ce  que  Ton  croit,  l'emplacement  d'une 
forteresse  romaine  :  c'est  ce  que  du 
moins  tendraient  à  prouver  de  nom- 
breux restes  de  monuments  et  de  lar- 
ges voies  pavées.  —  C'était  autrefois 
une  place  importante,  défendue  par 
des  fortifications  considérables  et  par 
un  vaste  château  ,  sous  les  murs  du- 
quel Louis  XI  défit  en  1475  l'armée 
du  duc  de  Bourgogne.  Les  royalistes 
se  rendirent  maîtres  de  la  place  après 
un  long  siège ,  et  passèrent  au  fil  de 
l'épée  la  garnison  amsi  qu'une  grande 
partie  des  habitants. 

Château-Dauphin  (prise  de).  Le 
prince  de  Conti,  joint  à  don  Philippe, 
commandant  l'armée  espagnole,  avait 
passé  le  Var,  emporté  Nice  et  Ville- 
iranche ,  et  pénétré  jusqu'à  Château- 
Dauphin  à  l'entrée  de  la  vallée  de  Stura. 
Le  19  juillet  1744,  le  bailli  de  Chivri 
et  Chevert  escaladèrent  ce  roc  sur  le- 
quel deux  mille  PiénK)ntais  étaient  re- 
tranchés. Malgré  l'artillerie  qui  les 
foudroyait ,  et  la  présence  du  roi  de 
Sardaigne,  ils  en  atteignirent  le  som- 
met, et  restèrent  vainqueurs  après  uu 
combat  sanglant  et  acharné,  oii  l'on 
avait  vu  des  grenadiers  français  pro- 
fiter du  recul  des  pièces  pour  se  jeter 
dans  les  embrasures  des  retranche- 
ments. Du  côté  des  alliés,  il  périt  deu^c 
mille  hommes;  mais  il  n'écuappa  au- 
cun Piémontais  ;  le  roi  de  Sardaigne, 
audésespoir,  voulait  se  jeter  parmi  les 
assaillants. 

Le  prince  de  Conti  écrivit  à  Louis 
XV  :  «  C'est  une  des  plus  brillantes  et 
«  des  plus  vives  actions  qui  se  soient 
((  passées.  Les  troupes  y  ont  montré 
A  une  valeur  aundessus  de  l'humanité. 
«  La  bravoure  et  la  présence  d'esprit 
«  de  M.  Chevert  ont  principalement 
«>décidé  l'avantage.  » 


Chateau-du-loib  ,  Casinm  ad 
Lasdum ,  Castrum  Liai ,  ancien  chef* 
Jieu  du  Vaux  du  Loir,  petit  canton  de. 
Touraine,  aujourd'hui  compris  dans 
le  département  de  la  Sarthe.  Y.ers  le 
milieu  du  XP  siècle ,  Château-du-Loir 
soutint  un  siège  fort  long ,  pendant 
sept  ans,  contre  Geoffroy  Martel, 
conite  d'Anjou  ,  qui  en  retint  le  sei- 
gneur prisonnier ,  et  ne  lui  donna  ia 
liberté  que  lorsqu'il  lui  put  céder  cette 
place  avec  d'autres  qui  étaient  à  sa 
convenance.  Le  seigneur  de  Château- 
du-Loir  était  Gervais,  évêque  du 
Mans.  Vers  Tan  1090,  Mathilde  de 
Çhâteau-du-Loir  apporta  cette  terre  à 
Élie  de  la  Flèche ,  qui  se  mit  en  pos<  : 
session  du  comté  du  Maine,  non  saos 
avoir  été  obligé  de  le  disputer  vivement  j 
à  Guillaume  le  Roux,  roi  d'Angleterre  | 
(voyez  Maine).  Château-du-Loir  était  I 
alors  la  meilleure  forteresse  du  pays,  | 
et  ce  fut  là  qu'Élie  se  retrancha  pen-  j 
dant  que  les  Normaaàs  ravageaient! 
son  comté.  Depuis ,  ce  château  suivit  i 
la  fortune  des  successeurs  d'Élie ,  qd  I 
devinrent  comtes  d'Anjou ,  ducs  de 
Normandie  et  rois  d'Angleterre.  Ri-  : 
chard  Cœur  de  Lion  assigna  sur  cette 
terre  le  douaire  de  la  reine  BérengèK 
sa  femme.  Après  la  réunion  des  pro*. 
vinces  démembrées,  Phi  lippe- Auguste] 
en  fit  don  à  Guillaume  des  Roches, 
sénéchal  du  Maine,  de  l'Anjou  et  de  la 
Touraine.  Château-du-Loir  passa  eor 
suite  aux  comtes  de  Dreux ,  desquell 
Philippe  de  Valois  la  racheta  en  M\ 
pour  la  somme  de  31,000  livres.  Fai| 
elle  fut  donnée  en  apanage  avec  M 
Maine  à  Louis,  premier  ducd'Anjoo» 
et  réunie  à  la  couronne  par  Louis  XL 
£n  1496 ,  Charles  VIII  la  donna  a« 
maréchal  Trivulce  sous  le  titre  de  ba* 
ronnie.  Louis  XII  la  lui  conserva  d 
1499,  mais  à  la  charge  de  rachat  pep 
pétuel.  Cédée  par  le  maréchal  de  W 
vuîce  à  P.  de  Rohan,  maréchal  de  Giéi 
elle  fut  retirée  aux  héritiers  de  ce  dep 
nier,  puis  donnée  par  engagement  à  b 
maison  de  Soissons  qui  la  posséda  r* 
ce  titre  Jusqu'au  commencement  ui 
dix-huitieme  siècle. 

Outre  le  siège  dont  nous  avons  d^ 
parlé,  le  château,  construit  sur  un  r(»*! 


FRANCE  {xvta) 


PRAnCE.  (XVÎS) 


"i^-y^.^,  _r^~.„..,.-.  ..'r.%;A:^„^<„^^ 


CHA 


FRAIÏCE. 


CHA 


cher  isolé  et  entouré  d'eau,  fut  encore 
investi  et  pris  en  1075  par  Foulques 
ieRéchio,  comte  d'Anjou  ,  et  eu  1181 
par  Philippe-Auguste.  Fm  1589  il  se 
rendit  à  Henri  IV. 

Cbâteau-du-Loir  a  aujourd'hui  une 
population  de  3,500  habitants. 

Chateaudun  ,  Castellum  Dunum, 
Castrum  Dunense  ou  Castrum  Du- 
m  n ,  ancienne  capitale  du  comté  de 
Duoois,  aujourd'hui  chef- lieu  d'ar- 
rondissement du  département  d'Eure- 
et-Loir,  à  quarante-huit  kilomètres  de 
Chartres.  Située  sur  une  hauteur  au 
pied  de  laquelle  coule  le  Loir,  Châ- 
teaudun  porta  aussi  le  nom  de  Hupes- 
Clara  ou  Uràs-Clara  (**).  Aimoin  la 
mentionne  dans  la  vie  de  Sigebert ,  et 
Grégoire  de  Tours  dans  celle  de  Gon- 
tran.  Le  prenrier  des  vicomtes  parti- 
culiers deChâteaudunest  Geoffroy  P"^^ 
Gis  de  ff^arin  de  BeUesme  et  petit-fils 
de  Guillaume  P%  comte  d'Alençon. 
Geoffroy  I"  fut  assassiné  vers  1041. 
Son  successeur  fut  son  fils  Rotrou  P', 
mort  yfers  1066.  Celui-ci  fut  le  sixième 
ouseptième  aïeul  de  Geoffroy  IV,  mort 
vers  1248,  dont  la  fille  puînée  Clé- 
mence porta  cette  vicomte  dans  la 

maison  de  Dreux  y   d'où  elle  passa 

successivement  par  mariage  dans  celles 
de  Cleimont,  de  Flandre  et  de  Craon, 
—  Jean  de  Craon ,  grand  échanson  de 
France ,  dix-huitième  vjpomte  de  Châ- 
teaudun,  fut  tué  en  1415  sans  laisser 
de  postérité.  Alors  la  vicomte  de  Châ« 
(eaudun  revint  à  Charles^  duc  d'Or- 
léans ,  qui  en  1439  la  donna  avec  le 
comté  de  Dunois  à  son  frère  naturel , 
Jean,  bâtard  d'Orléans  (voyez  Du- 
nois). —  Au  dix-huitième  siècle,  Châ- 
teaudun ,  capitale  du  Dunois  et  chef- 
lieu  d'un  bailliage ,  avait  une  abbaye 
royale  de  l'ordre  de  Saint-Augustin , 
dont  on  attribuait  la  fondation  à  Char- 
lemagne.  Le  château,  remarquable  par 
la  hardiesse  de  sa  construction^  est 
accompagné  d'une  grosse  tour  bâtie , 
suivant  les  traditions  locales,  par  ThU 
baud  le  Fieux  ou  le  Tricheur  en  935. 
U  reste  des  constructions  est  dû  aux 

(p  Dun,  hauteur.  (CeiL) 

(**)  yilU-claire,  que  l'on  aperçoit  de  loin. 


comtes  de  Dunois,  ducs  de  LongueviUe 
(quinzième  siècle).*  Châteaudun  fut 
presque  entièrement  détruit  par  un  in- 
cendie ,  en  1723.  Les  environs  de  cette 
ville  furent  en  1 183  le  théâtre  d'un  mas- 
sacre épouvantable  des  bandes  dévasta- 
trices des  Brabançons  y  CoUereauXy 
çtc.  Les  Capuciès  (voyez  ce  mot)  y  ren- 
contrèrent une  troupe  considérable  de 
ces  aventuriers;  ils  en  tuèrent  sept  mille 
sur  la  place,  et  firent  un  grand  nombre 
de  prisonniers ,  parmi  lesquels  se  trou- 
vaient quinze  cents  filles  de  joie  que 
ces  brigands  traînaient  à  leur  suite. 
Ces  malheureuses  furent  ensuite  impi- 
toyablement brûlées  avec  les  aventu- 
riers à  la  fortune  desquels  elles  avaient 
lié  la  leur. 

Châteaudun  a  donné  le  jour  à  plu- 
sieurs hommes  célèbres,  entre  autres, 
à  Lambert' li'Cors ,  qui  commença , 
avant  Alexandre  de  Paris,  le  poème 
de  l'Alexandride  ;  et  à  l'oiîévre  Jean 
Toutain^  l'un  de  nos  plus  habiles 
peintres  en  émail. 

La  population  de  cette  ville  est 
aujourd'hui  de  6,500  habitants. 

Châteaudun  (monnaie  de).  On  n'a 
encore  retrouvé  aucune  monnaie  de 
Châteaudun  antérieure  à  Charlemagne; 
mais  on  en  connaît  beaucoup  de  la  pé- 
riode carlovingienne.  Outre  la  pièce 
de  Charlemagne ,  qui  ne  porte  que  le 
nom  du  roi  et  qui  appartient  au  second 
genre  des  monnaies  frappé.es  sous  son 
règne,  il  en  existe  de  Charles  le  Chauve, 
d'Eudes  et  de  Raoul  ;  mais  aucune  ne 
aéroge  au  type  consacré  de  ces  princes. 
C'est  toujours  le  nom  de  la  ville  dvni- 

GASTRYM  ou   DYNIGASTELLVM  ,  Ct  la 

légende  GRATiA  di  bex  avec  le  mo- 
nogramme royal  d'Eudes ,  de  Charles 
ou  de_Raoul  ;  seulement  les  deux  let- 
tres DI  de  la  légende  y  sont  quelquefois 
/remplacées  par  les  lettres  dn  ,  abrévia- 
tion de  DOMiNi.  D'après  un  usage  qui 
était  général  au  moyen  âge ,  les  vicom- 
tes de  Châteaudun  prirent  au  onzième 
S'ècle,  pour  type  de  leur  monnaie, 
celui  qui  était  adopté  dans  leur  ville 
épiscopale,  Chartres.  Mais  les  moné- 
taires ne  tardèrent  pas  à  défigurer  cette 
empreinte ,  et  bientôt  le  type  des  mon- 
naies dunoises  n'eut  plus  que  les  ca- 


T.  T.  $•  livraison.  (Dict,  engtgl.,  etc.) 


94 


eux 


L*DNIVERS. 


GIIA 


iractèr«s  génémux  des  monnaies  de 
Chartres.  On  y  voyait  toujours  une  tête 
sur  le  côté  dépourvu  de  légende ,  mais 
une  tête  qui  s'altérai-t  autrement  que 
celle  de  Chartres.  Quant  à  l'autre  c6té, 
on  y  lisait  en  caractères  cunéiformes 
DTNTCASTELLMm  OU  d'autres  lettres  ^ 
très-souvent  mêlées  et  formant  une  lé- 
gende bizarre  et  défigurée,  autour  d'une 
croix  à  branches  égales.  Enfin ,  vers  la 

f)remière  moitié  du  treizième  siècle , 
orsque  déjà  les  derniers  linéaments 
de  la  tête  avaient  disparu  pour  faire 
place  à  une  figure  à  laauelle  on  ne  peut 
pas  donner  de  nom ,  les  seigneurs  de 
Châteaudun  commencèrent  à  mettre 
dans  la  légende  leurs  initiales  ou  leurs 
prénoms  tout  entiers.  Le  premier  qui 
introduisit  cette  nouveauté  semble  être 
Geoffroy  V,  qui  vivait  vers  l'an  1216. 
Robert  de  Dreux,  Raoul  de  Clermont 
et  tous  les  autres  seigneurs  de  Château- 
don  continuèrent  cet  usage  jusqu'à  la 
confiscation  du  comté,  en  1393.  A 
force  d'altérer  le  type  primitif,  ils 
avaient  fini  par  le  faire  ressembler  au 
type  des  tournois ,  et  depuis  le  trei- 
zième siècle ,  la  légende  avait  envahi 
le  côté  qui  jusqu'alors  en  avait  été 
dépourvu.  Il  parait  qu'en  1236  les 
vicomtes  de  Châteaudun  cherchaient 
à  étendre  au  delà  de  leurs  possessions 
le  cours  de  leurs  nM)nnaies.  11  existe 
en  effet  une  ordonnance  rovale  rendue 
afin  de  réprimer  cet  abus.  D'après 
l'ordonnance  de  1315,  les  deniers  de 
Châteaudun  devaient  être  à  trois  de- 
niers dix  grains  de  loi  argent  le  roi , 
et  les  mailles  à  onze  deniers  vingt  et 
un  grains.  Quatorze  deniers  dunois 
valaient  un  sou  tournois. 

Chatb^u-Fbbmont,  ancienne  sei- 
gneurie de  Bretagne  (aujourd'hui  dé- 
partement de  la  Loire-Inférieure),  à 
3  myrfamètres  de  riantes ,  érigée  en 
inarquisat  en  1694. 

Chatbàij  -  Gàillàbb  •  d'ândely 
(sièges  du>.  —  Philippe-Auguste  exécu- 
tant îa  sentence  prononcée  contre  Jean 
sans  Terre  par  la  cour  des  pairs,  entra, 
en  1203 ,  dans  la  Normandie ,  pendant 
que  son  ennemi, se  livrait  avec  insou- 
ciance au  plaisir  et  à  la  débauche.  Il 
Tint  mettre  le  siège  devant  les  forte- 


resses d^Andely;  c'était  le  boulevard  de 
la  province  entière ,  et  Richard  n'avait 
rien  négligé  pour  en  compléter  la  d^ 
fense.  Un  château  très-fort  dans  une  tle 
de  la  Seine ,  le  bourg  d'Anddy  entouré 
d'une  double  enceinte ,  enfin  le  château 
Gaillard ,  au  haut  d'un  rocher  escarpé 
sur  la  rivedroitede  la  rivière,  formaient 
un  ensemble  de  fortifications  redouta- 
ble pour  cette  époque.  Philippe  com- 
mença l'attaque  au  mois  de  sefrtembra, 
€t  pendant  cinq  mois  il  éprouva  la  plus 
vigoureuse  résistance.   Les  assiégés 
avaient  à  leur  tête  le  vaillant  Roger 
de  Lascy,  connétable  de  Chester.  Après 
de  longs  combats,  qui  sont  décrits 
d'une  manière  animée  par  Guiliaaine 
le  Breton ,  dans  son  poème  de  la  Phi- 
Hppide  y  le  château  de  l'île  fut  pris 
d'abord  ;    le   bourg    d'Andely  céda 
ensuite.  Roger  commençant  alors  à 
manquer  de  vivres ,  renvoya  de  Teo- 
ceinte   toutes   les  bouches   inutil^. 
Deux  bandes ,  chacune  de  500  vieil- 
lards malades,  femmes  ou  enfants, 
avaient  déjà  traversé   le  camp  da' 
assiégeants.  Une  troisième  troupe  de 
1 ,200  malheureux ,  repoussée  par  Phi- 
lippe ,  dut  rester  entre  le  camp  et  la 
place.  En  butte  aux  traits  des  dm 
armées ,  sans  abri  et  saos  vivres ,  ré- 
duits à  se  nourrir  de  la  chair  des 
chiens  ou  des  cadavres  de  leurs  coi»- 
pa^nons,  plus  de  la  moitié  avaieitt 
déjà  péri ,  quand   Philippe ,  toucM 
enfin  de  leur  sort ,  leur  distribua  dai 
vivres  et  leur  permit  de  se  retirer î 
mais  il  était  trop  tard^  la  plupart 
moururent  après  avoir  mangé.  Gepeih 
dant  la  résistance  du  Château-Gaillari 
se  prolongea  tout  Phiver,  et  ce  M 
seulement  le  6  mars  1204  qu'il  M 
pris  de  vive  force,  après  avoir  éfé 
escaladé  et  incendié  par  lés  asst^ 
géants.  Roger  de  Lascy  n^avait  ptai 
alors  que  180  combattants.  P^^ustft 
la  durée  de  ce  siège  opiniâtre ,  le  m^ 
Jean  s'était  enfui  en  Angleterre.  CUf 
teau-Gaillard ,  dont  il  reste  des  niiMi 
fort  curieuses  (voyez  les  planches  36i| 
274 ,  275  et  276) ,  a  été  déroautelé  plT- 
ordre  de  Louis  Xin.  (^Voy.  Andblv.) 
Chatbau-Gày,  ancieime  seigneurit 
de  l'Auvergne,  aujourd'hui  départ. dtt 


CBA 


FRAUCaL 


GBA 


u 


{^•de^Dôiiie,  à  G  kilom.  de  CtomoDt- 
Ferrand ,  érigée  en  marqaisat ,  à  la 
fin  du  dixrseptièrtie  siècle. 

Ghaxiau-Gibon  ,  petite  ville  de 
Tancienne  Bretagne ,  a  16  kilom*  de 
Rennes ,  âuidurd'hai  chef-lieu  du  dé* 
partement  d'Ille-et*Vilaine.  Elle  était 
autrefois  fortifiée.  Ce  fut  sous  ses 
BHirs  que  le  comte  de  Soissons  fat 
battu  et  fait  prisonnier,  en  lâ90 ,  pav 
Je  duc  de  Mercoeur.  Château-Oitoa 
eompte  aujourd'hui  1,453  habitants. 

Chatsai^Gontisb,  Cctëtrum  Gori' 
krii ,  petite  ville  de  Tancien  Anjou , 
aujourd'hui  chef-lieu  d'arrondissement 
do  départ,  de  la  Mayenne,  à  28  kilom. 
d'Angers,  fut  entourée  de  fortifîcations 
au  comnoencement  du  douzième  siècle 
par  Foulques  Néra ,  comte  d'Anjou , 
qui  substitua'  le  nom  de  Gontier,  que 
portait  le  chevalier  auquel  ii  en  confia 
la  garde,  à  celui  de  BotsUica  (Basociie), 
sons  lequel  elle  était  connue  auparavant. 
Pkis  tard.  Foulques  donna  cette  forte** 
lesse  oa  fief  à  Yvon,  que  l'on  croit 
avoir  été  fils  d'Yves ,  oomte  de  Bel- 
ksme  et  d'Alencon. 

la  terre  de  dhâteau-Gontier  passa 
ptas  taid  par  mariage  à  Pierre  II , 
eomte  d'Alençou ,  et  fut  vendue ,  par 
/eaon,  à  la  maison  d'Amboise.  Saisie 
en  1431 ,  par  arrêt  du  parlement , 
séant  à  Pontoise ,  elle  fut  ensuite  réu- 
nie à  la  couronne ,  d'où  elle  fut  déta- 
dbée  en  1656,  pour  être  érigée  en 
manpiisat ,  en  faveur  de  Nicolas  Bail-* 
leuly  président  à  mortier  au  parle* 
flM»t  de  Paris ,  chancelier  de  la  reine 
Anne  d'Autriche  et  surintendant  des 


Cette  ville  était,  avant  la  révolu- 
tion,  chef- lieu  d^une  élection,  d'un 
présidial  et  d'une  sénéchaussée.  Elle 
fossède  aujourd'hui  un  tribunal  de 
première  instance,  une  société  d'agri- 
culture et  un  collège  communal.  Sa 
popolation  est  de  6,143  habitants. 

Il  s'est  tenu,  à  Château -Gontier, 
cinq  conciles  provinciaux:  en  1231, 
U64,  1269,  1336  et  14^8.  Louis  XI 
jr  fit  sa  résidence  pendant  quelques 
flioia;  lesi  Vendéens  s'en  emparèrent 
le  20  octobre  1793,  mais  ils  furent  for- 
as de  révacuer  quelque  temps  après. 


CHATEAU  •  Lardon  ,  petite  ville  de 
l'ancien  Gâtinais français,  aujourd'hui 
ehef-Iieu  de  canton  du  département  de 
Seine-et-Marne,  à  30  kilom.  de  Fon- 
tainebleau. 

Cette  ville,  dont  le  nom  latin  est 
Castrum  Nantonis  ou  Landotds,  passe 
pour  être  fort  ancienne ,  et  l'on  pense 
généralement  qu'elle  existait  déjà  souS 
la  domination  romaine;  saint  Seve- 
rin  y  mourut  en  503,  et  Childebert, 
fils  de  Clovis,  y  fonda  quelques  années 
après  une  abbaye,  qui  fut  reconstruite 
vers  1151.  Sous  les  rois  de  la  seconde 
race ,  Château-Landon  devint  le  chef« 
lieu  d'un  comté;  Louis  le  Gros  y  avait 
un  château  où  il  séjourna,  en  1119,^ 
pendant  les  vives  et  longues  auerelles 
des  chanoines  d'Ëtampes  et  de  l'abbé 
de  Maurigny.  En  1436,  les  Anglais 
s'emparèrent  de  la  ville  et  du  château, 
que  le  connétable  de  Richement  reprit 
d'assaut  en  1437.  Cette  ville  fiit  encore 

Êrise  par  les  reitres  en  1587,  et  par  les 
gueurs  en  1589.  L'élise  paroissiale,  ^ 
dédiée  à  Notre-Dame,  est  remarquable 
par  son  clocher,  que  fit ,  dit-on ,  cons- 
truire un  évêque  de  Poitiers ,  vers  le 
milieu  du  quinzième  siècle.  La  [>opU" 
lation  de  Cnâteau-Landon  est  aujour- 
d'hui  de  2,200  bab. 

Ch ATBAu  -  Lardon  (  monnaie  de  ). 
—  Château-Landon  possédait,  sous  la 
seconde  race ,  et  au  commencement  de 
la  troisième  V.  un  ateher  monétaire 
d'où  sont  sorties  quelques  pièces,  dont 
quelques-unes  sont  parvenues  jusqu'à 
nous.  Tels  sont,  entre  autres,  des  de- 
niers d'argent  de  Charles  le  Chauve  et 
de  Carloman  II ,  qui  n'offrent  d'aiU 
leurs  aucune  singularité  remarquable, 
et  des  deniers  frappés  au  nom  de  Phi* 
lippe  P',  de  Louis  VI  et  de  Louis  VIL 
Ceux  de  Philippe  P%  qui  sont  fort 
rares,  présentent  d'un  coté  le  nom  de 
la  ville,  LAifDOifis  gasti,  avec  une 
croix  grecque,  cantonnée  de  deux  croi- 
settes  dans  le  champ,  de  l'autre  le  nom 
du  roi ,  PHiLippus  bsx  ,  inscrit  autour 
d'une  figure  bizarre  que  l'on  a  compa- 
rée à  la  pièce  de  blason ,  connue  sous 
le  nom  de  Pal,  Cette  ^ure  est  accom- 
pagnée de  deux  G,  en  forme  de  croix, 
et  de  quelques  autres  caractères  que 

3. 


sa 


CBA 


L'UNIVERS. 


CBA 


Ton  ù'a  point  encore  expliqués.  Nous 
sommes  assez  portés  à  voir  dans  cette 
espèce  de  pal  une  imitation  dégénérée 
du  monogramme  d'Eudes ,  mono- 
gramme que  Ton  retrouve  en  effet  sur 
les  monnaies  d'une  ville  voisine ,  celle 
d'Étampes. 

L'empreinte  des  deniers  de  Louis 
VI  et  VII  n'est  qu'une  dégénérescence 
de  celle  de  la  monnaie  de  Philippe  P^ 
On  y  retrouve  ce  pal  avec  le  nom 
royal;  mais  les  O  en  forme  de  croix 
se  sont  métamorphosés  en  une  croix 
véritable,  et  les  autres  caractères  sont 
remplacés  par  une  crosse;  circons- 
tancié qui  a  lait  attribuer  à  l'abbaye  de 
Saint-Severin  de  Château- Landon  l'é- 
mission de  cette  monnaie.  Quoi  qu'il 
en  soit  de  cette  opinion ,  que  nous  ne 
partageons  pas,  il  existe  encore  à  Châ- 
teau-Landon  un  lieu  connu  sous  le 
nom  de  la  Monnaie. 

Chàteau-l'Arg,  ancienne  seigneu- 
rie de  Provence,  aujourd'hui  départe- 
ment des  Bouches-du-Rh6ne,  à  12  kil. 
d'Aix,  érigée  en  marquisat  en  1687. 

Chateaulin,  Castrolinum  y  petite 
ville  de  l'ancienne  Bretagne,  aujour- 
d'hui chef-lieu  d'arrondissement  du 
département  du  Finistère,  à  23  kil.  de 
Quimper,  et  dominée  par  les  ruines 
d'un  ancien  château ,  bâti  vers  l'an 
1000,  par  Budie,  comte  de  Cor  nouai  I- 
Jes.  Elle  possède  un  ti^ibunai  de  pre- 
mière instance  et  une  société  d'agri- 
culture. Sa  population  est  de  2,783 
habitants. 

ChatbauMeillant,  castruniMe- 
éUoldnum,  cnstrùm  MelUani ,  petite 
ville  de  l'ancien  Berry,  aujourd'hui 
chef  lieu  de  canton  du  département 
du  Cher,  à  28  kil.  de  Saint-Amand , 
fondée ,  suivant  l'opinion  la  plus  gé- 
nérale, parles  Romains,  est  surtout 
remarquable  par  un  ancien  château 
que  l'on  fait  remonter  au  cinquième 
siècle.  On  y  voyait  encore ,  au  siècle 
dernier,  une  grosse  tour  carrée  bâtie, 
suivant  la  tradition  populaire ,  par 
Jules  César,  et  sur  ta  lanterne  du 
dame  de  laquelle  était  une  figure  en 
cuivre  doré ,  représentant  Mell usine  , 
personnage  qui  figurait  aussi  dans  les 
armes  de  la  maison  de  Saint^elais 


Lusignan,  à  laquelle  la  seigneurie  dé 
Château-Meillant  avait  appartenu. 

Chateau-Meillant  (monnaie  de). 
—  Haultin ,  et  après  lui  de  Bèze ,  ont 
publié,  sans  doute  d'après  le  manus- 
crit de  Saint -Victor,  où  Pon  trouve 
quelques  détails  sur  la  monnaie  de 
Château-Meillant ,  le  dessin  d'un  de- 
nier de  cette  ville  qui  n'existe  plus 
nulle  part.  On  y  voit ,  d'un  côté,  la 
légende  :  -f-  margabeta  dna  (domi- 
na) ,  avec  un  lion  rampant  dans  ua 
champ  parsemé  d'étoiles,  et  de  l'autre, 

—  B. h  GASTBIMELHA  ,  aveC  UnC 

croix  grecque.  Cette  pièce,  qui  doit 
avoir  appartenu  à  Catherine  de  Boues, 
dame  de  Château-Meillant  (  1280-1323), 
et  une  autre,  récemment  découverte, 
et  qui  date  de  la  fin  du  quatorzième 
siècle ,  sont  les  seules  monnaies  que 
l'on  connaisse  de  Château-Meillant. 
La  dernière  est  un  6ar6an»  copié  sur 
ceux  de  Limoges.  On  y  lit,  d'un  côté, 
le  mot  GHASTELLYM,  autour  d'une 
croix  grecque,  et  de  l'autre  hhelU 
BES ,  autour  d'une  tête  barbue.  (Vof. 
Limoges  [monnaie  de].) 

Chateauneuf,  petite  ville  du  âé« 
partement  d'Ille-et-Vilaine ,  à  13  kil 
de  Saint-Malo ,  était  jadis  une  place 
importante.  Elle  joua  un  assez  grani 
rôle  dans  les  guerres  civiles  de  Bre- . 
tagne ,  entre  les  Montfort  et  les  Pen* 
thièvre.  Elle  était  défendue  par  un 
château  qui  fut  pris  par  les  troupes 
royales  le  26  mars  1592,  repris  peu  de 
temps  après  par  le  duC  de  Mercœur, 
et  enfin  démantelé  par  ordre  de  Hen* 
ri  IV,  en  1594. 

Il  y  a  auprès  de  Chateauneuf  un  fort 
hexagone  construit  sous,  terre,  es^ 
1777,  d'après  les  plans  de  Vauban, d'^ 
destiné  à  protéger  la  cote  nord-ouesl 
du  département.  On  peut  y  loger  60(1' 
hommes.  Le  magasin  à  poudire  est, 
voûté  à  l'épreuve  dé  la  bombe. 

Chateauneuf  (Renée  de  RieaXi 
surnommée  la  belle  de)  naquit  veri 
1550,  d'une  noble  famille  de  Breta* 
gnç.  Elle  fut'placée  comme  fille  d'bon* 
neur  auprès  de  Catherine  de  Médicis; 
et  son  étonnante  beauté,  qui,  pendant 
longtemps,  fut  proverbiale  a  la  cour  C)t 

(*)  «  Le  comte  de  Tonnerre  avait  fiât 


CBA 


FRANCE. 


GHA 


n 


f 

de 


lai  attira  les  hommases  de  Charles  IX 
et  du  duc  d*Anjou ,  depuis  Henri  III, 
dont  elle  fut  la  maîtresse  pendant  plu- 
sieurs années;  ce  prince  lui  adressa, 
par  l'entremise  de  Desportes ,  le  n- 
mewr  de  la  cour,  une  foule  de  sonnets 
qui  roulent  tous  sur  sa  beauté ,  et  en 
particulier  sur  sa  blonde  chevelure. 
Devenu  roi  de  France,  Henri  III,  s*u- 
nissant  à  Louise  de  Vaudemont,  bien 
ue,  d'après  le  malicieux  Tallemand 
es  Réaux,  il  eût  eu  quelque  envie  d'é- 
poaser  sa  favorite ,  proposa  la  main 
de  la  belle  Châteauneuf  au  comte  de 
Brienne,  sfmple  cadet  de  famille  ;  ce- 
lui-ci ,  néanmoins ,  refusa  un  mariage 
oui  le  déshonorait  en  lui  assurant  la 
faveur  du  roi,  et  il  fut  forcé  de  quitter 
la  cour.  Cependant  ^mademoiselle  de 
ChâteauneuT  craignaft  peu  les  charmes 
de  la  jeune  reine;  elle  se  crut  même 
assez  sûre  de  sa  puissance  pour  oser 
braver  cette  princesse  dans  un  bal  ;  et 
le  roi  se  vit  jforcé  de  la  punir  de  cette 
insolence  en  l'éloignant  de  la  cour.  Par 
dépit,  et  peut-être  par  amour,  elle 
épousa  un  Florentin  nommé  Anti- 
noitti,  qu'elle  poignarda  dans  un  accès 
de  jatousie.  L'ancien  amour  du  roi  la 
fit  absoudre  de  ce  crime,  et,  plus  tard, 
après  avoir,  suivant  Tallemand  des 
Réaax,  refusé  la  main  du  prince  de 
Transylvanie,  qui  avait  envoyé  deman- 
der une  fille  de  la  cour  de  France,  elle 
^MHisa  Philippe  Altoviti ,  capitaine  de 
plère,  que  Henri  III  créa  baron  de 
Castellane.  Ce  second  mari  périt  en- 
core de  mort  violente;  il  fut  assassiné 
par  Henri  d'Angouiême,  grand  prieur 
de  France,  contre  lequel  H  avait  cons- 

Rré.  Depuis  cette  époque  (1586), 
listoire  perd  la  trace  de  mademoi- 
selle de  Cnâteauneuf ,  et  Ton  ne  sait 
Blême  pas  la  date  précise  de  sa  mort. 
Chatbau-ISbuf/u  Val  de  Babgis, 
ancienne  châtellenie  du  Nivernais,  au- 
jourd'hui département  de  la  Nièvre,  à 
34  kil.  de  Nevers.  La  population  de 
ce  lieu  est  aujourd'hui  de  2,057  habi- 
tants. 

pondre  mademoiselle  de  Châteauneuf  sur 
un.  trône  et  loi  humilié  devant  elle  qui  lui 
mettait  le  pied  sur  la  gorge.  »  (  Tallemand 
dn  Réaux.) 


Cr  atbau-Nbuf  db  Bonafos  (mon* 

naie  de).  —Les  monnaies  d'Alby  sont 
les  mêmes  que  celle  de  Château-Neuf 
de  Bonafos.  Nous  avons  donc  cru  de- 
voir les  réunir  pour  en  faire  le  sujet 
d'un  seul  article.  On  ne  connaît  qu'un 
seul  triens  mérovingien  d'Alby  :  c'est 
une  petite  pièce  d'or,  sur  laquelle  on 
lit   ALBiviBNSB  autour  d'un   profil 
droit,  et  domino  honitabio  autour 
d'une  croix  à  branches  égales.  Aucun 
denier  carlovingien  appartenant  à  cette 
ville  n'a  encore  été  retrouvé;  jl  faut 
descendre  jusqu'au  temps  de  la  féoda- 
lité pour  retrouver  quelques  traces  de 
la  monnaie  de  cette  ville.  Elle  semble 
avoir  appartenu  tout  entière,  à  cette 
époque ,  au  comte  de  Toulouse.  Plus 
tard ,  elle  fut  divisée  entre  trois  pos- 
sesseurs, le  comte  de  Toulouse,  révo- 
que d'Alby,  et  le  seiçneurde  Bonafos, 
qui  firent,  vers  le  milieu  du  treizième 
siècle,  un  accord  par  leauel  ils  con- 
vinrent que  la  monnaie  d'Alby  nom- 
mée  Raymondine  serait   frappée  à 
frais  et  à  bénéfices  communs ,  dans  le 
château  de  Bonafos.  Il  existe  en  effet 
d'anciens  deniers   sortis  de  Tatelier 
monétaire  établi  en  vertu  de  cette  con- 
vention ,  et  qui  présentent  au  côté 
drttit  la  légende  baimvndys  ,  dans  le 
champ  un  monogramme  que  nous  n'a- 
vons pu  lire  sur  les  pièces  que  nous 
avons  eues  entre  les  mains,  et  au  re- 
vers, le  mot  ALBiEGi,  autour  d'une 
croix  ;  c'est  sans  doute  ce  type  dégé- 
néré qui  a  donné  naissance  à  l'em- 
preinte publiée  par  Duby  (Supplément, 
{)1.  X ,  n*^  14).  Cette  empremte  a  été 
ongtemps  regardée  comme  inexpli- 
cable ;  nous  y  avons  cependant  recon- 
nu les  mots  Raymundus  et  Albie  dni- 
tasy  BAMVivio  et  albieci.  La  croix 
grecque  du  revers  y  est  restée,  mais 
le  monogramme  s'est  changé  en  qua- 
tre petits  piliers  dont  les  deux  supé- 
rieurs accostent  une  crosse.  A  la  fin 
du  douzième  ou  au  commencement 
du  treizième  siècle ,  Sicard  d'Alamon 
changea  cette  monnaie  et  la  ramena 
à  une  meilleure  empreinte.  On  y  vit  • 
alors,  d'un  côté,  une  croix  avec  les 
mots  ALBiBNSis ,  et  de  l'autre  côté, 
tes  quatre  petits  piliers  réunis  en 


auL 


uuravERS. 


CSHA 


eroix  et  caotonnés ,  au  ttoisième  can- 
ton, d'une  OFOSse;  autour,  on  lisait 
la  légende  a«  bonafos,  dont  la  pre- 
mière lettre  9  b,  est  un  souvenir 
de  Tancienne  légende  baimyitdvs. 

GHATBAU^KlUr  BB  GADA0NB,  aOr 

cienne  seigneurie  avec  titre  de  duché, 
dans  le  comtat  Yenaissin,  à  8  Ul»  d'A- 
vignon. Ce  lieu,  dont  la  population 
«st  aujourd'hui  de  1,100  bap»,  était 
possédé,  au  dix*8eptième  siècle,  par 
rune  des  plus  illustres  fanoilles  du 
pays.  Voy.  Gallban  (famille  de). 

Chatèau*I9buf  db  Gaiaubb  ,  auK 
cienne  baronnie  du  DauphiQé,  aujour<- 
d'hui  département  de  la  Drôme,  à  J6 
kil.  de  Romans. 

GHATBAUrl^BnF  LB  KouoB,  an* 
cienne  seigneurie  de  Provence,  au<r 
jourd'hui  département  des  Bouches- 
du-Rhône,  érigée  en  marquisat  en 
1728. 

Ghateaunbuf  "  Rah DON  ,  petite 
ville  de  l'ancien  Gévaudan,  aujour- 
d'hui chef-lieu  de  canton  du  départe^ 
ment  de  ia  Lozère,  à  34  kil.  de  Monde, 
célèbre-  par  le  siège  qu'y  soutinrent 
les  Anglais  en  1380,  contre  du  Gues- 
clin,  général  des  armées  de  Charles  Y. 
Ce  fut  devant  cette  place  que  mourut 
le  connétable ,  en  donnant  aux  capi- 
taines qui  l'entouraient  ce  conseil, 
qu'il  avait  toujours  suivi  lui-même: 
«  Qu'en  quelque  pays  qu'ils  fissent  la 
«  guerre,  les  gens  d'église,  les  femmes, 
«  les  enfants  et  le  pauvre  peuple  n'é^ 
«  talent  pas  leurs  ennemis.  » 

Le  gouverneur  de  Randon  avait  ca- 
pitulé avec  du  Guesclin,  et  promis  de 
se  rendre  dans  quinze  jours,  s'il  ne  re- 
cevait pas  de  secours.  Lorsque  ce  temps 
fut  écoulé ,  le  maréchal  de  Sancerre 
s'avança  sujr  les  bords  du  fossé  de  la 
ville  assiégée,  et  somma  le  gouverneur 
de  se  rendre;  il  répondit  ^u'il  avait 
donné  sa  parole  à  du  Guesclin,  et  qu'il 
ne  se  rendrait  qu'à  lui.  Sancerre  avoua 
alors  que  le  connétable  était  mort  : 
«  £b  bien ,  reprit  le  gouverneur,  je 
«  porterai  les  clefs  de  la  ville  sur  son 
«  tombeau.  »  Sancerre  revint  tout  pré- 
parer pour  cette  cérémonie  extraordi- 
naire. On  ôta  de  la  tente  du  héros  tout 
ce  qu'elle  renfermait  de  lugubre;  son 


cercueil  fat  placé  sur  une  tsbli  cou» 
verte  de  fleurs;  puis  le  gouveraear  dt 
la  ville  a$(siégée  sortit  et  ia  place  à  Is 
tête  de  sa  garnison,  trav^sa  l'ann^ 
au  bruit  des  trompettes,  et  arriva  ûm 
la  tente  du  connétable  s  les  prindpfios 
officiers  de  l'arma ,  debout  et  silent 
cieux ,  y  étaient  rassemblés.  Le  goi^ 
verneur  se  mit  à  genoux  devant  1$ 
corps  du  connétable,  et  déposa  m  m 
cercueil  les  clefs  de  la  place  et  m 
épée*  Un  modeste  monument  a  ëi 
élevé  en  1820  au  hameau  de  la  Bita* 
relie  sur  le  théâtre  de  cet  évéïtfr 
ment. 

GHATBAUirEUP-  8UB  *  GHABENUt 

Castrum  novuMy  Neœwtrumf  m 
cienne  diâtellenie  de  l'Anjou ,  ai^ooii 
d'hui  chef-lieu  de  canton  da  départie 
ment  de  la  Charente,  à  12  kil.  oe  C» 
gnac,  érigée  en  comté  en  1644.  Charl(| 
Y  la  prit  sur  les  Anglais  après  uotoif 
siège,  en  1880.  C'est  entre  cette  vi8 
et  celle  de  Jarlfiac  que  se  donna,  c| 
1569,  la  fameuse  bataille  connue 
le  nom  de  Jarnac,  et  où  les  calvini 
furent  battus.  (Yoy.  JABNic.)  La . 
pulatiAu  de  Ghâteauneuf-sur-Charep^ 
est  aujourd'hui  de  2,350  habitants.  .^ 
Ghatbaunbuf  -  sua  -  Chbb  ,  9Ê^ 
cienne  seigneuriedu  fierry,  aujourd'i 
département  du  Cher,  à  16  kil. 
Bourges,  érigée  en  marquisat  en  t 
en  faveur  de  Golbert.  Cette  ville, 
la  population  est  aujourd'hui  de2,< 
habitants,  possédait  autrefois  une  ri< 
collégiale. 

ChATEAUNEDF  -  8UB  -  LOIBB , 

cienne  seigneurie  de  l'Orléanais, 
jourd'hui  département  du  Loiret 
17  kil.  d'Orléans,  érigée  en  mar< 
en  1671,  en  faveur  de  Balthasar  P 
peaux,  secrétaire  d'État,  et  aïeul 
Louis  Phelipeaux,  comte  de  Pon  ' 
train,  qui  fut  chancelier  de  France, 
1699  à  1714. 

Ghateaunbuf  -  sub  -  Sabthb  , 
cienne  seigneurie  de  l'Anjou,  ai^ 
d'hui  département  de  Maine-et-Loi 
à  16  kilomètres  d'Angers,  érigée 
baronnie  en  1584. 

Chatbau-Pobgien,  Castrtm 
cianmi^,  ou  Castn^m  Porcinc$um, 
cienne  principauté  de   Chamj 


caiA 


FRANCE. 


CHA 


39 


aujoiirâ*hui  chef-Jieo  de  canton  du 
d^rtement  des  Ardennes,  à  7  kilo- 
mètres de  Rethel.  La  ville  de  Château- 
Porcien  est  mentionnée  dans  le  testa- 
ment de  saint  Remy,  archevêque  de 
Reims;  inais  elle  devait  exister  bien 
aotérieurement  à  cette  époque,  puis- 
qu'on a  découvert  sur  une  montagne ., 
au  nord-est  de  cette  ville,  d'anciennes 
fondations  de  murs,  des  puits,  des 
pavés  et  des-  médailles  romaines.  Châ- 
teau-Porcien ,  situé  sur  la  rive  droite 
de  TAisne,  est  dominé  par  un  rocher 
escarpé  sur  lequel  on  aperçoit  encore 
les  ruines  d'un  château  fort ,  bâti  dans 
le  quinzième  siècle,  qui  soutint,  au 
dix-septièine  siècle,  quatre  sièges  en 
peu  de  temps.  Tombe  au  pouvoir  des 
Espagnols  en  1650,, il  fut  repris  la 
même  année  par  les  Français,  qui  le 
j^rdirent  encore  en  1652,  mais  le  re* 
«ouvrèrent  en  1653. 

Cette  ville  ne  fut  d'abord  qu'une 
mmïe  seigneurie  qui  relevait  du  comté 
ée  Sainte-Menebould ,  et  que  Raoul  de 
dlâteau-Porcien  vendit,  en  1263,  à 
Thibaut,  roi  de  INfavarre  et  comte  de 
Cbammigne ,  en  échange  de  revenus  que 
'  ee  pnftoe  lui  assigna  à  Fismes  ;  puis 
^  passa  avec  la  Champagne  à  Phi* 
Ulfpck  Bel,  qui  l'érigea  en  comté,  en 
IM,  en  l'échangeant  avec  Gaucher  II 
#e  Châtillon ,  contre  la  terre  de  Châ- 
lîHoD*sur'-Marne«  Depuis,  elle  passa 
dans  la  famille  des  ducs  d'Orléans,  et 
en  1439,  dans  celle  des  seigneurs  de 
Eenty,  qui  la  possédaient  lorsque  Char- 
te IX,  en  1561,  l'érigea  en  princi- 
jMté.  Après  avoir  appartenu  aux  ducs 
ieNevers,  elle  fut  acquise,  en  1659, 
yir  le  cardinal  Mazarin,  et  passa  enfin 
m  dues  d'Aiguillon. 

CHATEAU-ReONÀBD    ou    R£NAB9« 

{Mrum  yulpinumy  petite  ville  du 
Çlâtinais  Orléanais ,  aujourd'hui  du  dé*- 
Maternent  du  Loiret,  doit  son  origine 
I  on  château  fort  construit  par  Re- 
9Hard  le  Vieux,  comte  de  Sens,  vers  le 
fliâieu  du  dixième  siècle.  Louis  le  Gros 
déCmisit  ce  château  en  1230;  mais  Ro- 
kort ,  comte  de  Joigny,  le  fit  recons^^ . 
tmire  et  l'entoura  de  fortes  murailles 
fmqaées  de  tours,  dont  il  existe  en- 
tote  quelques  restes  assez  bien  oon« 


serves.  Il  fut  démoli,  en  1627,  par 
ordre  de  Louis  XIII.  La  seigneurie  de 
Château-Regnard  appartenait ,  en  1^69, 
à  l'amiral  de  Coligny,  après  la  mort 
duquel  elle  passa  dans  la  maison  de 
Nassau-Orange.  Cette  ville  compte  au- 
jourd'hui 2,988  habitants. 

Chateau-Regnàult  ou  Renaud, 
Castrum  JReginaldi,  petite  ville  de 
l'ancienne  Champagne,  aujourd'hui  du 
département  des  Ardennes,  à  12  ki- 
lomètres de  Mézières.  C'était  autre- 
fois une  principauté  souveraine  dont 
le  chef-lieu  était  Monttharmé.  La  ville 
fut  bâtie  en  1230 ,  par  Hugues ,  comte 
de  Rethel ,  et  elle  appartint  successive- 
ment aux  comtes  de  Rethel  et  aux 
ducs  de  Clèves.  £n  1629,  Louis  XIII 
en  acquit  la  souveraineté  en  échange  de 
Pont-sur-Seine,  propriété  de  la  prin- 
cesse douairière  de  Conti.  Louis  XIV 
en  fit  raser  le  château .  gui  était  très- 
fort.  La  population  ae  Château-Re-. 
gnault  n'est  plus  aujourd'hui  que  de  600 
habitants. 

Chatbau-Regnault  ^monnaie  de). 
—  On  a  plusieurs  pièces  irappées  dans 
cette  ville,  à  l'effigie  de  François  de 
Conti,  qui  posséoa  la  seigneurie  de 
Château-Reçnault  au  commencement 
du  dix-septieme  siècle.  Ces  pièces  sont 
de  tous  métaux  et  trop  peu  intéres- 
santes pour  que  nous  nous  arrêtions  à 
les  décrire. 

Chateau-Regnault,  petite  ville 
de  l'ancienne  Touraine,  aujourd'hui 
chef-lieu  de  canton  du  département 
d'Indre-et-Loire ,  à  ving;t-huit  kilomè- 
tres de  Tours ,  fut  bâtie  au  commen-» 
cément  du  douzième  siècle  par  Geof* 
froy,  seigneur  de  Château-Gonthier, 
qui  lui  donna  le  nom  de  l'un  de  ses 
hls.  La  seigneurie  de  Château-Regnault 
changea  ensuite  plusfeurs  fois  de  maî- 
tres; elle  fut  érigée  en  marquisat  en 
1620.  Cette  ville  compte  aujourd'hui 
2,468  habitants. 

Chatbau-Renaud  (François-Louis 
Rousselet,  comte,  puis  marquis  de), 
l'un  des  plus  granas  marins  que  la 
France  ait  produits,  naquit  en  1637. 
Il  servit  d'abord  dans  les  armées  de 
terre,  et  se  distingua  sous  les  ordres 
de  Turenne,  à  la  bataille  des  Dunes  et 


40 


€HA 


L'UNIVERS. 


CHA 


aux  sîéfi;és  de  Dunkerque  et  de  Berque- 
Saint-Vinan. 

II  entra  dans  la  marine  en  1661 ,  en 
qualité  d'enseigne  de  vasseau,  et  se 
distingua  en  1664,  dans  une  descente 
opérée  sur  les  côtes  d'Afrique  par  lar- 
mée  navale  aux  ordres  du  duc  de 
Beaufort.  Nommé  capitaine  de  vais- 
seau en  1672,  il  fut  envoyé  contre  les 
pirates  barbaresques;  il  s'empara  avec 
un  seul  vaisseau  de  cinq  de  ces  cor- 
saires. Il  fut  promu  Tannée  suivante  au 
frade  de  contre-amiraJ ,  et  fut  chargé 
'aller  croiser  avec  cinq  vaisseaux  dans 
les  mers  du  Nord.  A  peine  y  était-il 
arrivé,  qu'il  aperçut  un  convoi  de  cent 
trente  bâtiments  marchands,  escorté 

Ear  l'amiral  hollandais  Ruyter,  avec 
uit  vaisseaux  de  guerre.  Quoique  in- 
férieur en  forces,  Château-Renaud 
n'hésita  j3as  à  commencer  ratta(]ue;  le 
convoi  fut  dispersé  :  trois  vaisseaux 
hollandais  coulèrent  bas,  et  les  autres 
furent  forcés  de  chercher  un  asile  sur 
les  côtes  d'Angleterre. 

Il  commandait  une  escadre  de  six 
vaisseaux  lorsqu'il  fût  rencontré,  sur 
les  côtes  d'Espagne ,  au  commencement 
de  l'année  1677,  par  l'amiral  hollandais 
Evertsen,  avec  une  flotte  de  seize 
vaisseaux  de  ligne  et  de  neuf  brûlots. 
Château-Renaud  voulut  d'abord  éviter 
le  combat,  mais  forcé  ensuite  de  l'ac- 
cepter, il  soutint  l'attaque  avec  tant 
de  bravoure,  et  manœuvra  avec  tant 
d'habileté,  que  l'armée  hollandaise, 
après  avoir  perdu  trois  vaisseaux ,  fut 
forcée  de  se  réfugier  en  désordre  dans 
le  port  de  Cadix,  et  de  retourner  en- 
suite en  Hollande  pour  réparer  ses 
avaries. 

Cliâteau-Renaud  prit  part  au  bom- 
bardement d'Alger,  qui  eut  lieu  en 
1688;  il  fut  promu  l'année  suivante  au 
grade  de  lieutenant  général  des  armées 
navales ,  et  fut  chargé  de  porter  en  Ir- 
lande les  secours  que  la  cour  de  France 
envoyait  à  Jacques  II.  Il  partit  de 
Brest  le  6  mai  1689,  avec  vingt-quatre 
vaisseaux ,  deux  frégates  et  six  brûlots , 
arriva,  le  12,  sur  lès  côtes  d'Irlande, 
et  opéra  heureusement  le  débarque- 
ment des  troupes  et  des  munitions 
qu'il  était  chargé  de  transporter,  mal- 


gré les  efforts  d'une  flotte  anglaise  de 
Vingt-huit  voiles,  qui  vint  l'attaquer, 
et  qu'il  mit  en  fuite.  Le  18,  il  rentra 
à  Brest  avec  sept  navires  iiollandais 
qu'il  avait  capturés  dans  ^  route. 

Il  commandait  l'avant-garde  de  Tar- 
mée  de  Tourville,  dans  le  combat  liyré 
par  cette  armée,  le  10  juillet  1690, à 
îa  hauteur  de  Bévéziers,  à  la  flotte 
combinée  des  Hollandais  et  des  An* 
giais.  Chargé  de  combattre  l'avant* 
garde  de  l'armée  ennemie,  commandée  | 
par  l'amiral  hollandais  Evertsen,  il 
parvint  à  l'envelopper  et  à  la  séparer 
du  corps  de  bataille,  et  il  la  combattit 
avec  tant  de  vigueur,  que  la  dest^a^ 
truction  de  la  plus  grande  partie  des 
vaisseaux  qui  composaient  cette  escadre 
décida  du  succès  de  la  journée. 

Lors  de  la  guerre  de  la  succession . 
d'Espagne,  Château-Renaud  futnommé' 
capitaine  général  de  l'Océan  par  ^ 
lippe  V,  roi  d'Espagne,  en  1701,  el 
par  Louis  XIV,  vice  amiral  duLevantt 
à  la  mort  de  Tourville.  Il  passa  ensoift 
dans  les  Indes  occidentales,  pour  dé* 
fendre  les  établissements  espagnols 
contre  les  entreprises  des  Anglais  el 
des  Hollandais ,  et  ramena  en  Europl; 
la  flotte  du  Mexique.  Informé  que  l'ai» 
mée  combinée  d'Angleterre  et  k 
Hollande  l'attendait  sur  les  côtes  d'El^ 
pagne  avec  des  forces  supérieures  aot 
siennes,  il  voulait  relâcher  dans  Ql 
port  de  France,  mais  l'amiral  espa»' 
gnol ,  don  Manuel  de  Velasco,  s'y  0|r» 
posa ,  et  voulut  aller  aborder  à  Ym 
en  Galice;  il  causa  ainsi  le  désastreil 
la  flotte,  dont  six  vaisseaux  et  om 
galions  tombèrent  au  pouvoir  des  al< 
liés,  après  que  Château-Renaud  eii 
ordonné  lui-même  qu'on  en  brûlât  jic|l 
et  qu'on  fît  échouer  les  autres,  pow 
ravir  cette  riche  proie  à  l'enneu» 
Château-Renaud  reçut  le  bâton  (M 
maréchal  de  France  en  1703-  A  PépOj 
que  de  sa  mort,  arrivée  en  1716,1 
était  lieutenant  général  et  gouveroéltt 
de  la  province  de  Bretagne. 

CHÀTEA.UB0UX ,  chef-licu  du  dé] 
tement  de  l'Indre,  est  une  ville 
ancienne,  et  doit  son  nom  et  son  ou 
gine  à  un  château  fort  construit  ▼» 
le  milieu  du  dixième  sièele,  par  Raov 


CHA 


FRAISCE. 


CHA 


41 


'de  Déols,  surnommé  le  Large  ^  c'est- 
à-dire  le  Libéral.  Des  habitations  se 
groupèrent  peu  à  peu  autour  de  ce 
château ,  et  formèrent  dans  le  siècle 
suivant  une  ville  qui  prit  le  nom  de 
Castrum  Radulphiy  d'où  vint  le  nom 
moderne  de  Ch^teauroux.  Cette  ville, 
qui  tomba  plus  tard  au  pouvoir  de 
Philippe-Auguste,  et  fut  par  lui  réunie 
au  Berry,  était,  dans  l'origine,  possé- 
dée par  les  princes  de  Déols,  issus, 
suivant  Topinion  la  plus  commune ,  de 
la  famille  des  ducs  d'Auvergne.  La  sei- 
gneurie de  Châteauroux  fut  érigée  en 
comté  le  16  juillet  1497,  par  Char- 
les Vm ,  en  faveur  d'André  de  Chau- 
vigny,  vicomte  de  Brosse.  Plus  tard , 
elle  passa  dans  la  famille  des  princes 
de  Condé ,  et  fut  érigée  en  duché- pairie 
par  lettres  de  mai  1616,'  en  faveur  de 
Henri  II  de  Bourbon ,  prince  de  Coi^dé. 
En  1736,  Louis  XV  en  fit  l'acquisition 
et  la  donna  à  sa  maîtresse  Marie-Anne 
de  Maiily-Nesle,  qu'il  créa  duchesse  de 
Châteauroux.  Après  la  mort  de  cette 
femme,  en  1744,  ce  duché  retourna 
au  domaine  royal. 

La  ville  de  Châteauroux  était,  avant 
la  révolution ,  le  cheMieu  d'une  élec- 
tion. Elle  possède  aujourd'hui  des  tri- 
luiiaux  de  première  instance  et  de 
eootmerce,  une  chambre  consultative 
des  arts  et  manufactures ,  et  une  so- 
ciété d'agriculture.  On  y  compte  1 1  ,é87 
habitants.  C'est  la  patrie  clu  général 
Bertrand. 

Chateauboux  (monnaies  de).  Voy. 
BioLS.       ' 

Chatbauboux  (Marie- Anne,  du- 
chesse de),  sortie  de  l'illustre  famille 
ée  Nesle,  épousa  en  1734  le  marquis 
de  la  Toameilé,  dont  elle  devint  veuve 
è  rase  de  vin^-trois  ans.  Belle,  ai- 
mabte  et  spirituelle,  madame  de  la 
Tournelle  se  trouva  jetée,  dans  l'âge 
des  passions,  au  milieu  d'une  cour 
dissolue.  Elle  était  ambiteuse  :  l'exem- 
ple de  ses  trois  sœurs,  mesdames  de 
Mailly,  de  Vintimille  du  Luc,  et  de 
Lauraguais,  qui  tour  à  tour  étaient 
devenues  les  maîtresses  de  Louis  XV, 
Tenhardit  à  briguer  le  même  honnhir. 
Weat'ètre  une  plus  noble  ambition 
famma-t-elle;  toujours  est-il  qu'elle 


parvint,  ce  qui  n'était  pas  difficile,  à 
se  faire  aimer  de  Louis  XV,  et  que, 
différant  adroitement  sa  défaite,  puis, 
accordant  ou  refusant  habilement  ses 
faveurs,  elle  ne  tarda  pas  à  prendre  un 
empire  absolu  sur  ce  prince  et  sur  le 
royaume.  Madame  de  Châteauroux  n'é- 
tait pas  une  femme  aimante,  et  ce  vice 
de  son  cœur  contribua  puissamment  à 
sa  fortune  :  elle  stipula  d*abord  le  ren- 
voi de  sa  sœur,  madame  de  Mailly,  puis 
se  fit  nommer  dame  du  palais*  de  la 
reine,  et  duchesse  de  Châteauroux, 
avec  le  brevet  d'une  pension  de  80,000 
livres.  On  ne  voit  jusque-là  dans  sa 
conduite  qu'une  ambition  vulgaire, 
égoïste  et  personnelle;  mais  son  âme 
forte  et  élevée  tendait  plus  haut:  elle 
voulait  non-seulement  qu'on  lui  par- 
donnât son  titre  de  favorite ,  mais  en- 
core que  la  France  bénît  son  nom  et 
3ue  Tnistoire  lui  attribuât  la  grandeur 
e  son  roval  amant.  Par  malheur, 
Louis  XV  était  fort  au-dessous  d'elle, 
et  ce  fut  à  grand' peine  qu'elle  parvint 
à  l'arracher  quelques  instants  à  sa  vo- 
luptueuse rnollesse ,  pour  Pentraîner  à 
la  tête  des  armées  de  Flandre  et  d'Al- 
sace. Elle  y  était  parvenue  et  se  sentait 
heureuse,  lorsque  le  monarque  tomba 
malade  à  Metz,  et  sur  le  point  de 
mourir,  consentit,  pour  recevoir  l'ex- 
trême-onction ,  que  la  peur  lui  faisait 
désirer,  au  renvoi  de  sa  favorite.  Ma- 
dame de  Châteauroux  reçut  l'ordre  de 
partir  immédiatement,  et  elle  s'y  pré- 
parait avec  fermeté,  lorsqu'elle  se 
rappela  que,  venue  dans  la  voiture  du 
roi ,  elle  n'en  avait  pas  une  à  elle  pour 
s'en  aller.  Dans  les  cours,  une  per- 
sonne disgraciée  est  traitée  comme  on 
traite ,  en  Orient ,  les  pestiférés  *,  cha- 
cun craint  la  contagion  de  sa  disgrâce, 
et  on  s'éloigne  sans  pitié.  On  ne  doit 
donc  pas  trop  s'étonner  de  voir  citer 
comme  un  trait  de  courage  l'acte  du 
maréchal  de  fielle-Isle,  qui  osa  prêter 
sa  voiture  à  la  favorite  en  disgrâce. 
Assaillie  d'injures  et  de  menaces  par 
le  peuple  des  campagnes,  de  tout 
temps  ennemi  des  favorites,  elle  tra- 
versa quatre-vingts  lieues  de  pays  au 
miliei(  des  outrages  et  des  malédic- 
tions, se  rendit  à  Pads  et  s'y  cacha , 


49 


CHA 


L'UNIVERS. 


CHA 


attendant  avec  anxiété  des  nouvelles 
du  roi.  Pendant  tout  ce  temps,  le  lAa- 
réchal  de  Richelieu ,  son  ami ,  lui  resta 
fidèlement  attaché,  et  lorsque  le  roi 
fut  complètement  rétabli ,  il  ménagea 
un  rapprochement  entre  les  deux 
amants.  Madame  de  Ghâteauroux  ren- 
trant alors  à  la  cour,  après  quatre 
mois  de  disgrâce,  reprit  son  ancien 
ascendant  sur  le  roi ,  et  elle  semblait 
au  comble  de  la  faveur,  lorsque  la  mort 
vint  la  frapper  au  mois  de  décembre 
1744.  On  a  dit  que  la  duchesse  de 
Ghâteauroux  était  morte  empoisonnée  ; 
les  symptômes  de  sa  mort  et  les  nom- 
breux empoisonnements  qui  eurent 
lieu  à  la  cour  pendant  les  règnes  de 
Louis  XIV,  du  régent  et  de  Louis  XV, 
rendent  le  fait  assez  probable.  —  On  a 
publié  en  1806  un  intéressant  recueil 
de  lettres  de  madame  de  Ghâteauroux. 

GHATEAtl-SALINS.  VoyCZ  SALINS. 

Ghaxeau  -  Thibbby  ,  Castrum 
Theodorici,  Suivant  une  ancienne  tra- 
dition ,  cette  ville  doit  son  origine  à 
un  château  fort  que  Gharles-Martel  fit 
construire  pour  garder  le  roi  Thierry 
IV.  Ce  château,  terminé  vers  l'an  730, 
resta  au  domaine  roval  jusqu'à  ce  que 
Louis  le  Bègue  l'eut  donné  à  Hébert  P', 
comte  de  Vermandois^  dont  les  suc- 
cesseurs le  conservèrent  jusqu'en  945, 
époque  où  il  passa  à  Richard ,  comte 
de  Troyes.  —En  123 1 ,  Ghâteaii-Thierry 
obtint  du  comte  de  Ghampagne  une 
charte  de  commune ,  et  ses  franchises 
furent  confirmées  en  1301  par  Philippe 
le  Bel.  En  1803  eut  lieu  dans  cette  viue 
une  assemblée  des  grands  du  royaume. 

Château  -  Thierry  dut  à  sa  position 
importante  comme  place  de  guerre  de 
nombreuses  vicissitudes.  Prise  en  998 
par  Raoul ,  duc  de  Bourgogne,  elle  fut 
reprise  la  même  année  par  le  comte  de 
Vermandois ,  et  tomba,  Tannée  sui- 
vante au  pouvoir  de  Raoul  et  de  Hu- 
gues, ducs  de  France.  Les  Anglais 
l'assiégèrent  inutilement  en  1371  ;  ils 
parvinrent  à  s'en  emparer  en  1421 ,  et 
en  furent  chassés  quatre  ans  après. 
Charles  -  Quint  l'attaqua  et  la  prit  en 
1544.  Durant  les  guerres  de  la  Ligue, 
elle  fut  emportée  d'assaut,  en  1591 , 
par  les  Espagnols,  qui  y  commirent 


les  plus  grandes  cruautés.  Elle  se  sou- 
mit à  Henri  IV  en  1595  ;  et  vingt  m 
après,  elle  se  rendit  au  prince  de  Condé 
et  au  duc  de  Bouillon.  Rentrée  sous 
l'obéissance  du  roi. en  1616,  elle  H 
prise  et  pillée  en  i652 ,  pendant  les 
guerres  de  la  Fronde*  Lors  de  la  euem 
a'invasion ,  en  1814,  Château-Thierry 
eut  horriblement  à  souffrir  du  passagi 
des  alliés  des  Bourbons ,  qui ,  aans  l«i 
premiers  jours  de  février,  la  livrèrent 
trois  fois  au  pillage.  Le  12  février  eot 
lieu  sous  ses  murs  le  combat  auquel 
elle  a  donné  son  nom.  (Voyez  plus  bas*) 

Château-Thierry,  qui,  avant  la  i^ 
volution  ,  faisait  partie  de  la  Briff 
champenoise,  était  le  chef-lieu  d'une 
élection  et  le  siège  d'un  bailliage  et 
d'un  présidial.  C'est  aujourd'hui  l'iift 
des  chefs -lieux  d'arrondissement  di« 
département  de  l'Aisne.  Elle  possè 
un  tribunal  de  première  instance, 
collège  communal  et  une  bibliothèqi 
publique.  Sa  population  est  de  4, 
habitants.  C'est  la  patrie  de  d 
grand  fabuliste,  Jean  de  la  Fontaine. 

Cha-teau-Thiebry  (combat  de)^ 
Le  12  février  1814,  les  troupes  du 
néral  York  étaient  en  bataille  sur 
plateau  en  arrière  du  ruisseau  des  < 
querets,  lorsque  les  colonnes  françai 
arrivèrent  devant  elles.  La  canonn 
s'engagea  vivement  ;  la  cavalerie 
ennemis  fut  bientôt  culbutée  par 
nôtre  ;  le  général  Béliard  tourna  1 
extrême  droite ,  enfonça  leurs  c 
et  le  petit  nombre  de  soldats  qui 
rent  s'échapper  alla  rejoindre  le  ri 
de  l'armée  qui  passait  en  désordre 
Marne  à  Château-Thierry.  L'empe 
ayant  vu  le  prince  Guillaume  dePmi 
sortir  de  la  ville  pour  porter  secoi 
aux  fuyards ,  envoya  contre  lui  le  gi 
néral  Petit ,  qui ,  avec  deux  bataill'" 
de  grenadiers,  lui  prit  quatre 
hommes,  et  l'obligea  de  repasser 
ponts  et  d'y  mettre  le  feu.  Cette  gl< 
rieuse  iournée,  qui  ne  coûta  gue  qua' 
cents  hommes,  fit  perdre  à  l'eno 
trois  pièces  de  canon,  douze  ceai 
hommes  et  dix-huit  cents  prisonnir-' 
Le  lendemain  les  Français  rentré 
dans  Château-Thierry  et  se  mirent 
14  à  la  poursuite  des  ennemis,  aidK 


«»* 


FJUkNCR. 


CHA 


,  ipelfi  Ils  firent  encore  Couver  des 
pertes  considérables,  et  qui  expièrent, 
alors  les  horreurs  qu'ils  avaient  com- 
vsmB  dans  Château-Thierry  et  dans 

,  1^^  environs ,  car  les  paysans,  exaspé- 
rées* en  massacrèrent  plus  de  deux  mille 
qui  s'étaient  réfugiés  dans  les  bois. 

CHATEAU-YiiiLAiN,  Cctëtrum  FiUa- 
nmR ,  petite  ville  de  l'ancienne  Cham- 

Bie,  aujourd'hui  département  de  la 
te-Marne,  à  16  kilomètres  de  Chau- 
Bt.La  seigneurie  de  Château-Villain 
érigée  en  comté,  sous  Heqri  II,  en 
/eur  de  Joacbim  de  la  Baume,  comte 
I^Montrevei ,  et  en  duché-pairie,  sous 
'nom  de  Fitry^  en  1703,  en  faveur 
comte  de  Toulouse. 

ATBAU - YjLLAiN  (monnaie  de). 

'ordonnance  de  Lagny ,  rendue  en 

d ,  nomme  le  seign^r  de  Château- 

aiin  parmi  ceux  qui  jouissaient  du 

it  de  battre  monnaie  ;  cette  mon- 

,  qui  n'a  pas  été  retrouvée,  devait 

à  3  deniers  6  grains  de  loi ,  et  à  la 

j  de  240  deniers  au  marc.  Il  fallait 

deniers  de  Château  •  Villain  pour 

^«  1  sou  ou  12  deniers  tournois. 

.ÔtiXBAUX  FOBTS.  —  Daus  les  der- 

ti^ps  de  l'empire  romain ,  les 

'^'~$  seules  étaient  garnies  de 

forts  ;  mais  quand,  par  suite 

jorasions  que  firent  les  tribus  ger- 

^  ses,  toutes  les  provinces  de  la 

„  fiirent  devenues  successivement 

provinces  frontières,  il  fallut  aussi 

protéger  contre  les  invasions  et  y 

struire  des  forteresses,  et  les  lignes 

châteaux  forts  s'étendant  ainsi  de 

^ehe  en  proche ,  finirent  par  couvrir 

Jnur  réseau  toute  l'étendue  du  ter- 

18  la  première  race ,  les  princes , 

irs  des  châteaux  qu'ils  avaient 

rés  construits  dans  la  Gaule  y  s'en 

luèrent  quelques-uns  comme  rési- 

royales,  comme  rendez-vous 

fiasse,  mais  ne  pensèrent  guère 

stenir  les  autres  et  à  en  accrot- 

noœbre,  parce  que  leur  coutume 

pas  d'attendre  leur  ennemi  der- 

des  murailles ,  mais  de  marcher 

vase  campagne  et  de  le  vaincre  à  la 

du  soleil.  Beaucoup  de  châteaux 

it  donc  en  ruine  ;  mais,  dans 


les  neuvième  et  dixième  siècles,  on  fbt 
forcé ,  par  les  irruptions  multipliées 
des  Normands,  de  réparer  les  châteaux 
forts  et  d'en  construire  de  nouveaux  ; 
on  entoura  alors  de  remparts  jusqu'aux 
monastères  eux-mêmes.  L'wbaye  de 
Saint-Germain  des  Prés,  à  Paris,  fut 
ainsi  transformée  en  une  forteresse , 
ce  qui  ne  l'empêcha  pas  d'être  prise , 

Eillée  et  brûlée  nlusieurs  fois  pisir  les 
ommes  du  Nord. 

Quand,  sous  le  règne  de  Charles  le 
Chauve ,  les  fiefs  furent  devenus  per- 
pétuels entre  les  mains  de  ceux  à  qui 
ils  n'avaient  d'abord  été  octroyés  que 
pour  un  temps,  puis  à  vie,  le  nombre  de 
château3(  augmenta  considérablement 
en  France.  £n  effet,  chaque  seigneur, 
fier  de  son  titre  de  suzerain  hérédi-' 
taire  et  ialoux  de  le  conserver ,  se  can- 
tonna dans  son  partage  et  s'empressa 
de  s'y  entourer  de  moyens  de  défense, 
soit  contre  les  insurrections  de  ses  vas- 
saux, soit  contre  la  pensée  qui  pouvait 
venir  à  la  royauté  de  rétracter  des  con- 
cessions impolitiques  et  ruineuses  aux- 
quelles sa  faiblesse  l'avait  contrainte. 
Dans  la  suite  des  temps ,  la  posses- 
sion d'un  château  fort  étant  devenue 
le  signe  de  la  suzeraineté ,  tous  les  no- 
bles qui  en  étaient  investis  ou  qui  pré- 
tendaient l'être ,  se  hâtèrent  d  en  éle- 
ver un,  dont  ils  firent  leur  manoir 
{)rincipal  et  le  siège  de  leur  domination 
égitime  ou  usurpée.  Le  sol  de  la  France 
fut  alors  véritablement  hérissé  de  châ- 
teaux forts  ou  maisons  fortes,  comme 
on  les  appelait  aussi.  C'est  là  que  les 
seigneurs  bravaient  l'autorité  royale, 
soutenaient  des  sièges  contre  elle  et  la 
faisaient  souvent  reculer.  C'est  de  ces 
forteresses,  munies  de  hauts  et  solides 
remparts,  de  tours  menaçantes,  de 
fossés  profonds,  et  placées  le  plus  sou- 
vent sur  des  cimes  ae  roehers,  comme 
des  nids  de  vautours,  que  des  seigneurs 
ignorants,  cupides  et  barbares^  s'é- 
lançaient dans  la  plaine ,  pour  ravager 
la  moisson  du  pauvre ,  rançonner , 
piller,  et  quel^eiois  incendier  les  mo- 
nastères, s'embusquer  le  long  des 
grandes  routes,  y  attendre  les  mar- 
chands qui  se  rendaient  aux  foires ,  et 
là ,  en  véritables  coupe-jarrets ,  les  dé- 


44 


CliA 


L'UNIVERS- 


^A 


valiser  et  souvent  les  mettre  à  mort. 
Les  grands  feudataires  avaient  un 
grand  nombre  de  châteaux  qui ,  lors- 
qu'ils ne  s'élevaient  pas  sur  la  crête 
d'une  montagne ,  défendaient  l'entrée 
d'une  vallée  ou  le  passage  d'une  ri- 
vière. Comme  ils  ne  pouvaient  pas  les 
occuper  tous  de  leur  personne ,  ils  en 
confiaient  la  défense  à  des  châtelains, 
ou  les  cédaient  à  titre  de  sous-iuféoda- 
tion. 

Il  faut  tout  dire,  si  les  châteaux  forts 
furent  presque  toujours  des  moyens  de 
brigandage  et  de  tyrannie ,  ils  furent 
quelquefois  aussi  dés  moyens  de  pro- 
tection pour  l'impuissance  et  la  fai« 
blesse.  C'était  dans  leur  enceinte, 
qu'au  signal  donné  par  le  beffroi ,  les 
habitants  des  campagnes  se  retiraient, 
avec  leur  mobilier  et  leurs  troupeaux, 
à  l'approche  de  l'eimemi.  Pour  prix 
du  secours  qu'ils  en  recevaient,  ils 
étaient  tenus  d'aider  a  leur  entretien 
et  de  faire ,  à  tour  de  rôle ,  même  en 
temps  de  paix,  le  guet  ou  la  guaite 
sur  le  rempart,  pour  la  sûreté  person- 
nelle de  leur  seigneur.  Les  monastères 
fortifiés  offraient  le  même  abri  et 
avaient  droit  au  même  service.  Le  roi 
eut  aussi ,  pour  une  destination  sem- 
blable, des  châteaux  forts,  comman- 
dés par  des  capitaines  et  gardés  de  la 
même  manière , Jusqu'au  temps  où  les 
troupes  réglées  furent  assez  nombreu- 
ses pour  qu'on  pûf  y  entretenir  des 
garnisons  permanentes.  L'obligation 
de  faire  le  guet  fut  souvent ,  entre  les 
mains  des  capitaines  du  roi,  un  moyen 
de  rançonner  ou  de  vexer  les  habitants 
soumis  à  leur  autorité.  Une  ordon- 
nance générale  de  janvier  1560,  rendue 
sur  les  doléances ,  plaintes  et  remon- 
trances des  états  généraux  assemblés 
à  Orléans ,  modifia  ainsi  qu'il  suit  l'o- 
bligation vraiment  onéreuse  pour  les 
hommes  des  champs,  de  monter  la 
garde  dans  les  châteaux  du  roi  : 

«  Défendons  à  tout  capitaine  ou  à 
«  leurs  lieutenants  en  nos  places  et 
«  chasteaux ,  qui  ne  sont  pas  en  fron- 
«  tière,  de  contraindre  les  habitants 
«  des  lieux  à  faire  le  guet ,  ou  de  leur 
«  faire  payer  aucuns  deniers  pour  ice- 
«  lui  guet,  si  ce  n'est  en  cas  de  besoin 


«  et  nécessité,  à  peine  de  privation  de 
«  leurs  estats.  «  , 

Cet  article  laissait  cependant  eneorei 
une  large  porte  ouverte  aux  vexations' i 
et  à  l'arbitraire,  car,  qui  pouvait étit^ 
juge  du  besoin  et  de  la  nécessité,  si* 
non  les  capitaines  royaux ,  contre  le 
quels  les  habitants  n'auraient  jat 
osé  réclamer? 

A  mesure  (jue  la  puissance  roj 
prit  de  l'accroissement  en  France, 
châteaux  forts  appartenant  aux 
gneurs  diminuèrent  en  nombre,  ps 

3ue  ies  rois  démolissaient  tous  cet 
ont  ils  pouvaient  s'emparer.  £n  effe 
dès  qu'ils  avaient  vaincu  un  vassal 
belle,  ils  lui  imposaient  pour  premier 
condition  de  paix,  la  destruction  T 
la  forteresse  à  l'aide  de  laquelle  il  m 
résisté  à  sa  volonté.  Louis  XI,  en  ps 
ticulier^  n'oublia  jamais  cette  clai 
dans  ses  traités.  François  I*',  en  at 
ranl  la  noblesse  à  la  cour ,  fit  aba 
donner  beaucoup  de  châteaux  forts  i 
se  dégradèrent,  tombèrent  en  ruinei 
ne  furent  point  réparés  par  leurs  pi 
priétaires   devenus  courtisans;  pi 
sieurs  furent  pris  et  démolis  par  ' 
divers  partis  qui  déchirèrent  la  Frai 
pendant  les  guerres  de  religion.  Ri(' 
lieu  en  fit  ensuite  jeter  bas  un  gi 
nombre,  et  le  reste  disparut  sous 
XIV^  pour  céder  la  place  à  des  ci 
teaux  de  plaisance.  Quand  les  chofl 
en  furent  venues  là,  lé  roi  lui-mén 
laissa  tomber  ceux  qu'il  possédait 
l'intérieur,  sauf  quelques-uns 
transforma  en  citadelles  ou  en  prise 
d'État,  comme  la  Bastille,  le  M( 
Saint-Michel,  les  châteaux  de  Hai 
de  Joux ,  etc.  Quant  à  ceux  qui  subsi 
taient  sur  la  frontière,  on  les  fortifiai 
la  manière  moderne ,  et  on  en  fit  ^ 
places  de  guerre. 

Chàteigneràye  (la),  petite  villes 
l'ancien  Poitou  «  aujourd'hui  chef-li( 
de  canton  du  département  de  la  V( 
dée^  à  15  kilomètres  de  Fontenay 
Comte,  où  se  livra,  en  1793,  un  coi 
bat  meurtrier  entre  les  soldats  de 
république  et  les  Vendéens.  Cette 
compte  aujourd'hui  1 ,437  habitaDta.J 
ChatektNebaye  (combat  de  \C 
L'armée  vendéenne  ayant  vaincu  > 


CHA 


FRAKCE. 


CHA 


45 


)aars,  ]e  gj^néral  Quetîneau^  se  di- 
sur  Parlhejiay.  D'Elbée,  maître 
ï^eette  vilie^  marcha,  le  13  mai  1793, 
douze  ou  quinze  mille  hommes  , 
.  le  |)oste  de  la  Châteigneraye,  que 
fendaient  trois  mille  républicains, 
commandait  le  général  Chalbos  ; 
joés  par  des  forces  supérieures , 
i braves  furent  écrasés^  tués  ou  faits 
loiers.  Les  Vendéens,  maîtres 
fil  ville,  pillèrent  les  habitations  des 
Itriotes.  Mais  ils  furent  forcés  de  se 
lier  quelques  jours  après,  à  la  nou- 
le  de  rapproche  de  Chalbos ,  qui 
m(^\i  à  la  tête  d'une  armée  plus 
idérable. 

liiEL  (Jean),  fils  d'un  riche  mar- 

id  drapier  de  Paris,  étudiait  au 

je  des  jésuites ,  lorsque  le  16  dé- 

^relâ94,  il  s'introduisit  au  Lou- 

péuétra  dans  la  chambre  de  Ga- 

'  d'Ëstrées ,  et  frappa  d'un  coup 

iteau  Henri  IV ,  au  moment  ou 

»  baissait  pour  relever  deux  gentils- 

nes  oui  lui  rendaient  leurs  de- 

i;  Qiatel  avait  voulu  frapper  le 

là  la  gorge,  il^l'atteignit  à  la  lèvre 

IWeassa  une  dent.  Arrêté  à  l'ins- 

f^fat  soumis  aux  tortures  les 

laf&eoses  et  les  endura  sans  révé- 

Ijtt  complices.  Cependant,  des  per- 

itioos  raites  chez  les  jésuites  ame- 

it  la  découverte    de  ,  plusieurs 

séditieux ,  qui  les  firent  cou- 

}r  à  un  bannissement  perpétuel. 

de  Châtel  fut  chassé  avec  eux^ 

lison  fut  rasée  et  il  paya  une 

de  deux   mille  francs.   Sur 

)lacement  de  cette  maison ,  qui 

située  en  face  le  Palais  de  Jus- 

fut  élevée  une  pyramide  portant 

St  du  parlement  et  diverses  ins- 

ions  en  grec  et  en  latin.  Cette 

|mide  fut  abattue  en  1605 ,  à  la 

ûtation  des  jésuites  rentrés  en 

Jean  Châtel  doit  être  consi- 

I  comme  un  instrument  des  haines 

irti  ligueur,  que  Henri  IV  n'avait 

irmer  par.son  abjuration. 

LTELAiN.  L'origine  des  châte- 

est  fort  modeste.  Ils  n'étaient 

>rd  que  de  simples  officiers  des 

et  des  comtes,  qui  les  envoyaient 

inder  en  leur  nom  dans  les 


bourgades  ou  forteresses  de  leurs  do- 
maines. Ces  officiers  rendaient  la  jus« 
tice  y  maintenaient  les  sujets  dans  l'o- 
béissance de  qui  avait  droit  de  l'exiger, 
et  jouissaient,  dans  toute  l'étendue  de 
leur  ressort,  de  la  même  autorité  que 
les  vicomtes  dans  les  villes.  Pour  évi- 
ter les  conflits ,  partout  où  il  y  avait 
depuis  longtemps  un  vicomte,  on  n'en- 
voyait point  de  châtelain,  et  le  vicomte 
commmandait  au  château  aussi  bien 
qu'à  la  ville.  Un  châtelain  ne  pouvait 
point  se  charger  de  la  garde  d  un  se- 
cond château  sans  le  consentement  du 
seigneur  à  qui  appartenait  celui  qui 
avait  été  confié  d'abord  à  sa  surveil- 
lance ,  et  quand  il  avait  sous  lui  des 
sous-châtelains,  suhcastettani^  le  sei- 
gneur pouvait  exiger  que.  ces  subal- 
ternes lui  prétassent  aussi  un  serment 
de  fidélité.  Vers  le  milieu  de  la  seconde 

{>artie  du  treizième  siècle,  leschâte- 
ains  furent ,  dans  les  villes  royales , 
remplacés  par  des  prévôts  qui  n'eurent 
que  -  la  juridiction  municipale,  avec 
le  jugement  des  causes  qui  s'y  ratta- 
chaient ,  et  résidèrent  dans  les  villes 
ou  les  bourgs.  Quant  à  l'autorité  mi- 
litaire et  à  la  garde  des  châteaux,  elles 
furent  remises  à  des  commandants  de 
place  ou  des  capitaines,  dont  quelques- 
uns  ,  en  mémoire  de  leur  origine , 
prenaient  le  titre  de  capitaines-con- 
cierges. Ces  officiers  recevaient  direc- 
tement les  instructions  et  les  ordres 
du  roi. 

Plus  tard ,  on  appela  châtelains  les 
seigneurs  investis  du  pouvoir  de  pos- 
séder un  château  entouré  de  fortinca- 
tioi\s,  et  dont  la  terre,  érigée  en  châ- 
tellenie ,  conférait  le  droit  de  justice. 
Dans  la  hiérarchie  nobiliaire,  les  châ- 
telains étaient  d'un  rang  inférieur  à 
celui  des  barons. 

Chàtbldon^  petite  ville  de  l'ancien 
Bourbonnais,  aujourd'hui  chef-lieu  de 
canton  de  l'arrondissement  du^  Puy- 
de-Dôme.  On  a  publié,  il  y  a  quelques 
années ,  le  dessin  de  deux  deniers  du 
douzième  siècle ,  présentant  d'un  côté 
le  monogramme  d'Herbert,  avec  la 
légende  :  Castellykdon;  de  l'autre, 
l'A  et  l'oD  attachés  aux  branches  d'une 
croix  grecque,  et  les  mots  Lydoyicys 


4é 


€BA 


L'UNIVERS. 


caiA 


TiTiT  OU  Phïlippvs  bbx.  Ces  deniers 
sont  évidemment  des  imitations  des 
deniers  manceaux  ;  et  quoiqu'ils  m)r- 
tent  les  noms  de  Louis  YI  et  de  Phi« 
lippe- Auguste,  il  serait  déraisonnable 
d'y  voir  des  monnaies  royales.  Ce  sont 
des  monnaies  d'un  seigneur  oblieé 
rinscrire  sur  ses  espèce's  le  nom  da 
roi,  et  qui,  au  mot  bex,  a  même  subs- 
titué dans  Tune  de  ces  pièces  le  mot 
viviT,  parce  qu'il  espérait  par  là  ren- 
dre son  denier  plus  semblable  encore 
à  ceux  du  Mans,  qui  portaient  pour 
légende  :  Signuh  dbi  vivi.  Ce  sei- 
gneur ne  pouvait  être  que  celui  de 
Châteldon  {Castellum  Ochnis),  lieu 
dont  le  nom  se  trouve  inscrit  sur  cette 
monnaie,  et  qui  se  trouve  à  peu  de 
distance  de  Montluçon  et  de  Gien,  où 
la  monnaie  d'Anjou  a  souvent  été  co- 
piée. 

Chatblbt.  C'est  le  nom  que  l'on 
donnait  autrefois  à  la  justice  royale 
ordinaire  de  la  ville  de  Paris.  L'audi- 
toire de  cette  juridiction  se  tenait 
dans  une  vieille  forteresse ,  dont  les 
restes  n'ont  définitivement  disoaru 
qu'au  commencement  de  notre  siècle. 
Elle  s'élevait  sur  l'emplacement  qu'oc- 
cupent aujourd'hui  la  place  du  Châte- 
let  et  le  Pont  au  Change.  Ce  fut  Jules 
César  qui,  dit-on,  la  construisit  pour 
y  établir  le  conseil  souverain  des  Gau- 
les. En  effet,  la  tradition  avait  laissé 
le  nom  de  Chambre  de  César  à  fune 
des  chambres  de  la  grosse  tour  du 
Châtelet;  et  en  1736,  on  voyait  encore 
au-dessus ^e  l'ouverture  d'un  bureau, 
sous  l'arcade  de  cette  forteresse,  une 
table  de  marbre  contenant  ces  mots  : 
Tributian  Caesaris.  C'était  là,  sans 
doute ,  que  se  centralisaient  tous  les 
impôts  des  Gaules ,  usage  qui  semble 
s'être  perpétué,  puisquun  arrêt  du 
conseil  de  1586  fait  mention  des  droits 
domaniaux  accoutumés  être  payés 
aux  freil&s  du  Châtelet 

Les  comtes  de  Paris  habitèrent  pri- 
mitivement le  Chfttelet;  mais  dès  le 
douzième  siècle,  leurs  prévôts  les 
avaient  remplacés  dans  cette  demeure. 
Vers  celte  même  époque,  tous  les  of- 
fices du  Châtelet  se  donnaient  à  ferme, 
ainsi  que  cela  se  pratiquait  dans  les 


Srovfnoes.  Mais  les  exactions  et 
ésordres  s'y  multiplièrent  bient 
un  tel  point,  que  saint  Louis,  en  1] 
fut  obligé  de  changer  eoinpK 
rétat  de  cette  juridiction.  Il  vint 
ger  plusieurs  fois  lui-même,  coi 
simple  juge,  au  Châtelet,  ainsi  qti^ 
prouve  le  dais  surmontant  un 
royal,  qui  subsista  longtemps  dat 
lieu  des  séances  de  ce  tribunal  I 
seul  qui  eût  une  semblable  pi 
tive. 

Le  même  roi  institua  un  ftéfi 
Paris  en  titre;  ce  magistrat  s  adjoi 
des  conseillers,  des  enquêtei 
minateurs ,  des  lieutenants ,  et  dij 
autres  officiers.  Le  bailliage  de 
créé  en  1522  pour  la  conservati( 
privilèges  royaux  oe  l'université, 
réuni,  en  1526,  à  la  prévôté  de 
Enfin ,  en  1551 ,  le  Châtelet  fut 
en  présidial ,  c'est-à-dhre ,  en  trri 
connaissant  en  première  instar 
certaines  affaires  considérables , 
appel,  des  contestations  soumis 
justices  seigneuriales.  Mais  en  î\ 
le  roi  supprima  à  Paris  toutes 
tices,  ainsi  que  les  bailliages 
réunit  au  Châtelet,  qu'il  divisa  enj 
sièges  appelés  l'ancien  et  le  noti 
Châtelet,  distinction  qui  disparoj 
ordonnance  de   1684.  Il  serait 
difficile  de  préciser  toutes  les  esj 
de  juridictions  établies  au  Châl 
elles  étaient  nombreuses  et  vs 
comme  les  usurpations  du  régii 
dal,  dont  elles  procédaient.  Elk 
rent  toutes  supprimées  par  la  1| 
7  septembre  1790,  qui  créa  les  ' 
naux  de  première  instance. 

n  y  avait  aussi  des  Châtdets 
téans  et  à  Montpellier,  et  leur  jr 
tion  était  analogue  à  celle  du  Gl 
de  Paris. 

Chatblbt  (famille  do).  Voy< 
Châtelet. 

CHATELLBinE,  juridiction  #ul 
gneur  châtelain.  Au  quatorzièmf 
de ,  et  quand  le  titre  de  baron 
d'être  attribué  exclusivemeBt- 
grands  feudataires  de  la  cour< 
le  donna  aux  gentifehommcs  qui 
sédaient  quatre  cbâtellenies  rel 
d'un  duc  et  d'un  comte. 


CHA 


FRANCE. 


CRA 


47 


Chàtelleraut,  Castrum  Heraldî^ 
dk  de  raQciea  Poitou ,  aujourd'hui 
~   lieu  de  sous-préfecture  du  dé- 
ment de  la  Vienne.  Cette  vilJe 
800  nom  d'un  de  ses  anciens  sei- 

nommé  Héraud,  qui  y  fit  bâtir 

château  dont  ii  ne  reste  pJus  aucun 

aujourd'hui.  Ses  premiers  pos- 

portaient  le  titre  de  vicomtes. 

ISM,  elle  fut  érigée  en  duché-pairie 

iareur  de   Gilbert  de  Bourbon, 

de  Montpensier,    auquel  elle 

Tenue  par  néritage  de  la  maison 

nagnac.  Mais   quelques  années 

I,  elle  fut  réunie  à  la  couronne 

Tarrét  de  confiscation  prononcé 

le  frère ^e  Gilbert,  le-  célèbre 

étable  de  Bourbon.   En   1584  , 

i  m  rengagea ,  avec  le  même  ti- 

de  duché,  a  François  de  Bourbon, 

deMontj)ensier.  Lors  de  larévolu- 

elle  était  possédée  par  le  duc  de 

'"Touille ,  à  titre  d  engagement. 

deCbâtellerault,qui  était  jadis 

{tlace  forte ,  fut  plus  d'une  fois, 

t  les  guerres  de  religion ,  prise 

par  les  protestants  et  les 

.  C'était,  '  au  moment  de  la 

^^..^.m^  le  chef-lieu  d*une  élection 

[kfii^  d'une  sénéchaussée.  Cette 

pmàe  aujourd'hui  des  tribunaux 

nière  instance  et  dç  commerce 

société  d'agriculture.  Sa  popu- 

est  de  9,437  hab.  On  y  remarque 

a  pont  sur  la  Vienne ,  dont  la 

ction.  est  attribuée  à  Sully ,  et 

célèbre  manufacture  d'armes  blan- 

LTSLLEBAULT  (déclaration  de), 
rtt  rexplosion  révolutionnaire  dé- 
minée par  l'assassinat  des  Guises, 
fi  III,  abandonné,  rebuté  de  tous, 
Ht  plus  d'autre  ressource  qu'une 
avec  le  roi  de  Navarre.  C'était 
remière  chance  favorable  qui  se 
itait  au  Béarnais  pour  relever 
^parti  et  se  rapprocher  du  trône, 
^  la  saisit  avec  son  habileté  ordl- 
,  malgré  les  répugnances  des 
.latroduitàChâtelleraulten  1589, 
les  bourgeois,*  qui  étaient  pour  la 
irt  -huguenots ,  il  y  publia,  le  4 
^  un  manifeste  adressé  aux  trois 
i  de  France.  Cette  pièce,  rédigée 


par  Duplessîs-Mornay ,  était  un  chef- 
d'œuvre  d'adresse.  Le  roi  de  Navarre 
s'y  posait  comme  médiateur  entre  la 
ligue  et  la  royauté,  interçellant  tous 
les  Français  ae  se  réunir  a  lui  pour  le 
salut  de  la  patrie  ,  faisant  déjà  pres- 
sentir sa  conversion  au  catholicisme. 
Après  s'être  plaint  de  ce  qu'on  ne  l'a- 
vait point  convoqué  à  l'assemblée  de 
Blois,  et  avoir  déclaré  qu'il  était  prêt 
à  demander  au  roi ,  son  seigneur,  la 
paix  du  royaume ,  pourvu  qu'on  res- 
pectât son  honneur,  il  ajoutait  : 

*  Je  sais  bien  qu'en  leurs  cahiers, 
«  vos  députés  ont  pu.  insérer  cette 
«  maxime  générale,  qu'il  ne  faut  qu'une 
«  reliffion  en  un  royaume ,  et  que  le 
«  fondement  d'un  État  est  la  piété , 
«  gui  n'est  point  en  lieu  oii  Dieu  est 
«  diversement  servi,  et  par  conséquent 
«  mal.  Je  l'avoue ,  il  est  ainsi ,  à  mon 
«  très-grand  regret;  je  vois  force  gens 
«  qui  se  plaignent  de  ce  mat ,  peu  qui 
«  veuillent  y  remédier...  Or,  je  me 
«  suis  toujours  offert  à  la  raison  ,  et 
«  m'y  offre  encore.  - .  Et  moi  et  tous 
K  ceux  de  la'  religion  ,  nous  rangerons 
«  toujours  à  ce  que  décernera  un  con- 
«  cile  libre  ;  c'est  le  vrai  chemin,'  c'est 
«  le  seul  que  de  tout  temps  on  a  pra- 
«  tiqué;  sous  celui-là,  nous  passerons 
«  condamnation.  Mais  de  croire  qu'à 
«  coups  d'épée^n  le  puisse  obtenir  de 
«  nous,  j'estime  devant  Dieu  que  c'est 
*  une  chose  impossible,  et  de  tait,  l'é- 
«  vénement  1^  montre  bien. . . . 

«  Or ,  laissons  cela  ;  si  vous  désirez 
a  mon  salut  simplement ,  je  vous  re« 
«  mercie.  Si  vous  ne  souhaitez  ma  con- 
«  version  que  pour  la  crainte  que  vous 
«  avez  qu'un  jour  je  vous  contraigne , 
«  vous  avez  tort  ;  mes  actions  résis- 
«  tent  à  cela...  Il  n'est  pas  vraisem- 
«  blable  qu'une  poignée  de  gens  de  ma 
«  religion  puisse  contraindre  un  nom- 
«  bre  infîiu  de  catholiques  à  une  chose 
«  à  laquelle  ce  nombre  infini  n'a  pu 
«  réduire  cette  poignée...  Je  vous  coh- 
«  jure  donc  tous  par  cet  écrit ,  autant 
«  catholiques ,  serviteurs  du  iroi,  mon 
«  seigneur ,  comme  ceux  qui  ne  le  sont 
«  pas ,  je  vous  appelle  comme  Fran- 
ce çais ,  ie  vous  somme  que  vous  ayez 
«  pitié  cfe  cet  État  et  de  vous-mêmes.:.. 


48 


CttÀ 


L'UNIVERS. 


€HA 


«  Nous  avons  tous  assez  fait  et  souf- 
«  fert  de  mal  ;  nous  avons  été  quatre 
«  ans  y  vres,  insensés  et  furieux  ;  n'est- 
«  ce  pas  assez  ?  Dieu  ne  nousa-t-il  pas 
a  assez  frappés  ies  uns  et  les  autres 
«  pour  nous  faire  revenir  de  notre  en- 
«  durcissement ,  pour  nous  rendre  sa- 
«  ges  à  la  fin,  et  pour  appaiser  nos 
«  furies?  etc.  » 

Après  avoir  ensuite  démontré  les 
dangers  de  la  guerre  pour  tous ,  pour 
le  roi ,  pour  la  noblesse,  pour  le  clergé, 
pour  les  peuples  des  villes  et  des  cam- 

Sagnes,  il  mvoque  les  députés  aux 
erniers  états,  les  royalistes,  les  li- 
gueurs eux-mêmes  ;  il  les  adjure  de 
sacrifier  leurs  passions,  leurs  querelles 
au  bien  de  la  France.  Il  promet  sa 
protection  et  sauvegarde  à  tous  ceux 
qui  se  voudront  unir  à  lui  en  cette 
bonne  résolution ,  et  il  engage  sa  foi 
et  son  honneur  au*il  ne  souffrira  ja- 
mais que  les  catnoliques  soient  con- 
traints en  leur  conscience  ni  en  leur 
exercice  libre  de  la  religion,  ayant  de 
longtemps  appris  que  le  vrai  et  unique 
moyen  de  réunir  les  peuples  au  service 
de  Dieu  ,  c'est  la  douceur ,  la  paix  et 
les  bons  exemples  (*). 

Un  mois  après  ce  manifeste ,  le  roi 
de  Navarre  signa  avec  Henri  III  un 
traité  par  lequel  il  s'engageait  à  servir 
le  roi.  «  de  toutes  ses  forces  et  moyens, 
contre  ceux  qui  violînt  l'autorité  de 
Sa  Majesté  et  troublent  son  État.  » 
Dès  lors  la  nature  de  la  guerre  civile 
était  entièrement  changée.  C'était  le 
royalisme  luttant  contre  l'omnipotence 
populaire. 

Chàtelux  ou  Chastellux  ,  an- 
denne  seigneurie  de  Bourgogne ,  au- 
jourd'hui départ,  de  ITonne ,  à  7  M. 
d'Avalon,  érigée  en  comté  en  1621. 

Chàtelux  ,  nom  d'une  célèbre  mai- 
son de  Bourgogne,  dont  le.  premier 
personnage  mentionné  dans  l'histoire 
est  Jean  de  Beauvoir^  seigneur  de 
Chastelux,  qui  servit  en  Picardie 
sbus  le  roi  de  Navarre,  en  1352. 

Son  peiii-ûls  ^  Claude  de  Beauvoir, 

(*)  Cette  déclaration  se  trouve  tout  au 
long  dans  Dupletsis-Mornay ,  t.  IV,  §  72  ; 
et  Mémoires  de  la  Ligue ,  t.  m,  p.  a38-a45. 


seigneur  de  Chàtelux  ,  est  le  mem* 
bre  le  plus  connu  de  cette  famille.  Né 
à  la  fin  du  quatorzième  siècle,  et  atta* 
ché  en  1409 ,  en  qualité  de  chambeliao, 
à  Jean  sans  Peur,  duc  de  Bourj^ogMij 
il  le  servit  avec  le  plus  grand  zèle, 
gouverna  en  son  nom  le.Nivernais/ 
villes  de  Mantes,  Pontoise,  Meulani 
Poissy.  Il  fut  Tun  des  chefs  de'ia 
tite  troupe  de  chevaliers  bourguigi 
qui  conçut  et  exécuta  l'aventur 
projet  de  surprendre  Paris  dans 
nuit  du  28  au  29  mai  1418.  [Voy.  " 
CLEBG.  (Perrinet.)]  Chatellix  sut 
ter  du  désordre  qui  régna  dans  là 
après  ce  coup  de  main ,  rançonna^ 
riches  bourgeois  et  se  fit  nommer, < 
le  6  juin ,  maréchal  de  France ,  en 
placement  du  vieux  sire  de  Rie 
Nommé ,  peu  de  temps  après ,  lir 
nant  et  capitaine  général  dans  ler 
de  Normandie ,  il  fut  dé&it^  çt 
au  pouvoir  des  Armagnacis  rmaid 
roi ,  à  la  sollicitation  du  duc  dé 
gogne ,  paya  sa  rançon.  Il  se  sti 
encore  par  plusieurs  autres  expi 
Rappelé  en  Bourgogne  après  le 
tre  de  Jean  sans  Peur,  il  surprit  * 
vant  et  y  soutint  pendant  cinq 
nés,  en  1423,  un  siège  ménooi 
contre  toute  l'armée  française,  * 
quelle  les  Bourguignons ,' joints 
Anglais ,  firent  essuyer  enfin  m  ' 
faite  complète  ;  aussi  fut-il  corobM 
loges  par  Philippe  le  Bon  et 
c^iapitre  d'Auxerre,  auquel  ap[ 
nait  la  seigneurie  de  Crevant ,  dj 
lui  accorda  les  honneurs  du  canof 
(Voyez  Chanoines  héréditai] 
Chàtelux  assista ,  au  nom  du  dt 
Bourgogne^  aux  conférences 
pour  la  paix  à  Auxerre,  en  1431; 
mourut  en  1453. 

François- Jean  y  marquis  de 
TELUX  ,*  le  dernier  membre  célèbl 
cette  famille ,  naquit  à  Paris  en 
A  quinze  ans ,  il  entra  au  servie 
fut  pourvu  six  ans  après  d^uo 
ment.  Bientôt  la  faveur  dont  jo( 
sa  famille  lui  fit  obtenir  le  til 
maréchal  de  camp ,  auguel  il  ni 
encore  aucun  droit,  mais  qu'il j( 
ensuite  par  des  services  réels.  A< 
rante-six  ans  il  passa  en  Amérir 


CHA 


FRANCE. 


CHA 


49 


remplit  la  charge  de  major  général 
dans  rarmée  de  Rochambeau.  Pendant 
les  trois  années  qu'il  resta  dans  ce 
pays,  il  ne  cessa  de  donner  des  preu- 
res  d'intelligence  et  d'activité.  Il  s'y 
lia  étroitement  avec  Washington.  A 
soo  retour ,  il  obtint  le  gouvernement 
de  LoDgwy  et  la  place  d'inspecteur 
finfaoterie ,  fonctions  qu'il  exerça 
JBSiu'à  sa  mort,  arrivée  en  1788.  A 
RS travaux  militaires,  le  marquis  de 
Qiatelux  joignit  les  délassements  de  la 
littérature.  Ses  liaisons  de  jeunesse 
arec  les  écrivains  et  les  savants  les 
[plas  célèbres  de  l'époque  furent  une 
,A0G3sion  pour  lui  de  développer  son 
Itetde  le  diriger.  Il  fit  paraître  en 
1772  uo  traité  de  la  Félicité  publique, 
Voltaire  a  mis  au-dessus  de  VEs- 
'des  lois,  ce  qui  est  au  moins  une 
jération.  Du  reste,  on  trouve  dans 
livre  des  recherches  profondes,  des 
lissànces  variées ,  des  vues  ingé- 
ises,  mais  on  désirerait  y  voir 
dé  méthode ,  moins  d'appareil  de 
dans  les  détails ,  et  plus  de 
licite  de  style.  Le  marquis  de  Cha- 
rapprta  de  son  expédition  aux 
Winis  des  yoyages  dans  VAmé" 
itptentrionale ,  durant  les  an^ 
1780-1781  et  1782.  C'est  le  plus 
mt  et  le  plus  instructif  des  ou- 
nés  de  cet  auteur  ;  il  s'y  montre 
ime  d'esprit ,  militaire  éclairé  et 
(Nrvateûr  judicieux.  Son  style  est 
li  d'une  narration  familière*  et  en- 
;  cependant  Texpression  s'élève 
luefois  avec  le  sujet,  comme  dans 
[^portrait  si  connu  de  Washington. 
1765,  M-  de  Chatelux  avait  publié 
Essai  sur  Vunion  de  la  poésie  et 
la  musique,  où  éclate  le  plus  vif 
'bousiasme  pour  la  musique  ita- 
toe.  On  a  encore  de  lui  une  traduc- 
ide  Y  Essai  sur  l^opéra  d' Algarotti^ 
Eioged'Helvétius,  en  style  lourd  et 
'  irrassé,  et  un  Discours  sur  les 
\tages  qui  résultent  four  VEu- 
de  la  découverte  de  l  Amérique, 
mrs  bien  pensé ,  selon  la  Harpe , 
'  bien  écrit  et  plein  de  vérités 
(.  On  peut  joindre  encore  à  ces 
rraçes  plusieurs  articles  fournis  au 
"clément  de  l'Encyclopédie ,  un  en- 


ipiement  ae  i  bncyciopedie ,  un  en-        jxous  i 
T.  T.  4«  Livraison.  (Dict.  encycl.,  etc.) 


tre  autres  sur  le  bonheur  public.  Ces 
deux  mots  résument  l'objet  des  loua- 
bles préoccupations  du  marquis  de 
Chatelux. , Lorsque  l'inoculation  était 
encore  combattue  en  France ,  il  n'hé- 
sita pas  à  se  faire  inoculer,  quoiqu'il 
fût  à  peine  âgé  de  vingt  ans.  Après  sa 
convalescence ,  il  alla  voir  Bunbn  ,  à 
qui  il  dit  :  «  Me  voilà  sauvé  :  mais  ce 
qui  me  touche  davantage ,  c'est  que 
mon  exemple  en  sauvera  bien  d'au- 
tres. » 

Chatenois,  bourg  de  l'ancienne 
Alsace  (aujourd'hui  département  du 
Bas-Rhin),  situé  au  pied  des  Vosges, 
à  4  kilomètres  de  Schelestadt. 

Ce  lieu ,  dont  la  population  est  au- 
jourcji^hui  de  2,900  naoitants ,  fut  pris 
et  brûlé  à  plusieurs  reprises  :  en  1298, 
par  les  bourgeois  de  Schelestadt,  pen- 
dant la  guerre  entre  les  Impériaux  et 
Tévêque  de  Strasbourg  ;  en  1445 ,  par 
les  Armagnacs,  et  en  1525,  après  la 
défaite  sanglante  qu'y  éprouvèrent  les 
paysans  révoltés.  (Y.  l'art.  Boubes.) 
On  voit  encore  à  Châtenois  quelques 
débris-  d'anciennes  fortifications. 

Chatenots  ,  bourjs^  de  l'ancien  du- 
ché de  Lorraine ,  aujourd'hui  du  dé- 
partement des  Vosges ,  était  le  séjour 
des  premiers  ducs  de  la  province,  qui 
en  avaient  fait  une  place  forte.  Ils  y 
possédaient  un  château  dont  les  ruines 
subsistent  encore.  Hadwige  de  Namur, 
femme  du  duc  Gérard  d'Alsace,  y 
fonda  en  1070. un  prieuré  de  bénédic- 
tins, dans  le  cloître  duquel  Thierry  II, 
le  f^aillant,  fut  enseveli  en  1115. 

Chatillon  ou  Chàstillon  (  mai- 
son^ de  ).  Plusieurs  anciennes  puis- 
santes familles  de  France  ont  poVté 
ce  nom.  La  plus  célèbre  est  celle  de 
Chdiillon'Sur'Mame ,  qui  itait  alliée 
aux  maisons  souveraines  de  France , 
d'Autriche  et  de  Jérusalem,  et  se  di- 
visait en  un  grand  nombre  de  bran- 
ches ,  dont  les  principales  furent  : 

Les  comtes  de  Saint -Paul  et  de 
£lois,de  1235  à  1291.    . 

Les  comtes  de  Biais,  de  1291  à 
1386. 

I^s  comtes  de  Penthièvre,  de  1337 
à  1434. 

!Nous  avons  consacré  un  article  spé* 


so 


èHA 


L^KIVERS. 


euA 


cial  au  premier  et  au  plus  célèbre  des 
camtes  de  Penihièvre  de  la  maison  de 
Ghâtillon.  (Yoy.  Chablis  de  Blois.) 

Les  comtes  de  Saint-Paul,  de  1291 
à  1360.      . 

Les  comtes  de  Porcean,  seigneurs 
deFêre.de  1248  à  1453. 

Les  seigneurs  de  Dampierre,  de 
1325  à  1471. 

Les  seigneurs  de  ChâtUlon^  de  Gan^ 
delus^  Troissi,  la  Ferlé ^  etc.,  de  1329 
à  1667. 

Les  seigneurs  de  Bois-RomeSi  com- 
tes de  Châtillm ,  de  16S0  à  1762. 

Les  marquis  de  Châtillon, 
''  Les  seigneurs  de  Marigny,  de  1450 
à  1603 ,  etc. 

Les  membres  les  plus  distingués  de 
cette  famille  sont  : 

Evdes ,  fils  de  Mies ,  qui ,  sous  le 
nom  ôï*  Urbain  II,  fut  le  premier  des 
papes  français. 

Renavd^  qui  suivit  à  la  croisade 
Louis  le  Jeune,  devint  prince  d'An- 
tioche,  par  son  mariage  avec  Cons- 
tance, fille  de  Boëmond  II,  se  rendit 
célèbre  par  ses  brigandages ,  et  finit 
par  tomber  entre  les  mains  de  Bala- 
din ,  qui  lui  fit  trancher  la  tête. 

Jean  de  Ciîa.tillon,  comte  de  Char- 
tres et  de  Biais,  qui  reçut  en  1271,  de 
Philippe  lïl ,  dit  le  Hardi,  le  titre  glo- 
rieux de  garde ,  tuteur  et  défenseur  da 
ses  enfants  et  de  l'État. 

Gaucher  de  Châtillon  ,  comte  de 
Crécy  et  de  Porcean,  connétable  de 
France.  Il  naquit  en  1250,  fut  créé 
connétable  de  Champagne  en  1286,  et 
commanda  les  troupes  de  cette  pro- 
vxïifj^  partout  où  elles  se  trouvèrent. 
Il  mit  en  fuite,  en  1291,  l'armée  de 
Henri ,  comte  de  Bar ,  gendre  du  roi 
d'Angleterre  ;  se  battit  en  héros  à  la 
funeste  journée  de'  Courtrai ,  le  11 
juillet  1302 ,  et  fut  nommé  par  Phi- 
lippe le  Bel  connétable  de  France, 
après  la  mort  de  Raoul  de  Clermont 
de  Nesle ,  tué  à  cette  bataille.  Il  con- 
tribua beaucoup,  en  1304  ,  au  gain  dt 
la  bataille  de  Mons-en-Puelle;  en  1307. 
il  fit  couronner  le  roi  de  Navarre,  a 
Pampelune,  Louis,  fils  aîné  de  Phir 
lippe  le  Bel ,  et  depuis  roi  de  France , 
sous  le  nom  de  Louis  X  ,ûitle  Mutin. 


Ce  prince  kiî  confia  alors  les  affaires 
les  plus  importantes.  Gaucher  de  Châ- 
tillon assista  au  sacre  de  Philippe  le 
long  et  à  celui  de  Charles  le  Bel ,  qui 
le  choisit ,  en  1324  ,  pour  l'un  de  ses 
exécuteurs  testamentaires.  Il  signa 
comme  commissaire,  au  nom  du  roi, 
les  traités  de  paix  faits  avec  l'Angle- 
terre, en  1325  et  1326;  en  1328,  il 
commanda'  l'armée  française  à  la  ba- 
taille de  Mont-Cassel ,  où  les  ennemis 
furent  entièrement  défaits ,  et  il  moa< 
rut  l'année  suivante. 

AlexiS'Madeleine-Rosalie  de  BoiS' 
Rogues ,  duc  de  Châtillon  ,  né  eu 
1690,  fut  successivement  colonel  d'ofi 
régiment  de  dragons ,  inspecteur  gé- 
néral de  la  cavalerie,  maréchal  de 
camp  et  lieutenant  général.  Il  coin* 
mandait  en  cette  (Qualité  la  cavaM 
française  à  la  bataille  de  Gnastalla^ 
où  il  fut  dangereusement  blessé.  Ses  ' 
vertus  et  l'estime  dont  il  jouissait  à  ?* 
cour ,  le  firent  choisir ,  en  1735  y  pot 
être  gouverneur  du  dauphin,  fils 
Louis  XV.  Il  fut  créé  duc  et  pair 
1736 ,  et  lieutenant  général  an  gouvfl{!r 
nement  de  Bretagne^  en  1739.  Lorsdj 
la  maladie  de  Louis  XVy  il  condai^ 
le  dauphin  à  Metz  ,  et  fut  exilé  peo^' 
temps  après ,  sous  prétexte  qu'il  at 
fait  cette  démarche  sans  en  avoir  re 
l'ordre  du  roi.  Il  reviitt  àesbnexil 
1747 ,  mais  ne  reparut  plus^àia  coŒljj 
Il  mourut  en  1754. 

Louié^Omicher  de  Chàtîllon,] 
fils,  fiih:  iè^  dernier  mâle  de  sa  mais( 
il  mburiit  ën'1760,  et  ne  laissa  q 
deux  filles,  les  duchesses  d'Uzès  eti 
la  Trémèuille.  —  André  Bucbesne; 
écrit  l'histoire  de  la  maison^  de 
tillon-sur-Marne(in-fol.,  16^1.) 

Une  autre  famille  de  ce  nom , 
de  Châtillon-sur-Loing  y  a  fourni  à 
France  l'amiral  de  Coligny  et  ses  dei 
frères,Dandelôt  et  Odet.(VQy.Coliçnj 

Châtillon  (Wicolas  de),  ingénir* 
né  à  Châtillon-sur-Marne,  en  If 
construisit  la  place  Royale ,  et  eatj 
Çloire  de  terminer  le  Pont-Neuf 
tétait  à  peine  commencé  quand  il 
chargé  d'en  diriger  les  travaux.— I 
mourut  en  1616. 

CHA.TILL0N,  en  Piémont  ( 


ettA 


FRANCE. 


€HA 


51 


éé)«  L'armée  de  réserve ,  condaite  par 
Bonaparte ,  venait ,  par  une  maniée 
hardie,  de  franciiir  le  mont  Saint- 
Bernard,  quand  le  général  Lannes, 
coniBiandaût  l'avant'-garde.  arriva  le 
19  mai  ISOÔ  devant  Châtillon.  «  Il  y 
trouva  quinze  cents  Croates  occupant, 
à  Tembranchement  des  deux  vallées, 
«ne  position  resserrée  et  bien  appuyée 
à  la  rive  gaucbe  de  la  Dora  ;  il  la  fît 
toarner  par  la  droite,  et  Tattaquant  en 
même  temps  de  front ,  il  déposta  les 
.  Autrichiens,  leur  prit  trois  cents  hom- 
mes ,  trois  pièces  de  ranon ,  et  pour- 
suivit le  reste  jusque  sous  le  fort  de 
Bard  (*).  » 

Chatillon-lb-Duc  ,  ancienne  seî- 
eoeuriê  de  Franche-Comté ,  aujour- 
rbui  da  département  du  Doubs  ,  éri- 
gée en  baronnie  en  1626. 

Châtillon- LES -DoMBEs,  petite 
ville  de  l'ancienne  province  de  Bresse, 
aujoard^faui  ebef-Iieù  de  canton  du  dé- 
yartenient  de  l'Ain ,  érigée  en  comté 
en  1561 ,  et  acquise  en  1645  par  ma- 
éemoiselte  de  Montpensier,  qui  la  réu- 
nit à  la  principauté  de  Bombes.  La 
«Mrtarioq  de  cette  ville  est  aujour- 
Hw  4e  2,636  habitante. 

GK&tH^LON-SUH-DOBDOGNE.   VOV. 

€Sifnz.LON. 

ûuïillotv-sub-Inbre,  petite  ville 
de  Tancienne  Touraine,  aujourd'hui 
Aef-Heu  de  canton  du  département  de 
flndre,  près  de  la  rive  gauche  de  Tln- 
étt^  à  44  kil.  de  Cbâteauroux.  C'était 
jÉRfis  une  place  forte,  et  sa  position 
•or  la  frontière  du  Berri  lui  donnait 
Me  assez  grande  importance.  Elle  fut 
Wéanie  par  confiscation  à  la  couronne, 
f  204.  Cétait  le  sié,2;e  d'un  présidial 
el  d'une  prévôté  royale. 
Chatillon-sub-Loing,  petite  ville 
B  randm  Gâtinais  Orléanais,  aujour- 
0kin  chef^lieu  de  canton  du  départe- 
tmat  du  Loiret,  est  dominée  par  un 
jjiîrfcn  cbâteau  où  est  né  l'amiral  de 
iMignv,  dont  te  tombeau  se  voit  en- 
Are  daas  la  chapelle  de  cet  édifice. 
lès  avoir  appartenu  à  la  famille  de 
;ne,  Châtillon  -  sur  -  Loing  était 

(^  Préfds  des  événements  militaires  par 
'ie général  Mathiei  Dumas,  t  m,  p.  17a. 


)asse  par  héritage  à  la  maisOD  de  Co- 
ignv.  Cette  ville  fut  prise ,  pillée  e^ 
nûléeen  1559  parles  huguenots,  qui 
la  saccagèrent  de  nouveau  en  1562; 
elle  fui:  reprise  par  les  catholiques  en 
1569.  Après  le  meurtre  de  l'amiral 
Coligny  à  la  Saint-Bartbélemy,  un  ar- 
rêt du  parlement  de  Paris  ordonna, 
le  â7  octobre  1572,  que  le  château  de 
Châtillon-sur-Loîng  serait  rasé ,  sans 
qu'on  pût  jamais  le  rebâtir;  que  les 
arbres  du  parc  seraient  coupés  à  la 
moitié  de  leur  hauteur;  qu'on  sème- 
rait du  sel  sur  le  terrain  de  la  mai- 
Son,  et  qu'on  élèverait  dans  la  cour 
une  colonne  sur  laquelle  on  graverait 
cet  arrêt;  mais  par  un  autre  arrêt  du 
15  mai  1576 ,  ces  dispositions  furent 
révoquées.  En  1648.,  Châtillon  fut 
érigé  en  duché -pairie  ,  et  en  1698, 
Louis  XIV  en  fit  un  duché  héréditaire 
en  faveur  de  Paul  Sigismond  de  Mont- 
morency ,  troisième  fils  de  François- 
Henri,  duc  de  Piney-Luxembourg.  La 
population  de  cette  ville  est  aujour- 
d'hui de  2,126  habitants. 

Chaxillon-sub-Mabne,  bourg  de 
Tancienne  Champagne,  aujourcThui 
chef'iieu  de  canton  du  département 
de  la  Marne,  à  28  kil.  ae  Keiras, 
était  autrefois  une  ville  considérable. 
Hérivée,  fils  d'Eudes,  premier  membre 
connu  de  la  maison  de  Châtillon,  y 
fit  construire,  en  926,  un  château  que 
Louis  d'Outre-Mer  assiégea  sans  suc- 
cès en  940  et  947.  Prise  et  en  grande 
partie  détruite  par  l'armée  de  Charles- 
Quint  en  1545  ,  la  ville  de  Châtillon 
tomba  encore,  en  1575,  au  pouvoir 
des  calvinistes  ,  qui  achevèrent  de  la 
détruire.  Châtillon  a  donné  soanom 
à  l'une  des  plus  illustres  familles  de 
la  France.  Elle  appartenait,  au  siècle 
dernier ,  à  la  maison  de  Bouillon.  Sa 
population  n'est  plus  aujourd'hui  que 
de  448  habitants. 

Chatillon-sub-Sbiwe,  petite  ville 
de  J' ancienne  Bourgogne ,  aiyourd'hui 
chef-lieu- de  l'un  des  arrondissements 
du  département  de  la  Côte -d'Or. 
L'existence  de  cette  ville  remonte  à 
une  époque  très-reculée,  et  l'on  pense 
qu'elle  prit  naissance  au  quatrième  et 
au  cinquième  siècle.  Elle  formait  au^ 

4. 


62 


CHA 


L'UNIVERS. 


CHA 


trefois  deux  villes  distinctes,  séparées 
par  deux  bras  de  la  Seine,  par  des  murs, 
des  fossés  et  des  portes.  L*une  portait 
le  nom  de  Botirg  ,  et  l'autre  était 
nommée  Chaumont.  Elles  avaieat.cha- 
cune  leur  château.  Mais  elles  sont 
réunies  depuis  longtemps.  Le  comté 
de  Châtillon-sur-Seine  fut  réuni  de 
bonne  heure  au  duché  de  Bourgogne, 
dont  il  ne  fut  jamais  démembré ,  et 
avec  lequel  il  fut  réuni  à  la  couronne. 

Les  ducs  de  Bourgogne  de  la  pre« 
mîère  race  avaient  cnoisi  pour  séjour 
habituel  la  ville  de  Châtillon  ,  où  Ton 
voit  encore  des  restes  du  château  qu'ils 
avaient  fait  construire.  Cetteville  était 
regardée  avant  la  révolution  comme  la 
capitale  de  la  contrée  connue  sous  le 
nom  de  Pays  de  Ici  montagne;  c'était 
Je  siège  d'un  bailliage  considérable. 
£lle  possède  aujourd'hui  des  tribunaux 
de  première  instance  et  de  commerce^ 
et  une  bibliothèque  publique  de  7,000 
volumes.  Sa  population  est  de  4,175 
hab.  C'est  la  patrie  de  Philandrier,  de 
Petiet,  ancien  ministre  de  la  guerre, 
et  du  maréchal  Marmont. 

Châtillon  -  suh  -  Seinb  (  congrès 
de).— Ouvert  le  4  février  1814  ,  deux 
jours  après  la  bataille  de  Brienne,  ce 
congrès  fut  rompu  le  18  mars ,  cinq 
jours  avant  que  Blûcher  et  Schwart- 
zemberg  eussent  opéré  leur  jonction 
dans  les  plaines  de  Châlons.  La  rup- 
ture des  négociations  fut  le  signal  de 
la  marche  des  coalisés  sur  Paris. 

Ce  congrès  n'avait  été,  pour  les  rois 
étrangers,  qu'un  moyen  de  gagner  du 
temps  et  de  miner  le  sol  sous  les  pieds 
du  héros  dont  ils  avaient  juré  la  perte. 
Peux  congrès  antérieurs,  ceux  de  Pra- 
gue et  de  Francfort ,  avaient  eu  le 
même  caractère  ;  avec  cette  différence 
qu'à  Prague,  en  1813^  Napoléon  pos- 
sédait encore  des  positions  importan- 
tes en  Allemagne,  et  qu'à  Francfort, 
vers  la  fin  de  la  même  année,  il  était 
encore  assez  redoutable  pour  que  ses 
ennemis  lui  offrissent  de  se  contenter 
de  la  France  avecses  limites  {Naturelles 
du  Rhin,  des  Alpes  et  des  Pyrénées. 
(Voyez  Pbagub  et  Fbancfobt.)  A 
Châtillon,  les  exigences  augmentèrent 
en  proportion  du  succès  qu'avaient  eu 


les  intrigues  précédentes,  et  du  chenrîa 
que  les  oandes  coalisées  avaient  £iit 
vers  Paris,  le  point  de  mire  de  toutes 
leurs  attaques.  Ce  n'était  plus  ses 
frontières  naturelles  qu'on  onrait  à  la 
France,  c'étaient  ses  limites  de  1792. 
Ce  n'était  plus  à  Manheim,  sur  ia  rive 
droite  du  Rhin,  que  devaient  s'ouvrir 
les  conférences,  c'était  au  coeur  même 
de  la  France,  sur  les  rives  de  la  Seine, 

Î[u'elles  allaient  se  traîner  avec  une 
enteur  calculée.  Lorsque  !'empereur 
apprit  les  conditions  humiliante&qu'oa 
voulait  lui  dicter ,  il  s'écria  :  «  C'est 
«  par  trop  exiger  ;  les  alliés  oublient 
«  que  je  suis  plus  près  de  Munich  qu'ils 
«  ne  le  sont  de  Paris.  »  Mais  son  gé- 
nie l'abusait;  la  force  des  rois  coalisés 
était  immense,  parce  qu'elle  s'appuyaH  . 
sur  un  mouvement  populaire  qu'ils 
avaient  eu  Tart  de  soulever  en  Alle- 
magne. Aussi  dut-il  céder  à  la  fortuDe» 
et  prêter  roreil)e  ^  sinon  souscrire  à 
des  conditions  qui  l'avaient  d'abord 
révolté.  Cependant ,  il  y  eut  un  mo«^ 
ment  où ,  avec  les  50,000  hommes  qii 
lui  restaient ,  il  renouvela ,  dépaasft 
même  les  prodiges  de  ses  campagnoi 
d'Italie,  et  parut  ressaisir  l'avantagea. 
Après  les  victoires  de  Champ-Aubert» 
de  Montmirail  et  de  Nangis,  les  roift 
coalisés  commencèrent  à  se  repentir 
d'aveir  élevé  de  trop  hautes  prétea» 
tions.  De  son  côté,  l'empereur  écrivît 
au  duc  de  Vicence ,  son  plénipote»* 
tiaire  à  Châtillon,  de  prendre  une  ai* 
titude  plusfière,  «  Je  vous  avais  doniiff 
«  cart€hlancheiM\à\sd\\r\\\t  17févri^^ 
«  lendemain  de  la  victoire  de  Nansis^ 
«  pour  sauver  Paris  et  éviter  une  ua« 
«  taille  qui  était  la  dernière  en  pré^ 
«  sence  cle  laïuation.  La  bataille  a  e^^ 
«  lieu.  La  Providence  a  béni  nos  "^  " 
*<  mes  :  j'ai  fait  30  à  40,000  prisonnî 
«  j'ai  pris  200  pièces  de  canon , 
«  grand  nombre  de  généraux,  etdét 
«  plusieurs  armées  sans  presque 
«  férir.  J'ai  entouré  hier  l'armée 
«  prince  Schwartzemberg,  que  j'es[ 
«  détruire  avant  qu'elle  ait  repassé 

«  frontières Vous  devez  tout  ' 

«  pour  la  paix^  mais  mon  inten 

«  est  que  vous  ne  signiez  rien 

«  mon  ordre ,  parce  que  moi  seul  ji: 


we^ 


CHA 


FRAiyCE. 


CBA 


53 


«  connais  ma  position Je  veux  la 

«  paix  ;  mais  ce  n'en  serait  pas  une  que 
«  celle  (}ai  imposerait  à  la  France  des 
«  conditions  plus  humiliantes  que  cel- 

*  les  de  Francfort Je  suis  prêt  à 

«  cesser  les  hostilités  et  à  laisser  les 
«  ennemis  rentrer  tranquilles  chez 
«  eux.,  sMls  signent  les  préliminaires 
«  basés  sur  les  propositions  de  Franc- 

c  fort V Ces  propositions,  comme 

on  Ta  déjà  vu,  c'étaient  les  limites  na- 
turelles de  la  France.  Le  succès  avait 
rendu  à  Napoléon  son  ancienne  éner- 
l^e ,  et  même  une  partie  de  ses  illu- 
sions; car,  dans  une  lettre  adressée  le 
18  au  prince  Eugène,  il  disait  qu'il  lui 
paraissait  possible ,.  si  la  fortune  con- 
""tinuait  à  nous  sourire,  que,  Tennemi 
mie  fois  rejeté  en  grand  désordre  hors 
de  nos  frontières,  nous  pussions  con- 
•  terver  ritaUe.  En  effet,  l'ennemi  con- 
timia  quelque  temps'  encore  à  battre 
en  retraite.  Le  20  ,  Napoléon  est  à 
'Bray,  où  l'empereur  Alexandre  a  cou- 
dié  la  Teille.  La  grande  armée  des 
'  Uoaiisés,  qui  a  échoué  dans  une  atta- 
'm  à  Nogent ,  se  précipite  vers  nos 
liNnilSères,  poursuivie  par  les  40,000 
limes  de  Napoléon.  Après  le  glorieux 
'.  combat  de  Mérr-sur-Seine  ,  Napoléon 
coodie  le  22  à  Châtres.  Le  24 ,  il  est 
mdré  à  Troyes.  On  est  à  la  veille  de 
'  conclure  un  armistice  à  Lusigny  ;  les 
'  plénipotentiaires  sont  nommés  départ 
'et  d'autre  ;  le  général  Flahaut  est  celui 
,ée  la  France.  Séparer  l'Autriche  de  la 
'coalition,  tel  était  le  bot  de  l'empereur. 
|1I  se  croyait  sur  le  point  de  l'atteindre, 
lorsque  PAngleterre  et  la  Russie  vin- 
fent   déjouer   tous   ses   projets.    Le 
'l*'mars  eut  lieu  à  Chaumont  le  traité 
là  funeste  de  la   quadruple  alliance. 
L'An.steterre ,  la  Russie ,  la  Prusse, 
FAutriche,  s'engageaient  à  tenir  cons- 
itmment  en  campagne  une  armée  de 
'(00,000  hommes ,  dans  le  but  de  con- 
'^indre  la  France  à  se  contenter  de 
■ies  limites  de  1792.  Un  article  parti- 
eîdicr,  qui  avait  surtout  en  vue  i'Au- 
^ll^e,  portait  qu'aucune  négociation 
It^forée  n'aurait  Iku  avec  fennemi. 
Cn  réponse  à  ce  traité.  Napoléon  lance 
i  Fismes  deux  décrets,  dont  l'un  pres- 
crivait des  représailles  sur  les  prison- 


niers, pour  tout  citoyen  qui  serait  tué, 
et  le  supplice  des  traîtres  contre  tout 
fonctionnaire  oui  refroidirait,  au  lieu 
de  l'exciter,  l'élan  patriotique  des  ha- 
bitants. L'autre  ordonnait  à  tout 
Français  de  courir  aux  armes  à  l'ap 

K roche  de  nos  armées,  et  de  faire  main 
asse  sur  les  ennemis.  Mais  il  était 
déjà  trop  tard  ;  et  le  demi  -  succès  de 
la  journée  de  Graonne  rendit  aux  al- 
liés toute  leur  insolence.  Le  duc  de 
Vicence  fit  de  vains  efforts  pour  obte- 
nir des  conditions  moins  humiliantes. 
Peut-être  manqua-t-il  de  courage  en 
ne  profitant  pas  Ae  la  latitude  que  lui 
avait  de  nouveau  donnée  l'empereur 
pour  accepter  la  base  des  limites  de 
1792.  En  se  sacrifiant ,  il  aurait  pu 
enchaîner  les  alliés  sans  enchaîner 
l'empereur ,  auquel  serait  toujours 
restée  la  faculté  de  le  désavouer.  Mais, 
le  plus  probable,  c'est  qu'au  q^ioment 
où  il  aurait  offert  sa  signature ,  on 
n'en  aurait  plus  voulu.  Dans  une  lutte 
à  mort  comme  celle  qui  avait  lieu,  les 
négociations  étaient  complètement  ef- 
facées par  les  événements  militaires. 
La  défaite  seule  pouvait  contraindre 
l'empereur  à  accepter  les  limites  de 
1792.  Victorieux ,  les  rois  coalisés 
étaient  décidés  à  ne  pas  laisser  sur  le 
trône  de  France  l'homme  qui  les  avait 
tant  de  fois  fait  trembler.  Même  avec 
la  France  de  1792 ,  Napoléon  les  ef- 
frayait ;  et ,  comme  il  l'avait  dit  lui- 
même^  le  système  de  ramener  la 
France  à  ses  anciennes  frontières 
était  inséparable  du  rétablissemenê 
des  Bourbons,  Pourquoi  donc,  sachant 
ces  choses ,  ne  fit-il  pas  ouvertement 
appel  à  la  démocratie  française  ?  c'était 
le  meilleur  moyen  de  paralyser  la  mar- 
che .des  intrig.ues  en  faveur  des  Bour- 
bons, et  de  séparer  la  cause  des  peuples 
de  celle  des  rois  coalisés  qui  les  trom- 
paient. Lorsque  les  alliés  virent  le 
succès  toujours  croissant  de  leurs  ma- 
nœuvres, lorsqu'ils  furent  convaincus 
que  le  parti  des  Bourbons  avait  habi- 
lement profité  des  circonstances  pour 
grandir  à  Paris,  ils  déclarèrent  que  les 
négociations  de  Châtillon  étaient  ter- 
minées par  le  fait  de  la  France  (  tS 
mars.) 


€4 


caiA 


I.TJIHVERS. 


CSA 


Opendànt  il  s'en  falhil  de  peu  qu'un 
incident  ne  Tint  changer  tout  à  coup 
la  foce  dés  affaires.  L'empereur  d'Au- 
triche avait  été  sur  le  point  de  tomber 
en  notre  pouvoir  par  suite  d'un  mou- 
vement oue  le  général  Pire  avait  fait 
sur  Domlevent  et  sur  la  route  de 
Langres.  L'empereur  d'Autriche ,  qui 
se  trouvait  à  Doulievent ,  fut  violem- 
ment séparé  de  l'empereur  Alexandre  ; 
et  ce  fut  avec  peine  qu'il  parvint  à  se 
•réfugier  à  Dijon,  accompagné  d'un 
seurofGcier.  Quelques  jours  après,  le 
23  mars,  Blûcher  et  Schwartzemberg 
opéraient,  dans  les  plaines  de  Châ- 
lons ,  leur  jonction ,  que  jusque-là  les 
Inouveménts  tant  de  fois  victorieux  de 
nos  armées  avaient  empêchée.  Une 
'  proclamation  des  souverains  annonça 
•  au  peuple  français  la  rupture  des  né- 
.  gociations  et  leur  marche  sur  Paris. 
Au  congrès  de  Ghâtillon  figuraient  : 
pour  l'Autriche,  le  comte  de  Stadion; 

Eour  la  Prusse ,  le  baron  G*  de  Hum- 
oldt;  pour  la  Russie,  le  comte  de 
- Rasouroofski ;  pour  l'Angleterre,  le 
ministre  lord  Gastlereagh ,  lord  Aber- 
deen ,  lord  Gathcart  et  le  général  Char- 
les Stewart  ;  pour  la  France ,  le  géné- 
ral Gaulaincourt ,  duc  de  Vicence.  La 
composition  de  ce  personnel  diploma- 
tique ne  promettait  rien  de  bon  à 
l'empereur.  Le  comte  de  Stadion  et  le 

-  comte  de  Rasoumofski  étaient  ses  en- 

-  Demis  personnels  ;  quant  à  lord  Castle- 
ireagh  et  à  ses  acolytes ,  leurs  senti- 
ments étaient  connus.  Sans  le  comte 
de  Stadion ,  qui  se  sentait  soutenu  par 
un  autre  ennemi  de  l'empereur,  M.  de 
Metternich,  peut-être  Piapoléon  serait 
parvenu  à  séparer  l'Autriche  de  la  coa- 
lition; mais  M.  de  Metternich  n'était 
pas  homme  à  oublier  un  affront,  sur- 
tout un  affront  mérité. 

A  Sainte-Hélène ,  l'empereur  disait 

que  la  cession  d'Anvers  était  un  des 

motifs  qui  l'avaient  déterminé  à  ne 

pas  signer  la  paix  de  Ghâtillon.  «  J'ai 

«  dû  m'y  refuser,  ajoutait-il ,  et  je  l'ai 

'  «  fait  en  toute  connaissance  de  cause; 

é  aussi ,  même  sur  mon  roc ,  ici ,  en 

*  tt  cet  instant ,  au  sein  de  toutes  mes 

^  «  nûsères ,  je  ne  m'en  repens  pas.  Peu 

«  me  comprendront ,  je  le  sais;  mais , 


((  povr  le  vulgaire  même ,  et  malgré  la 
«  tournure  fatale  des  événements,  ne 
«  doit-il  pas  aujourd'hui  demeurer  vi- 
■  csible  ^ue-le  devoir  et  l'honneur  ne 
«  me  laissaient  pas  d'autre  parti  ?  Les 
«  alliés ,  une  fois  qu'ils  m'eussent  eo- 
ctamé,  en  seraient-ils  demeurés  là? 
«  Leur  paix  eût-elle  été  de  bonne  foi , 
c  leur  réconciliation  sincère?  C'eût  été 
«  bien  peu  les  connaître,  c'eût  été  vraie 
«  folie  que  de  le  croire  et  de  s'y  aban- 
«  donner.  N'eussent-ils  pas  profité  de 
«  l'avantage  immense  que  le  traité  leur 
«  eût  consacré ,  pour  achever,  par  l'îa- 
«  trigue ,  ce  qu'ils  avaient  commencé 
«  par  les  armes  ?  Et  que  devenaient  la 
c  sûreté ,  l'indépendance ,  l'avenir  de 
«  la  France?  Que  devenaient  mes  obli- 
«  gâtions ,  mes  serments ,  mon  hon- 
«  neur  ?  Les  alliés  ne  m'eussent-ils  pas 
ff  perdu  au  moral  dans  les  esprits , 
«  comme  ils  venaient  de  le  faire  sur  le 
«champ  de  bataille?  Ils  n'eussent 
«  trouvé  l'opinfon  que  trop  bien  pré- 
«  parée  !  Que  de  reproches  la  France 
«  ne  m'eût-elle  pas  faits  d'avoir  laissé 
«  morceler  le  territoire  confié  à  ma 
«  garde  !  Que  de  fautes  l'injustice  et  le 
«  malheur  n'eussent  pas  accumulées 
«  sur  ma  tête  I  Avec  quelle  impatience 
«  les  Français ,  pleins  du  souvenir  de 
«  leur  puissance  et  de  leur  gloire ,  eus- 
«sent  supporté,  dans  ces  jours  de 
«  deuil ,  les  charges  inévitables  dont  il 
«  eût  fallu  les  accabler  !  £t  de  là  des 
«commotions  nouvelles,  l'anarchie, 
c  la  dissolution ,  la  mort.  Je  préférai 
«de  courir,  jusqu'à  extinction,  les 
«  chances  des  combats ,  et  d'abdiquer 
«  au  besoin  (*).  » 

Ghâtillon- SUR -Shybe  ou  Mau- 
LÉozr ,  petite  ville  de  l'ancien  Poitou , 
aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  du  dé- 
partement des  Deux-Sèvres,  existait 
déjà ,  dit-on ,  du  temns  des  Romains , 
et  portait  le  nom  de  Malus  Léo  ou 
Mweolxum*  Elle  eut  beaucoup  à  souf- 
frir durant  les  guerres  de  religion  ; 
elle  fut  prise  et  pillée  par  les  troupes 
de  Henri  IV  en  1587.  La  baronnie  de 
Mauléon  fut  érigée  en  duché  pairie, 
par  lettres  patentes  du  mois  de  mars 

(*)  Mémorial. 


CHA 


FRANCE. 


CHA 


65 


1786,  en  f3veur  d'Alexis  -  Madeleine- 
Rosalie,  comte  de  Châtillon.  (Voy^z 
Chatillon  [famille  de].)  Ces  lettres 
portaient  :  »  Que  le  nom  de  la  terre  de 
tNauléon,  ainsi  érigée  en  duché-pai- 
«  rie  de  France ,  serait  commué,  tant 
■  pour  ledit  duché  que  pour  la  ville  de 
iMaaléon,  en  celui  de  Châtillon.  » 
Fendant  la  guerre  de  la  Vendée, 
CMlillon  fut  le  quartier  général  et  le 
9JÔ;e  du  gouvernement  des  insurgés. 
Elle  fut  prise  et  brûlée  plusieurs  fois, 
et  il  n*y  resta  debout  que  quelques 
maisons.  Elle  a  été  depuis  entièrement 
i  lecoDStrulte.  C'était,  avant  la  révolu- 
'tion,  le  chef-lieu  d'une  élection.  On  j 
'compte  935  hab. 

Chatillon-sub-Sèvre  (combat  et 
"priscde).— Westermann  avait  amené 
''181798,  dans  Parthenay,  sa  brave  et 
.terible  légion  germanique ,  formée  de 
*>,000  volontaires  ou  déserteurs  étran- 
gers. Impatient  de  se  signaler,  il  la 
Itoia,  le  3  juillet ,  contre  Larocheja- 
'"•efio  et  Lescure ,  qu*il  trouva  en  po- 
^nionsarlc  moulin  aux  Chèvres,  et 
'fourrant  la  ville  de  Châtillon.  Sans 
'ÇWilterle  nombre ,  Westermann  or- 
tjBBe  Tattaque.  Après  deux  heures 
fine  lotte  sanglante,  il  s'empare  de 
ttsiautears  et  des  canons.  La  déroute 
Bt complète.  Il  tue,  met  en  fuite  et 
•jwirsuit  tout  ce  qui  s'oppose  à  son 
"f»sage,  et  entre  vainqueur  dans  Châ- 
wlon ,  quartier  général  des  Vendéens. 
Ojtrouvedes  magasins  considérables, 
If  délÎTre  un  grand  nombre  de  prison- 
■iers  républicains. 

Après  avoir  fait  incendier  le  château 
^  Larochejaquelin ,  comme  celui  de 
lescure ,  Westermann ,  renforcé  par 
ijMO  gardes  nationaux ,  prit  position 
iwles  mêmes  hauteurs ,  où  trois  jours 
yparavant  il  avait  été  vainqueur.  Mais 
a  ne  devait  pas  s'y  maintenir  long- 
■tanps.  Lescure ,  Bbnchamp  et  Laro- 
Hiejaquelîn  avaient  rallié  leurs  forces. 
W8  Vendéens  se  glissent  en  silence 
■jw  les  hauteurs.  Surpris  au  milieu 
«8  ténèbres,  le  bataillon  formant 
"avant -garde  de  l'armée  républicaine 
>end  la  fuite.  En  un  instant  la  dé- 
bute est  complète.  Les  canonniers 
^t  tués ,  les  canons  sont  précipités 


dans  la  descente  qui  mène  à  Châtillon, 
et  les  renforts  envoyés  de  la  ville  sont 
entraînés  par  les  fuyards.  Vainement 
Westermann  conserve  son  audace  ;  et 
fait  les  plus  grands  efforts  pour  rallier 
sa  troupe.  Abandonné  de  ses  soldats, 
n'ayant  plus  d'artillerie ,  il  tourne  avec 
fureur  la  bride  de  son  cheval ,  et  s'en- 
fuit, accompagné  de  300  cavaliers.  Les 
résultats  de  cette  journée  furent  im- 
menses pour  les  royalistes.  Ils  firent 
Ï)lus  de  2,000  prisonniers.  Les  canons, 
es  armes,  les  munitions,  les  bagages, 
restèrent  en  leur  pouvoir.  Ce  qui 
échappa  à*  cette  défaite  se  rallia  péni- 
blement à  Parthenay. 

—  Dans  les  premiers  jours  d'octobre 
de  la  même  année ,  le  général  Chalbos 
ayant  fait  sa  jonction  avec  l'armée  de 
Saumur,  marcha  droit  à  Châtillon  à 
la  tête  de  11,000  hommes.  Lescure  et  ' 
Beaurepaire  couvraient  cette  ville,  et 
étaieht  campés  sur  les  hauteurs  du 
bois  des  Chèvres.  Chalbos  fit  halte 
pour  un  moment,  et  plaça  son  artille- 
rie sur  les  hauteurs.  Le  bouillant  Wes- 
termann ,  qui  connaissait  et  le  théâtre 
de  la  guerre,  et  les  ennemis  qu'il  fal- 
lait combattre ,  reçut  ordre  de  s'avan- 
cer avec  sa  brigade'.  Mais  il  ne  put  sou- 
*  tenir  la  charge  d'un  corps  d'élite 
commandé  par  Lescure  en  personne  ; 
les  colonnes  formant  la  droite  et  la 
gauche  des  républicains  plièrent  de 
leur  côté  sous  le  feu  des  Vendéens,  qui 
cherchaient  à  tourner  les  canons.  At- 
teint  d'un  coup  mortel,  le  général 
'  Chambon  tomba  en  criant  :  P^ive  la 
république!  Depuis  trois  heures,  la 
lutte  continuait  opiniâtre  et  incertaine, 
quand  Westermann,  soutenu  par  les 
grenadiers  de  la  Convention ,  qui  mar- 
chaient à  son  Recours,  fait  un  mouve- 
ment sur  sa  droite ,  culbute  l'aile  gau- 
che des  Vendéens ,  et  la  met  en 
déroute.  En  même  temps ,  Chalbos  ré- 
tablit le  combat  sur  sa  gauche,  et  bat 
l'aile  droite  des  Vendéens.  Blessé  griè- 
vement, Beaurepaire  dut  à  quelques 
braves  qui  se  dévouèrent,  de  ne  pas 
demeurer  au  nombre  des  morts.  Wes- 
termann poursuivit  les  ennemis  avec 
deux  mille  hommes,  et  entra  le  même 
soir  à  Châtillon. 


56 


CHA 


L'UNIVERS. 


GHA 


L'armée  entière  le  suivit ,  et  il  sor- 
tit aussitôt  avec  500  hommes  pour 
éclairer  la  route  de  Mortagne,  par  la- 
quelle les  généraux  vaincus  s'étaient 
retirés.  Mais  ceux-ci ,  renforcés  inopi- 
nément par  Delbée  et  Bonchamp ,  re- 
vinrent à  la  charge.  Westermann,  ac- 
cablé ,  se  repiia  en  désordre  sur  le  gros 
de  Tarmée,  qui ,  atteinte  elle-même  par 
la  peur,  abandonna  ChâtiUon  dans  une 
extrême  confusion.  Westermann  sor- 
tit le  dernier  de  la  ville,  et  abattit  d'un 
coup  de  sabre  un  Vendéen  qui  s'atta- 
chait à  la  queue  de  son  cheyal. 

Tl  protégeait  la  retraite  à  la  tête  des 
grenadiers  de  la  Convention ,  (][uand , 
averti  que  les  rovalistes,  pour  célébrer 
leur  victoire ,  s  étaient  gorgés  de  vin 
et  d'eau-de- vie ,  il  revient  sur  ses  pas , 
et  arrive  à  minuit  à  leurs  avant-postes. 
Au  qui  vive  des  sentinelles,  il  répond 
royalistes.  Les  postes  sont  égorgés. 
On  trouve  dans  la  ville  les  Vendéens 
épars^  étendus  ivres -morts.  Plus  de 
dix  mille  sont  massacrés ,  et  à  peine 
leurs  chefs  ont-ils  le  temps  de  monter 
à  cheval.  Westermann  les  poursuit, 
rentre  à  ChâtiUon,  et  se  résout  à  dé- 
truire cette  ville ,  si  souvent  funeste 
aux  répubi  icains.  Sa  cavalerie  met  aussi- 
tôt pied  à  terre,  pille,  incendie  les  mai- 
sons, et  retourne  à  Bressuire  à  la 
lueur  de  cet  horrible  embrasement. 
Le  lendemain^  les  Vendéens  revinrent 
en  force  pour  livrer  de  nouveaux  com- 
bats; mais,  au  lieu  d'ennemis  à  vain- 
cre ,  ils  ne  trouvèrent  qu'une  ville  en 
feu  et  des  milliers  de  cadavres  à  demi- 
brûlés,  ou  écrasés  sous  les  décom- 
bres. Ils  se  retirèrent  alors  en  désordre 
àChollet,  où  le  rendez -vous  général 
était  assigné. 

Chatbe  (la),  Castra,  jolie  petite 
ville  du  Berry,  aujourd'hui  chef- lieu 
d'arrondissement  du  département  de 
l'Indre ,  construite ,  dit-on ,  sur  rem- 
placement d'un  camp  romain.  —  La 
seigneurie  de  la  Châtre  faisait  autre- 
fois partie  de  la  principauté  de  Déols; 
elle  rut  acquise  en  1614  par  Henri  II 
de  Bourbon ,  prince  de  Condé.  C'était 
autrefois  le  siège  d'une  élection  ;  elle 
possède  aujourd'hui  un  tribunal  de 
première  instance,  et  sa  population 


s'élève  à  quatre  mille  trois  cent  qua- 
rante-trois habitants. 

Chàtbes,  ancienne  seigneurie  de 
l'ile  de  France,  aujourd'hui  départe- 
ment de  Seine-et-Oise,  érigée  en  mar- 
quisat en  1692,  en  faveur  de  J.  B.  du 
Deffand,  beau-père  de  la  célèbre  mar- 
quise de  ce  nom.  La  seigneurie  de 
Châtres  passa  depuis  dans  la  famSh  1 
d'Arpajon,  et  fut  de  nouveau,  en  1720,  i 
érigée  en   marquisat  sous  ce  nom ,  ! 
qu'elle  a  toujours  porté  depuis  (voyes  j 
AaPAJON  (*)). 

Chatbes  (monnaie  de). — La  petites 
ville  de  Châtres,  sous  les  Carlovio*^ 
giens,  était  chef-lieu  d'uû  canton  nooK 
mé  Pagus  Carliensis,  et  possédait  os 
atelier  monétaire,  dont  on  connaît  ua 
magnifique  denier  qui  porte  pour  I 
gende  caste  a  moneta,  avec  les  m 
nogrammes  et  toutes  les  marques  q 
distinguent  les  espèces  de  Charles 
Chauve. 

Chaughé  (combat  de).  Les 
Sapinaud,  de  la  Verie  et  Goqué  étaii 
parvenus  à  réunir  quelques  débris 
Vendéens  dispersés  en  décembre  1 
sur  la  rive  gauche  de  la  Loire, 
rette  désirait  les  adjoindre  à  sa  peti 
armée.  Il  s'avança,  le  1  ô  janvier  17l| 
jusqu'à   Chauche,  pour  recevoir  ' 
reniort^  qu'il  supposait  avec  rai 
devoir  être  inquiété  dans  sa  m 
par  les  colonnes  républicaines  qui, 
nombre   de  douze,    parcouraient 
Vendée.  En  effet,  il  rencontra  bietf 
le  détachement  qui  fuyait,  presqu'à 
débandade,  devant  des  forces  suj 
rieures,  et  ces  forces  qui  elles-mé 
se  dirigeaient  sur  Chauché  pour  le 
prendre  aux  Vendéens.  Charette, 
avoir  rallié  les  fuyards,  sut  prol 
d'un  mouvement  mal  combiné  de 
des  colonnes  républicaines,  et  se 
successivement  sur   chacune  d'i 
sans   qu'elles   pussent  se  porter 
mutuel  secours;  il  les  battit  sép 
ment  et^leur  tua  plus  de  quinze  cei 
hommes. 

(*)  Il  s'est  glissé  dans  l'article  AïpajJ 
une  faute  typographique ,  qui  n'a  pas  â 
indiquée  dans  l'errata  du  premier  voluiMS 
au  lieu  de  Hastres ,  lisez  :  Châtres. 


CHA 


FRANCE, 


CHA 


67 


Chaud£s-Aigues  ,  A^uœ  caUdx^ 
jolie  petite  ville  de  l'ancienne  Auver- 
gne, aujourd'hui  chef-lieu  de  canton 
du  département  du  Cantal,  appartint 
longtemps  à  la  maison  de  Sévérac,  sur 
laquelle  elle  fut  confisquée,  verâ  le  mi- 
lieu du  quinzième  siècle,  par  Jean  II, 
duc  de  Bourbon.  Les  eaux  thermales, 
dont  Chaudes-iAigues  a  tiré  son  nom, 
étaient  déjà  fameuses  au  cinquième 
siècle,  sous  le  nom  de  Calantes  Baiœ. 
La  population  de  cette  ville  est  aujour- 
d'hui de  2,350  habitants. 

Chaubet  (Antoine-Denys),   sta- 
tuaire, né  à  Paris  le  31  mars  1763, 
manifesta,  dès  ses  plus  jeunes  années, 
un  goât  passionné  pour  la  sculpture. 
Mais  il  étudia  son  art  pendant  un  mo- 
ment de  décadence,  et  puisa  à  l'Aca- 
démie et  dans  l'école  de  Stouf  les  prin- 
cipes détestables  qui  régnaient  alors 
dans  les  arts.  Le  bas-relief  représen- 
tant Joseph  vendu  par  ses  frères^  et 
qui  lui  valut,  en  1784,  le  grand  prix  de 
flealpture,  était  du  plus  mauvais  goût. 
Classant  au  système  adtpis  alors  à 
FA^émie,  et  qui  voulait  que  pour  se 
mmtrer  habile  à  travailler  le  marbre, 
OAioiirpât,  pour  le  ciseau,  les  attri- 
liiitwas  du  pinceau,  Chaudet  avait  re- 
pi^éi^ité ,  dans    s«n   bas-relief,    un 
paysage  avec  tous  ses  accessoires  : 
des  troupeaux,  des  ruisseaux,  des  ar- 
bres, un  pont,  des  bergères.  «  J'y  au- 
rais mis    disait-il  en  plaisantant,  de 
c  la  pluie,  si  le  programme  l'eût  or- 
«  donné.  »  Cependant  il  y  avait  de  si 
grandes   qualités  dans  ce  bas-relief, 
que  les  camarades  de  Chaudet  le  por- 
tèrent en  triomphe.  Lorsque  Chaudet 
tttiva  à  Home,  la  vue  des  grands  mo- 
Mes  de  l'antiquité  et  des  maîtres  de 
la  renaissance  opéra  une  révolution 
'  éaos  ses  idées.  Il  étudia  avec  ardeur 
;  Bapltaël,  et  c'est  par  l'étude  assidu«i 
>  en  chefs-d'œuvre  de  ce  peintre  et  des 
statues  antiques  que  le  sentiment  de 
la  beauté  et  de  la  pureté  se  développa 
en  lui.  Chaudet  renouvelait  ses  études 
en  commun  avec  Drouais.  A  son  re- 
tour à  Paris,  en  1789,  il  fut  reçu  agréé 
.à  l'Académie  :  son  talent  trop  pur  ne 
ait  pas  d'abord  très-goûté;  mais,  l'é- 
cole de  David  ayant  triomphé  de  celle 


« 


de  Boucher,  Chaudet  finit  par  être  ap- 
précié à  sa  juste  valeur.  Il  exposa,  en 
1789,  une  statue  représentant  la  Sen- 
sibiiUé;  en  1793,  le  modèle  d'un  bas- 
relief,  exécuté  au  péristyle  du  Pan- 
théon, et  représentant  le  Dévouement 
à  la  patrie;  en  l'an  yi,  sa  belle  statue 
de  Cyparisse  pleurant  son  jeune  cerf ^ 
exécutée  en  marbre  et  exposée  en  1 8 10; 
en  l'an  ix,  Œdipe  enfaîU^  rappelé  à 
la  -vie  par  Phorbas,  son  chef-d'œu- 
vre ;  l'.^mot^r,  le  groupe  charmant  de 
Paul  et  Virginie  ;  en  l'an  xii,  Cin- 
cinnatus  au  moment  où  il  vient  dap' 
prendre  qu^il  est  nommé  dictateur  ; 
en  1808,  Orphée  et  AmphUm^  pour  le 
conservatoire  de  musique.  Outre  ces 
ouvrages,  il  exécuta  encore  la  Statue 
de  l'empereur,  pour  le  palais  du  Corps 
législatif,  un  bas-relief  pour  la  cour 
du  Louvre,  la  Paix,  magnifique  mor- 
ceau d'orfèvrerie,  exécuté  en  argent, 
de  grandeur  naturelle,  et  placé  aux 
Tuileries;  le  bas-relief  qui  décore  le 
plafond  de  la  première  Salle  du  Musée; 
BélisairCy  ciselé  en  bronze  par  Chau- 
det lui-même;  l'ancien  bas-relief  du 
fronton  du  palais  du  Corps  législatif, 
et  la  statue  de  Napoléon  pour  la  co- 
lonne de  la  place  Vendôme  ;  une  statue 
de  Dugommier  qui  se  trouve  aujour- 
d'hui à  Versailles,  et  plusieurs  bustes. 
Chaudet  s'était  également  exercé  dans 
la  peinture.  Il  a  peint,  en  1793,  un 
yirchimède  résolvant  un  problème 
pendant  la  prise  de  Syracuse;  plus 
tard,  Ènée  et  Ànchise  au  milieu  de 
l'incendie  de  Troie,  etc.  ;  mais  il  lui 
manquait  entre  autres  qualités,  pour 
réussir  dans  cet  art,  le  sentiment  de 
la  couleur,  qui  est  tout  autre  chose 
que  celui  de  la  forme.  Il  possédait 
complètement  ce  dernier  ;  mais  mal- 
gré la  correction  de  son  dessin,  mal- 
gré la  grâce  de  sa  composition,  il 
manquait  de  profondeur  dans  la  pen- 
sée. Du  reste,  Chaudet  est  l'un  des 
plus  grands  sculpteurs  de  l'empire  ;  il 
est  cependant  plus  élégant  qu'élevé, 
et  s'il  réussit  dans  les  sujets  gracieux, 
il  échoue  dans  les  grands  sujets  qu'il 
traite.  La  composition  du  fronton  du 
Corps  législatif  était  au-dessous  de 
son  talent;  sa  statue  de  rempereor. 


cha 


L'UNIVERS, 


CVA 


téta  d^uii  costume  idéal,  lorsque  tous 
les  ornements  de  la  colonne  étaient 
conçus  dans  un  système  national  et' 
réel,  était  un  contre-sens,  et  que  Ton 
a  su  éviter  dans  ces  dernières  années. 
Au  reste,  il  ne  faut  pas  accuser  Chau- 
det  seul  de  cette  faute^  ou  plutôt  de 
cette  erreur  :  il  obéissait  aU  goût  de 
répoque  et  peut-être  aussi  à  -une  vo- 
lonté supérieure.  Cet  artiste  fut  mem- 
bre de  rlnstitut,  et  il  venait  d'être 
nommé  professeur  à  Fécoie  des  beaux- 
arts,  lorsqu'il  mourut  le  19  avril  1810. 
Chàudbonniebs.  —  ses  maîtres 
chaudronniers  do  Paris  formaient  une 
communauté  tiès -ancienne;  on  en 
comptait  dix-buit  dans  cette  ville  sous 
le  règne  de  Philippe  le  Bel,  et  ils  sont 
désignés  dans  le  rôle  de  la  taille  impo- 
sée sur  les  habitants,  en  1202,  sous  le 
nom  de  ' ckauderonniers  et  de  mai- 
gnens  ou  maingnens  (*}.  Leurs  statuts, 
qui  étaient  antérieurs  au  règne  de 
Charles  VI,  furent  confirmés  et  augmen- 
tés par  lettres  patentes  de  Louis  XII* 
au  mois  d'août  1514.  Us  avaient  deux 
courtiers  par  eux  élus  à  la  pluralité 
des  voix,  et  qui  étaient  tenus  de  les 
avertir  de  Tarrivée  des  marchands  fo- 
rains. Les  fonction^  de  ces  courtiers 
étaient  incompatibles  avec  la  profes- 
sion de  marchands  ;  ils  ne  pouvaient 
acheter  pour  leur  compte  aucun  des 
objets  dont  ils  faisaient  le  courtage. 
Enfin  il  était  défendu  à  tous  les  fo- 
rains de  vendre  dans  Paris  aucune 
marchandise  de  chaudronnerie,  autre- 
ment qu'en  gros  et  pour  une  somme 
au-dessous  de  quarante  livres.  Quoi- 
que ne  formant  qu'une  seule  et  même 
corporation,  les  chaudronniers  étaient 
et  sont  encore  divisés  en  trois  classes. 
Les  uns  sont  appelés  chaudronniers- 
grossiers,  qui  ébauchent  et  finissent 
toutes  sortes  d'ouvrages;  les  seconds 
sont  nomméschaudronnierS'planeurSy 
et  ne  font  que  planer  les  ouvrages  oui 
sortent  des  mains  des  grossiers  i  enfin 
les  troisièmes  sont  les  chaudronniers 

(*)  L'ancien  mot  maignen  est  encore  en 
aaage  dans  le  midi  de  la  FraDce  :  voyez 
Paris  sous  Philippe  le  Bel,  par  M.  Géraud, 
p.  5az. 


faiseurs  d'instruments,  qui  ne  font 
que  les  cors,  les  trompettes,  les  cvni- 
fiales  et  autres  instruments  de  musique 
en  cuivre.  On  donnait  le  nom  de  chau- 
dronniers au  sifflet  à  des  ouvriers  au- 
vergnats qui  couraient  la  province,  et 
annonçaient  leur  passage  dans  les 
villes  et  les  campagnes  au  moven  d'uo' 
instrument  composé  de  neuf  tuyau 
inégaux,  appelé  communément  j9ife' 
de  Pan.  Ces  artisans  nomades  por- 
taient ordinairement  leur  bagase  sur 
leur  dos,  dans  une  droume  ou  besace , 
de  peau.*  Ils  allaient  achetant  et  n- 1 
venaant  le  vieux  cuivre,  employait  ! 
peu  le  neuf  et  raccommodant  les  iM*| 
tensiles  de  cuisine  ;  quelques-uns^  qui 
ne  vendaient  que  du  neuf  et  compO' 
saient  l'aristocratie  du  métier,  avaieit 
des  chevaux  chargés  de  grands  paniai 
d'osier,  dans  lesquels  ils  mettaieol 
leurs  marchandises  et  leurs  outils.] 
était  défendu  à  ces  chaudronniers 
bulants  de  siffler  et  d'exercer  leur 
tier  à  Paris  et  dans  les  autres  vil 
du  royaume  où  les  hommes  de 
profession  étaient  réunis  en  cor^j 
juraVide.  A  l'époque  de  rabolit*' 
des  jurandes,  il  fallait,  pour  être 
maître  chaudronnier,  avoir  fait  sixi 
d'apprentissage  et  payer  six  cents  I 
vres  ;  le  hrevet  coûtait  en  outre  " 
dix  livres.  On  compte  aujourd'hui 
soixante  et  treize  chaudronnien' 
Paris. 

CHA.UPFEUB8.   —  A  dix  licucs 
Chartres  se  trouve  une  vaste  forêt 
pelée  la  forêt  d'Orgères  ;  dans  laj 
la  plus  reculée  et  la  plus  fourh 
trouvent  les  vastes. carrières  d'où 
été  extraites  les  pierres  qui  ont 
l  bâtir  la  cathédrale  de  Chartres, 
voleurs  s'étaient  réfugiés,  en  1' 
dans  ces  carrières,  et  y  avaient  " 
une  sorte  de  société  qui  s'était  < 
une  organisation  et  des  régler 
conformes  à  la  profession  dé  ceux 
en  faisaient  partie.  Ces  brigands  avai 
de  tous  c6tés  des  émissaires  qui  f 
couraient  le  pays  et  signalaient  à  le 
complices  les  maisons  qu'il  était  fr 
de  surprendre  ;  les  habitants  des 
rières  d'Orgères  sortaient  alors 
leurs  repaires,  s'introduisaient,  k 


FRArtCE. 


ClU 


w 


ià 


t^muyert  de  masques,  dans  ces 
DUS0Q8,  garrottaient  les  hommes, 
Crantaient  les  femmes  par  des  me- 
iaees  lorsqu'elles  résistaient,  leut 
ffmkûX  au  feu  la  plante  des  pieds, 

Sj'à  oe  que  la  douleur  forçât  les 
leareuses  à  indiquer  le  lieu  où 
ot  cachées  leurs   richesses.  Ces 
kifibles  tortures  avaient  fait  donner 
km  brigands  le  nom  àe Changeurs; 
ft  jetaient  partout  Teffroi;  on  avait 
lin  jsaisi  des  individus  coupables  de 
IÔ|iaTee  effraction,  mais  aucun  n'a< 
rpiiMi  être  convaincu  de  chauffage^ 
offeurs  continuèrent  longtemps 
brigandages,  et  ils  défiaient  la 
oe  de  la  police  qui  avait  Oni  par 
^ursuivre  avec  moins  d^activité, 
'uoe  circonstance  fortuite  les  fît 
wiï. 

X  sendarmes  à  cheval  côtoyaient 

tdrOrgères  ;  Tun  d'eux,  mettant 

tmre,  pénétra  un  peu  dans  Fin- 

:du  taillis,  et  aperçut  un  enfant 

iizaine  d'années  singulièrement 

;  il  rappela;  Tenfant  obéit  et 

du  pain.  Le  gendarme  le  fafit 

en  croupe  et  Femmène  dans 

ge  où  il  lui  donna  à  manger. 

«oir  apaisé  sa  faim,  Feniant 

VD  couvert  d'argent,  un  couteau 

autres   objets  qu'il  ramasse 

Wayer  de  se  cacher.  Interrogé 

h  motif  de  ces  larcins,  il  répond 

ot  que  ces  objets  lui  plaisent 

fie  son  père  en  rapporte  souvent 

'  labiés  à  sa  mère  \  les  gendar- 

CMitinuent  à  interroger  l'enfant, 

t  ainsi  que  ses  parents  ha- 

00  vaste  souterrain  où  il  y  a 

opdemonde.  Soupçonnantqu  ils 

Air  la  trace  d'une  bande  de  mal- 

ils  gardent  l'enfant,  le  font 

yCt,  après  l'avoir  habillé  pro» 

t  et  rendu  ainsi  méconnaissa- 

jli  le  conduisent  à  un  marché  qui 

4icBt  oans  une  ville  voisine;  là, 

près  d'une  femme  qui  semble 

la  bonne,  il  indique  du  doigt 

qu'il  a  vus  dans  le  souterrain  ; 

ibi  arrête  sur-le-cham[>.  Ce  genre 

MMnciation  est  aussitôt  répété 

ks  villes  voisines,  et  il  amène  la 

d'un  grand  nombre  de  bri- 


gands. La  justice  informe  et  fak  faire 
par  les  journaux  la  description  des 
objets  saisis  sur  les  voleurs  :  de  toutes 
parts  des  témoins  arrivent,  les  accusés 
lont  des  aveux,  et  Pon  acquiert  la  cer* 
titude  que  ces  voleurs  forment  la  bande 
des  chauffeurs.  Ils  comparurent  de- 
vant le  jury,  à  Chartres,  au  nombre 
de  cent  dix  ;  une  église  avait  été  dis- 
posée pour  ce  curieux  procès.  La  plu- 
part des  accusés  furent  condamnés  à 
mort  et  l'entrée  des  carrières  de  la 
forêt  d'Orgères  fut  murée. 

Châ.uli^  (Gui  de) ,  célèbre  méde- 
cin du  ouatorzième  siècle ,  fut  ainsi 
nommé  cfu  lieu  de  sa  naissance,  village 
du  Gévaudan,  sur  les  frontières  d'Au- 
vergne. Il  étudia  la  médecine  à  Mont- 
Î)ellier,  où  il  suivit  principalement  les 
eçons  de  Raymond  de  Molières ,  puis 
il  se  rendit  à  Bologne ,  où  il  s'attacha 
surtout  au  professeur  Bertruccio,  que, 
dans  son  ouvrage ,  il  appelle  souvent 
son  maître.  11  revint  ensuite  exercer 
la  médecine  à  Lyon ,  puis,  après  avoir 
fait  dans  cette  ville  un  assez  long  sé- 
jour, il  se  rendit  à  Avignon,  où  il  fut 
successivement  médecin  des  trois  pa- 

Ees  Clément  VI ,  Innocent  VI  et  Ur- 
ain  V.  C'est  dans  cette  rille  qu'il 
composa  son  traité  de  chirurgie ,  sous 
le  titre  de  Inventarium  ,  sive  coUec- 
iorium  partis  chirurgicalis  medici- 
nœ ,  imprimé  pour  la  première  fois , 
suivant  Haller ,  à  Bergame,  en  1498  , 
ou  ,  suivant  Merkleim,  à  Venise,  en 
1490.  Ce  traité  est  un  bon  ouvrage 
pour  l'époque  où  il  a  paru  ,  et  Ton 
peut  affirmer  qu'il  a  plus  contribué 
qu'aucun  autre  à  faire  de  la  chirurgie 
un  art  régulier  et  méthodique.  Cette 
justice  a  été  rendue  à  Chauliac,  même 
par  les  savants  étrangers.  L'époque 
précise  de  la  mort  de  ce  médecin  n'est 
pas  plus  connue  que  celle  de  sa  nais- 
sance. 

Cha^ulieu  (Guillaume  Amfpye  de) , 
nommé  par  Voltaire  le  premier  des 
poètes  négligés ,  naquit  à  Fontenay, 
dans  le  Vexin  normand ,  en  1639.  Son 
père ,  maîtrq  de  la  chambre  des  comp- 
tes de  Rouen ,  et  précédemment  con- 
seiller d'État  à  brevet ,  avait  été  em- 
ployé par  le  cardinal  Ma2arin  dan0 


OL^ 


/ 


60 


€HA 


L'UNIVERS. 


€HA 


{)]asieurs  missions  importantes.  Le 
eu  ne  de  Chaulieu  acquit  de  bonne 
leure ,  pai^  les  agréments  de  son  es- 
^  prit,  par  l'enjouement  et  la  facilité  de 
son  humeur,  Tamitié  des  ducs  de  Ven- 
dôme ,  qui  lui  firent  obtenir  Tabbaye 
d'Aumale,  les  prieurés  de  Saint-Geor- 
ge) de  Poitiers  et  de  Saint-Ëtienne. 
Ces  bénéfices,  qui  montaient  à  environ 
trente  mille  livres ,  joints  à  la  fortune 
paternelle  de  Chaulieu ,  le  mirent  en 
état  de  ne  plus  songer  qu'au  plaisir, 
et  sa  vie  s'écoula  joyeusement  au  mi- 
lieu d'un  cercle  a'amis,  comme  lui 
intelligents  et  aimables  disciples  de 
Tamour  et  des  muses.  Chaulieu  avait 
fixé  son  séjour  au  Temple,  dans  la 
maison  du  grand  prieur  de  France  :  là 
se  réunissaient  tous  ces  épicuriens  qui 
joignaient  au  goût  du  plaisir,  une  in- 
dépendance d'esprit  et  une  hardiesse 
d'opi nions remarauables  pour  le  temps. 
Chaulieu,  élève  de  Chapelle  et  de  Ba- 
chaumont,  se  distinguait  entre  tous 
par  un  enjouement  délicat  et  par  sa 
verve  facile.  Il  mérita,  par  son  genre 
de  vie  et  par  quelques-unes  de  ses  pro- 
ductions ,  le  surnom  à^Anacréon  du 
Temple.  Comme  Anacréon,  il  fut  fidèle 
à  la  passion  des  vers ,  et  ressentit  l'i- 
vresse de  l'amour  jusque  dans  son  ex- 
trême vieillesse.  Nous  avons  le  por- 
trait de  Chaulieu,  peint  par  lui-même, 
dans  une  de  ses  épitres  à  Lafare.  Il  se 
représente,  dans  cette  confession  naïve, 
comme  orgueilleux,  sujet  à  l'impa- 
tience et  à  la  colère,  tour  à  tour  actif 
et  paresseux,  avide  de  projets  et  pas- 
sionnément épris  des  douceurs  du  re- 
pos. Ce  qu'il  sent  vivement  dans  ce 
morceau  et  ailleurs ,  c'est  son  amitié 
pour  Lafare,  et  il  l'exprime  avec  une 
chaleur  d'expressions  qui  fait  son  plus 
grand  éloge.  Par  les  deux  mots  que 
nous  avons  cités ,  Voltaire  a  caracté* 
risé  le  poëte.  La  Harpe  remarque  avec 
raison  qu'on  trouve  dans  ses  vers  les 
négligences  d'un  esprit  paresseux , 
mais  en  même  temps  le  bon  goût  d'un 
esprit  délicat.  Son  ode  sur  Pinçons^ 
tance  est  écrite  dans,  un  style  parfait  : 
l'humeur  joyeuse  et  abandonnée  de 
ce  morceau  est  entraînante;  et  quel 
charme  dans  les  stances  sut  la  retraite, 


sur  la  goutte  f  sur  la  solitude  de  Fùn^ 
tenay  !  Toutes  les  poésies  de  Ghauliea 
ne  réunissent  pas  les  mêmes  qualités; 
mais  ce  qui  fera  vivre  éternellement 
les  meilleures ,  c'est  un  naturel  tout  k  *! 
fait  inimitable.  En  parlant  des  beaux 
ombrages  de  Fontenay,  Chaulieu  avait 
dit  : 

Beaax  arbres,  qui  m'ares  rn  naître, 
Bientôt  toos  me  verres  inoarir. 

Us  ombragèrent  du  moins  sa  tombe; 
mort  au  Temple  ,  le  27  juin  1730, 
Chaulieu  fut  transporté  en  NormaïKJ 
die  et  fut  inhumé  dans  sa  terre  na«[ 
taie.  Il  n'était  pas  de  l'Académie,  et  il  ^ 
y  a  toute  apparence  qu'il  n'essaya  j»* 
mais  de  s'y  faire  recevoir. 

Chaulnes,  Calniacum ,  ancieni 
baronnie  de   Picardie  ,    aujourd'l 
chef-lieu  de  canton  du  département  i 
la  Somme ,  érigée  en  comté  en  15^^ 
et  en  duché-pairie  en  1621. 

Chaulnes  (famille  de).  —  La  tei 
de  Chaulnes   fut   d'abord  longteinf 
possédée  par  la  famille  &Ongnies^ 
s'éteignit ,  à  la  fin  du  seizième  siei. 
dans  la  personne  de  Loiàs  d^Ovjgnif 
en  faveur  duquel  elle  avait  été  én( 
en  comté  en  1563.  Elle  passa  ensuit 
Philibert  d'Âilly,  vidame  d'Amiei 
dont  la  sœur  la  porta  en  dot,  en  lOj 
à  Honoré  d'Albert ,  seigneur  de  ' 
denet,  qui ,  deux  ans  après,  fut 
duc  de  Chaulnes.  Honoré  d'Albert 
la  tige  et  le  membre  le  plus  célèbre 
la  famille  de  Chaulnes. 

Frère  de  Charles-Albert  de  Luyt 
favori  de  Louis  XIII  et  connétable 
France ,  il  fut  présenté  à  la  cour 
le  nom  de  Cadeîietyel  dut  à  la 
santé  protection  de  son  frère  les 
nés  grâces  du  roi  et  un  avancent 
rapide.  Nommé  successivement ,  et 
de  courts  intervalles ,  mestre  de  caf 
puis  lieutenant  général  du  gouvei 
ment  de  Picardie ,  il  devint  enfin  » 
réchal  de  France  en  1619,  et  fut 
duc  de  Chaulnes  et  pair  de  France 
1621.  Il  commanda  avec  le  marée' 
de  la  Force,  en  1625,  l'armée  de 
cardie,  et  repoussa,  en  1635,  les 
pagnols,  qui  avaient  fait  invasion 
cette  provmce,  dont  il  avait  été  noi 
gouverneur  en  1633.  Il  se  distii 


CIIA 


FRAJNGE. 


GHA 


61 


mtÂége  d^Arras ,  en  1640,  se  démit 
eo  1643  da  gouvernement  de  Picardie, 
et  fut  nommé  à  celui  de  TAuver^ne, 
ni'il  garda  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en 

Charles  â^ Albert  d^AiUy^  son  troi- 
isièfoefils,  né  en  1625,  prit  le  titre  de 
doc  de  Chaulnes  après  la  mort  de  son 
firère^né.  Il  fut  nommé  lieutenant 
[gàiéfalen  1653,  puis  envoyé  trois  fois 
10  ambassade  à  Rome ,  et  exerça ,  en 
K73,  les  fonctions  de  ministre  pléni- 
entiaire  à  Cologne.  Il  était  gouver- 
r  de  Guyenne ,  lorsqu'il  mourut , 
1698,  sans  laisser  de  postérité, 
li  avait  institué  pour  son  héritier , 
ës-Àugiisie  d Albert  de  Luynes, 
parent ,  qui  fut  créé  de  nouveau 
et  duc  de  Chaulnes  en  1711 ,  et 
it  maréchal  de  France  en  1744. 
Le  fils  de  ce  dernier ,  Michel-Fer- 
ind  (T Albert  (VJiUy ,  lieutenant 
léral  des  armées  et  gouverneur  de 
lie,  né  en  1714,  s'adonna  avec 
iraux  sciences  physiques,  et  fut 
I,  en  1743 ,  membre  honoraire  de 
lie  des  sciences.  Il  mourut  en 
Le  recueil  de  l'Académie  des 
tet  le  journal  de  physique  con- 
tde  lui  plusieurs  mémoires  in- 
sts.  Il  avait  épousé  Anne-Jo- 
;ii(»inier,  qui  cultiva  aussi  avec 
les  sciences  physiques,  mais 
les  folles  dépenses  le  ruinèrent^ 
^^X  la  conduite  scandaleuse  le  fit 

ir  de  diagrin. 
Mark'JosepkcP Albert  cTAilly^  son 
H)  était  né  en  1741.  A  vingt-quatre 
j  il  quitta  le  service  pour  se  livrer 
Pétude  ses  sciences  naturelles  ,  en- 
prit  dans  ce  but  plusieurs  voyages, 
Mta  particulièrement  l'Egypte.  On 
'  doit  plusieurs  découvertes  utiles 
les  sciences,  entre  autres  celle 
propriétés  de  l'alcali  volatil  (am- 
iiaque gazeux),  pour  rappeler  à  la 
'i^  asphyxiés.  Il  fît  non-seulement 
ttpériences  sur  les  animaux,  mais 
lui-même,  et  Ton  raconte  à  ce  su- 
^one  anecdote  qui  fait  le  plus  grand 
ineur  à  sa  conviction  et  a  son  cou- 
S'étant  enfermé  un  jour  dans  un 
>^  avec  plusieurs  réchauds  de 
rbon  alluma,  il  ordonna  à  son  va- 


let de  ne  l'en  tirer  qu'après  Tavoir  vu 
tomber,  et  lui  indiqua  les  moyens  de 
le  rappeler  à  la  vie.  Cette  expérience 
réussit  parfaitement.  C'est  encore  lui 
gui  décx)uvrit ,  en  1773 ,  le  moyen  de 
taire  cristalliser  les  alcalis ,  en  les  sa- 
turant d'acide  carbonique ,  obtenu  de 
la  bière  en  fermentation.  Il  constata 
en  outre  les  propriétés  et  la  nature 
de  cet  acide,  en  1775,  et  ouvrit  la  voie 
aux  moyens  de  fabriquer  les  eaux  mi- 
nérales factices ,  en  parvenant  à  satu- 
rer l'eau  de  ce  gaz  alors  nommé  air 
ûxe.  Il  mourut  au  commencement  de 
la  révolution. 

Chàumetoe  (Pierre-Gaspard) ,  né  à 
Tïevers,  le  24  mai  1763,  fut  successi- 
ment  mousse ,  timonnier ,  copiste  et 
clerc  de  procureur  à  Paris.  Il  travailla 
ensuite  au  journal  de  Prud'homme, 
puis  devint  un  des  orateurs  les  plus  en 
vogue  parmi  les  révolutionnaires  qui 
s'assemblaient  dans  le  jardin  du  Palais- 
Royal.  Lié  avec  les  plus  ardents  patrio- 
tes, il  fit  partie  de  la  commune  insur- 
rectionnelle qui  s'installa  elle-même , 
le  9  août  1792,  et  fut  nommé,  au  mois 
de  septembre  de  la  même  année,  pro- 
cureur de  cette  commune.  Chaumette 
acquit  alors  une  assez  grande  influence, 
et  il  contribua  puissamment  à  la  jour- 
née du  31  mai ,  en  formant  à  l'arche- 
vêché une  réunion  de  commissaires  de 
sections  qui  organisèrent  l'insurrection 
contre  les  girondins.  Il  entreprit  en- 
suite de  pousser  la  révolution  dans 
les  excès  les  plus  dangereux.  Il  com- 
mença par  attaquer  ouvertement  la  re- 
ligion ,  en  se  mettant  à  la  tête  d'une 
députation  de  prêtres  qui  vinrent  a  la 
barre  de  la  Convention  nationale  ab- 
jurer leurs  croyances  ;  puis  il  inventa 
ces^ridicules  processions  où  l'on  faisait 
brûler  les  ornements  et  les  tableaux 
des  églises.  «  Le  peuple ,  disait-il ,  à 
«  l'imitation  de  son  ami  Clootz,  doit 
ft  être  le  Dieu  des  fêtes  nationales ,  et 
A  il  n'y  en  a  pas  d'autre,  v  Cependant, 
attaqué  vivement  par  Robespierre  au 
sujet  de  ses  prédications  athéistes ,  il 
se  rétracta  lâchement  et  déclara  qu'il 
reconnaissait  l'existence  d'un  Être  su- 
prême. Ce  fut  lui  qui  inventa  et  fît 
adopter  par  les  ultrà-révolutionnaires 


62 


aax 


L'tJNIVEBS. 


CKA 


la  mode  de  porter  des  sabotl.  Toate- 
fois  f  quoiqu'il  fût  rennemi  le  plus 
aebarne  des  propriétaires  et  des  ri* 
ches ,  il  combattit  comme  anarchique 
une  pétition  présentée  contre  les  mar* 
chands  par  Jacques  Roux ,  auquel  il 
reprocha  de  donner  ainsi  le  signal  de 
la  violation  des  propriétés.  Poussé  par 
son  substitut  Hébert  et  par  sa  propre 
ambition ,  il  conçut  ensuite  he  projet 
de  renverser  la  BÏontagne ,  qui ,  selon 
lui ,  était  incapable  d'organiser  la  ré- 
publique et  ménageait  les  aristocrates. 
Une  insurrection  fut  décrétée  au  club 
des  cordeliers  et  à  la  section  Marat  ; 
mais  la  commune  désapprouva  cette 
tentative,  favorisée  par  Tétranger.  Les 
jacobins  firent  cause  commune  avec  la 
Convention,  et  les  conspirateurs  fu* 
rent  arrêtés  dans  la  nuit  du  13  mars. 
Chau  mette  ne  fut  pas  emprisonné  en 
même  temps  qu'Hébert  :  cependant , 
'  quelques  jours  après ,  il  fut  aussi  tra- 
duit devant  le  tribunal  irévolution' 
naire ,  condamné  à  mort  et  exécuté  le 
18  avril  1794.  Gbaumette  a  été  accusé 
de  trahison  par  tous  les  partis.  Ambi- 
tieux et  démagogue ,  il  ne  fut  que  le 
vil  instrument  de  la  faction  hébertiste, 
vendue  en  effet  aux  étrangers ,  et  qui 
lui  avait  promis  la  place  de  censeur 
ou  grand  accusateur  dans  le  gouver- 
nement qu'elle  voulait  établir. 

Chaumont  (famille de).  ^  Cette 
famille  tire  son  nom  de  la  petite  ville 
de  Chau  mont  en  Yexin.  Elle  date  de 
Robert  I",  seigneur  de  Chaumont  et 
vida  me  de  Gerberoi.  Son  fils,  Ot- 
mond  P*",  fut  fait  prisonnier  par  les 
Anglais  en  1119,  malheur  qui  arriva 
la  même  année  à  Guillaume  P%  fils  et 
successeur  de  ce  dernier.  Dans  la  lon- 
gue suite  des  seigneurs  de  Chaumont, 
nous  nous  bornerons  à  citer  :    , 

Mehardde  Chaumont^  seigneur  de 
Guitri ,  conseiller  et  chambellan  de 
Qiarles  VI. 

Guillaume  de  Chaumont^  5**  du 
nom.  conseiller  et  chambellan  de 
Charles  Vï,  puis  général  réformateur 
des  eaux  et  forêts  de  France. 

La  famille  de  Chaumont  se  divise 
ensuite  en  plusieurs  branches,  sa- 
voir : 


V*  Seigneurs  de  Guitri  etdeBert^, 
chères  ; 

â°  Seigneurs  de  Bertichères  e^  d'Or«i 
bec;     , 

3*  Seigneurs  d*Athicules  ; 

4<>  Seigneurs  de  Bois-Garnie; 

Si*  Seigneurs  d'Esguilly  ;  ^ 

&*  Seigneurs  de  Saint-CheroQ,i|i 
Courmoncle ,  et  de  Riviers. 

Dans  la   première  branche, 
distinguerons 

Philippe  de  Chaumont;^  vm 
des  camps  et  armées  du  roi, 
des  blessures  qu'il  reçut  au 
de  Poligny,  en  1636  ;  et  Gui  de  Ch 
moîU  j  grand  maître  de  la  gard 
du  roi,  tué  au  passage  du  Bhii), 
1672. 

)  Dans  la  deuxième  :  Henri  de 
moHtj  baron  de  Lecques  et  de  Bqi 
bon ,  maréchal  d^  camps  et  an 
du  roi. 

Dans  la    troisième  :  l""  Louis 
ChauînorU,  seigneur  d'Atbicutos, 
en  1567,  à  la  bataille  de  Saint 
où  il  portait  le  guidon  de  la  coi 
gnie   d'ordonnances  de  Chartes 
Montmorency ,  baron  de  Dam 
^  Hugues  de  Chaumoni,  m 
des  camps  et  armées  du  rm  ven 

Dans  la  quatrième  :  !<>  Jean 
Ckaumjonty  maître  de  la  librairi» 
Henri  IV,  conseiller  d*État  ordinr 
mort  en  1667;  son  fite,  Paul-Phiiii 
fut  évêque  d'Acqs ,  garde  de  ta 
bliothèque  du    Louvre,  et  Fuo 
quarante  de  l'Académie  franfaiseï 
mourut  en  1697. 

EnBn  nous  remarquerons,  dans 
branche  de  Saint-Cheron  :  Antoine 
Chaumont,  chevalier  de  Tordre 
roi ,  l'un  des  cent  genlilshommes 
sa  maison ,  surintendant  des  mar 
et  affaires  de  la  reine  d'Ecosse , 
en  1582. 

CHÀUSUXivi!  {Charles  d'A 
seigneur  de);  grand  maître  de 
neveu  du  cardinal  d'Amboise,  qw 
nomma  gouverneur  dé  Milan.  En  1^ 
lorsque  Louis  XII ,  cédant  trop  ft 
lement  aux  conseils  du  eardiaal, 
des  secours  au  pape  Jules  II  oo 
ses  propres  allies,  ce  fut  Chaa 
qui  commanda  les  troupes  chargées 


CHA 


FRANCE. 


CtiA 


63 


prendre  Bolope.  L^année  suivante , 
il  dirigea  le  siège  de  Géaes.  A  la  ba- 
taille d'Agoadel ,  il  était  à  la  tête  de 
Favant-garde.  £n  1510,  conservant  soq 
crédit  malgré  la  noort  de  son  oncle , 
fauteur  de  sa  fortune ,  il  eut  le  corn- 
floaudement  des  troupes  qui  guerroyè- 
leDt  pour  le  compte  du  duc  de  Fer- 
me et  de  l'empereur  ;  et  Thistoire 
.ki  reproche  d^avoir  traité  quelquefois 
Jîsramcus  avec  une  horrible  cruauté. 
12  octobre,  il  investit  Jules  II 
Bologne,  et  l'aurait  enlevé,  sî 
rasé  poPntife  n'eût  recouru  à  des 
^ociatioQS  trompeuses  pour  échap- 
au  danger.  Bientôt  après ,  le  pape 
para  de  la  Mirandole.  Cbaumont , 
uel  le  roi  avait  associé  dans  le 
mandement  le  vieux  et  brave  ma- 
1  Trivulzio,  devait  venger  avec 
I  ces  échecs.  Mais  cette  tâche  était 
lessus  de  ses  forces.  Inhabile  tae- 
,  opiniâtre  et  jaloux  de  son  col- 
,  il  essuya  de  nouveaux  revers , 
jetèrent  dans  une  profonde  mé- 
e.  Il  était  du  reste  bourrelé  de 
d'être  forcé  de  combattre  le 
t. et  terrifié  de  se  voir  sous  le 
|$vie  excommunication.  Il  était 
Um  malade  de  cbagria  quand  un 
bâta  les  progrès  de  son  mal. 
rté  à  Coreggio ,  il  envoya  sol- 
le  pape  dé  lever  les  censures 
arait  encourues  ;  mais  avant  que 
lotion  iùx  arrivée ,  il  mourut  le 
iDars  ÎSU ,  à  Fâge  de  S8  ans. 
CniusoNT  (le  dievalier  de),  capi- 
'ie  de  vaisseau ,  né  vers  1640,  tut 
oyé,  en  1685 ,  par  Louis  XIY  en 
lité  d'ambassadeur  auprès  du  roi 
SiaiB.  (Voirez  le  root  Siam.)  Il 
Imm  accueilli,  reçut  de  grands 
"lUfl,  et  si^a  avec  les  ministres 
h  un  traité  dans  lequel  étaient 
les  intérêts  du  commerce 
et  surtout  ceux  de  la  religion 
ifue.  Peu  de  temps  après ,  il  prit 
'  de  son  vaisseau  et  amena  à 
)  le  18  mai  1686,  deux  ambas- 
iurs  siamois  qui  devaietit  flatter  la 
ité  de  Louis  XIY.  L'époque  de  la 
du  dievalier  de  Cbaumont  est 
rée.  Il  avait  écrit  la  relation  de  son 
ge,  hnprimée  à  Paris,  en  1686. 


CâÀUMONT  (Denisoit  de),  Tun  des 
chefs  de  cette  faction  de  cabochiens 
qui ,  sous  le  règne  désastreux  de  Char- 
les VI,  fit  à  Paris  de  si  a  merveilleuses 
hesoinqnes.  »  I^a  populace  mutinée 
contraignit  le  duc  de  Guyenne  à  lui 
confier  le  commandement  et  la  garde 
du  pont  de  Saint-CIoUd*  L'anonyme  de 
Saint-Denis  l'appelle  :  «  Infâme  écor- 
cheur  de  testes.  » 

ChàuK ONT,  en  Bassigny,  jolie  ville 
de  l'ancien  Bassigny,  auiourd  hui  chef- 
lieu  du  département  de  la  Haute- 
Marne.  Le  nom  de  cette  ville  figure 
dans  l'histoire  dès  l'année  961 ,  épo- 
que où  le  roi  Lothaire  y  passa  à  son 
retour  de  Bourgogne  ;  ce  n'était  alors 
qu'un  bourg  fortifié  par  un  château. 
ÉHe  faisait  depuis  longtemps  partie 
des  domaines  clés  comtes  de  Champa- 
gne, lorsaue  l'un  d'eux,  Henri, 
deuxième  ou  nom ,  lui  accorda ,  par 
une  charte  de  1190,  la  coutume  de 
Lorris.  Une  prévôté  y  fut  établie  en 
1202 ,  et  Cbaumont  commença  dès 
lors  à  prendre  quelque  importance. 
Cbaumont  était  alors  protégée  par  un 
château  fort,  séparé  de  la  ville,  et 
dont  il  ne  reste  plus  aujourd'hui  que 
les  débris  d'une  grosse  tour  carrée. 
Les  remnarts  dont  la  ville  était  envi- 
ronnée lurent  construits  en  1500,  par 
ordre  de  Louis  XII.  François  T'  et 
Henri  H  y  ajoutèrent  .quelques  bas- 
tions ;  mais  cela  est  maintenant  à  peu 
I)rès  détruit.  Cbaumont  était,  avant 
a  révolution,  le  chef-lieu  d'une  élec- 
tion, et  d'un  bailliage  et  présidial. 
Elle  possède  aujourd'hui  des  tribunaux 
de  première  instance  et  de  commerce, 
une  société  d'agriculture  et  un  collège 
communal.  Sa  p9pulationestde6318 
habitants. 

Chaumort  (traité  de).  Comnoe  on 
l'a  vu  dans  l'article  consacré  au  Con-  - 
grès  de  C/tâtillon,  [Napoléon,  attaqué 
par  toutes  les  forces  combinées  de 
l'Europe,  espéra  iusqu^au  dernier  mo- 
ment triompher  de  cette  ligue  formi- 
dable. Battre  en  détail  les  différents 
corps  d'armée  qui  avaient  envahi  le 
territoire  français ,  et  employer  toutes 
les  ressources 'de  la  diplomatie  pour 
séparer  l'Autriche  de  la  coalition,  tel 


64 


CHA 


L'UNIVERS. 


CHA 


était  le  plan  qu'il  avait  adopté.  Après 
les  victoires  de  Champ -Aubert,  de 
Montruirail  et  de  ^angis ,  ce  plan  fut 
à  la  veille  de  réussir.  Déjà  l'empereur 
d'Autriche,  ébranlé  par  la  défaite  de 
Schwartzemberg^  se  trouvait  disposé 
à  conclure  un  armistice.  Dans  ce  but 
allaient  s'ouvrir  à  Lusigny  des  négo- 
ciations qui  auraient  gravement  com- 
promis le  succès  des  intrigues  du  con-^ 
grès  de  Ghâtillon.  L'Angleterre  vit  le 
danger  et  le  prévint.  Aux  victoires 
de  I^apoléon ,  à  ses  projets  d'armistice 
et  de  réconciliation  avec  l'Autriche, 
elle  répondit  par  le  traité  de  Chau- 
mont,  qui  doubla  les  forces  de  la  coa- 
lition et  fît  échouer  les  espérances  de 
l'empereur. 

Ce  fut  le  1"  mars  1814,  dix-neuf 
jours  avant  la  rupture  du  congrès  de 
Châtillon,  que  fut  signé  ce  traité  dont 
les  conséquences  devaient  être  si  fu- 
nestes à  Napoléon,  à  la  France  et 
même  à  tous  les  peuples  de  l'Europe, 
ameutés  alors  contre  nous.  Jusque-là, 
l'instinct  de  la  peur  et  une  haine  com- 
mune contre  la  supériorité  de  Napo- 
léon étaient  les  seuls  liens  qui  unis- 
saient les  rois  coalisés  ;  à  partir  du 
traité  de  Chaumont,  il  y  eut  entre  eux 
une  ligue  offensive  et  défensive ,  ci- 
mentée par  la  foi  des  serments.  Ce  fut 
une  ébauche  du  pacte  impie  auquel  ils 
osèrent  plus  tard  donner  le  nom  de 
Sainte-Alliance.  Leurs  plénipotentiai- 
res étaient  lord  Castlereagh,  pour 
l'Angleterre;  le  prince  de  Metternich, 

Sour  l'Autriche  ;  le  baron  depuis  prince 
e  Hardenberg,  pour  la  Prusse;  et  le 
comte  de  Nesseirode,  pour  la  Russie. 
C'était  la  première  fois  qu'on  voyait 
un  ministre  anglais  venir  sur  le  con- 
tinent signer  comme  plénipotentiaire 
une  convention  diplomatique;  mais 
Napoléon  avait  été  pour  l'Angleterre 
'  un  ennemi  si  terrible  qu'elle  ne  croyait 
jamais  en  faire  assez  pour  l'abattre. 
M.  de  Metternich,  animé  d*une  haine 
implacable  contre  l'empereur  qui  avait 
eu  l'imprudence  de  lui  dire  trop  crû- 
ment la  vérité ,  joignit  tous  ses  efforts 
à  ceux  de  lord  Castlereagh  pour  empê- 
cher l'empereur  d'Autriche  d'élever  la 
Toix  en  faveur  de  son  gendre.  A  Châ- 


tillon comme  à  Chaumont,  l'Autriche 
était  représentée  par  un  diplomate 
dont  l'amour-propre  avait  été  froissé 
par  Napoléon  et  la  conscience  amollie 
par  l'Angleterre;  nous  voulons  parieî 
du  comte  de  Stadion. 

Dans  le  préambîiie  du  traité,  lei 
parties  contractantes  prétendaient  m 
se  coaliser  que  pour  contraindre  M 
poléon  à  accepter  les  propositions  Jn. 
paix  qui  lui  avaient  été  faites  au  co^) 
grès  dé  Châtillon ,  propositions  hai  ' 
liantes,  puisqu'elles  avaient  pourt 
d'enlever  à  la  France  ses  frontiè 
naturelles  qu'on  avait  cependant 
connues  nécessaires  à  sa  sécurité, 
de  lui  imposer  ses  limites  de  1' 
Aux  termes  de  l'article  l**",  cha« 
des  quatre  grandes  puissances  s'ei 
geait  à  tenir  en  campagne  contre  fi 
nemi  commun  une  armée  de  cent  ' 
quante  mille  hommes ,  total  six 
mille  hommes.  Art.  2 ,  chaque 
s'engageait  à  ne  pas  traiter  sé\ 
ment  avec  l'ennemi  commun.  Art 
3  et  4,  un  subside  de  cinq  mili 
de  livres  sterling ,  fourni  par  Tj 
terre  pour  le  service  de  l'année 
devait  être  réparti  par  portions 
et  en  termes  mensuels  entre  les 
autres  puissances.  Les  secours 
ultérieurement  par  l'Angleterre 
valent  être  convenus  le  1"  janvier] 
chaque  année,  et  elle  devait  pay^jf 
core,  après  la  conclusion  de  la  pair  '' 
prorata  du  subside  convenu, 
mois  à  l'Autriche  et  à  la  Prusse  v 
quatre  mois  à  la  Russie,  pour  le 
des  troupes^  Articles  5  et  8  :  si 
des  puissances  était  menacée  de 
que  attaque  de  la  part  de  la 
chacune  devait  envoyer  imi 
ment  à  son  secours  un  corps 
soixante  mille  hommes,  dont  dix 
de  cavalerie.  Cependant  tout 
gent  dû  par  i'An^eterre  pouvait  i 
fourni  en  troupes  étrangères  à  sa  r' 
si  mieux  elle  n'aimait  le  repréf 
par  un  subside,  au  taux  annuel' 
vingt  livres  sterling  par  fantassift^ 
de  trente  livres  sterlins  par  caw  " 
Enfin,  aux  termes  de  1  article  16 1 
quadruple  alliance  était  conclue 
vingt  années. 


Il 


r 


Frai 


CHA 


FRANCE. 


CHA 


6& 


Telles  étaient  en  substance  les  prin- 
dpales  dispositions  du  traité  de  Chau- 
iQODt,  qui  fut  un  arrêt  de  mort  pour 
l'eoipereur.  D*une  main,  la  coalition 
lui  offrait  des  conditions  inacceptables  ; 
de  l'autre,  elle  aiguisait  ses  armes,  et 
jurait  de  ne  les  aéposer  qu'après  une 

Sierra  de  vingt  ans.  Cette  tactique  ba- 
lle devait  évidemment  déchaîner  con- 
trijjfapoléon  tous  les  partisans  de  la 
jHix,  qui  alors  étaient  nombreux  en 
fïaQce,  dans  toutes  les  classes,  et 
inéme  dans  les  rangs  de  Tarraée.  Avec 
la  position  qu'on  venait  de  lui  faire , 
Napoléon,  même  victorieux ,  devenait 
on  obstacle  au  rétablissement  de  la 
tranquillité  en  Europe,  puisque  les 
coalisés  s'étaient  engagés  à  se  soute- 
nir mutuellement  et  a  ne  plus  admet- 
tre de.  guerres  ou  de  négociations  par- 
tielles. En  apparence,  la  coalition  n'en 
\Toulait  qu'à  l'empereur;  en  réalité,. 
'  dte  s'efforçait  de  briser  la  vieille  al- 
;^e gui  existait  entre  lui  et  la  nation 
«aficaise,  pour  combattre  celle-ci  dès 
l&'efle  aurait  abandonné  son  chef.  Le 
loeeès  répondit  malheureusement  à 
f attente  des  conjurés.  Mais  les  temps 
Utàkàt  venus  où  cette  Angleterre , 
fsia  soudoyé  tout  le  continent  pour  le 
;  noAie  tributaire  de  sa  puissance  ma- 
^'œe,  va  voir  à  son  tour  s'élever 
«Dtre  elle  toutes  les  marines  du  raon- 
sP,  etse  former  un  nouveau  blocus 
■lODtinental  qui  fera  tomber  de  ses 
Blns  le  monopole  du  commerce. 
Une  des  particularités  du  traité  de 
ûumont ,  c'est  que ,  bien  que  l'al- 
nce  fût  commune  et  les  conventions 
tiques ,  cependant  chacune  des 
itre  puissances  contracta  séparé- 
ît  avec  les  trois  autres.  Quelle  que 
itla  cause  de  cette  particularité,  elle 
mtreque  les  alliés  n'étaient  de  bonne 
9  ni  envers  la  France  ni  envers  leurs 
res  peuples,  et  que  très-probable- 
>t  ils  cherchaient  à  se  tromper  les 
les  autres.  Ce  qu*il  y  a  de  certain, 
fest  que  des  clauses  secrètes  furent 
Moutées  aux  clauses  patentes.  D'après 
|Be  note  confidentielle,  remise  à  Ve- 
fcele  11  novembre  1814  par  le  comte 
fe  lïesselrode  aux  plénipotentiaires 
«Autriche  et  de  Prusse,   le  traité 


cTcUUance  de  Chawnont  et  la  paix 
de  Paris  stipulaient  que  l'AUemctgne 
serait  un  État  indépendant.  Or,  ni  le 
traité  de  Chaum'ont,  ni  celui  de  Paris, 
tels  qu'ils  ont  été  publiés,  ne  contien- 
nent rien  de  semblable.  Voici ,  selon 
nous,  l'explication  la  plus  naturelle  de 
ce  fait  bizarre.  Parmi  les  puissances 
contractantes,  les  unes  avaient  promis . 
des  constitutions  libérales  à  leurs  peu- 
ples pour  exciter  leur  patriotisme,  les 
autres,  plus  heureuses,  n'avaient  rien 
promis.  Un  traité  commun  devant  les 
rendre  toutes  solidaires  de  ces  belles 

Îiromesses  que  personne  n'avait  l'in- 
ention  de  tenir,  la  prudence  conseil- 
lait naturellement  d'éviter  un  engage- 
ment inutile.  De  plus,  il  ne  pouvait 
convenir  ni  à  la  Russie  ni  à  rAngle- 
terre  de  partager  loyalement  1  in- 
fluence que  les  derniers  événements 
venaient  de  leur  donner  sur  l'Allema- 
gne. L'une  et  l'autre  nourrissaient  in- 
térieurement l'espoir  de  changer  cette 
influence,  alors  à  peu  près  égale,  en 
une  prépondérance  évidente.  Dans  ces 
dispositions,  un  traité  commun  ne 
faisait  les  affaires  ni  de  l'Angleterre , 
ni  de  la  Russie  :  des  traités  séparés , 
au  contraire,  leur  laissaient  le  champ 
libre.  Le  traité  de  la  Sainte-Alliance 
et  le  suicide  de  lord  Castlereagh  vin- 
rent révéler  plus  tard  que  ce  n'était 
pas  l'Angleterre  qui  avait  gagné  à  ce 
marché.  Que  l'idée  première  de  l'ano- 
malie qui  se  fait  remarquer  dans  le 
traité  de  Chaumont  soit  venue  de  la 
Russie  ou  de  l'Angleterre,  le  résultat 
n'en  a  pas  moins  été  favorable  à  la 
cause  du  czar  et  à  celle  du  despotisme. 

Chaumont  en  Vexin  ,  Calvus 
Morts  y  Calvimontiym,  jolie  petite  ville 
du  Vexin ,  aujourd'hui  chef-lieu  de 
canton  du  département  de  l'Oise,  à  27 
kil.  de  Beau  vais. 

Cette  ville  joua  un  rôle  important 
durant  les  longues  luttes  de  1  Angle- 
terre *et  de  la  France  aux  douzième  et 
treizième  siècles.  Elle  était  bâtie  sur 
un  mamelon  élevé ,  couronné  par  un 
château  dont  il  ne  reste  plus  que  quel- 
ques ruines.  Brûlée  par  les  Normands 
en  1140,  et  par  les  Anglais  en  1167, 
elle  ne  fut  pas  reconstruite  sur  le  co- 


T.  Y.  5"  Livraison.  (Dict.  bncyclop.,  etc.) 


M 


€HA 


L'UNIVERS. 


CHA 


teati,  mais  elle  s*étendit  dans  la  vallée, 
sur  le  bord  de  la  rivière  de  Troène. 
Sous  Lbuis  Vil ,  on  y  voyait  des  sou- 
terrains immenses  dont  on  ignore  au- 
jourd'hui l'entrée.  Chaumont  était  au- 
trefois le  chef-lieu  d'une  élection  et 
d'un  bailliage.  Sa  population  est  au- 
jourd'hui de  1,1 26  habitants. 

Chàumont-sub-Loibe  ,  bourg  de 
l'ancien  Blésais ,  aujourd'hui  du  dé- 
partement de  Loir-et-Cher,  à  12  kii. 
de  Blois,  dominé  par  un  ancien  château 
situé ,  suivant  la  tradition ,  sur  l'em- 
placement d'un  manoir  bâti  par  Guel- 
din,  chevalier  danois ,  et  par  Thibaud 
le  Grand ,  comte  de  Blois.  Ce  château 
fut  reconstruit  par  les  seigneurs  d'Ani- 
boise,  entre  les  mains  desquels  il  resta 
jusqu'en  1550.  A  cette  époque,  il  passa 
aux  seigneurs  de  la  Rochefoucauld, 
qui  le  vendirent  pour  la  somme  de 
cent  vingt  mille  livres  à  Catherine  de 
Médicis ,  qui ,  plus  tard ,  força  Diane 
de  Poitiers  de  le  prendre  eh'échange 
contre  la  terre  de  Chenonceaux.  —  La 
population  de  ce  bourg  est  aujourd'hui 
de  985  habitants. 

Chabny,  Calniacum^  petite  ville 
de  nie  de  France,  aujourd'hui  chef- 
lieu  de  canton  du  département  de 
l'Aisne.  £lle  passe  pour  fort  ancienne, 
et  l'on  croit  qu'elle  n'est  autre  que  le 
lieu  nommé  Contragium  dans  l'Itiné- 
raire d'Antonin.  Philippe  de  Flandre 
donna ,  en  1167,  aux  habitants  de 
Chauny,  une  charte  de  cotoniune,  qui 
fut  confirmée  par  Philîppe^Aligu.ste  en 
1213.  Cette  ville  fut  assiégée  par  les 
Espapols'en  1552.  Chauny  était  au- 
trefois une  châtellenie  royale,  et  avait 
une  coutume  particulière.  On  y  compte 
aujourd'hui  4,200  habitants. 

Chaussàbd  (Pierre- Jean-Baptiste), 
né  à  Paris  le  29  janvier  1766,  adopta 
avec  enthousiasme  les  principes  de  la 
révolution,  fut  envoyé,  en  1792,  dans 
la  Belgique ,  et  contribua''  puissam- 
ment à  la  réunion  des  Pays-Bas  à  la 
république  française.  Lorsque  Du- 
mouriez  trahit  la  cause  de  la  républi- 
que ,  Chaussard ,  oui  avait  alors ,  sui- 
vant la  coutume  de  l'époque ,  pris  le 
surnom  de  PvhUcolay  eut  de  vives 
discussions  avec  lui ,  et  le  traita  un 


jour  de  vizir.  «  Allez ,  M.  Chaussard, 
«  répondit  Dumouriez,  je  ne  suis  pai 
«  plus  vizir  que  vous  n'êtes  Publicofa.» 
Chaussard  fut  Tun  des  plus  ardefitb 
sectateurs  de  la  théophilahthropi^. 
Sous  le  consulat,  il  devint  professent 
de  poésie  latine  à  la  faculté  des  lettitt 
de  Rennes.  Il  occupa  cette  place  jj'' 
qu'à  la  restauration ,  époque  où  U  ^ 
destitué.  Il  est  mort  en  1823. 11^ 
blié  un  trèf  grand  nombre  d'ouvraj 
dont  le  plus  connu  est  celui  qui  a  p 
titre  :  Fêtes  et  courtisanes  de 
Grèce,  1801,  4  vol.  în-8'. 

Chaussées  de  Bbunehaut.— <Ï^ 
nom ,  donné  aux  chaussées  romaiiMt 
en  Picardie  et  en  Belgique,  a  fort  em 
barrasse  les  savants.  A  en  croire"" 
chronique  de  Jacques  de  Guysè,  ce 
dénomination  viendrait  de  ce  qu* 
archidruide  appelé  Brunehalde, 
vers  l'an  1026  avant  J.  C,  du  foi 
dable  royaume  de  Belgis,  fit  consti 
sept  grandes  routes  partant  de  sa 
pitale,  lesquelles  avaient  toutes 
pieds  de  largeur,  et  dont  quatre , 
nées  de  colonnes  de  marbre ,'  et  ' 
dées  d'allées  de  chênes,  étaient 
vertes  en  briques.  A  cette  h 
merveilleuse ,  qui ,  on  le  pense 
n'a  pu  satisfaire  personne,  ont  sut 
des  explications  plus  raisonnables;] 
Grenier,  savant  religieux  de  'Ooi 
tire  le  nom  de  Brunenaut  de  deiii 
celtiques  qui  signifient  hauteut 
cailloux»  Enfin ,  la  dernière  opfr 
émise  à  ce  sujet,  et  qui  semble  la 
raisonnable,  est  que  la  célèbre  Bï 
haiit ,  femme  de  Sigebert ,  roi  d* j 
trasie ,  et  morte  en  613,  répara 
ciennes  voies  romaines  auxguelU 
peuple  donna  son  nom;  maïs  alofl 
fauarait  expliquer  pourquoi  Ton*' 
commencé  qu'au  treizième  siècle  à 
appeler  ainsi.  Plusieurs  ouvrages 
été  faits  sur  cette  matière;  nous  j 
bornerons  à  citer  V Histoire  des  grt 
chemifis  de  r empire  romain,  par 
gier;  V Histoire  du  duché  de  Vc 
par  Carlier,  et  une  Description 
voies  romaines ,  vulgairement  < 
lées  chaussées  Brunehauty  par 
goire  d'Ëssigny,  dans  le  Magasin 
i^yclopédique  de  1811. 


1^ 

J  m 


CHA 


FRANCE. 


OU 


67 


CHÀUssB-TmAPB ,  sorte  d'arme  éé* 
feosive  composée  de  quatre  pointes  de 
fer  disposée»  de  manière  qu  il  y  en  ait 
toujours  trois  qui  portent  à  terre,  et 
^e  la  dernière  reste  dressée  et  de- 
bout. Cette  arme,  dont  l'usage  est  au* 
jourd'hui  abandonné,  s'employait  pour 
arrêter,  embarrasser  l'ennemi,  et  sur- 
tout dans  les  gués ,  dans  les  défilés  où 
è^ait  ^sser  la  cavalerie.  On  lit  dans 
Mezerai  et  dans  Villaret,  qu'en  1407, 
\  ks  assassins  du  duc  d'Orléaos  jetèrent 
derrière  eux  des  ehausse-trapes  pour 
n*étre  pas  poursuivis.  £n  1422*  au 
âége  d'Orléans,  Jeanne  d'Arc  fut  bles- 
sée par  une  des  chausse-trapes  jetées 
aux  abbrdsdu  boulevard  attaqué.  Louis 
!SLI  avait  fait  semer  plus  de  dix-buit 
mille  chausse-trapes  sur  les  avenues 
de  ^on  cbâteau  de  Plessis-lez-Tours. 
Chaussibr  (François),  médecin  en 
«hef  de  l'hospice  delà  Maternité,  pro- 
•Asseur  à  la  faculté  de  médecine , 
•aiembre  de  llnstitut  et  de  l'Académie 
loyale  de  médecine,  né  à  Dijon  en 
1746,  avait  déjà  acquis,  par  ses  ou- 
trages et  par  ses  cours  d'anatv  mie  et 
defiiysiologie  à  l'Académie  de  Dijon, 
iMoilébrité  méritée,  lorsqu'on  juillet 
mi,  fl  fut  appelé  à  Paris  par  le  gou- 
.timment,  pour  concourir  avec  Four- 
i€nf  à  l'organisation  de  l'enseigne- 
.nat  médical.  Après  avoir  rempli  cette 
àoDorable  mission,  Chaussier  retour- 
-m  à  Dijon  reprendre  ses  fonctions  de 

Sofesseur.  Le  projet  de  décret  qu'il 
ait  rédigé  fut  modifié  par  la  Con- 
l'iention  nationale;  au  lieu  d'une  seule 
'^Jeoie  centraie  de  mnté  qu'il  avait  pro- 
..posé  d'établir  à  Paris,  il  en  fut  formé 
r  trois,  qui  sont  devenues  les  écoles  de 
..-nédeciae  de  Paris,  de  Montjpeliier  et 
'.•ie  Strasbourg.  Nommé  professeur  à 
^k  nouvelle  école  dont  il  avait  ainsi  été 

rCD  quelque  sorte  le  fondateur,  Chaus- 
eièr  revmt  à  Paris  prendre  possession 
de  la  chaire  d'anatomie  et  de  physio- 
.-legie.Son  nom  grandit  bientôt  sur  ce 
"  théâtre  digne  d^  lui ,  et  il  devint  en 
.y.feit  de  temps  I'uq  des  oracles  de  la 
/.iiédecine.  L'histoire  naturelle  et  la 
-Aimie  furent  également  cultivées  avec 
«Koès  par  lui.  Médecin  de  l'école  po- 
^jrteehirique,  il  fut  aussi  attaché  à  cette 


éep)e  cpmme  professeur  de  chimie. 
Ami  de  Guyton  de  Morveau,  il  voulut 
opérer,  dans  la  langue  anatomique, 
une  réforme  semblable  à  celle  qu'e  ce 
savant  avait  contribué  à  faire  adopter 
pour  la  nomenclature  chimique.  Déjà 
il  avait  publié  à  Dijon,  en  1789,  les 
principes  d'une  nouvelle  nomenclature 
anatomique  qu'il  employa  depuis  Cons- 
tamment dans  ses  cours;  mais  quoi- 
qu'il fit  succéder  à  des  noms  plus  ou 
nioins  insignifiants  et  souvent  bizar- 
res ,  des  noms  propres  à  donner  une 
idée  de  la  position  ou  des  fonctions 
des  parties,  cette  nomenclature  ne  put 
être  aussi  rigoureuse  oue  celle  qui 
avait  été  introduite  en  cnimie;  ausli , 
malgré  ses  avantages ,  ne  fut-elle  pas 

Sénéralement  adoptée.  Chaussier,  (]ui 
onna  à  l'étude  de  la  pbysiologie  l'im- 
pulsion oui  a  fait  faire  depuis  à  cette 
science  de  si  grands  progrès ,  adopta 
des  nouvelles  doctrines  médicales  ce 
qu'elles  ont  de  sage  et  de  certain ,  et 

Plusieurs  de  ses  consultations  de  mé- 
ecine  légale  sont  citées  comme  des 
modèles  du  genre.  Cependant,  à  la 
réorganisation  de  l'école  de  médecine 
de  Paris,  en  1822,  il  partagea  la  dis- 
grâce des  Vauquelin ,  des  Pinel ,  des 
Dubois,  etc.,  et  reçut  le  titre  de  pro- 
fesseur honoraire.  Il  mourut  en  1828. 
âgé  de  quatre-vingt-deux  ans,  entouré 
des  respects  des  médecins  français  et 
de  l'attachement  de  ses  anciens  élèves, 
dont  beaucoup  sont  arrivés  au  pro- 
fessorat. Chaussier  a  laissé  un  grand 
nombre  d'ouvrages,  tous  justement 
estimés. 

Chaussieb  (Joseph),  maréchal  des 
logis  chef  au  2*"  régiment  de  chasseurs, 
fit,  avec  quatre  chasseurs,  mettre  bas 
les  armes,  à  liohenlinden,  à  100  hom- 
mes d'infanterie,  parmi  lesquels  se 
trouvaient  cinq  officiers. 

GBAUSSIEJaS  ou  GHAUCI£BS.—  LCS 

statuts  de  la  corporation  des  chaus- 
siers,  ou  fabricants  de  chausses,  con- 
sistaient en  un  petit  nombre  d'articles, 
et  ne  contenaient  aucune  disposition 
remarquable.  Ils  pouvaient  prendre 
autant  d'apprentis  qu'ils  le  voulaient, 
çt  ceux-ci  étaient  obligés ,  en  entrant 
en  apprentissage,  de  payer  8  sous, 

5. 


68 


CHÂ 


L'UNIVERS. 


€HA 


dont  3  revenaient  au  rot ,  et  4  à  la 
confrérie  du  métier.  Quiconque  com- 
mençait le  métier  de  la  chausserie,  de- 
vait, à  l'exception  des  Gis  de  maître, 
payer  20  sous  d'entrée,  savoir  :  15  au 
profit  du  roi  et  5  à  celui  de  la  confré- 
rie du  métier.  Trois  prud'hommes  as- 
sençentés  faisaient  la  police  du  mé- 
tier et  dénonçaient  au  prévôt  de  Paris 
les  infractions  aux  statuts  que  leur 
surveillance  leur  faisait  découvrir.  Une 
ordonnance  concernant  la  police  du 
royaume ,  rendue  le  30  janvier  1350 
par  le  roi  Jean ,  et  publiée  en  février 
suivant,  contient,  en  son  titre  36, 
deux  articles  que  nous  croyons  curieux 
de  reproduire  ici,  parce  qu^ils  peuvent 
donner  connaissance  du  prix  des  ou- 
vrages confectionnés  par  les  chaus- 
siers  au  milieu  du  quatorzième  siècle  : 
(c  Les  chaussetiers ,  y  est-il  dit ,  ne 
M  prendront  et  n'auront,  pour  la  façon 
«  d'une  paire  de  chausses  à  homme , 
«  que  6  deniers,  et  à  femme  et  enfants 
«  4  deniers  et  non  plus.  Ceux  qui  les 
«  appareillent  (les  chausses)  ne  pren- 
«  dront,  pour4nettre  un  avant-pied  en 
«  une  chausse,  que  2  deniers ,  et  s'ite 
<c  sont  neufs,  que  3  deniers,  et  s'ils 
«  font  de  leur  drap ,  que  4  deniers  et 
«  non  plus;  et  pour  mettre  une  pièce 
«  es  avant-piecfs ,  ou  de  coudre  la 
«  chausse ,  2  deniers.  Et  s'ils  font  le 
«  contraire ,  ils  l'amenderont.  »  Les 
chaussiers  de  Paris  intentèrent,  en 
1280,  un  procès  aux  fripiers  qui  ache- 
taient de  vieilles  robes,  leû  nettoyaient 
en  rafraîchissant  le  drap ,  et  en  fai- 
saient des  chausses  qu  ils  vendaient 
comme  faites  de  drap  neuf;  et  sur  leur 
demande,  Guillaume  Thibout,  prévôt 
de  Paris,  défendit  aux  fripiers,  sous 
peine  de  4  sous  d'amende  au  profit  du 
roi,  et  de  12  deniers  au  profit  des  gar- 
des du  métier,  de  continuer  cette  pra- 
tique frauduleuse.  Lorsqu'au  milieu 
du  dix-huitième  siècle,  on  répartit  les 
différents  métiers  de  Paris  en  six  cor- 

Eorations,  les  chaussiers,  devenus  fa- 
ricants  de  bas ,  eurent  la  prétention 
d'en  former  une  à  eux  seuls;  mais  ils 
échouèrent  dans  leur  prétention:  on 
les  réunit  aux  drapiers,  et  tout  ce 
qu'ils  purent  obtenir  fut  défaire  don- 


ner à  leur  corporation^  le  nom  decom- 
munauté  des  drapiers-chaussiers, 

Chàussin  ,  ancienne  seigneurie  de 
Bourgogne,  aujourd'hui  département 
du  Jura,  érigée  en  marquisat  en  1724,. 
en  faveur  de  L.  H.  de  Bourbon,  prince 
de  Gondé. 

Chàussubes.   D'après   nos  vieux 
auteurs  et  nos  anciens  monuments,  il 
chaussure  des  Gaulois  et  des  premie» 
Français,  appartenant  aux  classes  éie» 
vées ,  fut  empruntée  aux  Romains  et 
consista ,  jusqu'au  neuvième  siècle,  en  ' 
souliers  dorés  et  garnis  de  bandelettes 
qui  se  croiiKaient  et  se  nouaient  au  bas 
de  la  jambe ,  comme  de  nos  jours  la 
souliers  de  femmes.    Telle  était  k 
chaussure  de  Charlémagne  et  de  Louis  ^ 
le  Débonnaire  son  fils.  Celle  de  Be^. 
nard,  fils  de  Pépin,  qui  fut  retrouva 
entière  ^uand  on  exhuma  son  corps^ 
consistait  en  souliers  de  cuir  roupi 
avec  une  semelle  en  bois.  Dans 
siècles  suivants  on  varia  la  forme 
chaussures,  on  porta  des  souliers- 
lacets,  des  souliers  à  bandelettes 
des  souliers  à  boucles.  On  porta  ' 
lement  des  estiriaux,  et  des  heuses 
housseaux,  appelés  par  Jean  de  Gi 
lande  tibiala  etcruraliay  ce  qui  iiK 
^ue  que  ces  chaussures  couvraient! 
jambe  et  furent  ce  que  plus  tard  r 
appela  des  bottes  ou  des  brodeqaii 
En  1260,  Etienne  Boiiéau,  prévôts 
Paris,  réunit  les  coutumes  des  fa' 
cants  de  chaussures,  déjà  nombreux  i 
ce  temps-là ,  et  en  fit  pour  eux  un 
glement  obligatoire.  Ces  artisans 
rent  partagés  en  trois  classes  :  celle  ( 
çavetonniers,  celle  des  cordonniers 
corduaniers ,  et  celle  des  çavetiers 
sstvetiers  (  voy.  ces  mots  )-  Les  ' 
premières  de  ces  trois  classes  étak 
assujetties  à  une  redevance  annw' 
payable  en  argent,  pour  les  heuses 
roi.  Il  y^  avait  de  semblables  redevaw 
qui  étaient  payables  en  nature  et  d< 
le  produit  servait,  à  ceux  qui  les 
valent ,  à  faire  des  libéralités  à 
officiers  et  à  dés  maisons  reliçieof 
Sous  Philippe  le  Bel  s'introduisit,  p( 
les  deux  sexes,  l'usage  des  souliers  d 
à  la  poulaine,  qui  finissaient  en  pr^ 
plus  ou  moins  longue,  suivant  le 


€HA 


FRANCE. 


GHA 


W 


et  la  fortune.  Cette  pointe  était  de  deux 
pieds  pour  les  princes  et  les  grands 
seigneurs,  d'un  pied  pour  les  hommes 
de  condition  moyenne,  et  d'un  demi- 
l»ed  pour  les  gens  du  peuple.  Les  pau- 
vres de  la  ville  et  les  nommes  des 
champs  portaient  des  chaussures  en  bois 
oa  en  cuir  avec  une  semelle  de  bois. 
C^aient  nos  sabots  et  nos  galoches 
d'«ijoard*bui  ;  on  les  appelait  calo" 
pedes  OQ  calopedia. 

Dans  les  treizième  et  quatorzième 
oèdes,  les  chevaliers  étaient  chaussés, 
CD  campagne ,  de  souliers  de  fer  qui 
tenaient  mjambart  et  faisaient  par- 
tie de  Tarmure.  A  la  ville  on  portait 
hhottseaux,  et  cette  mode  durait  en- 
core au  quinzième  siècle ,  car  on  voit 
ans  les  registres  de  la  chambre  des 
comptes,  un  article  de  quinze  deniers 
pour  graisser  les  Juruseaux  du  roi 
Mi  XL  Dans  le  seizième  siècle,  on 
intiflua  à  porter  les  houseaux  en  voya- 
^  et  dans  les  châteaux;  mais  les  cour- 
tiBDs  les  abandonnèrent  insensible- 
Mtpour  lebrodequin  ou  boite  fauve 
<pit  suivant  fMarot ,  était  la  chaus- 
M  des  élégants  et  des  amoureux  , 
■ntDoi  n'en  était  ni  plus  belle  ni  plus 
I^Bttpnr  cela.  On  portait  aussi  des 
ioi«mxsans  avant-pied;  c'était  une 
9^  de  brodequins  ou  plutôt  de 
■ûnssons ,  pourvus  d'une  semelle  de 
w,  et  accompagnés  d'une  tige  de 
souple  et  qui  se  retournait  comme 
gant;  cette  chaussure  était  encore 
ne  sous  le  nom  de  botte  molle. 
Dçois  P**  et  ses  familiers  portèrent 
souliers  de  cuir,  de  velours,  d'é- 
de  soie,  ouverts  sur  le  pied, 
de  broderies,  de  pierres  pré- 
!,  et  lacés  avec  des  rubans.  Cette 
de  se  perpétua  sous  son  fils ,  ses 
ts-fiis  et  jusqu'à  Henri  III.  Henri  IV, 
fut  si  souvent  forcé  de  monter  à 
If  reprit  la  botte,  et  tous  ses  ca- 
nes firent  comme  lui.  Les  magis- 
>et  les  gens  d'église  portèrent  dans 
s  les  temps  des  souliers ,  à  moins 
ils  ne  fussent  dans  la  nécessité  de 
un  voyage  à  cheval  ;  alors  ils 
ient  des  bottes  comme  tout  le 
Dde.  Quand  Henri  IV  fut  maître 
*  son  royaume ,  il  se  débotta  et  prit 


une  chaussure  légère.  Sous  Louis  XIII» 
les  modes  espagnoles  qui  s'étaient  in- 
troduites en  France  amenèrent  l'usage 
de  bottes  justes  au  pied ,  mais  plus 
hautes,  larges,  évasées,  tombantes  et 
ne  montant  qu'à  mi-jambe,  garnies  de 
dentelles,  et,  même  à  la  ville,  armées 
d'éperons  aigus  et  bruyants.  Cette  mo- 
de se  continua  longtemps  à  la  cour  de 
Louis  XIV.  A  l'armée  on  portait  des 
bottes  de  cuir  qui  dépassaient  le  ge- 
nou, évasées  dans  la  partie  supérieure 
et  servant,  aux  courriers  et  aux  aides 
de  camp,  de  poches  pour  mettre  les 
dépêches.  Plus  tard ,  on  ne  porta  plus 
la  botte  qu'à  l'armée  ou  à  la  campagne, 
et  le  soulier  fut  généralement  adopté 
pour  chaussure  de  ville  ;  on  n'eût  même 
pu,  sans  blesser  l'étiquette,  se  présen- 
ter en  bottes  à  la  cour ,  dans  une  as- 
semblée ou  une  cérémonie  publique ,  à 
moins  que  l'on  ne  fût  militaire,  revêtu 
de  l'uniforme  et  en  fonctions. 

Sous  Louis  XVI,  l'anglomanie,  qui 
travaillait  alors  les  jeunes  seigneurs , 
fit  reprendre  la  botte,  à  l'imitation  de 
nos  voisins  d'outre-mer;  mais  cette 
résurrection  d'une  vieille  mode  ne  fit 
pas  fortune  et  fut  même  trouvée  peu 
décente,  parce  que,  disait-on,  la  botte 
transformait  un  grand  seigneur  en  pa- 
lefrenier. 

Nous  n'avons  rien  dit  encore  de  la 
chaussure  des  femmes,  parce  que  jus- 
qu'à Louis  XlIIt  elle  subit  peu  de  va- 
riations et  consista  toujours  en  souliers 
de  cuir  ou  d'étoffes.  A  cette  époque  el- 
les adoptèrent  et  portèrent  longtemps, 
d'abord  à  la  cour,  puis  à  la  ville,  enfin 
partout,  les  mules^  sorte  de  pantoufle 
a  talons  de  bois.  Cette  chaussure ,  il 
est  vrai,  les  grandissait,  mais  elle  ne 
leur  tenait  point  au  pied  et  leur  ren- 
dait la  marche  difficile. 

La  révolution,  en  réveillant  les  goûts 
belliqueux  de  la  nation,  remit  la  botte, 
chaussure  devenue  toute  militaire,  en 
honneur  auprès  des  classes  civiles.  En 
1793 ,  des  hommes  que  les  véritables 
patriotes  virent  toujours  avec  dégoût, 
crurent  faire  de  la  popularité  en  se 
montrant  dans  les  rues  et  dans  les  cé- 
rémonies publiques  sans  bas  et  portant 
des  sabots  pour  toute  chaussure.  Cette 


70 


CttA 


L'UNtVERS. 


€■4 


innovation  ne  plnt  à  personne ,  parce 
que  le  patriotisme  ne  consiste  pas  à 
porter  des  sabots  comme  le  peuple , 
mais  à  faire  que  le  peuple  porte  des 
souliers.  C'est  ce  que  voulaient  en  ef* 
fet  tes  véritables  patriotes.  Sous  le  Di- 
rectoire, on  porta  des  souliers  pointus 
très-découverts  sur  le  cou-oe-pied, 
concurremment  avec  des  bottes  à  re- 
vers, telles  qu'on  les  voit  de  nos  jours 
aux  jockeis  des  grandes  maisons.  Les 
odalisques  de  Barras  cherchèrent  à  im- 
patroniser  en  France  la  chaussure  des 
femmes  romaines,  qui  consistait  en 
une  semelle  retenue  par  des  bandelet- 
tes autour  de  la  jambe,  et  sur  laquelle 
reposait  le  pied  nu  dont  chaque  doigt 
était  orné  de  diamants  ;  mais  cette 
mode  ne  sortit  point  des  salons  du 
Luxembourg.  Sous  le  consulat  et  sous 
l'empire,  on  porta  pendant  quelque 
temps  des  souliers  avec  de  petites  guê- 
tres, puis  on  adjoignit  aux  bottes  à  re- 
vers oes  bottes  unies,  montant  jusqu'au 
genou  et  dites  à  la  Suwarov^,  ainsi 
que  des  bottines  qui  se  terminaient  à 
mi-jambe,  et  étaient  ou  garnies  d'un 
velours  ou  taillées  en  cœur  par-devant, 
et  ornées  d'un  gland.  Aujourd'hui  on 
porte  généralement,  sous  le  pantalon, 
de  courtes  bottines  ou  des  souliers  à 
recouvrements  qui  les  figurent.  La  botte 

{)roprement  dite  n'est  portée  que  par 
es  officiers  et  soldats  de  la  gendarme- 
rie, quand  ils  sont  de  service.  Les  fem- 
mes continuent  à  se  chausser  de  bro- 
dequins et  de  souliers  en  cuir,  de  toile 
de  lin,  d'étoffes  de  laine,  de  soie,  etc. 
Chadveau-Lagàbde  (  N.  )  naqujt 
à  Chartres  en  1765.  Il  jçuissait  déjà 
de  quelque  réputation  au  barreau  de 
Pans,  lorsque  les  premiers  troubles 
de  la  révolution  vinrent  lui  fournir 
l'occasion  de  déployer  son  courage  et 
son  talent  sur  un  plus  vaste  théâtre  ; 
il  défendit ,  entre  autres ,  le  général 
Miranda  ,  Brissot ,  Marie-Antoinette 
et  Charlotte  Corday.  Arrêté  après  ce 
dernier  procès ,  il  recouvra  la  liberté 
après  le  9  thermidor,  et  défendit,  de- 
vant une  commission  militaire,  en 
1797 ,  l'abbé  Brottier,  accusé  de  cons- 
piration royaliste,  avec  Dunaud  et  La- 
villeheurnois.  Devenu  avocat  au  conseil 


d'État,  sous  le  règne  de  ItapoléoD,  à 
la  déchéance  duquel  il  adhéra  en  1814, 
il  porta  la  parole  au  nom  de  son  ordre, 
pour  féliciter  Louis  XVIII  sur  sa  ren- 
trée à  Paris.  Mais,  après  la  seconde 
restauration,  l'avoéat  de  Mai!i&-AiUoi- 
nette  consacra  toujours  son|léiEone' 
ment  et  son  éloquence  à  la  défense  dei 
proscrits  d'un  autre  parti.  Soo  ptûi 
doyer  pour  le  général  Bonnail%  (vojrei 
ce  mot  )  attesta  que  l'^fte  n'avait  point  : 
affaibli  son  zèle  pour  Tes  malbeureui  | 
poursuivis  par  le  pouvoir ,  quçl  qu'il 
fût.  Ed  1826,  Chauveau-Lagarde  TOih 
hit  accompagner  soli  jeune  eoUègM 
Isambert  au  tribunal .  correctionnel» 
et  lui  prêta  l'appui  de  son  nom,  éà 
son  expérience  et  de  son  estime,  eom 
ti;e  une  accusation  que  les  amis  de  11 
liberté  espéraient  voir  repousser  pit 
la  cour  royale.  îl  a  publié  :  r 
Notice  historique  sur  les  procès 
Marie'Antoinette  et  de  madame,  i 
sabeth  au  tribunal  révoluHonnairt^ 
Paris,  1816,  in  8**;  ^  u^  ExposéM 
la  conduite  du  général  Bonnaire,  sl^ 
Paris,  1816,  ln-8^  Après  la  rév(*| 
tion  de  juillet,  il  fut  nommé  conseiM 
à  la  cour  de  cassation.  Au  moment» 
nous  écrivons  ces  lignes,  février  iMl; 
Chauveau-Lagarde  vient  de  numriil 
après  s'être  honoré  dans  la  magist^ 
ture  comme  il  l'avait  fait  dans 
barreau. 

Chàutelin  (Germain-Louis  de), 
en  1685,  avocat  général  au  parlem 
de  Paris,  s'éleva  par  son  mérite  « 
fonctions  de  garde  des  sceaux  et 
secrétaire  d'État  au  département 
affaires  étrangères.  Né  avec  un  { 
actif  et  pénétrant,  il  devint  l'ho 
de  confiance  du  cardinal  de  Fleurv 
lequel  il  avait  une  grande  supérior 
Ce  fut  grâce  à  son  habileté  qtf* 
guerre  médiocrement  conduite,  et  i 
quée  par  te  honteux  abandon  de  la 
logne ,  se  termina  par  le  traité 
Vienne ,  le  seul  acte  glorieux  du 
de  Louis  XV.  Néanmoins  une  intr^ 
de  cour  le  fit  disgracier  par  le 
ministre ,  aux  yeux  duquel  on  le 
présentait  comme  un  honime  avidft 
lui  succéder.  Exilé  d'abord  à  Boo 
en  1737,  puis  à  Issoire  dans  les 


XMA 


FRAftCS. 


CHA 


ft 


tténes  ée  PAuvergiie;  il  mourut  eii 
ITra  à  Paris,  où  il  avait  obtenu  la 
fiermission  de  rentrer  peu  de  temps 
l^avant.  —  Le  marquis  de  Chàu- 
mm  (Francis-Claude),  son  fils,  ser- 
^t  avec  distinction  en  Italie ,  sur  le 
Biiin  et  en  Flandre ,  fut  nommé  tnaré^ 
èal  de  camp  en  1745 ,  ministre  plé- 

Îtentiaire  du  roi  à  Gènes  -,  et  com- 
dant  des  troupes  françaises  en- 
fiff^ées  eii  Corse.  Lieutenant  général 
ID  1749,  ambassadeur  à  la  cour  de 
;  Turin  en  1753,  il  obtint,  en  1760, 
I  une  des  deux  charges  de  maître  de  la 
gard^robe  du  roi.  Il  mourut  subite- 
ment en  1774  à  Versailles,  dans  Tap- 
parteràent  et  sou  s  les  yeux  de  Louis  XV, 
dont  il  fâisait  la  partie  de  jeu.  On  con- 
nattdu  marquis  de  Chauvelin  queldties 
yers  faciles  et  agréables.  —  Son  ih , 
le  marquis  François-Bernard  de  Chau- 
Yam,  né  à  Paris  en  1766,  était, 

rand  éclata  la  révolution ,  maître  de 
garde-robe  du  roi  Louis  XVI.  Il  se 
^noBça  néanmoins  pour  la  cause  po- 
nlaire,  et  fut  choisi  pour  l'ambassade 
f Angleterre,  en  1792.  Bertrand  de 
Mevilie,  dans  ses  Mémoires,  assure 

Sk  roi  ne  consentit  à  placer  M.  de 
Breiin  dans  un  poste  si  éminent 
iW|)our  se  débarrasser  d'un  serviteur 
feommode,  qui  pouvait  révéler  aux 
Àfistitutionnels  les  manœuvres  des 
tt)Qrtisans.  Le  nouvel  ambassadeur 
.  «enrit  avec  zèle  la  révolution  auprès 
!  du  cabinet  de  Saint- James ,  auquel  il 
proposa  le  rôle  de  médiateur  dans  la 
guerre  qui  venait  d'éclater  sur  le  con- 
tinent,  proposition  qui  fut  repoussée. 
Bientôt  les  événements  survenus  en 
France  ne  permirent  plus  d'éviter  une 
Rupture.  Mais  au  milieu  de  circons- 
^nces  difficiles  ,  Chauvelin  se  montra 
«digne  plénipotentiaire  de  la  républi- 
jae  française.  Enfin ,  n'ayant  pu  se 
«aire  reconnaître  comme  anàbassadeur 
de  la  république ,  il  reçut ,  le  24  jan- 
^^erl793,  à  la  suite  de  quelques  notes 
menaçantes  remises  à  lord  Granville, 
y  trois  jours  après  l'exécution  de 
Ijouis  XVI ,  l'ordre  de  sortir  de  Loa- 
«es  sous  vingt-quatre  heures ,  et  du 
royaume  sous  huit  jours.  -De  retour  à 
™8,  il  fut  chargé  d'une  nouvelle 


mfsslon  diplomatique  auprèâ  du  grand» 
due  de  Toscane,  mission  de  peu  de 
durée  V  car  le  prince  ne  voulut  pas  re- 
connaître la  réoublique»  Chauvelin  rei^ 
tra  alors  dans  la  vie  privée,  et  après  le 
18  brumaire ,  fit  partie  du  tribunat. 
Nommé  à  la  préfecture  de  la  I^s  en 
1802,  il  y  pesta  huit  ans,  pendant 
lesquels  il  fit  preuve  de  fermeté ,  de 
justice  et  de  lumières,  et  en  1810,  il 
fut  nommé  eorinie  d^empire  et  eonseil- 
ler  d'État.  Notnmé  plus  tard  à  l'inteo- 
dance  de  la  Catalogne,  il  perdit  ce 
poste  important  en  1814,  et  ne  compta 
plus  que  parmi  les, membres  bonà- 
raires  du  conseil  d'État.  £n  1817,  il 
fit  partie  de  la  chambre  des  députés , 
et  après  avoir  siégé  de  1818  à  1822 , 
il  écnoua  en  1824,  et  fut  réélu  eu  1827  ; 
et ,  dans  les  luttes  parlementaires ,  in- 
trépide défenseur  des  libertés  publi- 
ques ,  il  parut  sans  trop  de  désavan- 
lage  à  coté  du  général  Foy  et  des 
autres  orateurs  de  l'opposition.  Il 
donna  sa  démission  en  1829 ,  et  mou- 
rut du  choléra  à  Paris ,  en  1832.        ^ 

Chauvelin  (  H.  P.  ) ,  abbé  de  Mon- 
tier-Ramev ,  chanoine  de  Notre-Danie 
et  conseiller  au  parlement  de  Paris , 
fut,  au  siècle  dernier,  l'un  des  artisans 
les  plus  actifs  de  la  ruine  des  jésuites. 
Déjà ,  en  1756 ,  il  s'était  signalé  par 
plusieurs  écrits  dans  la  grande  affaire 
des  immunités.  Ayant  fait  rendre,  en 
1763 ,  au  parlement  de  Paris ,  un  ar- 
rêté par  lequel  cette  cour  déclarait 
qu'elle  ne  pouvait,  sans  manquer  à 
son  devoir ,  obtempérer  à  l'ordre  du 
roi  qui  lui  avait  enjoint  de  suspendre 
toutes  poursuites  concernant  le  refus 
des  sacrements,  Chauvelin  fut,  avec 
trois  de  ses  collègues ,  arrêté  le  9  mai 
et  enfermé  au  mont  Saint  -  MicheL 
Rendu  à  la  liberté,  il  commença  contre 
les  jésuites  une  série  ^d'attaques  qui , 
le  9  mai  1767 ,  aboutirent  au  bannis- 
sement de  ces  religieux.  Il  retomba 
ensuite  dans  l'obscurité,  et  mourut  en 
1770,  à  54  ans. 

Chauvet  ,  ordonnateur  en  chef  de 
l'armée  d'Italie.  Nous  ne  connaissons 
sur  lui  que  ces  mots  de  Napoléon  : 
«  Chauvet  est  mort^  Gênes;  c'est  une 
a  perte  réelle  pour  l'armée;  il  était 


71 


CHA 


L'UNIVERS- 


CHA 


«  actif,  entreprenant.  L'armée  a  donné 
«  une  larme  à  sa  mémoire  (*),  »  Mais 
-ces  mots  sont  pour  lui  un  titre  au  sou- 
venir de  la  postérité.  Nous  avons  cru 
ne  pouvoir  lui  refuser  une  place  dans 
riiistoire. 

Chàyàgnàg,  ancienne  seigneuriede 
l'Auvergne ,  aujourd'hui  département 
du  Cantal,  érigée  en  marquisat  en 
1720. 

Chàyàgnàg  (Christophe  de)  com- 
mandait dans  Issoire  pour  Henri  IV 
en  1577.  Assiégé  par  le  duc  de  Guise 
avec  des  forces  supérieures,  il  fut 
forcé  de  se  rendre;  mais  il  ne  le  fit 
qu'après  des  prodiges  de  valeur.  Son 
aïeul  Maurice  j>e  Chàyàgnàg  ,  gou- 
verneur du  Limousin  sous  Charles 
VIII ,  avait  été  tué  en  1499  en  défen- 
dant Naples  contre  Gonzalve  de  Cor- 
doue. 

Chàyenàgiebs. — Les  chavenaciers 
ou  chanevassiers ,  ou  marchands  de 
grosse  toile  de  chanvre  (canevas), 
lormaient  à  Paris  une  corporation  très- 
ancienne.  Leurs  statuts  se  trouvent 
dans  le  registre  des  métiers  d'Etienne 
Boileau.  D'après  ces  statuts ,  chaque 
cbavenacier  devait ,  pour  chaque  pièce 
de  toile  vendue  ou  achetée  en  gros, 
une  obole  de  coutume;  mais  il  ne 
payait  ce  droit  qu'une  fois  par  semaine 
pour  les  étoiles  vendues  en  détail  à 
son  étal  ou  au  marché  du  roi.  Or, 
comme  1^  roi  percevait  plus  de  droits 

{)ar  le  premier  mode  de  vente  que  par 
e  second,  le  colportage  était  expressé- 
ment défendu  à  ceux  de  ces  marchands 
;Ui  avaient  un  étal.  Pour  les  autres , 
s  devaient  aller  et  venir  par  les  halles 
sans  s'arrêter  ni  s'asseoir  devant  les 
étaux  de  leurs  confrères ,  «  en  destor- 
bant  eus  de  leur  denrée  vendre .» 
Toute  contravention  était  punie  de 
5  sous  d'amende. 

Un  autre  article  défend  aux  «  hom- 
mes foreins  de  Normandie  et  d'au- 
leurs  qui  ameinent  toiles  à  cheval  à 
Paris  »  de  vendre  en  détail  au  marché 
du  roi ,  sous  peine  de  se  voir  confis- 
quer toute  la  toile  détaillée,  «  et  ce  ont 

(*)  Lettre  de  Napoléon  au  directoire,  17 
genainal  an  it. 


ordené  U  preudome  du  mestier ,  pm 
ce  que  U  roys  perdoU  sa  coustume;  » 
nul  chanevassier  ne  pouvait  acheter 
de  cette  toile  «  forfète  au  roy,  »  sous 
peine  d'amende ,  s'il  ne  jurait  «  sur 
sainz  qu\il  ne  savoitpas  que  li  homme 
fustforains. 

Le  hallier  de  Paris  tlevait  livrer  des 
étaux  aux  marchands  de  la  corpora* 
tion  avant  d'en  disposer  en  faveur  des 
forains.  Tout  homme  pouvait  entrer 
dans  la  corporation  franchement  et 
sans  aucune  redevance. 

Chàyes  (comhat  et  capitulation  de]. 
—  Après  l'embarquement  des  Anglais 
à  la  Corogne,  le  maréchal  Soult  se 
mit  en  mouvement  pour  envahir  le 
Portugal,  conformément  aw  ordres 
que  lui  a^ait  laissés  Napoléon.  Le  7  mai 
1809,  il  débouchait  par  la  petite  vallée 
de  Vérin,  et  faisait  son  entrée  dansk 
province  de  Tras-los-Montes.  Le  géné- 
ral Freire,  chargé  de  défendre  cette  « 
f province,  avait  posté,  pour  lui  disputer, 
e  passage,  un  corps  de  3,000  hommes 
pr&  du  village  de  Fèces -Abaxo,  (»- 
arrière  de  la  Tamega.  Les  Français, 
peu  intimidés  par  cet  obstacle,  tn*' 
versent  la  Tamega  et  s'élancent  sur 
leurs  adversaires  ;  ils  les  mettent  en , 
déroute  du  premier  choc,  et  les  poa^ 
suivent  dans  les  montagnes.  Sur  cet 
entrefaites,  un  détachement  de  la  ga^- 
nison  de  Chaves ,  l'une  des  principales* 
de  la  province,  fort  de  3,000  hommes, 
s'avance  sur  le  flanc  droit  de  la  cavale- 
rie qui  formait  l'avant-garde  française, 
et  une  nuée  de  tirailleurs,  embusqués, 
dans  des  rochers  inaccessijjles  aux  che^^ 
vaux ,  commence  un  feu  très  -  mear* 
trier.  60  dragons  du  19"  régiment  met» 
tent  pied  à  terre ,  et  chassent  ces  ti* 
railleurs.  Les  Portugais  sont  attaqués 
de  front  par  le  W  d'infanterie  légère, 
et  tournés  sur  leur  flanc  droit  par  il 
19**  de  dragons;  ils  se  débandent  à  la 
première  charge ,  et  prennent  la  fuite. 
600  hommes  restèrent  sur  le  champ 
de  bataille ,  un  grand  nombre  fut  fait 
prisonnier ,  le  reste  fut  poursuivi  jus-  ' 
que  sous  les  murs  de  Chaves. 

Le  10,  le  maréchal  Soult  s'approebs' 
de  cette  ville,  et  la  fit  sommer  d'oo- 
vrir  ses  portes.  La  garnison  était  en* 


CHA 


FRA29GE. 


CHE 


7S 


ton  forte  de  6,000  hommes;  cette 
soounatioD  resta  sans  effet.  En  con- 
séqoeDce,  le  11,  à  la  pointe  du  jour, 
le  maréchal  fit  intercepter,  par  la  di- 
vision de  cavalerie  du  général  Lorge , 
toutes  les  communications  de  Ghaves 
sur  la  rive  droite  de  la  Tamega  ;  le 

C'  '  d  Franceschi ,  avec  sa  cavalerie 
,  opéra  en  même  temps  Tinves- 
tissanent  complet  de  la  rive  gauche. 
Mais  avant  de  pousser  plus  loin  ses 
préparatifs ,  Soult  crut  convenable  de 
tenter  une  nouvelle  sommatiou.  Il  en- 
voya donc  un  second  parlementaire 
pour  menacer  les  habitants  d'un  as- 
saut, et  de  passer  la  garnison  au  fil  de 
répée,  si  le  12  avant  six  heures  du 
matin  aucune  proposition  de  capitula- 
tion n'était  ouverte.  La  sommation, 
cette  fois ,  produisit  son  effet.  Le  12 , 
Cba?es ouvrit  ses  portes,  et  livra  aux 
français  une  nombreuse  artillerie, 
vnsi  qu'une  grande  quantité  de  muni- 
tions. La  nuit,  une  partie  de  la  garni- 
<oa  était  parvenue  a  s'échapper.  On 
trouva  dans  la  ville  quelques  soldats 
4b  ligne  et  des  milices  nouvellement 
v^Wes  ;  elles  furent  désarmées  et 
woToyées  dans  leurs  foyers. 

ÛUTIGPÎY  (  Théodore  de  )  fut ,  au 
«^  de  ses  contemporains ,  un  des 
jnodset  des  plus  habiles  politiques 
.w  dix -huitième  siècle,  réputation 
innitée  qu'il  avait  aussi  à  l'étranger. 
M  à  Beaune,  en  Bourgogne,  il  fut 
mooessivement  envoyé  extraordinaire 
«I  Italie,  en  Espagne  et  en  Angleterre, 

Bis  ministre  plénipotentiaire  a  la  diète 
TEmpire  a  Batisbonne  ,  ministre 
*»près  au  roi  d'Angleterre  en  1731 , 
^Toyé  extraordinaire  en  Danemark  , 
imbassadeur  en  Portugal,  à  Venise 
«J  en  Suisse  en  1751.  Lors  du  renvoi 
"Amelot  en  1744,  tout  le  détail  des 
^ires  étrangères  retomba^  sur  lui. 
^fut  par  ses  soins  que  se  négocia  à 
Francfort  le  traité  d'alliance  défensive 
Jïtre  l'empereur  Charles  VII,  le  roi 
«  Prusse ,  l'électeur  palatin  et  la  ré- 

r!e  de  Hesse-Cassel,  pour  contrain- 
la  reine  de  Hongrie  à  reconnaître 
[Emgereur  et  à  lui  rendre  ses  États 
■wéditaires.  On  ignore  l'époque  pré- 
[o»de  la  mort  de  c5avigny. 
Chual  CAntoine } ,  peintre  et  des- 


sinateur, né  à  Paris  en  1793, 
élève  de  Misbach  pour  la  figure,  de 
Bridault  pour  le  paysage ,  et  de  Van 
Spaendonck  pour  les  fleurs.  On  lui 
doit  les  belles  planches  du  Traité  des 
accouchements  par  Maygrier,  de  l'ou- 
vrage sur  les  veines  par  Brescbet ,  de 
l'ovologie  humaine  par  Velpeau,  de 
l'embryogénie  comparée  par  Costé,  de 
l'anatomie  pathologique  par  CruveQ- 
her,  les  dessins  historic|ues  du  voyage 
de  Duperrey ,  les  dessins  de  la  mono- 

Î graphie  des  ci:ocus  par  Gay  (  inédits  ), 
es  dessins  de  la  flore  des  Canaries 
par  Webb ,  quarante  études  de  plantes 
médicinales  (aquarelles.)  pour  l'école 
de  ntédecine  de  Lexington  (États-Unis), 
les  planches  de  la  Flore  pittores- 
que, etc.,  etc.  Outre  ces  ouvrages, 
qui  suffiraient  pour  valoir  à  leur  au- 
teur une  réputation  méritée,  on  doit 
encore.à  M.  Chazal  des  tableaux  d'his- 
toire^ des  tableaux  de  fleurs  et  de 
fruits',  diverses  gravures ,  et  des  pein- 
tures sur  porcelaine  et  sur  émail.  Nous 
citerons  parmi  ses  tableaux  d'histoire 
saint  Joseph  et  N.-D.  de  Bonne-Mort , 
dans  réglise  de  Saint-Amablede  Riom; 
un  saint  Nicolas  et  une  sainte  Cathe- 
rine pour  la  chapelle  d'un  château  près 
d'Abbeville;  et  parmi,  ses  tableaux  de 
fleurs,  nous  signalerons  le  tombeau 
de  Van  Spaendonck,  orné  de  fleurs, 
exposé  en  1831.  Parmi  les  gravures 
de  M.  Chazal,  nous  citerons  le  portrait 
du  cardinal  de  la  Fare  et  plusieurs 
planches  de  fleurs. 

Chebreiss  (  bataille  de  ).  —  Bona- 
parte, maître  d'Alexandrie,  se  dirigea 
sur  le  Caire  avec  son  armée ,  son  ar- 
tillerie de  campagne  et  un  petit  corps 
de  cavalerie.  Lorsque  la  flottille  et  les 
autres  divisions  eurent  rejoint  à  Rah- 
manieh ,  on  s'ébranla ,  et  1  on  remonta 
le  Nil ,  à  la  recherche  de  l'ennemi.  On 
le  trouva  rangé  en  bataille  devant  le 
village  de  Chebreiss  ou  Chobrâkit, 
et  appuyé  au  Nil ,  sur  lequel  il  avait 
des  chaloupes  canonnières  et  des  djer- 
mes  armées.  Napoléon  avait  donné 
ordre  à  la  flottille  française  de  conti- 
nuer sa  marche  en  se  dirigeant  de  ma- 
nière à  pouvoir  appuyer  la  gauche  de 
l'armée,  et  attaquer  la  flotte  ennemie 
au  moment  oii  l'on  attaquerait  les  Ma- 


74 


CBÈ 


LtlSîVïiS. 


(Ittfi 


âelaks  et  fè  tillage  dé  Chébrâfsâ. 
Malheurmièiement  U  violence  des  vents 
he  permit  pas  de  suivre  eu  tout  ces 
dispositions  :  la  flottille  dépassa  la 
gauche  de  l'armée ,  gagna  une  •  lieiie 
sur  elle ,  se  trouva  en  présence ,  et  se 
vit  obligée  d'engager  un  combat  très- 
inégal,  ayant  à  la  fois  à  soutenir  le  fçu 
des  Mameluks  et  à  se  défendre  contre 
les  bâtiments  turcs.  Elle  courut  de 
grands  dangers.  Néanmoins  elle  réus- 
sit enfin  à  sortir  victorieuse  dé  cette 
lutte,  où  les  savants  membres  de  la 
commission  n'avaient  pas  été  les  der- 
niers k  payer  de  leur  personne.  Cepen- 
dant, le  bruit  du  canon  avait  fait,  con- 
naître à  Bonaparte  l'engagement  de  la 
flottille  ;  il  fait  marcher  l'armée  au  pas 
de  charge.  Elle  s'approche  deChebreiss. 
t'endant  que  les  soldats  républicains 
contemplent  avec  surprise  ces  célèbres 
Mameluks ,  leurs  armes  étincelantes , 
leur  costume  resplendissant  d'or  et 
d'argent ,  leurs  superbes  montures, 
Bonaparte  reconnaît  la  position ,  et 
aussitôt  son  génie  puissant  lui  fait  de- 
viner la  tactique  nouvelle  qu'il,  faut 
opposer  à  ces  impétueux  adversaires. 
Il  forme  ses  divisions  en  carrés  lon^s 
sur  quatre  files  de  profondeur  c[ui  se 
flanquent  naturellement,  l'artillerie 
aux  angles  et  dans  les  intervalles. 
Mourad  ordonne  la  charge;  mais  ses 
braves  cavaliers  se  brisent  contre  une 
inébranlable  barrière  de  baïonnettes; 
le  feu  croisé  de  l'artillerie  achève  de 
les  éloigner  du  champ  de  bataille.  Alors 
les  carrés,  jusque-là  immobiles,  s'é- 
lancent au  pas  de  charge ,  et  s'empa- 
rent du  camp  de  Chobrakit  (  13  juillet 
1798).  Les  Mameluks  perdirent  600 
hommes,  les  Français  une  centaine. 
Mourad  se  hâta  de  regagner  le  Caire. 
La  flottille  ennemie  prit  également  la 
fuite  en  remontant  le  fleuve.        , 

Chedel  (Quentin-Pierre),  l'un  de 
nos  meilleurs  graveurs  de  paysages  à 
l'eau-forte,  naquit  à  Châlons  -  sur  -  ^ 
Marne  en  1705,  et  mourut  à  Paris  en 
1762.  Il  a  travaillé  d'après  ses  propres  ^ 
dessins  et  ceux  de  ïeniers,  de  Breug-^ 
bel,  Wouwermans,  Vandér  Méulén , ' 
Boucher,  etc.  .  ', 

Chef  de  bataillon.  —  L'origine 
de  ce  grade  ne  remonte  pas  au  delà  du 


diit^iuttfèMe  sièéle.  Ce  défait  eftt 
sêdleinent  qu'en  décembre  iîU  m 
ron  sbngeà  à  ctéet  uo  emploi  inl»- 
médiaire  entre  ie  lietitenant^blont^ét 
le  capitaine.  On  donna  alors  au  titt» 
laire  de  ce  grade  la  dénominatioi  à: 
èommandant  de  batùUlm;  mais  a- 
nouveau  titre  n'était  qu'bonorifi^ 
il  appartenait  de  droit  au  plus  alKjpj 
Capitaine ,  qui  n'en  restait  pas  tot^ 
le  chef  de  sa  compagnie*  Il  est  ce^ 
dant  dit  dansTordotinance  de  créât 
que,  lorsqu'il  y  a  plusieurs  bataille 
dans  un  régiment ,  chaque  batailloOi 
l'exception  du  premier,  aura  un  C0l 
mandant  sans  compagnie,  ef  qaëj 
commandant  sera  pris  parmi  léâ 
taines.  Maiâ  cette  disposition  île  f 
pas  exl^dutée. 

Une  autre  ordonnance  de  Vt 
1774  donne  à  ees  ofQciers  le  rai 
major  :  mais  ils  continuèrent  à 
subordonnés  aux  lieutenants^ool 
et  aux  majors  titulaires.  De  i' 
1776,  il  n'y  eut  de  comniaûdanf  d« 
taillon  que  pour  le  temps  de  (^u 
seulement ,  excepté  dans  le  régii 
des  gardes  françaises  où  ce  graâêi 
toujours  maintenu. 

D'Hauthville ,  écrivain  militairtj 
coniyi,  avait  proposé;  en  1761 
création ,  à  titre  permanent,  dcr 
de  bataillon  dans  tous  les  régimi 
et   Ségur  renouvela  inutilement,^ 
1786,  ce  projet;  dont  la  réalisa 
ne  fut  cependant  qu'ajournée. 

L'emploi  de  commandait  de 
Ion  ayant  été  supprimé  en  1763i»j 
réforma  des  officiers  qui  en  ér 
pourvus.  Recréé  en  1772 ,  et  de 
veau  suppHmé  en  1 776 ,  ce  grade^ 
enfin  définitivement  rétabli,  sor' 
titre  de  chef  de  bataillon^  d'fi 
dans  les  corps  de  volontaires 
naux,  eal791,  puis  dans  les  régii 
d'infanterie  de  ligne  et  légère  i 
l'artillerie ,  dans  le  génie ,  par  '' 
du  21  février  1798. 

Depuis  la  loi  du  14  avril  1882, 
chefs  de  bataillon  '  sont  nomméll 
choix  ou  à  l'ancienneté,  et  sont 
parmi  les  capitaines  ayant  quatrtl 
au  moins  de  g^»de.  Leurs  princiM 
fonctions  consistent  à  surveiller* 
diteiplitle ,  le  service,  1?.  tenue,  ttâ 


€n 


FRANGE. 


7S 


trftièo  et  la  réparation  des  effets  d'hà^ 
Siiiei&etit  ils  ne  sotlt  spécialement 
djfl^gés  de  rinstruction  de  leurs  bai' 
âillDDS  respectifs  qu'en  cas  de  sépâ* 
rttion.  Lorsque  le  réginaent  se  trouve 
féuDi,unchef  de  bataillon,  désigné 
far  le  Colonel ,  est  chargé  de  ce  détail^ 
«fie  le  titre  dMostructeor,  sou9  les 
Ml!»  du  tieutenantMïoldhel. 
'  Çn?  BB  BRiGÀBï.  —  DénoBitna- 
An  sabstituée  à  celle  de  colonel  par 
lldéeret  de  la  Convention  nationale 
di  11  février  1792,  sur  rorganisation 
kYztmée.  Les  officiers  et  soldats 
idu  les  ordres  du  cbef  de  brigade 
l'appelaient,  en  lui  parlant,  citoyen 
mjf  au  lieu  de  se  s^vir  de  la  formule 
Moft  colonel,  usitée  jusqu'alors  et 
Èfà  on  a  encore  fait  usage  depuis. 
%idéeret  du  1*'  vendémiaire  an  xii^ 
httot  rendu  la  dénomination  de  régi*'- 
M  aox  demi' brigades j  rétablit 
«  celle  de  colonel  que  portent  en* 
Iwe  aujourd'hui  ces  officiers  supé^ 

*jtoF  b'bscabbon.  -r  Quelques 
ptotleos  font  remonter  l'origine  de 
vÇ^  à  Tannée  1582;  suivant  d'au- 
M^  le  nom  seul   de  commandant 
iMron  fat  employé  sous  Louis 
^v;  mais  ce  fut  seulement  sous  Hen*- 
!^ÏÏ  jju'il  commença  à  désigner  des 
^iMetions  en  rapport  avec  celles  des 
■teft  d'escadron  actuels. 

Louis  XIV,  il  y  eut  des  com* 

m&daDts  d'escadron  dans  les  chevau* 

et  dans  les  gendarmes  de  la 

Rie;  mais  ces  officiers  n'exerçaient 

'*un  emploi  et  n'avaient,  comme  les 

de  bataillon  dans  l'infanterie , 

Mtre  grade  que  celui  de  capitaine  ; 

kl  le  déqret  du  21  février  1793  qui 

>r  donna  le  titre  de  chefs  d'escadron, 

1%  ont  toujours  conservé  depuis. 

Depuis  l'ordonnance  du  19  février 

1,  portant  organisation  des  régi* 

its  de  cavalerie  à  six  escadrons ,  le 

nombre  des  officiers  de  ce  grade  est 

fcéàdeax  par  régiment,  sur  le  pied 

paix,  et  à  trois  sur  le  pied  de  guerre. 

oyez  ESCADBON.) 

Chefs  b'obbrbs  et  de  congbé- 
wtows.  —  On  appelait  ainsi  au- 
^'w^is,  dans  les  ordres  réguliers  ou 


hospitaliers,  la  t>reœièré;  ou  priilci- 
pale  ihaisbn,  de  laquelle  dépeiulâfenk 
toutes  les  autres  maisons  de  li'ordref 
et  où  se  teiiait  le  chapitre  géliéiral«  Les 
abbayes  chefs  d'ordre  étalent.. toutes 
régulières ,  et  elles  exerçaient  une  cer- 
taine autorité  sur  les  maisons  qu'elles 
avaient  formées.  Les  abbéà  titulaires 
de  ces  abbayes  prenaient  aussi  le  titre 
de  chefs  eCordrey  et  ils  Jouissaient  en 
cette  qualité  de  plusieurs  privilèges* 
Leurs  monastères  étaient  exempts  des 
visites  de  l'évéque  diocésain,  et  affrant 
cbis  de  là  Adini nation  du  roi ,  pour  les 
bénéfices  qui  étaieat  à  leur  collation  < 
Ils  avaient  la  juridiction  de  leurs  relif 
Çieux ,  et  leur  pouvoir,  à  oet  égard  « 
était  très-étehdu.  Ils  avaient  enfin  un 
droit  de  visite  et  jde  correetion  sur  tous 
les  monastèi^s  soumis  à  leur  âutoritéa 
Voici  les  noms  des  seize  maisons  d'or- 
dre que  l'on  comptait  en  France  : 

Bourg' j4chard,  en  Norniandiei 
chef  d'une  réforme  de  chanoines  ré- 
guliers de  l'ordre  de  Saint-Augustin , 
établie  en  1680. 

La  Chancelade^  en  Périgord  ,  chef 
d'une  congrégation  de  chanoines  ré- 
guliers du  même  ordre ,  et  qui  était 
composée  de  six  maisons. 

La  Grande  -  Chartreuse ,  en  Dau* 
phiné ,  dief  dé  l'ordre  des  chartreux. 

CitèauXy  en  Bourgogne,  chef  de 
l'ordre  de  Ctteaux. 

Clairvauxy  en  Champagne,  chef 
d'unefiliation  très-nombreuse  du  même 
ordre. 

Ckini  ou  Clugnyy  en  Bourgogne» 
chef  d'une  congrégation  de  l'ordre  de 
Saint-Benoit. 

La  Fertéy  en  Bourgogne ,  chef  de 
l'une  des  quatre  filiations  de  l'ordre 
de  Cîteaux. 

Feuillants  y  dans  le  Comminges, 
chef  de  la  congrégation  de  ce  nom. 

FontevrcmU,  dans  le  Saumurois, 
chef  de  l'ordre  de  ce  nom. 

Grandmonty  dans  la  Marche^  chef 
de  l'ordre  de  ce  nom. 

Morimont,  dans  le  Bassigny,  chef 
d'une  des  quatre  filiations  ^e  Citeaux« 

Pontigntf^  en  Champagne,  chef  d'une 
des  quatre  filiations  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux. 


76 


CHE 


L'UNIVERS. 


€BB 


-  Prémontréj  dans  le  gouvernement 
de  nie  de  France ,  chef  de  Tordre  de 
son  nom. 

Saint' Antoine  y  en  Daupbiné ,  chef 
de  Tordre  de  son  nom. 

Saint-Hufy  en  Dauphiné^i'cbef  de 
Tordre  de  son  nom. 

Sainte-Geneviève ,  à  Paris,  chef  de 
la  congrégation  de  son  nom. 

Ces  seize  maisons  jouissaient  en- 
semble d'un  revenu  annuel  qui  se 
montait  à  la  somme  de  onze  cent  dix 
mille  livres  de  rente. 

Chsllss  ,  Cala  ou  Cells^y  bourg  de 
Tlle  de  France ,  aujourd'hui  du  dépar- 
tement de  Seine-et-Marne ,  à  24  kilo- 
mètres de  Meaux ,  possédait  autrefois 
une  riche  abbaye  de  bénédictines, 
fondée  en  660  par  Bathilde,  femme  de 
Oiovis  II ,  et.  dont  le  trésor  rivalisa 
longtemps  de  magnificence  avec  celui 
de  Saint -Denis.  Cette  abbaye  a  eu 
pour  abbesses  plusieurs  princesses  du 
sang  royal.  Son  revenu  se  montait , 
avant  la  révolution,  à  environ  soixante 
mille  livres.  Supprimée  à  cette  époque, 
elle  fut  en  partie  démolie  trois  ans 
après ,  vendue  par  lots  et  convertie 
plus  tard  en  habitation  particulière. 

Il  y  avait  en  outre  à  Chelles ,  sous 
les  rois  de  la  première  race ,  un  ma- 
noir royal  où  se  retira  Chilpéric  après 
la  mort  de  deux  de  ses  fils.  Ce  fut 
dans  le  même  lieu  qu'il  fut  assassiné 
par  les  émissaires  de  Frédégonde. 

Chelles  (monnaies  de).  ~-  Le  mo- 
nastère de  Chelles  stvait,  sous  la  se- 
conde race,  le  droit  de  battre  monnaie; 
on  possède ,  en  effet ,'  des  deniers  et 
des  oboles  de  Charles  le  Chauve ,  qui 
portent  pour  légende  Kàla.monàs- 
TERi  [um].  Ce  sont  d'ailleurs  les  çeules 
monnaies  que  Ton  puisse  attribuer  à 
cette  localité. 

Chemillé,  ancienne  baronnie  de 
TAnjou ,  aujourd'hui  département  de 
Maihe*et-Loire ,  érigée  en  comté ,  en 
1555. 

Chemillé  (combats  de).  —  Quel- 
ques jours  après  que  le  tocsin  de  la 
terrible  insurrection  de  la  Vendée  eut 
sonné  pour  la  première  fois ,  les  pay- 
sans ,  commandés  par  le  voiturier  Ca- 
thelineau ,  enlevèrent  Chemillé ,  petite 


ville  du  département  deMatne-et-Loire. 

3ui  était  défendue  par  trois  canons  et 
eux  cents  hommes  (14  mars  179S). 
Un  moiS'  après ,  Berruver^  qui,  d'aprèi 
soniplan  a'attaaue  générale,  s'avaa- 
çait  en  cinq[  colonnes  dans  la  haute 
y endée ,  arriva  devant  ce  bourg  avee 
celle  qu'il  commandait  en  personne, 
tandis  que  Duhoux  l'y  rejoignait  avie 
un  autre  corps  de  mille  nommes.  Cl 
vif  combat  livra  aux  républicaios  II  i 
village  jusqu'à  l'église ,  dont  les  idsop^ 

§és  étaient  encore  maîtres  à  l'entiÉf 
e  la  nuit.  Cette  résistance  acharn# 
engagea  Berruyer  à  se  replier  à  Saii^ 
Lambert.        "  ' 

Cheminais  de  Montàigu  (TiiWK 
léon)  naquit  à  Paris,  en  16ô2,d'aiM 
famille  ancienne  dans  la  robe.  AT 
de  quinze  ans ,  il  entra  chez,  les  j 
tes^  et  après  avoir  perfectioDoé 
études  dans  le  sein  de  cette  docte 
ciété ,  il  alla  professer  la  rhétorique 
Orléans.  Ses  sermons  lui  firent  bieo 
une  brillante  réputation  d'éloquei 
A  un  esprit  facile  et  pénétrant,  à  ai 
imagination  vive  et  brillante ,  r^  ' 
par  un  jugement  solide ,  il  réuDisi 
une  action  noble  et  aisée ,  et  sni  ' 
l'art  d'émouvoir  par  une  onction 
ticulière  qui  le  fit  comparer  à  Raêi 
avant  'que  Massillon  mt  connu.  1 
faiblesse  de  sa  santé  fut  un  obstadt^ 
Tardeur  de  son  zèle  et  aux  progrès 
sa  réputation.  Ses  infirmités  1  enif 
obèrent  de  prêcher  TAvent  devant 
cour  de  Louis  XIY,  qui  avait  vo 
l'entendre.  Cependant  il  n'abandoi 
entièrement  ses  fonctions  de  prédi 
teur  que  lorsque  la  force  lui  ma» 
pour  ce  ministère.  Il  se  voua  aï 
tout  entier  au  soulagemept  des 
vres ,  et  fît  preuve ,  dans  ses  demi 
années ,  de  la  charité  la  plus  active 
la  plus  dévouée.  La  mort  le  sarpi 
dans  ses  pieuses  occupations,  le 
septembre  1689.  Le  P.  Breton» 
publia  ,  en  1690 ,  les  sermons  d»h 
Cheminais  :  il  avait,  dit  le  P.  Brct 
neau,  toutes  les  qualités  qui  rend 
un  homme  très-aimable,  une  prob^ 
exacte,  un  naturel  obligeant, 
candeur  admirable ,  une  humeur  d 
et  gaie  jusque  dans  le  fort  de  la  doo 


tilANCE. 


€HE 


77 


leur,  une  conversation  charmante.  Il 
âait  eofio  un  ami  généreux ,  un  très- 
bel  esprit  et  un  parfait  honnête  hom- 
ne.  Cneminais  est  auteur  d*un  volume 
intitalé  :  Projet  é^une  nouvelle  ma' 
fàère  de  prêcher.  Il  y  développa  une 
iDétbode  qu'il  a  souvent  suivie  avec 
sgœès,  et  qui  consiste  à  bannir  des 
tomoDS  les  divisions  et  les  subdivi- 
liooS}  «  parce  que,  dit-il ,  par  là  Télo- 
«eoee  est  génee ,  contrainte ,  comme 
moffée;  les  mouvements  sont  inter- 
nwipos  et,  si  on  ose  dire ,  étranglés  : 
apfès  avoir  parlé  avec  véhémence, 
m  recommence  froidement  un  autce 
point,  ce  qui  fatigue  l'auditeur.  »  Cbe- 
ninais  est  encore  hauteur  d'un  livre 
jlBtituié  :  Sentiments  de  piété. 
I  Cheminsau  (Jean),  baron,  lieute- 
«nt  général^  etc.,  né  en  1771,' fut 
iiiessé  à  Hondscoote,  puis  servit  suc- 
iMsiTement  sur  le  Rhin ,  dans  l'Ouest, 
«Italie,  oîi  il  se  signala  particulière- 
Mot  sous  Masséna.  Il  6t  ensuite,  avec 
hiBéme  distinction,  les  guerres  d'An- 
ttdie  et  de  Prusse ,  et  fut  créé  général 
è  brigade  en  1811.  Envojfé  alors  à 
tannée  de  Portugal ,  il  prit  le  com- 
itttoent  d'une  des  brigades  du  gé- 
M  Foy,  et  se  distingua  dans  là 
tt&aîteôui  suivit  la  funeste  journée 
dsiraDiles.  La  place  de  Palencia  avait 
f&m  d  ouvrir  ses  portes  si  le  général 
Fovse  présentait  en  personne.  Le  gé- 
mi se  borna  heureusement  à  envoyer 
de  ses  officiers,  car  les  Espagnols 
l'eurent  pas  plutôt  aperçu  qu'ils 
sat  feu  sur  lui.  Indigné  de  cette 
on  déloyale ,  Foy  ordonna  d'em- 
çr  la  place;  Chemineau  disposa 
itôt  ses  colonnes;  l'effet  du  canon 
Jnsaraissant  trop  lent,  il  recourt  à  la 
Me,  brise  les  portes,  pénètre  dans 

^ H  rues,  culbute  les  Espagnols,  les 
devant  lui  et  emporte  le  pont 
rion  qu'ils  cherchent  à  défendre, 
^puté  à  Lutzen,  ce  brave  officier 
^t,  en  1813 ,  le  brevet  de  général  de 
wision. 

Chemins.  —  On  désigne  sous  ce 
Mm  générique  toutes  les  voies  de  corn- 
Jnncation  établies  par  terre.  Cepen- 
«  le  nom  de  boutes  (voir  ce  mot) 
Confient  aux  voies  principales  qui  sont 


ouvertes  et  entretenues  exclosivement 
par  l'État  ou  par  les  départements,  et 
le  nom  de  chemins  est  réservé  aux 
voies  secondaires ,  qui  ne  sont  classées 
ni  comme  routes  royales  ni  comme 
routes  départementales.  Nous  n'avons 
pas  à  nous  occuper  ici  des  chemins 
de  halage  qui  bordent  latéralement  les 
lignes  navigables,  et  dont  la  destination 
unique  est  de  livrer  passage  aux  mo- 
teurs animés  que  l'on  applique  aux 
bateaux  circulant  sur  ces  lignes.  Nous 
parlerons  donc  seulement  des  chemins 
vicinaux. 

Cette  espèce  de  voies  de  communi- 
cation a  été  pendant  longtemps  presque 
complètement  négligée.  Avant  la  ré- 
volution de  1789,  les  chemins  qui  fa- 
cilitaient l'accès  des  grands  châteaux 
étaient  à  peu  près  les  seuls  qui  obtins- 
sent des  fonds  de  secours  ou  de  cha- 
rité. La  distribution  de  ces  fonds  était 
faite  par  les  intendants  des  provinces , 
qui  ne  cédaient  qu'à  de  pressantes  sol- 
licitations. Cependant  les  parlements 
publiaient  de  temps  à  autre  des  règle- 
ments sur  la  matière.  L'un  d'eux  im- 
Ïiosait  aux  cultivateurs  l'obligation  de 
abourer  tous  les  ans,  en  travers,  les 
chemins  contigus  à  leurs  champs.  Cette 
disposition ,  absurde  au  premier  aper- 
çu ,  était  réellement ,  dans  beaucoup  de 
localités,. le  moven  le  moins  dispen- 
dieux de  combler  les  ornières  trop 
profondes.  Le  17  août  1751 ,  le  parle- 
ment de  Rouen  fit  un  règlement  re- 
marquable par  la  sagesse  des  mesures 
qui  y  étaient  prescrites  pour  les  plan- 
tations et  pour  l'ouverture  des  fossés. 

Depuis  1789,  les  chemins  vicinaux 
ont  plus  sérieusement  appelé  l'atten- 
tion de  tous  les  gouvernements  qui  se 
sont  succédé. 

La  loi  du  15  août  1790  porte  ^ue 
nul  ne  peut,  à  titre  de  régime  féodal 
ou  de  justice  seigneuriale,  prétendre 
aucun  droit  de  propriété  ni  de  voirie 
sur  les  chemins  publics,  rues  et  places 
des  communes. 

La  loi  du  24  août  1790  donne  à  l'au- 
torité administrative  le  droit  de  cons- 
tater les  usurpations  et  les  dégrada- 
tions faites  aux  chemins  vicinaux. 

La  loi  du  il  septembre  1790  don«< 


78 


CH^ 


L'UNIVERS. 


naît  aux  juges  du  district  la  ()o1îce  de 
cbnservaiibn  pôthr  les  cbemfns  vicinaux 
aussi  bien  ôue  pour  les  grandes  routes. 
'  La  loi  du  V8  septembre  1791  char- 
geait ]'àdmihistratk)n  de  la  surveillance 
et  de  l'exécution  des  chemins  vicinaux , 
qui  devaient  être  entretenus  aux  frais 
des  communautés.  Une  imposition  au 
marc  la  livre  de  la  contribution  fon- 
cière pouvait  être  établie  à  cet  effet. 
L'article  41  de  cette  loi  portait  que 
tout  voyaî^eur  qui  décloraît  un  champ 
pour  s'y  faire  un  passage,  payerait  lé 
dommage  et  une  amende ,  à  moins  que 
le  juge  de  paix  du  canton  ne  décidât 
<|ue  le  chemin  public  était  impratica- 
ble, et  alors  les  dommages  et  les  frais 
devaient  être  à  la  charge  de  la  com- 
mune. 

'  £n  faisant  peser  cette  responsabilité 
Bur  la  commune,  on  voulait  provoquer 
son  zèle  pour  l'entretien  des  chemins 
vicinaux;  mais  une  disposition  com- 
minatoire de  ce  genre  n'avait  et  ne 
pouvait  avoir  aucun  effet. 
*  La  loi  du  6  octobre  1791  porte  que, 
sur  la  réclamation  de  la  communauté 
bu  des  particuliers,  l'administration 
ordonne  l'amélioration  d'un  mauvais 
chemin  et  en  détermine  la  largeur; 
que  les  chemins  reconnus  nécessaires 
%  la  communication  des  communes 
sont  rendus  praticables  et  entretenus 
à  leurs  dépens  par  une  contribution 
BU  marc  le  franc  de  la  contribution 
foncière. 

D'après  la  loi  du  16  frimaire  an  ii, 
les  chemins  vicinaux  devaient  conti- 
nuer d' étire  aux  frais  des  administrés , 
sauf  les  cas  où  ils  deviendraient  né- 
cessaires au  service  public. 

L'arrêté  du  28  messidor*  an  y  était 
plus  précis  :  dans  chaque  département, 
l'administration  centrale  devait  faire 
dresser  un  état  général  des  chemins 
vicinaux,  constater  l'utilité  de  chacun 
des  chemins,  et  désigner  ceux  qui  se- 
raient conservés  ou  supprimés. 

Les  lois  du  15  frimaire  an  ly  et  du 
1  i  frimaire  an  yii  mettaient  au  rang 
des  dépensi^s  communales  celles  de  la 
voirie  et  des  chemins  vicinaux  dans 
l'étendue  de  la  commune. 

D'après  là  loi  du  26  pluviôse  an 


yiii.  il  ^alt  statué  d'atie  manière  gé- 
nérale que  le  conseil  municipal  régie* 
Fait  la  répartition  des  travaux  péoAh 
saires  à  l'entretien  et  aux  réparatidtti 
des  propriétés  à  la  charge  des  bâbitantli 

Un  arrêté  des  consuls ,  en  date  ÛM  [ 
thermidor  an  x ,  indique  et  conseill  i 
(es  prestations  en  nature  pour  lesiii  ' 
pa rations  les  plus  urgentes  des  chetiM  ' 
vicinaux;  itiais  il  ne  contient  rien  dllW  i 
pératif  j  et  ne  prescrit  aucune  msat^i 
doercitive. 

La  loi  du  9  ventôse  an  xni  ol 
l'administration  de  rechercher  et 
reconnaître  les  anciennes  limites 
chemins  vicinaux,  et  de  fixer,  d'af 
cette  reconnaissance,  leur  largeur i 
vant  les  localités,  sans  pouvoir  ce| 
dant  la  porter  au  delà  de  six  ttit 
lorsqu'il  sera  nécessaire  de  l'augi 
ter,  ni  faire  aucun  changement 
chemins  qui  excédaient  alors  cette 
geur.  L'article  18  portait  qu'à  l'ave 
nul  ne  pourrait  planter  le  bord 
chemins  vicinaux ,  même  dans  sa 
priété ,  sans  leur  conserver  la  iar( 
fixée  en  exécution  de  l'article  pi 
dent.  D'apfès  le  dernier  article, 
contraventions  à  la  loi  devaient 
jugées  par  le  conseil  de  préfe 
Cette  attribution  était  une  except 
la  compétence  générale  conféi^ 
tribunaux  ordinaires  par  la  loi  M 
septembre  1790. 

Deux  décrets  rendus  le  16 
1813  ont  fixé  les  attributions 
tives  de  l'autorité  administrative 
l'autorité  judiciaire  sur  les  cl 
yicinaux;  il  en  résulte:  1**  Que  letj 
fets  fixent  la  direction  et  déteri 
la  largeur  des  chemins  vicinaux, 
le  recours  au  ministre  de  l'intérii 
au  conseil  d'État; 

2^  Que  les  questions  qui  tou< 
la  propriété  sont  renvoyées  devai 
tribunaux; 

3"  Que  la  confection,  l'entretif 
la  réparation  dés  d^emins  yi( 
sont  à  la  charge  des  communes; 

4"*  Que  les  conseils  municipaux 
bèrent  sur  la  mise  à  exécution  et' 
entre  les  habitants  la  distribut 
soit  des  frais,  soit  de  la  prestatio»! 
nature. 


fMsm* 


cm 


7» 


SQfti  la  loi  du  28  juHlet  1694  règl^ 
la  prestation  en  nature,  laisse  aux 
oomonmes  la  faculté  de  créer  une  res-* 
source  extraordinaire  de  cinq  centimes 
additioimels ,  prévoit  le  cas  oi^  un  ebe*. 
flrin.pourrait  intéresser  plusieurs  corn- 
Qiuoes,  et  dontae,  en  apparence  du 
Boins,  les  moyens  de  le  réparer  et  de 
tatreteair. 

Toile  était,  depuis  1790,  la  législa« 
tiim  sur  la  oaatière. 

Plusieurs  causes  avaient  frappé  de 
mon  eette  législation;  d'abord  les 
;  mrres  constantes  de  la  république  et 

[il l'empire;  ensuite  l'absence  d'unité 
Au»  la  direction  imprimée  aux  tra« 
vaux  de  restauration  et  d'entretien 
des  chemins,  par  les  diverses  adminis- 
trations départementales;  enfin  l'exi- 
Êsâtà  des  ressources  communales  et 
rétroitesse  de  l'esprit  de  localité  qui 
irésidait  à  Texécution  de  ces  travaux, 
m  considérant  les  chemins  vicinaux 
«mme  des  propriétés  purement  com- 
Wmales,  dont  l'intérêt  était  borné  au 
mitoire  de  la  commune ,  qui ,  pour 
Al,  devaient  rester  uniquement  à  sa 
Éw^;  en  n'établissant  aucune  dis<- 
Hmiflu  entre  les  communications  in- 
Menhis  et  particulières,  telles  que 
!■  IMS  et  les  places ,  et  les  chemins 
liftAiisant  de  commune  à  commune, 
iiss  villages  à  la  ville,  des  campagnes 
marchés,  on  s'était  mépris  sur  les 
its,  on  avait  sacrifié  le  bien  public, 
vain  la  loi  du  28  juillet  1824  avait- 
indiqué  une  différence  entre  les 
inft  d'intérêt  local  et  les  chemins 
grande  communication;  en  vain  elle 
tt  essayé  de  combiner  les  ressouffies 
diverses  communes  pour  les  diriger 
(  an  ng^me  but.  Cette  loi  était  m- 
OfDiriète  ;  car  toutes  les  mesures  qu'elle 
freserivait  n'étaient  que  facultatives, 
>s^*à-dire  subordonnées  à  l'égoïsrae 
éttoit  et  jaloux  des  localités.  Aussi 
Savait-elle  remis  entre  les  mains  de 
Mministratioq  qu'une  autorité  illu- 
iDife;  et  dégradés,  envahis  de  toutes 
farts,  nos  chemins  sont  devenus  pres- 
|Ik  partout  impraticables. 
'>  fl  s*éleva  bieiltôt  uUe  clameur  uni- 
^WseJle  contre  un  si  dépidr^hle  état 
de  choses  )  et  c'est  pour  remédier  à  cet 


état  qu'une  toi  nouvelle  a  été  reudue 
et  promulguée  le  21  mai  1836. 

Une  circulaire  contenant  des  ins- 
tructions détaillées  pour  l'exécution 
de  la  nouvelle  loi  a  été  envoyée  aux 
préfets  le  24  juin  1836.  Nous  en 
extrayons  la  substance  dans  l'ordre 
des  divers  articles  de  la  loi ,  qu'il  sera 
bon  d'avoir  sous  les  yeux  pour  consul- 
ter ce  commentaire  avec  plus  de  fruit. 

Art.  1*"^.  La  réparation  des  chemins 
yicinaux  est  une  obligation  générale 
imposée  aux  communes.  Les  chemins 
légalement  reconnus  prennent  tous  le 
nom  de  chemins  vicinaux;  les  déno- 
minations de  .chemins  ruraux  y  de 
chemins  communaux  sont  donc  sup- 
primées. L'obligation  d'entretenir  les 
chemins  est  restreinte  aux  chemins 
légalement  reconnus  ;  et  il  n*y  a  qu'un 
arrêté  du  préfet  qui  puisse  opérer  la 
reconnaissance  légale  des  chemins.  La 
reoonnaissapce  des  chemins  doit  être 
faite  partout  où  elle  n'a  pas  eu  lieu  ; 
elle  seule  donne  attribution  aux  con- 
seils de  préfecture  pour  la  répression 
des  usurpations.  Pour  donner  le  carac- 
tère de  chemin  vicinal  aux  voies  de 
communications  qui  doivent  en  être 
revêtues ,  il  faut  que  le  maire  forme 
l'état  de-ces  voies ,  indiquant  la  direc- 
tion de  chaque  chemin ,  sa  longueur 
sur  le  territoire  de  la  commune ,  leur 
largeur  actuelle ,  les  portions  qu'il  est 
nécessaire  d'élargir.  L'état  des  chemins 
ainsi  préparé  est  déposé  à  la  mairie 
pendant  un  mois  ;  les  habitants  de  la 
commune  sont  prévenus  de  ce  dépôt 
par  une  publication  faite  dans  la  forme 
ordinaire;  pendant  le  délai  du  dépôt,  ils 
peuvent  adresser  au  maire  leurs  obser- 
vations et  réclamations.  Après  l'expira- 
tion du  délai ,  l'état  dresse  par  le  maire 
est  soumis  au  copseil  municipal  qui  doit 
donner  éon  avis;  le  sous*préfet  trans- 
met toutes  les  pièces,  avec  son  avis 
motivé,  au  préfet;  celui-ci,  après  exa- 
men ,  prend  un  arrêté  qui  déclare  que 
tels  chemins,  de  telle  lar^ur,  font  partie 
des  chemins  vicinaux  de  la  commune. 
Le  classement  des  chemins  ne  doit 
étire  ni  trop  restreint,  ni  trop  étendu.  Il 
y  a  lieu  de  réviser  les  classements  pré- 
cédemment faits  qui  remontent  à  une 


80 


C0E 

4 


L'TOflVERS. 


CHE 


éix>que  d^à  ancienne;  le  déclassement 
des  chemins  est  dans  les  attributions  de 
Tautorité  qui  prononce  le  classement  ; 
seulement  li  ne  sera  prononcé  qu'après 
délibération  des  conseils  municipaux 
des- communes  qui  pourraient  être  in- 
téressées à  la  conservation  du  chemin, 
et  même  après  une  enquête ,  s'il  n'y 
avait  pas  unanimité  dans  les  délibéra* 
tions.  Après  le  déclassement  d'un  che- 
min, il  y  a  lieu  d'examiner  s'il  doit 
être  conservé ,  ou  si  le  sol  ne  pourrait 
pas  en  être  rendu  à  l'agriculture.  Dans 
ce  dernier  cas ,  après  l'avis  du  conseil 
municipal ,  le  préfet  autorise  la  vente 
en  remplissant  les  formalités  voulues 

§ar  le  premier  paragraphe  de  l'article  10 
e  la  loi  du  28  juillet  1828 .  et  les  disr 
Ï positions  de  l'article  19  de  la  présente 
oi.  L'exception  de  propriété  élevée  par 
un  riverain  ne  fait  pas  nécessairement 
obstacle  au  classement  d'un  chemin  ; 
la  question  de  propriété  reste  intacte 
pour  être  jugée  par  les  tribunaux.  Si 
elle  est  résolue  en  faveur  du  réclamant, 
le  jugement  est  sans  effet  quant  k  la 
déclaration  de  viçinalité;  il  donne 
seulement  droit  à  une  indemnité  pour 
la  valeur  du  chemin.  Donc  aussi ,  la 
prétention  à  la  propriété  du  sol  ne  doit 
pas  seule  déterminer  le  déclassement 
du  chemin.  Il  y  a  une  distinction 
essentielle  à  faire  entre  les  rues  et  les 
chemins.  Cette  distinction  a  été  consa- 
crée par  plusieurs  ordonnances  royales, 
notamment  par  celle  du  25  avril  1825; 
les  rues  des  bourgs  et  villages  ne 
peuvent  donc  être  classées  comme 
chemins  vicinaux. 

Art.  2.  Les  conseils  municipaux  ne 
sont  plus  astreints  à  employer  la  pres- 
tation en  nature  avant  de  pouvoir 
voter  des.  centimes  :  ils  peuvent  em- 
ployer les  prestations  et  les  centimes 
séparément  ou  concurremment.  Il  est 
urgent  que  les  conseils  municipaux 
fassent  usage,  au  moins  pendant  quel- 
ques années,  du  maximum  des  res- 
sources mises  à  leur  disposition.  Les 
>lus  imposés  ne  doivent  plus  être  ap- 
)elés  à  délibérer  avec  les  conseils  pour 
e  vote  des  prestations  et  des  cinq 
centimes  ;  et  le  motif  de  ce  change- 
ment à  la  législation,  c'est  que  la  ré- 


paration des  chemins  est  aujourdW 
une  dépense  obligatoire  et  ordinaire. 
Le  préiet  doit  toujours  sanctionner  le 
vote  des  prestations  et  centimes  ordi- 
naires. Quant  aux  dépenses  extraor* 
dinaires ,  l'article  6  de  la  loi  du  28 
juillet  1824  reste  toujours  en  vigueur^ 
c'est-à-dire  que  ces  dépenses  ne  pom^ 
ront  être  autorisées  que  par  ordm. 
nance  royale ,  et  que  le  concours  M 
plus  imposés  sera  nécessaire.  ^] 

Art.  3.  L'obligation  de  fournir 
prestation  est  imposée  à  deux  titi 
différents  :  d'abord ,  à  tout  habitai 
mâle ,  valide ,  dans  les  limites  d'à 
fixées  par  la  loi,  comme  habitant 
pour  sa  personne  seule  ;  ensuite  à  tt 
chef  de  famille,  à  tout  propriétaii 
régisseur,  fermier  ou  colon  partiaii 
industriel ,  etc. ,  pour  chaque  met  ' 
ou  serviteur  de  la  famille,  mâle, 
lide,  résidant  dans  la  commune, 
dans  les. mêmes  limites  d'âge; 

Ï>our  chaque  charrette  ou  voiture  i 
ée ,  pour  chaque  bête  de  sommeil 
trait  et  de  selle ,  au  service  de  la^ 
mille  ou  de  rétablissement  dans: 
commune.  Il  n'est  pas  nécessaires 
le  chef  de  l'établissement  soit  ûi 
limites  d'â^e,  ni  mâle,  ni  valide, 
même  résidant  dans   la  comm" 
pour  que  l'exploitation  soit  im[ 
dans  tous  ses  moyens  d'action  ; 
le  chef  lui-même  pourra  être  dis[ 
pour    sa    personne,    dans   les 
d'exemption  prévus.  Le  mot  hdibité 
doit  s'entendre  des  personnes  qui  ' 
leur  domicile  de  fait  dans  la  commi 
Pour  entendre  les  mots  -au  service  \ 
IdfifamiUe  ou  de  rétablissement 
la  commune  y  il  faut  savoir  que 
prestation,  pour  tout  ce  qi^  cons  " 
un  établissement  permanent ,  est 
dans  la  commune  où  il  se  trouve  ;| 
que,  pour  ce  qui  constitue  un  séji 
passager ,  la  prestation  n'est  pas 
dans  plusieurs  conmiunes ,  mais  i 
lement  dans  celle  du  principal  étafc 
ment.  L'exemption  fondée  sur  lii 
gence ,  quoique  non  inscrite  dans^ 
loi,  doit  continuer  à  être  appliqr 
Les  mots  membres  de  lafanme 
placent,  dans  la  nouvelle  loi,  ceux 
ses  fils  vivant  avec  lui  y  qui  se  "^ 


CHÉ 


FRANCE 


valent  dans  la  loi  de  1824;  ils  s'appH- 
fBent  aux  neveux  et  autres  parents 
p  résident  arec  le  chef  de  famille. 
Le  mot  serviteur  j  qui  a  remplacé 
aossi  le  mot  domestique ,  s'étend  à 
toos  les  individus  ^ui  reçoivent  du 
éâ  de  famille  un  salaire  'annuel  et 
IBHBanent.  Les  ouvriers,  laboureurs 
fttrtisans,  qui  travaillent  à  la  jour- 
ÎÉ'eu  à  la  tâche,  ne  sont  évidemment 
itteompris  dans  la  catégorie  des  ser- 
[peurs.  La  prestation  n'est  que  pour 
roitores  et  les  charrettes  habituel- 
it  employées;  celles  qui  ne  sont 
l'on  meuble  mis  en  réserve  ne  peu- 
it  être  imposées*  Une  distinction 
te  doit  être  faite  pour  les  bêtes 
iiomme,  de  trait  et  de  selle.  Si  ces 
lux  sont  un  objet  de  commerce, 
sont  destinés  seulement  à  la  con- 
latioo  ou  à  la  reproduètion,  ils 
mvent  donner  ouverture  à  la  pres- 
eo  nature. 

4.  Le  conseil  général  n'est  pas 

à  arrêter  uniformément,  pour 

He  département ,  le  tarif  de  con- 

en  argent  des  prestations;  la 

lige  pas  non  plus  à  établir  un 

['^ial  pour  chaque  commune. 

de  la  rédaction  des  tarifs 

irersion  des  journées  de  presta- 

en  tâches  sont  faciles  à  établir. 

i\  municipal  n'a  qu'à  arrêter 

représentative  des  diverses 

de  travaux ,  tels  que  le  ramas- 

f  te  cassage,  l'emploi  du  mètre 

^ de  pierre;  la  fouille  et  le  déblaie- 

idu  mètre  cube  de  terre  ;  le  trans- 

des  matériaux  à  une  distance 

etc.;  le  tarif  ainsi  arrêté, 

ré  au  taux  de  conversion  des 

itions  préalablement  fixé  par  le 

il  général ,  apprendra  à  chaque 

ibuable  ce  qui  peut  lui  être  de- 

\  soit  en  journées,  soit  en  tâches: 

itage  de  ce  dernier  mode  de  tra- 

pour  les  communes  et  pour  les 

itaires,  doit  le  faire  préférer.  Le 

d'emploi  des  journées  de  pres- 

I9  qui  consiste  à  les  comprendre 

les  adjudications  des  travaux ,  a 

flenté  à  différentes  époques ,  et  ne 

'iphis  être  admis  nulle  part,  comme 

"•"ït  à  ramener  le  travail  de  la 


CHE  ^1 

prestation  à  l'ancienne  corvée.  Les 
formes  à  suivre  pour  l'établissement 
des  rôles  de  prestation ,  leur  mise  en 
recouvrement,  la  libération  des  con- 
tribuables et  les  comptes  à  rendrfi , 
continuent  à  être  régies  par  Tarticle  5 
de  la  loi  du  28  juillet  1824.  Il  doit  être 
établi  dans  chaque  commune  un  état- 
matrice  des  contribuables  qui  peuvent 
être  imposés  à  la  prestation  en  nature; 
cet  état- matrice  aoit  être  déposé  pen- 
dant un  mois  à  la  maison  commune. 
Les   percepteurs  -  receveurs    munici- 

Saux  sont  chargés  de  la  conféction 
es  rôles,  et  une  remise,  calculée  sur 
le  montant  total  des  rôles ,  leur  est 
allouée  pour  ce  travail.  Les  rôles  sont 
certifiés  par  les  maires,  et  rendus  exé- 
cutoires par  les  préfets.  Ils  sont  publiés 
de  la  même  manière  et  en  même  temps 
que  ceux  des  contributions  directes, 
et  un  avertissement  est  remis  à  chaque 
contribuable;  le  délai  d'option  entre 
la  prestation  en  nature  et  le  payement 
en  argent  est  fixé  à  un  mois.  Le  per- 
cepteur-receveur municipal  doit  four- 
nir au  maire  le  bordereau  des  cotes 
à  recouvrer  en  argent,  et  un  état  dé- 
taillé des  cotes  acquittables  en  tra- 
vaux. Les  demandes  en  dégrèvement 
sont  présentées,  instruites  et  jugées 
comme  en  matière  de  contributions 
directes ,  c'est-à-dire  qu'elles  doivent 
être  présentées  dans  les  trois  mois  de 
la  publication  des  rôles ,  et  soumises 
au  conseil  de  préfecture.  Elles  peuvent 
être  formées  sur  papier  libre.  Les 
cotes  exigibles  en  argent  sont  recou- 
vrées comme  en  matière  de  contribu- 
tions directes.  Avant  l'ouverture  des 
travaux^  le  maire  doit  visiter  les  che- 
mins, afin  d'apprécier  les  travaux  à 
faire.  Le  maire  doit  faire  annoncer 
les  travaux  quinze  jours  avant  leur 
ouverture.  Au  second  dimanche  de  la 
publication ,  le  maire  fait  remettre  à 
chaque  contribuable  tenu  à  la  presta- 
tion un  avis  signé,  portant  réquisition 
de  se  trouver  tel  jour ,  à  telle  heure , 
sur  tel  chemin,  pour  y  faire  les  travaux 
qui  lui  seront  mdiqués ,  en  acquitte- 
ment de  sa  cote.  Les  travaux  doivent 


être  surveillés  par  le  maire  ou  son  dé- 
légué. Des  quittances  sont  données 

T.  V.  6*  Zit?rm507i.  (DiCT.  encycl.,  etc.)  6 


aux  presuuires  pour  constater  leur 
libération.  I^s  cotes  que  les  presta- 
taires De  seraient  pas  venus  acquitter 
en  nature,  le  jour  ou  ils  en  soat  requis, 
fiont  de  droit  exigibles  en  argent;  ce- 

Kodanf    des   lyournemeiits  peuvent 
ir  être-  accordes  en  cas  d'empêché- 
inent  Ijiî^tinie.  Les  prestations  ^n  oa-' 
ture  n^  jp^uvent  être  misea  en  réservq 
{l'une  année  sur  l'autre  ;  elles  doivent 
^tre  emplqyé^s  dans  ta  durée  de  l'axer- 
Cice  auquel  elles  s'appliquent.  L'çni- 
ploi  des  cotes  recouvrées  en-  argent 
lentie  dans  la  catégorie  des  dépense^ 
copmunales.  L'emploi  4es  ressource^ 
communales  né  peut,  sous  peine  de 
lespopsabilitâi  avoir  lieu  guB  sur  les 
cbemins    légalement  '  reconnue.    I-e^ 
râles  de  pr^tfttion  devant  figurer  e^ 
recette  çt  en  dépense  au  budget  de£| 
communes ,  le  compte  d'emploi  doit 
en  êtrç  rendu, comme  pour  les  autres 
recettes  communes.  Tous  ces  détail^ 
(TexécutiOn  sont  d'une  appjication  gé- 
nérale à  tous  lès  départements.  , 
AitiS.X'iniposition  d'office  ne  doit 
être  'appliquée  par  le  jiréfet  que  lors- 
que Tçtàt  des  chemins  soulevé   des 
-  plaint^  fondées  ,  et  que  )^  commun? 
n'a  pas  d^à  fait  emploi  de  ses  ressour- 
ces. Le  mauvais  état  des  chemins  doi( 
d'abord  être  reconnu  et  constaté  pai; 
désigné  ad  hoc  paç 
s  parmi  les  memnres 
al  ou  du  conseil  d'air- 
ensuite  la  comniunç 
1  déiqêure  par  iin  ar-; 
:'éstaaas  lecasoiila 
:  jpas'suivie  de  tait. 
Tt^poser  d'ofjjce.  l) 
;e  imposition  ne  portç 
ir  les  centime^,'  mais 
encore  sur.  là  prestation  en  Raturé.  Les 
forioes  à  siiiyre  pour  faire  rédiger 
d'office  le  rôle  des  prestations  et  ea 
assurer  (e  recouvrement  ne  diffèrent 
,   de  celles  qui  sont  suivies  ordinaire- 
méat,  qu'en  ce  ((ue  l'initiative  v'ien^ 
du  préfet  qui  notiSe  au  maire  et  fait 
dans  la  commune  les  diverses  publica- 
tions nécessaires.  Le  cas  analogue  se 
présente  et  se  résout  de  la  même  ma- 
nière, lorsque  le  conseil  municipal, 
ayant  voté  des  prestations  et  des  cet^ 


CBB 


times ,  la  commune  aurait  négligé  ou 
refusé  d'en  faire  emploi. 

Art.  6.  Lorsqu'un  conseil  municipal 
délibère  sur  le  concours  qu'il  doit  prê- 
ter à  l'entretien  d'un  chemin  nui  inté- 
resse plusieurs  communes,  les  plus 
imposa  ne  sont  plus  appelés  à  la  déli- 
bération, et  le  préfet  statue  sans  l'as- 
sistance du  conseil  de  préfecture.  S) 
une  commune  refusait  le  concours  lét 
ealement  demapdé,  il  y-  aurait  lieu  à 
r application  de  l'article  5.  Le  concours 
peut  être  exÏRé  pour  la  coustructioa 
comme  pour  la  réparation. 

Art.  7.  Les  chemins  vicinaux  dési- 
gnés sous  le  noin  de  grande  commtt- 
fiicalion  ne  changent  pas  de  carac- 
tère; ils  sont  impresci;iptitijes  ;  la  ré- 
pression des  usurpations  reste  dévolue 
^ux  conseils  de  préfectgr^;  le  sol  de 
ces  ctterains  continue  d'appartenir  aux 
communes!  lès  conununes  demeu- 
rent chargées  de  pourvoir  à  leur  en- 
tretien, au  moins  en.  partie.  Lefi  ohe^ 
ininS  vicinaux  de  grande  communica- 
tion sontdésignés  par  lecbnséilgéaéral, 
qui'  indique  au^sî.  leur'  direction. 
lorsqu'un  chemin,  yidnâl  de  grandf 
communication  peut  iotérê^ser  deux 
départements,  il  y  a  lieu  pour  les 
deux  préfets  de  se  concerter.  C'est 
sur  la  proposition  du  préfet  que  le  con- 
seil général  exerce  les  différentes  attri- 
butions qui  lui  sont  dévolues  par 
l'art.  7,  Il  est  nécessaire  de  restrein- 
tire  le  classement  dans  la  proportion 
des  ressources.  Dans  les  i^iartemenU 
ou  un  classement  avait  été  fait  avant 
la  loi ,  il  doit  être  revisé.  Le  classe- 
înent  de  toutes  les  lignes  ne  doit  pas 
être  simultané,  mais  successif.  Les 
propositions  du  préfet  doivent  être 
accompagnées  des  avis  qes  conseils 
municipaux  et  d'airopdissçment.  La 
loi  a  réglé  clairement  les  fornies  à 
cuivre  pour  je  classement  des  chemins 
.vicinaux  de  grande  conipiunicatiop  j 
fit  elle  est  restée  muette  sur  le  déclas- 
sement de  ces  chemins ,  qui  peut  quel- 
fois  être  iiécessaire.  Mats  les  formes 
pour  le  déclassement  doivent  évidenir 
mCnt  être  les  mêmes  que  pour  le  clas- 
sement ,  et  le  consçil  géôéral  prononce 
sur  les  propositions  du  préfet.  Il  y  a 


GHE 


FRANCE. 


COB 


M 


nmoat  lieu  de  déclasser  lorsqoe  les 
offres  de  concours  faites  par  des  com- 
nunes  ou  des  particuliers  ne  se  réa* 
lisent  pas.  Les  communes  dont  le  ter- 
litoire  est  traversé  par  un  chemin 
lidoal  de  grande  communication  ne 
loot  pas  les  seules  dont  le  concours 
puisse  être  demandé  :  on  s'adresse'  à 
toutes  celles  auxquelles  ce  chemin  est 
ittepar  les  débouchés  qu'il  leur  offre. 
JLe  préfet  fixe  la  largeur  et  les  limites 
^cbemins  de  grande  communication^ 
9  «t  important  d'obtenir  la  cession 
|ratuite  des  terrains  nécessaires  à  l'é- 
tti^issèment.  Dans  aucun  cas,  l'achat 
des  terraios  ne  doit  avoir  lieu  sur  les 
hoii  départementaux.  Le  préfet  sta- 
loe  sur  les  offres  de  concours  lors- 
i'elies  se  rapportent  à  un  chemin  déjà 
isé.  Les  oflres  de  concours  doivent 
jours,  pour  être  acceptées,  présen- 
^^les  garanties  nécessaires.  Dans 
wtains  départements ,  aucun  chemin 
'>ldnai  a'est  déclaré  de  grande  com- 
.^MBJcation,  avant  que  des  associations 
jkeommunes  ou  de  particuliers  ^ient 
Wet  réalisé  des  offres  suffisantes 

e  couvrir  la  moitié  ou  même  les 
%s  des  dépenses  d'ouverture 
^d'flotretieh.  C'est  un  excellent  sys- 
t  qa'il  est  à  désirer  de  voir  se 
ir. 


Art.  S.  Les  subventions  départe- 
taies  ne  peuvent  généralement  être 
ployées  que  sur  les  chemins  vici- 
déclarés  de  grande  communica- 
;  les  cas  exceptionnels  doivent  être 
ois  préalablement  au  ministre.  Les 
tiffles  facultatifs  ne  doivent  être 
aux  subventions  que  lorsqu'il 
été  pourvu  à  toutes  les  dépenses  à  la 
e  de  ces  centimes.  £n  cas  d'in- 
fice,  des  centimes  spéciaux  peu* 
t  être  votés.  Le  conseil  général  vote 
semble  du  crédit  applicable  aux 
entions,  et  ce  crédit  doit  être 
an  budget  en  un  seul  article, 
le  cas  ou  une  commune  refuse- 
le  concours  qui  lui  est  imposé  par 
l^éfet  dans  une  proportion  déter- 
'  ,  îi  y  aurait  lieu  d'appliquer  les 
4  et  5  de  la  loi. 
Art  9.  Les  chemins  de  grande  con»- 
'  on  étant  placés  sous  Tauto- 


rtté  immédiate  du  préfet,  l'emploi  des 
ressources  affectées  aux  chemins  vi<' 
cinaux  de  grande  communication  ne 
doit  pas  être  fait  absolument  par  com- 
mune ;  ces  ressources  doivent  au  con- 
traire être  centralisées  par  ligne  vici«> 
nale ,  avec  affectation  spéciale  à  cette 
ligne.  Le  nombre  des  ateliers  à  ouvrir 
sur  chaque  ligne  dépend  des  circons- 
tances  locales.  Les  prestations  en  na- 
ture doivent  être  employées  sur  le 
Î>oint  de  la  ligne  où  elles  peuvent  être 
e  plus  utiles,  et  notamment  le  plus 
près  possible  de  la  commune  qui  les 
fournit.  Le  compte  d'emploi  à  rendre 
au  conseil  général  doit  être  complet 
pour  chaque  ligne  vicinale,  et  embras-* 
ser  toutes  les  ressources  affectées  à 
chaque  ligne  vicinale. 

Art.  10.  Quoique  cet  article  ne  s'ap- 
plique qu'aux  chemins  qui  ont  été  dé- 
clarés vicinaux,* les  usurpations  sur  les 
chemins  non  déclarés  vicinaux  ne  doi- 
vent pas  être  tolérées.  La  répression 
des  usurpations  sur  ces  derniers  che- 
mins appartient  aux  tribunaux  or- 
dinaires, tandis  que  sur  les  chemins 
vicinaux  elle  appartient  aux  conseils 
de  préfecture.  La  répression  des  dé- 
gradations sur  les  chemins  vicinaux 
et  autres  appartient  aux  tribunaux  de 
simple  police;  mais  la  connaissance 
des  questions  de  propriété  appartient 
exclusivement  aux  tribunaux  ordi- 
naires. 

Art.  11.  «  Le  2èle  et  les  lumières 
des  ingénieurs  des  ponts  et  chaussées,  • 
dit  le  ministre ,  «  doivent  être  mis  à 
profit  partout  où  ils  pourront  se  chai^  * 
ger  du  service  des  chemins  vicinaux.  » 
Des  agents-voyers  pourront  être  nom- 
més dans  les  départements  où  leur 
service  est  nécessaire.  Leur  traitement 
doit  être  fixe  et  sans  remises  sur  les 
travaux.  Il  peut  être  utile  qu'un  des 
agents-voyers  ait  la  direction  du  tra- 
vail des  autres  agents.  Les  agents- 
voyers  doivent ,  autant  que  possible;, 
prêter  leur  concours  aux  maires  pour 
introduire  la  bonne  méthode  dans  les 
travaux  sur  les  chemins  vieiaaux.  .Des 
conducteurs ,  piqueùrs  et  cantonniers 
peuvent  être  employés,  si  l'adminis- 
tration dispose  de  ressources  su£Br 

6. 


84 


CHB 


L'UNIVERS. 


CHE 


santés.  Le  règlement  spécial  que  cha- 
que préfet  propose  sur  l'organisation 
du  service  des  agents-voyers  do[t  être 
soumis  à  Tapprobation  dfu  ministre. 

Art.  12.  Le  maximum  annuellement 
fixé  en  vertu  de  la  loi  des  finances 
doit  servir  de  base  aux  propositions 
du  préfet. 

Art.  13.  Les  propriétés  de  la  Gqu- 
ronne  étant  déjà  portées  aux  rôles ,  il 
n'y  a  pas  de  difficulté  à  leur  égard; 
mais  on  doit  rédiger  un  rôle  spécial 
pour  les  propriétés  de  FËtat.  Parmi 
celles-ci,  on  ne  doit  imposer  que  celles 
qui  sont  productives  de  revenus.  Il  n'y 
a  lieu  d'imposer  aucune  propriété  de 
l'État  lorsque  le  conseil  municipal  n'a 
voté  que  des  prestations  en  nature. 
Lorsque  des  centimes  spéciaux  ont  été 
votés,  l'imposition  des  biens  de  l'État 
se  règle  par  assimilation  avec  celle  que 
l'on  exige  des  propriétés  de  la  même 
nature.  Si  la  commune  que  la,  rédac- 
tion du  rôle  d'imposition  de  l'État  in- 
téresse, croit  que  les  propriétés  de 
FËtat  sont  trop  faiblement  imposées 
comparativement  aux  propriétés  pri- 
vées ;  si ,  au  contraire ,  l'administra- 
tion forestière  croit  qu'elle  est  lésée 
par.  le  rôle  que  le  préfet  a  rédigé,  le 
recours  contre  Farrêté  préfectoral  est 
déféré  au  ministre ,  qui  statue  eri  der- 
nier ressort.  Le  préfet  seul  doit  tenir 
là  main  à  ce  c(ue  la  contribution  spé- 
ciale imposée  a  l'État ,  comme  les  cen- 
times spéciaux  votés  par  jes  conseils 
municipaux,  ne  soient  employés  qu'aux 
travaux  sur  les  chemjns  vicinaux.  La 
contribution  assise  sur  les  propriétés 
de  l'État  et  de  la  Couronne  doit,  selon 
Je  cas ,  être  employée  en  partie  sur  les 
chemins  vicinaux  de  grande  communi- 
cation. Les  propriétés  de  l'Etat  et  de 
la  Couronne  doivent  supporter  égale- 
ment les  centimes  spéciaux  votés  par 
les^  conseils  généraux. 

Art.  14  Pour  qu'une  commune  ait 
le  droit  de  demander  une  indemnité 
eiï  vertu  de  cet  article ,  il  faut  que  le 
chemiti  soit  entretenu  en  état  de  viabi- 
lité. Il  est  donc  nécessaire  de  faire 
constater  l'état  du  chemin ,  contradic- 
toirement  par  le  maire  et  par  le  pro- 
priétaire ou  l'exploitant,  avantl'èxpr- 


ration  de  chaque  année.  En  cas  de 
dissentiment,  le  sous-préfet  nomme 
un  expert ,  l'exploitant  un  autre,  et  le 
conseil  de  préfecture  nomme  un  tiers 
expert  dans  le  cas  d'un  nouveau  dis- 
sentiment. La  demande  en  indemnité 
ne  doit  être  formée  contre  le  proprié- 
taire que  dans  le  cas  où  il  exploite  lu^ 
même ,  ou  bien  encore  dans  le  cas  oà 
l'exploitation  est  trop  divisée  pour  qoi  | 
l'on  puisse  avoir  recours. contre  lelj 
exploitants.  Les  adjudicataires  de  ooar 
pes  de  bois,  ne  peuvent  être  assimil4pE 
a  des  entrepreneurs  ;  c'est  au  propril* 
taire  de  la  forêt  ainsi  exploitée  qai; 
l'indemnité  doit  être  demandée.  F^ 
dégradation  extraordinaire,  on  d(# 
entendre  celle  dont  l'influence  estplqp 
forte  que  si  elle  était  due  seulemeot* 
J'usàge  des  habitants  de  la  commi 
•Les  subventions  peuvent  être  exi 
.d'une  exploitation,  même  envers 
communes  autres  que  celle  sur  laq 
elle  est  située  ;  mais  ce  principe 
être  appliqué  avec  réserve.  Les  subvi 
tions  sont  réglées  par  le  conseil  de  p 
fecture,  d'après  la  reconnaissance 
l'état  de  viabilité.  L^  subventjons 
peuvent  être  réglées  pour  plusi 
années;  elles  doivent  rétre  annr 
^mëiit..  La  demande  doit  être  fo 
par  le  maire  pour  les  chemins  vicinal 
-et  par  le  préfet  pour  les  chemins  ^ 
naux  de  grande  communication, 
recouvrement  des  subventions  doit 
faire  comme  en  matière  de  contri 
tions  directes.  Les  subventionn 
ont.  le  droit  de. s'acquitter,  en  a 
ou  par  des  prestations  en  nature; 
.doivent  opter  dans  un  délai  ûxé,  ' 
ont  opté  pour  la  prestation  en  natai 
-ils  sont  soumis  à  toutes  les  règles 
latives  à  cette  espèce  de  coptrioutî 
Les  subventions  ne  peuvent  être 

Sloyées  que  sur  les  chemins  qui  Y 
onné  lieu.  Elles  peuvent  être  rc 
à  l'amiable,  et  ce  mode  doit  être 
seillé  aux  communes. 

Art.  15.  Cet  article  de  la  loi  s'i 
plique  aux  chemins  existants.  La 
claration  de  vicinalité  a  son  e£fet , 
que  soit  le  propriétaire  du  sol.  L' 
gissenàent.  des  chemins  n'est  plus 
4r£mt.  dans:  la  limite  de  6 .  mètres 


€HÉ 


FRANCE. 


GHE 


85 


jhait  la  loi  du  9  ventôse  an  xtii  :  on 
eonseiHe  la  largeur  de  6  mètres ,  non 
compris  les  fossés ,  pour  les  simples 
chemins  vicinaux;  mais  pour  les  che- 
mins vicinaux  de  grande  communica- 
tion cette  largeur  serait  souvent  in- 
suffisante ,  et  elle  doit  être  générale- 
ment portée  à  8  mètres. 

Pour  le  règlement  des  indemnités , 
ks  acquisitions  peuvent  avoir  lieu  de 
Çéà  eré;  s'il  ne  peut  y  avoir  conven- 
liOQ  à  raraiable ,  on  doit  procéder  par 
la  Toie  d'expertise ,  dans  la  forme  pré- 
Toe  par  l'art.  17.  Du  reste,  la  decla- 
lation  de  vicinalité  ne  peut  avoir  lieu 
)Qe  lorsque  le  chemin  existe  et  que  le 
fQblic  en  a  joui. 

Art.  16.  Cet  article  a  en  vue  les  che- 
mins à  créer.  D'après  le  ministre,  il 
M  sera  presque  jamais  nécessaire  d'y 
woir  recours  pour  les  chemins  vici- 
iaux  ordinaires ,  et  cela  aura  lieu  ra- 
rement même  pour  les  chemins  vici- 
ttox  de  grande  communication.  Ce  ne 
in  donc  généralement  que  pour  les 
ndressements  que  cet  article  trouvera 
iHiapplieation.  L'arrêté  du  préfet  suf- 
1  çiuf  autoriser  les  travaux ,  et  n'a 

Khioin  d'être  précédé  d'enquête, 
arrêté,  applicable  aux  travaux 
«wwiure  comme  de  redressement , 
biplace  la  loi  ou  l'ordonnance  royale 
2^  pour  les  grands  travaux  par 
«rt.rdelaloi  de  1833. 
Art.  17.  Les  formalités  prescrites 
f  cet  article  sont  analogues  à' celles 
'  sont  i^latives   aux  travaux  des 
ts  et  chaussées. 

Art.  18.  La  nécessité  d'un  délai  de 
ription  se  comprend  sans  corn- 
itaire. 

Art.  19.  Cette  disposition  nouvelle 

'fondée  en  droit  comme  en  équité. 

valeur  des  terrains  cédés  doit  être 

!ée  dans  les  caisses  communales  à 

'  de  recette  accidentelle. 

Art  20.  Cet  article  est  entièrement 

!u  dans  le  but  de  favoriser  les 

actions  relatives  aux  chemins  vi- 

lUX. 

Art  21.  On  ne  prescrit  pas ,  pour 

rtdaction  des  règlements  que  doi- 

[jt faire  les  préfets,  des  règles  pré- 

et  uniformes ,  si  ce  n'est  en  ce 


qui  concerne  :  l"»  la  confection  des 
rôles;  2^  la  comptabilité;  3"*  les  adju- 
dications et  leur  forme;  4*  les  aligne* 
ments  et  autorisations  de  construire. 

1^  La  confection  des  rôles  de  près* 
tation  en  nature  doit  être  faite  sur  des 
cadres  imprimés ,  par  les  percepteurs- 
receveurs  communaux.  Les  directeurs 
des  contributions  directes  peuvent 
seuls  rédiger  les  rôles  relatifs  aux  cen- 
times spéciaux  que  les  conseils  muni- 
cipaux votent  pour  le  service  des  che- 
mms  vicinaux. 

2"*  La  comptabilité  relative  à  l'em- 
ploi des  ressources  en  argent  que  les 
communes  affectent  aux  travaux  des 
chemins  vicinaux,  est  régie  par  les  rè- 
gles prescrites  pour  la  comptabilité 
communale,  quelle  que  soit  la  nature 
de  ces  ressources.  Quant  à  la  compta- 
bilité du  service  des  chemins  vicinaux 
de  grande  communication,  elle  doit 
être  aussi  conforme  que  possible  .aux 
règles  tracées  par  l'administration  des 
ponts  et  chaussées  pour  le  service  dont 
elle  est  chargée. 

d""  Les  adjudications  doivent  égale- 
ment être  ramenées ,  autant  que  pos- 
sible, aux  formes  prescrites,  soit  pour 
les  travaux  communaux ,  soit  pour  les 
travaux  des  ponts  et  chaussées.  Pour 
les  chemins  vicinaux ,  on  peut  autori- 
ser l'emploi ,  par  voie  de  régie ,  des 
sommes  trop  peu  importantes  pour 
qu'il  soit  possible  de  faire  une  adjudi- 
cation.: dans  les  autres  cas  ,  les  tra- 
vaux doivent  être  adjugés.  Pour  les 
chemins  vicinaux  de  grande  communi- 
cation ,  il  faut  faire  des  adjudications, 
à  moins  d'impossibilité  absolue. 

4**  Les  alignements  ou  autorisations 
de  construire  le  long  des  chemins  vi- 
cinaux doivent  être  réglés  par  les  prin- 
cipes qui  régissent  la  même  matière, 
soit  pour  la  voirie  urbaine ,  soit  pour 
la  grande  voirie.  Pour  les  chemins  vi- 
cinaux ,  on  peut  laisser  aux  maires  le 
droit  de  donner  des  alignements ,  sous 
la  réserve  de  l'approbation  du  sous- 
préfet.  Pour  les  chemins  vicinaux  de 
grande  communication,  c'est  au  préfet 
lui-même  à  donner  les  alignements, 
sur  la  proposition  des  maires ,  l'avis 
de  l'agent-voyer,  et  le  rapport  du  sous- 


if.t  ... 

préfet.  Le  mode  de  poursuite  des  con- 
traventions eh  matière  d'alignement 
variera  iselon  leur  nature.  Si  un  pro- 
priétaire ne^especte  pas  l'alignement 
gui  lui  a  été  donné  >  et  empiète  sur  le 
sol  du  chemin,  il  est  poursuivi  devant 
le  conseil  de  préfecture.  Si ,  outre 
Tempiètement,  il  y  a  omission  de  de- 
mande d^autorisation.,  le  délinquant 
est  justiciable  dehconseil  de  préfecture 
pour  le  premier  fait ,  et  des  tribunaux 
de  police  pour  le  second.  Si  enGn  le 
propriétaire  construit  sans  autorisation 

Î)réalab]e  ,  mais  6ani$  empiéter  sûr  la 
argeur  du  chemii) ,  il  n'est  poursuivi 
que  devant  le  tribunal  de  police.  Les 
maires  doivent  prendre  un  arrêté  pour 
obliger  les  propriétaires  riverains  des 
chemins  à  demander  alignement,  tlës 
alignements  dans  les  rues  des  bourgs 
et  villages  restent  dans  les  attributions 
directes  des  maires. 

Quant  aux  mesures  dont  l'exécutioii 
peut  varier  d'après  la  différence  deâ 
localités,  ce  sont  :  le  maximum  dé  la 
largeur  à  fixer  pour  les  chemins ,  les 
délais  nécessaires  pour  l'exécution  de 
chaque  mesure,  les  époques  auxquelles 
tes  prestations  en  nature  doivent  ^tre 
faites,  l'écoulement  des  eaux,  les  plan- 
tations et  rélagage.  L'établissement 
des  fossés  et  leur  curage  font  partie 
des  travaux  des  chemins. 

Tel  est  le  sommaire  des  développe- 
ments que  le  ministre  de  l'intérieur , 
M.  de  Montalivet ,  a  donnés  à  la  loi  du 
21  mai  1836.  Nous  avons  à  examiner 
maintenant  les  résultats  principaux 
que  l'on  a  obtenus  avec  cette  loi,  et  à 
Chercher  ceux  que  l'on  aurait  pu  tirer 
d'une  législation  mieux  appropriée  aux 
besoins  et  aux  habitudes  de  notre  épo- 
que. 

Le  classement  des  chemins  vicinaut 
n'est  pas  encore  achevé  aujourd'hui. 
Au  31  décembre  1839,  2,203  commu- 
nes ,  appartenant  à  46  départements , 
étaient  encore  en  retard.  Le  classement 
opéré  dans  34,108  communes  a  fait  re- 
connaître légalement  350,509  chemins, 
ayant  ensemble  une  longueur  approxi- 
mative de  723,180  kilomètres. 

La  proportion  moyenne  de  la  su- 
perficie occupée  par  les  chemins  vici- 


L'UNIVERS. 


CW 


COI 


naux  est  de  rh  de  la  superbe  t9t9)^ 
du  territoire.  ' 

Les  prélèvements  faits  pai"  lès  com- 
munes sur  leurs  révenus  ordinaire^  4 
extraordinaires  ont  fourni,  en  iésSj 
une  somme  totale  de  4,699,456  fr.,  m* 
férieure  de  416,849  fr.  aux  a)locatiàD| 
de  Tannée  précédente.  Mais  en  ren^; 
che,  la  prestation  eh  nature  a  prisphii 
de  déve)oppement$.  ^ 

L'établissement  d'étàtà  mairie 
pour  la  prestation  en  nature  a  fout 
des  résultats  statistiqùbs  curieux, 
n'y  a  plus  que  1,085  communes  ^^ 
n'aient  pa§  encore  d'état  de  ce  gei»||. 
et  encore,  973  de  ces  communes peik 
vent  s'en  passer ,  parce  que  leurs  Kfi^ 
venus  suffisent  pour  la  dépensç  m 
l'entretien  des  chemins  vicinaux. 

lie  nombre  des  hommes  iùiposabl 
à  la  prestation,  dàps  les  36,04à  ' 
munes  pour  lesquelles  ila  été  r 
des  états  matrices ,  est  de  5,701. 
Ce  nombre  est  d!enyiron  un  cingui^ 
de  la  nôpulàtioh  totale  de  cé9  coai^ 
nés.  11  n'y  a  que  13  hommes  im  " 
bles  sur  10  familles. 

On  compte  2,063,638,  iïhev.,  J84, 
mulets,  304,858  âftes,  2,423,762b  ^ 
et  vaches,  1,706,411  voitures  à 
roues,  et  enfin  342,^30  voitures  i 
tre  roue$,  sujets  à  la  prèstaltion  e 
ture. 

D'après  les  tarifs  arrêtés  pal* 
conseils  çénéi'auX,  imè  àeuîejouri 
de  prestation  en   nature ,  dads  1 
36,043  communes  pour  lésquell^  i 
été  rédigé  des  états  matrices,  a" 
valeur  de  12,660,575  francs  :  c'est . 
cote  de  2  fr.  88  c.  par  chef  de  falni 
Sf  donc  les  trois  journées ,  mdîitû 
autorisé  par  la  loi ,  étaient  îinpc 
dans  toutes  les  communes  ayartt . 
états  matrices ,  la  valeur  totale  ' 
la  prestation    en    nature   serait 
37,981,725  fr.,  et  la  cote  moyenne 
chaque  chef  de  famille  Serait  de  9 
64  c. ,  acquittables  en  nature  ou  eil 
gent ,  au  choix  du  contribuable. 

Les  conseils  municipaux  de  36, 
communes   seulement  ont  voté 
prestations  en  nature  en  1839  ;  sur 
10,873  autres    communes   pou"^ 
d'états  matrices ,  2,568  avaient 


FRAI9CE. 


CHS 


par  d'autres  moyens  aux  besoins  da 
ferviçe ,  et  il  ne  reste  pius  que  8,30^ 
OQfflinunes  qu'on  peut  regarder  comme 
ft'iyaDt  pas  rempli  les  obligations  que 
laloi  leur  imposait.  Ce  n*est  cependant 
90e  pour  6,796  que  Tabsence  de  vote 
a  paru  aux  préfets  devoir  déterminer 
remploi  des  mesures  coërcitives  au* 
torisees  par  l'art.  $  de  la  loi.  Mais  de 

êit  1,932  communes  dont  le  ?ote  a 
reconnu  insuflîsant,  ont  été  attein* 
|ei  par  les  mêmes  mesures  ;  ^e  sorte 
lit'en  définitive  la  prestation  a  été  im< 
fosée  d'office  à  7,7^8  communes  ap^ 
fiartenant  à  80  départements,  et  la 
nasse  imposée  est  de  0,26  de  la  masse 
des  protestations  votées. 

£fl  réunissant  les  prestations  assi* 

«es  par  Tpae  et  l'autre  voie,  on  trouve 

Ijie  ce  mode  d'entretien  des  chemins 

neioaux  a  été  employé,  en  1839,  dans 

VtOSl  communes,  qui  forment  leS 

tM  du  nombre  total  des  communes 

w  royaume,  et  que  la  moyenne  totale 

I99  journées  est  de  2,47.  £n  1838,  le 

Mobredes  communes  était  moindre 

faSiiae,  et  la  moyenne  des  journées 

.«oinsfortedeO,!?. 

t  U  valeur  totale  de  la  prestation 

Çjwyée  en  1839  est  de  27,225,810  f.; 

A  optait  que  de  24,168,693  fr.  en 

M9;  jl  y  a  donc  eu  augmentation  de 

4ûÂi,6l7  fr. ,  à  laquelle  ont  pris  part 

IfâaQte  et  un  départements.  Il  en  ré* 

•ne  une  cote  moyenne  de  6  fr.  86  c. 

piposée  à  chaque  chef  de  famille.  La 

moyenne  de  la  prestation  acquit* 

I  ep  argent ,  calculée  pour  les  qua* 

vingt-six  départements,  n'est  que 

\  26  c.,  ou  de  0,18  de  la  cote  totale. 

..  Concurremment  avec  la  prestation 

IP  nature,  des  centimes  spéciaux,  jus- 

fi^au  maximum  de  5 ,  peuvent  être 

■^tés  par  les  conseils  municipaux,  ou 

jposés  d'office  par  les  préfets,  en  cas 

insuffisance  des  revenus  communaux, 

^r  l'entretien  des  chemins  vicinaux. 

M  ee  maximum  était  atteint  par  toutes 

p communes  du  royaume,  il  produi* 

fait  environ  12  millions.  Mais  18,130 

**T>muoes  seulement ,  ou  environ  la 

îtié  de  celles  qui  pouvaient  user 

cette  ressource ,  ont  voté  des  cen- 

^  spéciaux  jusqu'^  concurrence  de 


4,367,427  fr.  Le  taux  moyen  de9  cen- 
times votés  est  de  4,11. 

Sur  les  18,025  communes  qui  se 
sont  abstenues  de  voter  des  eentimec 
spéciaux,  10,733  seulement  n'avaient 
pas  de  motifs  suffisants.  liCS  préfets 
n'ont  employé  cependant  les  mesures 
coércitives  que  contre  8,934  eommu* 
nés,  dont  1,429  avaient  émis  des  votes 
insuffisants.  Le  montant  des  imposi- 
tions d'office  de  cette  nature  s*est  élevé 
à  1,628,939  fr,,  et  le  taux  moyen  a  été 
de  8  cent.  85. 

Le  montant  total  des  centimes  spé- 
ciaux votés  ou  imposés  d'office  repré- 
sente donc  le  produit  de  2  cent.  53  imt 
{)0sés  sur  toutes  les  communes.  Ainsi 
'ensemble  de  toutes  les  communes  n'a 
supporté  que  la  moitié  environ  des 
sacrifices  qui  pouvaient  leur  être  de- 
mandés en  centimes  spéciaux. 

Aux  centimes  spéciaux,  les  conseils 
municipaux  peuvent,  en  vertu  de  Tar- 
ticle  6  de  la  loi  du  28  juillet  1824  • 
ajouter  encore  des.  impositions  extra* 
ordinaires ,  oui  sont  alors  votées  avec 
adjonction  aes  plus  forts  contribua- 
bles ,  et  autorisées  par  ordonnance^ 
royales.  Il  a  été  usé  de  cette  faculté  en 
1839  dans  48  départements  seulement 
et  par  678  communes.  Le  montant  de 
ces  impositions  est  de  537,432  fr. 

Enfin,  quelques  ressources  éventuel- 
les se  joignent  chaque  année  à  celles 
dont  on  vient  de  présenter  Ténumé* 
ration.  Ce  sont  : 

La  cotisation  des  propriétés  de  l'É- 
tat ,  soit  93,640  fr.  en  1839; 

La  cotisation  des  propriétés  de  la 
Couronne ,  soit  33,123  fr.  en  1839  ; 

Une  somme  de  181,763  ft.  donnée 
au  service  vicinal  en  1839  par  l'article 
13  de  la  loi  du  21  mai  1836  ; 

75,288  fr. ,  provenant  de  subven- 
tions et  d'exploitations  d'entreprises 
industrielles  ; 

Des  subventions  volontaires ,  s'éle- 
vant  à  562,902  fr.  ; 

Les  subventions  départementales , 
prises  sur  les  centimes  facultatifs  ;  en 
1839,413,201  fr.; 

Les  subventions  départementales 
provenant  de  centimes  spéciaux  ;  en 
1339,  8,492,219  fr. 


CSB 


L'UNIVERS. 


€HB 


Les  subyefttions  départementales 
provenant  d'emprunts  et  d'impositions 
extraordinaires  autorisés  par  des  lois 
spéciales  ;  en  1839,  480,522  fr. 
*  L'ensemble  de  toutes  les  ressources 
<*Kées  pour  le  service  vicinal  de  1839 
donne  une  somme  de  48,614,459  fr. 
Au  maximum  autorisé  par  la  loi ,  ces 
ressources  produiraient  69,000,000  fr. 
environ. 

L'emploi  des  fonds  en  1839  a  été  fait 
de  la  manière  suivante  : 

Les  chemins  vicinaux  de  petite 
communication  ont  reçu  26,257,060  f., 
dont  16,293,496  fr.  en  prestations 
fournies  en  nature ,  et  9,963,564  fr. 
en  argent  ;  les  chemins  vicinaux  de 
grande  communication,  20,774,136  f., 
dont  5,923,477  fr.  en  prestations  four- 
nies en  nature ,  et  14,850,659  fr.  en 
argent;  le  personnel  a  pris  dans  la 
masse  1,853,263  fr. 

A  ne  juger  des  effets  obtenus  que 
d'après  l'énumération  de  ces. ressour- 
ces considérables ,  on  pourrait  être 
tenté  de  croire  que  depuis  la  mise  en 
vigueur  de  la  loi  du  21  mai  1836,  la 
plupart  de  nos  voies  de  communica- 
tions secondaires  ont  pris  un  aspect 
nouveau  ;  qu'au  moins  les  plus  impor- 
tantes de  ces  voies  ont  reçu  partout 
les  améliorations  principales  que  ré- 
clamait leur  état;  qu'il  est  possible 
enfin  de  prévoir  l'époque  où  notre  ter- 
ritoire sera  sillonné  dans  tous  les  sens 
de  chemins  sur  lesquels  la  circulation 
ne  sera  pas  interdite  pendant  une  par- 
tie de  l'année.  La  réalité  cepenoant 
est  loin  de  répondre  à  ces  projets  d'a- 
mélioration. 

Nous  ferons  observer  d'abord  que 
la  prestation  en  nature  est  loin  de 
produire  réellement  le  travail  qu'elle 
représente.  Quoique  cet  impôt  pèse 
également  aujourd'hui  sur  toutes  les 
classes  de  la  population,  et  qu'il  ne 
puisse  être  comparé  à  l'odieuse  cor- 
vée ,  qui  mettait  le  paysan  à  la  merci 
de  son  seigneur ,  on  regarde  presque 
partout  la  prestation  comme  une  vé- 
ritable corvée ,  dont  on  s'acquitte  à 
contre-cœur.  De  plus,  l'absence  d'une 
direction  convenante  fait  perdre  encore 
une  partie  notable  du  travail  de  la 


prestation.  Sous  l'influence  de^ces  di« 
verses  causes,  il  est  certain  que  l'^i^ 
produit  par  cet  impôt  n'est  pas  la  cin- 
quième partie  de  ce  qii'il  pourrait 
être. 

Nous  ne  prétendons  pas  néanmoins 
que  la  prestation  doive  être  supprimée 
et  remplacée  par  un  impôt  d'argent. 
Les  économistes  qui  ont  dit  que  tout 
travail  demandé  à  la  population  reoré* 
sentait  un  capital ,  et  que  le  prélev^ 
ment  de  ce  capital  n'était  pas  phn 
onéreux  que  l'accomplissement  du  tri* 
va  il,  n'ont  pas  réflécni  à  la  nature  des 
occupations  des  apiculteurs.  Geox<d 
ont  des  mortes-saisons ,  pendant  les- 
quelles leurs  journées  et  celles  de  km 
attelages  sont  complètement  perdues. 
Il  est  donc  avantageux  à  l'État  de 
leur  demander  un  travail  qui  a  en 
nature  une  valeur  bien  plus  considén^ 
ble  que  celle  que  l'on  pourrait  équi# 
blement  exiger  d'eux  en  espèces,  i' 
l'on  ne  voulait  pas  les  obérer  datait* 
tage.  D'ailleurs,  pour  nier  la  puissaig 
créatrice  provenant  du  concours' A 
rect  des  populations,  il  faudrait  irij 
pas  savoir  que  la  construction  des  {yriri 
cipales  routes  de  l'Europe  est  due  àti^ 
corvée.  * 

Nous  croyons  donc  que  l'on  de| 
s'attacher  plutôt  à  étendre  qu'à  rel» 
treindre  ce  moyen  gigantesque  de  pif 
duction ,  en  ce  qui  concerne  les  âlij 
mins  vicinaux.  ': 

Mais  le  vice  fondamental  de  la 
du  21  mai  1836  consiste  dans  l'a 
de  toute  mesure  organique  propre 
assurer  le  bon  emploi  des  ressoi 
créées  ou  autorisées  par  cette  loi. 
nomination  des  agents  -  voyers  est 
cultative;  elle  est  abandonna  aux  pi 
fets,  sans  conditions  de  capacité, 
garantie  contre  les  choix  dus  uniqi 
ment  à  la  faveur  ou  à  des  considr 
tions  peu  susceptibles  d'être  avoui 
Aussi  le  personnel  de  ces  agents  e 
aujourd'hui  tout  à  fait  inférieur  à  î 
que  l'on  était  en  droit  d'attendre 
d'exiger.  Les  agents-voyers  chefs 
généralement  assez  bien  choisis;  i 
a  part  un  très  -  petit  nombre  d'ex< 
tions ,  ils  n'ont  pour  les  seconder 
des  hommes  dépourvus  des  coi 


CHE 


FRAKGE. 


CHfi 


noces  spéciales  les  plus  nécessaires. 
L*àécQtioD  des  travaux  est  ainsi  com- 
piétement  abandonnée  à  l'arbitraire, 
sans  agents  capables  de  la  diriger  con- 
venablement. La  loi  n'a  prescrit  aucune 
condition  relative  au  tracé  des  che- 
tnios  vicinaux;  de  sorte  que,  d'ans 
beaucoup  de  départements ,  on  a  cru 
devoir  se. contenter  d'élargir  et  d^m- 
piff^r  des  voies  de  communications 
que  la  roideur  de  leurs  pentes  rendra 
toujours  à  peu  près  impraticables.  Les 
lésultats  obtenus  ne  sont  soumis  à 
aucun  contrôle  sérieux.  On  voit ,  dans 
deux  départements  voisins,  les  mé- 
thodes les  plus  opposées,  les  modes 
d'administration  les  plus  différents, 
être  appliqués  aux  chemins  vicinaux. 
Pour  la  conservation  des  parties  res- 
taurées, le  législateur  s'est  niontré 
aussi  imprévoyant  que  pour  les  autres 
points  fondamentaux ,  en  ne  prescri" 
wtt^  pas  l'établissement  de  canton- 
,  Bien,  et  en  la  laissant  seulement  fa- 
«oltative.  Nous  n'hésitons  pas  à  le 
diie,  la  loi  du  21  mai  1836,  en  fai- 
ittotune  part  trop  forte  aux  influences 
4  \  Tesprit  de  localité ,  et  en  entra- 
'ivn l'action  du  pouvoir  central,  a 
pKMne  complètement  manqué,  le  but 
•fw  Ton  devait  chercher  à  atteindre  ; 
'«.plutôt,  en  imprimant  une  fausse 
-dMion  à  des  efforts  souvent  dignes 
^i'âoges,  elle  nous  fait  désirer  la  pu- 
blication de  règlements  qui  deviennent 
^ue  jour  plus  nécessaires.  Encore 
^el^es  années  de  retard,  et  nous 
Mtfons dissipé  en  pure  perte  des  sommes 
■énormes  dont  le  bon  emploi  aurait  pu 
développer  d'une  manière  notable  la 
frospérité  du  pays. 

"  Cependant  le  gouvernement  avait 
«tre  les  mains  les  moyens  de  parer 
aix  graves  inconvénients  que  nous  ve- 
nons de  signaler.  Tous  ies  travaux 
d'utilité  publique  sont  confiés  à  un 
torps  d'ingénieurs  qui  se  recrute  ex- 
tiosivement  à  la  première  école  sa- 
inte du  monde,  et  qui  constitue  l'une 
-«es  administrations  les  plus  fortement 
Jganisées  dans  l'État.  Rien  n'était 
•gJ8  facile  que  de  donner  aux  fonc- 
"ûûs  des  inçénieurs  l'extension  qu'au- 
W  réclamée  le  service  des  chemins 


vicinaux:  une  faible  anipientatîon  dans 
le  personnel  des  ingénieurs  et  des  con- 
ducteurs employés  sous  leurs  ordres 
aurait  suffi  pour  parer  à  toutes  les 
exigences  de  ce  nouveau  service.  Aloi^ 
les  •  conditions  de  capacité ,  de  mon- 
îité  et  d'impartialité,  en  ce  qui  con- 
cerne les  personnes;  d'exoerience , 
d'art ,  de  régularité ,  d'ensemole ,  pour 
ce  qui  touche  à  la  conception  et  à 
l'exécution  des  travaux  ;  de  contrôle , 
de  surveillance,  en  ce  qui  concerne  les 
résultats  obtenus  et  la  comptabilité; 
ces  conditions ,  disons -nous,  étaient 
remplies  sans  que  l'on  fût  obligé  de 
faire  chaque  jour  de  vains  efforts  pour 
les  réaliser. 

Il  est  pénible  d'avouer  par  quelles 
considérations  mesquines  peuvent  se 
laisser  parfois  entraîner  les  hommes 
appelés  à  administrer  les  intérêts  et 
les  affaires  d'un  grand  peuple.  Mais 
nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  si- 
gnaler ici  la  cause  principale  qui  s'est 
opposée  jusqu'à  présent  ou  qui  pour- 
rait encore  s'opposer  à  un  retour  aux- 
principes  véritables  d'administration, 
en  ce  qui  concerne  les  chemins  vici* 
naux.  Les  préfets  chargés  de  la  nomi- 
nation des  agents-voyers ,  de  la  direc- 
tion supérieure  des  chemins,  dans 
leurs  départements,  de  la  publication 
des  règlements  particuliers,  acquièrent 
sur  cette  branche  de  travaux  publics 
une  influence  qu'il  ne  leur  est  pas 
donné  d'exercer  ailleurs.  Ils  sentent 
tout  l'avantage  qu'il  l^ur  est  possible 
d'en  tirer,  pour  eux  personnellement , 
et  ils  ne  consentiraient  pas  maintenait 
à  se  dessaisir  du  pouvoir  presque  dis- 
crétionnaire qui  leur  est  accordé  ;  ils 
feraient  même  des  efforts  désespérés 
pour  le  conserver.  Quels  avantages 
ne  trouvent-ils  pas  à  pouvoir  dire  aux 
conseils  généraux ,  auprès  desquels  bien 
peu  d'entre  eux  savent  prendre  une 
attitude  convenable:  «  J'ai  achevé  cette 
«  année  tant  de  kilomètres  ;  j'ai  dé- 
«  pensé  telle  somme  sur  nos  ohe- 
«  mins....  »  Peu  importe,  après  cela , 
la  manière  dont  les  chemins  ont  été 
faits  et  dont  l'argent  a  été  dépensé. 

S'il,  arrivait  qiPon  fût  tenté  de  nous 
taxer   d'exagération,  nous  invoque»- 


io 


LUKIVERS. 


ricms ,  pobr  nous  justifier,  un  témoi- 
gnage officiel  dont  on  ne  k'écusera  cer- 
tainement pas  l'autorité. 
^«Souvent,  y  est- il  dit,  l'absence 
«  d'une  bonne  direction  dans  les  tra- 
it Taux  qui  peuvent  être  faits  ne  con- 
*  tribue  pas  moins  que  l'insuffisance 
«des  ressources  à  porter  obstacle  à 
it  ramélioration  des  communications 
«  vicinales  du  second  ordre.... 

«  On  ne  peut  se  le  dissimuler,  les 
«ressources  affectées  à  ces  voies  de 
«  communication ,  dans  les  cinquante- 
c  six  autres  départements ,  employées 
«  sané  direction  suffisante  j  presque 
«  sc^ns  contrôle,  ne  produisent  que 
«  des  résultats  presque  insignifiants. 
R  Cet  état  de  choses  est  d'autant  plus 
«  à  regretter,  que  ces  ressources  pour 
«ces  cinquante-six  départements  ne 
«  s'élèvent  pas  à  moins  de  quinze  mil- 
«(  lions  cinq  cent  mille  francs  (*).  » 
'  Quelques-uns  de  nos  lecteurs  trou- 
veront peut-être  que  nous  avons  donné 
à  l'article  Chek ins  un  développement 

Sue  ne  comportait  pas  le  cadre  de  ce 
ictionnaire;  mais  nous  aimons  à 
croire  que  d'autres,  en  bien  plus  grand 
nombre,  nous  sauront  gré  d'avoir  mis 
à  leur  disposition  la  partie  de  notre  lé- 
gislation administrative  qui  intéresse 
fe  plus  les  87,234  communes  de  la 
France.  Il  n'est  personne  qui  ne  re- 
connaisse que  les  chemins  vicinaux 
sont  un  des  plus  puissants  moyens  de 
civilisation ,  de  progrès  et  de  prospé- 
rité ,  et  que ,  pour  en  hâter  le  perce- 
ment ou  l'amélioration ,  il  importe  de 
faire  connaître  à  ceux  qui  sont  appelés 
^  en  jouir,  les  obligations  gue  les  lois 
leur  imposent  et  les  devoirs  qu^elles 
leur  prescrivent. 

Chemisb. — Ce  vêtement  de  dessous, 
appelé  en  basse  latinité,  camisa,  ca^ 
tnisia,  camisUe,  camisilis,  camisa 
lus ,  camsile,  et  en  vieux  français ,  ca- 
mise ,  chainse  ^  ckaisel,  chainsily  etc., 
remonte  à  la  plus  haute  antiquité. 
Dès  le  huitième  siècle,  on  en  fabri- 

(*)  Rapport  au  roi,  par  le  ministre  de 
riatérieur,  sur  l'exécution ,  pendant  Tannée 
x839,  de  la  loi  du  ai  mai  x836,  relative 
«ux  chemins  vicinaux 


qnalt  dùis  les  maisons  royales,  fins 
son  capitulaire  de  l'an  ^Xt^dkvM, 
Gharlèmagne  ordonne  qu'il  soit  foatei 
aux  femmes  dés  gynéœes  de  la  tim 
de  lin  pour  en  faire  des  chemisés. 

Au  neuvième  siècle ,  c'était  une  (^ 
lanterie  que  de  faire  des  présents  de 
chemiser.  Salomon ,  qui  fut  dac  de 
Bretagne  de  857  à  874,  en  envojoi 
trente  au  pape  Adrien  H ,  avec  trerrie 
pièces  de  drap  de  diverses  couleuis. 
On  imposait  aux  arrière  -  vassaux  dél 
redevances  payables  en  chemises,  ûli 
lit  dans  une  cnarte  du  douzième  8iè> 
de,  qu'un  vassal  à  qui  il  est  fait  m 
concession  de  terres  devra ,  pour  cH* 
que  métairie,  payer  tous  les  ans,  à  11 
Saint-Michel ,  un  cens  de  trente  seè. 
et  à  Pâques ,  dix  œufis ,  une  poote  Jt 
onze  chemises,  dont  une  sera  pajéi 
au  métayer  qui  mettra  tes  fonds  envi* 
leur.  Une  autre  charte  du  mémet6ffl|i|t 
émanée  de  Théodoric ,  abbé  de  Saiflt» 
Maxime  de  Trêves,  exige,  pour  laed» 
fiion  de  douze  manoirs,  le  payemeott 
lui  et  à  sdn  église  de  douze  porcs  eh» 
graissés  et  d'autant  de  chemises,  ""^ 
droit  d'investiture.  On  exigeait 
femmes  serves  la  fabrication  ne! 
daire  d'un  certain  nombre  de  ees  vttg 
ments.  On  voit,  par  un  règlement  iv; 
bli  pour  les  métairies  de  l'abbaye  II 
Saint-Bertin ,  que  les  hommes  du  VB 
nastère  devaient,  par  semaine, M 
ner  trois  jours  de  travail ,  et  les  feii 
mes  ^briquer  quatre  chemises.      '*' 

Différents  règlements  ecclésiastiq^ 
s'occupèrent  des  chemises  des  reiigii 
de  l'un  et  de  l'autre  sexe.  Dans  o 
que  Chrodégond,  évêque  de  Metz, 
pour  son  diocèse,  il  dit  qu'il  serti 
donné  annuellement  aux  clercs  avteh 
ces  en  âge ,  trois  chemises  ;  et  que 
prêtres  et  les  diacres,  probabien 
plus  jeunes,  n'en  auraient  que  d 
IJne  charte  de  1084  fixe  à  douze 
nombre  des  chemises  que  les  moit. 
d'une  abbaye  auront  pour  vé/ure^ll 
une  de  1 1 18  attribue  quinze  livres  pw 
les  chemises  des  religieuses  et  du  lallN 
nastère.de  Saint-Colomban ,  et  iieMi| 
accorde  que  cent  sous  pour  leur  chlA 
sure.  ' 

Une  sentence  arbitrale  prononoélJl 


FRABrCE 


:«• 


wn 


n 


tm,  entre  FéVégué  de  Paris  et  son 
flhapitre,  nous  apprend  qae  les  che- 
wUsoi  étaient  au  nombre  des  offrandes 

rTon  faisait  à  la  Vierçe ,  et  ^*oq 
suspendait  dans  .réglise ,  près  du 
inpitre  où  Ton  chantait  Tévangiie. 
Cetait  uo  acte  de  dévotion  de  couvrir 
Itine  chemise  un  saint  en  qui  on  avait 
M.  On  lit  dans  la  chronique  de  Mou- 
M,  qu'un  boinme  pieux  vêtit  un 
-  nlDt  d'une  chemise  qu'il  avait  appor«* 
ffc  avec  lui.  Un  autrô  genre  de  dévo- 
tioD  consistait  à  toucher  de  sa  che- 
oiise  les  reliques,  les  châsses  ou  la 
^présentation  d'un  saint.  Ce  vêtement, 
aiost  sanctifié ,  acquérait  une  grande 
fertu;  il  préservait  de  maladie  celui 
(ftà  le  mettait ,  ou  guérissait  les  infir* 
mités  dont  11  pouvait  être  afflige. 

On  appelait  aussi  chemise  un  véte-> 
(peat  de  lin  que  les  prêtres  mettaient 
|iir-dessu8  leurs  habillements ,  et  qui 
Éteendait  jusqu'aux  pieds.  C'est  l'aube 

es  portent  aujourd'hui  et  le  ro- 
dont  les  chanoines  ont  seuls  le 
i^'t  de  se  revêtir.  On  donnait  le 
ilRienom  à  une  espèce  de  robe  que 
klAevaliers  portaient  par-dessus  leur 
Mm.  Plus  tard ,  cette  robe  fut  rac* 
WÉ,  fendue  sur  les  côtés ,  et  les 
MUers  y  firent  peindre  ou  broder 
Itn  armoiries  ;  telle  fut  l'origine  dé 
iehasoble,  que  les  prêtres  portent 

R officier,  et  sur  laquelle  est  brodée 
)ix,  véritable  blason  des  vassaux 
^Jésufiklhrist.  On  appelait  également 
éaam  où  gambison  une  tunique  de 
Mies  de  fer  que  l'on  portait  comme 
iniure  défensive;  enfin  l'on  donnait 
linore  ce  nom  pux  caparaçons  dont 
"itouvrait  les  chevaux. 
£tre  forcé  de  paraître  publiquement 
I  chemise  était ,  au  moyen  âge ,  une 
^de  humiliation  et  une  aggravation 
•  peine.  Quand  un  coupable  était  con- 
liimné  à  faire  amende  honorable ,  la 
m  voulait  qu'il  la  fit  les  pieds  nus  et 
~1  chemise.  Jusqu'aux  temps  moder- 
!B)  certains  condamnés  à  mort  pour 
Ijv  crimes  exceptionnels  furent  cou* 
ms  à  l'échafaud  en  chemise.  D'un 
^tre  côté,  exécuter  un  pèlerinage  ou 
A^reher  en  chemise  à  la  suite  d'une 
fiMetsioD,  était  une  œuvre  pieuse  à 


laquelle  on  attribuait  des  grflcM  nom- 
breuses et  spéciales. 

Les  chemises  étaient  encore  fort 
rares  au  temps  de  Charles  VU  i  mais 
depuis ,  la  culture  du  lin  et  du  chanvre 
ayant  pris  un  immense  développement 
en  France,  et  la  coutume  d'en  faire  en 
coton  s'étant  introduite,  elles  sont  de- 
venues si  communes ,  que ,  pour  four- 
nir la  preuve  qu'un  homme  est  réduit 
au  dernier  degré  de  la  pauvreté,  on 
dit  maintenant  qu'il  n'a  pas  de  che- 
mise. 

Chemni1:z  (  combat  de  ).  —  L'armée 
de  Silésie  avait  passé  l'Elbe  dans  les 
premiers  jours  d  octobre  1818.  Napo« 
léon  résolut  de  marcher  aussitôt  à  elle 
et  de  l'attaquer  avant  qu'elle  fût  réunie 
aux  trois  autres  armées  dés  coalisés. 
Murât,  qui  se  trouvait  avec  trois  divi- 
sions à  Freyberg,  et  Poniatowski,  qui 
occupait  Altenbourg,  devaient  mas- 
quer ce  mouvement  en  contenant  l'a* 
vant-garde  de  la  grande  armée  de  Bo- 
hême. Cette  avant -garde  était  déjà 
parvenue  à  la  hauteur  de  Pening  et 
d'Altenboure ,  lorsque  les  troupes  de 
Napoléon  notaient  encore  qu'aux  en- 
virons de  Duben,  se  dirigeant  vers 
Rosslau  et  Wittenberg.  Murât  porta 
sur-le-champ  ses  divisions  en  avant  de 
Freyberg,  et  prit  lui-même  la  route  de 
Chemnitz  avec  le  deuxième  corps  d'in- 
fanterie et  la  cavalerie  de  Kellërmann« 
A  quelque,  distança  de  cette  ville ,  il 
rencontra  la  division  autrichienne  du 
général  Murray;  les  circonstances  lui 
paraissant  favorables ,  il  fit  attaquer. 
La  fortune  se  décida  bientôt  pour  les 
Français  :  Murray  fut  culbuté  et  re- 
poussé vers  Waldkirchen,  après  avoir 
perdu  beaucoup  de  monde.  L'ancien 
adjudant  commandant  Carrion-Nisas , 
qui  servait  dans  les  rangs  de  l'armée 
trançaise  comme  volontaire  du  20''  de 
dragons,  se  distingua  particulièrement 
dans  cette  affaire  :  il  entra  le  premier 
dans  un  carré  ennemi ,  qui  fut  fait 
entièrement  prisonnier. 

Chenelaye  (la),  ancienne  seigneu- 
rie de  Bretagne,  aujourd'hui  départe- 
ment d'Ille-et-Vilaioe, .  érigée  en  mar- 
quisat en  1644. 

Cheivbbaii.i«es  ,  petite  ville  de  iç 


03 


CHB 


L'UNIVERS. 


Marohe,  aujourd'hui  chef-lieu  de  can* 
ton  du  département  de  la  Creuse.  Cette 
ville,  qui  était  autrefois  très-forte,  fut 
détruite  presque  entièrement  par  les 
Anglais  au  commencement  du  quin- 
zième siècle.  Reconstruite,  vers  1440, 
par  Bernard  et  Jacques  d'Armagnac, 
comtes  de  la  Marche,  elle  soutint,  en 
1592,  un  siège  contre  les  royalistes, 
qui  ne  s'en  emparèrent  qu'après  huit 
mois  de  blocus.  La  population  de  Che- 
nerailles  est  aujourd'hui  de  1 ,028  hab. 

Chénieb  (Louis  de)  naquit  en  1723, 
à  Montfort,  en  Languedoc,  d'une  fa- 
mille originaire  du  Poitou.  Il  perdit  de 
bonne  heure  son  père  et  sa  mère, 
abandonna  à  sa  sœur  tous  ses  biens, 
et  partit  pour  Constantinople,  où  il 
dirigea  bientôt  après  une  maison  de 
commerce,  qu'il  abandonna  ensuite 
pour  s'attacher  au  comte  Desalleurs, 
ambassadeur  de  France  près  de  la 
Porte.  Après  la  mort  de  ce  dernier,  il 
géra  les  affaires  de  la  marine  et  du 
commerce  jusqu'en  1764.  De  retour 
en  France,  en  1765,  il  accompagna, 
deux  ans  après,  le  comte  de  Brugnon, 
que  le  roi  envoyait  en  Afrique  pour 
conclure  un  traité  avec  l'empereur  de 
Maroc,  et  déploya  dans  cette  mission 
une  grande  habileté.  Nommé  consul 
général ,  puis  chargé  d'affaires  die 
France  près  de  cette  puissance  barba- 
resque,  il  revint  dans  sa  patrie  en  1784, 
et  tut ,  malgré  lui ,  mis  à  la  retraite. 
Il  s'occupa  alors  de  coordong^er  les 
nombreux  matériaux  qu'il  avait  re- 
cueillis dans  ses  voyages,  et  fit  paraî- 
tre ses  ouvrages  sur  l'Orient,  compi- 
lations qui,  bien  que  trop  superficielles 
pour  la  partie  historique,  méritent 
cependant  toute  confiance  pour  les  re- 
marques locales.  Lors  delà  révolution, 
Chénier  devint  membre  du  premier 
comité  de  surveillance  de  la  ville  de 
Paris.  Au  31  mai  1793,  il  se  montra 
favorable  aux  Girondins.  Aussi,  ni  ses 
opinions,  ni  ses  efforts  ne  purent-ils 
sauver  du  supplice  André  Chénier,  son 
fils,  dont  la  mort  hâta  la  sienne,  qui 
arriva  en  1796. 

Chénier  (Marie-André  de)  naquit  à 
Constantinople,  le  29  octobre  1762. 
Il  semble  que  le  beau  ciel  sous  lequel 


il  ouvrit  les  yeux  à  la  lumière,  le  saog 

§rec  qu'il  reçut  de  sa  mère,  femme 
'une  beauté  et  d'un  esprit  célèbres, 
aient  influé  su^  son  génie  et  contribué 
à  lui  donner  ce  caractère  de  simplidté 
antique  qui'nous  frappe  dans  ses  vers. 
Nul  chez  nous  ne  s'est  rattaché  plas 
directement  à  l'antiquité  :  en  restant 
poète  français,  poète  moderne,  il  est 
remonté  jusqu'à  Homère,  et  a  dérobé, 
en  s'appropriant  ses  larcins,  plusieaii, 
des  beautés  de  cet  idiome  qu'il  appelle 

Un  lang^age  sonore,  aux  douceurs  soureraiueSi 
Le  plus  beau  qui  soit  né  sur  des  lèvres  humaioes. 

A  seize  ans,  André  Chénier,  élèw 
du  collège  de  Navarre,  le  savait  déjà, 
ce  langage,  et  avait  traduit  en  vers  une 
ode  de  Sapho.  Cette  pièce ,  sans  ébe 
digne*  de  voir  le  jour,  porte  déjà  l'em- 
preinte d'un  talent  original.  A  vingt 
ans,  ses  études  terminées,  il  entra,  eft- 
qualité  de  sous-lieutenant,  dans  le  ri» 
giment  d'Angoumois;  mais  le  yvk 
qu'il  trouvait  dans  la  vie  de  régiment)! 
lasservissement  à  des  devoirs moiHK, 
tones,  le  dégoûtèrent  :  il  revint  à  Paal 
au  bout  de  six  mois,  avec  le  dessôl 
de  se  livrer  à  la  poésie  sans  distraft 
tion.  Il  se  mit  au  travail  avec  uneift 
deur  qui  dérangea  sa  santé  et  finit  |I0 
amener  une  maladie  grave.  Lesdedf: 
frères  Trudaine,  ses  intimes  amiSi.- 
après  avoir  hâté  sa  guérison  par  leum 
soins,  le  décidèrent  a  les  accompa^ 
dans  un  voyage  en  Suisse.  Chenii 
avait  alors  vingt-deux  ans.  «  On  a  lÉ 
trouvé,  dit  M.  de  la  Touche,  son  éir 
teur,  quelques  restes  de  ses  inipN^ 
sions  passagères,  mais  rien  qui  se  W 
porte  a  l'idée  d'écrire  un  ouvrage.  Ûl 
y  sent  même  l'embarras  d'une  adol 
ration  trop  excitée,  et  l'impuissâoiei 
de  cet  enthousiasme  qui,  pour  créfl^ 
a  besoin  de  la  magie  des  souvenirs,  i 
Au  retour  de  ce  voyage,  André  Qé^ 
nier  fut  emmené  à  Londres  par  II 
comte  de  la  Luserne,  ambassadeur ei 
Angleterre.  Le  temps  qu'il  y  pa** 
n'eut  pour  lui  que  dégoûts  et  imp^ 
tiences  ;  la  dépendance  où  il  était  pMi 
lui  pesait,  et  des  souffrances  physiqajlï 
se  joignaient  à  cette  irritation  d'esprit 
Ce  fut  seulement  en  1790  qu'il  se  ÛA 
à  Paris.  Il  y  reprit  ses  travaux  oooh 


CHB 


FRANCE. 


GVE 


93 


neooéSi'et  s'appliqua  à  les  renfermer 
daos  on  pian  mûrement  combiné,  a  Las 
du  iiaux  goût  d'élégance  qui  affadissait 
la  littérature,  il  méditait  à  la  fois  la 
reprodaction  savante  et  naturelle  des 
formes  du  génie  antique,  et  Fapplica- 
tioode  ce  langage  aux  merveilles  de  la 
dTJIisation  moderne.  C'est  ainsi  qu'il 
fonlait  chaoter  la  découverte  du  nou- 
ma  monde,  et  célébrer,  sous  le  titre 
iHermés,  les  grands  progrès  des 
sciences  naturelles.  En  même  temps» 
il  s'étudiait  à  renouveler  les  grâces 
naïves  de  la  poésie  grecoue  dans  de 
eourtes  élégies  ,  admirable  mélange 
d'étude  et  de  passion,  où  la  simplicité 
a  quelque  chose  d'imprévu,  oii  l'art 
n'est  pas  sans  n^ligence  et  parfois 
sans  effort,  mais  qui  respirent  un 
diarme  à  peine  égalé  de  nos  jours  (*).  » 
Son  talent  s'essaya  aussi  à  des  ébau- 
dKsd'égiogues,  et,  dans  ces  fragments, 
i  retrempa  aux  sources  de  la  poésie  ce 
{enre  qu'avait  si  complètement  défi- 
çffé  la  subtile  affectation  de  Fonte- 
Mile.  Bien  peu  de  personnes  étaient 
dans  la  confidence  de  ces  travaux.  Son 
MRi  le  poète  Lebrun,  Roucher,  le 
wn[iis  oe  Brazais,  le  chevalier  de 
i^,  composaient  tout  son  audi- 


-  les  grands  événenients  politiques 
fnooihmencèrent  la  révolution  vin- 
ttot  interrompre  les  travaux  d'André 
Chénier.  Il  abandonna  les  études  poé- 
tiques de  sa  solitude  paisible  pour  les 
orageuses  discussions  de  la  presse  po- 
itique,  et,  réuni  à  quel(|ues  écrivains, 
4Dtre  autres  à  ses  amis  de  Pange  et 
Boucher,  il  établit,  dans  le  Journal  de 
Air»,  une  énergique  opposition  aux 
|inoci[)e8  démocratiques  qui  coAimen- 
çaient  à  triompher.  Mais  il  n'employa 
pas  seulement,  à  l'appui  de  ses  opi- 
lioDS,  Féloquence  au  pamphlet;  il 
ttma  sa  muse  du  vers  satirique  et  de 
nambe acéré;  et  bientôt  ses  poésies 
eo|Otre-révolutionnaires  appelèrent  sur 
ni  la  sévérité  du  gouvernement.  Ar- 
lêtédiez  M.  de  Pastoret,  il  fut  traduit 
iQ  tribunal  révolutionnaire,  condamné 

P  Tillemaîa ,  Cours  d'éloquence  fran- 


à  mort,  et  exécuté  le  7  thermidor  an  ii. 
Placé  sur  la  fatale  charrette  avec  son 
âmi  Roucher,  le  peintre  des  mois,  ils 
s'entretinrent  de  poésie  en  s'avançant 
vers  l'échafaud,  et  récitèrent  ensemble 
un  passage  de  Racine,  ces  vers  d'^n- 
dromaqtte  qui  célèbrent  les  consola- 
tions de  l'amitié.  Puis  Roucher  se  ré- 
pandait en' regrets  sur  la  destinée  de 
son  ami  :  «  Vous,  disait-il,  vertueux 
jeune  homme,  on  vous  mène  à  la  mort 
plein  de  génie  et  d'espérance  !  ~  Je 
n'ai  rien  fait  pour  la  postérité,  répon- 
dit Chénier  :  pourtant,  ajouta-t-il  en 
se  frappant  le  front^  j'avais^  quelque 
chose  là.  »  C'était  la  muse,  dit  M.  de 
Chateaubriand,  qui  lui  révélait  son 
génie  au  moment  de  la  mort.  Ce  n'est 
qu'en  1819  que  les  essais  d'André 
Chénier  furent  recueillis  et  publiés. 
Jusque-là,  quelques  fragments  élégia- 

3ues  étaient  tout  ce  qu'on  connaissait 
e  lui.  Cette  publication  eut  la  plus 
grande  influence  sur  la  littérature  de 
notre  temps,  et  c'est  dans  ce  poète  de 
la  fin  du  dix-huitième  siècle^  non  moins 
que  dans  Shakspeare,  que  la  nouvelle 
école  a  été  puiser  le  goût  de  la  simpli- 
cité naïve  et  familière,  et  des  images 
pittoresques;  heureux  les  novateurs, 
si,  en  empruntant  à  André  Chénier  la 
liberté  des  formes  poétiques  et  la  cou- 
leur descriptive,  iis  avaient  imité  sa 
réserve,  la  sobriété  de  sa  riche  imagi- 
nation, la  sage  pureté  de  son  génie. 

Chénieb  (Marie-Joseph  de)  naquit 
à  Con^tantinople,  le  28  août  1764. 
Amené  de  bonne  heure  en  France,  il 
fit  ses  études  à  Paris,  au  collège  Ma- 
zarin,  puis  entra  en  qualité  de  sous- 
lieutenant  dans  un  régiment  de  dra- 
gons. De  même  que  son  frère,  il  sen- 
tit bientôt  le  vide  de  son  existence  mi- 
litaire au  milieu  des  loisirs  monotones 
de  la  paix,  et  il  revint  à  Paris  pour  se 
livrer  tout,  entier  à  de  fortes  études 
.littéraires.  Bientôt  il  débuta  par  une 
tragédie,  Azémirey  qui  fut  représentée 
à  Fontainebleau  en  1686,  et  n'eut  au- 
cun succès.  Pour  être  plus  heureux  à 
Paris,  il  s'avisa  du  stratagème  sui- 
vant :  Àzémire  ne  fut  point  annoncée 
sur  l'affiche;  au  lever  du  rideau,  ma- 
demoiselle Sain  val  vint  annoncer  aux 


«14 


CKE 


L'UNIVERS. 


caifi 


spectatâirs  réunis  pour  voir  représen- 
ter Za^e^  que  rindisposition  d'un  ac- 
teur avait  forcé  de  changer  le  specta- 
cle, et  qu'on  allait  jouer  une  pièce 
nouvelle.  Malgré  cette  précaution, 
Azémire  échoua  une  seconde  fois. 
Après  trois  ans  de  travail,  Ghénier 
donna  son  Charles  IX,  qui  obtint  un 
très-grand  succès.  En  ITSTl  parurent 
Henri  f^III,  qui  offrait  plusieurs  scè- 
nes empreintes  d'un  pathétique  vrai, 
et  la  Mort  de  Calas,  talus  Gracchus 
fut  accueilli  aussi  favorablement  que 
Charles  IXy  et  accrut  à  la  fois  la  re- 
nommée littéraire  et  la  popularité  po- 
litique du  poëte.  Bientôt  après,  cette 
popularité  le  désigna  aux  suffrages  des 
électeurs,  et  il  alla  siéger  parmi  les 
membres  de  la  Convention.  Il  se  jeta 
d'abord  avec  ardeur  dans  le  mouvement 
révolutionnaire ,  vota  la  mort  de 
Louis  XVI,  et  siégea  longtemps  parmi 
les  députés  qui  formaient  le  parti 
de  la  Montagne;  mais  il  s'en  éloigna 
ensuite,  et  se  rangea  parmi  les  mem- 
bres les  plus  modérés  de  la  Conven- 
tion. L'esprit  de  {>arti  l'a  cependant 
accusé  d'avoir  participé  à  la  mort  de 
son  frère,  ou  du  moins  de  n'avoir  pas 
tout  fait  pour  la  prévenir.  On  sait  au- 
jourd'hui à  quoi  s'en  tenir  sur  cette 
calomnie,  dissipée  par  des  faits  irré- 
cusables ,  tels  que  l'amour  inaltérable 
que  lui  conserva  sa  mère.  La  carrière 
dramatique  de  Marie-Joseph  se  res- 
sentit du  changement  de  ses  opinions. 
Ses  tragédies,  de  Timoléon^  de  Féné- 
Ion,  semées  de  traits  contre  le  régime 
de  la  terreur,  furent  applaudies  quel- 
quefois par  le  public,  mais  censurées 
par  les  collègues  du  poëte,  qui  arrê- 
tèrent .  même  les  représentations  de 
Timoléoà,  et  en  firent  saisir  et  brûler 
tous  les  manuscrits.  Une  seule  copie, 
conservée  en  secret  par  madame  Ver- 
tris,  sauva  cet  ouvrage,  et  fut  imprimée 
en  1795.  Après  les  événements  du  9 
thermidor.,  auxquels  Chénier  prit  peu 
de  part,  il  continua  à  plaider  la  cause 
de  la  modération  politique  contre  le 
parti  triomphant^  qui  exerçait  alors  de 
sanglantes  réactions.  Il  demanda  ,^  en 
1794,  le  rappel  des  proscrits,  et  com- 
posa son  hymne  du  Chant  du  départ , 


qui  partagea  lon^iiips,  avec  la  Uar^ 
seUlaise*  le  privilège  de  0Dn<fuire  nos 
soldats  a  la  victoire.  Bientôt  après  il 
revint,  sans  se  contredire,  aux  mer> 
sures  de  rigueur,  dans  l'éloquente  ac- 
cusation qu'il  fit  retentir  contre  les 
complots  royalistes  du  Midi.  Élu  ffè* 
sident  de  la  Convention ,  en  1795 ,  il  la 
défendit  avec  une  intrépidité  re^la^ 
quable  contre  les  sections  insargéeti 
Les  suites  de  la  journée  du  13  vende* 
miaire  le  portèrent  au  sein  du  eoœitf 
de  salut  public^  Après  la  dissolutidodè 
la  Convention ,  Chénier  devint  mente 
du  Conseil  des  Cinq^Cehts.  Il  eotle 
tort  de  s'irriter  dés  attaques  dont  la 
presse  le  poursuivait,  au  point  à'uff^ 
quer  les  répressions  de  la  force  piiUî' 
que  contre  la  plus  précieuse  et  la  plof 
sainte  des  libertés  qu'il  avait  aidé  à 
conquérir.  Cependant,  pendant  toaH 
la  durée  de  ses  fonctions  législative!^ 
il  s'occoupa  const£|mment  des  pro(p:ft 
de  l'instruction  publique,  des  scteoef  | 
et  des  lettres.  Ce  fut  sur  son  rappo$: 
que  fut  décrété,  en  17911,  TétablissB', 
ment  des  écoles  t>rimaires.  £n  11%^ 
il  s'éleva  contre  la.destructioh  des  Ht 
vres  et  des  objets  d'arts  qu'on  vpoW  ■ 
anéantir  sous  prétexte  qu'ils  hpflr. 
laient  la  féodalité,  et  fît  rendre  oft- 
décret  pour  réprimer  ces  actes  de  «ao* 
dalisme.  Le  Conservatoire  de  mosiqill 
fut  fondé  en  l'an  ii ,  sur  son  rapoosl 
et  d'après  ses  projets.  Il  travailla  A 
l'organisation  de  l'Institut;  appuya  il 
fixation  à  deux  cent  cinquante,  Al 
Doinbre  des  élèves  de  l'école  polyte# 
nique;  enfin,  ce  fut  sur  son  rap^ 
que  la  Convention  accorda ,.  le  3  jal^ 
vier  1794,  300,000  fr.  de  secours,  fi 
furent  répartis  entre  cent  seize  Ur 
vants,  littérateurs. et  artistes.         , 
Après  le  18  brumaire,  le  républicaB 
reparut  chez  Marie-Joseph;  et  daniK 
commission  législative  des  Cinq-Geo^ 
comn](e  dans  celle  du  Tribunat,  il  p^ 
testa  souvent  avec  hardiesse,  au  nfll| 
des  libertés  publiques  assassiiaées.  Gr 
pendant ,  à  l'épooue  (kt  couronnemeli^ 
par  une  contradiction  déplorableyi 
composa  une  tragédie  de  Cyrus,  <wi 
malgré  quelques  sentences  généréqseï 
sur  les  droits  des  peuples,  le  poHnfP 


CHB 


FRANCE, 


9ff^ 


nouveau  e^  offlciellement  chanté.  Plu- 
sieurs  odes  dédiées  au  conquérant,  et 
même  un  commencement  de  poème 
épique  en  son  honneur,  sont  aussi  des 
inconséquences  qu'on  ne  peut  justifier. 
Toutefois  Ciiénier,  mécontent  sans 
doute  du  pouvoir,  qui  ne  se  montrait 
pas  assez  reconnaissant  de  ce  qu*il  fai- 
svt  pour  (ui,  revînt  bientôt  à  son  at- 
Me  d'opposition;  et  quelques  pas- 
Èges  trop  hardis  de  son  épitre  à 
rmavre  fui  firent  6ter  si  place  d'ins- 
pecteur général  de  rUnIversité.  Ce 
qu'il  ne  pouvait  dire  tout  haut,  il  ré- 
crivit alors  pour  lui-même,  voulant 
ainsi  se  soulager  de  la  gène  qui  pesait 
sur  tut,  et  se  consoler,  des  malheu- 
reuses complaisances  auxquelles  il  s'é- 
tait abaissé.  Pamrii  ces  vers  satiriques  ^ 
ces  cpftres  inédites  composées  dans  la 
solitude,  rien  de  plus  amer,  de  plus 
énergique  et  de  mieux  écrit  que  lé 
fOOTceau  cité  par  M.  Villemaih  dans 
ftm  Cours  de  littérature -française,  et 
JqI  Oflit  par  ces  vers  :    •         *  * 

^▼Qix  (Us  oppresseurs  fut  toiyoars  ennemie; 
'      HUodis  qu'if  voyait  des  flots  d'adorateurs 
ttiTmrfre  avec  FEtat  leurs  vers  adulateurs, 
tf  ^Mn  dans  sa  cour  remàtqiis  ^ngton  absence  : 
wit  chanta  la  gloire  et  fioo  pas  la  puissance. 

l^  Tibère^  tragédie  posthume  d6 
'oieph  Chénier  et  son  meilleur  ou* 
Wage,  ftit  composé  à  cette  époque  de 
tt  vie.  Malgré  une  action  pénible  et 
iomiseniblable  dans  quelques-uhe^  d6 
fts  parties,  malgré  une  teinte  de  dé- 
clamation renandue  en  plusieurs  en- 
'i^itsdu  étylCj  des  beautés  fortes  et 
ûvantes  assurent  un  rang  distingué  à 
ttttepiècç-,  dont  on  trouvera  d'aitleurs 
une  analyse  aussi  intéressanteque  juste 
dans  le  j^ours  d^  M.  Villèmain.  On  à 
encore  (le  Marie- Joseph  plusieurs  mor- 
ceaux de  critique  littéraire ,  parmi  les* 
tjucls  on  remarque  iSon  Tabieau  histà- 
jî«e  ie  Vétàt  et  des  progrès  de  la 
fwéraiure  française  depiàs  1789, 
2>mpo^  çn  1808,  à  la  dertiande  de 
jJapolédB;  un  discours  Svr  les  progrès 
«^9  connaissantes' eti  Europe^  et  de 
^^fifeiçhénentpMbHéenP'rance,  qu'îi 

g  énonça  ep  1801,  lorsqu'il  remplam 
arat  dans  !^  mrt  d'instruction  du  dé- 
(^oôentâe  la  Seine,  et  son  Rapport 


sur  les  prise  décennaux.  Ce  dernier, 
ouvrage, /ai/  à  t Institut  national,  est 
line  revue  pleine  de  talent  et  d'impar- 
tialité de  tous  les  livres  de  l'époque. 
L'auteur  y  a  rendu  justice  à  Deiille  et 
à  la  Harpe,  ses  ennemis,  avec  une 
sincérité  u'éloge  qui  fait  le  plus  grand 
honneur  à  son  caractère.  Marie-Joseph 
Chéniër  est  mort  à  Paris,  en  18114  à 
l'âge  de  quarante-six  ans.  Son  éloge 
funèbre  fut  prononcé  par  M.  Arnault^ 
et  M.  de  Chateaubriand  lui  succéda 
comme  membre  de  la  seconde  classe 
de  rinstitut. 

.  Chenilles. — Pendant  longtemps^ 
les  animaux  furent  considérés  en 
France  comme  justiciables  des  tribu- 
naux, et,  en  oonséquence,  assignés, 
accusés,  défendus,  condamnés  ou  ab- 
sous. On  procédait  en  forme  contre  les 
cochons,  les  dùens,  les  mulets,  les 
chenilles,  etc.  Le  clergé  prononçait 
gravement  une  sentence  d'excommu* 
tiication  contre  les  bétes  coupables  de 
eriiloes  et  délits ,  et  les  livrait  ensuite 
à  la  justice  séculière.  Les  preuves  de 
la  condaiirnation  d'animaux  à  l'emprii- 
sonnement,  au  bannissement,  à  là 
mort ,  se  rencontrent  presque  à  chaque 
page  de  nos  Tieill«s  annales  judiciaires; 
Parmi  les  pièces  existant  d'ans  les  àr^ 
chives  dites  de  Joursanvauit,  vendue^ 
il  y  a  de  quinze  à  éix-huit  mois,  se 
trouvait  une  quittance  dtf  10  Irv.  2  sols 
6  deniers,  payés  par  le  cliâtelaiû  die 
Romorantrn ,  pour  un  pourceau  qui  fut 
retenu  deux  mois  en  prison ,  puisisoyé, 
iju  commandement  du  baitii  de  Blôis^ 
pour  avoir  mangé  un  enfan(t  à  Viglain^ 
en  1438.  Ce  qui'ést  <iigne  de  r^marque^ 
ts'est  que,  malgré  les  lumières  oùe  les 
lécrivains  du  temps  deXbjuis  XIV  oiqt 
jetées  sur  la  France,  dans  la  dernière 
période  du  règne  de  cCi  prince,  ces  ex- 
travagantes procédures  ont  été  encore 
eri  usage.  Dans  uhe  des  premières  an- 
nées du  dix-huitième  siècle,  comm&lefi 
chenilles  désolaient  le  territoire  de  Is 
petite  ville  de'  Pont^iu-Çhâteau ,  en 
Âuver6;ne,  un  grand  vicaire  nommé 
Buriii  les  excommunia ,  puis  renvoys 
la  procédure  devant  le  juge  du  lieu. 
Clelui-ci,  apt*ès  avoir  religieusement 
renipli  toutes  les  formalités  pronon^ 


Cȣ 


L'UNIVE»S. 


GBE 


une  sentence  contre  ces  reptiles,  et 
leur  enjoignit  solennellement  de  se  re- 
tirer dans  un  territoire  inculte  qu'il 
leur  désigna,  et  ce,  sous  peine  de 
dommages-intérêts  et  de  châtiments 
corporels.  Le  narrateur  de  cette  cu- 
rieuse aventure  ne  dit  pas  si  les  che- 
nilles obéirent.  i 

Cheiïnbdollé  (Charles  de),  poëte, 
auteur  du  Génie  de  Vkomme^  naquit 
à  Vire,  en  basse  Normandie,  en  1769. 
La  révolution  ayant  éclaté  au  moment 
où  il  achevait  ses  études,  il  se  décida 
à  s'expatrier.  C'est  en  Allemagne  que 
son  goût  pour  la  poésie  se  développa, 
et  qu'il  composa  ses  premiers  chants. 
Rentré  en  France  après  le  18  brumaire, 
il  continua  ses  travaux  avec  une  nou- 
velle ardeur.  Ses  premières  publica- 
tions furent  remarquées,  et  lui  valurent 
upe  chaire  de  professeur  de  belles- 
lettres  au  lycée  de  Caen.  Peu  de  temps 
après,  il  fut  nommé  inspecteur  d'aca- 
démie, fonctions  qu'il  exerça  jusqu'en 
1830,  tout  en  continuant  à  s'occuper 
d'essais  poétiques.  Il  vivait  d'ordinaire 
retiré  à  sa  charmante  habitation  du 
Coisei,  où  il  menait  une  vie  paisible 
et  douce.  Nommé  alors  au  grade  émi- 
nant  d'inspecteur  général  de  Tuniver- 
fiité,  il  éprouva  tant  de  peine  à  chan- 
ger ses  habitudes,  et  regretta  tellement 
son  loisir,  qu'il  ne  tarda  pas  à  résigner 
ces  hautes  fonctions.  Il  mourut  en 
1833,  laissant  de  nombreux  manus- 
crits. On  trouve,  dans  les  vers  de 
Chennedollé,  de  l'élévation,  du  senti- 
ment, un  style  brillant  ;  mais  cet  aur 
teur  n'est  pas  exempt  des  défauts  de 
cette  littérature  dite  impériale,  qui  ne 
se  faisait  pas  uneddée  nette  de  la  sim- 
plicité du  style,  et  qui  confondait  sou- 
vent le  faste  avec  la  richesse,  le  luxe 
avec  l'élégance,  et  la  déclamation  avec 
le  sublime. 

Chenongeàux,  petite  ville  du  dé- 
partement (fIndre-et-Loire,  à  32  kil. 
de  Tours,  sur  les  rives  du  Cher,  où 
l'on  remarque  un  des  plus  beaux  châ- 
teau)^ de  la  province.  La  fondation  du 
château  de  Chenonceaux  est  due  à 
Thomas  Bohier,  qui  le  bâtit,  sous  le 
règne  de  François  I*',  sur  l'emplace- 
ment occupé  depuis  le  treizième  siècle 


par  un  très-modeste  manoir  apparte- 
nant à  la  famille  de  Marquis.  Henri  II 
Tacheta  en  1535,  et  le  donna  à  Diaue 
de  Poitiers  avec  le  duché  de  Valenti- 
nois.  Elle  déploya  pour  l'embellir  la 
magnificence  et  le  goût  qui  lui  étaient 
naturels;  mais  à  la  mort  du  roi,  sur 
lequel  Diane  avait  exercé  un  si  long 
empire,  Catherine  de  Médicis,  jalouse 
même  du  monument  élevé  par  sa  ri- 
vale, la  contraignit  à.  le  lui  céder  en 
échange  de  la  terre  de  Chaumont-sur- 
Loire,  et  en  acheva  les  travaux  avec 
une  pensée  d'orgueilleuse  émulation. 
Transmis  par  la  reine  à  Louise  de 
Yaudemont ,  sa  belle-illle ,  Chenonceaux 
vit  couler  les  larmes  de  la  veuve  de 
Henri  III.  J.  J.  Rousseau ,  Fontenelle, 
Buffon,  Montesquieu,  Sainte-Palaye, 
Voltaire ,  ont  habité  et  décrit  ce  gra- 
cieux séjour  et  ses  riants  ombrages. 
Construit  sur  un  pont  qui  traverse  le 
Cher,  Chenonceaux  est  encore,  parfai- 
tement conservé  ;  il  appartient  au  comte 
de  Villeneuve. 

Cheppe  (la) ,  villase  du  département 
de  la  Marne ,  arrondissement  de  Cbâ- 
Ions,  situé  dans  une  plaine  immense; 
population ,  350  habitants.  C'est  à  peu 
oe  distance  de  ce  village  que  se  trou- 
vent des  retranchements  appelés  camp 
d'Attila;  et  il  parait  à  peu  près  incon- 
testable que  c  est  là  que  se  donna  la 
bataille  ou  le  roi  des  Huns  fut  battu 
par  Aétius,  en  451.  Ces  retranclie- 
ments  ont  une  circonférence  de  1>79!1 
mètres ,  et  occupent  une  superficie  de 
243,648  mètres.  [Voy.  Chaloms-sub- 
Mabne  (bataille  de).] 

Cheb  (département  du).  —  Ce  dé- 
partement, formé  principalement  de 
la  partie  orientale  du  Berry,  réunie  à 
une  petite  portion  du  Bourbonnais, 
doit  son  nom  à  la  rivière  du  Cher,  qui 
le  traverse  du  sud-est  à  l'ouest,  et  dont 
la  vallée  particulière  en  comprend  la 
presque  totalité,  tandis  que  celle  delà 
Loire  en  forme  seulement  la  lisière 
orientale,  où  elle  le  sépare  du  départe- 
ment de  la  Pïièvre.  Le  Cher  a ,  sur  ce 
département,  un  cours  de  8  myriam. 
4kilom.,  et  y  reçoit  plusieurs  affluents: 
par  la  droite,  la  Marmande  et  l'Eure; 
par  la  gauche,  rArnon.  La  partie  sep- 


ctoB 


FRANCE. 


€HE 


§7 


tentrionale  est  en  outre  arrosée  par  la 
grande  et  la  petite  Sauldre.  Au  nord, 
ce  département  est  limité  par  celui  du 
Loiret;  au  nord-ouest,  par  celui  de 
Loir-et-Cher;  à  l'ouest,  par  celui  de 
rindre;  au  sud,  par  celui  de  TAllier. 
Sa  superficie  est  Je  706,844  hectares , 
Kur  lesquels  les  terrains  improductifs 
en  tiennent  près  de  63,000.  Sa  popula- 
tion s'élève  à  276,853  âmes;  elle  est  ré- 
partie en  3  arrondissements  dont  les 
chefs-lieux  sont  Bourges,  St-Amand  et 
Sancerre,  et  en  29  cantons  renfermant 
297  communes.  Bourges  est  le  siège  de 
la  préfecture;  d'un  archevêché  qui  a  5 
autres  diocèses  sous  sa  juridiction; 
d'une  cour  royale  et  d'une  académie 
universitaire  ;  de  la  22*  conservation  fo- 
restière, et  de  la  15*" division  militaire. 
Il  paye  1,310,130  fr.  de  contributions 
directes  sur  un  revenu  territorial  de 
9,985,000 f.,  et  nomme  quatre  députés. 

Les  hommes  les  plus  illustres  nés 
dans  le  département  du  Cher  sont  :  le 
célèbre  Jacques  Cœur,  Térudit  Labbe , 
k  mathématicien  Souciet,  Bourdaloue; 
et  parmi  les  contemporains,  le  maréchal 
Macdonald,  M.  Raoul-Rochette,  etc. 

Ceekasco  (prise  de).  —  Après  la 
victoire  de  MondôvJ,  Bonaparte,  ne 
voulant  laisser  aucun  relâche  aux  Pié- 
inofltais  et  aux  Autrichiens,  envoya 
Masséna  investir  Cherasco,  ville  re- 
viStue  d'une  bonne  enceinte  palissadée 
et  garnie  de  vingt-huit  pièces  de  canon , 
9Qe  l'ennemi  abandonna  pendant  la 
luit.  L'acquisition  de  cette  petite 
place,  importante  à.cause  de  sa  position 
au  confluent  de  la  Stura  et  du  Tanaro, 
procura  un  poste  à  l'abri  d'un  coup  de 
iDain ,  très-propre  à  établir  les  dépots 
de  première  ligne,  empêcha  lérétaolis- 
<nneot  de  la  communication  avec 
leaulieu,  et  força  Colli  de  se  mettre  à 
«Hifert  au  delà  du  Pô. 

CHERB0UB&,  ville  forte  et  maritime , 
place  de  guerre  de  première  classe, 
«jïcf-lieu  d'une  préfecture  maritime, 
jl'ane  direction  des  douanes,  et  de 
"une  des  sous-préfectures  du  départe- 
ment delà  Manche,  est  le  siège  d'un 
^ibuàal  de  première  instance,  de 
•iMnmerce  et  de  la  marine,  et  possède 
■oc  école  d'hydrographie  de  deuxième 


classe.  Sa  population  est  de  13,443 
habitants.  Elle  est  située  à  l'extrémité 
de  la  presqu'île  du  Cotentin,  à  l'em- 
bosichure  de  la  Divette,  au  fond  de  la 
baie  comprise  entre  le  cap  Levi  à  l'est 
et  le  cap  de  la  Hague  à  l'ouest. 

Cherbourg ,  qui  est  désigné  sous  les 
noms  latins  de  Cœsarls  Surgus ,  Ca-  ' 
roburgns,  Chereburgum ,  CherebeV' 
tunij  passe  pour  une  ville  fort  ancienne.  ' 
Il  est  bâti  sur  l'emplacement  d'une 
station  romaine,  appelée  Coriallum 
dans  l'Itinéraire  d'Antonin.  On  croit 
son  château  d'origine  romaine ,  et 
Yauban,  qui  le  fit  démolir  en  1688, 
crut  y  reconnaître  des  restes  de  ma- 
çonnerie antique.  Aigrold,  roi  de  Da- 
nemark, y  séjourna  vers  945.  Un  acte 
de  1026  parle  de  son  château.  Guil- 
laume le  Conquérant  fonda  l'hôpital 
dans  la  ville  et  construisit  l'église  du 
château.  Le  roi  d'Angleterre  Henri  II 
y  fit  souvent  de  longs  séjours  avec  la 
reine  Éléonore  et  toute  sa  cour.  Lors 
de  la  conquête  de  la  ISormandie  par 
Philippe-Auguste,  Cherbourg  tomba 
sans*!coup  férir  au  pouvoir  des  Fran- 
çais. En  1295,  il  fut  pillé  par  les  An- 
glais. En  1355  ,  le  Cotentin  ayant  été 
cédé  à  Charles  le  Mauvais ,  roi  de  Na- 
varre ,  Cherbourg  devint  le  principal 
appui  de  la  domination  de  ce  prince; 
et,  durant  le  reste  du  quatorzième 
siècle,  ce  fut  là  que  débarquèrent  cons- 
tamment les  troupes  anglaises  et  na- 
varraises  qui  venaient  ravager  la  Nor- 
mandie. En  1418,  les  Anglais  assié- 
gèrent Cherbourg,  dont  ils  ne  purent 
s'emparer  qu'après  trois  mois  de  siège. 
En  1450 ,  l'armée  du  roi  Charles  VII 
assiégea  et  reprit  cette  place,  et  ce 
succès  compléta  l'expulsion  des  An- 
glais de  la  Normandie.  Durant  les 
guerres  de  la  Fronde ,  cette  ville  em- 
brassa le  parti  du  prince  de  Condé. 

Vers  1687,  Louis  XIV  forma  le  pro- 
jet de  créer  un  port  militaire  à  Cher- 
bourg, et  d'en  faire  une  place  forte 
considérable.  Vauban  y  fut  envoyé, 
mais  après  quelques  travaux  prélimi- 
naires, le  projet  fut  abandonné,  et 
même,  en  1689,  les  nouveaux  ouvra- 
gés et  les  anciennes  fortifications  fu- 


rent détruits 'par  ordre  de  la  cour. 
T.  T.  ?•  Livraison.  (Digt.  engycl.^  btc.)  7 


98 


CBE 


L'UNIVERS. 


C||E 


liéanmoîns  on  sentit  bientôt  la  faute 
qu'on  avait  commise,  et,  dang  les  pre- 
inières  années  du  dix-huitième  siècle, 
quelques  travaux  furent  entrepris  à  la 
bâte ,  mais  ils  étaient  insuffisants ,  et 
les  Anglais  purent  sans  peine,  en  1750, 
s'emparer  ne  Cherbourg. 

Napoléon  comprit  toute  l'impor- 
tance de  Cherbourg ,  que  Yauban  ap- 
pelait une  position  audacieuse,  et  il  nt 
reprendre  avec  activité  les  travaux  de 
la  digue  que  Ton  avait  commencée  sous 
Louis  XVl  a  Jamais  lés  Romains , 
«  dit-il  dans  lé  Mémorial  de  Sainte- 
a  Hélène,  n'entreprirent  rien  de  plus 
n  fort,  de  plus  difficile,  qui  dût  durer 
s  davantage...  J'avais  résolu  de  renou- 
«  vêler  à  Cherbourg  les  merveilles  de 
«  rÉgypte  :  j'avais  élevé  déjà  dans  la 
'  mer  ma  pyramide  ;  j'aurais  eu  aussi 
«  mon  lac  Mœris.  Mon  grand  objet 
«  était  de  pouvoir  concentrer  à  Chér- 
it bourg  toutes  nos  forces  maritimes  ; 
a  et,  avec  le  temps,  elles  eussent  été 
«  immenses,  afin  ue  pouvoir  porter  le 
«  grand  coup  à  l'ennemi.  J'établissais 
a  mon  terrain  de  manière  à  ce  que  les 
ft  deux  nations  tout  entières  eussent 
«  pu,  pour  ainsi  dire,  se  prendre  corps 
«  a  corps  ;  et  l'issue  ne  aevait  pas  être 
«  douteuse,  etc.  v 

Nous  ne  pouvons  entrer  ici  dans  le 
détail  des  prodigieux  travaux  exécutés 
et  terminés  à  Clierbourg  depuis  le 
commencenoentde  ce  siècle.  Nous  nous 
bornerons  à  dire  que  l'illustre  voya- 
geur, M.  Alexandre  de  IJumboldt, 
avant  été  visiter  Cherbourg  en  1837, 
s  est  écrié,  après  avoir  vu  la  digue, 
que  cV/atï  le  plus  bel  ouvrage  de  main 
d'homme  qu'il  eûtiamais  vu,   ' 

La  digue  est  établie  à  6,000  mètres 
de  l'entrée  du  port  de  commerce  ;  sa 
longueur  est  de  3,768  mètres  sur  une 
base  de  80  mètres. 

Cherbourg ,  qui  était  anciennement 
compris  dans  le  Cotentin ,  le  diocèse 
de  Coutances,  le  parlement  de  Rouen, 
l'intendance  de  Caen ,  et  l'élection  de 
Yaloçnes,  est  la  patrie  des  frères  Par- 
mentier,  qui,  en  ISâb,  découvrirent 
l'Ile  de  Fernambouc  ;  de  Jacques  et  de 
François  Callières  ;  de  Jean  Hamon,  mé- 
decin; du  contre-amiral  XroudQ  etc. 


Ghebboubg  (sièges  de).—  Le  châ- 
teau de  Cherbourg  a  soutenu  plusieurs 
sièges  mémorables.  En  1378,  cette 
ville,  que  le  roi  de  Navarre  avait  cédée 
pour  trois  ans  à  Richard  II ,  fût  assié- 
gée par  les  Français;  mais  la  résis- 
tance fut  vigoureuse  et  opiniâtre.  Oli* 
vier  du  Guesclin,  frère  du  conaétable^ 
tomba  dans  une  embuscade  que  loi 
avait  dressée  le  commandant  an^ait, 
et  fut  fait  prisonnier.  Enfin ,  après  six 
mois  d'efforts  infructueux ,  les  assié- 
geants renoncèrent  à  leur  entreprise, 

—  En  1450,  les  Anglais,  battus! 
Formigni  et  chassés  de  toutes  les  ]^ 
ces  qu'ils  possédaient  en  Normandifi  ^ 
se  retrancnèrent  dans  Cherbourg, dofjt 
ils  étaient  mattres  depuis  1418 ,  i 
bientôt  y  arrivèrent  d'Angleterre  t«|» 
tes  sortes  de  munitions.  Cependant 
connétable  de  Richemont  assiégea 
place ,  u  la  plus  forte  de  Normaudii 
sans  nulle  excepter,  »  dit  Alain  C 
tier.  ft  Les  Français  s'y  gouverne 
honorablement  et  vaillamment, 
firent  battre  la  ville  de  canons  et 
bardes ,  et  de  plusieurs  autres  eo^ 
merveilleusement  et  le  plus  subfi 
meut  que  oncque  homme  vit.  »  ÂJ 
les  assiégés  virent  avec  étooDen 
leurs  ennemis  dresser  une  de  1< 
batteries  sur  la  grève,  dans  un 
que  les  eaux  de  la  mer  couvraient 
lois  par  jour.  A  l'approche  de  la  i 
gud ,  ils  bouchaient  la  lumière  et 
bouc^ede  leurs  canons  avec  des 
graisseuses ,  et ,  quand  les  eaux 
talent  retirées ,  ils  revenaient  à  l 

{)ièces  et  recommeàçaient  le  feu.  £ 
e  commandant  Thomas  Gowel  ( 
tula  le  22  août.  Ainsi ,  la  Norman 
était  tout  entière  redevenue  fran 

—  En  1758,  lorsque  les 
anglaises,  encouragées  par  l'inepti 
nos  gouvernants,  venaient  faire 
tentatives  jusque  dans  nos  ports, 
s'emparèrent  de  Cherbourg  sans  0| 
sition,  en  restèrent  tranquilles  pc' 
seurs  durant  huit  jours,  démoi 
les  fortifications,  brûlèrent  vingt^i 
vaisseaux ,  emportèrent  l'artillerie 
même  les  cloches ,  et  ne  se  retiri"^ 
qu'après  avoir  fait  payer  une 
rançon  aux  habitants.  ii 


CHE 


FEAIfCE. 


CUE 


99 


CfmGm^l-hiUa  Cxtarêa),  ville 
'joaritime  de  T Algérie,  à  73  kilom. 
ouest  d'Alger,  fut  construite  près  des 
jaues  dePaocienne  C^arée,  par  les 
Jfaares  (tosés  d'Ëspagoe ,  dans  les 
àniières  années  du  quinziènae  siècle. 
Vmxd\  André  Doria  s'en  empara 
par  un  coup  de  main  en  1531.  Le  ha- 
sard décida  de  roecnpation  de  cette 
viliepar  le3  Français,  le  36  décembre 
1839.  Un  brick  de  commerce  français 
jibt  d'Alger  à  Oran  fut  pris  par  un 
sAm  plat  à  la  hautear  de  Cherchel  ; 
lesKabaïles  s'en  enîparèrent.  Mais  le 
i^pitaine,  qui  avait  tait  mettre  la  cha< 
jpipe  à  la  mer,  parvint  avec  son  équi- 
;eè gagner  Alger.  Le  lendemain, 
I  bateaux  à  vapeur  incendiaient  le 
ick  frapi^is  amarré  dans  le  port  de 
Qierehel,  et  Toccupation  de  cette  ville 
lut  décidée.  En  effet,  la  première  opé- 
nlioQ  de  la  campagne  de  1640  fut  la 
frise  de  cette  ville.  Le  16  mars ,  le 
*"""  expéditionnaire  entrait  à  Cher- 
évacuée  par  ses  habitants.  (Voy. 

>TAlftWÀC.) 

•  JUs  habitants  n'ayant  plus  reparu , 
"■/inrêtédu  gouverneur  de  l'Algérie, 
'itedu  20  septembre  1840,  or- 
\  le  séquestre  et  la  réunion  au 
'  e  de  l'État  de  toutes  les  pro- 
situées daos  la  ville  et  dans  la 
4e  défense  du  territoire,  qui 
ieot  pas  été  réclamées  au  V^  oe- 
il prescrivit  en  même  temps  la 
tioo  d'une  colonie  composée  de 
^milles ,  dont  chaque  dief  dut 
^oir  une  maison  dans  la  ville  et 
hectares  de  terre  dans  la  banlieue, 
i|^  charge  de  réparer  la  maison  et  de 
"ver  les  terres  dans  Tannée  1841. 
ïBBCHjBicoNT  (Jean  de) ,  trésorier 
relise  de  Laon ,  fut  chancelier  de 
uçesous  Philippe  le  Long,  en  1320, 
jnvé  de  son  emploi  à  la  mort  de  ce 
^  en  1321.  Charles  le  Bel  le  ré- 
deux ans  après,  et  il  conserva 
place  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
1338.  Charles  le  Bel  l'avait  nommé 
4e  ses  exécuteurs  testamentaires, 
âcnillede  Cherchemont  s'éteignit 

Www  (Louis-Kicolas-Henri) ,  né 
«ftins,  vers  1769,  succéda  à  son  père 


dans  la  charge  de  généalogiste  des  or- 
dres de  Saint-Lazare ,  de  Saint-Michel 
et  du  Saint-Esprit.  A  l'époque  de  la 
révolution,  il  prit  le  parti  des  armes 
et  parvint  de  grade  en  grade  jusqu'à 
celui  de  général  de  brigade-  dans  les 
deux  premières  campagnes  de  l'armée 
du  Nord ,  où  il  commanda  aux  soldats 
d'un  bataillon  de  l'Yonne  de  faire  feu 
sur  Dumouriez  qui  trahissait.  En 
1795,  il  fut  nommé  chef  de  Tétat-ma- 
jor  général  de  l'armée  de  l'Ouest, 
commandée  par  le  général  Hoche ,  son 
ami ,  et  eut  une  grande  part  à  la  pre- 
mière pacification  de  la  Vendée.  Choisi^ 
en  1797,  pour  conimander  la  garde  du 
directoire  exécutif,  il  déplut  à  l'un  des 
directeurs,  et  reprit  du  service  dans 
l'armée  active  avec  le  grade  de  général 
de  division.  Peu  de  temps  après,  i) 
fut  appelé  au  posté  de  chef  de  l'état- 
major  général  de  l'armée  du  Danube, 
sous  les  ordres  de  Masséna.  Blessé 
grièvement  dans  une  des  actions  qui 
précédèrent  la  mémorable  bataille  de 
Zurich,  il  mourut  de  ses  blessures  le 
14  juin  1799.  Sa  mémoire  fut  honorée 
par  les  regrets  de  l'armée  et  du  corps 
législatif  de  France.  On  a  de  lui ,  entre 
autres  ouvrages,  un  Abrégé  chrono- 
logique d*édits,  déclarations  y  règle- 
ments y  arrêts  et  lettres  patentes  des, 
rois  de  France  de  la  troisième  race, 
concernant  le  fait  ds  noblesse;  Paris, 
1788,  in-12  :  c'est  un  code  de  jurispru- 
dence nobiliaire,  précédé  d'un  discours 
sur  l'origine  de  la  noblesse,  ses  diffé- 
rentes espèces ,  etc. 

Chébisey  (Louis,  comte  de) ,  né  à 
Metz,  en  1667,  d'une  famille  très-an- 
cienne, combattit  en  Allemagne  sous 
les  maréchaux  d'Asfeld  et  de  Coigny. 
En  1738,  Louis  XV  le  créa  lieutenant 
général  malgré  son  âge  avancé  ;  il  ser- 
vit encore  en  1742  et  1743,  signala 
son  courage  par  divers  faits  d'armes , 
fut  blessé  deux  fois  à  la  journée  d'Et- 
tingen,  et,  h  peine  guéri,  alla  com- 
mander sur  la  Sarre ,  sous  les  ordres 
de  Coigny,  puis  en  Flandre,  sous  le 
maréchal  de  Noailles.  Il  mourut  à 
Metz,  en  1750.. Ses  fils  et  petits-fils 
ont  tous  suivi  la  carrière  militaire;, 
Tun   de  ces  derniers,  maréchal  de' 

7. 


! 


100 


CHB 


L'UNIVERS. 


€HE 


camp  en  retraite,  a  commandé  un 
régiment  de  la  garde  royale;  l'autre, 
capitaine  d'état-major ,  a  donné  sa  dé- 
mission en  1880. 

Chbron  (Aug.-Athan.)f  acteur  de 
l'Opéra,. est  né  en  1760,  à  Guyancourt. 
Il  débuta  en  1779,  et  les  applaudisse- 
ments quMl  reçut  du  public  décidèrent 
sa  réception.  A  une  belle  voix  de  basse- 
taille,  Cbéron  joignait  une  figure  inté- 
ressante et  une  taille  majestueuse. 
Parmi  les  rôles  dans  lesquels  il  s'est 
distingué,  on  doit  citer  Agamemnon 
dans  Iphigénie  en  Aulide^  le  paclia 
dans  la  Caravane,  le  roi  d*Ormus 
dans  Tarare  y  et  surtout  Œdipe  à  Co- 
lone.  A  cette  époque,  l'art  ou  chant 
était  inconnu  en  France.,  et  l'on  criait 
bien  plus  qu'on  ne  chantait  :  Chéron, 
très-bon  musicien  et  possédant  une 
voix  facile,  commença  a  ne  plus  crier, 
et  c'est  à  ce  titre  surtout  qu'il  a  droit 
à  occuper  une  place  dans  rhistoire  de 
l'art.  Il  quitta  le  théâtre  en  1808  et 
mourut  en  1829. 

Chébon  (Elisabeth-Sophie),  peintre 
de  portraits,  naquit  à  Paris  en  1648. 
Fille  de  Henri  Chéron,  peintre  sur 
émail,  elle  dut  à  son  père  les  premières 
leçons  de  son  art  et  devint  bientôt  cé- 
lèljre.  Elle  fut  reçue  à  l'Académie  en 
1676,  et  mourut  en  1711.  Son  frère, 
Louis  Chéron  9  né  en  1660,  fut  aussi 
un  peintre  distingué.  II  fut  forcé,  en 
1696,  de  se  réfugier  en  Angleterre,  à 
cause  de  sa  religion ,  et  y  mourut  en 
1713.  On  voit  de  lui  de  beaux  plafonds 
au  château  de  Bou^ton. 

Chébub.in  (le  père),  capucin ,  né  à 
Orléans,  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  se  livra  à  la  culture 
des  sciences  exactes,  et  perfectionna 
divers  instruments  d'optique  et  d'a- 
coustique. On  voit  par  une  de  ses* 
lettres,  datée  du  27  février  1675,  que, 
dans  une  expérience  faite  en  présence 
de  Tun  des  généraux  de  son  ordre ,  il 
fit  «entendre  très -distinctement,  à 
A  quatre-vingts  pas  de  distance,  et 
«  discerner  les  voix  des  particuliers 
«  dans  une  multitude  qui  parlaient  en- 
«  semble,  quoique  dans  le  milieu  on 
«  ne  les  pût  aucunement  entendre ,  car 
«  ils  ne  parlaient  qu'à  voix  basse ,  et 


«  néanmoins  on  n'en  perdait  pas  tm 
«  syllabe.  »  Il  a  laissé  plusieurs  o\h 
vrages  estimés. 

Chbbubini  (  Marie-Louis-Cbarles» 
Zenobi-SalVador),  compositeur  de  mit 
sique,  est  né  à  Florence,  le  8  septei 
bre  1760  ;  il  apprit ,  dès  l'âge  de  ne 
ans,  les  règles  de  la  composition  soi 
Bartolomeo  Felici  et  sous  son  fils  AI 
sandro,  puis  il  passa  sous  la  directio| 
de  Pietro  Bizzari  et  celle  de  Giusepi 
Castucci.  En  1773,  c'est-à-dire  à  l'âj 
de  treize  ans ,  il  composa  et  fit  exé 
ter  une  messe  solennelle  et  un  intei 
mède,  et  à  dix-huit,  il  donna,  àl'i 
glise  et  au  théâtre,  plusieurs  ouvragi 
Le  grand-duc  de  Toscane  Léopbld 
protecteur  éclairé  des  beaux-arts,  1 
accorda  une  pension  en  1778,  poi 
qu'il  pût  aller  à  Bologne  étudier 
le  célèbre  Sarti.  Ce  fut  cet  babi 
maître  y  dont  il  suivit  pendant  quai 
ans  les  leçons,  qui  lui  donna  cette  pi 
fonde  connaissance  du  contre-noi 
qui  est  le  caractère  principal  de 
talent.  Chérubini  se  mit  entin  à  co 
poser.  Il  donna,  en  1780,  l'opéra 
Quinto  Fabio ,  à  Alexandrie  ;  en  17 
ceux  d'Jrmida,  de  Messenzioy  à* 
rence,  et  d'Jdriano  in  Stria,  à 
vourne;  en  1783,  Quinto  Faèio 
Sposo  di  tre  femine^  à  Rome;  en  17i 
Vidalide.  à  Florence,  et  Jlessan 
nelle  IncUe,  à  Mantoue.  M.  Chéru 
se  rendit  à  Londres ,  et  y  fit  exécu 
en  1785  et  1787,  la  Finta  Princii 
et  Giulio  Sabino.  Il  fut  bientôt  ap 
à  Turin ,  pour  écrire  une  Iphigéni 
AuUde,  Il  était  déjà  venu  à  Paris 
1786,  mais  il  ne  s'y  fixa  qu*à  son 
tour  de  Turin,  en  1788  :  ce  fut  al| 
qu'il  fit  la  musique  du  Démop 
Marmontel  pour  l'Opéra.  La  mon 
nie  générale  de  cette  œuvre  nuis 
son  succès,  et  le  Démophon  de  Y 
fit  bientôt  oublier  celui  de  Chérub 
Mais  on  établit,  en  1789,  un  oi 
italien  à  Paris;  la  troupe  était  exi 
lente  :  Chérubin!  en  devint  le  chef  d 
chestre,  et  lui  fit  représenter  plusi 
opéras  de  PaesieuOy  de  Cima 
etc.,  auxquels  il  ajouta  divers 
ceaux,  en  général  assez  goûtés; 
citerons  surtout  le  magnifique  qua 


CHE 


FRANCE. 


CHE 


101 


Cara^  da  voi  dipende,  dans  les  F'iag- 
giatorifelici;  mais  il  ii*osa  jamais  ris- 
qaer,  sur  ce  théâtre,  aucun  opéra  en- 
tier de  sa  façon ,  pas  même  un  seul  de 
ceux  qu'il  avait  composés  jadis  en  Ita- 
lie. Il  est  vrai,  que  Cimarosa  était  un 
I  rirai  redoutable.  Tout  à  coup ,  M.  Ché- 
nibini ,  sortant  de  la  route  des  grands 
(Dattres,  voulut  se  faire  novateur  :  la 
mélodie  était  usée ,  vieille  ;  elle  exige 
Dne  dépense  considérable  d'imagina- 
tion; le  révolutionnaire  employa  toute 
sa  science  à  développer  son  instrumen- 
tation, et,  en  substituant  à  la  mélodie- 
les  effets  bruyants  d'une  orchestration 
sarante,  il  assura  à  la  musique  d*e£fet 
un  triomphe  momentané  sur  la  musi- 
que de  sentiment.  Cette  révolution  fut 
commencée  par  son  opéra  de  Lo- 
d(Âska,  représenté  en  1791.  Déjà  Mo- 
tart,et  après  lui  MéhuI,  avaient  su 
tirer  parti  d'une  puissante  harmonie 
alliée  a  la  mélodie  ;  M.  Chérubini  n'in- 
ventait pas  en  cela  ;  il  donnait  seule- 
HMnt  plus  d'importance  à  l'harmonie; 
il  sacrifiait  l'art  à  la  science  ;  et  c'est 
a  cela  qu'il  nous  paraît  avoir  fait  un 
nal  considérable  à  l'école  sur  laquelle 
diaercé  une  longue  influence.  Ce- 

S^ant  le  public  n'était  pas  encore 
itué  à  ces  effets,  et,  en  général, 
fcsoovrages  de  M.  Chérùhini,  malgré 
h  science  profonde  qui  s'y  trouve, 
bmx  peu  goâtés  et  sont  a  peu  près 
Aobliés  aujourd'hui  :  ils  manquent  de 
Tflfve,  de  variété,  d'originalité.  l,a 
nélodie  y  est  nulle ,  ou  si  souvent  bri- 
.aée,  interrompue,  qu'on  ne  peut  la 
tuivre.  Cepenaant,  1  opéra  des  Deux 
Journées  f  joué  en  1800,  est  resté  au 
ïépertoire;  il  fut  proposé,  dans  le 
apport  sur  les  prix  décennaux,  en 
1810,  pour- une  .mention  honorable. 
Les  opéras  d'Élisa  (1795) ,  de  Mé- 
<we  (1797) ,  composés  d'après  le  sys- 
^e  de  musique  développé  dans  Lo- 
^ka ,  eurent  moins  de  succès, 
il.  Chérubini,  qui  n'était  encore  qu'ins- 
pecteur du  Conservatoire ,  ne  trouvant 
pas  sa  position  en  rapport  avec  sa  ré- 
putation, partit  alors  pour  l'Allema- 
pe.Il  se  rendit  à  Vienne  en  1805,  et 
V  fit  représenter  son  opéra  de  Fani»- 
^>qui  obtint  un  grand  succès.  Mais 


la  campagne  d'Austerlitz  changea  sa 
position  en  Autriche  :  il  fut  obligé  de 
revenir  à  Paris.  [Napoléon ,  qui  ne  l'ai- 
mait pas ,  le  laissa  de  côté.  En  vain 
écrivit-il  sa  partition  de  Pîmmo^/ione 
(1809),  l'empereur  ne  lui  donna  aucun 
encouragement.  Il  se  retira  alors  au- 
près du  prince  de  Chimay,  chez  leauel 
il  composa  sa  messe  en /or.  M.  Chéru- 
bini, s'écartant  de  toutes  les  tradi- 
tions reçues,  voulut,  a-t-on  dit,  que 
sa  musique  exprimât  le  sens  drama- 
tique des  paroles  ;  mais  cette  innova- 
tion est,  suivant  nous,  un  résultat 
déplorable  :  ce  fut  de  confondre  deux 
genres  très-différents,  la  musique  dra- 
^matique  et  la  musique  religieuse. 

La  restauration  valut  à  M.  Chéru- 
bini le  titre  de  professeur  au  Conser- 
vatoire, en  1816,  celui  de  surinten- 
dant de  la  musique  du  roi ,  la  même 
année;  enfin,  celui  de  directeur  du 
Conservatoire,  en  1822.  Il  avait  été 
nommé  en  1814  membre  de  l'Institut. 
Depuis  cette  époque,  M.  Chérubini  a 
peu  travaillé  pour  le  théâtre  :  son  der- 
nier ouvrage  a  étéÂli-Baba,  joué  en 
1833  et  accueilli  froidement.  Il  a  pré- 
féré composer  des  œuvres  religieuses 
en  assez  grand  nombre,  notamment  ' 
la  messe  du  Sacre  de  Charles  X, 

Chervin  (Nicolas),  né  à  Saint-Lau- 
rent d'Oingt,  vers  1785,  après  avoir 
fait  ses  études  au  collège  de  Villefran- 
che,  se  rendit  en  1805  à  Lyon,  où  il 
commença  ses  études  médicales.  Dès 
1809,  Chervin  voulut  passer  dans 
l'Inde,  par  terre,  à  cause  du  blocus 
continental ,  dans  le  but  d'observer  le 
choléra-morbus.  Désirant  aussi  étudier 
par  lui-même  la  fièvre  jaune,  il  s'em- 
barqua le  3  novembre  18i4,  et  arriva 
à  la  Guadeloupe  le  15  décembre,  cinq 
jours  après  la  prise  de  possession  de 
cette  île  par  les  troupes  françaises.  La 
fièvre  jaune  n'y  exerçait  plus  ses  rava- 
ges ,  mais  il  put  y  recueillir  des  rensei- 
gnements précieux  sur  les  épidémies 
antérieures.  Au  printemps  de  1816,  la 
maladie  reparut;  bornée  d'abord  à 
quelques  individus,  elle  finit  par  mois- 
sonner la  plupart  des  Européens,  y 
compris  la  garnison.  Le  docteur  Cher- 
vin se  multiplia;  il  vit  tout ,  connut 


foi 


CHÊf 


L'UNI  VERfe, 


tttE 


tout ,  et  en  moins  de  quinze  mois  il 
ouvrit  plus  de  cinq  cents  cadavres  à 
la  Pointera* Pitre.  Non  content  des 
faits  qu'il  a  ainsi  recueillis,  il  recom- 
mence de  nouvelles  études  :  il  parti 
▼isite  tous  les  lieux  où  la  fièvre  jaune  a 
régné ,  se  rend  dans  ceux  qu'elle  ra- 
vage, recueille  partout  les  opinions, 
de  quelque  part  que  ce  soit;  et,  chargé 
de  cet  inappréciable  travail ,  fl  rentre 
dans  sa  patrie  après  huit  années  de 
courses  et  de  périls,  apportant  avec 
lui  les  opinions  de  plus  de  six  cents 
médecins  américains  sur  la  contagion 
ou  la  non-contagion  de  la  fièvre  jaune. 
Parti  de  la  Guadeloupe  en  1822,  il  ap- 
prend, en  arrivant  en  France,  quek» 
lièvre  jaune  vient  de  ravager  l'Espa- 
gne, alors  en  révolution,  et  le  9  mai 
1823  il  arrive  à  Madrid.  Après  cette 
nouvelle  excursion ,  ces  nouvelles  dé- 
penses ajoutées  à  tant  d'autres,  le  doc- 
teur Chervin  revint  à  Paris.  Un  corps, 
placé  par  son  élévation  même  au-des- 
sus de  toutes  les  coteries ,  de  tous  les 
préjugés ,  l'Institut,  a  honoré  ses  tra- 
vaux du  seul  prix  qu'il  fût  libre  d'ac- 
corder à  de  semblables  sacrifices.  L'A- 
cadémie des  sciences  lui  a  décerné ,  en 
1828 ,  le  prix  de  dix  mille  francs. 

Cheby  (Philippe),  peintre  d'histoire," 
naquit  à  Paris ,  le  15  février  1759.  Ses 
,  parents  virent  avec  regret  son  goût 
décidé  pour  les  arts  ;  toutefois  ils  con- 
sentirent à  le  placer  chez  Yien.  Bien 
qu'il  n'eût  alors  que  quatorze  ans ,  il 
comprit  que  l'instruction  était  le  plus 
utile  auxilâire  de  l'art ,  et  il  entreprit 
de  refaire  ses  études.  Il  passait  les  jours 
à  peindre  et  consacrait  une  partie  des 
nuits  à  étudier  le  grec  et  le  latin ,  et 
bientôt  il  put  lire  dans  leur  langue  les 
écrivains  d'Athènes  et  de  Rome.  Son 
premier  ouvrage  fut  une  Annoncia* 
tion ,  qui  attira  sur  lui  l'attention  de 
l'Académie  ;  quelques  ^  autres  sujets 
religieux  traités  par  lui ,  entre  autres 
une  Décollation  de  saint  Jean ,  pour 
l'église  de  Carantan ,  fixèrent  sa  répu- 
tation. 

Sa  fortune  lui  permettai  de  travailler 
pour  la  sloire  seule.  Le  marquis  de  la 
Villettejui  commanda  un  Martyre  de 
saint  Etienne ,  qu'il  devait  lui  payer 


trois  mille  francs.  L'àtti'ste  tfépargiiâ 
rien,  ni  temps  ni  travail.  «  \m 
«t  dépensez  plus  que  je  ne  vous  donner 
«  lui  dit  un  jour  le  marquis.  —  Qu'im- 
ft  porte  ?  l-épondit  le  peintre,  je  ne  me 
41  suis  pas  engagé  à  vous  rendre  Jastê 
«  la  monnaie  de  vos  mille  écus?  » 

Vien ,  de  retour  de  Rome^  vint  voir 
son  ancien  élève  et  le  trouva  terminant 
ce  tableau ,  dont  il  fut  tellement  sa- 
tisfait ,  qu'il  engagea  le  jeune  artiste) 
se  présenter  à  l'Académie  pour  s'y  ûiiré 
admettre  comme  agréé.  Mais  Chéry 
voulant  mériter  cette  distinetiofi  paf 
des  travaux  plus  importants,  composi 
sa  Mort  d'Alcibiaae,  dont  l'esquisie 
fut  mise  par  Yien  sous  les  yeux  dl 
TAcadémie.  Cette  société ,  confirmant 
toutes  les  espérances  du  jeune  bomnM^ 
arrêta  que  ce  sujet  serait  traité  par  Irà 
sur  une  toile  de  grande  dimension.  Gl  : 
tableau ,  rapidement  terminé ,  fijt  cl* 
posé  ati  salon  de  1791  et  placé  sous  II 
n'  1".  Il  n'est  paâ  inutile  de  rappdtf 
ici  que  ce  n»  1*'  était  Une  distinction 
ordinairement  attribuée  au  premitf 
peintre  du  roi.  Vien  étant  alors  reyétt 
de  ce  titre,  Chéry  se  défendit  d'ttl 
honneur  qui  lui  semblait  un  empiâ6^ 
ment  sur  les  droits  de  son  maître.  4  . 
TAcadémie ,  charmée  de  cette  mow- 
tie ,  le  nomma  agréé. 

Cependant  la  révolution  avait  co# 
mencé  ;  Chéry ,  plein  d'entbousiastté 
pour  la  liberté  et  nourri  de  Tbistoifè 
des  républiques  anciennes ,  accepta  M 
idées  nouvelles  avec  ardeiir  ;  il  ootiSi^ 
cra  son  talent  et  sa  vie  au  triompM 
de  cette  cause. 

Au  14  juillet ,  il  marcha  contre  a 
Bastille  à  Ta  tête  d'une  compagnie  A 
gardes  françaises  qui  l'avait  cbow 
pour  son  chef.  Il  monta  à  l'assaut  ftà  * 
des  premiers.  Blessé  à  la  tête,  ilivt 
obligé  de  subir  l'opération  du  trépat. 
A  peine  guéii ,  il  partit  comme  voicHh 
taire  et  gagna  les  épaulettes  de  cap^ 
taine  sur  le  champ  de  bataille.  D> 
retour  à  Paris ,  il  fut  nommé  membit 
de  la  Convention  et  fit  partie  du  pï*' 
mier  comité  de  salut  public.  CompW* 
rais  dans  l'affaire  du  duc  d'OrléansJI  | 
fut  a^rêté  et  ne  recouvra  la  libei» 
qu'après  le  9  thermidor. 


CKE 


FRANGE. 


108 


Des 


Le  gouTefnement  ouyrit,  en  17d4, 
.  m  concours  entre  les  artistes  ;  chacun 
avait  le  eboix  du  sujet.  Ghéry  peignit 
un  soidai  s'élançant  aurdevant  aun 
tovp  de  sabre  destiné  à  son  générai ^ 
épisode  des  guerres  de  la  Vendée.  Il 
obtint  le  second  prix  ;  le  premier  avait 
^  été  décerné  à  Gérard.  Ghery  avait  tou- 
jours compris  noblement  et  la  révolu* 
tion  et  rinfluence  sociale  des  beaux-arts. 
Aussi  le  Directoire  qui ,  comme  toufe 
nos  gouvernements  révolutionnaires^ 
comprit  très-bien  Taction  qu'un  ausbi 
lissant  moyen  pouvait  exercer  sur 
I  masses,  le  chargea  de  faire  un  ta- 
ieau  dont  le  but  était  de  ramener  le 
uple  au  calme  et  au  respect  des  lois, 
'artiste  peignit  Charondcts  mourant 
ur  donner  l'exemple  de  ce  respect, 
tableau  fut  exposé  en  plein  air  sur 
place  Vendôme,  devant  Thôtel  du 
inistre  de  la  justice.  L'artiste  fut 
osûite  nommé  maire  de  Gharonne  et 
«  Bellerille,  puis  chef  de  la  police 
'rite  et  militaire  dans  le  département 
la  Seine.  Au  18  brumaire,  il  somma^ 
après  les  ordres  du  Directoire,  le 
J  Bonaparte  de  venir  rendre 

r!  de  sa  conduite.  Mais  celui-ci , 
faisant  mettre  hors  la  loi,  lé 
à  prendre  la  fuite  :  quant  au 
ibfeau  de  Gharondas ,  il  fut  mis  en 


L'orage  passé,  Ghéry  rentra  dans 

[ans  et  exposa,  en  1802,  .^^rcwre 

mant  amoureux  d^ Hersé  (tableau 

est  passé  en  Angleterre) ,  et  un 

VDid  jouant   de  la  harpe  devant 

L  En  1803 ,  un  concours  eut  lieu 

)ar  la  repr^entation  de  la  paix  d'A- 

liens.  «  Ghéry,  dit  M.  Huàrd ,  qui 

lavait  célébré  en  vers  cet  événement, 

insporta  son  poëme  sur  la  toile, 

sa  composition  obtint  le  prix,  ri 

1804 ,  il  fit  plusieurs  tableaux  re- 

mi,  et,  en  1806,  plusieurs  por- 

n'ts  de  personnages  célèbres.  En 

112,  il  exposa  la  Naissance  et  la  Toi* 

de  Fénus.  La  même  année,  le 

l^overnement  le  chargea  de  représen- 

r  la  distribution  dés  récompenses 

[iiitaires ,  faite  par  Tf apoléon  sur  le 

tianip  de  bataille  d'Iéna.  L'empereur, 

titisâk  du  tableau,  en  demanda  une 


copie  réduite  pour  son  cabintit.  La 
chute  de  l'empereur  suspendit  oe  tra- 
vail et  le  tableau  fut  détruit;  aussi 
Ghéry  disait-il  :  «  Je  compte  les  évé- 
«  nedfients  politiques  par  mes  tableaux 
*  crevés.  » 

Ghéry  s'était  montré  trop  patriote 
pour  ne  pas  être  persécuté  par  la  res- 
tauration. Il  fut  arrêté  en  tSlô  et  eut 
beaucoup  de  peine  à  recouvrer  la  li- 
berté. Lorsque  la  révolution  de  1830 
arriva,  fidèle  à  ses  souvenirs,  le  vieux 
peintre  fit  son  tableau  (aujourd'hui  en 
Angleterre)  de  Thrasybule  rendant 
au  peuple  d Athènes  ses  lois  démo- 
cratiques.  Mais  la  fortune  continua  à 
lui  être  contraire  :  oublié  et  pauvre, 
Ghéry  vivait  du  produit  de  quelques 
leçons  :  dans  l'hiver  de  1888,  il  était 
malade  et  sans  bols.  Un  faible  secours 
qu'il  reçut ,  après  l'avoir  demandé  au 
roi  Louis-Philippe,  dont  il  avait  es- 
sayé jadis  de  sauver  le  père  au  péril 
de  sa  Tie,  vint  adoucir  ses  derniers 
moments.  Il  mourut  le  28  février  1838, 
pauvre  et  fier  de  la  carrière  qu'il  avait 
parcourue. 

Ghesapeàk  (combat  de).-— Une  es^ 
cadre  française ,  commandée  par  Des-* 
touches ,  capitaine  de  vaisseau ,  appa<< 
reilla  de  New-Port  le  8  mars  1781. 
Elle  était  composée  de  sept  vafsseaux 
de  ligne,  du  Romukts  de  quarante* 
quatre  canons ,  pris  aux  Anglais ,  e^ 
^une  frégate.  A  son  bord  se  trouvaient 
mille  hommes  de  troupes  de  terre, 
commandées  par  M»  de  Vioménil.  Le 
16  mars  on  découvrit,  près  de  la  baie 
de  Ghesapeàk,  une  escadre  anglaise 
croisant  dans  ces  parages;  quoique 
l'infériorité  du  nombre  tut  du  côté  de 
l'escadre  française ,  Destoucbes  donna 
ordre  de  se  former  aussitôt  en  ligne 
de  bataille  et  d'attaquer  les  Anglais. 
Le  feu  commença  de  part  et  d'autre 
avec  vivacité.  La  liardiesse  et  l'habileté 
des  manœuvres  du  commandant  fran«> 
cais  eurent  un  p^ein  succès  sur  la  tête 
oe  la  ligne  ennemie  comme  à  l'arrière* 
earde.  A  deux  heures  trois  quarts  le 
feu  ayant  cessé  de  part  et  d'autre ,  les 
Français  se  trou  vaut  en  avant  et  sous 
le  vent  des  Anglais ,  Destouches  or-* 
donna  de  rétablir  l'ordre  de  bataille  9 


104 


L'UNIVERS. 


CHB 


mais  les  Anglais  ne  crurent  point  de- 
voir courir  les  risques  d'ug  second 
engagement  et  se  retirèrent. 

—  Après  la  prise  de  Tabago ,  le 
comte  de  Grasse,  commandant  la  flotte 
des  Antilles ,  dont  Rocliambeau  avait 
réclamé  Tassistance-,  vint,  le  30  août 
1782 ,  mouiller  avec  vingt  et  un  vais- 
seaux ,  dans  la  baie  de  Chesapeak. 
Ayant  pris  position  à  rentrée  des  ri- 
vières de  James  et  d'York,  il  informa 
de  son  arrivée  les. généraux  des  ar- 
mées combinées,  et  débafrqua  3,500 
hommes  qu*il  avait  amenés  du  Cap. 
Pendant  qu'il  attendait  le  retour  de 
ses  embarcatiops,  sa  frégate  de  décou- 
verte signala  vingt-sept  voiles  enne- 
mies ,  se  dirigeant  vers  la  baie.  Le 
comte  de  Grasse  ordonna  alors  de  se 
tenir  prêt  à  combattre  et  à  appareil- 
ler. Vers  midi,  la  marée  lui  permit  de 
former  une  IJgne  de  vitesse,  et  les  ca- 
pitaines obéirent  avec  tant  de  célérité, 
que,  malgré  Tabsencede  quinze  cents 
hommes  et  de  quatre-ving-dix  ofOciers, 
employés  au  débarquement  des  trou- 
pes ,  Tarmée  navale  fut  en  moins  de 
trois  quarts  d'heure  sous  voiles  et  en 
ligne.  Le  combat  s'engagea  par  un  feu 
très-vif  à  j'avant-garde  ;  il  dura  jus- 
qu'au coucher  du  soleil.  Plusieurs 
vaisseaux  furent  très  -  endommagés  , 
mais  la  victoire  resta  indécise. Pendant 
quatre  jours  de  suite  les  deux  flottes 
demeurèrent  en  présence  sans  pouvoir, 
à  cause  des  mauvais  temps,  recom- 
mencer la  bataille^  Enfin  M.  de  Grasse, 
craignant  d'être  devancé  dans  la  baie, 
prit  le  parti  de  s'y  rendre. 

Chessb  (Robert) ,  gardien  des  cor- 
deliers  du  temps  de  la  Ligue,  se  déclara 
tout  à  coup  ennemi  forcené  de  Hen- 
ri IV,  après  la  mort  de  Henri  III.  Son 
ordre  l'ayant  envoyé  en  qualité  de 
gardien  des  cordeliers,  à  Vendôme ,  il 
contribua,  lorsque  cette  ville  eut  été 
livrée  au  duc  de  Mayenne,  à  soutenir 
l'exaltation  des  habitants.  Le  roi  vint 
en  faire  le  siège  au  mois  de  novembre 
1Ô89 ,  et  l'emporta  d'assaut.  Chessé 
fut  saisi  dans  la  chaire  même  de. 
Saint-Martin,  et  pendu  à  l'instant  par 
les  soldats  du  duc  de  Biron.  Voyant 
qu'on  manquait  de  cordes  ,  il  détacha 


lui-même  celle  qui  lui  servait  de  ceio- 
ture,  pour  aider  à  son  supplice.  Les 
cordeliers  le  regardèrent  comme  un 
saint  et  un  martyr.  En  1789 ,  sa  têle 
était  encore  attachée  à  la  tribune  de 
l'orgue  de  l'église  de 'Saint-Martin. 

Cheyâgb  (droit  de). — On  appelait 
ainsi  un  droit  de  douze  deniers  parisis 
qui ,  dans  quelques  provinces ,  se 
payait  tous  les  ans  au  roi ,  par  les  bâ- 
tards et  aubains  mariés  qufy  étaient 
établis.  Ceux  qui  payaient  le  droit  de 
chevage  étaient  appelés  chevagiers. 

Cheval.— Les  Gaulois  avaient  une 
haute  estime  pour  les  chevaux.  Ordi- 
nairement beaucoup  plus  forts  en  ca- 
valerie qu'en  infanterie,   ils  étaieut 
fort  adroits  dans  les  combats  à  cbe?a}. 
Les  Francs ,  dont  la  principale  force 
consistait  en  infanterie,  n'employaient 
guère  de  chevaux  dans  les*  batailles, 
mais  ils  en  faisaient  un  grand  usage  à 
la  chasse,  dans  les  voyages  et  dans  les 
cérémonies  publiques;  ils  se  piquaient 
sur  ce  point  d'un  luxe  qui  ne  le  cédait* 
point  à  celui  des  Romains.  Ils  coih  ^ 
vraient  leurs  montures  de  riches  cafMK 
raçons  chargés  de  broderies  d'or  et': 
d'argent,  et  même  de  pierreries.  Rid»»/ 
mer,  jeune  seigneur  franc,  étant  venu" 
en  Gaule  visiter  le  préfet  de  l'Auvei^ 
gne ,  fît  le  voyage  avec  un  appareil 
magnique  dont  la  description  se  trouTe^ 
dans  la  deuxième  épître  de  Sidoine*. 
Apollinaire,  adressée  à  son  ami  Domi* 
tius  :  «  Que  je  regrette  ,  dit-il ,  qoe^ 
«  vous  n'ayez  pas  été  témoin  du  su* 
«  perbe  cortège  du  jeune  Ricimer  et 
«  de  son  équipage  à  la  manière  bar- 
«  bare...  Son  cneval  était  cou  vert  d'une 
«  housse  magnifique  ;  un  grand  nom* 
«  bre  de  chevaux  de  main,  sur  lesquels 
«  brillaient  des    pierres   précieuses, 
«  précédaient  et  couraient.  »  Ce  luxe 
de  pierreries  ornant  les  harnais  def 
chevaux    devait   faire  d'autant  plus 
d'impression  sur  les  Gallo  Romains 
qu'il  était  prohibé  chez  eux  par  une  loi 
expresse. 

La  considération  dont  le  cheval 
jouissait  chez  les  Gaulois  et  chez  les 
Francs,  était  souvent  funeste  à  ee  no- 
ble animal.  Lorsque  son  maître  était  ' 
mort ,  on  regorgeait  sur  sa  tombe  et  i 


FRANCE. 


CHE 


JOS 


M  Teifteirrait  dans  sa  fosse ,  souvent 
iTec  le$  serviteurs  qui  avaient  été 
chargés  de  lai  donner  leurs  soins.  Dans- 
k  tombeau  découvert  à  Toumay ,  en 
1653,  et  que  l'on  croit  être  celui  de 

IChiidéric ,  père  de  Clovis ,  on  trouva , 
avec  les  ornements  en  or  et  les  véte- 
ineots  du  défunt,  des  harnais ,  la  tête 
d'uo  cheval,  et  les  ossements  de  deux 
hoinmes  immolés  aussi ,  sans  doute , 
pour  lui  continuer  leurs  soins  dans 
l'autre  monde. 

Après  la  conversion  de  Clovis ,  on 
n'immola  plus  les  chevaux  sur  la  tom- 
itt  des  guerriers,  mais  ils  continuèrent 
à  figurer  dans  les  cérémonies  des  fu- 
nérailles, et  telle  est  Torigine  de  Tu- 
sage  où  Ton  est  encore  de  nos  jours , 
de  mener,  à  la  suite  du  char  funèbre 
d'un  officier  général  ;  son  cheval  de 
^taille  couvert  d'un  caparaçon  noir. 
Insensiblement,  et  à  mesure  que  la 
fosion  s'opéra  entre  les  diverses  po- 
potations  qui  habitaient  la  Gaule,  on 
•ploya  les  chevaux  à  la  guerre  ;  Tu- 
lage  en  devint  même  si  général,  qu'au 
'^yen  âge  la  noblesse  ne  voulut 
ijtti  combattre  qu'à  cheval.  Alors  les 
y'Wtt  furent  classes,  et  reçurent 
«WBes  destinations  et  divers  noms  : 
i^Jestiers  ou  dextriers  et  les  pale- 
/^ forent  réservés  pour  les  tournois 
<tle8  batailles.  La  Castille  et  le  Da- 
^^fL  fournissaient  les  meilleurs. 
J*&haquenées  servaient  aux  prome- 
~  ies^  quelquefois  aux  voyages,  et 
ient  surtout  la  monture  des  fem- 
•  L'humble  roussin  ou  ronsin  avait 
r  destination  de  porter  les  baga- 
p;  c'était  de  la  Bretagne  que  1  on 
itles  plus  vigoureux.  Ce  modeste 
utile  serviteur  était  souvent  l'objet 
ofle  redevance  féodale  que  les  vas- 
Qx  étaient  tenus  de  payer  à  leur  sei- 
r,  dans  certains  cas  prévus  par  la 
^i;  On  l'appelait  alors  ronsin  de  ser- 

Pour  quelque  raison  qu*un  homme 

noble  race  montât  à  cheval ,  il  ne 

[^Mvait  chevaucher  juc  sur  un  cour- 

^it  que  le  fer  avait  respecté.  Con- 

fiiner  un  chevalier  à  monter  un  che- 
N  bongre  ou  une  iument,  c'était  le 
'^Kgrader  et  l'assimiler  à  un  vilain,  à 


2ui  toute  autre  monture  était  inter- 
ite. 

Monter  un  cheval  Manc  était  une 
prérogative  qui  n'appartenait  qu'aux 
rois ,  '  et  que  ceux-ci  n'accordaient 
qu'aux  hogimes  d'un  rang  au  moins 
égal  au  leur  et  qu'ils  voulaient  hono- 
rer. Lorsque  Manuel  Paléologue,  em- 
pereur de  Constantinople ,  vint  en 
France  pour  implorer  les  secours  de 
la  chrétienté  contre  Bajazet,  Char- 
les YI,  gui  alla  à  sa  rencontre,  le  3  juin 
1400,  jusqu'au  pont  de  Charenton, 
accompagné  de  trois  cardinaux  et  d'un 
grand  nombre  de  ducs ,  comtes  et  ba- 
rons ,  lui  fit  donner  un  cheval  blanc 
pour  faire  son  entrée  dans  Paris,  hon- 
neur que  son  père,  Charles  Y,  avait 
refusé  à  l'empereur  d'Allemagne. 

C'était ,  de  la  part  d'un  chevalier , 
une  grande  preuve  de  fofce  et  d'agi- 
lité que  de  s'élancer ,  armé  de  toutes 
pièces,  sur  son  destrier  dont  un  écuyer 
tenait  la  bride.  Mais  comme  il  n'était 
pas  donné  à  tout  le  monde  de  faire  de 
ces  tours  de  vigueur  et  d'adresse ,  on 
dressait^  le  long  des  routes ,  des  bor- 
nes en  pierre  et  de  peu  de  haujteur 
ai^pelées  montouers ,  et  qui  servaient 
aux  vieillards  et  aux  femmes  pour  se 
placer  sur  leur  haquenée.  Dans  plu- 
sieurs rues,  du  Marais ,  à  Paris ,  on 
trouve  encore  j,  à  la  porte  des  anciens 
hôtels,  de  ces  bornes  qui  aidaient  aux 
magistrats  du  parlement  et  des  cours 
souveraines  à  enfourcher  la  mule  pa- 
cifique sur  laquelle  ils  se  rendaient  au 
Palais.  (Voyez  Sautoibs  et  Ëtrtebs.) 

L'usage  de  monter  deux  sur  le  même 
cheval  fut  très-fréquent  au  moyen 
âge  :  Charles  YI  était  monté  sur  le 
même  cheval  que  son  favori  Savoisy, 
lorsqu'il  lui  prit  envie,  en  1389,  cle 
voir,  comme  simple  particulier,  l'en- 
trée de  sa  femme  Isabelle  à  Paris ,  et 
l'histoire  rapporte  qu'il  reçut  de  bons 
coups  de  homaie  des  sergents  chargés 
de  maintenir  l'ordre  parmi  le  popu- 
laire qu'avait  attiré  ce  spectacle.  La 
reine  LIisabeth  d'Angleterre  paraissait 
en  public  sur  le.  même  cheval  qu'un 
de  ses  grands  officiers ,  et  assise  der- 
rière lui.  Au  dix-septième  siècle  encore, 
on  offrait  à  la  personne  que  l'on  ren- 


108 


L'UiaVERS. 


CKE 


eontràit  à  pied,  et  que  Ton  respectait, 
la  croupe  au  cheval  ou  de  te  mule  que 
Ton  montait,  ist  c'était  une  politesse 
exquise. 

Les  chevaux  furent  quelquefois  em* 
ployés  comme  moyen  de  supplice.  On 
dit  que  la  reine  Brunehaut  fut  atta- 
chée à  la  queue  d'une  cavale  indomp*» 
tée ,  qu'ensuite  on  lança  à  travers  les 
rochers  et  les  broussaillles  où  elle  mit 
en  pièc^  le  corps  de  cette  prmcesse. 
L'écartèlement  d  un  criminel  se  faisait 
au  moyen  de  quatre  chevaux;  c'était 
le  suppliée  réservé  au  régicide  :  ce  fut 
celui  que  souffrit  Damiens.  (Yoy.  Gà* 

VALBUIB,  RAfiÀS.) 

CHEVALsaiE.  —  «  C'est ,  dit  M.  de 
Sismondi,-un  caractère  très-frappant 
de  la  révolution  qui  donna  le  trône  de 
France  à  la  maison  capétienne,  que  le 
progrès  graduel,  mais  constant,  de  la 
nation,  et  la  décadence  simultanée  de 
ta  race  royale.  Au  fondateur  de  la  dy- 
nastie nouvelle  succèdent,  dans  un 
ordre  régulier,  son  fils ,  son  petit-fils , 
son  arrière-petit-tils  ;  chacun  de  leurs 
longs  règnes  embrasse  toute  une  gé- 
nération ;  tout  un  siècle  se  passe ,  et 
leur  domination  s'affermit;  cependant 
ils  n'ont  fait ,  durant  ce  long  temps , 
que  sommeiller  sur  le  trône  :  ils  n'ont 
montré  que  faiblesse ,  amour  du  repos 
ou  ^mour  des  plaisirs  ;  ils  ne  se  sont 
pas  signalés  par  une  seule  grande  ac'- 
tion.  La  nation  française,  au  contraire, 
qui  marque  Ses  fastes  par  les  époques 
de  leur  règne,  s'agrandit  et  s'enno- 
blit d'année  en  année ,  acquiert  à  cha- 
que génération  des  vertus  nouvelles , 
et  devient,  à  la  fin  de  cette  même  pé- 
riode, l'école  d'héroïsme  de  tout  l'Oc- 
cident, le  modèle  de  cette  perfection 
presque  idéale  qu'on  désig^ne  par  le 
nom  de  chevalerie,  et  que  les  guerres 
des  croisés,  les  chants  des  troubadours 
et  des  trouvères,  et  les  rotnans  même 
des  nations  voisines  rendirent  propres 
à  la  France  (*).  » 

La  chevalerie  brillait  de  tout  son 
éclat  au  temps  de  la  première  croi- 
sade ,  c'est-à-dire .  sous  le  règne  de 
Philippe  1er;  mais  à  -quelle  époque 

O  Histoire  des  Français,  t.  IT,  p.  197. 


avait  commencé  cette  grande  inUt» 
tion?  Cette  question  a  embarrassé 
tous  les  historiens,  et  aucun  n'a  pu  h 
résoudre  d'une  manière  satisfaisattti 
Chez  des  peuples  naturellement  ^ 
riers,  comme  les  barbares  qui  vidr^nt^ 
à  l'époque  des  grandes  invasiODs ,  n- 
tremper  la  nationalité  gauloise  et 
donner  leur  nom  à  la  France,  la  prf^ 
mière  prise  d'armes  devait  être  M 
brée  par  d'imposantes  cérémonies. 

«  Il  est  d'usage,  dit  Tacite,  eu  fs^ 
lant  des  Germains ,  qu'aucun  d^eax  oe 

Ï)renne  les  armes  avant  que  la  tril^ 
'en  ait  jugé  capable.  Alors ,  dansfl 
semblée  même,  un  des  chefs,  oa 
père,  ou  un  parent,  revêt  le  jeu 
homme  de  l'écu  et  de  la  framée.  Gt 
là  leur  toge;  c'est  chez  eux  le  prein^ 
honneur  de  la'  jeunesse.  Avant  gT'^ 
cérémonie,  ils  ne  paraissent  être 
des  membres  de  la  famille,  alors 
deviennent  membres  de  larépubliqal 
Ainsi,  chez  les  anciens  Germaios 
chez  les  Francs ,  la  prise  d'armes  ' 
un  acte  national,  une  cérémoaie 
blique.  Cette  coutume  ne  périt 
avec  l'invasion;  Charlemagne  eein 
solennellement  l'épée  à  son  fils ,  ~ 
le  Débonnaire ,  et  celui-ci  conféra 
même  honneur,  avec  le  même 
monial,  à  Charles  le  Chauve,  en 

Mais  bien  qu'on  ait  dû  puiser  A 
ces  cérémonies  l'idée  de  celles  quij 
rent  plus  tard  en  usa^e  pour  coi 
l'ordre  de  la  chevalerie,  on  ne  p 
voir  l'origtoe  de  cette  institution 
même.  Ce  sont  les  maux  extrêmes 
font  trouver  les  remèdes  destioél 
les  combattre;  c'est  au  milieu  de 
narchie  et  des  désordres  qui  si^ 
rent  l'établissement  de  la  l^odi 
que  dut  naître  la  chevalerie.  «  La 
sécration  des  armes  de  la  noble 
devenue  la  seule  force  publique,^ 
défense  des  opprimés,  en  rut  l'I 
fondamentale.  A  une  époque  où  lei 
religieux  se  ranimait,  où  cependanij 
valeur  semblait  être  la  plus  digne  ^ 
toutes  les  offrandes  qu^on  pût 
ter  à  la  Divinité,  il  n'est  pas 
qu'on  ait  inventé  une  ordination 
taire  à  l'exemple  de  l'ordination  Si 
dotale ,  et  que  la  chevalerie  ait 


petffj 


CO& 


FRANCE. 


a» 


dMiècoDde  prêtrise,  destinée  d*une 

ÎIflière  plus  active  au  âervice  divin, 
et  probable  aussi  (^tie  le  culte  <jle  la 
Ikip  Marie,  qui  retri^la^it  presque 
^i  de. la  Divinité,  et  qui  accoutu- 
à  tourner  les  regards  de  la  piété 
Pimage  d'une  jeune  et  belle  femme, 
ibaa  à  donner  à  la  défense  du 
le  plus  faible,  et  à  Tamour,  ce 
Itère  religieux  qui  distingue  la 
literie  du  moyen  âge ,  de  celle  des 
iS  temps  héroïques  (*).» 
Tordre  de  chevalerie  était  en  effet 
engagement  religieux  autant  que 
"Ire;  il  ne  pouvait  être  conféré 
infidèles ,  et  c^étàit  à  Dieu  et  aux 
8  que  le  chevalier  se  dévouait  par 
eérémonies  mystiques, 
jeune  homme,  Técuyer  qui  aspi- 
au  titre  de  chevalier ,  était  d*a- 
dépouillé  de  ses  vêtements ,  et 
au  bain ,  symbole  de  purification. 
.Bain.)  Au  sortir  du  bain,  on 
pTétait  d'une  tunique   blanche, 
lé  de  pureté  ;  d'une  robe  rouge , 
lie  du  sang  qu'il  était  tenu  de 
re  pour  le  service  de  la  foi; 
f  fciye  ou  justaucorps  noir ,  sym- 
ti  la  mort  qui  l'attendait ,  ainsi 
les  hommes. 

purjfié  et  vêtu,  le  récipien- 
observait  pendant  ving- quatre 
i  un  jeûne  rigoureux.  Le  soir 
i ,  Il  entrait  dans  l'église  et  y  pas- 
la  nuit  en  prières ,  quelquefois 
(quelquefois  avec  un  prêtre  et  des 
uns  qui  priaient  pour  lui  ;  c'était 
leFon  appelait  la  veille  des  armes, 
lendemain  ,  son  premier  acte 
la  confession  ;  après  guoi  le  prê- 
li  donnait  la  communion  ;  puis  il 
tait  à  une  messe  du  Saint-Esprit, 
[Ohlinairement  à  un'  sermon  sur  les 
)îfs  des  chevaliers  et  de  la  vie  nou- 
où  il  allait  'entrer.  Le  sermon 
i)  le  récipiendaire  s'avançait  vers 
si,  l'épée  de  chevah'er  suspendue 
cou  ;  le  prêtre  la  détachait ,  la 
sait  et  la  lui  remettait  au  cou. 
[técipiendaire  allait  alors  s'agenouil- 
devant  le  seigneur  qui  devait  l'ar- 
*■  chevalier  :  «  A  quel  dessein ,  lui 

ISismondi ,  Histoire  des  Français,  t.  lY, 
loi. 


«  demandait  le  seigneur.,  désiréz-yoâs 
«  entrer  dans  J'ordre  ?  si  c'est  pour 
a  être  riche ,  pour  Vojlis  reposer  et  être 
«  honoré  sans  faire  honnemr  à  la  che- 
ft  Valérie,  vous  en  êtes  indigne,  et  se- 
«  riez  à  l'ordre  de  chevalerie  que  vous 
«  recevriez ,  ce  que  le  clerc  simonia- 
«  que  est  à  la  prélature.  »  Et  sur  la 
réponse  du  jeune  homme ,  qui  promet- 
tait de  se  bien  ac^uitteir  des  devoirs 
de  chevalier ,  le  seigneur  lui  accordait 
sa  demande. 

Alors  s'approchaient  des  chevaliers 
et  quelquefois  des  dames  ^  pour  revêtir 
le  récipiendaire  de  tout  son  nouvel 
équipement  ;  on  lui  mettait  1°  les  épe- 
rons; 2°  le  haubert  ou  la  cotte  de 
mailles  ;  3°  la  cuirasse  :  4°  les  brassards 
et  les  gantelets  ;  5°  enfin  on  lui  ceignait 
l'épée. 

Il  était  alors  adoubé ^  c'est-à-dire, 
adopté,  selon  du  Gange.  (Voyez  Adou- 
BEB,  t.  I,  p.  130.)  Le  seigneur  se 
levait,  allaita  lui,  et  lui  donnait  Vac- 
colade,  ou  accolée,  ou  colée.  trois 
coups  du  plat  de  son  épée  sur  1  épaule 
ou  sur  la  nuque,  et  quelquefois  un 
coup  de  paume  de  la  main  sur  la  joue, 
en  (lisant  :  «  Au  nom  de  Dieu,  de  saint 
«  Michel  et  de  saint  George ,  je  te  fais 
a  chevalier.  »  Et  il  ajoutait  quelque- 
fois :  ft  Sois  preux ,  hardi  et  lovai.  » 

Le  jeune  homme  ainsi  armé  cheva- 
lier ,  on  lui  apt)ortait  son  casque ,  on 
lui  amenait  un  cheval  ;  il  sautait  des^ 
sus,  et  caracolait  en  brandissant  sa 
lance  et  en  faisant  flamboyer  son  épée. 
Il  sortait  ensuite  de  l'église ,  et  allait 
caracoler  sur  la  place ,  au  pied  du  châ- 
teau, devant  le  peuple  avide  de  pren- 
dre part  au  spectacle. 

Ces  cérémonies  achevées ,  le  réci- 

Ïiiendaire  jurait  de  s'écarter  de  tout 
ieu  oii  il  y  aurait  trahison  ou  faux 
jugement,  s'il  n'était  pas  assez  fort 
pour  l'empêcher;  d'aider  de  tout  son 
pouvoir  et  d'honorer  les  dames  et  de- 
moiselles; de  Jeûner  tous  les  vendredis 
et  de  faire  offrande  chaque  jouh  a  la 
messe.  C'étaient  les  principales  obli- 
gations des  chevaliers,  obligations  qui 
sont  très-bien  résumées  dans  une  an- 
cienne ballade  d'Eustache  Dèschamps, 
citée  par  Sainte-Palaye  : 


iÙB 


CHE 


LTNIVEIIS. 


CHE 


Vottf  qni  voules  l'ordre  d«  charalier, 
.  Il  TOjis  çonTimt  mener  nouvelle  TÎe; 

Dérotcmcnt  en  oraison  veillier,  ' 

'  Pecirie  fair,  orffaeil  et  rillenie  :  ' 
.  1/ÉgIise  devez  lieffendre ,  \ 

La  vefve,  aussi  l'orpheiiin  entreprendre  ; 

Estre  hardis  et  le  peuple  garder  ; 

Prodoms,  loyaalx  sans  rien  de  l'autroi  prendre  : 

Ainsi  se  doit  chevalier  gouverner. 

'  Humble  cncr  ait;  tondis  (*)  doit  travailler 
.  Et  pourvoir  faits  de  chevalerie  ; 
Guerre  loyal,  estre  grand  voyagier, 
Tournois  suir  (**)  et  jouster  pour  sa  mie. 
II  doit  à  tout  honneur  tendre. 
Si  c'oin  ne  puist  de  lui  blasme  répandre, 
He  lascheté  en  ses  œuvres  trouver  ; 
Kn  entre  tous  se  doit  tenir  le  mendre  (***)  : 
-    Ainsi  se  doit  gouverner  chevalier. 

Il  doit  amer  son  seigneur  droiturier, 
-  Et  dessus  tous  garder  sa  seigneurie  ; 
Largesse  avoir,  estre  vrai  justicier  ; 
Des  prodomes  suir  la  compaignie , 
Leurs  diz  oïr  et  apprendre 
Et  des  vaillands  les  prouesses  comprendre. 
Afin  qu'il  puist  les  grands  faits  ach/îv.er. 
Comme  jadis  list  le  roi  Alexandre  : 
Ainsi  se  doit  chevalier  gouverner  (****). 

Tel  était  le  cérémonial  que  Ton  ob- 
servait pour  armer  les  chevaliers  en 
temps  de  paix;  mais  en  temps  de 
guerre,  on  omettait  la  plus  grande  par- 
tie de  ces  formalités. 

«  On  créait ,  dit  un  auteur  du  temps 
de  Charles  VU,  des  chevaliers  durant 
les  sièges,  devant  ou  après  un  assaut  : 
c'était  le  prince  ou  le  général,  ou 
quelqu'un  des  principaux  cnefs  de  Tar- 
inée ,  qui  conférait  ce  grade.  Celui  qui 
devait  le  recevoir  venait,  une.épée  à 
la  main ,  se  présenter  au  prince  ou  au 
général ,  et  lui  demandait  la  chevale- 
rie. Le  prince  ou  le  général  prenait 
Tépée ,  et ,  la  tenant  a  deux  mains , 
lui  donnait  un  coup  du  plat  de  cette 
épée,  en  Fappf^lant  chevalier.  Ensuite 
le  prince  nommait  un  vieux  chevalier 

f^our  lui  chausser  les  éperons  dorés  et 
'accompagnera  l'assaut.  Que,  si  l'on 
n*était  pas  près  de  donner  rassaut,  et 
que  l'on  travaillât  actuellement  à  mi- 
ner la  muraille,  le  nouveau  chevalier 
devait  passer  et  veiller  la  nuit  dans  la 

(*)  Toujours. 

(**)  Suivre. 

(***)  Le  moindre. 

(****)  Poésies  manuscrites  (TEustache 
Deschamps,  dans  Sainte-Palaye ,  Mémoire 
sur  la  chevalerie,  1. 1,  p.  144. 


mine  avec  le  vieux  chevalier  (*).  »  Cette 
veNle  tenait  lieu  de  la  veille  des  armes, 
qui  se  faisait  dans  une  église ,  quand 
la  céirémonie  avait  lieu  en  temps  de 
paix. 

On  faisait  aussi  des  chevaliers  sur 
le  champ  de  bataille,  quand  la  bataille 
allait  commencer,  et  Ton  observait 
alors  encore  moins  de  formalités;  oa 
en  trouve  la  preuve  dans  une  anecdott 
racontée  par  Froissard.  Les  arméei 
de  Philippe  de  Valois  et  d'Edouard 
d'Angleterre  étaient  près  d'en  venir 
aux  fnains  à  Yironfosse  en  Tiérache. 
lorsqu'un  lièvre  se  leva  au  premi< 
rang  de  l'armée  française  ;  les  soldat 
ayant  à  cette  vue  poussé  de  graa^ 
cris ,  on  crut  à  Tarrière-garde  que 
bataille  commençait,  et  Te  comte  1 
Hainaut,  qui  la  commandait,  fit  à 
hâte  quatorze  chevaliers.  Mais  la  b 
taille  n'eut  pas  lieu ,  et  ces  chevaliei 
furent  toujours  appelés  depuis  6h 
tiers  du  Uèore:^ 

Du  reste,  les  princes  et  les  g^ 
raux  d'armée  n'étaient  pas  les  si 
qui  pussent  faire  des  chevaliers  ;  cet 
prérogative    appartenait    même  ai 
simples  chevaliers  ;  mais  ils  ne  [~ 
vaient  conférer  cet  honneur  qu'à 
gentilshommes  de  nom  et  aat 
c'est-à-dire,  qu'à  des  hommes  doati 
noblesse  remontât  au  moins  à  d( 
générations,  tant  du  côté  matei 
que  du  côté  paternel  ;  les  rois  s( 
pouvaient  donner  en  même  temps 
noblesse  et  la  chevalerie. 

Les  chevaliers  étaient  d'ailleurs 
différents  ordres  :  les  plus  élevés  à 
la  hiérarchie  étaient  les  chevaliers 
très ,  c'est-à-dire,  ceux  qui  avaient 
titres  de  duc ,  de  comte  ou  de  baron] 
venaient  ensuite  les  simples  chevalii 
bannerets ,  puis  enfin  les  chevali( 
bacheliers.  (  Voy.  Bagh£LI£BS,  Bi 

NEBETS  et  BannIEBES.  ) 

Les  distinctions  et  les  prérogatif 
accordées  à  la  chevalerie  étaient  il 
nienses.  Une  lance  forte  et  difficile 
rompre ,  une  double  cotte  de  mail 
à  l'épreuve  de  l'épée,  étaient  des  arr 
exclusivement  afrectées  aux  chevalic 

(*)  Nie.  Uplon,  Hfdere  militari,  c.  Sil 


CHE 


FRATÎCE. 


€HB 


109 


LV  brillait  partout  sur  leur  armure, 
sur  les  housses  et  les  harnais  de  leur 
chevaux.  Ces  richesses  servaient  à  les 
faire  distinguer  dans  les  assemblées , 
et  00  leur  donnait  en  leur  parlant  ou 
ea  leur  écrivant  les  titres  honorifiques 
Mre,  messire  et  monseigneur  ;  leurs 
femmes  seules  avaient  le  droit  de  se 
faire  appeler  madume. 

Im  chevaliers  se  distinguaient  aus9i 
entre  eux  par  les  diverses  armoiries 
dont  ils  cnargeaient  leur  écu,  leur 
cotte  d'armes,  leur  pennon,  ou  leur 
knnière. 

Ils  étaient  les  seuls  qui  mangeasseat 
i  la  table  du  foi ,  honneur  que  ne  par- 
tageaient Di  les  fils  du  monarque,  ni 
ses  frères ,  ni  ses  neveux ,  avant  d'à- 
Toir  reçu  leurs,  armes.  Ils  étaient 
exempts' de  payer  les  droits  de  vente 
des  denrées  et  marchandises  achetées 
pour  leur  usa^e.  A  leur  approche , 
toutes  les  barrières,  tous  les  châteaux, 
tous  les  palais  s'ouvraient  pour  les 
Kcevoir,  et  lés  honneurs  qu'on  leur 
Kndait  Âirent  portés  quelquefois,  il 
fout  le  dire,  jusqu'à  de  blâmables 
«scès. 

feis,  plus  les  prérogatives  atta- 
QNs^  Tordre  de  la  chevalerie  étaient 
^tantes,  plus  la  dégradation  d'un 
"  àmïm  lâche  et  félon  était  ignomi- 
nieuse. 

Dn  chevalier  condamné  juridiaue- 
Jneotà  l'infamie  de  la  dégradation  était 
d'abord  conduit  sur  un  échafaud  ,  où 
toutes  ses  armes  et  les  différentes 
pièces  de  son  armure  étaient  brisées 
a  sa  présence  et  foulées  aux  pieds.  Il 
voj^ait  son  écu  y  dont  le  blason  était 
Cmicé ,  suspendu  à  la  queue  d'une  ca- 
1^  et  trMné  honteusement  dans  la 
boue.  Les  rois ,  les  hérauts  et  pour- 
ittivants  d'armes,  exécuteurs  de  la  sen- 
tence, proféraient  en  même  temps 
ttotre  le  coupable  toutes  les  injures 

re  peuvent  suggérer  l'indignation  et 
mépris.  Des  prêtres,  après  avoir  ré- 
cité les  vigiles  de  l'office  des  morts , 
pononçaient  sur  sa  tête  les  malàiic- 
Bons  dû  psaume  cviii.  Trois  fois  le 
Toi  ou  héraut  d'armes  demandait  le 
itNndu  criminel;  trois  fois  le  pour- 
Mivaat  d'armes  le  nommait ,  et  tou- 


• 

jours  le  héraut  affirmait  que  ce  n*étatt 
point  le  nom  de  celui  qui  était  devant 
ses  yeux ,  puisqu'il  ne  voyait  dans  cet 
homme  qu'un  traître  déloyal  et  foi" 
menUe.  Prenant  ensuite  des  mains  du 
poursuivant  d'armes  un  bassin  rempli 
d'eau  chaude ,  il  le  versait  sur  la  tête 
du  coupable  comme  pour  effacer  le  ca- 
ractère que  lui  avait  conféré  l'accolade. 
Après  quoi ,  le  malheureux  était  tiré 
en  bas  de  l'échafaud  ,  au  moyen  d'une 
corde  qu'on  lui  {)assait  sous  les  bras  ; 
placé  sur  une  claie  ou  sur  une  civière, 
et  couvert  d'un  drap  mortuaire,  il  était 
enfin  porté  à  l'église,  où  l'on  faisait 
sur  lui  les  mêmes  prières  et  les  mêmes 
cérémonies  que  pour  les  morts. 

La  chevalerie  briHa  de  tout  son  éclat 
au  onzième  et  au  douzième  siècle  ;  elle 
perdit  de  son  importance  au  treizième 
siècle ,  à  mesure  qu'avec  les  progrès 
de  la  puissance  royale ,  disparurent 
l'a na renie  et  les  désordres  qui  avaient 
rendu  cette  institution  nécessaire.  Elle 
n'existait  plus  que  pour  la  forme  à  la 
fin  du  quatorzième  siècle;  et  quand 
Charles- VI  voulut,  en  1389,  créer 
chevaliers  ses  deux  cousins ,  le  roi  de 
Sicile  et  le  comte  du  Maine,  le  peuple 
vit  avec  étonnement  les  détails  de  la 
cérémonie ,  «  car  il  y  avoit  fort  peu  de 
gens,  dit  le  moine  de  Saint -Denys  à 
qui  nous  empruntons  ce  fait,  qui  sçus- 
sent  que  c'étoyt  que  l'ancien  ordre  de 
pareille  chevalierie.  »  Enfin,  le  titre 
même  de  chevalier  cessa  d'être  con- 
féré, lorsque  que  Charles  VI,  en  créant 
une  armée  régulière ,  eut  anéanti  les 
prérogatives  qui  y  étaient  attachées. 
(  Yoy.  Arméb  et  Compagnies  D'oa* 

DONNANCE.  ) 

Le  souvenir  de  l'ancienne  chevalerie 
resta  cependant  populaire ,  et  la  mode 
des  exercices  par  lesquels  les  cheva- 
liers se  préparaient  à  soutenir  les  fati- 
gues de  leur  rude  carrière ,  fut  long- 
temps entretenue  par  la  lecture  des 
roman#  où  leurç  exploits  étaient  cé- 
lébrés. (  Voy.  Joutes  et  TouBNois.  ) 
Quelquefois  même  l'imitation  fut  pous< 
sée  plus  loin ,  et  plus  d'une  fois 
encore  de  vaillants  capitaines  se  virent 
conférer  par  leurs  frères  d'armes,  sur 
le  champ  de  bataille  où  ils  s'étalent 


Il* 


L*UNI?IJIS. 


fiSÊB 


illastrés  par  de  glorieuses  prouesses  » 
le  samt  ordre  cEs  chevalerie.  Après  U 
bataille  de  Mari|piiân,  François  I*"^  vou- 
lant honorer  Bayard ,  «  qui ,  dans  les 
deux  journées ,  s'était  montré  tel  qu'il 
avait  accoutumé  en  autres  lieux. ou  il 
avait  été  en.  pareil  cas ,  »  le  fit  appeler 
et  lui  dit  :  «  Bavard  -,  mon  ami ,  je 
«  veux  qu'aujourd'hui  sois  fait  cheva^ 
if.  lier  par  vos. mains...  Avez  vertueu- 
^  semant ,  par  plusieurs  royaumes  et 
«  provinces»  combattu  contre  plu* 
(c  sieurs  nations..  Je  délaisse  la  France, 
<(-  en  laquelle  on  vous  connott  assez... 
«  Dépéchez-vous.  »  —  Alors  prit  son 
espée  Bayard,  et  dit:  «Bire,  autant 
R  vaille  que  sj  estois  Roland  ou  Olivier^ 
«  jGai^defroy  ou  Baudouyn  son  frère.  » 
—  Et  puis  après  si  eria  hautement , 
l'espée  en  la  main  dextre  :  «  Tu  es  bien 
«  heureuse  d'avoir  aujourd'hui ,  à  un 
«  si  beau  et  si  puissant  roy,  donné  i'or^ 
A  dre  de  chevalerie.  Certes,  ma  bonne 
ft  espée ,  vous  serez  moult  bien  comme 
A  relique  gardée ,  et  sur  toutes  aultres 
A  honorée  ;  et  ne  vous  porteray  jamais , 
«  si  ce  n'est  contre  Turcs ,  Sarrazins 
«  ou  Morçs.  » — Et  puis  fît  deux  sauts, 
et  après  remit  au  fourreau  son  espée.  4 
C'était  la  chevalerie  des  romans ,  dit 
M.  de  Sismqndi ,  que  François  P*^  s'etV 
forçait  ainsi  de  renouveler ,  en  met- 
tant en  oubii  l'axiome  que  les  rois  de 
France  étaient  chevaliers  en  naissant. 
Mai^,  par  cette  cérémonie,  il  sut  ho- 
norer Bayard  ,  de  qui  il  reçut  ainsi  la 
ehevalerie ,  et  Fleuranges ,  à  qui  il  la 
conféra  a  son  togr. 
CH£yA{.BiiiE  (Ordres  de).  (Voyez 

OaPBBS  HELICtlBÇX  Ct  MIUTAIBES.) 

Chetalebie  es  lois.  { Voyez  Ba- 

GUEIilEa.) 

Cheyai^et.— Instrument  de  tortur% 
qui ,  grâce  à  l'adoucissement  de  nos 
mosurs;  n'existe  plus.  Le  Dictionnaire 
de  TrévauçD  le  définit  ainsi  :  «  Banc 
ou  tréteau  qui  sert  à  donner  la  ques- 
tion, qui  fait  bander  les  certes  sur 
lesquelles  ies  corps  dés  criminels  sont 
suspendus  en  l'air.  »> 

On  appelait  aussi  chevalet  une  pièce 
de  bois  taillée  carrément ,  à  vives  arê- 
tes ,  portée  sur  quatre  pieds ,  de  ma- 
nière à€e  qu'uo  des  angles  lût  en  Tair  y 


et  sur  lafsdl*  on  mettaîl  à  ctonl, 
pour  un  tempe  plus  ou  moias  Iobje, 
un  patient  à  qui  on  attachait  des  {khsi 
9UX  deux  jambes.  Le  chevalet  était  ca 
usage  dans  les  villes  de  garnison ,  et 
servait  à  punir  les  fautes  et  infractiois 
à  la  discipline  que  conunettaient  leg 
soldats.  On  y  plaçait ,  sans  jugeœeat 
n.i  condamnation ,  les  femmes  oe  maup 
vaise  vie  que  Ton  surprenait  à  heure 
indue  dans  les  casernes  ou  les  cham^ 
brées.  Ce  genre  de  châtiment,  qui  était 
fort  douloureux  et  offrait  plus  d-oi 
danger,  a  été  aboli  à  la  révolution. 
Consacré  à  ce  dernier  usage,  le  cfae« 
valet  s'appelait  le  {dus  communémeot 
cheval  de  bois. 

Chevalier  (Jacques -Louis -Vin^ 
cent  ) ,  ingénieur-opticien ,  né  à  Paris, 
eii  1770  ,  améliora  considérablemeat 
les  instruments  de  mathématiques, 4 
surtout  les  instruments  d'optique.  | 
est  le  premier  qui  ait  exécuté  le 
croscope  achromatique  dont  £al4[ 
avait  donné  la  théorie ,  et  qui  soit  ^ 
venu  à  achromatiser  le  microscope  fli* 
laire  afoctis  variable. 

CuEYALiEB  (Jean -Gabriel -Aujp* 
tin  ) ,  ingénieur-opticien ,  hé  à  Meilai 
en  1778,  connu  depuis  longtemps  à 
le  public  9  sous  le  nom  de  l*ingé\  ' 
Chevalier,  est  J' auteur  de  plusi 
inventions  utiles,  et  d'un  assez  gi 
nombre  de  perfectionnements  ;  il  s^ 
aussi  beaucoup  occupé  d'observa  ' 
météorologiques  pour  le  olimat  de 
ris  ;  il  est  auteur  de  plusieurs  ou 
ges  estimés. 

Cheyaeier  (N.),  musicien  de 
chambre  de  Henri  IV,  et  l'un 
vingt- quatre  violons  de  la  bande 
Louis  XIII ,  fut  un  des  plus  ba' 
compositeurs  de  son  époque,  pouf 
musique  instrumentale ,  et   surto 
pour  la  musique  de  ballet.  De  15Sf 
1617,  il  composa  trente-trois  " 
pour  les  fêtes  qui  furent  données 
Louvre ,  à  Fontainebleau  et  à  TobW 

gar  Henri  IV,  Louis  XHI,  la 
larguerite  et  Marie  de  Médicis. 
Chevalier  (N.),  ingénieur-mééijj 
nicien  à  Paris ,  fiit  employé ,  en  1794, 

Ear  le  comité  de  salut  public,  à  la  fr 
rication  des  poudres.  Il  offrit  alors  i  " 


ma 


FRAFCE. 


(Q9E 


111 


à  la  Convention,  un  ftisii  portant  huit 
iSaàrges,  et  se  trouva  compromis,  après 
te  9  thermidor ,  dans  Tinsurrection  du 
U  germinal.  Apnt  inventé  une  fusée 
iaextioguible ,  il  en  fit  publiquement 
l'essai  le  30  novembre  1797,  Ses  opi- 
flioDS  républicaines  le  firent,  sous  le 
«Misuiat ,  jeter  en  prison ,  où  il  était 
encore  lorsque  éclata  le  complot  de  la 
mchine  ififerncUe.  Quoique  le  minis- 
.llde  la  police,  Fouché ,  ne  pût  guère 
#  tromper  sur  les  véritables  auteurs 
.je  l'attentat,  il  feignit  de  croire  que 
Jtooup  partait  des  jacobins ,  et  le  ré- 
féiicain  Chevalier  fut  traduit  devant 
m  commission  militaire ,  condamné 
^  mis  à  mort  comme  complice  d'uh 
ittime  qui  n'était  ni  le  sien  ni  celui  de 
|oa  parti. 

'  ChbtâU'L£&eb6.  Ce  nom ,  employé 
''abord  pour  désigner  toute  espèce  de 
tTalerie  légère ,  ne  prit  une  significa- 
particulière  qu'en  l'année  1498 , 
ue  oii  Louis  XII  créa  plusieurs 
pagnies^e  cavalerie,  qui  furent 
nées  sous  la  dénomination  spé- 
de  cbevau-légers. 
^Onelqoes  compagnies  franches  por- 
aussi ,  sous  le  règne  de  Fran- 
¥*,  le  nom  de  cbevau-légers.  On 
ém  les  Mémoires  de  Brantôme , 
de  ces  compa^ies  était,  en 
,  employé»  au  siège  de  la  Rô- 
le, 

l)è8  Taonée  1570,  Henri  IV  entrete- 

tone  compagnie ,  désignée  soûs  le 

de  chevau' légers  du  roi,  qu'il 

rpora  dans  sa  garde  en  1592.  In- 

ndamment  de  cette  compagnie , 

linaireroent  composée  de  cent  à 

X  cents  hommes,  on  comptait  en- 

e  vers  la  fin  du  règne  de  ce  prince, 

iiors  des  ranss  de  la  garde ,  neuf 

npagnies  de  cnevau-légers;  formant 

tôQt  douze  cents  cavaliers.  Ces  com- 

|ic8,  enrégimentées   sous  Louis 

,  formèrent  le  principal  corps  de 

«ne  légère  de  cette  époque;  mais 

perdirent  alors  le  nom  de  ehevau- 

'8,  qui  ne  fut  plus  conservé  depuis 

par  la  compagnie  des  chevau-4é- 

^de  la  maison  du  roi. 

«tte  compagnie,  composée,  en  1 630, 

•viron  cent  cinquante  hommes, 


était  commandée  par  un  capltaine-lieii- 
tenant,  deux  sous-lieutenants  et  deux 
enseignes  ou  cornettes  ;  le  roi  en  était 
capitaine.  Elle  faisait  le  service  auprès 
do  prince ,  d'abord  par  trimestre,  en- 
suite par  semestre.  Ses  armes  défen- 
sives étaient  le  plastron  et  la  calotte  ; 
ses  armes  offensives  Tépée  ou  le  S9- 
bre  et  les  pistolets.  Louis  XIY  y  ajouta, 
dansles  derniers  temps  de  son  règne» 
vingt  carabines  ,  qui  devaient  être 
portées  par  les  vingt  derniers  pension- 
naires, et  Louis  XV  Jeur  dtonna  le  fu- 
sil en  1746. 

Les  chevau-légers  de  la  garde  por- 
taient rhabit  éccCrlate  bordé  de  blanc, 
avec  parements  blancs,  poches  en  tra- 
vers; galons  en  plein*  et  brandebourgs 
d'or  sur  le  tout;  boutonnières  d'argent  ; 
boutons  or  et  argent  ;  ceinturon  Uanc 
bordé  d'or;  veste  blancha  galonnée 
et  bordée  d'or  ;  plumet  et  cocarde 
blancs;  chapeau  et  casque  à  la  ro- 
maine. 

Ils  avaient  quatre  étend»tis  carrés 
de  taffetas  blanc,  brodés  d!or  et  d'ar- 
gent, avec  un  foudre  sur  les  quatre 
coins,  et  cette  devise  :  Sènsere  gisan- 
tes. L'écharpe  était  pareille  à  i'eten- 
dard ,  dont  la  lance  se  terminait  par 
une  fleur  de  lis  dorée. 
p-  Sous  ie  règne  de  Henri  IV ,  Um»  les 
chevau- légers  avaient  la  qualité  d'é- 
cuyer  ;  et  lorsqu'ils  étaient  entrés  dans 
le  corps,  sans  être  nobles,  ils  rece- 
vaient ,  après  cinq  ans  de  service ,.  des 
lettres  d'anoblissement.  Cette  condi- 
tion fut  portée  à  vingt  ans  sous  Louis 
XIII,  en  1610;  elle  fut  abolie  sous  ie 
règne  de  Louis  XIV,  et  il  fallut  alors, 
pour  être  admis  dans  la  compagnie, 
justifier  de  cent  ans  de  noblesse. 

Le  règlement  du  8  novembre  1603 
accordait  une  solde  de  quarante  sous 
par  jour  à  chaque  chevau^éger.  D§h 
puis  1666 ,  cette  paye  fut  rédu  te  à 
quarante  livres  par  mois ,  et  définiti- 
vement fixée  à  quinze  sous  par  jour, 
en  1781. 

La  comps^me  des  chevau-légers  de 
la  maison  du  roi  se  distingua  aux  ba- 
tailles de  Leuze  (1691),  de  Maiplaquet 
(1709),  etd'Ettingen  (1743).  Supprî- 
mée  en  1787  et  rétsèlie  ,en  1S14,  elle 


' 


lis 


CIIE 


L'tJNIVEftS. 


Cttft 


fut  définitivement  supprimée  en  1815. 
(Voy.  Hommes  d'âbmes,  Langiebs 
et  Maison  militaire  du  boi.  ) 

Les  escadrons  auxiliaires,  attachés, 
en  1776 ,  à  chacun  des  vingt-trois  ré- 
giments de  cavalerie,  sous  le  nom 
&  escadrons  de  chevaulégers ,  formè- 
rent, en  1779,  six  régiments  de  che- 
vau-légers  qui  furent  organisés  à  qua- 
tre escadrons.  Désignés  d'abord  par 
leur  numéro  d'ancienneté,  ils  prirent, 
en  1784,  les  noms  à^OrUans,  des 
'  Trois-Évéchés y  de  Franche-Comté, 
de  Séptimanie,  de  Quercy  et  de  la 
Marche,  I^eiur  uniforme  était  :  habit 
bku^  avec  les  poches  en  long;  bou- 
tons timbrés  d'un  cheval  monté  et  du 
numéro  du  régîment.  Ils  étaient  coif- 
fés du  chapeau ,  et  armés  comme  les 
chasseurs  à  cheval  (voy.  ces  mots); 
ils  furent  licenciés  en  1 788. 

SousTempire,  la  dénomination  de 
chevau- légers. reparut  et  fut  associée  à 
celle  de  lanciers,  pour  désigner  un 
corps  de  cavalerie  légère,  qui  prit 
ainsi  le  nom  de  chevau- légers-lan- 
ciers. 

Chetbgieb  ou  Chefgieb.— C'était 
anciennement  le  nom  d'une  dignité 
ecclésiastique.  Les  uns  disent  que  le 
chefcier  ne  différait  en  rien  du  Pbi- 
MiciEB  (voyez  ce  mot);  les  autres, 
que  c'était  une  espèce  de  sacristain 
chargé  des  habits  et  des  ornements 
sacerdotaux.  Comme  l'usage  particu- 
lier de  chaque  chapitre  réglait  les 
droits  des  dignitaires,  les  privilèges 
des  chefciers  variaient  selon  les  locali- 
tés. Les  marguiiliers-clercs  de  l'église 
d'Orléans  étaient  vassaux  du  chefcier. 
Vers  ta  fin  du  quatorzième  siècle,  ils 
voulurent  s'affranchir  de  cette  servi- 
tude; mais  un  arrêt  du  parlement  de 
Paris  les  força  de  renoncer  à  leurs 
prétentions. 

Cheyelube. — Les  anciens  Gaulois 
considéraient  une  longue  chevelure 
comme  une  marque  "d'nonneur  et  de 
liberté.  La  leur  était  naturellement 
blonde;  pour  paraître  plus  terribles 
dans  les  combats ,  ils  lui  donnaient 
une  couleur  éclatante ,  à  l'aide  d'une 
pommade  de  suif  de  chèvre  et  de  cen- 
dre de  hêtre;  et  ils  en  étaient  si  fiers 


que  César,  en  les  contraignant  dé  h 
couper,  après  les  avoir  asservis,  leur 
causa  une  humiliation  qui  leur  U 
plus  sensible  que  la  perte  de  leur  in 
dépendance.  Chez  les  Francs,  oon» 
chez  toutes  les  populations  d'origi 
germanique ,  la  longueur  des  chev( 
était  aussi  un  signe  de  distinction 
de  noblesse,  spécialement  réservé  a 
honfimes  libres.  Comme  il  n'y  avait  q| 
les  serfs  qui  eussent  la  tête  ra 
couper  la  chevelure  d'un  homme 
n'appartenait  point  àr  cette  cla 
c'était  commettre  un  crime  que 
lois. punissaient  avec  la  plus  grai 
sévérité ,  ou  que  l'opinion  publi 
flétrissait  hautement  quand  le  couj 
ble  était  à  l'abri  du  châtiment  1 
ainsi  l'on  trouva  horrible  l'action 
Frédégonde ,  oui  fit  couper  les 
veux  à  une  maîtresse  de  son  beau 
et  les  exposa  ensuite  dans  la  cbai 
de  ce  prince.  La  loi  saligue  fo 
ceux  qui  avaient  pris  part  à  une  ( 
piration ,  à  se  couper  les  cheveux 
uns  aux  autres,  et  à  être  ainsi  les  agi 
de  leur  propre  dégradation.  L'id 
prérogative  était  si  bien  attachée 
possession  d'une  longue  chevel 
que  sous  la  première  et  la  se~ 
race,  quand  on  déposait  un  souv( 
ou  que  l'on  voulait  rendre  son 
tier  naturel  inhabile  à  lui  succéder, 
se  contentait  de  leur  raser  la 
Clovis  fit  ainsi,  en  510,  couper  les 
veux  à  un  petit  roi  de  sa  famille, 
pelé  Cariaric^  et  au  fils  de  ce  roi;  ( 
les  ayant  rendus,  par  ce  moyen,  i 
■  gnes  de  régner,  il  s'empara  de  l( 
£tat9.  En  526,  Childebert ,  roi  de 
ris,  et  Clothaire,  roi  de  Soissons, 
lant  s'approprier,  au  préjudice  de  li 
trois  neveux,  la  part  de  leur  frère 
domir,  roi  d'Orléans,  mprt  en 
envoyèrent  à  Clotilde  des  cisea 
une  épée,  lui  demandant ,  par  c< 
gage  muet ,  ce  qu'elle  prêterait 
ses  petits-fils,  de  la  dégradation 
la  mort.  On  oonnaîl  la  réponse 
reine ,  et  le  crime  odieux  dont 
réponse  fut  suivie.  (Voy.  Ce 
BEBT  r'.) 

Charlemagne,  désirant  conserv< 
sceptre  dans  sa  maison,  recomi 


CHE 


FRANCE 


CHE 


113 


à  ses  fils,  dans  un  de  ses  capitulaîres, 
de  ne  jamais  faire  couper  les  cheveux 
à  leurs  enfants,  quelle  que  fût  la  faute 
qu'ils  eussent  commise ,  recommanda- 
tion, du  reste,  à  laquelle  son  petit-6ls, 
l'empereur  Lotbaire,  ne  crut  point  de- 
voir se  soumettre,  puisque,  après  avoir 
Élit  crever  les  yeux  à  son  fils  Hugues, 
coupable  de  révolte ,  il  lui  fît  couper 
hs  cheveux  pour  le  dépouiller  de  son 
èoit  de  succession. 

L'affranchi  avait  la  permission  de 
laisser  croître  sa  chevelure,  mais  on  la 
loi  coupait  s'il  était  remis  en  esclavage. 
les  ecclésiastiques  et  les  religieux,  en 
signe  de  la  servitude  spirituelle  à  la- 
fielle  ils  se  soumettaient  veiontaire- 
nent^se  rasaient  la  tête  et  ne  conser- 
vaient qu'un  petit  cercle  de  cheveux. 

Prendre  un  homme  et  le  traîner  par 
les  cheveux ,  c'était ,  chez  les  Saxons, 
les  Bourguignons  et  les  Lomhards,  un 
Mit  que  la  loi  frappait  de  cent  vingt 
tous  d'amende ,  et  que  les  coutumes 
deBarcelonne  punissaient  de  mort, 
l^d  il  avait  eu  lieu  sur  la  personne 
(ton  soldat.  Chez  les  Francs,  on  jurait 
IMses  cheveux.  Les  laïques  qui  vou- 
lut, sans  quitter  le  monde ,  s'asso- 

QQ^àla  vie  claustrale  et  participer 
û  grâces  spirituelles  dont  un  mo- 
ttstère  était  la  source,  faisaient,  au 
Mpérieur  de  ce  monastère,  l'offrande 
«on  de  leurs  cheveux  ;  mais  la  loi  dé- 
fadait  à  tout  homme  libre  de  se  faire 
jwiper  les  cheveux  et  d'entrer  dans 
«  ordres  sans  une  permission  du  roi, 
%  que  le  nombre  des  sujets  soumis 
lia  ûxe  et  au  service  militaire  ne  di- 
Jttinuât  pas.  Pour  confirmer  une  dona- 
Jwi ,  on  s'arrachait  un  cheveu  et  on 
^déposait  sur  l'autel ,  si  la  donation 
^toit  faite  à  une  église.  Si  c'était  à  un 
jpBrticulier,  on  l'insérait  dans  le  sceau 

€  Ton  attachait  à  la  charte.  On  se 
^"Jcooamandait  à  quelqu'un  en  lui  of- 
Iwnt  un  cheveu.  Saint  Germier  s' étant 
■**du  à  la  cour  de  Clovis ,  nouvelle- 
ment converti ,  ce  prince ,  pour  lui  té- 
Joigncr  à  quel  point  il  l'honorait, 
wràcha  un  cheveu  et  le  lui  présenta, 
w  80Q  invitation ,  les  courtisans  en 
ijfant  fait  autant,  le  saint  s'en  retour- 
iftdaQs  son  diocèse  les  mains  pleines 


T«  Y.  8«  Uvrcûson.  (Digt.  emgygl.,  etc.) 


de  cheveux,  et  charmé  de  l'accueil 
qu'on  lui  avait  fait. 

Dans  les  circonstances  douloureu- 
ses ,  se  couper  la  chevelure  était  un 
si^ne  de  détresse  ou  d'affliction.  Les 
prisonniers  de  guerre  se  coupaient 
quelquefois  la  leur  et  Tenvo^ient  à 
leur  famille;  pour  les  inviter  a  traiter 
de  leur  rançon.  Les  femmes  coupaient 
leurs  cheveux  quand  elles  avaient 
éprouvé  un  grand  malheur,  et  si  ce 
malheur  était  la  mort  d'une  personne 
qui  leur  était  chère,  elles  les  déposaient 
sur  son  tonibeau.  Valentine  de  Milan 
coupa  ainsi  les  siens  et  les  déposa  sur 
la  tombe  de  Louis  d'Orléans ,  son 
mari ,  assassiné  par  Jean  sans  Peur, 
duc  de  Bourgogne* 

La  mode  des  cheveux  longs  subsista 
jusqu'à  François  P';  alors  l'idée  de 
prérogative  et  de  supériorité  qui  y  était 
attachée  s'étànt  eftacée,  les  hommes 
adoptèrent  les  cheveux  courts ,  et  l'u- 
sage de  les  porter  ainsi  se  maintint 
pendant  près  de  deux  cents  ans.  Les 
femmes ,  qui ,  dès  le  commencement 
du  douzième  siècle,  avaient  commencé 
à  friser  les  leurs ,  les  conservèrent 
dans  toute  leur  longueur,  et  plus  tard 
les  couvrirent  de  poudre  blanche.  On 
lit  dans  le  Journal  de  l'ÉtoilCy  (ju'en 
1693,  on  vit  trois  religieuses  frisées  et 
poudrées  se  promener  dans  Paris. 
Quand  on  eut  adopté  les  cheveux  courts, 
on  porta,  pour  se  tenir  la  tête  chaude, 
et  aussi  pour  cacher  la  calvitie ,  des 
bonnets  de  peau  et  des  calottes  de  ve- 
lours ou  de  drap,  auxquelles  des  che- 
veux étaient  attachés;  enfin,  à  partir 
de  1620,  l'art  de  travailler  les  cheveux 
s'étant  perfectionné ,  on  porta  d'am- 
ples et  volumineuses  perruques  qui 
semblaient  avoir  pour  but  de  ramener, 
d'une  manière  artificielle ,  les  longues 
chevelures  d'autrefois.  Dans  le  dix- 
huitième  siècle,  on  laissa  de  nouveau 
croître  les  cheveux.  Alors ,  dans  les 
deux  sexes,  on  les  frisa,  on  les  parfu- 
ma ,  on  les  teignit ,  on  les  couvrit  de 
poudre  blanche ,  de  poudre  de  couleur 
et  même  de  poudre  d'or.  Les  honimes 
de  cour  et  ceux  d'un  rang  élevé  ou 
d'une  profession  noble  les  emprison- 
naient dans  des  bourses  de  velours  ou 


a 


114 


CHE 


L'UNIVERS. 


CHB 


de  satin  qui  leur  tombaient  sur  les 
épaulés.  Les  bourgeoiset  gens  du  com- 
mun les  attachaient  avec  un  ruban  noir 
et  en  faisaient  une  queue  qui  descendait 

guerquefois  jusqu'au  bas  des  reins,  ou 
ien  encore  un  catogan.  Les  femmeâ 
Surchargeaient  les  leurs  de  fleurs,  de 
plumes ,  de  rubans ,  de  pierreries ,  et 
rart  d'en  tirer  un  parti  qui  rehaussât 
la  beauté  devînt  fort  compliqué  et  fort 
difûcile.  Pendant  la  révolution,  les  pa- 
triotes portèrent  les  cheveux  courts  et 
rejetèrent  la  poudre.  Sous  le  Direc- 
toire, le  parti  réactionnaire  reprit  les 
cheveux  longs ,  la  poudre ,  le  catogan, 
auquel  il  ajouta  des  tresses  de  chaque 
côté  de  la  tête,  et  à^^  faces  qui  tom- 
baient jusque  sur  les  épaules.  On  nat- 
tait ainsi  les  cheveux ,  et  on  les  rele- 
vait sûr  la  tête  à  l'aide  d'un  peigne 
courbe.  Quant  aux  femmes,  toutes 
celles  qui  se  piquaient  d'élégance  cou- 
pèrent leurs  cheveux  et  les  remplacè- 
rent par  des  perruques  blondes^  Enfin 
on  vit  naître ,  pendant  le  consulat ,  et 
se  généraliser  sous  l'empire ,  la  mode 
de  porter  les  cheveux  très-courts.  Ce 
fut  une  grande  affaire  que  de  décider 
l'armée  a  s'y  soumettre ,  et  il  fallut 
bien  des  instances  pour  amener  lés 
soldats  à  supprimer  la  queue,  bien 
qu'elle  eût  pour  eux  de  graves  incon- 
vénients, et  qu'elle  fût  moins  un  orne- 
ment qu'une  servitude. 

Chsvebt  (François  de)  ^  lieutenant 
général  des  armées  du  roi ,  naquit  à 
Yerdun-sur-Meuse,  en  1695,  de  parents 
fort  pauvres,  et  devint  orphelin  pres- 
que en  naissant.  A  l'âge  de  onze  ans , 
H  suivit  un  régiment  qui  passait  à  Ver- 
dun, et  parvint,  malgré  sa  jeunesse ,  à 
se  faire  engager.  En  1710  (il  n'avait 
alors  que  quinze  ans) ,  il  fut  nommé 
sous-lieùteuant  dans  le  régiment  de 
Beauce.  En  1741,  il  était  parvenu  au 
grade  de  lieutenant-colonel,  après  avoir 
passé  successive me«t  par  tous  l'es 
grades  inteirmédlaires.  C'est  en  cette 
qualité  qu'il  0t  la  campa^e  de  Bo- 
hême. Au  siège  de  Prague,  il  comman- 
dait les  grenadiers  choisis  pour  l'esca- 
Ipde.  Au  {moment  où  l'on  posait  la 
première  échelle,  il  assembla  les  sef- 
g^t»  de  #oq  d^têÇbeoieQ^  I  ft  leur 


dit  :  «  Mes  amis,  vous  êtes  tom  bra* 
«  ves,  maïs  il  fnejaut  ici  un  beavsi 
«  TROIS  POILS.  Le  voilai  ajouta-t-il, 
«  en  s'adressant  à  j'un  d'eux.  Camo' 
«  rade  y  tu  monteras  le  premier ,  je 
«  te  suivrai.  Le  factionnaire  tecriera 
«  WE»  D A ,  ne  réponds  rien.  Il  lA^ 
«  chera  son  coup  de  fusil  et  te  mon- 
«  querdf  tu  tireras  et  le  tueras,  »  La 
chose  arriva  oomme  il  l'avait  dit.Cbe* 
vert  entra  le  premier  dans  la  ville.  Le 
roi  le  nomma  brigadier.  £o  1743, 
lorsque  l'armée  eut  quitté  Prague, 
Chevert  y  fut  laissé  avec  dix-huit  ceots 
hommes  seulement,  les  malades  et  M 
convalescents.  Avec  une  aussi  faible 
garnison  ,  Il  soutint  le  siège  queldùi 
temps.  Mai^  enfin  ,  ne  pouvant  plU9 
résister,  il  voulut  au  moins  sortir  aveé 
les  honneurs  de  la  guerre.  Pour  oeb', 
il  écrivit  au  général  en  chéfde^a^ 
mée  autrichienne,  qu'il  allait  faire  saur 
ter  la  ville  et  périr  sous  ses  décombi^ 
avec  la  garnison  et  les  habitants,'! 
on  ne  lui  accordait  pas  une  capitul^ 
tion  honorable.  II  obtint  tout  ce  (^ 
demanda.  Il  servit  depuis  avecdlstifl^ 
tion  euBauphiné  et  à  Tarmée  d'ItaM 
Il  fut  créé  maréchal  de  camp  en  17'*^ 
et  lieutenant  général  en  1748.  En  1" 
ce  fut  à  une  habile  manœuvre 
commanda,  que  fut  dû  le  succès 
bataille  d'Ha^tembeck.  Chevert 
d'être  employé  en  1761,  à  cause  de 
vieillesse.  Il  avait  été  nommé  ooi 
mandeur  en  1754,  et  grand'croix' 
Saint-Louis  en  175B.  Il  mourut  à  Pa* 
en  1769,  et  fut  enterré  à  Saint-£i 
tache. 

Cheyebus  (Jean  Le£ébure  de}| 
à  Mayenne  en  1768,  émi^ra  à  Té 
de  la  révolution.  Il  se  réfugia  d 
en  Angleterre,  puis  il  passa  aux  EU 
Unis,  prêcha  rÈvangile  aux  sauvf 
du  !Nord,  leur  bâtit  une  église,  et 
appelé  à  Tévéché  de  Boston,  enl' 
Plein  de  l'esprit  de  charité  que  l'ai 
de  l'Evangile  recommanda  à  ses 
très,  il  se  fît  chérir  de  tous  les  peof 
qu'il  visita  ou  administra  spiriti 
ment.  Partout  on  rendit  hom< 
ses  vertus,  à  sa  tolérance,  à  sa 
tbropie.'  ^P^ès  avpir,  pendant  ( 
gués  années,  con^açr^^^o^iik 


GHB 


PRÀWCE, 


CHEi 


115 


rai  aux  Américaiiis ,  il  revint  dans  sa 
Datri'e  pour  y  oecu^er  le  siège  de  MoDh 
taubao ,  où  il  continua  de  déployer  le 
caractère  évan^élique  qui  l'avait  déjà 
fait  comparer  a  Fenelon.  En  1826 ,  il 
fut  enlevé  à  ra£fection  de  ses  diocé- 
lains,  par  sa  nomination  i  l'archevé- 
cbéde  Bordeaux.  Successivement  élevé 
à  la  dignité  de  pair  de  France  et  de 
cardinal,  M.  de  Cheverus  est  mort 
lans  ces  dernières  années,  emportant 
des  regrets  universels. 

CfiSVETAIIV,  Chetetaine  oiuChe- 
ISTAINE ,  vieux  mot  qui  vient  du  la* 
tin  capitaneu^^  comme  notre  mot 
àetuei  de  capitame,  dont  il  avait  la  sl- 
{oification.  Les  Anglais  disent  encore 
aojoiûd'bui  clieftain  pour  désigner  un 
chef  oa  commandeur  militaire. 

CheVbxbâge  ,  terme  de  notre  ao- 
deane  législature ,  désignant  un  droit 
que  tés  é<îuyers  du  roi  prenaient  à  Pa- 
lis sur  le  foin  venu  par  eau.  Les  abtis 
auquel  cet  impôt  donnait  lieu  engagè- 
ifent  saint  Louis  à  Tabolir  par  une  pa- 
1êote  de  1256. 

Chevigny-lez-Semùr  ,  ancienne 
Ig^eurie  de  Bourgogne ,  aujourd'hui 
Jprtement  de  la  Côte-d'Or,  érigée  en 
m  en  1699. 

C^iLt ABD  (André) ,  dominicain , 
visionnaire  en  Amérique,  né  à  Ren- 

fin)ort  en  1682,  avait  publié,  pen- 
un  voyage  qu'il  fit  en  Europe , 
iffi  ouvrage  où  l'on  trouve  des  docu- 
;  nents  curieux  sur  les  missions  des 
'intilles  (voyez  ce  mot),  depuis  l64^ ; 
«a  pour  titre  :  Desseins  de  S.  Ém.  de 
^^helieu  pour  l'Amériq'ue,  etc.,  Ren- 
dues, 1659,  in-4\ 

f   Gbevillàrd  (Jean) ,  généalogiste , 
;jé.  dans  le  dix-septième  siècle,  â  pu- 
.  ilié  :  Grand  armoriai  ou  Cartes  de 
!.  Wwoft ,  dé  chronologie  et  d'histoire^ 
';ftris,  sans  date,  in-foi.  Il  a  laissé  ma- 
nuscrit un  Ji$cueU  de  blasons  et  or- 
^ries  des  prévôts  des  marchands , 
^  pfiS۔ll&r$  et  guartiniers  de  la-ville 
,  «Parw,  dl^suis  1268  fusqu'éh  1729. 
Jac^pi^ChevUlard,  son  fils,  a  laissé 
'V^I>i£U(fTiiuiire  héraldique  y  Paris, 
.  1723,  iû-12,  et  plusieurs  autres  buvra- 
.  ges  estimés. 

CâivaujU)  (Louis) ,  né  en  1680 , 


mort  en  1751 ,  a  composé  :  NobUiaire 
de  Normandie,  eon&natU  j^  eatalnh 
gve  des  tioms,  qualUés,  armes  et  bkh 
sons  des  familles  nobles  de  cette  pro* 
Hnce,  grand  in-fol. ,  sans  texte.  Ce 
recueil  est  fort  recherché. 

Chbyilisb  (André) ,  dopteur  et  bi- 
bliothécaire de  Sorbonne,  né  à  Pon- 
toise  en  1636,  mort  en  1700 ,  fut  un 
ecclésiastique  aussi  savant  qiie  pieux. 
On  lui  doit  la  conservation  dq  précieux 
volume  intitulé  :  Spéculum  num^nœ 
salvationis ,  qu'il  acheta  pour  quel- 
ques pièces  de  monnaie  au  milieu  de 
plusieurs  livres  de  rebut.  Il  est  auteur 
ae  plusieurs  ouvrages,  entre  autres  du 
livre  qui  a  pour  titre  :  Origine  deVimr 
primerie  de  Paris  ^  ibid.,  1694. 

CHBVBEiiOif T  (prise  du  village  de).— 
Au  commencement  de  juillet  1815,  un 
corps  autrichien ,  sou9  les  ordres  de 
Golloredo ,  avait  eu  plusieurs  engage- 
ments, dans  le  département  du  Haut- 
Rhin  ,  avec  l'armée  d'observatioû  du 
Jura ,  commandée  par  le  général  Le- 
courbe.  Le  2,  les  Autrichiens  attaquè- 
rent les  Français  sur  toute  leur  ligne 
de  Roppes  à  Chevremoni;.  L'occupa- 
tion de  œ  dernier  village  était  indis- 
E ensable  à  Tennemi ,  qui  voulait  dé- 
order  notre  droite ,  pour  iptercepter 
nos  communications  avec  IViQptbelliard 
et  Besançon.  Chevremont  fui  4onc  vi- 
vement attaqué  :  les  Français  ne  pu- 
rent s'y  maintenir,  et  en  turent  chas- 
sés après  la  plus  opiniâtre  résistance. 
lisse  retiraient  en  aésordre,  lorsqu'un 
brigadier  de  gendarmerie  ,  nommé 
Prost,  entreprend  de  les  ramener  à 
l'ennemi;  il  arrache  une  caisse  des 
mains  d'un  tambour  et  bat  la  charge. 
Le  courage  des  soldats  s^  inanimé  ;  ils 
poussent  des  cris  d'enthousiasme  et 
fondent  sur  les  Autrichiei)^  victorieux. 
Après  une  lutte  acharnée  «  le  colonel 
Jacquet,  qui  commandait  le  cinquante- 
deuxième  régiment  de  ligne,  repoussa 
les  Autrichiens  et  rentra  dans  Chevre- 
mont. 

Cheyeette,  Chevrie,  Chèvre. — 
On  iappelait  ainsi  une  espèce  de  mu- 
sette ,  dont  l'usage  était  fort  répandu 
dans  les  douzième ,  treizième  et  qua- 
tolrzièine  sièdes  ,  et  h  laquelle  nos 


116 


CHE 


L'UNIVERS. 


CUfi 


aîeur  se  plaisaient  à  donner  les  for- 
mes les  plus  ridicules  (*).  On  lit  dans 
ie  poète  Guillaume  de  Macbault(**)  {le 
Temps  pastour,  chapitre  :  Comment 
H  amant  fut  au  dîner  de  sa  damt^  : 

Car  je  ris  toot  en  un  cerne  (oerele) 
Cornemoses ,  flajos  et  cAevrttUs, 

Cet  instrument  est  encore  connu 
sous  le  nom  de  chèvrCf  cfUévre,  chiO' 
vre ,  dans  le  Gâtinais ,  la  Bourgogne , 
le  Limousin,  et  sous  celui  de  loure  ou 
de  bedon  dans  quelques  autres  provin- 
ces. 

Ghevreul  (Michel-Eugène),  Tun 
des  savants  dont  les  travaux  ont  ie 
plus  enrichi  la  chimie,  est  né  à  An- 
gers en  1786.  Élève  du  célèbre  chi- 
miste Vauquelin ,  il  succéda,  en  1809, 
à  son  maître  dans  renseignement  par- 
ticulier qui  avait  été  fondé  par  Four- 
croy.  Il  fut  nommé  aide-naturaliste  au 
muséum  d'histoire  naturelle,  ensuite 

{)rofesseur  des  sciences  physiques  au 
ycée  Cbarlemagne,  examinateur  à  l'é- 
cole polytechnique,  directeur  des  tein- 
tures et  professeur  de  chimie  appli- 
quée à  la  manufacture  royale  des 
Gobelins ,  et  enfin  professeur  de  chi- 
mie au  muséum  d'histoire  naturelle. 
Les  travaux  de  ce  savant  sont  trop 
nombreux  pour' que  nous  puissions 
les  mentionner  tous  ici  ;  nous  devons 
cependant  citer  parmi  les  plus  remar- 
quables ,  ses  recherches  sur  les  corps 
§ras ,  qu'il  a  exposées  dans  une  série 
e  Mémoires  lus  à  l'Institut ,  et  qu'il 
a  pHbtiées. depuis  dans  un  traité  spé- 
cial sur  cette  matière.  M.  Ghevreul 
est  membre  de  l'Académie  des  scien- 
ces ,  de  la  Société  royaL^  de  Londres , 
etc. 

Ghbvbeusb,  Caprosium,  petite  ville 
du  département  de  Seine-et-Oise ,  ar- 
rondissement de  Rambouillet.  C'était 
jadis  un  lieu  important ,  défendu  par 
l'un  des  plus  forts  châteaux  de  la  pro- 
vince. Aujourd'hui  il  ne  pfésente  plus 

(*;  Toyez  les  planches  du  traité  tU  Mw 
siea  sacra  par  le  prince-abbé  Gerbert,  de 
la  forêt  Noire. 

(**)  Voyez  Dictionnaire  historique  ti  Die- 
ûonnaire  des  musiciens. 


qu'un  amas  de  ruines ,  où  l'on  distin- 
gue encore  l'emplacement  de  huit  oa 
dix  tours.  A  Tépoque  des  guerres  qai 
désolèrent  la  France  sous  le  règne  de 
Charles  VI ,  la  ville  de  Chevreuse  fiit 
prise  d'abord  le  duc  de,  Bourgogne, 
puis  reprise,  en  1417 ,  jsarTanDegui 
du  Châtel,  prévôt  de  Paris  ;  le  château 
resta  au  duc  ,  et  la  ville  fut  entière- 
ment pillée.  Quelque  temps  après ,  la 
ville  et  le  château  tombèrent  au  pou- 
voir des  Anglais ,  qui  les  possédèrent 
jusqu'en  1448.  Cette  ville ,  ancienne- 
ment comprise  dans  le  Hurepoix,  le. 
gouvernement  général  de  l'Ile  de 
France,  le  diocèse,  le  parlement,  Tiff- 
'  tendance  et  l'élection  de  Paris ,  avait 
le  titre  de  duché-pairie,  6t  fit  pendant 
longtemps  partie  du  comté  de  Mon^ 
fort  l'Amaury  ,  puis  elle  appartint  ) 
la  maison  de  Guise  et  à  celle  de  Lnjf-, 
nés. 

Chevreuse  (Marie  de  Rohan-Mont* 

bazon,  duchesse  de),  née  en  1600, M 

célèbre  par  sa  beauté  et  son  esprit»; 

Mariée  à  l'âge  de  dix-sept  ans  auooti» 

nétabie  de  Luynes ,  alors  favori  k 

Louis  XIII ,  elle  se  trouva  veuve  « 

.  1621 ,  et  se  remaria,  au  bout  d'^M^ 

avec  Claude  de  Lorralni^ ,  duc  de  Ùm 

vreusiB.   Madame  dé  !  Chevreuse  ^ 

fort  galante.    Un    de'  ses   premî 

amants ,  le  duc  de  Lorraine ,  la  j 

\  dans  les  intrigues  de  cour ,  et  on  I 

trouve  presque  constamment  mêlée' 

toutes  celles  du  règne  de  Louis  T* 

et  de  la  régence  d  Anne  d'Autn 

Aimée  de  la  reine ,  elle  fut ,  pour 

seul  fait,  persécutée  par  le  cardinal 

Richelieu ,  qui .  ne  pardonnait  pas 

cette  princesse  d'avoir  repoussé  f 

mpur  qu'il  lui  offrait ,  et  à  madame 

Chevreuse  d'avoir  été  le  témoin,  p 

être  même  l'instigatrice,  d'une  mj 

iication  dans  laquelle  il  avait  joué 

rôle  ridicule.  Ififadame  de  Chevri 

fut  donc  exilée  à  Bruxelles ,  d'où 

revint  triomphante  lorsque  Louis 

et  Richelieu  eurent  cédé  la  plaoB^ 

Mazarin  et  à  la  régente.  Mais  sa 

veur  ne  fut  pas  de  longue  durée. 

timement  liée  avec  le  coadjutear , 

puis  cardinal  de  Retz,  qui  était 

même  temps  l'amant  de  sa  fille, 


CHE 


FRANCE. 


CHE 


117 


prit  parti  parmi  les  frondeurs.^  et 
tomba  dans  la  disgrâce  de  la  reine. 
Elle  conserva  pourtant  toujours  assez 
d'JDfluence  sur  elle  pour  la  faire  con- 
sentir plus  tard  à  la  disgrâce  du  su- 
riotendant  Fouquet.  La  duchesse  de 
Chevreuse  mourut  en  1679.  Un  horti- 
Wc soupçon,  celui  d'avoir  empoisonné 
sa  fille ,  pèse  sur  sa  mémoire  ;  mais 
de  tels  crimes  doivent  être  avérés  pour 
çie  rbistoire  ose  en  porter  l'accusa- 
tion formelle ,  et  celui-là  est  loin  de 


Chbvbièbes  ,'  ancienne  seigneurie 
doDauphiné,  aujourd'hui  département 
de  ITsère,  à  2  kilomètres  de  Saint-Mar- 
cellin,  érigée  en  marquisat  en  1682. 
^  Chbvbiehs  ,  famille  noble  et  an- 
cienne du  Maçonnais,  et  se  prétendant 
issue  des  comtes  de  Mâcon.  Ses  armes 
étaient  ^argent  à  trois  chevrons  de 
fmles  avec  une  bordure  engreslée 
d^azur.  Elle  eut  pour  chef  Jean  de 
févriers,  chevalier  qui  vivait  vers 
Fan  1170,  et, dont  un  des  fils,  Paul, 
ffltévéque  d'Évreux.  Les  personnages 
Kttarquâbles  de  cette  famille  sont  : 
'J\Pi€rre  de  Chevriers  y  sfeur  de 
Wrt-Mauris ,  qui  accompagna  saint 
'  J5^«n  Afrique ,  et  se  aîstingua  en 
''  ÛMigne  à  la  suite  de  Philippe  III. 
Jl^  Barthélémy  de  Chevriers,  fils 
»  précédent ,  et  bouteiller  de  quatre 
•ftis  de  France. 

fUumbert  de  Chevriers ,  fils  du 

'  dent ,  se  signala  lors  de  Fexpédi- 
dltalie  de  Charles  de  Valois ,  et 

t  fait  chevalier  par  le  roi  Philippe  VI, 

'  loi  ceignit  lui-même  le  baudrier  en 
^mpense  de  sa  belle  conduite  dans 

défense  de  Tournay,  contre  les  An- 

B8,  en  1S40. 

f  André  de  Chevriers  se  trouva  à  la 
llle  de  Rosebecque,  en  1382,  fut 
tenant  de  Jean  de  Vienne ,  amiral 

France,  en  Î385 ,  puis  du  .maréchal 

^Qcicault,  dans  son  expédition  d'I- 

ic,  en  1402. 
JJ^  Lotus  de  Chevriers,  capitaine  des 
Mes  du  comté  de  Mâcon ,  assista  au 
ibat  de  Rupelmonde,  en  1452,  et  à 
i  de  Gade  Tannée  suivante.  Il  fut 

baote  faveur  auprès  du  duc  de  Bour- 

06 ,  Philippe  le  Bon. 


Il  y  eut  une  branche  cadette  de 
Chevriers ,  qui  date  de  François  de 
Chevriers,  lequel  vivait  en  1613. 

Chevbon  ,  figure  de  blason ,  com- 
posée de  deux  bandes  plates,  assem- 
blées par  le  sommet ,  et  s'écartant 
Tune  de  Tautre,  comme  les  deux  bran- 
ches d'un  compas  à  demi  ouvert. 

—  Une  ordonnance  du  16  avril  1771 
décida,  que  quand  un  soldat  aurait  fini 
le  temps  de  son  engagement ,  s'il  en 
contractait  un  nouveau,  il  aurait  droit 
de  porter  sur  le  bras  gauche  un  che- 
vron de  la  couleur  des  revers  de  Fha- 
bit.  Si ,  à  l'expiration  de  ce  second 
engagement ,  il  en  contractait  un  troi- 
sième ,  il  avait  droit  à  un  second  che- 
vron ;  enfin ,  s'il  continuait  à  servir 
après  son  troisième  engagement,  il 

EoiTtait  sur  le  même  bras  deux  épées 
rodées  en  sautoir.  A  chacune  de  ces 
décorations  était  attachée  une  augmen- 
tation de  paye  pour  le  soldat  qui  en 
était  revêtu.  Abandonnée  dans  les  pre- 
mières années  de  la  révolution,  la  dé- 
coration dû  chevron ,  et  la  haute  paye 
à  laquelle  elle  donnait  droit ,  fut  réta- 
blie, mais  avec  quelques  modifications, 
par  un  arrêté  des  consuls ,  du  3  ther- 
midor an  X.  Depuis ,  les  dispositions 
qui  Fa  valent  rétablie  ont  été  successi- 
vement modifiées  par  un  décret  du  24 
messidor  an  xii,  par  une  loi  du  10 
mars  1818,  par  une  décision  minis- 
térielle du  12  août  1822,  et  par  une 
ordonnance  royale  du  25  juillet  1830. 
Aujourd'hui,  les  sous-officiers  et  sol- 
dats ont  droit  à  un  chevron  après  huit 
ans,  à  deux  chevrons  après  douze  ans, 
et  à  trois  chevrons  après  seize  ans  de 
service.  Les  sous-officiers  portent  les 
chevrons  en  galon  d'or  ou  d'argent, 
comme  les  marques  distinct! ves  des 
grades. 

Chèze  (la.)  ou  làChâisb,  ancienne 
baronnie  du  Poitou ,  aujourd'hui  dé- 
partement de  la  Charente ,  érigée  en 
marquisat  en  1697. 

Chèze  (la)  ou  la.  Chaise,  ancienne 
seigneurie  du  Beauiolais  ^  auiourd'hui 
département  du  Rhône,  érigée  en 
comté  en  1718. 

Chezeby  ,  nom  d'une  ville  et  d'une 

liée  cédées  à  la  France  par  Fart,  l*' 


vallée 


118 


CHB 


L'UNIVERS. 


CHI 


du  traité  ooncHi  à  Turfat  le  H4  mars 
1769,  eptre  la  France  et  la  Sardaigne, 
I^a  ville  de  Chezery,  qui  ïajt  mainte- 
nant  oartie  du  département  de  l'Ain  ^ 
pôssèae  une  population  de  1,205  habi- 
tants. 

Ghbzy  (Antoine-Léonard  de) ,  orien- 
taliste, fils  d'un  ingénieur  distingué 
qui  fut  directeur  des  ponts  et  cbaus- 
siées^  naquit  à  Paris,  en  1773.  Il  fut 
admis  ^  récole  polytechnique  dès  la 
formation  de  cette  école  \  il  en  sortit 
pour  suivre  les  cours  de  langues  orien- 
tales au  collège  de  France ,  et  étudia 
particulièrement  la  langue  persane 
sous  lyi.  Sylvestre  de  Saey,  dont  il  fut 
l'élève  \e  plus  distingué.  Ses  succès 
dans  l'étude  du  persan  lui  valurent,  eq 
1807,  la  place  de  professeur-suppléant 
à  l'école  spéciale  des  langues  orientales 
vivantes.  Hamiltonf  membre  de  l'Aca- 
démie de  Calcutta ,  étant  vequ ,  en 
1803 ,  faire  le  catalogue  des  manuscrits 
indiens  de  la  bibliothèque  nationale, 
apprit  en  même  temps  le  sanskrit  à 
Fr.  de  Schlegel ,  oui  résidait  alors  à 
Paris.  Ce  fut  dans  la  conversation  de 
ces  deux  savants  que  Chézy  puisa  les 
premières  notions  de  cette  lan^ue^  et 
il  est  le  premier  Français  qui,  sans 
avoir  voyagé ,  ait  acquis  une  connais- 
sance profonde  de  1  idiome  sacré  des 
Indiens.  Aussi ,  lorsque  la  grammaire 
de  Wilkins  parut  dans  le  Bengale, 
Chézy  fut-il  en  état  de  la  juger  et  d'en 
rendre  compte  en  homme  qui  connais- 
sait son  ^ujet.  £n-1814,  Louis  XVIII 
créa  en  sa  faveur  une  chaire  de  sans- 
krit au  collège  dé  France.  Cette  chaire 
est  la  première  de  ce  genre  qui  ait 
existé  en  {Europe.  £n  1815,  il  devint 
professeur  titulaire  de  persan  à  l'école 
des  langues  orientales ,  et  fut  élu ,  en 
1816,  membre  çje  l'Académie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres.  On  a  de  lui  : 
Med^noun  et  LisUa^  poème  traduit  du 
persan  de  Djamy,  1807,  2  vol.  in-18  : 
cîette  traductioq  fut  jugée  di^ne  d'un 
prix  décennal,  en  1810;  Yadjnadatta 
Iftulha,  ou  la  Mort  de  Ya^J^nado^ta  ^ 
épisode  tiré  du  Râmâyanq,  et  traduit 
du  sanskrit,  1814,  in-rà'';  la  Recon- 
naissance  (kSakountala,  drame  sans- 
krit, texte  et  traduction;  l* anthologie 


éroHque  d'Amarou^  texte  et  tradoG- 
^on.  Chézy  fut  enlevé  par  le  €bolÉn 
ea  1832:  il  laissait  inédits  |i|ix^D^( 
ouvrages  sur  le  sanskrit ,  et  cinq  m 
l'arabe  et  le  persan. 
.  Chiabi  (coinbaf  ^e).  —  Le  marM 
de  Villeroi  avait,  en  1701,  rem^acé 
Catinat  dans  le  commandement  de 
Tarroée  d'Italie  ;  car  ^  disait  fo^Asm 
de  Maintenon  (lans  uqe  de  ses  lettre^ 
Le  roi  n'aime  pas  cqnfier  ses  affaires  1 
des  gens  sans  dévotion.  Catinat  se  mit 
sans  murmurer  sops  les  ordres  du  fiou- 
veau  général ,  qui ,.  avec,  son  imprv- 
dence  et  son  orgueil  ordinaires,  reprit 
l'offensive.  Aux  observations  que  lui 


marcher  contre  Chiari  sur  rOglio,<^'il 
croyait  abandonné.  Catinat  se  fit  rajié? 
ter  l'ordre  trois  fois;  puis,  ^e  retQii^ 
nànt  vers  les  ofGciers  qu'il  CQaHn9ll^ 
daiit  :  jllons,  yiit-il ,  messieurs,  U/wê 
obéir.  On  marcha  au^  ret|^anébemen(|»j 
On  y  trouva  toute  l'arasée  d'Ëug^. 
OU}  avait  été  averti  par  i<(  tr9itre  Anié^ 
aée  de  Savoie,  Malgré  les  preuve^  d| 
courage  par  lesquelles  ce  prjnee  iM 
qua  sa  trahison,  malgré  lés  em0 
désespérés  de  Catinat,  les  Fraoy* 
furent  rçpounsés  ayec  upe  perte  41 
cinq  à  six  mille  hommes.  i 

Chiclana  (b£|taillede).— Pepdft 
que  les  Français,  $ous  .le£;  priJres 
duc  de  Bellune ,  bloquaient  Cadix  | 
terre  (février  1810),  la  junte  insu^ 
tionnelle,  réfugiée  dans  cett^  vil 
conçut  le  prqjei  de  les  forcer  à  iei 
le  siège,  en  faisant  attaquer  leurs  \ïf 
de  revers.  En  conséquence,  einq 
Anglais  «  tjrés  de  la  earnison  de  U 
et  de  celle  je  Gibraltar,  âirent  tri 
portés  par  mer  à  AigésiiraS)  et  8e  1 
nirent  a  Tarifa  avep  douze  mille 
pagnols.  Cette  arméie),  commandée  i 
le  général  Pena ,  se  mit  aussitj^t  , 
iparcbe.  Le  4  mars  r  elle  arriva  a 
hauteur  de  Santi-Petrï,  jffès  dès 
sitions  qu'occupait  le  général  Villl 
spécialement  chargé  de  garder  Ifts 
bouchés  de  l'île  de  Léqn ,  et  essajfJi:^ 
les.  emporter.  Les  Adglo-Es] 
ayant  échoué  dans  cette  .tentative 


CHI 


FRANCE. 


€HI 


119 


Stèrent  eo  avant  vers  Chiclana ,  où 
i  ^  quartier  général  de  l'armée 
fraofaîse*  te  duc  dci  Bellune  fît  retirer 
MB  |M>stes,  se  concentra,  et  prit  posi- 
tion à  Chiclana  roéoie,  avec  sa  réserve, 
eoœposée  de  deux  brigades.  IS'ayant  à 
n  disposition  qu'environ  six  mille 
hunmes,  il  avait  d'abord  résolu  d'at- 
tedre  l'ennemi  ;  mais  il  Se  décida  bien- 
Ipt  a  [prendre  Toffensive,  en  voyant 
h  possibilité  d'attaquer  les  Anglo-Ës* 
[BOls  sans  laisser  paraître  sou  infé- 
^ti  numérique.  U  fît  déboucher  ses 
Q|M»  par  les  bois ,  sur  les  derrières 
>fe^Demi ,  le  culbuta  et  le  rejeta  vers 

!i,iBér.  £n  le  poursuivant  dans  cette 
il^on,  il  vit  que  les  Anglo-Espa- 
(jîiols  s'étaient  emparés  de  la  hauteur 
niprtaote  de  Barossa,  et  ordonna 
""  ipoéral  Ruffin  de  l'enlever  à  la 
lonette.  A  peine  noattres  de  cette 
les  Français  furent  attaqués 
^|ia  corps  de  l'armée  coalisée ,  sous 
[«rdres  du  général  anglais  Graham, 
'lombat  s'ouvrit  par  un  feu  terrible 
|3lerle  et  de  mousqueterie  ;  mais 
ft  les  troupes  ennemies  sfélan- 
U'une  sur  l'autre  et  se  chqirgè- 
[la  baïonnette  avec  uqe  rage  in- 
i.  Les  Français  étaient  à  peine 
itredeux;  cependiant,  dans  deux 
les  successives  I  ils  repoussèrent 
rieusement  lès  Anglo- Espagnols, 
[lecpnde  de  ces  attaques,  le  géné- 
"  ma ,  mortellement  blessé ,  fut 
de  rester  sur  la  hauteur  de  Ba- 
.avec  guelques  soldats  également 
et  fut  fait  prisonnier.  Cet  évé- 
jeta  quelque  désordre  dans  la 
^. lé  qu'il  commandait,  mais  elle 
lêébrma  promptement,  et  elle  re- 
^''  le  due  de  Bellune,  après  avoif 
Anglo -Espagnols  en  complète 
1.  ^s  derniers  firent  ensuite 
rs  tentatives  sur  le  centre  de 
l|ée française;  mais,  toutes  les  fois 
'  se  présentèrent ,  ils  furent  cul- 
et  rentrèrent  dans  Cadix.  La  ba- 
de  Chiclana  fut  très-meurtrière  : 
sdliés  perdirent  3,500  hommes, 
**  ^és  que  prisonniers  ;  du  côté  de^ 
"  i,  00  étajua  la  perte  à  2,500 
les  tu^  ou  hors  de  combat, 
lesquels  se  trouvèrent  plusieurs  < 


«  '  •  •      -•—    ..   * 

offiçjers  de  rang.  Nous  enlevâ^les  i 
l'ennemi  six  pièces  de  canon  çt  trois 
drapeaux;  un  des  nôtres  tomba  au 
pouvoir  d'un  régiment  anglais. 

Chicot  (N.)  ,  gentilhomme  gascon , 
bouffon  de  Henri  IV,  se  distingua  par 
sa  bravoure  et  son  zèle  pour  la  cause 
de  ce  prince ,  autant  que  par  l'origina- 
lité de  ses  plaisanteries ,  et  le  sel  qu'il 
joignait  aux  avis  burlesques  qu'il  don- 
nait aux  gens  de  la  cour.  Ayant  fait 
prisonnier,  au  siège  de  Rouen,  le 
comte  de  Chaligoy,  il  reçut  du  noble 
seigneur,  irrité  dé  ses  rodomontades  « 
un  coup  d'épée  sur  la  tête ,  dont  il 
mourut  quinze  jours  après.  On  rap- 
porte que  quelques  instants  avant  d'ex- 
pirer, Chicot  voulut  se  précipiter  de 
son  lit  pour  assommer  un  curé ,  li- 
gueur fanatique ,  qui  réfusait  de  don- 
ner l'absolution  à  un  soldat  mourant, 
parce  qu'il  était  au  service  d'un  roi  hu- 
guenot. 

Chigoyneâu  (François) ,  né  à  Mont- 
pellier, en  1672,  (Je  Michel  Chicoy- 
neau ,  chancelier  et  professeur  d'ana- 
tomie  et  de  botanique  de  l'université 
de  cette  ville,  fut  d'abord  destiné  à  la 
marine;  mais  il  embrassa  ensuite  la 
carrière  de  la  médecine.  Reçu  docteur 
en  1693,  il  succéda  à  son  père  dans  sa 
place  de  chancelier  de  Tuniversité  et 
dans  ses  deux  chaires  d'anatomie  et 
de  botanique ,  et  fut  envoyé  à  Marseille 
par  le  duC  d'Orléans,  avec  Boyer  et 
Verney,  lorsque  la  peste  s'y  montra, 
en  1720.  Apres  cette  mission,  dont  ih 
s'acquitta  avec  le  plus  grand  dévoue- 
ment, il  fiit  appelé  à  Paris,  où  il  de- 
vint médecin  d«s  enfants  de  France , 
puis  médecin  du  roi,  à  la  mort  de 
Chirac,  son  beau -père.  Chicoyneau 
avait  été  nommé  associé  libre  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  en  1782.  Il  est 
mort  le  18  avril  1752. 

Chien.  — LesGaulois,  dontlachassc 
était  le  divertissement  favori ,  faisaient 
le  plus  grand  cas  de  l'intelligent  ani- 
mal qui  les  secondait  dans  ce  noble 
exercice.  Ils  se  faisaient  suivre  de  leurs 
chiens  partout ,  même  dans  leurs  ex- 
péditions militaires.  Bituitus^  chef  des 
Arvernes,  attendant,  avec  100,000 
hommes ,  le  consul  Q«  Fabius  Maxi- 


130 


GHI 


L'UNIVERS. 


CHI 


mus ,  qui  marchait  à  lui  à  la  tête  de 
30,000  soldats,  dit ,  en  voyant  le  petit 
nombre  d'ennemis  qui  se  disposaient 
à  Fattaquer,  que  l'armée  romaine  suf-. 
firait  à  peine  à  un  repas  des  chiens 
qui  étaient  dans  la  sienne. 

Les  Francs,  peuples  chasseurs  comme 
les  Gaulois,  attachaient  également  une 
grande  importance  à  leurs  chiens ,  et 
les  lois  saliques,  des  Ripuaires,  etc., 
punissaient  très-sévèrement  le  vol  d'un 
de  ces  animaux ,  surtout  s'il  était  dressé 
pour  la  chasse. 

Chien  (ordre  des  chevaliers  du).  — 
On  prétend  que  cet  ordre  ftlt  institué 
.  par  un  seigneur  de  la  maison  de  Mont- 
morency, Bouchard  lY,  surnommé 
Barbe-Torte ,  qui ,  en  1102,  vint  à  Pa- 
ris, suivant  Belleforét,  accompagné 
d'un  ^rand  nombre  de  chevaliers,  qui 
portaient  tous  un  collier  façonné  en 
télé  de  cerf,  avec  un  méda'ijlon  qui 

{>ortait  l'effigie  d'un  chien.  C'est  d'ail- 
eurs  tout  ce  qu'on  sait  sur  cet  ordre 
bizarre. 

Chiffbes.  —  On  ignore  complète- 
ment quels  furertt  les  signes  dont  les 
premiers  Gaulois  se  servaient  pour 
exprimer  les  nombres  et  calculer.  Tout 
ce  que  l'on  sait ,  c'est  que  quand  les 
Romains  se  furent  empares  de  la 
Gaule,  ils  y  introduisirent  les  leurs, 
qui  étaient ,  comme  on  le  voit  par  les 
inscriptions  et  les  autres  monuments 
écrits,  un  certain  nombre  de  lettres  de 
leur  alphabet.  Le  latin  étant  devenu  la 
^langue  ofpcielle  dans  laquelle  furent 
rédigés  et  promulgués  les  traités ,  les 
capitulaires ,  les  canons  des  conciles , 
les  chartes  de  fondation,  de  donation, 
d'affranchissement,  etc.,  ces  actes 
durent  être  datés  au  moyen  du  chiffre 
romain.  Lorsque  François  V"^  eut  or- 
donné que  les  actes  de  l'autorité ,  les 
arrêts  des  cours  de  justice,  ainsi  que 
les  transactions  particulières,  seraient 
rédigés  et  écrits  en  langue  française, 
on  commença  à  faire  un  usage  général 
des  chiffres  dont  nous  nous  servons 
aujourd'hui ,  et  que  nous  appelons 
chiffres  arabes. 

Ces  chiffres  viennent-ils  réellement 
des  peuples  dont  ils  portent  le  nom , 
et  ea  quel  teaips  ont-Us  été  introduits 


en  Europe?  Ces  deux  questions  ont 
occupé  bien  des  savants ,  et  cependant 
elles  sont  encore  indécises.  Selon  des 
auteurs,  ce  fut  Gerbert.  d'Aurillac, 
savant  mathématicien ,  successivement 
précepteur  de  l'empereur  Othon  ITI  et 
du  jeune  roi  Robert ,  puis  archevêque 
de  Reims,  enfin  pape  sous  le  nom  de 
Sylvestre  III ,  qui  s'en  servit  le  pre- 
mier en  France.  Si  cela  est  vrai ,  de 
qui  Gerbert  les  tenait-il  ?  Voilà  ce  que 
I  histoire  ne  nous  dit  pas. 

Selon  d'autres  écrivains,  les  chiffres 
arables,  dont  les  Indiens  seraient  les 
premiers  inventeurs ,  n'auraient  com- 
mencé à  être  connus  en  Occident  que 
vers  la  fin  du  treizième  siècle,  etoa 
les  devrait  au  moine  Planude,  à  qui 
on  attribue  une  vie  d'Ésope. 

Le  savant  Huet,  évêque  d'Avran- 
ches ,  nie  que  les  chiffres  dits  anbes 
nous  soient  venus  d'Orient  tels  aue- 
nous  les  écrivons  :  il  n'y  voit  auc  aei 
lettres  grecques  tracées  à  la  bâte  et 
mal  conformées;  ainsi,  à  son  avis, 
du  p,  on  aurait  formé  le  2;  du  f,  le  S; 
du  ^,  le  4;  de  l'e,  le  5;  du  <r,  le  6; 
du  Ç ,  le  7;  du  H ,  le  8 ,  et  du  0 ,  le 9* 
M.  Charles  Nodier  partage  cette  o^ 
nion  pour  une  partie  des  chiffres.  S 
cette  idée  était  vraie ,  on  pourrait  sQ(h 
poser  que  les  chiffres  usuels  ont  nos 
haute  antiquité  chez  nous ,  qu'ils  y  ont 
été  apportes  par  les  Phocéens  et  adop* 
tés  par  les  marchands  gaulois  qui  com- 
merçaient avec  Marseille.  Mais  on  s 
répondu  que  si  ces  chiffres  viennent 
de  lettres  grecques,  quelques-unes  de 
ces  lettres  ont  subi  une  transforma* 
tion  telle,  que  pour  les  reconnaître 
dans  les  chiffres  auxquels  elles  ont 
donné  naissance,  il  faut  une  foi  ro- 
buste. Quant  à  leur  introduction  par 
les  Phocéens ,  on  demandera  corameiil. 
il  se  fait  que  les  chiffres ,  une  fois  cott^ 
nus,  aient  été  abandonnés  pendafli. 
tant  de  siècles  pour  être  repris  ensuit^ 
et  comment  on  les  a  retrouvés.  Ccai 
qui  prétendent  que  les  chiffres  arab* 
ou  indiens  nous  sont  venus  de  l'O- 
rient,  justifient  leur  opinion  en  ce  qœt 
pour  faire  les  calculs,  on  procède  «». 
partant  de  la  droite,  comme  lise* 
presque  tous  les  peuples  orientaux* 


CHI 


FRANCE. 


CHI 


tSl 


A  cela  on  peut  leur  répondre  que, 
pour  énoncer  un  nombre  écrit  en 
chiite,  on  commence  à  le  lire  par  la 
gauche.  Ainsi  leur  raisonnement  ne 
prouve  rien.  La  question  est  donc  en- 
core indécise. 

CHrLDEBEBT  P'v  troisième  fils  de 
Clovis,  et  le  second  de  son  mariage 
aree  Clotilde,  eut  en  partage  le  royau- 
jnede  Paris^  qui  lui  échut  en  511.  La 
invoure,  jointe  à  la  cruauté,  forme  le 
principal  trait  de  son  caractère  ;  'des 
guerres  d'ambition  occupent  tout^on 
i^oe.  Il  se  Joignit,  en  523,  à  ses  deux 
ireres,  Clotbaire  et  Ciodomir,  pour 
Un  la  guerre  à  Si^isrnond,  roi  des 
Boarguignons.  Ce  pnnce  Cfut  vaincu, 
et  ia  Bourgogne  qui,  •  depuis  près  de 
cent  vingt  ans,  était  constituée  en 
royaame,  fut  démembrée  (534).  Cio- 
domir périt  dans  cette  expédition.  Son 
loyaume  revenait  à  ses  enfants;  mais 
lis  n'avaient  pour  se  défendre  contre 
Tavidité  de  leurs  oncles  que  leur  aïeule 
Qotilde.  a  Childebért,  voyant  que  sa 
■ère  avait  porté  toute  son  affection 
w  les  fils  de  Ciodomir,  en  conçut  de 
iï«vie;  et  craignant  que,  par  la  taveur 
^  b  reine,  ils  n'eussent  part  au 
^Mffle,  il  envoya  secrètement  vers 
,  9»  frère,  le  roi  Clotbaire,  et .  lui  fit 
"  dfe  :  «  Notre  mère  garde  avec  elle 
«  les  fils  de  notre  frère,  et  veut  leur 
«doQoer  le  royaume;  il  faut  que  tu 
«viennes  promptement  à  Pans,  et 
*  Que, réunis  tous  deux  en  conseil,  nous 
«déterminions  ce  que  nous  devons 
«  faire  d'eux,  savoir  si  on  leur  coupera 
«  les  cheveux,  comme  au  reste  du  peu- 
«  pie,  ou  si,  les  ayant  tués,  nous  par- 
«tagerons  entre  nous  le  royaume  de 
«  notre  frère.  »  Fort  réjoui  de  ces  pa- 
roles, Clotbaire  vint  à  Paris.  Cbilde- 
Savait  déjà  répandu  dans  le  peuple 

£B  les  deux  rois  étaient  d'accord  pour 
ver  ces  enfants  au  trône.  Ils  en- 
^yèrent  donc,  au  nom  de  tous  deux, 
«6  reine,  qui  demeurait  dans  la  même 
ville,  et  lui  dirent  :  «  Envoie-nous  les 
«enfants,  que  nous  les  élevions  au 
«  trône.  »  Elle,  remplie  de  joie,  et  ne 
nehant  pas  leur  artifice,  après  avoir 
w  boire  et  manger  les  enfants,  les 
^voya,  en  disant  :  «  Je  croirai  n'avoir 


«  pas  perdu  mon  fils,  si  je  vous  vois 
«  succéder  a  son  royaume.  »  Les  ea- 
fants  étant  allés,  furent  pris  aussitôt 
et  séparés  de  leurs  serviteurs  et  de 
leurs  gouverneurs  ;  et  on  les  enferma 
à  part,  d'un  côté  les  serviteurs  et  de 
l'autre  les  enfants.  Alors  Cbildebert  et 
Clotbaire  envovèrent  à  la  reine  Area- 
dius,  portant  des  ciseaux  et  une  épée 
nue.  Quand  il  fut  arrivé  près  de  la 
reine,  il  les  liTi  montra,  en  disant  : 
«  Tes  fils,  nos  seigneurs,  ô  très-glo- 
R  rieuse  reine,  attendent  que  tu  leur 
«  fasses  savoir  ta  volonté  sur  la  ma- 
«  nière  dont  il  faut  traiter  ces  enfants; 
«  ordonne' qu'ils  vivent  les  cbeveux 
«  coupés ,  ou  qu'ils  soient  égorgés.  » 
Consternée  à  ce  message,  et  en  même 
temps  émue  d'une  grande  colère,  en 
voyant  cette  épée  nue  et  ces  ciseaux, 
elle  se  laissa  transporter  par  son  in- 
dignation, et  ne  sachant,  dans  sa  dou- 
leur, ce  qu'elle  disait,  elle  répondit 
imprudemment  :  «  Si  on  ne  les  élève 
«  pas  sur  le  trône,  i'aime  mieux  les 
«  voir  morts  que  tondus.  »  Mais  Arca- 
dius,  s'inquiétant  peu  de  sa  douleur,^ 
et  ne  cherchant  pas  à  pénétrer  ce 
qu'elle  penserait  ensuite  plus  réelle- 
ment, revint  en  diligence  près  de  ceux 
qui  l'avaient  <>  envoyé ,  et  leur  dit: 
«  Vous  pouvez  continuer,  avec  l'ap- 
psobation  de  la  reine,  ce  que  vous 
avez  commencé,  car  elle  veut  que  vous 
accomplissiez  votre  projet.  »  Aussitôt 
Clothaire,  prenant  par  le  bras  l'aîné 
des  enfants,  le  jeta  à  terre,  et  lui  en- 
fonçant son  couteau  sous  l'aisselle,  le 
tua  cruellement.  A  ses  cris,  son  frère 
se  prosterna  aux  pieds  de  Cbildebert, 
et  lui  saisissant  les  genoux,  lui  disait 
avec  larmes  :  «  Secours-moi ,  mon 
«  très-bon  père,  afin  que  je  ne  meure 
«  pas  comme  mon  frère.  »  Alors  Cbil- 
debert, le  visage  couvert  de  larmes, 
dit  :  «  Je  te  prie,  mon  très-cher  frère, 
a  aie  la  générosité  de  m'accorder  sa 
«  vie;  et  si  tu  veux  ne  pas  le  tuer,  je 
«  te  donnerai  pour  le  racheter  ce  que 
«  tu  voudras.  »  Mais  Clotbaire,  après 
l'avoir  accablé  d'injures,  lui  dit:  «  Re- 
«  pousse-le  loin  de  toi,  ou  tu  mourras 
«  certainement  a  sa  place;  c'est  toi 
«  qui  m'as  excité  à  cette  affaire,  et  tu 


n 


CHl 


L'IÎMVEfeiS. 


CEI 


«  ës  si  prompt  à  rëpi*endré  ta  foi  !  » 
Childebétt.  à  ces  paroles:  repoussa 
l'enfant  et  le  Jeta  à  Clothaire,  qui,  lê 
rècê?ant,  lui  enfonça  son  couteau 
dans  le  côté,  et  te  .tua,  comme  il  avait 
hit  à  son  frerê.  Ils  tuèrent  ensuite  les 
serviteurs  et  les  gouverneurs  ;  et  après 
iquMls  furent  mort^,  Clothaire,  mon- 
tant à  cheval,  s'en  alla,  sans  se  trou- 
bler aucunement  du  /neurtre  de  ses 
neveux,  et  se  rendit  avec  Çhildëbert 
dans  les  faubourgs.  La  reine,  ayant 
fait  poser  les  petits  corps  sur  uri  bran- 
card; les  conduisit,  avec  beaucoup  dé 
chants  pieux  et  une  immense  douleur, 
à  réglise  de  Saint-Pièrre,  où  on  les  en- 
terra tous  deux  de  la  même  nranière. 
L'un  des  deux  avait  dix  ans  et  l'autre 
sept. 

«  Ils  ne  purent  |irendre  le  troisième, 
Clodoald,  qui  fut  sauvé  par  le  secours 
de  braves  guerriers;  dédaignant  un 
royaume  terrestre,  il  se  consacra  à 
Dieu,  et  s'étaut  coupé  les  cheveux  de 
sa  propre  main,  il  fut  fait  clerc.  11  per- 
sista dans  les  boiinès  œuvres  et  mourut 
prêtre  (*).  » 

Childebert  ^t  Clothaire  se  partagè- 
rent ensuite  les  États  de  leurs  neveux  ; 
mais  ils  ne  furent  pas  longtemps  d'ac- 
cord ;  leur  haine  éclata'  après  la  mau- 
vaise issue  d'une  expéaition  qu'ils 
avaient  faite  ensemble  en  Espagne,  et 
dans  laquelle  ils  avaient  perdu  la  moi- 
tié de  leurs  troupes.  Childebert  rava- 
gea alors  les  États  de  Clothaire^  et 
excita  son  fils  Chramne  à  se  révolter 
contre  lui.  Mais  bientôt  après  il  mou- 
rut à  Paris  (556),  et,  comme  il  ne 
laissait  pas  d'enfant  mâle,  ses  États  re- 
vinrent à  Clothaire,  qui  devint  aloris 
ie  seul  roi  des  Francs. 

CHitDEBEfii!  P'  (monnaie  de).  — 
On  ne  connaît  de  ce  prince  qu'une 
seule  pièce  ;  c'est  un  très-beau  triens, 
publié  par  Bouteroue  et  Leblanc,  et 
qui  présente  d*un  côté  le  nom  royal 
autour  d'un  buste  armé  d'un  bouclier, 
Childebebtus  bèx,  et  au  revers  un 
rhrisme  anse  et  accosté  des  lettres  ah 
sur  un  globe,  avec  la  légende  àrela- 

TOCIVIT. 
(*)  Grégoire  de  Tours. 


CfiiLBEBXBT  II,  roi  d'Australie, 
lits  de  Sigebert  et  de  Brùnéhaut,  né 
reirs  570,  fut  proclamé  eé  576,  sons 
la  tutelle  de  sa  raère^  qui,  lor§  de  sa 
captivité,  Ait  remplacée  dànl  l'admi- 
nistration du  royaume  par  un  Conseil 
de  régence  composé  de  seigneurs  aus- 
trasiens.  Peu  dé  temps  après  que 
Childebert  eut  pris  lui-même  les  rênes 
de  l'État,  la  mort  de  son  oncle  Gon- 
tr^ri  l'appela  à  la,  succession  des 
royaumes  de  Bbur^ô^ne,  d'Orléans,  et 
d'une  partie  de  eeïui  dé  Paris  ;  mail 
son  règne  fut  de  courte  durée.  Il 
mourut  empoisoniié  à  l'âge  de  vingt- 
six  ans,  au  moment  où  il  se  préparait 
â  conquérir  la  Neustrie  (596).  Il  lais- 
sait deux  fils  :  Thierry,  aai  eut  le 
royaume  de  Bourgogne,  et  Théodebert, 
i)ui  devint  roi  d'Aûàtrasie. 

Childebert  II  (monnaie  de).— 
Ori  connaît  de  ce  prince  un  tiers  de 
sou  d'or  frappé  en  son  nom,  en  Au- 
vergne, ainsi  que  l'indiquent  les  gran» 
des  lettres  AR,  initiales  de  Anvemà 

9     > 

çîvitas,  et  une  autre  pièce  au  reveri. 
de  laquelle  on  voit  un  dragon  ave^ 
des  caractères  que  l'on  n'a  pu  eocoif 
déchiffrer  complètement.  Qn  attribut: 
encore  à  Chilaebert  II  une  pièce  éêl 
bronze,  dont  le  champ  nrésente  d'mi] 
côté  Elpbbebtib,  et  ae  l'autre  u 
chrisme  dans  un  feuillage.  C'est,  avi 
une  autre  pièce,  où  on  lit  le  nom 
Thbodobigus,  et  qui  pourrait  te 
aussi  bien  appartenir  à  Théodoriç 
Grand  qu'aux  princes  mérovingieni 
du  tnèim  nom,  la  seule  espèce  de  cui* 
vre  qui  figure  dans  la  sërie  mérovîn" 
gienne. 

Chilbebbbt  III,  dit  le  Jlmte^ 
de  Thiejry  V\  né  vers  683,  fut  p 
clamé  en  695,  à  la  mort  de  Clovis 
son  frère  ;  mais,  de  même  que  ses  d^ 
prédécesseurs,  il  ne  régna  que  de  nook.! 
Le  véritable  roi  fut  Pépin  le  Gros 
d'Héristai,  qui,  avec  le  titre  de  vam 
du  palais,  eut  toujours  une  autorit 
souveraioe.  Childebert  UI  mourut 
7tl,  laissant  un  fils,  Dagobert,   i 
porta  aussi,  après  lui,  |e  titre  de  i 

Childebbbt  m  (monnaie  de).  -?*] 
Nous  ne  connaissons  aucune  moi 


J 


GHI 


FRANCE. 


p  l'on  puisse  attribuer  dvec  certî- 
t»fpàce  prince.  Le  nom  de  Chjlde- 
bèrt,  qui  se  lit^  »ur  des  triens  frappés 
diosdeux  localités  de  Bourgogne*  ié-, 
sigoées  par  les  légendes  du.  revers, 
fVfik  FiciT  et  BOHis,  n'est  ni  celui 
deceprluee,  ni  celui  d'un  roi  du  même 
lom.  Il  désigne  la  monétaire,  ainsi 
fK  les  légendesf  M^aoysus,  d'une 
ilpiaie  de  Cbâlons-sur-filaone,  et 
(^nuoiaiGus  xon>  d*une  pièce  frap- 

.  (^DSSKÀiiD.  -r-  Le  continuateur 
k  frédégaire  dit  que  ce  prince  était 
fils  de  Pépin  d'Héristal  et  d'Alpaîde, 
ctpre  de  Charles-Martel*  Ce  person- 
il4gp,  qui  est  un  des  plus  insignifiants 
d»  Botre  histoire^  est  un  de  ceux  dont 
qu'est  te  plus  occupé.  Il  connbattit 
*"  Sarrasins  avec  Cnarles-Martel  ;  il 
siège  de  Narbonne;  il  intervint 
les  querelles  de  ses  neveux,  après 
trt  de  Charles.  A  partir  de  741, 
mnales  ^  chronicfues  ne  parlent 
^  de  lui;  mais  les  généalogistes  sont 
«i  oui  l'oiit  illustré  en  voulant 
ide  lui  un  deç  ançltres  de  la  dy- 
eapétienne.  Les  plus  grands  éru- 
I  siècle  dernier  se  sont  engagés 
des  discussions  interminables, 
||p[  démontrer  la,  descendance  carlo- 
tHienae  de  Robert  le  Fort,  l'ancêtre 
inné  et  reconnu  dés  Capétiens.  En  se 
>ÉMhant  à  dhildebrand,  Duchesne^ 
Bouchet,   les  Sainte-Marthe,   le 
'"te,  etc.,  y  opt  consacré  tpute  leur 
itioD,  aidée  de  toutes  les  subtilités 
bdialectiaue.  Pauvre  sujet  d'escri- 

Bi  fK>ur»des  nommes  si  savants  !  Mais, 
tout  temps,  les  érudits  se  sont  pas- 
ÉHlQés  ppiir  des  questions    n'ayant 

tvleur  que  pei|e  qtie  leur  donnait 
préoccupation.  Adrien  Valois  a  ei^ 
k  bon  espnt  de  réfiiter  toute  cette 
l^logie  d'invention  moderne,  et 
t'est  aujourd'hui  un  point  en  dehor^ 
^  la  discussion.  Ce  n'est  pas  tout  ; 
Qjildebrand  fut  encore,  au  dix-septième 
fittle,  le  héros  d'un  poème  épique; 
iws  il  j  a  longtemps  que  Boileau  a 
ttyastice  du  poète  et  du  poème,  par 
jm  vers  que  tout  le  monde  connaît. 
^1  trouvera  1^  résuqné  de  toutes  les 
Wttisioni  relatives  à  Childebrand, 


cHi  m 


dans  la.  préface  du  tome  x  de  la  colleqr 
tioD  des  historiens  de  France,  éf  aussi 
dans  un  mémoire  de  Foncemagnci 
imprimé  dans  le  tome  x  du  recueil  de 
l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres. 

Childebig  I",  fils  de  Mérovée, 
lui  succéda  en  458.  La  dissolution  des 
mœurs  de  ce  prince  avant  provoqué 
les  ressentiments  d^s  bomnoes  libres 
du  royaume,  il  se  vit  forcer  de  quitter 
ses  États  et  de  chercher  un  asile  dans 
la  Thufinge,  auprès  d'un  roi  dont  il  sé- 
duisit la  femme;  et  la  royauté  fut  dé- 
férée, suivant  les  vieilles  chroniques, 
au  maître  de  la  milice  des  Romains. 

«  Il  s'abandonna,  dit  Grégoire  de 
Tours,  à  une  honteuse  luxure,  désho- 
norant les  femmes  de  ses  sujets;  e.^ 
ceux-ci ,  indignés  de  ces  outrages ,  1^ 
détrônèrent.  Ayant  découvert  qu'oui 
en  voulait  môme  à  sa  vie,  il  se  réfugia 
dans  la  Thuringe,  laissant  dans  son 
pays  lin  homme  qui  lui  était  attaché^ 
pour  qu'il  apaisât,  par  de  douces  pa- 
roles, les  esprits  furieux.  Il  lui  donna 
aussi  un  signe  pour  qu'il  lui  fît  con- 
naître quand  il  serait  temps  de  retour- 
ner dans  sa  patrie,  c'est-a-dire  qu'ils 
divisèrent  en  deux  une  pièce  d'or^  que 
Childéric  en  emporta  une  moitié,  et 
que  son  ami  garda  l'autre,  disant: 
«  Quand  je  vous  enverrai  cette  moi- 
«  tié,  et  que  les  deux  parties  réunies 
«  formeront  la  pièce  entière,  vous 
«  pourrez  reveniren  toute  sûreté  dans 
9  votre,  patrie.  »  Étant  donc  passé 
dans  la  Thuringe,  Childéric  se  réfugia 
chez  le  roi  Bizin  et  sa  femme  Basine* 
Les  Francs  «  aptes  l'avoir  détrôné, 
élurent  pour  roi,  d'une  voix  unanime, 
^gidius  r)—*  Celui-ci  était  déjà  dans 
la  huitième  année  de- son  rè^ne,  lors- 
que le  fidèle  ami  de  Childéric,  ayant 
secrètement  apaisé  les  Franes,  envoya 
à  son  prince  des  messagers  pour  lui 

(*)  Leç  Francs,  en  prenant  pour  chef 
^gidius^  ne  firent  sans  doute  que  suivre 
l'ancien  usage  de  se.  mettre  au  service  des 
généraux  romains.  Le  vrai  de  tout  cela ,  dit 
M.  de  Chateaubriand  en  racontant  rexil  de 
Childéric ,  c'est  qu'il  alla  à  Constanliuople, 
d'où  Tempereur  le  dépêcha  en  Gaule  poiif 
contre-balanoer  Fautorité  suspecte  d'^idius. 


tu 


cm 


L'UNIVERS. 


GHI 


remettre  la  moitié  de  la  pièce  qu'il 
avait  gardée.  Celui-ci,  voyant  par  cet 
indice  certain  que  les  Francs  désiraient 
son  retour,  et  c[u'ils  le  priaient  eux- 
mêmes  de  revenir,  quitta  Thuriuge  et 
fut  rétabli  sur  le  trotte.  Tandis  qu'il 
régnait,  Basine  abandonna  son  mari 
pou-r  venir  auprès  de  Childéric.  Celui- 
ci  l'épousa,  et  en  eut  un  fils  qu'on  ap- 
pela du  nom  de  Clovis.  Ce  fut  un 
grand  prince  et  un  redoutable  guer- 
rier. »  (Voy.  Basine.)  Cbildéric  V 
mourut  en  481  (*). 

Childéric  II,  second  fils  de  Clo- 
vis II  et  de  Bathilde,  roi  d'Austrasie 
en  660,  réunit  tout  l'empire  des  Francs 
en  670 ,  à  la  mort  de  Clothaire  III,  son 
frère,  et  par  la  retraite  de  Thierry. 
Ëbroïn,  maire  du  palais,  ayant  voulu 
mettre  ce  dernier  sur  le  trône ,  fut 
rasé  et  confiné  dans  un  monastère,  et 
le  prince  enfermé  dans  Tabbaye  de 
Saint-Denis.  Childéric,  devenu  maître 
absolu  du  royaume ,  se  conduisit  d'a- 
bord par  les  conseils  de  Léger,  évé^ue 
d'Autun.  Mais  ce  prélat  perdit  bientôt 
sa  confiance ,  et  il  le  fit  enfermer  avec 
Ebroïn  au  monastère  de  Luxeuil.  Chil- 
déric se  rendit  alors  odieux  aux  grands, 
en  ne  tenant  aucun  compte  de  leurs 
privilèges.  Bodillon,  l'un  d'eux,  fut 
par  ses  ordres  attaché  à  un  poteau  et 
fouetté  comme  un  esclave.  Cet  outrage 
fit  naître  une  conspiration.  Le  même 
Bodillon ,  chef  des  conjurés ,  l'assassina 

(*)  On  a  découvert  en  x654»àTournay) 
un  tombeau  où  étaient  déposés»  à  côté  d'un 
squeleUe,  une  assez  grande  quantité  d'objets 
précieux,  entre  autres  une  épée  dooi  la 

Soignée  était  garnie  d'une  feuille  d'or,  une 
aclie  d'armes  ou  francisque  en  fer,  beau- 
coup d'abeilles  en  or,  cent  médailles  d'or, 
d'empereurs  du  Bas-Empire,  la  plupart  con- 
temporains de  Cbildéric,  et  deux  cents  mé- 
dailles d  argent  des  premiers  empereurs.  On 
a  supposé  que  ce  tombeau  était  celui  de 
Childéric.  Les  objets  qu'il  contenait,  donnés 
d'abord  à  l'archiduc  Léopold  -  Guillaume 
d'Autriche ,  alors  gouverneur  des  Pays-Bas , 

{>as^èrent,  après  la  mort  de  ce  prince,  à 
'électeur  de  Mayence  ,*qui ,  en  i663,  en 
fit  présent  à  Louis  XIY.  Ils  sont  maintenant 
déposés  au  cabinet  des  antiques  de  la  bi- 
bliothèque du  roi. 


dans  la  forêt  de  Livri ,  près  de  Cheiles , 
en  678  ;  il  étaft  à  peine  âgé  de  vingt* 
quatre  ans.  La  reme  Bihniide,  alors 
enceinte,  et  Dagobert,  leur  fils  aîné, 
encore  enfant,  ne  furent  pas  épargnés. 
Leur  autre  fils,  Daniel,  échappa  seul 
à  ce  massacre.  (Voy.  Chilpéhic  11.)  « 

Childéric  TI  (monnaie  de).— Trois 
princes  du  nom  de  Childéric  ont  régné 
sur  les  Francs;  mais  le  second  estli' 
seul  dont'nous  connaissions  des  mon»^, 
nàies.  C'est  en  effet  à  lut  que  Ton  at^ 
tribue  généralement  les  triens  et  leil 
sols  sur  lesquels  on  voit  aa  droit  la  lé- 
gende Hidaerigvs  REx ,  puisuDbasd 
tourné  à  droite  et  revêtu  d'un  paluda^ 
mentum  ou  manteau  sous  une  arcadef 
au  revers,  une  croix  accostée  des  tel 
très  MA,  initiales  de  Massilia  (Mi 
seille) ,  dont  le  nom  se  trouve  in 
en  toutes  lettres  dans  la  légende.  Cel 
représentation  d'un  buste  sous 
arcade  est  unique  dans  la  série  m 
vingienne.  On  connaît  d'ailleurs  d'i 
très  sols  et  d'autres  triens  de  la  m' 
ville  qui  ne  présentent  que  le 
ordinaire,  c'est-à-dire,  le  nom  da 
autour  de  son  buste,  les  lettres 
accostant  la  croix,  et  la  légende 
siUE  civiTATis.  Nous  dcvons  ei 
nrientionner  ici  un  beau  tiers  de 
frappé  au  nom  de  Childéric  II  et  de 
frère  Clothaire,  et  qui  porte,  d 
côté,  les  mots  Childéric vs  rsx 
tour  d'un  buste,  et  de  l'autre, 
TARivs  REX  autour  d'une  croix, 
lettres  ma^  qui  accompagnent 
croix,  prouvent  que  cette  pièce  a 
frappée  à  Marseille.  On  y  remai 
d'ailleurs  le  motcoNOB,  légendes 
matique  des  dernières  monnaies 
maines  dont  on  a  donné  tant  d'exj 
cations  différentes.  Enfin ,  on  con 
encore  de  Childéric  des  triens  fra 
à  Metz ,  et  présentant ,  d'un  côté, 
figie  du  pnnce  avec  son  nom,  et 
l'autre,  la  légende  mettis  giv  au 
d'une  croix  ansée. 

Chi^dbrig  III ,  le  dernier  des  pi 
ces  de   la   dynastie  mérovingien 
Après  la  mort  de  Charles-Martel,  ' 
loman  et  Pépin  se  partagèrent 
vaste  empire;  le  premier  eut  l'Aui 
sie,  le  second,  la  Neustrie  et  la 


cm 


FRANCE. 


CHI 


125 


gogoe.  Maïs  Pépin,  né  Austrasien,  et 
parlant  toujours  la  langue  germanique, 
était  considéré ,  par  les  peuples  sur 
lesquels  il  devait  régner,  comme  un 
étranger.  «  Ils  ne  lui  obéissaient  qu'à 
regret,  et  peut-être  avaient-ils  fait  en- 
tendre quelque  plainte,  de  ce  qu'il  ne 
jotait  plus  de  roi  auquel  ils  pussent 
teander  justice,  lorsqu'ils   étaient 
fprimés  par  le  maire  du  palais.  Pépin , 
'|0ur  les  satisfaire,  tira  de  quelque 
mvent  un  dernier  Mérovingien  qu'il 
'iMmiœaCliildéricIII  (742).  On  ne  sait 
'BisoD  âge,  ni  son  origine;  mais  il  est 
I  probable  que  Pépin ,  fidèle  à  la  politique 
l4e  ses  prédécesseurs,  fit,  dans  cette 
|jiief»sioQ,  choix  d'un  enfant.  La  plu- 
[firtdes  chroniqueurs  parlent  pour  la 
[fremière  fois  de  Childéric  III,  au  mo- 
UK&t  de  sa  dé[)osition  {*),  »  Mais  dix 
:  après,  Pépin,  que  la  retraite  de 
i  frère  Carloman  avait  rendu  maître 
toute  la  monarchie  des  Francs, 
ivaot  son  autorité  assez  bien  éta- 
députa  vers  le  pape  Zacharie, 
ira,  évéque  de  Wirtzbourg,  et 
reFulrad ,  son  chapelain ,  «  pour 
roger,  dit  Éginhard ,  sur  les  rois 
(jeiistaient  alors  en  France,  et  qui 
imt  que  le  nom  de  rois  sans  au- 
paissance  royale.  Par  eux,   le 
fè  répondit  qu^il  valait  mieux  que 
ni-là  fût  roi ,  qui  exerçait  la  puis- 
ce  royale  (**).  »  Pépin  tut  élevé  sur 
bouclier,  dans  une  assemblée  de  la 
te  qui  fut  tenue  à  Soissons,  au 
«s  de  mars  752,  et  Childéric  III, 
,  int  été  solennellement  déposé ,  reçut 
itoDsure  ecclésiastique  et  fut  enfermé 
1  couvent  de  Sithiu,  nommé  depuis 
întrBertin,  à  Saint-Omer,  où  il^Aiou- 

fioLvimc  V%  fils  de  Clothaire  I", 
it  roi  de  Soissons  en  561 ,  à  la 
t  de  son  père.  Il  se  montra  tout 

jword  avide ,  fourbe ,  querelleur  :  il 
lut  s'approprier  le  trésor  de  son 
^  que  l'on  gardait  dans  la  résidence 

^ Brame;  mais  ses  frères  le  forcèrent 

.'0  Sismondi,  Histoire  des  Français,  1. 1, 
"►  t55. 

{**)  Éginhard ,  Annales ,  t.  V,  scr,  fr, , 
'|.i97. 


ranti 


à  partager.  En  562 ,  il  envahit  les  États 
de  son  frère  Sigebert,  et  lui  prit 
Reims,  sa  capitale;  repoussé  à  son 
tour,  il  perdit  Soissons ,  et  fut  sur  le 
point  d'être  dépouillé  de  tous  ses  États. 
Chilpéric  ne  s'était  encore  allié  qu'à 
des  femtaes  de  basse  extraction;  à 
l'exemple  de  Sigebert ,  il  voulut  avoir 
pour  épouse  une  princesse  du  sang 
royal ,  et  il  épousa  Gaisuintbe ,  sœur 
deSrunehaut.  Mais  Frédégonde,  Tune 
des  anciennes  concubines  du  roi ,  n'a- 
vait rien  perdu  de  l'empire  qu'elle 
exerçait  sur  lui.  Bientôt  Gaisuintbe 
périt  de  mort  violente;  Frédégonde 
devint  reine ,  et  la  guerre  se  ralluma 
plus  furieuse  entre  la  Neustrie  et  l'Aus- 
trasie.  En  576,  Sigebert  victorieux 
allait  détrôner  Chilpéric.  Celui-ci  trem- 
blait; mais  Frédégonde  eut  recours 
au  poignard ,  et  Sigebert  fut  assassiné. 
Dès  lors  l'ascendant  de  cette  femme 
fut  encore  plus  grand  sur  Chilpéric  : 
elle  lui  fit  immoler,  les  uns  après  les 
autres,  tous  les  fils  qu'il  avait  eus 
d'autres  femmes;  elle  poursuivit  ses 
rivales  jusqu'à  la  mort;  elle  anima  son 
mari  contre  Grégoire  de  Tours,  contre 
Prétextât,  contre  tous  ceux  qu'elle 
haïssait.  Tous  les  crimes  de  Châpéric 
ont  été  inspirés  par  elle.  Ce  pnnce, 
théologien,  lettré,  bel  esprit,  était 
trop  faible  pour  être  féroce.  Les  Récits 
mérovingiens  de  M.  A.  Thierry  nous 
montrent  parfaitement  ce  mélange  de 
faiblesse  innée  et  de  cruauté  acquise 
qui  composaient  son  caractère  et  jus- 
tifient parfaitement  ce  mot  si  vrai  des 
éditeurs  de  la  collection  des  historiens 
de  France ,  en  parlant  de  ce  prince  : 
Uxorius  magis  quant  crudelis  (t.  Il, 
.  115).  Chilpéric  fut  assassiné  à  Chel- 
es,  par  ordre  de  Frédégonde,  en  584  ; 
il  était  âgé  de  quarante-cinq  ans.  Son 
fils  Clothaire  II  lui  succéda. 

Chilfbrtg  n  fut  proclamé  roi  en 
715,  aprèsjjla  mort  de  Dogobert  III. 
On  dit  ^u'il  était  fils  de  Childéric  II, 
assassine  en  673.  Mais  le* passage  sui- 
vant de  It  chronique  d'Ërchambert 
rend  cette  filiation  douteuse.  «  Les 
«  Francs  occidentaux ,  dit  cet  auteur, 
«  constituent  roi  un  clere\npmmé  Da- 
«  nihel  qu'ils  appellent  Chilpéric;  car 


fe 


IM 


q«i 


^UNIVERS. 


CHI 


«la  deflcendançe  des  roîs  venant  à 
4c  manquer,  ils  sont  dans  Tusagè  d^ 
KCpiDrûiiBeff  celui  qu*ils  trouvent  lé 
«  plus  proche  des  Mérovingiens.  » 
Chilpéric,  secondé  par  le  inaire  Raim- 
froi ,  essaya  de  lutter  contre  Charles- 
Martel ,  lofiais  il  fut  vaincu  et  mourut 
en  730. 

Chimib.  —  Les  origines  de  la  chimie 
sont,  comme  celles  des  autres  -scien- 
ces, environnées  d'épaisses  ténèbres. 
On  ne  trouve  dans  l'antiquité  aucune 
trace  d»  T^istenoe  ^e  cette  science. 
C'est  en  vaio  qji'on  a  cru  pouvoir  dé- 
montrer Topimon  contraire,  en  con- 
fondant aveo  la  chimie  les  procédés  de 
quelques  arts  économiques  et  indus- 
firiels,  ou  les  premiers  principes  de 
l'art  pharmaceutique,  tels  qu'ils  exis- 
taient cheE  les  Égyptiens ,  Jes  Chinois, 
les  Phéniciens  «  et  plus  tard  chez  les 
Grecs.  Une  étude  plus  approfondie  de 
cette  branche  des  connaissances  hu- 
maines démontre  qu'elle  appartient 
tout  entière  aux  nations  modernes. 

On  ne  saurait  faire  remonter  son 
origine  plus  haut  qu'au  septième  siè- 
cle ,  lorsque  les  Arabes  commencèrent 
à  s'occuper  dea  sciences  physiques. 
Les  rêveries  de  l'alchimie,  née  dans  le 
commencement  de  l'ère  chrétienne, 
avaient  fait  faire  de  nombreuses  re- 
cherches, auxquelles  on  devait  déjà  la 
découverte  d'un  certain  nombre  de 
faits.  Tandis  que  les  philosophes  cher- 
diaient  à  la  fois  la  transmutation  des 
métaux  et  le  remède  universel ,  les 
médecins  ûiventaient  un  grand  nombre 
de  préparations  compliquées  cju'ils  va- 
riaient à  l'infini  ;  et ,  en  traitant  des 
plantes  et  des  animaux  par  l'eau  et  le 
feu  dans  des  vaisseaux  distillatoires , 
ils  avaient  reconnu  qu'on  en  séparait 
des  produits  et  des  substances  volati- 
les, qu'on  retrouvait  plus  ou  moins 
constamment,  suivant  certaines  cir- 
constances. Telles  «ont  les  véritables 
sources  où  la  chimie  a  pris  son  ori- 
gine. 

Le  plus  ancien  des  autem^ç  arabes 
oui  ait  écrit  sur  la  chimie  est  Géber, 
dent  le  véritable  nom  était  Abou-Mous- 
sah-D|jafar«Al4^ofi  :  il  vivait  dans  le 
buitièa^e  siède»  La  définition  que  cet 


auteur  donne  de  la  ehimie  prouve  qu'il 
en  comprenait  bien  l'objet.  &est,  dit» 
il  ;  une  science  qui  à  pour  Mdeemh 
naître  l'action  que  tes  divetses  stép 
tances  de  la  nowre  exerceiU  ks  «Ms 
èur  les  autres.  Ce  qui  est  fort  remftp 
quable,  c'est  ^u'il  admettait  trois 
principes  oi^  éléments  poiir  tous  ki 
corps ,  opinion  qui  sW  pi^opàgée  i» 
puis  lui  jusqu'à  une  époque  trisr»* 
prochée  de  nous.  Outre  plusieurs  âw| 
qui  sont  demeurés  dans  là  science,  ûi 
trouve  encore  dans  cet  auteur  la  âi^ 
cription  de  plusieurs  fourneaux  et  a^ 
pareils  distillatoires ,  dont  Fusage  s'ét 
perpétué  jusqu'à  nos  jours.  j. 

Après  Géber,  les  Arabes  de  Vém^ 
de  Cordoue  sont  les  seuls  chez  lesottli 
on  retrouve  des  traces  de  la  cuItoréÉ 
la  chimie,  et  encore  ils  ne  Tenvis^ 
rent  que  dans  ses  rapports  avec  l'aft" 
guérir.  On  peut  voir  paf  leurs  éd 
le  peu  de  progrés  qu'ils  firent  failt 
cette  science.  On  y  trouve  àculef  "" 
la  description  de  diverses  prépara 
tirées  du  règne  minéral,  a'iin 
grand  nombre  appartenant  au 
végétal ,  et  de  quelques  appareils 
tiliatoires.  En  effet,  c'est  aèA  An 
et  principalement  de  Mesué  Pan 
Rhazès,  Aveuzoav.  Averrhoès, 
date,  en  médecine,  l'emploi  de  ce 
composés  chimiques  employés 
aujourd'hui.  L'exploitation  des 
d'or,  d!argent,  de  fer,  d'étain,  de 
vre ,  etc. ,  qui  prit  dès  cette  époque 
grande  extension  en  Espagne. 
France  et  en  Allemagne ,  dut  faire 
rechercher  peu  à  peu  les  connai 
qu'exigent  la  métallurgie. 

Les  chrétiens  d'Occident   av 
puisé  dans  ces  écoles  et  dans  les 
des  Arabes  les  doctrines  qui  y  i 
professées.  Aussi  les  erreurs  que 
tenaient  ces  livres,  au  lieu  &é 
raître ,  se  propagèrent-elles  à  U 
veur  des  ténèbres  qui  couvraient  r 
l'Europe  ;  l'opinion  que  tous  les 
taux  étaient  composés  de  soufire 
mercure  devint  dominante;  pi 
on  s'occupa  de  la  décomposition  fj 
la  recomposition  de  ces  debr  { 
Les  moines,  dans  la  solitude  de 
clôtures,  semblent  surtout  ^étre 


«1 


FliAIfCG. 


m 


occopës  qiiè  tous  les  autres  de  ces  sof* 
tes  dé  recbercfaes.  Toutefois,  pendant 
cette  période  qui  s'écoule  depuis  le 
milieu  du  treizième  sièoie  jusqu'au 
oommeneement  du  quinzième,  quel- 
qœs  iiommes  s'élevèrent  au-dessus  de 
leurs  contemporains  et  firent  faire 
quelques  progrès  à  la  science.  Ainsi 
Albert  le  Grand  exerça  une  influeiioe 
Dsrquée,  non-seulement,  en  propa- 

rnt  des  connaissances  puisées  dans 
physique  d^Aristote,  mais  eneore 
par  son  savoir  étendu.  Roger  Bacon , 
qui  surpassa  en  savoir  tous  les  hom- 
mes de  son  temps ,  travailla  sur  tous 
Itt  métaux  connus,  et  il  est  le  premier 
^  ait  fait  rentrer  dans  cette  classe  le 
mmgaiièse  et  le  bismuth.  Arnaud  de 
VilleneuTe  fit  plusieurs  découvertes 
fiéciettses ,  entre  autres  celle  de  Tes* 
Ml-de'>TÎn.  Pans  cette  même  période^ 
mwvnr  arts  liés  à  la  chimie  firent  des 
|Ri^rè|  assez  remarquables.  C'est 
sin^  que  les  fonderies  de  fer,  de  cui* 
m,  les  fabriques  d'ustensiles  métal» 
j'BttOfïï,  les  verreries ,  Texpioitation  des 
"iiiin,  celle  des  alunières  et  des  vi- 
les ateliers  de  teinture,  etc.. 


llMrent  un  développement  très-tion* 
Mnde.  C'est  aussi  de  cette  époqiie 
- jMÉ  ÉKt»  rétablissement  des  pharma* 
mê  publiques. 

^f^  'Dans  le  cours  du  quinzième  siècle , 
:  chimères  de  l'astrologie,  de  la  thé<y- 
'VMpbie  et  de  Talchimie  continuèrent  à 
^4lH&iner  les  esprits,  et  s'opposèrent  à 
nouveaux  progrès  en  chimie.  Ce- 
lant Basile  Yalentin  posséda  des 
Ions  assez  exactes  sur  la  théorie  et 
itiqae  de  cette  science  et  sur  son 
[uence  dans  la  préparation  des  mé- 
lents.  Jean  Pic  de  la  Mirandole 
son  neveu  François  rendirent  aussi 
*itta  grands  services  à  la  science  et  s'é- 
^'lament  avec  force  contre  les  pratiques 
'iqrstîques  de  Tastroloçie. 
f-  Le  seizième  siècle  vit  paraître  Para- 
lii^,  et  ses  principes  amenèrent, 
la  chimie  et  dans  l'art  de  guérir, 
^îèe  révolution  qui  se  fit  sentir  en 
^WHace  comme  dans  tout  le  rests  de 
fEurope.  Mais  l'étendue  de  cet  article 
hbi  ootis  permet  pas  d'exposer  les  théo- 
ties  de  ce  notateur  enthousiaste ,  dont 


tes  idées  erronées  s'opposèrent  loi)g<« 
temps  aux  progrès  de  la  chimie,  e^ 
qui  cependant  découvrit  quelques  fait^ 
qui  sont  restés  dans  le  oomame  de  la 
science. 

La  fin  du  seizième  siècle,  et  sur- 
tout le  commencement  du  dix-septiè- 
me, se  firent  remarquer  par  une  mar- 
che plus  philosophique  des  esprits  et 
par  une  tendance  plus  grande  à  coor- 
donner les  faits  observés  dans  les  siè- 
cles précédents.  C'est  alors  qu'on  vit 
une  classe  d'éclectiques  ç|ui  eomn^encè- 
rent  à  séparer  la  chimie  des  rêveries 
théosopbiques.  Les  sociétés  savante? 
qui  furent  formées  presque  en  m^rae 
temps,  vers  le  noilieu  du  dix^aeptièm^ 
siècle ,  en  Italie ,  en  Angleterre  et  eu 
France,  contribuèrent. aussi  à  dissiper 
its  erreurs  qu'avait  enfantées  le  goût 
pour  les  sciences  occultes.  On  reconnut 
que  la  voiQ  des  expérienoes  était  la 
la  seule  qu'il  fallait  suivre  pour  scru- 
ter utilement  la  nature.  Toutefois,  les 
progrès  de  l'esprit  humain ,  dus  sur- 
tout à  Bacon,  Galilée ,  Tpricelli ,  Des^ 
cartes,  r^ewton,  ne  se  manifestèrent 
que  gradueliemeut. 

Au  milieu  du  mouvement  généri^ 
uni  agite  les  esprits  au  commencement 
au  dix-huitième  siècle  apparaît  $tahl , 
qui  fixa  pour  cinquante  années  la  théo- 
rie de  la  chimie,  dont  il  sut  présenter 
l'ensemble  1q  plus  imposant^  le  sys- 
tème le  plus  lie  et  le  plus  étendu.  Pen- 
dant plus  d'un  demi-Siècle  les  chimistes 
marchèrent  sur  ses  traces.  Parmi  ceux 
qui  se  distinguèrent  en  France  peq- 
dant  cette  période ,  nous  devons  citer 
Geoffroy  aîné,  Rouelle,  Louis  Le- 
mery,  Lellot,  Baron,  Baume',  Bue- 
quet.  Mais  au  milieu  des  travaux  de 
ces  savants ,  nous  devons  mentionner 
plus  particulièrement  comme  ayai|t 
conduit  aux  résultats  les  plus  impor- 
tants, la  déterrjHnation  df»  affînités 
chimiques,  que  Geoffroy  aîné  imagraa 
le  premier,  en  1718,  de  représenter 
dans  un  tableau  méthodique;  idée  heu- 
reuse que  Séoac  et  Macquer.  dévelop- 
pèrent ensuite  et  qu'ils  éclairèrent  par 
de  nouvelles  di>servations. 

Cependant,  en  étudiant  les  corps 
d^  fort  nombreux  'nm  cowposfti^t 


IM 


GHI 


L'UNIVERS. 


CBI 


le  domaine  de  la  chimie,  on  avait  peu 
tenu  compte  jusqu'alors  de  l'influence 
de  l'air  et  de  la  formation  de  fluiiles 
gazeux  de  diverse  nature;  les  observa* 
tions  importantes  de  Yenel,  de  Black, 
de  Brownriçg  et  de  Macbride  sur  le 
gaz  appelé  air  fixe  par  Haies  ;  celles  de 
Cavenaish  sur  plusieurs  fluides  élas- 
tiques différents  de  l'air,  furent  sui- 
vies d'importantes  découvertes  sur  la 
nature  et  les  propriétés  différentielles 
de  ces  divers  corps  gazeux.  Chaque 
jour  la  science  s'enrichissait  des  nou- 
velles découvertes  de  Priestley^  de 
Rouelle  cadet,  Scheele,  Bergmann,' 
Bayen,  Fontana,  Berthollet;  mais, 
malgré  l'ensemble  qui  existait  dans  les 
efforts  de  ces  savants,  il  y  avait  en- 
core une  grande  divergence  d'opinions 
sur  la^théorie  des  phénomènes  qui  s'of- 
fraient à  l'observation.  Une  révolution 
était  préparée,  mais  il  fallait  un  homme 
supérieur  pour  l'opérer  ;  cet  homme , 
c'était  la  France  qui  devait  le  produire! 
Lavoisier,  qu'une  suite  de  découvertes 
chimiques  miportantes  suffirait  pour 
placer  au  premier  rang  des  chimistes 
de  son  siècle ,  doit  être  considéré 
comme  le  savant  qui  a  rendu  le  plus 

Î^rand  service  à  la  science ,  surtout  par 
es  immenses  améliorations  qu'il  a 
portées  dans  les  expériences  de  la  chi- 
mie, par  l'exactitude  des  résultats 
qu'il  en  a  tirés,  par' la  force  du  génie 
qui  lui  a  montré  et  ouvert  une  carrière 
nouvelle ,  et  enfin  par  la  création  d'une 
doctrine  fondée  sur  tous  les  faits  re- 
latifs aux  fluides  élastiques. 

La  révolution  opérée  par  Lavoisier 
eut  d'abord  le  sort  de  toutes  les  inno- 
vations. Ses  idées  trouvèrent  de  nom- 
breuses oppositions,  mais  enfin  la 
vérité  triompha.  Berthollet  fut  le  pre- 
mier qui  embrassa  les  principes  de 
Lavoisier,  et  son  exemple  fut  suivi  par 
Condoroet,  Laplace,  Cousin,  Monge, 
Coulomb,  Dionis,  Fourcroy,  Guyton 
de  Morveau.  La  science,  ainsi  renou- 
velée, demandait  un  langage  nouveau 
pour  être  présentée  dans  son  ensemble 
avec  la  clarté  de  principes  qu'elle  avait 
acquise.  Lavoisier,  Guyton  de  Mor- 
veau, Berthollet  et  Fourcroy  se  réuni- 
rent pour  cré^r  une  nomenclature  qui 


rendit  alors  l'étude  de  la  chimie  aussi 
facile-  et  aussi  claire  qu'elle  avait  été 
jusque-là  fastidieuse  et  obscure;  aussi 
vit-on  bientôt  cette  nomenclature  se 
répandre  dans  toute  l'Europe  avec  la 
doctrine  pneumatique.  Cette  nouvelle 
doctrine,  créée  par  le  génie  de  Lavoi- 
sier,-imprima^iine  telle  impulsion  à  la 
chimie  dans  le  cours  des  ^ioze  der- 
nières années  du  dix-huitieme  siècle, 
Sue  cette  science  fit  plus  de  progrès 
ans  ce  peu  de  temps  qu'elle  n'en  avait 
fait  dans  la  longue  série  des  siècles 
précédents.  Disons  aussi  qu'une  autn 
cause  qui  concourut  puissamment  aussi 
à  hâter  les  progrès  de  la  chimie ,  cefiiK 
l'esprit  mathématique£|ui  s'introduisit 
dans  la  science ,  et  la  précision  rigot> 
reuse  dont  on  fit  preuve  dès  lors  daiy 
l'examen  de  toutes  ses  opérations.  GÉ 
nouvelles  connaissances  <^ui  portaieiÉ 
la  lumière  dans  la  chimie  minérale» 
hâtèrent  surtout  les  progrès,  jusque* 
là  très-lents ,  de  la  chimie  organiquet^ 
Pendant  le  seizième  siècle ,  les  essai| 
sur  les  matières  animales  et  végé 
étaient  bornés  à  l'analyse  par  le  fe 
aussi  les  résiiltats  qu'on  avait  obten 
étaient  autant  d'erreurs.  Vers  lemili^ 
du  dix-septième  siècle,  la  chimie 
maie  fit  quelques  progrès  ;  Brand 
en  découvrant  le  phosphore  et  enti  ^ 
vaut  par  hasard  le  moyen  de  Veifitià 
de  Turine ,  fit  naître  une  nouvelle  i 
de  recherches.  Pendant  la  prei 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  ons'l 
cupa  beaucoup  de  l'examen  de  l'urii 
et  des  matières  excrémentitielles.  iVi 
très  substances  animales  furent 
ment  étudiées,  ef  les  travaux 
Rouelle  cadet,  qui  commencèrent^ 
1771 ,  donnèrent  à  la  chimie  anii 
une  forme  scientifique.  Nous  cil 
parmi  les  chimistes  français  qui 
contribué  vers  la  fin  du  dix-liuitii 
siècle  à  accroître  nos  connaisaai 
dans  cette  partie  de  la  science , 
thollet,  Fourcroy,  Vauquelin,  Moi 
Séguin,  Deyeux,  ParmentieretBi<' 
dont  les  expériences  ont  fait  coni 
quelques-unes  des  propriétés 
ques  des  tissus  animaux. 

Le  commencement  du  dix-neui 
siècle  vit  une  foule  d'hommes  r( 


CHI 


FRANCE. 


€HI 


139 


BMiidables  poursuivre  avec  non  moins 
d'ardeur  que  de  succès  les  travaux  qui 
avaient  jeté  tant  d*éclat  dans  le  siècle 
précédent.  Les  différentes  parties  de 
la  chimie  devinrent  Tobjet  des  recher- 
dies  des  savants,  et  il  serait  trop  long 
de  rappeler  ici  les  nombreuses  décou- 
vertes que  notre  époaue  a  vu  faire. 
Kous  ne  devons  signaler  ici  que  celles 

£i  ont  eu  une  influence  marquée  sur 
I  ()rogrès  ultérieurs  de  la  chimie. 
Ainsi  la  doctrine  pneumatique  fut  mo- 
diiée  par  les  travaux  de  Berthollet, 
qui,  dans  sa  statistique  chimique ,  éta* 
mit  de  nouvelles  lois  pour  les  affini- 
tés; senlement  il  se  trompa,  en  ad- 
mettant à  tort  que  ces  combinaisons 
ém  corps  s'effectuent  en  [)roportions 
infinies.  Proust  eut  le  premier  la  gloire 
ie  démontrer  cette  erreur  de  Berthol- 
tal ,  et  bientôt  les  recherches  de  Ga^- 
Iiossac  et  de  plusieurs  chimistes  étran- 
gers créèrent  la  théorie  atomistique. 
GHte  théorie,  féconde  en  résultats 
ftMes,  a  été  confirmée  plus  récemment 
la  connaissance  que  Ton  a  acquise 
lénomènes  éiectro  -  chimiques , 
en  France  avec  un  grand  suc- 
far  MM.  Ampère,  Gay-Lussac, 
I^MJMjfd ,  Dulong,  Becquerel,  Larive, 
B'après  les  principes  de  la  chimie 
latique ,  Foxygène  seul ,  dans  la 
de  Tacidification,  était  consi- 
eomme  le  principe  générateur  des 
mais  les  recherches  ont  dé- 
rlÉmtré  que  Thydrogène,  le  chlore, 
.,  pouvaient  aussi  donner  naissance 
des  acides  en  se  combinant  avec 
itres  corps.  Plusieurs  corps  jus- 
>là  méconnus  ont  été  aussi  décou- 
nous  citerons  entre  autres  le 
désigné  auparavant  sous  le 
(f  acide  muriatique  oxygéné.  Le 
de  Lavoisier  avait  soupçonné 
18  longtemps  dans  les  terres  et  les 
lis  fixes,  Texistence  de  métaux 
>*aliers.  En  1807,  Davy  vint  jus- 
tes prévisions  de  l'illustre  chi- 
fîrançais.  Les  métaux  nouveaux 
lés  par  l'action  de  la  pile  de  Yolta 
;,  à  la  même  époque,  reconnus 
étudiés  par  MM.  Gay-Lussac  et 
lard.  Tous  ces  travaux  sur  la  chi- 
minérale  ne  pouvaient  pas  man- 


quer d'exercer  leur  influence  sur  la 
chimie  organique  ;  aussi  les  matières 
organisées  devinrent- elles  l'objet  de 
redierches  fructueuses  de  la  part  de 
MM.  Chevreul,  Braconnet,  Pelletier, 
Robiquet,  etc.  Parmi  ces  travaux  nous 
citerons  surtout  ceux  de  M.  Chevreul 
sur  les  corps  gras  ;  les  recherches  de 
cet  habile  cnimiste  ont  ouvert  une  nou- 
velle carrière  que  plusieurs  chimis- 
tes contemporams  parcourent  avec  le 
plus  grand  succès ,  et  principalement 
MM.  Bussy  et  Lecanu,  etc.  Une  dé- 
couverte non  moins  importante  par  ses 
résultats,  est  celle  des  alcalis  végétaux, 
due  à  M.  Sertuerner.  Parmi  les  décou- 
vertes principales  de  ce  siècle,  nous 
devons  aussi  mentionner  celle  de  l'a- 
nalyse des  corps  organiques,  qui 
appartient  à  MM.  Gay-Lussac  et  Thé- 
nard ,  et  qui  depuis  a  reçu  des  perfec- 
tionnements nombreux  de  MM.  Che- 
vreul ,  Bérard ,  Dumas ,  etc. 

Nous  pensons ,  par  ce  petit  nombre 
d'exemples,  avoir  donné  une  idée  de  la 
marche  rapide  des  études  et  desr  dé- 
couvertes chimiques  depuis  le  com- 
mencement de  ce  siècle.  On  peut  voir 
que  le  résultat  le  plus  général  des  tra- 
vaux multipliés  qui  se  poursuivent  de 
toutes  parts  consiste  dans  le  perfec- 
tionnement de  l'art  de  l'analyse,  et  par 
conséquent  dans  une  connaissance  plus 
exacte  de  la  composition  de  tous  les 
corps  de  la  nature.  Comme  les  prin- 
cipes de  cette  science  se  simplifient  de 
jour  en  jour,  on  voit  aussi  ses  applica- 
tions s'étendre  et  se  multiplier.  Il  nous 
suffira  de  rappeler  celles  que  les  arts 
doivent  à  Vauquelin  et  à  M.  Chevreul, 
et  celles  que  la  toxicologie  et  la  mé- 
decine légale  doivent  aux  travaux  de 
1VÏ.  Orfila. 

Chinarb  (Joseph) ,  né  à  Lyon ,  en 
1756,  s'adonna  de  bonne  heure  à  la 
sculpture  ,  et  alla  perfectionner  en 
Italie  les  études  qu'il  avait  faites  sous 
la  direction  de  Biaise.  Il  remporta  à 
Rome,  en  1786,  le  grand  prix,  au- 
quel le  pape  avait  invité  les  artistes  de 
tous  les  pays  à  concourir.  Le  sujet 
était  Andromède  délivrée  par  Persée. 
Une  copie  de  ce  chef-  d'œuvre  est  au 
musée  de  Lyon.  Ardent  républicain , 


T.  V.  9*  Livraison.  (DiCT.  encycl.,  etc.) 


9 


130 


cm 


L'UWIYEllLS. 


cm 


(Ihinard  fat  ensuite  per8éeuté  par  I« 
gouvernement  pontiûcal,  à  cause  de 
ses  opinions.  Arrêté  et  sur  le  point 
d'être  mis  à  mort,  il  ne  dut  la  vie  qu'à 
l'arrivée  de  nos  armées  victorieuses. 
i)e  retour  à  Lyon ,  il  fut  nommé  pro* 
fesseur  de  sculpture  à  Técole  de  cette 
ville.  Bien* qu'habitant  la  province ,  ce 
fut  lui  qui  fut  choisi  par  Napoléon 
pour  sculpter  le  carabinier  de  l'arc  du 
Carrousel.  Cet  artiste  mourut  en  1813* 
On  a  de  lui  un  très-grand  nombre  de 
bustes ,  dont  le  plus  estimé  est  celui 
de  madame  Réçamier. 

Chinb  (rapports  de  la  France  avec 
la  ).  Yoyez  Missions. 

Chiniag  de  |.â  Bastide  (Mathieu), 
membre  de  l'académie  de  Montauban , 
né  en  septembre  1739,  mort  en  juin 
.1802]  Il  a  publié  une  Histoire  de  kf 
littérature  française^  depuis  les  temps 
les  plus  reculés  jusqu  à  twsjours^  etc., 
1772,  2  vol.  in-12;  et  une  Dissertar 
Mon  sur  les  Basques ,  1786,  in-8^  Ce 
volume,  devenu  assez  rare,  est  plein 
d'érudition ,  mais  d'une  érudition  maj 
digérée.  —  Son  frère,  Pierre  Chiniac 
4e  la  Bastid^e,  président  du  tribunal 
criminel  au  département  de  la  Seine , 
a  aussi  laissé  plusieurs  ouvrages  inté- 
ressants pour  rhistpire  de  France. 

CsiNON,  Caino,  Kino^  Chinuni 
castrumy  ÇhinOj  ancienne  ville  de  la 
Touraine,  aujourd'hui  chef-lieu  d'ar- 
rondissement du  déj)artement  d'Indre- 
et-Loire ,  sur  la  Vienne ,  à  44  kilomè- 
tres de  Tours.  L'époque  de  la  fonda- 
tion de  cette  ville  est  fort  incertaine. 

On  sait  s^^il^*^^i^^i  d'après  Grégoire 
4e  Tours  {De  glor.  confess.},  que 
c'était  déjà,  au  cinquième  siècle,  une 
ville  assez  considérable.  Sur  la  mon- 
tagne qui  la  domine  s'élèvent  les  rui- 
nes imposantes  d'une  ancienne  forte- 
resse qui ,  c|uoiqu'elle  semble  aujour- 
d'hui n'avoir  jamais  formé  qu'un  seul 
tout ,  se  composait  autrefois  de  trois 
châteaux  différents ,  mais  réunis  dans 
une  même  enceinte*'  L'un  avait  été 
bâti  par  Thibaut  le  Tricheur  ,  les 
deux  autres  par  Philippe- Auguste  et 
par  Henri  II  d'Angleterre ,  qui  mou- 
rut à  Chinon ,  en  1 1 90.  Charles  Yli 
résida  quelque  temps  dans  ce  château, 


et  y  ajouta  des  fortifications,  des  te» 
parts ,  puis  il  y  fit  construire  une  mai* 
son  poar  Agnès  Sorel.  Cette  maisoa 
communiquait  avec  les  appartement^ 
du  roi  par  un  mystérieux  souterraio 
que  l'on  a  découvert  au  commencé» 
ment  de  ce  siècle.  La  tradition  montre 
encore,  dans  une  des  tours,  la  cham- 
bre où  Jeanne  d'Arc  fut  présentée  cm 
la  première  fois  à  Charles  VIL  Ajôo* 
tons  que  le  roi  de  Bourges  ne  vivail 

f»as  en  Touraine  avec  un  bien  grani 
uxe  ;  car  il  existe  une  note  d'un  reeO* 
veur  des  deniers  royaux  à  Chioon ,  le* 
quel  réclamait  à  la  chambre  des  com^ 
tes  de  France  «  vingt  sotts,  jXjiNf 
manches  neuves  fnises  à  uri  tnéilt 
pourpoint  de  monseigneur  Charly 
septième  (*).  »  '- 

Louiç  XI  donna  ensuite  Cbiaonl 
la  reine,  sa  mère.  Plus  tard,cett| 
Ville  fut  engagée  à  Henri  de  Lorraipcs 
duc  de  Guise,  pour  1^,333  livres  etj 
Richelieu  l'acheta  moyennant  119  '" 
livres,  et  cette  portion  du  domaine 
la  couronne  fut  immédiatement  éfif 
en  duché. 

.    Chinon  possède  aujourd'hui  un 
bunal  de  première  instance  et  un 
lége  communal.  Sa  population  est 
7,000  habitants.  C'est  la  patrie  de  f 
bêlais  y  né  h  la  Devinière^  métair 
une  lieue  de  la  ville,  et  de  Math 
de  Neuré,  savant  mathématicien 
dix-septième  siècle,  ami  de  Gasseï 
Chinon  (états  de).— Purantic 
de  son  règne ,  Charles  VII  conva 
assez  fréquemment  les  états  généri 
mais  il  ne  nous  est  resté  aucun  moi 
ment  de  ces  assemblées.  Les  état^ 
avaient  été  assemblés  à   Cbinoo 
mois  de  septembre  1427 ,  furéot 
nouveau  convoqués  à  Poitiers  ppi|i{ 
15  novembre  de  la  même  année,  f" 
remis  au  8  janvier  1428 ,  et,  avant 
cette  époque  fût  venue,  ajourn' 
nouveau  a  Tours  pour  le  18  |u| 
Aucun  des  députés  ne  se  rendit! 
convocation,  et  les  états,  ap[ 
Tours  pour  le  10  septembre  sui 
furent    définitivement    convoqoi 

.   (*)  essais  sur  Thistoire  (le  Chinea 
pumoustier,  m-Hf  Chinon,  x8o^ 


«BAIICB. 


eut 


m 


GMMd  pour  les  preraiéfti  Ibum  d*0Cy  çrire  sur  ces  deniers  un  nom  qui  n'of- 
toUre.  On  annonça  en  memis  tempe  frait  plus  aucun  sens ,  on  te  remplaça 
^  <  chacun  des  assistants  auroii     par  celui  de  la  province.  Ces  monnaies 


i  £raBcb#  liberté  d'acquitter  sa  loyauté 
&  et  de  dire  pour  le  bien  des  besognes 
«  tèat  ce  que  bon  lui  sembleroit.  »  Les 
Ittts  se  prolongèrent  jusque  vers  le 
teilieu  du  mois  de  novembre.  Ils  de- 
todèrent,  entre  autres  choses,  la 
itfftrme  de  la  chambre  des  comptes, 
iMè  des  tribunaux    inférieurs    du 

Same,  et  la  réunion  en  un  seul  des 
parlements  de  Poitiers  et  de  Hé- 
-Éoi,  réunion  qui  fut  prononcée  par 
fM  ordonnance  du  7  octobre  ]498, 
èiobsista  jusqu'en  1443.  Les  états 
HMmièrent  d'ailleurs  au  roi  quatre 
wt  inilie  livres ,  à  payer  moitié  par 
'h  lingue  d'oit,  moitié  par  la  langue 
mk  et  le  Dauphiné ,  et  il  fut  ordonné 
la  noblesse  et  le  clergé  conCour- 
itaveo  le  tiers  état  à  i'acquitte- 
de  cette  taille.  On  fît  de  plus  un 
à  tous  les  grands  vassaux  de  la 
mne ,  ef  on  les  somma  de  se  ren- 
trée toutes  leurs  forces  sous  l'é- 
royal;  mais  le  bâtard  d'Or* 
,  Dunois:,  fut  le  seul  qui  répon- 
teet  appel. 

NON  (monnaie  de).— On  ne  con- 

he  pièce  gauloise  ou  méro- 

loe  frappée  à  Chinon.  Les  seules 

les  de  cette  ville  qui  soient  par- 

jusqu'à  nous  sont  des  deniers 

t  d'un  côté  la  légeude  qainq- 

TBO  autour  d'une  croix,  et  de 

un  buste  royal  autour  duqujel 

tantôt  i^YDovicysfiB» ,  et  tan- 

'ïTBOor,  pour  Turones  ou  r«ro- 

On  a  beaucoup  discuté  pour 

à  quel  prince  il  faut  attribuer 

F^iers.  Nous  nous  contenterons 

irtér  ici  l'opinion  Ja  plus  pro- 

La  barbarie  de  leut  style  em- 

dp  leur  assigner  une  époque  plus 

ieqoe  la- fin  du  dixième  siècle, 

sont  une  iàiitatiod  évidente  des 

frt^ipés  à  l'effigie  de  Louis 

fmaire^  Il  faut  qoqc  eu  cop- 

HU'à  l'époque  de  la  dissolution 

Bipire  parlofingien ,  lorsque  l'pn 

ita  pour  les  monnaies  un  type  uqi- 

én  copia  à  Chinon  (telles  de  ce 

et  que  dans  la  suite ,  las  d'ins- 


çeraient  donc  des  espèces  locales ,  et 
non  des  espèces  royales. 

Pour  reî;rouver  un  atelier  monétaire 
à  Chinon,  il  faut  redescendre  dans 
l'histoire  jusqu'au  commencement  dii 
quinzième  siècle.  Charles  VII  y  établit 
alors  un  hôtel  provisoire  qui  fonc- 
tionna pendant  tout  le  temps  que  les 
Anglais  furent  maîtres  des  principales 
Yilles  (ju  royaume.  Les  espèces  ifrap- 
pées  a  cette  époque  h  Chinon  portent 
pour  marque  distinctîve  un  C  à  la  fîa 
de  chaque  légende  ;  ainsi  on  lit  sur  les 
grands  blancs  :   kabolys  fbango- 

EYM^EXG.    OM    SITNOMENDI    BENE- 
DICTYMC.,  etc. 

Chinssé  ou  Chisse,  aujourd'hui 
ChicheviUe  y  ancienne  seigneurie  du 
Poitou,  département  des  Deux-Sèvres, 
érigée  en  comté  en  1629. 

Chic  (  bombardement  de  ).  —  Du- 
quesne,  avant  d'aller  châtier  les  cor- 
saires d'Alger,  poursuivit,  en  1681 , 
ceux  de  Tripoli  presque  dans  le  port  de 
Chio,  où  il  les  foudroya  de  son  artil- 
lerie ,  sans  ménager  les  habitants  ae 
la  ville.  Plusieurs  maisons  et  des  mos- 
quées furent  incendiées,  et  cette  ri- 
goureuse exécution  militaire  se  Qt 
sous  les  yeux  du  ca  pi  tan-pacha ,  qui 
lui-même  était  entré  dans  le  port  avec 
trente-six  galères. 

Çhiomaba,  épouse  du  tétrarque 
galate  Ortiagon,  dont  Polvbe,  Plu- 
tarque  et  Tite-Live  ont  célébré  le  cou- 
rage et  la  vertu.  La  défaite  que  ses 
compatriotes  avaient  éprouvée  au  mont 
Olympe,  Tan  189  avant  J.  C,  l'avait 
rendue  prisonnière  des  Romains.  «  Les 
captives  gauloises  avaient  été  placées 
sous  la  garde  d'un  centurion  avide  et 
débauché,  comme  le  sont  souvent  les 
gens  de  guerre.  La  beauté  de  Chiomara 
était  justement  célèbre;  cet  homme 
s'en  éprit.  D'abord  il  essaya  la  séduc- 
tion ;  désespérant  bientôt  d'y  réussir , 
il  employa  la  violence;  puis,  pour 
calmer  l'indignation  de  sa  victime ,  il 
lui  promit  la  liberté.  Mais ,  plus  avare 
pcore  ûu'amoureux ,  il  exigea  d'elle, 
à  titre  de  rançon ,  une  forte  somme 

0. 


132 


CHI 


L'UNIVERS. 


CHl 


d'argent,  lui  permettant  de  choisir 
entre  ses  compagnons  d*esclavage  ce- 
lui qu'elle  voudrait  envoyer  à  ses  pa- 
rents, pour  les  prévenir  d'apporter 
Tor  demandé.  Il  fixa  le  lieu  de  ré- 
change près  d'une  petite  rivière  qui 
baignait  le  pied  du  coteau  d'Ancyre. 
Au  nombre  des  prisonniers  détenus 
avec  répouse  d'Ortiagon ,  était  un  de 
ses  anciens  esclaves  :  elle  le  désigna , 
et  le  centurion ,  à  la  faveur  de  la  nuit, 
le  conduisit  hors  des  postes  avancés. 
La  nuit  suivante^  des  parents  de  Chio- 
mara  arrivèrent  près  du  fleuve,  avec  la 
somme  convenue  en  lingots  d'or;  le 
Romain  les  attendait  déjà ,  mais  seul 
avec  la  captive,  car  il  n'avait  mis  dans 
la  confidence  aucun  de  ses  compa- 
gnons. Pendant  qu'il  pèse  l'or  qu  on 
Tient  de  lui  présenter ,  Chiomara ,  s'a- 
dressaut  aux  deux  Gaulois  dans  sa 
langue  maternelle,  leur  ordonne  de 
tirer  leurs  sabres  et  d'égorger  le  cen- 
turion. L'ordre  est  aussitôt  exécuté. 
Alors  elle  prend  la  tête,  l'enveloppe 
d'un  des  pans  de  sa  robe,  et  va  re- 
joindre son  époux.  Heureux  de  la  re- 
voir, Ortiagon  accourait  pour  l'em- 
brasser; Chiomara  l'arrête,  déploie 
sa  robe ,  et  laisse  tomber  la  tête  du 
Romain.  Surpris  d'un  tel  spectacle, 
Ortiagon  l'interroge;  il  apprend  tout 
à  la  fois  l'outrage  et  la  vengeance.  «  O 
«  femme,s'écria-t-ii,que  la  fidélité  est 
«  une  belle  chose  !  —  Quelque  chose 
«  de  plus  beau  ^  reprit  celle-ci,  c'est  de 
«  pouvoir  dire  :  Deux  hommes  vivants 
«  ne  se  vanteront  pas  de  m'avoir  pos- 
«  sédée.  »  L'historien  Poiybe  raconte 
qu'il  eut  à  Sardes  un  entretien  avec 
cette  femme  étonnante,  et  qu'il  n'ad- 
mira pas  moins  la  finesse  de  son  es- 
prit que  l'élévation  et  l'énergie  de  son 
âme  (*).  » 

Chibag  (  Pierre  )  naquit  à  Conques, 
petite  ville  du  Rouergue,  en  1650.  Le 
peu  de  fortune  de  ses  parents  les  obli- 
gea, quoiqu'il  fût  fils  unique,  de  le 
destiner  à  l'Église.  Après  lui  avoir  fait 
Élire  ses  humanités  à  Rodez ,  ils  l'en- 

(*)  Am.  Thierry,  histoire  des  Ganloit, 
U  I,  p.  379,  d'après  Tite-Live,  Pliitarque, 
et  Yalère  Maxime. 


voyèrent  étudier  la  théologie  à  Moot* 
pellier.  Placé  comme  précepteur  chez 
un  pharmacien  de  cette  ville,  ilyfitla 
connaissance  de  Chicoyneau ,  chance- 
lier de  l'Université ,  qui  lui  conGa  la 
direction  des  études  de  ses  deux  fils, 
qu'il  destinait  à  la  médecine.  Chirac 
s'adonna  lui-même  à  cette  science, et 
il  y  fit  bientôt  de  tels  progrès  que  l'U- 
niversité lui  conféra,  en  1683 ,  le  titre 
de  docteur.  U  fut  chargé,  en  1687, 
d'une  chaire  de  professeur ,  qu'il  rem- 
plit avec  le  plus  ^rand  succès,  jusqu'en 
1692 ,  époque  ou  il  fut  nommé  méd^ 
cin  de  l'armée  de  Catalogne,  commaii* 
dée  par  le  maréchal  de  ]\oailles.  Il  ni 
quitta  ses  fonctions  que  pour  occuper 
celles  de  médecin  du  port  de  la  Bt' 
chelle,  où  une  malame  épidémiqdl, 
faisait  de  grands  ravages,  et  au  hoi 
de  deux  ans  il  alla  reprendre  sa  chaiw 
à  Montpellier.  Appelé  à  Paris,  "" 
1706,  par  le  duc  d'Orléans,  def 
régent ,  il  le  suivit  en  Italie  et  en 
pagne,  puis  fut  nommé,  en  171 
premier  médecin  de  ce  prince,  deve 
régent.  L'Académie  des  sciences  11 
nora,  en  1716,  du  titre  d'associé, 
succéda,  en  1718,  à  Fagon,  dam] 
surintendance  du  Jardin  des  Plai  ' 
reçut,  en  17128,  des  lettres  de  nobi 
et  fut  nommé,  en  1731 ,  premier  " 
cin  de  Louis  XV.  JI  n^ourut  à 
Tannée  suivante.^  Chirac  a  laissé 
assez  grand  nombre 'd'ouvrages; 
aucun  ne  répond  à  la  grande  réj 
tion  de  ce  célèbre  médecin. 

Chibuagie    (histoire  de  la^ 
France.  —  Les  contrées  occideol 
de  FEurope  avaient  vu  périr  les 
ces,  et  le  plus  grand  nombre  des 
numents  des  arts  détruits  par  les 
vasions  des  barbares  du  lïord.  La 
cadence  de  la  médecine  avait  été 
rapide  encore  et  plus  complète 
celle  d'aucune  autre  science.  Les 
ne^  étaient  devenus  les  seuls  dépoai 
res  des  secrets  de  guérir  ;  et  les  prie 
l'invocation  des  saints,  l'appiicat 
des  reliques ,  étaient  à  peu  près 
seuls  remèdes  employés  par  ces  sia 
liers  .successeurs  d'Uippocrate.  Ti 
opération  sanglante  leur  était  iol 
dite  par  les  papes  et  les.  oondles. 


CHI 


FRANCE. 


CHI 


188 


dorent  confier  à  des  ouvriers  ignorants 
la  partie  la  plus  importante  et  la  plus 
dimciledela  chirurgie;  aussi,  aucun 
iRODQment  des  connaissance^  chirur- 
gicales de  cet  âge  n'est-il  parvenu  jus- 
qu'à DOUS. 

C'est  seulement  au  onzième  siècle 
que  ToQ  voit  poindre  les  premiers 
rayons  d'un  meilleur  avenir.  L'Italie, 
te  pays  le  plus  avancé  alors  sous  le 
njiport  des  institutions  politiques,  de- 
vait précéder  les  autres  contrées  de 
PEarope  dans  la  carrière  scientiGque. 
L'école  de  Salerne  fut  instituée,  et  de- 
vint par  la  suite  le  modèle  de  celle  de 
Montpellier.  Aussi  est-ce  à  des  Italiens 
que  1  CD  attribue  la  renaissance  de  la 
diirargie  sur  le  sol  de  notre  patrie. 
L'homme  qui  a  exercé  le  plus  d'in- 
ileeoce  sur  l'étude  de  la  chirurgie  en 
France,  est,  sans  contredit,  Lanfranc 
|à  Milan ,  le  disciple  le  plus  distingué 
k  Guillaume  de  Saliceto ,  professeur 
tVérone;  c'est  à  lui  que  les  Français 
iont  redevables  des  premiers  pas  qu'ils 
''i  faits  dans  la  carrière  chirurgicale. 
TJvait  à  l'époque  des  plus  grands 
"les  excités  par  les  factions  des 
^  »  et  des  Gibelins ,  et  comme  il 
iMtjnis  une  prt  active  à  ces  dispu- 
%tt  fut  exilé  de  Milan  par  Mathieu 
WBDoti.  Il  se  réfugia  jen  France,  s'ar- 
quelque  temps  à  Lyon,  et  vint  en 
à  Paris ,  ou  il  ouvrit  des  cours 
ics,  et  acquit  une  célébrité  extraor- 
Mire.  Un  grand  nombre  d'autres 
urgiens ,  Italiens  comme  lui,  et  ré- 
iés  en  France  pour  la  même  causb, 
rent  se  fixer  aussi  dans  la  capitale, 
y  firent  fleurir  les 'connaissances  de 
ys.  La  France  était  du  reste  fa- 
blement  préparée  pour  profiter  des 
ères  que  lui  apportait  l'Italie  ;  les 
otts  académiqtteSf  et  l'Université 
leur  succéda  à, cette  époque,  fai- 
9t  affluer  à  Paris,  par  la  célébrité 
leurs  maîtres  et  par  le  système  d'é- 
le  qui  y  était  adopté,  une  foule  d'é- 
iers  de  toutes  les  nations.  Les  lu- 
ères  n'étaient  plus  la  propriété  ex- 
nve  des  congrégations  religieuses  ; 
<^]à  la  chirurgie  comptait  quel- 
~  nommes  distingués.  Tels  étaient 
doute  les  quatre  maîtres  dont 


les  noms  ne  sont  pas  parvenus  jus- 
qu'à nous,  non  plus  que  l'ouvrage  qu'ils 
avaient  composé  en  commun,  mais  du 
mérite  duquel  nous  pouvons  juger  par 
le  témoignage  que  Guy  de  Chauliac 
leur  a  rendu.  Déjà  brillait  Jean  Pitard, 
chirurgien  de  Louis  IX,  qui  suivit  son 
mattre  dans  ses  expéditions  à  la  terre 
sainte ,  et  qui ,  sous  Philippe  le  Bel , 
dont  la  santé  fut  aussi  confiée  à  ses 
soins,  composa  et  fit  approuver  les 
statuts  par  lesquels  le  collège  des  chi- 
rurgiens ûit  constitué.  Un  enseigne- 
ment régulier  de  la  chirurgie  fut  alors 
établi  ;  les  élèves  furent  soumis  à  des 
examens,  et  les  maîtres  tinrent  assem- 
blée dans  l'église  Saint-Jacques  de  la 
Boucherie,  en  attendant  qu'ils  eussent 
un&demeure  fixe.  Depuis  cette  époque, 
la  tradition  ne  fut  plus  interrompue  ; 
des  moyens  nouveaux  d'instruction,  le 
nombre  toujours  croissant.de  ceux  qui 
suivirent  cette  carrière  nouvelle,  exci- 
tèrent de  tout  côté  une  ardente  ému- 
lation ;  bientôt  la  chirurgie  française 
brilla  au  premier  rang.  Le  collège  de 
chirurgie ,  la  faculté  de  médecine  de 
Paris,  furent  dès  lors  la  source  ou  les 
étrangers  vinrent  puiser  des  connais- 
sances approfondies;  et  c'est  de  ce 
double  foyer  que  jaillit  la  lumière  qui 
éclaira  dans  la  suite  la  chirurgie  des 
autres  nations. 

Les  noms  de  Henri  de  Mondaville 
ou  Her  monda  ville,  de  Robert  le  Myre, 
de  Jean  de  Saint- Amand  ,  et  de  tant 
d'autres  dont  V Index  funereuts  de 
J.  Devaux  nous  a  conservé  la  liste; 
ceux  de  plusieurs  médecins  qui  firent 
entrer  dans  leurs  ouvrages  les  matières 
^qui  forment  le  domaine  de  la  chirur- 
gie, tels  qu'Arnaud  de  Villeneuve,  etc., 
n'intéressent  l'historien  que  parce 
qu'ils  montrent  l'extension  et  l'impor- 
tance que  prit  alors  l'étude  de  la  chi- 
rurgie. 

Mais,  malgré  tous  ces  travaux,  une 
distance  énorme  séparait  encore  la 
chirurgie  du  quatorzième  siècle  de 
celle  de  l'antiquité.  Pour  se  placer  à  la 
hauteur  des  Grecs,  il  fallait  non-seule- 
ment du  génie ,  mais  un  amour  pas- 
sionné pour  l'art,  et  une  constance 
capable  de  surmonter  les  obstacles  qui 


134 


CBi 


LUNÎVIÎIUS; 


s'opposaient  à  des  étqdes  approfon- 
dies. Guy  Chadliac,  qui  fut  sans  con- 
tredit le  premier  chirurgien  de  ce  siè- 
cle, possédait  à  ua  haut  degré  toutes  ces 
qualités.  Doué  d'un  esprit  droit,  d'une 
raison  sévère,  il  dut  à  des  travaux 
constants ,  et  à  la  méthode  qu*il  mit 
dans  ses  études,  l'érudition  la  plus 
étendue  qu'il  fttt  possible  d'acquérir 
de  son  temps,  et  une  notion  des  tra- 
vaux de  ses  prédécesseurs,  aussi  com- 
plété que  l'exigeait  le  projet  qu'il  Qvàit 
formé  de  tracer  le  code  des  connais- 
sances acquises  en  chirurgie.  Un  sa- 
vant historien  (Àckermann)  a  dit  que 
la  Chirurgie  de  Guy  de  Chauliac  pou- 
vait tenir  lieu  de  tout  ce  qui  avait  été 
écrit  jusqu'à  cette  époque.  Du  reste, 
le  plus  grand  éloge  que  Ton  puisse 
faire  de  cet  ouvrage,  c'est  de  men- 
tionner la  faveur  durable  qui  lui  fut 
acquise ,  car,  pendant  près  de  trois 
iSiècIes,  il  fut  le  livre  classique  par  ex- 
cellence. Il  rendit  l'étude  de  la  chirur- 
fie  facile  et  profitable ,  et  plaça  la 
rance  à  la  tête  du  mouvement  chi- 
rurgical qui  s'opérait  en  Europe. 

Tout  semblait  annoncer  à  la  chirur- 
gie un  long  avenir  de  perfectionne- 
ment, et  à  fa  France  la  gloire  de  mar- 
cher la  première  dans  l'étude  de  cette 
branche  importante  de  l'art  de  guérir. 
Mais  les  .mauvaises  .passions  allaient 
bientôt  arrêter  cet  essor,  et  près  de 
deux  siècles  se  consumèrent  en  de  mir 
sérables  disputes,  et  firent  reculer  l'art 
de  la  chirurgie  dans  la  carrière  où  il 
avait  jusque-là  fait  de  si  grands  pas. 
Expliquons  cette  marche  rétrograde, 
qui  permit  aux  autres  contrées  de, 
1  Europe  de  rejoindre  la  France,  et 
même  de  la  dépasser  pendant  quelque 
temps. 

Jusqu'au  règne  de  Charles  VII,  tous 
les  membres  de  la  faculté  de  médecine 
avaient  été  des  clercs^  et  quoiqu'ils  ne 
fussent  pas  attachés  au  clergé  par  des 
liens  indissolubles,  la  loi  du  célibat 
leur  permettait  l'accès  de  l'état  ecclé- 
siastique, et  leurs  succès  dans  l'art  dç 
guérir  les  conduisaient  souvent  aux 
Eénéfices  les  plus  importants  et  aux  di- 
gnités les  plus  élevées  ;  aussi  étaient-ils 
sounpiis  aux  lois  de  FÉglise,  qui  leur 


lâissbit  entrevoir,  pour  la  fin  dé  leur 
carrière ,  les  •honneurs  et  ia  fortune. 
C'était  probablement  i'obéiésaDoe  aux 
canons  des  conciles*  et  les  tépagnao' 
ces  d'une  fausse  délicatesse  ou  d'une 
vanité  ridicule,  qui  avaient  engaj5é  ces 
docteurs  à  s'abstehit  de  l'exerace  ée 
la  chirurgie.  Dès  lon^nàpsils  avaient 

f>ris  l'habitude  de  faire  exécuter  sous 
eurs  yeux,  par  les  barbiers,  les  pan* 
sements  qui  ne  réclamaient  p^i  k 
main  des  chirurgiens.  Soit  par  l'erot 
de  circonstances  fortuites,  soit  pour 
éloigner  de  leurs  malades  les  cfairur-* 
giens  dont  ils  étaient  jaloux,  ils  iu- 
troduisirènt  peu  à  peu  l'usage  de  faire 
pratiquer,  par  ces  mêmes  barbierai 
des  saigliées,  des  ouvertures  d'abeèiî 
et  quelques  autres  petites  opâratiotis 
de  même  espèce.  Du  reste,  tes  chirM^ 
giens  avaient  en  quelque  sorte  prôw 
la  main  à  cet  envanissement  de  leaii' 
privilèges,  en  se  déchargeant  quelqu» 
fois  eux-mêmes  sur  \es  servants  &^ 
qu'un  esprit  étroit  pouvait  trouver  « 
vil  dans  leurs  fonctions.  Mais  ils  iH 
laient  bientôt  payer  Jes  secours  qu'il 
avaient  acceptés  de  ces  mains  ë^ 
gères.  Attirés  par  les  bénéfices  qa 
faisaient  à  raide  de  la  lancette  et  il 
bistouri ,  et  qu'ils  étaient  loin  de^ 
liser  au  moyen  du  peigne  ou  du  ragw 
les  barbiers  ne  tardèrent  pas  à  coslg 
dérer  les  nouvelles  fonctions  àuxqu^^ 
les  on  les  avait  élevés,  comme  la  pionf 
la  plus  importante  de  leur  professi 
Ils  réclamèrent  avec  instance,  et,  <f 
ce  temps  de  privilège,  ils  finirent 
obtenir  le  privilège  lé^al  de  cette  i 
velle  branche  qu  ils  ajoutèrent  à  1 
industriel  Ce  fut  à  l'ombre  de  i 
constitution ,  et  en  exploitant  la 
dulité  du  vulgaire,  cette  mine  in 
sable  pour  le  charlatanisme  et 
l'ignorance,  qu'ils  empiétèrent  de} 
en  jour  davantage  sur  la  science,  | 
vinrent  à  se  faire  charger  même 
traitenaent  des  maladies  les  plus 
ves;  et  ce  fut  en  vain  qu'une  on 
nance  royale  et  des  sentences  plusn 
fois  renouvelées  réprimèrent  leurs 
tentions  (Voy.  l'art.  Bàrbibbs);  ' 
relevèrent  dé  ces  disgrâces  passa^ 
pour  continuer  léura  envahisseoMilll' 


J 


CHI 


FRANCE. 


Gitt 


isk 


* 

JUaDdoDDés  à  eux-mêmes,  ces  fraters 
éiiipomniadçs  n'auraient  jamais  été, 
pour  les  chirurgiens,  des  rivaux  bien 
dangereux;  mais  un  ennemi  plus  puis- 
sant trouva  en  eux  d'utiles  auxiliaires 
contre  les  chirurgiens,  et  ne  rougit 
pas  d'ajouter  le  peigne  et  le  rasoir  aux 
insignes  de  sa  bannière. 

Depuis  que  le  cardinal  d'Es toute- 
ville  eut  abrogé,  en  1452,  la  loi  dix 
célibat  imposée  aux  médecins;  depuis 
qu'on  leur  eut  donné,  comme  dit  Ques- 
poy,  des  femmes  au  lieu  de  bénéuces, 
leur  ambition  s'éveilla;  reculant  les 
limites  du  domaine  de  la  médecine,  ils 
y  ajoutèrent  tout  ce  qu'ils  purent 
prendre  au  domaine  chirurgical ,  et 
tOQtce  qu'ils  en  purent  pratiquer  sans 
déroger  à  ce  qu'ils  appelaient  leur  di- 
gnité. Alors  rien  ne  leur  coûta  pour 
abaisser  et  pour  supplanter  les  chirur- 
giens. Ils  y  parvinrent  plus  d'une  fois 
a  appelant  à  leur  aide  la  compagnie 
m  barbiers,  dans  lesquels  ils  trouvè- 
ftiit  des  serviteurs  soumis. 

D*UQ  autre  côté,  des  contestitions 
ps  nombre  s'élevèrent  entre  les  me- 
ttons et  les  chirurgiens;  mais  nous 
imposerons  point  en  détail  ces  dis- 
ions, dont  vingt  décrets  et  ordon- 
ttoces  ne  purent  tarir  la  source.  Dans 
toes  ces  disputes,  on  voit  deux  corps 
dimés  par  leurs  intérêts ,  tantôt  s'at- 
tirer ouvertement,  tantôt  travailler 
iôardement  à  se  nuire,  appelant  sou- 
vent à  leur  aide  ce  que  l'intrigue  a  de 
plus  vil  et  de  plus  révoltant.  Mais  c'est 
en  vain  qu'on  y  cherche  quelques 
jvogrès  pour  la  science;  l'art  chi- 
nirgical,  qui,  importé  d'Italie,  avait, 
comme  une  plante  vigoureuse,  poussé 
de  si  profondes  racines  sur  le  sol  de 
France,  et  semblait  devofr  bientôt  por- 
ter les  plus  beaux  fruits,  languit  alors, 
rtpuise ,  et  meurt  enûn ,  étouffé  par 
l'envahissement  de  l'ignorance  et  de 
honteuses  passions. 

Cependant,  de  f525  à  1580,  la  paix 
sembla  faite  entre  les  médecins  et  les 
chirurgiens;  mais  cette  paix  ne  fut 
fi*apparente,  et  quoique  les  tribunaux 
oe  fussent  pas  obligés  d'intervenir 
Jhtre  les  deux  corporations,  leurs  con- 
teitations  n'en -furent  pas  moins  vi- 


Tes,  et  les  sourdes  menées  auxquelles 
les  médecins  ne  cessèrent  d'avoir  re- 
cours parvinrent  à  empêcher  les  chip 
rurgiens  de  jouir  des  droits  que  leu^ 
accordaient  leur  institution  primitive 
et  les  privilèges  nouveaux  qu'ils  avaient 
obtenus.  Les  dispositions  bienveillan- 
tes de  François  1*%  de  Henri  II  et  dé 
Charles  IX,  pour  la  chirurgie,  durent 
même  céder  devant  la  résistance  de  là 
faculté  ;  et  les  édits  des  deux  premiers 
de  ces  princes,  pour  l'afliliation  des 
chirurgiens  à  l'université,  ne  purent 
avoir  la  sanction  de  l'enregistrement^ 
Cependant ,  malgré  tant  de  sujets  de 
découragement,  le  zèle  de  quelques 
hommes  qui  cultivaient  la  chirurgie 
n'en  fut  pas  moins  excité.  Guillaume 
Vavasseur  et  Rodolphe  Lefort  pratir 
quèrent  leur  art  avec  succès,  et  se 
firent ,  si  nous  en  croyons  je  lémoL- 
gnage  de  leurs  contemporains,  une 
réputation  méritée.  Matnurin  de  La- 
noue  et  Jean  de  Lanoue,  son  fils,  se 
signalèrent  par  leur  érudition  pro- 
fonde, et  Thierry  se  fit  remarquer  par 
son  habileté  surtout  dans  le  traite- 
ment des  affections  syphilitiques,  tan- 
dis que  Tagault  développait  avec  plus 
de  clarté  et  enrichissait  de  commen- 
taires nouveaux  la  doctrine  de  Guy  de 
Chauliac. 

Les  esprits ,  préparés  par  les  levons 
de  ces  hommes  habiles ,  n'attendaient 
plus  que  cette  impulsion  du  génie  qui 
pousse  à  la  découverte  des  vérités 
nouvelles  ;  c'est  alors  qu'arriva  Am- 
broise  Paré.  Doué  au  plus  haut  degré 
de  toutes  les  qualités  qu'exige  l'étude 
de  la  chirurgie ,  animé  du  plus  vif  en- 
thousiasme pour  cet  art ,  il  s'éleva  ra- 
pidement au-dessus  de  ses  prédéces- 
seurs et  de  tous  ses  contemporains , 
et  il  sut  mériter  le  titre  de  père  de  la 
chirurgie  moderne,  titre  que  n*ont 
pu  lui  refuser  même  les  nations  riva- 
les de  notre  gloire. 

Pigray,  le  disciple  et  l'ami  de  Paré, 
exposa  sous  une  forme  plus  régulière 
et  plus  commode  les  doctrines  de  son 
maître  ;  Guillemeau  ne  mçrita  pas 
moins  d'Ambroise  Paré,  en  le  faisant 

f)arler  la  laneue  des  savants.  Du  reste, 
'ophthalmologie  doit  aussi  à  cet  ha- 


186 


CHl 


L'UNIVERS. 


CBI 


bile  chirurgien  plusieurs  perfection- 
nements ,  et  il  a  en  outre  contribuée 
réformer  Fart  des  accouchements.  Il 
faut  aussi  ranger  parmi  les  élèves  de 
cette  école ,  formée  aux  leçons  d'Am- 
broise  Paré  :  Severin  Pineau ,  habile 
lithotomiste  et  chirurgien  distingué  ; 
Jacques  Démarque,  l'un  des  bons  écri- 
vains sur  les  bandages  ;  Rousset ,  li- 
thotomiste ,  et  auteur  de  travaux  ori- 
ginaux sur  Popération  césarienne; 
Adrien  et  Jacques  d*Amboise;  The- 
venot;  Nicolas  Habicot,  anatomiste 
industrieux  et  hardi  chirurgien  ;  et 
enfin  Barthélemi  Cabrol ,  professeur  à 
Montpellier.  Mais  l'éclat  que  jetèrent 
sur  la  France  les  noms  que  nous  ve-    .thousiasme  qu'il  avait  pour  son  art , 


de  Paris  s'étaient  jusau'alors  disputé 
le  privilège ,  fût  conné  à  un  chIru^ 
gien.  Dionis  fut  nommé  pourTanato- 
mie  et  les  opérations.  £n  même  temps, 
le  prince  comblait  d'honneurs  et  de 
richesses  Félix ,  Clément ,  Maréchal , 
Beissier,  et  tous  ceux  qui  donnaient 
leurs  soins  à  la  cour  ;  et  ces  encoura- 
gements ,  quoique  prodigués  à  un  pe- 
tit nombre  d'hommes ,  n'en  étaient 
pas  moins  propres  à  enflammer  rému- 
lation  des  autres  et  à  faire  avancer  la 
science. 

Tandis  que  le  plus  ^rand  chirurgien 
du  siècle,  Jean-Louis  Petit,  faisait 
passer  dans  l'âme  de  ses  élèves  l'en- 


' 


nous  de  citer  ne  fut  que  passager.  La 
faculté  de  médecine ,  jalouse  de  l'at- 
tention qu'excitait  le  collège  des  chi- 
rurgiens ,  voulut  tenter  un  dernier  ef- 
fort pour  perdre  ses  rivaux  ,  et  pour 
cela  elle  tâcha  de  les  avilir  par  une  as- 
sociation déshonorante.  Elle  parvint , 
à  force  d'intrigues,  à  faire  prononcer 
par  l'autorité  la  réunion  des  barbiers 
et  des  chirurgiens  en  une  seule  corpo- 
ration ,  et  à  faire  exclure  de  la  faculté 
la  chirurgie,  qu'on  y  avait  un  instant 
reconnue.  Depuis  lors,  tout  zèle  et 
toute  émulation  furent  éteints  parmi 
les  chirurgiens  français  ;  c'est  à  peine 
si  l'on  pourrait  citer  parmi  eux  quel- 
ques hommes  qui  cherchèrent  à  rele- 
ver l'honneur  de  leur  art. 

Cependant,  durant  la  seconde  moitié 
du  dix-septième  siècle  ,  dans  le  temps 
même  de  l'avilissement  le  plus  com- 
jplet  de  la  chirurgie,  deux  hommes, 
également  distingués  par  leurs  talents 
et  par  les  charges  dont  ils  furent  re- 
vêtus, conçurent  le  noble  projet  de 
relever  dans  les  esprits  l'amour  de  la 
science.  Bienaise,  et  après  lui  Rober- 
teau,  rétablirent  à  leurs  frais,  dans  les 
écoles  de  chirurgie  alors  désertes ,  et 
entretinrent,  par  une  pension  annuelle, 
plusieurs  charges  de  démonstrateurs. 
Enfin,  Louis  XIV,  en  réformant,  par 
une  déclaration  du  mois  de  décembre 
1671,  l'école  royale  de  chirurgie  du 
Jardin  des  Plantes ,  voulut  que  l'en- 
seignement dont  les  docteurs  des  fa- 
cultés de  médecine  de  Montpellier  et 


Maréchal ,  premier  chirurgien  du  roi, 
et  Lape}[ronie ,  si  digne  oe  lui  succé- 
der ,  éveillaient  chez  Te  monarque  ces 
sentiments  de  bienveillance  pour  la 
profession  de  deux  hommes  qui  avaient 
su  lui  inspirer  une  profonde  estime  et 
une  véritable  affection.  Le  premier  ré- 
sultat de  leurs  efforts  et  de  leurs  sol- 
licitations fut  la  création ,  par  lettres 
patentes  du  mois  de  septembre  1714, 
dans  l'école  de  Saint-C^me ,  de  cin|i 
places  de  démonstrateurs  chargj^i 
d'enseigner  l'anatomie  et  la  chirurgie^:! 
Cette  ordonnance  excita  une  oppost*)| 
tion  violente  de  la  part  de  la  faculté 
de  médecine ,  mais  n'en  reçut  pas 
moins  son  exécution.  L'enseignement' 
fondé  par  Louis  XIV  était  cependant 
incomplet  et  confié  à  un  trop  petit 
nombre  de  professeurs;  Lapeyronie, 
par  une  munificence  vraiment  royale, 
fonda  une  sixième  chaire  à  laquelle  il 
assura  un  traitement  égal  à  celui  des 
autres  ;  le  titulaire  fut  chargé  de  faire 
deux  cours  d'accouchement ,  un  poor 
les  élèves  en  chirurgie ,  l'autre  pour 
les  sages-femmes.  Il  fit  en  outre  don* 
ner  à  ces  démonstrateurs  un  nombre 
égal  d'adjoints ,  dont  il  se  chargea  et 
payer  lui-même  les  honoraires.  Noa' 
content  de  faire  fleurir  à  Paris  ren- 
seignement chirurgical ,  il  demanda 
encore  et  obtint  ,  pour  la  ville  de 
Montpellier ,  la  nomination  de  quatre 
professeurs  et  de  quatre  adjoints,  (fù 
durent  aussi  embrasser  dans  leurs  le* 
cons  toutes  les  parties  de  la  chirurgie. 


CHI 


FRATNCE. 


CHI 


187 


Hais  ii  manquait  un  amphithéâtre,  et 
l'on  Dégiigea  d'attacher  des  honoraires 
aax  fonctions  qu'on  venait  de  créer  ; 
ce  fut  encore  Lapejnronie  gui  leva 
cette  doubJe  difficulté ,  et  qui  fournit 
l'argent  nécessaire.  Cet  homme,  dont 
s'bonorera  à  jamais  la  France ,  ne  se 
contenta  pas  de  relever  et  de  favoriser 
aJDsi  la  chirurgie  de  son  vivant,  il  vou- 
lut encore  la  soutenir  après  sa  mort. 
Son  testament  est  un  monument  ad- 
mirable de  philanthropie  et  d*amour 
de  la  science  :  frais  d  enseignement , 
créations  de  prix  annuels ,  fondation 
d'une  bibliothèque ,  rentes  considéra- 
bles destinées  à  encourager  la  chirur- 
*^'e, construction  d^un  amphithéâtre, 
gs  aux  hôpitaux  pour  assurer  des 
cadavres  aux  démonstrateurs  d'anato- 
iffiie,  etc. ,  etc. ,  tels  sont  lei^  articles 
Jirincipaax  d'un  testament  qui  devait 
CBcore  ajouter  à  tous  les  bienfaits 
^nt  la  science  était  déjà  redevable  a 
!ce  généreux  citoyen. 
Sais  le  plus  grand  bienfait  de  La- 
oie  ,  révénement  le  plus  impor* 
Ht  dans  l'histoire  de  la  chirurgie  mo- 
celui  dont  l'influence  est  le 
connue ,  et  sur  lequel  il  est  le 
nécessaire  de  s'étendre ,  c'est  la 
de  l'Académie  royale  de  chi- 
ie,  dç  ce  corps  qui  dicta  à  l'Eu- 
UQ  code  chirurgical  dont ,  après 
tôt  un  siècle ,  les  articles  fonda- 
taux  sont  encore  en  pleine  vi- 
r.  A  côté  de  ce  grand  événement 
foDle  de  circonstances,  qui  favorî- 
rent  plus  ou  moins  les  progrès  de  la 
'rorgie,  s'effacent  en  quelque  sorte, 
paraissent  peu  dignes  d'arrêter 
attention.  On  ne  peut  cependant  pas- 
'  sons  silence  la  déclaration  du  roi , 
^  avril  1743 ,  qui  exclut  de  la  so- 
é  des  chirurgiens  la  communauté 
barbiers^  institua  des  degrés  acadé- 
,  exigea  des  élèves  une  éducation 
aie,  et  prescrivit,  pour  l'obtention 
titre  de  maîtrcv  en  chirurgie ,  des 
s  sévères  d'examen.  !Nous  cite- 
encore  la  fondation  de  VÊcole 
'oUque  de  chirurgie  y  où  Desault  dé- 
ta  comme  professeur  de  clinique, 
Chopart  enseigna  avec  tant  de  zèle^ 
^,  établie  par  arrêt  du  conseil  du 


4  juillet  1750,  reçut  sa  dernière  con^ 
titution  par  un  règlement  du  roi,  du 
19  mars  1760.  A  cet  établissement  se 
rattache  celui  d'un  hospice  de  perfec- 
tionnement, qui  n'avait  d'abord  que 
six  lits ,  et  qui  fut  fondé  par  édit  du 
roi ,  du  mois  de  décembre  1776. 

A  l'Académie  succéda  l'école  de 
Desault ,  de  cet  homme  dont  la  puis- 
sante influence  ne  saurait  être  contes- 
téCj  qui  apprit  à  connaître  les  rapports 
des  organes  entre  eux ,  et  à  diriger 
l'instrument  tranchant  dans  la  pro- 
fondeur des  tissus  avec  autant  de  pré- 
cision que  si  ces  tissus  étaient  transpa- 
rents ;  qui  fut,  en  un  mot,  le  créateur 
de  l'anatomie  chirurgicale  ;  qui  servit 
l'art  par  de  nombreuses  découvertes , 
et  plus  encore  par  son  amour  pour  la 
chirurgie  et  par  l'enthousiasme  qu'il 
communiquait  à  la  foule  d'élèves  qui , 
de  tous  les  pays,  venaient  se  presser  à 
ses  savantes  leçons. 

Une  dernière  cause  enfin  de  l'avan- 
cement de  la  chirurgie  française ,  à  la 
fin  du  siècle  passé  et  au  commence- 
ment du  dix -neuvième  ,  furent  les 
guerres  de  la  révolution.  Arrêtons- 
nous  sur  cette  nouvelle  branche  de 
l'art  chirurgical ,  qui  a  rendu  de  si 
grands  services  au  pays ,  et  qui ,  après 
avoir  pris  naissance  au  sein  de  la 
France ,  a  servi  de  modèle  et  a  donné 
l'impulsion  à  tout  le  reste  de  l'Eu- 
rope. 

La  chirurgie  militaire,  si  bien  orga- 
nisée dans  les  armées  françaises ,  est 
une  institution  toute  moderne  ;  née 
pendant  les  guerres  de  la  révolution  , 
c'est  sou^  le  règne  de  Napoléon  qu'elle 
's'est  perfectionnée ,  au  point  d'exciter 
l'admiration  de  nos  ennemis  eux-mê- 


mes. 


Sous  les  dynasties  mérovingienne 
et  carlovingienne ,  et  pendant  les  pre- 
miers règnes  de  la  monarchie  capé- 
tienne ,  on  ne  trouve  aucune  trace  de 
chirurgiens  militaires.  Les  rois  avaient 
auprès  d'eux  leurs  médecins  ou  phy- 
siciens ;  les  barons  se  faisaient  accom- 
pagner de  leurs  clercs  ou  chapelains, 
qui  possédaient  quelques  éléments  em- 
piriques et  grossiers  de  l'art  de  guérir. 
Le  reste  de  l'armée  était  livré  aut 


188 


CHI 


L'UNIVERS. 


CHI 


fnédicasires  y  espèces  de  médecio^ 
ignorants  et  avides  qui  suivaient  |^ 
troupes  pour  débiter  leurs  baumes. 
Des  femmes  se  mêlaient  aussi  dans  les 
camps  pour  panser  le^  blessures  ;  elles 
suçaient  les  plaies  faites  avec  les  flè- 
ches, les  dards  et  les  lapces* 

Lorsque  saint  Louis  partit  pour  la 
croisade,  Jean  Pitard,  son  premier 
chirurgien ,  se  fit  accompagner  de  plu- 
sieurs myres  ou  mfiitres  myres^  qui 
étaient  les  çhirurajens  de  cette  épp- 

3ue.  La  plupart  étaient  des  moines , 
es  clercs  ou  chapelains,  qui  joignaient 
à  Texercice  d&  k  médecine  celui  du 
sacerdoce.  Les  successeurs  de  Pitard 
se  contentèrent  d'accompagner  les  rois 
à  la  guerre,  et  n'instituèrent  point  uo 
corps  de  chirurgie  pour  Tarmée.  Les 
riches  et  puissants  seigneurs,  qui  conr 
duisaient  et  commandaient  des  bandes 
aux  armées,  avaient  avec  eux  desmy- 
resy  et,  dans  la  suite,  des  chirurgiens 

2ui  étaient  attachés  à  leur,  personne. 
;es  hommes  donpaient  bien  des  soins 
aux  officiers  et  aux  soldats ,  mais  ils 
en  recevaient  un  salaire ,  ou  du  moins 
ils  les  soignaient  sans  y,  être  obligés. 

L'invention  delà  poudre  à  canon  de- 
vait nécessairement  arqeher  une  révor 
lution  dans  la  chirurgie  qui  s'occupajt 
des  blessures  faites  a  la  guerre.  Les 
plaies  produites  par  les  projectiles  lan- 
cés par  la  poudre  sont  bien  plus  gra- 
ves ,  bien  plus  dangereuses  que  les 
blessures  faites  avec  1  épée,  les  flèche^ 
ou  la  lance;  elles  réclamaient  des  soins 
beaucoup  plus  importants.  Cependant, 
ce  ne  fut  c|ue  sous  Henri  IV  que  na'^ 
qurt  la  chirurgie  militaire.  Le  grand 
Ambroise  Pare  n'avait  pourtant  aucun 
grade  dans  l'armée  ;  il  y  accompagna 
M.  de  Montejean  ,  commandant  les 
hommes  d'armes ,  et  ensuite  M.  de 
Jlohan.  Il  dut  toute  l'autorité  qu'il  eut 
sur  ses  confrères  a  l'ascendant  de  sorj 
génie  ;  chacun  voulait  être  secouru 
par  lui.  Ce  fut  lui  qui ,  le  premier , 
connut  le  traitement  qui  convenait  aux 
plaies  d'armes  ^  feu  ;  il  abolit  les  cou- 
tumes empiriques  qui,  loin  de  les  gué- 
rir, ne  faisaient  sou  vent,  que  les  ag- 
graver ;  il  dilata  les  plaies,  et  supprima 
rusage  barbare  d'y  appliquer  de  l'huile 


bouillante ,  qu'il  remplaça  par  les  di- 
gestifs dont  maintenant  ^corc  Foii 
lait  usage.  Ses  succès,  dans  ces.iemu 
d'ignorance  ,  paraissaient  autant  0^ 
prodiges  ;  et  sa  réputàtiori  devint  a 
grande  dans  les  camps ,  que  le  soldtf 
ne  connaissait  plus  de  danger  (pid^ 
ce  grand  chirurgien  était  jprei^ 
Metz  était  assiégé  ;  les  blesses  jiéirii' 
saient  privés  de  secours ,  P^re  y^ 
dans  la  ville  pour  y  porter  les  bf' 
faits  de  son  art  ;  les  soldats,  ipsti 
de  son  arrivée ,  s'écrient  :  «  Noi 
«  craignons  plus  rien,  notre  Âinbi 
tt  est  avec  nous.  ». Les  grands  sèii 
renfermés  dans  la  piace  le  x^ 
comme  le  secours  le  plus  pré 
qu'on  pût  leur  ehvoyer;  et,  par 
soins,  l'abondance  régna  dans  sa 
son,  taddis  que  tous  les  assiégés  él 
réduits  aux  plus  rudes  privations^ 
célèbre  Pigray,  disciple  de  Par^ 
succéda  aux  armées  ;  mais ,  < 
lui ,  Pigray  appartenait  à  un 
seigneur;  il  accompagnait  M. 
Vauguyon.  C'est  sous  itenri 
les  premiers  hôpitaux  militaires 
établis.  Sous  Louis  XIII ,  on  c 
chirurgien  -  major  dans .  chaque 
jnent  ;  dès  lor$  la  chirurgie  nuli 
commença  à  s'organiser  ;  il  y 
hôpitaux  militaires ,  des  ambi 
dirigés  par  un  chirurgien  en  cbefjr 
eut  le  titre  de  chirurgien-major 
camps  et  armées. 

Les  guerres  que  Louis  XIV 
soutenir  nécessitèrent  l'établiss 
d'un  grand  nombre  d'hôpitaux 
taires  et  ambulants.  Sous  ce 
l'organisation  du  service  de  S£  ^ 
litairé  se  perfectionna;,  le  chîhi 
inajor  de  l'armée  eut  pour  le  s 
outre  les  chirurgiens- majors. et 
majors  attachés  à  chaque  rè^' 
un  plus  grand  nombre  aê  cliir 
de  tous  Tes  grades  attachés  à 
ambulance.  Les  chirurgieris - 
des  hôpitaux  et  des  iré^iments 
choisis  parmi  les  praticiens  )es 
instruits  du  royaum^.  «  £n  wU  ^ 
dit  M.  Perc^  (Éloge  de  Sabatlçr, 
n'y  avait  guère,  de  chirurgièi|5  H 
et  en  réputation  qui  n'êusseîit 
aux  armées  et  dans  les  régimeni 


^kAi?îcis. 


GHI 


IM 


Ïm-Louh  Petit  avait  Mi  Huit  cam- 

Ï^es  comme  chirurgien  aide-major  j 
^  erisiiîte  comme  chirqrgîen-maj[or  ; 
m  As  en  avait  déjà  fait  quatre ,  tout 
Ab  quMl  était ,  lorsijU'il  mourut.  Le 
■^^    Arnaud;   Beissiei:,  s*étaîent 


m 


fours  honorés  du  titre  de  chfrur- 
militaîj'e ,  et  Ton  n'obtenait  alors 
dilBcilemçnt  les  emplois  civils ,  si 
n'était  aile  les  gagner  à  là  guerre, 
itre  les  chirurgiens-m,ajors  des  ar- 
,  H  y  eut  aussi  des  chirurçiens- 
ijtants  qui. dirigeaient  principale- 
Tadministration  dû  service  de 
et  avaient  la  suprématie  sur  le^ 
irgiens  -  ndajors  ;  mais  ils  furent 
primés  vers  1795. 

^écldt  dont  avait  brillé  la  chirurgie 
*  aifc ,  soiis  le  règne  de  Louis  X.IY, 
lènta  encore  sous  ceux  de  Louî^ 
^«tde  Louis  XVI.  Des  chirurgiens 
'à  du  génie  de  l'observation  ,  ri- 
des, découvertes  faites  par  Am- 
Paré  et  Pjgray ,  et  plus  tard  par 
ly ,  étudièrent  avec  plus  d'atten- 
S  phénomènes  que  présentent 
lies  faites  par  les  armes  à  feu^ 
fixèrent ,  dans  leurs  écrits  ou 
irs  leçons ,  le  véritable  traîte- 
l^i  convient  a  ces  redoutable^ 
m.  Pbrmi  ces  grands  praticiens 
Istinguent  alors  le  Dran,  Jean- 
Petit,  Desport,  Loubet,  Ka- 
Garengeot ,   Lafaye ,  Làpey- 
i ,  Baglen ,   Faure  ;   Dufouart , 
ifâr(|.  Lombard,  Percy,  Noël, 
rotte  et  Thomassin.  Des  écoles 
raction,  pour  former  des  chi- 
fens  d'armée,  peuplaient  les  hô- 
X  et  les  régiments  de  sujets  déjà 
M<^  de  faire  le  service  v  Vacher, 
i&^on;  Chassenet,  à  Lille;  De- 
i ,  a  Nancv  ;  à  Strasbourg ,  Lom- 
t^  le  RIcne;  à  Metz,  Rpbillard 
imobier,  étaient  les  instituteurs 
te. jeunesse  studieuse,  qui,  dé- 
{\  a  dpnné  tant  d'éclat  à  la  cbirur- 
"lilîtalire. 
était  rétat  des  choses  quand  les 
s  dé  la  révolution  éclatèrent. 
rze  armées  s'opposaient  alors  à 
îod  étrangère;  et  tenaient  tétè 
">pe  coalisée,  il  fallut  lever  un 


nombre  considérable  de  chirtirgfébs  j 
et ,  malgré  les  crises  nombreuses  qui 
entravèrent  souvent  les  autres  bran- 
ches de  l'administration  ^  là  chirurgie 
militaire,  dirigée  par  Percy,  Noël, 
Saucerotte,  Thomassin,  Lombard,  Lar^ 
rey ,  Dupont  et  quelques-uns  de  leurs 
disciples ,  mérita  la  reconnaissance  dti 
pays  et  l'admiration  de  l'Europe.  Na- 
poléon se  déclara  le  protecteur  de  la 
chirurgie  militaire;  il  l'honora  par  se^ 
éloges  et  la  récompensa  par  d'éclatante 
bienfaits.  Stimulée  par  les  encourage- 
ments du  grand  capitaine ,  là  chirurgie 
alla  au  delà  de  ce  qu'on  pouvait  espé.<« 
rer  ;  elle  se  créa  de  nouveau?^  devoir^ 
et  de  nouveaux  dangers.  Auparavant 
les  chirurgiens  se  tenaient  derrière  la 
ligne  de  bataille  et  attendaient  qu'on 
leur  apportât  les  soldats  blessés;  on 
les  vit  alors  partout  au  plus  fort  dû 
danjnjer ,  parcourir  lesJignes  de  bataille 
pour  prodiguer ,  au  milieu  des  boulets 
et  des  balles ,  les  premiers  soins  aux 
blessés.  L'histoire  doit  une  belle  pa^e 
aux  servic<«  que  rendit  la  chirurgie 
militaire  à  l'arniéè  d'Orient .  sous  la 
direction  dé  M.  Larrey;  elle  redira 
les  services  non  moins  importants  ren- 
dus par  cette  belle  institution  à  l'ar- 
inée  du  Rhin  ,  à  Ulm,  à  Âusterlitz,  à 
iéna ,  à  Eylau  ,  à  PultusCk ,  à  Fried* 
land  et  en  Espagne ,  sous  les  ordres 
de  Percy. 

Les  limites  de  cet  article  pe  nous 
permettent  pas  de  traiter  ici  en  détail 
de  la  belle  institution  de  la  chirurgie 
d.e  bataille  due  à  Percy;  qu*il  nous 
suffise  de  dire  que,  par  elle  j  les  chi- 
rurgiens transportés,  avec  les  appa- 
reils nécessaires  aux  pansements,  d  un 
bout  du  champ  de  bataille  à  l'autre, 
comme  l'artillerie  légère ,  apportent 
aux  malheureux  blessés  des  secours  à 
tous  les  instants,  les  pansent,  leç 
opèrent ,  même  au  milieu  des  lignes 
de  bataille,  et  arrachent  à  la  mort 
bien  des  malheureux  que  des  secours 
trop  tardifs  auraient  laissés  mourir. 

Mais  l'institution  de  la  chirurgie  m\^ 
litaire  n'est  pas  le  seul  titre  de  gloire 
que  le  dix-neuvième  siècle  ait  à  présen- 
ter aux  siècles,  à  veniK  Depuis  le  com- 


140 


Gfll 


L'UNIVERS- 


CHI 


mencement  de  ce  siècle,  la  France  voit 
surgir  de  tous  côtés  des  hommes  dis- 
tingués dans  Tart  chirurgical ,  et  si 
les  travaux  pénibles  des  camps  font 
nattre  de  grands  chirurgiens  et  amè- 
nent des  découvertes  importantes  sur 
le  traitement  des  blessures  par  les  ar- 
mes de  guerre ,  la  pratique  dans  les 
grands  hôpitaux  civils ,  les  travaux  qui 
résultent  de  cette  observation  plus 
calme  et  plus  constante ,  font  surgir 
des  hommes  non  moins  distingués  et 
jettent  de  nouvelles  lumières  sur  un 
grand  nombre  d'autres  points  de  la 
pathologie  chirurgicale.  Les  progrès 
de  la  chirurgie  ne  sont  pas  moins  nom- 
breux ,  depuis  le  rétablissement  de  la 
paix  ;  et  dans  l'échange  de  découvertes 
ou  de  perfectionnements  qui  s'est  éta- 
bli entre  les  nations ,  on  voit  la  France 
conserver  au  milieu  de  l'Europe ,  et  à 
leur  étonnement ,  la  suprématie  que 
n'avaient  pu  lui  faire  perdre  ni  ses 
dissensions  ir^testines,  ni  ses  efforts 
surnaturels  pour  repousser  l'invasion 
étrangère,  « 

Nous  n'entreprendrons  pas ,  dans  le 
cadre  resserré  de  cet  article ,  d'énumé- 
rer  les  découvertes ,  les  améliorations 
et  les  perfectionnements  sans  nombre 
qui  appartiennent  à  la  période  de  qua- 
rante années  qui  vient  de  s'écouler  ;  il 
faudrait  en  quelaue  sorte  reprendre 
une  à  une  toutes  les  parties  de  la  chi- 
rurgie et  en  faire  une  histoire  parti- 
culière.' Les  progrès  récents  de  Part 
chirurgical  trouveront  naturellement 
leur  place  dans  les  articles  que  nous 
consacrerons  aux  hommes  auxquels 
ils  sont  dus. 

Chiusa  (affaire  de  la).— Le  général 
Guyeux,  commandant  une  division  de 
l'armée  qui ,  sous  les  ordres  de  Bona- 
parte, envahissait,  au  mois  de  mars 
1797,  les  provinces  impériales  de  la 
haute  Italie,  rencontra  la  colonne  du 
général  Baj^alitsch ,  retranchée  à  Pu- 
fero ,  lui  prit  deux  pièces  de  canon ,  et 
la  refoula  dans  les  gorges  de  Capo- 
retto,  à  la  Chiusa  autrichienne.  Arri- 
vée au  fort  de  la  Chiusa-di-Pletz ,  la 
division  victorieuse  trouva  de  nou- 
veaux ennemis  à  combattre.  Ces  obs- 
tacles furent  {bientôt  surmontés.  La 


Chiusa^  em[)ortée  d'assaut ,  et  les 500 
hommes  qui  la  défendaient  faits  pri* 
sonniers ,  rien  ne  s'opposait  plus  a  ta 
poursuite  de  la  colonne  autrichienne, 
qui  marchait  en  toute  hâte  sur  Tarrisi^ 
et  allait  être  atteinte  par  Guyeux,  lor» 

Qu'elle  tomba  au  milieu  de  la  divisioi 
u  général  Masséna.  Prise  alors  en  têt 
et  en  queue,  elle  mit  bas  les  armes  e 
se  rendit  prisonnière.  30  pièces  de  caj 
non  ,  400  chariots ,  des  bagages,  4,( 
hommes  et  4  généraux  tombèrent 
en  notre  pouvoir. 
.  —  Le  T' janvier  1801,  lors  des  d( 
nières  opérations  qui  précédèrent  ej 
Italie  la  conclusion  de  la  paix  coi 
quise  à  Marengo  et  à  Hobenlinden,! 
général  Moncey  se  présenta  de  noc 
veau  devant  la  Chiusa  autrichienne! 
et  la  fit  tourner  par  sa  réserve, 
parvint  avec  beaucoup  de  peine  à  gi 
vir  les  rochers  les  plus  escarpés.  1 
même  temps  le  général  Boudet 
avancer  une  pièce  de  huit  devant 
principale  porte  du  fort ,  qui  bient 
fut  enfoncée.  Les  Autrichiens,  ébra 
lés  par  la  vigueur  des  assaillant 
étonnés  de  se  voir  foudroyés  par  le  ti 
des  Français  en  position  sur  des  cior 
qu'ils  avaient  crues  inaccessibles, 
retirèrent  à  la  hâte,  laissant  une 
taine  de  prisonniers  et  un  grand 
bre  de  blessés. 

Chiusella  (combat  de  la).— Aj 
l'admirable  passage  du  Saint-Berm 
l'avant -garde  de  l'armée  français 
commandée  par  Lannes^  avait  em| 
Ivrée ,  la  clef  des  plaines  de  l'It 
puis  elle  s'était  élancée  sur  la  i 
de  Turin.  Le  26  mai   1800,  elle 
heurta  contre  un  corps  de  10,000 
trichiens  rassemblés  à  la  hâte  | 
couvrir  la  capitale  du  Piémont ,  et  jj 
tranché  à  Romano  derrière  la  Chf 
sella,  dont  le  pont  était  défendu  | 
une  batterie.  La  victoire  fut  décî 
par  un  mouvement  d'audace.  Deux 
taillons  d'infanterie ,  au  milieu  d*! 
grêle  de  balles  et  de  mitraille , 
nèrent  le  pont  et  déblayèrent  le 
où  la  colonne  d'attaque  se  pW 
en  masse  et  culbuta  les  Autrid 
Alors  la  cavalerie  ennemie  essaya 
rétablir  le  combat  par  une  charge 


cai 


FRANCE. 


CHI 


141 


gonreuse  ;  maïs  trois  fois  elle  vint  se 
riser  contre  les  baïonnettes  de  notre 
brare  infanterie.  Les  Impériaux  rom- 
pus s'enfuirent  alors  à  Chivasso  (voyez 
ce  mot),  d'où  ils  se  replièrent  sur 
Tarjn. 

Chivasso  (prisede).— Aussitôt  après 
le  combat  de  la  Ghiusella ,  le  général 
Lances  s'avança  sur  le  P6,  et  occupa, 
le  28  avril  180Ô,  le  bourg  de  Chivasso. 
Un  grand  nombre  de  barques  char- 
gées de  riz  et  de  blé  vinrent  alors 
porter  l'abondance  dans  le  camp  fran- 
çais. Le  premier  consul  Bonaparte  y 
passa  la  revue  de  son  avant-garde ,  et 
distribua  aux  braves  les  récompenses 
et  les  éloges  que  méritait  leur  va- 
leQr. 

Chiverwy  ou  Chevebny,  ancienne 
seigneurie  du  Blésois ,  aujourd'hui  dé- 
partement de  Loir-et-Oier ,  à  12  kiL 
deBlois,  érigée  en  comté  en  1677,  en 
fiiTear  de  Philippe  Hurault,  chance- 
ler de  France ,  qui  prit  depuis  le  nom 
àeette  seigneurie. 

,  Chivbbny  (Philippe  Hurault,  comte 
^^  chancelier  garde  des  sceaux  de 
^  tence ,  né  à  Chiverny  en  Bretagne. 
'  loi  père ,  Raoul  de  Chiverny ,  était 

■  Jflrtcn  1527  au  siège  de  JVaples.  Deux 
I  ««es  ancêtres  avaient  péri  à  la  ba- 

Jllc  d'Auray,  à  côté  de  Charles  de 
.Mois.  Dès  l'année  1562 ,  la  protection 
'«cardinal  de  Lorraine  et  la  faveur 
;fc  Catherine  de  Médicis  l'avaient  ad- 
onis à  prendre  part  aux  affaires  publl- 
.fies.  Il  parvint  aux  premières  digni- 

K8  de  la  magistrature  ,  après  avoir 

Blousé  la  fille  du  président  de  Thou. 
^  ommé  chancelier  du  duc  d'Anjou, 
.'jepuis  Henri  IIÎ ,  il  suivit  ce  prince 
>  jûis  ses  expéditions  militaires  ;  mais 

■  ne  l'accompagna  point  à  Varsovie, 
!»  reine  mère  et  le  roi  jugeant  sa  pré- 
ifttceàParis  plus  utile  à  leurs  intérêts. 
.  J*s  sceaux  lui  furent  confiés  en  1578. 

Toutefois,  ses  liaisons  avec  les  ligueurs 
.«  firent  disgracier  après  la  journée 
.«s  barricades  ;  il  rut  rappelé  par 
.Jjori IV,  qui  lui  rendit  les  sceaux  en 
.wnt  à  ceux  qui  l'entouraient  :  «  Mes- 

*  ?^"  \  ^^  ^^^^  pistolets  que  j'ai 

.«baillés  à  M.  le  chancelier  ne  font  pas 

«  tant  de  bruit  que  ceux  de  quoi  nous 


«  tiroii8tousle8Joar8;)inais  ils  frappent 
«  bien  plus  fort  et  de  plus  loin ,  et  le 
«  sais  par  expérience  par  les  coups  que 
«  j'ai  reçus.  »  Ce  fut  Chiverny  qui  fit 
tous  les  préparatifs  pour  le  sacre  et  le 
couronnement  du  monarque.  Il  fut  en- 
suite chargé  de  rétablir  le  parlement 
de  Paris ,  ainsi  que  les  autres  cours 
souveraines  du  royaume.  Après  avoir 
joui  constamment  de  la  confiance  du 
roi,  Chiverny  mourut  en  1599.  De 
Thou ,  Scévole  de  Sainte  -  Marthe  et 
INicolas  Rapin  ont  loué  la  prudence  et 
la  dextérité  de  ce  magistrat ,  qui 
n'était  pas  inaccessible  a  la  corrup- 
tion, s  il  faut  en  croire  le  JaurtuU 
de  r Étoile.  Les  Amours  du  grand 
Akandre ,  attnbués  à  Louise  de 
Lorraine,  princesse  de  Conti,  nous 
ont  laissé  de  curieux  détails  sur  les 
longues  amours  du  vieux  chancelier 
avec  la  marquise  de  Sourdis ,  tante  de 
la  belle  Gabrielle.  On  a  imprimé  à 
Paris,  en  1636,  les  Mémoires  d Estât 
de  messire  PhiL  HuratUt,  comte  de 
Chiverny  y  etc.,  avec  deux  InstrucUons 
à  ses  ef^ant^,  et  la  Généalogie  de  la 
maison  des  Hurault  Ces  mémoires 
commencent  à  l'an  1567,  et  finissent 
à  1599. 

Chizby  (bataille  de).— Au  commen- 
cement de  1373,  il  ne  restait  aux 
Anglais  qu'une  très-petite  partie  du 
Poitou.  Charles  V,  pour  les  chasser 
complètement  de  cette  province ,  donna 
à  du  Gueselin  l'ordre  d'entrer  en  cam- 
pagne dès  le  commencement  du  prin- 
temps, longtemps  avant  l'époque  où 
les  Anglais  avaient  coutume  de  passer 
la  mer.  Au  mois  de  mars  1373,  le 
connétable ,  à  la  tête  d'une  troupe  de 
1,400  combattants,  vint  assiéger  la 
ville  de  Chizey.  Les  Anglais  qui  étaient 
encore  dans  le  Poitou  se  réunirent 
alors  à  Niort,  au  nombre  de  700  hom- 
mes d'armes,  et  se  dirigèrent  sur 
l'armée  française.  Les  assiégés  ayant 
appris  l'approche  de  ce  secours,  firent 
une  sortie  contre  les  assiégeants; 
mais ,  dit  Froissard ,  «  ils  ne  purent 
porter  le  grand  faix  des  François,  et 
furent  tout  de  premier  cils  là  déconfits 
morts  et  pris  ;  oncques  nul  des  leurs 
ne  rentra  au  châtel.  »  Peu  de  temps 


L. 


142 


cao 


LuminBRS. 


mo 


après  arriva  l'aTant-sai^de  dananne, 
ootnposée  da  90^  pilrards  bretons  et 
l^ifavins,  qbipaaséreDt  à  l'instant  du 
côté  des  Fratifaia.  Aussi  les  Anglais 
ftirênt-ils  cbmplétemant  défaits,  mal- 
gré le  courage  avec  lequel  ils  se  batti- 
rent. Cette  victoire^  qui  fit  capituler 
Chizejr,  MIort  et  Lusignan ,  compléta 
la  Conquête  du  Poitou. 

€hlo9Icki  (Jos.),  général  de  divi- 
sion au  service  de  la  France,  naquit  à 
Varsovie  en  1772.  Après  le  dernier  par- 
tage de  la  Pologne,  il  s'enrôla  dans  les 
braves  légions  jiolon aises  auxiliaires  de 
ta  république  française,  et  prit  une  part 
glorieuse  aux  campagnes  d^Italie.  Gonti- 
mandant  du  1*"  régiment  de  la  Vistule 
en  1607,  il  entra  en  Espagne  l'année 
suivante ,  et  se  distingua  particulière- 
ment au  si^e  meurtrier  de  Saragosse, 
aux  combats  de  Maxia  et  de  Bécbila , 
devant  Xiérida  et  Tortose,  contre  le 
fameux  Mina,  et  sous  les  murs  de  Sà- 

gonte.  Général  et  commandant  d'une 
rigade  à  la  suite  de  la  garde  impériale 
en  1812,  il  fut  blessé  à  Smolensk.  Bn 
Ï814 ,  Chlopicki  ramena  en  Pologne  Ws 
débris  de  ses  lésons,  et  fut  nommé 

Î;énéral  de  division.  Mais ,  révolté  de 
a  brutalité  du  grand-duc  Constantin , 
il  donna  sa'  démission  en  1818 ,  et  vécut 
dans  la  retraite  jusqu'au  moment  où , 
appelé  par  la  révolution  de  1830  à  di- 
riger les  affairés  de  son  pays ,  il  com- 
mença un  rôle  nouveau  dont  l'ex  position 
et  l'appréciation  ne  nous  appartiennent 
plus.  Disons  cependant  qu'il  n'a  pas 
su  icomprendre  le  noble  élail  de  sa  pa- 
trie, qu'il  l'a  compromise,  perdue 
même  par  sa  faiblesse ,  et  que ,  si  on 
lui  accorde  unanimement  la  gloire 
d'avoir  été  un  bon  général ,  on  lui  re- 
fuse celle  dfavoir  été  un  bdn  dictateur. 
Chocolat.  —  C'est  aux  Espagnols 
que  nous  devons  le  eboeolat.  Quel  est 
le  premier  qui  en  fît  usage  en  France? 
Ce  point  a  été  controversé.  Selon  les 
Mélanges  d^hùMre  et  de  littérature 
publiés  par  d'Argonoe  sous  le  nom  de 
Vigneul  de  MarvSUe,  Ce  fut  le  cardinal 
AJphonse  de  Richelieu ,  mort  en  1QÔ3 , 
û*ère  du  célèbre  ministre,  qui  en  tenait 
le  secret  de  quelques  moines  espagnols. 
^uÎTanl  les  Mémoires  de  w4demoise(ie 


de  MotOpenskry  ce  serait  Tin^f 
Marie-Thérèse,  femme  de  touis^ 
qui  aurait  apporté  de  son  pays  le  gpft 
de  cet  aliment,  qu'elle  faisait  préparer 
en  secret  chez  une  de  ses  femmes,  d 

Qu'elle  prenait  en  cachette.  Si  cetU 
ernière  version  est  la  véritable,  le 
goût  de  la  reine  finit  car  être  coonq^ 
m  CQurtisaïas  l'adoptèrent,  et  Parji 
imita  les  courtisans.  ]L.e  11  féyrie^f 
madame  de  Sévigné  recommandait  à )l 
fille  l'usage  du  chocolat  pour  se  r^ 
mettre^  ce  qui  indique  qu  on  lui  att^-' 
buait  alQr9  des  vertus  curatlves,  oa 
moins  hygiéniques.  Cependant,  gi 
que  temps  après ,  cet  aliment,  qui  i 
vait  point  opéré  les  miracles  que  1 , 
en  attendait ,  tomba  dans  le  décri»' 
fut  chargé  de  malédiction.  La  m' 
madame  de  Sévigné,  revenue  de 
premier  engouement ,  écrivait  à 
dame  de  Grignan  que  le  chocolat 
la  source  de  vapeurs  et  de  palpitât 
qu'il  flattait  pour  un  temj;>s,  puis  ^ 
mait  tout  à  coup  une  fièvre  cond'f 
qui  conduisais  à  la  mort;  enfin, 
n'était  plus  à  la  mode  du  bel  air 
soutenir.  La  spirituelle  marquif 
fut  pas  plus  heureuse  dans  ses  ( 
mations  contre  la  boisson  noi 
qu'elle  ne  Pavait  été  dans  ses  pi 
tibns  sur  Racine  et  sur  le  café.  ' 
en  effet  dans  le  Mercure  galant ^ 
1682,  le  chocolat  était  une  desc 
que  l'on  servait  aux  collations 
]Louiâ  XIV  donnait  à  Versailles  epj 
tains  jours  de  divertissement  " 
mars  1684,  un  médecin  de  Paris  i 
Bachot  fit  soutenir  à  la  Faculté, 
daot  sa  présidence,  une  thèse  ( 
était  dit  que  |e  chocolat  bien  /ai 
une  invention  si  noble ,  gu'U  d^ 
être  la  nourriture  des  dieux  ^ 
que  le  nectar  et  ràmbroisie-  Vit 
la  consommation  du  chocolat  est! 
venue  ^e  plus  en  plus  considérablCj 
elle  a  donné  naissance  à  un  cor^ 
important. 

Ceôdbon.^  capitaine  à  la  25'  dj 
brigade  d^infanterie  légères  Pefl( 
le  siège  de  Gênes,  le  23  avril  ÏSQOj 
officier,  se  trouvant  au  pouvoir  4^ 
uemi ,  persuada  au  cojonel  autrir 
que  le  chemin  le  plus  court  pour 


imo 


FR^ISPB, 


cno 


<     Xi 


M3 


finer  le  pont  de  Gorne^lîano  était  de 
passer  par  uo  jardin,  A  peine  y  fut -il 
flotré  av6c  460  homnries ,  que  )e  capi*^ 
taioe  Mongenot ,  le  lieutenant  Henrioa, 
iKBOuâ-lieutenant  Gautheret  et  le  chas- 
seur Boulogne  s'emparèrent  de  la  porte, 
Sérièrent  ;  «  Bas  les  armes.  »  Le  ca- 
pjlaine  Cbodron  dit  aussitôt  aux  Au- 
Iricbieos  :  «  C'est  vous  maintenant  qui 
les  nos  prisonniers.  »  £t  les  450  bom- 
IKS  se  rendirent  à  discrétion. 

Choignss  (combat  de). — Pendant  ]| 
yremière  quinzaine  du  mois  de  janvier 
^14,  la  grande  armée  des  alliés  avait 
ssivement  contraint  à  la  retraite 
tés  les  divisions  françaises  oui  s*ef- 
^ient  d'arrêter  sa  iiiarcne  sur 
I^S.  Eéunie  entre  Langres  et  Neuf- 
*  leau ,  elle  n'avait  plus ,  le  20 ,  devant 
,  que  les  troupes  du  duc  de  Tré* 
,  oui  avaient  quitté  ]l«angres  pour 
a  CbaumoDt.  Au  point  du  jour, 
i&oe  de  Schw^rtzeniberg ,  géné'«' 
iiDedes  alliés,  ordonna  au  comt^ 
y  et  au  prince  royal  de  Wurtem- 
de  marcher  sur  cette  dernière 
Le  premier  s'avança  par  la  routç 
le  second  prit  la  route  de 
nne  et  Montagny.  Déjà  il  s'étai^ 
de  Cboignes  et  allait  devenir 
du  pont  qui  est  en  avant  de  ce 
,  lorsque  survinrent  Quatre  cents 
iers  de  la  vieille  garae.  Dès  lors 
ne  changea  :  non-seulement  le^ 
ais  reprirent  Choigoes  et  cohser- 
lit  l0  popt ,  mais  ils  culbutèrenf: 
la  Marne  deux  bataillons  wur- 
fgeoîB  qui  furent  entièrement 
Ifçannioins,  attaqué  sur  sa 
i(e  et  mt  son  front  par  le  comté 
'  y  et  par  le  prince  royal,  ^e  plus^ 
'  sqr  sa  gauche  par  le  comte  d^ 
,  le  duc  de  Trévjse,  qui  n'avait 
six  ou  sept  mille  hommes,  fuj: 
\àe  se  replier  sur  Bar-sur-Aube. 
Ciiom,  ancienne  baronnie  de  la 
,  aujourd'hui  du  département  dé 
wa. 

Çkow  (Marie-Emilie  Jolly  (Je)  na- 

"^'à  Bodrg  en  Bresse,  d'une  famillç 

^1  et  vtut  à  la  cour  sous  le  patro- 

sde  la  duchesse  de  Gonti.  Sa  figure 

Hi  pas  régulière,  mais  elle  avait  dç 

'Jtm^t  4e  r^^prit ,  4§  la  4ouc6Uf, 


et  des  manières  pleines  de  dignité  :  le 
dauphin,  fils  de  (.ouïs  XIV,  en  devînt 
éperdument  amoureux ,  et  ne  pouvant, 
à  ce  qu^oTi  croit,  en  faire  sa  maî« 
tresse,  il  l'épousa  secrètement,  comme 
Louis  XIV  avait  épousé  madame  de 
Maintenon.  Mademoiselle  de  Choin 
était  à  moitié  dauphine  à  Meudon, 
comme  madame  de  Maintenon  à  moitié 
reine  à  Versailles;  elle  y  recevait  le  duc 
et  la  duchesse  de  Bourgogne,  qui  la 
traitaient  comme,  une  belle-mère ,  et 
devant  lesquels  elle  sut  toujours  con- 
server sa  dignité ,  quoique  son  union 
ne  fût  pas  avouée.  Louis  ^IV  qui , 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  et 
dominé  par  madame  de  Maintenon,  se 
montrait  fort  sévère  sur  le  chapitre  des 
mœurs,  manifesta  d'abord  du  mécon- 
tentement; mais  il  finit  par  offrir  à 
son  fils  de  recevoir  mademoiselle  de 
Choin  f  et  même  de  lut  dûimer  un  ap- 
{)artement  à  Versailles,  oe  qu'elle  re- 
fusa. La  simplicité  de  sies  goûts  la 
{)orta  sans  doute  à  ce  refus;  car  aprè$ 
a  mort  du  dauphin ,  elle  \éçut  dans  la 
retraite ,  contente  d'une  modique  for^ 
tune,  et  sans  paraître  regretter  jamais 
sa  grandeur  passée.  Mademoiselle  d^ 
Choin  mourut  en  1744.  Elle  eut  une 
heureuse  influence  sur  le  dauphin  4 
homme  faible  et  médiocre,  qu'elle  do* 
mina  constaminent. 

Choiseul,  ancienne  baronnie  du 
Bassigny,  aujourd'hui  du  département 
ffe  la  Hauttt-Màrne,  à  22  MlomMres  de 
€haumont. 

Choissui*  (maison  de),— Le  premier 
membre  connu  de  cette  famille,  l'une 
des  plus  illustres  de  l'ancienne  Cham- 
pagne, est  Raynieb,  seigneur  dé 
Choiseul ,  premier  vassal  du  comte  de 
Langres,  vers  1060. 

Roger,  Son  fils,  alla  à  la  crofsade  en 
1095.  Leurs  successeurs  furent  :  Ray-' 
nard  /•',  vers  1  lô7.  -^  Fouqtteê^  «ntre 
1178  et  1182.  —  RaynardUy  en  1202 
et  mo,  — Ray  nard  II i y  en  1235.  — 
Jean  /",  1239-1271.  —  Jean  II,  sei- 
gneur  de  Cboiseul  et  d^Aîgremont, 
connétable  de  Bobert  II ,  duc  de  Bour- 
gogne, mort  en  U08.  —  Jean  III,  sire 
de  Clioiseul,  mort  en  1336,  et  qui  fît 
partie  d'une  ligue  forniée  en  1314  par 


L 


144 


CHO 


L'UNIVERS. 


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les  seigneurs  de  Bourgogne  et  de 
Champagne  contre  Philippe  le  Bel, 
pour  la  conservation  de  leurs  privilè- 
ges. —  Gui,  mort  en  1365.  —  Jméy 
diambellan  du  duc  Jean  de  Bourgogne, 
fait  prisonnier  par  les  Anglais  devant 
Calaiâ.  La  famille  de  CUoiseul  s'est 
divisée  en  un  grand  nombre  de  bran- 
ches ;  nous  ne  mentionnerons  que  les 
principales  : 

Branche  des  barons  de  ClénwrU. 

Formée  par  Girard  de  Choiseul ,  fils 
puîné  de  Gui  ;  il  eut  pour  successeurs  : 
Louis  de  Choiseul ,  baron  de  Clémont, 
vers  1412;  Guillaume,  mort  en  1479; 
et  Pierre  y  chambellan  du  duc  Fran- 
çois II  de  Bretagne. 

Branche  des  barons  et  marquis  de 
Langues, 

Commencée  par  Philibert  de  Choi* 
seul ,  seigneur  de  Lanoues ,  Aigremont 
et  Meuvy,  fils  puîné  de  Guillaume  de 
Clémont,  mort  en  1504,  après  avoir 
été  chambellan  et  conseiller  de  Char- 
les VIII  et  de  Louis  XII,  et  successi- 
ment  gouverneur  d'Arras ,  de  Florenee 
(1491)  et  de  Bourgogne.  Ses  succes- 
seurs-furent  :  Antoine,  —  Jean  y  sei- 
gneur et  baron  de  la  Ferté ,  de  Lan- 
gues etd'Autreville,  mort  en  1564.  —» 
Antoine,  qui  vivait  en  1583.  —  David, 
colonel,  mort  en  1621.  —^Cléria' 
dus  /^',  maréchal  des  camps  et  armées 
du  roi.  -*  Clériadus  II,  marquis  de 
Lanques,  mestre  de  camp  de  Bourbon- 
Cavalerie,  mort  en  1692,  sans  posté- 
rité. 

Branche  des  seigneurs  d' Aigremont. 

Cette  branche,  dont  le  chef  fut  Re- 
nier /*"",  fils  de  Jean  II,  sire  de  Choi- 
seul, n'a  produit  aucun  personnage 
remarquable;  mais  d'elle  est  sortie  la 

Br<mche  des  barons  de  Beaupré, 

Cette  branche  a  été  formée  par 
René,  baron  de  Meuse  et  de  Beaupré, 
fils  puîné  de  Pierre  II  d' Aigremont. 
Les  personnages  les  plus  remarquables 
qu'elle  a  produits  sont  :  Chrétien,  mort 
en  1598,  en  défendant  le  château  de 
Monteclaii  pour  Henri  IV  contre  la  lÀ- 
igàt,-- François-Joseph,  dit  le  Comte 


de  Choiseul ,  qui  se  trouva  au  bom- 
bardement d'Alger,  devint  capitaine 
de  vaisseau  et  gouverneur  de  Saiot-Do- 
mingue,  et  fut  tué  à  son  bord  en  re- 
venant en  France.  —  François-Joseph 
de  Choiseul,  marquis  de'StaiQYllIe, 
héritier  du  nom  du  comte  de  Stain* 
ville ,  son  oncle ,  ambassadeur  du  doc 
de  Lorraine. 

Etienne  Joseph,  duc  de  Choiseul* 
Stainville,  mmistre  d'État  soos 
liouis  XV,  né  en  1719,  embrassa  d'a- 
bord la  profession  des  armes,  et  entn 
au  service  sous  le  nom  de  comte  de 
Stainville.  Son  avancement  fut  rapide; 
mais  ses  goûts  le  portant  plutôt  vett 
la  politique,  il  abandonna  l'état  mlK* 
taire  pour  suivre  la  carrière  de  la  ^ 
plomatie.  La  faveur  de  madame 
Pompadour  lui  fit  obtenir  l'amba 
de  Rome ,  où  il  eut  à  s'occuper 
l'affaire  de  la  bulle Unigenitus.  Envi 
à  Vienne  en  1756,  son  premier  a 
dans  ce  poste  important  fut  la 
clusion  du  traité  d'alliance  avec  I' 
triche.  Depuis  plusieurs  années, 
prince  de  Kaunitz ,  ministre  de  T 
pératrice  Marie -Thérèse,  nég 
cette  alliance  dans  le  but  d'écraseï 
puissance  naissante  de  la  Prusse; 
son  côté,  Choiseul  pensait,  et 
raison,  que  la  France  ayant  s 
redouter  l'accroissement  de  TA 
terre  et  de  la  Russie,  devait  s*d_ 
surtout  sur  TAllemagne,  et  ëole 
l'Autriche  à  l'alliance  anglaise.  ^ 
reprocné  au  traité  signé  par  le  due 
Choiseul ,  d'avoir  donne  le  signai 
l'abandon  de  la  grande  politique 
Sully  et  de  Richelieu  :  il  est  vrai  i 
ces  deux  ministres ,  continuateurs 
François  P*",  avaient  constaroi 
lutté 'contre  la  maison  d'Autric 
mais  en  diminuant  son  influence,' 
l'avaient  rendue  moins  redoutabtei^ 
Louis  XIV,  en  lui  enlevant  rEs( 
avait  changé  la  nature  de  ses  raj 
avec  la  France  ;  d'ailleurs  l'AngU 
n'était  pas  encore,  au  dix-«eptièaiej 
de,  ce  qu'elle  devint  au  dix-buiti4 
et,  depuis,  les  faits  ont  dém< 
que  l'alliance  de  l'Allemagne  est 
seule  que  la  Firanoe  doive  oonr 
dans  son  intérêt  et  dans  celui  de  la 


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FRANCE. 


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TÎiisatîon  àvL  monde  C).  La  politique 
de  Choiseul  était  donc  une  politique 
intelligente,  car  c'était  celle  de  favenir. 
L'agression  pertide  de  l'Angleterre,  et 
la  capture  de  nos  vaisseaux  en  pleine 
paix,  prouva  d'ailleurs  que  Choiseul 
arait  eu  raison.  Le  cardinal  de  Remis, 
ministre  des  affaires  étrangères,  signa 
le  traité ,  mais  il  quitta  bientôt  après 
le  ministère ,  et  Choiseul  le  remplaça 
(1768).  Après  la  mort  du  maréchal 
de  Relle-Isle ,  il  devint  en  outre  mi- 
nistre de  la  guerre,  mais  il  donna  alors 
à  son  cousin ,  le  duc  de  Praslin ,  les 
:  deux  ministères  des  affaires  étrangères 
k  de  la  marine. 

.  La  guerre  contre  l'Angleterre  avait 
été  heureuse  à  son  début  :  la  prise  de 
Minorque  était  un  beau  succès  ;  mais 
lîéntôt  la  perte  de' toutes  nos  colo- 
Mîes,  la  '  destruction  de  toute  notre 
imrine,  changèrent  la  face  des  affai- 
1«.  Pour  résister  à  un  ennemi  si 
ssant,  Choiseul  négocia  le  j^acte  de 
aie  (1761)  :  il  s'assurait  ainsi  l'ap- 
de  la  marine  espagnole  et  de  la  ma- 
napolitaine  ;  mais  malgré  tous  ses 
la  France,  vaincue  et  épuisée, 
«Uigée  de  consentir  à  la  paix  de 
^ ,  qui  nous  enleva  le  Canada ,  la 
iane>  Tabago  et  le  Sénégal,  et 
de  nouveau  à  Dunkerque  un  com- 
e  anglais  pour  régler  sou  veraine- 
t  tout  ce  qui  y  regardait  la  marine, 
que  cette  place  ne  fût  plus  un  sujet 
crainte  pour  l'Angleterre. 
Le  ministre  avait  été  obligé  de  ce- 
•  il  jn'a  vait  pas  commencé  la  guerre  : 
illi  violemment,  il  s'était  défendu, 
la  paix  de  1763,  il  se  propo- 
t  de  venger  la  France  de  ses  déiaî- 
il  £e  préparait  à  lai  guerre  maritime 
se  fit  sous  Louis  X¥I,  et  qu'il 
ait  faite  lui-même  sans  sa  disgrâce 
revue  et  si  déshonorante  pour 
îs  XV.  Cependant  la  mort  de  la 
'Murquise  de  Fompadour  l'avait  encore 
msaé  tout-puissant;  il  profita  de  son 
Éouvoir  pour  accomplir  d'utiles  réfor- 
mes et  en  préparer  d'importantes. 
^lédéric  II  avait  opéré  une  révolution 
4aiis  la  tactique  :  Èhoiseul  l'imita,  et 

(*)  "Voyez  les  Akkales,  t.  II ,  p.  1 33,  note. 


son  ordonnance  de  1762  organisa  Tar- 
rqée  française  d'après  le  système  que 
Frédéric  avait  consacré  par  ses  vic- 
toires, ir  créa  des  écoles  militaires, 
organisa  les  corps  d'artillerie  et  du  gé- 
nie, et  donna  a  ces  corpç  spéciaux 
la  supériorité  qu'ils  ont  su  conser- 
ver depuis  cette  époque.  Pour  faire 
oublier  à  la  France  la  perte  de  tant  de 
colonies  importantes,  Choiseul  s'atta- 
cha à  faire  prospérer  les  Antilles 
françaises;  il  répara  leurs  fortifica- 
tions, leur  donna  des  gouverneurs  ha- 
biles et  intègres,  et  sut  tirer  un  admi- 
rable parti  de  Saint-Domingue,  dont 
la  prospérité  devint  dès  lors  prodi- 
fîieuse.  Il  s'efforçait  de  rendre  à  la 
France  l'influence  que  des  revers  pro- 
longés lui  avaient  fait  perdre.  II  oc- 
cupait le  comtat  Venaissin  en  réponse 
aux  anathèmes  de  Clément  XIII  contre 
le  duc  de  Parme,  réunissait  la  Corse 
à  la  France  malgré  l'Angleterre ,  et 
faisait  punir  de  mort  un  Anglais  sur- 
pris à  lever  les  plans  de  Rrest.  Il  défen- 
dait les  cdionies  espagnoles  convoitées 
Ï)ar  Tavidité  anglaise ,  et  menaçait  de 
a  guerre  le  cabinet  de  Saint-James, 
si  celui-ci  me  respectait  pas  Içs  alliés 
de  la  France.  Il  fomentait  l'insurrec- 
tion des  États-Unis  et  se  disposait  à 
les  faire  soutenir  par  la  marine  fran- 
çaise et  par  celle  de  l'Espagne  ;  enfin 
il  travaillait  à  déjouer  les  projets  de 
Catherine  sur  la  Pologne,  poussait  les 
Turcs  à  la  guerre  contre  la  czarine , 
et  se  préparait  à  soutenir  les  Polonais 
au  moyen  d'un  corps  de  troupes  fran- 
çaises. Plus  tard,  Louis  XV  lui-même 
avoua  que  le  partage  de  la  Pologne 
n'aurait  pas  eu  lieu  si  Choiseul  eût 
encore  été  ministre  (*). 

Tous  ces  projets ,  toute  cette  poli- 
tique furent  abandonnés  à  la  chute  de 
Choiseul.  Qui  le  renversa?  une  vile 
créature  que  l'on  appelait  la  comtesse 
du  Rarry,  comme  pour  cacher  à  quel 

(*)  On  dit  que  Choiseul  encouragea  les 
essais  de  Gribeauval  qui  avait  construit  en 
1769 un  chariot  à  vapeur;  Tanuée  suivante 
le  célèbre  ingénieur  éiait  arrivé,  par  le  moyen 
de  sa  machine,  à  faire  parcourir  en  une  heure 
cinq  kilomètres  à  une  masse  pesant  cinq 
milliers. 


T.  V.  10*  Livraison.  (Dict.  engycl.,  etc.) 


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degtë  d'abjection  en  était  venu  le 
chef  de  l'Etat.  Choiseul  ne  voulut 
jamais  plier  deyant  cette  courtisane  de 
bas  étage  ;  elle  le  fit  exiler  à  Chante- 
loup  (1770). 

Choiseul  avait  suivi  le  mouvement 
des  idées  de  son  époque  ;  Topinioa 
était  devenue  une  puissance  ;  il  la  res- 
pecta ,  la  consulta ,  et  suivit  toujours 
ses  conseils.  C'était  pour  lui  obéir  qu'il 
avait  protégé  les  philosophes  et  chassé 
les  jésuites  en  1764.  Elle  s'était  pro- 
noncée avec  mépris  contre  la  duBarry, 
et  Choiseul  n'avait  été  renversé  que 
pour  avoir  résisté  à  cçtte  femme  : 
il  n'en  fallut  pas  davantage  pour  chan- 
ger son  exil  en  triomphe.  Pour  la  pre- 
mière fois,  et  c'était  un  symptôme 
qui  annonçait  le  réveil  de  la  nation , 
la  cour  et  la  ville  osèrent  braver  le  roi, 
et  aller  rendre  hommage  à  un  ministre 
disgracié. 

A  la  mort  de  Louis  XY ,  Choiseul 
sortit  de  son  exil.  Tout  portait  à  es- 
pérer qu'il  reprendrait  le  pouvoir  sous 
un  prince  qu  il  avait  uni  a  une  Autri- 
chienne pour  cimenter  rajliance  des 
deux  cours  de  Versailles  et  de  Vienne  i 
il  n'en  fut  rien  ;  et  nous  croyons  de- 
voir le  regretter  vivement,  surtout  en 
pensant  que  Louis  XVI  lui  préféra 
rincapable  Maurepas.  Le  duc  de  Choi- 
seul mourut  en  1785. 

Louise-Honorine  Crozat  du  Châtel, 
duchesse  de  Choiseul-Stain  ville,  mariée 
fort  jeune  au  duc  de  Choiseul,  et  élevée 
en  riche  héritière ,  n'hésita  pas  à  re- 
commencer son  éducation  après  son 
mariage,  et  comme  la  nature  l'avait 
douée  de  brillantes  facultés  intellec- 
tuelles, elle  devint  aussi  distinguée  par 
son  esprit  qu'elle  l'était  naturellement 
par  le  cœur.  Sa  vie  fut  un  long  dé* 
vouement  à  M.  de  Choiseul.  Elle  par- 
tagea d'abord  sa  faveur,  puis  son  exil, 
et  comme  pendant  ce  temps  la  fortune 
de  son  mari  fut  compromise  par  le 
hixe  qu'il  déployait  à  Chanteloup,  elle 
ne  craignit  pas  de  comprometti^e  aussi 
la  sienne,  et  vendit  jusqu'à  ses  dia- 
mants afin  de  pouvoir  continuer  à  exer- 
cer la  généreuse  hospitalité  qui ,  pour 
elle  aussi  bien  que  pour  M.  de  Choiseul, 
était  devenue  un  besoin  impérieux.  Le 
siècle  était  à  la  littérature,  et  parmi 


les  gens  de  lettres  qui  se  pressaient 
autour  de  M.  de  Choiseul,  on  doit  ci- 
ter l'abbé  Barthélémy,  le  savant  auteur 
du  voyage  d'Jnacharsis ,  qui ,  sous 
les  noms  d^Jrsame  et  de  PhéiMe, 
nous  a  laissé  le  portrait  et  l'éloge  de 
$es  nobles  amis.  M.  de  Choiseul  mou- 
rut en  1785;  ses  dettes  étaient  im- 
menses ,  la  fortune  de  sa  femme  était 
loin  d'être  intacte,  et  pourtant,  par 
son  testament,  il  laissait  des  dons  et< 
cessifs  à  tous  ceux  qui  l'avaient  servi. 
Les  gens  d'af&ires  pressaient  la  du* 
chesse  de  s'en  tenir  à  ses  droits  :  celle* 
ci,  tout  erf  leur  répondant  qu'elle  pr^ 
tendait  bien  u^er  d'un  droit  anqud 
rien  ne  la  ferait  renoncer ,  saisit  uoe 
plume,  garantit  les  dons  faits  par  m 
mari ,  ajoute  à  plusieurs  d'entre  eux» 
s'engage  à  payer  toutes  les  dettes,  ^ 
dans  un  état  voisin  de  la  panvrètég 
se  retire^  dans  un  des  plus  paovr^ 
couvents  de  Paris ,  avec  une  sr 
femme  pour  la  servir.  La  duchesse 
Choiseul  vivait  là  retirée  «  honorée 
tous,  et  visitée  par  quelques  zm% 
lorsque  la  révolution  éclata  ;  elle 
quitta  jamais  la  France,  et  au  me 
où  tout  ce  qui  appartenait  à  l'a 
cratie  se  trouvait  trop  heureux  qii' 
voulût  bien  l'oublier,  elle  sortit  de 
retraite  pour  réclamer  chaleurei 
ment  le  savant  auteur  d'Jnachar 
qu'elle  eut  le  bonheur  de  sauver  de 
prison  >  et  peut-être  de  la  mort,  f*" 
elle  rentra  dans  la  solitude,  où 
mourut  obscurément ,  on  ne  sait 
en  quelle  année. 
Claude 'Antoine- Gabriel  ^  dnc 

Choiseul  -  Stainvifie ,  naquit  en  if 
çt  remplaça  dans  la  pairie^  en  171 
le  ministre  de  Choiseul.  Il  était  ec 
nel  de  Royal-Dragon  lorsque  la  ré 
lution  éclata  :  placé  sous  les  ord 
de  Bouille,  il  fat  chargé  de  s'enteni 
avec  Louis  XVI  pour  le  voya 
Farennes.  Il  attendit  le  roi  à 
Sommerville,  partit  avant  l'arrivée 
ce  prince ,  et  né  se  trouva  à  Vareni 
qu'après  son  arrestation.  Il  quitta 
France  après  les  jouroées  de  sepCe 
bre,  leva  un  régiment  de  hussaroS 
Angleterre,  et  servit  à  l'armée 
Condé.  Jeté  en  1795  par  une  temi 
sur  1^  côtes  de  France,  loMqa'il  p»* 


eno 


FRANCE. 


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147 


sait  dans  les  Indes ,  il  fut  arrêté  et 
resta  eo  prison  jusqu'en  1800.  A  [a 
restauration,  il  fut  nommé  pair  de 
France,  et  refusa  de  voter  la  peine  de 
mort  contre  le  maréchal  Ney ,  «  at- 
tendu,  dit-îl,  que  la  chambre  avait 
sumimé  une  partie  essentielle  de  la 
éefinse,  »  Depuis,  il  fit  toujours  par- 
tie de  la  minorité  qui  ccjtpbattit  les 
projets  des  ultraroyaiistes.  A  la  révo- 
iQtioD  de  juillet  1830,  il  fut  l'un  des 
dtoyens  qui  composèrent  le  gouverne- 
meDt  provisoire.  II  est  mort  en  1889 
gouverneur  du  palais  du  Louvre. 
Jacques,  comte  de  Choiseul-Staîn- 
*  TÎIle,  maréchal  de  France,  fut  fait 
lieutenant  général  en  1760.  C'est 
en  cette  qualité  qu'il  combattit  pen- 
dant ia  guerre  de  sept  ans  contre  les 
Prussiens,  sur  lesquels  il  remporta 
plusieurs  avantages.  Employé  Tannée 
ftnrante  à  Tarraée  du  Rhin ,  il  se  si- 

Ba  de  nouveau  et  reçut  le  bâton  de 
.   tehal  de  France  en  1783.   Il  fit 
icdes  états  généraux  de  1789,  et 
tpeu  après  leur  convocation, 
branche  des  seigneurs  de  Fre- 
"et  de  Frémanville,  celle  des 
s  d^AiUecourty  marquis  de 
et  celle  des  marquis  de 
y  n'ont  produit  aucun  person- 
qai  ait  joué  un  rôle  politique 
remarquable.  Un  membre  de  Tune 
ées  branches ,  M.  le  comte  André- 
in-Maxime  de  Choisenl-d'Ail- 
rt,  connu  par  de  savants  tra- 
it et  notamment   pat  un   livre 
inarquable,  intitulée  Z>e  ^influence 
croisades  sur  tétât  des  peuples  de 
'wropey  Paris,  1809,  in -8*,  est, 
'Tîis  1817,  menibre  de  l'Académie 
inscriptions  et  belles-lettres,  où  il 
[icmplacé  le  comte  de  Choiseul-Gouf- 
Sous  devons  mentionner  encore 
ame  la  comtesse  Félicité  de  Choi- 
Meuse,  une  de  nos  romancières 
phis  fécondes. 

tœhe  des  seigneurs  de  Francières. 

l/ean  de  Choiseul ,  baron  de  Fran- 

,  qui  commença  cette  branche , 

le  troisième  fils  de  René ,  baron 

Beaupré;  son  fils,  Claude ^  mar- 

de  Francières ,  fut  l'un  des  plus 

's  capitaines  du  dix-septième  siè- 

Il  naquit  en  1682,  et  tut  d'abord 


connu  sous  le  nom  de  comte  de  Choi- 
seul. Il  fit  ses  premières  armes  en 
1649,  au  combat  de  Vitri-sur-Seine , 
fut  l'un  de  ceux  qui  se  distinguèrent 
le  plus  dans  la  campagne  de  Hongrie , 
en  1664;  et  on  lui  attribua  le  gam  de 
la  victoire  de  Saint-Gottard.  Nommé 
maréchal  de  camp  en  1669,  il  alla  la 
même  année  défendre  Candie ,  assié- 
gée par  les  Turcs.  De  retour  de  cette 
glorieuse  campagne,  il  suivit  Louis  XIV 
en  Hollande ,  en  1672 ,  se  distingua  au 
combat  de  Senef(1674),  prit  Deux- 
Ponts  (1676) ,  et  força ,  en  1689 ,  l'élec- 
teur de  Bavière  à  la  retraite  sur  le 
haut  Rhin.  Ses  services  furent  ré- 
compensés en  1693  par  le  bâton  de 
maréchal.  Il  mourut  en  1711  sans  lais- 
ser de  postérité. 

Les  branches  de  Chevignijy  à^Es- 
guilly  et  de  Bussières  n*ont  produit 
aucun  personnage  qui  mérite  d*étre 
mentionné  ici. 
Branche  des  seigneurs  de  Praslin, 
Nicolas  de  Choiseul ,  tige  de  cette 
branche ,  était  second  fils  de  Pierre  de 
Choiseul ,  seigneur  de  Chevigny.  — 
Ferry  /*',  son  fils ,  mourut  à  Jarnac , 
en  1569,  en  combattant  les  hugue- 
nots. —  Son  fils,  Charles  de  Choiseul , 
marquis  de  Praslin,  fut  l'un  des  hom- 
mes les  plus  remarquables  de  la  fin 
du  seizième  siècle.  Il  fit  ses  premières 
armes  contre  les  religionnaires ,  sous 
le  maréchal  de  Matignon,  et  se  trouva 
avec  Henri  III  au  siège  de  Paris ,  en 
1589.  Après  la  mort  de  ce  prince,  il 
fut  l'un  des  premiers  à  reconnaître 
Henri  IV,  qui  le  nomma  gouverneur 
de  Troyes.  Ce  fut  lui  qui ,  après  l'as- 
sassinat du  roi,  donna  sa  parole  à 
Sully,  retiré  à  la  Bastille ,  qu'il  pou- 
vait venir  au  Louvre  sans  danger.  Il 
fut ,  pendant  la  régence ,  l'un  des  con- 
seillers de  Marie  de  Médicis  ;  chassa , 
en  1611,  les  jésuites  de  la  ville  de 
Troyes ,  et  déconcerta  dans  la  suite , 

Sar  d'habiles  manœuvres,  les  projets 
es  princes  révoltés,  qui  furent  ainsi 
forcés  à  signer  la  paix  de  Sainte -Me- 
nehould.  Nommé,  en  1619,  maréchal 
de  France,  il  joua,  en  cette  qualité, 
lin  rôle  important  dans  les  guerres  de 
religion.  Il  mourut  en  1626,  âgé  de 
soixante -trois  ans,  après  quarante- 

10. 


148 


GItO 


L'UNIVERS. 


€HO 


cinq  ans  de  service ,  pendant  lesquels 
il  avait  commandé  neuf  armées,  as- 
siégé et  pris  cinquante-trois  villes ,  as- 
sisté à  quarante-sept  batailles ,  et  reçu 
vingt-deux  blessures.  Roger,  son  fils , 
fut  maréchal  de  camp  et  lieutenant  du  \ 
roi  «n  Champagne;  il  se  trouva  à 
toutes  les  expéditions  militaires  du 
règne  de  Louis  XIII ,  et  fut  tué  à  la 
bataille  de  la  Marfée ,  en  combattant 
dans  l'armée  du  roi.  —  François,  son 
fils,  lui  succéda  dans  ses  titres  et  di- 
gnités, et  mourut  en  1690. 

CésarGahriet de  Choiseul ,  duc  de 
Prasiin ,  né  à  Paris  en  1712,  remplaça 
son  cousin,  le  duc  de  Choiseul -Stain- 
ville,  dans  l'ambassade  de  Vienne, 
lorsque  celui-ci  fut  appelé  $u  minis- 
tère, en  1758;  en  1760,  il  devint  mi- 
nistre des  affaires  étrangères,  et  signa 
le  traité  de  1763.  Créé  à  cette  époque 
duc  et  pair ,  il  rendit  au  duc  de  Choi- 
seul le  portefeuille  des  affaires  étran- 
gères ,  et  reçut  en  échange  celui  de  la 
marine.  D'immenses  travaux  furent 
entrepris  sous  son  administration  ;  il 
agrandit  et  fortifia  le  port  de  Brest , 
reorganisa  l'artillerie  de  la  marine, 
répandit  parmi  les  officiers  un  vif  dé- 
sir d'instruction ,  soumit  les  élèves  à 
des  examens  sévères,  et  conçut  le  pro- 
jet d'un  nouveau  voyage  autour  du 
monde ,  dont  il  chargea  Bougainville. 
Lorsqu'il  dut  partager  la  disgrâce  de 
son  cousin,  il  laissa  dans  nos  ports 
soixante  et  dix  vaisseaux  de  ligne,  cin- 
quante frégates,  et,  dans  les  maga- 
sins, les  bois  et  tous  les  matériaux  né- 
cessaires pour  accélérer  les  nouvelles 
constructions  que  le  duc  de  Choiseul 
avait  jugées  nécessaires  pour  com- 
mencer la  guerre  à  laquelle  il  se  pré- 
parait. Il  avait  encouragé  les  ingé- 
nieurs de  la  marine ,  et ,  par  ses  soins, 
l'art  des  constructions  navales  avait 
fait  chez  nous  d'immenses  progrès; 
enCn  il  s'était  occupé  d'une  législation 
coloniale  destinée  à  abolir  graduelle- 
ment l'esclavage  des  noirs.  Le  duc  de 
Prasiin  mourut  en  178S. 

Marie  -  Gabriel  -  Jifçusfe  -  Florent , 
comte  de  Choiseul ,  connu  sous  le  nom 
de  Choiseul-Gouffier,  depuis  le  ma- 
riage ^u'il  contracta  fort  jeune  avec 
l'héritière  de  la  maison  de  GoufGër, 


naquit  à  Paris  en  1752*  Il  s'adonna  de 
bonne  heure  à  la  culture  des  arts  da 
dessin ,  et  montra  dès  l'enfance  une 
prédilection  marquée  pour  tout  ce  qui 
se  rattachait  à  la  Grèce.  Il  mit  enfin  à 
exécution,  en  1776,  un  projet  qu'il 
méditait  depuis  longtemps  :  c'était  de 
visiter  cette  contrée.  Guidé  [uir  les 
conseils  de  l'abbé  Barthélémy,  il  s'en- 
toura d'artT^tes  et  d'hommes  capables 
de  le  seconder  dans  cette  entreprise, 
et  s'embarqua ,  au  mois  de  mars,  sur 
VAtalante,  commandée  par  le  mar- 
quis de  Chabert ,  membre  de  l'Acadé- 
mie des  sciences,  qui  était  chargé  de 
lever  une  carte  de  la  Méditerranée. 
M.  de  Choiseul  visita  toute  la  Grèce, 
en  étudia  tous  les  monuments,  fit  dessi- 
ner les  costumes  et  les  sites  qui  rappe- 
laient quelque  souvenir,  et  décrivit  les 
usages,  les  cérémonies,  les  jeux, qui 
lui  parurent  avoir  été  conservés  des 
temps  antiques,  par  les  Grecs  mo- 
dernes. Il  observa  tout  avec  disce^ 
nement,  et  n'oublia  rien  de  ce  qui 
pouvait  présenter  quelque  intérêt.  D9 
retour  en  France ,  il  mit  en  ordre 
nombreux  matériaux  qu'il  avait  amaK 
ses,  et  fit  paraître,  en  1782,  le  pre*. 
mier  volume  in  folio,  avec  atlas,  di. 
son  royage  pittoresque  en  Gréd^ 
qui  obtint  un  succès  d'enthousiasme»; 
Avant  la  publication  de  cet  ouvrajei; 
et  sur  la  seule  réputation  de  son  un*, 
portance ,  l'Académie  des  inscriptioni 
et  belles-lettres  admit  l'auteur  au  nooh 
bre  de  ses* membres;  et,  en  1784f' 
l'Académie  française  le  donna  pour 
successeur  à  d'Aiembert.  Peu  detemff 
après,  le  comte  de  Choiseul  fut  nomi  ' 
ambassadeur  à  Constantinople.  Il 
tous  ses  efforts  pour  introduire  dai 
la  Turquie  la  civilisation  européenoe; 
par  ses  conseils,  le  grand  vizir,  HaP 
Pacha,  fit  venir  à  Constantinople  ' 
officiers  du  génie,  d'artillerie,  et < 
ingénieurs  de  marine  français  qui  i 
parèrent  les  places  fortes  de  l'empi 
créèrent  cfes  fonderies ,  perfectioi 
rent  l'artillerie  turque,  et  donnj 
une  nouvelle  organisation  à  l'ai 
ottomane.  De  jeunes  Turcs  furent 
voyés  à  Paris  pour  y  étudier 
sciences  et  les  arts,  et  les  ré[ 
ensuite  dans  leur  pays.  Mais  ces  pn*^ 


j 


CttO 


FRANCE. 


€UO 


149 


jets  furent  anéantis  par  la  mort  d*Ha- 
iJl-Pacha ,  et  son  fanatique  successeur 
arrêta  ces  efforts  de  régénération ,  qui 
devaient  être  repris  plus  tard  par  le 
sultan  Mahmoud. 

Le  comte  de  Choiseul  se  montra ,  dès 
le  principe ,  hostile  à  la  révolution. 
Nommé, en  1791, à  l'ambassade  d'An- 
gieterre,  il  refusa  de  se  rendre  à  son 
poste,  resta  à  Constantinople ,  et  en- 
voya sa  correspondance  politique  aux 
prmces  émigrés.  Décrété  alors  d'arres- 
tation ,  il  se  rendit  auprès  de  Cathe- 
rine II ,  qui  l'accueillit  d'une  manière 
flatteuse.  Sous  Paul  P",  il  devint  le 
directeur  de  l'académie  des  arts  et  des 
bibliothèques  impériales.  Cependant  il 
revint  en  France  aussitôt  qu  il  le  put, 
et  reprit,  en  1802,  sa  place  à  rAcadé- 
mie  des  inscriptions  et  belles -lettres. 
En  1809,  il  nt  paraître  la  première 
partie  du  second  volume  de  son  Foyage 
m  Grèce,  La  seconde  partie  n'a  été 
publiée  qu'en  1820,  après  la  mort  de 
fauteur.  Sous  la  restauration ,  le  comte 
JeChoiseulfut  nommé  ministre  d'État, 
Oembre  du  conseil  privé  et  pair  de 
înoce.  Il  mourut  en  1817.  Le  recueil 
ItUcadémje  des  inscriptions  et  belles- 
.  bttres  contient  de  lui  plusieurs  mé- 
AiOires,  parmi  lesquels  nous  citerons 
W  Dissertation  sur  Homère,  son  Mé* 
iMÂre  sur  r/iippodrome  (TOlympiey 
et  ses  Recherches  sur  Vorîgine  du 
Bosphore  de  Thrace,  La  collection 
fa  monuments  antiques  de  divers 
genres,  qu'il  avait  recueillie  en  Grèce, 
a  été  acquise  en  grande  partie  par 
k  gouvernement ,  qui  l'a  placée  au 
Louvre. 
Branche  des  comtes  du  Plessis,  dites 

de  Choiseul,  pairs  de  France. 

Ferry  //de  Choiseul ,  troisième  fils 
de  Ferry  V  de  Praslin ,  auteur  de 
cette  branche ,  eut  pour  fils  César  de 
ChoisetU,  duc  de  Choiseul,  pair  et 
maréchal  de  France,  comte  du  Plessis- 
Praslin.  Celui-ci  naquit  à  Paris,  en 
1^;  il  commença  à  se  distinguer  au 
<i^e  de  la  Rochelle,  où  il  comman- 
dait un  régiment.  Il  défendit  ensuite 
les  lies  d'Oieron  et  de  Ré  contre  les 
Anglais.  Plus  tard,  il  contribua  à  la 
prise  de  Pignerol,  et  gagna  la  confiance 
du  cardinal  de  Richelieu,  qui  l'em- 


ploya à  diverses  négociations^  où  il  eut 
l'habileté  de  détacMr  de  l'alliance  des 
Espagnols  les  ducs  de  Savoie,  de  Parme 
et  de  Mantoue.  Depuis  1636  jusqu'en 
1645,  .il  servit  dans  le  Piémont,  et 
commanda  plus  d'une  fois  en  chef  l'ar- 
mée française.  Il  conquit  toutes  les 
places  de  ce  pays,  et  vainquit  cons- 
tamment les  Espagnols;  en  1645,  il 
alla  assiéger,  en  Catalogne,  la  forte- 
resse de  Roses ,  dont  la  prise  lui  valut 
le  bâton  de  maréchal.  Il  retourna  en- 
suite en  Italie,  où^  tour  à  tour  géné- 
ral et  négociateur,  il  vainquit  le  pape 
Innocent  X  et  le  força  à  traiter.  En 
1648,  il  remporta  sur  les  Espagnols 
la  victoire  de  Trancheron ,  qui  lui  as- 
sura la  conquête  du  Milanais;  mais 
manquant  de  tout  ^  et  ayant  dépensé 
450,000  fr.  de  sa  fortune,  il  ne  put 
pousser  plus  avant  ses  succès.  Les 
troubles  de  la  Fronde  avaient  éclaté  ; 
la  cour  rappela  Choiseul,  lui  donna 
des  éloges ,  et  le  chargea  de  défendre, 
avec  4,000  hommes,  Saint-Denis  et  le 
pays  qui  s'étend  depuis  cette  ville  jus- 
qu  à  Charenton.  Le  maréchal  s'ac- 
quitta de  cette  mission  avec  succès , 
battit  les  Parisiens,  et  força  les  Es- 
pagnols qui  venaient  à  leur  secours 
a  battre  en  retraite  ;  puis  il  soumit 
Bordeaux;  et  lorsque  Turenne  leva,  à 
Stenay,  l'étendard  de  la  révolte,  Ma- 
zarin  le  charsea  d'aller  réduire  lé  grand 
capitaine.  Cnoiseul  arrêta  Turenne, 
l'empêcha  de  venir  délivrer  les  princes 
détenus  a  Vincennes ,  et  le  vainquit  à 
Rethel.  Choiseul  fut  ensuite  le  maître 
de  Louis  XIV  dans  l'art  de  la  guerre, 
et  il  le  suivit  dans  plusieurs  sièges  ; 
plus  tard,  il  dirigea  la  construction  des 
fortifications  de  Perpignan,  et  donna 
ainsi  à  la  France  un  de  ses  plus  redou- 
tables boulevards.  En  1663,  il  fut  créé 
duc  et  pair,  employé  à  diverses  négo- 
ciations ,  et  il  ménagea  le  traité  d'al- 
liance qui  fut  conclu  entre  Charles  II 
et  Louis  XIV  contre  la  Hollande.  En- 
fin il  acheva  sa  glorieuse  carrière  en 
1675,  à  l'âge  de  78  ans. 

Alexandre  de  Choiseul ,  comte  du 
Plessis -Praslin,  maréchal  de  camp, 
fut  tué  au  siège  d'Arnheim,  en  1672. 
—  César 'Auguste  9  duc  de  Choiseul, 
pair  de  France,  comte  du  Plessis-Pras- 


150 


CHO 


L'UNIVERS. 


CHO 


lin,  frère  du  précédent,  succéda  au 
maréchal  de  C  noiseul ,  et  fut  tué  au 
siège  de  Luxembourg,  en  1684.  — 
Auguste,  duc  de  Choiseul,  pair  de 
France,  comte  du  Plessis-Prasiin,  frère 
du  précédent,  servit  en  1669  sur  le 
Rhra ,  puis  à  Candie  et  dans  les  Pays- 
Bas  ;  il  se  couvrit  de  gloire  à  Fleurus, 
à  Steinkerque ,  et  mourut  en  1705 , 
sans  postérité. 

Branche  des  comtes  d'Hostel. 

Le  personnage  le  plus  célèbre  de 
cette  branche ,  qui  commence  à  Fer» 
ry  m  de  Choiseul,  troisième  fils  de 
Ferry  du  Plessîs,  est  Jean-François- 
Gaston  de  Choiseul,  qui  fut  lieutenant 
général  des  armées  du  roi,  se  distin- 
gua aux  batailles  de  Cassel ,  Fleurus , 
Steinkerque  et  ISerwinde;  alla,  en 
1701 ,  servir  en  Italie ,  où  il  sauva  Cré- 
mone; fut  ensuite  gouverneur  de  Man- 
toue,  et  mourut  en  1705,  des  suites 
des  blessures  qu'il  avait  reçues  à  la  ba- 
taille de  Cassano. 

La  branche  des  seigneurs  de  Traves 
n'a  produit  aucun  personnage  remar- 
quable. 

Choisniw  (Jean),  secrétaire  de 
Henri  III,  né  à  Châtellerault  dans  les 
premières  années  du  seizième  siècle , 
fut  chargé  par  la  reine  Catherine  de 
Médicis  de  préparer  auprès  de  la  diète 
polonaise,  et  avant  même  gue  le  roi 
Sigismond -Auguste  eût  expiré,  Télec- 
tion  du  duc  d'Anjou.  Il  commença  et 
seconda  l'œuvre  achevée  plus  tard  par 
J.  de  Montluc,  évêque  de  Valence, 
auprès  duquel  il  fut  ensuite  employé. 
Il  a  laissé  un  ouvrage  fort  curieux , 
contenant  les  détails  de  toutes  ces  in- 
trigues, et  intitulé  Discours  au  vray  de 
tout  ce  qui  s'est  faict  et  passé  pour 
Pentière  négociation  de  è  élection  du 
roi  de  Pologne^  Paris,  1574,  in-8*. 

Choisy  ou  SoiSY,  ancienne  seigneu- 
rie du  Gâtinais  Orléanais  (aujourd'hui 
département  de  Seine-et-Marne),  éri- 
gée en  comté  en  1564,  et  en  marqui- 
i?at  en  1599. 

Choisy  (François-Timoléon ,  abbé 
de) ,  membre  de  r  Académie  française , 
né  à  Paris  en  1644.  On  raconte  que, 
doué  d'une  très-jolie  figure,  il  fut, 
dès  le  berceau ,  gâté  par  sa  mère,  qui 
se  plaisait  à  rhabiller  en  femme,  peut- 


être  pour  singer  la  manière  do»t  pQ 
élevait,  ou  plutôt  dont  on  énervait  le 
frère  de  Louis  XlV,  et  faire  ainsi  sa 
cour  à  Mazarin  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain, 
c'est  que  ce  déguisement ,  sous  lequel 
il  se  montra  presque  continuellement 
jusqu'à  l'âge  de  trente-deux  ans ,  à  la 
cour,  au  théâtre,  et  même  à  l'église, 
favorisa  plusieurs  aventures  galantes 
et  scandaleuses  racontées  par  lui- 
même  dans  l'œuvre  anonyme  publiée 
en  1736  sous  ce  titre  :  Histoire  de  ma- 
dame la  comtesse  des  Barres ,  noni 
qu'il  avait  pris  pour  compléter  son 
travestissement.  Atteint  d'une  mala- 
die dangereuse  à  son  retour  de  Rome, 
où  il  avait  accompagné  le  cardinal  de 
Bouillon,  il  résolut  de  se  convertir; 
et ,  pour  eflfecer  le  souvenir  de  sa  con- 
duite passée ,  il  publia ,  de  moitié  a?ec 
Dangeau,  quatre  dialogues  surïim' 
mortalité  de  rame ,  la  providence ^ 
rexistence  de  Dieu  et  la  religion^  Par 
ris,  1684,  in^l2.  L'année  suivante,! 
obtint  de  faire  partie  de  rambassa(B| 
envoyée  au  roi  de  Siam  pour  le  coo* 
vertir  à  la  religion  catholique.  C'i 
pendant  ce  voyage ,  dont  11  a  publié 
relation  (Paris,  1687),  que  labbé 
Choisy  se  fit  ordonner  prêtre ,  a 
avoir  pris  tous  les  degrés  en  quà 
jours.  Le  reste  de  sa  vie  se  resseni 
de  ses  antécédents.  Malgré  sa  cornai 
sion,  il  fut  toujours  homme  de  pl^r 
sirs,  et  mourut  à  Paris  en  1724,  doyà. 
de  l'Académie  française.  Ses  ouvra£f|> 
sont  légèrement  écrits,  encore  plas^^ 
gèrement  pensés.  Les  principaux  son^ 
1*"  une  yie  de  David ,  et  une  P^ie  ($■ 
Salomon,  panégyriques  du  roi  m 
France,  qui  lui  assurèrent  la  faveif 
royale  et  lui  ouvrirent  les  portes  i€ 
l'Académie;  2«  V  Histoire  de  rÊgUse/ 
en  onze  volumes  in-4**.  ^  : 

Choisy  au  Bac,  Cauciacum^  tIK 
lage  de  l'Ile  de  France,  aujourd'h^', 
département  de  l'Oise,  à  4  kil.  4|' 
Compiègne ,  où  les  rois  des  deux  prfr» 
mières  races  possédaient  un  cbâton}- 
qui  leur  servit  souvent  de  résîdepos. 
Auprès  dé  ce  château  se  trouvait  ooi. 
abbaye,  dans  l'église  de  laquelle ftireuf 
enterrés  les  rois  Clovis  III,  Chilfe 
bert  Iljet  Dagobert  III.  Berthe,  femml 
de  Pépin,  et  mère  de  Charlemagnet 


j 


CHO 


FRANCE. 


CHO 


Ui 


morte  au  château  de  Ghoisy  en  783 , 
ht  aussi  Inhumée  dans  JSette  église  ; 
mais  son  corps  fut  pins  tard  transféiré 
à  Saint- Denis.  Il  ne  reste  plus  aujour- 
d'iiai  de  traces  du  château  ni  de  Tab- 
baye  de  Ghoisy. 

Choisy-lr*boi  ,  petite  ville  de  Tan- 
cieûneîlc  de  France,  auj.  dép.  de  la 
Seioe,  où  mademoiselle  de  Montpensier 
fit  bâtir  par  Mansard,  en  1682,  un 
magnifique  château ,  qui ,  habité  suc- 
cessivement par  Louvois,  par  le  Dau- 
pbia  fils  de  Louis  XIV,  et  par  la  prin* 
cesse  de  C!onti ,  fut  acheté  à  la  mort  de 
cette  dernière, et  reconstruit,  par  or- 
dre de  Louis  XV,  pour  madame  de 
Pompadour.  Ce  château ,  en  partie  dé- 
moli, est  aujourd'hui  converti  en  fa- 
brique. La  ville  de  Ghoisy  compte 
S,OH  hab. 

Choléba  ÉpiDÉMiQtJB.  —  Quoiçue 
fious  devions  traiter  dans  un  article 
spécial  des  principales  épidémies  (voy. 
cemot)quiont  sévi  sur  la  France, 
Mqs  croyons  utile  d'exposer  rapide- 
ment l'histoire  du  choléra  épidémique, 
itot  le  triste  passage  est  encore  pré- 
tttt  à  tous  les  esprits.  Les  ravages 
I^Bx  qu'il  a  exercés  dans  toute  TEu- 
iK  les  nombreuses  victimes  qu'il  a 
Jfes,  sa  marche  singulière  des  ré- 
fî^  les  plus  éloignées  jusqu'à  nouSj 
M  en  dépit  de  toutes  les  barrières  qui 
itttpu  loi  être  opposées,  lui  méritent 
litte  place  particulière  dans  l'histoire 
4es  épidémies. 
Tous  les  témoignages  s'accordent 

tir  établir  que  l'épidémie  commença 
,  août  1817  à  Jessore,  ville  du  Ben- 
K  située  dans  le.  Delta  du  Gange,  à 
milles  de  Calcutta.  Depuis  cette 
jpoqne,  elle  s'est  toujours  avancée  de 
fist  à  l'ouest,  saps  rien  perdre  de  sa 
fcrcc  et  de  sa  nature  primitive.  De 
lessorc,  elle  parvient  en  quelques  mois 

^u'à  Dacca ,  Dinapore  et  Calcutta, 
inée  suivante,  elle  gagne  Bombay 
et  Madras,  et  en  1819  elle  atteint 
Ceylan ,  Ulé  de  France  et  Bourbon, 
ta  1820  et  1821,  les  cdtes  et  les 
Btincipales  villes  du  golfe  Persique 
•ent  envahies  par  le  fléau,  qui  frappe 
«cccssivement  Schîraz,  Mascate,  Is- 
fahan  et  toute  l'Arménie.  Pendant 
1832 ,  il  remonte  le  long  du  Tigre 


et  de  l'Euphrate ,  et  se  montre  à 
Alepw  En  182a,  il  touche  U  Russie 
dans  les  gouvernements  de  la  Nouvelle^ 
Géorgie  et  du  Caucase.  Mais  à  cett# 
époque,  par  suite  de  circonstances  in<* 
saisissables^  il  n'étend  pas  plus  loin 
tes  progrès  vers  l'Europe.  Pendant 
plusieurs  années,  il  s'arrête,  et  od 
n'est  qu'en  1829  qu'il  est  observé  à 
Tiflis  et  ensuite  à  Astrakan.  A  dater 
de  cette  époque,  sa  marche  semble^ 
pour  avoir  été  suspendue  pendant 
quelque  temps^  n'en  être  que  plus  ra- 
pide. Il  éclate  à  Orenbourg  et  à  Mos^ 
cou.  En  1831,  il  frappe  Saint-Pétërs-* 
bourg,  la  Pologne,  la  Gallicie,  l'Au* 
triche  »  la  Bohême,  la  Hongrie,  la 
Prusse,  et,  continuant  ses  effrayants 
progrès,  il  traverse  la  mer,  se  montre 
en  Angleterre,  d'où,  frandiissant  le  dé« 
troit,  il  passe  en  France,  éclate  à  Calais 
le  15  mars  1832,  et  bientôt  après  à  Paris. 

A  la  première  annonce  de  l'appari- 
tion du  choléra  dans  Londres,  il  fut 
facile  de  prévoir  son  invasion  dans 
Paris.  Dès  lors,  l'administration  crut 
devoir  prendre  à  l'avance  toutes  les 
précautions  que  réclamaient  les  cir- 
constances. Dès  le  20  juillet  1831, 
M.  de  Bondy,  alors  préfet  du  dépar- 
tement, écrivit  au  conseil  général  des 
hospices  une  lettre  qui  renfermait 
plusieurs  questions  polir  la  solution 
desquelles  ce  conseil  crut  devoir  for-* 
mer  deux  commissions,  l'une  admi- 
nistrative, composée  de  MM.  le  comte 
Chaptal,  le  baron  Carnet  de  la  Bonat- 
dière  et  Coehin,  auxquels  on  adioigilit 
MM.  Desportes  et  Jourdan^  adminis- 
trateurs  des  hôpitaux;  l'autre,  sani- 
taire, dont  MM.  Portai,  Antoine  Du- 
bois, Lisfrano,  Chomel,  Cruveilhier, 
Parent  du  Châlelet  et  Guénau  de  Mus- 
sy  ^rent  nommés  membres. 

Cette  dernière  commission  proposa 
d'établir^  dans  les  quartiers  les  plus 
éloignés  du  centre  de  Paris,  troil  où 
quatre  hôpitaux  exclusivement  desti- 
nés au  traitement  des  cholériques] 
elle  désignait  pour  le  service  spécial 
ceux  de  Beaujon,  de  Saint-Louis,  de 
Saint-Antoine  et  de  Coehin,  et  elle  en 
demandait  surtout  la  séquestration* 
Elle  indiquait  en  même  temps  la  for- 
mation d'hospices  à  Montmartre  ou 


152 


€HO 


L'UNIVERS.    ' 


€HO 


au  mont  Vadërien,  pour  recevoir  les 
conyalescents.  Elle  conseillait  en  même 
temps  de  défendre,  pendant  toute  la 
durée  de  Tépidémie,  les  grai^des  réu- 
nions d'hommes,  la  vente  de  la  fripe- 
rie et  des  bardes  ;  de  transporter  les 
marchés  sur  les  boulevards  extérieurs, 
non  loin  des  barrières;  de  placer  à 
toutes  les  maisons  où  il  y  aurait  des 
cholériques,  un  signe  particulier  et 
reconnaissable  qui  serait  maintenu 
huit  jours  encore  après  la  cessation 
de  la  maladie.  Du  reste,  elle  ajoutait 
à  ses  conseils  des  mesures  pleines  de 
sagesse  et  de  charité  pour  les  pauvres 
et  les  indigents,  auxquels  elle  propo- 
sait de  distribuer  des  vêtements,  et 
chaque  jour  un  peu  de  vin,  de  bière, 

'  et  même  d'^eau-de-vie. 

Persuadée  qu'elle  ne  pouvait  tout 
faire  et  tout  voir  par  elle-même,  l'ad- 
ministration résolut  d'appeler  auprès 
d'elle  un  certain  nombre  de  citoyens 
habitués,  par  état  ou  par  goût,  à  s'oc- 
cuper d'objets  d'utilité  publique.  Du 
reste ,  on  sentit  que  cette  espèce  de 
conseil  devait  se  composer  d'hommes 
instruits  et  assez  connus  de  leurs 
concitoyens  pour  en  être  écoutés; 
qu'ils  devaient  être  investis  d'un  cer- 
tain pouvoir  pour  être  obéis  ;  enfin, 
qu'ils  devaient  être  assez  nombreux 
pour  suffire  à  tous  les  besoins.  Dans 
le  désir  d'atteindre  ce  triple  but, 
le  préfet  de  police ,  de  concert  avec 
le  préfet  du  département,  prit,  le 
20  août  1831,  u»  arrêté  qui  créait  tout 
à  la  fois  une  commission  centrale  de 
salubrité  composée  de  43  membres; 
douze  commissions  d'arrondissement 
chargées  de  correspondre  avec  elle,  et 
qui  devaient  elles-mêmes  s'entendre 
avec  d'autres  comipissions  nommées 

'  dans  chacun  des  48  quartiers  de  la 
ville  et  des  deux  arrondissements  ru- 
raux du  département.  Des  médecins, 
des  chimistes,  des  pharmaciens  con- 
nus, des  citoyens  honorables;  présen- 
tés par  les  maires,  furent  désignés 
pour  faire  partie  de  ces  commissions  ; 
et  afin  qu'elles  ne  manquassent  d'au- 
cun renseignement  utile ,  on  leur  ad- 
joignit des  commissaires  voyers  et  des 
commissaires  de  police.  Les  commis- 
sions de  quartier  furent  plus  spécia- 


lement chargées  de  visiter  les  maisons 
particulières,  de  constater  l'état  des 
fosses  d'aisance,  des  plombs,  des  puits, 
des  puisards  ;  cle  surveiller  les  insti- 
tutions, les  écoles,^  les  maisons  habi- 
tées par  des  nourrisseurs  de  chevaux, 
de  porcs,  de  lapins^  de  chiens,  de  pi- 
geons. Elles  durent  encore  porter  leur 
attention  sur  tous  les  établissements 
qui  pouvaient  devenir  nuisibles  par 
une  mauvaise  tenue  ou  par  l'odeur 
qu'ils  exhalent.  Les  commissions  ceu* 
traies  intermédiaires  entre  la  commis* 
sion  centrale  et  les  commissions  de 
quartier  eurent  pour  attributions  de 
recevoir  les  rapports  de  ces  dernières, 
de  les  examiner,  d'en  vérifier  l'exacti- 
tude, d'en  faire  ensuite  un  extrait  des* 
tiné  à  être  envoyé  à  la  commissiott  \ 
centrale.  Enfin,  la  commission  cen- 
trale, joignant  à  ses  propres  lumières . 
la  connaissance  de  tous  les  faits  ainsi 
acquis,  devait  à  sou  tour  éclairer  l'ad* . 
ministration,  et  lui  proposer  les  me-, 
sures  au*elie  croirait  nécessaires. 

On  établit  dans  chaque  quartier, 
même  temps  que  l'on  prenait  tout< 
ces  mesures  de  salubrité,  des  bureai 
de  secours  ou  portes  médicaux^  da 
lesquels  un  médecin ,  un  pharmaeicé 
et  un  certain  nombre  d'élevés  en  m6^ 
decine,  d'infirmiers  et  de  eardes-nttn 
lades,  devaient  se  tenir  prêts  jour  e^ 
nuit  à  porter  secours  aux  malades  pour 
lesquels  on  les  réclamerait. 

Enfin  la  commission  centrale  % 
publier  une  instruction  (15  novembif 
1831)  sur  le  régime  à  suivre  pour  8<^ 
préserver  du  choléra  et  sur  la  cou* 
duite  qu'il  faudrait  tenir  si  l'on  s'eft: 
trouvait  atteint. 

De  son  côté,  l'administration  d(i 
hôpitaux  ne  restait  pas  oisive:  el|(l 
préparait  des  salles  nouvelles,  faisaifi 
purifier  les  anciennes,  augmentait  W 
personnel  des  élèves  et  des  infirmiers^ 
enfin,  ne  voulant  négliger  aucune  <kl 
précautions  que  la  prudence  semblail 
mdiquer,,  elle  ordonna  de  suspendlfi 
les  cours  d'anatomie.  t 

Tout  avait  donc  été  prévu  autant^ 
que  possible  par  l'autorité  pour  rendrt| 
1  épidémie  moins  meurtrière  à  Paiw] 
que  dans  les  villes  qu'elle  avait  traver- 
sées, lorsque,  le  13  février  1832,  le 


cuo 


FRANCE. 


CHO 


153 


bruit  se  répandit  que  dans  la  rue  des 
Lombards,  un  portier  venait  de  mou- 
rir du  choléra.  Cependant  les  membre^ 
de  la  coDunission  centrale  hésitaient 
encore  à  se  prononcer,  lorsque  le  26 
mars,  quatre  personnes  furent  tout  à 
coup  attaquées,  et  moururent  en  peu 
d'heures.  Le  lendemain  27,  six  autres 
iodjvidus,  chez  lesquels  la  maladie 
était  bien  caractérisée,  furent  trans- 
portés à  FHôtel-Dieu.  Le  28,  on  en 
comptait  22,  et  sur  les  48  quartiers 
de  Paris,  la  maladie  en  avait  envahi  35. 
Dès  lors,  la  commission  centrale  se 
déclara  en  permanence  ;  les  bureaux 
de  secours  furent  organisés,  et  des 
hôpitaux  temporaires  établis  dans 
chaque  quartier.  Seul  de  tous  les  ar- 
rondissements, le  3*  avait  été  épargné; 
mais  du  31  mars  au  1"  avril,  l'épidémie 
se  répandit  dans  toute  la  ville,  et  surtout 
dans  la  plupart  des  quartiers  situés  sur 
les  bords  de  la  Seine.  Déjà,  sur  les  300 
nudades  existants  ^u  31  mars,  86  n'exis- 
taient plus.  Le  choléra  avait  éclaté  le 
36  mars,  et,  dès  le  2  avril,  le  nombre 
^  morts  s'élevait  à  plus  de  100  par 
)m\  le  3,  il  était  de  200  ;  toutes  les 
Î^BBures,  il  augmentait  dans  une 
Jiitigression  effrayante  :  le  9,  plus  de 
^t20O  personnes  furent  atteintes,  et 
J14  périrent.  Enfin,  18  jours  après 
linvasion  du  fléau  (14  avril),  on  comp- 
tait 12àl3,000  malades  et  7,000  morts; 
<^r  la  plupart  des  individus  frappés 
parla  maladie  succombaient  au  bout 
^  quelques  heures. 

Cette  marche  rapide  de  l'épidémie, 
tttte  violence  extrême  à  laquelle  on  ne 
s'était  pas  attendu,  rendirent  insuffi- 
santes toutes  les  précautions  déjà 
Îrises.  Il  fallut  recourir  promptement 
de  nouvelles  mesures,  dont  les  unes 
Wrent  pour  but  d'assainir  la  ville,  et 
ks  autres  de  porter  de  prompts  secours 
^  citoyens  frappés  par  la  maladie. 
htmi  eux,  deux  classes  méritaient  au 
(ilas  haut  degré  l'intérêt  :  les  pauvres 
tt  les  détenus.  On  organisa  pour  les 
premiers  des  secours  à  domicile,  et  un 
ttrtain  nombre  d'ambulances  que  l'on 
wtsoin  de  placer  dans  des  quartiers 
^  rapprochés  de  leurs  demeures  que 
les  hôpitaux  temporaires,  situés  pres- 


que tous  aux  extrémités. de  la  ville; 
mais  ces  nouveaux  asiles,  créés  à  la 
hâte,  manquaient  pour  la  plupart  de 
matelas,  de  couvertures,  de  linge. 
L'adn;jnistralion  se  résolut  alors  à 
faire  un  appel  à  la  bienfaisance  publi- 
que, et  le  zèle  des  bons  citoyens  ne  fit 
f)as  défaut  dans  ces  tristes  moments  : 
es  uns  offrirent  de  fortes  sommes,  et 
les  autres  une  partie  de  leur  propre 
habitation  pour  y  recevoir  des  malades. 
24  heures  s'étaient  à  peine  écoulées, 
que  déjà  la  charité  publique  avait  meu- 
blé de  tout  ce  qui  leur  était  nécessaire 
les  ambulances,  les  hôpitaux  tempo- 
raires et  les  postes  médicaux.  Dés 
étudiants  s'offrirent  en  .même  temps 
pour  soigner  les  malades,  des  femmes 
de  toutes  les  conditions  s'empressèrent 
de  suivre  cet  exemple,  et  leur  zèle  in- 
fatigable ne  se  démentit  pas  un  seul 
instant  pendant  toute  la  durée  de  l'é- 

Sidémie.  Quant  aux  détenus,  le  préfet 
e  police  leur  fit  distribuer  des  vêle- 
ments plus  chauds  et  des  aliments  plus 
abondants.  On  blanchit  à  la  chaux  les 
murs  intérieurs  des  prisons  ;  on  re- 
nouvela l'air  des  chambres  et  des  dor- 
toirs; enfin  on  fit  de  fréquents  lavages 
à  l'eau  chlorurée  des  vases,  des  cou- 
chers, des  planchers  et  des  latrines. 
Le  service  des  inhumations  fut  aussi 
pour  l'autorité  un  sujet  de  graves  in- 
quiétudes. Le  nombre  des  morts  aug- 
mentant dans  une  proportion  tout  à 
fait  inattendue,  il  fallut  augmenter  le 
nombre  xies  individus  chargés  d'ins« 
crire  les  décès ,  et  créer  dans  chaque 
mairie  de  nouveaux  registres.  Bientôt 
les  moyens  de  transport  furent  insuf- 
fisants pour  conduire  à  leur  dernière 
demeure  les  victimes  de  l'épidémie. 
Les  ouvriers  chargés  par  l'entreprise 
des  convois  de  construire  de  nouveaux 
chars  funèbres,  s'y  refusèrent,  dans 
la  crainte  de  devenir  eux-mêmes  la 
proie  de  la  maladie ,  par  suite  du  tra- 
vail forcé  qu'exigeait  une  construc- 
tion aussi  rapide.  L'idée  vînt  alors 
d'avoir  recours  aux  fourgons  de  l'ar- 
tillerie. On  les  essaya  pendant  une 
nuit;  mais  il  fallut  y  renoncer,  à  cause 
du  bruit  que  détermine  leur  marche 
pesante.  Ces  voitures  d'ailleurs  n'étant 


154 


CHO 


L'UNIVERS. 


CHO 


pas  suspendues,  imprimaient  aux  corps 
qu'elles  transportaient  des  secousses 
telles ,  que  les  planches  des  cercueils 
se  séparaient ,  et  que  le  tissu  des  vis- 
cères déchirés  laissait  échapper  un  li- 
auide  infect  qui  se  répandait  dans 
1  intérieur  des  voitures,  et  de  là  sur  le 
pavé.  Enfin  Ton  se  décida  à  employer, 
pour  Fenlèvement  des  corps ,  de  ce$ 
voitures  dont  les  tapissiers  se  servent 
pour  Tenlèvement  des  meubles  ;  mais 
la  vue  de  ces  chars  funèbres  improvi- 
sés ,  dans  lesquels  on  voyait  entassés 
un  grand  nombre  de  cercueils ,  porta 
dans  l'âme  des  citoyens,  et  surtout 
dans  celle  des  femmes,  une  telle  im-« 

{)ression  de  douleur  et  d'effroi ,  que 
'on  fut  obligé  de  renoncer  à  s'en  ser- 
vir. Alors  tous  les  moyens  furent  mis 
en  usage  :  des  cercueils  étaient  trans- 
portés dans  des  voitures  de  place ,  que 
suivaient  les  parents  et  les  amis  du 
défunt,  d'autres  étaient  transportés 
à  bras  ;  enfin  l'on  voyait,  dans  ce  triste 
moment ,  des  malheureux  porter  eux- 
mêmes  jusqu'à  leur  sépulture  leur 
femme  ou  leurs  enfants.  Bientôt  lea 
rues  de  la  capitale  n'offrirent  plus  que 
le  spectacle  de  la  maladie  et  de  la 
mort  ;  la  désolation  et  l'effroi  ne  con- 
nurent plus  de  bornes  alors,  et  les 
habitants,  se  croyant  dévoués  à  une 
mort  inévitable ,  se  hâtèrent  de  fuir  de 
toutes  parts.  Pendant  les  journées  des 
5 ,  6  et  7  avril ,  le  nombre  des  chevaux 
de  poste  demandés  fut  de  618^  et  celui 
des  passe-ports  augmenta  de  500  par 
jour. 

Enfin,  après  avoir  acquis  une  inten- 
sité aussi  effrayante,  le  mal  s'affaiblit* 
Le  14  avril,  le  nombre  des  décès  baissa 
de  756  à  651  ;  le  30 ,  ils  dépassèrent 
à  peine  100  (114),  et  du  17  mai  au  17 
juin ,  on  n'en  compta  plus  que  15  à  20 
par  jour.  Déjà  l'on  commençait  à  res- 

J)irer^  lorsqu'à  la  fin  de  juin  et  dans 
es  premiers  jours  de  juillet,  une  aug- 
mentation assez  forte  se  fit  remarquer 
dans  la  mortalité,  qui  remonta  et  se 
soutint  journellement  de  30  à  45.  Tout 
à  coup^  cette  limite  fut  dépassée  :  le 
9  juillet ,  71  personnes  succombèrent; 
le  13,  il  en  meurt  88;  le  lendemain» 
107;  128  le  15;  170  le  16,  et  225  le 


18.  Mais  dès  le  lendemain,  les  décès 
étaient  tombés  à  130,  et  à  partir  da 
28  juillet ,  il  â'y  en  eut  plus  que  25  à  30 

Ï^ar  jour.  La  maladie  se  tint  dans  cette 
imite  pendant  tout  le  mois  d'août  et 
le  commencement  de  septembre,  i 
partir  du  8  de  ce  mois ,  le  nombre  des 
décès  alla  de  10  à  20  par  jour;  il  os- 
cilla ensuite  entre  1  et  10  du  18  sep- 
tembre au  V  octobre;  puis  enfin, 
entre  0  et  6.  A  cette  époque ,  l'épidé- 
mie fut  considérée  comme  éteinte. 
*  La  durée  totale  du  choléra  épidémi- 
que  dans  Paris  fut  de  180  jours  ou  27 
semaines ,  du  26  mars  au  30  septem- 
bre. La  période  d'augmentation  ou  d^ 
croissance  fut  de  15  jours,  et  la  périodo 
de  diminution  de  62.  Dans  les  prar 
miers  moments  de  l'invasion ,  plus  dé| 
trois  cinquièmes  des  malades  périlt 
saient.  Sur  les  22  premiers ,  18  suOr. 
combèrent  ;  mais  à  compter  du  20  avrilt 
le  nombre  des  décès  ne  dépassa  piu^ 
la  moitié  ;  au  commencement  de  nm^ 
il  était  à  peine  le  tiers,  et  plus  tard  il  ' 
vint  une  fraction  moindre  encore, 
décès  furent  ainsi  répartis  :  pendant 
première  période ,  il  y  eut  en  mars 
morts;  en  avril^  12,733,  en  mai,St 
en  juin  (jusqu'au  15),  266.  Pendaûl 
seconde  période  ou  de  recrudesceiMH 
en  juin  (du  15  au  30) ,  602  ;  en  jailf^ 
2578;  en  août,  969;  en  septemti 
357  ;  ce  qui  donne  un  total  de  18,4 
morts  pour  la  durée  entière  de  l'éj 
demie. 

Le  choléra,  une  fois  déclaré  à  Pai 
ne* tarda  pas  à  envahir  les  contrées  vi 
sineis;  sur  les  80  communes  ru 
.du  département,  l'épidémie  en  a 
attaqué  9  avant  le  1*'  avril ,  33  avi 
le  6  y  51  avant  le  11 ,  67  avant  le  1 
mai ,  et  au  1*'  octobre  77. 

Il  nous  resterait  maintenant  à 
la  marche  de  l'épidémie  dans  toute 
France,  et  à  indiquer  comment  le 
rayonnant  autour  de  Paris  comme d'i 
vaste  foyer  d'infection ,  s'est  rép 
dans  toutes  les  directions  ;  mais  oui 
que  les   matériaux  de  cette  looj 
histoire  n'ont  pas  encore  été  r 
rétendue  de  cet  article  ne  nous 
mettrait  pas  de  la  faire  avec  asaet 
détails.  Nous  renvoyons  aussi,  ' 


j 


CHO 


FRANCE, 


CHO 


i^ 


la  description  des  symptômes ,  des 
causes  et  du  traitement  de  dette  ma- 
ladie, aux  ouvrages  spéciaux,  et  sur- 
tout aux  dictionnaires  de  médecine 
qui  ont  été  publiés  depuis  Tépoque  où 
le  choléra  s*est  montré  en  France. 

Cholet,  petite  ville  de  l'ancien 
iDJou,  aujourd'hui  chef-lieu  de  canton 
du  département  de  Maine-et-Loire, 
à 36  kilomètres  d'Angers.  Cette  ville  a 
joué  un  prand  rôle  dans  les  guerres  de 
la  Vendée,  et  son  château,  pris  et  re- 
^8  plusieurs  fois  par  les  républicains, 
rot  complétenient  détruit;  il  avait  été 
Mti  en  lese.'Cholet ,  ^uijavait  le  titre 
k  baronnie.  fut  érige  en  marquisat 
CD  1677,  en  faveur  d'Edouard  Colbert, 
comte  de  Maulevrier.  Cette  ville  pos- 
|ede  aujourd'hui  un  tribunal  de  com- 
merce, un  conseil  de  prud'hommes  et 
we  chambre  des  manufactures.  On  y 
eompte  7,345  habitants. 
Chout  (combats  et  prise  de).  — 
IBS  les  premiers  jours  de  Tinsurrec- 
vendéenne ,   Cathelineau  s'était 
à  la  tête  des  bandes  et  avait  suc- 
iTcment  occupé  Saint-Florent,  Jal- 
Chemillé.  Ces  rapides  exploits 
'  "ent  tellement  le  nombre  de  ses 
ns,  qu'il  n'hésita  pas  à  marcher, 
mars  1793,  sur  Cholet.  Cette  ville 
qu'une  faible  garnison  ;  les 
eurs  y  entrèrent  et  la  saccagè- 
Ce  fut  alors  que  l'importance 
»urs  croissante  de  la  révolte  décida 
champ  et  d'Ëlbée  à  en  prendre  le 
mandement. 
Depuis  cette  première  occupation , 
tel  devint  un  dçs  principaux  foyers 
rinsurrection ,  et  te  but  vers  lequel 
dirigèrent  les  principales  attaques 
'généraux  républicains.  Après  la 
itede  Chemillé(ll  avril  1793), 
Vendéens  avaient  évacué  la  ville  et 
ient  retirés  découragés  au  delà  de 
;Vre  Nantaise,  et  Berruyer  en  avait 
s  possession.  Plus  tard,  Cholet, 
'  encore  au  pouvoir  des  Vendéens, 
it  leur  quartier  général.  Mais  les 
très  successifs  de  Châtillon  ,  dé 
igne  et  de  la  Tremblaye  (  voy.  ces 
),  les  forcèrent  de  l'abandonner 
15  octobre  1793.  Alors,  désespérés, 
songèrent  à  passer  la  Loire.  Mais 


ratait 


It 


avant  de  se  déterminer  à  cette  retraite 
fatale  ils  voulurent  tenter  un  dernier 
effort,  et  l'attaque  de  Cholet  fut  réso- 
lue. Le  17  au  matin ,  ils  se  dirigèrent 
sur  la  ville  au  nombre  de  40,000  hom- 
mes. Ils  étaient  attendus.  Se  précipi- 
tant avec  la  rage  du  désespoir,  Stofïet . 
et  la  Rochejaquelin  attaquent  d'abord 
les  ailes ,.  tandis  que  Bonchamp  .et 
d'Elbée  marchent  au  centre  sur  Chal- 
bos.  Ce  choc  vigoureux  ébranle  la  ligne 
républicaine,  et  le  général  Bard  est 
blessé.  Mais  en  ce  moment  la  réserve 
mayençaise  accourut  pour  rétablir  le 
combat;  Bard,   malgré  sa  blessure, 
rallie  ses  grenadiers  et  s'écrte  :  Camor 
rades ,  voulez-vous  passer  pour  des 
lâches  aux  yeux  de  ces  braves  f  Aus- 
sitôt on  fait  volte-face,  et  Je  combat 
recommence  avec  une  nouvelle  fureur. 
Les  Vendéens  reculent  à  leur  tour. 
Bonchamp ,  d'Elbée ,  font  des  efforts 
désespérés  pour  prolonger  la  mêlée. 
Le  général  Beaupuy,  serré  par  eux, 
échappe  avec  peme  au  carnage;  ils 
tombent   enfin  criblés   de    blessures 
mortelles.  Leur  collègue  Piron  fait  un 
dernier  effort  et  les  arrache  du  champ 
de  bataille.  Mais  ensuite  la  déroute 
est  générale  et  tous  s'enfuient  disper- 
sés jusqu'à  Beaupréau,  laissant  8,000 
morts  sur  les  hauteurs  de  la  Tremblaye 
et  de  Cholet.   L'armée  républicaine 
exécutant  alors  avec  une  extrême  ri- 
gueur les  ordres  terribles  de  la  Con- 
vention ,  pénètre  dans  Cholet  la  tor- 
che à  la  main ,  et  cette  ville  est  incen- 
diée et  livrée  au  pillage. 

—  La  Rochejaquelin  venait  de  périr 
dans  une  rencontre  près  de  Trémen- 
tine ,  lorsque  Stofflet  »qui  avait  pris  le 
commandement  et  brûlait  de  se  signa- 
ler, se  disposa  pour  attaquer  Cholet, 
défendu  par  le  général  Moulin ,  com- 
mandant 5,000  hommes,  et  ayant  pour 
toute  artillerie  cinq  pièces  de  canon. 
Le  10  février  1794,  5,000  Vendéens 
fondent  sur  les  retranchements  en 
poussant  d'affreux  hurlements,  et  y 
pénètrent  de  toutes  parts.  En  vain  le 
général  Moulin  veut  rallier  ses  soldats; 
atteint  de  deux  coups  de  feu ,  pour- 
suivi par  les  tirailleurs  de  StofQet  y  il 
va  tomber  vivant  dans  les  mains  des 


156 


CHO 


L'UNIVERS. 


CHO 


royalistes ,  quand  il  saisit  ses  pistolets 
et'^se  brûle  la  cervelle.  StofOet  entra 
triomphant  dans  Cholet,  si  souvent 
baigné  du  sang  des  deux  partis.  Mais 
le  général  Cordellier  vint  bientôt  faire 
cesser  les  déplorables  excès  auxquels 
se.  livrait  le  vainqueur.  Accourant  de 
Geneste  au  secours  de  Cholet,  il  rallia, 
sur  la  route  de  Nantes,  un  grand 
nombre  des  fuyards  de  la  veille,  et 
força  de  nouveau  les  Vendéens  à  éva- 
cuer la  place.  Stofïlet  ne  parvint  à 
régulariser  la  retraite  que  sur  les 
hauteurs  de  Nouaillé. 

— -  Lorsque,  dans  les  premiers  jours 
de  mars ,  Cordellier  fut  remplacé  par 
le  général  Huchet,  Stofïlet,  devenu 
plus  hardi,  se  présenta  aux  avant-pos- 
tes de  la  ville.  Le  général  Grignon, 
qui ,  avec  sa  colonne,  venait  de  ren- 
forcer la  division  de  Cholet ,  ordonna 
la  charge  et  ne  fut  pas  obéi  ;  ses  sol- 
dats se  débandèrent,  sous  prétexte  que 
les  cartouches  étaient  trop  grosses 
pouir  leurs  fusils.  Grignon  les  conjura 
en  vain  de  marcher  à  l'ennemi  à  Tarme 
blanche;  ils  se  révoltèrent.  Informé 
du  désordre,  Huchet  arrive  sur  le 
champ  de  bataille  avec  des  troupes 
nouvelles  et  arrête  les  fuyards.  Gri- 
gnon s'écrie  :  Je  suis  déshonoré;  je 
ne  puis  plus  commander.  En  même 
temps  les  soldats  se  pressent  autour 
du  général  Huchet  et  lui  présentent 
des  cartouches  :  Tiens  y  général  y  lui 
disent-ils,  vois  les  cartouches  anglai- 
ses et  dis  qu'on  ne  nous  trahît  pas. 
On  ne  put  arrêter  ce  désordre  qu'en 
faisant  rentrer  ces  troupes  dans  leurs 
retranchements.  Deux  jours  après,  les 
républicains  sorftrent  dfe  Cholet,  où  ils 
abandonnaient  équipement ,  grains  et 
fourrages. 

Chomel  (A.  F.),  médecin  à  l'hô- 
pital de  la  Charité,  et  professeur  à  l'é- 
cole de  médecine ,  a  publié  un  Essai 
sur  le  rhumatisme,  Paris,  1813,  in-4°  ; 
des  Éléments  de  pathologie  générale, 
Paris ^  1817 ,  in-8''  ;  et  un  mémoire  sur 
les  fièvres  et  les  maladies  pestilen- 
tieUes^  Paris,  1821.  Il  est  un  des  au- 
teurs du  nouveau  Dictionnaire  des 
termes  de  médecine ,  chirurgie  y  phar- 
macie^ physique,  etc.;  du  Diction-- 


naire  de  médecine,  avec  Adelon,  Bé- 
clard ,  Biett ,  etc. 

Chomel  (  Jean-Baptiste-Louis),  fils 
d'un  médecin  du  même  nom,  naquit  à 
Paris  et  fut  reçu  docteur  en  1732. 
Nommé ,  en  1747 ,  professeur  de  bo- 
tanique ,  il  devint  ensuite  médecin  ot- 
dinaire  du  roi,  puis  doyen  de  la  facul- 
té de  médecine  en  1755,  et  mourut  à 
Paris  en  1765. 

Choppet,  serçent  du  génie,  dé- 
couvrit ,  au  siège  de  Dantzig,  en  1S07,  | 
un  puits  de  mine,  communiquant i  ; 
des  galeries  que  les  assiégés  construi- 
saient pour  renverser  les  travaux  d'atr 
taque  des  Français.  Sans  s'inquiéter 
des  dangers  qu'il  allait  courir,  il  des- 
cendit dans  le  puits ,  y  trouva  douie 
mineurs  prussiens,  leur  imposa  par 
son  courage  et  son  audace ,  les  fit  pri* 
sonniers  et  les  ramena  tous  les  dooz^ 
au  camp'. 

Chobévêques  ,  espèces  de  prélî 
subalternes  qui  n'étaient  point  ordc 
nés  évéques ,  mais  qui  étaient  chi 
de  gouverner ,  sous  l'autorité  des 
ques ,  les  paroisses  où  ils  étaient 
blis.  Ces  prélats  siégeaient  dans 
conciles  et  prenaient  rang  après  1 
membres  de  l'épiscopat.  Us  pouvaic 
conférer  les  quatre  ordres  mineurs^ 
le  sous-diaconat  ,  mais  les  conc" 
d'Ancvre  et  d'Antioche  leur  défci 
rent  de  conférer  le  diaconat  et  la 
tri  se ,  ce  qui  ne  les  empêcha  pas  d'< 
piéter  souvent  sur  les  fonctions 
évéques. 

Charlemagne  ,  de  l'avis  du 
Léon ,  et  de  concert  avec  les  ési  _ 
de  ses  États,  les  réduisit,  en  803, 
la  condition  des  simples  prêtres;  ' 
défendit  d'exercer   aucune   fon( 
épiscopale,  et  déclara  nulles  les  oi 
nations  qu'ils  faisaient.  Malgré  ce 
glement,  ils  continuèrent  à  admit 
trer  la  confirmation ,  ce  qui  leur 
défendu  en  829  ;  enfin  ,   un 
assemblé  à  Paris ,  en  849 ,  et  cofflj 
des  métropolitains  de  Tours ,  Re« 
et  Rouen,  et  des  évéques  leurs  saf 
gants,  déposa  tous  ceux  qui  exisf 
en  France.  Il  paraît  cependant 
survécurent  à  cette  mesure  rigoui 
car  ilâ  ne  disparurent  que  dans 


QIO 


FRANCE. 


CHO 


167 


dixième  siècle,  époque  où  ils  furent 
remplacés  par  les  vicaires  généraux. 

Chobges  ,  petite  ville  de  l'ancien 
Dauphiné  ,  aujourd'hui  chef-lieu  de 
canton  des  Hautes -Alpes ,  à  5  kilom. 
d'Embrun.  Cette  ville  est  bâtie  [>rès  de 
remplacement  d'une  ancienne  cité  des 
Caturiges ,  où  les  Romains  firent  éle- 
ver plusieurs  édifices ,  entre  autres  un 
temple  de  Diana  qui  sert  aujourd'hui 
d'alise  paroissiale  ;  auprès  de  ce  tem- 
ple s'élevait  une  citadelle  qui  domi- 
aait  la  ville.  La  population  de  Chorges 
est  aujourd'hui  de  2,009  habitants. 

Chobges  (  monnaie  de  ). — Lelewel 
a,  le  premier,  publié  un  tiers  de  squ 
d'or  qu'il  attribue  avec  beaucoup  de 
raison  à  ia  ville  de  Chorges.  Cette 
monnaie,  comme  toutes  les  pièces  mé- 
rovingiennes, présente,  d'un  côté,  un 
buste  de  profil  tourné  à  droite,  la  tête 
,ornée  d'un  collier  de  perles,  et  le  corps 
couvert  d'un  paludamentum,  avec  cette 
légende  :  cathiricï.  Au  revers  on 
istingue  une  croix  potencée  et  ansée 
M  un  globe,  accosté  de  deux  besants. 
ft  liten  légende  :  vgihtnak,  et  à 
.RKTgae ,  qui  est  séparé  du  champ  par 
tttnit,  se  trouve  le  signe  ^  .  Cette 
%ttde  doit  peut-être  se  lire  ygimon- 
X4JUTS.  Cette  pièce  est  le  seul  monu- 
inent  monétaire  que  Ton  connaisse  de 
h  îille  de  Chorges. 

Chobieh  (Nicolas),  né  à  Vienne 
ft>  Dauphiné  en  1609,  fut  avocat  au 
farlement  de  Grenoble ,  mais  négligea 
fe  barreau  pour  se  livrer  tout  entier 
à  l'étude  de  l'histoire  de  sa  province, 
mourut  en  1692.  On  a  de  lui ,  entre 
^tres.  ouvrages  :  une  Histoire  gêné' 
wfe  du  Dauphiné,  Grenoble  et  Lyon, 
ii661  et  1672, 2  vol.  in-fol.  ;  Nobiliaire 
éi  Dauphiné j  Grenoble,  1697 ,  4  vol. 
fc-12  ;  Recherches  sur  les  antiquités 
Se  Henné,  Lyon,  1659.  Il  est  aussi 
fauteur  de  l'ignoble  recueil  publié 
tfabord  sous  le  titre  à^Aloisiœ  Sigeœ 
TdktanaR  satyra  sotadiça,  et  ensuite 
•Ous  celui  de  /.  Meursii  latini  sermo- 
^elegantisBy  à  Grenoble,  sans  date, 
î  yol.  in-12.  Chorier  avait  de  l'éru- 
Won;  mais  il  manquait  de  goût  et 
w  critique.  Ses  ouvrages  latins  sont 
Béanmoios  écrits  avec  une  certaine 


élégance.  Il  mourut  à  Grenoble  en 
1692. 

Chobon<  Alexandre-Etienne  ) ,  pro- 
fesseur et  compositeur  de  musique, 
.naquit  à  Caén,  le  21  octobre  1772.  Dès 
son  enfance,  ses  dispositions  pour  la 
musique  étaient  si  heureuses ,  qu'il 
apprit  sans  maître ,  et  sans  autre  se- 
cours que  les  ouvrages  de  d'Alembert 
et  de  J.  J.  Rousseau ,  les  principes  de 
la  composition.  Grétry  l'engagea  en- 
suite à  prendre  des  leçons  de  l'abbé 
Rose,  habile  théoricien.  Forcé  d'étu- 
.dier  les  mathématiques  pour  pouvoir 
exécuter  les  calculs  de  la  composition 
inqsicale,  il  fit  dans  cette  étude  des 
progrès  si  rapides ,  que  Monge  le  fit 
nommer  répétiteur  pour  la  géométrie 
descriptive  a  l'école  normale,  en  1795, 
puis  cnef  de  brigade  à  l'école  polytech- 
nique. Choron  apprit  l'italien  et  l'alle- 
mand. Il  étudia  les  ouvrages  des  prin- 
cipaux auteurs  qui  ont  écrit  dans  ces 
deux  langues ,  et  bientôt  il  eut  acquis 
une  immense  érudition  musicale.Di  vers 
ouvrages  que  nous  citerons  plus  loin  le 
firent  alors  avantageusement  connaî- 
tre, et,  vers  1812,  le  ministre  des. 
cultes ,  Bigot  de  Préameneu ,  lui  con- 
fia la  direction  de  la* musique  des  fêtes 
et  cérémonies  religieuses  ,  et  le  char- 
gea de  réorganiser  les  maîtrises  et  les 
chœurs  des  cathédrales.  Mais  les  évé- 
nements de  1814  empêchèrent  l'exé- 
cution de  ce  travail  que  l'empereur 
avait  approuvé  ;  cependant  il  fut 
nommé,  en   1816,  directeur  de  l'O- 

f^éra,  et  il  profita  de  l'influence  que 
ui  donnait  cette  position  pour  deman- 
der la  réorganisation  du  Conserva- 
toire de  musique,  que  le  gouverne- 
ment avait  fermé,  comme  une  fonda- 
tion d'origine  républicaine.  L'école  de 
chant  et  de  déclamation  fut  rétablie  et 
reprit  bientôt  son  ancienne  réputa- 
tion. 

Choron  perdit,  en  1817,  sa  place 
de  directeur  de  l'Opéra.  Ce  fut  alors 
qu'il  conçut  le  projet  d'enseigner 
la  musique  par  une  méthode  simul- 
tanée, qu'il  appela  concertante.  Son 
projet  fut  approuvé  par  l'intendant 
de  la  maison  du  roi,  M.  Pradel, 
et  Choron  se  mit  aussitôt  à  l'œuvre 


i&i 


CHO 


L'UNIVERS. 


CHO 


avec  Penthousiasme  qui  M  était  ha- 
bituel; il  publia,  en  1818 ,  sa  Méthode 
concertante  de  musique  à  quatre par^ 
tiesy  et  donna  une  nouvelfe  extension 
à  son  école,  qui  devint,  plus  tard,  le 
Conservatoire  de  musique  classique. 
II  parcourut  ensuite  la  France  et  re- 
cruta partout  des  élèves;  et,  peu  de 
temps  après,  en  1827,  on  entendit, 
pour  la  première  fois   à  Paris,  les 
compositions  de  Bach ,  de  Handel  et 
de  Palestriria.  Le  gouvernement ,  cé- 
dant à  Tenthousiasme  général  excité 
par  les  succès  de  Choron ,  se  décida 
alors  à  l'encourager;  on  lui  alloua  une 
subvention  et  il  institua  un  pension- 
nat. Il  ne  se  contentait  pas  de  répan.* 
dre  le  goût  de  la  musique  dans  Içs 
classes  élevées ,  il  voulait  la  rendre 
populaire;  il  fît  des  essais  en  grand 
sur  les  enfants  des  écoles  des  frères, 
et  ses  succès  prouvèrent  qu'il  n^y  avait 
(ju'à  vouloir  pour  réussir.  La  révolu- 
tion de  1830  arriva  sur  ces  entrefaites  ; 
le  Conservatoire  de  musique  classique 
coûtait  à  rÈtat  quarante -six  mille 
ffahcs  ;  trente-deux  élèves,  y  étaient 
élevés  et  formés  à  Tart  du  professorat  : 
dans  un  de  leurs  accès  d'économie,  les 
chambres  réduisirent  Tailocation  de 
quarante-six  mille  à  douze  mille  francs  : 
en  vain  Choron  protesta-t-il ,  en  vain 
rappela-til  les  services  qu'avait  rendus 
son  école ,  la  réduction  fut  maintenue 
et  l'école  fut  fermée.  Il  en  mourut  de 
chagrin  le  29  juin  1834.  Il  avait  pu- 
blié sur  l'art  musical  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  ,  dont  nous  citerons 
seulement  les  principaux  :  Collection 
de  romances^  chansons  et  poésies  y 
mises  en  musique,  1806,  in-8**:  plu- 
sieurs de  ces  airs,  entre  autres  celui  de 
la  Sentinelle,  sont  devenus  populaires; 
—^Dictionnaire  historique  des  mtisi- 
eîens,  etc.,  morts  ou  vivants,  Paris, 
1810-1812,  2  vol.  in-8°  (en  société 
avec  M.  Fayo\k) -.^Méthode  élémen- 
taire de  musique  et  de  plain-chant , 
à  l* Usage  des  séminaires  et  maîtrises 
des  cathédrales ,    181 1 ,    in  - 12  ;  — 
Traite  général  des  voix  et  des  ins- 
truments d'orchestre  y  1812,  in-8'*;  — 
Bibliothèque  encyclopédique  de  mu-' 
sîque,  1B14,  in-8^— Iwré  choral  de 


Paris,  contenant  le  chant  du  diocèse 
de  Paris  y  écrit  en  contre-point,  etc»y 
*  1817  ;  —  Méthode  concertante  de  mu- 
sique à  plusieurs  parties ,  dune  d(jf- 
Jlculté graduelle,  etc.,  tSi7 '^-Expo- 
sition élémentaire  des  principes  de 
la  musique ,  servant  de  complément 
à  la  Méthode  concertante,  1818;  — 
Méthode  de  plain-chant ,  etc,,  conte: 
nant  les  leçons  et  exercices  nécessai' 
res,  etc.,  1818,  petit  în-4*';  —  leMU' 
sicien  pratique  pour  appreîidre  aw 
élèves  à  composer  correctement^  etc,, 
1818;  —  Méthode  raisonnée  d'har- 
monte  et  daccompagnement  à  t usage 
des  professeurs ,  etc.,  1818;— 3fé- 
thode  pratique  d'harmonie  et  daC' 
compagnement  à  Pusage  de^  élèves^ 
etc.,  1818;  —  Méthode  concerta, 
de  plaint -chant  et  de  contre-m^ 
ecclésiastique,  etc.,  1819;  — Solfêgi 
ou  Leçons  élémentaires  de  mttsigi 
en  canons;  —  Solfèges  à  plusleit 
voix  sans  basse  continue  ;  —  Solji\ 
harmonique  ou  Exercices  mémo 
ques  d'harmxynie  vocale,  etc.,  1811 
Chouan  (Jean  Cottereau  ,  di 
Cet  homme,  qui  donna  la  premi 
impulsion  au  soulèvement  des  bani 
royalistes  de  la  rive  droite  de  la  Loi 
et  qui  leur  transmit  son  nom  (*),  et 
né  en  1757  sur  la  paroisse  de  Saia 
Berthevin  (canton  ouest  de  Laval, 
A  l'exemple  de  son  père  et  de  ses  trd 
frères ,  n  fut  d'abord  contrebandu 
pour  le  sel ,  ou  faux-saunier ,  et  il 
distingua  de  bonne  heure  par  son  a| 
lité  et  son  audace.  Arrêté  un  jour 

(*)  «  On  ignore  presque  généralemeatj^i 
dit  Tauteur  du  supplément  de  fat  Bh^'* 
phie  uiùi^erselle ,  «  la  Véritable  cause 
fait  appeler  du  nom  de  ekouans  les  m 
royalistes  de  Ja  rive  droite  de  la  Loire, 
sieurs  pensent  que  c'est  parce  qu*ik  m 
nissaient  la  nuit  dans  les  bois  et  conl 
saient  le  cri  du  chat-huant  pour  se 
naître.  Nous'  pouvons  affirmer  que  la 
raison  est  que  la  famille  Gottereau  p 
ce  nom  parce  que  l'aïeul  de  Jean  était 
rellement  triste  et  taciturne.  On  lui  d( 
le  nom  de  l'oiseau  de  nuit,  et  par  un 
assez  ordinaire,  on  donna  le  même  i 
qîiet  à  toute  la  famille,  qui  le  portait  lô 
temps  avant  rîhsurrection.* 


CHO 


FRANCE. 


CHO 


150 


flagrant  délit,  il  fut  condamné  à  mort, 
et  ne  dut  la  vie  qu'au  dévouement  de 
sa  mèrt ,  gui  fit  soixante-dix  lieues  h 
pied  pour  aller  implorer  la  clémence 
de  Louis  XVI.  Cette  leçon  ne  put  ce- 
paidant  le  faire  renoncer  à  sa  dange- 
reuse profession  ;  il  recommença  à 
l'exercer  aussitôt  qu'il  fut  libre  ;  mais 
rassemblée  constituante,  en  abolissant 
les  gabelles ,  vint  bientôt  lui  ôter  ce 
moyen  d'existence.  Il  songea  alors  à 
s'en  procurer  un  autre  qui  fût  en  rap- 
port avec  la  manière  de  vivre  à  laquelle 
il  était  habitué  depuis  son  enfance.  Le 
U  aoât  1792 ,  lorsque  des  gendarmes 
et  des  gardes  nationaux  de  Laval  vin- 
rent à  5aînt-0uen  publier  le  décret  de 
rassemblée  nationale  qui  ordonnait  la 
levée  en  masse ,  il  harangua  les  pay- 
fâps,  les  souleva,  et^secondé  par  eux, 

Sint  à  expulser  les  agents  de  la  force 
ique.  Ce  qui  d'abord  n'avait  été 
l^ne  émeute,  devint  bientôt  une  in- 
itnectioD  ;  des  bandes  se  formèrent , 
ururent  en  armes  tout  le  pays , 
irent  pour  chefs  les  frères  Chouan, 
tts  depuis  longtemps  par  leur  au- 
i  braver  les  lois  et  les  décrets  du 
ement.  Les  forêts  de  Misdon , 
'Otigère  et  du  Pertre,  furent  les 
iers  théâtres  de  leurs  exploits  et 
ienrs  brigandages  ;  une  espèce  de 
ier  creusé  dans  un  bois ,  et  recou- 
d'une  claie  gazonnée,  fut  le  pre- 
^artier  général  de  leur  chef, 
n  Gottereau  conduisit  ensuite  sa 
npe  à  Laval ,  oii  il  opéra  sa  jonc- 
avec  les  Vendéens.  Il  les  suivit 
o'à  Granviile ,  puis  il  les  accom- 
a  dans  leur  retraite  après  ta  dé- 
du  Mans.  Forcé  ensuite  de  sus- 
eleshostilitésaprèslacapitulation 
I  la  Jaunaye ,  il  fut  un  des  premiers 
K)Ttir  des  bois  et  à  reprendre  les  ar- 
en  1794.  Un  jour  qu'il  faisait  re- 
t  ses  soldats   fatigués  dans  une 
ie  dite  la  Babinière,  un  déta- 
ent  cantonné  au  Port-Brillet  sur- 
sa  troupe ,  qui  s'enfuit  en  désor- 
Jean  Chouan,  resté  en  arrière 
protéger  la  fuite  de  sa  belle- 
,  fut  atteint  d'une  balle  pendant 
il  chargeait  sa  carabine  et  se  dis- 
^losait  à  tirer  sur  les  soldats  de  la  ré- 


publique. Emporté  par  ses  gens  dans 
le  bois  de  Misdon ,  il  y  expira  quel- 
ques heures  après ,  le  28  juillet  1794, 
et  fut  enseveli  dans  le  lieu  même  des 
réunions  ordinaires  de  ses  bandes.  La 
Biographie  universellB,  à  laquelle 
nous  empruntons  ces  derniers  détails, 
recueillis  sur  les  lieux  mêmes  auprès 
des  compagnons  d'armes  dé  Chouan , 
qualifie  de  mensongers  les  différents 
récits  qu'on  a  faits  de  la  mort  de  ce 
chef  de  rebelles,  et  surtout  la  version 
d'après -laquelle  sa  tête  aurait  été  sé- 
parée du  corps ,  et  portée  en  triomphe 
aGravelle.  ' 

Deux  autres  frères  de  Jean  Chouan 
périrent  comme  lui  les  armes  à  la 
main.  Le  quatrième ,  nommé  René , 
vivait  encore  en  1806,  et  s'était  retiré, 
Couvert  de  blessures  ,  à  Saint -Ouen 
(Ma5^enne). 

Chou Aws.— Nous  avons,  dans  l'arti- 
cle précédent ,  fait  connaître  l'origine 
des  premières  bandes  de  chouans.  Ces 
bandes ,  encore  peu  nombreuses ,  sur- 
prirent et  massacrèrent  quelques  dé- 
tachements de  troupes  républicaines. 
Ce  succès  attira  dans  leurs  rangs  un 
grand  nombre  de  déserteurs ,  de  gens 
sans  aveu ,  qui  voulaient  légitimer  en 
quelque  sorte  leurs  brigandages,  en  les 
exerçant  au  nom  de  la  royauté.  Mais 
ils  furent  poursuivis  activement  et 
chassés  des  environs  de  Laval.  La 
Vendée  s'était  aussi  soulevée  :  l'insur- 
rection n'y  était  pas  partielle,  comme 
dans  le  bas  Maine;  tout  le  Bocage 
avait  pris .  les  armes  ,  et  se  rangeait 
sous  les  ordres  dés  nobles  et  des  prê- 
tres. Des  rebelles  de  Normandie» 
d'Anjou  et  de  Bretagne ,  les  uns  vin- 
rent se  ranger  dans  les  rangs  de  l'ar- 
mée catholic|ue  ;  les  autres,  liant  leurs 
opérations  a  celles  de  cette  armée, 
continuèrent  à  désoler  le  pays  par 
leurs  vols  et  leurs  brigandages.  Après 
la  pacification  de  la  Vendée,  les  chouans 
Continuèrent  la  guerre  dans  le  Maine, 
et  surtout  dans  la  Bretagne.  Ils  avaient 
d'immenses  avantages  sur  les  républi- 
cains ;  protégés  par  les  accidents  d'un 
terrain  qu'ils  connaissaient  parfaite- 
ment ,  secourus  par  les  habitants ,'  qui 
leur  servaient  d'espions ,  ils  attaquaient 


160 


CHO 


L'UNIVERS- 


CHO 


leurs  ennemis  par  petites  bandes ,  et , 
après  avoir  tué  quelques  bleus ,  ils 
disparaissaient  dans  les  champs  de  blé 
et  dans  les  ajoncs  dont  le  pays  est 
couvert.  C'était  une  guerre  de  haies 
et  de  buissons ,  beaucoup  plus  meur- 
trière pour  les  soldats  que  pour  eux. 
Ils  furent  cependant  forcés  d'en  venir 
à  composition  ;  mais  la  paix  ne  pou- 
vait être  de  longue  durée  entre  eux  et 
la  république.  Leurs  bandes  ne  se 
composaient  plus  de  paysans  fanati- 
ques ;  ces  premiers  défenseurs  4ii  trône 
et  de  l'autel  étaient  morts  ou  avaient 
reconnu  qu'ils  n'étaient  que  les  instru- 
ments de  nobles  aventuriers  ou  de 
prêtres  intrigants.  On  ne  voyait  plus 
répondre  à  rappel  des  chefs  que  des 
conscrits  réfractaires ,  C|ue  des  déser- 
teurs de  l'armée  républicaine ,  ou  des 
hommes  qui  s'étaient  fait  une  habi- 
tude du  pillage  et  des  excès  qu'amène 
la  victoire.  Ces  hommes  ne  pouvaient 
plus  vivre  que  de  la  guerre  ;  ils  la  re- 
commençaient sans  cesse  ,  afin  de 
pouvoir  continuer  impunément  leurs 
rapines  et  leurs  assassinats.  Il  n'est 
pas  possible  de  calculer  exactement  le 
nombre  de  chouans  qui  combattirent 
le  gouvernement  républicain  :  après 
la  déroute  de  Quiberon ,  les  chefs  de 
ces  rebelles  firent  le  relevé  de  leurs 
bandes ,  et  ils  les  évaluèrent  à  120,000 
hommes  armés  et  à  50,000  sans  armes  ; 
en  faisant  la  part  de  l'exagération,  on 
peut  croire  qu'il  restait  encore  envi- 
ron 60,000  chouans  décidés  à  se  battre 
à  l'occasion.  La  chouannerie  ne  fut 
complètement  détruite  qu'en  1803  ; 
sous  l'empire  ^  sauf  quelques  résis- 
tances individuelles  qui  avaient  ppur 
cause  la  conscription,  il  n'y  eut  pas 
d'insurrection.  En  1815,  lorsque,  l'em- 
pereur revint  de  l'île  d'Elbe  »  la  rébel- 
lion vendéenne  recommença  ;  mais 
ces  vaines  tentatives  ,  excitées  par 
l'Angleterre  ,  furent  heureusement 
comprimées  par  le  général  Lamarque. 
La  révolution  de  1830,  en  chassant 
une  dernière  fois  la  branche  aînée  des 
Bourbons ,  fournit  aux  fauteurs  de 
troubles  un  prétexte  pour  renouveler 
leurs  scènes  de  vols  et  de  vengeances. 
En  1832 ,  la  veuve  du  duc  de  Berri 


vint ,  au  nom  des  prétendus  droits  de 
son  fils,  activer  par  sa  présence  ta  guerre 
civile  dans  les  départements^  de  la 
Loire-Inférieure  et  des  Deux-5èvres; 
mais  elle  put  à  peine  réunir  ud  mil- 
lier d'individus  pour  soutenir  soa 
entreprise.  Après  quelques  combats, 
dans  lesquels  ces  malheureux  furent 
écrasés ,  les  nouveaux  chouans  dépo- 
sèrent les  armes ,  et  cette  tentative 
se  termina  par  l'arrestation  de  Thé- 
roïne  d'une  aussi  malencontreuse  levée 
de  boucliers.  —  Les  principaux  chefs 
de  chouans  furent  le%  frères  Chouan , 
Frotté ,  Cadoudal ,  Puisaye ,  le  prêtre 
Bernier,  Rivière  et  Polignac. 

Choudied  (Pierre),  né  à  Angers, 
d'une  famille  de  robe ,  suivit  la  cat' 
rière  du  barreau  ;  et  lorsque  éclatai! 
révolution ,  il  fut  investi  des  fonctions 
d'accusateur  public  près  le  tribunal  du 
département  de  Maine-et-Loire.  Non»» 
me  à  l'assemblée  législative  en  ITdU 
il  y  devint  bientôt  membre  du  conuti 
militaire ,  au  nom  duquel  il  accusa  *^ 
ministre  de  la  guerre  Duportail. 
était  dès  lors  dans  le  parti  républieai 
et  il  fit  l'un  des  premiers  entendre 
cri  de  déchéance.  Mais  ce  n'était 
seulement  contre  la  cour  et  la  royai 
que  s'élevaient  alors  les  amis 
la  liberté,  c'était  contre  Fasse 
législative;  et,  la  veille  du  10  aoAl 
nous  voyons  Choudieu  déclarer 
la  tribune^  que  cette  assemblée,  d 
il  faisait  partie,  est  incapable  de 
ver  la  patrie.  Le  lendemain,  il  sera 
du  côté  des  démocrates ,  et  contri 
de  toute  sa  puissance  au  renversera 
du  trône  constitutionnel.  Cepen' 

Shoudieu,  ancien  avocat,  était  l'ho 
3  la  légalité  ;  et  on  le  vit  tour  à 
s'opposer  à  l'établissement  d'un  tril 
nal  populaire  aux  Tuileries ,  combat 
le  proiet  de  transférer  les  prisonni 
d'Orléans  à  Paris,  et  s'élever  contre 
municipalité  insurrectionnelle  du 
août.  Élu  ensuite  membre  de  la 
vention ,  il  se  rangea  parmi  les 
bres  qui  composaient  le  parti  de 
Montagne.  Après  avoir  repoussé,  * 
l'intérêt  du  duc  d'Orléans ,  le  p 
d'expulsion  de  tous  les  Bourbons 
se  porta  accusateur  du  ministre 


CAO 


FRANCE. 


CHR 


161 


ée;  puis,  dans  le  procès  de  Louis 
XVI,  il  vota  la  mort  sans  appel  ni 
sursis.  Envové  plus  tard  en  mission 
dans  la  Vendée ,  il  s'y  prononça  pour 
les  mesures  les  plus  vigoureuses.  A 
son  retour,  il  se  montra  Tun  des  plus 
ardents  adversaires^ des  girondins.  Les 
événements  du  9  thermidor  lui  en- 
lacèrent le  crédit  dont  il  jouissait  à 
la  Convention  ,  mais  ils  ne  purent  al- 
térer sa  fermeté  d'âme;  il  lutta  de 
toutes  ses  forces  contre  la  réaction,  et 
oe  craignit  pas  d'accuser  directement 
les  plus  puissants  de  ses  fauteurs.  Dé- 
crété d'accusation  après  le  12  germi- 
nal, comme  l'un  des  auteurs  du 
mouvemeni  insurrectionnel  qui  éclata 
contre  la  Convention ,  Choudieu  était 
détenu  au  château  de  Ham ,  lorsque 
ramnlstie  du  4  brumaire  le  rendit  à  la 
lihertc.  Nommé  chef  de  division  au 
ministère  de  la  guerre ,  après  le  triom- 
fbf  du  parti  républicain  sur  les  direc- 
tCQTs  Merlin  et  Treilhard,  il  fut  dis- 
ffacié  sous  le  consulat ,  comme  mem- 
•nvde  la  société  du  Manège  ;  poursuivi 
grès  le  3  nivôse  par  la  police  de  Fou- 
lé, qui  s'obstinait  à  chercher  dans 
Ittitstes  du  parti  jacobin  \es  auteurs 
An  crime  commis  par  les  royalistes, 
Ile  réfugia  en  Hollande,  puis  il  ren- 
tn  en  France  sous  l'empire,  fut  banni 
far  la  restauration  en  1816  comme 
lucide,  et  se  réfugia  en  Belgique,  où 
la  révolution  de  1830  le  trouva.  Il  est 
ttort  en  1840. 

"  Choukguen  (prise  du  fort).  —  Il  y 
ivait  longtemps  que  les  Anglais  Oxaient 
Jbrs  vues  ambitieuses  sur  les  posses- 
iNons  françaises  de  l'Amérique.  Ils 
trurent,  en  1756,  avoir  trouvé  une  oc- 
casion favorable  ;  ils  se  préparaient  à 
fondre  sur  le  Canada ,  lorsque  le  mar- 

£18  de  Vaudreuil ,  lieutenant  générai 
la  Nouvelle-France ,  se  mit  en  de- 
voir de  les  prévenir,  et  résolut  d'atta- 
fier  le  fort  de  Chouéguen,  à  l'em- 
wKiçhare  de  la  rivière  de  ce  nom.  Il 
B'avait  que  trois  mille  hommes  ;  mais 
fa  o/ficiers  secondèrent  si  bien  ses 
^eins,  que  les  Anglais  se  trouvè- 
tent  investis  et  attaqués  lorsqu'ils  s'y 
attendaient  le  moins.  Le  marquis  de 
Montcalm ,  qui  s'était  chargé  de  la 


calm ,  qui  s'était  chargé  de  la     d'£schyie 
r.  Y.  11*  lÀvraism.  (Digt.  ekgygl.,  etc.) 


principale  attaque  ,  surpassa  ce  qu'on 
attendait  de  sa  valeur  ordinaire.Les  Ca- 
nadiens et  les  sauvages  traversèrent  la 
rivière  à  la  nage.  Par  cette  manœuvre 
hardie ,  la  communication  fut  coupée 
entre  le  fort  George  et  celui  de  CÎioué-. 
guen.  Une  batterie  de  canons,  établie 
avec  la  plus  grande  célérité ,  6t  cesser 
le  feu  de  la  place.  Le  gouverneur  de- 
manda à  capituler ,  et  fut  fait  prison- 
nier de  guerre  avec  sa  garnison.  Sept 
vaisseaux  de  guerre  et  deux  cents  bâ- 
timents chargés  de  munitions  furent 
les  fruits  de  cette  victoire. 

Chrétien  db  Troyes.  —  L'un  des 
romanciers  les  plus  féconds  et  les  plus 
estimés  du  douzième  siècle,  mourut 
en  1191,  la  même  année  que  Philippe 
d'Alsace,  comte  de  Flandre,  qui  fut 
son  protecteur.  Il  ne  nous  reste  de  ce 
poète  que  trois  chansons  et  six  ro- 
mans, qui  sont  ceux  de  Percevaly  du 
Chevalier  au  Lioii ,  de  Lancelot  du 
Lac^  de  Clîgety  ^Érec  et  dÉnidej  et 
de  GtdUaume  a  Angleterre,  Tous  ces 
romans  se  trouvent  en  manuscrit  à  la  ^ 
bibliothèque  royale.  Ses  diverses  tra- 
ductions et  son  roman  de  Tristan  sont 
perdus. 

Chrétien  (Florent),  l'un  des  plus 
célèbres  érudits  du  seizième  siècle, 
naquit  en  1540  à  Orléans.  Son  père, 
médecin  distingué ,  et  qui  fut  attacha 
en  cette  qualité  à  François  r*"  et  à 
Henç  II ,  prit  beaucoup  de  soin  de 
son  éducation.  Le  jeune  Chrétien  étu- 
dia le  grec  sous  la  direction  de  Henri 
Etienne,  et  devint  précepteur  du  prince 
de  Béarn^  depuis  Henri  IV.  On  a  de 
lui  divers  ouvrages  envers  et  en  prose, 
tels  que  le  Cordelier  ou  le  Saint-Fran" 
çois  de  Buchanany  mis  en  vers  fran- 
çais, Genève,  1567,  in-4";  Jephté  ou 
le  FœUy  tragédie,  traduction  du  même 
auteur  en  vers  français,  Paris,  1566, 
^-4**;  les  quatre  livres  de  la  vénerie 
d'Oppian,  traduits  du  grec  en  vers 
français,  ibid. ,  1575,  in-4**;  Epi- 
grammata  ex  anthologid  grgeca  se- 
lecta,  etc.,  Paris,  1608,  in-8°;  His- 
toire de  notre  temps ,  etc;  enfin ,  il 
est  encore  auteur  de  traductions  en 
vers  latins,  d'Aristophane,  d'Euripide, 
d'£schyie,  de  Sophocle,  et  d'autres 


11 


162 


^m 


L'UNIVERS. 


cv» 


Soëtes  grecs.  Chrétien  occupe  un  rang 
istingué  j^armi  les  savants  qui,  au 
seizième  siècle,  réveillèrent  en  France 
J^amour  de  Tantiquité  et  des  lettres  en 
général.  Ses  traductions  sont  correctes 
et  fidèles;  mais  malheureusement  le 
travail  ne  donne  pas  le  goût ,  et  ses  ver- 
sions manquent  le  plus  souvent  d'élé- 
sance,  dUiarmonie  et  de  facilité.  Dans 
la  tragédie  de  Jephté ,  par  exemple,  on 
trouve  en  très-grand  nombre  des  hia- 
tus ,  des  enjambements ,  des  vers  lan- 
guissants, composés  de  synonymes 
mutiles.  Pour  voir  Chrétien  véritable- 
ment poëte,  i)  faut  lire  ses  vers  latins. 
On  dit  qu'il  travailla  à  la  satire  Mé- 
laippée.  Rovaliste  zélé,  il  dut  saisir 
avec  joie  1  occasion  de  porter  im  der- 
nier coup  à  la  ligue.  Il  eut  aussi  une 
querelle  avec  Ronsard ,  mais  une  que- 
relle qui  n'avait  rien  de  littéraire  : 
quelc[ues  attaques  dirigées  contre  les 
calvinistes,  et  non  une  question  de 
goût,  avaient  excité  sa  colère.  Il  se 
convertit  cependant  avec  son  élève 
Henri  IV,  et  mourut  zélé  catholique, 
en  1596. 

Chbistiani  (le  baron  Cli.  J.),  ma- 
réchal de  camp,  était  frère  d'un  avocat 
de  Strasbourg  qui  fut  député  à  la  Con* 
tention  nationale,  membre  du  Conseil 
des  Cinq-Cents,  commissaire  du  Di- 
rectoire dans  son  département,  et  ré- 
voqué en  1799.  Acijudant- major  en 
1794,  il  décida  par  sa  bravoure  la  prise 
du  fort  Saint-Èlme.  Colonel  des»  gre- 
hadiers  de  la  garde  impériale  à  la  ba- 
taille de  Dresde,  il  attaqua  à  la  baïon- 
nette des  ennemis  de  beaucoup  supé- 
rieurs en  nombre ,  et  les  culbuta  sur 
tous  les  points.  Les  batailles  de  Va- 
chau  et  de  Leipzig ,  et  les  campagne^ 
de  France  enl814etl815,  mirent  le 
comble  à  sa  réputation.  Il  est  mort 
dans  ces  dernières  années. 

CHBiSTiArtiSME.  Quelle  influence 
la  religion  chrétienne  a-t-elle  exercée 
sur  les  destinées  de  la  nation  fran- 
çaise? Quels  services ,  en  échange ,  la 
trance  a-t-elle  rendus  au  christia- 
nisme? Telles  sont  les  deux  questions 
que  la  nature  de  cet  ouvrage  nous 
oblige  d'examiner,  au  moins  sommai- 
rement ,  dans  cet   artjq^e.^  ^jprès  y 


avoir  répondu,  quelques  considéra- 
tions générales  suffiront  pour  faire 
entrevoir  ce  que ,  dans  l'avenir,  le 
christianisme  a  le  droit  d'attendre 
encore  de  la  France,  et  ce  que,  de  son 
côté,  la  France  peut  espérer  du  chris-^ 
tiantsme. 

Il  est  inutile  de  dire  que  ce  dernier 
mot  sera  pris  dans  son  acception  la 
plus  étendue ,  et  que  tout  ce  qui  con- 
cerne le  .dogme  et  la  théologie  restera 
complètement  étranger  à  notre  sujet, 
aussi  bien  que  l'histoire  de  l'église 
chrétienne  en  elle-même.  Ce  qui  doit 
nous  occuper  uniquement,  ce  sont, 
qu'on  nous  passe  le  mot ,  les  rapports 
de  la  France  avec  le  christianisme; 
c'est  l'action  réciproque  qu'ont  eue 
l'un  sur  l'autre  et  le  peuple  et  la  reli- 
gion. Cette  étude  n'est  pas  moins  im- 
portante que  neuve,  et  nous  espérojB 
qu'on  excusera  ce  qu'elle  pourrai 
avoir  de  trop  imparfait,  en  songeant!; 
la  grandeur  de  la  sphère  qu'elle  em* 
brasse. 

La  plupart  des  événements  qui  v 
être  mentionnés,  ayant  été  ou  devi 
être  traités ,  avec  les  développem 
nécessaires ,  dans  des  articles  à 
il  suffira  de  les  apprécier  rapide! 
dans  leur  ensemble ,  et  surtout 
leurs  conséquences ,  en  ayant  le  i 
de  renvoyer  le  lecteur  aux  arti 
mêmes. 

La  conversion  des  Gaulois  rai 
sous  le  drapeau  du  christianisme 
des  peuples  les  plus  braves  de  laterie 
nous  disons  un  des  peuples ,  car,  si  '' 
Gaule  n'était  alors  gu  une  proviii 
romaine ,  bn  pouvait  déjà  prévoir^^ 
viendrait  un  temps  où ,  aidée  par  i 
circonstances ,  elle  finirait  par  lorD^ 
une  grande  nation ,  dont  Fépée 
rait  de  tout  son  poids  dans  la  ' 
du  monde  politique  et  religieux 
leur  côté,  les  Gaulois,  en  se  coovi 
tissant,  recevaient  beaucoup  plus  q^^ 
ne  donnaient.  La  con(juête  rofDaf 
commençait ,  il  est  vrai ,  à  les  iailb 
au  secret  de  l'unité  politique;  m»' 
l'exemple  de  la  religion  païenne,  «  _ 
se§  dieux  innombrables,  avec  ses  Mi* 
timents  profonds  d'in^iité  qui  W- 
mettaient  deux  races  d^omoMS  itMf 


J 


^m 


FRAîîCE. 


CPIR 


169 


rjuimaDité,  les  maîtres  et  les  esdaveiSt 
n'était  pas  de  nature  a  développer, 
dans  Tesprit  du  peuple  conquis,  la 
croyance  à  Fé^alité,  à  la  fraternité 
uoiverselle  et  a  Funité  de  Dieu.  Ce 
que  le  polythéisme  n'apprenait  pas  aux 
Gâoiois,  le  christianisme  vint  le  leur 
apprendre;  la  conquête,  en  brisant 
leurs  clans,  les  avait  préparés  à  la  vie 
politique;  la  conversion  les  Gt  naître 
à  la  vie  morale. 

Cette  double  influence  se  manifesta 
bientôt  dans  leur  littérature,  païenne 
pour  la  forme,  chrétienne  pour  le 
lond;  s'ils  demeurèrent  inférieurs  aux 
jconquérants  pour  la  beauté  du  style, 
'  combien  ne  surpassèrent-ils  pas  pour 
i'éléva^on  des  sentiments  et  la  pro- 
fondeur des'  idées ,  ceux  d'entre  eux 
2ui  ne  voulurent  pas  reconnaître  la 
mne  nouvelle?  Le  christianisme,  in- 
dépendamment des  consolations  qu'il 
leur  donna ,  améliora  donc  beaucoup 
la  situation  politique  où  se  trouvaient 
les  Gaulois.  Dans  le  cas  où  le  gouver- 
nement romain  aurait  persévéré  dans 
aoQ  refus  de  se  converti;',  l'Évangile 
jouait  aux  Gaulois  une  supériorité 

ft  avec  le  temps,  leur  eût  permis 
s'affranchir  de  la  servitude.  Si, 
contraire,  quelque  empereur  venait 
adopter  la  loi  du  Christ ,  c'en  était 
â  encore  de  la  servitude  nationale; 
cessait  d  y  avoir  des  Gaulois  et  des 
Somains ,  un  peuple  vainqueur  et  un 
peuple  vaincu,  il  n'y  avait  plus  que 
jfes  cbrétiens  et  des  païens.  Cet  évé- 
nement si  désirable  se  fit  longtemps 
i|ttendre;  les  néophytes  eurent  de  ter- 
rihiessouffrances,  d'horribles  martyres 
k  endurer  avant  qu'il  arrivât  (voyez 
.CofiVEBSiON  )  ;  mais  il  arriva  enfin 
Mys  le  règne  de  Constantin  le  Grand. 
La  Gaule,  qui  s'était  distinguée  de 
Jioone  heure  par  la  vivacité  de  sa  foi , 
£t  qui  avait  arrosé,  elle  auj^i,  de  son 
Ai^,  les  racines  de  l'arbre  sacré' dont 
b  s^ve  devait  être  si  féconde^  la  Gaule 
vît  dés  lors  grandir  tous  les  jours  da- 
vantage le  rôle  qui  lui  était  départi 
laos  Tempire  romain,  à  la  veille  de 
devenir  Tempire  chrétiçn. 

)Le  zèle  religieux  des  Gaulois  contri- 
bua be^pcoup ,  par  son  exemple.,  à  i^ 


ço^iversioii  de  Constantin,  qui,  comme 
on  sait,  résida  d'abord  dans  les  Gaules* 
Ce  prince  eut  cela  de  commun  aveô 
César  ^  qu'il  jeta  dans  notre  pays  les 
premières  bases  de  sa  grandeur,  C'est 
de  la  Gaule  que  César  s'élança  pour 
renverser  l'aristocratie  romame,  et 
pour  porter  au  peuple^roi  l'unité  poli*» 
tique ,  qui  seule  pouviait  consolider  sa 
puissance;  c'est  de  la  Gaule  encore 
que  s'élança  Constantin  pour  vaincre 
Maxence.  le  représentant  des  vieilles 
erreurs  au  polythéisme,  et  pour  doter 
l'empire  césarien  de  l'unité  religieuse 
qui  lui  manquait.  L'un  et  l'autre,  celui- 
ci  avant  de  passer  le  Rulncon,  celui-là 
avant  d'entrevoir  le  Labarum,  avaient 
dû  franchir  tes  Alpes;  l'un  et  l'autre 
avaient  des  Gaulois  dans  leurs  armées. 
Ainsi  nos  ancêtres  ont  pris  part  aux 
deux  grandes  révolutions  qui  ont  re- 
nouvelé le  monde  antique  :  la  monar-» 
cbie  impériale  et  le  triomphe  politique 
du  christianisme.  Jus(}u'à  ce  jour  nous 
nous  sommes  montrés  plus  fiers  de 
Tassistance  qu'ils  ont  prêtée  à  César 
que  de  celle  qu'ils  ont  prêtée  à  Cons- 
tantin ;  cependant,  de  ces  deux  titres 
de  gloire ,  le  moins  ancien  est  encore 
plus  considérable  que  le  premier.  Il 
témoigne  que  la  Gaule  n'avait  pas  at* 
tendu  l'arrivée  des  Francs  pour  s'en* 
rôler  au  service  de  la  religion  de  l'a- 
venir. 

Lorsque  le  christianisme  fut  monté 
sur  le  trône,  la  Gaule  continua  de  le 
défendre  avec  courage.  L'unité  de  rE*- 
glise,  menacée  par  les  hérésies,  trouva 
en  elle  un  soutien  non  moins  fort  que 
dans  les  provinces  d'Afrique.  C'est 
appuyée  sur  l'Église  gauloise  et  sur 
l'Ëglise  africaine  que  l'unité  religieuse 
triompha  des  premiers  coups  qui  lui 
étaient  portés.  Dès  le  troisième  siècle, 
saint  Irénée  composa  contre  les  gnos- 
tiques  son  livre  de  ï  Unité  du  gouver^ 
nement  du  mondé.  Au  quatrième, 
saint  Hilaire  de  Poitiers  lutta  aussi 
contre  les  dissidents,  souffrit  l'exil 
comme  Athanase,  et  languit  plusieurs 
années  dans  la  Phrygie,  tandis  ç^u'A- 
thanase  se  réfugiait  à  Trêves ,  près  de 
saint  Maximin,  évéque  de  cette  ville  et 
natif  de  Poitiers.  Saiut  Jérôme  donne 

11. 


164 


GHft 


L'UNIVERS. 


cna 


les  plus  grands  éloges  a  saint  Hiiaîre. 
li  trouve  en  lui  la  grâce  hellénique  et 
la  hauteur  du  cothurne  gaulois;  il 
rappelle  le  Rhône  de  la  langue  latine; 
enfin  il  dit  en  propres  termes  :  «  L'Ë- 
«glise  chrétienne  a  grandi  et  crû  à 
«  Ponibre  de  deux  arbres,  saint  Hilaire 
«  et  saint  Cyprien.  »  Saint  Cyprien  dé- 
fendit en  Afrique  les  mêmes  principes 
d'unité  que  saint  Hilàire  dans  la 
Gaule  (*). 

Après  que  l'invasion  des  barbares 
eut,  |)ar  le  démembrement  de  l'empire 
romain ,  mis  en  péril  l'unité  de  l'Église 
chrétienne,  le  clergé  gaulois  continua 
de  demeurer  fidèle  à  l'évéque  de  Rome , 
au  pape,  dont  la  direction  l'avait  déjà 
aide  à  accomplir  de  si  grandes  choses. 
Il  eut  alors  à  traverser  une  époque 
extrêmement  critique;  les  irruptions 
successives  des  barbares  dans  la  uaule , 
l'établissement,  sur  son  sol,  des  Bour- 
guignons et  des  Visigoths  convertis,  il 
est  vrai ,  mais  professant  l'arianisme , 
menaçaient  de  aétruire  les  églises  dé- 
pendantes de  rÉglise  de  Rome,  la 
seule,  à  cette  époque,  qui  fût  assez 
fière  pour  ne  pas  baisser  la4;ête  devant 
la  puissance  temporelle.  Incapable  de 
résister  longtemps  aux  Bourguignons 
et  aux  Visigoths  ariens ,  le  clergé  ca- 
tholique des  Gaules  comprit  qu'il  ne 
pourrait  contré-balancer  la  puissance 
de  ces  barbares  qu'avec  le  secours  d'au- 
tres barbares ,  et  il  rechercha  l'alliance 
des  Francs  Saliens,  dont  le  courage 
était  au  moins  égal  à  celui  des  autres, 
et  que  leur  barbarie  même  tendait  à 
rendre  plus  dociles  ou  au  moins  plus 
disposés  à  subir  son  influence.  Ce  parti 
^tait  d'autant  plus  sage ,  que ,  même  en 
dépit  de  la  résistance  la  plus  énergique 
de  la  part  des  prêtres,  les  Francs  au- 
raient toujours  fini  par  conquérir  une 
grande  partie  de  la  Gaule  libre.  Par 
un  heureux  hasard ,  le  clergé  gaulois 
renfermait  dans  ses  rangs  un  prélat 
distingué ,  et  les  Francs  avaient  pour 
chef  un  prince  aussi  intelligent  que 
brave  :  l'un  était  saint  Remi ,  évêque 
de  Reims;  l'autre  était  Glovis.  Le 

(*)  "Voyez  V Histoire  dt  France,  par  M. 
Michèle! ,  t.  I,  p.  ix8. 


succès  répondit  aux  espérances  de  ces 
deux  grands  hommes. 

La  conversion  des  Francs  sauva  le 
clergé  gaulois  ;  elle  prépara  la  forma- 
tion de  notre  unité  nationale ,  par  la 
ruine  des  Visigoths  et  des  Bourgui- 
gnons ,  et  par  la  fusîon  de  tous  les  bar- 
bares et  des  Gaulois  en  un  seul  peuple. 
Il  y  a  plus ,  cette  conversion  sauva  la 
papauté  naissante,  qui  trouva  désor- 
mais dans  la  France  un  auxiliaire  ca- 
pable de  protéger  son  autorité  morale. 
C'est  à  tort,  suivant  nous,  qu'on  a  at- 
tribué aux  Francs  tout  l'honneur  de 
cet  événement  qui  décida  des  destinées 
de  l'Occident;  les  Gaulois  y  contri-. 
huèrent  aussi  pour  une  large  part. 
Personne  n'ignore  que  les  ide^  poli- 
tiques ne  furent  pas  sans  influence  sur 
la  pieuse  détermination  de  Clovis:  en 
se  faisant  catholique,  il  devenait  le 
protecteur  naturel  de  la  majorité  de  la 
nation  gauloise,  qui  ne  souffrait  qu'a- 
vec impatience  le  joug  des  Bourgiii- 
fnons  et  des  Visigoths.  Il  eut  le  mérite 
e  comprendre  les  conséquences  poli*  _ 
tiques  de  son  changement  de  religion. 
Mais,  si  ce  calcul  était  habile,  cèdent 
personne  ne  doute  aujourd'hui ,  c'était  ' 
parce  que  l'immense  majorité  des  Gaih 
lois  demeurait  sincèrement  attachée  à 
l'Église  qui  comprenait  le  mieux  l'es- 
prit du  christianisme.  Pourquoi  donc 
ne  voir  que  ce  qui  est  en  faveur  des 
Francs  et  fermer  les  yeux  sur  ce  ^m 
honore  les  Gaulois?  La  cause  première 
de  tout  le  bien  qui  eut  lieu  alors  r^ 
dait  dans  les  sentiments  religieux  de  la 
Gaule  et  dans  l'intelligence  de  son 
clergé  national;  sans  ces  deux  cir* 
contances,  les  Francs  n'auraient  pas 
fait  le  quart  de  ce  qu^ils  ont  accompli, 
ils  auraient  tout  au  plus  fondé  un  éta-  ' 
blissement  dans  le  genre  de  celui  des 
Visigoths  et  des  Bourguignons.  La 
postérité  leur  doit  des  actions  de  grâces 
pour  avoir  fait  un  choix  éclairé;  mail 
n'en  doit-elle  pas  plus  encore  aux  Gaih 
lois,  dont  les  bonnes  dispositions  ool 
seules  rendu  possible  le  triomphe  do 
catholicisme?  Cette  main  mystérieine 
qui  aplanissait  partout  les  obstadei 
devant  les  guerriers  francs,  c'était 
l'Église  gauloise ,  c'était  la  foi  de  la 


i 


CHR 


FRANCE. 


CHE 


105 


nation  qui  voyait  en  eux  les  instru- 
ments da  Christ. 

Quoi  qu*il  en  soit ,  ta  conversion  de 
Ciovjs  eut  d'heureux  résultats  et  pour 
le  christianisme  et  pour  la  France. 
Rome  catholique  sortit  de  son  berceau, 
et  songea  dès  lors  à  remplacer  Rome 
païenne  ;  quant  a  la  France ,  entrete- 
Jiue  dans  ses  sentiments  d'unité  par 
le  clergé  romain ,  elle  jeta  les  fonde- 
ments de  sa  nationalité  qui  devait  cou- 
rir de  grands  dangers  encore ,  mais 
enfin  qui  triompha ,  et  qui  est  aujour- 
d'hui un  objet  aadmiration  et  d*envie 
pour  les  peuples  lés  plus  civilisés  du 
monde.  Et  de  la  sorte ,  le  même  pays, 
sinon  le  même  peuple,  fut  une  des 
principales  causes  qui  amenèrent  le 
triomphe  du  christianisme  sous  Cons- 
tantin ,  et  le  triomphe  du  catholicisme 
sousCIovis.  (Voyez  Mérovingiens.) 
Quand  les  Mérovingiens»  amollis 
par  les  jouissances  de  la  conquête,  ces- 
sèrent d'être  en  état  de  commander 
clignement  à  la  France ,  d'autres  bar- 
jbares,  les  Carlovingiens. vinrent  les sup- 
^anter,  et  ne  firent  pas  moins  pour  le 
àristianîsme  que  n'avaient  fait  leurs 
ivedécesseurs.  Ils  commencèrent  par  le 
^ttre  à  l'abri  des  attaques  du  maho- 
{Détisme  et  des  invasions  des  Saxons 
idolâtres.  La  sphère  d'action  des  Méro- 
vingiens ne  s'était  guère  étendue  que 
^r  la  Gaule;  la  sphère  d'action  desCar- 
Iovin{;iens  embrassa  l'Europe  entière. 
Pour  faire  équilibre  à  l'immense  monar- 
chie des  Arabes,  ils  groupèrent  en  un 
seul  faisceau  la  France  gauloise  et  toutes 
les  populations  germaniques.  La  papau- 
téleurdut  plus  encore  qu'elle  n'avait  dû 
aux  Mérovingiens  :  raltiance  de  ceux-ci 
avait  indirectement  protégé  l'évêque 
de  Rome  contre  les  envahissements 
des  Ostrogoths  ;  les  Carlovingiens  le 
délivrèrent  du  voisinage  encore  plus 
inquiétant  des  Lombards,  et  assur<è- 
ivnt  son  indépendance  religieuse  par 
des  donations  territoriales. 

Pour  prix  de  tant  de  services ,  le 
pape  consentit  à  ce  que  Charlemagne, 
le  plus  ^and  homme  de  sa  dynastie, 
prit  le  titre  d'empereur  romain.  Mais 
ce  n'était  pas  un  vain  titre  que  recher- 
cbait  Charlemagne  ;  il  voulait  sérieu- 


sement ressusciter  le  grand  empire , 
et ,  à  l'exemple  de  César,  de  Constan- 
tin, et  des  califes,  isuocesseurs  de 
Mahomet ,  réunir  dans  sa  personne  le 
pouvoir  spirituel  et  le  pouvoir  tempo- 
rel. A  la  rigueur,  il  admettait  le  par- 
tage de  l'autorité  religieuse  entre  lui 
et  l'évêque  de  Rome ,  mais  à  la  condi- 
tion que  ce  dernier  lui  céderait  la  pré- 
pondérance. (Voyez  Chàblehagne.) 

De  son  côté ,  le  pnontife  romain  nour- 
rissait des  prétentions  non  moins  éle- 
vées ,  mais  mieux  justifiées.  Il  recon- 
naissait la  toute-puissance  de  César 
dans  les  choses  de  ce  monde  ;  dans  le 
domaine  de  TËglise,  il  n'acceptait 
d'autre  supérieur  que  Dieu  même.  S'il 
pliait  quelquefois  sous  la  ver^e  de  fer 
de  Charlemagne,  il  protestait  intérieu- 
rement contre  la  violence ,  et  en  appe- 
lait du  présent  à  l'avenir. 

A  partir  de  cette  époque,  on  put 
déjà  prévoir  la  guerre  terrible  qui  al- 
lait s'engaçer  entre  la  papauté  et  l'em- 
pire, et  qui  devait  remplir  de  troubles 
toute  la  durée  du  moyen  âge.  Tant  que 
Charlemagne  vécut ,  la  papauté  fit  acte 
de  résignation ,  enchaînée  qu'elle  était 
par  les  liens  de  la  reconnaissance  et 
par  l'ascendant  du  génie.  Mais  aussitôt 
que  le  trône  de  France  fut  occupé  par 
le  débile  héritier  de  l'empereur,  elle  tra- 
vailla sourdement  au  démembrement  de 
ce  vaste  pouvoir  qui ,  après  avoir  sauvé 
le  christtanisnie  mis  en  péril  par  les 
inahométanSy  avait  empiété  sur  l'in- 
dépendance même  du  saint-siége.  Elle 
n'eut  pas  grand'  peine  à  y  réussir  :  la 
dissolution  de  l'empire  arabe  permet- 
tait d<^  détruire  9  sans  danger  pour  la 
religiolp,  la  monarchie  carlovingien- 
ne ,  dqnt  l'extension  était  devenue  un 
obstacle  au  développement  de  la  puis- 
sance pcfntiOcale.  Une  foule  d'autres 
causes,  telles  que  la  diversité  des 
races,  les  prétentions  féodales  de  la 
noblesse,  les  invasions  des  Normands, 
favorisèrent  encore  les  projets  de  la 
cour  de  Rome.  Le  morcellement  fut 
si  complet ,  que  la  France  du  moyen 
âge  eut  beaucoup  moins  d'étendue  que 
la  France  des  Mérovingiens,  ou -que  la 
Gaule  à  l'époque  de  la  conquête  romai- 
ne; et,  de  plus,  les  prétentions  de  la 


166 


GHII 


L'UNïtEftS. 


iMk 


noblesse  ftodaie  à  Tindépendancè  rédui- 
sirent à  presque  rien  la  nationalité  fran^ 
çaise  et  le  pouroir  des  rois ,  ses  repré- 
sentants. Les  véritables  successeurs  de 
Cfaarlemagne  furent  non  pas  1^  empe- 
Teurs  français^  mais  les  pontifes  ro- 
inains;  la  monarchie  sacerdotale  rem- 

Îlaça  là  monardiie  carlovingiennei 
ies  empereurs  d'Allemagne  ayant  aussi 
porté  la  main  èur  la  succession  du 
grand  homme,  ce  fut  entre  eux  et  la 
papauté  qu'eurent  lieu  les  hostilités  le& 
plus  sanglantes  qui  signalèrent  la  lutte 
delà  théocratie  chrétienne  et  du  nou- 
vel empire  romain. 

Oh  le  voit ,  les  papes  punirent  sévè- 
rement la  France  pour  les  prétentions 
de  Charlemagne  à  la  suprématie  reli- 
gieuse. Toutefois ,  on  ne  doit  voir  là 
qu'un  dissentiment  dont  la  religion 
n'était  pas  l'objet ,  car  dans  les  deux 
camps,  on  était  sincèrement  attaché  à 
la  loi  du  Christ:  l'empereur  empiétait 
sur  le  pouvoir  spirituel  du  pape,  le  pape 
ne  se  faisait  pas  faute  d'agir  en  prince 
temporel,  et  d'empiéter  sur  la  puissance 
politique  de  l'empereur  ;  mais  la  cause 
du  christianisme  n  était  pas  pour  cela 
radicalement  compromise;  ce  n'était 
qu'une  querelle  de  famille  au  sein  de  la 
chrétienté.  L'histoire  a  conservé  le 
souvenir  de  tout  le  sang'que  la  France 
carlovingienne  a  versé  pour  la  défense 
de  la  religion  du  Christ  ;  et  ce  sou- 
venir ne  s'effacera  jamais. 
f  Touchée  des  maux  que  faisait  endu- 
rer à  la  France  la  tyrannie  des  sei- 
gneurs féodaux ,  et  désirant  en  outre 
créer  un  contre-poids  politique  en  état 
de  contenir  les  empereurs  d'Allema- 
gne, la  papauté  contracta  une  alliance 
étroite  avec  la  dynastie  capétienne ,  et 
l'aida  avec  persévérance  à^  relever 
l'unité  nationale  du  pavs,  à  l'asseoir 
sur  des  bases  solides.  Elle  en  a  été  ré- 
compensée par  le  dévouement  des  rois 
et  de  la  nation ,  toujours  prêts  à  pren- 
dre les  armes  pour  la  sainte  cause, 
comme  ils  furent  toujours  prêts  aussi 
à  résister  aux  envahissements  injustes. 
On  en  vit  la  preuve  pendant  les  croi- 
sades :  aucun  peuple  ne  paya  son  tribut 
aussi  généreusement  que  la  France  dans 
cette  lutte  de  la  chrétienté  contre  leà 


sectateurs  de  Mahomet,  Quel  qu'Sittété 
le  parti  que  la  politique  tira  de  cet  événe- 
ment,renthousiasme  futgénéral,  le  peu- 
ple se  leva  en  n>asse ,  et  plusieurs  rois 
se  joignirent  avec  lui  aux  seigneurs  féo- 
daux pour  voler  à  la  délivrance  du  tom- 
beau du  Christ.  Les  dievaliers  français 
se  distinguèrent  entre  les  chevaliers  de 
toutes  les  autres  nations;  aussi  les  his- 
toriens des  croisades  ont-ils  à  bon  droit 
intitulé  leurs  écrits  :  Gesta  Dei  per 
Francos,  Faits  et  gestes  de  LHeupark 
bras  des  Francs,  Encore  aujourd'hui, 
les  Arabes  et  les  Turcs,  gardant  le  soU' 
venir  de  cette  époque,  donnent  à  tous 
les  Européens  le  nom  de  Francs.  C'est 
dans  le  personnage  de  saint  Louis  sur- 
tout que  se  manifestèrent  glorieas^ 
ment  les  sentiments  de  la  natioa 
française;  il  sut  en  même  temps  com- 
battre pour  le  christianisme  et  résister 
aux  exigences  immodérées  de  la  pa- 
pauté. L'influence  morale  de  ce  prince 
égale  souvent  et  surpasse  quelquefois 
l'ascendant  du  pape,  qui  se  laissait 
préoccuper  par  des  pensées  politiques. 
Peu  de  mots  suffiront  pour  caratt 
tériser  l'époque  de  la  réforme ,  qui  fttt 
pour  la  France  une  question  politiqot 
au  moins  autant  qu'une  question  reli* 
gieuse.  Cette  fois  encore,  comme  sooS 
les  Carlovingiens ,  ce  n'était  pas  le 
christianisme  même  qui  était  en  cause, 
c'était  une  des  manières  de  le  com- 
prendre ;  il  s'agissait  d'un  dissentime^ 
grave ,  sans  doute ,  mais  qui  ne  brisaii 
pas  le  lien  commun  de  la  famille  chré- 
tienne. Le  protestantisme  avait  |)0Qr 
la  France  un  attrait  puissant,  c'^ 
son  principe  de  liberté  si  bien  faii 
pour  séduire  les  descendants  de  ces 
Gaulois  qui  avaient  accueilli  avec  taAl 
de  faveur  les  doctrines  de  Pélas^; 
mais  il  avait  un  tort  grave  qui  de- 
vait le  faire  repousser  par  la  majo- 
rité de  la  nation ,  c'était  son  manque 
de  sociabilité,  son  éloignement  poof 
toute  autorité,  et  pour  toutes  les  vé- 
rités acquises  sur  lesquelles  repose  la 
doctrine  de  l'unité,  dans  l'ordre  poli- 
tique comme  dans  l'ordre  religiest; 
c'étaient  surtout  ses  tendances  aristo- 
cratiques et  ses  idées  sur  la  prédesti* 
nation  qui  menaçaient  de  faire  revivre 


j 


cam 


fflANGE, 


CHR 


iér 


]à  préjugés  d6  rdntt^uité.  Le  pro- 
testantisme remplaçait,  à  son  insu 
peut-être  1  les  hommes  libres  du  paga- 
nisme par  les  fidèles  favorisés  de  la 
grâce,  et  les  esclaves  par  ceux  que  la 
grâce  n'illuminait  pas.  Un  pareil  sys- 
!  tèrae, dont  raristocratie  était  la  consé- 
yience nécessaire,  ne  pouvait  convenir 
à  la  monarchie  la  plus  démocratique 
de  TEuropc  ;  il  ne  fut  guère  accepté  que 
par  les  classes  privilégiées.  Après  une 
longue  série  de  guerres  civiles,  les 
calvinistes  succombèrent  sous  les  at- 
taques des  partisans  de  Tunité  natio- 
nale et  du  catholicisme ,  qui  se  confon- 
daient dans  une  même  croyance  et  se 
prêtaient  un  mutuel  appui.  Dans  cette 
occasion  encore,  Tancienne  alliance  de 
la  France  et  de  la  papauté  fut  utile  à 
toutes  les  deux  :  à  la  papauté,  en  main- 
tenant son  ascendant  moral  sur  le 
seul  État  qui  pût  la  protéger  contre 
les  empiétements  de  l'Espagne  devenue 
trop  prépondérante;  à  la  France,  en 
Taidant  à  garder  intacte  sa  nationalité, 
qui  n'aurait  pas  manqué  d'être  pro- 
fcndément  entamée  par  les  projets 
fiodépendance  de  la  féodalité  renais- 
bnte;  l'exemple  de  la  portion  de  l'Ai- 
Almagne  qui  embrassa  la  réforme  est 
là  pour  le  prouver.  L'unité  religieuse, 
en  d'autres  termes,  le  catholicisme, 
était  le  soutien  naturel  de  l'unité  po- 
litique; cela  est  si  vrai,  que  les  plus 
grands  défenseurs  de  la  nationalité 
française,  quel  qu'ait  été  le  mobile  ou 
l'étendue  de  leur  foi,  furent  tous  de 
zélés  catholiques,  tels  que  Louis  XI, 
François  F',  Richelieu ,  Louis  XIV  et 
Napoléon  lui-même.  Il  est  à  remarquer 
encore  que  les  États  de  l'Europe  chez 
Jesquels  l'unité  politique  se  développa 
le  plus  tôt  et  se  consolida  le  plus  soli- 
dement sont  la  France  et  l'Espagne, 
c'est-à-dire  les  deux  États  le  plus  sin- 
cèrement attachés  au  catholicisme. 
La  gloire  du  règne  de  Louis  XIV  fut 
pour  le  peuple  français  la  récompense 
au  choix  qu'il  avait  su  faire;  mais  lors- 
que le  grand  roi  eut  abusé  de  la  for- 
tune, le  protestantisme,  énergique- 
ment  représenté  par  l'Angleterre  et 
par  la  Hollande ,  parvint  à  prendre  sa 
ïevandie,  en  se  liguant  avec  l'Autriche 
contre  l'ennemi  commun. 


Jusque-là,  comme  nous  t'avons  déjà 
fait  observer ,  il  n'y  avait  eu  que  des 
dissentiments  plus  ou  moins  sérieux 
entre  la  papauté  et  la  France ,  dissen- 
timents qui  avaient  toujours  fini  par 
une  réconciliation,  et  qui  avaient 
tourné  à  l'avantage  de  la  religion  chré- 
tienne. Au  dix-huîtième  siècle,  il  en 
fut  autrement;  emportée  par  l'élan  de 
la  jeunesse,  là  philosophie  se  mit  à 
miner  en  même  temps  le  trôneet  l'autel, 
à  attaquer  les  papes  et  les  rois  ;  dans  sa 
haine  du  passé,elle  méconnut  le  christia- 
nisme lui-même.  Pour  arriver  plus  tdt 
à  l'avenir,  qu'elle  n'entrevoyait  encore 
que  vaguement,  elle  rompit  complète- 
ment avec  la  tradition.  C'était  s'enlever 
le  meilleur  moyen  d'atteindre  le  but. 
Au  lieu  de  chercher  à  ramener  le  ca- 
tholicisme dans  la  voie  de  l'Ëvangile, 
dont  il  n'avait  que  trop  dévié  depuis 
l'institution  des  jésuites,  la  philosophie 
prit  pour  les  conséquences  naturelles 
de  la  religion  d'amour  et  d'égalité ,  ce 

3ui  n'était  que  l'effet  d'un  moment 
'égarement  et  d'abus.  A  part  quel- 
.  ques  honorables  exceptions,  Rousseau 
entre  autres,  tous  les  philosophes  dti 
dernier  siècle  tombèrent  dans  cette 
funeste  erreur,  et  firent  passer  dans 
l'esprit  des  masses  les  préjugés,  spiri- 
tuellement exprimés  peut-être,  mais 
certainement  peu  honorables ,  dont 
ils  étaient  les  premières  victimes. 
S'ils  avaient  dépensé,  pour  introduire 
une  sage  réforme  dans  le  sein  même 
du  catholicisme ,  une  faible  partie  de 
tout  l'esprit  qu'ils  dépensèrent  pour 
le  ruiner  à  tout  jamais  dans  l'opinion 
publicjue,  la  France  n'aurait  pas  été 
ébranlée  jusaue  dans  ses  fondements, 
et  mise  à  oeux  doigts  de  sa  perte. 
Fille  de  la  philosophie  du  dix-huitième 
siècle ,  la  révolution  française  en  eut 
toutes  les  qualités  et  tous  les  défauts. 
A  l'exemple  de  l'école  philosophique, 
l'école  révolutionnaire  se  laissa  trom- 
per par  les  apparences  ;  elle  se  vengea 
sur  la  religion  même  des  obstacles  que 
les  émigrés  et  les  ultramontains  op- 
posaifent  à  l'avènement  de  la  démocra- 
tie. Il  y  eut  un  moment  de  vertige  où 
la  rupture  fut  complète,  et  où  les  orgies 
du  prétendu  culte  de  la  raison  ouvrirent 
la  porte  à  l'invasion  de  l'athéisme. 


tes 


CHR 


L'UNIVERS. 


La  révolution  eut  cruellement  à  se 
repentir  de  son  divorce  avec  le  chris- 
tianisme; de  tous  les  malheurs  qui 
fondirent  sur  elle,  ce  fut  celui  qui  eut 
les  conséquences  les  plus  terribles.  A 
partir  de  cette  époque,  elle  ne  fut  plus 
comprise  par  les  autres  peuples  de 
TKurope:  condamnée  à  Tisolement, 
méconnue,  calomniée,  en  proie  à  tou- 
tes les  fureurs  de  la  guerre  civile, 
elle  fut  réduite  à  ne  plus  vaincre  qu'a- 
vec le  secours  des  armes  ^  elle  qui 
.avait  si  fortement  compté  sur  la  puis- 
sance de  son  ascendant  moral.  Le 
monde  présenta  alors  un  singulier 
spectacle  :  d*un  côté,  un  peuple  héroï- 
que ne  craignant  pas  de  verser  son 
sang  à  flots  pour  la  défense  de  la  li- 
berté, de  régalité  et  de  la  fraternité, 
tandis  gu*il  repoussait  nominalement 
la  religion  ^ui  lui  avait  enseigné  ces 
vérités  sublimes;  de  l'autre,  l'Europe 
entière  coalisée  contre  ce  même  peuple 
au  nom  du  christianisme,  et  défendant 
tous  les  privilèges  que  TÈvangile  avait 
voulu  détruire.  Certes ,  si  la  loi  du 
Christ  avait  de  véritables  défenseurs 
dans  un  camp,  ce  n'était  pas  dans  celui 
où  Ton  abusait  ainsi  de  son  nom, 
c'était  parmi  ces  révolutionnaires  qui, 
à  leur  insu,  lui  servaient  de  nouveaux 
martyrs.  Mais ,  comme  ils  avaient  le 
faux  semblant  de  l'impiété,  on  ne  vou- 
lait voir  en  eux  que  des  athées  en  ré- 
volte contre  la  religion  qui  avait 
régénéré  l'univers ,  et  qui  avait  fait  la 

Srandeur  de  cette  belle  France  qu'ils 
éfendaient  avec  tant  de  valeur. 
Les  mauvaises  leçons  de  la  philoso- 
phie n'avaient  pas  été  les  seules  causes 
de  l'irréligion  des  révolutionnaires  en 
1793 ,  irréligion,  d'ailleurs,  beaucoup 
plus  apparente  que  réelle ,  ainsi  que  le 
prouva  la  suite.  Les  intrigues  de  l'é- 
tranger y  avaient  été  pour  beaucoup , 
ainsi  que  la  conduite  du  clergé  français. 
Après  avoir  d'abord  servi  la  cause  popu- 
laire, les  prêtres,  au  lieu  de  réunir  tous 
leurs  efforts  pour  la  diriger,  entrèrent 
dans  une  voie  d'égoïsme  et  de  réaction 
qui  leur  enleva  toute  influence  morale, 
et  qui  porta  préjudice  aux  intérêts  de 
la  religion.  Des  querelles  domestiques 
entretinrent  la  division  dans  leur  sein, 
quand  ils  avaient  besoin  du  plus  étroit 


accord  pour  coiriprimer  le  déborde- 
ment des  mauvaises  passions.  Plu- 
sieurs d'entre  eux  n'eurent  pas  honte 
de  donner  au  peuple  l'exemple  de  Ta- 
postasie.  D'une  autre  part,  1  étranger, 
a  qui  ses  relations  avec  les  émigrés,  et 
les  intelligences  de  ceux-ci  avec  lears 
parents  du  leurs;  amis  non  émigrés, 
mettaient,  pour  ainsi  dire ,  le  pied  en 
France  9  poussa  les  masses  à  tous  les 
genres  d'excès,  pour  avoir  le  droit  de 
démembrer  notre  territoire  et  de  re- 
nouveler sur  une  plus  grande  éebelie 
le  partage  de  la  Pologne.  Pitt  se  croyait 
bien  près  d'atteindre  ce  but,  lorsqu'il 
disait  en  plein  parlement  d'Angleterre, 
que  la  France  n'était  plus  qu'une  chose 
sans  nom. 

Mais  son  machiavélisme  l'abusait; 
tous  les  chefs  de  la  révolution  n'étaieot 
pas  sans  croyances;  un  d'entre  eux, 
surtout,  Maximilien  Robespierre, osa 
affronter  l'hydre  de  l'athéisme,  et, 
après  une  lutte  sanglante,  il  parvint  à 
le  terrasser.  Alors  la  Convention  dé- 
clara, devant  Dieu  et  devant  les  hom- 
mes, que  le  peuple  français  avait  étéi 
calomnié  et  qu'il  croyait' à  l'existeocal 
de  l'Être  suprême  et  à  rimmortalitl>] 
de  l'âme;  de  là  au  retour  à  l'Évangile, 
il  n'y  avait  qu'un  pas.  Tout  porte  à 
croire  que  Robespierre  voulait  récon- 
cilier la  révolution  avec  le  christianis- 
me ,  comme  il  l'avait  réconciliée  avec 
Dieu  Ç)  ;  mais  la  haine  de  ses  ennemis 
ne  lui  en  laissa  pas  le  temps. 

Cette  gloire  était  réservée  à  Napo- 
léon ,  qui  fit  un  concordat ,  non-seule- 
ment avec  rÉvangile,  mais  encore  avec 

(*)  Certes  il  était  difficile  de  mieux  résu- 
mer la  morale  de  l'Évangile  et  de  la  niieni 
approprier  à  l'esprit  du  temps  qu'il  ne  l'avift 
fait  dans  Tartide  3  de  la  loi  du  i8  floréal 
an  II  :  «  Le  peuple  français  met  au  premier 
«  rang  des  devoirs  de  lîiorame  de  détester 
«  la  mauvaise  foi  et  la  tyrannie,  de  punir 
«  les  tyrans  et  les  traîtres ,  de  secourir  les 
«  malheureux ,  de  respecter  les  faibles ,  de 
«  défendre  les  opprimés ,  de  faire  aux  au* 
«  très  tout  le  bien  qu'on  peut  et  de  nêlre  *•• 
'ajuste  envers  personne,  »  De  ces  priadpei 
à  un  retour  au  christianisme  il  n*y  aTait 
plus  qu'un  pas.  On  peut  même  dire  qM 
tenir  un  pareil  langage  c'était  avoir  coib- 
mencc  déjà  la  réconciliation. 


€HR 


FRANCE. 


CHR 


I6d 


le  eatholieisme.  La  France  témoigna 
son  approbation  par  des  transports 
d'ivresse ,  en  apprenant  qu'elle  avait 
enOn  repris  son  rang  dans  la  grande 
famille  chrétienne.  Cependant,  il  faut 
le  dire,  le  premier  consul  tira  parti 
delà  circonstance. dans  l'intérêt  de  sa 
politique  plutôt  <]ue  dans  des  vues  re- 
ligieuses. S'il  avait  profité  des  avantages 
de  sa  position  et  mis  en  usage  toutes 
les  ressources  de  son  génie,  il  est 
probable  qu'il  durait  fait  consentir  la 
papauté  à  une  sage  réforme  qui  aurait 
régénéré  le  catholicisme  et  toute  la 
chrétienté.  Mais,  aussi  pressé  de  re- 
nouer avec  le  passé  que  la  révolution 
avait  été  impatiente  de  devancer  l'ave- 
nir, il  se  contenta  de  stipuler,  sur  les 
bases  des  anciennes  libertés  de  l'église 
gallicane.  A.  quoi  bon  aurait  servi  de 
ni^gocier  en  faveur  des  autres  nations, 
et  prendre  le  rôle  de  conciliateur  entre 
le  pape  et  les  peuples?  Il  méditait  déjà 
ie  faire  plier  un  jour  sous  le  sceptre  du 
conquérant,  et  la  papauté,  et  les  rois 
les  peuples.  Ses  prévisions  ne  l'a- 
'  fflt  pas  trompé  :  l'Europe  vit  bien- 
surgir  des  ruines  de  la  république 
lise  un  nouveau  Charlemagne  ; 
la  cour  de  Rome,  après  avoir 
lifert  de  nombreuses  humiliations, 
redressa  contre  Napoléon  comme 
te  s'était  redressée  contre  les  héri- 
\  de  l'empereur  carlovingien.  Jou- 
ais, elle  n'échappa  à  son  joug  que 
ar  retomber  sous  celui  de  l'Autriche 
de  la  sainte-alliance,  dont  elle  ne 
(^affranchira  que  le  jour  où  elle  saura 
conquérir  l'amour  des  peuples  qu'elle 
si  longtemps  protégés  avant  de  pren- 
reparti  contre  eux.  Quoi  qu'il  en  soit, 
.uis  le  concordat,  la  France  est  res- 
tGdèle  au  christianisme,  dont  elle  ap- 
éàe  chaque  jour  davantage  la  supério- 
rité sur  les  autres  religions  du  monde. 
Ainsi  donc ,  pour  résumer  ce  qui 
Ifécède ,  la  France,  à  part  un  moment 
'erreur,  n'a  jamais  cessé  de  rendre 
s  plus  glorieux  services  au  christia- 
'snie,  à  toutes  les  époques  de  son 
oire,  du  temps  des  Gaulois,  sous 
Mérovingiens,  sous  les  Carlovin- 
^ns ,  sous  les  Capétiens ,  pendant  le 
«oyen  âge ,  à  l'époque  des  croisades, 


au  seizième  et  au  dix-septième  siècle  ; 
elle  travaillait  encore  pour  lui  dans  le 
siècle  dernier,  alors  même  qu'elle  sem* 
blait  le  renier.  En  revanche,  le  chris- 
tianisme a  présidé  à  notre  éducation 
religieuse,  et  n'a'paé  été  non  plus  sans 
influence  sur  notre  éducation  politi- 
que ,  en  entretenant  chez  nous  les  sen- 
tmients  de  sociabilité  démocratique 
qui  caractérisent  notre  génie  natio- 
nal ,  en  réveillant  les  principes  d'unité 
auxc[uels  la  conquête  romaine  avait 
initié  les  Gaulois  nos  ancêtres.  Avec 
l'assistance  du  clergé  catholique,  les 
Mérovingiens  ont  soumis  les  Visigoths 
et  les  Bourguignons  qui  avaient  dé- 
membré notre  territoire  ;  avec  l'assis- 
tance du  clergé  catholique ,  les  Carlo- 
vingiens  ont  fondé  une  des  plus  vastes 
monarchies'  qui  aient  jamais  existé,  et 
dont  le  cœur  était  la  France.  Soute- 
nus par  le  clergé  catholique  et  par  la 
papauté ,  les  Capétiens  ont  triomphé 
de  la  noblesse  féodale ,  qui ,  par  d'au- 
tres moyens  que  les  Bourguignons  et 
les  Visigoths,  mais  d'une  manière  non 
moins  funeste ,  avait  aussi  démembré 
notre  territoire.  D'intelligence  avec  la 
papauté  enfm ,  Louis  XI ,  François  P', 
Richelieu  et  Louis  XIV  ont  solide- 
ment assis  cette  nationalité  française 
à  laquelle  nulle  autre  ne  saurait  être 
comparée. 

Maintenant  que  nous  avons  répondu 
aux  deux  questions  posées  au  com- 
mencement de  cet  article,  il  est  temps 
de  terminer  par  quelques  considéra- 
tions générales,  où.  nous  essaierons  de 
pressentir  l'avenir.  Une  des  meilleures 
preuves  que  les  prédictions  des  philo- 
sophes qui  annoncent  la  fin  du  règne 
du  christianisme  ne  sont  pas  prêtes  à 
se  réaliser,  c'est  qu'après  s'être  séparé 
un  moment  de  cette  sublime  religion, 
le  plus  grand  pedple  de  l'Europe  a  fini 

f)ar  se  ranger  de  nouveau  sous  sa  loi  ; 
a  religion  ^ui  a  accompli  ce  miracle 
en  accomplira  encore  beaucoup  d*au- 
tres.  D'ailleurs,  quelle  vérité  nouvelle 
a  apportée  la  philosophie?  serait-ce 
le  dogme  de  la  charité,  ou  celui  de  l'éga- 
lité, ou  bien  encore  celui  de  la  frater- 
nité? mais  l'Évangile  ne  les  renferme- 
t-il  pas  tous?  n'est-ce  pas  lui  qui  les  a 


Ifl) 


L'ùiïîvâ». 


en 


Ï»Topâgé$?  Serait-ce  le  principe  de  là 
iberté  ?  mais  leâ  premiers  temps  de 
rÉglise  chrétienne  et  les  différentes 
oommunaiités  protestantes  montrent 
que  Id  liberté  n*a  rien  dinconcilia- 
ble  avec  les  maiimes  de  TËvangile. 
La  religion  qui  porta  tant  d^hom- 
mes  à  souffrir  le  martyre  plutôt  que 
de  transiger  avec  leur  foi ,  ne  saurait 
faire  des  esclaves;  et  Thistoire  té- 
moigne qu'elle  a  partout  développé 
Tamour  de  rindé|)endance.  !Nous  ne 
parlons  pas  du  principe  de  l'unité  et 
de  Tautorité  ;  l'exemple  de  la  papauté 
et  même  celui  de  TÉglise  grecque  ont 
trop  largement  démontré  sa  puissance. 
Quant  au  principe  de  la  multiplicité, 
le  christianisme,  avec  son  admirable 
conception  de  la  trinité  une  et  indivi- 
sible, lui  a  accordé  tout  ce  qui  pou- 
vait lui  être  accordé,  sans  retourner 
au  polythéisme. 
La  plus  grande  gloire  de  la  philoso- 


nianifesté  dans  la  défense  de  cette  doc- 
trine à  la  fois  si  pieuse  et  si  consola- 
trice; mais, .loin  que  le  christianisme 
soit  contraire  à  la  perfectibilité ,  il  en 
est  le  plus  ardent  propagateur.  L'É- 
vangile n'invite-t-il  pas  à  chaque  ins- 
tant le  Odèle  à  prendre  soin  de  Famé- 
lioration  de  son  âmé?  or  le  perfec- 
tionnement de  rindividu  et  celui  de  . 
la  société  sont  inséparables  :  l'un  mène 
naturellement  à  l'autre.  Ce  n'est  que 
par  un  esprit  -d'aberration  qu'on  a 
pu  imaginer  que  l'Évangile  est  un 
obstacle  au  développement  de  la.  loi 
du  progrès ,  dont  le  germe  est  en 
lui.  Le  christianisme  n'a  pas  moins 
l'intelligence  du  passé  aue  celle  de  l'a- 
venir. Quelle  religion  s  honore  de  plus 
belles  traditions  quenelle  gui ,  remon- 
tant à  Abraham  et  à  Moïse,  résume 
en  elle  la  philosophie  grecque  et  toutes 
les  religions  de  l'Asie ,  les  plus  nou- 
velles comme  les  plus  anciennes ,  de- 
puis le  mahométisme  jusqu'au  boud- 
dhisme et  même  jusqu'au  brahmanisme! 
où  trouver  ailleurs  aussi  complètement 
réunies  toutes  les  conditions  de  la  plus 
vaste  eathoUcUé  f 


De  tristes  malentenddâf  Odt  seob 
motivé  la  lutte  du  protestantisme  et 
de  la  papauté  au  seizième  siècle.  Ui 
christianisme  ne  repousse  ni  le  pri 
cipe  de  l'unité  que  défendaient  les  ( 

f)es ,  ni  le  principe  de  la  liberté  po 
equel  combattaient  les  protestao* 
avec  un  peu  moins  d'exagération 
part  et  d'autre ,  on  serait  faciletn 
tombé  d'accord ,  et  on  n'aurait 
prêté  le  flanc  aux  envahissementâ 
la  puissance  temporelle.  Le  chri 
nisme  ne  repousse  pas  non  plus  le  [ 
cipe  de  la  fraternité ,  de  l'égalité  et 
progrès  au  nom  duquel  la  philoso 
du  dix-huitième  siècle  battit  en  br 
et  le  protestantisme  et  la  papai 
tout  au  contraire ,  il  en  est  le  sou 
inébranlable.  Si  les  protestants  et 
catholiques,  oublieux  de  la  morale 
Christ ,  n'avaient  pas  tonné  contre 
philosophes,  ceux-ci  ne  se  scrr 
pas  montrés  aussi  aveugles  envei 
christianisme,  qui  est  un  arsenal 
plet ,  qui  contient  en  lui  tout  ce  i^ 
philosophie  a  cru  découvrir  et  qui 
sède  toutes  les  ressources  nécess 
pour  améliorer  le  sort  du  monde. 
Aussi ,  voyez  comme  il  s'avanee 
cessivement  à  la  conquête  de  l'uni' 
Déjà  toute  l'Europe ,  à  l'exception 
peu  qui  reste  de  la  Turquie ,  est  "* 
tienne;   l'Amérique   entière,  i 
quelques  sauvages  indigènes,  est 
tienne  ;  une  grande  portion  de  T 
soumise  aux  Russes  et  aux  An 
est  chrétienne  ou  obéit  au  ch 
nisme;  avec  la  France,  le  christiai 
règne  à  Alger;  une  foule  de  col 
européennes  ont  été  l'implanter 
d'autres  côtes  de  l'Afrique ,  et  jif 
dans  les  îles  de  la  Polynésie.  Là 
sionnalres  de  toutes  les  Églises  le 
piagent  incessamment  et  le  font  " 
-trer  jusqu'au  sein  des  déserts, 
cette  immense  république ,  il  y  a  l'i 
de  dix  empires  aussi  grands  que 
cien  empire  romain.  Desespossci 
directes,  si  l'on  passe  aux  paysq 
domine  ou  qu'elle  menace ,  on  v 
Turquie  d'Europe,  dont  la  popo 
est  presque  entièrement  cbréticf 
la  veille  d'échapper  aux  rausa 
et  de  suivre  l'exemple  de  la  G  ^ 


Cfift 


PkANCE. 


c«à 


n! 


franchie;  PAsie  Mineure,  la  Perse, 
FArabie,  TÉgypte  et  les  régences  de 
tttfaarie ,  en  un  mot ,  tout  rislamisme , 
aar  le  point  4e  subir  le  même  sort 

SipÂigérie.  L'Asie  entière,  à  part 
ipire  chinois ,  est  sous  l'ascendant 
i9<Rasses  et  des  Anglais ,  qui  n'at- 
iiileQt  qu'une  occasion  pour  se  la 
Hta^r;  la  Chine  elleméme  serait 
mt  d*état  de  résister  aux  attaques 
Hnbi&ées  des  armées  de  la  Russie  et 
flattes  de  l'Angleterre.  Il  est  donc 
évident  que  c'est  Télëment  chré- 
qui  fait  aujourd'hui   la  loi  au 
[e;  encore  quelques  pas,  et  Tuni- 
tout  entier  sera  le  domaine  du 
tiaoisme ,  qui  Tenserre. 
te  pins  grand  obstacle  qui  s'oppose 
'ûttenant  à  l'accomplissement  des 
'ennes  prophéties ,  ce  sont  les  dé- 
ents  intérieurs  de  la  république 
eone.  Divisée  enj)lusieurs  Églises 
B,  la  grande  Eglise  a   tourné 
t  elle-même  la  force  qui  ne  lui 
été  donnée  que  pour  faire  triom- 
le  christianisme.  Fier  de  sa  su- 
ite ,  le  catholicisme  a  refusé  de 
attre  TËglise  grecque ,  si  puis- 
int  représentée  aujourd'hui  par 
^nnpereurs  russes;  et  il  a  long- 
traité  en  filles  révoltées  les  nom- 
Églises  auxquelles  a  donné 
nce  le  protestantisme.  Mais  les 
ences  sont  moins  profondes  qu'on 
icrait  tenté  de  le  croire,  en  ne 
que  les  effets  de  l'animosité 
une;  il  y  a  dans  le  christianisme 
d'ampleur  et  assez  d'esprit  de 
îliation  pour  que  la  lutte  aes  dif^ 
tes  Églises  se  termine   par  de 
I  concessions.  Si  les  leçons  de 
bire,  pendant  les  trois  derniers 
s,  ont  suffisamment  prouvé  aue, 
lé  domaine  religieux  comme  dans 
«naine  politique,  la  monarchie 
.  rselle  est  ùh  rêve,  on  commence 
ii  à  comprendre  que  l'unité  n'offre 
moins  dVivantages  en  religion  qu'en 
**1tte.  Ce  que  n'a  pu  faire  la  con- 
avec  la  force  des  armes ,  l'asso- 
le fera  avec  le  secours  de  la 
^  Déjà ,  en  politique ,  la  concep- 
dëréqnilibre  a  été  acceptée  comme 
ibeiliear  moyen  d'obtenir  les  avan* 


tages  de  !^unité ,  sans  en  avoir  les  in- 
convénients, c'est-à-dire,  sans  violet 
l'indépendance  des  peuples  qui  ont  sa 
asseoir  leur  nationalité  sur  aes  fonde- 
ments solides  ;  la  diplomatie  sagement 
comprise  est  le  meilleur  gage  d'union 
et  d'harmonie.  Eh  bien  !  cette  même 
conception  de  l'équilibre,  ne  pour* 
rait-on  pas  s'en  servir  avec  encore  plus 
de  facilité  pour  ramener  la  paix  dans 
le  sein  de  la  république  chrétienne.^ 
Des  négociations  ne  s'entameront-eltes 
jamais  entre  toutes  ces  Églises  qui  de- 
vraient être  lasses  de  s'entre-choquer 
inutilement,  et  qui  devraient  enfin 
comprendre  que  la  division  du  travail^ 
en  religion  comme  en  économie  politi- 
que, est  un  moyen  d'arriver  plus  sûre- 
ment et  plus  rapidement  au  but  ?  Le  jour 
où  le  christianisme  aurait  ses  congrès 
comme  la  diplomatie,  ce  jour-là,  la  su- 
périorité de  la  papauté  cesserait  d'être 
un  objet  de  contestation  (*).  Sous  la 
présidence  de  quelle  autre  Eglise  que 
l'Église  romaine  pourraient  être  tenus 
ces  nouveaux  concilesPL'Ëglisegrecque 
est  soumise  à  l'autorité  temporelle  du 
czar  ;  l'Église  anglicane  et  les  Églises 
protestantes  dépendent  également , 
d'une  manière  plus  ou  moins  directe, 
du  chef  politique  de  l'État;  la  papauté 
^eule  ne  courbe  pas  la  tête  devant  répée 
de  César  ;  elle  ne  relève  que  de  Dieu 
même.  De  ce  rapprochement  des  Égli- 
ses ,  résulterait  une  régénération  reli- 
gieuse ,  qui  centuplerait  la  force  d'ac- 
tion du  christianisme;  et  le  triomphe 

(*)  Un  précédent  de  triste  mémoire  a 
prouvé  naguère  qu'un  rapprochement  entre 
les  différents  cultes  a  cessé  d*é(re  imprati- 
cable. On  a  va  la  Russie,  TAutriche  et  la 
Prusse ,  c'est-à-dire ,  trois  puissances  repré- 
sentant l'église  grecque ,  l'église  protestante 
et  réglise  catholique ,  en)  appeler  à  la  re«- 
ligion  pour  cimenter  leur  politique  rétror 
grade.  Ce  qu'a  fait  la  sainte  aUiance  pour 
la  cause  du  passé ,  les  peuples ,  s'ils  suiven| 
les  nobles  conseils  de  Béranger,  le  feroni 
lin  jour  pour  la  cause  de  l'avenir.  Et ,  s'il 
faut  un  président  à  celte  nouvelle  alliance, 
véritablement  digne  du  nom  de  sainte ,  ce 
n'est  pas  au  czar  qu'elle  s'adressera,  c'est 
aux  héritiers  des  Sixte-Quint  et  des  Gré- 
goire TII. 


i72 


GilB 


L'UNIVERS. 


CHR 


de  la  papauté ,  pour  être  moins  impé- 
rieux, ne  serait  pas  moins  éclatant. 
Dans  une  postérité  peu  reculée  peut- 
être,  nos  neveux  pourraient  voir  le 
monde  entier  converti  au  catholicisme , 
suivant  les  prédictions;  la  terre  déli- 
vrée du  fléau  de  Tesclavage  et  de  la 
polygamie,  et  voyant  commencer  le 
règne  universel  de  la  liberté ,  de  l'éga- 
lité, de  la  fraternité  et  du  progrès. 
Malheureusement  un  dernier  reste 
d'animosité  ajournera  peut-être  à  long- 
temps encore  la  réconciliation  que  nous 
appelons  de  tous  nos  vœux  pour  la 
gloire  de  TËglise  chrétienne  autant 
que  pour  le  bonheur  de  la  famille  hu- 
maine. 

Mais  aujourd'hui  même,  le  christia- 
nisme tel  qu'il  est  représente  rétablis- 
sement le  plus  gigantesque  et  le  plus 
grandiose  dont  Thistoire  ait  jamais 
donné  le  spectacle.  Ce  ne  seront  certes 
pas  les  pronostics  passionnés  de  quel- 
ques matérialistes  ou  de  quelques  mé- 
taphysiciens,  si  grand  que  soit  leur 
mérite  personnel,  qui  arrêteront  sa 
marche  ascendante.  Rien  ne  manque 
plus  à  son  triomphe  :  la  philosophie 
elle-même  est  à  moitié  convertie;  fai- 
sant un  noble  retour  vers  la  tradition , 
elle  a  le  bon  esprit  maintenant  de 
s'appuver  sur  le  passé  pour  se  diriger 
plus  sûrement  et  plus  majestueusement 
vers  Tavenir.  Si  le  christianisme  avait 
pu  périr,  il  aurait  succombé  sous  les 
coups  simultanés  de  la  philosophie  d^ 
dix-huitième  siècle  et  de  la  révolution 
de  1793;  ayant  résisté  à  ce  double 
choc,  ayant  reconquis  et  ranimé  à  son 
teu  sacré  ceux  mêmes  qui ,  un  instant, 
avaient  espéré  de  le  détruire,  il  a  do- 
rénavant d'autant  moins  à  craindre 
qu'il  est  sorti  de  la  lutte  plus  jeune  et 
mieux  retrempé,  et  que  c'est  TÈvangile 
à  la  main  que  les  peuples  aujourd'hui 
demandent  un  soulagement  à  leurs 
misères.  Il  est  donc  temps  que  la 
France  reprenne  son  ancien  rôle;  le 
christianisme  et  la  civilisation  ne  sont 
Cju'une  seule  et  même  chose;  se  mettre 
à  la  tête  du  christianisme,  c'est  mé- 
riter encore  mieux  de  rester  à  la  tête 
de  la  civilisation.  Depuis  un  quart  de 
siècle  surtout  notre  essor  est  entravé , 


parce  que  n'étant  plus  philosophes, 
nous  ne  savons  pas  redevenir  chré- 
tiens comme  l'étaient  nos  pères  dans 
les  belles  époques  de  notre  histoire. 
Nous  sommes  toujours  le  peuple  le  plus 
sociable,  le  plus  charitable,  le  plus  civi- 
lisateur; mais  nous  ne  possédons  plus 
cet  ascendant  moral  qui  était  le  plus 
bel  attribut  de  notre  nation.  Encore 
une  fois ,  cela  vient  de  ce  que  nous  né* 
gligeons  trop  de  placer  notre  politique 
bienfaisante  sous  l'égide  du  christia- 
nisme, qui  féconde  tout  ce  qu*il  pro- 
tège. 

Dans  la  question  d'Orient ,  par 
exemple ,  quel  peuple  a  manifesté  des 
sentiments  plus  honorables  et  [liui 
désintéressés  que  la  nation  firan(^aise, 
toujours  prête  à  secourir  tantôt  |i 
Grecs  renaissant  à  la  liberté,  tantôt' 
Ëgyptiens,  tantôt  les  Turcs  essay 
de  se  régénérer,  c'est-à-dire,  d'entr 
dans  le  mouvement  de  la  civilisât!' 
moderne?  £t  cependant  cet  exenaple 
été  jusqu'à  ce  jour  sans  une  influei 
.bien  marquée  sur  l'opinion  des  au 
nations  de  l'Europe.  L'Angleterre  et 
Russie,  beaucoup  plus  habiles  que  noi 
sont  parvenues  à  voiler  leurs  proj 
ambitieux  en  excitant,  au  nom 
christianisme,  les  passions  des  peu 
contre  les  mahométans  de  Consta 
nople  et  d'Alexandrie.  En  réalité, 
n'est  pas  à  l'affranchissement  des 
tiens  qu'elles  aspirent,  c'est  à  l'en 
hissement,  celle-ci  du  détroit 
Dardanelles,  celle-là  de  l'isthme 
Suez  ;  mais  Tune  et  l'autre  ont  l'art 
mettre  leur  intérêt  personnel  à  couf 
sous  le  manteau  de  la  religion.  No 
au  contraire,  ce  que  nous  dési~ 
avant  tout ,  c'est  l'amélioration  du 
des  chrétiens,  c'est  leur  délivr 
mais  comme  nous  n'avons  jamais 
mot  de  diristianisme  à  la  bo 
tout  en  ayant  une  politique  confoi 
à  ses  maximes,  et  que  d'un  autre 
nous  favorisons  les  projets  de  r' 
ration  des  musulmans,  ce  qui 
encore  cojiforme  au  christianisme, 
adversaires  s'appliquent  et  ne  r 
sent  que  trop  a  nous  faire  passer 
un  peuple  impie  qui  pactise  avec 
infidèles.  Si  nous  prouvions  bau 


J 


CHft 


FRANCE. 


GHtt 


17a 


à  TEarope  que  notre  politique  est 
beaucoup  plus  dans  le  véritable  esprit 
du  cbristianisnie  que  celle  de  ceux  qui 
nous  accusent,  Terreur  générale  serait 
bientôt  dissipée.  Or,  la  meilleure  ma- 
nière de  le  prouver,  c'est  de  parler, 
oon-seulemeot  au, nom  de  la  civilisa- 
tion que  certains  Étuts  ne  se  fout  pas 
défaut  de  tourner  en  dérision,  mais 
encore  au  nom  du  christianisme ,  c|u*ils 
font  profession,  au  moins  publique- 
ment, de  respecter.  Pourquoi  nous  pri- 
Ter  gratuitement  d'un  pareil  secours? 
De  nos  jours,  le  cliristianisme  est 
la  cause  ou  le  prétexte  de  tout  ce  qui 
,  se  fait  d'important  dans  le  monde«  Sa 
puissance  matérielle  est  vigoureuse- 
ment représentée  par  l'Angleterre  et 
inrla  Russie,  deux  peuples  chez  les- 
quels le  pouvoir  temporel  et  le  pouvoir 
3>irituel  sont  réunis  dans  la  personne 
0  chef  de  TÉtat;  quant  à  sa  puissance 
norale,  elle  semble  tout  à  fait  effacée 
^pois  que  la  papauté,  négligeant  de 
iiriger  hardiment  les  peuples  catholi* 

Pies  et  s'épuisa nt  dans  des  disputes 
Qtiles  avec  l'Église  protestante  et 
figiise  grecque,  a  perdu  le  prestige 
^1  omnipotence.  Tant  que  le  clergé 
.Aétien  n'aura  pas  trouvé  le  secret 
Ane  nouvelle  association  plus  large 

re l'ancienne,  il  en  sera  de  même,  et 
politique  demeurera  prépondérante 
iBf  la  religion.  Cependant  la  civilisa- 
"tioo  n'est  pas  absolument  privée  de 
Censeur;  la  France  la  protège  et  la 
%a  triompher.  Mais  combien  son 
triomphe  serait  plus  pro  npt  et  plus 
complet,  si  le  peuple  fran(;jai8 ,  embras- 
tsuit  de  nouveau  le  christianisme  avec 
mtant  d'ardeur  que  par  le  passé,  rede- 
ytmi  le  peuple  très-chrétien!  Alors, 
tp  présence  du  christianisme  mercan- 
tile des  Anglais  et  du  christianisme 
^uérant  des  Russes,  on  verrait 
urgir  un  christianisme  civilisateur, 
«tiquel  ne  tarderaient  pas  à  se  rallier 
toutes  les  nations  de  l'Europe  et  du 
nonde,  qui  gémissent  sous  le  double 
çog  de  l'Angleterre  et  de  la  Russie. 
Joe  telle  mission  serait- elle  donc  au- 
tesus  des  forces  de  ce  peuple  que  le 
monde  entier  a  salué  longtemps  du 
nom  de  grande  nation  ? 


Chbistin  (G.  Gab.  Fréd.),  avocat» 
député  aux  états  généraux,  né  à  Saint* 
Claude  en  1744 ,  uublia  des  Mémoires 
en  faveur  des  serfs  du  chapitre  de  cette 
ville,  et  sut  intéresser  Voltaire  à  leur 
cause,  qui  échoua  devant  un  arrêt  con* 
firme  par  le  conseil  d'État.  Après  la 
session  de  l'Assemblée  constituante, 
Il  revint  occuper  la  place  de  président 
du  tribunal  de  son  district,  et  périt  en 
1799,  dans  l'incendie  qui  consuma  la 
ville  de  Saint-Claude.  Il  a  laissé  une 
Dissertation  sur  Pabbaye  de  Saint* 
Clavde^  ses  chroniques ^  ses  légendes , 
ses  chartes,  etc.,  1772,  in-8**;  une 
Collection  de  Mémoires  présentés  au 
roi  par  les  habitants  du  Mont-Jura 
et  le  chapitre  de  Saint-Claude,  etc., 
1772 ,  in-8°.  Il  est  auteur  de  la  Lettre 
du  P.  Polycarpe  à  tavoccU  général 
Séguier,  attribuée  à  Voltaire. 

Chbistine  de  France,  digne  fille  de 
Henri  IV,  née  en  1606,  épousa,  en 
1619,  Victor-Amédée  II,  duc  de  Sa- 
voie. Ce  prince  étant  mort  en  1637, 
elle  gouverna,  pendant  la  minorité  de 
son  fils,  avec  prudence  et  fermeté. 
Attaquée  par  ses  deux  beaux-frères, 
dont  l'un,  le  prince  Thomas,  ligué  avec 
les  Espagnols,  réussit  à  s'emparer  de 
Turin ,  elle  se  mit  sous  la  protection 
de  Louis  XIII,  son  frère,  fit  rentrer 
le  Piémont  sous  l'autorité  de  son  fils, 
Charles-Emmanuel  II,  et  rendit  le 
calme  à  ses  États.  Cette  princesse 
mourut  en  J 663. 

*  Chhistinedb  Pisan  était  fille  d'un 
conseiller  de  la  république  de  Venise. 
Son  père,  Thomas  de  Pisan,  fut  appelé 
en  France  par  Charles  V,  en  qualité 
d'astronome.  C'était  en  1368.  Chris- 
tine avait  alors  cinq  ans.  Elle  fut  élc* 
vée  à  la  cour  de  France ,  et  épousa , 
dès  l'âge  de  quinze  ans,  un  gentil» 
homme  picard  nommé  Pierre  du  Car- 
tel. Mais  bientôt  Charles  V  mourut; 
Thomas  de  Pisan ,  déchu  de  son  cré> 
dit,  mourut  peu  après  de  vieillesse,  et 
surtout  de  chagrin ,  et  du  Castel  lui- 
même  ne  tarda  pas  à  les  suivre.  De- 
meurée veuve  avec  trois  enfants,  sans 
famille  et  sans  protecteurs ,  Christine 
chercha  sa  consolation  dans  l'étude. 
Elle  lut  les  livres  que  lui  avait  laissés 


t74 


^M 


L'UNIVF».^. 


c#» 


son  pèpe;  e^]e  j^ss^yç  d-^  composer  à 
Son  tour.  Ses  premiers  écrits,  ses 
petits  Dictiez ,  comme  elle  les  appe^ 
fait ,  compo3és  de  ballades ,  de  lais,  de 
rondeaux  ,  et  autres  poésies  légères, 
lui  firent  bientôt  un^  réputation  qui 
ne  tarda  pas  à  se  répandre ,  même  au 
dehors  de  la  France.  Le  roi  d'Angle- 
terre, le  duc  de  Milan,  firent  tous  leurs 
efforts  pour  fattirer  à  leur  cour;  mais 
rien  ne  put  la  décider  à  quitter  son 
pays  d'adoption,  Philippe,  duc  de 
Bourgogne ,  prit  à  ses  gages  son  fils 
aîné ,  et  donna  encore  à  notre  poè'te 
d'autres  témoignages  du  vif  intérêt 
qu'il  lui  portait  ;  mais  on  ne  voit  pas 
que  Christine  ait  profité ,  pour  s'enri- 
chir, de  la  protection  des  grands  et  du 
jcrédit  que  lui  donnait  sa  réputation. 
Elle  vécut  dans  un  état  voisin  de  la 
gêne;  et  nous  trouvons,  en  1411,  que- 
le  roi  lui  accorda  un  secours  de  200 
livres.  On  ne  sait  ni  où ,  ni  en  quelle 
année  elle  mourut. 

C'était  une  femme  d'une  grande 
beauté,  si  l'on  en  iuge  par  un  portrait 
qui  est  en  tête  d  un  des  manuscrits 
de  la  bibliothèque  royale.  Ses  ouvra- 
ges ,  extrêmement  nombreux ,  puis- 
Îju'ijs  ne  forment  pas  moins  de  15  vo- 
umes,  ne  méritent  pas  l'oubli  profond 
où  ils  sont  tombés.  ]S'était*4a  langue 
imparfaite  et  bégayante  de  son  temps, 
Christine  de  Pisan  serait  un  grand 

Ï)pëte.  Elle  a  du  poète  véritable  toute 
a  noblesse  de  sentiments,  toute  la 
tendresse id' âme,  toute  la  grâce;  il  ne 
lui  a  manqué  qu  un  bon  instrument. 
Le  sien  lui  a  suffi  pour  traduire  sa 
pensée;  mais  ce  n'était  point  assez 
pour  se  faire  entendre  de  la  postérité. 
Il  n'y  a  pas  d'édition  générale  des 
œuvres  de  Christine  de  Pisan;  mais 
Une  bonne  partie  de  ses  écrits  a  été 
réimprimée  dans  les  tomes  II  et.III  de 
Ja  collection  des  meilleurs  ouvrages 
français  composés  par  des  femmes. 
Bon  jaîstoire  du  roi  Charles  le  Sage, 
publiée  pnr  l'abbé  Lebeuf  dans  les 
notes  du  3®  volume  de  son  Histoire  de 
'PariSy  a  été  reproduite  dans  le  tome  V 
de  la  première  série  des  Mémoires  sur 
l'histoire  de  France  publiés  par  M.  Pe- 
titot.  M.  Hiomassy  a  fait  paraître,  dans 


ces  dernières  années,  un  Essai  sur  les 
écrits  politiques  de  Christine  de  Pi' 
san  y  suivi  d'une  notice  littéraire  et 
de  pièces  inédites,  Paris,  1838,  in-8°. 

Chboniques.  Voyez  Histoire. 

Chroniques  de  Sainx-Denis  (les), 
appelées  aussi  les  grandes  chrofdqm 
de  France.  Cet  ouvrage,  l'un  desçlus 
curieux  monuments  de  notre  histoire) 
jouissait  autrefois  d'une  grande  répu- 
tation. Mais  après  avoir  servi  de  oasf 
à  nos  premiers  annalistes,  tels  quf 
picole,  Gilles,  Gaguin ,  etc.,  il  tomhi 
dans  un  tel  discrédit  au  dix-septièine, 
siècle,  qu'à  peine  quelques  éruditf 
osaient  y  avoir  recours.  Cependant  u| 
mémoire  que  la  Curne  de  Sainte-PçJ 
laye  consacra  à  cet  ouvrage,  et  quitt 
inséré  dans  le  recueil  de  l'Académi 
des  inscriptions  et  belles-lettres,  le 
jmit  en  faveur,  et  depuis  cette  époqi 
son  autorité  n'a  fait  que  s'accroître. 

D'après  une  savante  notice  de  M. 
X.acabane,  publiée  dans  la  Bibli 
que  de  l'école  des  chartes,  lesgr 
chroniques  ne  remontent  pas  au 
des  premières  années  du  règne  de 
lippe  le  Hardi ,  qui  parvint  au 
en  1270.  Entreprises  par  l'ordre 
prince,  et  peut-être  même  par  celui 
Louis  IX,  elles  furent  exécutées 
les  yeux  du  célèbre  Vendôme,  abl 
Saint-Denis,  et  régent  du  roya 
par  un  religieux  de  son  abbaye, 
mé  Primaz.  Le  travail  primitif, 
s'arrêtait  à  la  mort  de  PhiUppe 
guste  (1223) ,  était  déjà  terminé 
1274,  époque  ou  il  fut  présenté 
l'auteur  à  Philippe  le  Hardi. 

Dans  cette  première  partie  des 
niques,  on  trouve,  cour  le  com 
ment  de  notre  histoire,  un  grand 
bre  de  fables  qui  faussèrent  coi 
tement,  pendant  pluisieurs  siècles 
idées  que  l'on  devait  avoir  sur  V\ 
gine  de  la  monarchie  française.  ' 
,Yant  elles,  les  Gaulois  et  les  F 
étaient  issus  des  fugitifs  de  Troie 
uns  par  Brutus,  prétendu  fils  d' 
nius,  fils  d'Ënée;  les  autres  par 
eus  ou  François,  fils  d'Hector, 
Jusqu'au  règne  de  Charlemagoe, 
narration  suit  en  général  un  seulî 
teur,  Aimoin,  reUgieux  dtFkwg 


cm 


FflÀHCp. 


CHU 


175 


de  Saiot-Bejf^-aur-Loîjre  au  dixième 
siède;  puis  vienjt  une  traduction  fort 
inexacte  deJa  vie  de  Charlemagne,  par 
lôn  secrétaire  Éginhard;  puis  un  frag- 
meot  de  la  fausse  clironique  de  l'ar- 
cbe?équeTurpin,  où  sont  détaillés  les 
6its  et  prouesses  du  preux  Roland. 
Ibis  cette  partie  de  Touvrage  est  la 
(eule  où  se  trouvent  entremêles  des  dé- 
tirés des  romans  du  moyen  âge. 
reste  est  emprunté  à  nos  anciens 
)rien8  qui  ont  écrit  en  latin,  com- 
l'auteur  anonyme  de  la  Fie  de  Louis 
itébonnaire;  Suger  ;  les  deux  auteurs 
^\  rie  de  Louis  FH;  Rigord;  Guil- 
16  le  Breton  ;  Thistorien  de  Louis 
;  Guillaume  de  Nangis,  auteur  des 
de  saint  Louis  et  de  PhUippe  le 
rdif  ainsi  que  d'une  chronique  qui 
réte  à  Tan  1301;  enfin  le  premier 
itinuateur  de  ce  même  Guillaume 
)!faiigis,  de  1301  à  1340.  Jusqu'à 
je  époque,  les  Chroniques  de  Saint- 
*T  ne  sont  que  la  traduction  frau- 
de textes  latins  antérieurs ,  où 
intercalés  de  loin  en  loin  des  faits 
à  d'autres  sources,  mais  trop 
nombreux  pour  donner  au  récit 
'es  renferme  le  caractère  et  le  mé- 
d'une  composition  originale.  De 
4e  134Q  à  Tavénement  du  roi 
en  1 350  ,  la  rédaction  devient 
ornent  originale.  L'histoire  de 
années  est  fou  vrage  d'un  moine 
Saint  -  Denis  ,  qui  écrivait  avant 
Jbataille  de  Poitiers.  Interrompu 
*  fin  du  rè^ne  de  Philippe  de  Va- 
ce  recueil  fut  longtemps  aban- 
é,  et  ne  fut  repris  que  sous 
les  V. Ce  prince,  suivant  l'auteur 
[focellente  notice  déjà  citée,  char- 
"^JPierre  d'Orgemont,  chancelier  de 
ie,  de  continuer  ce  grand  travail; 
igistrat  le  continua  en  effet  jus- 
1375  ou  1377,  et  trèsnrobaole- 
jusqu'à  la  mort  de  Charles  V, 
I.  A  dater  de  l'avènement  de 
W^  les  Grandes  chroniques 
it  plus  qu'une  copie  littérale  de 
nre  de  Juvénal  des  Ursins  jus- 
1402,  et  de  la  chroniçjue  de  Jean 
tier  pour  les  20  années  qui  sui- 
Là  rarrétent  les  manuscrits  qui 
uatn  de  ttxte  à  1^  première  édi- 


l 


tion  de  ces  chroniques  publiée  en  14d6. 
C'est  seulement  depuis  qu'on  y  a  ajouté 
les  Fies  de  Louis  XI  ^  de  Charles 
FUI  et  de  Louis  XU.  Reproduit  dans 
la.  collection  des  historiens  de  France 
publiée  par  dom  Bououet  «  ce  recueil 
a  été  de  nouveau  publié  séparément, 
il  y  a  quelques  années,  par  M.  Paulin 
Paris,  sous  le  titre  suivant  :  Grandes 
chroniques  de  France,  selon  qu'elles 
sont  conservées  en  téglise  de  Saint- 
Denis  en  France ,  Paris ,  1839  et  suiv., 
in-fol. 

Chronique  scandaleuse. —Lors- 
ue  Louis  XV,  usé  par  la  débauche, 
ut  devenu ,  comme  son  bisaïeul  l'a- 
vait été  dans  sa  vieillesse ,  un  sultan 
inamusable,  le  lieutenant  général  de 
police  imagina,  pour  ranimer  son  es- 
prit épuisé ,  de  faire  recueillir  par  ses 
agents  tout  ce  qui  se  passait  d'amu- 
sant ,  d'impudique  et  de  scandaleux , 
dans  les  petites  maisons  des  grands 
seigneurs,  dans  les  couUsses  des  théâ- 
tres et  dans  les  mauvais  lieux  de  Paris. 
A  ces  documents  il  Ht  joindre  l'histoire 
des  relations  des  plus  illustres  liber- 
tins avec  les  plus  célèbres  courtisanes, 
l'histoire  des  prêtres  et  religieux  sur* 
pris  dans  des  maisons  de  prostitu- 
tion, etc^  Quand  on  manquait  d'anec- 
dotes ,  on  en  inventait ,  et  tous  les 
matins,  ce  dégoûtant  rapport  était 
présenté  au  roi,  qui  s'en  amusait  beau- 
coup dans  son  lit,  et  se  plaisait  à  ra- 
conter a  son  lever,  en  présence  de  ses 
courtisans,  les  actes  de  libertinage 
que  quelques-uns  d'entre  eux  avaient 
commis  la  veille,  et  que,  par  un  reste 
de  pudeur,  ils  auraient  voulu  cacher. 

Cette  honteuse  complaisance  du 
lieutenant  de  police  dura  longtemps , 
et  fournit  assez  de  matériaux  pour 
que  de  cette  collection  d'anecdotes  im- 
pures on  pût  composer  un  livre  qui 
eut ,  sous  le  titre  de  Chroniques  scan» 
daleusesy  trois  éditions  successives, 
en  deux ,  trois  et  quatre  volumes.  Par 
un  raffinement  digne  de  l'époque ,  on 
attribuait  ce  sale  ouvrage  à  un  béné- 
dictin ,  que  cependant  on  ne  nommait 
point.  Ces  archives  de  la  dépravation 
des  classes  élevées  peuvent  servir  à 
l'histoire  des  mœurs  du  dk-huitièinç 


1 


176 


ClC 


L'UNIVERS. 


CtM 


siècle;  mais  le  proGt  qu'on  en  peut  ti- 
rer est  loin  de  compenser  le  dégoût 
qu'elles  inspirent. 
Chypbe  (  royaume  de).  Voyez  Jé- 

RU>ALEM. 

CiBOT  (Pierre-Martial),  l'un  des  plus 
distingués  parmi  les  missionnaires 
français  de  la  Chine,  naquit  à  Li- 
moges en  1727,  entra  fort  jeune  dans 
l'ordre  des  jésuites ,  et  partit  en  1758 
pour  les  missions  de  la  Chine.  11  ar- 
riva en  1760  à  Péking,  et  y  resta  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  en  1780.  C'est  à 
lui  et  au  P.  Amiot ,  son  collègue ,  que 
l'on  doit  la  plus  grande  partie  des  do- 
cuments qui  sont  parvenus  en  Europe, 
à  la  fin  du  sieMe  dernier ,  sur  le  cé- 
leste empire.  Les  recherches  de  ces 
deux  savants  sont  répandues  dans  les 
quinze  volumes  des  Mémoires  sur  les 
Chinois^  et  forment  la  partie  la  plus 
importante  de  ce  recueil. 

CiGÉBi  (  Pierre-Luc-Charles  ) ,  né  à 
Saint-Cloud  en  1782 ,  fut  élève  de  l'ar- 
ehitecte  Bellangé,  puis  étudia,  dans 
les  ateliers  de  rO[)éra ,  la  peinture  de 
décorations,  et  devint  bientôt  un  de  nos 
plus  habiles  décorateurs.  Cicéri  a  fait 
taire  à  son  art  d'immenses  progrès. 
Le  nombre  des  ouvrages  qu'il  a  exécu- 
tés pour  différents  théâtres  s'élève  à 
près  de  400,  Nous  n'entreprendrons 
point  de  les  mentionner  ici  ;  mais  nous 
devons  citer  ses  décorations  de  la  res' 
taie,  é''Armide^  de  la  Lampe  mer- 
veilleuse y  àt  la  Muette  de  Portidj  de 
Moïse  y  de  Robert  le  Diable  y  etc.  Il 
fut  chargé,  en  1810,  «par  le  roi  de 
Westphalie,  d'exécuter  les  décora- 
tions du  grand  théâtre  de  Cassel ,  et 
c'est  à  lui  que  fut  confiée  la  direction 
des  fêtes  du  sacre  de  Charles  X. 

CiGÉBON,  lieutenant-colonel  de  la 
garde,  commandant  le  bataillon  des 
vélites  de  Turin,  résista,  avec  450 
hommes ,  pendant  huit  jours ,  en  oc- 
tobre 1813 ,  dans  la  ville  de  Vurtzen, 
aux  assauts  de  plus  de  8,000  Russes , 
qui  ne  purent  jamais  parvenir  à  l'en- 
tamer. Après  leur  avoir  fait  éprouver 
des  pertes  considérables,  il  effectua  sa 
retraite  au  travers  des  bataillons  enne- 
mis, fit  sauter  le  pont  de  Vurtzen,  et  ar- 
riva heureusementau  quartier  général. 


CiMBBEs  (Voyez  Rimbis.) 
CiMETiÈBE.  ^Chez  les  Gaulois  et 
chez  les  Romains,  les  inhumations 
avaient  lieu  dans  des  champs  hors  des 
villes,  et  de  préférence  le  long  des 
grands  chemins  ;  et  quoique  leurs  tom- 
beaux fussent  assez  généralement  réu^ 
nis  dans  le  voisinage  des  endroits 
habités ,  ils  ne  formaient  point ,  à  pro- 
prement  parler,  de  cimetières.  C'esl 
a  l'introduction  du  christianisme  dao4 
les  Gaules  qu'est  dû  l'établissement 
de  ces  champs  de  repos.  En  effet,  c| 
fut  seulement  lorsque  l'on  eut  instituf 
l'usage  de  prier  pour  les  morts  danf 
les  lieux  mêmes  où  ils  reposaient, 
l'on  imagina  de  les  inhumer  tous  d 
un  même  local ,  afin  que  chacun 
recueillir  sa  part  des  grâces  que  : 
saient  descendre  du  ciel  les  prii' 
que  l'on  disait  pour  tous.  Telle 
1  origine  des  cimetières  chrétiens ,  qi 
l'on  établit  cependant  hors  des  vill 
selon  l'ancienne  coutume. 

Jusqu'à  l'empereur  Léon  II ,  qui 
gna  en  Orient  de  473  à  474,  ou,  se 
d'autres ,  jusqu'au  pape  du  même  n 

3ui  occupa  la  chaire  de  Saint-Pi( 
e  682  à  684 ,  il  fut  défendu  d'inhu 
dans  les  églises.  Mais  cette  prohi 
tion  ayant  alors  été  levée  pour 
églises  isolées  au  milieu  des  cham[ 
celles  des  villes  réclamèrent  bientôt' 
obtinrent  le  même  privilège.  Le  di 
de  reposer  dans  un  lieu  consacré 
d'abord   exclusivement    réservé 
évéques,-  aux  abbés  et  aux  princii 
dignitaires  du  clergé.  Mais  tout  ce 
appartenait  au  clergé  flit  ensuite 
mis  à  y  avoir  part ,  et  bientôt  les 
ques  eux-mêmes  réclamèrent  le  voi 
honneur  ;  mais  le  clergé  eut  soin 
ne  l'accorder  qu'avec  parcimonie, 
de  n'y  admettre  que  les  fondateurs 
les  bienfaiteurs  des  églises.  A  t'é| 
du  régime  féodal,  quand  les 
devenus  indépendants,  secouéreat^ 
joug  de  l'autorité  royale ,  et  en 

Ï>èrent  les  droits ,  ils  s'attribue 
'envi,  pour  eux  et  leurs  familles 
privilège  d'être  inhumée  dans  leségf 
et  les  monastères,  et  le  clergé  se 
vaitfort  heureux  quand  ils  ne  poi 
pas  plus  loin  encore  leur  exi( 


CIM 


FRANCE. 


riM 


177 


Toutefois ,  la  classe  noble  fut  la 
seule  entre  les  diverses  classes  de  laï- 
ques qui  jouit  du  droit  ^e  reposer  dans 
fes^lises,  et  toutes  les  autres  en  furent 
privées.  Bientôt ,  pour  satisfaire  celle- 
ci,  le  clergé  imagina  une  prérogative 
oui  devint  une  distinction  aussi  :  ce  fut 
06  leur  assigner ,  dans  le  voisinage  de 
relise,  un  terrain  particulier  quMI 
bénit,  et  qui  dès  lors  fut  regardé 
comme  la  récompense  d'une  mort 
dirétienne.  Bientôt  même  on  attacha 
aux  inhunaations ,  dans  cette  terre  bé- 
nite, une  si  grande  importance,  qu'en 
exclure  un  décédé  était  la  peine  la  plus 
terrible  qui  pût  être  infligée  à  sa  mé- 
moire, et  ceJle  dont  on  frappait  les 
excomoiuniés  morts  sans  s'être  récon- 
ciliés avec  rÉglise. 

Voilà  comment  les  cimetières  se 
trouvèrent  transportés  au  milieu  des 
Mitations.  Il  n'en  fut  pas  cependant 
jk  même  pour  tous.  Il  en  est  que  les 
ailles  allèrent  chercher  en  s'agrandis- 
it  et  en  les  enveloppant  dans  leur 
iote  :  tels  furent  a  Paris  celui  des 
cents ,  et  un  grand  nombre  d'au- 
situés  d'abord  à  une  grande  dis- 
,  et  qui ,  par  la  suite  des  temps , 
trouvèrent  au  centre  de  la  capi- 

Les  cimetières ,  quelque  part  qu'ils 
înt  placés,  furent  pendant  long- 
is  des  lieux  de  superstition  et  de 
uche.  De  prétendus  sorciers  s'y 
idâient ,  et  y  allumaient  des  cierges 
dant  le  jour ,  dans  la  persuasion 
les  âmes  des  défunts  dont  les 
tes  y  reposaient ,  évoquées  par  cet 
I,  viendraient   leur  révéler  les 
futures  et  cachées  ;  et  des  fem- 
de  mauvaise  vie  s'y  assemblaient 
ant  la  nuit ,  sous  prétexte  de  se 
ter  à  la  prière.  Ces  deux  pratiques 
ent  défendues  par  les  canons  34  et 
du  concile  d'Elvire  ;  la  première , 
e  qu'il  ne  faut  pas  inquiéter  les 
des  saints  ,  cereos  per  diem  in 
eterio  non  incendi ,  quia  inquie- 
^i  spiriius  sanctorum  non  sunt; 
seconde,  parce  que  les  femmes  que 
^votion  semblait  y  réunir  s'y  li- 
lîent  ouvertement  à  la  débauche,  eo 
[|«od  suh  obtentu  orafionîs  latenter 


scelera  committunt.  Jusqu'au  règne 
de  Philippe-Auguste ,  le  cimetière  des 
Iimocents  à  Paris  fut  le  théâtre  de 
désordres  tellement  scandaleux,  que 
ce  prince ,  pour  satisfaire  à  la  pudeur 
publique,  ordonna  qu'il  fût  entouré 
de  murailles. 

Depuis  cette  époque,  il  ne  s'est 
point  passé  de  siècle  qu  il  ne  soit  émané 
de  l'autorité  civile  ou  du  pouvoir 
ecclésiastique  quelques  prescriptions 
ayant  pour  but  de  maintenir  le  res- 
pect que  l'on  doit  aux  lieux  consacrés 
Ïiar  la  cendre  des  morts.  Pour  ne  par- 
er que  de  celles  qui  ont  été  publiées 
dans  des  temps  presque  modernes, 
nous  dirons  que  deux  conciles  tenus  à 
Bourges ,  l'un  en  1523  et  l'autrie  en 
1584,  ainsi  qu'un  autre,  assemblé  à 
Bordeaux  en  1624 ,  défendirent  de  te- 
nir dans  les  cimetières  des  assemblées 
profanes ,  telles  que  foires  et  marchés. 
Par  un  arrêt  du  .parlement  de  Dijon , 
du  3  mars  1560 ,  il  fut  défendu  au  sei- 
gneur de  Martigny-le-Comte  de  per- 
mettre à  ses  vassaux  de  danser  dans 
le  cimetière  de  cette  paroisse.  Mêmes 
défenses  furent  faites  en  1614  par  un 
arrêt  du  grand  conseil.  Le  parlement 
de  Rennes  défendit  en  1622  ,  sous 
peine  de  punitions  corporelles  ,  d'en- 
trer, tant  dans  les  églises  que  dans  les 
cimetières,  avec  armes  et  bâtons,  et 
d'y  commettre  des  indécences. 

L'inconvénient  d'avoir,  dans  l'en- 
ceinte d'une  capitale  qui  prenait  de 
l'accroissement  tous  les  jours,  des 
cimetières  qui  devenaient  autant  de 
foyers  d'infection ,  se  fit  sentir  à  la 
longue.  On  pensa  donc  à  les  transpor- 
ter hors  de  la  ville,  et  Charles  IX  con- 
clut l'idée  de  les  remplacer  tous  par  un 
immense  champ  de  repos  qu'on  aurait 
établi  au  bois  de  Boutonne.  Là ,  cha- 
que famille  se  serait  fait  élever  sous 
1  ombrage  un  asile  où  ses  membres  se 
devaient  tous  retrouver  un  jour ,  et 
au  bout  d'un  siècle,  cette  réunion  de 
monuments  funéraires  aurait,  selon 
ce  prince ,  transformé  la  forêt  en  un 
lieu  de  promenade  fort  agréable.  Cette 
idée  ne  fut  point  mise  à  exécution,  et 
c'est  seulement  beaucoup  plus  tard  que 
l'on  a  pris  une  mesure  que  réclamait 


T.  V.  12'  lÂvraisan.  (Dicx.  encygl.,  btc) 


12 


178 


€IN 


L'UNIVERS. 


CIN 


vivement  la  salubrité  publiée.  (Voyez 
Catacombes  de  Paris.  ) 

Depuis  la  révolution ,  le  choix  d*un 
étnplacement  pour  établir  un  cimetière 
est  laissé  à  Tautorité  municipiile;  mais 
avant  de  recevoir  le  corps  des  fidèles, 
il  faut  que  cet  emplacement  soit  bénit 
par  rÉglise.  En  conséquence  de  l'ar- 
ticle 25  d'une  ordonnance  de  1695,  les 
dmetières  doivent  être  entourés  de 
murailles ,  dont  l'article  3  du  décret 
du  23  prairial  an  xit  fixe  la  hauteur  à 
2  mètres  au  moins.  La  Convention 
nationale  avait  déclaré,  Je  12  frimaire 
an  II ,  qu*aiicune  loi  n'autorisait  à  re- 
fuser la  sépulture ,  dans  les  cimetières 
publics ,  aux  citoyënis  décédés ,  quelles 
que  fussent  leurs  opinions  religieuses  ; 
mais  le  décret  du  23  prairial  an  xii , 
cité  déjà  plus  haut ,  se  prêtant  à  des 
répugnances  qui  sont  encore  fort  en- 
racinées ,  surtout  darns  les  provinces  , 
ordonna  que  dans  les  communes  où 
Ton  professe  plusieurs  cultes ,  chaque 
culteaurait  son  lieu  d'inhumation  par- 
ticulier ;  et  qu^ ,  dans  lé  cas  où  il  n'y 
aurait  qu'un  seul  cimetière,  il  fât  par- 
tagé par  des  murs  y  haies  ou  fossés , 
(sn  autant  de  parties  qu'il  y  aurait  de 
cultes  différents. 

Cimier,  nom  des  ornements  dont 
étaient  surmontés ,  au  moyen  âge,  les 
casques  des  chevaliers.  Ces  ornements 
passèrent  ensuite  dans  le  blason,  et 
te  cimier  devint  une  des  pièces  les  plus 
importantes  de  Vécu  d'un  gentilhom- 
me. (Voy.  Blason.) 

CiNCiBiL.  —  Le  consul  Ce  Cassius , 
qui  commandait  en  l'an  186  avant  J.  C. 
rarmée  d'occupation  de  la  Gaule  trans- 
padane ,  ayant  révolté  par  ses  brigan- 
dages les  peuplades  gauloises  des  Al- 
pes, ces  peuplades  prirent  les  armes 
et  implorèrent  le  secours  de  Cincibil , 
l'un  des  chefs  les  plus  puissants  de  la 
Transalpine  orientale.  Mais  l'expulsion 
des  BoTes  et  la  conquête  de  toute  la 
Circumpadane  avaient  répandu  au  delà 
des  monts  la  terreur  du  nom  romain. 
Avant  d'en  venir  aux  moyens  violents, 
Cincibil  voulut  essayer  les  voies  de  pa- 
dllcation.il  envoya  a  Rome,  pour  porter 
les  plaintes  des  peuplades  des  Alpes, 
une  ambassade  présidée  par  son  pro- 


pre frère.  Le  sénat  répondît  «  qu'il 
«  n*avait  pu  prévoir  ces  violences ,  et 
ft  qu'il  était  loin  de  les  approuver;  mais 
c(  que  C.  Cassius  étant  absent  poui*  le 
«  service  de  la  république ,  la  justioe 
«  ne  permettait  pas  de  le  condaraner 
«  sans  l'entendre.  »  L'affaire  en  resta 
là;  toutefois  le  sénat  n'épargna  rieh 
pour  faire  oublier  au  chef  gaulois  ses 
sujets  de  mécontentement  (*).  Sob 
frère  et  lui  recurent  des  présents  nuk 
gnifiqués  :  cotliers  d'or ,  vases  d'ar* 
gent ,  chevaux ,  armures  et  habits  lé» 
mains  pour  tous  tes  gehs  de  leur  saift, 
libres  ou  esclaves. 

CiNGéTOEix,  noble  trévire,  qaî,|it 
jalousie  et  par  ambition ,  se  mit  a  11 
tête  du  parti  des  Romains,  quifi  s 
beau-père,  Indutiomar,  combattait  ai 
autant  de  patriotisme  que  d'hablli 
A  l'approche  de  l'armée  de  César 
courut,  avec  la  plupart  des  nobl 
se  joindre  au  général  romain  , 
son  rival  fut  contraint  de  se 
mettre.  Le  proconsul ,  récoitipeni 
la  trahison ,  t*etint  Indutidmat  pi  ~ 
nier,  et  signifia  à  sa  nation  qù* 
eût  à  reconnaître  Cingétorix  pour 
magistrat  suprême.  Mais  la  soUi 
sion  des  Trévires  ne  fut  pas  loi 
Sollicités  par  l'infatigable  Induth 
ils  se  levèrent  en  masse,  l'an  5^vj 
déclarèrent  Cingétorix  ennemi 

§atrie.  Le  banni  se  réftigia  aui 
ans  le  camp  de  Labiénus,  l'un 
heutenants  ne  César,  l'informa 
résolutions  du  conseil  et  des 
d'Indutiomar;  et  bientôt  une  san( 
défaite  essuyée  par  ses  compatrioi 
la  mort  d'Indutiomar ,  tombés 
champ  de  bataille,  le  remirent  à  la 
du  gouvernement.  Cependant  les  1 
virés  secouèrent  encore  une  foil 
joug;  mais  Labiénus  remporta, 
'an  51,  une  seconde  victoire  qui 
mit  enfin  complètement  cette 
geuse  nation. 

Cinq-Mabs  (Henri  CoiffierdeEi 
marquis  de  ) ,  second  fils  d^Anl 
Coiffier,  marquis  d'Effiat, 
de  France  et  surintendant  des  fini 


(*)  Thierry,  Histoire  des  Gtotois,  i 
p.  339. 


CIN 


FRANCE. 


CIO 


179 


naquit  en  1690.   Envoyé  de   bonne 
heure  à  la  cour,  il  y  nt  un  chemin 
rapide;  sa  beauté,  son  élégance ,  la  Ti^ 
Tacitédesoii  esprit  plurent  à  Louis  XIII» 
et  il  devint  le  favori  de  ce  prince. 
Il  fut  successivement  capitaine  d'une 
Gompapie  du  régimedt  des  gardes  « 
puis  grand  maître  de  la  gard^-robe , 
et  eofla  grand  écuyer  de  France.  Dès 
Idft  on  ne  l'appela  plus  que  M.  le 
Grand.  Richelieu  avait  contribué  à  son 
inncement,  dans  Tespoir  qu'il  par* 
tiendrait  à  distraire  le  morose  Louis 
XIII.  Mais  ce  jeune  homme  s'imagina 
fue,  parce  qu'il  savait  amuser  le  roi ,  il 
pourrait  gouverner  la  France;  et  il 
iwilut  substituer  son  chétif  mérite  au 
fénie  da  grand  cardinal,  il  s^entendit 
iree  le  comte  de  Soissons ,  le  duc  de 
iMiilloD  et  le  frère  du  roi  ;  la  reine 
Aait  au  courant  du  complot  ;  de  Thou 
HdeFootraillei  en  étalent  les  agents 
les  confidents.  D'abord  il  voulut 
assassiner  Richelieu ,  et  en  parla 
Louis  XIII  dans  un  moment  d'hu- 
t  de  ce  prince  contre  le  cardinal, 
le  roi,  qui  savait  distinguer  entre 
Ministre  et  son  favori ,  ne  voulut 
se  prêter  à  ce  crime,  tl  surveilla 
démarches  de  Ginq-Mars,   reçut 
es  ses  confidences ,  le  trahit  plus 
,  quand  il  lui  eut  laissé  le  temps 
devenir  coupable,   et  s'en  fit  un 
rite  auprès  de  Richelieu  quand  tout 
découvert.  Non  content  d'intriguer 
les  mécontents,  Cinq-Mars  avait 
conspirer  avec  l'étranger  ;  dans  son 
Jedce  de  supplanter  le  cardinal, 
avait  demandé  au  duc  de  Bouillon 
Tille  de  Sedan  <,  et  à  l'Espagne  une 
'  ,  afin  d'avoir  un  moyen  d'agir, 
on  asile  en  cas  de  défaite.  Le  traité 
lit  été  conclu  entre  de  Fontrailles  et 
duc  d'Olivarès  ;  le  duc  d'Orléans  et 
ékn  de  Bouillon  y  avaient  souscrit, 
n  Richelieu  eut  connaissance  de  la 
ianspiration  ;  Cinq-Mars  et  de  Thou 
pent  arr^s  à  Narbonne  ^  où  le  roi 
paît  rendu  pour  achever  la  conquête 
P  Roussilton.  Le  duc  de  Bouillon  se 
Fiva  en  abandonnant  sa  princi{)auté. 
Gaston  obtint  son  pardon  en  trahissant 
•es  complices  ;  rpais  Cinq-Mars  et  de 
Thou  payèrent  de  leur  tête  leur  trahi- 


son ,  et  ils  furent  exécutés  à  Lyon  le 
12  septembre  1643. 

CiNTBÂ  (convention  de).  —  Lorsque 
les  Anglais ,  secondés  par  un  soulève* 
ment  général  de  la  population ,  eurent, 
au  mois  d'août  1808 ,  opéré  une  des-» 
eente  en  Portugal,  et,  grâce  à  la  su<* 
périorité  de  leurs  forces,  battu  le  duc 
d*Abrantès  à  la  bataille  de  Yimpiro, 
ceiui-ci  sentit  qu'il  ne  pourrait  conser* 
ver  longtemps  sa  position ,  et  envoya 
aux  -ennemis ,  pour  tâcher  d^obtenir 
une  capitulation  honorable ,  le  général 
Kellermann ,  qui  fut  reçu  par  eux  avec 
la  plus  grande  distinction,  etj  après 
avoir  conclu  une  suspension  d'armes , 
arrêta  les  bases  d'une  convention  qui , 
après  de  longs  pourparlers ,  fut  signée 
ie  30  août,  au  ^village  de  Cintra.  Les 
principaux  articles  portaient  que  le^ 
troupes  françaises  évacueraient  entiè- 
rement le  Portugal  avec  armes  et  ba- 
gages ,  et  seraient  embarquées  sur  des 
vaisseaux  anglais  qui  les  déposeraient 
dans  un  port  français,  entre  Roche- 
fort  et  Lorient.  Cette  convention ,  dé- 
sapprouvée en  Angleterre,  fut  néan^- 
moins  religieusemekit  exécutée.  L'ar- 
mée française,  ramenée  un  mois  après 
en  Espagne,  prit  une  éclatante  revan- 
che à  la  Corogne ,  où  elle  força  les  An- 
glais vaincus  d'évacuer  l'Espagne  et  de 
chercher  à  leur  tour  un  refuge  sur 
leurs  vaisseaux. 

CiOTAT  (la) ,.  petite  ville  maritime 
de  l'ancienne  Provence,  aujourd'hui 
chef-lieu  de  canton  du  département  des 
Bouclies-du-Rhône,  à  29  kilomètres  de 
Marseille.  La  Ciotat  est  bâtie  sur  l'em- 

Ïilacement  de  l'ancienne  Citharistes, 
ondée  par  les  Marseillais ,  environ  un 
siècle  et  demi  avant  l'ère  chrétienne. 
Les  Romains  y  avaient  une  station 
maritime  qui  est  mentionnée  dans  l'Iti- 
néraire d'Antonin,  mais  il  n'en  reste 
plus  aucun  vestige.  L'origine  de  la  ville 
actuelle  remonte  au  siècle  de  Ray- 
mond-Bérenger.  Sa  population  s'ac- 
crut insensiblement,  de  telle  sorte 
que ,  sous  le  règne  de  François  !•',  elle 
s'élevait  à  10,000  âmes.  Mais  la  révo- 
cation de  redit  de  Nantes  lui  porta  uh 
coup  dont  elle  ne  se  releva  pas  ;  on  n'y 
compte  plus  aujourd'hui  que  5,450  ha- 

12, 


180 


CIP 


L'UNIVERS. 


CtR 


bitants.  Cette  ville  est  la  patrie  de  l'a- 
miral Gantheaume. 

CiPAYES  ou  Cypahis,  troupes  re- 
crutées dans  les  Indes  orientales, 
parmi  les  indigènes ,  et  destinées  à  la 
défense  de  nos  colonies  asiatiques.  Les 
divers  corps  de  cipayes  doivent  leur 
origine  à  la  Compagnie  française  des 
Indes  orientales ,  qui  demanda  et  ob- 
tint du  gouvernement ,  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle,  l'autori- 
sation d'entretenir  à  ses  frais  un  corps 
de  troupes  indigènes  pour  le  service  de 
Pondicnéry  et  des  comptoirs  qui  en 
dépendaient.  Ces  troupes  furent  alors 
constituées  en  six  compagnies;  elles 

{)assèrent  à  la  solde  de  l'État  lors  de 
'abolition  de  la  Compagnie  des  Indes, 
et,  en  1791 ,  on  en  lorma  deux  batail- 
lons t|ue  Ton  assimila ,  quant  à  l'orga- 
nisation, aux  régiments  français.  Néan- 
moins les  officiers  européens  qui  en 
faisaient  partie,  commandaient  tou- 
jours les  of&ciers  indigènes,  quel  que 
fût  leur  grade.  Les  cipayes,  réduits 
à  un  bataillon  sous  la  restauration,  ne 
forment  plus  aujourd'hui  que  quelques 
compagnies  détachées. 

Ctpierre  ou  Sipiebre  (Philibert 
de  Marsilly,  seigneur  de) ,  né  dans  le 
Maçonnais,  dut  aux  Guises  son  éléva- 
tion. Après  avoir  servi  avec  distinc- 
tion sous  Henri  II ,  il  fut  nommé ,  à  la 
recommandation  de  ses.  patrons ,  gou- 
verneur du  duc  d'Orléans,  depuis 
Charles  IX,  qui  le  fit  ensuite  premier 
gentilhomme  de  sa  chambre,  et  loi 
donna  les  gouvernements  de  l'Orléa- 
nais et  du  Berri.  Cipierre  mourut  à 
Liése  en  1566.  «  C'était,  dit  de  Thou, 
un  homme  de  bien  et  un  grand  capi- 
taine, qui  n'avait  rien  de  plus  à  coeur 
que  la  gloire  de  son  élève  et  la  tran- 
quillité de  l'État.  »  Si  Charles  IX ,  sur 
le  trône ,  ne  sembla  pas  suivre  les  le- 
çons de  son  ancien  gouverneur,  ce  fut, 
selon  Brantôme ,  parce  que  le  maré- 
chal de  Retz  lui  fit  oublier  la  bonne 
nourriture  que  lui  avait  donnée  le 
brave  Cipierre. 

Cipierre  (René  de  Savoie,  plus 
connu  sous  le  nom  de),  fils  de  Claude 
de  Savoie ,  gouverneur  et  grand  séné- 
chal de  Provence,  embrassa  sous  Char- 


les IX  le  parti  des  huguenots,  fit  des 
levées  en  Provence  par  ordre  du  prince 
de  Condé,  combattit  avec  Crussol  d'A- 
cier, Mouvans,  Céreste,  etc.,  et  assista 
à  la  prise  de  Nîmes  et  de  Montpellier. 
Sa  conduite  lui  attira  la  haine  de  son 
propre  frère,  le  comte  deSommerive. 
Il  revenait  de  Nice,  où  il  était  allé  sa- 
luer le  duc  de  Savoie,  son  parent, 
quand  il  fut  assassiné  dans  Fréjus, 
par  un  parti  de  ses  ennemis ,  qui  d'a- 
bord lui  avaient  tendu,  aux  environi 
de  cette  ville ,  une  embuscade  à  laqueUi] 
il  avait  échappé.  On  ne  douta  point] 
que  la  cour  et  le  comte  de  Sommern 
n'eussent  ordonné  et  préparé  ce  mt 
tre,  qui  eut  lieu  en  1567. 
Cirgéo  (comtat  de).  —  Voyez  F] 

SINONE. 

CiRçoNYALLÀTiON  (lignes  de). 
Ceinture  défensive  dont  s'entoure 
armée  occupée  au  siège  d'une  pla< 
et  dont  Tobjet  est  d'arrêter  les  secr* 
qu'on  chercherait  à  envoyer  aux  ai 
gés.  A  cette  enceinte  sont  quelqw 
opposées  des  lignes  de  contrevallatk 
destinées  à  protéger  le  camp  contrai 
garnison  assiégée  lorsqu'elle  est 
nombreuse.  Les  généraux  de  la 
blique  et  de  l'empire  ont  rarement 
le  teitips  d'opposer*  de  pareils  mi 
de  défense  à  des. ennemis  contre' 
quels  on  agissait  bien  mieux  par 
coups  d'audace..  Cependant,  au 
de.Mantoue,  le  camp  français 
protégé  par  une  ligne  de  circonvi 
:tion ,  et  un  homme  dont  l'opinion 
cette  matière  est  d'un  poids  imme" 
a  dit  :  «  Turenne,  assiégeant  la 
pelle  (*),  dut  la  prise  de  cette 
ses  lignes  de  circonvallation ,  car 
Juan  s'en  étant  approché  à  une 
de  canon ,  les  reconnut  et  n'osa 
les  attaquer.  Cet  exemple  fut 
Saint- Venant  (**)  ;  la  place  fut 
grâce  à  la  circonvallation ,  en  pi 
de  l'armée  ennemie.  Les  exemptai^ 
cette  espèce  peuvent  se  compter 
milliers  dans  les  quinzième  et  sei^"^ 
siècles ,  chez  toutes  les  nations 
péennes,  et  cependant  on  demai 

(*)  En  i656. 
C*)En  i(i57. 


€IR 


FRANCK. 


€IR 


181 


((iioi  servent  les  lignes  de  circonvalla- 
tion;  on  les  a  discréditées  ;  il  est  posé  en 
principe  qu'il  n'en  faut  pas  élever  (*).» 
CiBEY-LES  •  M àBEiLLES ,  ancienne 
baronnie  de  Chanipagne  (aujourd'hui 
département  de  la  Haute-Marne),  à 
Skil.  de  Chaumont  en  Bassignv,  éri- 
gée en  marc|uisat  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle. 

CiBQUES  et  AMPHITHÉÂTRES.  — Le 

nom  de  cirque  servait  à  désigner,  chez 
les  anciens,  un  grand  bâtiment  de  fi- 
core,  soit  oblongue ,  soit  ovale ,  où 
m  donnait  des  spectacles  au  peuple. 
Cétait  un  édifice  ayant  quelque  res- 
lemblance,  pour  la  forme  et  la  desti- 
nation, avec  le  stade  des  Grecs.  Vers 
le  milieu  de  sa  longueur  se  trouvait  un 
«ur  d'environ  2  mètres  de  haut ,  sur 
*  double  d'épaisseur,  et  dont  la  partie 
périeure  était  ornée  d'autels,  de  pe- 
temples,  d'obélisques  et  de  statues, 
massif  s'appelait  la  spina.  Le  cir- 
,  entouré  de  murailles,  était  fermé 
e  de  ses  extrémités  par  les  car- 
ou  barrières  qui  se  trouvaient 
t  les  portiques  et  les  loges  d'ani- 
farouches,  et  d'où  partaient  ceux 
mcouraient  aux  courses  de  che- 
ou  de  chars.  A  l'extérieur,  le  cir- 
était environné  de  colonnades,  de 
les,  d'édifices  et  de  boutiques  de 
5  sortes  de  marchands,  et  une 
les  jeux  terminés ,  l'intérieur  était 
enté  par  les  courtisanes  et  par 
oisifs.  Les  jeux  du  cirque  commen- 
t  en  général  par  la  course  des 
puis  venaient  les  courses  de 
aux  et  les  courses  à  pied ,  aux- 
les  succédaient  les  combats  de 
iateurs ,  qui  plus  tard  furent  ré- 
pour  l'amphithéâtre, 
plupart  des  cirques ,  théâtres  ou 
itliéatres,  construits  dans  les 
les  par  les  Romains ,  furent ,  à  l'é- 
ede  l'invasion  des  barbares,  trans- 
en  citadelles ,  et  sur  la  plupart 
voit  encore  de  curieux  vestiges  de 
transformation.  Après  la  con- 
,  plusieurs  de  ces  monuments 
nrent  des  résidences  royales.  Dans 
Iques  villes ,  les  portions  souter- 

0  Mémoires  de  Napoléon. 


raines  de  ces  monuments,  et  notam- 
ment les  caoeaR,  où  étaient  renfer- 
mées les  bétes,  furent  cédées  pour 
servir  de  logements  à  In  classe  pauvre, 
tandis  que  la  classe  riche  élevait  ses 
maisons  dans  l'arène;  de  sorte  que 
l'emplacement  des  cirques  devint  sou- 
vent un  quartier  ou  un  faubourg  d'une 
ville  nouvelle. 

Dans<|uelque8-unes  de  ces  enceintes, 
les  rois  de  la  première  race,  et  sur- 
tout Chilpéric  et  Chiidebert,  donnèrent 
quelquefois  des  jeux  et  des  divertisse- 
ments. «  On  distingue  encore  les  res- 
taurations grossières  faites  pour  ap- 
proprier ces  colosses  romains  aux 
pompes  gallo-franques.  Enfin,  aux 
quatorzième  et  quinzième  siècles,  lors- 
aue  les  mystères  sortis  des  églises  et 
des  cimetières  appelèrent  à  leurs  re- 
présentations la  foule  émerveillée ,  ce 
fut  de  préférence  sur  ces  débris  encore 
imposants  que  les  confréries  dressè- 
rent leurs  pieux  échafauds.  Quant  à 
ceux  de  ces  monuments  situés  dans  les 
lieux  déserts,  et  dont  les  hautes  herbes, 
les  arbustes  et  les  animaux  sauvages 
achevaient  silencieusement  la  destruc- 
tion, ils  donnèrent  le  sujet  d'une  foule 
de  légendes  populaires  et  de  traditions 
merveilleuses  qui  forment  une  partie  in- 
téressante de  notre  poésie  nationale.  » 

M.  Magnien ,  à  qui  nous  avons  em- 
prunté le  passage  qu'on  vient  de  lire , 
a  publié,  dans  V  Annuaire  de  la  société 
de  Vhistoire  de  France  pour  Vannée 
1840,  une  curieuse  notice  sur  les  cir- 
ques ,  théâtres  et  amphithéâtres  cons- 
truits par  les  Romains  dans  les  Gaules. 
Nous  en  extrayons  la  liste  suivante  des 
villes  de  France  qui  ont  possédé  autre- 
fois un  cirque  ou  un  amphithéâtre  : 

Agen ,  un  amphithéâtre  ruiné. 

Angers  y  ampnithéâtre. 

Arles,  un  vaste  amphithéâtre  et  un 
cirque  nouvellement  découvert. 

Autan,  un  grand  amphithéâtre  dé- 
couvert dans  le  dernier  siècle-,  mais 
aujourd'hui  enseveli  de  nouveau  sous 
les  décombres. 

Bavç^,  un  amphithéâtre  et  un  cir- 
que. 

Beauvais,  un  amphithéâtre  détruit. 

Besançon,  un  amphithéâtre  depuis 


182 


CIR 


L'UNIVERS. 


CIR 


longtemps  détruit.  Cet  édifice  servit, 
au  cinquième  sjè0)e>  de  forteresse  aux 
Alains. 

Béziers,  un  amphithéâtre  ruiné  par 
Charles  Martel.  Il  est  taillé  en  partie 
daQS  le  roc ,  ce  qui  est  moins  commun 
pour  les  amphithéâtres  que  pour  les 
théâtres. 

Sonnée  (X40iret)  >  un  amphithéâtre. 

Bordeaux ,  un  amphithéâtre  ruiné, 
vulgairement  appelé  le  palaU  GcUlien, 
Cet  édifice ,  4ont  on  fit  une  forteresse 
pendant  les  guerres  civiles ,  fut  démoli 
en  1792,  dans  la  crainte  qu'il  ne  ser- 
vît contre  la  ville. 

Bourges,  un  amphithéâtre  détruit, 
appelé  la  Fo^se  des  arènes. 

Cahors  y  un  amphithéâtre  très-dé- 
gradé, vulgairement  appelé  les  Ca- 
durmes, 

Chenevîère,  près  de  Montargis ,  ua 
amphithéâtre  appelé  \aFoss§aux  lions, 
découvert  en  1608,  quand  on  creusa 
le  canal  de  Briare. 

DôlCj  un  amphithéâtre  tout  à  fait 
détruit. 

Doué ,  un  amphithéâtre  formant  un 
octogone  régulier,  où  Ton  exécuta  au 
moyen  âge  diverses  représentations.  On 
y  joua  notamment  les  Actes  des  apô- 
tres,  et  des  DtableHes  au  seizième 
siècle. 

FréjtiSy  un  amphithéâtre. 

GraHy  un  ampnithéâtre  ruiné,  ap* 
pelé  château  Julien* 

levroux ,  un  amphithéâtre  presque 
entièrement  détruit  ;  un  cirque. 

Limoges  y  un  très-grand  amphi- 
théâtre, imparfaitement  déblayé. 

Lisieux ,  un  amphithéâtre. 

Lyon,  un  amphithéâtre  ruiné;  peut- 
être  un  cirque. 

Le  Mans ,  un  amphithéâtre  décou- 
vert en  1791 ,  et  enseveli  de  nouveau, 
en  1831 ,  sous  les  décombres. 

Metz,  un  amphithéâtre  détruit. 

Moyrano  (Jura) ,  un  amphithéâtre 
ruiné. 

Narbonne,  un  amphithéâtre  ruiné. 

Néris,  un  amphithéâtre. 

Nîmes,  un  magnifique  amphitfaéâ<* 
tre,  «  si  bien  construit,  dit  /ii^dré  du 
«  Chesne,  que  ny  la  fureur  des  Goths, 
«  ay  les  flammes  d'Attila,  ny  l'indignité 


«  des  Sarrasins,  ny  encore  lesruinesde 
»  Charles  Martel ,  ne  Tont  pu  démaiH 
d  teler.  »  Parmi  les  diverses  trai^for- 
mations  que  cet  édifice  a  subi^ ,  il 
faut  remarquer  celle  qui  en  a  fait 
longtemps  un  cimetière. 

Orange  y  un  amphithéâtre  ruiné; 
un  cirque. 

Orléans,  un  amphithéâtre  ruiné; 
bâti  sur  le  penchant  d'un  coteau. 

Paris  y  un  cirque  ou  un  amphithéâ- 
tre, situé  devant  Tanoienne  abbajw 
de  Saint-Victor ,  entièreinent  détruit.  ^ 
Suivant  quelques  antiquaires ,  le  dos 
des  Arènes ,  mentionné  dans  uae 
charte  de  1284,  ne  se  rapporte  pal 
^  un  ouvrage  des  Romains,  mais  à  as 
cirque  élevé  par  Chilpérie,  qui,  suivaii 
Grégoire  fie  Tours,  «  fit  construtfi 
ft  des  cirques  à  Soissons  et  à  Parig.  t-, 

Périgueuœ ,  un  amphithéâtre  ooq^ 
vellement  fouillé. 

Poitiers,  un  très-grand  amphi 
tre,  nommé  le  palais  GalUen.  11 
tradition  populaire  a  fait  de  cet  édi' 
la  demeure  de  la  fée  Mélusine. 
l'appelait,  au  seizième  siècle,  le 
loiioire  ou  parloir,  comme,  dans 
sieurs  villes  de  l'Italie,  au  m 
âge,  on  appelait  l'ancien  amphithé 
parlaccio,    . 

Reims,  un  amphithéâtre  roiné. 

Rodez,  un  amphithéâtre  dont 
reste  peu  de  vestiges. 

Saint-Bertrand  y  un  ampbi 
douteux. 

Saint-Michel  de   Tùwsh^  jptm 
Toulouse,  un  très-petit  ampbithi 

Saintes,   un  vaste   amphithé 
qui,  suivant  quelques  aittiquainie 
servi  de  naumachie. 

Saiumur,  un  amphithéâtre  d 
longtemps  détruit ,  et  sur  li»  w 
duquel  on  jouait  au  t&  siècle  des 
bleries  et  la  Passion  par  pe 
ges. 

Sceaux  près  de  Monêargu, 
amphithéâtre  ruiné. 

Soissons,  un  amphithéâtre  on 
cirque  entièrement  détruit.  (Yoy. 
haut  Paris,) 

TînUniaCj  près  de  TuUe,  hb 
phithéâtre. 

rienne,  un  amphithéâtre  en 


CIT 


FRANCE. 


CIT 


183 


taillé  dans  le  roc ,  et  un  cirque.  (Voy. 

J^^inifiGffli  et  TUBATRB.) 

ÇisçLfjRs.  —  jjart  du  ciseleur, 
c*est-a-dire ^  de  celui  qui  taille,  au 
raoyeo  d'un  ciseau ,  une  matière  quel- 
coDque,  e$t,  comipe  l'indique  cette 
défioltioD,  extréfuemeat  vague;  ji  tient 
à  l'orfèvrerie ,  à  la  bronzerie ,  à  la 
sculpture,  |  la  serrurerie  d'oroemiBQts, 
à  la  fonderie,  enfin  à  toutes  les  bran- 
ches d'industrie  qui  ipettent  eu  œii?re 
les  métaux.  Cependant ,  en  général ,  la 
ciselure  est  regardée  coname  une  j^riie 
des  beaux-arts.' Ainsi  la  ciselure  pro- 
PfenwQt  dite ,  qui  consiste  à  produire 
00  relief  eq  repoussait  une  plaque  de 
iiétal  ou  en  la  creusant  au  burin ,  tou> 
.che  à  la  sculpture  pt  à  Torfévrerie  ; 
am\  oe  saurious-nouf  citer  ici  qn 
ciseleur  célèbre  que  Fou  i^e  puisse 
placer  encore  mieux  à  Tarticle  orfè- 
vrerie; les  œuvres  de  ciselure  ïes  plus 
nioarpables  sont,  en  effet,  des  pièces 
«orfèvrerie  pour  la  plupart  :  ce  «ont 
:foretables ,  dps  châsses ,  des  v^ses  en 
r,en  argent  ou  en  cuivre ,  epriciiis  de 
yrerie^  et  émaux  ;  ce  sont  ces  ma- 
'figues  armures  que  l'on  admire  au 
ée d'artillerie;  etdepuis  le  seizième 
les  oeuvres  des  Cellini,  des 
des  Germain,  des  Denière, 
&fip3tein,  etc. 

OsTELLÂ.  (  combat  de  ).  —  Au  prin- 
ps  de  l'aunée  ^96,  T^rmée  des 
wées  orientales  étendait  ses  lignes 
u'à  la  Fiuvia  (Catalogne).  Lorsque 
générai  Périgaon  eut  été  remplacé 
leeommandemept  par  Schérer,  le 
rai  Urrutja  résolut  de  profiter  de 


rogatives  que  la  constitution  de  TÉtat 
reconnaît  à  certains  individus  regni- 
coles ,  soit  qu'ils  tiennent  ce  droit  de 
leur  naissance,  soit  qu'ils  aient  9cconi- 
pli  pour  l'acquérir  certaines  opnditipns 
exigées  par  les  lois, 

Les  citoyens  sont  ceu)(  qui  jouissent 
du  droit  de  cité. 

Les  prérogatives  conférées  par  ce 
droit  se  divisent  en  deux  classes  : 
1"*  celles  qui  ne  peuvent  être  exercées 
qu'en  commun  et  collectivement, 
comme  l'élection  des  magistrats  et  le 
vote  des  contributions  et  des  lois ,  soit 
directement,  soit  indirectement,  par 
des  mandataires  élus  dans  l'assemblée 
des  citoyens,  etc.;  2»  les  prérogatives 
qui  s'exercent  individuellement,  telles 
que  le  droit  4'être  promu  à  des  fone- 
tipns  publiques.  Mais  la  qualité  de  ci- 
toyen oblige  aussi  à  des  devoirs  qui. 
du  moins,  dans  l'état  actuel  de  notre 
législation,  ne  sont  pas  toujours  com- 
pensés par  ces  prérogs^tives  qui  ii'exis- 
tent  réellement  que  pour  un  petit 
nombre  d'individus.  Telle  est,  par 
exemple,  l'obligation  de  payer  au  pays 
l'impôt  du  recrutement,  impôt  si  lourd 
pour  le  pauvre,  et  dont  le  riche  par- 
vient ri  facilement  à  s'exempter. 

Les  mots  citoyen  et  citoyenne, 
substitués,  en  1793,  aux  mots  mon- 
sieur et  madame,  furent  employés 
dans  cette  acception  jusqu'au  coup 
d'État  du  iS  brumaire.  On  en  revint 
alors  à  l'ancien  usage,  et  Meptot  le 
titre  de  monseigneur  fut  lui-même 
rétabli  pour  les  grands  dignitaires  de 
l'empire.  Heureux  pourtant  si  cet  évé- 


empire.  ueureux  pourtant 
logement,  et  d'attaquer  ^ur  tout  »  nement  ne  nous  ayait  ramené  que  pela 
ffifmi.  J^  9  mal ,  Vives,  chargé  d'en-     de  l'ancien  régime.  (Voye^  les  articles 

Assemblées  PfiiMAiBBS ,  CP9STITU- 

TION8,  Q«0IT8  i>B  1.'P0MVB  )iT  BU 
CITOYEN.) 

CiTBAU^L,  CUferpium,  célèbre  ab- 
baye qui  faisait  partie  au  diocèse  de 
Cbâionssur-Saâne,  et  était  située  à  SO 
kil.de  Dijon.  Elle  fut  fondée  par  Ro? 
bert,abbé  de  IKolesme,  lequel,  en  1098, 
abandonna  son  abbaye,  et  se  rendit, 
avec  21  religieux,  dans  la  forêt  de 
Citeaux,  qui  n'était  alors  qu'une 
vaste  solitude.  Cette  forêt  leur  fut 
concédée,  ainsi  que  les  terres   voi- 


ia  g^che  de  Çchérer,  $e  porta 
1^  Àamp  de  Cistella ,  qui  avait  déjà 
un  tnég^re  de  combats  lors  des 
ires  de  la  montagne  Noire,  en  nor 
iV  1794.  Jl  enIPMta  et  poursuivit 
trpupes  qui  l'occupaient,  et  brûla 
les  efteis  de  campement.  Gepea- 
il  arriva  api:  fuyards  des  reniorts 
pern^irent  de  prendre  une  éclatante 
Jmrapcbe.  Nos  troupes  rentrèrent  dans 
«ifurs  ^sitions, 

ÛTi  (droit  de).  —  C'est  ainsi  que 
m  DMaioe  le  droit  d'oxereer  les  pré* 


184 


CIT 


L'UNIVERS. 


€IU 


sînes,  par  Reynard,  vioornte  de 
Beaune,  et  leur  établissement,  pro- 
tégé par  Eudes,  duc  de  Bourgogne,  et 
par  1  évéque  de  Cbâlons,  ne  tarda  pas 
a  devenir  célèbre.  Robert  donna  à  ses 
religieux  la  rèele  de  Saint-Benoît,  et 
bientôt  leur  réputation  de  ferveur  et 
d'austérité  leur  attira  une  foule  de 
novices.  Ce  fut  sous  Âlbéric,  second 
abbé  de  Cfteaux,  que  cette  maison 
commença  à  avoir  des  statuts  particu- 
liers. Sous  le  troisième  abbé,  Etienne, 
la  nouvelle  abbaj^e,  devenue  trop  nom- 
breuse, fut  obligée  de  détacher  d'elle 
plusieurs  colonies ,  et  en  moins  de  trois 
ans  on  vit  s'élever  les  abbayes  de  la 
Ferté,  de  Pontîgny,  de  Clairvaux  et  de 
Morimond ,  que  Ton  nomma  les  quatre 
filles  de  Cîteaux  ;  et  comme  ces  filles 
produisirent  à  leur  tour  un  très-grand 
nombre  de  communautés ,  elles  eurent 
le  rang  et  la  prérogative  de  maisons 
chefs  d'ordre,  bien  qu'elles  demeuras- 
sent toujours  sous  la  direction  de 
Tabbé  de  Cîteaux.  L'abbaye  de  Mo- 
rimond posséda  seule  jusqu'à  700  bé- 
néfices, et  eut  sous  sa  dépendance  les 
ordres  militaires  de  Calatrava,  d'Al- 
cantara  et  de  Montesa  en  Espagne,  et 
ceux  de  Christ  et  d'Avis  en  Portugal. 

Mais  la  plus  illustre  de  toutes  les 
communautés  de  l'ordre  fut  sans  con- 
tredit celle  de  Clairvaux,  fondée  en 
1115  par  saint  Bernard.  Lenombredes 
moines  de  cette  abbaye  devint  dans  la 
suite  si  considérable,  qu'ils  formèrent 
la  plus  grande  partie  des  établisse- 
ments cisterciens,  et  que  le  nom  de 
BemarcUru,  qui  leur  avait  été  donné 
d'abord  à  eux  seuls,  passa  plus  tard 
à  tous  les  autres. 

Le  relâchement  s'introduisit,  vers  la 
fin  du  douzième  siècle ,  dans  l'ordre 
de  Dteaux ,  qui  était  possesseur  d'im- 
menses richesses.  Jean  de  la  Barrière , 
abbé  de  Notre-Dame  des  Feuillants, 
près  Toulouse,  parvint,  en  1577,  après 
de  longs  efforts,  à  opérer  une  réforme 
parmi  ses  religieux.  Cette  réforme 
donna  naissance  à  la  congrégation  des 
FeuiUarUs,  qui  s'étendirent  ensuite  en 
Italie  sous  le  nom  de  Botiardins  ré- 
formés. Toutefois,  de  toutes  les  réfor- 
mes des  cisterciens,  la  plus  célèbre  est 


celle  qui  fut  opérée  ep  1664  par  l'abbé 
de  Rancé.  (Voyez  Bernard^  Rangé, 
Tbappe,  Feuillants.) 

De  la  maison  de  Cîteaux  dépendaient 
près  de  800  monastères  d'hommes  et 
environ  autant  de  monastères  de  filles. 
On  a  souvent  appelé  l'abbaye  de  Ctteaux 
le  mausolée  des  ducs  de  BourgognCf 
et  c'était  avec  raison ,  car  tous  les  dacs 
de  la  première  race,  à  l'exception  de 
Robert  P'  et  de  Hugues  I"%  antérieurs 
à  la  fondation  de  l'abbaye,  y  ont  été 
inhumés. 

De  Ctteaux-sont  sortis,  outre  saint 
Bernard,  le  personnage  le  pluseélèbre 
de  cet  ordre,  quatre  papes  et  un  grand 
nombre  de  cardinaux. 

Il  reste  encore  aujourd'hui  de  cette 
abbaye  de  magnifiques  bâtiments ,  qui 
dépendent  de  la  commune  de Gilly-lez- 
Cîteaux. 

CiTOLE ,  ancien  instrument  à  cordes, . 
qu'un  passage  du  roman  de  la  Rose  dis* 
tiogue  formellement  de  la  harpe  : 

Dieu  merci .  bien  foi^ier  say 
si  TOUS  de  oien  qae  plus  dier  ay 
Mes  deux  martelets  et  lu'esdurpe 
Que  ma  eitote  ne  ma  harpe. 

Les  sons  devaient  en  être  bien  douxi 
puisque  Guillaume  Guiart,  qui  florii 
sait  en  1248,  en  parle  en  ces  tei 
dans  ses  vers  : 

Qae  le  roy  de  France  à  celle  erre 
Enveloppa  si  de  paroles  > 

Plus  douces  que  sons  de  citoles. 

Ciudad-Real  (combat  de).  — 
duc  de   rinfantado  ayant  rallié 
troupes  après  avoir  été  battu  à  U< 
4B'était  porté  dans  la  Manche  pour 
vrîr  et  garder  les  défilés  de  la  Si< 
Morena ,  qui  conduisent  en  AndaU 
Il  avait  pris  sur  la  Guadiana ,  aux 
virons  de  Ciudad-Real ,  une  forte 
sition  protégée  par  20  pièces  de  cai 
Le  général  Sébastian],  qui  avait 
ordre  d'occuper   la  province  de 
Manche,  et  de  remplacer  dans  ' 
cantonnements  les  troupes  du 
chai  Victor,  qui  s'étaient  portées  vi 
le  Portugal,  ne  voulut  pas  laisser 
général  ennemi  le  temps  d'au^m 
ses  forces ,  qui  s'élevaient  déjà  a  ti 
hommes,  et  de  prendre  une  al 
plus  menaçante.  En  conséquenoe, 


CIU 


FRANCE. 


CIV 


185 


s'avança  sur  lui ,  et  Tattaqua  le  27  mai 
1809.  Le  général  Milbaud,  soutenu 
par  une  division  polonaise ,  commença 
l'action  en  forçant  le  pont  de  la  Guà- 
diaoa,  sous  la  protection  d'une  bat- 
terie de  12  pièces.  La  rapidité  et  la 
fermeté  de  ce  mouvement  étonnèrent 
(Tabord  les  Espagnols;  attaqués  en- 
suite avec  impétuosité ,  ils  furent  cul* 
butés  et  mis  complètement  en  déroute. 
1,500  restèrent  sur  le  champ  de  ba- 
taille; 4,000  furent  faits  prisonniers; 
7  pièces  de  canon ,  4  drapeaux  et  25 
caissons  tombèrent  au  pouvoir  des 
vainqueurs.  Les  fuyards  prirent  la  di- 
rection d'Almagro  ;  le  général  Milbaud 
les  atteignit  le  lendemain,  et  en  fit  un 
grand  carnage.  Le  général  espagnol 
Gallos  fut  tué,  et  Tennemi  perdit  en- 
core dans  cette  retraite  5  canons, 
70  voitures  et  un  grand  nombre  de 
.  prisonniers. 

CiUDA.D-RoDfiiGO.  —  Cette  ville  du 
royanine  de  Léon ,  qui  nous  fut  en- 
levée par  les  Portugais  pendant  notre 
désastreuse  guerre  d'Espagne  en  1706 , 
et  reprise  l'année  suivante  par  le  mar- 
ps  de  Bai ,  fut  le'théâtre  de  quelques 
MMix  faits  d'armes  pendant  les  guerres 
*è  l'empire.  Au  mois  de  septembre 
i^,  quelques  semaines  après  la  ba- 
taille d'Almonacid,  le  général  Mar- 
chand battit,  en  avant  de  cette  place, 
un  corps  d'armée  espagnol  commandé 
pr  le  duc  d'el  Parque.  Au  mois  de 
juin  de  l'année  suivante,  le  prince 
fEssIiog,  ne  pouvant  faire  sortir  Wel- 
lington de  son  système  de  temporisa- 
it résolut  d'investir  Ciudad,  que  sa 
position  et  sa  force  rendaient  une 
oeeilente  place  d'armes  pour  l'armée 
<kstinée  à  marcher  en  Portugal.  Elle 
irait  5,000  hommes  de  garnison,  «t 
Tavant-garde  anglaise,  postée  entr^ 
,  i'Aguéda  et  la  Coa ,  semblait  disposée 
àlasieeourir.  Après  six  semaines  d'es- 
^aimiouches  qui  ne  purent  déterminer 
)q alliés  à  sortir  de  leur  camp,  Nej 
«pvrit  enfin  la  tranchée.  La  place  re- 
iKta  comme  les  villes  espagnoles  résis- 
taient alors.  Il  fallut  25  jours  de  tra- 
1^  poussés  avec  vigueur,  ouvrir  une 
Mcbe  et  livrer  un  assaut  pour  faire 
«déposer  les  armes  à  la  garnison ,  qui  se 


rendit  à  discrétion  (*),  Au  mois  de 
septembre  1811,  Wellington  investit 
Ciudad.  Le  duc  de  Raguse,  appelant  à 
son  aide  le  général  Dorsenne,  avec  le- 
quel il  opéra  sa  jonction  à  Tamanès , 
lui  en  fit  lever  précipitamment  le  siège , 
et  se  mit  à  sa  poursuite.  Mais  au  com- 
mencement de  la  campagne  de  1812, 
profitant  de  l'éloignement  de  Mont- 
Brun  et  de  Dorsenne,  le  général  an- 
glais bloqua  brusquement  la  ville  où 
commandait  le  général  Barrié.  Il  poussa 
les  travaux  avec  vigueur,  donna  l'assaut 
au  bout  de  9  jours  de  tranchée,  et 
s'empara  de  la  place,  où  il  laissa  une 
forte  garnison  espagnole.  Cette  opéra- 
tion arrêta  et  paralysa  complètement 
l'armée  française,  qui  avait  tenté  l'in- 
vasion du  Portugal. 

Ci  viLis. — Première  tentative  pour 
former  un  empire  gaulois.  —  Quarante- 
sept  ans  après  la  mort  d'Hermann ,  les 
contrées  voisines  de  l'embouchure  du 
Rhin ,  et  qui  n'avaient  pu  se  soustraire 
au  joug  ou  à  l'alliance  onéreuse  des 
Romains ,  voulurent  profiter  des  guer- 
res civiles  qui  suivirent  la  mort  de 
Néron  pour  ressaisir  leur  indépen- 
dance. Civilis  fut  pour  les  Bataves, 
mais  sur  un  plus  petit  théâtre,  ce  que 
le  chef  des  Chérusques  avait  été  pour 
les  peuples  du  nord-ouest  de  la  Ger- 
manie. 

Pendant  que  les  troupes  de  Vespa- 
sien  et  celles  de  Yitellius  se  livraient, 
au  milieu  de  Rome,  des  combats 
acharnés,  assiégeaient  et  brûlaient  le 
Capitoie,  larnouvelle  de  plus  en  plus 
accréditée  d'un  grand  désastre  en  Ger- 
manie était  reçue  à  Rome  sans  y 
répandre  le  deuil  ;  on  parlait  d'armées 
romaines  battues ,  de  camps  des  légions 
pris,  des  Gaules  soulevées,  comme  de 
choses  indifférentes.  Apprenons  de 
Tacite  quelles  furent  les  causes  de  ce 
vaste  embrasement. 

«c  Les  Bataves,  dit  l'historien,  tant 
qu'ils  demeurèrent  au  delà  du  Rhin, 
firent  partie  des  Cattes.  Chassés  par 
une  séaition  domestique,  ils  occupèrent 
l'extrémité  alors  inhabitée  des  côtes  de 

(*)  Tableau  des  guerres  de  la  révolution, 
p.  393. 


186 


CÏV 


L'UNIVERS. 


CIV 


la  Gaule,  et  une  île  située  entre  les 
lagunes  et  bijgnée  en  face  par  rOcéan, 
des  trois  autres  cptés  par  le  Rhin. 
Alliés  des  Rumainst ,  sans  que  la  so- 
ciété du  plus  fort  les  écrase  de  s^  pré- 
pondérance, ils  ne  fournissent  a  1  em- 
pire que  des  hofnnf)0s  et  des  armes. 
Les  guerres  de  Germanie  avaient  long- 
temps exercé  leur  coulage;  leur  gloire 
s'accrut  en  Bretagne ,  où  Ton  Qt  passer 
plusieurs  de  leurs  cohortes,  comin^n- 
dées,  selon  Tusage  de  ce  peuple-,  par 
le3  plus  nobles  de  la  nation.  Le  pays 
entretenait  en  outre  une  cavalerie  d^é- 
lite,  qui  excellait  à  nagef  avec  ses 
armei^  et  ses  chevaux ,  et  qui  traversait 
le  Rliin  s^ns  rompre  ses  escadrons. 

a  Julius  Paulus  et  Claudius  Civilis, 
issus  d'un  sang  royal  «  surpassaient  en 
illustration  tous  les  autres  Bataves. 
Paqlus ,  accusé  faussemept  de  révolte, 
fut  tué  par  Fontéius  Gapito.  Civilis  fut 
chargé  de  chaînes  et  envoyé  à  JNeron  ; 
absous  par  Galba,  il  courut  un  nou- 
veau danger  sousVitellius,  dont  Tar- 
inée  demandait  sa  mort.  Telle  fut  la 
cause  de  ses  ressentiments.  Son  espoir 
vint  de  nos  malhejLirs.  Civilis,  plus 
rusé  que  le  commun  des  barbares ,  e^ 
qui  se  comparait  aux  Annibal  et  aux 
Sertorius,  par^e  qu'il  portait  au  visage 
laxnéme  cicatrice,  ne  voulut. pas  at- 
tirer sur  lui  les  forces  romaines  par 
une  rébellion  déclarée.  Il  feignit  d'être 
ami  de  Yespasien ,  et  de  prendra  parti 
dans  nos  querelles.  I|  e§t  yrai  qu'4i^" 
topius  Primus  lui  ^ypit  ^rit  de  dé- 
tourfier,  par  une  fausse  alarme,  {es 
secours  que  mandait  Vitellius ,  et  de 
retenir  no^  légions,  en  les  naenaçant 
des  Germains.  Hordéonius  F)apcu$  lui 
avait  donné  dp  vive  voix  le  même  avis, 
par  inclination  pour  Yespasien  et  par 
intérêt  pour  la  république,  dopt  la 
ruine  était  inévitable  si  la  guerre  ^^ 
renouvelait  et  que  tant  4^  millier^ 
d'hommes  armés  inondassent  rita)ie. 

«  Quand  sa  révolte  fut  décidée,  Civi- 
lis, tout  en  cachant  des  vues  plus  pf(h 
&ndes,  et  résolq  d'acconinioder  se^ 
plan^  à  la  Jfortune ,  commença  de  la 
sorte  à  remuer  Tordre  établi.  Vitellius 
avait  ordonné  des  levées  parmi  lesBa- 
tayes.  Cette  charge ,  4éjà  pesante  en 


elle-même,  était  aggravée  par  l'avarice 
et  la  débauche  des  agents  du  pouvoir; 
il^  enrôlaient  des  vieillards  et  des  in- 
firmes, pour  en  tirer  une  rançon  et  les 
renvoyer.  Dans  ce  pavs ,  les  eofasts 
sont  généralement  de  haute  taille;  il$ 
enlevaient  les  plus  beaux  pour  4Hd{}- 
mes  plaisirs, Les  esprits  se  soulevèrent, 
et  des  hommes  ^postés  pour  souffler 
la  révolte  persuadèrent  au  peuple  de 
se  refuser  aux  levées.  Civilis,  sous 
prétexte  de  donner  un  festin ,  réunit 
dans  un  bois  sacré  les  principaux  de  la 
motion ,  et  les  plus  audacieux  de  la 
multitude.  » 

Quand  la  nuit  et  la  joie  eurent 
éphauffé  les  imaginations ,  il  harangua 
ses  cpnvives^  célébrant  d'abord  l'ao* 
cfenne  gloire  de  la  patrie,  puis  énumé- 
rant  tout  ce  qu'elle  avait  à  souffrir 
sous  le  jpug  romain^  insultes,  raptç, 
brigandages  :  «  On  ne  nous  traite  plus, 
«  comme  autrefois,  en  alliés,  s'écriait- 
<(  il ,  mais  en  esclaves  !  Tantôt  c'est  le 
«  lieutenant  qui  arrive  avec  la  ruiM 
«  de  sofi  cortège  et  l'inspiafiof  de  «es 
«  pommandements;  tantôt  ee  sont  lil 
«  préfets  et  les  centurions  qui  vien^; 
«  nent  se  rassasier  dp  Qotre  sang  4- 
«  de  nos  dépouilles;  et  alors  il  fai^  w 
«  nouvelles  proies  à  de  nou^eaiix  ppr 
«  prej^seurs  :  le    briganda^  fps^^ 
«  menccso^s  mille  noms  diyers.V<)|||- 
«  qu'^MJouri'liuî  on  q^ps  éor^o  m^ 
n  (çore  par  le  recrutement  qui  arraAt- 
a  le  (ils  à.son  père,  le  frère  à  «on  ifèrêt 
<i  et,  pour  ne  pli|s  se  revoir,  pour^ailt; 
«  jamais  l'occasion  fut-elle  au$si  bA^ 
<!  pour  reconquérir  notre  liberté?  Jl?  ^ 
A  mais  les  Romains  furent-iU;  moioii- 
«craindre?  Leurs  camps  ^  t&mff' 
«  ment  que  du  butin  et  des  vieillaidf». 
a  Les  Bataveg  n'on|;  qu'è  lever  Md^ 
«  mept  les  yeux,  et  nç  p^s  sa  fajr^ m- 
«  ^ppuv^ritail  du  mm  4é  quelguii  Ir 
a  gions  imaginaires.  ^^   po^séABM* 
<i  nous  pas  une  infanterie  et  iiR^  ^Ht 
«  lerie  exeellenties,  et  lé$  Ger^naioff  jM 
«  sont-ils  pas  nP9  frère§?  Les  G#iltoilt 
«  d'ailleurs,  conspirent  pour  dou9i  #- 
«  jusqu'aux  Eomaina  ipéimes»  à  fH 
<(  cette  guerre  i^e  déplaira  pas.  Yaiir 
a  ans,  piQM&  nQm  en  larnas  v^  néRU 
d  auprès  de  Vesp^siaQ;  ?<|iiiqiiMllt 


J 


CIV 


FRANCE. 


CIV 


187 


«  qai  viendra  nous  demander  compte?  » 
Ces  paroles  furent  accueillies  avec 
eQthoQsiasme.  Çivilis  lia  tous  les  coo- 
Yive$  par  ee  que  la  religion  contenait 
d'çf^agements  terribles  et  de  rites  so- 
lennels. Aussitôt  il  fit  proposer  aux 
Ganinéfates  de  s'associer  a  Tentre- 
prise-Ce  peuple,  qui  habitait  U  partie 
septantriqpale  de  l'ile ,  avait  tout  des 
Bâtavejs,  origine,  langage,  bravoure, 
exeepté  le  qpmbret  Ses  a|;ents  allèrent 
i|ussi  soiliqiter  les  auxiliaires  des  'lé- 
gions de  Bretagne,  ces  cohortes  bata- 
m  envoyées  d'Italie  par  Vitellius,  et 
qui  alors' se  trouvaient  à  Mayence. 

Parmi  les  Ganinéfates,  il  y  avait  un 
homme  appelé  Brinio ,  fils  d'un  chef 
qui  avait  longtemps  bravé  impunément 
la  puissance  des  empereurs.  Brinio 
était  d'une  bravoure  éclatante  ;  mais 
il  n'avait  pour  lui  que  sa  fougue  et  sa 
brutale  audace.  De  concert  avec  les 
Frises,  peuple  d'au  delà  du  Rhin,  il  se 
jeta  sur  un  camp  de  deux  cohortes , 
Toisin  de  l'Océan.  Les  Romains  ne  S9 

talent  pas  sur  leurs  gardes  ;  le  camp 
pris  et  pillé,  et  les  cohortes  disper- 
lies.  Les  commandants  des  différents 
firts,  ne  pouvant  se  défendre,  y  mirent 
lifeu  et  se  retirèrent. 
CiviliB ,  dissimulant  encore ,  feigfiit 
IM  grande  colère  contre  Brinio ,  et 
MiQa  aigrennent  les  commandants 
imnains  a  avoir  abandonné  les  forts. 
8  les  exhorta  à  regagner  chacun  leqrs 
eitnpements ,  et  à  se  reposer  sur  lui 
la  sein  de  tout  pacifier.  «  Ma  cohorte, 
?  leur  mandait'il ,  suffira  pour  étouf- 
*  fer  la  rébelliop.  »  Le  piège  était  vi* 
iible;  les  préfets  romains  sentirent 

Se  les  cohorte^  éparses  seraient  plus 
nlement  écrasées.  P'ailleurs  ,  il» 
eommepcaient  à  «'apercevoir  que  Bri<> 
«io  n'était  que  rinstrument,  et  Civilis 
rime  véritable  de  tous,  ces  troubles. 
U  secret  de  ses  desseins  perçait  peu 
è  peu  à  travers  les  indiscrétions  de  la 
ist^  belliqueuse  des  Germains.  GIvilis, 
▼oyaqt  le  peu  de  suci!ès  de  son  arti- 

St  eut  recours  à  la  force.  Se  mettant 
tête  des  Ganinéfates,  des  Frises  et 
fcs  Bataves,  il  marche  contre  les  Ro* 
inalDs,  leur  débauche  une  cohorte  de 
Toogrês ,  qui  passe  de  {son  coté ,  et , 


après  les  avoir  égorgés  presque  sans 
résistance,  consternes  qu  ils  étaient  de 
cette  trahison  imprévue ,  j|  s'empara 
de  la  flotte  qu'ils  avaient  sur  le  Rhiq. 

Gette  victoire ,  glorieuse  pour  le 
moment,  fut  encore  utile  pour  la  suite: 
elle  donna  ai|x  Qpitav^s  ^es  armes  et 
une  flotte ,  et  la  nouvelle  en  fut  pro* 
clamée  avec  éclat  dans  les  Gaules  et 
dans  la  Germanie,  où  Givilis  fut  ce- 
iébré  comme  un  libérateur. 

La  Batavie  était  donc  affranchie; 
et  Givilis ,  dévoilant  ses  grands  des- 
seins,tra  vaillait  à  réunir  dans  une  même 
indépendance  les  Gaules  et  la  Germa- 
nie. Hordéonius ,  en  fermant  les  yeux 
sur  ses  premières  tentatives,  en  avait 
favorisé  le  succès;  mais  lorsque  des 
courriers  lui  eurent  annoncé  coup  sur 
coup  que  le  camp  était  envahi,  les  co- 
hortes détruites,  le  nom  ropciain  effacé 
de  l'Ile,  inquiet  et  irrité,  il  ordonna  à 
Mummius  Luperpus  de  marcher  contre 
Givilis. -Lupercus  commandait  uncamp 
de  deux  légions;  i)  prit  les  légionnaire^ 
qu'il  avait  avec  lui,  les  Ubiens,  can- 
tonnés près  de  là,  la  cavalerie  trévire, 
qui  se  trouvait  un  peu  plus  loin,  et  j| 
passa  le  fleuve  en  diligence.  Il  avait 
joint  à  sa  troupe  une  division  de  ca- 
valerie batave,  depuis  longtemps  ga^ 
gnée,  mais  qui  feignait  de  rester  fidèle, 
afin  que  sa  défection  ayant  lieu  SMr  le 
cbaipp  de  bataille  ,  ei)t  plu^  d'impor* 
tance  et  d'édat. 

Givilis  s'envîrpnna  des  enseignes 
romaines  pour  frappef  les  siens  par 
le  spectacle  de  leur  ^lojre,  et  l'ennemi 
par  le  souvenir  de  sa  défaite.  J|  r^nge^ 
derrière  le  corps  de  bataille  sa  mère , 
ses  sœurs  et  toute  la  foule  des  femn^es 
et  des  eqfants ,  comme  un  encourage- 
ment a  la  victoire  et  up  obstacle  à  la 
fuite.  Le  chant  d^s  guerriers  et  les 
hurlements  des  femmes  retentirent 
sur  toute  la  ligqe  et  donnèrent  le  si? 
gnal  du  cpmbat.  Un  second  cri ,  piais 
plus  faible ,  partit  ^es  légions  enne'- 
mies,  et  décela  leur  découragement; 
car  leur  aile  gauche  venait  d'être  misa^ 
à  décoi^vert  par  la  désertion  de  la  ca- 
valerie batave,  qui  s'était  tournée  aus* 
sitôt  contre  el|e. Toutefois,  en  ce  pé- 
ril extrême,  le  soldat  légiounaire  gar-r 


188 


CIV 


L'UNIVERS. 


c:iv 


dait  ses  armes  et  son  rang;  mais  les 
auxiliaires  ubiens  et  trévires,  se  déban- 
dant avant  le  prenaier  choc,  se  disper- 
sèrent dans  la  campagne.  Les  Ger- 
mains s'acharnèrent  sur  eux ,  et  les 
lésions  eurent  le  temps  de  repasser  le 
Rhin,  et  de  gagner  un  de  leurs  forts 
appelé  Fêtera  Castra ,  c'est-à-dire,  le 
Vieux-Camp ,  poste  important  par  sa 
position  et  par  les  travaux  qu'Auguste 
y  avait  fait  exécuter. 

Cependant  les  cohortes  bataves , 
renvoyées  par  Vitellius  d'Italie  à 
Mayence,  avaient  été  de  nouveau  rap- 
pelées par  l'empereur  au  delà  des  Al- 
pes :  elles  étaient  en  pleine  marche, 
lorsqu'un  courrier  de  Civilis  les  attei- 
gnit. Le  chef  insurgé  leur  annonçait 
sa  nouvelle  victoire,  et  n'épargnait  ni 
exhortations  ni  promesses  pour  les  en- 
gager à  embrasser  la  cause  commune. 
Elles  se  laissèrent  persuader,  et  vin- 
rent grossir  les  troupes  victorieuses. 
Par  la  jonction  de  ces  deux  vieilles  co- 
hortes, le  chef  batave  se  voyait  une 
armée  régulière;  toutefois,  encore  ir- 
résolu, et  songeant  à  la  puissance  des 
Romains ,  il  se  borna  à  faire  recon- 
naître Vespasien  par  tous  ceux  qui 
étaient  avec  lui ,  et  envoya  proposer 
le  même  serment  aux  deux  légions  qui,  * 
repoussées  à  la  première  affaire,  s'é- 
taient retirées  dans  le  Vieux-Camp.  - 
Elles  répondirent  «  que  les  Romains 
«  ne  prenaient  pas  conseil  d'un  traître 
«  et  d'un  ennemi;  que  VitelliUs  était 
«  leur  empereur,  qu  ils  combattraient 
«  pour  lui  jusqu'au  dernier  soupir; 
«  qu'il  convenait  mal  à  un  déserteur 
«  batave  de  s'ériger  en  arbitre  de  l'em- 
«  pire  de  Rome;  qu'il  n'avait  à  espé- 
«  rer  de  son  crime  qu'un  juste  châti- 
«  ment.  »  A  cette  réponse  ,  Civilis  , 
enflammé  de  courroux ,  entraîne  aux 
armes  toute  la  nation  batave;  lesBruc- 
tères  et  les  Tenctères  s'y  Joignirent 
aussitôt;  et,  avertie  par  de  rapides 
messagers,  la  Germanie  accourt  au 
butin  et  à  la  gloire. 

Pouf  soutenir  un  choc  si  menaçant, 
les  commandants  des  deux  légions  de 
Vetera  en  renforcèrent  à  la  nâte  les 
retranchements.  Civilis  occupait  le 
centre  de  son  armée  avec  l'élite  des 


Bataves.  Il  avait  couvert  les  deux  ri- 
vages du  Rhin  de  bandes  germaniques, 
tandis  que  sa  cavalerie  se  déployait  au 
loin  et  battait  la  plaine,  et  que  sa 
flotte  remontait  le  fleuve.  Ici  flottaient 
les  enseignes  romaines  des  vieilles  co- 
hortes bataves  ;  là  les  étendards  ger- 
maniques et  les  simulacres  d'animaux 
sauvages ,  tirés  du  fond  des  bois  con- 
sacrés pour  aller  au  combat.  Ce  mé- 
lange de  drapeaux,  présentant  l'aspect 
d'une  guerre  à  la  fois  étrangère  et  ci- 
vile, frappa  les  assiégés  de  stupeur. 
Les  Bataves  et  les  guerriers  d'outre- 
Rhin  prirent  chacun  un  poste  séparé, 
afin  que  leur  vaillance,  se  déployant  à 
part ,  resplendît  d'un  plus  vif  éclat. 

Toutefois ,  l'armée  barbare  n'avait 
point,  assez  de  machines  de  guerre 
pour  faire  une  ouverture  dans  les  mu- 
railles avant  d'aller  à  l'assaut.  Aussi, 
lorsqu'ils  se  présentèrent  pour  assail- 
lir les  remparts ,  reçus  par  une  grêle 
de  traits  et  de  pierres,  ils  furent  con- 
traints de  s'éloigner  en  frémissant; 
n'ignorant  pas  d'ailleurs  que  la  place 
n'avait  des  vivres  que  pour  peu  de 
jours ,  ils  se  décidèrent  à  forcer  les 
Romains  par  la  famine. 

D'un  autre  côté,  la  discorde  affai- 
blissait la  seule  armée  romaine  qui  pât 
dégager  les  légions  de  Vetera.  Hor- 
déonius,  son  chef,  est  massacré;  Vo-  ' 
culn ,  qui  lui  succède ,  subit  le  même 
sort ,  malgré  son  courage  et  sa  fer- 
meté. En  même  temps,  les  soldats  qd 
la  composent,  dévoués  à  Vitellius, 
apprennent  que  Vespasien,  au  nom 
duquel  Civilis  prétend  combattre,  est 
maître  de  l'empire.  Des  présages  si- 
nistres accompagnent  cette  nouvelle: 
le  Rhin,  épuise  par  une  sécheresse 
inouïe  dans  ces  contrées  ,  n'est  ploi 
qu'un  faible  ruisseau,  comme  si  les 
barrières  de  l'empire  voulaient  s'abais- 
ser elles-mêmes  devant  les  barbares. 
Le  Capitole,ce  palladium  sacré  auqael 
sont  attachées  les  destinées  de  Rome, 
vient  d'être  dévoré  par  un  incendie; 
présage  assuré ,  disaient  les  druides 
par  toute  la  Gaule,  que  la  souverainew 
du  monde  allait  passer  aux  natiom 
transalpines.  Enfin,  la  grande  prophé- 
tesse  des  Germains  avait  prédit  aox 


c:iv 


FRANCE. 


civ 


189 


Bataves  la  défaite  des  légions.  C'était 
ooe  jeune  fille  du  pays  des  Bructères, 
nommée  Véléda  ;  invisible  à  tous  les 
yeux,  elle  restait  le  jour  enfermée  dans 
une  tour  écartée,  ne  sortant  que  la 
naît  pour  courir  les  bois  et  les  bruyè- 
res à  la  clarté  des  étoiles.  Personne 
oe  pouvait  arriver  jusqu'à  elle  ;  un  de 
ses  parents  était  seul  chargé  ^e  lui 
apporter  les  messages  et  de  recevoir 
les  oracles  qu'elle  rendait. 

Bientôt  Civilis  put  couper  sa  lon- 
gue chevelure,  qu'il  avait  laissée  croî- 
tre depuis  le  commencement  de  la 
guerre;  son  vœu  était  accompli ,  sa 
vengeance  satisfaite  :  les  Romains  de 
Vetera  étaient  venus  lui  demander  la 
vie.  Réduits  à  ronger  le  bois  et  la  ra- 
eioe  des  plantes ,  arrachant  l'herbe 
qui  pousse  entre  les  pierres,  il  leur 
fallut  envoyer  a  Civilis  une  députation 
suppliante.  Civilis  avait  enGn  jeté  le 
masque  :  effaçant  de  ses  étendards  le 
nom  de  Vespasien ,  il  y  avait  inscrit  : 
Empire  gaulois,  II  espérait  qu'à  ce 
oonj  la  Gaule  tout  entière  vienarait  se 
joindre  à  lui  pour  reconquérir  son  in- 
(iépendance.  «  Que  les  assiégés  de  Ve- 
«tera,  dit-il  aux  députés,  suivent  le 
-  «nouvel  étendard,  qu'ils  prêtent  ser- 
«  ment  à  l'empire  gaulois,  et  les  Ger- 
«  mains  les  recevront  en  frères.  >»  Il 
fallut  consentir  à  tout.  Les  Romains 
.sortirent  de  la  place;  mais  ils  avaient 
trop  longtemps  rendu  impuissants  les 
.efforts  de  leurs  ennemis  pour  avoir  foi 
<laos  leurs  promesses.  A  cinq  milles 
environ  ,  les  Germains  s'élancèrent 
d'une  embuscade,  et  tombèrent  à  l'im- 
proviste  sur  la  colonne.  Les  plus  intré- 
pides furent  tués  sur  la  placé;  beau- 
coup périrent  en  fuyant;  le  reste  re- 
broussa chemin  et  se  réfugia  dans  le 
camp;  les  Germains  y  mirent  le  feu, 
et  tous  ceux  qui  avafent  survécu  au 
combat  furent  la  proie  des  flammes. 

On  dit  que  Civilis,  ayant  armé  son 
fils,  tout  jeune  encore,  àe  flèches  et  de 
javelots  proportionnés  à  son  âge,  lui 
donna  pour  but  les  légionnaires  pri- 
sonniers. D'autres  furent  envoyés  à 
Véléda,  peut-être  pour  d'horribles  sa- 
crifices. Civilis  ne  perdait  aucune  oc- 
casion de  gagner  la  faveur  de  la  pro- 


phétesse  ;  il  avait  de  vastes  projets.  On 
remarqua  que  ni  lui,  ni  aucun  de  ses 
Bataves,  n'avait  prêté  serment  à  l'em- 
pire gaulois.  Il  voulait  rester  libre, 
{)our  dominer  à  la  fois  la  Germanie  et 
es  Gaules.  Mais  déjà  la  fortune  chan- 
geait :  les  Gaulois ,  oubliant  qu'ils  ne 
devaient  chercher  que  leur  indépen- 
dance nationale,  voulaient  faire  un 
empereur.  Sabinus ,  qui  se  disait  des- 
cendant de  César,  venait  d'être  pro- 
clamé chez  les  Langrois.  Les  Rémois, 
les  Séquanes ,  voyant  que  la  cause  de 
la  Gaule  devenait  celle  d'un  homme, 
refusèrent  de  prendre  les  armes.  En 
même  temps,  Vespasien,  maître  tran- 
quille de  l'empire^  envoyait  une  armée 
nombreuse  avec  un  général  expéri- 
menté. Sabinus  fut  défait  par  les  Gau- 
lois eux-mêmes  avant  l'arrivée  du  gé- 
néral romain,  et  n'échappa  qu'en  se 
réfugiant  dans  un  souterrain,  où  il 
vécut  neuf  années  avec  sa  femme,  la 
belle  et  vertueuse  Éponine.  Civilis, 
resté  seul,  marcha  hardiment  au-de- 
vant des  Romains,  surprit  le  camp  de 
Céréalis ,  le  força ,  mit  en  fuite  la  ca- 
valerie ,  et  aurait  détruit  Tarmée  ro- 
maine, si  Céréalis,  absent  au  moment 
de  l'attaque,  n'était  venu  rétablir  le 
combat.  La  fortune  de  la  journée  chan- 
gea. Les  Germains  reculèrent,  et  Civi- 
lis, se  voyant  serré  de  tous  côtés ,  fut 
contraint  de  se  réfugier  dans  l'île  des 
Bataves,  après  avoir  soutenu,  près  de 
Vetera,  deux  batailles  contre  Céréalis. 
.  La  guerre  se  rapprochant  des  fron- 
tières de  la  Germanie,  de  nombreux 
guerriers  vinrent  se  joindre  à  Civilis, 
qui ,  profitant  de  la  conQance  témé- 
raire de  l'ennemi,  faillit  exterminer 
l'armée  romaine.  Les  Bataves  avaient 
remarqué  que  la  garde  se  faisait  avec 
négligence  dans  le  camp  placé  sur  les 
bords  du  W^haal  ;  ils  choisirent*  une 
nuit  sombre,  et,  s'abandonnant  au 
fil  de  l'eau,  ils  pénétrèrent,  sans  ren- 
contrer d'obstacles,  au  milieu  des  re- 
tranchements. Céréalis  était  absent;  il 
avait  été  passer  la  nuit  ailleurs,  dans 
les  bras  d'une  femme  ubienne,  nommée 
Claudia  Sacrata.  Les  Romains,  sur- 
pris sous  leurs  tentes ,  périrent  en 
grand  nombre  sous  les  coups  desGer- 


190 


CIV 


L'UNIVERS. 


CIV 


mains;  en  métne  temps  leut  flotte 
était  surprise,  etquana  lejouf  vint, 
lés  Bataves  s'en  retournèrent  triom- 
phants, traînant  à  leur  suite  les  bâti-> 
ments  qu'ils  avaient  pris,  et  la  trirème 
{)rétorienrte,  qu'ils  envoyèrent  en  pré- 
sent à  Véléda. 

Ce  fût  le  dernier  suc(;ès  de  Civilis. 
Prévoyant  la  victoire  prochaine  des 
Komainà ,  il  entama  avec  leur  chef  de 
secrètes  hégociations.  Céréalis  avait 
lui-même  envoyé  porter  des  paroles  de 
paix  à  Véléda  :  il  lui  représenta  que  les 
Germains  n'avaient  retiré  de  leur  al- 
liance avec  Civilis  que  le  massacre  ou 
la  ftiite  de  leurs  frères  ;  que  s'ils  con- 
tinuaient ,  les  torts  et  Tinsulte  étant 
d'un  côté  ;  de  Faùtre  seraient  la  ven- 
geance et  les  dieux. 

Ces  paroles  flrent  effet  sur  Véléda. 
Les  Germains  une  fois  ébranlés ,  les 
fiataves,  réduits  aux  plus  déplorables 
extrémités ,  le  ftirent  bientôt  à  leur 
tour.  Civilis  demanda  lui-même  une 
entrevue  au  général  romain,  cher- 
cha à  excuser  sa  conduite ,  et ,  pour 
prix  de  son  humiliation,  obtint  la  per- 
mission de  vivre  tranquille'  dans  sa 
ftâtrie.  Les  Bataves  rentrèrent  dans 
eurs  anciens  rapports  avec  Rome,  et 
restèrent  libres  de  tout  tribut. 

Ainsi  se  termina  cette  guerre  qui 
avait  commencé  d'une  manière  si  me- 
na(^ante  pour  Rome.  Peut-être  aurait- 
Il  été  donné  à  Civilis  d'y  jouer  le  rôle 
d'Hermann  ;  mais  il  ne  sut  point  faire 
une  alliance  solide  avec  les  tribus 
germaniques.  Il  préféra  s'associer  aux 
Gaulois,  qui,  rompus  au  joug  de  Rome, 
ne  lui  prêtèrent  qu'une  assistance  par- 
tielle. Les  Germains ,  qui  d'ailleurs 
n'étalent  point  alors  sérieusement 
menacés,  ne  virent  point  dans  ce  chef, 
combattant  au  nom  d'un  empire  gau- 
lois ,  un  défenseur  de  l'Indépendance 
germanique.  Ils  ne  lui  envoyèrent  que 
ceux  de  leurs  guerriers  qui,  impatients 
de  repos,  saisissaient  toute  occasion 
de  butiner  et  de  combattre. 

Civisme.  —  Ce  mot ,  l'un  de  ceux 
dont  notre  langue  s^est  enrichie  de- 
puis 1789,  sert  à  exprimer  en  un  seul 
mot  ce  que  Montesquieu  appelait  la 
vertu  politique.  «  Cette  vertu,  dit 


notre  grand  publicîste  (*),  est  un  re- 
noncement à  soi-même;  on  peut  fô 
définir  ran),(yurdes  lois  et  de  la  patrie. 
Cet  amour  demandant  une  préiérence 
continuelle  de  rintérêt  public  au  sien 
jjropre,  donne  toutes  les  vertus  parti- 
culières: elles  ne  sont  que  cette  préfé- 
rence. Cet  amour  est  singulièrement 
affecté  aux  démocraties;  dans  elles 
seules,  le  gouvernement  est  confiée 
chaque  citoyen.  Or,  le  gouvernement 
est  comme  toutes  les  choses  du  monde: 
pour  le  conserver,  il  faut  l'aimer.  » 

Pendant  la  révolution ,  on  exigea  de 
tout  homme  qui.  voulait  prendre  part 
au  maniement  des  affaires  publiques,  et 
Occuper  une  fonction  quelconque,  un 
certificat  de  civisme.  Ce  certificat,  qui 
devait  être  délivré  par  un  corps  admi- 
nistratif légalement  constitué,  attes- 
tait qu'en  foute  circonstance ,  la  per- 
sonne à  qui  il  était  accordé  avait  rem- 
f)li  tous  les  devoirs  et  satisfait  à  toutes 
es  obligations  que  la  loi  imposait  à 
chaque  citoyen.  Le  certificat  de  ci- 
visme n'était  donc  que  l'attestation 
d'un  fait  important  à  constater,  sur- 
tout à  cette  époque  ,'où  les  chefs  du 
pouvoir  exécutif,  entourés  de  traîtres 

3ui  conspiraient  la  ruine  de  la  France, 
evaient  être  à  chaque  instant  exposés 
au  danger  de  déposer  dans  des  mains 
ennemies  une  partie  de  l'autorité  qui 
leur  avait  été  confiée. 

Cependant,  par  une  loi  du  18  ther- 
midor an  m  ,  les  candidats  aux  fonc- 
tions publiques  ont  été  dispensés  de  la 
nécessité  de  fournir  un  certificat  de 
civisme.  On  a  seulement  remplacé 
celte  utile  formalité  par  l'obligation 
du  serment,  obligation  illusoire  pour 
les  fripons ,  qui  n  a  pu  mettre  un  irem 
aux  turpitudes  du  Directoire,  aux  scan- 
dales de  1814  et  de  1815,  et  qui  ne 
nous  a  pas  empêchés  de  voir  plus  d  une 
fois  des  hommes  enrichis  par  la  con- 
trebande et  aux  dépens  du  trésor,  ap- 
pelés à  diriger  les  finances  de  l'Ç^f** 
Civita-Castellana  (bataille  de).-- 
Le  général  Mack  venait  de  s'emparer 
de  Rome ,  et  Championnet  ,  ayant 
laissé  une  garnison  au  château  Saint- 

ê 

(*)  Esprit  des  lois ,  liv.  iv,  ch.  5. 


CIV 


FRANCE. 


CXA 


191 


Ange ,  était  yetiu  s'adosser  aux  tnôo- 
tagnes,  dans  une  position  admirable. 
C'était  un  triangle  formé  par  le  Tibre, 
la  Treia  et  une  chaîne  de  collines  qui 
longe  la  route  de  Florence.  Après  quel- 
ques jours  d'indécision ,  Mack  résolut 
de  s'avancer  avec  40,000  hommes  con- 
tre la  droite  des  Français ,  pour  net- 
toyer la  route  de  Florence,  enlever 
Civita-Gastellana,  et  forcer  le  pont  du 
Borgbetto.  Divisée  en  cinq  colonnes , 
Tarmée  napolitaine  chercha  à  envelop- 

{ler  Tarmée  française  d'un  réseau  que 
es  manœuvres  savantes  de  Champion- 
net  et  la  bravoure  des  chefs  et  des  sol- 
dats parvinrent  heureusement  à  rom- 
pre. Kellermann,  commandant  Tavant- 
§ardé  placée  en  avant  de  JNépi ,  mit  en 
éroUte ,  avec  une  poignée  de  braves, 
la  première  eolonne ,  forte  de  8,000 
hommes.  La  seconde,  qui  s'était  por- 
tée sur  Rignàno,  fut  arrêtée  dans  sa 
marche  par  la  quinzième  demi-brigade 
légère,  aux  ordres  du  chef  de  bataillon 
Lahute.  Celui-ci  s'étant  d'abord  re- 
plié sur  le  pont  de  Civita-Castellana,  y 
soutint  pendant  plusieurs  heures  le 
choc  de  8,000  ennemis ,  qu'il  repoussa 
enfin  après  leur  avoir  lait  éprouver 
une  perte  considérable.  La  troisième 
colonne  fut  culbutée  en  se  portant  de 
Fabrica  sur  Santa-Maria  di  Falori ,  et 
lâeha  pied  au  premier  choc.  Maurice 
Mathieu  défit  la  quatrième.  £nflh  la 
dernière  colonne ,  au  bruit  de  ces  dé- 
sastres ,  Se  hâta  de  repasser  le  Tibre 
sans  brûler  une  amorce.  Mack,  décon- 
certé par  sa  déroute .  s'établit  à  Cata- 
lupo ,  fit  passer  le  Tibre  à  une  partie 
de  ses  troupes ,  et  forma  des  disposi- 
tions pour  attaquer  le  centre  des  po- 
sitions françaises ,  où  il  croyait  mieux 
réussir.  (4  décembre  1798.)" 

CtviTELLÀ-DEL-TRONTO  (prîse  de). 
—  En  décembre  1798 ,  le  général  Du- 
hesmé ,  qui  commandait  la  gauche  de 
Tairmée  de  Rome,  envoya  le  général 
Monnier  faire  le  siège  de  Civiteïla-del- 
Tronto.  Cette  forteresse ,  regardée 
avec  raison  comme  le  boulevard  des 
Abruzzes ,  couronne  le  faîte  d'une  as- 
sez haute  montagne.  Les  fortifications, 
bien  revêtues  et  flanquées  à  chaque 
angle,  ne  sont  dominées  d'aucun  point 


et  protègent  la  tlilé ,  qu'entoure  d'ail- 
leurs un  torrent  très-profond.  La  place 
fut  investie  le  7.  Munie  de  douze  pièces 
en  bronze  du  plus  gros  calibre ,  elle 
ne  manquait  d'aucun  des  approvision- 
nements nécessaires  pour  soutenir  un 
long  siège;  Néanmoins,  la  présence 
du  général  Monnier  intimida  à  tel 
point  la  garnison  napolitaine^  qu'a- 
près dix-huit  heures  d  investissement, 
et  quoique  les  Français  n'eussent  avec 
eux  aucune  pièce  de  siège ,  le  com- 
mandant demanda  de  lui-même  à  par- 
lementer, et  se  constitua  prisonnier 
de  guerre. 

CiviiAC,  ancienne  seigneurie  du  Ba- 
zadois,  aujourd'hui  du  département 
de  la  Gironde,  érigée  en  marquisat  en 
1047. 

CiZE,  notH  de  l'Une  des  contrées 
dans  lesquelles  on  divisait  autrefois  la 
basse  ISavarre.  La  vallée  de  Cize,  dont 
Saint-Jean-Pied-de-Port  était  la. capi- 
tale, forme  aujourd'hui  l'arrondisse- 
sement  de  cette  ville ,  et  fait  partie  du 
département  des  Basses-Pyrénées. 

Clacy  (  combats  de  ).  —  Napoléon 
avait  résolu  de  tenter,  le  9  mars  1814, 
une  attaque  sur  la  ville  de  Laon ,  oc- 
cupée par  les  Prussiens  et  les  Russes. 
Il  fit  donc,  là  veille  au  soir  et  dans  la 
nuit ,  marcher  ses  différents  corps.  A 
la  pointe  du  jour ,  on  aperçut  la  posi- 
tion des  alliés  :  ils  avaient  80,000 
hommes  en  ligne,  et  leurs  avant-posites 
étaient  aux  villages  de  Clacy,  Semilly , 
Ardon  et  Athies.  Les  Français ,  à  la 
faveur  du  brouillard  qui  cadiait  leurs 
mouvements ,  s'emparèrent  de  Semilly 
et  d'Ardon  ;  mais  la  possession  de  ces 
postes  ne  cessa  de  leur  être  disputée , 
et  leur  coûta  beaucoup  de  monde.  Vers 
quatre  heures  de  l'après-midi ,  le  gé- 
néral Charpentier,  qui,  avec  sa  divi- 
sion et  celle  du  général  Boyer  de  Ré- 
beval ,  arrivait  d'Êtouvclle ,  d'où  il 
avait  le  matin  expulsé  les  Russes ,  re- 
çut ordre  d'essayer,  de  concert  avec 
les  généraux  Curial  et  Friant ,  un  coup 
de  main  sur  Clacy.  Curial  fil  tourner 
la  droite  du  village  par  300  tirailleurs, 
et  Charpentier  l'attaqua  de  front  et  de 
flanc.  La  brigade  Montmarie  y  entra 
par  le  chemin  de.  Mons ,  s'en  empara 


192 


€LA 


L'UNIVERS. 


c:la 


de  vive  force ,  et  fit  prisonniers  7  of- 
ficiers russes  et  250  soldats.  Le  10, 
dès  le  jour,  Blucher,  jaloux  de  réparer 
cet  échec ,  dirigea  sur  Clacy  les  trois 
divisions  du  corps  de  Woronsow  et 
les  hussards  du  général  Balck.  Le  gé- 
néral français  laissa  arriver  la  colonne 
d'infanterie  jusqu'à  une  demi  -  portée 
de  canon,  et  alors  il  la  mitrailla  telle- 
ment ,  qu'elle  fut  contrainte  de  cher- 
cher un  refuge  dans  le  bois  qui  est  à 
gauche  en  avant  du  village.  La  cava- 
lerie ne  fut  pas  repoussée  moins  éner- 
giquement,  et  six  autres  attaques  de 
l'ennemi ,  faites  dans  le  courant  de  la 
journée  avec  des  troupes  fraîches  et 
plus  nombreuses,  n'eurent  pas  un  meil- 
leur succès. 

Glagenfcrth  (prise  de).  —  Après 
les  conobats  de  Tarvis  et  de  Chiusa , 
trois  divisions  ayant  traversé  les  gor- 
ges qui  conduisent  de  l'État  véni- 
tien dans  le  Tyrol ,  campèrent  à  Vil- 
Inch.  Masséna  se  mit  en  marche  le 
27  mars  1797.  A  une  lieue  de  Cla- 
genfurth,  il  rencontra  l'armée  autri- 
chienne, la  défit,  entra  dès  le  soir 
dans  la  capitale  deJa  Carinthie,  et  vit 
fuir  devant  lui  les  débris  de  l'armée  du 
prince  Charles. 

CjLAiR  ou  Clbr  (S.),  né  au  com- 
mencement du  règne  de  Clotaire  II , 
sur  les  bords  du  Rhône,  dans  le  vil- 
lage qui  porte  aujourd'hui  son  nom , 
fut  abbé  du  monastère  de  Saint-Mar- 
cel de  Vienne,  en  Dauphiné,  le  gou- 
verna pendant  vingt  ans ,  et  mourut 
vers  l'an  660,  Sa  vie,  ouvrage  d'un 
anonyme ,  a  été  publiée  par  Mabillon 
et  Bôllandus. 

Claib  (S.),,  prêtre  et  martyr  du 
neuvième  siècle,  naquit  à  Rochester, 
passa  ensuite  dans  les  Gaules ,  et  s'é- 
tablit dans  le  Vexin ,  où  il  acquit  bien- 
tôt une  haute  réputation  de  vertu.  Une 
femme  éprise  de  lui  n'ayant  pu  lui 
faire  partager  sa  passion  ,  s'en  vengea 
en  payant  deux  meurtriers  qui  Fassas- 
sinerent,  vers  l'an  894,  dans  un  bourg 
ç|ui  porte  son  nom ,  et  qui  est  célèbre 
par  le  traité  qui  céda  à  RoUon  la  pro- 
vince de  Neustrie. 

Clairag  «  Clariacum,  jolie  ville  de 
l'ancienne  Guyenne ,  à  22  kil.  de  Mar- 


mande,  doit  son  origine  à  une  célèbre 
abbaye  de  l'ordre  de  Saint-Benott,'dont 
la  fondation  remontait  au  huitième 
siècle. 

Gérard  Rousselle,  abbé  de  Ciairac , 
embrassa,  en  1527,  laireligion  protes- 
tante ,  et  attira  à  sa  nouvelle  croyance 
une  partie  des  habitants  de  la  ville. 
Les  capitaines  catholiques  Lavalette, 
de  Losse  et  Montferrand^,  vinrent  in- 
vestir la  place 'le  30  mai  1674 ,  et  fu- 
rent forcés  de  se  retirer  le  20  juin  sui- 
vant ,  après  avoir  donné  deux  assauts 
inutiles.  En  1621 ,  Louis  XIII  fit  en 
personne  le  siège  de  Ciairac;  la  ville 
se  rendit  à  discrétion  après  douze  jours 
de  tranchée  ouverte.  Le  roi  imposa 
aux  habitants  une  contribution  de 
150,000  livres  pour  le  rachat  de  leurs 
biens ,  et  fit  pendre  quatre  des  princi- 

Kaux  chefs  ;  mais  l'année  suivante,  les 
abitants  firent  main  basse  sur  la  gar- 
nison catholique,  et  se  rendirent  de 
nouveau  maîtres  de  la  place. 

Claibaut  (Alexis-Claude),  né  à  Pa- 
ris le  7  mai  1713 ,  partagea  avec  Euler 
et  d'Alembert  l'honneur  d'être  regardé 
comme  l'un  des  successeurs  immédiats 
de  Newton  dans  la  découverte  des  lois 
du  système  du  monde.  Son  père ,  géo- 
mètre distingué  lui-même,  et  associé 
de  l'Académie  de  Berlin  ,  dirigea  de 
bonne  heure  son  esprit  vers  l'étude  des 
mathématiques.  A  douze  ans ,  il  pré- 
senta à  l'Académie  des  sciences  un 
mémoire  remarquable ,  et  à  treize ,  il 
était  en  état  de  tenir  sa  place  dans 
une  société  de  savants  et  dWtistes  ou 
figuraient  la  Condamine,  Noilet,  Ju- 
lien Leroi.  En  1731 ,  il  fut  jugé  digne 
d'entrer  à  l'Académie  ;  mais  comme  il 
n'avait  que  dix-huit  ans .  on  fut  oblige 
de  demander  pour  lui  au  roi  une  dis- 
pense d'âge.  11  est  le  seul  pour  oui 
cette  formalité  ait  été  nécessaire  de- 
puis rétablissement  de  l'Académie. 
Ciairaut  mourut  à  Paris  le  17  mai 
1765,  âgé  de  cinquante  -  deux  aûs 
Bailly,  quYavait  été  son  élève,  a  rendu, 
dans  son  Histoire  de  rastrmomie  mo- 
derne, un  juste  hommage  à  sa.mé- 
moire.  Le  morceau  qu'il  lui  a  consacre 
est  un  des  plus  éloquents  qui  soient 
sortis  de  sa  plume.  Les  ouvrages  de 


CLA 


FRANCE. 


CLA 


193 


Glairaut  sont ,  outre  un  grand  nombre 
de  mémoires  publiés  dans  le  recueil  de 
rAcadémie  :  Recherches  sur  les  cour» 
bes  à  double  courbure^  1731 ,  in -4°; 
Éléments   de  géométrie,   composés 
pour  madame  du   Châtelet ,    1741 , 
in-8"  ;  Théorie  de  la  figure  de  la  terre, 
4743,  in-8*  ;  Élémeràs  d'algèbre,  1 746, 
in-8**  ;  Théorie  de  la  lune  y  déduite  du 
seul  principe  de  t attraction ,  in-4° , 
1752;  Théorie  du  mouvement  des  co- 
mètes, 1760,  in-8°.Tous  ses  ouvrages 
ont  été  plusieurs  fois  réimprimés  ;  les 
Éléments  de  géométrie  surtout ,  et  les 
Éléments  d'algèbre,  ont  eu  le  plus 
grand  succès. 

Glaibon  (  Glaire-Hîppolyte  Leyris 
de  la  Toude)  naquit,  en  1723,  à  Samt- 
Wanon,  petite  ville  de  la  Flandre 
française.  On  ignore  le  nom  de  son 
père',  et  tout  ce  qu'on  sait  de  sa  nais- 
sance ,  c'est  que  sa  mère ,  accouchant 
aa  bout  de  sept  mois  de  grossesse,  en 
temps  de  carnaval ,  Tenfant,  qu'on  n'a- 
vait pas  crue  viable ,  fut  baptisée  par 
un  caré  assisté  de  son  vicaire ,  dégui- 
sés, l'un  en  Gilles,  et  l'autre  en  Ar- 
lequin, et  qu'on  avait  eu  grand'  peine 
à  trouver ,  occupés  quMIs  étaient  à  se 
divertir.  Dès  l'âge  de  douze  ans,  la  vo- 
cation de  la  grande  tragédienne  se  ma- 
nifesta :  on  1  avait  menée  au  spectacle, 
et  en  rentrant  elle  déclara  à  sa  mère 
qu'elle  serait  actrice.  Dévote  et  aca- 
riâtre, celle-ci  l'accabla  de  mauvais 
traitements  pour  lui  faire  abandonner 
une  idée  qu'elle  considérait  comme  une 
inspiration  du  diable  ;  tout  fut  inutile, 
et  la  jeune  fille  lui  dit  un  jour ,  avec 
cette  énergie  indomptable  qui  est  un 
des  signes  des  véritables  vocations  : 
«  Eh  bien  !  tuez-moi  donc  tout  de  suite, 
«  car  sans  cela  je  jouerai  la  comédie.  » 
Force  fut  enfin  de  céder ,  et  mademoi- 
selle Clairon ,  à  peine  âgée  de  treize 
ans,  débuta  dans  les  rôles  de  soubrette 
à  la  comédie  italienne.  Des  tracasseries 
de  coulisse  la  forcèrent  ensuite  de  quit- 
ter ce  théâtre ,  et  elle  alla  à  Rouen , 
où  elle  joua  tous  les  rôles  qui  pou- 
vaient convenir  à  son  âge.  De  Rouen 
elle  se  rendit  au  Havre ,  et  c'ei»t  pen- 
dant ce  voyage  qu'un  de  ses  camarades, 
dont  elle  avait  repoussé  l'amour,  pu- 


blia pour  se  venger  un  pamphlet  in- 
fâme où  il  attaquait  la  jeune  artiste 
dans  son  talent  et  dans  son  honneur. 
Du  Havre ,  mademoiselle  Clairon  alla 
à  Gand ,  où  elle  fit  partie  d'une  troupe 
destinée  à  jouer  la  comédie  devant  1^ 
tat- major  d'une  armée  anglaise  qui 
menaçait  alors  la  France;  mais  promp- 
tement  dégoûtée  de  vivre  au  milieu  des 
ennemis  de  son  pays ,  elle  échappa  aux 
Anglais  ,  qui ,  devmant  sa  résolution , 
la  s'Urveillaient  activement ,  et  elle  ar- 
riva à  Dunkerque,  où  elle  reçut  un 
ordre  pour  débuter  à  l'Opéra.  Elle  y 
parut  effectivement  avec  succès  en 
1743,  et  elle  eût  pu  rester  sur  cette 
scène,  dont  sa  belle  voix  la  rendait  di- 
gne ,  si  un  penchant  irrésistible  ne 
Peut  entraînée  vers  la  muse  tragique. 
Elle  obtint  un  ordre  de  début  pour  la 
Comédie -Française;  et  celle  qui  jus- 

gu«-là  n'avait  guère  joué  que  les  sou- 
rettes,  s'engagea  pour  les  premiers 
rôles  tragiques.  Elle  joua  Phèdre ,  et 
la  Comédie-Française,  si  riche  en  ta- 
lents à  cette  époque ,  compta  une 
grande  actrice  de  plus.  Une  discussion 
du  duc  de  Richelieu  et  des  comédiens, 
dans  laquelle  les  derniers  montrèrent 
plus  d'honneur  que  le  maréchal ,  la  fit 
mettre  en  prison  au  FortVÉvêque  en 
1765.  Elle  n'y  resta  que  cinq  jours; 
mais ,  outrée  de  rinjustice  qu'on  lui 
avait  faite,  elle  jura  de  ne  plus  repa- 
raître sur  la  scène ,  et  elle  tint  parole. 
Mademoiselle  Clairon  avait  alors  qua- 
rante-deux ans  ;  elle  se  retira  près  du 
margravexI'Anspach,  dont  elle  devint  la 
femme  selon  quelques-uns ,  la  maî- 
tresse selon  d'autres.  Elle  y  resta  pen- 
dant dix-sept  ans ,  et  revint  ensuite  à 
Paris,  où  elle  mourut  le  18  janvier 
1803,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans. 
Mademoiselle  Clairon  a  fait  faire  un 
pas  immense  à  l'art  dramatique  :  c'est 
a  elle  que  nous  devons  l'exactitude  des 
costumes  et  le  langage  naturel  qui  a 
remplacé  la  diction  notée  dont  nous 
avons  parlé  à  l'article  Champmeslé. 
On  a  d'elle  un  ouvrage  authentique 
ayant  pour  titre  :  Mémoires  d'Hippo^ 
lyte  Clairon  y  et  réflexions  sur  l'art 
dramatique.  On  y  voit  l'importance 
et  la  dignité  qu'avait  à  ses  yeux  la 


T,  Y.  13*  lÂvraison.  (Dict.  engyglop.,  etc.) 


13 


1^ 


CXA 


L'UNIVERS. 


CliA 


profession  de  comédien ,  professrion 
qu'elle  aima  toute  sa  vie ,  et  qu'elle  sut 
toujours  faire  respecter  en  sa  per- 
sonne. 

Clairons,  instruments  à  vent, 
en  cuivre  jaune ,  et  qui  remplacent  les 
tambours  dans  les  compagnies  d'in- 
fanterie légère  et  dans  les  compagnies 
de  voltigeurs  de  l'infanterie  de  ligne. 

De  toute  antiquité  on  s'est  servi 
d'instruments  de  diverse  nature  pour 
appeler  les  troupes ,  et  leur  indiquer , 
par  des  signaux  convenus,  les  devoirs 
a  rempHr  ou  les  mouvements  à  exé- 
cuter. Il  paraît  qu'on  employait  autre- 
fois à  cet  usage  un  instrument  à  vent 
qu'on  appelait  clairon ,  et  qui  fut  rem- 
placé, en  1347,  par  la  caisse  de  tam- 
bour. (Voy.  Tambour.)  Depuis  cette 
époque,  ce  dernier  instrument  fut  seul 
en  usage  dans  llnfanterie. 

L'arrêté  du  22  ventôse  an  xii  et  le 
décret  du  2* jour  complémentaire  an 
XIII,  portant  création  des  compagnies 
de  voltigeurs  dans  chaque  bataillon 
d'infanterie  légère  et  de  ligne,  affectè- 
rent deux  instruments  militaires,au  lieu 
de  tambours,  à  chaque  compagnie  de 
voltigeurs.  Ces  instruments  étaient  de 
petits  cors  de  chasse  auxquels  on  donna 
le  nom  de  cornet. 

Après  le  licenciement  de  l'armée  en 
1815,  et  à  l'organisation  des  légions 
départementales  ,  toutes  les  compa- 
gnies d'infanterie  indistinctement  eu- 
rent deux  tambours;  mais,  par  une 
ordonnance  du  18  décembre  1816, 
on  remplaça  les  tambours  par  deux 
cornets  dans  les  compagnies  de  vol- 
tigeurs. Une  décision  royale  du  12  no- 
vembre 1819  supprima  un  des  deux 
tambours  dans  les  compagnies  de  ca- 
rabiniers et  de  chasseurs  des  bataillons 
d'infanterie  légère,  et  le  remplaça  aussi 
par  un  cornet.  Enfln,  un  emploi  de 
caporal  -cornet  fut  créé  par  décision 
ministérielle  du  29  mars  1820. 

Après  un  essai  de  quelques  années , 
Texpérience  ayant  démontré  que  le 
cornet  était  nuisible  à  la  santé  des  hom- 
mes qui  s'en  servaient ,  et  présentait 
d'ailleurs  d'autres  inconvénients  pour 
le  service,  une  ordonnance  du  22  mai 
1822  prescrivit  son  remplacement  par 


un  autre  instrument  qui  prit  le  nom 
de  clairon.  Toutefois ,  cet  instrument 
ne  commença  à  être  employé  que  vers 
Fe  commencement  de  Tannée  1828.  Le 
clairon  ne  donne  que  cinq.notes,  mais 
ces  notes  sont  suf usantes  pour  l'exé- 
cution des  26  sonneries  adoptées  par 
les  règlements.  De  ces  26  sonneries , 
quinze  sont  .affectées  au  service  jour- 
nalier des  troupes,  et  11  sont  flus 
particulièrement  consacrées  aux  ma- 
nœuvres des  tirailleurs.  Le  son  de  cet 
instrument  a  une  très-grande  portée, 
et  s'entend  très-distinctement,  même 
au  milieu  du  bruit  des  armes  a  feu. 
Cette  propriété  a  donné  à  M.  Sudre 
Fidée  (l'appliquer  au  clahron  la  phono- 
graphie^  ou  langue  musicale,  au  moyen 
de  laquelle  des  ordres  assez  compli- 
qués peuvent  être  transmis  à  une  très- 
grande  distance  avec  une  célérité  qui 
approche  de  celle  que  Ton  peut  obtenir 
avec  le  télégraphe.  Des  essais  ont  été 
faits  dans  cebuten  présence  de  différen- 
tes commissions  nommées  par  le  gou- 
vernement ,  et  les  résultats  ont  semblé 
répondre  à  ce  qu'on  en  attendait.  Ce- 
pendant il  ne  paraît  pas  que  le  gou- 
vernement ait  riep  fait  depuis  pour 
profiter  de  cette  utile  invention. 

ClaiM-v^àI  (  J.  B.),  célèbre  acteur 
de  rOpérà^ Comique,  né  à  Paris  vers 
1740,  exerija  d^abord  la  profession  de 
perruquier  qui'  lui  donna  l'accès  des 
coulisses  et  lui  fournit  ainsi  le  moyen 
de  reconnaître  sa  vocation.  Mais  ce 
fut  surtout  à  sa  jolie  figure ,  à  la  dis- 
tinction de  sa  tournure  et  de  ses  ma- 
nières que  Clairval  dut  les  succès  qu'il* 
remporta  dans  son  emploi  (Tamoureuœ. 
Surnommé,  pour  ses  bonnes  fortunes , 
le  Mole  de  la  comédie  italienne ,  il  fut 
l*un  des  principaux  soutiens  de  la  mu- 
sique des  Philidor ,  des  Wonsigny  et 
des  Grétry.  Quand  l'âge  eut  affaibli 
ses  moyens,  on  fit  sur  lui  cette  épi- 
gramme  : 

Cet  acteur  miiiaudier  et  ce  chanteur  sans  voix 
Écorche  les  auteurs  qu'il  rasait  aatrefns. 

Il  mourut  en  1795. 

Claïrvaux  (  abbaye  de  ).  —  L'ab- 
baye de  Claïrvaux ,  chef  de  l'une  des 
plus  importantes  congrégations  de 
l'ordre  de  Cîteaux,  fut  fondée  en  1114, 


ÇL4 


FEAKCE. 


ChA 


19a 


p^  saint  Bernard ,  aidé  des  libéralités 
d'Hugues ,  comte  de  Cbampagne ,  qui 
lui  donna  la  vallée  d'Absinthe  avec 
toutes  ses  dépeudauces  ;  cet  établisse- 
ment fut  encore  enrichi  plus  tard  par 
Tbibaut,  cpQvte  de  Champagne,  et  par 
les  conoites  <le  Flandre.  En  peu  d'an- 
nées ,  Bernard  fonda  ou  agrégea  à  son 
abbaye  soixante  -  seize  monastères  , 
dont  trente-dnq  seulement  étaient  en 
France.  £n  1181  ,  les  religieux  de 
Clairvaux  étaient  si  nombreux  qu'on 
fut  obligé  de  leur  construire  un  nou- 
veau monastèr-e  où ,  à  la  mort  de  saint 
Bernard,  vivaient  sept  cents  moines. 
A  répoque  de  la  suppression  des 
communautés  religieuses,  il  y  avait 
encore  à  Clairvaux  quarante  religieux 
de  chœur,  vingt  frères  oonvers,  et  un 
grand  nombre  de  domestiques.  Le  re- 
venu de  l'abbaye  consistait  à  cette 
époque  en  cent  vingt  mille  livres  de 
rente ,  dont  soixante-six  mille  seule- 
ment en  argent  et  le  reste  en  nature. 

Les  murs  de  l'enclos  du  monastère 
avaient  près  de  deux  mille  mètres  de 
circonférence.  Dans  les  caves  du  mo- 
nastère se  trouvait  le  fameux  foudre 
qui  pouvait  coiTtenir  jusqu'à  huit  cents 
tonneaux  de  vin. 

De  Clairvaux  sont  sortis  un  pape, 
Eugène  III,  quinze  cardinaux,  et  un 
très-grand  nombre  d'archevêques  et 
évéques. 

Depuis  la  révolution ,  les  bâtiments 
de  l'abbaye  de  Clairvaux  ont  été  con- 
vertis en  une  maison  centrale  de  dé- 
tention ,  où  l'on  enferme  aussi,  depuis 
queiquesajinées,des  détenu  s  politiques. 

Clairvaux  dépend  aujourd'hui  ae  la 
connuune  de  Ville-sous-la  Ferté ,  vil- 
lage du  département  de  l'Aube,  dans 
Farrondissement  et  à  14  kilom.  de  Bar- 
sur-Aube.  (Voy.  Citeaux  et  saint 

B^RNABD.  ) 

Claiby,  ancienne  seigneurie  de  Pi- 
cardie, aujourd'hui  du  département  de 
ja  Somiîje,  à  4  )iil.  de  Péronne,  éri- 
gée en  comté  en  1623,  sous  le  nom 
de  Clairy-Créquû 

Claixe  (la)  on  la  Clayette  y  an- 
cienne baronnie  de  Bourgogne,  au* 
iourd'bui  département,  de  Saône-et- 
îoire ,  érigée  en  comté  en  1730. 


Clamegy  ,  Clameciacum  ,  petite 
ville  de  l'ancien  Nivernais,  aujourd'hui 
chef -lieu  d'arrondissement  du  dépar- 
tement de  la  Nièvre. 

On  ne  sait  rien  de  précis  sur  la  fon- 
dation de  Clamecy,  qui  remonte  à  une 
époque  reculée.  C'était  autrefois  une 
place  forte ,  et  Ton  voit  encore  quel- 
ques vestiges  de  ses  fortifications  ;  elle 
a  beaucoup  souffert  dans  nos  guerres 
civiles  et  a  soutenu  plusieurs  sièges. 
Le  château  a  été  détruit  lors  des  dis- 
sensions des  seigneurs  de  JNevers  et 
des  ducs  de  Bourgogne.  Un  des  fau- 
bourgs de  Clamecy,  situé  sur  l'autre 
rive  de  l'Yonne,  était  le  siège  d'un 
évéché  in  partibus  qui  était  à  la  no- 
mination des  ducs  de  Nevers ,  avec 
l'agrément  du  roi ,  et  qui  a  subsisté 
jusqu'à  la  révolution. 

Cette  ville ,  patrie  de  Royer  Piles  et 
de  M.  de  Marchang}^,  auteur  de  \àGaule 
poétiquey  était  anciennement  un  chef- 
lieu  d'élection.  Elle  possède  aujour- 
d'hui des  tribunaux  de  première  ins- 
tance et  de  commerce  et  une  société 
d'agriculture  ;  on  y  compte  5,539  ha- 
bitants. 

Clamenges  ou  Clémengis  (  Ma- 
thieu-Nicolas de  ) ,  appelé  en  latin  Cle- 
magiics  ou  de  Clemagiîs,  du  nom  du 
village  de  Clamenges  en  Champagne, 
où  il  était  né,  remplissait,  en  1393, 
la  çlace  de  recteur  de  l'académie  de 
Paris.  Ce  fut  lui  qui  rédigea  au  nom 
de  la  Sorbonne  et  présenta  au  roi ,  le 
30  juin  de  l'année  suivante,  un  Traité 
dans  lequel  il  exposait  les  moyens  de 
faire  cesser  le  scnisme  par  l'interven- 
tion de  l'autorité  royale.  Il  fut  pendant 
quelque  temps  secrétaire  de  l'antipape 
Benoit  XIII;  mais  ayant  été  soupçonné 
d'avoir  rédigé  la  bulle  d'excommuni- 
cation lancée  contre  Charles  VI-,  roi 
de  France,  il  fut  forcé  deux  fois  de 
s'expatrier  et  passa  plusieurs  années 
en  Toscane.  Ses  lettres  prouvent  qu'il 
rentra  ensuite  en  France ,  (|u'il  recou 
vra  ses  bénéfices  et  qu'il  vivait  encore 
en  1431 ,  au  temps  du  concile  de  Bâle. 
Le  recueil  des  ouvrages  de  cet  auteur, 
qui  a  joui  danç  son  temps  d'une  éton- 
nante réputation  ,  a  été  publié  par  Ly- 
dius ,  Leyde ,  1618 ,  in-4'>.  Il  renferme 

13. 


196 


CLA 


L'UNIVERS. 


CLA 


différents  Traités  sur  des  matières 
ecclésiastiques ,  et  des  lettres  adres- 
sées à  des  prélats ,  à  des  cardinaux,  et 
à  Henri ,  roi  d'Angleterre. 
Clameur  de  haro.  (Yoy.  Haro.) 
Clamorgan  (Jean  de),  seigneur 
de  Saane  ou  Saave,  chef  de  la  marine 
du  Ponant ,  servit  pendant  quarante- 
cinq  années  dans  la  marine  française, 
sous  François  I",  Henri  II,  François  II 
et  Charles  IX.  Il  avait  composé,  pour 
en  faire  hommage  à  François  I""*,  une 
Carte  universelk,  avec  détermination 
des  longitudes  et  des  latitudes ,  et  un 
Traité  sur  la  construction  des  navires 
et  sur  les  navigations  lointaines.  Ces 
ouvrages  n'ont  pas  été  publiés^  mais 
on  a  de  lui  un  Traité  fort  curieux  de 
la  chasse  au  loup,  dédié  à  Charles  IX, 
et  conservé  en  manuscrit  à  la  biblio- 
thèque de  Dresde. 

Claparede  (  le  comte  ) ,  lieutenant 
général ,  pair  de  France,  né  à  Gignac 
(Hérault)  en  1774,  après  avoir  servi 
en  Italie  (  an  vu  )  comme  chef  de  ba- 
taillon, et  à  Farmée  du  Rhin  (an  yiii) 
comme  adjudant-commandant,  accom- 
pagna le  général  Leclerc  à  Saint-Do- 
mingue, et  obtint^  dans  cette  funeste 
campagne,  plusieurs  avantages  impor- 
tants sur  les  nègres.  De  retour  en 
France ,  après  la  mort  du  général  en 
chef  de  l'expédition,  Claparede  partit 
pour  l'expédition  de  la  Dominique, 
revint  en  France  après  la  soumission 
de  cette  colonie ,  et  reçut  le  comman- 
dement de  la  1"*^  briga'de  du  ^^  corps 
de  la  grande  armée.  A  la  tête  de  cette 
brigade,  il  se  distingua  aux  combats 
de  Wertingen ,  d'Ulm ,  d'Hollabrûn , 
aux  batailles  d'Austerlitz  et  d'Iéna. 
A  cette  dernière  bataille  ce  fut  lui 
qui ,  avec  sa  seule  brigade ,  commença 
l'attaque  contre  8,000  Saxons  et  les 
mit  en  déroute.  Il  se  signala  encore 
au  combat  de  Pulstuck,  où  il  fut 
blessé,  ainsi  qu'à  toutes  les  affaires 
qui  eurent  lieu  en  Pologne  en  1807. 
Après  la  bataille  de  Tilsitt,  il  fut 
nommé  général  de  di vison.  En  1809  , 
eut  lieu  la  brillante  affaire  d'Ebers- 
berg,  au  passage  de  la  Tramm,  sur 
laquelle  le  bulletin  de  la  grande  armée 
s'exprime  ainsi  :  «  La  division  Clapa- 


a 


« 


« 


«  rède  seule,  et  n'ayant  que  quatre 
«  pièces  de  canon ,  lutta  pendant  trois 
«  heures  contre  30,000  ennemis.  Cette 
«  action  d'Ebersberg  est  un  des  plus 
«  beaux  faits  d'armes  dont  l'histoire 
«  puisse  conserver  le  souvenir.  La  di- 
vision Claparede  's'est  couverte  de 
gloire;  le  pont,  la  ville  et  la  position 
d'Ebersberg  seront  des  monuments 
durables  de  son  courage  ;  le  voya- 
geur dira  :  C'est  de  cette  superbe 
position ,  de  ce  pont  d'une  si  longue 
«  étendue ,  de  ce  château  si  fort  par 
«c  sa  situation,  qu'une  armée^de  30,000 
«  Autrichiens  a  été  chassée  par  7,000 
«  Français.  »  Claparede  prit  encore 
une  part  glorieuse  à  la  bataille  d'Ess- 
ling  où  il  fut  blessé  de  nouveau,  à  celle 
de  Wagram  et  au  combat  de  Znaïm. 
Après  ta  campagne ,  l'empereur  le 
nomma  grand  oftcier  de  la  Légion 
d'honneur.  Après  avoir  servi  avec 
distinction  en  Espagne  pendant  deux 
ans,  Claparede  reçut  le  commande- 
ment en  chef  du  corps  polonais  au 
service  de  France ,  fit  à  la  tête  de  ce 
corps  la  campagne  de  Russie,  et  se 
trouva  à  la  bataille  de  la  Moscowa  et 
au  passage  de  la  Bérésina ,  où  il  fut 
encore  blessé.  En  1813,  il  fit  partie 
du  corps  d'observation  de  Mayence.  Il 
commandait  la  3*^  subdivision  de  la 
l'*  division  militaire,  lorsque  Napo- 
léon débarqua  au  golfe  Juan  ;  il  resta 
étranger  aux  événements  des  cent 
jours,  et,  après  la  deuxième  restau- 
ration, il  fut  nommé  inspecteur  gé- 
néral d'infanterie,  gouverneur  du  châ- 
teau royal  de  Strasbourg  et  pair  de 
France.  Pendant  la  réaction  de  1815 
et  de  1816,  le  général  Claparede  n'a  pas 
cessé  d'user  de  l'influence  (]ue  lui  don- 
naient ses  fonctions  militaires  à  Paris, 
pour  adoucir  le  sort  de  ses  anciens 
frères  d'armes  persécutés  par  le  mi- 
nistre Clarke. 

Clara  d'Anduse  ,  issue  d'une  fa- 
mille illustre,  qui  possédait  la  sei- 
§neurie  d'Anduse,  est  mise  au  rang 
es  meilleurs  troubadours  du  seizième 
siècle.  Il  ne  reste  d'elle  qu'une  seule 

f)ièce  recueillie  par  Sainte-Palaye;  et 
'on  voit,  par  ce  petit  ouvrage,  que 
Clara  d'Anduse  fut  unie  à  un  mari  ja- 


CLA 


FRANGE. 


CLA 


197 


ioux  ;  qu'elle  finit  par  justifier  sa  ja- 
lousie; que  sa  liaison  secrète  avec  un 
autre  fut  découverte  ;  qu'elle  vit  son 
amant  éloigné  pour  toujours  par  son 
époux ,  et  nit  au  désespoir  de  cette  sé- 
paration. Les  vers  dans  lesquels  elle  a 
.  exprimé  ses  regrets,  sa  douleur  et  son 
amour,  semblent  inspirés  par  une  pas- 
sion vive,  et  plaisent  en  outre  par  un 
tour  délicat  et  assez  ingénieux. 

Cl ABAG  (Charles  -  Othon-  Frédéric- 
Jean-Baptiste  ,  comte  de)  est  né  à  Pa- 
ris en  1777.  Il  roonCra  de  bonne  heure 
un  goût  prononcé  pour  les  arts  ;  mais 
en  1795,  il  fut  appelé  par  son  père  à 
Tarmée  de  Condé,  et  il  y  servit  jusqu'à 
la  dissolution  de  cette  armée.  Il  alla 
ensuite  en  Italie  où  ses  connaissances 
en  archéologie  lui  firent  confier  la  di- 
rection d'une  partie  des  fouilles  de 
Pompéi.  En  1814  il  revint  à  Paris; 
puis  il  alla  étudier  la  nature  vierge 
dans  les  forêts  de  rAmérique.  C'est 
à  ce  voyage  que  nous  devons  la  belle 
gravure  représentant  une  forêt  du 
BrésiL  En  1818,  M.  de  Clarac  fut 
nommé  conservateur  des  antiques  du 
musée  royaKdu  Louvre,  et,  en  1838, 
membre  ae  l'Académie  des  beaux-arts. 
Il  a  publié  :  la  Description  des  anti- 
ques  du  musée  rcfyal,  commencée  par 
Ennio  Quirino  Visconti,  Paris,  1820, 
in-8  ;  la  Description  des  ouvrages  de 
la  sculpture  française  des  16'.  17*  et 
18*"  siècles  y  exposés  dans  les  salles 
de  la  gcUerîe  dAngouléme ,  Paris , 
1823,  m-8o;  le  Musée  de  sculpture 
^antique  et  moderne  ^  ou  Description 
de  tout  ce  que  le  Louvre^  le  Musée 
roycU  des  antiques  et  le  jardin  des 
Tuileries  renferment  en  statues,  bus- 
tes, bas-reliefs,  inscriptions,  accom* 
pagnée  d^une  Iconographie  grecque 
et  romaine,  et  de  plus  de  1,200  sta- 
tues antiques  tirées  des  principaux 
musées  et  de  diverses  collections  de 
l'Europe;  magnifique  ouvrage  com- 
mencé en  1825,  et  qui  est  sur  le  point 
d'être  achevé. 

Clabion  (J.)  ,  né  à  Saint-Pont-Ie- 
Seyne,  département  des  Basses-Alpes, 
pharmacien  ordinaire  du  roi ,  eut  de 
bonne  heure  un  goût  très-prononcé 
pour  l'étude  de  la  botanique.  Il  vint  à 


Paris  à  vingt  et  un  ans  étudier  la  mé- 
decine, et,  en  1803,  soutint  sa  thèse 
sur  ï Analyse  des  végétaux  en  gêné' 
rai,  et  sur  ceUe  de  la  rhubaroe  en 
particidier.  Devenu  clief  du  labora- 
toire de  chimie  de  l'école  de  médecine 
et  préparateur  de  Fourcroy,  il  donna, 
dans  le  Journal  de  Médecine ^  plu- 
sieurs Mémoires,  parmi  lesquels  on 
remarque  ceux  qui  traitent  de  la  cou- 
leur jaune  des  ictériques  et  de  Cana^ 
lyse  d^s  sucs  gastriques.  Nommé 
professeur  de  botanique  iQrs  de  la  dis- 
solution et  de  la  réorganisation  de  la 
Faculté,  il  a  cessé,  depuis  1830,  de 
faire  partie  du  corps  des  professeurs , 
par  suite  de  la  nouvelle  organisation 
de  l'école. 

Clabke  (Henri  Jacques-Guillaume), 
duc  de  Fèltre  et  maréchal  de  France, 
né  à  Landrecies  en  1765,  entra  à  l'é- 
cole militaire  de  Paris  en  1781,  fut 
nommé  sous-lieutenant  en  1782 ,  et 
capitaine  ivî  1784.  L'année  suivante , 
il  obtint  le  grade  de  chef  d'escadron 
dans  le  2*  régiment  de  cavalerie  légère, 
et  bientôt  après  il  re<^ut  le  commande- 
ment de  ce  même  régiment  en  rem- 
placement de  M.  de  Beaujeu ,  à  la  des- 
titution duquel ,  dit-on ,  ses  dénoncia- 
tions n'avaient  pas  été  étrangères. 
Ce  régiment  faisait  alors  partie  de  l'ar- 
mée de  la  Moselle  ;  à  la  première  af- 
faire ,  le  nouveau  colonel  se  montra  si 
mauvais  soldat ,  jtX  fit  preuve  de  tant 
d'impéritie,  que,  sans  la  bravoure  et 
l'intelligence  des  officiers,  tout  le  ré- 
giment était  perdu.  Chassé  de  l'armée 
delà  Moselle,  il  passa  à  l'armée  du 
Rhin ,  où  il  fut  employé  dans  les  bu- 
reaux. L'aptitude  qu'il  montra  pour  les 
travaux  de  cabinet  lui  fit  accorder  le 
grade  de  général  de  brigade ,  et  lui 
valut  d'être  appelé  par  Carnot  au  co- 
mité de  salut  public  en  qualité  de  chef 
de  bureau  topographique.  Il  fut  main- 
tenu dans  ces  fonctions  par  le  Direc- 
toire, qui  le  nomma  général  de  division, 
et  l'envoya  en  Italie  pour  surveiller  le 
général  Bonaparte,  que  ses  victoires 
commençaient  à  rendre  suspect  au 
pouvoir. "Le  conquérant  de  l'Italie  pé- 
nétra la  secrète  mission  de  Clarke ,  et 
le  traita  d'abord  avec  mépris  ;  mais 


f9B 


GLA 


L'UmYERS. 


CLA 


reconnaissant  bientôt  le  parti  quMl 
pourrait  tirer  de  son  surveillant  en  le 
mettant  dans  ses  intérêts ,  il  eut  le  ta- 
lent de  gagner  sa  confiance  et  d'obte- 
nir de  lui  les  révélations  qu'il  désirait. 
Cependant  Clarke  fat  bientôt  rappelé 
par  le  Directoire,  qui  soupçonnait  sa 
trsÉiison  ;  mais  Bonaparte  lé  retint ,  et 
le  fît  assister  au  traité  de  Campo-For- 
mio.  Carnot,  son  protecteur,  ayant  été 
exilé  après  le  18  fructidor,  Clarke  fut 
mis  en  non-activité  comme  général,  et 
perdit  sa  place  comme  bureaucrate. 
Mais  cette  disgrâce  ne  dura  pas  :  le  Di- 
rectoire, en  l'an  vi,  l'envoya  comme 
ambassadeur  à  la  cour  dé  Turin.  Il  prit 
une  part  très-active  à  la  révolution  du 
18  brumaire,  et  le  premier  consul  l'at- 
tacha à  son  cabinet  particulier.  Après 
la  bataille  de  Marengo ,  il  fut  nommé 
ministre  plénipotentiaire  près  du  roi 
d'Étrurie;  en  1805,  gouverneur  de 
Vienne  et  grand  officier  de  la  Légion 
d'honneur;  en  1806,  gouverneur  d'Er- 
furt  et  de  Berlin;  enfin,  ministre  de 
la  guerre  en  1807,  au  retour  de  la 
campagne  de  Prusse.  C'est  durant  cette 
administration,  où  Clarke  se  signala 
par  le  dévouement  le  plus  absolu  aux 
projets  ambitieux  et  gigantesques  de 
son  maître,  qu'il  reçut  le  titre  de  duc 
de  Feltre  et  le  grano  cordon  de  la  Lé- 
gion d'honneur.  C'est  aussi  sous  son 
ministère  qu'eut  lieu  la  fameuse  cons- 
piration du  général  Mallet,  qu'il  n'eut 
pas  le  talent  de  prévoir,  mais  qu'il  sut 
cruellement  punir.  En  1814,  lorsque 
Clarke  vit  T  Europe  entière  conjurée 
Contre  Napoléon ,  il  se  mit  en  rapport 
avec  le  marquis  de  Chabannes ,  agent 
des  Bourbons.  Le  duc  de  Rovigo  le  dé- 
nonça comme  traître  à  Napoléon;  mais 
l'empereur  ne  put  croire  à  tant  d'in- 
gratitude, et  lui  laissa  son  portefeuille. 
Il  ne  tarda  pas  à  se  repentir  de  son 
incrédulité  et  de  sa  confiance.  En  effet, 
au  moment  de  l'invasion  étrangère,  la 
France  se  trouva  dépourvue  de  tous 
moyens  de  défense  ;  tes  places  fortes 
n'avaient  pas  le  quart  de  leurs  pièces 
en  batterie,  et  beaucoup  manquaient 
de  chaînes  pour  faire  jouer  les  ponts- 
levls.  Lors  de  la  défense  de  Paris  (30 
mars  1814)  «  tout  ce  qui  tenait  au  dé- 


partement de  la  guerre  M  luit  aveic 
une  mollesse  inconcevable  :  les  points 
les  plus  importants  ne  furent  point  ar- 
més ;  les  munitions  de  guerre  restè- 
rent dans  les  arsenaux  y  les  Instructions 
manquèrent  aux  troupes,  les  cartou- 
ches à  la  garde  nationale.  C'est  en  ap- 
{ prenant  cette  conduite  du  ministre  de 
a  guerre  que  Napoléon ,  sur  la  route 
de  Fontainebleau ,  s'écriait  :  «  Clarke 
«  est  un  vilain  homme;  on  me  l'avait 
«  bien  dit;  mais  je  n'aurais  pas  voulu 
a  le  croire.  »  Il  vovait  alors ,  mais  trop 
tard,^u'un  génie  désorganisateur  avait 
conspiré  avec  les  hordes  du  Nord  con- 
tre la  fortune  et  l'indépendance  de  la 
patrie.  Clarke  fut  aussi  servile  sous  les 
Bourbons  qu'il  l'avait  été  sous  Napo* 
léon.  A  la  chambre  des  pairs,  dont  il 
avait  été  nommé  membre  le  4  juin  18M, 
il  ne  craignit  pas  d'avouer  que  le  roi 
était  le  seul  interprète  des  lois:  Siveut 
le  roi,  ajouta-t-il ,  si  veut  la  loi.  Quel- 
ques Jours  après  le  débarquement  de 
Napoléon  au  golfe  Juan ,  il  fut  nommé 
ministre  de  la  guerre  ;  il  fit  des  pro- 
clamations, s'efforça  d'enrôler  quel- 
ques troupes;  mais  le  fugitif  de  i'ile 
d'Elbe  ne  poursuivit  pas  moins  sa 
marcYie  triomphale;  et  Clarke^  le  30 
mars,  s'empressa  de  quitter  la  capitale 
et  de  passer  à  l'étranger.  Il  rentra  en 
France  à  la  suite  des  armées  coali- 
sées, reçut  le  portefeuille  de  la  guerre 
après  la  chute  du  ministère  Talleyrand. 
Mais  à  peine  eut-il  pris  place  au  conseil, 
qu'il  classa  Tarmée  par  catégories, 
proposa  l'établissement  des  cours  pré- 
vôtales ,  fit  poursuivre  et  fusiller  une 
foule  de  généraux  couverts  de  gloire , 
surchargea  le  budget  de  la  guerre, 
tandis  qu'il  réduisait  Taf  mée  a  rien , 
et  accabla  d'injures,  de  mauvais  trai- 
tements, d'humiliations,  de  misère, 
les  anciens  Officiers.  Cette  affreuse 
persécution  dura  plus  de  deux  ans,  et 
ce  ne  fut  que  vers  la  fin  de  1817  que 
l'armée  fut  délivrée  de  cet  odieux  mi- 
nistre. Qui  le  croirait  ?  Cet  homme , 
qui  n'avait  jamais  vu  un  champ  de  ba- 
taille, qui  n'avait  conquis  ses  grades 
que  dans  les  bureaux  et  par  son  dé- 
vouement de  courtisan,  reçut,  en  place 
de  son  portèfettillci  le  bâtOn  de  mare- 


GUI 


FRANCE. 


CLA 


199 


dial  de  France  ! Mais  il  ne  jouit 

pas  longtemps  de  cette  dernière  fa- 
veur :  il  mourut  le  28  octobre  1818, 
laissant  une  fortune  de  8  millions. 
LVpitapbe  suivante,  écrite  au  crayon, 
fut  trouvée  sur  son  tombeau  : 

Ci-gît  ClarLe,  d'odiea$e  mémoire, 
ministre  sans  talent ,  et  maréchal  sans  gloire. 

Claude,  né  dans  le  midi  de  la 
France,  vers  1470,  a  eu  l'honneur  de 
faire  connaître  à  T Italie  Tart  de  la 
peinture  sur  verre.  Jules  II  avait  or- 
donné au  Bramante  d'orner  les  fenê- 
tres du  Vatican  de  verres  historiés. 
.  Bramante,  qui  avait  admiré  chez  Fam- 
bassadeur  français  un  vitrail  superbe , 
appela  à  Rome  le  peintre  Claude,  qui 
vivait  alors  à  Marseille  et  qui  jouissait 
d'une  grande  réputation.  Claude  amena 
avec  lui  un  de  ses  confrères,  nommé 
Guillaume ,  et  tous  deux  exécutèrent 
au  Vatican  plusieurs  vitraux  qui  furent 
détruits  en  1527.  Ils  firent  ensuite, 
pour  l'église  de  Santa  Maria  del  Popolo, 
deux  verrières  où  ils  représentèrent 
l'histoire  de  la  Vierge  ;  on  peut  encore 
admirer  ces  beaux  vitraux,  dont  les 
Italiens  disaient  qu'ils  étaient  descen- 
dus du  ciel.  Claude  mourut  peu  de 
temps  après  avoir  terminé  cet  ouvrage, 
et  fut  remplacé  par  Guillaume. 

Claude  (Jean) ,  l'un  des  plus  célè- 
bres ministres  du  culte  réformé,  naquit 
en  1619  à  la  Sauvetat  de  Caumont, 
dans  l'Agenois.  II  dirigeait  avec  succès 
l'école  de  théologie  qu'il  avait  formée 
à  îiîmes ,  lorsque ,  accusé  de  mettre 
obstacle  a  l'exécution  d'un  projet  de 
réunion  des  calvinistes  et  des  catho- 
liques, il  fut  frappé  d'une  interdiction 
qui  le  força  bientôt  a  quitter  le  Lan- 
guedoc.-Attaché  en  1656  au  consis- 
toire de  Charenton ,  il  eut ,  dans  di- 
verses polémiques  religieuses ,  l'occa- 
sion de  mettre  au  grand  jour  les  qualités 
d'un  esjprjt  qui  brillait  autant  par  la 
profondeur  de  l'érudition  que  par  la 
finesse  de  la  dialectique.  Claude  fut 
bientôt  regardé  comme  Pâme  de  son 
parti  ;  aussi ,  le  jour  même  de  la  révo- 
cation de  redit  de  Nantes,  reçut-il 
l'ordre  de  partir  dans  les  vingt-quatre 
heures.  Il  se  retira  à  la  Haye  près  de 
son  fils ,  qui  suivait ,  ainsi  qu'il  l'avait 


fait  lui-même,  la  vocation  paternelle , 
et  il  y  mourut  au  bout  de  deux  ans. 
La  plupart  de  ses  nombreux  écrits  de 
controverse  ont  été  imprimés  à  l'étran- 
ger. Nous  devons  une  mention  parti- 
culière à  sa  Défense  de  la  réforma- 
tion ,  en  réponse  au  livre  de  Nicole , 
intitulé  Préjugés  légitimes  contre  les 
calvinistes ,  et  à  sa  version  de  la  cé- 
lèbre conférence  qu'il  eut  avec  Bossuet. 
t'évêque  de  Meaux  répliqua  par  une 
sorte  de  défi ,  s'engageant  à  se  faire 
succ^sivement  accorder  par  son  ad- 
versaire, dans  une  nouvelle  rencontre, 
tous  les  points  qu'il  lui  refusait  ;  mais 
celui-ci  ne  releva  pas  le  gant. 

Isaac^  son  fils,  né  à  Saint-Affrique, 
en  1653,  exerça  d'abord  le  ministère 
à  Sedan ,  nuis  accepta  la  direction  de 
l'église  wallonne  à  la  Haye,  où  il  mou- 
irut  en  1695.  C'est  par  ses  soins  que 
parurent  la  plupart  des  œuvres  de  son 
père. 

Jean- Jacques  y  fils  d'Isaac,  né  à  la 
Haye  en  1684,  commença  dès  l'âge  de 
quinze  ans  à  écrire  sur'  diverses  ma- 
tières d'érudition  profane;  ses  idées 
s' étant  plus  tard  tournées  vers  la  reli- 
gion ,  il  embrassa  la  profession  de 
ministre  et  mourut  pasteur  de  l'église 
française  à  Londres,  en  1712. 

Claude  de  France,  fille  de 
Louis  XII  et  d'Anne  de  Bretagne, 
naquit  à  Romorantin  en  1499.  Héri- 
tière, du  chef  de  sa'mère,  du  duché 
de  Bretagne ,  elle  fïlt ,  tout  enfant , 
recherchée  en  mariage  par  Charles 
d'Autriche,  auquel  on  l'aurait  accordée 
si  la  raison  d'Etat ,  plus  forte  que  les 
sympathies  de  la  reine ,  n'eût  porté 
Louis  XII  à  la  marier  à  François  de 
Valois,  héritier  présomptif  de  fa  cou- 
ronne de  France.  Fiancée,  en  1506,  5 
l'âge  dé  sept  ans,  Claude  fut  solennel- 
lement mariée,  en  1514,  à  Saint-Ger- 
main en  Laye.  Elle  apportait  en  dot  à 
son  époux ,  outre  le  duché  de  Breta- 
gne, les  comtés  de  Blois,  de  Coucy, 
deMontfort,  d'Étampes,  d'Ast,  êtres 
éternels  droits  au  duché  de  Milan,  qui 
ont  coûté  à  la  France  tant  d'or  et  de 
sang.  Claude  était  loin  d'être  belle  ; 
mais  elle  était  douée  des  qualités  les 
plus  éminentes;   les  historiographes 


200 


CLA 


L'UNIVERS. 


GLÀ 


du  temps  la  célébraient  comme  une 
sainte,  le  peuple  Tadorait  et  l'appelait 
la  bonne  reine.  Le  libertin  François  I" 
fut  lui-même  touché  de  sa  douceur  et 
de  sa  vertu,  et  pendant  dix  années  que 
dura  leur  mariage,  il  n'eut  point  de 
maîtresse  déclarée,  et  l'entoura  cons- 
tamment de  soins  et  d'égards.  Claude 
mourut  à  Blois  en  1524 ,  à  l'âge  de 
vingt-cinq  ans  ,  ^près  avoir  donné  ie 
jour  à  sept  enfants.  Sa  devise ,  dont 
aucun  historien  n'a  contesté  la  jus- 
tesse ,  était  une  lune  en  plein  avec  ces 
mots  :  Candida  candidis, 

Clàusel  (Bertrand) ,  comte  et  ma- 
réchal de  France,  est  né  à  Mirepoix, 
en  1772.  Il  s'enrôla  comme  volontaire 
en  1791,  et  parvint  rapidement  au 
grade  de  capitaine;  il  fît  les  campagnes 
de  1794  et  1795  à  l'armée  des  Pyré- 
nées ,  passa  ensuite  à  l'armée  d'Italie  ; 
commanda  une  brigade  dans  la  cam- 
pagne de  ]  799 ,  et  fît  partie  de  l'expé- 
dition de  Saint-Domingue.  En  1802 , 
après  la  mort  du  général  Leclerc ,  il 
aida  le  général  Rochambeau  à  sauver 
les  débris  de  l'armée ,  puis  il  revint 
en  France.  Il  fut  nommé,  en  1804, 
commandant  de  la  Légion  d'honneur , 
et  envoyé  à  l'armée  du  Nord  avec  le 
grade  Je  général  de  division  ;  peu  de 
temps  après  il  passa  en  Italie,  et  con- 
tribua ,  en  1809 ,  à  la  conquête  de 
l'Autriche.  Mais  c'était  en   Espagne 

3ue  Clausel  devait  surtout  s'illustrer  : 
ans  les  campagnes  de  18  iO  et  de 
1811,  il  soutmt  tout  le  poids  de- la 
guerre  terrible  que  les  Espagnols  fai- 
saient aux  armées  françaises.  En  1812, 
il  commanda  en  chef  l'armée  qu'avait 
abandonnée  le  général  Marmont  griè- 
vement blessé ,  et  ce  fut  alors  qu'il  fît 
cette  brillante  retraite,  dite  du  Por- 
tugal ,  comparée  à  la  retraite  de  Ney 
en  Russie.  Il  rentra  en  France  au  mo- 
ment où  déjà  les  Bourbons  avaient  re- 
paru. Louis  XVIII  le  nomma  grand- 
croix  de  l'ordre  de  la  Réunion  et 
chevalier  de  Saint-Louis ,  et ,  peu  de 
temps  après ,  inspecteur  général  d'in- 
fanterie et  grand  officier  de  la  Légion 
d'honneur.  Lors  du  retour  de  l'île 
d'Elbe,  Clausel  rejoignit  le  drapeau 
tricolore ,  et  reçut  le  commandement 


d'une  armée  à  la  tête  de  laquelle  il  op* 

{>osa ,  aux  ennemis  qui  envahissaient 
es  départements  du  Midi ,  une  éner- 
gique résistance.  Compris,  après  la 
seconde  restauration,  dans  1  ordon- 
nance du  24  juillet  1815,  il  fut  déclaré 
traître  au  roi  et  à  la  patrie,  et  forcé 
de  fuir  aux  Ëtats-Unis.  Il  revint  ce- 
pendant à  la  suite  de  l'amnistie  de 
1820;  fut  envoyé  à  la  chambre  des 
députés  par  l'arrondissement  de  Re- 
thel,  en  1827  ;  coopéra  à  la  révolution 
de  juillet ,  et  fut  envoyé  en  Afrique 
en  qualité  de  gouverneur  générai. 
Rappelé  en  France  en  1831,  le  général 
Clausel  reçut  alors  le  bâton  de  maré- 
chal, et  fut  de  nouveau^  en  1832,  en- 
voyé dans  l'Algérie  ^  qu'il  continua  de 
gouverner  jusqu'eh  1836.  A  cette  épo- 
que ,  il  commanda  la  première  expédi- 
tion de  Constantine ,  où  il  éprouva  un 
échec,  dont  il  doit  être  moins  blâmé 
que  le  ministère  qui ,  en  lui  intimant 

I  ordre  d'entrer  en  campagne,  lui  avait 
refusé  les  renforts  qu'il  demandait. 
De  l'avis  de  tous  les  militaires,  le  ma- 
réchal Clausel  est  peut-être  l'homme 
de  guerre  le  plus  habile  que  nous 
ayons,  et  le  seul  qui  soit  en  état  de 
commander  dans  une  guerre  sérieuse. 

Clausel  de  Coussebgues  (Jean- 
Claude),  député,  né  à  Coussergues 
(Aveyron),  en  1765,  était  conseiller  à 
la  cour  des  aides  avant  la  révolution. 

II  fit  partie  de  la  première  émigration, 
et  servit  dans  l'armée  de  Condé.  Ren- 
tré en  France  sous  le  consulat ,  il  se 
fit  libraire  et  journaliste;  les  opinions 
qu'il  émettait  dans  sa  feuille  étaient 
loin  d'être  hostiles  au  grand  homme, 
qui  gouvernait  alors  la  France.  En 
1808,  il  fut  nommé  membre  du  corps 
législatif;  en  1809,  conseiller  à  la  cour 
impériale  de  Montpellier;  en  1813 , 
pour  la  deuxième  fois,  membre  du 
corps  législatif.  Membre  de  la  cham- 
bre des  députés  pendant  la  première 
et  la  deuxième  restauration,  il  a  cons- 
tamment parlé  et  voté  en  faveur  des 
projets  de  loi  contraires  aux  libertés 
publiques.  La  liberté  de  la  presse  n'a 
pas  eu  de  plus  violent  adversaire ,  les 
émigrés  de  plus  chaud  défenseur  que 
M.  Clausel.  En  1820 ,  il  proposa  de 


CLA 


FRANCE. 


€LA 


201 


porter  un  acte  d'accusation  contre 
M.  Decazes,  ministre  de  l'intérieur , 
comme  complice  de  l'assassinat  du 
duc  de  Berry.  Un  mouvement  d'indi- 
gnation éclata  aussitôt  dans  i'assem- 
olée;  on  demanda  le  rappel  à  l'ordre; 
on  le  traita  de  calomniateur^  et  un 
grand  nombre  de  députés  voulaient 
même  qu'il  fût  poursuivi.  Depuis  1815, 
il  était  conseiller  à  la  cour  de  cassa- 
tion.- 

Clausen  (combat  de).  Maître  de  la 
ville  de  Botzen  en  Tyrol,  après  la  dé- 
faite du  général  Laudon,  Joubert  y 
laissa  seulement  une  force  suffisante 
pour  observer  le  général  autrichien 
qui  errait  dans  les  montagnes,  puis 
marcha  droit  sur  Clausen,  petite  ville 
sur  l'Ëisach ,  où  Kerpen  avait  rallié 
ses  troupes  battues  à  Saint-Michel. 
Les  Impériaux ,  profitant  des  moyens 
de  défense  que  leur  offrait  ce  pays  de 
défilés,  firent  les  meilleures  aisposi- 
tions.  L'attaque  fut  vive  et  bien  con- 
certée, et  le  succès  longtemps  disputé; 
enfin ,  Joubert  essaya  de  faire  tourner 
l'ennemi  par  une  brigade  d'infanterie 
légère  qui  gravit,  après  les  plus  gran- 
des difficultés,  des  rochers  escarpés 
d'où  elle  fit  rouler  sur  lui  d'énormes 

Ï terres;  pendant  ce  temps  il  marchait 
ui-méme  contre  le  centre.  Trop  fai- 
bles pour  résister  à  cette  double  atta- 
que, les  Autrichiens  se  retirèrent  alors 
en  désordre,  laissant  1,500  hommes 
tués  ou  prisonniers.  Le  lendemain 
matin  les  Français  entrèrent  dans 
Brixen. 

Clayareàu  (Nicolas-Marie),  archi- 
tecte des  hospices  civils  de  Paris,  né 
dans  cette  ville  en  1757,  mort  à  Arras 
en  1815,  a  construit  :  le  hideux  por- 
tail de  l'Hôtel-Dieu  de  Paris  ;  l'école 
de  médecine  clinique,  rue  des  Saints- 
Pères,  et  l'hôpital  d'Arras,  qui  s'é- 
croula peu  de  temps  après  sa  cons- 
truction. 

Claveau  (Antoine-Gilbert),  avocat 
à  la  cour  royale  de  Paris,  né  à  Châ- 
teauroux,  en  1788,  a  plaidé  avec  talent 
dans  une  foule  d'afraires  remarqua- 
bles, entre  autres  dans  celle  de  Vépin* 
gle  noire,  ainsi  que  dans  celle  des 
aeux  fourriers  de  la  garde  royale. 


Desbans  et  Chayaux;  il  les  assista  jus- 
qu'à l'heure  de  l'exécution;  au  mo- 
ment où  ils  allaient  être  fusillés, 
M.  Claveau,  les  embrassant,  leur  dit  : 
«  Adieu ,  mes  amis ,  nous  nous  rever- 
«  rons  dans  l'autre  monde.  —  Oui,  ré- 
«  pondirent-ils,  et,  comme  fourriers, 
«  nous  allons  préparer  les  logements.  » 
Dans  le  procès  des  pétards^  il  plaida 
pour  Bouton.  Sentant  que  le  péril 
était  extrême,  il  eut  recours  à  un  vio- 
lent moyen  de  défense.  Il  voulut  tou- 
cher et  épouvanter.  Après  avoir  déve- 
loppé ,  avec  autant  de  force  que  de 
chaleur,  les  raisons  légales,  afin  de 
porter  un  coup  terrible,  il  eut  Pair  d'a- 
bandonner son  client  au  sort  qui  l'at- 
tendait ;  et  s'écria  à  plusieurs  reprises  :  ' 
Frappez-le  donc  !  en  faisant  accompa- 
gner chacune  de  ces  exclamations  du 
récit  d'un  malheur.  Enfin  il  ajouta  : 
a  Son  épouse  est  morte  aujourd'hui, 
«  et  c'est  moi  qui  lui  en  ai  porté  la 
«  nouvelle;  frappez-le  donc)  »  Bou- 
ton s'évanouit  ;  Je  toutes  les  parties 
de  la  salle,  l'auditoire,  ému  de  terreur 
et  de  pitié,  faisait  entendre  des  san- 
glots :  il  fallut  interrompre  la  séance. 
Le  lendemain  Bouton  fut  condamné  à 
mort,  et  M.  Claveau  suspendu  de  ses 
fonctions  pendant  un  mois.  Il  refusa 
de  présenter  aucune  défense  pour  lui- 
même,  mais  il  fit  les  démarches  les 
plus  actives  pour  la  victime  qu'il  avait 
résolu  d'arracher  au  bourreau;  il 
réussit  encore,  et,  après  plusieurs 
commutations  successives  de  peines, 
l'infortuné  Bouton  fut  mis  en  liberté 
à  l'époque  du  sacre. 

Au  commencement  de  1827,  sur  la 
prière  du  vénérable  duc  de  liaroche- 
foucauld-Liancourt ,  M.  Claveau  se 
chargea  de  la  défense  des  élèves  de 
Châlons,  qu'il  fît  acquitter.  Depuis  il 
est  toujours  resté  parmi  les  premiers 
avocats  du  barreau  de  Paris. 

Claveysan,  ancienne  seigneurie  du 
Dauphiné^  aujourd'hui  du  départe- 
ment de  la  Drome,  érigée  en  marqui- 
sat en  1658. 

Clavier  (E.),  savant  helléniste, 
naquit  à  Lyon  le  26  décembre  1762. 
Il  s'adonna  de  bonne  heure  à  l'étude 
de  la  jurisprudence,  et,  en  1788,  il 


202 


ChA 


L'UNIVERS. 


CLA 


obtint  une  charge  de  conseiller  au 
Châtelet.  Après  la'  suppression  de  ce 
tribunal^  il  fut  homme  juge  à  la  cour 
de  justice  criminelle  du  département 
de  la  Seine,  où  il  siégea  jusqu'en  ISll, 
et  il  déploya  dans  ses  fonctions  une 
rare  intégrité  et  un  profond  sentiment 
de  ses  devoirs.  Lorsque  Moreau  fut 
traduit  devant  le  tribunal  de  la  Seine,. 
on  flt  auprès  de  Clavier  des  démarches 
pressantes  pour  obtenir  la  condamna- 
tion à  mort  de  Faccusé  ;  on  promettait 
qu'on  lui  ferait  grâce  :  Et  à  nouSy  qui 
nous  fera  grâce  ?  s'écria  Clavier  in- 
digné. Reçu  en  1809  à  la  classe  d'his- 
toire et  de  littérature  ancienne  de 
l'Institut,  Clavier  mourut  en  1817.  Il 
avait  eu  pour  gendre  le  célèbre  Cou- 
rier, et  ne  lui  avait  donné  sa  fille  que 
sur  la  promesse  qu'il  se  ferait  recevoir 
à  rinstitut  ;  on  sait  quel  fut  le  résultat 
des  démarches  de  Paul-Louis.  On  doit 
à  Clavier  :  1°  OEuvres  de  Plutarque, 
traduites  par  Amyoty  avec  des  notes 
et  des  observations,  par  MM.  Brotier 
et  f^auvilliers,  édition  augmentée  de 
la  version  de  divers  traités  et  frag- 
ments inédits  de  Plutarque,  1801- 
1806,  25  vol.  in-S**.  L'éditeur,  en  n'al- 
térant que  très-peu  le  texte,  a  fait,  dans 
la  traduction  dAmyot,  un  grand  nom- 
bre de  corrections  indispensables; 
2°  Bibliothèque  dApoUodore  V Athé- 
nien^ 1805,  2  vol.  in-8°.  Cette  édition, 
oui  renferme  le  texte  grec,  une  tra- 
Quction  française  et  de  nombreuses 
notes,  n'est  pas  à  l'abri  de  tout  re- 
proche ,  par  suite  des  modifications  que 
Clavier  a  fait  subir  au  texte.  Les  notes 
sont  intéressantes.  3°  Histoire  des 
premiers  temps  de  la  Grèce,  jusqu'à 
l'expulsion  des  Pisistratides  y  1809, 
2  vol.  in -8°,  réimprimée  en  1822,  3 
.  vol.  in-8'*.  Malgré  les  nombreuses  et 
savantes  recherches  auxquelles  Clavier 
s'était  livré  pour  cet  ouvrage,  l'his- 
toire des  premiers  temps  delà  Grèce, 
on  peut  le  dire,  restait  encore  à 
faire  après  lui.  4°  Description  de 
la  Grèce  de  Pausanias,  traduction 
nouvelle  avec  le  texte  grec,  Paris, 
1814-1824,  6  vol.  in-8°;  les  quatre 
derniers  volumes  ont  été  revus  et  pu- 
bliés par  Coraî  et  Courier.  Côt  ouvrage 


est,  sans  contredit,  le  meilleur  de 
Clavier;  auquel  on  doit  en  outre  des 
éditions  de  l  Exposition  de  la  doctrine 
de  réalise  gauicane  par  Dumarsais  ; 
des  tioertés  de  l'église  gallicane  par 
Pithou,  et  un  assez  grand  nombre  de 
mémoires  lus  à  l'Institiit  et  imprimés 
dans  le  recueil  de  l'Académie  des 
inscriptions. 

CLAviÈaE  (Emile),  né  à  Genève  en 
1735,  vint  se  fixer  à  Paris,  pour  se 
soustraire  aux  poursuites  que  ses  opi- 
nions lui  avaient  attirées  lors  des  dis-, 
sensions  intestines  qui  agitaient  sa 
ville  natale.  Plein  d'habileté  et  d'au- 
dace dans  les  opérations  financières,  il 
contribua  à  étendre  les  mouvements  de 
la  bourse ,  et  ce  fut  peu^être  lui  qui 
réveilla  en  France  cet  esprit  d'agiotage 
qui  déjà ,  sous  Law ,  avait  causé  tant 
de  maux.  Il  avait  amassé  une  fortune 
assez  considérable,  lorsqu'il  se  lança 
avec  ardeur  dans  la  carrière  de  la  rè» 
volution.  Membre  zélé  de  la  société 
des  amis  des  noirs,  doué  d'un  esorit 
actif,  mais  irascible  et  opiniâtre,  ii  se 
fit  bientôt  remarquer  par  sa  haine  con- 
tre la  cour,  et  par  une  critique  amère 
des  plans  de  son  compatriote  Necker. 
Brissot,  de  concert  avec  les  jacobins, 
le  fit  porter,  en  mars  1792,  au  minis- 
tère des  finances,  ou  contributions  pu- 
bliques^ et,  lorsqu'au  mois  de  juin  le 
roi  lui  reprit  son  portefeuille ,  l'as- 
semblée législative  déclara,  par  un  dé> 
cret,  qu'il  emportait  l'estime  et  les  re- 
grets de  la  nation.  Après  la  sanglante 
journée  du  10  août,  les  girondins,  de- 
venus tout-puissants,  réclamèrent  et 
obtinrent  la  réintégration  de  leurs 
amis  Rolland  et  Clavière.  Aussi  Cla- 
vière^  partageant  les  destinées  de  sa 
faction,  se  trouva-t-il  ensuite  compris 
dans  toutes  les  accusations  qui  furent 
dirigées  contre  elle.  Décrété  d'arresta- 
tion avec  son  collègue  Lebrun,  sur  la 
proposition  de  Couthôn,  il  fut  traduit 
au  tribunal  révolutionnaire,  dont  il  pré- 
vint la  sentence  en  se  tuant  dans  sa  pri- 
son, le  8  décembre  1793.  Après  s'etré 
entretenu  avec  d'autres  détenus  sur  la 
manière  la  plus  prompte  de  mourir,  il 
avait  marqué,  avec  la  pointe  de  son 
couteau,  la  place  oil  il  devait  f rappelai 


CftÉ 


FRANGE. 


CLÉ 


306 


Attiâ  il  s'était  retiré  àsm  m  chambre. 
Le  Jendemain  on  le  trouva  étendu  sur 
son  lit  4  ayant  son  couteau  enfoneé 
éans  le  cœur. 

Clbmbtigb  SB  HONGBIB,  fille  de 
Charles  Martel,  roi  de  Hongrie,  épousa, 
en  191^,  le  roi  deFranee,  Louis X,  sur- 
nomnoé  le  HuUn.  Ce  monarque  avait, 
pour  contracter  ce  nouveau  naariage,  ré- 
pifdié  sa  première  femme,  Marguerite  de 
Bourgogne,  et,  comme  cette  princesse 
mourut  au  moment  où  Gléoienee  ve- 
nait d'arriver  en  France,  de  vagues 
soupçons  d'empoisonnement  pesèrent 
sur  ia  nouvaile  reine.  Au  bout  d'un 
an ,  Louis  X  meurt  subitement  à  son 
tour,  et  les  mêmes  soupçons  se  repré- 
sentent ,  mais  sans  plus  de  certitude , 
et  pour  cette  fois  du  moins,  la  reine 
n'avait  nul  intérêt  à  cette  mort. 

Clémence  était  enceinte;  on  atten- 
dit son  accouchement  pour  nommer 
un  roi,  et  elle  donna  le  jour  à  un  fils 
qui  dut  succéder  à  son  père,  mais  qui 
ne  vécut  que  six  jours,  et  auquel  son 
oncle,  Philippe  le  Long,  succéda  à  son 
tour.  Clémence,  qu'aucun  intérêt  ne 
retenait  plus  en  France,  y  resta  ce- 
pendant, livrée  tout  entière  à  des  actes 
de  piété  et  de  charité  qui  furent  peut- 
être  considérés  par  elle  comme  une 
expiation.  Quoi  au'il  en  soit,  elle  fut 
entourée  d  égards  et  de  considération 
pendant  les  douze  années  qu'elle  sur- 
vécut à  son  fils.  Elle  mourut  en  1328. 

Clémence  Isaube.  (Voyez  Jeux 

FLORAUX.) 

Cléhencet  (dom  Charles),  béné- 
dictin de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur,  né  en  1703,  mort  en  1778,  fut 
chargé,  avec  Durand,  de  la  continua- 
tion des />ecréto/é5  (ies  papes,  et  d'au- 
tres travaux  historiques.  On  a  de  lui 
t/frt  de  vérifier  les  dates,  etc.,  Paris, 
1750,  in-40,  ouvrage  conçu  et  impar- 
faitement exécuté  par  Dantine,  refait 
par  ciémencet,  et  heureusement  revu 
et  terminé  par  dom  Clément  (voy.  ce 
nom)  5  une  Histoire  générale  de  Port- 
Royal,  Amsterdam  (Paris),  17j^5-56, 
10  vol.  inlS,  et  les  vol.  10  et  11  de 
VtHstoiri  littéraire  de  la  France; 
Œuvres  de  saint  Grégoire,  1. 1, 1778. 
Clémeivo^.  Voyez  Clamenges. 


CLte«HT  IV  (Grtjîdo-Fvleoéi,  ou 
Guy-Foulques  ou  Fouquet),  élu  pape  en 
1266  pour  succédera  Urbain  IV,  était 
né  à  Saint-Gilles  et  avait  été  successi- 
vement militaire^  jurisconsulte^  secré- 
taire de  Louis  IX,  marjé,  père  de  fa- 
mille, veuf,  prêtre,  évéque  do  Puy, 
archevêque  de  Narbonpe  et  cardinal. 
Son  élévation,  qu'il  devait  à  la  protec- 
tion du  roi  de  France,  ne  changea  rien 
à  la  simplicité  de  ses  nnieurs,  et  n'al- 
téra point  la  reconm^issance  qu'il  avait 
vouée  à  Louis  IX.  Il  mit,  par  la  prag- 
matique sanction ,  un  terme  aux  dif- 
férends qui  régnaient  entre  les  cours 
de  Rome  et  de  France.  J^  insi- 
nuations de  Clément  déterminèrent 
Louis  IX  à  une  nouvelle  croisade; 
toutefois  le  pape  lui  conseillait  de  ne 
point  quitter  la  France.  On  a  accusé 
ee  pontife  d'avoh*  conseillé  le  supplice 
dp  jeune  Conradin,  compétiteur  de 
Charles  d'Anjou  au  royaume  de  Naples; 
mais  cetie  assertion  ne  repose  sur  au- 
cune preuve.  Il  mourut  en  1268  à 
Viterbe. 

Clément  V,  élu  pape  en  1305,  en 
remplacement  de  Benoît  .XI,  por- 
tait, avant  son  élévation,  le  nom  de 
Bertrand  de  Goth,  Né  à  Villandreau, 
dans  le  diocèse  de  Bordeaux,  il  fut  suc- 
cessivement créé  évéque  de  Commin- 
ges  et  archevêque  de  Bordeaux  par  le 
pape  Boniface  VIII.  Il  passait  pour  une 
des  créatures  de  ce  pontife,  et  cepen- 
dant Philippe  le  Bel  proûta  de  l'in- 
fluence qu  il  avait  sur  les  cardinaux 
pour  le  faire  élire;  ipais  ce  prince  n'i- 
gnorait pas  la  convoitise  du  prélat 
gascon.,  et  avant  de  lui  promettre  sa 
puissante  intervention  il  avait  exigé 
des  garanties.  Suivant  le  récit  quelque 

f)eu  romanesque  de  Villani,  le  roi  et 
'archevêque  se  seraient  rencontrés 
dans  la  forêt  de  Saint- Jean  d'Angély, 
à  moitié  chemin  entre  Paris  et  Bor- 
deaux, et  là  se  serait  fait  ce  pacte  cé- 
lèbre qui  mit  la  papauté  sous  la  dépen- 
dance de  ia  couronne  de  France. 
Philippe  le  Bel  voulut  d'abord  être  ré- 
concilié avec  l'Église,  ainsi  que  tous 
Cîux  qui  avaient  pris  part  à  l'attentat 
d' Anagni.  La  mémoire  de  Boniface  VIII 
devait  être  flétrie;  le  pontife  promet- 


904 


CL^ 


L'UNIVERS. 


GLÉ 


tait  en  outre  de  fixer  sa  résidence  à 
Avignon  ;  désornriais  Rome  ne  devait 
plus  être  ia  capitale  du  monde  chré- 
tien. Il  y  avait  enfin  une  dernière  con- 
dition, mais  qui  demeura  secrète,  et 
que  Philippe  le  Bel  se  réservait  de  faire 
connaître  quand  les  temps  seraient 
venus  ;  c'était  l'abolition  de  Tordre  du 
Temple. 

Bertrand  de  Goth  consentit  à  tout 
et  fut  élu  pape  sous  le  nom  de  Clé- 
ment Y.  Il  fut  couronné  à  Lyon  (1305), 
et  fixa  sa  résidence  à  Avignon  (1309), 
au  grand  étonnement  de  la  chrétienté. 
Alors  commença  cette  captivité  de  la 
papauté  €|ui  amena  le  grand  schisme, 
et  par  suite  la  réforme  de  Luther.  Clé- 
ment y,  menacé  d'être  traité  plus  du- 
rement que  ne  l'avait  été  BonifaceVIII, 
obéit  en  tremblant  à  tous  les  ordres 
qu'il  reçut  du  roi  de  France  qui  le  te- 
nait sous  sa  main.  Il  révoqua  les  bulles 
Clericis  laïcos  et  Unam  sanctam  que 
Boniface  VIII  avait  lancées  contre 
Philippe  le  Bel  ;  il  entendit  des  milliers 
de  témoins  qui  vinrent  déposer  contre 
la  mémoire  de  ce  pontife,  et  si  le  roi 
lui  permit  plus  tard  de  mettre  fin  à 
cette  procédure  odieuse,  la  mémoire 
de  Boniface  VIII  n'en  resta  pas  moins 
flétrie.  Enfin,  il  consentit  aux  pour- 
suites que  Philippe  le  Bel  dirigea  con- 
tre les  chevaliers  de  l'ordre  du  Temple, 
et  il  prononça  la  suppression  de  Tor- 
dre au  concile  de  Vienne  (1311),  en 
présence  des  évéques  consternés.  Le 
grand  maître  Jacques,  en  montant  sur 
son  bâcher,  le  cita  à  comparaître  de- 
vant le  jugement  de  Dieu  ;  et  il  mou- 
rut en  effet  l'année  même  du  -supplice 
du  grand  maître  (1314). 

Clément  VI,  élu  pape  en  rem- 
placement de  Benoît  XII,  s'appelait 
auparavant  Pierre  Roger  ^  et  était 
originaire  du  Limousin.  Il  fut  succes- 
sivement abbé  de  Fécamp,  évéque 
d'Arras,  archevêque  de  Rouen,  car- 
dinal et  proviseur  de  Sorbonne ,  et  fut 
élu  pape  en  1342.  Ce  fut  lui  qui,  par 
contrat  du  9  juin  1348,  acheta  de  la 
reine  Jeanne  de  Naples  la  souveraineté 
d'Avignon ,  moyennant  une  somme  de 
80,000  florins  qu'il  ne  paya  jamais. 
Son  séjour  dans  cette  ville  causa  de 


nouveaux  troubles  dans  Rome  qu'agi- 
tait la  faction  de  Rienzi.  Clément  VI 
prétendait  que  ses  prédécesseurs  n'a- 
vaient pas  su  être  papes  ;  aussi  fit-il 
tous  ses  efforts  pour  se  mettre  à  l'abri 
d'un  semblable  reproche  ;  il  mit  tout 
en  œuvre  pour  étendre  son  pouvoir 
temporel.  Villani  l'accuse  de  cupidité, 
d'impureté,  d'orgueil,  tandis  que  Pé- 
trarque ,  jugeant  plutôt  en  poète  qu'en 
historien,  loue  sa  générosité  et  ses 
lumières.  Clément  VI  mourut  à  Ville- 
neuve-d'Avignon en  1352. 

Clément  (dom  François) ,  religieux 
bénédictin  de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur,  naquit  en  1714  à  Bèze,  près  de 
Dijon ,  et  prononça  ses  vœux  à  l'ab- 
baye de  Vendôme*,  le  31  août  1731. 
Passionné  pour  l'étude,  il  s'v  livra 
avec  un  tel  emportement  qu'à  l'âge  de 
vingt-cinq  ans  le  délabrement  complet 
de  sa  santé  le  força  de  quitter  ses  li- 
vres ,  qu'il  ne  reprit  sérieusement  que 
vingt  ans  après.  Ce  fut  alors  que  ses 
supérieurs  lui  confièrent  la  continua- 
tion de  V Histoire  littéraire  de  France, 
Dom  Clément  en  acheva  le  onzième 
volume,  rédigea  entièrement  le  dou- 
zième, et  classait  les  matériaux  qui 
devaient  entrer  dans  la  composition 
du  suivant,  lorsque  sa  congrégation 
le  chargea  de  continuer  le  Recueil  des 
historiens  de  France^  en  remplace- 
ment de  dom  Poirier ,  qui ,  avec  dom 
Précieux  et  dom  Etienne  Housseau, 
se  retirait  de  l'entreprise ,  après  avoir 
publié  deux  volumes.  Le  savant  et 
consciencieux  écrivain ,  aidé  de  dom 
Brial ,  publia  le  douzième  et  le  trei- 
zième volume  de  cette  précieuse  col- 
lection ,  dont  il  laissa  la  continuation 
à  son  collaborateur,  pour  donner  une 
nouvelle  édition  de  Y  Art  de  vérifier 
les  dates.  Cette  édition  parut  en  1770 
et  obtint  un«grand  succès  ;  mais  l'au- 
teur était  loin  d'en  être  aussi  satisfait 
que  le  public  ;  il  se  mit  à  l'œuvre  dans 
rintention  d'en  publier  une  troisième, 
et ,  après  treize  ans  d'un  travail  sans 
relâche ,  il  donna  au  public  le  premier 
volume,  en  1783,  le  second,  en  1784, 
le  troisième  en  1787,  et  conduisit  ainsi 
à  bonne  fin  le  plus  beau  monument 
d'érudition  du   dix- huitième  siècle. 


€L^ 


FRANCE. 


CLE 


205 


1)om  Clément  faisait  partie  d'une 
commission  chargée  par  le  roi  de  re- 
cueillir et  de  publier  les  diplômes, 
chartes,  et  autres  actes  relatifs  à 
notre  histoire;  il  était  de  plus  associé 
libre  résidant  de  TAcadémie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres,  lorsque  la 
révolution  le  força  de  quitter  sa  retraite 
studieuse  et  chérie.  Ayant  trouvé  un 
asile  et  des  soins  chez  son  neveu ,  M. 
Duboy-Laverne ,  directeur  de  Timpri- 
merie'  nationale ,  il  reprit  la  suite  de 
ses  travaux  avec  autant  de  confiance 
et  d'ardeur  que  si  les  temps  eussent 
été  aussi  tranquilles  qu'autrefois ,  et 
prépara  des  matériaux  pour  Vy4rt  de 
vérifier  les  dates  aimnt  Jésus-Christ, 
La  première  partie  de  ce  nouvel  ouvrage 
était  rédigée ,  la  seconde  fort  avancée, 
lorsqu'une  attaque  d'apoplexie  le  frappa 
de  mort  le  29  mars  1793.  Ses  manus- 
crits sont  restés  en  partie  entre  les 
mainsde  M.  Duboy-Laverne,  son  petit- 
neveu  ,  et  en  partie  entre  celles  de  dom 
Brial. 

Clément  (Jacques),  assassin  du  roi 
Henri  III ,  était  natif  de  Sorbonne,  au 
diocèse  de  Sens.  Le  roi  de  France  et 
le  roi  de  Navarre  s'étaient  rapprochés 
et  assiégeaient  ensemble  Paris;  cette 
réconciliation  avait  frappé  la  ligue  de 
terreur.  Le  duc  de  Mayenne,  la  Châtre, 
Villeroi,  et  les  autres  principaux  li- 
gueurs, étaient  réunis  et  délibéraient 
sur  les  moyens  de  se  défaire  de  Henri 
III,  lorsque  Bourgoing,  prieur  des  ja- 
cobins de  Paris ,  se  présenta  à  eux  et 
leur  offrit  le  bras  d'un  de  ses  moines, 
qu'on  était  parvenu  à  décider  à  tuer  le 
roi;  c'était  Jacques  Clément.  Pour 
exalter  ce  misérable,  qui  était  à  la  fois 
jeune,  ardent,  libertin,  dévot  et  vision- 
naire, on  avait  eu  recours,  dit-on,  à 
toutes  sortes  de  manœuvres.  Pendant 
Jft  jour,  on  ne  cessait  de  présenter  à 
son  imitation  l'exemple  de  Judith  dé- 
livrant sa  patrie  par  le  meurtre  d'Ho- 
lopherne  ;  pendant  la  nuit ,  ses  supé- 
rieurs se  présentaient  à  lui  sous  la 
forme  de  fantômes,  et,  lui  parlant  dans 
l'obscurité,  troublaient  sa  tête  déjà 
échauffée  par  le  jeûne  et  la  supersti- 
tion; si  bien  que  le  malheureux  était 
convaincu  qu'un  ange  lui  était  apparu, 


lui  présentant  une  épée  nue,  et  lui  or- 
donnant de  tuer  le  tyran.  Des  contem- 
porains ajoutent  que  la  duchesse  de 
Montpensier  était  l'âme  de  cette  ma- 
chination infernale ,  et  qu'elle  s'était 
prostituée  à  Jacques  Clément  pour  le 
déterminer  au  parricide.  L'otlre  de 
Boursoing  fut  acceptée  avec  joie;  mais 
la  difficulté  était  de  faire  pénétrer  Clé- 
ment jusqu'au  roi  :  une  lettre  d'Achille 
de  Harlay,  tombée  entre  les  mains 
de  Mayenne-,  en  fournit  le  moyen.  Le 
31  juillet  1589,  Clément  jeûne,  se  con- 
fesse et  communie ,  puis  il  part  pour 
Saint-Cloud,  où  se  trouvait  Henri  III. 
Le  lendemain,  il  se  présente  au  palais 
pour  remettre  la  lettre  dont  il  était 
porteur.  Pendant  que  le  roi  la  lit,  ce 
fanatique  tire  un  couteau  caché  sous 
ses  vêtements,  et  le  lui  plonge  dans  le 
flanc.  Henri  s'écrie  \  Ànî  le  méchani 
moine,  il  m* a  tué,  qu'on  le  tue.  Aus- 
sitôt cent  épées  immolent  l'assassin 
sous  les  yeux  du  roi.  Henri  III  mourut 
le  lendemain.  Jacques  Clément  fut  loué 
à  Rome  en  pleine  chaire;  à  Paris,  on 
mit  son  portrait  sur  les  autels  .avec 
l'Eucharistie;  on  l'honora  comme  un 
martyr,  et  il  fut  rangé  au  nombre  des 
saints. 

Clément  (Jean-Marie-Bernard),  le 
plus  célèbre  critique  du  siècle  dernier, 
naquit  à  Dijon ,  en  1742.  Destiné  par 
sa  famille  à  la  carrière  du  barreau,  il 
se  sentit  attiré  vers  celle  des  lettres 
par  un  goût  irrésistible ,  et  demanda 
fort  jeune  encore  une  chaire  de  pro- 
fesseur au  collège  de  Dijon,  qu'il  quitta 
bientôt  après  pour  se  rendre  à  Paris. 

Après  quelques  débuts  dans  la  poé- 
sie ,  qui  ne  furent  pas  très-heureux,  il  se 
livra  tout  entier  à  la  critique  litté- 
raire, et  se  fît  bientôt  en  ce  genre  une 
réputation  méritée.  Choqué  des  éloges 
exagérés  que  l'on  donnait  à  la  traduc- 
tion des  Géorgiques  de  Virgile,  par 
l'abbé  Delille,  il  publia  un  volume 
d'observations  où  il  fît  remarquer  tou- 
tes les  fautes  qui  avaient  échappé  au 
poète  y  mais  où  il  négligea  d'analyser 
également  les  beautés  qui  ont  fait  sur- 
vivre cette  traduction  à  sa  critique, 
d'ailleurs  exacte,  quoique  d'une  sévé- 
rité excessive. 


CUÈ 


L'UNîVEE». 


M 


Mi^  «eux  de  ses  ouygra^es  ^i«£ffe&t 
le  phts  de  bruit  sont  >ceux:  qu'il  écrivit 
contre  Voltaire,  ^epeadant  il  js'était 
d'abord  jnontré  admirateur  sipcère  du 
grand  p«éte;  n)ai$  un  vers  de  d'Aleao^ 
bert,  qui  ie  mettait  au-dessus  de  Ea*^ 
cine  et  de  Corneilie,  les  brouilla»  Cié<<- 
ment  voulut  soutenir  les  droits  des 
cbefs  de  notre  littérature  classique  ;  et 
"de  là  naquit  une  querelle  dans  le  cours 
de  laquelle  Clénaent  publia  .contre  Vol- 
taire trois  volumes  de  lettres  et  ub 
Traité  de  la  tragédie^  pour  fatre 
suite  à  ces  lettres^  en  2  vol.  in-8°.  Vol- 
taire hir  répondit  en  lui  donnant  le 
surnom  de  Clément  l' Inclément,  qui 
lui  est  resté;  mais  d'Alembert  poussa 
plus  loin  la  vengeance,  et  le  ût  enfer- 
mer à  la  Bastille,  d'où  le  gouverne- 
ment ,  forcé  par  Topinion  publique , 
fut  obligé  de  le  faire  sortir  au  bout  de 
4rois  jours.  Toute  la  vie  de  Clément 
fut  d'ailleurs  occupée  de  querelles  et 
de  tracasseries ,  que  lui  suscita  tou- 
jours l'âpreté  de  sa  critique.  Il  mourut 
à  Paris  en  tSV2.  Les  meilleurs  de  ses 
ouvrages  sont  le  Traité  de  la  tragé- 
die, que  nous  avons  déjà  cité,  et  un 
Essai  sur  Ja  manière  de  traduire  les 
poêles  en  vers,  1  vol.  in- 8**. 

Glémenï  i>E  BoissY  (Athanase- 
Alexandre),  conseiller  à  la  chambre 
des  comptes,  né  à  Créteil,  en  1716, 
mort  à  Sainte-Palaye ,  en  1798,  passa 
une  partie  de  sa  vie  à  former  un  Re- 
cueil ele  la  juridiction  et  de  la  juris- 
prudence de  la  chambre  des  comptes, 
qui  forme  quatre-vingts  cartons  in-iolio, 
et  est  actuel lem«nt  à  la  bibliothèque 
du  roi.  La  table  des  pièces  dont  est 
composé  ce  précieux  recueil  a  été  im- 
primée en  1787,  in-4''.  On  doit  en  ou- 
tre à  Clément  de  Boiss^^  plusieurs 
ouvrages  historiques  ou  religieux  dont 
•quelques-uns  ne  sont  pas  sans  mérite. 

Clément  ]>£  Rcs  (le  comte  Domi- 
nique), né,  en  1750,  à  Paris,  était 
avocat  en  1789,  fit  partie,  en  1793  et 
If  94 ,  de  la  commission  à  laquelle  la 
France  dut  l'école  normale.  II.  donua 
«a  démission  en  1796  ;  mais  le  gouver- 
nement consulaire  alla  le  chercher  dans 
«a  retiraite  pour  l'élever  à  la  dignité 
'  de  sénateur.  Ce  fut  au  mois  de  septem- 


|»re  1800  que  lui  arriva  r;aventup# 
siingalière  qui  donna  lieu  à  tant  d^ 
conjectures  et  de  fables.  Enlevé  en 
plein  jour  par  un  parti  de  chouans,  il 
lut  enferme  dans  un  souterrain ,  et  ne 
ait  rendu  à  la  liberté  qu'après  une 
captivité  de  dix-neuf  jours.  Peu  de 
temps  après ,  M.  Clément  de  Bk  fut 
Appelé  à  la  préture  du  sénat,  rfommé 
pair  de  France  en  1814,  maintenu  dans 
xsette  dignité  pendant  les  cent  jours , 
il  se  vit ,  par  l'ordonnance  royale  du 
24juillet  1816,  exclu  de  la  chambre, 
oii  il  rentra  en  1819.  Il  est  morteo 
1837. 

Clément -Desoames,  professeur 
de  chimie  industrielle  au  conservatoire 
des  arts  et  métiers ,  né  à  Dijon ,  flt  ses 
premières  études  dans  cette  ville ,  et 
vint  ensuite  à  Paris ,  chez  un  de  ses 
oncles  qui  était  notaire ,  et  chez  lequel 
il  fut  placé  en  qualité  de  clerc.  Mais  il 
abandonna  une  carrière  qui  ne  four- 
nissait pas  assez  d'éléments  à  son 
activité.  Son  goût  pour  les  sciences 
s'était  déjà  jévélé  ;  dans  les  courses 
qu'il  faisait  pour  son  patron,  il  trou- 
vait le  temps  de  courir  aux  bibliothè- 
ques publiques;  il  y  puisa  de  premières 
connaissances  qui  augmentèrentencore 
son  ardeur  pour  les  études  scientifiques- 
Bientôt  il  put ,  à  l'aide  de  ses  écono- 
mies ,  acheter  des  livres;  il  abandonna 
la  carrière  du  notariat  et  se  livra  en- 
tièrement à  l'étude  de  la  chimie.  Lie 
avec  des  savants  distingués ,  il  reçut 
de  Mongolfier  et  de  Gu-yton  de  Mor- 
veau  des  conseils  utiles ,  et  compléta 
ses  études  dans  les  laboratoires  de  ces 
chimistes.  Les  travaux  publiés  par 
Clément  Désormes,  dans  divers  re- 
cueils scientifiques,  sont  très-nom- 
breux et  ont  fourni ,  pour  la  plupart , 
d'utiles  applications  ;  et  ses  leçons ,  au 
Conservatoire  des  arts  et  métiers, 
JBuivies  par  un  très-grand  nombre  d'au- 
diteurs, ont  eu  la  plus  heureuse  in- 
fluence sur  le  développement  de  Tin- 
dustrie. 

Clément- Mebseau,  de  Dreux, 
construisit  avec  Jean  Thiriau,  maître 
maçon  de  Paris,  la  digue, que  le  car- 
dinal de  Richelieu  fit  élever  pour  fer- 
mer l'entrée  du  port  de  la  Kocbell^ 


eut 


FKLMCE. 


Mr 


aux  Anglais,  pendant  le  siège  de  cette 
vJJJe.Oe  fntle  10  décembre  1638  qu'ils 
ooromencèrent  cette  digue  si  fameuse 
dans  Tbistoire  de  nos  guerres  civiies  : 
elle  fut  farte  avec  des  vaisseaux  rem- 
plis de  pierres  et  de  maçonnerie,  qu'on 
flt  eouler  à  fond.  Elle  avait  treize  pieds 
de  hauteur^  dix-huit  de  largeur  en  as* 
siette  conduite  en  talus ,  et  unissait 
par  une  plate-forme  de  cinq  pieds. 
Traversée  par  le  canal  des  Fascines, 
elle  ne  laissait  passage  que  pour  un 
vaisseau.  La  mer  la  dégrada  en  quel» 
ques  endroits;  mais  réparée  par  les 
soins  de  Clément  et  de  Thiriau ,  die 
résista  heureusement  au  choc  des  flots. 
A  la  fin  du  dix-huitième,  siècle  9  elle 
existait  encore  presque  entièrement. 
N'oublions  pas  de  dire  qu'avant  ces 
architectes,  Pompée  Targon,  ingénieur 
italien ,  avait  échoué  complètement 
dans  une  tentative  du  ménie  genre  : 
il  avait  voulu  former  ladigueau  moyen 
d'estacad^ç  de  tonneaux  remplis  de 
bois  et  de  terre,  et  reposant  sur  des 
machines  flottantes.  Mats  l'essai  de  ce 
procédé  ,  d'ailleurs  ingénieux ,  avait 
occasionné  de  grandes  dépenses  sans 
donner  aucun  résultat  satisfaisant. 

Clémont  ou  Clefmont,  ancienne 
baronnie  de  Champagne,  aujourd'bui 
clief-lieu  de  canton  du  département 
de  la  Haute-Marne. 

Clébambault  (  Louis  -  Nicolas  )  ^ 
compositeur  de  musique,  naquit  a* 
Paris  en  1676.  Il  fut  successivement 
organiste  de  plusieurs  églises  de  Paris 
et  de  la  maison  royale  de  Saint-Cyr. 
Louis  Xiy  y  ayant  entendu  l'une  de 
ses  cantates ,  en  fut  si  content,  qu'il 
le  chargea  d'en  composer  plusieurs 
pour  le  service  de  sa  chambre ,  et  le 
nomma  suriniendant  de  la  musique 
particulière  de  madame  de  Maintenon. 
Ciérambault  a  publié  cinq  livres  de 
cantates ,  et  a  «cquis  une  grande  re- 
nommée dans  ce  genre.  On  cite  sur- 
tout sa  cantate  d  Orphée»  Il  est  mort 
en  1749. 

Clebc  (Antoine-Margqerite  )  s'en- 
gagea comme  simple  soldat  en  1790.; 
Il  se  distingua  surtout  à  Bellune,  où 
ii  pénétra,  lui  cinquième,  dans  le  quar- 
tier générai  ennemi ,  et  fit  trois  cents 


prisonniers.  A  la  bataîHe  d.'Ulm,  il 
chargea ,  à  la  tête  de  cent  chasseurs , 
une  colonne  russe,  et  lui  enleva  huit 
pièces  de  canon.  Nommé  ensuite  colo- 
nel du  l*'^  régiment  de  cuirassiers,  Il 
conduisit  ce  corps  en  Russie  et  en 
Saxe,  fut  atteint,  à  Hanau,  d'un  éclat 
d'obus,  et  n'en  fit  pas  moins  la  cam- 

Eagne  de  France.  Il  fut  de  nouveau 
léssésoos  les  mursde Paris,  et  promu 
au  grade  de  marédial  de  camp  le  2S 
août  1814.  Il  fut  nommé  comte  en 
1818. 

Clbic  (Laurent),  né  en  1785,  à  la 
Balme ,  avec  la  double  privation  de 
l'ouïe  et  de  l'odorat,  fut  confié,  à  l'âge 
de  douze. ans,  aux  soins  de  l'abbé  Si- 
card,  et  partagea  bientôt  avec  Mas- 
sieu ,  son  aîné ,  les  honneurs  de  ces 
exercices  publics  qui  portèrent  si  haut 
la  réputatim)  de  l'instituteur  des  sourds- 
muets  de  Paris.  Il  y  avait  près  de  dix 
ans  qu'il  secondait'  son  maitre  dans 
réducation  de  ses  frères  d'infortune , 
lorsqu'en  18i6  il  alla  porter  aux  États* 
Unis  la  connaissanciB  de  ces  principes 
de  la  fécondité  desquels  il  était  lui- 
même  un  exemple  vivant.  Après  avoir 
puissamment  contribué  à  la  fondation 
des  institutions  de  Hartford  et  de  Phi« 
ladelphie,  il  épousa  une  de  ses  élèves, 
et  quatre  enfants  doués  de  leurs  sens 
furent  le  fruit  de  cette  union.  Il  n'a 
pas  l'originalité  d'esprit  souvent  si 
piquante  de  Massieu,  mais,  d'un  autre 
coté,  il  possède  un  style  plus  correct 
q.»e  celui  de  son  célèbre  condisciple. 
Ses  idées  sur  les  choses  de  la  vie  réelle 
sent  en  outre  beaucoup  {)lus  justes. 
On  a  de  lui  un  discours  fort  remar- 
quable qu'il  composa  en  anglais  dans 
les  premières  années  de  son  séjour 
aux  États-Unis,  à  l'oocasion  d'un  exa* 
men  public  de  ses  élèves. 

Clerc,  nom  que  l'on  doQuait,  dès 
le  temps  de  la  primitive  église,  aux 
ministres  des  autels,  parce  que,  comme 
les  lévites  dans  Israël ,  ils  devaient 
avoir  pour  unique  part  des  biens  de 
ce  monde,  le  service  du  Seigneur.  Le 
mot  dere^  du  grec  xX^îpoc,  dont  on  a' 
&it  en  latin  clmAS.  et  clericus,  signi- 
fie en  effet  part  ou  portion  héréditaire. 
Les  ecclesiastigiÙBS  ayaat  seuls  cob* 


M8 


CLB 


L'UNIVERS. 


CLE 


serve,  peodant  le  moyen  âge,  quelques 
restes  d'instruction  et  de  science,  et 
tout  ce  qui  n'appartenait  pas  au  clergé 
étant  plongé  dans  une  profonde  igno- 
rance, c/erc  devint  alors  synonyme  de 
savant;  et  quand  les  ténèbres  cpm- 
niencèrent  à  se  dissiper,  on  continua 
à  donner  ce  nom  aux  hommes  qui 
exerçaient  des  fonctions  qui  suppo- 
saient un  certain  degré  d'instruction. 
Ainsi  la  dénomination  de  clerc,  appli- 

Suée  d'abord  aux  officiers  chargés 
'aider  et  de  suppléer  le  chancelier 
(Voyez  Glebgs  du  secret)  ,  fut  en- 
suite généralement  donnée  à  tous  les 
greffiers  des  cours  et  tribunaux  et  des 
corporations,  et  bientôt  après  aux  se- 
crétaires desofficiers  ministériels.  Tels 
furent  les  clercs  des  commissaires  du 
roi,  ou  du  parlement,  dont  il  est  ques- 
tion dans  une  ordonnance  rendue  par 
Philippe  de  Valois  en  1344;  les  clercs 
du  Chàtelet  de  Paris,  et  ceux  des 
baillis,  sénéchaux  et  prévôts,  men- 
tionnés dans  des  lettres  données  par 
Charles  V,  en  1357,  et  par  le  roi  Jean, 
en  1361  et  1363*  les  clercs  des  villes 
de  commune f  mentionnés  dans  une 
ordonnance  rendue  par  saint  Louis  en 
1256  ;  le  clerc  du  guet,  qui  était  chargé, 
à  Paris ,  de  tenir  les  écritures  néces- 
sitées par  l'institution  du  guet;  enfin, 
les  clercs  des  avocats,  des  avoués,  des 
notaires  et  des  huissiers.  Ceux-ci  for- 
maient ,  à  Paris  el  dans  plusieurs  au- 
tres grandes  villes ,  des  corporations 
connues  sous  le  nom  de  Basoches. 
(Voyez  ce  mot.) 

Clebgs  du  segbet. — Au  commen- 
cement de  la  troisième  race ,  le  chan- 
celier remplissait  auprès  du  roi  les 
fonctions  oes  notaires  et  des  secrétai- 
res. Frère  Guérin,  chevalier  de  Saint- 
Jean  de  Jérusalem ,  évéque  de  Senlis 
et  chancelier  de  France  de  1223  à 
1228,  ayant  augmenté  considérable- 
ment l'importance  de  sa  charge,  et  ne 
pouvant  entrer  dans  les  détails,  aban- 
donna le  secrétariat  aux  notaires  et 
aux  secrétaires  du  roi,  se  réservant 
seulement  la  direction  et  inspection 
de  leurs  travaux.  Ces  secrétaires,  qui 
avaient  l'avantage  d'approcher  du  sou- 
verain, devinrent  des  personnages  con- 


sidérables à  leur  tour,  et  le  roi  en  dis* 
tingua  quelques-uns  auxquels  il  com- 
muniqua les  affaires  même  les  plus 
délicates  de  l'État,  et  qui  furent  nom- 
més clercs  du  secret.  Une  ordonnance 
rendue  en  1309,  par  Philippe  IV,  en 
nomme  trois  sous  ce  titre,  et  leur  sou- 
met vingt-sept  clercs  ou  secrétaires 
nommés  après  eux.  Avec  le  temps,  les 
clercs  du  secret  perdirent  ce  premier 
titre,  etdevinrent  les  secrétaires  d'État. 

ClERGS-RiBÀUDS  ou  GOUILLABDS, 

sorte  de  bouffons  assez  nombreux  au 
moyen  âge ,  ainsi  nommés  parce  qu'ils 
portaient  la  tonsure  ecclésiastique,  et 
qu'ils  parcouraient  les  villes  et  les 
campagnes  en  chantant  et  en  faisant 
des  vers  pour  ceux  qui  les  payaient  oa 
leur  donnaient  à  boire.  Plusieurs  eon- 
ciles  s'efforcèrent  de  les  réprimer; 
ceux  de  Rouen  et  de  Château-Gontier, 
eh  1231,  ordonnèrent  qu'on  leur  rase- 
rait entièrement  la  tête,  afin  de  faire 
disparaître  la  tonsure,  qu'ils  déshono- 
raient. 

CLEBoé ,  dénomination  sous  la- 
quelle on  comprend  l'ensemble  des 
clercs,  dans  l'acception  primitive  de  ce 
mot,  et  par  extension ,  tous  les  indÎTi* 
dus  de  1  un  et  de  l'autre  sexe  qui  se 
sont  voués  d'une  manière  particulière 
à  la  vie  religieuse  et  au  service  des 
autels. 

Les  premiers  apdtres  de  la  Gaule 
ftirent  des  Romains ,  des  Italiens ,  et 
surtout  des  Grecs;  et  il  s'écoula  sans 
doute  un  certain  temps  avant  qu'ils 
pussent  se  recruter  parmi  les  hommes 
qu'ils  avaient  convertis  à  la  foi  nou- 
velle. Ces  saints  missionnaires  du- 
rent donc,  pendant  longtemps,  com- 
poser, avec  les  auxiliaires  qu'ils  fai- 
saient venir  de  temps  en  temps  des 
lieux  qui  avaient  été  le  berceau  du 
christianisme,  tout  le  clergé  de  la 
Gaule.  Peu  à  peu  ce[/èndant  les  idées 
qu'ils  avaient  mission  de  répandre  pé- 
nétrèrent dans  les  ihasses ,  et  furent 
adoptées  par  les  grands;  les  crovances 
s'affermirent,  les  traditions  se  formè- 
rent ,  et  les  Gallo-Romains ,  devenus 
à  leur  tour  des  chrétiens  éclairés  et 
fervents ,  purent  fournir  non-seule- 
ment des  prêtres,  mais  même  des évé- 


CLE 


FRANCE 


CLE 


309 


ques  en  suffisante  quantité  pour  en 
composer  une  société  ecclésiastique. 
Alors  enfin  ils  eurent  un  clergé  na- 
tional. 

Au  commencement  du  cinquième 
siècle,  le  corps  des  évéques  de  la  Gaule 
était  composé  de  deux  classes  d'hom- 
mes bien  distinctes.  Les  uns  sortaient 
de  la  vie  monastique  ;  les  autres  avaient 
été  pris  dans  les  hautes  classes  de  la 
société.  Il  n'existait  alors  que  deux 
monastères  dans  la  Gaule;  c'étaient 
ceux  de  Lerins  et  de  Saint-Victor  de 
Marseille.  «  A  voir,  de  la  plage  d'An- 
tibes  ,  dit  M.  Fauriel ,  ce  petit  îlot  de 
Lerins,  avec  son  aride  campagne  et 
ses  grêles  bouquets  de  pins ,  on  est 
loin  de  soupçonner  le  rôle  glorieux  que 
cette  motte  de  terre  a  joué  dans  l'his- 
toire du  christianisme  gaulois.  Ce  fut 
là  que,  vers  l'an  410,  ou  un  peu  plus 
tôt ,  saint  Honorât  fonda  une  retraite 
qui  ne  fut  d'abord  qu'un  ermitage , 
mais  qui ,  prenant  des  accroissements 
rapides ,  devint  bientôt  un  monastère 
considérable.  A  peine  fondé ,  ce  mo- 
nastère fut  une  école  célèbre  de  théo- 
logie et  de  philosophie  chrétiennes^  où 
se  for  nièrent  les  hommes  d'église  les 
plus    distingués  de  la  Gaule  entière 

fiar  le  talent  et  le  savoir.  Presque  tous 
es  abbé§  de  ce  monastère ,  en  même 
temps  chefs  de  cette  école,  devinrent 
d'illustres  évéques  qui  apportèrent  à 
l'Église  gauloise  la  science  et  les  doc- 
trines dont  elle  avait  besoin,  et  qui  ne 
lui  Seraient  point  venues  d'ailleurs.  De 
ce  nombre  furent  saint  Hilaire ,  saint 
Kucher,  Principius,  Antiolius,  Fauste, 
Vincent ,  Loup ,  et  plusieurs  autres , 
parmi  lesquels  on  peut  comprendre 
Salvien,  qui  passa  aussi  plusieurs  an« 
nées  à  Lerins.  Ce  furent  ces  évéques 
ou  ces  prêtres  qui  formèrent  la  partie 
érudite  et  savante  du  clergé  gallo-ro- 
main, auquel  ils  devaient  concilier  une 
si  grande  considération  morale  (*).  » 

Quant  aux  évéques  que  l'on  prenait 
dans  les  hautes  classes  d^  la  société , 
c'étaient  ordinairement  des  hommes 
très-riches ,  qui  consacraient  dès  lors 


(*)  Voyez  l'Histoire  de  ta  Gaule  méridio- 
pak ,  par  M.  Fauriel ,  t.  I ,  p.  4o3. 

T,  V.  14«  livraison,  (Dict.  encycl.,  etc.) 


leur  fortune  aux  devoirs  de  leur  nou- 
veau ministère,  faisaient  bâtir  de  nou- 
veaux temples ,  décoraient  ceux  qui 
existaient  déjà ,  et  les  dotaient  des  re- 
venus nécessaires  pour  en  assurer  le 
service.  L'éclat  attaché  à  leur  nom  et 
à  leur  rang  dans  la  société  civile  se 
réfléchissait  en  outre  sur  leurs  églises 
et  sur  le  clergé  en  général  ;  et  leur 
fortune,  qui  leur  permettait  de  faire 
de  grandes  aumônes  et  de  soulager 
beaucoup  de  misères  privées ,  les  met- 
tait même  quelquefois  en  état  d'adou- 
cir les  misères  publiques ,  et  d'agir 
dans  ce  monde  comme  les  lieutenants 
et  les  représentants  de  la  Providence. 

Telle  était  la  constitution  du  clergé 
gallo-romain  au  commencement  du 
cinquième  siècle,  à  cette  époque  oii  les 
barbares,  faisant  de  toutes  parts  ir- 
ruption dans  l'empire ,  vinrent  en 
achever  la  décompositio'n.  Depuis 
longtemps  le  clergé  formait  une  cor- 
poration fortement  constituée;  bien- 
tôt cette  corporation  resta  seule  debout 
au  milieu  de  là  désorganisation  géné- 
rale, et  son  pouvoir  n'était  pas  uni- 
quement moral  et  religieux  :  dès  le 
temps  de  Constantin ,  les  évéques 
avaient  pris  une  part  considérable  de 
l'autorité  judiciaire  ;  ils  étaient  deve- 
nus les  supérieurs  des  magistrats  or- 
dinaires. Ces  privilèges ,  d'abord  mal 
définis ,  furent  ensuite  déterminés  par 
plusieurs  lois  successives ,  et  considé- 
rablement étendus.  Voici  quelques- 
unes  des  dispositions  de  ces  lois  : 

Indépendamment  de  la  part  que  les 
évéques  avaient  au  jugement  des  af- 
faires civiles ,  ils  >  furent  chargés  de 
surveiller  et  de  dénoncer  les  juges  or- 
dinaires ,  pour  èause  de  négligence 
dans  leurs  fonctions. 

On  leur  abandonna  la  poursuite  de 
certains  actes  réputés  délits ,  des  jeux 
de  hasard ,  par  exemple. 

Ils  furent  appelés  à  concourir  à  la 
plupart  des  fonctions  de  l'autorité 
municipale  ,  à  l'administration  des 
fonds ,  à  la  perception  de  l'impôt ,  à 
la  direction  des  travaux  d'utilité  pu- 
blique. 

Ils  intervinrent  dans  la  nomination 
des  tuteurs  ou  curateurs ,  et  eurent  le 


14 


910 


«U 


L'ÎJNlVERg. 


Ci.p 


droit  ito  odnMfver  dans  leurs  ^gU«e« 
les  actes  de  cea  nominations. 

Ils  présidèrent  au  choix  de  divera 
agents  municipaux ,  tels  que  les  ofH» 
eiers  qui  >  sous  le  titre  de  curateurs , 
étaient  chargés  de  tout  ce  qui  avait 
rapport  à  l'achat  et  à  la  distributioa 
des  subsistances. 

Bientôt  enfin ,  ils  devinrent  les  vé«- 
ritables  cheh  de  la  cité ,  titre  que  la 
loi  leur  conféra  et  qu'elle  ne  reconnut 
qu'à  eux  seuls  (^). 

Une  fois  transformé  en  une  magis- 
trature aussi  importante,  Tépiscopat 
fut  avidement  recherché ,  et ,  au  temps 
des  premières  invasions  des  barbares, 
il  devint  l'objet  dô  brigues  et  d'efforts, 
tels  ^e  jamais  aucun  pouvoir,  aucune 
magistrature  n'en  a  jamais  excité. 
«  Hitaire ,  archevêque  d'Arles  ,  'écarta 
plusieurs  éviques,  contre  toutes  les 
règles,  en^ordonna  d'autres  de  la  ma- 
nière la  plus  indécente ,  contre  le  vœu 
«t  malgré  le  refus  formel  des  habitant$ 
des  cités  ;  et  comme  ceux  qui  avaient 
été  ainsi  nommés  ne  pouvaient  se 
faire  recevoir  de  bonne  grâce  par  les 
citoyens  qui  ne  les  avaient  pas  élus , 
ils  rassemUaient  des  bandes  de  gens 
armés ,  avec  lesquelles  ils  allaient 
ûorome  des  ennemis  les  assiéger  ou 
les  bloquer ,  et  c'était  les  armes  à  la 
main  que  le  ministre  de  la  paix  en- 
vahissait le  siège  où  il  devait  la  prê- 
cher (**)-  » 

'  L'établissement  des  barbares  dans 
les  Gaules  ne  fit  qu'accroître  la  puia- 
sainee  du  clergé.  Presque  immédiate- 
ment après  la  conquête,  les  évéques  et 
les  abbés  prirent  place  parmi  les  leu- 
des  du  roi.  «  On  a  beaucoup  parlé,  dit 
M.  Guizot  (***),  des  avantages  que  va- 
lut au  clergé  la  conversion  des  conqué- 
rants, et  Ton  ne  peut  en  effet  contes- 
ter l'ascendant  qu^acquit  rapidement 
la  religion  chrétienne  sur  l'esprit  des 
barbares.  Ce  fut  là  certainement  la 
première  source  du  pouvoir  de  l'Église. 
Mais  des  causes  d'une  autre  sorte  con- 
tribu^ent  aussi  à  ses  progrès ,  et  sa 

(*)  Voyez  M.  Fauriel,  ouvrage  cité,  p.  877. 
(**)  donc.  La»».,  t.  III,  col.  1401. 
(**")  EBMisfurrhi&toiredef^raiieeyp.axft. 


grandeur  pnt  racine  ailleurs  gue  dam? 
es  croyances.  Si  le  clergé  avait  besoin 
des  conquérants ,  les  conquérants ,  à 
leur  tour,  avaient  grand  besoin  du 
clergé.  Tout  était  dissous,  détruit 
dans  l'empire  ;  tout  tombait,  disparais- 
sait, fuyait  devant  les  désastres  de  l'in- 
vasion et  les  désordres  de  l'établisse- 
ment. Point   de    magistrats   qui  se 
crussent  responsables  du  sort  du  peu- 
ple et  chargés  de  parier  ou  d'agir  en 
son  nom  ;  point  de  peuple  même  qui 
se  présentât  comme  un  corps  vivant 
et  constitué ,  capable ,  sinon  de  résis- 
ter ,  du  moins  ae  faire  reconnaître  et 
admettre  son  existence.  Les  vainaueurs 
parcouraient  le  pays ,  chassant  devant 
eux  des  individus  épars ,  et  ne  trou- 
vant presque  en  aucun  lieu  avec  m 
traiter,  s'entendre,  contracter  enfin 
quelque  apparence  de  société.  Il  fallait 
pourtant  que  la  société  commençât , 
qu'il  s'établît  quelques  rapports  entre 
les  deux  populations;  car  l'une,  en  de- 
venant propriétaire,  renonçait  à  la  vie 
errante,  et  l'autre  ne  pouvait  être  ei- 
terminée.  Ce  fut  là  l'œuvre  du'clergé... 
Les  évéques ,  les  supérieurs  des  mo- 
nastères conversaient  et  correspon- 
daient avec  les  rois  barbares  ;  iU  en- 
traient dans  les  assemblées  des  leudes, 
et  en  même  temps  la  population  ro- 
maine se  groupait  autour  d'eux  dans 
les  cités.  Par  les  bénéfices,  les  legs, 
les  donations  de  tout  genre,  ils  acqué- 
raient des  biens  immenses ,  prenaient 
place  dans  l'aristocratie  des  conqué- 
rants, et  en  même  temps  ils  retenaient 
dans  leurs  terres  l'yisage  des  lois  ro- 
maines ,  et  les  immunités  qu'elles  ob- 
tenaient tournaient  au  profit  des  cul- 
tivateurs romains.  Ils  formaient  ainsi 
la  seule  classe  du  peuple  ancien  qui 
edt  crédit  auprès  du  peuple  nouveau, 
la  seule  portion  de  l'aristocratie  nou- 
velle qui  fût  étroitement  liée  au  peu- 
ple ancien  ;  ils  devinrent  le  lien  des 
deux  peuples ,  et  leur  puissance  fut 
une  nécessité  sociale  pour  les  vain- 
queurs comme  pour  les  vaincus. 

«  Aussi  fut-elle  acceptée  dès  les  pre- 
miers moments ,  et  ne  cessa-t-elle  de 
goitre.  C'était  aux  évéques  que  s'a- 
dressaient les  proviaoea ,  les  cités , 


ÇI^E 


FRANCE. 


CLE 


211 


tonte  la  population  romaine,  pour 
traiter  avec  les  barbares  ;  ils  passaient 
leur  vie  à  correspondre,  à  négocier,  à 
voyager,  seuls  actifs  et  capables  de  se 
faire  entendre  dans  les  intérêts ,  soit 
de  rÉglise,  soit  du  pays.  C'était  à  eux 
aussi  que  recouraient  les  barbares 
pour  rédiger  leurs  propres  lois ,  con- 
duire les  affaires  importantes,  donner 
enfin  à  leur  domination  quelque  om- 
bre de  régularité.  Une  bande  de  guer- 
riers venait-elle  assiéger  une  ville  ou 
dévaster  une  contrée,  l'évêque  parais- 
sait seul  sur  les  remparts ,  revêtu  des 
ornements  pontificaux ,  et,  après  avoir 
étonné  les  barbares  par  son  tranquille 
courage,  il  traitait  avec  eux  de  leur 
retraite.  Une  querelle  s'élevait-elle  en- 
tre le  roi  et  ses  leudes,  les  évêques^ 
servaient  de  médiateurs.  De  jour  en 
jour,  leur  activité  s'ouvrait  quelque 
carrière  nouvelle,  et  leur  pouvoir  re- 
cevait quelque  nouvelle  sanction. 

«  Quand  la  richesse  des  églises  cessa 
d'être  exposée  au  pillage  continuel  que 
leur  avaient  fait  essuyer  les  premiè- 
res violences  de  l'invasion ,  les  barba- 
res eux-niêmçs  recherchèrent  avîde^ 
ment  Tépiscopat.  Ainsi ,  après  que  les 
évêques  eurent  pris  place  narmi  les 
feudes,  ceux-ci  vinrent  à  leur  tour 
prendre  place  parmi  les  évêques ,  et 
laoïalgame  des  deux  peuples  s'opéra 
de  la  sorte  dans  les  Jeux  classes  su- 
périeures ,  qui ,  plus  tard ,  devaient 
former  l'aristocratie  du  régime  féodal. 

«  Si  l'élection  des  évêques  était  res- 
tée entre  les  mains  des  fidèles,  ou  seu- 
lement entre  les  mains  du  clergé  lui- 
raéme,  cet  amalgame  eût  rencontré 
plus  d'obstacles,  et  probablement  bien 
peu  de  barbares  seraient  arrivés  à  l'é- 
piscopat  Mais  à  peine  convertis ,  les 
rois  barbares  s'eftbrcèrent  d^fenvahir 
le  droit  de  nommer  aux  évéchés.  Tan- 
tôt ils  se  prévalaient ,  pour  se  l'attri- 
Quer,  des  donations  qu'ils  avaient  fai- 
tes aux  églises ,  ou  de  la  né(;essité 
imposée  aux  évêques  élus  d'obtenir  la 
confirmation  royale  ;  tantôt  l'ambition 
des  candidats  venait  seconder  la  leur. 
Celui  qui  n'espérait  pas  obtenir  les 
suffrages  du  clergé  et  du  peuple  d'une 
ville  épiscopate,  s'adressait  au  roi,  eu 


recevait  une  nomination  souvent  ache- 
tée, et  la  force  soutenait  ebsutte  ce 
qu'avait  fait  l'intrigue  ou  la  faveur. 
Sous  Pépin  et  Charlemagne  ,  qui  mé- 
nagèrent avec  le  plus  grand  soin  le 
clergé ,  non-seulement  pour  s'en  faire 
un  appui ,  mais  parce  que  seul  il  pou« 
vait  les  aidef  à  établir  quelque  ordre 
dans  leurs  États,  le  droit  d'élection 
fut  solennellement  reconnu.  Cepen- 
dant la  pratique  contraire  prévalut 
souvent  sous  ces  deux  règnes  ;  Pépin 
déclare ,  dans  un  capitulaire  ,  «  qu'a- 
près avoir  pris  le  conseil  des  grands , 
il  a  nommé  dans  les  cités  des  évdqueff 
légitimes  ;  »  et  i(  sufQt  de  Rre  quel- 
ques-unes des  dironiques  qui  racon- 
tent la  vie  de  Charlemagne ,  pour  se 
convaincre  qu'il  regardait  les  évéchés 
comme  des  bénéfices  dont  il  pouvait 
disposer  à  son  gré.  » 

La  corruption  du  clergé  devait  être 
une  conséquence  inévitable  d'un  td 
état  de  choses.  Les  Gallo-Romains , 
devenus  évêques  et  puissants ,  la  pln- 

1>art  du  temps  par  1  intrigue  et  la  viol- 
ence ,  se  servirent ,  à  là  manière  des 
barbares ,  d'un  pouvoir  qu'ils  avaient 
obtenu  par  les  moyens  qui  convenaient 
aux  baroares  ;  quant  à  ceux-ci,  ils  con- 
servèrent leur  narbarie  sur  leur  siège 
épiscopal.  Les  traditions  ne  tardèrent 
pas  à  se  perdre,  et  la  science,  la  vertu, 
qui  ne  brillaient  plus  dans  les  premiers 
rangs  du  clergé ,  cessèrent  de  se  mon- 
trer dans  \es  rangs  inférieurs,  où  d'ail- 
leurs l'émulation  ne  se  faisait  plus 
sentir.  Les  anciens  foyers  d'où  la  vertu 
ecclésiastique  s'était  jusque-là  répan- 
due dans  toute  la  Gaule ,  les  monas- 
tères de  Lerins,  de  Saint-Victor,  etc., 
avaient  perdu  tonte  leur  influence.  La 
mission  du  clergé  séculier  semblait 
finie,  et  avec  elle  celle  du  christia- 
nisme en  Occident,  si  une  réforme 
austère  n'était  venue  retremper  les  es- 
prits. 

Cette  réforme ,  ce  fut  le  clergé  ré- 
gulier ,  ce  furent  les  moines  qui  l'o- 
pérèrent. Nous  avons  vu,  au  quatrième 
siècle ,  les  monastères  de  la  Provence 
fournir  au  clergé  gaulois  les  hommes 
qui  devaient  en  former  la  partie  éru- 
dite  et  savante.,  ceux  qui ,  par  leurs 

14. 


219 


CLE 


L'tlNIVERS. 


CLË 


vertus ,  deYaient  lui  concilier  une  si 
grande  considération  morale.  Cette 
rois,  ce  fut  des  monastères  de  (Ir- 
lande et  de  rÉcosse  que  vint  la  ré- 
forme ;  elle  fut  préchée  par  saint 
Golomban,  missionnaire  ardent  et  im- 
pétueux ,  qui  fit  prévaloir  un  instant 
dans  la  Gaule  le  spiritualisme  enthou- 
siaste de  rÉglise  d'Orient.  Des  gran- 
des écoles  de  Luxeuil  et  de  Bobbio , 
fondées  par  saint  Golomban,  sortirent 
les  fondateurs  d'une  foule  d'abbayes  : 
saint  Gall ,  à  qui  la  Suisse  dut  le  fa- 
meux monastère  de  ce  nom  ;  saints 
Magne  et  Théodore ,  premiers  abbés 
de  Kempten  et  Fuessen ,  près  d'Augs- 
bourg  ;  saint  Attale  de  Ëobbio  ;  saint 
Romaried»Remi remont;  saint Omer, 
saint  Bertin ,  saint  Amand  ,  ces  trois 
apôtres  de  la  Flandre  ;  saint  Wau- 
drille,  parent  des  Carlovingiens,  fon- 
dateur de  la  grande  école  de  Fonte- 
nelle ,  en  Normandie ,  qui  doit  être  à 
son  tour  la  métropole  de  tant  d'au- 
tres. 

A  côté  de  ces  écoles  ,  on  vit  des 
vierges  savantes  en  ouvrir  d'autres  aux 
personnes  de  leur  sexe.  Sans  parler  de 
celles  de  Poitiers  et  d'Arles,  de  celle  de 
Maubeuse,  oii  sainte  Aldegonde  écrivit 
ses  révélations ,  sainte  Gertrude ,  ab- 
bessede  rîiveljle,  avait  été  étudier  en 
Irlande;  sainte  Bertille,  abbesse  de 
Chelles,  était  si  célèbre ,  qu'une  foule 
de  disciples  des  deux  sexes  affluaient 
autour  d'elle  de  toute  la  Gaule  et  de 
la  Grande-Bretagne  (*). 

Mais  ce  n'était  pas  assez  d'une  ré- 
formation morale  au  clergé  ;  il  fallait 
une  réforme  matérielle  et  complète  de 
la  société.  La  culture  des  terres  conGée 
aux  esclaves  par  les  Gallo-Romains, 
regardée  comme  un  métier  déshono- 
rant par  les  barbares ,  qui  préféraient 
vivre  de  pillage  ou  du  produit  de  leurs 
troupeaux,  était  presque  partout  aban- 
donnée, depuis  que  les  sources  de  l'es- 
clavage avaient  tari.  Les  serfs  et  les 
nouveaux  colons  étaient  d'ailleurs  peu 
piopres  à  des  travaux  auxquels  ils  n'é- 
taient pas  habitués,  et  qui  les  ravalaient 

(*)  Voyez  Micbelet ,  Histoire  de  FraQce , 
t.I,  p.  268. 


à  leurs  propres  yeux  plus  encore  que  la 
servituae  elle-même.  La  réhabilitation 
du  travail  fut  la  tâche  qu'entreprirent 
les  disciples  de  saint  Benoît.  C'est  à 
ces  religieux  surtout  que  l'on  doit  le 
renouvellement  de  Tapiculture  et  les 
premiers  progrès  de  l'industrie  en  Eu- 
rope, au  moyen  âge.  Défrichements  de 
terres,  ouverture  des  chemins,  assai- 
nissement des  lieux  humides  et  maré- 
cageux, construction  des  villages  et  des 
hameaux,  arts,  métiers,  manufactures, 
ils  nous  ont  tout  donné,  et  nous  leur 
devons  encore  un  bienfait  peut-être 
plus  grand,  la  conservation  d  une  par- 
tie des  chefs-d'œuvre  des  littératures 
antiques  (*). 

Une  seule  partie  du  clergé  fut  réel- 
lement grande  et  noble  au  moyen  âge  : 
ce  fut  le  clergé  régulier.  Lui  seul  fit  de 
belles  choses  ;  lui  seul  étendit  le  do- 
maine de  l'Église  et  porta  jusaue  chez 
les  barbares  la  connaissance  cle  la  re- 
ligion. Quant  au  clergé  séculier,  com- 
posé ,  à  tous  les  degrés  de  sa  hiérar- 
chie, depuis  révéque  jusqu'au  simple 
curé,  de  véritables  seigneurs  féodaux, 
il  participa  à  la  corruption  générale,  et 
fut  peut-être  la  partie  la  plus  mépri- 
sable et  la  plus  oégradée  de  cette  so- 
ciété de  barbares.  «  On  connaît ,  dit 
M.  de  Chateaubriand ,  l'épouvantable 
histoire  du  prêtre  Anastase  ,  enfermé 
vivant  avec  un  cadavre ,  par  la  ven- 
geance de  l'évêque  Caulin  (Grégoirede 
Tours.)  Dans  les  canons  ajoutés  au 
premier  concile  de  Tours,  sous  Tépis- 
copat  de  saint  Perpert ,  on  lit  :  «  li 
«  nous  a  été  rapporté  que  des  prêtres, 
«  ce  qui  est  défendu  {qvod  nejas\  éta- 
«  blissaient  des  auberges  dans  les  égli- 
«  ses,  et  que  le  lieu  où  l'on  ne  doit  en- 
«  tendre  que  des  prières  et  les  louan- 
«  ges  de  Dieu  ,  retentit  du  bruit  des 
«  restins,  de  paroles  obscènes ,  de  dé- 
«  bats  et  de  querelles*  »  En  1351,  les 
prélats  et  les  ordres  mendiants  expo- 
sèrent leurs  mutuels  grief^  à  Avignon, 
devant  Clément  VIL  Ce  pape,  favora- 

(*)  Voyez  dans  les  AifirAi.xs ,  le  chapitre 
intitulé  :  Influence  de  la  puissance  territO' 
riale  du  clergé  au  moyen  âge,  t.  I,  p.  148 
et  suiv. 


CLE 


FRANCE. 


CLE 


313 


ble  aux  moines  ,  apostropha  ainsi  les 
prélats:  «  Parlerez  -  vous  d*humilité, 
«  vous ,  si  vains  et  si  pompeux  dans 
«  vos  montures  et  vos  équipages  ?  Par- 
«  lerez-vous  de  pauvreté,  vous  si  avi- 
«  des,  que  tous  les  bénéfices  du  monde 
«  ne  vous  suffiraient  pas  ?  Que  dirai- 

«  je  de  votre  chasteté? Vous  hai's- 

«  sez  les  mendiants,  vous  leur  fermez 
«  vos  portes,  et  vos  maisons  sont  ou- 
«  vertes  aux  êtres  les  plus  infâmes 
«  {lenonihus  et  truffatoribm),  »  La  si- 
monie était  générale  ;  les  prêtres  vio- 
laient presque  partout  la  règle  du  cé- 
libat; ils  vivaient  avec  des  femmes 
perdues,  des  concubines  et  des  cham- 
brières; en  Biscaye,  on  ne  voulait  que 
des  prêtres  qui  eussent  des  commères, 
c'est-à-dire,  des  femmes  supposées  lé- 
gitimes (*).  » 

Cette  fois  encore ,  la  réforme  vint 
des  monastères.  En  effet,  et  c*çst  un 
fait  remarquable,  tous  les  réformateurs 
qui  parurent,  du  dixième  au  quinzième 
siècle,  appartenaient  au  clergé  régu- 
lier. Il  ne  fallut  rien  moins  que  leurs 
efforts  réunis,  combinés  avec  la  réac- 
tion excitée  au  quinzième  et  au  sei- 
zième siècle  par  les  doctrines  novatri- 
ces de  Luther  et  de  Calvin,  et  par  les 
guerres  de  religion  dont  elles  furent  la 
cause  ou  le  prétexte ,  pour  relever  Té- 
pîscopat  de  la  dégradation  morale  où 
il  était  tombé,  et  le  replacer  dans  Té- 
chelle  sociale  au  rang  qu'il  doit  occu- 
per dans  la  hiérarchie  ecclésiastique. 

Triomphant  en  France  avec  Riche- 
Heu  et  Mazarin  ,  le  clergé  fut  comblé 
d'honneurs  sous  Louis  XIV,  et  dé- 
claré le  premier  des  ordres  et  des  corps 
de  rÉtat.  Mais  ces  honneurs  furent 
un  écueil  où  il  échoua  de  nouveau. 
«  Dans  le  dix-huitième  sièclei,  il  sem- 
bla ployer  sous  le  poids  de  sa  gran- 
deur. Sa  prospérité  précédente  l'avait 
exposé  à  deux  périls,  celui  de  sa  propre 
faiblesse  et  celui  de  la  haine  d'autrui, 

double  suite  de  la  fortune On  vît 

alors  des  abbés  petits-maîtres  et  un 
clergé  de  cour;  et  comme  si  on  eût 
pensé  désarmer  ainsi  la  colère  et  le 

(*)  Éludes  historiques,  t.  III,  p.  420  et 
suiv. 


mépris  des  philosophes,  des  prêtres  se 
firent  philosophes  eux  -  mêmes ,  ne 
voyant  pas  que  c'était  amasser  quel- 
ques mépris  de  plus ,  sans  rien  ôter  à 
la  colère  (*).  » 

Tel  était  le  clergé  lorsque  éclata  la 
révolution,  et  lorsque  les  états  géné- 
raux furent  convoqués.  Il  fut  repré- 
senté à  cette  assemblée,  comme  les 
deqx  autres  ordres  de  l'État ,  par  des 
mandataires  de  son  choix.  De  ces 
mandataires,  ceux  qui  faisaient  partie 
du  haut  clerçé  appartenaient  à  l'aris- 
tocratie nobiliaire,  dont  ils  partageaient 
les  sympathies  ,  et  avec  laquelle  ils 
étaient  intéressés  au  maintien  de  tous 
les  privilèges.  Ils  firent  dès  l'abord 
cause  commune  avec  elle  et  avec  la 
cour.  Il  n'en  fut  pas  de  même  des  dé- 
putés du  bas  clergé.  Ceux-ci,  lorsqu'on 
agita  la  question  du  vote  par  tête,  fu- 
rent les  premiers  à  se  réunir  au  tiers 
état,  avec  lequel  ils  votèrent  toujours 
dans  la  suite,  pour  les  mesures  les  plus 
libérales. 

Nous  ne  reviendrons  point  ici  sur 
la  vente  des  biens  ecclésiastiques ,  ni 
sur  la  résistance  malentendue  qu'une 

•  (*)  LA-VRENTrÉ ,  artidcfGi.ER6K  du  Dic- 
tionnaire de  la  conversation.  Voyez  d'ail- 
leurs pour  plus  de  détails  sur  les  mœurs  du 
clergé  français  à  cette  époque ,  les  articles 
Collets  (petits),  Collier  (affaire  du),  Rouav 
et  Dubois.  N'oublions  pas  d'ajouter  ici,  pour 
affaiblir  l'impressioD  péuible  que  fera  naître 
la  lecture  de  ces  articles ,  que,  pendant  que 
l'infâme  Dubois  déshonorait  la  pourpre  par 
ses  débauches,  et  que  Rohan,  après  avoir 
ruiné  des  milliers  de  créanciers,  volait, afin 
de  pouvoir  continuer  sa  vie  de  plaisir  et  de 
dissipation,  les  biens  de  l'hôpital  des  Quinze- 
vingts,  de  vertueux  ecclésiastiques,  tels  que 
le  véuérable  Lasalle ,  fondateur  de  la  con- 
grégation de  la  doctrine  chrétienne,  Ber- 
nard ou  \t  Pauvre  prêtre,  et  une  foule  d'au- 
tres se  consacraient  entièrement  au  soula- 
gement et  à  l'instruction  du  pauvre. Tandis 
que  les  abbés  de  cour  traînaient  leur  inu- 
tilité dans  les  boudoirs  de  toutes  les  femmes 
perdues,  de  savants  bénédiciins,  tels  que 
les  Moutfaucon ,  les  Bouquet,  les  Clément, 
les  Brial ,  consacraient  leurs  veilles  studieu- 
ses à  répandre  quelques  lumières  sur  le^ 
époques  les  plus  obscures  de  notre  histoire. 


214 


CLE 


L'UNIVERS. 


CLE 


grande  partie  du  clergé  ne  craignît  pas 
d'opposer  à  cette  mesure  jugée  néces- 
saire par  tous  les  hommes  impartiaux. 
Nous  avons  donné  à  cet  égard  tous  les 
détails  nécessaires  dans  un  article 
spécial.  (Voyez  Biens  ecglésiasti- 

QUBS.) 

La  suppression  des  ordres  monas- 
tiques, dont  la  mission  était  depuis 
longtemps  accomplie,  et  qui  formaient 
une  sorte  d'anachronisme  au  milieu 
du  dix-huitième  siècle ,  était  une  con- 
séquence nécessaire  de  la  suppression 
des  biens  du  clergé  ;  l'Assemblée  cons- 
tituante la  décréta  le  13  février  1790, 
en  accordant  une  pension  viagère  à 
tous  les  individus  qui  avaient  fait  par- 
tie des  anciennes  congrégations.  Elle 
voulut  ensuite  rendre  la  circonscrip- 
tion ecclésiastique  conforme  à  la  cir- 
conscription civile ,  et  elle  décréta ,  le 
18  juillet  suivant ,  qu'il  y  aurait  un 
évéque  par  département,  que  les  cha- 
pitres métropolitains  étaient  suppri- 
més, et  que  les  évéques  et  curés  se- 
raient nommés  par  les  électeurs.  «  Le 
clergé  oublia  alors  son  caractère  évan- 
gélique,  et  profita  de  cette  occasion 
pour  crier  à  l'hérésie  et  à  la  persécu- 
tion. Il  abandonna  les  rangs  démocra- 
tiques, où  ii  avait  montré  a'ahord  tant 
de  sagesse  et  de  dévouement,  et  passa 
dans  ceux  des  privilégiés.  Il  confondit 
le  salut  de  la  religion  avec  celui  de  ses 
intérêts  temporels,  et  se  plaça  dans 
cette  politique  contre-révolutionnaire 
où  il  est  encore  aujourd'hui,  et  qui 
semble  faire  de  la  religion  de  la  li- 
berté et  de  l'égalité ,  la  religion  de  l'a- 
ristocratie et  du  despotisme.  Les  évé- 
ques ,  dit  Ferrières  ,  refusèrent  de  se 
prêter  à  aucun  arrangement ,  et ,  par 
.leurs  intrigues  ,  fermèrent  toute  voie 
de  conciliation ,  et  sacrifièrent  la  reli- 
.  gion  à  un  fol  entêtement  et  à  un  atta- 
chement condamnable  à  leurs  riches- 
ses  L'assemblée  s'irrita  de  ces 

résistances  ,  et  décréta  que  les  ecclé- 
siastiques seraient  astreints  au  serment 
civique^  devant  leur  commune  et  dans 
leur  église,  et  qu'ils  y  ajouteraient  ce- 
lui de  maintenir  la  constitution  civile 
du  clergé  ;  le  refus  du  serment  en- 
traînait la  déchéance  des  titulaires  et 


leur  remplacement  par  des  ecclésiasti- 
ques assermentés  ;  enfin  il  fut  ordonné 
de  former  la  liste  des  prêtres  qui  au- 
raient "prêté  ou  refusé  le  serment. 

«  Ces  décrets  furent  présentés  à  la 
sanction  du  roi,  qui  en  référa  secrète- 
ment au  pape.  Celui-ci  refusa  son  ad- 
hésion ,  et  il  fallut  une  émeute  pour 
que  Louis,  se  disant  forcé,  donnât  sa 
Sanction.  Les  évêques  furent  indignés 
de  cette  faiblesse,  et  lui  reprochèrent 
d'enrtpiéter  sur  le  pouvoir  spirituel. 
Tous  les  ecclésiastiques  de  l'assemblée, 
à  l'exception  de  soixante-trois  curés  , 
refusèrent  le  serment ,  et  cet  exemple 
fut  suivi  par  les  cinq  sixièmes  du  clergé 
(27  décembre  1790.)  On  destitua  les 
réfractaires,  et  on  les  remplaça  par  l'é- 
lection ;  mais  les  destitués  protestèrent, 
déclarèrent  leurs  successeurs  intrus, 
et  les  excommunièrent  avec  tous  ceux 
qui  recevaient  les  sacrements  de  leurs 
mains.  Le  parti  de  la  révolution  perdit 
des  sectateurs  qui  lui  donnaient  un 
puissant  crédit  par  leur  caractère  mo- 
ral ;  le  parti  de  1  ancien  régi  me  y  gagna 
ce  qui  pouvait  seul  lui  donner  quelque 
force,  une  portion  du  peuple.  Il  y  eut 
alors  deux  clergés,  l'un  rebelle,  l'autre 
hérétique,  et  malheureusement  le  pre- 
mier était  généralement  vertueux  et 
croyant,  le  second  scandaleux  et  impie. 
Tous  deux  firent  le  plus  grand  mal  à  la 
révolution,  les  réfractaires  en  l'embar- 
rassant d'une  opposition  inflexible  qui 
finit  par  la  guerre  civile ,  les  constitu- 
tionnels en  la  discréditant  (  pour  la 
plupart)  par  leurs  mœurs  et  leurs  doc- 
trines. Ce  fut  l'incrédulité  qui  y  gagna. 
Le  peuple  préféra  sa  foi  nouvelle  a  sa 
foi  ancienne,  la  révolution  à  la  reli- 
gion :  voyant  les  prêtres  engagés  dans 
les  rangs  de  ses  adversaires ,  il  s'habi- 
tua à  regarder  la  religion  comme  en- 
nemie de  la  révolution ,  et  la  traita 
comme  telle.  Les  deux  églises  engen- 
drèrent partout  des  discordes  :  si,  à 
Paris,  la  multitude  brûla  un  manne- 
quin du  pape ,  lequel  venait  d'excom- 
munier les  prêtres  assermentés,  si  elle 
faisait  des  émeutes  devant  les  maisons 
où  officiaient  les  prêtres  réfractaires, 
si  elle  les  poursuivait  de  ses  cris  :  à 
la  lanterne!  dans  le  Midi  et  dans 


CLE 


FRANCE. 


cLe 


!^15 


rOuest  il  y  eut  des  troubles  encore  plus 
graves  causés  par  des  prêtres  non  as- 
sermentés :  Tevéque  de  Trégujer  ex- 
cita une  insurrection  par  un  mande- 
ment où  il  disait  que  les  ministres  de 
la  religion  étaient  réduits  à  la  condi- 
tion de  commis  appointés  par  les  bri' 
gands.  A  Montauban ,  les  protestants 
furent  massacrés  par  les  catholiques  ; 
Montpellier,  j\îmes,Toulouse,  Castres, 
furent  ensanglantés  par  des  meurtres 
et  des  combats  (*).  »  «  Les  prêtres  et 
surtout  les  évêques,  dit  Ferrières,  em- 
ployaient toutes  les  ressources  du  fa- 
natisme pour  soulever  le  peuple  des 
cara]}agnes  et  des  villes  contre  la  cons- 
titution civile  du  clergé Leurs 

écrits  produisirent  l'effet  qu'ils  en  at- 
tendaient :  des  troubles  éclatèrent  de 
toutes  parts.  »  Dans  le  Gévaudan ,  le 
Poitou  ,  la  Bretagne ,  les  paysans  se 
portèrent  aux  derniers  excès  contre 
tes  prêtres  constitutionnels,  et  les  chas- 
sèrent des  églises.  La  guerre  civile  de- 
vint imminente. 

Le  29  novembre  1791 ,  l'assemblée 
législative  décréta  que  les  prêtres  in- 
sermentés seraient  privés  de  la  pension 
qui  leur  avait  été  accordée;  qu'ils  ne 
pourraient  plus  exercer  le  culte,  même 
dans  des  maisons  particulières  ;  enfîn 
qu'ils  étaient  déclarés  suspects  de  ré- 
volte ,  et  mis  sous  la  surveillance  des 
autorités  ;  et  le  27  mai  1792 ,  un  nou- 
veau décret  autorisa  les  directoires 
des  départements  à  prononcer  contre 
eux  la  peine  de  la  déportation-,  sur  la 
simple  dénonciation  de  vingt  citoyens. 
L'année  suivante  éclata  la  guerre  civile 
de  la  Vendée.  (  Voyez  ce  mot.  ) 

Les  prêtres  insermentés  qui  avaient, 
de  concert  avec  la  noblesse,  excité  cette 
guerre  impie,  furent  dès  lors  considé- 
rés comme  les  ennemis  les  plus  achar- 
nés de  la  révolution ,  et  le  gouverne- 
ment ordonna  contre  eux  les  moyens 
de  répression  les  plus  sévères;  toute- 
fois, il  faut  le  dire,  cette  sévérité, 
tempérée  par  Robespierre  et  par  ses 
amis,  devint  quelquefois  une  atroce 
-cruauté  dans  les  mains  des  proconsuls, 

(*)  LaVallée ,  Histoire  des  Français^  t.  IV, 
p.  4o. 


qui  abusèrent  si  indignement  de  l'au- 
torité que ,  dans  les  dangers  extrêmes 
de  la  patrie,  la  Convention  avait  cru 
devoir  leur  confier.  (  Voyez  Ca&bisb, 
DuMONT  (André  ) ,  etc. ) 

Pendant  ce  temps -là,  une  grande 
partie  du  clergé  assermenté  se  désho'» 
norait  en  abjurant  solennellement  les 
croyances  qu'il  avait  jusque-là  profes- 
sées. A  l'instigation  des  hébertistes, 
révéque  de  Paris ,  Gobel ,  vint  le  7  no- 
vembre 1793,  avec  douze  de  ses  vi- 
caires, déclarer  à  la  Convention  qu'il 
renonçait  à  ses  fonctions  de  ministre 
du  culte  catholique,  parce  due,  disait- 
il,  il  ne  devait  plus  y  avoir  d  autre  culte 
public  et  national  que  celui  de  la  liberté 
et  de  l'égalité.  (Voyez  ABJUBàTiON, 
1. 1,  p.  34.)  Presque  tous  les  prêtres  de 
la  Convention  suivirent  cet  exemple; 
Grégoire  fut  le  seul  qui  protesta  éner- 
giquement  :  «  Catholique  par  convîc- 
«  tion  et  par  sentiment,  s'écria-t-il9, 
«  prêtre  par  choix .  j'ai  été  désigné  par 
«  le  peuple  pour  être  évêque  ;  mais  ce 
«  n'est  ni  de  lui  ni  de  vous  que  je  tiens 
«  ma  mission...  On  ne  m'arrachera 
«  pas  une  abdication.  » 

L'un  des  premiers  soins  de  Bona- 
parte ,  dès  qu'il  fut  arrivé  au  pouvoir, 
tut  de  rétablir  en  France  le  culte  ca- 
tholique. C'était  une  entreprise  diiB- 
cile;  les  prêtres  réfractaires ,  revenus, 
pour  la  plupart,  dei'exil,  et  protégés 
par  le  gouvernement,  semblaient  croire 
que  la  religion  ki'était  compatible  qu'a- 
vec les  Bourbons  et  l'ancien  régime; 
ils  avaient  pris  en  haine  le  pouvoir 
nouveau,  et  pour  se  donner  un  air  de 
martyrs ,  ils  refusaient  de  prier  dans 
les  temples  qu'on  leur  avait  de  nou- 
veau ouverts.  Le  clergé  constitution- 
nel s'était  épuré  pendant  la  tempête 
qui  venait  de  s'apaiser  ;  les  mauvais 
prêtres  avaient  apostasie  pour  se  ma- 
rier ;  les  autres ,  anciens  Jansénistes , 
voulaient  reformer  une  Lglise  natio- 
nale ,  sans  le  concours  du  pape.  Sous 
l'influence  de  Grégoire  ,  évêque  de 
Blois ,  ils  essayèrent  de  se  réorganiser 
et  de  mettre  fm  au  schisme,  dans  deux 
conciles  tenus,  l'un  en  1797,  l'autre 
en  1801.  Celui-ci  comptait  quarante- 
cinq  évêques  et  quatre-vingts  prêtres 


216 


CLE 


L'UJNIYERS. 


CLE 


députés  par  les  diocèses,  qui  se  ras- 
semblèrent en  grande  pompe  à  Notre- 
Dame,  et  se  montrèrent  animés  d'un 
esprit  évangélique  et  conciliateur. 
Leurs  conférences  publiques  excitè- 
rent un  vif  intérêt,  et  attirèrent  une 
grande  foule.  Mais  les  réfractaires  re- 
fusèrent de  s'unir  à  eux  ;  et  le  gouver- 
nement, qui  n*aimait  pas  leurs  prin- 
cipes démocratiques ,  rejeta  leur  plan 
de  pacification,  et  recourut,  pour  met- 
tre fin  au  schisme,  àTautoritédu  pape. 

Pie  VII ,  qui  occupait  alors  la  chaire 
pontificale,  et  qui  plus  d'une  fois  déjà 
avait  témoigné  de  sa  sympathie  pour 
les  doctrines  démocratiques  (voy.  Ca- 
tholicisme, t.  IV,  p.  296),  s'em- 
pressa d'adhérer  aux  propositions  du 
premier  consul,  et  envoya  à  Paris  le 
cardinal  Gonsaivi ,  qui  conclut  avec 
Joseph  Bonaparte  un  concordat ,  dont 
nous  citerons  les  clauses  les  plus  im- 
portantes. . 

La  religion  catholique  était  recon- 
nue comme  la  religion  du  gouverne- 
ment et  de  la  majorité  des  Français  ; 
son  culte  devait  être  public;  il  devait 
être  créé  dix  archevêchés  et  cinquante 
évêchés ,  dont  la  circonscription  serait 
déterminée  par  le  pape  et  le  premier 
consul.  Tous  les  anciens  sièges  devaient 
être  abolis;  le  consul  devait  nommer 
les  nouveaux  titulaires,  qui  recevraient 
ensuite  du  pape  l'institution  aposto- 
lique. Le  gouvernement  s'engageait  à 
fournir  un  traitement  convenable  aux 
évêgues  et  aux  curés.  La  propriété  des 
anciens  biens  ecclésiastiques  était  dé- 
clarée incommutable  entre  les  mains 
des  acquéreurs;  les  lois  qui  avaient 
supprimé  les  ordres  monastiques  oii 
l'on  se  lie  par  des  vœux  perpétuels 
étaient  confirmées  ;  les  prêtres  mariés 
étaient  sécularisés,  et  le  célibat  des 
ecclésiastiques  était  reconnu  comme 
loi  fondamentale  de  TËglise. 

Par  suite  de  ce  traite,  le  pape  de- 
manda aux  évêques  des  deux  partis 
leur  démission.  Deux  constitutionnelis 
et  trente-sept  réfractaires  la  refusè- 
rent. Les  anciens  sièges  furent  alors 
annulés  par  une  bulle;  soixante  nou- 
veaux sièges  furent  institués,  et  le 
premier  codsul  y  pourvut  en  choisis- 


sant pour  les  "remplir,  douze,  prélats 
constitutionnels  ,  dix-sept  prélats  et 
trente  et  un  prêtres  réfractaires.  Le 
concordat  fut  ensuite  présenté  au  Tri- 
bunat  et  au  Corps  législatif,  et  adopté 
sans  discussion,  ainsi  que  les  lois  or- 
ganiques sur  le  culte  catholique  et  les 
cultes  protestants;  et  le  lendemain, 
les  consuls  allèrent  à  Notre-Dame  avec 
toutes  les  autorités  et  les  corps  cons- 
titués assister  à  la  messe  et  au  Te 
Deum, 

Le  clergé  réfractai re  venait  d'obte- 
nir une  éclatante  victoire  ;  «  il  ne  s'en 
montra  point  reconnaissant  ;  il  justi- 
fia, par  ses  affections  pour  l'ancien 
régime,  les  craintes  des  révolution- 
naires ;  il  continua  à  discréditer  la  re- 
ligion par  ses  passions  haineuses ,  son 
intolérance ,  ses  querelles  misérables. 
Le  gouvernement  le  supplia  vainement 
d'exercer  la  charité  évangélique  en 
oubliant  le  passé:  les  sermons,  les 
mandements  devinrent  des  satires  de 
la  révolution  ;  les  prêtres  constitution- 
nels furent  persécutés  par  les  évêques, 
jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  rétracté  leurs 
opinions  ;  on  leur  refusa  les  places  qui 
leur  avaient  été  promises  ;  on  déclara 
invalides  les  mariages  qu'ils  avaient 
bénits.  Il  fallut  la  main  vigoureuse  du 
premier  consul  pour  arrêter  ces  scan- 
dales. «  Je  ne  fais  rien  pour  le  clergé, 
«  disait-il ,  qu'il  ne  me  donne  aussitôt 
«  lieu  de  m'en  repentir.  »  Et  en  effet, 
le  clergé ,  qui  trouva  pour  lui  les  flat- 
teries les  plus  servilés ,  fut  un  des  ins- 
truments les  plusactifsdesa  chute  (*).» 

Nous  ne  dirons  rien  ici  de  la  part 
que  prit  le  clergé  aux  réactions  qui 
signalèrent  les  premiers  temps  de  la 
restauration.  Nous  ne  parlerons  pas 
non  plus  de  ses  intrigues  pour  rame- 
ner complètement  le  gouvernement  des 
Bourbons  daiis  les  voies  de  l'ancien 
régime.  Ces  détails  occupent  une  place 
trop  importante  dans  l'histoire  de 
cette  désastreuse  époque,  pour  que 
nous  tentions  de  les  en  détacher  et  de 
les  présenter  ici  sans  raconter  en 
même  temps  des  faits  avec  lesquels  ils 
se  lient  dans  le  système  de  la  contre- 

(*)  La\al!ée ,  Histoire  des  Français,  t.  IV, 
p.  367. 


CLE 


FRANCE. 


CLE 


217 


révolution.  Disons  seulement  que  rat- 
tachement que  Louis  XYIII  montra 
toujours  pour  la  constitution  qu'il 
avait  jurée  en  montant  sur  le  trône , 
lui  valut  de  la  part  du  clergé  une  haine 
mal  dissimulée  tant  que  vécut  Tauteur 
de  la  charte,  mais  qui  éclata  aussitôt 
qu'il  eut  rendu  le  dernier  soupir.  Le 
clergé  manqua  «lors  à  toutes  les  con- 
venances, en  refusant  de  prendre  part 
à  un  cérémonial  qui  exigeait  sa  pré- 
sence auprès  du  cercueil  du  feu  roi. 
C'était  peut  -  être  un  avertissement 
qu'il  voulait  donner  à  son  successeur  ; 
c'était  du  moins  une  manière  de  cons- 
tater le  pouvoir  qu'il  prétendait  exer- 
cer sous  le  nouveau  règne.  Quoi  qu'il 
en  soit,  Charles  X  alla  au-devant  de 
ses  exigences,  et  ne  fit  rien  que  par 
ses  conseils.  Hâtons -nous  de  le  dire, 
pour  que  Ton  puisse  juger  de  la  mo- 
ralité et  de  la  sagesse  de  ses  conseils , 
qne  leur  résultat  fut  la  violation  des 
serments  prêtés  par  le  roi  à  son  avè- 
nement au  trône  et  la  déchéance  de  sa 
dynastie.      ^ 

Depuis  la  révolution  de  juillet,  le 
cierge  français  a  perdu  son  influence 
politique.  Espérons  qu'il  n'essayera 
pas  de  la  reconquérir.  Les  temps  ne 
sont  plus  oii  il  avait  besoin  de  puis- 
sance pour  protéger  les  peuples.  Les 
peuples  aujourd'hui  savent  se  protéger 
eux-mêmes.  Les  rois  non  plus  n'ont 
que  faire  de  sa  protection  ;  une  double 
expérience  a  dû  lui  prouver  combien 
est  impuissante  la  protection  qu'il  ac- 
(X)rde  aux  ennemis  de  la  cause  démo- 
cratique. Que  le  clergé  se  souvienne 
donc  enfin  de  ces  paroles  de  son  divin 
maître  :  Mon  royaume  n'est  point  de 
ce  monde;  qu'il  vive  au  milieu  du 
peuple  pour  le  moraliser  avec  succès , 
et  lui  faire  entendre  de  près  la  parole 
de  Dieu  ;  qu'il  s'associe  à  ses  douleurs 
et  à  ses  souffrances  pour  les  soulager, 
et  il  dominera  encore  le  monde  de  sa 
pauvreté  et  de  son  humilité.  Un  écri- 
vain de  génie  le  lui  a  dit  dans  ces  der- 
niers temps  :  «  Descendez  des  villes , 
«  quittez  vos  habits  de  soie  et  d'or 
«pour  la  bure  et  une  croix  de  bois; 
«  venez  sous  le  chaume,  comme  le 
a  géant  Antée  qui  retrouvait  sa  force 


«  quand  il  touchait  la  terre,  toucher 
«  la  terre  de  vos  pieds  et  de  vos  mains, 
«  à  côté  du  pauvre  ;  le  peuple  alors 
«  vous  reconnaîtra.  » 

Le  clergé  possédait  sous  l'ancienne 
monarchie  de  grands  privilèges.  Nous 
avons  dit  qu'il  formait  le  premier  ordre 
du  royaume,  il  précédait  la  noblesse; 
dans  les  états  généraux  et  partout,  il 
avait  le  pas  sur  les  laïques.  Les  évê- 
ques,  comtes  ou  ducs  et  pairs,  avaient 
le  droit  de  siéger  au  parlement. 

Les  ecclésiasp'ques  étaient  exempts 
des  charges  municipales,  de  la  con- 
trainte par  corps  pour  dettes  civiles, 
du  logement  des  gens  de  guerre,  de 
toute  imposition  pour  la  subsistance 
des  troupes  ou  les  fortifications  des 
villes ,  de  tailles  personnelles  pour  leur 
patrimoine,  aussi  bien  que  pour  les 
dîmes  affectées  à  leurs  bénéfices ,  de 
droits  d'aides,  de  vingtièmes,  de  capi- 
tation ,  etc.  ;  mais  ils  payaient  sous  le 
titre  de  décimes,  subventions,  dons 
gratuits,  etc. ,  des  contributions  dont 
ils  faisaient  eux-mêmes  la  répartition 
et  le  recouvrement ,  et  dont  le  total 
s'élevait  à  environ  douze  millions. 

Le  clergé  avait  huit  chambres  supé- 
rieures ecclésiastiques ,  qui  siégeaient 
à  Paris,  Tours,  Lyon,  Rouen,  Tou- 
louse, Bourges,  Bordeaux  et  Aix.  Les 
pourvois  en  cassation  ;  contre  les  ar- 
rêts rendus  par  ces  chambres ,  étaient 
renvoyés  à.  rassemblée  ordinaire  du 
clergé ,  qui  jugeait  en  dernier  ressort. 

Les  grandes  assemblées  ordinaires 
du  clergé  se  tenaient  régulièrement 
tous  les  dix  ans,  depuis  1606.  Lesjoe- 
tites  assemblées  ordinaires ,  nommées 
aussi  assemblées  de  comptes ,  parce 
que  l'on  ne  devait  s'y  occuper  que  des 
comptes ,  des  décimes  et  du  don  gra- 
tuit ,  se  tenaient  tous  les  cinq  ans ,  de- 
puis 1625.  Les  assemblées  extraordi- 
naires étaient  celles  qui  étaient  con- 
voquées pour  délibérer  sur  des  affaires 
imprévues  et  d*un  grand  intérêt.  Telle 
fut  celle  qui  se  tint  à  Paris,  en  1713 
et  en  1714.  Ces  assemblées,  qui  ne 
pouvaient  durer  que  six  mois,  et  où 
aevait  assister  un  commissaire  du  roi, 
étaient  composées  des  députés  dçs  seize 


918 


eu 


rUNiVERS. 


CLE 


provinces  ecclésiastiques  de  Lyon, 
Rouen,  Tours,  Sens,  Paris,  Reims, 
Bourges^  Alby,  Bordeaux,  Auch,  Nar- 
bonne,  Toulouse,  Vienne,  Arles,  Aix 
et  Embrun.  Les  autres  provinces  ecolé- 
siastiques  n*y  étaient  pas  représen- 
tées. 

Le  clergé  se  composait  de  quatre 
cent  dix-huit  mille  deux  cent  six  in- 
dividus des  deux  sexes ,  savoir  : 

Archevêques tS 

ÉTéqaes  (j  compris  les  éréqucft  in  partibus 

et  ceax  de  l'ile  de  Corse) xag 

x6  maisons  chefs  d'ordre  et  de  cong;rég«> 
tion,  habitées  par  des  religieux  au  nom- 
bre de • x,t2o 

625  abbayes  d'hommes  en  eommende.. . .  6,«oo 

ii5  abbayes  d'hommes  en  règle 1,200 

253  abbayes  de  filles xo,i2o 

€4  prienrcs  de  filles. . .  é 2,56o 

24  chapitres  de  chanoinesses^ 600 

655  chapitres  de  chanoines • . . . .  xi,853 

Bas-chœur. i  .3, 000 

Bnfants  de  chœor 5,ooo 

Prieurs  on  chapelains 27,000 

Curés .  40iOOo 

Vicaires , 5o,ooo 

Commandeurs  de  l'ordre  de  Malte 178 

Chevaliers. :.......  5oo 

Adigleoses  cheralières  de  Malte. 28 

Religieux  rentes,  tels  qne  ceux  de  Cîteaux, 
les  bénédiclins,  les  chanoines  réguliers 

de  Saint- Augustin,  les  prémontrés,  etc.  32,6oo 
Beligieux  anciens  mendiants,  presque  toos 

rentes i3,5oo 

Carmes,  augnstius  et  jacobins  réformés. . .  9,5oo 
Capucins,  récollets  et  picpus  réformés  de 

l'ordre  de  Saint-François,  sans  rerenus.  21.000 

Minimes.... 2,5oo 

Ermites  sans  rërenns 5oo 

Religieuses  de  l'ordre  de  Saint -Angus tin.  i5,ooo 

Religieuses  de  Saint-Benoît. 8,000 

Religieuses  de  Cîteaux 10,000 

Religieuses  de  Fontevrault. • z,5oo 

Religieuses  de  Saint-Dominique 4,ooo 

Religieuses  de  Sainte-Clair i2,doo 

Carmélites , 3oo 


Ursulines. 


9»ooo 


Vîsitandinee 7,000 

Religieuses  qui  TiTaieot  d'aumânes 2,000 

Ecclésiastiques  mâles  engagés  dans  les  or- 
dres, employés  dans  les  collèges,  les  sé- 
minaires, léa  missions»  ou  n'exerçant 
aucune  fonction 100,000 


4 1 8, 206 

Le  revenu  total  du  clergé  s'élevait, 
non  compris  celui  des  hôpitaux,  à 
119,593,596  livres;  ce  qui  aujourd'hui 
représenterait  une  somme  beaucoup 
plus  forte. 

Le  concordat  de  1801  avait  fixé  le 
nombre  des  archevêchés  à  dix,  et  celui 
des  évéchés  à  cinquante.  Ces  nombres 
ont  été  augmentes  par  un  nouveau 


concordat  conclu  en  1817,  et  aujour- 
d'hui le  clergé  est  composé  ainsi  qu'il 
suit  : 


Archevêques. .., »....• 

Étéques 

Vicaires  générattic 

Chanoines.  • , , , 

Curés 

Vicaires. ','...','./. 

Desserrants. ....#..!!...,!. 

Chapeiains.. .,,.,,.... 

Anmdniers ; 

Prêtres  habitués  des  paroisses 

Directeurs  et  professeurs  dans  lès  sémi- 
naires. ... , , 

Élères  dans  86  séminaires  et  dans  120  éco- 
les secondaires  ecclésiastiques 


14 
66 

000 
3,3oj 

6,2t6 

25,175 

5«o 

906 

1,677 

1,072 

10,904 

m 

5j,ig8 

On  compte  en  outre  3,000  congré- 
gations religieuses  de  femmes ,  dont 
220  se  consacrent  à  la  vie  contempla- 
tive, et  2,780  au  soulagement  des  ma- 
lades et  à  l'enseignement.  Les  frais  da 
culte  étaient  évalués,  dans  le  budget  de 
1840,  à  la  somme  de  35,744,859  fr. 
Mais  dans  cette  somme  sont  comprises 
les  dépenses  des  cultes  protestant  et 
israélite.  (  Voyez  Catholicisme  , 
Chbistianisme,  Consistoikb,  Cul- 
tes, etc.) 

Clébembault,  ancienne  femille, 
dont  le  premier  personnage  connu  fut 
Geoffroi  Clérembauît,  seigneur  du 
Plessis.  Son  petit-ills,  Macé  Clérem- 
bault,  seigneur  du  Plessis  -  Clérem- 
bault  et  de  la Plesse,  fut,  en  1347,  ca- 
pitaine général  pour  le  roi  en  Bretagne, 
Anjou  et  Maine.  Le  membre  le  plus 
distingué  de  cette  famille  fut  : 

Philippe  de  PaUuau ,  comte  de  Clé- 
rembauâ,  maréchal  de  France ,  né  en 
1620.  Il  se  trouva  au  siège  de  Landre- 
cies  en  1637,  à  la  prise  d'Arras  en 
1640,  au  siège  de  Perpignan  sous  les 
maréchaux  de  Schombere  et  de  la  Meil- 
leraye,  à  ceux  de  Thionville,  de  Sierck 
et  de  Philisbourg,  aux  combats  de  Frl- 
bourg,  de  Nordiingen  (1645),  à  la  prise 
de  Courtrai,  de  Berg-Saint-VinoX,  de 
Mardick,  de  Furnes,  de  Dunkerque 
en  1646,  et  à  celle  da  château  et  du 
fort  de  Mont-Rond,  dans  leBerri,  en 
1651.  Si  l'on  en  croit  le  marquis  de  la 
Fare  dans  ses  Mémoires,  Richelieu 
lui  accordait  toute  sa  confiance. 

Le  marquis  ClérembatUt ,  son  fils 


CLE 


PRAIICE. 


CXE 


219 


aîné,  lieutenant  général,  périt  à  !a 
suite  du  funeste  combat  d'Hochstett 
en  1704,  en  trafersant  le  Danube  à 
cheval.  —  L'abbé  Juks  de  Clérem- 
baulty  son  autre  fils,  deyint  académi- 
cien et  ne  fut  célèbre  que  par  sa  lai- 
deur* Comme  il  occupait  le  fauteuil  de 
notre  grand  fabuliste,  les  plaisants  di- 
saient qu*on  avait  nomme  Ésope  à  la 
place  de  la  Fontaine. 

GLéBïssEÀt;  (Charles-Louis),  pein- 
tre et  architecte  j  membre  de  l'Aca- 
démie de  peinture  et  de  sculpture,  et 
de  celles  oe  Londres,  de  Saint-Péters- 
bourg, etc.,  naquit  à  Paris,  en  1722, 
et  mourut  à  Auteuil,  en  1820;  il  étu- 
dia son  art  en  Italie,  où  il  passa  vingt 
années  à  dessiner  les  monuments  ro- 
mains, et  construisit,  à  Metz,  Thôtel 
du  gouvernement.  Appelé  en  Russie , 
il  y  devint  le  premier  peintre  de  Ca- 
therine II  et  créa  le  musée  de  Saint- 
Pétersbourg.  On  a  de  cet  artiste  des 
dessins  et  des  gouaches  très-estimés  : 
Clérissea!!  a  publié  :  Antiquités  de  la 
France  y  monuments  de  Nîmes ,  1778, 
în-fol.  Dufourny  et  Legrand  sont  ses 
élèves.  ^ 

Clebmoiît,  bourg  du  Maine,  au- 
jourd'hui du  département  de  la  Sarthe, 
à  4  kilomètres  de  la  Flèche,  érigé  en 
marquisat  en  1576,  en  faveur  de 
George  P',  seigneur  de  Clermoht  et 
de  Galerande,  trisaïeul  de  Charles 
George  de  Clermont  Galerande,  né 
à  Pans,  en  1744,  maréchal  de  camp 
à  l'époque  delà  révolution,  mêlé  en- 
suite aux  intrigues  de  Coblentz  et  du 
comité  royaliste,   chargé  plus  tard, 

Î)ar  Louis  XVIII,  de  ses  singulières 
ettres  au  premier  consul ,  créé  pair  de 
France  en  1814,. et  mort  à  Paris  en 
1823. 

Clebmont  ,  ancienne  seigneurie  du 
Dauphiné ,  aujourd'hui  du  département 
de  l'Isère,  à  18  kilomètres  de  Greno- 
ble, érigée  en  comté  en  1547.  C'était 
la  première  baronnie  de  la  province. 

Cette  seigneurie  avait  donné  son 
nom  à  une  ramille  illustre,  de  laquelle 
sont  sortis  un  grand  maître  de  l'ordre 
de  Saint- Jean  de  Jérusalem ,  un  maré- 
chal de  France  et  plusieurs  évêques 
ou   archevêques.    Cette  famille   est 


connue  depuis  Sibauty  premier  du 
nom,  seigneur  de  Clermont,  men- 
tionné dans  un  acte  de  1094. 

Sibaut  If,  son  fils,  vivait  encore  en 
1180.  Comme  il  avait  commandé  les 
troupes  qui  servirent,  en  1120,  à  chas- 
ser de  Rome  l'antipape  Grégoire  VIII , 
le  pape  Calixte  II,  pour  lui  témoigner 
sa  reconnaissance,  accorda  à  la  maison 
de  Clermont  le  privilège  de  porter 
pour  armes  deux  clefs  d'argent  passées 
en  sautoir,  sur  un  champ  de  gueules, 
et  pour  cimier  la  tiare  papale  avec 
cette  devise  :  Si  omnes  te  negaverunt, 
ego  te  nunquam  negabo. 

Les  personnages  tes  plus  remarqua- 
bles de  ses  descendante  sont  : 

Aynard  de  Clermont ^  deuxième  du 
nom,  créé  en  1340,  par  Humbert  II, 
dauphin  de  Viennois,  chef  des  guerres 
delphinales. 

Antoine  de  Clermont,  troisième  du 
nom,  en  faveur  de  qui  fut  érigé,  en 
1547,  le  comté  de  Clermont,  grand 
maître  des  eaux  et  forêts  de  France , 
et  lieutenant  général  des  armées  du 
roi  en  Dauphiné,  mort  en  1569  des 
blessures  qu  il  avait  reçues  à  la  bataille 
de  Montcontour. 

Henri  de  Clermont,  créé  duc  et  pair 
en  1571,  tué  en  avril  1573. 

François  de  Clermont,  comte  de 
Tonnerre,  lieutenant  général  des  ar- 
mées du  roi,  mort  en  1679. 

François  de  Clermont- Tonnerre, 
son  fils,  évéque  et  comte  de  Noyon, 
pair  de  France,  commandeur  des  or- 
dres du  roi,  membre  de  l'Académie 
française ,  o»^  il  fonda  un  prix  de  poé- 
sie; mort  en  4701. 

François  de  Clermont-Tonnerre , 
évéque  et  duc  de  Lan^res,  neveu  du 
précédent,  fut  charge  de  V Oraison 
funèbre  de  PhUippe  de  France ,  duc 
d'Orléans,  frère  de  Bonis  XIV,  mort 
en  1724. 

Gaspard,  marquis  de  Clermont- 
Tonner^-e,  né  en  1688,  mort  en  1781, 
commandeur  de  l'ordre  de  Saint-Louis, 
maréchal  de  France ,  duc  et  pair ,  se 
distingua  à  Tarmée  de  Bohême  en 
1741,  au  combat  de  Sahav,  à  la  défense 
de  l'Alsace,  au  siège  de  tribourg,  à  la 
bataille  de  Fontenoi ,  oà  il  comman- 


xto 


CLE 


L'UNIVERS. 


CLE 


dait  la  gauche  de  Tarmée  française ,  à 
la  prise  de  Tournai^  à  celle  de  "Bruxel- 
les, à  Raucoux  et  a  Laufeld.  En  qua- 
lité de  doyen  des  maréchaux,  il  re- 
présenta le  connétable  '  au  sacre  de 
Louis  XVI. 

JtUeS' Charles- Henri  de  Clermont- 
Tonnerre  y  lieutenant  général,  duc  et 
pair  de  France,  commandant  du  Dau- 
phiné,  périt  sur  Téchafaud  en  1794. 

Stanislas ,  comte  de  Clermont-Ton- 
nerre,  né  en  1747,  était  colonel  au 
moment  où  éclata  la  révolution.  Dé- 
puté de  la  noblesse  aux  états  généraux, 
il  fut  nommé  président  de  la  minorité 
lors  de  la  réunion  de  cette  minorité 
aux  députés  du  tiers  état.  Dans  la 
nuit  du  14  août  1789,  il  vota  l'aboli- 
tion de  tous  les  privilèges  ;  quelque 
temps  après  il  fit  accorder  le  ciroit  de 
cité  aux  protestants ,  aux  juifs ,  aux 
comédiens.  Le  22  février  1790,  il  pro- 
posa d'investir  le  roi  de  toute  la  puis- 
sance executive ,  afin  qu'il  pût  répri- 
mer les  troubles  des  provinces.  Après 
la  session ,  il  fonda ,  avec  Malouet , 
une  société  politique  en  opposition 
avec  les  jacobins,  et  qui  prit  pour  or- 
gane le  journal  des  impartiaux.  Cette 
Feuille,  dont  les  principes  étaient  en 
opposition  directe  avec  ceux  qui  do- 
minaient à  rassemblée  législative,  fut 
cause  de  l'arrestation  du  comte  de 
Clermont-Tonnerre ,  après  la  fuite  du 
roi,  en  1790.  Mis  presque  aussitôt 
après  en  liberté,  il  nit  encore  arrêté 
le  10  août  et  de  nouveau  relâché  au 
bout  de  quelques  instants.  Mais , 
comme  il  retournait  chez  lui ,  un  de 
ses  anciens  domestiques,  qu'il  rencon- 
tra ,  ameuta  le  peuple  contre  lui  et  le 
fit  massacrer.  Ses  opinions  politiques 
ont  été  recueillies  et  publiées  en  1791, 
en  trois  volumes  in-8". 

Clebmont  «EN  Abgonne,  petite 
ville  de  l'ancienne  Champagne,  aujour^ 
d'hui  chef-lieu  de  canton  du  départe- 
ment de  la  Meuse,  à  24  kilomètres  de 
Verdun.  Cette  ville,  qui  avait  le  titre 
de  comté,  fut  donnée,  par  l'empereur 
d'Allemagne,  à  l'église  oe  Verdun.  Thi- 
baut, comte  de  Bar,  s'en  empara,  en 
1204.  Cependant,  lui,  ses  successeurs 
et  les  ducs   de   Lorraine,  devenus 


comtes  de  Bar,  n'en  continuèrent  pas 
moins  à  faire  hommage  aux  évéques 
de  Verdun  pour  la  seigneurie  de  Cler- 
mont,  jusqu'à  l'an  1564,  époque  oiî 
ce  comté  fut  compris  dans  les  investi- 
tures données  par  les  empereurs  aux 
ducs  de  Lorraine.  De  l'an  1633  à  l'é- 
poque de  la  paix  des  Pyrénées,  les  rois 
Louis  XIII  et  Louis  XIV  s'en  rendi- 
rent maîtres  plusieurs  fois.  Mais,  par 
ce  traité ,  le  duc  de  Lorraine  aban- 
donna à  la  France  tous  les  droits  qu'il 
prétendait  avoir  sur  le  comté  de  Cler- 
mont,  et  Louis  XV  en  fit  présent  au 

f)rince  de  Condé ,  à  charge  de  foi  et 
lommage  à  la  couronne.  Les  tortifica- 
tions  de'  Clermont  furent  rasées  quel- 
que temps  après  sa  réunion  à  la  France. 
Sa  population  est  aujourd'hui  de  1,446 
habitants. 

Clebmont  en  Beàuvaisis,  petite 
ville  avec  le  titre  de  comté,  dans  l'ancien 
Beauvoisis ,  a  jj.  chef-lieu  d'arrondisse- 
ment du  déparlement  de  l'Oise,  joue  un 
grand  rôle  dans  l'histoire  des  guerres 
du  moyen  âge  et  même  des  tenjps  mo- 
dernes. On  fait  remonter  au  règne  de 
Charles  le  Chauve  la  construction  de 
son  château.  .Elle  fut  surprise  par  le 
célèbre  captai  de  Buch,  lors  des  trou- 
bles de  la  Jacquerie  ;  les  Anglais  s'en 
rendirent  maîtres  et  la  pillèrent  en 
1359;  elle  leur  résista  opiniâtrement 
en  1415.  En  1430,  le  château  fut  pris 
par  le  maréchal  de  Boussac  ;  mais  la 
ville,  retombée  au  pouvoir  des  Anglais 
en  1434,  leur  fut  enlevée  par  la  Hire 
et  rendue,  en  1437,  pour  la  rançon 
de  ce  même  la  Hire.  Elle  ne  tarda 
pas  à  rentrer  sous  la  domination  fran- 
çaise. En  1569,  Charles  IX  aliéna  Cler- 
mont au  duc  de  Brunswick ,  moyen- 
nant 360,000  livres,  et  trente  ans 
après ,  la  duchesse  de  Brunswick  re- 
vendit la  ville  à  Charles,  duc  de  Lor- 
raine. En  1595,  elle  fut  prise  par 
Henri  IV  sur  la  ligue,  et  en  juillet 
1615,  le  prince  de  Condé  s'y  retira 
avec  quelques  troupes  et  parvint  à  s'y 
fortifier.  Aujourd'hui  le  château  de 
Clermont  est  devenu  une  maison  cen- 
trale de  détention  pour  les  fenàraes. 
Cette  ville,  qui  était  avant  la  révolu- 
tion le  siège  d'un  bailliage  et  le  chef- 


CLE 


FRANCE. 


CLte 


221 


lieu  d^une  élection,  possède  aujour- 
d'hui un  tribunal  de  première  instance 
et  un  collège  communal:  Sa  population 
est  de  2,715  habitants^  Cest  la  patrie 
de  J.  Grevin  et  de  J.  Fernel. 

Clebmont  en  Beauvaisis  (comtes 
de).  —  Les  comtes  de  Clermont  ont 
joué  un  grand  rôle  dans  notre  histoire, 
soit  par  eux-mêmes,  soit  par  ['impor- 
tance de  leurs  possessions.  En  voici  la 
liste  : 

V  Renaud  P^^  le  premier  comte  de 
Clermontdont  l'histoire  fasse  mention, 
fut,  en  1054,  l'un  des  généraux  de 
l'armée  commandée  en  chef  par  Eudes, 
frère  de  Henri  I",  et  dirigée  contre 
Guillaume  le  Bâtard,ducde  Normandie. 

2**  et  3°  Hvgues ,  suîiiommé  de 
Mouchi  y  et  Henaud  II  possédèrent  en- 
suite successivement  le  comté  de  (jler- 
raont. 

4°  Raoul  /",  nommé  connétable  de 
France  par  Louis  VII ,  eut  de  longues 
querelles  avec  Philippe  d'Alsace,  comte 
de  Flandre  et  régent  du  royaume ,  et 
plus  tard  avec  le  chapitre  de  Beau  vais, 
qui  l'excommunia  plusieurs  fois.  Il  ac- 
compagna Philippe-Auguste  à  la  croi- 
sade et  mourut  au  siège  d'Acre,  en 
1191. 

;5**  Catherine,  sa  011e,  lui  succéda  , 
avec  son  mari ,  Louis,  comte  de  Blois 
et  de  Chartres ,  qui  fut  tué  devant  An- 
drinople,  en  1205. 

6"  Thibaut ,  dit  le  Jeune ,  mourut 
en  1218  sans  laisser  d'enfants.  Phi- 
lippe-Auguste acquit  ensuite  les  droits 
de  ses  héritiers  sur  le  comté  de  Cler- 
mont et  en  investit  son  fils. 

7«  Philippe ,  dit  Hurepel ,  mort  en 
1234. 

^°  Jeanne,  sa  fille  aînée,  épousa, 
en  1236,  Gaucher  ou  Gautier  de  Châ- 
tillon,  qui,  dans  la  guerre  de  saint 
X.ouis  contre  le  comte  de  la  Marche , 
tua  de  sa  main  le  sénéchal  de  Sain- 
tonge.  Il  accompagna  encore  le  roi  de 
France  en  Egypte  et  y  périt,  le  5  avril 
1260,  dans  la  petite  ville  de  Casel,  en 
défendant  vaillamment,  contre  les  Sar- 
rasins, une  rue  qui  conduisait  au  lo- 
gement du  roi.  Comme  il  n'avait  pas 
laissé  d'enfants  de  sa  femme,  qui 
mourut  la  même  année ,  le  comté  tut 


réuni  à  la  couronne  par  saint  Louis , 
qui  était  le  plus  proche  héritier,  et  qui 
en  investit  son  sixième  fils, 

9**  Robert  de  France,  qui  épousa 
Béatrix,  fille  de  Jean  de  Bourgogne, 
seigneur  de  Charolaiset  d'Agnès,  dame 
de  Bourbon.  II  succéda  à  cette  der- 
nière seigneurie  de  Bourbon,  et  mou- 
rut en  1318.  Son  fils  lui  succéda  dans 
le  comté  de  Clermont,  etii  sa  mère, 
dans  la  seigneurie  de  Bourbon,  qui  fut 
érigée  en  duché.  Depuis  cette  époque 
les  comtes  de  Clermont  se  confondent 
avec  les  sires  de  Bourbon  (voyez  Boub- 
BON.)  Robert  eut  pour  bailli ,  dans 
son  comté  de  Clermont,  le  célèbre 
Beaumanoir  (voyez  ce  nom.)  Le  comté 
de  Clermont  fut  de  nouveau  réuni  à  la 
couronne,  lors  de  la  confiscation  gé- 
nérale des  biens  du  connétable  de 
Bourbon. 

La  famille  des  premiers  comtes  de 
Clermont  a  donné  naissance  à  plusieurs 
branches  collatérales ,  dont  les  princi- 
pales sont  celles  : 

1°  Des  seigneurs  ô'Mlly  et  de  Néelle. 

2°  Des  seigneurs  d'OJjemont  et  de 
Mello, 

3<»  Des  seigneurs  de  Saint-Fenant 
et  du  Sauchoi, 

4°  Des  seigneurs  de  Thorigny  et  de 
Monfgobert. 

S"  Des  vicomtes  de  Chantilly  et  vi- 
comtes d'Junai. 

La  plupart  de  ces  branches  ont 
fourni  des  personnages  remarquables. 
Oh  distingue,  dans  la  première,  Raotd 
de  Clermont,  deuxième  du  nom,  con- 
nétable de  France,  en  1287,  qui  prit 
une  part  active  à  toutes  les  guerres  de 
Philippe  le  Hardi  et  de  Philippe  le  Bel, 
et  se  trouvait  à  la  malheureuse  bataille 
de  Courtrai ,  qui  fut  livrée  contre  son 
avis. 

Dans  la  deuxième  :  1**  Gui  de  Cler- 
mont,  premier  du  nom,  maréchal  de 
France  en  1296,  tué  à  Courtrai  en 
1302;  2°  Jean  de  Néelle,  deuxième 
du  nom,  grand  queux  de  France  en 
1345,  nommé  par  Philippe  VI  l'un  de 
ses  exécuteurs,  testamentaires  ;  3**  Gui 
de  Néelle ,  deuxième  du  nom,  maré- 
chal de  France  en  1345^  tué  à  Moron 
en-Bretagne,  en  1352;  4*  Gui  de  Néelle, 


222 


a.jE 


L'UIÏIYEBS. 


CLE 


troisième  du  nom ,  conseiller  et  cham- 
bellan du  roi,  tué  à  Azincourten  1415. 

Et  enfin  dans  la  dernière,  Jean  de 
Clermçnt,  nommé  maréchal  de  France 
en  1362,  tué  en  1356  à  la  malheureuse 
journée  de  Poitiers. 

Clehmont-Febrani),  Claromom, 
NemossiiSy  Nemetum,  Augustoneme- 
tumy  Arvernorum  civttas^  Arvemiy 
Tune  des  plus  anciennes  villes  de  la 
France,  autrefois  capitale  de  la  pro- 
vince d'Auvergne,  aujourd'hui  cnef- 
lieu  du  département  du  Puy-de-Dôme. 

L'origine  de  Clermont  'remonte  à 
répoque  où  les  Romains  s'établirent 
dans  les  Gaules.  A  8  kilomètres  de 
son  emplacement  actuel  se  trouvait  la 
cité  gauloise  de  Gergovia,  qui  soutint 
contre  César  un  siège  qui  Ta  rendue 
célèbre.  Après  la  destruction  de  cette 
ville ,  les  habitants  se  retirèrent  à 
Clermont,  qui,  fondée,  ou  du  moins 
embellie  sous  Auguste,  devint  la  capi- 
tale de  TArvernie  et  prit  le  nom  à'Au* 
gu^tonemetum.  Les  empereurs  en  fi- 
rent plus  t^rd  une  cité  ae  droit  latin 
et  y  établirent  un  sénat.  Les  art$  y 
furent  cultivés  avec  succès;  l'école  ou 
des  maîtres  habiles  enseignaient  les 
belles-lettres  fut  longtemps  célèbre, 
et  attira  des  étudiants  de  toutes  les 
parties  de  la  Gaule.  On  y  voyait  une 
statue  colossale  de  Mercure,  que 
Pline  appelle  une  merveille  du  monde. 
Cette  statue,  qui  était  en  bronze, 
avait  122  mètres  de  hauteur ,  et  avait 
coûté  environ  400,000  sesterces.  Le 
temple  consacré  à  la  même  divinité , 
sous  le  nom  de  ff^assoGatate,  excita 
fadmiration  des  barbares  eux-mêmes  ; 
il  existait  encore  au  temps  de  Grégoire 
de  Tours. 

A  répoque  des  invasions  des  bar- 
bares, Clermont  portait  encore  le 
nom  d'Au^ustonemetum  :  mais  déjà 
on  nommait  Ciarusmons  la  citadelle 
qui  la  dominait,  et  qui  ]^lus  tard  lui 
donna  son  nom.  Cette  ville  fut  prise 
et  saccagée  par  les  Vandales,  en  408, 
parles  troupes  d'Honorius,  en  412; 
assiégée  inutilement  en  413  par  les 
Visigoths,  elle  leur  fut  cédée  deux  ans 
après.  Thierry,  fils  naturel  de  Clovis , 
s  en  empara  en  507  ;  eUe  fut  pillée , 


brûlée  et  détruite  par  Thierry,  en  532  ; 
elle  éprouva  le  même  sort  en  761 ,  en 
853  et  en  916,  années  pendant  les- 
quelles elle  tomba  successivement  au 
pouvoir  de  Pépin ,  des  Normands  et 
des  Danois.  Ce  fut  dans  ses  murs  que 
se  tint;  en  1095,  le  célèbre  concile  où 
fut  donné  le  signal  des  croisades.  Du 
douzième  au  treizième  siècle ,  elle  eut 
beaucoup  à  souffrir  des  guerres  civi- 
les et  des  incursions  des  Anglais.  Pen- 
dant les  troubles  de  la  ligue,  elle  resta 
constamment  fidèle  à  Henri  III  et  à 
Henri  IV. 

La  ville  de  Mont-Ferrand  (voyez  ce 
mot) ,  située  à  un  kilomètre  de  Cler- 
mont ,  fut  réunie ,  en  1731 ,  à  cette 
ville,  qui  prit  dès  lors  le  nom  àe  Cler- 
mont'Fer  rand  ;  mais  cette  réunion 
donna  lieu  à  de  nombreuses  contesta- 
tions et  à  des  procès,  qui  étaient  à  peine 
terminés  à  l'époque  de  la  révolution. 

Clermont  était  alors  la  capitale  d'uq 
gouvernement  militaire  et  le  siège 
d'un  évéché  suffragant  de  Bourses, 
d'une  élection ,  d'une  sénéchaussée  et 
d'un  présidial ,  d'une  cour  des  comp- 
tes ,  etc....  Elle  possède  aujourd'hui 
des  tribunaux  de  première  instance  et 
de  comnierce,  une  académie  universi- 
taire, une  académie  des  sciences,  bel- 
les-lettres et  arts  ,  un  collège  royal , 
une  école  secondaire  de  médecine  et 
une  bibliothèque  publique  on  l'on 
compte  15,000  volumes  et  qui  contient 
des  manuscrits  précieux  ,  une  bourse 
de  commerce,  une  chambre  consulta- 
tive des  arts  et  manufacture!.  Sa  po- 
pulation^ y  compris  celle  de  Mont-Fer- 
rand, est  de  28,257  habitants.  On  y 
remarque,  entre  autres  édifices  cu- 
rieux ,  la  cathédrale ,  fondée  au  cin- 
quième siècle  et  rebâtie  au  treizième  ; 
I  église  Notre-Dame  du  Port,  bâtie  en 
580,  détruite  en  824  par  les  Normands 
et  reconstruite  en  853  ;  le  châteaii 
d'eaq,  fontaine  d'une  grande  élégance, 
construite  en  1511.  uest  la  patrie  de 
Grégoire  de  Tours,  de  Biaise  Pascal,  du 
jurisconsulte  Domat.  du  chevalier 
d'Assas,  du  poète  Detille,  du  gram- 
mairien Girard,  de  Dulaure,  auteur  de 
VHistoire  de  PariSj  etc. 

CL£jaiiONT-F£aj&AND  (monnaie  de). 


FRANCE  (LoniaXIl) 


'ifn.Ay.A7t^r^    ix^    i^€^^^i^9t^,  , 


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FRANCE.)  XI.  £ 


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FRANCE. (XI, s,] 


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FRANCE.  (Xr'S.) 


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FRANCE.  (X1?S) 


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CLE 


FRANCE. 


eu 


333 


•^La  vU]«de  Glermont,oonime  capitale 
de  rAuvergne,  a  toujours  jOué  un  rôle 
irnportant  dans  notre  histoire  monétai- 
re. 0<i  y  frappait  déjà  monnaie  pendant 
la  période  gauloise;  on  connaît,  en 
effet,  un  ^tatèred'or  représentant  d'un 
côté  une  tête  nue ,  avec  la  légende 
,  —  GBivtïSTOAix  ;  de  l'autre ,  un 
eheval  au  galop,  et  comme  symbole 
un  S  et  un  vase  à  deux  anses.  Il  est 
d'autant  plus  probable  que  la  figure 
représentée  sur  cette  belle  médaille  est 
eelle  du  fameui  chef  arverne  Veroen* 
gétorix,  qu'avant  ^u'on  la  décou^ 
vrît  on  l'attribuait  déjà  à  l'Auvergne, 
à  cause  de  la  fréquence  de  leur  pré- 
sence dans  ce  pays,  des  statères  tout  à 
fait  semblables  à  cette  figure,  mais  ané» 
pigraphes. 

Pendant  la  période  romaine,  Cler* 
mont,  comme  toutes  les  villes  de  la 
Gaule,  perdit  son  autonomie  ^  et  cessa 
de  posséder  un  atelier  monétaire;  mais 
elle  recouvra  ce  privilège  sous  les  rois 
de  la  première  race;  l'on  connaît,  en 
effet,  des  tiers  de  sou  d'or  de  cette 
époque  frappés  au  nom  de  cette  ville, 
et  ai  piècds  spnt  même  si  nombreu- 
ses, que  nous  devons  renoncer  à  les 
décrire;  il  nous  suffira  de  dire  que  peu 
de  viilas  en  France  en  ont  produit 
d'aussi  beaux  et  en  aussi  grand  nom- 
bre. On  remarque  très-souvent  au  re- 
vers de  ces  pièces  les  deux  grandes 
lettres  A  R,  initiales  du  mot  Arperni, 
nom  latin  de  Glermont.  Ces  grandes 
lettres  se  trouvent  aussi  sur  les  tiers 
de  sou  des  autres  villes  de  l'Auvergne, 
telles  que  Taloude,  f^eroUum  vicum, 
et  il  ne  faut  pas  confondre ,  comme 
on  le  fait  souvent,  ces  monnaies  avec 
celles  d'Arles,  qui  portent  aussi  un  A 
et  un  R,  mais  avec  cette  particularité 
que  dans  les  pièces  de  cette  dernière 
▼ille,  ces  lettres  cantonnent  ordinaire- 
ment la  croix,  et  sont  accompagnées 
du  chiffre  vu.  Parmi  les  monétaires 
de  Glermont ,  nous  citerons  BaU" 
dricus ,  BomialuSy  Mnidltis,  Lev>* 
Maximusy  Hevegisuus,  Eblenus^  Eo- 
diciuë  et  Manileabo.  Ge  dernier  a 
frappé  une  monnaie  à  son  nom  et  à 
celui  d'un  Tbéodebert ,  qu'A  est  diffi- 
eila  de  déterminer.  On  ne  sait  si  c'est 


le  premier  ou  le  second  des  princes  de 
ce  nom.  Cependant,  malgré  cette  in- 
certitude, cetriens  n'en  est  pas  moins 
curieux ,  parce  qu'il  est  fort  rare  de 
trouver  réunis  sur  les  mêmes  pièces 
les  noms  des  rois  et  des  officiers  pré- 
posés à  la  fabrication  des  monnaies. 
L'histoire  monétaire  de  Glermont  n'est 
pas  moins  féconde  sous  la  seconde 
race  ;  elle  fournit  d'abord  une  petite 
monnaie  d'argent  marquée  des  ini- 
tiales GLA  au  droit  et  AR  au  revers, 
CLArusmoHs  AKVemorum,  dont  l'é- 
poque ne  peut  être  antérieure  au  règne 
des  derniers  Mérovingiens*  On  connaît 
aussi  des  deniers  de  Qermont  frappés 
sous  Pépin  le  Bref,  Carloman ,  Char- 
lemagne ,  Louis  le  Débopnaire ,  et  il 
est  à  remarquer  que  tous  sont  d'an- 
cien style,  c'est-à-dire,  monnayés 
dans  le  système  barbare  usité  avant  la^ 
conquête  de  l'Italie.  Le  plus  remar- 

2uable  de  tous  ces  deniers  e^t  celui  de 
larloman,  non-seulement  parce  qu'il 
est  unique,  mais  encore  parce  que  c'est 
le  seul  monument  monétaire  connu 
jusqu'ici  sur  le  frère  de  Chartemagne, 
Pendant  le  moyen  âge,  les  comtes 
d'Auvergne,  nuis  le  chapitre  de  la  ca- 
thédrale de  Glermont ,  possédèrent  le 
droili^e  battre  monnaie;  les  chanoines 
l'acquirent  des  comtes  en  1030,  et  ils 
le  possédaient  encore  en  1315,  lors  du 
fameux  édit  de  Lagny,  qui  régla  que 
la  monnaie  de  Glermont  devait  être  à 
trois  deniers  seize  grains  argent  le 
rbi  ;  de  sorte  que  treize  deniers  ne  va- 
laient que  douze  petits  tournois.  Geà 
deniers  sont  assez  conqmuns  ;  ils  pré- 
sentent d'un  coté  la  tête  de  la  Vierge 
avec  la  légende  se  a  mabu,  et  au  re- 
vers une  croix  cantonnée  de  quatre 
trèfles  portés  sur  des  pédoncules,  et 
autour  YBBa  abyiïbni». 

Ct£aMONT-FEBEAi«D(sié^de).  Eu- 
rîCj  roi  des  Visigoths,  poursuivant  avec 
arueur  ses  projets  de  conquête  dans  les 
provinces  gallo-romaines ,  fit  aux  Ar- 
vernes,  vers  l'an  470,  une  guerre  opiniâ- 
tre. Ils  se  défendirent  héroïquement , 
encouragés  qu'ils  étaient  par  le  brave 
Ëcdicius  et  par  l'éloquent  Sidoine 
Apollinaire.  Chaque  année ,  Euric  ve- 
nait bloquer  la  ville  de  Glermont, 


224 


CL£ 


L'UNIVERS. 


CI.E 


jusqu'à  ce  que  l'hiver  le  forçât  de  nou- 
veau à  lever  le  siège.  Cette' lutte  opi- 
niâtre continua  jusqu'en  474 ,  époque 
où  Népos,  le  nouvel  empereur  d'Occi- 
dent ,  abandonna  lâchement  à  Euric 
les  provinces  au  midi  de  la  Loire  et 
l'Arvernie ,  que  ce  prince  n'avait  pas 
su  conquérir.  Il  faut  lire,  dans  les  let- 
tres de  Sidoine ,  quel  fut  alors  l'éton- 
nement,  le  désespoir  des  Arvernes, 
qui,  selon  l'expression  du  digne  évêque, 
s'étaient  montrés  les  derniers  Romains 
de  la  Gaule.  La  chute  de  Clermont  ne 

{)récéda  que  de  deux  années  celle  de 
'empire  d'Occident, 

Clersellier  (Claude) ,  philosophe 
du  dix-septième  siècle,  mort  en  1684, 
à  soixante-dix  ans,  est  appelé  par  Bayle 
«  Tillustre  M.  Clersellier ,  l'ornement 
«  et  Tappui  du  cartésianisme.  »  Il  fut 
l'éditeur  des  Lettres  de  Descartes 
sur  la  morale^  la  physique,  fa  méde- 
cine  et  les  mathématiques ,  Paris , 
1667,  3  vol.  in-4'*  ;  Des  principes  de 
la  philosophie  de  Descartes  y  Paris, 

1681 ,  in-4«,  et  des  OEuvres  posthu- 
mes  de  HohavUy  son  gendre    Paris, 

1682,  i^-4^ 

Clervant  (  Claude  -  Antoine  de 
Vienne,  baron  de),  issu  de  la  famille 
des  ducs  de  Bourgogne,  né,J^e1on 
toute  apparence,  à  Metz,  vers  1505, 
fut  le  premier  gentilhomme  de  cette 
ville  qui  embrassa  le  protestantisme , 
et  l'homme  qui ,  par  l'ardeur  de  son 
prosélytisme,  contribua  le  plus  aux 
progrès  de  la  réforme  dans  le  norà- 
est  de  la  France.  Clervant  établit  des 

I)réches  à  Metz  et  dans  les  villages  de 
a  Lorraine;  assista,  en  1575,  au  traité 
conclu  entre  les  princes  d'Allemagne, 
le  prince  de  Condé  et  le  duc  d'Alen- 
çon;  amena  à  ce  dernier  les  2,000 
retires  que  le  duc  de  Guise  battit  près 
de  Château-Thierry,  et  fut  fait  pri- 
sonnier dans  cette  affaire.  Il  mourut 
quelques  années  plus  tard,  sans  que 
1  on  sache  précisément  en  quel  lieu  ni 
à  quelle  époque. . 

Cléry  (J.-B.  Cant  Hanet),  né  à 
Jardy,  près  de  Versailles,  en  1759, 
s'est  rendu  célèbre  par  son  dévoue- 
ment à  Louis  XVI  et  à  sa  famille, 
pendant  leur  captivité  au  Temple.  On 


lui  doit  le  Journal  de  ce  qui  s* est  passé 
à  la  tour  du  Temple^  pendant  la  cap* 
tivité  de  Louis  XP'I^  Londres ,  1798 , 
in-8**,  ouvrage  qui  a  eu  un  nombre 
considérable  d'éditions.  Il  est  mort  en 
1809,  à  Hitzing,  près  Vienne. 

Cléry-sur-Loiee  ,  Cleriacum ,  jo- 
lie petite  ville  de  Kancien  Orléanais, 
aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  du  dé- 
partement du  Loiret,  était  autrefois 
entourée  de  murs ,  de  tours  et  de  fos- 
sés, et  paraît  devoir  son  origine  à  un 
oratoire  consacré  à  la  Vierge,  oratoire 
qui ,  dit-on ,  existait  dès  le  milieu  du 
sixième  siècle.  Philippe  de  Valois  posa, 
en  1330 ,  la  i)remiere  pierre  d'une 
église  qui ,  entièrement  terminée  sous 
son  règne,  fut  a  moitié  détruite  par 
le  comte  de  Salisbury,  en  1428. 
Louis  XI  la  fit  reconstruire  plus  tard_ 
avec  magnificence,  la  dota  de  2,330 
écus  d'or,  et  la  désigna  par  son  testa- 
ment pour  le  lieu  de  sa  sépulture.  Il  y 
fut  en  effet  inhumé ,  et  on  voit  au- 
jourd'hui ,  dans  la  grande  nef  de  cette 
église ,  le  monument  qui  lui  fut  élevé 
en  1622.  On  remarque  encore  à, Cléry 
la  maison  qui  fut  habitée  par  ce 
prince,  et  l'hôtellerie  où  descendirent 
Louis  XÏII,  Louis  XIV  et  la  marquise 
de  Pompadour.  La  population  de 
Cléry  est  aujourd'hui  de  2,510  hab. 

Clèyes  (Marie  de),  le  plus  ieune 
des  enfants  de  François  V  de  Clèves, 
duc  de  Nevers,  et  de  Marguerite  de 
Bourbon- Vendôme ,  naquit  en  1553, 
et  fut  élevée  par  sa  mère  dans  la  reli- 
gion calviniste.  Elle  parut  à  la  cour 
sous  le  règne  de  Charles  IX  ^  et  sa 
beauté  fixa  aussitôt  tous  les  regards  ; 
tous  les  poètes  du  temps  la  célébrèrent 
sous  le  nom  de  la  belle  Marie,  Le  duc 
d'Anjou,  depuis  Henri  III,  éprouva 
pour  elle  un  violent  amour.  La  diffé- 
rence de  religion ,  suivant  les  auteurs 
de  Mémoires ,  fut  la  seule  cause  qui 
l'empêcha  de  l'épouser.  Quoi  qu'il  en 
soit,  Marie  de  Clèves  fut  mariée  au 
prince  de  Condé ,  son  cousin  germain. 
Le  duc  d'Anjou  en  fut  désolé  d'abord  ; 
mais  son  élection  au  trône  de  Pologne 
vint' ensuite  le  distraire.  Peu  de  temps 
après ,  arriva  la  Saint-Barthélémy,  qui 
força  le  prince  de  Condé  et  sa  femme 


€LI 


FRANCE. 


CLI 


225 


à  abjurer  le  calvinisme.  (Tétait  deux 
moift  après  la  célébration  de  leur  ma- 
riage. Marie  abjura  publiquement  dans 
réglise  de  Saint-Denis,  le  3  octobre 
1572 ,  et  fut  félicitée  de  sa  conversion 
par  un  bref  du  pape.  Elle  mourut  en 
coudie  deux  ans  après ,  le  30  octobre 
1574.  Henri  III,  qui  venait  de  succé- 
der à  Charles  IX.  et  était  depuis  un 
mois  de  retour  de  Pologne,  en  fut 
saisi  d'une  si  vive  douleur,  qu'il  resta 
enfermé  plusieurs  jours  sans  manger, 
dans  un  appartement  tendu  de  noir, 
et  ne  reparut  ensuite  en  public  que 
couvert  de  vêtements  noirs  parsemés 
de  têtes  de  mort. 

Clin ABÀRii.  On  nommait  ainsi  un 
corps  de  cavaliers  gaulois  entièrement 
revêtus  de  fer,  comme  les  chevaliers 
du  moyen  âge. 

Clichy  -  LA  •  G AREimE ,  village  de 
rile-de-France,  aujourd'hui  du  dépar- 
tement de  la  Seine  ^  où  les  rois  de  la 
{»remière  race  avaient  un  palais  que 
'on  nommait  la  Noble-Maison.  Ce  fut 
dans  ce  palais  que  Dagobert  épousa , 
en  625,  Gomatrude,  qu'il  y  répudia 
quatre  ans  plus  tard.  —  Le  26  mai 
627,  Clotaire  II  y  convoqua  un  concile 
mixte  composé  d'évéc|ues  et  de  laïques, 
pour  régler  les  affaires  du  royaume. 
Deux  autres  conciles  y  furent  encore 
assemblés  en  636  et  en  653.  —Pendant 
les  années  1795 ,  96  et  97,  ce  fut  à 
Clichy  que  se  tint  le  fameux  club 
contre-révolutionnaire  nommé  la  SO' 
dété  de  Clichy,  et  qui  fut  supprimé 
au  18  fructidor  an  y.  (Voyez  Clubs.) 

— Le  30  mars  1814 ,  ce  village  fut  le 
théâtre  d'un  vif  engagement  entre  les 
alliés  et  les  gardes  nationaux  de  Paris, 
qui  s'y  défendirent  avec  une  rare  in- 
trépidité. Le  feu  ne  cessa  que  lorsqu'un 
armistice  eut  été  conclu.  Les  ennemis, 
furieux  de  la  résistance  qu'ils  avaient 
éprouvée ,  livrèrent  Clichy  au  pillage. 

Clients.  A  l'époque  où  César  pé- 
nétra dans  la  Gaule ,  l'association  et 
la  fédération  étaient  les  principaux 
éléments  du  système  politique  de  ce 
pays.  La  multitude ,  placée  au-dessous 
de'raristocratie,  se  divisait  en  deux 
classes  :  le  ()euple  des  camoagnes  et  le 
peuple  des  villes  ;  et  dans  cnacune  était 


établi  l'ordre  de  la  clientèle.  Dans  la 

Eremière,  le  client  appartenait  au  chef 
éréditaire  du  canton  ;  il  cultivait  ses 
domaines^  et  [suivait  son  étendard  à 
la  guerre.  Son  devoir  était  de  défendre 
son  patron  jusqu'à  la  mort^  et  l'aban- 
donner dans  une  circonstance  péril- 
leuse était  un  acte  infâme.  Dans  la 
seconde ,  les  conditions  de  la  clientèle 
étaient  essentiellement  différentes  pour 
le  fond.  Les  faibles ,  les  pauvres ,  les 
artisans  étaient  aussi  engagés,  pour  la 
durée  de  leur  vie ,  à  des  nommes  puis- 
sants; mais  cet  engagement,  tout  à 
fait  volontaire,  ne  liait  point  les  fa- 
milles, ne 'conférait  aucun  droit  au 
fils  du  patron,  et  n'imposait  aucune 
charge  au  fils  du  client;  en  outre, 
comme  des  clients  nombreux  prou- 
vaient un  grand  crédit,  et  conduisaient 
aux  plus  hautes  charges  de  la  cité ,  le 
patron  avait  le  plus  grand  intérêt  à 
protéger  ceux  qui  se  soumettaient  à 
lui ,  et  à  les  traiter  avec  ménagement. 
Cette  institution ,  utile  pour  les  temps 
de  lutte ,  ne  fut  pas  sans  inconvénient 
pendant  la  paix,  et  mit  souvent  en 
péril    la   liberté   gauloise.    Ajoutons 

Îiu'elle  n'existait  pas  seulement  parmi 
es  individus,  mais  se  retrouvait  encore 
dans  les  rapports  des  divers  peuples 
entre  eux.  Ainsi  qu'on  le  voit  à  chaque 
page  dans  les  Commentaires  de  César, 
de  petits  États  se  groupaient ,  avec  le 
titre  de  clients ,  autour  d'un  Ëtat  plus 
puissant ,  et  s'assoclant  ainsi  à  sa  for- 
tune, avaient  droit  à  sa  protection.  Ce 
lien  n'était  cependant  pas  indissoluble, 
et  les  États  clients  pouvaient  se  re< 
porter  à  volonté  sous  la  dépendance 
d'un  autre  peuple  plus  puissant  ou 
moins  tyrannique. 

Pour  un  État  principal  comme  pour 
un  individu  noble,  l'influence  au  de- 
hors et  la  puissance  à  l'intérieur 
étaient  presque  toujours  basées  sur  le 
nombre  des  clients. 

Au-dessous  des  peuples  clients  se 
trouvaient  les  peuples  «2(/e^,  ordinai- 
rement soumis  par  la  conquête.  D'au- 
tres échangeaient  quelquefois  entre 
eux  le  nom  de  peuples  frères  ;  et  cette 
alliance  était  sainte  et  inviolable. 
Le  système  de  dientèle  avait  encore 


T.  T.  15*  Livraison.  (Digt.  engygl.,  etc.) 


15 


226. 


€LI 


L'UNIVERS. 


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laissé  des  tratesdaiu»  la  Gaule  roina»i^ 
au  cinquièipe  siècle.  Oa  y  désignait 
par  le  nom  de  clients  les  colons  anran.* 
cbis ,  «t  en  outre  certains  petits  pro4 
priétaires  doirefois  jCultiYateufs  libres 
de  leurs, terres,  mais  qui,  réduî.ts  h 
ne  piua  pouvoir  payer  lès  impôts,  fi4 
nissaient  par  se.  mettre^  eux  et  kars 
biens ,  sous  la  dépendance  de  quelque 
puissant  perscMonage  qui  les  couvrait 
de  son  immunifté.  . 
.  —  On  aippelaitclients , soits  le  règne 
de  Philippe^Auguste ,  des  gentilsbom* 
mes^ui  )  lorsque  les  armées  étaienteii 
eapipagne,.  servaient  fiouala  bannière 
de  leur  'seigneur,  du,  sous  celle  de 
Tavoué  de  quelque  monastère  dont  ils 
étaient  vassaux.  €e8  troupes  combat** 
taîent  ordieairement  à  cheval;  cepen« 
dant,  il  est  quelquefois  question,  de 
elients  à  pied«  -clientes  pedûes^  not»m-i 
ment  dans  le  récit  de  larprtsedu  cbâ« 
teau  d'Andely  par  Philippe- Auguste O4 
Il  n'est  plus  question  de  elients  dans 
les  armées  françaises ,  après  le  règne 
dece  roi^  -     -  ,       .  ;i 

CLUfCHAicFS,  ancienne  seigneurie 
de  r>iormandie,  aujourd'hui  eu  dépa^f^ 
tement  du  Calvackis ,  à*  G^  kilomàtreâ 
de  Coutaeces,  érigée  en  comté  en  l^é& 

Cliniqob.  L'étude  deta  médecii» 
au  lit  même  du  malade  constitue  ce 
qu'on  appelle  la  médecine  clinique^ 
.  C'est  en  Tan  m  que  l'on  a  donné 
pour  la  première  fois  en  France  une 
organisation  spéciale  aux  écoles  clini- 
ques. Déjà ,:  il  est  vrai  &  Desbois  de 
Bochefort  avait  fait  à  l'hôpital  de  la 
Charité  des  le^ns  cliniques  qui  furent 
^nsuite.eontinuées  par  Corvisart,  Déjà 
aussi ,  Desault  avait  établi  et  dirigé  à 
rUôtel'Dîeu  de  Paris  une  école  cli- 
nique de.  chirurgie  qui.  a  laissé  des 
souvenirs  glorieux.  Enfin ,  la  Société 
royale  de.Biédfteiney  interprète- des 
vœux  formés  depuis  le  commencement 
du  siècle  partous  les  médeeinséciaii^s, 
avait ,  en  :1790 ,  présenté  un  plao  d'ins- 
titutions  cliniques.  Ces  institutions  fi<p 
rent  pai|tie  des  écoles  de  aa^té^crééee 
en  1794,  à  Paris,  à  Strasbourg  et  à 

;  (f)  "Voyelle  P»  .Dapiel»  HUtoire  de  la 
milice  française,  t.  I^  p.  x35. 


Montpellier.  Oneeéa  des  ohaices  de 
diniques:  médicales;  et  chhrurgicales 
qui  fuirent  distinctes  des  chaire»  con-t 
sacrée»  à  i'euseigttëment  théorique  de 
la  médecine  et  de.ia  rchirur/ete^ 
<.  Depuis  t  les  études  cliniques  ottt  ac- 
quis en  France  une  grande  extension. 
ha  Faeulté  de  médecine  oorbpte  actuel* 
lement  quatre  pmfesseiirg'de  clinique 
médicale  et  quatre  prefesseurs'de  dt*^ 
pique  chirurgicale.  Depuis  pliisieurs 
années,  elle  a  créé,  en  outrai,  une 
chaire  de  diniqued'aoooacheaienti  Un 
grand  npnahre  de  médeetnshattachés 
aux  hôpitaux  donnent  «aussi  des  ieeoos 
de  cliiuquedans  ha  hôpitaux ,  etcom- 
plètent  ainsi  les  études  pratiques  si 
indispensablesaux  jeunes  nnédecins. 

CussoN,  petite  ville  de  Tancienne 
Bretagne  9  aujourd'hui  ehef^lieu  de 
canton  du  département  de  ja  Loire- 
inférieure.  On- y>  voit  encore,  sur  un 
roc  qtii  la  domine  ,:dea  ruines  de  l'an** 
tique  château  qm  fut  ^ssédé  par  le 
célèbre  connétable  de  Clissont  La  po* 
pulation  dci  cette  ville  est  aujourd'hui 
de  1,200  habitants;  1  . 

QLisaoN:(combatde)é  Afi^reiiant  Jes 
deux  défaites  que  les  troupes trépublir 
caines  venaient  d'essuyer,  la  premièrei. 
à  Torfou,  le  19  septembre!  1793,  la 
seconde  à  Montaigu  le  21  »  le  génépal 
Canclaux ,  dont  la  division  était  can^ 
tonnée  à  Clisson ,  ju^a  prudent  de  ce 
replier  sur  Nantes.  Il  se  met  donc  ea 
marche  le  23;  mais  déjà  Bonchitanpet 
trois  autres  chefs,  Lvrotde  la  Patouitt 
1ère,  Talmont  etrd'iIsi^y,t>d5Qiit  en 
roDte  pour  lui  couper  la  reti»ite,  et 
l!attaq(ient  vigoureusensent  à  sa  sortie 
de;Qisson»  Les  patriotes  :4Kp{K)sèrent 
la  plus  énergique  résistance..  A  trois 
reprises,  Bonchampi  q«i  déploie  no 
à»i^age  de  liQ»«  renouvelle  lei^barget 
chaqo^fois  ilest  neppussé,  quand  tout 
lui  promettait  une  éclatante  vietoine. 
Qharette>i  <|ui>iavait. promis  de  forendre 
part  è  l'actietf,  pe  5e<;montrail  pss; 
ce  manque  de  parole  aeb^e  de  jet#r 
l'indéeisien  parmi  les  Yeoiléeps.^  Can«v 
ciau<  en  profila ,  et;  parvint  àitr^ompre 
leera  vaegsu  Ea  vaio-Bojichanop  a'efe 
feroe»-tH|i4e  BalJiei;  )es;ro>ia)istep'etf4e 
les  ramener  au  combat.  Lie  bruit  court 


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1 

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^, 


FBA-NCE.(X,1V?3) 


^ii^Zi^.,.^.^     '^âl^. 


Il 


FRAINCE. 


CLO 


227 


parmi  eux  qu'ils  6t>/jt  Ivabis^  puisque 
Charette ,  qu'ils  ont  se4X>uvu  rasant- 
veille,  les  abandonne  ce  jouHà.  Il 
devient  impossible  de.  1^  r^tenic  da-f 
vantage,  ejii , bientôt  cbacun  obercha 
son  salut  dans  ta  fuJte<;  Bonchamp  et 
les  autres  chefç  sont  obligés  de  suivre 
leurs  soldats^'  C'anci^ux  b^  profita  de 
son  succès  que  pour  continuer  plws 
sûrement. «ft  en  meilleur   ordre  sou 
mouvement  ^rétrograde  vers  Nantes. 
.   Clisson  (Olivier  de)  y  né  en  Breta-; 
gne^  connétable  de  France,  en  1380, 
saus  Je.règue  de  Gbarles  YI.  Il  n'avait 
qye  douze»  ans  ^  lorsque  soppère  fut 
décapité  à  Paris ,  par  ordre  de  Philippe 
de  Valois.  Sa  mère  r.envoya  en  Angler 
terre ^  ou  il  fut  élevé;  mais  il  revint 
en  Bretsigne  aussitôt  qu'il  fut  en  âge 
de  porter  les  armes^  et  se  trouva,  eu 
1364  y  à  la  bataille  .d'Auray»  où  il  per* 
dit  un  Q^ilt  Importait  aux  Anglais  une 
baine  implacable:  Jean  de  Mont£ort, 
duc  de  Bretagne ,  avant  donné  au  cé- 
lèbre Cbandos  te  château  de  Gavre  • 
Clissoa  jura  (ju'il  n'aurait  pas  un  An- 
glais pour  voisin ,  alla  attaquer  le  cbâf- 
teau ,  et  le  dénwlit  entièrement.  Forcé 
alors  de  quitter  la  Bretagne  ^*il  vint  à 
la  cour  de  Cbaries  Y,  où  il  fut  comblé 
(ie  faveur».  ;II  devint,  eu  1370i  le  frère 
et  le<x^mpagon  d'armes  de  du  (xuesalin^ 
avec  lequel  il  contribua  à  délivrer  la 
France  du.  fléau  des  grandes  ccmpa" 
gni^.  (Y^y.pu  GuBSCUNetGuAjXDSS 
GOMi^àGMIE$.)  U  voulut  ensuite  re- 
tourner en  Bretagne,  et  il  y  fut  en 
effet  bhèu  x»(^;  ma\$  le  duc^  ^ui 
coosenvait  contre  lui  un  {profond  rest 
sentiment,  avait  ordonné  en  secret  à 
Balavan, commandant' du, cbâteau  de 
l'Herioine^de  Tarrélter»  de  le  coudre 
dang  un  aaoy.etde  le  Jetev  à  la  mer» 
Bala^an.  garda,  ion  prisonnier,  dans 


pendant  la  minorité  de  Charlea  YI. 
Olivia,  commanda  en  cette  qualité,  l'ar 
vant-garde  de  l'armée  frauçaise^  à  la 
bataille  de  Bosbeeq,  si  funeste  aux 
Flamands^,  jqui  y  perdirent  vingt-cinq 
mille  hommes»  Jl  s'occupait  du  projet 
decbasser  entièrement,  les  Anglais  du 
sol.  de  la  France  lorsque,  dans  la 
nuil  du  13  au  14  juin  ia93,  il  faillit 
être. assassiné  par  une  troupe  de  bri-« 
gauds  que  commandait  Pierre  de 
CraoRi  son  ennemi  particulier.  (Yoy. 
CsAON  (Pierre  de.)  , 
;  Olivier  de  Clisson,  l'un  des  plus 
babiles  généraux <de  son  siècle,  lami 
et  le  compagnon  d'armes  de  du  Gues- 
cUn ,  auquel  on  l'a  souvent  comparé  t 
sedésbonora  par  une  incroyable  avidité 
pour  l'argent.  Il  jouit  cependant  d'une 
faveur  constante  soua.  le  règne  de 
Charles  Y  et  dans  les  premiers  temps 
de  celui  de  Gbarles  YI;  ces  deux 
princes  appréciaient  ses  talents  et  sa? 
iraJeat  qu  il  leur  était  nécessaire.  IVIais, 
dans  les  ^troubles.qui  signalèrent  la 
démence  de  Charles  YI ,  les  nombreux 
ennemis  qu'il  s-'était  faits  se  réunirent 
pour  Tàccabler  :  il  fut  dépouillé  de 
toutes  ses  c^rges,  accusé  de  malé- 
fices, en  1891,  et  condamné  à: une 
amende  de  cent  mille  marcs  d'argent» 
Il  se  retira  alors  dans  son  château  de 
losselin,  en:Bretague>  où  il  n^purul: 
le  24  avril  1407.  Il  laissa,  une  fortune 
évaluée  à  1,700,000  livres,  somme 
prodigieuse  pour  le  temps*- 
'  Ci.0€iiB^  ^  L'opifiiOB  la  plus  généo 
i*alemert  admise  amourd'hui  attribue 
l'introduction  des  cloehes*  eniOccideni: 
à  saint  Paulin,  qui  fut  évéque  de  Noie 
tii  Gampanie ,  de  409  à  .481  »  et  qui 
i'en  servait  pour  appeler  les  fidèles  aux 
oÉices  de  Téglise.  Baavioi  etPolvdore 
-Yirgîier  attribuent  riiiventk)n  de  ces 


l'espoir  <)ue  .16. pritiee  ne  tarderait  pas-    mstniments sonores  au/p^j^abinie^* 


à  se  repentir  d'ua  ordcet  si  ci^u^KEa 
effet;,.  Jeaa  de  Montfort  conseutitt 
peu  de  temps  après,  à  rendre.à  Giisson 
sa  liberté^  moyennant  une  raneon 
considérable;  iLse  réconcilia  même, 
depuis*  f  sincèrement  avec  lui .  >  • 

:  i  Churles  ¥»  au  lit  de  la  «mort ,.  désir 
gnaL  GlisfiOQ  oommele  seui/hommt 
capable  de  porter  Tépée  de  connétable 


qui. occupa  la.obaire  pontifteàle.deOOO 
à  607  ;  du  Gange  combat  cette  opinion, 
aussi  bien. que  la  précédente;,  sans  en 
ém^trè  aucune  pour  son  proprecomp- 
te*  D'autres  écrivains  prétendent  que 
les  cloches  étaient  encore  inconnues  à 
l'Église  avaqt  la  fia  du  dixième  sièd^ 
et  qu'on  n'a  eommeol^é  à  sueitcjseryir 
qu'en  972;  n^ia  cette  assertion  est 


228 


€LO 


L'UNIVERS. 


GLO 


clairement    démentie  par  les  faits. 

En  effet,  Alcuin  parle  de  Tusage 
de  bénir  les  cloches  comme  antérieur  à 
Tan  770;  et  le  moine  de  Saint«Gall  ra- 
conte qu'un  religieux  de  son  monas- 
tère, fort  habile  dans  l'art  de  fondre 
et  de  travailler  les  métaux ,  ayant  fait 
une  très-belle  cloche,  dont  le  son  émer- 
veillait Charlemagne,  dit  à  ce  prince, 
qui  le  félicitait  de  son  ouvrage  :  «  Ma- 
«  gnifîque  empereur,  si  vous  voulez 
«  me  faire  donner  beaucoup  de  cuivre, 
«et,  au  lieu  d'étain,  seulement  cent 
«  livres  d'argent,  je  vous  en  ferai  une 
«  autre  près  de  laquelle  celle-ci  vous 
«  seinblera  muette.  » 

Les  cloches,  mises  au  nombre  des 
objets  nécessaires  à  la  célébration  du 
service  divin,  furent  d'abord  destinées 
à  convoquer  les  fidèles  aux  assemblées 
religieuses ,  aux  prières  de  l'église ,  à 
sonner  les  heures  canoniales  ;  et  quand 
XiOuis  XI  eut  ordonné  que  dans  tout 
son  royaume  on  récitât  V Angélus  trois 
fois  par  jour,  elles  eurent  pour  mission 
de  rappeler  ce  devoir  de  piété. 

Cette  manière  éclatante  d'appeler 
l'attentionr,  flatta  bientôt  la  vanité 
des  grands ,  et ,  en  premier  lieu ,  des 
gens  d'église.  Les  évéques  et  les  abbés 
voulurent  que  l'on  sonnât  les  cloches 
quand  ils  arrivaient  dans  une  ville  ou 
une  paroisse  soumise  à  leur  juridic- 
tion ;  les  rois  exigèrent  ensuite  le  même 
honneur  quand  ils  faisaient  leur  entrée 
solennelle.  Mathieu  Paris  raconte  que 
Kichard,  roi  d'Angleterre,  fut  reçu 
en  1240,  à  Ptolémaïs,  au  son  des  clo- 
ches et  au  chant  des  prêtres.  Le  con- 
tinuateur de  Guillaume  de  Nangis  dit 
que,  lorsque  l'empereur  Charles  IV 
vint  en  France  en  1378,  les  cloches  ne 
saluèrent  point  son  arrivée ,  parce  que 
c'était  un  honneur  qui  ne  se  rendait, 
«n  signe  de  souverameté  et  de  domi- 
nation, qu'aux  rois  et  aux  grands  per- 
sonnages chargés  par  eux  de  missions 
importantes  dans  le  royaume.  Cepen- 
dant on  lit ,  dans  le  roman  de  Ùarin 
le  Loherains,  quatre  vers  qui  sem- 
blent indiquer  gue  cet  honneur  était 
accordé ,  au  moins  quelquefois ,  à  des 
hommes  dont  la  tête  ne  portait  point 
une  couronne.  Les  voici: 


lÀ  Loherans  à  Ne  .re-Dame  Tint , 
Et  la  jroine  moult  grant  joie  li  fiât 
li  saint  sonoèrent  tost  coulreral  Paris , 
Ke  Oex  tonant  n'i  poltron  oïr. 

Les  cloches  sont  appelées  ici  U  seint 
du  mot  latin  signumy  par  lequel  on 
les  désigna  d'abord. 

En  même  temps  s'introduisit  l'u- 
sage de  sonner  les  cloches  en  signe  de 
réjouissance ,  lors  d'un  événement  im- 

Eortant ,  tel  que  le  gain  d'une  grande 
ataille,  la  signature  d'un  traité  de  paix, 
la  naissance  d'un  héritier  de  la  couron- 
ne. Quand  Louis XI V  vint  au  monde,  ce 
qui  eut  lieu  Te  5  septembre  1638,  la  ville 
de  Paris ,  sitôt  qu'elle  en  eut  reçu  la 
nouvelle,  ordonna,  entre  autres  mar- 
ques d'allégresse,  que  l'on  mît  en  vo- 
lée toutes  les  cloches  des  paroisses  et 
des  couvents ,  et  que  la  sonnerie  durât 
la  journée  entière  du  lendemain.  La 
grosse  cloche  du  Louvre  et  celle  de 
l'hôtel  de  ville,  qui  ne  se  branlent 
pointa  moins  de  la  naissance  d'un 
dauphin,  sonnèrent  toute  la  journée 
du  7  et  encore  celle/du  8. 

Les  cloches  eurent  aussi  cour  des- 
tination d'annoncer  des  événements 
douloureux  ;  on  les  sonnait  d'une  ma- 
nière lente  et  lugubre,  lors  de  l'agonie 
d'un  moribond ,  pour  inviter  les  fidèles 
à  prier  pour  lui,  et,  après  son  décès, 

{)our  annoncer  son  inhumation;  on 
es  sonnait  pour  faire  connaître  le  tré- 
pas des  ecclésiastiques,  des  bénéfi- 
ciers,  et  des  seigneurs  des  paroisses. 
Comme  ces  derniers  se  prévalaient 
quelquefois  de  leurs  privilèges ,  pour 
taire  usage  des  cloches  dans  des  cir- 
constances qui  n'avaient  rien  de  reli- 
gieux, une  ordonnance  défendît  à 
toutes  personnes,  même  aux  seigneurs, 
de  se  servir  des  cloches  et  de  contrain- 
dre les  curés  à  les  faire  sonner  à  d'au- 
tres heures  et  pour  d'autres  convoca- 
tions que  celles  qui  étaient  Gxées  par 
l'usage  ;  quantaux  curés ,  il  leur  fut 
recommandé  de  se  conformer  aux  usa- 
ges établis. 

Les. cloches  donnèrent  aussi  quel- 
quefois le  signal  du  meurtre  et  du  car- 
nage ;  ce  fut  celle  de  Saint-Germain* 
l'Auxerrois,  puis  celle  du  Palais,  et 
enfin  toutes  celles  qui  existaient  dans 


CLO 


FRANGE. 


€L0 


229 


Paris ,  qui  donnèrent  le  signal  de  la 
Saint-Aarthélemy. 

On  faisait  enlever  les  cloches  d*une 
TÎHe  lorsqu'elles  avaient  servi  à  assem- 
bler des  séditieux,  ou  quand  on  vou- 
lait seulement  prévenir  une  révolte. 
Cette  peine  fut  infligée  en  1552  à  la 
ville  de  Bordeaux ,  et,  en  1574,  à  celle 
de  Montpellier.  (Vojrez  Bbffboi.) 

Lors  de  la  révolution  on  transforma 
en  pièces  de  canon ,  et  en  pièces  de 
cinq  et  dix  centimes,  un  grand  nom- 
bre de  cloches ,  et  notamment  celles 
des  couvents  supprimés.  Néanmoins , 
à  la  réouverture  oes  églises ,  il  s'en  est 
trouvé  encore  une  quantité  suffisante 
pour  les  besoins  du  eulte. 

Les  cloches  ont  donné  lieu  autrefois 
à  bien  dés  superstitions,  que  les  auto- 
rités civiles  et  ecclésiastiques  con- 
damnèrent tour  à  tour.  Il  fut  un  temps 
où  on  les  sonnait  pour  chasser  les  dé- 
mons, pour  déhvrer  les  possédés, 
pour  tuer  les  chenilles ,  pour  évoquer 
les  ombres  des  morts ,  etc.  De  toutes 
ces  superstitions ,  la  plus  tenace  et 
la  plus  dangereuse  est  celle  qui  les 
fait  sonner  pendant  un  orage,  pour 
chasser  les  nuages  qui  recèlent  la 
foudre.  , 

Cloche  bàïiaxe  ,  hancwche  ou 
bancloqtie,  nom  sous  lequel  on  dési- 

fnait,au  moyen  âge,  les  cloches  des 
effrois,  dont  le  principal  usage  était 
d'appeler  les  bourgeois  aux  assemblées 
où  devaient  se  discuter  leurs  intérêts. 
(Voyez  l'article  Beffroi.) 

Toutes  les  fois  que  le  roi  ou  un  sei- 
gneur délivrait  à  une  ville  une  charte 
de  commune,  il  lui  octroyait  en  même 
temps  une  cloche  banale  ou  munici- 
pale. Cette  clause  se  trouve  mention- 
née, en  termes  exprès,  dans  la  charte 
d'affranchissement  de  Tournai,  con- 
cédée en  1187;  dans  celle  de  Riom, 
accordée  en  1345  par  Philippe  de  Va- 
lois ;  et  dans  celle  que  Jean ,  comte 
d'Artois,  accorda,  en  1^76,  à  la  ville 
de  Saint- Valéry. 

Nous  croyons  devoir  ajouter  que  la 
cloche  municipale  s'appelait  cloche  ba- 
nale et  bancloche ,  à  cause  de  l'une  des 
significations  du  mot  bannir ^  qui  vou- 
lait dire  aussi  :  appeler ,  convoquer. 


publier.  On  dit  encore ,  en  Anjou  et 
en  Touraine,  bannir  un  mariage, 
pour  en  publier  les  bans.  (Voy.  Bans 

BE  UAHTAGE.) 

Cloches  (bénédiction  des).  Les  clo- 
ches destinées  au  service  du  culte  sont 
regardées  comme  des  objets  profanes, 
jusqu'au  moment  où  elles  ont  reçu  la 
bénédiction ,  que  l'on  appelle  impro- 
prement le  baptême»  Cette  cérémonie, 
?[uoique  de  la  plus  haute  antiquité ,  ne 
ut  cependant  pas  toujours  réputée  né- 
cessaire. Alcuin,  qui  en  parle  comme 
d'un  usage  existant  avant  770,  la  con- 
damne comme  superstitieuse ,  et  dit  en 
termes  formels  qu'il  ne  faut  point  bé- 
nir les  cloches ,  leur  faire  des  onctions 
sacrées ,  et  leur  imposer  des  noms.  Le 
moine  Helgand  parle  d'un  saint  per- 
sonnage de  son  temps  qui  blâme  éga- 
lement cet  usagé ,  qu'il  traite  aussi  de 
superstition.  Un  capitulaîre  de  787  le 
déifendit  ;  néanmoins  il  s'observa  tou- 
jours, etingulfe,  moine  du  dixième 
siècle ,  parle  de  deux  grandes  cloches 
qui  furent  baptisées  et  nommées  Bar- 
tholomée  et  Bittin ,  et  de  deux  petites 
qui  reçurent  les  noms  de  Pega  et  Bega. 

Avec  le  temps  la  bénédiction ,  ou  le 
baptême  des  cloches ,  devint  d'obliga- 
tion dans  l'Église  ;  le  cérémonial  de  ce 
baptême  fut  réglé  par  le  pontificat  ro- 
main et  par  les  rituels ,  et  l'on  trouve 
même,  dans  les  canons  du  concile  tenu 
à  Toulouse  en  1590,  un  article  qui  ré- 
serve aux  évéques  le  droit  de  bénir  les 
cloches;  néanmoins,  les  prélats  peu- 
veiit  déléguer  de  simples  prêtres  pour 
cette  partie  de  leurs  fonctions  ;  ce  qu'ils 
font  ordinairement  pour  les  villes  où 
ils  ne  résident  pas. 

Cloches  (rachat  des.)  —  Sous  l'an- 
cienne monarchie,  lorsqu'une  place 
était  prise  après  avoir  souffert  le  ca- 
non ,  les  cloches  des  églises ,  ainsi  que 
tous  les  ustensiles  de  cuivre  qui  se 
trouvaient  dans  la  ville  appartenaient 
au  grand  maître  d'artillerie,  et  les  ha- 
bitants étaient  obligés  de  les  racheter 
.à  prix  d'argent.  Cet  usage,  qui,  sui- 
vant le  P.  Daniel ,  existait  encore  du 
temps  de  Louis  XIV,  était  depuis  long- 
temps tombé  en  désuétude,  lorsqu'il 
fut  rétabli  par  Napoléon  en  1807,  lors 


230 


GLO 


L'UNIVERS* 


), 


€LO 


3,009 

1,200 

^  600 

300 

100 

>25 

IS 

12 


de  la  prise  de  Dantzig.  Les  cloches  de 
cette  ville*  fljrént  alors  ddndéés  à  Vavr 
tîllërie^  et  les  habitants  le^  rach^tèretft 
pobf  a  ne  somme  ssié^  considérante, 
qui  fut  distribuée  ainsi  quMI  Gtiit  àax 
militaires  dè^dilTéfents  giràdels  :    • 

lé  généràrde  brigade  Teçùt  4,000  fr. 

Le  (Lionel  ' 

Le  chef  dé  bataillon 

Le  capitaine  •  '  '    • 

Lè.lîeutenattt 

Le  sergent-major 

Le  sergent       ^  ■ 

Le  èappiiàl 

Le  canDhiiier. 

Les  sapeurs  et  les  mineurs  forent  re- 
gardés comme  trouas  d'artiflerie.*  La 
moitîé  de 'chaque  somme  fut  donnée 
aux  grades  t^rrespondants  des  troupes 
auxiliaires  et-dutrain. 

Par  un  décret  du  22  septembre  1 81 0, 
l'empereur  détermina  cette  répartitfon 
du  prix  du  rachat  dès  cloches  en  non!- 
bre  de  parts  de  la  -manière  suivante  : 
••'  16  au  généra!  de  division.   '  ■- 

12  au  général  dé  brigade. 

S  au  colotiel.'    - 
•    6  au  major. 

4  feio  chef  de  bataillon.  ^ 

2  au  capitaine. 

1  au  lieutenant. 
8  au  sergent-maior,  conducteur  et 

garde.  ■  .    i  ;  =  i .. 

'  '4  au  sergent. 

2  au  caporal. 
1  au  canonnier. 
Le  commandant  de  l'équipage  de 

siège  avait  les  parts  de  son  gradé', 
plus  20;  • 

.''  Pour  déterminer  le  montant  de  cha- 
que parti  on  partageait  le  prix  du  ra- 
chat par  moitiés  i  dont  l'une  était 
affectée  aux  officiers  ^  et  l'autre'  aux 
sons  -  officiers ,  soldats  '  et  '  employés. 
Dans  cette  dernière  prtion ,  les  auxi- 
liaires et  le  train  avaient  dèmî-part ,  et 
lés  sapeurs  et  mineurs  une  part  entière 
comme  les  canonniers.  Depuis  lors, 


pendants  les  uns  des  autres.  Le  plus 
andieh  Ile  ees  ^ohefe  sirr  fefuel^noias 
ayons  des  données  féritablëii»$Bt  Iwl- 
fôritjues  est  €lodion.  Gr^oife^  de 
Toàrs  ne  parle  ^qu'avec  une-  extrême 
défiatice''  des  chef^  «ntérieuri  à  ce 
dernier.  Sûivam^^eet  ëcrfvnln,  Clo- 
didn  partit  de  sa  résidence  au  château 
de  D>spel^  60  Thuring«  vers  Ta^  430; 
il  pàsMi^lf  Rhin ,  s'eihpara  de  Cambrai, 
etisoon^t  peu  à  peu  tout  iepays  situé 
entre  le  làrin  «t  la  Sommet  «  Qu^ 
«  quès^unS'SttsureDt,  ditcnsiiite  l^his- 
«  torîen,'iqw»iie'rai  Mérovée,qui'efit 
«  pcHir  fils  Childéric,;élait  cte  sa  race.» 
Mais  H  <n8  tilt 'pas  un  met  de  pkisr  ni 
(Nrr  Clodion'iif  sur  Mérovée.  îk  failt 
donc  regarder  comme  fal)uleux  tout  09$ 
qui  est  di«  dams  pinsiecirs' histoires  de 
France  sur  les  exploits  et  survie  règne 
dé  €lodfon.  »'"  '         " . 

■'  Glodion  (Claude  -  Michel),  sculp- 
teuf ,  né  è-  IVaïii^-  vers  1745  ^  a  excellé 
dans  le  genre' gracieux' $  ses  «befi^ 
d'^ieavre  sont  déjeunes fîttesqai  jouent 
tivee'  des  oiseaux,  qni  S'oeeupent  de 
palier  leur  beauté  naissante,  ou  qai 
s'abandonnent  à  la  nêverie;  une  bai-> 
gneuse*  que  rembarras  d'être  nue  enf- 
oeliit  encore  ;  a  ne  bergère  au  sourire 
naïf  qui  donne  à  manger  à  des  tourte- 
t^eller^etc:,  feto.  On  lui  reprodie  ce- 
pendant de  n'avoir  pas  toute  la  pureté 
de  dessin  que  demande  la  sculpture^ 
et  ce  défaut  est  surtout  sensible  dans 
son  Sûamandre  dènséûhé -paries  feux 
ëe  F'ttlcani;  dsim  son  Vetettle  en  re- 
pos, et  dians  son  MénPesquieu,  Le 
meilleur  de  ses  ouvrages  est  W groupe 
du  Déhgei  ClOdion 'est?  mort- a  Paris 
en  1814,  ^ptbs  avoir  '  profiané  son  ci- 
seau en  produisant  un&  foute  de  su- 
jets-obâcenes.   ■■  '"■  "  •   '    '^'  » 

Clodomir,  l'atné  des  fils  de  Clovis 
et  de  Clotilde,  devint  roi  d'Orléans  à 
fa  mort  de  son  père,  ^  611^  Ë)(cité 
par  sa  mère,  et  sans  -  doute  aussi  par 
sa  propre  ambition,  il  martcha  avec:ses 
iï  ne  s^est  plus  présenté  d'occasion  dé     frères  contfre  Sigismond^  roi  de  Bour« 


remettre  cet  usage  ïen  Vigueur. 
'  Clodion.  -i-  Les'  Francs  e<)mmen- 
cèrent  à  s  ■établir'  en  Gaule  vers  480. 
Ils  étaient  divisés  en  plusieurs  tribus 
commandées  par  autant  de  chefs  tndé- 


gogne.  Ce  prince  fiït'  vaioco  et  fait 
prisonnier  par  CN>domir;>mii',  de  re- 
tour dants  ses  États,  le 'fit  jeter,'  avec 
sa»  femme  et  ses  enfants,  éan9Ùft  puits, 
dof)t  ii  fit  ensuite  fcnrnleirf  i^entrée  avec 


.<■/ 


CLO 


FRANCE. 


CLO 


281 


:'  .T  r 


des  pierres.  Les  Burgondes  prirent  '  du  genre  humain,  les  régénérateursT  de 


alors:fp«irvailGôndeffMf^  ftfère  de  fie 
niiHieu^eiix  rprioee.  Clodomir  mafcba 
é&  nouveau  conlre  eux ,  «n  ô24*-  il  f^t 
tDé-.dant'Uii&bataiyfii^  et» sa  tîte,  B^r 
parée  ^de  «on  'corps^.  fut  poitée  en 
triompii»  eu  bout  .d'une  pique.  Le9 
Burgondes  espéraient  décourager  Aea 
Francs  eu)  leur  préaeotani  ce  trophée» 
Mais  la  vue  de  lalêiède  Giodomir  pro-> 
duisit'UTDefifiBt tout  différent;  ils  de- 
vinrent furieutftseprécjpitèrentaveu* 
giéméntisur  leurs  ennemis,  et  en  ilrent 
on  carnage  horr^ebrCtodi^mirr  n'était 
âgé  que  detrenteans^  Il  avait  eu  de.  a^i 
Semaoe,  |}<xlinque ,  îtrois^enfants,  do«t 
les  deux;  aines  furait  massacrés  par 
Jears  oncles'^  Chiidebert  et.Ciotair«k 
qui  :se.parlagèreat:  le  rovaumer  d<Orr 
féamsi  Le  (roisième,  CJodoald,:  fut 
forcé  dleinbeasser  lavie  «lona^tique^ 
Il  .a'.été  .eanonis'é ,  et  est-  c^hûu  sous  le 
noffiiie  saint tGioud'.  (  Noye^  Childet 
BBBT  et'CLOui>  (sa-inO;.)     •    :  ', 

CtooTS  (  Jean^-Baptiste  du  Val-de- 
Gnâce),^  plus; connu  sous  le  nom  é'y^- 
noûkorsis^  baron  prussien ,  naquit  à 
Trêves  en  1755,  et«vint  f^ire  ses  élu- 
dés à  Paris.  I|  y  obtint  des  succès  assez 
brillaals ,  et  se  lia  avec  x]uelques-un6 
deai'Jiirtérateurs  les  plus  célèbres  «dji 
tocips.  T^ourrifde  la  leetur-e  des  aâ- 
deos,  et;  plein  d'admiration  pour  les 
législateurs  de  S|)atte  et  d'At()ènes ,  il 
àljma^Da  que  les  mêmes  institutions 
pouvaient  oonve^ir  à  tous  les  lieux  et 
a  tous  les.  tem^s  v  et  il  .se  crut  appelé  à 
fA^mocna^è^er  runàvers»  On  le  vit  alocs 
parcourir  i'Alleœa^n^^  l'Italie  et  plu- 
sieurs Vautres  oantrées  de  l'Europe, 
SDOS  le  nom  ^^ Anacharsis,  qu'il  avait 
substitué  à  celui  d«  J^an-^c^tiste,  et 
coBsaoriBr  sa  fortune  à  «la  propagation 
de  Èou  philantàropisme^  De  Retour  à 
Faria  lopscyie  Ja  r«volutjor)  éclata,  il 
eia  embrassa  la  Clause  .avec  enthou- 
siasnMl)  Après  a^ojr  adressé  à  l*Ass^m- 
Mée  constitusaute  un  grand  nombre  de 
pétitions  ^1  d'adresses ,  etc.,  il  prit  le 
titre  adorateur  du^genre  humain  y  et  se 
mit  à  la  tête  d'une  foule  d'individui^, 
qui ,  revêtus  de  costumes  étrangers , 
et  se  disant  députés  de  tous  les  peuples 
du  moacte  *  vinrent  féliciter ,  ^  nom 


la  France..  Il  manifesta  âolenoellement 
à  la  barre  de  TAssemblee  législative  )a 
joie  qu'il  avait  ressentie  en  voyaùt 
tombçr  le  trdne  constitutionnel  dans 
la  journée  xlu  10  août;  il  proposa  de 
lever  une  légion  prussienne,  sous  le 
nom  de  légion  vandale;  applaudit 
bautement  a  l'action  d'Ankarstroera , 
assassin  du  roi  de  Suède,  et  demanda 
la  mise  à  prix  de  là  tête  du  roi  de 
Prusse.  Les  électeurs  du  département 
de  rOise  Renvoyèrent  à  la  Convention 
au  mois  de  septembre  1792;  il  y  porta 
ses  idées  de  subversion  politique  et 
religieuse ,  et  ne  cessa  de  réclamer  une 
réforme  radicale  pour  lé  monde  entier. 
Imbu  des  principes  de  son  siècle  contrç 
lecbristia^iisme,  il  se  déclara  Vennemi 
personnel  de  l'auteur  de  TÉvangile ,  ef 
fut  un  des  apdtres  les  plus  fervents  dû 
ctUte  dé  la  Raison,  Dans  le  procès  dl$ 
Louis  XVI ,  il  vota  la  mort  a^  nom  dû 
genre  humain,  et  ajouta  ;  «  Je  con- 
dji  damne  pareillement  à  mort  l'infâme 
«  Frédéric-Gui Haume.  »  Son  livre  De 
la  république  universelle  est  la  véri- 
table et  complète  expression  des  senti- 
ments et  des  idées  d'un  bomifte  qui , 
en  Ivaine  du  fanatisme  religieux  et  de 
la  monarchie  féodale ,  était  devenu  fa- 
natique d'athéisme  et  de  sentiments 
démocratiques.  «  Le  peuple ,  y  disait- 
«  il,  est  le  souverain  et  le  dieu  du 
«  monde;  la  France  est  le  centre  du 
«  peuple-dieu  ;  les  sots  seuls  peuvent 
«  croire  à  l'existence  d'un  autre  dieu, 
«  d'un  Être  suprême.  »  Avec  une  telle 
doctrine,  le  fougueux  Prussien  devait 
s'associer  aux  athées  et  aux  ochlS- 
crates  qui,  soudoyés  par  l'étranger, 
voulaient  pousser  la  révolution  dans 
les  excès,. et  compromettre  sa  cause 
par  l'anarchie  ;  au.vsi  partagea-t-il  leur 
puissance,  leur  délire  et  leur  sup- 
plice. Compris  dans  la  dénoncia- 
tion portée  par  Saint-Just  contre  les 
hébertistes  ei  les  agents  de  l'étraoger, 
il  fut  arrêté  et  condamné  à  mort  le 
24  mars  1794.  En  allant  à  l'échafaud, 
il  ne  cessa  de.  prêcher  l'auteur  du  Père 
Duchesnèy  pour  le  prémunir  contre 
les  réminiscences  religieuses  de  son 
enfance  f  et  demanda  à  être  exécuté  le 


28S 


CLO 


L'UNIVERS. 


CLO 


dernier,  afin  d'avoir  le  temps  de  faire 
de  nouvelles  observations  et  de  pro- 
longer de  quelques  instants  le  cours  de 
ses  spéculations  sur  la  nature  humaine. 
Il  reçut  ensuite  le  coup  fatal  avec  le 
courage  d'un  fanatique. 

Gloquet  (  Hippolyte  ) ,  membre  de 
r Académie  de  médecine,  agrégé  à  la 
faculté  de  Paris ,  né  à  Paris  en  1787 , 
a  publié  les  ouvrages  suivants  :  Traité 
(Tanatomie  descriptive,  Paris,  1815, 
2  vol.  in-S®;  Traité  des  odeurs ^  des 
sens  et  des  organes  de  Volf action, 
Paris,  1821 ,  in-8°;  Faune  des  méde- 
cins, 1822-1827,  in-8o;  Traité  de  Va^ 
natomie  de  Phomme  comparée  dans 
ses  rapports  les  plus  importants  avec 
celle  des  animaux,  et  considérée  sous 
le  double  rapport  de  r  histologie  et  de 
la  morphologie,  1825  et  années  sui- 
vantes ,  5  parties  in-4o. 

Cloquet*  (  Jules  ) ,  frère  du  précé- 
dent ,  chirurgien  en  second  de  Thôpital 
Saint- Louis,  membre  de  l'Académie  de 
médecine,  professeur  à  la  faculté  de 
Paris ,  a  publié  un  assez  grand  nombre 
d'ouvrages ,  dont  les  plus  importants 
sont  :  Recherches  anatomiques  sur  les 
hernies  de  l'abdomen ^  Paris,  1817, 
in-4«,  fig.;  Anatomie  de  1^ homme  y  ou 
Description  et  figures  lithographiées 
de  toutes  les  parties  du  corps  humain, 
1821-27;  Manuel  d'anatomie  descrip^ 
tive  du  corps  humain-,  1824  et  années 
suivantes ,  250  planches  in-4**. 

Closteh  -  Gàmp  (  combat  de  )  — 
L'armée  prussienne,  commandée  par 
le  prince  héréditaire  de  Brunswick, 
s'était  portée  sur  le  bas  Rhin  et  assié- 
geait Wesel.  Le  marquis  de  Gastries , 
gui  depuis  devint  maréchal  de  France, 
lut  envoyé  au  secours  de  cette  ville 
avec  un  corps  d'armée  formé  à  la  hâte. 
Il  s'avança  avec  rapidité,  emporta 
Rheinsberg  l'épéeàla  main,  et  jeta  dans 
Wesel  un  secours  de  six  cents  hommes 
d'élite.  Méditant  ensuite  une  action 
importante,  il  vint  camper ,  le  15  oc- 
tobre 1760,  à  un  quart  de  lieue  de 
Gioster-Gamp.  Le  prince  héréditaire 
ne  crut  pas  devoir  l'attendre  devant 
Wesel  et  m  décida  à  l'attaquer.  Pen- 
dant la  nuit  du  15  au  16,  il  se  porta 
par  une  marche  forcée  au-devant  de 


lui  avec  l'intention  de  le  surprendre. 
Mais  le  général  français  s'était  douté 
de  ce  projet ,  et  avait  fait  coucher  son 
armée  sous  les  armes.  Vers  les  quatre 
heures  du  matin ,  il  envoie  à  la  décou- 
verte M.  d^Assas,  capitaine  au  régi- 
ment d'Auvergne.  A  peine  cet  ofBcier 
a-t-iLfait  quelques  pas ,  que  des  grena- 
diers en  embuscade  l'environnent  et  le 
saisissent  à  peu  de  distance  de  son  ré- 
giment. Ils  lui  présentent  la  bajk)n- 
nette,  et  lui  disent  que  s'il  fait  du  bruit, 
il  est  mort.  D'Assas  se  recueille  un 
instant  pour  renforcer  sa  voix ,  et  crie  : 
j4  moi,  Auvergne  y  voilà  rennemi!  Il 
tomba  aussitôt  percé  de  coups.  Mais 
l'éveil  était  donné;  la  bataille  com- 
mença au  milieu  des  ténèbres.  On  se 
battit  de  part  et  d'autre  avec  acharne- 
ment pendant  cinq  heures,  et  le  champ 
de  bataille  resta  aux  Français.  Les  en- 
nemis furent  obligés  de  se  retirer  avec 
une  perte  considérable ,  de  repasser  le 
Rhin  et  de  lever  le  siège  de  Wesel ,  où 
le  marquis  de  Gastries  entra  avec  huit 
bataillons.  Sans  cette  victoire,  l'ennemi 
pénétrait  en  France. 

Glotàire  T'  était  le  plus  jeune  des 
fils  de  Glovis  et  de  Glotilde.  Kn  511 , 
après  la  mort  de  son  père ,  il  obtint 
en  partage  le  royaume  de  Soissons. 
Quand  l'âge  de  l'ambition  et  de  l'acti- 
vité fut  venu  pour  lui ,  il  s'associa  à 
ses  frères ,  les  suivit  dans  leurs  expé- 
ditions ,  et  combattit  avec  eux  contre 
les  Burgondes.  Bientôt  il  se  montra 
plus  cruel  qu'aucun  d'eux;  ce  fut  hii 

3ui,  après  la  mort  de  Clodomir,  roi 
'Orléans ,  fit  massacrer  les  fils  de  ce 
prince  pour  s'emparer  de  son  héritage. 
(  Voy.  Ghildebebt.  )  Glotàire ,  après 
avoir  partagé  le  royaume  d'Orléans 
avec  Gnildebert,  ajouta  encore  à  ses 
possessions  les  États  de  Théodebald  , 
roi  d'Austrasie,  petit-fils  de  Théodoric, 
son  frère  aîné.  Ghildebert ,  jaloux  des 
accroissements  de  Glotàire,  excita  con 
tre  lui  son  fils  Ghramne,  qui  prit  les 
armes  et  se  révolta ,  malgré  tous  les 
efforts  de  son  père  pour  le  ramener  à 
l'obéissance.  Tant  que  Ghilddwrt  vé- 
cut ,  Ghramne  put  se  soutenir  ;  mais  à 
la  mort  de  son  oncle ,  il  devint  trop 
faible,  et  se  trouva  exposé  à  la  ven- 


iL„. 


GU> 


FRANCE. 


GLO 


9SS 


geance  de  son  pèlre.  Poarsuivi  et  atteint 
dans  les  États  du  duc  de  Bretagne ,  il 
fut  battu  de  verges,  enfermé  dans  une 
chaumière ,  et  brûlé  avec  toute  sa  fa- 
mille. Cependant  Clotaire ,  revenu  de 
sa  fureur,  se  repentit,  et  mourut  bour- 
relé de  remords  et  de  terreurs  reli- 
gieuses, en  s'écriant  :  «  Wah  !  quel  est 
«  donc  ce  roi  du  ciel  qui  fait  mourir 
«  les  grands  rois  de  la  terre  (561)  ?  » 
Il  fut  enterré  à  Soissons,  dans  l'é- 
glise de  Saint'Médard.  Sa  luxure  avait 
^alé  sa  cruauté  et  son  ambition. 

Clotaibb  II  n'avait  çue  quatre 
mois  lorsqu'il  succéda  à  Cbilpéric,  son 

gère ,  en  584,  sous  la  tutelle  de  Fré- 
égonde ,  sa  mère ,  qui  le  plaça  sous 
la  protection  de  Contran ,  roi  de  Bour- 
gogne, en  lui  affirmant  que  sa  nais- 
sance était  légitime.  Contran  ,  tant 
qu'il  vécut ,  empêcha  les  effets  de  la 
haine  de  Frédégonde  et  de  Brunehaut, 
et  suspendit  la  lutte  de  rAus|rasie  et 
de  la  Neustrie.  Mais  à  sa  mort ,  qui 
arriva  en  593 ,  ces  deux  femmes  ne  se 
continrent  plus ,  et  sur  \k  fin  de  leur 
carrière,  elles  se  firent  une  guerre 
acharnée ,  comme  dans  leur  jeunesse. 
Frédégonde  remporta  une  victoire  en 
556,  après  la  mort  de  Childebert,  et 
mourut  triomphante  en  597.  La  Pïeus- 
trie,  dont  son  génie  avait  soutenu 
la  nuissance ,  s'affaiblit  sous  son  fils 
enrant.  Clotaire  fut  dépouillé  de  pres- 
que tous  ses  États  par  les  fils  de  Childe- 
bert ;  mais  il  se  releva  ensuite  à  la  fa- 
veur de  leurs  dissensions,  et  triompha 
par  leur  mort  (613).  Brunehaut  se 
trouva  alors  à  la  tête  de  la  vaste  mo- 
narchie austrasienne ,  comme  tutrice 
de  ses  arrière-petits-fils.  Elle  était  me- 
nacée par  la  coalition  des  leudes;  hé- 
ritier de  la  haine  que  sa  mère  avait 
Touée  à  cette  princesse,  Clotaire  fit 
tout  pour  la  perdre.  Aveuglé  par  sa 
passion ,  il  se  fit  le  complice  de  l'aris- 
tocratie çuerrière ,  et  entra  dans  une 
conspiration  dont  le  résultat  définitif 
devait  être  la  ruine  du  pouvoir  royal. 
Brunehaut  succomba  en  614 ,  et  pérît 
d'un  supplice  hQrrible.  (Voy.  l'article 
BBU9EHA.UT.  )  Clotairc  avait  satisfait 
sa  vengeance  ;  les  leudes  voulurent  à 
leur  tour  contenter  leur  ambition.  En 


615 ,  à  rassemblée  de  Paris ,  ils  arra- 
chèrent à  Clotaire  une  constitution  quk 
sanctionnait  le  triomphe  de  l'aristo- 
cratie laïque  et  religieuse  ;  dès  lors  les 
maires  devinrent  inamovibles.  Bientôt 
l'Austrasie  se  lassa  de  Clotaire  et  vou- 
lut un  roi  particulier;  Clotaire  lui 
donna  son  fils  aîné  Dagobert  ;  mais  ce 
prince  était  si  peu  capable  de  gouver- 
ner, que  son  père  tùi  obligé  de  re- 
pousser lui-même  les  Saxons  oui  me- 
naçaient ses  États.  La  fin  du  règne  de 
Clotaire  II  fut  paisible;  il  s'occupa 
d'administration  et  reconquit  sur  les 
leudes  une  partie  de  son  autorité.  Il 
mourut  eh  628 ,  âgé  de  quarante-cinq 
ans,  laissant  le  trône  à  Dagobert  P^ 

Clotàibe  m,  petit-fils  de  Dagobert, 
l'aîné  des  fils  de  CIbvis  II ,  obtint ,  en 
655 ,  à  la  mort  de  son  père ,  la  Neus- 
trie et  la  Bourgogne;  Cbildéric  son 
frère  régna  en  Austrasie.  C'est  à  cette 
époque  que  commence  la  décadence 
des  Mérovingiens  ,  décadence  qu'a- 
vaient préparée  les  concessions  faites 
par  Clotaire  II  aux  leudes  et  aux  maires 
du  palais.  Batilde,  mère  de  Clotaire  III, 
lutta  vainement  contre  Ébroïn ,  qui  la 
força  de  quitter  le  pouvoir,  et  qui  tint 
le  jeune  prince  en  tutelle  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  vers  l'an  670;  U  avait 
dix-huit  ans. 

Clotaibb  (monnaie  de).  Il  existe 
dans  les  collections  numismatiques 
un  assez  grand  nombre  de  monnaies 
frappées  au  nom  de  Clotaire;  ce  sont 
des  sous  et  des  tiers  de  sou  d'or.  Les 
plus  curieux  et  les  plus  nombreux  sont 
sortis  des  ateliers  d'Arles  et  de  Mar- 
seille. Ils  présentent  le  t}[pe  ordinaire 
de  ces  deux  villes ,  c'est-à-dire ,  qu'on 
y  voit  au  revers  une  croix  ansée  sur 
un  degré  au-dessous  duquel  se  trouve 
un  globe.  De  chaaue  côté  de  cette 
croix ,  se  trouvent  les  lettres  initiales 
HA  ou  AB,  et  en  outre,  sur  les  triens, 
les  chiftres  yii ,  destinés  à  indiquer 
que  ces  pièces  valaient  sept  siliques 
ou  24  grains  d'or.  Le  champ  du  droit 
est  occupé  par  une  tête  laurée  et  de 
profil  ;  ces  pièces  portent  pour  légende, 
tantôt  GHLOTABiYS  B£x  dcs  dcux  cô- 
tés, tantôt  CHLOTABiYS  BEX  au  droit, 

et    yiGTYBIA     OOTTIGA,    TICTOBIA 


284 


«.  -f. 


GLO 


•    **  •', 


L'UNIVERS- 


€LO 


GHÎOTÀBii  auTevers  ;  enfin  il  y  en  a 
sj^r..  lesquelles  on  Ut  :  çnihmvncY» 
ÂBx  aa  droit ,  ghlôxabiys  b^x  au 
revers,  et  conob  à  Texergué. 
"  Ces  monnaies,  frappées  à  Arles  et  g 
Marseille,  ne  ^ont  pas  les  seules  qui 
portent' lie  nom  de  Clotaii'e.  Il  y  en.â 
q^autres  qui  sont  sorties  de  râtelier  de 
Çhâlons-sur-Saô'ne  ;  et  sur  '  lesquelles 
on  voit'  les  mots  chlotabivs  bex  , 
une  croix  ansée  et  accostée  des  lettre^ 
inA,  caVillônno  ,  et  un  profil  droit; 
^'autres  viennent  |^ut  êlre  de  Verdun  ; 
on  y  voit  le  nom.rôyat'GHLQTÀBivs, 
une  croix  h'eaumée,  Iç  motyiBEDivcv, 
et  une  tête  de  prôOl. 
'  Il  est  assez  dinicile  de  déterminer  quel 
est  celui  des  ir^is  Cl ota ire  auquel  appar- 
ti'eniiént  toutes  ces  pièces;  ce  qu'il  y 
û  de  certain ,  c'est' qife  ces  princes  ont 
tous  trois  fajt  battre  monnaie.  La 
pièce  qui  porte  pour  légende  lés  mots 
ViCTVBiA  OOTTiCA  appartient  incon- 
testablement au  premier,  qui  a  seul 
remporté  uiîe  victoire  sur  les  Goths. 
Cellp  qui  porte  le  nom  de.Childéric 
appartient. à  Clotaire  IJI  et  à  son' frère 
Childéric,  rof.de  Neustrie,  Quant  aut 
autres  pièces,  on  ne  peut  les»  attribuet 
avec  certitude  à  un  de. ces  princes 
plutôt  qu'aux  autres;  cependant  il  est 
probaljle  qu'elles  ne  sont  pas  de  Clo- 
taire I*' ,  parce  que  c'est  seulement  à 
la  fin  du  règne  de  ce  prince  que  l'on 
commença  à  remplacer  en  France  le 
nom  de  l'empereur  par  celui  du  roi, 
et  que  l'usage  contraire  subsista  même 
encore  «ous  plusieurs  de  ses  succes.- 
seurs. 

Clotaibe  IV,  dont  l'origine  est 
incertaine,  fut 'créé  roi  d'Austrasié 
par  Charle^s  Martel ,  en  717.  C'était  un 
de  ces  personnages  dé  circonstance 
auxquels  les  chefs  ambitieux  de  l'Aus- 
trasie  faisaient  jouer  le  rôle  de  roi  mé- 
rovingien et  chevelu ,  nour  tenir  les 
peuples  en  respect.  Charles  Martel 
exerça  tout  le  pouvoir  (  Voy.  ràrticie 
Champ  db  mabs),  et  Clotaire  IV  ne 

Eut  qu'un  instrument  entre  ses  mains. 
Charles  l'abandonna  après  s'en  être 
iservî  pendant  trois  ans,  de  717  à  72(K 
Clotilde  ou  Chbotechild,  fillç 
de  Chilpéric,  frère  de  Gondebaud,  roî 


èe  Bourgogne,  sévit,  encore  en  bas 
âge,  enlever  son  père.,  par  yp  de  ces 
a^es  de  violence  (}af  ensanglantent  à 
chaque  page  l'histoire  des  raCes  roya- 
les., à  cette  époque  de  .nos  annales, 
flevée  par  Gbndebaud,  rineurtrierde 
son  père,  elle  fut  mariée  à  Clovis ,  roî 
ou  cpèf  des  Francs  Clotilde  était  clwé- 
tienhe  catholique ,  et  on'  la  mariait  à 
un  païen:  Élevée  dans  une  des  coord 
les  plus  polies  de  ce  temps ,  douée  de 
beauté,  d'intelligence'  et  de  vertu ,  oa 
l'a  livirait  à  un  barbsire .  grossier  et 
abandonné 'aux  passions  les  plus  sau-* 
vages;  et  la  seule  garantie  qu'elle  put 
obtenir,  ce  fui  le  libre  exercice  de  sa  re- 
ligion. Le  siège  du  royaume  des  Francs 
était  alors  à  Soissons';  c'est  ia(  que, 
par  sa  beauté  et  ses  vertus,  Clotilde 
commença  ^  prendre  siir  son  époux 
un  ascenclant  dont  les  effets  eurent  la 
plus  grande  influence  sur  tes  progrès 
de  la  monarchie  des  Francs  dans  les 
Gaules.  La  conversion  de  Clovis  s'an- 
nonça par  la  permission  qu'il  donna  à 
Clotilde  de  faire  baptiser  leurs  enfantsl 
Ce  premier  nas  ,  qui  n'était  peut-être 

Î[u'un  acte  ae  complaisance ,  enhardit 
a  jeune  reine  :  elle  exliorta  son  époux 
à  quitter  lui-même  le  culte  de  ses  dl- 
yihités  de  sang  pour  embrasser  celui 
du  Dieu-homme  mort  sur  |a- croix; 
Clovis  hésitait;  il  n'était  pas  alofs  si 
puissant  qu'il  ne  dût  craindre  de  mé- 
contenter son  armée:  La  bataille 'de 
Tolbiac  vint  lui  fournir  une  occasion 
gue  peut-être  il  désirait  :  «  Dieu  de 
«  Clotilde,  s'écria-t-il  dans  cette  jour- 
«  née  fameuse ,  je  jure  d'embrass/er  ta 
«  loi,  si  tu  me  donnes  la  victoire!'*» 
La  victoire  lui  resta ,  et  saint  Rémi , 
évêquede  Reims,  administra  bientôt  le 
baptême  au  roi  et  à  un  grand  nombre 
de  ses  soldats.  Cependant  lâ'cdnversion 
des  Francs  n'adoucit  guère  leur  carac- 
tère, et  la  reine  Clotilde,  dégoûtée  de 
voir  se  massacrer  entre  eux  I^s  princes 
de  sa  famille,  se  retira,  quelques  an« 
nées  après  la  mort  de  son- époux,  dans 
lin  monastère  où  elle  finit  ses  jours^ 
l'an  5t4S.  Son  corps  fut 'rapporté  à 
^aris ,  où  on  l'inhuma  près  deClovis^ 
dans  l'église  de  Saint-Pierre  «t  Saint- 
Faul ,  Sur  l'emplacement-  de  laquelle 


CLO 


FRANCE. 


CLO 


385 


s'élève  aujourd'hui  le  Panthéon.  €lo-' 
tilde  «st  une  des  plus  nobles  et  des 
plus  belles  figures  de  l'histoire  du 
moyen  âgel  EÏle  ouvre  la  touchante 
galerie  de  ces  femmes  généreuses  qui, 
trop  souvent ,  payèrent  de  leur  vie  ou 
de  leur  bonheur  [*mitiatioti  civilisatrice 
qu'au  nom  de  Dieu  'elles  ven  lient 
donner  è  nn  monde  encore  barbare. 

CLOub  (saint)  ou  Clodgald  ,  le 
plus  Jeune  dés  fils  de  Clodomir,  fût 
sauve  de  la  fureur  de  ses  oncles  par 
l'Ihterventîori  des'  guerri3rs  francs. 
Enfermé  dans  un  monastère,  il  grandit 
dans  la'  i^otitude  et  la  -inéditation , 
coupa  sa  longue  chevelure,  et  après 
avoir  fait  plusieurs  voyages  et  aVoijr 
essayé  de  diverses  conditions  de  la  vie 
cléricale ,  fonda  un  monastère  dans  le 
Village  de  Nogent'^  où  il  mourut  vers 
560. 

Clodet.  Voyez  Jàttst. 

CtotJTiEBS.  Ces  artisans  (|ui ,  dans 
leurs  statuts,  prenaient  au3si  les  noms 
de  larmiers,  etameurs,  et  marchands 
ferroniiiers  y  étaient  autrefois  divisés 
en  deux  classes,  savoir  :  celle  des  cioU" 
tiers  proprement  dits ,  la  seule  dont 
nous  nous  occuperons  ici ,  et  celle 
des  chutiers  ctépinple,  dont  nous 
parlerons  à  l'article  epinglier.  Outre 
toutes  sortes  de  clous  que  faisaient  les 
maîtres  cloutiers  de  Paris ,  ils  avaient 
le  droit  de  foirer  des  gourmettes  de 
chevaux ,  des  tourets  ou  gros  clous , 
qui  ont  une  tête  arrêtée  dans  une  par- 
tie de  la  branche  du  mors  aopelée  la 
gargouille ,'ûe&  anneaux  ae  toute. 
grandeur,  des  barres,  des  chaînettes 
d'avaloire,  des  boucles  à  dossière, 
des  boucles  de  soupente,  et  enfin  tous 
les  petits  ouvrages  de  fer  qu'on  peut 
fabriquer  avec  le  marteau  et  F  enclume, 
sans  ^voir  besoin  de  lime  ni  d'étau , 
et  qui  étaient  alors  à  l'usage  des  sel- 
liers ,  carrossiers ,  bourreliers,  coffre- 
tiers  et  malletiers.  Un  maître  cloutier 
ne  pouvait  avoir  que  deux  apprentis 
qui ,  pour  avoir  droit  à  la  maîtrise , 
devaient  faire  cinq  ans  d'apprentissage, 
et  ensuite  servir  deux  ans  en  qualité 
de  compagnon.  Ils  étaient  en  outre 
tenus  de  présenter  un  chef-d'œuvre, 
fbrmalilé  dont  les  fils  de  maître  étaient 


r, 


seuls  exemptés  par  les  statuts.  '  Le 
brevet  coûtait  18  livres,  et  la  maîtrise 
320.  '  ' '      •' 

H  y  avait  à  Paris,  au  temps  de  Phi- 
lippe le  Bel,  dix-heuf  maîtres  clomiers. 
On  y  compte  aujourd'h td  quarante- 
neuf  fabriques  de  clous  de  toute  es- 
pèce^. . 

Clotts  (*),  fils  de  Childéric,  devint, 
ar  h  mort  de  son  père  ,'481  ,  chef  dfe 
a  peuplade  franqueétabire  à  Tournai. 
D'autres  chefs  francs  etaipnt  déjà  éta- 
blis à  Cologne,  à  Saint-Omer,  à  Cam- 
brai et  au  IVlans.  Clovis  attaqua  d*abord 
les  plus  faibles  de  ses  voisins;  Ycs 
Gâllô-Romains.  Avec  îe  -secours  de 
Ragnacaire,  chef  des  Frands  de  Cam- 
brai ,  il  attagua  Syagrius  et  le  vainquît 
prèè  de  Soissons.  Syagrfus  ,•  réfugié 
î)rès  d'AIaric  II,  roi  rfes  Visigoths,  fut 
réclamé  par  Clovis,  qui  le  fit  tuer.  Clo- 
vis se  trouva  alors  assez  puissant  pour 
obtenir  la  main  deClotilde,  ^^  tfun 
prince  des  Burgondes  ou  Bourgui- 
gnons. ^ 

Les  chroniqueurs  des  âges  suivants, 
qui  ont  compris  totitertmportànce de 
cette  union,  en  ont  singulièrement 
embelli  toutes  les  circonstances.  Gré- 
goire de  Tours  se  contente  de  dire  que 
Clovis  envoyant  souvent  des  députa 
en  Bourgogne,  ceux-ci  virent  la  jeune 
Clotilde.  Témoins  de  sa  beauté  et  de 
sa  sagesse,  et  ayant  appris  qu'elle  était 
du  sang  roval,  ils  dirent  ces  choses  à 
Clovis.  Cefui-ci  envoya  aussitôt'  de^ 
députés  à  Gondebaud  pour  la  lui  de^ 
mander  en  mariage.  Gondebaud,  îcraî- 
gnant  de  la  refuser,  la  remit  entre^les 
mains  des  députés  qui,  recevant  la 
jeune  fille,  se  hâtèrent  de  la  mener  a(i 
roi.  Clovis,  transporté  deiore  à  Éa 
vue,  en  fit  sa  femme.  Mais  l'abrévia- 
teur  et  le  continuateur  de  Grégoire  de 
Tours,  Frédégaire,  en  sait  bien  da- 
vantage. «Le  Gaulois  Aurélien,  dé- 
guisé en  mendiant,  portant  sur  son 
dos  une  besace  au  bout  d'un  bâton,  est 
chargé  du  message  :  il  devait  remettre 
à  Clotilde  un  anneau  que  10i«nvoyait 
Clovis,  afin  qu'elle  eût  foi  dans  les  pa- 

(*)  Ou  Hlodwio  ;  Grégoire  de  Tours  écrit 
Chlôdaveus, 


'•.. 


286 


CliO 


L'UNIVERS. 


CLO 


rôles  du  messa^^er.  Aurélien,  arrivé  à 
la  porte  de  la  ville  (Genève),  y  trouva 
Ciotilde  assise  avec  sa  sœur  Sfiedeh- 
leuba  :  les  deux  sœurs  exerçaient 
l'hospitalité  envers  les  voyageurs,  car 
elles  étaient  chrétiennes.  Clotilde  s'em- 
presse de  laver  les  pieds  d' Aurélien. 
Celui-ci  se  penche  vers  elle  et  lui  dit  : 
«  Maîtresse,  j*ai  une  grande  nouvelle 
«  à  t'annoncer,  si  tu  me  veux  con- 
«  duire  dans  un  lieu  où  je  te  puisse 
«  parler  en  secret«  —  Parle,  »  lui  ré- 
pond Clotilde.  Aurélien  dit  :  «  Clovis, 
«  roi  des  Francs,  m'envoie  vers  toi  ; 
«  si  c'est  la  volonté  de  Dieu,  il  désire 
«  vivement  t'épouser^  et,  pour  que  tu 
«  me  croies,  voilà  son  anneau.  »  Clo- 
tilde T'accepte,  et  une  erande  joie  re- 
luit sur  son  visage  ;  elle  dit  au  voya- 
geur :  «  Prends  ces  cent  sous  d'or  pour 
«  récompense  de  ta  peine^  avec  mon 
«  anneau.  Retourne  vers  ton  maître  ; 
«  dis-lui  que  s'il  veut  m'épouser,  il 
«  envoie  promptement*'des  ambassa- 
«  deurs  à  mon  oncle  Gondebaud.  » 
C'est  presque  une  scène  de  VOdyssée, 

«  Aurélien  part;  il  s'endort  sur  le  che- 
min; un  mendiant  lui  vole  sa  besace, 
dans  laquelle  était  l'anneau  de  Clotilde; 
le  mendiant  est  pris,  battu  de  verges, 
et  l'anneau  retrouvé.  Clovis  dépêche 
des  ambassadeurs  à  Gondebaud,  qui 
n'ose  refuser  Clotilde.  Les  ambassa- 
deurs présentent  un  sou  et  un  denier, 
selon  rusage,  fiancent  Clotilde  au  nom 
de  Clovis,  et  l'emmènent  dans  une 
basterne.  Clotilde  trouve  qu'on  ne  va 
pas  assez  vite  ;  elle  craint  d'être  pour- 
suivie par  Aridius,  son  ennemi,  qui 
peut  faii^  changer  Gondebaud  de  ré- 
solution. Elle  saute  sur  un  cheval,  et 
la  troupe  franchit  les  collines  et  les 
vallées. 

«  Aridius,  sur  ces  entrefaites,  étant 
revenu  de  Marseille  à  Genève,  remontre 
à  Gondebaud  qu'il  a  égorgé  son  frère 
Chilpéric,  père  de  Clotilde  ;  qu'il  a  fait 
attacher  une  pierre  au  cou  de  la  mère 
de  sa  nièce,  et  l'a  précipitée  dans  un 
puits  ;  qu'il  a  fait  jeter  dans  le  même 
puits  les  têtes  des  deux  frères  de  Clo- 
tilde; que  Clotilde  ne  manquera  pas 
d'accourir  se  venger,  secondée  de  toute 
la  puissance  des  Francs.  Gondebaud, 


effrayé,  envoie  à  la  poursuite  de  Clo- 
tilde; mais  celle-ci,  prévoyant  ce  qui 
devait  arriver,  avait  ordonné  d'incen- 
dier et  de  ravager  douze  lieues  de  pays 
derrière  elle.  Clotilde  sauvée  s'écrie  : 
«  Je  te  rends  grâce.  Dieu  tout-puis- 
«  sant,  de  voir  le  commencement  de 
«  la  vengeance  que  je  devais  à  mes  pa- 
«  rents  et  à  mes  frères  !  » 

«  Véritables  mœurs  barbares,  qui 
n'excluent  pas  la  mansuétude  des 
mœurs  chrétiennes,  mêlées  dans  Clo- 
tilde aux  passions  de  sa  nature  sau- 
vage (*).  » 

Clovis  avait  étendu  sa  domina- 
tion jusqu'à  la  Loire.  Les  Alemans , 
à  cette  nouvelle ,  vinrent  pour  pren- 
dre leur  part  du  butin.  Clovis  n'en- 
tendait pomt  partager.  Il  se  retourna 
contre  eux;  if  les  rencontra  à  Tol- 
biac ,  à  quatre  lieues  de  Cologne.. 
La  bataille  fut  sanglante,  indécise; 
Clovis  désespéra  même  un  moment 
du  succès.  Depuis  longtemps  Clotilde, 
sa  femme,  s'efforçait  de  le  convertir 
au  catholicisme.  Elle  avait  môme  ob- 
tenu de  faire  baptiser  ses  deux  en- 
fants ;  mais  Clovis  résistait  pour  lui- 
même.  Il  avait  peine  à  comprendre  un 
Dieu  mort  sur  la  croix  ;  il  lui  semblait 
qu'il  n'était  pas  d'assez  noble  origine, 
a  Votre  Disu,  disait-il,  ne  peut  rien, 
«  et,  qui  plus  est,  il  n'est  pas  même 
«  de  la  race  des  dieux.  Deus  vesfer 
nihilposse  manifesta  tur,  et,  quqdntcL' 
gis  est,  nec  de  deorum  génère  esse 
probatur.  »  Cependant,  dans  le  péril, 
on  n'examine  pas  toujours  les  titres 
de  celui  qui  vous  tend  la  main.  Atout 
hasard,  Clovis  invoqua  le  Dieu  des 
chrétiens  pour  le  tirer  de  peine,  et  met- 
tant en  quelque  sorte  son  baptême  en 
enjeu ,  promit  sa  conversion  pour  la 
victoire.  La  fortune  à  l'instant  chan- 
gea. Les  Alemans  furent  vaincus,  et 
Clovis  tint  parole  ;  il  se  fit  baptiser. 
Lia  moitié  de  ses  barbares,  au  nombre 
de  trois  mille,  suivirent  son  exemple, 
et  changèrent  Odin  pour  le  Christ, 
sans  attacher  sans  doute  une  bien 

{*)  Cette  réflexion  est  de  M.  de  Chateau- 
briand dans  ses  Études  historiques ,  aux- 
quelles nous  avons  emprunté  ce  dernier 
exU*ait  de  Frédégaire. 


■BANCE.(Msiovin|i.ns) 


CLO 


FRANCE. 


CLO 


237 


erande  importance  à  la  cérémonie  qui 
les  initiait  a  l'Église. 

Cette  conversion  des  Francs  eut  ce- 
pendant de  sérieux  et  immenses  ré** 
sultats.  Par  un  singulier  liasard,  Clo- 
vis  se  trouva  seul  roi  orthodoxe  entre 
tous  les  princes  contemporains.  L'hé- 
résie d'Arius  avait  saisi  les  barbares 
à  leur  entrée  dans  TEmpire.  Les  Van- 
dales, les  Visigoths,  les  Bourguignons 
étaient  ariens.  L'empereur  de  Cons- 
tantinople  lui-même  persécutait  ceux 
qui  croyaient  à  la  divinité  de  Jésus- 
Christ.  Ainsi  le  clergé  de  toutes  les 
églises  eut  les  yeux  sur  ce  nouveau 
royaume,  consacré  à  sa  naissance  par 
un  baptême  orthodoxe.  Le  pape  Anas- 
tase  écrivait  à  Clovis  :  «  Votre  foi , 
c'est  notre  victoire;  »  et  Tévéque  de 
Vienne,  sujet,  des  Bour^içnons,  lui 
disait  :  «  C'est  nous  qui  triomphons 
quand  tu  combats.  Çtcum  puànatis 
fjincimus.  »  C'était  beaucoun  d'avoir 
pour  soi  tous  les  évéques  de  la  Gaule. 
L'assistance  de  l'Église  ne  manqua  pas 
à  Clovis.  Nous  le  verrons  tout  à  l'heure 
miraculeusement  conduit  à  la  conquête 
du  royaume  des  Visigoths. 
-    Clovis,  maître  des  provinces  cen- 
trales, allié  des  cités  armoricaines, 
vainqueur  des  Alemans  qui,  sur  ses 
-traces ,  voulaient  pénétrer  dans    la 
Gaule,  voyait  chaque  jour  augmenter 
son  renom  et  sa  puissance.  Les  guer- 
riers des  autres  rois  francs  venaient 
en  foule  se  ranger  sous  les  drapeaux 
d'un  chef  si  habile.  Aussi  fut-il  bientôt 
en  état  d'agrandir  ses  possessions  aux 
dépens  des  Bourguignons  et  des  Visi- 
goths. Les  Bourguignons  furent  a^ 
taqués  les  premiers.  Clotilde  poussait 
son  époux  a  cette  guerre  pour.venger 
la  mort  de  son  père  assassiné   par 
Gondebaud.  Les  évéques  l'appelaient 
secrètement^  Pour  les  rattacher  à  son 
parti,  Gondebaud  leur  promit  de  se 
faire  catholique,  leur  donna  ses  enfants 
à  élever.  Il  n  en  fut  pas  moin  Attaqué, 
battu  par  Clovis,  qui  le  soumit  à  un 
tribut  annuel.  Puis  ce  fut  le  tour  des 
Visigoths. 

«  Alaric,  roi  des  Goths,  voyant  les 
conquêtes  continuelles  que  faisait  Clo- 
Tis,  lui  envoya  des  députéi  pour  lui 


dire  :  «  Si.  mon  frère  y  consent,  j'ai 
-«  dessein  que  nous  ayons  une  entre- 
«  vue  sous  les  auspices  de  Dieu.  »  Clo- 
*>vi8  y  consentant,  alla  vers  lui.  S'étant 
joints  dans  une  fie  de  la  Loire,  située 
auprès  du  bour^  d'Amboise,  sur  le 
•  territoire  de  la  cité  de  Tours,  ils  con- 
versèrent, mangèrent  et  burent  en- 
semble; après  rêtre  promis  amitié, 
ils  se  retirèrent  en  paix. 

«  Beaucoup  de  gens,  dans  toutes  les 
Gaules,  désiraient  alors  extrêmement 
être  soumis  à  la  domination  des  Francs. 
Il  arriva  que  Quintien,  évéque  de  Ro- 
dez, haï  pour  ce  sujet,  fut  chassé  de 
la  ville.  On  lui  disait  :  «  C'est  parce 
«  que  ton  vœu  est  que  la  domination 
«  des  Francs  s'étende  sur  ce  pays.  » 
Peu  de  jours  après,  une  querelle 
s'étant  élevée  entre  lui  et  les  citoyens, 
les  Goths  qui  habitaient  cette  ville 
ressentirent  de  violents  soupçons;  car 
ces  citoyens  reprochaient  a  Quintien 
de  vouloir  les  soumettre  aux  Francs; 
et  ayant  tenu  conseil,  ils  résolurent 
de  le  tuer.  L'homme  de  Dieu  en  ayant 
été  instruit ,  se  leva  pendant  la  nuit , 
avec  ses  plus  fidèles  ministres,  et  sor- 
tant de  la  ville  de  Rodez,  il  se  retira  en 
Auvergne,  où  Tévêque  saint  Euphra- 
sius  le  reçut  avec  bonté  et  le  garda 
avec  lui  (*).  » 

Nous  ignorons  quelles  instances  fu- 
rent faites  à  Clovis  par  les  évéques  du 
midi;  mais  un  jour  «le  roi  dit  à  ses 
soldats  :  «  Je  supporte  avec  ^rand 
«  chagrin  ^ue  ces  ariens  possèdent 
«  une  partie  des  Gaules.  Marchons, 
«  avec  l'aide  de  Dieu,  et  après  les  avoir 
«  vaincus,  réunissons  le  pays  en  notre 
«  pouvoir.  »  Ce  discours  plut  à  tous 
ses  guerriers.  L'armée  se  mit  en  mar- 
che et  se  dirigea  vers  Poitiers.  Là  se 
trouvait  alors  Alaric;  mais  comme 
une  partie  de  l'armée  passait  sur  le 
territoire  de  Tours,  par  respect  pour 
saint  Martin,  Clovis  donna  l'ordre  que 
personne  ne  prît  dans  ce  pavs  autre 
chose  que  des  légumes  et  de  1  eau.  Un 
soldat  de  l'armée  s'étant  emparé  du 
foin  d'un  pauvre  homme,  dit  :  «  Le 
«  roi  ne  nous  a-t-il  pas  recommandé 
■      .  » 

(*)  Gr^oive  de  Tours. 


«     ^  •    «  t 


.  ^  > 


238  CL 

«  Ab'  ii6(preadret[U6tde  F^herbe^t  rien 
«  autreoîhoBe;.  elr  bien  !  c'est  de  l'beri» 
•  fee^  (fïMiB  n-avoas  pas  tN*an$gres8é' 
t  «fls  ojQdres^  »  ii6BS-;ia  p*eiioiis^P  0^ 
ayant  fait  Tfoienoe  aa'{iauvre,ii.|liii 
anracha  seafoân  baplarciB.^CeiâitfiaiH 
vint  anst^reiUes  au  m.  Assaut  aussitôt 
fràp^ùlft  waïé^t  de  sob  épée,  et  dits 
«  Ou  seral'espoit  de  ia  Tèetaitie,  si  noiii 
k  offenscms.  sâi nt.MartÎA.  •>  i^,  fut  «es- 
teznpour  jeH)|iéûber«  TacEnée  de  rien 
prendra  ésiiis.  qei  pajr ac^  i  <  r  <  •  ;  \, 
-  «ci  Le  roi  env^a;:des  députés  à.  U 
basiyqiie  du  saint,,  ienv  disantes i^^jàk 
»  toz,  et^vous  trouverez. peut-étrâ  dans 
Il  le  saint itempi^  quelque,  présage  ^e 
«  ta- Ttciairei.  »  Après  leuc  avoir  cbuné 
desippçsenta  pour  .ornerUe  licil  saioti 
il  i  ajouta  iv  JK  Sei^euc^'  si  vous  êtes 
«  mon  i  aide,,  et  si  .vous  avez  résoliu.de 
«  iiwer.eii  mesinaias  cette  nation  iuf 
«  erédute  et  to«ijQurs.enDef»ie  devotre 
^  nocD,  daignez  soeCaive  wr  vQtre  far 
a  Teor  à:  rentrée  de  la  basil^ua  de 
«  Saint-Alartin^  afio  ottèfje  sache  .si 
«  V9tisldaigiieft:étf«  favofable.à  votce 
«  serviteur.  w.iLes  eû^oyés^s'étant  hâr 
tésv  arrivèrent 'A  iâ  sainte  basilique, 
sddq  lîofdre  du  roi  ^  au*  momeut  où 
ils*  entnaîËnt  ^  !««  premier  ebantreieni- 
tonna  todt  à  coup  cette,  aotieone.; 
41  Seigneur |>  vQiâ#'«[>'fi«e9)  revéftU'  de 
«  feiof •  *]M«ri  la  i:giterre^  et  vous  avez 
<r  exÉeriAinéiceux  quÂH^na^iiaîaflfiiefil*:» 
Ayaiit  ovtenduiv <sis .psaume  ]etv3rendtt 
grâefftà£lien4  ilsipcésentèrenliies  dons 
au  saint  ^èonfesseur,  etaUèreat'pieins 
dejoieianoDnGer.aa  roi  ce  présage;  > 
.  ;«i)L^ar«ée  étant  arrivée  sur  les  bords 
de^la  Vienne,  o»  igàorait  eotièrenient 
tlaus  ?quel  eudmiA  il  fallait  passer  œ 
fleuMe,  4otv  Âltétaît' enflé  par  une  inoi^ 
dation?  de>phiie.  )P«âdaDt  latpuit,  le  roî 
ayant  priéde, Seigneur  de  vouloir  bien 
lut  nHontrer  w^  gué  par  où  l'on- pât 
-passer  .ylelaDdefDajiR:noatin,'p8r'i*ordce 
de  iDieii,.^tiBë  iûcbeitd/uoe  grandeur 
extraordinéive  entra  dansi  lefleuveaMlx 
feuxifdeiii'aiBnée^  elM^tai^nt  àigués, 
nobatrajpbriïnonpouTait  traverser.  Ae^ 
«iviinuriettrritpite de. Poitiers,  leroi 
se  tenait  dans  sa  tente  sur  une  éléva- 
tion; il  vit  de  loMbUBtfeit^i^Q^it 
de  la  basilique  de  Saint-Hilaire  et  sem- 


L'UNIVERS. 


CLO 

blait  voler  vers  lui,  eoro(ne.p<itir  indi^t 
qtter  qiCfiidé'de  ta  lumièner  du:  saint 
ei&nfesaeiir.Hilairef  le.rGdtnbmpbûrait 
pliï9  faeilum^ntide  eiss  baadQs  liéréti« 
q«e«9  centre  lesq|KieIliBaiâe:ipootife  lui* 
ïAèim  avait;,  ^ouv^t  souienn^  là  >foi* 
Cionvis  défefiidaÀ  touteTarinéeide^ét 
pouille/.  personne  ou  «teipillec.  letibien 
d«:i}uiiqiie:4a  ftlt  dans  cet  endroit  ou 
dan$/la3route«^«('  ,♦  <  .\  k  n  \ 
/  AC^eQdantidoiris«nviat«i£(mnins 
av^  AUrio,(iroil.  dés  Ootbjs,  danst  1« 
f  bamp  die  Vouglé,:  à  ttoisi  ligues  4t  la 
ville  jde  Poitiers.  Les  GgHhsiayant-pris 
ia  fuite<  ^lon  -Jeuc  eoutuMafift^  Je  vroî 
€loyis,^idéde  làien^itteinporla  Uivic'^ 
^ir&.  Il  avait, pourjalliéie.fili'«de  Sic 
^ebert-Claude  ,t  nonmiét  GlodéffiQ  Ge 
^gebeft  boitait  d*ua  .couf  quMliairait 
TeçU  au(genai»:à  la  bataille  de  Tolbiac 
«vontreles  AlemansiikLé  roi,  après  avoir 
mis  les  Gotbs  en  tiit»  et  'tué  ienr  roi 
Aiar.ic,  futftout  à  ooup'.surprisparîder- 
riène  par  deux  aoldefts  qui  èmi  portè- 
rent des  .€oup6 1  dA  lance .  sur  .lés  djeux 
côtés.  Mais.>  ki>bonté  tde  sa  -ettir^ise  et 
la  légèreté  de  soncbeval  ifti^réservè^ 
rentd^iaimort.  Il  pérèt  dans  cette  i)a- 
.taille  un-  gimnd  jnombre  d'Auvergnats 
qui  :^dient  venus  avœ  Af^Mlipaire, 
^nsî  que  tes  premier.s  des  sénateurs. 
AprèSîl^oombàt^Anaaiâric,  ûls.d*Ala«* 
rte«,s'^fuit  eu  Ësga^eeijpnuveroa 
niF^.sagease/ie  Koyauoie ide  8«ii  père. 
Ciovis  an^^^a  raon  $ls:,Tl3[]éodenc  en 
AjiiFergnepar  Albi.et  RodeZri}elKit-Qi 
asMimit  k  soii<  '(ère  toutes  tes  tyiJksa  ior 
{Hiii  la  •irentiere,,«d^  «firotbs  jusqu'à 
celle, deil  Bourguignons.  Alàncâyei^ 
régné, Yingfrdeiux.mis^  .€^i$,.  anrès 
axoir  passéirbrrerilans  laiyiilede  Boe- 
d«^ux  eti  emportq  de  Toulouse  tous 
les  tt*é^9rs  d'Alârig ,  ^nàrcbt  ;  dut* .  An^ 
^uléme.  Le  Seigneur  tuiaecoedaime 
si  graodovgr^ceiqu^Afla^'^e  tes  jmirp 
s'écroulèrent  !  d'ettil-niénies..i .  ApvèB 
ny^ir;,<ilassn.l6S  :Gotfaa,uiIisnHGÉ^  la 

jm  latacldidBuil.reDtri  éua^Howtii  et 
offht  un  grand  nombre  de  prËsonte  à 
ia  sainte  basilique  du  bienheureux 
•Martin*       .;  r.    .j..    '«<>  i 

.<j:«i6Wifriia|railt  ni;ut.^e/i'«aipéreur 
Anastas'e  des  lettres  de  consul,  fut 


FRAN  CE .  (Uei-ovin^ioni) 


€LO 


FRANCE. 


239 


r 

pevétu,  ésoB  la  basiUqiie  de  Sainte 
Martin  ^>  deiâa  tunique  de  pourpre  et , 
de  la  chlamydev  et  posa  la  couronne 
sur  sa  tête.. Ensuite^  étant  monté  à 
cbeval,  il  jeta^e  se  propre  maki,  avec 
une  efttréarie  bienveillance ,  de  Tor  et 
de  Fargeot  au  peuple  assemblé  sur  le 
eh<*min  qui  est  entre  la  porte  du  ves- 
ty^uie  de  la  basilique  de  Saint-Martin 
et  de  rédise  de  La  ville,  et,  depuis  œ 
jour,  il  fut  appelé  consul  ou  auguste. 
Ayant  quitté  Tours-,  il  vint  à .  Paris , 
et  j^  fixa  le  siège  de  son  empire.  Tbéo- 
derio  vint  Pv  trouver. ... 

m  La  roi  élovis ,  pendant  son  séjonv 
à  F^is,  entova^  en  ieoret  an  fils  de 
Sigebert,  kui  taisant  dire  :  «  Voilà  que 
<  ton  père  est: âgé,  il  boite. de  son 
«  pied  malade  :  s'il. venait  à  mourir, 
«  son  joyauœe  t'appartieiidraitde  droit 
«  ainsi  que  notre  amitié.  «  Séduit  par 
«'«Btle  amfatttion,  Cloderie  fonha  le 
projet.de  tuersoii  pérei.  Sigebert  étant 
sorti  de  rla.  ville  de  Cologne,  et  ayant 
patsé  le  Rhèit  ,>pour  se  promener  clans 
ta:  forêt  de  Bucooiai,  sfenéormit  à  midi 
dans  sa  tenter  «son  fib  envoya,  contre 
lot  des  assassins  et  le  fit  tuer,  dans 
Fespoirqu'il  posséderait  son  royaumëi 
Mais,  par  le  jugement  de  Dieu,  il 
tombadans  fab  fosse  qu*il  avait .mé-^ 
cbamment  creusée  piour  son  pèreu  U 
eiiva;ya  au  roi  .Clovis  des  messagens 
pour  lui  annoncer  la  moft  de  soi»  pèrCf 
et  lui  dit  a  r Mon. père  est  mort,  et 
«  j'ai;  en  moa  pouvoir  ses  trésors  et 
«  son  ro}iaume»;  envoie-moi  qudqucs- 
«  uns  de&;lieHS,'et;je  leop>reraettru 
«  volontiers  ceux  des  trésors  qui  te  . 
a  plairont.  <9.  Gloviff  tépondit  -ti  «Je 
«  rendagrâoeâ  ta  bonne  volonté,  et 
«  je  te  prie.de  montrer  tes  trésors  à 
«  mes  envoyés,'  après  quoi  tu  tes  nos- 
«  sédoras  tous.  »  Gloderie  montra  noac 
aux  envoyés  les  trésors  de  son  père^ 
Pendant  '^cpi'iis  les  leiaminaient ,  le 
prince  dit  :  «  €^ÊSt  dans  ce  tioffre  que 
«  mon  père  avait  coutume  d'amasser 
«  se8:pièpeS:>d'or^  »  I^  ,(^i  rfirept  : 
«  Plonge,. YOtKe  xnain  jusqv'au  fond 
(c.|)Ouci  4nMfver 'tout.  »  Lui,  Tayant 
fait  et':5^élaiit  tout  à  faitbaissé,.  un^det 
envoyés  leva  sa  francisque  et  lui  brâa 
le  cr&ne.  Ainsi  cet  indigne  fils  subit , 


la  mort  tfent  il  avait  tïsppé  son  père; 
€lovis,  apprenant  que  Sigebert  et  «oi| 
fils  étaient  morts  y-  vint»  dans'  cette 
même  ville,  et  ayant  coBvoqué  toot 
le  peuple,  il  lut  dit':  <l  Éeoutezice  qui 
«  est  arrivé.  Pendant  que  je  naviguais 
«  sur  le  fieuve  de  TEseaut  y  Cloderie , 
«  fils  de  mon  parent,  tourmentait  son 
«  père  en  lui  disant  que  je  voulais  le 
a  tuer.  Comme  Sigebert-Âiyait  à  tra«* 
«  vers  ia  forêt  de  Baconia ,  Cloderio  a 
«  envoyé  des  meurtriers-  qui  l'ont  mis 
«  àixiort;  lui*méme  a  été  assassiné,  je 
«  ne  sais  par  qui ,  au  moment  où  il 
«  ouvrait  les  trésors  de  son  ^)àre.  Je 
«  ne  suis  nullement  <ooroplice  de  ces 
a  cboses.  Je  ne  pais  répandre  te  sang 
«  de  mes  parents,  car  cela  est  défendu.» 
«  Mais  puisque  ces  choses  sont  anri- 
«  vées,  je  vous  dosMie  un  conseil  ;  s'il 
«t  TOUS  est  agréable^  accepte&le;  Ayez 
«  recours  à  moi ,  mettea-vous  sous  ma 
«  protection.  »  Le  peuple  répondità  ces 
paroles  par  des.  applaudissements  de 
mains  et  de  boucne,  et 'l'ayant  élevé 
sur  un  bouclier,  ils  le  eréèitent  leur 
soi.  Clovis  reçut  donc  le  ropume  et 
les.  trésors  de  Sigebert,  et  les  ajouta 
à  sa  domination.  Chaque  jour  Dieu 
disait  tomber* ses-  ennemis  sous  sa 
main  et  augmentait  son  royaume, 
parce  qu'il  marchait  le  cœur  droit  de-» 
vant  le  Seigneur,  et  faisait  les  choses 
qui  sont  agréables- à  «es  yeux. 

à  il  .marcha  ensuite  contre^  le  roi 
Gararic.  Dans  la  guerre-ooatre  Sya* 
grius ,  Clovis  Tavait  appelé  à  son  W» 
cours;,  mais  Cararic  se  tint  loin  de 
lui;  il  ne  secourut  ancun  parti,  atten^ 
dant  l'issue  au  combat  pour  faine  al- 
liance avec  celai  qui  remporterait  ia 
victoire.  Indigné  de  cette  action,. Clo- 
vis s'avança  contre  lui , «et^raj^At  en^* 
touré  de  pièges  ,<  le:  fit  prisonnier  avec 
son  fils ,  et  les  fit  tondre  tous  deux , 
enjoignant  que-  Cararic  fût  oidonné 
prêtre  et  son  fils  diacre;>Cot«mie  Cara« 
rie  s'affligeait  de.  son  abaissement  «et 
pleurait,  on  rapporte  que  ton  fils  loi 
dit  :  it  Ces  braocne&  oht  été  coupées 
ft  d'uniqrbre^  veit  et  vivant,  il  :ne  se- 
a  cfaerii  point,  et  es.  poasseï^  ra^e- 
c  meot  de -nonvdlesbi  .Biaise  à.tlMeu 
«  que  celui  qui  a  fait  ces  choses  ne  tarde 


UÙ 


CLO 


LIJNIVEIIS. 


CLO 


«  pas  davantage  à  mourir  !  »  Ces  pa-  • 
rôles  parvinrent  aut  oreilles  de  Glovis, 
qui  crût  quMls  le  menaçaient  de  laisser 
croître  leur  dievelure  et  de  le  tuer  ;  il 
ordonna  alors  qu'on  leur  tranchât  la 
tête  à  tous  deux.  Après  leur  mort  ^  il 
8*empara  de  leur  rojraume,  de  leurs 
trésors  et  de  leurs  sujets. 

«  Il  y  avait  alors  à  Cambrai  un  roi, 
nommé  Ragnacaire,  si  effréné  dans 
ses  débauches  qu'à  peine  épargnait-il 
ses  proches  parents  eux-mêmes.  Il 
avait  un  conseiller,  nommé  Farron, 
qui  se  souillait  de  semblables  dérègle- 
ments. On  assure  que  lorsqu'on  ap- 
portait au  roi  quelque  mets ,  quelque 
don,  ou  quelque  objet  que  ce  soit, 
il  avait  coutume  de  dire  que  c'était 
pour  lui  et  son  Farron,  ce  qui  exci- 
tait chez  les  Francs  une  indignation 
extrême.  Il  arriva  que  Clovis  ayant  fait 
feire  des  bracelets  et  des  baudriers  de  ^ 
faux  or  (car  c'était  seulement  du  cui-  ' 
vre  doré),  les  donna  aux  leudes  de 
Ragnacaire  pour  les  exciter  contre  lui. 
Il  marcha  ensuite  contre  lui  avec  son 
armée.  Ragnacaire  avait  des  espions 
pour  reconnaître  ce  qui  se  passait,  11 
leur  demanda ,  quand  ils  furent  de  re- 
tour, quelle  pouvait  être  la  force  de 
oette  armée.  Ils  lui  répondirent  :  «C'est 
«  un  renfort  très-considérable  pour 
«  toi  et  ton  Farron.  »  Mais  Clovis 
étant  arrivé,  lui  fit  la  guerre.  Ragna- 
caire voyant  son  armée  défaite,  se 
préparait  à  prendre  la  fuite ,  lorsqu'il 
fut  arrêté  par  ses  soldats,  et  amené, 
avec  son  frère  Ricaire,  les  mains  liées 
derrière  le  dos ,  en  présence  de  Clovis. 
Celui-ci  lui  dit  :  Pourquoi  as*tu  fait 
«  honte  à  notre  famille  en  te  laissant 
«  enchaîner?  Il  te  valait  mieux  naou- 
«  rir;  »  et  ayant  levé  la  hache,  il  la 
lui  rabattit  sur  la  tête.  S'étant  ensuite 
tourné  vers  son  ftère ,  il  lui  dit  : 
«  Si  tu  avais  porté  secours  à  ton  frère, 
«  il  n'aurait  pas  été  enchaîné;  »  et  il 
le  frappa  de  même  de  sa  hache.  Après 
leur  mort ,  ceux  qui  les  avaient  trahis 
reconnurent  que  l'or  qu'ils  avaient 
reçu  du  roi  était  faux.  L'ayant  dit  au 
roi,  on  rapporte  qu'il  leur  répondit  : 
«Celui  qui,  de  sa  propre  volonté, 
«traîne  son  maître  à  la  mort, 


«  de  recevoir  un  pareil  or;  «  ajoutant 
qu'ils  devaient  se  contenter  de  ce  qu'on 
leur  laissait  la  vie ,  s'ils  ne  voulaienf 
pas  expier  leur  trahison  dans  les  tour- 
ments. A  ces  paroles ,  eux  voulant  ob- 
tenir sa  faveur,  lui  assurèrent  <]u'il 
leur  suffisait  qu'il  les  laissât  vivre. 
Les  rois  dont  nous  venons  de  parler 
étaient  les  parents  de  Clovis.  Renomer 
fut  tué  par  son  ordre  dans  la  ville  du 
Mans.  Après  leur  mort,  Clovis  re- 
cueillit leurs  royaumes  et  tous  leurs 
trésors.  Ayant  tué  de  même  beaucoup 
d'autres  rois,  et  ses  proches  parents, 
dans  la  crainte  qu'ils  ne  lui  enlevas- 
sent l'empire ,  il  étendit  son  pouvoir 
dans  toute  la  Gaule.  On  rapporte 
ou'ayant  un  jour  assemblé  ses  sujets, 
il  jparla  ainsi  de  ses  parents  qu'il  avait 
fait  périr.  «  Malheur  à  moi  qui  suis 
«  resté  comme  un  voyageur  parmi  des 
.  «  étrangers ,  n'ayant  pas  de  parents 
«  qui  puissent  me  secourir  si  radver- 
«  site  venait!  *  Mais  ce  n'était  pas 
qu'il  s'affligeât  de  leur  mort;  il  pariait 
ainsi  seulement  par  ruse,  et  pour  dé- 
couvrir s'il  avait  encore  quelque  pa- 
rent afin  de  le  faire  tuer. 

«  Toutes  ces  choses  s'étant  passées 
ainsi,  Clovis  mourut  à  Paris  ou  il  fut 
enterré  dans  la  basilique  des  Saints- 
Apdtres,  qu'il  avait  lui-même  &tt 
construire  avec  la  reine  Clotilde.  Il 
mourut  cinq  ans  après  la  bataille  de 
Vouglé.  Son  règne  avait  duré  trenie 
ans,  et  sa  vie  quarantoK^inq  (*).  » 

Clovis  II ,  nls  de  Dagohert,  ^ui  suc* 
céda  en  638.  Il  réunit  sous  sa  domina- 
tion les  royaumes  de  Neustrie  et  de 
Bourgogne  ;  mais  il  n'exerça  qu'un  pou« 
voir  nominal.  Les  maires  du  palais 
étaient  arrivés  déjà  à  un  degré  de  puis- 
sance qui  annihilait  presque  le  pouvoir 
royal.  On  raconte  que ,  dans  une  di- 
s^e,  Clovis  II,  après  avoir  distribué 
aux  pauvres  tout  l'argent  contenu  dans 
ses  coffres,  fit  enlever  de  la  basilique 
de  Saint-Denis  les  lames  d'or  et  d*ar- 

n  Grégoire  de  Tours,  tndmt  par  M. 
Gutzot,  dans  la  collection  des  mémoires  re- 
latifs à  ruistoire  de  Frence.  Toysk  ks  arti- 
cles CATH0I.XGISKX,  QiaiSTIAglSMB,  MÉMO 

varoums. 


€LC 


FRANCE. 


GLU 


Ut 


sent  dont  son  père  avait  fait  couvrir 
les  tombeaux  des  rois ,  et  qu'il  en  par- 
tagea le  produit  entre  les  plus  indi- 
gents. Il  mourut  en  656,  et  fut  enterré 
à  Saint-Denis. 

Clovis  III,  fils  de  Thierry  III, 
régna  cinq  ans  sous  la  tutelle  de  Pépin 
d'Héristal ,  duc  des  Francs,  qui  avait 
réuni  les  mairies  de  Neustrie  et  d'Aus- 
trasie ,  et  dont  le  pouvoir  remportait 
de  beaucoup  sur  celui  des  rois.  Il  mou- 
rut en  695,  à  Tâge  de  quatorze  ans. 

Clovis  (monnaie  de).  —  On  possède 
un  grand  nombre  de  triens  portant  le 
nom  de  Clovis;  ces  pièces  ont  été  frap> 
pées  dans  différents  endroits,  tels  que , 
Orléans:  ghloboyivs,  profil  droit; 
AYRiLiA^Nis  FiTVB,  croîx  avec  les 
lettres  BEB (peut-être  pour BEx);  Arles  : 
CHLODOViGYS,  profil  droit,  n  dans  le 
champ;  eligiys  mo,  croix  ansée,  avec 
les  lettres  ab  ,  initiales  du  nom  de  la 
ville,  et  le  chiffre  vu  ;  Paris  :  glodo- 
YEVS  BEX,  croix  ancrée  et  accostée 
des  lettres  eligi,  pour  Eligii,  profil 
droit,  pABisivs  inciyet;  Tournai: 

CHLODOVEVS  BEX  ,  profil  droit,  TOB- 

IVAGYM ,  croix  ansée  sur  un  globe.  Le 
palais  :  ghlotoyigys  bex,  tête  de 
profil,  PALATiNA  MONETA,  croix  au- 
sée  et  ancrée,  accostée  des  lettres 

BLIGI. 

On  connaît  encore  d'autres  mon- 
naies de  Clovis ,  qui  ne  portent  aucun 
nom  de  ville ,  et  sont  seulement  mar- 
quées du  nom  du  roi  et  de  celui  du 
monétaire  ;  tel  est  un  triens  faux  que 
'  possède  M.  Rousseau ,  et  sur  lequel 

on    lit  GLODOYIOBEX,  EBOBINOMON. 

Des  trois  princes  mérovingiens  qui 
ont  porté  le  nom  de  Clovis ,  Clovis  II 
est  le  seul  à  qui  Ton  puisse  attribuer 
ces  monnaies  ;  en  effet ,  Clovis  \"  n'en 
fit  jamais  frapper  aucune  à  son  nom 
propre ,  et  Clovis  III  régna  très-peu  de 
temps,  et  à  une  époque  où  la  barbarie 
était  à  son  comble,  tandis  que  les 
pièces  que  Ton  vient  de  décrire  sont 
d'un  stvle  assez  remarquable.  D'ail- 
leurs elles  sont  presque  toutes  mar- 
quées du  nom  de  saint  Éloi  >  moné- 
taire de  Dagobert  et  de  Clovis  II.    . 

Club  ,  mot  anglais ,  importé  en 
France  quelques  années  avaut  la  révo- 


T.  Y.  16"  Livraison.  (Dict.  engycl.,  etc.) 


lution ,  pour  désigner  les  société  po- 
pulaires et  les  réunions  politiques. 

Le  premier  club  ouvert  à  Paris  fut  le 
club  poHlique ,  dont  les  séances  com- 
mencèrent en  1^82 ,  sous  le  ministère 
de  Calonne.  La  première  condition 
imposée  par  le  gouvernenient  aux  fon- 
dateurs de  cette  réunion ,  contrastait 
singulièrement  avec  le  nom  qu'on  leur 
avait  permis  de  lui  donner  :  on  ne  de- 
vait y  parler  ni  du  gouvernement ,  ni 
de  la  religion.  Il  est  inutile  de  dire  que 
cette  condition  ridicule  dans  les  cir- 
constances difficiles  où  la  France  allait 
se  trouver,  ne  fut  nullement  observée. 

Un  second  club  fut  établi  en  1785  , 
au  Palais-Royal,  sous  le  nom  de  club 
de  Boston,  ou  des  américains;  il  s'en 
établit  ensuite  plusieurs  autres ,  sous 
les  noms  de  club  des  Arcades,  club 
des  Étrangers,  club  de  la  Société 
olympique  y  etc.  Toutes  ces  sociétés 
furent  dissoutes  par  ordonnance,  en 
1789. 

Mais  les  grands  événements  qui  se 
préparaient  occupaient  trop  sérieuse- 
ment les  citoyens  pour  qu'ils  consen- 
tissent à  rester  isolés ,  et  ne  cherchas- 
sent pas  à  se  réunir  pour  se  commu- 
niquer leurs  craintes,  leurs  espérances 
et  leurs  vues  d'amélioration.  Aussi 
vit-on  bientôt  s'établir  d'autres  clubs. 
Le  premier  qui  fut  fondé  après  la 
convocation  des  états  généraux,  fut  le 
club  breton. 

C'était  une  réunion  des  députés  de 
la  Bretagne,  qui  s'assemblaient  pour 
discuter  les  questions  qui  devaient 
être  posées  à  l'Assemblée  nationale. 
Bientôt  plusieurs  députés  des  autres 
provinces ,  et  siégeant  avec  les  parti- 
sans de  la  réforme  dans  l'assemblée  des 
états  généraux  ,  s'y  présentèrent  aussi 
et  V  furent  admis.  La  réunion  était 
déjà  très-nombreuse  dès  les  premiers 
jours  de  juillet  1789.  Chapelier,  Gou- 
pil de  Préfeln,  Lanjuinais,  Sieyès, 
Barnave,  Lameth,  en  faisaient  partie, 
et  le  duc  d'Aiguillon  en  était  président. 
Pour  y  être  reçu,  il  fallait  être  présenté 
par  deux  memores  ,  et  subir  les  chan- 
ces d'un  scrutin.  Après  le  6  octobre , 
le  club  breton  qui ,  jusqu'alors ,  avait 
siégé  à  Versailles,  suivit  à  Paris  l'As- 


16 


CLU 


L'UMVEHS. 


CSilT 


seinMée  nationale,  S*étab1it  dans  la 
bibliéthè<]ue  du  couvent  des  Jaco- 
bins de  ia  rue  Saint-Honoré,  et  chan- 
geait son  titre  contre  celui  de  5o- 
tîété  des  amis  de  la  Constitution. 
Cette  société  avait  déjà  acquis ,  à  la 
fin  de  1789 ,  une  grande  importance  ; 
t'était  elle  qui  organisait  la  résistance 
contre  U  cour;  elle  entretenait  des 
correspondances ,  faisait  imprimer  de 
nombreux  pamphlets ,  préparait  les 
motions  à  faire  a  l'Assemblée,  et  lors- 
que ses  séances  furent  rendues  publi- 
ques ,  on  put  se  convaincre  qu'elle  était 
-te  centre  a'un  grand  nombre  de  sociétés 
populaires  dans  les  provinces.  Comme 
nous  le  verrons,  elle  changea  encore  de 
nom  dans  la  suite,  et  prit  celui  de 
club  des  Jacobins  y  sous  lequel  elle 
devint  l'un  des  principaux  pouvoirs  de 
l'État.  (Voyez  Jacobins.) 

Outre  le  club  breton,  les  chefs  du 
parti  réformateur  avaient  aussi  formé, 
dès  l'année  1789,  à  Montrouge,  une 
réunion  aux  délibérations  de  laquelle 
le  nom  du  duc  d'Orléans ,  fort  popu- 
laire à  cette  époque,  donna  d'abord 
iin  grand  retentissement.  Cette  société, 
connue  sous  le  nom  de  clvb  de  Mont^ 
rouge,  était  fort  nombreuse;  ses  prin- 
cipaux membres  étaient  Mirabeau , 
5ieyès ,  Latouche,  Sillery  et  Laclos. 

IJn  troisième  club ,  fondé  par  Bon- 
nevitle ,  auteur  de  V Esprit  des  reli- 
gions ,  sous  le  nom  de  Cercle  social  y 
ou  Bouche  de  fer,  exerj^a  aussi  dans 
le  même  temps  une  très-grande  in- 
fluence. En  effet ,  les  doctrines  qu'on 
y  professait  étaient  dès  lors  pure^ 
ment  démocratiques ,  et  un  journal , 
rédigé  avec  talent,  rendait  compté 
des  séances.  Ce  club  tint  ses  pre- 
mières séances  dans  le  cirque  du  Pa- 
laifr'Royal. 

Cependant,  ces  assemblées  où  se 
formaient  les  convictions ,  où  les  plus 
graves  intérêts  de  la  France  étaient 
discutés,  où  prenaient  souvent  nais* 
«ance  des  résolutions  qui  devaient 
avoir  la  plus  grande  influence  sur  la 
marche  de  la  révolution ,  ces  assem- 
blées n'étaient  encore  que  tolérées , 
^t  aucune  loi  n*avait  essayé ,  en  les 
meùtionnant  seulement,  de  les  enlever 


à  Farbîtraire  du  pouvoir  exécutif, 
lorsque  l'Assemblée  constituante  son- 
gea à  combler  cette  lacune  de  la  légis- 
lation. «  Ceux  qui  voudront  former 
des  sociétés  ou  des  clubs,  dît -elle 
dans  son  décret  du  19  juillet  1791, 
seront  tenus ,  à  peine  de  200  livres 
d'amende  contre  les  présidents,  se- 
crétaires ou  commissaires  de  ces  clubs, 
de  faire  préalablement ,  au  greffe  de 
la  municipalité,  la  déclaration  des 
lieux  et  jours  de  leurs  réunionst.  » 
Une  autre  loi  du  29  septembre 
suivant  interdit  à  ces  sociétés  toute 
espèce  d'action  sur  les  pouvoirs  lé- 
galement constitués.  Mais  ce^te  pro- 
hibition fui  abolie  en  1793,  par  la 
Convention,  qui  fit  des  clubs  de  véri- 
tables assemblées  politiques ,  dont  la 
réunion  formait  l'un  des  premiers 
pouvoirs  de  l'État. 

Tandis  que  le  club  breton  prenait  le 
titre  de  Société  des  amis  de  la  cons- 
titution, une  autre  société ,  sous  celui 
de  cltd)  monarchique,  ou  de  Société 
des  amis  de  la  constitution  mo- 
narchique, se  formait  rue  de  Char- 
tres, dans  un  but  tout  à  fait  op- 
t)Osé.  Ses  principaux  associés  étaient 
les  membres  de  la  minorité  royaliste 
de  l'Assemblée  nationale ,  et  elle  était 
composée  en  grande  parité  de  nobles 
et  oe  partisans  de  rancîen  régime. 
Chassée  par  une  émeute  du  local 
qu'elle  occupait  dans  la  rue  de  Char- 
tres ,  elle  s'assembla  ensuite  dans 
relise  de  la  maison  professe  des  je-  ^ 
suites ,  rue  Saint-Antoine ,  d'où  elle  ' 
fut  encore  bientôt  chassée.  Ce  second 
échec  entraîna  sa  dissolution.  Après 
les  clubs  que  nous  venons  de  citer,  les 
principales  sociétés  de  ce  genre  étaient 
le  tluo  HicheUeUy  celui  de  la  Biblio- 
thèque y  celui  des  Matkurins,  le  club 
de  1789 ,  enfin  celui  du  faubourg- 
Saint- Antov/ve. 

Sous  le  nom  de  Société  fintemelie, 
Tallien  avait  fondé,  au  commencement 
de  1791 ,  à  l'hôtel  Soubîse,dans  le  local 
occupé  aujourd'hui  parles  archives  du 
ro]^aume,  le  club  le  plus  nombreul 
qui  existât  alors  ;  on  y  comptait  plus 
de  huit  cents  associés.  On  ne  s'y  livra 
d'abord  qu'à  des  discussions  sur  h 


tix 


MELASCt. 


OJO 


Ml 


minfâle,  et  sur  la  théorie  de  la  poli- 
tique. La  tolérance  de  toutes  les  opi- 
nioDS  était  la  première  base  des  sta- 
tuts; mais  ces  principes  ne.  tardèrent 
pas  à  0tre  délaissés.  Les  opinions  des 
membres  se  modifièrent,  ainsi  que 
celles  du  fondateur,  et  la  tribune  de  ia 
société  devint,  comme  celle  des  Jaco* 
bins  y  mais  avec  moins  d'éclat ,  Tun 
des  organes  aToués  de  l'opinion  démo- 
cratique. 

Il  en  fut  de  même  d'une  autre  so- 
ciété Êratemelle,  connue  sous  le  nom 
de  cktb  des  CordeUerg,  Celte-ci  fîit  une 
de  celles  qui  jouèrent  le  plus  grand 
rôle  pendant  la  révolution  ;  et  son  his- 
toire, qui  embrasse  toute  la  période 
conventionnelle,  ne  peut  être  traitée 
que  dans  un  article  spécial.  [Yoy.  Co&- 
DfiLÏBBS  (club  des)]. 

Après  la  journée  du  17  juillet  1791 , 
où  la  municipalité  de  Paris  et  la 
Fayette  avaient  fait  au  Champ  de  Mars 
un  usage  si  cruel  de  la  loi  martiale , 
pour  dissoudre  un  paisible  rassemble- 
ment de  pétitionnaires,  une  scission 
eut  lieu  dans  la  société  des  Amis  de  la 
constitution.  La  partie  républicaine  de 
cette  société  continua  de  siéger  dans 
le  local  qu'elle  avait  oocupé  jusque*là 
et  prit  le  nom  de  club  des  Jacobins, 
tandis  que  les  membres  qui  approu- 
vaient la  conduite  de  la  municipalité , 
ceux  dont  la  oonstitution  établie  par 
TAssemblée  nationale  avait  comblé 
tous  les  voeux ,  et  qui  bornaient  leurs 
désirs  au  maintien  du  pouvoir  royal , 
avec  les  restrictions  gue  lui  avait  im- 
posées cette  constitution  y  formèrent  la 
société  des  FeuiUantSy  qui  eut  un  ins- 
tant une  grande  influence,  et  donna 
son  nom  au  parti  constitutionnel  to«t 
entier.  (  Y.  Fbuillànts.  )  Mais  cette 
Boc4été,  dont  la  Fayette  était  Tâme, 
se  recruta  bientôt  de  royalistes  quand 
même  y  et  de  partisans  du  pouvoir 
absolu,  qui  finirent  par  la  dominer 
entièrement;  alors  les  constitution- 
nels se  retirèrent ,  et  le  club  fut  dis- 
sous. 

Les  girondins,  oui  avaient  les  pre- 
miers demandé  la  aéchéance  et  la  mise 
en  accusation  de  Louis  XVI,  s'ef- 
frayèrent Icvsqu'ils  virent  que  le  peu- 


ple, ne  Toutant  i^us  se  tonfentcr  de 

vaines  paroles,  était  décidé  à  faire 
acte  de  souveraineté.  Dès  lors,  tous 
leurs  ^ort^  tendirent  à  modérer  les 
passions  populaires  qu'ils  avaient  eut- 
mânes  décnaSnées ,  et  leurs  journaux 
ne  prêchèrent  plus  que  la  modéradôo 
et  le  respect  des  lois.  Attaqués  bientôt 
aux  Jacobins,  ils  fondèrent,  sous  le 
nom  de  dub  de  la  Réunion,  une  société 
dans  le  but  de  travailler  au  maintien 
de  la  ro;^auté,  et  là  ils.  se  coBoertèrent 
pour  feire  mettre  en  aecusatiba  Ro- 
bespierre oui ,  aux  Jacobins  9  avait  de- 
mandé la  aécbéance  et  une  convention 
nationale.  Ce  club  n'eut  que  très-peu 
d'influence,  et  fut  fermé  après  le  10 
août. 

Après  le  dub  des  Gordeliers,  la  réu- 
nion qui  ooussa  le  plus  à  l'exagération 
fut  le  duo  des  Enragés.  Les  motions 
les  plus  anarchiques  partaient  de  ce 
club,  dont  les  principaux  membres 
étaient  Maillard,  Voidel,  Saint- Htt- 
rugue ,  Santerre ,  Henriot ,  Payan  et 
Lazouski  ;  l'influence  de  ces  hommes , 
qui  prenaient  entre  eux  le  nom  de 
casse-àous  y.fut  beaucoup  plus  nuisible 
qu'utile  à  la  révolution. 

La*  constitution  de  l'an  m  avait  été 
acceptée  par  le  peuple.  Moins  démo- 
cratique que  celle  de  1793,  mais  plus 
libérale  que  celle  de  1791 ,  elle  eût  pu 
consolider  la  liberté  si  la  faction  roya- 
liste n'y  avait  pas  porté  obstacle.  G'eèt 
alors  que  le  Directoire  y  espérant  Se 
faire  un  appui  des  hommes  modérés 
de  tous  les  partis ,  des  indif^ents  et 
des  égoïstes ,  mit  tout  en  ceuvre  pour 
oomprimer  les  efforts  des  partis  ex- 
trêmes, des  démocrates  aussi  bien  que 
des  royalistes  ;  mais  il  échoua  dans  cet 
essai  imprudent  du  système  auquel 
on  a  donné  depuis  le  nom  de  juste- 
milieu.  Les  démocrates,  irrités  des  san- 
glantes réactions  des  royalistes  et  des 
avantages  que  )a  constitution  nouvelle 
leur  avait  accordés  dans  Félectlon  du 
tiers  des  conseils ,  conspirèrent ,  sous 
la  direction  de  Gracchus  Babeuf,  pour 
rétablir  la  constitution  de  1798.  Dé- 
noncés par  un  de  leurs  chefs,  ils  fhrent 
vaincus  au  camp  de  Grenelle  et  lifrés 
à  des  commissioat  militaires  qui  les 

16. 


944 


CLU 


L'UNIVERS. 


a.u 


firent  fusiller  ou  les  condamnèrent  à 
la  déportation.  Le  lieu  où  ils  se  réu- 
nissaient ,  connu  sous  le  nom  de  club 
du  Panthéon,  fut  fermé  par  arrêté  du 
6  ventôte  an  iv. 

Les  royalistes,  enhardis  par  la  défaite 
des  démocrates 9  conspirèrent  aussi; 
trahis  à  leur  tour,  ils  furent  livrés  aux 
tribunaux  ordinaires,  et  ne  furent  con- 
damnés qu*à  une  courte  détention.  En 
même  temps  les  conseils,  composés 
de  royalistes ,  rappelaient  les  émigrés, 
•menaçaient  les  acquéreurs  des  biens 
nationaux  de  revenir  sur  la  vente  de 
ces  biens,  et  marchaient  ouvertement 
à  une  restauration.  Les  chefs  du  parti 
se  réunissaient  à  jours  fixes,  pour  con- 
certer entre  eux  les  mesures  propres  à 
hâter  la  réalisation  de  leurs  projets  et 
se  préparer  à  l'insurrection.  Ce  club  , 
nommé  club  de  Ciichy,  n'était  com- 

{>osé  que  d'anciens  émigrés  et  de  roya- 
istes  avoués.  Alors,  le  Directoire  ef- 
frayé se  rapprocha  des  démocrates ,  et 
fit  un  coup  d'Etat  pour  changer  la 
majorité  des  conseils;  Pichegru  fut 
arrêté  ;  on  déporta  une  partie  des  con- 
tre-révolutionnaires à  Gayenne,  et  Ton 
ferma  le  club. 

Le  Directoire  et  les  conseils* senti- 
rent alors  la  nécessité  de  remonter 
resprit  public  ;  ils  n'avaient  pu  oublier 
r influence  que  les  sociétés  populaires 
avaient  eue  en  1792  ;  la  constitution  de 
Tan  Hi  n'interdisait  pas  formellement 
les  réunions  politiques  ;  elle  défendait 
seulement  aux  clubs  de  s'intituler  so- 
ciétés populaires,  de  s'affilier,  de  cor- 
respondre ,  de  présenter  des  pétitions 
eollectives,  etc.  Le  gouvernement  vou- 
lut user  de  toute  la  latitude  aue  lui 
laissait  la  loi,  mais  en  évitant  de  don- 
ner aux  sociétés  populaires  une  auto- 
rité politique.  De  nouvelles  sociétés 
furent  donc  légalement  autorisées  sous 
le  nom  At  cercles  constitutionnels  ;  et 
l'on  vit  s'ouvrir  presque  aussitôt  les 
cercles  de  la  rue  au  Bac  y  du  Théâtre- 
Français  y  de  la  Sainte-ChapeUe  y  des 
hôtels  Richelieu,  Saint  j  Toulouse  y 
Noailles ,  etc. 

Les  élections  de  l'an  vu  avaient  fait 
entrer  dans  les  conseils  un  grand  nom- 
bre de  véritables  patriotes  qui ,  com- 


prenant que  le  Directoire  perdait  la 
république,  voulurent  ramener  le  gou- 
vernement dans  les  voies  de  la  liberté. 
Les  deux  cent  cinquante  députés  dé- 
mocrates du  Conseil  des  Cinq  -  Cents 
organisèrent  dans  ce  but  la  société 
des  Amis  de  P  égalité  et  de  la  liberté  y 
ou  le  club  du  Manège  y  qui  s'ouvrit  le 
18  messidor,  et  où  se  réiinirent  aussi- 
tôt tous  les  patriotes  sincères.  Le  mo- 
ment parut  favorable  aux  amis  de  la  li- 
berté ;  comptant  sur  T  appui  de  plusieurs 
généraux,  les  plus  ardents  meneurs, 
ils  affichèrent  ouvertement  leurs  espé- 
rances de  révolution.  Dans  des  séances 
qui  rappellent  celles  du  club  des  Jaco- 
bins ,  et  dont  le  compte  rendu  était 
publié  par  ajournai  des  Hommes  li- 
bres^ on  maudit  le  9  thermidor;  on 
prononça  l'éloge  des  montagnards  tués 
,  oans  les  journées  de  prairial  ;  on  réha- 
,  bilita  la  mémoire  de  Babeuf  et  des  in- 
surgés du  camp  de  Grenelle.  On  se 
,  croyait  assuré  du  succès  ;  mais  le  Di- 
rectoire s'effraya  de  l'activité  des  pa* 
.  triotes.  Cependant,  n'osant  les  attaquer 
lui-même  ouvertement,  il  eut  recours 
aux  moyens  employés  par  les  thermi- 
doriens contre  la  société  des  Jacobins; 
il  excita  contre  les  patriotes  assem- 
blés au  Manège  la  foule  d^s  désœuvrés 
et  des  corrompus  qui ,  sous  le  nom  de 
jeunesse  incroyable  y  avait  remplacé  la 
jeunesse  dorée;  ces  sicaires  des  nou- 
'  veaux  Clodius  vinrent  en  effet  attaquer 
le  club  ;  mais  ils  furent  reçus  parle 

Eeuple  avec  une  énergie,  qui  les  fit 
ientôt  renoncer  à  leur  projet. . 
Le  club  du  Manège  tut  alors  dé- 
noncé au  Conseil  des  Anciens  comme 
un  repaire  d'anarchistes  et  de  bu- 
veurs de  sang.  «  Les  Hébert,  les  Ron- 
«  sin ,  les  héritiers  de  Babeuf ,  vien- 
«  nent  de  reparaître,  s'écria  Courtois , 
A  et  il  n'est  pas  plus  dans  la  nature  du 
«  tigre  de  boire  du  sang^  qu'il  ne  l'est 
«  dans  celle  de  ces  hommes  de  cons- 
«  pirer  et  de  ravager.  »  Le  Conseil  des 
Anciens  retira  à  la  société  l'autorisa- 
tion de  se  réunir  dans  le  Manège,  qui 
dépendait  du  lieu  où  il  tenait  ses  séan« 
ces.  Les  inspecteurs  de  la  salle  firent 
fermer  la  porte  du  Manège  et  y  mi- 
rent une  sentinelle,  avec  Ta  consigne 


€LU 


FRANCE. 


ci,v 


U& 


de  se  retirer  dès  qu'on  paraîtrait  l'in- 
sulter ;  mais  la  sentinelle  fîit  respectée, 
et  leâ  membres  du  club  allèrent  s'ins- 
taller dans  l'ancienne  église  des  Jaco- 
bins, rue  du  Bac,  nommée  alors  le 
Temple  de  la  Paix ,  et  que  la  muni- 
cipalité leur  avait  offerte.  Le  Direc- 
toire avait  cependant  compté  sur  une 
émeute ,  dont  il  espérait  se  faire  un 
prétexte  pour  dissoudre  toutes  les  so- 
ciétés populaires;  on  avait  tout  fait 
pour  Y  exciter  les  patriotes.  «  Dans  la 
dernière  séance,  le  jour  même  où  la 
société  attendait  l'arrêté  qui  l'expul- 
sait ,  une  provocation  à  la  révolte  est 
proférée.  Un  membre ,  qui  Jusqu'alors 
s'était  fait  remarquer  par  la  violence 
et  l'exaltation  de  ses  opinions,  s'écpie  : 
j4iix  armes!  aux  armes l  marchons 
contre  nos  oppresseurs  !  Ces  cris  ne 
sont  pas  plutôt  entendus  aue  le  provo- 
cateur est  précipité  à  bas  de  la  tribune. 
Keconnu  pour  un  ancien  espion,  nom- 
mé Lavalette,  il  est  arrêté  par  les 
clubistes  et  conduit  par  eux  à  la  com- 
mission des  inspecteurs  du  Conseil  des 
Anciens  (*).  » 

Le  Directoire  et  le  Conseil  des  An- 
ciens poursuivirent  le  club  du  Manège 
dans  son  nouveau  local;  mais  la  ma- 
jorité du  Conseil  des  Cinq-Cents  défen- 
dit et  soutint  que  les  sociétés  patrio* 
tiques  étaient  indispensables  pour  ra- 
nimer l'enthousiasme  du  peuple  et 
défendre  les  républicains  partout  as- 
sassinés par  les  royalistes,  par  les 
chauffeurs  et  par  les  chouans.  Le  pré- 
sident du  Directoire ,  Sieyès ,  fait  une 
sortie  calomnieuse  contre  les  clubs, 
où  il  ne  se  trouve ,  dit-il ,  que  des  dé- 
magogues ,  des  brouillons  et  des  ba- 
vards ;  puis ,  le  26 ,  le  Directoire ,  qui 
n*a  de  force  que  pour  les  mesures 
réactionnaires ,  fait  fermer  le  club 
du  Manège  et  opérer  une  perquisi- 
tion dans  les  bureaux  du  journal  des 
Hommes  libres.  Si  un  homme  vénéré 
des  patriotes ,  se  fût  à  ce  moment  si 
pénible  pour  la  république  française , 
emparé  de  l'influence  au  club  du  Ma- 
nège, la  patrie  eût  pu  être  sauvée, 
malgré  la  trahison  flagrante  des  chefs 

(*)  Mémoires  de  Gohier,  1. 1 ,  p.  <o8. 


du  pouvoir.  Le  club  du  Manège  avait 
acquis  en  peu  de  temps  une  impor- 
tance assez  ^ande  pour  pouvoir  pren- 
dre l'initiative  révolutionnaire,  s'il 
avait  été  dirigé  par  un  patriote  éner- 
gique et  pur.  Cependant  le  mauvais 
vouloir  des  directeurs  et  du  Conseil 
des  Anciens  finit  par  triompher,  et, 
le  26  thermidor ,  le  club  du  Manège , 
devenu  celui  du  Temple  de  la  Paix, 
fut  définitivement  fermé.  Tous  les  au- 
tres cercles  constitutionnels  euirent 
bientôt  le  même  sort. 

Sous  le  consulat,  sous  l'empire  et* 
sous  la  restauration,  il  ne  fut  plus 
question  de  clubs.  Les  sociétés  secrètes 
les  remplacèrent.  Après  la  révolution 
de  1830,  un  grand  nombre  de  citoyens, 
persuadés  que  le  nouveau  gouverne- 
ment allait  déchirer  les  traités  de  1815 
et  s'engager  dans  une  guerre  de  pro- 
pagande, ouvrirent  pour  le  seconder 
un  club  au  manège  de  la  rue  Mont- 
martre. Mais  il  fut  promptement  fermé 
de  vive  force  ;  et,  comme  il  arrive  toutes 
les  fois  que  l'élan  populaire  est  violem- 
ment comprimé ,  ce  fut  le  signal  de  la 
formation  d'un  grand  nombre  de  so- 
ciétés secrètes  plus  redoutables  cent 
fois  qu'une  discussion  libre  et  contra- 
dictoire, en  présence  des  agents  de 
l'autorité. 

Clugny  ,  nom  d'une  ancienne  fa- 
mille de  Bourgogne,  qui  a  produit 
plusieurs  personnages  remarquables. 
Les  principaux  sont  : 

Ferri  de  Clugny,  évéque  de  Tour- 
nai, cardinal  et  conseiller  du  grand 
conseil  du  duc  de  Bourgogne.  Il  fut, 
à  différentes  reprises,  chargé  par  ce 
prince  de  missions  importantes,  et 
mourut  à  Rome  en  1483. 

GuiUaume  de  Clugny,  frère  du  pré- 
cédent ,  remplit,  comme  lui ,  des  cnar- 
ges  importantes  sous  Philippe  le  Bon 
et  Charles  le  Téméraire,  ducs  de  Bour- 
gogne; et,  après  la  mort  de  ce  dernier, 
passa  au  service  de  Louis  XI ,  qui  le 
nomma  évéque  de  Poitiers  en  1479.  Il 
mourut  à  Tours  l'année  suivante. 

Cluis,  ancienne  baronnie  du  Berri , 
aujourd'hui  du  département  de  l'Indre, 
à  14  kilom.  d'Issouduo. 

Clujny,  Clmiacunij  petite  ville  de 


346 


c6a 


vinarsoB* 


^A 


l'dûcieii  Mâcôhnais ,  aujourd^inû  ebe^ 
ireu  de  canton  do  dépattemeiit  de 
Sàône-èt'Loire ,  n'était  encore,  sous 
Charlemagne ,  qu*un  simple  hameau 
que  cet  empereur  donna  à  la  cathé* 
drale  de  Saint-Vincent  de  Mâcon.  Qetta 
terre  passa  ensuite  successivement 
entre  les  mains  de  Guérin ,  comte  de 
Mâcon ,  et  de  Guillaume  1**%  duo  d*A* 
quitaine;  et  ée  dernier  y  bâtit,  en 
910,  mie  abbaye  qui  devint  dans  la 
suite  le  chef  d'une  congrégation  con- 
sidérable. Saint  Odon,  second  abbé 
de  Cluny,  y  institua,  vers  9Bo,  une 
réforme  de  Tordre  de  Saint-Benof  t,  qui 
se  répandit  bientôt  dans  tous  les  paya 
chrétiens.  Les  monastères  qui  s'y  sou- 
mettaient devenaient  de  simples  prieu- 
rés; Cluny  fut  toujours  la  seule  ab- 
baye de  la  congrégation  cpui  possédât 
en  Europe  plus  de  deux  mille  maisons 
religieuses.  L'abbé  de  Clony,  qui  était 
supérieur  général  de  Tordre  entier, 
avait ,  en  1789,  plusl  de  cinquante  mille 
livres  de  rentes.  H  siéaeait  au  parle-* 
înent  de  Paris,  en  qualité  de  conseil-* 
1er  d'honneur. 

Il  ne  reste  plus  aujourd'hui,  des  \m-* 
menses  bâtiments  de  oette  abbaye,  que 
le  palais  abbatial  et  de  l'église,  qu'une 
chapelle  et  quelques  elochers. 

La  ville  de  Clunv ,  dont  la  popula* 
tlon  est  aujourd'hui  d0  4,1  S2  habiunts, 
est  la  patrie  du  célèbre  peintre  Pi^udbon; 

Coalitions.  —  Bien  qu'on  ne  dé* 
signç  ordinairement  âKMis  œ  nom  que 
les  l%ùes  qui  fie  fùnrmèrent  contre  la 
France  à  l'époque  de  la  révolution  de 
89 ,  cependant,  nous  Tappliquerons  ici 
à  toutes  les  Figues  que  Ton  vit  éclora 
contre  nous  depuis  l'époque  où  oom*- 
mencèrent  à  se  heurter  les  intérêts 
rivaux  de  TAn^térre  et  de  notre 
patrie. 

1«  La  première  coalition  est  celle 
qui  fbt  faite  en  1134,  entre  Henri  I*', 
roi  d'Angleterre,  et  l'empereur  Henri  V, 
qui  devait  envahir  la  France.  Mais, 
grâce  à  Ténergie  et  à  l'activité  déployées 
par  Louis  VI ,  grâce  à  l'enthousiasme 
et  à  Tardeur  des  popilations ,  cette  in- 
vasion n^eut  pas'  heu ,  et  les  princes 
firent  la  paix. 

T"  La  sèooade  eoalHioii  eut»  pour 


chefs  Jean  sans  Ter^e  et  Otton  ;  elle  se 
termina  d'une  manière  glorieuse  poiir 
la  France,  en  1314,  par  la  bataille  de 
Bouvipes. 

3**  La  conquête  de  l'Italie ,  par  Char- 
les y  m,  était  à  peine  achevée  que 
Ludovic  Sforoe,  auc  de  Milan,  Al- 
phonse Il ,  Maxîmilien  ,  le  pape , 
Ferdinand  et  Isabelle ,  signèrent  avec 
Venise  une  ligue  défensive  et  offensive 
contre  la  France,  Nous  avons  raconté 
ailleurs  les  événements  qui  furent  le 
résultat  de  cette  ligue  ("*}.  Malgré  la 
brillante  victoire  de  Fornoue,  en 
1495 ,  ritalie  n'en  fut  pas  moins  per- 
due pour  la  JFrance. 

4**  Les  intrigues  de  Jules  II,  secon- 
dées par  les  fautes  de  Louis  Xll ,  ame- 
nèrent, §p  .1511,  la  formation  d'une 
ligue ,  qu'on  .  appela  la  sainte  ligue  y 
entre  le  pape ,  Venise  et  Ferdinand. 
Ijeur  but  était  l'expulsion  des  Fran-' 
çais  de  l'Italie  ;  ce  but  fut  atteint  après 
la  bataille  de  Novarre  ;  Henri  VIII  et 
Maxirailien  se  joignirent,  en  151 3, à 
cette  coalition. 

5°  En  1523,  le  pape,  TKmpereur,  le 
roi  d'Angleterre,  Ferdinand,  archiduc* 
d'Autriche,  Venise,  Florence,  Gènes, 
etc. ,  conclurent  contre  la  France  une 
alliance  qui  eut  pour  résultats  Tinva- 
sion  de  toutes  nos  frontières ,  la  ba- 
tAkile  de  Pavie,  et  enfi^  le  traité  de 
Madrid. 

6''  Les  victoires  de  Louis  XIV  sui^ 
la  Hollande  avaient  excité  lés  craintes 
et  la  jalousie  de  TËurope  ;  une  ligue 
lut  formée  à  la  Haye ,  entre  Tempe- 
reur  d'Allemagne  ^  le  roi  d'Espagne  et 
les  Provinces-Unies  :  l'électçur  pala- 
tin ,  les  électeurs  de  Trêves ,  de  Mayen- 
ce ,  de  Cologne ,  et  i'éyéque  de  Munster, 
y  accédèrent  pe^  après  »  et  TAngleterre 
S'y  joignit  en  167d,  La  France  en  sor- 
tit victorieuse  par  la  paix  de  Nimègue. 

T"  La  haine  quel  TEurope  entière 
portait  à  Louis  XIV  s'accrut  après  la 
paix  de  ^Nimègue.  XiCS  troubles  excités 
en  France  par  la  révocation  de  Tédit 
de  Nantes  lui  offrirent  une  occasion 
favorable;  le  9  juillet  1686^  une  al- 

(*)Voy.    Charles   VIII,  Italie  (guer-' 
res  .^\  et  les  An  «mm»  t.-  I»  ju  a6o. 


«OA 


feurge: 


MT 


Haneé  rfëftosffe  fkit  formée  à  Adgs^ 
bourgs  mtte  rEmpèrenr,  les  rois  d'Es- 
pagne etdeSttède,  les  ProTtnoes-U  nies, 
rétectetff  palatin  et  Vé\texem  de  Saxe, 
les  cercles  de  Bavière,  de  Franootiie  et 
du  haut  Rhin.  L'année  snitante,  le  duo 
de  S&Toie ,  félocteur  de  Bavière ,  tous 
fes  pr!nees  dltalie ,  Innocent  XI ,  y 
acquiescèrent;  et  enfin  l'Angleterre 
en  fit  autant,  lorsque  Jacques  II  eut 
été  détrôné.  La  France  n'avait  pas  en* 
core  eu  à  supporter  un  tel  choc  ;  elle 
le  soutint  pourtant  glorieusement.  La 
paix  de  Kyswkk,  en  1696,  termina  la 
guerre. 

8*^  £n  1703,  se  forma  une  nouvelle 
coalition  oh  entrèrent  F  Angleterre, 
l'Empire,  !a  Hollande ,  les  cercles  d' Al** 
lemagne,  etc.EHe  était  moins  vaste, 
il  est  vrai ,  que  la  précédente ,  mais 
plus  redoirtabte ,  car  ta  France,  seule, 
devait  se  défendre  non-seulement  elle« 
même,  mais  défendre  encore  l'ËSfiagne, 
qui  était  depuis  longtemps  épuisée.  La 
guerre  terrible  qui  suivit ,  et  dans  la^ 
quelle  les  alliés  avaient  cru  démembrer 
la  France ,  ne  nous  ôta  pas  une  pro^ 
vince ,  et  nous  n'y  perdîmes  que  quel« 
ques  côlonids. 

Sous  la  régence  du  duc  d^Orléans  et 
le  règne  honteux  de  Louis  XY,  Ja 
France  était  trop  affaiblie  et  trop  peu 
avide  de  conquêtes  ^ovr  exciter  les 
craintes  ou  la  jalousie  de  l'Europe) 
aussi,  dans  les  guerres  du  dix-hui- 
tième siècle,  eut-elle  toujours  des  al* 
liés ,  et  il  ne  se  forma  contre  elle  au* 
cune  coalition.  Il  en  fut  de  même  sous 
Louis  XVI  ;  mais ,  lorsque  la  révolu- 
tion éclata ,  l'Europe  entière  complota 
notre  ruine ,  et  on  vit  se  former  ces 
ligues  fcrrmidables  que  l*on  désigne 
plus  particulièrement  sous  le  nom  de 
coalition. 

La  l'«  fbt  conohie  le  27  aoAt  1791, 
à  Pilnitz ,  entre  l'Antricbe  et  la  Prusse. 
Toutes  les  puissances  de  l'Europe, 
sauf  la  Suède ,  le  Danemark ,  la  Suisse 
et  la  Turquie ,  j  entrèrent  successive- 
ment. Elle  fut  dissoute  le  17  octobre 
1797,  par  le  traité  de  Campo-Formio. 

La  2",  formée  en  mars  1799,  entre 
r Autriche,  la  Russie,  la  Grande-Bre- 
tagne ,  la  Turquie ,  les  États  barba- 


rMques  et  le  rojaume  dés  Deux'^Si^ 
dies,  fut  rompue  par  les  traités  de 
Lunéville,  en  1801  ;  et  d'Amiens^  em 
1802. 

La  S*,  formée,  en  1803,  entre  TAd* 
gleterre,  TAutriche  et  la  Russie, fut 
terminée  par  la  bataille  d'Austerlits  et 
par  la  paix  de  Presbourg,  signée  le  26 
décembre  1805. 

La  4*,  formée  an  mois  de  septem^ 
bre  1806,  entre  la  Prusse,  la  Russie 
et  l'Angleterre,  fut  terminée  |)ar  la 
paix  de  Tilsitt ,  signée  les  7  et  9  juillet 
1807. 

La  6*,  formée  entre  TAùtriche  et 
l'Angleterre  seulement ,  Commença  en 
avril  1809,  et  fut  terminée  en  une 
seule  campagne  par  la  victoire  de  Wa« 
gram ,  qui  amena  la  paix  de  Schœn* 
nrann,  signée  le  14  octobre  1809. 

La  6**  et  dernière  coalition  eut  lieu 
en  1813,  après  les  désastres  de  Mos* 
cou,  et  fut  conclue  entre  la  Russie^- 
la  Prusse,  T Angleterre,  la  Suède  et 
l'Autriche.  Elle  fut  terminée  par  l'abi 
dication  de  Napoléon ,  signée  à  Fon« 
tainebleau  le  11  avril  1814,  et  replaça- 
la  famille  des  Bourbons  sur  le  trdns 
de  France. 

Une  7*  coalition  se  forma  en  1814 
après  le  retour  de  Napoléon.  La  Suède 
cette  fois  n'y  prit  aucune  part.  Malgré 
les  traités  qui  suivirent  la  seconde 
restauration,  résultat  funeste  des  re« 
vers  essuyés  par  notre  armée  à  Wa^^ 
terloo,  on  peut  dire  que  cette  coalition^ 
perpétuée  en  quelque  sorte  par  lu 
sainte  allianoe  (voyez  ce  mot),  n'est 
point  encore  dissoute  aujourd'hui; 
car,  par  plus  d^un  acte,  et  notamment 
par  le  traité  du  15  juillet  1840 ,  elle 
a  prouvé  la  persistance  de  son  animo<* 
site  contre  la  France. 

GoÀEAZE,  bourg  du  département 
des  Basses-Pyrénées,  à  18  kilomètres 
de  Pan,  était  l'une  des  douze  premières 
baronnies  du  Béarn.  Cest  au  château 
de  Coaraze  que  Henri  IV  passa  son  en« 
fance. 

€k>BL£]!rrz  (prise  de).  Pendant  que 
les  Impériaux  battaient  partout  en  re- 
traite, le  général  Marceau  se  dirigea 
le  22  octobre  1794  sur  la  ville  de  Co» 
Menu ,  défendue  par  une  forte  ûivh 


248 


GOC 


L'UNIVERS. 


GOC 


Bîon  autrichienae  avantageusement 
retrancha.  !N*ayant  pu  attirer  l'ennemi 
en  plaine,  Marceau  attaqua  les  redou* 
tes,  dont  il  s'empara  après  une  courte 
résistance,  et  les  Français  entrèrent 
en  triomphe  dans  Tancien  quartier 
général  de  l'émigration.  (Voyez  Ëhi* 

GBATION.) 

Cocagne  (mât  de).  L'exercice  du 
mât  de  cocagne ,  qui  fait  aujourd'hui 

Eartie  de  toutes  les  réjouissances  pu- 
ligues,  est  assez  ancien  :  il  paraît 
avoir  été  introduit  en  France  par  les 
Anglais .  pendant  les  guerres  qui  ont 
désolé  la  France  sous  le  règne  de 
Charles  Vï.  Le  1"  septembre  1425, 
on  planta  à  Paris ,  rue  aux  Ours ,  en 
face  de  la  rue  Quincampoix,  un  mât 
de  trente-six  pieds  de  hauteur,  à  la 
cime  duquel  était  planté  un  panier 
contenant  une  oie  grasse  et  six-blancs 
de  monnaie  (deux  sous  et  demi).  On 
oignit  le  mât,  et  on  promit  à  celui  qui 
parviendrait  à  la  cime,  le  mât  et  le 

Iianier  avec  ce  qu'il  contenait.  Toute 
a  journée ,  les  jeunes  gens  essayèrent 
de  gagner  le  prix  offert  à  la  force  et 
à  l'agilité ,  mais  aucun  n'en  put  venir 
à  bout.  Toutefois,  un  jeune  varlet  qui 
avait  approché  plus  près  que  les  autres 
du  but,  obtint  l'oie  grasse,  mais  il 
n'eut  ni  le  mât ,  ni  le  panier ,  ni  les 
six-blancs.  De  1425  à  1758,  l'exercice 
du  mât  de  cocagne  ne  fut  point  renou- 
velé en  France.  Cette  dernière  année , 
le  sieur  Torré ,  artiûcier  italien ,  fon- 
dateur et  directeur  du  Wauxhall^  à 
Paris ,  avant  obtenu  la  permission  de 
donner  des  bals  et  des  fêtes  foraines, 
l'admit  au  nombre  des  divertissements 
qu'il  offrait  au  public,  et  lui  fit  acqué- 
rir le  droit  de  cité. 

COGABDE.  Voyez  CoULEUfiS  NA- 
TIONALES. 

Coche.  Voyez  Voitures. 

CocHEBEL(combatde).Du  Guesclin, 
chargé  de  tenir  tête  en  INormandie  au 
captai  de  Buch ,  rencontra ,  le  16  mai 
1364,  les  Navarrais  postés  sur  un 
monticule,  près  de  Cocnerel,  village  à 
trois  lieues  d'Ëvreux.  Pour  leur  enle- 
ver l'avantage  du  terrain,  du  Guesclin 
feignit  de  décamper.  Le  captai  ne  put 
empêcher  ses  Anglais  de  descendre. 


<r 


Du  Goescliti  fit  alors  volte-face,  et,  en 
rangeant  son  armée  en  bataille ,  il  lui 
adressa  cette  courte  harangue  :  «  Pour 
«Dieu,  sou  venez- vous  que  nous  avons 
«  un  nouveau  roi  de  France  ;  que  sa 
«couronne  soit  aujourd'hui  étrennée 
«par  vous;  pour  moi,  j'espère  donner 
«  au  roi  le  captai  de  Buch  pour  étrennes 
«de  sa  noble  ro)[auté.  »  £n  effet,  la 
victoire  fut  décisive  :  le  captai  fut  fait 
prisonnier  au  premier  rang  même  de 
son  armée ,  et  les  autres  chefs  navar- 
rais  perdirent  la  vie. 

CocHiN  (Henri) ,  célèbre  avocat  au 
parlement  de  Paris ,  naquit  dans  cette 
ville  en  1687 ,  et  y  mourut  en  1747, 
laissant  la  réputation  d'un  homme 
vertueux  et  d'un  grand  orateur.  Ses 
plaidoyers  ont  été  imprimés  en  6  vol. 
ia-4%  1751. 

..&M^Éve,/ean-Z>&msCocHiN,  fon- 
dafeùr  de  l'hospice  qui  porte  son  nom,  -^ 
à  Paris ,  naquit  dans  cette  ville  en 
1726,  et  fut  nommé  en  1756  curé  de 
Saint-Jacques  du  Haut-Pas.  Ayant 
conçu,  en  1780,  l'idée  de  fonder  un 
hospice  pour  les  pauvres  du  faubourg 
Saint- Jacques ,  et  ayant  annoncé  qu'il 
consacrait  à  cette  bonne  œuvre  un 
fonds  de  37,000  fr. ,  des  aumônes  lui 
arrivèrent  de  toutes  parts.  L'architecte 
Viel  se  chargea  gratuitement  de  la  di- 
rection des  travaux ,  et  deux  pauvres 
de  la  paroisse  posèrent  la  première 
pierre  du  monument ,  qui  fut  terminé 
en  juillet  1782.  Cocbin  mourut  le  8 
juin  de  l'année  suivante,  laissant  un 
grand  nombre  d'ouvrages  de  piété. 

Jean- Denis-Marie  CocHiiv ,  de  la 
même  famille  que  les  précédents,  né 
en  1789,  avocat  aux  conseils  du  roi  et 
à  la  cour  de  cassation ,  fondateur  des 
salles  d'asile  de  Paris,  fut  un  des 
hommes  qui  contribuèrent  le  plus, 
dans  ces  dernières  années,  aux  progrès 
de  l'instruction  du  peuple.  Son  fils  a 
suivi  ce  noble  exemple. 

CocHiN  (Nicolas),  graveur  à  l'eau- 
forte ,  né  à  Troyes  en  1619.  On  a  de 
ce  maître  un  assez  grand  nombre  d'es- 
tampes dont  la  pointe  facile  et  agréable 
a  ouelque  ressemblance  avec  celle  de 
Cahot.  Il  a  gravé,  d'après  ses  compo- 
sitions, le  Passage  de  la  mer  Rouge, 


€OG 


FRANCE. 


€0€ 


249 


fharu(^n  submergé,  un  Repos  en 
Egypte  y  etc.  ;  d'après  Paul  Véronèse, 
Ië&  Noces  de  Cana,  et  d'après  le  Titien, 
le  Martyre  de  saint  Pierre  Domini- 
quin;  enfin,  d'après  Fouquières,  Vao 
der  Meulen,  etc.»  divers  sujets  re- 
latifs à  l'histoire  militaire  du  règ^e 
de  Louis  XIV. 

Trois  autres  graveurs  ont  porté  le 
nom  de^Cochin  : 

Noél  ou  NataliSy  également  né  à 
Troyes<,  grava  les  planches  du  livre  de 
la  fille  du  fameux  Charles  Patin. 

Charles-Nicolas  y  né  à  Paris,  en 
1688,  mort  dans  cette  ville  en  1754,  a 
laissé  un  assez  grand  nombre  de  plan- 
ches gravées  d'après  Watteau ,  Res- 
tout,  Lemoine,  Coypel,  BouUongne, 
Cazes,  etc. 

Charles-Nicolas,  son  fils  et  son 
élève,  né  à  Paris,  en  1715,  merldans 
cette  ville  en  1790,  fut  l'un  des  plus 
célèbres  graveurs  de  son  temps. 

Cependant,  dans  le  nombre  immense 
des  pièces  qui  composent  son  œuvre , 
il  en  est  peu  qui  aient  encore  de  la  va- 
leur. Cédant  au  mauvais  goût  de  son 
époque,  il  négligea  le  dessin  et  ne  visa 
qu'à  l'effet.  Son  chef-d'œuvre  est  la 
collection  des  batailles  de  l'empire  chi- 
nois ,  qu'il  grava  pour  l'empereur  de 
la  Chine ,  d'après  des  dessins  fournis 
par  des  missionnaires.  Il  a  enrichi 
beaucoup  d'éditions  de  luxe  de  vignet- 
tes dont  le  mérite  le  plus  essentiel  est 
une  grande  facilité.  Les  Ports  de 
France,  qu'il  a  exécutés  avec  Lebas, 
sont  au  nombre  de  ses  meilleures 
pièces.  Cochin  avait  cultivé  les  lettres 
avec  succès;  il  composa  uq  grand 
nombre  de  mémoires  pour  l'académie 
de  peinture,  et  fut  Tun  des  acteurs 
les  plus  distingués  des  réunions  de 
madame  Geoffrin. 
CocaiMCHiNE.  Voyez  Missions. 
Cochon.— Suivant  Strabon,les  Gau- 
lois, grands  mangeurs  de  viande,  sur- 
tout de  viande  de  porc ,  élevaient 
et  laissaient  nuit  et  jour ,  en  plein 
champ ,  de  grands  troupeaux  de  ces 
animaux  qui  étaien':,  pour  ceux  qui 
les  rencontraient,  aussi  dangereux  que 
des  loups.  La  Gaule  nourrissait  tant 
de  porcs,  qu'elle  fournissait  de  graisse 


et  de  salaisons,  non-seulement  la  ville 
de  Rome ,  mais  l'Italie  tout  entière. 
Ceux  de  ses  fils  qui  allèrent,  les  armes 
à  la  main ,  se  fonder  une  autre  patrie 
sur  les  rivages  du  Po ,  y  portèrent  le 
goût  qu'ils  avaient  pour  la  viande  de 
porc,  et  Polybe  nous  apprend  qu'ils 
en  entretenaient  aussi  des  troupeaux 
considérables.  Il  est  probable  que  les 
Bourguignons,  les  Visigoths,  les  Francs 
et  tous  les  autres  peuples  qui  passèrent 
successivement  le  Rhin,  pour  se  par- 
tager  la  Gaule,  élevaient  des  porcs  dans 
leur  patrie  ;  quoi  qu'il  en  soit,  les  lois 
qu'ils  se  donnèrent  à  eux-mêmes  four- 
nissent la  preuve  qu'ils  attachaient 
une  grande  importance  à  la  conserva- 
tion de  ces  animaux.  Celle  des  Visi- 
goths contient  quatre  articles  qui  les 
concernent,  ainsi  que  l'arbre  dont  le 
fruit  rend  leur  chair  ferme  et  savou- 
reuse. Le  second  chapitre  de  la  loi  sa- 
lique  est  composé  de  dix-neuf  articles, 
uniquement  consacrés  au  vol  des  co- 
chons. Saint  Rémi,  par  son  testament, 
laisse  ses  cochons  à  partager  entre  ses 
deux  héritiers.  Mappmius,  archevêque 
de   Reims   au  sixième  siècle ,  écrit  à 
Villicus,  évéque  de  Metz,  uniquement 
pour  lui  demander  ce  que  coûtent  les 
cochons  dans  son  pays.  Dans  les  ca- 
pitulaires  de  Charlemagne,  on  voit  ce 
prince  recommander  à  ses  régisseurs 
d'élever ,  entre  autres  animaux,  force 
cochons  dans  ses  métairies.  Dans  deux 
états  des  revenus  et  dépenses  de  Phi- 
lippe-Auguste, pour  Tan  1200  et  l'an 
1202,  on  remarque  une  somme  de  cent 
sous  et  une  de  quatre  livres  quatre 
sous,  employées   pour  achat  de  co- 
chons; enfin,  dans  un  dénombrement 
de  l'abbaye  de  Saint-Remi  de  Reims,' 
cité  par  du  Cange ,  on  voit  que  cette 
maison  possédait  quatre  cent  quinze 
cochons.  Un  nombre  aussi  grand  pour 
un  seul  monastère  étonnera  d'abord, 
maison  le  comprendra  aisément  quand 
on  se  rappellera  que ,   même  ceux  des 
moines  que  leur  règle  assujettissait  à 
un  maigre  perpétuel,  étaient  autorisés 
à  préparer  leurs  aliments  avec  du  jus 
de  lard ,  quand  le  pays  qu'ils  habi- 
taient ne  produisait  point  d'huile.  Or 
le  diocèse  de  Reims  est  dans  ce  cas-là. 


m 


tiôc 


GO<2 


Cette  aotorlsatîon  explique  en  outré 
pourquoi  nos  rois  s'engagèrent  dIu- 
sieurs  fois  à  payer  à  des  monastères 
des  redevances  en  porcs,  ou  permirent 
à  ces  monastères  de  faire  paître  dans 
!es  forêts  royales  ceux  qu'ils  passée 
daient.  Quelques  communes  jouissent 
encore,  sous  le  nom  de  glanaée,  d'un 
droit  semblable  dans  les  forêts  de  TÉ* 
tat,  mais  seulement  pendant  le  temps 
où  le  chêne  laisse  tomber  son  firuit. 
La  ehaf  r  de  cochon  était  si  recherchée 
autrefois^  qu'il  y  ayatt  des  festins  dont 
elle  faisait  seule  les  frais.  Ces  festins 
étaient  appelés  baconimesy  da  vieux 
mot  bacon,  qui  signinait  cochon.  Le 
chapitre  de  Notre-Dame  de  Paris  était 
traité  ainsi,  en  certaines  occasions  so- 
lennelles ,  et  c'est  à  cette  coutume 
qu'est  attribuée  l'origine  de  la  foire 
aux  jambons ,  qui  s  est  tenue  long- 
temps sur  le  parvis  de  cette  église. 
Les  habitants  des  villes  ,  ne  pouvant 
pas  avoir  des  troupeaux  décochons, 
nourrissaient  au  moins  un  ou  deux 
porcs,  que ,  dans  le  jour,  ils  lâchaient 
dans  les  rues  pour  s  y  engraisser  des 
immondices  qui  n'étaient  jamais  enle- 
vées. En  1131 ,  comme  le  fils  aîné  de 
Louis  le  Gros,  le  prince  Philippe,  déjà 
associé  à  la  royauté  par  son  père,  se  pro- 
menait à  cheval  dans  les  rues  de  Paris, 
un  de  ces  cochons  errants  se  jeta  dans 
lesjambesdesa  monture,  laquelle  se  ca- 
bra etfit  tomber  le  prince,  qui  mourut 
des  suites  de  cette  chute.  Cet  accident  fit 
défendre  de  nourrir  des  cocho'ns  à  Pa- 
ris, et  ce  règlement,  méconnu  dès  son 
origine ,  fut  renouvelé  sans  plus  de 
succès  pendant  plusieurs  siècles.  Les 
religieux  de  Saint-Antoine  se  préten- 
dirent exceptés  de  la  prohibition,  parce 
que  leur  patron  est  toujours  représenté 
escorté  d'un  cochon.  Ils  ajoutèrent 
plus  tard  à  cette  prétention ,  déjà  as- 
8e«  extraordinaire,  celle  d'avoir  le  droit 
de  laisser  vaguer  leors  porcs  dans  les 
rues  de  la  capitale ,  et  ils  parvinrent  à 
la  faire  admettre.  Us  lâchaient  donc, 
dès  le  matin ,  leurs  cochons  ,  marqués 
d'un  signe  qui  les  faisait  reconnaître 
et  respecter.  Le  bourreau  saisissait 
tous  ceux  qui ,  n'appartenant  point  à 
M8  moines ,  étaient  surpris  en  ma- 


raude, les  conduisait  à  )'H6M-Dieày 
au  profit  duquel  ils  étatebt  confisqués. 

Le  cochon,  qui  se  nourrit  d'immon- 
dices  et  croupit  dans  les  ordures ,  est 
fort  sujet  à  une  sorte  de  lèpre  que 
l'on  appelle  ladrerie.  C'est  à  l'usage 
de  la  ehair  des  cochons  ladres  que 
l'on  attribua  l'origine  de  cette  maladie 
contagieuse  qui  parut  en  France ,  vers 
la  fin  de  la  deuxième  race,  et -y  causa, 
pendant  huit  siècle»  ,  des  ratages  af- 
freux. Pour  la  prévenir  autant  que 
possible ,  on  institua  des  officiers , 
nommés  langueyeurs  de  porcs ^  qui  re- 
connaissaient à  l'absence  ou  à  la  pré- 
sence de  certaines  pustules  blanches 
sous  la  langue  de  l'animal,  s'il  pouvait 
être  ou  non  livré  à  la  consomma* 
tion.  Quand  ils  trouvaient  un  co* 
chon  ladre ,  ils  le  marquaient  à  l'o- 
reille, pour  que  personne  ne  l'achetât. 
La  lèpre  ayant  disparu  ptnd  tard  ,  on 
se  rassura*;  deux  arrêts  du  parlement, 
l'un  de  1602,  l'autre  de  1667,  permi- 
rent de  vendre  de  la  chair  de  cochofi 
ladre ,  et  assignèrent  un  endroit  par- 
ticulier de  la  halle  pour  cette  vente. 
En  1604,  les  langueyeurs  furent  rem- 
placés par  trente  vendeurs-visiteurs 
de  porcSy  payant  finance,  puis,  l'année 
suivante,  rétablis  et  confondus  avec 
ces  derniers ,  et  sous  le  même  nom ,  à 
la  condition  de  payer  finance  comme 
eux.  Enfin ,  ceux-ci  furent,  en  1708  , 
remplacés  à  leur  tour  par  cinquante 
inspecteurs  -  contrôleurs  de  pores , 
ayant  le  droit  d'établir  sous  eux  des 
hommes  experts  dans  le  lan^ueyage. 
Ces  derniers  officiers  ont  été  suppri- 
més à  la  révolution,  et  le  soin  de  veil- 
ler à  ce  que  Pon  n'expose  en  vente  que 
de  la  chair  saine  fut  remis  à  la  police 
de  salubrité.  (Voyez  Chàrgutibrs.) 

Cochon  de  l'Apparent  (Charles), 
né  en  1750,  dans  la  Vendée,  était  con- 
seiller au  présidial  de  Poitiers,  lorsque 
la  révolution  le  plaça  sur  un  plus  vaste 
théâtre.  INommé  député  suppléant  aux 
états  généraux,  il  s'associa  avec  en- 
thousiasme aux  défenseurs  de  la  cause 
populaire.  En  1792,  il  reparut  à  la 
Convention  nationale  comme  député 
des  Deux-Sèvres.  Cochon  s'y  montra 
d'aboid  ardent  montagnard  et  TOta  là 


cmc 


WSil^KIÎEu 


Mi 


mort  dé  Lonis  XYI.  Envofyé  enïicrite  à 
l'armée  du  Nord,  ^  remplacement  des 
commissaires  que  Dumouriéî  tenait 
de  lirrer  aux  Autrichiens ,  il  chercha 
«a  vain  à  pénétrer  jusqu'au  quartier 
général ,  et  fut  obligé  de  s'enfermer 
dans  Yalenciennes  ,  où  il  fut  assiégé 
par  les  Anglais.  Après  avoir  contribué 
a  la  défense  de  cette  place ,  et  résisté 
avec  hauteur  à  toutes  les  propositions 
de  Tennemi,  il  en  sortit ,  le  1^'  août 
1798>  avec  la  garnison,  et  r^arut,  le 
6  du  même  mois  à  la  tribune,  pour  y 
justifier  la  conduite  du  général  Ferrand 
et  celle  des  volonrtaires  républicains , 
et  dire  que  les  habitants  et  les  troupes 
de  ligne  avaient  seuls  été  coupables. 
Ayant  évité  d'ailleurs  de  se  prononcer 
d'une  manière  positive  entre  les  divers 
partis  qui  divisèrent  la  Convention ,  il 
entra,  après  le  9  thermidor,  au  comité. 
de  salut  public ,  où  il  obtint  assez 
d'influence  pour  faire  donner  des  com^ 
mandements  en  chef  aux  généraux 
Dumas,  Candaux  et  Merlin.  £n  179d, 
il  fut  chargé  d'unie  nouvelle  mission  à 
l'armée  du  Nord.  Devenu  ensuite 
membre  du  Conseil  des  Aneiens,  il  fut 
ehoisi,  au  mois  de  germinal  an  iv,  pour 
remplacer  Merlin  au  poste  difficile  de 
iBtmstre  de  la  pdlice  générale.  L'éloi- 
gnement  qu'il  manifestait  de  plus  eo 
plus  pour  \û  parti  démocratique,  et  la 
pioaitioti  que  lui  donnait  vis-à-vis  des 
royalistes  seik  vote  dans  le  procès  de 
XiOiltf  XVIy  finirent  par  le  jeter  dans 
cette  faction  du  joste-milieu,  qui  ima« 
giha  le  système  de  bascule.  Ainsi  il 
signala  son  activité  par  la  double  ré* 
pression  oe  la  conspiration  républi* 
(âaine  de  Babeuf  et  du  complot  monar- 
chique de  Brottier.  Les  complices  de 
oe  dernier  semblaient  néanmoms  avoir 
compté  sur  le  ministre  de  la  police, 
^u'on  accusait  généralement  de  roya^ 
iMme,  puisqu'ils  avaient  résolu  de  lui 
conserver  son  portefeuille ,  en  cas  de 
BQCcès.  U  eut  beau  protester.  Sa  per»» 
picBcité  babitoelle  a  deviner  de  quel 
o^  serait  k  victoire  s'était  trouvée 
CD  défaut  ;  non-seulement  il  n'obtint 
|ns  la  majorité  des  suffrages  lors  du 
remplacement  de  Letourneur  dans  la 
pentafehÎQ  dire^oriale^  il  fut  même 


deètîf tié  peu  de  jours  avant  le  18  froo- 
tâdor.  Cette  disgrâce  né  fut  pour  lui 
que  le  prélude  d'une  proscription  com« 
plète.  Condamné  à  la  déportation  ,  il 
en  fut  quitte  pour  rester  prisonnier 
dans  l'tled'OIeron,  jusqu'au  moment  od 
le  1 8  brumaire  vint  le  rendre  à  la  liberté. 
Il  fut  nommé,  en  1800,  à  la  préfectore 
de  la  Vienne,  à  celte  des  Deux-Kètiie» 
en  1805  ,  et  sénateur  en  1809.  Après 
les  désastres  de  1813,  l'empereur  ren« 
voya  avec  des  pouvoirs  extraordinaires 
dans  la  20''  division  militaire ,  pour  y 
organiser  la  défense  contre  les  armées 
ennemies ,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas 
d'adhérer,  en  1814,  à  la  déchéance  de 
ffapoiéon.  Il  ne  put  éviter  néanmoins, 
sous  le  gouvernement  royal,  d'être 
exclu  de  la  pairie  et  des  fonctions  pu- 
bliques. Pendant  les  cent  jours ,  il  oc« 
cupa  la  préfecture  de  la  Seine-Infé* 
rieure,  et  rentra  dans  la  vie  privée  au 
8  juillet.  Exilé  ensuite  comme  régicide, 
il  fut  rappelé  en  France,  par  une 
ordonnance  de  1817,  et  mourut  àPoi* 
tiers  en  1825. 

Cocon  AS  (Annibal,  e^mte  de),  l'un 
de  ces  Italiens  qui  vinrent  chercher 
fortune  en  France,  sous  la  régeneede 
Catherine  de  Médicis ,  se  couvrit  de 
sang  et  se  distingua  par  ses  cruautés 
à  la  Saint-Barthélémy.  Devenu  ensuite 
le  favori  du  duc  d'Aleoçon,  frère  du 
roi ,  il  fut ,  avec  le  sieùr  de  la  Mole, 
l'agent  principal  de  la  faction  des  po*- 
Utiques  ou  mcUcwUents ,  oui  voulait 
mettre  ce  prince  sur  le  troue  au  pré- 
judice de  Henri  III,  alors  en  Pologne* 
Les  princes,  leurs  courtisans,  les  mat- 
tresses  des  uns  et  des  autres,  organi- 
sèrent le  complot  avec  la  discrétion  et 
le  mystère  qui  couvrent  d'ordinaire 
les  intrigues  politiques  où  il  y  a  deb 
femmes.  Aussi  Calherine  de  Médièis 
en  fut-elle  bientôt  informée.  Elle  suT'*' 
veilla  les  princes  et  les  fit  garder  à  vue. 
Le  roi  de  Navarre^  le  prince  de  Condé, 
le  duc  d'Alençon ,  fatigués  de  cette 
contrainte,  résolurent  de  se  faire  en- 
lever ;  mais  l'alarme  fut  donnée  d'à* 
vance  :  l'entreprise  échoua  ;  la  oour 
alarmée  quitta  Saint-Germain  ;  Char* 
les  IX  mourant  s'écria  :  «  Du  moins, 
s'ils  avaient  attendu  ma  mort»»LaMoUi 


Ué 


a^B 


vvtates^. 


<ûtt 


«oonneeellesd^aujourd'hui;  niais  sou- 
vent le  premier  consul  nous  convo- 
quait à  midi  et  nous  gardait  jusqu'à 
neuf  ou  dix  heures  du  soir.  Coniorr 
mémeut  à  Tarrôté  du  24  thermidor 
lan  Yiii,  les  membres  de  la  commission 
concoururent  au  travail  de  la  sectioui 
et  eurent  séance  à  rassemblée  géné- 
rale avec  voix  consultative.  L'arrêté 
ne  donnait  séance  qu'à  MM.  Tronchet, 
3igot-Préameneu  et  Portails  ;  M»  Mal- 
leville  fut  néanmoins  admis. 

Dans  le  conseil  d'État,  indépendam- 
ment de  Troncbet,  de  Éigot-Préame- 
aeu,  de  Portalis,  de  Malleville,  d'£m- 
mery,  de  Berlîer,  de  Real  et  de 
Tbibaudeau,  se  trouvaient  d'autres  ju- 
risconsultes du  mérite  le  plus  distin- 
gué, et  notamment  Cambacérès,  Gre- 
nier, Treilhard ,  Rœderer.  Les  discus- 
sions qui  eurent  lieu  entre  tous  ces 
hommes  illustres  sur  la  rédaction  du 
code  demeureront  à  jamais  célèbres 
dans  l'histoire,  qui  en  a  soigneuse- 
ment recueilli  les  procès- verbaux.  Elles 
furent  brillantes  et  approfondies ,  à 
cause  de  la  force  du  talent,  de  la  di- 
versité des  systèmes  et  de  la  liberté 
avec  laquelle  se  produisait  chaque  opi- 
nion* Toutefois ,  ce  qu'il  y  avait  de 
glus  remarquable,  c'est  que  ce  concile 
e  jurisconsultes  était  la  plupart  du 
temps  présidé  par  un  homme  qui  avait 
une  gloire  immense ,  mais  purement 
militaire.  Selon  le  Mémorial ae  Sainte- 
Hélène,  le  premier  consul  Bonaparte 
se  faisait  expliquer  par  Troncbet, 
avant  la  séance ,  les  termes  de  droit 
qui  lui  étaient  entièrement  étrangers; 
alors,  éclairé  par  la  divination  du  gé- 
nie ,  il  marchait  tête  levée  dans  une 
sphère  pour  lui  toute  nouvelle,  et  sur- 
. prenait  les  vieux  jurisconsultes  dont  il 
était  entouré,  par  la  profondeur  et  l'o- 
riginalité de  ses  vues,  la  vigueur  de  sa 
logique  et  la  subtilité  souvent  éloquente 
de  son  raisonnement.  Si  l'on  veut  ca- 
ractériser la  direction  et  la  nature 
d'influence  que  Bonaparte  exerça  sur 
la  rédaction  du  code  civil,  on  dira  qu'il 
fut  presque  constamment  l'avocat  des 
idées  et  des  principes  défendus  par 
Portalis;  ou  bien,  lorsqu'une  transac- 
tion était  nécessaire  entre  les  idé^ 


nouvelles  et  fes  anciens  ^ystème^f  lov9- 

2ue  les  esprits,  nourris  des  tradition^ 
iverses  de  la  jurisprudence ,  et  anîr 
mes  par  des  prmcipes  politiques  conr 
tradictoires ,  cherchaient  inutilement 
les*  solutions  qui  devaient  naître  de  la 
nature  même  des  choses,  Bonaparte, 
par  la  seule  force  de  son  Intelligence, 
s'élançait  pour  ainsi  dire  d'un  bond 
sur  la  raison  suprême  et  décisive ,  et 
conciliait  les  systèmes  opposés  en  les 
rappelant  à  la  source  de  la  lumière. 
«Si  le  code  civil,  a  dit  M. Troplong, 
opéra  la  fusion  des  idées  anciennes 
avec  les  idées  de  la  révolution ,  s'il 
est  empreint  de  cet  éclectisme  qui  est 
la  philosophie  du  dix-neuvième  siècle, 
c'est  principalement  à  Napoléon  qu'il 
faut  en  attribuer  l'honneur  ;  son  esprit 
de  conciliation  prudente  brille  dans  le 
code^  comme  dans  la  réunion  des  partis 
politiques  qui  déchiraient  l'État.  t> 

Si  1  on  veut  se  faire  un  idée  du  rôle 
de  Napoléon  dans  la  discussion  du 
code  civil,  on  n'a  qu^à  consulter  les 
procès -verbaux  du  conseil  d'État ,  no- 
tamment sur  le  divorce  et  sur  Tadop- 
tion. 

A  mesure  que  les  divers  titres  du 
projet  de  code  civil  furent  adoptés  an 
conseil  d'État,  le  gouvernement  les  fît 
revêtir  de  la  sanction  législative.  Ici 
il  est  nécessaire  de  rappeler  en  peu  de 
mots  comment  les  lois  se  confection- 
naient sous  l'empire  de  la  constitution 
de  l'an  yiii,  alors  en  vigueur.  Le  pou- 
voir de  créer  la  loi  se  partageait  entre 
les  consuls,  ou  le  gouvernement^  le 
tribunat  et  le  corps  législatif;  Tini- 
tiativeou  la  proposition  de  la  loi  était 
réservée  au  gouvernement,  qui  l'exer- 
çait avec  le  concours,  toutefois  non 
obligatoire,  du  conseil  d'État;  le  tri- 
bunat discutait  la  loi  proposée  et  émet- 
tait un  vœu  d^adoption  ou  de  rejet; 
le  corps  législatif  adoptait  ou  rejetait 
la  proposition  sans  la  discuter,  mais 
après  avoir  contradictoirement  en- 
tendu les  orateurs  du  gouvernement 
et  ceux  du  tribunat. 

On  avait  déjà  présenté  le  titre  préli- 
minaire, de  ia  publicatiôa  des  lois; 
le  titre  I®'",  de  la  jouissance  et  de  ta 
privation  des  droits  civilSf  et  le  titre 


00» 


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WP 


%BB 


W^  dés  actes  de  Ntat  dvU.  lorsqu'un 
ificident  arrêta  tout ,  et  lailUt  faire 
échouer  le  projet  de  donner  un  code 
dvil  à  la  France. 

Plusieurs  membres  du  tribunat 
étaient  fortement  imbus  d'idées  repu- 
Mieaines ,  et  ne  voyaient  pas  sans  dé* 
pit ,  à  la  tête  du  gouvernement ,  un 
homme  qui  concentrait  tout  le  pout 
voir  dans  ses  seules  mains.  Au  corps 
législatif  siégeaient  aussi  beaucoup  df 
membres  de  la  Convention  et  des  a^ 
semblées  précédentes,  qui  ne  s*acoont 
modaient  guère  plus  volontiers  que 
leurs  collègues  du  tribunat,  de  la  part 
fort  minime  que  depuis  le  18  bru<^ 
maire  il  leur  était  permis  de  prendre 
aux  affaires  publiques.  Les  uns  et  les 
autres'  résolurent ,  à  Foocasion  du 
eode  civil,  de  tâter  le  premier  consul, 
d'essayer  leurs  forces  contre  lui,  et, 
a'il  était  possible ,  de  reconouérir  un 
peu  de  leur  ancienne  autorite.  Le  tri* 
Dunat  fit  donc  un  très  mauvais  accueil 
aux  projets  du  code  civil  qui  lui  furent 
-soumis.  Il  attaqua  vivement  le  titre 
fNTéliminaive.  La  plupart  des  objections 
n'étaient  que  de  pures  cbicanes ,  et  la 
manière  dont*  elles  furent  présentées 
tenait  de  la  dérision  et  de  Tinsulte. 
Les  réponses  victorieuses  de  l'éloquent 
Portails  et  de  ses  collègues  ne  prof 
duisirei^  rien*  Ou  voulait  donner 
un  soufflet  à  Bonaparte.  Le  rejet  du 
titre  préliminaire  fut  voté  par  le  tri<- 
bunat  le  21  frimaire  an  x,  et  prononcé 
4e  24  par  le  corps  législatif,  quoiqu'à 
la  faible  majorité  de  3  voix,  142  contre 

Il  en  allait  arriver  autant  au  titre 
de  la  jouissance  et  de  (a  privaiUm 
iies  droits  civils,  dont  le  tribunat  pro- 
poiisait  le  rc^t,  lorsque  le  premier  coup 
sul  recourut  à  une  de  ces  mesures  de 
vigueur  par  lesquelles  il  a  éteint  itt 
Ikctions  en  France.  Le  12  nivôse  an  x. 
Il  adressa  au  corps  législatif  le  message 
suivant  :  «  Législateurs ,  le  gouverne- 
«  ment  a  arrêté  de  retirer  les  projets 
«  de  loi  du  code-civil.  C'est  avec  peine 
*«  qu'il  se  trouve  obligé  de  reotiettre 
«  a  une  autre  époque  des  lois  atten^ 
«  dues  avec  tant  d'intérêt  par  la  na- 
«  Hoa;  oiMS  il  s'est  eoEvainfia  que 


«  le  team  s'est  pas  venu  où  l'on  por^ 
«  tera  dans  ces  graiides  discussions 
«  le  calme  et  l'unité  d'intention  qu'el* 
«  les  demandent.  >»  A  ce  coup  Imt 
prévu,  les  amis  de  Tordre  applaudi* 
rent,  les  turbulent^  se  turent.  Fort9 
de  l'appui  des  uns ,  et  enhardis  par  la 
Stupeur  des  autres,  les  consuls  prirent, 
le  18  germinal,  un  arrêté  qui  modifia 
essentiellement  la  confection  des  lois. 
Jusqu'alors,  après  avoir  été  discutées* 
en  conseil  d^fMt^  elles  étaient  présen- 
tées par  le  gouvernement  au  corps  lé- 
gislatif, qui  en  donnait  une  communi- 
cation officielle  au  tribunat;  le  tribunat 
les  examinait,  puis  les  renvoyait,  avec 
un  vœu  d'adoption  ou  de  rejet,  au 
corps  législatif,  qui  demeurait  libre  de 
temr  ou  de  ne  tenir  pas  compte  de  ce 
vœu.  Par  l'arrêté  du  18  germinal  t  il 
fut  établi  qu'après  avoir  subi  l'exameo 
du  conseil  d'État,  et  avant  d'être  por- 
tés au  corps  législatif,  les  projets  d^ 
loi  seraient  communiqués  officieuse- 
ment, par  le  secrétaire  général  du  con- 
seil |  à  la  section  du  ^ibunat  quête 
matière  regardait,  pour  qu'en  cas  d^ 
désapprobation  il  s  ouvrît,  entre  les 
tribuns  et  les  con$eillers ,  des  confé- 
rences où  les  projets  fussent  amendés 
de  consentement  mutuel.  li  est  ai$é 
de  concevoir  qu'une  loi,  qui,  par  ^ite 
de  cette  cooMnunipatian  jpuipieuse  faite 
au  tribunat,  avait  obtenu  son  aâfsenti- 
ment  préalable,  ne  pou  v^aiit  plus  qu'êtrye 
adojpitée  par  lui  lorsque  W  cprp^  légia* 
latit  la  lui  communiquait  <»ficielle- 
meot. 

Quoique  le  nouvel  ordre  de  choses 
eût  débarrasse  la  marche  dq  code  éd 
tout  obstaclepour  l'avenir,  le  premier 
consul,  afin  d  augmenter  le  mécontea- 
tement  général,  et  de  mieux  faire  sen- 
tir son  pou  voir  i  laissa  cette  grande  ei^ 
treprise  dormir  encore  p^ndjant  huit 
mois.  Ce  ne  fut  que  le  23  fructidor  an  x 
(9  septembre  1802)  qu'on  r^jprit,  ou 
plutêt  qu'on  recommença  la  discussion 
au  conseil  d'État.  Mais  dès  lors  la  be- 
sogne alla  vite.  Bu  14  ventôse  an  xj 
au  24  ventôse  an  xii ,  les  trente-six 
lois  qui  composent  le  coda  dvil  furent 
«uccessivemeat  décrétées.  Ainsi,  un  on 
«t  quelques  jpurs  su£6reot  à  raûhèvtf- 


156 


cdi> 


L'tmiVERS. 


caD 


ment  de  ce  vaste  travail.  Certes,  quand 
on  voit  les  lenteurs  apportées  de  notre 
temps  à  la  confection  des  lois ,  quand 
ce  n  est  pas  trop  de  toute  une  session 
pour  Tenfantement  d'un  budget  et  de 
quelques  lois  d'un  intérêt  spécial ,  on 
est  autorisé  à  croire  que  la  création  des 
codes  serait  impossible  aujourd'hui, 
et  on  ne  peut  refuser  un  juste  tribut 
d'admiration  et  de  reconnaissance  au 
grand  homme  qui  en  fut  un  des  plus 
zélés  promoteurs.  Après  l'adoption  sé- 
parée des  différents  titres  du  code  ci- 
vil ,  une  loi  qui  les  réunissait  en  un 
seul  corps,  qui  donnait  à  leurs  articles 
une  série  unique  de  numéros ,  et  dé- 
pouillait de  toute  autorité  les  lots  an- 
térieures sur  les  mêmes  matières,  fut 
rendue  le  30  ventôse  an  xii  (20  mars 
1804).  Dans  la  nuit  du  20  au  21  de  ce 
nnriéme  mois,  on  fusillait  le  ducd*En- 
gbien  à  Yincennes.  N'y  eut-it,  dans  la 
coïncidence  des  dates ,  qu'un  simple 
effet  du  hasard.^  Napoléon  ne  voulut- 
il  pas  plutôt  par  ces  deux  actes  d'une 
nature  si  diverse ,  consolider  sa  puis- 
sance ? 

Le  code  civil  a  fait  disparaître  une 
multitude  d'abus  dont  nous  allons  si- 
gnaler les  principaux.  Ainsi  :  les  droits 
d'aînesse  et  demasculinitéoutrageaient 
la  nature;  les  droits  féodaux  étaient 
incompatibles  avec  les  principes  de  la 
liberté  publique;  le  droit  lignager  pa- 
ralysait le  droit  de  propriété;  les  rentes 
foncières  non  rachetables  attribuaient 
une  espèce  de  domination  au  créancier 
et  imposaient  une  gène  trop  onéreuse 
au  propriétaire  du  sol  ;  l'imprescripti- 
bih'té  du  domaine  public  laissait  les 
citoyens  dans  la  crainte  perpétuelle 
d'être  poursuivis  par  le  fisc;  enfin,  la 
vente  rompait  les  baux  au  grand  détri- 
ment de  l'agriculture;  toutes  ces  er- 
reurs, toutes  ces  injustices  sont  ac- 
tuellement bannies  de  notre  législation. 

Depuis  sa  promulgation  en  mars 
1804,  le  code  civil  n'a  subi  que  trois 
modifications  importantes  :  la  pre- 
mière, par  la  loi  du  8  mars  18t6,  qui 
a  aboli  le  divorce;  la  seconde,  par  la 
loi  du  14  juillet  1819,  qui  a  supprimé  le 
droit  d'aubaine;  la  troisième,  par  la 
loi  du  16  avril  1832,  qui  permet  au  roi 


de  lever  pour  des  causes  graves  la  pro^ 
hibition  de  mariage  entre  beau-frère 
et  belle-sœur. 

Environ  trois  mois  après  l'achève- 
ment du  projet  de  code  civil,  les  con- 
suls, par  un  arrêté  du  13  germinal 
an  IX  (3  avril  1801) ,  établirent  près  du 
ministère  de  l'intérieur,  pour  rédiger 
un  projet  de  code  commercial,  une 
commission  composée  de  MM.  Vignon , 
président  du  tribunal  de  commerce,  le 
Gras,  jurisconsulte,  Vital-Roux,  Cou- 
lomb, ancien  magistrat,  et  Mourque, 
administrateur  des  hospices.  Le  projet 
fut  communiquéaux  tribunaux  et  cham- 
bres de  commerce,  à  la  oour.de  cas- 
sation  et  aux  tribunaux  d'appel,  puis, 
avec  leurs  observations ,  renvoyé  à  la 
section  de  l'intérieur  du  conseil  d*État. 
Lors  de  la  discussion,  qui  n'eut  lieu 
que  trois  ans  après,  cette  section  était 
présidée  par  M.  Regnault  de  Saint-Jean 
d'Angely,    et    avait    pour    membres 
MM.  Cretet,  Fourcroy,  Français  (de 
Nantes),  Miot,  Pelet  (de  la  Lozère), 
Ségur,   Bégouen,   Lavalette,   Deloë, 
Blanc  d'Hauterive,  Gorvetto,  Beugnot 
et  Maret.   La  discussion  en  conseil 
d'État,  commencée    le  4  novembre 
1806 ,  et  finie  le  29  août  1807,  employa 
soixante  et  une  séances.  Napoléon  y 
prit  moins  d'intérêt  et  moins  de  part 
qu'au  code  civil.  Les  points  sur  lesquels 
il  s'arrêta  principalement  furent  les 
dispositions  relatives  aux  faillites ,  pour 
les  rendre  plus  sévères ,  et  celles  qui 
attachent  la  contrainte  par  corps  aux 
billets  à  ordre,  pour  les  adoucir.  Les 
débats  remplirent  quatre  séances,  qui 
se  tinrent  à  Saint-Cloud,  les  28,  29 
juillet,  l""**  et  8  août  1807,  commeneô- 
rent  à  sept  heures  du  matin  et  se  pro- 
longèrent jusqu'au  soir.  Inutile  de  dire 
3ue  la  communication  officielle ,    la 
iscussion  dans  l'assemblée  générale  du 
tribunat  après  la  communication  offi- 
cielle, et  la  discussion  devant  le  corps 
législatif,  eurent  lieu  pour  le  code  de 
commerce  comme  pour  le  code  civil  : 
on  suivait  alors  cette  marche  pour 
toutes  les  lois.  Depuis  sa  promulga* 
tion ,  qui  eut  lieu  le  25  septembre  1807, 
le  code  de  commerce  n'a  subi  qu'une 
modification  véritablementimportaBle: 


coo 


FRANCE. 


CDD 


157 


par  la  loi  du  28  mai  1838  ^  le  livre  m 
de  la  Faillite  a  été  entièrement  re- 
fondu. 

Un  autre  arrêté  des  consuls  du  3  ger- 
minal an  X  churgea  une  commission 
composée  de  MM.  Treilhard ,  Try,  Ber- 
therau ,  Sé^uier  et  Pipeau ,  de  préparer 
un  projet  de  code  de  procédure  civile, 
et  lui  donna  pour  secrétaire  M.  Fon- 
deur. Même  marche  que  cour  les  deux 
autres  codes.  Le  projet  rut  imprimé, 
adressé  aux  tribunaux,  qui  firent  leurs 
observations ,  et  envoyé  à  la  section  de 
législation  du  conseil  d'État,  alors  pré- 
sidée par  M\  Bigot-Préameneu ,  et 
composée  de  MM.  Berlier,  Gally,  Real , 
Siméon  et  Treilhard.  La  discussion 
s'ouvrit  le  30 germinal  an  xiii  (20  avril 
1805),  fut  terminée  le  29  mars  1806, 
et  employa  vingt-trois  séances.  Ce  code 
est  celui  de  tous  qu'on  a  le  moins  dis- 
cuté au  conseil  d'Etat  :  la  matière  était 
aride,  et  la  plupart  des  membres  du 
conseil  ne  Tentendaient  pas.  Napoléon, 
presaue  toujours  absent,  ne  présida 
que  la  séance  du  22  février  1806,  où 
une  députation  des  notaires  de  Paris 
vint  présenter  diverses  réclamations, 
dont  la  principale  concernait  les  ventes 
volontaires.  Promulgué  le  20  mai  1806 , 
le  code  de  procédure  civile  n'a  subi 
aucune  modification  importante. 

Il  nous  reste  à  parler  du  code  d'ins- 
truction criminelle  et  du  code  pénal. 
Ces  deux  codes ,  dans  le  projet  primitif 
de  rédaction,  n'en  formèrent  qu'un 
sous  le  nom  de  code  criminel.  Un  ar- 
rêté du  7  germinal  an  tx  (28  mars 
1801)  confia  le  soin  de  le  rédiger  à  une 
commission  composée  de  MM.  Viel- 
lard,  Target,  Oudard,  Treilhard  et 
Blondel.  Le  travail  des  commissaires 
fut  imprimé,  distribué  à  la  cour  de 
cassation,  ainsi  qu'aux  cours  tant  cri- 
minelles que  d'appel,  pour  qu'elles 
eussent  à  y  faire  leurs  observations;  le 
tout  fut  ensuite  envoyé,  selon  Tusage, 
à  la  section  de  législation  du  conseil 
d'État.  La  discussion  n'y  commença 
'  que  le  2  prairial  an  xii  (22  mai  1804), 
quelques  jours  après  l'établissement  du 
régime  impérial ,  et  fut  interrompue  le 
20  décembre  de  la  même  année,  au 
bout  de  vingt-cinq  séances  ;  puis ,  pen- 


dant.quatre  ans,  on  ne  songea  plus  au 
projet  de  code  criminel.  Ce  ne  fut 
qu'en  1808  qu'on  en  reprit  la  discus- 
sion. A  cette  époque,  la  section  de  lé- 
gislation avait  pour  président  M.  Treil- 
hard, et  pour  memores  MM.  Albinon, 
Berlier,  Faure  et  Real.  Elle  s'associa 
M.  Muraire,  premier  président  de  la 
cour  de  cassation,  et  M.  Merlin,  pro- 
cureur général  près  la  même  cour. 
C'est  alors  que,  séparant  des  disposi- 
tions pénales  les  disp%)sitions  relatives 
aux  formes,  on  divisa  le  projet  origi- 
naire en  deux  codes.  Le  code  d'ins- 
truction criminelle  fut  le  premier  sou- 
mis à  la  discussion,  qui  dura  du  30 
janvier  1808  au  30  octobre  et  occupa 
trente-sept  séances.  Après  avoir  fini  le 
code  d'instruction  criminelle,  on  vint 
au  code  pénal.  Ce  travail  fut  terminé 
en  quarante  et  une  séances ,  du  4  oc- 
tobre 1808  au  18  janvier  1810.  Le  tri- 
bunat  n'existait  plus  lors  de  la  confec- 
tion de  ces  deux  codes;  ils  ne  furent 
donc  présentés  qu'au  corps  législatif. 
Or,  soit  désapprobation  de  certaine 
partie  du  code  d'instruction  criminelle, 
soit,  de  la  part  de  quelques  députés, 
désir  de  montrer  au  gouvernement 
qu'il  existait  parmi  eux  un  noyau  d'op- 
position avec  lequel  on  devait  compter, 
le  corps  législatif,  après  avoir  favora- 
blement accueilli  au  vote  public  cha- 
cune des  neuf  lois  qui  composaient  ce 
code,  en  repoussa  une  au  scrutin  par 
cent  vingt-cinq  boules  noires.  Lorsque 
l'empereur,  qui  était  alors  en  Espagne, 
apprit  ce  rejet,  il  en  conçut  un  vif 
mécontentement,  et  morigéna  bientôt 
cette  velléité  inattendue  d Indiscipline. 
A  la  suite  du  combat  de  Burgos,  pre- 
mier succès  de  la  campagne,  il  venait 
d'écrire  au  corps  législatif  pour  lui 
faire  horomage  de  douze  drapeaux  en- 
nemis. Le  corps  législatif,  à  la  récep- 
tion de  la  lettre  de  l'empereur,  vota 
une  adresse  pour  le  remercier;  en 
outre,  une  députation  alla  féliciter 
l'impératrice  Joséphine  sur  la  victoire 
de  son  auguste  é|)0ux.  L'impératrice 
répondit  à  cette  députation  qii  elle  était 
très-satisfaite  que  «  le  premier  seuti- 
«  ment  de  l'empereur,  après  la  victoire , 
«  eût  été  pour  le  corps  qui  représente 


T.  v;  17*  Livraison.  (Dict.  encyCl.  ,  btc) 


17 


258 


COD 


L'UmVRRS. 


toB 


«  la  nation.  »  Tous  les  journaux  pu- 
blièrent cette  réponse,  le  Moniteur  ex- 
cepté. Le  silence  dii  journal  officiel 
servit  de  prétexte  à  Napoléon  pour 
démentir  la  réponse  attribuée  à  José- 
phine par  les  autres  feuilles  ;  et  comme 
il  gardait  toujours  rancune  au  corps! 
législatif,  il  développa  par  la  même 
occasion  une  étrange  tbéorie  sur  la 
force  de  son  propre  gouvernement, 
«  Sa  Majesté  Tipperatrice  n'a  point  dit 
«  cela ,  »  portait  un  article  inséré  au 
Moniiewr  le  15  décembre,  et  sorti  sans 
doute  de  la  plume  impériale;  «  elle 
«connaît  trop  bien  nos  institutions, 
«  elle  sait  tr<»>  bien  que  le  premier  re- 
«  présentant  ae  la  nation  c  est  Tempe* 
«  reur,  car  tout  pouvoir  vient  de  Dieu 
«et  de  la  nation...  Dans  Tordre  de 
«  notre  hiérarchie  constitutionnelle,  le 
a  premier  représentant  de  la  nation  est 
«  Tempereur,  et  ses  ministres ,  organes 
«  de  ses  décisions;  la  seconde  autorité 
1  représentante  est  le  sénat  ;  la  troi- 
m  sième  est  le  conseil  d'État,  qui  a  de 
A  véritables  attributions  législatives; 
«  le  corps  législatif ,  qu'on  devrait 
«plutôt  appeler  conseil^  n'a  que  le 
«  quatrième  ranjg.  » 

Après  cet  incident,  le  vote  du  code 
d'instruction  eriminelle  et  du  code 
pénal  ae  rencontra  plus  d'obstacle  :  la 
dernière  loi  du  premier  fut  décrétée  1^ 
16  décembre  1808,  et  la  dernière  du 
second  le  20  février  1810.  I^éanmoins^ 
ces  deux  codes  n'ont  pas  été  mis  tout 
de  suite  en  activité.  On  ne  pouvait 
bécoter  le  code  d'instruction  crinù- 
nelle  avant  que  le  code  pénal  fût 
sur  pied;  et  même  après,  il  fallait  at- 
tendre qu'une  loi  eût  organisé  Tordre 
judiciaire  sur  de  nouvelles  bases.  Cette 
loi  iatervifit  le  20  avril  1810. 

Depuis  lors,  le  code  d'instruetioA 
orimiaeUe.et  le  code  pénal  ont  été  fré- 
oueraaieat  modifiés  ;  ce  dernier  surtoi^t 
la  été  en  beaucoup  de  points  impor- 
tants. L'pbolition  de  la  peine  de  mort 
daas  plusieurs  cas;  celle  de  la  mutila- 
tien  «et  de  la  marque;  des  modifications 
au  mode  de  surveillance;  la  suppres- 
sion 4u  crime  de  non-révélation  de 
eofnplot;  la  distinction ,  en  matière  po- 
litique, entre  le  complot  et  Tattentat; 


la  faculté  attribuée  au  jury  de  déclare!^ 
dans  un  verdict  de  culpabilité  qu'il 
existe  des  circonstances  atténuantes; 
Tobllgation  pour  les  juges,  en  pré- 
sence de  cette  déclaration ,  d'appliquer 
une  peine  d'un  degfé  inférieur  à  celle 
dont  autrement  le  crime  devrait  être 
puni ,  et  la  faculté  d'abaisser  la  peine 
de  deux  degrés  ;  enfin  le  retranchement 
du  jparagraphe  de  l'article  259,  qui 
punissait  de  la  prison  quiconque  s'at- 
tribuait des  titres  de  noblesse  non  lé- 
galement conférés  :  telles  sont  les  prin- 
cipales modifications  que  la  loi  du  28 
avril  1832  a  introduites  dans  le  code 
pénal. 

CoDOLET,  ancienne  seigneurie  du 
Languedoc,  aujourd'hui  du  départe- 
ment du  Gard,  érigée  en  marquisat 
en  1622. 

CoEFFETEAU  (Nicolas),  dominicain , 
né  à  Saint-Galais ,  petite  ville  du 
Maine,  en  1574,  mort  à  Paris  en  1623, 
iui  moment  où  il  venait  d'être  nommé 
évéque  de  Marseille.  Son  érudition  en 
théologie  et  ses  talents  comme  prédi- 
cateur lui  avaient  fait  une  grande  ré- 
putation. II  fut  chargé  par  Henri  IV 
et  par  Grégoire  XV  de  composer  divers 
ouvrages  de  controverse  qui  sont  conv- 
plétement  oubliés  aujourd'hui.  On  lui 
doit  en  Qutre  des  poésies  fort  médio- 
eres,  et  une  traduction  de  Floms,  qui 
passa  pendant  quelque  temps  pour  le 
chef-d'œuvre  de  la  langue  française. 

CoEHOBN  (Louis  de  ),  né  a  Stras- 
bourg en  1771,  de  la  famille  du  fameux 
Goehorn ,  surnommé  le  P^auhan  hol- 
landais y  était  en  1789  lieutenant  au 
régiment  d'Alsace.  Capitaine  en  1792 , 
il  ut  en  cette  qualité  les  campagnes 
d'Amérique.  Obligé,  par  une  maladie 
grave ,  de  revenir  en  France ,  il  y  servit 
comme  simple  soldajt  pendant  six  mois, 
et  ne  fut  réintégré  dans  son  grade  qu^à 
la  recommandation  de  Hoche.  Le  ca- 
pitame  Goehorn  se  trouva  presque  à 
toutes  les  affaires  qui  eurent  lieu  pea- 
dant  la  mémorable  campagne  du  Palà- 
4inat,  et  combattit  avec  beaucoup  de 
valeur  à  la  bataille  d'Etlingen  et  à  celle 
de  Langenbruck.  Son  amour  pour  la 
discipline  faillit  lui  coûter  la  vie  après 
la  prise  de  Raiserslautern.  Ayant  voula 


COE 


FRANCE. 


COE 


25d 


réprimer  lies  excès  d'une  colonne  de 
cliasseurs  qui  se  livrait  du  pillage,  il 
fut  reçu  par  des  cris  et  des  nuées.  In- 
digné d'un  tel  acte  d'insubordination, 
Coehorn  menace  de  punir  de  mort  qui- 
conque continuera  de  piller  ;  mais  on 
ne  Técoute  pas  davantage.  Alors  il  fait 
feu  sur  un  des  pillards  qu'il  étend  à  ses 

Sieds,  et  en  blesse  un  autre.  Cet  acte 
e  fermeté  ût  d'abord  rentrer  la  troupe 
dans  l'ordre;  mais  bientôt  des  mur- 
mures éclatèrent  de  toutes  parts.  Coe- 
horn se  tourne  aussitôt  vers  les  mutins, 
en  disant  qu'il  est  encoce  prêt  à  punir 
ceux  qui  se  rendront  coupables  de  teU 
brigandages;  «  mais  cependant,  ajouter 
«  t-il,  si  quelqu'un  de  vous  veut  venger 
c(  la  mort  de  son  camarade,  me  voilà 
«  prêt;  »  et  en  même  temps,  il  jeta  ses 
armes.  Plusieurs  de  ces  forcenés  se 
précipitèrent  alors  sur  lui  et  lui  fîr^t 
onze  olessures;  Coeborn  ne  dut  la  vie 
qu'à  quelques  officiers  qui  parvinrent, 
non  sans  peine,  à  le  tirer  de  leurs 
mains.  Employé,  en  1799,  à  l'armée  du 
Danube ,  sous  le  général  Jourdan ,  il  se 
distingua  aux  affaires  d'Ostèr-Ach  et 
de  Liptingen ,  où  il  fut  blessé  d'un 
coup  ide  feu»  Il  fut  fait  adjudant  géné- 
ral la  naême  année,  et  re^ut  le  com- 
mandement de  la  ligne  du  Rhin  depuis 
Strasbourg  jusqu'à  Neubrisack.  Là 
encore  il  déploya  niai  n tes  fois  contre 
les  Autrichiens  sa  valeur  ordinaire.  Il 
fit  ensuite  la  campgnede  Prusse,  en 
1805,  celle  d'Autriche,  en  1806,  et  fut 
créé  général  de  brigue  eu  1807.  Il  fut 
blesse  d'une  balle  à  Friediand ,  passa, 
en  1806,  à  Dantziek,  et  fît  la  ^mpa- 

fne  d'Autriche,  eii  1809,  sous  les  or- 
res  de  Claparèdè.  Le  général  Coehorn 
déploya  la  plus  grande^  valeur  dans 
Taffaire  d'Ebersberg,  où  sa  division, 
séparée  momentanément  du  reste  de 
Tarmée,  par  l'incendie  du  pont  sur  la 
Traun,  eut  à  lutter  pendant  trois  heures 
et  avec  quatre  pièces  d'artillerie  seule- 
ment, contre  trente  mille  Autrichiens. 
Coehorn  se  trouva  ensuite  aux  batailles 
d'AspeiD,  d'Ëssling  et  de  Wagram. 
Employé,  en  1813 ,  à  la  grande  armée 
d'Allemagne^  sous  les  ordres  de  Mar- 
mont,  il  prit  part  aux  batailles  de 
liUtzen  et  Bautzen,  et  eut  la  cuisse 


emportée  par  un  boulet  à  la  bataille  de 
Leipzig.  Resté  au  pouvoir  de  l'ennemi , 

Ïnrave  Coehorn  fut  transporté  à 
eipzig,  où  il  mourut. 

—  La  famille  de  Coeborn  a  fourni 
plusieurs  rejetons  qui  s'établirent  dès  le 
quatorzième  siècle  dans  le  comtat  Ye- 
naissin ,  entre  autres ,  un  habile  officier 
de  la  marine  française,  Joseph  de 
Coehorn,  mort  en  1715,  à  Carpen- 
tras,  sa  ville  natale,  après  s'être  dis- 
tingué en  plusieurs  occasions  .et  spé- 
cialement en  1664,  à  l'attaque  de 
Gigeri  en  Barbarie  ^  sous  les  ordres  du 
duc  de  Beaufort. 

Cœnigenses,  peuple  gaulois  men- 
tionné par  Pline,  et  qui  semble  avoir 
été  pendant  un  assez  long  espace  de 
t;emps  er^lobé  dans  le  territoire  des 
Marseillais.  Des  médailles  trouvées 
récemment  permettent  de  les  placer  à 
l'embouchure  du  Rhône ,  sur  le  bras 
du  Delta,  auquel  Ptolémée  donne  le 
nom  de  Cœnus  fluvitcs, 

CoESSiN  (F.-G.),  né  à  Lisieux^en 
1782,  s'est  fait  un  nom  dans  les  pre- 
mières années  de  notre  siècle ,  par  soa 
niysticisme  excentrique.  Elève  enthou- 
siaste du  coDveiitionnel  Rome,  puia 
de  Clouet,  à  l'époque  où  celui-ci  fut 
envoyé  à  Cayenne  pour  y  fonder  une 
répuolique  modèle^  il  imagina,  vers 
1810 ,  ue  créer  un  établissement  qui 
n'avait  rien  de  commun  avec  une  ré- 

Subliaue,  et  qui,  malgré  le  mystère 
ont  U  s'environnait,  fut  généralement 
connu  à  Paris  sous  le  nom  de. la  Mai-^ 
son  grise  ;  c'est  à  Ghaillot  qu'il  avait 
posé  les  bases  de  ce  mystique  asile.  Il 
était  devenu  un  fougueux  ultramon- 
tain,  et  il  serait  difticile  de  donner  une 
idée  des  singularités  de  son  institut , 
où  la  sévérité  du  régime  alimentaire 
qui  était  prescrit  aux  néophytes  pou- 
vait remplacer  les  austérités  de  tout 
autre  genre.  En  effet,  disait  M.  Coës- 
sin,  le  besoin  d'aliments  est  le  cachet 
de  notre  imperfection  terrestre ,  et  les 
résultats  hoBteux  de  la  digestion  sont 
la  Qétrissure  permanente  découlée  du 
péché  originel.  De  malins  observateurs 
prétendaient  cependant  <|ye  la  table 
particulière  de  M.  Cpëssin  était  aussi 
somptueusement  servie  que  celle  de  ses 

17. 


\ 


260 


COE 


L'UNIVERS 


COE 


adeptes  était  pauvre  et  frugale;  en 
même  temps  M.  Coëssin  s'amusait  à 
faire  des  expérimentations  diverses  sur 
certains  anmiaux,  et  particulièrement 
sur  des  lapins ,  prétendant  pouvoir  à 
volonté  modifier  1  organisation  et  chan- 
ger même  entièrement  les  espèces. 
Bientôt  la  maison  de  Chaillot  ne  pou- 
vant plus  suffire  au  nombre  toujours 
grossissant  de  ses  disciples,  il  la  quitta 
pour  se  fixer  dans  la  rue  de  J' Arcade, 
dans  un  hôtel  environné  de  fort  beaux 
jardins.  M.  Coëssin ,  maître  de  serrer 
ou  d'élargir  une  doctrine  dont  il  avait 
seul  tout  le  secret ,  recommanda  alors 
à  ses  disciples  tous  les  plaisirs  permis, 
et  surtout  la  société  des  femmes , 
comme  des  voies  plus  commodes  ou- 
vertes à  la  perfection.  Déjeunes  dames 
charmantes  vinrent  donc  s'enrôler  sous 
sa  bannière  ;  mais  chacun  des  mem- 
bres versait  un  contingent  dans  la 
caisse  de  la  société,  dont  M.  Coëssin 
était ,  comme  de  raison  ,  le  dispensa- 
teur et  le  gardien,  en  sa  qualité  de 
grand  pontife.  De  là  des  discussions , 
des  embarras ,  auxquels  le  blocus  de 
Paris  vint  fort  à  propos  fournir  à 
M.  Coëssin  l'occasion  de  mettre  un 
terme.  La  restauration  devait  ouvrir 
tine  nouvelle  carrière  à  son  activité 
d'esprit;  mais  un  certain  voile  envi- 
ronna ses  nouvelles  opérations.  Tout 
ce  que  l'on  sut ,  c'est  qu'il  fit  depuis 
ce  temps  de  fréquentes  excursions  et 
d'assez  longs  séjours  à  Rome,  où  l'on 
dit  qu'il  fonda  une  nouvelle  émanation 
de  la  prem  ère  maison  grise.  On  apprit 
aussi  qu'il  venait  souvent  à  Paris, 
chargé  de  missions  mystérieuses.  A 
cette  courte  notice  nous  ajouterons  le 
passage  suivant ,  extrait  des  Mémoires 
de  madame  de  Gerdis:  «  Je  reçois 
«  aussi  quelquefois ,  dit  cette  dame , 
«  un  homme  fort  extraordinaire;  c'est 
«  M.  Coëssin.  Après  avoir  été  philo-  ' 
«  sophe  dans  le  mauvais  sens,  il  est 
«  devenu  ,  par  la  force  de  son  esprit , 
ce  très-croyant  et  très-dévot;  mais  il 
«  est  infiniment  trop  tdtram^ntain, 
«  Ses  ennemis  disent  qu'il  est  hypo- 
«  crite  ;  pour  moi  je  suis  certaine  qu'il 
«  est  très-persuadé  de  la  vérité  de  la 
«  religion  ;  il  a  la  foi  que  donnent  de 


«  grandes  lumières  ;  il  n'a  peut-être 
«  pas  celle  qu'inspire  le  cœur  et  qui 
«  vient  du  ciel;  il  est  ambitieux,  mais 
«  du  moins  son  ambition  est  noble 
«  et  généreuse.  Je  n'ai  point  connu 
a  d'homme  qui  ait,  dans  la  conversa- 
«  tion  sur  les  grands  sujets  de  la  reli- 
«  gion  et  de  la  politique,  une  élo- 
«  quence  aussi  forte,  aussi  entraînante 
«  que  celle  de  M.  Coëssin...  La  nature 
«  la  fait  pour  être  prédicateur,  et  sur- 
«  tout  missionnaire;  et  néanmoins  cet 
«  homme  n'est  plus  tout  à  fait  le  même 
«  lorsqu'il  écrit;  il  a  publié  un  ou- 
«  vrage  intitulé  les  Neuf  livres  y  dans 
«  lequel  on  trouve  des  étincelles  d'un 
«  grand  talent,  et  qui  d'ailleurs  a  de 
«  robscurité  et  manque  souvent  de  ré- 
«  sultat.  Il  est  l'inventeur  d'une  espèce 
«  de  bateaux  è  vapeur,  qui ,  dit-on  ^ 
«  doivent  produire  de  grandes  choses 
«  pour  le  commerce,  et  une  fortune 
«  immense  et  prompte  pour  l'inven- 
«  teur.  Il  me  dit  qu'il  comptait  gagner 
n  incessamment  des  millions.,  et  que 
«  son  projet  était  de  porter  ces  trésors 
«  à  Rome  pour  y  exécuter  un  grand 
«  plan  en  laveur  de  la  religion.  !Nous 
ce  imaginâmes  qu'il  avait  l'intention  et 
«  l'espérance  de  se  faire  élire  pape,  a 
«  la  mort  de  Pie  VII.  Il  est  curieux  de 
«  voir  ce  que  deviendra  cet  homme 
ce  extraordinaire.  »  Quant  à  nous,  nous 
n'avons  pu  découvrir  ce  que,  depuis 
une  vingtaine  d'années,  il  est  devenu. 

CoBTiON,  ancienne  seigneurie  de 
Bretagne,  érigée  en  vicomte,  en  1650, 
et  en  marquisat,  en  1717,  sous  le  nom 
de  la  Bourdonnay. 

CoETiYY,  ancienne  famille  de  Bre- 
tagne, tire  son  nom  de  la  terre  de 
Coëti  vi ,  située  dans  le  diocèse  de  Léon. 
On  n'en  connaît  la  descendance  ç|ue 
depuis  Prégentf  seigneur  de  Coëtivi, 
premier  du  nom ,  chevalier  banneret , 
^ui  vivait  en  1212.  La  famille  de  Coë- 
tivi qui ,  dans  la  guerre  civile  de  Bre- 
tagne ,  avait  embrassé  le  parti  de 
Charles  de  Blois ,  a  produit  comme 
personnages  remarquables  : 

^lain  III,  qui  servit  sous  le  con- 
nétable de  Richemont ,  et  fut  tué  en 
1425  au  siège  de  Beauvron. 

Prégent  Fil,  qui  joua  un  grand 


€OE 


FRANCE. 


€OB 


261 


r6le  dans  les  guerres  de  Charles  VII 
contre  les  Anglais ,  et  se  trouva  à  la 
plupart  des  sièges  et  des  batailles  de 
1420  à  1450.  A  cette  dernière  date,  il 
fut  tué  d'un  coup  de  canon  au  siège  de 
Cherbourg.  Il  avait  été  nommé  ami- 
ral de  France  en  1439.  «  Sa  mort ,  dit 
«  le  chroniqueur  contemporain ,  fut 
«  un  grand  dommage  et  perte  notable 
«  pour  le  roi;  car  il  étoit  tenu  des 
«  vaillants  chevaliers  et  renommés  du 
«  royaume ,  fort  prudent  et  encore  de 
«'  bon  âge.  » 

j^lain  de  Coêtivi,  cardinal ,  évêque 
de  Dol,  puis  de  Cornouailles,  et  enfin 
d'Avignon  ,  fut  un  des  plus  vertueux 
prélats  de  son  temps.  Il  mourut  à 
Aome  en  1474. 

CoETLOGON ,  ancienne  châtellenie 
de  Bretagne  (aujourd'hui  département 
des  Côtes-du-Nord  ) ,  érigée  en  mar- 
quisat en  1622. 

CoETLOGON  (Alain-Emmanuel  de) , 
né  en  1646,  se  distingua  dans  onze 
batailles  navales ,  entre  autres  aux 
combats  de  Bantry ,  sur  les  côtes  d'Ir- 
lande, en  1688;  de  la  Hogue,  en  1692  ; 
et  de  Yelez-Malaga,  en  1704.  Il  était 

f parvenu  au  grade  de  chef  d'escadre, 
orsqu'à  la  mort  du  maréchal  de  Châ- 
teau-Renaud, en  1716,  il  fut  nommé 
vice-amiral.  Mécontent  du  ministère 
qui  l'avait  oublié  dans  une  promotion 
de  maréchaux  de  France,  il  prit  le 
parti  de  se  retirer,  en  1727,  au  novi- 
ciat des  jésuites  de  Paris.  Quatre  jours 
avant  sa  mort,  arrivée  en  1730,  on  lui 
envoya  le  bâton  de  maréchal  ;  il  ré- 
pondit à  son  confesseur ,  qui  lui  an- 
nonça cette  nouvelle ,  qu'une  telle  fa- 
veur l'aurait  Qatté  autrefois,  mais  que, 
près  de  sortir  du  monde ,  il  le  priait 
Ue  ne  lui  parler  que  de  son  néant. 

CoETLOSQDET  (Charles-Yves-César- 
Cyr,  comte  du) ,  né  à  Morlaix  en  1783, 
entra  fort  jeune  au  service,  se  distin- 
gua en  Italie,  à  Austerlitz ,  à  léna ,  en 
Espagne,  à  Essling,  et  dans  la  cam- 

f>àgne  de  Russie.  Il  obtint,  en  1813, 
e  commandement  du  8"  hussards,  de- 
vint général  de  brigade  dans  la  même 
année ,  et  assista  à  la  bataille  dé  Mon- 
tereau.  Chargé,  pendant  la  première 
restauration  4  du  commandement  du 


département  de  la  Nièvre,  il  fit,  lors 
du  retour  de  Napoléon ,  quelques  ten- 
tatives en  faveur  de  l'autorité  royale , 
et  resta  sans  emploi  pendant  les  cent 
jours.  Aussitôt  après  la  seconde  res- 
tauration ,  il  fut  chargé  d'une  mission 
dans  l'Ouest,  se  rendit  ensuite  à  Bor- 
deaux, auprès  du  général  Clausel ,  et 
fut  nommé  aide-major-général  de  la 
garde  royale.  Élevé,  en  1821,  au  grade 
de  lieutenant  général ,  il  fut  appelé  à 
la  direction  du  personnel  du  ministère 
de  la  guerre.  Il  était  conseiller  d'État 
lors  de  la  révolution  de  1830,  après 
laquelle  il  se  retira  de$  affaires.  Il  est 
mort  en  1836. 

CoETLOSQUET  (  J.  G.  de ) ,  né,  en 
1700,  à  Saint-Pol  de  Léon ,  chancelier 
de  Bourges,  évêque  de  Limoges,  n'a 
d'autre  titre  à  la  célébrité  que  d'avoir 
été  le  précepteur  du  duc  de  Boulo- 
gne ,  depuis  Louis  XVI,  et  de  ses  rrè- 
res;  fonctions  qui ,  suivant  l'usage,  le 
firent  entrer  à  1  Académie  française  en 
1721.  Il  mourut  en  1784,  à  l'abbaye  de 
Saint-Victor. 

CoETMÀN  (Jacqueline  le  Voyer, 
dite  de).  — «Six  mois  après  la  mort 
de  Henri  IV,  une  certaine  demoiselle 
Coetman ,  une  petite  bossue ,  (|ui  se 
fourroit  partout  et  qui  se  faisoit  tou- 
jours de  fête,  accusa  mademoiselle  du 
Tillel  d'avoir  été  d'intelligence  avec 
M.  d'Espernon  pour  faire  assassiner 
Henri  IV.  Ravaillac,  qui  étoit  d'An- 
gouléme,  dont  M.  d'Espernon  étoit 
gouverneur,  fut  six  mois  chez  elle 
comme  chez  la  nonne  amie  du  duc , 
mais  quelques  années  avant  que  de 
faire  le  coup.  La  Coetman  disoit  que 
la  reine  mère  étoit  du  complot ,  mais 
que  Ravaillac  ne  le  sa  voit  pas  ;  faute 
de  preuves,  et  pour  assoupir  une  af- 
faire qui  n'étoit  pas  bonne  à  ébruiter, 
la  Coetman  fut  condamnée  à  mourir 
entre  quatre  murailles  ;  elle  fut  mise 
aux  filles  repenties ,  où  on  lui  fit  une 
petite  iogette  grillée  dans  la  cour  ;  elle 
y  est  morte  quelques  années  après  (*). 

COETQUEN ,  ancienne  seigneurie  de 
Bretagne ,  érigée  en  marquisat  en  lô7ô. 

(*)  Tallemont  des  Réaux  f  hîstoriea  d« 
inademoiselle  du  Tiliet* 


des 


€IW 


LTJNIVEBS. 


COIÇ 


CcEUR  (Jacques),  argentier  du  roi 
Charles  Vil,  l'un  des  créateurs  du  com- 
merce français ,  était  fils  d'un  orfèvre 
de  Bour§;es.  Il  fut,  dans  sa  jeunesse, 
employé  à  la  fabrication  des  monnaies; 
il  se  livra  ensuite  au  commerce,  et  s'y 
enrichit.  Charles  VII,  qui  voulait  se 
rattacher,  le  nomma  maître  de  la  mon- 
naie de  Bourges,  puis  le  chargea,  peu 
de  tenips  après,  de  diriger,  sous  le 
titre  d'argentier  du  roi,  1  administra- 
tion des  finances  de  la  France.  Ces 
fonctions  ne  Tempéchèrent  pas  de  se 
livrer  au  négoce;  elles  lui  fournirent  au 
contraire  le  moyen  de  donner  une 
grande  impulsion  à  l'industrie  fran^ 
caise.  Il  faisait  sur  terre  et  sur  mer, 
avec  les  chrétiens  et  les  musulmans , 
un  comitierce  considérable  de  drap 
d'or  et  de  soie ,  de  fourrures,  d'armes, 
d'épicerie^,  de  lingots  d'or  et  d'argent; 
il  occupait  trois  cents  facteurs  et  il  di- 
rigeait plus  d'affaires  à  lui  seul  que 
tous  Içs  négociants  réunis  de  la  France 
et  de  l'Italie.  Les  mers  étaient  couver- 
tes de  ses  vaisseaux ,  et  il  luttait  avec 
avantage  contre  Gènes  et  contre  Ve- 
i^ise.  Bientôt  ses  richesses  furent  si 
considérables  qu'elles  donnèrent  nais- 
sance à  un  proverbe  :  riche  comme 
Jacques  Cœur,  Lorsque  Charles  VII 
entreprit^  en  1448,  fa  conquête  de  la 
T^ormandie,  Jacques  Cœur,  dont  le 
patriotisme  égalait  la  haute  intelli- 
gence ,  lui  prêta  200,000  écus  d'or,  et 
entretint  quatre  armées  à  ses  frais 
pendant  toute  la  durée  de  la  guerre. 
Agnès  Sorel ,  qui  mburut  l'année  sui- 
vante, le  choisit  pour  l'un  de  ses  exé- 
cuteurs testamentaires,  et  le  roi  l'a- 
nDblit  en  réconipensede  ses  nombreux 
services.  Il  acheta  alors  des  terres  et 
des  châteaux  «  et  devint  propriétaire 
de  la  seigneurie  de  Saint-FargeaU,  de 
laquelle  dépendaient  vingt-deux  pa- 
roisses. Mais  tant  d'opulence  excita  la 
jalousie  et  ia  cupidité  des  nobles  et  des 
courtisans ,  qui  dès  lors  conjurèrent  sa 
perte.  Charles  VII  l'ayant  mis  au  nom- 
bre des  aml3as^deurs  qu'il  envoyait  à 
Lausanne,  pour  terminer  le  schisnie 
de  Félix  V,  ses  ennemis  profitèrent  de 
ftOA  absence  pour  le  perdre  dans  l'es- 
prit du  roi.  On  l'accusa  d'avoir  fait 


sortir  de  l'argent  du  royaume ,  d'avoir 
vendu  des  arnies  aux  mUsuInoan^,  ren- 
voyé à  son  maître  un  ei^clave  chrétieii 
qui  s'était  réfugié  sur  une  de  ses  ga- 
lères,  contrefait  le  sceau  du  roi,  al- 
téré les  monnaies  ^  enfin  de  s'être  servi 
du  nom  du  roi  pour  forcer  les  particu- 
liers et  même  des  provinces  à  lui  payer 
des  sommes  considérable^.  Charles 
nomma  pour  le  juger  une  commission, 
dont  il  donna  la  présidence  à  Chaban- 
nes ,  Fennémi  mortel  de,  l'accusé.  Ce 
fut  en  vain  que  Jacques  Cœur  iri  vogua 
le  bénéfice  de  çléric^ature:  en  vain  fut- 
il  réclamé  par  les  grands  vicaires  de 
Poitiers,  toutes  lés  réclandations  fu- 
rent inutiles^  On  lui  refusa  des  avocats 
et  un  conseil.  On  rie  voulut  pas  éntei> 
dre  ses  témoins  à  décharge.  £n  un 
mot,  la  procédure  fut  conduite  avec  une 
iniquité  révoltante.  Enfin,  comme  il 
persistait  à  se  proclamer  innocent  de 
toutes  les  accusations  portées  contre 
lui ,  on  le  menaça  de  la  question.  L'ap- 
piaireil  des  tourments  abattit  s'orl  cou- 
rage, et  il  déclara  s'en  rapporter  au 
témoignage  de  ses  accusateurs.  Alors 
fut  rendu  contre  lui ,  le  Id  mai  1453  , 
un  arrêt  qui  le  déclarait  convaincu  des 
crimes  dont  on  l'accusarit  et  I^  con- 
damnait à  mort.  Cependant  le  io\  ^  en 
considération  dé  certains  services ,  et 
à  la  recommandation  du  pape,  com- 
mua sa  peine ,  et  décida  qu'il  payerait 
au  trésor  royal  une  indemnité  de 
400,000  écus ,  Que  foiis  ses  biens  se- 
raient confisques ,  et  qu'il  subirait  la 
pèinè  du  bannissement  perpétuel ,  et 
ferait  amende  honorable  devant  une 
église. 

Jacques  Cœur  fut  ensuite  enfermé 
dans  fe  couvent  des  cordeliers  de  Beau- 
caire;  mais  il  s^en  écbappa  peu  dé 
temps  après,  par  lé  secours  de  Jean 
puviilage,  l'un  de  ses  facteurs  â  qui 
il  avait  fait  épouser  sa  nièce.  La  con- 
fiscation de  $es  biens  t'avait  réduit  à 
la  misère  ;  ses  commis ,  dont  il  avait 
été  plutôt  le  père  que  lé  maître ,  se  co- 
tisèrent pour  lui  lournir  une  somme 
de  60,000  écus.  Il  put  alors  se  réfu- 
gier auprès  du  pape  Calisté  III ,  qui 
uii  confia  le  commandement  d'une 
flotte  qu'il  venait  d'armer  <K)ntrè  lés 


um 


PAANCE. 


COF 


368 


Tares.  Jame»  Cœur  «'embarqua, 
loais  ii  toniba  malade  en  traversant 
l'Archipel,  et  loourut  à  Chio  vers  1461 . 
Tel  fut  le  sort  de  cet  hoinnae,  qui, 
avec  rhéroïne  de  Domremy,  et  comme 
elle  SQf ti  des  rangs  du  peuple ,  avait 
si  puissamment  contribué  à  faire  re- 
rnaître  ta  nationalité  française.  Il  est 
eurieux  de  rapprocher  sa  destinée  de 
celle  d' Angot ,  que  Tingrat  François  I*"' 
laissa  iDc^rlr  dans  la  misère.  (Voyez 

Louis  XI,  dont  Tesprit  pénétrant 
aurait  »  biea  apprécié  Jacques  Cceur, 
fit  réhabiliter  sa  méemrç  ;  mais  ce  ne 
fut  qu^après  un  long  procès ,  qui  fut 
seulement  terminé  sou$  Charles  YIII, 
que  ses  enfants  purent  rentrer  dans  la 
possession  des  seigneuries  de  leur  père, 
usurpées  par  Chabanaes^  comte  de 
Dammartin. 

Jacques  Cœur,  dont  la  devise  était 
«  A  cœur  vaillant  rien  d'impossible,  » 
avait  composé  des  ouvrages  d'un  haut 
intérêt 4  entre  autres,  un  Dénombre- 
ment ou  calcul  des  revenus  de  la 
France ,  qui  a  été  inséré  dans  la  Di- 
fH$ion  du  monde  de  Jacques  Signet. 

Un  savant  travail  de  Bonamy,  que 
l'on  trouve  dans  le  recueil  de  J'Acadé^ 
mie  des  inscriptions,  a  lavé  la  mé- 
moire de  Jacques  Coeur  de  tous  les 
crimes  qu'on  lui  avait  iinpotés. 

CcBUVBBS ,  ancienne  seigneurie  du 
Soissonnais,  aujourd'hui  département 
de  l'Aisne ,  à  8  kilom.  de  Soissons , 
^igée,en  164ô,  en  duché-pairie,  soiis 
le  nom  d'Esirée». 

CoEVOBDBN  (  prise  de  ).  —  La  ri- 
gueur du  froid  pendant  l'hiver  de  1794, 
et  la  crainte  dWaiblir  son  aripée  en 
l'étendant  sur  un  terrain  trop  consi- 
dérable, déterminèrent,  dit-on,  Piche- 
gru  à  cantonner  d'abord  l'armée  éa 
Nord  dirrière  les  lignes  delà  Grèbe, 
puis  à  ne  pas  inquiéter  les  Anglais, 
qui  s^étaient  retira  en  arrière  de  l' Ys- 
ftel.  Leur  position  était  bonne  ;  mais 
ils  en  étaient  venus  à  perdre  Itiule 
€)onf]ancedaBa4eur  courage.  L'appari- 
tion d'uo  seul  bataillon  français  et 
d'un  escadron  de  hussards  devant  Har- 
devrick  suffit  pour  leur  faire  évacuer 
Campén  et  JLwoI.  Tant  de  pasiUani- 


mité  accrut  l'audace  de  nos  troupes. 
IL  fallait  chasser  entièrement  les  An- 
glais de  la  Hollande*  Après  le  passage 
de  l'Yssel ,  un  seul  bataillon  de  gre- 
nadiers  et  deux  escadrons  de  hussards, 
envoyés  pour  faire  une  reconnaissance 
sur  Goo,  Kessen,  Almelo  et  Hardem- 
berg,  leur  JBrent  évacuer  le  Twente. 
Une  faible  patrouille  pa|^ut  à  Hardem- 
berg  ;  dès  que  les  Anglais  l'aperçurent 
marchant  pendant  deux  (ieues  avec  de 
l'eau  jusqu'aux  genoux ,  au  milieu  deç 
marais  formés  par  le  dégel ,  ils  éva* 
cuèrent  Goevoraen,  le  16  février,  en 
fuyant  dans  un  désordre  complet.  Ces 
braves ,  qui  les  faisaient  reculer ,  n'é- 
taient pas  cependant  des  militaires 
endurcis  dans  les  travaux  guerriers  ; 
c'étaient  pour  la  plupart  des  jeunes 
gens  que  la  réquisition  avait  enlevés  à 
leurs  familles  ;  mais  leur  ardeur  dou- 
blait leurs  forces  physiques;  le  désir 
de  la  gloire  exaltait  toutes  le^rs  facul- 
tés; de  manière  qu'on  ne  vit  jamais 
mieux  la  vérité  de  cet  adage  militaire  * 
  la  guerre,  c'est  le  cQurage  qui 
porté  les  sacs. 

CoFFiN  (Charles) ,  recteur  de  l'Uni- 
versité ,  et  l'un  des  hommes  qui  ont 
cultivé  chez  nous  avec  le  plus  de  suc- 
cès les  lettres  latines,  naquit ,  le  6  oo- 
tobre  1676,  à  Buzancy,  dans  le  diocèse 
de  Reims.  Après  de  brillantes  études, 
qu'il  termina  à  Paris ,  au  collège  du 
Plessis,  il  fut,  en  1701,  nommé  par 
RoHin  régent  de  seconde  dans  celui  de 
Dormans-Beanvais,  oO  il  lui  succéda 
eomme  principal  en  1713.  l'habileté 
dont  il  fit  preuve  dans  ses  nouvelles 
fonctions  le  fit  revêtir^  en  17 là,  de  la 
première  dignité  universitaire.  Il  con- 
tribua alors  à  faire  décréter  l'établisse- 
ment de  l'enseignement  gratuit  dans 
les  collèges  ;  puis ,  à  l'expiratiou  des 
trois  années  de  son  rectorat ,  il  rede- 
vint principal  du  collège  de  Be^uvais, 
place  qu'il  occupa  Jusqu'à  sa  mort,  ar- 
rivée en  1749. 11  fit  paraître,  en  1727, 
un  volume  de  poésies  latines,  oii  l'on 
trouve  autant  de  grâce  que  de  facilité. 
On  y  admire  surtout  une  charmante 
ode  au  vin  de  Champagne,  ^ui  valut 
à  l'auteur,  de  la  part  des  Renvois  re- 
GOitQaissants,  l'envoi  annuel  d'un  pa- 


264 


COF 


L'UNIVERS. 


€OF 


nier  de  leurs  meilleurs  produits.  L'heu- 
reux disciple  d*Horace  et  d'Ovide 
s'éleva  plus  tard  à  des  chants  plus  sé- 
rieux. Ses  belles  hymnes  enrichissent 
le  bréviaire  de  Pans,  et  la  touche  de 
sa  plume  se  reconnaît  dans  divers  pas- 
sages de  r Anti-Lucrèce,  qu'il  revit 
avec  Crevier  et  Lebeau. 

CoFFiNHAL  (Jean-Baptiste),  né  en 
17.54,  à  Aurillac,  d'une  famille  hono- 
rable ,  mais  sans  fortune ,  embrassa 
avec  ardeur  la  cause  de  la  révolution, 
fiomme  d'action  avant  tout,  doué  d'un 
caractère  énergique  et  d'une  grande 
force  corporelle,  il  se  distingua,  par  sa 
décision  et  par  son  courage,  dans  tou- 
tes les  journées  les  plus  périlleuses. 
Malheureusement,  il  poussa  quelque- 
fois la  fermeté  jusqu'à  l'excès^  et  sa 
conduite  envers  Lavoisier  le  fit  passer 
pour  un  homme  cruel;  reprocne  en 
partie  mérité,  et  d'autant  plus  fâcheux 
que ,  aussi  bien  que  son  patriotisme , 
sa  probité  est  restée  à  l'aori  des  atta- 
ques de  ses  adversaires ,  et  même  de 
ses  ennemis.  Elle  lui  valut  Ttstlme  et 
l'amitié  de  Robespierre,  qui  cependant 
s'efforçait  de  modérer  sa  fougue.  On 
le  distinguait  habituellement  de  ses 
deux  frères  par  le  surnom  de  Duhail. 
Il  commença  par  étudier  la  médecine  ; 
mais  il  abandonna  bientôt  cette  car- 
rière pour  suivre  celle  du  barreau. 
Dans  ce  but ,  il  vint  à  Paris ,  où  il 
acheta  une  charge  de  procureur  au 
Châtelet.  Dès  que  la  révolution  éclata, 
il  se  prépara  à  prendre  les  armes. 
Dans  la  journée  du  10  aoât,  on  le  vit 
se  battre  avec  vaillance  contre  les  roya- 
listes, et  surtout  contre  les  Suisses, 
leurs  auxiliaires.  Aussitôt  après  la  prise 
des  Tuileries,  la  commune  le  nomma 
vice-président  du  tribunal  du  10  août, 
qui  se  ' montra  impitoyable  envers  les 
contre-révolutionnaires.  Les  suffrages 
de  la  majorité  le  portèrent  au  fauteuil 
de  la  présidence,  dans  le  sein  du  club 
des  Jacobins.  Lors  de  la  création  du 
tribunal  révolutionnaire,  il  accepta  les 
fonctions  de  juge ,  puis  de  vice-prési- 
dent de  ce  tribunal  terrible.  II  prit 
part,  en  cette  qualité,  à  un  grand 
nombre  de  condamnations  ;  on  lui  re- 
pro(^  d'avoir  traité  quelques  accusés 


avec  beaucoup  de  dureté.  Lorsque  La- 
voisier demanda  un  sursis  de  quinase 
jours  pour  mettre  la  dernière  main  à 
une  découverte  qu'il  croyait  utile, 
Coffinhal  s'y  opposa ,  et ,'  dans  son 
mépris  pour  l'illustre  savant,  qu'il 
croyait  sincèrement  coupable  de  mal- 
versations, il  s'oublia  jusqu'à  dire  : 
«  La  république  n'a  plus  besoin  de 
chimistes  ;  »  paroles  de  colère  d'autant 

f^lus  déplacées  dans  sa  bouche,  que 
ui-méme  ne  manquait  pas  d'instruc- 
tion. Cependant  il  resta  en  grande 
partie  étranger  à  ces  exécutions  nom- 
breuses qui ,  sous  le  nom  de  grandes 
fournées,  souillèrent  les  derniers  temps 
de  la  terreur,  jusqu'au  9  thermidor. 
Partisan  de  Robespierre  ,  il  dut  gémir 
comme  lui  de  l'usage  épouvantable 
qu'on  faisait  de  la  loi  du  22  prairial , 
conçue  dans  une  autre  pensée ,  quoi 
qu'en  aient  pu  dire  les  tnermidoriens 
et  leurs  défenseurs.  [Voyez  les  Anna- 
les^ t.  II ,  p.  314  et  399,  et  dans  le 
Dictionnaire,  l'art.  PRAifiiAii  (loi  du 
22).] 

Coffinhal  fut  du  petit  nombre  des 
révolutionnaires  de  cette  époque  qui 
comprirent  que,  si  on  ne  songeait  pas 
enfin  à  organiser  la  république,  elle  se 
flétrirait  dans  la  démoralisation  et  fi- 
nirait par  périr  sous  les  coups  de  l'a- 
narchie.  Ne  voyant  de  remède  au  mal 
que  dans  une  "dictature  personnelle, 
il  encouragea  Robespierre  à  mettre  à 
exécution  ses  projets  de  réforme.  Ce- 
lui-ci lui  fit  entendre  que  la  république 
pouvait  être  sauvée  autrement  que 
par  une  usurpation  de  pouvoir ,  et  en 
n'ayant  recours  qu'à  des  moyens  lé- 
gaux pour  arriver  à  de  sages  améliora- 
tions. Mais ,  an  9  thermidor,  lorsque 
Coffinhal  vit  les  ennemis  de  Rob^* 
pierre  déjouer  par  leur  machiavélisme 
Je  système  de  modération  adopté  par 
celui-ci,  il  revint  à  lui-même  et  voulut 
tout  enlever  par  un  visoureux  coup  de 
main.  Ce  fut  lui  qui,  dans  la  soirée  du 
8  fflermidor,  offrit  d'aller  à  la  tête  de 
quelques  hommes  déterminés,  s'empa- 
rer des  membres  du  comité  de  salut 
public  et  de  sûreté  générale.  Robes- 
pierre ,  aimant  mieux  succomber  que 
d'avoir  recours  à  la  violance,  s'opposa 


GOF 


FRATÎCE. 


GOG 


266 


fortement  à  ce  projet ,  qui  aurait  dé- 
cidé le  succès  en  sa  faveur.  Le  9,  après 
la  séance  de  la  Convention ,  ce  fut  en- 
core CofQnhal  qui  alla  délivrer  Hen- 
riot,  retenu  prisonnier  au  comité  de 
sûreté  générale,  et  même  à  ce  moment, 
SI  Robespierre  avait  voulu  suivre  ses 
conseils  et  ceux  de  Saint- Just,  la  vic- 
toire pouvait  revenir  du  c6té  de  la 
Commune,  mais  il  aima  mieux  suc- 
comber que  d1  miter  Cromweti.  Les 
troupes  de  la  Convention ,  sans  avoir 
éprouvé  la  moindre  résistance  sur  leur 
route,  entrèrent  de  même,  sans  coup 
férir,  dans  la  salle  de  rhôtel  de  ville, 
où  était  assemblé  le  conseil  général  de 
la  Commune.  Coffinbal  parvint  à  s'é- 
cbepper ,  mais  après  avoir  passé  sa 
fureur  contre  Henriot ,  dont  Tineptie 
avait  été  si  funeste  à  son  parti. L*ayant 
rencontré  dans  un  corridor  de  Photel 
de  ville,  il  s'élança  sur  lui  et  le  préci- 
pita du  haut  d'une  fenêtre  daus  une 
des  cours  intérieures ,  en  lui  disant  : 
«  Tiens,  misérable,  voilà  le  prix  de  tes 
lâchetés.  »  Un  fait  certain,  c'est  que 
si  Coffinhal  avait  été  le  chef  de  la  force 
armée  à  la  place  de  Henriot ,  l'événe- 
ment aurait  très-probablément  pris 
une  autre  tournure  ;  mais  Robespierre, 
qui  ne  voulait  pas  de  violence  ,  l'avait 
tenu ,  à  dessein ,  éloigné  du  comman- 
dement militaire. 

,  La  fin  de  Coffinhal  fut  tragique. 
Étant  parvenu  à  s'ouvrir,  sabre  en 
main,  un  passage  à  travers  la  foule 
des  sections  armées,  il  erra  quelque 
temps  à  l'aventure  et  finît  par  aller 
chercher  un  refuge  dans  rîle  des 
Cygues.  Là,  il  endura  pendant  quel- 
ques jours  les  souffrances  de  la  soli- 
tude au  milieu  des  privations  les  plus 
cruelles,  sans  consolations,  sans  nou- 
velles de  ses  amis ,  sans  vivres.  Mou- 
rant dMnanition ,  il  se  décida  enfin  à 
quitter  ce  triste  séjour  et  à  aller  de- 
mander l'hospitalité  à  un  ami  auquel 
il  avait  rendu  d'importants  servires  et 
sur  la  dévotion  duquel  il  comptait  : 
cet  ami  s'acquitta  des  devoirs  ae  l'a- 
mitié et  de  la  reconnaissance  en  le 
livrant  à  la  gendarmerie.  Comme  tous 
les  autres  vaincus ,  Coffinhal  avait  été 
mil  hors  la  loi  par  le  décret  du  0 


thermidor  ;  le  tribunal  n'eut  donc  qu*à 
constater  son  identité,  pour  l'envoyer 
'à  l'érhafaud.  Il  y  monta  le  18  ther- 
midor (août  1794),  avec  le  courage 
qu'on  lui  avait  toujours  connu. 

Coffinhal  -  Dunoyeb  (  Joseph  ) , 
frère  du  précédent ,  baron ,  conseiller 
d'État ,  conseiller  à  la  cour  de  cassa- 
tion, naquit  à  Aurillac,  en  1757.  Il 
ne  partagea  point  les  opinions  po» 
litiques  de  son  frère  dont  il  ré- 
pudia même  le  nom,  et  sut  se- 
maintenir  constamment  dans  une  li- 
gne-de  modération  qui  lui  permit  de 
conserver  ses  hautes  fonctions  sous 
tous  les  gouvernements.  En  1814,  il 
fut  un  des  premiers  à  adhérer  à  la 
déchéance  de  l'empereur,  qui  l'avait 
comblé  de  faveurs,  et  dont  il  avait 
plus  d'une  fois  célébré  la  puissance  et 
la  gloire. 

COFFBETIEBS-lVf  ALLETIEBS.  —  CeS 

artisans  ,  nommés  aussi  bahuiiers , 
étaient  régis  par  des  statuts  qui  re- 
montaient à  l'année  1596;  deux  jurés 
gouvernaient  l«ur  communauté  et  fai- 
saient des  visites  dans  leurs  ateliers. 
L'apprentissage  était  de  cinq  ans , 
après  quoi  l'aspirant  à  la  maîtrise  de- 
vait encore  faire  cinq  ans  de  compa- 
gnonnage :  la  maîtrise  coûtait  ensuite 
sept  cents  livres ,  et  le  brevet  cinquante 
livres.Les  cpffretiers-malletiersne  pou- 
vaient commencer  leur  travail  avant 
cinq  heures  du  matin  ni  le  finir  plus 
tard  que  huit  heures  du  soir ,  à  cause 
du  bruit  qu'ils  faisaient,  et  qui  aurait 
incommodé  le  voisinage. 

CoGEB  (F.-M.) ,  licencié  en  théolo- 
gie, né  à  Paris  en  1723,  mort  dans 
la  même  ville  en  1780 ,  après  avoir  été 
recteur  de  l'Université,  ne  nous  est 
maintenant  connu  que  par  les  sarcas- 
mes dont  Voltaire  la  accablé ,  et  qu'il 
s'était  attirés  en  faisant  une  critique 
amère  du  BélUaire  de  Marmontel ,  et 
des  philosophes.  Il  n'était  désigné 
parmi  ceux  -  ci  que  sous  le  nom  de 
cogepecus.  Outre  des  poésies  latines, 
il  a  laissé  une  Oraison  funèbre  de 
Louis  XV. 

Cognac  ,  Coniacum.  ou  Copriniet^ 
cum,  petite  ville  de  l'Angoumois ,  au- 
jourrbui  chef -lieu  d'arrondissement 


m 


€»H 


L'UNIVERS. 


COI 


4u  déûarteroent  de  la  Charente,  était 
autreiois  dominée  par  un  château  fort 
dont  U  ne  reste  plus  que  quetoues  rui* 
nés  v^  dans  le  parc  duquel  la  auchesse 
d'AngouIême  accoucha  de  François  P' 
en  1494. 

Cette  vilk,  où  îl  s'est  tenu  trois 
conciles,  dans  le  treizième  siècle ,  fut 
issiég^  inutilement  par  le  prince  de 
Condé,  en  1551.  C'était  ^  avant  la  ré- 
volution 1  ie  cbef-lieu  d'une  élection  et 
]^  siège  d'un  bailliage.  Elle  possède  au- 
iourd'hui  des  tribunaux  de  première 
rastanoe  et  de  commerce;  sa  popula- 
tion est  de  3,400  habitants. 
,  CoGNiET  (Léon),  peintre  d'histoire, 
né  à  Paris  en  17d4,  élève  de  Guéria, 
a  obtenu  le  prix  de  Kome  en  1817; 
ses  principales  œuvres  sont;  MetahiAS 
p&ursuM  par  se^  sujets ,  Marias  à 
Carthage ,  prise  de  Loqrono ,  Numa , 
Rebecça  enlevée  par  h  templier  ^  le 
plafond  de  la  salle  des  manuscrits  au 
Louvre,  représentant  Bonaparte  di- 
rigeant les  trcwaua:  des  savants  en 
Égfpie,  eto« 

CoG:NiST  (  Juies-Louis-Pbilippe), 
peintFe  de  paysages ,  né  à  Paris  en 
179S ,  est  élevé  de  M.  Bertin.  Cet  ar- 
tiste, qui  a  adopté  le  genre  de  Michal- 
lon,  a  exposé,  depuis  1824 ,  un  assez 
grand  nombre  de  vues  de  France ,  d'I- 
talie et  de  Sicile. 

CoBOBTBs.  —  Cette  dénomination , 
empruntée  à  la  nomenclature  militaire 
des  Romains,  était  sans  application 
dans  nos  armées,  -quand  Bonaparte 
l'introduisît  dans  Torganisation  pri- 
mitite  de  la  Légion  d'honneur  (  voyez 
ce  mot),  et  plus  tard  danni  eelle  des 
gardes  nationales.  Suivant  le  décret 
du  30  septembre  1805 ,  chaque  cohorte 
de  la  garde  nationale  fut  composée  de 
dix  compagnies  :  une  de  grenadiers , 
une  de  chasseurs,  et  huit  de  tu^iliers. 
Plusieurs  cohortes  devaient  être  réu- 
nies en  légion.  Ce  furent  les  cohortes 
levées  en  vertu  de  ce  décret ,  qui ,  lors 
de  la  descente  des  Anglais  à  Flessin- 
gue ,  marchèrent  sur  ks  cotes  de  la 
Flandre  hollandaise,  et  contribuèrent 
à  leur  faire  évacuer  l'Ile  de  Yalcberen. 
{Voyez  OARDE  nationale.  ) 

Ci»KU&  et  CoHUAGB»  •—  On  donnait 


autrefois  le  nom  de  cokue  à  une  gs^- 
lerie  ouverte,  élevée  sur  une  place  pu- 
blique, quelquefois  dans  un  cimetière, 
sous  laquelle  se  tenait  le  marché  d'une 
ville  et  où  se  rendait  en  quelques  en- 
droits la  justice,  lorsqu'il  ne  s'agis- 
sait que  de  causes  sommaires  et  aun 
faible  intérêt.  On  appelle  aujourd'hui 
ces  portes  de  galeries  des  Halles. 

Quand  les  cohues  étaient  employées 
comme  lieux  d^exposition  et  de  vente, 
les  marchands  (^\  venaient  y  apporter 
leurs  denrées ,  étaient  tenus  de  payer, 
au  profit  de  la  ville ,  ou  du  seigneur 
de  l'endroit ,  une  redevance  appelée 
cohuage,  dont  il  est  souvent  fait  men- 
tion dans  nos  vieux  auteurs  et  danç  les 
pièces  originales; 

En  Normandie  et  en  Poitou ,  la  'co- 
hue était  le  lieu  ou  se  tenaient  les 
plaids,  quel  que  fut  celui  où  siégeait  le 
magistrat, 

-C'est  à  la  grande  afOuence  de  monde 
que  l'on  rencontrait  dans  lés  marchés 
et  dans  les  salles  des  tribunaux  qil'est 
dû  le  mot  cohue  que  nous  employons 
aujourd'hui  pour  parler  d'un  rassem- 
blement considérable  et  confus. 

Coiffure.  —  Nous  avons ,  dans  des 
articles  spéciaux ,  traité  de  la  coiffure 
des  hommes;  nous  ne  parlerons  ici 
que  de  celle  des  femmes. 

Jusqu'au  règne  de  Charles  VI ,  la 
coiffure  des  femmes  différa  peu  de  celle 
des  hommes  :  une  belle  chevelure , 
Quelques  fleurs  choisies  avec  goût , 
étaient  les  seuls  ornements  par  lesquels 
elles  se  distinguassent. 

Elles  imaginèrent  alors  une  haute 
coiffure  conique ,  à  l'extrémité  de  la- 
quelle elles  attachèrent  un  voile  qui 
pendait  plus  ou  moins  bas  suivant  les 
qualités.  Le  voile  de  la  bourgeoise  ne 
descendait  que  jusqu'à  la  ceinture,  ce- 
lui de  la  femme  d'un  chevalier  touchait 
jusqu'aux  talons ,  et  celui  d'une  reine 
ou  d'une  princesse  traînait  sur  la 
terre. 

Jouvenel  des  tJr&ins ,  en  parlant  des 
désastres  dont  l'hôtel  d'Isabeau  de  Ba- 
vière fut  le  théâtre,  dit  qu'en  1417, 
malgré  les  guerres  et  les  tempêtes  po- 
litiques ,  «  les  dardes  et  demoiselles 
menoieot  un  excessif  est^t ,  et  qu'elles 


<XN[ 


FRANCE. 


GQI 


267 


portQieBt  des  cornes  merveilleusement 
hautes  et  (arges ,  ayant  de  chacun  costé 
deux  grandes  oreilles  si  larges  que 
quand  elles  vouloient  passer  par  un 
huis ,  elles  étoîent  obligées  de  se  bais- 
ser et  de  se  présenter  de  costé.  »  En 
Flandre  y  où  les  cornes  étaient  nées, 
on  les  appelait  des  hennins  ;  dans  les 
anciennes  tapisseries  flamandes ,  on 
retrouve  de  ces  coiffures  gigantesques 
qui  s'élevaient  jusqu'à  deux  et  trois 
pieds  de  hauteur.  < 

Ces  cornes  monstrueuses  qui  ser- 
virent d'abord  à  distinguer  les  femmes 
du  premier  rang ,  et  ^ue  toutes  les  au- 
tres adoptèrent  ensuite,  ainsi  que  le 
voile  qui  y  était  attaché ,  excitèrent  l9 
bile  des  prédicateurs.  Deux  carmes , 
Tun  nommé  Breton  ,  et  l'autre  Tho-- 
mas  Gooare,  les  attaquèrent  publi(jue- 
ment  en  chaire ,  et  elles  disparaissaient 
partout  où  ils  passaient ,  mais  pour  se 
redresser  plus  orgueilleuses  encore 
lorsque  le  sermon  et  le  sermonneur 
étaient  oubliés.  Cinquante  ans  après , 
en  t467 ,  sous  Louis  XÏ ,  les  femmes , 
dit  Monstrefet ,  «  mirent  sur  leur  tête 
bourrelets  à  la  manière  de  bonnets 
ronds  qui  s'amenuisoient  par-dessus 
de  la  hauteur  de  demi  -aulne,  ou  de 
trois  quartiers  de  long  ;  telles  y  avoient 
et  aucunes  (es  portoient  moindres ,  et 
déliés  couvre-cliiefs  par-dessus,  pen- 
dant par  derrière  les  aucunes  et  les 
autres.  «  Comme  on  le  voit,  les  femmes 
avaient  alors  de  la  persévérance,  et 
conservaient  longtemps  les  mêmes 
modes.  Elles  finirent  pourtant  par 
abandonner  les  hennins ,  et  passèrent 
d'une  extrémité  i  l'autre.  Sous  le  règne 
de  Charles  VIII ,  elles  prirent  de  pe- 
tits bonnets  fort  bas ,  garnis  en  de* 
hors  de  peaux  tachetées  de  noir  et  de 
blanc.  A  la  mort  de  son  premier  époux, 
Anne  de  Bretagne  mit  sur  sa  tête  un 
voile  aoir.  Les  dames  de  la  cour  l'imi- 
tèrent et  ornèrent  de  franges  rouges 
ou  couleur  de  pourpre  ces  voiles  que 
les  bourgeoises  adoptèrent  aussi,  et 
dont  elles  augmentèrent  l'éclat  en  y 
joutant  des  affrafea  d'or  et  en  les  char- 
geant même  de  perles. 

Les  femmes  de  Qualité ,  dont  les  ri- 
dhe»  btourgeoîses  adoptèrent  toutes  les 


coif^res,  imaginèrent  «  soua  Fran- 
çois I*%  de  relever  leur  toupet ,  de  re- 
taper les  clieveux  des  tempes  t  et  de 
faire  du  tout  une  espèce  de  pyramide 
qu'on  rejetait  en  arrière;  mais  cette 
mode  ne  dura  pas  longtemps  comme 
ornement  distincUf  ;  elle  devint  bien- 
tôt générale,  et  même,  quelques  da- 
mes d'un  rang  élevé  ne  l'adoptèrent  ja- 
mais. 

Marguerite ,  sœur  du  roi  chevalier , 
et  aïeule  de  Henri  IV ,  prit  une  toque 
surchargée  de  dorures ,  ou  un  petit 
chapeau  avec  une  plume  ;  cette  coiuure 
devmt  bientôt  à  la  mode,  et  elle  se 
soutint  jusqu'à  la  fin  du  règne  de  Hen- 
ri II.  Les  femmes  portèrent  ensuite, 
jusque  sous  Henri  ÎY,  de  petits  bon- 
nets avec  une  aigrette.  La  seconde 
Marguerite  de  Valois,  femme  de  ce 
prince ,  ne  s'assujettit  à  aucune  mode  ; 
cependant  sa  coiffure  favorite  était  le 
toupet  relevé ,  les  cheveux  des  tempes 
frisés,  et  elle  portait  sur  h  tête  un 
bonnet  de  velours  ou  de  satin  enri- 
chi de  filets  de  perles  et  de  pierreries , 
avec  un  bouquet  de  plumes. 

A  peu  près  dans  le  même  temps  re- 
parut le  chaperon  des  Mérovingiens  , 
et  cette  coiffure,  (|ue  Scaliger  trouvait 
fort  sotte ,  dura  jusqu'à  Louis  XIH. 
C'était  pour  les  dames  une  pièce  de 
velours  oui  formait  le  bonnet  et  reve- 
nait sur  le  front ,  où  il  faisait  la  pointe  ; 
les  bourgeoises  ne  le  portaient  qu'en 
drap.  Ou  les  appelait  dames  à  choc 
peron. 

Sous  le  règne  de  Louis  XIY ,  après 
l'introduction  des  rubans  connus  d'a- 
bord sous  le  nom  de  Fontanges^  qu'ils 
avaient  empruntés  à  la  belle  personne 
qui  les  avait  mis  à  la  mode,  les, 
hautes  coiffures  reparurent  et  parvin- 
rent bientôt  à  un  tel  degré  d^'élévation, 
que  les  architectes  furent  obligés  de 
hausser  et  d'élargir  les  portes ,  parce 
que,  comme  au  temps  des  hennins, 
les  femmes  ne  pouvaient  plus  y  passer. 
Tant  que  dura  le  règne  de  Louis  XV, 
hg  coiffures  subirent  de  nombreu- 
ses variations;  elles  s'abaissèrent  ou 
s'exhaussèrent  suivant  le  goât  ou  la 
fantaisie  de  la  favorite  en  titre  que 
les  dames  de  la  cour  et  les  bourgeoises 


268 


COI 


L'UNIVERS. 


COI 


de  la  ville  s^empressaient  d*iinîter« 
Mais  sous  Louis  XVI,  vers  1774  et 
4775,  les  femmes  élevèrent  leur  coif- 
fure à  une  hauteur  tellement  exorbi- 
tante que ,  dans  [es  loges  des  théâtres, 
elle  interceptaient  aux  spectateurs  la 
vue  des  décorations  et  des  acteurs,  et 
que,  pour  mettre  Gn  aux  querelles 
continuelles  que  cet  obstacle  susci- 
tait ,  de  Vi>me ,  directeur  de  TO- 
pérà ,  fut  obligé  de  faire,  en  novembre 
1778,  un  règlement  qui  défendait 
Taccès  de  l'amphithéâtre  aux  per- 
sonnes dont  la  coiffure  était  trop 
haute. 

Ces  coiffures  extravagantes  ne  pou- 
vaient se  soutenir  qu'à  Taide  d*un  écha- 
faudage fort  compliqué  et  souvent  fort 
pesant,  et  il  y  entrait  tant  de  fil  de  fer 
ou  d'archal,  qu'on  était  en  droit  de 
demander  à  une  dame. quel  était  le 
serrurier  qulTavait  coiffée.  On  imagina 
alors  d'introduire  dans  la  coiffure  une 
multitude  d'objets  qui  la  transfor- 
maient en  un  parterre  ou  en  une  bou- 
tique de  curiosités.  Lors  du  célèbre 
combat  de  la  Belle-Poule ,  les  femmes 
placèrent  sur  leurs  têtes  une  petite  fré- 
gate avec  ses  agrès,  sa  mature,  ses 
voiles,  ses  pavillons;  et  cette  coiffure 
fut  appelée  du  nom  du  bâtiment  qui 
lui  avait  donné  naissance.  Vers  la 
même  époque,  une  plaisanterie  de 
Beaumarchais ,  qui  tombait  sur  le  ga- 
zetier  Marion ,  donna  lieu  à  la  créa- 
tion du  qmsaco^  lequel  fiit  ensuite 
détrôné  par  le  pou/f. 

Cette  coiffure  était  infiniment  supé- 
rieure au  quésaco ,  par  la  multitude 
de  choses  qui  entraient  dans  sa  com- 
position ;  elle  empruntait  son  nom  de 
la  confusion  d'objets  qu'elle  pouvait 
contenir.  Il  y  en  avait  d'ailleurs  plu- 
sieurs espèces,  dont  la  plus  remar- 
quable était  le  pou/f  au  sentiment , 
ainsi  nommé  parce  qu'il  était  relatif 
aux  objets  qu'on  aimait  le  mieux.  Ba- 
chaumont  nous  a  laissé  dans  ses  Mé- 
moires une  curieuse  description  du 
pov^  au  sentiment  de  la  duchesse  de 
Chartres ,  mère  de  Louis-Philippe. 

«  Au  fond  ,  dit-il ,  était  une  femme 
assise  sur  un  fauteuil  et  tenant  un 
iiourrisson  ^  ce  qui  désiguait  le  duc  de 


Valois  et  sa  nourrice.  A  la  droite  était 
un  perroquet  becquetant  une  cerise, 
oiseau  précieux  à  la  princesse  ;  à  gau- 
che ,  était  un  petit  nègre ,  image  de 
celui  Qu'elle  aimait  beaucoup.  Le  sur- 
plus était  garni  d'une  toufre  de  che- 
veux du  duc  de  Chartres,  son  mari; 
du  duc  de  Penthièvre ,  son  père;  du 
duc  d'Orléans ,  son  beau-père,  etc.  Tel 
était  l'attirail  dont  la  princesse  se  char- 
geait la  tête.  Toutes  tes  femmes  de  la 
cour  raffolèrent  des  pouffs  et  voulu- 
rent en  avoir.  » 

Mais,  en  1780,  la  reine  ayant  perdu 
ses  cheveux  à  la  suite  d'une  couche,  et 
adopté  une  coifftire  basse  appelée  à 
Venfanty  toutes  les  femmes  de  la  cour 
répondirent  à  ce  signal ,  et  la  hauteur 
de  la  coiffure ,  réduite  à  Versailles  ,  le 
fut  bientôt  à  Paris  et  dans  les  pro- 
vinces. 

Depuis  cette  époque ,  les  variations 
de  la  coiffure  des  femmes  ont  été  trop 
fréquentes  pour  que  nous  entrepre- 
nions de  les  enregistrer  ici.  Disons 
seulement  que  dans  cette  partie  de  leur 
parure  elles  ont  remplacé  le  désir  de 
se  faire  remarquer  à  tout  prix  par  de 
la  simplicité  et  de  l'élégance,  et  qu'on 
n'a  plus  eu  à  leur  reprocher  les  extra- 
vagances oui  leur  ont  attiré,  à  juste 
titre ,  les  epigrammes  et  les  sarcasmes 
de  nos  aïeux. 

CoiGNET  (Horace) ,  musicien ,  né  à 
Lyon,  en  1736,  a  composé  la  musique 
dû  Pyi^malion  de  J.-J.  Rousseau.  Coi- 
gnet' s'inspira  près  de  l'auteur,  et  sa 
composition  a  résisté  aux  efforts  ten- 
tés pour  la  remplacer.  Il  est  mort  à 
Lyon ,  le  29  août  1821. 

CoTGNY ,  ancienne  seigneurie  de 
Normandie  (aujourd'hui  du  départe- 
ment de  la  Manche) ,  érigée  en  comté 
en  1650,  en  faveur  de  Jean- Antoine 
de  Frauquelot ,  maréchal  de  camp ,  et 
enfin  en  duché  en  1747.  Le  personnage 
le  plus  remarquable  de  la  famille  de 
Coigny  est  : 

François  de  Franquelot^  d'abord 
comte,  puis  duc  de  Coigny,  né  en 
1670.  Il  embrassa  de  bonne  heure  l'é- 
tat militaire ,  servit  d'abord  en  Flan- 
dre, puis  sur  le  Rhin.  Villars,  qui 
commandait   Farmée  d'Italie  ^  ayaof 


COI 


FRAJNCE. 


€OI 


369 


renoncé  au  commandement,  en  1734, 
à  cause  de  son  grand  âge ,  mit  à  sa 
place  le  comte  de  Coigny,  comme  le 
plus  ancien  des  lieutenants  généraux , 
et  c/était  ce  dernier  qui  commandait 
Tàrmée,  lors  de  la  bataille  de  Parme, 
où  les  Impériaux  furent  complètement 
battus.  Il  prit  ensuite  Modène  et  vain- 
quit de  nouveau  les  Impériaux  à  Guas- 
talla.  Uannée  suivante,  il  fut  nommé 
au  commandement  de  Tarmée  d* Alle- 
magne, et  eut  pour  adversaire  le  prince 
Eugène,  qui  n*osa  pourtant  pas  ris- 

?[uer  une  Dataille.  Le  comte  de  Coigny 
ut  créé  maréchal  de  France  en  1741 , 
et  mourut  le  18  décembre  1759. 

Son  fils,  Antoine- François  y  mar- 
quis de  Coigny  f  né  en  1702,  lieute- 
nant général  des  dragons,  se  distingua 
à Tattaque  de  Weissembourg  et  au  com- 
bat d'Angenim ,  en  1744,  puis  au  siège 
de  Mons,  et  à  la  bataille  de  Raucoux; 
il  perdit  la  vie  le  4  niiars  174S ,  dans 
un  duel  motivé  par  un  propos  offen- 
sant qu'il  avait  tenu  au  jeu  à  un  prince 
légitimé. 

GoïMBRE  (prise  de).  L'armée  fran- 
çaise, sous  les  ordres  du  prince  d'Ëss- 
Ting,  marchait  sur  Coîmbre  (septembre 
1810).  Lord  Wellington  avait  pris  une 
bonne  position  en  avant  de  cette  ville, 
sur  la  montagne  d'Acolba ,  et  croyait , 
en  s'y  maintenant,  arrêter  la  marche 
des  Français  et  mettre  Coîmbre  à  l'a- 
bri de  leurs  attaques.  Il  se  trompait  : 
car  il  avait  commis  la  grande  faute , 
qu'on  lui  a  si  souvent  reprochée ,  de 
n^avoir  pas  fait  occuper  les  défilés  de 
Serdao.  Dirigeant  son  armée  à  travers 
ces  défilés ,  le  prince  d'Essling  tourna 
la  position  des  Anglo-Portugais.  Wel- 
lington s'aperçut  trop  tard  du  mou- 
vement qu'il  eût  dû  prévenir,  opéra 
sa  retraite  oar  le  revers  opposé  de  la 
montagne  d'Acolba  et  passa  le  Mon- 
dego.  L'armée  française  se  porta  aus- 
sitôt sur  Coîmbre ,  et ,  après  quelques 
escarmouches  avec  l'arriere-garde  en- 
nemie ,  elle  fit  son  entrée  dans  cette 
ville  (1*'  octobre).  Elle  la  trouva  dé-, 
serte.  Les  habitants  avaient  été  con- 
traints de  fuir  ;  une  proclamation  du 
lord  Wellington  et  du  maréchal  de 
Beresford   avait  ordonné,  sous  les 


peines  les  plus  sévères,  à  tous  les  Por- 
tugais habitants  des  villes  et  des  cam- 
pagnes de  fuir  ^  et  d'emporter  ou  de 
détruire  tout  ce  qui  pouvait  être  utile 
aux  Français.  Les  soldats  manquaient 
de  vivres;  ils  se  répandirent  dans  la 
ville  pour  en  chercner.  Ils  en  trouvè- 
rent dans  presque  toutes  les  maisons  ; 
mais,  oubliant  bientôt  le  motif  excu- 
sable qui  leur  avait  fait  violer  l'asile 
des  simples  particuliers,  ils  se  mirent 
à  piller.  Les  autorités  françaises  ne 
purent  empêcher  le  désordre  ;  ce  fut 
un  grand  malheur.  Le  5,  Masséna 
quitta  Coîmbre;  il  fut  forcé  d'y  laisser 
ses  malades  et  ses  blessés^  avec  une 
trop  faible  garnison,  et  les  habitants, 
à  leur  retour  dans  la  ville,  exercè- 
rent contre  eux  de  terribles  représail- 
les. 

CoiRE  (prise  de).  Les  Autrichiens, 
effrayés  de  voir  la  démocratie  envahir 
la  Suisse  et  l'Italie ,  avaient  repris  les 
armes  en  1799.  Leur  première  démons- 
tration hostile  fut  l'envahissement  des 
Grisons.  Il  était  du  plus-  grand  inté- 
rêt pour  les  Français  de  reprendre 
l'initiative  avant  la  jonction  des  Russes. 
Masséna  franchit  le  Rhin,  bat  les  Au- 
trichiens à  Luciensteig,  et  les  poursuit 
le  7  mars  devant  la  ville  de  Coire,  où 
ils  avaient  pris  position  sur  les  hau- 
teurs. Il  ordonne  aux  bataillons  de  la 
trente- septième  et  de  la  cent  troisième 
de  ligne  de  marcher  à  l'ennemi  au  pas 
de  charge  et  en  colonnes  serrées  : 
Cttabran  s'avance  à  leur  tête.  En  un 
instant  les  rangs  des  Autrichiens  sont 
enfoncés;  ils  sont  en  pleine  déroute, 
et  se  trouvent  cernés  par  les  édaireurs 
et  les  grenadiers  français,  qui  avaient 
longé  leur  front,  et  s'étaient  portés 
rapidement  sur  le  chemin  du  Tyrol , 
de  manière  à  leur  couper  toute  retraite. 
Trois  mille  prisonniers,  parmi  lesquels 
était  le  général  en  chef  Aulfemberg,  et, 
seize  pièces  de  canon,  furent  les  tro- 

Shées  de  cette  victoire.  Lorsqu'on  con- 
uisit  à  Masséna  le  général  Anffem- 
berg ,  il  se  rappela  (|u  il  l'avait  sommé 
par  écrit,  deux  jours  auparavant, 
d'évacuer  le  territoire  des  Grisons. 
«  Monsieur,  lui  dit-il,  je  vous  ai  écrit, 
avant  hier  au  soir;  hier  matin  j'ai  reçu 


270 


€01 


LtJOTVEtlS. 


1:61 


votre  réponse,  et  aujourd'hui  je  vous 
donne  à  diner.  » 

Le  16  mai  suivant  y  Coîre  retomba 
au  pouvoir  des  Russes,  devenus  les 
auxiliaires  des  Autrictiiens,  qui  étaient 
parvenus  après  des  combats  sanglants 
a  forcer  Masséna  de  quitter  la  position 
formidable  de  Luciensteig;  mais  bien- 
tôt les  armes  françaises  reprirent  leur 
supériorité.  Moreau  ordonna  au  géué- 
ràf  Molitor  de  chasser  les  Autrichiens 
du  pays  des  Grisons,  et  une  colonne 
commandée  par  le  général  Dornemans 
reprit  Coire  le  14  juillet  1800. 

CoiSLiN,  ancienne  seigneurie  de 
Bretagne,  aujourd'hui  du  département 
de  la  Loire-Inférieure,  érigée  en  mar- 
quisat en  1634 ,  et  en  duché-pairie  en 
1661, 

La  famille  de  •Cambout  descendait 
de  Gilbert  du  Cambout ,  qui  vivait  en 
1347.  Elle  a  fourni  des  écuansons  aux 
ducs  de  Bretagne,  des  capitaines  de 
Farrière-ban ,  des  évoques  de  Saint- 
Brieuc  et  de  liantes,  des  guerriers 
tués  à  Aurai  et  à  Azincourt.La  sei- 
gneurie de  Goislin  lui  fut  acquiso  par 
mariage  au  seizième  siècle.  En  16^5 , 
un  seigneur  de  Cambout  et  de  Coislin. 
mourut  capitaine  de  la  ville  et  du 
château  de  Nanteé.  Son  (ils ,  gouver- 
neur des  ville  et  forteresse  de  Brest, 
lieutenant  général  de  la  basse  Breta- 
gne ,  fut  la  même  année  député  aux 
états  de  la  province ,  et  obtint  m n  siège 
au  parlement  de  Bretagne.  Le  fils  de 
celui-ci,  Pierre- César  y  marquis  de- 
Coislin,  colonel  général  des  Suisses  et 
Grisons ,  mourut  en  1641 ,  à  Page  de 
vin^t-huit  ans ,  des  blessures  qu'il 
avait  reçues  au  si^e  d'Aire. 

Il  eut,  de  son  mariage  avec  Marie 
Séguier,  fille  du  chancelier  de  France  : 

Armand,  lieutenant  général ,  qui 
obtint  rérection  du  marquisat  de 
Coislin  en  duché-pairie,  et  Pierre^  né 
à.Faris,  en  1636,  qui  devint  évêque 
d'Orléans,  ^rand  aumônier  de  France 
est  cardinal.  Gelui-ci  mourut  en  1716, 
regretté  des  gens  de  bien  et  [)]euré  des 
pauvres.  II. laissa  une. mémoire  digne 
de  la  plus  haute  vénération,  autant 
pour  ses  vertus  et  son  ardente  diarit4 
4u6  j^our  l'admirable  conduite  qu'il 


tiht  dans  son  diocèse,  où  sa  Sollicitude, 
vraiment  apostolique,  parvint  à  dé- 
tourner les  persécutions  dirigées  par 
le  gouvernement  contre  les  calvinistes, 
après  la  révocation  de  Tédit  <ie  Nan- 
tes. Il  avait  logé  dans  son  palais  les 
officiers  des  dragons  envoyés  à  Orléans, 
et  contenu  les  soldats  par  ses  exhor- 
tations et  par  ses  largçsses. 
_Son  neveu,  Henri-Charles^  duc  de 
Coislin  et  pair  de  France  après  la 
mort  de  son  frère  Pierre^  décédé 
sans  enfants  en  1710,  naquit  à  Paris 
en  1664  et  mourut  en  1732.  Il  devint 
successivement  évéque  et  prince  de 
Metz,  premier  aumônier  du  roi,  mem- 
bre de  TAcadémie  française  et  de  celle 
des  inscriptions  et  belles -lettres. 
Comme  son  oncle,  il  déploya  une  ad- 
mirable charité  envers  ses  alocésains , 
qui  durent  à  ses  soins  d'utiles  établis- 
sements et  plusieurs  fondations  pieu- 
ses. Ce  vertueux  prélat  eut  avec  la 
cour  de  Rome  quelques  démêlés,  par- 
ticulièrement au  sujet  de  la  bulle 
UnwenituSf  sur  l'acceptation  de  la- 
quefie  il  avait  publié  un  mandement 
qiii  fut  supprimé  par  arrêt  du  grand 
conseil,  sur  la  demande  du  nonce.  Ce 
fut  lui  qui  légua  a  l'abbaj^e  de  Saint- 
Germain  des  Prés  la  célèbre  biblio- 
thèque du  chancelier  Séguier,  dont  il 
avait  hérité  et  quMl  avait  enrichie 
d'une  infinité  de  livres  précieux.  Le 
P.  Montfaucon  a  donné  le  catalogue 
des  manuscrits  grecs  de  cette  vaste 
collection ,  qui  fut  détruite  en  grande 
partie  par  un  incendie  en  1793,  et  dont 
les  débris  ont  été  réunis  à  la  biblio- 
thèque royale. 

Une  branche  sortie  de. la  famille  du 
Cambout ,  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle ,  donna  naissance  aux 
seigneurs  de  Bécai. 

Coislin  (le  chevalier  de).  La  for- 
tune avait  abandonné  ^uy ter ,  le  4 
août  1666.  La  flotte  hollandaise, ^u:- 
coutumée  à  la  victoire,  avait  éprouvé 
des  pertes  considérables  dans  un  com- 
bat contre  les  Anglais.  Kuvter  lui- 
même  s'jétaft  vu  exposé  pendant  trois 
heures  au  feu  des  amiraux  enoemis , 
et  deux  cents  hommes  avalent  été,  tués 
sur  son  bord.  Cependant  les  Anglais  ,* 


COL 


MAHGE. 


CDL 


2n 


dése'spératit  d6  le  prendre,  avaietit  f&lt 
approcher  deux  brûlots  pour  incendier 
son  navire.  Les  chevaliers  de  Goislin 
et  de  Lorraine ,  Gavois ,  le  baron  de 
Busca  et  quelques  autres  Français  con- 
çurent alors  la  pensée  la  plus  auda- 
cieuse :  voyant  un  des  brûlots  près 
d'accrocher  Famiral  hollandais  ,  ifs  se 
jettent  dans  deux  chaloupes  avec  qua- 
rante mousquetaires  et  vont  au-devant 
de  ce  bâtiment  incendiaire  pour  l'écar- 
ter, au  péril  de  leur  vie.  Le  capitaine 
anglais,  intimidé ,  saute  alors  dans  sa 
chaloupe,  et  met  le  feu  au  brûlot ,  qui 
s'embrase,  mais  oui  ne  fait  aucun  ma] 
à  l'amiral.  La  belle  action  de  Goislin 
et  de  ses  intrépides  compagnons  avait 
sauvé  Ruyter,  qui ,  penclant  cette  ma- 
nœuvre, était  enfin  parvenu  à  se  dé- 
barrasser des  amiraux  anglais, 

GoLARDEAU  (Gharles-Pierre),  poète, 
naquit  à  Janville,  en  Beauce,  en  1732. 
Son  oncle ,  curé  de  Pithiviers  ,  après 
avoir  veillé  aux  études  du  jeune 
homme,  l'envoya  chez  un  procureur 
dans  l'intention  d'en  faire  un  avocat  ; 
mais  Golardeau  ne  faisait  que  des  vers, 
et  il  fallut  enfin  lui  permettre  de  sui- 
vre un  penchant  impérieux  qui  le  dé- 
tournait de  toute  autre  occupation. 
Son  début  poétique  fut  très-brillant  : 
ce  fut  sa  Lettre  aHéloUe  à  ASailard^ 
imitée  de  Pope  et  publiée  en  1758. 
Une  héroïde  sur  Armide  et  Renaud , 
publiée  peu  de  temps  après,  eut  moins 
de  succès.  En  t758,  il  fit  jouer  une 
tragédie  d'Mtarbé,  dont  le  sujet  était 
tiré  du  Tétémaque,  et  en  1760  une 
autre  tragédie  intitulée  Caliste,  imitée 
d'une  pièce  anglaise  de  Rov^^e.  Ces 
deux  ouvrages  prouvèrent  plus  de  ta- 
lent pour  Ta  versification  que  pour 
l'art  dramatique ,  et  n'eurent  au  tliéâ- 
tre  qu'un  succès  passager.  L'auteur 
avait  peut-être  moins  de  dispositions 
«ncore  pour  la  comédie ,  s'il  faut  en 
juger  par  les  Perfidies  à  la  mode^ 

f>iece  en  cinq  actes  et  en  vers ,  qu'on 
rouve  dans  ses  œuvres^  mais  qui  ne 
fut  pas  représentée.  Il  revint  de  pré- 
férence aux  petits  poëmes  erotiques 
ou  allégoriques ,  et  aux  imitations  ou 
traductions  en  vers.  Il  versifia  le  Tem- 
ple de  GnidCy  de  Montesquieu,  et  les 


deux  ))remiêt«s  I^utts  d'Yoting»  Il  ent 
le  projet  d'en  faire  autant  pour  le  Té* 
lêmaque;  mais  il  fut  probablement 
effrayé  de  la  difficulté  de  faire  des  ver^ 

f)lus  harmonieux  et  plus  poétiques  que 
a  prose  de  Fénelou.  Golardeau  fut 
élu  à  rAcadémie  en  1776,  en  rempla« 
cernent  de  Saint- Aignan  ;  mais  il 
mourut  avant  le  jour  de  sa  réception , 
et  fut  remplacé  par  la  Harpe. 

GoLASSE  (Pascal),  compositeur  dé 
musique,  né  si  Paris,  en  16S6,  fut  Té^ 
lève  de  Lulli,  aux  opéras  duquel  il 
travailla ,  et  qui  le  fit  nommer ,  en 
1683,  l'un  des  quatre  maîtres  de  la  mu<* 
sique  de  la  chapelle  du  roi  ;  Louis  XIV, 
qui  aimait  assez  sa  musique ,  le  nom- 
ma, en  1696,  mattrë  de  musique  de 
sa  chambre.  On  doit  à  cet  artiste  des 
motets,  des  cantiques  et  des  cantates , 
composés  pour  la  chambre  et  pour  la 
fehapelle  de  Louis  XIV  ;  dix  opéras , 
qui  ont  tous  été  représentés  :  les 
Noces  de  Thétis  et  Pelée  ^  jouées  en 
1689,  eurent  un  |rand  succès;  cet 
opéra  contient  en  effet  plusieurs  mor- 
ceaux rernarquables.  Gblasse  est  mort 
à  Versailles  en  1709. 

Golaud-de-la^Salcette  (Jacques* 
Bernardin),  né  à  Grenoble,  en  1769, 
devint  aide  de  camp  du  eénéral  La- 
meth  et  servit  à  l'armée  d'Italie.  Gon* 
traint,  en  1793,  à  cause  de  sa  nais-» 
sance,  de  donner  sa  démission,  il  reprit 
plus  tard  son  rang,  fut  promu  au 
grade  de  général  de  brigade,  fit  la  pre* 
mière  campaghe  d'Italie  sous  Bona* 
parte,  et  contribua  puissamment  à  la 
victoire  de  Castiglione.  Les  lies  Io- 
niennes ayant  été  abandonnées  à  la 
France  par  le  traité  de  Gampo-Formio, 
la  Salcette  fut  nommé  commandant  de 
Zante.  Attaqué,  en  1798,  à  Nicopolis 
en  Albanie,  par  une  armée  turco-russe, 
forte  de  onze  mille  homnies,  il  livra 
avec  sa  troupe ,  composée  seulement 
de  cinq  cents  combattants,  une  ba*- 
taille  que  l'on  comparai  celle  dès  Hier- 
mopyles,  et  tomba  avec  les  siens  au 
pouvoir  de  l'ennemi.  Arrivé  à  Gons^ 
tâtttinople,  après  avoir  souffert  les  plus 
liorribles  traitement$,  il  fut  condamné 
au  bagne,  d'où  il  ne  sortit  que  long- 
temps après.  0è  retour  «n  France,  il 


979 


COL 


L'UNIVERS. 


COL 


fut  employé  dans  la  division  de  Tlsère, 
Gt  les  campagnes  d*Allemagne,  et  fut 
chargé  du  commandement  de  Rome. 
Kommé,  en  1815,  commandant  de  la 
7*  division  militaire,  il  cessa  ses  fonc- 
tions après  la  bataille  de  Waterloo,  et 
vécut  depuis  dans  la  retraite. 

CoLBEfiT  (famille  de).  —  Cette  fa- 
mille qui ,  au  dix-septième  siècle ,  a 
donné  de  si  grands  hommes  à  la 
ï'rance.  descendait,  suivant  un  titre 
assez  douteux,  d'une  maison  origi- 
naire d'Ecosse,  qui  s'était  établie  en 
Champagne  dans  le  treizième  siècle. 
C'est  ce  que  prouverait  l'inscription 
du  tombeau  de  Richard  Colbert,  placé 
aux  Cordeliers  de  Reims,  et  qui  était 
ainsi  conçue  :     * 

Ci  fit  li  preax  chevalier  Richard  Colbert,  dit  li 
Bscossois,  Kif  (ici  trois  ou  quatre  mots  qu'on  ae 
saurait  lire)  z3oo.  Pries  pour  Tame  de  li. 

Au  milieu  de  la  pierre,  continue 
Moréri,  à  qui  nous  empruntons  ces 
détails,  est  gra^é  Técusson  des  armes 
de  ce  chevalier,  et  on  lit  au-dessous  : 

Bn  bscosse  je  us  le  berceaa 

Et  Reims  m'a  donné  le  tombeaa. 

Cependant,  jusqu'à  Nicolas  Colbert, 
marchand  drapier  suivant  les  uns,  sei- 
gneur de  Vandières  suivant  les  autres, 
conseiller  d'État  et  père  du  grand  Col- 
bert, aucun  membre  de  cette  famille 
ne  6t  parler  de  lui,  et  il  est  probable 
que  le  ministre  de  Louis  XIV,  devenu 
marquis  de  Seignelay,  ne  fut  pas  fâ- 
ché de  pouvoir  compter  Richard  l'Es- 
cossois  au  nombre  de  ses  ancêtres,  au 
moyen  d'une  généalogie  fabriquée  par 
Ménage.  C'est  un  sacrifice  au'il  fît  aux 
préjugés  de  son  temps,  et  qu  on  ne  doit 
peut-être  pas  lui  reprocher  trop  amè- 
rement. 

CoLBEfiT  (Jean-Baptiste),  marauis 
de  Seignelay^  ministre  secrétaire  d'É- 
tat et  contrôleur  général  des  finances, 
naquit  à  Reims,  le  29  août  1619  ;  son 
oncle,  secrétaire  du  roi,  le  plaça  chez 
Maseranni  et  Cenami ,  banquiers  du 
cardinal  Mazarin.  Ce  ministre,  appré- 
ciant ses  talents ,  lui  confia  le  soin  de 
ses  affaires.  Près  de  mourir,  il  le  choi- 
sit pour  être  un  de  ses  exécuteurs  tes- 
tamentaires. Ou  doit  compter  au  nom- 
bre  des  services  reodus  par  le  cardinal 


à  la  France,  celui  d'avoir  désigné  Col- 
bert pour  son  successeur.  Il  le  recom- 
manda comme  un  homme  d'une  appli- 
cation infatigable,  d'une  fidélité  à  toute 
épreuve,  et  d'une  capacité  supérieure 
dans  les  affaires.  «  Sire ,  dit-il  à 
«  Louis  XIV,  quelques  jours  avant  de 
«  mourir,  je  vous  dois  tout;  mais  je 
«  crois  m'acquitter  en  quelque  sorte 
«  avec  Votre  Majesté,  en  lui  donnant 
«  Colbert.  » 

Louis  XIV  apprécia  bientôt  la  va- 
leur de  l'homme  qui  lui  était  ainsi  re- 
commandé; et,  quelques  mois  après, 
Fouquet  ayant  été  disgracié,  Colbert 
devint  contrôleur  général  des  finances. 
Bientôt  après,  on  lui  confia  les  minis- 
tères de  la  marine  et  de  la  maison  du 
roi,  et,  à  part  la  direction  de  la  guerre, 
il  se  trouva  investi  de  Tadministration 
entière  de  la  France  ;  en  effet,  le  con- 
trôleur général  des  finances  était 
chargé,  non-seulement  de  la  percep- 
tion des  impôts  et  des  payements, 
«  mais  encore  de  tout  ce  qui  peut  in- 
fluer sur  le  revenu  de  l'État,  la  fixa- 
tion des  diverses  sortes  d'impôt  et  de 
leur  taux,  la  direction  des  sources  de 
richesse  auxquelles  ils  s'alimentent, 
c'est-à-dire  les  encouragements  et  les 
règlements  concernant  l'agriculture, 
les  arts  mécaniques,  le  commerce,  en 
un  mot  le  bien-être  général  du  paysC*).  » 
Colbert  fut  toujours  à  la  hauteur  de 
ces  importantes  fonctions,  et  il  est  du 
petit  nombre  des  ministres  dont  le 
nom  est  resté  populaire.  La  scanda- 
leuse administration  de  Fouquet  avait 
mis  les  finances  dans  un  état  déplora- 
ble; le  revenu  total  de  l'État,  au  mo- 
ment où  il  quitta  la  direction  des  af- 
faires, était  de  89  milHohs  seulement; 
la  dette  en  absorbait  52  ;  le  gouverne- 
ment ne  pouvait  donc,  en  réalité,  dis- 
poser que  d'un  revenu  de  37  millions. 
Lorsque  Colbert  mourut,  le  revenu  s'é- 
levait à  105  millions,  et  la  dette  avait 
été  réduite  à  32.  La  véritable  base  de 
la  grandeur  du  règne  de  Louis  XIV 
est  dans  cette  habile  administration 

(*)  Voyi*z  TexcelleDl  article  publié  sur 
ColKert ,  par  M.  Reynaad,  dans  V Encyclo- 
pédie nouvelle. 


j 


FRANCE    (Ei^n=  aelQuieXIV) 


COL 


FRANCE. 


COL 


^7Z 


des  finances,  quf  seule  pouvait  lui  per- 
mettre d'entreprendre  de  grandes  cho- 
ses et  de  faire  face  aux  dépenses  né- 
cessitées par  ses  entreprises.  Si  le  mi- 
nistre s*oppo8a  autant  qu'il  le  put  aux 
emprunts,  c'est  que,  connaissant  la 
passion  du  roi  pour  les  dépenses,  il  ne 
voulait  pas  lui  fournir  une  ressource 
dangereuse,  dont  il  le  savait  trop  dis- 
posé à  abuser.  Ou  lui  a  reproché  de 
n'avoir  pas  connu  l'importance  du 
•crédit  ;  c  est  une  erreur  grossière,  et  il 
suffit,  pour  la  réfuter,  de  citer  les  pa- 
roles qu'il  adressa,  en  1672,  au  prési- 
dent de  Lamoignon,  d'après  les  avis 
duquel  on  venait  de  se  décider  malgré 
lui ,  à  recourir  à  un  emprunt.  «  Vous 
«  triomphez,  dit-il,  mais  croyez-vous 
«  avoir  fait  lac^on  d'un  homme  de 
«  bien  ?  Croyez-vous  que  je  ne  susse 
«  pas  comme  vous  qu'on  pouvait  trou- 
«  ver  de  l'argent  à  emprunter  ?  Mais 
«  connaissez-vous  comme  moi  l'homme 
«  auquel  nous  avons  affaire,  sa  passion 
«  pour  la  représentation ,  pour  les 
«  grandes  entreprises,  pour  tout  genre 
9  de  dépenses  ?  Voilà  oonc  la  carrière 
«  ouverte  aux  emprunts,  et  par  consé- 
«  quent  à  des  dépenses  et  a  des  im- 
«  pots  illimités  !  Vous  en  répondrez  à 
«  la  nation  et  à  la  postérité.  » 

Colbert  a  été  surtout,  de  la  part  des 
économistes  du  dix-huitième  siècle, 
l'objet  d'attaques  très-vives,  pour  ses 
règlements  sur  l'agriculture,  l'indus- 
trie et  le  commerce.  Mais  avant  lui  la 
France  n'avait  ni  commerce  ni  indus- 
trie ;  Sully  avait  pour  ainsi  dire  tout 
sacrifié  à  Tagriculture,  qu'il  avait  ex- 
clusivement encouragée.  Colbert  vou- 
lut compléter  l'œuvre  du  ministre  de 
Henri  IV,  et  comme  tout  était  à  faire, 
il  fut  comme  lui  exclusif,  et  encoura- 

âea  l'industrie  au  détriment  peut-être 
e  l'agriculture.  Sully  avait  eu  raison, 
sans  doute,  de  donner  tous  ses  soins 
au  développement  des  arts  agricoles  : 
le  pays  subissait  la  conséc|uence  des 
longues  guerres  civiles  qui  l'avaient 
ensanglanté  ;  la  plus  grande  partie  du 
sol  était  inculte;  il  tallait  avant  tout 
le  rendre  capable  de  nourrir  ses  habi- 
tants. Mais  ce  résultat  obtenu,  fallait- 
il  continuer  à  jamais  le  même  système, 


faire  du  peuple  français  un  peuple  ex« 
dusivement  cultivateur,  et  le  forcer 
d'exporter  les  produits  de  son  sol  pour 
acheter  ceux  des  manufactures  étran- 
gères? r^on  sans  doute.  Richelieu  avait 
donné  à  la  France  une  importance  po- 
litique trop  grande  pour  que  ee  pays 
resfât  tributaire  des  autres,  à  quelque 
titre  que  ce  fût.  «  Nourrir  Tindustrie 
avec  f agriculture,  faire  germer  par- 
tout la  population  agricole,  soumettre 
en  un  mot  la  terre  à  la  manufacture, 
afin  de  les  faire  prospérer  plus  tard 
concurremment ,  et  l'une  par  l'autre, 
telle  fut  la  grande  politique  de  Col- 
bert pour  l'accroissement  de  la  popu- 
lation ,  et  par  conséquent  de  la  splen- 
deur de  notre  noble  pays  (*).  » 

Lorsque  Colbert  devmt  ministre,  la 
France  ne  possédait  que  des  manufac- 
tures dont  les  produits  grossiers  suf- 
fisaient à  peine  aux  premiers  besoins 
de  ses  habitants  ;  la  draperie  fîfie  était 
fabriquée  en  Espagne  et  en  Hollande, 
les  belles  soieries  en  Italie  ;  les  toiles 
et  les  dentelles  en  Hollande  et  en  Bel- 
gique, etc.  ;  il  voulut  que  l'industrie 
française  rivalisât  de  tous  points  avec 
l'industrie  étrangère,  et  appela  des 
autres  pays  les  manufacturiers  les  plus 
habiles.  Van  Robais  pour  la  draperie 
fine,  Hindret  pour  la  bonneterie ,  etc. 
Leurs  élèves  répandirent  leurs  procé- 
dés ,  et ,  six  ans  après,  42,000  métiers 
fabriquaient  en  France  de  beaux  draps  ; 
et  nos  dentelles,  nos  soieries,  nos  gla- 
ces, notre  bonneterie,  nos  armes  blan- 
ches, nos  toiles  égalaient  les  mêmes 
produits  fabriqués  à  l'étranger;  plu- 
sieurs manufactures  rovales  furent 
créées  pour  servir  de  modèle  à  l'indus- 
trie privée  :  «  L'industrie,  justement 
orgueilleuse  de  ses  succès,  craignit 
bientôt  qu'on  n'altérât  les  bonnes  mé- 
thodes de  fabrication  dont  on  venait 
de  l'enrichir  ;  elle  crut  être  arrivée  à 
la  perfection;  elle  voulut  rendre  les 
procédés  invariables  en  faisant  partout 
le  même  mode  de  fabrication  ;  de  tou- 
tes parts,  les  manufactures  sollicitè- 
rent des  règlements,  et  Colbert  sous- 
crivit à  leurs  vœux. 

(*)Arlicle  Colbbrt,  par  M.  Reynaud. 


T.  y.  18*  Livraison.  (Diqt.  encygl.  ,  etc.) 


18 


274 


COL 


L'imiVERS. 


COL 


«  Cf9U  Hglemeais  ne  soim  fk  la  Vâ*fiéi 
ique  }a  dàsc^ipttôn  eiràdtê  d«fi  meill^ors 
procédés  dé  febrlcàtkM;  et,  soos  oé 
rapport ,  ité  tormetit  des  instruction^ 
tres-utiies)  inAîs  ees  ^ègtements  étaient 
exclusifs,  Tartiste  ne  pouvaft  pas  s'en 
écarter,  la  stricte  exécution  en  était 
commandée,  et  les  inspecteurs  bri* 
aaient  les  métiers,  brûlaieiDt  (es  étoffes, 
pronociçaieut  des  amendes  toutes  leà 
lois  qu^on  se  permettait  quelques 
changements  danS  les  mék;hodes  pres^ 
èrites  (*).  » 

Il  fallait  bien  enseigner  aux  artisans 
les  procédés  que  i'imrpulsioh  nouvelle 
donnée  au  commerce  et  à  Tindustrié 
avait  fait  inventer;  et  pour  que  ceé 
procédés  triomphassent  des  préjugés 
d*une  aveugle  routine,  il  fallait  leur 
donner  Tautorité  de  règlements  éma- 
nés de  l'autorité  supérieure.  Mais  Col* 
bêrt  n'avait  pas  la  prétention  de  faire 
de  ces  règlements  un  code  qu'on  ne 
pdt  jamais  modifler;  et  si  l'industrie 
fut  enchaînée  pendant  plus  d'un  siè- 
cle, dans  des  liens  oui  ne  furent  rom- 
pus qu'en  178d,  ce  n  e$t  pas  à  l'homme 
du  progrès  qu'il  faut  s'en  prendre, 
mais  bien  à  ses  inhabiles  successeurs, 
à  ce  gouvernement  qui,  stationnaire 
par  «y$tème,  et  repoussant  toutes  les 
améliorations,  quel  qu'en  fût  l'objet  éi 
de  quelque  part  qu'elles  vinssent,  de* 
vait  enfin  tomber  sous  les  coups  d*un 
peuple  justement  irrite. 

Colbért  ne  négligea  cependant  j)oint 
l'agriculture  ;  la  reductidn  des  taille$, 

S  ni  frappaient  surtout  les  petits  eul* 
vateurs,  et  une  plus  juste  répartition 
de  cet  imp^,  la  réduction  des  gab'el* 
les,  la  création  de  nombreuses  routes, 
l'entretien  assuré  de  toutes  celles  qui 
existaient,  la  construction  du  canal  dif 
Languedoc,  étaient  des  encourage* 
ments,  indirects  il  est  vrai,  mais  cer^ 
tainemeht'  efficaces  :  «  enfin,  en  éten- 
dant, conîme  il  le  fit,  la  marine,  la 
pêche ,  le  commerce,  les  colonies,  lei 
arts  et  les  manufactures,  il  présenta  k 
la  terre  dje  npuveaux  hommes  à,  nour- 
rir, et 'par  conséquent  aux  laboureurs 

(*)  Chapt^l^^  De  V industrie  française , 
tu,' p.  à47. 


da  noîiteaux  profits  à  prendre  sur  ie 
{feu  mAme  de  ledits  récoltes  (*).  »  Que 
l^otii^se  dOn0  de  teprocber  à  Colbert 
d'avoir  prohibé  l'exportalTOii  des  blés; 
celte  prûtiibition,  en  diminuant  le  prix 
des  Subsistances,  favorisa  l'aoeroilsse- 
ment  de  la  population.  Au  lieu  de  coiv 
spinmateurâ  étrangers,  il  donna  à  l'a- 
griculture des  consomma  Wurs  français; 
elle  n'y  perdit  rien  et  la  France  y  gagna 
en  puissance. 

Il  y  aurait  déjà,  dans  les  services 
que  nous  venons  d'énumérer,  de  quoi 
suffire  à  la  gloire  d'un  homme,  mais 
Colbert  ne  s'en  tint  pas  là  :  il  cciintinua 
les  efforts  de  Richelieu  pour  donner  à 
la  France  une  marine  redoutable.  En 
peu  d'années,  elle  eut  100  vaisseaux, 
et  les  rôles  de  l'inscription  maritime 
présentèreùt  les  noms  de  60,000  maP^ 
lelots.  Il  créa  Brest,  Toulon,  Roche- 
fort;  acheta  Dunkerque;  commença 
Cherbourg;  et  liant  l'industrie,  fe 
commerce  et  la  marine  dans  un  avenrt 
commun,  il  fonda  toutes  nos  colom'eâ 
pour  assurer  des  débouchés  à  l'indus- 
trie et  au  commerce,  et  un  emploi  à 
la  marine  en  temps  de  paix. 

«  Comprenant  enfin,  que  l\>pu- 
lence  ne  suffit  pas  pour  constitùet 
la  vraie  richesse  des  hâtions ,  il  ap- 
pliqua tous  ses  soins  à  vivifier  en 
France  la  culture  des  lettres,  des  scien- 
ces et  des  beaux-arts.  Richelieu  avait 
aperçu  avant  lui  la  décrète  puissance 
de  notre  langue,  et  devinant  l'ascen- 
dant que  la  nation  française  jpôuvait 
prendre  par  là  sur  les  autres,  H.  avait 
Créé  l'Académie  aveb  mission  d'amé- 
liorer ce  bel  idiome,  destiné,  dans  sa 
politique,  à  dévenir  l'idiome  souverain 
du  monde  civilisé  ;  marchant  su;*  lefe 
traces  de  ce  hardi  génie,  Colbert,  bieû 
que  peu  lettré  (**),  n^  traita  pas  l'Aça- 

{**)  m  ^^t  d^jÀ  «ii9i9«rfvlprBq»*i(  9ppnt 
le  ùtiUi  {  ce  ^4  J«au  GaVpis ,  qlifeé  d^  Sfiii^- 
Martin  ^e  Care<f  ^\^  fond^tj^  du  Jqiu'iÛ| 
4es  sjiyazi^s,  qui  lui  eo^eigna  o^tte  If^ngwa^ 
i^  se  fpnua  cepeiidant  Ifi  l)iblîota^^uQ  u 
plus  belle  peut-efr è  qa'^ucua  parUculjçi;'  ^ 
jamais  possédée,  l^  i^auuscrils  qui  faïf 
saiént  partie  dé  ceUe  cotleçtiQU  passèreiÀ 
dans  la  suite  k  la  bibliothèque  royafe,  dont 


GOL 


FRANCE. 


€OL 


275 


tiùn  ^  ^  VwBk  m%  k  fttel-  \im%  4«g»é 
d*ac^vké9t  de  «pteàdeiir  ge»  «aooiura- 
eftœei^  $^rè^  à*él«tev.  Koo  çoalefit 
îtoce  s^tià  fecftT  de  famières,  Û  y  a4- 
idieail  TAcadénie  <i«9  k»scriptiona  «t 
oelWletlrcs  et  l'AoadéQHM  des  aeiea- 
ces.  C^jtei»  VkapulsiQn  clonoée  jMir 
EicUelLett  se  pouvait  pas  êlre  plu»  sa- 
^«mtitl  odMtifuuéev  et»  Ton  serait  em- 
bartaaaé  A»  dé^îKicr  lawiflte  de  ces  trois 
.RoUfS  coiDpasoi^,  dwirgée,  l'HDa  du 
petfiitctiotiiieitiedt  ik  to  Wêue^  Vavttfe 
flf  l'étude  de  Tlu^oire.  et  du  perfec- 
tionnement du  style,  là  troisième  ée 
V^sei««|iim  de  tà  Battre  et  4e  la  dé- 
oouvârte  ée  ses  toÂ9«.  noétfite.  d'être 
placéa  la  prwoière  (*).  » 

Coihertcréa  en  outve  Tobsei^vatoiec^ 
le  jardiia  des  plantes,  l'aoadénpie  de 
peinlurç,  IfaiGadémi^  dVcbîKeot^ure, 
réeolo  é$.  Fraiiceà  Home;  i^  9»{;iDeDta 
la  bibiioidiè^e  royale  et  lie  cabiûetdes 
inédaiH0&;  il  en^oM^agea  \m  artiaesi 
ies  $avaat&  ^  tes  Mtiiéirateiirs  ârauçais 
etétcaagfvs  f^);  il  attire  les  hommes 

ik  forment  au^ourd'iim  Tune  des  {iTus  pr^ 
cieuses  richesses.  Voyez  BiBLZOTHÈQtre» , 
t.  H,  p.  517. 

(*)  ReyBaud',  îbid. 

(^  Le  lecteur  ne>  parcourra  pae  sans  in* 
térdl  la  KjBta-  de  ces.  eneounigemenu  donnés 
pat  Colvert  aiUL  Iklérateurs  ;  cette  liite^  Mdi«- 
gèe]^43iapfiaiiv«8irort  rare,  «llm  iqppp.é* 
oiaMPtis^eQ  ami;  €i|iiieti«e&;  9IIR  ea^  de  i663« 

dfi  roi  «  exccUeqt  honqie  pour  la.  pbjsi*- 
que  et  pour  la,  connfiissan<:e  des.  passions 
et  des  MiM,  dont  fl-  a^  fait-divers  aarrag es 
foTA  f^m^  w^.  pei>«imn  4«. «om»  i» 

A|n  «eiir  Canrartt  lequel^  aanaconnais^noe 
d*aocane  aatrê  langue  que  sa  maternelle, 
est  admirable  pour  joger  d*  tootee  Ica 
|fo)lnctH^iif',dtJ  Tespriti  wné  peaslmi  dew.   tSpo 

A-u  sieur  /e  ClefCg  «^^fuit  poë|«  français  •     600 

An  sieur  Pierre  Chrneiïfet  premier  poète 
dniiMtique  da  mot^ltt. , . ,  aooo 

i^^  simn  i9a(#M^^  If  ^m  fertilv  ^iv««> 

et  dQué  de  la  pbif  belle  imagination  qiii 

ait  jamais  été laoo 

jlitt  wMat  Ménmgt,  eMellen^pour  la  erftjque 

det  pnlW« ,. ...;..«..»   a«K» 

Ah  ai^ur,  (d><|é  d«  i>lur»,  qui  écri(  l'histoire 

en  latin  pur,  et  élégant ,. .  zooo   ' 

Au  siea«  BéfWr  exeelteot-  poète  fr^i^fs» . .     Soo 
AP)  eieql  Ciffmtiifile^eu^^  kqé  fp^e  Cq«4- 

çais  et  dramatique» « . . . .  ioqo 

An  sieur  Mo  fier»,  excellent  poète  comique.  1000 
Ja  «iaur.  Bw^ijêrnih ,  podia  françai*  tott 

âfiéable , . .  z5oo 


lea  pins  habiles  de  t9uta  VEwopA,  at 
atlira  aînsi  à  la  Frai(i^  cette  prépo«^- 
déira«6e  nporate.  qu'eUe^e^er^  sur  tou- 
tes; tes  notions  an  dix^huiti^m^:  sièicle, 
et  qui  swrv4<$«t  9m  victoires  de 
LjBUisXIV. 

Non  eonteat  de  rendre  wnsi  rEurope 
▼essaie  de  (a  FraneO)  il  voulut  faire  da 
Paris  un  cbef-li^u  digpe  da  la  nouvelle 
pwasanoa  dis  sa  patrie.  Il  aonstruisit 
aa  aebeita  uoa  foule  da  nponuAuents, 
les  quaisii  les  b^levards ,  k  X^ai^vras 
las  Tuélejne^. 

Il  axerfa  enfo  im  taut  le  fflraud 
¥^i^  ufie  baureuss:  iafliwnfe.  Il  lutta 
eoQstumpii^t  cctiktre  la  QO»aie  bellj)- 
queuse  de  Louvois;  ce  fut  lui  qui  da- 
eida  L(Hus  XXV  à  signeir  la  paix  de  Ni- 
inègue.  IVlais,  ea  1670,  la  crédit  d^ 
Louv<]j|s  remporta,  et.  le  roi,  fatigué  de 
l'opposition  continuelle  <|ue  son  ^ajjd 
aiiaiatre.  appoiftait  à  ses  fantaisies-, 
méconnut  ses  services  et  ne  erajgnit 
peint  de  Toutiiagar  devant  soa  colic^ue^ 
Colbert,  malade  de  la  pierre  et  usé  pa): 
la  tr^vajl,  fi^  atterré^e  tant  dlnju^cè; 
\{  se  mit  au  lit  et  ne  se  releva  plus^ 


Au  père  le  Cointret  habile  pour  l'histoire. . 
Au  sieur  Huetf  de  Caeo ,   gvaiMi  petstm- 

'    B«Ke,  qui  ?  traduit  Oqigine. 

Au  sieur    CAfvpmtiv,   poète   et   orateuf 

français 

Au  sieur  abbé  Cot/irtf  poite  et  orateur  fran- 

çaia» . . , 

ii^&ienr.SQ'^/èrr,  seyantes  lettws  bumaine*. 

Au  sieur  Dauerier,  idem .^ 

Au  sieur  Ogier^  consommé  daaa  la  théolo-. 

gie  et  les  belles-lettres '. . 

Au  sieur  Rallier»  ptofessa^t  parfaitement 


la  langue  arabe. 
A  l?abbe^/« 


f^aytFt  aavant  es  béllestleUres. 

At>  Hemr  tf  JlM^^wrtiu^  h|ibi?i9Aqurl|bietoire. 

^,  aient  iti  Sainte-Mar/he,  l^apile  pour  l'his- 
toire.  

A»  stear  du  JferHe^t  poète  btio. 

Afi  si^,  FUe^er,  pqëte  fci^at^it  <(t,  latin, . 

Aux  sieurs  tle  F'aiois  frères  ,  qui  écriTent 
.  l'bibtoire  en  latin ; 

Aa  siauF  Jtfaiiii,  poète  Utin 

A^  ai^iin  ^eùtf,  poète  fnDaçaif 

An  sif^ur  abbé  de  Bour%fysi  eonsomm^  dans 
la  théologie  positive  scolastiqne  ;  dans 
L'histcHTo»  lea.lettree  humaiMs»  et  ktlan- 
gnea  prientales 

Au  sieur  Chqpeltân,  le  plus  g.rand  poète 
français  qui  ait  jamais  été,  et  du  plus 
solids.jsgeioent 

An  aieur,  4bbé  Càfs^t^  990t^»  ^rateus  et 
ss^«ant  en  théologie 

Au  sieur  Perrault»  babile  en  poésie  et  en 
BeUea^lcttns 

Aa  sieur  MéMenU,  bistoriograpbe 

18. 


iSoo 
SiSqoi 
zaoo 
«ao» 

lOOO 

3ooo 

iloo 

6oo 
rooo 

xaeo 

zaoo 
foo 
Soo 

a4oo 
6oo 


3ooQ 

iSoo 
4ooo 


276 


COL 


L'UNIVERS. 


COL 


On  dit  que  le  roi  alla  le  voir  et  répara 
ainsi  sa  faute;  d'autres,  au  contraire, 
disent  que  Golbert  refusa  de  recevoir 
une  lettre  de  Louis  XIV,  en  disant  : 
«  Je  ne  veux  .()lus  entendre  parler  du 
«  roi,  qu'au  moinsà présent  il  me  laisse 
«  tranquille.  Si  j'avais  fait  pour  Dieu 
«  ce  que  j'ai  fait  pour  cet  homme,  je 
«  serais  sauvé  dix  fois  et  je  ne  sais  ce 
«  que  je  vais  devenir.  »  Bourdaloue 
l'assista  dans  ses  derniers  moments; 
il  mourut  le  6  septembre  1683,  à  l'âge 
de  64  ans.  Avec  lui  finit  la  série  de  nos 
grands  ministres  (Sully,  Richelieu, 
Mazarin,  Colbért)  ;  la  tradition  fran- 
çaise était  désormais  sans  représen- 
tants, et  la  monarchie  penchait  vers 
son  déclin. 

Charles  Golbebt,  marquîsde  Crois- 
sy,  frère  du  grand  Goibert ,  naquit  à 
Paris  en  1629 ,  fut  premier  président 
au  parlement  de  Metz  et  ambassadeur, 
et  mourut  ministre  d'État  en  1696.  Il 
avait  été  l'un  des  négociateurs  de  la 
paix  de  Nimègue  et  de  celle  d'Aix-la- 
Chapelle. 

Jean-Baptiste  Colbebt  ,  marquis 
de  Seignelay,  fils  du  ministre ,  naquit 
à  Paris  en  1651,  et  se  forma  aux  af- 
faires sous,  la  direction  de  son  père, 
qui  obtint  pour  lui  la  survivance  du 
ministère  de  la  marine.  Il  commença, 
en  1676,  à  diriger  ce  département,  et 
acheva  d'élever  la  marine  française  à 
ce  haut  degré  de  puissance  qu'elle  at- 
teignit sous  Louis  XIV.  Il  mourut  en 
1691. 

Ja^cqttes  -  Nicolas  Golbebt  ,  son 
frère,  né  à  Paris  en  1654 ,  mort  dans 
cette  ville  en  1707,  fut  archevêque  de 
Rouen,  membre  de  l'Académie  fran- 
çaise depuis  1678,  et  l'un  des  fonda- 
teurs de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres. 

Jean-Baptiste  Golbebt  ,  marquis 
de  Torcy,  uls  du  marquis  de  Groiss]^, 
naquit  en  1665.  Il  fut  nommé  secré- 
taire d'État  au  département  des  affai- 
res étrangères  en  1689 ,  surintendant 
général  des  postes  en  1699,  et  con- 
seiller au  conseil  de  régence  pendant 
la  minorité  de  Louis  XV,  à  la  mort 
de  Louis  XIV.  Ses  ambassades  en  Por- 
tugal, en  Danemark  et  en  Angleterre 


l'ont  placé  au  rang  des  plus  habiles  né- 
gociateurs. Il  mourut  à  Paris  en  174i6. 
On  a  publié,  en  1756,  ses  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  des  négoda- 
Hons .  depuis  le  traité  de  Ryswich 
jusqwà  la  paix  d^Utreckty  3  vol. 
in- 12,  divisés  en  quatre  parties.  La 
première  est  consacrée  aux  négocia- 
tions pour  la  succession  d'Espagne;  la 
seconde  aux  négociations  avec  la  Hol- 
lande ;  la  troisième  aux  négociations 
avec  l'Angleterre,  et  la  quatrième  aux 
négociations  pour  la  paix  d'Utrecht. 
Ces  Mémoires  sont  de  la  plus  haute 
importance  pour  l'histoire  de  cette 
époque. 

Edouard- Charles  -  f^ictorin  Gol- 
bebt ,  descendant  du  marquis  de 
Groissy,  naquit  en  1758.  11  entra  de 
bonne  heure  dans  la  marine,  prit  part 
à  la  guerre  d'Amérique,  et  y  çagna  la 
décoration  de  l'ordre  de  Gincinnatus. 
Il  émigra  ensuite,  servit  à  l'armée  de 
Gondé  ,  puis  se  rendit  en  Angleterre 
et  se  trouva  à  l'affaire  de  Quiberon.  Il 
passa  ensuite  dans  la  Vendée,  où  il  de- 
vint aide  de  camp  de  Stoffiet,  l'ancien 
garde-chasse  de  son  frère ,  le  comte 
Colbert  de  Maulevrier.  A  la  mort  de 
cet  homme,  il  passa  en  Amérique ,  et 
revint  en  France  vers  la  fin  du  consu- 
lat. Tant  que  dura  l'empire ,  il  vécut 
éloigné  des  affaires  ;  mais  à  la  première 
restauration  ,  il  fut  uoitimé  :  capitaine 
des  gardes  du  pavillon.  Élu;  député  du 
département  d'Ëure-et-Lbire ,  à  la  se- 
conde restauration',  il  vota  constam- 
ment avec  la  maWJité  de  la  chambre 
de  1815,  et  fut  I  un  des  députés  roya- 
listes les  plus  ardents  ;  aussi  obtint-il, 
en  1816,  le  grade  de  coiiti*e-amiral.  H 
mourut  en  1820. 

Edouard  -  Pierre  -  David  Gol- 
bebt, né  à  Paris  en  1774,  s'engagea 
en  1793,  comme  simple  soldat,  et  ser- 
vit successivement  dans  la  Vendée,  en 
Espagne  et  en  Egypte.  Rentré  en 
France  après  la  capitulation  d'Alexan- 
drie, il  fut  nommé  aide  de  camp  de 
Junot,  et  fut  fait  chef  d'escadron 
sur  le  champ  de  bataille  d'Austeriitz. 
Il  combattit  à  léna ,  à  Pulstuck  ,  ftjt 
nommé  colonel  du  7^  de  hussards  à 
la  suite  de  cea  actions  sanglantes ,  et 


COL 


FRANCE. 


COL 


Tf7 


{>rît  une  part  jEçlorieuse  à  celles  d'Ey- 
au  et  de  Friediand.  Créé  baron  en 

1808,  il  fut  fait  général  de  brigade  le 
9  mars  1809.  Pendant  la  campagne  de 

1809,  il  se  distingua  à  la  bataille  de 
Raab  et  à  celle  de  Wagram ,  où  il  fut 
atteint  de  trois  coups  de  feu.  Attaché 
à  la  garde  impériale  en  1811 ,  il  con- 
duisit la  brigade  de  lanciers  en  Russie,' 
sous  les  ordres  du  duc  d'Istrie.  Il  prit 
part  à  toutes  les  affaires  de  cette  cam* 
pagne,  se  couvrit  de  gloire  à  Baut- 
zen,  et  fut  fait  général  de  division  en 
1813.  II  combattit  avec  courage  à 
Montmirail ,  à  Champ-Aubert,  à  Nan- 
gîs ,  et  ne  déposa  les  armes  qu'à  la 
paix.  Il  les  reprit  en  1815,  fut  blessé 
a  Waterloo ,  et  suivit  Parmée  derrière 
la  Loire.  Retiré  dans  ses  foyers,  après 
la  dissolution  de  cette  armée,  ce  brave 
et  honorable  général  eut  Thonneur 
d'être  persécuté  et  exilé  par  la  res- 
tauration. 

AugUste-Marie-François  Colbebt, 
frère  du  précédent^  né  à  Paris  en  1777, 
s'enrôla  comme  simple  soldat  en  1793, 
et  devint,  en  l'an  iv,  aide  de  camp  du 
général  Grouchy.  Il  suivit ,  dans  la 
même  qualité,  le  général  Murât  en 
Italie  et  en  Egypte  ^  où  il  devint  chef 
d'escadron,  et  rut  grièvement  blessé 
au  siège  de  Saint-Jean  d'Acre.  Il  se 
distingua  ensuite  à  la  bataille  de  Ma- 
renço,  et  fut  nommé,  immédiatement 
après,  colonel  du  10^  de  chasseurs  à 
cneval.  Devenu^  général  de  brigade 
durant  la  campagne  de  1805 ,  il  fut 
chargé  par  Napoléon  de  porter  à  l'em- 
pereur Alexandre  l'ultimatum  de  la 
paix  d^Austerlitz;  l'année  suivante,  il 
prit  une  part  active  à  la  bataille  d'Iéna, 
et  fut  cité  avec  éloge  dans  le  bulletin 
de  la  grande  armée.  En  1808,  il  fît 
partie  de  l'expédition  d'Espagne ,  mit 
plusieurs  fois  en  déroute  l'armée  de 
Castanos,  et  fut  tué  le  3  janvier  1809, 
prèsd'Astorga.  Il  était  du  nombre  des 
généraux  auxquels  le  gouvernement 
impérial  avait  décerné  une  des  statues 

âui  devaient  être  placées  sur  le  pont 
e  la  Concorde. 

Col  d'Ai&genteea.  —  Le  21  octo- 
bre 1795  ,  le  général  Yaubois,  com- 
mandant la  droite  de  l'armée  des  Al- 


pes, disposa  une  attaque  contré  les 

Îïostes  avancés  des  Piémontais ,  dans 
a  vallée  de  la  Stora.  Quoique  forte* 
ment  retranché  et  gardé  par  deux  ré- 
giments suisses,  le  col  d'Argentera  fut 
forcé  et  emporté  à  la  baïonnette.  L'en- 
nemi s'étant  rallié  dans  le  village ,  es- 
saya en  vain  de  s'y  soutenir,  et  si  les 
neiges  et  les  glaces  n'eussent  retardé 
les  détachements  français  de  droite  et 
de  gauche,  tous  les  Piémontais  qui  se 
trouvaient  à  Argentera  eussent  été  faits 
prisonniers. 

Col  de  Ranos  (combat  du.)  Voyez 
Rangs. 

Col  de  la  Cboix  (combat  du). — 
Le  général  Moulin ,  qui  dirigeait  les 
opérations  de  l'armée  des  Alpes  en 
l'absence  de  Kellermann,  fut  attaqué  le 
23  septembre  1795  par  les  Piémontais . 
Trois  cents  d'entre  eux  se  portèrent 
contre  ses  avant-postes ,  placés  au  col 
de  la  Croix,  et  les  forcèrent  de  se  re- 
plier sur  la  Montai.  lii,  le  générai 
rouget  repoussa  l'ennemi ,  qui ,  peu 
de  jours  après,  fut  encore  battu  à  Mal- 
chaussée par  l'adjudant  général  Cham- 
baud,  et  le  14  octobre  à  la  Novalaise, 
par  les  généraux  Lacombe ,  Fournier 
et  Pouget. 

Col  de  la  Madeleine  (  combat 
du).  —  Les  Piémontais  tentèrent ,  en 
1793,  de  repousser  les  attaques  tou- 
jours heureuses  des  Français  sur  les 
montagnes  de  la  Savoie.  ït  leur  im- 

Î)ortait  du  reste  beaucoup  de  soutenir 
es  Lyonnais,  assiégés  par  les  troupes 
de  la  Convention.  Mais  leurs  succès 
furent  de  peu  de  durée.  Il  suffît  au 
général  Kellermann  de  paraître  pour 
raincre.  Le  général  Ledoyen ,  qui  ser- 
vait sous  ses  ordres,  repoussa  d'a- 
bord, le  10  septembre,  tous  les  pos- 
tes avancés  aes  Savoisîens ,  pour  les 
empêcher  d'augmenter  leurs  forces 
dans  la  Tarentaise  et  le  Faussigny , 
points  sur  lesquels  Kellermann  se 
proposait  de  diriger  ses  principaux 
efforts.  Après  avoir  fait  gagner 
à  ses  troupes  les  sommités  les  plus 
élevées  des  Alpes ,  celui  -  ci  com- 
manda, le  20  septembre,  à  un  batail- 
lon de  quatre  cents  hommes  de  s'a- 
vancer directement  vers  l'importante 


na 


QOh 


vmmEMé 


COh 


pgiBiHtn  fhi  <0)  <ie  la  Madeleine;,  t^» 
éis  qn'mf  autre  coUnoe  de  pareille 
f^tctn  secondant  .oetteattaciue,  battait 
\m  Fiéttioiitai«  i  çt  k^  i>blie«ait  de  s» 
felirer  sur  M^ntîer  avec  un^  perte 

Coi^  »«  TnrfBB,*  ^  Cette  eotréç  i^m 
Piémont  fut  enlevée  «  le  S  i^ia^  1794, 
|i)ar  k8  bripde3  de  Massena  et  de 
Macqutlrt^  qui  oQnMflu^ilent  avee  suc- 
•es  leur  nnH^yem^t  offensif.  Au  mois 
d'août  d«l'«nn^e  suivante  les  Austro^ 
Sardes  se  portèrent  aussi  «ut  le  co) 
à9  T0tïi6»  Un  eorps  de  troupe  fort 
nombreux  se  retranchait  près  de  oc 
poster  i  BéMrosa  »  quand  le  général 
Mdcquart  prdpnna  »  le  17  du  même 
moie,  au  g^éral  t)aliemagne  de  mair* 
cher  à  Tennf  mi^  Cette  expédition  réus* 
sit  pérfoitement»  La  position  fut  for*» 
née,  etceux  aqi  la  défendaient  se  virent 
obligés  de  battre  en  retraite,  anrèj; 
avoir  vu  massacrer  une  partie  de  leur 
jarrière-i^rdei  sans  oser  la  défeodrç. 

Cot  Diï  TsN^A.'— Ce  passage ,  Vue 
de  ceux  qui  conduisent  de  l^intérieur 
4e  l'Afrique  dans  la  Mitidyà  ,  en  tra? 
versant  TAtlas,  est  devenu  célèbre  par 
les  iuttdp  glorieuses  et  sanglantes  que 
notre  jeune  armée  a  dû  y  soutenir  tou- 
le$  les  fois  qu'elle  Ta  traversé.  Il  a 
été  rendu  praticable  à  l'artillerie  par 
les  travauii  du  génie ,  lors  de  la  pre- 
mière expédition  de  Constantine,  en 
1836.  Une  rputq  de  15,600  mètres  de 
développement,  dont  1^600  au  delà  du 
col,  y  a  été  ouverte  deouis  la  Mitidjà 
jusqu'à  l'entrée  de  la  pface  de  Médéan, 
et  construite  en  six  jours ,  sous  la 
protection  des  troupes  continuelle- 
ment occupées  à  repousser  l'ennemi. 
Aussi  les  Arabes ,  frappés  d'admira- 
tion ,  disaient  -  ils  :  ^^  Il  n'y  a  pas  de 
montagnes  pour  les  Français.  » 

Col  de  Tebhe  (  prise  du  ).  —  Les 
Piémontais  «  continuellement  battus 
en  1795»  cherchaient  quelquefois  à  dé- 
busquer nos  troupes  de  leurs  posi- 
tions; ils  se  présentèrent  le  5  juillet 
devant  le  camp  du  col  de  Terme.  Les 
avapt-postes  surpris  furent  obligés  de 
se  ri^pliQri  et  il  s'engagea  une  lutte 
meurtrière  e^  opiniâtre ,  où ,  en0n ,  la 
bravQur^  française  remporta  sur  le 


Oi^mkrç.  Cependant:,  deux  mille  enner 
jn|s  avaient  filé,  sur  des  rochers  situés 
a  la  droite  du  cpl«  eX  déjà'  douze  cents 
étaient  descendus  sur  un  vieux  Camp 
d'où  ils  fusillaient  tout  ce  qui  se  pré- 
i^entait  sur  ce  passage,  et  ôtaiftiit  ainsi 
toute  rettaiie  aux  républicpiins.  Le 
généra)  Pelletier^  cQmnianaant  le  camp, 
voit  ffoldemént  ce  danger;  il  fait 
avancer  deux  pièces  de  canon  ,  soute- 
nues seulement  par  deux  cents  bom- 
mes  I  dont  il  enflamme  le  courage  en 
les  appelant  son  intrépide  préserve. 
Cette  petite  troupe  coramenbé  àudat 
çieusement  l'attaque,  repousse  les  deuX 
mill^Piémontais ,  et  les  Oblige  à  re- 
passer te  col  de  llnferno  ;  partout  le$ 
ennemis  sont  mis  en  déroute.  Le  géoé* 
rai  Serrurier  commandait  en  chef  danà 
cette  glorieuse  journée. 

CoLDOBB,  graveur  en  bîéi*reâ  Ôttes, 
tant  en  creux  qu'en  relief,  se  6.Ï  un 
nom  célèbre  pendant  le  règne  de 
Henri  IV»  par  la  finpsse  et  f  élégance 
de  son  travail.  ISeS  portraits  étaient 
d^une  ressemblance  parfaite.  On  pré- 
sume que  Coldoré  est  un  sobriquet,  ci 
que  le  vrai  nom  dé  cet  ^histe  est  Ju- 
lien de  ^ontenai ,  le  même  qlie  HenH 
ÏV  qualifie ,  dans  ses  fôttres  patentée 
du  ââ  décembre  1608,  du  titre  de  lâoit 
valet  de  chambre,  et  de  sôh  grave(i)^ 
en  pieirr es  fines.  Oii  l'appelait  Coldoré, 
à  cause  de  plusieurs  chaînes  d'or  Qu^li 
portait  pendues  à  son  cou ,  comme 
autant  de  récompenses  accordées  par  lé 
roi,  suivant  l  usage  de  de  temps. 

Coii  DU  Mont  (combat  du).  —  ten- 
dant (}ue  Keliermann  organisait  le^ 
services  de  farinée  d'Italie,  et  recon- 
naissait les  points  de  défense  (ju'il  était 
nécessaire  d'occupet  pour  renoussër 
les  Piémontais,  il  fut  ttBppè  de  Vitn*- 
portancè  du  Col  du  Motlt,  ou  de  ÛrU 
sanches.  Ce  poste  Ouvrait  bbur  l'oftin- 
sive  un  débouché  dans  la  tâllééd^Aost^; 
d'un  autre  çdté.  il  couvrait  le  boUr| 
Saint-Maurice,  et  assurait  la  commu*- 
nication  avec  le  hfiont  Cents.  Dès  le  IT 
avril  1795,  le  général  Mdulin  en  essaya 
l'attaque;  mais  la  neige  tomt^ant  en 
s^bondance,  lui  opposa  deè  diffiéult^ 
qui  firent  échouer  cette  dttac(ue;  il  la 
reprit  au  printemps ,  et  lé  19  itiai ,  dttA 


COL 


FRAKGE. 


€OL 


9T9 


miWe  deux  cents  h^fpmiesf  «avancèrent 
divisés  en  trois  cpl^noes^, celle  de  gs^u^ 
çbe,  airrétëe  dans  sa  D;iarche  ps^ç  uivè 
tourne» te jiffreuse^  ùitiMigée  de  ré- 
trogrâaèr.  A  droite  ,.qiiairecei|ts  hpoi- 
Ws ' df yâient  tourner  les.rte^r^nche- 
ments  et  tâcher  fi'y  pénétfer.au  travers 
if^es  glaces.  Cette  4(5oJonnç  pe  p,ut.«xi4- 
cuter  ce  mouverr^et^t;  mais  eiie  tra- 
versa h$  prêtes  des  montagnes  ^  et 

.  arriva  à  ^a  destination  au  moment  où 
sur  le  centre  on  einportait  jes  dernièf  ^ 
redoutes:  La  colo&rie  du  centre  «  des- 

.  tinéé  à  faire  les  |)ripetpai]x  effqrts^  fut 

.  favorisée  dan$  sa  marche  par  un  vent 
impétueux  rQdi  portait  Ifi  neige  da^s 
les  yeux  des < ennemis  et  les  aveuglait* 
A  près  atoir  traversé  dans  le  plus  graind 

.silence  les  premiers  rel|rflnt?hemwt5, 
les  Fran^ia  arrivent  jusqu'à  demî- 
portée  de  pistolet  d'ukie  redoute,  sans 
répondrç  au  feu  de  l'ennemi.  En  mmm 
d'une  demi-bedrei  toits  le^  retrancher 
mentd  sQnt  ei^levfés  à  la  baïonnette;  On 
fait  ^  l'ennemi  dçnx  cent  dix  prisjofii- 
niers  :  |p  res^  des.  troupes'  piémon- 
ta lises  s'éjohappat  ainsi  que  eeilea  icfui 
étaient  cantonnées  au  Baracon  de  la 
Croix,  i^s  troupes  françaises  mon- 
trèrent dans  cette  attaque  une  patience 
et  une  constance  incroyables;  elles 
no^rcbèrent  pendant  dix  heures  au 
miltea  des  neiges  «  luttant  contre 
un  ouragan  épouvatiti^le.  Le  froid 
ét«it  ^  Yif ,  que  reau-«de*îie  et  le  vin 

fêlaient  dans  les  bidons.  La  prise 
u  Col  du  Mont  fut  d'autuf^t  phis  im- 
portante, qu'elle  procura  à  i'brmée  des 
Alpes  Wncalciilable  avantage  de  tenir 
en  é^bec  pendant  tout^  la  campagne, 
avec  trois  cent  cinquante  faommes, 
trois  mille  Piémôntais  qui  pouvaient 
ae  li-Ouver  par  Une  simple  marche  an 
centre  jd6  la  v^Uée  d'Aoste,  derrière 
les  retranchements  du  prince  Thomas. 
Aussi  l'ennemi  es8aya-^il  ensuite  plus 
d'une  fois  de  reprendre  ce  poste;  mais 
la  valeur  de  nos  soldats  rendit  tou- 
jours ces  attaques  infructueuses*  u 

CoLfeTTS  (sainte),  née  à  Corfoie  en 
.  Picardie  «  le  13  jahvièr  1380.  Dès  sa 
plus  tendre  enfance,  die  se  fit  remar- 
quer par  son  goât  nour  la  piété  et 
pour  la  {Mitique  oes  :  vèrtat  dbr^- 


tiennes.  Après  âsnlv  véôu  successive- 
ment chez  les  béguines ,  chez  les.sœurs 
du^^iers  ordre  de  $aint*Françoiâi  puis 
4m9  m  ermitage  t  elle  ehtra  oàns 
l'ordre  des  religieuses  de  Sairtte^laire , 
et  conçut  la  pi&nsée  d'en  opérer  là  ré- 
forme. Benoft  XIII  approuva  son  des- 
:jSëifii  et  lui  doùna  las  pouvoirs  néces- 
r^^lfes  pour  l'exécuter.  Colette  échbua 
eh  France ,  mais  elle  réussit  m  Savoie , 
en  iBoUrgogn^,  dans  les  Pavs-Bas  et 
en  Espagne.  Elle  mourut  à.  Gand,  le  6 
mars  t44&,  à  l'âge  de  sôixante^six  ans. 
Sa  canonisation,  reculée  de  siècle  en 
sidele,  fut  définitiveitienii prononcée  le 
3  mars  1307^  par  Pie  VU.  Le  nom  de 
lainille  de  cette  piense  fddime  était 

^  CQiiieNQN  (François)  ^  graveur,  né  à 
J^anoy  vers  i6Sl ,  mort  dans  cette  ville 
en  1671,  fiit  l'élève  de  Callat^  dont  il 
.im|ta  la  iha^ière.  fies  prodnctiopssont 
«ombreuses  ettrès-^rechérchées;  bn  lui 
dûit  de  charmants  paysages  et  des  vues 
fort  utiles  aujourdfhui  pour  l'histoine 
de  l'architecture;'  on  cite  surtoiit  ses 
bâtiments  de  Home,  ses  vues  de  FlO' 
renùe^  sa  nitte  de  MaUê^,  Cet  artiste 
avait  ksidéldngtehips  en  Italie,  où  il 
faisait  lé  commerce  d'eétampes. 

CoLi&if  I ,  ancien  comté  de  la  Bresse, 
aujourd'hui  département  de  l'Ain,  à 
dix-huit  àilotiiètrës  de  Bourg,  qui  a 
donné  son  nbm  à  l'une  des  plus  illus- 
tres familles  de  France. 

Gaqmrd  jp^E  Co£iB>iri^  premier  du 
liom^  seigneur  de  Cbàtilion-8or*Loing, 
d'une  adclenrie  maison  dé  Bourgogne, 
fbt  le  premier  de  i^a  famille  ^Ui  is'éta- 
blit  en  France,  après  lé  irénnidn  db 
cette  provinbe  à  M  couronne.  Il  accom- 
pagna Charfés  VIII  danë  l'expédition 
de  Naples  eh  1493,  et  Lduii  XII  à  là 
conquête  du  Milanéis;  il  cbbimanda  un 
corps  de  troupes  à  la  bataillé  d'Aignà- 
del,  un  autre  à  la  bataille  de  Mari- 
gnan,  sous  François  P%  (][ui  le  créa 
maréchal  de  France,  et  lut  donna  le 
gouvernenient  de  Champagne  et  de  Pi' 
cardie.  Soii  mariage  avec  Louise  de 
Montmorehcv^  sceur  du  connétable 
Anbe,  avait  beaucoup  contribué  à  son 
crédit.  Il  mourut  à  Dax  en  15S2,  lors- 
qu'il allait  secourir  l'dotarabte.  Ce  fut 


2S0 


ceL 


L'UNIVERS. 


COL 


Chabannes  de  la  Palisse  qui  le  rem- 
plaça. 

Ôdet  DB  CoLiGNi,  cardinal  de  Châ- 
tillon,  fils  du  précédent,  frère  de  Ta- 
miral  et  de  d'Andelot  [voyez  Andelot 
(d')],  né  en  1515,  reçut  la  pourpre  en 
1 533 ,  des  mains  de  Clément  VU ,  et  fut 
successivement  archevêque  de  Toulouse 
à  dix-neuf  ans  et  évéque  de  Beauvais  à 
vingt  ans.  La  lecture  de  quelques  écrits 
de  Calvin,  et  surtout  rascendant  de 
d* Andelot,  Tayant  déterminé  à  em- 
brasser la  réforme,  il  fut  cité  par  les 
cardinaux  inquisiteurs,  puis  excom- 
munié par  Pie  IV  et  rayé^e  la  liste  des 
cardinaux.  Odet  de  Coligni  épousa 
alors  publiquement  et  en  robe  rouge 
Elisabeth  de  Hauteville,  qui  fut  pré- 
sentée à  la  cour,  où  on  la  nommait  in- 
différemment madame  la  Cardinale, 
ou  la  comtesse  de  Beauvais,  Odet 
avait  pris  ce  titre  de  son  évéché,  qu'il 
continuait  d'occuper,  et  parut  même 
avec  sa  femme  en  habit  Je  cardinal  à 
la  déclaration  de  la  majorité  de  Char- 
les IX.  Lorsaue  la  guerre  civile  recom- 
mença entre  les  catholiques  et  les  pro- 
testants ,  Odet  de  Coiicni ,  qui  s'était 
associé  à  toutes  les  luttes  de  ses 
frères  contre  le  parti  des  Guises,  prit 
les  armes  contre  les  premiers ,  et  as- 
sista à  la  bataille  de  Saint- Denis.  Sui- 
vant Brantôme,  «  il  y  fit  très-bien,  et 
«  montra  au  monde  qu'un  noble  et 
«  généreux  cœur  né  peut  mentir  ni 
«  faillir,  en  quelaue  lieu  qu'il  se  trouve , 
«  ni  en  quelque  tiabit  qu  il  soit.  »  A  la 
suite  de  cette  Journée,  il  rejeta  la  paix 

Î|ue  Catherine  de  Médicis  lui  offrait, 
ut  décrété  de  prise  de  corps,  et  passa 
en  Angleterre,  où  il  fut  bien  accueilli 
par  la  reine  Elisabeth.  Après  la  paci- 
lication  de  1570,  il  se  disposait  à  re- 
venir en  France  lorsqu'il  mourut  à 
Hampton,  le  14  février  1571 ,  empoi- 
sonne par  un  de  ses  valets  de  cham- 
bre, qui  périt  sur  l'échafaud.  La  veuve 
du  cardinal  réclama  son  douaire,  mais 
la  demande  fut  rejetée  par  arrêt  du 
parlement  de  Paris,  en  1604. 

Gaspard  de  Coligni  ,  deuxième  du 
nom,  frère  du  précédent,  naquit  en 
1517,  à  Châtillon-sur-Loing.  Il  parut 
à  l'âge  de  vingt-deux  ans  à  la  cour  de 


François  P',  et  raccompagna  dans  la 
campagne  oui  se  termina  par  le  traité 
de  Crépy.  Il  se  lia  alors  avec  François 
de  Guise,  dont  il  devait  devenir  plus 
tard  l'implacable  ennemi.  Blessé  en 
1543,  au  siège  de  Montmédy,  il  refusa 
de  quitter  l'armée,  et  Tannée  suivante 
il  fut  armé  chevalier  sur  le  champ  de 
Cérisoles,  par  le  duc  d'Enghien,  qui 
voulait  récompenser  sa  valeur;  puis  il 
revint  en  France,  et  servit  dans  l'armée 
du  dauphin,  uui  était  alors  la  seule 
force  capable  d'arrêter  Charles-Quint. 
Après  la  mort  de  François  I"%  le  con- 
nétable de  Montmorency,  qui  était  tout- 
puissant  à  la  cour,  sollicita  pour  son 
neveu  le  commandement  de  Tarmée 
d'Italie.  Mais  le  crédit  de  Diane  de 
Poitiers  l'emporta  sur  celui  du  conné- 
table, et  Brissac  obtint  la  préférence. 
D'Andelot,  qui  s'était  engagé  dans 
cette  expédition  avec  l'espérance  qu'elle 
serait  dirigée  par  son  frère,  s'enferma 
dans  la  ville  ae  Parme,  où  il  fut  fait 

f prisonnier.  Pendant  sa  captivité,  il  se 
ivra  avec  ardeur  à  ces  controverses 
religieuses  qui  agitaient  alors  tous  les 
esprits,  et  devint  protestant.  De  re- 
tour en  France,  il  communiqua  ses 
convictions  religieuses  à  ses  deux  frè- 
res, et  se  déclara  lui-même  ouverte- 
ment pour  la  religion  nouvelle.  Odet 
et  Gaspard  de  Congni  furent  pkis  ré- 
servés. Ce  dernier,  qui  avait  a  ména- 
ger Henri  II,  continua  à  servir  dans 
ses  armées.  Après  le  désastre  de  Saint- 

Siuentin  (1557),  il  fut  chargé  de  la 
éfense  de  cette  place,  qu'il  ne  rendit 
qu'à  la  dernière  extrémité.  Fait  prison- 
nier par  les  Espagnols,  il  se  racheta 
en  payant  une  forte  rançon ,  mais  il 
cessa  de  paraître  à  la  cour,  et  ne  s'oc- 
cupa plus  que  d'affaires  de  religion. 
D'Anaelot  achevait  alors  de  l'attacher 
au  parti  de  la  réforme.  Après  la  mort 
de  Henri  II ,  les  trois  frères  se  mirent 
ouvertement  à  la  tête  des  réformés ,  et 
ils  prirent  part  avec  Condé  à  la  fa- 
meuse conspiration  d'Amboise.  Le  but 
des  conjurés  était  d'arracher  le  jeune 
roi ,  François  II,  des  mains  des  Guises 
et  de  s'emparer  du  gouvernement.  La 
cour,  avertie  qu'il  se  tramait  un  com- 
plot, s'était  retirée  au  cbftteau  d'Am- 


COL 


FRANCE, 


GOL 


281 


boise.  Condé  et  Coligni  Vy  suivirent; 
mais  ils  furent  si  bien  surveillés  par 
les  agents  des  Guises,  qu'ils  n'osèrent 
rien  entreprendre.  La  conjuration  ayant 
échoué,  Coligni  n'en  demanda  pas 
moins  à  rassemblée  des  notables,  reu- 
nie à  Fontainebleau ,  le  libre  exercice 
du  culte  pour  les  protestants.  Mais- 
rien  ne  fut  décidé.  François  II  mourut 
(1560),  et  la  gaerre  civile  éclata  sous 
son  successeur,  Charles  IX  (1563).  lÀ 
duc  Fran<^ois  de  Guise,  chef  du  parti 
des  catholiques,  remporta  sur  tes  pro- 
testants une  victoire  signalée  à  Dreux, 
et  déjà  il  assiégeait  Orléans,  leur  place 
d'armes,  lorsqu'il  périt  assassiné  par 
Ppltrot.  Coligni  fut  accusé,  non  sans 
raison,  d'avoir  été  l'instigateur  de  ce 
crime.  Il  releva  son  parti,  que  la  perte 
de  la  bataille  de  Dreux  avait  abattu. 
Après  une  seconde  défaite  à  Montcon- 
tour,  il'parvint  encore  à  créer  des  res- 
sources nouvelles,  et  les  catholiques 
le  virent  avec  étonnement  à  la  tête 
d'une  armée  traverser  en  vainqueur 
une  grande  partie  de  la  France.  Ce- 
pendant sa  tête  avait  été  mise  à 
prix  ;  cinquante  mille  écus  étaient 
promis  à  celui  qui  le  livrerait  mort 
ou  vif.  Mais  la  paix  de  Saint-Ger- 
main lui  permit  de  retourner  à  la  cour 
(1570). 

Charles  IX  l'accueillit  à  bras  ou- 
verts, l'appela  du  nom  de  père,  et  lui 
prodigua  les  marques  du  plus  affec- 
tueux attachement.  Coligni  invita  le 
jeune  roi  à  se  mettre  à  la  tête  d'une 
expédition  en  Flandre,  afin  de  se  sous- 
traire a  la  tutelle  de  sa  mère.  Catherine 
de  Médicis  craignit  dès  lors  pour  son 
autorité,  et  elle  ne  négligea  rien  pour 
aigrir  le  roi  son  fils  contre  les  protes- 
tants. Ceux-ci  ne  prêtaient  que  trop  à 
la  haine  que .  Charles  IX  leur  por- 
tait depuis  longtemps.  Leur  morgue 
et  leur  imprudence  devaient  hâter  la 
grande  catastrophe.  Cependant  Coh'gni 
continuait  à  se  barcer  de  vaines  illu- 
sions. Au  mariage  de  Henri  de  ^Navarre 
avec  Marguerite  de  Valois ,  il  montra 
à  Henri  de  Montmorency  d'Anville  les 
drapeaux  des  protestants  suspendus 
dans  l'église  de  Notre-Dame  depuis  les 
défaites  de  Jarnac  et  de  Montcontour, 


et  il  s'écria  :  «  Dans  peu,  on  les  arra- 
a  chera  de  là,  et  on  les  remplacera  par 
«  d'autres  qui  seront  plus  agréablcfS  à 
«  voir!  »  tant  il  crovait  à  la  nonne  foi 
et  à  la  sincérité  de  Cnarles  IX.  En  vain 
ses  amis  ^alarmés  de  l'air  mystérieux 
de  la  cour,  s'efforçaient  de  l^éloigner. 
Coligni  croyait  qù*il  avait  subjugué 
l'esprit  du  roi.  Peut-être  aussi  les 
grâces  dont  le  prince  l'avait  comblé  lui 
inspiraient  -  elles  du  dégoût  pour  la 
guerre  civile.  «  J'aime  mieux,  dit-il  un 
«  jour,  être  traîné  par  les  rues  de  Paris 
«  que  de  recommencer  la  guerre  civile, 
«  et  donner  lieu  de  penser  que  i'ai  la 
«  moindre  défiance  du  roi,  qui  çlepuis 
«  quelque  temps  m'a  remis  dans  ses 
«  bonnes  grâces.  » 

Quelques  jours  après  qu'il  eut  tenu 
ce  langage,  le  22  août  1572,  en  sor- 
tant du  Louvre,  Coligni  fut  blessé 
d'un  coup  d*arquebusé  qui  lui  enleva 
un  doigt  de  la  main  droite  et  lui  fra- 
cassa le  coude  du  bras  gauche.  I/as- 
sassin  aposté  par  les  Guises  eut  le 
temps  de  s'échapper.  La  nouvelle  de 
cet  attentat  excita  une  terreur  géné- 
rale; les  protestants  s'armaient  pour 
venger  Tamirai  ;  on  s'attendait  à  une 
collision  sanglante  dans  les  rues  de 
Paris.  Charles  IX  jura  que  les  coupa- 
bles seraient  punis,  et  il  alla  lui-même 
avec  toute  la  cour  rendre  visite  au 
blessé.  Deux  jours  après,  le  tocsin 
donnait  le  signal  du  massacre,  dont  Co- 
ligni fut  une  des  premières  victimes. 
Le  Lorrain  Besme  assassma  le  vieillard 
dans  son  lit,  sans  respect  pour  ses 
cheveux  blancs;  le  cadavre  fut  jeté  par 
la  fenêtre,  et  Henri  de  Guise,  qui  at- 
tendait dans  la  cour,  s'approcha  pour 
voir  s'il  était  bien  mort.  Les  restes  de 
Coligni  furent  suspendus  au  gibet  de 
Montfaucon;  mais  quelques  serviteurs 
fidèles  enlevèrent  au  péril  de  leur  vie 
le  corps  de  leur  maître ,  et  l'enseveli- 
rent aans  le  tombeau  de  sa  famille  à 
Châtillon.  Catherine  de  Médicis  fît 
brûler  ses  papiers.  On  a  même  pré- 
tendu qu'un  mémoire  manuscrit  de 
Coligni  sur  les  guerres  civiles  avait  été 
jeté  au  feu  par  Charles  IX.  Mais  il  n'en 
est  rien  ;  rédigé  sur  les  notes  de 
l'amiral  par  son  ami  Mornay,  il  a  été 


JtS2 


COL 


L»UÏ«VEI«. 


€ùj: 


nublié  avec  les  œuvi^s  de  ce  célèbre 
.  lomiïié  a'£tat. 

François  pB  Cûligt^i^  fils  de  rami- 
ral.,  né  en  1557,  éoiappé  au  massacre 
de  h  SaiDt-Barthélemi ,  se  réfugia  d'a- 
bord à  Genève,  puis  à  Bâle;  il  rentria 
ensuiie  en  France ,  et  se  joignit  aux 
.  méconteiits ,  commandés  par  le  duc 
d'Alehçon..  A  la  paix  qui  suivit,  la  mé- 
moire c|e  Famiral  Coligni  ayant  été 
réhabilitée,  son  fils  fjut  remis  en  pos- 
session de  ses  biens*  Pendant  les  guer- 
res de.  la  li^Ue,  Fraoçpis  de  Coligni 
resta  fidèle  a  Henri  ÏV,  qui  le  réconi- 
pensa  par  le  gouvernement  de  Bour- 
gogne 4  )jaip  la  place  de  colonel  général 
de  riniantèriè  que  son  père  et  son  oncle 
avaient  remplie,  et  par  celle  d*amiral 
^e  Guyenne.  Il  mourut  en  159 1. 

Gaspard  Di  Cohiùm-CHATi'LLO^ , 
troisième  du  nom ,  fils  du  précédent , 
né  en  15Ô4,  fit  ses  premières  armes  en 
Hollande  contré  les  Espagnols,  et  ob- 
tînt, ehsuite  |a  place  de  colonel  général 
de  l'infanterie.  Ayant  remis  Aigues- 
Mortes  au  pouvoir  du  roi  en  1622,  il 
fut  nommé  maréchal,  et  fit.  avec  des 
Succès  variés,  la  campagne  de  Savoie, 
de  Flandre  et  de  Picardie  (1630-1638). 
Il  repâssâ  en  Piémont  en  1639,  revint 
éh  Flandre  Patthée  suivante,  et  fut 
battu  à  là  bataille  de  la  Marfée.  Il  se 
retii^a  du  service  après  cette  défaîte,  et 
hiourut  en  1646.  Il  était  très-coura- 
géux ,  et  en  donna  de  brillantes  preuves 
dans  lés  plaines  d'Àvain ,  où  il  décida 
la  victoire  (i63à),  à  la  t)rise  de  Dàm- 
villiers  (1637.),  au  siège  d'Arras  (1640J, 
et  même  à  la  Marfée  (164i),  où  il  resta 
$eul  sur  lé  champ  de  bataille  avec  sept 
bu  huit  combattants,  et  fit  de  vainis 
efforts  pour  rallier  les^  fhyards.  Mais 
on  Ta  accusé  d'avoir  souvent  com- 

{)romis  le  succès  de  ses  troupes  par  sa 
enteur  et  sa  nonchalance.  . 

Gaspard  de  Golignî  ,  duc  de  Ghâ- 
tillon,  lieutenant  général  des  armées 
du  roi,  fils  du  précédent,  abjura  le 
calvinisme  en   1643,   et  mourut   eh 

t649,  à  l'âge  de  trente-quatre  ans,  d'une 
lessure  ^u'il  aVait  reçue  à  l'attaque  de 
tlbàreilton.  Il  lajsàâ  un  filk,  mort  à 
l'âge  de  dix-sept  ans,  et  en  qui  finit  la 
postérité  de  l'atifilral  dé  Golignt. 


GoLiGNY  (Jean  de>»  eomte  de  Bdh 
ligny  et  baron  de  la  Motte  Sai^V^ean, 
ne  en  1617»  fut  le  compagnon  fidàé  du 
prince  de  Gondé,  pendant  la  guerre  de 
ta  Fronde,  et  commanda  ensuite  en 
Hongrie  les^  six  mille  auxiliaires  franr 
caîs  qui  prirent  une  part  glorieuse  à 
la  victoire  rempjortée  sur  les  Turcs , 
auprès  de  Saint-Gothard.  Affaibli  par 
l'â^e  et  les  infirmités,  il  passa  les  der* 
"lieres  années  de  sa  vie  dans  son  châ< 
éaù  de  la  Motte  Saint- Jean,  situé  près 
'e  Bigpih,  sur  les  bords  de  la  Loire, 
Ai  il  lui  pri};  fantaisie  d'écrire  un 
abrégé  de  sa  vie  sur  les  marges  d'uii 
jnissel  en  vélin,  in-4*^  dont  Mirabeau 
fit  l'acquisition.  Ges  mémoires  ,  gui 
^'occupent  guère  gu'une  bulnzainé 
dé  pages  in-8°,  ont  été  publies  pour  là 
première  fois  en  entieir,  il  y  a  peu  d'an- 
nées ,  dans  les  pièces  justificatives  dé 
la  monarchie  de  Louis  XlV,  par  ' 
M.  Leniontey.  Outre  une  ëurleuse 
peinture  de  mœurs,  ils  offrent  encore 
des  détails  d'un  haut  intérêt  sur  les 
vues  ambitieuses  du  prince  de  Gondé, 
que  l*auteUr  accuse  a'avoii*  voulu  de-: 
trôner  Louis  XIV,  et  dont  il  rte  fait 
jamais  reveriir  le  nom  sans  l'accompa- 
gner d*urte  épîthète  Injurieuse. 

GoLiN  (Pierre  Gilbert),  surnommé 
Chatnaulty  compositeur  de  musiaué 
et  premier  chapelain  de  la  chapelle  des 
enfants  de  France  pendant  lé  règne  de 
François  P%  de  \bii  à  1586.  M.  té\\i 
cite  de  lui  huit  messes  publiées  à  Lyon 
en  1541,  in-fol.;  de^  hiotets  et  uii  ma- 
gnificat. 

GoLlNÈS  (Simon  dfej ,  célèbre  Im- 
J)rimeur  français  du  seizièhie  siècle, 
naquit  à  GentiUy,  près  PéHs,  suivant 
lés  uns,  et  en  Picardie  suivant  leâ  au- 
tres. Après  avoir  ,  travaillé  Quelque 
temps  chez  HenH  Étienhe,  dont  il  de^ 
vint  l'associé ,  et  dont  filus  tard  il 
épousa  la  veiive,  il  mouriit  en  1546. 

CoLïN-MAiLtAiRD  (jcàrt)  était  uii 
guerrier  fameux  dii  pays  de  Liège,  fait 
chevalier,  pour  ses  exploits ,  pal*  Ro- 
bert, roi  de  Fratocé,  eii  9ôé.  Dans  Iâ 
dernière  bataille  qh'il  livrîi  àuncoltite 
de  Lbuvain,  il  eut,  dit-bn,  lés  deqx 
Veux  crevéâ ,  et  n'en  eontliiuA  psJÉ 
itioinS)  guidé  par  ses  êcnyers,  àitâppér 


iw 


FTtAIÎCR 


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^ri)  ji^r  V^nqeqn  aveo  soa  redoutable 
l^9iilet  ^  «on  arme  de  prédilection  ^ 
ceUe.  ^î.  Iw  avait  ralu  )e  surnom  <Se 
MçiiUnf^  ï^  est  sans  doute  le  sou- 
venir historicfue  ^u(^^eî\  Il  faut  rappor** 
ter  rinv^ntion  ou  au  moins  la  déno- 
mination de  Tantique  jeu  de  ÔoliU' 

..  JG;<H*I4-S  (le Père), jésuite, néàXbion- 
vifte  vers  17âO,  partit  en  1767  pour 
PéHi^^  et  remplit  auprès  de  Fempe^ 
re^  de  la  Chine  les  fonctions  de  ma- 
thématicien, fi  a  enrichi  le  recueil  des 
Mémoires  sur  les  Chinois  de  plusieurs 
travaux  fort  importants.  Il  est  mort  à 
Pékin  en  1781, . 

COI^LATION  DES  BÉNBFIGES.  Voy. 
BÉNÉriCBS  etlNYESTlTUBES. 

.  Coi^LS  (Cliarles),  chansonnier  et  au- 
teur dramatique,  naquit,  en  1709,  à 
Pfiris,  où  son  père  était  procureur  du 
roi  au  Châtelet  et  trésorier  de  la  chan- 
callerie  du  palais.  Cousin  de  Regnardi 
il  soutint  rhonneur  de  cette  parentç 
par  une  gaieté  vive  et  spirituelle  qui 
éclata  dans  des  ouvrages  précoces.  Ce 
fut  en  vainque  ses  parents  cnerchèrent 
à  lui  faire  embrasser  une  profession 
plus  sérieuse  que  celle  vers  laquelle  il  se 
sentait  entraîné:  faire  des  comédies, 
des  chansons,  lui  paraissait  Toccupa- 
tîoii  la  plus  heureuse.  Nos  vieux  chan- 
sonniers eurent  d*abora  ses  affections  ^ 
piais  il  admirait  davantage,  çt  avec 
raison ,  les  cpuptets  de  Wnàrd,  11  se 
lia  avec  ce  poète,,  et,  bientôt  après, 
avec  Crébitfon.;  les  cQnseils  de  ces 
deux  amis  exercèrent  éur  son  goût  une 
influence  i^tile^^ils  étalent  dé  cette  fa- 
jneuse  société  du  Caveau,  où  régnaient 
la  gaieté,  Tesprit,  la  franchise,  et  y 
appelèrent  Collé,  pluâ  dighe  que  per- 
èpnne  ay  prendre  sa  plaCe.  Après  ta 
qissplutibh  de  cette  académie  chan- 
tante. Collé  fut  admis  datis  là  société 
dû  duc  d'Orléanâ,  dont  un  des  princi- 
t)aux  amusement^  était  de  jouer  la 
comédie.  Ce  fut  |)our  lès  plaisirs  de 
cette  société  quMl  ooinposa  toutes  ces 
mnàtm  dont  plusieurs  ont  été  recueil* 
lleç  dans  son  théâtre*  Le  prince  le 
HP^iitiiâ  m  de  S66  lecteurs  ordinaires, 
et  lui  ddUtia  dans  seë  sôhâ-fermes  iin 
ihtérêt  q|ui  lui  procui^a  tiUe  existence 


aisée,  Ils'essaja  ensuite  sur.uqi»  plus 
grande  scène,  et  donna ^  en  i763«  aq 
Théâtre-Francis  »  une  cpmédie  inti- 
tulé pupMÎs  et  iksronais^  qui  reçut 
du  public  un  excellent  acqueiî.  Lia  eo- 
médie  ae  la  y:eu\>e  n'y  e^t  qu'une  re- 
présentation. La  partie  de  chasse  de 
HeÀri  Jf^  n'y  fut  Jouée  qu'eu  1774; 
mais  elle  1  était,  déjà  depuis  .près  de 
dix  ans,  et  avec  le  plus  grana  /succès, 
sur  les  théâtres  de  spciet^  et  de  pro- 
vince. «  Parmi  les  comédies  de  se- 
cpnde  classe,  il  en  est  peu  d^aussi  sui- 
vies et  d'aussi  intéressantes  que  cette 
pîèce^»  ait  la  Harpe.  Il  accorde  le 
même  éloge  à  Dupuis  et  Desronais. 
«  C'est,  djt-il,  une  pièce  de  caractère; 
celui  de  Dupuis  est  bien  soutenu ,  et 
s'il  n'est  pas  dans  l^ordre  commun,  il 

n'est  pas  non  plus  hors  de  nature 

La  versification  est  la  partie  faible  de 
cet  ouvrage;  c'est  de  la  prose  rimée  et 
construite  avec  assez  de  peine.  Mais 
tous  les  sentiments  y  sont  naturels. 
Cette  comédie  laisse  au  lecteur  beau- 
coup à  désirer  sans  que  le  spectateur 
puisse  s'en  a[)ercevoir.  »  Dans  le  théâ- 
tre de  société ,  on  trouve  une  gaieté 
originale  et  franche ,  mais  qui  va  sou- 
vent jusqu'à  la  licence ,  et  qui  porte  h 
cet  égard  le  cachet  du  temps.  Les  chan- 
sons de  Collé  font  une  grande  partie 
de  sa  gloire,  ei  on  en  gardera  le  sou- 
venir malgré  le  discrédit  où  a  çU  les 
fairetomber  de  nos  jours  un  héritier  du 
genre,  qui  eh  a  agrandi  les  limites.  Dû 
resté,  Collé,  dân^  là  chanson,  ne  à'est 
pas  exclusivement  borné  aux  sujets; 
galants  et  grdveleiiî ,  comme  l'a  i^it 
remarquer  Béranger  lui-même,  tl  à 
aussi  chansohné  les  ridicules  littérai- 
res et  célébré  les  événements  natiô- 
lisiux.  U  chatîsdn  sur  la  prise  de  t>ort- 
Mahon  lui  valut  une  pensiou  de  èoo 
livret.  11  a  laissé  plusieurs  fnanuscrits, 
parmi  lesduels  se  trouvé  un  Comlhën- 
taire  sur  les  tragédies  de  Voltaire,  oli- 
vragé  où  il  prétendait  venger  Cor- 
liëille,  qd'il  admirait  beaucoup,  de 
Voltaire,  qu'il  n'aimait  pas.  Il  hidiirut 
en  1783. 

Collectes  ,  CbttfefcTEijBis.  —  Ijé 
mot  collecte,  qùl  fe'emplôvàit  ancieh- 
rièment  ^ouir  ext)Hmer  le  recouvre- 


384 


GOL 


L'ONrVERS. 


€OI.' 


ment  de  toute  espèce  de  droit  péca- 
Dîaire  ou  d'impôts ,  ne  signi6ait  plus, 
au  moment  de  la  révolution ,  que  le 
recouvrement  de  Timpôt  sur  le  sel  et 
de  la  taille.  Longtemps  en  France  les 
communes  eurent  le  ciroit  de  voter  les 
impôts  et  de  les  faire  percevoir  par 
des  collecteurs  nommés  par  elles.  Un 
grand  nombre  de  chartes  du  quator- 
zième siècle  établissent  d'une  manière 
irrécusable  ce  droit,  qui  survécut  à 
Tanéantissement  des  franchises  com- 
munales ,  mais  qui  au  seizième  n'était 
plus  qu'une  charge  ruineuse  à  laquelle 
chacun  cherchait  à  se  soustraire,  car 
les  collecteurs  étaient  responsables  de 
la  recette,  même  lorsqu'ils  n'avaiisnt 
point  touché,  et  après  un  certain  délai 
on  pouvait  les  contraindre  à  payer  de 
leurs  propres  deniers  les  tailles  de  toute 
la  paroisse ,  sauf  leur  recours  contre 
les  habitants.  Aussi  les  communes 
abandonnèrent-elles  bientôt  le  droit  de 
choisir  des  collecteurs;  le  pouvoir  se 
vit  obligé  d'en  nommer  d'ofnce. 

On  appelait  collecteurs  des  amendes 
les  préposés  à  la  perception  des  amen- 
des prononcées  pour  les  contraven- 
tions concernant  les  eaux  et  forêts. 
CesofRciers  furent  supprimés  en  1777. 

Les  collecteurs  du  pape  en  France 
étaient  des  ofGciers  envoyés  par  le 
pape  pour  lever  certains  impôts  établis 
au  proGt  du  saint-siége,  et  qui  avaient 
principalement  pour  motif  la  défense 
du  christianisme  contre  les  infidèles 
et  les  hérétiques. 

Collège  de  Feange.  —  Parmi  les 
savants  qui  s'enfuirent  de  Gonstanti- 
nople  après  la  prise  de  cette  ville ,  et 
vinrent  répandre  dans  l'Occident  le 

§oût  des  lettres  grecques,  il  en  est  un 
ont  le  nom  appartient  à  l'histoire  du 
collège  de  France  :  c'est  Jean  Lascaris, 
l'un  des  plus  éminents  d'entre  eux.  Il 
fut  accueilli  chez  nous  avec  une  dis- 
tinction toute  particulière,  et  c'est 
dans  son  commerce  que  se  formèrent 
les  premiers  hellénistes  français ,  et 
surtout  Guillaume  Budé ,  i^homme 
dont  les  efforts  devaient  contribuer  le 
plus  à  cette  fondation.  Cependant  un 
concile ,  celui  de  Vienne ,  venait  de 
recommander  l'enseignement  du  grec. 


Les  premières  tentàtÎTes  qui  forent 
faites  pour  l'introduire  à  Paris  n'eo 
suscitèrent  pas  moins  une  violente  op- 
position de  la  part  de  l'Université,  oà 
régnait  alors  sans  partage  le  latin  des 
scolastiques,  et  où  la  terreur  qu'inspi- 
raient les  nouvelles  hérésies,  faisait 
rejeter  sans  examen  toutes  les  inno- 
vations. Cependant  Budé  étant  deve|;iu 
bibliothecaire.de  François  P',  trouva 
dans  Pierre  du  Chastel ,  premier  au- 
mônier du  roi,  et  dans  Guillaume 
Parvi  ou  Petit,  son  confesseur,  deux 
zélés  partisans.  Tous  trois  pressèrent 
de  concert  l'exécution  d'un  projet  qui, 
d'après  une  lettre  du*premier,  paraît 
avoir  été  arrêté  dans  l'esprit  du  sou- 
verain dès  1518  :  c'était  de  fonder  un 
collège  où  le  grec  serait  la  principale 
branche  d'enseignement.  Ce  collège  de- 
vait être  placé  dans  les  bâtiments  de 
l'hôtel  de  Nesie,  et  avoir  cent  mille 
livres  de  revenu  pour  l'entretien  de  six 
cents  places  gratuites.  Budé  écrivit, 

f)ar  l'ordre  du  roi ,  à  Érasme ,  pour 
'engager  à  en  venir  prendre  la  direc- 
tion, nonneur  que  celui-oi  déclina 
tout  en  donnant  les  plus  grands 
éloges  au  projet ,  dont  l'exécution  fiit 
ensuite  retardée  par  les  graves  événe- 
ments qui  suivirent;  mais,  après  la 
paix  de  Cambrai ,  des  lettres  patentes 
du  24  mars  1529  {*)  fondèrent,  sous 
le  titre  de  Collège  royal  ^  l'école  où 
devaient  enfin  revivre  chez  nous  les 
doctes  traditions  de  l'antiquité.  Il  est 
vrai  qu'il  ne  fut  plus  question  de  lui 
assigner  un  local  qui  lui  fût  propre  ; 
mais  le  plan  primitif  fut  étendu ,  et, 
avec  l'enseignement  du  grec ,  il  em- 
brassa celui  de  l'hébreu.  Les  profes- 
seurs, ou  lecteurs  royaux,  comme  on 
les  désigne  encore ,  uirent  d'abord  au 
nombre  de  quatre.  C'étaient ,  pour  le 
grec,  Pierre  Danès,  élève  de  Lascaris, 
et  Jacques  Toussatn,  élève  de  Budé; 
pour  l'hébreu,  Paul  Paradis,  dit  le 

(*)  Il  £Biiit  se  rappeler  qu'il  était  encore 
d'usage  a  cette  épo(|ue  de  faire  commencer 
Tannée  à  Pâques,  et  que  par  conséquent  si 
Ton  veut  ramener  a  notre  calendrier  la  date 
des  événements  survenus  du  premier  jan- 
vier à  cette  fêle ,  il  faut  forcer  d'une  unité 
le  chiffre  de  Faunée. 


COL 


FRANCE. 


COL 


285 


Canosse ,  juif  converti ,  et  l'Italien 
Agathias  (juidacerio.  L'un  des  deux 
derniers  ne  tarda  pas  à  être  remplacé 
par  François  Vatabie.  La  jeunesse  des 
écoles  se  porta  en  foule  pour  entendre 
ces  nouveaux  maîtres,  qui  comptèrent 
Amyot  parmi  leurs  premiers  audi- 
teurs. Chaque  cours  en  réunissait  près 
de  cinq  cents.  L'enseignement  des 
sciences  fut  bientôt  associé  à  celui  des 
lettres.  En  effet,  en  1532,  Oronce  Fine 
fut  chargé  d'y  faire  un  cours  de  ma- 
thématiques conjointement  avec  l'Es- 
pagnol Martin  Poblacion.  On  avait 
d'abord  hésité  à  faire  figurer  le  latin 
dans  le  programme^  ann  de  donner 
moins  d'ombrage  aux  anciens  collèges, 
qui  redoutaient  la  concurrence  que 
pouvait  leur  faire  le  nouvel  établisse- 
ment, dont  les  cours  étaient  gratuits. 
£n  1534,  cependant,  ou  créa  la  chaire 
de  langue  et  de  littérature  latine,  qui 
eut  pour  premier  titulaire  Barthélemj 
Latomùs  ou  le  Masson.  Mais  l'Uni- 
.versité  n'avait  pas  attendu  cette  me- 
sure pour  donner  des  preuves  de  ses 
dispositions  malveillantes  à  l'égard  des 
lecteurs  rovaux.  L'année  précédente, 
le  syndic  dfe  la  faculté  de  théologie 
avait  porté  au  parlement  ses  griefs 
contre  ceux  qui  étaient  charges  de 
l'enseignement  du  grec  èt'de  l'hébreu, 
les  accusant  d'affaiblir  le  respect  dil  à 
laVulgate,  en  se  permettant  d'expli- 
quer directement  les  textes  sacrés, 
bien  qu'en  cela  ils  ne  fissent  qu'exécu- 
ter la  lettre  de  leurs  statuts!  On  ignore 
quel  jugement  fut  rendu  ;  mais  les  le- 
çons continuèrent.  Les  cours  se  fai- 
saient encore  dans  des  salles  des  col- 
lèges de  Cambrai  ou  des  Trois-Évéques 
et  de  Tréçuier,  qui  occupaient  alors  le 
terrain  ou  devait  plus  tard  s'élever  le 
Collège  royal.  Au  mois  de  décembre 
1539 ,  François  l"  signa  une  ordon- 
nance pour 'faire  passer  les  marchés 
relatifs  aux  constructions  qu'il  y  pro- 
jetait ,  et  qui  devaient  porter  le  nom 
de  Collège  êtes  Trois  tangues.  Si  le 
mauvais  vouloir  du  chancelier  Poyet 
empêcha  que  ce  projet  ne  fût  exécuté 
alors,  il  ne  put  empêcher  du  moins  la 
création,  en  1542,  de  deux  chaires  pour 
la  médecineet  pour  la  philosophie;  \ts 


nouveaux  professeurs  furent  VidusYi- 
dius  ou  Vital  Vidaro  et  François  Vi- 
comercato.  Les  lecteurs  royaux  se 
trouvaient  ainsi  au  nombre  de  neuf. 
Ils  étaient  traités  de  commensaux  de 
la  maison  du  roi,  et  François  P*"  leur 
avait  accordé,  avec  450  livres  d'ap- 
pointement  pour  chacun,  l'exemption 
de  tous  impôts  et  subsides.  Il  voulait 
même  leur  assigner  de  plus  une  bonne 
abbaye;  mais  cette  promesse  ne  fut 

f»as  réalisée.  En  1543,  ri  les  plaça  sous 
'autorité  immédiate  du  grand  aumô- 
nier, et  le  premier  qui  fut ,  en  cette 
qualité,  chef  du  collège  de  France,  fut 
Antoine  Séguin,  dit  le  cardinal  de 
Meudon.  Jacques  Colin,  l'un  des  aumô- 
niers ordinaires  du  roi,  et  son  lecteur 
particulier,  para}t  avoir  eu  la  direction 
de  rétablissement  jusqu'à  cette  épo- 
que. La  dernière  marque  de  faveur  que 
François  F'  donna  à  ses  lecteurs  fut 
l'édit  de  mars  1545,  qui  les  rendait 
justiciables  des  seuls  parlements. 
Quant  à  rUniversité,  elle  fut  déboutée 
de  sa  demande,  lorsqu'à  l'occasion  de 
quelques  troubles  survenus  en  1556, 
elle  voulut  renouveler  ses  anciennes 
prétentions. 

Pendant  les  guerres  civiles ,  le 
nombre  des  élèves  du  collège  de 
France  diminua  graduellement,  et 
les"  leçons  finirent  par  être  entière- 
ment suspendues.  A  la  fin  de  1562, 
les  professeurs  reprirent  leur  ensei- 
gnement ,  et  en  même  temps  touchè- 
rent une  partie  de  leurs  appointe- 
ments arriérés.  Un  des  hommes  qui 
honoraient  le  plus  le  collège  à  cette 
époque  était  Pierre  Ramus  ou  la  Ra- 
mée ,  qui  occupait ,  depuis  1551 ,  la 
chaire  d'éloquence  et  de  philosophie. 
Nul  ne  se  montra  plus  ardent  que  lui 
à  maintenir  les  privilèges  du  corps  des 
lecteurs,  dont,  en  1566,  il  se  trouvait 
le  doyen.  A  roccasion  d'une  nomina- 
tion peu  goûtée,  il  obtint,  cette  année 
même,  l'ordonnance  du  24  juin^  ré- 
glant que  les  professeurs  <]ui  se  pré- 
senteraient à  1  avenir  seraient  exami- 
nés publiquement ,  avant  leur  entrée 
en  fonctions,  par  leurs  collègues;  et, 
l'année  suivante,  les  lettres  patentes 
de  Mouhns,  datées  du  8  mars,  por- 


28Ç 


COL 


L'UNIVERS. 


c6t 


tafit  qottlea  tandîdtlft  ne  Bevafeo^  pré* 
sentéi  àiftnomiBaliOndii  roi  qn'apr^ 
cet  eoLaéiea.  Toutefois,  ces  presQriip- 
tiens  pavaissent  û'airoiir  }afoms  é^ 
fort  reipeetées.  11  est  ^vieux  ée  vqu^ 
àans  qiieis  termes  Ramus  peigeait  la 
situation  des  professeurs  en  réclamant 
auprès  de  Calneriiie  de  M^dids,  Téj^ec- 
tioo  d'un  bfttiment  où  leurs  cours  pi^. 
sent  être  réunb.  ^  Ils  se  servent,  di- 
«  sait-U,  par  oiaoîièrç  4e  prest,  d'ur«e. 
«  salle,  ou  plustôt  d'une  rue,  so^s  tel- 
«  les  conditions  que  leurs  leçons  sont 
f  sqjettes  à  être  destour||»ées  par  U 
«  passage  des  crocheteûrs  et  lavsD* 
ft  dières.  »  R^^n>^s  fonda,  par  son  tes-* 
ornent  en  date  du  y  août  166a,  uç^ 
nouvelle  chgaire  de  mathématiques, 
laquelle  subsista  jusqu'en  1732.  Il  avait, 
liégué  pour  cett^  fondation  une  rent^ 
^e  bûQ  livres  sur  Thôtel  de  ville.  Vers 
î^  9iênie  teoops ,  l'Université  obtint 
çsiôtk  un  arrêt  assujettissant  à  ses  sta- 
tuts tous  oeux  qui  enseignaient  quelque, 
science  que  ce  fÛt,  et  souoiet tant  les 
Içctçurs  royau^,  ^oùj^çonnés,  à  ce  qu'il 
paillait,  d'hérésie,  à  signer  upjB  profes^ 
sien  de  foi  rédigée  par  elle.  Leur  pré- 
sence k  ses  processions  fut  cependant 
ce  qu'elle  en  obtint  de  plu$  positif. 

Chdjrles  1%  organisa  de  nouveaux 
cours  de  pbiiosopnie  et  de  médecine  i 
Henri  IIJ,  en  1587,^  créa  des  chaires 
dé  chirurgie  et  de  langue  arabe,  et  une 
chaire  de  philosophie  i^our  l'explica- 
tion dju  Nouveau  Testamehf;,  et  il  aug- 
mienita  de  l$p  livres  les  appointements 
dfss  lecteurs,  pour  les  récompenser  de 
leu^  fidélitjé  pendapt  les  premiers  trou- 
bles de  la  M^ue.  Leur  traitement  se 
trouvait  ^insi  porte  à  200  écus  d'or,  et 
l'onesl;  étonne  de  les  voir  profiter  des 
bonnes  4is|,osit;ions  de  son  successeur 
ppur  réclainer  le  pa^en^ent  d'j^n  fort 
long  arriéré»  «  Pestime  mieux ,  dit 
A  âenri  ly,  qu'on  djmiiiu^  de  ma  de; 
«  pense  e^  qn^qn,  en  ôte  de  ma  tablé 
*  pour  en,  payer  mes  lecteurs.  »  Il 
porta,  plus  tard  leurs  appointements 
de  6Q0  livres  à  900,  fooaà  des  chaires 
d'anatomi(9  et  de  bptanique,  et  fit  re- 
connaître, en  1609,  par  Sully  et  dé 
Thou,  le  terrain  occupé  par  les  collèges 
de  Tréguter  et  de  Cambrai,  afin  d^ 


plaofir  l^^iftcje^  dggcLt  Xir^ùjÇi  étail 
récUat^  dépuif  $i  long^enips-  X^  bl- 
bliQthèquç  ou  roi,  alors  à  Font^c^e- 
bJeau,  devait  y  être  tr^ua^pprtée.  ^^ 
iiçmX  surprit  ^enri  IV  ai;i  lïoîlîçu  dç 
ce^  projets.  Ce  fut  tiOi^is  ^I^  qu^ 
posa,  le  28  apûtl610,  la  pr«mjiei;e 
pierre  de  la  construction,  arrêtée  par 
son  père,  et  qui,  terminée  seulement 
dansi  quelques  ^ties  en  ^634,  resta 
ensuite  longtemps  inachevée.  Le  méme^ 
prince  fonda  une  seconde  chaire  d'a- 
rabe et;  une  chaire  de  4roit  canoli* 

Vancienue  querella  du  collège  et  de 
L'Université  se  ranjmaen  1625.  La  ri- 
valité de  deux  prétendants  à  U  chaire 
de  Kajmus.  avait  occasionné  quelques 
troubles.  Le  recteur  aj^ant.  voulu  s'in« 
terposer,  l^s  lecteurs  royaux  en  masse 
se  plaignirent  de  cette  démarcfîe 
comme  d'une  ajtteinte  à  leurs  privilè- 
ges. L'Université ,  ,de  son  côté ,  die- 
nianda  qu'ils  rçconm^ssent  définrtÎY'e- 
ment  l'autorité  de  son  dief ,  et  qu'on 
ne. nommât  plu$  aux  places  vacantes 
que  des  lionimes  pris  dans  ^oç  sein. 
Elle  appuyait  particulièrement  sur  la 
Qécesàit^  de  faire  cesser  Pa)3ils  du  tra- 
fic des  chaires,  qui  avait  surtout  été 
Qagrantsous  l'administration  deis  car- 
dinaux du  t^erron  et  de  la  Rochefou- 
cauld. Un  arrêt  du  8  aoât  ayant  ac- 
cueilli la  demande  de  l'Université,  les 
lecteurs  royaux  adossèrent  piusieurK 
requêtes  au  conseil,  qjai,  par  on  airrdt 
du  18  marà  1633,  reconqut  le  grand 
aumônier  pour  unique  chef  dû  colljége 
de  France,  et  fit  défense  an  reeteur 
d'y  prétendre  à  aucune  autorité.  t.cs 
choses  demeurèrent  dans  cet  état  jus- 
qu'à la  mort  du  cardinal*  Barberin^  ea 
1671  ;  alors  radministratmn  de  réta- 
blissement entra  dans^les  attrifoutioits 
du  ministre  de  la  maison  du  roi ,  qui 
était  le  grand  Colfoert.  Depuis,  les  rap- 
ports du  grand  aumônier  avec  les  toc- 
teups  i;oyaux  se  bornèncent  ao  droit  cte 
recevoir  leur  serment. 

Louis  XI^  ne  paraît  avoûr  été  que 
médiocrement  favoraMc  aux  profes- 
seurs du  coHége  de  France  :cçr  il  di- 
minua leurs  appointements.  R  ^nda 
néanmoins  une  seconde  ehafre  d]edk*ott 
canon  et  une  de  syriaque.  Quâiit  an 


COL 


F&àNCE. 


coi 


287 


«OM^  4»  ixo\\  fywnqsis  quà  j^  fut  gnr 
y^t  ^  16S^4  U  ^it  ceas^  faire  pactie 
de  t'fioseignemeiit^  de  ia  faculté.  Sou^ 
oe  règne,  ou  créa,  avec  le  titre  cfiuSK- 
peoteur,  up  fopM^tioDoaire  chargé  dis 
radmînistration  intérieure.  Le  pre- 
mier qui  pecupa  ce  post^  fut  J.  Gal- 
lois, nommé  en  1684.  En  1758,  époque 
où  écrivait  Tabbé  Goujet,  auteur  d  un 
oaémoire  historique  sur  le  collège  de 
France ,  le  personnel  de  cet  étabnsse'- 
^leut  se  composait  c|e  dix  professeurs. 
Bas  lettres  patentes  da  16  mai  1772 
.  çoQ^rniérent  cçtte  organisation ,  que 
y\at  modifier  un  a^ret  du  conseil  du 
âû  iuin  1773,  en  substituant  un  cours 
.  d^  mécanique  à  celui  de  syriaque ,  un 
.  àe  littérature  française  à  celui  de  phi- 
losophie grecque  et  latine,  un  de  turc 
et  4^  persan  au  second  cours  d'arabe, 
un  d'histoire  naturelle  au  second  coui^s 
4a  ijnédecine,  ua  de  droit  de  la  nature 
et  des  fl^ens  au  second  cours  de  droit 
canon.  En  1774,  on  fit  disparaître  leç 
vieux  bâtiments  qui  entouraient  Tédl- 
fice  comnç^ncé  par  Louis  XIII;  et,  Iç 
22  mars,  le  duc  de  la  Vrillière  posa  la 
première  pierre  d'un  nouveau  corps  de 
logis  donnant  sur  la  place  Cambrai.  I^ 
f(<it  construit  sur  les  dessins  de  Chal- 
giin,  et  achevé  au  bout  de  quatre  ans. 

SéQ  peintre  ïarraval  décora  le  plafond 
e  bi  grande  s,alle  d'un  taJt>,leau  qui 
«'existe  plus. 

Le  collège  de  France  fut  au  nombre 
des  établissements  que  daps  son  rap- 
port sur  rinstructioH  publique  en  9i, 
Tallef  ran4  proposait  de  fondre  dans 
rinstîtut.'  Sa  proposition  ne  fut  pas 
adoptée.  X>e  13  juillet  1795  (25  messî- 
cior  au  m)  la  Convention  autorisa  les 
professeurs  à  continuer  Içurs  fonctions 
comme  par  le  passé ,  et  les  assimila 

Sourie  traitement  à  ceux  du  muséum 
^histoire  iktjurelle^  qui  recevaient 
6, 000  fr^  L'établissement,  placé  alors 
dans  lés  attributions  du  ministre  de 
Fiutérieur,  prit  le  titre  de  Collège  nq- 
tix^haL  gu'il  changea  en  l'an  xiii  con- 
tre çeku  de  Ççllêge  impérial^  pour  re- 
prendre à  la  restauration  son  titre 
primitif.  En  1816,  sous  Tadministrà- 
Ijion  dç  iy{.  de  Yaublanc ,  les  appointe- 
ments furent  réduits  à  â,000  fi^.  La 


même  amo^,  on  cj^é^  les  chaires  de 
sanscrit  et  de  cliînois ,  confiées ,  Tune 
à  M.  Chezy,  l'autre  à  M.  Abel  de  Ré- 
JUdusai. 

Le  collège  io  France  a  été  de  nos 
jours  témom  de  diverses  disgrâces  po- 
litiques. Le  30  décembre  1823,  une  or- 
donnance signée  Corbière  destitua, 
pour  cause  d^pinion,  M.  Leftvre-Gi- 
neau;  puis,  comme  par  uiie  sorte  dô 
réaction^M.'Récamier,  nommé  en  182^ 
à  la  chaire' de  médecine,  fut  obligé, 
par  les  manifestations  d'une  jeunesse 
^ui  avait  peu  de  sympathie  pour  les 
élus  du  pouvoir  d'alors,  de  fermer  son 
cours  à  peine  commencé.  Nous  avons 
vu  encore ,  en  février  1831 ,  un  mois 
avant  l'ouverture  du  cours  d'économie 
politique  dé  J.  B.  Say,  M.  Tissot  sus- 
pendu de  ses  fonctions,  ou  plutôt 
femporairemeut  destitué ,  pour  avoir 
publié  son  Précis  de  Thistoîre  de  Id 
révolution^  et  plus  récemment  le  pro- 
fesseur de  l'histoire  des  législation^ 
comparées  trouva ,  dans  les  admira- 
teurs mêmes  de  son  talent,  d'inexora- 
bles ju^es  de  sa  conduite  politique. 

Apres  avoir  été  longtemps  dans  le$ 
attributions  du  ministre  de  rintérieur. 
le  collège  de  France  pass^ ,  le  4  avril 
1831,  au  ministère  des  travaux  pu- 
blics! Le  11  octobre  18^2;  H  rentra 
dans  son  département  naturel,  celui  de 
^instruction  publique- tout  en  demeu* 
rant  en  dehors  ae  radmînistration 
universitaire.  Quant  à  soti  organisa- 
tion intérieure ,.  elle  resta  telle  que 
l'avait  établie  une  ordonnance  royale 
du  26  juillet  1829.  Le  personnel  actuel 
se  compose  de  vingt-quatre  profts>- 
seurs,  dont  l'un,  avec  le  titre  d^admi- 
nistrateur,  prèsjde  les  réunions.  La 
nomination  aux  chaires  vacantes  donne 
lieu  à^une  double  présentation,  faite 
d'un  côté  par  lé  corps  d^s  professeurs, 
et  de  l'autipe  par  l'Institut.  Le  mi  bis- 
tre prononce  entre  les  candidats  lorsr 
que,  ce  q^ui  est  extrêmement  rare»  te 
même  candidat  n*est  pas  présenté  des  ' 
deux  côtéSp  Les  décrets  de  FUntversité 
impériale  avaient  déféré  anx  înspee- 
teurs  généraux  de  ces  corps  une  troi- 
sième présentation,  droit  que  M.  Frais- 
sinous  vouhitun  moment  faireterâfe 


28S 


€OL 


L'UOTVERS. 


GOt 


lors  de  la  Tacanee  de  la  chaire  d'as- 
tronomie par  la  mort  de  Delambre,  mais 
3a*ils  ne  reYendiqnent  pins  aujour* 
'bui. 

11  serait  trop  long  de  donner  ici  la 
liste  complète  des  hommes  distingués 
qui  se  sont  succédé  dans  les  différentes 
chaires  depuis  leur  création.  INous  rap- 
pellerons cependant  que  le  collège  de 
France  a  compté  parmi  ses  illustra- 
tions dans  les  sciences  .  Gassendi , 
Tournefort ,  Daubenton  ,  Lalande  , 
Halle,  Darcet,  Portai,  Corvisart,  Vau- 
queiin,  CuYier,  Ampère,  Lacroix, 
Tliénard;  dans  les  lettres:  Batteux, 
Rollin,  le  Beau,  de  Guignes,  Delille, 
Legouvé,  Andrieux,  Sylvestre  de  Sacy. 

Son  programme  embrasse  aujour- 
d'hui l'astronomie,  les  mathématiques, 
la  physique  mathématique  et  la  physi- 
que expérimentale,  la  médecine,  la 
chimie,  Fhistoire  naturelle  des  corps 
organisés  et  celle  des  corps  inorgani- 
sés, le  droit  de  la  nature  et  des  gens, 
la  morale  de  l'histoire ,  les  langues 
hébraïque,  chaldaîque  et  syriaque,  l'a- 
rabe, le  persan,  le  turc,  le  chinois  et 
le  tartare  mandchou ,  le  sanskrit ,  la 
langue  grecque,  la  philosophie  grecque 
et  latine,  la  poésie  latine,  la  littérature 
française,  l'économie  politi<]f]e,  l'ar- 
chéologie, l'histoire  des  législations 
comparées.  En  1840 ,  le  grand  poète 
polonais  Mickiewiz  a  inauguré  dans 
cet  établissement  une  chaire  de  litté- 
rature slave ,  à  laquelle  on  vient  d'en 
ajouter  deux  autres  d'un  intéréjt  moins 
neuf,  mais  plus  actuel  :  l'une,  des  lan- 
gues et  littératures  germaniques  ;  l'au- 
tre, des  langues  et  littératures  de 
l'Europe  méridionale. 

Le  collège  de  France  figure,  au  bud- 
get de  l'État  en  1841,  pour  la  somme 
de  149,000  fr. 

De  grands  travaux  de  construction 
s'achèvent  en  ce  moment,  pour  rendre 

Elus  digne  de  sa  destination  cet  éta- 
lissement,  qui  forme  le  plus  haut 
échelon  de  notre  enseignement  natio- 
nal, et  qui  justifie  plus  pleinement  en- 
core aujourd'hui  qu'il  ne  le  faisait  au 
moment  où  il  le  recevait ,  cet  éloge  du 
député  Villars ,  rapporteur  de  la  loi  de 
l'an  III  :  «  La  Sapience  à  Rome ,  le 


«  collège  de  Gresham  à  Londres,  les 
«t  universités  d'Oxford  et  de  Cam- 
«  bridge,  celles  d'Allemagne,  ne  pré- 
«  sentent  point  un  systèAned'enseigne- 
«  ment  aussi  vaste ,  aussi  complet , 
«  aussi  propre  à  conserver  le  dépôt  des 
«  sciences  et  des  arts.  » 

Collèges.  (Voyez  Uhivebsité.) 

Collèges  électobaux.  (Voyez 
Constitutions  et  Électeubs.  ) 

Collégiale.  —  Dans  les  villes  où 
il  n'y  avait  point  d'évéques,  le  désir 
de  voir  célébrer  l'office  divin  avec  la 
même  pompe  que  dans  les  cathédra- 
les ,  fit  instituer  des  chanoines  régu- 
liers qui  vivaient  en  commun  et  sous 
la  même  règle  que  les  membres  des 
chapitres  épiscopaux.  Les  églises  des- 
servies par  ces  chanoines  étaient  appe- 
lées églises  collégiales ,  on  simplement 
collégiales.  Elles  étaient  accompagnées 
d'un  cloître  qui  subsiste  encore  près 
de  quelques-unes.  On  distinguait  aenx 
sortes  de  col  égiales  ;  les  collégiales 
de  fondation  royale ,  comme  les  sain- 
tes chapelles  de' Paris,  de  Vincennes, 
etc.,  et  les  collégiales  de  fondation  ec- 
clésiastique. Dans  les  premières,  le  roi 
conférait  les  prébendes;  dans  les  se- 
condes ,  ces  bénéfices  étaient  à  la  no- 
mination de  collateurs  institués  par 
l'acte  de  fondation  de  ces  églises. 

Plusieurs  chapitres  de  coll^iales 
étaient  même  anciennement  des  ab- 
bayes qui ,  dans  la  suite ,  avalent  été 
sécularisées,  et  dont  les  revenus  avaient 
été  convertis  en  prébendes  et  en  cano- 
nicats.  Telle  était,  entre  autres,  à  Di- 
jon, la  collégiale  de  Saint-Étienne, 
qui  avait  été  antérieurement  un  mo- 
nastère de  l'ordre  de  Saint-Augustin. 

Les  chapitres  de  collégiales  jouis- 
saient des  mêmes  privilèges  que  les 
chapitres  de  cathécfrales ,  mais  à  un 
degré  un  peu  moindre.  En  revanche, 
ils  étaient  plus  accessibles.  Un  bâtard 
ne  pouvait  obtenir  un  canonicat  de 
cathédrale  qu'avec  une  dispense  du 
pape,  tandis  que  celle  de  l'évêque  lui 
suffisait  ordinairement  pour  entrer 
dans  un  diapitre  de  collégiale,  où  Von 
pouvait  aussi  être  admis  beaucoup  plus 
jeune  que  dans  ceux  des  cathédrales. 

Quand  la  révolution  supprima  les 


COL 


FRANCE. 


COL 


389 


cbdpitirés,  et  déclara  propriétés  natio* 
nales  les  caDonicats  et  les  prébendes , 
il  Y  avait  longtemps  que  les  chanoines 
ne  vivaient  pins  en  commun ,  sauf 
ceux  que  lés  evéoues  avaient  réunis  en 
collégiales  dans  la  ville  épiscopale.  Ils 
étaient  tenus  toutefois  à  la  résidence, 
et  pouvaient  habiter  à  part  partout  où 
ils  voulaient ,  dans  la  circonscription 
de  leur  église. 

On  comptait  en  France,  en  1789, 
526  chapitres  de  collégiales.  Il  n*y  en 
a  plus  aujourd'hui  qu'un  seul,  celui 
de  Saint-Denis. 

Collembebct  ,  ancienne  baronnie 
du  Boulonnais  (auj.  dép.  du  Pas-de- 
Calais),  érigée  en  marquisat  en  1691. 

Collet  (Joseph),  contre-amiral,  né 
à' Saint-Denis  de  Bourbon  en  1768, 
passa ,  en  1790 ,  des  bâtiments  du 
commerce  sur  la  corvette  de  guerre  la 
Bourbonnaise  y  et  se  signala  depuis  ce 
temps  par  le  courage  qu'il  déploya 
surtout  dans  divers  combats  contre  les 
Anglais ,  dans  les  mers  de  l'Inde ,  en 
Egypte ,  à  Saint-Domingue.  Comman- 
dant de  la  première  division  de  la  flot- 
tille de  Bordeaux ,  Collet ,  dans  une 
sortie  tentée  avec  cinq  canonnières 
seulement ,  captura  un  cutter  anglais 
et  deux  corvettes ,  après  sept  heures 
d'un  combat  opiniâtre.  Sa  belle  con- 
duite comme  commandant  de  la  Mi" 
nerve  y  dans  le  glorieux  combat  du 
25  septembre  1806 ,  à  la  hauteur  de 
rtle  o'Aix,  lui  valut  de  la  part  de 
Tempereur  le  témoignage  de  satisfac- 
tion le  plus  flatteur.  Au  sortir  des 
prisons  d'Angleterre,  où  l'avait  amené 
cette  dernière  affaire ,  Collet  avait  été 
nommé  capitaine  de  vaisseau.  Lors 
du  bombardement  d'Anvers ,  il  {par- 
vint à  préserver  son  escadre ,  qui  se 
trouvait  devant  cette  ville.  Le  30  avril 
1815,  il  soutint  dans  le  golfe  de  Na- 

f^les,  sur  la  frégate  la  Melpoméne, 
'un  des  derniers  et  des  plus  beaux 
eombats  livrés  aux  Anglais  par  notre 
brave  marine.  £n  1827 ,  il  prit  le 
commandement  de  la  division  chargée 
du  blocus  d'Alger.  Malgré  le  danger 
de  ces  parages  et  le  délabrement  de 
sa  santé,  il  remplit  sa  mission  pendant 
*  quatorze  mois,  jusqu'à  ce  que  son  état 


fût  presque  désespéré.  Collet  ne  jouit 
pas  longtemps  du  titre  de  contre-ami- 
ral dont  on  venait  de  récompenser  son 
mérite.  Rentré  à  Toulon ,  le  30  août 
1828 ,  il  y  mourut  six  semaines  après, 
emportant  de  justes  et  universels  re- 
grets. 

CoLLETST  (Guillaume),  un  des  pre^ 
miers  académiciens,  naquit  à  Paris  en 
1598.  De  bonne  heure,  il  consacra 
tous  ses  travaux  à  la  poésie  et  aux  let« 
très.  Le  cardinal  de  Richelieu  ajant 
vu  de  ses  essais  en  poésie ,  le  prit  en 
affection  et  l'engagea  à  travailler  pour 
le  théâtre.  CoUetet  obéit,  et  composa 
CymindCf  ou  les  deux  victoires;  tragi- 
comédie  ,  et  se  joignit  en  même  temps 
aux  poètes  que  Richelieu  faisait  tra- 
vailler aux  pièces  qu'il  aimait  à  lais- 
ser passer  pour  son  ouvrage.  C'est 
ainsi  qu'il  coopéra  à  l'Jveugle  de 
Smyme  et  aux  Tuileries.  Le  cardinal 
fut  si  content  d'un  morceau  de  CoUe- 
tet qui  se  trouvait  dans  les  Tuileries , 
qu'il  donna  à  l'auteur  six  cents  livres 
pour  six  vers  contenant  la  description 
de  la  pièce  d'eau  du  jardin.  Il  ajouta 
«  qu'il  ne  lui  donnait  cette  somme  que 
pour  ces  six  vers,  et  que  le  roi  n'était 
pas  assez  riche  pour  payer  le  reste.  » 
Colletet  exprima  sa  reconnaissance  en 
termes  où  son  avidité  mercenaire  s'é- 
tale ingénument.  Il  disait  : 

Armand  qui  pour  six  vers  m'as  dannë  six  cents  litres, 
Qae  ne  puis-je  à  ce  priy  te  vendre  tous  me»  livres  I 

Cependant  un  mot  de  cette  descrip- 
tion déplaisait  au  cardinal.  Un  des  six 
vers  était  celui-ci  : 

La  canne  s'hnmecter  de  la  bourbe  de  Teau. 

Ce  fut  en  vain  que  le  cardinal  vou- 
lut faire  mettre  barboter.  Colletet  tint 
bon ,  et  déduisit  les  motifs  de  son  opi- 
nion dans  une  longue  lettre.  Le  cardi- 
nal achevait  de  la  lire,  lorsque  plu- 
sieurs courtisans  le  vinrent  compli^ 
menter  sur  un  succès  que  venaient  de 
remporter  les  armées  françaises,  et 
lui  dirent  que  rien  ne  pouvait  résister 
à  Son  Éminence  :  «  Vous  vous  trom- 
pez, répondit  le  cardinal  en  montrant 
la  lettre,  voilà  un  homme  qui,  à  Paris 
même,  me  résiste  en  face.  »  Du  reste, 
cette  résistance  n'eut  pour  CoUetet  au-* 


T.  Y.  19"  Livraison.  (Digt.  xngygl.,  btg.) 


19 


2M 


COL 


LÎUMIVERS. 


^m^ 


oune  suite  fâcheuse.  Richeiiep  ne  fut 
pâÈ  le  seul  prôtMteor  de  Colletet 
François  de  Harlay^  archevêque  de 
Rouen,  lui  ayant  demandé  une  nymne 
à  la  Vierge,  lui  envoya  en  payement 
upe  statuette  d'Apolloni  m  argent.  Il 
eut  aussi  plusieurs  places  honorables 
et  lucratives,  entre  autres  cette  d'avo- 
oat  du  roi  aii  conseil.  Il  possédait  aussi 
dans  les  environs  de  Paris  des  terreâ 
considérables.  Maii^  la  frondd ,  et  sur- 
tout son  inconduite,  dérangèrent  gra- 
vement ses  affaires.  Dans  les  dernier» 
jours  de  sa  vie ,  il  était  à  peu  près  ré- 
duit  à  la  misère,  et  Ses  amis  furent 
obligés  de  se  cotiser  entre  eqx  pour  le 
faire  enterrer.  Ce  poète ,  peu  délicat 
sur  le  choix  de  sa  société  habituelle , 
avait  épousé  successivement  ses  trois 
servantes.  Il  a  célébré  )a  dernière, 
nommée  Claudine ,  dans  un  grand 
nombre  de  vers.  Outre  les  ouvrages 
dont  nous  avons  parlé,  il  composa 
des  sonnets,  des  épigrammes.  Il  avait 
de  la  facilité,  et  offre  parfois  des  pas- 
sages naturels  et  agréables ,  au  milieu 
d'un  ^rand  nombre  de  platitudes ,  de 
grossièretés  et  de  bizarreries.  Il  a 
composé  aussi  divers  Traités  de  poé^ 
sicy  réunis  sous  le  titre  dtArtpoétU 
que. 

CoLLETBT  (François),  fils:  du  précé** 
dent,  né  à  Paris  en  1628.  C'est  celui 
dont  Boileau  a  dit  : 

Tandis  que  Golletet,  erotté  jusqu'il  l'ichiae, 
S'en  va  chj^^er  sou  pain  de  cuisine  en  cuisine. 

Dans  sa  jeunesse,  CoUetet  porta  les 
armes  :  if  fut  fait  prisonnier  par  les 
Espagnols  et  emmené  en  pspagne.  A 
son  retour  en  France,  il  crut  pouvoir, 
comme  son  père,  s'enrichir  avec  sa 
plume  ;  mais  il  eut  beau  publier  vo-^ 
iuroe  sur  volume ,  il  tomba  dans  une 
misère  que  Boileau  eût  mieux  fait  de 
respecter.  Sur  la  fin  de  sa  vie,  CoUetet 
obtint  le  privilège  du  Jfmmal  d^Àvisj 
qui ,  selon  toute  apparence,  ne  le  tira 
pas  de  son  dénûment.  11  mourut  vers 
1676.  Ses  nombreuses  production^ 
sont  tombées  dans  on  profond  oubli: 

Collets  (petits).— Au  dix-huitième 
siècle,  on  appelait  de  ce  nom,  des  êtres 
amphibies ,  appartenant  à  TÉglise  par 
la  cdolécrâtioiB,  et  au  monde  par  la  \i» 


cence  de  letfv  conduite,  port^nlUQ  ^ 
tume  de  prêtre  i  Tétant  qqelquefois, 
et  se  faisant  appeler  Monsiepir  rat)bé. 
Toujours  vêtus  ay^  une  coquetterie 
rsolierohée ,  bien  cbau^^és ,  t^ien  pou- 
di'és,  le^  petits;  collets  étaie^  de  toutes 
les  partiel  de  débauche  des  ^gneurs 
libertins  ,  et  l'emportajeut  prévue 
loujDprs  flur.eux  par  kuir?  mes  de 
toute  nature.  Ils  assiéges^ient  les  anti- 
cliambres  des  ministres ,  inondaient 
les  boudoirs  des  femmes  galantes  en 
crédit ,  des  actrices  à  la  mode  et  ri- 
chement entretenues ,  se  constituaient 
les  valets  des  prostituées  de  haut  pa- 
r^ge,  chantaient,  dansaient,  sautaient 
pour  elles ,  faisaient  leurs  commis- 
sions ,  les  réconciliaient  avec  leurs 
amants  ou  leur  en  procuraient  d'au- 
tres ,  se  prêtaient  enfin  à  mille  intri- 
gues, dans  l'attente  d'un  bénéfice, 
quelquefois  même  d'un  évéché,  que  ces 
femmes  sollicitaient  en  leur  faveur,  et 
qui  souvent  ne  devait  jamais  venir. 

Quelques-uns  d'entre  eut ,  suivant 
une  autre  carrière ,  faisaient  de  petits 
vers  fleuris ,  comm«  Tabbé  de  Bernis, 
que  Voltaire  appelait  Babet  la  bo9i- 
quetiére;  des  contes  graveleux ,  comme 
l'abbé  Gréconrt;  ou  des  opéras-comi- 
ques, commel^abbéVoisenoa.  Les  pe- 
tits collets,  dans  liésqùeis  il  ne  faut  pas 
confondre  les  abbés  t)ubo8,  Mabiy, 
Condillac ,  Morellet ,  Kay^al  >  etc. , 
qui  se  sont  occupés  de  matières  histo- 
riques ,  philosophiaues  et  écoDoiai- 
ques ,  les  petits  collets ,  dGsona-opus , 
ent  disparu  à  la  révolutioo,  et  n'ont 
point  encore  reparu. 

COLLiBERTS.  —  On  désignait  sous 
ee  nom  une  classe  d'individus  qui  peu- 
vent se  placer  à  peu  près  indifférem- 
ment, ou  au  dermer  rang  des  hommes 
libres  ou  à  la  tête  des  serfis.  Soit  que 
leur  nom  signifie ^rancf  du  coi  ou  cte 
çoUier,  soit  qu'il  serve  à  dési^or 
proprement  les  aiSfranchts  d'un  même 
patron  (*) ,  il  n'en  est  pas  moins  cer- 
tain qpe  les  colliberts  étaient  privés 
en  pwrtie  de  la  liberté.  Leur  maître 
pouvait  les  vendre,  les  échanger,  les 
donner  comme  les  serfs.  Leur^  oifants 

{*)  De  cum  eide^UUrtus,  i^a  Canee*} 


C0h 


FRA9CB. 


COL 


«1 


fîi^lussment  la  Ipi  de  leur  Qrigipc^ ,  ($> 
ne  pouvaient  être  e^x-mêmes  qije  poW 
Ifberts.  Cependant  il  résulte  de  pli|- 
sieùrs  exemples  fournis  pér  les  ançienr 
nés  chartes  (*),  quç  Içs  cerfs  étaient 
inférieurs  aux  çollibertsii  dsiu^  la  classa 
desquels  ils  pouvaient  e;ntrer  par  up 

enfin ,  g^e  l[es  çoUiberts  étaient  en 
quetgue  aortç  des  serfs  libres,  et  diffé- 
raient peu  des  anciens  colons,  qu'ils 
faraissént  avoir  remplacés.  (Voyez 
'EBSONNiis  [état  desj. ) 
Çollibe:^ts  de  Ve*ndke.— Il  existe 
encore  dans  les  marais  de  la  Vendée 
une  certaine  race  d'hopmes  connus 
sous  le  nom  dé  colliberts ,  qui ,  d'or- 
dinaire ,  n'habitent  que  dans  leurs  bar 
teaux.  C'est  une  race  vagabonde  et 
presque  sauvage ,  descendant ,  disent 
quelques  auteurs ,  des  anciens  Agesi- 
nates  CombolectrL  Ces  malheureux, 
qui  sont  pour  les  s^utres  habitants  ug 
objet  dé  mépris  et  de  crainte  supersti- 
tieuse, s^ adonnent  presque  exclusive* 
louent  à  la  pêche.  On  les  regarde,  maiç 
à  tort,  comme  des  espèces  de  crétins. 
Ils  se  tiennent  principalement  vers  lei^ 
embouchures  du  Lay  et  de  la  Sèvrç 
niortaise ,  et  ne  doivent  pas  être  con- 
foi^dus  avec  les  hùtUers  des  maraiis. 
(Voyez  HyTTiEBS.)  Ils  ne  s'allient 
qu'entre  eux ,  et  forment  une  race 
particulière ,  qui  diminue  chaque  jpuç 
et  Onira  inévitablement  par  s'éteindre. 
Leur  nom  vient  probablèinent  de  ce 
que,  durant  la  féodalité,  ils  étaient 
ce  qu'on  appelait  cotUberis,  classe  in- 
termédiaire entre  les  serfs  et  les  hom- 
mes libres.  (Voyez  l'article  précédent.) 
CoLLi^Ei^.  —  B^ieç  avant  la  conquête 
de  la  (jaule  par  Jules  César ,  le  collier, 
appelé  torques,  était  un  omettent  mi; 
litaire  en  usage  chez  les  Gaulois  ;  c'est 
ce  que  prouve  évidemment  l'histoire 
de  Manhus  Torgtmtus.  Quand  les  Ro- 
mains eurent  fait  de  la.  Gaule  une  pro- 
vince de  leur  empire,  ils  donnèrent  le 
collier  avec  la  ceinture  à  quel,(|ues  ma* 
gistrats ,  comme  signe  caractéristique 

(*)  Voyez  entre  autres  le  Cartulaire  d^ 
Saint-Père  de  Chartres,  publié  par  M.  ^uèr 

r?«ç4»  ^•IjIP-  *"^* 


de  leur  aqtQçité.  Quant  ai^  çoHier  mi- 
litaire, qu'ils  avaient  auss^  adopté, il 
n'^a^t  pa^  nécfçsàj^e,  pouç  )ç  pp.rter  ^ 
d'être  piaryqnii  à|  ui^  grade  {çrt  éleyç  ; 
car  on  vQJt  d^p^  Anomiei)  -.  j^ariptellin 
que  ciet  Qrnement  était  une  d^^  fna?- 
quçs  distin.Qtîyçs  d^  ^ade  de  drqgor^ 
noire ,  w  porte^enseign?. 

Il  y  avait  des  oçlliers  dc)  plusji^^r^ 
espèces  :  cç^.mi  des  sq^dat^  çjuxiliair^ 
étaieint  d'oir,  ceux  (]e$  citoyen^  0^  14- 
gionnaires  étaier^t  d'^irgent^  et  cette 
distinction  était  rationnelle  ;  car  les 
premiers,  en  défendant  l'enipire,  ex- 
posaient leur  vie  pour  des,  intérêts  qui 
leur  étaient  étrangers,  tandis  que  le^ 
seconds  ne  faiisaient  que  remplir  un 
devoir*  Ces  colliers  consistaient,  ep 
trois  cordons  entrelsicés  *,  c'était  la 
marque  de  la  victoire ,  et  un  en  déco- 
rait après  le  combat  les  guerriers  qui 
avaient  vaillamment  cq^nbattu. 

Au  moyen  â^e ,  |e  collier  devint  u^i 
des  ornements  des  chevaliers,  çt  il  fut 
adopté  comme  marque  distinQtive.  p^ 
les  différents  ordres  militaires. 

Cependant  la  coutume  de  dounear 
des  colliers  aux  personnes  que  l'on  es- 
timait, ou  dont  on  vpulait  réçompeu- 
ser  la  bravoure ,  ne  sei  perdit  point 
pour  cela  ;  seulement  ces  g^es  de 
considération  prirent  le  nom  de  chaî- 
nes. Louis  XI  en  décora  les  députés 
suisses  qui  lui  apportèrent  la  ratifies^ 
tion  du  premier  traité  d'alUance  que  la 
France  ait  signé  avec  la  confédération 
helvétique.  Le  même  roi,  assistant  au 
siège  du  Quesnoy ,  et  ayant  vu  avec 
quelle  valeur  avait  mpntÇ  à  t'ass^aut^ 
Raoul  de  Lannoy,  l'up.  de  $es  plus 
braves  capitaines ,  lui  dit  à  la  fin  de  l^ 
journée ,  en  lui  jetant  autour  du  ço\i 
une  chaîne  d'or ,  de  la  valeur  de,  cinq 
cents  écus  :  «  Par  la  Pâque-Dieu,  n^Qn 
«  ami ,  vous  êtes  trop  furieux  ei^  un 
«  combat ,  il  faut  vous  enchainçr  \  car 
«  je  ne  veux  point  vous  perdre,  dési- 
«*rant  me  servir  de  vous  encore  plu$ 
«  d'une  fuis.  » 

Depuis,  le  collier  a  ce^sé  4'êtfeun^ 
décoration  militaire,  pour  devenir  une 
parure  de  femme  et  le  signe  distinctif 
^e  quelques  fonctions  subalternes, 
fellçs  quç  céJ^  4^8  huissiers  dç^  p.a<j 

19. 


392 


COL 


LUIrtVEftS. 


IX>L 


lais  ropax,  des  chambres  législatives, 
des  ministères,  etc. 
CoLLiBB  (affaire  du).  (Voyez  Ca- 

GLIOSTBO  ,  LAVOTTB  et  ROHÂIf .  ) 

CoLLiN  DB  Vebmont  (Hyacinthe), 
Tun  des  meilleurs  peintres  du  dix-hui- 
tième siècle ,  naquit  à  Versailles  en 
1693.  Il  fut  élève  de  Rigaud  et  alla 
compléter  ses  études  en  Italie.  Il  fut 
reçu  membre  de  l'Académie  de  pein- 
ture en  1725  ,  et  devint  professeur  en 
1740.  Il  mourut  en  1761.  Ses  ouvrages 
sont  trop  nombreux  pour  que  nous 
puissions  les  citer  ici. 

CoLLiN  d*Hableville  (Jcan-Fran- 
çois  ) ,  auteur  dramatique  ,  naquit  à 
Mevoisin,  près  de  Chartres ,  en  1755. 
Il  vint  achever  ses  études  à  Paris ,  et 
s'y  flt  recevoir  avocat  ;  mais  cette  pro- 
fession n'était  point  conforme  à  ses 
goûts,  et,  entre  autres  pièces  de  poésie 
où  il  s'essaya  à  cette  époque,  il  fit  une 
élégie  sur  le  malheureux  sort  d'un  clerc 
au  parlement.  Le  genre  satirique  dans 
lequel  il  s'exerça  d'abord  ne  convenait 
ni  à  son  esprit  ni  à  son  humeur.  Il 
l'abandonna  bientôt  pour  le  genre  co- 
mique y  OÙ  il  ne  porta  pas  beaucoup  de 
force  ni  de  gaieté,  mais  où  il  plut  ce- 
pendant par  la  pureté  de  son  goât ,  la 
douceur  élégante  de  son  esprit ,  et 
l'ingénieuse  facilité  de  son  style.  Il 
débuta  par  ^Inconstant.  Cette  comé- 
die ,  composée  d'abord  en  cinq  actes, 
puis  réduite  à  trois,  fut  applaudie 
comme  l'heureux  essai  d'un  talent  ri- 
che d'avenir.  Deux  ans  après  ,  parut 
rOptimiste  y  qui  fut  également  bien 
accueilli.  «  L'intrigue  en  est  un  peu 
faible,  dit  la  Harpe,  mais  bien  conduite 
et  bien  ménagée  ;  elle  a  même  un  mé- 
rite dramatique ,  c'est  d'amener  natu- 
rellement les  incidents  qui  font  res- 
sortir le  principal  caractère .... 
M.  Collin  a  fait  son  Optimiste  sur  un 
plan  analogue  à  son  caractère ,  qui  le 
porte  aux  idées  douces  et  aux  senti- 
ments philanthropiques.  »  Excité  par 
ces  encouragements ,  Collin  d'Harle- 
Tille  produisit  les  Châteaux  en  Espar 
gne ,  pièce  amusante,  malgré  de  nom- 
breuses et  fortes  invraisemblances,  et 
le  Fieux  célibataire,  qui  est  son 
chef-4'œuvre,  sans  mériter  réellement 


le  nom  de  comédie.  Depuis  ce  tomps 
son  talent  baissa ,  et  ses  succès  au 
théâtre  devinrent  de  plus  en  plus  rares. 
Cependant,  il  fît  représenter  un  grand 
nombre  d'ouvrages ,  tels  que  M,  de 
Crac  y  farce  ingénieuse  ,  mais  faible  ; 
Rose  et  Picard,  ou  la  suite  de  VOpti- 
miste  ;  les  Deux  voisins ,  ou  être  et 
paraître;  la  Défense  de  la  petite 
villCy  pièce  qui  honore  plus  le  carac- 
tère de  l'auteur  que  son  talent;  les 
Artistes;  les  Mœurs  du  jour  y  ou  VÉ^ 
cote  des  jeunes  femmes;  les  Riches; 
Malice  pour  malice ,  etc.  Palissot , 
dans  ses  Mémoires  littéraires ,  a  jugé 
sévèrement  Collin  d'Harleville  :  non- 
seulement  il  lui  refuse  la  force  comi- 
2ue,  mais  même  toute  gaieté  et  toute 
nesse.  «  Le  ton  doucereux ,  ajoute- 
t-il,  le  ton  sentimental  et  quelquefois 
même  un  peu  niais ,  qui  est  le  ton  do- 
minant de  presque  tous  les  ouvrages 
de  Collin  d  Harfeville ,  l'absence  totale 
de  sel  et  l'insipidité  qui  les  caractéri- 
sent, prouvent  qu'il  n  était  pas  né  pour 
la  poésie.  »  Il  y  a  sans  doute  dans  ce 
jugement  une  dureté  injuste  ;  mais  il 
est  certain  qu'on  ne  peut  lire  long- 
temps le  théâtre  de  cet  auteur  sans 
être  saisi  d'ennui.  L'homme ,  chez 
Collin  d'Harleville ,  est  fort  aimable 
sans  doute,  mais  l'écrivain,  malgré 
ses  qualités  réelles ,  est  loin  de  l'être 
autant.  Outre  ses  comédies,  il  a  laissé 
un  poëme  allégorique  en  deux  chants, 
intitulé  Melpomèneet  ThaliCy  et  plu- 
sieurs pièces  de  vers  insérées  dans 
VAlman/ich  des  Muses  et  dans  les 
journaux.  Cet  homme,  d'un  caractère 
égal  et  doux  ,  fut  attaqué  ,  dans  ses 
dernières  années,  d'une  profonde  mé- 
lancolie que  rien  ne  pouvait  dissiper. 
Il  mourut  à  Paris  en  1806. 

CoLLiouRE,  ville  maritime  de  l'an- 
cien Roussillon ,  aujourd'hui  chef-lieu 
de  canton  du  département  des  Pyré- 
nées-Orientales ,  existait  sous  le  nom 
de  Camo  liberis  y  dès  l'année  535  de 
Rome.C'est  à  cette  époque  que  des  am- 
bassadeurs romains  y  débarquèrent 
pour  essayer  de  soulever  les  popula- 
tions contre  Annibal.  Collioure  compte 
aujourd'hui  3,272  habitants.  A  peu  de 
distance  de  cette  ville ,  dans  les  mon- 


COL 


FRANCE. 


COL 


â9a 


tagnes  de  FAIbère,  on  remarque  l'an- 
cienne abbaye  de  Valbonne ,  de  l'ordre 
de  Cîteaux,  fondée  en  1164 ,  et  où  fut 
enterrée  Yolande ,  épouse  de  Jac- 
ques P',  roi  d'Aragon. 

GoLLiouBE  (  sièges  de  ).  —  Louis 
XIII  résolut,  en  1642 ,  de  reprendre 
aux  Espagnols  cette  ville  dont  la  pos- 
session devait  lui  faciliter  la  conquête 
de  Perpignan.  Le  maréchal  de  la  Meil- 
leraie,  renommé  pour  son  habileté  à 
conduire  les  sièges ,  fut  chargé  de  ce- 
lui-ci. Sous  ses  ordres  était  Fabert ,  le 
brave  officier  plébéien.  Trois  mille 
hommes  défendaient  Une  hauteur  d'où 
il  fallait  les  chasser  pour  s'approcher 
de  la  place  :  l'entreprise  était  difficile. 
Fabert  reçut  Tordre  d'aller  trouver  le 
maréchal,  qui  désirait  le  consulter.Mais 
il  avait  entendu  le  maréchal  appeler  sa 
compagnie  les  chanoines  de  Fabert, 
parce  qu'elle  était  demeurée  deux  ans 
a  la  cour.  Aussi ,  sentant  vivement 
cette  raillerie  amère,  refusa -t- il  de 
quitter  son  poste.  La  Meilleraie  vint 
lui-même.  M.  de  Fabert ,  lui  dit-il, 
ojiMions  le  passé;  donnez'inoi  votre 
avis.  Que  ferons -notis? —  FoUàle 
premier  bataillon  des  gardes  prêt  à 
exécuter  vos  ordres,  répondit  Fabert  ; 
nous  ne  savons  qu'obéir.  ■_ —  Point  de 
rancune,  lui  dit  le  maréchal  ;  je  viens 
vous  demander  votre  sentiment.  — 
C'est  d'attaquer  ,  répliqua  Fabert. 
Marche!  cria  le  maréchal.  A  ces  mots 
le  premier  bataillon  des  gardes  s'a- 
vança, et  les  autres  le  suivirent.  Fa- 
bert attaqua  les  Espagnols  ,  et  les 
poursuivit  l'épée  dans  les  reins  jusque 
dans  Collioure,  qui,  d'après  Tallemand 
des  Réaux(*),  se  rendit  par  le  plus 
grand  hasard  du  monde.  «  La  Meille- 
«  raie,  dit-il ,  fit  jouer  un  fourneau  sans 
«  rime  ni  raison ,  et  te  fourneau  com- 
•«  bla  le  seul  puits  qu'ils  eussent  dans 
«  la  ville.  Ainsi  il  se  fallut  rendre  pour 
«  ne  pas  mourir  de  soif  (13  avril).  » 

— Les  derniers  mois  de  1793  furent 
marqués  par  des  revers  à  l'armée  des 
Pyrénées-Orientales.  Le  général  es- 
pagnol Ricardos  résolut  de  profiter  de 
ses  avantages  pour  marcher  sur  les 

(*)  Historiettes  ^  t.ï,  p.  4oÇ. 


frontières  de  France  et  emporter  le 
fort  Saint-Elme ,  Port- Vendre  et  Col- 
lioure. Un  combat  furieux  s'engagea, 
le  22  décembre ,  sur  la  rive  gauche  du 
Tech,  où  nous  fûmes  encore  battus; 
quelque  effort  que  pût  faire  le  repré- 
sentant Fabre  (de  1  Hérault)  pour  ra- 
mener les  troupes  au  combat ,  il  n'y 
put  parvenir,  et  chercha  en  combattant 
une  mort  glorieuse  dans  les  rangs  de 
l'ennemi.  Bientôt  Port  -  Vendre  et 
Saint-Elme  se  rendirent ,  livrés  par  la 
trahison,  et  les  habitants  de  Collioure, 
effrayés  par  les  menaces  des  Espa- 
gnols, forcèrent  le  commandant  à  ca- 
pituler. L'armée  française ,  entière- 
ment démoralisée,  se  retira  sous  Per- 
pignan. 

Mais  au  printemps  de  l'année  sui- 
vante Dugommier,  vainqueur  au  camp 
de  Boulou ,  chassa  les  Espagnols  du 
Roussillon,  et  leur  fit  repasser  les 
Pyrénées  en  désordre  ;  on  les  suivit 
en  masse  sur  Collioure,  on  s'appliqua 
à  enlever  à  cette  place  les  deux  forts 
de  Saint-Elme  et  cle  Port- Vendre,  qui 
faisaient  son  appui ,  on  la  bloqua  par 
mer,  et  elle  ouvrit  ses  portes  le  29  mai 
1794. 

Colloque  de  Potssy.  —  On  don- 
nait autrefois  le  nom  de  colloques  à 
des  conférences  tenues  entre  des  per- 
sonnes qui  différaient  par  leurs  opi- 
nions religieuses,  et  qui  cherchaient  à 
s'entendre  et  à  se  rapprocher.  Il  y  a 
eu  de  tout  temps  de  ces  conférences 
en  France;  mais  c'est  au  seizième 
siècle  qu'elles  furent  le  plus  fréquen- 
tes; Le  colloque  le  plus  célèbre  peut- 
être  de  cette  époque  si  féconde  en 
controverses  religieuses,  fut  celui  qui 
eut  lieu  à  Poissy  en  1561.  Catherine 
de  Médicis  hésitait  encore  entre  les 
deux  partis  religieux  qui  divisaient  la 
France  ;  elle  voulait  d  ailleurs  se  faire 
rechercher  également  par  l'un  et  par 
l'autre ,  en  donnant  des  craintes  aux 
catholiques ,  et  en  faisant  concevoir 
quelques  espérances  aux  réformés. 
C'est  pourquoi  elle  vint  assister  elle- 
même  avec  le  jeune  roi ,  son  fils ,  aux 
conférences  de  Poissy.  Les  réformés 
étaient  représentés  par  Théodore  de 
Bèze ,  assisté  de  quelques  -  uns  des 


^ 


€6L 


LnGfNIVERS, 


COL 


théolègîens  de  son  parti.  Les  càtboli- 
xme^  avaient  pour  représentant  le  car- 
dinal de  Lorraine,  assisté  de  Montlac, 
ëvêqne  de  Valence.  Après  de  longues 
discassions,  qui  roulèrent  principale- 
ment sur  le  dogme  de  la  présence 
réelle  et  sur  <}uelques  autres  points  de 
controversé  non  moins  énineux ,  le 
Isardinal  de  Lorraine  et  Théodore  de 
^ze  se  séparèrent,  plus  divisés  d'opi" 
toions  qnMls  ne  l'étaient  auparavant; 
île  sorte  que  le  colloque  de  Poissy  eut 
nn  résultat  tout  opposé  à  celui  que  leis 
iiomm^  sincèrement  religieux  en 
-avaient  attendu. 

GoLLOT  -  d'Hehbois  (  Jean  -  Marie  ) 
^st  un  des  hommes  de  la  révolution 
qui  ont  exercé  le  plus  d*infiuence  sur 
les  masses ,  et  qui  ont  le  plus  marqué 
par  Fexagération  de  leurs  principes  et 
par  la  dureté  de  leurs  actes.  Cepen- 
dant ,  on  doit  le  dire  à  sa  décharge,  il 
était  d'un  degré  au-dessous  de  Billaud- 
Yarennes,  son  ami  et  son  collègue, 
^ui  le  surpassait  en  cruauté ,  en  ma- 
chiavélfsme  et  en  ambition.  Ils  avaient 
commencé  tous  deux  par  être  comé- 
diens; mais  comme  Billaud  avait, 
en  outre,  fait  partie  de  la  congrégation 
de  l'Oratoire ,  il  v  avait  en  lui  à  la  fois 
du  prêtre  et  de  Vacteur,  tandis  que 
Collot,  toujours  drapé  à  l'antique ,  se 
montrait  presque  exclusivement  théâ- 
tral. Tel  était  surtout  le  caractère  de 
son  éloquence  dans  le  club  des  jaco- 
bins, à  la  tribune  de  la  Convention, 
et  jusque  dans  le  sein  du  comité  de 
salut  public.  Peu  de  révolutionnaires 
se  sont  plus  compromis  en  paroles , 
quoiqu'il  s'eii  trouvât  beaucoup  qui, 
sans  imiter  son  langage ,  le  laissaient 
'  loin  derrière  eux ,  dans  la  carrière  des 
excès  ;  Fouché ,  par  exemple ,  qui  fut 
l'instigateur  des  plus  horribles  ven- 
geances à  Lyon,  et  qui  en  laissa  peser 
toute  la  responsabilité  sur  son  émule. 

Son  nom  de  fariniile  était  Collot;  au 
théâtre,  il  se  faisait  appeler  d'Herbois  ; 
quand  il  se  lança  dans  la  politique ,  il 
lui  parut  mieux  sonnant  de  réunir  ces 
deux  noms,  dont  le  dernier  ne  manquait 
pas  d'un  certain  parfum  de  noblesse.  Il 
naquit  vers  1750,  d'une  famille  bour- 
geoise de  Paris  )  qui  lui  donna  de 


4'initractton.    Il    était  d\nie   tmOe 
moyeiine,  avait  le  teint  brdn^  la  m- 
vdure  noire  et  crépue ,  le  regat*d  in^ 
quiet  et  sombre  ;  du  resté ,  assez  beau 
de  figure  et  doué  d'un  br^^ane  sonore. 
Comédien  aïkibulant  avant  la  révolu- 
tion, on  le  vit  figurer,  siiion  avec  éclat, 
4a  moins  avec  un  certain  talent ,  «ur 
la  scène  des  principales  villes  de  France 
et  de  Hollande ,  notaoBunent  à  B(^- 
deauXf  à  la  Haye  et  à  Lyon ,  où  sa 
<;onduile,  plus  régulière  que  celle  des 
acteurs  de  l'époque ,  lui  attira  quelque 
considération.  Il  cumulait  les  fonetionb 
d'auteur  dramatique  avec  celles  de  co- 
médien; il  composa  un  grand  nombre 
de  pièces,  dont  quelques-unes,  ^mitées 
de  l'espagnol  et  de  l'anglais,  obtinrent 
même  du  succès.  Il  eut  quelque  temps 
la  direction  du  théâtre  de  Genève  ;  la, 
l'exemple  des  mœurs  helvétiques  dé- 
veloppa de.  plus  eni^us  ses  tendances 
républicaines  et  rehaussa  son  amour 
de  l'indépendance.  Malheureusement, 
le  goût  oes  liqueurs  fortes  vint  exalter 
encore  son  caractère  déjà  si  porté  aux 
excès  ;  aussi  les  girondins  l'avaiénl- 
ils,  par  dérision ,  surnommé  le  sobre 
ColloL 

Dès  le  début  de  la  révolution,  il  ac- 
Irourut  à  Paris ,  fréquenta  les  sociétés 
populaires,  et  s'y  fît  remarquer  par  des 
accents  passionnés ,  une  élocution  re- 
tentissante, et  des  poses  à  gràtad  effet. 
Mais  ce  ne  fut  guère  qu'en  1791  que 
commença  sa  fortune  politique  :  on 
livre  de  peu  d'importance  en  fut  la 
première  cause.  Le  club  des  jacobins 
ayant  proposé  un  prix  pour  le  meilleur 
ouvrage  qui  ferait  com{»«ndre  au  peu- 
ple les  avantages  du  régime  constitu- 
tionnel, Collot  composa  un  petit  traité 
ayant  pour  titre  VÀ(mà7iack  du  père 
Gérard{*)  ;  cet  Opuscule  fut  couronna 
et  valut  une  grande  popularité  à 
son  auteur.  Peu  de  temps  après, 
l'affaire  des  soldats  de  Château-Vieux 
augmenta  encore  l'influence  de  Col- 
lot-d'Herbois  ,  et  fut  pour  lui  l'ooca- 

(*)  Le  père  Gérard  était  vk  cùltivatenr 
breton ,  que  son  bailliage  avait  ic^oîsi  povr 
représentant  ani  états  généraux  ;  il  jeubsaît 
d'une  réputation  d'honnêteté,  de  bon 
et  de  vertu. 


(ùoi, 


iPïiAiSfCÈ. 


t!l0L 


^ibh.  ll*lihfe  véritable  ov^tibn.  tei 
solditâ  éliisseâ  du  régiment  icie  CM- 
\ea\x  -Vbux  avaient  eié,  àut  termes 
des  Ibiè  (Je  îfeur  pays,  envoyés  aux  ga- 
lères die  Brest ,  pour  àyoîr  pris  part  à 
Qme  msiirk'ectioh ,  celle  de  Nancy  j  qui 
^vait  été  comprimée  par  Bouille  ;  mais 
J  opiiiion  publique  s'était  prononcée 
très-fo'rtem'eril  contre  le  succès  de  ce 
fougueux  défenseur  de  l'ancien  ré- 
gime, Soutenu  par  la  société  fies  ja- 
cobiiis ,  bollot  pirésenta  à  l'Assemblée 
législative  une  pétition  en  faveur  deis 
militaiicès  condamnés;  cette  pétition 
ayant  ^té  âccueiliie  par  l'Assemblée, 
les  cantons  suisses,  consultés  par  Louis 
XVI ,  consentirent  à  l'élargissement 
des  détenus.  Collot  alla  les  chercher 
lui-même,  et  les  ramena  en  triomphe 
à  Paris ,  où  une  fête  civique  eut  lieu 
en  leur  honneur.  C'est  dans  cette  so- 
lennité qiie  parurent  pour  la  première 
fois  les  bonnets  rouges,  qui  devinrent 
la  coiffure  de  prédilection  pour  les  ré- 
volutionnaires ;  il  est  à  remarquer  que 
loin  de  s'opposer  â  ces  démonstra- 
tion ,  la  cour  chercha  plutôt  à  les  ex- 
citer ;  elle  vit  avec  plaisir  les  novateurs 
se  parer  du  bonnet  des  galériens ,  es- 
pérant les  confondre  les  uns  avec  les 
autres;  déjà  elle  se  consolait  de  se$ 
déàtites,  en  poussant  le  peuple  auk 
excès.  Collot-d'Herbois,  qni  avait  par- 
tagé avec  les  soldats  de  Château- 
Vieux  lés  honneurs  de  la  journée ,  se 
crut  dès  lôrs  un  personnage  assez  im- 
portant pour  aspirer  au  ministère  de 
la  justice ,  qu'il  ne  put  cependant  ob- 
tenir. 

Il  fiut  Un  des  principaux  instigateurs 
de  la  journée  du  10  août ,  qui  lui  per- 
mit d'entrer  dans  la  nouvelle  munici- 
palité de  Paris,  oii  il  se  lia  étroitement 
a  Billaud-Varennes,  avec  lequel  il  par- 
tagea la  responsabilité  des  massacres 
de  septembre,  quoiqu'il  ne  paraisse 
pas  y  avoir  pris  une  part  aussi  active 
que  son  ami.  Il  présida  l'assemblée 
électorale  qui  nomma  les  députés  à  la 
Convention,  et  fut  lui-même  un  des 
représentants  qu'elle  choisit.  TJn  des 
premiers^  il  demanda  l'aboUtion  de  la 
royauté^  que  décréta,  en  efiet,  la  Con- 
vehtion,  dès  l'ouverture  de  ses  seau- 


pes  :  c'est  à  tbrt  jué  lii  k6AîtëUr  H\ 

iâttribuel'înitiativedecettebropositloii, 
«lie  avait  été  faite  lôrsqii^  prît  la  pa- 
role ;  mais  il  rappUya  avec  une  èpeirgife 
qui  ne  contribua  pas  peu  à  lé  fairfe 
adopter-  Loirs  dti  procès  dîi  rbi,  Collot, 
qui  avait  été  envoyé  en  mission  à  Tîîce, 
après  la  conquête  dé  ce  pays ,  vers  l'a 
fit!  de  1792,  adressa  son  vote  paif  écrit 
à  l'Assemblée  :  il  lapinait  pour  la  mort 
isans  sursis.  Dans  la  lutte  de  la  Mon- 
tagne et  de  la  Gironde ,  il  déploya 
beaucoup  de  fermeté  ;  mais  le  succès 
de  la  journée  dû  ÎBI  mai  ne  isufïït  pas 
pour  désarmer  sa  colère;  il  poursuivit 
encore  les  vaincus.  Le  là  juin,  les 
$uffrages  de  l'assemblée  le  portèrent 
au  fauteuil  de  la  présidence. 

Enfin ,  au  mois  de  septembre  sul- 
viant,  il  fut  nommé  membre  du  comité 
de  salut  public ,  en  même  temps  que 
Billaud-Varennes.  Dans  la  division  du 
travail ,  ils  eurent  l'un  et  l'autre  la 
correspondance  administrative ,  fonc- 
tion dont  ils  surent  tirer  parti,  Blllaud 
surtout,  pour  se  donner  la  haute  main 
dans  les  départements.  Les  excès  de 
tout  genre  qui  s'y  commirent  ne  sont 
pas  de  nature  à  honorer  leur  gestion 
commune.  Aussi  bien  ^ue  Billaud- 
Varennes,  Collot-d'Herbois  votait  tou- 
jours pour  les  mesures  les  plus  violen- 
tes, bans  une  délibération  du  comité, 
quelques-uns  de  ses  collègues  ayant 
émis  I  avis  de  se  délivrer  des  suspects 
par  la  déportîition,  Collot  s'écria  :  «  îi 
«  he  faut  rien  déporter,  il  faut  détruire 
«  tous  les  conspirateurs  ;  que  les  lieux 
«  où  ils  sont  détenus  soient  minés  ; 
«  que  la  mèche  soit  toujours  allumée 
«  pour  les  faire  sauter,  si  eux  ou  leurs 
«  partisans  osent  encore  conspirer 
«  contre  la  république.  »  Là  Conven- 
tion n'avait  que  trop  bien  choisi,  lors- 
qu'en  novembre  1793 ,  elle  l'envoya  à 
Lyon  pour  punir  cette  ville  de  sa  ré- 
volte. Aidé  par  Fouché,  il  fît  périr  plus 
de  seize  cents  personnes;  six  cents 
expirèrent  sous  le  feu  de  la  mitraille 
en  un  seul  jour.  La  ville  même  fut 
détruite,  son  nom  proscrit  et  rem- 
placé par  celui  de  Commune  qffranr 
chie,  «  Nous  le  jurons,  avait-il  dit,  lé 
«  peuple  sera  vengé;  le  sol  qui  fut 


396 


COli 


LUNIVERS. 


GOt 


«  rougi  du  sang  des  patriotes ,  sera 
«  bomeversé.  Tout  ce  que  le  crime  et 
«  le  vice  avaient  élevé,  sera  anéanti  ; 
«  et ,  sur  les  débris  de  cette  ville  su- 
«  perbe  et  rebelle ,  qui  fut  assez  cor- 
«  rompue  pour  demander  un  maître , 
«  le  voyageur  verra  avec  satisfaction 
«  quelques  monuments  simples  élevés 
«  à  la  mémoire  des  amis  de  la  liberté, 
«  et  des  chaumières  éparses ,  que  les 
«  amis  de  Tégalité  s'empresseront  de 
a  venir  habiter »  De  retour  à  Pa- 
ris ,  Coliot-d'Herbois  repoussa  avec 
succès  les  accusations  qui  avaient  été 
portées  contre  sa  sévérité  excessive  et 
poussée  jusc^u'à  la  férocité.  Pour  ré- 
veiller la  colère  du  peuple ,  il  fit  pro- 
mener dans  les  rues  de  la  capitale 
Teffigie  de  Chalier ,  sur  la  personne 
duquel  les  royalistes  s'étaient  portés  à 
des  excès  qu'égalaient  à  peine  ceux  des 
révolutionnaires. 

Lé  23  mai  1794 ,  en  rentrant  chez 
lui  à  une  heure  du  matin,  Col  lot  fut 
attaqué  par  un  jeune  homme,  nommé 
Jdmiraly  qui  lui  tira  deux  coups  de 
pistolet,  presque  à  bout  portant,  sans 
l'atteindre.  Cette  tentative  d'assassinat 
mit  le  comble  à  sa  popularité.  Mais, 
au  9  thermidor,  il  se  conduisit  avec 
une  perfidie  et  une  cruauté  qui  lui 
firent  tort  dans  l'esprit  des  masses. 
Pendant  la  lutte ,  il  montra  une  ani- 
mosité  extraordinaire  contre  Robes- 
pierre .  qu'il  avait  si  longtemps  flatté, 
et,  après  la  victoire,  il  n'eut  pas  honte 
d'insulter  et  de  calomnier  la  mémoire 
de  l'homme  aux  pieds  duquel  il  s'était 
jeté  la  veille  du  combat,  et  dont  il  avait 
embrassé  les  genoux  avec  toutes  les 
apparences  du  repentir.  Il  n'eut  qu'un 
beau  moment ,  c'est  lorsque ,  croyant 
la  Convention  en  danger,  il  monta  au 
fauteuil  de  la  présidence ,  se  couvrit, 
et  dit  d'une  voix  forte  :  «  Nous  n'a- 
«  vons  plus  qu'à  mourir.  »  Encore 
n'est-il  pas  bien  certain  qu'il  crût  la 
Convention  sérieusement  menacée.  Il 
n'en  eut  pas  moins  la  gloire  de  l'hé- 
roïsme. 

Mais  il  réclama  vainement  le  prix 
des  services  qu'il  avait  rendus  a  la 
contre-révolution ,  elle  ne  le  paya  que 
d'ingratitude.  Ainsi  que  Biliaud-Va- 


reiines,  il  ne  tarda  pas  à  être  obligé  de 
sortir  du  comité  de  salut  public.  Ce 
succès  ne  suffisant  pas  aux  thermido- 
riens, une  accusation  fut  portée  contre 
lui,  par  Lecointre  de  Versailles.  Après 
avoir  triomphé  de  cette  première  ac- 
cusation ,  il  fut  dénoncé  de  nouveau 
par  Merlin  de  Douai  et  condamné  à  la 
déportation.  Transporté  à  la  Guyane 
avec  son  ami  Billaud-Varennes ,  il  y 
mourut,  à  l'âge  de  quarante-cinq  ans, 
le  8  janvier  1796.  Il  cherchait  une 
consolation  à  ses  maux  dans  l'i- 
vresse ;  quelques  heures  avant  de 
mourir ,  dans  des  atteintes  d*une  fiè- 
vre chaude ,  il  avait  bu  une  bouteille 
de  rhum  qui  lui  fit  endurer  des  dou- 
leurs horribles. 

CoLMAja ,  grande,  belle  et  ancienne 
ville  de  l'Alsace ,  aujourd'hui  chef-lieu 
du  département  duHdut-Rhinetsiége 
d'une  cour  royale  à  laquelle  ressortis- 
sent  les  départements  du  Haut  et  du 
Bas-Rhin ,  avec  tribunaux  de  première 
instance  et  de  commerce,  collège  com- 
munal, institut  de  sourds- muets,  et 
une  population  de  15,442  habitants. 
Quelques  auteurs  pensent  que  cette 
ville  fut  bâtie  sur  les  ruines  de  l'an- 
cienne ^r^^n^OTtam^  où  les  Romains 
avaient  construit  une  forteresse  que 
les  barbares  détruisirent  plusieurs  fois; 
mais  l'opinion  de  Schœptlin ,  qui  place 
Argentonaria  àHorbourg,  est  mainte- 
nant plus  généralement  admise.  Sous  là 
monarchie  des  Francs,  Colmar  était 
une  censé  royale;  elle  devint  peu  à  peu 
un  bourg ,  qui  fut  réduit  en  cendres 
en  1106,  et  rebâti  peu  de  temps  après. 
£n  1220,  sous  Frédéric  II,  le  bailli 
Walfel  réleva  au  rang  de  ville ,  et  l'en- 
toura d'un  I  mur  d'enceinte  qui  fut 
agrandi  en  1282.  Peu  de  temps  après 
Colmar  devint  ville  libre  impériale. 
En  1562 ,  elle  fut  entourée  de  tours  et 
de  fortifications  qui  furent  considéra- 
blement augmentées  par  la  suite.  Les 
Suédois  s'en  emparèrent  en  1632. 
Louis  XIV  la  prit  en  1673  f  et  en  fit 
raser  les  fortifications.  Elle  a  été  réu- 
nie à  la  France  en  1697,  par  la  paix  de 
Riswick. 

CoLMAB  (conspiration  de),  ainsi 
nommée  .parce  que  ce  fut  devant  la 


COL 


FRANCE. 


cx>t 


!M 


cour  d'assises  de  cette  ville  que  paru- 
rent les  chefs  présumés  du  mouvement 
tenté  à  Béfort.  L'association  patrioti- 
que des  Carbonari,  dont  la  vente  su- 
prême siégeait  à  Paris ,  avait  organisé 
dans  toute  la  France  un  vaste  plan  d'in- 
surrection contre  le  gouvernement 
imposé  par  les  baïonnettes  étrangères. 
Le  moment  décisif  semblait  arrivé,  et 
il  avait  été  résolu  que  les  confédérés 
de  Béfort,  entourés  des  patriotiques 
populations  de  TAlsace,  prendraient 
rinitiative.  De  toutes  les  directions  ac- 
couraient vers  cette  ville  des  patriotes 
dévoués  :  de  Paris,  le  général  la  Fayette 
et  son  fils,  le  colonel  Pailhès,  Ba- 
zard ,  etc.  ;  de  Neuf-Brisach,  Joubert, 
Armand  Carrel,  etc.  Toutes  les  mesures 
semblaient  bien. prises;  niais  une  cir- 
constance malheureuse  les  fit  échouer: 
la  dénonciation  d'un  sous-offîcier  de- 
venu traître  par  peur.  Dès  lors  il  fallut 
avancer  Theure  fixée  pour  Texécution, 
et  l'entreprise  fut  manquée.  Parmi  les 
conjurés,  les  uns  durent  rebrousser 
chemin  ou  prendre  la  fuite ,  les  autres 
furent  arrêtés  soit  à  Béfort  même, 
soit  en  Suisse,  au  mépris  des  droits  de 
la  neutralité.  L'acte  d'accusation  de  la 
cour  de  Colmar  porta  le  nombre  des 
inculpés  à  quarante-quatre  ;  Finstruc- 
tion  dura  neuf  mois ,  et  pendant  tout 
ce  temps,  les  prisonniers,  auxquels 
étaient  prodigués  les  témoignages  des 
plus  vives  sympathies,  montrèrent 
une  résignation  et  une  fermeté  dignes 
de  leur  cause.  Quatre  furent  conoam- 
nés  à  cinq  ans  de  prison ,  600  francs 
d'amende  et  deux  ans  de  surveillance  : 
c'étaient  Tellier ,  Dabland ,  Guinard 
et  Pailhès. —  A  ce  procès  se  rattachè- 
rent encore  deux  funestes  épisodes  :  la 
mort  du  général  Berton  qui ,  malgré 
réchec  de  Béfort,  s'était  obstiné  à  pro- 
voquer un  mouvement  à  Saumur, 
comme  d'autres  généraux  avaient  dd 
en  provoquer  par  toute  la  France  ,  et 
l'odieux  assassinat  du  brave  colonel 
Caron.  (Voy.  Berton  et  Caron.) 

CoLMARS ,  Colmartium^  petite  ville 
de  l'ancienne  Provence,  aujourd'hui 
chef-lieu  de  canton  du  département  des 
Basses- Alpes ,  tire  son  nom  d'une  col- 
line que  les  Romains  avaient  consacrée 


audieuMars,etsur  laquelle  les  premiers 
chrétiens  bâtirent  une  église  en  l'hon- 
neur de  saint  Pierre.  Cette  ville  était 
autrefois  divisée  en  plusieurs  bourga- 
des; mais  peu  à  peu  les  habitations  se 
réunirent  au  confluent  du  Verdun  et  de 
la  Sence,  et  y  formèrent  une  ville  que 
Raymond  de  Turenne  réduisit  en  cen- 
dres en  1390;  prise  par  le  capitaine 
Cartier  en  1588,  elle  tomba  enfin  dans 
le  dix-septième  siècle  au  pouvoir  de  la 
France ,  qui  en  fit  un&  place  de  guerre 
formidable.  Sa  population  n'est  que  de 
927  habitants. 

CoLMEY,  ancienne  seigneurie  du 
Barrois ,  aujourd'hui  département  de 
la  Moselle ,  à  2  kilomètres  de  Lon- 
guyon. 

CoLN ïT  DE  Ravel  (Charles- Joseph- 
Auguste-Maximilien  de),  littérateur, 
né  à  Mondrepuy  en  Picardie,  en  1768. 
Destiné  à  suivre  la  même  carrière  que 
son  père ,  garde  du  corps  de  Louis  XV, 
qui  s'était  distingué  à  Fontenoi ,  il  en- 
tra successivement  à  l'école  de  Rebais 
et  à  celle  de  la  Flèche.  La  révolution , 
qui  le  surprit  au  sortir  de  la  dernière, 
dérangea  ses  projets ,  et  après  avoir 
passé  par  plusieurs  vicissitudes  que  lui 
attirèrent  son  nom  et  ses  opinions ,  il 
se  fit  enfin  libraire  et  ouvrit  un  ma- 
gasin j  à  Paris,  au  coin  de  la  rue  du 
Bac,  vis-à-vis  le  pont  Royal.  Mais  il 
ne  se  donna  pas  tout  entier  aux  soins 
de  son  commerce ,  et  réserva  aux  let- 
tres une  partie  de  son  temps.  Sous 
l'empire  il  se  fit  remarquer  par  plusieurs 
morceaux  de  critique  littéraire,  et  par 
des  écrits  politiques  où  le  gouverne- 
ment impérial  était  spirituellement  et 
souvent  même  hardiment  attaqué.  A 
la  restauration,  qu'il  accueillit  avec 
joie,  il  entra  dans  la  rédaction  de  la 
Gazette  de  France^  et  ses  articles  con- 
tribuèrent pendant  plus  de  quinze  ans 
à  la  prospérité  de  ce  journal.  La  révo- 
lution de  juillet  lui  nt  perdre  les  pen- 
sions dont  on  avait  récompensé  ses 
services;  mais  il  survécut  peu  à  ce 
désastre  de  son  parti  et  de  sa  fortune, 
le  choléra  l'enleva  dans,  l'année  1832. 

CoLOBE.  Selon  du  Cange ,  au  mot 
Colobium,  c'était  une  tunique  sans 
manches ,  ou  dont  les  manches  ne  pas- 


d9S 


€XfL 


L'UNIVERS. 


COL 


Baient  pas  \q  coude ,  0ue  les  érémies , 
bribces  et  geHâ  de  loi  portèrent  long- 
leilips.  Lors  de  la  révolution  on  en 
voyait  ebcorfe  la  forme  dans  l'habille- 
tnent  de  plusieurs  ordres  religieux. 

Cologne.  —  Vers  Tan  441 ,  à  l*épop 
que  où  les  Francs,  chassés  de  la  GauIè 
par  Aéti us,  renouvelèrent  leurs  tenta- 
tives pour  s'établir  sur  )a  rive  romaine 
du  Knin ,  cette  antique  cité  de  la  Ger- 
manie occidentale  tomba  au  pouvoir 
de  leurs  bandes  dévastatrices,  en  même 
temps  que  Trêves  et  Mayence.  Cologne 
eut  pepeadant  un  autre  sort  que  ces 
deux  matnéureusés  villes.  Elle  ne  fut 
pas  livrée  aux  flammes ,  et ,  plusieurs 
mois  après  avoir  été  prise ,  elle  était 
encore  pleine  de  Francs  qui  y  demeu- 
rèrent quelque  tefnps  avec  leurs  fem- 
mes et  leurs  enfants.  Lors  de  la  grande 
invasion  des  Francs  d'outre-Rhm ,  en 
463,  Égidius,  interrompant  le  cours 
de  ses  victoires  sur  les  Visigoths ,  ac- 
courut à  Cologne  ;  maïs  les  Francs  ne 
lui  laissèrent  pas  le  loisir  de  se  mettre 
en  défense  ;  ifs  fondirent  sur  lui  en  si 
grand  noitibre,  et  avec  tant  d'impétuo- 
sité, que  Cologne  fut  emporté  d'as- 
saut ;  Ê^îdîus  lui-même  n'échappa  que 
par  la  fuite  au  carnage  des  siens. 

—  En  715,  Charles  Martel,  échappé 
de  là  prison  où  Plectrude  le  retenait 
dans  cette  ville,  et  soutenu  par  les 
Austr'asiens,  vint  assiéger  la  veuve  de 
son  père,  qui  fut  trop  heureuse  de  sb 
tirer  d'embarras  en  lui  livrant  ses  trois 
ïlls  et  Ijes  trésors  de  Pépin.  — L'anriéje 
suivante,  ()uand  sa  puissance  était  a 
peine  assise ,  Charles  fut  attaqué  sous 
les  murs  de  Cologne,  alors  comprise 
tians  l'Austrasie ,  par  le  Frison  Rad- 
bod ,  ligué  avec  Ragnifred  ,  maire  die 
Ch'Ipéric  ÎL  Cette  fois  il  ftit  battu  et 
réduit  à  se  réfugier  avec  une  troupe  de 
cinq  cetats  hommes  dans  la  forêt  des 
Arcfennes.  Depuis  le  démembrement 
de  l'empire  de  Charlemagne ,  la  ville 
sainte ,  devenue  toute  germanique  , 
h'eut  pliis  ,  jusqu'au  dernier  siècle ,  de 
rapports  avec  ta  France. 

—  A  la  fin  du  mois  d'octobre  1794  , 
Jôurdan,  voulant  profiter  des  avantages 
que  lui  assurait  la  prise  de  Juliers 
'(voye2  ce  mot) ,  divisa  son  armée  eu 


iTois  grandes  colonnes,  la  premièriè 
6e  porta  Isur  Bonn;  lui-même,  â  là 
tête  de  là  deuxième,  entra  dahs  Cô*- 
logne  sans  coup  férir ,  et  ]Vf arceau , 
avec  la  troisième,  eniporta  Coblentk , 
rendez-vous  de  l'émieràtîon.  tlologne 
devint  alors  le  fchef-lieù  du  départe- . 
ment  de  la  Roër. 

— Le  14  janvier  1814,  Ibrsque  nos  ar- 
mées durent  rétrograder  jusqu'aux  an- 
ciennes frontières  AeAo  France,  les 
généraux  Sébastîani  et  Arrighl  éva- 
cuèrent Cologne,  qui  Ait  occupée  le 
lendemain  par  les  Cosaques. 

Cologne  (congrès  de). — Louis  XIV 
venait  de  pénétrer  victorieusement 
en  Hollande ,  et  de  dévaster  le  Bran- 
debourg ,  et  ses  armées ,  commandées 
par  Turenne  et  Condé ,  tenaient  en 
échec  l'Allemagne  tout  entière.  L'Eu- 
rope, effrayée  de  la  puissance  du  grand 
roi ,  chercha ,  au  commencement  de 
l'année  1673,  à  s'interposer  entre  les 
parties  belligérantes.  La  Suède,  entre 
autres,  essaya  de  faire  accepter  sa  mé- 
diation par  la  France  et  la  Hollande  ; 
elle  proposa  d'abord  une  suspension 
d'armes  pendant  l'hiver;  mais  les 
Français  et  les  Hollandais  s'y  refusè- 
rent également,  et  elle  obtint  seule- 
ment qu'on  assemblât  un  congrès  à  Co- 
logne, où  l'on  vit  bientôt  5e  rendre  des 
ambassadeurs  de  France  ,  d'An^è- 
terre ,  de  Hollande ,  et  des  puissances 
médiatrices.  Toutefois,  les  prétentions 
exorbitantes  de  la  France  firent  Bien- 
tôt perdre  tout  espoir  d'arriver  à  une 
conclusion  pacifique.  Les  négociations 
traînèrent  en  longueur ,  et  elles  du- 
raient encore  eii  février  i674 ,  quand 
l'empereur  d'Allemagne ,  désirant  y 
mettre  fin,  fit  commettre  une  infâme 
violation  du  droit  des  gens ,  violation 
que  la  politique  tortueuse  et  perfide 
du  cabinet  autrichien  renouvela  au 
congrès  de  Rastadt ,  en  1799. 

L'Empereur  chargea  dix  officiers  du 
régiment  de  Grana,  en  garnison  à 
Bonn,  de  se  rendre  à  Cologne,  et  d'ar- 
rêter le  ministre  plénipotentiaire  de 
l'électeur  de  Cologne ,  le  prince  Guil- 
laume de  Furstemberg ,  auquel  l'Em- 
pereur ne  pouvait  pardonner  d'avoir 
décidé  l'électeur  à  livrer  passage  aux 


cot 


FRANCE. 


cbt 


ariiaéés  ftiihçatses.  té  14  février ,  lié 
prineë  Gitillaume  5e  rendant  près  dé 
réiébteùir  ftit  arrêté  bar  des  ofBciert 
mii  tirèreht  sur  sa  voiture.  Le  cocher 
H  Uëux  laquaîs  ifurerlt  tbës  ;  lés  pei*- 
sbnnes  qûi  accompagnaient  te  prince 
Furent  blessées  iddn^erbusemeht ,  mii 
les  agresseurs  mohtei'ent  sur  le  siège: 
à  ia  place  du  cocher ,  et  émmeiièrenc 
la  voiture  hors  de  là  ville  où  les  attén* 
dait  une  escorté  biitHchiénne  qui  leà 
conduhtt  à  Bonn.  G^t  attentiat  eût  le 
résultat  Uu'eh  attehdait  l'Empereur,  il 
causa  la  dissbhition  immédiate  du  coii* 
grès. 

CoLO^BÀT^  (Saînt)  naquît ,  en  54Ô, 
dans  le  Jiaj^s  de  Leîristér  en  Irlande, 
îl  fit  ses  études  et  devint  moine  dani 
)e  monastère  de  Benchor  ;  mais  la  vie 
hionotone  du  cloître  lui  devint  bien- 
tôt insupportable;  il  quitta  sa  patrie  et 
passa  eh  France ,  en  585 ,  avec  douze 
nioinfes  db  sôti  couvent ,  dans  Tînten- 
llon  di5  parcourir  !e  pays  et  d*y  prêcher 
la  réforme  des  moeurs.  Ses  paroles,  a(> 
cueillies  avec  empressement  par  les 
grands  iet  par  le  peuple ,  lui  firent  bien- 
tôt une  grande  reputatîota  de  sainteté. 
Arrivé  en  Bourgogne,  il  s'y  arrêta  d'a- 
près les  sollicitations  du  toi  Gontraq, 
et  il  fonda  un  monastère  au  milieu  des 
Vosges.  Mais  le  nombre  de  ses  disci- 
ples devint  bientôt  si  considérable, 
qu'il  fut  obligé  de  qditter  !^  montagne 
où  il  s'était  d'abord  établi ,  rt  de  cons- 
truire à  LuxeUil  une  maison  plus  vaste 
et  plus  acieessible.  ïl  y  établit  une  école 
qui  devint  la  plus  célèbre  du  huitième 
siècle ,  et  d'où  sortirent  une  foule  d'il- 
lustres docteurs  et  de  grands  prélats. 
Il  était  depuis  dix-neuf  ans  à  la  tête  db 
«e  monastère ,  lorsque  éclata  sa  (Jue- 
relle  avec  Théodoric  !I ,  rôî  de  Bour- 
gogne. «  Saint  Colomban ,  dit  M.  Gui- 
«  zot,  prêchait  U  réforme  des  mœurs, 
«  le  2èl0  de  la  foi ,  sans  tenir  compte 
k  d'aucune  co'n«idératiort  ,  d'aucune 
«  circonstance;  se  brouillant  avec  lefe 
i«  princes ,  avec  les  évêques ,  jetant  db 
«  tbus  côtés  le  fe.u  divin,  sans  s'inquié- 
«  ter  de  l'incendie  (*).  »  Ayant  flétri 
hautement  les  désottlres  du  roi,  il 

(*}  Cours  d'hist.  mod. ,  seizième  leçon. 


Plrrlta  éoràth  m  et  i*)^^sli  â  la  hâfné 
de  Brunehaut .  qui  excitait  le  Jeune 
prince  à  la  ë'éDauche.  Après  de  viO" 
lents  débâts ,  où  il  emplova  ilkne  énler- 
'gie  indbhiptable  -,  Colômbati  fut  fôk-cé 
de  quitter  la  Bourgogne ,  fut  conduit  h 
Mantes  et  ehibarqué  pour  l'Islande  \ 
hiais  le  vaisseau  qui  le  portait  fut  rejeté 
par  une  ténipéle  sur  les  côtes  dé  la  Bre- 
tagne. Il  revint  chiez  les  FHihcs ,  s'éta- 
blit dans  lés  États  de  Théédebert;.,  près 
ttu  lac  de  Geriêve;  et  quand  Théodebert 
^t  été  vaincu  par  Théodoi^ic ,  il  se  re* 
tît'a  en  Lombardie ,  où  Agîlulphe  l'ac* 
i^ueillit  avec  bonté.  Colomban  fonda 
dans  ce  pays ,  en  612 ,  le  monastère 
de  Bbbbio  ',  où  il  mourut  le  21  Novem- 
bre 615 ,  à  l'âge  de  76  ans.  On  a  con- 
JserVé  de  lUl  Une  règle  itionastique, 
quelques  lettres ,  queli(}ues  fragments 
poétiques  et  seize  discours  <lont  l'élo- 
quence fest  Vive ,  éhèrgique  et  passion- 
née. La  cbllectioh  de  ses  œuvres  a  été 
publiée  par  Thom.  Sirm;  Louvain, 
1667,  in-fol.  avec  les  notes  de  Fié*- 
ilning. 

€oLOMBAN,  abbé  dé  Saint -Troh, 
mort  au  milieu  du  neuvième  siècle ,  et 
auquel  on  attribue  le  poème  intitulé 
de  Origine  atque  prirnordiis  gentils 
Franc&mm  {sUrpis  ÇarôUftse).  Cet 
ouvrage,  écrit  vers  840,  et  dédié  à 
Ckurles  le  Chauve  ^4d\t  partie  de  la 
collection  des  hlstoriif^hs  de  France, 
publiée  par  dorti  Bouquet. 

Colombe  (  Sainte  ) ,  vierge  chré- 
tienne, martyrisée  à  Sens,  sous  Marc- 
Aurèle,  selon  les  uns,  et  appelée  la 
première  martyre  de  la  Gaule  ceM- 
g«e;  soûs  l'ërhpereur  Auréllert,  verfs 
273 ,  selon. d'autres 4  dont  l'opinion  est 
plus  probable.  Tous  lés  faits  dont  on  a 
composé  son  histoire  sont  incertains  ; 
mais  y  dès  le  septième  siècle .  elle  était 
à  Paris  l'objet  d'une  grande  vénéra- 
tion, et  Dagôbert  lui  fit  faire  uhe  châsse 
magnifique  qui  l^it  placée  à  Sens  dalilis 
l'église  des  bénédictins. 

CoLOitBBL  (Nicolàîs) ^  peintre,  hà- 
quit  à  Sotteville ,  près  de  Rouen  ,  en 
1646,  et  mouirut  à  Paris  en  X'Jil.  Il 
fut  élève  de  Lesueur,  et  il  est  le  seul 
artiste  distingué  qui  soit  sorti  de  l'é- 
cole de  ce  grand  peintre.  Il  tut  reçu  à 


BOO 


COL 


L'UNIVERS. 


CÙL 


]*Académîe  de  peinture  en  1694,  à  son 
retour  dltalie.Ses  tableaux  sont  froids, 
inais  d'un  excellent  goût. 

CoLOMBiEB  (droit  de). — L'honneur 
d'avoir  dans  sa  basse  -  cour  une  tour 
élégante  surmontée  d'une  girouette  ou 
d'un  pigeon  en  faïence  n  appartenait 
jadis,  surtout  dans  .les  pays  de  droit 
coutumier,  qu'au  seigneur  haut  justi- 
cier (*) ,  quand  même  il  n'eût  eu  au- 
cune terre  en  domaine  pour  nourrir 
ses  pigeons  {**),  Tout  au  plus  était-il 
permis  au  roturier  de  construire  une 
volière  dans  quelque  grenier  de  sa 
maison ,  s'il  avait  cinquante  arpents 
de  terre. 

.  Le  manant  qui  tirait  sur  un  pigeon 
était  poursuivi  comme  voleur  (ordon- 
nance de  Henri  IV ,  du  mois  de  juillet 
1607),  ou  même  condamné  aux  galères. 
£n  1721 ,  un  paysan  dut  payer  une 
forte  amende  pour  avoir  effrayé  et 
blessé  un  des  pigeons  seigneuriaux  qui 
dévastaient  son  champ  nouvellement 
ensemencé. 

CoLOMBiEBE  (Glaudc  de  la),  jésuite, 
né  en  1641  à  Saint -Symphorien,  près 
de  Lyon ,  professa  d'abord  la  rhétori- 
que au  collège  de  cette  ville;  lise  voua  en- 
suite exclusivement  au  ministère  de  la 
prédication  ,  puis  se  retira  à  Paray  le 
Monial ,  où  il  devint  le  directeur  de  la 
célèbre  Marie  Alacoque ,  et  Ton  croit 
même  qu'il  est  auteur  de  la  vie  de  cette 
religieuse,  publiée  par  Languet.  Il 
coopéra  avec  elle  à  faire  instituer  la 
fête  du  Sacré-Cœur  de  Jésus ,  dont  il 
composa  l'ofQce.  Il  mourut  en  1682 , 
avec  la  réputation  d'un  saint.  Sans 
mériter  d'être  placé  parmi  les  prédica- 
teurs de  premier  ordre,  le  père  de  la 
Colombière  offre  dans  ses  sermons  des 
qualités  distinguées  :  on  y  trouve  as- 
sez de  chaleur  et  d'action,  et  un  style 
généralement  agréable  et  naturel. 

Colon.  —  Sous  la  domination  ro- 
maine ,  le  colon  était  celui  qui ,  ayant 
été  originairement  esclave,  avait  été 
affranchi ,  à  la  condition  de  s'attacher 

(*)  La  tour  et  la  girouette  étaient  des  mar- 
ques de  noblesse. 

(**)  Cette  condition  était  seulement  exigée 
dans  quelques  provinces. 


à  la  culture  d'un  domaine  qu'il  faisait 
valoir ,  soit  pour  le  compte  de  son  an- 
cien maître ,  qui  était  tenu  de  pour- 
voir à  sa  subsistance  et  à  celle  de  sa 
famille  ;  soit  pour  le  sien  ,  à  la  charge 
d'une  redevance.  Le  colon  participait 
de  l'homme  libre  et  de  l'esclave  :  de 
l'homme  libre,  en  ce  que  le  propriétaire 
du  fonds  n'avait  aucune  autorité  sur 
sa  personne,  et  qu'il  jouissait  de  quel- 
ques droits  civils;  de  l'esclave,  en  ce 
au'il  était  tellement  incorporé  au  fonds 
.  e  l'héritage ,  qu'il  ne  lui  était  pas 
permis  de  s'en  éloigner  sans  le  consen- 
tement du  maître;  il  pouvait  y  être 
ramené  de  force  et  remis  en  servitude 
s'il  désertait.  Sans  être  serf  de  corps, 
il  était  esclave  de  la  terre ,  et  ce  que 
l'on  appelle  en  législation  ,  immeuble 

Sar  destination.  Il  transmettait  sa  con- 
ition  à  ses  enfants ,  qui ,  ainsi  que 
lui ,  avaient  besoin  d'un  second  affran- 
chissement pour  entrer  dans  la  classe 
des  hommes  libres  ou  ingéims.  Les  re- 
gistres du  cens  contenaient  un  état  de 
tous  les  colons;  ils  y  étaient  naéme 
taxés  à  certains  tributs,  en  conséquence 
desquels  on  les  nommait  aussi  trihitr 
taires  ;  mais  quand  ils  faisaient ,  pour 
eux  ou  leurs  propriétaires ,  trafic  des 
denrées  qu'ils  récoltaient ,  ils  n'étaient 
point  soumis  à  l'impôt  appelé  collation 
lustrale  que  payaient  les  négociants. 

Comme  on  le  voit,  les  colons,  sous 
la  domination  romaine,  étaient  tous 
de  véritables  serfs  :  il  n'en  fut  pas  de 
même  après  la  coiiquête  de  la  Gaule 
par  les  JFrancs.  Alors  on  entendit  par 
colons,  des  cultivateurs  auxquels  les 
grands  propriétaires  distribuaient  une 
partie  de  leurs  terres  pour  les  cultiver 
et  y  vivre ,  à  charge  d'une  redevance, 
ou  d'autres  servitudes. 

Ces  colons  étaient  tantôt  des  hom- 
mes libres ,  tantôt  de  véritables  serfs, 
souvent  de  simples  fermiers,  souvent 
aussi  des  possesseurs  investis  d'un 
droit  héréclitaire  à  la  culture  des 
champs  qu'ils  faisaient  valoir.  De  là 
vient  la  variété  des  noms  sous  lesquels 
sont  désignées ,  dans  les  actes  anciens, 
les  métairies  exploitées  à  des  titres  et 
selon  des  modes  différents;  de  là  vient 
aussi  le  nombre  et  l'infinie  diversité 


eot 


FRANCE; 


COL 


801 


des  redevances  et  des  droits  connus 
plus  tard  sous  le  nom  de  droits  féo» 
daux.  Suivant  le  polyptique  de  l'ab- 
baye de  Saint-Germain  des  Prés ,  qui 
considère  toujours  les  colons  comme 
ingénus ,  ces  hommes  avaient  non-seu- 
lement un  pécule,  mais  encore  des 
biens  qui  leur  étaient  propres ,  et  qui 

Provenaient  soit  d'acquisitions,  soit 
'héritages.  Leurs  redevances  étaient 
en  général  plus  douces  que  celles  des 
serfs,  et  il  est  facile  de  reconnaître 
dans  ce  précieux  document,  que  les 
colons  étaient  pour  la  plupart  des 
hommes  qui  avaient  accepté  volontai- 
rement le  servage ,  soit  pour  éviter  le 
service  militaire ,  soit  pour  obtenir  la 
jouissance  d'une  partie  du  sol. 

La  loi  de  la  concession  faite  au  co* 
Ion  réglait  ordinairement  le  mode  de 
succession  de  ses  biens  ;  seulement ,  à 
chaque  mutation  dans  les  tenures ,  le 
seigneur  percevait  une  redevance. 

Les  redevances  imposées  aux  colons 
variaient  à  l'infini,  comme  nous  l'avons 
dit  plus  haut.  Parmi  les  redevances  en 
argent  payées  par  les  colons  ,  nous  ci- 
terons le  chevage,  impôt  consistait 
ordinairement  en  quatre  deniers;  et 
Fost  ou  herban ,  au  moyen  duquel  il 
se  rachetait  du  service  militaire. 

Le  fermage  de  la  tenure  se  payait 
quelquefois  en  argent,  mais  souvent 
aussi  en  nature  ou  en  services  de  corps. 

La  garde  y  le  gttety  la  chevauchée  ^ 
les  charrois ,  les  corvées,  les  travaux 
dans  les  bois  étaient  les  services  de 
corps  les  plus  habituellement  exigés. 
Du  reste ,  même  dans  la  condition  la 
plus  dure,  le  colon  avait  ordinaire- 
ment trois  jours  à  lui  par  semaine. 

Le  colonat  prépara  une  révolutign 
dans  la  propriété.  «  Les  colons ,  dit 
M.  Guizot  Clans  ses  Essais  sur  Phis- 
Mre  de  France ,  acquirent  peu  à  peu, 
et  de  génération  en  génération,  de 
nouveaux  droits  sur  le  sol  qu'ils  fai- 
saient valoir.  A  mesure  que  s'apaisa 
Ja  tourmente  sociale ,  ces  droits  pri- 
rent plus  de  consistance  ;  il  devint 
difficile  de  considérer  comme  un  sim- 
ple fermier  et  d'expulser  à  volonté  le 
ooloD  dont  les  pères  avaient  depuis 
longtemps  cultivé  le  même  champ, 


sous  les  yeux  et  au  profH  des  pères  du 
seigneur.  Ainsi ,  le  travail  sanctionné 
.  par  le  temps  reconquit  ce  qu'avait 
usurpé  la  force,  adoucie  à  son  tour 
par  la  même  puissance;  les  proprié- 
taires s'étaient  vus  contraints  de  se  ré- 
duire à  la  simple  condition  de  cultiva-> 
teurs;^  les   cultivateurs   redevinrent 

()ropriétaires  ;  mais  ce  fut  là  l'œuvre 
ente  des  siècles.  »  (Yoy.  Pebsounbs 
[étal  des]  et  Propriété.  ) 

Colonel.  Titre  que  l'on  donne  à 
l'officier  supérieur  oui  commande  un 
régiment,  et  dont  le  grade,  dans  la 
hierarchfe  militaire,  vient  immédia- 
tement après  celui  de  maréchal  de 
camp. 

G  est  sous  le  règne  de  Louis  XII 
que  l'on  voit  apparaître  pour  la  pre- 
mière fois  le  titre  de  colonel ,  qui  fut 
alors  associé  à  celui  de  capitaine  et 
donné  aux  chefs  des  bandes  dont  se 
composait  alors  l'infanterie  française. 
François  I"  le  donna,  en  1534,  au 

1>reinier  capitaine  dé  chacune  de  ses 
égions.  On  sait  que  l'organisation  de 
ces  corps  dura  peu,  et  que  l'on  en  re- 
vint bientôt  au  système  des  bandes 
militaires.  Les  chefs  de  ces  corps  con- 
tinuèrent à  porter  le  titre  de  colonels 
jusqu'en  1544 ,  époque  de  la  création 
de  la  charge  de  colonel  général.  Les 
chefs  de  corps  furent  alors  appelés 
mestres  de  camp,  puis  successivement 
colonels  ,  de  1661  à  1721  ;  mestres  de 
camp,  de  1721  à  1730;  colonels,  de 
1730  à  1780  ;  et  mestres  de  camp ,  de 
1780  à  1788. 

Cette  variation  dans  les  titres  adop- 
tés pour  désigner  les  chefs  de  corps , 
était  occasionnée  par  la  suppression 
ou  le  rétablissement  de  la  charge  de 
colonel  général.  Ainsi  ces  officiers 
étaient  appelés  mestres  de  camp  quand 
il  y  avait  un  colonel  général  y  et  re- 
prenaient le  nom  de  colonel  toutes  les 
fois  que  la  charge  de  colonel  général 
était  supprimée. 

Une  ordonnance  du  25  mars  1776 
aiouta  au  titre  de  mestre  de  camp , 
alors  en  usage,  celui  de  commandanty 
pour  distinguer  le  mestre  de  camp 
qui  commandait  un  régiment ,  du 
mestre  de  camp  en  second,  grade  qui 


lot 


Cftl4 


i,in«yKfts- 


€9h 


prenait  rani;  aprè^  )e  iif^tire  4^  ^(oii 
fonimi^9d«9t. 

Qne  ordoonaneo  du  H  ^9trs  n^iS^ 
^  aupf rinnaçl  les  iii^stce$  4e  çawq 
ea  sécotKJi,  fendit  aux  m^ties  ()e  e^iiiop 
commandiaots  le  titre  de  oolopçl  t  qug 
ces  offieiers  supériears  n'ont  pim 
quitté,  si  ce  n'est  depuis  le  décret  di4 
2t  férrier  1798 ,  qui  substitua  à  cett^ 
dénomination  celle  de  ch^de  Mgacle^ 
jusqu'au  décret  du  t*'  vendémiaire 
ap  xii,  qui  le  rétablit. 

Un  décret  impérial  du  S3  ma.r3  1809 
créa  quarante-sii^  colui^is  eu  second., 
destinés  à  commander  tous  les  corps 
provisoires  dont  la  formation  pourrait 
être  jugée  nécessaire,  t^e  nombre  de 
ces  officiers  fut  réduit  à  vingt,  par 
décret  du  9  mars  18 M.  Leur  grade  fut 
supprimé  à  la  restauration. 

La  loi  d'avancement  du  Jl4  avril 
I83â  laisse  entièrement  au  choix  du 
roi  ia  nomination  des  colonels;  elle 
n'impose  aux  candidats  d'autre  condi^ 
tion  que  celle  d'avoir  servi  au  moins 
deux  ans  dans  le  grade  de  lieutenant* 
colonel. 

Les  attributions  die  ces  officiei:s 
étaient  autrefois  fort  étendues  ;  iis 
noarchaient  dans  la  hiérarchie  immé- 
diatement après  les  généraux  en  chef; 
mais  leur  importanoe  alla  toujours  e9 
déclinant ,  à  mesure  que  de  nouveau;;: 
agents  intermédiaires  vinrent  se  placer 
entre  eux  et  le  pouvoir  suprême ,  et 
leur  autorité  se  trouva  en  qéfinitive  à 
peu  près  resserrée  dans  les  limites  où 
elle  est  actuelteinent  renfernofée. 

Les  devoirs  et  l'autorité  du  colonel 
s'étendent  aujourd'hui  à  toutes  les 
parties  du  service  ;  il  est  responsable 
de  la  police ,  de  la  discipline,  de  la  t^ 
nue,  de  l'instruction,  et  il  dirige  l'ad- 
ministration du  corps  dont  le  com- 
mandement lui  est  confié.  Il  veille  à  ce 
que  les  officiers  des  différents  grades 
restent  tous  dans  leurs  attributions. 
Son  autorité  doit  se  faire  sentir  plu- 
tôt par  impulsion  que  par  vine  action 
immédiate.  £n  un  mot ,  il  exerce  sur 
son  régiment  l'influence  que  donne  la 
supériorité  de  l'instruction  ,  du  talent 
fit  de  la  bonne  oonduito.  Tels  sQut^  4v 


moins,  lesyçfiux  ^u  règlenjieu^;  mais 
il  fçiud.r^»t,  pqqr  qu'ils  tussent  ren[ipii|, 
q^ç  le  mérite  reconn^  eilt  plus  w 
ptart  que  la  faveur  et  lés  conside^atjo.ps 
politiques,  au  choix  des  che(s  de  corp^î 
c$  c'est  ce  qui,  nialheureusejnent^ 
pWrive  pais  toujours. 

Colonel  gé«4r<U  de  rinfcknfex^»  -; 
Ce  fut  dix  ans  après  ripstitutibn  dçS 
logions,  vers  Tai^  1544,  que.  Fran- 
çois Y'  cyéa  Içi  çbarjge  de  cplonel  géné- 
ral de  l'infanterie.  Cette  charge  était 
la  plus  considérable  de  l'armée  après 
celle  de  maréchal.  Ses  prérogatives 
étaient  très-grandes,  et  eUes  furent 
encore  augmentées  sous  le  règne  de 
Henri  m  ,  qui,  en  1584,  ^èng^d.  en 
charge  de  la  couronné.  Le  colonel  gé- 
néral commandait  toute  Tinfantene; 
c'était  lui  qui  commissionnait  les  of- 
ficiers ,  et  aucune  nomination ,  m^aiç 
pour  l'epipfoi  de  caporal  ou  d'auspes- 
sâde ,  ne  pouvait  être  faite  sans  son 
agrément.  Il  avait  deux  compagnies 
colonneUes  qui  tenaient  le  premier 
rang  parmi  les  autres  compagnies  oa 
bandes  de  l'armée,  et  qui  seules  avaient 
le  droit  de  porter  un  drapeau  blanc. 
Lorsque  les  régiments  eurent  été  ins- 
titués, chacun  d'eux  eut  sa  conopagnie 
colonnelle ,  qui  était  la  première  da 
régiment ,  et  dont  le  capitaine  prit  le 
titre  de  lieutenant -colonel,  comniie 
représentant  ou  tenant  \ieù  du  colonel 
général. 

Nous  avons  vu  que  h  charge  de 
colonel  général  avait  été  supprimée  et 
rétablie  à  différentes  époques.  Sous 
l'empire,  il  n'exista  point  de  colonel 
général  de  l'infanterie ,  mais  ce  titre 
reparut  pour  quelque  temps  au  com- 
mencement de  la  restauration  ;  il  y  eut 
ménie  un  colonel  général  de  l'infan- 
terie légère. 

Voici  la  liste  des  CQlor\çIs  généraux 
dç  l'infanterie  y  depuis  leur  çréatroit 
jusqu'à  nos  jours  : 

i544>  Jean,  «ir«  de  Taix,  nomm^  p«r  ooinaussion. 
1547.  Charles  de  Cossé,  comte  de  Brisiic,  id. 
1547.  Gas|)ard  de  Coligny,  seigiiecir  de  diMUIflai 

en  titre  d'office. 
x5$5.  François  de  CoUgiiy,  sou  fràre»   WfOffiS 

d'Andelot,  id. 
i558.  Biaise  de  Montluc,  id. 
iStfo.  Charles  de  là  lothefOQMidd,  coyito  #9 1^ 

d^»  id. 


C0I4                  JFAÀVCë-  poj'                 *»» 

.56..  TiZwt 'I.  cri: ';':;;rB^,.c,M.  peau ,  ind/pendammenT  d^  1^'  garde 

1S69.  PtkitjppéStrocei,  seigneur  d'Él>ernay,id.  qU  il    Oevait   dVOir    CpHlflie    pnnce    OU 

i5S2.  /mih-Lpvia  4«  Hogaiet  d«  la  Valette,  duo  cofTime  officier  général  QB  1  simiée;  il 

î;te.r»Ô"'ir:."m«  ^'ctr^  pouvait  faire  grfçe,  mdmè  pour  crime 

de  la  couronne.  eapiUi ,  ai|]E  ofuciers  6t  soldatsf  qe  sai 

ï6io.  ^«Riinrd  de  ifogaret  de  1»  vaiena,  ion  fîi«.  Compagnie,  et  décidait  Souverainement; 

depuis  duc  d'Epernon    eu  ,6io .  soua  ^jg  ^^^^^^  |gg  querelles  entre  les  Offii 

Louis  aI1|.  .              .              .^       «j     '  '       *                       j  t 

A  la  mort  de  ce  demier,  en  i66f,  U  ohargt  CierS  SUlSSeS.  I|  a Vai t  eU  OUtrO  UUC  garOC 

de  colonel  (énémi  (lit  sopprimée.  ^e  douzc  trabaus  OU  l^aUebarqiers , 

''"•  ^^  ',«''L^ïe'ctr^rl^:  d'eJLis^Sâï  eoUetcnus  aux  dépens  du  roi.  H  por^ 

d'Orléans,  qui  donna  sa  démission  le  5  tait,    DOUr  marqife    dlStinC^VC    06    S^ 

décembre  xjio.  dignité,  six  drapçaux  du  régiment  des 

1780.  Louis  Xyi  rétablit  de  nouveau  la  charge  de  gaj.jjçg  ^^^^^  ^^  sautoit  derrière  ré- 
colonel général  en  1780,  et  en  revêtit  Louu  ©«♦m*»»   k»"«"-»  v»»  »««•«••. 
de  Bourbon,  prince  de  Condé,  qui  I*occnpa  CUSSOn  06  868  armCS* 
jusqu'en  Î788,  époque  où  elle  fut  encor»  La   ChargC   dC    COlOUCl    général    dCS 

une  fois  supprimée.  Sulsscs  et  Grisons  disparut  à  la  révo- 

En  1814,  Louis  XVIII  rendit  aq  lution;  mais  l'empereur  la  rétablit,  et 

prince  de  Condé  le  titre  de  colonel  gé-  la  restauration  la  conserva.  Elle  a  été 

néral,  et  ce  prince  le  conserva  jusqu'à  je  nouveau  supprimée  a  la  révolution 

sa  mort,  arrivée  en  1818.  de  1830. 

Le  duc  de  Bourbon,  son  fils,  fut  j^es  colonels  généraux  des  Suisses 

pourvu,  en  1814,  du  titre  de  colonel  et  Grisons  ont  été,  depuis  la  créatiqn 

général  de  T  infanterie  légère.  de  cette  charge  : 

Depuis  Ja  charge  de  colonel   gêné-  ^comtede  Montmorency  4e  Méru,  eu....   ^5^ 

rai  de  1  infanterie  a  ete  définitivement     Pe  Hariay  de  sand.  en 1 596 

supprimée.  Henri  duc  de  Rohan,  en i6o5 

Colonel  général  des  Suisses  et  Gri-,     ^r.té'e'„'':6^,!'°"''""'  " '"* 

sons.  —  Cette  charge  n'était  autrefois     u  marquis  de  coisUn.  en t634 

qu'un  emploi  temporaire,  et  cepen-     te  marquis  de  la  châtre, en ....; t64a 

x4nn4-   ;i    At\l*  4-^..:rx7,»o    ^««..^X   -»«^  ..^  Lc  maréchal  de  Bassompicrrc ,  rétaWi  «H . . .    io4f 

dant   11   était   toujours    occupe   par   un       Le  maréchal  de  Schomberg.  en 164) 

prince.  Charles  iX  rerigea  en   titre     Le  comte  de  soissons,  en tes? 

d'office  en  faveur  de  Charles  de  Mon tr     J-^  <^"5  *^"  ?*^™* v®"  •  *• •  •  *^Zi 

morency  de  Méru,  en  1571.  Le  corn^  L^ H^'c^S";^";::;::::;::::::;:  V,ll 

n^ncjenient  de  toutes  les  troupes  suis*     u  comte  d'Artois,  en ...  « t??' 

ses  lui  fut  attribué,  excepté  toutefois  Le  maréchal  Lannes  dûc  de  Montebello,  en. .   i8ot 

rpliii  dp  la  pnmnâffnip  dp<!  rpnt  SiiÎç^îpjb  ^  maréchal  vîcecontafétâble  prmwï  de  Neuf- 

cpiui  ue  ia  compagnie  ues  cent  auissck        ^j^^tér  et  de  WàgMmveii 1800 

qe  la  garqe.  Cette  charge  n  était  poiqj;     te  comté dArioîs,  en.. t8a 

une  charge  de  la  couronne  ;  cependan|;     ^^  ^"^  ^®  Bordeaujt,  en «sai 

celui  qui  eq  était  pourvu  prétait  serr  Colonel  général  de  la  cavalerie  lé' 

ment  entre  les  mains  du  roi.  gèreetétrangèi^e.  —  La  création  de  ce 

Le  colonel  général  des  Suisses  avaij;  grade  remonte  à  Louis  XII,  (]ui  nom- 
différents  privilèges,  tels  que  celui  de  ma  ilL  de  Fontrailles  capitaine  gêné' 
la  nomination  aux  emplois  de  colon^  rai  des  Albanais.  Sous  Henri  II,  cette 
et  de  capitaine,  celui  de  faire  portep  charge  fut  remplacée  par  Celle  de  cd^ 
les  couleurs  de  sa  livrée  aux  drapeaux  loneiaénéral  de  la  cavalerie;  maiç 
4es  coa)i>agnies ,  excepté  à  celui  de  la  elle  n^était  donnée  (yie  par  commis- 
GOippagnie  dont  il  était  le  chef,  que  sion,  et  elle  ne  fut  érigée  en  titre  d'o& 
l'on  opmmait  la  générale.  Cette  cpm-  fice  que  sous  Charles  IX,  en  1565. 
pagnie  avait  le  drapeaq  blanc,  et  mar-  Les  privilèges  du  colonel  général 
cbait  en  tête  du  régiment  des  garde^  de  la  cavalerie  étaient  considérables  : 
suisses ,  quoiqu'elle  formât  uo  coi:pf  cet  officier  commandait  toutes  les 
séparé*  tjrpupes  de  son  arme,  les  passait  en  re- 

Le  fiolop9l  général  ^yait  chez  )ui  vuô  im^ad  |l  le  jugeait  convenable, 


804                    €0t               L'UNIVERS.  COL 

présentait  à  la  nomination  du  roi  |)our  reur,'créa  plusieurs  colonels  gëù^aux 

tous  les   emplois;  les  commissions  de  sa  maison  militaire,  et  investit  de 

n'étaient  valables  qu'autant  qu'elles  cette  dignité,  pour  les  grenadiers  à 

avaient  été  présentées  à  son  visa,  ce  pied,  le  maréchal  Davoust;  pour  les 

qui  s'appelait  prendre  l'attache  du  chasseurs  à  pied ,  le  maréchal  Soult; 

colonel  général;  enfin,  il  avait  la  haute  pour  la  cavalerie,  le  maréchal  Bessiè- 

inspection  sur  la  police,  la  discipline,  res;  pour  Fartillerie  et  les  matelots, 

radministration,  les  remontes,  etc.  le  maréchal  Mortier.  Le  prince  Eugène 

Louis  XIII  ayant  pris  à  sa  solde  Beauharnais  porta  pendant  quelques 

beaucoup  de  cavalerie  allemande,  créa  années  le  titre  de  colonel  général  des 

pour  cette  cavalerie  ua  colonel  gêné-  chasseurs  à  cheval;  et  en  1813,  le  ma- 

rai  qui  fut  indépendant  de  celui  de  la  réchal  Suchet  fut  nommé  Tun  des  co- 

cavalerie  française.  Cette  charge  fut  lonels  généraux  de  la  garde.  Cette  di- 

donnée  par  commission,  en  1636,  à  gni  té  fut  abolie  en  1814. 

Jean  Streiff  de  la  Vonslin.  Le  baron  Colonel  général  des  carabinier  s,— 

d'Engenfeld  lui  succéda  en  1638 ,  et  Le  prince  Louis,  frère  de  l'empereur, 

lorsque  ce  dernier  quitta,  peu  d'an-  fut  le  seul  qui  posséda  ce  titre  sous 

nées  après ,  le  service  de  France ,  sa  l'empire.  Le  duc  d' Angouléme  le  prit 

charge  fut  supprimée  et  réunie  à  celle  en  1814,  et  le  porta  jusqu'à  la  révolu- 

du  colonel  général  de  la  cavalerie  fran-  tion  de  juillet  1830,  oii  il  fut  supprimé, 

çaise  et  étrangère.  Colonel  génércd  des  chctëseurs  à 

Ce  dernier  office  fut  aboli  en  1790,  cheval.  —  Ce  titre,  créé  en  1808  pour 

et  ne  fut  point  rétabli  depuis.  le  général  de  division  Marmont ,  de- 

Le  colonel  général  de  la  cavalerie  puis  duc  de  Raguse,  fut  donné  Tan- 
légère  portait  pour  marque  de  sa  di-  née  suivante  au  général  de  division 
gnité  six  cornettes  aux  armes  de  Fran-  comte  Groucliy,  lorsque  Marmont  fut 
ce ,  passées  en  sautour  derrière  l'écu  élevé  à  la  dignité  de  maréchal  de  Tem- 
de  ses  armes.  pire.  Il  fut  aboli  à  la  restauration. 

Voici  la  liste  de  ces  officiers,  depuis  Colonel  général  des  chevau-légers 

leur  origine  jusqu'à  leur  suppression  :  lanciers.  —  Ce  titre,  conféré ,  par  or- 

De Fontrailles,  premier  cpiuine  géDéral  des  donUanCC  du  16  mal  1814,  aU  duC  (jC 

AitMMis ,  sous  Louis  xji,  en Mg!»  Bcrrî ,  fut  porté  par  ce  prince  jusqu  a 

cbBries  de  Cessé,  en. i54S  sa  mort,  arrivée  en  1 820. 

îï:,"'»  d.tT.'i':'  d«  d.*5»:L::«:  :  :  :  llll  ^  Colonel  général  des  çuirassUrs.- 

Le  duc  de  Guise,  en. iSôg  Ce  titrc ,  confcre  par  I  empereur,  en 

De  DaoïTUie.  en is?!  jgQg ^  qq  général  dc  division  GouvioD 

Sîïm'Ta'rr^;;:::;::::::;:::.*.'::..'.'.':  îs^î  saînt-cyr,  fut  ensuite  porté  par  le  ge- 

Le  doc  d*Aomaie,'e^.  ' x585  uéral  dc  divisiou  Bclliard.  Louis  XYin 

De  le  Guiche,  en x586  ledonua,  cu  1814,  au  duc  d^Angoo- 

S.ri^Sï'^.tebVco'-îe-ïii.e;^;;:»::;;  llll  lênje  qui  le  porta  jusqu'en  1830. 

Le  duc  des  ursins,  en. i589  CoUmel  général  des  dragous» — Les 

Le  comte d'AuTerçne .en 1 696  attributîons  dc  ccttc  chai^e  étaient  à 

u5::îi!srar.:  ^iiuïiu;;;^;;»:  îlrJ  p»»  pr*?  i»  mêmes  que  ceiies  du  «>. 

Françob  de  Valois,  comte  d'Aiais.  en 161 8  loncl  général  de  la  cavaleric  légère. 

Le  duc  de  Rohan.  en 1618  Créée   cu    1668,    pouT    Ic    duc  de 

"^nn^sî'^^^ïtr:  .Tî!  ^'.^"^T^:.  T.  i6aa  La«zuo ,  cllc  ne  fut  Supprimée  qu'à  la 

Louis  de  Valob,  comte  d'Al'a'isV»! !!!!...!  i6a6  révolutiOU  dO  1789.  LB  titTC  fut  réta- 

Le  duc  de  Joyeuse,  en. i65o  blî  SOUS  l'empire,  oonservé  par  la  res- 

î^ ^"l'ill^^Tl^'n^:^'  '^ .'Si  tauraUon ,  et  aboli  une  dernière  fois 

l«e comte  a  AuTcrgne»  son  nerea»  en 1075  ,          r      ■    .-           «•••■.                  *. 

Lecomted'ÉTreax,en 170$  par    la    réVOlutlOD    dC    jUllICt.     Avaot 

Le  prince  de  Tureone,  en 1740  1789,    IC  COlonel  général  pOMaît  pOUr 

Le  »ar<|u>s  de  Béthmie,  en .739  maroue  dîstinctîve  de  sa  dignité  six 

Coloffiels  généraux  de  la  garde  tm^  étenoards  semés  de  fleurs  de  lis,  et 

pérkde.  —  Napoléon ,  devenu  empe-  passés  en  sautoir  derrièfe  l'éco  de  ses 


COL                 FRANGE.  fioi.                   BOS 

armes.  Voîci  la  liste  des  colonels  gêné-  si  elle  était  admise,  Tabandon  des  co- 
raux des  dragons  depuis  leur  création:  lonies  que   possède  aujourd'hui   la 

u>  duc  4«  Lauzttn,  eii x668  Francc;  cUe  causerait  la  ruine  de  notre 

D'Arçouge»  de  Rannes.  en 1678  marine  ct  la  pcrtc  dc  Hotrc  iofluence 

î::.t'.'d.'î^r«::::v.:::::::::::::::  «tî  «lans  le  monde;  eiie  noas  «viraitia 

Le  duc  de  Gakhe,  en 1703  part  qUI  UOUS  CSt  QUC,   danS  IC  dfOlt, 

Le  maréchal  dac  de  Coigny,  en 1704  de  propagcr  au  loiu  Ics  bicnfaits  de  la 

!::  rrî^h.'.'ÏJî'^inT «'•.!":::::::::::  :',48  civilisation.  £»««,  la  dernière  oonsé. 

Le  duc  de  Cherreuse  et  de  Lnynes,  en 1754  CpienCC    d  UnC    telle    manière   dC   VOir, 

Le  duc  de  Coigny,  en 1771  serait  pour  nous  d'abaudonuer  à  notre 

î:co°:.t%X'.^"-iiim;;i;™::::::::::  XI  ^™«"e  ^vale  les.mers  et  Ic  com. 

Le  comte  Mansouty,  en 18  f .  mercc,  pour  ëtrc  rcjctes  sur  le  conti* 

u  duc  d'Angoaiéme,  en t8i4  ucnt ,  ct  mis  aux  pHses  avec  notre 

Colonel  général  des  gardes  natio^  véritable  alliée ,  T Allemagne. 

nules  du  royaume,  —  Ce  titre ,  con-  Cherchons  donc  à  réfuter,  par  This- 

féré  en  1814,  par  Louis  XVtlI,  au  toire,  les  assertions  de  ces  hommes, 

comte  d*Artois,  fut  porté  par  ce  prince  qui  cherchent  dans  Thistoire,  qu'ils 

jusqu'à  son  avéniement  au  trône.  De-  altèrent  à  dessein,  des  arguments  pour 

puis ,  il  a  été  supprimé.  soutenir  leurs   assertions  mensoiigè- 

Colonel  général  des  hussards.  —  res,  et  justifier  en  quelque  sorte  leurs 

Cette  charge ,  créée  par  Louis  XVI ,  le  ooupables  menées. 

22  novembre  1778,  en  faveur  du  duc  II  n'est  pas  vrai  que  la  France  soit 

d'Orléans,  était  un  démembrement  de  venue  à  la  suite  des  autres  nations  de 

celle  de  colonel  général  de  la  cavalerie  l'Europe  dans  le  grand  mouvenient  de 

légère.  Elle  fut  supprimée  en  1790.  Le  découvertes  géographiques  et  de  colo- 

titre  fut  rétabli  par  l'empereur  en  nisation  qui  eut  lieu  au  quinzième  et 

1808,  et  conféré  au  général  de  division  au   seizième  siècle.  La   France  les 

Junot ,  duc  d' Abrantès ,  qui ,  à  sa  mort,  avait,  au  contraire^  précédées  toutes 

eut  pour  successeur  le  général  de  di-  de  plus  de  deux  siècles.  Dès  le  milieu 

vision  duc  Charles  de  Plaisance ,  qui  le  du  quatorzième  siècle,  elle  avait  fait 

conserva  jusqu'à  la  restauration  de  d'immenses  découvertes  et  fondé  d'im- 

1814.  A  cette  époque,  une  ordonnance  portantes  colonies  en  Afrique;  et  l'on 

du  16  mai  en  investit  le  duc  d'Or-  serait  même  presque  en  droit  de  re- 

léans ,  aujourd'hui  Louis-Philippe.  garder  la  tentative  faite  par  saint  Louis 

Colonies.  —  Il  existe  aujourd'hui  contre  Tunis  comme  une  première  mâ- 
chez quelques  hommes  des  préjugés  nifestation  de  cette  tendance  de  la 
contre  lesquels  on  ne  saurait  trop  s'é-  France  à  s'étendre  et  à  propager  au 
lever,  car  ils  sont  contraires  à  la  tra-  loin  ses  idées, 
dition  nationale  delà  France  et  peuvent  Aucun  gouvernement  n'a  jamais 
mettre  le  pays  en  danger,  compromettre  failli  chez  nous  à  la  mission  civilisa- 
son  avenir,  et  devenir  un  obstacle  au  trice  de  la  nation.  Charles  YIII  allait 
rôle  qu'il  veut  et  doit  jouer  dans  le  s'entendre  avec  Christophe  Colomb  et 
monde.  Parmi  ces  préjugés,  il  en  est  lui  donner  ces  vaisseaux  qu'il  avait 
un  surtout  que  tout  vrai  patriote  doit  vainement  sollicités  partout,  lorsque 
combattre  à  outrance,  c'est  celui  qui  Isabelle,  déterminée  peut-être  par  la 
est  relatif  aux  colonies.  «  Nous  ne  connaissance  de  ce  fait ,  ordonna  l'ex- 
«  sommes  pas ,  ose-t-on  dire ,  un  peuple  pédition.  ]Le  cardinal  d'Amboise  en- 
«  colonisateur;  le  génie  delà  colonisa-  voya  Aubert  en  Amérique,  et  celui-ci 
«tionnous  manque;  notre  histoire  le  découvrit  le  Canada.  François  P',  à 
«  prouve;  nous  n'avons  eu  des  colonies  son  tour,  fit  faire  d'autres  tentatives; 
«  qu'après  les  autres  peuples  de  l'Eu-  mais  alors  la  France,  occupée  de  com- 
«  rope  et  nous  n'avons  pas  su  les  gar-  battre  pour  sauver  l'indépendance  de 
cder,  nous  ne  savions  qu'en  faire.  »  l'Europe  menacée  par  Charles-Quint, 
Cette  coupable  théorie  nécessiterait,  ne  pouvait  prêter  une  attention  exclu* 

T.  V.  20*  Livraison.  (Dict.  engyglop.,  btc.)  20 


COIi 


L*UinV£U. 


»L 


sife  à  la  fcndâtUon  de  colbnies  Ibiii^ 
tàines.  Ptus  tard ,  Villegi^non  s'étabiH 
au  Brésil.  Sully,  Richelieu ,  Colbsrt^ 
Choisèal ,  Vërgenhes,  Turgot,  tous  nos 
gratids  ministres,  ont  compris  l'imi 
pbrtancè  des  colonies,  auxquelles  il9 
oht  eodsacré  tous  leurs  soins.  Le  (>eti« 
pie  lui-même  à  toujours,  en  ce  points 
secondé  ses  gouvernants;  c'est  ea 
que  doivent  prouver  sans  réplique  les 
nombreuses  eompagiiies  qui  se  formé* 
rtnt  daiis  le  cbqrs  dii  dix-septième 
tiècle  peur  reiploitalâon  des  poisesi- 
siens  françaises  en  Afrique  et  dans  les 
itidës  ;  c'est  ce  que  prouve  avant  tbut 
2a  liste  chronoiogiqùe  des  colonies 
fondées  par  les  Français,  et  des  ten^ 
tatifreâ  quMls  ont  faites  à  différentiss 
•époques  pour  former  des  établisses 
'meiHS  iau.delà  des  mers  (*). 

i365.  Colonies  fondées  par  les  Dieppois  ^ 
Sénégal  et  dans  la  Gninfie. 
Vers  1400.  |:tablissement  de  Béthencourt  aux  Ca- 
naries, 
'vers   149t.  CharlesVllI  appelle  Christophe  Colomb. 

x$o3.  Tentâttres  ooiiimernal«s<lans  les  Ipàm. 

|5o6.  Aubert  découvre  le  Canada. 

i5a5.  Le  Florentin  JeanVérazzani  prend  pos- 
session de  Terre-Keuve  an  nom  du 
roi  de  France. 

i535.  Jaoques  Cartier  à  Terre-NeuTe  et  %\k 
Canada  (**). 

i54i.  Crémier  établissement  au  cap'fir«ton. 

lii'fé  Etablifesemeiit  de  Villegagiion  à  Rio^da- 
Janeiro. 

i56o.  Établissement  au  bastion  de  France  (Al- 
•    gérie). 

i6d4.  Béveloppemeni  de  la  «olpnle  4e  Terre- 
Neuve»  en  rue  de  la  pécbe  de  la  moru«. 

(^  Gfetlé  liste  a  été  dressée  prineîJMileroettt 
d'après  la  JPfoiice  statistiqite  de*  coiomes, 
publiée  par  le  ministère;  die  est  en  tous 
poinis  en  oontradiction  avec  le  Manuel  de 
Ueeren  sur  Thistoire  moderne ,  ouvrage  ip- 
complel  fel  inexact,  et  que  trop  d'historiens 
copi^ot,  saps  SQOgpr  à  vérifier  les  renseigne- 
mOQts  qu'ifs  y  trouvent. 

(**)  En  1539,  le  roi  rendit  une  ordon- 
nance qui  nommait  le  seigneur  de  Rober- 
val ,  chef  de  l'armée  envoyée  aii  Canada , 

I>our  s'emparer  des  pays  non  occupés  par 
es  princes  chrétiens ,  et  autorisait  cet  offi- 
cier à  se  faire  livrer  Us  prisonniers  cutt' 
damnés  à  mort,  pour  les  mener  à  cette  expé- 
dition. Cette  ordonnance  fut  bientôt  suivie 
d'une  autre  qui  prescrivit  aux  justiciers  de 
livrer  les  prisonniers  condamnés,  pour  1«m 
envoyer  dans  la  même  contrée.  CatoL  des 
mPcfU¥ei  JoursemMa,  t«  I,  pt  3o. 


i6()f .  Établissemtants  ^Ums  TàM^*  M  Cf^ 

nada.  Fondation  de  Qn^ec 
1624.  Premiers  établissements  dans  rinâé. 
X62S.  Établissemeat  k  Saint- Cbristophe  (Âi»« 

.    .    .tilles). 
X626.  Établissement  à  Sion4n»ary  (Guiane), 

.    JÇremier  établisseivent  an  Sénégal. 
z6a8.  Nouvel  établissemeot  au  bastioft  d» 

Fr«nee. 
i63o.  Eublissement  à  Gonenama  (Gnian^. 
i634'  Établissement  à  Cajenne. 
}e35.  Établiasement  à  la  Martinique. 
z635.  JÉtahlissèmeiit  à  la  Qaadeloupe. 
z64a.  Établissement  à  l'île  Bourbon  (HefercA 
le  place  en  1720 1) 
Premier  établissement  à  Madagascar. 
x644-  Constractipn  dn  fort  Dapphin  (à  Mat 

dagascar). 
1664.  CoIi>ert  acquiert  dans  Us  Antillesi 
Saiht'Domi  ngue, 
Sai|iite-L>a^ie« 
Grenade, 
Les  Grenadilles, 
llarié-Galandé, 
Saint'Martini 
Saifit-Cbristophe, 
Saiiit-Bartfaélemy, 
Sainte-Croix, 
La  TprtvM. 

1667.  Acquisition  de  l'île  de  Corée,  d'Ar^uio, 

de  Portendyck  (Sénégal^ 

1668.  f'ondatioh  du  coi^ptoir deSttrate  (tade). 
1674.  Aequisition  de  Jrinqpemale  (à  Geylsa). 

Acquisition  de  Saint-Tbomé  (côte  d« 

Coro^andel). 
rS8o.  Établissement  t  la  Loolslàne. 
1693.  Acquisition  de  Pondiebéry» 
1688.  Fondation  de  Cbandernagor. 
x6g5.  Fondation  du  comptoir  d'Albreda  (S^ 

négal). 
17x1,  Fondation  de  l'Me  de  Franor. 
Z7z3.  NouTel  établissement  au  cap  Breton oa 

île  Royale  (golfe  de  Saint-Laurent). 
Z727.  Établissement  à  Mabé.       j  1   j  « 
Z739.  Établissement  à  Karikel.  j  *"  '^' 
Z746.  Acquisition  de  Madras* 
Z74g.  Établissement  à  l'ile  Saint-Jean  (golft 

de  Saint-Laurent). 
17(0.  itnbliweAept  ^  Snîrite-aiwteiielfli»- 

gascar.   . 
Z75a.  Établissement  i  Tanaon. 

Établissement  !k  Mazulipatam. 
1758.  Gtfminétes  de  Pnpleix  it^  Mené*  ds 

long  sur  25  de  large)  à  Cpromané«|> 
Z764.  Établissement  à  Saint-Pierre  et  i  Hi- 

qiielon. 
I774.  EtabliBseinent  dins  ta  bal*  d'Anteiigfl 

(Madagascar). 
X783.  Acquisition  de  Tabago. 
Z798.  Conquête  tle  Malle  et  de  VÉgypte 
zSt8.  Établissement  du  l«rt  Bakd  (SénégJ 
zSaz.  N4>arel  établissement   à  Saiate-]tai}« 

de  Madagascar. 
zSaS.  Nouyel  établissement  ^e  Saint-Cbarla 

(Sénégal). 

iftig.  MeqTel  étabKssemwt  à  T%viâagm  {^ 

dagascar). 
z83o  à  z84i.  Conquête  de  TAlgérie. 

Qiid  cono|ur«  dé  cette  suite  de  faitSt 
sinon  que  nous  arond  eii  rajsen  de  din 


COL 


F&AIfCX. 


€Oh 


«Si^  ^nocur^  pue  palsganoe  estentielr 
lenien^  ealoni^trkse ,  et  qu'elle  » 
dev^nc^  toute*  le9  nutrea  nutioos  m<H 
4euiep  àvm  rétablifllement  des  eblor 
piee? 

P3SS0QS  inçjÎQteniiQt  à  ta  réfutation 
d^^D  autre  pr^ugé  :  ta  preuve,  diton; 
^ue  l'esprit  de  la  oatioQ  tCeaX  pas  porté 
à  la  colonisation  1  e'est  cpie  tious  n'a-: 
YOns  pas  eooservé  qos  eolonies.  Il 
n'est  pas  vrai  que  noua  liyoïia  perdu 
toutes  nos  colonies;  et  si  nous  n'afoos 
pu  ponserver  toutes  eelleè  cpié  nous 
avions  fopcléeSi  H  a  fallu  «  pour  noui 
les  faire  abandonner  «  les  guêtres  les 
plus  terrii)les.  Xa  guerre  de  la  sueccs- 
«ion  d'Espagne  a  pu  seule  nous  enl»* 
ver  l'Apadie  et  Terre-Ntovc  (ITt/j)» 
et  i|  a  fallu  ta  guerre  de  sept  ans  pbut 
nous  faireperdre  le  Cauada  et  les  Indes 
(i763r]  ;  la  révolution^  pour  nous  faire 
ppdre  Saint-Eloutingue  (1794);  ia  ea- 
ûituiation  de  Menou  pour  nous  enlever 
l'Egypte  (1803)  ;  et  les  odieux  traités 
de  1^11^  pour  nous  priver  de  Tahagô 
et  de  l'île  de  France.  Ce  n'est  donc 
pas  par  légèreté,  par  incurie,  par  igno- 
rance de  l'utilité  des  eolonies,  que  la 
Franoe  a  perdu  de  belleà  possessioas , 
mais  par  suite  de  guerres  désastreu* 
ses ,  et  à  cause  de  Timpétitie  ou  de  la 
trahison  de  quelques  hommes.  La  vb*» 
lonté  formelle  de  conserver  l'Algérie , 

âui  ^  manifeste  aujourd'hui  avec  tint 
/énergie  4  n'eit-elie  pas  d'ailleurs  une 
preuve  suffisaiite  que  ta  Franc»  sait 
apprécier  futilité  4ei  poeaesaioos  d'oo* 
tre-mer  ? 

Ou  refuse  à  ta  nation  û'aucaise  le 
génie  colonisateur  !  Mais  que  ron  se 
]:appel|e  donc  l'étonnante  prospérité 
de  Saint-Domingue,  dé  l'Ile  de  France 
et  de  Bourbon,  que  l'on  oompare  à  ces 
belles  colonies  toutes  celles  des  autres 
nations  ,  et  que  Ton  voie  si ,  dans  au« 
cune,  ta  colonisation  a  porté  de  sem- 
blables fruits.  Mous  savons  donc  colo* 
niseri  seutament  nous  ne  colonisons 
pas  comu^e  tas  peuples  exclusivement 
Industriels,  I9ous  ne  sommes  pas  un 
peupta  de  marchande ,  et  Ton  ne  dira 
jamais  de  ta  France  qu'elle  n'est 
qu'une  ^ran(^  A^ulîgue  où  l'on  vient 


éehàndier  les  prodaits  des  «Kverses  par^ 
ties  du  inonde  :  nous  sommes  avant 
tout  une  nation  politique,  et  sans  né- 
gliger l'iridustrieet  lecommëroe,  nous 
trouverons  toujours  dans  l'agriculture 
ta  base  pinoipale  de  notre  prospérité 
matérielle.  Ce  que  nous  voulons,  ce 
sont  moins  des  eolonies  purement 
commerciales  que  des  colonies  agrico- 
les et  surtout  dès  colonies  politiques  ^ 
c'est-à-dire  des  établissements  ^Ui 
nous  permettent  d'étendre  au  loin 
notre  mfluenee  civilisatrice,  qui  assu- 
rent à  notre  marine  une  entière  liberté 
d'action,  en  lui  préparant  dans  toute 
l'ètendiie  des  mers  des  ports  amis  où 
elle  puisse  trouver,  en  temps  de 
guerre ,  un  abri  pour  réparer  ses  ava- 
ries et  renouveler  ses  provisions.  Ce 
que  nous  voulons,  ce  sont  des  établis- 
saments  où  notre  industrie  puisse 
trouver  des  débouchés ,  et  d'où  elle 
puisse  nous  ràp^rter  les  denrées  que 
le  sol  de  la  Fraoee  ne  produit  pas ,  <A- 
pour  lesquelles  uouss«[)ions  tributaires 
des  étrangers.  On  a  to  d'autres  na- 
tions sacrifier  lés  malheureut  habitants 
du  Mexique  pomr  s'emparer  de  leur  or; 
exterminer  les  populations  des  États- 
Uiiis  pour  s'épargner  la  peine  de  les 
dvîfiser  ;  égorger  les  Chinois  à  Java 
pooirS^assurer  le  monopole  des  épiceS. 
iNous  l'avouons,  be  n'est  pas  ainsi  que 
la  France  entend  la  colonisation.  Par-* 
tout  ou  elle  a  fondé  des  établissements, 
elle  a  porté  avec  elle  les  bienfaits  de 
ta  civilisation,  et  a  laissé  des  Souve- 
nhrs  dont  elle  a  droit  d'être  fière  et  qui 
ne  s'eflîoeront  jamais.  Au  lieu  d'em- 
poisonner avec  de  l'eau*de-vle ,  et  de 
ohasser  comme  des  béies  fauves ,  lès 
sauvages  de  ta  Lodisiane  et  du  Canada, 
eite  les  a  civilisés  et  convertis  an  chris- 
tianisme; il  n'a  pas  tenu  à  elle  de 
porter  les  mêmes  bienfaits  aux  popu- 
lations répandues  iur  leÀ  inhombrables 
lies  de  rOoéan  indien ,  populations 
malheureuses  qui ,  grâce  à  une  autre 
nation  qui  se  prétend  colonisatrice  par 
excellence,  ne  connaissent  guère  de  ta 
>  civilisation  européenne  que  ee  qu'elle 
^  a  de  hideux  et  de  repoussant.  Peùt- 
"^  êtte  aurions-nous  pu  aussi  étendre  ^ 
^  faire  fleorir  nos  colonies  des  Indes 

90. 


aoa 


€OL 


L'UNIVERS. 


COL 


orientales,  en  y  cultivant  des  poisons 
dont  le  sol  de  ces  climats  est  si  fertile. 
Nous  ne  l'avons  pas  voulu  ;  il  nous  a 
semblé  plus  digne  d'un  grand  peuple , 
d'en  faire  des  lieux  de  relâche  pour 
nos  missionnaires ,  pour  nos  martyrs, 
qui  vont  porter  aux  Chinois  et  aux 
Japonais ,  non  pas ,  comme  les  mar- 
chands anglais ,  une  ivresse  hideuse  et 
mortelle ,  mais  le  christianisme  et 
l'exemple  de  toutes  les  vertus.. 

Le  nom  de  la  France  est  encore 
cher  au  Canada,  et  l'on  y  est  fier 
de  pouvoir  se  vanter  d'une  origine 
française.  Enfin  c'est  à  la  France  que 
les  nègres  d'Haïti  sont  redevables  de 
leur  langue ,  de  leurs  institutions ,  et 
de  cette  civilisation  qui  les  rend  si. 
éminemment  supérieurs  à  tous  les 
hommes  de  leur  couleur. 

Un  officier  de  la  marine  française 
visita,  en  1838  ^  notre  ancien  établis- 
sement d'Ouidahy  en  Guinée.  Nous 
avions  là  un  fort  avec  une  chapelle , 
autour  de  laquelle  étaient  groupées 
quelques  maisons.  Lorsque  nous 
abandonnâmes  cet  établissement,  au 
commencement  de  la  révolution ,  les 
habitants  de  ces  maisons  étaient  es- 
claves ;  ils  furent  alors  rendus  à  la  li- 
berté. Un  mulâtre  et  un  noir,  l'un 
jardinier,  l'autre  concierge,  étaient 
chargés  de  la  garde  du  fort  et  des  ar- 
chives ;  ils  se  sont  toujours  religieu- 
sement acquittés  de  ce  devoir ,  et  ils 
arborent  encore  avec  orgueil  le  pavillon 
tricolore  sur  les  restes  de  notk'e  éta- 
blissement. La  plupart  des  habitants 
de  la  peuplade  parlent  encore  notre 
langue,  et  tous  se  glorifient  de  donner 
à  leur  village  le  nom  de  village  fran- 

Sais.  En  Egypte,  en  Syrie,  le  souvenir 
e  la  France  s'est  de  même  conservé, 
et  l'on  y  entoure  presque  de  la  même 
vénération  les  noms  de  saint  Louis , 
de  Bonaparte  et  de  Kléber. 

On  peut  classer  sous  deux  points  de 
vue  principaux  les  colonies  fondées 
par  la  France  :  les  unes  sont  purement 
agricoles ,  comme  le  Canada ,  Terre- 
Neuve,  la  Louisiane,  le  Sénégal,  l'île 
de  France  ;  les  autres,  telles  que  Malte 
et  l'Egypte ,  étaient  des  colonies  poli- 
tiques, et  c'est  ce  qu'est  encore  au- 


jourd'hui l'Algérie.  Dans  la  création 
des  premières,  la  France  semble  s'être 
involontairement  Inspirée  de  la  poli- 
tique des  Grecs ,  dont  les  idées  sont 
un  des  éléments  de  sa  civilisation.  Son 
but  était  de  donner  à  la  mère  patrie 
des  appendices  qui  pussent  servir  au 
développement  de  sa  puissance.  Dans 
la  fondation  des  secondes ,  elle  a  plu- 
tôt imité  les  Romains. 

Nous  avons  donné  la  liste  de  l'éta- 
blissement de  nos  principales  colonies: 
nous  renvoyons ,  pour  les  détails  de 
leur  histoire ,  aux  articles  que  nous 
avons  consacrés  à  chacune  d'elles  en 
particulier.  Nous  terminerons  celui-ci 
par  un  tableau  général  de  celles  que 
nous  possédons  aujourd'hui,  et  par  un 
exposé  rapide  de  leur  organisation, 
de  leur  importance  actuelle  et  de  leur 
avenir.  Citons  d'abord  les  articles  des 
traités  de  1815  qui  y  sont  relatifs. 

Art.  8  du  traité  dé  Paris  de  1814. 
«  Sa  Majesté  Britannique,  stipulant 
pour  elle  et  ses  alliés ,  s'engage  à  res- 
tituer à  Sa  Majesté  Très-Chrétienne, 
dans  les  délais  qui  seront  ci-après  fixés, 
les  colonies ,  pêcheries  ,  comptoirs  et 
établissements  de  tout  ^enre  que  la 
France  possédait  au  1*' janvier  1792, 
dans  les  mers  et  sur  les  continents  de 
l'Amérique,  de  l'Afrique  et  de  l'Asie, 
à  l'exception  toutefois  des  îles  de  Ta- 
bago  et  de  Sainte-Lucie,  et  de  Ule  de 
France  et  de  ses  dépeiviances ,  nom- 
mément Rodi*igue  et  'les'-  Séchelles, 
lesquelles  S.  M.  T.-C.  cède  en  toute 
propriété  et  souveraineté  à  S.  M.  Bri- 
tannique. 

Art.  9.  Le  roi  de  Suède  consent  à 
ce  que  Tîle  de  la  Guadeloupe  soit  res- 
tituée à  la  France ,  et  abandonne  ses 
droits  sur  cette  île. 

Art.  10.  Le  roi  de  Portugal  s'engage 
à  restituer  à  la  France  la  Guiane  Iran- 
çaise. 

Art.  12.  S.  M.  B.  s'engage  à  faire 
jouir  les  Français  dans  les  Indes  des 
mêmes  privilèges  accordés  ou  à  accor- 
der aux  nations  les  plus  favorisées. 
«  De  son  côté ,  S.  M.  Très-Chrétienne 
n'ayant  rien  plus  à  cœur  que  la  perpé- 
tuité de  la  paix  entre  les  deux  couron- 
nes de  France  et  d'Angleterre,  et 


COL 


FRANCE. 


COL 


309 


aux  termes  du  traité  de  Paris ,  seront 
uécessaires  pour  maintenir  la  police 
dans  les  établissements ,  et  à  leur  ac- 
corder un  délai  de  trois  mois  pour  ar- 
ranger leurs  affaires  personnelles, 
comme  aussi  à  leur  fournir  les  facili- 
tés nécessaires  et  les  moyens  de  trans- 
I)ort  pour  retourner  en  France  avec 
eurs  familles  et  leurs  propriétés  par- 
ticulières. » 

Art.  13  du  traité  de  Paris.  «  Quant 
au  droit  de  pèche  des  Français  sur  le 
grand  banc  de  Terre-Neuve ,  sur  les 
côtes  de  Tile  de  ce  nom  et  des  îles  ad- 
jacentes, et  dans  le  golfe  de  Saint- 
Laurent,  tout  sera  remis  sur  le  même 
pied  qu'en  1792.  »  (Voy.  Versailles 
[traite  de.]) 

En  conséquence  des  traités  de  181 5, 
la  France  possède  aujourd'hui  : 


voulant  contribuer,  autant  qu'il  est 
en  elle  ,  à  écarter  dès  à  présent ,  des 
rapports  des  deux  peuples,  ce  qui 
pourrait  un  jour  altérer  la  bonne  m- 
telligence  mutuelle,  s'engage  à  ne  faire 
aucun  ouvrage  de  fortification  dans 
les  établissements  qui  lui  doivent  être 
restitués,  et  qui  sont  situés  sur  le  con- 
tinent des  Indes ,  et  à  ne  mettre  dans 
ces  établissements  que  le  nombre  de 
troupes  nécessaires  pour  le  maintien 
de  la  police  (200  cipayes  !!).  » 

Art.  8  de  la  convention  du  7  mars 
1815.  «L'Angleterre  s'engage, dans  le 
cas  où  il  surviendrait  une  rupture, 
1**  à  ne  point  considérer  ni  traiter 
comme  prisonniers  de  guerre  les  per- 
sonnes qui  feront  partie  de  l'adminis- 
tration civile  des  établissements  fran-* 
çais  dans  l'Inde ,  non  plus  que  les 
ôfiBciers,  sous-ofiQcîers  et  soldats  qui, 

La  Martinique. 

ÎMarie-Galande 
la  Désirade i  .,,_  a»«ii^ 
les  Saintes j  aux  Antilles. 

St-Martin  (une  partie; , 

Bourbon. 

Sur  la  côte  de  Coromandel. .  |  ^^^*"JlfSrtte'dS.^'!^'."~°!^°**  (  V^"eno.^: 

iKarikal  et  son  territoire 
Yaoaon  et  son  territoire 
la  loge  ou  factorerie  de  Masulipatan. . .  ; 

(  Malie  et  son  territoire \  dans  les 

1  les  loges  de  Calicut > 

/  Cbandernagor  et  son  territoire I     Indes. 

iCassimbazar 
Yougdia 
Dacca 
Balassore 
Patna 

Bans  le  Goudjérate |  la  factorerie  de  Surate 

En  Arabie.. .  f  le  droit  d'établir  des  factoreries  à  Moka  et  à  Maskate. 
/  rile  St.-Louis  et  I@s  îles  voisines  (Babagué ,  Safal  et 
le  poste  militaire  de  Richard-Tol. 
—  de  Dagana. 

A ,-,  c^nz»«ki      J  le  fort  de  Bakel  (acguis  en  1818). 
AU  ;>enegai. . .  <  |g  ^^^^  st. -Charles  (1825). 

riie  de  Gorée. 

le  comptoir  d'Abrida. 

le  comptoir  de  Ségbiou  (*). 


Sur  la  côte  de  Malabar. 


Au  Bengale. 


Gueber  acquises  en  1799). 


(*)  La  France  possède  cependant ,  mais 
suins  les  occuper,  les  établissements  suivants  : 
L*île  et  le  foit  d'Arguin  (1677) ,  Portendick, 
Sudel  (1701),  fort  de  Saint-Pierre  (i7t5), 
fort  Saint- Joseph  (1698),  le  comptoir  de 
T^atacon  (vers  i75o),  le  cap  Vert  et  les 
terres  depuis  la  pointe  des  Mamelles  jus- 
qu'au cap  Bernard ,  avec  les  villages  de  Dakar 
et  de  Bin  ^i  768) ,  les  comptoirs  de  Rufis- 
que,  Portudal  et  Joal  (1677) ,  le  comptoir 


de  Salum  (1785),  le  comptoir  de  Géi'èges 
et  de  Yintam  (1695),  Tlle  de  Carabanne 
(i836),  le  territoire  de  Dhiogué  (1827), 
celui  de  Seghiou  (1887),  celui  de  Dhimbe- 
ring  (1837),  le  comptoir  de  Tile  de  Bissao 
(1700),  nie  Gambia  (1785),  le  comptoir 
de  Ouidah,  l*)le  Borodoro  (1786),  les  comp- 
toirs de  Médina,  de  Sansandin,  du  grand 
Paris  et  du  petit  Paris,  du  grand  et  du  petit 
Dieppe,  les  forts  de  la  Mine,  d'Acra  et  de 


Il§ 


«SM 


I/UNITERS. 


CDL 


Ml  dmti  soff  i*iic 

nie  dfi  Stp-lfarle. 

TloUngue 

Ibrt  Daapbtû 

Saiflte-Lli(5k. « 

TMtiâtâ  te «...•< 

Aiw.p*«r.<fg^?gi»'«v;;;/;::::::::::::;::::;:::;: 

FcMflte  à  Lanéfl 

I^ouiiboaryé. • 

Port  Choiseal 

autres  eomptoin  de  la  baie  d'Afitoiigil. . . 
Ue  Marosse. i* 

ê\  Hyès  4t|  FaozAfaife. 
Tefre-Ifeave.---Saint-Pierre  eÏMiquelon. 
o  Barbarie.  l*Al«érie. 


{éVAMftdepttiAMf. 


éracnés  depuis  longtemm  ei  dûd 
réOôcxxpéA  m  I8i9. 


POPULATION  bES  G0L05IB8  KRASÇAISES  {*). 


1  ■   r  f -x-.w 


Martinique. . 
Guadeloupe. 

Guiane 

Bourbon 

Sénégal 

Inde 

Saint-Pierre. 

Mada 

AIgé 


agascar. 
rie 


blanche. 


ii,m.. 

1,026.. 


J43.. 

165,166.. 

1,482.. 

80.. 

inconnu.. 


LmiiE. 


de  couleur. 


29,928. . 
4,164.. 


7,749.. 
853.. 


4,920.. 


Total. 


41,062. . 

5,189. . 

39,271.. 

7,691 . • 

166,118.. 


5,000. 


b8C3iAtB. 


76,517.. 
93,349.. 
15,751.. 
66,354. . 

I»»a6ii.. 


Total. 


Algérie. 


tdTAL  CtÉHiMAli 


hM 


....       117,5^9 
f  28,^ 

t9t94f) 

. . . .        105,626 

. •♦»  ^     I7,96Q 

166,118 

1,489 


if  il"  f  »■  I  m  n  II  ■■>* 


L 


563,778 
|,&00,0QQ7 


tOTAL  GÉNâUL 3^000,00(> 

Productions  ou  objets  de  commerce  des  colonies  françaises. 

Martinique sucre ,  café ,  c«ton .  caoso^ 

Guadeloupe. sucre ,  café ,  ooton ,  Cacao. 

Guiane sucre ,  café ,  coton ,  cacao ,  girofle ,  cannelle ,  rocou. 

Bourbon sucre,  café,  girofle^  poivre,  muscade. 

Inde opium ,  indigo  <  camphre ,  bôjouin ,  laine,  étain  ■  laque ,  étofjef* 

Sétiégal gomme ,  ciië ,  ivoire ,  or. 

Madagascar viande  de  IxBuf  pour  Bourlion. 

Saint -Pierre  et  Miquelon.  pèche  et  préparation  de  la  morue  (7  millions  de  kilog.  en  1838). 


Gormeutin  (côte  d'or) ,  divers  territoires 
dans  leWalo(i8ao-3o).  Ces  établissements, 
comme  on  peut  le  voir  sur  la  carte,  s'éten- 
dent depuis  le  Sahara  (Arguin),  jusqu'au 
{;oire  de  Bénin  (Guinée).  (Toy.  Sékboal^) 


(*)  On  n'a  pas  compris  dans  ce  tablesa 
les  foQCtionmiires  et  les  troupes  des  garoi- 
sohs ,  si  ce  û^e^  à  Madagascar  où  la  po- 
pulation blanche  ne  se  compose  que  des 
fonctionnaires  sauf  i3  créoles. 


tÔL  PRÀNCfe.  céL 

Contmefae  des  càloiiies  avec  ta  Prance  en  183^/ 


iiï 


iîiÉ 


■  ■>  1   ^,^^ti 


■  1 1.\'-      ■  » .«  « 


■àftiHlqoé 

QntilelQupQ. 

Gaiane(i836) 

Botirbon  (1836) 

Ipdè * 

ô«né«al 

Si^Dt-Pierre  et  MiqiieloD  (tfoUtir  de  ^a  warne 
if  àdagascai  [commerce  avec  Bourbon  en  1838) 


âfNmvitioifs 

dé  la  colonie 

ed  France. 


18,2S4,839rr. 
05,348,656 
2,MM73 

17,268,481 
4,313,004 
6,306,618 


taLPORTATIOÏfS 

de  France 
dans  la  colonie. 


9O,4I0,642fr. 
20,7C8,2M 

13,268,481 
1,744,260 


tn^polrtée  6»  France  eu  las^j 


Total  général. 


1*0TAt. 


38,650,481^. 

4e,it6«ti9 

6,8)4,99fl 

30,678,213 
6,057,264 

l4,26b,5O0 
a,l07;&56 
1,103,645  . 


146,794,570 


Tabteau  cke  <Upense4  €t  det  rmtUeti  ^s  colonies  françaises  pour  Vannée  1840* 


RisCElTES 
LdCAifeS. 


GOIXMCIES. 


Atartlfliqne. 

Goadelotipe 

Guiaoe , 

Bourbon 

Sénégal 

Inde 

Saio^Plerre  et  lliftaelon< 

Madaga'iicâr 

Servi(9e  des  colonies  en  France. 


I*.>i«»... 


Total. 


2,I37,180fr- 
â,067,768 

I,736y440 

'  298,455 

917,858 

12,850 


CRÉDITS 

ALLOUÉS 

AU  BUDOBT. 


2,365,469  &• 

2,532,241 

1,311,990 

1,087,103 

924,368 

95,050 

190,000 

60,000 

124,679 


8,620,000 


16,132,700 


tOTAL 
DÈS  RECETTES- 

DÉKEII^. 

4,502,649  fr- 

4,627,909  fr. 

4,600,009 

4,534,617 

l«e(MI,789 

I^58«,IS5- 

2f823,543 

2,886,664 

1,222,^-23 

I,I37,<26& 

1,012,408 

1,012,408 

132,850 

188,850 

60,000 

60,000 

124,679 

124,679 

16,102,577 


7,512,700 

Relevé  des  droits,  perçus  en  France,  en  1335^  sur  les  denrées  et  marchandises 

coloniales  importées  des  colonies  françaises, 

Martinique io,904,208  tt. 

(Guadeloupe 14,786,184 

Guiane...T 968,364 

Bottrbon 7,990,759 

Sénégal 141,926 

Inde., 42,446 

Saint-Pierrre  et  Mlquelon  et  grande  pèche . .  io,4io 

34^843,297 

Tableau  du  mouvement  delà  navigation  française  auquel  le  commerce 
maritime  des  colonies  françaises  a  donné  Ueu  en  1838. 


lilartinfqne 

Gaadelonpe 

Gulane « 

Bourbon 

Sénégal 

Inde 

SalDt-Piffffi  n  Mlqiifflon.. . 

Totaux  généraux 


ENTRÉES. 


308 

538 
41 

202 
81 
87 

16S 

1409 


47,665 
59,595 

6,299 
54,644 

7,691 
13,063 
23,544 


211,501 


3,270 
6,196 

469 
3,246 

74J 
1,198 
3,040 


18,162 


SORTIES. 


na- 
vires. 


315 

501 
47 

204 
55 
91 

|68 


1381 


ton- 
neaux. 


43,135 
&3,315 

7,962 
58,718 

6,534 
13,934 
25,218 


208,816 


s  O  2 


3,123 
4,349 

586 
3,251 

602 
1,245 
3,842 


15,848 


ÉniANGERS. 


NOMBRE  DE 
NATIRB» 


entrés. 


417 
173 
18 
37 
15 
488 
50 


1198 


sortis. 

419 

201 

19 

37 

9 

455 
50 


1190 


«11 


COL 


L'UNIVERS. 


GOL 


Ainsi,  nos  colonies  rapportent  au 
trésor  34  millions ,  26  en  défalquant 
les  8  millions  qu'elles  nous  coûtent; 
elles  donnent  lieu  à  un  commerce 
entre  elles  et  la  France,  dont  le  chiffre 
s'élève  à  146  millions  ;  elles  occupent 
18  mille  matelots.  Certes  ces  résul- 
tats, sans  parler  de  l'importance  po- 
litique qu'ont  nos  colonies ,  méritent 
qu'on  regarde  ces  possessions  comme 
ayant  une  grande  valeur  ;  et  cepen- 
dant leur  état  actuel  est  loin  d  être 
aussi  prospère  qu'il  pourrait  l'être  si 
les  préjuges  ne  s'y  opposaient.  De  plus, 
•.il  tant  remarquer  au' Alger  n'entre 
pour  rien  dans  ces  cniffres;  l'état  de 
guerre,  si  maladroitement  prolongé, 
empêche  la  colonisation  de  cette  con- 
trée, et  l'apathie  inexplicable  du  gou- 
vernement arrête  et  paralyse  les  efforts 
des  particuliers.  Quelle  serait  donc 
l'importance  de  nos  colonies,  si  Bour- 
bon, la  Guadeloupe  et  la  Martinique 
abolissant  l'esclavage  et  adoptant  les 
procédés  de  l'industrie  européenne, 
entraient  enfin  dans  une  voie  de  pro- 

§rès  rationnels;  si  on  savait  tirer  parti 
e  la  Guiane,  défricher  ce  pays  si 
fertile  et  si  salubre,  quoi  qu'on  dise,  et 
qui  pourrait  devenir  pour  nous  de  vé- 
ritables grandes  Indes,  et  des  Indes 
placées  a  1,200  lieues  du  Sénégal, 
c'est-à-dire  à  dix  jours  d'une  de  nos 

Srincipales  colonies;  si  on  voulait  en- 
n  s'établir  à  Madagascar  et  en  tirer  le 
riz,  ce  pain  des  pauvres,  dont  on  pour- 
rait nourrir  une  partie  de  notre  po- 
pulation, et  dont  le  commerce  offrirait 
un  nouveau  développement  à  notre 
navigation  sur  le  golie  Arabique  et  sur 
la  INléditerranée  ;  si  on  donnait  aux 
pêcheries  du  Sénégal  toute  l'extension 
dont  elles  sont  susceptibles  ;  si  l'on  ré- 
gularisait la  pêche  du  corail  sur  la  côte 
aAlger,  en  l'encourageant  par  des 
primes;  si  l'on  faisait  enfin  tout  ce 
qu'il  y  aurait  à  faire,  et  surtout  si  l'on 
organisait  l'Algérie  ?  D'ici  à  un  demi- 
siècle,  nous  aurions  une  puissance  co- 
loniale supérieure  à  celle  de  toute  au- 
tre nation.  La  France  aurait  repris  sa 
position  dans  la  Méditerranée ,  et  elle 
aurait  ressaisi  la  puissance  qui  semble 
lui  échapper. 


Quand  donc  la  France,  sortant  en- 
fin de  sa  torpeur,  comprendra-tette 
qu'elle  abandonne  les  traditions  de  ses 
ancêtres,  qu'elle  fait  défaut  à  son  passé 
et  qu'elle  marche  à  sa  ruine?  (^and 
donc  l'esprit  public,  réveillé  de  ce  long 
sommeil  où  dés  intérêts  égoïstes  l'ont 
plongé ,  reprendra-t<il  eiinn  son  éner- 
gie ?  Dieu  seul  le  sait  ;  mais ,  jus- 
que-là, n'espérons  pas  que  le  pays 
comprenne  ce  qu'il  peut  faire  de  ses 
colonies.  Il  est  même  à  craindre,  car 
il  faut  tout  dire,  qu'un  jour  vienne  où 
l'on  veuille  les  abandonner.  Un  parti 
puissant  exploite  cette  idée.  Il  est 
des  gens  qui  proposent  chaque  année 
à  l'assemblée  chargée  de  défendre  les 
intérêts  et  l'honneur  du  pays,  l'aban- 
don d'Alger,  et  dont  les  discours,  tra- 
duits en  arabe  par  les  ordres  d'Abd-el- 
Kader,  vont  servir  ensuite  de  prodanu- 
tions  contre  nos  armées.  Il  s'est  troavé 
un  ministre  qui,  abandonnant  l'At- 
lantique à  l'Angleterre,  osait  lui  aban- 
donner aussi  d'un  seul  coup,  dans  ses 
coupables  prévisions,  les  Antilles,  la 
Guiane,  le  Sénégal,  Madagascar,  Bour- 
bon, les  pêcheries  de  Terre-Neuve; et 
quelques  esprits,  soit  lâcheté,  soit  dé- 
couragement ,   semblent   aujourd'hui 
désirer  ce  honteux  sacrifice.  En  pré- 
sence d'un  tel  état  decbosesja  tâche  des 
véritables  amis  du  pays  doit  être  de 
rappeler  de  toutes  leurs  forces  la  grande 
tradition  française  ;  de  dire  et  de  répé- 
ter que  moins  \ios  colonies  sont  nom- 
breuses, plus  il  faut  s'efforcer  de  les 
conserver,  plus  il  faut  chercher  à  en 
tirer  parti  ;  que  moins  nous  en  avons, 
plus  il  faut  travailler  à  en  acquérir  de 
nouvelles.  L'aven'r  de  la  France  est  là; 
son  commerce,  son  industrie,  sa  ma- 
rine, son  influence,  la  grandeur  de  son 
nom  y  sont   intéressés.  Qui   oserait 
proposer  de  sacrifier  tout  cela  ? 

OoLOKNO  (siège  du  château  de).  — 
Le  marquis  de  Maillebois,  comman- 
dant les  armées  françaises  en  Italie,  se 
porta,  au  mois  de  juin  1734,  sur  le 
château  de  Colorno ,  place  très-forte, 
sur  le  Pô.  Une  action  longue  et  meur- 
trière s'engagea  entre  les  Français  et 
le  général  autrichieo  de  Wurtemberf, 
rangé  en  bataille  derrière  le  diâteaii. 


GOL 


FRANCE. 


COL 


313 


Cekii-ci  fat  obligé  à  la  retraite,  après 
un  combat  de  oeuf  heures,  abandon- 
nant la  garnison  et  deux  mille  cinq 
cents  morts. 

Colosse  d'osier.  — La  religion 
druidique  avait,  comme  on  sait,  adopté 
les  sacrifices  humains.  Souvent  on 
i-emplissait  d'hommes  vivants,  de  pri- 
sonniers de  guerre,  un  colosse  d* osier 
I)osé  sur  un  vaste  bûcher.  Les  druides, 
es  bardés  et  le  peuple  l'entouraient 
en  foule.  Les  voix  et  les  gémissements 
des  victimes  étaient  couverts  par  les 
cris,  les  chants,  le  son  des  harpes,  des 
trompes  et  des  autres  instruments  de 
tnusique.  Un  prêtre  mettait  le  feu  au 
bûcher,  et  tout  disparaissait  dans  des 
tourbillons  de  flamme  et  de  fumée. 

CoLOT.  —  Ce  nom  est  celui  d'une 
famille  qui,  pendant  plus  d'un  siècle  et 
demi,  pratiqua  presaue  seule  en  France 
la  taille,  par  la  méthode  dite  haiU  ap» 
pareil.  Laurent  Colot  ou  Vancien^ 
médecin  à  Tresnel,  en  Champagne, 
avait  appris  cette  méthode  d'Octavien 
de  Ville,  qui  la  tenait  de  Mariano 
Santo  de  Barletta.  £n  1556,  Henri  II 
l'appela  à  Paris,  le  fit  chirurgien  de  sa 
maison  et  créa  pour  lui  une  charge  de 
lithotomiste  à  l'Hotel-Dieu.  Cette 
charge  fut  possédée  par  ses  descen- 
dants jusqu'à  Philippe  Colot.  Laurent 
Colot  enseigna  sa  méthode  à  son  fils, 
dont  il  vit  bientôt  la  célébrité  égaler 
la  sienne.  Celui-ci  fut  père  d'un  troi- 
sième Laurent  Colot^  qui  hérita  de 
l'habileté  de  son  père  et  de  son  aïeul,* 
et  donna  le  jour  à  Philippe  Colot  Ce 
fut  lui  qui,  atteint  lui-même  de  la  pierre, 
se  fit  tailler  par  son  propre  fils.  Connu 
dans  toute  l'Europe  et  appelé  de  tous 
côtés,  Philippe  Colot  ne  réserva  pas 
pour  lui  seul  le  secret  qu'il  tenait  de 
ses  pères;  il  associa  à  ses  travaux 
Giraulû,  son  neveu,  et  Séverin  Pi- 
neau. Le  fils  de  ce  Girault  fut  à  son 
tour  le  maître  de  François  Colot,  qui 
mourut  le  25  juin  1706,  et  composa 
un  Traité  de  l'opération  de  la  taille 
avec  des  observations  sur  la  formor 
tien  de  la  pierre  et  les  suppressions 
d'urine,  qui  fut  publié  en  1727,  vingt 
et  un  ans  après  sa  mort. 

COLSON  (Guillaume-François),  pein- 


tre d'histoire ,  né  à  Paris  le  1"  mai 
1785.  Admis  de  bonne  heure  dans  l'a- 
telier de  David ,  il  y  fit  en  peu  de 
temps  des  progrès  remarquables.  Mais 
abandonné  de  ses  parents ,  et  forcé  de 
travailler  pour  vivre,  il  ne  put  obtenir 
le  grand  prix  de  peinture.  Cependant 
il  ne  se  rebuta  pas;  et  bientôt  (1812), 
il  débuta  par  une  œuvre  capitale.  Nous 
parlons  de  son  grand  tableau  représen- 
tant la  clémence  de  Bonaparte  envers 
une  famille  arabe.  Cet  épisode  de 
l'expédition  d'Ég3^pte  attira  l'attention 
de  tous  les  luges  éclairés.  «  M.  Colson, 
A  dit  David ,  en  parlant  de  ce  tableau, 
«  est  devenu  un  très-habile  homme  ;  il 
«  en  a  donné  la  preuve  dans  la  dernière 
«exposition;  il  est  du  nombre  des 
a  élèves  destinés  à  illustrer  mon  école, 
«  je  dirais  presque  son  pays;  je  fais  la 
«c  plus  haute  estime  de  son  grand  ta- 
«  lent.  »  Depuis  ce  temps ,  M.  Colson 
a  exposé,  en  1819,  un  Saint  Charly 
Boromée  communiant  les  pestiférés 
dans  le  lazaret  de  Milan;  ce  tableau, 
qui  orne  auiourd'bui  la  chapelle  prin- 
cipale de  l'église  Saint -Merry,  est 
d'une  composition  sage,  également 
bien  entenaue  d'effet  et  d'expression. 
Il  a  exposé,  en  1824,  un  Jgamemnon 
méprisant  les  prédictions  de  Cassan- 
drcy  qui  se  trouve  maintenant  au  mu- 
sée de  Nantes.  Nous  crovons  que  cet 
artiste  est  aujourd'hui  à  la  Havane. 

CoLUMB  ou  Colomb  (Michel),  le 
plus  grand  sculpteur  de  l'école  de 
Tours,  naquit  vers  1431;  ses  œuvres, 
qui  font  depuis  longtemps  l'admiration 
des  connaisseurs,  étaient  cependant 
restées  anonymes;  c'est  seulement 
dans  ces  derniers  temps  qu'on  a  pu  les 
restituer  au  ^rand  artiste ,  dont  l'ins- 
cription funéraire  renferme  les  seuls 
documents  qu'on  ait  .jusqu'ici  sur  les 
événements  de  sa  vie.  «  Je  n'étois , 
dit-il ,  qu'un  pauvre  enfant ,  sans  ap- 
pui, courant  sur  les  routes,  à  la  merci 
de  Dieu  et  des  saints  patrons  de  nos 
villages,  oubliant  souvent  boire  et 
manger  pour  voir  travailler  à  toutes 
les  belles  croix  en  pierre  qui  ornent 
les  lieux  saints  du  diocèse  de  Léon , 
et  faisant  moi-même  de  petites  imaiges 
en  bois  avec  un  mauvais  couteau,  lors- 


314 


GOM 


LUKIVEKS. 


COM 


qpe  de  vénërdbleft  pfétres  me  prirerit 
eri  pitié  et  se  chargèrent  de  me  nour- 
rir, en  tne  disant  :  TraTdille ,  petit , 
regarde  tout  ton  saoul ,  et  le  dochér 
à  Jour  de  Safnt-Pol,  et  les  belles  œo- 
▼res  des  compaignons ;  regarde,  aime 
)e  bon  Dieu,  le  aonx  Sauveur  et  la  be- 
noiste  Vierge  Marie ,  et  tu  auras  la 
grâce  des  grandes  (choses  ;  tu  seras  en 
renom  dans  le  Léon  et  la  belle  duché 
de  Bretagne.  Ainsi  Je  faisois  dépuis 
longtemps  pour  devenir  habile  ouvrier, 
lorsque  notre  duchesse  Anne  m*a  com- 
ttiandé  te  tombeau  de  notre  gracieux 
duc  François  II  et  tté  la  duchesse  Mar- 
guerite (*).  » 

On  ne  cotinatt  ati($tin  des  outrages 
exécutés  par  Columb  avant  ce  mauso- 
lée. Tune  des  plus  belles  productions 
de  Fart  français.  Cfe  fut  en  1607  qu'il 
termina  ce  cnef-d'œuvre.  Peu  de  temps 
tibrès,  Marguerite  d'Autriche,  voulant 
élever  à  Wotre-Dame  de  Brou  le  mau- 
solée de  Philibert  de  Savoie,  chargea 
Columb  de  cet  ouvrage,  qui  fait  aussi 
radmiratioU  des  connaisseurs,  et  que 
lés  découvertes  de  M.  Leglajr  ont  der- 
nièrement restitué  à  son  véritable  au* 
teur.  Columb  est  mort  après  l'année 
1512,  à  l'âge  de  plus  de  quatre-vinai- 
un  ans,  laissant  une  nombreuse  école. 

Combat  à  la  babbii^be.  —  Le 
(;ombat  à  la  barrière  fut,  avec  la  Joute, 
le  tournoi,  le  behours  ou  bebourdis  et 
le  pas  d'armes  ,  un  de  ces  Jeux  mili- 
taires qu'inventa ,  dit-On ,  Créoffroy  de 
Preuilly,  gentilhomme  tourangeau,  au 
treizième  siècle,  et  dont  le  goût  de- 
vint bientôt  une  passion  chez  la  no- 
blesse française.  Il  consistait  en  une 
lutte  dans  laquelle  deux  troupes  de 
chevaliers,  descendus  de  leurs  couN 
sîers,  s'atteignaient  avec  la  masque, 
le  sabre  et  la  hache,  jusqu'à  ce  qu'un 
des  deux  partis  eût  repolisse  l'autre 
au  delà  d'une  barrière  qui  fermait  la 
lice.  Il  est  très-frégtiemment  parlé  de 
ciombats  à  la  barrière  dans  les  romans 
de  chevalerie  et  dans  la  partie  des- 
criptive et  héroïque  de  l'histoire  de 
France  au  moyen  âge  ;  ce  jeu  n'était 
pas  cependant  aussi  recherché  que  les 

(^)  Gnéj^,  BisUfire  dé  Nànus,  p.  aoà. 


aiiirea,  ipiarce  cfue,  pour  à*y  livrer,  il 
Aillait  mettre  pied  à  terre,  et  (3dmbat- 
tre  à  la  manière  des  vilains,  et  que  les 
gentilshommes  tenaient  siUguHère- 
ment  à  parader  devaiit  le^  à^mé^  sur 
leurs  grauds  et  loutdsf  chevaux  de  ba- 
taille. Le  combat  à  la  batrière  ^  pris 
iln,  aveo  les  autres  eter<;iceà  setnbla- 
bles,  vers  le  milieu  du  Éieizième  siède« 

Combat  où  DtBt  jùdigiaibb.  — 
L'usage  du  combat  judiciaire  fut  im- 
porté dans  leé  Gaules  par  les  peuples 
germaniques.  On  le  ttoûvé  en  effet 
prescrit,  dans  eertainei)  circonstances, 
par  la  loi  des  Ripiiaires  et  bar  toutes 
lés  autres  )oi^  barbares ,  à  rexeeptlon 
de  la  loi  saliouè.  Acettè  époque,  toute 
question  se  réduiéalt  en  fait ,  cft  il  n'y 
avait  d'autres  preuves  du  fait  que  le 
(ferment,  soit  de  la  partie,  soit  de  ses 
témoins,  et  le  cortibat.Gobdebaud,  dans 
iâ  loi  Gombette,  confirma  cette  insti- 
tution, «afin,  dit  le  texte,  qu'on  ne  fit 
«  plus  de  serments  téméraire^  sur  des 
<t  faits  obscurs,  et  de  faux  serments  sur 
«  deâ  faits  certains.  » 

La  plus  ancienhe  relation  d'un  cora- 
bat  judiciaire  se  tirouve  dans  Grégoire 
de  Tours.  «  L'an  690 ,  dit-il ,  pendant 
queGontran  chassait  danâ  la  forêt  des 
Vosges,  il  trouva  la  dépouille  d'un 
buffle  qu'on  avait  tué.  Il  pressa  de 
questions  le  garde  de  la  lofèt  pour 
savoir  qui  avait  osé  en  agir  ainsi  dans 
une  forêt  iroyale.  Le  garde  nomma 
Ghundon ,  chambellan  du  roi.  Le  roi 
alors  fit  arrêter  ce  dernier,  qui  fut  con- 
duit à  Châlons  chargé  de  chaînes.  Mais 
lorsque  ces  deux  hommes  discutèrent 
eti  présence  du  roi,  Ghundon  dit  qu'il 
n'était  point  coupable  de  ce  dont  on 
l'accusait,  et  le  roi  ordonna  le  combat. 
le  chambellan  présenta  son  neveu 
pour  combattre  â  sa  placé.  Les  deux 
champions  entrèrent  dans  la  lice.  Le 
jeune  homme  porta  un  coup  de  lance 
au  garde ,  et  lui  perça  le  pied  ;  et  le 
garde  étant  tombe  aussit6t  sur  le  dos, 
le  jeune  homme  tira  le  poignard  qui 
petidait  à  sa  ceinture,  et  lorsquMI  étitt- 
chait  à  couper  la  gorge  à  soii  adver- 
saire terrassé ,  il  nit  lui-même  blessé 
au  ventre  d'un  coup  de  poignard,  et 
tous  deux  tombèrent  morts.  Ghondoo 


cok 


ftlANCE. 


obBi 


Sis 


alors  s'enAiit  vers  la  basilique  de  Saîn^ 
Marcel;  mais  le  roî  cria  qu'on  l*ar- 
fëtât.  Où  ratteîgûit  avant  qu'il  pût 
toucher  le  sedil  sacfé,  on  rattacha  à 
un  poteau,  et  il  ftit  lapidé.  Dans  la 
stiite,  le  ror  se  Repentit  beaucoup  d'a- 
voir cédé  avec  tant  de  précipitation  à 
la  colère,  au  point  de  faire  périr  si 
promptement,  pour  une  faute  légère, 
lin  homme  fldèie  et  nécessaire.  » 

L'usage  du  combat  judiciaire  avait 
paru  s'aâaiblir  sur  là  fin  dé  la  pre^ 
mière  race,  par  suite  de  rinfluéncé  du 
clergé,  qui  cherchait  à  y  Substitue]^  lé 
serment.  Mais  Charlemagrie  fût,  pa^ 
les  remontrances  des  grands  de  l'em- 
pire, obligé  de  le  rétablir.  L^abécdôte 
suivante,  que  nous  cimpruntonii  à 
l^un  des  chroniqueurs  de  cette  épo- 
que ,  est  de  nature  à  faire  voir  com- 
bien cette  coutume  était  aloi'S  po- 
pulaire; elle  donnera  d'ailleurs  une 
idée  du  cérémonial  Usité  dàiis  ces  cir- 
constances : 

«  Les  Francs,  dit  Erraôld  le  Noir, 
ont  une  coutume  qui  remonte  à  là  plus 
haute  antiquité,  dure  encore,  et  sera, 
tant  qu'elle  subsistera,  l'honneur  et  la 
gloire  de  la  nation.  Si  quelqu'un ,  cé- 
dant à  la  tprce,  aux  présents  ou  à  l'ar- 
tffice ,  refuse  de  carder  envers  le  roi 
une  éternelle  fidélité,  ou  tente,  par  un 
àtt  criminel ,  contre  le  prince ,  sa  fa- 
mille ou  sa  couronne ,  quelque  entre- 
S'rise  qui  décèle  la  trahison ,  et  si  l'un 
e  ses  égaux  se  présente  et  se  porte  son 
accusateur,  tous  deux  doivent  à  l'hon- 
neur de  se  combattre  le  fer  à  la  main 
en  présence  des  rois,  des  Francs  et  de 
tout  ce  qui  compose  le  conseil  dé  \à 
nation,  tant  est  forte  l'horreur  qu'a  la 
France  pour  un  tel  forfait.  Un  grand 
nommé  Béro,  célèbre  par  d'immenses 
richesses  et  tme  excessive  puissance , 
tenait  de  la  munificence  de  l'empereur 
Charles  le  comté  de  Barcelone,  et  f 
exerçait  depuis  longtemps  les  droitiS 
âttadiés  à  son  titre.  Un  autre  grand , 
auquel  son  propre  pays  donnait  le  nom 
de  Sanilon,  exerça  des  ravages  sur  ses 
terres;  tous  deux  étaient  Goths  dd 
naissance.  Ce  dernier  se  rend  auprès 
du  roi ,  et  porte ,  en  présence  du  peu- 
ple et  des  grands  assemblés,  une  nor- 


rible  accusation  contre  son  rival.  Bérd 
iiie  tout.  Alors  tous  deux  â'éfanceni 
à  rehvl,  èé  prosternent  auit  pieds  il^ 
fastres  du  nloharqde/  et  demandent 
qu'on  leur  mette  dans  les  mains  le^ 
armes  du  combat.  Béro  S^écrië  le  pre^ 
mier  i  «  César,  je  t'en  supplié  au  nom 
«  méthe  de  ta  piété,  qu'il  me  soit  per- 
é  mis  de  repousser  cette  ëcciisation  ; 
«  mais  qu'il  me  soit  permis  aussi,  con- 
«  formémént  au*  usager  dé  notre  na-) 
«  tion,  de  combattre  à  cheval,  et  de  me 
«servir  de  mes  propres  armés.  «  Cette 
prière,  Sanilônla  répète  avec  instahce. 
«  C'est  atix  Francs,  répond  Céfear,  qu'il 
«  appartient  de  prononcer;  c*est  leuîr 
«  dfroft;  il  convient  qu'il  éii  Soit  ainsi, 
«  et  nous  l'ordonnons.  »  Les  Francs 
rènderit  leur  Sentence  dans  leà  formesr 
consacrées  par  leurs  antiques  u^âgeâ. 
Alors  lès  deux  champions  préparent 
leurs  armes,  et  brûlent  dé  ^*élàncer 
dans  l'arène  du  combat.  Césai^,  poussé 
par  soîi  amour  pour  Dieu,  leur  adresse 
cependant  ce  peu  de  paroles ,  éi^pres- 
slon  vraie  de  sa  bouté  :  «  Quel  due  sdlt 
«  celui  de  vous  qui  se  reconnaîtra  vo- 
«lontaii'ementcoupcibleducrime  qu'on- 
«  lui  impute,  plein  d'indulgence  et  éri- 
«  ehaîné  par  mon  dévouement  au  Sei- 
«gneur,  je  lui  pardonnerai  sa  faute, 
<t  et  lui  remettrai  toutes  les  peines  dues 
«  â  son  délit.  Croyez-le ,  il  vous  est 
«  plus  avantageux  de  céder  à  tnes  con- 
«  seils  que  de  recourir  aux  cruelles  ex- 
«  trémités  d'un  horrible  combat.  »  Mais 
ces  deux  ennemis  renouvellent  leurde- 
rtiande  avec  instance,  et  crient  :  «  C'est 
«  le  combat  qu'il  nous  faut  ;  que  tout 
<<  âoît  disposé  pour  lè  combat.  »  Le 
sage  empereur,  cédant  à  leurs  désirs, 
leur  permet  de  coUibattre  selon  la  cou- 
tume des  Goths,  et  les  deux  rivaux  ne 
tardent  pas  un  instant  à  lui  obéir. 

«Tout  près  du  château  Impérial, 
nommé  le  palais  d'Aix,  est  un  lieti  re- 
marquable, dont  la  renommée  s'étend 
au  loin.  Entouré  de  murailles  toutes 
de  marbre ,  défendu  par  des  terrasses 
de  gazon  et  planté  d'arbres,  il  est  cou- 
vert d'une  herbe  épaisse  et  toujours 
verte;  le  fleuve,  coulant  doucement 
dans  un  lit  profond,  en  arrose  le  mi- 
lieu ,  et  il  est  peuplé  d'une  foule  d'oi-* 


116 


COK 


L'UNIVERS- 


COU 


leaux  ttt  de  bétes  fauves  de  toute  es- 
pèce. C'est  là  que  le  monarque  va 
souvent,  et  quano  il  lui  plaît ,  coasser 
avec  une  suite  peu  nombreuse;  là,  ou 
bien  il  perce  ae  ses  traits  des  cerfs 
d*une  inimense  stature,  et  dont  la  tête 
est  armée  de  bois  élevés ,  ou  bien  il 
abat  des  daims  et  d'autres  tanimaux 
sauvages;  là  encore,  lorsque,  dans  la 
saison  de  Thiver,  la  glace  a  durci  la 
terre,  il  lance  contre  les  oiseaux  ses 
faucons  aux  fortes  serres  ;  là  se  ren- 
dent Béro  et  Salinon,  tremblants  de 
colère.  Ces  guerriers ,  d*uoe  baute 
taille ,  sont  montés  sur  de  superbes 
coursiers  ;  ils  ont  leurs  boucliers  rejetés 
sur  leurs  épaules,  et  des  traits  arment 
leurs  mains  ;  tous  deux  attendent  le 
signal  que  le  roi  doit  donner  du  baut 
de  son  palais;  tous  deux  aussi  sont 
suivis  d  une  troupe  de  soldats  de  la 
garde  du  monarque,  armés  de  bou- 
cliers ,  conformément  aux  ordres  du 
prince,  et  qui ,  si  Tun  des  champions 
a  frappé  du  glaive  son  adversaire,  doi- 
vent ,  suivant  une  coutume  dictée  par 
l'humanité,  arracher  celui-ci  des  mains 
de  son  vainqueur,  et  le  soustraire  à  la 
mort.  Dans  l'arène  est  encore  Gun- 
dold,  qui,  comme  il  en  a  l'habitude 
dans  ces  occasions,  se  fait  suivre  d'un 
cercueil.  Le  signal  est  enûn  donné  du 
haut  du  trône.  Un  combat,  d'un  genre 
nouveau  pour  les  Francs,  et  qui  leur 
était  inconnu  jusqu'alors,  s'engage 
entre  les  deux  rivaux.  Ils  lancent  d'a- 
bord leurs  javelots,  se  servent  ensuite 
de  leurs  épées ,  et  en  viennent  à  une 
lutte  furieuse,  ordinaire  chez  leur  na- 
tion. Déjà  Béro  a  percé  le  coursier  de 
son  ennemi.  Aussitôt  l'animal  furieux 
se  cabre  sur  lui-même,  et  fuit  à  toute 
course  à  travers  la  vaste  prairie.  Sa- 
linon feint  de  se  laisser  emporter,  lâche 
enGn  les  rênes ,  et  de  sou  épée  frappe 
son  adversaire,  qui  alors  s'avoue  cou- 
pable. Aussitôt  la  vaillante  jeunesse 
accourt,  et,  fidèle  aux  ordres  de  César, 
arrache  à  la  mort  le  malheureux  Béro, 
épuisé  de  fatigue.  Gundold  s'étonne , 
et  renvoie  son  cercueil  sous  le  hangar 
d'où  il  l'avait  tiré;  mais  il  le  ren- 
voie vide  du  fardeau  qu'il  devait  por- 
ter;  car  César   accorde  la   vie  au 


yaiocu,  lui  permet  de  se  retirer  sain  et 
sauf,  et  pousse  même  la  démence  Jus- 

3u'à  consentir  qu'il  jouisse  des  pro- 
uits  de  ses  terres  (*).  • 

L'influence  civilisatrice  du  clergé 
gallo-romain,  qui,  ainsi  gue  nous  l'a- 
vons dit,  avait  presque  (ait  abandon- 
ner, à  la  fin  de  la  première  race ,  Tu- 
saçe  des  combats  judiciaires,  finit  par 
agir  sur  les  compagnons  de  Charle- 
magne,  comme  elle  avait  agi  sur  ceux 
de  Clovis.  Cette  coutume  barbare  sub-  * 
sista  toutefois  dans  toute  sa  force  tant 
que  la  famille  carlovingienne  se  main- 
tint sur  le  trône;  mais  à  partir  de 
l'avènement  des  Capétiens ,  elle  com- 
mença à  s'affaiblir.  En  1041 ,  fîit  ins- 
tituée, par  Henri  I*',  la  Trêve  du  Sei- 
gneur, qui ,  en  mémoire  de  la  passion 
de  Jésus-Christ,  défendit,  sous  peine 
d'excommunication  ,  de  livrer  aucun 
combat ,  depuis  le  mercredi  jusqu'au 
lundi  de  chaque  semaine. 

En  1145,  Louis  VI  abolit  par  une 
charte  l'usage  qui  autorisait  le  prévôt 
de  Bourges  à  appeler  en  duel  quicon- 
que n'obéissait  pas  à  ses  mandats,  et  il 
défendit,  en  1167,  le  combat  dans  les 
procès,  quand  la  chose  en  litige  ne  dé- 
passerait pas  la  valeur  de  cinq  sous. 

En  1260,  un  édit  de  saint  Louis  dé- 
fendit, mais  seulement  dans  les  do- 
maines du  roi,  les  duels  ou  gages  de 
bataille.  Le  parlement  avait  encore 
ordonné,  en  1256,  un  combat  singu- 
lier pour  cause  d'adultère.  Philippe  le 
Bel,  qui  avait  défendu  pour  toujours, 
en  1303,  les  combats  en  matière  civile, 
les  rétablit  en  1306  par  un  édit  qui 
les  restreignit  à  quatre  cas,  et  en  ré- 
gla le  cérémonial. 

En  1386,  le  parlement,  qui  déjà,  en 
1354,  avait  ordonné  un  combat  pour 
une  accusation  de  viol,  prononça  un 
arrêt  semblable  dans  une  cause  de 
même  nature  entre  les  nommés  Ca- 
rouge  et  Legris.  La  femme  de  Carouge 
accusait  Legris  de  l'avoir  violée.  Celui- 
ci  nia  le  fait;  sur  la  plainte  de  Carouge, 
le  parlement  déclara  qu'il  échéoit  gage, 
et  ordonna  le  combat.  Legris  fut  tué. 
Cependant  son  innocence  fut  procla- 

(*)  Ermoldus  Nigellus,  p.  77  et  suit. 


COM 


FRANCE. 


COM 


317 


mée  longtemps  après  par  le  véritable 
coupable ,  qui  avoua  son  crime  au  lit 
de  la  mort. 

£n  1409,  une  ordonnance  de  Char- 
les VI  défendit  les  duels,  à  moins  qu'il 
n'y  eût  gage  jugé  par  le  roi  ou  le  par- 
lement; cette  prérogative  fut  même 
exclusivement  réservée  au  roi ,  à  par- 
tir du  commencement  du  seizième 
siècle.  François  I*'  ordonna  et  présida 
plusieurs  combats  en  champs  clos.  Le 
règne  de  Henri  II  commença  par  le 
fameux  duel  de  Jamac  et  de  la  Cha- 
taigneraye,  qui  eut  lieu  avec  toutes  les 
formes  et  tout  l'appareil  des  combats 
judiciaires.  L'issue  de  ce  combat ,  si 
funeste  à  la  Chataigneraye ,  favori  de 
Henri  lï,  engagea  ce  prince  à  faire  le 
serment  de  ne  plus  autoriser  de  pareils 
combats.  «  Cependant  ce  serment,  dit 
Voltaire  dans  son  Essai  sur  les  mœurs, 
ne  l'erapécha  pas  de  donner  deux  ans 
après,  en  conseil  privé,  des  lettres  pa- 
tentes par  lesquelles  il  était  enjoint  à 
deux  jeunes  gentilshommes  nommés 
Fendilles  et  d'Aguerre,  d'aller  à  S*edan 
se  purger  par  duel  de  certaine  accu- 
sation qu'on  n'ose  indiquer  en  bonne 
compagnie.  » 

Par  un  édit.de  1569,  Charles  IX  dé- 
fendit les  combats  singuliers,  avec  ré- 
serve néanmoins  de  les  autoriser  en 
connaissance  de  cause,  cevq<ï'il  fit  pour  • 
une  accusation  de  consprr^ion  portée 
par  Albert  de  Luynes  contré 'le  capii- 
taine  Panier,  exempt  des  g^i^les  du 
corps,  qui  y  fut  tué.  Ce  duel  parait 
être  le  dernier  qui  ait  été  revêtu  des 
formes  officielles.  Cependant  on  pour- 
rait encore  ranger  dans  cette  classe 
une  joute  sanglante  qui  fut  autorisée 
par  Henri  IV,  et  à  laquelle  ce  prince 
assista.  Cette  joute  eut  lieu  en  1605, 
entre  le  duc  de  Guise  et  le  maréchal 
de  Bassompierre.  Suivant  le  récit  que 
ce  dernier  en  a  fait  dans  ses  Mémoi- 
res, il  avait  inspiré  au  roi  de  la  jaiou* 
sie  au  sujet  de  la  belle  d'Entragues,  et 
le  défi  du  duc  de  Guise  n'était  que  l'ef- 
fet d*une  basse  flatterie.  Le  combat 
eut  lieu  dans  la  cour  du  Louvre,  qu'on 
dépava  à  cet  effet.  Bassompierre  reçut 
dans  le  ventre  un  tronçon  de  la  laiîee 
lie  ^n  adversaire.  Ses  entrailles  sor*. 


tirait,  et  on  le  crut  mort  dans  le  mo- 
ment. Il  survécut  cependant,  et  se 
guérit. 

Voici  quelles  étaient  les  formalités 
usitées  au  moyen  âge  dans  les  combats 
judiciaires  : 

Le  théâtre  de  la  lutte  était  un  espace 
appelé  champ  clos ,  autour  duquel  on 
tendait  une  corde  que  personne  ne 
pouvait  franchir.  Primitivement,  on 
voyait  s'élever  en  tête  de  cet  espace 
une  potence  ou  un  bûcher  destiné  aux 
vaincus.  Deux  sièges  tendus  de  noir 
étaient  réservés  aux  combattants,  qui 
s'y  plaçaient  pendant  les  préliminaires 
du  combat.  Ces  préliminaires  consis- 
taient en  discours,  formules  et  cérémo- 
nies religieuses,  dont  la  principale  était 
le  serment  prêté  par  les  parties  sur  les 
évangiles,  et  par  lequel  elles  affirmaient 
qu'elles  n'avaient  employé  ni  sorcelle- 
ries, ni  maléfices,  ni  enchantements; 
affirmation  dont  on  prenait  ensuite  la 
précaution  de  vérifier  l'exactitude  par 
une  rigoureuse  visite.  Cela  fait ,  on 

{)artagedit  également  l'espace,  le  vent, 
e  soleil  entre  les  adversaires,  et  quel- 
quefois on  leur  distribuait  des  sucre- 
ries ou  autres  friandises  pour  leur  te- 
nir lieu  de  rafraîchissements  ;  puis  on 
visitait  et  on  mesurait  leurs  armes; 
après  quoi,  le  combat  commençait  à 
un  signal  donné  par  le  maréchal  du 
camp ,  qui  criait  :  «  Laissez  aller  les 
bons  combattants!  » 

Il  était  défendu  aux  assistants,  sous 
des  peines  très  -  sévères ,  de  parler, . 
tousser^  craciier,  éternuerou  faire  quoi 
que  ce  soit  qui  pût  distraire  ou  inter-' 
rompre  les  champions.  Celui  qui  offrait 
le  combat  devait  jeter  quelque  chose, 
à  son  adversaire;  c'était  ordinaire- 
ment un  gant ,  que  celui-ci  ramassait 
pour  marquer  qu'il  acceptait  le  défi. 
L'objet,  ainsi  jeté  et  ramassé,  était  ce 
qu'on  appelait  le  gage  de  bataille, 
ChacuQ  des  combattants  choisissait, 
aussitôt  un  ou  plusieurs  témoins.  Ces, 
témoins,  auxquels  on  donna  longtemps 
le  nom  de  parrains^  n'eurent  d'abord 
d'autres  fonctions  que  celles  de  veiller 
au  maintien  des  règles  et  formalités 
prescrites  pour  le  combat.  Mais  dans 
la  suite,  ils  durant  y  participer  aussi i 


iië 


L'UmVEBS. 


et  prèûéH  fâtt  «t  eatisé  poar  leori 
filleuls,  soit  pour  I6S  appuyer,  soit 

pour  les  venger. 

Avant  d'entrer  eh  lice,  les  combat- 
tants assistaient  à  la  messe,  et  souvent 
même  ils  recevaient  rEucharistie  en 
fbriïie  de  vlatiqaé.  On  trouve  encore 
dans  quelques  ancienis  missels  le  pro* 
pre  de  cette  tnéS8e,qui  y  est  intitulée 
Missà  pro  duello.  Après  le  combat , 
le  vainqueur  revenait  à  Féglise  faire 
ses  actions  de  grâce ,  et  il  y  laissait 
queliquefois ,  comme  ex  voêiy  les  dé- 
pouilles de  son  ennemi.  Les  armes  or*- 
dinaires  étaient,  pour  les  nobles,  Tes- 
pâdon,  épée  large  et  à  deux  tranchants, 
la  cuirasse 9  le  bouclier  et  la  lance, 
quand  on  comblittait  à  cheval.  Les  ro- 
turiers ne  pouvaient  se  mesurer  qu'a- 
ve(;  le  bâton. 

Desfohtaineft  et  Beaumanoir  nous 
oiïlt  donservé  les  diverses  formalités  du 
CN^mbàt  Judiciaire,  tel  que  l'ordon* 
liaient  encoire  les  tribunaux  de  leur 
temps.  Non-senlement  le  combat  avait 
lieu  entré  lès  parties  oontendantes , 
mais  il  pouvait  s'établir  aussi  entre 
Tune  des  parties  et  les  témoins  pro- 
duits par  r^utre.  Sur  un  d^enti 
donné  par  celié-ci,  le  combat  coni- 
ifien^aSf  ;  et  si  le  témoin  était  vaincu, 
Ift  piartie  était  censée  avoir  produit  un 
ftlux  témoin ,  et  ellu  perdait  son  pro- 
éês.  Si  le  procès  avait  été  Jugé  en  pre- 
mière instance  sur  une  déposition  de 
témoins,  la  partie  qui  l'avait  perdu 
avait  le  droit  de  famser  immédiate* 
ment  le  jugement,  en  donnant  au  juge 
le  démenti  auinoment  où  il  prononçait 
sa  sentence.  Alors  le  combat  s'eoga- 
g^ait  avec  lui.  Dans  tous  les  cas ,  le 
vainôti  n'en  était  pas  quitte  pour  les 
hasards  du  combat,  il  deVait  en  outre 

{)ayer  une  grosse  amende,'  et  c'est  de 
à  que  vient  le  proverbe  :  Lès  bcfêttts 
payent  V amende.  Il  n'était  pas  permis 
au  vassal  défausser  le  jugement  de 
son  seigneur.  Il  n'y  a,  dit  Desfontai* 
oes,  entre  toîy  seigneur,  et  ton  vUain, 
êiutré  juge  fors  Dieu,  Ce  fut  saint 
Louis  qui  introduisit  Tusage  de  faus- 
ser, c'est-à-dire,  d'appeler  des  juge- 
ments sans  que  le  combat  en  résultât. 
Ce  fut  ime  espèce  de  révolution. 


IheifMi  c^tnips  eas)  on.peQfgitçn 
battre  par  procureur,  hotampQt 
quand  le  procès  concernait  des  feio^ 
mes  ou  des  ecclésiastiques.  (Voyez  le 
mot  CHÀMPtoif.)  Telle  était  la  \è^ir 
lation  en  matière  civile.  En  matière 
criminelle,  la  partie  qui  succonobaitt 
soit  par  elle-même,  soit  par  son  cham- 
pion, était  pendue  ou  brûlée,  «  ^^  c^ 
guiseroU  vaincu,  disent  les  établis- 
sements de  saint  Louis,  si  seront  pe»* 
du.  »  Pendant  que  les  champions  com- 
battaient, les  deux  parties  étaient 
gardées  hors  de  la  lice  «  la  corde  au 
cou,  attendant  la  potence  ou  la  liberté, 
suivant  le  résultat  de  la  lutte. 

Un  noble  pouvait  appeler  un  rotu- 
rier au  combat;  mm  le  premier  n'é- 
tait pas  tenu  de  répondre  à  l'appel  du 
second.  Une  charte  de  l'année  III6 
accorde  aux  moines  de  Tabbaye  de 
Saint-MaU]>des-Fo8$és  le  privilège  i^ 
faire  battre  lieurs  serfs  avec  des  per* 
sonnes  franches  (*). 

Pour  plus  de  détails  Qur  cette  ma* 
tière,  nous  renvoyons  aux  chartea  da 
communes  accordées  k  différentes  vil* 
les  au  commencement  du  douzième 
siècle,  et  au  niiot  Duelluk  du  Glos- 
saire de  du  Gange.  Voyez  d'aillears 
l'article  Dubl* 

Cqmbault  (monnaie  de),— Il  paraît 
que  le  petit  village  de  Combauit,  ea 
Brie ,  aujourd'hui  département  de 
Seine-et-Marne  ,  arropdissemept  49 
Melun ,  posséda  autrefois  un  atelier 
monétaire.  On  lui  attribue  générale^ 
ment  un  triens  qui  présente  d'un  coté 
un  buste  de  profil  droit,  arec  la  lé- 
gende: GoMBELLis  FIT,  et  au  revers 
une  croix  anséè  avec  le  nom  du  moaé* 
taire  Robombris. 

CoMBs  (Michel),  né  à  Feurs  (Loire) 
le  Su  octobre  1787,  entra  au  service 
comme  volontaire  la  IT  ventôse  an  Jh 
passa  par  tous  les  grades  inférieerst 
fut  nommé  adjudant  sous-officier  eo 
1807^  et  reçut,  le  l*""  oetobre  1807, 
là  croix  de  la  Légion  d'honneur,  ea 

(*)  Nous  avons  fait  dé  nombreux  eli- 
prqnts ,  dans  le  ooufs  de  cet  article»  à  YMû' 
foire  des  duels,  par  M.  Fougwonx  df  Cm* 
pigneultefi. 


€6M 


FRÂSCE. 


et» 


Hicôitipensé  âë  sa  bdte  conduite  péri* 
daht  )â  câttipagne  de  Pi>U8se  et  de  Po- 
logne. La  valeur  dolit  il  fit  preiivç 
pendant  les  catnpa^dès  suivantes  lui 
fit  conférer,  lé  7  juin  1809,  Tépaulettè 
de  sptis-iieiJtenânt.  Nommé  lieiitenàîît 
Ui  18  mai  1811 ,  et  àdjudant-major  le 
16  décembre  de.  la  rtiëme  ëniiee ,  il 
dût  à  sa  réputation  de  bravdiire  êôh 
admission  darï^  la  gafde  iitipêFiàle,  et 
passa,  lé  12  juin  1813,  comme  liéUtei- 
iiant  en  second  dans  le  l**"  tégiméiit 
dé  grenadiers  à  pied  de  la  vieille  garde. 
Il  0t  ëti  cette  qualité  là  campagne  dé 
Russie.  Ad  retour  de  cette  tatalé  ex- 
pédition, Napoléon ,  voulant  réorgani- 
ser soh  airmee,  choisit  les  officiers  les 
plus  dlstiti|ués  pout  leur  confier  le 
commandement  iet  Tinstruction  éeh 
soldats  des  dernières  levées.  Confit^ 
fut,  en  conséquence,  nommé,  le  12 
mars  181^,  Capitaine  adjudant-majoi* 
dans  le  135*  regiinënt  d'mfanterie  de 
ligtie,  et  ^t  àvée  ce  corps  les  cçiiipâ- 
ghes  de  Sàxé  eh  1813,  et  de  France 
en  1814.  Na{)olêon,  qui  connaissait  là 
bravoure  de  Combe,  rappela  de  nou- 
veau datis  les  grenadiers  à  pied  de  la 
vieille  gardé ,  et  lui  donna ,  le  3  avril 
1814,  lé  brevet  de  capitaine  èhef  de 
bataillon  dans  ce  corps  d'élite.  L'erïl- 
pii^e  était  à  son  déclin,  et  Texistence 
d'une  foule  de  braves  allait  être  bri- 
sée. Napoléon,  en  perdant  àa  puis- 
sance, n'en  conservait  pas  inoins  toiis 
ses  droits  â  l'anection  d*un  grand 
nombre  de  ctisurs  iiobles  et  dévoués. 
XiOrsquMI  s*dgit  de  désigner  ceux  qui 
devaient  raccompagner  dans  son  exjj , 
îl  n'v  eut  que  rembarras  du  choix. 
Coitine  fut  désigné  pour  faire  partie 
du  bataillon ,  et  fut  nommé  comipan- 
dant  de  la  2*  compagnie  de  grenadier^ 
le  7  avril  1814. 

Au  mois  de  mars  1815,  Il  revint  eh 
France  avec  rcmpereùr,quî  le  nomma 
officier  de  la  Légion  d'honneur  le  11 
avril  suivant,  et  chei  de  batai11on>ma- 
jordans  le  V  régiment  de  grenadiers 
a  pied  de  la  vieille  garde  le  Ï3  du 
menié  mois.  Il  combattit  à  Wateirloo, 
fil  resta  Je  dernier  sur  le  champ  de 
bataille.  Après  nos  désastres,  il  s'ex- 
patria^  et  ne  revint  en  France  qu'à  la 


rë^dlutfon  dé  183Ô.  Placé,  le  U  dé^ 
cetubre  de  cette  année,  coinme  lieutB» 
nant-colônel  dans  le  24^  de  ligne,  i4 
fut  iiommé  colonel  du  66*  le  14  dé* 
cembre  1831  ;  et  ce  fut  lui  qui,  le  23  féh 
vriët  1832,  s'empara  de  la  forteresse 
d'AlicÔrie.  Si  rdccupâtiop  de  cette 
place  ne  produisit  pas  Teffet  qu'en  atf 
tendaient  les  véritables  amis  dé  la  li*- 
liysné ,  ce  n'est  pas  à  l'ititeépide  coio<- 
iiël  qu'il  faut  s'en  prendre,  mais  à 
ceux  qui,  après  cette  action  éclatante, 
eurent  la  lâcheté  de  lui  enlever  le  oom^ 
Inandement  du  66i^.  La  réprobation 
générale  qui  accueillit  cette  honteuse 
Tiiesûre  força  le  gouvernement  à  rapi- 

Î)eler  dariS  les  rahgs  dés  défenseurs  de 
a  patrie  celui  qui  visnait  d'ajouter  ut 
nouveau  fleuroti  à  sa  glorieuse  cou*- 
ironile.  Mais ,  comme  par  une  àmère 
dériiiion ,  ce  fUt  à  la  tête  d'iiti  c«ir^ 


ardent  et  le  plus  dévoué.  Il  fut  appelé 
au  conlmandement  de  la  légion  étran- 
gère par  uhé  ordonnance  royale  du 
V  lilai  1832.  Il  ne  conserva  cepetidadt 
ce  posté  que  ^Uel^ues  mois,  et  fut 
nomrné  colonel  du  47<'  de  ligne  le  le 
octobre  suivant.  Dégoûté  d'un  servie^ 
que  Ton  semblait  prendre  S  tâche  de 
rendre  pénible ,  Combe  avait  té  désir 
de  se  retirer;  mais  sur  ce  qu'Oii  lui  St 
obserVe^  qu'il  y  a^ait  eiicore  quelque 
chose  à  faire  eti  Afrique,  le  jUStë  mé- 
contentement qu'il  éprouvait  fit  place*, 
dans  son  noble  Cœur,  à  une  résolution 
généreuse.  Il  sollicita  et  obtint  de  faire 
partie  du  corps  expéditionnaire  placé 
sous  les  ordres  du  général  BUgeaud 
dans  la  province  d'Oran.  Dès  lors , 
tous  les  champs  dé  bataille  ot  il  sa 
trouva  furent  témoins  de  sa  valeur. 
Toutes  les  fois  qu'on  marchâlit  à  Ten^ 
nemi,  il  avait  un  commandement  d'Of- 
ficier général  ;  il  ne  redevenait  simple 
colonel  que  dans  les  ^misons,  cft 
lorsque  tout  danger  était  passé.  AprÔS 
le  glorieux  combat  de  la  Sicka ,  toute 
l'armée  pensait  que  le  grade  de  maré- 
chal de  camp  serait  le  prix  de  ses  longs 
et  brillants  services.  Combe  attendit 
inutilement  les  insignes  de  ce  grade) 


iso 


GOM 


L'UNIVERS. 


GOM 


on  lui  envoya  la  décoration  de  comr 
mandear  de  la  Légion  d'honneur, 
vain  hochet  devenu  sans  valeur  de- 
puis qu'on  a  prodigué  sans  discerne- 
ment cette  aistinction  si  glorieuse 
dans  l'origine.  Déçu  dans  ses  espé- 
rances les  plus  légitimes,  Combe  re- 
prit son  projet  d'abandonner  le  ser- 
vice. Déjà  sa  demande  de  retraite  était 
formée;  encore  quelques  jours,  et, 
rentré  dans  ses  foyers ,  le  colonel  eût 
été  pour  jamais  rendu  à  la  vie  civile, 
lorsaue  l'expédition  de  Constantine  fut 
déciaée.  Le  général  qui  l'avait  souvent 
conduit  au  combat  lui  montre  un 
nouveau  danger  à  affronter,  une  occa- 
sion brillante  d'être  encore  utile  à  son 
pavs.  Aussi  zélé  patriote  qu'intrépide 
soldat,  G)mbe  déchire  sa  demande  de 
retraite,  et  vole  à  l'un  des  postes  les 
plus  périlleux  de  l'armée:  il  y  est 
frappe  mortellement,  et  expire  en  hé- 
ros. Voici ,  d'après  les  journaux  offi- 
ciels, le  récit  de  cet  événement  (*)  : 

Le  corps  expéditionnaire  était  arr 
rivé  devant  Constantine,  et  la  tranchée 
avait  été  ouverte  le  12  octobre  1837. 
L'assaut  de  la  place  fut  résolu  pour  le 
13  au  matin.  En  conséquence,  les  co- 
lonnes d'attaque  furent  organisées 
pour  le  donner.  Le  colonel  Combe 
commandait  la  deuxième.  Après  avoir 
adressé  à  sa  troupe  quelques  paroles 
pleines  de  chaleur  et  d'énergie,  il  s'é- 
lance au  pas  de  course  vers  la  brèche, 
où  pleuvait  une  grêle  de  balles,  en 
criant:  «En avant,  mes  amis!  et  vive 
à  jamais  la  France!»  Arrivé  sur  la 
crête ,  et  dans  la  première  maison  qui 
faisait  face  à  la  brèche,  le  colonel  re- 
connut d'abord  que  toutes  les  issues 
étaient  fermées;  il  se  mit  à  découvert 
pour  en  ouvrir  une.  Là  il  reçut  une 
première  blessure  au  cou ,  et  n'en 
continua  pas  moins  à  marcher  en 
avant,  jusqu'à  une  barricade  à  l'abri 
de  laquelle  les  Arabes  faisaient  un  feu 
yif  et  meurtrier  sur  nos  soldats.  Le 
colonel,  jugeant  aussitôt  de  quelle  im- 
portance il  était  de  renverser  promp- 
tement  cet  obstacle,  s'adressa  à  sa 

(*)  Voyez  la  Sentinelle  4e  Varmée  et  le 
^Qntteur  universel. 


troupe ,  et  dit  :  «  La  croix  d'honneor 
«  est  derrière  ce  retranchement ,  qai 
ft  veut  la  gagner  ?»  M.  Besson ,  sous- 
lieutenant  de  voltigeurs  au  47%  n'at- 
tendit pas  la  fin  de  la  phrase  ;  il  fran- 
chit la  barricade  d'un  seul  bond ,  et 
fut  suivi  de  tous  ses  voltigeurs.  Quel- 
ques minutes  après,  le  colonel  Combe 
reçoit  le  coup  mortel;  il  le  sent,  mais 
ne  le  témoigne  pas,et,  se  survivante  lui- 
même  par  l'énergie  d'une  âme  qu'ein- 
brase  1  amour  de  la  patrie,  il  ne  s'oc- 
cupe que  de  l'issue  du  combat: il 
assure  la  victoire,  puis,  se  tournant 
vers  les  siens ,  il  leur  dit  :  «  Ce  n'est 
«  rien,  mes  enfants,  je  marcherai  bien- 
«  t6t  à  votre  tête.»  Il  se  dirige  ensuite 
vers  la  brèche  pour  se  faire  panser; 
mais  il  veut  auparavant  rendre  compte 
au  commandant  du  siège  du  succès  dé- 
cisif de  nos  colonnes.  Il  s'avaneedroit 
vers  lui,  et  lui  dit  avec  calme: «La 
«  ville  ne  peut  tenir  plus  longtemps; 
«  le  feu  continue,  mais  va  bientôt  ces- 
«  ser;  je  suis  heureux  et  fier  de  pou- 
«  voir  être  le  premier  à  vous  l'annon- 
«  cer.  Ceux  qui  ne  sont  pas  blessés 
«  mortellement  pourront  se  réjouir 
«  d'un  aussi  beau  succès;  pour  moi, 
«c  je  suis  satisfait  d'avoir  pu  verseï 
«  encore  une  fois  mon  sang  pour  ma 
«  patrie.  Je  vais  me  faire  panser.» 
Ces  paroles  sont  sublimes  de  simpli- 
cité. Le  calme  avec  lequel  Combe  les 
avait  prononcées  ne  laissait  point 
soupçonner  qu'il  fût  mortellement  at- 
teint; ce  ne  fut  ^ue  lorsau'il  se  re- 
tourna pour  aller  à  l'ambulance  qu'oa 
aperçut  avec  une  admiration  mêlée 
d  effroi  le  trou  de  la  balle  qui  avait 
percé  l'omoplate  et  traversé  le  pou- 
mon. A  cinquante  pas  de  là,  il  tomba 
en  faiblesse.  Il  fut  d'abord  porté  à  soo 
bivouac,  oii  les  premiers  soins  lai 
furent  donnés ,  puis  à  l'ambulance,  ou 
il  expira  le  15  octobre  1837. 

Dans  sa  longue  et  glorieuse  car- 
rière. Combe  a  fait  mieux  ^ue  d'ob- 
tenir des  grades,  il  les  a  mérités. On 
ne  pourrait  pas  en  dire  autant  de  tous 
c«ux  que  le  gouvernement  lui  a  pré- 
férés. 

Après  la  mort  de  Combe,  le  général 
en  chef  de  l'armée  d'Afrique  paya, 


GOM 


FRANCE. 


€OM 


831 


dans  ses  rapports  officiels ,  un  juste 
tribut  d'éloges  à  sa  mémoire;  le  roi, 
voulant  honorer  un  trépas  si  glorieux, 
ordonna  qu'un  buste  en  marbre  re- 
traçant les  traits  du  héros  serait  placé 
dans  rbôtel  de  ville  de  son  pays  natal, 
et  que  son  cœur,  transporté  en  France 
aux  frais  de  TÉtat ,  y  serait  aussi  dé- 
posé. Le  ministre  de  la  guerre  écrivit 
une  lettre  de  condoléance  à  sa  veuve; 
un  député,  mû  par  les  plus  honorables 
sentiments,  proposa  à  la  chambre  d'ac- 
corder une  pension  de  3,000  fr.  à  la 
veuve  Combe;  toutes  les  âmes  géné- 
reuses s'associèrent  avec  empresse- 
ment à  ce  projet.  La  demande  fut  prise 
en  considération  dans  la  séance  du 
10  février  1838;  une  commission, 
composée  de  MM.  Énouf,  général  La- 
rhy,  général  Schneider,  de  Montépin, 
colonel  de  Lacoste,  général  Doguereau, 
Pérignon,  Gaiilard-Kerbertin  et  colo- 
nel Garraube ,  fut  nommée  dans  celle 
du  17.  Le  27,  le  général  Doguereau, 
rapporteur,  conclut  au  rejet  de  la  pro- 

{)osition.  Lie  9  mars,  la  discussion  eut 
ieu  ;  MM.  le  général  Bugeaud ,  Lara- 
bit ,  Baude,  de  Chasseloup-Laubat 
(Just) ,  le  colonel  Garraube ,  défendi- 
rent chaleureusement  la  proposition , 
qui  fut  vivement  attaquée  par  le  rap^ 
porteur  et  par  le  ministre  des  finances  ; 
enfin,  le  scrutin  vint  mettre  un  terme 
à  cette  pénible  discussion  sur  le  degré 
d'héroïsme  de  la  mort  du  colonel 
Combe.  Sur  319  votants,  dont  la  ma- 
jorité absolue  était  160,  il  y  eut  159 
voix  pour  l'adoption  de  la  proposi- 
tion, et  160  contre.  Dans  la  session  de 
1840,  une  pension  de  2,000  fr.,  à  titre 
de  récompens.e  nationale,  a  été  accor- 
dée à  madame  Combe. 

CoMBÉ  (M.  Madeleine  de  Cyz  de), 
née  à  Leyde  en  1656,  dans  le  calvi- 
nisme, se  maria  à  dix-neuf  ans,  devint 
bientôt  veuve,  passa  en  France,  abjura 
le  calvinisme ,  et  quoiqu'elle  ne  vécût 
guère  que  d'aumônes,  ronda,  en  1686, 
pour  les  femmes  pénitentes,  l'établis- 
sement des  filles  du  Bon  Pasteur,  au- 
quel Louis  XIV  accorda,  en  1688,  une 
maison  et  des  secours  en  argent.  Ma- 
dame de  Combé  mourut  en  1692. 
•    CoMBEFis  (François) ,  dominicain, 

T.  T.  21*  livraUon.  (Digt.  engycl.,  etc.) 


né  à  Marmande  en  1605,  enseigna  la 
philosophie  et  la  théologie  à  Bordeaux, 
puis  vint  à  Paris  en  1640.  Le  clergé 
de  France^  assemblé  en  1665,  le  char* 
gea  de  donner  de  nouvelles  éditions 
et  des  versions  latines  de  plusieurs 
Pères  grecs.  Il  mourut  en  1679,  à  Pa« 
ris.  Ses  principaux  ouvrages  sont: 
55.  Patrum  ÂmphUochU^  MethodU 
et  Andreae  cretensis  opéra  omnia, 
Paris,  1644,  2  vol.  in-fol.;  Grœco-la- 
tinx  Patrum  bibUothecœ  novum  auC' 
tariumy  1648,  2  vol.  in-fol.;  Bibiio- 
theca  concionatoria  j  1662  ,  8  vol. 
in-fol.;  Originum  rerumque  Cons* 
tantinopoUtanarum  ex  variis  auctO' 
ribus  maniptUuSy  1664,  in-4°;  BibUo* 
thecœ  grxcorum  Patrum  auctarium 
novissimum  grœce  et  latine  y  1672 , 
2  vol.  in-fol.;  Ecclesiastes  grœcus, 
1674,  in-8';  S,  Maximi  opéra,  2  vol. 
in-fol.;  Basilius  inagnm  ex  intégra 
recensitasy  1679,  2  vol.  in-8'*;  Histo-^ 
rise  byzantine  scriptores  post  Théo* 
phanem,  grœce  et  latine  y  1685,  in-fol. 
Ce  volume  forme  le  19*  de  V Histoire 
byzantine,  et  Combefis,  qui  le  publiait 
par  ordre  de  Colbert,  mourut  pendant 
son  impression. 

CoHBBNNATOBES.  —  Lcs  Romains 
appelaient  ainsi  les  conducteurs  des 
cnariots  à  quatre  roues  {benna)  usités 
pour  voyager  dans  la  Gaule.  Le  mot 
benne ,  qui  désigne  encore  dans  quel- 
ques départements  une  voiture  d'osier 
à  quatre  roues ,  est  employé  dans  le 
même  sens  par  les  paysans  d'Allema- 
gne. Un  bas-relief  trouvé  à  Dijon  offre 
la  représentation  du  benne  et  de  ses 
conducteurs. 

COMBBAiLLES,  Combralia  y  petit 
pjays  de  l'Auvergne ,  compris  aojour- 
d'hui  dans  le  département  du  Puy-de- 
Dôme  ,  avait  pour  capitale  la  petite 
ville  de  Com6rai^5,  Evaonou  Evaux, 
en  latin  Evahonium,  et  portait  le  titre 
de  baronnie.  Cette  contrée,  après  avoir 
longtemps  fait  partie  des  domaines  des 
comtes  d'Auvergne ,  avait  ensuite  ap« 
partenu  à  la  maison  de  Bourbon,  puis 
successivement  aux  ducs  de  Montpeur 
sier  et  d'Orléans.  La  ville  de  Combraîl- 
les  était ,  avant  la  révolution ,  le  siège 
d'une  élection.  . . 


21 


3« 


W¥ 


L'UNIVERS. 


COU 


Gai||BiiQ9rP9 ,  Oppidum  Candidù' 
brmêi  «mci^nne  batQnnifi  de  !•  Auver- 
gne, ai^Qurd'hui  chef-lieu  d'un  canton 
du  département  du  Puy-de-Diôine ,  à 
%2  kil.  de  Ricm ,  érigée  ea  marquisat 
en  163S.  La  populittipu  de  Combrondè 
est  aujpurd'uuj  de  X^^i  hab. 

C0VQUT13.  —  Les  bandei  gauloises 
qui  epvahissaieut  la  Grèce  en  279, 
venaient  d'être  défaites  aux  Thermo- 
pyies  et  dans  TCCta.  Le  hrenn  cepeur 
Qe^W\  ne  perdant  pas  courage ,  résolut 
de  tenter  une  seconde  attaque,  et  d'o- 
pérer pour  cela  une  diversion  terrible 
sur  r^toiie.  Gombutis  et  Qrestorios , 
chargés  de  cette  mission,  ^'en  ^c-* 
qqitterept  avec  une  horrible  cruauté. 
Suivant  les  prévisions  du  brenn  1  àix 
çiiile  Ëtoliens  abandonnèrent  silors  le 
camp  des  Thermopyle^  pour  venger 
leur  patrie,  et  Combutis  (ut  forcé  d9 
battre  en  retraite.  La  moitié  de  se^ 
troupes  périt  dans  cette  marche  au 
milieu  d'une  population  soulevée.  Mais 
çon  but  était  rempli* 

CoMBDiB.  —  Il  y  a  deux  espèces  de 
çnmédie  :  l'une ,  Siavante  et  réfléchiç  « 
approfondit  \^  nature  humaine  eJq 
riant  de  ses  travers;  celle-là  forme 
Vesprit  autaint  qu'elle  l'amuse  1  elle 
fait  penser  autant  qu'elle  fait  rire« 
elle  syoute  à  la  ^,mme  de  nos  e^pé-; 
riences  sur  rhomme  et  le  moude^  ^ 
mérne  tepaps  qu'elle  nous  procure  pat 
renjouement  de  se$  peintures  ie  di-; 
vertissement  le  plus  frs^ne  et  le  plus 
vif.  C'est  la  haute  comédie.  L'autre  se 
borne  à  saisir  les  plus  gros  traits.de9 
caractères  comiques ,  à  reproduire  Ie$ 
contrastes  et  les  incidents  plais$ints 
qui  se  présentent  à  la  surface  qe  I9  yie, 
et  to,u$  ces  ridicules  accidentels  qui 
font  pstrtie  des  mœurs  de  chaque  épot- 
que;  d'ordinaire  elle  Charge  ce  qu'elle 
voit,  elle  outre  ce  Qu'elle  imiie,  et 
provoGue,  par  l'exagération  des  Qgur 
res  qu^elle  fait  mouvoir,  un  rire  plus 
vif  que  délicat,  une  gaieté  plus  bruyante 
que  durable.  C'est  la  comédie  de  se* 
con^  ordre ,  dont  î'ahus  produit  If 
genre  bouffon  et  la  farce.  Le  premier 
de  ces  deux  genres  de  comédie  n'a  pas 
été  connu  en  France  avant  l^lojièce , 
et  n'a  été  pratiqué  avec  bonheur  apj^ès 


lui  que  très-rarement  et  dans  un  très-» 
petit  nombre  d'ouvrages.  Le  second 
remonte,  dans  notre  histoire  littéraire, 
à  une  date  bien  plus  àncienpe ,  et  ses 
monuments  sont  très-nombreux.  Cette 
comédie,  qui  n'est  pas  Pétude  des  ri* 
dicttles ,  qui  en  est  1  esquisse  rapide  et 
souvent  la  caricature  bouffonne,  qui 
se  propose  Iç  rire  pour  unique  but , 
nous  la  trouvons  en  France  de  très- 
bonne  heure ,  dans  des  temps  encore 
barbares,  lorsque  tous  les  autres  gen- 
res sont  encore  dans  l'enfance,  ou  bien 
n'existent  pas  ;  nous  la  trouvons  an 
milieu  des  ténèbres  du  mo^en  âge, 
non  pas  sans  doute  aussi  spirituelle  et 
aussi  habile  qu'elle  peut  être,  non  pas 
cultivée  avec  le  talent  et  le  goût  dont 
ce  genre  est  susceptible,  souvent  gros- 
sier^, au  contraire,  et  marquée  de  l'i- 
gnorance du  temos,  ordinairement 
bornée  au  comique  bouffon,  mais  ea^n 
assez  développée,  et  se  présentant  avec 
des  traits  assez  formés  et  assez  ôrigi« 
naux  pour  qu'on  puisse ,  dès  cette  épo- 
que ,  constater  son  existence  et  com- 
mencer son  histoire.  Deux  causes 
hâtèrent  chez  nous  le  développement 
de  ce  genre  de  comédie.  D'abord  ces 
ouvrages  inspirés  par  le  rire ,  et  dont 
la  gaieté  fait  le  génie ,  n'ont  pas  be- 
soin pour  naître  que  la  civilisation  et 
le  goût  soient  venus.  La  plaisanterie, 
la  parodie ,  n'ont  rien  qui  soit  incom* 

{latible  avec  la  rudesse  des  esprits  et 
a  grossièreté  des  mœurs.  En  outre , 
ce  genre  devait  être  en  France  d'au- 
tant plus  précoce ,  que  le  go^t  de  la 
plaisanterie,  de  la  bouffonnerie,  de  la 
satire,  était  un  penchant  |>rononcé 
chez  nos  aïeux,  et  que,  de  très-bonne 
heure ,  notre  nation  mérita  d'être  ap- 
pelée le  peuple  le  plus  gai  de  l'univers. 
Voilà  ce  qui  explique  pourquoi ,  tandis 
que  la  tragédie  n'était  pas  même  en 
germe  dans  les  plates  et  barbares  pro- 
ductions des  auteurs  de  mystères,  que 
d'insipides  chroniques  rimées  étaient 
nos  poèmes  épiques,  et  que  tous  les 
autres  genres  étaient  parefUement  ab- 
sents ou  informes,  la  soèiété'des  cleres 
de  la  basoche  produisait  cette  fauree 
de  l^ Avocat  Pathe&n,  œuvre  d'une 
gaieté  si  vive  et  si  originale ,  qui  par- 


FRAIfCE. 


GOM 


928 


fais  offre  des  traits  d'un  excellent  co* 
Riiqué ,  et  qui  est  un  de  ces  monu* 
ments  antiques  et  précieux  par  lesquels 
le  génie  français  se  dédommage  ou  se 
eonsole  d'avoir  été  si  longteinps  bar* 
bare. 

;  C'est  au  commencement  du  quînr 
zîème  siècle ,  sous  le  règne  de  Charles 
VI ,  que  se  formèrent  les  deux  socié- 
tés auxquelles  notre  théâtre  comique 
dut  la  naissance.  Vers  Tan  1402,  la 
confrérie  des  Enjauts  sans  souci, 
dont  le  chef  s'appelait  le  Prince  des 
sots  y  commença  a  représenter  sçs 
pièces  intitulées  sotties;  et  la  baso- 
che ,  composée  des  clercs  de  procu- 
reur, inaugura  sur  un  théâtre  sé- 
paré les  petites  comédies  qu'elle  ap- 
pelait moralités  ou  farces,  (Voir  Abu 
DBAMAxiQDB.)  Telle  est  l'origine  pro- 
prement dite  de  notre  comédie.  Avant 
cette  é|)oque ,  on  ne  trouve  que  quel- 
ques scènes  de  pantomime  bouffonnes 
qui  faisaient  partie  des  représentations 
religieuses  mêlées  à  la  célébration  des 
offices  dans  les  grandes  fêtes ,  ou  qui 
amusaient  le  peuple  des  rues  dans  les 
jours  de  réjouissances  publiques. 

Les  moralités  étaient,  des  trois  gen^ 
res  de  pièces  oui  parurent  alors,  celui 
où  il  y  avait  le  moins  de  gaieté.  Les 
auteurs  se  proposaient  souvent  de  don- 
ner dans  les  moralités  une  leçon  édi- 
fiante revêtue  d'une  forme  symbolique. 
Quelquefois  les  personnages  y  étaient 
les  mêmes  que  dans  les  mystères  ;  on 
y  voyait  paraître  Dieu,  la  Vierge  et  les 
saints.  iJn  des  caractères  les  plus  sail» 
lants  des  moralités,  et  une  des  causes 
qui  leur  enlèvent  presque  tout  comi- 
que ,  c'est  le  goût  de  Tallégorie ,  c'est 
l'habitude  de  personnifier  des  êtres 
abstraits,  des  vertus,  des  vices,  et  de 
les  habiller  d'un  costume  où  tout  est 
symbolique  jusqu'aux  moindres  dé- 
tails. Cette  coutume,  qui  s'était  ré- 
pandue dans  le  roman  de  la  Rose ,  et 
Î|ui  régnait  universellement  dans  les 
ettres ,  amusait  un  public  à  la  fois 
erossier  et  subtil ,  heureux  de  deviner 
des  éniemes  faciles,  et  d'ailleurs  porté 
au  svidoole ,  comme  toutes  les  socié- 
tés dans  l'enfance.  On  voyait  dans  les 
moralités  une  foule  de  personnages 


comme  ceux-ci  :  Bonne  fin.  Motte  fin. 
Peu  et  Moins,  Bien  avisé  et  Mal 
avisé,  etc.  "Les  farces  et  les  sotties 
étaient  de  petits  cadres  où  Fon  jetait 
une  aventure  bouffonne ,  où  Pqn  pei- 
gnait sans  art,  mais  avec  une  verve 
folle  et  caustique ,  un  de  ces  caractè- 
res toujours  surs  de  faire  rire  la  mul- 
titude ,  un  de  ces  types  moitié  de  na- 
ture ,  moitié  de  convention  :  le  valet 
fripon ,  le  faux  brave,  le  mari  trompé, 
etc. ,  etc.  Dans  ces  petits  ouvrages , 
la  gaieté  allait  ordinairement  jusqu'à 
un  cynisme  effronté  qui  ne  cnoquait 
^er^onne ,  parce  que  la  corruption 
était  extrême  alors,  corruption  naïve, 
si  l'on  veut ,  moins  odieuse  sans  doute 
que  celle  que  le  plus  haut  degré  de  ci« 
vilisation  anime,  mais  qui  n^est  pas 
innocente ,  et  que  les  enthousiastes  di| 
moyen  âge  ne  parviendront  pas  à  faire 
absoudre  ni  à  dissimuler.  La  sottie 
avait  pour  trait  distinctif  la  hardiesse 
avec  laquelle  elle  s'élevait  quelquefois 
jusqu'à  la  satire  politique.  Le  Prince 
des  sots  y  imitant  sans  le  savoir  l'an- 
cienne comédie  grecque,  frondait  quel- 
Suefois  le  pouvoir ,  censurait  les  anus, 
ésignait  à  la  raillerie publiqueles  vices 
des  grands  ou  des  prêtres.  Sous  Louis 
XII ,  prince  tolérant ,  qui  favorisa  la 
libre  expression  des  sentiments  popu- 
laires ,  qn  représenta  une  sottie  où  la 
Mère  sotte ,  personnifiant  l'Église  ro- 
maine ,  déclarait  à  Sotte  occasion  et  à 
Sotte  ficdnee  qu'elle  voulait  usurper  le 
temporel  des  rois.  A  la  faveur  de  sa 
robe  d'église ,  Mère  sotte  essayait  de 
séduire  les  prélats  attachés  au  Prince 
des  sots ,  qui  figurait  la  royauté ,  et 
parvenait  à  gagner  plusieurs  d'entre 
eux.  Alors  les  tra]tres  et  les  sujelf^ 
fidèles  engageaient  une  lutte ,  à  la  fin 
de  laquelle  le  prince  découvrait  sous 
l'habit  ecclésiastique  la  robe  de  Mère 
sotie  f  et  la  dépouillait  de  son  attirail 
emprunté  ;  et  la  pièce  se  terminait  par 
la  déposition  humiliante  de  la  fausse 
papesse.  On  voit  d'ailleurs  qu'en  au- 
torisant de  telles  représentations, 
Louis  XII  consultait  aussi  la  politi- 
que ;  car  il  était  bien  aise  de  voir  l'o- 
pinion publique  se  prononcer  contre 
la  cour  romame ,  avec  laquelle  il  était 

21. 


S24 


OOM 


L'UIVIVERS. 


GOM 


engagé  dans  une  lutte  politique  et  re- 
ligieuse. 

Les  sotties  n'appartenaient  pas  ex- 
clusivement aux  Enfants  sans  souci. 
Bien  que  cette  confrérie  fût  distincte 
de  la  oasoche,  les  genres  traités  des 
deur  parts  étaient  les  mêmes.  Les  ba- 
sochiens  se  permirent  aussi  plus  d'une 
fois  des  attaques  contre  les  corps  de 
rÉtat  et  les  personnes.  Mais  sous 
François  P"*  cette  hardiesse  parut  fac- 
tieuse. Le  droit  de  toucher  aux  affai- 
res publiques,  même  par  Tallusion, 
fut  retire  aux  deux  confréries;  et, 
comme  autrefois  les  poètes  comiques 
d'Athènes  ,  les  Enjfants  sans  souci  et 
les  basochiens  se  virent  contraints  par 
des  mesures  pénales  de  se  borner  aux 
sujets  généraux  et  de  ne  plus  fronder 
que  les  mœurs.  (Voir  Abt  dbàmàti- 
QUE.)  Leurs  comédies  de  mœurs  ne 
furent  du  reste ,  comme  auparavant , 
que  des  farces.  Ils  en  jouèrent  un  plus 
grand  nombre  que  jamais.  Mais,  à 
partir  de  cette  époque,  leurs  produc- 
tions devinrent  de  plus  en  plus  obscu- 
res ;  elles  ne  tardèrent  pas  à  être  effa- 
cées par  les  nouvelles  comédies  des 
poètes  érudits  ;  elles  n'offrent  rien 
qu'on  puisse  mettre  à  côté  de  la  farce 
célèbre  que  les  basochiens ,  un  siècle 
auparavant,  avaient  fait  applaudir  sur 
leur  théâtre ,  alors  beaucoup  plus  flo- 
rissant. Vers  Tannée  1450  avait  paru 
l* Avocat  Pathelin,  qui  ne  vaut  uas 
précisément  pour  nous  unelliaae, 
comme  le  dit  M.  de  Sainte-Beuve  dans 
le  livre  où  il  s'efforce  de  réhabiliter 
notre  moyen  âge  littéraire  et  de  dissi- 
muler notre  pauvreté  avant  l'âge  clas- 
sique, mais  qui  révèle  la  vive  source  de 
gaieté  et  d'esprit  que  renfermait  déià 
le  génie  français ,  et  nous  permet  de 
citer  quelque  chose  de  vraiment  comi- 

?ue  bien  avant  Molière.  La  scène  où 
'athelin  marchande  la  pièce  de  drap , 
et  celle  où  le  marchand ,  interrogé  par 
le  juge ,  confond  dans  ses  réponses 
son  drap  et  ses  moutons ,  sont  mar- 
quées au  coin  de  la  bonne  plaisanterie, 
et  aujourd'hui  même  l'effet  n'en  est 
pas  affaibli  par  les  obscurités  d'un  lan- 
gage qui  paraissait  déjà  fort  vieux  à 
Etienne  Pasquier.  Une  foule  de  traits 


heureux  font  de  l'auteur  inconnu  de 
cette  farce  un  des  ancêtres  de  Rabe- 
lais et  de  Molière.  Brue^^s  reprenant 
Pathelin  au  dix-septième  siècle,  et  rha- 
billant à  la  moderne,  ne  lui  a  pas  con- 
servé sa  verve ,  et  affaiblit  souvent  sa 
gaieté;  et  c'est  dans  l'original  qu'il 
laut  étudier  ce  monument ,  où  se  dé- 
couvre toute  la  vocation  comique  de 
notre  nation. 

•  Les  Enfants  sans  souci  et  les  baso- 
chiens, dont  le  théâtre ,  comme  nous 
l'avons  dit,  tomba  en  pleine  décadence 
à  partir  du  milieu  du  seizième  siècle, 
subsistèrent  toutefois  longtem|)s  eih 
core.  Ces  deux  confréries  se  soutinrent 
avec  leurs  cérémonies  et  leurs  statuts 
jusqu'au  commencement  du  dix-sep- 
tième siècle ,  où  elles  finirent  par  se 
perdre  obscurément  dans  les  orgies 
du  mardi  gras.  En  IQOS^  le  Prince  de» 
50^  avait  encore  le  droit  d'entrer  par 
la  grande  porte  à  l'hôtel  de  Bourgogne 
le  mardi  gras,  et  d'y  prendre  une  col- 
lation. 

Les  comédies  qui  firent  tomber  en 
discrédit,  au  milieu  du  seizième  siècle, 
les  farces  des  confk'éries,  ou  qui  du 
moins  détachèrent  de  ces  spectacles  la 

f)artie  la  plus  éclairée  du  punlic,  ûirent 
e  résultat  de  cette  réforme  que  le  godt 
de  l'antiquité,  l'érudition,  les  rapports 
fréquents  avec  l'Italie  amenèrent  dans 
notre  littérature  à  cette  époque.  Dans 
ces  comédies,  plus  régulières  qyejout 
ce  qu'on  avait  vu  jusque-là,  les^souve- 
nirs  de  Plante  et  de  Térence  se  mê- 
laient à  de  nombreux  emprunts  faits 
aux  pièces  italiennes.  Tels  furent  Y  Eu- 
gène de  Jodelle,  la  Trésorerie  de 
Grevin,  les  Corrivaux  de  Jean  de  la 
Taille,  le  Brave  de  J.  A.  de  Baïf.  On 
fît  aussi  alors  des  traductions  de  co- 
médies latines  ou  grecques  :  Ronsard 
traduisit  le  Plutus  d\4ristophane.  Cette 
nouvelle  génération  de  poètes  érudits, 
qui  réformaient  tout  et  qui  affichaient 
un  souverain  mépris  de  tout  ce  qui  les 
avait  précédés ,  prenaient  en  pitié  les 
farces  et  les  sotties^  comme  ils  acca- 
blaient de  leurs  dédaigneuses  railleries 
les  mystères  de$  conrrères  de  la  pas- 
sion ;  et  leurs  comédies,  qu'ils  jouaient 
entre  eux,  ou  devant  un  public  choisi 


COH 


FRANCE. 


COJW 


325 


qu'ils  réunissaient  dans  l'intérieur  d*un 
collège ,  leur  paraissaient  des  innova- 
tions profondes  et  glorieuses.  Il  est 
vrai  que  ces  comédies  étaient  d'une 
construction  plus  régulière  que  les  an- 
ciennes pièces ,  et  attestaient  |)lus  de 
culture  dans  les  écrivains.  Mais  avec 
un  peu  plus  d'ordre ,  et  quelques  ré- 
miniscences classiques  ,  elles  ne  s'éle- 
vaient pas  beaucoup  au-dessus  delà 
bouffonnerie  des /arce^  9  et  reprodui- 
saient même  la  licence  et  le  cjmisine  de 
ces  basochiens  tant  dédaignés.  VEu- 
aène  de  Jodelle,  représenté  devant 
rUniversité,  est  rempli  des  plus  gros- 
sières indécences.  La  pièce  roule  sur 
les  stratagèmes  employés  par  un  abbé 
pour  conserver  la  possession  de  sa 
maîtresse,  qu'un  officier  lui  dispute. 
L'auteur  ne  recule  pas  devant  les  si- 
tuations les  plus  libres.  Ainsi  ces  co- 
médies nouvelles  ne  différaient  pas 
de  l'ancien  théâtre  autant  que  se  Ti- 
maginaient  les  réformateurs ,  et  ^  mal- 
gré quelques  changements  légers,  l'es- 
prit comique  était  le  même.  Un  progrès 
véritable  ne  se  fait  sentir  que  chez  un 
seul  des  écrivains  comiaues  de  cette 
école.  Pierre  Larivey,  Gnampenois,  se 
distingue  de  tous  ses  contemporains 
par  des  traits  d'une  bonne  et  franche 
plaisanterie,  un  dialogue  vif  et  naturel, 
et  par  une  certaine  connaissance  du 
cœur  et  des  passions.  Dans  sa  pièce 
des  Esprits  y  le  personnage  du  vieil 
avare  Séverinest  presque  un  caractère. 
Cette  pièce ,  à  laquelle  Molière  a  fait 
plusieurs  emprunts ,  et  dont  Regnard 
aussi  s'est  souvenu  dans  son  Retour 
Imprévu,  fait  assurément  plus  d'hon- 
neur au  théâtre  du  seizième  siècle  que 
toutes  les  tragédies  servilement  et  gau- 
chement imitées  du  grec,  qui  exci- 
taient alors  tant  d'applaudissements. 
On  lira  encore  aujourd'hui  avec  plaisir 
les  Esprits  de  Pierre  Larivey  :  mais 
on  succomberait  d'ennui  en  lisant  la 
Cléopàtre  de  Jodelle,  qui  fut  célébrée 
ù  son  apparition  comme  une  mer- 
veille. Ainsi  on  peut  remarquer  ici 
deux  choses  :  c'est  que  la  comédie , 
malgré  l'illusion  des  Ronsard,  des  Jo- 
delle, des  Baïf,  subit  une  réforme 
beaucoup  plus  légère  que  la  tragédie, 


et  qu'elle  garde  sur  la  tragédie  une 
avance  marquée. 

Les  successeurs  de  Larivey  sont 
très  au-dessous  de  lui.  D'ailleurs,  les 
progrès  de  l'art  dramatique  furent  re- 
tardes par  les  guerres  civiles ,  et ,  au 
milieu  des  collisions  sanglantes  des 
partis,  l'esprit  comique  déserta  les 
théâtres  pour  descendre  sur  le  champ 
de  bataille,  et  lancer  dans  la  mêlée  les 
traits  perçants  du  pamphlet  et  du  li- 
belle satirique.  Toute  la  comédie  de  ce 
temps  est  dans  la  satire  Ménippée. 
Sous  Henri  IV,  le  théâtre  renaissant 
subit  une  influence  nouvelle ,  celle  du 
drame  espagnol.  L'imitateur  des  Es- 
pagnols, Hardy ,  changea  la  forme  de 
fa  tragédie.  Plus  irrégulier  que  l'école 
de  Ronsard,  disposant  du  temps  et  de 
l'espace  avec  une  hardiesse  sans  limi- 
tes, il  compliqua  à  l'excès  les  ressorts 
de  l'intrigue.  Aucun  progrès  ne  résulta 
de  ces  changements  :  le  style  chez 
Hardy  est  moins  comique  que  chez 
Larivey  :  les  caractères  sont  nuls, 
l'action  est  compliquée  sans  être  atta- 
chante ,  la  bouffonnerie  est  rarement 
plaisante.lVo  vateur  indi  scr et  et  étourdi , 
il  créa  un  penre  nouveau  ,  la  tragi- 
comédie,  ou  il  alliait  la  plus  lourde 
emphase  avec  les  trivialités  les  plus 
plates,  où  il  prodiguait  les  lazzis  et  les 
tirades  tragiques ,  les  scènes  d'amour 
et  les  scènes  de  meurtre ,  les  concetti 
et  les  coups  de  poignard.  Il  ignora  le 
parti  qu'on  pouvait  tirer  de  là  liberté 
qu'il  usurpait  :  il  s'en  servit  capricieu- 
sement sans  génie  et  même  sans  es- 
prit. Il  arrêta  ,  par  ses  déplorables 
succès ,  le  progrès  de  notre  double 
scène.  Il  est  aussi  l'inventeur  de  la 
pastorale ,  ou  du  moins  il  introduisit 
chez  nous  ce  genre  italien,  mais  le  dé- 
figura par  le  plus  triste  mélange  de 
grossièreté  et  de  fadeur ,  de  boufton- 
nerie  et  d'affectation.  Cependant ,  en- 
tre les  mains  de  Mairet  et  de  Rotrou, 
la  comédie  redevint  un  peu  plus  ré- 
gulière et  se  montra  plus  raisonnable. 
Mais,  dans  les  ouvrages  de  ces  auteurs, 
ce  qui  domine  toujours  c'est  l'imbro- 
glio espagnol,  ce  sont  les  faux-briîlants 
italiens,  les  métaphores  ampoulées  de 
Calderon  et  de  Lope  de  Vega.  Tel  est 


926 


COM 


L'UNIVERS. 


COH 


le  caractère  des  premières  comédies 
de  Corneille,  Très  -  supérieures  aux 
fdllés  ^boductiôbs  dé  Hardy,  elles  sont 
firôidës  et  fhdsses  pour  les  coriizeptionà 
6t  pbUr  lé  àtylë  ;  et  lie  méritaient  pas 
lès  éxarmen^  qtiMl  t  ajouta  dans  SA 
vidilëâ^é;  A  là  niéhië  épbqde,  dti  in- 
ventait aussi  un  nouveau  genre  de 
farce  :  c'était  les  pro/b^t£^^  arotatifs, 
que  Venàiferit  réciter  sui*  le  théâtre, 
avant  là  pièce  qu'on  devaîtjouèr ,  des 
acteurs  célèbres  par  leur  talent  pour 
le  grotesque,  tels  que  lesTurlupin,  les 
Bruscainbille,  les  Guilldt-Gorju .  etc. 
On  fit  auâsi  de  nombireuseS  imitations 
des  parades  italiennes,  et  lé  burlesque 
devint,  même  dans  la  |)artie  la  plus 
élégante  de  la  société ,  une  mode  qui 
&e  soutint  longtemps ,  et  dbiit  la  prb* 
vittfce  ti'était  pas  encore  revenue  au 
temps  où  Bbileau  écHvait  le  premieir 
fchant  de  VJrt  poétique. 

Cependant,  une  réforme  définitive 
et  durable  tie  tarda  pas  à  s'opéreK  dn 
6ë  fàssà  de  la  confusion  et  de  l'anar- 
cHie  produites  isur  la  scède  par  les  in- 
hbvatibhs  sans  limites  dé  Hard^.  Ôh 
comméhça  à  rougir  des  grossièretés  et 
de  la  licence  qui  déshonoraient  la  co- 
Ihédié  et  la  tragédie.  Le  goût  s'éclaira  ; 
les  littérateurs  demandèrent  de  nou- 
téau  à  l'étude  de6  anciens  des  lumiè- 
res et  une  direction.  C'est  alors  que 
les  unités  font  leur  apparition  dahs 
notre  art  dramatique.  Autant  le  théâ- 
tre avait  été  capricieux  et  désordonné 
au  temps  de  Hardy ,  autant  il  devint 
régulier  -et  sévèrement  sj^métrique. 
Dans  la  société ,  à  la  grossièreté  et  à 
l'esprit  fougueut  du  seizième  siècle, 
succédaieht,  sous  leministèirë  de  Ri- 
chelieii,  lé  goût  de  la  régularité  et  des 
bienséslhces.  Les  règles  d'Aristote, 
imposées  â  la  ti*àgédie  avec  une  rigou- 
reuse exactitude,  trouvèrent  faveur 
auprès  dû  public.  La  tragédie  dassique 
lia^uit,  et  dut  aussitôt  uh  immortel 
éclat  àii  génie  de  Corneille.  Coxâeille 
ne  fut  pas  contraint,  comme  on  l'adit, 
d'accepter  un  joug  qui  lui  répugnait. 
Il  ne  concevait  rien  de  mieux  que  le 
système  dramatique,  qu'il  consacra 
par  ses  chefs-d'œuvre ,  et  ne  se  fit  au- 
cune violence  pour  observer  toutes  les 


bienséances  qui  s'introduisirent  dur 
notre  scène.  La  tragédie  classique  ne 
fut  t^as  le  résultat  d'une  erreur  aceré*- 
ditée  par  quelques  commentateurs 
d'Aristote  et  quelgues  beaux  esprits 
scrupuleux;  elle  tut  le  produit  des 
moeurs,  de  l'esprit  publie;  elle  répon- 
dait à  l'état  de  la  société  du  dix-sep- 
tième siècle.  D'aitleurà,  elle  racheta 
bien  asseas  par  l'étude  savante  de  la 
nature  humaine,  par  la  peinture  idéale 
et  vraie  des  passions  ;  par  les  beautés 
incomparables  du  langage ,  ce  que  la 
Symétrie  de  ses  formes  extérieures  et 
le  rigoureux  décorum  qui  lui  était  im- 
posé devaient  lui  Ôter  nécessairement 
d'action,  de  vérité  familière  et  de  v»> 
riétë.  On  peut ,  à  certains  égards , 
trbuvei'  a  redire  à  la  réforme  qui  vint 
opérer,  dans  la  tragédie ^  une  méta- 
morphose aussi  complète.  Mais  on  est 
forcé  de  reconnaître  que  cette  réforme 
était  le  résultat  de  causes  nécessaires. 
La  comédie  fut  comprime  dans  cette 
grande  révolution  ;  mais  elle  eut  un 
Bonheur  ^ui  manqua  à  la  tragédie.  H 
est  vrai  qu'elle  attendit  plus  longtemps 
qu'elle  l'heure  du  perfectioniiement 
glorieux  et  décisif,  Corneille  ayant  été 
porté  par  la  nature  de  son  çénie  au 
genre  tragique ,  et  Molière  n'étant  né 
que  Seize  ahs  après  Corneille;  Mais  elle 
subit  beaucoup  moins  que  la  tragédie 
le  jdug  de  ces  bienséances  qui  vinrent 
régir  notre  théâtre.  Elle  put  coctserTer 
ses  allures  familières,  sa  verve  libre, 
et  même  un  peu  de  son  antique  licence. 
Elle  resta  populaire  en  se  perfection- 
natlt.  Il  est  vrai  qu'elle  se  soumit  aux 
unités  de  temps  et  de  lieu  comme  la 
tragédie.  Mais  cette  gène  est  bien 
moins  forte  pour  le  poëte  comi()ue,  qui, 
s'emparant  par  le  rire  du  spectateur, 
ne  lui  permet  pas  de  s'enquérir  si  la 
durée  ae  la  pièce  et  le  lieu  des  scènes 
sont  vraisemblables ,  et  peut ,  sans 
scrupule  et  sans  combinaison  labo- 
rieuse de  prétextes,  faire  arriver  tous 
les  personnages  et  rassembler  tous  les 
événements  sur  la  même  place  publi- 
que, dans  la  même  rue  ou  dans  la 
même  salle.  Qui  songe  à  trouver 
mauvais,  en  lisant  fjécb/è  desfemmesy 
que  to\ïs  les  personnages  viennent  tour 


J 


i  tour  coilverser  devant  la  porte  de  la 
maiiOn  d'Àrnolphë?  Qui  remarque, 
en  lisant  la  fametJse  «bene  dd  Eonnêt 
dariS  le  Mlsarithràpe ,  qii'ii  est  assez 
singulier  qu'Orbnte  s'établisse ,  pour 
récitel*  ses  vers  à  Alceste ,  dans  l'ap- 
partement  de  Célimène,  en  l'absence 
de  la  maltresse  du  logis  ï  En  détint- 
tive ,  la  comëdlé  lie  subit ,  au  dix- 
Beptième  siècle,  que  les  entraves  de  la 
raison  et  du  bon  coût,  et  Molière  ptit 
allier  à  la  science,  à  l'art,  â  la  délica- 
tesse, la  vérité  familière,  la  vai-iété  des 
tons  ,' les  formes  les  pliis  populaires 
du  bon  sens,  les  plus  naïves  saillie^. 
Son  théâtre  est,  à  proprement  parler, 
notre  lliéâtre  national ,  dans  leqdel  re- 
paraissent, à  t&\é  de  la  perfection  de 
l'âge  classique,  tct  antique  esprit  gaii- 
loifi,  cette  raillerie  inUigéhe  que  noijs 
avons  sighalëe  dans  l'auteur  de  PaiAe- 
Un  et  dans  Larivey.  Ce  n'est  pas  que 
liotre  tragédie  n'ait  étÊ  nationale  aussi, 
puisque,  comme  nous  l'avons  montré, 
elle  sortait  Att  besoins  de  l'époque. 
Mais  elle  était  faite  siiftottt  pour  i'élite 
brillante  de  la  société  ;  elle  s'adressait 
à  une  cour  ingénieuse  et  polie  ,  pas- 
sionnée pour  les  arts ,  liiais  esclave  de 
l'étiquette.  Molière  fiit  à  là  fois  l'in- 
terprète de  la  délicatesse  du  grand 
monde  et  de  la  gaieté  familière  du 
inonde  bourgeois ,  de  la  raison  fine  et 
profonde  des  unà,  et  du  bon  sens  tri- 
vial et  non  moins  profond  des  autres; 
Il  fut  le  poëte  des  grands  et  des  petits, 
de  la  cour  et  du  peuple ,  et  sa  renom- 
mée est  une  de  celles  dans  lesquelles 
se  confondent  les  admirations  de  tous 
les  rangs;  son  génie  est  uh  de  ceux 
dans  lesquels  se  reconnaît  une  nation 
tout  entière. 

On  a  quelquefois  appelé  Corneille  le 
père  de  la  comédie,  à  cause  desapièce 
du  Menteur.  Il  est  vrai  qiie  là  ou  vit, 
pour  la  première  fois ,  l'éliide  des  ca- 
ractères s'ajouter  à  l'intérêt  de  l'Intri- 
gue. Cette  pièce  fut  sans  doute  un  ser- 
vice rendu  à  la  comédie,  et  Molière  a 
déclaré  qu'elle  lui  avait  Été  fort  Utile. 
Toutefois  ,  la  science  des  caractères 
comiques  s'y  montre  bien  imparfaite 
encore,  et  un  reste  d'imitation  espa- 
gnole 7  vient  bien  souvent  refroidir  le 


hatlirel  et  la  gaieté.  Molière  a  si  peb 
emprunté  aux  autres,  il  a  fait  faire  tdDt 
à  coup  à  son  art  un  si  grand  pas ,  il  a 
tii'étant  dechoses  dèson  propre  fonds, 
gu'il  doit  ftre  appelé  le  père  de  la  co- 
médie, bn  même  temps  que  le  pretnier 
dé  nos  poêles  comiques.  Il  commença 
par  perfectionner  la  comédie  de  second 
ordte,  celle  où  l'intrigue  dotnine,  et 
oh  le  rire  est  plus  vif  que  délicat.  Il 
atteignit,  dan^  te 
toutes  les  qualités  i 
rieur  est  susceptibli  > 

ses  ridicules,  il  pré  i 

tiliis  profonds  et  t  i 

génie.  Vinrent  l'E  : 

V  École  des  femtiie  t 

progrès  éclatant,  p 

lères  rendus  avec ^ , j 

y  déterminaient  les  situations  au  lieu 
d'en  dépendre,  et  que  le  comique  d'ob- 
servation, celui  qu  On  puisé  àui  Sour- 
ces même  de  la  nature,  n'y  laissait  pliis 
que  très-peu  de  placé  au  comique  de 
bonvention.  Cependant,  il  lui  était  ré- 
servé de  porter  son  art  plus  haut  en- 
core :  il  fit  fe  Misanthrope,  te  Tûrtum, 
l'avare,  les  Femmes  Savantes.  La,  le 
comique  épuré,  sans  Stre  afîaibli,  ne 
résulte  j  alliais  de  mbyéns  factices  ciu 
vulgaires  ;  l'action  est  eiitièrement 
simple,  sans  produire  aucun  vide,  parcs 
queles  caractères,  aussi  vivants,  aussi 
naïls  dans  leurs  ridicules  oU  leurs  pas- 
sions, qu'ils  sont  savamment  étumés, 
suffisent  seuls  à  provoque!:  la  gaieté  et 
à  intéresser  la  pensée ,  et  nous  procu- 
rent un  plaisir  vif  et  élevé  où  là  raison 
trouve  son  compte  autant  que  l'imagi- 
nation et  les  sens.  Dans  te  Tartuffe  et 
le  Misanthrope  surtout,  Molière  a  rais 
toute  la  maturité  de  son  talent,  toutes 
les  lumières  de  Son  expérience,  toute 
la  finesse  de  son  esprit,  toute  la  pro- 
fondeur de  sa  raison.  Ce  sont  les  deiis 
chefs-d'œuvre  de  la  haute  comédie  , 
c'est  la  gloil-e  éternelle  dé  notre  théâ- 
tre et  l'honneur  de  l'eSprit  humain. 

Après  Molière,  on  né  trouve  rien 
qui  égale  le  haut  rang  où  il  s'est  placé, 
rien  même  qui  en  approche  réellement. 
On  s'est  demandé  pourquoi  toute  la 
comédie,  toute  la  naute  comédie  du 
moins,  était  ainsi  renfermée  dans  un 


3M 


GOM 


L'UNIVERS. 


€OII 


seql  homme;  pourquoi  la  décadence 
avait  immédiatement  commencé  après 
Molière,  tandis  que  la  tragédie  avait 
eu  trois  périodes  florissantes  à  chacune 
desguelles  s'attachent  le  nom  et  les 
.  chers-d*œuvre  d'un  homme  de  génie. 
On  a  dit  que  les  sentiments  de  1  âme, 
les  passions  du  cœur  offrent  au  poète 
un  fonds  plus  riche  que  les  défauts 
d'humeur  et  de  caractère ',  que  quand 
un  homme  de  génie  aura  peint  les  types 
comiques  les  plus  saillants  et  les  plus 
originaux,  il  n'y  aura  plus  à  y  revenir; 
et  qu'ainsi  les  sujets  principaux  saisis 
par  un  homme  supérieur  ne  laisseront 
plus  à  ceux  qui  viendront  après  lui  que 
te  second  rang.  Cette  observation  n'est 
juste  au*en  partie.  Il  est  bien  vrai  que 
les  ridicules  présentent  moins  de  va« 
riété  dans  leurs  formes  que  les  pas- 
sions; sans  doute  Tamour  maternel 
peut  revêtir  beaucoup  plus  de  formes 
dans  la  tragédie  que  le  pédantisme  dans 
la  comédie.  S'ensuit-il  cependant  qu'il 
faudra  s'interdire  dans  la  comédie  tout 
ce  qui  aura  été  traité  par  un  grand 
écrivain?  La  médiocrité  fera  bien,  en 
pareil  cas ,  de  s'abstenir  :  mais  le  génie 
aura-t*il  le  droit  de  se  plaindre  que  la 
matière  lui  manque?  its  travers  prin- 
cipaux, les  ridicules  saillants  ne  se 
transforment-ils  point  à  chaaue  épo- 
que, selon  les  changements  des  idées 
et  des  mœurs?  le  cœur  humain  d'ail- 
leurs ,  quand  on  sait  y  regarder,  n'offre- 
t-il  pas  dans  les  mêmes  défauts,  dans 
les  nnémes  ridicules ,  des  diversités  infi- 
nies? Si  un  autre  Molière  s'était  pré- 
senté dans  le  dix-huitième  siècle,  c'est- 
à-dire  un  autre  écrivain  doué  pour  la 
comédie  d'un  génie  aussi  grancl  que  le 
sien,  faut-il  croire  qu'il  aurait  été  ré- 
duit à  l'impuissance?  On  oublie  d'ail- 
leurs que  Molière  n'avait  pas  dérobé  à 
ses  successeurs  tous  les  grands  types 

3ue  la  comédie  peut  traiter.  La  manie 
u  jeu,  l'ambition,  l'orgueil ,  voilà  des 
sujets  immenses  laissés  par  lui  à  ses 
successeurs,  qui  ne  surent  pas  en  pro- 
fiter. En  définitive,  quelle  est  la 
manière  la  plus  simple  d'expliquer  cette 
longue  décadence  où  la  comédie  est 
tombée  de  si  bonne  heure,  la  haute 
comédie  du  moins,  car  il  n'est  question 


ici  que  de  celle-là?  En  deux  mots,  il 
ne  vmt  pas  après  Molière  d'hommes  de 
génie,  et  aucun  autre  genre  n'aplas    \ 
besoin  de  génie.  La  haute  comédie,    i 
nous  n'hésitons  pas  à  le  dire,  est  ce 
cju'il  y  a  de  plus  difûcile  dans  l'art 
dramatique,  parce  ^ue,  tenue  d'être 
sérieuse  comme  la  rarson ,  il  faut  qu'elle 
ne  permette  pas  de  regretter  la  gaieté 
que  fait  naître  la  folie,  parce  que  son 
œuvre  est  double;  que  (l'un  côté,  elle 
s'adresse  à  la  partie  la  plus  forte  et  la 
plus  virile  de  notre  esprit;  de  l'autre, 
a  sa  partie  la  plus  capricieuse  et  la  plas 
frivole ,  qu'elle  doit  être  une  école  de 
la  vie  et  un  passe-temps  amusant,  une 
leçon  de  morale,  de  philosophie  ou 
d'expérience,  et  un  plaisir  qui  fasse 
rire  franchement.  La  tragédie,  plus 
simple  dans  son  but,  nous  parait  un 
fardeau  moins  accablant  pour  les  forces 
de'  l'écrivain.  La  haute  comédie  est 
toujours   placée  entre  deux  écueiis: 
d'un  côté,  la  froideur;  de  Taulxe,  le 
rire  trop  bruyant,  le  comique  trop  fa- 
cile ou  trop  vulgaire.  Autant  la  co- 
médie de  second  ordre  peut  se  passer 
de  génie,  autant  la  comédie  la  plus 
élevée  en  a  besoin. 
.   Regnard  fut  comparé  à  Molière  par 
ses  contemporains;  mais  d'ordinaire  il 
prend  le  plaisant  pour  le  comique,  et 
excepté  son  Joueur,  il  emprunte  aux 
situations,  à  l'intrigue,  aux  traditions 
de  coulisse  trop  de  moyens  de  succès. 
Le  caractère  même  du  Joueur  est  une 
conception  trop  superficielle  qui  ne 
donne  pas  tous  tes  effets  qu'on  pouvait 
tirer  de  cette  passion.  Du  reste,  si  on 
ne  demandait  à  la  comédie  que  de  la 
gaieté,  Regnard  serait  au  premier  rang. 
Sa  verve  facile  réjouit  et  entraîne;  son 
dialogue  animé,  plein  de  feu  et  de  sail- 
lies, a  dé  plus  le  mérite  d'appartenir  à 
cette  belle  lansue  si  naturelle,  si  saine 
et  si  vive  du  dix-septième  siècle.  Du- 
fresny  et  Dancourt,  contemporains  de 
Regnard,  prirent  souvent  pour  sujets 
des  anecdotes  qu'ils  mettaient  en  ac- 
tion avec  beaucoup  d'esprit  et  de  faci- 
lité :  mais  faire  porter  la  comédie  sur 
des  exceptions ,  sur  les  incidents  d'un 
jour,  c'était  la  rendre  bien  frivole.  Us 
firent  aussi  bien  des  farces,  mais  sans 


COM 


FRANCE, 


€OM 


339 


L  mettre  .cette  originalité  et   cette 
uffonnerie  de  bon  aloi  par  lesquelles 

.  Molière  avait  su  donner  même  à  la  ca- 
ricature de  rintérét  et  du  naturel. 

Dans  le  dix-huitième  siècle,  la  co- 
médie se  distingua  surtout  par  l'esprit. 
Mais  la  comédie  veut  autre  chose  que 
de  l'esprit;  avant  d'être  spirituelle,  il 
faut  qu'elle  soit  vraie,  c'est-à-dire, 
qu'elle  reproduise  la  vie  humaine  sous 
son  côté  comique  avec  une  savante  et 

.  naïve  fidélité;  il  faut  que  le  poète  co- 

.  niique  fasse  souvent  abnégation  de  son 
esprit,  qu'il  le  cache,  ou  qu'il  l'oublié  : 

.  ce  n'est  pas  lui  qui  doit  être  comique, 
ce  sont  ses  personnages.  Au  contraire, 

.  dans  le  dix-huitième  siècle ,  l'esprit 
était  possédé  du  besoin  de  se  faire 
voir,  il  se  travaillait  pour  se  mettre  en 
saillie,  il  s'exploitait  par  mille  raffine- 
ments ingénieux,  et  au  théâtre  comme 
dans  les  salons,  il  étalait  toutes  ses 
grâces  piquantes  pour  attirer  tous  les 
regards. 

Destouches  mit  dans  son  théâtre, 
avec  beaucoup  d'aimable  finesse,  une 
douceur,  une  honnêteté  et  une  poli- 
tesse qui  ne  sont  pas  sans  charme, 
mais  qui  lui  ôtent  la  force  comique. 
Quelquefois  aussi  doux  que  Térence,  il 
n'est  jamais  observateur  et  peintre 
comme  lui ,  excepté  dans  son  GlorieuXy 
oui  est  du  reste  le  seul  de  ses  ouvrages 
aigne  de  vivre  dans  les  fastes  de  la 
comédie;  encore  le  caractère  principal 
n'est-il  pas  toujours  dessiné  sans  exa- 
gération ;  on  ne  voit  pas  assez  le  prin- 
ci[)e  de  cet  orgueil  excessif:  plus  d'une 
fois ,  le  Glorieîix  s'enQe  sans  propos , 
comme  un  enfant.  L'humilité  soudaine 
avec  laquelle  il  s'amende  à  la  fin  est 
moins  un  trait  de  vérité  qu'un  moyen 
de  dénoûment.  Destouches  eut  la  pré- 
tention avouée  de  ressusciter  le  grand 
art  de  Molière.  Au  demeurant,  il  est 
moins  comique  que  Regnard,  moins 
même  que  le  Sage,  qui  avait  tiré  un 
heureux  parti  des  ridicules  d'une  classe 
nouvelle,  les  traitants,  dans  son  Fur- 
caret  y  pièce  mordante,  où  il  est  mal- 
heureux seulement  que  tous  les  per- 
sonnages soient  uniformément  fripons. 
Un  contemporain  de  Destouches ,  plus 
ingénieux  que  lui  et  moins  naturel. 


Marivaux,  eut  dans  la  comédie  une 
manière  à  part  mii  consistait  surtout 
dans  l'analyse  subtile  des  sentiments, 
dans  la  recnerche  des  nuances  les  plus 
légères,  les  plus  insaisissables  de  la 
passion ,  dans  une  gaieté  sentimentale 
et  une  grâce  maniérée.  Du- reste,  cette 
comédie ,  qui  nous  éloigne  encore  plus 
de  Molière,  a  pourtant  un  côté  de  vé- 
rité :  on  y  trouve,  à  quelques  égards, 
cette  vérité  relative  à  laquelle  l'écrivain 
arrive  toutes  les  fois  qu'il  reproduit' 
un  caractère  particulier  de  la  société 
de  son  temps,  toutes  les  fois  qu'il  fixe 
par  l'imitation  une  des  nuances  passa- 
gères dont  se  compose  la  physionomie 
de  son  époque.  Le  marivaudage  ne  fut 
pas  l'invention  d'un  homme  d'esprit  : 
il  régnait  dans  beaucoup  de  salons,  et 
des  pièces  telles  que  la  Surprise  de 
r amour,  le  Legs,  le  Préjuge  vaincu  j 
ne  firent  seulement  que  le.  mettre  en- 
core plus  à  la  mode.  Toutefois ,  il  est 
vrai  de  dire  que  Marivaux,  qu'on  ne 
peut  trouver  faux  en  regardant  les 
cercles  où  l'on  causait,  était  encore 
plus  le  complice  que  l'observateur  du 
travers  d'esprit  qu'il  retraçait.  Ce  mé- 
rite de  vérité  relative  est  bien  plus 
frappant  dans  le  Méchant  de  Gresset. 
«  Cette  pièce,  dit  M.  Villemain (*) ,  est 
la  médaille  des  salons  du  dix-huitième 
siècle.  Voltaire  lui-même  ne  vous  don- 
nerait pas  toute  la  langue  spirituelle 
de  ce  temps ,  si  vous  n'aviez  le  Méchant 
de  Gresset.  Jamais  toutes  les  grâces  du 
monde,  cette  flatterie  maligne,  cette 
amertume   mêlée  d'insouciance,  ces 
exagérations  si  vives,  cette  verve  de 
dédain,  cette  franchise  d'égoïsme  qui 
veut  être  gaie,  cette  raillerie  apparente 
sur  soi-même,  pour  se  moquer  des 
autres,  ce  sacrifice  de  toutes  choses  à 
l'esprit  et  cette  satiété  de  l'esprit  qui 
se  jette  dans  le  paradoxe,  cette  légèreté 
enfin  qui  n'est  souvent  que  le  défaut 
d'attention  et  de  raison,  n'ont  été  si 
bien  rendus ,  et  l'effet  poétique  est  né 
de  cette  peinture  si  fidèle  d'une  société 
sans  âme  et  sans  poésie.  »  A  plusieurs 
égards  même,  le  personnage  de  Cléon 
n'est  pas  seulement  le  vivant  portrait 

(*)  Cours  de  littérature ,  premier  volume. 


sso 


LTJNIVEKS. 


tém 


'd*un  homme  du  monde  du  dix-huitième 
^siècle  i  mais  souvent  son  égoîsme^  soh 
esprit  et  sa  malignité  sont  de  touâ  les 
temps  et  trouveraient  plàbe  dans  toutes 
les  iociétés  civilisées;  ÎJe  M'échant  eit 
rotivragë  d'une  raison  fine  qui  est  quel- 
quefois profbride;  c'est  un  temps  a*ir- 
rét  dans  la  décadence  ;  c'est  un  deè  plus 
beaux  titres  de  la  comédie  du  dii-nui- 
tième  sièclis.  La  Métrbmàhie  de  Pirôn 
mérite  aussi  une  place  à  part.  Dans 
cette  pièce,  le  caractère  principal  n'est 
^e  le  portrait  embelli  de  la  passion  de 
rimëi*  qui  possédait  l'auteut.  Ce  n'eât 
pas  un  caractère  çétléral,  un  t^pe  de 
premier  ordre,  mais  c'est  une  peirituire 
originale,  Tivé,  amusante,  d'autaht 
plus  naturelle  que  rauteiit  travaillait 
d'après  lui-même,  et  n'avait  qu'à  âe 
Regarder  pon^  être  vrai.  G'e^t  une 
œuvre  durable  bar  la  fermeté  et  la  fa- 
cilité de  la  versification  et  du  langage. 

Dans  la  dernière  moitié  du  dix-hiil- 
tième  siècle,  la  comédie,  sauf  tine 
grande  exception,  ne  compte  plus 
d'ouvrageâ  de  cette  importance  :  la  dé- 
cadence s'accroît  sensiblement.  Sans 
douté,  dans  une  foule  de  petites  pièces 
de  cette  période  que  personne  ne  lit 
plus  \  oh  trouverait  de  resprit  en  abou- 
dance,  on  pourrait  rtire  en  les  lisant. 
L'esprit  et  la  jB^aiëté  tie  côtihàissent 
paft  d'interrègne  (sn  France.  Mais  de 
telled  productiohs  intéressent  moins 
l'histoire  de  l'art  que  celle  des  mœurs. 
Michel  Sedaine,  seul  parmi  les  auteurs 
dk  cet  ordre ,  se  distingua  par  un  degré 
assez  remarquable  d'invention  drama- 
tique et  par  une  sorte  de  candeur  qui 
donne  du  charme  à  sdn  esprit.  Du 
reste,  dans  sa  décadence,  la  comédie 
descendait  moins  bas  que  la  tragédie, 
qui  expiait  bien  le  privilège  d'avoir  eu 
trois  âges  glorieux.  Là  Gageure  îih- 
prévue  de  Sedainè  est  assuréineht  une 
œuvre  infiniment  supérieure  aux  plates 
déclamations  des  la  Noue  et  deà  Le- 
mierre. 

La  seule  grande  renommée  comique 
de  la  fin  du  dix-huitième  siècle  c'est 
Bisaumarchais.  Toutefois ,  k  Mariage 
.  de  Figaro  ne  serait  que  le  chef-d'œuvre 
de  la  comédie  d'intrigue,  sans  un  nou- 
veau genre  d'intérêt  t  sans  une  nouvelle 


source  de  vérité  générale  qiie  Beau- 
marchais se  brée  en  agitant  à  sa  hià- 
lilère,  àUr  le  théâtre ,  le  grand  pi^bblème 
social  et  politique  de  Son  temps ,  qui 
h'est  pas  encore  résolu  danS  lé  noti'e 
tJn  ordire  entier  de  la  Société  alors  en- 
core tout-puissant,  persdnhiBé  et  atta- 
i|ué  sur  la  scène  avec  autant  d'audace 
due  de  finesse  ;  la  liittë  ebtrë  le  riche  vo- 
fuptueux  et  lé  pauvre  industrieux  et  rii- 
sé,représentéë  avec  la  profondeur  d'une 
expérience  consommée  et  la  vfervë  d'une 
imàgiilation  active;  voilà  ce  qui  fait  la 
durée  de  l'œuvre  de  Bfeâiiiiiarcnaià ,  en- 
core plus  oue  l'hàbile  construction  de 
soh  inti'igdfe  souvent  trop  compliquée, 
et  les  saillies  éblouissantes  de  âou  style 
souvent  tirop  iraffiné. 

La  décadence  de  la  comédie  a  con- 
tinué dans  notre  éiêcle.  Certes ,  à  dé- 
faut de  génie,  le  courage  n*a  pas 
manqué  à  plusieurs  de  nos  écHVamâ. 
Sous  l'empire,  Collin  d'Harletillë,  )>i- 
card  et  plusieurs  autres,  ont  fait  de 
louables  efforts  pour  retrouvât  le  se- 
cret de  Molière.  Ils  ont  rhis  datis  leurs 
pièces  de  l'élégance,  du  talent,  des 
Intentions  estimables,  Collin  d'Harle- 
Ville surtout,  doht  le  caràctèi'e aimable 
et  doux  a  laissé  danS  le  public  d'aftec- 
tueux  souvenirs.  Mais  il  est  trop  évi- 
dent, aU  moindre  examen  de  ces 
productions ,  que  Molière  a  ^ardé  son 
secret.  Plus  tard,  M.  Casimir  Delavi- 
ghe- surpassa  Collin  d'Harlevillé  daUs 
son  Éeoie  des  vieillards,  où  le  comique 
est  agréable,  diais  trop  dépouirvu  de 
forces ,  où  il  y  a  moins  dé  traits  co- 
miques que  de  jolis  vers.  D'ailleurs, 
en  aéhors  decétte  haute  carrière  éburue 
Sans  succès  éclatant,  une  foîile  de  pe- 
tites pièces  assez  ingénieuses  et  fort 
gaieis  se  multipliaient  aux  ap[)laudisse- 
ments  d'un  public  spirituel,  et  obte- 
naient un  succès  de  vogue  mérité. 
Nous  l'avons  déjà  dit,  cette  sorte  de 
comédie  ne  peut  chômer  chez  un  peuple 
tel  que  nous.  M.  Scribe*  a  conquis  par 
ses  vaudevilles ,  souvent  bien  faux  pour 
tes  mœurs,  mais  adroitenlent  conauîts 
et  pleins  de  saillies,  une  réputation 
lé|;itime,  à  laquelle  il  aurait  peut-être 
mieux  fait  de  ne  pas  vouloir  ajouter  la 
gloire  plus  sérieuse  que  promet  et  que 


COH 


FRANCE. 


CiOH 


38f 


doftne  rarement  la  haute  comédie.  Sa 
Tocatioo  véritable  était  pour  le  genre 
légêir  et  superficiel,  mais  susceptible 
«l'agréaient  et  de  girâee,  qu'il  a  cultivé 
d'abord  si  heureusement;  Toutefois;, 
on  ne  peut  méeonnattre  dans  Bertmnd 
ef  Bâton  et  dans  le  y  erre  d'eaux  joiiés 
aux  Français,  une  habile  entente  dé  la 
scènis  et  lîrie  verve  spirituelle. 

Nos  auteurs  comiques  se  plaignent 
beaucoup  d'une  difficulté  qui  vient 
s'djotiter  pour  eux  à  toutes  celles 
qu'ils  trouvent  dans  leur  art.  Leur 
position i  disent-  ils^  est  bien  moins 
favorable  encore  que  celle  dé  leurs 
devanciers  t  dans  une  époque  où  la 
confusion  des  ran^s,  suite  d'une  ré- 
volution qui  a  tout  bouleversé,  la 
suppression  des  grandes  inégalités  so- 
ciales^ l'uniformité  d'aspect  que  pré- 
sentent de  plus  en  plus  nos  nlœurs 
douces  et  élégahtes,  laissent  entre  les 
caractères  peu  de  différences  tran- 
chées, àffiaiblissent  lés  saillies ,  mêlent 
les  types ,  et  déjouent  à  chaque  instant 
le  pinceau  du  poète  comique  par  l'in- 
cohérèhcê  ou  l'insignifiante  jpâleur  des 
modèles.  Cette  plainte  est  londée,  et 
c'est  là  en  effet  un  grand  obstacle  dé 
plus.  Cependant,  sous  ùh  autre  point 
de  vue,  une  révolution  qui  a  produit 
des  changements  si  profonds  dans  la 
société  et  dans  les  mœurs,  a  dû  faire 
naître  des  ridicules  nouveaux  ou  faire 
prendre  aux  anciens  des  formes  nou- 
velles. Quelle  que  soit  l'uniformité  de 
la  société  actuelle,  les  passions  des 
hommes ,  et  surtout  celles  que  nos  ins- 
titutions elles-mêmes  mettent  en  jeu , 
n'y  produisent-elles  pas  des  inégalité^ 
d'autant  plus  ridicules  qu'elles  isont  en 
désaccord  avec  lès  principes  qu'on  pro- 
clame? De  nos  jours,  l'ambition,  la 
vanité,  l'hypocrisie  semblent  s'être  re- 
nouvelées pour  le  poëte  comiqUe.  Le 
Bourgeois  gentUhomme  et  Tartuffe 
existeiit  encore,  mais  sous  un  habit 
tout  nouveau^  qui  permet  au  poëte  de 
les  étudier  encore  et  d'être  original  eii 
leis  peignant.  Après  tout,  aucune  épo- 
que ne  manque  de  ridicules ,  et  l'hu- 
manité sera  toujours  d'uhe  variété 
inéptiisable  sur  ce  point.  Tienne  seu- 
lement UQ  homme  de  génie  ^  et  l'héri- 


tage de  Molière  sera  recueilli,  et 
malgré  les  obstacles  qui  sehiblent  e6n-> 
jurés  contré  elle,  la  haute  bomédie 
renaîtra  sur  notre  Scène. 

Comédiens. —^  L'art  du  comédien 
fbt  longtemps  parmi  nous  dans  l'en- 
fance, comme  l'art  dramatique  lui- 
même.  Mais  si  tard  que  soient  venus 
les  perfectionnements  de  la  tragédie  et 
de  la  comàlie  4  de  bonne  heure  ^  dès 
le  quinzième  siècle  ,  on  j)eut  nommeir 
une  foule  d'auteurs  qui  se  soiit  fait 
plus  ou  moihs  connaître  par  leurs  es- 
sais :  les  premiers  souvenirs  qui  nous 
aient  été  conservés  sur  les  comédiens 
ne  remontent  pas  au  delà  du  commen- 
cement du  dix-septiènië  siècle.  Les  pre- 
miers acteurs ,  dont  le  talent  ait  laissé 
des  traces,  appartenaient  à  cette  troupe 
qui,  en  1S98,  s'établit  à  l'hôtel  de 
Bourgogne ,  précédemment  occupé  par 
les  confrères  de  la  Passion.  Alors  se 
distinguèrent,  dans  la  farce  et  les  pa- 
rades nurlèsques ,  Ë.obert  Guérin,  dit 
Lafleur  ou  Gros -Guillaume;  Deslau- 
riers, dit  Bi>uscambille  ;  Hugues  Gué- 
rin ,  dit  Fléchelle  ou  Galithier-Gar- 
guille  ;  Henri  le  Grand ,  dit  Believilie 
ou  Turlupin.  Ces  deux  derniers  rem- 

Ïilirent  aussi  avec  succès  lés  rôles  qu'on 
eur  confiait  dans  les  pièces  comiques 
d'un  genre  plus  sériehx.  Believilie  n'ap- 
partint d'aoord  à  aucune  troupe,  et 
commença  sa  réputation  sur  un  théâ- 
tre en  plein  vent  ;  il  attirait  autour  de 
ses  tréteaux  une  telle  afiluence  de  spec- 
tateurs ;  que  les  comédiens  de  l'hôtel 
de  Bourgogne  se  plaignirent  au  cardi- 
nal de  Richelieu  de  cette  fâcheuse  con- 
currence. Le  cardinal  voulut  juger  ^ar 
lui-même  du  talent  de  ce  rival  dange- 
reux. BeUeville,  mandé  au  F^lais-Royal 
et  installé  dans  une  alcôve ,  inlprovisë 
une  farce  qui  divertit  extrêmement  les 
spectateurs ,  et  Richelieu  fut  si  satis- 
fait qu'il  le  fit  admettre  dans  la  troupe 
de  l'hôtel  de  Bourgogne:  A  la  même 
époque,  l'acteur  Alisbn  s'attirait  de 
grands  applaudissements  dans  les  rôles 
de  servantes  et  de  nourrices  ;  car  élors 
les  fembies  ne  montaient  pas  encore 
sur  la  scène ,  et  tous  les  rôles  étaient 
remplis  par  des  hommes.  La  première 
femme  qui  parut  sur  lé  théâtre  fUt  Itt 


833 


COH 


L'UNIVERS. 


COM 


Beaupré,  qu'on  vit ,  en  1634,  créer  les 
râles  de  soubrettes  dans  la  Galerie  du 
palais  de  Corneille.  A  côté  d'elle  se 
faisait  remarquer  Jodelet ,  qui  repré- 
senta le  valet  du  Menteur. 

L'acteur  tragique  de  cette  troupe  était 
Pierre  le  Meissier ,  dit  Bellerose ,  qui 
créa  les  principaux  rôles  des  premières 
tragédies  de  Corneille.  Malgré  la  faveur 

Sue  tous  ces  artistes  et  quelques-uns 
'une  autre  troupe  établie  au  Marais 
trouvaient  auprès  du  parterre,  Tart 
était  encore  peu  avancé  :  la  déclama- 
tion ,  l'emphase ,  une  sorte  de  chant 
mesuré ,  de  mélopée ,  régnaient  dans 
le  débit  tragique  et  étaient  presque 
tout  naturel  à  l'expression  des  [)as- 
sions.  Dans  la  comédie,  la  pantomime 
bouffonne ,  les  grimaces ,  les  intona- 
tions burlesques  étaient  mises  beau- 
coup trop  en  usage  par  des  acteurs  qui 
croyaient  avoir  tout  fait  quand  ils 
avaient  fait  rire  la  multitude.  Deux 
grands  hommes ,  frappés  de  ces  dé- 
fauts ,  amenèrent  une  grande  amélio- 
ration dans  la  récitation  dramatique. 
Une  nouvelle  troupe ,  dirigée  par  Po- 
quelin,  qui,  en  emorassant  la  profes- 
sion d'acteur,  avait  pris  le  nom  de 
Molière,  vint  s'établir  à  Paris  vers 
1659.Cette  troupe,  formée  par  les  con- 
seils et  les  exemples  de  l'homme  qui , 
après  avoir  écrit  une  scène  du  Tar» 
l^ff^  »  venait  jouer  un  rôle  dans  XÉ- 
cole  des  Maris ,  cette  troupe  fît  voir 
au  public  combien  les  ouvrages  dra- 
matiques gagnaient  à  être  joués  natu- 
rellement et  sans  exagération.  Là  brilla 
surtout  le  célèbre  Baron ,  qui ,  plus 
tard,  après  la  mort  de  Molière,  quitta 
la  salle  du  Palais -Royal,  où  cette 
troupe  était  établie,  pour  entrer  à 
l'hôtel  de  Bourgogne.  Ses  camarades 
les  plus  fameux  furent  Lagrange  et 
Latborillière ,  qui  allèrent  présenter 
au  roi ,  campé  devant  Lille ,  un  placet 
pour  obtenir  la  levée  de  l'interdit  jeté 
sur  Tartuffe  ;  Béjart ,  qui  eut  un  im- 
mense succès  dans  le  rôle  de  Laflèche, 
le  valet  d'Harpagon  ;  mademoiselle  Bé- 
jart ,  qui  devmt  la  femme  de  Molière^ 
et  lui  causa  tant  de  chagrins  par  sa 
coquetterie.  Plusieurs  des  acteurs  de 
Molière  firent  faire  aussi  des  progrès 


à  la  déclamation  de  la  tragédie;  mais, 
de  ce  côté ,  Molière  les  flairait  plus 
par  ses  leçons  que  par  ses  exemples. 
«  Il  ne  réussit  jamais  dans  le  tragique, 
dit  Voltaire  ;  il  avait  une  volubilité 
dans  la  voix  et  une  espèce  de  hoquet 
qui  ne  pouvait  convenir  au  jeu  sérieux, 
mais  qui  rendait  son  jeu  comique  plus 
plaisant.  »  Du  moins  il  cherchait  à 
mettre  ses  acteurs  en  garde  contre 
l'emphase  et  la  mélopée.  On  sait  com- 
ment il  s'amusa  à  contrefaire  le  débit 
de  plusieurs  comédiens  de  l'hôtel  de 
Bourgogne ,  dans  son  Imffromptu  à 
FersaiUeSy  dont  la  première  partie 
est  un  spirituel  et  charmant  tableau 
de  ses  tribulations  de  directeur. 

Celui  qui  parvint  véritablementà  per- 
fectionner la  déclamation  tragique  fut 
Racine  ;  il  était  doué  d'un  talent  ex- 
traordinaire pour  réciter;  on  trouve 
dans  ses  Mémoires,  publiés  par  son  fils, 
des  exemples  surprenants  ae  l'impres- 
sion qu'il  savait  faire  sur  ses  auditeurs. 
Il  fit  sentir  aux  comédiens  les  inconvé- 
nients de  ce  chant  dont  ils  avaient 
contracté  l'habitude  ;  il  leur  indiquait 
les  tons  qui  se  rapprochaient  le  plus 
des  sentiments  qu'il  avait  voulu  expri- 
mer ,  c'est-à-dire  de  la  nature  ;  il  leur 
donnait  mille  instructions  de  détail,  et 
répétait  sans  cesse  qu'il  n'y  avait  point 
de  déclamation  sans  naturel ,  et  que 
c'est  dans  l'âme  du  comédien  qu'est  le 
foyer  de  son  talent.  C'est  au  seul  Ba- 
ron qu'il  lui  arriva  souvent  de  dire  : 
«  Pour  vous  ,  je  n'ai  rien  à  vous  près- 
«crire  :  votre  âme  vous  en  dira  plus  que 
«  mes  leçons.  »  Parmi  les  élèves  que  ce 
grand  homme  forma  à  l'hôtel  de  Bour- 


que  le  jansénisme  et  la  piete 
filiale  imposent  à  Racine  le  fils ,  on  ne 
saurait  douter  du  tendre  penchant  que 
le  maître  éprouva  pour  l'élève ,  et  de 
la  liaison  qui  se  forma  entre  Racine  et 
la  Champmesié.  Si  l'on  en  croit  ma- 
dame de  Sévigné ,  cette  actrice  était 
bien  loin  de  passer  pour  jolie  ;  mais 
elle  était  remplie  de.  grâces  et  avait 
beaucoup  d'esprit  ;  elle  avait  une  pro* 
fonde  sensibilité  qu'elle  exprimait  au 
théâtre  avec  beaucoup  d'énergie  et  qui 


COM 


FRANCE. 


GOH 


383 


ne  manquait  Jamais  de  faire  couler  des 
larmes.  Les  éloges  que  lui  ont  adressés 
les  plus  grands  nommes  du  temps,  ont 
encore  plus  contribué  à  conserver  sa 
mémoire  que  la  supériorité  de  son  ta- 
lent ;  car  la  renommée  de  l'artiste  est 
précaire  et  s'obscurcit  aisément  dès 
que  l'artiste  a  disparu;  mais  fioileau, 
Racine,  la  Fontaine,  lui  ont  donné 
l'immortalité  par  leurs  vers.  La  Fon- 
taine disait  : 

Tous  régnerez  longtemps  dans  la  mémoire 
Après  avoir  régné  josqaes  ici 
Dans  les  esprits,  dans  les  cœurs  même  aussi. 
Qui  ne  connaît  l'inimitable  actrice. 
Représentant  ou  Phèdre  ou  Bérénice , 
Chimène  en  pleurs  ou  Camille  en  fureur  ? 

Cependant ,  les  efforts  de  Racine  n'a- 
vaient pu  encore  débarrasser  entière- 
ment la  déclamation  de  ce  débit  chan- 
tant et  cadencé  que  consacrait  la  tra- 
dition. Dans  la  fin  de  sa  carrière,  après 
la  mort  de  Racine,  la  Champmeslé 
revint  à  ce  malheureux  chant  qui  lui 
valait  des  applaudissements ,  parce 
qu'elle  avait  la  voix  très-belle  et  très- 
sonore.  Mademoiselle  Duclos ,  formée 
par  elle ,  mit  dans  son  jeu  trop  d'ap- 
prêt et  d'enflure;  une  nouvelle  ré- 
forme devint  nécessaire  :  ce  fut  l'ou- 
vrage de  mademoiselle  Lecôuvreur, 
qui  fit  entendre  le  véritable  langage  de 
la  tragédie.  Cette  actrice ,  célébrée  par 
les  meilleurs  poètes  de  son  temps ,  et 
que  Voltaire  à  placée  dans  son  Temple 
au  6oâ^,' ^détruisit  sans  retour  les 
anciens  défaùtâ-  de  la  déclamation,^ 
amena  le  temps  des  Dumesnil  et  des 
Clairon ,  le  plus  bel  âge  de  la  comédie 
française.  Les  triomphes  de  mademoi- 
selle Clairon  furent  associés  à  ceux  de 
Je  Kain.  Voltaire  dut  beaucoup  à  ces 
acteurs ,  qu'il  dirigea  souvent  par  ses 
conseils  ;  il  leur  prodigua  la  louange 
en  mille  endroits ,  et  c'était  justice  : 
car  avec  Voltaire  commence  l'époque 
où  les  comédiens  font  beaucoup  pour 
Je  poète ,  où  des  ouvrages  faibles  ou 
superficiels  par  eux-mêmes ,  doivent 
au  jeu  des  acteurs  l'apparence  du  vrai 
mérite  et  le  succès.  La  Harpe  dit  de 
Je  Kain  qu'en  conservant  les  anciens 
principes ,  il  y  ajoutait  une  force  d'ex- 
pression et  une  profondeur  de  senti- 
ment que  n'avait  pas  avant  lui  la  tra- 


gédie. Son  action ,  ainsi  que  celle  de 
mesdemoiselles  Clairon  et  Dumesnil , 
était  bien  plus  véhémente  et  plus  logi- 
que que  celle  de  leurs  prédécesseurs. 
«  Qui  aurait  osé,  dit  Voltaire  avec  ad- 
miration ,  qui  aurait  osé  comme  M.  le 
Kain ,  sortir  les  bras  ensanglantés  du 
tombeau  de  Ninus,  tandis  que  l'ini- 
mitable actrice  qui  représentait  Sémi- 
ramis  (  mademoiselle  Dumesnil  )  se 
traînait  mourante  sur  les  marches  du 
tombeau  même  ?  »  Cependant  la  véhé- 
mence des  mouvements  et  des  attitudes 
alla  un  peu  trop  loin  dès  cette  époque  : 
et  les  imitateurs  de  le  Kain  poussèrent 
souvent  le  tragique  de  l'action  jusqu'au 
mélodrame,  sans  que  Voltaire,  infi- 
dèle au  vrai  goût  dans  cette  question, 
cessât  d'applaudir.  Sauf  ces  exagéra- 
tions ,  la  tragédie  conserva  de^  inter- 
prètes dignes  d'elle ,  entre  autres  La- 
rive  ,  et  la  tradition  du  goût  et  de  la 
passion  se  maintint  jusqu'à  Talma, 
qui  vint  l'enrichir  par  les  conceptions 
de  son  génie;  qui,  réformateur  heu- 
reux des  costumes  et  de  la  mise  en 
scène ,  dépassa  tous  ses  prédécesseurs 
par  le  sentiment  profond  et  la  savante 
mtelligence  des  chefs-d'œuvre  de  nos 
poètes.  A  côté  de  ce  grand  tragédien 

ftarut ,  comme  un  auxiliaire  digne  de 
ui ,  la  pathétique  Duchesnois ,  qui 
vient  tout  à  coup  de  retrouver  une  hé- 
ritière, douée  des  plus  hautes  qualités 
tragiques ,  mais  peut-être  moins  sou- 
ple et  moins  variée  qu'elle  dans  son 
talent ,  moins  touchante  dans  les  sen-. 
timents  tendres. 

La  comédie ,  dans  le  dix-huitième 
siècle,  ne  fut  pas  moins  heureu- 
sement partagée  en  acteurs  que  la 
tragédie  ;  peut  -  être  même  la  décla- 
mation comique  du  dix-septième  siècle 
fut-elle  surpassée  par  des  artistes  tels 

aue  Fleury,  Mole ,  Préville ,  Monvel , 
ont  on  retrouve  quelques  traditions 
chez  plusieurs  de  nos  contemporains, 
surtoutchez  MM.MonroseetMenjaud, 
par  des  actrices  telles  que  madame  Fa- 
vart ,  mademoiselle  Contât  ;  telles  que 
mademoiselle  Devienne  et  mademoi- 
selle Bourgoin,  qui  nous  conduisent 
presque  en  face  de  la  place  brillante' 
que  mademoiselle  Mars  vient  de  lais- 


3M 


OHM 


L'UTOVEESI. 


OHM 


s^r  vjd^*  ^pérqps  que  nptro  grande 
comédienne  n'a  pas  emporté  s^vec  elle 
tous  les  secrets  de  son  art,  et  que  le 
SQUTenir  de  se^  |e|ÇODS  et  Tiaspiration 
de  ses  exemples  Ivii  donneront  des  suc- 
cesseurs qui  sauront  maintenir  notre 
spène  CQmique  à  la  hauteur  où  cette 
ipimitat)ie  actrjoe  Ta  soutenue  pen- 
dant sa  lopç\ie  e^  giçtrieuse  carrière. 

— La  profession  dq  comédien  a  tou- 
jours été  poursuivie  en  France  par  les 
foudres  de  TltgUse.  Le  concile  q' Arles 
déclara,  en  p^y  c^mx  qui  s'y  livr^iept, 
excommunies  tant  qu'ils  l'exerceraient; 
mais  cet  anathème  qui,  de  tout  temps, 
a  reçu  chez  ppus  sou  exécutjQU  i  ne 
les  £|tteignait  pas  dans  les  pays  étran- 
gers. Ainsi,  les  cpuiédieus  italiens  ve- 
nu$  en  France  à  diverses  époques,  loin 
d'être  excommuniés,  étaient  n^embres 
delà  confrérie  du  Saint -Sacrement, 
et  on  les  vit  plusieurs  fois ,  à  Paris, 
tenir  les  cordons  du  dais  dans  les  pro- 
<^ssions.  Les  secteurs  et  les  actrice^ 
de  l'Académie  royale  de  musique  ou 
4e  l'Opéra  n'étaient  pa^  non  plus  ex- 
communiés, parce  que  ce  spectacle 
avait  été  établi  sous  le  nom  d  Acadé- 
mie.  Les  nobles  qui  embrassaient  la 

Srofession  de  comédiens  étaient  regar- 
es comme  ayant  dérogé,  à  moins  qu'ils 
i^e  fissent  partie  de  la  troupe  des  co- 
médiens du  rpi.  C'est  ce  qui  résulte 
d'une  déclaration  de  Louis  XIII ,  en 
date  du  16  avril  1641 ,  et  d'un  arrêt 
du  conseil  rendu  le  10  septembre 
1Ç68,  en  faveur  de  Floridor»  gentil- 
homme et  comédien  du  rui. 
.  L'çxistenoe  de  la  plupart  des  comé- 
diens de  provinee  ét^it  fort  triste  et 
fprt  p[iisérable;  il  ^'en  ét^it  pas  de 
ruéme  des  eoni^iens  de  Paris,  dont  la 
position  était  à  la  fois  plus  stable, 
plus  brilla^nte  et  plus  heureuse.  Pepr 
dant  les  dernières  années  qui  précé: 
dèrent  la  révolution  de  17S9,  les  paris 
entières  des  sociétaires  de  U  Comédie? 
Francise  et  de  lai  Cpmédie-It£ilieune 
s'élevèrent  jusqu'à  30,000  francs  anr 
nuellement.  Les  acteurs  de  l'Opéra 
touchaient  de  forts  appointements,  qui 
leur  étaient  exactement  payés  par  la 
ville  ou  par  l'État.  Après  vingt  ans  de 
serYÎce^f  les  prewieri»  ^vûet9  de  ces 


trois  U^tres  airaieQt  droit  à  une  peu? 
sion  de,retraite  de  1500  francs,  que  le 
roi  doublait  pour  la  plupart  d  entre 
eux.  Peu  de  temps  avant  1789 ,  ils 
avaient  pris  le  titre  de  pensionnaires 
du  roi.  Ils  quittèrent  plus  tard  ce  titre 
p^ur  prendre  celui  a'artistes  drama- 
tiques, qu'ils  ont  conservé  ,  et  qu'ils 
prennent  encore  aujourd'hui  dans  les 
actes  publics.  (Voyez  Théaxk^O 

C0M£ST0R  (Pierre,  surnommé), 
c'est-à-dire  le  Mangeur,  à  cause  de 
son  ardeur  dévorante  pour  l'étude, 
était  doyen  de  l'église  de  Troyes.  Il  di- 
rigea ensuite  l'école  de  théologie  de 
Paris,  depuis  1164  jusqu'en  1169, 
puis  se  retira  à  Saint- Victor ,  et  mou- 
rut en  1178 ,  suivant  les  uns,  en  1188, 
suivant  les  autres.  Il  a  composé  un 
livre  fs\meux  intitulé  :  Scolasiica  his- 
toricaj  imprimé  pour  la  première  fois 
à  Utrecht,  en  1473,  petit  in-fol.  C'est 
une  histoire  sainte  tirée  de  l'Écriture 
et  des  glojses,  et  qui  ya  depuis  le  com- 
mencement de  la  Genèse  jusqu'à  la  fin 
des  Actes  des  apôtres.  Ce  hvre ,  qui 
fut  reçu  avec  enthousiasmet  et  fut  pen- 
d2int  trois  siècles  regardé  comntie  clas- 
sique ,  fut  traduit  en  français  en  1495, 
par  Guiard  des  Moulins ,  sous  le  titre 
de  Bièle  historiée,  Paris,  A.  Verand , 
sans  date,  2  vol.  in-fol. 

CODIIICBS  A&BIGOLSS.    —   ASSOCÎa* 

tions  formées  dans  le  but  d'améliorer 
les  procédés  agricoles  et  les  races  les 
plus  utiles  des  animaux  domestiques, 
par  des  hommes  qui  se  livrent  aux 
travaux  des  cbamp$,  et  même  par  des 
citoyens  qui  y  sont  étrangers,  mais 
consentent  à  concourir  au  but  com- 
mun par  une  faible  cotisation  annuelle. 
Ce  fut  une  cir<!ulaire  ministérielle 
du  22  mai  1820  qui  provoqua,  dans 
les  départements)  la  création  de  ces 
sortes  d'établissements.  On  recom- 
manda d'y  admettre  les  hommes  qui 
pratiquent  même,  dans  un  ordre  peu 
élevé,  l'art  honorable. ef  difficile  de 
l'agriculture;  on  ne  demanda  point 
que  le  président  de  chaç|UG  couiioe 
sortît  de  la  classe  des  cultivateurs  or- 
dinaires, et  fût  en  état  de  rédiger  dos 
mémoires,  on  n'exigea  de  lui  que  de 
simples  notes  résumant,  avec  autant 


COM 


FRANCE. 


COM 


ass 


d-exac(îtude  que  possible,  les  travaux 
de  l'association. 

Les  avantages  qui  [yoavaient  résulter 
de  cette  mesure  furent  longs  à  se  faire 
apprécier,  et  il  se  passa  plusieurs  an*- 
nées  avant  qu*oh  se  déciqât,  dans  les 
campagnes,  é  en  faire  un  premier  essai. 
A  la  iin,  les  préfets,  à  force  de  stimu- 
ler lei?  cultivateurs,  obtinrent  la  créa- 
tion d'un  premier  comice,  puis  d'un 
second  ;  énûn  l'esprit  d'imitation  agis- 
sant de  proche  en.  proche,  ces  asso- 
ciations s'étendirent  d'un  canton  à 
Tautre,  et  il  est  aujourd'hui  des  dépar- 
tements qui  en  comptent  un  assez 
grand  nombre. 

Conformément  à  la  circulaire  de 
1820,  les  comices  agricoles  se  réunis- 
sent lin  jour  de  foire  ou  de  mafché, 
dans  une  ville,  dans  yn  village,  même 
dans  un  champ,  et  là,  le  premier  ma- 

fistrat  administratif  du  pays  distribue 
es  prix  au  ci^ltivatçur  qui,  à  une  épo- 
que déterminée,  a  obtenu  le  plus  de 
succès  dans* un  genre  quelconque  de 
culture,  présenté  les  bestiaux  les  plus 
beaux  et  les  troupeaux  les  mieux  te- 
nus, perfectionné  les  instruments  ara- 
toires, ou  fait  Papplication  la  plus  heu- 
reuse de  ceux  qui  sont  en  usage. 

Les  conseils  généraux  sont  autorisés 
à  voter  comme  dépense  facultative  une 
petite  somme  à  ajouter  au  produit  des 
cotisations  volontaires,  cour  donner 

S  lus  d'importance  aux  prix.  Dans  les 
épartements  où  il  existe  une  société 
d'apiculture,  les  comices  agricoles 
sont  en  correspondance  avec  elle,  et 
c'est  par  son  intermédiaire  qu'ils  font 
parvenir  à  l'administration  leurs  comp- 
tes rendus  et  leurs  demandes. 

CoMii^ES  (  Philippe  de  ) ,  seigneur 
d'Argenton,  naquit  au  château  de  Co- 
mines,  près  de  Menin ,  en  Flandre, 
en  1445,  d'une  famille  ancienne  e(  il- 
lustre. II  passa  sa  jeunesse  à  la  cour 
de  Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne, 
suzerain  ae  sa  province,  et  fiit  attaché 
à  la  personne  de  son  fils ,  le  comte  de 
Charolais.  Il  suivit  ce  dernier  dans  là 
guerre  du  bien  public,  et  se  trouva  à 
la  bataille  de  Montihérv.  Le  comte  de 
Charolais  ayant  succédé  à  son  père , 
sous  le  nom  de  Charles  le  Téméraire, 


continua  à  admettre  Comines  dans  sa 
confiance  et  son  intimîté.Lorsque,  ir- 
rité d'un  manque  de  foi  de  Louis  XI, 
Charles  le  retint  prisonnier  à  Péiponne, 
Comines,  déjà  prudent  et  habile,  mai- 
gré  sa  jeunesse,  essaya  de  calmer  son 
maître,  et  ne  pouvant  y  réussir  aussi 
bien  qu'il  le  voulait ,  avertit  le  roi  des 
points  sur  lesquels  il  faudrait  céder 
pour  ne  pas  se  mettre  dans  le  plus 
grand  péril.  Enfin ,  les  conseils  qu'il 
âonna  aux  deux  parties  cpntribuèrent 
beaucoup  au  traité  qui  réconcilia  un 
moment  les  deux  princes,  et  lui  attirè- 
rent l'estime  et  la  considération  de 
Louis  -XL  Cependant ,  l'esprit  du  duc 
de  Bourgogne  s'aigrissait  de  plus  en 
plus  par  ses  revers,  par  son  ambition 
trompée,  par  ses  ruses,  qui  échouaient 
contre  les  ruses  de  so(i  astucieux  et 
puissant  rival.  Une  sorte  de  frénésie 
s'empara  de  lui,    et  faisait   chaque 
jour  des  progrès;  les  conseils  modérés 
l'irritaient.  La  tâche  devenait  ainsi 
plus  facile  pour  le  roi  de  France ,  qui 
mettait  tout  en  œuvre  pour  détacher 
de  lui  peu  à  peu  tous  les  hommes  ha- 
biles et  considérables  qu'il  avait  parmi 
ses  serviteurs.  Comines ,  dégoûté  du 
service  d'un  maître  sur  lequella  raison 
n'avait  plus  d'empire  ,  et  chez  lequel 
la  passion  remplaçait  la  politique^  sé- 
duit d'ailleurs  par  les  raisons  crintérét 
que  le  roi  de  France  faisait  valoir  au- 
près de  lui,  sedéfïida  à  changer  de  parti 
et  de  cour.  H  devint  le  conseiller  de 
Louis  XI,  défection  qui  lui  fut  large- 
ment payée  par  le  don  de  plusieurs 
principautés  et  seigneuries.  Un  riche 
mariage,  l'acquisition  de  la  belle  sei- 
gneurie d'Argenton ,  la  dignité  de  sé- 
néchal de  Poitou ,  qui  lui  fut  conférée 
par  le  roi ,  achevèrent  de  le  mettre 
dans  une  des  positions  les  plus  bril- 
lantes du  royaume.  Les  lettres  paten^- 
tes  que  le  roi  lui  donna  pour  la  charge 
de  sénéchal,  témoignent  de  sa  vive 
reconnaissance  pour  les  services  de 
son  conseiller.  «  Louis,. .  etc. ,  savoir 
faisons  que  comme  notre  amé  et  féal 
conseiller  chambellan,  Philippe  de  Co- 
mines, desmontrant  sa  grande  et  ferme 
loyauté  et  la  singulière  amour  qu'il  a 
eue  pour  nous,  se  soit  dès  son  jeuii« 


L'UNIVERS. 


GOH 


âge  disposé  à  nous  servir ,  honorer  et 
obéir,  comme  bon,  vray  et  loyal  sujet 
doit  son  souverain  seigneur;  et  no- 
nobstant les  troubles  qui  ont  été  ,  et 
les  lieux  où  il  a  conversé,  gui  par  au- 
cuns temps  nous  ont  été  et  encore 
sont  contraires,  rebelles  et  désobéis- 
sants, toujours  ait  gardé  envers  nous 
vraye  et  loyale  fermeté  de  courage  ; 
et  même  en  notre  grande  et  entière 
nécessité,  à  la  délivrance  de  notre  per- 
sonne, lorsqu'étions  entre  les  mains 
d'aucun  de  nos  dits  rebelles  et  déso- 
béissants qui  s'étoient  déclarés  contre 
nous ,  et  en  danger  d'être  là  détenus, 
notre  dit  conseiller  et  chambellan, 
sans  crainte  du  danger  que  luv  en  pou- 
voit  advenir,  nous  avertit  de  tout  ce 
qu'il  pouvoit  pour  notre  bien,  et  telle- 
ment s'employa  que  par  son  moyen  et 
aide ,  nous  saillîmes  hors  des  mains 
des  dits  rebelles;  et  en  plusieurs  au- 
tres manières  nous  a  faict  et  continue 
de  faire  chaque  jour  plusieurs  grands, 
louables,  et  recommandables  servi- 
ces, etc.  n  Louis  XI  employa  Gomines 
dans  plusieurs  missions  importantes. 
Après  la  mort  de  Charles  le  Témé- 
raire, il  l'envoya  en  Flandre  pour  ten- 
ter de  réunir  les  villes  de  cette  contrée 
à  la  France  :  il  l'envoya  aussi  prendre 
possession,  au  nom  de  la  couronne, 
du  duché  de  Bourgogne.  Il  lui  confia 
plus  tard  une  ambassade  à  Florence  ; 
mais  cette  dernière  mission  fut ,  dit- 
on  ,  moins  un  honneur  qu'une  dis- 
grâce ,  quelques  nuages  s'étant  élevés 
entre  le  prince  soupçonneux  et  son 
ministre.  AFlorence,  Comines  soutint 
la  querelle  des  Médicis  contre  les 
Pazzi,  et  rendit  les  plus  grands  servi- 
ces à  Laurent  de  Médicis,  qui  remer- 
cia Louis  XI  de  lui  avoir  envoyé  un 
si  sage  ambassadeur.  Parfaitement 
accueilli  à  son  retour,  Comines  jouit 
de  nouveau  de  toutes  les  bonnes  grâ- 
ces du  roi  pendant  les  deux  années  que 
dura  encore  le  règne  de  Louis  XI. 
Sous  le  règne  suivant,  ayant  pris  part 
aux  cabales  du  duc  d'Orléans  et  du  duc 
de  Bourbon  contre  la  régence,  il  subit 
les  conséquences  de  leur  défaite,  et  fut 
conduit  à  Loches ,  où  on  l'enferma 
dans  une  de  ces  cages  de  fer  que 


Louis  XI  avait  mises  en  usage.  «  Plu- 
sieurs les  ont  maudites ,  et  moi  aussi, 
dit-il,  qui  en  ai  tâté  sous  le  roi  d'à 
présent.  »  Condamné  à  l'exil ,  apr^ 
une  détention  de  huit  mois,  il  ne  tarda 
pas  à  rentrer  en  grâce ,  et,  en  1495,  on 
le  retrouve  fondé  de  pouvoirs  au  traité 

3ui  fut  conclu  entre  le  roi  et  Tarchi- 
uc  d'Autriche.  Charles  VIII  Temmena 
avec  lui  dans  sa  campagne  d'Italie ,  et 
le  chargea  d'aller  à  Venise  pour  tâcher 
de  maintenir  cette  république  dans  la 
neutralité.  Comines  découvrit  les  me- 
nées des  Vénitiens  contre  Charles ,  et 
la  vaste  conjuration  de  peuples  qui  se 
forma  tout  à  coup  contre  les  Français. 
Il  avertit  son  maître,  et  vint  le  re- 
joindre pour  combattre  près  de  lai  à 
la  glorieuse  journée  de  Fornoue  ,  qui 
n'eut  d'autre  résultat  que  de  renare 
la  retraite  possible.  Le  traité  de  Yer- 
ceil,  conclu  peu  de  temps  après,  et  qui 
fut  son  ouvrage,  lui  attira ,  de  la  part 
de  ses  ennemis ,  de  violentes  attaques 
dont  son  crédit  fut  ébranlé  :  il  fut 
mis  à  l'écart  pendant  le  reste  de  sa 
vie ,  qui  se  prolongea  jusque  sous  le 
règne  de  Louis  XII.  Il  mit  à  profit  le 
loisir  de  sa  vieillesse  pour  écrire  ses 
Mémoires.  Ce  livre ,  qui  «  a  autorité 
et  gravité,  comme  dit  Montaigne  ,  et 
sent  partout  son  homme  de  bon  lien 
élevé  aux  grandes  affaires ,  »  ce  livre 
joint  au  talent  de  conter  une  remar- 
quable sagacité  politique  ,  et  une  fi- 
nesse de  raison  qu'on  avait  rarement 
rencontrée  dans  le  moyen  âge ,  et  par 
laquelle  s'annonce  l'esprit  des  temps 
modernes.  Comines  conte  bien ,  mais 
sans  imagination  pourtant ,  et  sans 
avoir  rien  dans  l'expression  de  pitto- 
resque. Son  récit  plaît  par  un  tour 
naïi,  accompagné  partout  d'un  sens 
judicieux.  Sa  moralité  est  celle  d'un 
diplomate  ministre  de  Louis  XI.  Ôo 
a  fait  une  grande  méprise  en  le  com- 
parant à  un  des  historiens  les  plus  sé- 
vères pour  la  morale  ,  à  Tacite.  Co- 
mines expose  froidement  et  sans 
indignation ,  avec  un  sentiment  de 
sympathie  et  d'admiration  même,  les 
fouroeries  et  les  machinations  politi- 
ques de  son  maître.  Il  ne  blâme  guère 
la  duplicité  et  le  crime  que  lorsqu'ils 


COK 


FRANGE. 


COJH 


u% 


n'ont  pas  léussî  ou  qa*ils  étaient  inu- 
tiles. Comme  dit  M.  Villemain,  «  il  se 
plaît  si  fort  à  l'habileté ,  qu'il  excuse 
volontiers  une  mauvaise  action  bien 
faite.  ..* .  La  tyrannie  lui  paraît  sur- 
tout odieuse  parce  qu'elle  est  dérai- 
sonnable. »  Le  même  écrivain  rap- 
pelle «  un  esprit  sérieux,  solide, 
intelligent  de  toutes  les  ruses,  jugeant 
avec  un  sens  merveilleux  le  caractère, 
la  forme,  le  but  des  gouvernements, 
plus  habile  que  scrupuleux ,  mais  ce- 

Eendant  s'élevant  à  la  probité  par  le 
on  sens,  parce  qu'à  tout  prendre,  elle 
est  plus  raisonnable  que  le  reste ,  et 
qu'elle  assure  mieux  le  maintien  de  la 
puissance.  » 

CoMiNEs  (combat  de).  —  «  En  1 382, 
le  duc  de  Bourgogne  avait  conduit 
Charles  YI  contre  les  Flamands  ré- 
voltés. Le  9  novembre,  le  connétable 
Olivier  de  Clisson  et  le  maréchal  Louis 
de  Sancerre,  avec  Tavanl-garde,  se 
trouvèrent  sur  la  Lys,  au  pont  de 
Comines.  Le  bâtard  de  Flandre, 
avec  cent  vingt  chevaliers,  y  avait  déjà 
effectué  un  premier  passage,  après  un 
combat  acharné,  mais  sans  pouvoir  se 
maintenir  sur  la  rive  ni  résister  aux 
Flamands  qui,  accourus  de  tous  côtés, 
l'avaient  forcé  de  repasser  en  lui  fai- 
sant éprouver  des  pertes  considérables. 
lue  connétable  et  le  maréchal  brûlaient 
de  venger  cet  échec.  De  son  côté, 
Pierre  Dubois,  avec  six  ou  sept  mille 
Flamands,  était  dans  Comines,  dé- 
terminé à  opposer  une  vigoureuse  ré- 
sistance :  le  pont  n'était  point  coupé; 
les  Flamands  s'étaient  contentés  d'en- 
lever  le  plancher,  en  laissant  les  so- 
lives :  la  rivière  n'était  nulle  part 
guéable,  et  quand  les  chevaux  l'auraient 
passée  à  la  nage,  ils  n'auraient  pu 
prendre  pied  sur  la  rive  opposée,  qui 
était  trop  escarpée.  Le  connétable, 
après  avoir  fait  reconnaître  le  terrain, 
ne  savait  quel  parti  prendre  ;  mais  le 
sire  de  Sempy,  qui  connaissait  bien  Je 
pay;s,  avait  irait  conduire  de  Lille  un 
petit  bateau,  avec  des  pieux  et  des 
cordes,  qu'il  fixa  dans  la  rivière,  au- 
dessous  de  Comines,  dans  un  lieu 
couvert  par  un  bosquet  d'aunes.  U  ne 
pouvait  centrer  que  neuf  personnes  à  la 


fois  dans  son  bateau;  mais  il  conti- 
nua, pendant  toute  la  joi^rnée  du  10, 
à  faire  passer,  sans  être  découvert , 
des  chevaliers  d'élite.  Son  exemple  fut 
suivi,  et  quelques  autres  batelets  fu- 
rent encore  amenés  dans  la  rivière,  et 
employés  à  transporter  des  soldats 
aguerris.  Â  la  fin  de  la  journée,  quatre 
cents  hommes  d'armes,  tous  gentils- 
hommes, tous  choisis  parmi  les  plus 
braves  de  l'armée ,  se  trouvèrent  sur 
la  rive  gauche  de  la  Lys,  avec  le  ma- 
réchal de  Sancerre  à  leur  tête.  Pierre 
Dubois  les  découvrit  comme  la  nuit 
approchait  ;  toutefois,  craignant  quel- 
que surprise,  il  n'alla  point  aussitôt, 
comme  il  aurait  dû,  les  rejeter  dans  la 
rivière  ;  il  aima  mieux  les  laisser  pas- 
ser sans  munitions,  sans  abri,  dans  la 
boue,  une  longue  nuit  de  novembre, 
se  proposant  de  les  attaquer  à  l'aube 
du  jour.  Mais  dès  ses  premiers,  rayons 
il  fut  attaqué  lui-même  par  le  connéta- 
ble de  Clisson,  dont  les  soldats,  plaint 
des  planches  devant  eux,  s'avançaient 
sur  tes  solives  du  pont,  qui  étaient 
encore  sur  pied.  Sancerre,  en  même 
temps,  avec  sa  troupe,  le  prenait  à  dos; 
les  Flamands  se  troublèrent,  ils  furent 
mis  en  déroute  et  le  passage  de  la  Lys 
fut  forcé  (*).  » 

CoMiRS.  —  On  nommait  ainsi ,  au 
moyen  âge  une  espèce  àe  bateleurs,  la 
plupart  Provençaux,  qui  savaient  joues 
de  divers  instruments,  et  s'en  allaient 
de  villes  en  villes,  de  châteaux  en 
châteaux  réciter  et  chanter  les  compo- 
sitions des  trouvères.  (Voyez  Jon- 
GLEUBS.)  On  les  appelait  encore  mu- 
sars,  plaisantins  y  pantomimes,  etc. 

Comité.  Ce  nom ,  emprunté  au 
langage  narlementaire  des  Anglais  et 
des  Américains  du  INord,  a  servi  chez 
nous,  depuis  le  mois  de  juillet  1789 
jusqu'à  l'établissement  du  gouverne- 
ment consulaire ,  à  désigner  les  réu- 
nions de  députés  spéciaux,  délégués 
par  les  assemblées  oélibérantes ,  pour 
préparer  les  projets  de  lois  ou  exami- 
ner une  question ,  une  affaire ,  et  en 
faire  leur  rapport.  Quelquefois  aussi , 

(*)  Sismondi ,  Histoire  des  Français,  t.  XI, 
p.  387  et  suiy. 


T.  Y«  22''  Livraison.  (Digt*  bngygl.,  btg.) 


2^ 


dss 


OOM 


L'UNIVERS. 


bùà 


pendant  la  même  période,  on  a  donné 
une  plus  grande  extension  au  mot  co- 
mité. Nous  ferons  connaître  les  diffé- 
rentes acceptions  quii  a  reçues,  en 
traitant  des  diverses  réunions  qu'il  a 
servi  à  désigner. 

Les  états  généraux  se  divisaient  en 
bureaux  et  en  commissions;  le§  as- 
semblées des  notables  de  1787  et  de 
1788  avaient  aussi  donné  ce  tiom  aux 
différentes  fractions  dans  lesquelles 
elles  se  partageaient  pour  Texàmeh 
des  questions  qui  leur  étaient  soumi- 
ses. Lorsque  lès  députés  du  tiers  aux 
états  généraux  de  1789,  se  considé- 
rant comme  la  majorité  de  rassem- 
blée ,  eurent  statué  que  les  votes 
seraient  comptés  par  tête,  et  que  la 
tjèrification  cfes  pouvoirs  des  députés 
des  différents  ordres  serait  faite  en 
commun  par  les  trois  ordres  réunis , 
ils  décidèrent  qu'une  commission  serait 
cbargée  de  préparer  à  cet  égard  les 
d/écisjons  de  rassemblée,  et  de  lui  faire 
tin  rapport  sur  les  élections.  Cette 
commission,  qui  prit  le  titre  de  comité 
de  vérification^  fut  le  premier  comité 
établi  en  France. 

L'assemblée  se  dl^isa  ensuite  en  un 
grand  nombre  de  comités ,  auxquels, 
suivant  leqrç  attributions  respectives , 
le  secrétariat  renvoyait  toutes  les  pé- 
titions, lettres;  mémoires,  etc.,  qui  lui 
étaient  adressés.  Les  comités  ne  pou- 
vaient rendre  leurs  décisions  publi- 
ques ;  mais  ils  étaient  autorisés  a  don- 
ner des  avis  et  des  éclaircissements , 
sans  en  référer  â  l'assemblée  ;  enûn  ils 
avaient  le  droit  d'exiger  la  communi- 
cation et  l'envoi  de  tous  les  actes  et 
documents  qui  pouvaient  se  trouver 
dans  les  arcbives  et  dans  les  différents 
dépots  publics.  ' 

Nous  allons  Indiquer  ici  sommaire- 
ment les  principaux  comités  de  l'as- 
semblée constituante,  de  l'assemblée 
législative  et  de  la  Convention.  î\ou$ 
consacrerons  ensuite  quelques  mot4 
aux  diftërents  comités  qui  se  sont  for- 
mes  en  debors  de  ces  trois  assem- 
blées. 

ASSSMBLÉB  CONSTITUANTE. 

1789. 19  juin.  Comités  des  subsU^ 


tances ,  de  vérification  et  de  conti^- 
tieux,  de  rédaction^  de  règlement. 
Dans  la  séance  du  17  juin,  rassemblée 
des  députés  du  tiers,  après  s'être  cons- 
tituée en  Assemblée  nationale^  déclara 
qu'elle  devait  ses  premiers  moments  à 
1  examen  des  causes  qui  produisaient, 
dans  les  provinces  du  royaume ,  la  di- 
sette qui  les  afiligleait,  et  à  la  recherche 
des  moyens  qui  pouvaient  y  remédier 
de  la  manière  la  plus  efGcace  et  la  plas 
prompte.  En  conséquence ,  elle  décida 
qu'un  comité  serait  formé  pour  s'oc- 
cuper de  cet  objet  important.  Le  19, 
la  veille  de  la  fameuse  séance  du  Jeu 
de  paume,  elle  procéda  à  l'organisation 
de  ce  comité ,  qui  fut  nonimé  comiii 
des  subsistances  y  et  de  trois  autres, 
auxquels  elle  donna  les  nonis  de  co- 
mités de  vérification  et  de  cont&n- 
tietix^  de  rédaction^  et  de  règlement 
Le  22  juin ,  lors  de  la  réunion  de  la 
majorité  des  membres  du  clergé  aoj 
députés  du  tiers ,  seize  membres  (te 
cet  ordre  furent  admis  à  faire  partie 
du  comité  de  vérification.  Le  comité 
des  subsistances  fut  supprimé  le 4 avril 
1791  ;  les  trois  autres  subsistèrent  au- 
tant que  l'Assemblée  constituante. 

6  juillet.  Comité  de  constitutîûn.  Ce 
comité  se  composa  d'abord  de  huit 
députés,  savoir  :  du  clergé,  Cbampiou 
djB  Cisse,  archevêque  de  Bordeaux,  et 
talleyrand-Périgord,  évêque  d'Autun; 
de  la  noblesse,  Clermonl-Tonnerre et 
Lally-Tollendal  ;  du  ti  ers -état,  Moa- 
hier ,  Sieyès ,  le  Chapellier  et  Bcr- 
gasse.  Un  comité  spécial  fiit  or- 
ganisé le  26  août ,  pour  rédiger  y 
projet  de  Déclaration  des  droite  w 
l'homme ,  déclaration  qui  fat  décré- 
tée seulement  le  3  novembre  i7Sîl. 
Le  28  Septembre  1790,  Sejjt  nou- 
veaux membres,  savoir  :  ijuport, 
A.  de  Lameth,  Clermont-Tonnerre, 
Beaumetz,  Pétion,  3uzbt  et  Tnonrel, 
ftjrent  adjoints  au  comité  de  constlttj 
tîon ,  qui  prit  alors  !e  nom  de  coim 
de  révision,  La  constitution  availw 
présentée  par  parties  séparées  aUi  4er 
fibérâtions  de  {'àssembteb,  qot  l^aw 
Successivement  votéjBS.  Ces  difler^ 
décrets  furent  réunis  fit  cooidoiu» 
par  le  comité  de  révision.  Ce  conutè 


mm 


FRANCE. 


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ayant  acheyé  son  travail ,  fit  son  rap- 
port, te  5  août  1791.  Le  S  aoât,  la 
cliscussîon  commença,  let  le  S  septem- 
bre, après  d'inutiles  efforts  de  la  part 
des  royalistes  pour  faire  modifier  qtiel- 
ques  articles  qui  restreignaient  trop , 
suivant  eux,  lepdovoir  royal,  il  tut 
procédé  à  une  dernière  lecture  de  Tacte 
constitutionnel ,  et  rassemblée  déclara 
solennellement  qu«la  constitution  était 
terminée. 

^S  juillet.  Comité  des  rapports,  La 
formation  de  ce  comité  fut  décrétée 
en  ces  termes,  sur  la  proposition  de 
Volney  :  «  L^Àssemblée  nationale,  at- 
tendu Ibs  distractions  et  les  retards 
qu'apportent  ^  seis  travaux  et  à  Tœuvre 
importante  de  la  constitution,  les  at- 
f aires  de  détail  qui  se  multiplient  de 
jour  en  jour ,  arrête  qu'il  sera  fixé  un 
comité  pour  y  être  renvoyés  tous  les 
cas  de  police  et  d'administration ,  et 
qu'il  en  sera  fait  ensuite  rapport  à 
rassemblée,  s'il  y  a  lieu.  »  Le  nombre 
des  membres  de  ce  comité  ftit  ensuite 
fixé  à  trente. 

Dans  la  même  séance,  le  député 
Duport,  se  fondant  sur  les  crimes  qui 
se  commettaient  de  toutes  parts,  et 
sur  les  complots  qui  se  tramaient 
«contre  la  liberté  et  la  sécurité  publi- 
ques ,  demanda  la  formation  d'un  se- 
cond comité  chargé  d'informer  contre 
les  conspirateurs  et  surtout  coi)tre 
les  fonctionnaires  ennemis  du  peuple 
et  abusant  de  leur  autdrité  pour  l'op- 
primer» Sa  motion  fut  adoptée  à  une 
très-grande  majorité ,  et  il  fut  décidé 
que  le  cofnîté  des  recherches  serait 
composé  de  douze  membres,  et  renou- 
velé tous  les  mois. 

12  et  13  aoât.  La  suppression  des 
droits  et  des  privilèges  féodaux,  décré- 
tée dans  la  nuit  du  4  août ,  nécessita 
la  création  dis  plusieurs  comités ,  qui 
furent  chargés  dé  l'examen  de  toutes 
les  questions  auxquelles  cette  suppres- 
sion devait  donner  naissance.  Tels 
furent  le  comité  féodal^  dont  le  nom 
indique  assez  les  attributions;  le  co- 
fnite  Judiciaire  y  qui  devait  s'occuper 
du  règlement  et  de  la  liquidation  des 
offices  de  judicature  ;  enfin  le  comité 
teclétiastiquej  composé  de  seize  mem- 


bres, et  institué  pour  recueillir  et 
coordonner  tous  les  documents  sur  les 
dîmes  et  les  biens  ecclésiastiques.  Ite 
nouveaux  membres  fureât  adjoints  à 
ce  dernier  comité  par  un  décret  du  5 
février  1790. 

Les  autres  comités  de  l'Assemblée 
constituante  furent  : 

Le  comité  d'agricuiturè  et  de  corn-' 
merce,  organisé  par  décret  du  2  sefH 
tembre. 

Le  comité  mUitaire^  établi  le  !•' 
octobre,  sur  la  «notion  du  géi^éi'al 
Wimpfen.  Ce  député  avait  renouvelé , 
le  29  septembre,  la  proposition  qu'il 
avait  d^  faite,  de  créer  un  comilSé 
militaire  chargé  d'organiser  l'armée, 
de  déterminer  lé  nombre  des  soldats, 
des  sous-ofScîers  et  deis  officiers  ^ui 
devaient  la  coinposer;  dé  régler  la 
solde  qui  devait  leur  être  attribuée, 
et  de  fixer  par  des  lois  le  hiode  de 
l^avancertient.  Cette  proposftioii  îiit 
adoptée  par  l'assemblée  à  une  grandb 
majorité. 

Le  comité  de  marine  y  composé  de 
douze  membres  j  et  organisé  lé  B  oc- 
tobre. . 

Le  comité  des  pensions.  L'assem- 
blée ,  tout  en  modifiant  'ancien  état 
social ,  voulait  respecter  ies  positions 
acquise.^  par  des  services  rendus  à  la 
patHé.  EHe  forma  dans  son  sein,  le  4 
janvier  1790,  ûh  comité  qui  avait  pour 
mission  de  constater  les  droits  des 
personnes  auxquelles  l'État  faisait  des 
pensions.  Ce  comité  était  cooiposé  de 
douze  membres. 

Comité  colonial,  organisé  par  dé- 
crets des  â,  S,  10  mars,  et  d  avril 
1790. 

Comité  dès  finances,  créé  le  1 1  juin. 

Comité  d'aliénation  des  domaines 
nationaux,  les  9  et  26  juillet. 

Comité  diplomatique ,  les  29  et  30 
juillet.  Ce  comité,  composé  de  six 
membres,  était  chargé  spécialement 
dé  prendre  connaissance  des  traités 
qui  existaient  entre  la  France  et  Ie3 
puissances  étrangères ,  et  des  engage- 
ments qui  en  résultaient,  afin  d^a 
rendre  compte  à  l'assemblée  quand  ellQ 
l'exigerait.  Son  premier  rapport  fut 
présenté  par  Mirabeau  ;  il  avait  pouir 

22. 


840 


GOH 


L'UNIVERS. 


GOM 


objet  les  traités  condus  avec  TEspagne. 

Comité  de  jurisprudence  crimi" 
neUsy  organisé  par  décret  da  10  sep- 
tembre 1790.  La  mission  de  ce  comité 
était  temporaire  et  exceptionnelle  ;  il 
était  chargé  de  présenter  un  mode 
d'exécution  pour  le  décret  voté  par 
l'assemblée ,  le  31  juillet  précédent,  et 
de  proposer  une  rédaction  pour  Tordre 
que  l'assemblée  devait  intimer  au  pro- 
cureur du  roi  près  le  tribunal  du  Châ- 
telet  de  Paris,  «  de  poursuivre  comme 
criminels  de  lèse-nation  les  auteurs, 
imprimeurs  et  colporteurs  d'écrits 
excitant  le  peuple  à  1  insurrection  con- 
tre les  lois ,  à  Peffusion  du  sang  et  au 
renversement  de  la  constitution.  ^  Ce 
décret  avait  été  motivé  par  la  publica- 
tion d'un  libelle  contre-révolutionnaire 
et  d'un  numéro  du  journal  de  Camille- 
Desmoulins. 

Comité  des  monnaies,  11  septembre 
1790.  Ce  comité  était  composé  de 
deux  membres  du  comité  des  nuances, 
auxquels  furent  adjoints  quatre  mem- 
bres de  l'académie  des  sciences,  pour 
faire  des  expériences  sur  la  manière 
de  rendre  le  métal  des  cloches  mal- 
léable. 

Comité  de  commerce.  Ce  comité, 
organisé  par  décrets  des  6  et  19  jan- 
vier 1791,  était  spécialement  chargé 
de  pésenter  un  nouveau  mode  d'or- 
ganisation des  tribunaux  de  commerce. 

Enfin  le  comité  des  (Assignats,  créé 
le  28  juillet  1791. 

ASSEMBLÉE  LÉGISLATIVE. 

L'Assemblée  constituante  avait  clos 
ses  séances  le  30  septembre  1791  ; 
l'Assemblée  législative  ouvrit  les  sien- 
nes le  lendemain.  Le  nombre  de  ses 
comités ,  d'abord  fixé  à  sept ,  fut  en- 
suite porté  à  vingt-trois.  Ces  comités , 
;sauf  ceux  qui  mrent  créés  pour  des 
circonstances  exceptionnelles ,  por- 
taient les  mêmes  noms  que  ceux  de 
l'Assemblée  constituante,  et  avaient 
les  mêmes  attributions.  Des  employés 
et  des  commis  rétribués  étaient  atta- 
chés à  chacun  d'eux.  Quelc|ues  dépu- 
tés avaient  demandé  la  création  d'un 
comité  central;  cette  motion  ne  fut 
pas  admise  ;  mais  dans  la  suite,  il  fut 


décidé  que  les  comités  Ae&pétHioMy 
û*ctgriculùure , .  de  sttrveUlance ,  de 
commerce,  et  le  comité  militaire , 
nommeraient  chacun  deux  de  leurs 
membres  pour  composer  une  commis- 
sion spéciale,  chargée  de  présenter 
des  mesures  capables  de  rétablir  la 
tranquillité  publique.  (Voyez  Commis- 
sion DE  SALUT  PUBLIC.)  Sauf  cctte 
commission,  les  comités  de  l'Assemblée 
législative  ne  louèrent  pas  un  rôle  fort 
important.  Il  n'en  fut  pas  de  même 
de  ceux  de  la  Convention.  Cette  as- 
semblée réunissant  à  elle  seule  tous  les 
pouvoirs  de  l'État,  délégua  la  plus 
.grande  partie  de  son  autorité  à  ses 
comités,  et  c'est  à  eux  qu'il  faut  attri- 
buer la  plupart  des  grandes  choses  qai 
se  sont  faites  en  France  pendant  la 
session  conventionnelle.  Nous  devons 
donc  traiter  avec  j^lus  de  détails  cette 
partie  de  notre  article. 

CONVENTION  NATIONALE. 

La  Convention,  dans  sa  seconde 
séance,  le  21  septembre  1792,  avait 
décrété  que  ceux  de  ses  membres  oui 
avaient  fait  partie  de  l'Assemblée  lé- 
gislative seraient  chargés  de  surveiller 
les  papiers  des  comités  institués  par 
cette  assemblée ,  et  dans  lesquels  ils 
avaient  travaillé. 

Le  même  jour ,  dans  la  séance  du 
soir,  un  député ( Fauchet )  fit  remar- 
quer que  le  comité  de  sûreté  générale 
ne  pouvait,  sans  un  grand  danger  pour 
la  chose  publique,  interrompre ^es 
opérations,  et  il  demanda  que  les 
membres  de  ce  comité ,  qui  tous  gi- 
saient partie  de  la  Convention,  fus- 
sent continués  provisoirement  dans 
leurs  fonctions.  Cette  motion  fut 
adoptée ,  et  la  décision  de  l'assemblée 
fut  étendue  à  tous  les  comités  et  à 
toutes  les  commissions  nommées  par 
l'Assemblée  législative. 

Le  lendemain,  la  Convention  dé- 
créta que  ces  comités  et  commissions 
viendraient ,  avec  le  conseil  exécutif, 
lui  rendre  compte  de  leurs  travaux  et 
de  la  situation  de. la  république»  et  elle 
chargea  une  commission  de  quatre 
memhres  de  lui  {)résenter  le  tâ)leaa 
des  différents  comités  à  établir.  Cette 


COM 


FRANCE. 


GOH 


841 


commission  fit  son  rapport  dans  la 
séance  du  1*'  octobre,  et  l'assemblée, 

3ui  avait  delà  décidé  rétablissement 
u  comité  (fe  la  guerre ,  compléta 
l'organisation  de  ses  comités. 

Nous  diviserons  le  chapitre  que  nous 
leur  consacrerons  en  deux  paragra- 
phes :  dans  le  premier,  nous  traiterons 
des  comités  et  bureaux  dont  les  fonc- 
tions étaient  relatives  au  régime  in- 
térieur de  la  Convention;  le  second 
aura  pour  objet  les  comités  chargés 
du  régime  général  de  la  république, 
et  dont  les  fonctions  embrassaient 
toutes  les  parties  du  gouvernement. 

S  !•'. 
Comités  et  bureaux  dont  les  fonctions 

étaient  relatives  au  régime  inté^ 

rieur  de  la  Convention  : 

i**  Archives  nationales. 

T  Commission  centrale. 

3°  Bureaux  des  procès-Derbaux  ^ 
renvois  et  expéditions, 

4*  Comité  des  décrets. 

6*  Comité  des  pétitions  et  de  cor- 
respondaThce, 

&^  Comité  des  inspecteurs  de  la 
saUcy  du  secrétariat  et  de  rimpri- 
merie  nationale. 

V  Archives  nationales.  Celait  dans 
les  archives  nationales  qu'étaient  dé- 
posés :  1^  les  minutes  des  procès- 
yerbaux  de  T Assemblée  constituante, 
de  l'Assemblée  législative  et  de  la  Con- 
vention ;  2**  les  originaux  de  toutes  les 
pièces  adressées  à  ces  assemblées.  Les 
archives  étaient  placées  sous  la  sur- 
veillance d'une  commission  desix  mem- 
bres. 

2^  Commission  centrale.  Cette  com- 
mission, composée  d'un  membre  de 
chaque  comité ,  devait  être  renouvelée 
tous  les  quinze  jours.  Elleétait  chargée 
de  présenter  chaquejour  un  tableau  du 
travail  auquel  l'assemblée  devait  se  li- 
vrer. Ce  tableau  était  'divisé  en  deux 
parties  :  la'première  avait  pour  objet  les 
affaires  d'expédition  qui  pouvaient  être 
traitées  Jusqu'à  midi  ;  la  seconde  com- 
prenait les  travaux  dont  rassemblée  de- 
vait s'occuper  depuis  midi  jusqu'à  la  fin 
de  la  séance.  Ce  tableau  était  affiché  la 
veille,  à  la  fin  de  chaque  séance.  La 
commission  centrale  présentait  encore, 
chaque  semaine,  un  tableau  des  ques- 


tions qui  devaient  être  traitées  dans 
la  semaine  suivante.  Pour  le  former , 
elle  correspondait  avec  tous  les  comi- 
tés, qui  indiquaient  les  rapports  prêts  à 
être  mis  à  l'ordre  du  jour. 

La  commission  centrale  était  corn* 
posée  de  dix-neuf  membres. 

3*  Procès-verbaux,  renvois  et  ex- 
péditions. Ces  trois  dénominations 
s'appliquaient  à  trois  bureaux  parti- 
culiers, qui,  réunis,  formaient  le  bu- 
reau principal  de  la  Convention.  Un 
comité  de  six  membres  était  chargé 
de  les  surveiller. 

'  4®  Comité  des  décrets.  Ce  comité 
était  chargé  :  V  de  surveiller  l'appo- 
sition du  sceau  de  la  république  sur 
les  décrets ,  et  leur  envoi  aux  dépar- 
tements et  aux  corps  administratifs  ; 
T  de  correspondre  sur  cet  objet  avec 
tous  les  ministres ,  corps  administra- 
tifs, municipalités  et  tribunaux  de 
justice ,  auxquels  les  instructions  né- 
cessaires avaient  été  adressées  ;  3**  de 
surveiller  l'impression  des  lois  ;  4°  de 
délivrer  des  certificats  d'apposition  du 
sceau  ;  5°  de  rédiger  les  actes  d'accu- 
sation par  suite  des  décrets  rendus  ; 
6<>  de  présenter  à  la  Convention  les 
rectifications  nécessaires  pour  les  er- 
reurs qui  auraient  pu  se  glisser  dans 
la  rédaction  ou  dans  l'impression  des 
décrets.  Ce  comité  était  composé  de 
quinze  membres,  en  y  comprenant 
les  membres  du  comité  de  surveillance 
des  bureaux  des  procés-verbaux ,  ren- 
vois et  expéditions. 

5*  Comité  des  pétitions  et  de  cor- 
respondance.  Ce  comité,  composé  de 
vingt-quatre  membres,  se  divisait  en 
deux  sections:  la  première,  des  péti- 
tionSf  était  chargée  d'enregistrer  tou- 
tes celles  qui  étaient  présentées  à  la 
Convention ,  d'en  faire  le  renvoi  aux 
comités  compétents,  aux  ministres  et 
aux  corps  administratifs,  d'analyser 
les  adresses  et  d'en  rendre  compte  à  la 
Convention  ;  la  seconde,  nommée  sec^ 
tion  de  correspondance,  était  chargée 
de  correspondre  au  nom  de  la  Conven- 
tion avec  les  représentants  du  peuple 
envoyés  en  mission  aux  armées  et  dans 
les  départements. 

&*  Comité  des  inspecteurs  de  la  * 
salle,  du  secrétariat  et  de  V Imprime- 


Ui 


€0H 


L'UNIVERS. 


€OJII 


fie.  Ce  comité  était  chargé  de  surveil- 
ler les  travs^ux  ^e  coastruçtion  ^  dé 
dii^tributiop  et  d'apfipM|))emeDt  dos  co- 
mités et  de  tous  les  autres  lieux  dé* 
pendant  du  pala^i^  où,  siégeait  la  Gop- 
veotjon;  il  insp^tait  et  arrêtait  les 
comptes  de  llmprinierie  nationale  ; 
doQi^aitf  après  Tavis  du  président  de 
Tasse^nbiée ,  les  consignes  à  la  garde 
et  aux .  grenadiers-gendsfrpies  de  ser; 
xice  ;  s^rvçUlait  les  bureaux  de  posté 
4e  rassemblée,  le  bureau  établi  pour 
]a  distribution  de  tous  les  projets  de 
décrets  et  autres  écrits,  I9  bureau  éta- 
bli pour  le  recensement  des  scrutins , 
et  celui  deâ  inspecteurs  des  travaux , 
lesquels  étaient  chargés  de  la  ^arde 
de  tous  les  objets  mobiliers  de  la  Con- 
vention. IJn  des  membres  de  ce  comité 
expédiait  et  signait  les  mandats.  Qe 
comité  était  composé  de  dix-huit  n^em- 
bres. 

SU. 
Comités  dont  les  fonctions  étçkimt  re- 
latives au  régime  générai  de  (a 

république  : 

V  Comité  de  oçnstituiiosn. 

S°    ^  d'instruction  pubUgue. 

3^    r-  des  fecçurs  publics. 

4*»    —  ds  dipision, 

é"    —  de  législation  et/éodaL 

6°    —  d'agriculture. 

7»    — .  flfe  commerce, 

8"*    —  des  finances. 

9«    —  d'akénation, 

lO""  -^des  domaines. 

11°  —  de  liquidation. 

12''  —  de  lexdmen  des  4^mptes. 

13*^  — de  la  guerre  et  des  arme9' 

14*  —  de  marine. 

15-  —  coiomal. 

le*"  -^  des.  ptmts  et  chaussées, 

17**  —  diplomatique  et  de  défense 
générale. 

1 8**  —  dh?  sûreté  générale* 

19°  —  de  salut  pubiifi. 

1»  Comité  de  constitution.  Ce  co- 
mité était  chargé  de  nrésenter  à  la 
Gouveotion  un  prqjet  de  constitution 
républicaine,  et  devait  se  dissoudre 
après  la  présentation  de  son  rapport  ;  ce 
rapport  eut  lien  dans  le  nioisde  février 
1793.  Le  comité  de.  constitution  était 
danft  Torigine  composé  de  neuf  nxem- 
ines  dont  les  noms  isaiveat  :  3ièje9  * 


Th.  Payne,Brissot,  Pétlpni  Vergniaud, 
Gensonné,  fiarrère,  panton  e(  Con- 
dorcet. 

2?  Comité  d'instrticti^  publique. 
Ce  comité  divisa  son  travail  général 
en  treize  sections,  savpir  ;  1**  Organi- 
sation générale  de  Tinstruçtiôn  publi- 
q^è ,  composition  ou  examen  des  ou- 
vrages destinés  à  rédiicàtipn  publique; 
2°  £iupa|.ion  morale,  régime  intérieur 
des  dinérents  étahli^fçments^  ni^ures 
a  prendre  r^làtivepi^nt  aux,  pension- 
nats ,  resppnsabiiité  deâ  chêfi^  dç  pen- 
sioi^nats ,  étabii^seipents  particuliers 
d'éducatjpn  dans  ieur§  rapports  Qvec 
les  établissements  piiblics  ;  3**  éduca- 
tion physique;  4"*  edue«)tion  ^  fem- 
mes ;  6*"  éducation  ^ês  Qrphe|ias ,  des 
aveuglés  -  néç.  et  àp^  '  sçurds  -»  muets  ; 
6"  écoles  d'iniiyçtrieî  7?  voyageurs, 
bibliothèque^ ,  m,i)spç^i.cp)i^çtion8  et 
Gorrespopdance  générale ,  fnoiJe  dins- 
truction  pour  le$  écoles  des  clinérents 
degrés,  mode^  d'enç,ei^némëqt  d^ns.les 
lieux  où  1^  langue  tr^pçai^e.est  peu 
usitée  ;  S°  examens ,  prix  et  encoura- 

§em(^ts ,  révision  de  (a  (pi  ^ur  les 
revêts  d'ipvention,  d^  \^  loi  sur  le 
bureau  de  consultât jon,<çt, sur  lé  bu- 
reau d'adipipjçtratiQf)  ;  d*  fêtes  natio- 
nales; tO*"  élfx^tionçaux  places  vacantes, 
première  formation  de  la  société  na- 
tionale; il''  traitements  e^  pensions 
^e  retraite,  bourses  attaphée?  aux 
établissements  ^t  {'auçién  régime; 
là"*  bibliographie,  cataiogUe .  général 
dé  toutes  l€^  pibliothèques  nés  établis- 
j^qa^nts  relig  pux  et  autre^  qui  avaient 
été  supprimés;  13°  dictionnaire  des 
municipalités.  Outre  ces  travaux,  le 
çpmité  devait  s'occuper  d'un,  travail 
spécial  sur  la  valeur  et  le  produit  des 
biens  dépendants  des  établissements 
d'instruction  publjgue.  fe  cpipîte  au- 
quel la  France  doit  la  plujpàrt  ai  Eps 
grancj^  établissements  spii^ntifiques., 
r institut,  le  inuseum  d'I^istoire  natu- 
relle, le  bureau  des  longitude^^  le  don- 
&ervatoire  de  musique,  la  bibliothè- 
que nationale ,  etc. ,  était  composé  àe 
vingt  -  quatre  membres  ;  ce&  membres 
étaient ,  lors  de  la  première  formation, 
CfOndoircet,  JPrieur,  Àrbogast,  Ch^ier 
Hérault,  j&orsas,  Lauj^inaU)  l^bmoMt 
I^Qtenas ,  Sieyés ,  Bar^,  Pusaulx , 


cou 


FRANCE. 


cp^i 


843 


Chdsset,  L.  S.  Mercier,  David,  Ch. 
Vîllette,  Durand-Maillanne,  Lequinio, 
RoUx-Fasillac,  Ant.  Kabaut,  Ci.  Fau- 
ehét,  Baudin  (des  Ardennes),  Qui- 
nette  et  Léonard  Bourdoh. 

3*  Comité  des  secmrs  publics.  Ce 
comité,  divisé  dans  te  principe  en  trois 
sections,  sous  les  noms  de  secours 
publics  y  mendicité  et  salubrité,  sur- 
Teillait  lés  établissements  publics  de 
charité,  tes  hôpitaux  et  les  prisons 
sous  le  rapport  de  la  salubrité  seule- 
ment ;  il  était  chargé  de  proposer  un 
mode  de  répartition  générale  des  se- 
cours pour  les  pauvres  dans  tous  ^es 
départements  ;  un  mode  de  répartition 
particulière  pour  un  département  dé- 
l^igné,  pour  une  ou  plusieurs  commu- 
nes ,  et  même  pdur  les  individus ,  à 
l'occasion  d'accidents  graves ,  tels 
oûMiiôndations ,  incendies,  etc.  ;  enân 
\i  devait  surveiller  les  vagabonds ,  la 
voirie  et  la  médecine  sous  le  rapport 
de  la  pratique  et  de  son  application  au 
service  pomic.  Ce  comité  comptait 
vingt-quatre  membres. 

4°  Comité  de  division  et  circons- 
cription. Ce  comité  était  chargé  des 
changements  à  opérel*  dans  la  division 
des  communes  et  des  districts.  Il  s'oc- 
cupait de  l'établissement  des  juges  de 
pS\x,  dès  tribunaux  de  commerce,  des 
commissaires  de  police;  rectifiait  les 
erreurs  commises  dahs  les  élections  et 
nominations  d'administrateurs  ;  réglait 
le  nombre  des  notaires,  la  circons- 
cription et  le  nombre  des  paroisses, 
et  généralement  tout  ce  qui  concernait 
les  matières  ecclésiastiques.  Il  était 
composé  de  vingt-quatre  membres. 

S**  Comité  de  législation  et  féodal. 
Ce  comité  formait  deux  divisions  :  la 
première ,  dite  systématique ,  se  divi- 
sait en  huit  sections  :  1®  procédure  ci- 
vile de  première  instance  et  d'appel , 
de  requête  civile  et  de  cassation ,  rela- 
tivement à  tous  les  tribunaux  ;  exécu- 
tions des  titres  et  jugements  sur  les 
rapports  d'experts  ;  saisies  et  opposi- 
tions, inventaires;  2®  mariages,  puis- 
saiice  maritale  ^  ses  effets,  sa  durée  et 
sa  dissolution;  3"*  tutelles  et  curatelles, 
pupillarités ,  minorités,  interdictions  ; 
4*  travail  sur  les  choses ,  meubles  ou 


immeubles ,  corporelles  oii  iacorpo- 
relles ,  propriétés ,  possessions ,  pres- 
criptions ,  usufruits  «  usagf s ,  habita- 
tions, servitudes,  etc.  ;  5^  transmis- 
sions des  biens  par  donatioiis  entre 
vifs,  institutions  oontractuelJes,  dona- 
tions à  cause  de  mort ,  teâtaments , 
codicilles,  fidéi-commis^  substitutions, 
legs,  etc.;  6"*  successions  légitimes 
descendantes ,  ascendantes ,  collatéra- 
les, rapports,  partages,  etc.;  7*"  et 
B""  obligations ,  en  général ,  et  tous 
leurs  accessoires,  contrats  et  quasi- 
contrats,  dvoits  respectifs  des  con- 
joints ,  conventions  ntatriolonialos , 
échangés,  ventes,  emphytéoses,  etc.  La 
seconde  division  se  subdivisait  seule- 
ment en  deux  sections ,  soils  le  nom 
de  sections  des  rapports.  Elles  étaient 
composées  chacune  de  douze  membres, 
occupés  des  différents  rapports  qui 
étaient  prescrits,  par  décrets  de  la  Con- 
vention. Les  deux  divisions  du  comité 
comptaient  ensemble  quarante -huit 
membres.  Le  comité  de  législation, 
qui  présenta  la  fameuse  loi  des  sus' 
pectsy  était  l'un  des  trois  comités  de 
gouvernement.  Les  deux  autres  étaient 
le  comité  de  salut  public,  et  le  comité 
de  sûreté  générale. 

6**  Comité  d'agricuUure.  Ce  comité 
formait  six  sections ,  savoir  :  l""  ca- 
naux ,  cours  d'eau ,  moulins  et  machi- 
nes hydrauliques  ;  2<>  mines,  minières 
et  carrières  ;  S^  haras ,  troupeaux  , 
écoles  vétérinaires  et  animaux  destruc- 
teurs ;  4»  police  rurale,  fêtes  agricoles, 
encouragements,  dîmes,  boulangerie, 
vendanges  ;  6«»  routes ,  chemins  vici- 
naux, pépinières,  tabacs,  rhubarbe, 
garance,  ponts  et  chaussées  ;  6*  dessé-. 
cheraents,  défrichements.  Ce  comité 
était  composé  de  vingt-quatre  mem- 
bres. 

7®  Comité  de  commerce»  Ce  ci^mité 
était  divisé  en  quatre  sections,  dont 
les  travaux  étaient  partagés  de  la  ma- 
nière suivante  :  1°  commerce  propre- 
ment dit,  primes  d'encouragement, 
subsistances  et  commerce  des  grains; 
S"*  tout  ce  qui  concernait  les  artâ  ^ 
les  manufactures  ;  3°  niessageries , 
roulages ,  navigation  intérieure  et  ex- 
térieure, postes ,  douanes,  poudres  cl 


844 


COM 


L'UNIVERS. 


COM 


salpêtres  ;  4®  enfin ,  la  auatrième  pré- 
parait les  décrets  relatifs  à  la  législa- 
tion, aux  tribunaux  de  commerce,-  aux 
foires  et  marchés,  aux  faillites  ,  aux 
poids  et  mesures,  à  la  police  des  routes. 
Ce  comité  était  composé  de  vingt-qua- 
tre  membres. 

8*  et  9"  Comité  des  finances  et  c<h 
mité d'aUénatUmdes  biens  nationaux. 
Ce  comité  s'était  divisé  en  six  sections  : 
la  première ,  nommée  section  des  as- 
signats et  monnaies,  se  subdivisait  en 
deux  parties,  dont  Tune  s'occupait  de 
la  fabrication  des  pièces  d'or,  d  argent 
et  de  cuivre,  de  leur  cours,  de  leurs  em- 
preintes, et  de  tout  ce  qui  était  relatif 
au  système  monétaire  ;  elle  surveillait 
la  commission  des  monnaies ,  les  mar- 

Îjues  et  contrôles  de  l'orfèvrerie,  la 
abrication  des  sous  provenant  du  mé- 
tal des  cloches;  elle  examinait  les  ré- 
clamations des  villes  et  départements 
sur  rétablissement  des  hôtels  des 
monnaies;  elle  recevait  les  bijoux, 
vaisselles  d'or  et  d'argent  offerts  en 
dons  patriotiques  et  envovés  à  la  mon- 
naie pour  être  fondus  ;  elle  était  dépo- 
sitaire des  essais  des  différentes  pièces 
de  monnaies  proposées  par  les  artistes. 
La  seconde  partie  surveillait  la  fa- 
brication des  assignats.  Des  commis- 
saires pris  dans  son  sein  étaient  cons- 
tamment en  tournée  dans  les  différentes 
manufactures  de  papier  ;  d'autres  as- 
sistaient au  brûlement  des  assignats 
retirés  de  la  circulation.  La  même 
section  était  encore  chargée  des  rap- 
ports sur  la  contrefaçon  de  ces  billets, 
sur  les  moyens  d'y  obvier,  sur  les  de- 
mandes en  remboursement  d'assignats 
faux,  brûlés ,  déchirés  ou  perdus  ;  des 
rapports  sur  les  récomnenses  à  accor- 
der aux  dénonciateurs  aes  fabrications 
de  faux  assignats,  des  rapports  sur 
les  récompenses  à  accorder  aux  auteurs 
des  inventions  utiles  à  la  fabrication 
des  assignats  et  monnaies;  et  enfin ^ 
de  la  correspondance  avec  les  caissiers 
et  directeurs  de  la  caisse  de  l'extraor- 
dinaire, et  avec  le  ministre  des  contri- 
butions publiques,  sur  tout  ce  qui 
avait  rapport  aux  assignats  et  mon- 
naies. Cette  section  fut  d'abord  com- 
posée de  vingt-quatre  membres,  mais 


elle  en  détacha  huit  pour  la  section 
d'aliénation  des  biens  nationaux.  Les 
deuxième  et  troisième  sections  étaient 
chargées  de  la  surveillance  de  tout  oe 
qui  était  relatif  aux  contributions  et 
aux  dépenses  publiques ,  de  la  tréso- 
rerie nationale ,  de  la  vérification  des 
comptes  et  de  l'achat  du  numéraire; 
elles  formaient  un  bureau  des  recettes, 
ayant  pour  objet  la  contribution  di- 
recte ,  le  timbre ,  les  droits  d'enregis- 
trement et  autres  y  réunis,  les  douanes, 
les  postes,  messageries  et  loteries,  les 
anciennes  créances  du  trésor  public; 
et  un  bureau  des  dépenses,  chargé  de 
régler  les  dépenses  du  culte,  de  1  exté- 
rieur, payées  par  le  trésor  public ,  de 
l'intérieur ,  à  la  charge  des  départe- 
ments ,  de  la  guerre ,  de  la  marine  et 
des  colonies,  des  affaires  étrangères, 
de  l'ordre  judiciaire ,  à  la  charge  du 
trésor  public.  Ces  sections  surveil- 
laient en  commun  les  caisses  de  l'ex- 
traordinaire. Elles  étaient  chargées 
d'examiner  et  arrêter  les  états  de 
recette  et  dépense  de  cette  caisse,  no- 
tamment celles  qui  provenaient  des 
ventes,  régies  et  emplois  des  biens  na- 
tionaux, ainsi  que  les~  difficultés  qui 
s'élevaient  à  cette  occasion  ;  elles  opé- 
raient la  liquidation  de  l'actif  et  du 
passif  de  la  nation  ;  elles  réglaient 
aussi  tout  ce  qui  se  rapportait  à  l'é- 
mission, à  la  circulation  du  papier- 
monnaie  ,  et  généralement  tout  ce  qui 
devait  être  payé  par  la  caisse  de  l'ex- 
traordinaire ;  elles  examinaient  les 
pétitions  relatives  à  ces  objets  ,  ren- 
voyées par  l'assemblée,  ainsi  que  tous 
les  projets  de  finance  qui  leur  étaient 
présentés.  La  section  des  contributions 
directes  et  indirectes  était  composée 
de  dix  membres,  et  celle  de  l'ordinaire 
et  de  l'extraordinaire  des  finances ,  de 
seize.  Enfin  la  quatrième  section  da 
comité  des  finances  fut  séparée  par  un 
décret  du  21  octobre  1792  pour  former, 
avec  une  section  du  comité  des  domai- 
nes ,  un  comité  à  part ,  sous  le  titre 
de  comité  d'aliénation  des  biens  na- 
tionaidx.  Voici  le  texte  de  ce  décret  : 
«  La  Convention  décrète  que  les  deux 
sections,  l'une  du  comité  des  finances, 
l'autre  du  comité,  des  domaines ,  qui 


OOM 


FRANCE. 


€0» 


U6 


étâîentcbargéesderaliéûatioD  des  biens 
nationaux,  de  ceux  de  la  liste  civile,  de 
Tordre  de  Malte  et  autres  ordres  de 
chevalerie ,  et  des  biens  des  émigrés , 
seront  réunies  en  un  seul,  comité  qui 
s'occupera  desdits  objets,  ainsi  que  de 
tout  ce  qui  pourra  y  avoir  rapport,  et 
qui  demeurera  séparé  du  comité  des 
linances  et  du  comité  des  domaines.  » 
Seize  membres  composaient  le  comité 
d'aliénation. 

lO^  Comité  des  domaines.  Le  travail 
de  ce  comité  embrassait  trois  objets  : 
1*  la  rentrée  de  tous  les  biens  de  l'an- 
cien domaine  de  la  couronne ,  aliénés 
par  engagements ,  dons ,  concessions 
ou  échanges;  de  cet  objet  dépendaient 
les  liquidations  des  finances,  payées 
par  les  détenteurs ,  pour  raison  des 
objets  aliénés;  l'examen  des  échanges 
et  des.  baux  des  objets  domaniaux  ;  la 
surveillance  des  opérations  de  la  régie 
relativement  aux  domaines  fonciers  (la 
partie  fiscale  étant  du  ressort  du  co- 
mité des  finances)  ;  la  correspondance 
avec  le  comité  de  législation ,  pour  la 
rédaction  du  code  des  eaux  et  forêts. 
T^e  deuxième  objet  était  la  démarca- 
tion précise  de  ce  qui  appartenait  à  la 
nation  dans  les  biens  pîossédés  par  les 
communauté  laïques  et  ecclésiasti- 
ques qui  avaient  été  abolies.  Le  troi- 
sième objet  était  de  régler  l'adminis- 
tration forestière  sur  laguelle  une  loi 
avait  été  portée.  Ce  comité  était  com- 
posé de  vmgt-quatre  membres. 

11°  Comité  de  liquidation.  Ce  co- 
mité était  divisé  en  sept  sections  :  V* 
arriéré  des  départements  ;  2^  offices  de 
judicature  et  municipaux  ;  3**  créances 
du  clergé  et  des  anciens  pays  d^états; 
4**  pensions  et  gratifications;  5°  bre- 
vets de  retenue ,  charges  et  otKîces  mi- 
litaires, receveurs  généraux  et  parti- 
culiers des  finances  et  domaines  ;  fsf" 
greffes  domaniaux ,  dîmes  inféodées , 
objets  domaniaux  et  féodaux  ;  7°  ju- 
randes et  maîtrises.  Ce  comité  était 
composé  de  vingt-quatre  membres. 

12°  Comité  de  Vexamen  des  comp' 
tes.  Un  arrêté  pris  pr  l'Assemblée  lé- 
gislative, le  5  décembre  1791,  et 
confirmé  par  la  Convention,  avait 
réglé  ainsi  les  attributions  de  ce  co- 


mité: «Le  comité  de  Texamen  des 
comptes  sera  chargé  d'examiner  les 
comptes  sur  pièces  et  acquits  compta- 
bles ,  et  tous  les  comptes  qui  auront 
été  présentés  au  bureau  de  comptabi- 
lité établi  par  décret  du  15  septembre 
1791  ;  d'en  faire  le  rapport  à  l'Assem- 
blée; de  proposer  les  lois  à  former 
Ï^our  accélérer  la  présentation  et 
'apurement  soit  des  comptes  cou- 
rants, soit  des  comptes  arriérés.  »  Ce 
comité  était  composé  de  quinze  mem- 
bres. 

13**  Comité  de  la  guerre  et  des  arô- 
mes. Il  se  divisait  en  six  sections , 
comprenant  dans  leur  ensemble  toute 
l'administration  du  personnel  et  du 
matériel  de  la  guerre.  Mais  l'action 
gouvernementale  était  confiée  au  co- 
mité de  salut  public.  Le  comité  de  la 
guerre  était  composé  de  ving^quatre 
membres. 

14*"  ComUé  de  marins.  Ce  comité 
préparait  les  travaux  de  la  Convention 
relativement  à  l'administration  de  la 
marine.  Il  était  composé  de  dix-huit 
membres. 

15^  Comité  colonial»  Ce  comité  était 
chargé  de  l'examen  des  différentes  af- 
faires concernant  les  colonies.  Il  était 
composé  de  douze  membres. 

16^  Comité  des  ponts  et  chaussées. 
Ce  comité ,  charge  de  la  direction  des 
travaux  publics  et  de  l'examen  de  toutes 
les  affaires  qui  s'y  rattachaient,  se 
composait  de  douze  metabres. 

1 7°  Comité  diplomatique.  Ce  comité, 
ui  prit  plus  tard  le  nom  de  comité  de 
'éjense  générale,  s'occupait  des  rela- 
tions de  la  république  avec  les  nations 
étrangères.  Neuf  niembres  le  compo- 
saient. Ses  attributions  finirent  par 
passer  au  comité  de  salut  public. 

18**  Comité  de  scUut  pubHc, 

19**  Comité  de  st^rete  générale. 

Ces  deux  comités ,  surtout  celui  de 
salut  public,  ayant  joué  un  très-grand 
rôle,  et  ayant  été  revêtus  de  la  plus 
grande  partie  du  pouvoir  exécutif  pen- 
dant toute  la  durée  de  la  session  con- 
ventionnelle ,  nous  avons  cru  devoir 
leur  consacrer  des  articles  à  part.  Voy. 
ci-après,  Comité  de  salut  pubug 

et  COHITB  DE  SUASTÉ  GÉNERALB. 


% 


S46 


L'UNIVERS. 


€091 


ComUésJnrméâ  en  dehors  des  assem- 
blées iégislatives. 

Comités  de  surveillance.  Aussitôt 
après  l'établissement  du  comité  des 
recherches  et  inforriiations,  à  TAsschi- 
biée  constituante,  un  semblable  comité 
fut  établi  à  l'hdtel  de  ville  par  les  élec- 
teurs de  Paris.  Les  districts  ou  sec- 
Hons  de  la  capitale  et  les  communes 
des  départements  voulurent  ensuite 
avoir  aussi  leurs  qomités  de  recherchés. 
Leui  exeinple  fut  suivi  par  les  clubs; 
et  bientôt  il  n'y  eut  pas  une  société 
populaii-e  qui  n*eût,  sdiis  le  nom  de 
comité  de  surveillance ,  son  comité  de 
recherches,  comme  TAssemblée  natio- 
nale. 

Dans  Porigine,  ces  eomités  exami- 
naient les  dénonciations,  et  si  elles 
leur  paraissaient  fondées,  elles  en  ré- 
féraient au  club,  qui  les  transmettait 
à  Tautorité  compétente  pour  prononcer 
sur  le  fait  dénoncé.  Ces  rapports  étaient 

Quelquefois  publiés  dans  les  journaux, 
^àns  la  suite ,  une  loi  du  14  frimaire 
an  II  assimila  apx  corps  constitués  les 
comités  de  surveillance  établis  dans  le 
sein  des  différentes  sociétéis  populaires. 
Oes  comités  devinrent  alors  des  auto- 
rités publiques,  et  correspondirent  di- 
rectement avec  les  comités  de  sûreté 
générale  et  de  salut  public  de  la  Con- 
vention. Ils  remplacèrent,  pour  tout 
ce  qui  boncernait  la  police  intérieure, 
les  administrations  des  districts  et  des 
sections.  Leurs  attributions,  qui  avaient 
toujours  été  en  augmentant  jusqu'au 
18  brumaire,  furent  ensuite  successi- 
vement restreintes;  cependant  ils  sub- 
sistèrent aussi  longtemps  que  les  so- 
ciétés populaires,  avec  lesquelles  ils 
furent  abolies.  Voyez  Clubs. 

Comité  autrichien.  Carra  fut  le  dé- 
nonciateur de  ce  club  royaliste.  Voici 
comment  il  s'exprimait  à  ce  sujet  dans 
ses  annales  patriotiques:  «  Ce  complot 
(une  Saint-fiarthéjemy  de  patriotes), 
médité  depuis  longtemps  et  qui  a  tou- 
jours échoué,  soit  par  la  faiolesse  des 
conjurés,  soit  pair  la  surveillance  et  les 
précautions  des  bons  citoyens,  prend 
aujourd'hui  une  consistance  effrayante 
dans  les  combinaisons  et  dans  l'âme 
stupidfi  et  atroce  des  directeurs  du 


comité  aatriehiéh ,  des  pî^IncIpatixdieCs 
de  la  garde  du  roi ,  du  plus  grand  nom- 
bre  des  membres  de  Pétat-major  pari- 
sien ,  et  des  commandants  de  la  gen- 
darmerie nationale.  »  Chabot  soutint 
à  la  tribune  de  TAssemblée  législative 
que  ce  comité  existait,  et  il  lé  prouva 
au  nioyen  d^une  foule  de  pièces  aoi 
furent  examinées  par  lé  connité  clés 
recherches  dé  l'Assemblée.  Les  papiers 
trouvés  dans  l'armoire  de  fer  confir- 
mèrebt  l'accosatidn  de  Carra  et  de 
Chabot,  et  il  fût  prouvé  que  le  comité 
autrlchren  avait  été  forme  sodU  Finspi- 
ration  de  Marie* Antoinette^  à  l'enet 
de  correspondre  avec  les  émigrés,  les 

Ï puissances  coalisées  et  les  agents  roya- 
istes,  qui  travàillaieiit  à  l'étranger  aa 
rétablissement  de  la  monarchie  ab- 
solue. Barnave,  Dupoft,  A.  Lameth, 
Chapellier,  gagnés  par  la  cour,  Duport- 
Dutertre,  garde  dés  sceaux  en  1791, 
Duportail,  ministre  de  la  guerre  à  la 
même  époque,  Laporte,  intendant  de 
la  liste  civile,  Durosoy,  correspondant 
des  émigrés ,  Montmorin ,  Bertrand  de 
Molleville,  anciens  ministres,  Cler- 
mont-Tonnerre  et  Saint-Priest ,  étaleat 
les  principaux  meneurs  de  ce  comité. 
Comité  central  des  fédérés,  Lejoar 
même  où  Brunswick  publiait  son  io- 
soient  manifeste,  l'Assemblée  légis- 
lative décréta  la  permanence  deis  sec- 
tions de  Paris.  Mais  les  patriotes 
avaient  devancé  cette  tardive  résolu- 
tion ;  les  fédérés  avaient  constitué  on 
comité  central  qui  s'était  assemblé 
plusieurs  fois  chez  Santerre.  Ce  co- 
mité ,  composé  de  quarante-quatre 
membres,  et  réuni  dans  la  salle  dès 
correspondances  aux  jacobins ,  choisit 
cinq  de  ses  membres  qui  formèrent  le 
directoire  de  l'insurrection  :  c'étaient 
Vaugeois  d'Argentan,  Debessé  de  !i 
Brome,  Guillaume  de  Caen,  Simon  de 
Strasbourg  et  Galissot  de  Langres. 
A  ces  chefs  furent  ensuite  adjoints 
Carra ,  Fournier  l'Américain ,  Westtf- 
mann ,  Kcecklin ,  Santerre ,  Alexandre, 
Latouski,  Antoine  la  Grey  et  Garin. 
La  première  réunion  du  directoire  eut 
Ueu  dans  la  nuit  du  19  au  20  juillet,  i 
Charenton,  chez  Villate,  qui  plus  tard 
devint  l'un  des  jur^  au  tribunal  lévo- 


€0B| 


FRANCE. 


COM 


947 


latEOnnaîre,  Af^  plusieurs  délibéra- 
tîoQS  fort  orageuses,  le  projet  d'in- 
surrection fut  arrêté,  pqur  le  29  juillet  ^ 
mais  rien  n'était  p^épaf é  pour  ce 
mpmeht;  le  peuple  paraissait  en: 
core  avoir  tirop  de  conftance  dans 
l'Assemblée  nationale.  Le  dirççtpirq 
ajourna  son  eptjreprise,  saos  cesser  de 
tenir  ses  séances,  soit  à  Cparentof^, 
soit  dans  le  faubourg  Saint- Antoine, 
soit  dans  le  Ipcal  flu  comité  de  surveil? 
lance,  des  j§(iobin§.  Il  s'était  aMgmenté 
de  plusieurs  patriote^  bien  cpnqus, 
tels  quQ  Robespierre^  Marcb^nd ,  Cha- 
bot, Granet  4e  Marseille,  Tallinn,  Vi- 
lain d'Aubigny,  Legendr^  et  Lacroix 
(d'Eure-et-Loire).  Lp  4  août,  il  avait 
été  décidé  que  le  peuple  se  Içyerait 
dans  la  nuit  du  9  au  10  et  irait  assiéger 
\efj^  Tuileries.  Le  plan  d'attaqp^  était 
af psi  organisé  :  Sa^terre  et  Wqçt^r- 
mapn  devaient  pon4uir^,ie  fEmbourg 
Saint-AntoJn^;  Foi^rnier  TAjnériç^in , 
la  fauboprg  Saint-Marceau;  Danton î 
B^rl^aroux,  barra,  Ç^tnille  Desmou* 
liDS,  Qai|lee^Rebepque^  veillaieptavec 
les  Marseillais  sou^  les  armes.  A  oqzjs 
heuires  et  demie  du  soir,  uo  coup  4é  feu 
^e  fit  entendre  d^ps  la  cour  du  Com- 
merp^,  et  le  p§upïe  se  u^it  à  crier  aiui. 
armes.  Aussitôt  lé?  Marseillais  partir 
rei^t,  ej;  Canii)le  Il^snioulins  cpqrut 
aux  église^  faire  soiiner  le^  tocsin* 
Les,  patriotes  arriyèrepi;  p§pdapt  la 
nuit,  et  1^  lendemain,  ^  cjnq  heures 
dû  matin ,  l'attaque  cpmmpuça  (*).  . 

Comité  pqptulaixe  ,ÇL  l'évécM*  ÏA 
Gphventipp  venait  d^  prendre  upQ 
ii^iesure.qMi  allait  sauver  ia.répgbiiqufi; 
eiie  venait  de  décréter  rétabli ss^ipept 
d'i^Q  comité  de  salut  public.  Le  parti 
illtjrarévolutidnpaire ,  qui  commençait 
à  ^çqiiérii:  4e  J'influence  sur  ig  peu- 
ple, né  se  contenta  pa^  de  cette  rnani- 
festatipn  4es  sei^timpntç  déippcratiques 
de  r Assemblée;  les  meneurs  des  sec- 
tions, déclamant  contre  §a  mollese, 
firent  décréter  là  fprrpatipq  d'uij  cp- 
Tniié  central  de  safyt  pufiUQ^  gui  se 
réunit  à  réyéché.  pe  comité  prétendit; 
aussitôt  exercer  la  souveraineté  au  potii 
dés  quaranté-buit  sectipps  de  Paris,  se 

(*)  Vjoyez  l'art  ^.oùt  J^journée  4»  <lbiL). 


mit  en  correspondance  aveo  les  qua- 
rante-quatre mille  municipalités  de  la 
république,  prépara  une  insurrection 
contre  les  girondins,  et  décida  que  le 
peuple  devait  se  leyet  pour  aller  de-" 
n[)an4er  à  la  Convention  si  elle  croyait 
avoir  asseiî  d'énergie  pour  sauver  la 
patrie.  Mais  Robespierre  et  Marat 
attaquèrent  ce  eomité  eomiiie  inutile 
et  cqninie  dangereux,  et  les  jacobins 
firent  imprimer  et  distribuer  une  liste 
de  ^s  noeaobres  pour  lès  faire  sur- 
veiller- Abandonné  alors  pai;  les  chefs  . 
du  parti  populaire,  le  comité  central 
de  salut  publie  se  sépata,  mais  ce  ne 
fqt.  que  poiir  reparaltce  biedtôt  après 
sou$  un  autre  nom.  . 

Comité  cenixal  révoiuiionfiaire  de 
sahtt  public.  Le  danger  devenait  à 
chaque  instaut  plus  terrible  à  l'inté- 
rieur et  à  l'extérieur.  La  Commune, 
sur  la  proposition  de  Chaumette,  ar- 
rêta qu'il  serait  organisé,  un  comité 
entrai  répoiutionnaire  de  salut  pu' 
bliÇf  con)posé  des  présidents  des  co- 
mités révolutionnaires  des  sections  et 
des  députés  de  tous  les  corps  adminis- 
tratifs, lesquels  ;se  réuniraient  à  la 
municipalité  les  dimanches  et  les  jeu- 
dis. A  peine  ce  comité  fut-il  formé, 
qu'il  prépara  un  nouveau  10  août 
cpntre  la  faction  girondine.  Mais  la 
majorité  des  représentants  ji'était  pas 
encore  convainque  de-l'iphabileté  poli- 
tique des  girondins;  elle  résista  à  la 
volonté  populaire;  le  conaité  de  salut 
public  dénonça  même,  par  l'organe  de 
Barrère,  Ghaumette  et  le  comité  cen- 
trai révplutionnaire,  qui  avaient  formé 
le  projet  d,'eplever  les  yipgt-deux  dé- 
putés dopt  les  sections  avaient  de- 
mandé I4  niise  en  jugemept. 

Le  lendémjiin,  le  comité  central 
révplutionnaire  des  seciiops  se  réunit 
sous  prétexte  de  répartir  l'emprunt 
forcé  et  4e  faire  la  (iste  des  suspects, 
mesures  que  la  Commune  avait  ordpn- 
néjBs;  mais  à  peine  étajt:on  en  pré- 
^enpe,  que. quelques,  m W^res  s'écriè- 
rent qu'ilfallalt  marcher  sur  la  Conven- 
tion ,  où  se  triqpyaient  les  plus  dangi?- 
reux  suspects,  e|;  qu'il  faljait  enlever 
les  vingt-d^qx  déj^qtés  désignés  cdmm^ 
ïf^  chefs  dfi  pajT^i  giron4ip-  On  reyint 


S48 


com 


L'UÎÎIVERS- 


GOV 


eneore  dan  joon  après  sur  ee  projet, 

301  derait,  disait-on,  mettre  nn  aux 
issensioDS  qui  dédûraient  la  GooTeo- 
tion;  mais  le  maire  Paebe  refusa  de 
sortir  des  Toies  légales ,  et  aucune  ré- 
solution ne  fut  adoptée.  Deux  mem- 
bres du  comité  furent  ensuite  arrêtés 
par  ordre  de  la  commission  des  douze; 
mais  ils  furent  bientôt  relâchés.  Ce- 
pendant ces  lenteurs  du  comité  lui 
avaient  fait  perdre  la  confiance  des 
patriotes;  il  n'avait  pas  su. organiser 
l'insurrection  ou'ils  demandaient;  un 
nouveau  comUé  insurreeUaimel,  com- 
posé de  commissaires  envoyés  par  les 
sections  «  la  Commune  et  les  cluDs,  fut 
formé  à  révéché.  Le  28  mai ,  ce  comité , 
qui  comptait  cinc[  cents  membres, 
nomma  une  commission  de  six  mem- 
bres pour  présenter  un  plan  d'insurrec- 
tion. Le  29,  il  décida,  pour  rassurer  les 
timides  et  ôter  tout  prétexte  à  la  résis- 
tance, quet*insurrectionyîirai^  respect 
aux  propriétés  ;  et  chacun  de  ses  mem- 
bres promit  le  secret  et  une  obéissance 
absolue  à  la  commission  des  six.  Cette 
commission,  investie  ainsi  de  la  dic- 
tature, eut  bientôt  arrêté  le  plan  de 
Finsurreetion  ;  elle  ne  veut  pas  em- 
ployer la  force  ni  verser  de  sang;  son 
premier  acte  sera  de  casser  la  Com- 
mune actuelle,  d'en  installer  une 
autre,  qui,  en  vertu  des  pouvoirs  qui 
lui  seront  conférés ,  requerra  la  force 
publique,  fera  entourer  la  Convention 
par  les  sections  armées,  lui  iH*ésentera 
une  pétition  dans  laquelle  on  deman- 
dera l'arrestation  des  vingt-deux  giron- 
dins, et  ne  se  retirera  que  lorsque 
cette  demande  sera  accordée. 

Le  comité  insurrectionnel  s'assem- 
bla le  30  à  neuf  heures,  approuva  le 
plan  de  la  commission  des  six ,  prit  le 
nom  di* union  républicaine  y  se  déclara 
en  permanence  et  en  insurrection  pour 
sauver  la  chose  publique,  menacée  par 
une  faction  aristocratique  et  oppressive 
de  la  liberté,  et  convoqua  les  sections 
pour  obtenir  leur  approbation  et  leurs 
pouvoirs.  Ces  préparatifs  durèrent 
.  toute  la  journée.  Le  soir,  la  commis- 
sion des  six  fit  fermer  les  barrières, 
battre  la  générale  et  sonner  le  tocsin. 
Le  31 ,  dès  le  matin ,  cette  commission 


Tint  à  la  Commune,  fit  vérifier  ses 
pouvoirs  par  trente-trois  sections  sur 
quarante-huit,  cassa  la  Commune,  la 
Rintégra  à  l'instant  en  lui  conférant 
une  autorité  fllimitée,  et  se  l'associa 
pour  diriger  Finsurreetion.  Le  plan 
des  six  fot  aussitôt  exécuté  ;  les  sections 
se  réunirent;  le  canon  d'alarme,  tiré 
par  ordre  du  nouveau  commandant  de 
h  garde  nationale,  Henriot,  appela 
bientôt  sous  les  armes  quatre-vingt 
mille  hommes ,  qui  parcourure-nt  silen- 
cieusement les  rues  pour  aller  se  poster 
autour  des  Tuileries.  Alors  la  Com- 
mune, toujouis  dirigée  par  le  eomité 
insurrectionnel,  envoya  successivement 
trois  d^utations  à  la  Convention  pour 
demander  qu'une  commission  formée 
dans  son  sein  pût  se  mettre  en  rapport 
avee  l'assemblée,  et  qu'il  lui  fat  ac- 
cordé une  salle  voisine  de  celle  où 
si^eaient  les  représentants.  Cette  pro- 
position fut  adoptée,  ainsi  que  celle  de 
donner  quarante  sous  par  jour  à  chacuii 
des  ouvriers  qui  resteraient  sous  les 
armes  pour  veiller  au  maintien  de  l'or- 
dre public.  La  commission  des  douze 
fut  ensuite  supprimée,  et  ses  papiers 
furent  saisis.  Cependant  l'insurrection 
n'était  pas  terminée;  ceux  qui  l'avaient 
commencée  ne  voulaient  s'arrêter  que 
lorsque  les  vingt-deux  seraient  exdus 
de  la  Convention.  Dans  la  matinée  do 
l''*' juin ,  le  comité  insurrectionnel ,  qui 
se  réunissait  dans  une  salle  voisine  de 
celle  où  siégeait  le  comité  de  salut  pu- 
blic, voulut  s'entendre  avec  les  mem- 
bres de  ce  comité  pour  obtenir  l'arres- 
tation de  ces  députés.  La  journée  se 
passa  en  pourparlers  ;  mais  le  soir,  le 
tocsin  sonna,  la  générale  fut  de  nop- 
veau  battue  pendant  toute  la  nuit,  et  dès 
qu'il  fit  jour,  la  Convention  fiiit  une 
seconde  fois  cernée.  Une  députatîonde 
la  Commune  se  présenta  alors  à  la 
barre  et  exigea  l'arrestation  provisoire 
des  conspirateurs.  Vovez  Commission 
BES  douze  et  Mai  (Journée  du  31). 

—  On  donne  encore  aujourd'hui  le 
nom  de  comités  à  des  assemblées  perma- 
nentes d'hommes  spéciaux ,  créées  par 
l'autorité  supérieure,  pour  délibérer 
sur  différentes  questions  d'intérêt  pu- 
blic :  tels  sont ,  auprès  du  ministère  de 


COM 


FRANCE. 


cov 


349 


la  guerre,  les  comités  d'artillerie, 
de  cavalerie  y  dHn/anterie,  des  j^orW- 
ûcixtions,  etc.  ;  et  auprès  du  ministère 
da  commerce ,  le  comité  consultatif  des 
arts  et  numujactures.  Enfin  les  diffé- 
rentes sections  dont  se  compose  le 
conseil  d'État  portent  aussi  le  nom  de 
comités. 

GoHiTB  BE  sAJLvr  PUBLIC.  -^  Placé 
au  timon  de  i*État ,  dans  le  fort  de  la 
tempête  révolutionnaire,  au  moment 
où  le  choc  de  tous  les  éléments  conju- 
rés présageait  un  naufrage  presque 
certain ,  le  comité  de  salut  puoiic  sut 
non-seulement  mettre  la  France  à  Fa- 
bri  des  attaques  de  FEurope  coalisée, 
et  la  délivrer  des  fureurs  de  la  guerre 
civile,  il  sut  encore  lui  rendre  1  offen- 
sive, et  l'élever  à  un  degré  de  puissance 
qu'elle  n'avait  jamais  eue  avant  lui. 
Aussi  la  contre-révolution  ne  man- 
qua-t-elle  pas  de  prendre  prétexte  des 
excès  qui  avaient  été  commis  sous  son 
W^ne,  pour  le  renverser,  et  [)our  jeter 
un  blâme  injurieux  sur  sa  mémoire  et 
sur  celle  de  toute  la  révolution  ; 
comme  si  un  grand  peuple,  menacé 
dans  son  existence ,  et  oont  l'étran- 
ger ,  de  concert  avec  l'émigration ,  se 
partageait  d'avance  les  dépouilles, 
avait  pu  voir  sans  indignation  ces  pro- 
jets impies ,  ou  agir ,  dans  les  trans- 
ports de  la  colère ,  avec  une  modéra- 
tion que  ne  gardent  même  pas  ses 
rivaux  ,  quand  ils  combattent  pour 
quelques  oallots  de  marchandises. 
Mais  la  raison  de  l'Europe  et  la  re- 
connaissance nationale  ont  fait  justice 
de  l'exagération  de  ces  reproches  ;  et 
aujourdliui,  c[uels  que  soient  son  pays 
ou  ses  convictions  politiques,  tout 
homme  qui  a  le  moindre  sentiment  de 
la  grandeur  s'associe  au  jugement  qui 
a  été  porté  par  Napoléon  à  son  avène- 
ment au  consulat,  jugement  qu'il  con- 
firmait encore  à  Sainte-Hélène  :  «  Le 
comité  de  salut  public,  disait-il,  c^est 
le  seul  gouvernement  qu'ait  eu  la 
/France  pendant  la  révolution,  »  Les 
légitimistes  eux-mêmes  partagent  se- 
crètement cette  opinion .  et  1  homme 
de  génie  de  leur  parti ,  ae  Maistre ,  a 
eu  le  courage  d  en  convenir  haute- 
paent.  Il  avouait  que,  sans  le  comité 


de  salut  public ,  c'en  était  fait  de  la 
France ,  parce  que  les  émigrés ,  après 
l'avoir  livrée  aux  rois,  n'auraient  jamais 
pu  l'arracher  de  leurs  mains.  M.  de 
Chateaubriand,  M.  Berryer,  sans  s'ex- 
pliquer avec  autant  de  liberté,  lais- 
sent souvent  entrevoir  qu'ils  ne  pen- 
sent pas  autrement. 

Pour  être  juste ,  il  ne  faut  pasju^er  ce 
gouvernement,  tout  révolutionnaire  et 
tout  martial ,  comme  on  jugerait  tin 
gouvernement  ordinaire  ;  il  faut  le 
prendre  pour  ce  qu'il  était,  c'est-à- 
dire  ,  pour  un  pouvoir  exceptionnel , 
dictatorial,  et  transitoire,  ainsi  que 
toute  espèce  de  dictature.  Il  faut  avoir 
toujours  présente  à  la  pensée  la  mis* 
sion  dont  il  était  chargé ,  mission  dont 
la  nature  se  révèle  par  les  circonstan- 
ces qui  l'engendrèrent ,  et  par  le  nom 
même  qu'ij  reçut  à  son  origine.  Le  sa- 
lut de  l'État,  voilà  le  motif  qui  lui 
donna  naissance  ;  le  salut  de  FEtat , 
voilà  quelle  fut  la  base  de  toute  sa  po- 
litique. En  voyant  combien  il  se  mon- 
tra sévère,  terrible,  et  quelquefois  im- 
pitoyable, il  ne  faut  pas  oublier  contre 
quels  ennemis  il  avait  à  lutter,  en 
quel  état  de  détresse  il  reçut  le  dépôt 
du  pouvoir,  quelle  responsabilité  enfin 
aurait  pesé  sur  lui,  s'il  n'avait  pas 
triomplié.  Il  faut  se  rappeler  qu'il  avait 
à  combattre  l'Europe  entière ,  à  faire 
rentrer  dans  le  devoir  un  grand  nom- 
bre de  villes  et  de  provinces  insurgées. 
Il  faut  se  rappeler  surtout  que ,  pour 
vaincre  les  rois  et  terrasser  rhydre  de 
l'anarchie ,  il  ^vait  à  conquérir  sur  les 
préjugés  de  la  Convention .  sur  ceux 
de  la  Montagne ,  sur  ceux  de  toute  la 
France  républicaine,  la  somme  de  puis* 
sance  nécessaire  pour  ramener  l'unité 
au  sein  de  l'anarchie ,  Tordre  au  sein 
du  chaos.  En  effet ,  ce  serait  une  er- 
reur de  croire  qu'il  fut  investi  tout  à 
coup  de  la  dictature  ;  ce  ne  fut  qu'à 
son  corps  défendant ,  et  à  mesure  que 
le  danger  croissait,  que  la  Convention 
se  laissa  arracher ,  plutôt  qu'elle  ne 
céda  volontairement ,  la  dél^ation  de 
ses  propres  pouvoirs  qui  n'avaient  pas 
de  bornes.  Encore  ne  cessa-t-elle  ja- 
mais d'y  mettre  certaines  restrictions, 
comme  on  pourra  bientôt  s'en  conr 


UUI9IVEES. 


cov 


yainere  en  lisdnt  le  texte  des  lois  qui 
fixaient  les  attributions  da  gouverae* 
ment  réroluticnnaire. 

Nous  insistons  sur  ce  point ,  parce 
que,  si  Ton  a  généralement  tend  compté 
au  comité  de  salut  public  des  obstacles 
matériels  qu'il  rencontra  dans  l'inté- 
rteur  du  jiays  et  à  la  frontière ,  on  a 
peu  ou  point  fait  attention  aux  obsta- 
cles moraux  que  les  sentiments  de  li- 
berté de  l'époque ,  portés  au  plus  haut 
degré ,  opposaient  à  son  activité.  De 
.  loutes  parts,  sur  les  bancs  m^mede  la 
Convention  ;  on  lui  criait  :  Sauvez 
l'État  ;  mais ,  par  une  défiance  om^ 
brageuse,  on  lui  en  refusait  les  mo^^ens.- 
Dans  ratternative  de  laisser  périr  la 
France,  en  respectant  tous  les  scrupules 
d'une  légalité  jaloqse,  ou  de  sauver  la 
patrie,  en  forçant  la  représentation 
nationale  à  être  conséquente  avec  elle- 
même  ,  le  comité  de  selut  public  n'hé- 
sita pas  ;  il  prit  en  main  les  armes 
que  Ton  craignait  de  lui  confier ,  et , 
sous  le  titre  de  gouvernement  révolu- 
tionnaire, il  se  ut  investir  un  moment 
de  la  toute- puissance,  Quitte  à  en  ren- 
dre compte    lorsque  1  ennemi  serait 
terrassé.  Sans  les  divisions  qui  éclatè- 
rent dans  son  sein ,  il  est  très-proba- 
ble qu'il  serait  parvenu  à  doter  la  ré- 
Bublfque  de  cette  unité  de  pouvoir  qui 
roi  a  toujours  manqué,  et  a  fonder  en- 
fin ,  sur  Ijes  bases  de  Tédifice  révohi- 
tionnaire ,  un  gouvernement  plus  ré« 
gulier  et  plus  solide  que  ce  Directoire 
a  cinq  têtes,  qui  tomba  en  poussière  au 
premier  souffle  de  l'armie^  seule  frac- 
tion du  peuple  où  la  tradition  de  l'u- 
nité rie  s'était  pas  complètement  effa- 
cée ;  où  ,  au  contraire ,  le  besoin  de 
vaincre  l'avait  constamment  réchauf- 
fée; où,  enfin,  la  victoire  lui  avait 
donné    une    consécration    nouvelle. 
D'une  manière  ou  d'une  autre,  il  Ail- 
lait que  le  pouvoir  redevînt  unitaire  ; 
seulement ,  la  France  avait  le  dioix 
entre  une  tmité  librement  consetitie , 
et  une  unité  imposée  par  la  violence. 
La    Convention   n'ayant   pas    voulu 
choisir  un  président  de  la  république 
dans  le  sein  de  son  comité  de  gouver- 
nement ,  qui   renfo'mait  cependant 
plus  d'un  homme  d'État  distitogué  ^  le 


Directoire ,  installé  par  elle,  fîit  con- 
traint de  céder  la  place  à  un  jeune  gé- 
néral, oui,  de  premier  consul^  ne  tarda 
paè  à  devenir  empereur  et  autocrate. 
L'institution  du  comité  de  salut  pu- 
blic ne  s'éleva  qu'avec  peine,  et  à  tra- 
vers des  phases  lentement  pilogressi- 
ves  ;  son  personnel  ne  fut  ni  toujours 
composé  des  mêmes  individus,  n\  cons- 
tamAient  animé  du  m^n^e  «sprit.  Les 
différences  sont  si  marquées ,  qu'on  a 
distingué  avec  raison  plusieurs  comités 
de  salut  public,  dont  un  seul,  celui 
dui  exerça  la  puissance  depuis  le  mois 
ae  juillet  1793  jusqu'au  mois  de  juil- 
let 1794,  a  accompli  les  grandes  eboses 
dont  il  tient  d'être  question;   aussi 
l'histoil'e  lui  a-t^elle  donné  le  titre  d^ 
grand  comité  de  sahûpubUc,  Il  était 
composé  de  douze  membres,  dont  les 
noms  sontdevedus  célèbres  :  Barrère, 
Biliaud  -  Varennes ,  Carnot ,   iGoilot- 
d'Herbois,  Prieur  de  la  Marne,  Ro- 
bert-Lindet ,  Robespierre  aîné ,  Gqu- 
tfaon,  Saint-Just,  Jean-Bon  Saint-iko- 
dré,  Prieur  de  la  Côte-d'Or,  Hérault- 
Séchelles.  Antérieurement^  il  y  en  avait 
eu  un  premier  assez  niai  dessiné,  puis 
un  second  déjà  plus  puissant ,  quoi- 
que manquant  encore  d'homogénéité. 
Après  le  9  thermidor,  il  y  en  eut  en- 
core plusieurs  autres;  mais  à  partir 
de  cette  époque,  l'institution  du  co- 
mité de  salut  public,  envahie  par  ks 
thermidoriens,  alla  toujours  en  dédi- 
nant,  à  ce  point  mie  la  dernière  audmi- 
Rïstration  semblait  travailler  pour  les 
royalistes,  lorsque  la  Convention  se 
déclara  dissmite.  On  retrouve  done 
dans  son  existence  trois  périodes  bien 
tranchées  :  1**  celle  de  sa  formation 
depuis  le  printemps  de  l'année  1799 
jusqu'à  Tautomne  de  la  même  année; 
2"*  celle  de  son  apogée,  qui  dura  près 
d'un  an  ;  3"  celle  de  sa  décadence ,  du 
9  thermidor  an  ii  (27  juillet  1794)  au 
5  brumaire  an  m  (  36  octobre  179&), 
moment  où  le  Directoire  prit  le  gouver- 
nement  des  affaires.  Un  grand  nomlNre 
d'écrivains  ont  eu  le  tort  de  tout  con- 
fondre, sans  taire  attention  à  <sette  di- 
Tision  cependant  bien  fondée;  Quel- 
ques autres  ont  compté  trois  pniMah 
paux  oonùtés  :  un  premier  qui  eatca 


COM 


FB^CE. 


cov 


en  gestion  le,  5  avril  1793*  et  qui  ett 
sortit  à  la  fia  de  juillet  de  la  même 
année;  Pa)iiton,Bafrère  et  Hobert-Liii- 
det  en  faisaient  partie;  un  second, 
dans  lequel  Danton  refusa  d'entrer, 
inais  qui  exerça  ia  dictature  à  partir 
de  la  fin  de  juillet  1793  jusqu'au  37 
Juillet  de  l'année  suivante  :  c'est  le 
grand  comité  de  salut  public  dont 
nous  avons  déjà  nommé  les  membres; 
un  troisième,  où  se  glissèrent  d'abord 
quelques  thermidoriens  adjoints  aux 
membres  (Survivants  ou  non  remplacés 
du  précédent  coiiiité,.  et  ensuite  mêlé 
de  thermidoriens  et  de  contre-révolu- 
tionnaires peu  éloignés  du  royalishie* 
Cette  classification  a  l'avantage  d'être 
conforme  aux  trois  périodes  de  for- 
mation ,  d'apogée  et  de  décadence 
que  parcourut  l'institution  durant  sa  . 
carrière;  mais  0ile  a  l'inconvénient 
d'être  incom(>lète  et  de  ne  pas  faire 
ressortir  des  subdivisions  fort  impor* 
tantes.  £n  réalité ,  il  y  eut  un  grand 
nombre  de  comités  de  salut  public  ^ 
dqnt  un  seul  acquit  une  puissance  con- 
sidérable, et  resta  pendant  une  année 
composé  des  mêmes  membres.  Après 
ce  qui  vient  d'être  dit ,  il  est  presque 
superflu  de  répéter  que  c'est  celui  qui 
fut  démembré  par  la  révolution  du  9 
thermidor,  lorsqu'il  était  dans  l'enfan- 
tement d'un  gouvernement  régulier, 
et  à  la  veille  de  mettre  fin  à  la  dicta- 
ture révolutionnaire.  Pour  être  à  la  fois 
logique  et  complet ,  il  nous  paraît  inr 
dispensable  de  ranger  les  diftérents 
comités  souB  trois  divisions  corres- 
pondant aux  trois  périodes  de  la  maN 
che  de  l'institution;  ainsi  le  lecteur 
aura  sous  les  yeux  l'ensemble  et  les 
détails  dans  Tordre  chronologique,  et 
sans  confusion. 

Première  peVîocfe.  Autant'par  l'tffet 
d'une  erreur  grave  eh  politique ,  qu'à 
cause  de  la  division  qui  se  manifesta, 
dès  l'ouverture  de  ses  séances ,  entre 
la  Montagne  et  la  Gironde ,  la  Con- 
vention recula  aussi  longtemps  qu'il  fut 
possible  devant  la  fiécessité  de  créer 
un  pouvoir  exécutif  doué  d'assez  d'é- 
nergie et  d'assez  d'indépendance  pour 
remplacer  l'ancien  pouvoir,  abattu 
dans  la  journée  du  10  août.  Réunis* 


$ant  en  elle,  par  droit  dé  i^préseifta* 
tioa,  tous  les  éléments  dé  la  puissance 
nationale,  elle  aurait  voulu  être  à  là 
fois  assemblée  délibérât! ve  et  gouver- 
nement; prétentiori  contraire  à  I  expér 
rience  et  à  la  théorie,  qui  Tune  et 
l'autre  ont  démontré  la  nécessité  de 
la  séparation  du  pouvoir  exécutif  et  du 
pouvoir  législatif,  et  les  avantages  de 
leur  indépendance  respective  dans  de 
certaines  limites  et  sous  le  contrôle 
de  la  souveraineté  nationale.  L'immi- 
nence du  danger  pilt  seule  décider  la 
Convention  à  déléguer  une  partie  de 
ses  dttî*ibutions  à  quelques-uns  de  ses 
membres.  L'impossibilité  matérielle 
d'expédier  les  affaires  directement  pat* 
elle-même  lui  arracha  d'abord  une 
première  concession;  à  l'exemple  delà 
Constituante  et  de  la  Législative,  qui, 
par  suite  du  mauvais  vouloir  de  la 
monarchie,  s'étaient  trouvées  dans  uûh 
situation  analogue,  elle  partagea  le 
travail  préparatoire  entre  plusieurs 
eomitjés  choisis  daus  ^bn  sein,  et 
n'agissant  presque  pas  pàreux-mémesl 
Tel  fut,  pour  ce  qui  concernait  la 
guerre,  le  comité  de  défense  générale; 
qui  devait  servir  de  transition  pour 
arriver  au  coipité  de  salut  public  , 
c'est-à-dire,  à  quelque  chose  qui  corn» 
mençât  à  ressembler  à  un  pouvoir 
exécutif.  Ainsi  donc ,  ce  fut  l'urgente 
nécessité  de  résister  aux  ennemis  du 
dehors  qui  seule  fit  faire  de  premier 
pas;  le  oesoin  decouipr^m^  les  en- 
nemis du  dedans  en  avait  également 
fait  accomplir  un  autre  par  la  forma- 
tion d'un  coniité  4k  surveillance  et  de 
sûreté  génék*ale.  La  Convëntioo  sb 
montra  toujours  moins  avare  envers 
ce  dernier  comité  qu'envers  lesautrelg. 
parce  que,  exerçant  la  police,  il  avaii 
mission  de  les  tenir  en  respect;  et  l'on 
verrla  que  sa  <léfiahce  en  tira  un  parti 
fort  habile ,  lorsque  Taucroisseipent 
du  danger  lui  eut  imposé  de  plus 
grands  sacrifices. 

Le  pieu  d'étendue  des  aftributioiis 
du  comité  de  défense  générale,  le  grand 
nombre  de  tnembres  dont  il  se  compo- 
sait, membres  d'opinions  différentes, 
et  mis  avec  intention  les  uns  en  pré- 
sence des  autres  pour  se  faire  équili« 


L'UNIVERS. 


COM 


brei  la  publîdté  de  ses  délibérations, 
dans  lesquelles  les  ministres  venaient 
rendre  compte  de  leurs  opérations,  et 
auxquelles  étaient  admis  les  autres  dé- 
putes qui  jugeaient  convenable  de  s'y 
rendre  ;  toutes  ces  imperfections  réu- 
nies n'étaient  guère  propres  à  assurer 
les  succès  de  nos  armées,  surtout  au 
moment  où  le  général  Dumouriez  ne 
demandait  qu'à  profiter  des  divisions 
du  gouvernement.  Des  trahisons ,  des 
revers,  prouvèrent  à  la  Convention  et 
à  la  France  au'il  fallait  plus  d'ensem- 
ble et  plus  ae  secret  dans  les  opéra- 
tions pour  vaincre  des  ennemis  dont 
les  plans  étaient  conçus  dans  le  mys- 
tère et  exécutés  sans  confusion. 

Depuis  longtemps  Robespierre , 
Danton,  Marat,  et  la  voix  du  peuple, 
demandaient  qu'on  introduisît  de  l'u- 
nité dans  la  direction  des  affaires. 
Instruits  par  l'expérience,  les  Giron- 
dins, alors  prépondérants,  résolurent 
enfin  d'apporter  quelc[ue  remède  au  mal. 
Le  22  mars  1793,  après  plusieurs  propo- 
sitions d'AlbUte  y  de  Bentabole  et  de 
ÎHtinette,  tendant  au  même  but,  Isnard 
emanda  que,  conformément  au  décret 
du  13  mars,  on  s'occupât  de  laformation 
d'un  comité  de  salut  public.  Bancal, 
ae  faisant  l'interprète  des  sentiments 
ombrageux  de  la  majorité,  ne  s'opposa 
pas  à  cette  motion;  mais  il  demanda 
que  ce  comité  se  bornât  à  surveiller 
les  ministres ,  que  ses  membres  fus- 
sent réélus  de  quinze  jours  en  quinze 
jours,  et  qu'il  n  eût  qu'un  mois  de  du- 
rée. Le  même  jour,  la  Convention 
chargea  le  comité  de  défense  générale 
de  lui  présenter  un  projet  d'organisa- 
tion d'un  comité  de  scuut  public.  £n 
^et,  dans  sa  séance  du  25,  l'Assem- 
blée décréta  l'établissement  d'un  nou- 
veau comité  sous  le  nom  de  comUé  de 
défense  générale  et  de  salut  public, 
composé  de  vingt-cinq  membres.  Le 
lendemain  furent  élus ,  pour  en  faire 
partie:  Dubois-Crancé^  Pétion,  Gen- 
sonné,  Guyton-Morveau,  Robespierre 
aîné,  Barbaroux,  Rhul,  Vergniaud, 
Fabre  ^d'Églantine ,  Buzot,  Delmas, 
Guadet,  Condorcet,  Bréard,  Camus, 
Prieur  de  la  Marne  ,  Camille  Des- 
mottUns,  BarrèrC)  Quinette,  Danton, 


Sieyès,  Lasource,  Isnard,  Cambaeârès, 
Jean  Debry.  On  vota  en  outre  une 
liste  de  dix  suppléants.  Voilà  quelle 
fut  la  première  éoauche  du  comité  de 
salut  public,  ébauche  encore  pâle  et 
douteuse,  ainsi  que  l'indique  son  nom, 
emprunté  moitié  à  l'ancien  comité 
qu'il  remplaçait,  moitié  au  comité 
nouveau  qui  allait  surgir.  C'est  sans 
doute  pour  ce  motif  que  les  auteurs 

gui  ont  écrit  sur  le  comité  de  salut  pu- 
lic  passent  ce  premier  essaii  sous  si- 
lence; mais  c'est  à  tort,  suivant  nous, 
parce  qu'on  y  voit  clairement  la  véri- 
table origine  de  la  nouvelle  institution, 
et  la  source  toute  militaire  d'où  elle 
est  sortie  (*).  Au  reste,  la  composi- 
tion du  nouveau  comité,  oii  les  giron- 
dins avaient  la  majorité ,  mais  où  les 
montagnards  étaient  en  nombre  suf- 
fisant pour  entraver  leur  politique  en- 
vahissante, ne  se  prétait  nullement  à 
cette  rapidité  d'opérations ,  à  cet  ac- 
cord de  vues  aue  la  Convention  s'en 
était  promis.  Il  était  chargé  de  prépa- 
rer et  de  proposer  toutes  les  lois  et  les 
mesures  .nécessaires  pour  la  défense 
extérieure  et  intérieure  de  la  républi* 
que  ;  il  devait  appeler  à  ses  séances , 
au  moins  deux  fois  par  semaine ,  les 
ministres  composant  le  conseil  exécu- 
tif provisoire,  lesquels  étaient  tenus 
de  lui  donner  tous  lesédairoissements 
^u'il  demanderait  :  mais  on  lui  avait 
imposé  l'obligation  de  rendre  compte 
tous  les  huit  jours  à  la  Convention  de 
l'état  de  la  république  et  de  ses  opéra- 
tions qui  seraient  susceptibles  de  pu- 
blicité, et  de  désigner  chaque  jour  deux 
de  ses  membres  pour  donner  à  l'as- 
semblée les  éclaircissements  qui  lui 
seraient  demandés  sur  l'état  de  la  ré- 
publique. Des  attributions  aussi  res- 

(*)  Déjà,  en  juin  179a ,  une  commission 
de  salut  public  avait  été  instituée  par  FAs- 
semblée  législative  pour  sauver  le  pays,  mis 
à  deux  doigts  de  sa  perte  par  les  intrigues 
de  la  cour  et  par  les  démonstrations  hos- 
tiles du  duc  de  Brunswick;  la  patrie  fiu 
déclarée  en  danger;  mais  la  Commune  se 
chargea  alors,  de  son  propre  mouvement, 
d'agir  avec  une  énergie  dont  la  représenta- 
tion nationale  se  montrait  incapable.  (Voy« 
CowKxssioirB.) 


COBI 


FRANCE. 


COM 


353 


treifltes  ne  pouvaient  pas  plus  lui  don- 
ner la  force  désirable  que  la  multipli- 
cité de  ses  membres  et  la  publicité  ié 
ses  délibérations  répondre  du  secret. 
En  outre,  il  offrait  largement  prise 
aux  divisions  intestines  et  aux  intri- 
gues ;  aussi  ne  tarda-t-il  pas  à  se  divi- 
ser en  deux  parties  :  d'une  part ,  les 
girondid^,  ayant  Gensonné  à  leur  tête, 
et  possédant  l'avantage  d'avoir  pres- 
que toujours  fait  la  loi  dans  Tancien 
comité  de  défense  générale  ;  d'une  au- 
tre part,  les  montagnards,  dirigés  par 
Danton  et  par  Robespierre,  par  Dan- 
ton surtout,  et  ayant  à  la  fois  plus  de 
bonne  volonté  et  plus  de  vigueur  join- 
tes à  une  intelligence  instinctive  du 
iDaniement  des  affaires.  Robespierre 
s*aper{ut  un  des  premiers  que  ce  co- 
mité, mstitué  par  le  décret  du  25  mars, 
n'était  pas  à  la  hauteur  des  circons- 
tances, et  qu'il  ne  ferait  rien  de  bon. 
Le  3  avril ,  à  la  séance  de  la  Conven- 
tion ,  il  se  crut  obligé  de  donner  sa 
démission,  qu'il  motiva  sur  la  mau- 
Taise  volonté  de  ce  comité ,  qui ,  sui- 
vant ses  expressions  ,  professait  des 
principes  contraires  à  l'égalité,  et  res- 
semblait plutôt  à  un  conseil  de  Du* 
mouriez  qu'à  un  comité  de  l'Assemblée 
nationale. 

Le  lendemain ,  4  avril ,  Isnard  pro- 
posa une  réforme ,  an  nom  même  du 
comité  de  défense  générale  et  de  salut 

Sublic  ;  il  demanda  l'établissement 
'un  comité  d'exécution  composé  de 
neuf  membres ,  chargé  de  remplir  les 
fonctions  attribuées  au  conseil  exécu- 
tif des  ministres ,  et  de  prendre  toutes 
les  mesures  de  défense  générale,  né- 
cessitées par  les  circonstances,  n  II 
<c  faut ,  dit-il ,  donner  aux  ressorts  du 
a  gouvernement  plus  d'action ,  plus 
a  d'énergie,  plus  d'unité.  Les  ménan- 
«  ces  qui  environnent  le  pouvoir  exé- 
«  cutii  et  vos  comités ,  la  publicité  des 
«  délibérations  de  ces  comités ,  l'abus 
«  qui  peut  résulter  de  cette  publicité , 
«l'aveu  des  ministres  eux-mêmes, 
«  tout  a  concouru  à  déterminer  le  co- 
«  mité  à  la  mesure  qui  va  vous  être 
«  soumise.  ^  Ces  paroles  produisirent 
de  l'impression  sur  l'Assemblée;  mais  la 
proposition  fut  ajournée  au  lendemain. 


^position  lui  ajournée  auienaemam.     «  aemoni 
X.  V.  23*  JJvraison.  (Digt.  engygl.,  etc.) 


Le  5,  en  effet ,  Isnard  revint  à  la 
charge;  cette  fois  il  fut  appuyé  par 
Bréard  et  Barrère.  Les  ménagements 
qu'employa  ce  dernier ,  pour  vaincre 
les  résistances  de  l'Assemblée ,  méri- 
tent d'être  mentionnés,  parce  qu'ils 
montrent  quelle  défiance  animait  les 
esprits.  «  Vous  vous  effrayez  de  la 
«  dictature,  dit -il,  tandis  que  vous 
«  avez  confié  au  comité  de  surveillance 
«  (sûreté  générale),  à  cause  des  trahi- 
«  sons  et  des  conspirations,  le  droit 
«  terrible  de  lancer  des  mandats  d'ar- 
«  rêt  et  d'amener  contre  les  citoyens.  » 
Ce  qui  suit  est  relatif  au  nouveau  co- 
mité. «  Un  comité  sans  pouvoir 

«  sur  la  liberté  civile ,  délibérant  sans 
«  publicité ,  sans  action  sur  les  finanr 
«  ces,  sans  pouvoir  indépendant  de 
«  l'Assemblée  nationale,  exerçant  une 
«  simple  surveillance ,  délibérant  dans 
«  les  cas  urgents  les  mesures  de  salut 
tt  public,  et  en  rendant  compte  à  la 
«  Convention  ;  pressant  l'action  du 
Cl  conseil  exécutif,  dénonçant  à  î'As- 
«  semblée  les  agents  publics  suspects 
«  ou  infidèles,  et  suspendant  provi- 
«  soirement  les  arrêtés  du  conseil  exé- 
a  cutif ,  quand  ils  paraîtront  contrai- 
«  res  au  bien  public,  à  la  charge  d'en 
«  rendre  compte  dans  le  jour  à  la  Con- 
«  vention.  »  C'était  sous  ces  dehors 
modestes  que  se  présentait  le  comité 
qui  devait  plus  tard  faire  trembler 
rEurope  et  la  Convention  elle-même. 
La  proposition  fut  adoptée,  et  on 
chargea  Isnard,  Barrère ,  Thuriot,  Ma- 
thieu et  Danton  de  rédiger  un  projet 
de  décret. 

Enfin,  le  6  avril,  l'organisation  d'un 
comité,  portant  cette  fois  exclusive- 
ment le  nom  de  comité  de  salut  pu- 
blic, fut  décrétée.  Il  n'est  pas  inutile 
de  citer  le  passage  suivant  de  la  ré- 
ponse de  Thuriot  à  Buzot ,  qui  s'oppo- 
sait à  la  mesure  :  «  On  a  créé  un  co- 
«  mité  de  sûreté  générale  qui  agit 
«  pour  la  Convention  contre  les  parti- 
«  culiers ,  et  sans  lui  en  rendre  compte. 
«  Ici  le  comité  de  salut  public  est  tenu 
«  de  vous  rendre  compte  de  toutes  ses 
'  «  opérations  :  on  craifit  son  influence 
«  sur  le  tribunal  criminel  ;  mais  on  a 
«  démontré  que ,  ne  pouvant  accuser 


23 


Si4 


GOM 


LTJOTVERS. 


COM 


«  personne,  le  tribunal  ne  t)eut  être 
«  son  instrument.»  Le  décret  présenté 
par  Isnard  fut  adopté  en  ces  ternies  : 

Art.  !•'.  Il  sera  formé,  par  appel  no- 
minal, un  comité  de  salut  public  y  com- 
posé de  neuf  membres  de  la  Conven- 
tion nationale.  —  Art.  ii.  Ce  comité 
délibérera  en  secret;  il  sera  chargé 
de  surveiller  et  d'accélérer  Taction  de 
l*ad mi nist ration  confiée  au  conseil  exé- 
cutif provisoire  (des  ministres) ,  dont 
il  pourra  même  suspendre  les  arrêtés, 
lorsqu'il  les  croira  contraires  à  l'inté- 
rêt national ,  à  ta  charge  d'en  infor- 
mer sans  délai  la  Convention.  — 
Art.  in.  Il  est  autorisé  à  prendre, 
dans  les  circonstances  urgentes ,  des 
mesures  de  défense  générale  extérieure 
et  intérieure  ;  et  ses  arrêtés,  signés  de 
la  majorité  de  ses  membres  délibé- 
rants, qui  ne  pourront  être  au-des- 
sous des  deux  tiers ,  seront  exécutés 
sans  délai  par  le  conseil  exécutif  pro- 
visoire. Il  ne  pourra  ,  en  aucun  cas, 
décerner  des  mandats  d'amener  ou 
d'arrêt ,  si  ce  h'est  contre  ses  agents 
d'exécution ,  à  la  charge  d'en  rendre 
compte  sans  délai  à  la  Convention. — 
Art.  IV.  La  trésorerie  nationale  tien- 
dra à  la  disposition  du  comité  de  sa- 
lut public ,  jusqu'à  concurrence  de 
100,000  livres,  pour  dépenses  secrètes, 
qui  seront  délivrées  par  le  comité,  et 
payées  sur  les  ordonnances  qui  seront 
signées  comme  les  arrêtés.  (Cet  article 
est  renvoyé  au  comité  pour  être  pré- 
senté de  nouveau.)  —  Art.  v.  U 
fera  chaque  semaine  un  rapport  gé- 
néral et  par  écrit  de  ses  opérations 
et  de  la  situation  de  la  république. 
—  Art.  VI.  Il  sera  tenu  un  registre  de 
toutes  les  délibérations.  —  Art.  vu. 
Le  comité  n'est  établi  que  pour  un 
mois.  —  Art.  viii.  La  trésorerie  na- 
tionale demeurera  indépendante  du 
comité  d'exécution  et  soumise  à  la  sur- 
veillance immédiate  de  la  Convention , 
suivant  le  mode  fixé  par  les  décrets. 

Cette  seconde  tentative  d'organisa- 
tion du  pouvoir  exécutif,  quoique  lais- 
sant encore  beaucoup  à  désirer  san^ 
doute,  était  cependant  en  progrès  sur 
rétablissement  antérieur  d'un  comité 
de  défense  générale  et  de  salut  public. 


Un  moins  grand  nombre  de  membres, 
le  secret  dans  les  délibérations,^  le 
droit  de  diriger  les  ministres  et'  de 
suspendre  leurs  opérations  quand  ils 
feraient  fausse  route,  la  faculté  de 
punir  les  agents  de  l'administration 
refusant  d'obéir  aux  lois  de  la  hiérar- 
chie ,  le  nom  de  comité  d^sxécidUm 
glissé  dans  le  corps  du  décret,  étaient 
autant  d'innovations  qui  ramenaient 
la  Convention  vers  cette  partie  des 
traditions  gouvernementales  qu'une 
grande  nation  ne  peut  jamais  oublier 
sans'  imprudence.  Du  reste ,  les  res- 
trictions ne  faisaient  pas  défaut ,  et 
l'on  cherchait  à  reprendre  d'une  main 
ce  que  l'on  donnait  de  l'autre.  Le  gou- 
vernement naissant ,  placé  sous  la  tu- 
telle de  la  Convention ,  et  sous  l'ins- 
pection du  comité  de  surveillance  et 
de  sûreté  générale,  n'avait  d'action 
que  sur  les  fonctionnaires  publics;  les 
finances  étaient  mises  à  l'abri  de  ses  at- 
teintes ;  son  budget  ne  se  montait  gu*à 
la  somme  de  100,000  francs  ;  il  était 
tenu  de  rendre  compte  de  ses  opéra- 
tions à  tout  instant  du  jour  ;  enfin ,  il 
ne  pouvait  prendre  des  mesures  d'exé- 
cution que  dans  les  cas  urgents  et 
pour  la  défense  extérieure  et  intérieure. 
A  vrai  dire ,  ce  n'était  pas  encore  un 
gouvernement;  mais  c'était  déjà  une 
pierre  d'attente  pour  aider  à  édifier 
plus  tard  un  monument  plus  solide. 
La  Convention  avait  beau  résister  à 
l'évidence,  la  force  des  choses  supé- 
rieure à  ses  préjugés  l'entratoait  in- 
sensiblement vers  un  changement  de 
système. 

Immédiatement  après  Padoptîon  du 
décret  et  séance  tenante,  l'Assemblée 
procéda  à  la  nomination  du  personnel 
ne  ce  comité ,  le  premier  qui  porta  ex- 
clusivement le  nom  de  comité  de  salut 
public,  bien  qu'en  réalité  on  doive  le  re- 
garder comme  le  second.  Les  membres 
qui  réunirent  la  majorité  des  suffirais 
turent:  Barrère,Delmas,Bréard,Caiii- 
bon ,  Danton  ,  Jean  Debry,  GuyUm- 
Morveaux,  Treilhard,  Lacroix  d^Eure- 
et-Loir.  Jean  Debry  ayant  donné  sa 
démission  le  lendemain,  le  comité  Hit 
réduit  à  huit  membres;  mais  on  ne 
tarda   pas  à  lui  adjoiùdre  R(ri)ert* 


coin 


FRANCE. 


COM 


355 


Lîndet.  Pas  un  girondin  ne  fut  choisi; 
mais,  pour  neutraliser  l'influence 
des  montagnards,  on  leur  adjoignit 
plusieurs  membres  de  ^  la  Plaine. 
La  Gironde  ne  cherchait  qu'à  lier 
les  bras  à  Danton,  et  réservait 
ses  forces  pour  la  fameuse  commis- 
sion des  Douze.  (  Voy.  cet  article.  ) 
Soutenu  par  Lacroix,  Robert-Lindet, 
et  quelques  autres ,  Danton  s'ap- 
puya sur  la  Commune,  dans  le  but  de 
renverser  les  girondins ,  qui  eurent  le 
tort  de  vouloir  jouer  au  plus  fin  -avec 
les  montagnards ,  au  lieu  d'entrer 
franchement  en  accommodement  avec 
eux.  La  révolution  du  31  mai  leur  ré- 
véla trop  tard  la  faute  qu'ils  avaient 
commise ,  et ,  de  leur  côté ,  les  mon- 
tagnards ne  surent  pas  se  défendre 
d'abuser  de  la  victoire. 

Quoi  ^u'il  en  soit ,  le  comité  de  sa- 
lut public,  institué  par  le  décret  du 
6  avril  1793,  et  conservé  intact  le  mois 
suivant,  ne  parcourut  pas  une  carrière 
fort  brillante.  Le  manque  d'homogé- 
néité ne  lui  ner mettait  pas  d'exercer 
une  grande  influence,  dans  un  moment 
où  la  division  était  dans  l'assemblée 
qui  lui  avait  délégué  ses  pouvoirs,  dans 
un  moment  surtout  oij  la  puissance  de 
la  Commune  prenait  un  développement 
excessif.  A  cette  époque ,.  et  quelque 
temps  encore  après,  ce  n'est  pas  de 
la  Convention  que  vient  l'impulsion , 
c'est  du  peuple ,  qui  est  impatient  de 
prouver  sa  souveraineté  et  de  tout 
conduire  lui-même.  Néanmoins,  le  co- 
mité du  6  avril  1793  continua  d'exister 
jusqu'au  10  de  juillet  de  la  même  an- 
née ;  au  mois  de  juin  cependant,  il  avait 
subi  une  modification  dans  son  per- 
sonnel par  la  nomination  de  Jean  Bon- 
Saint-André  et   Gasparin,  qui  rem- 
placèrent Robert-Lindet  et  Treilhard. 
L'homme  qui  joua  le  principal  rôle 
dans  ce  comité  fat  Danton ,  qui  avait 
pris  pour  sa  part  d'attributions  la 
conduite  des  affaires  extérieures,  et 
dont  la  puissance  s'était  assez  consi- 
dérablement accrue  pour  inspirer  des 
craintes  à  tous  ceux  qui  ne  voyaient 
la  république  que  dans  l'absence  d'un 
gouvernement  unitaire.  Le  fait  est  que 
Danton  ne  se  regardait  pas  comme 


très-éloîgné  du  moment  où  il  mettrait 
la  main  sur  le  pouvoir  suprême.  Cette 
ambition  non  moins  précoce  qu'impru- 
dente lui  suscita  des  ennemis  jusque 
sur  les  bancs  de  la  Montagne.  Vam- 
dueur  de  la  Gironde  depuis  le  31  mai, 
il  se  flatta  de  faire  prévaloir  son  sys- 
tème sur  celui  de  la  Montagne  et  de  la 
Commune,  avec  lesquelles  il  avait 
iusque-là  marché  d'accord.  Dans  ce 
out,  il  changea  tout  à  coup  ses  batte- 
ries :  après  s'être  servi  adroitement 
des  deux  premiers  comités  de  salut 
public  dont  il  avait  été  le  personnage 
mfluent,  il  sembla  vouloir  prendre  son 
point  d'appui  sur  le  comité  de  sûreté 
générale,  qui  lui  était  toujours  dé- 
voué, et  sur  le  conseil  des  minis- 
tres, lesquels,  pour  la  plupart,  étaient 
ou  ses  créatures  ou  ses  partisans.  Il 
crut,  en  outre,  se  donner  plus  de  li- 
berté d'action  en  affectant  de  se  retirer 
de  la  direction  des  affaires;  une  dé- 
mission volontaire  lui  parut  le  meilleur 
moyen  d'occuper  une  position  supé- 
rieure ,  tout  en  gardant  les  apparences 
du  désintéressement  et  de  la  modéra- 
tion. Mais  ses  prévisions  le  trompèrent  ; 
en  cherchant  trop  à  s'effacer,  il  se  mit 
plus  que  jamais  en  évidence,  et  devint 
le  point  de  mire  de  toutes  les  attaques. 
De  leur  côté,  les  montagnards  aési« 
raient  le  renouvellement  du  comité  de 
salut  public,  où  les  modérés  se  trou- 
vaient en  trop  grand  nombre,  et  qu'ils 
accusaient  d'avoir  agi  avec  mollesse 
dans  les  derniers  événements.  Le  10 
juillet,  dans  la  séance  du  soir  de  la 
Convention ,  Danton  proposa  lui-même 
la  dissolution  de  ce  comité,  et  il  profita 
de  la  circonstance  pour  prier  l'Assem- 
blée de  recevoir  sa  démission,  parce 
qu'il  se  sentait  peu  propre  à  ce  genre 
de  travail.  Mais  il  ajouta  quelques 
paroles  bien  imprudentes  :  «  Formez 
sans  moi  un  autre  comité  plus  fort 
et  plus  nombreux,  dit-il;  j*en  serai 
V  éperon  au  lieu  d'en  être  l'agent  y  et  je 
ferai  plus  de  bien.  » 

Seconde  période.  C'est  donc  au 
10  juillet  1793  que  remonte  la  forma- 
tion du  grand  comité  de  salut  public, 
âui  apporta  à  la  révolution  cette  force 
'unité  qu'elle  avait  jusqa^aîors  inuti-* 

23. 


3se 


GOH 


L'UNIVERS. 


t09È 


lement  poursuivie.  Mais  son  personnel, 
d'abord  de  neuf  membres,  puis  ensuite 
filé  à  ciouze,  ne  se  recruta  qu'avec 
peine,  et  ne  fut  entièrement  complet 
que  vers  le  commencement  du  mois  de 
septembre.  Les  neuf  membres  nommés 
le  11  juillet  furent  Barrère,  Gasparin^ 
Coutnon,  Thuriot,  Saint- Just,  Prieur 
de  la  Marne,  Hérauit-Séchelles,  Ro- 
bert-Lindet  et  Jean  Bon-Saint-André. 
Cette  administration ,  où  ne  fieraient 
que  des  montagnards,  ne  reunissait 
cependant  pas  encore  les  conditions 
nécessaires  pour  agir  avec  ensemble  ; 
elle  présentait  un  mélange  de  danto- 
nistes  et  de  jacobins  assez  puissants 
pour  se  faire  contre-poids,  pas  assez 
pour  prendre  l'initiative  dans  un  sens 
ou  dans  un  autre.  Il  fiallait  une  épura- 
tion quelconque  qui  assurât  la  supé- 
riorité à  ceux-ci  ou  a  ceux-là.  La  retraite 
d'un  membre  démissionnaire  (Gaspa^ 
fin)  permit  à  Saint-Just  et  à  Coutnon 
de  proposer  Robespierre ,  qui  fut  admis 
à  l'unanimité,  et  qui  entra  dans  le 
nouveau  comité  le  27  juillet.  La  né- 
cessité d'imprimer  aux  affaires  de  la 
guerre  une  direction  vigoureuse  et 
éclairée  fit  rechercher  un  peu  plus 
tard  Carnet  et  Prieur  de  la  Cote-d'Or , 
dont  les  talents  militaires  allaient  être 
d'un  si  grand  secours;  ils  furent  nom- 
més tous  les  deux  ensemble,  le  14  août* 
Enfin,  le  6  septembre,  Billaud-Ya- 
rennes  et  Collot-d'Herbois ,  à  la  grande 
satisfaction  des  ultrarévolutionnaires , 
qui  commençaient  à  se  plaindre  de  la 
modération  au  nouveau  comité,  vin- 
rent lui  apporter  son  dernier  appoint. 
Désormais ,  sauf  l'élimination  de  Tku' 
riot,  qui  ne  sortit  qu'à  la  fin  de  sep- 
tembre, il  fût  assis  sur  des  bases  so- 
lides et  invariables ,  du  moins  pour  neuf 
mois.  Les  deux  derniers  choix,  faits 
dans  la  séance  du  6  septembre,  ache- 
vèrent de  ruiner  le  parti  de  Danton 
dans  le  comité.  Vainement  la  Conven- 
tion lui  offrit  d'y  prendre  rang;  il  per- 
sista dans  son  refus;  faute  impardon- 
nable au  moment  où  Billaud-Yarennes, 
son  ennemi  personnel ,  allait  trouver 
tant  d'occasions  pour  se  venger.  Il  est 
à  présumer  que  Danton  ne  croyait  pas 
plusd'aVenir  au  comité  du  mois  de  juillet 


3u'à  ceux  du  mois  de  mars  et  du  mois 
'avril.  S'il  n*avait  pas  eu  l'espérance 
de  le  dominer  et  de  le  plier  à  ses 
désirs,  aurait -il,  dans  cette  même 
séance  du  6  septembre,  où  il  eut 
l'imprudence  de  se  récuser,  propoté 
d'ériger  ce  comité  en  gouvememe/U 
provisoire!  Il  le  fit  parce  qu'il  ne 
voyait  en  lui  qu'un  marchepied.  D'ail- 
leurs, il  s'y  croyait  suffisamment  re- 
présenté par  xKuriot  et  Hérauit-Sé- 
chelles; mais  ce  dernier  ne  tarda  pas 
à  être  victime  de  sa  fausse  position  et 
de  sa  conduite  plus  qu'équivoque.  Dan- 
ton et  lui  approchaient  de  leur  ruine. 
Nous  n'avons  rien  dit  de  Granet, 
élu  en  même  temps  que  Billaud-Ya- 
rennes et  CoIiot-d'Herbois ,  mais  qui 
donna  sa  démission,  ce  qui,  après 
la  retraite  de  Thuriot,  laissa  à  douze 
le  nombre  des  membres  restants. 

Tel  était,  au  mois  de  septembre 
de  Tannée  1793,  le  duodé^mvirat 
auquel  était  réservée  la  gloire  de 
sativer  la  révolution.  Il  acceptait  la 
direction  des  affaires  dans  un  mo- 
ment de  crise,  où  le  plus  grand 
nombre  commençait  à  désespérer  du 
succès.  La.  moitié  dé  la  France  en  ré- 
bellion; l'Europe  entière  en  armes, 
maîtresse  de  nos  places  fortes  et  ayant 
déjà  pénétré  au  cœur  de  la  France,  à 
quelques  lieues  de  Paris  ;  une  armée 
dénuée  de  tout,  démoralisée  et  aban- 
donnée par  ses  généraux;  notre  marine 
livrée  aux  Anglais  avec  l'arsenal  de 
Toulon  ;  Dunkerque  à  la  veille  de  subir 
le  même  sort;  le  pays  ruiné,  affamé; 
les  parents  et  les  amis  des  émigrés 
favorisant  à  Tintérieur  les  entreprises 
du  dehors  et  prêtant  main-forte  aux 
girondins  révoltés;  la  Yendée  en  feu; 
tel  était  l'état  des  affaires  lorsque  douze 
hommes  énergiques  et  dévoués  accep- 
tèrent le  fardeau  du  gouvernemaat. 
Encore  n'avons-nous  pas  parlé  des  en- 
traves que  leur  suscitaient  la  jalousie 
ombrageuse  de  la  Convention ,  voyant 

f)artout  le  fantôme  de  la  dictature; 
'exagération  et  l'indiscipline    de   la 
Commune  toute-puissante  et  aveuglée 

f)ar  les  intrigues  des  agents  de  la  coa- 
ition;  le  mauvais  vouloir  des  danto- 
nistes,  qui  ne  gênaient  pas  moins  sa 


COM 


FRANCE. 


COM 


35r 


marche  que  les  orgies  des  hébertistes; 
enfin,  dans  le  sein  même  du  comité, 
des  germes  de  division,  qui,  sans  des 
efforts  de  patriotisme  et  d'abnégation 
qu'on  ne  saurait  assez  louer,  auraient 
tout  perdu.  Quelques  mois  plus  tard, 
la  révolte  des  girondins  et  des  royalistes 
était  vaincue,  la  Commune  réprimée, 
les  dantonistes  et  les  hébertistes  ré- 
duits à  l'obéissance ,  les  armées  étran- 
gères battues  et  en  retraite.  Un  peu 
plus  d'une  année  après,  l'histoire  avait 
a  enregistrer  vingt-sept  victoires, dont 
huit  en  bataille  rangée ,  cent  vingt  com- 
bats ,  quatre-vingt  mille  ennemis  tués, 
quatre-vingt-onze  mille  faits  prison- 
niers, cent  seize  places  fortes  ou  villes 
importantes  conquises,  dont  seize  après 
siège  et  blocus ,  deux  cent  trente-sept 
forts  ou  redoutes  enlevés,  trois  mille 
bouches  à  feu,  soixante  et  dix  mille 
fiisils,dix-neuf  cents  milliers  de  poudre , 
quatre-vingt-dix  drapeaux  pris  à  l'en- 
nemi ;  plus  de  mille  captures  faites  sur 
le  commerce  anglais;  une  bataille  na- 
vale qui,  sans  avoir  été  suivie  du  triom- 
phe, avait  cependant  relevé  l'honneur 
de  notre  marme,  dont  le  matériel  et  le 
personnel  avaient  été  en  grande  partie 
renouvelés,  etc.,  etc.  Certes,  il  y  a  là 
de  quoi  effacer-  quelques  taches  et 
rendre  indulgent  pour  quelques  excès 
de  sévérité;  Ta  contre-révolution  a  pu 
seule  garjder  rancune  au  comité  de 
salut  public. 

]Ve  pouvant  donner  ici  le  détail  des 
opérations  de  ce  comité,  qui  expédiait 
environ  cinq  cents  affaires  par  jour, 
nous  nous  bornerons  à  dire  comment 
ses  différents  membres  s'étaient  dis- 
tribué entre  eux  le  travail.  —  Billaud- 
f^arennes  et  CoUot-d'Herbois  étaient 
spécialement  chargés  de  la  correspon- 
dance avec  les  départements. — Saint- 
Just  s^occupait  des  institutions  et  des 
lois  constitutionnelles.  —  Robespierre 
avait  pour  sa  part  l'étude  des  questions 
générales  et  la  direction  morale  de 
r esprit  public.  Il  se  montra  à  la  hau- 
teur de  cette  pénible  tâche  en  terras- 
sant le  monstre  de  l'athéisme;  et  cette 
victoire  sauva  la  révolution  à  l'inté- 
rieur, en  même  temps  que  les  succès 
de  nos  armes  la  sauvaient  à  la  fron- 


tière. —  Coutkoriy  presque  toujours 
malade,  n'eut  de  fonctions  bien  déter- 
minées que  vers  la  fin,  lorsque  le  co- 
mité eut  songé  à  former  un  bureau  de 
police  générale;  alors  il  reçut  en  par- 
tage,  avec  Robespierre  et  Saint- Just, 
la  responsabilité  de  ce  nouveau  dépar- 
tement. —  Les  relations  extérieures 
furent  un  moment  du  ressort  de  Hé' 
ratUt-SéchelleSy  qui ,  tout  jeune  encore, 
monta  sur  i'échafaud  le  même  jour  que 
Danton,  le  4  avril  1794  (14  germinal 
an  II) ,  sous  l'accusation  d'avoir  trompé 
la  confiance  du  comité  en  emportant 
chez  lui  des  pièces  diplomatiques  et 
en  les  communiquant  à  un  agent  de 
l'Autriche.  Hérault-Séchelles  avait  d'a- 
bord concouru  à  l'élaboration  des  ins« 
titutions  politiques;  c'est  lui  qui  pré- 
senta la  constitution  de  93 ,  laquelle  fut 
en  grande  partie  son  ouvrage  ;  la  nou- 
velle déclaration  des  droits  de  l'homme 
avait  été  rédigée  par  Saint-Just.  — 
Jean  Bon-Saint- André  avait  le  minis- 
tère de  la  marine;  il  se  rendit  à  Brest, 
et  y  resta  presque  toujours  pour  ac- 
tiver les  arnlements.  —  Robert-Lindet 
el  Prieur  de  la  Manie  devaient  veiller 
sur  les  approvisionnements  en  subsis- 
tances; mais  Prieur  ayant  été  cons- 
tamment en  mission,  ce  soin  reposa 
entièrement  sur  Lindet,  qui  s'en  ac- 
quitta avec  beaucoup  de  zèle.  —  La 
partie  matérielle  des  opérations  mili- 
taires avait  été  confiée  à  Prieur  de  la 
Côte-d'Or,  officier  du  génie  d'un  grand 
mérite.  —  Carnoty  également  officier 
du  génie,  était  à  la  tête  du  ministère 
de  la  guerre  ;  les  plans  de  campagne , 
la  nomination  du  personnel  et  la  direc- 
tion du  moral  de  l'armée  rentraient 
dans  ses  attributions.  C'était  lui  sur- 
tout qui  avait  pour  mission  d'organiser 
la  victoire;  il  y  parvint  en  travaillant 
quinze  heures  par  jour,  en  réalisant 
aes  combinaisons  stratégiques  d'une 

f>ortée  nouvelle,  en  prenant  lui-même 
e  fusil  dans  une  circonstance  décisive, 
en  remplaçant  les  officiers  nobles  qui 
avaient  abandonné  l'armée  par  une 
nouvelle  génération  d'officiers  plé- 
béiens, parmi  lesquels  il  sut  distinguer 
dès  son  début  le  jeune  artilleur  de 
Toulon,  qui  devait  bientôt  rivaliser 


z^ 


COH 


LUraVEHS. 


COM 


avec  les  plus  grands  capitaines  de  Tan- 
tiquité.  —  Barrère  faisait  ordinaire- 
ment les  rapports  à  la  Convention. 
Après  la  mort  de  Hérault-Séchelles ,  il 
eut,  en  outre ,  l'inspection  des  affaires 
extérieures,  dont  la  sphère  était  du 
reste  peu  étendue  dans  un  temps  de 
guerre  générale.  L'absence  de  Jean 
Bon-Saint-André  rejeta  encore  sur  lui 
une  partie  du  poids  de  l'organisation 
maritime.  Enfin,  il  avait  dans  sa  dé^ 
pendance  le  domaine  de  l'instruction 
publique  et  des  beaux-arts,  directement 
confié  à  deux  commissions  composées 
d'hommes  compétents;  mais  sa  véri- 
table fonction  était  celle  de  rapporteur 
du  comité,  et  ne  fût-ce  que  pour  an- 
noncer des  victoires ,  elle  ne  lui  laissait 
guère  de  loisir. 

Les  hautes  questions  d'État  se  trai- 
taient dans  des  réunions  générales  où 
la  majorité  seule  faisait  loi.  Ceci  expli- 
que comment  on  trouve  assez  souvent 
la  signature  de  tels  ou  tels  membres 
apposée  au  bas  de  certaines  mesures 
contre  lesquelles  ils  avaient  voté.  Aux 
termes  de  l'article  3  du  décret  du  6 
avril  1793  ,  les  arrêtés  du  comité  de 
salut  public  devaient  être  signés  par  la 
majorité  de  ses  membres  délibérants , 
dont  le  nombre  ne  pouvait  pas  rester 
au-dessous  des  deux  tiers  ;  ce  qui  né- 
cessitait cinq  signatures  pour  le  moins. 
Mais  la  multitude  des  affaire^  cou- 
rantes s'opposa  à  l'accomplissement 
de  cette  formalité  :  les  membres  du 
comité  regardèrent  trois  signatures 
comme  suffisantes ,  et  là  plupart  du 

^  temps  ils  signèrent  de  confiance  les 
dispositions  prises  par  un  collègue 
dans  sa  spécialité;  il  y  eut  même,  mais 
en  fort  petit  nombre,  des  arrêtés  qui 

.  ne  furent  signés  que  d'un  seul  nom. 
Dans  les  derniers  temps  surtout ,  le 
comité  de  salut  public  appelait  quel- 
quefois à  ses  grandes  reunions  les 
membres  ducomité  de  sûreté  générale, 
guiprenaient  part  à  la  délibération. 

Cest  de  cette  manière  que  fonction- 
nait ,  tantôt  en  commun ,  tantôt  en 
bureaux  distincts ,  le  grand  comité  de 
salut  public.  Cependant ,  il  lui  man- 
quait quelque  chose  pour  être  un  gou- 
vernement plus  parfait il  n'avait 


pas  de  président.  En  lui  en  donnant 
un  ,  la  Convention  aurait  redouté  de 
sMmposer  un  maître ,  tandis  qu'elle  se 
croyait  garantie  contre  les  usurpations 
de  douze  hommes  absolument  égaux 
entre  eux  et  privés  de  cette  lî^Brté 
d'action  et  de  cette  rapidité  de  mouve- 
ment que  procure  seule  une  hiérarchie 
bien  ordonnée.  Cette  absence  d'un  gage 
puissant  d'unité  rendait  la  situation 
du  comité  d'autant  plus  précaire  qu'on 
exigeait  de  lui  des  efforts  de  puissance 
que  la  concentration  du  pouvoir  avait 
seule  produits  jusque-là.  L'indépen- 
dance respective  de  ses  différents 
membres  avait  des  inconvénients  im- 
parfaitement compensés  par  les  pré- 
cieux avantages  de  la  division  du  tra- 
vail. Il  était  à  craindre  que  chacun 
n'affectât  une  espèce  de  souveraineté 
dans  les  matières  de  sa  compétence,  et, 
de  plus ,  ceux  qui  étaient  diargés  des 
travaux  les  plus  épineux  encouraient 
une  responsabilité  plus  effrayante  que 
les  autres.  A  ce  pomt  de  vue  ,  Robes- 
pierre ,  Saint- Just  et  Couthon  se  trou- 
vaient les  plus  mai  partagés;  ils  avaient 
le  département  à  fa  fois  le  plus  diffi- 
cile et  le  plus  délicat  :  le  plus  difficile, 
lyuisqu'ils  avaient  à  traiter  les  ques- 
tions générales  ;  le  plus  délicat ,  puis- 
qu'ils devaient  exercer  un  contrôle  sur 
la  conduite  des  individus.  Il  â  fallu  des 
prodiges  de  patriotisme  et  d'activité 
pour  que  ces  douze  hommes  se  soient 
entendus  assez  longtemps  pour  tirer 
la  France  du  danger  où  l'avaient  mise  les 
attaques  simultanées  de  la  coaiitioa  et 
de  l'anarchie.  Par  une  force  de  vo- 
lonté sans  pareille ,  ils  ménagèrent  en- 
tre eux  cette  union  dont  les  éléments 
leur  avaient  été  refusés  ;  et  elle  leur 
donna  le  moyen  de  dominer  la  Con- 
vention elle-même,  malgré  tout  et 
gu'elle  avait  fait  pour  les  retenir  to«- 
jours  en  tutelle. 

Mais  ce  ne  fut  pas  d'un  {H*eniier  bond 
qu^ils  atteignirent  le  fout  marqué  ;  ils 
n'y  arrivèrent  qu'après  bien  aes  hm- 
nagements  et  en  tirant  parti  des  cv- 
constances.  On  a  vu  ce  qu'était  leur 
pouvoir  à  son  point  de  départ  :  un  Gioi- 
ple  droit  de  surveillance  sur  le  conseil 
des  ministres,  et  la  feculté de  prendre 


CPU 


FRANCE. 


ÇQM 


359 


dtes  maures  de  salut  public  dans  les 
cas  urgents ,  mais  sous  la  réserve  du 
contrôle  permanent  de  la  Convention , 
où  les  fluctuations  de  la  majorité  n'é- 
taient pas  de  nature  à  entretenir  un 
esprit  de  suite  dans  le  système  d'opé- 
rations. Aussi  bien  que  le  précédent , 
le  nouveau  comité  était  sous  le  coup 
du  décret  du  6  avril  ;  la  Convention 
persistait  toujours  à  désirer  un  pou- 
voir capable  dfe  sauver  la  république, 
mais  hors  d'état  de  devenir  un  gou- 
vernement durable.  Le  comité,  au 
contraire,  qui  ne  pouvait  rien  faire 
d'utile  sans  unité ,  tendait  à  absorber 
en  lui  toute  la  puissance  executive;  de 
là  une  lutte  d  abord  déguisée ,  et  en- 
suite ouverte ,  où  le  comité  garda  l'a- 
vantage tant  gue  le  danger  fut  immi- 
nent, mais  ou  il  succomba  lorsque  la 
Convention  n'eut  plus  à  trembler  pour 
l'existence  même  du  pays. 

A  peine  installé  d'une  manière  défi- 
nitive, le  nouveau  comité  eut  à  soute- 
nir un  choc  violent.  Dans  la  séance 
de  la  Convention  du  25  septembre,  il  fut 
attaqué  simultanément  par  les  héber- 
tistes  et  par  les  dantonistes.  Les  revers 
qui  avaient  suivi  la  victoire  de  Hond- 
£cboote  servaient  de  prétexte  aux  mé- 
contents ,  et  des  divisions  avaient  été 
fomentées  dans  le  sein  même  du  comité; 
ilu  moins  Thuriot  s'était-il  déclaré  de- 
puis quelque  temps  en  désaccord  avec 
ses  collègues  ;  mésintelligence  qui  mo- 
tiva sa  démission.Les  agresseurs  obtin- 
rent d'abord  un  premier  avantage: 
£ri€^y  qui  avait  attaqué  le  plus  vivement 
le  comité ,  fut  élu  pour  en  faire  partie. 
Mais  bientôt  la  fortune  tourna  contre 
eux,  lorsque  le  comité  eut  fait  entendre 
sa  défense.  Billaud-Varennes,  Barrère, 
Prieur  de  la  Côle-d'Or,  Robespierre 
et  Jean  Bon-Saint-André,  seuls  mem- 
bres présents ,  prirent  successivement 
la  parole  et  ramenèrent  la  Convention 
à  des  sentiments  meilleurs.  Robespierre 
surtout  monta  plusieurs  fois  à  la  tri- 
bune et  y  obtint  un  de  ses  plus  beaux 
«uccès  d'éloquence  ;  sa  dernière  impro- 
visation, encore  plus  applaudie  que  les 
autres,  remua  profondément  l'assem- 
blée, qui  se  leva  tout  entière  et  déclara 
que  le  çomUé  avait  toute  sa  confiance. 


Briez  fit  amende  honorable;  son  élec- 
tion fut  rapportée  ;  on  décida  de  plus 
que  le  comité  garderait  les  50  millions 
mis  à  sa  disposition ,  et  dont  il  avait 

Eroposé  de  se  dessaisir.  Au  lieu  d'é- 
ranler  sa  puissance,  cette  attaque  lui 
fit  faire  un  pas  de  plus  vers  la  dicta- 
ture (*).  Quelques  jours  plus  tard, 
le  19  vendémiaire  (10  octobre),  sur 
un  rapport  de  Saint- Just ,  la  Conven- 
tion rendit  le  décret  suivant ,  qui 
ruina  les  espérances  de  ceux  qui  es- 
péraient encore  renverser  le  nouveau 
gouvernement  :  «  Art.  l*'.  Le  gouver- 
nement provisoire  de  la  France  sera 
révolutionnaire  jusqu'à  la  paix.  — 
Art.  2.  Le  conseil  exécutif  provisoire, 
les  ministres ,  les  généraux ,  les  corps 
constitués,  sont  placés  sous  la  surveil- 
lance du  comité  de  salut  public ,  qui 
en  rendra  compte  tous  les  huit  jours  à 
la  Convention.  —  Art.  3.  Toute  me- 
sure de  sûreté  doit  être  prise  par  le 
conseil  exécutif  provisoire ,  sous  l'au- 
torisation du  comité,  qui  en  rendra 
compte  à  la  Convention.— Art.  5.  Les 
généraux  en  chef  seront  nommés  par 
fa  Convention  nationale,  sur  la  présen- 
tation du  comité  de  sailut  public.  — 
Art.  12.  La  direction  et  l'emploi  de 
l'armée  révolutionnaire  (**)  seront  in- 
cessamment réglés  de  manière  à  com- 
primer les  contre-révolutionnaires.  Le 

(*)  Le  même  jour ,  il  fat  décrété  c|ue 
le  comité  de  salut  public  de  la  Convention 
nationale  porterait  seul  cette  dénomination, 
et  que  les  autres  comités  de  ce  nom ,  éta- 
blis dans  les  diverses  sections  ou  départe- 
ments de  la  république,  seraient  aopelés 
comités  de  surveillance.  En  outre,  depuis 
le  i3  septembre»  les  comités  de  la  Conven- 
tion eux-mêmes  n'étaient  plus  nommés  que 
sur  la  présentation  du  comité  de  salut  pu^ 
blic. 

(«*)Dè8  le  5  septembre,  sur  le  rapport 
du  comité  de  sâlut  public ,  la  convention 
avait  décrété  qu'il  y  aurait  à  Paris  une  force 
armée  soldée  par  le  trésor  public,  composée 
de  6  mille  hommes  et  de  i  a 'cents  canon- 
niers,  destinée  à  comprimer  les  contre- 
révolutionnaires  ,  à  exécuter  les  lois  révolu- 
tionnaires et  les  mesures  de  salut  public 
qui  seraient  ordonnées  par  la  Convention 
nationale  et  à  prot^er  les  subsistance^. 


360 


GOM 


L'UNIVERS. 


GOM 


comité  de  salut  public  en  présentera  le 
plan.  »  L'adoption  de  ce  décret  don- 
nait une  grande  extension  aux  attri- 
butions du  comité  ;  les  ministres  s'ef- 
façaient de  ))Ius  en  plus  devant  lui ,  et 
il  commençait  à  prendre  la  haute  main 
sur  les  généraux.  Dans  ses  considéra- 
tions préliminaires,  Saint-Just  avait 
attribué  tout  le  mal  au  pouvoir  exé- 
cutif et  à  l'administration.  Sur  trente 
mille  employés  ,  avait-il  dit ,  il  en  est 
peut-être  fort  peu  à  qui  le  peuple  don- 
nerait sa  voix.  Il  s'était  plaint  aussi 
du  généralat ,  dont  quelques  membres 
subissaient  l'influence  des  dantonistes, 
quelques  autres  celle  des  hébertistes  ; 
du  reste,  cette  seule  déclaration ,  que 
le  gouvernement  serait  révolutionnaire 
jusqu'à  la  paix ,  fournissait  au  comité 
les  moyens  de  triompher  de  tous  les 
obstacles  et  de  remplir  sa  tâche. 

Mais  l'organisation  du  gouverne- 
ment révolutionnaire  fut  encore  mieux 
déterminée  le  14  frimaire  an  ii  (4  dé- 
cembre 1793) ,  sur  la  proposition  de 
Billaud-Varennes.  La  citation  de  quel- 
ques articles  de  cette  loi  du  14  frimaire 
suffira  pour  montrer  tout  le  méca- 
nisme du  gouvernement  d'alors ,  au- 
quel participaient  la  Convention ,  le 
comité  de  salut  public,  et  le  comité  de 
sûreté  générale. 

«  Section  IL  Exécution  des  lois, 

«Art.  l""*. La  Convention  nationale 
est  le  centre  unique  de  l'impulsion  du 
gouvernement. 

«  2.  Tous  les  corps  constitués  et 
les  fonctionnaires  publics  sont  mis 
sous  l'inspection  immédiate  du  co- 
mité de  salut  public,  conformément 
au  décret  du  19  vendémiaire.  Pour 
tout  ce  qui  est  relatif  aux  personnes 
et  à  la  poUce  intérieure,  cette  ins- 
pection particulière  appartient  au 
comité  de  sûreté  générale  de  la  Con- 
vention, conformément  au  décret  du 
1 7  septembre  dernier.  Ces  deux  comi- 
tés sont  tg;ius  de  rendre  compte ,  à  la 
fin  de  chaque  mois,  des  résultats  de 
leurs  travaux  à  la  Convention  natio- 
nale. Chaque  membre  de  ces  deux 
comités  est  personnellement  respon- 
sable de  l'accomplissement  de  cette 
obligation.  » 


La  Convention,  au  premier  rans  ;  le 
comité  de  salut  public  ,  au  second;  le 
comité  de  sûreté  générale ,  au  troi- 
sième ;  telle  était  la  composition  du 
gouvernement  révolutionnaire ,  tri- 
nité  terrible  qui  étonna  le  monde  par 
des  prodiges  d'énergie.  Mais  il  s'en 
fallait  beaucoup  que  le  jeu  de  ces  trois 
principaux  ressorts  fût  combiné  dans 
un  but  d'unité.  La  Convention,  arbitré 
suprême ,  avait  opposé  l'un  à  Tautre 
plutôt  qu'associé  ensemble  le  comité 
de  salut  public  et  le  comité  de  sûreté 
générale.  Comprenant  enfin  que  le 
comité  de  salut  public  avait  besoin 
d'une  force  dictatoriale  pour  vaincre 
l'étranger,  elle  prenait  son  parti  de 
cette  dure  nécessité,  mais  à  reg^t,  et 
en  rappelant  au  nouveau  pouvoir  qu*il 
resterait  toujours  placé  sous  la  sur- 
veillance du  comité  de  sûreté  géné- 
rale, exclusivement  chargé  de  la  po- 
lice  intérieure  et  de  tout  ce  qui  con- 
cernait les  personnes ,  conformément 
au  décret  du  17  septembre,  qui  n'était 
autre  chose  que  la  fameuse  loi  des 
suspects.  Non  contente  du  droit  de 
censure  qu'elle  s'était  réservé  à  elle- 
même,  la  Convention  s'efforçait  de 
créer  une  seconde  censure  plus  directe 
et  plus  active,  une  censure  de  tous  les 
jours,  de  tous  les  instants,  et  toujours 
prête  à  frapper  celui  des  douze  dicta- 
teurs qui  voudrait  non-seulement  sa- 
tisfaire son  ambition  personnelle,  mais 
encore  agrandir  les  limites  du  cadre 
dans  lequel  avait  été  renfermé  le  goo- 
vernement.  Par  ses  attributions,  par 
son  ancienneté ,  le  comité  de  sâreté 
générale  était  éminemment  propre  à 
cette  fonction  ;  aussi  la  Convention  se 
plaisait-elle  à  augmenter  ses  pouvoirs 
avec  autant  de  persistance  qu'elle 
marchandait  ceux  du  comité  de  saint 
public.  Il  est  encore  à  remarquer 
qu'elle  ferma  toujours  les  veux  sur  lei 
excès  de  l'un,  tandis  qu'elle  punit  avec 
une  grande  sévérité  les  contraventions 
de  l'autre;  et  cependant  les  abus  d'au- 
torité qui  eurent  lieu  dans  le  cooaité 
de  salut  public,  ne  sauraient  être  oom- 
parésàceux  que  se  permit  le  comité  de 
sûreté  générale ,  qui  renfermait  dans 
son  sein  des  hommes  d'une  cruauté 


€OM 


FRANCE. 


COM 


361 


et  d*une  immoralité  dont  rien  n'appro- 
che. Mais  ce  comité  était  considéré 
comme  un  instrument  qu'il  fallait  se 
ménager,  pour  s'en  servir  en  toute  li- 
berté quand  le  moment  serait  venu. 
Pour  tout  le  reste,  la  loi  du  14  frimaire 
était  plus  largement  co'hçue  que  celles 

3 ai  avaient  précédé.  Par  l'article  1*' 
e  la  section  III,  relative  à  la  compé- 
tence des  autorités  constituées ,  le  co- 
mité de  salut  public  était  particulière- 
ment chargé  aes  opérations  majeures 
en  diplomatie^  et  il  pouvait  traiter  di- 
rectement ce  qui  dépendait  de  ces  mê- 
mes opérations.  L'article  5  introdui- 
sait un  changement  notable  qui  offrait 
au  gouvernement  le  moyen  de  mettre 
un  terme  à  l'anarchie.  Il  y  était  dit  : 
«  Tout  ce  qui  est  relatif  aux  lois  ré- 
volutionnaires et  aux  mesures  du  gou- 
vernement et  de  salut  public  n'est  plus 
du  ressort  des  administrations  de  dé- 
partement.» £n  conséquence,  1^  hié- 
rarchie qui  plaçait  les  districts ,  les 
municipalités,  ou  toute  autre  autorité 
sous  la  dépendance  des  départements, 
est  supprimée  pour  ce  qui  concerne  les 
lois  révolutionnaires  et  militaires ,  et 
les  mesures  de  gouvernement,  de  sa- 
lut public  et  de  sûreté  générale.  En- 
fin l'article  1*'  de  la  section  IV,  con- 
cernant la  réorganisation  des  autorités 
constituées,  autorisait  le  comité  de 
salut  public  à  prendre  toutes  les  me- 
sures nécessaires  pour  procéder  au 
changement  d'organisation  des  auto- 
rités constituées.  Certes,  il  y  avait 
loin  de  là  à  la  première  ébauche  de 
pouvoir  exécutif,  conçue  le  26  mars, 
et  à  ce  comité  du  6  avril  qui  s'était 
trouvé  sans  force ,  en  présence  de  la 
Convention  et  de  la  Commune ,  d éve- 
nte encore  plus  puissante  après  la 
révolution  du  31  mai.  Touteiois ,  le 
gouvernement  restait  toujours  placé 
dans  une  position  embarrassante  vis- 
à-vis  du  conseil  des  ministres  et  du 
comité  de  sûreté  générale ,  quoiqu'il 
eût  besoin  de  toute  sa  force  pour  se 
défendre  contre  les  dantonistes  et  la 
Commune ,  qui  continuaient  leurs  at- 
taques. 

Dans  la  séance  du  18  nivôse  an  ii 
(7  janvier  1794),  Danton  parvint  à  di- 


minuer les  ressources  financières  du 
comité.  Sur  sa  proposition  et  sur  celle 
de  Bourdon  de  l'Oise,  la  Convention 
décréta  en  principe  qu'à  l'avenir  aucun 
ministre  ne  pourrait  puiser  dans  le 
trésor  public  qu'en  vertu  dun  décret 
rendu  sur  le.  rapport  du  comité  de  sa- 
lut public.  Elle  chargea  le  comité  de 
salut  public  de  veiller  à  ce  que  l'acti- 
vité des  forces  nationales  n'éprouvât 
aucun  ralentissement;  elle  le  chargea 
en  outre  de  présenter  un  rapport  sur 
le  mode  de  versement  à  laire  pour 
toutes  les  dépenses  nationales  et  sur 
l'organisation  d'urgence  du  gouverne- 
ment provisoire.  Ce  décret  avait  évi- 
demment pour  but  de  changer  le  con- 
seil des  ministres,  qui  ne  travaillait 
plus  pour  Danton,  et  de  l'empêcher  de 
tirer  aucun  fonds  du  trésor  public 
sans  que  le  comité  de  salut  public  eût 
provoqué  une  discussion  sur  l'objet 
de  ces  fonds.  C'était  une  véritable 
victoire  remportée  par  les  dantonistes. 
Le  mois  suivant ,  les  hébertistes  re- 
commencèrent l'attaque ,  et  cette  fois, 
sans  l'énergie  de  Collot  et  de  Saint- 
Just,  c'en  était  fait  du  comité.  Billaud- 
Yarennes  était  absent,  ainsi  que  plu- 
sieurs autres  membres  ;  Robespierre 
et  Couthon  étaient  malades  au  lit; 
Carnot,  Robert-Lindet  et  Prieur  de  la 
Côte-d'Or  avaient  à  peine  le  temps  de 
suffire  £tux  besoins  du  service  mili- 
taire. La  section  Marat  et  les  corde- 
liers  profitèrent  de  ces  circonstances 
pour  tenter  une  insurrection,  à  la  léte 
de  laquelle  ils  voului*ent  mettre  Pache, 
qui  heureusement  ne  seconda  que 
mollement  leur&.  efforts.  Grâce  à  cette 
hésitatioli,  Saint-Just  et  Collot-d'Her- 
bois  purent  tenir  tête  à  l'orage.  Ce 
dernier  se  rendit  au  club  des  jacobins, 
où,  après  avoir  montré  tout  ce  qu'a- 
vait déjà  fait  le  comité  de  salut  public 
pour  sauver  la  patrie,  il  s'écria  :  «  Vaine 
espérance!  Billaud  et  Saint -André 
sont  absents;  nos  amis  Couthon  et 
Robespierre  sont  malades  ;  nous  res- 
tons donc  en  petit  nombre  pour  com- 
battre les  ennemis  du  bien  public  ;  il 
faut  que  vous  nous  souteniez  ou  que 
nous  nous  retirions  !  »  Mille  voix  l'in- 
terrompirent :  «  r^on  !  non!  ne  nous 


m 


CQM 


1,'OTIVEÏIS. 


COM 


quittez  pas  !  ne  vous  retirez  pas,  nous 
vous  soutiendrons!  »  Alors  Collot- 
d'Herbois  reprit  :  «  Fort  de  votre  as- 
sistance, le  comité  de  sàlut  public  ne 
cédera  pas  aux  intrigants  ;  il  prend  des 
mesures  fortes  et  rigoureuses,  et,  dût- 
il  périr,  il  ne  reculera  pas  devant  une 
tâche  glorieuse  !  »  La  société  des  Ja- 
cobins envoya  aussitôt  une  députation 
aux  cordeliers ,  qui  finirent  par  se 
rendre  à  la  raison ,  et  par  retirer  le 
voile  quMls  avaient  mis  sur  la  décla- 
ration des  droits  de  Thomme. 

Vainement ,  le  20  mars ,  les  danto- 
nistes  firent  un  dernier  effort  à  la 
Convention  pour  renverser  le  comité 
de  salut  public  et  le  comité  de  sûreté 
générale  ,  qu'il  entraînait  dans  sa 
sphère  ;  Couthon,  Moïse,  Bayle  et  Ro- 
j)espierre  les  repoussèrent  avec  avan- 
tage. Cette  double  victoire  ne  tarda 
pas  à  devenir  fatale  aux  hébertistes  et 
aux  dantonistes,  qui  portèrent  leur 
tête  sur  Téchafaud  ^  Hébert  et  ses 
principaux  partisans ,  le  24  mars  (4  ger- 
minal), et  Danton  et  les  siens,  le  14  du 
même  mois  (4  avril). 

Déjà  le  7  germinal  (27  mars),  le  co- 
mité avait  obtenu  le  licenciement  de 
l'armée  révolutionnaire,  toute  dévouée 
aux  hébertistes ,  et  qui  s'était  souillée 
par  d'horribles  excès.  Le  12  germinal 
(!*'  avril) ,  il  avait  fait  décréter  une 
réforme  encore  plus  importante.  Dans 
la  séance  de  ce  jour ,  l'Assemblée  na- 
tionale consentit ,  sur  la  demande  de 
Carnot ,  à  la  suppression  du  conseil 
des  ministres,  et  au  remplacement  des 
six  ministères  par  douze  commissions 
administratives  rattachées  au  comité 
de  salut  public ,  sous  l'autorité  de  la 
Convention.  Le  droit  de  préhension 
&t  attribué  exclusivement  ,  sous  la 
surveillance  du  comité  de  salut  public, 
à  la  conimission  chargée  du  commerce 
et  des  approvisionnements.  L'article 
20  du  décret  portait  :  «  Les  membres 
des  commissions  et  leurs  adjoints  se- 
ront nommés  par  la  Convention  natio- 
nale, sur  la  présentation  du  comité  de 
salut  public.  Ces  commissions  organi- 
jseront  sans  délai  leurs  bureaux ,  sous 
l'approbation  du  comité  de  salut  pu- 
blic Les  nominations  des  employés 


lui  seront  également  soumises ,  et  de- 
vront être  confirmées  par  lui.  »  Le  dis- 
cours remarquable  que  prononça  alors 
Carnot  renferme  un  tableau  complet 
des  différents  ressorts  du  gouverne- 
ment révolutionnaire.  L'enchaînement 
des  pouvoirs  y  est  exposé  avec  autant 
de  grandeur  que  de  clarté:  — première- 
ment ,  le  peuple ,  qui  cherche  la  ta- 
mière  et  la  direction  qu*il  doit  pren- 
dre ,  mais  c|ui ,  ne  pouvant  délibérer 
en  assemblée  générale ,  se  forme  en 
assemblées  d'arrondissement  pour  élire 
les  mandataires  qu'il  charge  de  le  re- 
présenter dans  une  assemblée  natio- 
nale ;  — deuxièmement,  la  Convention, 
conservatrice  des  droits  qui  assurent 
la  liberté  du  peuple ,  et  qui  ne  peut 
oublier  que  son  enceinte  ne  doit  ja- 
mais offrir  aux  nations  qu'un  grand 
spectacle  ;  que  quiconque  y  apporte 
des  discussions  étrangères  aux  intérêts 
du  peuple ,  quiconque  affaiblit  dans 
l'opinion  l'idée  de  tout  ce  que  la  puis- 
sance offre  de  plus  imposant,  de  tout 
ce  que  la .  vertu  offre  de  plus  géné- 
reux ,  de  tout  ce  que  les  mœurs  et 
le  courage  offrent  de  plus  propre  à 
élever,  à  intéresser  les  âmes,  mécon- 
naît la  sublimité  de  sa  mission,  avilit 
la  majesté  d'un  peuple  que  la  nature , 
la  liberté,  la  rage  impuissante  des  rois 
ligués  contre  lui ,  ses  maux ,  sa  eons- 
tance,  ses  sacrifices,  ont  rendu  le  pre- 
mier des  peuples  dont  il  soit  fait  men- 
tion dans  les  annales  de  l'univers;  — 
troisièmement,  le  comité  de  salut  pu- 
blic, émanation  directe,  partie  inté- 
grante et  amovible  de  la  Convention , 
chargé  de  tous  les  objets  d'une  im- 
portance secondaire  ou  qui  ne  peuvent 
être  discutés  en  assemblée  générale, 
et  placé  au  centre  de  Texécutioa  pour 
mettre  entre  les  divers  agents  de  i^ 
tion  immédiate,  qui  aboutissent  à  lui, 
la  concordance  nécessaire  à  leur  im- 
primer le  mouvement  qu'exige  le  pro- 
digieux ensemble  d'une  nation  de 
vingt-cinq  millions  d'hommes; — qua- 
trièmement, les  douze  commissions, 
qui,  rattachées  au  comité  de  salut  pu- 
blic, embrassent  tout  le  système  de 
l'exécution  des  lois;  —  avant  tout,  la 
raison  qui  plane  au-dessus  du  gou- 


€0111 


FRAHCB, 


COM 


3«3 


vernement,  au-dessus  de  la  Conven- 
tion, au-dessus  du  peuple  lui-mét^e. 
La  suppression  dû  conseil  des  mi- 
nistres ,  qui  n^avait  que  trop  souvent 
entravé  la  marche  des  affaires  par  ses 
hésitations  et  par  les  intrigues  aux- 
quelles il  servait  de  prétexte  ou  d'ins- 
trument ,  donnait  enGn  au  comité  de 
salut  public  une  plus  grande  liberté 
d'action.  A  partir  de  cette  époque,  en 
effet ,  "commença  l'apogée  de  sa  puis- 
sance. Il  avait  réprimé  l'insurrection 
des  Girondins,  il  avait  repris  Toulon 
et  Chassé  les  étrangers  du  cœur  de  la 
France ,  il  venait  de  dompter  les  hé- 
bertistes  et  les  dantonistes,  le  conseil 
des  ministres  était  supprimé,  le  co- 
mité de  sûreté  générale,  reflet  presque 
toujours  exact  des  sentiments  de  la 
majorité  de  la  Convention ,  subissait 
l'ascendant  du  nouveau  pouvoir.  Ce- 
pendant il  restait  encore  la  Commune, 
qui  continuait  à  faire  mauvais  usage 
de   l'influence   extraordinaire  qu'elle 
avait  acquise  après  la  révolution  du  31 
mai,  et  qui  donnait  au  peuple  l'exem- 
ple de  la  démagogie  et  de  l'irréligion. 
Soutenu  par  le  club  des  jacobins.9:  le 
comité  de  salut  public  parvint,  non 
sans  de  grands  efforts ,  à  la  faire  ren- 
trer dans  le  devoir,  et  à  déjouer  les 
intrigues  des  contre-révolutionnaires , 
parents  ou  amis  des  émigrés,  agents 
de  l'étranger  comme  eux ,  et  feignant 
un  républicanisme  effréné  pour  pous- 
ser la  révolution  aux  excès,  et  la  faire 
expirer  dans  les  convulsions  de  l'anar- 
chie. On  sait  quelle  part  Robespierre 
prit  à  cette  victoire,  et  avec  quel  cou- 
rage il  risqua  sa  popularité ,  dans  le 
but  d'arracher  la  France  aux  embras- 
sements  impurs  de  l'athéisme.  Le  20 
prairial  (9  juin),  à  la  suite  d'un  magni- 
nque   discours,  souvent  interrompu 
par  les  applaudissements ,  il  fit  décré- 
ter par  la  Convention  que  le  peuple 
français  avait  toujours  cru  à  l'exis- 
tence de  l*Être  suprême  et  à  l'immor- 
talité de  l'âme.  L'article  3  du  décret 
présenté  par  lui  allait  plus  loin;  il  re- 
produisait, dans  uii  stvie  révolution- 
naire, l'esprit  de  quelques-unes  des 
plus  belles  maximes  de  l'Évangile.  Il 
était  ainsi  conçu  :  «  Le  peuple  français 


met  au  premier  rang  de  ses  devoirs  de 
déserter  la  mauvaise  foi  et  la  tyran- 
nie, de  punir  les  tyrans  et  les  traîtres, 
de  secourir  les  malheureux ,  de  res- 
pecter les  faibles,  de  défendre  les  op- 
primés,  défaire  aux  autres  toutie 
bien  qu^onpeuty  et  de  n^être  injuste 
envers  personne,  »  La  réponse  de  Car- 
,  not  à  l'orateur  des  jacobins  est  égale- 
ment remplie  de  passages  de  la  plus 
grande  beauté. 

Ce  dernier  triomphe  remporté  sur  la 
Commune  et  sur  les  ultra-révolution- 
naires porta  à  son  comble  le  pouvoir 
du  comité  de  salut  public.  Alors  tout 
trembla  devant  lui;  plus  on  avait  voulu 
restreindre  ses  attributions,  plus  elles 
devinrent  étendues,  et  il  se  trouva  en 
possession  d'une  véritable  dictature. 
«...  Le  comité  de  salut  public  ,  dit 
M.  Mignet,  disposa  de  tout  sous  le  nom 
de  la  Convention  qui  lui  servait  d'ins- 
trument. C'était  lui  qui  nommait  et 
destituait  les  généraux,  les  ministres, 
les  commissaires  -  représentants  ,  les 
luges,  les  jurés.  Par  ses  commissaires, 
les  armées  et  les  généraux  étaient  v 
sous  sa  dépendance,  et  il  dirigeait 
d'une  manière  souveraine  les  départe- 
ments; par  la  loi  des  suspects  ,  il  dis- 
posait de  toutes  les  personnes  ;  par  le 
tribunal  révolutionnaire,  de  toutes  les 
existences;  par  les  réquisitions  et  le 
maximum,  de  toutes  les  fortunes; 
par  la  Convention  effrayée,  des  dé- 
crets d'arrestation  contre  ses  propres 
membres.  » 

Si  ces  hommes  étaient  restés  unis , 
rien  n'aurait  pu  rompre  un  pareil  fais- 
ceau ;  malheureusement  trop  de  causes 
tendaient  à  les  diviser ,  pour  que  la 
mésintelligence  ne  se  glissât  pas  parmi 
eux,  dès  que  l'existence  du  pays  aurait 
cessé  d'être  en  danger.  Par  sa  nature 
même ,  le  gouvernement  révolutioii- 
naire  était  une  exception  à  laquelle  il 
fallait  s'empresser  de  substituer  un 
gouvernement  régulier  pour  Fnettre 
un  terme  aux  moyens  terribles  qui 
seuls  avaient  permis  de  sauver  la  France. 
Mais  si  les  dictateurs  avaient  été  assez 
heureux  pour  tomber  d'accord  sur 
toutes  les  grandes  questions  de  salut 
public ,  il  n'était  guère  possible  qu'ils 


S64 


GOM 


L'UNIVERS. 


€0111 


s'entendissent  de  même  sur  la  manière 
de  concevoir  les  modifications  à  intro- 
duire dans  la  nouvelle  organisation 
gouvernementale. 
C'est  du  moins  ce  qui  arriva.  Quel- 

3ues  membres  du  comité  persistèrent 
ans  la  croyance  que  Tunité  politique 
pouvait  subsister  sans  un  chef  quel- 
conque chargé  de  la  représenter; 
quelques  autres  travaillèrent  à  l'éta- 
blissement d'une  pr^idence  dans  le 
genre  de  celle  des  États-Unis  d'Amé- 
rique ;  ceux-ci  se  montrèrent  partisans 
d'une  démocratie  excessive;  ceux-là 
inclinèrent.vers  une  réconciliation  en- 
tre le  peuple  et  la  bourgeoisie;  d'au- 
tres, prévoyant  les  malheurs  qui  al- 
laient arriver,  se  prononcèrent  pour 
le  maintien  du  statu  quo.  Le  desac- 
cord augmenta  insensiblement;  et, 
malgré  quelques  tentatives  de  rappro- 
chement, il  passa  à  l'état  d'hostilité; 
les  rivalités  vinrent  encore  enveni- 
mer la  querelle.  La  mort  de  Hérault- 
Séchelles,  et  l'absence  de  Saint-André 
et  de  Prieur  de  la  Marne ,  en  mission 
permanente,  réduisaient  à  neuf  le 
nombre  des  membres  présents  au;^  dé- 
libérations du  comité.  Une  chose  bien 
remarquable,  c'est  ^ue  ces  neuf  mem- 
bres se  classèrent  instinctivement  en 
trois  triumvirats  :  d'une  part ,  Robes- 
pierre, Couthon  et  Saint-Just  ;  d'une 
autre,  Biliaud-Varennes,  Collot-d'Her- 
bois  et  Barrère  ;  d'une  autre  encore , 
Garnot,  Prieur  de  la  Côte -d'Or  et 
Robert -Lindet.  Le  triumvirat  dont 
Robespierre  était  le  chef  ne  voyait 
de  remède  que  dans  une  réforme  qui 
donnerait  enfin  un  président  à  la  ré- 

Ïiublique.  Il  n'avait  provoqué  la  loi 
errible  du  22  prairial  que  dans  l'es- 
f>oir  d'intimider  et  de  punir  au  besoin 
es  grands  coupables  qui  profitaient 
de  leur  titre  de  conventionnels  pour 
conserver  l'impunité  et  éterniser  le 
régime  exceptionnel  dont  ils  profitaient 
avec  tant  de  scandale.  En  réalité,  il 
se  jproposait  d'abolir  la  terreur ,  aus- 
sitôt après  l'établissement  d'un  gou- 
vernement régulier  ;  ses  censeurs  les 
plus  sévères  ont  avoué  qu'il  avait  pré- 
paré un  projet  d'amnistie,  et  ce  ne  fut 
qu'après  le  9  thermidor  que  les  vain- 


Sueurs  purent  rejeter  sur  la  mémoire 
es  vaincus  la  responsabilité  de  toutes 
les  cruautés  commises.  Le  triumvirat 
soumis  a  l'influence  de  Biliaud-Varen- 
nes représentait  tous  les  sentiments  les 
plus  ultra-révolutionnaires  ;  dominé 
par  une  sombre  jalousie  contre  Ro- 
bespierre ,  qu'il  espérait  supplanter  , 
Billaud  -  Varennes    dominait    Gollot- 
d'Herbois ,  non  moins  terroriste  que 
lui,  et  il  avait  eu  l'art  de  s'attacher 
Barrère,  homme  plus  faible  que  cruel, 
mais  qu'un  vieux  levain  de  fédéralisme 
aveuglait  sur  les  idées  gouvernemen- 
tales de  Robespierre.  Le  triumvirat 
où  figurait  Carnot  redoutait  avant  tout 
une  rupture  ;  composé  d'hommes  mo- 
dérés en  politique,  et  exclusivement 
occupés  de  travaux  militaires ,  il  vou- 
lait que  le  comité  restât  uni ,  pour 
concentrer  toutes  ses  forces  contre 
l'étranger.  Biliaud-Varennes,  qui  spé- 
culait sur  la  désunion ,  s'efforça  de 
prouver  que  c'était  Robespierre  qui 
prenait  l'offensive.   Ses  collègues  le 
crurent  d'autant  plus  facilement,  que, 
depuis  plusieurs  semaines,  Maximilien 
avait  cessé  de  venir  au  comité.  Une 
autre  considération  les  rassura  sur  les 
sentiments  de  Biliaud-Varennes,  ce 
fut  sa  liaison  avec  Barrère  ,  qui ,  jus- 
que-là ,  ne  s'était  pas  fait  remarquer 
par  autant  d'exagération  que  son  ami; 
enfin ,  la  dureté  flegmatique  de  Saint- 
Just ,  qui  n'avait    rien  d'un  jeune 
homme  que  l'âge  ;  son  dogmatisme 
doctoral ,  sa  crudité  si  souvent  insul- 
tante, achevèrent  de  les  indisposer,  et 
ils  prirent  parti  contre  Robespierre, 
qui  avait  le  tort  d'être  absent.  L'exem- 
ple de  la  majorité  du  comité  de  salut 
public  entraîna  le  comité  de  sûreté  gé- 
nérale ,  où  Le  Bas  et  David  tenaient 
seuls  pour  Maximilien.  Le  comité  de 
sûreté  générale  ne  pouvait  pardonner 
à  Saint- Just ,  à  Couthon  et  à  Robes- 
pierre d'avoir  accepté  la  direction  du 
bureau  de  police*générale ,  qui  emnié- 
tait  sur  ses  attributions,  et  qui  tenaait 
à  le  réduire  à  la  nullité,  résultat  d*aa- 
tant  plus  désirable,  que  ce  comité 
avait   déshonoré    la  révolution    par 
d'norribles  excès.  Tout  ce  qu'il  res- 
tait de  <}antonistes  et  dliâiertistes 


COM 


FRANCE* 


COM 


S65 


à'  la  Convention  vint  grossir  ce 
premier  noyau  ;  et ,  pour  comble  de 
malheur ,  la  Plaine ,  qui ,  depuis  quel- 
que temps ,  appuvait  de  ses  votes  la 
politique^  modère  de  Robespierre , 
n'eut  pas  honte  de  le  trahir ,  et  de 
faire  cause  commune  avec  le»thermi- 
doriens  contre  Thomme  qui  avait  sauvé 
la  vie  aux  soixante-treize  membres  de 
la  Gironde  détenus  en  prison.  Devant 
une  telle  coalition,  Robespierre  devait 
succomber;  il  succomba,  en  effet,  le 
27  juillet  1794,  un  an,  jour  pour  iour, 
après  son  entrée  dans  le  comité  de  sa- 
lut public,  qui,  décimé  par  cet  évé- 
nement ,  ne  tarda  pas  à  être  entraîné 
dans  la  chute  des  triumvirs. 

Troisième  période.  Le  9  thermi- 
dor, la  Convention  prit  sa  revanche 
du  31  mai.  La  coalition  des  rois  était 
à  moitié  vaincue,  la  Commune  et  les 
factions  avaient  été  abattues ,  le  salut 
de  rtttat  ne  pouvait  plus  inspirer  de 
craintes  sérieuses  ;  on  se  crut  en  droit 
de  payer  d'ingratitude  les  anciens  ser- 
vices, et  de  se  délivrer  du  comité  qui 
avait  accompli  de  si  grandes  choses. 
Il  ne  suffisait  pas  d'avoir  envoyé  au 
supplice  Robespierre,  Saint -Just  et 
Couthon,  il  ne  suffisait  pas  d'avoiiw 
enveloppé  dans  leur  ruine  Robespierre 
jeune,  Le  Bas  et  une  centaine  de 
leurs  amis,  on  voulut,  sinon  se 
défaire  sur-le-champ  de  tous  les  an- 
ciens membres  du  comité  ,  du  moins 
paralyser  leur  influence  en  leur  adjoi- 
gnant des  thermidoriens  pour  collè- 
gues. La  mort  de  Hérault-Séchelles, 
celle  de  Robespierre,  de  Saint- Just  et 
de  Couthon  n'avaient  laissé  que  qua- 
tre places  vacantes  ;  pour  enlever  aux 
membres  survivants  tout  espoir  de  do- 
mination, on  regarda  Jean  Bon-Saint- 
André  et  Prieur  de  la  Marne  comme 
démissionnaires  pour  cause  d'absence, 
ce  qui  porta  à  six  le  nombre  des  mem- 
bres à  remplacer.  En  conséquence ,  le 
14  thermidor  (l**- août  1794),  Tallien, 
Eschassériâux  (  la  Vierge  ),  Bréard, 
Laloi ,  Treilhard  et  Thuriot  furent 
nommés  membres  du  comité  de  salut 
public.  Ainsi,  les  six  anciens  membres 
du  comité  se  trouvèrent  hors  d'état 
de  soutenir  la  lutte  contre  les  intrus 


qui,  peu  de  jours  après,  forcèrent  Bil- 
laud-Varennes  et  Collot-d'Herbois  d'a- 
bord, puis  ensuite  Barrère  à  donner 
leur  démission.  On  ne  conserva  que 
Carnot,  Prieur  de  la  Côte -d'Or  et 
Robert-Lindet,  parce  qu'on  ne  pouvait 
se  passer  de  leurs  talents  pour  achever 
de  vaincre  la  coalition.  Mais  ce  qui 
porta  surtout  un  coup  terrible  à  ia 
puissance  du  comité  de  salut  public, 
ce  qui  dénatura  complètement  l'es- 
prit de  l'institution ,  c'est  au'il  fut 
décidé  qu'à  l'avenir  ses  membres  se- 
raient renouvelés  par  quart  tous  les 
mois.  Pour  plus  cle  précautions  en- 
core, la  Convention  réorganisa  les 
comités  ,  les  rendit  tout  à  fait  indé- 
pendants les  uns  4cs  autres ,  et  les 
fit  surveiller  plus  activement  encore 
par  le  comité  de  sûreté  générale  ,  en- 
couragé dans  ses  fonctions  de  grande 
police.  Dès  lors,  il  n'y  eut  plus  de  co- 
mité de  gouvernement  ;  ce  fut  l'assem- 
blée qui  gouverna  ou  plutôt  qui  es- 
saya de  gouverner  elle-même  par  l'in- 
termédiaire de  ses  comités.  Les  héri- 
tiers du  grand  comité  de  salut  public 
n'eurent  plus  en  partage  que  les  affai- 
res diplomatiques  et  les  opérations 
militaires. 

Pour  se  faire  une  idée  des  senti- 
ments mesquins  de  défiance  ^ui  domi- 
naient la  majorité  de  la  Convention ,  il 
faut  lire  la  discussion  qui  eut  lieu, 
dans  son  sein ,  le  18  fructidor  (an  ii), 
au  sujet  de  la  nouvelle  organisation 
des  comités.  Poultier,>Rewbell,  et  Le- 
quiniô  surtout,  se  distinguèrent  dans 
cette  croisade  contre  tout  genre  de 
supériorité;  ils  allèrent  jusqu'à  nier 
que  jamais  homme  fût  plus  nécessaire 
qu'un  autre.  «  Citoyens,  s'écriait  Rew- 
bell ,  si  la  raison  seule  ne  pouvait  nous 
convaincre  qu'un  exemple  que  nous  a 
donné  une  ancienne  république  ne  soit 
pas  perdu  pour  nous,  Épaminondas 
avait  déjà  rendu  les  services  les  plus 
importants  à  sa  patrie.  £h  bien  !  dans 
un  renouvellement  de  magistrature, 
pour  prouver  qu'un  homme  n'est  ja- 
mais nécessaire  dans  une  république , 
il  fut  nommé  inspecteur  des  égoûts. 
Quoique  nous  n'ayons  pas  encore  beau- 
coup d'Épaminondas  parmi  nous,  n% 


366 


COM 


L*tJNIVERS. 


€0M 


soyons  pas  moioB  jaloux  que  les  Thé- 
bams  de  prouver  que  la  liberté  n'ad- 
met point  d'hommes  nécessaires.  Ainsi 
plus  d'hommes  nécessaires,  plus  de  do'^ 
minateurs  ;  vous  devez  vous  interdire 
la  faculté  de  perpétuer  le  pouvoir  dans 
les  mêmes  mains,  sans  quoi  vous 
n'avez  rien  fait  pour  la  liberté  publi- 
que. Je  propose  donc ,  au  lieu  de  la 
rédaction  du  projet  portant  que  les 
membres  sortants  des  comités  die  salut 
public  et  de  sûreté  générale  ne  seront 
rééligibles  dans  le  même  comité  qu'a« 
près  l'intervalle  d'un  mois,  de  décréter 
que  les  membres  de  l'un  des  deux  co- 
mités de  salut  public  et  de  sôreté  gé- 
nérale ne  pourront  être  élus  membres 
de  l'autre  comité  et  réélus  dans  le 
même  comité  qu'un  mois  après  leur 
sortie.  »  Cette  proposition  fut  adoptée 
au  milieu  des  plus  vifs  applaudisse- 
ments. Lequinio  alla  encore  plus  loin  ; 
«  Je  demande ,  dit-il ,  à  faire  un  amen- 
dement à  la  proposition  de  Rewbell. 
Je  propose  de  décréter  que  les  mem- 
bres des  comités  de  salut  public  et  de 
sûreté  générale,  sortant  par  quart 
tous  les  mois ,  ne  puissent  y  être  réé- 
ligibles qu'après  quatre  mois.  Sans 
cette  précaution ,  vous  courez  les  ris- 

2ues  de  voir  la  formation  de  chacun 
e  ces  deux  comités  rouler  sur  une 
vingtaine  de  représentants ,  qui  forme- 
ront une  sorte  de  comité  permanent, 
dont  les  membres  auront  alternative- 
ment un  congé  d'un  mois.  £t  vous  en 
voyez  tous  les  dangers  ;  nous  sommes 
tous  purs  ;  mais  lorsqu'il  s'agit  des  in- 
térêts du  peuple,  toutes  les  possibili- 
tés doivent  se  calculer.  Or,  quand  on 
connaît  le  cœur  humain ,  on  sait  com- 
bien facilement  on  s'accoutume  à  boire 
dans  la  coupe  de  l'ambition;  tel  est 
entré  pur  dans  la  carrière,  que  la 
jouissance  du  pouvoir  a  bientôt  per- 
verti. On  vous  dira  que  vous  ne  rééli- 
rez que  les  hommes  qui  en  seront 
dignes  ;  mais  je  vous  répéterai  ce  que 
vous  a  dit  Rewbell  :  il  ne  faut  pomt 
dans  la  répubiiqued'homme  nécessaire. 
Quant  au  secret ,  ou  vous  en  croyez 
tous  les  représentants  également  ca- 
pables, ou  bien  vous  devez  décréter  la 
permanence  des  premiers  élus.  Je  de- 


mande que  l'on  décrète  ma  proposi- 
tion. »  Il  faut  dire,  à  la  louange  de  ta 
Convention ,  Qu'elle  passa  à  l'olrdre  du 
jour;  mais  elle  approuva  les  consi- 
dérations sur  lesqufilles  Lequinio 
avait  a^uyé  sa  motion.  Le  décret  de 
réorganisation  des  comités  en  fixait  le 
nombre  à  seize ,  et  les  déclarait  indé- 
pendants les  uns  des  autres ,  pour 
mieux  les  retenir  sous  le  conirôle  de 
la  Convention.  Voici  le  titre  II  de  cette 
même  loi ,  pour  ce  qui  est  relatif  aux 
attributions  du  comité  de  salut  public: 

«  Article  1"'.  Le  comité  de  salut  pu- 
blic aura  sous  sa  surveillance  directe 
et  active  ; 

«  Les  relations  extérieures  ; 

«  L'organisation  et  la  levée  des  trou- 
pes de  terre  ; 

«  L'exercice  et  la  discipline  des  gens 
de  guerre  ; 

«  Les  plans  de  campagne,  mouve- 
ments et  opérations  militaires  ; 

a  La  levée  des  gens  de  mer  ; 

«  Les  classes  et  organisation  de  Tar- 
mée  navale; 

«  La  défense  des  colonies  ; 

«  La  direction  des  forces  et  expèdi- 
lions  maritimes,  et  la  construction 
aes  vaisseaux  et  agrès; 

«  Les  manufactures  de  toute  espèce 
d'armes;  les  fonderies,  les  bouches  à 
feu  et  machines  de  guerre,  les  poudres, 
les  salpêtres,  les  munitions  de  guerre, 
les  magasins  et  arsenaux  pour  la  guerre 
et  la  marine  ; 

«  Le  travail  des  ports,  la  défense  des 
côtes,  les  fortifications  et  les  travaux 
défensifs  de  la  frontière,  les  bâtiments 
militaires  ; 

«  Les  remontes,  charrois,  convois  et 
relais  militaires  ; 

«  Les  hôpitaux  militaires; 

«  L'importation,  la  circulation  inté- 
rieure, l'exportation  des  denrées  de 
toute  espèce  ; 

«  Les  magasins  nationaux  ; 

a  Les  subsistances  des  armées; 

«  Leurs  fournitures  en  effets  d'habil- 
lement, équipement,  casernement  et 
campement. 

«  Il  a  seul  le  droit  de  réquîsitioil 
sur  les  personnes  et  les  choses. 

«  Ilaledroitde fairearréter  les  fonc- 


G09I 


PÏIÂJÏCE. 


€OBt 


367 


tîounaires  publics  et  agents  civils  et 
militaires,  sur  lesquels  il  exerce  sa  sur* 
veillance. 

«  Il  peut  les  traduire  au  tribunal  ré- 
Tolutionnaire ,  en  se  concertant  atieç 
ie  tomité  de  sûreté  générale. 

n^  Article  â.  La  trésorerie  nationale 
Itii  ouvrira ,  pour  dépenses  secrètes  et 
extraordinaires,  un  crédit  de  dix  mi^ 
lions;  les  crédits  préeédemment  ou- 
verts et  non  employés  sont  supprimés.  » 

Cette  fois ,  rinstitution  était  rame- 
née aux  proportions  que  lui  avaient 
toujours  rêvées  les  représentants  de  la 
nation.  Ils  avaient  besoin  d'une  grande 
force  pour  achever  de  détruire  la  coa- 
lition; cette  force,  ils  la  trouvaient 
dans  leur  comité  de  salut  public ,  au- 
quel ils  ne  refusaient  aucun  genre  de 
ressource  pour  vaincre  ;  les  thermido- 
riens n'avaient  pas  oublié  l'argent. 
Mais^  autant  ils  désiraient  qu'il  fut  ir- 
résistible à  la  frontière ,  autant  ils  exi- 
geaient qu'il  demeurât  sans  puissance 
a  l'intérieur  ;  aussi ,  pour  prévenir  la 
résurrection  d'une  dictature  j  d'un 
triumvirat  ou  même  d'un  tribunal  ^ 
ils  s'empressèrent  de  décréter  que 
toutes  les  délibérations  du  nouveau 
comité  seraient  toujours  signées  de 
sept  membres  au  moins ,  présents  à  la 
délibération;  quant  aux  dangers  du 
fédéralisme  administratif,  personne 
ne  paraissait  s'en  préoccuper.  L'orga- 
nisation du  18  fructidoi:  avait  enfin  ré- 
solu le  problème;  on  avait  trouvé  ce 
que  le  seul  besoin  ^'improviser  la  fou- 
are  avait  fait  chercher  si  longtemps , 
mais  en  vain  :  une  immense  niachiite 
de  guerre ,  et  pas  de  gouvernement. 

Non  contents  encore  de  tous  ces 
succès,  les  thermidoriens  voulurent 
faire  le  procès  à  l'ancien  comité  dans  la 

Îersonne  de  plusieurs  de  ses  membres. 
>ès  le  1 1  fructidor,  un  mois  après  la 
chute  de  Robespierre,  Lecbintre  de 
Versailles  avait  dénoncé  Billaud-Va- 
rennes,  Collot-d'Herbois  et  Barrère, 
ainsi  que  Vadier,  Amar  et  Vouland, 
du  comité  de  sûreté  générale  ;  mais 
cette  accusation  avait  été  repous- 
sée par  l'immense  majorité  de  la  Con- 
ventiofi  et  déclarée  calomnieuse.  Ce- 
pendant, après  plusieurs  autres  tenta- 


tives inutiles,  la  réaction,  renforcée 
par  la  rentrée  des  soixante  -  treize 
girondins,  finit  par  arriver  à  son  but. 
Le  12  ventôse  an  m  (mars  1795),  la 
Convention  décréta  d'arrestation  Bil- 
laud-Varennes,  Collot-d'Herbois,  Bar- 
rère et  Vadier,  et  peu  de  jours  après 
l'insurrection  populaire  du  mois  dé 
prairial,  ils  furent  condamnés  à  la 
déportation.  L'un  des  principaux  chefs 
d'accusation  était  qu'-ils  avaient  réduit 
la  Convention  à  un  état  d'oppression  ; 
ce  ^ui  n'était  pas  tout  à  fait  inexact , 
mais  ce  qui  ne  faisait  honneur  ni  à 
l'aptitude  gouvernementale  de  la  re- 
présentation ni  à  son  courage.  Ce 
lameux  procès  eut  surtout  pour  con- 
séquence de  prouver  que  dans  le  comité, 
ce  n'était  pas  Kobes pierre  qui  avait 
constamment  poussé  aux  mesures  im- 
pitoj^ables,  et  que  pour  l'ambition, 
aussi  bien  que  pour  la  cruauté,  Bil- 
laud-Varennes  n'avait  point  eu  d'égal. 
A  partir  du  15  germinal  an  m 
(avril  1794),  le  nombre  des  membres 
du  comité  de  salut  public  fut  porté  à 
seize,  circonstance  qui  n'était  guère 

{)ropre  à  lui  rendre  l'homogénéité  et 
'influence  qu'il  avait  perdues.  Déjà 
depuis  le  15  ventôse  (mars)  de  la  même 
année,  Carnot  avait  cessé  d'être  réélu; 
le  royalisme  avait  déjà  assez  d'ascen- 
dant pour  l'éloigner  des  fonctions 
?u'il  avait  si  glorieusement  remplies. 
)u  reste,  à  part  le  mois  de  vendé- 
miaire où  le  sort  l'avait. désigné  comme 
membre  sortant,  il  resta  chargé  de  la 
dfrection  des  affaires  de  la  guerre  de- 
puis le  mois  d'août  1793  jusqu'au  mois 
de  mars  1795,  c'est-à-dire  pendant 
l'époque  où  l'armée  républicaine  étonna 
le  monde  par  des  prodiges.  Il  eut  pour 
successeur  un  certain  Aubry ,  roya- 
liste déguisé,  qui  poursuivit  de  sa  haine 
le  général  Bonaparte,  et  dontTincapa- 
citc  est  devenue  proverbiale.  Lindet  fut 
également  remplacé  aux  subsistances 
par  Boissy  -  d' Anglas ,  que  le  ]|^uple 
surnomma  Boissy-Famine.  Il  en  fut 
pour  tout  le  reste  à  peu  près  comme 
pour  la  gueiTC  et  pour  les  subsistan- 
ces ;  aussi,  lorsque  le  Directoire  prit 
en  main  les  rênes  du  gouvernement , 
il  trouva  l'État  dénué  de  ressources. 


866 


COM 


L'UNIVERS. 


COM 


On  nous  saura  gré  sans  doute  de  ne 
pas  être  entré  dansT'examen  détaillé  des 
opérations  de  cette  foule  de  comités  de 
salut  public  qui  se  succédèrent  du 
9  thermidor  jusqu'au  4  brumaire  an  ly 
(26  octobre  1795) ,  époque  où  la  Con- 
vention déclara  sa  mission  terminée. 
Cependant,  avant  de  finir^  il  est  né- 
cessaire de  dire  un  mot  sur  la  com- 
mission de  cinq  membres,  qui  fut  ins- 
tituée le  30  vendémiaire  an  ly  (22  oc- 
tobre 1796)^  pour  prendre  des  mesures 
de  salut  public  contre  les  royalistes, 
lesquels  commençaient  à .  oublier  la 
leçon  qu'ils  avaient  reçue  le  13  ven- 
démiaire. La  Convention  désigna 
Tallien,  Dubois  -  Crancé  ,  Florent 
Guyot,  Roux  de  la  Marne  et  Pons  de 
Veriîun,  pour  composer  cette  cowi- 
missîon  de  salut  public.  On  crai- 
gnit un  moment  que  Tallien  ne  mit 
cette  circonstance  a  profit  pour  s'em- 
parer de  la  dictature ,  dont  il  semblait 
avoir  quelquefois  caressé  la  chimère; 
mais,  soit  qu'il  manquât  d'audace,  soit 
qu'on  eût  mis  des  obstacles  suffisants 
a  son  essor,  il  n'en  fut  rien.  La  com- 
mission des  cinq  se  borna  à  faire  dé- 
créter par  la  Convention  des  mesures 
de  précaution  contre  les  royalistes 
émigrés  ou  parents  d'émigrés,  pette 
fois  encore  les  conventionnels  en  fu- 
rent quittes  pour  la  peur  ;  mais  le  Di- 
rectoire ,  ce  fils  de  leur  œuvre,  allait 
bientôt  avoir  affaire  au  général  Bona- 
parte. 

Tableau  des  membres  de  la  Convention  na- 
tionale qui  ont  composé  le  comité' de  salut 
public  (*), 

1793. 

COMITÉ    DE  DÉFENSE  GÉH ÉRALB  ET  DE  SALUT 
PUBLIC  ,  OU  COMMXSSIOIT  DE  SALUT  PUBLIC. 

96  mars,  Dubois-Crancé ,  Pétion ,  Gen- 
sonné  ,  Guyton  -  Morveau  ,  Robespierre 
Taîné,  Barbaroux,  Kuhl,  Yergoiaud,  Fabre- 
d'Églaiîtine,  Buzot,  Delmas,  Guadet,  Con- 
dorcet ,    Bréard ,    Camus  ,  Prieur  de   la 

(*ICe  tableau  et  celui  des  membres  du 
comife  de  sûreté  générale,  que  nous  don- 
nerons p.  376,  ont  été  dressés  par  nous 
d'après  le  Moniteur  et  les  procès-verbaux 
de  la  Convention.  G^est  un  travail  entière- 
ment neuf  qui  nous  a  coûté  de  longues  et 
pénibles  recherches.  Nous  pouvons  en  ga> 
nmtir  Texactilude. 


Marne,  Camille  Desmoulins ,  Barrère,  Qui- 
nette  ,  Cambacérès,  Jean  t)ebry ,  tiantoa, 
Sieyès,  Lasource,  Isnard. 

GOKITÉ   DE   SALUT   PUBUG. 

7  amA  Barrère,  Delmas,  Bréard, Dan- 
ton ,  Robert-Lindet ,  Treilhard ,  Guyton- 
Morveau,  Lacroix  d'Eure-et-Loir,  GambioB. 

1 1  mai.  Les  mêmes  membres. 

m  Juin,  Les  mêmes,  excepté  Treilhard 
et  Robert-Lindet ,  qui  sont  remplacés  par 
Gasparin  et  Jean  Bon-Saint-André. 

10  juillet»  Jean  Bon-Saint- André,  Bar- 
rère, Gasparin,  Couthon»  Hérault  -  Sé- 
chelleSfThuriot,  Prieur  de  la  Marne,  Saint- 
Just ,  Robert-Lindet. 

27  juillet,  Gasparin  donne  sa  démissioa 
pour  cause  de  maladie.  Il  est  remplacé  par 
Robespierre. 

i3  août.  Les  mêmes. 

14  août.  Adjonction  de  Camot  et  de 
Prieur  de  la  Gô(e-d'Or. 

6  septembre.  Adjonction  de  Billand-Ya- 
rennes,  GoUol-d'Herbois, Danton  et  Granet 
Danton  refuse,  et  le  lendemain  Granet 
écrit  à  TAssembiée  pour  donner  sa  démis- 
sion et  demander  son  remplacement.  L'As- 
semblée passe  à  l'ordre  du  jour  ;  cependant 
Granet  n'en  persévère  pas  moins  dans  son 
refus. 

1 1  septembre.  Le  comité  est  prorogé  poar 
un  mois. 

A  la  fin  du  même  mois ,  Thuriot  donne 
aussi  sa  démission.  Le  comité  se  trouve  alon 
composé  de  douze  membres ,  savoir  :  Jeu 
Bon-Saint- André ,  Barrère ,  Hérault-Séciiel- 
les ,  Prieur  de  la  Marne,  Saint-Jast ,  Rdiert- 
Lindet,  Robespierre,  Prieur  de  la  CÀte-d'Or, 
Garnot;BiiIaud-Yarennes  et  GoUot-d'HeriMM. 

25  septembre,  Briez  est  adjoint  au  comité 
par  un  décret  rapporté  le  même  jour. 

11  octobre  (20  vendémiaire  an  11 }.  Lb 
mêmes  membres. 

12  novembre  (22  brumaire).  Les 
membres. 

i3  décembre  (23  frimaire).  Les 
membres. 

1794. 

10  janvier  (21  nipose).  Les  mêmes 
bres. 

10  février  {in  pluviôse),  Jjes  mêmes 
bres. 

12  mars  (22  venldsé).  Les  mêmes  mem- 
bres. 

3  avril  (14  germinal).  Mort  d'Héranlt- 
Séchelles.  Il  n'est  pas  remplacé.  Le  comiiê 
se  trouve  alors  composé  de  onze  membres; 
mais  en  réalité  on  n'ea  comptait  qae  iiaa^ 
car  Jean  Bon-Saint-An^ré  et  Prieur  da  h 


OOJH 


FRANCE. 


COM 


Marne ,  envoyés  en  mission  dans  les  dcnar- 
lements,  ne  rentrèreat  qu'après  le  9  tner- 
midor. 

XI  avril  (n2  germinal).  Les  mêmes. 

X  X  mai  (a  a  floréal).  Les  mêmes. 

10  juin  (2 a  prairial).  Les  mêmes. 

10  juillet  (aa  messidor).  Les  mêmes. 

a8  Juillet  (to  thermidor).  Mort  de  Ro- 
bespierre, Samt'Just  et  Gouthon. 

3  X  juillet (^  1 3  thermidor),  Jean  Bon-Saint^ 
André  et  Prieur  de  la  Marne  sont  consi- 
,dérés  comme  démissionnaires  en  vertu  d'une 
décision  du  x  x  thermidor.  En  conséquence, 
six  nouveaux  ihembres  viennent  compléter 
le  comité;  ce  sont  Laloi,  Eschasseriaux , 
Rréard,  Xhnriot,  Treilhard  et  Taliien. 

I*'  septembre  (i5  fructidor),  Fourcroy, 
Cochon,  Delmas,  Merlin  de  Douai,  Eschasse- 
riaux  Taîné ,  Bréard ,  Laloi ,  Thurioi,  Treil- 
hard, Prieur  de  la  Céte-d'Or,  Garnot,  Ro- 
bert-Lindet. 

6  octobre  (x5  vendémiaire  an  m). 


Membres  sortants. 
Robert-Lindet. 
Camot. 
Prieur  d«  la  CAte-d'Or. 


prieur  de  la  Marne. 

C  ujrton-Morveaa. 

Jtichard. 

Foareroy. 

Cochon. 

Delinas. 

Merlin  de  Doaai. 

Bscbasseriaax  alnë. 

Brèard. 

Ijaloi. 

Thariot, 

Treilhard. 

5  novembre  (i5  brumaire). 


Membres  sortants. 
Treilhard. 
Laloi. 
Eflchasseriaux  l'aîné. 


Cambacérès. 
I*^iet  de  la  Lozère. 

Carnot. 

Prieur  de  la  Marne. 

G  uyton  -Monreau. 

Richard. 

Fonrcroy. 

Cochon. 

I>elma8. 

Merlin  de  Dooai. 

Bréard. 

Tbvriot. 

6  décembre  {t 5  frimaire). 


BodfSjyi*jitnglas. 

^ndré  Dumont. 

J?uboiS'  Craneé. 

Cambacérès. 

Pelet  de  la  Loieire. 

Carnot. 

Prienr  de  la  Marne. 

Gnyton-MorTeaa. 

Richard. 

Foareroy* 

Del  mas. 

Merlin  de  Dooai. 


Membres  sortants. 
Cochon. 
Bréard. 
Tfihriot. 


Chaxal.  Delmaa. 

Boissj-d'Aiiglas.  Merlin. 

André  Dumont. 

Dnhois-Crancé. 

Cambacérès. 

Pelet  de  la  Lozère. 

Carnot. 

Prieur  de  la  Marne. 

Guyton-Morveau. 

Richard. 

3  février  (i5  pluviôse). 


Merlin  de  Douai. 

Fourerojr. 

Laeombedu  Tarn, 

Bréard. 

Marec. 

Chaxal. 

Boissy-d'Anglas. 

An  Iré  Dumont. 

Dubois-Crancé. 

Gambacérèi. 

Pelet  de  la  Lozère. 

Carnot. 


Membres  sortants. 
Prieur  de  la  Marne. 
Guyton-Monreau. 
Richard. 


5  mars  (i5  ventése). 

Membres  sortants. 
Cambacérès. 
Pelet  de  la  Lozère. 
Carnot. 


Siejrès. 

Juipprte. 

Rewbel. 

Merlin  de  Douai. 

Fourcroy 

Lacombe. 

Bréard. 

Marec. 

Chazal. 

Boissy.d'Anglas. 

André  Dumont. 

Dubois-Crancé. 

4  avril  (i5  germinal). 

Cambacérès.  Membres  sortants. 

•Aubry,  Boissy-d'Anglas.  , 

Taliien.  André  Dament. 

Creuze'-Latottche,  Dubois-Crancé. 

Cillet. 

Roux  de  la  Haute-Mame. 

Siejès. 

La  porte. 

Rewbel. 

Merlin  de  Doaai. 

Fourcroy. 

Lacombe. 

Bréard. 

Marec. 

Chazal. 


1795. 

5  Janvier  (i5  ntvdse). 

Membres  sortants. 
JJtÊoree,  Fourcroy. 

T.  V.  24'  lÂoraison.  (Dict.  encycl.,  etc.) 


Treilhard. 

Ferment. 

F'emier. 

Babaut»Pommier. 

Doulcet. 

Cambacérès. 

Attbry. 

Taliien. 

Gillet. 

Roux  de  la  Hante>Marne. 

Sieyès. 

Laporte. 

Rewbel. 

Merlin  de'Donai. 

Fourcroy. 

Lacombe. 


4  mai  (i5  floréal). 

Membres  sortants. 
Bréard. 
Marec. 
Chazal. 
Creuzé-Latoudie. 


24 


970 


COM 


L'UNIVERS. 


COlf 


s  juin  (i5  prairial). 

Membres  sortants. 
Merlin  de  Douai. 
Fourcroy. 
Lacombe. 
Laporte.' 


Camon, 

Larivière. 

Blad. 

TreilharcL 

Fermont« 

Vemier. 

Babant-Pommier. 

Bonicet. 

Cambacérès. 

Aubrj. 

Tallien. 

Gillet. 

Bous. 

Sieyès. 

Bewbel. 

3  jtùltet  (i5  messidor)., 

Soîss/-d*Ânglas,  Membres  sortants, 

J^wet,  Gillet. 

Jean  Debrjr,  Boux. 

Lesage  d  Eurent' Loir.       Sieyà«, 

Marec.  Rewbcl. 

Gainon. 

Larivière. 

Blad. 

Treilhard. 

Fermont.i 

Vernier. 

Baba  u  t-Pommier. 

Boulcet. 

Camhacérès. 

Aubry. 

Tallien.) 

a  août  (ï5  thermidor). 

Merlin  de  Douai.  Membres  sortants. 

Leloumeur  de  la  Manche.  Cambacérès. 

Sie/ès.  Aubry, 

JtewbeL  Tallien. 

Boissy-d'Anglas.  Treilhard. 

Louyet. 

Jean  Debry. 

Lesage  d'Eare-et*Loir. 

Marec. 

Gamon. 

Larivière. 

Blad. 

Feroiont. 

Vernier. 

Babaat'Pommier. 

Doulcet. 

!«'  septembre  {iS  fructidor). 

Zareveillère'Lepaux.  Membres  sortants. 

Cambacérès.  FermonW 

Daunou,  Vernier. 

Berlier.  Babaat-Pommier. 

Merlin  de  Dooai.  Doulcet. 

Letonrneor  de  la  Manche. 

Sieyès. 

Bewbel. 

Boissy-d'Anglas» 

Louvct. 

Jean  Debry. 

Lesage  d'Eure-et-Loir. 

Marec. 

Gamon.» 

Larivière. 

Bhd. 


6  <ictohe  (i5  vendémiaire), 
Chénier  Membres  toftoaU, 

Eschasseriaux  aine.  Marec. 

Gourdon.  Gamon. 

Thibaudeau,  Larivière. 

Lareveillèv*-Lepaox.        Blad. 
Cambacérès, 
Daunou. 
Berlier. 

Merlin  de  Douai. 
Letoomeor  de4a  Manche. 
Sieyès. 
Bewbel. 

Boissy-d'Angtas. 
Lonvet. 
Jean  Debry. 
I<esage  d'Bure-et-Loir. 

Comité  db  subets  géné^alb.  - 
C'est  celui  qui ,  après  le  comité  de  saiot 
public,  joua  le  rôle  le  plus  important 
sous  la  Convention.  U  n'était  m  ia 
continuation  du  comité  desurveitianee, 
formé  soiis  l'Assemblée  législative,  Ifr 
quel  avait  pris  sa  source  dans  le  comité 
des  recherces  ou  dans  celui  des  rap- 
ports ,  créés  l'un  et  l'autre  par  la  Cons- 
tituante, le  28  juillçt  1789  (voyez  plos 
haut). 

Sous  la  Convention,  le  comité  de 
sûreté  générale  occupa  un  rang  excep- 
tionnel :  dénué  d'attributions  gouTe^ 
nementales,  il  devint  cependant  I'bb 
des  principaux  rouages  du  gouverne- 
ment révolutionnaire ,  par  la  piiissaoce 
dont  la  Convention  se  plut  toujours  ï 
l'investir,  pour  qu'il  exerçât  sur  lc8 
personnes  une  police  vigilante.  Notf 
avons  dit,  dans  rarticle  précédent,  quil 
était  considéré  par  laConvention  comoN 
un  contre-poids  qu'elle  opposait  aa co- 
mité de  salut  pubHc,  et  comme  une  c^ 
sure  permanente  prête  à  frapper  cec 
qui,  soit  par  ambition,  soit  par  amoiv 
du  bien  public,  essayeraient  d'augineo- 
.  ter  la  somme  de  pouvoir  concéd^ayec 
tant  de  peine  au  gouvernement.  I^oitf 
Tavons  prouvé  en  citant  la  loi  du  1^ 
frimaire  an  ii  (4  décembre  1793)»  9''' 
statuait  sur  l'organisation  da  ^Hve^ 
nement  révolutionnaire.  L'artidêtt 
(section  ii),  après  avoir  déterflQÎoéjtf 
attributions  du  comité  de  salut  publiai 
ajoute  :  «  et,  pour  tout  ce  qui  «tit 
latif  aux  personnes  et  à  là  police  iw^* 
rieure^  cette  inspection  partiamt 
appartient  au  comité  de  sûreté  génârale 
de  la  Convention,  conformément  JJ 
décret  du  17  septembre  dernier.  »  ^ 


GOH 


FRANCE. 


COM 


8T1 


décret  du  17  septembfe  est  mieux 
connu  sotts  le  nom  de  loi  de$  suspects^ 
U  avait  été  présenté  pdr  le  comité  de 
législation ,  run  d(tô  trois  principaUit 
comités  de  gottvémement.  Aux  ter- 
mes d6  Farticle  9  dô  la  loi  du  H 
frimaire  (  même  section),  le  comité 
de  sûreté  générale  devait  diriger 
les  Opérations  des  districts,  aux- 
quels était  exdusivémiéiit  attribuée  la 
surveillarice  de  rexécdtiôn  dés  lois  ré- 
Tolutiorinaires,  et  dèÉ  mesurée  de  gôu- 
vernement,  dé  sûreté  générale  et  dé 
çalùt  public  4ans  les  départements. 
Cet  article  est  ainsi  conçu  :  «Néan- 
moins; aftin  Uu'à  Paris  Taction  de  la 
police  n^épl'Oove  aucune  entrave,  les 
comités  révolutionnaires  continueront 
de  correspondre  directement  et  sans 
aucun  intermédiaire  avec  le  comité  de 
sûreté  générale  de  la  Convention ,  con- 
formément au  décret  du  17  septembre 
dernier.  >• 

On  le  voit,  dans  ces  temps  de  crise 
et  de  défiance ,  le  coniité  de  sûreté  gé- 
nérale était ,  à  part  le  mystère ,  quelque 
chose  de  semblable  aii  conseil  des  dix 
de  Venise;  sous  ses  coups  se  trouvaient 
placées  la  liberté  et  la  vie  de  tous  les 
cito^en3.  Il  exerça  cette  magistrature 
terrible  avec  une  rigueur  excessive,  et 
c'est  aux  nàembres  qui  en  composaient 
la  majorité  qu^il  faut  surtout  demander 
compte  do  sang  dés  innombrables  vic- 
times de  la  terreur.  Par  un  insigne 
privilège,  refusé  au  confite  de  salut 
public,  la  Convention  permit  au  comité 
de  sûreté  générale  de  se  choisir  un 
président,  pour  introduire  quelque 
unité  dans  seâ  délibérationis.  Pendant 
les  mois  les  plus  orageux  de  l'année 
1793,  c'était  Vadier  gui  avait  le  titre 
de  président  du  comité;  plusieurs  let- 
tres de  l'accusateur  public,  Fouquier- 
Tînville ,  lui  Sont  adressées  sous  ce 
couvert. 

Dès  le  21  septembre  1792,  second 
jour  de  son  installation,  la  Convention 
s'occupa  du  comité  de  sûreté  géné- 
rale (*).  Le  comité  alors  existant  ayant 

(*)  Le  3o  mai  i7pa  ,  TAssemblée  législa- 
tive avait  décrété  que  le  coniité  de  surveil- 
lance, formé  sottt  U  Constituante ,  porterait 


été  convoqué  à  l'ouverture  de  là 
séance,  un  membre  fit  observer  qu'fl 
èè  trouvait  sans  pouvoirs,  par  la  dis- 
solution de  l'Assemblée  fégislative  qui 
l'avait  créé.  Mais  comme  tous  lés  mem- 
bres du  comité  avalent  été  choisis  par 
les  électeurs  pour  faire  partie  de  la 
Convention,  celle-ci  les  maintint  dans 
leurs  fonctions ,  et  elle  décréta  que  les 
divers  comités  et  commissions  exis- 
tants sous  l'Assemblée  législative  se- 
Mient  provisoirement  conservés. 

Cependai^t  ^^  comité  provisoire  de 
sûreté  générale  ne  fut  remplacé  que 
vers  le  milieu  du  mois  d'octobre  1792. 
Jusqu'à  cette  époque,  la  Convention  lui 
renvoya  un  grand  nombre  d'affaires. 
Le  2  octobre,  e|le  l'avait  autorisé  à  se 
faire  rendre  compte  de  toutes  les  ar- 
restations politiques  qui  avaient  eu  lieu 
dans  toute  la  république  depuis  le  10 
août;  du  reste,  il  nes'occupaitgtièreque 
des  questions  qui  lui  étaient  renvoyées. 
Enfin,  le  17  octobre,  eut  lieu  l'instal- 
lation d'un  comité  définitif  composé  de 
trente  membres,  conformément  à  une 
décision  du  2  du  même  mois.  Voici  la- 
liste  des  membres  élus  :  Fauchet,  Ba- 
zîre,Gorsas,  6oupilleau  de  Montaigu, 
Grégoire,  Lecoinle-Puyraveau ,  Gos- 
suin,  Maribou-Montaut  (Louis),  Ro- 
Vère,  Delaunay  d'Angers,  Ruamps, 
Chénier,  Kervélégan,  Couppé ,  Bréard , 
Ingrand,  Saladin,  Musset,  Bordas  ^ 
Alquiër,  Brival,  Hérault,  Duquesnoy, 
Levris,  Audouin,  Laurent  de  Mar- 
seille, Niou,  Chabot,  Lavicomterie, 
Salle.  C'était  un  mélange  de  monta- 
gnards et  de  girondins  dans  des  pro- 
portions à  peu  près  égales.  Mais 
lorsque  la  division  se  fut  jprononcée 
avec  plus  de  force  entre  la  Gironde  et 
la  Montagne,  chacun  des  deux  partis 
ajouta  une  plus  grande  importance  à 
s  emparer  de  cç  comité  par  de^  nomi- 
nations faites  dans  son  sens.  Vers  la 
fin  du  mois  de  décembre,  quelques 
jOurs  avant  l'ouverture  des  débats  re- 
latifs au  jugement  du  roi,  les  giron* 

le  nom  de  comité  de  sûreté  générale  ;  de- 
puis lors ,  il  fut  alternativement  désigné  par 
Pune  DU  l'autre  de  ces  dénominations, sou^ 
venit  par  toutes  les  deux  à  là  fois. 

24. 


97% 


COH 


L'UNIVERS. 


COH 


dîns  remportèrent  d'abord  Tavantage. 
Ils  parvinrent  à  éliminer  un  grand 
nombre  de  montagnards^  en  proGtant 
d^un  article  du  règlement  qui  prescri- 
vait le  renouvellement  des  comités  tous 
les  deux  mois.  Le  22  décembre,  en 
eiïet,  la  Convention  décréta  que  tous 
ses  comités  seraient  renouvelés  par 
moitié  et  suivant  la  désignation  au 
sort,  avec  cette  particularité  que  les 
membres  qui  n'avaient  pas  assisté  as- 
sidûment aux  séances  du  comité 
seraient  rangés  au  nombre  des  sor- 
tants. A  cette  époque,  le  personnel 
du  comité  de  sûreté  générale  et  de  sur- 
veillance était  ainsi  composé:  Bazire, 
Musset,  Goupilleau  de  Montaigu, Ma- 
ribou -Montant,  Rovère,  Coupé,  Bri- 
val,  Leyris,  Cbabot,  Vardon,  Cavai- 
gnac,  Duprat,  Bernard,  Bonnier, 
Duquesnoy,  Ingrand,  Ruamps,  Au- 
doum,  Tallien,  Kervélégan,  Drouet, 
Hérault,  Fauchet,  Delaunay  d'An- 
gers, Grangeneuve,  Lecointe-Puyra- 
veau ,  Lavicomterie,  Manuel ,  Bordas, 
Laurent  de  Marseille.  Les  quinze  der- 
niers membres  furent  désignés  comme 
membres  sortants.  Les  noms  de  cette  . 
liste ,  qui  diffèrent  des  noms  de  la  pre- 
mière ,  sont  ceux  de  plusieurs  membres 
suppléants  qui  avaient  remplacé  des 
absents  ou  des  démissionnaires.  Le  9 
janvier  1793,  pendant  les  débats  du 
procès,  on  opéra  le  renouvellement, 
et  les  girondins  ne  manquèrent  pas 
cette  occasion  de  se  rendre  maîtres 
du  comité  de  sûreté  généi^àle,  ainsi 
qu'on  va  le  voir  par  les  réclamations 
de  plusieurs  montagnards  et  par  la 
liste  des  remplaçants.  C'étaient  Cham- 
bon,  Depéret,  Grangeneuve,  Cham- 
peaux,  Jarry,  Lemaréchai,  Gomaire, 
Dupont,  Ruault,  Rebecqui,  Gorsas, 
Zangiacomi,  Bordas,  Ëstadens,  Jouene- 
Long-Cbamp.  Plusieurs  montagnards 
se  récrièrent  vainement  contre  ces  no- 
minations. —  a  Marat:  C'est  une  cons- 
piration... Reconnaissez-vous  enfin  les 
intrigues  de  la  faction  ?  —  Un  autre  : 
Ce  ne  sera  plus  un  comité  de  sûreté 
générale;  ce  sera  un  comité  de  contre- 
révolution.  —  Marat  :  C'est  Roland 
qui  a  fait  la  liste.  —  Une  voix  :  A  peine 
y  trouve-t-on  deux  patriotes.  »  Deux 


jours  auparavant,  pour  prévenir  les 
troubles  que  pourrait  occasionner  le 
procès,  la  Convention  avait  décrété 
que  le  nombre  des  membres  du  comité 
de  sûreté  générale  serait  doublé,  c'est- 
à-dire  porté  à  soixante.  Le  coftiité  de 
sûreté  générale  avait,  en  outre,  reca 
l'autorisation  de  se  faire  remettre  les 
pièces  du  procès ,  qui  avaient  été  dé- 
posées au  tribunal  au  17  août. 

Mais  les  montagnards  ne  tardèrent 
pas  à  prendre  leur  revanche  après  Fissue 
des  débats,  et  ils  songèrent  à  l'établir 
sur  des  bases  nouvelles.  Le  21  janvier, 
plusieurs  membres,  Fabre  d'Églantine 
entre  autres ,  demandèrent  que  le  co- 
mité de  sûreté  générale  fût  à  l'instant 
renouvelé;  ils  observèrent  que  cette 
institution  avait  été  de  la  plus  grande 
utilité  pour  la  liberté  lors  deFAssemblée 
constituante ,  qu'on  en  avait  senti  les 
avantages  sous  l'Assemblée  législa- 
tive; mais  que  l'organisation  qui  lui 
avait  été  donnée  dans  la  Convention 
s'opposait  à  tout  le  bien  qu'on  en  de- 
vait attendre;  qu'un  tel  comité,  com- 
posé de  soixante  membres,  contraint  à 
ne  décerner  de  mandats  d'amener  que 
sous  la  signature  de  dix-huit  membres, 
toujours  difficiles  à  réunir,  ne  pouvait 
remplir  son  objet;  que  cependant  les 
émigrés  rentraient  chaque  jour:  à  Pa- 
ris; que  les  ennemis  de  la  liberté^  les 
royalistes,  les  contre-révolutionnaires, 
y  affluaient.  Ils  conclurent  à  ce  que 
le  comité  de  sûreté  générale  ne  fût  plus 
désormais^  composé  que  de  douze 
membres,  nommés  à  haute  voix.  Cette 
mesure  fut  présentée  comme  étant 
seule  capable  de  retenir  les  cons- 
pirateurs, qui  ne  craignaient  pas 
de  menacer  les  jours  de  ceux  qui 
avaient  voté  la  mort  du  roi.  Le 
même  jour ,  dans  la  séance  du  soir, 
le  renouvellement  du  comité  fut  mis 
aux  voix  et  décrété.  Le  lendemain  22, 
le  président  proclama  les  noms  des 
douze  députés  qui ,  par  le  résultat  du 
scrutin,  étaient  désignés  pour  compo- 
ser le  comité  de  sûreté  générale.  En 
voici  la  liste  :  Bazire,  Lamarque,  Cha- 
bot, Ruamps,  Maribou-Montaut,  Tal- 
lien ,  Legendre  de  Paris,  Bernard  de 
Saintes,  Rovère,  Ingrand,  JeanDe^ 


COM 


FRANCE- 


COM 


878 


bry,  Duhem.  Cette  fois ,  le  triomphe 
de  la  Montagne  n'était  pas  douteux  ; 
ce  qui  ne  ressortait  pas  moins,  c'était 
rinuuence  qu'avait  eue  Danton  sur  la 

Î>lus  grande  partie  de  ces  nominations  ; 
a  majorité  des  voix  lui  appartenait 
évidemment  dans  le  nouveau  comité. 
Le  28  janvier,  Buzot,  l'un  des  chefs 
de  la  Gironde,  attaqua  ce  nouveau  co- 
mité. «  Vous  devez ,  dit-il ,  rapporter 
ce  funeste  décret,  par  lequel  vous  avez 
ordonné  que  le  comité  de  sûreté  géné- 
rale serait  composé  de  douze  memores, 
décret  qui  a  été  rendu  dans  une  mal- 
heureuse circonstance  dont  on  a  su 
profiter,  et  qui  a  été  exécuté  dans  une 
séance  du  soir,  où  il  ne  se  trouvait 
presque  personne.  »  Mais  l'assemblée, 
^oique  beaucoup  plus  nombreuse  ce 
jour-là,  passa  à  rordre  du  jour  sur  la 
proposition  de  Buzot. 

Ce  comité  de  sûreté  générale,  en 
grande  partie  dirigé  par  Bazire  et 
Chabot ,  amis  de  Danton  et  de  Fabre 
d'Églantine ,  fut  conservé ,  sauf  quel- 
ques modifications ,  pendant  plus  de 
nuit  mois  ;  on  ne  le  changea  que  vers 
le  milieu  du  mois  de  septembre  1793. 
La  plupart  de  ses  opérations  furent 
l'objet  des  attaques  des  Girondins. 
Il  servit  le  plus  souvent  la  politique  de 
Danton ,  lequel  était  entré ,  le  26  mars , 
dans  le  comité  de  défense  générale  et 
de  salut  public,  et  qui,  le  7  avril,  fut 
également  compris  parmi  les  membres^ 
du  premier  comité,  qui  porta  exclusi- 
vement le  nom  de  comité  de  salut  pu- 
blic (voyez  l'article  précédent).  Le  9 
avril ,  trois  jours  après  l'établissement 
du  comité  de  salut  public,  le  comité 
de  sûreté  générale  demanda,  à  cause 
de  la  multitude  d'affaires  dont  il  était 
chargé,  une  augmentation  de  quatre 
membres  etleremplacementdeRuamps 
et  Maribou-Montaut,  envoyés  en  nais- 
sîon.  En  conséquence,  la  Convention 
nomma  Cavaignac,  Brival,  Lanot, 
Carrier,  Leyris  et  Maure,  pour  faire 
partie  du  comité  de  sûreté  générale, 
dont  le  personnel  se  trouva  ainsi  de 
seize  membres,  au  lieu  de  douze.  Ce 
renfort  lui  permit  de  seconder  plus  ac- 
tivement l'opposition  de  la  Montagne 
contre  la  commission  des  douze ,  créée 


par  les  girondins,  et  qui  resta  en  fonc- 
tions depuis  le  18  jusqu'au  31  mai.  Le 
24,  le  comité  de  sûreté  générale  dé- 
nonça à  la  Convention  les  abus  d'auto- 
rité que  s'était  permis  cette  commission 
fameuse,  à  laquelle  nous  avons  con- 
sacré un  article  spécial. 

Après  la  révolution  du  31  mai,  le 
comité  de  sûreté  générale,  aussi  bien 
que  le  comité  de  salut  public  du  6 
avril,  commença  à  devenir  l'objet  des 
'attaques de  la  Montagne.  Ces  attaques 
redoublèrent  lorsque,  le  11  juillet,  la 
Convention  eut  élu  les  premiers  mem- 
bres de  ce  second  comité  de  salut  pu- 
blic, auquel  l'histoire  a  conservé  le 
nom  de  grand.  Une  foule  de  voix  ré- 
pétaient que  le  comité  de  sûreté  gé- 
nérale aurait  dû  être  renouvelé  de- 
puis longtemps.  De  plus,  la  mésin- 
telligence s'était  glissée  parmi  ses 
membres.  L'un  des  plus  récents,  Mau- 
re, crut,  avant  de  partir  en  mission, 
devoir  avertir  l'Assemblée  nationale 
que  le  comité  de  sûreté  générale,  dont 
il  ne  suspectait  cependant  pas  le  ci- 
visme, était  d'une  grande  négligence. 
«Peu  de  comités,  dit-il,  ont  autant 
«  de  besogne,  et  peu  travaillent  moins 
«  que  celui-là.  Des  femmes  assiègent 
«  toute  la  iournéa  son  antichambre  , 
«  comme  chez  les  ci-devant  grands.  » 
Le  13  août  on  lui  avait  déjà  adjoint 
Dartigoyte,  Michaud  du  Doubs,  Ber- 
nard de  Saintes,  Jay  de  Sainte-Foi,  Du- 
Ï)uis  de  Rhône-et-Loire ,  Moïse  Bayle  ; 
e  9  septembre ,  sur  la  proposition  de 
Drouet,  appuyée  par  Maure,  la  Conven- 
tion décréta  qu'il  serait  renouvelé  et 
réduit  à  neuf  membres.  Le  11 ,  en  effet, 
elle  nomma  Panis ,  Lavicomterie ,  Guf- 
froi,  Chabot,  Alquier,  Lejeune  de 
l'Indre,  Bazire,  Garnier  de  Saintes, 
Julien  de  Toulouse.  Mais  ce  comité  où 
figuraient  encore  des  dantonistes  ne 
pouvait  convenir  au  comité  de  salut 
public;  aussi  n'eut-il  même  pas  le 
temps  de  s'installer.  Deux  jours  après 
sa  nomination,  le  13  septembre,  la 
Convention  décréta  que  tous  les  co- 
mités seraient  renouvelés  intégrale- 
ment et  recréés  sur  des  listes, présent 
tées  par  le  comité  de  saktt  pmlic.  £n 
conséquence,  le  lendemain  14,    un 


974 


COM 


UUWIVERS. 


€OH 


autre  comité  dé  sûreté  générale,  formé 
de  douze  membres,  fut  oompo^ainti 

au*ii  suit;  Vadier,  tuante.  Le  Bas; 
loucher-Saint-Sauveuî)  David,  Guf« 
fVov,  LavicoititeHe  ,  Alnâr,  Ruhl  ^ 
Lebon,  VouUand  et  Moïse  Bayle.  Ce 
fi^t  un  coup  terrible  pour  Danton , 
qui  aurait  cependant  bien  dû  prévoir 
que  le  nouveau  comité  de  salut  pu< 
blic,  où  il  avait  pour  la  seconde  fois 
f6  septembre)  refusé  d'entrer,  ne  pour* 
rait  pas  tolérer  uû  comité  de  spreté 
générale  soumis  à  un  autre  ascendant 

3ile  le  sien.  Danton  avait  rêvé,  saâa 
oùte ,  lin  rôle  de  médiateur,  et  compté 
le  remplir  avec  l'assistance  de  fuelques 
généraux  et  de  {)lusieurs  menores  du 
conseil  des  ministres;  mais  il  s'était 
abusé  sur  son  degré  de  pàissanœ,  et 
il  s'était  mis  gratuitement  dans  une 
position  critique  qui  allait  lui  devenir 
funeste,  en  lui  faisant  commettre  des 
fautes.  Le  14  octobre,  la  Convention 
porta  de  douze  à  seize  le  nombre  des 
membres  du  comité  de  sûreté  générale, 
par  l'adjonction  de  Dubarran,  Laioi, 
Jagot,  Louis  du  Bas-Rhin.  Ce  nombre 
varia  encore  dans  la  siiite.  , 

On  a  vu  que  lorsque  la  Convention 
proclama  le  gouvernement  révolution^ 
naire ,  elle  confirma  le  comité  de  sû- 
reté générale  dans  ses  fonctions  de 
haute  surveillance  sur  les  personnes. 
II  n'abusa  que  trop  de  ses  pouvoirs 
pendant  la  terreur  ;  plusieurs  dé  ses 
membres  étaient  d'une  cruauté  qui 
passe  toute  croyance.  Nous  ne  revien- 
drons pas  ici  sur  le  portrait  qu'en  a 
tracé  dans  ses  Mémoires  Sénart ,  l'un 
des  agents  de  ce  comité C).  Du  reste, 
pour  ce  oui  concerne  la  politique,  le 
comité  ae  sûreté  générale  répondit 
aux  désirs  de  la  Convention.  Après  le 
9  thermidor ,  la  Convention ,  qui  se 
montra  si  sévère  pour  l'ancien  comité 
de  salîit  public,  ne  rechercha  en  rien  la 
conduite  des  membres  du  comité  de 
sûreté  générale.  Un  seul ,  Vadier,  fut 
enveloppé  dans  la  condamnation  de 
Billaud-Varennes ,  CoIlot-d'Herbois  et 

(*)  Voyez  les  Aithales  ,  t.  Il ,  p.  3i7  el 
siiiv.  et  les  Mémoires  de  Sénart,  pag.  i45- 
i53. 


Barrère;  encore  fut-tl  puni  plutôt  pouf 
^voir  défendu  les  princi|iiS[^  politiques 
de  ses  coaccusés  que  pour  sa  cppduite 
dans  le  sein  du  comité»  AJais  Yoiiliand, 
paais  Amar  en  furent  quitter  pour  une 
première  attaque ,  qui  échoup,  et  Louis 
du  Bas-Rbia  ne  fut  même  pas  in- 
quiété. 

•  La  cause  de  cette  préfér^ce  est 
bien  simplet  chargé  par  laConvention, 
quoique  d'une  maniéré  indirect^ ,  de 
contre-,  balancer  le  comité  de  salut  pu- 
})lic,  le  comité  de  sûreté  générale  ne  se 
soumit  à  son  ascendant  que  tagat  que  la 
Convention  lui  en  donna  i'cixémpleu 
Lorsque  la  division  eut  éclaté  parmi  les 
membres  du  grand  comité,  et  qu'il  vit 
la  Convention  disposée  à  \uf  reprendre 
les  pouvoirs  qu'elle  lui  avait  délégués , 
il  fit  cause  commune  avec  çlle  et  en- 
tretint des  intelligences  avec,  lès  ther- 
midoriens. Ce  gui  l'indisposait  surtout 
contre  Robespierre,  Saint-Just  et  Coa- 
thon ,  c'était  le  bureau  de  police  qu'a- 
vait institué  le  comité  de  salut  public, 
et  dont  les  triumvirs  avaient  accepté 
ia  direction.  Il  comprit  que  le  but  du 
comité  de  salut  public  était  de  le  sup- 
planter, et  il  n'épargna  rien  pour  le 
diviser.  Quand  la  mésintelligence  s'y 
fiit  introduite,  il  se  rangea  du  coté 
des  membres  qui  formaient  la  majo- 
rité; mais  ce  n'était  pas  d'eux  qu'il 
recevait  le  mot  d'ordre ,  il  allait  1^ 
chercher  sur  les  bancs  de  la  doiiTen- 
tion.  Nous  n'avons  pas  besoin  4e  dire 
que  Le  Bas  n'entrait  pour  rien  dans 
ces  intrigues ,  dont  il  devait  être  Tune 
des  victimes  ;  David  y  était  étranger 
aussi  ;  mais  quelle  action  pouvaient 
avoir  sur  leurs  collègues  ces  deux 
hommes,  mal  soutenus  et  presque  iso- 
lés ?  Les  menées  du  comité  de  sûreté 
générale  contribuèrent  pour  beaucoup 
au  succès  de  la  journée  dû  9  thernii- 
dor;ce  fuirent  ses  membres  influents, 
Vadier,  Amar,  Voulland,  qui  portèrent 
le  dernier  coup  à  Robespierre  ,  par 
une  calomnie  dont  ilf  riaient  eux-mé- 
hfies  :  ils  le  dépeignirent  comme  on 
royaliste  qui  conspirait  pour  les  Bour- 
bons ,  et  ils  ajoutèrent  qu'on  avait 
trouvé  Che2  lui  des  preuves  de  sa  tra- 
hison. Cette  impudente  fausseté  i»e 


€OBI 


FRANCE. 


cent 


375 


trouva  créance  que  dans  les  faubourgs 
et  que  pour  quelques  instants;  mais 
c'était  tout  ce  que  demandaient  les 
inventeurs.  Quand  on  reconnut  qu'ils 
avaient  menti ,  il  n'était  plus  temps  de 
réparer  Terreur. 

Voici  quelle  était  la  composition  du 
comité  de  sûreté  générale  à  Fépoqué 
du  9  thermidor  :  Vâdjé^^  Amar,  Voul- 
land,  Jagot,  Louis  du  Bas* Rhin, 
David  ,  Le  Bas ,  Moïse  Bayle  ;  Lavi- 
comterie,  Élie- Lacoste,  Dubarran, 
Ruhi.  Ils  se  divisaient  en  trois  partis 
principaux  correspondant  aux  trois  par* 
tis  qui  s'étaient  formés  dans  le  comité 
dQS9!utpubiic.D'uncôté,yâdier,Àmar, 
YouÙand,  Jagot  et  Louis  du  Bas? 
Rhin  représentaient  le  même  sys< 
tème  d'exagération  et  de  terreur  que 
le  triumvirat  dont  Billaud-Varennes 
était  le  chef;  aussi  les  nommait-on 
tantôt  les  gens  révolutionnaires  et 
tantôt  ks  aens  d'expédition.  De  l'au* 
tre ,  Davia  et  Le  Bas  défendaient  les 
mêmes  idées  d'unité  gouvernementale 
que  le  triumvirat  dirigé  par  Robes- 
pierre ;  on  les  désignait  sous  les  noms 
aéc&uteurs  ou  de  gens  de  la  haute 
main.  Enfin ,  Moïse  Bayle ,  Lavicom- 
terie,  Élie-Lacoste ,  Diibarrau,  for- 
maient un  parti  neutre,  comme  le 
triumvirat  composé  de  Garnot,  Ro- 
bert-Lindet  et  Prieur  de  la  €ôte- 
d'Oir  ;  on  les  nommait  ^  pour  cette 
raison ,  les  gens  d'eœamen,  ou  encore 
les  gens  de  contre-poids. 

Après  la  chute  de  Robespierre ,  les 
thermidoriens  voulurent  entrer  dans 
le  comité  de  sûreté  générale  aussi  bien 
^ue  dans  le  comité  de  salut  public.  Le 
13  thermidor,  ce  dernier  comité  avait 
été  renouvelé  par  moitié;  le  lendemain, 
14,  la  Convention  renouvela  égale- 
ment le  comité  de  sûreté  générale. 
Bien  qu'il  n'y  eût  qu'une  place  vacante, 
par  suite  de  la  mort  de  Le  Bas ,  la 
Convention  élimina  Jagot,  David,  La- 
vicomterie,  et,  augmentant  le  nombre 
des  membres  du  comité,  réduit  depuis 
quelques  mois  à  douze ,  nomma  pour 
en  faire  partie  avec  les  huit  membres 
conservés,  Bernard  de  Saintes,  Mer- 
lin de  Thionville ,  Goupilleau,  André 
Dumont,  Legendre  et  Jean  Debry. 


Jean  Debry  ayant  fait  accepter  sa  dé- 
mission par  l'Assemblée ,  la  Conven- 
tion décida  que  pour  cette  fois  le  co-^ 
mité  ne  serait  composé  que  de  treize 
membres. 

A  partir  de  cette  époque,  le  comité 
de  sûreté  générale  perdit  beaucoup  de 
son  ancienne  influence.  Ne  craignant 
plus  rien  du  comité  de  salut  public» 
ni  des  autres  comités  qu'elle  avait 
à  dessein  rendus  indépenoants  I6s  uns 
des  autres,  la  Convention  en  revint 
à  son  ancien  désir ,  qui  était  de  gou- 
verner par  elle-même.  Le  15  fructi- 
dor ,  le  nombre  des  membres  du  co^ 
mité  de  sûreté  générale  fut  porté  à 
seize,  et  depuis  lôrs ,  tous  les  mois , 
on  renouvela  les  comités  par  quart. 
Voici  comment  ses  attributions  fu- 
rent fixées  par  la  loi  du  18  fructidor 
an  II  (4  septembre  1794),  qui  régla  dé- 
finitivement la  réorganisation  des  co- 
mités :  «  Titre  /,  art.  3.  Le  comité  de 
sûreté  générale  à  la  police  générale 
de  la  république  ;  il  décerne  des  man- 
dats d'amener  ou  d'arrêt  contre  les 
citoyens  et  les  remet  en  liberté  ^  ou 
les  traduit  au  tribunal  révolution- 
naire. 

«  Les  délibérations,  pour  arrêter  ou 
mettre  en  liberté ,  doivent  être  prises 
au  moins  par  cinq  de  ses  memores  ; 
ses  arrêtés ,  pour  traduire  au  tribunal 
révolutionnaire  ,  doivent  être  pris  au 
nombre  de  neuf  ag  moins. 

«4.  Lorsqu'il  met  en  arrestation  des 
fonctionnaires  publics,  il  en  prévient, 
dans  les  24  heures,  les  comités  qui  ont 
la  surveillance  sur  eux. 

«  5.  Il  a  particulièrement  et  immé- 
diatement la  police  de  Paris. 

«  II  requiert  la  force  armée  pour 
l'exécution  de  ses  arrêtés. 

«  6.  La  trésorerie  nationale  tient  à  sa 
disposition  300,000  livres  pour  dé- 
penses extraordinaires  ou  secrètes.  » 
Une  belle  mission  était  réservée  au  co- 
mité, c'était  de  diriger  la  mise  en  liberté 
des  suspects;  mais  si,  pendant  la 
terreur,  il  avait  eûcombré  les  pri- 
sons avec  une  injustice  souvent  révol- 
tante, il  ne  les  désemplit  pas  avec 
beaucoup  plus  d'équité.  Plusieurs  de 
ses  membres  ne  purent  se  justifier  de 


876 


COU 


L'UNIVERS. 


GOM 


raecufiation  d'avoir  fait  un  traOc  de 
ces  fonctions  sacrées. 

Tableau  des  membres  de  la  Corufention  na- 
.  tionale  qui  out composé  le  comité'  de  sûreté 
générale, 

179a 

17  octobre. 

Fandiet»  Ingnnd. 

Bazire.  Saladin. 

Gonas.  Maaset. 

GoupiUean  de  Monuig  a  Bordas. 

Grégoire.  Alqaicr. 

Lecointe-Pajraveaa.  Brlval. 

Gossuin.  Hérault. 

IfanboiumonUat  (L.).  DoqaesDOj. 

Aovère.  Leyris. 

Delaunay  d'Angers.  Audouin. 

RuaiDps.  Laurent  de  Marseille. 

Cbénier.  Nioa. 

XervélégOD.  Chabot. 

Couppé.  LaTicomterie, 

Bréard.  Salle. 
Suppléants. 

Manuel.  Pons  de  Verdun. 

Vardon.  Thuriot. 

Grangenenvet  Axéma. 

Cavaignae.  Bernard. 

Cochon.  Tallien. 

Duprat.  Bonnier. 

Paganel.  Drouet. 
Moïse  Bayle. 

Au  aa  décembre  le  comité»  par  suite  des 
mutations  qui  avaient  introduit  plusieurs 
suppléants  dans  son  sein,  était  ainsi  composé  : 

Membres  restants.  Membres  sortants. 

Bazire.  Ingrand. 

Musset.  Buamps. 

GonpilIeaudeMontaigu.  Audouin. 

Maribou'BIontaut  (L.;.  Tallien. 

Rorère.  Kenrélégan. 

Couppé.  Drouet. 

Brival.  Hérault. 

Leyris.  Faucbet. 

Chabot.  Delaunay  d'Angers. 

Vardon.  Grangeneuve. 

Cayaignac,  Lecointe-PuyraTean. 

Dnprat.  Lancomterie. 

Bernard.  Manuel. 

Bcnnier.  Bordas. 

Duquesnoy.  Laurent  de  Marseille. 

Suppléants  n'ayant   remplacé   aucun  des 

membres  sortis  avant  le  22  décembre. 

Cochon.  Pons  de  Verdun. 

Paganel.  Thuriot. 

Moise  Bayle.  Azéina. 

Le  'j  janvier.  La  Convention  décrète  que 
le  nombre  des  membres  du  comité  sera  dou- 
blé ,  c*est-à-dire  porté  a  soixante.  Cepen- 
dant le  çf  janvier  elle  se  borne  à  élire  quinze 
membres  nouveaux  pour  remplacer  lès  q  uinze 
sortants,  et  alors  le  comité  est  ainsi  composé  : 

Membres  anciens.  Membres  aoweaux. 

Bazire.  Chambon. 

Musset.  Depéret. 

Goupilleau  de  Montaign.  Qrangenenvet 

Manbou-MoBtaut  (L.).  Chaœpeaaxi 


Bovère. 

Couppé. 

Brival. 

Leyris. 

Chabot. 

Vardon. 

Cavaignae. 

Duprat. 

Bernard. 

Bonnier. 

Duquesnoy. 


Biroteau.  ■ 

Genissieu« 

Faucbet. 

Andouin. 

Delaunar  l'atoé. 

Bertrand. 

Michand. 

ViUers. 


Jarry. 

Leinaréchal. 

Gemaire. 

Dupont. 

Buanlt. 

BebecquL 

Gorsas. 

Zançiacomi. 

Bordas. 

Estadens. 

Jouene-Longchainps. 

Suppléants. 

Durand-MaiUane. 

Blutel. 

Kervélégan. 

Delahaye. 

Ingrand. 

Dartigoyte. 

Lecointe>PuyraTeau. 


**  Si  à  ces  quinze  suppléants  on  ajoute  la 
six  suppléants  de  la  liste  précédente,  on  aura 
un  chinre  de  cinquante  et  un  membres  poor 
tout  le  comité ,  chiffre  qui  ne  diffère  de 
celui  de  soixante  que.  de  neuf  seulemeot. 
Comme  nous  ne  trouvons  aucune  trace  de 
nouvelles  nominations ,  il  est  à  présumer 
que  la  Convention  laissa  le  personnel  da 
comité  dans  cet  état. 

^       1793. 
^n  janvier.  Le  comité  est  réduit  à  doute 
membres.  Les  membres  élus  sont  : 


Bazire) 

Legendre  de  Paris.  ' 

Lainarqoe. 

Bernard  de  Saintes. 

Chabot 

Bovère. 

Buamps. 

Ingrand. 

Maribou-Montaut. 

Jean  Debry. 

Tallien. 

Duhein. 

9  avril.  Adjonction  de  quatre  membres 
et  remplacement  de  Ruamps  et  Mariboa* 
Montant,  envoyés  en  mission.  liCS  nouveiax 
membres  élus  sont  : 


Cayaignac. 

Carrier. 

Briral. 

Leyris. 

Lanot. 

Maure. 

Dartigoyte. 
Michand  du  Doubs. 
Bernard  de  Saintes. 


i3  août.  Le  comité  est  porté  à  dix-huit 
membres  par  l'adjonction  de  deux  nou- 
veaux membres  et  de  quatre  autres  poor 
remplacer  ceux  qui  avaient  été  mission.  I^ 
six  membres  élus  sont  : 

Fay  de  Sainte>Foi. 
Dnpuis  de  Rhdne-et-UiÎN. 
Moïse  Bayle. 

8  septembre.  Des  paroles  prononcées  pv 
Maure  aux  Jacobins  dans  la  séance  de  ce 
jour ,  il  résulte  que  le  comité  se  ti'ouvait 
alors  de  vinet-quatre.  Maure  et  Drouet  es 
demandent  la  réduction  à  neuf;  en  effet,  k 
lendemain,  9  septembre ^^t  leur  proposi* 
tion ,  la  Convention  décrète  que  le  comité 
sera  réorganisé  et  réduit  à  neuf  membres. 
Les  membres  élus  sont: 


COJM 


FRANCE. 


GOM 


Wt 


Pœia. 

LaTieomterie. 

Gaffroy. 

Chabot. 

Alqaier. 


Lejeune  de  l'Indrew 

Buire. 

Garnier  de  Saintes. 

Jnlien  de  Toaloose. 


Suppléants, 
Le  Bas. 
Gaston. 


Moïse  Bajie. 

Lebon. 

Dronet 

i3  septembre.  Sur  la  proposition  de  Dan- 
ton, la  Gonvention  décrète  que  tous  ses  co- 
mités seront  renouvelés  intégralement,  et 
recréés  sur  des  listes  présentées  par  le  co- 
mité de  salut  public.  En  conséquence ,  le 
lendemain ,  le  comité  de  sûreté  générale  est 
composé  ainsi  qu*il  suit  : 

Vadier.  LaTÎcnmterie. 

Panis.  Amar. 

Le  Bas.  Rahl. 

Boncher  St.«SattYeur.  Lebon. 

David.  Yonlland. 

GnfTroy.  Moïse  Bayle. 

i4  octobre  (aa  vendémiaire  an  ii). 
Les  mêmes  plus  : 

Laloi.  Jagot. 

Dabarran.  Louis  du  Bas«Rhin. 

Brumaire. 
Vadier.  Voalland. 

Panis.  Moïse  Bayle. 

Le  Bas.  Laloi. 

Dayid.  Dubarran. 

GufTroy-.  Jagot. 

LaTieomterie.  Louis  da  Bas-Rhin 

Amar.  Gantier  de  Saintes, 

Ruhl.  Lejeune. 

Frimaire, 
"Les  mêmes  membres. 

1794. 
Du  mois  de  nivôse  au  mois  defloréaL 
Vadier.  VouUand. 

Panis.  Moïse  Bayle. 

\jtt  Bas.  Laloi. 

I>aYid.  Dubarran. 

OufTroy.  Jagot. 

J^ricomterie.  Louis  du  Bas-Rhin. 

Amar.  Élie  Lacoste. 

Ruhl. 

/?«  mois  de  floréal  au  mois  de  thermidor» 

Vadier.  VouUand. 

T^  Baa.  Moïse  Bayle. 

David.  Dubarran. 

J^vicomterie.  Jagot. 

Amar.  Louis  du  Bas>Rbin. 

Ruhl.  Élie  Lacoste. 

14  tliermidor, 

deux  membres  qui 


I^egendre  de  Paris. 

Gouptlleau  de  Fonténay. 

3Ierlin  de  Thionville. 

^yuiré  Dumont. 

Jean   Debrj  (*). 

JSemard  de  Saintet, 

Ajnar. 

1.0a  î«  da  Bas- Rhin. 


.S 


a 


>8  P 


a 

o 
a 


n'avaient  pas  été 
remplacés  précé- 
demment \  de  Le 
Bas,  mort  le  9  ther- 
midor» et  de  David, 
Jagot  et  La  vicomte* 
rie ,  éliminés  par 
décret  du  <3  ther* 
midor. 


Dabama* 

Rahl.' 

Élie  Lacoste. 

Vonlland. 

Vadier. 

Moïse  Ba  jle. 

x5  fructidor. 

Bourdon  de  VOise,  Membres  sortatUt, 

Cohmbel.  Élie  Lacoste. 

MéauUe,  VouUand. 

CiauteL  Vadier. 

Mathieu.  \  Moise  Bayle. 

Montmayou* 

Lesage~Senaute, 

Legendre. 

Goupillée  u. 

Merlin  de  Thionville. 

André  Dumont. 

Bernard  de  Saintes. 

Amar. 

Louis  du  Bas- Rhin. 

Dubarran. 

Bulil  (*) ,  pois  Levasseur  de  la  Meurthe. 

z5  vendémiaire  an  m. 

Laporte.  Membres  sortants. 

Rewbel,  Bernard  de  Saintes. 

Henta&oiU,  Amar. 

Reverchon.  I^uis  du  Bas-Rhin. 

Bourdon  de  l'Oise.  Dabarran. 

Colombel. 

Méaulle. 

Glauzel. 

Matoien. 

Montmavou 

Lesage  Seoaull. 

Legendre. 

Goupilleau. 

Merlin. 

A.  Dumont. 

Bernard  de  Saintes. 

i5  brumaire. 


Membres  sortants, 
Merlin  de  Thionville. 
André  Dumont. 
Goupilleau. 
Legendre  de  Paris. 


(*}  Aussitôt  après  son  élection ,  Jean  De- 


Barras. 

Laignelot. 

Garni er  de  i'Mube. 

Armand  de  la  Meuse, 

Lajjorte. 

Rewbel. 

Bentabolle. 

Reverchon. 

Bourdon  de  l'Oise. 

Colombel. 

Méaulle. 

Clauzel. 

Mathieu. 

Montmayou. 

Lesage-Senault. 

Levasseur  de  la  Meurthe. 


bry  offre  sa  démission  à  l'Assemblée ,  qui 
l'accepte,  et  décide  que,  pour  cette  fois ,  le 
comité  ne  sera  composé  que  de  treize  mem- 
bres. Le  mois  suivant  le  nombre  en  fut  porté 
à  seize,  et  il  resta  le  même  jtuquà  la  fin,  , 

(*)  Le  16  fructidor,  Ruhl  donne  sa  dé- 
mission ,  motivée  sur  la  faiblesse  de^a  santé. 
Il  est  remplacé  par  Levasseur  de  la  Meur- 
the. 


^8 


COM 


L'UNIVERS, 


€Oll 


i5  frimaire^ 

Legendre  dt  Pari».  SorMtt,  • 

Goupiiieau  d»  Mont^gu,    LeTasseur  de  ]«  Meurthe* 

Lomontdu  Caifodos.  Colombel. 

Boudin  de  i'Indrt,  Lesage-S«na(llt. 

Barras.  C)|aù>lc 

Laignelof. 

Gamier  de  l'ÀAbe. 

Armand  de  U  Measa, 

Laporte. 

Rewbel. 

BentaboUe. 

Reverchon. 

BoardoD  de  l'Oise. 

MéauIIe. 

Mathieu. 

MoDtmayoQ. 


Clause 

F'ardon» 

Roifère. 

Guffrox. 

Legendre. 

Goupiiieau. 

Lomunt. 

Boudin. 

Barras. 

Laignelot. 

Garnier. 

Armand.. 

Laporte. 

Bewbel. 

BentaboUe. 

Rererchon. 

Bourdon  de  l  Oise, 

Auguis. 

Perrin  des  Vosges» 

Mathieu» 

Ciauzel. 

Vardoo. 

Rovère. 

Guffroy. 

Legendre. 

Goupiiieau. 

Ix>mont. 

Boudin. 

Barras. 

Laignelot. 

Garnier. 

Armp.nd« 


Câres. 

Pémartin» 

Gauthier  de  l*Ain* 

DeUcloy. 

Ysabeau., 

Montmajrou, 

Auguis. 

Ferrin  des  Vosges. 

Mathieu. 

Clauçel. 

Rovère. 

Guffroy. 

Legeudm. 

Goupiiieau. 

Lomont. 

Boudin. 


1795. 
i5  nivôse. 

Sortent* 
Bourdon  de  l'Oise. 
Montmayon. 
Méanlle. 
Mathieu. 


ib  pluviôse. 

Membres  sériants, 
Laporte. 
Rewbel. 
BentaboUe. 
Reverchon. 


i5  'ventâse. 


Membres  sortants, 
Laignelot. 
Garnier. 
Armand. 
Barras* 
Vardon. 
Bourdon  de  l'Oise. 


Ckenier: 

Thibaudaw  (*). 

Courtois. 

Sefestte, 

Calàs. 

Pémartin. 

Gauthier  de  l'Ain. 

Del4cloy. 

Tsabeau. 

Montmayou.  * 

Auguis. 

Perri|i  dM  Vosges. 

Mathieu. 

Clauzel. 

Rorère. 

GttfTroy. 

Guyornar, 

Pierre  . 

Kervétégan, 

Bergoing, 

Cbenier. 

Courtois. 

Sèves  tre. 

Gales. 

Pémar1;iii. 

Gauthier  de  l'Ain. 

belécloy. 

Tsabeau. 

Montmayou. 

Auguis. 

Perrin  des  Vosges. 

Mathieu 


x5  germinal. 

Membres 
tmnont. 
Boudin. 
Cfoupilleau» 
Legendre. 


i5  fioréaL 

Membres  sortants, 
Clauzel. 
Rovère. 
Guffroy. 


Genevois, 

Lomont. 

Boeère. 

Boudin. 

Guyomar. 

Picrret. 

Kerrélégan, 

Bergoing. 

Chenier. 

Courtois. 

Sevestre. 

Calés. 

Pémartin. 

Gauthier  de  l'Ain. 

Delécloy. 

Ysabeau. 


i5  prtdriaL 

Membres  sorteatls, 
Montmayou. 
Auguis, 

Perrin  des  Vosges 
Mathieo. 


i5  messidor. 

Membres  sarfwals^ 
Pémartin. 
Gauthier  de  l'Ain. 
Oelpcloy, 
Ysabeau. 
Calés  ("). 


Delaunay  d'Angers 

Mariette. 

Perrin  des  Vosges. 

Bailly. 

Bailleul. 

Genevois. 

Lomont. 

Rovère 

Boudin. 

Guyomar. 

Pierret.     . 

Kervélégan. 


(^)  Thibaudeau  donna   aossitôl 
mission. 

(**)  Envoyé  en  mission. 


4^ 


J 


FRANCE. 


COM 


tm 


Chenjer. 

Coartoti. 

Scvcstrô* 

2  S  thùrmidor, 
Ctfèi,  Mtmkre^  ioHantt, 

Pfmartia»  Gkenkr. , 

Cauihierdi  FJtin.  Sevestre. 

TstAeûu.  Courtois. 

Dclaanay  d'Angers.  Ber^oing. 

Mariette* 

Ferriii  des  Vosges. 
Bailiy. 

G«p4vois« 

Lompnt. 

Rovére. 

Bondio.. 

Guypipard. 

Fîerret. 

Kerrélégan, 

i5  fructidor, 

^fuiroi.  Mtmbmi  sortants. 

Mentmajan  G.eqeypii. 

Coiombeh  Pierret. 

Hardy.  Kenrélégan. 

Mafru,  Goyomard. 

0alès.  Perrin  des  VosgesK(*) 

Pémartio. 

Gauthier  de  l*Ain. 

Tsabeaa. 

Dekiaosy  cPAnçers. 

Mariette. 

Baîlly. 

BaiflenL 

Boudin. 

Lomont. 

Rovère. 

i5  'Vendémiaire  9^<  iv. 


Membres  sortants, 
Lomont. 

Rovèret 

Mariette. 

Boodin. 


Jtoberyot, 
Guf0mmvd. 

g^ervélégan. 
Qui  rot. 
HoDtmsyoa. 
Colombel.  * 
H^rdy. 
Barras. 

Pénartin. 
Gauthier  de  l'Ain. 
Ysabean. 

Dtflaanay  d'Angers. 
Bailiy. 
BaiUeal. 

Comités  hisxobiques.  ^  Las  co« 
mîtes  historiqiies  ont  été  établis  eq 
vertu  de  deux  arrêtés  du  ministre  dQ 
rinstructiop  publique  (18  juillet  183,4 
>t  10  janvier  1836),  à  Teftet  de  recber* 
;her  et  de  publier  tous  les  documents 
nédits  relatifs  à  i'bistoire  de  France.. 
W  y  9i^  quelque  chose  de  pand  et  de 
rraiment  national  dans  Tidée  d'orga- 
liser  et  de  placer  sous  le  patronage  de 

(*)  Envoyé  «Q  misiioD. 


là  chambre  des  dépités  -et  dd  pays 
toutes  oèé  publications  qnf  se  faisaient 
autrefois  sâ&s  ensemble  et  qui,  par 
cela  même  qu'elles  étaient  le  résultât 
d'efforts  particuliers  et  isolés,  ne  s'ac- 
eompiissajetit  qu'àerand'peine  et  avec 
d'innombrables  dintcultés*  Le  but  de 
la  création  des  comités  historiaues  a 
été  de  donner  à  la  science,  par  1  appui 
du   fitouvernément ,    des    ressource^ 
qu'elle  n'avait  jamais  eues  jusqu'alors, 
et  de  réunir, 'si  l'on  peut  s'exprimer 
ainsi ,  en  un  faisceau ,  les  recherches 
isolées  et  les  lumières  dispersées  sur 
tous  les  points  de  la  France.  C'est  là 
ridée  qui  préoccupait  vivement  M.  tiui- 
aot  lorsqu'il  disait  au  roi ,  dans  un 
rapport  :  «  Le  besoin  de  voir  mettre 
un  terme  aux  efforts  isolés  commence 
à  être  si  vivement  senti,  que  quelque^ 
personnes  se  sont  récemment  formées 
en  société  pour  tenter  de  concentrer 
et  de  coordonner  les  recherches  de 
tous  les  hommes  qui  se  vouent  à  des 
travaux    sur    Thistoire   de    France. 
(M.  Guizot  faisait  allusion  à  la  Société 
de  l'Histoire  de  France.)  J'espère  que 
cette  société  n'aura  pas  fait  un  vain 
appel  aux  amis  de  la  science  ;  je  m'as-* 
socie  à  ses  efforts  ;  mais  je  ne  puis  me 
dissimuler   que,  lors  même  qu'elle 
parviendrait  à  disposer  de  ressourcée 
plus  considérables  qu'il  n'est  permis 
de  le  supposer ,  son  action  ne  serait 
encore  que  partielle ,  et  ses  publica- 
tions n'embrasseraient  que  quelques 
séries  de  monuments.  Au  gouverne- 
ment seul  il  appartient,  selon  moi ,  de 
pouvoir  accomplir   le  grand  travail 
d'une  publication  générale  de  tous  les 
matériaux  importants  et  encore  inédits 
sur  l'histoire  de  notre  patrie.  Le  gou- 
vernement seul  possède  les  ressources 
de  tout  genre  qu'exige  cette  vaste  en- 
treprise. Je  ne  parle  pas  même  des 
moyens   de   subvenir  aux   dépenses 
qu'elle  doit  entraîner;  mais  comme 
gardien  et  dépositaire  de  ces  legs  pré- 
cieux des  siècles  passés ,  le  gouverne- 
ment peut  enrichir  une  telle  publica- 
tion d'une  foule  d'éclaircissements  que 
de  simples  particuliers  tenteraient  en 
vain  d'obtenir.  »  (Rapport  au  roi,  81 
décembre  1838.) 


S80 


GOM 


L'UNIVERS. 


vom 


Il  n*y  eat  d'abord  qu'un  seul  comité 
formé  près  le  ministère  de  Tinstruc- 
tlon  publique  (18  juillet  1834)  ;  mais 
bientôt  (10  janvier  1835)  on  en  créa 
un  second  qui  eut  ses  attributions 
distinctes.  Le  premier  avait  pour  mis- 
sion de  s'occuper  de  l'histoire  propre- 
ment dite,  histoire  civile,  religieuse, 
militaire ,  administrative ,  et  histoire 
de  nos  relations  diplomatiques  ;  le  se- 
cond était  spécialement  chargé,  comme 
disait  l'arrêté  du  ministre ,  de  concou- 
rir à  la  recherche  et  à  la  publication 
des  monuments  inédits  de  la  littéra- 
ture ,  de  la  philosophie ,  des  sciences 
et  des  arts,  considérés  dans  leurs  rap- 
pK)rts  avec  l'histoire  générale  de  la 
France. 

M.  Guizot,  dès  l'instant  où  il  con- 
çut le  projet  de  créer  ces  comités,  mit 
fa  plus  grande  activité  pour  mener  à 
bonne  fin  son  entreprise.  Il  écrivit  plu- 
sieurs rapports  au  roi  (31  décembre 

1833,  27  novembre  1834,  2  décembre 
1835)  ;  il  envoya  à  tous  les  préfets  une 
circulaire  relative  à  l'amélioration  des 
bibliothèques  (novembre  1833),  et  il 
donna  des  instructions  dStailiées  aux 
diverses  sociétés  savantes  des  dépar- 
tements et  aux  correspondants  histo- 
riques de  son  ministère   (23  juillet 

1834,  décembre  1834  et  mai  1835). 
L'organisation  des  comités  ne  subit 

aucune  modification  jusqu'au  mois  de 
décembre  1837.  Ce  fut  alors  que  M.  de 
Salvandy  essaya  de  multiplier  les  co- 
mités et  de  porter  leur  nombre  à  cinq 
pour  correspondre  aux  cinq  sections 
de  rinstitut;  mais  en  1840,  M.  Cou- 
sin, ministre  de  Tinstruction  publique, 
en  conservant  le  comité  des  beaux- 
arts,  a  réuni  en  un  seul  les  quatre 
comités  des  sciences ,  des  sciences  mo- 
rales et  politiques,  des  chartes,  chro- 
niques et  inscriptions,  et  de  l'histoire 
de  la  langue  française,  et  s'est  rap- 
proché ainsi  du  plan  adopté  par  M. 
Guizot,  son  prédécesseur. 

Lorsque  les  comités  furent  institués, 
une  somme  de  120,000  francs  fut 
ajoutée  au  budget  du  ministère  de 
rinstruction  publique ,  qui  prenait  les 
travaux  sous  sa  direction ,  et  qui  de- 
vait répartir  les  fonds  alloués  par  les 


chambres  entre  toutes  les  persooMi 
employées  à  la  publication  des  doca* 
ments  inédits,  rimprimerie  et  un  bo- 
reau  spécialement  attaché  aux  comité 
Plus  tard^  les  chambres  augmentè- 
rent l'allocation,  et  la  somme  affectée 
aux  travaux  historiques  est  portée  ao* 
jourd'hui  à  150,000  francs. 

Nous  devons  énumérer,  en  finissant, 
les  divers  ouvrages  qui  ont  été  puUià 
jusqu'à  présent  par  les  comités  :  Né- 
godations  relatives  à  la  succatian 
dP Espagne  y  1835,  2  vol. ,  par  M.  Mi- 
gnet  ;  Mémoires  militaires  relayé 
la  guerre  de  la  succession  d'Espam 
1835-1838,  3  vol. ,  par  M.  le  géoéni 
Pelet;  le  Journal  de  Jehan  Maué» 
sur  les  états  tenus  sous  le  rèmà 
roi  Charles  FUI,  1835,  1  vol.,  par 
M.  Bernier  ;  Le  sic  et  non  d^Abfàr 
lardy  1836,  1  vol. ,  par  M.  Goasin; 
Procèsrverbauxdes  séances  duconsd 
de  régence  du  roi  Charles  nil,  p» 
M.  A.  Bernier,  1836  ;  Pièces  relè- 
ves à  la  pille  de  Reims ,  1839-1849, 
3  vol.,  par  M.  Varin  ;  Chronique  sf 
la  guerre  des  Albigeois  y  1837, 1  toI-i 
par  M.  Fauriel  ;  Correspondance  étt 
ambassadeurs  vénitiens  envoyés  à  b 
cour  de  France  y  1838,  2  vol.,  pw 
M.  Thomaseo  ;  Chronique  de  Bem 
de  Sainte -More  y  1837,  2  vol.,ptf 
M.  F.  Michel;  Chronique  de  Ber- 
trand du  GuescUn,  1839,  2  vol.,p* 
M.  Charrière;  Chronique  du  religiàs 
de  Saint-Denis,  1839-1840,  2  »oIm 
par  M.  Bellaguet;  les  Olimy  reqis^ 
du  Parlement  y  1839,  1  vol.,  P 
M.Beugnot;  Cartidairesdela  FraMff 
1840,  3  vol. ,  par  M.  Guérard;  leïM 
des  métiers  d^ Etienne  Boileau,  lllj» 
1  vol. ,  par  M.  Depping  ;  Lettres  es 
rois ,  reines ,  etc. ,  de  France,  <&•> 
1839,  1  vol.,  par  M.  ChampolBoi- 
Figeac  ;  Correspondance -de  Souf^i 
archevêque  de  Bordeaux,  1839,' 
vol. ,  par  M.  Eug.  Sue  ;  la  TaiileJ 
Paris  sous  le  roi  Philippe  le  *li 
1837,  1  vol.,  par  M.  Géraud;  ^ 
menés  de  paléographie ,  1838 , 3  w» 
in-fol.,  par  M.  Natalis  de  Wailly. 

D'autres  ouvrages  qui  concer»» 
non  -  seulement  l'histoire  politi(j*i 
mais  encore  l'histoire  littéraire  et  Irt 


COM 


FRAIS  CE* 


€0M 


381 


sont  commencés.  Ils  continueront  di- 
gnement ,  par  leur  importance ,  la  sé- 
rie des  travaux  achevés,  et  ils  servi- 
ront à  rendre  plus  évidente ,  de  jour 
en  jour,  Futilité  de  la  création  des  co- 
mités historiques. 

GoMM,  roi  des  Atrébates,  avait  été 
imposé  à  cette  nation  par  la  [)olitique 
des  Romains  (64  av.  J.  G.),  ainsi  que 
Gavarin  Tavait  été  au^  Gênons,  Tasget 
aux  Garnutes ,  et  Gingétorix  aux  Tré- 
vires.  Cependant  la  tyrannie  du  pro- 
consul Labiénus  ayant  soulevé  contre 
lui  tout  ce  qui  conservait  un  cœur 
généreux ,  .Gomm ,  depuis  longtemps 
tourmenté  par  ses  remords,  et  dans 
le  fond  sincèrement  attaché  à   son 
pays ,  rompit  avec  rétranger ,  et  tra- 
vailla avec  ardeur  à  Tœuvre  de  Tin- 
dépendancce.    Labiénus,  inquiet  de 
cette  défection ,  résolut  d'en  prévenir 
les  suites  en  faisant  assassiner  le  chef 
gaulois.  II  lui  envoya  un  lieutenant 
avec  quelques  centurions  dévoués,  et 
quand  on  fut  en  présence,  un  des 
Romains  le  frappa  a  la  tête  d'un  vio- 
lent coup  d'épee  qui  le  fît  tomber  de 
cheval,  baigne  dans  son  sang. 

Comm  eut  de  la  peine  à  se  rétablir; 
mais  il  jura  cependant  «  qu'il  ne  se 
ce  retrouverait  jamais  face  à  face  avec 
«  un  Romain  que  sur  le  champ  de  ba- 
«  taille.  »  Gette  occasion  tant  désirée 
ne  tarda  pas  à  s'offrir.  Sous  les  murs 
d'Alesia,  ce  fut  lui  qui  commanda 
l'infanterie  gauloise.  Quand,  après  les 
désastres  de  ce  siège ,  une  nouvelle 
ligue  se  forma,  son  nom  figura  encore 
parmi  les  chefs  les  plus  dévoués  à  leur 
patrie.  Ge  fut  lui  qui  alla  enrôler,  au 
delà  du  Rhin,  500  hommes  de  cavalerie 
germaine.  Mais  la  défaite  des  Bello- 
iraques  et  la  mort  de  leur  chef  Gorrée 
lyant  porté  un  coup  fatal  à  la  cause 
gauloise,  les  vaincus  demandèrent  à 
grands  cris  qu'on  envoyât  des  députés 
st  des  otages  à  Gésar.  «  A  ces  seuls 
nots ,  Comm  monta  à  cheval ,  sortit 
lu  camp,  et  sous  l'escorte  des  cavaliers 
p'il  avait  amenés  d'outre-Rhin,  de 
orét  en  forêt ,  il  parvint  à  gagner  la 
xapmanie ,  reniant  une  patrie  qui  se 
ésignait  déjà  à  servir ,  et  allant  en 
liercher  une  9utre  où  du  moins  ses 


yeux  ne  rencontreraient  pas  un  Ro- 
main (*).  »  Mais  fl  ne  put  se  résigner 
longtemps  à  l'exil,  et  revint  au  milieu 
de  ses  sujets,  qu'il  chercha  de  nouveau 
à  soulever  contre  l'étranger.  Gette  fois 
ils  étaient  résignés  à  la  servitude ,  et 
ils  le  bannirent  même  de  la  cité.  Il  se 
réfugia  alors  dans  les  bois  avec  une 
poignée  de  braves ,  et  fit  aux  légions 
une  guerre  de  partisan  qui  les  gêna 
beaucoup.  Traqué  avec  acharnement 
par  G.  Yolusénus  Quadratus,  le  même 
qui  autrefois  s'était  chargé  de  le  faire 
assassiner,  il  employa  tour  à  tour, 

λour  échapper  au  danger,  les  armes  et 
a  ruse.  Un  jour  enlin  qu'après  une 
action  fort  vive ,  il  se  retirait  avec  les 
siens ,  il  aperçut  Yolusénus  qui  le  sui- 
vait de  près.  Tourner  bride ,  s'élancer 
sur  lui  et  le  frapper  mortellement  de 
sa  lance,  fut  l'affaire  d'un  moment. 

Alors ,  soit  qu'il  lui  suffît  de  s'être 
vengé  de  son  assassin ,  soit  qu'il  vît  sa 
position  désespérée ,  il  envoya  propo- 
ser sa  soumission  au  questeur,  et  elle 
fut  acceptée  à  des  conditions  honora- 
bles. Mais  Gomm,  fidèle  à  son  serment, 
n'avait  voulu  traiter  que  par  truche- 
ment. Puisqu'il  avait  déposé  les  armes, 
il  ne  devait  plus  se  trouver  face  à 
face  avec  un  Romain, 

Dès  lors  la  Gaule  fut  irrévocable- 
ment et  complètement  soumise  au  joug 
de  la  république. 

GOMMANDANT  SUPERIEUB,  officicr 

général  chargé ,  en  temps  de  guerre , 
de  la  défense  d'une  ville  fortifiée ,  du 
commandement  des  troupes  composant 
la  garnison,  et  de  la  haute  surveillance 
des  établissements  militaires  et  des 
divers  services  administratifs.  Les 
pouvoirs  de  cet  officier,  auquel  le  conà- 
mandant  de  la  place  est  subordonné, 
sont  quelquefois  illimités,  et  ont  alors 
quelque  analogie  avec  ceux  des  gou- 
verneurs. 

Le  titre  de  commandant  supérieur, 
qui  avait  disparu  depuis  1814  de  notre 
nomenclature  militaire,  fut  employé 
de  nouveau  en  1831 ,  époque  où  on  le 
donna  à  des  officiers  généraux  chargés 

(*)  Am.  Thierry,  Histoire  des  Gaulois  ^ 
L  m ,  p.  ai4* 


L'UNIVERS. 


GOH 


du  commandânent  de  quelques-unes 
de  nos  places  frontières.  On  désigne 
aussi  quelaiiefois  sous  ce  nom  le  dom- 
mandant  d  an  diâteau  ou  d*ilne  maison 
royale. 

GomcARDÀHT  DIS  nJiGB,  officîer 
auquel  sont  coniiées  la  conBervation,  la 
garde  et  la  défense  d'une  Tille  forti- 
fiée, d'un  poste  niiilitaire,  d'uii  fort  ou 
d'une  citadelle.  Les  lieutenants  de  roi, 
qui  remplissaient  ces  fonctions  avant 
nsi,  furent  Supprimés  à  cette  époque, 
et  remplacés  par  des  officiers  de  même 
grade ,  auxquels  on  donna  d'abord  le 
nom  de  commandants  temporaires  y 
puis,  en  1794,  celui  de  commandants 
d^armes.  L'administration  des  places 
de  guerre  reçut  alors  une  nouvelle 
organisation ,  et  les  nouveaux  titulai- 
res ,  dont  le  nombre  fut  fixé  à  cent 
rquarante-sept ,  dont  neuf  de  première 
classe ,  dix-huit  de  seconde,  trente-six 
de  troisième,  et  quatre-vingt-quatre  de 
quatrième,  eurent  sous  leurs  ordres 
des  majors  de  place ,  des  adjudants  de 
place  divisés  en  deux  classes  (capitai- 
nes et  lieutenants),  des  secrétaires  de 
place  et  des  portiers-consignes. 

Le  titre  de  eoïnmandant  de  place 
ayant  succédé,  le  16  avril  1800,  à  ce- 
lui de  commandant  d'armes ,  on  ne 
désigna  plus  s6us  cette  dernière  déno- 
mination que  les  officiers  auxquels 
était  confié  le  commandement  d'un 
quartier  général  ou  d'une  place  enne- 
mie momentanément  occupée. 

Les  ministres  de  la  restauration, 
jaloux  de  faire  revivre  les  anciennes 
institutions,  rétablirent,  en  1814,  le 
titre  de  lieutenant  de  roi  ^  auquel  on 
renonça  cependant  en  1829 ,  pour  re* 
venir  à  celm  ée  commandant  déplace. 
On  fit  alors  un  nouveau  daSsement 
des  places  de  guerre,  dont  les  comman- 
dants ne  formèrent  plus  que  troi^ 
classes  :  la  première,  composée  de  co- 
lonels; la  se(Conde,  de  lieutenants-co- 
lonels, de  chefs  de  bataillon  ou  d'esca- 
dron ;  et  de  majors  ;  et  la  troisième , 
de  capitaines. 

Les  devoirs  du  commandant  de 
place  sont  très-étendus.  En  temps  de 

Î^aix,  il  dirige  la  police  des  troupes  de 
a  garnison,  et  veille  à  la  conservation 


et 


des  fortifications  et  des  établlssem 
militaires  qui  dépendent  de  son 
mandement.  £n  temps  de  gaerrèj 
doit  défendre  jusqu'à  la  dernière  e 
mité  là   place   qui  lui  est  co; 
(Voyez  C^PiTULÂTioif.) 

Les  emplois  des  eomma 
des  officiers  de  rétat-matjor  dei 
de  guerre  sont  donnés  obmme 
à  d'anciens  militaires  que  leur 
leurs  infirmités  rendent  im{iro| 
service  de  l'armée  active, 
peuvent  encore  utiliser,  dans 
sition  plus  tranquille,  leur  ex 
et  leurs  talents. 

D'après  l'annuaire  de  1840 
sonnel  des  états-ihajors  des 
compose  de  23  commandants 
rarère  classe,  ST  dé  seconde 
troisième;  12  majors;  2d 
dants  de  postée,  forts  ou 
108  adjudants ,  6  aumôniers 
crétaires ,  formant  ensemble 
de  310  oilSciers.  On  compte 
10  officiers  de  toqs  grades 
comme  auxiliaires,  à  l^^uite 
majors  des  places.  Nos  pdé 
l'Algérie  sont  comprises  dapr 
luations.    (Voyez   LiBttis 

BOI.) 
'  COMMÀNDSHIE  Ct  COMH 

Voyez  Maltb  (ordre  de)  et 

MILITAIHBS. 

CoifHAHrN,  ancienne  ba 
Bourgogne,  aujourd'hui  d 
de  la  Côte-^'Or,  à  24  kilo 
Dijon ,  érigée  en  comté  en  1 

GoMHSNBE.  —  Pris  dans  iMtiW 
primitif,  ce  mot  ne  signifiaiiSjMit 
chose  que  le  dépôt  d'un  bédé^MH 
les  marns  de  celui  qui;  ne  pooilA^ 
noriiquement  lé  posséder,  n'eâ'iHjl 
que  1  administration  pendant  qu'flfcjj 
en  vacance,  à  la  charge  de  fvf 
compte  des  fruits  à  celi^i  qui  î^f^ 
pourvu  plus  tard.  La  commends  W 
alors  limitée  au  temps  pendant  IcfV 
le  bénéfice  pouvait  rester  sans  v 
laire.  Mais  comme- ce  temps  dt^ 
cance  profitait  au  commendatwwt 
qui  prenait  rarement  le  sbtn  ds  MW 


\ 


cou 


IiTlANCE- 


COM 


983 


permettaient  les  prescriptions  ecclé- 
siastiques, et  que,  dans  la  suite,  il 
parvint  même  à  se  faire  maintenir  dans 
ses  fonctions,  nonobstant  la  nomina- 
tion d*un  bénéficier,  et  à  s'attribuer 
pour  son  droit  d'administration  une 
forte  partie  des  revenus.  C'est  ainsi 
que  naquirent  les  commendes  perpé- 
tuelles. 

Les  commendes  étaient  données  au 
commencement  dans  l'intérêt  de  TÉ- 
fflise,  et  à  des  hommes  engagés  dans 
les  ordres  sacrés,  et  ceiix  qui  en  étaient 
pourvus  ne  pouvaient  cumuler  les 
fonctioûs  eonlésiastiques  avec  le  gou- 
vernement flcin  monastère.  Mais  cet 
arràngem^^fut  troublé  par  la  suite, 
s  du  clergé  séculier,  de- 
endataires ,  prétendirent 
avantages  dont  ils  jouis- 
c  leur  premier  titre ,  et  réunir 
r  une  seule  tête  de  doubles 
atives  et  de  doubles  revenus, 
prétentions  réussirent.  Alors  les 
es,  voyant  que  l'on  pouvait  pos- 
une  commende  sans  appartenir 
^  gé  régulier,  pensèrent  qu'on 
aussi  bien  en  jouir  sans  ap- 
dergé.  Ils  les  briguèrent, 
ent  à  la  faiblesse  des  rois, 
de  la  première  race,  on 
,  des  paroisses ,  des  mo- 
^nir  la  proie  des  officiers 
roi  et  des  hommes  de 
enaient  abbés  sans  être 
trouvaient  dans  le  re- 
s  une  solde  et  des 


venus. 


sai 


n 
de' 

g« 
tno 

ven  ^^ 

appol^Bieni 

Ch 

en  ret 

des  mi 

rendre 

reparut 

souvent 

Cependant 

à  trouver  fo 


it  fin  à  ce  désordre 
mendes  des  mains 

s  laïques ,  pour  les 

te^^Sglise;  mais  l'abus 
de  son  règne,  et 
de  ses  successeurs, 
ines  ne  tardèrent  pas 
lourd  le  joug  d'un  com- 
tuendataîre,  qui  leur  faisait  observer 
les  règles  de  leur  ordre  d'une  manière 
beaucoup  plus  rigoureuse  quMls  ne 
l*aaraient  fait  sans  lui.  Ils  crièrent 
donc  fort  contre  les  commendes  lai- 
mies:  mais  on  ne  les  écouta  pas.  Il 
était  en  effet  fort  indifférent  qu'un 
moine  guerrier  ou  libeirtin  laissât  ses 


confrères  dans  l'indigence,  tandis  qu'il 
entretenait  à  leurs  dépens  ses  soldats , 
ses  chiens,  ses  oiseaux  et  ses  maî- 
tresses, ou  qu'un  séculier  le  fit  avec 
moins  de  scandale  et  peut-être  plus  de 
profit  pour  l'État.  Aussi  les  commendes 
talques  un  moment  proscrites  furent- 
elles  bientôt  rétablies,  et  se  maintinrent 
nonobstant  toute  opposition.  Les  évê- 
ques  même,  en  considération  du  pres- 
sant besoin  qu'en  avait  le  roi ,  approu- 
vèrent la  distribution  que  Charles  le 
Chauve  faisait  à  âes  fidèles  des  monas- 
tères qui  étaient  à  sa  disposition.  Ils 
exigèrent  seulement  qu'il  rat  pourvu  à 
l'entretien  des  lieux  saints  ainsi  qu'à 
la  subsistance  des  religieux,  et  char- 
gèrent le  roi  lui-même  d'y  veiller. 

Cette  indulgence,  si  toutefois  c'en 
était  une,  fut  le  signal  d'un  déborde- 
ment général ,  et  toutes  les  digues  que 
Charlemagne  avait  un  moment  oppo- 
sées à  l'avidité  des  séculiers  furent 
rompues.  Le  roi  s'attribua  des  abbayes, 
en  donna  à  ses  fils ,  à  la  reine ,  à'  ses 
filles,  et  il  n'y  eut  point  de  comte  qui 
ne  s'en  fît  concéder.  Tous  les  vassaux 
un  peu  puissants  en  exigèrent,  et  mi- 
rent leurs  services  à  ce  prix.  Bientôt 
ces  commendataires  regardèrent  les 
bénéfices  dont  ils  étaient  pourvus 
comme  des  biens  propres,/ et  ils  se 
mirent  à  en  disposer  par  ventes, 
échanges,  partages ,  etc. ,  laissant  sans 
scrupule  les  lieux  saints  dans  un  hon- 
teux état  de  nudité,  les  bâtiments  en 
ruine  et  les  moines  dans  la  misère. 

Cet  état  de  choses  fit  repentir  les 
évêques  de  leur  condescenaance.  Ils 
déclamèrent  vivement  contre  les  dila- 
pidateurs  des  biens  des  églises,  lei$ 
frappèrent  même  d'excommunication; 
mais  tout  fut  inutile,  et  l'abus  des 
commendes  alla  toujours  en  augmen- 
tant. 

Cet  abus  menaçait ,  sous  la  troisième 
race ,  les  églises  et  les  monastères  d'une 
ruine  complète.  On  crut  avoir  trouvé 
le  remède  qu'on  avait  inutilement 
cherché  dans  les  siècles  précédents ,  e| 
On  retira  les  commendes  aux  laïques 
pouir  les  restituer  aux  clercs.  Alors 
prit  naissance  un  désordrç  aussi  grand 
et  plus  scandaleux  encore  que  le  pre« 


384 


€Ofil 


L'UNIVERS. 


GOM 


inîer.  Les  rois  et  les  seigneurs  firent 
tonsurer  ceux  de  leurs  enfants  Qu'ils 
voulurent  enrichir  sans  appauvrir  leurs 
domaines,  et  leur  firent  donner  des 
commendes  opulentes.  Les  membres 
du  corps  épiscopal  se  firent  investir  de 
riches  bénéfices.  Des  abbés  possédant 
le  titre  d*un  monastère  s'attribuèrent 
la  commende  de  plusieurs  autres. 
Enfin  la  corruption  et  le  luxe  du  clergé 
dépassèrent  bientôt  toutes  les  bornes; 
on  vit  les  gens  d'église  mener  la  vie 
des  seigneurs  les  |)lus  fastueux  et  les 
plus  dissolus,  avoir  comme  eux  des 
tables  somptueuses,  des  équipages  de 
chasse,  et;  des  gynécées  peuplés  de 
femmes  de  mauvaise  vie. 

De  siècle  en  siècle ,  les  conciles  ajou- 
tèrent inutilement  sur  cette  matière 
des  prescriptions  nouvelles  aux  pres- 
criptions anciennes.  Vainement  plu- 
sieurs papes  révoquèrent  les  commen- 
des que  leurs  prédécesseurs  avaient 
accordées,  et  même  celles  qu'ils  avaient 
accordées  eux-mêmes  ;  vainement  la 
suppression  de  cet  abus  fut  demandée 
à  Louis  XI ,  par  les  états  tenus  à  Tours 
en  1483;  vainement  le  concordat  de 
Léon  X  et  de  François  P*^  les  frappa 
indirectement  de  prohibition  ,  leur 
nombre  alla  toujours  en  augmentant, 
et  le  contîile  de  Trente  n'osant  atta- 
quer de  front  un  état  de  choses  que 
tant  d'hommes  puissants  avaient  in- 
térêt à  maintenir,  lui  accorda  l'autorité 
de  la  chose  jugée,  se  bornant  à  ex- 
primer le  vœu  qu'en  matière  de  béné- 
fices on  rétablît  l'ancienne  discipline 
de  l'Église. 

II  semblerait  qu'après  ces  différen- 
tes tentatives  on  devait  se  tenir 
pour  battu.  Cependant  les  succes- 
seurs du  roi  chevalier  cherchèrent 
aussi  à  mettre  des  bornes  à  l'abus  des 
commendes,  abus  qui  fournissait  au 
luxe  des  prélats  tant  de  moyens  de  se 
satisfaire ,  et  aux  réformés  tant  d'ar- 
guments contre  l'Église  dont  ils  se 
séparaient.  Henri  II ,  en  1556 ,  déclara 
les  commendes  abusives,  ordonna  en 
conséquence  que  les  revenus  des  béné- 
fices tenus  de  cette  manière  seraient 
appliqués  aux  besoins  de  l'Église  et  aux 
ji^cessités  des  pauvres,  et  que  tous  les 


bénéfices  seraient  conférés  en  titre. 
Cette  même  suppression  fut  reDOuvelée 
par  Charles  IX  en  1571  ;  mais  Henri  m 
en  revint  à  l'usage  anciennement  éta- 
bli de  donner  des  monastères  et  même 
des  évéchés  aux  courtisans  et  aux 
hommes  de  guerre.  «  En  1574,  ditl'au- 
«  teur  du  journal  de  VÉtoUe,  an  eapi- 
«  taîne  dauphinois  nommé  le  Gas,  qui 
«  avoit  suivi  le  roi  en  Pologne,  etàqui 
«  Sa  Majesté  avoit  donné,  pour  récom- 
«  pense  de  ses  services ,  les  éveschezde 
«  Grenoble  et  d'Amiens ,  vacants  par  la 
«  mort  de  l'amiral  de  Crequy,  vendit  à 
«  une  garce  de  la  cour  l'évesché  d'A- 
«  miens ,  qui  dès  longtemps  avoit  ie 
«bouquet  sur  l'oreille,  la  somme  de 
«  trente  mille  livres,  ayant  vendu  ao- 
«  paravant  l'évesché  de  Grenoble  qua- 
«  rante  mille  livres  au  fils  du  seigneur 
«  d'Avanson.  »  Nous  n'avons  pas  be- 
soin d'ajouter  qu'il  ne  vendit  ainsi  que 
la  commende  de  ces  deux  évêdes; 
l'administration  spirituelle  des  diocèses 
ne  lui  avait  pas  été  donnée.  Plus  tard, 
aux  états  de  Blois,  tenus  en  1579, 
Henri  III,  sans  se  dépouiller  delafe* 
culte  de  disposer  des  bénéfices,  b 
restreignit  en  ce  qui  concernait  les 
bénéfices  réguliers,  auxquels  il  proiwt 
de  ne  nommer  à  l'avenir  que  des  rdi- 
deux.  La  suppression  des  commendes 
fut  encore  arrêtée  par  Louis  XIU»' 
l'assemblée  des  notables  tenue  à  Rouen 
en  1617.  Cependant,  malgré  tant  d'or- 
donnances et  de  règlements  qui  seiB* 
blaient  devoir  les  frapper  de  mort,  te 
commendes  se  perpétuèrent  jusqu'à  la 
révolution ,  qui  les  abolit  enfin,  ^ 
appliquant  les  biens  des  éslisesetiks. 
monastères  aux  besoins  de  l'État,  ea 
supprimant  les  vœux  religieux,  et  eo 
chargeant  la  nation  de  la  subsista«% 
des  membres  du  clergé  séculier,  quiuit 
seul  reconnu. 

Commensal,  titre  que  l'on  donnait 
autrefois  aux  officiers  et  aux  doniesfr 
ques  de  la  maison  du  roi  et  des  maison 
royales,  c'est-à-dire,  des  maisons» 
prmces  du  sang  qui  avaient  ce  ^ 
nommait  une  maison  en  titre  d'(A^ 
Ce  titre  n'appartenait  cependant  pj 
indistinctement  à  tous  les  officiers  d 
domestiques  de  ces  maisons;  il  oeM 


J 


COM 


FRANCE. 


COM 


385 


donnait  qu'à  ceux  qui ,  servant  près  de 
la  personne  des  rois  ou  des  princes, 
avaient  bouche  et  livrée  en  cour,  et 
étaient  inscrits  sur  l'état  de  la  maison 
du  roi  enregistré  en  la  cour  des  aides. 
On  distinguait  trois  ordres  de  com- 
mensaux. Le  premier  comprenait  les 
officiers  de  la  couronne ,  les  chefs  d'of- 
fice, ceux  qui  formaient  le  conseil  du 
roi ,  tous  ceux  enfin  qui ,  à  cause  de  la 
dignité  de  leurs  offices ,  avaient  le  titre 
et  rétat  de  chevalier,  et  étaient  nobles 
d'une  noblesse  transmissibie  à  leur 
postérité.  Tels  étaient  le  grand  maître 
de  la  maison  du  roi ,  le  grand  cham- 
bellan, le  grand  maître  de  la  garde-robe, 
le  grand  ecuyer,  le  grand  échanson ,  le 
grand  veneur,  le  grand  fauconnier,  le 
grand  louvetier  et  les  autres  grands 
officiers.  Le  second  ordre  de  commen- 
saux se  composait  des  maîtres  d'hôtel , 
des  gentilshommes  servants,  des  offi- 
ciers de  la  vénerie,  de  la  fauconnerie, 
de  la  louveterie,  des  écuyers,  des  ma- 
réchaux des  logis,  des  fourriers,  des 
gardes  de  la  porte ,  des  valets  de  cham- 
bre, huissiers,  portemanteaux,  valets 
de  la  garde-robe ,  contrôleurs ,  hérauts 
d'armes,  gardes  delà  manche  et  autres 
officiers  de  seconde  classe.  Dans  le 
troisième  ordre,  on  comptait  tous  les 
bas  officiers  et  domestiques  dont  les 
offices  étaient  depuis  l'origine  remplis 
par  des  roturiers. 

Plusieurs  ordonnances  du  seizième 
siècle  accordèrent  successivement  la 
commensalité  de  la  maison  du  roi  au 
grand  prévôt  de  l'hôtel,  à  ses  lieute- 
nants, à  ses  greffiers,  gardes  et  ar- 
chers, aux  officiers  du  grand  conseil. 
Les  avocats  aux  conseils  du  roi  étaient 
réputés  commensaux.  Plusieurs  sujets, 
sans  être  officiers  et  domestiques  de  la 
maison  du  roi  ou  des  maisons  royales, 
participèrent  aux  privilèges,  exemp- 
tions et  franchises  des  commensaux, 
en  vertu  des  charges  et  offices  dont  ils 
étaient  pourvus.  Enfin  plusieurs  ecclé- 
siastiques et  bénéficiers,  sans  être  ex- 
pressément tenus  à  un  service  auprès 
de  la  personne  du  roi ,  de  la  reine,  des 
enfants  de  France  ou  des  princes, 
jouissaient  des  mêmes  avantages  ;  tels 
étaient,  entre  autres,  les  chanoines  de 


la  Sainte-Chapelle  de  Paris  et  de  quelr 
ques  autres  chapitres. 

Les  privilèges  des  commensaux  con- 
sistaient principalement  en  exemptions 
des  charges  publiques.  Les  plus  anciens 
actes  où  il  en  soit  guestion  remontent 
au  quatorzième  siècle.  Ce  sont  un 
commandement  par  lequel  Philippe  le 
Long  fit  rendre,  le  10  janvier  1317,  à 
trois  de  ses  officiers,  des  droits  de 

Séage  sur  eux  indûment  perçus  pour 
es  denrées  destinées  à  leur  consom- 
mation, et  un  arrêt  du  parlement,  de 
1318,  portant  la  même  exemption  en 
faveur  des  commensaux. 

Outre  ces  privilèges  utiles,  les  com- 
mensaux en  possédaient  aussi  d'hono- 
rifiques, tels  que  celui  de  prendre  le 
titre  d'écuyer,  d'occuper  certaines  pla- 
ces dans  les  processions  et  les  cérémo- 
nies,  etc.  Les  commensaux  ecclésias- 
tiques, indépendamment  des  privilèges 
qui  leur  étaient  communs  avec  tous  les 
autres'officiers  et  domestiques  du  roi, 
étaient  dispensés  de  la  résidence ,  per- 
cevaient les  fruits  de  leurs  prébendes 
pendant  le  temps  de  leur  service  à  la 
cour,  étaient  exempts  des  décimes  pour 
raison  des  bénéfices  qu'ils  possédaient. 
Les  commensaux  gue  la  vieillesse  ou 
leurs  infirmités  obligeaient  de  renoncer 
à  leur  service,  obtenaient  du  prince 
des  lettres  de  vétérance,  en  vertu  des- 
quelles ils  continuaient  à  jouir  des  pri- 
vilèges et  exemptions  attachés  à  la 
commensalité. 

CoMM£BGE.~La  fondation  de  Mar- 
seille par  les  Phocéens ,  600  ans  avant 
Jésus -Christ,  et  plus  tard,  l'établis- 
sement des  Romains  'dans  ce  qu'ils 
appelèrent  la  province  romaine  ,  en 
donnant  aux  Gaulois  du  Midi  la  con- 
naissance et  le  goût  des  productions 
étrangères  que  les  premiers  appor- 
taient sur  leurs  navires ,  et  que  les  s^ 
conds  tiraient,  pour  leur  consomma- 
tion ,  de  l'Italie  et  de  la  Grèce ,  four- 
nirent ,  entre  les  denrées  exotiques  et 
les  produits  indigènes ,  l'occasion  d'é- 
changes variés  et  fréquents.  De  là 
naquit  dans  les  pays  qui  s'étendent 
des  Alpes ,  de  la  Méditerranée  et  des 
Pyrénées  jusqu'à  la  Loire,  un  com- 
merce qui  dut  être  lucratif,  si  on  en 


T.  V.  25*  Livraison.  (Dict.  KNfcvcLOP.,  etc.) 


25 


«66 


WM 


L'UNIVERS. 


€0M 


juge  par  l'éUil  florissant  dans  lequel 
César  trouva  les  villes  de  ces  contrées 
lorsqu'il  entreprit  de  soumettre  la 
Gaule  à  la  domination  des  Romains. 

Quant  aux  Gaulois  enfermés  entre 
le  Rhin ,  la  Manche  et  le  grand  Océan, 
de  nombreux  passages  d'auteurs  grecs 
et  latins  nous  apprennent  que  dans  les 
mêmes  temps  où  Tyr  et  Cartbage  s'é- 
levaient par  le  commerce  à  un  haut 
degré  de  richesse  et  de  puissance  po- 
litioue ,  ils  se  confiaient  avec  intrépi- 
dité, sans  guide  ^  sans  boussole,  à 
des  barc|i}es  fragiles  pour  aller  dans  les 
lies  Britanniques ,  et  jusque  dans  les 
Orcades ,  recevoir  du  plomb  ,  de  Té- 
tain,  des  pelleteries,  des  esclaves  et 
des  chiens  de  chasse ,  contre  la  poterie 
commune,  les  ouvrages  de  cuivre  pu 
de  fer ,  et  les  vins  d'Italie  qu'ils  y  por- 
taient avec  grand  bénéfice.  Vannes, 
alors  capitale  de  l'Armoriqûe,  était  le 
centre  ae  ce  commerce.  C'était  dans 
le  port  de  cette  ville  que  les  négociants 
gaulois  déchargeaient  ce  qu'ils  appor- 
taient de  ces  fies ,  pour  transporter 
par  terre  ou  par  eau  à  Narbonne  ou 
Marseille ,  et  livrer  aux  marchands  de 
Grèce  ou  d'Italie  ce  dont  ils  n'avaient 
pas  trouvé  le  placement  dans  leur  pays. 
Si  quelque  chose  pouvait  compenser 
pour  les  peuples  la  perte  de  leur  indé- 
pendance et  de  leur  nationalité ,  on  se- 
rait en  droit  de  dire  que  la  domina- 
tion romaine  fut  un  bienfait  pour  la 
Gaule.  En  effet ,  elle  y  porta  la  civili- 
sation du  vieu]^  monde  et  y  donna  une 
)uissante  impulsion  au  commerce  qui, 
ui-méme ,  aida  puissamment  à  l'éta- 
)lissement  du  christianisme.  Si  plu- 
sieurs cantons  de  la  Belgique  persé- 
vérèrent dans  l'usage  adopté  oepuis 
longtemps  chez  eux ,  de  repousser  les 
productions  étrangères,  les  Gaulois  du 
Centre  et  du  Midi  ne  firent  aucune  dif- 
ficulté de  les  accueillir  et  de  s'associer, 
pour  se  les  procurer,  avec  les  publi- 
cains  et  les  chevaliers  romains  qui  ve- 
naient trafiquer  à  ?ïarbonne  et  dans 
les  quartiers  riverains  du  Rhône  et  de 
la  Saône.  Comme  ils  possédaient  l'art 
de  travailler  les  métaux,  et  recueil- 
laient des  paillettes  d'or  dans  le  sable 
de  plusieurs  de  leurs  rivières ,  leur  pa- 


tience jointe  à  leur  industrie  leur  foui: 
nit  des  objets  à  donner  contre  cm 
qu'on  leur  apportait ,  et  un  échange 
eontinuel  de  productions  naturelles  et 
de  produits  tabriqués  s'opéra  bientôt 
de  ville  à  ville ,  de  province  à  provlDce 
et  de  pays  à  pays.  Lor^ue  ces  res- 
sources devinrent  insuffisantes,  on 
défricha  les  terres ,  on  déboisa  les  co- 
teaux ,  on  fouilla  les  mines,  en  même 
temps  que  l'on  curait  les  rivières, que 
1  on  creusait  des  canaux ,  et  qu'on  ou- 
vrait des  routes.  Grâce  au  commeree, 
le  sol  se  couvrit  de  moissons ,  les  ri- 
chesses sortirent  de  la  terre,  les  hom- 
mes et  les  marchandises  circulèreot 
du  nord  aq  midi,  de  l'es^  à  l'ouest,* 
tout  prit  dpns  la  Gaule  un  ait  de^ 
et  de  prospérité.  ^    . 

Bientôt  on  vit  se  manifester  Te^ 
d'association.  Dès  le  rè^ne  deTibat, 
soixante  ans  au  plus  après  la  conm 
il  existait  à  Paris  upe  compagnie  de 
négociants  par  eau ,  appelés  rmUS) 
nautœ  parisiaci^  dont  les  bateaux  cou- 
vraient la  Seine,  tant  en  mxm 
qu'en  descendant.  Bientôt  toutes  » 
rivières  navigables,  telles  que  le  Rbo«i 
la  Saône,  la  Durance,  la  GaroDDe> 
l'Yonne , .  la  Loire ,  la  Marne ,  cte*? 
eurent  des  compagnies  semblabl<sj 
celle  qui  exploitait  la  Seine;  et  les  w 
que  côtoyaient  ces  rivières  se  pcB|r 
rent  d'actifs  négociants  qui  les  ean- 
ehirent  en  s'enrichissant  eux-ineffl«- 
Dès  ce  moment,  les  nautes  furent 9N^ 
mis  à  une  organisatioa  particuliètt» 
divisés  en  ditiérents  corps  investis* 
beaux  privilèges,  parmi  lesquels  dobi 
ne  citerons  que  l'exemption  de  la  11* 
telle  et  de  la  curatelle,  charge  alo0 
fort  onéreuses,  la  défense  deNtfJ; 
même  pour  dettes,  leurs  marchai»' 
ses,  lorsqu'elles  étaient  exposées J| 
vente  sqr  les  marchés  «  ^  la  facnllp 
faire  juger  les  différend^  qui  i^ 
vaient  entre  eux  pour  f^it^  de  (f^ 
nierce ,  par  des  arbitras  de  leur  m< 
et,  à  défaut,  par  les  juges  ordisaU^ 
des  lieux  où  ils  se  trouvaient. 

Pour  prix  des  avantages  qui  i^ 
étaient  accordés ,  ainsi  que  poor  F^* 
tretien  des  rivières ,  canaux,  rouM^ 
ponts  qu'ils  paicooraienl  »  les  W" 


COJH 


FRANGE. 


GOM 


â87 


ciânts  payaient  au  fisc,  sur  les  mar- 
chandises qu'ils  introduisaieut  dans  la 
Gaule,  un  droit  de  douane  à  la  fron- 
tière, et  un  droit  d'octroi  à  la  porte 
des  villes  où  ils  se  proposaient  de  les 
vendre;  ces  droits  variaient  en  raison 
de  la  nature  des  objets  importés.  Lés 
denrées  de  première  nécessité  n'étaient 
que  légèrement  taxées ,  et  celles  de 
luxe  l'étaient  davantage.  Ainsi,  les 
productions  de  l'Inde  et  de  l'Arabie , 
telles  que  la  cannelle ,  la  myrrhe ,  le 
poivre,  le  gingembre  et  autres  aro- 
mates ,  les  pierres  précieuses ,  les  t)er- 
les ,  les  peaux  de  Perse  et  de  Baby- 
lone ,  les  soies  écrues  et  ouvragées , 
l'ivoire,  Tébène,  les  eunuques  payaient 
un  droit  éi]uiva}ent  à  cent  fois  leur 
valeur  intrinsèque.  La  sortie  des  pro- 
duits du  sol ,  et  des  marchandises  fa- 
briquées dans  la  Gaule ,  était  affran- 
chie de  tout  droit  ^  à  la  condition  que 
l'exportation  ne  s'en  ferait  qu'à  des 
nations  amies  de  l'empiré,  et  que  les 
marchandises  exportées  ne  seraient 
point  dé  celles  qu'il  était  défendu  de 
vendre  aux  étrangers ,  comme  les  ar* 
mes,  l'or  en  lingot  ou  fabriqué  en 
monnaie,  les  pierres  à  aiguiser,  les 
esclaves  possédant  certains  talents,  etc. 
Tel  était  le  régime  sous  lequel  fut , 

Sendant  un  temps ,  placé  le  commeroè 
es  Gaulois  ;  mais  cet  état  de  choses 
ne  dura  pas;  l'avidité  fiscale  trouva 
bientôt  ûeû  prétextes  et  des  moyens 
pour  le  charger  d'une  multitude  de 
taxes  arbitraires  dont  nous  parierons 
plus  bas.  Les  invasions  des  barbares , 
pendant  le  quatrième  et  le  cinquième 
$iècle,  portèrent  aussi  de  funestes  atr 
teintes  au  commerce  des  Gaulois  ;  mais 
guand  les  bandes  germaniques  se  furent 
irrévocablement  fixées  dans  les  con- 
trées dont  elles  avaient  fait  la  con- 
quête ,  leurs  chfefs  comprirent  à  leur 
tour  l'avantage  du  commerce  et  ils 
couvrirent  de  leur  protection  les  hom- 
mes industrieux  qui  ne  demandaient 
qu'à  leur  procurer  en  abondance  les 
objets  de  leur  convoitise,  qu'ils  étaient 
venus  chercher  de  si  loin.  On  trouvé 
dans  les  lois  des  Yisigotfas,  des  Boar- 
guignons,  des  Fraoos  Saliens,  des 
Francs  Ripu^res,  plusieurs  articles 


ayant  pour  but  de  favoriser  les  entre- 
prises commerciales  et  ceux  qui  s'y  li- 
vraient. Le  commerce  était  devenu  si 
nécessaire,  qu'il  se  releva,  malgré 
le  nombre  des  nations  toujours  en 
guerre  qui  couvraient  alors  la  Gaule. 
Arles  prit  rang  parmi  les  cités  les  plus 
opulentes  du  pays.  Narbonne ,  sa  ri- 
vale ,  vit  abonder  dans  son  marché  les 
tributs  de  l'Espagne ,  de  la  Sicile ,  de 
l'Afrique  et  de  l'Orient.  Bordeaux, 
si  heureusement  bâtie  sur  un  grand 
fleuve ,  s'enrichit  promptement ,  en 
joignant  à  l'importation  de  la  poix ,  du 

Sapyrus ,  etc. ,  l'exportation  des  cires, 
es  suifs  ,  auxquels  ses  marchands  sa- 
vaient donner  une  grande  blancheur, 
et  surtout  des  vins  dont  le  commerce 
était  devenu  très-actif,  depuis  que 
Probus  avait  permis  aux  Gaulois  de 
replanter  les  vignes  que  leur  avait  fait 
arracher  Dortiltien.  lîe  Nord  et  l*Ouest 
ne  prospéraient  pas  moins  ;  Trêves  ri- 
valisait avec  Narbonne;  Aleth  avait 
acquis  une  grande  puissanpe  par  le 
nombre  de  ses  habitants,  l'audace  de 
ses  marins,  et  l'étendue  de  ses  rela- 
tions commerciales.  Grâce  à  l'activité 
qui  régna  pendant  cette  période ,  l'a- 
griculture ,  cette  source  première  de 
toute  pi'osf^érité  commerciale ,  oonti- 
liua  de-  faire  des  progrès.  La  terre  se 
couvrit  d'oliviers,  d'orangers  et  de  ci- 
tronniers au  midi ,  de  plantes  ligneuses 
et  oléagineuses  au  nord ,  et  de  céréales 
partout.  Les  rives  de  la  Loire  furent 
l)lantées  de  ces  vignobles  célèbres  çui 
firent  de  l'Orléanais  et  de  la  Tourame 
des  contrées  opulentes  et  fournirent 
matière  à  ces  expéditions  qui  firent 
de  Nantes  une  ville  de  premier  ordre. 
Les  choses  en  étaient  à  ce  point 
lorsque  deux  grands  événements  vin- 
rent accélérer  la  marche  du  progrès. 
Le  premier  fut  l'importation  en  Eu- 
rope de  l'insecte  précieux  qui  produit 
la  soie.  Ces  riches  tissus  dont  Justi- 
nien  avait  cru  devoir  défendre  l'u- 
sage aux  particuliers ,  parce  qu'ils  se 
vendaient  au  poids  de  1  or ,  devinrent 
alors  accessibles  aux  fortunes  de  se- 
conde classe,  et  fournnrent  de  noui 
veaux  aliments  aux  spéculations  des 
navigateurs  et  des  marchands.  Le  se» 

2ô. 


388 


COM 


L'UNIVERS. 


COM 


cond  de  ces  événements  fut  Texpulsioii 
des  Goths  des  provinces  qu'ils  possé- 
daient dans  le  Midi ,  expulsion  suivie 
peu  de  temps  après  de  la  réunion  de 
Marseille  à  la  monarchie  des  Francs , 
qui  rendit  celle-ci  maîtresse  du  com- 
merce de  la  Méditerranée  et  ouvrit  à 
ses  négociants  la  Grèce,  l'Asie  Mi- 
neure, l'Éçypte,  la  Syrie,  et  tout  l'O- 
rient. Les  juifs ,  dans  tous  les  temps 
si  prompts  à  accourir  partout  où  il  y 
a  du  profit  à  faire ,  ne  manquèrent  pas 
d'entrer  avec  ardeur  dans  les  voies 
commerciales  ouvertes  à  leur  patiente 
et  laborieuse  activité.  Ils  en  furent 
exclus.  Alors  ils  se  réfugièrent  dans 
la  banque,  ou  plutôt  dans  l'usure  cju'ils 
exercèrent  avec  colère,  puis  rentrèrent 
dans  le  commerce  pour  en  être  bien 
des  fois  expulsés  encore  et  y  revenir 
toujours. 

Il  fallait  qu'en  ces  temps-là  les  bé- 
néfices commerciaux  fussent  consi- 
dérables ,  car  les  négociants  payaient 
cher  la  protection  et  les  encourage- 
ments qu'ils  recevaient  de  l'autorité. 
Aux  droits  de  douane  et  d'octroi, 
dont  nous  avons  parlé  plus  haut, 
la  fiscalité  romaine  avait  depuis ,  et 
d'année  en  année,  ajouté  une  mul- 
titude d'impositions  qui,  toutes  réu- 
nies, formaient  un  total  effrayant. 
Pour  ne  parler  que  des  marchandises 
amenées  par  eau,  un  bateau  qui  mouil- 
lait dans  un  port  devait  payer  un  droit 
d'entrée,  un  droit  de  salut  et  de  bien- 
venue,  un  droit  de  pont ,  s'ily:en  avait 
un ,  ce  qui  arrivait  presque  toujours , 
un  droit  d'ancrage  s  il  séjournait ,  un 
droit  pour  obtenir  la  permission  de 
décharger  les  marchandises,  le  loyer 
de  l'emplacement  que  la  cargaison  oc- 
cupait a  terre,  enhn,  cinq  ou  six  au- 
tres droits  sous  des  noms  divers.  Tel 
fut  l'état  de  choses  que  les  rois  francs 
trouvèrent  institué  dans  la  Gaule  à 
leur  arrivée ,  qu'ils  y  maintinrent  et 
gui  y  subsista  jusqu'au  moyen  âge. 

On  sentait  bien  que  cette  multipli- 
cité de  taxes  était  très-préjudiciable 
au  commerce,  mais  on  ne  pouvait  pas 
Tabolir,  parce  qu'elle  était  profitable 
aux  chefs  de  second  et  de  troisième  or- 
dre, et  formait  une  partie  essentielle 


du  revenui  des  terres  qui  leur  étaient 
échues  lors  du  partage  de  la  conquête. 
Dagobert  I**",  n'osant  entreprenore  de 
dépouiller  les  descendants  des  vieui 
compagnons  de  ses  ancêtres,  imagina 
de  créer  .aux  marchands  des  lieux  de 
franchise  où  ils  s'assembleraient  pour 
vendre,  pendant  un  temps  fixé,  les  ob- 
jets dont  ils  faisaient  commerce,  sans 
avoir  à  payer  des  droits  qui  en  aug- 
mentaient si  considérablement  le  prix. 
Telle  est  l'origine  des  foires,  La  pre- 
mière fut  celle  de  Saint-Denis,  près 
de  Paris,  dite  du  LandiUlAS  commer- 

Sants  qui  y  conduisaient  leurs  marchao- 
ises  étaient  tenus  de  se  rendre  en  un 
lieu  marqué,  hors  des  limites  dufud' 
cessait  la  franchise.  Là,  ils  étaient 
exempts  de  quatorze  droits  anciens,, 
que  la  charte  de  fondation  réduisit  à 
un  petit  nombre  de  redevances  modé- 
rées et  supportables,  au  profit  de  l'ab- 
baye de  Saint-Denis,  que  le  monarqoe 
eut  la  politique  d'intéresser,  par  œ 
moyen,,  au  maintien  du  nouvel  éta- 
blissement. La  foire  du  Landit  devint 
bientôt  l'entrepôt  le  plus  important  des 
richesses  du  monde.  On  y  accourait  de 
toutes  les  provinces  de  France,  on  y 
venait  d'Angleterre,  d'Allemagne,  de 
Lombonlie ,  d'Espagne ,  d'Egypte,  de  ^ 
Syrie  ret  «des  côtes  barba  resques.  On  y 
trouvait  jusqu'aux  plus  opulents  [pro- 
duits de  rinde,  que  les  Grecs  allaient 
chercher  à  leurs  sources,  et  que  les  né- 
gociants français  allaient,  tour  à  tour, 
leur  acheter  sur  leur  terre  ferme  et 
dans  leurs  îles. 

Cette  accumulation  d'objets  de  gnnd 
prix  en  France  n'eut  pas  seulement 
pour  résultat  d'enrichir  l'État  ainsi 
que  les  particuliers ,  et  de  stimuler, 
comme  nous  l'avons  dit,  l'agricui- 
turc ,  elle  donna  aussi  essor  à  la  science 
de  la  mise  en  œuvre,  et  contribua  puis- 
samment aux  progrès  des  arts.  Aussi, 
dès  le  septième  siècle,  on  possédait  et 
l'on  portait  fort  loin  l'industrie  qui 
consiste  à  travailler  les  métaux,  à  tail- 
ler et  à  monter  les  pierreries  pour  en 
faire  des  parures  de  luxe ,  et  en  déco- 
rer les  ameublemeuts  et  surtout  les 
châsses  des  saints.  Déjà  l'on  façonnait 
si  habilement  Tor  et  l'argent,  qu'on  en 


OOM 


FRANCE. 


€OM 


889 


rrf 


faisait  des  ouvrages  dans  lesquels  le 
prix  du  travail  remportait  sur  celui  de 
la  matière.  La  vie  de  saint  Èloy,  par 
saint  Ouen ,  même  lorsqu'on  la  débar- 
rasse des  exagérations  qui  peuvent  s'y 
trouver,  prouve  la  vérité  de  ces  asser- 
tions, qui,  au  premier  coup  d'œil,  sem- 
blent exagérées  elles-mêmes. 

Le  succès  de  la  foire  de  Saint-Denis 
donna  à  Dagobert  et  à  ses  successeurs 
l'idée  d'en  instituer  plusieurs  autres  :  les 
chartes  d'institution  de  ces  foires  nous 
en  fournissent  la  preuve.  Mais  depuis  la 
mort  de  ce  roi  jusqu'à  l'extinction  de 
sa  race,  le  commerce  français  ne  fit 
que  se  maintenir,  perdant  même  du  ter- 
rain plutôt  qu'il  ne  prenait  de  l'accrois- 
sement. Cela  devait  être;  les  maires  du 
palais,  qui  régnaient  sous  le  nom  des 
descendants  de«Clovis,  avaient  autre 
chose  à  faire  que  de  protéger  des  mar- 
chands. Cependant  plusieurs  ordon- 
nances publiées  sous  le  nom  de  Childé- 
ricIII,  dernier  roi  de  sa  dynastie,  défen- 
dirent, sous  peine  de  la  perte  de  la  main, 
de  fabriquer  et  de  mettre  en  circula- 
tion des  monnaies  fausses;  et  elles 
confirmèrent  les  privilèges  que  Dago- 
bert avait  accordes  à  l'abbaye  de  Saint- 
Denis,  en  fondant  sur  son  territoire 
la  foire  du  Landit,  et  consolidèrent 
ainsi  cet  établissement. 

Pépin  et  Carloman  ne  pensèrent  qu'à 
affermir  leur  pouvoir,  et  n'accordè- 
rent au  commerce  qu'une  attention  se- 
condaire. On  a  pourtant  de  ces  deux 
princes  une  ordonnance  sur  les  mon- 
naies, et  deux  chartes  sur  la  foire  de 
Saint-Denis.  Mais  Charlemagne,  mal- 
gré ses  voyages  multipliés  et  les  soins 
qu'exigeait  le  gouvernement  de  son 
vaste  empire,  donna  de  nombreux  en- 
couragements aux  entreprises  dont  son 
esprit  rapide  et  profond  comprit  toute 
l'importance.  Il  fit  construire  à  Bou- 
logne ,  pour  la  sûreté  des  navires ,  un 
phare  d'une  grande  beauté,  à  la  place 
de  celui  qu'y  avait  élevé  l'empereur 
Caligula,  et  qui  était  tombé  en  ruine. 
Il  publia  des  ordonnances  sur  les  juifs, 
qu  il  dépouilla  des  droits  et  des  privi- 
lèges des  marchands,  sur  la  taille  et  le 
poids  des  monnaies ,  sur  le  larcin  et  la 
vente  des  choses  saintes,  sur  le  com- 


merce clandestin  des  serfs,  sur  les  prêts 
usuraires,  sur  les  redevances  fiscales^ 
sur  le  droit  de  circulation  par  terre  et 
par  eau,  sur  la  sanctification  du  di- 
manche, etc....  Il  défendit  le  commerce 
aux  ecclésiastiques ,  afin  que  l'appât 
du  gain  ne  les  détournât  pomt  de  leurs 
devoirs  sacrés.  Mais  la  prohibition  des 
vêtements  somptueux  et  des  parures 
de  luxe  dut,  en  fermant  l'entrée  du 
royaume  à  une  classe  importante  de 
matières  premières,  amener  la  ruine 
de  l'industrie  qui  donnait  une  nouvelle 
valeur  à  ces  matières. 

Malgré  cette  erreur  qui  tenait  à  l'i- 
gnorance de  l'époaue,  Charlemagne 
laissa  le  commerce  aans  une  situation 
prospère.  A  sa  mort,  la  France  possé- 
dait de  riches  entrepôts  et  une  marine 
marchande  considérable;  ses  naviga- 
teurs étaient  familiarisés  avec  les 
courses  sur  mer,  ses  négociants  avec 
les  excursions  par  terre  ou  sur  les 
fleuves  dans  les  régions  du  Nord.  La 
lettre  de  change,  ce  moyen  si  rapide 
et  si  commode  de  transporter  sans 
déplacement  et  sans  frais  les  capitaux 
d'un  pays  dans  un  autre,  avait  déjà 
été  inventée  par  les  juifs,  lorsque, 
ayant  été  chassés  du  royaume  par  Da- 
gobert, ils  se  retirèrent  en  Lombardie. 
Enfin,  tous  les  marcliands  avaient  pour 
se  réunir  et  parler  de  leurs  affaires, 
des  maisons  qui  leur  appartenaient  en 
commun ,  que,  du  temps  de  Grégoire 
de  Tours,  on  nommait  domiis  nego- 
tiorum ,  que  plus  tard  on  appela  par- 
loirs aux  bourgeois ,  parloirs  aux 
marchands,  et  auxquelles  nos  bourses 
de  commerce  doivent  leur  origine. 

Comme  on  le  voit,  le  commerce 
se  débarrassait  de  ses  langes,  mais 
il  devait  être  longtemps  encore  ar- 
rêté dans  son  développement.  Louis 
le  Débonnaire ,  quoique  contraint 
pendant  presque  tout  le  temps  qu'il 
vécut ,  de  lutter  contre  les  entrepri- 
ses de  ses  fils ,  continua  autant  qu'il 
le  put,  l'œuvre  de  son  père.  Il  publia 
plusieurs  ordonnances  sur  les  mon- 
naies, les  ponts  et  chaussées,  les  péages 
sur  les  grandes  routes  et  les  droits  de 
navigation  sur  les  fleuves  ;  il  fit  purger 
la  Méditerranée  des  pirates  africains 


m 


CM 


L'UinVERS. 


0»K^ 


qui  l'infestaient,  et  avaient  capturé 
huit  bâtiments  marchands  aux  Mar- 
^illalâ ,  et  rendit  aux  juifs  le  droit 
d*acheter  et  de  yèndfe,  dontilssetrou^ 
raient  alors  pHtés  pour  la  seconde  ou 
troisième  foisi.  Toutes  les  mesures  de 
ee  prince  forent  intelligentes  et  bon- 
nes, mais  il  commit  la  même  f^âte  que 
le  grand  homme  dont  il  occupait  la 
place.  Il  frappa  d'une  proscription  nou- 
velle les  habillements  ainsi  <|ue  les  pa- 
rures de  prix  qu'il  défendit,  surtout 
avec  sévérité,  aux  gens  d'église,  et 
anéantit  ainsi  les  manufactures  et  les 
fabridues  qui  subsistaient  encore. 

4  partir  de  Charles  le  Chauve,  Jus- 
qu'à la  chute  de  la  dynastie  carlovin- 
gienne,  c'est-à-dire,  de  84^  i  987,  le 
commerce  fut  ruiné  complètement  par 
les  invasions  continuelles  des  hommes 
ûii  Nord,  par  le  pillage  et  Tincendie 
des  villes  qu'il  avait  fondées  et  qu'il 
àlimentajt ,  par  le  brigandage  des  pi- 
rates ^ui  avaient  reparu  plus  auda- 
cieux que  Jamais,  et  surtout  par  âuite 
de  la  faiblesse  du  gouvernement  qui 
ne  Savait  rien  protéger.  L'établisse- 
theût  en  912  de  Rollon  et  de  ses  com- 
pagnons, dans  la  partie  de  la  Neustrie 
que  Charles  Te  Simple  leur  avait  cédée, 
contribua,  ainsi  que  l'ordre  parfait  que 
le  duc  des  Normands  établit  dans  ses 
États,  à  donner  quelque  répit  aux  com- 
merçants; mais  ils  avaient  été  si  griève- 
ment ettaiitde  fols  blessés,  que  leurs 
plaies  saignaient  encore  lorsque  Hu- 

fues  Capet  parvint  à  la  couronne, 
lalheureusement  ce  n'était  point  ce 
prince  qui  devait  les  guérir.  Il  avait 
rencontré  dans  ceux  qui ,  après  avoir 
été  longtemps  ses  ^aux,  avaient  pon- 
senti  à  le  proclamer  le  premier  d'en- 
tre eux,  des  obstacles  qui  neutralisè- 
rent les  bonnes  intentions  qu'il  avait 
sans  doute.  Ces  obstacles  existèrent 
probablement  aussi  sous  les  succes- 
seurs de  ce  prince  et ,  jusqu'à  l'avéne- 
ment  de  Philippe-Auguste,  en  1180  , 
empêchèrent  le  commerce  anéanti  de 
se  relever  de  ses  ruines. 

Pour  acquérir  la  preuve  de  ce  fait ,  il 
suffît  de  Jeter  un  coup  d'oeil  rapide  sur 
l'état  du  royaume  pendant  cette  période. 
Le  roi ,  malgré  l'éminence  de  son  titre, 


n'avait  de  pouvoir  réel  ^e  dans  lespayi 
iqiii  lui  appartenaient  en  propre  et  codi* 
posaient  son  domaine.  Les  grands,  aol 
s'étaient  fait,  dès  le  temps  de  Chanel 
te  Chauve ,  concéder  à  perpétuité  les 
cantons  et  provinces  dails  lesquels  ils 
n'avaient  eu  d'abord  qu'un  pouvoir 
temporaire,  puis  un  pouvoir  à  vie,  s'j 
étaient,  à  la  conditiofi  d'une  iûsigni* 
iant  hommage ,  constihié  de  vérita- 
bles souverainetés.  Ils  rendaient  la 
justice,  frappaient  monnaie,  établis- 
saient des  impôts,  et  levaient  des 
soldats  pour  faire  à  leurs  voisins, et 
ftourentau  roi,  ces  guerres  intérieures 
contre  lesquelles  on  ne  trouva  d'autre 
remède,  en  1041 ,  que  l^institiitioD  de 
la  lYéve  de  Dieu.  Comme  léi^  intérêts 
de  chacun  de  ces  souverains  étaient 
souvent  opposés  à  ceux  des  autres,  les 
ducs,  comtes  et  barons  hérissaient 
leurs  frontières  de  barrières  et  d'obs- 
tacles qui  en  fermaient  aux  MarehaDdi 
rentrée  et  la  sortie.  Loin  d'indeniBiser 
le  marchand  des  empêchements  ap- 
portés à  son  industrie,  ilà  réerasaieat 
d'impôts  vexatoires,  souS  le  nom  de 
péages,  à  chaque  pas  qu'il  faisait  dans 
le  ief  plus  ou  moins  étendu  où  ils 
régnaient  en  maîtres.  Ils  s'arrogeaient 
i^ui*  lui  le  droit  de  prise ,  s'embus- 
quaient sur  les  chemins,  poiur  le  Dé- 
valiser <|uand  il  osait  se  rendre  d'iipe 
seigneurie  dans  une  autre,  et  lais* 
saieht,  dans  un  état  complet  de  dé- 
gradation, les  canaux  et  les  roatei, 
bien  que  les  droits  qu'ils  exigeàieat 
eussent  pour  prétexte  l'entretien  des 
voies  de  communication.  Comme  ici 
côtes  septentrionales  de  la  France 
étaient  partagées  entre  le  comte  de 
Flandre  et  les  ducs  de  Bretagne  et  de 
Normandie,  et  que  le  reste  demeon 
longtemps  au  pouvoir  des  Anglais; 
comme  aussi  celles  du  Midi  étaient 
sous  la  domination  des  ducs  d'Aqoi- 
taine,  des  comtes  de  Toulouse ,  des 
rois  de  Majorque ,  de  Castille  et  d'i* 
rason,  il  s'ensuivait  que  le  roi  Dépos- 
sédait aucun  port  de  mer.  Il  ne  poo- 
vait  donc  encourager  le  commerce 
extérieur,  et  donner  l'exemple  de  b 
protection  que  tout  sage  gouve^D^ 
ment  doit  lui  prêter.  Il  devait  donc 


i 


COM 


FRANGE. 


OOli 


891 


fie  borner  à  des  invitations ,  à  des  exr 
bortatiofiâ  auxquelles  avait  égard  qm 
voulait. 

A  toutes  eea  causes  de  mort ,  vint 
pe  joindre,  comme  un  fléau ,  l'héroïque 
tûkeàeB  croisades.  Si  les  grands  dépla- 
cements d' hommes  auxquels  elle  donna 
lieu  pendant  près  de  deux  siècles,  en«- 
riehirent  ies  villes  qu^ls  traversèrent, 
entre  autres  celle  cfë  Ljron  ^  ils  rui- 
Itèrent  toutes  les  antres,  par  l'im* 
mense  exportation  de  numéraire 
qui  en  fut  la  conséquence.  Cette 
esporlation  ûit  telle,  que,  pendant 
nm  partie  de  cette  période,  Tintée 
tel  au  peu  d'espèces  monnayées  qui 
relta  dans  le  royaume  monta  à  un 
toux  exorbitant,  et  que  le  commercé 
de  consommation  journalière,  le  seul 

2ui  subsistât  encore,  se  faisait  par  voie 
'échange  à  défaut  do  signe  représenta- 
tif. Ainsi,  dans  les  marchés,  on  donnait 
deux  poules  pour  une  oie  ,  deux  oies 
pour  un  porc ,  trois  agneaux  pour  un 
iriouton,  trois  veaux  pour  une  vache^ 
un  certain  nombre  de  boisseaux  d*orge 
ou  de  seigle  pour  un  boisseau  de  blé. 
Ajoutez  a  cela  que  la  navigation  était 
encore  dans  l'en£ance,  que  rignoraiice 
des  marchands  était  si  grande  qu'ils 
ne  savaient  ni  lire  ni  écrire,  et  étaient 
obligés  de  recourir  à  des  clercs  pour 
Iflt  tenue  de  leurs  livres  et  pour  Téta- 
Iriissement  de  ieUrs  comptes.  Quelques 
villes  cebendaht ,  telles  que  Toulouse, 
Montpellier,  Béziers,  Marseille,  Nar* 
bonne,  qu'avait  dès  longtemps  enri- 
chies le  commerce,  et  dorit  le  passage 
des  croisés  avait  accru  l'opulence ,  se 
soutenaient  encore.  Malgré  la  misère 
générale ,  elles  avaient  fait  quelques 
entreprises  en  Espagne  et  dans  les 
échelles  du  Levant ,  conclu  ,  avec  lès 
États  voisins,  des  traités  de  commerce, 
et  formé  entre  elles  des  associations 
pour  se  livrer  à  des  spéculations  im- 
portantes. Montpellier  laisart  un  grand 
trafic  avec  l'île  Majorque,  dans  les 
États  des  rois  de  Chypre  et  de  Jéru- 
salem, avec  Antioche ,  ConStantinople 
et  Tripoli  d'Afrique,  oii  ses  négociants 
avaient  des  comptoirs  et  des  consuls. 
Toutefois,  cette  prospérité  h'était  que 
locale;  si  un  petit  nombrls  de  villes 


continuaient  à  s'enrichir,  toutes  les 
autres  étaient  réduites  à  la  misère,  et 
d'ailleurs  cette  Splendeur  des  villes  du 
Midi  finit  elle-même  par  s'éclipser,  au 
moins  pour  un  temps.  Cependant, 
cette  période  si  déplorable  et  si  longue 
ne  fut  pas  tout  à  fait  perdue  pour 
l'instruction  commerciale.  Au  co^^ 
mencement  du  onzième  siècle ,  âelon 
Lebenf^  on  substitua  le  chiflre  arabe, 
si  commode  pour  le  calcul ,  au  chii> 
fre  romain  dont  on  s'était  servi  jus* 
que-là: 

Quand  Philippe- Auguste  parvint  à 
la  couronne,  il  trouva  le  commerce  de 
la  Méditerranée  entre  les  mains  des 
Vénitiens  et  des  Génois ,  et  celui  de  \A. 
France  dans  un  état  complet  d'anéan-* 
tissement.  Heureusement,  il  s'était 
maintenu  dans  la  Champagne  et  dans 
la  Brie  six  foires ,  qui,  après  avoir  été 
aussi  célèbres  que  celle  du  Landit, 
avaient  perdu,  il  est  trai,  beaucoup  de 
leur  importance,  mais  en  avaient  ce- 
pendant conservé  assez  pour  redeve- 
nir plus  tard  aussi  florissantes  qu'elles 
l'aVÂient  été  par  le_pàS6é.  Il  eût  été 
bien  peut-être  que  Philippe  -  Auguste 
leur  donnât  les  encouragements  dont 
elles  avaient  besoin,  et  qu'elles  avaient 
reçns  autreibis.  Il  n'en  fit  rien. 
Toutefois,  il  publia  un  règlement 
pour  la  police  de  celle  du  Landit, 
fit  élever  à  Paris  deux  halles ,  avec 
une  galerie  couverte ,  pour  la  com- 
modité des  marchands,  et  défendit  aux 
clercs  d'excommunier,  selon  l'usage 
de  l'Éfflise,  ceux  qui  feraient,  le 
dimanche,  le  commerce  de  blé  ou 
d'autres  marchandises,  ainsi  que  ceux 
gui  traiteraient  des  affaires  avec  les 
juifs  ou  qui  les  serviraient.  Il  perniit 
de  prêter  de  l'argent  sur  le  cheval ,  les 
bardes  et  les  meubles  d'un  chevalier, 
mais  il  défendit  de  recevoir  en  gage 
les  vases  sacrés ,  les  ornements  d'é- 
glise, ainsi  que  les  vêtements  nouvel- 
lement ensanglantés  du  mouillés,  sans 
doute  parce  qu'ils  pouvaient  servir 
d'indices  pour  la  iiécônverte  d'un 
crime.  Il  défendit  également  d'engager 
les  biens  d'église ,  sans  la  permission 
du  seigneur  dominant  de  la  terre.  Eh 
1199,  selon  Duhaiilaât,  il  eréa  la  pfé* 


aoa 


COM 


L'UNIVERS. 


COM 


voté  des  marchands  de  Paris ,  et  lai 
donna ,  entre  autres  attributions  ,  la 
surveillance  et  la  police  de  toutes  les 
marchandises  qui  arrivaient  dans  cette 
ville  par  la  Seine  et  par  ses  affluents. 
Ayant  acquis,  en  1204,  la  Normandie, 
par  confiscation  sur  Jean  sans  Terre, 
et  recouvré  plusieurs  ports  sur  TO- 
céan ,  il  accorda  à  la  ville  de  Cher- 
bourg le  privilège  dont  jusque-là  avait 
joui  exclusivement  celle  de  Rouen, 
d'envoyer  chaque  année  un  vaisseau 
pour  commercer  en  Irlande.  Ce  fut 
sous  son  règne  que  les  juifs  créèrent 
les  assurances.  Ces  traites,  qui  avalent 
lieu  par  rapport  aux  transports  parterre 
et  sur  les  fleuves,  avaient  pour  but  de 
garantir  les  voyageurs  des  risques  que 
couraient  leurs  marchandises  d*étre 
pillées  par  les  vagabonds  et  les  grands 
seigneurs.  Ce  fut  seulement  {lorsaue 
les  routes  et  les  rivières  devinrent  plus 
sûres,  que  les  assurances  furent  appli- 
quées aux  risques  de  la  mer. 

Louis  yill ,  dont  le  règne  fut,  il  est 
vrai ,  fort  court ,  ne  fit  rien  pour  le 
commerce;  mais  son  fils  Louis  IX, 
qui  porta  pendant  quarante-quatre  ans 
la  couronne,  publia  plusieurs  actes  qui 
eurent  pour  objet  de  continuer  l'œuvre 
de  son  aïeul.  Ayant  réuni  à  la  cou- 
ronne diverses  villes  importantes,  tel- 
les que  Carcassonne,  Nîmes,  Béziers, 
et  préparé  la  réunion  du  comté  de 
Toulouse,  il  releva  le  commerce  du 
Midi ,  et  fit  creuser  uh  port  à  Aigues- 
Mortes,  dont  il  voulait  faire  Tentre- 
pôt  des  marchandises  du  Levant.  £n 
1270 ,  Tannée  même  de  son  départ  et 
de  sa  mort ,  il  publia  une  grande  or- 
donnance pour  assurer  la  sécurité  des 
commerçants,  et  garantir  les  consom- 
mateurs ^contre  leurs  fraudes.  Il  dé- 
fendit d'entraver  sans  de  bonnes  rai- 
sons la  circulation  des  srains,  vins  et 
autres  marchandises,  d'une  province 
à  l'autre ,  et  même  hors  du  royaume. 
Il  défendit  de  démonter  les  marchands 
et  de  prendre  leurs  chevaux ,  même 
pour  son  service  personnel ,  et  frappa 
d'une  amende  de  soixante  sous  celui 
qui  vendrait  à  faux  poids.  Mais  la  me- 
sure la  plus  importante  de  son  règne 
pour  le  commerce ,  fut  celle  que  prit 


par  son  ordre  Etienne  Boileau,  prévôt 
de  Paris.  (Voyez  Boileàtj  [Etienne].) 
Ce  magistrat  classa,  en  1260,  les 
marchands  et  commerçants  en  com- 
munautés ,  leur  donna  pour  régies 
de  conduite  celles  des  coutumes  sai- 
vies  par  eux  jusque  -  le  qui  fiireot 
reconnues  les  meilleures,  leur  nom- 
ma des  chefs  et  leur  imposa  des  (i^ 
voirs.  Les  statuts  des  aiverses  com- 
munautés ou  confréries  approuvés 
dans  une  assemblée  de  bourgeois,  aoe- 
mentes  ou  modifiés  de  siècle  en  siède 
et  réunis  en  un  recueil ,  servirent  de 
point  de  départ  et  de  modèle  à  tout 
ce  que  Ton  fit  jusqu'à  la  révolotioo 
sur  le  commerce  intérieur  et  sur  TId- 
dustrie.  Sans  doute,  l'idée  d'empri- 
sonner l'industrie  dans  des  limites 
quMl  lui  était  défendu  de  franchir,  la 
nécessité  (Tacheter  certaines  matières 
du  roi ,  qui  substituait  un  monopole 
odieux  au  droit  imprescriptible  qoe 
tout  homme  possède  de  travailler, 
semblerait  barbare  aujourd'hui,  et  le 
serait  en  effet.  Alors ,  c'était  toat  ce 
que  l'on  pouvait  faire  de  mieux,  et, 
dans  le  fait ,  on  s'en  trouva  bien. 

Le  comté  de  Toulouse  ayant  fait, 
en  1272,  retour  à  la  couronne,  Phi- 
lippe le  Hardi ,  fils  et  successeur  de 
saint  Louis ,  profita  de  cette  circons- 
tance pour  attirer,  au  moyen  de  grands 
privilèges,  dans  les  villes  de  ce  comté, 
et  particulièrement  à  Nîmes,  les  mar- 
chands lombards ,  toscans ,  romains, 
génois ,  vénitiens  ,  etc. ,  qui  fréquen- 
taient Montpellier,  alors  encore  aii 
pouvoir  du  roi  d'Aragon.  Il  anoblit 
Raoul,  son  orfèvre  et  son  argentier,, 
et  fut  ainsi  le  premier  roi  de  France 
qui  récompensa  par  la  noblesse  te 
services  rendus  dans  le  commerce.Phi- 
lippe  le  Bel,  que  le  besoin  d'argent 
porta  si  souvent  à  altérer  les  monnaies, 
donna  aussi  de  grands  encouragements 
au  commerce,  mais  bien  moins  en  vue 
du  bien  public  qu'en  vue  de  son  inté- 
rêt particulier.  Il  fit  des  efforts  puis- 
sants et  efficaces  pour  relever  les  na- 
nufactures,  qu'il  soumit  à  la  surveillance 
d'inspecteurs  spéciaux.  Il  défendit  la 
sortie  des  laines ,  pour  forcer  ses  su- 
jets à  mettre  eux-mêmes  en  œane 


COM 


FRATVCE. 


€OM 


39i 


eette  matière  première,  et  prohiba  éga- 
lement la  sortie  des  drogues  et  tein- 
tures qui  servaient  à  la  tabrication  et 
à  la  coloration  des  draps.  Il  publia , 
sur  l'épicerie  et  les  marchandises  qui 
se  venaaient  au  poids,  une  ordonnance 
fort  sage  que  renouvela  et  étendit  après 
lui  Charles  le  Bel.  Il  défendit  de  ven- 
dre défausses  marchandises  y  d'ache- 
ter des  marchandises  volées ,  interdit 
aux  courtiers  le  négoce  des  marchan- 
dises dont  ils  faisaient  le  courtage ,  et 
rendit  leur  ancienne  importance  aux 
foires  de  Champagne  et  de  Brie.  Phi- 
lippe le  Bel  aida  même  au  commerce 
sans  y  penser.  Ses  guerres  Payant  mis 
plusieurs  fois  dans  l'obligation  de  dé- 
fendre les  tournois,  les  guerres  privées 
et  les  gages  de  bataille ,  ce  fut  autant 
de  trêves  accordées  aux  négociants , 
qui  purent  faire  circuler  paisiblement 
leurs  denrées  dans   les   parties    du 
royaume  que  n'occupaient  pas  les  ar- 
mées royales. 

A  l'exemple  du  monarque,  les  grands 
Tassaux  prodiguèrent  les  encourage- 
ments aux  commerçants  de  leurs  do- 
maines. Toutes  les  villes  du  Nord  se 
peuplèrent  de  manufactures  ;  les  foires 
de  Bruges  rivalisèrent  avec  celles  de 
Saint-Deniset  delà  Champagne.  Dans 
cette  dernière  province ,  le  commerce 
prit  une  extension  considérable.  Reims 
se  remplit  de  fabriques  importantes , 
et  fut  la  première  ville  de  France  où 
Ton  transforma  la  soie  en  tissus.  Tou- 
tes les  villes  du  Midi  retrouvèrent 
leur  ancienne  activité,  et  le  commerce 
frani^is  redevint  ce  qu'il  avait  été  au 
septième  siècle.  Ce  n'était  pas,  comme 
nous  Tavons  dit ,  que  Philippe  le  Bel 
le  protégeât  dans  l'intérêt  de  ceux  nui 
s'y  adonnaient;  car  il  causa,  par  plus 
d'une  mesure  fiscale ,  de  graves  préju- 
dices à  ces  derniers.  D'abord ,  les  fré- 
quentes altérations  de  monnaies  qu'il 
se  permit  portèrent  souvent  la  per- 
turbation dans  les    calculs;  ensuite 
1  publia  une  loi  somptuaire  qui  dut 
entraver  la  vente  des  objets  de  prix  ; 
mfin  il  frappa  de  droits  exorbitants 
es  produits  de  la  fabrication.  Les  in- 
lustriels  réclamèrent,  le  roi  ne  les 
îcouta  pas  ;  et,  l'élan  étant  donné,  ils 


continuèrent  à  vendre  et  à  s'enri- 
chir. 

Louis  Hutin  et  Philippe  le  Long  re- 
nouvelèrent les  ordonnances  de  leurs 
prédécesseurs  concernant  les  foires 
de  Champagne  et  de  Brie ,  la  mise  en 
gage  des  vases  sacrés  et  des  ornements 
d'église,  l'affranchissement  des  mar- 
chands du  droit  de  prise ,  et  la  dé- 
fense de  sortir  les  laines  du  royaume. 
De  [)Ius ,  le  second  de  ces  rois  eut 
une  idé&4ieureuse  qui  devait  être  re- 
prise par  Louis  XI ,  et  ne  recevoir  son 
exécution  <]ue  beaucoup  plus  tard  :  ce 
fut  d'établir  l'uniformité  des  poids  et 
des  mesures  par  tout  le  royaume. 
Charles  le  Bel  marcha  sur  les  traces  de 
ses  frères  et  de  son  père ,  et  se  mon- 
tra comme  eux  favorable  aux  com- 
merçants et  aux  consommateurs.  Il  re- 
nouvela, ainsi  quenous  l'avons  dit  plus 
haut ,  l'ordonnance  de  Philippe  le  Bel 
relative  aux  épiceries  et  marchandises 
qui  se  vendaient  au  poids ,  et  donna 
une  place  particulière  aux  changeurs 
de  Paris.  Philippe  de  Valois  s'occupa 
beaucoup  des  foires  de  Champagne  ; 
il  s'efforça  de  leur  conserver,  par  plu- 
sieurs règlements  et  ordonnances ,  la 
splendeur  qu'elles  avaient  recouvrée  ; 
enfin  il  défendit  les  réquisitions  de  vi- 
vres et  de  chevaux  dans  Paris. 

Cependant  les  Lombards ,  que  Phi- 
lippe le  Hardi  avait  attirés  à  Nîmes , 
s'étaient  promptement  répandus  dans 
toutes  les  autres  villes  au  royaume. 
Instruits  dans  la  science  de  l'usure 
par  les  juifs ,  qui  avaient  coutume  de 
se  retirer  chez  eux  toutes  les  fois 
qu'on  les  expulsait  de  France ,  ils  ne 
tardèrent  pas  à  égaler  leurs  maîtres 
et  à  être  confondus  avec  eux  dans  une 
haine  commune  et  méritée.  Philippe 
de  Valois ,  pour  soulager  le  commerce 
dont  ils  étaient  devenus  le  fléau,  et  fa- 
voriser les  manufactures  qui  commen- 
çaient à  s'établir  à  Arras ,  Amiens , 
Cambrai ,  et  dans  plusieurs  autres 
villes,  affranchit,  le  12  janvier  1330, 
leurs  débiteurs  du  quart  de  ce  qu'ils 
leur  avaient  emprunté ,  et  accorda  à 
ceux  dont  les  dettes  étaient  échues, 
quatre  nM)is  de  délai  pour  s'acquit- 
ter. Plus  tard,  il  défendit  de  rien  leur 


m 


COM 


L'UNIVERS. 


COU 


Dayer  du  tout,  sous  peine  de  payer  df^qx 
Fois.  Le  roî  Jean ,  après  avoir  publié 
en  février  1350  une  ordonnance  en 
^52  articles  sur  la  police  4u  royauaiç, 
les  gages  des  serviteurs,  je  salaire  des 
ouvriers ,  les  bénéfices  des  artisans , 
marchands  et  commerçants,  etc.,  con- 
firma, en  1351,  la  décision  de  son 
prédécesseur,  portant  défense  de  rien 
payer  aux  Lombards,  juifs,  et  autres 
usuriers,  des  sommes  qui  leur  étaient 
dues.  Deux  ans  après ,  il  or^nna  que 
les  biens  de  ces  hommes  sans  entrail- 
les ,  ainsi  que  ceux  des  Italiens  qui  dé- 
voraient le  royaume  ,  seraient  mis 
sous  sa  main,  et  déclara  légalement  li- 
bérés envers  eux  ceux  de  leurs  débi- 
teurs qui  verseraient  au  trésor  royal 
le  capital  qu'ils  en  avaient  ireçu ,  tai- 
sant remise  des  intérêts.  Ces  divers 
fictes  étaient  des  spoliations  sans  doute, 
inais  ils  étaient  nécessaires  pour  épou- 
vanter des  hommes  qui ,  ne  prêtant 
que  sur  des  dépôts  de  marchandises, 
de  hardes,  de  mobilier,  ou  sur  des  con- 
trats emportant  hypothèque  ,   et  qe 
courant,  en  conséquence,  nul  danger, 
(exigeaient  des  intérêts  ruineux  avec 
lihe  rapacité  que  rien  ne  pouvait  as» 
sbiivir ,  et  qui  renaissait  toujours  plus 
affamée.  Pour  donner  une  idée  de  rex^ 
ces  auquel  était  alors  portée  l'usure, 
i|Ous  nous  bornerons  à  dire  que  Phi- 
lippe le  Bel  crut  beaucoup  faire  pour 
les  commerçants ,   en  déclarant  que 
Ton  ne  pourrait  pas  exiger  d'eux  plus 
de  vingt  pour  cent  d'intérêt  sur  l'ar- 
gent qu'oi^  leur  prêterait  en  temps  or- 
dinaire, et  il  pensa  favoriser  singulier 
rement  les  foires,  en  réduisant  à  quinze 
pour  cent  le  loyer  des  capitaux  dont  on 
y  ferait  emprunt. 

Charles  Y,  absorbé  par  les  soins  de 
la  guerre  contre  les  Anglais ,  ne  s'oc- 
cupa que  fort  peu  du  commerce  de  son 
royaume  ;  et  si ,  en  réduisant  l'intérêt 
de  l'argent  à  dix  pour  cent ,  il  prit  une 
mesure  quifuf  favorable  à  l'industrie, 
il  lui  porta  un  grave  préjudice  en  renou- 
velant les  lois  somptuaires,  qui  n'a- 
vaient jamais  eu  pour  résultat  que 
de  l'arrêter  dans  son  essor.  Néan-* 
moins,  le  commerce  français,  par 
suite  des  encouragements  qu'il  avait 


reçud  de  Philippe  le  Btt|  et  de  les  ffla, 
^'ouvrit    des   débouebés   itûpoitants 
dont  il    fut   longtemps   en    posses- 
sion exclusive.   En  1864,*  des  navi- 
gateurs voyageant  au  hasard,  ou  peut- 
être  poussés  par  la  tempête ,  avaient 
découvert  les  côtes  occidentales  de 
l'Afrique,  et  y  avaient  fbndé  d^utiles 
établissements.  En  1 865,  des  négociants 
de  Dieppe  et  de  RoUen  firent  un  traité 
d'association  pour  soutenir  Une  entre- 
prise dont  ils  pressentaient  leis  résul- 
tats. En  conséquence,  l'année  Isuivante 
il  partit  de  Normandie  un  iiotnbre  de 
vaisseaux  tel,  qu'on  n'en  avait  pas  en- 
core vu  autant  sur  ces  mers.  JL.es  faaff- 
dis  aventuriers  qiii  les  montaient  abo^ 
dèrent  au  Sénégal  et  à  la  rivière  de 
Gambie,  i)ù  ils  bâtirent  plusieurs  fbrts; 
puis,  pénétrant  jusqu'à  Sierra^L^one, 
sur  la  côte  de  Malaguette ,  ils  y  bâti- 
rent deux  villes ,  qir  ils  nonantèrent  le 
P^etit-Paris  et   le  Petit-Dieppe.  Ces 
établissenients  avaient  des  eonnptoin 
oùjles  AfIMcains  trouvaient  un  maitbé 
totjyours  ouvert ,  et  les  vaisseaux  friB- 
çais  des  cargaisons  toujours  prêta. 
^on  conteùts  de  ces  avantages,  les  iso- 
dateurs de  oe  Goitimeroe  remontaient 
les  rivières  de  Sénégal  i,  de  Gambie; 
puis,  après  un  portage  de  quelques 
lieues,  s^embarquaient  sur  le  If  iger,  il 
répandaient  dans  la  Nigritie  et  \H 
royaumes  de  Tombut  et  de  l^éli ,  la 
toiles,  leâ  couteaux,  les  eaux-de-vie,  le 
miel ,  les  grains  de  verre ,  lé  sel ,  etc., 
qu'ils  échangeaient  pour  de  l'ivoire^ 
des  cuirs ,  des  gommes ,  des  pluBNi 
d'autruche ,  de  l'ambre  cris ,  de  la 
poudre  d'or  et  de  la  cocHenille,  înseelc 
précieux  doiit  le  monopole  avait  été 
jusaue-là  entré  les  mains  ûéi  Yénitiess 
et  des  Génois.  Ce  commerce,  dans  fe- 

3uel  la  France  ne  livrait  que  les  pro- 
uits  de  sa  fabrication,  et  qui  ren- 
dait jusqu'à  dix  capitaut  pour  un ,  jeu 
d'immenses  richesses  dans  |e  royautne. 
Ces  brillants  résultats  eu  auraient 
amené  d'autres,  si  là  démaace  de 
Charles  VI,  la  rivalité  des  maisoss 
d'Orléans  et  de  Bourgogne,  le  pil- 
lage de  la  fortune  publique  pir 
tout  le  monde ,  les  intrigues  d'Isa- 
beau  de  Bavière,  et   l'intetveotioi 


cok' 


MaNCE; 


coin 


Z9é 


du  roi  d'Angleterre  et  dii  duc  de  Nor- 
mandie dans  nos  affaires   itltérieu- 
res,  n^en  eussent  tari  la  source,  en 
favorisant  la  concurrencé  redoutable 
que  la  Hollande  et  la  Hanse  teutoni- 
que  faisaient  aux  négociants  français. 
Lé  commerce  se  concentra  alors  dans 
uil  petit  nombre  de  villes  en  posses- 
sion de  la  faculté  de  résister  à  tous  les! 
ébranlements  politiques  ,   telles  que 
Reims ,  Toulouse ,   Garcassonne   et 
Beaucaire ,  qui  avalent  contribué  an- 
térieurement pour  20,452,120  fr.  de 
notre  monnaie  â  la  rançon  du  roi 
Jean ,  cris;  en  1356  à  la  triste  journée 
de  Poitiers.  Il  se  concentra  entre  les 
mains  de  tjuelques  hommes  laborieux 
et  intelligents,  entre  autres  de  ceDine 
Raponde  ,  bourgeois  de  ^aris ,  qui , 
pour  tirer  des  mains  dé  Ëàjazet  le  fils 
du  duc  de  Bourgogne ,  fait  prisonnier 
à  la  bataille  de  Nicopoiis,  en  1396, 
avec  plusieurs  autres  seigneurs ,  paya 
en  èfret  la  somme  de  100,000  ducats . 
que  le  père  du  jeune  captif,  maigre 
l'étendue  de  seà  donnai  nés ,  était  hots 
d'état  d'acquitter  ;  et  dé  cet  autre  mar- 
chand ,  qu( ,  dé))Ouillé  de  sa  fortune , 
etildrisonné,  fugitif,  alla,  après  tant  de 
services  rendus  à  la  France,  tbourir  sur 
la  terrederexil,  victime  de  Tingratitudè 
dii  ï^oî  et  de  l'avidité  des  courtisans. 
Dê^  ié  septième  siècle ,  un  négociant 
français  appelé  îSamon,  que  sort  esprit 
aventureux  avait  conduit  chez  les  Es- 
clavons ,  avait  été  nommé  roi  par  des 
peuples  encore  enfants,  qui  ne  savaient 
coniment  récompenser  l'homme  supé- 
rieur qui  avait  fait  tant  de  chemin, 
traversé  tant  de  rivières,  franchi  tant 
de  montagnes ,  pour  leur  apporter  des 
[Choses   qu'ils   ne  connaissaient  pas. 
Jacqufes  Coeur  ne  porta  point  de  cou- 
ronne ;  mais  il  fut  l'égal  et  même  le 
[)rotecteur  d'un  roi  ;  car  Charles  VII 
l'eût  trouvé  plus  tard  dans  la  valeur 
ie  Duriois  et  dans  les  exploits  de  la 
Pucelle  que  des  secours  stériles,  si  urt 
iimp\e  négociant  ne  l'eût,  par  dés  avan- 
ies d'argent,  et  en  entretenant  à  ses 
'rais  quatre  armées,  mis  en  état  de 
commencer    la    conquête    de    son 
•ovaume. 
'Nous  voici  arrivés  à  ce  quinzième 


siècle  gui  prépara  celui  de  la  renais- 
saiicé,  h  ce  sièéle  de  merveilles  où  tout 
aopàirut  comme  par  enchantement  -, 
ou  fut  trouvée  rapplîcation  de  la 
boussole  à  la  navigation ,  où  fut  dé- 
couverte rimprimerie,  qui  devait  chan- 
ger la  face  du  monde  et  devenir  une 
puissance,  où  Christophe  Colomb 
(lonna  tout  un  hémisphère  à  TËspa- 
gne,  où  Barthélémy  t)ias  découvrît  le 
cap  de  Bonne-Espérance,  que  Vasco 
de  ûama  franchit  audacieusement 
deux  ans  aptes,  pour  parvenir,  par 
une  voie  nouvelle ,  aux  Indes ,  à  la 
Chine  et  au  Japon,  et  ruiner  le  com- 
merce des  Vénitiens  et  des  (Jénois. 
La  Fraiice  ne  tira  pas  d'abord  un  parti 
fructueux  de  ces  importantes  décou- 
vertes. Charles  VIÏ ,  trop  occupé  du 
bêsoiii  de  réparer  les  désastres  causés 
par  la  démence  de  son  père ,  les  ma- 
nœuvres criminelles  de  ses  oncles,  et 
les  actes  dé  félonie  de  sa  mère ,  ne 
put  songer  à  rendre  ta  vie  au  com- 
merce d'un  royaume  dont  il  lui  fallait 
d'abord  chasser  l'étranger.  Ce  ne  fut 
donc  que  dans  Us  pays  qui  étaient 
restés  soumis  à  sa  domination  et  dans 
ceux  où  il  s'établit,  à  mesure  qu'il  ga- 
gna du  ierrain,  (|u'il  put  favoriser 
rindUstrie.  Cest  ainsi  qu'en  février 
1443  il  fît  à  la  ville  de  Lyon  la  con- 
cessioti  de  trois  foires  franches  par 
an,  avec  la  permission  de  s'y  servir  de 
toutes  les  monnaies  étrangères,  et  que, 
le  19  juin  144Ô ,  11  rétablit,  avec 
exemption  d'impôts  pendant  les  dix 
preniiers  iouirs ,  les  ibires  de  Cham- 
pagne et  dfe  Ëi-ie ,  que  la  guerre  avait 
interrompues. 

Louis  XI,  dont  la  tête  puissamment 
organisée  pouvait  concevoir  et  fécon- 
der beaucoup  d'idées  à  la  fois ,  donna 
des  soins  particuliers  aux  affaires 
commerciales ,  et  surtout  aux  affaire^ 
industrielles.  S'il  ne  put  établir  l'uni- 
formité des  poids  et  mesures,  i'éforme 
déjà  tentée,  nous  l'avons  vu ,  par  Phi- 
lippe le  Long ,  et  qu'il  essaya  dé  réa- 
liser, il  publia  du  moins  beaucoup  d'or- 
donnances pour  rendre  la  vie  au 
commerce.  Il  institua  deux  foires  fran- 
ches par  an  à  Bayonne,  porta  au  nom- 
bre de  quatre  celles  que  son  père  avait 


COM 


L'm^IVERS. 


€0H 


établies  à  Lyon,  et  pour  les  Êivoriser, 
défendit  aux  marcnands  français  de 
fréquenter  celles  de  Genève.  En  juin 
1472 ,  il  exempta  de  tout  droit  et  im- 
pôt les  denrées  et  marchandises  appor- 
tées à  celle  de  Saint-Denis.  Enfin ,  le 
commerce  lui  doit  l'institution  des 
postes,  et  la  promptitude  qu'acquirent, 
entre  négociants ,  les  correspondances 
écrites  et  les  relations  personnelles , 

f)ar  la  permission  qu'il  donna  à  tout 
e  monde  de  se  servir  des  chevaux 
des  courriers,  en  payant  un  droit  mo- 
déré pour  chaque  distance  de  quatre 
lieues. 

Louis  XI  accueillit  avec  empresse- 
ment, et  installa  à  Lyon  des  ouvriers 
florentins  qui,  chassés  de  leur  pays 
par  les  querelles  des  Guelfes  et  des 
Gibelins,  apportaient  en  France  la  fa- 
brication de  la  soie,  dont  les  Rémois 
étaient  en  possession  depuis  le  trei- 
zième siècle,  mais  qui  était  restée  chez 
eux  dans  l'enfance.  Il  établit  à  Tours 
plusieurs  manufactures  de  soieries  qu'il 
surveillait  lui-même,  et  comme  cela 
était  déjà  arrivé  du  temps  de  Philippe 
le  Bel,  l'exemple  du  souverain  stimula 
les  grands  vassaux  de  la  couronne,  et 
ceux-ci  se  firent  un  devoir  d'encou- 
rager aussi  le  commerce  et  l'industrie 
dans  leurs  domaines.  François  II,  duc 
de  Bretagne ,  établit  à  Vitré  une  fa- 
brique d'étoffes  de  soie,  et  fit  venir  des 
ouvriers  d'Arras,  pour  monter  à 
Rennes  une  manufacture  de  tapisse- 
ries. 

Nous  ne  parlerons  de  Charles  VIII 
que  pour  dire  qu'il  institua  définiti- 
vement à  Paris  la  foire  de  Saint-Ger- 
main ,  et  qu'il  ne  paraît  pas  qu'il  ait 
eu  égard  aux  remontrances  des  états 
de  Tours,  qui  lui  demandaient,  sur  le 
fait  de  la  marchandise ,  la  liberté  du 
commerce ,  l'abolition  des  péages ,  la 
réduction  des  foires,  la  diminution 
des  tailles  et  la  perception  des  traites 
foraines  aux  frontières. 
Sous  Louis  XII ,  la  circulation  des 

§rains,  bien  des  fois  permise  et  défen- 
ue  auparavant,  fut  autorisée  de  pro- 
vince à  province,  et  en  1502,  les  Bas- 
ques, les  Normands  et  les  Bretons 
commencèrent  à  se  livrer  à  la  pèche  de 


la  morue  et  à  fréquenter  le  banc  de 
Terre-Neuve. 

François  P*"  fut  le  protecteur  da 
commerce  aussi  bien  nue  des  lettres 
et  des  arts  ;  il  favorisa  les  voyages  de 
long  cours  et  les  établissements  loin- 
t&ins.  En  novembre  1536,  il  permit  à 
tous  les  marchands  du  royaume  de 
commercer  avec  les  étrangers,  et  ee 
fut  par  ses  ordres  que  l'amiral  Chabot 
découvrit  le  cap  Breton,  la  Floride 4 
la  Virginie ,  remonta  le  Maragoon  et 
parvint  jusqu'au  Canada.  Ce  priooe 
voulait  expédier  des  navires  dam 
l'Inde,  mais  il  ne  put  exécuter  ce  pnh 
jet ,  à  cause  des  guerres  qu'il  eut  ) 
soutenir  contre  Charles-Qumt. 

La  fabrication  des  soieries  prit  une 
nouvelle  extension  sous  Henri  II,  qojt 
afin  d'affranchir  son  royaume  du  tri- 
but  qu'il  payait  à  l'étranger  pour  te 
matières  premières ,  ordonna  la  plan- 
tation des  premiers  mûriers  que  l'on  ait 
cultivés  en  France.  François  II  publia, 
en  janvier  1560,  une  oraonnancep 
tant  que  le  payement  des  obligations 
entre  marchands  entraînerait  la  c^ 
trainte  par  corps ,  et ,  par  des  monfi 
que  l'on  ne  peut  expliquer,  il  enjoint 
aux  juges  de  refuser  aux  marchan» 
qui  auraient  vendu  des  étoffes  de  so« 
à  crédit,  toute  action  contre  leurs  dé* 
biteurs.  Il  fit  défense  aux  gentilshoiD- 
mes  de  faire  le  trafic  des  marchandiseSi 
sous  peine  d'être  privés  des  privilèges 
de  la  noblesse  et  mis  à  la  taille;^ 
enfin ,  en  août  de  la  même  année,  * 
ordonna  que  les  différends  qui  suri- 
naient entre  les  marchands ,  pour  » 
fait  du  commerce ,  seraient  jugés  par 
des  arbitres. 

Charles  IX  créa,  en  novembre  loi* 
la  juridiction  des  juges  et  consuls  « 
Paris,  dont  il  régla  la  compétence  et 
qu'il  confirma  trois  ans  après.  Ennai 
en  1572 ,  dans  le  but  de  favoriser» 
fabriques  du  royaume,  il  prohiba  1  «• 
portation  des  laines,  des  lins,  dei 
chanvres ,  et  l'importation  des  drapJt 
velours,  satins,  étoffes  d'or  et  d'argent, 
harnais,  armes,  tapisseries ,  etc. 

Henri  III  fut  trop  occupé  pendant 
son  règne  à  se  livrer  aux  plaisirs,  o* 
à  se  défendre  contre  la  ligue,  V^ 


FRANCE. 


GOM 


897 


prêter  son  attention  au  commerce; 
mais  à  peine  Henri  FV  fut  -  iJ   maî- 
tre  du    royaume,    qu'inspiré    par 
Sully ,  il  donna  à  Tindustrie  de  puis- 
sants encouragements.  En  1603,  il 
établit  une  fabrique  d'babits  de  drap 
et  de  toile  d'or  et  de  soie,  et  en  1607, 
des  manufactures  de  tapisseries.   Il 
institua  une  chambre  composée  d'bfli- 
ciers  tirés  du  parlement ,  de  la  cham- 
bre des  comptes ,  et  de  la  cour  des 
aides,  où  étaient  décidés  tous  les  points 
relatifs  au  commerce.  Il  favorisa  par- 
ticulièrement l'éducation  des  vers  à 
soie,  ordonna  qu'il  fût  établi  dans 
chaque  diocèse  une  pépinière  de  mû- 
riers, et  fit  planter  de  ces  arbres  jusque 
dans  son  parc  de  Saint-Germain  en 
Laye.  C'est,  sans  contestation,  à  Sully 
que  sont  dus  les  progrès  qu'a  faits 
chez  nous  l'art  d'obtenir  et  cle  travail- 
Jer  la  soie,  et  la  supériorité  que,  dans 
cette  double  industrie,  la  France  a 
longtemps  possédée  sur  les  autres  na- 
tions européennes. 

Ce  fut  seulement  sous  le  règne  de 
Henri  IV  que  le  profit  que  l'on  pouvait 
tirer  du  commerce  des  Indes,  dans 
lequel  les  Portugais  et  les  Hollandais 
s'étaient  si  prodigieusement  enrichis, 
commença  à  fixer  l'attention  des  négo- 
ciants français.  En  1604,  une  compa- 
fnie  qui  obtint  une  exemption  de 
roits  sur  les  marchandises  qu'elle 
apporterait  de  ses  deux  premiers  voya- 
ges,  fut  nantie  d'un  privilège  exclu- 
sif pendant  quinze  ans ,  et  reunit  des 
capitaux  et  des  navires  pour  y  faire 
des  envois  et  en  tirer  des  denrées. 
Cette  première  compagnie,  dont  on  ne 
parla  guère,  et  qui  ne  parait  pas  avoir 
fait  des  expéditions  nombreuses ,  fut , 
sn  1615,  réorganisée  ou  rempl^ée 
lar  une  autre ,  qui  fut  pourvue  d'un 
privilège  de  douze  ans.  Il  faut  que 
^te  seconde  compagnie  ne  se  soit  pas 
nontrée  beaucoup  plus  entreprenante 
|ue  la  première ,  ou  que  le  résultat  de 
;es  opérations  n'ait  pas  été  satisfai- 
ant ,  car ,  deux  ans  après  l'expiration 
le  son  privilège ,  le  gouvernement  se 
rut  obligé  de  stimuler  l'activité  des 
légociants,  en  les  invitant  à  se  réunir 
D  sociétés  commerciales  pour  faire , 


à  intérêts  communs,  des  entreprises 
de  long  cours ,  et  en  déclarant  que  la 
participation  que  les  gentilshommes 
prendraient  aux  spéculations  mariti- 
mes n'entraînerait  point  la  dérogation 
dont  l'avait  frappée  François  II.  Six 
ans  après,  ces  invitations  produisirent 
leur  effet ,  et  l'on  vit  se  former  une 
Conmagnie  dite  des  Iles  d  Amérique^ 
qui  fonda  à  Cayenne ,  à  Saint-Domin- 
gue, et  dans  quelques  autres  îles  des 
Antilles,  de  faibles  établissements, 
opéra  quelques  échanges  de  marchan- 
dises, et  subsista  sans  faire  de  grands 
bénéfices,  jusqu'en  1664. 

Mais,,  sous  Louis  XIV,  l'esprit  d'as- 
sociation acquit  un  vaste  développe- 
ment ,  et  reçut  de  nombreuses  applica- 
tions. Deux  Compagnies  furent  créées, 
en  1664,  l'une  pour  le  commerce  des 
Indes  orientales  et  l'autre  pour  celui 
des  Indes  occidentales ,  dans  laquelle 
vint  se  fondre  celle  des  îles  d'Amérique. 
Successivement  apparurent  la  Compa- 
gnie du  5éné^a/^  qui  fut  confirmée, 
dissoute,  et  reorganisée  plusieurs  fois; 
la  Compagnie  de  la  Gidnée,  en  posses- 
sion du  privilège  exclusif  du  commerce 
des  noirs,  et  de  celui  de  la  poudre  d'or  ; 
la  Compagnie  de  la  Louisiane  j  celle 
àe  Saint-Domingue  y  celle  delà  Chine^ 
et  d'autres  peut-ïtre  encore  qui  nous 
échappent.  Toutes  étaient  investies, 
pour  un  temps  plus  ou  moins  long , 
du  privilège  exclusif  de  commercer 
dans  les  contrées  dont  elles  portai^t 
le  nom,  et  on  appela  encore  la  no- 
blesse à  leur  secours,  en  déclarant  de 
nouveau  qu'elle  pouvait ,  sans  crainte 
de  déroger,  prendre  part  au  commerce 
maritime. 

Colbert  avait  rédigé  la  célèbre  or- 
donnance de  mars  1673  (voy.  les  An- 
nales ,  t.  II,  p.  28  et  suivantes),  qui 
plaçait  enfin  le  commerce  français  sous 
l'empire  d'une  législation  bien  raison- 
née,  et  tout  semblait  devoir  prospérer; 
mais  il  n'en  fut  point  ainsi ,  car  les 
meilleures  lois  nedonnent  aux  hommes 
ni  l'instruction ,  ni  Texpérience  dont 
ils  sont  dépourvus.  Le  privilège  que 
l'on  avait  cru  devoir  prendre  pour  point 
de  départ,  était  destructitde  toute 
émulation ,  de  tout  progrès  ;  donnait 


L'UinVERS. 


lieu  à  la  f^aodc,  et  entratDait  des  sai- 
sies àe  navires ,  des  procès ,  des  con^ 
fiscationsà  n'en  jamais  finir.  D'un  autre 
côté,  toutes  ces  Compagnies,  dont  les 
droits  n'étaient  pas  clairementdéfinis, 
et  qui  avaient  souvent  des  intérêts 
contraires,  se  heurtaient  et  s'entra- 
vaient les  unes  les  autres.  Toutes 
ne  faisaient  donc  que  des  affaires 
peu  actives ,  et  leur  avenir  était  évi- 
demment compromis,  lorsqu'on  1685 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes ,  en 
expulsant  du  royaume  deux  cent  mille 
familles ,  qui  emportèrent  avec  elles 
des  capitaux  considérables  et  des  se^ 
crets  de  fabrication  qui  nous  apparte- 
naient exclusivement ,  les  frappa  d'un 
coup  funeste,  ainsi  que  toutes  les  in- 
dustries dont  elles  exportaient  les  pro- 
duits. On  crut  bien  faire  en  réutiissant, 
au  mois  d'août  1717,  les  Compagnies 
du  Sénégal,  de  la  Guyane  et  de  la 
Louisiane,  à  celle  des  Indes  occiden- 
tales ,  oui  prit  le  nom  de  Compagnie 
cFOccidenty  et  en  laissant  en  dehors  la 
Compagnie  de  Saint-Domingue,  dont 
le  privilège  fut  révoqué  deux  ans  après  ; 
cet  arrangement  dura  deux  ans ,  après 
lesquels,  en  1719,  on  réunit  la  Com- 
pagnie d'Occident  à  la  Compagnie  des 
Indes  orientales,  dans  lac[uelle  s'était 
déjà  fondue  celle  de  la  Chine;  et,  sous 
le  nom  de  Compagnie  tUs  Indes ,  fat 
formée  une  vaste  association  qui  ob- 
tint le  monopole  du  commerce  du 
monde,  et  fut  autorisée  à  sous-traiter 
avec  des  entreprises  particulières , 
moyennant  des  réserves  et  des  droits 
à  son  profit,  pourjlles  points  du  globe 
dont  il  lui  conviendrait  de  céder  l'ex- 
ploitation. 

Pendant  tout  le  dix-hoitièitie  siècle, 
on  fut  rempli  de  bonnes  intentions  pour 
le  commerce;  mais  comme  oh  travail- 
lait sur  une  matière  que  l'on  ne  con- 
naissait pas  encore ,  on  agit  presque 
toujours  à  tâtons ,  et  on  fatigua  ,  par 
des  changements  sans  motils  et  sans 
terme,  la  chose  du  monde  qui  a  le  plus 
besoin  de  fixité.  Ainsi ,  en  1700 ,  on 
créa  un  conseil  général  de  commerce; 
en  1708,  six  Intendants  du  commerce  ; 
en  1715,  lin  conseil  général  du  com- 
tneioe  et  des  manufattures,  que  Fou 


remplaça,  le  S2  jaih  1733,  par  un  Hm- 
reau  composé  de  boit  personnes.  En 
juin  1724,  on  réduisit  à  quatre  les  in- 
tendants du  commerce,  et  on  les  sup- 
prima en  1774.  On  institua ,  en  1790, 
un  conseil  royal  ;  en  1775 ,  an  inspec- 
teur général  du  commerce  ;  et,  en  1788, 
on  supprima  les  inspecteurs  généraux 
des  manu£aictures  et  du  commerce) 
que  l'on  remplaça  par  des  inspecteurs 
spéciaux  pour  cbaque  genre  d'indus- 
trie. Enfin ,  les  nombreux  traités  de 
commerce  que  l'on  conclut  pendant» 
siècle ,  avec  les  Provinces  -  Unies  dei 
Pays  -  Bas  (1739),  la  Suède  (1740), 
Maroc  (1767),  Hambourg  (17e0),  h 
Grande-Bretagne  (  1786  ),  la  Rasuc 
(1787),  ne  furent  pas,  dans  toutes 
leurs  stipulations  ,  favorables  aux  in- 
térêts bien  entendus  de  la  France. 

Il  faut  reconnaître,  cependant,  que 
toutes  ces  réformes  suivies  d'Innova- 
tions, peu  de  temps  après  r^orîàki 
elles-mêmes,  étaient  faites  en  yuê  da 
bien  ;  mais,  par  suite  de  l'ignoranœ  oè 
l'on  était  encore  des  vrais  princities 
de  l'économie  politique  et  de  la  scienec 
commerciale,  que  les  économistes,  si 
chaudement  attaqués  d'abord,  ont  fiai 
cependant  par  établir,  on  devait  com- 
mettre et  l'on  commit  en  effet  bien 
des  fautes.  Il  resta  toutefois  de  cette 
époque  bien  des  établissements  et  biss 
des  institutions  utiles  au  comoiMe. 
La  bourse  de  Paris  fut  fondée  en  1794; 
des  assemblées  générales  de  négociaili 
furent  autorisées  dans  toutes  les  pb- 
ces  commerçantes  ;  il  fut  permis  ft  toU 
le  monde,  a  l'exception  des  magis- 
trats, de  faire  le  négoce,  et  il  lîtt  dé- 
claré, une  troisième  ou  quatrième  iss, 
que  la  noblesse  pouvait ,  sans  craiati 
de  déroger,  faire  le  commerce  en  gr« 
et  prendre  des  intérêts  dans  les  spé- 
culations maritiUies.  En  même  teiii|Si 
la  circulation  des  vins  dans  le  rojzvm 
fut  affranchie  de  toute  entrave*  et  ru 
promit  des  réi3ompenses  pabli^nefi 
ceux  qui  fonderaient  de  nouveaux  tXt 
blissement  commerciaux.  Ce  fut     ~~' 


ft  cette  époque  que  l'on  commeoçià 
connaître  la  haute  utilité  des  valsHS 
de  crédit  ;  une  caisse  d'escompte,  créés 
en  1767,  et  remplacée  par  une  suât 


FRjprClS. 


W»i 


m 


en  1776,  aecrut  la  masse  du  signe  re- 
présentatif, et  fut  le  modèle  des  caisses 
bubliques  instituées  plus  tard ,  et  de 
la  Banque  de  France,  qui  rend  aujour- 
d'hui de  si  grands  services  au  négoce 
et  à  rindustrie. 

£n  général,  pendant  les  soixante 
et  douze  ans  que  dura  le  règne  de 
liOuis  Xiy,  une  immense  imjpulsiofi 
fut  donnée  au  commerce  urançais 
(voyez  l'article  Gûlbbbt)  ,  et  ce  fut  ee 
prince  qui ,  sans  s'en  douter ,  fut  le 
créateur  de  cette  classe  moyenne  qui 
devait  plus  tard  remplacer ,  par  une 
aristocratie  d'intelligence  et  d  argent, 
l'aristocratie  nobiliaire,  que  son  or- 

fueil  s'était  plu  si  longtemps  à  dégra- 
er.  (Voy.  Boubgbûis,  Boubgeoisib.) 
Sous  la  régence,  le  commerce  reçut, 
de  la  fausse  application  du  système 
de  Law,  de  la  trop  grande  extension 
qu'on  lui  donna,  et  de  l'effroyable 
agiotage  qui  en  fut  la  conséquence , 
de  nombreuses  blessures ,  qui ,  toute- 
ibis,  ne  purent  l'anéantir.  Après  quel- 
oues  années  de  perturbation ,  quand 
ae  nombreux  capitaux  eurent  été  dé- 
placés, le  commerce  reprit  sa  marche 
accoutumée,  malgré  les  entraves  dont 
on  l'avait  chargé,  c'est-à-dire,  malgré 
le  monopole  attribué  à  la  Compagnie 
deB  Indes.  Enfin,  cette  Compagnie, 
qui  avait  reçu  dans  son  association 
avec  la  banque  de  Law,  une  blessure 
dont  elle  n'avait  pu  se  guérir  (voyez 
Banque  ) ,  ne  pouvant  résister  aux 
pertes  que  lui  avait  fait  subir  la  guerre 
maritime ,  hors  d'état  de  soutenir  la 
concurrence  que  lui  faisait  l'Angle- 
terre ,  et  voyant  à  chaque  bilan  dimi- 
nuer son  capital,  remit,  en  août  1770, 
fion  actif,  ses  droits  et  privilèges  entre 
les  mains  du  roi,  qui  les  accepta,  en 
se  chargeant  d'acquitter  ses  obliga- 
tions et  de  psjer  ses  dettes.  Louis 
XVI ,  le  14  avril  1786 ,  institua  une 
nouvelle  Compagnie  des  Indes,  et  pu- 
blia, le  13  avril  1786,  un  règlement 
pour  la  vente  des  marchandises  qu'elle 
importerait.  Mais  bientôt  éclata  la  ré- 
volution, et  le  privilège  de  cette  Com- 
pagnie eut  le  même  sort  que  tous  ceux 
qui  entravaient  la  marche  de  la  liberté. 
Ainsi  finit  cette,  institution,  qui,  si 


elle  ne  fyt  pas  toujours  heureuse  dans 
ses  spéculations,  n'en  rendit  pas  moins 
de  grands  services,  en  fondant  desétsi- 
blissements,  en  familiarisant  les  con^- 
merçants  avec  les  spéculations  de  lon- 
gue àurée,  et  en  formant  une  marine 
marchande ,  dont  l'industrie  privée 
tira  parti  pour  son  propre  compte, 
lorsque  les  temps  furent  venus,  et  (^ue 
le  génie  commercial  eut  une  entière 
liberté  d'action. 

De  grandes  et  importantes  mesures 
poiir  le  commerce  furent  prises  au 
commencement  de  la  révolution.  ]L.'a- 
bolition  des  jurandes  et  des  maîtrises , 
en  donnant  naissance  à  la  libre  con- 
currence, l'établissement  de  l'unifor- 
mité des  poids  et  des  mesures,  en 
facilitant  les  transactions  entre  les 
différentes  provinces  de  la  Frence, 
devaient  lui  faire  prendre  en  peu  de 
temps  un  essor  immense.  Mais  le  com- 
merce pour  prospérer  a  besoin  de  repos 
et  de  sécurité ,  conditions  qu'il  ne  pou- 
vait obtenir  d'une  époque  de  crise  et 
de  bouleversements.  D'un  autre  côté, 
des  intrigants  en  firent  un  instrument 
de  coupables  manoeuvres  ;  profitant  de 
la  liberté  nouvellement  accordée  à  tous 
les  genres  de  transactions ,  les  ennemis 
de  la  révolution  accaparèrent  les  den- 
rées de  première  nécessité ,  et  essayè- 
rent de  vaincre  par  la  famine  le  peuple 
dont  ils  ne  pouvaient  triompher  par  les 
armes.  11$  firent  disparaître  le  numé- 
raire, et  la  France  se  vit  réduite  à  la 
monnaie  nominale  des  assignats,  mon- 
naie que  l'agiotage  et  les  falsifications 
de  l'étranger  eurent  bientôt  fait  tomber 
en  discrédit.  C^est  alors  que  la  Con- 
vention se  vit  forcée  de  publier  la  loi 
du  maximum f  mesure  terrible,  qui 
anéantit  immédiatement  tout  le  com- 
merce intérieur,  le  seul  que  nos  guerres 
avec  l'Europe  entière  nous  permissent 
de  faire. 

Sous  le  directoire,  le  consulat  et 
l'empire,  le  commerce  maritime  fut 
complètement  anéanti  par  nos  guerres 
avec  la  Grande-Bretagne,  par  la  perte 
de  nos  établissements  dans  l'Inde,  en 
Afrique  et  en  Amérique,  et  par  le 
blocus  continental.  On  ne  vit  alors  de 
denrées  étrangères  sur  nos  marel^ 


400 


COBI 


L'UNIVERS. 


COM 


que  celles  qu'allaient  conquérir  sur  les 
mers  de  hardis  croiseurs ,  ou  que  nous 
apportaient  en  fraude  d'aventureux 
contrebandiers.  Mais  sous  la  dernière 
de  ces  trois  périodes,  le  commerce  in- 
térieur des  productions  indigènes  et 
rinclustrie  surtout  prirent  de  grands 
développements,  par  suite  de  la  ma- 
nière presque  violente  avec  laquelle 
Napoléon  torca  la  France  à  perfec- 
tionner sa  fabrication,  à  créer  chez 
elle  une  grande  partie  des  produits 
pour  lesquels  elle  avait  jusque-là  payé 
tribut  à  l'étranger,  et  à  remplacer  par 
d'autres  ceux  qu'elle  ne  pouvait  abso- 
lument obtenir  de  son  territoire  ou  de 
son  travail.  Aussi  le  commerce,  qu'il 
avait  placé  sous  le  patronage  d'un  mi- 
nistère spécial  et  qui  y  est  resté  depuis , 
ne  fit  qu'une  halte,  pour  se  remettre 
en  marche,  aussi  entreprenant,  aussi 
intelligent  et  plus  libre  que  jamais, 

3uand  la  paix  lui  eut  rendu  la  faculté 
e  s'élancer  de  nouveau  sur  les  mers, 
et  eut  restitué  à  la  France  une  partie 
des  établissements  lointains  et  des  co- 
lonies Qu'elle  possédait  autrefois.  Régi 
aujourd'hui  par  un  code  particulier, 
tire  en  grande  partie  de  l'ordonnance 
de  1673 ,  il  est  en  état  de  braver  toutes 
les  concurrences,  et  doit,  de  nécessité 
absolue,  arriver  avec  le  temns  au  plus 
haut  degré  de  splendeur  et  ae  prospé- 
rité. Voyez  Banque  ,  Colonies  ,  Com- 
pagnies DE  COMMEBCE,  CREDIT  PU- 
BLIC, Monnaies,  etc. 

CoHMEBGE  (ministère  du).  —  Il 
semble  que  pendant  longtemps  le  com- 
merce n'ait  été  considéré  par  le  gou- 
Yernement  que  comme  une  des  sources 
les  plus  importantes  du  revenu  public, 
et  que  si  les  rois  le  protégèrent  quel- 
queiois,  ce  fut  bien  moins  dans  l'in- 
térêt des  peuples  que  dans  celui  de 
leurs  finances.  Aussi  jusqu'à  Sully,  la 
surveillance  du  commerce  resta-t-élie 
toujours  exclusivement  dans  les  attri- 
butions des  officiers  chargés  du  reoou- 
▼rement  des  impôts.  C'est  de  l'adminis- 
tration du  grand  ministre  de  Henri  IV 
que  date  la  première  tentative  faite 
pour  le  dégager  de  l'influence  des 
boromes  de  finance.  Une  chambre 
spéciale,  où  devaient  être  discutées 


tontes  les  mesures  relatives  au  com- 
merce, fut  établie  en  1607,  et  com- 
posée de  membres  du  parlement,  delà 
chambre  des  comptes  et  de  la  cour  des 
aides.  Malheureusement,  la  mort  de 
Henri  IV,  qui  arriva  avant  que  cet 
établissement  se  fût  consolidé ,  paralysa 
l'heureuse  influence  que  l'on  était  en 
droit  d'en  attendre;  et  cette  chambre 
fiit  dissoute  de  fait  sous  l'administra- 
tion imprévoyante  de  la  régente ,  Marie 
de  Médicis.  Mais  Richelieu  la  recom- 
posa et  en  prit  la  présidence.  Colbert, 
le  régent ,  les  différents  ministres  de 
Louis  XV  et  de  Louis  XVI ,  lui  firent 
subir  quelques  modifications ,  aug- 
mentèrent ou  diminuèrent  sa  compé- 
tence et  ses  attributions  ;  cependaDt 
elle  subsista  jusqu'à  la  révolution. 

Abolie  alors,  ainsi  que  toutes  les 
anciennes  institutions ,  cette  chambre 
fut  remplacée,  en  1793,  par  un  co- 
mité pris  dans  le  sein  de  la  Conven- 
tion ,  et  les  douanes  furent  mises  dans 
les  attributions  du  ministre  des  rela- 
tions extérieures. 

Sous  le  consulat ,  on  recomposa  «a 
conseil  de  commerce ,  aux  discussions 
duquel  Napoléon  prit  souvent  une 
part  importante. 

Enfin,  en  1812,  un  ministère  da 
commerce  fut  créé  et  confié  à  M.  Col- 
lin  de  Sussy ,  dans  les  attributions  du- 
quel furent  mis  les  douanes,  tout  œ 
qui  se  rapportait  à  la  propriété  md»- 
liaire ,  aux  subsistances  ,  aux  cour- 
tiers ,  aux  établissements  industriels, 
les  consulats,  la  marine  marchande,  elc. 
Ce  ministère,  institué  plutôt  dansk 
but  de  veiller  à  l'exécution  du  Uocos 
continental  que  dans  celui  de  favori- 
ser le  mouvement  commercial  de  b 
France,  ne  subsista  que  jusqu'oi  1814 
et  le  commerce  retomba  sous  lio- 
fluence  des  agents  du  fisc. 

Une  ordonnance  royale  créa,  en 
1824,  un  bureau  de  commerce,  é- 
visé  en  un  bureau  d'hommes  d^afifiaires, 
chargés  de  préparer  toutes  les  naesorei 
relatives  au  commerce  ,  et  un  consei 
supérieur  devant  lequel  le  bureau  ve> 
naît  apporter  et  défendre  son  travaJL 

Quatre  ans  après ,  au  mois  de  jan- 
vier  1828,  ce  bureau  fot  rempiaoé^ 


FRANCE. 


GOM 


401 


ches  maritimes  ;  sur  les  vœux  des  con- 
seils généraux  du  commerce ,  des  ma« 
nufactures  et  du  conseil  d'agriculture, 
et  sur  toutes  les  questions  que  le  mi- 
nistre juge  à  propos  de  lui  renvoyer. 
Il  est  présidé  par  le  ministre  et  se 
compose  en  outre  de  vingt -quatre 
membres. 

LeconseUcTagriculture  est  composé 
de  trente  membres  nommés  par  le  mi- 
nistre, avec  Tapprobation  du  roi. 

Le  conseil  général  du  commerce 
se  compose  de  membres  nommés  pour 
trois  ans  par  les  chambres  de  com- 
merce, et  pris,  soit  dans  leur  sein, 
soit  dans  leur  circonscription.  Chaque 
chambre  nomme  un  membre ,  à  Tex- 
ception  de  celle  de  Paris,  qui  en 
nomme  huit ,  et  celles  de  Lyon ,  Mar- 
seille ,  Bordeaux ,  Nantes ,  Rouen  et 
le  Havre,  qui  en  nomment  chacune 
deux. 

Enfin ,  le  conseil  général  des  manU" 
Direction  du  commerce  intérieur,    factures  est  composé  de  vingt  mem- 


un  ministère  du  commerce;  maïs  ce 
ministère ,  dont  les  attributions  n'a- 
vaient pas  été  nettement  définies ,  ne 
put  durer,  et,  à  la  chute  du  cabinet 
a  la  tête  duquel  était  M.  de  Martignac, 
le  9  août  1830 ,  on  en  revint  au  bureau 
de  commerce ,  qui  fut  reconstitué  sur 
ses  anciennes  bases. 

Le  ministère  du  commerce  fut  en- 
Un  constitué  définitivement  en  1830 , 
et ,  depuis ,  il  a  toujours  existé ,  tout 
en  subissant  différentes  modifications, 
suivant  Finfluence  des  hommes  aux- 
quels il  a  été  confié. 

Il  porte  aujourd'hui  le  nom  de  mi- 
fdstère  de  VagricvUure  et  du  corn» 
trierce,  et  se  compose ,  outre  le  secré- 
taire général,  de  trois  directions, 
savoir  : 

Dir€ction  de  FeigricuUure  et  des 
haras  f  comprenant  deux  bureaux  : 

t*'  borean,  agricaltiire. 
%*       —      hara*. 


€ies  manufactures  et  des  établisse' 
ments  sanitaires ,  comprenant  quatre 
bureaux  : 

i**  borean»  conunanw  iulsciaur. 

a*       — -  manafactares. , 

3*       —  céréales  et  approrisioanements* 

4*       —  police  sanitaire. 

Direction  du  commerce  extérieur  y 
comprenant  trois  bureaux  : 

a*'  burean,  léçisbtion,   formation  et  application 

des  tarifs  de  douane  et  de  narigation. 

a*        —       archives  des  docnoients  français,  et  stft* 

tistiqae  générale  du  royaume. 
3*        —       archives  des  documents  étrangers. 

De  ces  trois  directions  dépendent  le 
conseil  supérieur  du  commerce,  le 
conseil  d'agriculture,  le  conseil  gé- 
néral du  commerce ,  et  I^  conseil  gé- 
néral des  manufactures.  Le  conseil 
supérieur  du  commerce  a  été  or- 
Iganisé  par  ordonnance  du  29  avril 
1831 ,  pour  remplacer  le  bureau  du 
commerce.  Ce  conseil  est  appelé  à 
donner  son  avis  sur  les  projets  de  lois 
et  sur  les  ordonnances  concernant  les 
tarifs  des  douanes,  et  leur  régime,  en 
ce  qui  intéresse  le  commerce  ;  sur  les 
projets  des  traités  de  commerce  et  de 
navigation  ;  sur  la  législation  commer- 
ciale des  colonies;  sur  le  système  des 
encouragements  pour  les  grandes  pé- 


bres  nommés  pour  trois  ans ,  par  vingt 
des  chambres  consultatives  des  arts 
et  manufactures,  et  de  quarante  mem- 
bres nommés  par  les  ministres  de  l'a- 
griculture et  du  commerce  et  des  toa- 
vaux  publics,  avec  l'approbation  du 
roi.  En  outre ,  dix  memores  du  con- 
seil général  du  commerce,  apparte- 
nant à  des  villes  de  fabriques,  ont 
entrée  au  conseil  général  des  manu- 
factures. 

Ces  trois  derniers  conseils  tiennent 
chaque  année  une  session  dont  le  minis- 
tre de  l'agriculture  et  du  commerce  et 
celui  des  travaux  publics  fixent  Tépoque 
et  la  durée.  Us  délibèrent  et  émettent 
des  vœux  sur  les  propositions  faites  par 
leurs  membres,  soit  en  leur  nom ,  soit 
au  nom  des  sociétés  d'agriculture,  des 
chambres  de  commerce ,  et  des  cham- 
bres consultatives  des  manufactures 
Î[u'ils  représentent.  Enfin ,  ils  donnent 
eur  avis  sur  les  matières  que  le  minis- 
tre renvoie  à  leur  examen.  Des  com- 
missaires nommés  par  le  roi  sont  char- 
Î;és  de  développer  les  questions  qui 
eur  sont  soumises ,  et  de  leur  four- 
nir les  explications  dont  ils  peuvent 
avoir  besoin.  Des  employés  du  minis- 
tère du   commerce  remplissent  les 


T.  V.  26'  Livraison,  (Dict.  bncycl.,  etc.) 


26 


À02 


€OBI 


LOJNlirEils. 


kôk 


fonctions  de  secrétaires.  Chacun  deà 
conseils  nomme,  à  sa  première  sessjon, 
'son  président ,  qui ,  dès  lors ,  devient 
de  droit  membre  pour  trois  ans  dû 
conseil  supérieur  du  commerce. 

pii  ministère  du  commerce  dépen- 
dent encore  un  conseil  supérieur  de 
santé ,  composé  de  vingt-deux  mem- 
bres ,  et  présidé  par  le  ministre ,  et  le 
comité  consultatif  des  arts  et  manvr- 
factures.  Ct  dernier  conseil^  composé 
^'hommes  spéciaui: ,  àti  iibmbi*ê  de  six 
ou  sept,  à  été  institué  pour  donner  d 
Tadministratioii  les  avis  dont  elle  peut 
avoii*  besoin ,  sur  la  |)artie  technique 
des  mesures  à  [irendre  pour  les  manu- 
factures et  fabriques.  Le  décret  dû  29 
janvier  1812,  qui  organisa  Tancieh 
ministère  du  commerce,  est  le  premier 
acte  où  il  soit  fait  nlention  de  ce  cd- 
ihité,  qui  comptait  cependant  déjà 
plusieurs  annéeis  d'existence.    ,, 

Les  ministres  du  commerce  ont  ëté, 
depuis  la  fondation  de  ce  ministère  : 

Ministres  du  commerce, 
Pe  ijSi?  à  >8i4i  CoUin  de  Sussy. 

Ministres  du  commercé  et  des  travaux  pu^ 

.  'iUes, 

li  macs   ,       ?83«,  4'^rgMtC. 

3i  décembre  i83a,  Thîers. 

21  f&ari  ;834,  Passy. 

Ifinis'trei  du  comme^cei 

.A  nm    .    x834»  DoabAtttl. 

zo  novembre  1 834 1  Teste. 

i8  novembre  i834,  Duchi|tel 

^     ï5  férrier       i856,  Pass^. 

tg  septembre  t83(5,  BfarUn  4m  Iford. 

it  mai  x839,  Cunin-Oridaine. 

x*''mars  '84o,  Gouin. 

5  septembre  1 840,  Canin<-Gridaîne. 

GoMMEBGB  (trîbunadx  de).  Voyez 
Consuls  et  Justice  (administration 
delà). 

GoMMËRCi?,  ville  de  Fancrenne  Lor- 
raine, aujourd'hui  chef-lieu  d'àrron- 
dissemetitdû  département  de  la  Meuse. 
Cette  viile  n'est  coiinue  que  depuis  le 
neuvième  siècle  ;  mais  il  est  probable 
qu'elle  existait  antérieurement.  Dans 
le  principe,  c'était  une  simple  seigneu- 
rie, qui  fut  érigée  plus  tard  en  princî- 
|)aute,  et  obtint  une  charte  de  com- 
mune eq  1324.  Charles-Quint  l'assié- 
gea en  1^54.  JCommercy  forma  long- 
temps deux   seigneuries  distinctes, 


sous  les  noms  de  Cbâteàti-Hatit  et  de 
Château-Bas;  la  première  fut  possédée 
^ar  Phiilppè-Einmahuel  de  Gohdy,  le- 
auel  là  transmit  à  son  fils  10  cardinal 
de  Retz ,  qui  y  rédigea  ses  Mcnioires. 

![I  en  lit  réparer  Tancièn  château ,  et 
ë  vendit  avec  la  ville  à  Charles  IV, 
)rince  de  Vaudemont;  par  les  soins 
lùquel  fut  réparé,  ëh  itOS,  le  château, 
(ont  Stanislas  fit  une  demeiire  magni- 
fique^ auioui'd*hui  tirànsformée  en  on 
quartier  de  cavalerie. 

Commercy  était,  âvâiit  là  révoln- 
tion^  le  chef-lieu  a'un  bailliage;  elle 
ne  possède  aujourd'hui  qu'une  Justice 
dé  paix,  le  tHbunal  de  rarirohdisse- 
ment  étaijt  â  Saiht-Mihiel.  Sa  popula- 
tion est  de  3,622  habitants. 

Cqmhersoih  (Philibert),  médecin  et 
botaniste  français,  né  eh  1627;  à  Châ- 
tillon-lez-DorabeSi  en  Bresse,  mort  en 
1713,  à  rtle  de  France,  où  il  avait  ac- 
compagné Bougainville  dans  son 
voyage  dé  ôirctimnavigation.  Il  y  avait 
forme  une  ^ande  collection  de  plantes 
qùé  lé  hiinisti^  de  la  marine  fit  venir 
à  Paris  pour  être  déposée  au  Jardin 
du  roi.  Avant  son  voyage  «  il  avait 
composé  un  Marfurologe  de  la  ho- 
tantque,  histoire  oe  tous  les  botanis- 
tes inorts  victimes  de  leur  zèle  poor 
la  science. 

ÇoMMiNGES  y  pays  avec  titre  de 
comté,  dans  l'ancienne  Gascogne,  était 
borné  au  nord  par  l'Arniagnac,  ae 
midi  par  les  Pyrénées,  â  l'oiiest  par  le 
Bifiorre  et  une  partie  de  l'Armagnac, 
à  1  est  par  le  Conserans  et  le  bas  Lan- 
guedoc. Il  avait  environ  10  nivriamè- 
très  de  longueur  et  5  myrîamètres  de 
largeur.  U  se  divisait  en  haut  et  bas 
CômmingeSy  et  avait  pour  capitale 
Saint-Bertran  de  Commmges. 

Ce  comté,  qui  fait  aujourd'hui  pa^ 
tie  du  département  de  la  Haute-Ga- 
ronne, de  l'Ariége  et  du  Gers,  joais- 
sait  de  plusieurs  privilèges,  parai 
lesquels  nous  mentionnerons  le  droit 
des  lits  et  passeries,  en  vertu  duquel 
ses  habitants  pouvaient  faire  avec  PO 
pagne  le  commerce  des  marchandises 
non  prohibées,  sans  pouvoir  être  in- 
quiétés ,  que  les  deux  pays  fussent  ci 
paix  ou  en  guerre. 


€0M 


FRANCE; 


co» 


403 


te  pays  de  Comminges  était  habité, 
à  l'époque  de  César,  par  les  Convènsêy 
que  Pompée  obligea  de  se  fixer  dans 
1  Aquitaine.  Leur  ville  fut  d'abord  ap- 
pelée Lugdunum^  dénomination  corn- 
niune  à  toutes  les  villes  bâties  sur  les 
hauteurs,  et  auquel  on  ajouta  ensuite 
Convenarûm^  pour  la  distinguer  des 
autres  cités  ou  niémé  nom. 

Bâtie  au  sommet  d'un  mont  escarpé, 
à  peu  de  distance  de  la  Garonne^  el; 
entourée  de  muips  flanqués  de  grandes 
tours ,  cette  ville  était ,  au  sixième 
siècle ,  la  place  la  plus  importante  de 

ia  Vasconie.  Elle  avait  été  fondée  à  la 
în  de  la  guerre  de  Sertorius^  par  Pom- 
pée ,  qui  y  avait  transplanté  les  pliis 
turbulents  d'entre  les  loériens.  A  l'é- 
poque de  la  conspiration  de  Gondd- 
vald  (voyez  ce  nom),  ce  prince,  acconl- 
pagné  de  Mu  m  mol  et  des  auti'es  chefs 
gailo-romaihs  attachés  à  sa  fortune, 
y  fut  accueilli  avec  empressement  par 
Chariulfe^  comte  du  pays,  et  par  la 
population ,  qui  s'engagea  à  détendre 
Courageusement  les  conjurés,  et  se 
prépara  aussitôt  à  soutenir  un  long 
siège  (586).  Mais  une  fois  dans  la  ville, 
les  Goodovaldiens,  dont  l'armée  était 
assez,  nombreuse  ,  s'en  emparèrent 
par  là  plus  insigne  perfidie.  Ayant  fait 
croire  aux  Convenues  que  l'armée  de 
Gôntrari  arrivait,  et  les  ayant  engagés 
à  marcher  les  premiers  a  sa  rencon- 
tre ,  ils  chassèrent  aussitôt  hors  des 
remparts  presque  tout  le  reste  des  ha- 
bitants, et  fermèrent  les  portes  der- 
rière eux.  Ari  bout  de  peu  de  jours, 
les  Francs  vinrent  investir. là  ville. 
Le  siège  fîit  lonp  et  opiniâtre.  Enfin 
les  chefs  ennemis  réussirent  à  cor- 
rompre Mùmmol,  qui  leur  livra  le 
malheureux  Gondovald.  La  ville  de- 
vait être  ouverte  le  lendemain;  les 
Gondovaldiens  passèrent  la  nuit  à  pil- 
ier les -églises  et  à  cacher  leur  butin. 
Le  jour  venu,  les  assiégeants  entrèrent 
et  massacrèrent  tout  ce  qu'ils  rencon- 
trèrent, sans  distinction  etsaiis  merci. 
Quand  il  ne  resta  plus  dans  la  ville 
une  seule  créature  vivante,  on  y  mit 
le  fbu,  et  bientôt  il  n'y  eut  plus  un  édi- 
fice debout  (*}.  Ce  ne  fut  que  cinq 
(•J  Grégoire  de  ToUw,  Tll,  38.  Port- 


cénts  ans  pjas  tarduu'une  nouvelle  ville 
des  Cpn venues  s'éleva  sur  le  même 
site ,  avec  le  nom  altéré  dé  Cbmmin- 
§es. 
CoMMiNGES  (comtes  de). — Suivant 

âaelques  auteurs,  le  Commingeois  eut 
tk  comtes  partipuHèrs  dès  le  com- 
meiicement  du  dixième  siècle,  et  on 
trouve  en  effet  un  certain  Asnariùs 
avec  le  titre  de  comte  en  ^.  On  trouve 
encoi*e,  dans  les  chroniques  du  temps, 
désignés  en  cette  qualité ,  Arnaud  eh 
944  i  Roger  P'  en  983  ,  Raymond  I*»* 
en  997  ;  puis  Ainelius ,  Bernard  l*' , 
fils  de  Raymond ,  Guillaume  en  1015 
et  1025,  Roger  II  en  1026  et  1035^, 
Arnajiid  II  en  lOOi  et  1070,  |toger  III 
eh  1074,  Bernard  II,  fils  de  Raymond, 
en  1075  et  1 100.  Mais  on  ne  sait  pas 
au  juste  si  ces  comtes  proviennent  de 
la  même  souche.  On  ne  possède  de 
renseignements  exacts  qu'à  partir  de  : 

Bernard  III,  fils  de  Roger,  cohite 
de  Comminges,  vers  l'an  1120,  blessé 
à  mort  dans  un  combat  livré  en  1150, 
près  de  Saitit-Gaudens. 

Ii50.  DôdoUy  son  fils,  se  fit,  en 
1181,  religieux  cistercien  à  Feuillans, 
après  avoir  gouverné  81  ans. 

1181.  Bernard  ly,  fils  et  succes- 
seur de  Dodoh,  après  avoir  passé  plu- 
sieurs années  dans  des  querelles  cau- 
sées par  ses  prétentions  sur  la  ville 
de  Conserâus,  eut  avec  Raymond- 
Roger,  comte  de  Foix,  une  guerre  qui 
dura  six  ans.  En  1211,  il  porta  secours 
à  son  cousin,  Raymond  VI,  comte  de 
Toulouse,  contl^e  Simon  de  Montfort, 
qui  le  défit  complètement,  en  1213,  à 
la  bataille  de  Muret.  Par  suite  de  cette 
défaite ,  le  comte  de  Comminges  fut 
forcé  d'aller  à  Narbonne  abjurer  toute 
doctrine  contraire  à  celle  de  l'Église 
romaine.  Mais  il  reprit  les  armes  en 
1218,  recouvra  une  partie  des  domai- 
nes due  les  croisés  lui  avaient  enlevés; 
et ,  l'année  suivante  ^  il  commanda  le 
corps  de  bataille  de  l'armée  des  Tou- 
lousains à  la  journée  de  Basiége ,  où 

quam  cunctos  inlerfecerunt ,  ul  non  rema- 
neret  mingens  ad  p^rietem ,  omnem  urbem 
cum  ecclesiis  reliquisque  aediiiciis  succeude- 
runt  f  niliil  ibi  prœter  humum  vacuam  re- 
linquentes. 

26. 


404 


COM 


L'UNIVERS. 


COM 


ceux-ci  furent  victorieux.  Il  mourut  en 

1226. 

1226.  Bernard  K  fils  de  Bernard 
IV,  conclut,  Tannée  oe  son  avènement, 
un  traité  de  pa»  avec  Louis  VI ,  au- 
quel il  fit  hommage  de  tous  ses  do- 
maines. Il  mourut  subitement  en  1241. 

1241.  Bernard  FI,  fils  et  succes- 
seur de  Bernard  V,  prêta  serment  de 
fidélité,  en  1243,  à  samt  Louis,  se  re- 
connut vassal  du  comte  de  Toulouse 
pour  ce  qu*il  possédait  aux  diocèses 
de  Conserans  et  de.Comminges,  et 
mourut  en  1312.  Il  avait,  dix-huit  ans 
auparavant,  en  1294,  abandonné  son 
comté  à  son  fils  et  successeur, 

1294.  Bernard  Fil f  qui,  en  1309, 
obtint  de  Philippe  le  Bel  des  lettres 

2ui  lui  accordaient  la  permission  de 
onner  en  partage  à  ses  fils  puînés 
une  partie  des  nefs  qu'il  tenait  du 
roi.  Créé  chevalier  par  le  roi  en  1313, 
il  mourut  en  1335. 

1335.  Jeany  son  fils  posthume,  mou- 
rut en  1339. 

1339.  Pierre-Raymond  /•%  fils  de 
Bernard  VI ,  s'empara  du  comté  de 
Comminges  au  préjudice  de  ses  nièces, 
les  sœurs  de  Jean.  Il  mourut  en  1341 
ou  1342. 

1341  ou  1342.  Pierre-Raymond  Ily 
fils  du  précédent,  eut  à  soutenir  contre 
les  seiçneurs  de  la  maison  de  Tlle- 
Jourdain ,  qui  défendaient  les  droits 
de  Jeanne ,  fille  de  Bernard  VII ,  de 
longues  guerres,  qu'il  termina  enfin, 
en  1350,  par  son  mariage  avec  cette 
princesse.  Il  fut  fait  prisonnier,  en 
1362,  à  la  bataille  de  Launac,  par  le 
comte  de  Foix,  et  mourut  en  1376. 

1376.  Marguerite  y  fille  de  Pierre- 
Raymond  U,  lui  succéda  au  comté  de 
Comminges.  Elle  fut  mariée  trois  fois, 
et  en  dernier  lieu  à  Mathieu  de  Foix, 
grand  partisan  de  la  maison  de  Bour- 
gogne. Marguerite  lui  ayant  fait  don, 
par  son  contrat  de  mariage ,  du  comté 
de  Comminges ,  celui-ci  renferma  sa 
femme  dans  le  château  de  Saverdun , 
où  il  la  retint  prisonnière  pendant  une 
vin^aine  d'années;  et  Jeanne,  après 
avoir  chansé  plusieurs  fois  de  prison, 
ne  fut  rendue  à  la  liberté  qu'en  1443, 
au  moyen  d'un  traité  conclu  entre  le 


roi  et  Mathieu  de  Foix ,  traité  par  le- 
quel une  partie  du  Commingeois  fut 
abandonnée  à  Mathieu,  et  le  reste  à 
Marguerite.Lajouissancedutoutdevait 
appartenir  au  survivant,  après  la  mort 
duquel  le  comté  aurait  été  réuni  à  la 
couronne.  Jeanne  étant  morte  en  1443, 
Jean  IV,  comte  d'Armagnac,  s'em- 
para d'une  partie  du  Comminjgeois  ; 
mais  Louis  XI,  alors  dauphin,  le 
chassa  de  ses  conquêtes  et  de  ses  biens, 
et  le  fit  prisonnier.  Mathieu  mourut 
en  1453,  et  dès  lors  le  comté  de  Com- 
minges fut  réuni  à  la  couronne,  dont 
il  fut  distrait  deux  fois  par  Louis  XI 
en  1461,  d'abord  en  faveur  de  Jean  de 
Lescun,  bâtard  d'Armagnac,  qui  mou- 
rut sans  enfants  mâles  en  1472,  et  en- 
suite en  faveur  du  chambellan  Odet 
d'Aidie,  seigneur  de  Lescan.  Il  fut 
réuni  à  la  couronne  par  lettres  du 
même  [)rince,  enMate  du  25  août  1498. 
François  P'  en  fit  don  à  Odet,  vicomte 
de  Lautrec ,  qui  eut  pour  successeur, 
en  1529,  son  fils  Henri.  Celui-ci  étant 
mort  sans  lignée,  le  comté  de  Commin- 
ges fut  enfin,  en  1540,  réuni  à  la  cou- 
ronne pour  ne  plus  en  être  séparé. 

CoMMiBE  (Jean),  jésuite,  naquit  à 
Amboise  en  1625.  Son  goût  le  porta 
à  cultiver  la  poésie  latine,  et  il  le  fit 
avec  le  plus  grand  succès.  Horace  avait 
été  son  auteur  favori ,  et  les  connais- 
seurs trouvent  que  le  P.  Commire  sai- 
sit quelquefois  dans  ses  pièces  le  ton 
de  son  inimitable  modèle.  Ses  fables 
n'ont  ni  l'élégante  précision,  ni  le  bat 
moral  de  celles  de  Phèdre  ;  peut-étie 
même  sont-ce  moins  des  fables  que 
d'ingénieux  parallèles ,  d'agréables 
descriptions  ;  mais  le  charme  du  style 
couvre  si  bien  les  défectuosités  du 
sujet,  qu'on  les  lit  toujours  avec  plai- 
sir. Le  talent  du  P.  Commire  ne  se  fât 
probablement  pas  élevé  jusau'aux 
grandes  compositions;  mais  il  r&ssis- 
sait  parfaitement  dans  les  pièces  de 
peu  d  étendue,  qui  peuvent  recevoir  un 
degré  d'intérêt  suffisant  de  l'éléganee 
et  du  fini  de  la  forme.  U  était  profes- 
seur de  théologie  à  la  Sorbonne,etk8 
études  vers  lesquelles  son  inclination 
l'entraînait  ne.  lui  firent  jamais  négli- 
ger les  devoirs  de  son  état,  Le$  parth 


C09I 


FRANCE. 


GOM 


406 


fhrcues  des  psaumes  et  des  prophètes 
lui  furent  même  une  occasion  de  con- 
cilier l*un  et  l'autre.  Mais  cette  œuvre 
n'a  pas  le  genre  de  mérite  qu'on  lui 
souhaiterait,  et  les  qualités  de  l'au-, 
teur  sont  l'opposé  de  celles  qu'il  lui 
aurait  fallu  pour  rendre  la  majesté 
des  livres  saints.  Le  journal  de  Tré- 
voux s'enrichit  aussi  des  travaux  du 
P.  Commire,  et  entre  autres  de  Re- 
marques sur  les  poésies  de  saint 
Orentius.  Le  P.  Commire  était  en  re- 
lation avec  Ménage,  avec  Santeuil,  son 
émule  en  poésie  latine,  avec  le  célèbre 
Huet,  évéque  d'Avranches,  qu'il  en- 
gagea à  écrire  son  Histoire  des  navi- 
cations  de  Salomon,  et  avec  le  P.  Bou- 
nours ,  à  qui  il  adressa  une  belle  ode, 

Êour  le  consoler  des  critiques  de  Bar- 
ier  d'Aucourt.  Toutes  ses  poésies 
ont  été  réunies  en  un  volume  où 
l'on  trouve,  outre  ses  paraphra^ 
ses  des  psaumes  ,  des  pièces  néroî' 
gués,  des  odes,  des  idylles  ,  des  /a- 
bles,  des  épigrammes  et  enfin  'un 
drame^  dont  le  sujet  est  la  conception 
de  la  Vierge.  Le  P.  Commire  mourut  à 
Paris  en  1703. 

Commise,  droit  qu'avait leseigneut 
suzerain  de  s'emparer,  pour  un  temps 
limité  ou  pour  toujours,  du  fief  de  son 
vassal,  quand  celui-ci  manquait  aux 
devoirs  imposés  par  la  foi  et  hommage. 
Les  deux  principales  causes  de  la 
commise  étaient  le  désaveu  et  la/eïo- 
fU€>  (Voyez  ces  mots.) 

CoMMisSÀiBE,  Commissarius. — Ce 
nom  y  que  l'on  trouve  employé  pour 
la  première  fois,  en  1254,  dans  une 
ordonnance  de  saint  Louis ,  désigne , 
dans  notre  nomenclature  administra- 
tive, un  fonctionnaire  civil  ou  judi- 
ciaire, chargé  par  l'autorité  supé- 
rieure, par  une  cour  ou  par  un  tribunal, 
d*une  mission  particulière.  Tels  étaient, 
tous  l'ancienne  monarchie,  les  hommes 
qui  composaient  les  tribunaux  extraor- 
oinaires  chargés  de  prononcer  dans 
les  procès  dont  on  ne  croyait  pas  pou- 
voir laisser  le  jugement  aux  tribunaux 
ordinaires. 

Les  jugements  de  ces  commissaires 
étaient  sans  appel;  ils  étaient  nom- 
més par  le  roi ,  qui  les  choisissait  dans 


toutes  les  classes  de  citoyens  ;  parmi 
les  ennemis  des  accusés  dont  il  voulait 
la  condamnation ,  parmi  les  amis  de 
ceux  dont  il  désirait  l'absolution.  C'est 
ainsi  que  furent  condamnés  Enguer- 
rand  dfe  Marigny  sous  Louis  X  ;  Jac- 
ques Cœur,  sôus  Charles  VII;  de 
Thou ,  Cinq  -  Mars ,  sous  Louis  XIII  ; 
Fouquet,  sous  Louis  XIV;  et  que 
furent  absous,  sous  ce  dernier  prince, 
les  grands  personnages  compron\is 
dans  le  procès  de  la  célèbre  empoison- 
neuse la  Brinvilliers.  Mais  si  les  juge- 
ments rendus  par  commissaires  étaient 
prompts  et  presque  toujours  con- 
formes aux  désirs  de  ceux  qui  les 
avaient  provoaués,  le  peuple  les  re- 
gardait en  général  comme  des  œuvres 
d'iniquité,  et  ses  sympathies  réhabili- 
taient ordinairement  les  malheureux 
que  l'on  s'était  efforcé  de  flétrir  par 
ce  semblant  de  justice.  François  I*' 
visitant  un  jour,-  dans  l'église  àes  Cé- 
lestins  de  Marcoussi ,  le  tombeau  de 
Jean  de  Montaigu ,  grand -trésorier  de 
Charles  VI,  décapité  aux  halles  par 
ordre  du  duc  de  Bourgogne ,  dit  qu'il 
V  avait  lieu  de  regretter  qu'un  tel 
nomme  fût  mort  par  justice.  «Sire, 
«  s'écria  un  moine ,  il  ne  fut  pas  con- 
«  damné  à  mort  par  jttstice,  mais  par 
ft  commissaires,  »  Frappé  de  ces  pa- 
roles, le  roi  jura  de  ne  jamais  donner 
à  une  commission  le  droit  d'envoyer 
un  homme  à  la  mort,  ce  qui  ne  l'em- 

{)écha  pas  de  faire  exécuter,  en  1523, 
e  surintendant  de  Semblançai,  con- 
damné à  mort  par  des  commissaires, 
et  d'aller  lui-même  déposer  comme  té- 
moin devant  ceux  qu'il  avait  choisis 
pour  condamner  le  cnancelier  PoyeJ. 

Les  cours  prévôtaies  (Voy.  ce  mot), 
créées  par  la  restauration  pour  don- 
ner un  caractère  légal  aux  fureurs 
réactionnaires  des  partisans  de  l'ancien 
régime,  étaient  de  véritables  commis- 
'  sions,  comme  celles  de  l'ancienne  mo- 
narchie. Depuis ,  il  n'y  en  a  plus  eu , 
et  un  article  de  la  Charte  interdit  ex- 
pressément la  création  de  commissions 
et  de  tribunaux  extraordinaires.  Les 
juges-commissaires  ne  sont  plus  que 
des  magistrats  délégués  par  les  tribu- 
naux ordinaires,  pour  certaines  opéra- 


49$ 


am 


L*u|sreyERS« 


COM 


tions  qui  ne  peavent  ^e  faîtes  pwc  le  mières  années  du  règne  de  Charles  YII, 

tribunal  tout  entier.    '    *  '  -  nfi^ig  i^j^y  revint  pnu  tard;  èteefct 

En  matière  aâministrative,  on  donne  sous  ce  prince  que  s'établît  Tasage  de 

encore  le  nom  de  commissaires  à  de^  loger  les  gens  de  guerre  abecpkdeait 

officiers  publicâ ,  commis  à  des  fonc-  feu  et  à  la  chandelle ,  expression  qui 

tions  spéciales.  Tels  étaient  les  conir  a  été  depuis  diversement  interprétée. 

missaires  des  guerres  (V.  ces  mots)  - 


et  tels  sont  encore  aujourd'hui  les 
cçmmissaires  de  police^  les  commis- 
saires-priseurSy  etc. 

On  donnait  encore  le  nom  de  com- 
missaires, sbus  le  gouverkiement  révo- 
lutionnaire ,  dux  membres  de  la  Con- 
vention envoyés  aux  armées  ou  (dans 
les  départements,  avec  une  niissiori 
spéciale.  (Voyez  Repbésbntànts  dû 
PEUPLE  EN  MISSION.)  Des  fonctions 
analogues  viennent  d*étre  rétablies 
tout  récemment  (août  1Ô41) ,  et  con- 
fiées à  l'officier  public  envoyé  à  Tou- 
louse, sous  le  titre  de  commissaire 
extraordinaire^  à  l'occasion  des  trou- 
bles dont  cette  ville  a  été  le  théâtre. 

COMHISSAIBES    DES    GUEBBES.  — 

jusqu'au  règne  du  roi  Jean,  les  sé- 
néchaux et  les  baillis  remplirent  en 
France  les  fonctions  de  ces  officiers  ; 
mais  leurs  pouvoirs  étaient  circons- 
crits dans  les  limites  de  leurs  bailliages, 
hors  desquels  ils  ne  pouvaient  plus 
être  utiles  aux  troupes.  Les  eapîtamei 
des  compagnies  en  devenaient  alors 
les  administrateurs.  Us  recevaient  là 
solde  et  en  faisaient  eux-mêmes  la  ré^ 
partition  ;  mais  cet  état  de  choses , 
qui  était  insufTisant  pour  assurer  la 
régularité  du  service,  changea  lors- 
gu  on  eut  créé,  en  1S55,  sous  le  titre 
de  conducteurs  de  gens  de  guerre^ 
uii  corps  d'administrateurs  militaires 
chargé  des  monstres  (revues) ,  de  la 
pdUce ,  de  la  discipline  et  des  approvf*» 
sionnements;  l'année  suivante  on  en 
comptait  douze  pour  toute  l'armée.  ' 
Une  ordonnance  de  1373  autorisa 
les  connétables,  les  maréchaux ,  et  les 
maîtres  des  arbalétriers ,  à  nommer 


En  1445',  des  commis  furent  nommés 
pour  inspecter  Thabillement  des  troo- 
pes ,  le  namachèment  et  les  cheTaai 
de  remonte  de  la  cavalerie,  inspectioQ 
gui  fût  pixé  alors  podr  la  première 
fols. 

Plus  tard,  lors  de  l'oreamsation 
des  bureaux  des  secrétaires  d-État, des 
commis  et  des  commissaires  des  guer* 
res  furent  donnés  ponr  employés  à  ce- 
lui  de  la  guerre.  Les  premiers  travail- 
laient dans  les  bureaux;  ils  nereçureot 
jamais  d'organisation  définitive,  les 
seconds  étaient  les  agents  du  ministre 
aux  armées  et  dans  les  places  de 
guerre  ;  ils  y  parurent  dès  Tannée  de 
leur  création  (1514) ,  avec  le  titre  de 
commissaires  et  l'autorité  nécessaire 
pour  remplir  sans  entraves  leurs  fonc- 
tions. En  1537  on  leur  donnait  le  titre 
de  commissaires  des  guerres  ordind" 
res.  Ces  officiers  furent  alors  cbargés 
de  passer  les  troupes  en  revue  poar 
éonstater  leur  effectif ,  de  veiller  â 
leurs  besoins ,  de  surveiller  les  agents 
des  subsistances ,  de  pourvoir  aux  ap- 
provisionnements des  plfloes  et(iesa^ 
mées.  Ils  correspondaient  djrecteiDeDi 
avec  le  ministre  de  la  guerre ,  et  ne  re* 
cevaient  d'ordres  que  de  lui  seul;  en- 
fin, une  ordonnance  de  1553  leur  ac- 
corda ie  droit  de  si^er  au  parle- 
ment. 

Charles  IK^  en  confirmant ,  par  son 
édit  de  1567 ,  les  lois  qui  {eur  aoco^ 
daient  ces  prérogatives ,  rappela  une 
disposition  d'une  ordonnance  du  rai 
Jean .  qui  voulait  qu'un  clerc  du  s^ 
cret  lût  envoyé  aux  armées  pour  ton- 
tes les  expéditions  royales.  Léditajoo- 
tait  :  «  Il  sera  envoyé  un  commissaire 


pour  les  monstres  des  gens  de  guerre  '   «  des  guerres  aox  gouverneurs  des  pro- 
qui  étaient  sous  leurs  oridres ,  des  lieu-     «  vinces ,  cbe£s  des  armées  et  geai- 


tenants,  commis  ou  commissaires  des 
guerres ,  que  Ton  nommait  aussi  mé- 
neurs  de  gendarmes ,  archers  et  ar* 
balétriers.  Cet  essai  d'administration 
militaire  f\x\  abandonné  dans  les  pre* 


«  raux  des  finances ,  pour  donner  ans 
«  au  roi  de  tout  ce  qui  se  passe ,  4 
«  faire  faire  à  l'entour  d'eux  toutes 
«  expéditions  nécessaires»  et  on  kat 
«  donnera  les  mémoires  et  les  gi* 


CRM  ?PAfîCE. 

im  fyin  écrire  l'histoire  du 


«If 


Les  abus  qui  ^'introduisaient  dans 
l'a^minîstratfoh  intérieure  des  com- 
pagnité,  lorsque  le  soiii  de  rèceToir  et 
de  distribuer  la  solde  des  troupes  étaif 
confié  aux  capitaines,  obligeaient  sou- 
vent le  ministre  de  la  guerre  de  char- 
ger les  commissaires  des  guerres  d^ 
tériller  l'effectif  de  ces  corps  et  de 
constater  l'état  de  leur  |iabillement^ 
de  leur  armement  ej  de  leur  équipe- 
ment. Aujourd'hui ,  ces  fonctions  sont 
iittribuées  aux  itlspectéurs  généraux 
d'armes  qui  les  remplissent  irune  ma- 
nière plus  contenabie  et  plus  utile  au 
bien  du  service. 

On  ne  troUve  dans  l'histoire  de  no- 
tre administration  militaire ,  jusqu'au 
commencement  du  dix-septième  siècle, 
aucune  trace  de  commissaires  ordon- 
nateurs; on  voit  seulement  que  Henri 
Il  créa  deux  commissaires  généraux 
des  retïîiésquieurent  sous leursordres 
des  commissaires  temporaires  et  des 
agents  secondaires.  Mais  ces  commis- 
saires générauit  n'étaient  point  insti- 
tués comme  chefs  directs  des  commis- 
saires des  guerres.  On  les  remplaça  , 
en  1627 ,  par  six  inlmdatUt  généraux 
qui  avaient  voix  déllMrative  au  con- 
seil du  roi.  I*eti  de  temps  après  oif 
cHa  (Jes  trésoriers  généraux  des  ar- 
méet,  et  on  établit  dans  chaque  élec- 
tion un  conseiller  commissaire  parli- 
Cu&ÉT  des  vivres.  L'introduction  danj 
l'armée  de  ces  différents  officiers  ap- 
porta quelques  améliorations  dans  l'ad- 
■mnistratioD ,  Bans  cependant  amener 
tous  les  résultats  qu'on  en  attendait. 
Tous  les  services  languissaient  :  ceui 
des  hfipitaui,  des  vivres  et  fourrages , 
se  faisaient  avec  lenteur,  sans  mé- 
thode réeulière,  et  souvent  même  avec 
une  négligence  coupable.  Cependant 
l'administration  militaire  demeura  Eta- 
tionnaire  aussi  longtemps  que  les  ar- 
mées purent  être  approvisionnées  par 
la  voie  des  réquisitions  en  nature; 
mais  les  grandes  armées  mises  sur 
pied  par  IJouis  XIV  et  le  système  def 
entreprises  adopté  par  Louvois  exi- 
gèrent une  plus  grande  surveillance- 
L'usage   deg    revues   produisit   peu 


On  comprit  alors  que,  pour  donner 
plus  de  force  et  d'autorité  au  corps 
administratif,  il  convenait  de  nlacef 
un  intermédiaire  entre  lùj  et  le  mi- 
nistre de  la  guerre,  tes  commissaire; 
des  guerres  avaient  eu  pour  chef,  ad 
commencement  du  dix-septième  siècle, 
un  seul  commissaire  général  (1614) , 
mais  dont  l'emploi  avait  bientôt  été 
aboli,  parce  que  l'on  avait  redouté  le 

Couvoir  excessif  de  ce  fonctionnaire  ; 
ts  commissaires  des  guerres  curen^ 
alors  pour  supérieurs  des  commissaU 
res  ordonnateurs,  qui  furent  chargés 
de  la  répartition  du  service  administra^ 
tif.  La  création  de  ces  officiers  data 
de  1635. 

En  1667  ou  créa  des  eontrôleuTt 
des  guerres,  chargés  de  la  tenue  des 
registres  et  du  contrôle  des  revues  de 
troupes.  Trente  commissairet  ordi- 
naires provinciaux  des  guerres  fu- 
rent institués  en  1704  et  repartis  dans 
les  provinces  et  dans  les  généralités  du 
royanme.  Ils  étaient  exclusivement 
chargés  du  service  intérieur,  et  subor- 
donnés aux  commissaires  des  guerrei 
avec  lesquels  ils  concouraient  pour  les 
places  d'ordonnateurs. 

La  solde  des  commissaires  des  guer- 
res avait  été  fixée  a  480  livres, en  1S14. 
On  ne  connaît  pas  lés  changements 
qui  y  furent  faits  jusqu'en  1698;  mais, 
à  cette  époque ,  un  arrêt  du  conseil 
du  roi  gxa  [es  privilèges,  les  attribu- 
tions et  les  appointements  de  ces 
fonctionnaires;  ceux  qui  avaient  payé 
50,000  livres  pour  la  finance  de  leur 
charge,  recevaient,  pour  gages ,  3,300 
livres ,  et  pour  appomtements ,  3,000. 
Ceux  nui  avaient  financé  40,000  liv., 
touchaient  à  titre  de  gages,  1,600  Iit-, 


408 


GOM 


LUNIVERS 


€01l 


et  3,000  li?.  d^appointements.  Enfin , 
ceux  qui  n'avaient  payé  que  l'ancienne 
finance,  c'est-à-dire  30,000  Ht.,  ne 
recevaient  que  1,320  liv.  de  gages, 
sans  appointements. 
^  Un  édit  de  1664  leur  avait  donné 
rang  à  la  eauche  des  commandants  de 
la  troupe  dont  ils  avaient  la  police;  ils 
prenaient  leurs  logements  immédiate- 
ment après  ces  officiers,  et  prési- 
daient le  conseil  de  guerre  en  leur  ab- 
sence. On  ne  leur  donna  cependant 
Funiforme  qu'en  1746. 

Lors  des  réformes  du  comte  de  Saint- 
Germain  ,  le  nombre  des  commissaires 
des  guerres ,  qui  s'était  considérable- 
ment accru ,  fut  réduit  à  cent  soixante, 
et  leurs  appointements  furent  fixés  de 
la  manière  suivante  : 

Frais  de 
Solde,     bnreao. 

i8  commisfl.  ordonnatenrs 6,000 1.  a,ooo  I. 

16        -—        des  guerres  princip.   S.ooo     1,000 
90        —        des  guerres  de  i'*  cl.  4>ooo 
96        —        des  guerres  de  a*  cl.  3,ooo 
so  élèves i,aoo 

Les  ordonnateurs  furent  assimilés 
aux  colonels  ;  les  commissaires  princi- 
paux ,  et  ceux  dés  première  et  deuxième 
classes,  aux  capitaines  ;  les  élèves,  aux 
lieutenants.  Peu  de  mois  après,  le 
nombre  des  commissaires  des  guer- 
res fut  porté  de  cent  soixante  à  cent 
soixante-seize. 

Un  édit  de  décembre  1783  supprima 
les  176  charges  de  commissaires  des 
guerres  établies  à  la  fin  de  1776,  et  en 
créa  180  nouvelles.  Le  corps,  bientôt 
réduit  à  130,  fut  de  nouveau  augmenté 
et  porté  à  160  en  1788  ;  mais  la  finance 
de  leur  charge  avait  été  fixée  à  55,000 
livres,  que  ces  fonctionnaires  furent 
obligés  de  payer  sous  peine  de  dé- 
chéance. 

Leur  répartition  se  fit  de  la  manière 
suivante  : 

a  3  commissaires  ordonnateurs. 

Près  le  conseil  de  la  guerre z 

A  Paris I 

Dans  les  divisions ai 

xa7  commissaires  des  gturres. 

Dans  la  maison  du  roi 3 

En  résidence  dans  les  généralités. . . .  ^ . .  34 
Dans  les  divisions  et  pour  l'artillerie. . .  90 
ai  Élèves. 

La  solde  et  les  frais  de  bureau  de  ces 


171  fonctionnaires  étaient  les  mêmes 
qu'en  1776. 

Un  décret  du  20  septembre  1791 
changea  toute  cette  organisation.  Des 
cours  martiales  ayant  été  établies  dans 
toutes  les  divisions,  on  y  plaça  23  ot' 
donnateurs  grands  Juges  militaires^ 
qui  en  étaient  les  présidents ,  et  au- 
tant de  commissaires  auditeurs  des 
guerres  chargés  de  la  poursuite  des 
crimes  et  délits  militaires. 

Cette  nouvelle  organisation  porta 
l'effectif  du  corps  à  364  fonctionnaires 
ainsi  répartis  : 

4i  commiss,  ordonnateurs,  dont  a3  juges. 

De  I**  class*. 8 

De  s*  classe B 

De  3*  classe. >5 

390  commiss,  des  guerres,  dont^^  asuGteurs, 

De  1**  dasse 10 

De  a*  classe > ao 

De  3*  classe 3o 

De  4*  classe 5o 

De  5*  classe x8o 

Enfin  33  aides  commissaires. 

Un  décret  du  17  janvier  1795  porta 
Teffectif  du  corps  à  600  hommes,  sa- 
voir : 

6o  ordonnateurs. 
a4o  commissaires  de  i'*  classe. 
3oo  —  de  a*  classe. 

La  Convention  se  réserva  la  nomi- 
nation des  nouveaux  titulaires,  sur  la 
présentation  du  comité  de  salut  puMic. 
Parmi  les  nouvelles  attributions  mn 
leur  furent  données,  on  remarque  edk 
qui  les  chargeait  spécialement  de  la 
levée  des  contributions  en  pavs  enne- 
mi, diaprés  les  fixations  arrêtées  par 
les  représentants  du  peuple  en  missioo 
aux  armées ,  ou  par  les  généraux  es 
chef. 

Le  personnel  de  l'administration  mi- 
litaire subsista  ainsi  jusque  sous  le 
consulat.  Mais  par  un  arrêté  du  29 
janvier  1800,  les  fonctions  attribuées 
aux  commissaires  des  guerres  furent 
partagées  entre  deux  corps  distincts  et 
indépendants  Tun  de  Fautre  :  le  pre- 
mier, sous  le  titre  d'inspecteurs  auxre^ 
vues;  le  second  sous  celui  de  cominif- 
saires  des  guerres  (voy.  Inspbgtbobs 
AUX  BBYUES).  Lc  corps  du  Commissa- 
riat couscrva  la  surveillance  des  appro- 
visionnements en  tout  genre,  tant  aux 


COM 


FRANCE. 


40a 


armées  que  dans  les  places  et  les  villes 
de  garnison  ;  la  levée  des  contributions 
en  pa^^s  ennemi,  la  police  des  étapes  et 
convois  militaires,  de  l'artillerie  et 
des  ambulances,  des  hôpitaux,  des  pri- 
sons, corps  de  garde  et  autres  établis- 
sements militaires;  les  distributions 
de  vivres,  fourrages,  chauffage,  habil- 
lement et  équipement;  la  vérification 
des  dépenses  résultant  de  ces  distribu- 
tions, et  de  toutes  les  autres  dépenses, 
excepté  la  solde.  Sa  composition  de- 
meura fixée  comme  il  suit  : 

ComnûsMÎres  ordonnatears 35 

—            des  guerres  de  i'*  classe.  lao 

— >           des  gaerres  de  **  classe. .  lao 

Adjoints « 35 

3x0 

Les  commissaires  ordonnateurs  en 
chef,  créés  temporairement  en  1796, 
eurent  le  grade  de  général  de  division; 
les  ordonnateurs,  celui  de  colonel  de 
cavalerie  ;  les  commissaires  des  guer- 
res, celui  de  chef  d*escadron  ;  et  les 
adjoints  le  grade  de  capitaine. 

A  la  fin  de  Tempire ,  le  corps  des 
commissaires  des  guerres  se  composait 
de  314  membres,  ainsi  répartis  : 

4  ordonnateurs  en  chef. 
4o  ordonnateurs. 

96  commissaires  des  gaerres  de  x'*  classe, 
loi  —  des  gaerres  de  a"  classe. 

61  adjoints.  .,^^ 

4       —       honoraires. 

8       —       provisoires. 

Le  corps  des  commissaires  des 
^guerres,  supprimé  par  ordonnance  du 
29  juillet  1817,  en  même  temps  que 
celui  des  inspecteurs  aux  revues,  fut 
remplacé  par  un  nouveau  corps  admi- 
nistratif, qui  prit  la  dénomination  de 
corps  de  rintendance  militaire.  Les 
membres  des  deux  corps  supprimés 
purent  seuls  concourir  à  la  formation 
de  ce  dernier.  (Voyez  Intendants 

lilLITÀIBBS.) 

Ck)M]fISSAIBSS-PBISEUBS.     —    CcS 

fonctionnaires  qui  ont  le  droit  de  faire, 
privaiivement  à  tout  autre,  les  prisées 
et  les  ventes  des  biens  meubles  s'ap- 
pelèrent d'abord  huissiers  -  priseurs. 
Ce  fut  un  édit  de  février  1566  qui  les 
créa  dans  les  juridictions  royales,  mais 
leurs  attributions  furent  réunies  par 
un  autre  édit  de  mars  1576  à  celles 


de.  serments  royaux  «rto.ire..^lfc 
lesquels  ils  ne  formèrent  dès  lors  qKr 
seul  et  même  corps. 

Un  nouvel  édit  de  Louis  XIV 
brisa,  en  1696,  cette  union,  et  créa 
de  nouveaux  offices  de  jurés-priseurs 
et  vendeurs  de  meubles,  dans  toutes  les  ^ 
villes  et  bourgades  du  royaume  du 
ressort  immédiat  des  justices  royales, 
à  l'exception  de  Paris,  où  les  choses 
devaient  rester  sur  l'ancien  pied.  La 
finance  de  ces  offices  parut  trop  fai- 
ble à  Louis  XV  ;  il  les  supprima  par 
édit  de  février  1771,  et  en  créa  de  nou- 
veaux partout  le  royaume  ;  mais  pres- 
que aussitôt,  de  nouvelles  lettres  pa- 
tentes ordonnèrent  qu'il  fût  sursis  à 
l'exécution  de  cette  mesure  et  à  la  levée 
des  offices  nouvellement  créés;  en  con- 
séquence, les  attributions  des  priseurs 
furent  confiées  aux  notaires,  greffiers, 
huissiers  et  sergents  royaux  ;  et  le  roi 
se  réserva  sur  les  ventes  un  droit  de 
quatre  deniers  pour  livre  ,  que  ces 
officiers  furent  chargés  de  percevoir  et 
déverser  au  trésor  royal  sous  leur  res- 
ponsabilité personnelle.  Enfin ,  quand 
le  gouvernement,  par  la  perception,  à 
son  profit ,  du  produit  de  ces  offices, 
eut  été  à  portée  d'en  connaître  la  va- 
leur et  d'en  établir  la  finance,  la  sur- 
séance ordonnée  par  Téditde  1771  fut 
levée  par  arrêt  du  conseil  du  25  no- 
vembre 1780. 

Les  offices  d'huissiers-priseurs  fu- 
rent supprimés  en  1790;  une  loi  du  21 
juillet  de  la  même  année,  confirmée 
par  une  autre  du  17  septembre  1793, 
restitua  aux  notaires,  greffiers,  huis- 
siers et  sergents  le  privilège  dont  ils 
avaient  joui  autrefois  de  priser,  esti- 
mer et  vendre  les  biens  meubles,  et 
deux  arrêtés  du  Directoire,  en  date  des 
12  fructidor  an  iv  et  27  nivôse  an  v, 
firent  défense  à  toute  personne  non 
revêtue  d'un  de  ces  titres  d'usurper 
cette  partie  des  fonctions  qui  y  étaient 
attachées. 

Cet  ordre  de  choses  fut  modifié  par 
la  Ici  du  27  fructidor  an  ix,  gui  retira 
aux  notaires,  greffiers,  huissiers  et 
sergents ,  les  prisées  des  meubles  et 
ventes  publiques  aux  enchères  qui 
avaient  lieu  à  Paris  et  dans  le  départe- 


'410 


L'PBayEAS. 


«mi 


m'et^t  de  la  Sme,  pouc  If  s  atlrjbuor 
éxclusfremeot  à  4e  nouveaux  officiers, 
semblables  à  ceux  qu^avaît  crééf 
Lotiîs  XV,  et  appelés  pommissaires- 
priseors.  Ces  ofnpiers,  dont  le  pombre 
fut  fixé  à  quatre-vingis,  eureof;  une 
chambre  de  discipline,  et  furent  placés 
sous  la  surveillance  du  tribunal  de  pre- 
mière instance  du  département  de  la 
Seine,  et  assujettis  à  verser  au  trésor 
public  un  cautionpement  de  100,000 
francs.  Le  premier  consul  se  réserva 
la  nomination  ^es  commissaires-pri- 
seurs  et  leur  donna  m  costume. 

La  loi  des  finances  du  28  avril  18)p 
ordonna  l'institution  des  commissâi- 
res-priseurs  dans  toutes  les  villes  du 
royaume  où  il  serait  besoin. 

Commission  ,  nom  sous  lequel  on 
désigne  une  réunion  ordinairement  peu 
nombreuse  d'bommes  choisis  pour 
remplir  des  fonctions  spéciales  et  tem- 
poraires. Les  comités  (Voyez  ce  inot) 
sont  des  commissions  permanentes. 

Nous  avons  dit  un  mot ,  dans  Tar- 
|icle  COMMTSSAiEE ,  des  commissions 
instituées  sous  Tancienne  monarchie , 
pour  juger  les  accusés  que  le  pouvoir 
voulait  soustraire  à  leurs  juges  natu- 
rels. 

Les  assemblées  politiques  délèguent 
souvent  à  des  commissions  Texamen 
((es  questions  qui  leur  sont  soumises, 
et  la  préparation  des  projets  de  lois 
qu'elles  doivent  voter.  Telles  furent, 
sous  l'Assemblée  législative ,  la  com- 
mission de  salut pvbUc (Voyez  cemol); 
sous  la  Convention,  la  commission  des 
douze  (Voy.  ce  mot),  et  la  commission 
des  onze ,  qui  fut  chargée  de  rédiger  le 
projet  de  constitution  promulgué  en 
ran  III  ;  et  telles  sont  encore  aujour- 
d'hui ,  à  la  chambre  des  députés  et  à 
la  chambre  des  pairs ,  les  aifférehtes 
commissions  nommées  par  ces  assem- 
blées. 

Enfin  ,  on  désigne  sous  le  nom  de 
commissions  scientifiques,  des  sociétés 
de  savants  et  d'artistes  chargées  par 
le  gouvernement  d'exptoWr  un  pays , 
dans  rintérét  de  la  science  et  des  arts. 
Telles  furent  les  commissions  d*Égypte 
et  de  Morée ,  dont  les  travaux  reste^ 
ront  comme  des  monuments  du  génie 


pinlisatenr  de  la  Frai|pe  ^  ^Ue  fit  en- 
core la  commission  de  rAJg^e,  qm, 
opérant  sur  un  sol  moins  ri<âie ,  ne 
pourra  sans  doute  rëuniir  ûg  anssi 
grand  nombre  de  documents  ihtîSres- 
sants ,  mais  dont  les  travaux  auront 
du  moins  produit  ce  résultat,  dé  dres- 
ser rinventairé  scientifique  4^'  Fan- 
jCienne  Mauritanie. 

Commission  de  s^lut  public.  — 
La  Fayette,  qui  voulait  sauver  te  roi 
malgré  lui.  avait  formé  le' projet  d'aller 
avec  les  ^avletiers  commandant  la 

§arde  nationale  expulser  les  jacobins 
e'ieur  salle  et  saisir  leuts  papiers; 
mais  la  plupart  de  ceux  qui  devaient 
prendre  part  à  cette  expédition  reculè- 
rent devant  le  danser  qu'elle  présen- 
tait', et  le  JOs  aîné  de  la  Liberté  fiit 
obligé  de  repartir  potir  l'àriDée.  D'un 
autre cÔté,quatre-v]ngt  raille  Prussiens, 
commandés  par  le  dnc  de  Bronâwîcî, 
arrivaient  à  Coblentz,  et  pouvaient 
être  en  six  semaiiies  à  Paris.  De  toute 
part,  le  peuple  demandait  fabdication 
ou  la  décbéjance  de  Louis  XVI;  les 
fédérés  arrivaient  à  Paris  et  mena- 
çaient d'agir  par  eiix-mémes.  Dans  oei 
gravés  circonstances,  F  Assemblée  lé* 
gislative  forma  dans  son  sein  une 
commission  de  salut  public  J>out  pro- 
poser les  mesures  qù  elle  croirait  pro- 
pres à  conjurer  le  danger.  La  oominis- 
sion,  composée  de  patriotes,  proposa 
un  projet  ae  déclaration  de  ta  patrk 
en  danger  :  la  discussion  de  ee  projet 
fut  entamée  le  même  jour,  30  juin  1791 
Après  une  violente  opposition  de  II 
part  de  la  droite  et  d'admirables  dit* 
cours  de  Vergniaud  et  de  Condorœt, 
^Assemblée  entendit  un  rapport  di 
tous  les  comités  réunis,  décréta  la 
mesure  qui  devait  sauver  la  France;  le 
président^  au  milieu  d*un  majestueux 
silence,  prononça  cette  solennelle  fo^ 
mule  :  Citoyens  y  la  patrie  est  en  daih 
ger.  Mais  la  mission  de  la  commissioa 
de  salut  public  n'était  pas  terminée: 
le  8  août,  Jean  Debry  fit  un  rapport 
sur  la  conduite  de  la  Fayette,  et  de- 
manda la  mise  en  accusation  de  a 
soldat  factieux  qui  avait  menacé  de 
renverser  la  constitution.  Ajoutoas 
cependant  que  la  msûorité  de  W 


U^  ™t>  GMtce  |es  Goodlinifin  de  ee    étaient  d'un  patriotisme  ]dus  gœ  sus- 

fapporf.     1         .  pèct,  et  trois  d'entre  eux.  Gardien, 

^ -rwi.f      ^^  LarivièreetVîgéénecacItaient  pas 


'C'oMMission  DES  DOUZB. — f.'éloi- 

fnement  de  quatre-vingt-deux  dej)utés 
ela  Montagne',  envoyés' en  inission 
dans  les  départements ,  avait  donné 
pour  (juelaue  temps  aux  girondins  là 
Dinjonté  (fans  la  Convention.  Ils  ne 
tardèrent  pas  à  en  abuser,  et  exercè- 
rent sur  l'Assemblée  une  sorte  de  des- 
potisme;  mais  leur  inlTuence  ne  s'é- 
tendait pas  au  dehors ,  et  les  députés 
du  parti  populaire  avaient  conservé 
toute  la  leur  sur  [a  Commune,  dont 
les  membres  appartenaient  à  l'opi- 
nion démocratique. 

Le  18  mai  1793  ,  Guadet ,  l'un  des 
chefs  du  parti  de  la  Gironde,  vint,  soijs 
le  prétexte  que  le  parti  populaire  avait 


leur  penchant  pour  le  royalisme. 

"  Dès  que  Paris ,  dit  W-  Tissof,  eut 
appris  la  formation  et  la  composition 
(je  la  commission  des  douze,  il  lai  sem- 
bla qu'une  nouvelle  tyrannie  allait  s'é- 
lever, et  ■  ■  evolutionnaire  en 
flit  plus  B  né  l'aiiratt  étéd'ap- 
prendre  n  de  l'une  de  nos 
armées.  disaient  les  jaco- 
bins, il  I  js  d'un  péril  éloi- 
Ïné  ;  aujt— - .._.  .,  mal  est  au  cœur. 
a  Commune  de  Paris  surtout  parais- 
sait animée  des  craintes  les  plus  vives. 
Elle  se  réunit  le  19  mai  :  on  y  fît  les 
propositions  les  plus  violentes,  on  r 
demanda  la  mort  des  vingt-deux  cheQ 


le  projet  de  décimer  et  de  dissoudre  la     du  parti  girondin,  et  tout  le  monde 


Convention  nationale ,  présenter  _ 
cette  assemblée  un  projet  de  décret  or- 
donnant que  les  autorités  de  Paris  se- 
raient cassées  et  remplacées  provisoi- 
rement, dans  les  vingt-quatre  heures, 
par  les  présidents  des  sections  ;  que  les 
suppléants  de  l'Assemblée  se  réuni- 
raient à  Bourges ,  dans  le  pins  court 
délai ,  sans  cependant  pouvoir  entrer 


convint  que  la  Convention  n'était  plus 
en  état  de  sauver  la  France,  dans  la 
crise  terrible  où  elle  se  trouvait  (').'" 
Ce  fut  alors  qu'eurent  lieu  à  l'évê- 
ché  les  réunions  du  comité  populaire 
chargé  d'organiser  l'insurrection  qui 
éclata  le  31  mai.  [Voyez  Comf(e';«)pa- 
laire  à  l'évécké,  (p.  347),  et  mai  {jour- 
née du  31}].  Ces  faits  étaient  connus 


(■    .    ûdlia     UCpCllUdl..     , _  _,^       . _.     ._ 

onction    avant   d'avoir    reçu   la     de  tout  le  monde  ;  les  membres  di 
uvelle  certaine  de  ia  dissolution  de     commission  des  douze  étaient  eu x^ 


la  Convention  ;  enfin  ,  que  la  nouvelle 
de  ces  mesures  serait  immédiatement 
portée  dans  les  départements  par  des 
courriers  extraordinaires, 

Cette  motion  excita  les  murmures 
de  tous  les  députés  patriotes  ;  elle  fut 
rejetée ,  et ,  sur  la  proposition  de  Bar- 
rère  ,  l'Assemblée  décréta ,  comme 
moyen  terme,  la  création  d'une  com- 
mission composée  de  douze  membres 


par  la  Commune  depuis  un  mois. 

Les  membres  de  cette  commission 
furent  tous  pris  dans  les  rangs  de  là 
droite ,  et  parmi  lés  ennemis  des  mon- 
tagnards. Boileau,  laHosdinière,  Vi- 
gée,  Boyer-Fonfrède,  Rabaut-Saint- 
■Étienne,  Kervelegan,  Saint -MartJn- 
Valogne,  Gomaire,  H,  Larivière,  Ber- 
goein,  Gardien,  Mollevaut,  furent  dé- 
signés pour  en  faire  partie.  A  l'excep- 
tion de  Bergoeing ,  de  Boyer-Fonfrède 
et  de  SaiDt-Martin ,  tous  ces  hommes 


in^me  instruits  dans  le  plus  grand  dé^ 
tail  des  mesures  que  le  peuple  prenait 
contre  eux  ;  aussi  se  préparèrent -il  s  à 
frapjKr  un  grand  coup.  Le  24  mai , 
Vigee,  leur  rapporteur,  vmt  présenter 
un  décret  qui  mettait  |a  Convention 
sous  la  sauvegarde  dés  bons  citoyens^ 
Le  poste  de  l'Assemblée  devait  être 
augmenté, les  citoyens  prêts,  au  pre- 
mier rappel ,  à  marcher  au  secours  de 
la  représentation  nationale  ;  la  clôture 
des  assemblées  générales  des  sections 
était  fixée  à  dix  heures  do  soir.  Enfin , 
dans  le  dixième  article,  |a  commis- 
sion demandait  l'autorisation  de  pren- 
dre toutes  les  grandes  mesures  qu'elle 
croirait  nécessaires  pour  sauTcrla  pa- 
trie et  assurer  la  tranquillité  publique. 
Ce  décret  fut  adopté  malgré  l'opposi- 
tion de  Banton  et  de  Marat;  c  était 

(')  Histoire   complète  de  la  révolution 


412 


GOM 


L'UNIVERS. 


GOH 


une  véritable  dictature  que  la  commis- 
sion des  douze  venait  de  se  faire  dé- 
cerner. Elle  profita  de  son  triomphe 
pour  faire  arrêter,  dans  la  nuit  même 
qui  suivit ,  les  membres  de  la  Com- 
mune qui  avaient  demandé  la  mort  des 
vingt -deux,  plusieurs  présidents  de 
section  et  le  substitut  Hébert ,  qui, 
dans  un  article  de  son  journal ,  avait 
formulé  la  même  demande. 

La  Commune  fit  aussitôt  signer  par 
les  sections  une  pétition  pour  deman- 
der rélargissement  des  citoyens  in- 
carcérés ,  et  la  mise  en  accusation  de 
la  commission  pour  avoir  attenté  à  la 
personne  de  magistrats  populaires  en 
les  arrachant  à  leurs  fonctions.  Cette 
jjiétition  fut  portée  à  la  Convention,  et 
c'est  alors  que  le  président  Isnard  fit  à 
l'orateur  de  la  Commune  cette  réponse 
menaçante  dont  les  expressions  rappe- 
laient celles  du  maniteste  de  Bruns- 
wick (*). 

Le  27  mai ,  de  nouvelles  pétitions 
furent  présentées  à  la  Convention  ;  la 
séance  de  TAssemblée  fut  longue  et 
orageuse  ;  une  partie  de  la  droite  finit 
par  quitter  la  salle  ;  elle  fut  remplacée 
par  Tes  pétitionnaires  qui  envanirent 
en  foule  les  places  réservées  aux  dé- 
putés. Le  parti  de  la  Montagne,  se  trou- 
vant alors  en  majorité,  fit  décréter,  sur 
la  motion  de  Lacroix ,  rélargissement 
d'Hébert  et  de  ses  compagnons  de  cap- 
tivité, et  la  suppression  de  la  commis- 
sion. Mais  le  lendepaain ,  les  girondins 
firent  revenir  l'Assemblée  sur  cette  dé- 
cision :  la  commission  des  douze  fut 
rétablie ,  on  lui  rendit  tous  ses  pou- 
voirs ;  mais  pour  faire  à  la  Commune 
une  concession ,  dont  on  attendait  le 
rétablissement  de  la  tranquillité  publi- 
que ,  on  décréta  l'élargissement  pro- 
visoire des  citoyens  incarcérés. 

Le  29  et  le  30,  de  nouvelles  péti- 
tions vinrent  demander  à  la  Conven- 
tion la  suppression  de  la  commission 
des  douze.  L'Assemblée  en  ordonna 
l'impression ,  mais  ne  prit  sur  elles  au- 
cune décision.  Enfin ,  le  31  eut  lieu  la 
grande  insurrection  qui  amena  la  sup- 
pression définitive  de  la  commission. 

* 

(*)  Voir  les  Ahitàles,  t.  II,  p.  aSr. 


Mais  ce  résultat  ne  suffisait  pas  à 
ropinion  populaire  ;  la  plupart  des  pé- 
titionnaires avaient  demandé  l'arres- 
tation et  la  mise  en  jugement  des 
membres  de  cette  commission ,  et  des 
vingt-deux  che£s  du  parti  girondin. 
Le  2  juin,  une  nouvelle  insurrectioo 
eut  lieu  plus  redoutable  encore  que 
celle  du  31  mai ,  et  la  Convention  as- 
siégée par  une  foule  immense  pro- 
nonça le  décret  suivant  : 

«  La  Convention  nationale  décrète 
que  les  députés,  ses  membres,  dont  la 
noms  suivent ,  seront  mis^en  état  d'ar- 
restation chez  eux,  qu'ils  y  seront  sons 
la  sauvegarde  du  peuple  nrançais  et  de 
la  Convention  nationale ,  ainsi  que  de 
la-  loyauté  des  habitants  de  Paris  :   • 

«  Gensoné ,  Guadet ,  Brissot,  Cor- 
sas ,  Pétion ,  Vergniaud  ,  Salles ,  Bar- 
baroux  ,  Chambon ,  Buzot ,  Biroteaa, 
Lidon ,  Lasource ,  Lanjuinais  ,  Gran- 
geneuve,  Lehardy,  le  Sage  (d'£ur^ 
et-Loir),  Louvet ,  Dufricbe  ,  Yalazé; 

«  Les  membres  de  la  commission 
des  douze,  à  l'exception  de  ceux  d'en- 
tre eux  qui  ont  été  dans  cette  com- 
mission d'un  avis  contraire  aux  man- 
dats d'arrêt  lancés  par  elle.  Les  noms 
des  premiers  sont  :  Rervelegan  ,  Ga^ 
dien ,  Habaut-Saint-Étienne,  Boiieao, 
Bertrand  la  Hosdinière ,  Vigée  ,  MoII^ 
vaut,  Henri  la  Rivière,  Gomaire ,  Be^ 
goeing. 

«  Les  deux  membres  exceptés  sont: 
Boyer  -  Fonfrède ,  Saint  -  Martin  -  Va  • 
logne. 

«  Sont  également  décrétés  d'arres- 
tation :  Clavière ,  ministre  des  ooo- 
tributions  publiques ,  et  Lebrun ,  mi- 
nistre des  affaires  étrangères.  » 

CoHMiTTiMus,  l'un  dcs  privilèges 
les  plus  iniques  dé  l'ancien  régime, 
était  le  droit  que  le  roi  accordait  à 
certaines  personnes^le  plaider  en  m- 
mière  instance ,  tant  en  demandaflt 
^'en  défendant ,  par-devant  certains 
juges ,  et  d*y  faire  évoquer  les  causa 
où  elles  étaient  parties. 

Ce  privilège,  qui  autorisait  les  plai- 
deurs à  faire  juger  leurs  débats  parles 
reauétes  de  1  hôtel  ou  les  requêtes  do 
Palais.,  avait  d'abord  été  institué  ca 
faveur  des  officiers  commensaux  de  la 


GOM 


FRAWCE. 


GOM 


4ii 


maison  du  roi.Mais  avec  le  temps,  un  si 
grand  nombre  de  personnes  se  l*attri- 
Duèrent ,  que  Charles  VI  fut  obligé 
d^ordonner  que  nul  n*en  jouirait  plus, 
sMl  ne  recevait  actuellement  des  gages 
du  roi,  et  que  le  chancelier  Robert 
Briçonnet  déclara  en  plein  parlement, 
le  6  février  1497 ,  qu  il  ne  délivrerait 
plus  de  compiittimus  qu'aux  domesti- 
ques du  roi.  Cependant  on  se  relâcha 
encore  dans  la  suite  ;  car  Tédit  de 
Moulins  de  1566  et  Tordonnance  de 
1669,  dite  des  committimusy  donnent 
la  liste  d'un  grand  nombre  de  person- 
nes ,  et  même  de  communautés ,  qui 
jouissaient  de  ce  privilège  et  n'étaient 
en  aucune  manière  attachées  au  ser- 
vice de  la  cour. 

Les  lettres  de  committimus  n'étaient 
valables  que  pour  un  an ,  et  elles  n'é- 
taient  nomt  admises  en  Artois,  en 
Cambrésis ,  en  Flandre ,  en  Hainaut , 
en  Bretagne ,  en  Franche-Comté  et  en 
X>auphiné  ;  cette  exception  avait  été 
formellement  énoncée  dans  les  traités 
et  capitulations  qui  avaient  réuni  ces 
provinces  à  la  France. 

COMMONi,  peuple  du  midi  de  la 
Gaule,  que  Ptolémée  place  sur  la  côte 
voisine  de  Marseille,  et  auquel  il  attri- 
bue les  villes  de  Massilia  (Marseille) , 
Tauroentium  (Taurenti,  aujourd'hui 
en  ruine),  Olbia  (Éoube  ou  Saint- 
.  Vincent  de  Carquairaunes) ,  et  Forum 
Julium  (Fréjus). 

Communautés  éjCCLÉsiÀSTiQUES. 
On  appelait  ainsi  un  corps  composé  de 

Slusieurs  ecclésiastiques  qui  avaient 
es  intérêts  communs.  .Ces  commu- 
nautés étaient  séculières  ou  réguliè- 
res. 

Les  communautés  séculières  étaient 
celles  que  composaient  des  ecclésiasti- 
ques qui  ne  taisaient  point  de  vœux 
particuliers,  et  ne  vivaient  point  sous 
une  règle  commune.  Tels  étaient  les 
membres  des  chapitres  des  églises  ca- 
thédrales et  collégiales ,  des  séminai- 
res, etc. 

Les  communautés  régulières  étaient 
composées  de  religieux  vivant  en  com- 
mun sous  des  supérieurs ,  et  suivant 
une  règle  approuvée  par  l'État.  Tels 
étaient  les  chapitres  de  chanoines  ré- 


guliers et  de  chanoinesses ,  et  en  gé- 
néral tous  les  monastères.  (Voyez 

ObdBES   BELIGIEUX.) 

Commune  db  Pàbis.  De  toutes  les 
municipalités  de  la  France,  la  commune 
de  Paris  est  évidemmentcelle  qui  a  joué 
le  plus  grand  rôle  pendant  la  révolu- 
tion. Dans  ces  temps  d'orage ,  où  l'in- 
surrection pouvait  seule  servir  de  tran- 
sition pour  passer  du  régime  de  l'ab- 
solutisme à  celui  de  la  liberté,  la 
commune  delà  capitale  était  naturelle- 
ment appelée  à  une  puissance  excep- 
tionnellCr  Quoiqu'elle  ait  souvent  de- 
passé  le  but  marqué ,  il  faut  lui  ren- 
dre cette  justice ,  qu'elle  se  montra 
digne  de  sa  tâche.  Emanation  directe 
du  peuple  parisien ,  qui  résumait  en 
lui  tous  les  sentiments  nationaux ,  elle 
sut  étendre  son  empire  sur  les  autres 
communes ,  et  devenir  l'âme  de  tous 
lès  pouvoirs  insurrectionnels  qui  sou- 
tinrent l'énergie  de  la  nation  dans  les 
jours  de  danser.  Elle  fut  bien  moins 
la  commune  de  Paris  que  la  commune 
centrale  de  la  France  -,  aussi ,  pour  la 
distinguer  entre  toutes,  on  la  désigne 
par  un  nom  oui  est  devenu  historique  : 
on  l'appelle  ta  Commune. 

Née  en  1789 ,  elle  poursuivit  sa  car- 
rière agitée  jusqu'en  1795.  La  Cons- 
tituante trouva  en  elle  un  interprète 
intelligent  et  un  défenseur  intrépide. 
Après  avoir  favorisé  l'essor  de  la  ré- 
volution ,  elle  voulut  en  activer  la 
marche ,  et  elle  ne  tarda  pas  à  entrer 
en  lutte  avec  la  Législative.  La  Con- 
vention elle-même  courba  la  tête  de- 
vant elle ,  et  se  vit  obligée  de  passer 
sous  les  fourches  caudines  ;  mais  cette 
assemblée  finit  par  se  délivrer  du  joug 
populaire;  mais  elle  en  subit  momenta* 
nément  -un  autre ,  celui  du  comité  de 
salut  public,  qui,  après  avoir  dompté 
la  Commune ,  dut  céder  à  son  tour. 
La  Convention,  le  comité  de  salut  pu- 
blic et  la  Commune,  voilà  les  trois 
corps  politiques  qui  ont  alternative- 
ment exercé  la  dictature  pendant  le 
fort  de  la  tourmente  révolutionnaire. 

L'origine  de  la  municipalité  de 
Paris  remonte  à  une  simple  corpo- 
ration de  marchands.  Au  moyen  âge , 
à  l'époque  de  l'affranchissement  des 


kU 


COM 


LlTNIVEàS. 


èofli 


comroâhes,  la  part  de  privilèges  mu- 
hicipaux  qu'obtint  la  capitale  dut  na- 
lurellement  être  bien  faible  ;  ses  bour- 
geois firent ,  il  est  vrai ,  pour  étendre 
leurs  droits ,  des  efforts  qui  furent 
quelquefois  couronnés  de  succès;  mais 
ils  ne  trouvèrent  pas ,  comme  ai| leurs, 
iin  appiii  siiffisaut  dans  Tesprit  de  lé 
population  «  et  ils  perdirent  bientôt 
tout  ce  quMls  avaient  gagné.  (Voyez 
GhÀPEBOMS  BLANCS  et  Maillotins.) 
lie  premier  privilège  de  Paris ,  c'était 
d*étre  le  centre  de  la  monarchie  dès 
sa  naissance  ;  quant  à  ses  intérêts  par- 
ticuliers ,  en  tant  que  cité  du  royau- 
me ,  sa  population  en  a  toujours  fait 
bon  marche ,  comme  il  convenait  aux  > 
habitants  d'une  métropole.  Aujour- 
d'hui encore  que  son  administration 
municipale  dispose  d'un  budget  aussi 
considérable  que  celui  de  plus  d'un 
royaume ,  ce  p'est  pas  de  sa  prospé- 
rité comme  ville  que  Paris  est  le  plus 
fier ,  c'est  de  son  rang  comme  capi- 
tale du  pays  le  plus  civilisé  du  monae^ 
voilà  pourquoi  de  toutes  les  communes 
de  la  France  elle  se.  résigné  a  être  la 
seule  dont  le  chef  n'ait  pas  une  ori- 
gine élective. 

mus  ne  ferons  point  ici  l'histoire 
de  l'ancienne  admmistration  munici- 
pale de  Paris;  la  place  de  cette  histoire 
est  marquée  à  l'article  Pbéyôt  des 
UÀBGHANDS.  Toutefois ,  dès  à  pré- 
sent ^  nous  devons  dire  que  Paris  n'a 
jamais  eu  de  véritable  commune,  si  ce 
n'est  dans  les  tenops  de  révolution; 
et  même  alors ,  la  commiuné  de  Paris, 
loin  de  ressemble]:  aux  autres  com- 
munes dé  France,  est  devenue  un 
pouvoir  à  part ,  se  posant  comme  le 
représentant  non  pas  de  la  cité  pari- 
sienne ,  mais  des  intérêts  généraux  du 
pays.  (Voyez  Ligub,  SqtZB,  Fhonds, 
et  la  suite  de  cet  article.) 

II  résulte  de  là  que ,  pour  une  mii- 
nicipalité,  l'historien  trouve  toujours 
la  commune  de  Paris ,  ou  trop  taible 
où  trop  forte  :  trop  faible  dans  lès 
temps  réguliers ,  à  cause  du  voisinage 
du  gouvernement  central  qui  l'annule; 
trop  forte  dans  les  moments  de  révo- 
lution ,  parce  qu'elle  devient  elle-même 
un  gouvernement  nouveau  qui  sesubs- 


titue  k  t'anciéti  gouvemênièiii ,  usé 

S*  ar  ses  efforts  pour  défendre  des  tra* 
itlons  qui  ont  tait  leur  temps .  et  gui 
ne  peuvent  plus  sufSrç  aux  besoim 
d'une  génératîoQ  plus  Jeiiue  bt  plot 
vigoureusement  tremp<^.  Qpelqiidiois 
aussi ,  dans  les  gperres  civile^  et  dans 
lès  guerres  dé  reii^on ,  l'hôtel  âë  fille 
de  Paris  à  été  pris  bar  dés  atnbîtieax 

ϻour  uii  centre  d  intri^^es  et  qd 
byër  de  rébellion  ;  mais ,  le  plos 
souvent,  je  peuple  parisieQ  ii'à  ré- 
pondu à  leurs  excitatioas  aue  Ion- 
ou'ils  se  constituaient  les  defensears 
des  idées  dominantes  daiis  toute  re- 
tendue de  la  France.  On  en  a  vu  ub 
exemple  éclatant  pendant  les  guerres 
de  la  ligue  ;  les  Guises  auraient  âé 
moins  puissants ,  s'ils  avaient  ^xnisé 
une  autre  cause  que  celle  dti  catholi- 
cisme, et  les  derniers  Talots  moins 
impopulaires ,  s'ils  avaient  été  pins 
fidèles  à  la  politiç|ue  de  François  l'. 
Après  les  folies  de  la  Froiidè  ,  la  mo- 
hicipalité  parisienne  perdit,  en  pré- 
sence de  Louis  XIV,  tonte  inHaeoee 
politique ,  et  fut  réduite  â  an  rdk 
purement  administratif  (  ^  elle  redevint 
ainsi  ce  qu'elle  fut  toujours  ^  lorsque  h 
patrie  ne  fut  point  eh  pipie  aux  dis- 
sensions intestines  et  expdsée  an  dan- 
ger des  invasions  étrangles. 

A  l'époque  où  la  reVolntion  éàt 
ta,  radiHinistration  mtinicipale  de 
la  ville  de  Paris  se  coniposait  d*in 
jprévÔt  des  jlnarchands  ,  de  qjpt» 
échevins  et  de  trente  -  sii  conseilleo 
de  ville ,  tous  pris  parnii  ces  aiicitt- 
nes  familles  bourgeoises  èfeore  pin 
vaines  de  leur  édilité  que  les  nettes  ne 
l'étaient  de  leurs  titres  héréditaiteii 
et  manifestant  comine  eài  une  rèpi- 
gnance  invincible  pour  toute  espax 
d'améliorations.  Uiie  (>areille  monici- 
palité  devait  être  aussi  in^^inssauli 
que  déplacée  dans  une  épO)j|iie  de  ré- 
génération nationale  ;  aussi  s*efiÎMpe4- 
elle  de  jour  en  jour  davantage ,  après 
la  convocation  des  états  gén&aux.  Ç^ 
pendant ,  comme  il  fallait  ime  direc- 
tion au  peuple  pour  soutenir  ses  droits, 
et  pour  prévenir  les  excès  d*une  in- 
surrection que  les  fautes  de  la  noblesse 
rendaient  inévitable,  les  électenn^i 


COM 


MAi^ck. 


toà 


415 


Paris  acceptèrent  le  r61e  que  l'ancienne 
municipalité  refusait  de  remplir,  et  se 
transformèrent  peu  à  peu  en  magis- 
trats populaires.  Quels  citoyens ,  en 
effet ,  avaient  droit  a  ces  nobles  fonc- 
tions jplus  quç  ceux  qui  avaient  été 
charges  par  le  peuple  de  la  capitale 
de  cnoisir  les  vingt  représentants  dei^ 
communes  à  rAssemblee  constituante, 
et  qui,  par  leurs  choix,  avaient  prouvé 
qu'ils  étaient  les  dignes  interprètes 
des  vœux  de  la  population  parisienne^ 
et  de  ceux  de  toute  là  France ,  alors 
animée  des  mêmes  sentiments  de  pa- 
triotisme? Voyant  bien  que  la  cour  né 
consentirait  jamais  à  réformer  et  à 
rajeunir  l'administration  actuelle  de  là 
capitale ,  les  électeurs  prirent  sur  eu)ç 
de  s'immiscer  dans  les  attributions 
municipales.  L'éloignement  de  l'As- 
semblée nationale,  qui  siégeait  à  Ver- 
sailles ,  justifiait  encore  davantage 
cette  usurt)ation.  Elle  était  si  natu- 
relle ,  qu'elle  eut  lieu  sans  qu'on  s'eri 
aperçût,  ^owt  ainsi  dire;  le  peuple  en 
témoigna  sa  satisfaction  par  des  ap- 

Slaudissements ,  et  sa  confiance  leur 
onna  aussitôt  cette  autorité  morale 
qui  défie  la  pufssance  des  baïonnettes  ; 
et  qui  seule  est  irrésistible. 

Mais  ce  fut  seulement  après  la  des^ 
titution  de  Necker,  et  deux  jours  avant 
la  prisé  de  la  Bastille,  que  les  électeurs 
commencèrent  à  diriger  activement 
radmkiistratidn  de  Paris.  La  nomina- 
tion d'UD  ministère  antinational,. les 
préparatifs  belliqueux  de  la  cour ,  tout 
indiquait  l'existerice  d'uri  complot 
aristocratique ,  ,et  le  projet  de  quelque 
grand  coup  d'État.  De  ion  coté,  le 
peuplé ,  poussé  à  bout ,  paraissait  dé- 
cide à  une  résistance  sérieuse;  déjà 
les  provocations  de  la  troupe  avaient 
été  repoussées ,  et  un  commencement 
d'insurrection  avait  eu  lieu  ;  il  fallait 
donc  prendre  un  parti  (*). 

«  Le  dimanche  12  juillet ,  après 
rinsiirrection  qui  suivit  la  nouvelle 
de   la  disgrâce  de  M.  Necker,  les 

(*)  Tbus  les  passages  de  cet  article  que 
Poo  troutera  placés  entre  guillemets  dfit 
été ,  annme  ôelai  •  ci ,  extraits  du   Mo^ 


électeurs  ajant  appris  qtie  ^ilôtel 
de  ville  était  rempli  d'un  sraùd  nom- 
bre de  citoyens,  s'y  rendirent  a  six 
beures  du  soir ,  pùur  prendre  provU 
^oirement  le  gouvernement  de  la  ville. 
Le  peuple  ootiht  des  électeurs  qu'on 
lui  délivrerait  les  armes  qui  pouvaient 
Se  trouver  daiis  Thôtel  de  ville.  Cet  or- 
dre ne  s'exécutant  pas  avec  assez  de 
promptitude,  le  peuple  cherche  lui- 
même  ,  et  bientôt  il  a  découvert  le  dé- 
pôt des  armes  des  gardes  de  la  ville. 
Les  portes  sont  enfoncées  soudain  ,  et 
les  armes  pillées.  L'instant  d'après, 
on  vit  un  homme  en  chemise ,  jambes 
nues  et  sans  souliers ,  le  fusil  sur  l'é- 
paule .  prendre  la  place  d'un  garde  de 
ville  désarmé ,  et  monter  fièrement  la 
garde  à  la  porte  de  la  salle....  Sur  les 
onze  heures  du  soir,  se  trouvant  enfin 
en  nombre  suffisant ,  les  électeurs  pri- 
rent l'arrêté  suivant  :  «  Sur  les  de* 
«  mandes  pressantes  de  nombre  de 
iK  citoyens  alarmés  qui  se  sont  rendus 
«  à  l'hôtel  de  ville ,  et  qui  ont  témoi- 
«c  gné  leur  appréhension  aux  électeur^ 
«  alors  assemblés  ;  pour  tâcher  de  pré^ 
«  venir  le  tumulte  i  lesdits  électeurs. 
«  ont  arrêté  que  les  districts  seront  sur- 
«  le-Qhamp  convoqués,  et  que  des  élec- 
«  teurs  seront  envoyés  aux  postés  dei^ 
«  citoyens  armés,  pour  les  prier  de  su- 
«  percéder,  au  nom  de  la  patrie,  à 
«  toute  espèce  d'attroupement  et  voie 
«  de  fait....  »  Les  électeurs  eonfirmèt 
rent  par  acclamation  Ja  nomiiiation  do 
prévôt  des  marchands,  dps  échevina, 
au  procureur  du  roi ,  et  des  autres  of- 
ficiers composant  le  bureau  ordinaire 
de  l'hôtel  de  ville.  Ils  prirent  les  me? 
sures  les  plus  sages  pour  assurer .  les 
subsistances  et  le  bon  ordre.  Siur  U 
proposition  d'un  d'entre  eux ,  on  créa 
un  comité  permanent.  » 

Voici  quelques  passaces  de  l'arrêté 
du  lendemain  ^  qui  connrma  ces  me- 
sures :  «  Du  19  juillet.  Les  électeurs 
arrêtent: 

«  Art.  m.  Il  sera  établi  dès  ce  mo- 
ment un  comité  permanent ,  composé 
de  personnes  qui  seront  nonçmiées  par 
l'Assemblée ,  et  dont  le  nonobre  sa^j^ 
«tuginenté  par  les  électeurs,  ainsi  qu'ils 
trouveront  convenir. 


416 


LUNIVEHS; 


COSI 


«Art.  X. Le  présent  arrêté 

sera  imprimé ,  lu ,  publie  et  affiché  avec 
le  nom  des  personnes  que  l'Assemblée 
va  choisir  et  nommer  pour  former  le 
comité  permanent,  en  attendant  que 
rassemblée  des  électeurs,  convoquée 
pour  Taprès-midi  de  cette  même  jour- 
née, ait  de  son  côté  choisi  et  nommé 
les  membres  qu'elle  doit  adjoindre  à 
ceux  nommés  par  l'assemblée  générale. 

«  Et  à  rinstant  même  ont  été  nom- 
més, pour  composer  le  comité  perma- 
nent: 

«  M.  le  prévôt  des  marchands  {M,  de 
FlesseUes), 

a  M,  de  Camy,  procureur  du  rpi  et 
de  la  ville. 

«  MM.  Bt^mUt,  Sagerety  Fergne, 
Rouen,  échevins. 

«  M.  Feytard^  greffier  en  chef. 

«  Deux  conseillers  de  ville  et  un 
quartinier. 

«  MM.  le  marquis  de  la  Salle  ^  l'abbé 
Fauchet,  Tassin^  de  Leutre,  Quatre- 
mère,  Dumangin,  Girons  conseillers; 
1/ucloz  au  Fresnoffy  Bancal  des  IS' 
sotz  y  Hyony  Legrand  de  SaùU-Aené, 
JeantUy  électeurs. 

«  M.  Grêlé  y  citoyen. 

«  M.  Mareau  de  SaiM-Méryy  prési- 
dent des  électeurs.  » 

C'est  aussi  à  ces  électeurs  que  Paris 
doit  le  rétablissement  de  sa  milice, 
^ui  servit  de  modèle  à  l'organisa- 
tion de  la  garde  nationale.  L'article  y 
de  l'arrêté  dont  nous  venons  de  faire 
connaître  quelques  dispositions  est 
ainsi  conçu  :  «  U  sera  demandé  dans  le 
moment  même* à  diaque  district  de 
former  un  état  nominatif,  d'abord  de 
deux  eents  citoyens  (lequel  nombre 
sera  augmenté  successivement);  ces  ci- 
toyens doivent  être  connus  et  en  état 
de  porter  les  armes;  ils  seront  réunis 
en  corps  de  nUUceparisieime,  pour 
veiller  a  la  sâreté  publique,  suivant  les 
instructions  qui  seront  données  à  ce 
sujet  par  le  cqinité  permanent.  » 

Le  jour  même,  aussitôt  après  son 
installation,  le  comité  permanent  ren- 
dît un  arrêté  relatif  au  prompt  réta- 
blissement de  la  milice  parisienne. 

«  Le  14,  M.  de  k  Salle  fiit  nommé 
comBMndantdc  k  gatrde  nationak  sur 


le  refus  du  duc  d'Aumont.  Les  eocar- 
des  vertes  furent  proscrites  en  haine 
du  comte  d'Artois,  dont  la  maison 
portait  cette  couleur.  Les  rubans  rose 
et  bleu,  couleurs  de  la  ville,  furent 
adoptés  cour  marques  distinctives  des 
soldats  citoyens.  Le  comité  des  élec- 
teurs était  permanent  nuit  et  jour  à 
l'hôtel  de  viHe.  Il  s'occupait  de  rorga- 
nisation  de  l'armée  patriotique,  tandis 
que  les  districts  travaillaient  à  lui  pro- 
curer des  moyens  de  défense.  Des  dé- 
putations  continuelles  accouraient  de- 
mander qu'on  distribuât  les  armes  qui 
se  trouvaient  dans  les  dépôts  publics. 
Le  prévôt  des  marchands,  M.  de  Fles- 
seUes, prodiguait  les  promesses,  n'en 
exécutait  aucune ,  et  continuait  d*aigrir 
les  esprits  déjà  violemment  indisposés 
contre  lui.  Le  peuple  se  précipita  en 
foule  dans  l'hôtel  des  Invalides ,  et  y 
trouva  vingt-huit  mille  fusils  et  vinet 
pièces  de  canon...  Les  députés  de  la 
Commune,  envoyés  au  gouveroeur  de 
la  Bastille  pour  mettre  un  ternse  aux 
hostilités,  étaient  porteurs  da  décret 
suivant  : 
«  Le  comité  permanent  de  la  milice 
parisienne,  considérant  qu'il  ne  doU 
y  avoir  à  Paris  aucune  force  nùR- 
taire  qui  ne  soit  dans  les  mains  de 
la  ville  y  charge  les  d^tés  qu'U  en- 
voie à  M.  le  marquis  de  Laanay, 
commandant  de  la  Bastille,  de  lai 
demander  sll  est  disposé  à  recevoir 
dans  cette  place  les  troupes  de  la 
milice  parisienne,  qui  la  gardenwt 
de  concert  avec  les  troupes  qui  s^ 
trouvent  actuellement,  et  qui  serai 
aux  ordres  de  la  ville. 
«  Fait  à  l'hôtel  de  vilk,  ee  14  juil- 
let 1789. 

«Signé:  db  Flbssbxjj»,  prérll 
des  marchands  et  président  du  comité; 
DB  LA  ViGHB,  président  des  élec- 
teurs.* 

Voilà  comment  se  forma  kl  premièn 
ébauche  de  k  Commune;  créatiei 
toute  spontanée,  à  laquelle  k  iinse  éi 
la  Bastille  donna  k  oonsécratioB  éi 
succès,  et  d'où  sortit  bientôt  une  ins- 
titution plus  routière  et  plus  dufibh 
Un  changwieBt  devint  néeessaôc, 
totsqu*on  eut  découvert  k  preuve  es 


COM 


FRANCE. 


COM 


417 


la  trahison  du  prévôt  des  marchands, 
M.  de  Flesselles ,  qui ,  pendant  Tatta- 
que, écrivit  au  gouverneur  de  la  Bas- 
tille :  «  Pamuse  les  Parisiens  avec  des 
«  cocardes  et  des  promesses  ;  tenez  bon 
«jusqu'au  soir,  et  vous  aurez  du  ren- 
te fort.  »  Le  malheureux  paya  de  la  vie 
cette  criminelle  duplicité.  Le  16  juil- 
let, après  la  visite  du  roi  à  rAsseniblée 
constituante,  les  électeurs,  toujours 
réunis  à  Thôtel  de  ville,  donnèrent  un 
nouveau  chef  à  la  Commune.  Ils  con- 
fièrent les  rênes  de  l'administration 
générale  à  Baillv,qui  reçut  alors  le 
titre  de  maire  de  Paris;  celui  de  pré- 
vôt des    marchands    fut    supprimé. 
£n   même  temps,   ils    mirent  à   la 
i     tête  de   la  milice   le   général  de  la 
Fayette,  qui  reçut  le  titre  de  com- 
I     mandant  général  de  la  garde  nationale. 
!     £>u  reste,  le  triomphe  du  peuple,  loin 
{     d'exalter  l'assemblée  des  électeurs,  ne 
I     fit  que  développer  les  sentiments  de 
I     modération  dont  elle  avait  toujours 
t     donné  des  preuves.  sOn  peut  en  juger 
I     par  la  réponse  de  son  président,  Mo- 
i    reau  de  Saint-Méry,  à  la  députation 
envoyée  par  TAssemblée  constituante 
i    à  rhotel  de  ville  :  «  Dites  au  roi ,  mes- 
f,     «  sieurs,  qu'il  acquiert  aujourd'hui  le 
f     «  titre  de  père  de  ses  sujets...  Dites- 
I    «  lui  que  nous  sommes  prêts  à  tomber 
i;    «  â  ses  pieds.  » 

Lorsque  Louis  XVI  eut  l'heureuse 
i    idée  de  venir  se  montrer  un  instant  au 

fieupie  de  la  capitale,  le  nouveau  maire 
ui  fît  le  plus  brillant  accueil.  A  l'en- 
j    trée  de  la  barrière ,  le  roi  fut  reçu  par 
i    le    corps  municipal,    ayant  en   tête 
p    Bailly,  qui    lui  présenta  les  clefs  de 
1^  ville  sur  un  plat  d'argent ,  et  lui  dit  : 
j    «  Sire,  l'apporte  à  Votre  Majesté  les 
<c  clefs  dfe  sa  bonne  ville  de  Paris  ;  ce 
^     «  sont  les  mêmes  qui  ont  été  remises 
,    a  à  Henri  IV.  Il  avait  reconquis  son 
.    «  peuple  :  ici,  c'est  le  peuple  qui  a  re- 
«t  conquis  son  roi.. .  »  A  l'hôtel  de  ville , 
où  il  fut  de  nouveau  harangué  par 
Bailly  et  par  Moreau  de  Saint  -  Mé- 
ry,  Louis  XVI    confirma,  pour   la 
forme,  l'élection  populaire  du  maire  et 
.du  commandant  général  de  la  garde 
nationale,  élections  qui  furent  bientôt 


sanctionnées  par  les  suffrages  des  dis- 
tricts. 

La  nouvelle  Commune  avait  pris 
pour  modèle  la  politique  de  l'Assemblée 
constituante;  mais  il  s'en  fallait  ^e 
beaucoup  que  les  districts  fussent  aussi 
modérés  qu'elle,  et  ils  ne  se  soumet- 
taient qu'imparfaitement  à  sa  direc- 
tion. Ils  étaient  alors,  par  le  fait,  in- 
vestis d'une  grande  puissance.  «La 
révolution  ayant  renversé  ou  anéanti 
les  tribunaux,  leurs  membres  se  dis- 
persèrent d'eux-mêmes ,  et  la  justice 
distributive  se  trouva  dévolue  aux  dis- 
tricts. La  démission  et  surtout  la  fuite 
de  M.  de  Crosne,  lieutenant  de  police, 
entraîna  la  chute  des  commissaires  du 
Châtelet,  chargés  de  veiller  à  la  police 
de   leurs  quartiers,  de  recevoir  les 
plaintes  des  citoyens,  d'envoyer  les 
prévenus  ou  les  accusés  en  prison ,  à  la 
charge  d'en  faire  leur  rapport ,  dans  les 
vingt-quatre  heures,   aux  tribunaux 
qui  devaient  suivre  la  procédure.  Les 
districts,  assemblés  dans  leurs  chefs- 
lieux,  furent  gardés  par  les  bourgeois; 
tous  concoururent  à  la  formation  de 
la  garde  nationale;  chacun  eut  ses  com- 
pagnies, chacun  nomma  ses  officiers, 
et  fut  soumis  au  même  règlement,  si- 
gné par  le  maire  de  la  commune,  et 
accepté  par    la  Fayette  ,    comman- 
dant général  de  la  milice  nationale, 
li  vint,  en  cette  qualité,  dans  cha- 
que district,    recevoir    le    serment 
des  officiers  et  des  soldats.  Tous  les 
districts  eurent  aussi  leur  comité  civil 
permanent;  le  service  s'y  fit  exacte- 
ment jour  et  nuit;  deux  ou  trois  com- 
missaires y  recevaient  les  plaintes  des 
citoyens,  ouvraient  les  ordres  adressés 
par  le  maire  ou  par  le  commandant 
général,  et  les  faisaient  ensuite  passer 
a  l'officier  de  garde ,  qui  les  mettait  à 
exécution. 

a  II  serait  difficile  de  se  dissimuler 
que  soixante  administrations  particu- 
lières, formées  subitement  comme  au- 
tant de  petites  républiques,  dans  le 
sein  de  la  capitale ,  of&aient  de  très- 
grands  inconvénients,  et  embarras- 
saient beaucoup  la  marche  de  l'adminis- 
tration générale,  dont  les  trois  places 


T.  V.  27*  Uvraism.  (Dict.  kngycl.,  etc.) 


27 


41 B 


GOM 


L'UNIVERS. 


COH 


principales  étaient  réunies  sur  une 
inénie  tête..,  La  capitale  fut  plusieurs 
jours  sans  lois,  sans  magistrats,  sans 
tribunaux;  chacun  voulait  être  iuge 
dans  sa  propre  cause...  Au  coin  ae  la 
nnênie  rue ,  on  pouvait  lire  deux  arrê- 
tés de  différents  districts ,  dont  l'un 
détruisait  Fautre,.^  Du  moment  que 
les  comités  des  districts  furent  dimi- 
PUé^  des  deux  tiers,  quand  ils  concou- 
rurent de  nouveau  à  la  formation  d'une 
municipalité  provisoire,  en  choisis- 
sant chacun  cinq  représentants  dopt 
SQÎXjante  ^administrèrent ,  et  furent, 
pour  ainsi  dire ,  le  conseil  du  maire  ; 
pendant  que  les  iew^  cent  quarante 
autres  les  surveillèrent  et  s'occupèrent 
de  la  rédaction  d'un  plan  de  munici- 
palité, ils  remirent  une  partie  de 
l'autorité  à  leurs  représentants;  ils 
renoncèrent  aux  réformes  et  aux 
améliorations  qu'ils  n'auraient  jamais 
pu  réaliser,  et  se  bornèrent  à  remplir, 
dans  leur  arrondissement,  les  fonc- 
tions des  anciens  commissaires  du 
Châtelet ,  pour  la  police  distributive  ; 
ils  veillèrent  spécialement  à  ce  que  les 
boulangers  fissent  un  nombre  de  cuis- 
sons proportionné  à  la  quantité  de  fa- 
rine qu'ils  reçurent  de  la  municipalité, 
ou  qu'Us  achetèrent  eux-mêmes  des 
fermi<9!^  et  des  laboureurs... 

«  La  discussion  du  plan  de  muniej- 
.  palité  dans  tous  les  districts  contribua 
beaucoup  à  donper  aux  citoyens  des 
notions  précises  sur  plusieurs  vérités 
auxquelles  Le  plus  grand  nombre  d'entre 
eux  n'avait  jamais  réfléchi..,  ]!^ous 
n'entrerons  point  dans  le  détail  de  ce 
plan  V  qui  ne  fut  que  provisoire.  Nous 
nous  bornerons  à  dire  qu'avec  tous  ses 
défauts,  il  fut  très-utile  à  I9  capitale  et 
à  tout  le  royaume  ;  que  sou  comité  des 
subsistances ,  en  particulier ,  a  sjauvé 
Paris  de  la  famine;  que  les  représen- 
tants de  la  Conununes  élu3  d'abord  au 
nombre  de  cent  vinet ,  puis  portés  à 
cent  quatre-vingts ,  demeurèrent  fixés 
à  trois  cents  ;  que  des  lieutenants  de 
-maire,  sur  la  demande  de  M.  Bailly, 
furent  établis  dans  les  divers  départe- 
ments, et  que  les  mesures  les  plus 
sages  furent  prises  pour  accélérer  et 
faciliter  les  travaux  de  l'administra- 


tion ,  et  assurer  le  maintien  du  bon 
ordre  et  de  la  tranquillité  publique. 

«  Une  autre  opération ,  non  moins 
importante,  fut  l'organisation  de  la 
garde  nationale  de  Paris ,  et  Tincor- 
poration  des  gardes  françaises  dans  les 
rangs  de  cette  milice.  M.  de  la  Fayette 
présenta  un  plan  simple ,  que  la  Corn- 
inune  de  Paris  et  les  districts  eurent 
le  bon  esprit  d'adopter  provisoirement 
Il  composa  l'infanterie  parisienne  de 
trente  et  un  mille  hommes ,  dont  mille 
officiers,  et  la  divisa  en  deux  corps, 
l'un  de  six  mille  hofrimes  soldés  ;  Taih 
tre ,  de  vingt-quatre  mille  non  soldés, 
tirés  de  la  bourgeoisie. 

«  Paris  fut  partagé  en  six  divisioos 
de  dix  districts  chacune.  Un  comman- 
dant fut  créé  pour  chaque  division ,  ft 
l'on  établit  dans  chaque  district  un 
bataillon  composé  de  cinq  compagnies 
de  cent  hommes  chacune,  dont  une, 
soldée  et  casernée ,  fut  placée  au  mi- 
lieu des  quatre  bourgeoises ,  sous  le 
nom  de  compagnies  du  centre.  On 
laissa  aux  districts  l'élection  de  leors 
chefs  militaires  ;  celle  des  six  com- 
mandants fut  attribuée  à  une  assem- 
blée de  division  formée  des  repré^- 
tants  des  districts...  Le  droit  d^élîre  le 
commandant  général  fut  déclaré  a|h 
partenir  aux  districts,  et  l'on  assujettit 
cette  éjeption  aux  mêmes  formalités 
que  celte  du  maire.  » 

Dans  les  districts,  c'était  l'influenee 
du  peuple  qui  dominait;  tandfs  fK 
celle  de  la  classe  bourgeoise  avait  k 
dessus  à  la  Commune.  Ce  désaci^ 
fut ,  dans  la  suite ,  la  source  des  pbs 
grands  malheurs.  Le  passage  qai  suit 
montrera  combien  les  avis  dînéraieBt 
sur  la  manière  de  comprendre  la  sa- 
ture des  attributions  et  la  part  de  poih 
voir  réservées  au  corps  municipal  et  à 
son  chef,  «  Ceux  en  (^ni  la  révdutîo 
n'avait  pu  déracine^r  les  préîagésée 
l'ancien  régime ,  voulaient  faire  Ai 
maire  une  espèce  de  lieutenant  dej»- 
lice,  et  de  la  municipalité  tin  Ikiic* 
de  ville.  Leur  imagtnation  ne  s'éUfr 
dait  pas  au  delà  du  cercle  de  la  j^' 
mière  administration ,  et  ne  learjpn* 
sentait  rien  de  mieux  qu^on  prévit  ds 
marchands ,  des  éelièvms  et  det  q1ia^ 


CéM 


tloiers.  D'autres  prétipndaieiit  faire  de 
PâfiB  une  espèce  de  république  dont  le 
maire  eût  été  le  do|;e ,  la  municipalité 
le  fiénai,  et  les  districts  rassemblée 
du  peuple.  La  plupart  même  des  dii^- 
tHcts  abusant  du  principe  que  la  na- 
tion est  la  source  essentielle  de  toute 
puissance ,  et  que  les  mandataires  ne 
doivetit  pas  être  supérieurs  à  leurs 
commettants,  s'arrogeaient  le  droit 
de  subordonner  à  leurs  décisions  les 
arrêtés  de  la  Commune^  et  celui  de  les 
eensurer.  Os  ne  voulaient  pas  voir  que 
chaque  district  en  particulier  n'est 
qu'une  sectioU  du  corps  entier  dont 
elle  ne  peut  sans  usurpation  s'attribuer 
la  puissance  dans  toute  sa  plénitude , 
et  qu'elle  doit  être  nécessairement  dé» 
pendante  de  la  réunion  des  représen- 
tants de  ce  corps ,  relativement  à  la 
Dortion  de  pouvoir  qui  leur  a  été  con- 
née.  » 

Le  SO  juillet ,  l'assemblée  générale 
des  électeurs  et  le  comité  permanent 
avaient  abdiqué  leurs  fonctions  excep- 
tionnelles, et  fait  place  à  un  conseil 
de  cent  vingt  membres  élus  par  les 
soixante  districts.  Ces  nouveaux  con- 
seillers (eha(|ue  district  en  avait  norïi- 
mé  deux)  prirent  le  titré  de  représen- 
tants dé  la  Commune  de  Paris,  Ils 
suivirent  les  errements  de  leurs  prédé- 
cesseurs, et  confirmèt'eht  plusieurs 
arrêtés  qui  avaient  eu  pour  obiet  d'eii- 
travei^  le  développement  de  la  puis- 
sance populaire ,  laquelle  commençait 
à  inspirer  des  craintes  sérieuses  à  la 
4)Ourgeoisîe.  La  mésiiitelligence  entre 
la  Commune  et  les  districts  ne  cessa 
pas  pour  cela;  aucontraii'e,  elle  alla 
toujours  en  augmentant.  La  presse 
accusa  la  Commune  de  vouloir  réta- 
blir le  despotisme  bourgeois  y  et  rem- 
{)lacer  l'aristocratie  de  naissance  par 
'aristocratie  d'argent.  La  Commune 
eut  beau  répondre  aux  attaques  des 
journaux  par  des  mesures  répressives, 
sa  sévérité  n'eut  d'autre  résultat  que 
de  lui  Aire  perdre  tout  ce  qui  lui  res- 
tait de  son  ancienne  popularité.  Le  5 
.octobre ,  elle  se  vit  obligée,  par  une 
insurrection  populaire,  d'aller  elle- 
méioe  chercher  le  roi  à  Versailles, 
€t  de  le  rameâei^  à  Paris.  Un  peu 


râÀNCE.  coM  419 

plus  tard ,  he  pouvant  suffire  aux  tra- 
vaux dont  elle  était  surchargée,  la 
Commune  se  fit  adjoindre  soixante 
nouveaux  membres  et  soixante  sup- 
pléants, ce  qui  porta  sou  personnel  à 
deux  cent  qarante  officiers  municipaux, 
divisés  en  plusieurs  comités.  Pour  ré- 
sister avec  moins  de  désavantage  aux 
pirogrès  constants  du  parti  révoîution- 
iiaire ,  elle  institua  un  comité  des  re- 
cherches; mais  cette  nouvelle  institu- 
tion ne  tarda  pas  à  devenir  un  auxi- 
liaire pour  ceux-là  même  qu'elle  de- 
vait reprimer.  C'était  principalement 
sur  la  garde  nationale  que  comptait  la 
Commune  pour  maintenir  son  autorité 


chancelante  ;  le  serment  prêté  par  les 
officiers  de  cette  milice  .était  ainsi 
conçu  :  «  Je  jure  d'être  fidèle  à  la  na- 
tion ,  au  roi ,  à  la  loi ,  et  à  la  Com- 
niime  de  Paris.  »  Mais  toutes  ces 
précautions  ne  purent  empêcher  la 
révolution  naissante  de  prendre  son 
essor.  Énergiquement  attaqué  par  Ma- 
rat  et  par  Danton ,  qui  dominaient  {e 
district  des  Cordeliers,  affaibli  par  des 
divisions  intestines ,  entravé  uans  sa 
inarche  par  les  vices  d'une  organisa- 
tion sans  unité ,  le  conseil  de  la  Conri- 
mqne  vit  d'ahord  s'élever  à  l'archevê- 
ché Une  autorité  rivale  ;  et  le  bureau 
finit  par  se  séparer  de  l'assemblée  gé- 
nérale ,  qui  donna  sa  dénû;ssîon. 

Alors,  par  son  décret  du  21  mai 
1790,  l'Assemblée  constituante  orga- 
nisa définitivement  la  municipalité  de 
Paris.  Ce  décret  divisait  la  Commune 
en  quarante-huit  sections,  et  instituait 
un  maire  et  seize  administrateurs  com- 
posant le  bureau ,  trente-deux  mem- 
bres formant  un  conseil  municipal ,  et 
quatre-vingt-seize  notables  qui ,  réunis 
au  bureau  et  au  conseil  municipal, 
composaient  le  conseil  général.  Au-» 
près  de  ces  conseils  étaient  un  procu- 
reur de  la  Commune  et  deux  substi- 
tuts. M.  Bailly  resta  toujours  maire; 
mais  cette  municipalité  définitive  ne 
fut  pas  plus  heureuse  que  celles  qui 
l'avaient  précédée.  Elle  s'usa  dans  sa 
lutte  avec  le  peuple;  et,  après  l'arres- 
tation de  Louis  XVI  à  Varennes,  elle 
eh  vint  à  cette  extrémité  de  faire  tîrer 
sût  le  peuple.  Le  17  juillet,  Bailly  et 

27 


420 


COM 


L'UNIVERS. 


GOM 


la  Fayette  dispersèrent  par  la  force 
les  pétitionnaires  du  Champ  de  Mars, 
qui  prétendaient  que  la  fuite  du 
roi  entraînait  nécessairement  sa  dé- 
chéance. 

L'Assemblée  constituante  approuva 
la  conduite  de  la  Commune;  mais,  peu 
de  temps  après ,  M.  Baiiiy,  ne  se  sen- 
tant pas  de  force  à  conserver  plus  long- 
temps une  autorité  aussi  pesante, 
donna  sa  démission  (19  septembre 
1791)*  Toutefois,  il  continua  d'exercer 
ses  fonctions  jusqu'au  commencement 
du  mois  de  novembre  suivant. 
'  Telle  fut  la  première  Commune, 
celle  que  Ton  pourrait  appeler  la  Com- 
mune de  la  Constituante  y  parce  qu'elle 
se  plaça  constamment  sous  Tégide  de 
cette  assemblée  célèbre.  Son  caractère 
distinctif  fut  une  modération  extrême 
et  un  inébranlable  attachement  à  l'an- 
cienne dynastie.  Son  maire,  l'un  des 
membres  les  plus  distingués  de  la  (Cons- 
tituante, régla  toujours  sa  politique 
sur  celle  de  cette  assemblée,  qui  vou- 
lait sincèrement  le  régime  constitu- 
tionnel, mais  qui  se  flattait  à  tort  de 
pouvoir  convertir  à  ce  régime  l'héritier 
des  anciens  rois  absolus.  Comme  le 
maire,  le  commandant  de  la  garde  na- 
tionale faisait  partie  de  l'Assemblée 
constituante.  La  conformité  d'opinions 
qui  existait  entre  M.  Baiiiy  et  le  géné- 
rai la  Fayette  aurait  pu  donner  de  la 
vigueur  à  Faction  de  la  Commune,  si 
les  intrigues  de  la  cour  n'étaient  pas 
venues  traverser  toutes  leurs  opéra- 
tions ,  et  n'avaient  pas  fini  par  com- 
promettre la  considération  de  ces  deux 
hommes ,  si  estimables  à  tant  de  titres, 
mais  manquant  l'un  et  l'autre  de  cette 
force  de  caractère  indispensable  pour 
se  diriger  sûrement  dans  un  temps  de 
révolution.  Moins  faciles  à  tromper,  et 
péchant  par  un  excès  d'énergie  plutôt 

3ue  par  un  excès  de  modération,  les 
istricts  n'espéraient  plus  rien  de  l'an- 
cienne dynastie.  Beaucoup  d'entre  eux 
inclinaient  vers  la  branche  d'Orléans, 
dans  la  croyance  qu'une  nouvelle  fa- 
mille accepterait  seule  les  conséquences 
d'un  nouveau  réginae  ;  d'autres  se  sen- 
taient déjà  emportés  vaguement  vers 
des  idées  républicaines;  persuadés  que 


le  peuple  ne  pourrait  jamais  recon- 
quérir sa  dignité  que  sous  le  règne  de 
la  démocratie.  Les  fautes  et  les  mal- 
heurs de  Louis  XYI  ayant  domaé  raison 
aux  districts  contre  la  Commune  et 
contre  la  majorité  de  la  Constituante, 
il  fallut  songer  à  une  organisation 
mieux  appropriée  aux  circonstances. 

Environ  un  mois  et  demi  après  la 
dissolution  de  la  Constituante,  une 
nouvelle  municipalité  prit  la  direction 
de  la  capitale.  Le  14  novembre  1791, 
Pétion,  quoiqu'il  eût  pour  concur- 
rents M.  Dandré  et  le  général  la 
Fayette,  fut  élu  maire  à  la  place  de 
Bailly.  Aucun  membre  de  Tancienoe 
assemblée,  si  ce  n'est  Robespierre, 
n'était  alors  aussi  populaire  que  Pé- 
tion ;  l'un  et  l'autre  s'étaient  fait  r^ 
marquer  à  la  tribune  nationale  par 
l'ardeur  de  leur  patriotisme,  et  le 
peuple  leur  en  avait  témoigné  sa  r^ 
connaissance  en  les  portant  tous  les 
deux  en  triomphe.  L'élection  de  Pé- 
tion acquit  encore  plus  d'importance 
par  les  autres  choix  qui  l'accompagnè- 
rent. Manuel  devint  procureur  &  la 
Commune,  et  on  lui  donna  Danton 
pour  substitut.  Robespierre,  qui  rem- 
plissait alors  les  fonctions  d'accusateur 
public  (*),  n'entra  pas  dans  la  nouvelle 
Commune^  mais  il  n'en  resta  pas 
moins  d'acoord  avec  ses  chefs.  Ceux-ci 
recherchèrent  en  outre  l'appui  de  Ca- 
mille-Desmoulins ,  Billaud-Yarennes, 
Tallien,  CoUot-d'Hérbois,  Marat,  qui 
jouissaient  d'une  assez  grande  in- 
fluence dans  leurs  sections  respectives. 

Par  Robespierre ,  la  Commune  dis- 
posait du  club  des  jacobins  ;  par  Dan- 
ton ,  elle  disposait  de  celui  des  corde- 
liers;  or,  ces  deux  clubs  étaient  les 
plus  renommés,  les  plus  nombreux, 
et  \%&  plus  énergiques.  L'organisation 
du  corps  municipal  ne  fut  complète- 
ment arrêtée  qu'en  janvier  1792.  Void 
les  noms  des  vingt -quatre  menibrcs 
qui  le  composaient:  Dussault,  Oa- 
vière ,  Cbambon ,  Thomas ,  Sergent, 
Boucher-Saint -Sauveur,  Biderroano, 
PatriSy  Boucher  -  René ,  Moucbettc, 

(*)  Il  avait  été  nommé  en  juin  1791,  flC 
donna  sa  démission  en  avril  179a. 


COM 


FRANCE. 


COM 


431 


Osselin ,  Leroi ,  Mollard ,  Hu ,  Jurie , 
Ferai,  Lefebure,  Guyard,  Guinot, 
Thérein ,  Panis ,  Debourges ,  Dreue , 
L.emetayer.  Une  particularité  assez  re- 
marquable ,  c'est  que  l'un  des  secré- 
taires-ereffiersdu  maire  était  M.  Royer- 
Collard;  en  sa  qualité  d'adjoint,  il 
signa  avec  Pétion ,  entre  autres  arrê- 
tés, celui  du  11  février  1792,  sur  les 
piques. 

Dans  ses  débats  avec  la  cour,  qui 
n'était  que  trop  souvent  secondée  par 
le  conseil  des  ministres,  la  Consti- 
tuante avait  pris  pour  auxiliaire  la 
Commune,  et  elle  en  avait  fait  son 
pouvoir  exécutif  à  elle  ;  pouvoir  exé- 
cutif (]uasi  -  populaire ,  qui  lui  permit 
de  déjouer  les  manœuvres  de  l'aristo- 
cratie nobiliaire.  Moins  docile  que  la 
première ,  la  seconde  Commune  suivit 
ses  propres  inspirations;  l'une  avait 
été  constitutionnelle,  l'autre  laissa  per* 
cer  des  tendances  républicaines,  et 
elle  entraîna  dans  sa  marche  l'Assem- 
blée législative,  qui  n'était  pas  à  la 
hauteur  de  la  circonstance.  D'intelli- 
gence avec  la  minorité  de  cette  assem- 
blée, et  soutenue  par  le  parti  j)opu- 
laire,  elle  répondit  par  des  attaques 
ouvertes  aux  attaques  sourdes  du  châ- 
teau. Lorsqu'elle  vit  l'étranger  et  la 
cour  conspirer  ensemble  pour  étouffer 
la  révolution ,  elle  se  changea  en  pou- 
voir insurrectionnel.  Bientôt  la  jour- 
née du  10  août  1792 ,  préparée  par 
celle  du  20  juin ,  vint  porter  le  dernier 
coup  à  l'ancienne  monarchie.  Cette 
journée  fut  l'ouvrage  des  deux  partis 
qui  devaient ,  plus  tard ,  se  combattre 
sous  le  nom  de  girondins  et  de  mon- 
tagnards, mais  qui,  à  ce  moment,  agis- 
saient de  concert.  Les  deux  hommes 
qui  y  contribuèrent  le  plus  furent  Bar- 
baroux  pour  les  girondins,  et  Danton 
pour  les  montagnards.  Comme  contin- 
gent, les  députés  des  départements 
fournirent  les  fédérés  de  Marseille  et 
de  la  Bretagne;  Paris  envoya  ses  clubs, 
ses  faubourgs,  toute  la  partie  énergi- 
que de  sa  population.  Billaud-Varennes 
prêta  main -forte  à  Danton ,  qui  pava 
de  sa  personne,  ainsi  que  Camille- 
l>esrooulins  et  Barbaroux.  Des  réu- 
nions secrètes  avaient  précédé  l'atta- 


que ;  elles  se  tenaient  à  Charenton , 
chezVilate  (Voyez  Comité  central  des 
fédérés^  p.  346).  Toutefois,  il  faut 
le  dire,  l'immense  majorité  de  la 
France  trempait  dans  cette  conjura- 
tion qui  eut  un  cachet  éminemment 
populaire.  Pétion ,  en  sa  qualité  de 
maire ,  joua  un  rôle  moins  ostensible 
que  Danton  et  Barbaroux;  cependant 
il  se  prêta  à  tout  avec  une  complai- 
sance qui  ne  permet  pas  de  douter 
qu'il  fût  dans  le  secret  des  chefs  de 
l'insurrection. 

La  défaite  du  pouvoir  royal  motiva 
un  nouveau  changement  dans  4'orga- 
nisation  de  la  Commune.  Les  mem- 
bres de  la  municipalité  du  14  novembre 
1791  étaient  loin  d'appartenir  tous 
au  même  parti.  Les  uns,  partageant 
les  sentiments  d'une  portion  de  l'As- 
senâbiée  législative ,  travaillaient  dans 
l'intérêt  de  la  classe  bourgeoise  et  de 
la  famille  d'Orléans;  les  autres,  radi- 
ealement  populaires,  ne  voyaient*plus 
de  salut  que  dans  l'établissenient  de 
ia  république  ;  nous  ne  parlons  pas  de 
ceux  qui ,  fidèles  aux  errements  de  la 
Commune  du  14  juillet  1791 ,  avaient 
toujours  voté  pour  le  système  deBailly 
et  de  la  Fayette ,  et  s'étaient  opposés , 
dès  les  premières  séances  de  cette  mu- 
nicipalité, à  ce  qu'on  enlevât  leurs 
bustes  de  la  salle  ues  délibérations  du 
conseil  ;  la  journée  du  10  août ,  faite 
sans  eux  et  contre  eux ,  finit  par  leur 
enlever  toute  influence. 

Comme  les  circonstances  réclamaient 
une  grande  énergie ,  les  modérés  n'a- 
vaient que  peu  de  chances  en  leur  fa- 
veur ;  ce  qui  devait  encore  avancer 
leur  défaite ,  c'était  qu'une  partie  con- 
sidérable de  la  bourgeoisie  désirait  la 
république  avec  autant  d'ardeur  que  le 
peuple.  L'union  des  montagnards  et 
des  girondins ,  c'est-à-dire ,  des  par- 
tisans de  la  république ,  les  uns  au 
profit  de  la  bourgeoisie ,  les  autres 
au  profit  des  masses,  paralysa  toutes 
les  forces  de  ceux  ^ui  désiraient  en- 
core le  régime  constitutionnel  compris 
à  la  manière  tles  Anglais  ,  et  l'avéne- 
ment  au  trône  de  la  ifamille  d'Orléans, 
qui  leur  semblait  appelée  à  devenir 
pour  la  France  ce  qu'avait  été  la  mai* 


4ii 


ton 


VVmYEKS. 


CQH 


son  de  Itànovre  pour  l'Ang1etenre« 
Alors,  dans  la  nuit  du  ô au  10  août^ 
èentqaatre-iririgts  députés  des5ectioni| 
kè  présentêfetit  à  ilidtcl  de  ville  et 
Ton  vit  sUrgir  une  municipalité  émit 
nemmeht  démôoi'atique,  eelle  que  Ton 
désigne  ordIhairemeDt  sdus  le  nom 
de  commune  du  10  août,  parce  qu'elle 
se  constitua  d'elle-même  la  veille  d^ 
cette  révolution. 

^  Le  10  août  devait  ruiner  les  affaires 
des  constitutionnels  qui  avaient  placé 
leur  espoir  dans  la  branche  cadette, 
àus^i  bien  que  celles  des  constitutionnels 
qui  tenaient  encore  pour  la  branche 
aînée.  Gela  est  si  vrai^lque  lé  chef  de  la 
famille  d'Orléans  commençait  à  se  faire 
républicain.  Il  ne  s'agissait  plus  que 
de  savoir  qui  l'emporterai^  des  giron* 
dins  ou  deâ  montagnards.  Tout  indi- 
j^uait  que  les  girondins  deviendraient 

Erépondérants  dans  le  sein  de  rAssem* 
lée  législative,  tandis  que  les  monta* 
gnai^s  prendraient  le  dessus  à  la  Com- 
mune. C'est  en  effet  ee  qui  arriva. 
La  nduvelle  municipalité  fut  éminem- 
ment populaire.  Dans  le  tenouvelle- 
ment  du  mininère,  les  girondins  eu- 
rent cinq  ministres  sur  six  ;  mais 
Danton ,  qui  reçut  le  portefeuille  de 
la  justice ,  était  destiné  par  son  éner- 

fie ,  et  avec  l'appui  de  la  Commune , 
dominer  le  nouveau  cabinet;  et, 
comme  il  l'avoua  lui-même,  porté  au 
ministère  par  un  boulet  de  canon ,  il 
fut  le  ministre  de  la  révolution.  Ainsi 
donc ,  la  Journée  du  10  août  tourna 
d'abord  contre  les  Girondins. 

Non-seulement  la  commune  du  10 
août  eut  un  caractère  démocratique, 
mais,poul*  cela  même  qu'elle  avait  une 
origine  insurrectionnelle,  elle  fut  enva- 
hie par  le  peuple,  qui  vint  s'asseoir 
en  ma!ti*e  dans  les  salles  de  Thâtel  de 
ville.  Jnsque-là ,  le  conseil  général  n'a- 
vait été  qu'une  réunion  d'officiers  mu- 
nicipaux délibérant  en  commua  avec 
le  maire ,  et  lui  soumettant  son  avis  ; 
dans  la  nuit  du  9  août ,  il  se  transforma 
en  une  assemblée  souveraine,  et  im- 
posant sa  volonté  au  maire.  Ce  fut 
comme  une  commission  de  salut  pu- 
blic, investie  des  pouvoirs  les  plus 
étendus,  et  regardant  son  autorité 


comme  supérieure  à  edle  dQ  l'As* 
semblée  législative.  On  ^ûl  dit  une 
Convention  au  petit  pied ,  [et  toute 
parisienne  ,  en  attendant  la  grande 
Convention  nationale.  On  èû  jugera 
p^r  la  citation  suivante,  qui  n'est  au- 
tre cbose  que  le  commencement  du 
procès-verbal  de  la  première  séance 
du  nouveau  conseil  général  :  «  L'As- 
«  semblée  des  commissaires  de  la  mu- 
«  nîcipalitédes  sections  réunies ,  arec 
«  pleins  pouvoirs  de  sauver  la  chose  ^u- 
«  blique ,  considérant  que  la  première 
«  mesure  de  salut  public  exi|;eait  de 
«  s'emparer  de  tous  les  pouvoirs  quela 
«  Commune  avait  délégués,  et  d'oter  à 
«  l'état-major  l'influence  malbeureose 
^  qu'jl  a  eue  jusqu'ici  sur  le  sort  de 
«  la  liberté  ; 

«  Arrête  :  1»  gue  l'état-mayor  sera 
«  suspendu  provisoirement  de  ses  fonp* 
9i  lions;  U**  que  le  conseil  général  delà 
«  Commune  sera  également  Suspda 
«  provisoirement ,  et  oue  M.  lenuiire, 
«  M.  le  procureur  de  la  Commune,  et 
«  les  seize  administrateurs ,  contiDQ^ 
«  ront  leurs  fonctions  adMnisM 
«  v^s.  » 

Ainsi,  dès  leur  début,  les  codimS' 
saires  des  sections  renversent  tdat  ce 
qu'avait  fait  la  Législative  pour  rendre 
la  garde  nationale  indépendante  de 
l'autorité  de  la  Commune;  ils  suspen- 
dent provisoirement  ou  plutôt  ils  cas- 
sent 1  ancien  conseil  général,  aul aus- 
sitôt leur  cède  la  salle  des  séances; 
^nfin,  s^ils  conservent  le  maire,  Toû 
dés  partisans  des  girondins ,  c'est  à  la 
cpndition  qu'il  se  bornera  à  des  fon^ 
tions  administratives,  et,  pourroiem 
le  lui  faire  comprendre ,  i\é  maintien- 
nent au  même  titre  les  seize  adminis- 
trateurs. A  partir  de  cette  époque,  « 
effet,  Pétion  ne  fut  plus  maire  que  de 
nom.  Dans  la  même  séance,  l'asseffi* 
b|ée  des  commissaires  des  sections  a^ 
réte  qu'ilsera  nommé  un  commandaiil 
général  provisoire,  quoiqu'un  décret 
de  la  Législative,  en  date  du  12^ 
tembre  1791 ,  eût  supprimé  le  grade  de 
commandant  général  de  la  garae  natio- 
nale, et  décidé  que  chacun  desebeft 
de  légion  commanderait  tour  à  tour 
pendant  un  mois.  Dès  lors,  la  foitv 


COM 


FRAJVCE. 


CQ9I 


438 


rablique  fut  remise  aux  mains  de  la 
Commune,  comme  en  1789;  et  la  no* 
mînatîon  de  Santerre  au  grade  de 
cefnmandant général,  nomination  faite 
8ur4e-ohamp  et  à  runanimité,  lui  ea 
assura  la  librç  disposition.  Upe  autre 
circonstance  qui  mérite  d'être  rappor- 
tée ,  c'est  qu'il  fut  décidé  que  les  bustes 
de  Louis  XYI,  Bailly,  Neoker  et  la 
IFayettè,  seraient  otés  de  la  maison 
commune.  Ou  les  descendit  à  l'instant, 
et  ils  firent  mutilés  au  milieu  des  ap- 
plaudissements des  spectateurs. 

Cfaâumette,  qui  présidait  la  séance, 
fut  lîommé  secrétaire  -  adjoint ,  ainsi 
que  Coulombeau.  Il  nous  reste  à  dire 
<ïomment  était  composée  cette  assem- 
blée des  commissaires  des  sections , 
qui,  sous  le  nom  de  conseil  général, 
dirigea  pendant  plusieurs  mois  les  opé- 
rations de  la  Commune  du  10  août ,  ou, 
si  Ton  veut,  de  la  Commune  des  sections. 
Chacune  des  quarante-huit  sections 
avait  nommé  six  commissaires  avec  des 
pouvoirs  illimités;  ce  qui  portait  à 
deux  cent  quatre-vingt-huit  le  nombre 
total  des  itoembres  de  l'assemblée  {% 

(*)  Tableau  des  commissaires  des  quarante^ 
huit  sections  qui  ont  composé  le  conseil  gé- 
néral de  la  commune  ,  le  lo  août  179a. 

1 .  Qdikze-Vihgts.  **  Huguenia(*),  Boi». 
seau ,  Rossignol ,   Fourneau ,  *  Fontaine , 

*  A.  C.  Ballin,  Les  deux  derniers  remplacés 
plus  tard  par  *Miet  et  ^Mareux. 

2.  Bon  coirsEiL,  ci-devant  Maucokseii.. 
Xulier,  **  Bonbommet ,  **  Chàrtrey,  *  Car- 
rette,  *J.  D.  David,  et  *  Gomé^  remplace 
plus  tard  pai*  *  Lamotte. 

3.  Arskital.  *  JoUy  Bertault,  *  Coucedieu, 

*  Barucaud,  *Yincent,  *  Léger  et  X^fre^» 
remplacé  plus  tard  par  *  Boula-. 

4.  Marseille,  ci-devant  Théâtre  fraxt- 
cAts.  *  Simon ,  **  Chaumette ,  *Lebo|s ,  Ro- 
hertt  BiUaudde  VarenneseX  Fabred  Èglan» 
tine.  Ces  trois  derniers ,  députés  à  la  Con- 

(*)  Les  noms  précéda  d'une  étoile  désignent  ceux 
<]tii,  conformément  à  un  arrêté,  avaient  pris  et  rempli* 
rent  rengagement  d'étrejoarnellementà  leur  poste, 
jusqu'au  renouyellement  du  conseil  général.  Lef 
deux  étoiles  désignent  ceux  qui  furent  chargés,  dans 
la  nuit  du  3  septembre ,  de  faire  auprès  des  muni* 
cipalités,  districts  et  départemejit ,  telles  réquisi* 
«iont  qu'ils  jugeraient  nécessaires  pour  le  salut  de 
la  patrie.  Les  noms  en  italique  sont  ceux  des  mem- 
Strea  qai  forent  remplacés  plus  tard. 


L^es  plus  connus  étaient  :  Robeagîerre, 
Billaud-Varennès,  Chaumette ,  Fabre- 

Tention,  furent  remplacés  par  *Favanne, 

*  J.-E. .  Brochet  et  Vincent. 

5.  Bonne  itouyelle.  Boulay,  ** Hébert, 
*Véron,  'Belette,  Dehay  et  Ôhampertois  f 
remplacés  '  plus  tard  par  folâtre  et  Bri- 
card. 

6.  MowTREuiL.  ** Bernard,  ** Chauvin 
fils,  Tourlot,  'Boulanger,  Aubert  et  Da- 
mois. 

7.  Crop^  rouge.  **Brutus  Sigaud,*Ri- 
G.  de  la  Barre  ,.**Gobeau,  **  Millier,  Vel- 
chinger ,  et  Cobnar,  qui  fût  |)lus  tard  sus- 
pendu. 

8.  Grayilliers.  p.  Bourdon,  député  à  la 
Convention ,  **  J.-M.  Martin,  *  G.  Truchon, 

*  Duval-Dutain,  Colombart  et  Saurin. 

9.  RÉUNION,  ci-devant  Beaubouro.  'P. 
Simon ,  'Lemaire,  'Guidamoiu',  **'  Michel, 
Dumas  et  Riquet. 

10.  Fontaine  de  Grenelle.  Rivailler» 
''Gaudicheau,  Rousseau,  Sabatîer,  Rouval 
et  **  Audouin ,  remplacé  plus  tard  par  J.-M. 
Defrasne. 

1 1 .  t^ANTHÉoN  FRANÇAIS,  ci-dcvant  Sainte- 
Genevikve.  *Bigant,  *CrouteUe,  *Gorel, 
Méhé  fils,  *Belliot  et  Pauvel,  remplacés 
plus  tard  par  Ch.  Lhomme  et  *  Marie. 

la.  FiNisTERRE,  ci -devant  Gobelins. 
'Mercier,  Maillet ,  Baron ,  Rossignol,  Des- 
liens et  *  Camus,  remplacés  plus  tard  par 
Pelletier,  *Genci  et  'Beaudoin. 

i3.  Argis.  Jacot,  Gallien,  Fial^  Alef, 
Blerzy,  N.  Jérôme,  remplacés  par  'Char 
huet,  'Délépine,  *  Grenier  et  S.-T.  Char- 
bonnier. 

14.  Tuileries.  *King£en,  Michaut , 
Benoit,  *  Paillé,  Restout,  volant. 

i5.  Observatoire.  *  Lefebvre  -  Longa- 
renne,  Defraisne,  Thomas ,  'd*Uériquehem, 
René  et  Paris,  remplacé  par  Lenoir. 

16.  Droits  de  l^homme,  ci-devant  Roi 
DE  Sicile.  'Lecler<^,  Mareux,  Lenfant, 
'  Coulombeau ,  Rumel  et  PoUet,  remplacé 
par  J.  Chevalier. 

17.  Bondi.  *  CallY,  ''Aron-Romain,  Jfcfa- 
vler  aîné.  Bourdon,  *'Daiijron  et  Romet,  rem- 
placés par  Laurent  y  *  Cervignières»  *  Tra- 
verse et  *  Thomas. 

18.  Amis  de  la  patrie,  ci-devant  Pon- 
ceau.  'Caillieux,  *Pantaclin,  'Delvoix, 
♦Bailly,  Spol  et  Duffort,  remplacé  par 
Cardot,  puis  par  Rocnefort. 

19.  LuxEM&ouRG.  **C.-L.  Grandmaison^ 
Faucon,  Chaude ^   Robin,   LrN,  Guérin, 


424 


COM 


L'UNIVERS. 


COM 


d'Églantine,   Hébert,   Bourdon  (de     signol,  Fouquier-Tin ville,  L'Enfant, 
roise) ,  Pache ,  Dumas ,  David ,  Ros-     Ghambon.  Les  uns  avaient  été  élus 


Leclerc,  remplaces,  par  Pache,  *Godart, 
**Dareaudery,  Merceuay  et  *  Lasnier. 

20.  FÉDÉaRs ,  ci-devant  Place  kotalk, 
Nartez  ,   **  Bernard  -  Samson  ,    Journet , 

*  Lai  né,  *Maneuse  et  Lemeunicr,  tué  par 
accident ,  en  rempiissaot  une  mission  dans 
la  nuit  des  visites  domiciliaires,  et  remplacé 
par  *  Vincent. 

.ai.  PousoiririKaB.  *  Faro  ,  'Pelletier, 
VHermina,  *Beaudier,  *Marc  et*Dupré. 

aa.  LouvRB.  **F.-V.  Legray,  **  Crosne, 
Beltrait,  Balle,  BelUfond  et  Lavoîpierre , 
remplacés  par  CoUard,  Neuville  et  Vivier. 

«o.  NoKD,  ci-devant  Faubourg  Saint- 
Denis.  Colange,  *F.-P.  Briac,  'C-N.  Du- 
pont, G.  Constant,  *Oger  et  Landregin, 
remplacés  par  Desmarets  et  Desnelles . 

24.   La  CITÉ.    *Franchet,    **Laborey, 

*  RioUot  père,  Jacot-de-Villeneuve-des-Ur- 
sins ,  Gille,  et  Laiguillon,  remplacé  par  Dur 
mouchet,  puis  de  nouveau  élu. 

a 5.  PopiNCOURT.  Barry  puis  Arnaud , 
Payen  puis  Ducansel,  Tourane,  Suchct, 
Chaize,  Duchesne ,  Roquette.  Arnaud  fut 
remplacé  par  *  Dangé,  Payen  par  *  Denelle, 
Ducanzel  par  *  Venimeuse  «  Suchet  par 
Barry,  puis  Colange,  puis  Barry,  C!uiiz& 
par  ffutauy  puis  Cossauge. 

a6.  Halles,  ci-devant  des  Innocents. 
Bouin,  *Jobert,  *PécouI,  ^Langlois,  *Mi- 
chonis,  "Nicout. 

a 7.  Invalides.  Leroy,  Lepage,  Jacob, 
Guinges,  Vaillant,  Thévenot,  remplacé  par 
Nouet. 

a8.  Contrat  social,  ci-devant  des  Postes. 
Dervieux ,  Blondel,  Guiraud ,  Roussel, 
*Jams,  *J. -N.David;  les  quatre  premiers 
remplacés  par  *  Cochois ,  Briquet  **  Bodson 
jeune,  *Coulon. 

ag.  Lombards.  Poullenot,  Louvet,  Leliè- 
vre  (avoué),  Cretté^  Guiliot,  **Jolly,  rem- 
placés le  6  septembre  par  Carré  *  Delaunay, 
*Brenillard,  Va,  *  Agy  et  Deschamps. 

3o.  Halle  aux  blés.  Chambon,  Real, 
Mirabal,  Ganilh,  Chevri,  *  Hénissard,  rem- 
placé par  Levacher. 

3i.  Butte  des  moulins,  ci-devant  Pa- 
lais-Roy a.l.  Tain  ville ,  Hyune ,  Boissel ,  La- 
clos, Segny  et  Lebreton,  remplacés  par  Ma- 
rino  et  Lacoste. 

3a.  Faubourg  Montmartre.  "Ménagé, 
Pépin,  Gapany,  Hassenfratz ,  Gircoun , 
Bivey,  remplacés  par  *Cohendet,  *  Vas- 
Mux,  "Durour,  *Peironet  Landrin. 


33.  Pont-Neuf  ,  ci-devant  Henri  IY; 
*Menil,  Fournier,  Révérend,  LeteUier, 
Minier,  Liardei ,  remplacés  le  ao  août  pv 

*  Cochois,  *  Briquet,  **  Bodson  jeune  et 
"Coulon. 

34.  Sans-culottes,  ci-devant  Jabdo 
des  plantes.  Lucas,  Martin,  Jaladier, 
Champ-Romain,  Bachelier,  Ménard,  rb* 
placés  successivement  par  **  Félix  (profes- 
seur), Henriot  jeune,  Martin  Verdier,  Gtf* 
main  (Félix),  Jaladier,  Durieux  jeune. . 

35.  Marais,  ci-devant  Enfants Rocca 
•Gaucher,  Bocotte,  Henri,  Pottin,  Cellot, 
Lefèvre,  remplacés  par  *  Dufour,  *  Lejoli- 
vet,  Gauthier,  Jaillaut,  *  Charles. 

36.  Beaurepaire,  ci- devant  Thermes  si 
Julien.  J.-B.-C.  Mathieu,  N.-J.  Jacob, 
F.-E.  Joubert,  A.-L.-Ag.  Varin,  H.  yana, 
Belu>urt,  remplacés  par  CelUer  et  Vacbiri 

37.  Quatrb-Na.tions.  LegangneuriOw* 
radam,  Alex.  Roger,  Lecomte,  *  J.-B.  Jan- 
son,  *V.  Oliveau. 

38.  Champs-Élisées.  J.-G.  Delfauh,  Du* 
bertret  (traiteur) ,  M.  Boutenot,  A.-U.  Ma^ 
lin  (épicier) ,  J.-B.  Lubin,  *  J.-Jaoq.  Lubis. 

39.  Piques,  ci-devant  place  Viedôbl 

*  Moulins,  Duveyrier,  Piron,  Laignehtt 
Matlùeu  et  Robespierre  (député  à  U  Coih 
vention);  les  quatre  premiers  furent  en- 
suite remplacés  par  Arthur,  '  Chàtelet,  poil 
Morel,  Frenard,  puis  Baurillon,  Orguelin 
et  Tresfontaine. 

40.  De  1 79a  ,  ci-devani  Bibltotbîqol 
Chenier,  *  Reboul,  *  Destournelles,  *  Lefènt» 
•Beaudrais,  Bosque,  remplacé  par*Can» 

41.  Mail.  P.-L.  Moëssard,  A.  Fery, 
*A.-G.  Geoffroy,  *P.-L.  Larcber,  JacqoeH 
Andro  et  /.  Fichu,  remplacé  par  *  Camui. 

4a.  Molière  et  la  Fontaine,  d-deviol 
Montmorency.  *Émi,Boutet,  ♦Menue» 
sier,  *Valle!,  PinonelCh.  Saint-Disicr. 

43.  Temple.  Goin,  Tassin,  BoUot,  Telf 
sier,  Prinet,  Lefèvre,  remplacés  par  *• 
gain,  puis  Naudin,  *  Talbot,  *  Mille  ei  ftH. 

44.  Vaudin,  *  Avril,  *  Devèze,  Chewliff, 

*  Bigos;  Daunay,  remplacé  par  Bulio. 

45.  Gardes-Françaises.  *Lavau,Profi* 
net,  Asseofratz,  Renâudin,  *  Laplanche  ^ 
Codien,  remplacé  par  Loppé. 

46.  Maison  commune.  Leloup  père,  *Chi* 
pelet,  Quenet,  Bouclujontaine ,  Gêna, 
Ducluseau,  remplacés  par  Touian,  RidiV' 
don,  *Tr«stondam  et  *  Morand. 

47.  La  Fraternité,  ci-devant  de  Litf* 


COM 


FRANCE. 


€OM 


425 


dans  la  nuit  du  9  août;  les  autres  le 
10,  d'autres  encore  plus  tard.  La  no- 
mination de  Robespierre  n'eut  lieu  que 
dans  la  journée  du  10  ;  sa  renommée 
de  vertu  et  son  talent  de  parole  lui  ac- 
quirent une  grande  part  d'autorité  mo- 
rale sur  le  conseil  général.  Marat, 
Tallien ,  Collot-d'Herbois ,  remplirent 
aussi  dans  la  suite  différentes  fonc- 
tions auprès  de  la  nouvelle  munici- 
palité. 

Une  députation ,  ayant  Danton  pour 
orateur,  avait  été  annoncer  à  la  Légîs- 
Jative  la  formation  de  cette  Commune 
insurrectionnelle.  Effrayée  par  le  bruit 
du  canon  qui  grondait  encore,  l'As- 
semblée s'empressa  de  la  reconnaître. 
Un  peu  plus  tard  ^  dans  les  derniers 
iours  du  mois  djaoût ,  elle  essaya  de 
la  dissoudre,  mais  en  vain;  elle  fut 
contrainte  de  rapporter  son  décret  de 
dissolution  (30  août) ,  et  de  subir  une 
commune  gui  relevait  directement  de 
la  souveraineté  du  peuple ,  et  qui ,  par 
la  voix  de  Manuel ,  son  procureur,  me- 
naçait d'en  appeler  à  l'insurrection.  II 
était  temps  de  céder,  car  déjà  le  con- 
seil général  avait ,  de  sa  propre  auto- 
rité ,  défendu  aux  sections  de  procéder 
aux  élections  ordonnées  par  la  Légis- 
lative. La  lutte  était  inégale  entre  une 
iDunici[)alité  fière  de  sa  victoire,  en 
possession  de  la  confiance  du  peuple , 
et  une  assemblée  qui  avait  reconnu 
son  incompétence ,  en  convoquant  une 
Convention  nationale. 

La  Commune  du  10  août  exerça  donc 
la  dictature  pendant  l'interrègne  par- 
lementaire; elle  fut,  à  cette  époque, 
quelque  chose  d'analogue  à  .ce  que  de- 
vint ,  en  1793,  le  comité  dé  salut  pu- 
blie. Pour  sauver  la  patrie  en  danger, 
elle  concentra  un  moment  tous  les 
pouvoirs  dans  ses  mains.  Santerre^  le 
nouveau  commandant  général  de -la 
force  publique,  fut  à  sa  dévotion. 
Kile  se  chargea  de  la  garde  du  mo- 

françois,  Mouchet,  Fayette,  Beaufamé, 
£scabasse  el  Desgalgnès,  remplacé  par 
II>urand. 

48.  Mirabeau.  A.  Maréchal,  A.  Lliuil- 
lier,  C.  Pagnier,  J.  Auvray,  J.  Faure,  H.-F. 
peiTOchel. 


narque  détrôné ,  dont  elle  demanda  la 
déchéance.  Elle  hérita  de  l'autorité  du 
directoire  du  département  de  Paris, 
qui  jusque-là  avait  plusieurs  fois  es* 
sayé  de  partager  le  pouvoir  municipal 
avec  elle,  qui  avait  provoqué  la  sus- 
pension de  Pétion  et  de  Manuel  après 
la  journée  du  20  juin ,  mais  que  son 
attachement  pour  l'ancien  régime  ve- 
nait d'entraîner  dans  une  même  chute 
avec  le  trône.  Elle  eut  un  comité 
de  surveillance  ou  doniinait  Marat, 
même  avant  d'en  faire  partie,  et  qui 
poursuivit  les  contre-révolutionnaires 
avec  la  dernière  rigueur.  Elle  disposa 
de  valeurs  considérables  en  vendant 
les  hôtels  séquestrés  des  nobles.  Elle 
envoya  des  commissaires  dans  tous  les 
départements  pour  imprimer  partout 
une  direction  uniforme,  et  préparer 
les  élections  pour  la  Convention  natio- 
nale; à  Paris,  elle  présida  elle-même 
à  ces  élections.  Par  Danton ,  elle  eut 
voix  dans  les  délibérations  du  pouvoir 
exécutif,  qui  essaya  inutilement  de  lui 
résister.  D'ailleurs,  avec  le  secours  de 
ses  comités,  elle  s'empara  d'une  partie 
de  la  puissance  gouvernementale  et  ju- 
diciaire ;  outre  le  comité  de  surveil- 
lance ,  elle  avait  un  comité  militaire , 
un  comité  des  subsistances,  etc.,  etc.; 
elle-même,  comme  on  l'a  déjà  vu, 
était  une  espèce  de  comité  de  salut 
public.  Enfin ,  la  création  d'un  tribu- 
nal extraordinaire  pour  juger  les  cou- 
pables du  10  août,  et  tous  ceux  qui 
conspiraient  contre  l'indépendance  na- 
tionale, semblait  devoir  lui  donner 
encore  une  plus  grande  force  de  terreur. 
Certes,  elle  avait  besoin  d'une  ex- 
trême énergie  pour  faire  face  aux 
dangers  que  courait  la  France,  et 
l'on  ne  pourrait  sans  ingratitude  au- 
jourd'hui reprocher  à  la  Commune  du 
10  août  la  sévérité  qu'elle  fut  con- 
trainte de  déployer  pour  sauver  l'inté- 
grité du  territoire,  ramener  la  victoire 
sous  nos  drapeaux,  et  repousser  les 
étrangers  déjà  presqu'aux  portes  de 
Paris.  Mais  il  ne  s'ensuit  pas  pour  cela 
qu'on  doive  imputer  à  la  Commune  tout 
entière  les  massacres  de  septembre,  ces 
terribles  scènes  de  représaille  et  de  ven- 
geance, provoquées  parles  dangers  delà 


4S6 


COH 


L'UNIVERS. 


C9n 


patrie  et  par  rîDaction  du  tribunal  c^^ar* 
gé  de  punir  les  traîtres  et  )es  conspira- 
teurs, et  surtout  par  la  voix  de  Danton, 
8'écriant  :  a  Mon  avis  est  que,  pour  dé- 
«  concerter  les  agitateurs  et  pour  arré- 
«  ter  l'ennemi ,  ii  faiii  faire  peur  aux 
9  royalistes.  »  Le  seul  des  comités  de  là 
Commune  qui  intervint  dans  ces  fu- 
nestes journées  fut  le  comité  de  sur- 
veillance et  de  salut  public,  et  encore 
tout  porte-t-ii  à  croire  qu'il  iqtervint 
bjen  plus  pour  réduire  le  nombre  dp^ 
victimes  que  pour  pousser  le  peuple 
aux  excès  (voyez  tes  Annales,  t.  Il, 
p.  247  et  suiv.).  Sans  doute  alors  quel- 
ques membres  de  la  Commune,  Marat 
Î>ar  ses  écrits ,  Billaud-Varennes  et  Tal- 
ien  par  leur  présence,  encouragèrent 
Iq  fureur  populaire,  ipais  ils  le  firent 
en  leur  propre  nom,  jamais  en  vertu 
d'une  autorisation  directe  de  la  Com- 
ipune.  Eux  seuls,  plus  tard,  osèrent 
défendre  les  massacres  de  septembre, 
et  se  virent  désavouer  par  Pétion,  par 
bauton,  par  Robespierre  et  par  leç 
plus  ardents  patriotes. 

Dans  tous  les  cas ,  ce  ne  serait  pas 
sur  le  conseil  général  de  la  Commune 
que  devrait  peser  la  responsabilité  de 
ces  massacres,  ce  serait  sur  les  mem- 
bres de  son  comité  de  surveillance, 
qui  n'agissaient  pas  toujours  de  con- 
cert avec  lui,  et  qui  avaient  fini  pa^ 
affecter  une  sorte d  indépendance.  Dans 
le  conseil  général  dominait  l'inQuence 
de  RobesDierre;  dans  le  comité  de  sur- 
veillance dominait  celle  de  Marat,  quoi- 
qu'il n'y  ait  été  adjoint  que  le  2  sep- 
tembre. Ce  dernier,  d'accord  avec 
Robespierre  et  avec  Danton ,  tant  qu'il 
ne  s'était  agi  que  de  combattre  contre 
la  cour,  avait  séparé  sa  cause  de  la 
leur  après  la  victoire  ;  la  férocité  de  se^ 
principes,  flétrie  par  eux,  avait  été  la 
cause  de  cette  scission.  Au  moment 
où  eurent  lieu  les  massacres  de  sep- 
tembire ,'  voici  quelle  était  la  position 
respective  de  ces  trois  bommes  que 
l'on  appelait  les  triumvirs,  bien  moins 
parce  qu'ils  étaient  unis ,  que  parce  que 
toute  la  force  révolutionnaire  se  trou- 
vait alors  concentrée  en  eux.  Sa  qualité 
de  ministre,  et  ce  mélange  d'énergie 
et  de  spontanéité  qui  faisait  le  fond  de 


son  caractère,  avaient doimé  la baule 
main  à  Danton  dans  le  gouvernement 
A  la  Commune,  le  véritable  chef,  ce 
n'était  plus  Pétion ,  quoiqu'il  conservât 
toujours  le  titre 'de  maire,  p'était  Ro- 
bespierre, dont  la  popularité  n'avait 
fait  que  s'accroître,  tandis  que  celle  de 
Pétion  diminuait  de  jour  en  jour,  ï 
cause  de  son  indécision,  et  par  suite 
des  intelligences  qu'il  entretenait  avec 
le  parti  orléaniste,  s'il  faut  en  croire 
les  révélations  du  temps.  Lorsque  le 
département  de  Paris  chercha  à  re- 
lever la  tête  et  à  entrer  en  conflit 
d'autorité  avec  la  Commune,  celle-d 
aima  mieux  confier  le  soia  de  n 
défense  à  Robespierre  qu'à  Pétion. 
Deux  fois,  à  la  tête  d'une  députa- 
tion  municipale,  lîobespierre  vint  à 
l'Assemblée  législative  plaider  la  cause 
de  ses  clients,  et  le  succès  répondit  à 
son  attente.  Le  département  vaioca 
reconnut  lui-niême  son  erreur,  et  poor 
gue  ses  attributions  purement  relatives 
à  la  perception  des  impôts  fussent 
mieux  déterminées ,  il  consentit  a  ne 
plus  porter  quç  le  nom  de  commistifm 
administrative.  Quant  à  Pinfluence  de  | 
Marat ,  on  l'a  déia  v^ ,  elle  s'exerçait  ! 
surtout  au  sein  au  comité  de  surveil- 
lance, oii  il  eut  pour  collègues  Daplain,  I 
Panis,  Sergent,  L'Enfant,  Lefort,  1 
Jourdain ,  Deforgues ,  Giiermear,  Le-  : 
clerc  et  Durfort.  1 

Marat  était  encore  plus  insensé  que 
cruel  ;  mais  on  n'en  doit  pas  moins 
convenir  que  ses  j^rédications  vio- 
lentes, qui  entretenaient  dans  les  niai- 
ses les  idées  de  vengeance,  contri- 
buèrent beaucoup  aux  massacres  de 
septembre.  Une  tois  aue  les  mînistrs 
im[)ro visés  de  la  colère  du  peuple, 
excités  par  Tallien  et  BiUaud*Vareft- 
nés,  se  furent,  sans  hésiter,  sfà^- 
siitués  au  bourreau ,  ni  Danton ,  ni 
Robespierre,  ni  Pétion,  en  un  mot  m  le 
gouvernement,  ni  la  Commune,  n^et- 
rent  la  puissance  de  les  désarmer.  La 
seule  ressource  qui  restait  c'était  m 
recours  à  la  loi  martiale;  mais  cette 
mesure  de  rigueur,  prise  au  moment 
où  les  Prussiens  s'avançaient  sur  Paris, 
aurait  poussé  le  peuple  à  rinsunee* 
tion,  arrêté  les  enrôlements  vokMilaijci 


€011 


FRAI9CE. 


GOBI 


427 


et  amené  une  nouyelle  défaite...  la  der- 
lifère  p^ut-étre.  Le  peu  de  bien  qui 
était  possible  alors,  la  Commune  le 
fit,  en  envoyant  des  officiers  munici- 
paux inspecter  les  prisons,  et  arracher 
£(u  fer  des  bourreaux  un  assez  grand 
nombre  de  victimes.  Le  2  septembre, 
il  est  vrai,  il  parut  une  proclamation  du 
comité  de  surveillance,  dans  laquelle^ 
non  content  de  justifier  |es  massacres, 
ce  comité  invitait  les  départements  à  sui«. 
Tre  l'exemple  d^  la  capitale;  mais  cet 
écrit,  qui  eut  une  bien  funeste  influencé^ 
était  rduvragQ  de  Marat.  ou  tout  au 
plus  dq  comité  de  surveillance.  La  ré* 
ritabte  pensée  de  la  Commune,  on  la 
reconnaît  bien  mieux  dans  la  procla- 
mation suivante  que  dans  les  massacres 
de  septembre.  Voici  le  langage  qu'elle 
tint,  lorsqu'elle  apprit  la  nouvelle  di^ 
i;iége  de  Verdun  :  «  Citoyeps,  Tennemi 
4t  05taux  portes  de  Paris;  Verdun,  qii{ 
«  l'arrête,  ne  peut  tenir  que  huit  jours* 
9  Les  citoyens  qui  le  aefendent  ont 
«  ji^ré  de  mourir  plutôt  que  de  se  ren- 
«  flre;  c'est  vous  dire  qu'ils  vous  font 
«  un  rempart  de  leurs  corps.  Il  est  de 
«  votre  devoir  de  voler  à  leur. secours. 
«  Citoyens,  marchez  à  l'instant  sous 
«  vos  drapeaux;  allons  nous  réunir  au 
«  champ  de  Mars^  qu'une  àrmiée  de 
4c  soixante  mille  homines  se  forme  à[ 
«  l'instant.  Allons  expirer  sous  le^ 
0  cot4ps  de  rennemif  ou  l'exterminer 
«c  sous  les  ndres.  »  Par  ses  soins, 
çhacju^  jour,  dix-huit  cents  hommes 
équipés  partaient  de  Paris  ppur  la 
frontière;  quelquefois,  il  en  partait 
jusqu'à  cinq  miAe.  Quatre-vingt  millg 
nommes  se  trouvèrent  bientôt  sous  les 
armes. 

Lorsque  la  Convention  nationale  eut 
tenu  ses  premières  assemblées,  ieà 
Oirondins  cherchèrent  à  reprendre 
leur  revanche  sur  la  Commune  du  10 
août.  Us  la  représentèrent  comme  une 
autorité  rivale  que  ne  devait  pas  tqlé- 
irer  la  Convention.  A  dessein,  ils  tour- 
nèrent contre  elle  les  massacres  de 
scsptembre ,  qu'elle  n'avait  pas  pu  em- 
pêcher. Ils  affectèrent  de  confondre 
csnsemble ,  sous  le  nom  de  triumvirs , 
31arat,  Danton  et  Robespierre,  ipal- 
^ré  les  diuéreneea  qui  separ^^ient  ees 


trois  hommes.  En  un  mot,  ils  exploi- 
tèrent au  profit  de  leur  ambition  fout 
le  mal  qui  avait,  eu  lieu ,  sans  tenir 
contiptè  des  grandes  choses  qui  avaient 
été  accomplies.  Cependant  la  politique 
de  la  Commune  était  bien  supérieure 
à  la  leur;  elle  comprenait  les  avantages 
de  l'unité  gouvernementale ,  si  néces- 
saire dans  un  grand  pays;  tandis  que 
les  Girondins  allaient  droit  au  fédéra- 
lisme. Le  résultat  de  cette  nouvelle 
lutte  eut  au  moins  cela  de  bon ,  que  le 
comité  de  surveillance  fut  recherché 
par  l'Assemblée  nationale  pour  sa 
cruauté  et  pour  seis  malversations ,  et 
qu'il  fut  desavoué  par  la  Commune. 
Tant  que  le  danger  demeura  imminent, 
1^  Commune  tint  bon  contre  les  attaques 
des  Girondins ,  alors  prépondérants  et 
surtout  animés  contré  KobespierreJ 
qui  4vait  \  plus  que  tout  autre  <  donnq 
des  idées  gouvernementales  aux  com-^ 
missaires  des  sections;  mais  il  fallut 
céder,  quand  la  défaite  des  ennemis  et 
la  puissâncei3roissante(ie  la  Convention 
eurent  rendu  la  dictature  municipale 
moins  nécessaire.  Le  2  décembre  1792, 
la  Commune  du  10  août  fut  remplacée 
par  iine  commune  provisoire,  et 
Chambon  fut  proclamé  maire  de  Paris. 

Ce  fut  sous  l'administration  de  cette 
commune  du  2  septembre  qu'eut  lieu  le 
procès  de  Louis  XVI.  Chambon  était 
une  créature  de  Pétion,ét,  comiTie  lui, 
appartenait  au  parti  dé  ta  Gironde; 
mais  le  conseil  général  se  mit  plus 
d'une  fois  en  état  (Thostilité  avec  lui , 
et  vota  dans  le  sens  des  Mpntagnards 
plutdt  que  dans  le  sens  des  Girondins. 

Après  la  condamnation  du  roi^ 
lorsque  la  Gironde  commença  à  perdre 
du  terrain,  cette  municipalité,  qui, 
d'ailleurs,  n'était  que  provisoire,  dut 
céder  la  place  à  une  autre.  Les  succès 
remportes  par  les  armées  étrangères , 
depuis  la  dissolution  de  )a  Commune 
du  10  août,  nécessitaient  qn  redouble- 
ment d'énergie,  et  dans  les  derniers 
temps  de  son  administration ,  Cham- 
bon ,  homme  nul ,  n'avait  plus  aucune 
autorité. 

Le  14  février  1793 ,  Pache ,  ex-mi- 
nistre de  la  gqerre,  fut  proclamé  maif^ 
de  Paris ,  en  rea)plfiice{nen|  çl^  Chain- 


428 


COM 


L'UNIVERS. 


COM 


bon.  Ce  fut  un  triomphe  pour  les 
Montagnards;  malheureusement  Té- 
nergie  de  cette  nouvelle  municipalité, 
oue  Ton  pourrait  appeler  la  Commune 
ae  1793,  ressemble  à  de  la  violence  plu- 
tôt qu'à  de  la  vigueur.  Elle  contribua 
puissamment  à  la  révolution  du  31  mai 
et  du  2  juin,  qui  entraîna  la  défaite  des 
Girondins.  Ceux-ci  avaient  irrité  son 
courroux  en  nommant  la  fameuse 
commission  des  douze,  qui  avait  pour 
but  de  supplanter  la  Commune  et  de 
s'emparer  du  gouvernement  de  la  ca- 

ÏHtale.  Après  la  ruine  des  Girondins, 
a  municipalité  victorieuse  ne  connut 
plus  de  bornes ,  et  elle  se  signala  par 
un  esprit  d'exagération,  de  désordre 
et  d'impiété.  Le  maire  Pache ,  le  pro- 
cureur Chaumette  et  son  substitut 
Hébert  formèrent  un  triumvirat  qui , 
en  déchaînant  toutes  les  passions  no- 

fmlaires,  se  flatta  de  renverser  à  la  lois 
a  Convention  et  le  comité  de  salut 
public.  Chaumette,  l'inventeur  des 
fêtes  de  la  Raison ,  avait  été  élu  pro- 
cureur dès  le  12  décembre  1792,  pen- 
dant que  Chambon  était  encore  maire; 
quant  à  Hébert,  c'était  le  rédacteur 
éhonté  du  Père  Duchesne.  Dirigée  par 
ces  trois  hommes, la  Commune  devint 
un  foyer  d'insurrection  ;  dans  sa  ma- 
nière d'entendre  l'égalité,  elle  voulait 
qu'on  abattît  tous  les  clochers,  parce 
qu'ils  dépassaient  le  niveau  des  autres 
maisons ,  et  elle  n'eut  pas  honte  de 
donner  l'exemple  de  l'apostasie  et  de 
l'athéisme,  ^ais  elle  trouva  dans  le 
comité  de  salut  public ,  et  principale- 
ment en  Robespierre,  un  adversaire 
formidable  qui  sut  réprimer  sa  révolte 
et  la  faire  rentrer  dans  ses  attribu- 
tions. Les  enragés  connus  sous  le  nom 
d'hébertistes ,  et  qui  avaient  le  projet 
de  nommer  Pache  dictateur,  sous  le 
nom  de  grand  juge,  furent  déjoués,  et 
les  principaux  chefs  de  la  conspiration 
portèrent  leur  tête  sur  l'échafaud,  le  24 
mars  1794.  Pache  et  Chaumette  n'é- 
chappèrent au  même  sort  que  parce 
qu'ils  eurent  la  précaution  de  se  ré- 
tracter et  de  faire  amende  honorable. 
Le  21  floréal  an  ii  (10  mai  1794) , 
Fleuriot-Lescot  fut  nommé  maire ,  en 
remplacement  de  Pache ,  par  un  ordre 


du  comité  de  salut  public,  ainsi  conçu  : 
«  Le  comité  de  salut  public  arrête  que 
le  citoyen  Fleuriot  remplira  provisoi- 
rement les  fonctions  de  maire  de  Pa- 
ris ,  vacantes  par  l'arrestation  do 
citoyen  Pache.  Il  prendra  ces  fonctions 
sur-le-champ ,  et.  habitera  la  maison 
de  la  mairie.  » 

Cette  sixième  municipalité,  bien  dif- 
férente de  la  précédente,  fit  une  guerre 
ouverte  aux  partisans  de  Tanarchie  et 
de  l'irréligion.  Elle  fit  une  adresse  à 
la  Convention ,  pour  qu'à  la  place  de 
l'inscription  :  A  la  Raison,  qui  avait 
été  mise  sur  les  temples,  il  lui  fât  per- 
mis d'inscrire  :  A  l'Être  suprême.  Ed 
toute  circonstance,  jusqu'au  9  thermi- 
dor du  moins,  elle  appuya  les  mesures 
adoptées  par  le  gouvernement  révolu- 
tionnaire; aussi  pourrait-elle  être  ap- 
pelée la  Commune  du  comité  de  salut 
public,  A  partir  de  la  défaite  des  bé- 
bertistes,  l'élément  municipal  perdit 
beaucoup  de  sa  puissance;  c^étaît  le  mo- 
ment où  toute  l'autorité  se  concentrait 
dans  les  mains  du  comité  dictatorial. 
Lorsque  la  division  eut  éclaté  parmi 
les  membres  de  ce  comité,  la  Commune, 
toujours  fidèle  aux  idées  d'unité  gou- 
vernementale, se  prononça  pour  Robes- 
pierre. L'immense  majorité  du  conseil 
municipal  était  favorable  aux  triaoi- 
virs;  le  secrétaire Fleury,  Tagent  natio- 
nal Payan  et  le  maire  Fleuriot  parta- 
geaient également  leur  manière  de  com- 
prendre l'organisation  de  la  république. 

La  défaite  de  Robespierre^  dans  b 
journée  du  9  thermidor,  entraîna  celle 
de  toute  la  Commune,  qui  fit  de  vaius 
efforts  pour  le  sauver  ;  Fleuriot , 
Payan ,  Fleury  et  un  grand  nombre 
de  membres  du  corps  municipal  mon- 
tèrent sur  l'échafaud  le  même  joor 
que  Maximilien,  Saint- Just,  CouthoA 
et  Robespierre  jeune,  qui,  de  même 
que  Le  Bas ,  n'avait  pas  voulu  séparer 
son  sort  de  celui  des  vaincus.  Alon 
la  Commune  fut  définitivement  domp- 
tée par  la  Convention ,  qui  s^était  tou- 
jours montrée  jalouse  de  son  autorité. 
Le  14  fructidor  (31  août  1794),  les 
thermidoriens ,  s'empressant  de  réo^ 
Çaniser  l'ensemble  de  la  république 
a  leur  manière,  décrétèrent  que  II 


GOM 


FRANCE. 


COM 


429 


Commune  de  Paris  serait  adminis- 
trée par  plusieurs  commissions,  dont 
les  présiaents  seraient  réélus  tous  les 
mois.  De  la  sorte ,  la  Commune  n'eut 
plus  de  maire ,  plus  de  chef,  partant 
plus  d'unité;  les  thermidoriens  ne  vou- 
laient pas  autre  chose.  La  nouvelle 
municipalité  se  montra  aussi  contraire 
aux  partisans  de  Robespierre ,  que  la 
précédente  leur  avait  été  favorable. 

A  l'époque  des  insurrections  de  prai- 
rial, le  peuple  voulut  ressusciter  Tan- 
cienne  Commune  :  dans  cet  espoir,  il 
nomma  Cambon  maire  de  Paris  ;  mais 
le  succès  s' étant  cette  fois  encore  pro- 
noncé en  faveur  des  thermidoriens,  coa- 
lisés avec  ce  qui  restait  du  parti  de  la 
Gironde,  cette  tentative  n'eut  que  des 
résultats  funestes.  La  constitution  de 
Tan  ni,  qui  instituait  le  Directoire , 
divisa  la  Commune  de  Paris  en  douze 
municipalités,  ayant  chacune  un  maire, 
.  six  administrateurs,  un  officier  de  l'é- 
tat civil ,  un  commissaire  du  pouvoir 
exécutif  et  un  secrétaire  de  l'état  civil. 
Chaque  municipalité  formait  quatre  di- 
visions ,  lesquelles  avaient  chacune  un 
juge  de  paix  et  un  commissaire  de  po- 
lice. La  constitution  de  l'an  viii ,  qui 
mit  à  la  tête  de  l'État  trois  consuls , 
inaintint  la  division  de  Paris  en  douze 
municipalités ,  chacune  avec  un  maire, 
deux  adjoints ,  un  juge  de  paix,  un 
percepteur  des  contrinutions ,  un  re- 
ceveur d'enregistrement  et  un  comité 
de  bienfaisance.    Cette  organisation 
s'est  maintenue  jusqu'à  ce  jour.  On 
peut  donc  dire  que  depuis  le  9  thermi- 
dor, la  municipalité  parisienne,  entiè- 
rement démembrée ,  ne  fut  plus  qu'un 
corps  administratif ,    qui   n'empiéta 
plus  sur  le  terrain  de  la  politique  que 
pour  offrir  à  tous  les  pouvoirs  qui  se 
succédèrent  des  adresses  de  félicita- 
tions et  des  flatteries  de  cour. 

Ainsi  donc,  le  règne  de  la  Commune 
ne  dura  que  cinq  ans ,  du  14  juillet 
1789  (prise  de  la  Bastille)  au  27  juillet 
i794  (9  thermidor  an  lï);  mais  dans 
ce  court  espace  de  temps ,  elle  occupa 
le  plus  souvent  la  première  place  parmi 
les  assemblées  et  les  pouvoirs  auxquels 
événements  donnèrent  naissance, 
liistoire  est  un  miroir  tidèle  de 


l'histoire  de  la  révolution.  D'abord 
une  commune  constitutionnelle ,  sous 
l'administration  de  Bailly ,  l'homme  de 
la  Constituante  ^t  de  la  monarchie  re< 
présentative.  Ensuite  une  commune 
^ui  pousse  à  la  république ,  commune 
à  moitié  girondine,  à  moitié  monta- 
gnarde ,  ayant  Pétion  pour  maire  et 
Danton  pour  substitut  du  procureur. 
Puis  une  commune  toute  montagnarde, 
toute  démocratique ,  la  commune  du 
10  août,  dans  laquelle  Pétion,  image 
des  girondins  débordés  par  les  mon- 
tagnards ,  n'est  plus  maire  que  nomi- 
nalement, tandis  que  le  peuple  domine 
en  réalité,  par  l'intermédiaire  du  con- 
seil général  des  sections.  Puis ,  après 
la  convocation  de  la  Convention  na- 
tionale ,  une  commune  de  transition  : 
Chambon ,  girondin ,  en  est  le  maire  ; 
mais  son  pouvoir  n'en  est  pas  moins 
paralysé  par  celui  du  conseil  général , 
qui  appuie  les  montagnards.  Puis  en- 
core, après  la  défaite  des  girondins, 
nouvelle  invasion  du  peuple  à  l'hôtel 
de  ville ,  nouvelle  commune  populaire 
comme  celle  du  10  août ,  dirigée  par 
Pache  en  qualité  de  maire,  Chaumette 
en  Qualité  de  procureur,  et  Hébert  en 
qualité  de  substitut  ;  commune  exagé- 
rée jusqu'à  la  fureur,  et  se  livrant  aux 
orgies  de  l'immoralité  et  de  l'athéisme, 
jusqu'au  moment  oîj  elle  expire  sous 
les  traits  vainqueurs  du  comité  de  sa- 
lut public.  Puis  enfin  une  commune 
démocratique  encore,  mais  disciplinée, 
ayant  Fleuriot  pour  maire ,  marchant 
d  accord  avec  le  gouvernement ,  tant 
que  les  membres  qui  le  composent 
sont  unis  entre  eux ,  et  finissant  par 
succomber  avec  les  triumvirs  dont 
elle  a  épousé  la  cause.  Ces  cinq  admi- 
nistrations municipales  ne  sont-elles 
pas  le  reflet  des  cinq  phases  décisives 
que  traversa  la  révolution  française 
depuis  la  prise  de  la  Bastille  jusqu'au 
9  thermidor? 

C'était  une  fonction  bien  périlleuse 
alors  que  celle  de  maire  de  la  Com- 
mune de  Paris;  des  cinq  magistrats 
qui  la  remplirent ,  trois  payèrent  de 
leurs  jours  ce  ftmeste  honneur  :  Bailly, 
Pétion  et  Fleuriot.  Chambon  ne  dut 
qu'à  sa  nullité  d'échapper  au  méipe 


480 


COM 


L'UNIVERS. 


GOS 


sort;  ft  tà  Pache  l'évita,  ce  ne  fut 
qu'après  avoir  été  emprisonné,  et 
grâce  au  désaveu  qu'il  fit  de  toute 
participation  aux  complots  des  héber- 
tistes.  Le  prévôt  des  lïiarchands ,  lui- 
même ,  qui ,  sans  avoir  porté  le  titre 
de  maire  I  en  occupa  néanmoins  le 
poste  un  moment,  M.  de  Fiesselles 
avait  rou^  le  premier  de  son  sang  les 
degrés  qui  menaient  à  l'hôtel  de  ville* 
Époque  terrible ,  où  les  contre -révo- 
lutionnaires, les  ultra-révolutionnaires 
et  les  modérés  étaient  emportés  vers 
iin  même  suppliée  ! 

L'histoire  générale  de  la  Commune 
se  partage  en  trois  époçrues  principales  : 
la  première  municipalité,  dirigée  par 
in,  Baifly,  fut  la  conséquence  de  Tavé- 
nement  de  la  bourgeoisie  aux  affaires  j 
après  le  10  août ,  c'est  le  peuple  qui 
s  empare  du  gouvernement  politic^ue  ; 
enfin ,  le  9  tnermidor  a  pour  consé- 
quence de  substituer  la  bourgeoisie  au 
peuple  dans  la  direction  des  destinées 
de  la  France.  A  aucune  époque ,  si  ce 
n'est  un  instant  avant  le  10  août ,  on 
ne  trouve  associées  ces  deux  grandes 
classe;;  de  la  nation ,  guj  cependant 
sont  sœurs  et  si  bien  taites  pour  se 
comprendre,  s'unir,  et  ne  former 
qii'i^ne  majestueuse  unité. 

Chose  remarquable  !  le  peuple  ne  de- 
vient prépondérant  que  lorsque  la  par 
trie  est  sérieusement  en  danger  ;  et , 
ce  qui  n'est  pas  moins  digne  d'atten- 
tion ,  il  perd  sa  prépondérance  dès  que 
le  pays  est  sauvé.  C'est  que  le  peuple 
est  le  plus  grapd  élénient  de  force  et 
d'énergie:  cest  que,  ppur  défendre 
l'intégrité  du  sol  national,  il  est  tou- 
jours prêt  à  sacrifier  son  repos  e^  son 
sang.  Malbeureijsement  s^  vigueur 
l'égaré  quelquefois  et  lui  fait  dépasser 
le  but  marqué  j  ce  qui  n'arriverait  pas 
si  la  classe  aiséé,  apssi  portée  à  la 
modération  qu'il  est  fougueux  lui- 
même,  s^appliquait  à  lui  donner  des 
conseils  et  à  partager  avec  lui  la  puis- 
sance ,  au  lieu  de  lui  faire  une  opposi- 
tion systématique  et  aveugle. 

C'est  à  tort  qu'on  cherche  à  repré- 
senter le  peuple  oompae  inhabile  au 
maniement  d^  affaires  :  son  passage 
if  la  Commune  pendant  la  révolution  a 


montré  qu'il  possède  au  plus  baut  point 
l'intelligence  des  traditions  gouverne- 
mentales, et  qu'il  ne  voit  dans  l'anar- 
chie qu'un  moyen  de  destruction,  et  pas 
autre  chose.  L'exemple  de  la  Connmune 
du  10  août  en  est  une  preuve  irrécu- 
sable. Elle  avait  un  double  caractère 
que  beaucoup  d'historiens  ne  voient 
pas  ou  font  semblant  de  ne  pas  voir; 
elle  était  à  la  fois  un  pouvoir  gouver- 
nemental et  un  pouvoir  insurrection- 
nel. En  cette  dernière  qualité,  la  seule 
oue  ses  ennemis  mettent  en  saillie  à 
dessein,  le  peuple  a  commis  des  excès 
dont  l'humanité  gémit,  dont  il  gémit 
lui-même  ;  mais  en  sa  qualité  de  pou- 
voir gouvernemental,  il  a  accompli  de 
grandes  choses,  que  l'histoire  ne  peut 

Î)asser  sous  silence.  A  peine  installé  à 
'hôtel  de  ville ,  le  conseil  municipal 
des  sections  comprit  que  le  danger  de 
la  division  et  du  fédéralisme  n'était 

Î)as  moins  à  redouter  que  le  danger  de 
'invasion;  il  comprit  que  l'étranger 
ne  pouvait  être  vaincu  que  par  runion. 
L'unité  de  la  république,  son  indivisi- 
bilité, voilà  le  principe  que  Ton  savait 
apprécier  à  l'hôtel  de  ville  avant  mène 

Î[ue la  (Convention  fût  assemblée;  voilà 
.e  principe  qu'on  y  défendit  toujours, 
alors  même  que  la  Convention  pen- 
chait vers  le  fédéralisme.  L'unité  na- 
tionale, telle  fut  )a  devise  de  Thôtel  de 
ville  toutes  les  fois  que  le  peuple? 
siégea.  A  l'hôtel  de  ville ,  on  n'avait 

fias  cette  adoration  aveugle  pouf  ii 
iberté,  qui  faisait  qu'à  la  Coriventîon 
on  ne  voulait  pas  de  hiérarchie,  pas 
de  président  de  la  république ,  et  qoe 
,;sous  le  noms  de  dictature ,  de  trlum* 
virât  ou  de  tribunat,  on  proscrivait 
toute  espèce  de  gouvernement.  Plo- 
sieurs  fois  l'hôtel  de  ville  fut  à  liai  veiDe 
de  donner  à  la  révolution  le  <^ef  qui 
lui  manquait.  Dès  le  10  août,  le  con- 
seil municipal  excitait  Robespierre  à 
s'emparer  oe  la  présidence;  sous  l'ai- 
ministration  de  Pache ,  les  héberts- 
tes,  exagérés  en  cela  comme  en  toute 
autre  chose,  voulaient  nommer  un  di^ 
tateur;  en  1794  encore,  la  commune, 
dirigée  par  Fleuriot,  s'efforça  (d^élevcr 
Robespierre  à  la  présidence.  L'oppo- 
sition de  la  Législative  fit  échoua  h 


COM 


FRANCE. 


CÔM 


48t 


première  de  ces  tentatives;  Topposi- 
tion  de  la  Convention  et  du  comité  de 
salut  public  fit  échouer  les  deux  autres. 

Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  c'é- 
tait le  peuple,  si  souvent  accusé  d'in- 
capacité politique ,  qui  seul  voyait  bien 
.  que  la  republique  irancaise  ne  serait 
consolidée  que  le  jour  oâ  elle  aurait  un 
président.  En  jetant  deux  fois  les  yeux 
sur  Robespierre  pour  l'investir  de 
cette  marque  de  confiance ,  le  peuple 
avait,  en  outre,  fait  preuve  d'un  grand 
sens  politique.  En  eiret,  de  tous  tes  ré- 
volutionnaires, c'était  Maximilien  qui 
représentait  le  mieux  les  traditions 
d'unité  gouvernementale.  Danton  était 
l'homme  de  l'insurrection  avant  tout; 
.  Hobespierre  était  l'homme  de  gouver- 
nement. Pour  ce  motif,  et  malgré  ce 
qu'avait  d'entraînant  et  d'irrésistible 
réloquence  de  Danton,  le  peuple  lui 
préférait  Robespierre. 

Mais,  dira-t-on,  peut-être  la  Con- 
vention connaissait  aussi  bien  que  la 
Commune  le  prix  de  l'unité  politique, 
et  elle  ne  repoussait  Maximilien  que 

J)arce  qu'il  était  le  chef  du  parti  popu- 
aire,  et  au'avec  lui  elle  redoutait  la 
tyrannie  g'une  seule  classe  de  la  na- 
tion. S'il  en  était  ainsi,  elle  aurait 
appuyé  Danton,  qui  inclinait  vers  la 
bourgeoisie  plutôt  que  vers  le  peuple; 
mais  elle  ne  prêta  assistance  ni  à  Dan- 
ton., ni  à  aucun  autre;  mais,  loin  de 
soutenir  ceux  qui  travaillaient  à  la  re- 
construction du  pouvoir  exécutif,  elle 
les  poursuivit  tous,  et  ne  se  tranquil- 
lisa qu'après  leur  supplice.  Le  comité 
de  salut  public,  coupable  d'avoir,  par 
miracle,  ramené  un  moment  l'unité 
dans  le  gouvernement,  expia  cruelle- 
ment cet  acte  de  génie.  Enfin ,  la  Con- 
vention donna  la  mesure  de  sa  politique 
dans  la  constitution  de  Fan  m,  qui 
instituait  cinq  directeurs;  ef  lorsque 
Tîapoléon  réduisit  d'abord  ce  nombre 
de  cinq  directeurs  à  celui  de  trois  con- 
suls pour  arriver  enfin  à  l'unité,  qui 
applaudit  le  plus  à  ce  changement?  le 
peuple,  encore  le  peuple,  quoiqu'on 
prétende  toujours  qu'il  n'entendra  ja- 
mais rien  à  la  science  du  gouvernement. 
Ce  n'est  pas  sans  raison  que  la  Con- 
vention manifesta  toujours  des  senti- 


\ 


ments  de  jalousie  si  prononcés  contre 
la  Commune,  en  qui  elle  s'entêta  à  ne 
voir  qu'une  rivale;  la  part  de  la  Com- 
mune dans  l'histoire  ne  sera,  certes, 
Eas  inférieure  à  celle  de  cette  assem- 
lée  célèbre,  qui  cependant  sut  accom- 
plir de  si  grandes  cnosâ. 

Communes.  —  Nous  avons  raconté 
ailleurs ,  en  abrégé,  les  principaux  évé- 
nements de  la  révolution  communale 
oui  éclata ,  au  nord  de  la  France ,  à  la 
fin  du  onzième  siècle  et  dans  les  pre- 
mières années  du  douzième  ;  nous  avons 
montré  les  vicissitudes  de  cette  révo- 
lution au  Mans,  à  Cambrai,  à  Noyon, 
à  Beauvais,  à  Saint-Quentin ,  à  Laon, 
à  Amiens,  à  Soissons,  à  Sens,  à 
Reims,  etc.,  c'est-à-diré,  dans  les  plus 
importantes  des  villes  qui,  par  le  fait 
de  l'insurrection  et  d'une  lutte  armée, 
ou  par  une  transaction ,  ou  bien  encore 
par  une  concession  volontaire  des  sei- 
gneurs et  des  rois,  avaient  obtenu  des 
chartes  de  commune  {*).  Nous  ne  rap- 
pellerons point  ici  ce  que  nous  avons 
déjà  dit;  nous  laisserons  de  côté  le 
récit  des  faits,  pour  n'envisager  la 
grande  question  de  la  révolution  com- 
munale que  dans  ses  résultats  les  plus 
généraux. 

Depuis  la  fin  du  dernier  siècle,  on 
a  beaucoup  écrit  sur  les  communes;  on 
a  émis  sur  leur  établissement  les  sys- 
tèmes les  plus  divers;  aujourd'hui 
même,  malgré  les  lumières  qui  ont  été 
apportées  dans  |a  discussion  pac  les 
plus  éminents  de  nos  historiens,  le 
débat  n'est  pas  clos ,  tous  les  points  ne 
sont  pas  éclaircis,  toutes  les  incer- 
titudes ne  sont  pas  dissipées,  et, 
comme  il  n'existe  aucun  livre  qui  puisse 
satisfaire  complètement  les  esprits  et 
résoudre  toutes  les  difficultés ,  on  dis- 
cutera, nous  le  croyons,  longtemps 
encore. 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  de 
substituer  nos  pensées  à  celles  des 
autres ,  et  de  donner  une  théorie  plus 
satisfaisante  et  plus  complète  que  celles 
qui  ont  été  mises  au  jour  depuis  Bré- 
quigny  jusqu'à  M.  Aug.  Thierry;  nous 
voulons  seulement  constater  les  résul- 

(*)  Voyez  les  Akkales,  t  I,p.  i5^» 


419 


GOM 


L'UOTVERS. 


COM 


tats  que  la  science  a  obtenus,  en  quel- 
que sorte,  par  le  choc  des  opinions  les 
plus  opposées,   et  montrer  le  parti 

?|u'on  peut  tirer  des  livres  qui  ont  été 
aits  jusqu'à  nous,  pour  saisir,  com- 
prendre et  expliquer  les  causes,  la  na- 
ture et  les  résultats  du  plus  grave, 
sans  contredit,  de  tous  les  événements 
du  moyen  âge. 

Cet  article  ne  sera  donc,  pour  ainsi 
dire,  qu'un  résumé  succinct  des  prin- 
cipaux ouvrages  qui,  depuis  un  demi- 
siècle  environ ,  ont  été  composés  sur  la 
révolution  qui  donna  naissance  aux 
communes.  Nous  devons  parler  d'abord 
de  la  remarquable  dissertation  que, 
soiis  forme  de  préface,  Bréquigny  in- 
séra dans  le  onzième  volume  du  Re- 
cueil des  ordonnances.  Ce  travail ,  le 
premier  en  date,  a  été  le  point  de 
départ  de  tout  ce  que  Ton  a  écrit  jus- 
qu'à nos  jours  sur  les  communes. 
Quand  on  le  lit  attentivement,  on  est 
surpris  de  la  prodigieuse  quantité  d'i- 
dées lumineuses  et  justes  que  l'auteur 
a  répandues  sur  ce  c|u'ily  avaHde  plus 
obscur  dans  son  sujet,  de  sa  marche 
ferme  sur  un  terrain  non  encore  ex- 
ploré, et  aussi  de  l'ordre  et  de  l'admi- 
rable clarté  qu'il  a  introduits  dans  ses 
arguments,  dans  ses  preuves;  en  un 
mot,  dans  toutes  les  parties  de  son 
travail.  Au  reste,  l'analyse  de  cette 
dissertation  fera  voir  que  depuis  un 
demi-siècle  déjà  les  points  les  plus  im- 

Ï)ortants  avaient  été  indiqués  et  que 
a  science,  pour  s'être  essayée  dans 
les  voies  les  plus  diverses ,  n  a  pas  dé- 

fmssé  de  beaucoup ,  sur  ce  point ,  les 
imites  Gxées  par  Bréc|uigny. 

L'illustre  érudit  a  divisé  sa  disserta- 
tion en  six  parties  :  «  D'abord,  dit-il, 
nous  déterminerons  ce  que  nous  en- 
tendons par  le  mot  comm2/ne5;  deuxiè- 
mement, nous  fixerons  l'époque  de  l'éta- 
blissement des  communes  en  France  et 
nous  en  développerons  rapidement  les 
premiers  progrès  ;  troisièrr.ement,  nous 
rechercherons  quels  furent  les  motifs 
de  cet  établissement;  quatrièmement, 
nous  examinerons  quel  devait  être  le 
titre  qui  donnait  le  droit  de  commu- 
iie<;cm(iuièmement,  nous  ferons  voir 
quel  était  l'objet  des  principales  clauses 


que  ce  titre  renfermait;  sixièmement, 
nous  exposerons  enfin  comment,  par 
qui  et  par  quelles  raisons  les  com- 
munes ont  été  quelquefois  modifiées, 
abolies  ou  rétablies  (*).  » 

Après  avoir  montré  combien  est 
vague  et  indéterminé  le  mot  com- 
mune^ a  Nous  n'entendons  ici ,  par  ce 
mot,  ajoute-t-il,  que  les  corps  munici- 
paux qui  s'établirent  en  France  pour 
garantir  de  l'oppression  les  habitants 
des  villes ,  soit  que  ces  corps  se  soient 
formés  d'abord  par  des  confédérations 
tumuituaires ,  autorisées  ensuite  par  le 
souverain ,  soit  qu'ils  aient  été  établis 
à  l'imitation  de  ces  premières  confédé- 
rations, en  vertu  de  concessions  au- 
thentiques préalablement  obtenues.* 
Il  dit  ensuite  que  les  caractères  dis- 
tinctifs  des  communes  peuvent  se  ré- 
duire à  trois  :*  1"  l'association  jurée  et 
autorisée  par  titre  authentique  ;  2*  la 
rédaction  et  la  confirmation  des  usages 
et  coutumes  ;  3"*  l'attribution  des  droits 
et  privilèges,  du  nombre  desquels  était 
toujours  une  juridiction  plus  ou  moins 
étendue ,  confiée  à  des  magistrats  de  la 
commune  et  choisis  par  elle.  Puis  il 
revient  encore  sur  cette  idée  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  les  communes  avec 
les  villes  qui  n'avaient  obtenu  que  des 
affranchissements  de  redevances  féo- 
dales, des  concessions  de  coutumes, 
les  droits  qu'on  nommait  bourgeoisies, 
et  avec  les  villes  qui  avaient  été  en 
possession,  de  temps  immémorial, 
d'un  régime  municipal.  Dans  les  exem- 
ples qu'il  choisit,  on  voit  une  allusioo 
aux  cités  où  s'étaient  perpétuées  les 
traditions  du  régime  municipal  romaio. 

La  distinction  importante  établîepar 
Bréquigny  a  été  conservée  et  recom- 
mandée par  M.  Guizot  dans  les  leçois 
qui  terminent  son  cours  de  VHistoke 
de  la  civilisation  en  France,  L'em- 
prunt est  évident.  Seulement  M.  Gui- 
zot, à  l'aide  de  travaux  récents  (des 
ouvrages  de  Savigny ,  Ray nouard ,  etc.X 
a  mieux  précisé  le  caractère  des  vil- 
les qui  jouissaient  de  privilèges  et  de 
franchises  sans  avoir  de  coTistitutkm 

(*)  Recueil  des  ordonnances  des  rois  it 
France  y  t.  XI;  préface,  admit. 


COM 


FRAfItÈ, 


GOM 


433 


communcUey  et  principalement  de  cel- 
les où  s'était  conservé  le  régime  mu- 
nicipal romain.  Mais  M.  Guizot,  pour 
un  emprunt  aussi  important  (et  ce 
n'est  pas  le  seul  qu'il  ait  fait  à  la  dis- 
sertation dont  nous  parlons) ,  n'a  pas 
cité  Bréquigny. , 

Ce  qui  est  dît  du  serment  que  se 
prêtaient  entre  eux  les  bourgeois 
confédérés  a  été  de  même  reproduit 
par  M.  Augustin  Thierry  (avec  plus  de 
force ,  il  est  vrai ,  et  plus  de  clarté)  dans 
les  Lettres  sur  l'histoire  de  France  y 
et  notamment  à  la  fin  du  chapitre  cin- 
quième des  Considérations  qui  précè- 
dent les  récits  des.  temps  mérovin- 
giens. 

Dans  la  deuxième  partie  de  sa 
dissertation  ,  Bréquigny  fixe  l'épo- 
que de  l'établissement  des  commu- 
nes au  douzième  siècle ,  sous  le 
règne  de  Louis  VI.  II  a  peut-être 
exagéré  ici  le  rôle  que  la  royauté 
a  joué  dans  cette  grande  révolution. 


commune  elle-même.  Puis  il  examine 
les  conditions  essentielles  de  cet  acte, 
et  pour  discuter  avec  plus  de  méthode, 
il  divise  son  sujet  en  quatre  pomts .: 
1**  l'acte  fondamental  de  la  commune 
deYBÏt  sanctionner  la  confédération 
des  habitants  unis  ensemble  par  ser- 
ment pour  se  défendre  contre  les  vexa- 
tions des  seigneurs  qui  les  opprimaient  ; 
2"*  les  personnes  qui  devaient  inter* 
venir  dans  cet  acte  :  d'abord ,  les  bour- 
geois, les  membres  de  l'association 
jurée;  ensuite,  les  seigneurs  contre  les- 
quels avait  été  dirigée  cetteassociation; 
3*"  si  le  seigneur  immédiat  et  principal 
devait  contribuer  à  l'établissement  de 
la  commune  et  lui  donner  en  quelque 
sorte;une  première  forme,  le  roi  devait 
ensuite  l'autoriser  par  une  concession 
spéciale;  4^  enfin ,  Fauteur  montre 
comment  on  pouvait  suppléer  au  titre 
original  lorsqu'il  n'était  pas  possible 
de  le  représenter.  Tout  cela ,  comme 
on  le  voit,  concerne  la  forme,  si  nous 


On  peut  lui  reprocher  aussi  de  n'avoir  .  pouvons  nous  exprimer  ainsi,  plutôt 
pas  mi^ux  précisé,  à  la  fin  de  la  que  le  fond  de  la  constitution  et  de 
j„...:à ^:^  _*  j^-.-  1-.  *-^:„:i —      Torganisation  communales. 

INous  avons  dit  que  dans  la  cinquième 
partie  de  sa  dissertation ,  Bréquigny 
recherchait  quel  était  l'objet  des  prin- 
cipales clauses  des  chartes  de  commu- 
nes. Il  reconnaît  d'abord  dans  ces 
chartes  deux  choses  bien  distinctes  : 
1**  les  articles  qui  se  rapportent  exclu- 
sivement à  l'organisation  communale, 
en  tant  que  résultat  de  l'association 
sous  la  foi  du  serment;  2o  une  rédac- 
tion dès  coutumes ,  un  code  renfermant 
des  lois  civiles  et  pénales.  Il  entre  en- 
suite dans  des  développements  sur  ce 
qui  est  contenu  dans  ces  deux  parties 
si  distinctes.  ISous  ne  le  suivrons  point 
dans  ces  développements.  Nous  nous 
bornerons  seulement  à  dire  qu'ici  encore 
M.  Guizot  a  fait  à  Bréquigny,  sans  le 
citer,  un  notable  emprunt,  et  qu'il  lui 
doit,  par  exemple,  ainsi  qu'à  Berroyer 
et  à  Laurière,  cette  idée  que  les  cou^ 
tûmes  des  communes  sont  les  vérita- 
bles sources  de  notre  droit  privé.  Au 
reste,  les  opinions  de  Bréquigny  sur  ta 
juridiction  et  l'administration  munici- 
pales, sur  les  privilèges,  les  franchises 


deuxième  partie  et  dans  la  troisième, 
Jes  causes  de  la  révolution  communale. 
Il  s'est  borné  à  dire ,  comme  en  pas- 
sant, que  ce  fut  l'oppression  des  sei- 
gneurs qui  détermina  le  mouvement 
et  les  insurrections  dans  les  cités  du 
nord  de  la  France,  et,  ailleurs^  à 
donner,  comme  des  motifs  de  l'établis- 
sement des  communes,  ces  deux  rai- 
sons qui  nous  paraissent  trop  simples 
et  trop  vraies  :  1°  l'avantage  des  habi- 
tants qui  demandaient  le  droit  de  com- 
mune; 2°  l'intérêt  des  souverains  qui 
raccordaient.  Il  devient  plus  ferme  et 
plus  précis  lorsqu'il  énumère  le  profit 
que  Iqs  bourgeois  des  villes,  d'une 
part,  et  la  royauté,  d'autre  part,  ont 
retiré  de  l'établissement  des  communes. 
11  réduit  à  trois  les  avantages  de  la 
royauté  :  V  une  somme  une  fois  payée 
au  roi ,  pour  la  confirmation  ou  l'octroi 
de  la  charte  ;  2**  une  redevance  annuelle  ; 
3**  le  service  militaire. 
.  Dans  la  quatrième  partie  de  son  tra- 
vail ,  Bréquigny  recherche  quel  devait 
être  le  titre  fondamental  du  droit  de 
commune.  C'était,  dit-il,  la  charte  de 


T.  V.  28*  lÂvraism.  (Dict.  bngygl.,  etc.) 


38 


4M 


COH 


■LMDMVËRS* 


GOM 


des  commuas,  Jes  beffMs,  les  ré- 
serves insérées  dans  les  clauses  des 
éta^çtes ,  etc. ,  etc. ,  ont  été ,  comme  il 
est  facile  d'en  acquérir  la  oonviction 
par  la  lecture  de  tous  les  ouvrages  sur 
le  régime  municipal  et  sur  ks  com^ 
rrnmeêy  très-souvent  mises  à  Céntri* 
butîon  «t  t«prodiiiteSi 

Enfin  )  Bréquisny  ^^e  cette  ques- 
tkni,dans  la  sixième  |)artie  dé  sa  dis^ 
sertâtion  :  iPar  ^  et  pour  quelles  eau* 
ses  les  comknui^es  étaient-elles  modi- 
fiées ,  supprimées  ou  rétablies?  et  il  y 
répond  de  trois  manières,  savoir:  1° 
par  les  circonstances  politiques;  2*  par 
l'intérêt  ou  la  volonté  de  celui  qui 
avait  accordé  ou  confirmé  les  chartes 
de  commune;  V"  par  l'intérêt  ou  la 
volonté  des  IxHirgeois  eux-mêmes. 

liC.  Leber,  qui  a  réimprimé  les  deux 
préfaces  <)ui  se  trouvent  dans  les  vo- 
lumes XI  et  XII  du  Btcueil  des  créhn»- 
ftanceêC),  a  fait  la  critique  de  Cer- 
taines parties  de  la  IHssiertation  stif 
ieê  commîmes.  Parmi  les  reproches 
qu'il  adresse  à  l'auteur,  l<^  trois  sui- 
vants ne  nous  ont  point  paru  sans 
fondement.  Il  Marne  d'abord  Bréqui- 
gny  d'avoir  trop  accordé  à  la  puissance 
et  à  l'inflttekice  de  la  royauté  dans  l'é- 
ittblissement  des  communes;  ensuite, 
d'avoir  omis  tout  ce  qui  concerne  les 
dfolts  d'usage  dans  les  campagnes  et 
ia  jouissance  des  communaux,  en  un 
mot,  d'avoir  passé  sous  silence  tout  eé 
qui  tient  au  téginïe  rural  ;  enfin ,  de 
n'avoir  pâte  touiburs  été ,  dans  ses  con- 
sidérations, à  la  teiuteur  de  son  sujet. 
Ainsi,  dit41,  Bréquigny  réduit  à  trois 
les  avantages  que  la  royauté  a  retirés 
de  l'établissement  des  communes  :  une 
^emme  une  fais  payée;  les  redevances 
wmuelles;  le  service  militaire.  Wauw 
rait-il  pas  dû  faire  des  réflexions  sur 
l'appui  que  la  royauté  trouva  dans  la 
bourgeoisie  naissante  contre  la  féoda- 
lité ,  sur  le  rôle  de  ia  bourgeoisie  .î>  etc. , 
etc.  On  pourrait  i^pondre  à  M.  leber 
ique  Bréquigny  a  écrit  sa  dissertation 
avant  la  révolution ,  et  qu'il  ne  pouvait 
pas  apprécier  alors  à  sa  juste  vafleur, 


comtnë  <m  le  fiift  aujourd'hui ,  la  gran- 
deur et  l'importatice  du  râle  que  la 
bourgeoisie  a  joué  dans  notre  histoire. 
M.  (âizot,  qui  est  venu  après  la  révt>- 
hition,  a  complété  sur  ce  point  d*une 
extrême  gravité  la  diss^atiott  de 
Bréquigny. 

On  peut,  nous  ne  l'ignorons  pas, 
adresser  bien  des  reproches  à  cette  lu» 
mineuse  dissertation  ;  mais  nom  n^en 
persistons  pas  moins  à  dire  que  les  ou- 
vrages entrepris  depuis  cinquante  ans 
sur  te  même  sujet ,  ne  Tout  pas  de 
beaucoup  dépassée;  l'auteur  y  n  lou- 
ché leis  ^ints  les  plus  imp^ortants  de 
la  question,  et  «ouvent  il  a  résida 
d'une  manière  satisfaisante  les  phtt 
graves  difficultés. 

Aussi,  y  a-t-il  lieu  de  s^étoHmr 
que  depuis  Bréquigny,  et  api^  la 
révolution,  un  de  nos  piftis  granéB 
érudits,  un  des  hommes  les  plus  ver- 
sés dans  l'étude  des  documents  des 
onzième  et  douzième  siècles ,  D. 
Brial,  n'ait*  écrit  sur  les  commik 
ftesy  dans  une  préface  célèbrie,  que 
des  choses  vagues,  insignifiantes ,  et 
souvent  nsême  erronées  (*)-  Il  y  pré» 
ten^ ,  par  exemple ,  que  oe  qui  donna 
naissance  aux  communes,  et  poossi 
les  habitants  des  villes  à  Ifnsttttee- 
tion,  ce  furent  principalement  la  liaine 
que  de  tout  temps  les  homttKs  ont 
eue  contre  leurs  supérieurs ,  et  Tes- 
prit  d'irréligion  qui  commençait  ideis 
a  faire  de  grands  progrès ,  non  peint 
seulement  au  nord  de  la  France,  mais 
dans  le  midi ,  dans  la  Flandre  et  dans 
l'Italie.  On  ne  doit  tenir  aucun  ooMple 
de  l'opinion  de  D»  Brial,  qui  a  ptm 
lui ,  en  définitive ,  d'^autrës  titres  i 
notre  estime  et  à  notre  ressp«et  qae 
ses  considérations  sur  les  communs^ 

Nous  passons  sans  transitiez  mt 
Lettres  sttr  f  histoire  de  Fremee  et 
M.  Augustin  Thierry.  I^oâs  ne 
arrêterons  pas  longuement  snr  txt 
vrage ,  qui  ne  contient  pas , 
quelques-uns  l'ont  cru,  Me 
sur  les  communes.  M.  An^.  Thierry, 
dans  ses  Lettres^  qui  épient  destinées 


X*)  Cotteclicm  des  meiHeHres  dissertatiôlis,         (*)  Voy.  la  préface  du  t  XÏT  da  JUmm^ 
notidftt ,  traités ,  etc. ,  t.  XX.  Paris ,  1 838«      des  hUtormns  de  iPmtee^ 


FRANGE. 


CÔK 


485 


^  produire  Mir  presque  tous  les  poiDtg 
les  plus  importants  de  notre  histoire 
nationale  une  véritable  révolution,  n'a 
point  cherché  à  donner  un  nouveau 
système»  Il  voulait  seulement  réfor- 
mer ce  qu'il  y  avait  de  faux  dans  les 
opinions  émises  par  les  historiens  ses 
devanciers ,  opimons  qui^  avant  son 
livre ,  jouissaient  auprès  du  publie 
d'un  grand  crédit.  On  avait  dit  et  ré- 
pété sans  besse  que  Louis  VI  était  le 
véritable  fondateur  des  communes  ^ 
M.  Augustin  Thierry  a  montré  l'exa- 
gération de  cette  assertion ,  et  peu^ 
être  a-Ml  oédé  un  peu  trop ,  isur  ce 
point,  à  l'esprit  de  réaction.  C'est 
pour  mieux  montrer  la  participation 
de  la  bourgeoisie ,  agissant  par  elt^ 
même,  inoépendamment  de  toute  in- 
fluence étrangère ,  et  |>our  mieux 
iaiie  sentir  ce  qu'il  y  avait  de  fort  et 
d'énerçqoe  dans  l'esprit  démocrati- 
que qui  se  manifesta ,  au  oommenoe- 
«lent  du  douzième  siède ,  dans  toutes 
les  villes  du  nord  de  la  France,  qu'il 
a  donné  sur  chaque  commune  les  beaux 
fécits  que  tous  connaissent  et  que  nous 
avons  mquemment  eités  dans  les  Ah- 
Ki.LS6.  Il  ne  faut  donc  point  <^ereher 
dans  les  Lettres  sur  (^histoire  de 
France  l'opinion  de  M.  Augustin 
Thierry  sur  les  c&mmunes  ;  nous 
trouverons  ailleurs  sa  théorie  dans  le 
cinquième  chapitre  des  considérations 
qui  pi^ieèdent  les  ItécUs  mérotHn- 
giens, 

Kouf  avons  déjà  eu  occasion  de  dire 
que  le  s^tème  de  M.  Guizot  reposait 
en  grandi  partie  sur  la  dissertation  de 
Bréquigny  .Gomme  pour  certains  points 
de  son  sujet  il  a  pénétré  plus  avant 
que  son  devancier  >  comme  il  a  vu 
plus  loin ,  et  comme  aussi  il  a  été 
plus  méthodique  quelquefois  et  plus 
précis,  et  qu'il  a  émis  un  certain 
aomfcNré^f  idées  nouvelles ,  nous  istojons 
devoir  donner  le  résumié  des  Leçons 
qu'il  a  consacrées  aux  communes  [*). 

C'est  au  douzième  siècle ,  dit-il , 
qu'on  a  rapporté  l'origine,  la  première 

{*)  Cûttrs  ifkisioire  de  la  elpiiisation  en 
#Wiiice(K8a9-iS3o),  i6«,  17*,  iS«  et  19* 
leçons. 


formation  des  communes  françaises. 
Par  Une  réaction  contre  ropiniôn  ac- 
créditée qui  attribuait  cette  origi^  n 
la  politiaue  et  à  ^intervention  des 
rois ,  detnt  systèmes  se  sont  élevés.  ' 
D'une  part ,  on  a  soutenu  que  les 
communes  étaient  bien  antérieures  au 
douzième  siècle;  d'autre  part,  qu'elles 
étaient  l'œuvre  et  la  conquête  des 
bourgeois  eux-mêmes ,  le  résultat  de 
f  insarrection.  C'est  ce  dernier"  sys- 
tème qu'a  soutenu  M.  Aug.  Thierry 
(  M.  Guizot  fait  allusion  aux  Lettres 
sur  l'hisixAre  de  France  ).  Ces  deux 
systèmes  sont  incomnlets ,  et  ne  peu- 
vent rendre  compte  de  tous  les  faits. 
Il  y  a  BU  «n  effet ,  ajoute  M.  Guizot , 
une  grande  crise  au  douzième  siècle , 
comme  le  prouvent  les  actes  contem- 
porains* Mais  celui  qui  examine  ces 
%ctes  avec  soin  y  reconnaît  trois  clas- 
ses de  faits  bien  distincts.  Les  uns 
parlent  de  libertés  et  de  coutumes  mu- 
nicipales comme  de  faits  anciens  et 
Incontestés  ;  d'autres  contiennent  la 
concession  de  certains  privilèges ,  de 
ûertaines  exceptions  particulières ,  au 
profit  de  td  ou  tel  bourg ,  de  telle  ou 
telle  ville,  mais  sans  les  constituer  en 
communes  proprement  dites  ;  enfin,  il 
y  a  des  actes  qui  constituent  des  corn-- 
munes  proprement  dites, v qui  confè- 
rent aux  habitants  de  telle  ou  telle 
ville  une  sorte  de  souveraineté,  une 
souveraineté  analogue  à  celle  des 
possesseurs  de  ûefs  dans  l'intérieur  de 
leurs  domaines,. 

Pour  expliquer  ces  trois  classes  de 
faits  bien  distincts  qui  révèlent  des 
régimes  municipaux  essentiellement 
ditiérents ,  M.  Guizot  parle  d'abord , 
et  en  s'appuyant  sur  l'autorité  de 
M.  Raynouarcl ,  de  la  persistance  du 
r^ime  municipal  romain  dans  les  vil- 
les de  France ,  et  principalement  dans 
celles  du  Midi.  Puis ,  il  montre  com- 
ment des  villes  nouvelles  se  sont  for- 
mées par  l'agglomération  des  serfs  et 
par  l'arrivée  d'une  foule  d'étrangers , 
villes  que  les  seigneurs ,  dans  leur  in- 
térêt ,  soutenaient  et  protégeaient. 
Elles  reçurent ,  dit-il,  des  privilèges 
qui  ne  constituèrent  pour  elles  ni  un 
régime  nmnicipal  semblable  à  celui 

28. 


436 


ce» 


L'UNIVERS 


COM 


des  anciens  municipes  romains,  ni  un 
régime  communal.  Enfin ,  il  ajoute 
que,  dans  d'autres  villes,  par  suite 
des** vexations  des  seigneurs  féodaux , 
laïques  ou  prêtres ,  éclatèrent  des  in- 
surrections qui  créèrent  les  commu- 
nesproprement  dites. 

Gomme  nous  Pavons  dit  précédem- 
ment ,  cette  distinction  à  étaolir  entre 
les  villes  françaises  au  moyen  âge ,  a 
été  empruntée  par  M.  Gulzot  à  Bré- 
quigny.  Mais ,  il  faut  le  dire ,  M.  Gui- 
zot  a  précisé  avec  une  grande  clarté 
ce  point  très-important  qui,  dans  la 
dissertation  de  Bréquiçny,  était  sim- 
plement mentionné  et  mdiqué. 

M.  Guizot  a  subordonné  en  quelque 
sorte,  dans  ses  leçons,  la  question  de 
l'origine  des  communes  à  la  question 
plus  vaste  et  plus  générale  de  la  for- 
mation du  tiers  état.  Cependant  on 
trouve  encore  dans  ses  considérations 
certaines  idées  qui  se  rattachent  di- 
rectement à  rétablissement  et  à  la  cons- 
titution des  communes;  celle-ci,  par 
.exemple,  qui  avait  été  émise  déjà  par 
Bréquigny ,  que  les  chartes  de  com- 
mune n'ont  point  un  caractère  ex- 
clusivement municipal^  qu'elles  ont 
aussi  un  caractère  tégislatif;  qu'elles 
sont  la  base  d'un  droit  écrit ,  de  lois 
civiles  et  pénales. 

Ailleurs,  il  a  fait  entre  les  destinées 
des  communes  françaises  et  des  répu- 
bliques italiennes  une  comparaison 
que  nous  devons  signaler.  Il  montre 
comment,  en  France,  toutes  les  vil- 
les arrivèrent,  les  unes  plus  tôt,  les 
autres  plus  tara ,  à  être  dominées  par 
le  pouvoir  central ,  la  royauté.  Il  n'en 
fut  pas  de  même  en  Italie,  ajoute-t-il  : 
«  Les  cités,  les  républiques  italiennes, 
après  avoir  une  ibis  vaincu  les  sei- 
gneurs voisins ,  ne  tardèrent  pas  à  les 
absorber.  Ils  se  virent  obligés  de  ve- 
nir habiter  dans  leurs  murs ,  et  la  no- 
blesse féodale,  en  grande  partie  du 
moins,  se  métamorphosa  ainsi  en 
bourgeoisie  républicaine.  Mais  d'où 
vient  cette  bonne  fortune  des  villes 
d'Italie  ?  De  ce  qu'elles  n'eurent  ja- 
mais affaire  à  un  pouvoir  central  très- 
supérieur;  la  lutte  demeura  presque 
toujours  entre  elles  et  les  seigneurs 


particuliers  locaux ,  sur  lesquels  elles 
avaient  conquis  leur  indépendance. 
Les  choses  en  France  se  passèrent 
tout  autrement.  » 

Enfin ,  abordant  l'histoire  des  com- 
munes françaises,  et  envisageant  dans 
un  court  taole^u  leurs  destmées ,  M. 
Guizot  a  signalé  pour  ces  communes 
trois  causes  de  décadence  que  nous 
allons  rappeler  : 

1<*  L'isolement  même  dans  lequd 
elles  se  trouvaient ,  et  la  difficulté  de 
se  confédérer  entre  elles. 

2^  La  nécessité  d'appeler,  par  suite 
de  la  lutte  avec  les  seigneurs,  une  in- 
tervention étrangère,  celle  du  roi. 

3®  Les  troubles  intérieurs  qui  ame- 
naient encore  en  définitive ,  et  forcé- 
ment, cette  intervention  étrangère. 

Depuis  l'époque  où  M.  Guizot  a 
interrompu  ses  leçons  ,  on  a  fait  plu- 
sieurs dissertations  sur  les  communes. 
Elles  ne  méritent  guère  de  fixer  notre 
attention.  Cependant  il  en  est  une  qui 
contient  en  apparence  assez  de  résul- 
tats pour  être  signalée  à  nos  lecteurs. 
IVous  voulons  parler  du  livre  de  M. 
Tailh'ar  sur  VqffranchissemerU  des 
communes  duns  le  nord  de  la  Frasax^ 
que  nous  résumerons  en  quelques 
mots  pour  le  réfuter  (*).    . 

M.  Tailliar  donne  à  l'établissement 
des  communes  du  nord  de  la  Franee 
cinq  origines  ou  causes  distinctes. 

1<»  Les  traditions  plus  ou  moins  ef- 
facées du  régime  municipal  romain. 

2*"  La  conquête  ou  la  revendicatioii 
de  la  liberté  par  l'insurrection. 

30  Les  concessions  royalUs,  Toctroi 
ou  la  consécration  par  les  princes  de 
lois  communales,  ou  de  libertés  et  de 
franchises  plus  ou  moins  étendues. 

4"*  La  combinaison  et  le  mélange  des 
institutions  de  paix  avec  les  aocieno^ 
libertés  locales. 

b*"  L'état  originel  de  franchise  et  de 
liberté  dans  lequel  les  grandes  villes  de 
la  Flandre  se  sont  constamment  main- 
tenues. 

(*)  De  raffrancliissement  des  commmMf 
dans  le  nord  de  la  France,  et  des  avanlagci 
qui  en  sont  résultés ,  par  M.  Tailliar,  M 
voi.in-So.  Cambrai,  1837. 


GOM 


FRANCE. 


GOM 


437 


Il  y  a  dans  ce  système  une  grande 
confusion.  Je  reprends  une  à  une  les 
cinq  causes  qui  ont  contribué,  suivant 
M.  Tailliar,  à  produire  la  révolution 
communale. 

£t  d'abord,  on  ne  peut  donner 
comme  cause  les  traditions  plus  ou 
moins  effacées  du  régime  municipal 
romain.  Il  y  avait  des  villes ,  au  nord 
de  la  France  surtout ,.  qui  n'avaient 
rien  conservé  de  ce  régime  municipal, 
et  des  villes  nouvelles  qui  ne  l'avaient 
jamais  connu.  Dans  tous  les  cas,  il  n'y 
aurait  point  là  une  cause  générale. 
On  peut  dire  encore  que  le  souvenir 
et  les  débris  du  régime  municipal  ro- 
main n'étaient  pas  asl^ez  forts  pour 
déterminer  à  eux  seuls  l'explosion.  Si 
quelques  villes  essayèrent  de  raviver, 
au  douzième  siècle,  les  anciennes  tra- 
ditions d'ordre  et  d'administration, 
c'est  qu'elles  étaient  poussées  par  un 
puissant  motif.  Connaître  ce  motif, 
ce  serait  connaître  la  cause  réelle  du 
mouvement  qui  se  manifesta  dans  les 
villes  du  nord  de  la  France ,  au  dou- 
zième siècle. 

T  L'insurrection  n'est  point  une 
cause,  mais  un  des  premiers  effets  dans 
la  révolution.  Quelle  a  été  la  cause  de 
l'insurrection? 

3®  Les  concessions  royales,  t octroi 
ou  la  consécration  par  les  princes 
des  lois  communales ,  ou  de  inertes 
et  de  franchises  plus  ou  moins  éten- 
dues,  marquent  le  terme  et  non  les 
origines  de  la  révolution. 

4»  Les  institutions  de  paix ,  il  est 
vrai,  ont  précédé  la  révolution  du  dou- 
zième siècle ,  mais  elles  avaient  avec 
cette  révolution  une  cause  commune. 
Quelle  est  donc  cette  cause  ? 

5"  L'exemple  des  villes  de  la  Flandre 
n'aurait  pas  suffi  non  plus  pour  dé- 
terminer la  révolution.  Il  est  évident, 
par  les  récits  contemporains,  qu'il  n'a 
exercé  aucune  influence  dans  les  in- 
surrections de  Laon,  d'Amiens ,  et  de 
bien  d'autres  villes  encore.  La  révolu- 
tion, on  le  comprend  aisément,  aurait 
eu  son  entier  accomplissement  sans 
l'exemple  de  la  prospérité  des  riches 
cités  de  la  Flandre. 

On  le  voit)  M.  Tailliar  s'est  mépris 


sur  les  origines  ou  causes,  comme  il 
dit,  de  la  révolution  communale.  Il  a  in- 
troduit dans  sa  dissertation  une  grande 
confusion  en  voulant  concilier  (c'est 
là  son  but)  tous  les  systèmes,  et  en 
cherchant  plusieurs  causes  pour  un 
fait  qui,  en  réalité,  n'en  avait  qu't^n^. 
Nous  devons  ajouter  que  les  dévelop- 
pements donnes  par  M.  Tailliar,  à  la 
première  partie  de  son  livre,  sont  fon- 
dés sur  cette  confusion.  • 

Nous  ne  parlerons  point  ici  des  tra- 
vaux qui  ont  été  entrepris  sur  l'his- 
toire des  villes  où  s'étaient  perpétuées 
les  traditions  du  régime  municipal 
romain.  Nous  laisserons  de  cété  Roth, 
Savlgny ,  Ra^^nouard ,  et  ceux  qui, 
comme  Sertorius,  Hûllmann,  Raumer, 
Sismondi ,  Léo ,  Sclopis ,  Balbo ,  etc., 
ont  plus  insisté  sur  les  villes  d'Alle- 
magne et  d'Italie  que  sur  les  villes  de 
France.  Nous  ne  devons  nous  arrêter 
que  sur  les  ouvrages  destinés  spécia- 
lement à  éclaircir  les  origines  et  l'é- 
tablissement des  communes  françai- 
ses. Nous  aurions  mentionné  certaine- 
ment la  dissertation  de  M.  d'Ëckstein, 
si  sa  théorie  sur  les  ghildes  et  les  as- 
sociations du  moyen  âge  en  général, 
théorie  empruntée  à  Wilda ,  n'avait 
été  reproduite  récemment  en  France, 
dans  un  livre  de  M.  Augustin  Thierry, 
avec  beaucoup  plus  de  force,  de  clarté 
et  de  talent.  C'est  à  ce  livre  que  nous 
avons  hâte  d'arriver  comme  au  der- 
nier terme  que  la  science  ait  atteint 
sur  la  question  si  controversée  des 
communes. 

Nous  ne  rébéterons  point  ce  que 
M.  Augustin  Tnierry  a  dit ,  au  com- 
mencement du  chapitre  cinquième  des 
considérations  qui  précèdent  les  Ré' 
cits  des  temps  mérovingiens  (*),  sur 
les  transformations  que  la  société  en 
général,  par  des  causes  diverses,  subit 
dans  les  Gaules,  depuis  la  chute  de 
l'empire  romain  et  l'invasion  des  bar- 
bares jusqu'au  onzième  siècle.  Nous 
renvoyons  nos  lecteurs  à  ce  chapitre. 
Nous  arrivons ,  de  prime  abord ,  aux 

(*)  Récits  des  lemps  mérovingiens ,  pré- 
cédés de  considéraUoiis  sur  rbistoire  de 
France.  Paris,  1840 


4W 


COM 


L'UNIVIilRS. 


CQM 


page»  oà  il  montre  les  causes  et  les 
forme*  de  la  grande  révolution  qui 
éclata  daos  les  villes  du  nord  et  du 
midi  de  la  France  vers  la  fin  du  on- 
zième siècle.  Sur  presque  tous  les 
points  t  nous  reproduirons  à  peu  près 
textuellenoent  les  paroles  de  M.  Au- 
gustin Thierry,  de  peur  d'affaiblir,  en 
ebapgeant  la  lorme  si  daire  et  si  belle 
de  sa  dissertation,  la  force  de  ses 
pensées  et  de  ses  arguments. 

a  II  reste  à  déterminer  toutes  les 
causes  et  toutes  les  formes  de  la  lutte 
tantdt  sourde,  tantôt  violente  qui 
éclata  dans  les  villes  pour  le  rétablis- 
sement de  la  liberté  civile ,  qui  n'était 
plus  qu'un  souvenir  ;  à  recbercher 
d'où  vint  le  principe  d'une  nouvelle 
vie  dans  l'organisation  munici[)alef 
pourquoi,  aux  approches  du  onzième 
siècle,  la  population  urbaine,  selon  les 
paroles  d'uu  contemporain,  s'agite  et 
machine  la  guerre;  pourquoi  tous  les 
troubles  du  temps  servent  la  cause  de 
la  bourgeoisie ,  soit  qu'elle  les  excite 
ou  qu'elle  s'y  mêle,  soit  qu'elle  se 
soulevé  pour  son  propre  compte ,  ou 
qu'elle  prenne  parti  dans  les  combats 
que  se  livrent  lés  pouvoirs  féodaux. 
Pour  toutes  les  cités  qui ,  une  à  une, 
depuis  la  fin  du  dixième  siècle .  réagi- 
rent contre  leurs  évéques,  ou  d  accord 
avec  ceux-ci  contre  la  seigneurie  laï- 
que ,  les  moyens  furent  divers ,  mais 
le  but  fut  le  même  ;  il  y  eut  tendance 
à  ramener  tout  au  corps  de  la  cité,  et 
à  rendre  de  nouveau  publics  et  élec- 
tifs les  offices  devenus  seigneuriaux. 
Cette  tendance  fut  l'âme  de  la  révolu- 
tion communale  du  douzième  siècle, 
révolution  préparée  de  loin,  qu'an- 
noncèrent ça  et  là ,  durant  plus  de 
cent  ans,des  tentatives  isolées,  et  dont 
rexplosion  générale  fut  causée  par  des 
événements  d'un  ordre  supérieur ,  et 
en  apparence  étrangers  auic  vicissitu- 
des du  régime  municipal. 

«  Il  est  difficile  de  naesurer  aujour- 
d'hui l'étendue  et  la  profondeur  de 
l'ébranlement  social  que  produisirent, 
dans  la  dernière  moitié  du  onzième 
siècle,  la  querelle  des  investitures  et 
la  lutte  de  la  papauté  contre  l'Empire. 
Tout  ce  qu'avait  fondé  la  conquête 


germanique  dans  le  monde  roniain  se 
trouva  mis  en  question  par  cette  lutte, 
la  légitimité  du  pouvoir  né  ât  la  force 
matérielle,  la  oomlnatloB  des  armes 
sur  l'esprit,  l'invasion  des  moeurs  et 
de  la  hiérarchie  militaire  dans  la  so- 
ciété civile  et  dans  l'ordre  ecclésiasti- 
que. Non-seulement  les  prérogatives 
ue  la  couronne  impériale  et  sa  souve- 
raineté sur  l'Italie,  mais  le  principe 
violent  et  personnel  de  la  seigneurie 
féodale  partout  où  elle  existait,  mais 
la  puissance  tenmorelle  des  évéques 
transformés  en  feudataires,  et  me- 
nant, à  ce  titre,  la  vie  mondaine  avec 
tous  ses  excès ,  se  trouvèrent  en  butte 
au  courant  d^opi nions  et  de  passions 
nouvelles  soulevé  par  les  prétentions 
et  les  réformes  de  Grégoire  VII-  Pour 
soutenir  cette  grande>  lutte  h  la  fois 
religieuse  çt  politique,  la  papauté  mit 
tn  œuvre,  avec  une  audace  et  une 
habileté  prodigieuses ,  tous  les  germes 
de  révolution  qui  existaient  alors,  soft 
en  deçà,  soit  au  delà  des  Alpes.  Dans 
l'Italie  supérieure,  où  la  dernière  des 
conquêtes  barbares  avait  enraciné  les 
moeurs  germaniques,  et  où  la  domina- 
tion des  Franks  avait  ensuite  déve- 
loppé ,  d'une  manière  svstématique ,  les 
institutions  féodales,  fa  seigneurie  des 
évéques  était  complète,  et  là,  comme 
au  nord  et  au  centre  de  la  Gaule  «  il  y 
avait  guerre  entre  cette  seigneurie  et 
les  restes  des  constitutions  muniei- 
pales,  restes  dIus  puissants  que  nulle 
part  ailleurs ,  a  cause  de  la  richesse  des 
villes.  La  suspension  des  évéques  du 
parti  impérial,  et  les  condamnations 
portées  centre  ceux  qui  ne  renonçaient 
pas  aux  habitudes  et  aux  dérèglements 
des  laïques,  désorganisèrent  plus  ou 
moins  le  gouvernement  de  ces  grandes 
cités,  et  ouvrirent  une  large  voie  à 
l'esprit  révolutionnaire  qui  déjà  y  fe^ 
mentait.  Il  semble  qu'au  milieu  de  a 
travail  de  destruction  et  de  renouvel- 
lement, les  villes  de  la  Lombardie  et 
de  la  Toscane  aient  jeté  les  yeux  sur 
celles  de  l'État  pontifical,  Tanden 
exarchat  de  Ravennes,  pour  y  cher- 
cher des  exemples,  soit  par  atftetian 
pour  tout  ce  qui  tenait  au  parti  de  b 
papauté,  soit  parce  qu'on  sç  sonvenait 


GQH 


FRANCE, 


eoM 


489 


gue  les  ^filles  du  patrimoine  de  Saint- 
Pierre  n'avaient  pas  subi  l'influence  de 
la  coi^Mête  et  de  la  barbarie  lombardes. 
BepMJs  qu'elles  avaient  été  détachées  de 
Tempire  grec ,  ces  villes  étaient  régies 
par  la  méine  constitution  municipale; 
dans  toutes,  il  y  avait  des  dignitaires 
nomopéscQ»5?4^.Ge  titre,  adopté  par  les 
villesi  qui  se  reconstituaient,  devint  le 
signe  et  en  quelque  sorte  le  drapeau 
de  la  réforme  municipale;  mais  en 
inaugurant  ce4;itFe  nouveau  pour  elles, 
les  cités  de  la  baute  Italie  lui  firent  si- 
gniOer  autre  chose  que  ce  qu'il  avait 
exprimé  jusque-là 'dan9  les  villes  de 
l'État  romain.  Là  les  consuls  étaient 
desim{)Ies  conseillers  municipaux,  non 
€|e  véritables  magistrats  ayant  puis- 
sance et  juridiction.  )ls  devinrent  à 
Pise,  à  Florence,  à  Milan,  à  Gênes,  le 
Douvoir  exécutif,  dont  toutes  les  attri- 
outions  leur  furent  confiées,  jusqu'au 
droit  de  guerre  et  de  paix  ;  ils  eurent 
le  droit  de  convoquer  l'assemblée  des 
citoyens,  de  rendre  des  décrets  sur 
toutes  les  choses  d'administration, 
d'instituer  des  juges  au  civil  et  au 
crimiuel  et  d'être  juges  eux-mêmes; 
en  un  mot ,  ils  furent  les  représentants 
d'une  sorte  de  souveraineté  urbaine 
qtii  se  personnifiait  en  eux.  Ayant  ainsi 
trouvé  sa  forme  politique,  la  réorga- 
nisation municipalese  poursuivitd'elte- 
ipéme  et  pour  elle-même;  elle  ne  resta 

Sas  bornée  aux  seules  villes  d'Italie, 
oqt  l'évêque  était  du  parti  de  Tem- 
pire,  et  le  clergé  rebelle  aux  réformes 
ecclésiastiques.  Dans  toutes  les  autres, 
le  consulat  électif  fut  établi  de  concert 
par  révêque  et  les  citoyens.  Bien  plus, 
le  mouvement  ne  s'arrêta  pas  en  Italie, 
il  passa  les  Alpes  et  se  propagea  dans 
la  Gaule;  il  gagna  même  au  bord  du 
Khin  et  du  lânube  les  anciennes  cités 
dâ  la  Germanie.  Gomme  je  l'ai  dit  plus 
baut ,  de  nombreuses  tentatives  avaient 
eu  lieu  isolément  depuis  un  siècle  pour 
briser  ou  modifier,  dans  les  villes,  le 
pouvoir  seigneurial,  soit  des  évéques, 
«oit  des  comtes;  l'impulsion  partie  des 
cit^  italiennes  vint  donc  à  propos; 
elle  fut  l'étincelle  qui  alluma,  de  proche 
cta  proche^  l'incendie  dont  les  maté* 
riaux  étaient  accumulés;  elle  donna 


une  direction  à  la  force  spontanée  de 
renaissance  qui  agissait  partout  sur  les 
vieux  débris  de  la  o^unioipahté  ro- 
maine; en  un  mot,  elle  fit,  de  ce  qui 
n'aurait  été  sans  elle  qu'une  succession 
lente  et  désordonnée  cr  actes  et  d'efforts 
puretoent  locaux,  une  révolution  gé- 
nérale. 

«  Ici,  je  me  hâte  de  le  dire,  il  fôut 
distinguer  deux  cboses,  lu  révolution 
et  sa  forme.  Quant  au  fond,  le  mouve- 
ment révolutionnaire  fut  partout  iden- 
tique; en  marchant  du  midi  au  nord, 
il  ne  perdit  rien  de  son  énergie,  et 
acquit  même,  çà  et  là,  un  nouveau 
degré  de  fougue  et  d'audace;  quant  à 
la  forme,  cette  identité  n'eut  pas  lieu, 
et,  au  delà  d'une  certaine  limite,  la 
constitution  des  villes  italiennes  ne 
trouva  plus  les  conditions  morales  ou 
matérielles  nécessaires  à  son  établisse- 
ment. Le  consulat,  dans  toute  l'éner* 
gie  de  sa  nouvelle  institution,  prit 
racine  sur  le  tiers  méridional  de  la 
Gaule ,  et,  partout  où  il  s^établit,  il  fit 
disparaître  ou  rabaissa  les  titres  d'of- 
fices mupicipaux  d'une  date  antérieure. 
Une  ligne  tirée  de  l'ouest  à  l'est,  et 
passant  au  sud  du  Poitou,  au  nord  du 
Limousin,  de  l'Auvergne  et  du  Lyon- 
nais, marque  en  France  les  bornes  où 
s'arrêta  ce  qu'on  peut  nommer  la  ré- 
forme consulaire.  Sur  les  terres  de 
l'Empire ,  le  nom  de  consuls  pénétra 
plus  loin,  peut-être  à  cause  de  la  que- 
relle flagrante  entre  le  pape  et  l'empe- 
reur; il  parut  le  long  du  Rhin,  en 
Lorraine,  dans  le  Hainaut;  mais  là  ee 
fut  une  formule  seulement ,  et  non  la 
pleine  réalité  du  régime  municipal  des 
villes  d'Italie  et  des  villes  gauloises  du 
midi.  Ce  r^ime  était  quelque  chose 
de  trop  ramné,  de  trop  savant  pour 
les  munioipes  dégradés  du  nord,  et 
même  pour  ceux  du  centre  de  la  Gaule; 
entre  le  Rhin,  la  Vienne  et  le  Rhône, 
l'instrument  de  régénération  politique 
eréé  sur  les  rives  de  l'Arno  n'avait  plus 
de  prise ,  ou  demeurait  sans  efficacité. 
Aussi ,  sur  les  deux  tiers  septentrionaux 
de] la  Franee  actuelle,  le  mouvement 
donné  pour  la  renaissance  des  villes, 
pour  la  formation  de  leurs  habitants 
en  corporations  régies  par  elles-mêmes. 


440 


GOM 


L'UNIVERS. 


COM 


eut-il  besoin  d'un  autre  ressort  que 
rimitation  des  cités  italiennes.  Il  jfallut 
qu'un  mobile  plus  simple,  plus  élémen- 
taire, en  quelque  sorte,  qu'une  force 
indigène,  vint  se  joindre  à  l'impulsion 
communiquée  de  par  delà  des  Alpes. 
Ce  second  mouvement  de  la  révolution 
communale  eut  pour  principe  les  tra- 
ditions les  plus  étrangères  au  premier; 
pour  expliquer  sa  nature  et  distinguer 
les  résultats  qui  lui  sont  propres,  je 
suis  contraint  de  faire  une  digression, 
et  de  passer  brusquement  de  la  tradi- 
tion romaine  à  la  tradition  germani- 
que. » 

Ici,  M.  .Aug.  Thierry  parle  de  la 
ghilde,  et  de  rinfluence  ne  cette  an- 
cienne institution  germanique  sur  la 
régénération  des  villes  du  nord  de  la 
France.  Nous  exposerons  brièvement 
sa  théorie. 

«  Dans  Tancienne  Scandinavie,  ceux 
qui  se  réunissaient  aux  époques  solen- 
nelles pour  sacrifler  ensemble ,  termi-  " 
liaient  la  cérémonie  par  un  festin 
religieux.  Assis  autour  du  feu  et  de  la 
chaudière  du  sacrifice,  ils  buvaient  à 
la  ronde,  et  vidaient  successivement 
trois  cornes. remplies  de  bière.  Tune 
pour  les  dieux ,  l'autre  pour  les  braves 
du  vieux  temps,  la  trotôième  pour  les 
parents  et  les  amis  dont  les  tombes , 
marquées  par  des  monticules  de  gazon, 
se  voyaient  çà  et  là  dans  la  plaine  ;  on 
appelait  celle-ci  la  coupe  de  l'amitié. 
Le  nom  d'amitié,  minne,  se  donnait 
aussi  quelquefois  à  la  réunion  de  ceux 
qui  offraient  en  commun  le  sacrifice, 
et,  d'ordinaire,  cette  réunion  était 
appelée  ghilde,  c'est-à-dire ,  6ang«<e^  à 
frais  communs;  mot  qui  signifiait  aussi 
association  ou  confrérie,  parce  que 
tous  les  cosacrifiants  promettaient, 
par  serment ,  de  se  défendre  l'un  l'autre 
et  de  s'entr'aider  comme  des  frères. 
Cette  promesse  de  secours  et  d'appui 
comprenait  tous  les  périls,  tous  les 
grands  accidents  de  la  vie;  il  y  avait 
assurance  mutuelle  contre  les  voies  de 
fait  et  les  injures,  contre  l'incendie  et 
le  naufrage,  et  aussi  contre  les  pour- 
suites légales  encourues  pour  des  cri- 
mes et  des  délits  même  avérés.  » 

Après  avoir  ainsi  parlé  du  caractère 


général  des  ghîldes  Scandinaves  et 
germaniques  ,  M.  Augustin  Thierij 
suit  les  transformations  qu'elles  subi- 
rent, sous  rinfluence  du  cnristiaDismef 
par  exemple ,  sans  rien  perdre  toute- 
fois de  leur  caractère  originel.  Sui- 
vant lui ,  les  Germains  les  apportèreot 
avec  eux  dans  tous  les  pays  où  ilsjs'é- 
tablirent.  «  On  peut  croire,  dit-il, 
qu'elles  figurèrent  parmi  les  causes, 
ignorées  aujourd'hui ,  de  l'anarebie 
mérovingienne,  de  cette  ère  d'indi^ 
cipline  qui  précéda  l'établissement  de 
la  seconde  race.  »  Il  voit  des  ghilda 
dans  toutes  les  associations  qui  sont 

Ï>rohibées  par  les  Capitulaires,  C'est 
à  que,  pour  montrer  le  véritable  ca- 
ractère des  anciennes  associatioas 
germaniques  modifiées  sous  l'empiR 
des  idées  chrétiennes ,  il  donne  qael* 

Sues  articles  de  la  ghilde  du  roi  Eric, 
ont  les  statuts  furent  rédigés  au  trei- 
zième siècle.  Ces  réunions  tradition- 
nelles ,  venues  de  la  Scandinavie  et  de 
la  Germanie ,  se  continuèrent  oendaot 
le  moyen  âge,  et  M.  Augustin  Thieny 
reconnaît  une  ghilde  dans  la  grande 
confédération  des  paysans  de  la  No^ 
mandie  contre  les  seigneurs  et  les 
chevaliers.  «  Ce  ne  fut  pas  sans  dont» 
pour  la  première  fois ,  dit-il ,  qu'an 
commencement  du  onzième  siècle, 
l'instinct  de  liberté  se  fit  une  arme  de 
la  pratique  des  associations  sous  le 
serment  ;  et,  dans  le  cours  de  ee siè- 
cle de  crise  sociale ,  l'instinct  de  Tor- 
dre y  qui,  non  plus  que  l'autre,  ne  pé- 
rit jamais ,  tenta  de  créer ,  à  l'aide  de 
cette  pratique ,  une  grande  institution 
de  paix  et  de  sécurité.  La  fameuse 
trêve  de  Dieu ,  selon  ses  derniers  I^ 
glements,  promulgués  en  1095,  f^ 
une  véritable  ghilde  ;  et ,  dans  le&pr^ 
mières  années  du  douzième  siècle» 
Louis  le  Gros ,  cet  infatigable  mainte* 
neur  de  la  paix  publique ,  établit  datf 
son  royaume,  par  l'autorité  des  éw 
ques ,  et  avec  le  concours  des'prétrs 
de  paroisse ,  une  fédération  de  d^ 
fense  intérieure  contre  le  brigandMC 
des  seigneurs  de  châteaux  et  de  d^ 
fense  extérieure  contre  les  hostilito 
des  ]>ïormands.  Le  seul  historien  f^ 
mentionne  cet  établissement  le  dcsi* 


GÔM 


FRANCE. 


GOM 


441 


Çne  par  le  nom  de  communauté  popu- 
ïaire.  C'étaient  là  de  nobles  applica- 
tions du  principe  actif  et  sérieux  de  la 
I     vieille  ghilde  germanique  ;  mais  elles 
n'eurent  qu'une  existence  et  une  action 
passagères  ;  elles  s'étendaient  à  de  trop 
grands  espaces  de  territoire  ,  elles 
avaient  besoin   de  la  réunion  d'un 
trop  grand  nombre  de  volontés  diver- 
ses, et  dépendaient  trop  du  plus  ou 
moins  d'enthousiasme  inspiré  par  la 
prédication  religieuse.  A  côté  d'elles , 
une  autre  application  de  la  ghUde , 
toute  locale  et  toute  politique ,  pro- 
duisit quelque  chose  de  bien  plus  du- 
rable et  de  bien  plus  efficace  pour  la 
renaissance  de  notre  civilisation,  la 
commune  jurée.  Née  au  sein  des  villes 
de  la  Gaule  septentrionale,  la  com- 
mune jurée ,  institution  de  paix  au 
dedans  et  de  lutte  au  dehors,  eut  pour 
ces  villes  la  même  vertu  régénératrice 
que  le  consulat  pour  les  villes  du  Midi. 
Elle^  fut  le  second  instrumetit ,  la  se- 
conde forme  de  la  révolution  du  dou- 
zième siècle....  La  ville  qui  s'avisa  la 
première  de  former  une  association 
de  garantie  mutuelle ,  restreinte  à  ses 
habitants  seuls  et  obligatoire  pour  eux 
tous,  fut  la  créatrice  d'un  nouveau 
t^pe  de  liberté  et  de  communauté  mu- 
nicipales. La  ghilde ,  non  plus  mobile 
au  gré  des  chances  de  l'affiliation  vo- 
lontaire ,  mais  fixée  invariablement 
sur  une  base  et  dans  des  limites  terri- 
toriales, mais  bornée  à  la  protection 
des  droits  civils  et  des  intérêts  publics , 
tel  était  l'élément  de  cette  forme  de 
constitution  urbaine,  aussi  originale 
dans  son  genre  que  la  municipalité  con- 
sulaire rétait  dans  le  sien ,  aussi  puis- 
sante pour  rallier  une  société  asservie 
et  à  demi  dissoute    que  le  consulat 
pouvait  l'être  pour  retremper  et  forti- 
fier une  société  encore  unie  et  com- 
pacte dans  l'enceinte  des  mêmes  mu- 
raflles.  » 

IVous  savons  maintenant  sous  Tin- 
lluence  de  quel  principe  s'accomplit , 
dans  le  nord  de  la  France ,  d'après 
M.  Aug.  Thierry,  ce  qu'on  est  con- 
venu d  appeler  fa  révolution  commu- 
noie.  Ce  principe ,  ce  fut  l'ancienne 
ghilde  germanique.  Il  est  inutile  de 


suivre  plus  loin  M.  Aug.  Thierry  dans 
ses  développements.  Nous  ne  citerons 

f)lus  qu'un  court  passage  où  il  signale 
a  persistance  du  principe  de  la  ghilde 
même  après  l'établissement  des  com- 
munes. «  La  résolution ,  dit-il ,  d'où 
sortirent  les  communes  jurées ,  n'é- 
puisa pas  tout  ce  qu'il  y  'avait  de  vie 
et  de  puissance ,  pour  le  bien  comme 
pour  le  mal ,  dans  la  pratique  des  as- 
sociations sous  le  serment.  Trois  sor- 
tes de  confréries  subsistèrent  depuis 
le  douzième  siècle,  à  côté  des  commu- 
nes ou  dans  leur  sein  :  la  confrérie  de 
faction ,  usitée  principalement  chez  la 
noblesse  ;  la  confrérie  pieuse ,  bornée 
aux  oeuvres  de  religion  et  de  pure  cha- 
rité; enfin  la  confrérie  de  commerce 
ou  d'arts  et  métiers.  Ce  dernier  genre 
d'association  ,  d'une  grande  impor- 
tance historique  par  sa  durée  et  ses 
résultats  sociaux  ^  eut  cela  de  remar- 
quable ,  qu'il  naquit ,  de  même  que  la 
commune  urbaine ,  d'une  application 
de  la  ghilde  à  quelque  chose  de  pré- 
existant ,  aux  corporations  ou  collèges 
d'ouvriers  qui  étaient  d'origine  ro- 
maine. » 

Telle  est  la  plus  récente  des  théo- 
ries qui  ont  été  émises  sur  l'origine  et 
l'établissement  des  communes  fran- 
çaises. Ceux  qui  liront  le  cinquième 
chapitre  des  Considérations  qui  pré- 
cèdent les  Récits  des  temps  'mérovin- 
giens ,  trouveront  un  si  grand  enchaî- 
nement dans  les  idées ,  tant  de  force 
dans  les  raisonnements ,  et  tant  de 
clarté  dans  l'exposition ,  qu'ils  seront 
tentés  d'admettre,  sans  examen  et  sans 
restriction  ,  les  opinions  de  M.  Aug. 
Thierry.  Nous  croyons ,  nous  ,  que  ce 
chapitre  a  fait  faire  uu  grand  pas  à  la 
science  ;  et  cependant  nous  ne  pensons 
pas  que  tout  soit  également  vrai  dans 
les  assertions  de  1  iflustre  historien  ; 
nous  ne  pensons  pas  que  l'influence  des 
révolutions  de  Fltalie ,  au  midi ,  celle 
des  associations  germaniques,  au  nord, 
dans  les  limites  qu'il  leur  assigne,  aient 
été  aussi  marquées,  aussi  puissantes 
et  aussi  décisives  qu'il  le  prétend.  Mais 
notre  intention  n'est  pas  de  nous  en- 
gager dans  une  discussion  où  nous  au- 
rions contre  nous  un  grand  nom ,  et 


40 


MM 


l.'uiiivmus. 


lieot4tfe  la  Tériié*  U  «t  nia»  saga  de 
dore  eet  article  |>ar  une  des  plus  bel- 
les et  des  plus  ingénieuses  théories 
historiifuei  qui  aient  jamais  été  don- 
nées. Nos  lecteurs  sauront  bien  appré- 
cier la  valeur  de  tous  les  systèmes  que 
nous  avons  exposés ,  démêler ,  au  mi- 
lieu des  controverses,  le  vrai  du  faux, 
et  se  faire  eux  aussi ,  sans  que  nous  la 
leur  indiquions,  une  opinion  arrêtée  et 
sûre  sur  cette  grande  question  des 
communei. 

CoMMDifiBBS.    (Voyez   PARaON- 

NIBSS.  ] 

CoilMUTATIOU  DE  PBIHK.  —  L'on 

trouve  chez  presque  touç  les  peuples 
une  autorité  supérieure ,  ayant  pou- 
voir de  tempérer  les  rigueurs  de  la 
justice ,  et  qe  donner  accès  à  la  mi- 
séricorde après  que  la  loi  a  pro- 
noncé. L'histoire  de  France  contient 
beaucoup  d'exemples  de  commutations 
de  peine.  Jean  de  Poitiers ,  seigneur 
de  Saint- Vaiier ,  condamné  en  lô23  à 
perdre  la  tête,  allait  se  mettre  à  ge- 
noux pour  recevoir  le  coup  de  la  mort, 
quana  on  lui  apporta  des  lettres  de 
commutation  en  une  prison  perpé- 
tuelie«  fjd  comte  d'Auvergne  et  le  sei- 
gneur d'Ëntragues ,  condamnés  à 
mort  au  parlement,  reçurent  de  Henri 
lY,  le  â  avril  1605,  des  lettres  de  com- 
mutatioa  en  un  emprisoanement  per- 
pétuel. 

'  £n  droit ,  selon  tous  les  auteurs  qui 
ont  écrit  sur  le  droit  public ,  le  pou- 
voir de  commuer  les  peines  n'appar- 
tient qu'au  souverain.  £n  fait,  les  rois 
de  France  en  ont  été  investis  sans 
contestation  jusqu'à  la  promulgation  du 
code  pénal  du  25  septembre  1791 ,  q^i 
abolit  la  commutation  de  peine*  Mais 
la  l'aison  publiaue  fit  rétanlir  ce  droit 
dans  l'art  86  dfu  sénatus-consulte  du 
16  thermidor  an  x;  et  la  charte  (art. 
38)  en  a  investi  le  roi ,  comme  repr^ 
sentant  la  souveraineté  de  la  nation. 
Les  lettres  de  commutation  sont  ex- 
pédiées du  ministère  de  la  justice,  et 
contre-slgnées  par  le  garde  des  sceaux; 
elles  doivent  être  entérinées  par  la 
cour  royale  dans  le  ressort  de  laquelle 
le  coupable  a  été  condamaé.  (Voyçs 
Gaagjb.) 


GOMORTOB,  ckrftgOMioiS.  —  liS 

Tectosages ,  échappés  au  désastre  de 
Delphes  (279  ans  avant  J.  G.),  s'étaient 
divisés  en  deux  colonnes ,  dont  Tuoe 
était  retournée  dans  la  Gaule  avecsoB 
butin ,  tandis  que  l'autre ,  réunie  à 
une  horde  de  Galls  et  de  Tolistoboîa, 
avait  pris  le  diemin  de  la  Thraoe, 
flous  la  conduite  de  Gomontor.  Là,  ik 
rencontrèrent  Léonor  etLatar,fui, 
avec  leurs  bandes,  allaient  franchir  k 
Bosphore  pour  s'établir  en  Asie  (voya 
GiXATES).  Une  grande  partie  des  dob- 
veaux  venus  s'enrôla  dans  l'expéditioo 
de  ces  deux  chefs  ;  et  Gomontor,  cma- 
vaut  avec  lui  les  Galls,  resta  seul  Ina^ 
tre  de  presque  toute  la  Thrace,  ËtaUi 
au  pied  de  l'Hémus ,  dans  la  ville  de 
Thyie  j  dont  il  fit  le  siège  de  soi 
royaume,  ce  chef  força  les  villes  iodé- 
pendantes  à  lui  payer  uo  tribut;  Bf* 
zance ,  entre  autres ,  fut  taxée  annufl- 
lement  à  dix  mille  pièces  d'or  (eoTini 
200,000  fr.)  ;  et,  sous  les  suooesseois 
de  Gomontor,  die  paya  même  U  soffime 
de  80  talents  (environ  345.000  fr.). 
Après  avoir  ainsi  tyraiinisé  la  Thraoe 
pendant  ^lus  d'un  siècle ,  les  Gaulois 
furent  exterminés ,  à  la  suite  d'u 
soulèvement  général. 

Compagnies  bs  gomksbcb,doo 
que  l'on  donne  aux  associations jk 
marchands  ou  de  capitalistes ,  aoi  » 
forment  pour  exploiter  un  graisaoû» 
merce,  une  grande  manufacturei  bk 
vaste  entreprise  industrielle  et  fiM^ 
cière.  Nous  avons  fait,  à  l'artJck 
Banqub  ,  l'histoire  de  plusieurs  a» 
dations  semblables.  Phous  ne  tniti' 
rons  ici  que  de  celles  qui  ont  eu  pov 
objet  le  commerce  des  pavi  d'ooM' 
mer,  et  la  mise  en  rapport  des  coloiMi 
fondées  par  la  France  dans  les  div 
rentes  parties  du  monde. 

Compagnie  (TJfrique.  —  Deux  w 
gociants  de  Marseille ,  qui  t  ^  ^^* 
avaient  obtenu  du  dey  d'Alger,  moy* 
Dant  uoe  redevance,  la  periiiissioM| 
former  un  établissepient  pour  la  pécf 
du  corail  dans  une  lie  voisine  de  1| 
côte  d'Afrique,  furent  les  eréatmn* 
notre  commerce  avec  l'Afrique. 

Ce  premier,  établisseipenti  cooit 
tant  en  magai^ios  fortifiéh  (^^  ^ 


J 


FiusrcB. 


441 


le  soni  de  Saàtiim  de  France^  fût  ûé^ 

truit  en  1568,  et  relevé,  en  1597,  par 
la  Cqmpagnie d'Afrique,  créée  à  cette 
4po(]ae«  et  qui  s'jf  fixa  en  1604,  après 
aroir  renouvelé  ses  capitulations  avee 
la  Porte.  £b  1637,  Louis  Xill  transe 
forma  le  Bastion  de  France  en  un  fort 
replier  et  susceptible  de  défense; 
mail  la  Ck>mpagnie  rahandonna  qael^ 
que  temps  après  pour  transporter  à  la 
Calle  le  eeirtre  de  ses  affaires,  qui  ne 
commenoàrent  guère  à  prospérer  qu'a- 
près 1694. 

La  même  année,  par  suite  de  traitée 
entre  la  France  et  le  dey  d'Alger,  la 
Compagnie   d'Afrique  fut  reconnue 
propriâaire  incommutable  du  Bastion 
de  France,  de  la  Calle ,  de  Cap-Rosse 
et  de  Bone  ;  elle  obtint  le  privilège  ei- 
olusif  de  la  pècbé  du  corail  daqs  toutes 
les  mers  dépendant  de  l'Algérie,  de  la 
traite  des  laines,  de  la  cire,  du  cuir, 
des  peau](,  etc.  ;  et  il  fut  en  outre  con- 
venu que  si  la  guerre  s'allumait  entre 
la  France  et  la  régence  d'Alger,  les  éta- 
blissements de  la  Compagnie  seraiei^ 
respeetés  par  les  indigènes.  Ces  divers 
aTantages  étaient  le  prix  d'une  rede- 
vance annuelle  de  4,000  doubles  d'or 
que  la  Compagnie  devait  payer  au  de?. 
Par  un  arrêt  du  conseil  en  date  du 
15  juin  1712,  le  roi  concéda  à  la  Coo^ 
pagnie  d'Afrique  le  commerce  exclusif 
de  la  côte  de  Barbarie  ;  et ,  par  un 
traité  du  16  juillet  1714  avec  le  bey  de 
Constantiné^  cette  société  obtint  le 
droit  de  faire,  même  à  l'exclusion  des 
Bf  usolmans ,  des  chargements  de  blé , 
d'orge  et  de  fèves ,  dans  la  ville  de 
Sone  et  dans  deux  autres  places. 
Malgré  tant  d'avantages ,  la  Compa- 

goie  d*AfHqne  ne  prospéra  point.  £lle 
it  obligée  de  se  dissoudre;  et,  par  ar- 
rêt do  4  juin  1719,  le  roi  concéda, 
pour  24  ans,  tous  les  privilèges  dont 
0lie  était  investie,  à  la  Compagnie  des 
Ifideg.  Celle-ei,  qui  né  fut  pas  plus  heu- 
reuM  que  sa  devancière,  pria  bientât 
après  fe  voi  d'accepter  la  rétrocession 
le  son  privilège,  et  le  roi,  accueillant 
^ette  prière,  transporta ,  le  SI  novem- 
bre 1730,  pour  dix  années,  à  un  sieur 
racgues  Auriol  et  à  ses  associés,  les 
Iroite  et  exemptions  dont  avait  joui 


la  Gampagiiie  d'Afrique.  En  1746,  Aih 
riol  ne  demanda  point  la  oentinuatioii 
de  son  privilège ,  ce  qui  indique  que 
l'exerdice  ne  lui  en  avait  pa«  é^  fruc- 
tueux. 

L'année  suivante ,  Louis  XY  créa , 
sous  le  nom  de  Compagnie  royale 
d'Afrique,  une  nouvelle  société  à  la- 
quelle il  concéda  le  privilège  exdusif 
du  commerce  des  Étata  d'Alger  et  de 
Tunis,  à  l'exception  de  oelui  des  capi- 
tales ,  ainsi  que  de  quelques  villes  ré- 
putées libres;  et  en  1743,  les  traités 
conclus  avec  les  anciennes  compagnies 
furent  renouvelés.  Les  commence- 
ments de  la  nouvelle  assoeiation  ne 
furent  pas  heureux*  La  peste  qui  ra- 
vagea Alger  interrompit  aon  oom- 
*merce;  des  pirates  algériens  lui  enle- 
vèrent, en  1744,  presque  tous  ses  co- 
failleurs)  les  Maures  massacrèrent 
70  de  ses  employés ,  et  emmenèrent 
en  captivité  les  habitants  de  la  Calle. 
Ces  diverses  calamités  la'forcèrent  de 
solliciter  des  secours;  la  chambre  de 
commerce  de  Marseille  lui  en  donna , 
et  lui  avança ,  jusqu'à  1751,  annuel- 
lement 40,000  livres. 

Ces  secours  fructifièrent  entre  se? 
mains;  et  cette  année-là  même,  elle 
fit  un  bénéfice  de  370,000  livres; 
mais  ses  employée  ayant  malversé, 
elle^  déchut  ensuite  rapidement,  et  en 
1766,  son  capital  primitif  de  1  million 
S00,000  livres  se  trouvait  réduit  à 
600^000  livres;  mais  un  nouveau  di- 
recteur placé  à  la  tête  de  la  Compa- 
gnie en  releva  ai  bien  les  affaires,  que, 
aidé  de  quelques  circonstances  heu- 
reuses ,  oe  privilèges  accidentels  que 
tes  événements  mirent  à  sa  disposi- 
tions, et  dont  il  tira  parti  en  homme 
habile,  au  bout  de  quelques  années, 
le  capital  social  s'élevait  à  1,800,000 
livres ,  dont  300,000  furent  réparties 
aux  actionnaires*  et  que  l'eapée  sul* 
vante  on  prêta  au  roi  M00,00Q  livres 
pour  la  eonstruetion  des  formes  dy 
port  de  Toulon. 

Le  siège  de  la  Compagnie  d'Afrique 
était  à  Marseille;  mais  elle  entrete- 
nait à  Paris  un  agent  pour  payer  les 
dividendes  aux  actionnaires»  Qt  leur 
coQUDuuiquer  le  bilan  de  l'afiaoeiation 


444 


GOBf 


LIJMVERS. 


G6M 


que  le  bureau  lui  envoyait.  Cette  Com- 
pagnie ne  fut  abolie  qu'à  Fépoque  de 
la  révolution. 

Compagnie  du  Levant.  — *  Il  a  été 
créé  successivement  plusieurs  Compa- 
gnies pour  le  commerce  du  Levant.  La 
plus  considérable  et  la  seule  dont  il 
importe  de  parler  est  celle  qui  fut  ins- 
tituée par  lettres  patentes,  en  1670, 
pour  le  commerce  des  échelles  de  la 
Méditerranée.  Son  privilège  était  de 
vingt  années  ;  elle  obtint ,  le  18  juillet 
de  la  même  année,  10  livres  de  grati- 
ficatfon  par  pièce,  de  drap  qu'elle  ex- 
porterait, l'exemption  de  tout  droit 
d'entrée  pour  les  munitions  nécessai- 
res à  l'approvisionnement  de  ses  vais- 
seaux^ un  prêt  de  200,000  livres  sans 
intérêts  pendant  six  ans,  enfin  plu- 
sieurs autres  privilèges.  Cependant  elle 
ne  prospéra  point,  et  fut  obligée  de 
renoncer  à  demander  le  renouvelle- 
ment de  sa  concession  quand  le  terme 
en  fut  expiré. 

Compagnie  du  Sénégal,  —  Le  com- 
merce de  la  partie  occidentale  et  mé- 
ridionale de  l'Afrique  située  au  delà 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  commença 
"par  une  association  de  quelques  négo- 
ciants qui  vendirent  leur  établisse- 
ment de  la  petite  île  de  Saint-Louis , 
située  à  l'embouchure  du  Niger,  à  la 
grande  Compagnie  des  Indes  occiden- 
tales créée  en  1664.  Cette  grande  Com- 
pagnie ayant  été  supprimée  en  1674, 
vendit,  moyennant  78,000  livres  et 
une  redevance  d'un  marc  d'or  par  an- 
née ,  à  la  Compagnie  du  Sénégal ,  ins- 
tituée dès  le  8  novembre  1673,  la  par- 
tie de  son  privilège  concernant  la  côte 
d'Afrique ,  avec  les  établissements 
qu'elle  y  possédait. 

La  Compagnie  du  Sénégal  était  te- 
nue de  transporter  pendant  huit  ans, 
chaque  année ,  dans  les  îles  françaises 
d' Amérique,  200  noirs,  pour  lesquels 
il  lui  était  alloué  une  prime  de  13  livres 
par  tête.  Les  marchandises  qu'elle  im- 
portait ne  payaient  à  l'entrée  que  le 
demi-droit.  Ses  entreprises  eurent  un 
si  mauvais  succès,  qu'après  huit  ans 
d'existence,  elle  se  trouva  heureuse  de 
céder,  en  1681 ,  pour  10,000  fr. ,  ses 
comptoirs  et  ison  privilège  à  une  nou- 


velle Compagnie  qui  se  chargea  de  ran* 
plir  ses  engagements. 

En  1684,  le  conseil  jugeant  que  le 
privilège  de  cette  Compagnie  était  trop 
étendu,  le  restreignit,  par  arrêt  du  13 
septembre  de  l'année  suivante,  aux 
côtes  comprises  entre  le  cap  Blanc  et 
la  rivière  de  Sierra-Leone.  Comme  les 
bases  de  l'association  existante  étaieot 
changées,  l'association  fut  dissoute^  et 
il  se  forma  une  nouvelle  Compagnie 
du  Sénégal  qui  commerça  sans  sua» 
jusqu'en  1696.  Une  autre  lui  suowla 
sans  être  plus  heureuse ,  ce  qui  déter- 
mina ,  en  1719,  le  duc  d'Orléans,  ré- 
gent, à  la  réunir  à  la  Compagnie  d^Oc- 
cident,  qui  fit  le  commerce  exdosif  do 
Sénégal  jusqu'en  1766,  époque  où  ce 
commerce  mt  déclaré  libre. 

Compagnie  de  Guinée.  —  Lors  de 
la  restriction  qui  fut  apportée,  le 
12  septembre  1685,  au  privilège  de 
la  Compagnie  du  Sénégal,  eelleik 
Guinée  obtint  le  commerce  exclo» 
des  côtes  qui  s'étendent  de  la  rivière 
de  Sierra-Ledne  au  cap  de  Bonoe-Eî- 
pérance.  Elle  eut  le  monopole  dacooF 
merce  des  noirs ,  sans  être  tenue  à 
aucune  indemnité  envers  la  ComjiagBie 
qui  en  avait  précédemment  joui.  £B( 
devait  transporter  12,000  noirs  dans 
les  colonies  françaises ,  et  importa 
12,000  marcs  de  poudre  d'or  daos'' 
royaume. 

Elle  traita  plus  tard ,  du  conseott 
ment  du  roi,  avec  Philippe  V,  roi  d'fr 
pagne,  pour  le  transport  des  noifi 
dans  les  colonies  de  cette  monarcbic- 
A  cette  occasion ,  elle  prit  le  nom* 
Compagnie  de  VAssientey  etobtiflli 
par  arrêt  du  28  octobre  1701,  de  wj 
veaux  privilèges  qui  furent  :  le  dr» 
d^entrepôt    pour    les    marchaoïbif 

Qu'elle  ferait  venir  d'Espagne,  Içdrt^ 
e  transit  pour  celles  qu  elle  tirefljj 
d'Amérique ,  l'exemption  de  la  ffloij 
des  droits  établis  sur  les  cacaos  qa'^ 
importerait  pour  la  consommatioaii 
royaume,  enfin  la  franchise  de  ttil 
droit  pour  les  marchandises  qtf* 
transporterait  en  Afrique  et  en  Al*" 
rique.  Le  privilège  de  cette  Compact 
expira  à  la  paix  d'Utrecht,  et  des  vr 
très  patentes  du  16  janvier  1716  ^ 


J 


COM 


FRANCK. 


COM 


445 


darèrent  libre  le  commerce  qu'aupa- 
ravant elle  avait  seule  le  droit  de 
faire. 

Compagnie  des  Indes  orientales, 
—  Plusieurs  Compagnies  furent  suc- 
cessivement formées  pour  le  com- 
merce des  Indes  orientales.  La  plus 
heureuse  fut  celle  de  Ricault ,  à  qui 
Louis  XIII  conféra  pour  dix  ans  le 
monopole  de  ce  commerce;  mais  les 
opérations  de  cette  société  furent  ar- 
rêtées pendant  la  minorité  orageuse 
de  Louis  XIV ,  et  le  duc  de  la  Meille- 
raie  paralysa  son  privilège,  en  s'empa- 
rant  de  Madagascar ,  où  elle  avait  des 
établissements ,  et  qui  lui  servait  de 
lieu  de  relâche. 

Le  duc  de  Mazarîn,  fils  de  la  Meille- 
raie,  et  la  Compagnie,  ayant  cédé  leurs 
droits  au  roi,  en  1664*9  Colbert  créa 
une  nouvelle  Compagnie  qui  obtint 
pour  cinquante  ans  le  droit  exclusif 
de  commercer  depuis  le  cap  de  Bonne- 
Espérance  jusqu'au  delà  aes  mers  de 
la  Chine;  la  propriété  et  même  la  sou- 
veraineté de  toutes  les  terres  qu'elle 
acquerrait  ;  la  faculté  d'entrepôt  pour 
ses  retours .  etdès-pï:imes,  tant  à  l'ex- 
portation aes  {produits  français  dont 
elle  se  chargerait  ati  départ  qu'à  l'im- 
portation des  marchandises  qu^elIe  rap- 
porterait de  ses  voyages. 

Outre  ces  avantages,  la  Compagnie 
reçut ,  en  1664  et  en  1668 ,  pour  dix 
ans  et  sans  intérêts,  deux  prêts  de 
2  millions  chacun  ,  sur  lesquels  devait 
être  prélevée  la  perte  que  le  capital 
pourrait  éprouver  jusqu^au  terme  du 
remboursement,  et  de  grandes  faveurs 
furent  promises  à  ceux  qui  prendraient 
des  actions.La  Compagnie,  en  échange, 
devait  transporter  quelques  ,  prêtres 
dans  ses  établissements ,  prêter  foi  et 
hommage ,  offrir  à  chaque  mutation 
de  roi  une  couronne  et  un  sceptre  d'or, 
et  constituer  un  capital  de  15  mil- 
lions. 

Cette  dernière  condition  ne  fut  point 
remplie,  et  le  capital  ne  s'éleva  jamais 
î  plus  de  9  millions ,  ce  qui  empêcha 
la  Compagnie  de  donner  toute  l'exten- 
sion nécessaire  à  son  commerce  ;  d'un 
lutre  c6té ,  les  guerres  de  1667  et  de 
1672 ,  et  le  peu  de  succès  des  escadres 


du  roi  lui  furent  si  nuisibles ,  que  le 
roi  fut  obligé  de  lui  faire ,  en  1676, 
l'abandon  des  4  millions  qu'il  lui  avait 
prêtés.  On  somma  les  souscripteurs 
en  retard  de  compléter  leurs  paye- 
ments, sous  peine  de  perdre  leurs 
avances.  En  1684 ,  on  fit  un  appel  de 
fonds ,  montant  au  quart  de  cnaque 
action,  et  quatre-vingts  intéressés  seu- 
lement y  répondirent.  Alors  on  dé- 
clara les  autres  déchus,  et  on  appela 
de  nouveaux  actionnaires  ^  en  leur  of- 
frant la  position  de  ceux-ci,  à  la  charge 
de  leur  rembourser  le  quart  de  leurs 
actions ,  taux  auquel  on  les  aurait  ré- 
duites ,  et  à  payer  le  supplément  qu'ils 
avaient  refusé  d'acquitter. 

Tandis  que  la  Compagnie  prenait 
ces  mesures,  qui  révélaient  sa  détresse, 
les  fermiers  généraux  accéléraient  sa 
ruine  en  la  privant,  sans  compensation, 
de  ses  plus  grands  avantages,  et  le 
gouvernement  lui-même  v  aidait  puis- 
samment, en  prohibant,  avec  une 
grande  sévérité,  le  commerce  des  mar- 
chandises de  l'Inde  dans  l'intérieur  du 
royaume.  Dans  cette  position  fâcheuse, 
la  Compagnie  concéaa,  vers  la  fin  de 
1687 ,  a  la  Compagnie  Jourdan ,  son 
privilège  exclusif  pour  le  commerce  de 
la  Chine.  £n  1698,  hors  d'état  de  faire 
des  expéditions,  elle  accorda  à  des 
particuliers,  moyennant  un  bénéfice 
de  quinze  pour  cent ,  des  permissions 
pour  en  faire ,  puis  finit  par  abandon- 
ner aux  mêmes  conditions  la  totalité 
de  son  commerce  à  la  ville  de  Saint- 
Malo.  La  Compagnie  des  Indes  orien- 
tales n'existait  donc  plus  que  dç  nom, 
lorsqu'elle  fut,  en  1719,  réunie  à  celle 
d'Occident  pour  former  avec  elle  la 
Compagnie  aes  Indes. 

Compagnie  des  Indes. — Cette  Com- 

Sagnie ,  (]ue  Law  imagina  pour  servir 
'auxiliaire  à  la  banque  générale  qu'il 
avait  établie,  fut  constituée,  en  1719, 
par  la  réunion  de  la  Compagnie  des 
Indes  orientales  à  celle  d'Occioent.  Si 
la  première  n'apporta  à  la  combinai- 
naison  nouvelle  que  des  affaires  en 
mauvais  état ,  la  seconde  y  entra  avec 
un  capital  de  100  millions ,  la  ferme 
générale  du  tabac ,  les  privilèges  de  la 
Compagnie  du  Séni^al,  et  le  crédit 


446 


LTTNIVEBS. 


COU 


ipie  lui  avaifiit  valu  f^iisiiura  opâra«» 
tioos  fniatueuB6B. 

La  Compagnie  des  Indes  fut  inyestie 
de  privilèges  tels  que  n'en  avaient  ja- 
mais obtenu  les  Compagnies  qui  l V 
vaient  précédée.  Conune  personne  ne 
doutait  des  succès  qui  l'attendaient, 
et  que  ses  actions  étaient  payables  m 
billets  dcu  la  banque  et  en  billets  d'É- 
tat, ces  papiers  relevèrent  avec  rapi- 
dité. La  même  année ,  la  Compagnie 
des  Indes  ajouta  encore  à  son  privilège 
les  concessions  dont  jouissait  la  Com- 
pagnie d'Afrique ,  à  la  condition  de 
rembourser  à  cette  Compagnie  le 
montant  de  ses  effets  ainsi  que  le  prix 
de  ses  établissements ,  et ,  par  arrêt 
du  10  novembre  1719 ,  il  lui  fut  per- 
mis d'emploj^er  telle  partie  de  son  ca- 
pital qu'dle  jugerait  convenable,  pour 
raccroissement  de  la  pèche  et  rétablis- 
sement des  manufactures. 

Tïon  contente  de  jouir  des  avantages 
que  lui  procurait  le  commerce  des 
deux  Indes  et  de  T Afrique ,  la  Compa- 
gnie  ambitionna  les  benéoces  que  les 
traitants  tiraient  de  l'administration 
des  revenus  de  l'État.  Elle  avait  ob- 
tenu, en  juillet  1719,  le  bénétice  du 
monnayage  pour  neuf  années ,  elle 
était  en  possession  des  droits  imposés 
sur  la  vente  du  tabac;  elle  passa ,  le  2 
septembre ,  le  bail  des  fermes  sénéra- 
les  ;  le  33  du  même  mois ,  celui  des 

Î;al>elles  et  domaines  de  l'Alsace  ^  de 
a  Franche-Comté  et  des  Trois-Evè- 
ohés;  le  13  octobre,  on  lui  confia 
l'exercice  général  des  recettes  des  fi- 
nances; et,  le  32  novembre,  elle  prit 
possession  du  domaine  d'Occident. 

Cette  Compagnie,  riche  d'un  capital 
de  300  millions ,  en  possession  de  tous 
les  établissements  formés  avant  elle 
dans  les  quatre  parties  du  monde, 
maîtresse  d'un  commerce  esclusif  sur 
toute  la  surfaœ  du  globe  >  et  dotée  de 
tous  les  avantages  que  procuraient  les 
affaires  de  finance,  cette  Compafpic, 
disonsHious ,  crut  que  rien  ne  lui  se- 
rait impossible.  Elle  entreprit  donc  de 
rembourser  les  dettes  dç  l'État ,  de  di- 
minuer les  charges  publiques,  et  de 
payer  un  dividende  à  ses  actionnaires. 
C'étaientbien  des  chosesà  la  fois,  aussi 


la  haute  (^nion  qu'elle  avait  de  n 
puissance  devait  -  elle  entraîner  u 
ruine. 

Pour  parvenir  au  rembourtenMpt 
projeté  lies  dettes  de  l'État,  elle  em- 
prunta en  actions  rentières  au  porteur, 
^  contrats  è  3  pour  ce&t^  la  eonu» 
de  1300  millions  I  augmenta  de  KM 
millions,  une  somme  égale  à  son  «a- 
prunt ,  qu'elle  avait  avancée  au  roi, 
prêta  encore  100  miflioos,  pourk 
remboursement  des  4  millions  coaii' 
tués  à  son  profit  sur  le  tabac ,  eoio, 
supprima  l'entrée  sur  le  poiescm,  {^ 
duisit  quelques  droits  sur  les  aides  <li 
la  ville  de  Paris ,  et  fixa  le  dividodi 
des  actions ,  pour  1730«  à  40  poor 
cent. 

Tant  d'engagements  ehargèngit  il 
Compagnie  de  dettes  considéraUft 
Elle  avait  d'abord  pris  pour  sooeooifiti 
toutes  celles  des  Compesnies  qa'dk 
remplaçait;  elle  n'avait  ooteou  le  bé 
néfioe  des  monnaies  ^'en  se  f» 
dant  débitrice  de  60  milHoDS  eovea 
l'État;  enfin,  la  Banque  lui  avait fowi 
pour  26  millions  de  nillets  à  distraies 
a  la  Louisiane.  De  tout  ceci,  il  résoita 
qu'après  avoir  soldé  les  intérêts  des*  ! 
em|M*unt,  acquitté  les  termes  édsl 
de  ses  dettes  courantes ,  il  aurait  âili 
à  la  Compagnie ,  pour  distribuer  le 
dividende  de  40  pour  cent  proœiitSQf 
100,000  actions  que  possédait  le  ni^ 
et  400,000  qui  étaient,  en  circotatiMi 
un  fonds  libre  de  100  millions,  tsak 
que  le  résidu  général  de  tous Jfl 
comptes  s'élevait,  selon  Law,àSl 
millions,  et^  selon  d'autres  g^ 
leurs  I  seulement  à  58. 

Ainsi ,  presque  dès  son  débDt^»|| 
Compagnie  4^  Indes  sn  vit  horsd^ 
de  remplir  les  engagements  doatv 
s'était  chargée.  Une  sa^e  adoùaistt^ 
tion  aurait  cependant  pu  «ropédMr^ 
confusion  de  s'intro4aire  dans  les  v 
tails  du  nombre  prodigieux  d'af&ii* 
qu'elle  avait  entreprises.  Mais  k»J^ 
songer  à  prévenir  et  réprimer  lesaW 
on  dépensa  pour  le  commerce  deisof 
mes  immenses  sans  ordre  et  sansi^ 
telligence  ;  on  ne  s'oooupa  que  di 
moyens  de  donner  aux  actions  le  ,^ 
leur  imagmaire  de  4  milliards,  f>* 


IMi 


FRANCE. 


4€7 


circuler  les  l4ôO  millions  de  biliels 
que  la  banque  avait  émis ,  «t  d'ôuvf it 
ainsi,  sans  le  savoir,  un  goufïre  où 
allait  bientôt  8*engloutiT  toute  la  for- 
tune publique. 

Pour  donner  nnfe  vâteiir  éneorc  plus 
iàbuleuse  aux  actions  de  la  Compagnie, 
et  une  circulation  plus  rapide  aux  bil* 
léts  de  la  Èat^que,  le  gouvernetneht, 
partageant  l'illusion  générale ,  S'aveu- 
gla jusqu'au  point  de  vouloir  6ter  aux 
espèces  leur  valeur  par  des  diminua 
tiens  Successives  et  des  lois  somp*» 
tuaires.  Il  fut  défendu  de  garder  citez 
soi  plus  de  500  francs  en  monnaie  ', 
on  proscrivit  les  pierreries,  la  vais* 
selle  d'or  et  d'argent,  les  équipages  de 
luxe;  on  abolit  l'usage  des  espèces 
d'or;  on  réduisit  d'un  huitième  celleâ 
d'argent  ;  et  ces  mesures .  qui  trans-^ 
formaient  les  richesses  de  la  nation 
en  valeurs  fictives,  jetèrent  la  cons- 
ternation  dans  le  pajs ,  et  amenèrent 
le  décri  des  actions  de  la  Compagnie 
ainsi  que  des  billets  de  la  Banque, 
dont  tout  le  monde  songea  à  se  dé* 
faire ,  quand  on  eut  voulu  leur  donner 
un  cours  forcé.  Le  23  février  1720,  le 
gouvernement ,  espérant  remédier  au 
désordre  qu'il  avait  suscité ,  imagina 
de  char^r  ta  Compagnie  des  Indes 
de  l'administration  générale  de  la  Ban- 
que ,  et  La^ .  qui  jusque-là  avait  régi 
ce  dernier  établissement,  fut  créé  con- 
trôleur général  des  finances. 

Cette  union  consommée ,  un  édit  du 
21  mai  suivant  rétablit  le  taux  des 
monnaies  dans  une  proportion  qui  eon* 
vînt  au  commerce  étranger.  H  ordonna 
en  même  temps  une  diminution  suc^ 
cessive  sur  les  actions  nour  les  fixer , 
au  1*'  décembre,  à  5,5o0  livres,  être* 
duisit,  pour  le  même  terme,  les  bfl* 
lets  de  blinqUe  de  50  pour  cent.  Cette 
première  banqueroute ,  car  c'en  était 
une,  fit  trembler  la  Compagnie,  et 
sausa  une  telle  rumeur  qu'il  rallut  ré* 
iroquer  l'édit.  Mais  il  avait  porté  son 
;oup ,  et  les  actions  aussi  bien  que  \€S 
>illets  éprouvèrent  une  forte  baisse. 
ilors  le  gouvernement,  qui  se  trou- 
vait débiteur  envers  les  particuliers 
le  tous  ces  billets ,  ne  pouvant  en  di*- 
Ditttier   la  valeur  prinritite,  essaya 


A*m  dlmlhHdr  le  ttotbbre.  Oti  reehéf- 

cha  toufi  ûmx  qui  avaient  fait  de  gron- 
des et  rapides  fortutieil  t)ar  l'agiotage 
de  ces  sortes  de  papfenâi  «  el  on  voulut 
les  ootttraî&dre  à  rapporter  chacun 
nne  certaine  quanMté  a'àctfoas.  Mais 
cette  !n<^tsition  jeta  un  nouveau  trou« 
ble  dans  l'État^  et  plusieurs  action- 
•nâlres,  pour  s'y  soustraire,  s'enfui- 
rent dans  les  pays  étrangers  avec  leurs 
effets,  après  avoir  réalisé,  leurs  billets 
et  leurs  aetions ,  quoique  ^  par  arrêt 
du  20  octobre  1T20,  le  roi  eût  défendu 
à  tous  seâ  sujets  de  feortir  sans. per- 
mission du  royaume,  jusqu'au  l"  jan- 
vier 1721. 

Dans  l'année  1720  on  consulta  les 
frères  Paris  sur  les  remèdes  à  appli- 
quer à  cette  situation  qui  s'aggravait 
de  jour  en  Jour*  Ces  financiers  ^rent 
d'avis  d^ôter  à  là  Compagnie  la  recette 
générale  des  finances,  d'annuler  les 
traités  passés  avec  elle  à  raison  du 
bénéfice  des  monnaies ,  d'annuler  pa-* 
reniement  les  bauk  des  fermes  gêné* 
raies,  et  d'unir  la  Compagnie  des  In- 
des à  Itt  Banque ,  de  manière  tpte  k» 
opérations  de  l'une  répondissent  de 
celles  de  Tautre.  Tout  cela  fut  arrêté 
le  «janvier  1T21. 

A  cette  époque ,  il  restait  en  capital 
à  la  Compagnie  des  actions  représen- 
tant une  somme  de  75  millions,  et  des 
dettes,  dont  les  plue  onéreuses  étaient 
celle  de  12  millions  contractée  en  ac- 
tions rentières  à  d  pour  eeni,  en  vert» 
de  l'arrêt  dû  S  septembre  1719 ,  et 
celle  de  SOd  millions ,  autre  emprunt 
contracté  en  1720,  en  actions  rentières 
à  2  pour  eent.  Il  lui  restait  encoro 
3  millions  de  l^entes  du  capital  de  100 
millions  oonstitilé  à  son  nrofit ,  par  Ié 
roi ,  sur  la  ferme  du  tabac  dent  elle 
avait  faérité  de  la  Compagnie  d'Occi* 
dent  et  qui  lui  avait  été  retirée.  Le  roi 
kri  rendit  eetle  ferme  %  et  piassa  à  son 
]profit  nn  Contrat  d'aHénaUon^  à.  titre 
d'engagement,  du  domaine  d'Ooci«- 
dent ,  dont  elle  avait  été  aussi  d^ios* 


Le  nombre  des  aetimis  lut  fixé  à 
&S,000  ;  il  en  fut  créé  4é,000 ,  et  le 
dividende  f^t  arrêté  à  100  livres  par 
actioii ,  atee  ptomasse  d'avantages  qui 


448 


com 


LUOTVEftS-* 


€0V 


permettraient  de  le  porter ,  lés  années 
suivantes,  à  150  livres.  Pour  faciliter 
le  placement  des  actions ,  le  roi  pro- 
mit ,  en  1724 ,  à  la  Compagnie ,  d  ins- 
tituer toutes  les  loteries  qu'elle  juge- 
rait nécessaires,  et,  en  juin  1725,  il 
la  déchargea  de  toutes  les  opérations 
de  la  banque  générale. 

Quoique  débarrassée  de  toute  en-, 
trave  étrangère ,  et  ramenée  à  un  but 
purement  commercial ,  la  Compagnie 
des  Indes  ne  fut  guère  plus  heureuse 
que  par  le  passé.  Ses  loteries  n'eurent 

f>oint  le  succès  qu'elle  s'en  promettait; 
es  défenses  faites  en  1717 ,  et  renou- 
velées en  1726,  d'introduire  en  France 
des  marchandises  de  l'Inde,  lui  portè- 
rent un  grand  préjudice.  En  1730 , 
pour  rembourser  les  frais  que  lui  avait 
occasionnés,  en  1726  et  1727,  la  guerre 
du  Malabar ,  elle  fut  obligée  de  céder 
à  une  compagnie  le  privilège  du  com- 
merce de  Barbarie  ;  en  même  temps , 
elle  commit  la  faute  d'affermer  les  ta- 
bacs ,  dont  le  produit  s'accrut  beau- 
coup entre  les  mains  du  fermier  ;  en- 
fln,  elle  s'opposa  inutilement,  en  1732, 
à  l'établissement  de  plusieurs  entre- 
pôts de  cafés  des  colonies,  qui  lui 
enlevaient  aussi  des  profits  considé- 
rables. 

De  1738  à  1745,  les  guerres  et  les 
projets  ambitieux  qui  occupèrent  la 
Compagnie  l'obérèrent  tellement,  que 
pour  se  soutenir  il  lui  fallut  recourir 
a  des  emprunts  ruineus,  suspendre  le 
payement  des  dividendes ,  et  faire  un 
appel  de  200  francs  par  action.  Le  roi 
vmt  à  son  secours ,  se  reconnut  son 
débiteur  d'une  rente  de  9  millions, 
lui  prêta,  en  1748,  au  delà  de  8  mil- 
lions pour  paver  les  dividendes  de 
1747  et  1748,  lui  fit  remise  des  divi- 
dendes qui  lui  revenaient  sur  11,835 
actions  dont  il  était  propriétaire; 
enfin ,  l'autorisa  à  constituer  pour 
12,000  livres  de  rentes  viagères ,  sur 
une  ou  deux  têtes ,  à  10  et  7  ?  pour 
cent. 

Ces  secours  furent  inutiles ,  parce 
que  la  Compagnie  crut  devoir  se  mê- 
ler des  affaires  des  princes  indous  et 
devenir  conquérante.  Elle  rencontra 
sur  son  diemin  la  Compagnie  anglaise 


qui  8*opposa  aux  princes  que  la  France 
soutenait.  Elle  ontint  la  souveraineté 
de  quatre  provinces  qui  ne  lui  raii- 
portaient  rien,  et  qui  1  assujettirent  à 
des  frais  de  garde  et  de  défense,  pour 
lesquels  elle  fut  obligée  d'emprunter, 
partie  en  1752 ,  partie  en  1755 ,  m 
somme  de  30  millions. 

Pendant  ce  temps ,  la  Compagnie 
était  vivement  attaquée  dans  son  exis- 
tence et  ses  privilèges.  On  demandait 
à  quoi  avaient  servi  les  sacrifices  qa'oo 
avait  faits  pour  la  soutenir ,  et  ooei 
fruit  on  retirerait  de  ceux  qu'il  raQ* 
drait  faire  encore  pour  l'aider  dans 
ses  entreprises.  On  démontrait  ft 
son  commerce  avait  toujours  été  très* 
borné ,  et  gue  le  monopole  dont  die 
était  investie  tuait  l'émulation  et  a^ 
rétait  l'essor  que  prendraient  1^  af- 
faires sous  le  régime  de  la  liberté.  1/ 
gouvernement,  a  qui  parvenaient  ces 
plaintes,  ne  voulut  rien  précipiter.  Par 
un  édit  de  1764,  il  céda  à  la  Comi»: 
gnie  les  11,835  actions  dont  le  lù 
était  propriétaire,  plus  11,835 billets 
d'emprunt  créés  en  17  45 ,  oont  le  ni 
était  propriétaire  aussi ,  et  ensemble 
les  intérêts  et  dividendes  afférents  à 
ces  titres,  sauf  payement  de  72,000  fr. 
de  pensions ,  dont  ces  intérêts  et  di- 
videndes étaient  grevés  an  profit  de 
diverses  personnes  dont  l'état  serait 
fourni.  Par  le  même  édit,  le  roi  reprit 
à  la  Compagnie  les  îles  de  France  et 
de  Bourbon,  Tautorisa  à  faire  un  ap- 

Î>el  de  400  livres  par  action,  et  enlii 
ui  donna  de  nouveaux  statuts  rédigtf 
EarNecker,  à  qui  elle  devait  son  réta- 
lissement. 

La  Compagnie,  ainsi  régénérée,  p^ 
rut  prospérer  un  instant.  Elle  étawl 
diverses  loteries  qui  lui  donnèrent  des 
profits,  liquida  ses  dettes,  et  elle  a 
avait  acquitté,  en  1766,  pour  la  sono' 
de  40  millions.  Néanmoins,  toutes  e0 
apparences  de  succès  étaient  tromp^ 
ses.  Si  la  Compagnie  avait  paye  ^ 
vieilles  dettes,  Je  nouveaux  étabjà»- 
ments  dans  ITnde ,  des  procès  pen»Bi 
les  réclamations  insâiarables  (ks 
grands  privilèges,  la  torcèreot  (f^ 
contracterde  nouvelles,  dontlasonuMi 
réunie  à  ce  qu'il  restait  des  andeoi^ 


j 


TT  ^ 


COM 


FRANCE. 


COBI 


44d 


s*éleyait,  en  1769,  au  chiffrede  58  mil- 
lions. Elle  avait  d'ailleurs  perdu  des 
privilèges  importants.  Elle  n'avait  pas 
été  dédommagée  de  celui  de  vendre  des 
nègres  dans  les  colonies  d'Amérique, 
qu'on  lui  avait  retiré  en  1766 ,  pour 
une  faible  augmentation  de  prime 
qu'elle  avait  obtenue  sur  ses  exporta- 
tions et  ses  importations;  de  plus, 
elle  venait  de  perdre  encore  tout  ré- 
cemment, et  sans  dédommagement, 
la  vente  exclusive  des  cafés  du  Le- 
vant. 

Elle  se  plaignit  publiquement  de  ces 
pertes,  et  ses  réclamations  réveillèrent 
les  querelles  sur  la  question  de  savoir 
si  son  existence  était  ou  non  profita- 
ble au  pays.    Tous   les  économistes 
prirent  la   plume.    L'abbé  Morellet 
j;eta  de  grandes  clartés  sur  la  matière, 
et  jamais  discussion  ne  fut  plus  sa- 
vamment engagée.  Enfin  ,  le  gouver- 
nement ,  ou  convaincu  ,  ou  voulant 
faire  une  épreuve,  suspendit,  par  arrêt 
du  13  août  1769,  les  privilèges  de  la 
Compagnie ,  et  déclara  le  commerce 
libre  dans  toutes  les  contrées  où  elle 
en  avait  eu  le  monopôle;  cette  sus- 
pension fut  effectuée  par  un  nouvel 
arrêt  du  17  février  1770. 

Par  suite  de  cette  grande  mesure,  il 
fut  accordé  à  la  Compagnie  la  faculté 
d'établir  une  loterie  dont  le  fonds  se- 
rait de  12  millions,  et  dont  le  produit 
devait  être  appliqué  au  payement  des 
dettes  ;  mais  différentes  circonstances 
rendirent   nuls  les  avantages  qu'elle 
espérait  tirer  de  cette  dernière  faveur. 
Enfin,  par  arrêté  du  conseil  du  8  avril 
1770,  le  roi  accepta  la  cession  de  tous 
les  biens,  droits  et  actions  de  la  Com- 
pagnie des  Indes,  se  rendit  propriétaire 
de  tous  ses  immeubles  réels  ou  fictifs, 
meubles,  effets,  marchandises,  créan- 
ces, etc.  ;  se  chargea  de  ses  engage- 
ments de  toute  nature ,  en  maintenant 
l'appel  de  400  livres  par  action ,  au- 
torisé en  1764  ,  et  confirmé  pour  les 
retardataires,  par  lettres  patentes  du 
9  février  1770.  Moyennant  cet  appel , 
l'action  de  1600  livres  produisant  80 
livres  de  rente,  selon  l'édit  de  1764, 
iiit  portée  à  2,500  livres  ,  produisant 
125  livres  de  rente  perpétuelle.  Quant 


à  la  liberté  de  commerce ,  elle  ftit 
maintenue  ,  et  plusieurs  actes  firent 
connaître  la  manière  dont  il  devait  se 
faire  ,  et  la  protection  dont  il  serait 
environné. 

Les  choses  restèrent  ainsi  pendant 
quinze  ans.  Au  bout  de  ce  temps ,  on 
crut  reconnaître  que  le  laisser-passer 
et  le  laisser-faire  des  économistes  n'a- 
vaient pas  procuré  tous  les  avantages 
qu'on  en  attendait.  On  crut  s'aperce- 
voir que  sous  le  régime  de  la  liberté, 
les  cargaisons  n'étant  ni  combinées 
entre  elles,  ni  proportionnées  aux  be- 
soins des  lieux  de  leur  destination,  s'y 
vendaient  à  bas  prix ,  tandis  que  le 
concours  des  arrivages  dans  les  mar- 
chés de  rinde-y  surhaussait  le  prix 
des  achats  ;  que  d'un  autre  cÔte  les 
importations  en  retour,  composées  de 
marchandises  de  mêmes  espèces,  sans 
mesure  ni  assortiments ,  avec  excès 
dans  quelques  articles  et  manque  total 
dans  d'autres,  étaient  aussi  désavan- 
tageuses aux  négociants  qu'insuffi- 
santes pour  l'approvisionnement  du 
royaume;  et  l'on  en  revint  à  l'idée 
qu'une  Compagnie  privilégiée  pouvait 
seule,  par  ses  ressources ,  son  crédit , 
et  l'appui  d'une  protection  particu- 
lière, faire  utilement  le  coiflmerce  des 
Indes  et  de  la  Chine. 

En  conséquence  ,  un  arrêt  du  con- 
seil, en  57  articles,  et  daté  du  14  avril. 
1785,  institua  une  nouvelleCompagnie 
des  Indes. 

Cet  arrêt  ne  tenant  nul  compte  de 
la  cession  faite,  le  9  février  1770,  par 
la  Compagnie  alors  existante ,  de  tout 
son  actif  au  roi,  à  la  charge  de  payer 
ses  dettes ,  et  ne  considérant  les  pri- 
vilèges de  cette  association  que  comme 
en  état  de  suspension,  les  déclara  abo- 
lis quanta  elle.  Cela  fait,  on  en  in- 
vestit la  nouvelle  société  ,  déchargée 
.  des  soins  politiques,  ainsi  que  des  frais 
de  souveraineté  qui  avaient  ruiné 
l'ancienne,  et  investie  pour  sept  ans 
du  droit  exclusif  de  commercer ,  par 
terre  et  par  mer,  depuis  le  cap  de 
Bonne-Espérance  jusque  dans  les  mers 
des  Indes  orientales  ,  les  côtes  orien- 
tales de  l'Afrique,  Madagascar,  les  fies 
Maldives  ,  la  mer  Rouge ,  Siam ,  la 


T.  V.  29"  Livraison.  (Dict.  knçycl.  ,  etc.) 


29 


«ov 


LTIflVEKS. 


Gbine,  la  Goelitiiebme  el  k  Jap#n.  Le 

rt  de  liorient  fut  assigné  pour  être 
point  de  départ  et  le  lieo  d'arrivée 
des  expéditions,  ainsi  que  l'entrepôt 
général  des  marchandises. 

Les  î\es  de  France  et  de  Bourbon 
furent  laissées  en  dehors  du  privilège, 
et  il  fut  pertois  aux  r^nicoles  de  eoo*' 
oourir  à  leur  approvisionnement,  savf 
à  prendre,  pour  la  forme,  un  passe- 
port de  la  Compagnie ,  <|ui  ne  Bouvait 
pas  le  refuser ,  et  devait  le  oélivrer 
sans  frais.  Les  deux  îles,  elles-mêmes, 
eurent  la  faculté  de  commercer  dinde 
en  Iode,  et  de  faire  la  traite  des  noirs, 
sur  la  côte  orientale  de  TAfnque,  soit 
pour  leurs  besoins  particuliers ,  soit 
pour  eeux  des  colonies  d'Amérique  où 
elles  étaient  autorisés  à  transporter 
leurs  cargaisons. 

La  gestion  des  affaires  de  la  Cùm* 
pagnie,  dont  le  centre  principal  devait 
être  à  Paris,  fut  confiée  à  douze  ad* 
ministrateurs,  qui  devaient  être  agréés 
par  le  roi,  et  soft  capital  ixé  à  20  mil* 
fions,  divisés  en  20,000  actions  de 
1000  francs.  Chaque  administrateur 
dut  en  souscrire  500 ,  sur  lesquelles 
2fii0  devaient  étre^dépoçéès  danâ  la 
caisse  de  k  Compagnie  à  titre  de  eau- 
tionneraenV  Quant  aux  14,000  autres, 
on  devait  les  offrir  aux  spéculateurs 
et  aux  capitalistes.  Ce  capital,  déclaré' 
.insaisissable  tout  le  temps  du  privi* 
lége,  demeurait  affecté  et  hypothéqué, 
par  préférence  spéciale,  à  tous  les  en* 
gagements  de  la  Compagnie.  Le  bilan 
devait  être  dressé,  et  le  dividende  fix4 
tous  les  ans ,  sauf  le  premier,  dont 
répoque  fut  fixée  au  mois  de  décembre 
1787.  Si  |>endant  le  cours  du  privilège 
il  venait  a  éelater  une  guerre ,  les  an- 
nées qu'elle  durerait  ne  compteraient 
pas,  et  à  la  paix ,  la  Compagnie  eom*- 
pléterait  les  sept  ans  qui  lui  étaient 
accordés.  Le  roi  s'obligeait  à  protéger 
la  Compagnie ,  à  la  maintenir,  même 
par  les  armes  ,  dans  Texerciee  de  ses 
droits,  et  à  racheter  ceux^e  ses  admii- 
nistrateurs,  capitaines,  officiers  et 
matelots  qui  seraient  faits  prisonniers 
de  guerre.  Il  la  garantit  de  toutes  de^ 
mandes  et  prétentions  qui  pourraient 
je  former  contre  elle,  provenant  du 


privilège  de  l'aneienne  Cempagnie  des 
Indes, et  lui  accorda  le  transit  pour 
toutes  ses  raarebandises,  même  êelks 
^î  seraient  nécessaires  à  la  traite  des 
noirs  ,  si  elle  jugeait  à  prepos  de  la 
faire.  Il  lui  accorda  pareillement  la 
permission  d'exporter  des  matières  , 
d'or  et  d'ar^nt ,  nonob^nt  toutes 
défenses  contraires,  à  la  seule  coDdi* 
tion  de  faire  connaître  au  contrôleur 
giénéral  des  finances  la  valeordeccs 
sortes  d'exportations.  Enfin,  il  abolit 
à  son  occasion  le  droit  d'induit,  &éà 
ê  podr  cent  suv  tes  marchandises  pro- 
venant du  commerce  de  l'Inde  et  delà 
Chine ,  et  à  3  pour  cent  sur  celles  des 
îles  de  Brance  et  de  Bourbon. 

Outre  ces  nombreux  avantages,  le 
roi  eéda  à  là  Compagnie  la  jouissaoee 
gratuite  du  port  de  Lorient ,  d«s  bé- 
tels ,  magasins  ,  caves ,  ebantiers  de 
construction,  cordérie,  ateli^s,  pon- 
tons, ustefusiles,.  facilité  de  port ,  ete.i 
y  existant  et  appartenant  à  ïtM) 
comme  aussi  la  jouissance  pamlt^ 
ment  gratuite  des  bâtiments»  ma^' 
sins,  comptoirs ,  ateliers ,  loges ,  ete.i 
qui  se  trouvaient  au  delà  du  cap  de 
Bonne^Ëspérance ,  et  dont  l'usage  loi 
était  nécessaire^ 

Le  19  juià  de  la  mente  afifiée,!» 
statuts  et  règlements  particHirliers  qiK 
la  Compagnie  rédigea,  ainsi  ^e  l'arrêt 
du  14  avril  qui  lui  en  conférait  ledroili 
furent  homologués  et  rendus  exéeu* 
toires;  le  13  avril  1786,  parut  on  rè- 
glement pour  la  vente  des  marebaDd^ 
ses  provenait  du  commerce  et  l'Ifi^! 
et  le  21  septembre  1786,  afin  de  lu 
donner  le  temps  de  fonder  des  éfr 
blissements  solides ,  et  la  {losfiibiliK 
de  faire  de  vastes  entreprises,  tf* 
privilège  fut  prorogé. 

On  avait  enfin  profité  des  leçons  à 
passé ,  et  puisqu'on  croyait  le  no» 
pôle .  absolument  nécessaire  poor  * 
oomuierce  de  l'Inde ,  on  Favait  assis, 
cette  fois,  sur  des  bases  raisoantbltf- 
La  nouvelk  Compagnie  des  Indes  a»- 
rait-elle  obtenu  des  succès  ,  c'est  ee 
qtie  l'on  ne  fut  pas  à  même  de  reçofr 
naître.  Quatre  ans  après  sa  fondatios, 
et  au  moment  où  die  n'avait  pas  encoi* 
eu  le  temps  de  doiMier  des  fK^ 


COM 


FHAISCE, 


GOM 


451 


nombreuses  d'intelligence  et  de  capa- 
cité, la  révolution  survint ,  qui  porta 
]e  trouble  dans  ses  opérations  ;  et ,  le 
3  avril  1790,  TAssemblée  constituante 
la  supprima ,  et  rétablit  la  liberté  du 
commerce  par  un  décret  ainsi  conçu  : 
«  Le  commerce  de  Tlnde ,  au  delà' du 
cap  de  Bonne- Espérance,  est  libre 
pour  tous  les  Français.  » 

Compagnie  de  la  Chine.  —  Vers  la 
fin  de  1687,  la  Compagnie  des  Indes 
'  orientales  se  trouvant  hors  d'état  de 
faire  des  expéditions  dans  toutes  les 
contrées  dont  se  composait  son  privi- 
lège, céda,  avec  le  consentement  du 
roi ,  le  droit  exclusif  de  commercer 
avec  la  Chine,  à  une  compagnie  de  né- 
gociants et  de  capitalistes,  a  la  tête  de 
laquelle  se  mit  un  nommé  Jourdan. 
Cette  compagnie,  qui  eut  en  même 
temps  la  faculté  d'utiliser  à  son  profit 
tous  les  établissements  qu'elle  trouve- 
rait fondés  sur  les  lieux,  n'ayant  en 
conséquence  aucuns  frais  à  faire,  au- 
tres auc  l'achat  de  ses  chargements  et 
l'expédition  de  ses  navires,  devait  ob- 
tenir des  bénéfices,  et  en  obtint  en  ef- 
fet. Elle  serait  allée  loin  peut-être, 
mais,  en  mai  1719,  l'édit  qui  réunit  la 
Compagnie  des  Indes  orientales  à  celle 
d'Occident,  révoqua  des  privilèges  dont 
elle  n'était  que  rétro-concessionnaire , 
et  la  déclara  supprimée. 

Compagnie  des  îles  d'Amérique. — 
C'est  la  plus  ancienne  qui  ait  été  créée 
pour  l'exploitation  du  nouveau  monde. 
Des  lettres  patentes  qui  lui  furent  dé- 
livrées en  1626,  lui  conférèrent  la  pro- 
priété de  toutes  les  fies  qu'elle  mettrait 
en  valeur,  lui  concédèrent  le  droit 
exclusif  d'y  commercer,  ainsi  que  ce- 
lui d'exiger  de  chaque  habitant,  depuis 
seize  à  soixante  ans,  annuellement  cent 
livres  de  tabac  ou  cinquante  livres  de 
coton.  En  échange  de  ces  avantages, 
elle  ne  devait  faire  passer  dans  ses  éta- 
blissements que  des  naturels  français 
et  catholiques,  entretenir  dans  chaque 
centre  d'habitation  trois  prêtres  pour 
les  besoins  spirituels,  et  à  chaque  mu- 
tation de  roi  prêter  foi  et  hommage 
et  offrir  une  couronne  d'or. 

Cett^    Compagnie ,     quoique    ses 
moyens  fussent  bornés,  parvint  rapi- 


dement à  un  si  haut  degré  de  prospe- 
cté, que  les  Français  ar£«rèrehtbi6il^ 
tôt  leur  pavillon  sur  toutes  les  1)M  voi- 
sines du  siège  principal  de  leurs  éta- 
blissements. En  conséquence,  par  artêt 
du  12  février  1635,  le  roi  petmit  à  fo 
Compagnie  de  nommer  un  caf^itaine 
général  des  capîtanies,  d'avoir  âtis^gi^tfs 
de  guerre  pour  la  défense  de  seâ  pbs- 
sessions,  et  dV  instituer  ^tê  officiera 
pour  y  rendre  la  justice.  Ge  fat  alors 
qu'elle  prit  le  titre  de  Comp^gfrîe  d^ 
tles  d'Anfîërique.  '  .~        ' 

Mais  Favidité  que  montra  cette  Gonit- 
pagnie,  ruina  en  moins  de  quinine  afffs 
de  si  beaux  commencements.  Commfe 
elle  avait  seule  le  droit  de  commercer 
dans  ses  tles,  les  habitants  étaient  foi^- 
cés  de  lui  acheter  les  vivres  que  le  sèl 
ne  leur  fournissait  point  ebéore.  Elle 
les  leur  vendit  si  cher  et  fixa  si  bas  te 
prix  des  marchandises  qu'ils  lui  doô- 
tiaient  en  échange,  qu'elle  les  mit  dans 
la  nécessité  d'ouvrir  avec  les  HoWdB- 
dais,  qui  se  montraient  plus  modâ^éft, 
un  commerce  interlope,  dont  le  résul- 
tat fut  sa  ruine  complète.  Elle  obtint, 
en  1642,  de  nouveaux  privilège  et  le 
renouvellement  des  anciens,  mais  le 
mal  était  fait.  Elle  eut  le  bon  esprit  de 
s'en  apercevoir  et  de  ne  pas  s'entétet. 
De  1649  à  1651,  avec  la  permission  <fu 
roi ,  elle  vendit  toutes  ses  îles  et  opé^a 
sa  liquidation.  Ses  privilèges,  ainsi  que 
ceux  de  toutes  les  compagnies  d- Amé- 
rique, furent  accordés  à  celle  dès 
Indes  occidentales  fondée  par  Colbert. 

Compagnie  de  la  Nauvelle'France. 
—  Cette  Compagnie,  formée  en  1638, 
reçut  de  Louis  XIII  la  concession  du 
Canada,  que  l'on  appelait  alors  la 
Nouvelle  -  France^  de  Québec  et  des 
terres  qu'elle  découvrirait.  Elle  obtint 
en  même  temps  deux  navifes,  le  pri- 
vilège exclusif  de  toute  espèce  de  com- 
merce et  d'entreprises,  à  l'exception 
de  la  pêche  et  du  trafic  de  la  baleine  et 
de  la  morue,  dont  les  habitants  du 
Canada  avaient  le  libre  exercice.  Il  lui 
ftit  accordé  de  plus  le  droit  de  bâtir 
des  forts  et  forteresses,  et  d'entretenir 
les  troupes  qu'elle  jugerait  néces- 
saires à  la  défense  du  pays,  d'ériger 
des  terres  en  fiefs  titrés  et  (J'înstifuer 

29. 


453 


COM 


L'tlNlVEHS. 


CÔM 


des  tribunaux  pour  rendre  la  justice 
en  son  nom. 

Ses  charges  étaient  de  faire  passer 
au  Canada,  pendant  la  première  an- 
née de  son  établissement,  300  hommes 
de  divers  métiers,  français  et  catholi- 
ques; 4,000  pendant  les  quinze  années 
suivantes,  et  dé  pourvoir  à  tous  leurs 
besoins  pendant  trois  ans. 

La  soif  de  ^ains  excessifs  ruina  cette 
Compagnie  comme  elle  avait  ruiné 
celle  des  Iles  d'Amérique.  Les  Hollan- 
dais s'emparèrent  de  son  commerce, 
et  il  n'existait  plus  lorsque  le  privilège 
exclusif  de  commercer  avec  le  Canada 
fut,  en  1654,  transporté  par  Louis  XIV 
à  la  Compagnie  des  Indes  occiden- 
tales. 

Compagnie  de  la  France  équi- 
noxUue, — Quelques  négociants  fran- 
çais ,  sous  la  conduite  de  Poucet  de 
Brétignj^,  avaient  déjà,  en  1643,  fait 
une  expédition  dans  la  contrée  située 
entre  1  Orénoque  et  le  fleuve  des  Ama- 
zones, lorsqu'en  1651,  il  se  forma,  pour 
y  fonder  des  établissements  fixes,  une 
compagnie  qui  paraissait  devoir  pren- 
dre un  grand  essor,  obtenir  de  beaux 
succès,  et  qui  eut  les  suites  les  plus  dé- 
sastreuses. L'abbé  de  Marivault,  qui 
en  était  le  fondateur,  se  nova  en  s'em- 
barquant;  Roy  ville,  envoyé  à  Cayenne 

{>our  y  commander,  fut  assassiné  dans 
a  traversée.  Les  principaux  intéressés, 
qui  avaient  commis  cet  attentat,  péri- 
rent tous  misérablement.  Le  com- 
mandant de  la  citadelle  passa  chez  les 
Hollandais  avec  une  partie  de  sa  gar- 
nison. Enfin,  ceux  des  colons  qui 
avaient  échappé  à  la  misère,  à  la  faim, 
aux  intempéries  du  climat  et  aux  ar- 
mes des  indigènes,  gagnèrent  les  îles 
du  Vent  sur  un  bateau  et  deux  canots, 
et  abandonnèrent  après  quinze  mois, 
Cayenne  aux  Hollandais  qui  s'en  em- 
parèrent. 

£n  1663,  une  nouvelle  compagnie  se 
forma  dans  le  même  but  que  la  précé- 
dente, sous  la  direction  du  maître  des 
requêtes  de  la  Barre.  Elle  fit  une  expé- 
dition, chassa  les  Hollandais  de  Cayen- 
ne, et  y  jeta  les  fondations  d'un  nou- 
vel étaolissement.  Mais  comme  son 
fonds  social  ne  s'élevait  pas  à  çlus  de 


200 ,000  francs ,  et  qu'avec  ces  bibles 
moyens,  elle  devait  coloniser  aussi  la 
Guyane,  il  lui  fallut  renoncer  à  sod 
privilège.  L'année  suivante,  elle  fut 
absorbée  par  la  grande  Compagnie  des 
Indes  occidentales,  qui  réunit  les  pos- 
sessions et  les  droits  de  toutes  les 
autres. 

Compagnie  des  Indes  occidentaks. 
—  Pour  former  cette  Compagnie, 
Louis  XIV  racheta,  au  prix  de 745,000 
livres ,  les  îles  d'Amérique ,  que  la 
Compagnie  de  ce  nom  avait  vendues, 
en  1649  et  1651,  lorsqu'elle  s'était  mise 
en  liquidation.  Par  édit  de  1664,  il  con- 
céda à  la  nouvelle  association  le  com- 
merce de  l'Afrique,  de  la  France  équi- 
noxiale  et  de  l'Amérique  septentrio- 
nale. Ce  corps  puissant  devait  détruire 
le  commerce  interlope  que  les  Hollan- 
dais faisaient  dans  les  établissements 
français;  TÉtat  lui  prêta  pour  dix 
ans,  sans  intérêt,  une  somme  égale  ao 
dixième  de  son  capital,  et  déchargea 
de  tout  droit  les  denrées  qu'il  porte- 
rait dans  ces  diverses  colonies. 

Ces  avantages  n'aboutirent  à  rien; 
l'infidélité  des  agents,  les  besoins  des 
colons,  les  malheurs  de  la  guerre,  ainsi 
qu'une  foule  de  désastres  que  le  bureau 
oe  Paris  ne  pouvait  ni  prévoir  ni  ré- 
parer, mirent  la  Compagnie  dans  la 
nécessité  de  contracter  des  delle^.  et 
cette  nécessité  jeta  le  plus  grand  dé- 
sordre dans  ses  affaires.  Pour  sauver 
une  partie  de  la  mise  des  actionnaires, 
et  persuadé  que  la  liberté  du  commerœ 
procurerait  à  l'Amérique  des  avantages 
qu'elle  n'obtiendrait  jamais  du  mono- 
pole, le  gouvernement,  en  1674,  suf 
prima  la  Compagnie  des  Indes  oca- 
dentales,  et  se  chargea  de  ses  dettes, 
qui  se  montaient  à  3,523,000  livres. 

Compagnie  de  rAcadie.  —  Cette  so- 
ciété fut  créée  en  1683,  pour  feirt 
exclusivement  le  commerce  du  castoi 
et  des  pelleteries  qui  se  tirent  des 
hautes  régions  de  l'Amérique  septen- 
trionale. Elle  obtint  des  succès  tait 
que  les  produits  furent  abondants  et 
qu'elle  jouit  de  toute  la  plénitude  de 
son  privilège  ;  mais  les  animaux  qa'die 
dépouillait  de  leurs  fourrures  dimi- 
nuèrent de  nombre  ou  se  ré^gièreot 


C^M 


FRANCE. 


COJ» 


4ô3 


dans  des  contrées  inabordables;  en- 
suite des  fraudeurs  lui  firent  une  dan< 
gereuse  concurrence.  Ces  deux  causes 
capitales,  réunies  à  d'autres,  firent 
qu'à  l'époque  de  Texpiration  de  son 
monopole,  en  1703,  elle  renonça  à  en 
demander  le  renouvellement. 

Compagnie  du  Canada.  —  La  Com- 
pagnie de  l'Acadie.  n'ayant  point  de- 
mandé, en  1703,  la  continuation  de  sou 
privilège^  il  se  forma,  en  1706,  sous  le 
nom  de  Compagnie  du  Canada,  une 
autre  société  qui  avait  pour  but  le 
même  commerce,  c'est-à-dire  celui  du 
castor  et  des  pelleteries.  Elle  fit  quel- 
ques expéditions,  fonda  quelques  comp- 
toirs, mais  n'arriva  jamais  à  une  pros- 
périté réelle.  Elle  fut  réunie,  en  1717, 
a  la  Compagnie  d'Occident. 

Compagnie  de  Saint-Domingue,  — 
Cette  Compagnie  fut  instituée  en  1698 
par  Louis  XIV,  pour  défricber  et  met- 
tre en  valeur  la  partie  de  l'île  Saint- 
Domingue  qui  s'étend  du  cap  Tiburon 
à  la  pointe  du  cap  Béate.  Ce  territoire, 
dans  un  développement  de  plus  de 
cinquante  lieues  de  côtes  ,  et  sur  plus 
de  trois  lieues  de  profondeur,  ne  comp- 
tait pas  alors  cent  habitants.  La  Com- 
pagnie ,'  dont  le  privilège  devait  durer 
vingt-cinq  ans,  s'était  obligée  à  y  faire 
passer  2ô00  noirs  pendant  les  cinq 
premières  années,  et  dans  chacune  des 
vingt  autres,  deux  cents  Européens  et 
deux  cents  noirs.  Elle  devait  aussi  em- 
pêcher les  habitants  du  cap  Français , 
de  Léogane ,  du  petit  Goaye  et  autres 
lieux ,  de  déserter  leurs  habitations 
pour  venir  s'établir  sur  son  territoire. 
Elle  fut  autorisée  à  faire  des  traités  de 
paix  et  d'alliance ,  à  nommer  aux  em- 
plois militaires ,  et  à  instituer  des  tri- 
bunaux pour  rendre  la  justice  en  son 
nom. 

Cette  Compagnie  débuta  fort  bien. 
Elle  distribua  gratuitement  des  terres 
à  ceux  qui  lui  en  demandèrent,  et  ven- 
dît, dans  4a  proportion  des  besoins  et 
des  talents,  des  esclaves  à  trois  ans  de 
terme.  Elle  accordait  le  même  crédit 
pouF  les  vivres  et  marchandises,  quoi- 
qu'ils dussent  être  livrés  au  cours  du 
marché  général.  Quant  aux  produc- 
tions du  sol,  elle  les  prenait  en  échange 


au  prix  qu'elle  aurait  payé  dans  les  au- 
tres quartiers.  Un  système  si  bien  en- 
tendu, si  modéré,  devait  faire  prospé* 
rer  les  affaires  de  la  Compagnie  comme 
celle  des  habitants  ;  mais  les  adminis- 
trateurs qui  l'avaient  fondée  furent 
remplacés ,  et  ceux  qui  leur  succédè- 
rent se  montrèrent  animés  d'un  tout 
autre  esprit.  Le  désir  de  s'enrichir 
avec  promptitude,  remplaçant  la  pru- 
dence qui  semait  pour  recueillir ,  les 
colons  se  trouvèrent  en  proie  aux  vexa- 
tion s  non-seulement  des  chefs  supé- 
rieurs, mais  encore  des  employés  su- 
balternes. Cette  conduite  déloyale 
porta  ses  fruits.  Abhorrée  des  habi- 
tants ,  ruinée  par  les  infidélités  de  ses 
agents,  trompée  dans  ses  spéculations, 
Ja  Compagnie  se  vit,  en  1720,  trois  ans 
avant  l'expiration  de  son  privilège , 
obligée  de  remettre  ses  droits  au  gou- 
vernement. 

Au  mois  d'avril  de  la  même  année, 
le  roi  laissa  à  tous  ses  sujets  la  liberté 
de  commercer  avec  Saint-Domingue, 
c'est-à-dire,  avec  la  portion  de  cette 
ile  dont  il  avait  fait  concession  à  la 
Compagnie.  Mais  au  mois  de  septem- 
bre suivant ,  il  investit  la  Compagnie 
des  Indes  de  tous  les  avantages  dont 
avait  joui  l'association  qui  venait  de 
se  dissoudre ,  et  lui  accorda  en  même 
temps  le  commerce  exclusif  des  noirs 
dans  toute  l'île,  à  la  charge  d'y  en  in- 
troduire deux  mille  par  an. 

La  Compagnie  des  Indes  abusa  de 
son  privilège  ,  comme  l'avait  fait  la 
Compagnie  de  Saint-Domingue,  et  son 
manque  de  modération  causa  des  sé- 
ditions et  des  troubles  qui  durèrent 
deux  ans.  On  pilla  ses  magasins ,  on 
brûla  ses  édifices ,  on  refusa  les  noirs 
apportés  par  ses  vaisseaux.  On  se  dis- 
posait à  aller  plus  loin  encore ,  lors- 
qu'en  1724,  le  gouvernement,  pour 
arrêter  l'orage ,  permit  sagement  au 
lieutenant  général ,  qui  avait  des  pou- 
voirs suffisants  pour  cela,  de  révoquer 
les  privilèges  de  1^  Compagnie.  Les 
troubles  s'apaisèrent  alors  ;  et,  depuis 
ce  temps ,  le  commerce  de  Saint-Do- 
mingue fut  ouvert  à  tous  les  négociants 
français. 

Compagnie  d^Occident.  —  Cette 


454 


\ 


COllf 


UUKÏVERS. 


€091 


Compagnie  fut  créée  pair  Lav  en  1717, 
pour  augmenter  le  crédit  de  }a  banque 
générale  qu'il  avait  fondée.  Les  prin- 
cipales clauses  du  privilège  furent  le 
commerce  exclusif  de  la  Louisiane 
pendant  vingt-cinq  ans,  et  depuis  le 
1*' janvier  1718  jusqu'au  31  décembre 
1743 ,  de  celui  du  castor,  dont  on  dé- 
posséda la  Compagnie  du  Canada. 

Le  capital  de  cette  Compagnie  fut 
fixé,  par  l'édit  de  décembre  1717,  à 
cent  millions  payables  en  billets  d'État, 
pour  lesquels  il  fut  créé  par  le  roi,  sur 
Jes  fermes  générales ,  une  rente  de 
quatre  millions  au  profit  de  la  Com- 
pagnie. En  1718,  la  nouvelle  associa* 
tionse  rendit  adjudicataire  de  la  ferme 
générale  des  tabacs  pour  quatre  mil- 
Tions  vingt  mille  livres.  Afin  de  favo- 
riser ses  plantations  de  la  Louisiane , 
et  d'augmenter  la  consommation  du 
tabac,  elle  rendit  la  vente  libre.  Au 
mois  de  septembre  de  la  même  année, 
elle  fut  autorisée  à  acheter  les  privi- 
lèges de  la  Compagnie  du  Sénégal  ;  et 
cette  opération,  qui  fut  consommée  en 
171^,  lui  procura  le  conamerce  exclu- 
sif de  cette  contrée  de  l'Afrique,  aux 
mêmes  conditions  que  la  Compagnie 
d'Occident. 

Telle  était  la  situation  de  la  Compa- 
gnied'Occident  en  mai  1719,  lorsqu'elle 
fut  réunie  à  la  Compagnie  des  Indes 
orientales.  (Voyez  ce  mot.) 

Compagnies  et  assurances.  —  Nous 
devons  dire  un  mot ,  en  finissant  cette 
histoire  abrégée  des  grandes  compa- 
gnies de  commerce  qui  se  sont  éta- 
blies en  France ,  sur  une  autre  espèce 
i  d'associations  qui  ont  pris  de  nos  Jours 
un  grand  développement.  Nous  vou- 
lons parler  des  compagnies  d'assuran- 
ces. Les  assurances  contre  les  risques 
de  la  mer  sont  fort  anciennes.  Il  n'en 
est  pas  de  même  de  celles  qui  ont  pour 
but  la  garantie  des  désastres  causés 


risque  que  coorent  les  bateaoxd'étié 
submergés  sur  les  fleuves ,  contre  ce* 
lui  auquel  sont  exposées  les  voitores 
d'être  incendiées  en  route.  Nous  avons 
des  assurances  eontre  les  ravages  de 
la  grêle ,  contre  la  gelée  des  vignobles, 
contre  les  chances  du  recrutement  mi- 
litaire ,  etc.  ;  enfin,  nous  en  avons 
même  sur  la  vie.  Toutes,  à  TexceptloQ 
de  la  dernière  ,  prennent ,  moyearant 
une  prime  annuelle  ou  une  fois  payée, 
pour  leur  compte  particulier  le  pré- 
judice qu'éprouvent  les  assurés  aam 
les  cas  prévus  parleurs  statuts,  et  les 
en  indemnisent  ou  leur  fournissent  le 
moyen  d'y  porter  remède.  Quant  aax 
dernières ,  les  assurances  sur  la  vie, 
elles  ont  pour  but  de  faire  payer  à  une 
personne  désignée  une  somme  quel- 
conque après  le  décès  de  l'assuré. 

Il  avait  été  question  d'assujettlT  te 
établissements  d'assurances  contre  le 
recrutement  à  des  règlements  qui  te 
auraient  rendus  presque  impossibles. 
Mais  ,  lors  de  la  discussion  de  la  lei 
d'avril  1841 ,  on  a  modifié  les  preffliè' 
reï  idées  qu'on  avait  eues  sur  la  ma- 
tière ,  et  on  s'est  borné  à  soumettre 
ces  établissements  à  des  formalités 
dont  on  trouvera  le  détail  à  Tarticie 
Remplacement. 

GoMPA&Nrss  DE  Jbhv.  On  don» 
ee  nom  aux  associations  de  royalifr 
tes  qui  se  formèrent  pendant  la  rêve- 
lution,  dans  le  midi  de  ta  France,  après 
le  9  thermidor ,  et  qui  commirent da« 
ces  contrées  un  grand  nombre  d'tt- 
sâssinats.  Ces  scènes  de  meurtrecooi- 
mencèrent  à  Lyon  peu  de  temps  après 
le  9  thermidor.  «  On  publia  une  listt 
in-4«  où  se  trouvaient  les  noms  de 
tous  ceux  qui  étaient  soupçonoés  (f** 
Toir  fait  quelque  dénonciation ,  el, 
dans  une  colonne  parallèle,  celui  des 
personnes  dénoncées,  guillotinées oa 
fusillées.  Guidée  par  cette  liste,  b 


I 


ar  les  incendies  ;  celles-ci  sont  tout  à    Jeunesse  dorée  de  Rhône  et  Loiret* 
ait  modernes,  et  ne  datent  que  du     quait  les  révolutionnaires  de  porté o 


dix-huitième  siècle.  De  nos  jours  on 
a ,  comme  nous  le  verrons  plus  bas , 
appliqué  les  assurances  à  la  garantie 
de  beaucoup  d'autres  dangers,  et  même 
de  dangers  certains.  Nous  avons, 
entre  autres,  des  assurances  contre  le 


porte ,  les  faisait  sortir  comme  p««f 
les  conduire  à  la  commune ,  <t  ^ 
égorgeait  ou  les  assommait  parder; 
rière.  Les  cadavres  étaient  attacha* 
la  première  voiture  qui  passait, tr«- 
nés  jusqu'aux  bords  m  Rhône  et  jetts 


cosf 


FRANCE. 


con 


455 


à  l'eâu.  A  défaut  de  voiture,  les  tueurs 
eux-mêmes  traînaient  leurs  victimes 
dans  le  fleuve.  Pas  une  voix  ne  s'éle- 
vait pour  blâmer  ces  scènes  atroce3. 
La  classe  bourgeoise ,  alors  maîtresse 
de  la  ville ,  se  contentait  de  dire , 
lorsqu'elle  n'excitait  pas  directement 
Je  zèle  des  assassins  :  C^e^t  un  Ma- 
thevon  de  moins  /. . . .  On  n'épargna 
pas  les  femmes. . .  Les  meurtres  étaient 
presque  toujours  suivis  de  vols. . .  Les 
•   massacres  n'eurent  d'autres  suites  ju- 
diciaires que  la  traduction  devant  le 
tribunal  de  Roanne  d^une  quinzaine 
de  jeunes  gens  notoirement  connus 
comme  égorgeurs.  Ils  furent  acquittés, 
et  le  jour  où  ils  devaient  rentrer  à 
Lyon,  des  femmes  sortirent  au-devant 
d'eux ,  jetant  des 'fleurs  sur  leur  pas- 
sage; le  soir,  ils  furent  couronnés  au 
spectacle.    On  continua  d'assassiner 
publiquement  dans  cette  ville  pendant 

Eljusieurs  années  encore  ;  mais  il  est 
ien  difficile,  pour  ne  pas  dire  impos- 
sible ,  de  donner ,  même  approximati- 
vement, le  chiffre  des  victimes.  Mar- 
seille, Aïx,  Toulon,  Tarascon,  presque 
toutes  les  communes  de  l'ancien  com- 
tatVenaissin  et  delà  Provence,  furent 
aussi  en  proie  aux  égorgeurs.  L'His- 
Jtoijre  générale  et  impartiale  publiée  par 
Prudhomme,  dansun  tableau  annexé 
au  sixième  volume,  porte  à  750  le  chit- 
fre  des  individus  égorgés  dans  tout  le 
Midi  après  la  réaction  du  9  thermidor. 
Mais  Pradhomme,  dont  les  opinions 
contre-révolutionnaires  sont  bien  cour 
nues ,  parle  uniquement  des  meurtres 
qui  eurent  lieu  dans  les  villes  pripcir 
pales,  tandis  qu^il  n'y  eut  pas  un  vij. 
fage ,  pas  un  hameau  dans  ce  malheu- 
reux pays ,  où  quelaue  assassinat  n'ait 
été  commis  par  les  tnermidoriens.  Les 
preuves  que  l'on  possède  à  cet  égar4 
permettent  d'afGrmer  que,  dans  les 
contrées  qui  furent  le  théâtre  de  ces 
attentats, la  réaction  fit  plus  de  victi- 
mes que  n'en  avait  fait  la  terreur  (*).» 
Les  compagnies  de  JéhUy  qui  avaient 
pris  Leur  nom  de  Jébu ,  U  destructeur 

(*)  Voyez  Bisloire  ffbrlementairê  de  la 
révoùitioft  Jrançaisep  t.  XXX.VI,  p.  409 
et  suir. 


de  la  maison  d'Achab  et  des  prêtres  ie 
Baal,  étaient  appelées  par  le  peuple 
les  compagnies  de  Jésus,  Elles  pre- 
naient aussi  quelquefois  le  nom  4^ 
compagnies  du  soleil. 

COMPAONIES    LITTÉRAIRES   aVUlfU 

le  dix-septième  siècle,  —  L'article 
Académie  française  nous  a  déjà 
fourni  l'occasion  de  dire  quelques  mots 
des  sociétés  qui  avaient  précédé  en 
France  la  célèbre  institution  dont  Ri- 
chelieu se  fît  le  protecteur;  mais,  for- 
cés de  nous  restreindre ,  nous  avons 
dû  omettre  quelques  faits  intéressants 
qui  trouvent  naturellement  iei  leur 
place. 

.  En  parcourant  l'histoire  de  France 
pour  découvrir  quelque  essai  à^ acadé- 
mie, quelque  reunion  dont  les  occu- 
pations ressemblassent  à  celles  des 
sociétés  savantes  de  nos  jours ,  on 
trouve  d'abord  l'école  fondée  par  dhar- 
lemagne  dans  son  palais  (Voy.  École 
PALATINE),  et  dont  lui-même  voulujt 
être  membre.  La  guerre  dispersa  bien- 
tôt cette  assemblée;  la  guerre  en|pd- 
cha  qu'il  s'en  reformât  de  pareilles 
pendant  le  moyen  â^e.  N'oublions  pas 
cependant  de  mentionner  ici  les  g^ 
lantes  compagnies  qui  à  cette  époqi^e 
s'établirent  dans  nos  différentes  pro»- 
vinces  sous  le  nom  de  Cours  d'amour, 
(Voy.  ce  mot.)  Si  elles  n'accordaient 
pas  aux  lettres  la  première  place,  elles 
perpétuaient  du  moins,  au  milieu  des 
mœurs  un  peu  grossières  du  temps,  Le 
goût  des  sociétés  noiies ,  et  leur  héri- 
tage se  transmit  puis  tard  aux  Jeuqc  cfe 
la  gaye  science .  si  célèbres  depuis 
sous  le  nom  de  Jeux  floraux.  (Voy. 
ce  mot.)  Il  s'établit  encore,  du  quator- 
zième au  quinzième  siècle,  d'autres 
institutions  littéraires,  mais  qui  ne 
durent  pas  leur  origine  à  à&s  idées 
d'amour  profane  :  nous  voulons  parler 
des  PuyS'Notre-pame.  On  désignait 
ainsi  des  compagnies  qui,  à  certaine^t 

Jpoques  de  1  année,  se  réunissaient 
ans  plusieurs  bonnes  villes  deFrancCy 
nour  entendre  des  pièces  de  vi&rs,  doni 
fa  récompense  consistait  souvent, 
comme  à  Toulouse,  en  une  fleur  d'av? 
gent.  Mais  tous  ces  chsu^s^  .(ousflefl 
rondeaux,  toutes  ces  ballades,  avaient 


456 


COM 


L'UNIVERS. 


COM 


exclusivement  poar  objet  la  louange 
de  la  Vierge,  et  cette  particularité  ne 
doit  pas  étonner  si  Ton  songe  au  culte 
fervent  et  empressé  que  le  moyen  âge 
avait  voué  à  la  mère  du  Christ.  Le 

S  lus  ancien  de  ces  puys  {*)  fut  institué 
Rouen  vers  1150;  celui  d'Amiens  fut 
fondé  en  1393.  Mais  ce  fut  surtout 
pendant    les   quinzième  et  seizième 
siècles  qu'ils  brillèrent  d'un  vif  éclat. 
Tous  les  ans  on  nommait  un  prince 
ou  maître  du  jeu ,  qui  devait  subvenir 
aux  frais  nécessaires.  A  Amiens,  ce 
maître  était  président  d'un  dîner  célé- 
bré le  jourcle  la  Chandeleur,  et  pen- 
dant lequel  «  il  faisait  représenter  un 
mystère ,  et  donnait  à  chaque  associé 
un  chapeau  vert  et  une  copie  du  mys- 
tère; le  lendemain,  après  la  messe,  il 
décernait  publiquement  une  couronne 
d'argent  à   l'auteur  de  la  meilleure 
ballade.  Ce^  usages,  ou  quelques  autres 
du  même  genre,  furent  aussi  pratiqués 
dans  plusieurs  villes  de  France.  Sans 
être  précisément  les  mêmes  que  ceux 
qui  constituent  nos  académies  moder- 
nes ,  il  existe  cependant  entre  eux  des  - 
rapports  qui  sont  faciles  à  saisir.  Au 
nord  de  la  France  et  dans  les  Pays-Bas, 
le  nom  donné  à  ces  compagnies  différa  : 
il  fut  plus  savant,  plus  littéraire;  elles 
furent  appelées  chambres  de  rhétori- 
crue.  Plusieurs  de  ces  chambres  avaient 
déià,  vers  1302,  une  organisation  ré- 
gulière. Outre  les  poésies  sacrées  que 
l'on  recevait  au  concours,  elles  propo- 
saient, à  certaines  époques  de  l'année, 
des  questions  de  littérature  ou  de  phi- 
losophie ,  auxquelles  les  seules  cham- 
bres reconnues  étaient  admises  à  ré- 
pondre; elles  le  faisaient  ordinaire- 
ment par  une  moralité  en  vers.  La 
chambre  qui  remportait  le  prix,  appelé 
Joyau  du  pays,  proposait  à  ^n  tour 
une  autre  question.  Les  fêtes  données 

(*)  On  n'est  pas  d'accord  sur  l'origine  de 
ce  mot,  comme  dénomination  de  ces  confré- 
ries. Les  uns  lui  donnant  la  signification  de 
colline  (podium) f  ont  )>ensé  qu'il  désignait 
l'emplacement  choisi  primitivement  pour 
tliéâti*e  naturel  de  ces  réunions;  les  autres 
le  tiraient  d'un  miracle  opéré  par  Notre- 
Dame,  qui  sauTa  un  enfant  endormi  sur  le 
bord  d'un  puits^ 


à  l'occasion  de  ces  concours  étaient 
très  -  brillantes.  Les  compagnies  se 
rendant  visite  les  unes  aux  autres,  dé- 
ployaient tout  le  luxe  qui  était  à  leur 
portée  (*).  » 

Il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  existé  à  Pa- 
ris d'institution  semblable  sous  Fran- 
çois I*%  le  père  des  lettres.  Ce  fut 
sous  Charles  IX,  et  avec  la  protection 
de  ce  roi,  que  s'établit  cette  académie 
de  Baîf,  dont  la  similitude  avec  l'Aca- 
démie française  est  presque  complète. 
Quand  les  guerres  de  religion  se  furent 
apaisées  et  eurent  laissé  fructifier  ces 
germes  de  culture  littéraire ,  le  goût 
des  réunions  devint  dominant,  et  plu- 
sieurs années  avant  la  création  due  à 
Richelieu,  il  s'était  formé  à  la  cour  et 
à  la  ville  des  cercles  destinés  spéciale- 
ment à  des  conversations  sur  l'élo- 
quence et  la  poésie,  et  à  la  lecture  des 
ouvrages  nouveaux.  Sans  parler  des 
réunions  de  l'hôtel  de  Rambouillet,  de 
mademoiselle  de  Scudéry,  etc. ,  dont 
il  a  été  question  à  l'article  Bubeaux 
d'espbit,  nous  citerons  comme  une 
des  premières  et  des  plus  remarqua- 
bles de  ces  sociétés,  celle  que  Mal- 
herbe tenait  chez  lui  presque  tous  les 
soirs.  «  Il  était  cependant  fort  mal 
meublé,  et  logeait  dans  une  chambre 
garnie  où  il  n'y  avait  que  sept  ou  huit 
chaises  de  paille;  souvent  les  chaises 
étaient  toutes  occupées,  et  il  lui  sur- 
venait encore  du  monde;  Malherbe 
fermait  alors  la  porte  en  dedans ,  et 
répondait  à  ceux  qui  frappaient  :  At- 
tendez, il  n'y  a  plus  de  chaises  (**}.• 
Le  fameux  gazetier  Renaudot  avait 
aussi  à  son  bureau  d'adresse  (voy.  ce 
mot)  une  sorte  d'académie  ;  et  Ménage, 
suivant  l'exemple  de  Malherbe ,  reu- 
nissait les  hommes  de  lettres  ses  amis 
dans  sa  maison  du  cloître  Notre- 
Dame,  d'abord  tous  les  mercredis  soift 
et  plus  tard  tous  les  jours. 

Nous  voici  amenés  à  l'époque  où  le 
cardinaKministre,  prenant  sous  son  pa- 
tronage la  petite  reunion  de  Comartet 


en  rnotot\ 


(*)  Les  compagnies  littéraires  en  M 
par  M.  Leroux  de  Lincy,  Revue  de 
n**  du  24  janvier  184 1. 

(**)  Leroux  de  Liocy,  d'après  Bacan. 


€OJ»I 


FBANCE. 


C»N 


457 


de  Desmarets^  lui  octroya,  aa  prix  de 
son  indépendance,  une  constitution  of- 
ficielle et  le  glorieux  titre  d'Académie 
française.  De  curieuses  tentatives  fu- 
rent faites  par  des  particuliers  poHr 
rivaliser  avec  cet  étaolissement,  dont 
la  faveur  et  Téclat  toujours  croissants 
excitèrent  bien  des  rumeurs.  Ainsi 
s'élevèrent  les  académies  de  la  vicom- 
tesse d'Auchy  (*)  et  de  Tabbé  d*Au- 
bignac.   Mais   Tune  fut  fermée  par 
ordre  de  l'archevêque  de  Paris ,  parce 
qu'on  y  avait  soutenu  certaines  pro- 
positions peu  orthodoxes  sur  la  philo- 
sophie et  la  théologie  ;  l'autre,  ouverte 
en  1662 ,  et  fréquentée  par  beaucoup 
d'hommes  distingués ,  s  éteignit  avec 
son  fondateur.  «On  le  voit,  par  toutes 
ce^    imitations ,  dit  M.  Leroux    de 
JLîncy,  Richelieu ,  en  créant  l' Acadé- 
mie française,  ne  pouvait  que  réussir  ; 
cet  établissement  répondait  aux  be- 
soins d'une  époque  oii  des  maîtres 
dans  tous  les  genres  allaient  produire 
des  œuvres  immortelles.  » 

Compagnies  militaires.  Le  mot 
de  compagnie  sous  lequel  on  désigne 
aujourd'hui   l'une    des   divisions  du 
bataillon  ou  de  l'escadron  (voyez  ces 
mots),  avait  dans  l'origine,  une  signi- 
fication  beaucoup  moins  restreinte. 
Ainsi,    dans  l'infanterie,  il  s'appli- 
quait,, au  commencement  du  règne 
de  François  V,  à  des  corps  de  trou- 
pes de  diffésentes  forces,  et  quel- 
quefois à  des  bandes  de  plusieurs  mil- 
liers d'hommes,  pourvu  que  leur  chef 
eût  le  titre  de  capitaine  (voyez  ce  mot). 
]L,es  légions ,  organisées  peu  de  temps 
après,  furent  divisées  chacune  en  six 
compagnies  de  mille  hommes  ;  mais 
cette   organisation    improvisée   dura 
peu ,  et  l'on  en  revint  bientôt  au  sys- 
tème des  compagnies  et  des  bandes 
ir régulières,  qui  n'avait  d'ailleurs  ja- 
mais été  abandonné. 

Les  compagnies  de  cavalerie  légère 
xi'étaient  pas  organisées  plus  réguliè- 
ment  que  celles  de  l'infanterie  ;  quant 
iM.  celles  de  la  gendarmerie  ou  grosse 
4*aya1erie ,  elles  avaient  en  partie  con- 
servé l'organisation  des  compagnies 

(*)  Voyez  DES  Uasizrs  (Charlotte).      .,. 


d'ordonnance,  instituées  par  Charles 
,  VII  (voy.  Compagnies  d* ordonnance), 

Henri  II  réunit,  en  1558,  plusieurs 
compagnies  d'infanterie,  pour  en  for- 
mer les  premiers  régiments.  Charles 
IX  fit  de  même.  Montluc,  dans  le  qua- 
trième livre  de  ses  Commentaires ,  se 
sert  des  expressions  de  régiment  et 
A'enseigne^  pour  désigner  les  sept 
bandes  ou  compagnies  à  la  tête  des- 
quelles il  alla  au  secours  de  Corbie  en 
1558.  Sous  Louis  XIII ,  presque  tou- 
tes les  bandes  avaient  été  réunies  en 
régiments.  C'est  alors  que  ces  cor[)s 
furent  divisés  en  bataillons ,  subdivi- 
sés eux-mêmes  en  un  certain  nombre 
de  compagnies ,  que,  dans  les  énumé- 
'  rations ,  on  désignait  aussi  quelquefois 
sous  le  nom  d'enseignes ,  parce  que 
chacune  d'elles  avait  un  drapeau. 

Depuis,  la  force  numérique  des  com- 
pagnies a  plusieurs  fois  varié  (voyez 
l'art.  Bataillon)  ;  mais  la  significa- 
tion de  ce  mot  est  toujours  restée  la 
même. 

Longtemps  les  compagnies  portè- 
rent le  nom  de  leurs  capitaines  ;  et  cet 
usage,  aboli  seulement  en  1791,  repa- 
rut au  commencement  de  la  restaura- 
tion, qui  s'effor<jait  de  faire  revivre 
toutes  les  institutions  de  l'ancien  ré- 
gime. Mais  cette  tentative  échoua 
comme  la  plupart  ae  celles  du  même 
genre  ;  et ,  à  la  réorganisation  des  lé- 
gions en  régiments  en  1820,  on  rendit 
aux  compagnies  leurs  numéros ,  pai* 
lesquels  elles  n'ont  plus  cessé  d'être 
désignées  depuis. 

Jusqu'à  la  révolution ,  chaque  colo- 
nel ^u  raestre  de  camp  d'infanterie  et 
de  cavalerie  avait ,  dans  son  régiment, 
sa  compagnie  particulière  qu'on  appe- 
lait la  compagnie  colonelle.  Les  colo- 
nels généraux  avaient  également,  pour 
leur  compte  particulier ,  une  compa- 
gnie dans  tous  ou  dans  presque  tous 
les  régiments  de  leur  arme ,  préroga- 
tive qui  était  une  suite  de  l'importance 
qu'on  attachait  précédemment  au  ti- 
tre de  capitaine. 

Autreiois ,  les  compagnies  s'ache- 
taient. Une  com{)agnie  de  gardes- 
françaises  se  payait  environ  quatre- 
vingt  mille  livres.  Celles  de  cavalerie 


458 


COM 


L'UNIVERS* 


COM 


s'obtenaient  moyennant  le  dépât  an 
trésor  roval  d'une  finance  oui  variait , 
suivant  l'arme,  de  sept  à  cfix  mille  li- 
vres. Cette  finance  n'était  restituée 
gu'avec  réduction,  et  même  quelque- 
rois  elle  était  entièrement  retenue. 
Les  compagnies  des  régiments  étran- 
gers étaient  la  propriété  des  colonels, 
et  elles  s'achetaient  aussi  fort  cher. 
Celles  de  l'infanterie  ne  s'achetaient 
pas  ;  la  vente  n'en  était  pas  autorisée 
par  les  règlements  ;  mais  il  n^en  fal- 
lait pas  moins  dépenser  beaucoup  d'ar- 
gent pour  les  obtenir;  car  tout  capi- 
taine nouvellement  nommé  devait  tenir 
compte  à  celui  qu'il  remplaçait,  des 
déboursés  au'il  avait  ou  qu'il  était 
censé  avoir  faits  pour  Tent retien  de  la 
compagnie.  Ces  corps  ne  furent  tous 
au  compte  du  roi  qu'en  1762 ,  et  les 
charges  de  capitaines  ne  cessèrent  d'ê- 
tre vénales  que  sous  le  ministère  du 
maréchal  de.Ségur, 

Compagnies  Jranches,  —  On  nom- 
mait ainsi  autrefois  des  bandes  iso- 
lées composées  de  dragons ,  de  hus- 
sards et  de  fantassins ,  que  Ton  em- 
ployait en  temps  de  guerre  à  faire  des 
mcursions  sur  le  pays  ennemi ,  et  qui 
étaient  pour  ainsi  dire  sur  terre  ce  que 
les  corsaires  sont  sur  la  mer.  Ceux 
qui  servaient  dans  ces  compagnies 
étaient  connus  sous  le  nom  de  partir 
sans. 

Depuis  Louis XI  jusqu'à  Louis  XIII, 
les  villes  entretinrent  pour  leur  défense 
particulière  des  corps  de  troupes  qui 
portaient  aussi  le  nom  de  compagnies 
Jranches.  En  cas  de  guerre,  ces  com- 
pagnies rejoignaient  1  armée  ;  après  la 
campagne,  elles  revenaient  tenir  gar- 
nison dans  les  villes  auxquelles  elles 
appartenaient.  Vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  il  n'y  avait  pas  de 
ville  un  peu  considérable  qui  n'eilh 
conservé  quelqu'une  de  ces  compa- 
gnies. Les  soldats  qui  les  composaient 
étaient  alors  connus  sous  le  nom  ^af- 
chers.  Ils  n'allaient  plus  à  la  guerre  ; 
mais  ils  servaient  au  maintien  de  l'or- 
dre et  à  la  police  intérieure  des  ville^. 
La  ville  de  Paris  avait,  en  1550,  trois 
de  ces  compagnies ,  soiis  les  ordres 
d'un  colonel  qui  portait  le  titre  ôt  cor 


'  pitaine  général.  Depuis ,  ces  compa- 
gnies  ont  été  dissoutes,  et  remplacées 
par  à^%  corps  qui  ont  successivement 
porté  lé  nom  de  Gvet  à. pied  et  à  che- 
val. Garde  de  Paris  ^  Gendarmerie 
de  la  ville  de  Paris  ^  et  enfiin  Garé 
municipale. 

Compagnies  (grandes)^  Nous  avons 
donné,  aux  SiTt^cies  aventuriers.  Ban- 
des militaires ,  et  Brabançons ,  une 
idée  de  la  composition  des  grandes 
compagnies  ;  il  nous  reste  à  faire  con- 
naître ici  les  brigandages  commis  par 
ces  troupes  indisciplinées ,  et  la  ma- 
nière  dont  Charles  V  parvînt  à  en 
délivrer  la  France.  Ce  prince  venait  de 
succéder  à  son  père ,  mort  à  Londres 
en  captivité.  Deux  traités  qu'il  avait 
conclus  avec  la  Bretagne  et  la  Navarre, 
faisaient  bien  augurer  de  son  r^e; 
mais  l'anarchie  qui  s'était  établie  sous 
le  précédent  roi,  subsistait  encore,  et  le 
peuple  souffrait  plus  encore  de  la  paix 
que  de  la  guerre  qui  l'avait  précédée. 
En  effet,  depuis  que  les  soldats  et  les 
nobles  ne  se  faisaient  plus  la  guerre 
entre  eux,  ils  s*étaient  tous  tournés 
contre  lui,  et  le  rançonnaient  à  ofr 
trance.  «  Il  n'y  avait ,  dit  le  contimtt- 
teur  de  Guillaume  de  Nangis ,  aucune 
province  qui  ne  fdt  infestée  de  bri- 
gands ;  les  uns  occupaient  des  fort^ 
resses,  d'autres  logeaient  dans  les  vil- 
lages et  les  maisons  de  campagne,  et 
personne  ne  pouvait  voyager  sans  ni 
extrême  danger.  Les  soldats  du  nÀt 
eux-mêmes ,  qui  auraient  dû  prot^ 
nos  paysans  et  nos  voyageuj^ ,  ne 
son^aienl  au  contraire  qu'à  les  éi- 
pomller  honteusement.  De^  chevaQers 
même ,  tout  en  se  disant  amis  du  ni 
et  de  la  majesté  royale,  tenaient  ces 
brigands  à  leurs  ordres.  Bien  plo^ 
quand  Ils  venaient  dans  les  yîIkb,  a 
Paris  même,  chacun  les  reconnaissall; 
mais  personne  n'osait  mettre  la  maiB 

sur  eux  pour  les  punir Quand  fe 

roi  donna  à  du  Guesciin  le  comlé  le 
Longueville,  celui-cf  prt)mit,  en  retour, 
de  chasser  du  royaume  les  br^aodi 

?|ui  le  dévastaient;  mais  loin  ée  Ir 
aire,  il  permit  à  ses  Bretons  dPenlevcf 
dans  les  villages  et  sur  les  grands  elie- 
miuF  Pargent«  les  habits,  tes  chevaux. 


COH 


FRANCE- 


GOBI 


459 


le  bétail,  enfin  tout  ce  quMUy  trour 
yeraient.  » 

La  situation  du  Midi  était  encore 
plus  déplorable.  Le  Languedoc  et  la 
Provence  ayant  moins  souffert  de  la 
guerre  que  les  autres  provinces, 
payaient  alors  ce  privilège  par  une  ter- 
rible compensation.  L'espoir  d'un  bu- 
tin plus  abondant  y  avait  attiré  la 
plupart  des  grandes  compagnies,  pour 
lesquelles  le  voisinage  d'Avignon,  et 
la  perspective  de  pouvoir  rançonner 
les  riches  prélats  qui  composnient  la 
cour  du  saint -père,  étaient  d'ailleurs 
un  puissant  appât. 

Urbain  V ,  effrayé ,  frappa  d'ana- 
thème,  en  1364,  les  compagnies  et  tous 
ceux  qui  les  favorisaient  ou  leur  four- 
nissaient des  armes  et  des  vivres ,  et 
il  prêcha  contire  eux  une  sorte  de  croi- 
sade. 

Un  moyen  assuré  de  se  débarrassar 
ie  ces  brigands  eût  été  de  donner  des 
airnaes  au  peuple  ;  mais  le  souvenir  de 
l'insurrection  des  Capudés  (Voyez  ce 
mot)  n'était  pas  effacé  ;  et  la  noblesse 
redoutait  moins  les  brigands  dont  elle 
partageait  les  profits  que  le  peuple 
irmé ,  qui ,  dans  la  Flandre  surtout , 
savait  faire  valoir  ses  droits  aux  dé- 
pens de  tous  les  privilèges. 

Il  fallut  songer  à  un  autre  expé- 
dient :  le  roi  Jean  avait  pris  l'engage- 
meni  de  faire  une  croisade  contre  les 
Musulmans.  Ce  projet,  qu'il  n'avait 
pu  poursuivre ,  venait  de  recevoir  un 
commencement  d'exécution  de  la  part 
îu  roi  de  Chypre,  qui,  ayec  10,000 
[gommes  et  1,400  chevaux,  avait  pris 
ît  pillé  Alexandrie.  L'empereur  d  AI- 
emagne ,  Charles  IV ,  qui  se  trouvait 
jiors  à  Avignon,  promit  de  livrer  pas- 
mge  à  travers  ses  États  jusqu'à  Venise, 
iu¥  grandes  compagnies  qui  parti- 
raient pour  la  croisade,  et  de  les  dé- 
frayer pendant  la  route.  Charles  V 
jliercîia  en  conséquence  à  pousser  vers 
Î^Allemagoe  les  grandes  compagnies. 
Celle  oue  cpmmandait  Tarcni prêtre 
Arnaud  de  Cervoles  (Voy.  Cebvoles) 
fut  la  première  à  partir,  et  elle  s'a- 
rança  à  travers  la  Lorraine;  mais  elle 
f  commit  de  tiels  dégâts ,  que  les  pay- 
sans allemands  se  soulevèrent  pour 


lui  fermer  le  passage.  Arnaud  leur 
livra  bataille  :  il  fut  vaincu ,  et  forcé 
de  rentrer  en  France,  où  il  fut  tué 
quelque  temps  après  par  un  de  ses 
soldats.  Cet  exemple  n'était  pas  de  na- 
ture à  encourager  les  autres  compa- 
gnies, et  tous  les  efforts  qu'on  put 
faire  pour  les  conduire  à  la  croisade 
furent  inutiles. 

Une  autre  expédition  fut  alors  pro- 
posée pour  les  employer.  Henri  de 
Transtamare  était  venu  demander  au 
roi  des  secours  contre  son  frère , 
Pierre  le  Cruel  [Voyez  Càstille  (rel. 
avec  la)].  Charles  V  saisit  avec  em- 

S ressèment  cette  occasion  de  se  défaire 
e  ces  hôtes  incommodes,  et  en  même 
temps  de  venger  sa  belle-sœur,  Blan- 
che de  Bourbon  (Voyez  ce  mot),  em- 
poisonnée par  le  roi  de  CastîIIe.  TOu 
Guesclin  ûit  désigné  pour  commander, 
^ sous  le  nom  de  Jean  de  Bourbon, 
comte  de  la  Marche,  l'armée,  dont 
le  rendez-vOus  fut  fixé  à  Châlons-sur- 
Saône.  Le  roi  lui  fournit  des  sommes 
considérables  pour  acheter  les  services 
des  principaux  capitaines  des  compa- 
gnies, et  en  effet,  il  compta  bientôt 
sous  ses  drapeaux  Robert  Briquet, 
Jean  Carsuelley  Naudon  de  Bageran^ 
Lamitj  le  petit  Mesquin  y  les  bâtards 
Camus  j  de  l*Espare,  de  Breteuil, 
Espiote,  Perrot  de  Savoie  y  et  beau- 
coup d'autres,  qui ,  à  la  tête  des  prin- 
cipales bandes ,  s'étaient  depuis  long- 
temps rendus  célèbres  par  leurs  bn- 
gandages* 

De  Châlons ,  du  Guesclin  se  dirigea 
sur  Avignon ,  oii  il  obtint  du  pape  la 
levée  de  l'excommunication  qui  avait 
été  lancée  contre  les  compagnies ,  et 
un  subside  de  deux  cent  mille  francs 
d'or,  dont  le  pontife  se  dédommagea 
en  imposant  une  décime  sur  le  clergé 
de  France.  L'armée  se  rendit  ensuite 
à  Montpellier,  où  elle  séjourna  quel- 
que temps  pour  attendre  le  reste  dés 
compagnies.  Puis  elle  prit  la  roule  du 
Roussillon,  et  entra,  le  r*"  janvier 
1366,  à  Barcelone,  où  l'attendait 
Henri  de  Transtamare. 

Cette  armée  était  forte  de  30,Oâro 
combattants;  elle  traversa  l'Èbre  à 
Alfaro,  et  de  là  se  dirigea  sur  Ca- 


460 


COM 


L'UNIVERS. 


cosf 


iahorra^  où  Henri  se  fit  prodamer  roi. 
Ce  prince  entra  ensuite  à  Burgos ,  où 
il  se  fit  couronner  de  nouveau.  Sa 
marche  fut  presque  un  triomphe  ;  les 
Castillans  se  soulevaient  à  son  appro- 
che ,  contre  don  Pedro ,  dont  les  sol- 
dats eux-mêmes  désertaient  pour  venir 
se  joindre  à  ceux  que  commandait  du 
Guesclin.  Au  bout  de  trois  mois, 
Henri  avait  conquis  toute  Ja  Castille, 
et  don  Pedro ,  forcé  de  fuir ,  était  ré- 
duit à  aller  demander  à  Bordeaux  un 
asile  et  des  secours  au  prince  de  Gal- 
les. 

Les  grandes  compagnies  furent  alors 
congédiées,  à  l'exception  de  1,500 
hommes  d'armes  qui  restèrent  au  ser- 
vice du  nouveau  roi  de  Castille.  Les 
autres  rentrèrent  en  France;  mais  ils 
ne  tardèrent  pas  à  retourner  en  Espa- 
gne, combattre  pour  une  autre  cause. 

En  effet,  don  Pedro  n'avait  pas  re-^ 
nonce  à  recouvrer  son  royaume  ;  il 
parvint  à  déterminer  le  prince  de  Gal- 
les à  lui  porter  assistance.  Une  armée 
anglaise,  composée  en  grande  partie 
de  soldatâ  des  grandes  compagnies , 
passa  les  Pyrénées;  mais  ces  merce- 
naires n'obtinrent  pas  les  succès  qui 
avaient  signalé  l'expédition  comman- 
dée par  du  Guesclin  ;  ils  n'avaient  plus 
les  Castillans  pour  auxiliaires ,  et  ils 
comptaient  d'ailleurs  une  multitude 
des  leurs  dans  les  rangs  opposés.  Un 
grand  nombre  périrent  de  part  et 
d'autre  dans  cette  expédition;  ceux 
qui  repassèrent  les  Pyrénées  trouvèrent 
la  mort  dans  la  guerre  qui  ne  tarda 
pas  à  éclater  de  nouveau  entre  la  France 
et  l'Angleterre. 

Les  compagnies  qui  n'avaient  point, 
pris  part  à  la  guerre. de  Castille,  s'é- 
taient rendues  en  Italie ,  où  l'appât 
d'un  riche  butin ,  et  le  retentissement  . 
de  la  guerre  civile,  les  avaient  appe- 
lées. Elles  s'y  maintinrent  longtemps , 
s'y  recrutèrent,  et,  dans  le  quinzième 
siècle ,  elles  eurent  presque  exclusive- 
ment ,  sous  le  nom  de  condottieri ,  le 
Srivilége  de  composer  les  armées  des 
ifférentes  républiques  dans  lesquelles 
se  partageait  alors  le  territoire  de  la 
Péninsule. 

Compagnies  d'ordonnance,— ^ous 


avons,  à  l'article  Abmeb,  fait  connaî- 
tre l'organisation  de  ces  corps  formés 
{)ar  Charles  Vil,  et  qui  furent,  avec 
es  francs  archers,  institués  à  la  même 
époque,  le  premier  essai  fait  en  France 
d'une  armée  régulière  et  permanente. 
Tîous  avons  vu  que  ces  corps  étaient 
composés  de  plusieurs  espèces  de  trou- 
pes ;  la  principale ,  les  hommes  d'ar- 
mes ,  en  formait  la  véritable  force,  et 
passa  longtemns  pour  une  des  plus 
Draves  milices  au  monde.  Les  hommes 
d'armes  ou  gens  d^armes  donnèrent 
leur  nom  aux  compagnies  d'ordon- 
nance, qui,  nommées  ainsi  de  l'ordon- 
nance qui  les  avait  créées ,  et  modi- 
fiées presque  à  leur  origine  par  divers 
décrets  de  Louis  XI ,  de  Louis  XH  et 
François  1'%  quittèrent  bientôt  lenr 
prehifère  dénominatioa  pour  prendre 
celle  de  gendarmerie  ^  sous  laquelle 
elles  subsistèrent  jusqu'au  temps  de 
Louis  XIV.  C'est  a  ce  mot  que  nous 
ferons  l'histoire  de  cette  institution, 
l'une  de  celles  qui  ont  joué  le  plus  beau 
rôle  dans  notre  histoire  militaire.  Voy. 
Gendahmebie. 

Compagnon,  facteur  de  la  Compa- 
gnie française  du  Sénégal ,  fut  le  pre- 
mier Français  qui  visita  les  royaumes 
de  Bambouk  et  de  Galam ,  et  les  fa- 
meuses mines  d'or  de  Tamba-Aoura  et 
de  IVetteko.  Il  obtint,  dans  un  voyage 
qu'il  fit  dans  ces  contrées  vers  1716, 
des  échantillons  de  la  terre  dont  on 
tirait  l'or,  et  en  envoya  à  Brue,  qui  les 
fit  passer  à  Paris.  De  retour  en  France, 
il  se  fit  architecte ,  et  mourut  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle.  Le  réeft 
de  son  expédition  se  trouve  dans  h 
Relation  de  P Afrique  occidentale,  par 
Labat. 

Compagnon  ou  Gkos  i>k  Flas- 
DBE.  —  Les  deniers  tournois  ayant  ai 
depuis  saint  Louis  un  très-grand  sik- 
ces  dans  toute  l'Europe,  le  systèoe 
adopté  pour  ces  pièces  finit  par  ébe 
adopté  généralement.  Les  gros  et 
Flandre,  frappés  d'après  ce  système, 
et  portant  d'un  côté  le  nonà  du  comte, 
et  de  l'autre  celui  de  la  province,  oat 
eu  en  France ,  au  quatorzième  siède, 
à  cause  de  leur  bon  aloi,  un  cours  fort 
considérable.  Ils  étaient  alors  connus 


cont 


FRANCEi 


tOM 


461 


600S  le  nom  de  compagnons.  Voyez 
fÏÂNDRE  (monnaie  de). 

Compagnonnage.  «Depuis  un  temps 
immémorial,  dit  M.  de  Mangourît  dans 
son  Histoire  de  la  fondation  du  Grand 
Orient  de  France.  les  charpentiers,  les 
chapeliers,  les  tailleurs  d'habits,  les  sel- 
liers, les  maçons  constructeurs,  les  tail- 
leurs de  pierre,  et,  en  général,  presque 
tous  ceux  qui  exercent  des  métiers  de 
ce  genre ,  sont  dans  Tusa^e  de  se  réu- 
nir sous  des  formes  mystérieuses  pour 
recevoir  compagnons  les  garçons  qui 
ont  fini  leur  apprentissage.  Ils  ont  adop- 
té un  mode  d'initiation  dont  robjet  est 
de  former  un  lien  universel ,  et  de  réu- 
nir en  une  grande  famille  les  ouvriers 
de  chaque  corps  d'état.  Ils  sont  secou- 
rus par  leurs  camarades,  dans  quelqtîe 
partie  du  monde  qu'ils  soient  jetés  par 
le  sort  ;  on  leur  procure  du  pain  et  du 
travail  dans  un  pays ,  lorsqu'ils  n'en 
trouvent  point  dans  un  autre.  » 

Quoique  le  compagnonnage  soit  très- 
ancien  ,  il  ne  fut  découvert  comme 
existant  en  France  que  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle.  «  Le  21  septem- 
bre 1645 ,  dit  Dulaure  (  Histoire  de 
Paris),  les  compagnons  cordonniers, 
appelés  compagnons  du  devoir ,  fu- 
rent dénoncés  à  la  faculté  de  théologie 
de  Paris,  à  cause  des  pratiques  de  l'ini- 
tiation d'un  apprenti  au  grade  de  com- 
pagnon. »  Voici  le  détail  de  ces  pra- 
jques.  Ces  artisans  s'assemblaient  dans 
ine  maisbn  où  ils  occupaient  deux 
chambres  cbutiguës.  L'aspirant  rece- 
rait  d'abord  lé  baptême  avec  les  céré- 
nonies  en  usage  dans  les  mystères 
l'Eleusis  ou  dans  les  églises  des  chré- 
iens.  On  lui  donnait  un  parrain  et 
ne  marraine  ;  et  on  lui  faisait  prêter 
erment  sur  sa  foi,  sur  sa  part  de  pa- 
adis,  sur  le  saint  chrême,  de  ne  ja- 
lais  révéler  ce  qu'il  voyait  faire  et  en- 
siMtait  dire.  Toutes  ces  pratiques  fu- 
ent  condamnées  comme  impies  par  la 
iculté  de  théologie.  L'offîcial  de  PaHs, 
ar  sentence  du  30  mai  1648,  et  le 
ailli  du  Temple ,  par  une  autre  sen- 
snce  du  11  septembre  1651,  les  pros- 
ri  virent,  et  firent  promettre  aux  maî- 
res  cordonniers  de  n'en  plus  souffrir 
usage. 


Cette  découverte  en  amena  d'autres, 
dit  toujours  Dulaure  ;  on  fut  informé 
que  les  ouvriers  chapeliers ,  tailleurs 
d'habits  et  selliers ,  en  élevant  les 
apprentis  de  leurs  métiers  au  grade 
de  compagnons ,  observaient  des  céré- 
monies semblables. 

Les  chapeliers  se  réunissaient  dans 
deux  chambres  contiguës.  Dans  l'une 
était  une  table  sur  laquelle  ils  pla- 
çaient une  croix  et  tous  les  instru- 
ments de  la  passion  ;  sous  la  chemi- 
née ils  dressaient  des  fonts  baptis- 
maux. L'aspirant,  après  s''étre  choisi 
narmî  les  assistants  un  parrain  et  une 
marraine,  était  introduit  dans  la  cham- 
bre du  mystère  ;  là ,  il  jurait  sur  le  H- 
vre  des  Évangiles  ,  qu'il  ne  révélerait 
pas,  même  dans  la  confession,  ce  qu'il 
allait  faire ,  ni  le  mot  de.guet  dont  se 
servaient  les  compagnons  pour  se  re- 
connaître entre  eux  ;  après  quoi ,  le 
récipiendaire  était  assujetti  à  plusieurs 
cérémonies  qui  ne  sont  pas  décrites  ; 
niais  on  sait  que  le  sacrement  de  bap- 
tême lui  était  administré  avee  le  rite 
•  adopté  par  KÉglise. 

Les  compagnons  tailleurs  se  réunis- 
saient également  dans  deux  chambres 
contiguès.  Sur  une  table  couverte  d'une 
nappe  mise  à  l'envers ,  étaient  étalés 
une  salière,  un  pain,  une  tasse  à  trois 
pieds  à  demi  pleine ,  trois  pièces  de 
monnaie,  trois  aiguilles,  et  le  livre  des 
Évangiles,  sur  lequel  l'aspirant,  après 
avoir  choisi  un  parrain  et  une  mar- 
raine ,  prononçait  un  serment  sem- 
blable à  celui  des  chapeliers.  Puis  on 
lui  faisait  le  récit  des  trois  premiers 
compagnons ,  lequel  avait  rapport  aux 
'  objets  mystérieux  placés  dans  la  cham- 
bre ou  posés  sur  la  table. 

Les  compagnons  selliers  observaient 
'dans  l'initiation  des  pratiques  à  peu 
près  semblables  ;  et ,  après  le  serment 
prêté  par  le  récipiendaire,  ils  dres- 
saient un  autel  sur  lequel  l'un  d'eux 
célébrait  le  sacrifice  de  la  messe  sans 
en  rien  omettre. 

Un  décret  de  la  faculté  de  théologie, 
du  14  mars  1655,  condamna  ces  pra- 
tiques, qui  offraient  en  effet  des  formes 
{)areilles  à  celles  des  initiations  de 
'antiquité.  On  y  trouvait  un  secret,  des 


4e2 


^M 


vumYWàs. 


COM 


sermentf; ,  des  signes  et  des  mots  de 
reconnaissance  ;  1  initié  était  purifié, 
et  il  arrivait  à  un  état  meilleur  ;  enfin, 
on  lui  contait  une  fable ,  comme  on 
en  débitait  dans  les  initiations  antiques, 
et  le  sujet  principal  de  cette  fable  était 
toujours  un  événement  malheureux, 
une  persécution ,  un  attentat  ou  une 
mort. 

Telle  est  la  trace  que  le  comf)agnon- 
nage  a  laissée  dans  notre  histoire.  Ce- 
jjendant  cette  grande  association  avait 
depuis  longtemps  donné  signe  d'exis- 
tence. Lorsqu'aux  onzième  et  douzième 
siècles ,  Fart  se  fut  déplacé  et  passa 
des  mains  des  moines  dans  celles  des 
Jaïques ,  ees  derniers ,  à  l'exemple  de 
leurs  devanciers,  liés  entre  eux,  dans 
tous  les  pays ,  par  une  confraternité 
qui  leur  assurait  aide  et  secours,  ou 
bien  encore'  à  l'imitation  des  artis- 
tes byzantins  et  arabes,  qui  avaient 
continué  les  corporations  romaines, 
s'unirent,  formèrent  une  confrérie 
qui  se  reconnaissait  à  certains  si- 
gnes ,  et  cachait  au  vulgaire  les  règles 
de  son  art.  En  Allemagne ,  cette  asso-- 
dation ,  déjà  commencée  par  les  archi- 
tectes de  la  cathédrale  de  Cologne ,  ne 
se  répandit  généralement  que  du  temp;s 
d'Ërvf^in  de  Steinbach ,  à  la  fin  du  trei- 
zième siècle.  Les  membres  qui  la  com- 
posaient se  divisaient  en  maîtres  et 
en  compagnons,  et  se  donnaient  (e 
nom  de  francs-maçons,  à  cause  de 
certains  privilèges  dont  jouissait  le 
métier  de  maçon.  Cette  association  se 
divisait  à  son  tour  en  associatioms 
particulières  qui  portaient  le  titre  de 
loges,  du  nom  donné  à  l'habitation 
de  l'architecte  près  de  chaque  édifice* 
en,  construction.  Les  Statuts  de  la 
franc-maçonnerie  étaient  tenus  secrets; 
avant  d'être  reçus  ^  les  frères  s'enga- 
geaient sous  serment  à  l'obéissance, 
et  à  garder  un  silence  absolu  sur  tout 
ee  qui  concernait  leur  union.  Les 
maximes  de  l'art  ne  devaient  jamais 
être  écrites;  elles  étaient  exprimées 
par  des  figores  symboliques ,  emprun- 
tées à  la  géométrie  ou  bien  aux  instru- 
ments d'architecture  et  de  maçonnage  ; 
et  la  connaissance  de  ces  symboles 
n'était  ^KUDWiquée  qu'aux^seuls  ini- 


tiés. Cette  absencç  de  toute  leçon 
écrite  avait  le  double  avantage  de  cot- 
server  l'art ,  comme  une  chose  sacrée, 
au-dessus  de  la  portée  du  vulgaire, 
qui  l'eât  profané  et  affaibli ,  et  de  for- 
cer à  l'apprentissage  f)ratique  tous 
ceux  qui  voulaient  devenir  artistes.  On 
n'était  reçu  franc-maçon  qu'après  les 
preuves  de  maîtrise  dans  un  exameo 
d'autant  plus  sévère  et  d'autant  plos 
scrupuleux ,  que  la  confrérie  répondait 
du  talent  aie  &&&  membres,  désignant 
souvent  les  maîtres ,  les  conducteurs, 
les  compagnons  qui  devaient  entre- 

{)rendre  un  édifice;  les  encourageant, 
es  réprimandant  et  les  punissant  8^ 
Ion  le  mérite  de  leur  ouvrage.  L'es- 
prit mathématique  des  architectes  da 
moyen  âge ,  ne  voyant  le  bien  et  le 
l)eau  de  l  ensemble  que  dans  la  symé- 
trie, l'ordre  et  l'harmonie  des  parties, 
avisa  de  soumettre  à  des  règles  invio- 
lables non -seulement  la  conduite  des 
artistes ,  mais  encore  la  oonquite  mo- 
rale des  francs* maçons.  La  vie  de  cha- 
cun devait  être  religieuse ,  honnête  et 
tranquille.  Un  règlement  maconniquet 
fait  à  Torgau  en  1462,  par  les  maltio 
de  Magdebourg,  d'Halberstadt ,  d'fiSi- 
desheim ,  et  conservé  de  nos  joon  à 
Kochlitz  (*) ,  est  resté  corame  un  cu- 
rieux monument  des  statuts  de  Tasstt- 
çiation.  Les  ranports  les  plus  impo^ 
tants,  comme  les  plus  insignîQantseï 
apparence,  des  architeetes  et  des  ou- 
vriers, y  sont  stricteiuent  réglés  SMS 
menace  incessante  de  puDitioa;  «t 
cette  punition  n'étaft  riepi  moins,  ee 
plusieurs  cas ,  que  de  se  voir  exj^im 
de  la  confrérie  comme  mauvais  sê^ 
ou  déclaré  sans  honneur,  Jje  nap- 
songe,la  calomnie,  l'envie,  uoeviei- 
baucbée, étaient,  chez  les compapMai» 
punis  par  le  renvoi  ;  et  tout  poiH  ^ 
croire  qu'une  pareille  cofidaiiuiatMi 
les  privait  de  leur  onétier;  ehnlv 
maîtres ,  ces  mêmes  fautes  inummat 
le  même  résultat  :  ils  étaient  aioasàit 
clarés  sans  honneur.  La  nuHiidre  wk 
gligence  dans  le  travail ,  et  j 
dans  l'entretien  des  instruments 


{*)  Stiq^itz,  Pièee$  relaliYSs  à  l'ki 
de  Tarchitecture. 


€OM 


F&ÂlfCE. 


C»M 


nHPv 


ootHs,  était  égatement  puBki  ie  peines 
déterminées.  Deux  tribunaux ,  Fun  su- 
périeur, Tautre  inférieur,  connaissaient 
âss débits,  et  jugeaient  tous  les  diffé^ 
rends.  Le  premier  de  ces  tribunaux  sié- 
geait, tous  les  trois  ans,  daos  le  chef- 
lieu  de  chaque  confrérie  particulière. 
Le  second  se  tenait  dans  la  loge  de 
Tarcbiteote ,  quçilifîée  de  lieu  sacré; 
enfin,  la  grande  loge  de  Strasbourg 

{>rononçait  en  dernier  ressort  sur  toutes 
es  causes.  Au  dix-8eptiènf>e  siècle, 
lorsque  Strasbourg  fut  incorporée  à 
la  France ,  une  décision  de  la  diète  ini- 
périale  rompit  les  relations  des  loges  de 
rAllemagne  avec  la  loge  de  cette  ville. 
La  tradition  nous  a  aussi  conservé, 
sur  le  compagnonnage,  d'autres  détails, 
qui  ont  été,  dans  ces  derniers  temps, 
recueillis  et  publiés  par  M.  Agricol 
PerdiguierC).  Nous  puisons  dans  le 
Livre  du  compagnonnage  ceux  de  ceâ 
détails  qui  nous  ont  paru  dignes  d'être 
ra-is  sous  les  yeux  dé  nos  lecteurs. 

C'est  dan 9  Tantiquité  orientale  <}ue 
les  compagnons  vont  chercher  Torigme 
de  leur  société .  Formées  dans  la  Judée , 
en  Syrie,  en  Egypte,  à  Timitation  des 
grandes   associations  religieuses  des 
Ësseniens  et  des  initiés  aux  mystères, 
puis  fortifiées  de  l'esprit  d'union  des 
corporations  romaines,  les  assoeiations 
d'ouYriers  furent  apportées  en  Occi* 
dent  par  les  artisans  qui  avaient  ac- 
compagné les  croisés  dans  leurs  pre- 
mières expéditions. 
.    Elles  s'étendirent  rapidement,  et  ce 
furent  elles  qui  construisirent  tous  les 
grands  monuments  du  moyen  âge.  On 
connaît  les  noms  de  deux  de  leurs 
chefs  :  maître  Bon-CËil,  qui,  après 
avoir  achevé  Notre-Dame  de  Paris , 
partit  en  1370  pour  Upsal  en  Suède, 
avec  des  compagnons  et  des  bacheliers , 
et  saint  Benezet,  qui,  à  la  tête  des 
frères  pontifes,  ou  faiseurs  de  ponts, 
construisit,  en  1180,  le  pont  d'Avi- 
gnon. 

JionB  avons  vu  que  les  ouvriers  al* 
«nfiands  nrirent,  en  se  réunissant  en 
société ,  le  nom  de  francs-maçons. 
(^  Dam  son  excellent  petit  livre  intitulé 
t^^  Livre  de  compagnonnage,  Paris,  1941, 
%  TOl.  in-3a. 


Les  tailleurs  ^^  pierre ,  qui  tormèrent 
en  Franèe  la  première  association  de 
compagnonnage,  prirent  lenomdecoTTi- 
pagnons  étrangers  ou  de  loups;  les 
menuisiers  et  les  serruriers  ^  les  pre- 
miers qui  les  imitèrent,  prîreftt  celui 
de  compagnons  libres  ou  de  gavots. 
Ces  deux  sociétés,  qui  prétendent  faire 
remonter  leur  origine  à  la  construction 
du  temple  de' Jérusalem ,  regardent  Sa- 
lomon  comme  leur  premier  fondateur. 

Dans  la  suite,  de  graves  dissensions 
éclatèrent  dans  leur  sein;  une  partie 
des  maçons  se  séparèrent  des  autres, 
et  formèrent  une  société  nouvelle  sous 
le  nom  de  compagnons-passants  ou 
loups-garoiix y  et  li  en  fut  de  même 
chez  les  menuisiers  et  les  serruriers, 
où  les  dissidents  prirent  le  tom  de 
compagnons  du  devoir  ou  de  dévo- 
rants.  Ces  deux  sociétés  reconnaissent 
pour  fondateui^  un  nommé  maître 
Jacques;  suivant  les  uns,  conducteur 
des  travaux  du  temple  de  Jérusalem  ; 
suivant  d'autres',  grand  maître  de  l'or- 
dre des  Tenapliers,  et  le  même  person- 
nage (|uf  le  fameux  Jacqjues  de  Molay* 

Les  charpentiers,  qui  se  désignent 
par  les  expressions  cle  compagnons' 
passants-charpentiers  oO  de  arilles, 
se  donnent  la  même  origine,  et  attri- 
buent la  rédaction  de  leurs  statuts  à 
un  religieux  de  Vordre  de  Saint-Benoît , 
nommmé  le  P.  Soubise. 

«Le  compagnon  nage  fut  alors  partagé 
en  trois  catégories  bien  distinctes, 
dont  l'une  marehait  sous  la  bannière 
de  Salomon  ;  la  seconde ,  sous  celle  de 
maître  Jacques,  et  la  troisième,  sous 
celle  du  P.  Soubise.  Quoique  d*ori- 
gines  diverses,  elles  se  ressemblaient 
néanmoins  sous  beaucoup  de  rapports, 
et  avaient  toutes  un  certain  mélange 
de  paganisme ,  de  judaïsme  et  de  chris* 
lianisme  dans  les  formes,  mais  dans  le 
fond  un  but  louable.  Elles  ne  tardè- 
rent pas  à  initier  d'autres  corps  d'é- 
tats. V  Le  tableau  suivant,  que  nous 
empruntons  au  Livre  du  compagnon- 
nage, fera  connaître4e  rang  que  ces 
corps  d'états  occupent  entre  eux  dany 
€ette  grande  association,  et  Tép^que 
oii,  suivant  la  tradition,  chacun  d'ewf. 
y  fut  initié  ; 


464 


corn 


L'UNIVERS. 


COM 


At.  J.  C. 
Ap.  J.G. 


559. 
56o. 
570. 

•i33o. 

X407. 
1409. 
x4io. 
xSoo. 
x6oi. 
z6o3. 
1609. 
X700. 
X701, 
Z701. 


X703. 

1706. 

17S8. 
17^9. 

1775. 
1795. 

1797- 


Tail1«an  de  pierre. 

Charpentiers  d^haatei  faUies. 

Menuisiers.  ■ 

Serruriers. 

Tanneurs. 

Teinturiers. 

CordJers. 

Vanniers. 

'Chapeliers. 

BlancherS'icbaaoiaettrt. 

Fondeurs. 

Épingliers. 

Fori^eroBS. 

Tondeurs  en  drapa  et  tourneurs. 

Vitriers. 

Selliers. 

Poéliera. 

Doleurs. 

Couteliers 

Ferblantiers. 

Bourreliers.         * 

Charrons. 

Cl  ou  tiers. 

Couvreurs. 

Toiliers. 

Maréchaux  ferrants. 

Plâtriers. 


Le  compagnonnage,  interrompu  pen* 
dant  la  révolution,  époque  où  l'on  n'eût 
point  osé  se  réunir  en  assemblées  se^ 
crêtes,  renaquit  sans  bruit,  tel  qu'il 
était  autrefois,  sous  le  Consulat,  et 
se  propagea  mystérieusement  durant 
l'Empire  et  la  Restauration ,  puis  se 
remontra  au^  grand  jour  après  la  ré- 
volution de  juillet. 

Le  passade  suivant  de  l'ouvrage  de 
M.  Perdiguier  pourra  donner  une  idée 
de  l'importance  que  peut  avoir  aujour- 
d'hui le  compagnonnage.  «Beaucoupde 
sens  ont  cru  que  les  compagnons 
étaient  des  hommes  qui  n'avaient  ni 
feu  ni  lieu ,  et  menaient  une  vie  tou- 
jours vagabonde ,  toujours  insouciante. 
Ceux-là  n'ont  point  connu  le  compa- 
gnonnage. 

«Le  compagnonnage  actif  qui  peuple 
les  villes  de  devoir^  telles  que  Lyon, 
Avignon,  Marseille,  ISîmes,  Montpel- 
lier, Toulouse,  Bordeanx,  Nantes, Pa- 
ris, etc.,  et  tant  d'autres  villes,  se 
compose,  en  grande  partie,  d'ouvriers 
de  dix-huit  à  vingt-cinq  ans.  Il  se  re- 
nouvelle sans  cesse;  c'est  une  filière, 
c'est  un  moule  par  oh  la  classe  ou- 
vrière passe  sans  interruption;  les 
formes  Donnes  ou  mauvaises  qu'elle 
contracte  là  ne  s'effacent  jamais  en- 
tièrement ;  elles  sont  portées  en  partie , 
par  ceux  qui  les  ont  prises,  dans  leç 


familles ,  dans  les  ateliers ,  et  dans  tous 
les  coins  de  la  France. 

«  La  jeunesse  qui  se  retire  du  com- 
pagnonnage actif,  non  de  cœur,  mais 
corporellement,  est  remplacée  par  une 
nouvelle  jeunesse  qui  vient  continuer 
la  tradition  et  les  formes  anciennes. 
Le  compagnonnage  est  l'armée  de  rio* 
dustrie.  Si  rarméefrançaise  des  champs 
de  bataille  se  compose  en  temps  ordi- 
naire de  trois  cent  mille  soldats,  Tar* 
mée  française  des  ateliers  s'élève,  quoi- 
que là  les  congés  soient  volontaires  et 
par  conséquent  beaucoup  plus  courts, 
au  moins  a  cent  mille  hommes.  Ainsi, 
tous  les  trois  ans ,  cent  mille  ouvriers 
passent  par  cette  filière.  » 

Si  le  compagnonnage  ne  s'éeartait 
jamais  de  l'esprit  de  son  institution, 
elle  aurait  un  but  d'utilité  philanthro- 
pique ,  en  ne  formant  qu'une  seule 
famille  de  tous  les  ouvriers  de  la  même 
profession  ,  et  en  assurant  des  secours 
aux  indigents,  aux  malades,  aux  in- 
firmes et  aux  voyageurs.  Il  n'en  est  pas 
ainsi  ;  il  devient  une  occasion  fréquente 
de  rixes ,  de  querelles ,  suivies  quel- 
quefois de  meurtres ,  entre  geos  de 
{>rofessions  différentes ,  et  même  entre 
es  schismatiques  et  les  orthodoxes  de 
professions  semblables;  car  lescoiB' 
pagnons  ont  des  dissidents  parmi  eux. 
Espérons  qu'il  n'en  serapastoujoiffsde 
même ,  et  que  les  compagnons  finiront 
par  se  rendre  aux  sages  conseils  qn'on 
de  leurs  frères,  M.  Agricol  Perdiguier, 
leur  donne  dans  son  remarquable  ou- 
vrage. 

Compagnons.  —  Au  temps  ou  ecr^ 
vait  Ammien-Marcellin  y  et  même  a 
temps  de  Tacite,  les  nations  germani- 
ques, au  nombre  desquelles  nous  n^é- 
sitons  pas  à  placer  les  Francs,  avaient 
des  chefs  particuliers  que  les  Romaint 
appelèrent  reges,  principes  regaki^ 
reguliy  suivant  la  nature  et  l'étendoe 
de  leur  puissance.  Ces  chefs  supréoies 
de  chaque  peuple  avaient  sous  eux  <l0 
grands  d'ordre  secondaire,  nommés  en 
latin  subreguliy  procereSy  optiof- 
tes  y  primatesy  et  c'était  de  la  ûéè^ 
de  ces  grands  que  dépendait  toute  U 
force  des  rois,  à  une  époque  où  d» 
cun  ne  cultivant  de  terre  que  ce 


Ct>M 


FRANCE. 


am 


465 


lui  en  fallait  pour  faire  subsister  sa  fa- 
mille, n'était  soumis  à  aucun  tribut  et 
à  aucune  redevance  servi ie  au  profit 
du  clief  de  TÉtat.  Ces  seigneurs , 
comme  on  les  appela  plus  tard,  ne 

f>ouvaient  traiter  en  leur  nom  avec 
es  puissances  étrangères ,  ni  se  ren- 
dre leurs  clients  ;  mais  ^  à  cela  près , 
ils  étaient  presque  indépendants  dans 
leurs  cantons.  Ils  étaient  toujours 
compris  dans  les  traités  ;  et  le  roi ,  à 
qui  ils  devaient  fidélité  et  non  pas  dé* 
vouement,  ne  pouvait  entreprendre 
légitimement  une  guerre  sans  leur 
avis  et  consentement.  C'était  parmi 
eux  que  les  chefs  suprêmes  choisis- 
saient leurs  ambassadeurs  quand  ils 
voulaient  négocier  avec  une  puissance 
ennemie,  et  c'étaient  leurs  enfants  que 
Ton  donnait  en  otage  pour  garantie 
de  l'exécution  des  conventions  arrê- 
tées. 

Il  suit  de  ce  qui  précède  que  les  rois 
germains  étaient ,  par  les  grands  qui 
rormaient  leur  conseil ,  et  dont  l'adhé- 
sion leur  était  nécessaire ,  tenus  dans 
les  liens  d'une  tutelle  quelquefois  fort 

§énante.  Pour  échapper  à  l'action 
'hommes  orgueilleux  et  jaloux ,  qui 
avaient  le  pouvoir  de  les  contredire 
et  le  droit  ae  refuser  leur  concours  à 
une  expédition  militaire  que  la  nation 
n'avait  point  ordonnée,  ou  que  ne  né- 
cessitait point  le  besoin  de  défendre 
le  pays ,  ces  rois  imaginèrent  de  choi- 
iir  parmi  eux  une  troupe  d'élite,  com- 
posée de  guerriers  jeunes  et  aventu- 
reux, dont  ils  payaient  les  services 
lar  des  banquets,  des  armes  de  guerre 
>u  de  chasse ,  des  chevaux  de  prix  , 
;tc.  9  et  dont  ils  exigèrent ,  outre  le 
erment  de  fidélité,  celui  du  dévoue- 
nent  le  plus  absolu.  Ces  guerriers , 
lue  Ton  appela  les  compagnons  (voy. 
^i.2LBMAGNE  ,  tomc  I,  page  46),  fu- 
ent,  parmi  les  Germains,  les  premiers 
lOnimes  libres  qui  consentirent  à  alié- 
ler  leur  indépendance  et  devinrent 
assaux. 

Une  fois  environnés  de  cette  milice 
ermanente ,  les  rois  germains  furent 
eauGOup  moins  contrariés  dans  leurs 
rojets  par  les  grands  dont  la  puis- 
balançait  la  leur,  et  la  paralysait 


même  quand  ils  se  liguaient  entre  eux 
pour  faire  prévaloir  leur  opinion. 
Aussi ,  ils  comblèrent  de  marques 
d'estime  les  hommes  intrépides  qui 
s'attachaient  à  leur  fortune ,  qui  con- 
sentaient à  leur  prêter  le  serment  de 
dévouement.  De  leur  côté ,  les  compa- 
gnons se  piquaient  de  remplir  ce  ser- 
ment dans  toute  son  étendue.  Au  pre- 
mier appel ,  ils  prenaient  leurs  armes, 
se  rangeaient  sous  leurs  enseignes,  et, 
sans  demander  pourquoi,  s'élançaient 
sur  le  peuple  désigné  à  leurs  coups. 
Si  leur  roi  rencontrait  la  mort  dans 
une  bataille ,  ils  se  faisaient  tous  tuer 
jusqu'au  dernier  sur  son  cadavre  ;  s'il 
était  fait  prisonnier ,  ils  se  rendaient 
sur  le  champ  pour  partager  sa  capti- 
vité ;  car  c'eût  été  un  opprobre  pour 
eux  de  rentrer  sans  lui  dans  leurs  tri- 
bus. 

Les  grands,  en  se  dévouant  au  roi, 
faisaient  corps  avec  le  peuple  auquel  il 
commandait ,  et  perdaient  réellement 
une  partie  de  leur  indépendance  ;  mais 
ils  n'aliénaient  point  l'autorité  qu'ils 
avaient  sur  leurs  cantons  ;  de  plus,  ils 
nese  plaçaient  point  sous  sa  protection , 
et  ne  se  faisaient  point  ses  hommes , 
comme  les  Antrustions.  Ils  s'asso- 
ciaient volontairement  à  lui ,  à  la  con- 
dition d'avoir  part  «à  la  gloire  et  au 
butin.  Ils  possédaient  le  droit  de  pren- 
dre des  compagnons  parmi  leurs  su- 
jets et  même  parmi  ceux  du.  roi ,  qui 
ne  pouvait  voir  avec  ombrage  qu'un 
des  siens  se  dévouât  à  un  chef  dont  lui- 
même  avait  reçu  le  serment  de  dévoue- 
ment. 

On  se  faisait  le  compagnon  du  roi 
pour  la  vie,  ou  pour  le  temps  que  de- 
vait durer  une  expédition  déterminée, 
après  laquelle  on  redevenait  indépen- 
dant. Comme  aucune  loi  n'obligeait 
de  se  donner,  soit  d'une  manière ,  soit 
de  l'autre,  il  s'ensuit  que  quand  on 
l'avait  fait,  on  était  tenu  de  suivre 
son  chef  avec  docilité,  de  lui  obéir 
aveuglément  et  de  ne  jamais  l'aban- 
donner, sous  peine  d'être  puni  comme 
déserteur  ou  parjure.  Du  reste,  l'en- 
gagement était  rompu  à  la  mort  de 
celui  avec  qui  on  l'avait  contracté,  et 
un  roi  n'héritait  d'aucun  droit  sur 


T.  Y.  SO*"  Livraison.  (Digt.  bngyglop.,  etc.) 


80 


466 


GOH 


L'UNIVERS. 


CAJH 


les  compagnons  de  son  prédéces- 
seur. 

Malgré  les  avantages  dont  jouis- 
saient les  compagnons,  ils  ne  furent 
jamais  très-nombreux  i  parce  que  beau- 
coup d'hommes  libres  préférèrent  leur 
fière  et  sauvage  indépendance  aux  pro- 
fits que  pouvait  leur  valoir  ce  qu'ils 
regardaient  comme  une  servitude. 
Quand  Glovis  se  convertit  à  la  religion 
chrétienne,  il  n'en  comptait  pas  plus 
de  trois  mille,  qui,  croyant  devoir  à 
leur  chef  le  sacrifice  de  leurs  croyances 
religieuses,  reçurent  le  baptême  avec 
lui.  Il  y  ajouta  plus  tard  ceux  des  pe*' 
tits  rois  de  sa  jfamille  qu'il  détrôna, 
mit  à  mort,  et  auxquels  il  se  substitua. 
Quand  sa  monarchie  fut  assise  sur  des 
bases  solides  et  s'étendit  sur  un  vaste 
territoire,  ce  fut  parmi  ses  compa- 
gnons qu'il  choisit  les  officiers  dont  il 
composa  sa  maison ,  ainsi  que  les  ducs 
et  les  comtes  chargés  du  gouverne* 
ment  des  provinces;  ce  fut  à  eux  qu'il 
distribua  les  bénéfices  militaires  et  les 
terres  fiscales  dont  il  dépouilla  les 
Komains,  en  se  réservant  les  droits 
qu'il  avait  au  dévouement  des  nou- 
veaux dignitaires  et  possesseurs.  Alors, 
ouand  on  vit  que  le  dévouement  con- 
cluisait  à  la  puissance  et  à  la  richesse, 
l'ambition  et  l'avarice  imposèrent  si- 
lence à  l'orgueil  ;  tous  les  grands  restés 
libres  jusque-là  offrirent  de  se  dévouer, 
et  bientôt  il  n'y  eut  plus  de  compa- 
gnons parce  que  tout  le  monde  le  fut, 
a  l'exception  de  ceux  qui ,  en  raison  de 
l'infériorité  de  leur  condition,  ne  pu- 
rent point  se  recommander  pour  un 
bénéfice.  (Voyez  Recommandation.) 

Il  résulta  de  cet  arrangement  un 
nouvel  ordre  de  choses  qui  consolida 
le  pouvoir  royal,  mais  pour  un  temps 
fort  court.  Le  traité  d  Andlau,  entre 
les  fils  de  Glovis,  en  rendant  hérédi- 
taires des  concessions  qui  n'avaient  été 
faites  que  pour  un  nombre  d'années 
limité,  avec  faculté  de  retrait  en  cas 
de  félonie,  lui  porta  une  première  at- 
teinte, qu'aggrava  encore  une  mesure 
semblable  prise  forcément,  plus  tard» 

Ïiar  Charles  le  Chauve.  Alors,  toutes 
es  entraves  d'autrefois  reparurent,  et 
la  féodalité  tint  la  royauté  courbée 


sous  un  joug  si  solide,  qu'il  fallut  ï 
celle-ci  onze  siècles  pour  s'eo  délivrer 
entièren^ent. 

Le  nom  de  CoMPAanoif  s  a  encore 
eu  une  autne  acception  daos  les  pre- 
miers temps  de  notre  histoire.  Vers  la 
fin  de  la  domination  romaine,  on  nom- 
mait cornes,  comte  ou  compagnon, im 
assesseur  qui  accompagnait  un  niagis^ 
trat  dans  sa  province ,  et  le  déchargeait 
des  détails  dans  lesquels  il  ne  pouvait 
entrer  lui-même.  Quand  les  comtes 
furent  devenus  des  magistrats  investis  i 
de  fonctions  civiles  et  militaires,  ils 
eurent  à  leur  .tour  des  compagnoos 
pour  préparer  les  affaires  et  jugei 
celles  qui  avaient  peu  d'importance. 
Les  Francs  maintinrent  dans  les  Gau> 
les  les  institutions  qu'ils  y  trouvèrent 
établies,  et  qui  régissaient  les  hooioies 
vivant  sous  la  loi  romaine.  Les  com- 
pagnons furent  donc  conservés  par 
eux  pendant  tout  le  temps  de  la  pr& 
mière  race  et  le  commencement  de  ia 
seconde.  Lorsque  sous  Charles  le 
Chauve  les  fiefs  et  bénéfices  furent  (l^ 
venus  entre  les  mains  de  leurs  posses- 
seurs des  seigneuries  héréditaires,  et 
que  le  droit  de  rendre  la  justice  fit 
partie  de  la  souveraineté,  les  seigoeun 
curent  des  compagnons  différents  de 
leurs  vassaux  pour  les  assister  daoi 
leurs  plaids ,  et  formant  leur  cooseii 
particulier. 

Ces  compagnons,  pour  qui  Tassis^ 
tance  aux  plaids  ou  assises  n'était 
point  un  devoir  féodal ,  comme  œioi 
que  remplissaient  les  vassaux,  ^^ 
vaient  de  leur  suzerain  des  gages  ei 
argent,  vêtements  ou  denrées.  UneW 
somptuaire  de  1224  nous  apprend  ^ 
les  comtes,  barons  et  coevaliersi 
avaient  encore  des  compagnoss  aux* 
quels  ils  ne  pouvaient  donner  pins  de 
deux  robes  par  an;  le  don  de  ces  robcf 
se  nommait  livraison^  de  là  vient  it 
nom  et  l'usage  des  livrées.  Les  cotf* 
pagnouSi.  attachés  spécialement  à  11 

{personne  du  maître ,  se  livraient  daH 
'intérieur  de  son  hôtel  à  divers  soi» 
domestiques,  et  ils  jouissaient  d'ail 
considération  supérieure  à  celle  quw 
tenaient  même  les  01s  du  seigoetf 
auquel  ils  appartenaient»  Aunlèuff* 


COM 


FRANCE. 


467 


d'eux  étaient  les  éeuyers  qui  se  véUUeni 
de  leur  propre  y  et  dans  un  rang  de 
beaucoup  inférieur,  les  écuyem  domes- 
tiques. On  ne  peut  pas  fixer  Tépoonie 
précise  où  les  seigneurs  cessèrent  a'a- 
voir  des  compagnons. 

GoMPANS,  ancienne  seigneurie  de  la 
Brie  champenoise,  aujourd'hui  dépar- 
tement de  Seine-et-Marne,  à  6  kilom. 
de  Dammartin,  érigée  en  comté,  en 
1670,  en  faveur  de  Louis  Boucherat, 
depuis  chancelier  de  France. 

CoM^ÂNS  (Jean-Dominique,  comte), 
lieutenant  général,  pair  de  France, 
naquit  en  1760,  à  Salière,  départe* 
ment  de  la  Haute-Garonne.  Il  partit 
pour  la  frontière,  en  1792,  comme 
capitaine  dans  le  3*  bataillon  des 
gardes  nationales  de  son  département; 
se  distingua  aux  armées  des  Alpes, 
d'Italie  et  des  Pyrénées-Orientales. 
Devenu,  en  1798,  dief  d'état-major 
de  Tarmée  d'Italie,  Il  se  signala  dans 
plusieurs  occasions  contre  les  Autri- 
chiens, contre  les  Russes ,  et  mérita  le 
grade  de  général  de  brigade.  Ce  brave 
(officier,  que  Tïapoléon  regardait  avec 
raison  comme  run  de  ses  meilleurs 

généraux,  fut  chargé,  après  la  bataille 
'léna,  de  commander  une  division.  Il 
prit  part  à  tous  les  succès  de  nos  ar- 
mées ,  et  il  n'est  guère  de  bulletin  dans 
lequel  son  nom  n'ait  été  honorablement 
cité.  Il  fit  des  prodiges  de  valeur  pen- 
dant la  campagne  qui  suivit  la  retraite 
de  Russie.  Après  la  retraite,  à  Lutzen, 
il  empêcha  les  Russes  de  déborder 
l'armée  française;  à  Bautzen,  à  Wa- 
ehau,  à  Leipzig,  il  fit  les  plus  héroï- 
lues  efforts;  dans  cette  dernière  ba- 
taille ,  il  fut  couvert  de  blessures  ;  mais 
es  dangers  de  la  France  le  retinrent 
90US  les  drapeaux;  et,  en  1814,  il  fut 
lu  nombre  des  braves  qui  disputèrent 
>ied  à  pied  le  sol  de  la  patrie  aux  ar- 
nées  étrangères.  Il  vint  ensuite  pren- 
ire  position  à  la  butte  de  Beauregard, 
H*ès  de  Belleville,  et  y  fit  tout  ce  qui 
iépendait  de  lui  pour  retarder  la  né* 
»ssité  d'une  capitulation.  Napoléon 
ijant  abdiqué,  Gompans,  dont Vhabi- 
été  et  le  savoir  égalent  la  bravoure, 
îàt  nommé  membre  de  la  commission 
lu  contentieux  de  la  guerre,  et  appelé 


aa  conseil  de  la  guerre.  Pendant  les 
cent  jours,  il  reprit  les  armes,  et  fut. 
fait  prisonnier  a  Waterioo  :  peu  de 
jours  après,  Il  revint  en  France,  et  fiit 
créé  pair  le  17  aodt  1818. 

GoHPAHi.  (combat  de).  *^  Battu  à 
Arcole  les  16, 16  et  17  novembre  1796, 
car  cette  mémorable  bataille  dura  trois 
jours  1^ le  maréchal  Alvinzi  voulait,  ea 
se  retirant  sur  Montebeilo,  marrher 
jusqu'à  Vicence,  et  rejoindre  son  lieu- 
tenant Davidowich  par  les  gorges  de  la 
Brenta;  mais,  dès  le  18,  Bonaparte 
avait  pris  ses  mesures  pour  fondre 
sans  délai,  avec  ses  troupes  réunies, 
sur  celles  de  Davidowich  qui  étaient 
cantonnées  à  Castel-Novo  et  à  Pa- 
cengo,  non  loin  de  Vérone.  Le  plan  de 
Bonaparte  était  si  habilement  combiné, 
qu'il  entraînait  la  perte  de  la  division 
Davidowich.  Par  malheur,  ce  général* 
apprit  le  19  la  défaite  d'Alvinzi,  et 
lorsque,  ce  jour-là,  les  colonnes  fran- 
çaises s'ébranlèrent  pour  rattaquer» 
sentant  tout  le  péril  de  sa  position,  il 
était  déjà  en  marche  pour  regagner  les 
montages.  Néanmoms,  la  tête  des 
Français  atteignit  l'arrière-garde  au- 
trichienne à  Compara.  Les  régiments 
d'Ehrbach  et  de  Lattermann  éprouvè- 
rent de  grandes  pertes,  spécialement 
le  premier,  dont  tout  un  bataillon  fut 
coupé  et  contraint  de  se  rendre.  Un 
autre  détachement  de  trois  ou  quatre 
cents  hommes,  qui  espérait  se  sauver 
en  traversant  l'Adige,  se  noya  presque 
entièrement. 

GoHPÈBB  et  CoifitàRjs.  —  Au 
moyen  âge,  ces  noms,  consacrés  par 
la  religion,  et  marquant  une  espèce 
de  parenté  snirituelle ,  étaient  des  ti- 
tres honorables ,  et  non  pas ,  comme 
aujourd'hui ,  des  qualificatioBS  rail- 
leuses et  triviales.  D'un  autre  côté,  le 
lien  qui  unissait  le  parrain  et  la  mar- 
raine fut  longtemps  considéré  par  l'É- 
glise comme  un  empêchement  au  ma- 
riage, et  cet  empêchement  fut  souvent 
exploité  dans  l'intérêt  de  la  politique 
et  dans  celui  des  passions.  Il  rautvoir, 
dans  Grégoire  de  Tours ,  avec  quelle 
adresse  perfide  Frédégonde,  lorsqu'elle 
était  encore  au  nombre  des  servantes 
de  la  reine  Audovère,  sut  faire  tourner 

30. 


L'UNIVERS. 


COM 


cette  loi  eodësiastîqueau  profit  de  son 
ambition. 

Chilpéric  venait  de  partir  pour  une 
expédition  au  delà  du  Rhin,  contre  les 
Saxons,  laissant  sa  femme  enceinte  de 
plusieurs  mois.  Avant  son  retour,  elle 
accoucha  d'une  fille  ,  et  consulta  Fré* 
d^onde  pour  savoir  si  elle  devait  la 
faire  baptiser  en  l'absence  d^  son 
mari  :  «  Madame ,  répondit  la  rusée 
suivante,  lorsque  le  roi  mon  seigneur 
reviendra  victorieux,  pourrait^il  voir 
sa  fille  avec  plaisir ,  si  elle  n'était  pas 
baptisée C) ?»  La  reine  prit  ce  con- 
seil en  bonne  part ,  et  Frédégonde  se 
mit  à  préparer  le  piégé  où  elle  voulait 
la  faire  tomber.  Ouand  le  jour  du  bap- 
tême fut  venu,  à  rheure  indiquée  pour 
la  cérémonie,  le  baptistère  était  orné 
de  tentures  et  de  guirlandes;  Tévéque, 
en  habit  pontificaux ,  était  présent; 
mais  la  marraine  n'arrivait  pas ,  et  on 
Tattendit  en  vain.  La  reine  ne  savait 
que  résoudre,  quand  Frédégonde ,  qui 
se  tenait  près  d'elle  ,  lui  dit  :  «  Qu'y 
«  a-t-il  besoin  de  s'inquiéter  d'une 
«  marraine?  Aucune  dame  ne  vous 
«  vaut  pour  tenir  votre  fille  sur  les 
«  fonts  ;  si  vous  m'en  croyez ,  tenez- 
«  la  vous-même.  »  L'évéque ,  proba- 
blement gagné  d'avance,  accomplit  les 
rites  du  baptême,  et  la  reine  se  retira 
sans  comprendre  de  quelle  consé- 
quence était  pour  elle  l'acte  religieux 
qu'elle  venait  de  faire. 

Au  retour  du  roi,  toutes  les  jeunes 
filles  du  domaine  royal  allèrent  à  sa 
rencontre,  portant  des  fleurs  et  chan- 
tant des  vers  à  sa  louange.  Frédé- 
gonde, en  l'abordant,  lui  dit  :  «  Dieu 
•  soit  loué  de  ce  que  le  roi  notre  sei- 
«  gneur  a  remporté  la  victoire  sur  ses 
«  ennemis,  et  de  ce  qu'une  fille  lui  est 
«  née  1  Mais  avec  qui  mon  seigneur 
«  dormira-t-il  cette  nuit?  car  la  reine, 
«  ma  maîtresse,  est  aujourd'hui  sa 
"^XA  commère  et  marraine  de  sa  fille  Hil- 
«deswinde. — £h  bien!  répondit  le 
«  roi ,  si  je  ne  puis  dormir  avec  elle , 
ft  je  dormirai  avec  toi.  »  Sous  le  por- 
tique du  palais,  Chilpéric  trouva  Au- 


dovère,  tenant  entre  ses  bras  son  en« 
faut ,  qu'elle  vint  lui  présenter  avec 
une  joie  mêlée  d'orgueil  ;  mais  le  roi, 
affectant  un  air  de  r^ret,  lui  dit: 
«  Femme ,  dans  ta  simplicité ,  tu  as 
«  fait  une  chose  criminelle  ;  désormais, 
«  tu  ne  peux  plus  être  mon  épouse.  » 
— En  rigide  observateur  des  lois  ec- 
clésiastiques,  le  roi  punit  par  Texii 
l'évéque  qui  avait  baptisé  sa  fille,  vt  il 
engagea  Audovère  à  se  séparer  de  lui 
sur-le-champ,  et  à  prendre,  comme 
veuve,  le  rôle  de  religieuse  (*).  «Quel- 
jques  iours  après  cette  répudiation, 
Chilpéric  épousa  Frédégonde. 

!Nos  annales  of&ent  encore  ane  as- 
tre circonstance  où  cette  parenté  fic- 
tive, conférée  par  les  cérémonies  du 
baptême,  servit  de  voile  à 4a  perfidie 
et  a  l'ambition  :  ce  fiit  quand  la  cour 
de  Rome  lança  ses  foudres  contre  le 
pieux  Robert  et  contre  sa  femme, 
parce  que  le  roi  avait  servi  de  parrain 
a  l'un  des  enfants  de  Berthe  et  du 
comte  Eudes  son  premier  mari.  (Voy> 
Berthe  et  Robert.) 

L'Église  s'est  relâchée  depuis  de  ces 
rigueurs;  cependant  elle  ne  permet 
encore  le  mariage  entre  compères  et 
commères  que  moyennant  dispenses. 

CoMPiÈGNE  ,  Compendium ,  yi^ 
fort  ancienne  d^: duché  de  Valois,  as- 
jourd'hui  cheC^f^u  de  sous-préfecbire 
du  département  de  TOise.  On  a  attri- 
bué, sans  fondement ,  la  fondation  de 
Compiègne  à  Jules  César  ;  cependant, 
les  médailles  et  les  antiquités  que  Foo 
trouve  fréquemment  dans  les  environs 
sont  une  preuve  que  Compiègne  avait 
déjà  quelque  importance  à  l'époque  de 
la  domination  romaine.  Quoi  qu'il  eo 
soit ,  dès  le  règne  des  premiers  vM 
de  France,  on  y  voyait  une  njaisoi 
royale  où  presque  tous  les  princes  à 
la  première  et  de  la  seconde  race  pu- 
blièrent des  actes  importants.  Cbaiw 
le  Chauve,  en  876 ,  agrandit  et  embei' 
lit  la  ville  de  Compiègne,  et  lui  dooBi 
le  nom  de  Carlopolis.  Il  fit  aussi  Utf 
dans  les  environs  deux  châteaux,  dont 
l'un  a  subsisté  jusqu'à  saint  hv^) 


(*)  Gesta  reg.  Franc,  apitd  script,  ren 
galU  tt  franc,  II,  56 1. 


(♦)  Aug.  Thierry,  Récits  méropingi^i 
t.  I,  p.  33i. 


FRANCE  (louis  XJl) 


CX>M 


FRANCE. 


GOH 


169 


qui  en  fit  élever  un  autre.  Celui-ci  fut 
reconstruit  ou  augmenté  successive- 
ment par  Louis  XI,  François  P*^,  Louis 
XIV,  Louis  XV  et  Napoléon.  Louis 
le  Bègue,  Louis  V  et  Hugues  Capet 
furent  enterrés  dans  l'église  de  Tab- 
baye  de  Saint -Corneille ,  fondée  par 
Charles  le  Chauve. 

En  1413,  les  Bourguignons  ,  Tune 
des  deux  factions  qui  se  disputaient 
alors  la  France ,  se  rendirent  maîtres 
de  Compiègne,  qui  leur  fut  repris  Tan- 
née suivante  par  Charles  VL  £n  1417, 
les  Anglais,  qui  s'en  étaient  emparés, 
en  furent  chassés  par  un  vaillant  ca- 
pftaine,  Bosquiaux ,  qui  défendait  le 
château  de  Pierrefonds.  La  trahison 
de  la  reine  Isabeau  de  Bavière  fit  en- 
suite retomber  Compiègne  et  tout  le 
nord  de  la  France  au  pouvoir  des  An- 
glais, mais,  quelques  années  plus  tard, 
Charles  VII  s'étant  présenté  devant  la 
ville,  y  fut  reçu  aux  acclamations  du 
peuple.  Cependant ,  en  1430,  Compiè- 

fne  fut  de  nouveau  assiégé  par  le  duc 
e  Bourgogne,  et  ce  fut  dans  une  sor- 
tie contre  les  assiégeants  que  Jeanne 
d'Arc,  qui  s'était  renfermée  dans  la 
place,  tomba  au  pouvoir  des  ennemis. 
(Voyez  Jbanne  p'Abc.) 

Vd  fut  dans  le  château  de  Compiè- 
gne que  Napoléon  ,  au  mois  de  mai 
1808,  relégua  le  roi  d'Espagne  Char- 
les IV,  sa  femme,  et  leur  favori  Go- 
doî.  Enfin ,  ce  fut  dans  le  même  châ- 
teau qu'eut  lieu,  au  mois  de  mai  1810, 
le  mariage  de  l'empereur  et  de  l'archi- 
duchesse d'Autriche ,  Marie  -  Louise. 
Les    monuments  remarquables  de 
Compiègne  sont  :  le  pont  construit  sur 
rOise,  de  1730  à  1733;  les  églises  de 
Saint- Jacques  et  de  Saint-  Antoine; 
rhdtel  de  ville ,  et  surtout  le  château 
royal ,  l'un  des  plus  beaux  de  France. 
Cette  ville  est  la  patrie  de  P.  d'Ailly, 
chancelier  de  l'université  de  Paris, 
BOUS  Charles  VI ,  de  Jean  Fillîon ,  de 
Venette,  de  dom  P.  Coûtant,  de  Marc- 
A.ntoine  Hersan,  etc.  Autrefois  chef- 
iieu  d'élection,  elle  possède  aujourd'hui 
les  tribunaux  de  première  instance  et 
le  commerce,  un  collège  communal 
^  une  bibliothèque  publique.  Sa  po- 
>alation  est  de  8879  nab. 


Oe  fut  à  Compiègne  que  s'assembla, 
le  l*"'  octobre  833,  ce  plaid  fameujc  où 
se  consomma  la  dégradation  du  mal- 
heureux Louis  le  Débonnaire,  soumis, 
nar  une  intervention  inouïe  du  clergé 
iranc,  à  une  pénitence  et  à  une  dégra- 
dation publique.  (Voyez  Louis  le 
DÉBONNAIRE  et  LoTHAiBE ,  et  pour 
les  détails  de  cette  diète,  l'acte  publié 
dans  le  Recueil  des  conciles  du  P.  Sir- 
mond,  et  dans  les  Historiens  de 
France,  tom.  VI,  p.  243,  sous  le  titre 
de  Âcta  impiâe  et  nefandm  exauctO" 
ratUmis  Ltidovici  Piiy  imperatoris.) 

Compiègne  (sièges  de). —La  guerre 
ayant  recommencé  en  1413  ,  entre  le 
duc  de  Bourgogne  et  les  seigneurs  de 
France  qui  entouraient  Charles  VI , 
Jean  sans  Peur  «  se  reconforta ,  as- 
sembla ses  gens  pour  chevaucher  vers 
Paris,  et  se  logea  d'abord  à  Saint -De- 
nys,  puis  à  Compiègne,  où  il  mit  gar- 
nison et  laissa  moult  vaillans  gentils- 
hommes. »  L'année  suivante  ,  le  roi 
«  fîst  des  mandemens  par  toutes  ses 
parties  du  royaume,  assembla  bien 
80,000  hommes  où  il  y  en  avoit  moult 
de  haute  seigneurie  (*),  et  chevaucha 
droit  à  Compiengne,  et  là  mist  le  siège 
tout  autour.  Mais  il  y  eut  de  grans 
escarmuches,  et  moult  firent  ceux  de 
la  ville  de  paine  aux  gens  du  roy.  » 
Enfin ,  le  vaillant  bâtard  de  Bourbon 
manda  aux  habitants  «  qu'il  les  yroit 
«  esmaier  le  jour  de  may  au  matin.  » 
On  se  prépara  dans  la  ville  à  le  bien 
recevoir;  «  et,  quant  vinst  le  jour  de 
may,  le  bastart  de  Bourbon ,  grande- 
ment accompaignié ,  vinst  à  la  porte 
de  Compiengne,  et  avoit,  luy  et  ses 
gens,  chescun  ung  chapel  de  may  sur 
la  teste  armée.  Là ,  y  eut  grant  as- 
sault  d'un  costé  et  d  aultre,  et  y  en 
eut  moult  de  bléchiés  ;  »  mais,  quelque 
défense  que  fissent  les  gens  du  duc  de 
Bourgogne,  ils  se  virent  enfin  obligés 
de  se  rendre ,  à  condition  «  qu'ils  s'en 
yroient  sauve  leurs  corps  et  leurs 
biens,  et  le  roy  le  leur  accorda.  » 

Compiègne  fut  encore  plusieurs  fois 
pris  et  repris  par  les  Bourguignons  et 

(*)  Mémoires  de  Pierre  de  Fenin ,  p.  39 
et  soiv. 


470  .  oom  L*umv£iis. 

par  les  Armagnacs,  «par qaoyelle( fut  On  souf^^nna  Gaîllaome  de  Flavi, 
moult  dommâçiée.  »  En  142^,  elle  se  gouverneur  de  Compiègne  ,  Se  l'aToir 
l'endit  à  Henri  Y,  powr  retomber,  un  sacrifiée  à  dessein ,  impatienté  de  ce 
an  après,  âu  pouvoir  des  gens  du  roi  qu'on  lui  attribuait  à  elle  seule  toute 
Charles.   Cette  fois  encore ,  elle  fut  la  gloire  de  la  défense.  Cependant  le 
cruellement  pillée.  Bientât  les  Bour-  siège  continua.  Compiègne  était  réduit 
guignons  revmrent  y  mettre  le  siège  ;  aux  dernières  extrémités ,  et  se  défen- 
«  mais  ils  faillirent  à  leur  entreprise;  dait  néanmoins  avec  acharnement.  Les 
car  les  gens  du  rôy  qui  estoient  de-  capitaines  de  Charles  VU  rassemblé- 
dens  ladeffendii^entbien,  et  tant  firent  rent  enfin  quatre  mille  combattants, 
quMl  falttt  que  les  assiégeansse  deslo-  et  attaquèrent  le  camp  des  Bourgui- 
gassent.  Assez  tost  après ,  le  duc  de  gnons  pendant ,  que  les  assiégés  enle- 
Bethefort,  régent,  vînt  prier  au  sel-  Vaient  leurs  bastides.  Aussitôt  le  siège 
gneur  de  Saveuses  qu'il  vousist  aller  fut  levé  avec  précipitation.  Les  An- 
mettre  le  siège  devant  Compiengne  et  glais,  au  reste ,  se  crurent  amplement 
luy  bailleroit  gens  et  paement  ;  et  luy  aèdommagés  de  cet  échec  par  la  prise 
envole  à  tout  trois  cens  combatans  en-  de  la  Pucelle. 
glez ,  lesquels  tindrent  siège  environ  Composition.  —  C'est  le  nom  qoe 
quinze  jours.  »  Au  bout  de  ce  temps,  l'on  donne,  dans   la  législation  du 
les  assiégés  capitulèrent  à  des  condi-  moyen  âge,  ou,  pour  mieux  dire,  dans 
tiens  honorables ,    et  bientôt  «  il  n'y  la  législation  barbare,  à  là  compensa- 
eut  plus  de  places  en  l'ïlIe-de-France,  tion  pécuniaire  que  l'homme  qui  s'ê* 
ne  aux  mètes  (frontières)  d'entour  qui  tait  rendu  coupable  de  meurtre,  de 
ne  fussent  en   l'obéissance  du    roy  violence  ou  de  blessures,  devait  payei 
Henry  (*).  »  à  la  famille  de  la  victime  ou  à  la  vic- 
— Au  printemps  de  l'année  1430,  les  time  elle-même ,  si  elle  avait  survécu 
bourgeois ,  résolus  à  sauver  le  pays,  aux  sévices  dont  elle  avait  été  robjct 
malgré  le  roi ,  chassaient  de  toutes  Voici  à  quel  taux  rhomicide  était  eva^ 
parts  l'Anglais,  quand  la  Pucelle  vint,  lue  dans  les  différentes  lois  barbares: 
par  sa  présence,  ajouter  encore  à  l'en- 
thousiasme.   Le    duc   de    Bourgogne  P«>«'«nFranclîbre,d6lâM.i^*iroy*lè, 

ayant  entrepris  le  siège  de  Compiègne,  pou, un  duc.  che.  le.  Bararo».  et  «n  é«^é. 

Jeanne  d'Arc  se  jeta  dans  cette  place,       qae  chez  les  Aiemans gSo 

accompagnée  de  Xaintrailles ,  de  Cha-  ^""^^  ***»  *»*»•""•  *^f  *»  î«*\e  ^^J^^^»  ^ 

bannes,  etc.,  et  fît  avec  eux  unesortie,  .  ^t^'^^^t^      '            r""^   s^ 

le  24  mai  ,   à  la  tête  de    600    hommes.  Pour  un  diacre  ^es  les  Ripnaires. ...  1  !      5o« 

Les  Français,  d'abord  vainqueurs ,  du-  ^*»?''„*»''  <*»«"«  "^^  >«*  Aieman*  et  les 

rent  céder  enfîn  à  la  supériorité  du  wJL'rf^.*:"*!.'!".*""^^^^ 

nombre,   et  firent  retraite    en  bon  or-  l*ouranRoi|iainVconrié'dnrôi;poarûn 

dre.  Jeanne,  toujours  à  l'arrière-garde,  5?!."*'"  *°®  '^•"*  ".  ««î»»»»  chez  le» 

s'arrêtait  de  temps  eu  temps  et  faisait  f^J;'"*:  f^;^^  p.'**"*';"!  !** !*f!T 

volte-face.  Déjà  les  derniers  rangs  PouruncieranëHiirâ'cii'esi^Ripnaim; 

avaient  passé  les  barrières,  quand  un  £**"'  ****  Franc  ripuaire  libre-,  pour  un 

arche*  picard  s'approcha  de  la  valeu-  ^.'SiïrS.i'S  ilT^X',^ 

reuse  Pucelle,  qu  aucun  de  ses  compa-  un  Franc  virant  sous  uioi  s«ii(|u«;  «t 

ghons  ne  protégeait ,  la  saisit ,  et  là    ^  p^"'  ""  Dénan^.. ......  aoo 

Fenversadeson  cheval;  Lyonel,  bâtard  'T.«i.°rits.'"X-"Bo'^ïi:S: 

de  Vendôme ,   survint  en    ce  moment  :  un  Aleman  ,   un  BaTaroî» .  un  Frison 

Jeanne  se  rendit ,  et  lui  donna  sa  foi,     ^  °«  ?.?  ^^^P"*  *^^?'  les  Ripuaires ii» 

Cet  officier  la  céda  au  sire  de  I,uxem-  ^-^Jr.T^Ui'i'J^r  «i^^ 

bourg ,  qui  la  Vendit  aux  Anglais,  a  la       les  Bourguif nous t$« 

etânde  loie    de    ces   féroces    ennemis.  ^^^  ""*  homihe  de  condition  moyenne, 

°             **  un  escIsTe  outriei'  en  aryent,  dies  les 

^-« —r               t    *ta           •    «1.    .  Bourguignous  I  wn  Romain  ^y«f«ttr» 

(*)  MémOli^  de  Pierre  de  Fetiin.  ab  homme  da  roi  oad'iHMéfUfi/ 


4% 


COtt  FRANCE.  GOtt  471 

Ui  RtpteiNs  t  «n  eoioa.  a'apfte  4mix  YAnt  d'uii  meurtrier  au  fite  de  «es  y'io- 

voZCtZtSi::^:!';;r'^ênc:'ée  """  fci«««.  devenu  son  ami  :  «  Tu  dois  me 

l'église Ko  «  rendre  de  grandes  actions  de  grâce, 

Pour  un  forgeron  (cMUte),ciiesie»Boiii*-  «  mon  chcr  frère,  dc  ce  que  i*ai  tué 

Po5ïl":i;d;Végii;e;a*â;;d;;i«     *•  «  ^  parent»,  car >  composition  que 

les  Alemans  ;  ponr  an  Romain  tribu-  «  CCla  ta  ValU  S  fait  afflUOr  lor  et  l'ar- 

uire,  chez  le*  Salions ••••.•• 45  «  geut  daus  ta  maîsoD  ;  tu  scrais  main- 

PourunafrranchichexIesBararois;poiir  -,  ♦«-«-♦  «i»»»   i«  jjx«wi.«,«^«.  ««.  i^   z 

un  orfèvre,  un  armurier.  unforgeVon;  «  tenant  daUS  IC  dénâmcnt  et  la   ffiH 

chez  les  Alemans;   pour  un   charron  *  SCrO,  SI  CSt  événement  DO  t  avait  UQ 

chez  les  Bonrçnignoas 4o  «  peu  relCYé.  » 

Ponr  on  eaclaTC»  fût-il  mènmimwtnn  «o-  inrt»«»«s    i  /^A^fA  «^a*;»»  «m a  a^  !»«-> 

Ion  tribuuire .  chez  les  Bipuaires. ...       M  .  COMPS.  — *  CcttC  petite  Ville  dC  1  aih 

Pour  un  ganleur  de  cochons,  chez  les  Cienue    PrOVeUCe  ,     aUJOUrd'hui    chef<« 

Bourguignons 3o  lieQ  de  canton  du  département  du 

Pour  un  esclave,  eh.,  le.  BaTaroi. ^  y^^^    ^^^^   autrcfoiS    UnC   place   fortC 

Voici  maintenant  le  tarif  des  coups  assez  considérable.  Elle  soutint  un  long 

et  des  blessures  :  siège,  et  fut  détruite  de  fond  en  com- 

che»  Us  saiinu.  Coup  à  la  tête  atcc  ef-  ble  lofS  dc  la  guerrc  achaméc  que  se 

fusion  de  sang. ................    3o8ous.  firent  Charlcs  d'Anjou  et  Charles  de 

Si  le  cerveau  apparaît,  et  que  trois  os  *.».      ^  ^^    ^  i ^'    ^    a      i  • 

soient  brisés. .. . 45  Duras  pour  la  succession  de  la  reine 

Chaque  coup,  sans  efTosioti  de  Mng.. . .         3  JeaunC.   Sa   pOOUlatiOQ  s'élèvC  SUJOUr* 

Coup  de  poing 3  ^'^ui  à  900  1130. 

^.  '^i'l'^-^Z\t7^U:i;;^,      '  compte  bbndu  de  Necker—  C'est 

cet  os  jeté  i  la  distance  de  .4  pieds  ré-  ie  nom  SOUS  Icquel  OU  désigne  Tétat 

M>nne  sur  un  bouclier 6  ^j^g recettesctdes dépeuscs  du  royaume 

ordiîe'coupée.!!::::;;:!::;;!;;;!:;     i.  puWié  par  ce  ministre  dans  les  pre- 

Paupière  supérieure  coupée 6  micrs  jours  dc  janvier  1781.  C'était  la 

Nez  percé. 6o  première  fois  que  l'on  rendait  compte 

Làvre  supérieure  coupée ......«•         o  i     j     i«  i 

Le  double  pour  la  l^re  inférieure.  3"  P^^P}^  f^C  1  USagC  qUC  le  gOUVemC* 

Chaque  dent  cassée x  meut  faisait  de  ss  fortuoc.  La  sensa- 

Langue  coupée 4o  tiou  produite  par  cette   publication 

S;"d^gt%*nnûi*.;;e'e;i;i::;:;::;:;;;:    %  f»*  immense,  et  eue  m  époque  dans 

Castration 4o  Ibistoire  financière  de  la  France.  Dans 

Cuisse  coupée 8o  ]e  but  dc  rclcvcr  sa  popularité  affai- 

o'^braf  Sr^  "     .^'!:!*!!^!     rs  blic  par  la  gucrrc  d' Amérique ,  Necker 

£»k«s/««iti/weir«).'ô'sbrisé..\..'..'...\     36    *  avait  obtcuu  du  roi ,  quî  approuvait 

Nez.  oeil  arrachés,  main,  pied,  coupé...     loo  tOUS  SCS    plsUS  ,  la  pCrmiSSioU    dC  pU- 

^.w«fl;;à^l•.y;f.;^;,A:::::;:;:   "l  Wier  le  compte  rendu  de  «on  admi- 

Os  de  la  tête  brisé 6  uistratiou  des  financcs  ;  cette  innova- 

oBii  arraché,  pied,  main,  oreille  coupés.    4»  tiou,  indispensable  à  la  fondation  du 

^•■P*~* ^  créditpublic,  était,  disait-il,  tout  le 

La  composition,  qui  avait  été  insti**  secret  de  la  prospérité  financière  de 

tuée  dans  le  seul  but  d'apaiser  et  d'é-  TAngleterre.  «  Dans  ce  travail ,  em- 

teindre  les  haines ,  était   cependaut  preint  de  tous  les  défauts  du  ministre, 

quelquefois  refusée  par  la  partie  offen-  mais  qui  initia  pour  la  première  fois 

sée,  et  ce  refus  était  Tannonce  de  ter-  la  dation  au  mystère  si  soigneusement 

ribles  vengeances.  Mais  ce  cas  était  gardé  de  la  recette  et  de  la  dépense  de 

très-rare,  et  le  plus  souvent  les  plai-  rËtat,  il  relevait  avec  une  orgueilleuse 

gnants  Tacceptaient ,  et  y  trouvaient  emphase  les  fautes  commises  par  ses 

une  source  d'abondantes  richesses.  On  prédécesseurs,  en  se  montrant  comme 

peut  lire,  pour  s'en  convaincre,  la  san-  rhomme  unique  qui  les  avait  réparées. 

glante  histoire  de  Sichaire ,  racontée  Suivant  lui,  le  déficit  était  comblé;  et, 

par  Grégoire  de  Tours  dans  le  sep-  malgré  530  millions  d'emprunts  faits 

tième  et  le  neuvième  livre  de  son  his-  pendant  la  guerre ,  et  pro(iMisant  45 

toire,  et  où  Fon  trouve  ie  propos  sui-  millions  d'intérêts,  la  recette  excédait 


471 


L'UNIVERS. 


COU 


la  dépense  de  dix  millions.  Mais  ce  ré* 
saitat  merveilleux  n'était  pas  claire- 
ment démontré  :  on  ne  voyait  pas , 
malgré  de  vraies  économies  et  des  ré- 
formes administratives,  par  quels  mi- 
racles le  ministre  v  était  arrivé.  Lui- 
même  semblait  le  démentir  en  jannon- 
çant  qu*il  faudrait  bientôt  en  revenir 
au  projet  de  Turj^ot  :  Tabolition  des 
privilèges  en  matière  d*impdt;  et  en 
effet ,  il  paraît  que  le  déficit  non-seu- 
lement n  était  pas  comblé,  mais  s'éle- 
vait à  46  millions. 

«  La  cour  s'indigna  de  cette  innova- 
tion démocratique ,  du  ton  insuppor- 
table et  des  projets  ultérieurs  du  mi- 
nistre;  elle  regarda  le  compte  rendu 
comme  une  dégradation  de  la  royauté, 
qui  s'abaissait  à  l'état -de  la  royauté 
anglaise  ;  elle  fit  bonté  à  la  reine  de 
la  voie  roturière  où  le  roi  se  laissait 
avilir;  elle  excita  la  jalousie  du  vieux 
Maurepas.  Necker,  assailli  par  les 
mêmes  haines ,  les  mêmes  perfidies  , 
les  mêmes  intrigues  qui  avaient  ren- 
versé Turgot,  mal  soutenu  par  le  mo- 
narque ,  toujours  docile  aux  clameurs 
des  courtisans ,  donna  sa  démission. 
Sa  disgrâce  fut  regardée  par  le  peuple 
comme  une  calamité  publique  C^).  » 
Voy.  les  Annalbs,  1. 1,  p.  175  et  suiv., 
et  au  Dictionnaire,  l'article  M£gkeb. 

CoMPTB  BENDU  DE  1«32.  —  La  ré- 
volution de  juillet  était  à  peine  con- 
sommée, qu*une  forte  opposition  se 
forma  dans  la  chambre  contre  la  mar- 
che du  gouvernement.  Les  députés  qui 
la  composaient  crurent  apercevoir  dans 
les  actes  du  pouvoir  une  tendance  évi- 
demment contre-révolutionnaire,  et 
pensèrent  qu'il  était  de  leur  devoir 
d'en  avertir  le  pays.  En  conséquence, 
MM.  Barrot  et  Garnier-Pagès  rédigè- 
rent séparément  un  compte  rendu  qui 
fut  soumis  à  l'approbation  des  Qua- 
rante et  un  députés  présents  à  Paris. 
La  rédaction  Je  M.  Barrot  ayant  été 
trouvée  trop  peu  énergique,  et  celle  de 
M.  Garnier-Pagès  un  peu  provocatrice, 
M.  Gormenin  fut  chargé  d'en  composer 
une  troisième  conjointement  avec  M. 

(*)  Th.  Lavallée,  Histoire  des  Français, 
X  m,  p.  SaS. 


Barrot;  ces  deux  députés  firent  une 
excursion  hors  de  Paris,  et  rédigèrent 
en  ces  termes  ce  manifeste ,  l'un  des 
documents  les  plus  curieux  de  notre 
histoire  contemporaine  et  qu'à  oe  titre 
nous  croyons  devoir  reproduire  ici  C)  : 

A  nos  commettants. 

Les  députés  soussignés,  présents  à  Paris, 
convaincus  des  périls  d'un  système  qui 
éloigne  le  gouvernement  de  plus  en  plus  àt 
la  révolution  qui  Ta  créé ,  regardent ,  dus 
la  situation  actuelle  de  la  France ,  comme 
le  plus  impérieux  de  leurs  devoirs,  de  ro* 
dre  compte  à  leurs  commettants  de  leon 
principes  et  de  leurs  votes.  S'il  n'a  pas  été 
en  leur  pouvoir  de  ramener  le  gcavertM* 
ment .  aux  conditions  de  sa  propre  conao^ 
vation,  il  est  du  moins  en  leur  pouvoir  de 
signaler  le  danger. 

Notre  révolution  de  i83o  a  été  dÎTOK- 
ment  appréciée.  Les  uns  n'y  ont  vu  qu'on 
incident ,  qu'une  modification  de  la  restin* 
ration,  et  ils  en  ont  conclu  que  les  homact 
et  les  principes  de  la  restauration  devaient 
être  les  principes  et  les  hommes^du  gourer 
nement  nouveau.  L'influence  de  cette  opi- 
nion s'est  retrouvée  dans  toutes  les  pkaw 
de  la  longue  et  stérile'  session  qui  vient  de 
s'accomplir.  On  l'a  reconnue  dans  les  dé- 
bats sur  la  liste  civile ,  sur  l'hérédité  de  h 
pairie,  sur  l'organisation  de  rarmée;elfei 
présidé  à  la  discussion  du  budget;  elle  di- 
rige Tadministraiion  de  l'empire,  et  règle 
son  attitude  vis-à-vis  de  l'étranger. 

Les  autres  ,  et  les  soussignés  sont  de  ce 
nombre ,  ont  salué ,  dans  la  révélation  de 
Juillet,  la  consécration  définitive  des  pris* 
cipes  et  des  droits  proclamés  par  la  granik 
révolution  de  17S9.  Ces  principes  et  es 
droits ,  telle  est  la  base  large  et  puissaote 
sur  laquelle  ils  auraient  touIu  asseoir  k 
trône.  Leurs  discours  et  leurs  voles  ont  clé 
été  constamment  la  conséquence  de  oede 
pensée. 

Ainsi,  lors  de  la  discussion  de  la  liste  ci- 
vile, nous  avons  cm  que  la  royauté  noi- 
velle  avait  d'autres  conditions  de  force  tf 
d'existence  que  le  luxe  et  la  corruption  dei 
vieilles  monarchies  ;  que ,  forte  de  son  ori- 
gine populaire  et  de  la  raison  publiqBei 
elle  n'avait  besoin  ni  de  frapper  les  iàièr 
nations  par  son  opulence ,  ni  d'aebeler  «> 
dévouements  ;  dans  la  même  discusiioo,  4 

(*)  Pour  plus  de  détails ,  voyez  le  Bi^ 
tionnaire  politique,  art,  Coxpti  aiavo. 


GOH 


FRANCE. 


€0V 


478 


tvff  rinsistanceda  ministère  à  rétablir  dans 
notre  langage  et  dans  notre  droit  politi- 
ques y  l'expression  féodale  de  sujets ,  nous 
avons  dà  protester. 

Les  débats  sur  la  constitution  de  la  pai- 
rie ont  été  un  vaste  champ  où  les  parti- 
sans des  doctrines  du  régime  déchu  ont 
fait  connaître  à  la  fois  et  leurs  désirs  et 
leurs  regrets.  A  les  entendre ,  rien  de  plus 
sacré  que  les  privilèges  préexistants  à  la 
révolution;  et,  suivant  eux,  point  d'État, 
point  de  société  possibles  hors  l'hérédité 
de  la  pairie.  C'était  une  pensée  de  la  res- 
tauration. 

Quant  à  nous,  fidèles  au  principe  d'éga- 
lité et  de  souvâ*aineté  nationale  ,  nous 
avons  fait  prévaloir  le  vœu  de  la  France, 
et  rhérédtté  a  été  abolie. 

Nous  voulions  plus  :  nous  demandions 
que  le  pouvoir  législatif,  même  dans  l'autre 
chambre,  dérivât  d*une  délégation  du  sou- 
verain ,  c'est-à-dire  de  la  nation.  Nous  ne 
voulions  pas  que  certains  pairs  pussent  se 
dire  plus  légitimes  que  le  roi.  H  nous  pa- 
raissait que  la  révolution  devait  élire  ses 
législateurs ,  comme  elle  aurait  dû  instituer 
ses  juges.  La  majorité  en  a  jugé  autrement  : 
le  temps  et  l'expérience  prononceront  en- 
tre elle  et  nous. 

L'armée  a  été  l'objet  de  notre  plus  vive 
lollicitude.  Réparer,  pour  le  passe,  les  in- 
justices de  la  restauration  ;  la  rendre  pour 
l'avenir  redoutable  aux  ennemis  de  la 
France,  sans  que  la  liberté  intérieure  en 
pût  être  menacée;  assurer  l'avancement 
ion  à  la  faveur,  mais  aux  services  ;  répan- 
Ire  l'instruction  dans  les  régiments  ;  enfin, 
iméliorer,  sous  tous  les  rapports,  la  condi- 
ion  du  soldat,  tel  était  notre  but.  La  pro- 
>osition  de  reconnaître  les  grades  et  les 
lécorations  des  cent  jours  satisfaisait  au  pre- 
DÎer  de  ses  vcbux  ,  et  elle  avait  été  adoptée 
»ar  les  deux  chambres.  Il  appartenait  à  une 
aesure  législative  de  consacrer  une  répara- 
ion  qui  n'était  pas  individuelle  mais  col- 
9ctive.  Sans  donner  ni  refuser  la  sanction 
oyale,  le  gouvernement  a  substitué  une 
rdonnance  à  une  mesure  législative ,  mé- 
risant  ainsi  l'initiative  des  chambres,  vio- 
int  les  règles  de  compétence  constitution- 
elle,  et  même  les  formes  matérielles  éta- 
lies  pour  le  refus  de  la  sanction.  Nous 
rons  dû  protester. 

Deux  systèmes  étaient  présentés  pour 
organisation  de  l'armée  :  l'un,  qui  de- 
landait  une  puissante  réserve ,  composée 
B  la  garde  nationale  et  des  soldats  libérés 


du  service ,  aurait  permis  de  dîmioner  la 
force  et  les  dépenses  de  l'armée  perma- 
nente ;  l'autre  ,  au  contraire ,  laissait  la 
garde  nationale  mobile  sans  organisation  ; 
il  exigeait  inutilement  la  présence  sous  le 
drapeau  d'un  plus  grand  nombre  de  sol- 
dats. 

■  Le  premier  système ,  plus  économique , 
|>liis  favorable  à  la  fusion  de  la  ganfe  na- 
tionale et  de  l'armée,  était  le  nôtre.  Le  se- 
cond a  obtenu  la  majorité. 

Le  budget  semblait  devoir  réunir  toutes 
les  opinions  dans  des  vues  d'économie  et 
de  soulagement  des  contribuables. 

Les  continuateurs  de  la  restauration  ont 
trouvé  toutes  les  dépenses  légitimes ,  tous 
les  impôts  bien  assis  :  et,  comme  si  ce  n'eût 
pas  été  assez  de  la  loi  douloureuse  de  la 
nécessité,  ils  se  sont  chargés,  dans  leurs  in- 
sultantes théories,  de  fiiire  considérer 
comme  un  bienfait  l'exagération  de  l'impôt. 
Nous  aurions  voulu  que  la  révolution  ap- 
portât sa  dot  au  peuple.  Loin  de  nous  la 
J>ensée  de  compromettre  des  ressources  que 
a  défense  du  territoire  peut  rendre  néces« 
saires  ;  mais  une  administration  plus  écono- 
mique et  plus  simple ,  une  meilleure  as- 
siette de  certains  impôts ,  un  mode  de  re- 
couvrement moins  tracassier,  diminueraient 
le  fardeau  des  charges  publiques ,  elles  en 
deviendraient  plus  équitables  et  moins  pe- 
santes pour  les  classes  laborieuses. 

Les  questions  d'administi-atioh  inté- 
rieure nous  ont  aussi  trouvés  divisés.  Autant, 
et  plus  que  nos  adversaires,  nous  voulions, 
nous  demandions  la  répression  de  toutes  les 
atteintes  à  l'ordre  public.  Convaincus  que 
la  sécurité  est  le  premier  besoin  d'un  peu- 
ple dont  l'existence  est  dans  le  travail,  nous 
pensions  qu'un  gouvernement  populaire 
aurait  eu  plus  de  force  pour  prévenir  les 
troubles,  et  plus  de  modération  pour  les 
réprimer.  Le  gouvernement ,  qui  s'est  pro- 
clamé si  fort ,  n'a  réussi  par  ses  violences , 
selon  son  propre  aveu ,  qu'à  organiser  la 
résistance  sur  tous  les  points  du  territoire, 
et  à  jeter,  dans  les  populations  les  plus  dé- 
vouées ,  des  ferments  d'irritation  et  de  dé- 
sordre. 

Quant  au  personnel  de  l'administration, 
après  la  chute  d'un  gouvernement  auquel  il 
se  rattachait  naturellement  un  certain  nom- 
bre d'existences,  il  était  facile  de  reconnaître 
où  se  trouveraient  les  ennemis  d'un  nouvel 
ordre  de  choses.  Le  gouvernement,  abusé 
par  de  funestes  doctrines  et  par  d'injustes 
préventions ,  n'a  vu  d'ennemis*  que  dans 


t  wilnini  pour  b  Cm» 


Un  membre  de  roppotition  a  Toula  que 
la  Fraaee  fût  eafia  fi  fon  goaTernemeat 
caraindrait  de  fe  compromeUre  faiif  retour 
afec  elle  daof  la  révolutioa  de  juillet.  La 
proposition  Bricquenlle,  après  avoir  échoué 
une  première  foil ,  a  été  reproduite  dans  la 
dernière  testioo.  Elle  était  conune  le  prea- 
sentiment  d'une  tentative  récente,  dès  Ion 
méditée,  et  dont  le  pouvoir,  si  Ton  en  croit 
son  organe  officiel,  possédait  déjà  le  secret. 
On  a  vu  cependant  le  parti  ministériel  réu- 
nir tous  ses  efforts  pour  dénaturer  cette 
proposition,  et  même,  après  le  vote  des 
chainbres,  un  mauvais  vouloir  en  a  retardé 
la  sanction,  comme  si  cet  inexplicable  délai 
devait  être  une  protestation  tacite  et  un 
motif  d'absolution.  Ce  svsième  de  ménage- 
ments compromet  la  paix  intérieure  de  la 
France,  et  porte  les  hommes  timides  à  dou- 
ter d'un  gouvernement  qui  parait  douter  de 
lui-même. 

La  dernière  session  semblait  plus  parti- 
culièrement consacrée  à  la  réalisation  des 
promesses  de  la  charte.  Les  chambres  de- 
vaient constituer  le  pouvoir  municipal  dana 
toutes  sea  branches  ,  organiser  la  responsa- 
bilité des  ministres,  celle  de  tous  les  agents 
du  pouvoir,  l'instruction  primaire  et  la  li- 
berté de  Renseignement.  ISous  avons  pressé 
Taccom plissement  de  ces  promesses.  Nous 
demandions  un  système  municipal  (]ui  dé- 
centralisât les  petites  affaires ,  simplifiât  les 
grandes ,  étendît  partout  les  éléments  de  la 
vie  politique,  et  associât  au  moins  au  droit 
de  cité  le  plus  grand  nombre  possible  de 
citoyens.  Une  large  organisation  du  dépar- 
tement et  de  la  commune  serait  en  effet  le 
Elus  puissant  moyen  de  force  ,  d'ordre  pu- 
lic  et  de  prospérité  matérielle.  Des  projets 
de  loi  avaient  été  arrachés,  pour  ainsi  dire, 
au  ministère  par  les  exigences  de  ropiniou  ; 
ils  ont  été  neutralisés  dans  la  chambre  par 
une  secrète  influence ,  et  détruits  enfin  par 
des  ajournements  indéfinis.  Tels  étaient  nos 
vœux  sur  la  politique  intérieure ,  ils  ont  été 
impuissants. 

Dans  les  relations  de  la  France  avec  l'é- 
tranger ,  notre  bannière  a  encore  été  celle 
de  1789  :  point  de  gueire  d'ambition  ni  de 
conquêtes,  mais  indépendance  absolue  à 
l'intérieur  de  toute  influence  étrangère. 
C'est  la  rougeur  sur  le  front  que  nous  avons 
plusieurs  fois,  dans  le  cours  de  la  session , 
.  entendu  les  agents  du  gouvernement  parler 
de    la   crainte  de  déplaire  aux   cabinets 


L*IJlfIVKRS. 


étrangen.  Nom  croyionf  que  h  Fnm 
était  à  jamaif  affirancme  de  cette  humiiiim 
influence  :  nous  ne  désavouons  pas  m 
vives  sympathies  pour  le  bonheur  et  hli» 
berté  des  autres  peuples,  mais  doos  d'itou 
jamais  eu  la  prétention  de  les  soiunettRÎ  ^ 
nos  institutions. 

Après  le  renversement  d'une  dynitiit 
imposée  par  la  sainte  alliance,  le  gouven» 
ment  devait  f urveiller  avec  inauiétude  la 
mouvements  des  monarques  etrao§en.Il 
ne  devait  pas  leur  permettre  sortoat  lé- 
tendre  et  d  augmenter  leur  paissanoe. 

Il  Pavait  reconnu  lui-même  ,  (pond  \ 
avait  annoncé  à  la  France  Tintentioa  ik 
secourir  l'Italie   contre  l'Autriche ,  et  k 

Jïrotéger  contre  la  Russie  la  nationalité  pD- 
onaise.  Et  cependant ,  malgré  ses  proous- 
ses  formelles,  malgré  les  intérêts  andenid 
nouveaux  de  la  France ,  il  a  abandooDén- 
talie  à  la  domination  de  rAutriche,et3i 
laissé  périr  la  Pologne ,  cette  Pologne  qe 
nous  pouvions  secourir ,  quoi  qu'on  eu  w 
dit  à  la  tribune,  et  que  notre  devoir  était 
de  sauver. 

Que  l'on  ne  croie  pas  qu'un  langage  a»- 
sure  et  ferme  eût  amené  la  guerre  :  dm 
croyons,  au  contraire ,  que  c'était  le  seul  d 
le  plus  sûr  moyen  de  conserver  la  paix. 

En  résumé,  la  paix  avec  riudépeixlaace 
et  la  dignité  de  la  France,  l'ordre  par  h 
liberté  ,  une  fidélité  inaltérable  à  la  pensa 
de  la  révolution  de  juillet ,  pensée  de  ai- 
tioualité ,  de  justice ,  d'ordre ,  de  gloire  (t 
de  modération,  de  liberté  et  de  civîlisalioa 
générale ,  pensée  glorieuse  et  pure  que  vf^ 
aimons  à  reproduire ,  que  tous  nos  votH 
ont  fidèlement  exprinaée^  que  nos  ce» 
n'ont  jamais  trahie  :  telle  a  été  et  teOc  isi 
toujours  notre  religion  politique. 

Loin  de  nous  d'imiter  nos  advtfsaird 
dans  leurs  violences  et  leurs  calomoiB- 
Mais  que  les  hommes  du  i3  mars  noos  v 
sent  si  une  seule  de  leurs  promesses  1  * 
tenue. 

'Ib  devaient  réunir  autour  du  trône  |(*' 
tes  les  opinions,  et  ils  ont  jeté  des  divisM* 
funestes  parmi  des  hommes  généreoi  ^ 
rapprochaient  l'amour  de  la  liberté  ei  R 
sentiment  du  danger  de  la  patrie. 

Ils  devaient  affermir  la  révolution,  e<B 
ont  brisé  ses  appuis  naturels  parla*»' 
solution  des  gardes  nationales  des  rilks  b 
plus  belliqueuses  et  les  plus  dévouées. 

Ils  devaient  favoriser  la  liberfé  de  ■ 
presse  qui  sauva  la  France,  et  ils  l'ont  I* 
quée  avec  leurs  réquisitoires  «  ruinée  1^ 


COH 


FRANGE^ 


«OM 


4K 


.i«s  imfiSts»  eortompue  avec  laon  aBortit- 
aamento,  accablée  avec  les  amendes. 

Ils  savaient  que  l'immense  majorité  Je 
la  nation  et  de  la  chambre  des  députés  vou- 
lait abolir  Thérédité  de  la  pairie  ,  et  ils  ont 
traité  de  visionnaires  ei  de  folles  la  volonté 
nationale  et  parlementaire. 

Ils  avaient  déclaré  qu*iU  feraient  régner 
l'ordre  légal,  et  il  n*est  pas  une  loi  dont  ils 
niaient  perverti  oti  fau^  l'application  ; 

Qu'ils  s'appuieraient  sur  les  chambrés,  et 
ils  ont  étouffe  leur  initiative  ;  qu'ils  acquit- 
teraient, par  rhospitalité  ,  la  dette  de  la 
France  envers  les  patriotes  réfugiés  de  la 
Pologne,  de  l'Italie,  de  l'Espagne,  et  ils  ont 
flétri  cette  hospitalité  par  les  conditions 
honteuses  qu'ils  y  ont  attachées. 

Ils  nous  ganmtissaient  la  sécurité  inté- 
rieure, et  sans  cesse  elle  a  été  troublée  par 
des  émeutes,  par  des  conflits  violents  entre 
le  peuple  et  l'autorité,  par  les  agressions 
de  plus  en  plus  audacieuses  du  gouverne- 
ment déchu. 

Ils  nous  annonçaient  un  désarmement  gé- 
néral ,  et  ils  nous  otit  si  bien  enlacés  dans 
un  dédale  inextricable  d'intrigues  diploma- 
tiques ,  qu'il  leur  est  impossible  à  eux-mê- 
mes d'assigner  un  terme  à  cet  état  d'anxiété 
qui  n'est  ni  la  paix  ni  la  guerre  «  et  qui  tUe 
-  notre  commerce  et  notre  industrie. 

Enfin ,  dans  quelle  situation  le  système 
de  la  quasi-légitimité  laisse-t-il  la  France 
«près  deux  ans  d'expériences  ?  Au  dehors, 
la  coalition  des  rois  n'est-elle  pas  plus  me- 
naçante que  jamais?  Au  dedans ,  la  guerre 
civile  n'est-elle  pas  flagrante?  Ces  soldats 
qui  bordent  nos  frontières ,  ces  complots, 
ces  tentatives ,  ces  troubles  sans  cesse  re- 
naissants dans  l'Ouest  et  le  Midi,  ne  suffi- 
ront-ils pas  pour  ouvrir  les  yeux  du  pou- 
voir? Attendra-t-il,  pour  se  prononcer, 
que  nos  départements  soient  en  feu ,  nos 
provinces  envahies,  la  France  compromise, 
et  qu'elle  ne  puisse  se  sauver  qu'en  prodi- 
guant à  la  fois  ses  enfants  et  ses  trésors? 

Nous  le  proclamons  avec  une  doulou- 
reuse et  profonde  conviction  :  que  ce  sys- 
tème se  prolonge,  et  la  révolution  de  juillet 
et  la  France  sont  livrées  à  leurs  ennemis. 

La  restauration  et  la  révolution  sont  en 
présence;  la  vieille  lutte  que  nous  avions 
csrue  terminée  recommence.  Que  le  gouver- 
nement choisisse;  la  position  équivoque 
qu'il  a  prise  n'est  pas  tenable.  Elle  ne  lui 
donne  ni  les  forces  de  la  restauration ,  qni 
est  irréconciable,  ni  celles  de  la  révolution, 
qui  s'irrite  et  se  défie. 


La  YnoM  da  s$3o  a  peaué  «  eomme  oeDe 
de  1789,  que  la  royauté  bénéditaire,  en- 
tourée d*institutions  populaires ,  n'a  rien 
d'inconciliable  avec  les  principes  de  la  li- 
berté. Que  le  gouveinement  de  juillet  rentre 
donc  avec  confiance  datis  les  conditions  de 
son  existence.  Le  tdotide  entier  sait  ce  que 
la  révolution  française  apporte  de  puis- 
sance à  ceux  à  qui  elle  se  donne  ;  mais  elle 
veut  qu'on  se  donne  à  elle  sans  retour,  sans 
arrière -pensées.  Pour  nous,  unis  dans  le 
même  dévouement  a  eette  grande  et  noble 
cause,  pour  laquelle  la  France  combat  de- 
puis quarante  ans,  nous  ne  l'abandonnerons 
ni  dans  ses  succès,  ni  dans  ses  revers; 
nous  lui  avons  consacré  notre  vie,  et  nous 
avons  foi  dans  son  triomphe. 

Paris,  le  a8  mai  z83a. 

Suivent  les  signatures  de  x35  députési 

CoMPTOiB  d'escompte.— Au  mois 
d'août  1830,  une  commission  spéciale 
fut  chargée  par  le  gouvernement  d'exa- 
miner et  ae  constater  la  situation 
commerciale  et  industrielle  du  pays 
et  de  rechercher  les  causes  des  em- 
barras existants  sur  plusieurs  points 
du  royaume.  Un  vaste  champ  était 
Ouvert,  comme  on  le  voit,  aux  Investi- 
gations de  cette  commission,  mais  elle 
se  contenta  d'indiauer  quelques-unes 
des  circonstances  récentes  qui  avaient 
déterminé  la  crise  commerciale,  et  d'en- 
gager le  gouvernement  à  opposer  des 
palliatifs  aux  souffrances  du  pays.  Le 
ministère  demanda  aux  chambres  un 
crédit  de  80,000,000,  dans  le  but  de 
secourir  les  commerçants  et  les  indus- 
triels ^u'il  croyait  encore  pouvoir  dé- 
rober a  une  ruine  imminente.  Cette 
somme  fut  mise  à  la  disposition  du 
gouvernement  par  la  loi  du  17  octobre 
1830,  et  elle  fut  immédiatement  dis- 
tribuée par  parcelles ,  à  titre  de  prêts 
et  d'avances ,  entre  les  solliciteurs. 

M.  Odîlon-Barrot  ^  alors  préfet  de 
la  Seine,  avait  provoqué  lui-même  une 
enquête  commerciale  dans  chacune  des 
douze  grandes  divisions  de  la  capitale; 
et  les  commissaires  délégués  par  les 
arrondissements  avaient  demandé,  à 
la  presque  unanimité,  la  création  d'une 
caisse  d'escompte  où  le  petit  commerce 
pourrait  renouveler  ses  capitaux.  Une 
Bomme  de  1,300,000  francs,  accordée 


476 


GOH 


LUNIVERS. 


Ssr  le  ministre  des  finances,  M.  Laf- 
tte,  et  prélevée  sar  les  30,000,000, 
fut  aussitôt  consacrée  à  la  réalisation 
de  cette  heureuse  idée,  et  quelques 
mois  plus  tard  la  ville  de  Pans  ajouta 
à  la  dotation,  dont  l'insuffisance  avait 
été  reconnue,  un  crédit  supplémentaire 
de  4,000,000  de  francs.  Un  conseil 
d'escompte,  composé  d'hommes  spé- 
ciaux choisis  dans  les  différentes  bran* 
cbes  de  l'industrie,  fut  chargé  de  diri- 
ger les  opérations  de  la  caisse.  Il  fut 
convenu  qu'elle  ne  recevrait  que  les 
effets  portant  au  moins  deux  signa- 
tures, et  qu'elle  les  passerait  ensuite 
à  l'ordre  de  la  Banque  de  France; 
transaction  par  laquelle  on  voulait  rap- 
procher les  aeux  établissements  et  con- 
cilier tous  les  intérêts.  Le  taux  de  l'es- 
compte fut  fixé  à  2  pour  cent  au-des- 
sus de  celui  de  la  Banque,  afin  d'assu- 
rer à  celle-ci  sa  part  ordinaire  de 
bénéfice  sur  le  papier  qu'elle  devait  es- 
compter en  société  avec  le  comptoir. 

Il  y  a  peu  d'exemples,  dans  notre 
histoire  financière,  d'un  plus  grand 
bien  accompli  avec  de  plus  fiibles 
ressources  et  à  moins  de  trais. 

Du  r*^ janvier  1831  au  30  décembre 
1832,  59,928  effets,  représentant 
33,191,433  fr.  20  c,  furent  présentés 
à  l'escompte.  Sur  cette  masse  de  bil- 
lets, la  caisse  en  escompta  30,722, 
dont  la  valeur  collective  s'élevait  à 
17,563,376  fr.  48  c.  Au  31  décembre 
1832 ,  le  comptoir  avait  recouvré 
16,969,413  fr.  98  C,  et  il  restait  en 
souffrance  593,962  fr.  50  c.  ;  mais  les 
bénéfices  réalisés  sur  les  opérations  du 
comptoir  et  les  recouvrements  succes- 
sifs opérés  depuis  sa  clôture,  les  uns 
estimes  à  97,669  fr.  46  c,  les  autres  à 
217,196  fr.  52  c,  ont  diminué  consi- 
dérablement la  part  des  dommages;  et 
comme  on  évalue  aujourd'hui,  en  outre 
de  ces  sommes,  à  92,998  fr.  34  c.  les 
rentrées  éventuelles,  il  suit  qu'en  défi- 
nitive le  déficit  ne  s*élèvera  guère  au 
delà  de  220,000  fr. 

Passé  le  80  juin  1831,  le  comptoir 
temporaire  d'escompte  delà  ville  de 
Pans  devait  cesser  ses  opérations  et  se 
mettre  en  liquidation  :  sur  les  repré- 
sentations qui  lui  furent  adressées  de 


tontes  parts ,  le  conseil  municipal  n* 
cula  de  quelques  mois  le  terme  \m- 
crit.  Toutefois,  l'ordre  fut  donné  de 
resserrer  graduellement  le  service  de 
la  caisse.  D'abord  le  montant  des  ((• 
fets  escomptés  s'était  élevé  à  plus  de 
1,600,000  fr.  par  mois;  dans  les  der- 
niers temps,  la  somme  mensuelle  da 
escomptes  fut  réduite  à  moins  de 
300,000.  Le  31  septembre,  la  ferme- 
ture de  l'établissement  eut  lieu.  DV 
{>rès  les  renseignements  recueillis  p» 
'administration,  les  30>722  effets  ad- 
mis à  l'escompte,  avaient  été  prcsea* 
tés  par  1,345  maisons,  occupait  ao 
moins  20,000  ouvriers. 

Si  nous  entrons  dans  ces  détaik. 
c'est  que  la  caisse  d'escompte  de  Pan 
à  puissamment  contribué  à  faire  ift 
sortir  la  nécessité  de  réorganiser  paroi 
nous  le  crédit  industrieL 

a  Le  petit  commerce,  dit  M.Aristide 
Guilbert  dans  un  travail  fort  reau^ 
quable  sur  l'établissement  et  les  résul- 
tats de  cette  banque  populaire,  le  petit 
commerce,  qui  comprend  la  presque 
totalité  des  commerçants  et  des  fabri- 
cants ,  est  sous  l'influence  d'une  gAv 
continuelle.  Non  point  que  cela  tienne, 
comme  on  serait  porté  a  le  croire,  à  li 
nature  même  de  ses  travaux  ;  si  pa^ 
fois  l'embarras  provient  des  dtoso, 
presque  toujours  il  est  causé  parTiB* 
suffisance  de  notre  système  de  Dan(|Dt 
En  effet,  dans  l'état  actuel  des  dioset, 
à  qui  le  petit  commerce  peut-il  s'adres- 
ser pour  obtenir  quelque  assistance? 
Sera-ce  à  la  Banque  de  France?  I^o>i 
car  cet  établissement  n'ouvre  son  cre 
dit  qu'à  des  conditions  qui  la  rendes 
seulement  accessible  à  la  haute  indaf- 
trie.  Ainsi  elle  n'admet  que  les  foitt 
billets  ayant  au  plus  90  jours  \àuAj^ 
petit  commerce,  les  effets  qui  reprd' 
sentent  quelquefois  de  faiblefi  soaiatf 
ne  sont  payables  qu'à  une  |)lus  loa* 
gue  échéance.  Elle  veut  des  billets  iv 
timbre  avec  trois  signatures  bien  cos- 
nues  ;  or,  le  petit  commerce  orée  sui- 
vent ses  valeurs  sur  papier  mortetB* 
point  de  garanties  à  ofirir. 

«  Le  commerçant  et  le  fabricant  « 
s'adresseront  point  non  pluSf  datf 
leurs  embarras,  aux  banquiers  du  pit* 


FRANCE. 


GOK 


477 


mier  ordre;  ils  savent  que  ceux-ci,  ac- 
coutumés aux  grandes  spéculations  sur 
Jes  fonds  publics  et  les  matières  pre* 
inières,  ne  voudraient  point  descendre 
à  des  transactions  qui  leur  rapporte- 
raient de  moindres  avantages.  Ils  sont 
donc  obligés  de  recourir  aux  banquiers 
inférieurs  connus  sous  le  nom  dV«- 
compteurs.  Ces  derniers,  dont  le  nom- 
bre est  très-considérable ,  escomptent 
S)urle  moins  autant  de  valeurs  que  la 
anque  de  France.  Le  taux  de  Tés- 
compte ,  tojijours  plus  fort  que  celui 
qu'exige  cet  établissement ,  varie  ordi- 
nairement de  5  à  8  pour  cent.  Nous 
n'osons  parler  de    ces  abominables 
transactions,  dans  lesquelles  le  ban- 
quier inférieur  demande  au  delà  de  50 
pour  cent.  Il  y  a  malheureusement 
trop  d'exemples  des  exactions  et  des 
sacrifices  extrêmes  auxquels  la  cupi- 
dité et  la  nécessité  peuvent  porter 
l'escompteur  et   le  commerçant.  Ce 
que  nous  voulons  démontrer,  c'est 
qu'on  devrait  créer  à  Paris  et  dans  les 
principales  villes  du   royaume,  des 
comptoirs  d'escompte  qui  rempliraient 
les  mêmes  fonctions  et  rendraient  les 
mêmes  services  que  les  banques  loca- 
les de  l'Angleterre.  D'après  un  rap- 
port présenté  l'année  dernière  au  par- 
lement britannique  ,  les  banques  du 
R.oyaume-Uni  offrent  uncrédit  presque 
illimité  à  son  industrie ,  et  tiennent  à 
sa  disposition  une  valeur  de  trente  mil- 
ions  de  livres  sterling,  ou  huit  cents 
nîllions  de  fr.  Qu'il  y  a  loin  de  cette 
nagniGque  situation   à   celle   de  la 
?'rance  !  » 

CoMTAT  Yenàissin  ,  comitatîis 
"^indiscinus  f  ou  simplement  comto^^ 
el  est  le  nom  que  l'on  donnait  à  une 
»etite  province  enclavée  dans  la  Pro- 
ence ,  et  qui ,  avant  la  révolution , 
ormait  avec  le  comtat  d'Avignon  un 
•tat  indépendant  dont  la  souveraineté 
ppartenait  au  pape.  Cette  contrée  ti- 
ait  son  nom  de  la  ville  de  Yenasque 
^indiscina)  qui  en  fut  la  capitale,  et 
osséda  un  évécbé  jusque  vers  le  on- 
îèYSie  siècle.  Le  comtat  était  borné  au 
ord  par  le  Dauphiné,  à  l'est  et  au 
jd  par  la  Provence ,  et  à  l'ouest  par 
\  Rhône,  qui  la  séparait  du  Langue- 


doc. Elle  occupait  une  étendue  que 
Ton  peut  évaluer  à  36  myriamètres 
carrés.  Les  villes  les  plus  considéra- 
bles étaient  Garpentras ,  qui  en  était 
la  capitale,  Yatréas,  Cavaillon  et 
Yaison. 

Du  temf)s  de  César,  le  comtat  Ye- 
nàissin était  habité  par  les  Cavares  et 
une  partie  des  ^oconces  et  des  Mé' 
miniens.  Il  fut  compris ,  sous  Hono- 
rius,  dans  la  première  Yiennoise.  Après 
la  chute  de  l'empire  d'Occident,  il  passa 
successivement  sous  la  domination  des 
Burgundes ,  des  Ostrogoths  et  des 
Francs  ;  puis  il  fit  partie  du  royaume 
d'Arles ,  et  plus  tard  du  marquisat  de 
Provence.  Dans  le  partage  qui  fut  fait 
de  cette  dernière  seigneurie,  en  1125, 
le  comtat  échut  au  comte  de  Toulouse, 
Alphonse  Jourdain ,  par  les  héritiers 
duquel  il  fut  possédé  jusqu'à  la  guerre 
des  Albigeois ,  en  1229.  Raymond  YII 
se  rendit  à  Paris ,  et  y  si^na  un  traité 
par  lequel  il  céda  au  saint-siége  tous 
les  pays  qu'il  possédait  au  delà  du 
Rhône.  Mais  l'empereur  Frédéric  II , 
suzerain  légitime  du  comtat ,  réclama 
contre  ce  traité,  et  ordonna  à  ses  su- 
jets de  ne  reconnaître  d'autre  seigneur 
3ue  le  comte  de  Toulouse ,  en  faveur 
uquel  Gr^oire  IX  renonça  enfin  à 
ses  prétentions  en  1234.  Malgré  cette 
renonciation ,  lorsque  les  États  des 
comtes  de  Toulouse  tombèrent  par 
succession  entre  les  mains  de  Philippe 
le  Hardi,  Grégoire X,  se  fondant  sur 
le  traité  de  Paris ,  réclama  vivement 
l'abandon  du  comtat  Yenàissin.  Phi- 
lippe promit  au  pape  de  faire  droit  à 
ses  réclamations ,  et  Grégoire  X ,  par 
une  lettre  du  27  novembre  1273,  le 
remercia  de  cette  promesse ,  qui  fut 
exécutée  au  mois  d'avril  de  l'année 
suivante. 

En  1791 ,  la  guerre  civile  éx;lata  en- 
tre Avignon  et  Carpentras  ;  mais  mal* 
gré  la  résistance  de  cette  dernière 
ville ,  le  comtat  fut  réuni  à  la  France 
dans  cette  même  année ,  et  forma  les 
deux  tiers  du  département  de  Yau- 
duse. 

Les  habitants  decette  province  jouis- 
saient depuis  François  V  du  privilège 
d'être  considérés  comme  Français  et 


479 


UUJMIVEES. 


COM 


ré^niocto.  T^éanmoms,  la  doiioeur  du 
gouvernemant  çoatifical,  qui  ne  levait 
sur  eux  aucune  iaiik)eition,  et  le  ^and 
nombre  de  leurs  nranchises  municipa* 
les ,  leur  laissèrent  des  regrets*  même 
après  leur  réunion  à  la  France, 

Le  vice-légat  d*  Avignon  était  le  gou- 
verneur général  et  Fintendant  général 
des  armes  du  comtat  Venaissin.  L*ad-» 
ministration  était  confiée  aux  consuls 
élus  par  les  habitants  des  villes  et  des 
bourgs,  et  au  conseil  de  ville  de  cha- 
que communauté  ;  seulement  leursi 
acteis  devaient  être  légalisée  par  le  vice* 
légat.  Le  revenu  du  pape  dans  le  com- 
tat Venaissin  et  les  États  d'Avignon 
ne  consistait  que  dans  le  produit  des 
biens  domaniaux  qu'il  y  possédait, 
produit  qui  ne  s'élevait  guère  qu'à 
cent  mille  livres.  Cette  somme  était 
insuffisante  pour  payer  l'entretien  des 
officiers  de  justice  et  de  police  que  le 
gouvernement  papal  envoyait  d'Italie, 
et  qu'il  était  obligé  de  payer  de  ses 
propres  deniers. 

Les  états  de  la  province  s'assem* 
blaient  à  Carpentras.  Il  y  en  avait  de 
trois  sortes  :  i°  les  états  généraux , 
qui  be  furent  pas  convoqués  depuis 
1594  ;  2*^  V assemblée  générale,  qui  se 
tenait  régulièrement  diaque  année  ;  et 
enfin  ïassemblée  ordinaire.  On  sui- 
vait dans  le  comtat  Venaissin  le  droit 
romain  et  les  constitutions  des  papes. 

Comte.  —  Dès  ie  temps  de  la  repu-» 
blique  romaine ,  on  désignait  sous  le 
nom  de  comités  les  tribuns ,  les  pré-* 
fets  et  les  scribes  qui  accompagnaient 
dans  les  provinces  les  proconsuls,  les 
propréteurs ,  et  les  autres  officiers  ci- 
vils et  militaires.  Sous  les  premiers 
empereurs  romains,  le  nom  ae  cornes 
ou  comte  fut  plutôt  une  marque  de  do- 
mesticité qu'un  titre  de  dignité  ;  il  ne 
prit  cette  dernière  signification  que  peu 
de  temps  avant  Constantin.  Ce  prince» 
suivant  Eusèbe  ,  divisa  les  comtes  en 
trois  classes ,  la  première  des  illus' 
très ,  la  deuxième  des  clarissimes ,  la 
troisième  des  parfaits ,  et  il  donna  à 
ces  officiers  le  pas  sur  les  ducs.  Les 
comtes  commencèrent  seulement  , 
dans  le  quatrième  siècle,  à  être  rêvé* 
);us  de   commandements   militaires. 


C'était  le  titre  qne  Ton  donetitt  ao 
einquième  siècle,  aux  gouverDean  des 
villes  ou  des  diocèses.  Le  titre  et  la 
attributions  des  comtes  subsistèrent 
après  les  invasions  des  barbares,  et 
ees  officiers  continuèrent  d'être  amo* 
vibles ,  ce  qui  est  attesté  par  tous  la 
monuments  de  l'bistoire  de  la  premièfc 
race;  mais  ils  jouissaient  de  taotdi 
vantages,  que  leurs  offices  étaient  n- 
cherchés  aussi  avidement  que  les  lié- 
néfices.  «  En  574  ,  dit  Grégoire  à 
Tours ,  le  comte  Peonius  enraya  soi 
fils  Mummolus  porter  des  présents  an 
roi  Gontran,  pour  obtenir  d'être  eoih 
firme  dans  son  office.  Mummolus  re* 
mit  les  présents ,  mais  sollicita  li 
comté  pour  lui-même,  et  suppianb 
son  père,  qu'il  aurait  dû  servir.» Os 
voit  par  ce  récit  que ,  tant  que  le  roi 
put  nommer  les  comtes ,  cette  dipiti 
qut  être  surtout  la  récompense  ds 
services  de  cour,  et  que  lesJeoaQ 
gens  élevés  auprès  du  prince  mtiÉ 
souvent,  en  qualité  de  comtes,  s'eflri* 
ehir  dans  les  provinces.  Marculf  oo» 
a  conservé  la  formule  par  laquelle  if 
roi  investissait  le  comte  de  sa  dignité. 
Après  un  court  préambule ,  il  disait; 
R  Comme  nous  avons  éprouvé  ta  6^ 
ff  lité  et  ce  que  tu  vaux,  nous  te  esi- 
«ferons,  pour  agir  et  gouverner, li 
«  charge  de  comte  dans  le  canton  de^t 
«  <|ue  N.  ton  prédécesseur  a  exercée 
a  jusqu'ici  ;  de  telle  sorte  que  tu  garda 
«  toujours  envers  notre  gouvernemest 
«  une  foi  intacte ,  et  que  tu  tiennesct 
«  gouvernes  sous  ton  pouvoir  et  ta  ja* 
«  ridiction  tous  les  peuples  deffleo* 
«  rant  dans  ton  canton ,  soit  Francs, 
«  Romains,  Burgundes,  soituoeastit 
«  nation.  Tu  les  régiras  avec  juati». 
«  selon  leur  loi  et  leur  coutume  ;l> 
«  seras  surtout  le  défenseur  des  vw* 
«  ves  et  des  orphelins  ;  tu  réprime* 
«  avec  la  plus  grande  sévérité  les  (Sr 
«  mes  des  voleurs  et  des  nialfaitenis, 
«  afin  que  les  peuples ,  joyeux  de  tas 
«  gouvernement ,-  puissent  vivre  h* 
«  reux  et  tranquilles  ;  et  tu  auras  soA 
A  en  outre,  de  verser  chaque  ^ 
«  dans  notre  tréspr  tout  ce  qui  di^ 
A  venir  au  fisc.  »  La"  mèms  fofïjjj 
servait  aussi  pour  la'créationdtf  «>■' 


con 


FRANCE. 


47é 


et  des  patrices.  Il  y  avait  donc,  à  Vé* 
poque  de  Marculf ,  peu  ou  point  de 
oifrérence  entre  les  attributions  de  ces 
officiers  et  celles  des  comtes. 

Les  comtes  n'avaient  aucun  pouvoir 
sur  les  leudes ,  ni  sur  les  évéques ,  les 
abbés  et  leurs  avoués.  Ils  ne  condui-* 
saient  à  Tarmée  que  les  vassaux  sou- 
mis à  leur  juridiction.  Ils  étaient  sup- 
pléés par  des  vîsuiers  ou  vicaires  dans 
les  villes  et  les  oourgs,  et  présidaient 
les  plaids  composés  d'hommes  libres 
et  d'échevins.  Chargés  de  diriger  la 
procédure,  et  de  recueillir  les  votes  de 
seux  qui  étaient  les  véritables  juges , 
ils  devaient  leur  expliquer  les  faits  de 
la  cause  et  les  preuves  qui  s'y  rappor- 
^ient  ;  ils  indiquaient  quelle  était  la 
!oi  des  parties ,  et  quelles  étaient  les 
iispositions  de  ces  lois.  Ils  posaient 
les  questions  que  les  juges  avaient  à 
-ésoudre  :  ils  entendaient  leur  déci- 
sion, prononçaient  le  jugement,  et  ac- 
n[>rda|ent  main -forte  pour  Texécu- 
ion. 

A  l'époque  de  désordre  et  d'anar- 
ibie  qui  précéda  la  chute  des  Méro- 
ingiens ,  les  comtes  cherchèrent , 
;omme  les  autres  dignitaires,  à  acqué* 
ir  des  domaines ,  et  à  faire  perdre  à 
Biir  autorité  son  caractère  de  déléga* 
ion  de  la  royauté.  S'ils  convoquaient 
es  plaids ,  c'était  dans  l'unique  but 
e  multiplier  les  occasions  de  compo- 
itions  et  d'amendes  dont  ils  prèle* 
aient  une  partie.  Mais  les  choses 
bangèrent  sous  l'administration  forte 
l  puissante  de  Charlemagne  ;  les 
:>mtes  devinrent  alors  de  simples 
^ents  du  pouvoir  royal.  Les  descrip* 
ons  minutieuses  des  capitulaires  in- 
iquent  à  la  fois  et  la  sagesse  du  mo« 
irque  et  les  innombrables  abus  qui 
ïgnaient  dans  Tadministration  de  la 
LStice.  «  Que  les  comtes  et  leurs  vi* 
caires  ,  disent  les  capitulaires ,  con- 
naissent bien  la  loi,  afin  qu'aucun 
i'uge  ne  puisse  juger  injustement  ea 
eur  présence ,  ni  changer  indûment 
la  loi  —  Nous  voulons  et  nous  or- 
donnoBs  que  nos  comtes  ne  remet* 
tent  point  le  terme  de  leurs  plaids , 
et  ne  les  abrègent  pas  à  tort  pour 
g'adonaer  à  la  diasse  ou  à  d'autres 


«  plaisirs. ..  Qn^aucan comte  ne  tienne 
«  ses  plaids,  ril  n'est  à  jeun  et  de  sens 
c  rassis. . .  Qu'il  ait  un  bon  grefQer , 
«  que  les  scribes  n'écrivent  pas  d'une 
«  manière  illisible.  • .  Si  un  comte  né- 
«  glige  de  rendre  la  justice  dans  son 
«  comté,  que  nos  envoyés  logent  chez 
c  lui  jusqu'à  ce  que  justice  soit  ren- 
«  due.  » 

Ces  envoyés  étaient  les  missi  do^ 
minici,  chargés  d'exercer  une  surveil- 
lance active  sur  tous  les  délégués  du 
pouvoir  royal  :  «  S'ils  trouvent  un 
«  mauvais  comte ,  disent  les  capitu- 
«  laires,  ils  devront  nous  en  informer.» 
Charlemagne ,  en  outre ,  prenait  de 
sages  précautions  contre  l'ambition 
des  comtes  :  «  Jamais ,  dit  le  moine 
«  de  Saint-Gall ,  il  ne  confiait  à  ses 
«  comtes,  si  ce  n'est  à  ceux  qui  étaient 
e  situés  sur  les  frontières  ou  dans  le 
«  voisinage  des  barbares ,  l'adminis* 
«  tration  de  plus  d'un  comté.  » 

La  mort  de  Charlemagne  entraîna 
la  décadence  et  la  chute  de  toutes  les 
institutions.  On  voit  déjà,  sous  Louis 
le  Débonnaire ,  les  comtes  posséder 
de  grands  biens  dans  les  provinces 
qu'ils  administraient  au  nom  du  roi , 
et  les  étendre  chaque  jour  d'une  ma- 
nière légale  ou  illégale.  Ils  commen- 
cèrent ensuite  à  transmettre  leur  of- 
fice comme  un  héritage  à  leurs  enfants, 
et  ce  fait ,  qui  montrait  l'avilissement 
de  la  puissance  royale ,  est  sanctionné 
par  les  lois  de  Charles  le  Chauve.  «  Si 
«run  comte  de  ce  royaume  vient  à  mou- 
«  rir ,  disent  les  capitulaires  de  l'année 
«  877 ,  et  que  son  fils  soit  auprès  de 
«  nous ,  nous  voulons  que  notre  fils , 
«  avec  ceux  de  nos  fidèles  qui  se  trou- 
«  veront  les  plus  proches  parents  du 
«  comte  défunt,  ainsi  qu'avec  les  autres 
«  officiers  dudit comté,  et  l'évéque  dans 
a  le  diocèse  duquel  il  sera  situé,  pour- 
«  voient  à  son  administration  jusqu'à 
«  ce  que  la  mort  du  précédent  comte 
«  nous  ait  été  annoncée ,  et  que  nous 
«  ayons  pii  confére)r  à  son  fils ,  présent 
«  à  notre  cour ,  les  honneurs  dont  il 
.  «  était  revêtu.  Si  le  fils  du  comte  est 
«  encore  enfant,  que  ce  même  fils, 
«  l'évéque ,  et  les  autres  officiers  du 
<i  lieu ,  veillent  égalementà  l'adminis» 


4S0 


0511 


L'UNIVERS. 


c  tration  du  comté,  jusqu'à  ce  qu'tn- 
«  formés  de  la  mort  du  père ,  nous 
«  ayons  accordé  au  fils  la  possession 
«  des  mêmes  honneurs.  » 

Une  fois  Tabus  consacré  d'une  ma- 
nière aussi  formelle,  les  conséquences 
en  furent  désastreuses  pour  la  royauté. 
'Wilhem  et  Engelschalk  occupaient, 
sous  Louis  le  Bègue,  deux  comtés  sur 
les  confins  de  la  Bavière.  A  leur  mort, 
leur  office  fut  donné  au  comte  Arbo , 
au  détriment  de  leurs  fils.  «  Alors , 
dit  le  chroniqueur,  ces  enfants  et  leurs 
parents ,  considérant  cela  comme  une 
grande'  injustice ,  dirent  que  les  cho- 
ses devaient  se  passer  autrement ,  et 
quils  mourraient  par  le  glaive,  ou 
qu'Arbo  quitterait  le  comté  de  leur  fa- 
mille. »  Ce  fait  peut  donner  une  idée 
des  luttes  incessantes  engagées  entre 
les  seigneurs  et  la  royauté,  rutte^  dont 
celle-ci  sortait  rarement  avec  avan- 
tage. Dès  le  règne  de  Charlemagne , 
les  comtes  avaient,  à  ce  titre,  un  cer- 
tain nombre  de  bénéfices.  Quand  ils 
eurent  obtenu  l'hérédité,  ces  bénéfices 
ne  furent  plus  les  bénéfices  du  roi  ;  et 
les  hommes  qui  en  dépendaient  devin- 
rent leurs  vassaux ,  et  ne  furent  plus 
sous  la  dépendance  immédiate  du  roi. 
Du  reste,  comme  Fobserve  judicieuse- 
ment Montesquieu ,  les  fiefs  devinrent 
l^éréditaires  plutôt  que  les  comtés  ;  car 
se  priver  de  'quelques  terres  était  peu 
de  chose  ;  renoncer  aux  grands  offi- 
ces ,  c'était  perdre  la  puissance  même. 

Une  fois  cette  révolution  consom- 
mée, les  comtes  cessèrent  de  rendre 
la  justice.  Ils  abandonnère/it  leurs 
fonctions  à  des  officiers  amovibles,  et 
qu'ils  se  chargèrent  de  rétribuer.  Dans 
la  suite ,  lorsque  la  rovauté  sortit  vic- 
torieuse de  sa  longue  lutte  avec  la  féo- 
dalité ,  les  rois  réunirent  à  leur  do- 
maine ,  par  le  moyen  de  successions , 
confiscations  ,  mariages  ou  acquisi- 
tions ,  la  plupart  de  ces  anciens  com- 
tés. 

Longtemps  avant  la  révolution ,  le 
titre  de  comte  était  devenu  un  simple 
titre  d'honneur ,  que  le  roi  accordait 
encore  quelquefois,  en  érigeant  en 
comtés  certaines  seigneuries  ,  mais 
qui  ne  conférait  aucune  autorité.  Pour 


empêcher  que  les  comtes  ne  derii»- 
sent  trop  nombreux,  Charles  IX or- 
donna ,  en  1564,  que  toutes  les  lettres 
d'érection  contiendraient  à  l'ayenir  la 
clause  de  réversion  du  comté  à  la 
couronne  au  défaut  d'enfants  mâles; 
mais  cette  réversion  ne  regardait  que 
le  titre. 

Depuis  le"*  dixième  siècle  jusqn'à 
la  fin  du  onzième,  on  n'établit  an* 
cune  distinction  entre  les  ducs  s  rm 

Suis,  comtes,  princes,  etc.;  mais, 
ans  les  siècles  précédents,  les  comtes 
étaient  soumis  aux  ducs.  «  Ennodios, 
«  dit  Grégoire  de  Tours,  gouvernait  le 
«  duché  de  Tours  et  de  Poitiers,  et 
«  les  comtes  des  villes  de  Tours  et  de 
«  Poitiers  obtinrent  de  ChildebertiTé- 
«  tre  soustraits  à  son  autorité.  »  Ily 
eut  entre  les  marquis  et  les  comtes» 
longues  contestations  pour  la  pré- 
séance. Ces  contestations  forent  dé- 
cidées ,  peut-être  à  tort ,  en  faveur  des 
marquis  ;  car  ,  outre  que  le  titre  de 
comte  est  plus  ancien  ,  on  peut  le* 
marquer  que  plusieurs  marquisats  fo- 
rent érigés  en  comtés;  enfin,  qoeb 
pairie  fut  souvent  donnée  aux  oom* 
tés,  et  jamais  aux  marquisats. 

Le  titre  de  comte  était  encore  attii- 
bué  à  quelques  fonctionnaires  fort  dif- 
férents des  comtes  proprement  dits. 
Ainsi  il  est  employé  dans  une  cfaaite 
du  onzième  siècle  pour  désignera 
avocats  des  églises  cathédrales.  U 
nom  de  comte  des  lois,  cornes  legvM, 
se  donnait  à  un  professeur  eo  aroit 
Enfin ,  au  dernier  siècle ,  le  oomw^ 
dant  des  bagnes  portait  encore  le  titie 
de  comité. 

COHTESIDU    PALAIS    OU   COïT» 

PALATiif  s.  —  On  appelait  ainsi  en  gé- 
néral ,  dit  du  Gange,  ceux  qui  étaieif 
attacliés  au  service  du  roi  et  oeuxfi 
rendaient  la  justice  dans  son  pais* 
«  Parmi  ses  innombrables  attribotiw» 
«  le  comte  du  palais ,  dit  HincmVt 
«  avait  surtout  le  soin  de  juger  «Ijj 
«  la  justice  et  la  raison ,  toutes  v 
«  causes  qui,  s*étant  élevées  aiile«|^ 
«  étaient  déférées  au  palais  pour  y  êw 
«  jugées ,  et  de  réformer  les  déoflo* 
«  mal  jugées.  »  D'après  le  même  * 
teur,  ils  connaissaient  de  toutes  W 


COM                  FRANCE.  tON                  4dl 

eatuies  qui  étaient  portées  devant  le  Anciennes  comtés-pairies  dont  phi' 

roi ,  sans  intermédiaires ,  et  de  toutes  sieurs  furent  ensuite  érigées  en  du* 

les  affaires  concernant  le  roi,  la  di-  chés -pairies,  et  dont  la  plupart 

gnité  royale  ou  l'utilité  publique.  Ils  étaient  déjà  réunies  à  la  couronne 

siégeaient  dans  le  palais  avec  leurs  as-  au  diX'huitième  siècle. 

SeSSeurS,    désignés    quelquefois    sous  Mjouet  jértols,  érigé»  m  comtés-paârits  m,  1296 

Je  nom  d*échevins  du  palais  :  et  lors-     Qu'erre,  érigée  par  Charles  viî  en 1435 

cu'ils  n'étaient  pas  en  état  de  résoudre  •  ?rZ?;';;?ni:'.«i"r.f!.'f*''".''?"  llu 

des  questions  graves  et  difficiles,  ils  en     Drtux  «  par  charies  ix  en z S69 

réféf'aient  au  roi  en  son  conseil.  On     -5"  •  p"  ^^^^^  ^",  «"•, »458 

Vftit  rfan«î  TpHit  Hp  K  {i^r^v  nii'il  V  avait       -^•'««*»  doanée  au  duc  de  Bouillon  en i65a 

voii  aans  i  eau  ue  luersy  qu  11  y  avaii     ^^.^  ^^.^^  p,,  Charles  vu  en. 1455 

un  premier  comte  du   palais,   charge  /"orvc,  comté  tenue  «n  pairie  par  les  duc»  de 

du  sceau ,    et    plusieurs    comtes    infe-  ,  Bourbonnais. 

rieurs  rendant  la  justice.  Voici ,  d'à-  ^^Z'^rréteZ  ?n'!7!.!!' .  .?!!'J:   T  ,35. 

près  du  Gange  ,  les  noms  de  tous  ceux  Maine,  par  le  roi  Jean  ^.'  /..'.[.'.'.','.'.'.',[.  1368 

de  ces   officiers  qui  se  trouvent  men-       Manhe ,  par  Philippe,  le  Long  en i3i6 

tiennes  dans  les  historiens  :  ^Trlf^F^: ^l'ï:,t  .'t'."^  •.■■.:  !  !  !  i  !  llYy 

sous  LES  ROIS  DE    LA  PREMIERE   RACE.  ^"^^  »  V"  ,^***.''*!î  '*  *" *'t^ 

Pottoa ,  par  Louis  X  en i3i5 

Sons  Sigebert»  roi  d' Austrasie,  Gucilio.  Rethehis ,  par  Louis  XI  en i464 

Sous  Cbildebert,  Trudalf  et  Bomalf.  Saintonge»  par  Charles  Vil  en i4i8 

Sous  Dagobert  1*',  Tacilo,  Sainl-VTrandegisil,  Ba-       Soissons ,  par  Charles  VI  en i4o4 

SousCtoTisII,  Aigulf,Berthoruis,Rigobert,  Ira-  CONARDS.  —  On    appelait    ainsi  ,    à 

ning.  Rouen,  des  bouffons  ou  badins^  qui 

soo»c[oiaîreiii.Andobaid.  s'étaicnt  associés  pour /ott^r  tous  Ics 

Soos  CIoTis  1I1>  Ansoald,  Marso,  Andramn,  Amo.  "                                 i    'i  ^  rZ-x       •   •              ? 

30QS  cioTis  m  et  chiipéric.  Wamo.  aus ,  au  camaval ,  les  faits  vicieux ,  et 

Sous  Thierry  II,  chrodebert.  réformcr  Ics  moeurs  par  le  ridicule. 

30II5  chiidebert  II,  Temuif.  jjg  gyaient  le  privilège  (  reconnu  tous 

sous  LES  ROIS  DE  LA  DEUXIEME  RAGE.  Ics  aus  par  uu  arrêt  du  parlement  de 

Sous  Pépin,  wichert.  Roucu  )  de  se  masquer  seuls  aux  jours 

Sons  Charlemagne,  Anselme,  Vorad  ou  Voradin,  graS,   Ct    d'OCtroycr  SCUls  à  d^autrCS^ 

soLTuis  i«,  Ragonfred.  Bernard.  R.nuif.  Adai-  moyennant  fiuance ,  la  permissioij  de 

bard,  Bertric,  Morhard,  Gebuin,  Ruodbcrt.  SC    masqUCr    aUSSl.    DC    trCS  -  anClCnS 

Sons  Lothaire,  Ansfrid.  poëtcs  frauçais  emploient  conard  pour 

rad.  Boson,  Foulques.  conards  ctait  douc  la  même  cnose  que 

Sous  Eudes,  EWuin.  Vabbé  dss  sots.  C'était  le  pendant  de 

Soos  Lothaire,  Héribert  III,  comte  de  Vermandois*  JOU  (  ). 

I  othaire  suDorima  la  titre  de  comte  CONCABNEAD ,  petite  et  forte  ville 

l^tbaire  supprima  le  ntre  ae  comte  jnarjtjme  de  l'ancienne  Bretagne,  au- 

T^.l;-j.*^.:»,i»-  ^«1,  j„„.c.j-  jourd'hui  chef-lieu  de  canton  du  dé- 

I^  rois d'Aquitame,  de  la  dynastie  Jartement  du  Finistère;  population, 

franaue,  avaient  aussi  leurs  comtw  V         habitants.   Le  connectable  dû 

pajatins  ;  il  en  fut  de  même  pour  les  ^^^^^i^  s>en  empara  en  1373,  et  fit 

'°f^t^^l?f^i.       T  «  ,««H«  A'i  passer  la  garnison  au  fil  de  l'épée.  En 

CoMTBS-PAiwES.  -Le  mode  dé-  «[^gg    elle  tomba  au  pouvoir  du  vi- 

rectioii  de  Mrtains  domaines  en  corn-  ^;  ^   ^„^     après  quelques  jours 

té*-patrtes  était  le  même  que  »  on  em-  ^     ^^     f„t     ^  ^i^^  ^^  "f^    'ot^. 

ployait  pour  ï^duch^-patrtesJVoy.  ^  \j  .,„^i /r  ,57^  et  reprise  le 

»U   des  archevêchés,  celui  de  Lyon,  (*)  voyez  Bibliothèque  de  Técole  des 

piar  exemple ,  conféraient  au  titulaire  chartes,  tome  l,  n^  livraison,  THistoire  des 

e  titre  de  comte  et  pair.  conards  de  Rouen ,  par  A.  Floquet. 

T.  Y.  31"  Livraison.  (Dict.  bkcycl.,  etc.)  31 


482 


CON 


L»U$riViJlS. 


WN 


donnée  au  duc  de  Mercioeur  en  t^^. 
Concert  spirituel  —  tour  rem- 
plir le  vide  que  laissait  la  fermeture 
des  théâtres  pendant  la  quinzaine  de 
Pâques,  on  imagina,  en  mar3  1735,  de 
faire  concourir  la  religion  aux  diver« 
tissements  des  srands ,  et  on  institua, 
dans  une  des  salles  du  château  des  Tui-. 
leries  >  ce  qu'on  appela  un  concert  spi- 
rituel. Par  un  mélange  de  profane  et 
4e  sacré ,  on  chargea  Tes  acteurs  et  les 
actrices  de  TOpéra  de  chanter  des 
hymnes  religieux ,  et  des  voix  aul  fai- 
saient habituellement  entendre  des  airs 
amoureux  et  passionné.s  ,  entonnèrent 
le  Salve  Reginap  le  Stella  maris,  le 
De  profunms ,  le  Miserere,  etc.  A  la 
révolution ,  les  concerts  spirituels  fu- 
rent supprimés  ;  on  les  a  rétablis  de- 
puis quelques  années ,  non  plus  pour 
amuser  la  cour,  mais  pour  en  tirer  un 

Srofit  et  initier  le  public  aux  beautés 
e  la  musique  sacrée. 
CoifCHBS,  ConchaBj  Concaey  CaS' 
teUio,  petite  ville  de  Tancienne  Nor- 
mandie ,  autrefois  chef-lieu  d'une  élec- 
tion, d'un  bailliage  et  d'une  vicomte, 
fut  érigée  en  comté  en  1527,  et  en 
niarçjuisat ,  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle.  Aujourd'hui  la  ville 
de  Conches,  dont  la  population  est  de 
2,056  habitants,  est  le  chef- lieu  de 
l'un  des  cantons  du  département  de 
l'Eure. 

Concierge  et  Conciergerie.  — 
Les  maîtres  ou  maires  du  palajs  furenjt 
d'abord  chargés,  sous  les  rois  de  1^ 
première  race,  de  rendre  la  justice  aux 
officiers  et  à  la  domesticité  du  roi. 
Plus  tard,  Ils  furent  remplacés  dans 
ces  fonctions  par  un  comte  auquel  suc- 
céda ,  en  988 ,  un  officier  appelé  con- 
cierge du  palais.  Lorsqu'en  1286 ,  Ën- 
guerrand  de  Marigny  fit  élever ,  pour 
servir  d'habitation  au  roi,  le  palais  où 
siègent  aujourd'hui  les  cours  et  tribu- 
naux de  Paris ,  on  eut  soin  d'y  réser- 
ver \  pour  le  concierge ,  un  logement  à 
part  que  Ton  nomma  la  conciergerie. 
Cet  officier  fut  révêtu,  sous  Philippe 
de  Valois ,  en  1348,  du  titre  de  bailli  ; 
et  des  lettres  de  Charles  Y,  régent  du 
royaume, en  1358,  lui  accordèrent  lejs 
droits  de  moyenne  et  basse  justice  à 


l'intérieMr^  des  mi&  et  r^nfiss  m  ida- 
sieurs  maisons ,  et  une  juridiction  sur 
les  marchands  qui  possédaient  4esbû)h 
tiques  dans  les  allées  de  la  Mercerû, 
ou  appuyaient  leurs  auvents  ou  éta* 
lages  contre  le^  inurs  du  p^lai^*  ^ 
concierge  avait  en  outre  1^  droit  de 
faire  enlever  tous  jes  arbres  morts  qw 
sç  trouvaient  dans  les  chemias  royau 
et  autres  du  ressort  de  la  vicomte  4e 
paris;  et  c'était  à  lui  qu'était  coofitt 
l'inspection  sqr  le  grenier  du  roi ,  aiw 
que  sur  le  portier  et  les  sentinelle  dv 
palais.  Charles  VI  réunit ,  ea  1416,à 
son  domaine  l'office  de  concierge;  m 
on  l'eq  détacha  postérieurement,  car, 
en  1667,  le  concierge-bailli  du  palaii 
rendait  encore  la  justice. 

Dans  chaque  maison  royale,  il  y 
avait  paiement  un  concierge  que  l'on 
avait  investi  d'une  certaine  autorité 
sur  les  employés  subalternes. 

Conciles.  —  Tableau  chronéf 
que  des  conciles  tenus  en  France, 

présidé  par  saint  Irénée,  qui  écrit  au  pap( 
Tictor  pour  Teo  gager  à  ne  pas  rompre  aftf 
les  Asiatiques  quarto-décimants,c'est-à'diiti 
célébrant  la  Pâqne  le  dimanche  après  k 
quatorzième  jour  de  la  lune. 

Vers  300.  Concile  d'Ë/ne  (Eliberitanum  ou  îiSk- 
ritanum} ,  cq  Rouçsiilon. 

On  lui  attribue  quatre-vingt-un  ciMV 
pénitentiaux. 

314.  Concile  à* séries  (AreUten$e). 

Six  cents  évêques  de  l'Occident  asatto- 
rent  à  ce  concile ,. convoqué  par  ConstanliB' 
Gécilien  y  fut  absous  et  les  donatist^  coa- 
djRoainés. 

353.  Deuxième  concile  d'jiriet. 

On  y  prononça  la  condamnation  (b  f^ 
de  Sirmich ,  de  Marcel  d'Ançyre  cl  de«if 
Athanase,  condamnation  à  UqaeWetM^ 
vit  Vincent  de  Gapoue,  légat  du  papi< 

364.  Conciiç  de  Poitfn  oa  de  T<mltHuê{Q»Sàa^ 
Saint  Hilaire  et  les  autres  évéques  n^ 

Hques  des  Gaules  s'y  séparèrent  de  b  i^ 

raunion .  de  Saturnin ,  évéque  d'Arta»  * 

Ydens  et  d'Ursaoe. 

36a.  CoocUe  de  Bmm  ÇBkUimm) 
On  y  déposa  psatrélie  saint  HllMifc 

360.  Gomdle  d»  PvU  I  (ParimtM). 
Oa  y  rejeta  la  fonnule  dressée  ftjj 

Arien»,  «t  connue  sous  \»  noa  defc*'' 

de  Âimini, 


G9lf 


FIM^C& 


ÇQM 


43a 


Vers  389.  C<wcile  de  If(mn  {^(sw^imnite), 
P9  ffo  fgaore  Tobjet. 

429.  Concile  de  Tro/es  (Trecet^ff). 

Oq  y  cboUiï  $aint  G^ermaio  d'Auxerr«  »i 
sùot  I4OUP  4e  Tcoyps  poi)r  f^ler  en  Angle- 
terre comb^ftrç  riiéré$ie  des  Pél^çiens, 

439.  Concile  de  But  eo  Proyence  (Regieo^e). 

Ce  concise  ^  présidé  par  saint  Hilaire  d'Ar- 
les ,  avait  pour  but  de  remédier  ^ux  désor- 
dlres  de  Teglise  d'Eqibrun. 

44I>  CPQcile  d'Oron^*  I  (A.rausi«a?qum)' 

Ce  ne  fut  qu*uue  réunion  des  évéques  de 
trois  provinces*  Il  nous  reste  des  Qcte$  de 
trente  canons ,  qui  sont  importants  pour 
l'histoire  de  I^  discipline  ecclésiastique.  On 
y  remarque,  entre  autres  choses,  la  défense 
de  livrer  les  serfs  réfugiés  dans  les  églises , 
et  Tordre  de  les  protéger. 

i^9.  Çp«cil«  d«  Fww  (Vareuse). 

On  y  fit  dix  canons  relatifs  à  la  disci- 
pline. 

442.  Condle  d'Jrl». 

U  en  reste  cinquante-six  canons. 

à  ce  que  l'oa  croit,  présidé  par  sfûnt  Hi* 
laire  d'Arles. 

4U.  Concile  dUrJcf, 
I  ce  qu'on  suppose. 

452.  Goodle  à'Jrief, 

On  y  fit  cinquante-six  canons ,  dont  le 
ringt-dleuxième  défend  de  condamner  à  la 
lénitei^ce  tina  personne  mariée,  sans  le 
ionseotement  de  son  conjoint. 

463.  Concile  à*Jlag*r4  (And^aveiue). 
tour  l'ordination  d'un  évoque.  On  y  fit 
lou2e  canoas  sur  la  discipline. 

45{>.  C«ocUed'^r/w, 
u  sujet  d'un  différend  entre  Fauste ,  abbé 
le  Lerins,  ft  Théodore,  évèque  de  Fréjus. 
463.  Coocile  d'^WM , 
Foccasion  de  Fordinatioa  d'un  évéque  de 
He. 

44)5.  Concile  dp  F'atmts  (Yeseten^e). 

Oii  j.  fit  seize  canons,  dont  le  dernier  or- 
pnné*  de  chasser  de  Téglise  les  clercs  qui 
bservaient  les  augures,  et  condamne  la  su- 
erstition  connue  alors  sous  le  nom  de 
jrt  lies  saints,  e^  qui  consistait  à  chercher 
a  présage  de  Taveoir  dans  le  premier  \erset' 
ui  se  présentait  à  Touverture  d'un  livre  de 
écriture  sainte. 

i70.   Concile  dç  Chdlon-sur-SaÔM  (Cabilonense). 

Od  j  élit  pour  évéque  de  Châlon  un 
-être  nommé  Jean. 

473.  Concile  de  Bourses  (Bitnricense). 

On  y  prodame  SimpUdus,  évèque  de 


475.  Concilf  à*  Arles  et  dç  JUjon. 

IX  J  e$t  question  des  doc^rin^^  rela^ivcQ 
à  la  prédestination. 

505.  CoQcile  àiAs4^  (^gatbense), 

OU  se'trouvèrent  vingl^qua^e  évéquiss  et  dix 
députés.  On  y  fit  sur  la  di«eipUn«i  quarantA* 
huit  canons ,  dont  le  vingt-deuxième  permet 
apx  prêtres  ^t  aux  dercs  de  retenir  les  biens 
de  l'enlisé  a««c  la  p«rmi«sion  de  révéque, 
sana  iiouvoir  i^nmoina  les  v^dre  ni  les 
dpnner  ;  le  vingt  e|  unième  autorise  Téta- 
Uissement  de  chapelles  domestiques;  enfin 
le  quarante  et  unième  abolit  le  sort  des 
saiifif,  Sien  que  les  Gaules  ne  fissent  plus 
partie  de  l'empire ,  on  y  datait  encore  les 
actes  ecclésiastiques  parles  consuls  romains  ; 
ainsi  ce  concilu  est  daté  du  consulat  de  Mes- 
sala,  vingt-deuxiène  année  d'A]aricII,roi 
des  Yisigoths. 

51 1.  CoodU  d'OHétuu  (Àareliaaease), 

le  10  juillet.  Trente  évéques.  s'y  réuni- 
rent ,  et  y  rédigèrent  trente  et  un  canoni 
sur  la  discipline.  Le  quatrième  ordonne  que 
les  fils ,  les  petits-fils  et  les  arrière-petits-fils 
de  ceux  qui  ont  vécu  dans  la  cléricature , 
demeureront  sous  le  pouvoir  ei  la  juridiction 
de  l'évéque.  Dans  le  sixième»  il  est  défendu 
d'admettre  daJK  le  clergé  quiconque  ne  pré- 
senterait pas  des  lettres  du  roi  ou  du  juge. 

517.  CondUede  6ir*ru/#  (Gerendense), 

le  8  juin.  Sept  évéques  s'y  réunirent  et  y 
rédigèrent  six  canons 

517.  Concile  d'^/lfcM,dioc.  do  Vienne  (Epuonense). 
présidé  par  saint  Avit ,  évéque  de  Vienne , 
du  6  au  i5  septembre.  On  y  fit  quai'ante 
cauons,  dont  le  vingtième  défend  aux  dercs 
de  rendre  TÎsite  aux  femmes,  d«4nendier  le 
soûr,  sans  compagnons  et  sans  nécessité. 

517.  Conoile  de  L/on, 

On  ne  fit  qu'y  confirmer  les  canons  du 
concile  d'Albon. 

524.  Concile  d*Ârles, 

le  6  juin.  On  y  fit  quatre  canons. 

527.  Concile  de  Curpentnu  (Carpentoracteusc), 

le  6  novembre.  (>n  y  suspendît  Agrcece, 
évéque  d'Autibes.  %    ^ 

529.  Concile  d'Orange, 

le  3  juillet.  Treize   évéques  présidés  par 
.  saint  Gésaire  y  souscrivirent  vii)gt-K:inq  ar- 
ticles envoyés  par  le  pape ,  sur  la  grâce  et 
le  libre  arbitre. 

529.  Concile  de  f^tUsony 
le  5   novembre.   Douze  évéques  y  firent 
cinq  canons ,  et  y  déddèrept  l'introduction 
en  France  du  Kyrie  eleison,  à  l'imitation  des 
églises  d'Orient  et  d'Italie. 

81* 


4M 


tM 


L'ONlVEtlS. 


CÙHf 


630.  Concile  de  faïence, 

en  juillet  et  en  août  Contre  les  semi* 
pélagiens. 

533.  Concile  à'Orldms, 
le  a  3  juin.  On  y  fit  vingt  canons ,  dont  le 
hmtième  supprime  Tordre  des  diaconesses. 

685.  Concile  û^'Chrmont  en  Aavergne  {ArerneBse). 

Quinze  évêques  y  firent  seize  canons, 
dont  le  cinquième  enjoint  aux  seigneurs  des 
Francs  et  aux  ancieiu  qui  se  trouveront  dans 
les  châteaux ,  ou  bien  à  4a  suite  de  la  cour , 
de  se  rendre  à  Pâques ,  à  la  Pentecôte  et  à 
r^oël ,  chacun  dans  la  ville  capitale  où  il  est 
domicilié ,  pour  y  célébrer  ces  fêtes  avec 
révéque. 

638.  Concile  d'Or/ÂiM. 

On  y  fit  trente-trois  canons^ 

541.  Concile  d'Or^Vvw. 
On  y  fit  trente-huit  canons. 
549.  Concile  A' Orléans t 

le  aS  octobre.  Cinquante  évéques  et  vingt  et 
un  députés  y  assistaient  et  y  firent  vingt- 
quatre  canons.  C'est  le  premier  concile  daté 
des  années  du  règne  d'un  roi  de  France. 

549.  Concile  de  Ciermont, 

tenu  par  dix  évéques.  On  y  adopta  les  ca- 
nons du  cinquième  concile  d'Orléans. 
550.  Concile  de  Toul  (Tallense). 

Les  actes  de  ce  concile  sont  perdus. 

551.  Concile  de  Paris  II. 

On  y  déposa  Saffarac  ,■  évéqae  de  Paris. 

554.  Concile  à*Arl«s, 

le  29  juin.  On  y  fit  sept  canon. 

557.  Concile  de  Peuis  III. 

On  y  fit  dix  canons  relatifs  à  l'usurpation 
des  biens  ecclésiastiques. 

582.  G»ncile  de  Saintes  (Santonense). 
On  y  déposa  Emerius ,  évéque  de  cette 
ville,  que  Cherebert,  fils  de  Clotaire  V , 
rétablit  ensuite  sur  son  siège. 

566.  Concile  de  L/on» 

On  y  fit  six  canons. 

567.  Concile  de  Tours  (Taronense), 
le  17  novembre.  Neuf  évêques  y  firent 
vingt-sept  canons  et  quelques  règlements  sur 
^la  discipline  et  les  cérémonies  du  culte.  Le 
.  vingt  -  troisième  porte  que  l'évéque  qui  est 
marié  doit  vivre  avec  sa  femme  (epûcopa) 
comme  avec  une  sœur. 

573.  Concile  de  JPam  IV. 

On  y  déposa  Promatus ,  évêque  de  Châ- 
leaudun,  qui  fut  maintenu  sur  son  siège  par 
Sigebert ,  roi  d'Austrasie. 

577.  Concile  de  Paris  Y. 
Chilpéric  voulut  y  faire  prononcer  la  dé- 
position et  l'excommunication  de  Prétextât, 
evêque  de  &ouen. 


679.  Concne  de  Châlon-sur-SaSni. 

Salonius  d'Emb.nin  et  Sagittaire  deGip 
y  furent  déposés. 

580.  Concile  de  Bemi, près  Compiègne  (Brennaceii$e)i 
Grégoire  de  Tours  s'y  justifia  par  sermeot 
des  accusations  portées  contre  lui. 

582.  Concile  de  Iffâeon  (Matisconenso), 

le  1*^'  novembre.  Vingt  et  un  évêques 
firent  dix-neuf  canons. 

583.  Concile  de  L/on. 
Au  mois  de  mai ,  Tévêque  et  douze  déj» 
tés  y  firent  six  canons ,  dont  le  dernier  or 
donne  l'établissement ,  dans  toutes  les  vSa 
de  France ,  d'un  logement  séparé  pour  les 
lépreux ,  qui  devaient  y  être  nourris  et  t^ 
aux  dépens  de  l'Église. 

685.  Concile  de  Calmée, 

On  y  confirma  les  donations  Élites  avi 
églises  par  le  roi  Gontran  et  sa  famille. 

585.  Concile  de  Maçon , 
le  a 3  octobre.  Présidé  par  Prisque^éTèqK 
de  Lyon;  quarante-trois  évêques  y  assistè- 
rent et  y  firent  vingt  canons ,  dont  le  premiff 
ordonne  la  cessation  de  toute  œuvre  servik 
et  ide  toute  plaidoirie  le  dimanche.  Le  ca- 
quième  enjoint  de  payer  la  dime  aux  prêtiv 
et  ministres  de  l'Église,  sous  peine  d'eiooi- 
munication  ;  le  sixième ,  de  ne  célébrer  b 
messe  qu'à  jeun ,  excepté  le  jour  de  la  cène 
dn  Seigneur. 

686.  Concile  A'Auxerre  (Altissiodorenie). 

On  y  fit  quarante-cinq  canons.  Le  preoiiî 
porte  défense  de  se  d^uiser  en  c«rf,  a 
vache  ou  en  d'autres  animaux,  le  i^' jasviff' 
Le  douzième  défend  de  donner  la  comni' 
nion  aux  morts  ;  le  trente -sixiènie  défti^ 
aux  femmes  de  recevoir  l'eucharistie  dans  h 
main  nue. 

687.  Concile  de  Chrmont , 

au  sujet  de  quelques  paroisses  contestés 
entre  Rodez  etUrsicin. 

689.  Concile  de  JVar6o/me  (Narbonemc), 

le  I®'  novembre.  On  y  proscrivit  Tosap 

{)aïen  qui  consistait  à  s'abstenir  de  traviiBif 
e  jeudi ,  parce  que  ce  jour  était  consiati 
Jupiter. 

590.  Concile  de  Poitiers  (FictavicnM). 
On  y  excommunia  deux  religieuses  ^ 
Sainte-Croix  de  Poitiers ,  qui  s'étaient  révol- 
tées contre  leur  abbesse. 

590.  Concile  de  Sawrci  on  Sourci  (Satuiacam)» 

à  trois  lieues  de  Soissons.  On  y  npi^l' 
Droctégisile ,  évéque  de  Soissons ,  chaiff t 
quatre  ans  auparavant ,  à  cause  desoa  i^ 
gnerie. 

690.  Coneiled«Jlf«Ci(lletaMe).  , 

On  y  déposa  Gilles ,  archevêque  de  tfi^ 


€ON 


FRANGE. 


COK 


485 


&90.  Coiicil«  â»  C^iwahn  (Ga]»ftlitâniim). 

On  y  couâamna  Élétradiie ,  femine  d'EuIa- 
lius»  comte  d'Auvergne. 

694.  CoDciU  de  Ckdlon^ur-Saâne. 

On  y  décida  que  la  manière  de  psalmodier 
suivie  à  St.-Martin  de  Tours,  à  St.-Denis  et 
à  St.-Germain  des  Prés  de  Paris ,  serait  in- 
troduite dans  ie  monastère  de  St.-Marcel. 

601.  Concile  de  Sens  (Senonense). 

On  y  traita  de  la  réforme  des  mœurs ,  de 
la  simonie  et  de  Pordinittion  des  néophytes. 

003.   Concile  de  Chdlon-snr- Saône  , 

présidé  par  Arédius,  évéque  de  Lyon. 
Brunehaul  y  fit  déposer  saint  Didier.'  Ce 
concile  n'est  pas  reconnu  par  l^Église. 

615.  Concile  de  Paru  VI. 

Toutes  les  provinces  nouvellement  réunies 
sous  la  domination  de  Clotaire  y  envoyèrent 
des  députés.  Les  évêques  y  furent  au  nombre 
desoixanie-dix-neuf.  On  y  fît  quinze  canons, 
dont  le  dixième  porte  que  les  donations  des 
évéques  et  des  clercs  en  faveur  de  l'Église  se- 
ront valables  malgré  l'absence  de  formalités. 

624.  Concile  de  Mdcon. 

Discossion  sur  la  règle  de  SL-Colomban. 

625.  Concile  de  Reims, 

On  y  fit  vingt-cinq  canons,  dont  le  premier 
concerne  les  Précaires  ecclésiastiques.  C'est 
'*  un  des  plus  anciens  monuments  où  il  en 
soit  fait  mention.  Yoy.  Prbcairz. 

627.  Concile  de  Clieh/  (Clippiacense) , 
le  a6  mai.  On  a  perdu  les  actes  de  cette  as- 
semblée convoquée  par  Clotanre  et  compo- 
'  sée  d'ecclésiastiques  et  de  laïques. 
636.  Concile  de  Ciieh/, 

le  i^  nui.  Saint  Agile  y  fut  nommé  abbé 

de  Rebais. 

638.  Concile  à'OrUans , 

contre  un  hérétique  que  l'on  croit  avoir  été 

>  grec  et  monolbélite. 

643  ou  644.  Concile  de  Chalon-sur-Saône  , 
le  a5  octobre.  On  y  fit  vingt  canons  sous- 

>  cri  (s  par  trente-neuf  évéques  et  par  six  dé- 
putés. 

652.  Concile  de  Clichf. 
Clovis  II  et  vingt-quatre  évêques  y  con- 
firmèrent les  privilèges  de  l'abbaye  de  St.- 
Denis. 

659.  Concile  de  Malay-le-Roi  (Mansolacense)  , 
sur  la  rivière  de  Yannes,  à  une  lieue  de 
Sens.  On  y  fit  plusieurs  règlements  sur  la 
discipline. 

660.  Concile  de  Nantes  (Nannetense). 

On  y  fit  vingt  canons ,  dont  le  sixième 
aotorise  Tinbumation  des  morts  dans  le 
parvis  ou  porche  de  l'église  ,  et  la  défend 
dans  l'intâieur  de  l'église. 


670.  ConeaedoAenfMMt  (Bardiffalense), 

tenu  en  présence  du  comte  Loup  par  les 
métropolitains  de  Bourges ,  de  Bordeaux  et 
d'Eause,  assistés  de  leurs  comprovinciaux» 
n  avait  iNMir  "but  la  pacification  du  royaume 
et  la  réforme  de  la  discipline. 

674.  Concile  des  Ce^es  (Oallkannin). 

On  ne  sait  pas  dans  quelle  ville  il  se  réunit. 
Saint  Léger  y  fut  dégradé.  Ce  concile  n'est 
point  reconnu  par  l'Église. 

676.  Concile  de  Crêejr  en  Ponthieu  (Cbriatiacnm). 

Il  n'eut  pour  objet  que  la  discipline  mo- 
nastique. 

677.  Concile  de  Moria/,  diocèse  de  Tonl  ,  ou  d« 

Marli ,  près  Paris  (Marlacense). 

On  y  dégrada  Chramiin,  évéque  d'Embrun. 

679.  Concile  des  Gaules, 

contre  le  monothélisme. 

689.  Concile  de  Rouen  (Rethomagense) , 
présidé  par  saint  Ambert  ;  seize  évéques  y 
assistèrent.  Cest  tout  ce  que  l'on  sait  de  ce 
concile. 

742.  Concile ,  probablement ,  de  Ratisbonne  (Ger- 

qianicam). 

On  y  fit  seize  canons,  énoncés  au  nom  de 
Carloman ,  qualifié  de  duc  et  prince  des 
Francs.  Ce  concile ,  le  premier  de  France 
et  d'Allemagne  qui  porte  la  date  de  l'Incar* 
nation ,  défend  aux  clercs  et  aux  moines  de 
porter  les  armes ,  et  fait  mention ,  pour  la 
première  fob,  des  chapelains  et  des  au- 
môniers. 

743.  Concile  de  Liptines  (Liptinense)  , 
aujourd'hui  les  Estines ,  dans  le  Hainaut.  Il 
fut  assemblé  par  Carloman  ,  et  présidé  par 
saint  Boniface.  Outre  l'introduction  de  la 
règle  de  Saint-Benoit ,  on  y  autorisa  le  prince 
à  prendre  des  biens  ecclésiastiques  a  titre 
de  Précaire,  pour  subvenir  aux  dépenses 
des  guerres  contre  les  Sarrasins ,  les  Saxons 
et  les  Bretons. 

744.  Concile  de  Soissons  (Saessionense). 
Yingt-trois  évéques,  assemblés  par  ordre 

et  en  présence  de  Pépin,  y  firent  dix  canons, 
qui  ne  furent  souscrits  que  par  Pépin  et  trois 
autres  personnes. 

745.  Concile  d! Allemagne  (Germanicum). 
On  y  déposa  Gévilieb  deMayence,  qui 

avait  commis  un  homicide. 

747.  Concile  A* Allemagne. 

On  y  reçut  les  canons  des  quatre  conciles 
généraux. 

752.  Concile  de  Mayenee  (Moçuntinum). 

On  y  confirma  plusieurs  évéques  et  abbés. 

.-    753.  Concile  de   f>r6«ri«  (Vermeriense)  , 

assemblé  par  le  roi  Pépin  ;  on  y  fit  vingt  et 
un  canons  concernant  pourlaplupartlesma- 


486 


4Mi 


uumvxis. 


«èK 


riages.  Ces  canooft  sont  ttès^eurfett  à  con- 
.  suUer  à  cause  des  déttàiU  d»  aman  qu'ony 
irouTéL. 

753.  Concile  de  Mft*  (MfAenee). 

Assemblée  mix.te  où  l'on  fit  buit  fttatuti  > 
dont  le  cinquième  a  rapport  à  la  inoniiBie , 
.  et  porte  qu'à  Paveair  la  uvre-paids  Aê  vaudra 
plus  que  vmgt-deux  aouA. 

755.  Coacile  4e  ytnwt-iurSfinej{VvfûeiU9)  , 
de  f^er,  près  Grespy,  ou  de  Femeiùl  sur 
roise,  le  XI  juillet.  On  y  fit  viog^-einq 

>canons,  dont  le  quatorzième  condamne, 
comme  une  coutume  judaïque ,  Fusage  pu 
était  le.  peuple  d'éviter  de  ^e  servir ,  le  di- 
manche, de  chevaux,  de  bœufs  ou  de  voi- 
tures pour  voyager ,  et  de  préparer  à  l'aranee 

'  ses  aliments.  Le  vingt-cinquième  canofi  dé- 
fend aux  èvèques  et  aux  abbés  de  recevoir 
des  présents  pour  rendre  la  justice. 

756.  Concile  de  Compiègne  (Coropeadiense)  » 

le  22  jum.  Oh  y  fit  dix-huit  canons  concer- 
nant les  mariages.  L'un  d'eux  accorde  (a 
permission  de  se  remarier  quand  l'un  des 
deux  époux  est  atteint  de  la  lèpre.  L'année 
suivante  il  se  tint  au  même  lieu  une  assem- 
blée où  Tassillon ,  duc  de  Bavière ,'  prêta 
serment  de  fidélité  à  Pépin. 
76^.  Concile  à' Attigny-sun-JUsne  (Auiniacense). 
Vingt -sept  évêques  et  dix -sept  i^bbés  y 
assistèrent,  et  se  promirent  mutuellement 
de  se  faire  dire,  à  la  mort  de  chacun  d'eux , 
^    iin  certain  nombre  de  psautiers  et  de  messes. 

767.  Concile  de  Gwtilty,  près  Paris  (GentiH «censé  ). 

Des  légats  dû  pape  et  des  Grecs  y  assis- 
tèrent. 

768  on  769.  Concile  de  RatisbonAe  (Ratisbonense). 

On  y  interdit  aux  chorévéques  les  fonc- 
tions épiscopales. 

777.  Cdncile  de  Paderbom  (Paderbonensç). 

Oii  y  baptisa  un  grand  nombre  de  Saxoils. 

779.  Concile  de  Duren  (Duriense)  , 

dans  le  duché  de  Juliers;  On  y  fit  vingt- 
quatre  canons  ,  dont  le  septième  mentionne 
pour  la  première  fois  la  dlme  en  Allemagne. 

780.  Concile  de  Paderbom  ou  de  lÀptt^dt  {Pader» 
bornense  vel  Lappiense). 

Gharlemagne  y  décida  la  créatiod  de  cinq 
évèchés  dans  la  Saxe. 

782.  Concile  de  CologAe, 

Assemblée  mixte  où  les  Saxons  firent 
leur  soumission. 

783.  Concile  de  Padeiiorh  , 

sur  les  affaires  de  Saxe. 

785.  Cbncilé  dé  Paderbom  , 

mt  le  même  objet. 

791.  Condle  de  Ifaiionne  , 

le  17  juiîi.  Sur  l'hérésie  de  Félût  d'Xîrgel, 


•br  lè  mèBie  sujet. 

794.  Concile  de  FraneftH-na^U-itHn  f^htAêdi^ 

dfeBèe).' 

Tons  les  évêquet  de  Oermame,  de  ^uk 
et  d'Aquitaine^  eC  dfftix  légats  du  pafwj 
«ondamn^r^nt.rfa[érM«  dé  Félix  d'Urgdtt 
d'âipaâd  de  Tolède.  On  y  fît  cinquiiriMB 
canons* 

796.  Goiidl«<da«  GvUes. 
On  y  déposa  Joseph  i  évâqoe  du  Vans. 

799.  Concile  de  B^badk  ,  dioc^  de  BitisbooM 
(Ratisbonense). 

On  y  fit  douze  canons. 

^99.  Concile  6.' jUx-ia- Chapelle  '{èjfûsfnamt). 
Félix  d*l7rgel  y  abjura  sa  doctrine. 

803.  Coacïlè  à*  jé ix- la- Chapeiie,  au  mois  d'oetobt 
807.  Concile  cle  Salltbourg  (Sdlubargeue). 

On  n*y  XïwXÂ  qiie  d^affaires  relatÎTesui 
dîmes. 

809.  Concile  A* Àix-îa-Chapelle. 

Oh  s^y  occupa  de  la  question  de  savoirs 
le  J^aint- Esprit  procède  du  fils  eomine^ 
père. 

813.  Concile  à'Jrles  ,  le  10  mal 
613.  Concile  de  Reims,  le  le  mal. 
813.  Concile  de  3fa/mc0,  le  9  juin. 
818.  Conbile  de  Càkton-sttr-SaMe. 
813.  Concile  de  Tour». 

Cles  cinq  «oociles ,  teiius  par  ordre  ft 
Charlemagae ,  s'occu|^èreiit  sttrttmt  de  ri- 
formes  éoelésiBStiqiieë. 

818.  incite  d';^^»  kti  «ola  de  sefîMbii 

On  y  canfirtna  les  «ctes  des  diîq  ends 
précédents. 

414.  CtfiMsitto  de  JVflTtfM  (Kôttoneme). 

On  y  régla  les  limites  de»  diocèses  à 
Noyon  et  de  Soissons. 

816.  Cëncile  i^AMa-thhpette. 

Oû  y  fit  une  règle  pont  lerèhanoJiKi* 
les  chanoinesses. 

817.  Concile  à* ÂUt-tà^thàpette , 

au  mois  de  juiti.  Oil  s^^  dpcdpk  de  h  riS^ 
de  Saint-tiehbft. 

822.  Concile  de  Thionville  (apad  Theodonii  nlba^ 
On  y  fit,  pour  la  sûreté  des  ecdéfl»^ 
tiques ,  quatre  articles ,  qui  furent  eonfa^f 
l'année  suivante  par  Teihjieretu*  et  les  p»* 
de  Gaule  et  de  Germanie. 

8^2.  Concile  d*^M%ii/ , 

où  Louis  le  Débonnaire  fit  pénitence  p" 
bliqûe. 

823.  Concile  de  Compiègae  , 

sur  l'abus  des  clioses  saintes. 

825.  Concile  de  Pvis  VII, 

au  mois    de    novembre ,    les  évâqs» .' 
blâmèrent  le  deuxième  condle  de  IfK*^ 


GON 


tRAM^E. 


co^ 


4st 


826.  Cencile  d*jiix-là- Chapelle. 

Ce  fiit  une  suite  du  précédent. 

8M.  Q«n«l«  d'iàgelhéim .  sur  la  Saltz  (Inpelheo- 
heimeoss). 

Hêrojd,  t^wnce  danois,  y  fut  instruit  6< 
ooDverti. 

829.  Concile  de  Pans  VIlî , 
le  6  juin.  Tingt-cinq  êvêques  y  assîstèrétit. 
On  s'y  occupa  presque  uniquement  des  de- 
'voirs  des  rois  et  des  ecclésiastiques.. 
829.  Concile  de  Ma/mee^ 

au  mois  de  juin.  Vingt -quatre  évéques  y 

assistèrQfit. 

829.  Coneiledè  W»mu  (Vormatiense).  ^ 

Ony  fit  un  cUpitulaire  dé  plusieurs  artieleSy 
dont  le  plus  considérable  défend  Tépreuve 
de  Teau  froide. 

829i  doneile  àf  hjon^ 

n  tfen  reste  qu'une  lettre  écrite  par  plu- 
sieurs archevêques  et  éfèques  à  Louis  le 
Débonnaire ,  pour  réclamer  contre  la  pro* 
tection  que  ses  officiers  accordaient  aux  juifs. 
880.  Cohcilé  de  Nim^iae  (Noviemaçeiiie). 

On  y  déposa  Jcssé,  éTÔque  d'Amiens. 

681.  Concile  d*^/«.fa»CAa/»*//«. 

On  y  nroelama  l'Innocence  de  l'impéra- 
trice Judith. 

832.  Concile  de  Saint-Denis ,  en  France  (Sen-Dio- 

njrsiennu)» 
le  ï*'  février.  On  y  traita  de  la  réforme  du 
monastère. 

838.  Concile  de  Çûmpi^  »^ 
le  î**  octdbre.  On  y  condamna  I^uis  le 
Débonnaire  à  uhe  pénitence  publique,  après 
l'avoir  déposé.  Ce  concile  n*est  pas  admis 
par  l'Église.  Voy.  ComMàoK»  {plaid  de), 
884.  Goncilis  à»  Saint- Denis, 
Louis  y  fut  réconcilié  avec  l'Église;  . 
836.  Concilcde  arA»ô»ï«7/#(»F»dTheodonÎ8  yillam). 

Quarante  évoques  y  annulèreat  tout  ce 
qui  avait  été  fait  contre  Louas  le  Débon- 
naire ,  qu'ils  rchabilitèrenL  Abbon,  arche- 
vêque de  Reims,  fut  déposé.  Les  aurehevêques 
d«  Lyon  el  de  Yieiine  y  furent  condamnés 
par  contumaee. 

SSa.  CoKcile  de  Trameje,  en  Brewe  (Slramiaeense), 
de  Crémituéù  en  Dauphiné,  selon  #auti-es 
historiena.  Voy.  aussi  Crémisui  {plaid  de). 
836.  Concile  à* AtM-la- Chapelle» 

6  février.  On  s'y  occupa  de  l'usurpation  des 
biens  ecclésiastiques. 

837i  Concile  d*^w-/«-C*V*'^*> 
le    9o  avril.  On  n'y  prit  aucune  décision 
importante. 

888.  Concile  de  Quitrèf-tur-Oise  I  (Carisiacnm), 

le  6  septembre.  On  y  condamna  les  ouvrages 
liturgiques  d'Amalaire ,  chorévêque  de  Lyon. 


839.  Concile  do  Chdlon^sur-iaâhe. 
Oh  n'y  fit  riend'importatit. 
840.  Candie  à*Ingelheim  (Ingeïiienheimense) , 

le  a5  août.  On  y  rétablit  AbboU  sur  te  iiége 
de  Reims. 

841.  Concile  dé  tawrtàeufn  (TSèirlàcenfee], 

lieu  voisin  du  champ  de  bataille  dé  Fontenai. 
On  y  proclama  cette  bataille  cdntme  le  ju- 
gement de  Dieu ,  et  ony  ordohiié  des  prières 
et  un  jeûne  de  trois  joiirs  j^oiir  W  àmeS  ëas 
SQldats  qui  ^  avaielrt  péri. 

84f .  Coàcile  de  Tairi* 
On  y  ordonna  une  fête  annuelle  pour  céi» 
lébrer  la  délivrance  de  la  ville  assiégée  par 
les  Normands. 

842.  Concile  à* Àîx-ht-Chapètte. 
Louis  et  Charles  le  Chauve  y  décidèrent 
le  partage  des  possession&.  de  Lothaire  en 
France. 

843.  Concile  de  Coulène  (in  vilIâ  Colonia) , 

près  da  Mans. 

843.  Concile  de  Loire,  près  d'Angers  (apud  Lau- 

riaeum). 
On  y  anathémalisa  eeux  qui  ne  respec- 
teraient pas  l'autorité  du  roi. 

843.  Concile  de  Geraiïgnjr,  dans  l'Orléanais  (Ger- 

maniciense), 

relatif  à  la  réforme  des  ordres  monastiques. 

844.  Concile  de  Thionville. 

Lothaire,  Louis  et  Charles  s'y  jurèrent 
une  amité  fraternelle. 

844.  Concile  du  Château  de  Fem, 
On  y  fit  dodze  canons. 

845.  Concile  de  Beawnùs. 

On  y  fit  hidt  articles. 

845.  Concile  de  Meaux , 
le  17  juin.  On  y  fit,  sur  l'aliénation  dès 
biens  ecclésiastiques,  cinquante-six  canons, 
dont  dix-neuf  seulement  furent  admis  par 
les  seigneurs  réunis  à  Épernay  Paniiée  sui- 
vante. 

848.  Concile  de  Paris  IX, 

le  14  février.  On  y  confirma  les  privilè- 
ges de  Corbie. 

846.  Concile  de  Sens. 

Rien  d'important. 

847.  Concile  de  Mayenee, 

pour   remédier   à    l'usurpation  des  biens 
ecclésiastiques. 

848.  Concile  de  Mayence^ 

au  mois  d'octobre;  On  y  condamna  la  doc- 
trine de  Gothescalc  sur  la  prédestinauon. 

848.  Concile  de  Limoges  (Lemovioense). 

Rieii  d'important. 

848.  Concile  de  Bretagne  (Britannicum). 

Tenu  par  le  duc  Womenoé,  rdatiVeBMmt 
à  la  simonie  des  évoques  bretons. 


4SS 


€0X 


LUÎ^IVERS. 


GO!V 


848.  Concile  de  Rtdm  (Rotonense). 
Le  duc  Nomenoé  y  fui  proclamé  roi. 

848.  Concile  de  X/o/i. 

Rieu  d'important. 

849.  Concile  de  Quierex-^ur^Oùe. 

On  y  condamna  Gothescalc.  Ce  concile 
n'est  point  reconnu  par  TÉglise. 

849.  Concile  de  Chartres  (Carnotense). 

On  y  donne  la  tonsure  à  Charles,  frère 
cadet  de  Pépin,  roi  d'Aquitaine. 

849.  Côndle  de  Paru  X.     ^ 

On  y  déposa  tous  les  chorévèques  de 
Fraoce« 

(Il  y  eut  cette  année  deux  conciles  en 

Allemagne). 

850.  Concile  de  Moret,  dioeâse  de  Sens  (apnd 
Morittom). 

.    On  ne  sait  rien  de  cette  assemblée. 

852.  Concile  de  Ma/ence. 

On  y  fit  des  règlements  sur  la  discipline. 

852.  Concile  de  Francfort' sur-le-Mein, 
859.,  Concile  de  .fo won; , 

sur  l'ordination  d'Hincmar. 

853.  ConcQe  de  Quiercy-sur-OUe , 

contre  la  doctrine.de  Golhescalc. 

853.    Concile  de  Paris  XL 

853.  Concile  de  P^erberie, 

On  y  approuva  les  articles  du  concile  de 
Soissons. 

855.  Concile  de  Valence ,  en  Danphiaé. 

On  Y  fit  vingt-trois  canons,  dans  l'un 
desquels  les  évéques  proclament  <*  la  prédes- 
tination des  élus  à  la  rie,  et  la  prédestina- 
tion des  méchants  à  la  mort.  » 

855.  Concile  de  Boneuil  (apnd  rillam  Bonoilôm), 

à  trois  lieues  de  Paris. 

857.  Concile  de  Quigrcf , 

assemblé  par  Charles  le  Chauve  pour  aviser 
aux  affaires  du  royaume. 

857.  Concile  de  Ma/ence. 

Les  actes  de  ce  concile  sont  perdus. 

858.  Concile  de  Worms. 

Réunion  de  l'église  de  Hambourg  à  celle 
de  Brème.  ^ 

858.  Concile  de  Qvdertj. 

On  y  écrivit  une  lettre  au  roi  Louis  le 
Germanique,  pour  blâmer  sa  conduite. 

859.    Concile  de  l'abbaye  de  Saint-Jome,  près  de 
Langres  (Lingonense). 

On  y  fit  seize  canous. 

859.    Concile  de  Metz , 

le  a 8  mai ,  pour  aviser  à  la  paix  entre  Charles 
le  Chauve,  Lothaire  et  Louis  le  Germani- 
que. 

869.  Concile  de  Toul  (Tullense),  ou  de  Saronnière 
(apnd  Saponarias). 


On  y  fit  treize  canons  sur  des  affiûra 
particulières. 

860.  Concile  d'^M;./a-CAa/)e//«. 

le  9  janvier,  au  sujet  de  la  reine Thietbei^ge. 
Ce  concile  n'est  point  reconnu  par  l'Églik 

-    860.  Concile  de  Câblent»  (Confiuentittm), 

le  5  juin.  Traité  entre  Louis ,  CWles  et 
leurs  trois  neveux,  Louis,  Lothaire  et  Char* 
les. 

860.  Concile  de  Mayenee. 
860.  Condle  de  Toul  II  on  de  Tusey,  près  de  Vm- 
couleurs  (Tasiacrase). 

.  Cinquante-huit  évéques  souscrivirent  doq 
canons  contre  les  pillages  et  les  parjures. 

861.  Concile  de  Soiuons. 

.  Rothade  de  Soissons  y  fut  excommunié 
par  Hincmar. 

861.  Concile  de  Pitres-sur- Seime  {f\a!baM). 

Ce  concile,  commencé  le  25  juin,  don 
jusqu'à  Tannée  suivante.  On  y  publia  un  ca- 
pitulaire  de  Charles  le  Chauve  coatre  les 
pillages. 

862.  Concile  de  Soissons. 
Ce  concile  n'est  point  admis  par  l'Église. 
862.  Conà\e  à' ÂisB-la^CliapelU, 
le  110  avril.  Les  évéques  y  permirent  à 
Lothaire^  marié  avec  Thietberge,  d'épouser 
sa  concubine.  Ce  concile  n'est  point  recoooti 
par  l'Église 

863.  Concile  de  JSfeu, 

relatif  au  mariage  de  Lothaire.  Ce  oODok 
n'est  point  reconnu  par  l'Église. 

^  863.  Concile  de  Vetberie^ 

le  25  octobre.  On  y  termina  les  lonstfs 
contestations  de  l'évéque  du  Mans  et  ^ 
l'abbé  de  Saint-Calés. 

864.  Concile  de  Pitres , 

le  25  juin,  pour  les  affaires  de  l'EglittC 
de  l'État 

864.  Gooeilede  Cologne. 

le  26  septembre.  On  y  confirma  les  stainO 
de  l'église  de  Cologne. 

865.  Concile  d'Jttigny  (Attiniaeease). 
Arsène ,  légat  du  pape ,  7  obligea  U- 
thaire  de  reprendre  Thietberge,  sa  fenufle. 

866.  Concile  3e  Soissons, 

le  18  août  On  y  couronna  la  reine  H(^ 
mintrude ,  femme  de  Charles  le  Chauve. 

867.  Concile  de  Troyes  (Tricassinnin). 

le  25  octobre,  relatif  à  des  discussioK 
avec  la  cour  de  Rome  j  sur  la  dépoâtitt 
des  évéques. 

868.  Condle  de  JForms, 

le  16  mai.  On  y  fit  quatre-vingts  oan(ms. 

868.  Conciles  de  Gaule  et  de  Bourgogne  (GalKesM")' 

Les  Pères  de  ce  concile  récJamèreot  eotS/t 
le  pape  la  liberté  des  élections  des  évèftfk 


J 


CON 


FRANGE. 


c»ir 


489 


969,  Concile  de  Verbene, 

]e  a4  avril.  On  y  accusa  Hincmar,  évêque 
de  ]ùoa,  de  tnuùsoa  envers  Charles  le 
Chauve. 

869.  Condle  de  Piftvi, 
CD  août.  On  y  fit  quinze  capitules  sur  les 
affaires  de  l'Église  et  de  l'État. 

869.  Concile  de  Mets» 

le  9  septembre.  On  y  couronna  Charles 
le  Chauve  comme  roi  de  Lorraine. 

870.  Concile  de  F'iennt  en  Daaphiné. 

On  y  traita  des  privilèges  monastiques. 

870.  Concile  d'Âitign/. 

Trente  évécfhes  y  jugèrent,  au  mois  de 
mai,  Carloman^  fils-du  roi  Charles. 

870.  Concile  de  Cologne. 

Les  actes  de  ce  concile  sont  perdus. 

871.  Concile  de  Dotui-les-Prés  (Duziacen«e) , 

dans  le  territoire  de  Mouzon,  le  5  août. 
On  y  déposa  Hincmar  de  Laon. 

871.  Concile  de  Compifgne. 

On  y  excommunia  les  fauteurs  de  Carlo* 
man ,  révolté  contre  son  père. 

873,  Concile  de  Sentis» 

Carloman  y  fut  déposé  du  diaconat  et  de 
tout  degré  ecclésiastique,  puis  condamné 
à  mort. 

874.  Concile  de  Doust-ieS'Prét. 

On  s'y  occupa  des  mariages  incestueux 
et  de  l'usurpation  des  biens  ecclésiastiques* 

874.  Concile  de  Reims. 
876.  Concile  de  Pontion  (Pontigonense), 

■a  diocèse  de  Châlons-sur-Marne ,  le  21 
juin.  On  y  confirma  l'élection  de  Charles  le 
Chauve  comme  empereur.  Dans  un  des  ca- 
sons on  défendit  de  piller  les  meubles  de 
'érêque  après  sa  mort. 

877.  Concile  de  Compiègne. 
877.  Concile  de  Compiigne, 

e  8  décembre.  Louis  le  Bègue  y  fut  cou- 
unné  roi  de  France. 

878.  Concile  de  Ifeuslrie. 
878.   Concile  de  Tro/es. 

Commencé  le  11  août  par  le  pape  Jean 
t  trente  évèques,  ce  concile  eut  ciuq  ses- 
Ions.  Dans  la  troisième  on  ordonna  de 
lisser  sans  sépulture  les  cadavres  des  excom- 
luniés.  Après  la  cinquième,  le  pape  cou- 
>nna  le  roi  Louis  le  Bègue. 

879.  Concile  de  Maniailie  (Nantalense), 
itre  Tienne  et  l'Isère,   le   i5  octobre: 
ngt-trois  évéques  y  accordèrent  le  titre  de 
»i  au  duc  fioson. 
181.  Concile  de  Fimes  (apad  Sanctam  Macram), 

diocèse  de  Reims. 
880.  Concile  de  CAdIon-sun-Séiône  »  le  tSnui. 
887.  Concile  de  Cologne ,  le  x*'  arril. 


887.  Concile  de  J»or/» 

entre  les  diocèses  de  Maguelone  et  de  Nî- 
mes, le  17  novembre.  On  y  déposa  deux 
évéques. 

8^.  Concile  de  Tours, 
868.  C»ùéi\9d* jégaune on Saint']lfauHe*{AgtMnm»e)t 

en  Valais.  Rodolphe  y  fut  reconnu  roi  de 
la  Bourgogne  transjurane. 

888.  Concile  de  Mets. 
888.   Concile  de  Ma/enee, 
890.   Concile  de  Worats. 

Les  actes  de  oe  concile  sont  perdus. 

890.  Concile  de  Volemea ,  en  Dauphiné. 

Les  évéques  des  provinces  d'Arles ,  d'Em- 
brun et  de  Yieune  y  élurent  pour  roi,  Louis, 
fils  de  Boson ,  Agé  "de  dix  ans. 

•  890.  Concile  de  Fortheim  (Forcheimeue), 

au  mois  de  mai.  On  y  reconnut  pour  suc- 
cesseurs du  roi  Amoul,  à  défaut  d'héritiers 
légitimes,  les  deux  bâtards  de  ce  prince, 
Wentibolde  et  Ratolde. 
891.  Concile  de  ilfeiui-»r- 2>ir«  (Magdunense), 

892.  Concile  de  VUhm. 
On  y  fit  quatre  canons  contre  les  usurpa* 
teurs  des  biens  de  l'Église. 

893.  Concile  de  Reims. 

Le  a 8  janvier  on  y  sacra  roi  de  France, 
C3iarles,  nls  de  Louis  le  Bègue. 

894.  Concile  de  C/uUon-sur-Saône. 

Le  i"*  mai,  on  s'y  occupa  de  l'affaire  de 
Gerfroi,  moine  de  Flavieny,  accusé  d'avoir 
empoisonné  Adalgaire,  evêque  d'Autun. 

895.   Concile  de  Trieur  on  Trewe,  près  de  Mayence 
(Triburieuse). 

On  y  fit  cinquante-huit  canons.  Le  vingt- 
deuxième  portait  que  ceux  qui  seraient  ac- 
cusés de  quelque  crime  dont  la  pieuve 
n'existait  pas ,  se  purgeraient  par  serment  ; 
mais  que  si  l'on  avait  quelque  raison  de  les 
.soupçonner»  ils  subiraient  l'épreuve  du  fer 
ardent. 

900.  Concile  de  Reims, 
le  6  juillet.  On  y   excommunia  les  meur- 
triers de  l'archevêque  Foulques. 

902.  Concile  d'jisiilan  (Attilianum  ),  au  diocèse  de 
Marbonne. 

903.  Concile  de  Foreheim. 

Adalbert,  comte  de  Bamberg,  y  fut  dé- 
pouillé de  ses  biens. 

906.  Concile  de  VJbba/e  de  Saint-Tibeti»  en  Lan- 
guedoc (apad  S.-Tiberium}» 

relatif  à  l'église  d'Ausonne. 

909.  Concile  de  Jonquières  (De  Jnncheriis), 

au  diocèse  de  Maguelone,  le  3  mai;  peu 

important. 

909.  Concile  de  Troli,  près  de  Soissons  (Trotleia* 
num) ,  le  a6  juin. 

921.  Concile  de  Troli. 


4M 


cbit 


L'ONiVÉllS- 


4Mll 


93t.  Concile  de  Cobtentt. 

On  y  ftt  huit  tanons. 

023.  Concile  de  Reims, 

Seulfe,  archevêque  de  KeioiSy  et  ses  suf&a- 
gants  y  qrdonnèrent  à  ceux  q^i  s'étaient 
trouvés  à  la  i)atailie  de  Soissons,  livrée  eotre 
Charles  et  Robert,  de  faire péuitence  pen- 
dant trois  carêmes  consécutilî,  codiine  ayant 
assisté  à  une  bataille  donnée  enire  Français. 
927.  Cooeilv  de  Trh^  (Trcvifense). 

Les  Mte«  en  sont  perdus< 

927.   Condlede  TmR, 

eautdqué  par  Hébert,  coiale  de  Termin- 
dois;  peu  important. 

93S.  €»iidle  d«  FUHts, 

diocèse  d#  Reims ,  contre  les  nsurpalcfurs 
de  biens  eceiéfliastiques. 

911.   Ccineile  de  S(^setii, 

On  y  déposa  Artaud,  ftrehevéque  de 
Reims.  Ce  concile  n'est  point  reconnu  par 
rÉglise. 

947.  Oùûdit  âë  Jftuèoratet 

le  27  mars,  sur  le  rétabHssetneht  de  la 
discipline  ecclésiastique. 

947.  Concile  de  P^enbtn  (Virâttnense). 

On  y  maintint  Artaud  sur  le ,  siège  de 
Reims. 

948;  Condle  dé  JHotUon  (IloSomense) , 

sur  le  même  sujet. 

948.  Concile  d'/n^Me/m , 

en  présence  des  deux  rois  Otton  et  louis 
d*Oulre-mer.  Vingt-binq  évêques  y  assistè- 
rent avec  un  grand  nombre  d'abbés ,  de 
chanoines  et  de  moines  ;  on  y  rétablit  Ar- 
laud  sur  son  siège  et  oh  y  menaça  de  l'ex- 
comiBuuication;  Hugues,  cdmte  de  Paris. 

948.  Concile  de  VÀMajre  dt  Saint-  f^incent  de  huoa 
(Laudunense). 

On  y  cita  le  comte  Hugues  pour  qu'il  eût  ' 
à  répondre  aux  accusations  dirigées  contre 
lui. 

948.  Concile  de  Trècès. 

Hugues  y  fut  excommunié. 

972.  Concile  da  Mont-Sainte-'Marie  »  diocèse  de 

Soissons  (apad  Montein  Sanctao  Maris). 

975.   Condle  de  Reims, 

On  y  excommunia  Thibaut,  usurpateur 
du  siège  d'Amiens. 

987.  Ceincile  d«  Rtimi, 

On  y  excommunia  Amoul,  fils  naturel  du 
roi  Lothaire,  comme  étant  de  connivence 
avec  le  prince  Charles  de  Lorraine. 

'  988.  Condle  de  Reims. 

le  a3  janvier.  Le  même  Atneul  y  fut  élu 
archevêque  de  ReiniS; 

989.  Condle  dé  AnltS. 


).  Condle  de  VJlbaxe  de  CX«ri^(MiSt  «  Mh 
(Carroftaeé]. 

On  y  fit  trois  canons  centre  les  lMri|^ 
et  ceux  qui  frapperaient  les  clercs. 
990.  Coiidfe  de  JfmiMiMi , 

^ûàttë  les  MuriMtettirs  des  biens  eoMiii- 
ques. 

991.  Coodie  de  Saim-Bushi,  ptH  Rdiiu  (Rtmeue). 

Oti  y  dép&sa  Arnottl;  comme  coopaUe 
de  trahison.  Ce  Cûndle  fl'eâl  [loint  tecoBin 
par  l*Église. 

9M.  Go^le  de  Reiks  ,- 
contre  les  usurpateurs  des  hïtté  ecclésiasti- 
ques. 

994.  Coddle  A'jinsè  {ktiéianÀ),  pik  dk  Ijfb. 

On  y  fit  neuf  canons.  Le  Sëptièfne  déioi 
les  œuvres  sérviles  le  samedi  depuis  nones, 
et  le  huitième  prescrit  rabstinence  te  Bff- 
credi  et  le  jeûne  le  vendredi. 

995.  Condle  da  JlfcntioR, 
le  a  juin.  Gerbert,  archevêque  deReias, 
y  fut  àuspendu  dé  ses  fonctions. 

996.  Gôiicile  et  Seùnt-Dénis , 

sur  les  dîmes  de  Tabbaye.  Ce  concile  doou 
lieu  à  une  émeute  qui  fit  fuir  les  èfèqaei. 

999.  Condle  de  Poitièfr, 
le  i3  janvier.  On  y  fit  trois  canons  tat 
le  dernier  défendait,  sdus  peine  de  ééfft 
dation ,  aux  prêtres  et  àvdt  diacres  à'WB 
dés  femmes  chez  eux. 

1003.  Condle  de  Tkiontitte. 
1015.  Condle  de  Reiwu. 
1990.  Condle  à* Ain  (Àiriaeenie).  dansrAHin» 

1022.  Condle  d'Or/«biw. 

On  y  condamna  au  feu  treize  maaiééc* 
nouvellement  découverts.  Le  roietlini* 
Constance  y  assistaient 

1023.  Concile  de  P^Uert. 

On  y  discuta ,  sans  la  décider,  k  qiMS^ 
de  savoir  si  saint  Martial  devait  Itre,^ 
les  litanies ,  placé  parmi  les  apétns  * 
parmi  les  confesseurs. 

1024.  Cdndlè  de  Pmris  îtll. 

On  y  donna  le  titi^  d'a^^  i  §MJÊ^ 
tial. 

1024.  Condle  â^Anse  *  pMs  de  Vftm. 
1027.  Condle  de  Cktnoax ,  m  félÊ»' 

contre  les  manichéens. 

1029.  Condle  de  ZiiMeyIu. 

iOSl.  Cotieilede  Rmofêtt 
le  i*r  novembre.  On  y  fil  vmgt-ciwf* 
nom  ;  le  cinquième  prescrivait  aax  s*^ 
diacres  de  garder  le  célibat  o(Hiin<'^ 
prêtres  et  les  diacjvs;  le  sixième  onkaïf 
aux  ministres  ecclésiastiques,  séculiers  rfif 
guliers,  de  se  raser  la  barbe  ctdeportff> 
tonsure  en  forme  de  Gooftfitne. 


tin 


Hi^ct. 


COR 


491 


r 

YOSI.  Cbiicite  ai  tMogéJf, 

le  i8  novembre.  Oh  y  pronon^  l'eiooin- 
munièàtidh  ëbntre  tous  ceux  qui  àe  garde- 
raient bas  Iti  paix  et  la  justice;  on  peririit 
de  Wè'hër  iiod-sëulëmeni  dans  lit  oathS- 
ûHk  ,  ihàU  dans  toute  autre  église  ^  pourvu 
tjtië  lë  tirédidatëtù^,  clerc  bu  Inôiiie,  eût  àii 
tooîiiâ  rôTdre  dé  lecteur, 

i6d4*  Concile  à'uàquitMne, 

Il  se  tint  plusieurs  cpnciles  cette  «nné^, 
ou  ron  décida  qu^où  ieûnéraii  le  vendre4|, 
et  qti'oh  8*àbstièiidrait  de  Tiaode»  w  iamedi. 

1041. 

Il  se  liât  plusieurs  conciles  ep  FraAoe 
c^tté  ànnééf  poiif  rétablissement  de  k  trêve 
de  Dieu. 

1042.  Condiç  é.e  Saint- Gtlles  (SuaèÛ  iêgidii)> 

eh  Languedoc.  On  y  confirma  la  trêve  de 
t)ieu, 

1043.  Condi0d«jy<v&«aa«, 

Je  17  mars  et  le  8  août. 

1047.  Côodl*  de  THhtjf  (T<aitgienM)i  ait  diocèse 

d'Ëlne. 

lo48.  Condle  de  Sens, 

I049.  Concile  de  Reims, 

le  3  ôctolH'è»  présidé  par  le  pape  Léon.IX. 
Tiiigt  êvêqiies  et  cinquante  abbés  y  assisiè- 
f<ent;  oh  y  défendit  sous  peine  d^a^tbéoa^, 
à  tout  autre  évèqùè  qii'à  celui  de  Rome ,  de 
brendre  lé  titré  d'apostolique  ;  on  y  excom- 
munia les  évêques  qlii ,  ayant  été  invités  au 
boncile,  h*y  étaient  point  venus,  et  n'avaient 
point  ëntbvê  d'excuse  par  écrit. 

1049.  Concise  de  Rouen. 

On  y  &t  dix-neuf  canons  contre  la  sioM- 
■  nie. 

IbSO.  Condle  de -Tours, 

contre  l'hérésie  de  Bérenger^ 

1050.   Condle  de  Brîonne  (Brionense), 
en  Normandie,  contre  le  même  Béreofer» 

1060.  Concile  de  Paru  XUI. 

tin  y  condamna  Èérenger» 

1054.  Condle  de  J\hrbùnne. 

On  y  confirma  la  trêve  de  Dieu. 

Ij0t»&.  Condle  de  la  Gaula  L/oniataéi 
1056.  Condle  de  Tours. 

On  Y  reçut  la  rétractation  de  Béreagerv 
1056.  Goricîlb  de  Usieujf  (LelbtlehM^  ; 
tenu  k  la  demaiide  de  Gitttlatnne  le  Bâtlird  ; 
on  y  déposa  Mauger»  archevêque  de  R^lien, 
et  0nj  déereta  le  iotwre*/ea. 

1056.  OiOéWe  du  Ràatn. 

On  y  dressa  une  pi^ofôsâlbn  de  foi  par 
làqné^  an  recomtaidtait ,  ^u'ftprèèi  lï  tJoA- 
saerittM»]!,  lé  pain  et  \é  vih  detienheht  le 
oorps  «t  le  sang  de  J.  0. 

1(^5.  Concile  de  Ifarbonne. 


1055.  Condle  dfJngtn  ( Andigtvenie)  » 
ëôhtre  Èêrehçér. 

1055.  CoMile  de  Toufetàt, 

contre  la  simonie  et  la  nvia^  des  aeelé- 
siàstiques. 

1650.  Condle  d'^r^, 

relatif  à  l'^oçmmunieation  de  Béreager , 
vicolnte  cle  Narbonhe. 

1060^  Gonaie  4e  ^f«ftfw. 
Le  3 1  janvier,  «m  y  fit  dix  ëanonl  sur 
la  simonie  et rincantineneedes  clercs. 
i960.  Concile  de  Tban, 
On  y  aonfinna  lef  dédsîbnft  frileé  dans  le 
précédent. 

I669i  Cdn«ite  ^  Tèkfbyséi 
lÙ&È.  C&àtàleà'Jiii^krè, 

le  4  avril.  On  y  condamna  l'hérésie  dé  Bé- 
reng^« 

l9«è,€oaéi»dëOkihh'M^Sà«Hei 
1068.  Condle  d*Auch  (Avscense). 

On  y  ordonna  c|Ue  touie^  lek  églises  du 
diocèse,  sauf.eeUe.dtf  Sàini^raÉi,  Paye- 
raient à  lacathé<irale  le  quart  de  leurs  aimes. 

IM8.  Goataike  de  TMtiUie  ,- 
contre  la  simonie. 

1070.  Gbndle  é*Jhaè  »  diObèâe  dé  Vf  (M. 
ID73<  Condle  de  Ghéitin^UfaSMàei 

1072.  Condle  de  ildute. 

On  y  fît  vingt-quatre  canons  ;  le  einquîèiiie 
défend  aux  prêtres  de  baptiser  sans  être  à 
jeuni  hors  le  ct^  de  néoea^ilê;  Le  qtiiKor- 
j^ième  prohibait  les  mariages  secrets.  Enfin, 
d'après  le  dix-septième  ^  nn  homme  veuf  ne 
pouvait  épouser  une  femme  atèe  laquelle  il 
avait  eii  commerce  pendant  la  vie  de  sa  pre- 
mière femmej  . 

I073<  Concile  de  Ro9«h, 
au  sujet  d^un  tnmulte  arrivé  dans  l'église 
de  Saint-Ouan« 

1073.  Concile  de  Pbîtiért  t 

au  monastère  de  Moustiër-Neuf  ^  petit'  obli- 
ger Guillauine  YI  »  comte  de  I^oitiers ,  à 
quitter  Hildegarde  de  Bourgogne ,  sa  femniè. 

1073.  Genéile  de  Châhh'SUt'Sàône, 
1073(  Condle  de  Poitte» , 

le  i3  janvier*  contre  l'hél^ë  de  Bérenger, 
qui £aiUit  y  tire  tuét- 

iOM.  Getidle  de  Rouen. 
On  y  fit  quatorze  oâUbiis  »it  la  discipliné. 
1074.  Condle  de  Parts  XlV. 
contre  les  décrets  dé  Gi^goirè  YII,  qui  dé- 
fendait adjt  fidèles  d'assister  à  la  messe  cê- 
lébj^  par  dê$  prêtées  conëbbihairés.  Ôe 
concile  n'est  pas  reconnu  par  l'Église. 
1077.  Coiicîlê  cie  Jbijon  (Dîvionense), 

On  y  àûpbià  lés  ëlércs  siihohîaqdes. 


493 


COH 


L'UNIVERS. 


CQH 


1077.  Condie  à*jiutun  (An^mtodonense). 

Oo  y  fuspencRt  ntanassès ,  archevêque  de 
Reims ,  pour  crime  de  simonie. 

1678.   Concile  de  Poitiers. 

On  attribue  k  ce  concile  dix  canons,  dont 
le  huitième  exclut  les  bâtards  des  dignités 
ecclésiastiques. 

'  1079.  Concile  de  Bretapte  (Armoricaniim)  * 
pour  remédier  à  quelques  abus. 
1079.  Concile  de  Lyon, 

On  j  déposa  Manassès. 

1080.  CoDdIe  de  JfMttjr.  * 

On  J  déposa  Ursion,  évéque  de  Soissons. 

1080.  Concile  de  LiHebotme,  en  Normandie 

(Juliobonense). 

On  y  fit  quarante-six  canons  (treize,  sui- 
vant d^autres)  contre  les  clercs  concubinai- 
res» 

1060.  Concile  à* Avignon  (Àrenionense). 

On  y  déposa  Achard,  usurpateur  du  siège 
d^Arles. 

1080.  Concile  de  Bordtmtx, 

contre  Fhérésie  dé  Bérenger. 

1060.  Concile  de  G&a/roiur,  en  FvHtou. 
1081.  Concile  de  StUatt*  (SAntonense)  ; 
peu  important. 

1081.  Concile.  d'IssouJun  (Ezolidanense). 

Le  i8  mars ,  on  y  excommunia  les  deres 

dlssoudun  et  les  chanoines  de  Saint-Martin 
de  Tours. 

1082.  Concile  de  Méoux. 
On  y  décida  que  les  monastères  qui  ne 
pourraient  entretenir  que  dix  religieux  se- 
raient soumis  à  Marmoutier  ou  à  Gluni. 

1085:  Condie  d«  Satnt-Comeilie  de  Compiègne. 

Dix  évêques  et  dix-neuf  abbés  y  dépo- 
sèrent Evrard,  abbé  de  Corbie. 
1089.   Condie  de  Saintes. 

1090.  Condie  de  Toulouse. 

1091.  Concile  de  Narbonne, 

contre  la  siàionie. 

1091.   CondI*  ù'Étampes  (Stampense), 

relatif  à  l'élection  d'Yves  au  siège  de  Char- 
tres. 

1092.  Condie  de  ^<iiM0iu» 
contre  Thérésie  de  Roscelin. 

1093.  Condie  de  Reims. 

On  y  défendit  à  Robert  le  Frison,  comte 
tt  Y\^^^^^9  ^®  s'emparer,  comme  il  avait 
1  habitude  de  le  faire,  de  la  succession  des 
clercs  après  leur  mort. 

1094.  Concile  de  it«n^, 

le  17  septembre,  relativement  au  ma- 
riage de  Philippe  I^'aves  Bertnide  de  Mont- 
fort. 

1094.  Condie  d'jéutun. 

On  y  excommunia  le  roi  Philippe. 


1095.  Condie  de  aemoat,  en  Auvergne  (dm* 
iBontanuu»). 

C'est  le  plus  célèbre  de  tous  les  conciles 
qui  se  tinrent  en  France  ;  il  fut  convoqué 
par  le  pape  Urbain  II  ;  il  s'ouvrit  le  18  no- 
vembre et  finit  le  a3  du  même  mois.  Tra» 
archevêques,  deux  cent  cinq  prélats  portut 
crosse,  tant  évêques  qu'abbes,  assistèrent 
à  cette  assemblée  où  étaient  accoures  de  bws 
côtés  des  milliers  de  barons  et  unemultitadt 
immense  de  peuple.  Après  avoir  commencé 
par  des  décrets  sur  la  r^orme  du  dergé,  le 
rétabhssement  de  la  trêve  de  Dieu,  «  k 
renouvellement  des  excommunications  la- 
cées contre  l'empereur  Henri  IV  et  le  ni 
Philippe  I»,  on  s'occupa  de  la  grande  1^ 
faire  qui  préoccupait  la  chrétienté  lout  » 
tière,  et  l'on  adopta  un  canon  portant  qv 
«  quiconque  [lar  seule  dévotion,  et  noi 
«  pour  acquérir  des  honneurs  ou  de  ^l^ 
«  gent,  se  consacrerait  à  délivrer  l'église  ik 
«Dieu  à  Jérusalem,  pourrait  réputer sa 
«  pèlerinage  en  lieu  de  pénitence.  »  Le  pape 
Urbain  adressa  ensuite  à  U  multitude  m 
premier  discours  qui  n'était  point  à  la  h»- 
teur  de  la  circonstance  ;  mais  Pierre  PEr- 
mite  qui  lui  succéda ,  fit  un  tableau  si  pi- 
thétique  des  souffrances  éprouvées  parks 
chrétiens  d'Orient ,  qu'il  excito  le  plus  nf 
enthousiasme  parmi  tous  ses  auditeurs;  k 
pontife  reprit  alors  la  parole,  et  son  discouB 
entrecoupé  de  pleurs  et  de  sanglots  reowii 
tous  les  cœurs  :  «  C'est  du  sang  chrétifl», 
«  dit-il, racheté  par  le  sang  du  Christ,  qà 
«  se  verse  en  Asie;  c'est  de  la  chair  dat- 
«  tienne ,  de  même  nature  que  la  chair  di 
«  Christ,  qui  est  livrée  aux  bourreaux...' 
«  Nation  d'au  delà  des  monts,  aimée  e( 
«  choisie  de  Dieu,  que  vos  âmes  s'émeuwst 
«  au  souvenir  de  vos  ancêtres!  La  terre qoe 
«vous  habitez  a  jadis  été  envahie  par» 
«  Sarrasins ,  et  l'Europe  aurait  reçi  la  ki 
«»  de  Mahomet  sans  la  valeur  de  vos  pèrs. 
«  Rappelez  à  votre  esprit  leurs  daogenei 
«  leur  gloire;  ils  ont  sauvé  l'Occident  dek 
«  servitude,  vous  aussi  vous  déUvrerez  Ha- 
«  rope  et  l'Asie;  vous  délivrerez  la  cité  di 
«  Christ ,  cette  Jérusalem  que  s'était  duà* 
«  sie  le  Seigfheur,  et  d'où  la  loi  nous  est  «- 

**  nue Puisque  vous  ayez  tant  d'ardtf 

«  pour  la  g|uerre,  dit-il,  en  se  touF»^ 
«  vers  les  seigneurs  et  les  barons,  eo  void 
«  une  qui  expiera  toutes  vos  viokoee; 
«  puisqu'il  vous  faut  du  sang,  versez  le  sii{ 
«infidèle.  Soldats  de  l'enfer,  deveneaki 
«  soldau  du  Dieu  vivant.  Le  Christ  otaMrf 
m  pour  vous ,  à  votre  tour  moorec  f^ 
«  lui.  •• 


tùn 


FItAN€B. 


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403 


Ha  enUidUsiasiiie  diffidle  a  décrire  ac- 
cueillit ces  paroles.  La  foule  entière  se  jeta 
aux  pieds  du  pontife ,  et  tous ,  aux  cris  mille 
fois  répétés  de  Dieu  le  veut!  Dieu  le  veut! 
firent  le  serment  de  délivrer  la  terre  sainte. 
Ils  adoptèrent  ensuite  pour  signe  de  recon- 
naissance, une  croix  cousue  sur  Jeurs  ha- 
bits, et  de  là  prirent  le  nom  de  croisés. 
Urbain  leur,  promit  la  rémission  de  leurs 
péchés,  mit  leurs  biens  sons  la  garantie  de 
la  trêve  de  Dieu ,  et  excommunia  à  l'avance 
ceux  d'entre  eux  qui  violeraient  le  sermeni 
qu'ils  venaient  de  faire.  (Voyez  les  AKNi.LBS, 
1. 1,  p.  17a  et  suiv.,  et  l'article CaoïsADES.) 

1096.  Concile  de  JRouen  > 
en  février.  On  y  confirma  les  décisions 
du  concile  de  Clermont ,  et  on  y  -fit  huit 
canons,  dont  le  sixième  défendait,  sous  peine 
d'excommunication ,  aux  laïques  aussi  bien 
qu'aux  dercs  de  porter  les  cheveux  longs. 

1096.  Concile  de   Tours , 

présidé  par  te  pape  Urbain  II.  Çn  y  con- 
firma le  concile  de  Clermont  ;  suivant  un 
auteur  contemporain ,  le  pape  s'y  fit  cou- 
roaner  sur  le  seuil  de  l'église ,  d'une  cou« 
ronne  de  palmier,  selon  l'usage  qui  se  pra* 
tiquait  à  Rome, 

1096.  Concile  de  Nîmes, 

présidé  par  le  pape  Urbain  II.  On  y  fit  seize 
canons,  dont  le  plus  remarquable  est  celui 
qui  confirme  aux  moines  le  di^oit  d'exercer 
les  fonctions  sacerdotales. 

1097.  Concile  de  Saintes, 

le  a  mars.  On  y  ordonna  de  jeûner  les  veil- 
les des  fêtes  des  apôtres. 

1097  Cdncile.de  Reims. 
1099.   Concile  de  Saint- O/her  (Audomarense). 

On  y  publia  cinq  articles  sur  la  trêve  de 
I>ieu. 

IIOO.  Concile  de  f^alenee,  en  Dauphiné. 

Ou  y  suspendit  pour  simonie ,  Norgaud, 
évèque  d'Autun. 

1 100.  Concile  de  Poitiers. 
On  y  déposa  Norgaud  et  on  y  fit  seize  ca- 
nons ,  dont  le  cinquième  défendait  l'usage 
des  gants,  des  sandales  et  de  l'anneau  dans 
l*exercice  des  fonctions  ecclésiastiques ,  sauf 
une  permission  du  pape. 

IIOO.  Concile  d'^itjtf. 

On  y  excommunia  ceux  qui,  ayant  pris  la 
croix,  y  n'accomplissaient  pas  leur  vœu. 

1104.  Concile  de  Trojes. 
J 104.  Concile  de  Beaugency  (Balgenciacense). 

Le  roi  Philippe  I""  et  Bertrade  y  jurèrent 
de  \ivre  séparés  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent 
obtenu  dispense  du  pape. 


1104.  Concile  de  Paris  XV. 
le   2  décembre.  Philippe  !««•  et  Bertrade 
de  Montfort  y  furent  absous  des  excommu- 
nications prononcées  contre  eux. 

1 106.   Concile  de  Reims  ^  le  2  juillet. 
II06.  Concile  ^ de  wPoiVierf. 

On  y  publia  la  croisade. 

1106.  Concile  de'  Lt'sieux  , 

présidé  par  Henri  I",  roi  d'Angleterre. 

1106.  Concile  de  Troj-es, 

présidé  par  le  pape  Pascal  II.  Le  mariage 
de  Louis  le  Grès  avec  Lucienne  de  Roche- 
fort  y  fut  déclaré  nul. 

III2.  Concile  d'jénse. 

Il  n'en  reste  aucun  acte. 

II 12.  Concile  de  tienne. 

On  y  condamna  l'investiture  donnée  par 
un  laïque. 

II 12.  Concile  d'Jix  (Aqueuse). 

Peu  important. 

11 14.  Concile  de  Seauvais, 

On  y  excommunia  l'empereur  Henri  V  et 
Thomas  de  Marie. 

11 15.  Concile  de  .$^oùj on/. 
Il  15.   Concile  de  ^eim. 

On  y   excommunia   encore  l'empereur 
Henri. 

II 15.  Concile  de  Tournus  (Trenorchiense). 

Il  16.   Concile  près  de  Bèze,  alors  diocèse  de  Lan- 

grès  (Lingonense) ,  aujourd'hui  diocèse  de  Dijon. 

1 1 16.  Concile  de  Dijon. 

Il  18.  Concile  de  Toulouse. 

On  y  décida  qu'une  croisade  serait  pré« 
chée  contre  les  Maures  d'Espagne. 

11 18.  Concile  de  Rouen. 

Assemblée  mixte. 

11 18.  Concile  de  Vienne. 
Les  actes  en  sont  perdus. 

II 19.  Concile  de  Toulouse, 
le  8  juillet.  On  y  fit  dix  canons ,  dont  le 
troisième  est  dirigé  contre  les  manichéens. 

1119.  Concile  de  Reims , 

présidé  par  le  pape  CalUxte  II,  assisté  de 
quinze  archevêques ,  déplus  de  deux  cents 
évêques ,  et  d'environ  autant  d'abbés.  On  y 
fit  plusieurs  décrets  contre  la  simonie ,  les 
investitures  et  l'incontinence  des  ecclésias- 
tiques ,  et  pour  la  trêve  de  Dieu. 

1119.  Concile  de  Rouen , 

en  novembre.  On  y  défendit  aux  prêtres 
tout  commerce  avec  les  femmes,  ce  qui  excita 
une  sédition. 

II 20.  Concile  de  Beaucais, 

On  y  canonisa  saint  Arnoul  de  SoissonSi 

1132.  Concile  de  Soissons. 

On  y  obligea  Abailard  de  brûler  lui-même 
son  livre  de  la  Trinité. 


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}I34.  Couale  <!«  Jh*«mif^ 

1127.  C9f)ci|«  4«  Aisul^. 

On  Y  ^ondaipua  reKeieioe  du  droiC  4*^ 
Bris  (voye^  cç  mot). 

11 28.  Conpile  4e  Tro/ef. 

On  y  décida  que  Ton  donnerait  une  règle 
par  écrit  et  Thabit  blanc  aux.  templier^* 
1198.  ComA]»  de  Motim, 
1129.  Concile  4«  Pdm  XVI. 
On  y  réforme  le  monastère  d-Argenteuil. 

II29.  Concile  de  Chàions-sw-Afamt  ^  le  a  férriec^ 
1 130*  Concile  du  Pui  en  fêlai  (Aniciense). 

On  y  excommunia  Aujiclei  ^f  comma 
sdiismatique. 

1 130.  Concile  d'Êtampes; 

en  avril.  Assemblée  mixte,  où  Ton  déclara 
Pierre  de  Léon  antipape. 

II 30.  Concile  de  Clermont,  en  Anvergne. 

On  y  fî^  treize  canons. 

1131.   Concile  de  ^e/m, 

le  19  octobre ,  présidé  par  Innocent  II. 
Treize  archevêques,  deux  cent  soixante-trois 
évéques,  et  un  grand  nombre  d'abbés,  de 
clercs  et  de  moines  français ,  allemands ,  an- 
glais et  espagnols,  y  assistèrent.  On  y  publia 
dix-sept  canons  ;  le  douzième  condamne  en 
ces  termes  Tusage  des  tournois  :  «  Nous  dé- 
«  fendons  en  toute  manière  ces  fériés ^  on 
«  fêtes  détestables  où  les  nobles  s'assemblent 
«  et  combattent  témérairement  pour  faire 
€(  parade  de  leur  force  et  de  leur  audace , 
»  d'où  souvent  il  arrive  mort  d'homme ,  et 
«  danger  pour  les  âmes.  »  Louis  VII,  qui 
assistait  avec  son  pèr«  à  ce  concile,  y  111$ 
sacré  par  le  pape, 

1132.  Concile  de  Creixan  (CreisMnani)*  daBi  le 
tefritoire  de  Karbonne. 
1133.  Concile  4^  Jouarre  (Jotrense), 

diocèse  de  Meaux. 

Il 40.  Concile  de  Sens, 

le  2  juin.  On  y  condamna  les  doctrines 
d'Abailard. 

^42.  Concile  de  Lqgni  (Latiniacense). 

1145.  Concile  de  Bourges. 

Louis  VII  y  déclara  son  projet  de  partir 
pour  la  terre  sainte. 

II46.  Concile  de  f^«2«Aii  (Yizeliacense) , 
le  jour  de  Pâques  3i  mars.  Louis  Vil  sV 
croisa  avec  la  reine  Éléonore  et  un  grana 
nombre  de  seigneurs. 

1146.  Concile  de  Laon, 

relatif  à  la  croisade. 

1 146.  Concile  de  Chartres  | 

le  30  avril ,  relatif  à  la  croisade ,  dont  saint 
Bernard  refusa  d'être  le  chef. 

1147.   Concile  dç  Paris  XVÏI. 

On  y  examina  les  doctrines  émises  sur  la 


X«in<t(l,  i^r  OUiMit  â^  k  BowÉ»»  é#e 
d^  Poitiflrfi« 

114^.  Comâ^^  ifi  M^m* 
Ifl  9  X  mars ,  présidé  par  le  pape  JLnfjm  UL 
On  y  fit  plusieurs  canons,  dont  la  sixiène 
privait  de  la  sépulture  eeclésiasliijue  la 
avauêf  qui  enoignamHt  des  églises  au  ààk 
4e  ce  (fui  avait  été  anukemnement  régie.  Qa 
y  abolit  en  outre  les  sous^tufonés.  ôilbot 
dfi  la  Porrée  y  rétracta  ies  erreurs. 

1 153.  Concile  de  BeaugtHej. 

le  18  mars.  On  y  prononçi  la  nullité  du  ■>• 
viage  deLouisVHaveeÉiéenoredeGiiyflini 

1154.  Concile  pràs  de  Muret» 

relatif  à  Tinsurrection  éss  habitanU  deTe- 
zelai  contre  l*abbaye  dn  même  non). 
II55.  Cobcile  de  Soùsons, 
Louis  VII  et  les  barons  y  jurèrent  0» 
paix  de  dix  ans. 

1157.  Concile  de  Reims  ^ 

contre  les  Fifres,  secte  d* Albigeois  rcjundoi 
en  Picardie  et  dans  les  Pays-Ba$. 

I|6|.  Concile  de  Neufmarçkê  {nmid  NoTumNo* 
catum)  ,  diocèse  de  Ron<9. 
II61.  Concile  de  Beauyai^. 

Dans  ces  deux  conciles*on  recoiiuatponr 
pape  Alexandre  III.  ■« 

1162.  Concile  de  Montpeltier  (Monspdi«ns<)< 

On  y  excommunia  l'antipape  Tictor  i 
ses  complices. 

II63.  Concile  de  Tours, 
le  19  mai,  présidé  par  le  pape  Alexandre  \&^ 
assisté  de  dix-sept  cardinaux ,  de  cent  vsb^ 
quatre  évéques  et  de  quatre  cent  qtAtaff 
abbés.  On  y  publia  plusieurs  canons,  do' 
le  quatrième  condamnait  les  maniehéetu. 

1 16ii.  Concile  de  Lomhers,  prés  AIbi  (Limbari«N)> 
contre  les  Bons-homme^ ,  ^i  liaient  bmw- 
chéens. 

1166.  CÔMik  de  iZtoMik 
ina.  Concile  d'Jpraneàfs  (AMasalMi*). 

le  21  mai.  Henri  II  y  fut  absous  de  TW' 
sinat  de  Thomas  de  GantorbérL 

II8I.  Concile  du  Puj  (AnicieiiseJ,e(d«|«(i 
(Vasatense). 
1182.  Concile  de  Lîmoge$, 
sur  la  discipline. 

1185.  Concile  de  i>4m  XnU, 
relatif  à  la  croisade. 

II85.  Concile  de  Cktammr. 
1187.  Concile  de  Ijfouzoti,  diocèse  de  Idas* 

II88. 

Il  y  eut  cette  année  plusieurs  asscmU^ 

relatives  à  la  croisade;  elles  se  tinrent,  » 

première  entre  Gisors  et  Trie ,  la  ««■" 

au  Mans,  la  troisième  à  Paris  f  dans  ki  de* 


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dernières,  oh  dédda  rétdblÛMnent  de  la 

1190.  OwâU  ck  novmt 
le  I X  février.  On  y  fit  trente-deux  caoont. 

1193.  Concile  de  ComfUgne, 

On  f  déelara  nul  le  mariage  dePhilipp^^ 
August»  avee  Ingebiirge. 

1196.  Conetle  de  Montpéliitr. 

On  y  accorda  «{iielques  privilèges  aux  fi- 
dèles qui  iraient  secourir  les  chrétiens  d'Es- 
pagne. 

1196.  Concile  de  Paru  XIX. 

On  s'y  occupa  de  la  validité  du  mariage 
du  roi. 

1198.  Candie  de  Senst 

contre  les  Popiicains,  espèce  de  manichéens. 

1 199.  Gondle  de  />(/m, 
relatif  au  mariage  du  roi. 

1200.  Concile  de  Flnrn*. 

On  y  prononça  Tinterdit  sur  les  terres  de 
Fhîli  ppe- Auguste. 
l'SOO.  Concile  de  Nûsle  en  Vermandoi8(NigelIeose). 

On  y  leva  l'interdit  prononcé  à  Tienne, 

1201. 

Sur  le  même  sujet. 

I20I.  Concile  de  Pari4  XX. 

On  y  condamne  Evrard  de  Nevers  comme 
hépétjque. 

1204.  Copcile  de  ^eaus. 
1205.  Concile  à* Arles, 
t209.  Concile  de  Montelimar  (Montis-Limarii). 
1209.  Concile  de  f^aiânce. 

Le  comte  de  Toulouse  y  fit  sa  soumission  • 
au  légat  du  pape. 

1209.  Concile  de  Saint-Giiies. 

Le  comte  de  Toulouse  y  est  absous. 

1209.  Concile  d'Avignon. 

1210.  Concile  de  Saint-Gittts. 

1210.  Condle  de  Paris  XXI. 

On  y  condamna  au  feu  quatone  des  dis- 
ciples d'Amauri  ;  on  décida  que  les  livres  de 
la  métaphysique  d'Aristote  récemment  ap- 
portés à  Paris,  et  traduits  du  grec  en  latin, 
seraient  brâlés ,  et  que  défense  serait  faite 
de  lés  transeiire ,  de  les  lire  et  même  de 
les  garder,  sous  peine  d'excommunication. 

121 1.  Condle  de  JVerbojuie. 

On  y  offrit  au  comte  de  Toulouse  de  lui 
rendre  ses  États  sMl  voulait  enchâsser  les  hé- 
rltiques ,  ce  que  le  comte  refusa. 

I2II.  Condle  d'u/r/ej. 

On  y  excommunia  le  comte  de  Toulouse. 

ISI!3.  Condle  de  Paniers  (Apamiense), 

présidé  par  Simon  de  Montfort. 

1213.  Concile  de  Paris  XXII. 

On  y  fit,  pour  la  réformation  du  clergé, 
éikweirê  ftatulSi  dont  Tun  défendit  la  célébra- 


t^o  de  la  messe  i  tkn*  ou  tmsfiicH,  (Voyes 
ce  mot.) 

1213.  Condle  de  jMvatir\  fVanlIiiM). 
12 15.  Condle  de  HontptlUfr, 

Les  prélats  qui  y  assistèrent  demandèrent 
an  pape  de  leur  donner  Simon ,  comte  de 
Montfort ,  pour  seigneur  en  place  du  comte 
de  Toulouse.  On  y  fit  en  outre  quarante-six 
canons. 

1215.  CoMUede^w^iXXUI. 
R^iert  de  Gourçon,  eavdi&ai  et  iéoit,  y 
fit  un  statut  pour  î'écoW  de  Paris  ;  G%Bt  le 
plus  ancien  règlement  en  oe  genre. 
1216.  Concite  de  Melm. 

Les  grands  du  royaume  s'y  oppestMiit  ^ 
]'exoommunicati«&  lanoée  par  Inaoeelit  Uf 
contre  Philippe-Auguste. 

1219.  Condle  4e  Toahasé» 
1983.  Concila  de  /Zomn, 
ISS»,  GoncUe  de  Pvù  X3U¥, 
contre  les  Albigeois. 

IfiSA.  Concile  d«  MmUpeUitr. 

IStt.  Go^fUe  de  P^ri$  %Vf , 

sur  les  affoires  d'Angleterre  et  des  Albigeois. 

ISIS.  CoMile  de  Afe/iiii. 
'  1225.  Condle  de  Sourg$s, 

La  demande  qui  fut  laite  par  le  pape  de 
deux  préb^ides  dans  chaque  église  cathé- 
drale ,  et  de  deux  places  monacales  dans  cha- 
3ue  abbaye,  y  fiit  rejetée  par  les  procureurs 
es  églises. 

1229.  Condle  de  i>«arr«  XXVI. 

On  y  exeommunia  Raymond,  eomtt  de 
Toulouse ,  et  on  confirma  au  roi  et  à  ses 
hoirs  à  perpétuité,  les  droits  sur  les  terres 
de  ce  comte. 

1227.  Concile  de  Ifaihonnê. 

On  y  fit  vingt  panons,  dont  quelmies-uns 
ifègardent  les  juifs,  que  l'on  obligea  de  porter 
sûr  la  poitrine  la  figure  d'une  roue. 

1227.  Concile  de  ParU  XXVII. 

Ce  concile,  assemblé  d'abord  à  Meaux,  fu( 
ensuite  transféré  à  Paris.  Raymond  y  ^igaa 
un  traité  de  paix  avec  le  roi. 

1228.  Concile  de  Toulmue. 

On  Y  publia  quarante-cinq  canons  contre 
l'hérésie  ;  le  quatorzième  défendiiit  aux  laï- 
ques d'avoirles  livres  de  TAncien  et  du  Nou- 
veau Testament. 

1231.  Çondie  de  Routa» 

On  y  fit  cinquante-deux  règleiDoenls  de 
discipline. 

123 11  Conpile  de  Chéteau-Gontier. 
On  y  ordonna,  comme  dans  le  concile  (pré- 
cédent, de  raser  complètement,  pour  laire 
disparaître  la  tonsure  cléricale ,  les  cUrcs  ri' 
bauds  oagouUardi,  HToyez  ces  mots,} 


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CSDH 


LmnVERs. 


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Ons*y  ^gpnpa  d'an  différeod  simrenu  ea- 
tre  le  roi  et  llUon,  évèque  de  BeaaTais. 
1334.  CowHle  d«  Béùtn. 
Ob  y  fit  vingt-sÛL  canons. 

I JK34.  Concile  d*^/to. 
U36.0MKiJ«  deJl^iéMM. 
On  y  fit  an  règlement  de  vingt-neuf  ar- 
ticles pour  les  inquisiteun. 

1231».  Coadlc  de  ItMmu  on  de  Smimi'Qmemiùu  ' 
1235.  Coacile  de  CompUgmê,  le  5  aedt. 
S35.  Cimcile  de  Stmlù^ 

le  i4  novembre.  Dans  oe  concile,  les  év^- 

Sue  mirent  l'interdit  sur  toute  la  partie  du 
omaine  du  roi ,  située  dans  la  province  de 
Rems, 

1230.  Condlederott», 

le  To  juin.  On  y  fit  un  règlement  dont  le  ■ 
premier  article  défendait  de  maltraiter  les 
juifs. 

1238.'  Concile  de  Ccgnme  (Capiniaceiue), 

le  13  avril.  On  y  publia  trente-huit  canons, 
dont  le  sixième  ordonnait  que  diaque  église  . 
paroissiale  aurait-  un  sceau ,  portant  le  nom 
de  la  paroisse. 

1239.  Concile'  de  Tours, 
1239.  Concile  de  5^amf- 9ti«ii/iji. 
1239.  Concile  de  Sens. 
1210.  Concile  de  Mdun  et  de  Sentis, 

Dans  le  deuxième,  on  accorda  au  pape  le 
vingtième  des  revenus  ecclésiastiques. 

1240.  Concile  de  Ltwal,  dens  le  Maine  (apnd 

Vallem  Goidonis). 

1243.  Concile  de  Biûert^  le  x8  avril. 

1244.  Concile  de  Narbonne, 

1245.  Concile  de  L/on  I. 

Treizième  concile  général  tenu  sous  In- 
nocent IV,  en  présence  de  Baudouin,  empe-  ^ 
reur  de  Constantinople.  Cent  quarante  évé-  * 

Sues  y  assistèrent,  entre  autres  les  paU'iarches 
e  Constantinople ,  d'Antioche  et  d'Aquilée 
ou  de  Venise.  Il  y  avait  aussi  plusieurs  pro- 
cureurs de  prélats  absents  et  les  députés  des 
chapitres.  Ce  concile  eut  trois  sessions.  Le 
pape  y  déposa  l'empereur  Frédéric.  Les  dé- 
crets qui  sont  proprement  l'ouvrage  du  con- 
cile sont  au  nombre  de  dix-sept.  On  y 
décida  que  les  cardinaux  porteraient  le  cha- 
peau rouge. 

1240.  Concile  de  Be'tiers, 

le  19  avril.  On  y  publia  quarante-six  arti- 
cles contre  les  hérétiques ,  et  on  y  donna 
aux  inquisiteurs  un  grand  règlement  de 
trente-sept  articles. 

1247.  Concile  d'Éiampes,  le  a3  août. 
1248.  Concile  de  Pans  XXVIII. 

On  y  fit  vingt-trois  canons. 


ma  Cottcile  de  FaUnee, 

k  5  décembre.  On  y  fit  vûigMroisGiiioK 

1251.  Concile  de  JVvrôu  (ftnnnense), 

le  96  juillet. 

1351.  Condte  de  r/^iSr  (Insnlaoun), 

dans  le  Venaissin.  On  y  fit  treize  canooi. 

1252.  CondJe  de  Sau^  le  x&  noreaibie. 
1253.  Condle  de  Pmris  XXIX,  le  is  noreoibM 

1253.  Coadle  de  SmmmtÊr  (Salmoriease), 

en  décembre.  On  y  fit  trente  et  un  canoos, 
dont  le  vingt-septième  prohibait  les  mahi- 
ges  clandestins. 

J254.  Condle  de  ChâteÊXt-Gcnlitr. 
1256.  Condle  d'^/fti. 

On  y  dressa  soixante  et  douze  caDOiu 

1255.  Condle  de  Bordeaux  ^ 

le  i3  avril.  On  y  publia  une  constitution  de 
trente  articles. 

1255.  Condle  de  Parie  XXX ,  le  x3  jailleL 
^250.  Condle  de  Paris  XXXI ,  an  mois  defénift 
1250.  Condle  de  Pans  XXXII.  le  3i  joiQd. 
1250.  Concile  de  Sots,  le  a4  octobre. 
1258.  Condle  de  Mu/fee  (Roffiacense), 

en  Poitou,  le  21  août. 

1258.  Condle  de  Monipeilier, 

le  6  septembre.  On  y  fit  huit  statuts. 

1200.  Concile  de   Cognac» 

présidé  pîur  rarchevêque  de  BordeaBX.  0^ 
y  fit  dix-neuf  articles,  dont  le  premier  dé- 
fendait de  passer  la  nuit  dans  les  églises.  Ci 
autre  défendait  aussi,  sous  peine  d'anathèoei 
la  guerre  des  coqs,  espèce  de  jeu  en  osap 
principalement  dans  les  écoles. 

1200.  Condle  à'jirles. 

On  y  condamna  Tes  doctrines  des  loidiir 
mites,  et  Ton  y  fit  dix-sept  canons,  dootk 
troisième  décidait  que  la  confirmation  dcvat 
être  administrée  et  re^ue  à  jeuo. 

1201.  Condle  de  Paris  XXXQI« 

le  10  avril ,  pour  aviser  aux  moyens  d'obte- 
nir les  secours  du  ciel  contre  les  Tartaie^ 
1202.  Concile  de  Cognac 

On  y  fit  sept  articles. 

1203.  Condle  de  Paris  XXXIV. 
L'archevêque  de  Tyr  y  obtint  le  ccnliè» 
des  revenus  du  clergé  de  France ,  P**^ 
cinq  ans,  pour  secourir  les  chrétieasdeii 
terre  sainte. 

1204.  Condle  de  Xf unies, 

le  i*'  juillet.  On  y  publia  neuf  canons, doi| 
le  cinquième  défendait  de  semr  pios  * 
deux  plats  aux  repas  que  l'on  donnut  Mt 
prélats  dans  les  visites  de  leurs  diocèscL 

1204.  Condle  de  Paru  XXXV,  le  a6  aoAt 
1204.  Condle  de  Boulogne  (Bonoùtnit)* 
1207.  Concile  de  Pont-Judemer  (ad  Ponte*  ^ 

le  3o  août.  On  y  ordonna  aux  dercs 


J 


cou 


FRANCE; 


€oir 


497 


de  porter  la  tonsure  et  Phabit  clérical,  et  de 
s*ab8tenir  de  tout  négoce. 

1268.  Concile  de  Château*  GoRtier, 

le  a3  juillet.  On  y  fît  sept  canons,  dont  le 
premier  défendait  aux  baillis  et  aux  autres 
juges  séculiers  d'occuper  les  biens  de  TÉglise, 
et  d'y  envoyer  des  mangeurs.  (Voy.  ce  mot.) 

1369.  Concile  de  Sens,  le  a6  octobre. 

1370.  Concile  de  CompUgtte,  le  ig  mai. 
1270.  Concile  d'jérignon ,  le  i5  jaillet. 

1 271.  Concile  de  Langei  (Lan^esiacum),  en  Touraine. 

1271.  Concile  de  5«in/- Çu«ii/in. 

1373.  Concile  de  Rennes,  fe  aa  mat. 

1274.  Concile  de  L/on  11. 

Quatorzième  concile  général,  du  7  mai 
au  17  juillet;  il  fut  présidé  par  Grégoire  X, 
et  il  s'y  trouva  cinquante  évéqués ,  soixante 
et  dix  abbés,  et  mille  autres  prélats.  Les 
Grecs  y  abjurèrent  leur  scbisme,  et  recon- 
Dureot  la  primauté  du  pape.  On  y  fit  la  pre- 
mière constitution  qui  ait  autorisé  la  régale. 

1275.  Concile  dijàrles. 

On  y  dressa  vingt-deux  canons. 

1876.  Concile  de  Saumur,  le  3i  août. 

1376.  Concile  de  Bourges,  le  x3  septembre. 

1278.   Concile  de  Langei. 

1278.  Concile  de  Compiègne,  le  9  arril. 
1S79.  Concile  de  Pont'jindemer. 

1279.  Concile  de  Béùert,  le  4  mai. 
1279.  Concile  d'Avignont  le  17  mai. 

1279.  Concile  A* Angers  ,  le  aa  octobre. 
1280.   Concile  de  Bourges, 

1280.  Concile  de  Sens. 
1281.  Concile  de  Paris  XXXTI. 

contre  les  religieux  mendiants. 

1282.  Concile  à*  Avignon. 

On  y  fit  dix  canons. 

1282.  Concile  de  J'oinrM. 

1282.   Concile  de  Tours. 

1286.  Concile  de  Riei,  le  i4  février. 

1286.  Concile  de  Mdcon. 

1286.  CoïkcWe  àe  Bourges ,  le  19  septembre. 

I2S7.  Concile  de  Reims,  le  i*'  octobre. 

1268.  Concile  derr/j/e>  dans  le  comtat  Venaissin. 

J290.  Concile  de  JVÎogtiro  (Nngaroliense),  dans 

l'Armagnac. 

1294.  Concile  de  Saumur, 

e  9  mars.  On  y  fit  cinq  statuts,  dont  le  troi* 
ième  condamnait  l'usage  d'imposer  des  pé- 
tîtences  pécuniaires  dans  la  confession. 

1299.  Concile  de  Rouen  ,  le  18  juin. 
1299.  Concile  de  Bésiers,  le  39  octobre. 
1300.  Concile  à*Aueh. 
ISOl.  Concile  de  Melun. 
130 1.  Concile  de  Reims,  le  a  a  novembre. 
1302.  Concile  de  Pani  XXXYII  ; 

isemblée  des  seigneurs  et  des  prélats,  le 
9  avril ,  contre  la  bulle  de  Boniface  TIU , 
itiUilée  j4iuculta,  filL 


1303.  Concile  de  Reims,  U  Sowptcmbre. 

1303.  Concile  de  Compiègne,  le  4  janvier. 

1308.  Concile  de  Paris  XXXVIII , 

tenu  au  Louvre  le  la  mars.  Guillaume  de 
Nogaret  y  présenta  une  requête  au  roi  con- 
tre Boniface  Tni. 

1303.  Concile  de  Pans , 

tenu  au  Louvre,  le  i3  juin,  dans  la  chambre 
du  roi.  Guillaume  du  Plessis  y  présenta  une 
requête  de  vingt-sept  articles  contre  le  pape. 

1303.  Concile  de  Nogaro,  dans  l'Armagnac. 
;    1303.  Concile  de  Cambrai» 

1306.  Concile  d*Aueh. 
1310.  Concile  de  Pans  XXXiX. 

On  y  examina  la  cause  des  templiers,  dont 
cinquante-neuf  furent  condamnes  à  la  peine 
du  feu. 

1310.  Concile  de  .f«i/iV. 

On  y  condamna  au  feu  neuf  templiers. 

131 1  er  1312.  Concile  de  rienn*. 

Quinzième  concile  général ,  présidé  par 
Clément  "V.  Trois  cents  évéques ,  outre  les 
prélats  de  rang  inférieur,  y  assistèrent.  On 
y  prononça  la  suppression  de  Tordre  des 
templiers ,  et  la  condamnation  des  bégards 
et  des  béguines.  La  bulle  Clericis  laicoi  y 
fut  révoquée. 

1314.  Concile  de  Paris  XL ,  le  7  mai. 

1315.  Concile  de  Saumur. 

I3I5.  Concile  de  Nogaro. 

1315.  Concile  de  Senlis. 

I3I8.  Concile  de  Senlis,  le  »>]  mars. 

1320.  Concile  de  Sens, 

le  la  mai.  C'est  dans  les  canons  de  ce  concile 
que  l'on  trouve  la  première  mention  de 
lexposition  et  de  la  procession  du  saint 
sacrement. 

1324.  Concile  de  Pari*  XLI,  le  3  mars. 

1326.  Concile  de  Senlis,  le  1 1  avril. 

1.126.  Concile  d* Avignon, 

le  18  juin.  On  y  fit  cinquante-neuf  articles, 
dont  un  contre  les  empoisonneurs  et  les  en- 
chanteurs. 

1326.  Concile  de  Maretae,  diocèse  d'Auch  , 

le  8  décembre.  On  y  fit  cinquante-six  canons. 
1327.  Concile  de  Rujfee,  en  Poiton>  le  a x  janvier. 
1732.  Concile  d*  Avignon , 

présidé  par  le  pape  Jean  XXII ,  contre  1  anti- 
pape Pierre  de  CiOrbière. 

1329.  Concile  de  Compiègne,  le  8  septembre. 

1330.  Concile  de  Mareiae,  le  6  décembre. 
1335.  Concile  du  Prieuré  du  Pré,  près  Rouen. 

On  y  fit  treize  articles,  dont  le  troisième 
défendait  aux  moines  l'habit  court  et  le  port 
d*armes. 

1336.  Concile  de  Bourges,  le  17  octobre. 

1336.  Concile  de  Château- Contier,  le  ao  novembre. 

1337.  OnucSLe  d* Avignon. 


T.  Y.  32*  Livraison.  (Digt.  engygl.,  btg.} 


32 


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LiJiiayp^s. 


f^V 


13^2.  Cpneile  ^e  Saumur, 

Oa  y  fit  trente-deux  oanons. 

1344.  Concile  de  Nojoa,  le  x6  jaiUet. 
1347.  Copcile  de  Patis  XLII, 

du  9  au  14  mars.  On  y  fit  treize  canons, 
dont  le  premier  défendit  les  condamnations 
d'ecclésiastiques  par  des  juges  séculiers. 

1351.  Concile  de  Beuers,  le  7  norembre. 
1365.  Concile  d'v^^f  *  le  i3  mai. 
1366.  Concile  A' Angers, 

le  19  mars.  On  y  fit  trente-quatre  articles, 
dont  le  seizième  défendait  aux  clercs  et  aux 
évèques  de  se  faire  servir  à  table  plus  de 
deux  plats. 

I368.  Copcile  de  Lapai^r,  le  27  mai.  - 
1974.  Concile  de  Narhonne,  te  i5  arfil. 
'    1395.  Concile  de  Pans  XLllI» 

premier  concile  national  sous  la  troisième 
race  le  4  février.  On  y  délibéra  sur  le  moyen 
de  faire  cesser  le  sonisroe  dans  l'Église. 
1899.  Concile  de  Pwà  XLIV, 

dc^uxième  concile  national  i  le  as  mai.  Q  s'y 
trouva,  avec  le  patriarche  d'Alexandrie,  onxe 
archevêques,  soixante  évèqoés,  soixante  <)t 


de  nouveau  la  fête  des  fous,  et  oneaut^t 
coutume  qui  consistait  à  surprendre  le  len- 
demain de  Pâques  les  clercs  paresseux  dans 
leurs  lits,  à  les  promener  nus  par  les  rues, 
et  à  les  porter  en  cet  élat  à  Téglise,  ou,  a(rà 
les  avoir  placés  sur  l'autel,  on  les  arrosut 
largement  d'eau  bénite. 

1440.  Congrès  de  Bourges  ,  le  s6  aoit. 
1446.  Concile  de  Rouen, 

le  i5  décembre.  On  y  fit  dix  statuts;  le  sep- 
tième condamnait  la  superstition  de  ceo 
qui ,  dans  la  vue  de  quelque  gain ,  doniuieit 
à  certaines  images  de  la   Vierge  des  nw 
particuliers ,  tels  que  ceux  de  JNotre-Dm 
de  Recouvrance ,  Notre-Dame  de  Conter 
tioa ,  etc.  Le  onzième  condamnait  les  v» 
cacades  qui  se  faisaient  dans  les  églises.  <> 
le  trente-deuxième  défendait  aux  ecdétiU' 
tiques  de  porter  des  chaperons  à  corDettA 
14^8.  Concile  d'jéag^rs,  le  igjaiHet 
14^5.  Concile  de  Soitsoas,  le  11  joilkt- 
1457.  Xoncile  d'Apignon,  le  7  septembre. 
1485.  Concile  de  Sens,  le  23  juin. 


dix  abbés ,  soixante-huit  procureurs  de  ch4-  ,,,     ^^^0-  Candie  de  Tours , 

pitre,  les  députés  des  universités  d'Orléans,  *   assemble  au  mois  de  septembre  par  Louis  U 


«l'Angers,  de  Montpelliei^  et  de  Toulouse. 

1405.  Concile  de  Pans  XLV,  le  ai  oetob^e. 
1406.  Concile  de  Paris  Xl\i  » 
pour  la  cessation  du  schisme. 

T408.  Concile  de  A^iniSf  le  a 9  avril. 
1408.  Concile  de  Paris  XLVII, 

le  troisième  concile  national  »  du  1 1  août  au 
5  novembre.  On  y  fit  de  longs  règlements 
sur  l'église  gallicane.  Les  prélats  partisaqs 
de  Benoit  XIII  y  furent  déclarés  fauteurs 
do  schisme.  Deux  Espagnols  ayant  été  trou- 
vés porteurs  d'une  bulle  par  laquelle  Vier 
noît  nill  excommuqiait  et  déposait  les 
princes  qui  s'étaient  déclarés  pour  la  cession, 
furent  amenés,  du  Louvre  au  Palais,  chacun 
dans  un  tombereau ,  et  y  restèrent  exposés 
le  l'esté  du  jour  aux  insultes  de  la  populace. 
Le  lendemain ,  on  lés  ramena  dans  le  même 
équipage  du  Louvre  au  parvis  Notre-Dame, 
où  on  pronopça  un  long  sermon  contre  eux 
et  contre  Benoit ,  après  quoi  la  buUe  fqt 
lacérée;  l'un  d'eux  fiit  condamné  à  une  prison 
perpétuelle,  l'autre  à  une  prison  de  trois  aus. 

1408.  Concile  de  Perpignan, 

présidé  par  Benoît  XIIL  Ce  concile  n^est 
pas  reconnu  par  l'Église. 

1429.  Concile  de  Paris  XLVIU, 

ouvert  le  i^*^  mars,  clos  le  a3  avril.  On  y 
fit  quarante  articles  sur  la  discipline  et  la 
réforme  du  clei^é ,  et  l'on  condamna  exprei^ 
sèment  les  fêtes  des  fous  et  de  Vdne.  (Voy. 

ces  mots). 

|431.  Concile  de  JVc^tef» 

le  33  ayiil  >  sur  la  discipline.  On  y  proscrivit 


et  composé  de  tous  les  prélats  du  roya«« 
et  d'un  grand  nombre  de  docteurs.  Un 
y  proposa  huit  questions  sur  la  guerre  qn" 
allait  déclarer  à  Jules  n,  et  qui  futappn»- 
vée  par  le  concile. 

1628.  Concile  de  Pans  XUX, 
ouvert  le  3  février,  clos  fe  9  octobre.  Oi 
y  condamna  les  erreurs  de  Luther. 

1528.  Concile  àe  Bourges, 

le  ai  mars.  On  y  fit  plusieurs  articles cwH» 
l'hérésie  de  Luther  et  pour  la  réforiMtt* 
des  mœurs. 

1528.  Concile  de  Ljon, 

le  21  mars.  Sur  le  même  snjet 

1548.  Concile  de  Boulogne. 
1551.  Concile  de  Neurhonn*. 

On  y  fit  soixante-six.  canons  en  p** 
partie  sur  la  discipline. 

1557.  Concile  de  Fi^aa», 
sur  la  réformation  des  mœurs. 
1561.  Concile  de  Poissy  (colloque  de).  V.CoiW«* 

1564.  Concile  de  Beims , 

pifésidé  par  Charles,  cardinal  de  I^)i*î* 
On  s*y  occupa  de  la  discipline  ecelésiitfr 
et  de  la  réformation  des  mœurs. 

1665.  Concile  de  Reims, 

sur  le  même  sujet. 

1565.  Concile  de  CamhraL 
1569.  Concile  d* Avignon. 

1581.  Concile  de  RoueH. 

1583.  Concile  de  Retm, 

tenu  par  le  cardinal  de  Guise.       ^^ 

1583.  Concile  de  Taurt  (ce  concile  fcl  «^ 
^aosféré  à  Aa^^n\, 


4:if9  P14NGE.  i^9  '     élSS 

Sur  la  foi  et  |a  discipline.  le  5  août,  et  il  publia  deux  déei'eU  doiu 

1583.  Concile  d'Embrun.  le  secoud  fut  confirmé  par  un  bref  du  pi^p^, 

1584.  Concile  de  Bourges.  en  date  du  20  septembre.  Cependant  les  af- 
1686.  Concile  à'jiix.  faires  ecclésiastiques  ne  furent  déûnilive- 

1586.  Concile  de  Cambrai,  ment  réglées  que  par  le  concordat  du  aS 

sur  la  discipline  ecclésiastique  et  les  mœurs,  janvier  i8 13  (*). 

^.  ConaiM  ée  Touiousa,  qd  volt  mt  cc  t^Wcau  qu'îl  0  été 

«9i,coDeaed^«i»o«.  convoqué,  en  France,  un  très-grand 

«ir  la  ««»FWM-  nombre  de  conciles  et  d'autres  assem- 

ir-cS:otdt1IX:«.  ^^^^  pour  délibérer  sur  les  matières 

I6I0.  Concile  de  crw**.  rcligieuscs.    L'ordrc  chronologique, 

I6I2.  Concile  de  Parti  L.  suivânt  Icqucl  îl  a  été  drcssé ,  nous  ^ 

Tenu  par  les  suffragants  de  l'archevêque  forcés  de  confondre  les  concilès  génér 

de  Sens,  contre  le  traité  de  la  puissance  ec-  raux  av?C    les  COncileS   nationaux  et 

clésiastique  d'Edmond  Richer.  avec  les  conciles  provinciaux,  quoique 

1812.  Concile  d'^ix,  CCS  troîs  espèccs  d'asscmblécs  soient 

sur  le  même  sujet.  loin  d'avoir  la  même  iniportance.  Les 

I6Î4.  Concile  de  Bordtaas.  concilcs  géuérau^  OU    oecuménioues 

1635.  Concile  de  Narbonne.  întéresscnt  ct  engagent  toute  la  cnré- 

1668.  condie  f^'ignom.  ^jg  ^^    j^g  c^ncilcs  natlouaux  oDt  sur- 

1 671.  Concile  de  JvoivoiiJitf.  a^   *  u*  *.  i»*    aa^^^a^^^^  ..^i:*-: 

1682.  A..embWe  générale  du  clergé  de  France.  ^OUt  pOUr  objCt  j  indépendance  polltl- 

I^  libertés  de  l'Église  gallicane  7  foreat  proclamées  qUC     Ct    ladminiStratlOn     mOrale      OU 

de  nouveau  dans  quatre  articles  derenua  célèbres.  p^yg  •  leS  COUCilcS  prOVinCÎaUX  UC  S'OC* 

1704.  Cendlede  r«ifo«  (Tolonense).  CUpCUt   guèrC  qUB    (|eS  dlffiCUltéS    qUÎ 

On  y  fit  quelques  décrets  synodaux.  entravent  l'essor  de  la  religion  ou  la 

i727.Condied'^mft/».,  Hiarchc  du  clcrgé  dans  telle  ou  telle 

sur  quelques  maueres  ecclésiastiques.  \oç;à\iXé,  A  part  ces  différences  ,  les 

A        t.ii  J  «  '^*l'  I       A*  uns  et  les  autres  sont  également  né- 

^i^Si'ar  rï^&Sr  '^^^'^  «"  développemint  de  rinsti- 

Celte  aasembiée  n'est  pas  reconnue  par  TÉ-       *  (*)  Nous  avons  suivi  pour  tout  ce  qui  est 

^se.  postérieur  au  concile  de  Trente ,  l'excellente 

Ï7W.  chronologie  des  conciles  publiée  par  M.  L. 

Depuis  l'assemblée  de  1797  jusqu'à  celle  de  lyfaslatrie. 
de  X  801,  les  prélats  constitutionnels  tinrent  Nous   croyons   devoir  ajouter,  pour  la 

Soixante  synodes ,  et  huit  conciles  métropo-  commodité  du  lecteur,  à  celte  notice  des 

litains  dans  les  villes  de  ^eja/i^(7n,^o//r^e^,  conciles  français ,  ou  tenus  en  France,  là 

Houeti,    Lyon,  Reims,   Rennes,    Aix  et  liste  chronologique  des  yingt  conciles  œcu- 

Carcassonne,  méniques ,  ou  généraux. 

.,,    ^         '?^'*  Jérusalem 5o 

Assemblée  de  Paris ,  tenue  par  les  prélats  Nicée 3a5 

constitutionnels  dans  Téglise  métropolitaine,  Constaotinopie. d^i 

Kiie  n'est  point  reconnae  p»  l'ÉjW  __      ^^^^:\\:::::::::::::::.  fi 

ÏWÏ«  Gonstantinople 55î 

Concile  national  tenu  k  Paris.  lî  avait  été  Gonstantinople. 680 

convoqué  dès  le  *a5  avril  ;  il  fut  ouvert  le  9  Co*^anti  '  '{ se' 

jain«    Six   cardinaux,  neuf  archevêques,  iJuran."."^^ .*.'!..'!!!.** !.'****.*    naf 

quatre-vingts  évèques  et  neuf  prâtres  nom-  Latran.!'. .!!.!!.!.!!.!..!!!.!!    1139 

jBés  àdesévéchés,  maisnonpas  enoore  ca«  Utran 1179 

noniquement  institués,  y  assistèrent.  Il  fut  }^*'*° "j5 

présidé  par  le  cardinal  Fesch.  Mais  le  cou-  5;^°° "fj 

cilc    ayant  aecline  sa  compétence  sur  les  Vienne. .«■ i3ii 

questions  qui  lui  furent  posées ,  Napoléon-^  Constance 1414 

dont  il  ne  remplissait  pas  le  but ,  en  pro-  ^^ '^Si 

nonça  la  dissolution  le  10  juiUet.  Il  fut  de  ii^!!;  !  !  '.  !  i .'  i  i  .*  .*  i .'  .* .'  !  i  i  .*  i  i  i    îs!» 

nouveau  convoqué  en  assemblée  générale  Trente.*..,.*..,*..*... ',,.,'.....*.'    Z544 

92, 


M0 


€3011 


L'UNIVERS. 


coir 


tution  chrétienne  ;  on  peat  les  consi- 
dérer comme  les  ressorts  de  son  gou- 
vernement. 

Les  conciles  nationaux  étant  ceux 
qui  rentrent  plus  spécialement  dans 
notre  sujet,  nous  ne  saurions  nous 
dispenser  d*en  rapporter  au  moins 
les  principaux  caractères.  Quoiqu'ils 
aient  tous  un  but  commun,  Ta  souve- 
raineté et  la  prospérité  du  pays ,  ce- 
pendant ils  se  présentent  avec  des 
traits  distinctifs  sous  chacune  des 
trois  races  qui  ont  successivement 
gouverné  la  France. 

Du  temps  de  la  race  mérovingienne, 
ils  sont  particulièrement  dominés  par 
rintluence  des  évéques,  ces  représen- 
tants éclairés  de  TÉglise  gauloise ,  qui , 
en  s'appliquant  à  ménager  une  fusion 
entre  le  peuple  conquérant  et  le  peuple 
conquis ,  jetèrent  les  premières  bases 
de  la  nationalité  française.  Mais  à  la 
fin ,  les  évéques  parurent  renoncer  à 
une  si  noble  tâche  pour  se  préoccuper 
exclusivement  de  leur  intérêt  person- 
nel; dès  lors  ils  ne  formèrent  plus 
qu'une  caste  aristocratique  qu'entraî- 
nèrent dans  leur  chute  les  derniers 
mérovingiens, princes  abâtardis  et  vrai- 
ment dignes  du  nom  de  rois  fainéants. 

Sous  les  GarlovingieAs ,  sous  Char- 
lemagne  surtout,  les  conciles  subirent 
Tascendant  direct  de  Tempereur,  en 
qui  semblaient  s'être  concentrés  le 
pouvoir  spirituel  et  la  puissance  tem- 
porelle. Trop  heureux  de  changer  de 
maîtres,  les  papes ,  dont  la  grandeur 
naissait  à  peine,  professaient  pour 
l'autorité  du  nouvel  empereur  d'Occi- 
dent le  même  respect  qu'ils  avaient 
professé  aup^upavant  pour  l'autorité 
des  empereurs  de  Constantinople;  le 
temps  n'était  pajs  venu  encore  où  ils 
allaient ,  à  leur  tour,  parler  en  maî- 
tres. Ce  aue  les  conciles  perdirent 
alors  en  ihuépendàncè,  ils  le  gagnèrent 
en  pouvoir  et  en  éclat.  La  plupart  des 
peuples  de  l'Occident  ayant  été  réunis 
en  un  seul  faisceau  par  Gharlemagne, 
*  la  décision  de  s«s  concile»  devint  une 
loi  pour  une  grande  partie  derSurope. 
C'étaient  les  conciles  généraux  de  l'Oc- 
cident plus  encore  que  des  conciles 
nationaux. 


Sous  les  Capétiens  nouveau  diaa* 
gement.  Depuis  la  mort  de  Charlema- 
gne,  la  papauté  avait  eu  le  temps  de 
prendre  son  essor,  et  elle  avait  si  bien 
profité  des  circonstances,  que  la  oatios 
française,  se  redressant  cette  fois  avec 
une  entière  conscience  de  sa  seaverai- 
neté,  avait  besoin  de  toute  son  éDe^ 
gie  pour  ne  pas  retomber  de  DOUTeao 
sous  le  joug  de  la  cour  de  Rome,  oo 

Î plutôt  pour  s'y  soustraire.  L'Églisega^ 
icane  sut  comprendre  sa  mission;  elle 
prêta  un  appui  intelligent  aux  rois,  et 
tes  conciles  eurent  alors  un  caractère 
vraiment  national.  Ils  surent  résister 
au  pape  quand  la  dignité  de  la  France 
et  Pihtéret  général  de  la  religion  leur 
parurent  en  danger. 

Pour  compléter  cet  article ,  et  k 
rendre  aussi  clair  que  possible,  il  ooos 
reste  à  dire  sous  quel  point  de  vue  la 
France  et  son  clergé  ont  envisagé  la 
conciles.  L'Église  gallicane ,  presfx 
toujours  aussi  jalouse  de  la  grandon 
morale  du  christianisme  que  dé  !¥ 
dépendance  politique  de  la  France,  i 
constamment  regardé  les  condiei 
comme  une  institution  sacrée ,  sans 
laquelle  l'unité  de  l'Église  perd  sa  f» 
jesté  et  court  le  risque  de  dégéo^ 
en  une  dictature  oppressive  et  iial' 
tante.  Elle  n'a  reconnu  le  caract^ 
4e  l'infaillibilité,  autant  du  moiis 
qu'elle  est  possible  en  ce  monde, 
qu'aux  décisions  communes  des  cob* 
cites  généraux  et  des  papes.  En  cas  lie 
scission,  et  notamment  à  l'époque di 
grand  schisme  d'Occident,  où  plusieon 

{>ontifes  se  disputaient  en  même  te^ 
a  chaire  apostolique,  laFraoceaémii 
ro[)inion  que  les  conciles  généraia 
étaient  supérieurs  au  pape.  Voilàpoor* 
quoi,  plus  d'une  fois,  résistant  aux  di- 
sions du  pape,  elle  en  appela  aa  fiittf 
concile.  Cette  doctrine  fut  victoricast* 
ment  défendue  au  concile  général  de 
Constance  (1415)  par  l'illustre  Gersoi} 
chancelier  de  l'éguse  et  de  l'aniveiw^ 
de  Paris.  Un  peu  plus  tard ,  en  l^J»» 
elle  fut  consacrée  par  la  pragniati(|iK 
sanction  de  Charles  VU ,  digne  coo- 
plémentde  la  pragmatique  saoctioads 
saint  Louis  (1268),  et  qui  érigea  es 
iQi  de  l'État  les  décrets  du  concile  de 


eoN 


FRAT7CE« 


€09 


ik)i 


fiâie(14dl),  confonnes  à  ceox  du  con- 
cile de  Constance. 

Le  concordat  de  François  I^,  con- 
clu en  1516,  porta  atteinte,  il  est  vrai^ 
aux  libertés  de  TÉgiise  gallicane,  et 
concéda  bénévolement  aux  papes  le 
don  de  Tinfaillibilité ,  qu'ils  s'attri- 
buaient eux-mêmes;  mais  la  France 
protesta  toujours  en  secret  contre  cette 
prétention  exagérée,  et  le  clergé  lui- 
même,  malgré  Tes  tendances  ultramon- 
taines  qui  le  dominèrent  trop  souvent 
depuis  Tavénement  du  protestantisme, 
profita  de  la  lutte  engagée  entre  Louis 
jQy  et  la  cour  de  Rome,  pour  revenir 
aux  anciennes  croyances  de  l'Église 
gallicane.  En  1682,  une  assemblée  gé- 
nérale du  clergé  de  France  ne  craignit 
Îas  de  faire  entendre  la  vérité  au  pape 
nnocent  XI  :  par  une  nouvelle  pro- 
fession de  foi  en  quatre  articles,  elle 
confirma  les  principes  des  pragmati- 
ques sanctions  de  saint  Louis  et  de 
Charles  VIL  Voici  la  substance  de 
cette  décision,  devenue  si  célèbre  sous 
le  nom  des  quatre  articles  de  1682  : 
«  1"*  Le  pouvoir  temporel  est  indépen- 
dant du  pouvoir  spirituel  ;  2°  Le  conr 
cUe  général  est  supérieur  au  pape, 
ainsi  que  l'ont  décidé  les  Pères  de 
Constance  ;  3"*  Le  jugement  du  pape^ 
même  en  matière  de  foi,  n'est  jpas 
infàilMley  tant  qu'il  n'a  pas  V assen- 
timent de  V Église  ;  4"*  Les  coutumes 
et  les  lois  reçues  dans  l'Église  galli- 
cane   doivent    être    maintenues.  » 
Qu'importe,  après  cela;  si  les  revers 
arrachèrent  à  Louis  XIV  une  rétrac- 
tation secrète  de  ces  vérités  ?  malgré 
oe  désaveu  forcé,  elles  continuèrent  à 
régner  dans  les  cœurs,  alors  même 
gpie  les  caprices  de  la  fortune  condam- 
naient leurs  nombreux  défenseurs  au 
lilence.  On  en  vit  une  nouvelle  preuve 
rendant  la  révolution  française  :  un 
les  articles  organiques  du  concordat, 
M>oclu  entre  Te  pape  Pie  Vil  et  le 
>remier  consul ,  était  ainsi  coiicu  (*)  : 
I  Ceux  qui  seront  choisis  pour  rensei- 
(  gnement  dans  les  séminaires,  souscri- 
[  ront  la  déclaration  faite  par  le  clergé 

(^  Art.  XXIV  de  la  section  m  du  tib«  zi, 
ODcemaDt  les  ministres. 


«  de  France  en  1682,  et  publiée  par  un 
«  éditde  la  même  année  ;  ilsse  soumet- 
«  tront  à  y  enseigner  la  doctrine  qui  y 
«  est  contenue  ;  et  les  évéques  adresse- 
«  ront  une  expédition  en  forme  de  cette 
«  soumission  au  conseiller  d'État  char* 
«  géde  toutes  les  affaires  concernant  les 
«  cultes  (Voy.  Concordat).»  Les  qua- 
tre articles,  dit  Talon,  ne  sont  pas  une 
innovation,  ils  ne  font  que  confirmer 
une  vérité  constante ,  déterminée  par 
tous  les  conciles ,  et  notamment  bar 
ceux  de  Constance  et  de  Bâie.  Enfin , 
guel  plus  bel  éloge  en  faire  que  d'a- 
jouter qu'ils  avaient  été  rédigés  en 
frande  partie  par  Bossuet ,  qui  en  pu- 
lia  une  défense  aussi  profonde  qu'élo- 
quente! Personne,  assurément,  n'ac- 
cusera révêque  de  Meaux  d'avoir  été 
l'ennemi  du  catholicisme. 

L'Église  française  n'a  pas  professé 
une  doctripe  moins  éclairée  sur  la 
composition  des  conciles'  que  sur 
rétendue  de.  leurs  pouvoirs.  On  peut 
s'en  convaincre  par  les  passages  qui 
suivent,  empruntés  à  un  prélat  vé- 
nérable, à  l'evéque  Guillon ,  dont  l'au- 
torité en  pareille  matière  est  d'un  grand 
poids  (*).  r.  De  qui  se  composent  les 
conciles?  Tïous  répondons,  avec  tous 
les  canonistes,  que  l'on  y  appelle  d*a- 
bord  tous  ceux  qui  y  ont  voix  délibé- 
rative  par  l'institution  divine,  tels  que 
les  évéques  y  et  que  tous  sont  tenus  de 
s'3[  rendre ,  à  moins  qu'ils  n'aient  des 
raisons  légitimes  ;  mais  qtS  Vofn  doit 
y  appeler  aussi  les  prêtres  et  les 
autres  clercs  recommandables  pour 
leur  science^  leur  sagesse  et  leur  exr: 
périence.  L'Église  ne  fait  pas  diffi- 
culté d'inviter  aux  conciles  tous  ceux 
qui  peuvent  y  être  de  quelque  utilité 
ou  qui  ont  intérêt  à  y  assister,  et  jus- 
qu'aux hérétiques  mêmes,  pour  en- 
tendre leurs  raisons ,  leurs  défenses, 
et  tâcher  de  les  faire  rentrer  dans  son 
sein.  A  quel  titre  voyons-nous  donc 
les  simples  prêtres ,  les  diacres  même , 
intervenir  aans  les  conciles  des  pre- 
miers siècles ,  à  commencer  par  celui 
de  Jérusalem  ?  Le  texte  sacré  ne  laisse 

(*)  Encyclopédie  des  gens  du  monde, 
art  GoxrciLss. 


S02 


CON 


L'UNIVËftS. 


cmf 


aucune  équivoque  :  Les  apôtres  et  les 
ptrétres  s' assemblèrent  pour  examiner 
e^  résoudre  l'af/airè ,  est-il  dit  au 
ehap,  xjy  du  livre  des  Actes  (vers.  6.) 
La  décisioi\  synodale  rapportée  à  Id 
suite  s^exprime  dans  les  mêities  ter- 
mes. La  pratique  constante  de  ces 
laeabx  siècles  était  que  les  évêques  nd 
délibérassent  rien  d'important  que  de 

concert  avec  leur  clergé Ce  qui 

Q'a  point  empêché  le  plus  grand  nom- 
bre des  modernes  théologiens  de  con- 
clure que  les  évêques  seuls  ont  voix 
délibérative  dans  les  conciles,  comme 
étant  seuls  juges  et  défîniteurs  dans 
les  matières  de  foi. . . .  »  Voilà  quels 
sont  les  voeux  de  la  plupart  des  mem- 
bres de  TËglise  gallicane ,  et  on  voit 
que  la  lettre  même  des  écritulres  est 
eo  leur  faveur.  Les  apôtres  et  les 
prêtres  y  c'est-à-dire,  les  évêques  et  les 
mandataires  du  clergé,  tds  sont  ceux 
qui  doivent  avoir  séance 'dans  les  con- 
eileis ,  présidés  par  le  pontife  romain. 
De  cette  manière ,  l'Église  est  complè- 
tement représentée  avec  son  unité 
tigUfée  par  le  pape ,  son  aristocratie 
indiquée  par  les  évêques,  sa  démo- 
cratie vivante  dans  le  cœur  de  tous, 
mais  manifestée  surtout  par  la  pré- 
dence  des  élus  du  clergé.  tJn  simple 
coup  d'oeil,  jeté  sur  le  tableau  histori- 
que qui  précède,  sufût  pour  montrer 
que,  soit  dans  nos  conciles  nationaux, 
soit  dans  nos  conciles  provinciaux,  les 
évêques  ont  toujours  été  assistés  dans 
leurs  déclarations  par  un  grand  nom- 
bre d'abbés  ou  de  prêtres. 

Ainsi  donc  la  France  à  toujouî*s 
attaché  une  grande  importance  à  l'ins- 
titution des  conciles ,  et  elle  a  plusieurs 
Ibis  essayé  de  leur  rendrp  le  caractère 
démocratique  quMls  avaient  dans  les 
premiers  t^nips  du  christianisme.  Elle 
a  vu  avec  douleur  la  pai[)auté  se  priver 
depuis  le  milieu  du  seizième  siècle  de 
^'assistance  de  ces  grandes  assemblées, 
qui  sont,  pour  la  monarchie  pontificale 
et  pour  la  chrétienté,  ce  qu'étaient, 
pour  la  monarchie  française ,  les  états- 
généraux.  Voilà  bientôt  trois  siècles 
^ue  la  cour  de  Rome  a  cessé  de  con- 
voquer les  conciles ,  bien  qu'ils  dussent 
être  réunis  au  moins  une  fois  tous  les 


dît  ahs.  Puisse  eette,  infractioii  an 
lois  constitutives  de  TÉgliae  ne  pas  M 
être  un  jour  aussi  funeste  qaà  nos 
anciens  monarques,  ce  règne  du  twD 
pfôisir,  sous  la  sécurité  duquel  ils  m- 
lèrent ,  environ  deux  siècles ,  sans 
appeler  tes  états  généraux,  (kâce  à 
Dieu ,  les  conciles  aujourd'hui ,  hûo 
d'être  un  écileil  pour  la  pàpaaté,  soDt 
au  contraire  une  force  nouveltefu 
doit  Taider  à  remonter  au  rangéie?é 
d'où  elle  est  déchue.  Ils  redeviendront, 
dès  qu'elle  le  voudra,  ce  qu'ils  ont 
toujours  été,  c'est-à-dire,  iès  turjs 
du  corps  dé  PÈglUey  suivant  l'cipH* 
sion  des  Pères  du  eondle  de  €olog« 
en  1549.  Depuis  quand  surtout  la  coor 
de  Rome  a-t-elle  vu  diminuet  sa» 
cesse  et  se  réduire  à  presque  riaii 
fempire  qu'elle  exerçait  autrefois  aj 
le  monde?  Depuis  qu'il  n'y  a  i)te« 
conciles  :  enseignement  manireste^ 
bien  fait  pour  dessiller  les  yeux  (te 
plus  aveugles.  Si  la  destinée  de  b 
papauté  avait  été  de  se  transformereD 
pouvoir  temporel ,  la  suspension  (te 
conciles  lui  aurait  été  utue  au  ma» 
titre  que  la  suspension  des  états  g^ 
iraux  Favorisa  le  développement  « 
l'absolutisme  des  rois;  mais,comii« 
une  pareille  transformation  serait  «k 
apostasie,  parce  que  sa  puissance 01 
une  puissance  morale  avant  tout,  fl 
qui  a  profité  pour  un  instant  aw* 
térêts  politiques  des  princes  bcrtoB 
de  César,  a  été  constammeat  pr^ 
ciable  à  la  cause,  exclusivement w* 
gieuse,  dès  pontifes  successeuis* 
saint  tierre.  Du  reste,  le  mal  J 
loin  d'être  irréparable ,  et  tons  * 
biens  matériels  dont  Rome  a  ^  * 
pouillée  ne  valent  pas  la  pdne  (p* 
les  regrette.  Il  y  aurait  lie«  à»J^ 
applaudir,  au  Contraire,  si  ranâ*; 
son  génie  âb  feu  sacré  de  l'Évan^i 
elle  sait  mettre  à  profit  les  rich*** 
immatérielles  dont  elle  possède  «**• 
le  précieux  dépôt.  De  toutes  tes  «•* 
qui  cotltribuèrent  à  donner  la  vicfcJ^ 
aux  apôtres,  la  pauvreté  ne  firt  p>»" 
moins  puissante. 

Dans  un  siècle  où  les  asseiwj* 
repréisentatîves  soW  devenus  le  rtfj* 
le  plus  actif  du  gouvcrùëfli^t  ff^ 


\ 


tdN 


FRANCE. 


QOMf 


que,  le  rétablîssehient  de§  (Conciles  ëàt 
plus  que  jamais  une  nécessité  pour 
FÉglise.  Leur  suppression  provisoire 
est  un  rtialheur  qui  ne  saurait  daret 
îongtemps  encore.    N'est-ce  pas  le 
christianishie  qui,  par  son  exennple ,  a 
initié  le^  nations  à  la  majesté  des  as- 
semblées délibératives?  Le  souvenir 
des  anciens  conciles,  Isbuvenir  impé- 
rissable dans  la  mémoire  des  hommes, 
n'a  pas  peu  contribué  au  respect  des 
peuples  modernes  pour  l'établissement 
des  teprésentations  nationales.  Gom- 
ment donc  admettre  que  TÉglise,  qui  a 
conçu  le  modèle  de  cette  institution 
sur  une  échelle  si  grandiose,  reste 
seule  privée  de  ces  bienfaits  !  Il  y  a  là 
tine  anomalie  choquante  qui  doit  i)ien-^ 
tôt  disparaître.  Le  jour  où  elle  n'exis- 
tera plus ,  l'appui  de  la  France  sera 
de  nouveau  acquis  à  la  grande  cause 
du  catholicisme;  car  aujourd'hui  en- 
core, elle  répète  les  paroles  pronon- 
cées,  au   quinzième  siècle,  par  le 
chancelier  (jcrson,  paroles  qui  méritent 
d'autant  plus  d'être  méditées  qu'elles 
sont  d'un  des  hommes  les  plus  pieux 
qui  aient  jamais  existé,  de  fauteur  de 
Y  Imitation  de  Jésus- Christ,  «Il  n'y  a 
point  eu  jusqu'à  présent ,  disait-il ,  et 
tl  n^y  aura  point  dans  Ut  suite  de 
contagion  plus  funeste  dans  l'Église 
que  l'absence  des  conciles  généraux.» 
Les  conciles  provinciaux  ne  lui  parais- 
saient pas  moins  nécessaires ,  et  s'il 
ne  disait  rien  des  conciles  nationaux, 
c'est  parce  que,  de  son  temps,  ils  n'é- 
taient pas  menacés  de  tomber  en  dé- 
suétude comme  les  autres. 

CoNCiNi ,  plus  connu  sous  le  nom 
de  maréchal  d'Ancre,  était  fils  d'un 
notaire  de  Florence.  Il  parvint  à  se 
faire  recevoir  en  gualite  de  gentil - 
homnne  dans  la  maison  que  l'on  for- 
mait à  Marie  de  Médicis ,  avec  laquelle 
il  vint  en  France  en  1600.  La  fameuse 
Léooora  Dori,  dite  Galigaï,  exerçait 
déjà  un  grand  ascendant  sur  l'esprit 
de  cette  princesse.  Concini  s'attacha  à 
lui  plaire,  et •  elle  finit  par  l'épouser. 
Ce  fut  le  commencement  de  sa  fortune. 
Après  la  mort  de  fleuri  IV,  Marie  de 
médicis ,  proclamée  régente  du  royau- 
me ,  le  nt  premier  gentilhomme  de  la 


tihambre,  et  lui  donna  les  goaverne- 
ments  de  Montdidier,  de  Roye,  de  Pé- 
rottiie,  puis  enfin  le  gouvernement  le 

Î^lus  Important  du  ro^^aume,  celui  de 
a  Normandie.  Concini  acheta  alors  le 
inarquisat  d'Ancre,  et  bientôt  après  il 
fiit  créé  maréchal  de  France ,  quoiqu'il 
n'eût  jamais  paru  siir  aucun  champ  de 
bataille;  puis  on  le  nomma  tninistre, 
quoiqu'il  fût  étranger  et  qu'il  n'eût  ja- 
mais étudié  les  lois  du  royéume  qu'il 
était  appelé  à  gouverner.  Ces  faveurs 
enflèrent  le  cœur  de  Concini;  il  devint 
fier  et  hautain.  Les  ministres  de 
Henri  IV  furent  disgraciés  et  remplacés 
par  ses  créatures;  les  pirittced  du  sang 
furent  éloignés  de  la  cdur.  Concini 
leva  à  ses  dépens  un  corps  de  sept  mille 
hommes  pour  faire  respecter  son  au- 
torité. Il  alla  jusqu'à  interdire  à 
Louis  iLin  toute  promenade  hors  de 
Paris,  et  il  le  séquestra  aux  Tuileries. 
Le  jeune  prince  avait  pouf  compa- 
gnon de  ses  jeut  un  gentilhomme 
nommé  de  Luynes,  qui  lui  suggéra  lès 
moyens  de  secouer  le  joug  de  Concini. 
Louis  XIII  consentit  à  tout  pour  plaite 
à  son  favori,  plutôt  que  par  naine  pour 
le  maréchal.  Le  24  avril  1617,  Concini 
traversait  le  pont  du  Louvre,  accom- 
pagné de  cinquante  à  soixante  per- 
sonnes, pour  se  rendre  auprès  du  roi, 
lorsque  le  baron  de  Vitry,  qui  l'atten- 
dait avec  des  Suisses  armés  de  ilisils, 
s'avança  au-devant  de  lui,  et  lui  dit, 
en  portant  sa  main  sur  son  bras  droits 
A  Le  roi  m'a  ordonné  de  me  saisir  de 
«  votre  personne.  »  Concini ,  étonné  ne 
cette  brusque  apostrophe,  fit  un  ceste 
pour  mettre  la  main  sur  la  sarde  de 
son  épée,  soit  pour  se  défendre,  soit 
pour  se  rendre  prisonnier.  Mais  au 
même  instant,  le  baron  de  Vitry  fit 
signe  à  ceux  qui  le  suivaient ,  et  Con- 
cini tomba  frappé  de  plusieurs  balles 
qui  l'iavaient  blessé  mortellement.  Son 
cadavre,  enterré  sans  pompe,  fut  ex- 
humé par  la  populace  oe  Paris ,  traîné 
à  travers  les  rues  jusqu'au  Pont-Neuf, 
et  brûlé  devant  la  statue  de  Henri  IV. 
On  dit  qu'un  misérable  poussa  la  rage 
jusqu'à  faire  cUire  son  cœur  sur  des 
charbons ,  et  qu'il  le  dévora  devant  le 
peuple.  Ce  qui  justifiait  jusqu'à  un 


n 


€04 


OOH 


UUWIVERS. 


coir 


eertain  point  la  haine  publique,  c'é- 
taient les  exactions  dont  Concini  s'é- 
tait rendu  coupable.  On  trouva  dans 
ses  poches  des  valeurs  en  papier  i>our 
1,985,000  livres,  et  dans  sa  maison 
^,200,000  liv.  également  en  papier.  Le 
parlement  procâa  contre  sa  mémoire , 
qui  fut  déclarée  infâme.  Sa  femme  Ga- 
Jigaî  ne  fut  pas  épargnée;  condamnée 
comme  sorcière,  elle  fut  décapitée  sur 
la  place  de  Grève.  (Voyez  Galigaï.) 
CoNGOLiTÂN  (*) ,  chef  gaulois ,  com- 
mandait, conjointement  avec  Aué- 
roëst,  vers  l'an  225  avant  J.  G.,  la 
confédération  des  divers  peuples  des 
Alpes  connus  sous  la  dénomination 
générale  de  Gésates,  S'étant  avancé 
avec  une  armée  formidable  au  secours 
des  nations  celtic|ues  établies  en  Italie 
et  que  les  Romains  voulaient  asservir, 
Concolitan  battit  les  légions  dans  une 
première  journée,  près  de  Fésules,  et 
leur  tua  six  mille  hommes.  Il  avait  juré 
fiolenneilement  avec  les  autres  chefs , 
et  avait  fait  jurer  à  ses  soldats  :  «  qu'ils 
«  ne  détacheraient  pas  leurs  baudriers 
«  avant  d'être  montés  au  Capitole.  • 
Aussi  Rome,  saisie  de  terreur,  s'at- 
tendait-elle à  voir  bientôt  paraître  à 
^es  portes  cet  ennemi  terrible  qui 
marquait  sa  route  par  le  pillage  et  la 
ruine.  Le  consul  ifimilius  accourut 
près  de  Fésules  dans  la  nuit  même  qui 
suivit  la  défaite.  Les  confédérés,  maî- 
tres d'un  riche  butin,  décampèrent 
aussitôt.  Tandis  qu'iEmilius  les  pour- 
suivait et  les  harcelait  à  l'arrière-garde , 
le  hasard  voulut  que  le  second  con- 
sul, Attilius  Régulus,  vînt  débarquer 
avec  des  troupes  près  de  Télamone, 
marchant,  sans  le  savoir,  au-devant 
des  Gaulois.  Enfermés  ainsi  de  toutes 
parts,  ils  combattirent  avec  leur  bra- 
voure et  leur  acharnement  ordinaires  ; 
mais  la  mauvaise  qualité  de  leurs  ar- 
mes causa  leur  défaite.  Quarante  mille 
restèrent  sur  la  place,  et  dix  mille  fu- 
rent pris.  Concontan,  tombé  lui-même 
au  pouvoir  des  Romains,  fut  traîné 
devant  le  char  du  triomphateur;  pour 
ne  pas  le  faire  manquer  à  son  ser- 
ment, on  lui  avait  laissé  son  bau- 

(*)   Geann^oilU'-'tan ,  chef  du  pays  des 
forêts. 


drier.  Il  mourut  ensuite  dans  les  fers. 

CoNCOBDiLT.  — -  On  donne  ce  nom 
à  toute  transaction  conclue  entre  le 
pape  et  un  gouvernement  qoelconqae, 
pour  déterminer  les  droits,  respectib 
de  i'Êglise  romaine  et  de  l'État,  dans 
ce  qui  concerne  soit  les  doctrines  re- 
ligieuses, soit  l'organisation  da  dergé. 
Les  conventions  contractées  par  le  sou- 
verain pontife  sur  des  intérêts  par^ 
ment  politiques ,  tie  reçoivent  pas  li 
même  dénomination  ;  ils  rentrent  dam 
la  classe  des  traités  ordinaires,  \m 
qu'alors  la  cour  de  Rome  négociées 
qualité  de  puissance  temporelle.  Ub 
concordat  est  donc  un  acte  diplomati- 
que touchant  à  la  fois  au  domaine  r^ 
ligieux  et  au  domaine  politique;  c'est 
un  accord  plus  ou  moins  équitable  en- 
tre les  deux  puissances  rivales ,  stipfr 
lant  l'une  au  nom  du  spirituel,  l'autre 
au  nom  du  temporel ,  et  cherchant  à 
renouer  des  relations  d'amitié  coo- 
promises  par  des  conflits  d'autorité,  oo 
suspendues  par  un  divorce  momentaoé. 

Dans  les  premiers  temps  da  chris- 
tianisme ,  on  nommait  concordats  hs 
conventions  qui  réglaient  les  différendi 
des  évéques,  des  abbés,  des  supérieon 
de  couvents,  ou  bien  encore  des  mo* 
nastères,  des  communautés  reii^ 
ses.  Ce  fut  seulement  vers  le  dooziènK 
siècle ,  quand  la  papauté  eut  acquit 
assez  de  force  pour  rivaliser  avec  iei 
rois  et  les  empereurs,  que  les  concor- 
dats devinrent  des  actes  de  la  plm 
haute  importance  pour  les  peuples 
aussi  bien  que  pour  la  cour  de  Rooie. 
Les  querelles  incessantes  de  rempire 
d'Allemagne  et  du  saint-siége  donnè- 
rent naissance  à  un  assez  grand  noo- 
bre  de  transactions  de  cette  nature. 
La  France ,  au  contraire ,  qui ,  suitoA 
pendant  la  première  partie  du  mo^ 
âge ,  vécut  presque  toujours  en  boa* 
intelligence  avec  la  papauté,  n'e^ 
alors  ni  à  en  demander,,  ni  à  ei 
obtenir.  Les  libertés  de  l'Église  gr 
licane,  confirmées  par  la  pragmati- 
que sanction  de  saint  Louis,  en  X^ 
et  par  celle  de  Charles  Vil,  en  14* 

(voyez    FfiÀGMiiTIQUE    sanctioh)» 

furent  longtemps  une  garantie  suff- 
sante  contre  les  envahissements  m 


GON 


FRANCE. 


GOK 


(06 


saint-siége.  Aussi  notre  histoire  ne 
présente-t-elle  oue  deux  concordats 
qui  méritent  de  fixer  oarticulièrement 
]*attention  :  Fun  conclu ,  au  commen- 
cement du  seizième  siècle  ^  par  Fran-. 
cois  V;  l'autre  conclu,  au  commen- 
cement du  dix-neuvième  siècle ,  par 
Pïapoléon,  premier  consul. 

La  cour  de  Rome ,  tout  en  restant 
intimement  liée ,  sauf  quelques  rares 
exceptions  ,  avec  les  rois  de  France , 
dont  elle  avait  besoin  pour  faire  con- 
tre-poids aux  empereurs  d'Allemagne, 
n'en  chercha  pas  moins  à  obtenir  la 
révocation  des  pragmatiques  sanctions 
de  saint  Louis  et  de  Charles  VIL  Ces 
deux  lois  constitutives,  qui  avaient 
consolidé  les  libertés  de  l'Eglise  galli- 
cane, gênaient  doublement  la  politi- 
que pontificale ,  d'abord  parce  qu'elles 
maintenaient  aux  évêques  le  droit  de 
se  faire  élire  par  les  chapitres  des  égli- 
ses cathédrales   et    métropolitaines, 
ensuite  parce  qu'elles  s'opposaient  à 
ce  que  le  pape  prélevât  des  «contribu- 
tions sur  les  fidèles  du  royaume  sans 
l'aveu  du  gouvernement  français.  De 
l'une  et  de  l'autre  il  résultait  que  les 
rois  de 'France,  quoique  rois  très- 
chrétiens   et    fervents    catholiques , 
jouissaient ,  dans  l'exercice  de  leur  au- 
torité publique,  d'une  indépendance 
absolue ,  et  ne  relevaient  aue  de  Dieu. 
La  pragmatique  de  Charles  YII ,  qui 
avait  érigé  en  loi  de  l'État  les  décrets 
du  concile  de  Bâle ,  allait  même  jus- 
qu'à poser  des  limites,  eu  matière  de 
toi ,  aux  prétentions  des  successeurs 
de  saint  Pierre  ;  elle  ne  reconnaissait 
le  caractère  d'infaillibilité  qu'aux  dé- 
cisions du  pape  qui  avaient  reçu  l'ap- 
probation d'un  concile  général.  On 
comprend  donc  combien  la  cour  de 
Elome,  non  moins  jalouse  de  son  pou- 
voir temporel  que  de  sa  puissance  sa- 
cerdotale, se  croyait  intéressée  à  com- 
battre et  à  renverser  ces  principes, 
outenus  par  les  légistes  français  oien 
»lus  encore  que  par  le  clergé  gallican  ; 
•rincipes  nationaux  qui  proclamaient 
1   supériorité  des  conciles  en  même 
emps  que  l'indépendance  des  évêques, 
t  qui  mettaient  un  empêchement  à  la 
ortie  des  capitaux  du  royaume. 


...i   -* 


Jusqu'au  commencement  du  seizième 
siècle ,  les  papes  firent  de  vains  efforts 
pour  parvenir  à  leur  but.  Après  une 
concession  de  |)eu  de  durée,  Louis  XI 
lui-même  s'était  empressé  de  revenir 
aux  errements  de  l'ancienne  monar- 
chie (voy.  Pragmatique  sanction). 
Mais  François  P'  ne  craignit  pas  d'in- 
nover. Le  18  août  1516  il  conclut 
avec  le  pa^e  Léon  X  un  concordat  qui 
s'écartait  a  la  fois  des  principes  de  la 
législation  française  et  de  ceux  de  la 
législation  pontificale.  Le  pape  et  le 
roi  s'y  firent  mutuellement  aes  con- 
cessions aux  dépens  de  l'Église  galli- 
cane. Comme  on  l'a  déjà  vu,  trois  ob- 
jets principaux  étaient  consacrés  par 
la  pragmatique  sanctionde  Charles  VU: 
1°  la  supériorité  des  conciles  sur  le 
pape,  lequel  était  regardé  comme  tenu 
a  assembler  au  moms  une  fois  tous 
les  dix  ans  un  concile  général  ;  2^  le 
droit  d'élection  aux  évechés  et  aux 
autres  grands  bénéfices ,  réservé  aux 
églises  et  aux  chapitres  ;  3°  la  réforme 
d'un  grand  nombre  d'abus  et  d'exac- 
tions auxquels  la  cour  romaine  avait 
assujetti  tout  le  clergé,  particulière- 
ment des  annates  (*).  De  son  côté ,  la 
papauté  niait  la  supériorité  des  con- 
ciles ,  revendiquait  l'infaillibilité  pour 
les  successeurs  de  saint  Pierre,  et  éle- 
vait des  prétentions  fiscales  sur  les 
bénéfices  ecclésiastiques.  Pour  tran- 
cher toute  difficulté,  le  chancelier  Du- 
prat ,  négociateur  du  roi  de  France , 
offrit  de  renoncer  à  la  convocation 
périodique  des  conciles ,  et  de  rendre 
ainsi  au  pape  une  suprématie  contes- 
tée ;  mais  il  exigea  en  retour  que  la 
nomination  aux  evéchés  et  aux  autres 
bénéfices  plus  importants  fât  enlevée 
aux  peuples  et  aux  églises  pour  être 
abandonnée  au  roi.  La  (]uestion  finan- 
cière fut  résolue  par  lui  à  peu  près  de 
la  même  façon  :  il  consentit  à  laisser 
au  pape  les  annates  ,  c'est-à-dire ,  la 
première  année  de  revenu  de  tout  bé- 
néfice ecclésiastique  nouvellement  con- 
féré, à  la  condition,  toutefois,  que  le 
pontife  renoncerait  à  quelques-unes 

(*)  Yoyez  Sismondi ,  Histoire  des  Fran- 
çais, t.  XYI,  p.  4a  et  suivantes. 


im 


CON 


L'UMVERS. 


QDir 


des  perceptions  arbitraires  qui  cau- 
saient ie  plus  de  mécontentement. 
Telles  fdrent  les  principales  disposi- 
tîonB  du  concordat  de  1S16,  dont  les 
bases  avaient  été  convenues  dès  le 
mois  de  décembre ,  dans  l'entrevue  de 
François  I*"^  et  de  Léon  X,  à  Bologne. 
€'étaft  un  Véritable  traité  de  partage, 
où  Ton  avait  sacrifié  les  intérêts  gé- 
néraux du  christianisme  et  ceux  de 
rÉsIise  gallicane  à  Tambition  person- 
nelle du  inonarque  français  et  du  pon- 
tife romain.  Il  servit  'de  prétexte  à 
quelques  autres  arrangements  parti- 
culiers: Adrien  de  Boissy,  frère  du 
frand  mattre ,  fut  nommé  cardinal  ; 
^hiliberte  de  Savoie,  sœur  de  la  mère 
àe  François  P',  mais  de  ringt-deux 
ans  ()lus  Jeune  qu*elie ,  fut  promise  en 
mariage  à  Julien  de  Médicis ,  et  dut 
lui  apporter  en  dot  le  duché  de  Ne- 
hiours  (*).  De  l'argent ,  des  pensions , 
des  bénéfices  ecclésiastiques,  furent 
distribués  aux  courtisans  du  pape  et 
aux  négociateurs. 

On  pense  bien  que  la  France  ne  dut 
pas  voir  d'un  bon  œil  un  pacte  qui 
anéantissait  toutes  les  libertés  de  l'Ë- 
glise  gallicane ,  qui  enlevait  au  peuple 
la  nomination  des  évéques ,  pour  les 
placer  sous  la  dépendance  immédiate 
du  roi  ;  qui  fournissait  aux  papes  les 
moyens  de  faire  triompher  leur  doc- 
trine sur  l'infaillibilité ,  en  les  débar- 
rassant du  contrôle  des  conciles.  Une 
seule  disposition  pouvait  plaire  à  l'es- 
prit public ,  c'était  la  renonciation  du 
pape  à  ce  système  d'exactions  qui  avait 
causé  tant  de  troubles  ;  mais  la  con- 
cession des  annates  enlevait  une  par- 
tie de  sa  valeur  à  cette  sage  disposi- 
tion. De  toutes  parts  on  protesta  con- 
tre l'exécution  du  concordat  de  1516, 
et  le  parlement,  après  une  lutte  de 
deux  ans ,  ne  consentit  à  l'enregistrer 
qu'à  son  Corps  défendant.  Les  plain- 
tes ,  il  faut  en  convenir ,  n'étaient  pas 
toutes  également  justifiées  ;  ainsi  l'é- 
lection des  évéques  donnait  lieu  à  des 
intrigues  et  à  des  scandales  qui  appe- 
laient une  réforme   quelconque.    Le 

(*)  On  sait  que  le  pape  Léon  X  apparte- 
nait à  la  famille  des  Médicis. 


passage  suivait  de  BraAtôme  fera  m 
combien  le  mal  était  grabd  :  «  Lefù 
étoit ,  quand  ils  ne  se  pouvaient  ac- 
corder en  leurs  élections,  le  plussoa- 
vent  s'entre-battoient ,  se  gourmoient 
à  coups  de  poing ,  venoient  aux  bra- 
queraars  et  s'entre-blessoient ,  voire 
s'entre-tuoient...  Ils  élisoient  le  plus 
souvent  celui  qui  étoit  le  meilleur 
compagnon ,  qui  aimoit  le  plus  les 

g ,  qui  étoit  le  meilleur  biberon , 

bref ,  qui  étoit  le  plus  débauché.... 
D'autres  élisoient  par  pitié  quelqiK 
pauvre  hère  de  moine,  qui  en  cachette 
les  déroboit ,  ou  faisoit  bourse  à  part 
et  faisoit  mourir  de  faim  ses  ré- 
gieux....  Les  évesques  élevés  et  pane- 
nus  à  ces  grandes  dignités,  Dieaait 
quelles  vies  ils  menoient... ,  uDevie 
toute  dissolue  après  chiens,  oyseaoïi 
festes ,  banquets ,  confréries ,  noces'* 

dont  ils  en  faisoient  des  séraifc 

Ten  dirois  davantage,  maisjenewfl 
pas  scandaliser.  » 

Nous  croyons  rendre  un  service  am 
lecteurs  en  citant  ici  le  passage  cons- 
créa  cet  événement  dans  VEssaihiy 
torique  sur  la  puissance  tempom 
des  papes,  ouvrage  savant  publié  8«b 
l'empire  par  M.  Daunou  (*).  «fi* 
vain  Jules  n  avait  excommunié  lin» 
XII ,  et  l'avait  menacé  de  transfe» 
le  titre  de  roi  très-chrétien  à  ce  w 
d'Angleterre ,  Henri  VlII ,  qui  de""* 
le  mériter  si  mal  ;  en  vain  le  cmqoiè* 
concile  de  Latran  avait  publié  uoflf 
nitoire  contre  le  parlement  deW* 
et  tous  les  fauteurs  de  la  pragnutif 
sanction  (de  Charles  Vit),  en  leur* 
joignant  de  venir  à  Rome  pour  y  i* 
dre  compte  de  leur  conduite  ;  JuteB 
était  mort  sans  avoir  ébranlé  Dg 
XII.  Cet  excellent  prince  mourut» 
môme  au  moment  où  Léon  X  sefr 
posait  à  le  tromper  ;  et  la  couronne* 
France  appartint  à  François  I*'t  •jj 
Louis  XII  avait  dit  fort  souvent  ;•» 

gros  garçon  gâtera  tout.  » 
«  En  effet,  François  I*',  dans  une* 

(*)  Nous  avons  pris  cette  dtalion  J*J 
troisième  édition  qui  est  de  x8xi)P-.r 
et  suiv.  L'ouvrage  parut  pour  la  pf*** 
fois  eh  1S09; 


GON 


FRANCE. 


ۏll 


60f 


ftevue  avec  Léon  X,  à  Bologne,  con- 
sent à  faire  un  concordat ,  et  charge 
son  chancelier,  Antoine  Duprat,  de  le 
rédiger  avec  deux  cardinaux  nommés 
â  cet?  effet  par  le  pape.  Les  principales 
dispositions  de  ce  concordat  sont  cel- 
les qui  portent  qu'à  Tavenir  les  chapi- 
tres des  églises  cathédrales  et  mé- 
tropolitaines ne  procéderont  plus   à 
l'élection  des  évéques  ;  que  le  roi , 
dans  un  délai  de  six  mois,  à  compter 
du  jour  de  la  vacance ,  présentera  au 
pape  un  docteur  on  liceacié ,  âgé  de 
vingt-sept  ans   au   moins,  qui  sera 
pourvu  par  le  pape  de  l'évêché  vacant; 
que  si  le  présenté  n'a  pas  les  qualités 
requises,  le  roi  sera  tenu  d'en  propo- 
ser un  autre  dans  trois  mois ,  à  comp- 
ter du  jour  du  refus  ;  que  d'ailleurs  le 
pape,  sans  présentation  préalable  de  la 
part  du  roi ,  nommera  aux  évéchés  et 
archevêchés  qui  viendront  à  vaquer  en 
cour  de  Rome.  Il  faut  noter  qu'en  ac- 
cordant au.  roi  les  nominations,  le 
pape  se  réserve  les  annates  (*). 

a  François  V  va  lui-même  au  par- 
lement pour  y  faire  publier  le  concor- 
dat ,  et  le  chancelier  Duprat  expose 
les  motifs  qui  l'ont  dicté.  On  refuse 
d*enregistrer  ;  le  roi  s'irrite.  Le  par- 
lement proteste  entre  les  mains  de 
l'évêque  de  Langres ,  que  si  l'enregis- 
tl*ement  a  lieu,  ce  sera  par  contrainte, 
et  que  l'on  n'en  jugera  pas  moins  con- 
formément à  la  pragmatique.  On  en- 
registre enfin ,  mais  en  écrivant  sur  le 
repli  du  concordat,  qu'il  a  été  lu  et 
publié  du^très-exprès  commandement 
lu  roi ,  réitéré  plusieurs  fois. 

«  L'évêché  d'Alby  vint  à  vaquer  en 
[519;  le  chapitre  nomma  selon  la 
pragmatique,  et  le  roi  selon  le  concer- 
tât. Le  parlement  de  Paris ,  jugeant 
ntre  les  deux  pourvus ,  prononça  en 
aveur  de  celui  qu'avait  élu  le  chapitre 
'Alby.  En  1521 ,  un  évéque  de  Con- 
om,  élu  par  le  chapitre  de  cette  ville, 
it  également  maintenu  contre  celui 

(*)  Voici  y  à  ce  sujet,  la  réflexion  de 
fèzerai  :  «  On  ne  vit  jamais  d'échange  plus 
zarre  ;  le  pape,  qui  est  une  puissance  spi- 
tuelle  y  pnt  le  temporel  pour  lui ,  et  donna 

spirituel  à  un  prince  temporel.  » 


que  lé  roi  avait  nomhaé.  Toutes  leâ 
causes  de  cette  espèce  furent  jugées  de 
même  jusqu*après  la  prison  de  Fran- 
çois 1*' ,  et  auraient  continué  de  l'ê- 
tre, si  une  déclaration  du  6  septembre 
1529  n'eût  attribué  au  grand  conseil 
la  connaissance  de  tdus  les  procès  re- 
latifs aux  évêchés,  abbayes,  et  autres 
bénéfices  dont  la  nomination  avait  été 
accordée  au  roi  par  le  pape  Léon  X. 

«  Le  président  Hénault  rassemble 
tous  les  motifs  allégués  èh  faveur  Ad 
concordat ,  et  qui  peuvent  se  réduire 
aux  deux  suivants  :  l*'  les  rois,  en  fon- 
dant les  bénéfices,  et  en  recevant  l'É- 
glise dans  l'État,  ont  succédé  au  droit 
d'élire  qu'exerçaient  les  premiers  fidè- 
les ;  T  la  simonie ,  l'intrigue  ,  l'igno- 
rance ,  présidaient  aux  élections ,  et; 
donnaient  aux  diocèses  d'indignes  pas- 
teurs. Mais,  au  fond,  le^  nominations 
royales  n'étaient  point  l'article  qui  ex- 
citait le  plus  les  réclamations  du  par- 
lement ;  il  se  plaignait  surtout  des 
annates  et  de  la  bulle  de  Léon  X  con- 
tre la  pragmatique;  des  atmates,  que, 
depuis  saint  Louis  jusqu'à  Charles  vit, 
tous  les  rois  avaient  prohibées,  et  ^e* 
d'anciens  papes  avaient  déclarées  abu- 
sives et  simohiaqùes  ,  quand  elles 
étaient  exigées  par  les  empereurs  ;  de 
la  bulle  de  Léon  X ,  qui  traitait  de 
peste  publique,  de  constitution  impie, 
une  pragmatique  fondée  sur  les  dé- 
crets des  conciles  généraux ,  chérie  de 
la  nation  et  promulguée  pair  les  sou- 
verains. Cette  bulle  suspendait ,  ex- 
communiait, menaçait  de  la  t)erte  des 
possessions  temporelles,  soit  ecclésias- 
tiques ,  soit  même  civiles ,  les  prélats 
français  et  jusqu'aux  seigneurs  laïques 
qui  redemanderaient  ou  regretteraient 
fa  pragmatique  sanction  de  Charles  Vil. 
Enfin  l'on  avait  osé  citet* ,  dans  cette 
même  bulle  de  Léon  X,  la  bullé  Unam 
sanctom  de  Boniface  VIII ,  où  le  droit 
d'abattre  les  trônes^  de  ravir  et  décer- 
ner les  couronnes,  est  attribué  au  pon^ 
tife  romain.  Voilà  ce  qui  provoquait  la 
résistance  du  parlement  ;  et  l'on  doit 
convenir,  ce  semble,  qu'elle  n'était  ni 
déraisonnable,  ni  contraire  aux  inté- 
rêts de  la  monarchie.  S'il  ne  s'était 
agi  que  de  substituer  au  droit  de  con- 


IM 


cas 


L'UNIVERS. 


GON 


flmier  les  élections ,  acquis  depuis 
longtemps  au  monarque ,  celui  de  les 
faire  lui-même,  nous  avons  lieu  de 
nenser  que  l'enregistrement  eût  souf* 
tert  beaucoup  moins  de  difficultés.  » 

Du  reste,  et  M.  Daunou  en  con- 
vient lui-même,  Tarticle  qui  attribuait 
au  roi  Félection  des  évéques  et  des  ab- 
bés n'eut  pas  les  résultats  qu'on  s'en 
promettait.  Cefte  innovation  avait  été 
conçue  dans  le  double  but  d'augmen- 
ty  Taction  centralisatrice,  du  pouvoir 
monarchique ,  et  de  mettre  des  bornes 
à  l'influence  de  la  cour  de  Rome  sur 
le  clergé  français.  Malheureusement 
les  divisions  religieuses  que  suscita 
bientôt  Tavénement  du  protestantisme 
eurent  un  effet  tout  opposé  :  le  clergé 
catholique  rechercha  l'appui  du  pape 
contre  les  envahissements  de  l'auto- 
rité royale  ;  et  les  attaques  des  calvi* 
nistes  lui  faisant  ajouter  encore  plus 
de  prix  à  cette  alliance,  il  cessa  peu  à 
peu  d'être  gallican  pour  devenir  ultra- 
montain.  On  en  vit  la  preuve  à  l'épo- 
que néfaste  de  la  Saint'Barthélemy  et 
pendant  les  fureurs  de  la  ligue. 

«  Les  dissensions  qui  déchiraient 
alors  la .  France ,  dit  M.  Daunou , 
avaient  sans  doute  diverses  causes , 
mais  parmi  lesquelles  on  n'a  point  as- 
sez remarqué  Tabolitiou  de  la  prag- 
matique et  l'établissement  du  concor- 
dat. D'un  côté,  un  si  funeste  change- 
ment dans  la  discipline,  en  aigrissant 
les  esprits,  les  avait  disposés  à  recevoir 
les  nouvelles  opinions  dogmatiques 
réprouvées  par  la  cour  de  Rome  ;  de 
l'autre,  les  maximes  ultramontaines 
que  le  concordat  avait  introduites, 
que  Catherine  de.  Médicis  avait  propa- 
gées ,  inspiraient  des  sentiments  d'm- 
tolérance  à  ceux  qui  restaient  dans  la 
communion  du  saint-siége  :  la  prag- 
matique eût  préservé  la  France  et  de 
l'hérésie  et  du  zèle  persécuteur.  Sous 
l'empire  du  concordat ,  ces  deux  ger- 
mes de  discorde,  fécondés  l'un  par 
l'autre,  ont  enveloppé  de  leurs  horri- 
bles fruits  les  règnes  de  Charles  IX  et 
de  Henri  III.  Les  nouveaux  intérêts 
que  le  concordat  donnait  au, clergé  de 
France ,  le  dévouèrent  à  la  cour  ro- 
maine et  affaiblirent  de  plus  en  plus 


les  liens  par  lesquels  il  devait  tenir  i 
l'État.  » 

Il  est  très-{)robable  que,  si  la  pra^ 
matique  sanction  de  Charles  VII  nV 
vait  pas  été  révoquée ,  la  France  an- 
rait  beaucoup  moins  eu  à  souffrir  da 
guerres  de  religion.  Le  clergé  gallica . 
aurait  même  pu,  au  besoin,  interTeoir 
comme  puissance  modératrice,  entre 
la  papauté  et  les  protestants.  Mais,! 
l'époque  où  François  P'  fit  son  oofr 
cordât  avec  Léon  X ,  qui  pouvait  pré* 
voir  la  tempête  dont  était  menacée  b 
chrétienté  ?  Et  puis ,  si  la  peinturede 
Brantôme  est  aussi  exacte  Qu'origi* 
nale,  les  mœurs  du  clergé  gallican  ne 
lui  auraient  peut-être  pas  permis  de 
jouer  un  aussi  beau  rôle.  La  réTOO* 
tion  des  pragmatiques  n'en  est  pie 
moins  un  tait  malheureux ,  parce  qiiei 
à  défaut  du  clergé,  les  légistes,  appojéi 
sur  ces  deux  lois  et  dirigés  par  le  yo" 
tueux  l'Hôpital,  auraient  pu  jeter  m 
peu  de  baume  sur  les  plaies  de  b 
France.  Les  reproches  adressés  pei 
M.  Daunou  au  concordat  de  1516  ra- 
tent donc  dans  toute  leur  vigaeor; 
mais  on  regrette  qu'il  n'ait  pasatta^ 
avec  le  même  courage  la  dispositMi 
qui  sacrifiait  les  conciles  au  pape.  C^ 
tait  cependant  celle  qui  méritait  le 
plus  d'attention,  nuisgu'elle  portait* 
coup  mortel  à  nnstitution  mémedi 
christianisme ,  en  permettant  à  la  pi* 
pauté  de  réaliser  le  plus  grand  attea* 
tat  qu'jelle  ait  jamais  médité  :  la  «f; 
pression  des  conciles  généraux,  9| 
sont  l'un  des  éléments  essentiels  s 
inviolables  de  notre  société  religieoi^ 
Cette  disposition  n'était  pas  plus  tt* 
tionale  que  les  autres ,  car  la  Fi** 
avait  toujours  défendu  les  oonciltf« 
dont  l'autorité,  réunie  à  celle  du  0i 
possédait  seule,  à  ses  yeux,  les  cirsO' 
tères  de  l'infaillibilité  humaine,  lif 
cet  oubli  se  conçoit  jusqu'à  un  oee^ 
point  :  le  livre  de  M.  Daunoa  tu* 
particulièrement  de  la  puissance  tg 
porelle  des  papes  ;  et  puis  il  écRw 
sous  le  règne  et  un  peu  sous  la  diev 
d'un  homme  qui  n'aimait  pas  plu*" 

f;randes  assemblées  en  matière  dei** 
igion  qu'en  matière  politique. 
D'après  ce  qui  précède ,  on  10^ 


j 


CON 


FRANCE. 


CO^ 


509 


porté  à  considérer  le  concordat  de  1516 
comme  une  conception  détestable,  et 
de  nature  à  donner  une  bien  petite 
idée  du  génie  de  François  V,  Ce  se- 
rait aller  beaucoup  trop  loin ,  suivant 
nous  ;  et ,  pour  1  apprécier  à  sa  juste 
valeur,  il  est  nécessaire  de  se  rappeler 
les  circonstances  qui  raccompagnèrent 
et  le  but  dans  lequel  il  fut  signé.  Ce 
but  était  surtout,  et  on  peut  même  dire 
exclusivement  politique.  A  ce  point  de 
vue,  le  concordat  de  1516,  quoique 
suivi  de  résultats  assez  médiocres,  ap- 
paraît comme  une  conception  qui  pou- 
vait avoir   deâ  conséquences   d  une 
grande  portée ,  dans  Tordre  matériel. 
Pour  être  mieux  compris,  disons 
d'abord  un  mot  de  la  politique  du  sei- 
zième siècle,  cette  époque  si  brillante, 
mais  si  agitée,  où  une  carrière  im- 
mense était  ouverte  à  l'ambition  de 
tant  de  princes.  La  plupart  des  grands 
peuples  dont  se  compose  la  république 
européenne,  étaient  enfin  parvenus, 
sous  la  protection  du  gouvernement 
monarchique,  à  jeter  les  bases  de  leur 
puissance  nationale. 

Le  moyen  âge  avait  péri  sans  retour, 
avec  sa  féodalitjé  et  la  double  dictature 
de  ses  papes  et  de  ses  empereurs.  Sur 
les  ruines  de  la  monarchie  carlovin- 
gienne  et  de  la  monarchie  sacerdotale 
qui  l'avait  remplacée,  s'étaient  élevées 
une  foule  de  puissances  indépendan- 
tes ,  reconnaissant  le  pape  pour  chef 
de  l'Église  chrétienne,  mais  ne  voulant 
pas  plus  relever  de  lui  que  de  l'empe- 
reur d'Allemagne  ;  fières ,  en  un  mot , 
de  leur  souveraineté.  Telles  étaient 
surtout  la  France,  l'Angleterre  et 
['£spagne ,  qui  avait  purgé  son  sol  de 
a  présence  des  Mahométans.  L'empire 
l'Allemagne ,  formé  de  plusieurs  peu- 
ples momentanément  associés  plutôt 
|ue  fondus  ensemble ,  avait  perdu  son 
incienne  prépondérance  et  ne  figurait 
ilus  qu'au  même  titre  que  les  autres 
lations.  L'ère  moderne  avait  com- 
uencé.  Mais  il  s'en  fallait  encore  de 
«aucoup  que  le  monde  européen  eût 
rouvé  les  bases  de  son  organisation 
Liture  ;  loin  d'être  d'accord,  les  nations 
laissantes,  ou,  pour  mieux  dire,  les 
•rinces  qui  les  gouvernaient,  étaient 


animés  de  sentiments  de  défiance  et 
nourrissaient  des  arrière-pensées  de 
convoitise.  Au  sortir  du  chaos  ,  tout 
se  trouvait  encore  en  suspens.  Allait- 
on  à  un  nouvel  ordre  de  choses ,  où 
l'on  verrait  un  grand  nombre  de  na- 
tions florissant  en  même  temps  sur  le 
sol  de  l'Europe ,  et  vivant  entre  elles 
sur  le  pied  de  l'égalité?  Retournait-on 
à  l'unité  de  la  conquête ,  comme  à  l'é- 
poque  de    l'ancien   monde   romain? 
Voilà  ce  qu'on  ignorait.  Dans  le  doute, 
presque  tous  les  princes  inclinèrent 
pour  la  conquête,*  qui  avait  l'avantage 
de  flatter  leurs  passions ,  et  qui  leur 
offrait  la  perspective  de  placer  leur 
nom  dans  l'histoire,  à  côté  de  ceux  de 
Charlemagne,  d'Alexandre  et  de  César, 
sans  compter  le  malin  plaisir  d'humi- 
lier des  rivaux.  Les.  idées  de  puissance 
et  de  civilisation  mondaine  qui  domir 
naient  alors ,  l'antiquité  grecque  et 
romaine    renaissant  dans   les  livres 
des  savants  de  l'époque ,  le  paganisme 
se  réveillant  plus  beau  que  jamais  aprè$ 
un  long  sommeil ,  les  sentiments  d'u- 
nité matérielle  qu'avait  entretenus  le 
souvenir  de  Charlemagne,  et  qui, ne 
s'étaient  jamais  effacés,  même  au  sein 
du  moyen  âge,  un  immense  désir 
^'aventures ,  dernier  reste  des  temps 
de  la  chevalerie,  tout  se  réunissait 
pour  exciter  les  aiïibitieux  à  des  entre- 
prises audacieuses.  La  papauté  elle- 
même,  oubliant  ce  qui  s'était  passé 
depuis  le  douzième  et  le  treizième  siè- 
cle, et  abusée  par  le  développement 
qu'avait  pris  sa  '^puissance  séculière , 
rêvait  de  nouveau  la  monarchie  uni- 
verselle à  son  profit.  Les  papes  du  sei- 
zième siècle  ont  cela  de  particulier, 
qu'ils  furent  des  princes  politiques 
beaucoup  plus  gue  des  pontifes  ;  im- 
prudents, qui  s'imaginèrent  que  la  di- 
plomatie, même  aidée  du  machiavé- 
lisme ,  pourrait  être  utile  au  dévelop- 
pement d'une  puissance  toute  morale. 
La  reconstruction  de  l'empire  romain, 
tel  fut  le  mobile  des  actions  de  la  plu- 
part des  souverains  de  cette  époque , 
principalement  à  Rome ,  en  France  et 
en  Espagne.  La  monarchie  universelle 
né  fut  pas  seulement  l'utopie  de  Fran- 
çois I"  et  de  Charles-Quint  ;  elle  fut 


(10 


^mx 


L'UiaVERS. 


COK 


9U8si  le  rêve  des  Jules  n,  des  Léon  X, 
et  des  Sixte-Ûuint,  car,  au  seizième 
Cfiècle,  tout ,  oepuis  la  civilisation  jus- 
qu'au christianisme,  tendait  à  se  ma- 
térialiser; et  les  esprits  ne  s'étaient 
pas  encore  élevés  à  la  conception  de 
l'équilibre  qui  devait  servir  de  base  à 
la  politique  moderne. 

Pour  arriver  à  la  monarchie  univer- 
selle, il  fallait  d'abord  être  prépondé- 
rant. Or,  en  1516,  la  prépondérance 
appartenait  évidemment  à  François  P**, 
àont  le  règne  s'était  annoncé  sous  de 
si  brillants  auspices#  Il  venait  de  ga- 
ffner  la  bataille  de  Marignan  ;  le  nord 
de  l'Italie  subissait  déjà  sa  loi ,  et  il 
méditait  de  nouvelles  conquêtes  sur 
cette  belle  terre,  qui  fut  si  longtemps 
le  centre  du  monde  occidental.  Le 
hasard  de  la  naissance  n'avait  pas  en- 
core réuni  la  couronne  d'Autriche  et 
la  couronne  d'Espagne  sur  la  tête  de 
ce  Charles-Quint ,  oestiné ,  en  outre , 
à  devenir  empereur  d'Allemagne  ;  l'ar- 
chiduc Chartes    n'était  alors  qu'un 
jeune  prince  qui  recherchait  l'amitié 
du  roi  de  France ,  objet  de  son  admi^ 
ration,  de  son  envie,  peut-être.  Fran- 
çois X'*'  n'était  pas  sans  entrevoir  le 
'  jour  où  il  se  présenterait  pour  lui  une 
occasion  de  mettre  la  main  sur  le 
sceptre  impérial.  Dans  tous  les  cas,  il 
avait  besom  de  se  ménager  l'amitié 
du  pape  pour  conijuérir  l'Italie  et  pour 
consolider  sa  prépondérance  sur  les 
autres  nations.  Maître  du  Milanais,  ne 
prévoyant  pas  que  bientôt  l'Espagne 
Je  supplanterait  dans  la  péninsule  ita- 
lienne, il  ne  voyait  aucun  danger  à 
faire  quelques  concessions  à  la  cour  de 
Home.  Ces  concessions  même  avaient 
un  moyen  de  l'attacher  à  sa  propre 
cause;  quitte  à  rompre  avec  elle,  quand 
le  moment  serait  venu  de  se  partager 
les  dépouilles  des  autres  peuples.  En 
attendant,  il  consentit  à  un  premier 
partage  dpnt  les  libertés  de  l'Église 
gallicane  firent  tous  les  frais.  La  ques- 
tion ainsi  posée,  on  doit  convenir 
qu'il  ne  conclut  pas  un  trop  mauvais 
marché.  Cessant  de  contester  au  pape 
une  infaillibilité  problématiqift  qu'il 
espérait  d'ailleurs  faire  servir  à  ses 
desseins,  il  ^cbc^ta,  pa?  quelques  con- 


cessions fiscales,  la  faculté  de  nommer 
lui-même  les  évoques  et  les  abbés  de 
son  royaume  ;' faculté  précieuse,  qui  le 
rapprochait  de  cette  puissance  absoioe 
dont  ne  saurait  se  passer  un  prince 
qui  a  des  arrière-pensées  de  conquête 
Voilà  très-probablement  dans  quel  es- 
prit fut  conçu  le  concordat  de  1516. 
Par  malheur,  ces  prévisions  flat 
teuses  ne  se  réalisèrent  pas  ;  la  for 
tune ,  après  avoir  souri  à  ses  débuts 
se  tourna  brusguement  contre  lui ,  et 
prodigua  ses  faveurs  à  cet  arcbidoc 
Charles ,  qui  eut  le  mérite  d'en  profi- 
ter. Alors  le  jeune  prince  franMisent 
la  douleur  de  le  voir  passer  à  Cnaries* 
Puint  le  rôle  qu'il  avait  ambitionné; 
il  sentit  revivre  en  lui  ce  Charlemagne, 
cet  Alexandre  et  ce  César ,  qu'il  a^ 
Voulu  prendre  pour  modèles.  AloRi 
ses  projets  ayant  échoué,  les  sacrifices 
auxquels  il  avait  souscrit  dans  le  con- 
cordat se  tournèrent  contre  lui,  etb 
France,  privée  des  compensations  qu'A 
avait  rêvées  pour  elle ,  ne  recueillit dt 
cet  acte  rien  autre  chose  que  la  perte 
des  libertés  de  son  Église. 

Mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  qat, 
dans  l'ordre  politique,  le  concordat  de 
1516  était  une  innovation  profonde. 
Comment  en  douter,  lorsqu'on  voit 
Charles-Quint  lui-même  se  substitos 
à  François  I*%  en  suivant  une  poUfr 
que  analogue  à   celle  du  monarp 
français  ;  politique  de  concessions  en- 
vers le  saint-siége  ,  parce  que ,  Rotf 
étant  le  siège  de  la  puissance  (noté, 
il  fallait  obtenir  sa  sanction  pourcoB* 
solider  les  fruits  de  la  victoire  et  de 
la  conquête?  Outre  la  satisfaction dV 
voir  sauvée  la  France  du  démembit' 
ment  qui  la  menaçait,  ce  qui  dut  encori 
consoler  les  mânes  de  François  Tt 
c'est  que  Charles-Qu\nt ,  malgré  n* 
série  de  brillants  succès,  ne  fut  eo  dé- 
finitive guère  plus  heureux  que  ni' 
Une  fois  prépondérant,  Charlcs-Q»*' 
pe  put  jamais  franchir  l'abîme  qu^ 
pare  la  monarchie  universelle  de  f 
prépondérance  politique  ;  ^^  i  V^f 
avoir  poursuivi  inutilement  un  v* 
tome  insaisissable,  il  se  vit  forcédei^ 
connaître  que  ce  qu'il  avait  de  pj* 
grand  à  £sure ,  c'était  d'abdiqua.  ^ 


i»^ 


FHÀNOE, 


^V 


M^ 


papauté  TQDlsjit  \i\en  accepter  ]6  rôle 
d'auxiliaire,  mais  elle  dédaignait  cielui 
d'instrument ,  et  elle  ne  manquait  pc|S 
qe  moyeps  pour  s'y  soustraire.  En  op- 
posant au  monarque  espagnol  tantôt 
J'Angieterre,  tantôt  la  France,  elle 
préludait  à  ce  système  d'équilibre  qui 
était  destiné  à  remplacer  le  système 
brutal  de  la  conquête,  essayant  ses  der- 
nières armes  avant  d'expirer  pour  tou- 
jours. 

Ainsi  donc,  au  point  de  vue  politi- 
que, un  des  principaux  caractères  du 
concordat  de  François  I^',  c'est  de 
marquer  l'époque  où  la  France  du  sei- 
.  zième  siècle,  pleine  de  confiance  dans 
sa  vigueur  monarchique ,  songea  un 
moment  à  reconstruire  l'ancien  en^- 

Î)ire  de  Charlemagne,  et  à  étendre  SMr 
'Europe  une  domination  semblable  à 
celle  que  Rome  exerça  dans  l'antiquité. 
Mais  cet  écart  d'ambition  ,  comme 
tant  d'autres  bien  plus  brillants,  a 
porté  malheur  à  notre  pays  ;  et  l'exem- 
ple de  François  P',  de  Louis  XIV  et 
de  Napoléon' est  là  pour  prouver  que 
Je  secret  de  sa  puissance  réside  dans 
son  esprit  civilisateur  bien  plus  encore 
que  dans  la  force  de  ses  armes. 

—  Le  concordat  de^Japoléon,  analo- 
gue à  celui  de  François  I*"'  sous  plus 
d'un  rapport ,  en  diuère  beaucoup  ce- 
pendant ,  par  suite  des  circonstances 
tout  exceptionnelles  qui  lui  ont  donné 
naissance.  Une  brouille  passagère,  un 
simple  conflit  d'autorité  avait  précédé 
le  concordat  de  1516  ;  le  concordat  de 
iSOX  vint  mettre  un  terme  à  un  di- 
vorce de  presque  dix  années.  U  rendit 
a  la  France  le  haut  rang  qu'elle  avait 
toujours  occupé  dans  la  communion 
chrétienne ,  d'oii  elle  n'était  sortie  que 
par  un  malentendu  déplorable.  Voilà 
pourquoi  il  fut  accueilli  par  des  trans- 
ports d'allégresse,  et  reçu,  pour  ainsi 
dire,  comme  un  présent  du  ciel.  De- 
puis longtemps,  la  France  était  lasse 
d'une  séparation  qui  semblait  l'avoir 
mise  au  ban  des  nations  chrétiennes, 
et  pendant  laquelle  tant  d'orages  l'a- 
vaient assaillie  et  mise  plusieurs  fois  à 
jeux  doigts  de  sa  peite ,  comme  si 
Dieu  avait  voulu  la  punir  d'avoir  un 
lostant  séparé  sa  cause  de  celle  du 


christianisme.  Le  divorce  était  plqs 
apparent  que  réel  ;  car  les  dpctrmes 
des  révolutionnaires  reflétaient  l'esprit 
sublime  de  l'Évangile  bien  plus  que 
les  doctrines  de  la  coalition  ;  maiis  en- 
fin le  divorce  existait.  Tout  ce  qui  de- 
vait le  faire  cesser  parut  un  bien ,  et, 
lorsqu'on  en  eut  la  nouvelle ,  le  con- 
cordat de  1801  reçut  autant  d'éloges 
que  celui  de  1516  avait  soulevé  de  pro-^ 
testations«  Jamais  aete  n'eut  mieqx 
l'apparence  d'une  récpnciliation  ;  la 

joie  de  l'Église  n'était  pas  moindre; 
elle  ouvrait  les  bras  avec  un  bonheur 
tout  maternel ,  pour  recevoir  l'enfant 

.  prodigue  rentrant  enfin  à  la  maison. 
Malheureusement,  cette  réconcilia- 
tion ,  toute  sincère  qu'elle  fût  de  la 
part  du  peuple  français ,  n'eut  pas  les 
neureuses  ^  conséquences  qu'on  s'en 
était  promises  :  les  esprits  éclairés  , 
qui  s'attendaient  à  voir  le  cbristia> 
nisme ,  retrempé  par  le  contact  de  la 

*  révolution ,  s'élancer  dans  une  nou- 
velle ère  de  jeunesse  et  de  progrès , 
furent  bientôt  cruellement  détrom- 
pés.. Le  même  désenchantement  ne 
tarda  pas  à  s'emparer  de  ceux  qui , 
moins  préoccupés  du  perfectionnement 
de  rinstitution  chrétienne  ,  avaient 
borné  leurs  espérances  à  voir  l'union 
régner  désormais  entre  le  pape  et  le 
chef  politique  du  gouvernement  fran- 
çais. L'ancienne  querelle,  un  moment 
assoupie,  se  réveilla  tout  à  coup,  non 
moins  violente  ,  quoique  sous  une 
forme  diplomatique.  Il  n'y  eut  rien  de 
changé,  si  ce  n'est  que  le  dissenti- 
ment fut  moins  grandiose;  au  lieu 
d'être  général  comme  auparavant,  il 
devint  individuel.  Ce  ne  fut  plus  la 
lutte  d'un  grand  peuple  parlant  au 
nom  du  progrès  et  de  la  grande  Église 
répondant  au  nom  du  passé,  ce  fut  la 
lutte  de  deux  individus  :  le  pape  et 
l'empereur  ;  on  aurait  dit  que  le  moyen 
âge  allait  recommencer.  Ce  qui  est 
certain,  c'est  qu'il  y  avait  dans  l'un 
des  deux  concurrents  l'étoffe  d'un 
Charlemagne,  et  que  le  pontife  romain, 
quelque  loin  qu'il  fût  de  ressembler  aux 
Grégoire  VII  ou  aux  Innocent  III, 
avait,  pour  appuyer  sa  résistance,  des 
auxiliaires  qui  ne  manquaient  pas  d« 


613 


CON 


L'UNIVERS. 


€0N 


ressources.  On  sait  comment  se  ter- 
mina cette  malheareuse  division  ;  mais 
on  ne  connaît  pas  aussi  bien  les  cau- 
ses qui  Tengenarèrent. 

Faisons  orabord  une  courte  analyse 
des  principales  dispositions  de  ce  con- 
cordat célèbre,  conclu,  le  15  juillet 
1801 ,  entre  le  premier  consul  de  la  ré- 
publique française  et  le  pape  Pie  VU. 
Les  ratifications  en  furent  échangées 
le  23  fructidor  an  ix  (10  septembre 
1801  )  ;  mais  il  ne  fut  mis  à  exécution 
qu'au  mois  d'avril  1802.  Le  préambule 
en  est  concis,  et  mérite  d'être  cité  : 

«  Le  gouvernement  de  la  république 
française  reconnaît  que  la  religion  ca- 
tholique ,  apostolique  et  romaine ,  est 
la  religion  de  la  grande  majorité  des 
citoyens  français. 

«  Sa  Sainteté  reconnaît  également 
que  cette  religion  a  retiré  et  attend 
encore  en  ce  moment  le  plus  grand 
bien  et  le  plus  grand  éclat  de  réta- 
blissement du  culte  catholique  en 
France ,  et  de  la  profession  particu- 
lière qu'en  font  les  consuls  de  la  répu- 
blique. 

«  En  conséquence ,  d'après  cette  re- 
connaissance mutuelle ,  tant  pour  le 
bien  de  la  religion  gue  pour  le  main- 
tien de  la  tranquillité  intérieure ,  ils 
sont  convenus  de  ce  qui  suit  : 

Art.  1er.  La  religion  catholique , 
apostolique  et  romaine,  sera  librement 
exercée  en  France.  Son  culte  sera  pu- 
blic, en  se  conformant  aux  règlements 
de  police  que  le  gouvernement  jugera 
nécessaires  pour  la  tranquillité  publi- 
que. » 

En  vertu  des  articles  4  et  5 ,  les  no- 
minations aux  évéchés  devaient  être 
faites  par  le  premier  consul ,  et  Tins- 
titution  canonique  devait  être  donnée 
par  le  saint-si^e,  suivant  les  formes 
établies  par  rapport  à  la  France  avant 
le  changement  de  gouvernement ,  en 
d'autres  termes ,  avant  la  révolution. 
L'article  6  imposait  aux  évéques  l'obli- 
gation de  prêter  directement  entre  les 
mains  du  premier  consul  le  serment 
de  fidélité  qui  était  en  usage  avant  le 
changement  de  gouvernement ,  ser- 
ment exprimé  en  ces  termes  :  «  Je  jure 
ft  et  promets  à  Dieu ,  sur  ces  saints 


«  Évangiles ,  de  garder  obéissanoe  et 
«  fidélité  au  gouvernement  établi  fv 
«  la  constUt^on  de  la  réftmpt 
«  française.  Je-promets  aussi  de  nV 
«  voir  aucune  intelligence ,  de  n'asû- 
«  ter  à  aucun  conseil,  de  n'entretenir 
«  aucune  ligue,  soit  au  dedans,  soit  au 
«  dehors ,  qui  soit  contraire  à  iatran- 
«  quillité  publique  ;  et  si ,  dans  mon 
«  aiocèse  ou  ailleurs ,  j'apprends  qQli 
«  se  trame  quelque  chose  au  préjudice 
«  de  l'État ,  je  le  ferai  savoir  au  çoo- 
«  vernement.  »  L'article  10  conférait 
aux  évêques  le  droit  de  nommer  les 
curés ,  sous  la  réserve  que  les  minis- 
tres de  leur  choix  seraient  agréés  par 
le  gouvernement.  L'article  13  mettait 
lesi)iens  nationaux  à  couvert  eootn 
toute  répétition  ultérieure;  il  était 
conçu  en  ces  termes  :  «  Sa  Sainteté, 
«  pour  le  bien  de  la  paix  et  rheaiw 
«  rétablissement  de  la  religion  catlKh 
«lique,  déclare  que  ni  elle,  ni  sa 
«  successeurs  ne  troubleront  en  an* 
«  cune  manière  les  acquéreurs  da 
«  biens  ecclésiastiques  aliénés,  et  qa'eo 
«  conséquence  ,  la  propriété  de  ee( 
«  mêmes  biens ,  les  droits  et  mwa 
«  y  attachés,  demeureront  incommota* 
«  blés  entre  leurs  mains  ou  celles  de 
«  leurs  ayants  cause.  » 

Comme  on  le  voit,  le  concordat  de 
1801 ,  aussi  bien  que  celui  de  ih% 
avait  été  conçu  par  le  gouvemcnwt 
français  dans  un  but  politique  bean- 
coup  plus  que  dans  un  but  rëï^ 
Le  premier  consul,  en  proie  aux  rév0 
d'avenir  les  plus  ambitieux ,  ne  voyait 
dans  la  religion  qu'un  moyen  de  goa* 
vernement  comme  un  autre,  unpa 
plus  élevé ,  il  est  vrai ,  mais  d'autant 
plus  utile  qu'il  était  plus  vénérable. 
Et  l'entraînement  de  la  France  versk 
christianisme,  et  l'entraînement  de  h 
papauté  vers  une  réconciliation  vtt 
le  peuple  très-chrétien  ,  il  e^^ 
tout  à  son  profit.  Par  les  curés,  ii^ 
pérait  dominer  les  fidèles  ;  par  leséif 
ques ,  qu'il  transformait  en  ofiiôcn 

Ï)ublies,  il  dominait  les  curés  ;tooie 
a  communion  chrétienne,  enrégioKf 
tée  comme  une  armée,  devait  recette 
des  évêques  les  ordres  supérieurs  dPy 
général  en  chef,  et  ce  général  en  dni 


GON 


FRANCE. 


€0N 


51S 


c'était  lui-même.  Sous  prétexte  de  pré- 
venir les  envahissements  de  la  cour 
de  Rome,  qui  alors  étaient  fort  peu  à 
craindre ,  il  avait  ainsi  placé  le  clergé 
sous  sa  domination  personnelle.  Dans 
son  ambition  dévorante,  il  ne  deman- 
dait rien  autre  chose  au  christianisme 
que  de  lui  servir  d'abord  de  marche- 
pied pour  monter  jusqu'au  trône ,  et 
.  ensuite  de  bouclier  pour  s'y  défendre 
et  s'y  maintenir.  La  suite  des  événe- 
ments ne  permit  guère  d*en  douter  ; 
mais  ce  qui  prouve  que  telle  était  déjà 
sa  pensée,  c'est  le  texte  de  l'article  13 
du  concordat:  «  Sa  Sainteté  reconnaît, 
«  dans  le  premier  consul  de  la  républi- 
«  que  française ,  les  mêmes  droits  et 
«  prérogatives  dont  jouissait  tancien 
'«  gouvernement.  »  Avec  quel  art   il 
saisissait  une  si  belle  occasion  de  pré- 
parer les  esprits  au  rétablissement  de 
l'ancien  gouvernement,  en  assimilant 
ses  prérogatives  à  celles  des  descen- 
dants de  de  saint  Louis  !  C'était  d'au- 
tant plus  habile ,  qu'en  apparence  ces 
paroles  avaient  seulement  pour  objet 
de  garantir  l'indépendance  au  pays. 

Bu  reste ,  il  faut  rendre  cette  jus- 
tice au  premier  consul,  que  s'il  ne  s'é- 
tait pas  oublié  lui-même  dans  le  con- 
cordat ,  il  y  avait  également  pris  soin 
des  intérêts  de  la  France.  Non-seule- 
ment les  acquéreurs  de  biens  natio- 
naux avaient  obtenu  un  gage  de  sécu- 
rité ,  mais  les  articles  organiques 
ajoutés  au  corps  du  traité  garantis- 
saient la  liberté  des  cultes ,  faisaient 
une  large  part  à  l'esprit  de  tolérance , 
et  sanctionnaient  la  plupart  des  chan- 
gements utiles  introduits  par  l'Assem- 
Dlée  constituante.  Ils  prévoyaient  les 
tentatives  que  pourrait  faire  le  clergé 
[)our  s'empar^^r  de  nouveau  des  regis- 
;res  de  l'état  civil ,  et  s'y  opposaient 
brmellement.  Ils  confirmaient  les  lois 
[ui  avaient  supprimé  les  ordres  mo- 
lastiques  ;  ils  maintenaient  le  prin- 
Ipe  de  la  rétribution  du  clergé  par 
État ,  et  assignaient  un  traitement  de 
5.000 fr.  aux  archevêques,  de  10,000 
ux  évéques,  de  1,500  aux  curés  de 
remière  classe,  et  de  1,200  aux  curés 
e  seconde  classe. 
Cette  analyse  serait  incomplète ,  si 


nous  ne  citions  pas  quelques  autres 
dispositions  des  articles  organiques. 
Conformément  à  l'article  2  du  concor- 
dat, stipulant  qu'il  serait  fait  par  le 
saint-siége,  de  concert  avec  le  gouver- 
nement ,  une  nouvelle  circonscription 
des  diocèses  français ,  le  nombre  des 
archevêchés  ou  métropoles  fut  fixé  à 
dix,  celui  des  évêchés  à  cinquante  (yoy. 
Abghevéghés)  ,  et  il  dut  y  avoir  au 
moins  une  paroisse  dans  chaque  jus- 
tice de  paix.  L'article  11  portait  que 
les  archevêques  et  évêques  pourraient, 
avec  l'autorisation  du  gouvernement, 
établir  dans  leurs  diocèses  des  chapi- 
tres cathédraux  et  des  séminaires, 
mais  que  tout  autre  établissement  se- 
rait supprimé.  L'administration  du 
culte  protestant  était  réglée  par  des 
dispositions  à  part,  portant  également 
le  titre  d'articles  organiques. 

Malgré  tout  ce  qu'il  renfermait  de 
bon ,  le  concordat  de  1801  reposait 
sur  les  bases  les  plus  fragiles.  Son 
principal  vice  était  d'attenter  à  l'indé- 
pendance morale  du  clergé.  Pour  s'en 
convaincre,  il  suffit  de  lire  le  titre  1*' 
des  articles  organiques.  Il  y  était  dit 
que  les  décrets  des  synodes  étrangers, 
mênje  ceux  des  conciles  généraux ,  ne 
pourraient  être  publiés  en  France  avant 
que  le  gouvernement  en  eût  examiné 
la  forme ,  leur  conformité  avec  les  ' 
lois,  droits  et  franchises  de  la  républi- 
que française ,  et  tout  ce  qui ,  dans 
leur  publication-,  pourrait  altérer  ou 
intéresser  la  tranquillité  publique. 
Ainsi  ce  n'était  plus  l'Église  gallicane, 
représentée  par  un  concile  national , 
qui,  d'accord  avec  le  gouvernement, 
était  juge  dans  les  matières  religieu- 
ses, c'était  le  gouvernement  lui-même. 
François  P'  et  Louis  XIV  n'avaient 
pas  osé  aller  si  loin  ;  ils  avaient  res- 
pecté, au  moins  en  principe,  les  droits 
des  conciles  nationaux.  L'Église  se 
trouvait  réduite  au  rôle  de  simple  ins- 
trument. 

Aussi ,  qu'arriva-t-il  ?  Tant  que  Na- 
poléon fut  le  plus  fort,  le  clergé  rongea 
son  frein  ;  mais  il  se  redressa  aussitôt 
que  la  fortune  parut  devoir  changer. 
Les  archevêques  et  les  évêques  firent 
un  peu  comme  les  maréchaux  de  l'em- 


T.  Y.  33*  livraison,  (Digt.  bngygl.,  btg.) 


33 


S14 


CÙH 


rUTÏIVERS. 


CM 


Etre  :  ils  touraèrent  contre  lé  mattr« 
s  armes  qu'il  ne  leur  avait  données 
que  pour  le  défendre.  Convoqués  en 
concile  national,  Tannée  1811,  ils  re- 
fusèrent d'obéir  h  ses  ordres,  quand  il 
voulut  leur  faire  déclarer  que  l'insti- 
tution canonique  n'était  pas  absolu- 
ment nécessaire.  De  son  côté,  le  pape 
opposait  à  ses  prétentions  une  résis- 
tance qui  l'irritait  encore  davantage. 
Dès  lors,  il  arriva  le  contraire  de  ce 
qu'il  avait  espéré  :  loin  de  servir  à 
1  accomplissement  de  ses  projets ,  1a 
religion  devint  pour  lui  un  embarras 
formidable  qui  accéléra  sa  chute. 

Il  en  eût  été  autrement  s'il  avait  su 
la  comprendre  d'une  manière  plus 
grandiose  et  plus  profonde;  si,  au  lieu 
de  la  rapetisser  aux  dimensions  d'un 
rouage  politique,  il  s'était  aperçu 
qu'elle  est  le  plus  puissant  moyen  de 
civilisation  qui  existe.  Ce  qu'il  devait 
exiger  du  pape ,  ce  n'était  pas  qu'il 
consentît  à  jouer  auprès  de  lui  le  rôle 
de  complaisant  :  c'était  qu'il  s'occupât 
de  porter  la  réforme  dans  les  abus  qui 
avaient  amené  la  décadence  du  catho- 
licisme. A  la  place  de  cette  assemblée 
de  prélats ,  reunie  en  1811 ,  dans  un 
but  mesquin,  si  l'empereur  avait  exigé 
le  rétablissement  des  conciles  géné- 
raux ,  comme  il  avait  le  droit  et  la 
puissance  de  le  faire ,  croit-on  que  le 
pape  se  fût  opposé  à  ce  retour  aux  an- 
ciens usages  de  l'église  chrétienne? 
Quand  même  il  l'aurait  essayé,  il  ne 
l'aurait  pas  pu ,  parce  que  la  convoca- 
tion d'un  concile  général  était  la  meil- 
leure manière  de  rétablir  l'équilibre 
entre  le  pouvoir  temporel  et  le  pouvoir 
spirituel ,  la  meilleure  manière  de  ré- 
générer la  sublime  institution  du 
diristianisme.  Au  nom  des  doctrines 
de  l'église  gallicane  et  de  celles  de 
toute  la  chrétienté ,  Napoléon  l'aurait 
forcé  de  consentir  à  une  mesure  qui 
devait  rendre  au  catholicisme  lui-même 
l'ancien  éclat  qu'il  avait  perdu.  £t, 
pour  cela .  il  n  y  aurait  pas  eu  besoin 
de  sortir  aes  limites  de  la  légalité,  car 
un  des  articles  organiques  remettait 
en  vigueur  la  déclaration  faite  par  le 
clergé  de  France  en  1682,  déclaration 
qui,  comme  on  sait,  proclamait  la  né- 


cessité dea  coDciloi  généraux.  Mais, 
au  lieu  d'élargir  ainsi  Tborizon,  Tïapo- 
léon  se  renferma  dans  une  spbén 
toujours  de  plus  en  plus  étroite;  il 
prétendit  tout  mener  par  lui-même,  U 
religion  aussi  bien  que  la  politiqoe. 
Charlemagne,  il  est  vrai,  avait  donoé 
l'exemple  d'une  pareille  tentative  ;  mais 
l'église  d'Occident ,  n'avait  pas  encoie 
pris,  à  cette  époque,  le  dév.elopponeat 
qu'elle  prit  dans  la  suite  ;  mais,  « 
Charlemagne  avait  beaucoup  d'ambi- 
tion, il  avait  encore  plus  de  ici,  tandi* 
qu'on  ne  peut  pas  en  dire  autant  de 
son  glorieux  émule.  D'ailleurs,  loin  de 
redouter  les  grandes  assemblées,comme 
Napoléon,  Charlemagne  fit  un  fort  W 
emploi  de  l'institution  des  conciles- 
Sous  ce  rapport,  et  pour  les  idées  reF 
gieuses,  l'empereur  du  huitième  siècle 
l'emporte  de  beaucoup  sur  l'cmperettï 
du  dix-neuvième  siècle ,  homme  de 
génie  plus  que  de  cœur ,  qui  avait, 
en  outre ,  le  désavantage  de  vivre  à 
une  époque  de  scepticisme  général, 
mais  dont  la  grande  figure ,  pour  ce 
qui  ne.  touche  pas  à  la  religion^  nepft* 
lit  devant  aucun  genre  de  parallèle. 

Cependant,  il  faut  en  convenir, le 
despotisme  de  Napoléon  n'empêcha 
pas  seul  la  réconciliation  d'être  dura- 
ble. L'éloignement  de  l'église  catho- 
lique pour  toutes  les  réformes  réd^ 
mées  par  le  progrès  des  lumières  ne 
s'y  opposait  pas  moins.  Elle  n'avait 
consenti  à  quelques  concessions  dans 
le  concordat  qu'avec  l'espérance  de 
les  retirer  peu  à  peu  et  de  se  rappw- 
cher  le  plus  possible  des  errements  de 
l'ancien  régime.  Déjà  cependant,  J 
début  de  la  révolution ,  son  refus  * 
marcher  avec  l'esprit  du  siècle  ava» 
eu  les  plus  funestes  résultats  ;  car  fl 
la  Constituante  avait  pris  des  mesui^ 
sévères,  c'était  l'aversion  du  cfefp 
pour  toute  espèce  de  réformes  et  tft* 
méliorations  qiii  en  avait  été  lacw* 
Voyant  que  la  papauté  encouragea* 
les  prêtres  dans  leur  résistance,  rAjj 
semblée  nationale  avait  été  obli|^^ 
recourir  aux  movens  extrêmes ,  à0 
ses  décrets  sur  la  constitution  «^ 
du  clerçé.  Sans  doute ,  cjle  av»H  é» 
trop  loin  en  cherchant  à  le  séfii^ 


CON 


PRAHCE. 


GOIV 


515 


complètement  de  la  papauté,  centre 
naturel  de  la  communion  chrétienne  ; 
mais  comment  ne  pas  dépasser  le  but, 
dans  un  temps  de  crise,  et  lorsque  la 
cour  de  Rome ,  ne  voulant  entendre  à 
aucune;proposition  conciliatrice,  épou- 
sait ouvertement  la  cause  des  privi- 
lèges de  la  naissance?  La  Constituante 
n^aurait  pas  accueilli   les  doctrines 
presbytériennes  avec  autant  de  faveur, 
elle  n'aurait  pas  porté  atteinte  à  la 
puissance  morale  du  pape ,  si  ce  der- 
nier avait  prêté  l'assistance  de  son  au- 
torité à  la  cause  du  progrès.  Sous  la 
Convention  même,  au  moment  où  la 
révolution  manifesta  les  sentiments 
les  plus  hostiles  au  catholicisme,  on 
aurait  tort  de  croire  que  l'irréligion 
fât  ia  seule  cause  de  cette  hostilité.  Ce 
n^étaient  point  des  impies,  tous  ces 
montagnards  qui  avaient    pris  pour 
symbole  le  discours  de  Jésus-Christ 
sur  la  montagne  ;  ils  le  prouvèrent,  en 
préchant  la  fraternité  et  en  terrassant 
'  le  monstre  de  l'athéisme.  Leur  éloi- 
gnement  pour  le  catholicisme  venait 
uniquement  de  ce  que  le  pape  et  le 
clergé ,  au  lieu  de  bénir  la  démocratie 
naissante  et  de  diriger  ses  premiers 
pas,  lançaient  contre  elle  toutes  les 
foudres  de  l'Église.  La  montagne  brava 
fièrement  ces  anathèmes ,  et  finit  par 
triompher,  parce  que  Tesprit  du  chris- 
tianisme était  bien   mieux  compris 
dans  ses  rangs  (pa  dans  ceux  de  la 
coalition  des  rois.  De  même ,  sous 
l'empire ,  la  papauté  aurait  eu  beau- 
coup moins  d'humiliations  à  souffrir 
du  chef  de  l'Ëtat,  si ,  abandonnant  des 
tendances   rétrogrades   pour  devenir 
civilisatrice  et  populaire,  comme  aux 
beaax  siècles  de  sa  puissance,  elle  avait 
su  le  rappeler  à  Tordre  au  nom  des 
principes  démocratiques  du  christia- 
nisme. En  persévérant  dans  son  ancien 
système,  elle  se  priva  de  ses  plus 
^andes  ressources,  et  elle  fut  réduite, 
>our  échapper  à  une  ruine  complète , 
le  rentrer  dans  la  coalition  des  rois  : 
uneste  pensée,  car,  si  elle  conserva 
3s  apparences  du  triomphe,  en  réalité. 
Ile   ne  fut  pas  moins  vaincue  que 
empire.  La  restauration  des  papes  n% 
jt  guère  plus  heureuse  que  la  restau- 


ration des  Bourbons;  les  uns  et  les 
autres  devinrent  les  çscfaves  de  leurs 
libérateurs. 

Ainsi  donc  les  torts  sont  partagés  : 
soit  à  Rome ,  soit  à  Paris ,  on  s'est 
créé  de  graves  difficultés ,  pour  n'avoir 
pas  compris  le  christianisme  d'une 
manière  plus  large  et  plus  généreuse  ; 
des  deux  côtés,  on  a  compromis  le 
succès  de  la  réconciliation,  nui  s'an- 
nonçait cependant  sous  de  si  brillants 
auspices.  Les  tentatives  de  rapproche- 
ment qui  avaient  eu  Heu  à  i  époque 
du  directoire  auraient  peut-être  eu 
plus  d'avenir,  si  le  clergé  français, 
plusieurs  fois  réuni  en  assemblées 
générales ,  avait  pu  s'entendre  avec  le 
pape;  dans  cette  hypothèse,  au  moins, 
la  réconciliation  eût  été  plus  religieuse 
que  politique,  et  par  conséquent  plus 
franche.  Mais  toutes  les  négociations 
échouèrent,  et  l'honneur  de  conclure 
la  paix  avec  le  saint-siége  était  réservé 
au  premier  consul.  Loin  de  convoquer 
un  grand  concile  national  pour  prendre 
ses  conseils  et  s'éclairer  de  ses  lu- 
mières, Napoléon  traita  la  question 
lui-même  comme  s'il  se  fût  agi  d'une 
simple  affaire  de  chancellerie.  La  ma- 
nière dont  il  posa  les  bases  de  son 
concordat  mérite  d'autant  plus  d'at- 
tention qu'elle  prouva  que  son  parti 
était  définitivement  arrêté.  l\  devenait 
évident  qu'il  penchait  pour  l'absolu- 
tisme et  que,  non  content  d'avoir  ré- 
tabli l'ordlre  et  donné  de  la  stabilité 
an  gouvernement  par  l'institution  du 
consulat,  il  allait  déclarer  ouverte- 
ment la  guerre  à  la  liberté ,  puisqu'il 
ne  respectait  même  pas  Tindépendance 
du  clergé  gallican.  A  ce  point  de  vue  le 
concordat  doit  être  considéré  comme 
une  des  mesures  qui  décida  de  son 
avenir.  Bien  des  succès  ont  pu  l'abuser 
longtemps ,  mais ,  à  la  fin ,  alors  même 
qu'il  eut  fait  souscrire  au  pape  Pie  VII, 
enfermé  à  Fontainebleau,  un  nouveau 
concordat  (1813)  encore  plus  arbitraire 
que  le  premier,  il  dut  reconnaître  que 
son  amoition  l'avait  induit  en  erreur. 

Après  la  chute  de  l'empereur,  les 
rôles  changèrent  :  ce  ne  fut  plus  le 
gouvernement  français  qui  se  montra 
trop  exigeant  envers  la  papauté ,  ce 

33. 


516 


GOff 


L'UNIVERS. 


GON 


fut,  au  contraire,  le  clergé  qui  devint 
enyahissant  et  qui  prit  sa  revanche  sur 
la  révolution  et  Tempire.  La  restaura- 
tion ne  se  borna  pas  à  revenir  sur  les 
dispositions  humiliantes  pour  le  pape , 
elle  voulut  encore  sacrifier  tout  ce  qu'il 
y  avait  de  sage,  d'éclairé  et  de  tolérant 
dans  le  concordat  de  1801.  Le  11  juil- 
let 1817,  Louis  XVIII  conclut  à  Rome 
avec  le  pape  Pie  VU  un  nouveau  con- 
cordat qui  faisait   revivre  celui  de 
François  P'.  Dès  le  début,  la  restau- 
ration reculait  de  trois  siècles  en  ar- 
rière.   Le  concordat  de  1801 ,  avec 
tous   ses  articles  organiques,   était 
annulé;  quarante-deux  arcnevéchés  et 
évêchés  devaient  être  ajoutés  aux  an- 
ciens ;  tous  les  abus  du  passé  allaient 
renaître,  les  sinécures ,  les  dotations 
fastueuses,   l'augmentation  du  haut 
clergé;  un  article  spécial ,  l'article  10, 
donnait  au  clergé  une  espèce  de  pou- 
voir discrétionnaire  pour  triompher 
des  obstacles  qui  s'opposeraient  au 
bien-être  de  la  religion.  Mais  l'opinion 
publique  accueillit  cette  convention 
avec  une  réprobation  générale,  qui 
trouva  des  interprètes  jusque  dans  les 
deux  chambres,  et  les  ministres  se 
virent  obligés  de  renoncer  à  l'espoir 
d'obtenir  pour  elle  la  sanction  légale. 
Le  concordat  de  1801  n'en  fut  pas  plus 
respecté  pour  cela,  et  la  France  ne 
tarda  pas  à  voir  revenir  les  congréga- 
tions de  moines  et  même  les  jésuites. 
(Pour  plus  de  détails,  voyez  les  Quatre 
Concordats^  par  dePradt,  3  vol.,  Paris, 
1818  ;  Appréciation  du  projet  de  loi 
relatif  aux   trois   concordats,  pRr 
Lanjuinais,  cinquième  édition ,  Paris, 
1818  ;  Essai  historique  sur  les  libertés 
de  Véglise  gallicane^  par  l'abbé  Gré- 
goire, Paris,  1818.)  Le  concordat  de 
1817,  comme  celui  de  1813,  n'ayant  ja- 
mais eu  force  de  loi ,  nous  n'avons  dû 
entrer  dans  quelques  développements 
oue  sur  ceux  de  1516  et  de  1801 ,  les 
deux  seuls  qui  aient  une  grande  im- 
portance dans  l'histoire. 

CONCOUBS. .—  Il  faudrait  remonter 
à  l'origine  des  sociétés  pour  découvrir 
celle  des  concours;  car  on  les  retrouve 
toujours  sous  quelque  forme  dans 
l'histoire  de  toutes  les  races  et  de  tous 


les  pays.  Les  premiers  ne  furent,  il  est 
vrai ,  que  des  luttes  fort  peu  intellec- 
tuelles où  se  déployaient  seulement  la 
force  et  l'adresse  physiques.  Nous 
voyons  cependant  des  les  premières 
olympiades  les  Grecs  venir,  dans 
des  concours  publics,  disputer  avec 
le  prix  du  ceste  celui  des  vers  et  des 
compositions  littéraires.  La  Grèce  œ 
transmit  point  à  Rome  le  goût  de 
ces  luttes  où  se  développaient  a  la  fois 
les  forces  du  corps  et  les  facultés  de 
l'intelligence.  Mais  plus  tard  au  moyfo 
âge,  lorsque  le  monde  romain  eut 
fait  son  temps,  et  surtout  lorsque  les 
croisades  eurent  ramené  chez  nous  la 
tradition  des  mœurs  de  la  Grèce  et  de 
l'Orient,  aux  assauts  chevaleresques 
des  tournois  commencèrent  à  se  mêler 
les  concours  poétiques  des  cours  d'a- 
mour. Dès  1323,  le  collège  du  gai  sa- 
voir, de  Toulouse,  invitait  tous  les 
poètes  de  la  langue  d'oc  a  venir  dispu- 
ter ce  prix  de  la  violette  d'or,  que 
rétablit  plus  tard  Clémence  Isaure  eu 
fondant  les  jeux  floraux. 

Les  académies  qui  se  sont  créées 
depuis  ont  presque  toutes  adopté  h- 
sage  de  mettre  périodiquement  au 
concours  la  discussion  de  quelque 
question  scientiGque  ou  le  développe- 
ment de  quelque  sujet  de  compositioD 
littéraire.  Toutes  nos  écoles  à  peu  près 
ont  des  concours  dans  lesquels  se  dis- 
putent des  prix  annuels.  JNous  retrou- 
vons encore  des  concours  artistiquesou 
industriels  dans  ces  expositions  publi- 
ques que  terminent  des  distributiousde 
médailles.  Enfin,  nous  avons  introduit 
dans  plusieurs  de  nos  villes  du  !iord 
les  concours  de  musique  de  la  Belgiqsc 
et  de  l'Allemagne. 

La  voie  du  concours  n'est  pas 
employée  seulement  pour  donner  te 
distinctions  à  accorder  au  talent;  elk 
sert  aussi  à  décider  le  choix  entre  les 
candidats  à  certaines  fonctions.  I^ 
concours  était  dans  rancienne  uni- 
versité le  mode  ordinaire  de  nomi- 
nation aux  chaires.  La  nouvelle  l's 
successivement  admis  dans  la  plupart 
de  ses  branches.  Elle  a  des  concours 

Î)our  les  chaires  de  ses  facultés  et  pour 
'agrégation.  L'admission  aux  écoks 


CON 


FRANCE. 


CON 


517 


spéciales  du  gouvernement  se  décide 
également  par  la  voie  du  concours. 
C  est  par  la  même  voie  que  s'obtien- 
nent les  places  du  service  de  santé  dans 
nos  hôpitaux.  Enfin ,  nous  mettons  au 
concours,  comme  le  faisaient  les  Grecs, 
au  rapport  de  Pline,  l'exécution  de  nos 
grands  monuments  d'art.  Si ,  dans  cer- 
tains cas,  la  rapide  épreuve  d'un  con- 
cours n'est  pas  le  moyen  le  plus  sûr 
pour  découvrir  le  canoidat  le  plus  di- 
gne, elle  a  du  moins  l'avantage  d'éloi- 
gner ceux  qui  sont  tout  à  fait  inca- 
pables. 
Une  des  applications  les  plus  remar- 

âuabies  qui  aient  été  faites  du  principe 
u  concours,  est  l'établissement  du 
concours  général  des  collèges.  Cette 
'institution  compte  aujourd'hui  un  siècle 
et  plus  d'existence.  L'historien  Louis 
Legendre,  chanoine  de  Notre-Dame, 
avait,  par  testament  du  4  février  1733 , 
destine  une  rente  annuelle  de  deux 
mille  quatre  cents  livres  à  la  fondation 
d'un  concours  de  poésie  et  de  musi- 
que, sorte  d* olympiades  françaises 
qui  devaient  avoir  lieu  à  Paris  tous  les 
quatre  ans.  Le  testateur  déférait  le  ju- 
gement de  ce  concours  à  ses  confrères 
du  chapitre  métropolitain,  ou,  à  leur 
défaut,  aux  cordeliers  du  grand  cou- 
vent. Ni  les  uns  ni  les  autres  n'ayant 
accepté  Thonneur  qu'il  leur  faisait,  le 
parlement,   par  arrêt  du   1*'  juillet 
1744,  décida  que  les  fonds  du  legs  de 
Legendre  seraient  employés  à  la  créa- 
tion de  prix  annuels  à  partager  par 
voie  de  concours  entre  les  élèves  des 
trois  classes  de  rhétorique ,  de  seconde 
et  de  troisième  des  collèges  de  l'uni- 
versité de  Paris.  La  faculté  des  arts 
vota  l'adoption  de  ce  concours  le  7 
septembre.  Ce  vote  fut  sanctionné  par 
un  nouvel  arrêt  du  parlement,  le  8 
mars  1746,  et  la  première  distribution 
eut  lieu  à  la  Sorbonne ,  le  23  août  1747, 
en  présence  d'une  députation  de  con- 
seillers en  robes  rouges.  Le  latin  eut 
tous  les  honneurs  de  la  séance;  car 
non-seulement  le  discours  d'apparat 
était  écrit  dans  cette  langue,  mais  en- 
core on  ne  couronna  que  des  composi- 
tions latines,  et  les  nominations  furent 
proclamées  en  latin.  Deux  ans  plus 


tard,  le  recteur  Charles  Coffîn  fonda 
pour  la  classe  de  seconde  ùexrst  prix  de 
version  latine,  auxquels  il  affecta  une 
rente  de  cinquante  livres.  En  1754, 
J.-B.  Coignard,  imprimeur  du  roi  et 
ancien  élève  de  l'université,  affecta  de 
son  côté  une  rente  de  trois  cents  livres 
à  la  fondation  d'un  prix  d'éloquence 
latine  pour  les  maîtres  es  arts.  Enfin, 
Bernard  CoUot,  chanoine  et  professeur 
émérite,  légua,  en  1757,  a  l'univer- 
sité une  rente  de  quatre  cent  vingt 
livres  pour  la  fondation  d*un  grand 
prix  de  grec,  lequel  devait  être  dis- 
puté par  les  élèves  réunis  des  trois 
classes  supérieures  ;  disposition  bizarre 
qui  fut  annulée  par  arrêt  du  parlement 
du  29  mai  1758.  Au  prix  de  grec  furent  , 
substitués  des  prix  de  thème  et  de  ver- 
sion latine  pour  toutes  les  classes  jus- 
qu'à la  sixième  inclusivement.  On 
rappelait  à  chaque  distribution  générale 
des  prix,  dans  l'ancienne  université^  le 
nom  des  auteurs  de  ces  diverses  fon- 
dations. 

Les  prix  cessèrent,  en  1789,  d'être 
proclamés  en  latin.  En  1793,  ce  fut 
aux  Jacobins  de  la  rue  Saint-Honoré , 
dans  la  salle  des  amis  de  la  liberté  et 
de  l'égalité,  qu'eut  lieu  la  distribution. 
Le  discours  latin  fut  remplacé  par  une 
allocution  du  président  du  départe- 
ment. Depuis  cette  époque,  le  con- 
cours général  fut  interrompu  jusqu'en 
1801.  Il  reparut  avec  l'établissement 
des  écoles  centrales.  Cette  année-là ,  les 
élèves  qui  avaient  obtenu  les  prix  fu- 
rent couronnés  une  seconde  fois,  et 
harangués  au  Louvre  par  Arnault  de 
l'Institut.  Le  concours  de  1805  s'ouvrit 
entre  les  quatre  lycées  qui  venaient 
d'être  organisés  à  Paris,  et  pour  la 
première  fois  tes  sciences  et  l'histoire  ' 
figurèrent  au  programme.  En  1810, 
on  rétablit  la  harangue  latine;  puis 
vint  1815,  et  l'absence  de  la  solennité 
du  concours  cette  année-là  ajouta, 
contrairement  sans  doute  aux  inten- 
tions des  auteurs  de  la  mesure,  un 
deuil  de  plus  à  la  douleur  publique. 
Un  cinquième  concurrent,  le  collège 
de  Versailles,  entra  dans  la  lice  en 
1818,  et  un  sixième,  le  collège  Saint- 
Louis,  en  1820.  Un  seul  prix  jouissait 


518 


COJg 


vimïwss. 


oim 


encore  de  la  dénomination  spéciale  de 
prix  d'honneur,  c'était  celui  au'oh  ac- 
cordait au  discours  latin  de  rhétorique . 
En  1822,  on  en. créa  un  second  pour 
la  philosophie.  Ce  prix,  attaché  d'aoord 
à  Fa  dissertation  latine,  est,  depuiç 
1831 ,  donné  à  la  dissertation  française. 
Deux  nouveaux  établissements  furent 
admis  au  concours  en  1832,  les  coU 
léges  communaux  de  Stanislas  et  de 
ftollin.  En  1836,  les  science^  eurent 
aussi  leur  prix  d'honneur,  qu'on  affecta 
au  cours  ae  mathématiques  spéciales. 
Les  privilèges  attachés  à  ces  trois 
granas  prix  sont,  avec  l'exemption  du 
iservice  militaire,  celle  des  frais  d'ins* 
cHption  et  des  droits  d'examen  et  de 
diplôme  dans  toutes  les  facultés. 

En  1838,  M.  de  Salvandi ,  alors  mi- 
nistre de  l'instruction  publique ,  essaya 
d'étendre  le  bénéfice  ou  concours  aux 
collèges  royaut  des  départements,  du 
moins  pour  les  classes  de  mathémati- 
ques spéciales,  de  philosobhie  et  de 
rhétorique.  Les  vainqueurs  furent  nom- 
més; mais  ce  fut,  malheureusement 
pour  eux,  tout  ce  quMis  obtinrent,  et 
l'essai  ne  fut  pas  renouvelé.  Cette 
même  année  pourtant ,  l'université  pré- 
levait plus  de  vingt  mille  francs  sur  son 
budget  pour  le  concours  général  des 
huit  collèges  de  Paris. 

Aucun  fait  intéressant  ne  se  présente 
plus  à  partir  de  cette  époque  dans 
l'histoire  de  l'institution.  Tous  les  ans, 
dans  le  courant  du  mois  de  juillet, 
chacun  des  collèges  rivaux  envoie  au 
concours  l'élite  de  ses  classes.  Chaque 
composition  est  jugée  à  huis  clos  par 
une  commission  spéciale  de  membres 
de  l'université;  puis  a  lieu,  du  15  au 
20  août,  la  distribution  solennelle  dans 
laquelle  le  ministre,  entouré  de  tous 
les  corps  savants  de  Paris,  remet  aux 
jeunes  vainqueurs  les  palmes  qu'ils 
ont  conquises. 

On  a  Deaucoup  dit  pour  et  contre 
l'institution  du  concours.  Ce  n'est 
point  ici  le  lieu  d'en  discuter  les 
avantages  et  les  inconvénients;  mais 
nous  omettrions  la  partie  la  plus  inté- 
ressante peut-être  ae  l'histoire  de  cette 
Institution,  si  nous  n'ajoutions  pas 
que  sur  la  liste  des  prix  a*honneur  on 


distingue  les  noms  de  Thomas ea  1749, 
de  Delilte  en  1755,  de  la  Harpe  èa 
1756  et  1757,  de  Noël  en  m, 
dé  Faucompret  en  1786,  de  le  Maiic 
en  1787,  de  Burnouf  en  1792,  de  te 
det  en  1804 ,  de  Victor  Lecierc  en  1806 
et  1807,  de  Cousin  en  1810,  d'Adrieo 
de  Jussieii  en  1814,  d'Alhred  etài 
Gustave  de  Wailly  en  1817  et  18)1. 
nous  ne  pouvons  terminer  cet  artià 
sans  homoier  au  moins  \e  Livre  ctlmr 
neur,  cet  annuaire  d'émulatioo,  oè 
M.  Jarry  de  Mancy,  pendant  les  deiil 
années  qu'il  en  a  dirigé  la  publicatioo, 
complétait  pour  ainsi  dire  le  concours, 
et  qu'il  enrichissait  de  détails  si  pré- 
cieux pour  l'histoire  de  l'institutioa. 
Concubinage.  —  tous  les  rois  de 
|a  première  race  ont  eu  des  coogh* 
bines,  et  la  célèbre  Frédégonde  ftt 
longtemps  celle  de  Chiipèric,  roi  de 
Soissons,  avant  d*étre  son  épouse  lé- 
gitime. Il  en  fut  de  même  sous  la  se- 
conde dynastie,  malgré  les  défeDses 
des  conciles;  et  Charlemagne  lui-méaie, 
qui  cherchait  tant  à  réformer  lesmœun 
de  ses  sujets,  eut  plusieurs  concubines 
Ou'il  choisissait  dans  ses  gynécées. 
Cependant ,  avec  le  temps,  le  concubi- 
nage finit  par  être  regardé  comme  une 
débauche  contraire  au  respect  dâ  u 
sacrement  de  mariage.  Il  aeviot  alon 
Im  délit,  non-seulement  quand  il  i^ 
commis  par  des  clercs,  mais  encore 
quand  des  laïques  s'en  rendirent  cou* 
pables.  Un  grand  nombre  de  coutumes, 
entre  autres  celles  de  Touraine,l> 
dunois,  Anjou,  Perche,  Maine,  Ox^ 
brai ,  etc. ,  essayèrent  de  réprimer  es 
désordre,  en  dépouillant  les  conçu» 
naires  d'une  partie  des  droits  ciw 
dont  jouissaient  les  personnes  légifr 
mement  mariées ,  et  en  déclarant  nul» 
les  libéralités  faites  en  concMbinaje- 
Celles  de  Normandie  allèrent  plus  loifii 
elles  frappèrent  de  nullité  les  araii^ 
ces  accoraés  aux  bâtards.  L'article  w 
de  l'ordonnance  rendue  par  Louis  111» 
en  1629  voulût  aussi  que  les  donatiotf 
entre  concubinaires  fussent  ^^^^^i 
de  nul  effet,  et  cette  jurisprudence  W 
appliquée  par  un  grand  nombre à^^ 
rets.  Cependant,  quand  les  libérau» 
ne  passaient  pas  les  bornes  d'une  fi' 


1 


CM 


FRANCE. 


GON 


dl9 


$ion  aliiDentaire  et  n'étaient  point  en 
disproportion  avec  la  fortune  au  dona- 
teur, elles  étaient  assez  ordinairement 
maintenues. 

Les  hommes  qui,  par  profession, 
devaient  donner  rexemple  de  la  régu- 
larité et  des  bonnes  mœiirs ,  offrirent 
souvent  eux-mêmes  celui  de  IMacon- 
duite,  en  vivant  çubiiouemënt  en 
concubinage.  Il  serait  dimcile  de  S6 
faire  une  idée  du  nombre  de  près- 
.  criptions  qu'il  a  fallu  pour  rappejer , 
sous  ce  rapport ,  les  prêtres  ?i  Taus- 
térité  de  leurs  devoirs  et  à  la  sain- 
teté de  leur  ministère.  Il  n*y  a  peut- 
être  pas  eu  de  concile  ou  Ton  n*att  ré- 
digé uiieiques  canons  ayant  poiir  but 
de  réformer  Sur  ce  poitit  la  conduite 
des  clercs.  Au  treizième  siècle,  les  évé- 
ques  permettaient,  moyennant  paye- 
ment ,  aux  prêtres  et  aux  clercs  de  vivre 
en  concubinage.  Un  concile,  tenu  à 
Paris  en  1211î,  frappa  ce  désordre  dé 
Censure,  mais  n'y  apporta  point  de 
remède;  car  le  célèbre  Olivier  Maillard , 
qui  prononça, de  1494 à  1508,  un  grand 
nombre  de  sermons  dans  les  églises  de 
Saint- Jean  en  Grève,  reprochait  aux 
ecclésiastiques  de  son  temps  d'entre- 
tenir des  concubines,  et  même  des 
femnies  publiques  à  pain  et  à  pot,  et 
de  dilapider  ainsi  des  biens  destinés  à 
un  autre  usage.  Voyez  Batabd  et  BÀ- 

TÀB0ISE. 

CoN  DAT  ou  CoNDÉ.  —  Ce  mot ,  dans 
ja  langue  celtique,  signifiait  cotifluentj^ 
et  se  disait  du  point  de  jonction  de 
deux  rivières  ou  de  deux  ruisseaux. 
Ainsi ,  ie  plus  ancien  nom  de  Tabbaye 
de  Saint-Clauae  fut  Condat,  parce 
qu'elle  était  au  confluent  de  la  Bienne 
et  du  Lison.  Condé  en  Flandre  est  à  la 
jonction  de  TEscaut  et  de  la  Haisne: 
Condé-sur-Noireau  à  celle  de  TOrrie  et 
du  Noireau;  enfin  un  grand  nombre  de 
lieux  ont  porté  et  portent  encore  en 
France  lie  nom  de  Condé. 

Nous,  ne  savons  auquel  de  ces  en- 
droits il  faut  attribuer  le  triens  et  le 
denier  dont  la  description  va  suivre. 
coNDATEVico,  bustcdc  face. — aydo* 
îdVNDVSMONiTA,  croix  haumée,  can- 
tonnée au  premier  et  au  troisième 
canton  d'un  nesant,  au  deuxième  d'un 


A,  et  au  Quatrième  d'un  w.  —  con- 
DATOMÔNETA ,  crotx  à  branches  éga- 
les ,  monogramme  de  Charles.  —  gba- 
TiA  Di  BEX.  Ce  dernier  appartient  â 
Charles  le  Chauve. 

M.  Cartier  attribue  le  triens  9  Con- 
dés  y  petit  village  deTouraine,  où  mou- 
rut saint  Martin.  Quant  au  denier. 
MM.  FôUger  et  Combrouse  pensent 
que  Ton  doit  l'attribuer  à  Cosne;  mais 
bien  d'autres  localités,  telles  que  Condé* 
Sur-Noireau,  Condé  en  Flandre,  etc., 
y  auraient  autant  de  dîroits. 

CoND^,  Condatum,  Condamm,  — 
Cette  ville  de  l'ancien  Hainaut ,  au- 
jourd'hui chef-lieu  de  canton  du  dép. 
du  Nord,  est  fort  ancienne.  Les  Nor- 
mands s'en  emparèrent  en  882.  Phi- 
lippe d'Alsace  la  ruina  en  1174.  Elle 
fut  rebâtie  quelque  temps  après ,  et , 
en  1326,  il  s'y  tint  un  célèbre  tournoi, 
Louis  XI ,  après  l'avoir  assiégée  san^ 
succès  en  1477,  la  prit  en  1478,  mal- 
gré une  vigoureuse  résistance  ;  mais  il 
fut  obligé  de  l'abandonner ,  à  la  nou- 
velle de  l'approche  de  l'archiduc  Maxi- 
mijien.  Les  Français  ne  la  quittèrent 
qu'après  l'avoir  pillée  et  incendiée. 
Elle  tomba  de  nouveau  ^  en  1049  ,  au 
pouvoir  des  Français,  qui  l'évacuèrent 
peu  de  teinps  après.  Turenne  s'en  ren- 
dit maître  en  1655  ;  le  prince  de  Condé 
la  reprit  Tannée  suivante^  à  la  tête  de 
l'armée  espagnole.  Elle  tomba  en  1676 
au  pouvoir  de  Louis  XIV,  et  le  traité 
çle  Nimègue  en  assura  la  possession  à 
la  France.  Bloquée  ,  le  9  avril  1793  , 
par  les  Autrichiens  ,  cette  ville  fut 
obligée  de  se  rendre,  le  12  juillet  1794; 
mais  elle  ne  resta  pas  longtemps  au 
pouvoir  des  ennemis.  (Voyez  Condb 
[sièges  de.1)  Défendue  vaillamment  en 
1814  par  l'intrépide  Daumesnil ,  elle 
fut  de  nouveau  assiégée  en  1815 ,  et 
ne  se  rendit  qu'avec  les  honneurs  de 
la  guerre. 

La  ville  de  Condé ,  avec  àes  dépen- 
dances ,  avait  appartenu  d'abord  à  la 
maison  d'Avesnes,  puis  à  celle  de  Châ- 
tilloh-Saint-Pol.  Elle  passa,  à  la  fin  du 
quinzième  siècle,  à  la  maison  de  Bour- 
bon, à  laquelle  Charles-Quint  l'enleva, 
pour  la  donner  aux  de  Lalain,  des  mains 
aesquels  elle  passsl  à  la  maison  de 


520 


COU 


LUNIVERS. 


Goir 


CroySolre.  Cette  maison  la  possédait 
encore  au  dernier  siècle ,  sous  la  sou- 
veraineté de  la  France. 

CoNDE  (combats  et  sièges  de). — 
Condé  était  une  des  plus  fortes  places 
du  Hainaut.  Le  11  avril  1676,  Louis 
XIV  vint  en  personne  en  faire  lesié^e, 
avec  une  armée  de  trinquante  mille 
hommes.  Le  prince  d'Orange  se  mit 
aussitôt  en  marche  pour  la  secourir. 
La  communication  entre  les  quartiers 
de  l'armée  française  était  difucile ,  à 
cause  de  Tinonaation  :  ses  lignes  em- 
brassaient une  si  grande  étendue  de 
terrain,  qu'il  n'était  pas  possible  de  les 
défendre.  Il  fallait  donc  ou  marcher 
au-devant  de  Tennemi,  ou  presser  très- 
vivement  le  siège.  «  Un  jour  de  plus 
ou  de  moins,  dit  Pélisson,  était  de  la 
plus  grande  conséquence.  Aussi  les  nô- 
tres avaient-ils  Tordre  de  ne  se  point 
arrêter  que  tout  ne  filt  emporté.  » 
«  Le  roi  fit  attaquer  les  dehors  pen- 
dant la  nuit  du  *2S,  Le  maréchal  d  Hu- 
mière  commandoit  à  la  droite,  le  ma- 
réchal de  Lorges  à  la  gauche;  enfin 
une  troisième  attaque  devoit  être  diri- 
gée par  le  maréchal  de  Créqui.  Le  si- 
gnal ayant  été  donné  par  la  décharge 
ae  toutes  les  batteries ,  tous  les  de- 
hors furent  emportés  en  peu  de  temps, 
ce  qui  jeta  l'épouvante  dans,  la  ville,  et 
obligea  la  garnison  de  capituler  et  de 
se  rendre  prisonnière  (*).  » 

— Placée  sur  l'extrême  frontière  de  la 
France  et  des  Pays-Bas  autrichiens,  la 
place  de  Condé  devait  être,  et  fut  en 
effet,  en  1792,  le  théâtre  de  continuels 
combats ,  jusqu'à  ce  que  l'ennemi  eût 
été  éloigné  des  limites  de  la  France. 
Le  9  mai  1792,  un  détachement  com- 
posé de  plus  de  cent  huUans  se  pré- 
sente au  poste  extérieur  de  Marcou. 
Une  escouade  de- huit  jeunes  recrues, 
commandée  par  le  sergent  Rousselot, 
gardait  cet  ouvrage.  Peu  effrayé  du 
nombre  des  ennemis ,  Rousselot  s'a- 
dresse rà  sa  petite  troupe  :  Si  je  recule, 
dit-il,  tuez-moi;  si  quelqu'un  de  vous 
recule ,  je  le  tue.  Il  se  bat  quelques 
instants  dans  son  poste,  puis  com- 

(*)  Histoire  de  Louis  XIV,  par  Limiers, 
t.  II,  p.  Srg.         -^■• 


mence  sa  retraite,  en  faisant  on  fea 
continueK  Rousselot  seul  brûle  plus  de 
quarante  cartouches,  et  reçoit  plus  de 
vin^  balles  dans  son  cliapeau  et  ses 
habits.  Un  de  ses  soldats,  se  sentant 
blessé,  lui  dit  :  Mon  sergent^  /^J^ 
crois  y  la  cuisse  cassée. — Marches'i» 
encore  f  —  Otd,— VUe^  vite,  recharge 
ton  arme.  Ainsi  ces  braves  rentrèrent 
dans  Condé.  Il  n'y  en  eut  que  trois  de 
blessés. 

—Vingt  jours  après,  deux  mille  cinq 
cents  Autrichiens  se  présentèrent  aox 
avant-postes  à  quatre  heures  du  nu- 
tin.  Le  capitaine  Gastine  s'y  défendit 
vigoureusement;  mais  le  nombre  de 
ses  ennemis  le  contraignit  à  £3iire  sa 
retraite  sur  la  ville,  dont  l'artillerie  fit 
essuyer  une  grande  perte  à  Tune  des 
colonnes  autrichiennes  qui  s'étaittrop 
avancée.  Au  premier  avis,  le  maréchal 
Luckner  s'approcha  de  Condé  ;  mais 
les  Autrichiens  ne  l'ayant  pas  attenda^ 
ses  troupes  rentrèrent  dans  le  camp 
de  Famars. 

— Après  la  défection  de  Dumouriez, 
l'armée  des  coalisés  entra  sûr  le  terri* 
toire  français,  menaçant  à  la  fois  Lille, 
Condé  et  ^Maubeuge.  Tous  les  avant- 
postes  de  Condé  furent  repoussés  le 9 
avril ,  et  la  ville  fut  exactement  inTes- 
tie  par  l'armée  de  Cobourg.  Quatre 
mille  soldats,  commandés  par  le  géné- 
ral Chancel ,  ^'y  défendirent  vaitlam- 
ment  ;  mais  leurs  efforts  furent  conti- 
nuellement repoussés.  Le  eénéral 
Dampierre  essaya  en  vain  de  les  se 
courir.  Pendant  près  de  trois  moiSt 
cette  brave  garnison  supporta  les  pri- 
vations et  les  fatigues  les  plus  erod- 
les.  Réduite  depuis  six  semaines  à  one 
ration  journalière  de  dix  onces  de 
pain ,  deux  onces  de  cheval ,  une  onoe 
de  riz  et  un  tiers  d'once  de  suif  ptf 
homme,  et  ne  recevant  aucune  solde, 
elle  n'avait  plus  de  vivres  que  foet 
deux  jours ,  lorsqu'elle  céda  enfin  à  la 
nécessité ,  et  capitula ,  le  12  juillet 
1793. 

—Les  victoires  d'Hondtschooteetde 
Fleurus  avaient  mis  d'immenses  es- 

Eaces  entre  les  places  du  Nord  enn- 
ies  par  les  Autrichiens  et  les  Anglais, 
et  les  armées  destinées  à  les  soutenir. 


CON 


FRANCE. 


CON 


521 


Aussi  les  troupes  républicaines ,  mar- 
chant de  victoire  en  victoire,  d^abord 
dans  la  Flandre,  puis  dans  la  Hollande, 
ne  firent  aucun  mouvement  pour  s'en 
.emparer.  La  Convention  nationale  dé- 
créta que  les  garnisons  qui  ne  se  ren* 
draient  pas  vingt-quatre  heures  après 
la  sommation  seraient  passées  au  fil 
de  Pépée.  Le  commandant  autrichien 
de  Condé,  privé  de  toute  espérance  de 
secours,  environné  d*une  armée  nom- 
breuse, se  rendit  à  discrétion  (30  août 
1794),  abandonnant  161  bouches  à  feu, 
6000  fusils,  100,000  boulets,  et  des 
vivres  pour  six  mois. 

Condé  (maison  de) ,  branche  colla- 
térale de  la  maison  de  Bourbon  {*).  Le 
premier  prince  de  Condé  fut  Louis  P' 
de  Bourbon,  cinquième  et  dernier  fils 
de  Charles  de  Bourbon ,  duc  de  Ven- 
dôme, et  frère  cadet  d'Antoine  de 
Bourbon,  roi  de  Navarre. 

Ce  prince,  l'un  des  plus  braves  ca- 
pitaines du  seizième  siècle,  était  né  en 
1530.  Bien  qu'il  fût  de  sang  royal,  il 
avait ,  comme  un  autre ,  son  chemin  à 
faire  ;  car  sa  fortune  était  loin  de  ré- 
pondre à  l'éclat  de  sa  naissance.  Il 
était  le  cadet  d'une  maison  nombreuse  ; 
aussi ,  quand  il  parut  à  la  cour ,  son 
modeste  équipage  y  fît  sourire  ;  il  n'y 
pouvait  faire  grande  figure ,  n'ayant 
guère,  comme  on  le  disait,  que  la  cape 
etrépée.  Après  de  brillants  faits  d'ar- 
mes enTiémont ,  où  il  servit  comme 
volontaire  sous  le  maréchal  de  Bris- 
sac,  après  s'être  distingué  à  la  bataille 
de  Saint-Quentip  ,  où  il  rassembla  les 
débris  de  l'armée,  il  sollicita  un  gou- 
vernement de  province ,  qu'il  ne  put 
obtenir.  Comme  ses  frères  alors ,  il 
embrassa  la  réforme,  dont  l'esprit  aus- 
tère contrastait  cependant  avec  son 
humeur   pétulante  et  son  penchant 
pour  les  plaisirs.  Les  humiliations  qu'il 
avait  essuyées ,  l'espoir  d'attacher  sa 
fortune  aux  chances  de  triomphe  que 
la  réforme  pouvait  offrir ,  et  surtout 
le  sentiment  de  rivalité  qui  poussait 
les  Bourbons  à  lutter  contre  la  mai- 
son de  Lorraine,  eurent  peut-être  plus 

(*)  Voyez  BouRBOv  (maison  de) ,  tableaux 
j-énéaiogiques ,  n»  Y III. 


de  part  à  cette  détermination  que  les 
convictions  religieuses.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  il  fut  le  chef  le  plus  actif  et  le 
plus  valeureux  du  parti  ;  et  la  part  se- 
crète qu'il  prit  à  la  conjuration  d'Am- 
boise  faillit  lui  coûter  la  vie.  Arrêté 
sous  un  autre  prétexte  cependant ,  il 
essaya  vainement  de  se  disculper  des 
charges  qui  pesaient  contre  lui ,  et  fut 
condamné  à  perdre  la  tête ,  le  26  no- 
vembre 1560.  Mais  le  jeune  roi  Fran- 
çois II  mourut  fort  à  propos  pour  lui, 
quelques  Jours  après. 
'  A  l'avènement  de  Charles  IX ,  une 
autre  politique  prévalut ,  et  le  prince 
de  Condé  fut  remis  en  liberté.  Re- 
placé aussitôt  à  la  tête  de  son  parti , 
et  mécontent  de  la  part  que  l'on  avait 
faite  aux  protestants ,  il  se  jeta  avec 
une  sorte  de  fureur  dans  la  guerre  re- 
ligieuse. Toutes  ses  campagnes  furent 
marquées  par  des  preuves  d'une  bra- 
voure éclatante.  Cependant  il  fut  fait 
prisonnier  à  la  bataille  de  Dreux ,  en 
1562 ,  et  eut  le  même  sort  à  celle  de 
Saint-Denis,  en  1567.  A  en  juger  par 
les  résultats  de  la  plupart  de  ses  expé- 
ditions ,  la  valeur  du  chevalier  l'em- 
portait chez  lui  sur  les  talents  du  gé- 
néral. Une  sorte  de  fatalité  s'attachait 
à  lui  sur  le  champ  de  bataille.  A  Jar- 
nac,  il  avait  déjà  le  bras  fracassé, 
quand,  au  moment  de  charger  l'ennemi, 
le  cheval  du  comte  de  la  Rochefou- 
cauld,  son  beau -frère,  lui  cassa  la 
jambe  :  «  Vous  voyez ,  lui  dit-il  tran- 
«  quillement,  que  les  chevaux  fougueux 
c  nuisent  plus  qu'ils  ne  servent  dans 
«  une  armée.  »  Puis  il  ajouta  :  «  Avec 
«  un  bras  en  écharpe  et  une  jambe 
c  cassée,  le  prince  de  Condé  ne  craint 
«  pas  de  donner  la'  bataille ,  puisque 
«  vous  le  suivez.  »  Bientôt  couvert  de 
blessures,  et  ne  pouvant  plus  soutenir 
ses  armes  ,  il  se  rendit.  «  Alors ,  dit 
Brantôme ,  un  très-brave  et  très-hon- 
nête gentilhomme ,  capitaine  des  gar- 
des du  duc  d'Anjou ,  nommé  Montes- 
quiou,  fondit  sur  lui  en  criant  :  «  Tuez, 
mordieu,  tuez,  »  et  le  renversa  d'un 
coup  de  pistolet  dans  la  tête  (15  dé- 
cembre 1569). 

Le  fait  suivant  peut  donner  une 
idée  du  dévouement  de  sa  petite  ar- 


633 


COH 


VXmJYEBA. 


GON 


inée«  II  manquait  d'ar^eot  le  plus  sou* 
vent  pour  acquitter  la  soldé.  Un  joui* 
lesreitres,  auxiliaires  allemands,  me- 
nacèrent de  Tabandonner.  Alors  il 
proposa  aux  siens,  qu*il  ne  payait  pas 
non  pliis ,  de  solder  eux  -  mêmes  les 
étrangers ,  et  tous  se  cotisèrent  aussi- 
tôt. Ce  prinee  était  de  cbétive  appa* 
fence ,  petit  et  bossu  ,  mais  spirituel 
et  aimable  autant  que  courageux.  Ses 
mœurs  étaient  loin  de  répondre  à  Taus- 
tèi*e  religion  qu'il  avait  embrassée  ;  et 
les  pièges  où  Catherine  de  Médicis  le 
fit  tomber  plus  d'une  fois  compromis 
rent  gravement  son  parti.  «  Le  bon 
prince,  dit  Brantôme,  était  bien  aussi 
mondain  qu'un  autre ,  et  aimoit  au- 

iant  la  femme  d'àutrui  aue  la  sienne, 
enant  fort  du  naturel  de  ceux  de  la 
race  de  Bourbon ,  qui  ont  tous  été  de 
h)rt  amoureuse  complexion.  »  Condé 
eut  de  son  mariage  avec  Èléonore  de 
Jloye ,  sa  première  femme  :  Henri , 
prince  de  Condé,  François,  çrjncede 
Côriti ,  qui  mourut  sans  postérité ,  et 
Charles ,  cardinal  de  Vendôme.  De  sa 
seconde  femme,  Fi'ançoise  d'Orléans- 
Longueviile,  il  eut  un  quatrième  fils, 
Charles  de  Bourbon ,  qui  fut  là  tige  de 
là  branché  de  Soissons. 

Le  cardinal  de  Fendômey  qui  prit 
le  nom  de  cardinal  de  Bourbon  a  la 
mort  de  son  oncle,  cet  autre  cardinal 
de  Bourbon  que  les  ligueurs,  après 
l'assassinat  de  Henri  III ,  proclamè- 
rent roi  de  France  sous  le  nom  de 
Charles  X,  crut  pou  voir  jouer  le  même 
rôle  ,  et  conserva  toujours  ,  après  la 
conversion  de  Henri  ÎV ,  l'espoir  de 
monter  sur  le  trône.  Les  mécontents, 
les  factieux  et  les  fanatiques,  que  l'ab- 
juration du  roi  n'avait  point  désar- 
més, surent  habilement  profiter  de 
l'ambition  de  son  parent ,  et  en  firent 
le  chef  de  leur  parti.  Le  cardinal  crut 
un  instant  qu'il  allait. être  couronné; 
mais  la  conspiration  fut  découverte , 
et  les  projets  des  conspirateurs  déjoués, 
II  en  tomba  malade  de  chagrin.  Henri 
IV  alla  le  voir,  et  lui  dit ,  pour  toute 
vengeance  :  «  Mon  cousin,  prenez  bon 
a  courage;  il  est  vrai  que  vous  n'êtes 
«  pas  encore  roi,  mais  le  serez  possi- 
<(  oie  après  moi.  »  Le  cardinal  de  Bour- 


bon mourut  peu  de  temps  après,  le  30 

juillet  1594. 

Henri  /*"".,  hé  à  la  Ferté-soùs-Jôùarre, 
le  9  décembre  1552,  fut,  suivant  une 
expression  du  temps,  la  vrak  àmk 
son  père.  Il  fît  de  bonne  heure  l'ap- 
prentissage de  la  guerre  avec  son  cou- 
sin Henri  de  Navarre ,  depuis  Henri 
IV,  sous  les  ordres  de  l'amiral  de  Co- 
ligriy.  Tous  deux  firent  leurs  premières 
armes  aii  combat  de  Laroche-l' Abeille, 
en  1570.  Les  deux,  princes,  faillireat 
péril*  à  la  Saint-Barthélémy,  et  ne 
Sauvèrent  leur  vie  qu'éri  sacrifiant 
leur  religion.  Condé  fît  cependant  en 
cette  occasion  une  plus  longue  et  plus 
digne  résistance  que  son  cousin.  Char* 
lés  IX  les  fit  comparaître  tous  deiH 
devant  lui  pendant  le  massacre  de  là 
Saint -Barthélémy,  et  leur  laissa  le 
choix  entre  la  mort  et  ta  messe.  Heon 
de  Bourbon  ii'osa  résister  ;  mais 
Condé  répondit  :  «  Que  Sa  Majesté 
«  ordonnait  comme  ilTui  plaisait  oe  sa 
ft  tête  et  de  ses  biens ,  qu'ils  étaient  à 
«  sa  disposition  ;  mais  que ,  pour  sa 
«  religion,  il  n'en  devait  rendre  compte 
a  qu'a  Dieu  seul ,  duquel  il  en  avait 
«  reçu  la  Connaissance.  »  Cependant  il 
promit  ensuite  d'abjurer  ;  mais  aus- 
sitôt qu'il  fut  débarrassé  de  ses  gardes, 
il  s'enfuit  en  Allemagne,  et  parvint  à 
y  réunir  quelques  troupes ,  à  la  tête 
desciuelles  il  rentra  en  France  et  se 
rendit  au  camp  d'Alençon ,  où  il  fol 
élu  généralissime  des  protestants.  H 
mourut  empoisonné. ,  en  1588.  Sa 
femme ,  Catherine  de  là  Trémouillef 
fut  poursuivie  cdmmeauteur  ducrime; 
mais  Henri  IV,  devenu  roi  de  France, 
mit  fin  aux  poursuites,  et  annula  te 
témoignages  accablants  qui  ne  man- 
quaient pas  contre  la  veuve  de  so» 
parent.  Les  historiens  jugent  et  eï* 
pliqùent  diversement  le  fond  de  cette 
affaire,  qui  est  resté  fort  ténébreux. 
Henri  II,  fils  posthume  du  précè- 
dent ,  naquit  à  Saint Jean-d'Angcl^i 
en  1588.  Ayant  épousé,  en  1609,  Cjuj; 
lotte  de  Montmorency,  dont  Henri  1» 
était  épris,  il  fut  obligé  de  prendre  U 
fuite  pour  mettre  sa  jeune  femme  a 
Tabri  des  poursuites  du  roi.  Il  ««* 
f^ugia  à  Bruxelles,  puis  en  Italie,  ^^ 


FRANCE    (R=*a=   i=  Louis  XiVJ 


V^„,//      (lr^^..O.} 


COK 


FBANCS^ 


cm 


#ss 


revint  en  Franee  if  ue  sous  la  régence 
de  Marie  de  Médicis,  qu'il  troubb  par 
ses  intrigues  et  son  ambition.  Sa  pre- 
mière révolte,  qui  date  de  l*an  1614, 
se  termina  la  niénae  année  par  le  traité 
de  Sainte-^lenehould.  Mais  ses  pré-* 
tentions  ii^ayant  fait  que  grossir  par 
les  concessions  qu'il  avait  obtenues  de 
la  reine,  il  reprit  les  arnies ,  et  ne  les 
déposa  qu'au  traité  de  Loudun.  Une 
troisième  tentative  le  fit  enfermer  à  la 
Bastille,  puis  à  Vînoennes.  Mais  il  plia 
devant  Richelieu ,  et  se  soumit  enOn. 
Rien  ne  saurait  justifier  ses  entrepri- 
ses ,  où  Ton  ne  trouve  guère  qu'une 
ambition  vulgaire,  et  qui  ne  furent  pas 
inéme  colorées  a'une  afjparence  de 
conviction.  Le  zèle  fanatique  dont  il 
s'était  épris  pour  la  cause  catholique  ^ 
était  peu  smcère ,  puisqu'il  menaça 
plus  d  une  fois  la  cour  de  se  faire  hu- 
guenot. 

Son  seul  titre  à  la  gloire  fut ,  selon 
le  mot  de  Voltaire ,  d'avoir  donné  le 
jour  au  grand  Condé.  Son  second  fils, 
Armand  de  Bourbon,  prince  de  Conti, 
fut  la  tige  de  la  famille  de  ce  nom. 

Louis  Uy  surnommé  le  Grand  Condé, 
naquit  à  Paris  le  8  septembre  162t,  et 
porta ,  jusqu'à  la  mort  de  son  père 
(1646),  le  nom  de  duc  d'Ënghien. 

Il  parut  pour  la  première  fois  à  la 
cour  en  1638 ,  et  y  attira  bientôt  tous 
les  regards.  «  Je  viens  d'avoir,  disait  à 
a  quelque  temps  de  là  le  cardinal  de  Ri- 
a  chelieu  à  l'un  de  ses  confidents,  avec 
«  M.  le  duc,  une  conversation  de  deux 
a  heures  sur  la  religion ,  la  guerre  et 
«  les  intérêts  des  princes  :  ce  sera  le 
a  plus  grand  capitaine  de  l'Europe,  le 
<c  premier  hoAme  de  son  siècle ,  et 
«  peut-être  des  siècles  à  venir.  » 

Le  duc  d'Ënghien  fit  ses  premières 
armes  au  siège  d'Arras,  en  1640;  il 
accoii)pagna ,  l'année  suivante,  le  ma- 
réchal de  la  Meilleraye  au  siège  d'Aire  ; 
servit,  en  1642,  sous  les  yeux  de  Tu* 
renne,  à  l'armée  du  Roussitlon,  et  se 
fit  remarquer,  pendant  toute  la  durée 
de  cette  campaane,  aux  sièges  de  Per-f 

fu'gnan,  de  Collioure  et  de  Salces.  Il 
ut  investi .  en  1643 ,  du  commande- 
ment en  cnei^  des  armées  de  Flandre 
et  de  Picardie.  Toutefois,  on  jugea 


convenable,  afin  de  modérer  la  vivacité 
de  son  courage ,  de  lui  adjoindre  le 
maréchal  de  mospital,  homme  de  ca- 
pacité et  d'expérience.  Les  ËspagnoU 
venaient  de  mettre  le  siège  devalit  Ro* 
croi  :  la  perte  de  cette  place  aurait  dé* 
couvert  les  plaines  de  la  Champagne, 
et  ouvert  ainsi  à  l'ennemi,  vers  l'inté* 
rieur  du  royaume,  un  passage  facile  et 
sans  danger.  Le  duc  a'Ëngnien  com* 
prit  qu'il  devait  faire  tous  ses  efforts 
pour  secourir  la  ville  menacée,  et  livrer 
même  au  besoin  une  bataille  sous  ses 
tnurs.  Il  fallait,  pour  attaquer  les  Es* 
pagnols ,  passer,  à  la  vue  de  leur  ar- 
mée, un  défilé  situé  au  milieu  des  bois 
et  des  marécages.  Mélos  avait  néglieé 
de  faire  occuper  ce  point  importance 
Le  duc  sut  habilement  profiter  de  cette 
négligence;  pendant  que  son  infante- 
rie euectuait  le  passage,  il  se  porta, 
avec  une  partie  ae  sa  cavalerie,  sur  un 
tertre  situé  à  une  demi-portée  de  ca- 
non de  la  ligne  ennemie.  Le  18  mai,  à 
six  heures  du  soir,  l'armée  française 
avait  franchi  le  défilé ,  et  se  trouvait 
en  présence  de  l'ennemi.  Une  partie  de  * 
la  nuit  fut  employée  par  le  prince  à 
ireconnaitre  la  position  de  l'armée  es* 
pagnole,  el  à  assurer  ses  dispositions 
pour  la  bataille  du  lendemain.  Gassion, 
chargé  de  cette  mission ,  vint  lui  ren-» 
dre  compte  des  obstacles  que  la  nature 
du  terrain  présentait  à  l'exécution  - 
de  son  projet.  Le  duc  insista.  «  Mais^ 
lui  dit  Gassion ,  si  nous  perdons  la 
bataille,  que  deviendrons-nou^f -^ 
Je  ne  m^en  mets  point  en  peiney  ré- 
pondit le  duc ,  parce  que  je  serai 
mort  auparavant.  »  L  armée  espa- 
gnole s'élevait  à  26,000  hommes,  dont 
8,000  de  cavalerie;  celle  du  prince  ne 
comptait  que  lâ,000  hommes  d'infan* 
terie  et  7,000  chevaux.  Cependant  les 
Espagnols  furent  complètement  bati; 
tus  :  8,000  des  leurs  furent  tués,  7,00û 
restèrent  prisonniers;  le  prince  leur 
prit  leurs  bagages,  leur  caisse,  24  bou- 
ches à  feu,  200  drapeaux,  60  étendards 
et  uu  immense  butin;  il  poursuivi! 
ensuite  ses  succès,  et  s'empara  en  qua- 
tre mois  des  places  d'Émery,  de  Rar- 
lemont ,  de  Maubeuge ,  de  Binch ,  de 
Thionville  et  de  Sierck. 


634 


CON 


L'UNIVERS. 


CON 


Ces  premiers  succès  du  jeune  prince 
avaient  fixé  sur  lui  l'attention  de  la  cour 
et  de  TËurope.  L'armée  d'Allemagne, 
commandée  par  Turenne,  avait  éprou- 
vé, Tannée  suivante,  quelques  revers 
aa'il  importait  de  reparer.  Le^  duc 
'Enghien ,  qui  venait  d'être  investi 
des  gouvernements  de  la  Champagne 
et  de  la  Brie,  reçut  l'ordre  de  se  réu- 
nir an  vicomte  et  d'agir  de  concert 
avec  lui.  L'armée  ennemie,  comman- 
dée par  Merci,  occupait  la  plaine  en 
avant  de  Fribourg ,  dans  le  Brisgau , 
et  des  redoutes  échelonnées  depuis  le 
pied  jusgu*au  sommet  de  la  mon- 
tagne qui  avoisine  la  ville.  Les  deux 
généraux  français  résolurent  de  lui  li- 
vrer bataille.  Tandis  que  Turenne  atta- 
quait la  gauche  de  l'armée  bavaroise , 
le  duc  d'Engbien  se  dirigeait  vers  les 
retranchements.  Le  5  août,  à  cinq 
heures,  les  troupes  arrivent  en  pré- 
sence de  cette  lormidable  position; 
elles  s'avancent  par  un  chemin  rude 
et  escarpé,  couvert  de  vignes  et  de 
maçonnerie ,  et  arrivent ,  malgré  le 
feu  le  plus  meurtrier,  au  pied  d'une 
batterie  défendue  par  3,000  hommes. 
Quelque  hésitation  se  manifeste  alors 
parmi  elles;  le  prince  s'en  aperçoit, 
descend  de  cheval,  marche  le  premier 
au  milieu  des  balles,  et  jette  son  bâton 
de  cohfimandement  dans  les  lignes  en- 
nemies :  elles  furent  en  un  instant  en- 
foncées ,  et  les  Bavarois ,  forcés  de 
chercher  un  abri  dans-les  bois,  y  furent 
poursuivis  et  massacrés.  La  bataille 
de  Fribourg  dura  trois  jours.  Le  suc- 
cès de  la  première  journée  assura  celui 
des  deux  autres.  Merci  abandonna  le 
champ  de  bataille  et  perdit  9,000  hom- 
mes tués,  blessés  ou  prisonniers.  Cette 
victoire  eut  pour  résultat  immédiat 
la  prise  de  trois  villes  importantes  : 
Spire,  Philisbourg  et  Mayence;  et, 
quelque  temps  après,  la  reddition  des 
places  deBerghen,  Creuznach,  Worms, 
Oppenheim  et  Landau. 

Au  commencement  de  l'année  1645, 
le  cluc  d'Engbien  reÇut  le  commande- 
ment de  l'armée  chargée  d'agir  dans  le 
Luxembourg.  Peu  de  temps  après ,  il 
alla  porter  des  secours  à  Turenne , 
auquel  Merci  venait  de  faire  éprouver 


un  échec  à  Mariendal.  Dans  cettecam- 
pagne,  il  s'empara  de  plusieurs  places 
destinées  à  défendre  le  passage  du 
Rhin,  fît  capituler  Wimpfen,et,àia 
faveur  d'une  nuit  obscure,  enlevad'as- 
saut  le  poste  de  Rotterberg. 

La  bataille  de  Nordlingen  (3  août 
1645),  011  l'ennemi  perdit  4,000  hom- 
mes tués,  2,000  prisonniers,  15  pièces 
de  canon  et  40  étendards;  la  prise  de 
Furnes  et  celle  de  Dunkerque,  en  sep- 
tembre et  octobre  1646,  venaient  de 
donner  un  nouveau  lustre  à  la  gloire 
du  duc  d'Engbien,  lorsqu'une  intrigoe 
de  cour,  suscitée  par  une  basse  ja- 
lousie ,  le  fit  envoyer  en  Catalogne. 
Cependant  le  roi  crut  devoir  tempérer 
cette  espèce  de  disgrâce  en  le  nom- 
mant gouverneur  du  Berri,  grand 
maître  de  sa  maison  ^  puis  vice-roi  et 
commandant  en  chef  de  la  Catalogne. 
Ce  nouveau  théâtre  ne  lui  fut  pas  fa- 
vorable. Il  échoua  sous  les  murs  de 
Lérida.  Cependant ,  soit  par  présomp- 
tion, soit  pour  se  conformer  à  un  an- 
cien usage  consacré  en  Espagne,  il 
avait  fait  ouvrir  la  tranchée  au  sondes 
violons;  cette  fanfaronnade  ne  lui 
réussit  pas,  et  il  fut  obligé  de  lever  le 
siège  de  la  place. 

Mais  la  fortune  se  lassa  bientôt  de 
lui  être  contraire.  Il  fut  appelé,  Tu- 
née  suivante  (1648),  au  command^ 
ment  de  l'armée  de  Flandre.  Le  débol 
de  cette  campagne  fut  marqué  par  la 
prise  d'Ypres.  La  reddition  de  cette 
,  place  força  l'archiduc  Léopold  de  lor- 
raine à  se  jeter  dans  les  plaines  de 
Lens ,  oii  le  prince  gagna  sur  loi  ia 
sanglante  bataille  de  cç  nom.  [Voytf 
Lens  (bataille  de)].  Cette  victoire  dé- 
cida la  paix  avec  l'Allemagne.  Le  prince 
reprit  ensuite  Furnes  sur  les  Espa- 
gnols, et  reçut,  au  siège  de  cette  place, 
un  coup  de  feu  qui  faillit  lui  casser  la 
cuisse.  Ses  services  furent  alors  re 
compensés  par  le  don  du  paysàcOff* 
montois ,  que  la  reine  mère  lai  con- 
céda dans  les  termes  les  plus  hooo- 

^Rappelé  à  Paris  en  1649,  il  ^ 
chargé  du  commandement  des  troupes 
destmées  à  combattre  le  parti  de  * 
Fronde,  et  parvint  à  ramener  dans  b 


GON 


FRANCE. 


CON 


525 


capitale  la  cour  et  le  cardinal  de  Ma- 
zarin.  Cependant,  après  un  service 
aussi  important,  le  prince  de  Condé 
se  vit  en  butte  aux  persécutions  du  mi- 
nistre. Mazarin,  piqué  de  l'opposition 
du  prince  au  mariage  de  sa  nièce  avec 
le  duc  de  Mercœur,  et  de  certaines 
railleries  très-vives  sur  son  adminis- 
tration ,  résolut  de  s'en  venger  en  lui 
faisant  perdre  la  faveur  de  la  cour,  et 
en  le  rendant  suspect  à  tous  les  partis. 
Ce  fut  à  la  suite  de  ces  sourdes  me- 
nées qne  le  prince  de  Condé  fut  ar- 
rêté le  18  janvier  1650,  avec  le  prince 
de  Conti,  son  frère,  et  le  duc  de  Lon- 
gueville.  Conduit  d'abc^d  à  Vincennes, 
puis  transféré  à  Marcoussi ,  et  de  la 
au  Havre,  il  tie  fut  remis  en  liberté 
que  le  13  février  1651.  Il  conçut  de 
ce  traitement  le  plus  vif  ressentiment, 
et  jura  aussi  de  s'en  venger.  «  Je  suis 
.  entré  dans  cette  prison  le  plus  inno* 
cent  de  tous  les  hommesy  disait-il  plus 
tard  à  Bossuet,/en  suis  sorti  le  plus 
coupable.  »  Menacé ,   bientôt  après , 
d'une  nouvelle  arrestation ,  il  crut  de- 
voir s'y  soustraire  en  se  retirant  à 
Saint-Maur  le  6  juillet  1651.  Bientôt 
une  foule  de  partisans  vinrent  lui  of- 
frir leurs  services.  La  froideur  avec 
laauelle  le  roi  le  reçut  dans  une  visite 
gu  il  vint  lui  faire,  augmenta  ses  dé- 
nonces, et  détermina  sa  resolution.il 
envoya  aussitôt  Sillery,  son  confident, 
à  Bruxelles,  pour  traiter  aveolecx)mte 
de  Fuensaldagne ,  commandant  des 
troupes  espagnoles ,  souleva  le  Berri, 
puis  se  retira  dans  soii  gouvernement 
de  Guyenne ,  où  il  leva  un  corps  de 
10  à  12,000  hommes,  et  en  quinze 
jours  se  rendit  maître  de  l'A ngou mois, 
du  Périgord ,  de  la  Saintonge  et  de  la 
Guyenne.  Cognac  était  la  seule  place 
de  la  Saintonge  qui  eût  refusé  de  se 
déclarer  pour  lui  ;  il  l'assiégea ,  et  il 
allait  s'en  emparer,  lorsqu'un  débor- 
dement subit  de  la  Charente ,  qui  en- 
traîna les  ponts  et  sépara  ses  quar- 
tiers ,  le  força  de  lever  le  siège.  Le 
24  janvier  1652,  le  duc  d'Orléans  traita 
avec  lui  de  l'expulsion  du  cardinal,  et 
joignit  ses  troupes  à  celles  des  Espa- 
gnols qui  allaient  se  réunir  à  l'armée 
le  Condé.* 


L'armée  royale  se  trouvait  auprès 
de  Gien;  c«lle  du  prince  campait  à 
quelques  lieues  de  la,  sous  les  ordres 
des  ducs  de  Nemours  et  de  Beaufort. 
Les  rivalités  de  ces  deux  chefs  allaient 
devenir  funestes  au  parti.  Déjà  les 
soldats,  qui  (Savaient  le  prince  à  100 
lieues  de  distance ,  se  croyaient  per- 
dus, lorsqu'au  milieu  de  la  nuit  un 
courrier  se  présenta  devant  les  grand'- 
gardes.  C'était  le  prince  lui-même.  Il 
avait  quitté  secrètement  la  ville  d'A- 
gen,  et,  déguisé,  accompagné  seule- 
ment de  six  personnes,  il  s'était  rendu, 
à  travers  mille  dangers,  aux  environs 
de  Lori,  où  campait  son  armée,  qu'il 
ne  joignit  gu'apres  huit  jours  de  mar- 
che et  de  fatigue.  Sa  présence  excita 
parmi  ses  troupes  une  ardeur  extraor- 
dinaire; il  en  profita  pour  attaquer 
le  maréchal  d'Hocquincourt  avant  que 
celui-ci  eût  opéré  sa  jonction  avec 
l'armée  de  Turenne. 

Le  6  avril  il  marche  sur  Montargis, 
dont  il  se  rend  maître  par  un  coup  de 
main,  et  de  là  il  s'avance  vers  l'armée 
royale,  campée  dans  les  environs  de 
Blesneau;  il  l'attaque  au  milieu  d'une 
nuit  obscure  et  la  rejette  au  delà  de  ses 
positions.  (Yoy.  Blesnbàu  [combat 
de.])  Ce  combat,  dans  lequel  le  prince 
de  Condé  enleva  cinq  quartiers  a  l'ar- 
mée royale,  aurait  eu  des  résultats 
avantageux  pour  son  parti,  sans  l'ar- 
rivée du  corps  de  Turenne,  qui  arrêta 
sa  marche  victorieuse.  Les  disposi- 
tions habiles  de  ce  général  sauvèrent  le 
roi,qui  était  à  Gien,  et  que  leprince  avait 
eu  le  projetd'enlever.  Conde  manœuvra 
ensuite  sur  Paris,  où  Turenne  le  sui- 
vit pour  le  combattre.  Le  prince  espé- 
rait gagner  Conflans  et  Charenton 
avant  que  son  adversaire  pût  l'y  at- 
teindre. Mais  les  deux  armées  se  ren- 
contrèrent le  2  juillet,  au  faubourg 
Saint- Antoine,  ou  un  combat  sanglant 
s'engagea,  et  où  toute  la  bravoure  du 
prince  échoua  contre  les  savantes  ma- 
nœuvres de  Turenne  (Voy.  Fauboubg 
Saint-Anîoine  [combat  du]).  Sa  perte 
eût  été  inévitable  si  les  habitants  de 
Paris  ne  lui  eussent  ouvert  leurs  por- 
tes. Il  quitta  cette  ville  le  16  octobre  et 
alla  se  jeter  dans  les  rangs  des  Espa* 


SM 


ۥ11 


L'UKtVBRS. 


gnols,  oà  la  fortune  le  suivit  rarement. 
Cependant  ii  s'empara  de  Rethel  le 
30  octobre,  de  Sainte-Menehould  le  14 
novembre  et  reçut  le  25  le  titre  de  gé- 
néralissime des  troupes  espagnoles.  . 
Ses  opérations  furent  peu  impor- 
tantes pendant  ia  campagne  de  1653; 
ses  plus  grands  succès  furent  la  capi- 
tulation de  Rove  et  celle  de  Rocroi.  Il 
chercha,  Tannée  suivante,  à  reprendre 
Arras  pour  les  Espagnols;  Turenne 
le  força  d'en  lever  le  siège;  mais  il  as- 
sura h  retraite  de  Tarnlée  espagnole, 
dont  les  fautes  de  ses  collègues,  l'ar- 
chiduc d'Autriche  et  le  comte  de  Fuen- 


perdu  et  que  Votre  Altesse  a  tout  ré- 
paré. » 

La  campagne  de  1655  fut  employée 
tout  entière  en  marches  et  en  contre- 
marches; le  6  juillet  1656,  il  opéra  sa 
jonction  avec  les  troupes  de  Farchiduc» 
et  alla  attaquer  le  maréchal  de  la  Ferté 
devant  Valencrennes.  Il  le  fit  prison- 
nier et  lui  prit  4,000  hommes.  Ce  com- 
bat obligea  Turenne  à  lever  le  siège 
de  cette  place  et  décida  la  capitulation 
de  celle  de  Condé.  Le  22  mars  16^7,. 
le  prince  se  rendit  maître  de  Saint- 
Guilain;  le  1*'  juin  il  se  jeta  avec 
2,000  chevaux  dans  Cambrai,  assiégé 
par  Turenne,  qui  ftit  forcé  de  se  reti- 
rer. 

Le  14  juin  1658,  Farchiduc  voulut, 
contre  son  avis,  attacfiier  Farmée  avec 
laquelle  Turenne  faisait  le  siège  de 
Dunkerque.  Le  prince  s'était  placé  sur 
une  éminence,  d  oà  il  pouvait  observer 
les  dispositions  des  deux  armées  : 
«  Vous  êtes- vous  jamais  trouvé. à  une 
bataille,  dit-il  au  due  d'York,  qui  se 
trouvait  auprès  de  lui,  et  qui  depuis 
fut  roi  d'Angleterre?  —  Non,  répondit 
le  duc. — Eh  bien  !  reprit  Condé,  dans 
une  demi-heure,  vous  verrez  comment 
on  en  perd  une.  »  En  effet,  Farchiduc 
fut  complètement  battu.  Pendant  cette 
action,  a  laauelle  on  a  donné  le  nom 
de  bataille  des  Dunes  (voy.  ce  mot), 
le  prince  avait  obtenu  quelques  succès 
avec  Faile  qu'il  commandait,  et  il  al- 
lait peut-être  pénétra  dans  la  ville, 


lorsque,  entouré  de  toute  part  par  des 
forces  supérieures,  il  fut  obligé  de 
battre  en  retraite. 

La  paix  des  Pyrénées  lui  rouvrit,  en 
1659,  les  portes  de  la  France.  Une 
clause  du  traité  stipulait  son  retour 
et  sa  réintégration  dans  ses  places  et 
dignités.  Dans  le  mois  de  janvier  1660, 
il  se  rendit  à  Aix,  où  était  la  cour.  | 
Le  roi  l'accueillit  avec  bonté  et  ras- 
sura qu'il  avait  tout  oublié.  Le  31 
décembre .  1661 ,  il  fut  porté  en  tête 
d'one  promotion  de  chevaliers  de 
Fordre  du  Saint-Esorit.  Toutefois,  et 
malgré  cette  réconciliation  apparente, 
i.l  resta  sans  conmandement  jusqu'en 
1668,  époque  à  laquelle  Louvois  le 
chargea  de  la  conquête  de  la  Franche- 
Comté,  sous  les  ordres  de  Louis  XIV. 
Il  s'empara,  le  7  février,  de  la  yilleet 
du  château  de  Besançon ,  soumit  ec 
peu  de  temps  lespiaces^de  Dôlç,  Gray, 
Joux  et  Sainte-Anne,  et  il  venait  d'être 
appelé  au  commandement  de  Farmée 
sur  la  Sambre,  lorsque  le  traité  d'Aix- 
la-Chapelle  mit  fin  à  la  guerre.  Maïs 
en  1672  eut  lieu  la  guerre  de  Hollande, 
et  Louis  XIV  entra  dans  les  Pays-Bas 
avec  une  armée  de  100,000  hommes, 
divisée  en  trois  corps.  Coudé,  qui  com- 
mandait celui  du  centre,  prît  Wesel, 
Emerrch  et  se  signala  au  passage  du 
Rhin  à  Toihuts  :  il  y  eut  le  poignet 
gauche  cassé  d'un  coup  de  pistolet,  et 
n'en  continua  pas  moins  de  poursui- 
vre Fennemi,  qu'il  rejeta  à  2  Ireues  de 
ses  premières  positions.  La  gravité  de 
sa  blessure  le  força  cependant  à  rési- 
gner son  «commandement  ;  mais  on  loi 
confia,  l'année  suivante,  cehii  de  far- 
mée du  Bas-Rhin,  chargée  de  conser- 
ver les  conquêtes  faites  en  Hollande 
et  d'y  contenir  Fennemi. 

L'année  1674  offrit  au  prince  de 
Condé  de  nouvelles  occasions  d^acqué- 
rir  de  la  gloire.  Louis  X^^  ahandoooé 
de  tous  ses  alliés,  attaqué  par  toutes 
les  puissances  de  FEurope,  se  trouvait 
réduit  à  ses  propres  forces  et  obligé 
de  défendre  ses  frontières.  Quatre  ar- 
mées furent  créées  dans  la  Franche- 
Comté,  en  Allemagne,  dans  le  Aoos- 
sillon  et  en  Flandre.  Condé  reçoit  h 
commandement  de  cette  demiâre;  if 


CON 


FRANCE. 


COff 


5119 


marche,  |e  M  août ,  contre  la  prince 
d*Orange,  qu'il  rencontre  près  du  vil- 
lage de  Senef,  entre  Mons  et  Charleroi. 
Il  passe,  à  la  tête  de  la  maison  du  roî, 
un  ruisseau  qui  le  sépare  de  Tennemi, 
Fattaque  avec  son  impétuosité  ordi- 
nairc,  l'enfonce  et  le  met  en  déroute. 
A  cet  instant  l'infanterie  française,  qui 
avait  pénétré  dans  le  village  du  Fay, 
éprouvait  une  vigoureuse  résistance 
de  la  part  de  l'ennemi  :  Gondé  se  porte 
aussitôt  sur  ce  point,  devenu  le  théâtre 
du  plus  affreux  carnage  ;  sa  présence 
décide  la  victoire,  et  le  prince  d-Orange 
abandonne  le  champ  de  bataille,  sur 
lequel  le  général  français  passe  la  nuit. 
(Voy.  Senef  [bataille  de.])  Cette  ba- 
tailfe,  l'une  des  plus  sanglantes  du 
règne  de  Louis  XIV,  fut  cependant 
sans  résultats  ;  les  pertes  y  furent  ba- 
lancées et  les  deux  armées  s'attribuè- 
rent réciproquement  la  victoire.  Condé 
'  venait  de  s'emparer  du  Limbourg  lors- 
qu'il reçut,  en   1675,  l'ordre  d'aller 
remplacer  le  maréchal  de  Turenne, 
qui  venait  d'être  tué  au  combat  de 
Salzbach.  Il  fit  lever  à  Montécuculli 
le  siège  de Hagueneau,  s'empara  de  Sa- 
verne   et  força   l'ennemi   à    évacuer 
FAIsace  et  à  repasser  le  Rhin.  Mais  ce 
fut  sa  dernière  campagne.  Tourmenté 
depuis  quelque  temps  par  la  goutte,  il 
sollicita  et  obtint  du  roi  la  j)ermission 
de  rentrer  dans  la  vie  privée.  Depuis 
cette  époque,  il  parut  rarement  à  la 
cour  et  vécut  paisiblement  dans  sa 
belle  terre  de  Chantilly,  dont  il  avait 
fait  une  habitation  presque  royale.  Il 
mourut  à  Fontainebleau  le  11  décem- 
bre 1686,  à  l'âge  de  65  ans. 

INé  avec  un  caractère  impérieux,  em- 
porté, dur  et  colère,  ce  pnnce  suppor- 
tait difficilement  les  contrariétés,  et 
amais  il  ne  souffrit  que  ses  inférieurs 
oî  fissent  la  mpindre  observation.  Il 
if  mait  cependant  à  rendre  justice  au 
^rai  mérite  ;  ainsi ,  il  fit  rendre  les 
lonneurs  funèbres,  même  dans  les 
•angs  ennemis,  au  général  Merci,  qui 
ut  trouvé  parmi  les  morts  après  la  ba- 
aille  de  Nordlingen;  il  marqua  lui- 
tiSme  le  lieu  de  son  tombeau  et  dicta 
et^te  épigraphe  :  5to,  viator;  heroem 
Y3&iccLS'  (Passant,  arrête;  tu  fouies 


sous  tes  pieds  les  cendres  d'un  héros.) 
Il  se  montra  le  protecteur  éclairé 
des  lettres;  admirateur  passionné  du 
grand  Corneille,  il  ne  fut  point  injuste 
envers  Racine,  dont  il  encouragea  les 

Î)remiers  essais,  et  qu'il  soutint  contre 
es  cabales  de  ses  ennemis*  fioileau  et 
Molière  furent  aussi  toujours  aceueil- 
lis  par  lui  avec  la  plus  grande  bien* 
veillanoe. 

Du  reste,  Condé  n'avait  aucune  des 
qualités  qui  constituent  l'homme  d'Ë* 
tat.  Malgré  la  prédiction  de  Riche- 
lieu, et  contrairement  à  l'opinion  de 
Voltaire»  il  n'aurait  jotté  qu'un  rôle 
fort  secondaire  dans  le  maniement  des 
affaires,  si  les  événements  l'y  eus- 
sent appelé.  Pendant  la  fronde,  il  em* 
brassa  et  quitta  tour  à  tour  les  deux 
partis,  et  il  ne  sut  jamais  profiter  des 
circonstances  qui  pouvaient  lui  être 
favorables. 

En  résumé ,  la  vie  privée  du  prinee 

de  Condé  n'a  pas  toujours  été  à  l'abri 

du  reproche,  et  l'histoire  ne  lui  par- 

,  donnera  jamais  d'avoir ,  pendant  huit 

ans,  porté  les  armes  contre  son  pays. 

Sa  vie  militaire,  que  nous  avons 
rapidement  esquissée,  a  été  brillante. 
Pendant  le  cours  de  ses  campagnes,  il 
ne  reçut  gu'une  blessure  sérieuse ,  et 
pourtant  il  ne  fut  jamais  moins-  pro- 
digue de  son  sang  que  de  celui  de  ses 
soldats.  «  Il  était  né  général  ,  a  dit 
Voltaire;  l'art  de  la  guerre  était  en 
lui  un  instinct  naturel.  »  Et  cepen- 
dant, il  faut  bien  le  dire,  il  dut  sou- 
vent la  victoire  à  l'opiniâtreté  de  son 
caractère,  et  rarement  aux  inspira- 
tions du  génie. 

A  la  i^n  de  sa  carrfèiie,  il  perdit 
tout  à  coup  son  courage  et  ses  facultés. 
«  Ké  plus  agile  que  robuste,  dit  Vol- 
taire ,  il  éprouva  la  caducité  avant  le 
temps;  et  son  esprit  s'afïlalblissant 
avec  son  corps,  il  ne  resta  rien  du 
grand  Condé  les  deux  dernières  an- 
nées de  sa  vie.  »  Bossuet  prononça 
son  oraison  funèbre.  Ce  fut  le  che'f- 
d*œuvre  et  le  dernier  ouvrage  du  grand 
orateur. 

Henri-Jules  de  Bourbon,  prince  de 
Condé,  fils  du  grand  Gondé,  s'annonoi 
d'une  manière  brillante  dans  la  seule 


I»38 


Goir 


LUNIVERS. 


€0K 


carrière  où  sa  maison  se  soit  illustrée; 
il  combattit  aux  côtés  de  son  père  à 
la  bataille  de  Senef,  et  lui  sauva  la  vie 
en  aidant  le  comte  d'Ostain  à  le  re- 
placer sur  son  cheval.  Mais  il  n'eut 
point  le  bonheur  de  rencontrer  d'au- 
tres occasions  semblables,  et  les  sou- 
venirs que  son  nom  réveille  y  ne  sont 
pas  tous  d'une  nature  héroïque.  La 
bizarrerie  de  son  humeur,  son  ava- 
rice, ses  vapeurs,  et  les  attentions  ri- 
dicules .qu^ii  donnait  à  sa  santé ,  le 
rendirent  la  fable  de  la  cour.  On  peut 
consulter,  à  son  sujet ,  les  Mémoires 
du  duc  de  Saint-Simon ,  qui  donne  les 
détails  les  plus  étranges  sur  la  vie 
privée  de  ce  prince,  qui  «  alloit  jusqu'à 
peser  tout  ce  qui  sortoit  de  son  corps.  » 
Il  mourut  en  1709,  laissant,  de  son 
mariage  avec  Anne  de  Bavière ,  prin- 
cesse palatine , 

Louis  m,  né  en  1668.  Celui-ci  se 
comporta  avec  distinction  aux  sièges 
de  Mons  et  de  Namur ,  montra  de  la 
valeur  et  de  l'intelligence,  et  mourut  à 
Paris  d'un  mal  subit  en  1710,  après 
une  vie  désordonnée.  La  violence  de 
son  caractère  était  extrême.  Voici  l'é- 
trange portrait  que  le  duc  de  Saint- 
Simon  nous  donne  de  ce  petit-fils  du 
grand  Coudé  : 

>  «  C'étoit  un  homme  très-considéra- 
blement plus  petit  que  les  plus  petits 
hommes ,  qui ,  sans  être  gras ,  étoit 
gros  de  partout;  la  tête  grosse  à  sur- 
prendre, et  un  visage  qui  faisoit  peur. 
On  disoit  qu'un  nain  de  madame  la 
princesse  en  étoit  cause.  Il  étoit  d'un 
jaune  livide,  l'air  presque  toujours  fu- 
rieux; mais  en  tout  temps  si  fier,  si 
audacieux ,  qu'on  avoit  peine  à  s'ac- 
coutumer à  lui.  Il  avoit  ae  l'esprit,  de 
la  lecture ,  des  restes  d'une  excellente 
éducation,  de  la  politesse  et  des  grâces 
même  quand  il  vouloit  ;  mais  il  vou- 
loit  très  -  rarement.  Il  n'avoit  ni  l'in- 
justice, ni  l'avarice,  ni  la  bassesse  de 
ses  pères ,  mais  il  en  avoit  toute  la 
valeur ,  et  avoit  montré  de  l'applica- 
tion et  de  l'intelligence  à  la  guerre.  Il 
en  avoit  aussi  toute  la  maugnité  et 
toutes  les  adresses  pour  accroître  son 
rang  par  des  usurpations  fines,  et  plus 
d'audace  et   d'emportement    qu  eux 


encore  à  embler.  Ses  mœurs  perverses 
lui  parurent  une  vertu ,  et  d'étranges 
vengeances  ,  qu'il  exerça  plus  d'uoe 
fois,  un  apanage  de  sa  grandeur.  Sa 
férocité  étoit  extrême  et  se  montroU 
en  tout.  C'étoit  une  mense  toujours 
en  l'air,  et  qui  faisoit  fuir  devant  elle, 
et  dont  ses  amis  n'étoient  jamais  eo 
sûreté,  tantôt  par  des  insultes  extrê- 
mes, tantôt  par  des  plaisanteries  cruel- 
les en  face,  et  des  chansons  qu'il  sa- 
voit  faire  sur-le-champ  qui  empor- 
toient  la  pièce  et  qui  ne  s'effaçoient 
jamais Les  embarras  domesti- 
ques^ les  élans  continuels  de  la  plus 
furieuse  jalousie ,  le  vif  piquant  a'en 
sentir  sans  cesse  l'inutilité ,  un  con- 
traste sans  relâche  d'amour  et  de 
rage  conjugale,  le  déchirement  de 
l'impuissance  dans  un  homme  si  fou- 
gueux et  si  démesuré ,  le  désespoir  de 
la  crainte  du  roi  et  de  la  préférence 
de  M.  le  prince  de  Conti  sur  lui..., 
la  rage  du  sang  de  M.  le  duc  d'Orléans 
et  de  celui  des  bâtards,  toutes  ces  fu- 
ries le  tourmentèrent  sans  relâche  et 
le  rendirent  terrible  comme  ces  ani- 
maux qui  ne  semblent  nés  que  pour 
dévorer  et  faire  la  guerre  au  genre  hu- 
main... Quiconque  aura  connu  ce 
prince  n'en  trouvera  pas  ici  le  portrait 
chargé.  »  L'aîné  de  ses  neuf  enfants 
Hit: 

Louis-Henri  y  qui  était  né  en  1691 
Il  fut  nommé  chef  du  conseil  de  ré- 
gence après  la  mort  de  Louis  XIV,  et 
devint ,  après  celle  du  duc  d'Orléans, 
premier  ministre  du  jeune  roi.  Il  hé- 
rita de  l'humeur  rapace  de  ses  pères, 
puisa  à  pleines  mains  dans  les  caisses 
de  l'État,  se  compromit  dans  les  opé- 
rations financières  de  Law ,  plas  tard 
s'associa  aux  manœuvres  des  frères 
Paris,  et  grossit,  par  toutes  ces  voies 
ténébreuses ,  sa  fortune  héréditaire. 
La  célèbre  marquise  de  Prie ,  sa  mat- 
^tresse,  exerça  sur  lui  une  influence  qoi 
ne  tourna  ni  au  profit  de  sa  gloire,  ni 
à  l'avantage  de  l'Etat.  Le  duc  de  Bom^ 
bon  (car  il  conserva  ce  titre ,  et  ne 
porta  point  celui  de  prince  de  Condë, 
qui  lui  appartenait  de  droit  cependaitf} 
tut  supplanté ,  en  1726 ,  comme  pre- 
mier ministre  par  le  cardinal  Fieaiy, 


CON 


FRANCE. 


i:oN 


525 


qui  le  lit  exiler  de  la  cour,  et  dont  la 
rancune  le  poursuivit  longtemps.  Re- 
tiré à  Chantilly,  il  s'y  livra  avec  pas- 
sion à  rétude  de  la  chimie  et  de  This- 
toire  naturelle,  dont  il  forma  de  pré- 
cieuses collections.  Il  y  moturut  en 
1740. 

Charles  de  Bourbon,  comte  de 
Cbarolais,  second  fil?  de  Louis  III, 
naquit  à  Chantilly  en  1700.  Il  n'avait 
que  dix  ans  quand  il  perdit  son  père, 
dont  il  eut  le  caractère  violent  et  em- 
porté. Son  éducation  fut  très-négli- 
sée  ;  il  fut  de  bonne  heure  abandonné 
a  lui-rtiéme ,  et  se  livra  avec  fureur  à 
ses  passions  désordonnées.  Tout  jeune, 
il  se  plaisait  à  torturer  des  animaux  ; 
plus  tard ,  il  se  montra  cruel  envers 
ses  domestiques  ;  et  Ton  dit  même 
gue  ses  débauches  furent  plus  d'une 
lois  ensanglantées.  Il  quitta  secrète- 
ment la  France,  en  1717,  et  alla  en 
Hongrie,  servir  ^omme  volontaire, 
contre  les  Turcs ,  dans  l'armée  du 
prince  Eugène.  Il  voyagea  en  Italie , 
puis  en  Bavière,  revint  en  France ,  en 
1720,  fut  admis  aussitôt  à  faire  partie 
du  conseil  de  régence ,  et  devint ,  la 
même  année,  gouverneur  de  la  Tou- 
raine.  Il  persévéra  dans  les  désordres 
de  sa  première  jeunesse,  et  la  tradition 
l'accuse  d'avoir  plus  d'une  fois  tiré  sur 
des  couvreurs,  pour  avoir  le  plaisir  de 
les  Yoir  tombei:  du  toit.  Il  mourut  à 
Paris ,  en  1760  ,  sans  avoir  été  marié. 

Louis-Joseph  de  Bourbon  y  prince 
de  Condé ,  fils  de  Louis-Henri  duc  de 
Bourbon,  était  né  à  Paris,  le  9  mars 
1736,  et  il  ne  s'était  encore  fait  con- 
naître que  par  des  écarts  et  des  dé- 
sordres scandaleux ,  quand  la  guerre 
de  sept  ans  éclata ,  et  lui  offrit  Pocca- 
sion  de  mieux  établir  sa  renommée.  Il 
avait  passé  sa  jeunesse  sous  la  disci- 
pline du  comte  deCharolais  son  oncle, 
assez  mauvais  instituteur  pour  un 
jeune  homme  dont  les  passions  étaient 
vives  et  bouillantes ,  et  sur  qui  la  cor- 
ruption du  temps  pouvait  avoir -prise 
si  aisément.  Le  \T\nct  de  Conde  ob- 
tint, dès  son  début,  et  selon  le  privi- 
lège de  sa  naissance,  le  titre  de  lieu- 
tenant général.  Il  servit  sous  le  com- 
nnandement  du  maréchal  d'Estrées,  et 


se  lit  remarquer  particulièrement  à  la 
journée   de    Hastenbeck.    C'était   le 
champ  de  bataille  qu'il  fallait  aux  hom- 
mes de  cette  maison  ,  si  pauvres  ,  si 
mesquins  dans  la  vie  civile.  C'était  là 
seulement  qu'il  leur  était  donné  de 
montrer  ce  qu'ils  valaient.  On  rapporte 
qu'un  officier  invitant  un  jour  le  prince 
de  Condé  à  reculer  de  quelques  pas, 
pour  éviter  le  feu  d'une  batterie  :  «  Je 
«  ne  trouve  pas,  répondit-il,  toutes  ces 
«  précautions  dans  l'histoire  du  grand 
«  Condé.  »   On   pourrait  mentionner 
dans  le  cours  de  la  guerre  de  sept  ans 
d'autres  rencontres  oii  ce  prince  prit 
une  part  glorieuse  ;  et  l'on  ne  saurait 
lui  refuser  d'avoir  contribué  aux  suc- 
cès de  la  journée  de  Johannisberg.  A 
rissue  de  la  guerre,  il  se  confina  dans 
sa  belle  résidence  de  Chantilly.   Les 
Condé  avaient  toujours  admis  dans 
leur  commerce   habituel    les  esprits 
distingués  du   temps.  Le  prince  de 
Condé  aimait  particulièrement  à  rece- 
voir à  Chantilly  Buffon  et  Marmontel. 
D'Alembert,  Diderot  et  quelques  au- 
tres  esprits  d'une   égale  hardiesse, 
étaient  aussi  admise  Chantilly,  et  il  y 
avait  même  dans  le  mouvement  d'op- 
position C[ui  se  manifestait  alors,  quel- 
ques points   auxquels  le    prince  de 
Condé  ne  craignait  pas  de  se  rallier. 
Il  présenta,  par  exemple,  un  mémoire 
au  roi,  protestation  énergique  contre 
l'édit  du  chancelier  Maupeou ,  qui  cas- 
sait les  parlements  ;  mais  ses  disposi- 
tions changèrent  complètement  aux 
approches  de  la  révolution,  c[ui  trouva 
en  lui  un  adversaire  aussi  implacable 
qu'aveugle.  Il  fut  le  premier  a  sortir 
de  France,  et  donna  ainsi,  de  concert 
avec  le  comte  d'Artois ,  avec  lequel  il 
sympathisait  de  tout  point  sous  ce 
rapport,  le  signal  de  l'émigration.  En- 
fin, il  organisa,  sur  les  bords  du  Rbin, 
le  corps  d'émigrés  qui  fut  connu  sous 
le  nom  d'armée  de  Condé.  Après  les 
défaites  de  la  coalition  et  les  dernières 
opérations  du  prince  près  de  Cons- 
tance, son  corps  d'armée  fut  licencié, 
et  il  alla  rejoindre  le  comte  d'Artois 
en  Angleterre,  où  il  gagna  comme  lui, 
par  des  intrigues  et  des  menées  se- 
crètes, le  pain  qu'il  tenait  des  larges- 


T,  V.  34*  Uoraison.  (Dict.  engycl.,  etc.) 


34 


526 


GOW 


L'UNIVERS. 


CON 


sas  brîUBOÎques.  No&  revers  lui  rou- 
yrireut,  ea  1814,  le  chemin  de  la 
Fraoce,  dont  il  lui  fallut  s'éLoigoer 
encore  f^endaat  les  cent  jours.  A  soa 
(etour ,  U  reprit  les  titres  qu'il  avait 
portés  sous  rancienoe  monarchie ,  et 
iredevint  ^and  nu^tre  de  la  maison  du 
roi  et  colonel  général  de  rinfanterie* 
U  mourut  à  Chantilly ,  en  l&iS  »  ej( 
Ton  prétend  qu'au  moment  de  rendre 
rame,  ses  yeux  se  ranimèrent,  et  qu'il 
s'écria,  dans  son  transport  :  «  Ubi  e^t 
beîlum  f  »  Son  corps  fut  déposé  à 
Saint-Denis,  et,  par  ordre  de  Louis 
XVIII,  plajcé  dans  le  caveau  des  rois 
de  Franjce. 

Le  seul  héritier  qui  restât  de  son 
nom,  était  Louis-Joseph-Henriy  due 
de  Bourbon,  qui,  à  l'exemple  de  son 
ajieiU  le  premier  ministre,  s'en  tint  à 
ce  titre  et  ne  prit  pas  celui  de  prince 
de  Condé.  U  était  né  en  174&,  et  fort 
jeune  avaU  épousé  sa  cousine,  la  prin- 
cesse Louise  d'Orléans..  Ce  mariage , 
g^fâce  à  quelque»  incidents  romanes- 

?ues ,.  fournit  le  sujet  4e  la  pièce  : 
Jmoureux  de  quinze  ans.  Le  duc 
de  Bourbon  mena  la  vie  des  princes 
oisi&  de  cette  époqjue ,  et  se  livra  à 
d'assez  scandaleux  désordres.  Un  inci- 
dent de  bal  masqué  dont  les.  particula- 
rités sont  fort  connues,  amena  une 
rencontre  d'honneur  entre  lui  et  le 
comte  d'Artois.  Le  dernier  avait  arra- 
ché le  masque  de  la  duchesse  de  Bour- 
bon, sa  maîtresse  délaissée,  s'il  en 
faut  croire  les.  dires  du  temps,  et  qui 
l'avait  poussé  à  bout  dans  un  accès  de 
jalousie.  Les  deux  princes,  après  s'être 
liait  réciproquement  une  légère  bles- 
sure, se  réconcilièrent,  en  dépit  de 
l'aventure  étrange  et  fort  ébruitée  qui 
avait  donné  lieu  au  due]  (Voyez  Ckaa- 
LES  X).  Le  duc  de  Bourmm  fit  ses 
premières  armes  au  siège  de  Gibraltar, 
en  compagnie  du  comU  d'Artois,  et  y 
reçut  une  blessure.  Associé  aux  hs»- 
nés  politiques  de  son  père,  quand  la 
révolution  éclata ,  il  servit  la  même 
cause  et  commanda  aussi  un  corns 
d'émigrés  qu'il  avait  organisé  dans  le 
pavs  de  Liège.  U  assista  aux  princi- 
pales affaires  des  campagnes  contre- 
révolutionnaires  ,  et  reçut  au  combat 


de  Bertheim  une  btessure  au  poigoet. 
Il  se  retira  en  Angleterre,  où,  comoM 
tous  les  siens  »  il  s'occspa  d'intrigues, 
et  il  se  disposait  peut-être  à  reparaître 
dans  les  armées  enneaûeSf  quand  il 
apprit  la  mort  de  son  fils,  le  doc 
d  Ër^ghien.  Il  essaya  peaiiant  les  cent 
jours  y  après  la  fuite  oe  Louis  XVIIi, 
%Q  dhriger  le  seulèvement  de  la  Ve» 
dée;  inais  il  édioua  dans  cette  tisota* 
ti  ve ,  et  se  retira  bientôt  après  en  An- 
gleterre. Rentré  en  France  après  la 
seconde  abdication  de  Pïapoléoni»  ii  U 
investi  du  titre  de  grand  naaitre  d<  la 
maison  du  roi ,  et  véeut  dans  ses  (to* 
maines ,  où  il  se  livra  aux  plaisirs  de 
la  chasse,  son  unique  occupation,  #tà 
quelques  relations  intimes  ^  où  il  M 
parait  pas  q/à'iï  ait  rencootré  le  boo- 
làeur.  Personne  n'ignore  que  |Mur  soi 
testajnent,  du  30  août  182»,  il  avait 
institué  pour  son  héritier  Henri 4'Or 
léans ,  duc  d'Aumale.  La  révotutiei 
de  1830  causa  au  duc  de  Bourbea  m 
impression  de  peine  et  d'eiSrei  dont 
ses  sympathies  politiques  ne  laissai 
pas  douter.  Son  intentioa  secrète  était- 
elle^  ainsi  qu'on  l'a  dit ,  de  partager  k 
toit  de  la  éimiile  exilée ,  et  de  revenir 
sur  ses  dispositions  testamentaîNi^ 
Quoi  qtt'ii en  soit  de  ces  eiroonstdaseï 
difficiles  à  éclaircir,  la  nuMrt  du  4tt«de 
Bourbon  survint  peu  de  temps  aprèii 
et  cette  fin  du  dernier  des  Goadé  élÉ 
faite  pour  causer  l'étoiuiemeBt  Le 
prince  fut  trouvé ,,  le  30  aoAt  t830, 
pendu  par  un  moucboir  à  FespagnoM 
de  sa  fenêtre,  4aas  son  château  de 
Saint-Leu.  Un  procès  célèbre  ÙA  itt 
tenté  à  l'occasion  de  cette  eatastrepbs: 
il  eut  pour  résultat  Tabandon  d* 
poursuites  commencées,  et  l'opittB* 
«û  prévalut  en  justice ,  fut  que  ledtf 
ne  Bourbon  avait  mis  fia  à  ses  joiB>> 
Loids-AtUoine-Henri  de  Bowf^ 
duc  d'Ënghien^  fils  du  précédent,  étii 
né  à  Chantilly,  ke  2  aoât  1772.  Ilaiaft 
suivi ,  à  l'âge  de  vingt  ans»  son  aaaf 
père ,  le  prince  de  Condé ,  dans  féoi' 
gration.  Il  servit  avec  distinctîoD  da^ 
les  rangs  de  cette  noblesse  Ù90^ 
dont  les  illusions  furent  si  aveugles^ 
si  opiniâtres,  et  la  conduite  à  eoupi: 
bie.  Quand  l'armée  du  prince  deCtfode 


i 


CON 


FRANCE. 


CON 


527 


fut  définitivement  licenciée ,  il  se  fi^^a 
à  Ëttenheim  (grand-duehé  de  Bade). 
C'est  là  que ,  prévenu  de  participer  à 
des  complots  contre  la  sûreté  de  la 
république,  il  fût  arrêté  le  15  mars 
1804,  à  cinq  heures  du  matin.  Il  arriva 
en  poste  au  château  de  Vincennes,  le 
^0  au  soif.  Une  commission  militaire 
le  jugea  dans  la  même  nuit,  et  le  con- 
damna à  mort  à  quatre  heures  du  ma- 
tin. Une  demi-heure  après,  le  dernier 
rejetoD  de  la  famille  de  Condé  tombait, 
fusillé,  dans  les  fossés  du  château.  Il 
était  â^é  de  trente-deux  ans. 

Voici  comment  Napoléon  lui-même, 
dans  ses  Mémoires,  s'explique  sur  cette 
triste  catastrophe  :  «  Le  duc  d'Ênghien 
a  périt  parce  qu'il  était  un  des  auteurs 
«  principaux  de  la  conspiration  de 
«  Georges,  Moreau  et  Picnegru....  Le 
«  duc  d'Enghien  figurait  déjà  depuis 
<r  1796  dans  tes  intrigues  des  agents 
a  de  FAngleterre,  etc.  »  {Mém,yX,  lï, 
page 228.)  Plus  loin,  on  lit  encore 
(p.  340-341)  :  «  La  mort  du  duc  d^En- 
«  ghien  doit  être  attribuée  aux  person- 
«  nés  qui  dirigeaient  et  commandaient 
a  de  Londres  l'assassinat  du  premier 
«  consul,  et  devinaient  le  duc  de  Berry 
«  à  entrer  en  France  par  la  falaise  de 
«  Béville ,  et  le  duc  d'Enahien  par 

«  Strasbourg Elle  doit  être  éter- 

«  nellement  reprochée  enfin  à  ceux 
a  qui,  entraînés  par  un  zèle  criminel, 
«  n^attendirent  point  les  ordres  de  leur 
«  souverain  pour  exécuter  le  jugement 
«i  de  la  commission  militaire,  etc.  » 

Enfin ^dans  son  testament  il  dit  en 
termes  exprès  :  «  J'ai  fait  arrêter  et 
«  juger  le  duc  d'Enghien ,  parce  que 
<c  cela  était  nécessaire  à  la  sûreté,  à 
a  l'intérêt  et  à  l'honneur  du  peuple 
«  français,  lorsque  le  comte  d'Artois 
«  entretenait  de  son  aveu ,  soixante  as- 
«  sassinsà  Paris.  Dans  une  semblable 
«  circonstance,  f agirais  encore  de 
«  même  (*).  » 

CoNDB  (Louis-Marie) ,  fils  d'un  né- 
gociant d'Auray,  où  il  naquit  en  1752, 
fut  d'abord  destiné  à  Fétat  ecelésias- 

(*)  Voyez  Napoléon,  ses  opinions  etjugef 
tnents  sur  les  hommes  el  sur  les  choses,  par 
M.  Damas  Hinard,  1. 1,  p.  433  et  438. 


tique.  Mais  son  humeur  inquiète,  son 
esprit  naturellement  actif  et  sa  cons^ 
titution  robuste,  fe  rendaient  peu  pro- 
pre à  une  vie  dé  contemplation,  de 
retraite  et  de  renonciation.  De  là  une 
lutte  contre  la  volonté  de  sa  famille, 
et  sa  fuite  de  la  maison  paternelle ,  à 
l'âge  de  quatorze  ans.  Devenu  maître 
de  ses  actions,  il  se  rendit  à  Lorient, 
le  port  le  plus  voisin  d'Aurây ,  et  s'y 
embarqua  sur  le  navire  de  la  Compa- 
gnie des  Indes  le  Duic  de  Duras,  com- 
mandé par  le  capitaine  Brumanière, 
La  vocation  du  marin  se  montrait  avec 
trop  de  force  pour  qu'elle  fût  combat; 
tue  plus  longtemps  par  ses  parents.  A 
son  retour  en  France,  après  un  voyage 
de  dix-huit  mois ,  il  fut  rappelé  chez 
son  père ,  qui  lui  fit  l'accueil  le  plus 
tendre.  Depuis  cette  époque  jusqu  à  la 
guerre  d'Amérique,  Conde  fit  plusieurs 
campagnes  en  Chine  et  au  Bengale, 
comme  enseigne  surnuméraire  et 
comme  enseigne ,  sur  les  navires  dii 
commerce  le  Comte  d^Argènsonj  fe 
Pondichéry,  le  Jriton,  et  le  Gange, 
En  1778,  il  passa  au  seirvice  de  TÉtat, 
et  fut  élevé  au  ^rade  de  lieutenant  de 
frégate.  Il  servit  en  cette  qualité  suc- 
cessivement sur  Vlphigénie,  sur  tM- 
grette ,.  sur  VÉpervier,  et  prit  une 
part  honorable  à  lia  destruction  des 
forts  et  des  établissements  anglais 
dans  les  rivières  de  Gambie  et  de 
Sierra-Leone.  Le  chef  de  cette  dernière 
expédition  savait  (^e  le  lieutenant 
Condé  avait  été  chargé,  dans  ses  cam- 
pagnes précédentes,  de  faire  entrer 
dans  nos  ports  plusieurs  cutters  cap- 
turés sur  les  Anglais  :  il  le  destina  à 
aller  porter  des  dépêches  au  gouverne- 
ment français,  et  à  conduire  a  Brest  la 
corvette  anglaise  la  Junon.  Pendant 
le  trajet,  gui  fut  très-périlleux,  Condé 
soutint  cinq  engagements  contre  les 
forces  ennemies,  et  cinq  fois  îl  sortit 
victorieux  de  ces  combats.  «  Dans  une 
de  ces  rencontres ,  dit  un  historien  , 
un  baril  de  cartouches ,  placé  près  de 
lui ,  fit  explosion  et  le  brûla  des  pieds 
à  la  tête  ;  cet  accident  ne  lui  fît  point 
abandonner  son  poste  ;  s'étant  fait  ap- 
porter un  baquet  d'eau ,  il  s'y  plongea 
tout  entier,  et  continua,  danâ  cette 

34. 


628 


CON 


L*UNIVERS. 


CON 


position,  à  donner  ses  ordres,  quoiqu'il 
souffrît  horriblement  de  ses  blessu- 
res. »  Appelé,  en  1780,  au  comman- 
dement du  Saumon,  il  fut  envoyé  aux 
Antilies,,  où  il  servit  de  mouche  pen- 
dant trois  ans  à  MM.  de  Ternay,  de 
Barras  et  de  Grasse  :  comme  tel ,  il 
assista  aux  divers  combats  que  livrè- 
rent ces  officiers  supérieurs^  et  dans 
toutes  les  circonstances  il  les  seconda 
avec  son  courage  et  son  intelligence 
ordinaires. 

Au  retour  de  la  paix ,  il  fit  pour  le 
compte  de  la  marine  marchande  plu- 
sieurs campagnes  au  Bengale  et  à  la 
Chine.  La  révolution  le  rappela  au 
service  de  TËtat  :  elle  le  Gt  d'abord 
lieutenant  et  ensuite  capitaine  de  vais- 
seau. Enl79<5,  nous  lui  voyons  prendre, 
en  cette  dernière  qualité^  le  comman- 
dement du  Ça  ira,  un  des  bâtiments 
de  haut  bord  qui  faisaient  partie  de 
l'armée  navale  du  contre-amiral  Mar- 
tin. La  flotte  républicaine ,  sortie  de 
Toulon  le  3  mars ,  ne  tarda  pas  à  se 
trouver  en  présence  des  forces  de  l'a- 
miral Hothara.  Tandis  que  Condé  ma- 
nœuvrait pour  rejoindre  l'armée,  qui 
s'était  formée  en  ligne  de  bataille ,  le 
Ça  ira,  dans  un  fort  tangage,  fut  dé- 
mâté de  ses  deux  mâts  de  hune  d'un 
seul  coup.  Deux  vaisseaux  anglais , 
V Inconstant  et  V Agamemnon,  vinrent 
l'attaquer  aussitôt,  comptant  en  avoir 
bon  marché.  En  effet ,  le  brave  capi- 
taine était  dans  la  position  la  plus 
critique ,  le  feu  s'étant  manifesté  dès 
les  premiers  coups  de  canon  dans  ses 
porte-haubans,  et  sa  batterie  étant 
paralysée  par  la  chute  de  ses  mâts. 
Condé,  avec  un  admirable  sang-froid, 
dégage  son  artillerie ,  force  Vlncons- 
tant  a  quitter  son  travers,  à  se  retirer 
même  du  champ  de  bataille ,  et  cause 
en  peu  de  temps  des  avaries  considé- 
rables à  VAgamemnon.  Cependant  le 
contre-amiral  Martin  envoie  le  Censeur 
pour  le  soutenir,  et  la  Festale  pour  le 
prendre  à  la  remorque.  Nos  vaisseaux 
vont 'opérer  leur  retraite,  quand  lord 
Hotham  manœuvre  pour  les  envelop- 
per. Condé  conçoit  aussitôt  la  pensée 
la  plus  audacieuse  :  il  vire  de  bord, 
vent  devant,  et  cette  évolution  lui  per- 


met de  prolonger  les  bâtiments  an- 
glais ,  en  continuant  de  faire  un  fea 
très-nourri.  Enfin,  l'avant-garde  de  la 
flotte  républicaine  vient  d^ager  le 
Ca  ira  et  le  Censevr,  qui  avaient  com- 
battu, trois  heures  durant,  à  demi- 
portée  de  canon,  contre  des  forces  sa- 
périeures;  mais  le  lendemain,  ces  dm 
vaisseaux,  séparés  encore  du  gros  (le 
l'armée  par  la  lenteur  de  leur  marcbe, 
durent  recommencer  cette  lutte  iné- 
gale et  succomber  glorieusement.  Pen- 
dant un  nouveau  combat  de  sept 
heures,  ils  soutiennent  intrépidement 
le  feu  de  sept  vaisseaux  anglais,  parmi 
lesquels  on'  compte  la  Princesse- 
Royale ,  de  quatre-vingt-dix,  et  le  M 
tannia^  de  cent  canons.  Deux  des  bâ- 
timents ennemis ,  VlUustrious  et  le 
Courageux ,  sont  bientôt  démâtés  de 
leur  grand  mât  et  de  leur  mât  d'arti- 
mon. Quant  au  Ça  ira,  ce  n'est  plus 
qu'un  ponton,  couvert  de  morts  et  de 
blessés,  criblé  de  boulets  et  faisante» 
de  toutes  parts.  Douze  pièces  de  ea- 
non  sont  démontées,  la  soute  an 
poudres  à  l'arrière  est  noyée,  quatre 
cents  hommes  ont  été  tués ,  un  grand 
nombre  sont  blessés ,  et  Condé  lui- 
même  ,  défiguré  par  deux  blessures  et 
par  de  fortes  contusions  au  bras  droit, 
a  la  poitrine,  à  la  tête,  et  sur  diverses 
parties  du  corps,  est  à  peine recofr 
naissable.  Il  amène  son  pavillon,^ 
bientôt  après ,  le  capitaine  Benoît,  ds 
Censeur,  est  réduit  à  la  même  néces- 
sité. 

Condé  fut  reçu  à  bord  de  la  Prit- 
cesse-Royale,  par  lord  Hotham,* 
officiers  et  ses  marins ,  avec  des  n* 
ques  extraordinaires  de  respect.  Lor^ 
qu'il  remit  son  épée,  selon  l'usage )> 
1  amiral  anglais,  celui-ci  lui  dit  :  «  Coig 
«  mandant,  ie  garde  pour  moi  cette jmj 
«rieuse  épée;  mais  je  vous  prietflj 
«  cepter  la  mienne ,  en  témoignage^ 
«mon  admiration  pour  votre  ne» 
«  courage.  »  Condé  avait  combattu  '^ 
jour-là  Nelson,  alors  capitaine  de  F 
gamemnon,  et  il  s'était  montré df« 
"d'un  tel  adversaire.  Le  pa  ira/ 
mutilé  pour  survivre  àjsa*  défaite 
rit  en  mer ,  malgré  les  efiforts  qu 
fit  pour  le  sauver.  Nommé  chef  ** 


€ON 


FRANCE. 


CON 


529 


vision  à  sa  rentrée  en  France ,  en 
1796,  Condé  eut,  de  1800  à  1805,  le 
commandement  du  vaisseau^  l'Union, 
Passant  ensuite  sur  ]e  Brave ,  il  fut 
attaché ,  au  mois  d'octobre  1805 ,  à 
l'escadre  qui  était  destinée  à  porter, 
sous  les  ordres  du  contre-amiral  Leis- 
sègues ,  des  troupes  et  des  munitions, 
de  guerre  à  Saint-Domingue.  Cette  es- 
cadre avait  rempli  heureusement  sa 
mission ,  et  elle  était  à  la  veille  d'ap- 
pareiller, ^uand  l'amiral  Duckworth 
vint  tout  à  coup  la  surprendre  dans 
son  mouillage.  Condé  fait  d'incroya- 
bles efforts  pour  remettre  le  Brave  en 
état  de  faire  tête  aux  Anglais,  qui  se 
préparent  à  intercepter  nos  vaisseaux. 
il  renouvelle  presque  toutes  les  ma- 
nœuvres, presque  tous  les  prodiges  du 
combat  et  de  la  défense  du  Ça  ira.  Il 
se  défend  simultanément  contre  le  Ca* 
nopus  y  le  Donégaly  V  Atlas  y  VJga^ 
memnon,  bâtiments  de  soixante-quatre 
à  quatre-vingt-huit  canon^.  Les  rava- 
ges ,  la  destruction ,  le  carnage ,  sont 
terribles  à  bord  du  Brave  :  sur  six 
cents  hommes  d'équipage,  trois  cent 
cinquante  sont  tués  ou  mis  hors  de 
combat ,  et  Condé  a  reçu  quatre  bles- 
sures graves.  Force  lui'fut  de  se  ren- 
dre à  l'ennemi,  toujours  malheureux 
et  toujours  grand  dans  sa  défaite.  Il 
resta  prisonnier  jusqu'à  la  paix ,  les 
Af^glais  ayant  constamment  refusé  de 
se  prêter  à  un  échange.  Lorsqu'il  re- 
vint en  France,  en  1814,  ses  longs  et 
nombreux  services  furent  récompensés 
par  la  dignité  de  contre-amiral.  Le 
collège  électoral  du  Morbihan  le  nomma 
membre  de  la  chambre  des  députés 
pendant  la  courte  et  orageuse  période 
des  cent  jours.  Il  mourut  à  Pontivy, 
lé  10  février  1820  ,  laissant  deux  fils , 
Alphonse  et  Marie,  qui  tous  deux  sont 
officiers  dans  la  marme  royale. 

CoNDK-suB-Noi  RBAD,  petite  ville  de 
l'ancienne  Normandie ,  aujourd'hui 
chef-lieu  de  canton  du  département  du 
Calvados.  Cette  ville  doit  son  origine 
à  un  ancien  château  fort  dont  la  cons- 
truction est  attribuée  aux  Romains 
par  la  tradition.  Elle  tomba,  en  1418, 
au  pouvoir  des  Anglais ,  sur  lesquels 
les  Français  la  reprirent  en  1449.  Ce 


fut  une  des  premières  villes  qui  em- 
brassèrent la  réforme.  Les  protestants 
y  eurent  des  assemblées  des  le  com- 
mencement du  seizième  siècle,  et  ils  y 
tinrent ,  en  1674 ,  un  synode  provin- 
cial. 

Condé-sur-Noireau  avait  autrefois 
le  titre  de  châtellenie  ;  elle  possède  au- 
jourd'hui un  tribunal  de  commerce, 
et  l'on  y  compte  5562  habitants. 

C0NDILLA.G  (  Étienne-Bonnot  de  ) , 
le  plus  lucide  métaphysicien  des  temps 
modernes,  et,  pendant  le  dix-huitième 
siècle ,  le  chef  reconnu  de  l'école  fran- 
çaise ,  naquit  à  Grenoble  en  1715. 
L'extrême  faiblesse  de  sa  vue  lui  ayant 
longtemps  interdit  toute  application , 
il  était  parvenu  à  l'âge  de  aouze  ans 
sans  savoir  encore  lire.  Il  paraît  ce- 
pendant qu'fl  avait  reçu  d'un  curé  les 
f)remiers  rudiments  de  l'instruction, 
orsque  son  frère ,  M.  Bonnot  de  Ma- 
bly,  grand  prévôt  de  Lyon ,  l'appela 
près  de  lui.  Il  avait  alors  seize  ans.  Là, 
il  entreprit  de  refaire  seul  son  éduca- 
tion. Rousseau ,  qui  fut ,  comme  on 
sait,  précepteur  des  enfants  du  grand 
prévôt ,  se  félicite  d'avoir  le  premier 
deviné  le  penseur  chez  le  jeune  Con- 
dillac,  qui ,  à  cause  de  son  humeur  ta- 
citurne, était  au  contraire  iugé  d'une 
manière  assez  peu  favorable  par  son 
frère,  l'abbé  de  Mahly. 

Celui-ci  se  chargea  pourtant  de  lui 
quand  il  vint  à  Paris ,  où  il  détermina 
même ,  non  pas  sa  vocation ,  puisque 
Condiliac  ne  dit  jamais  d'autre  messe 
que  sa  première,  mais  son  entrée  dans 
la  prêtrise.  L'abbaye  de  Mureaux  lui 
fut  conférée  en  récompense  sans  doute 
de  sa  soumission.  Une  fois  ^ue  le 
jeune  abbé  eut  quitté  le  séminaire, 
Diderot  et  Duclos  devinrent,  avec  Jean- 
Jacques  ^  sa  société  habituelle.  Il  se 
livra  lui-même  tout  entier  à  l'éluci- 
dation  des  questions  les  plus  ardues  de 
la  métaphysique,  et  commença  enGn 
la  publication  d'une  série  d  oeuvres 
philosophiques  dont  les  volumes  se 
succédèrent  ensuite  rapidement.  On 
vit  paraître  en  1746  VEssai  sur  l'ori- 
gine des  connaissances  humaines, 
que  nous  ne  faisons  que  nommer  ici , 
parce  que  nous  aurons  l'occasion  d'y 


530 


CON 


L'UNIVERS. 


€ON 


I» 


revenir ,  et  en  1749 ,  le  TYaité  des 
systèmes ,  dans  lequel  il  anéantît  lés 
absurdes  fictions  des  métaphysiciens 

Ï»récédents  en  donnant  à  leurs  idées 
a  clarté  gui  leur  manque;  celui  des 
Sensations  en  1754,  et  en  1755  celui 
des  Animaux ,  où  il  combat,  au  sujet 
de  la  manière  de  sentir  des  bétes ,  To- 

Sinion  de  Buifon ,  dont  on  l'accusait 
e  s^étre  approprié  les  idées: 

Nommé  ensuite ,  sur  la  recomman- 
dation de  la  reine  Marie  Leezinska, 
précepteur  de  Tinfant  duc  de  Parme , 
il  composa  pour  son  élève  un  Cours 
d'études,  comprenant  des  traités  sépa- 
rés sur  la  grammaire ,  Fart  d'écrire , 
l'art  de  raisonner ,  l'art  de  penser ,  et 
l'histoire.  La  méthode  ^u'rt  y  déve- 
loppe consiste  à  faire  suivre,  pour  ap- 
prendre, k  route  qu'on  doit  avoir  suivie 
pour  créer  la  science,  sans  tenir  compte, 
bien  entendu,  de  la  part  que  le  hasard 
peut  avoir  eu  dans  les  découvertes. 

De  retour  à  Paris  en  1767 ,  Condil- 
lao  déclina  l'honneur  de  diriger  l'édu- 
cation des  trois  fils  du  dauphin ,  qui 
furent  depuis  les  rois.  Louis  XVI , 
Louis  XVIII  et  Charles  X.  Il  entra 
fannée  suivante  à  l'Académie  fran- 
çaise ,  où  il  remplaça  l'abbé  d'Olivet. 
En  1776,  on  vit  paraître  leCommer^ce 
et  le  Gouvernement,  considérés  rela- 
tivement l^unàtautre,  ouvrage  que 
la  Harpe  nomme  le  livre  élémentaire 
de  la  science  économique ,  et  que  nos 
hommes  d'État  devraient  peut-être 
consulter  davantage.  Sur  l'invitation 
qui  lui  en  fut  faite,  en  1777,  par  le 
eonseil  de  l'instruction  publique  en 
Pologne,  il  composa  sa  Logique  pour 
l'usage  des  écoles  du  Palatinat.  Il 
mourut  quatre  mois  après  l'impres- 
sion de  ce  livre,  le  3  août  1780,  au 
(Gâteau  de  Flux,  près  de  Beaugency. 
On  a  encore  de  fui  un  ouvrage  pos- 
thume, la  Langue  des  calculs  y  qui 
ne  vit  le  jour  qu'en  1798,  et  qui,  bien 
qu'inachevé,  n'en  montre  pas  moins 
combien  la  sévère  critique  de  l'auteur 
s'adaptait  admirablement  à  la  logique 
rigoureuse  des  nombres. 

Disciple  de  Bacon  et  de  Locke,  Gon- 
dillac  suivit  pourtant ,  dans  la  recher- 
che des  ventés  philosophiques,  une 


route  souvent  opposée  à  celle  de  ses 
maîtres.  Le  désir  de  suivre  la  méthode 
de  l'analyse  et  le  besoin  d'être  simple 
se  sont  parfois  trouvés  en  lutte  diez  Hiî. 
Bien  qu'il  ait  emprunté  à  Bacon  la  mé- 
thode expérimentale,  il  mérite  le  repro- 
che que  lui  a  adressé  M.  Cousin ,  de 
négliger  l'observation ,  et ,  après  avoir 
rejeté  en  principe  la  méthode  de  la 
synthèse ,  il  a  le  tort  d'en  faire  efifec- 
tivement  le  plus  fré^jucnt  usage.  Cest 
ainsi  qu'il  cherche  à  composer ,  en  le 
devinant ,  l'entendement  humain  qtie 
Locke  s'était  efforcé  de  décomposer. 
La  conclusion  à  laquelle  il  arrive,  c'est 
que  non-seulement  nos  idées,  mais  nos 
facultés  doivent  leur  existence  aax 
sen^ ,  et  que  ces  dernières  ne  sont  que 
des  sensations  transformées ,  expres- 
sion qui,  à  cause  de  son  peu  de  crarté, 
a  été  l'objet  d'un  grand  nombre  de 
critiques.  On  a  reproché  à  cette  doc- 
trine de  Condiilac  de  favoriser  le  ma- 
térialisme. Cependant ,  ainsi  que  fa 
très-bien  dit  M.  Bouillet ,  elle  n^  con- 
duirait qu'autant  que  Ton  accorSierait 
la  sensation  à  la  matière ,  et  c*est  ce 
qu'assurément  Condiilac  ii'a  pas  fait 
lui-même.  La  Romiguière  non-seule- 
ment disculpe  Condiilac  de  cette  ten- 
dance, mais  va  jusqu'à  soutenir  qu'au 
contraire  il  accorde  trop  à  l'activité  de 
rame.  Personne  n'a  mieux  comprn 
que  lui  combien  les  signes  sont  néces- 
saires au  progrès  de  la  pensée,  ni  nrieui 
démontre  que  toutes  les  langues  sont 
de  véritables  méthodes  analytiques. 
Dans  son  premier  ouvrage,  ilVamto 
avec  une  merveilleuse  claii;é  la  sta- 
tion de  tous  les  problèmes  snr  Te»- 
tendement  humain  à  l'étude  de  l'as- 
sociation des  idées  entre  elles  et  avee 
les  signes.  Quant  aux  règles  du  style, 
il  les  réduit  à  ce  lumineux  principe, 
qui  consiste  à  conserver  rigoureuse- 
ment dans  l'expression  TendiaîneniMt 
des  idées. 

On  peut  regretter  de  voir  ce  philo- 
sophe ,  si  positif  d'ailleurs ,  adopter 
pour  le  traité  des  sensations  le  pi«D 
qu'il  a  suivi.  Ce  livre  est  en  effet,  poor 
ainsi  dire,  le  roman  de  la  psychologie. 
L'auteur  y  donne  pour  clef  die  son  sys- 
tème une  hypothèse  qui  encore  n'a  pii 


€ON 


FRANCE. 


CON 


531 


le  mérite  de  la  nouveauté ,  puisque 
cette  statue  qu*it  afiime  par  degrés  re* 
|»roduit  des  suppositions  hasardées 
avant  iui  par  Biimn  et  Diderot.  Mais 
les  défauts  que  présentent  les  écrits 
de  Gondillàc  ne  sont  pas  de  nature  à 
justifier  le  jugement  au  moins  léger 
de  M.  Royer-Collard,  quand  il  n'y  voit 
que  «  df«  lueurs  de  bon  sens  qui  vont 
s'éteindre  peu  à  peu  dans  l'esprit  du 
^stème.  »  Pour  nous,  nous  partageons 
radmiration  de  DugakI  Stewart  pour 
cette  partie  «i  remarquable  des  œuvres 
de  Gwidillac  qui  se  rapporte  à  ractioh 
réciproque  de  la  pensée  et  <lu  langage, 
lïous  kii  devons  les  progrès  modernes 
de  la  philologie ,  et  assurément  ses 
hardies  et  nobles  conceptions  sur  la 
formation  du  langage  de  l'homme  n'ont 
cas  plus  à  redouter  les  pieux  arguments 
de  N.  de  Bonakl  que  les  brillants  pa- 
radoxes de  Jean-Jacques. 

GoNJDOH ,  ancienne  capitale  du  Con* 
domois,  aujourd'hui  chet-lieu  de  sous* 
préfecture  du  département  du  Oers. 

Suivant  quelques  auteurs,  cette  ville 
doit  son  origine  à  un  monastère  qui 
existait  dès  le  commencement  du  neu-» 
Tième  siècle,  et  qui  fàt  détruit  plusieurs 
fois  par  les  Normands.  Reconstruit  en 
f  011  par  Hugues ,  évéque  d'Agen  ,  11 
fut  érigé  en  éveché  en  1317  par  le  pape 
Jean  A.XI1.  Les  fortifications  de  Con- 
dom,  qui  avaient  été  démolies  en  1229, 
lorsque  Raymond,  comte  de  Toulouse, 
fit  la  paix  avec  le  roi  de  France ,  fu- 
rent relevées  dans  la  suite.  La  ville  eut 
horriblement  à  souffrir  des  cruautés 
des  protestants,  lorsqu'en  1669 ceux-ci 
y  pénétrèrent  sous  les  ordres  de  Mont* 
gommery. 

Ck)ndom  possédait  jadis  un  séné* 
chai,  et  l'origine  de  ce  privilège  remon- 
tait au  moins  à  Tannée  1286.  Henri  II 
X  établit  unprésidial  en  1552.  En  1286, 
£douard,  roi  d'Angleterre,  et  Augier, 
abbé  de  Condom ,  fixèrent  dans  une 
convention  nouvelle  l'étendue  de  la 

{'ustiee  subalterne  ,  convention  qui , 
N'en  que  confirmée  par  Philippe  de 
Valois  en  1329,  donna  lieu  à  Une  lon- 

§ue  querelle  entre  les  consuls  de  Gon- 
cm    et    révéque ,  laquelle    ne   fut 
terminée   qu'au  siècle    dernier,   et 


le  fut  en  faveur  des  habitants.  Cette 
ville  était,  avant  la  révolution,  le  chef- 
lieu  d'une  élection  ;  elle  possède  au- 
jourd'hui de^  tribunaux  de  première 
instance  et  de  commerce ,  et  l'on  y 
compte  7144  habitants.  C'est  la  patne 
de  Scipion  Dupleix ,  de  du  Bartas  et 
de  Biaise  de  Montiuc. 

Co]vi>OMOis ,  petit  pays  du  midi  de 
la  France,  placé  par  les  uns  en  Gasco- 
gne, par  les  autres  en  Guyenne.  Il 
était  borné  au  nord  par  lA^noîs, 
dont  il  avait  commencé  par  faire  par- 
tie, au  midi  par  l'Armagnac,  à  l'est 
par  la  Lomagne ,  à  l'ouest  par  le  Ba- 
zadois ,  et  il  formait  avec  ce  dernier 
pays  une  lieutenance  royale  sous  le 
gouvernement  de  Guyenne  et  de  Gas- 
cogne. Il  avait  environ  six  myriamè- 
tres  de  longueur  sur  quatre  de  lar* 
geur. 
;  Du  temps  de  César ,  la  plus  grande 

{partie  du  Condomois  était  nabitée  pat 
es  Nitobriges.  Sous  Honorius,  ce  pays 
se  trouvait  compris  dans  TAquitaine. 
De  la  domination  des  Romains ,  il 
passa  sous  celle  des  Wisigoths  ;  puis, 
comme  il  faisait  anciennement  partie 
de  TAgénots ,  il  suivit  la  destinée  de 
ce  dernier  pays,  et  appartint  successi- 
vement aux  ducs  de  Gascogne  et  de 
Guyenne  ^  et  fut  enfin  réuni  à  la  cou- 
ronne avec  le  Bordelais  et  la  Guyenne, 
en  1451,  sous  le  règne  de  Charles  VIL 
Les  villes  principales  de  ce  pays  étaient 
Condom,  capitale;  Nérac,  Gabaretet 
Mont-de-Marsan.  îl  est  compris  au- 
jourd'hui dans  les  départements  du 
.Gers  et  de  Lot-et-Garonne. 

CoNDOBCET ,  ancienne  seigneurie 
du  Dauphiné ,  aujourd'hui  du  dépar- 
tement ue  la  Drôme ,  érigée  en  ma^ui- 
sat  au  commencement  du  dix-buitieme 
siècle. 

,CoNi>OJRCET  (  Marie- Jean- Antoine- 
Nicolas  de  Caritat ,  marquis  de  ) ,  né  à 
Ribemont,  près  de  Saint-Quentin ,  le 
7  septembre  1743 ,  d'une  ancienne  fa- 
mille du  Dauphiné ,  fut  élevé  au  col- 
lège de  Navarre ,  à  Paris.  Le  succès 
avec  lequel',  à  seize  ans ,  il  y  soutint 
devant  d'Alembert  une  thèse  de  ma- 
thématiques, lui  valut  les  premiers 
encouragements  de  ce  savant,  qui  fut 


532 


CON 


L'UNIVERS. 


CON 


depuis  son  ami.  Trois  ans  apc^ ,  il  fit 
son  entrée  dans  le  monde ,  sous  les 
auspices  du  duc  de  la  Rochefoucauld. 
£n  1764,  il  présenta  à  TAcadémie  des 
sciences  son  Essai  sur  le  calcul  inté- 
gral,  et  en  1767,  son  Mémoire  sur  le 
problème  des  trois  corps,  ouvrages 
qu'il  réunit  en  1768  sous  le  titre  d'its- 
sai  d^ analyse  y  et  qui  lui  valurent, 
l'année  suivante ,  une  place  à  l'Acadé.- 
mie.  En  1773,  il  publia  les  éloges  des 
académiciens  morts  avant  1699.  Après 
avoir  réfuté ,  dans  ses  Lettres  d'un 
théologien  y  les  Siècles  littéraires  de 
Sabathier  de  Castres,  il  donna,  en  1776, 
une  nouvelle  édition  des  Pensées  de 
Pascal ,  en  y  joignant  des  notes  dans 
lesquelles  il  s'attachait  à  rétablir  le 
principe  de  la  dignité  de  la  nature  hu- 
maine, trop  méconnu  par  l'écrivain  de 
Port-Royal.  Nommé  secrétaire  perpé- 
tuel de  l'Académie  en  1777,  il  remporta 
la  même  année  un  prix  à  Berlin ,  pour 
sa  Théorie  des  comptes.  Il  entra  en 
1782  à  l'Académie  française,  d'où  l'a- 
vait longtemps  éloi^néM'influence  de 
Maurepas,  qui  ne  lui  avait  jamais  par- 
donné son  refus  d'écrire  l'éloge  du  duc 
de  la  Vrillière ,  motivé  sur  les  nom- 
breuses lettres  de  cachet  dont  ce  mi- 
nistre académicien  avait  été  l'auteur. 
Ce  fut  encore  la  liberté  de  ses.  opinions 
qui  l'empêcha  d'obtenir  le  prix  pro- 
posé en  1772  pour  l'éloge  de  l'Hôpi- 
tal. 

Pendant  la  guerre  de  l'indépendance, 
Condorcet  avait  écrit  en  faveur  des 
Américains.  De  1781  à  1784,  il  s'oc- 
cupa principalement  à  rechercher  l'ap- 
plication du  calcul  mathématique  à  la 
solution  des  questions  politiques.  Il 
fournit  un  assez  grand  nombre  d'arti- 
cles à  l'Encyclopédie,  et  fit  imprimer  en 
1 787 ,  sous  le  pseudonyme  de  Schwarz , 
des  Réflexions  sur  l'esclavage  des  ne- 
grès,  où  l'on  trouve  les  sentiments  du 
philanthrope  réunis  à  la  logique  de  l'é- 
conomiste. EnGn ,  il  entra  tout  à  fait 
dans  le  domaine  de  la  politique  par 
son  ouvrage  sur  les  ^4  s  semblées  pro- 
vinciales, ainsi  que  par  sa  collaborar 
tion  à  la  oibliotheque  de  V Homme  pu- 
blic et  à  la  Feuille  villageoise.  Ami  de 
Turgot,  il  prit  la  plume  pour  soutenir 


contre  Necker  les  mesures  que  ce  mi- 
nistre avait  prises  pour  faciliter  le 
commerce  des  grains.  Son  adversaire 
l'emporta,  et  quand  il  parvint  au  pou- 
voir ,  Condorcet ,  qui  était  alors  ins- 
pecteur des  monnaies ,  donna  sa  dé- 
mission ,  pour  n'avoir  pas  de  rapports 
avec  un  homme  dont  il  désapprouvait 
les  principes. 

Député  de  Paris  à  l'Assemblée  D3- 
tionate ,  il  en  fut  ensuite  nommé  se- 
crétaire, et  la  présida  en  février  1792. 
Il  fît,  le  20  avril ,  sur  l'organisation  de 
l'instruction  publique,  un  rapport  re- 
marquable où  il  demandait  rétablisse- 
ment de  l'enseignement  gratuit  pour 
tous  les  degrés ,  de  manière  à  ce  qae 
chaque  citoven  pût  arriver  à  la  con- 
naissance die  tous  ses  devoirs  et  de 
tous  ses  droits.  Ce  fut  lui  qui  rédigea 
le  manifeste  adressé  à  la  France  et  à 
l'Europe  pour  annoncer  la  suspension 
du  pouvoir  royal  après  la  journée  do 
10  août. 

Député  de  l'Aisne  à  la  Convention, 
où  l'avaient  appelé  en  même  temps  sii 
autres  départements,  il  vota  le  plus 
ordinairement  avec  les  girondins.  Lors 
du  procès  du  roi.,.. il  opina  pour  la 
peine  la  plus  forte  j^i;  ne  fût  pas  la 
mort.  Il  avait  cependant  été  du  nom- 
bre des  membres  qui  voulaient  déférer 
le  jugement  à  un  tribunal  formé  de 
députés  spéciaux.  Nommé  successive- 
ment aux  comités  de  salut  public  et 
de  constitution ,  il  s'y  fit  remarqua 
p^r  un  attachement  sincère  aux  prin- 
cipes républicains ,  et  réussit  quelque 
temps  à  se  maintenir  en  dehors  des 
querelles  des  partis.  Il  allait  faire  adop- 
ter un  projet  d'acte  constitutif  dont 
l'escfuisse  paraissait  avoir  eu,  quelques 
mois  auparavant ,  l'assentiment  de 
l'Assemblée,  q[uand  éclata  la  révolu- 
tion du  31  mai.  Son  opposition  àb 
nouvelle  constitution  le  fit,  sur  les  dé* 
nonciations  de  Chabot,  citer  à  la  bam 
le  8  juillet,  et  il  finit  par  se  voir,  le  3 
octobre,  enveloppé  dans  l'acte d'aoco- 
tion  porté  contre  Brissot.  Mis  bon  ta 
loi,  il  trouva  un  refuge  dans  la  maison 
d'une  dame  Vernet ,  chez  laquelle  il 
écrivit  son  Esquisse  cTun  tableau  hU- 
torique  des  progrès  de  l'esprit  hu- 


CON 


FRANCE. 


CON 


533 


main,  qu'on  pourrait  appeler  la  Bible 
de  la  philosophie ,  puisqu'elle  offre  à 
la  fois  histoire  et  prophétie ,  récits  du 
passé  connu  et  appréciation  du  futur 
possible^  Condorcet   v  développa  le 
principe  qui  faisait  la  l)ase  de  sa  doc- 
trine, celui  de  la  perfectibilité  indéfi- 
nie de  la  nature  hunoaine.  Ce  fut  dans 
le  même  asile  qu'il  composa  VÉpUre 
(Tun  Polonais  exUé  en  Sibérie  à  sa 
femme,  épître  dont  les  vers  respirent 
une  douce  mélancolie.  Huit  mois  s'é- 
taient ainsi  écoulés ,  lorsqu'il  apprit 
ou'un  décret  de  la  Convention  éten- 
dait les  rigueurs  de  la  mise  hors  la  loi 
à  ceux  qui  cachaient  les  condamnés. 
Aussitôt  il  se  sépare  de  sa  généreuse 
hôtesse,  et  sort  de  Paris  sous  le  cos- 
tume d'un  ouvrier.  Au  bout  de  deux 
jours  passés  dans  une  ancienne  car- 
rière aux  environs  de  Montrouge,  il 
entre  pour  prendre  quelques  aliments 
dans  un  cabaret  de  Clamart ,  où  son 
extérieur  excite  des  soupçons.  Un  mem- 
bre du  comité  révolutionnaire  du  lieu 
l'arrête,  et  le  fait  conduire  au  Bourg- 
]a-Reine.  Le  lendemain ,  qui  était  le 
28  mars  1794,  son  geôlier  le  troiiva 
privé  de  vie  ,  soit  qu'il  eût  succombé 
a  l'effet  du  besoin  et  de  la  fatigue , 
^itiqu'il  eût  fait  usage  d'un  poison 
ciu'il  portait,  dit-on,  toujours  sur  lui. 
C'est  ainsi  que  périt ,  âgé  à  peine  de 
cinquante  ans,   un  homme  dont  la 
droite  raison  et  la  haute  vertu  ont  fait 
Fun  des  plus  beaux  caractères  du  dix- 
huitième  siècle.  Ses  œuvres  complètes, 
formant  21  volumes ,  ont  été  publiées 
par  Garât  de  l'Institut.  On  a  depuis 
voulu  faire  passer  sous  son  nom. cer- 
tains mémoires  sur  la  révolution,  où  il 
serait  aussi  difficile  de  reconnaître 
son  esprit  que  son  style. 

Sophie  de  Grouchy,  sa  femme,  née 
en  1765,  fut  une  des  plus  spirituelles 
comme  une  des  plus  belles  femmes 
de  son  temps.  Les  brillantes  qualités 
de  son  esprit  l'avaient  fait  distinguer 
à  la  cour  de  Louis  XVI. Dans  la  suite, 
elle  partagea  avec  madame  de  Staël  le 
sceptre  de  la  société  parisienne.  Digne 
de  comprendre  l'hoi^ime  supérieur  au- 
quel elle  avait  associé  son  existence, 


elle  pai4^gea  ses  travaux  ;  et  quand , 
après  une  douloureuse  captivité ,  elle 
fut  rendue  à  la  liberté ,  elle  s'occupa 
du  soia  de  publier  la  partie  encore 
inédite  des  œuvres  de  son  mari ,  et  y 
mit  des  préfaces  remarquables.  Elle 
donna  elle-même,  en  1798,  une  nou- 
velle traduction  delà  Théorie  des  sen- 
timents ,  ainsi  que  de  la  Dissertation 
sur  l'origine  des  langues ,  par  Adam 
Smith ,  et  y  joignit  des  Lettres  sur  la 
Sympathie,  adressées  à  son  beau-frère 
Cabanis.  La  conduite  qu'elle  tint  lors 
du  procès  du  maréchal  son  frère ,  en 
1817,  fut  pleine  de  courage  et  de  dé- 
vouement. Elle  mourut  le  6  septembre 
1822 ,  à  la  suite  d'une  longue  et  dou- 
loureuse maladie. 

CoNDREN  (Charles  de) ,  né  à  Vau- 
buin ,  près  Soissons  ,  en  1588 ,  avait 
d'abord  été  destiné  par  sa  famille  à  la 
carrière  militaire;  mais  une. vocation 
irrésistible  lui  fit  embrasser  l'état  ec- 
clésiastique ,  et  il  fut  reçu  docteur  de 
Sorbonne  en  1615.  Dès  lors  il  renonça 
à  tous  les  biens  du  monde ,  se  consa- 
cra uniquement  à  des  œuvres  de  cha- 
rité ,  et  entra  enfin ,  en  1617 ,  dans  la 
congrégation  du  cardinal  de  Bérulle  , 
qui  le  nomma,  en  1622,  supérieur  de 
la  maison  de  Saint-Magloire,  et  le  choi^ 
sit  pour  son  directeur.  Devenu  mal- 
gré lui  confesseur  de  Gaston  ,  duc 
d'Orléans,  il  déploya  une  grande  habi- 
leté dans  des  négociations  difficiles. 
Après  la  mort  du  cardinal  de  Bérulle, 
en  1629,  il  fut  élu  à  l'unanimité  géné- 
ral de  l'Oratoire,  et  mourut  en  1641; 
après  avoir,  refusé  les  archevêchés  de 
Reimis,  de  Lyon,  et  le  chapeau  de  car- 
dinal..Iknourut  le  7  janvier  1641. 

CôNDRiEu ,  petite  et  très-ancienne 
ville  du  Lyonnais ,  aujourd'hui  dépar- 
tement du  Rhône.  Située  sur  la  rive 
droite  du  fleuve,  elle  était,  à  l'époque 
romaine,  habitée  par  les  Conderates, 
peuple  de  nautoniers  que  nous  trou- 
vons mentionné  avec  les  Nautœ  de  la 
Saône ,  de  la  Loire  et  de  l'Arcom'e , 
dans  l'inscription  d'un  monument  fu- 
nèbre élevé  par  les  membres  de  cette 
corporation  a  leur  patron  ,  Tauricius 
Florens.  Il  est  à  remarquer  qu'au- 


534 


GON 


L'UNIVERS. 


€ON 


jourd'hui  encore  (*)  le  petit  port  de 
CoDdrieu  eU  habité  en  grawle  partie 
par  des  gens  de  rivière  et  des  char- 
pentiers de  bateaux.  Les  vignes  aux- 
quelles Condrieu  doit  sa  célébrité  pas- 
sent dans  le  pays  pour  avoir  été  plantées 
par  les  Romains.  Elle  avait  autr^ois 
titre  de  baroimie,  et  la  seigneurie  fon- 
cière en  appartenait  à  la  maison  de 
Villars.  Sa  population  est  de  3870  h. 
CoNfiTODUN ,  chef  gaulois.  (Voyez 

COTUAT.) 

CoNFBDÉBATiON  duRhin.  --  Après 
la  signature  de  la  paix  de  Presbourg, 
oui  termina  la  glorieuse  campagne 
d'Austerlitz ,  Napoléen  résolut  de  dé- 
truire Tancien  empire  germanique ,  qui 
dans  le  fait  n*existait  fSus  que  de  nom. 
En  conséquence,  le  1*'  août  1806,  six 
mots  après  la  paix  de  Presbourg,  le 
ministre  de  France  pr^enta  la  note 
suivante  à  la  diète  de  Ratisbonne  : 

«  Le  soussigné,  ichargé  d'affaires  de  Sa 
«  Majesté  rempereiir  des  Français  et  roi 
«  d'Italie  pès  la  diète  générale  de  l'Empire 
«  germanique,  a  reçu  de  Sa  Majesté  l'ordre 
«  de  faire  à  la  diète  les  déclarations  suivaa- 
«  tes  ; 

«  Leurs  Majestés  le  roi  de  Bavière  et  de 
Wurtemberg^,  les  princes  souverains  de 
Ratisbonne,  de  Bade,  de  Berg ,  de  Hesse> 
Darmstadt ,  de  Nassau ,  et  les  autres  prin- 
cipaux princes  du  midi  et  de  l'ouest  de 
rÂilemagne,  ont  pris  la  résolution  de  for- 
mer entre  etix  une  confédération  qui  les 
mette  à  Tabri  de  toutes  les  incertitudes 
de  Pavenir,  et  ils  ont  cessé  d'être  États  de 
rSmpire. 

«  La  âluatioB  dans  laquelle  le  traité  de 
Presbourg  a  placé  directement  les  cours 
alliées  d«  la  France,  et  indinectement  les 
{u-inces  qu'elles  entourent  et  qui  les  avoi- 
sinent,  étant  incompatible  avec  la  condi- 
tion d'un  État  d'Empire ,  c'était  pour  elles 
et  pour  ces  princes  une  nécessite  d'ordon- 
ner sur  un  nouveau  pian  le  système  de 
leurs  rapports,  et  d'en  faire  disparaître 
une  contradiction  qui  aurait  été  une 
source  permanente  d'agitation ,  d'inquié- 
tude et  de  danger. 

«  De  son  côté,  la  France,  si  essentielle- 
ment intéressée  au  maintien  de  la  paix 
dans  le  midi  de  rÀIlemagne,  et  qui  ne 
pouvait  pas  douter  que ,  du  moment  où 

O  Voyez  Muratori,  t.II«  p.  748. 


« 

te 

t€ 
« 
«C 
« 


«  elle  aurait  fait  repasser  le  Rhin  à  ses  troo- 

*  pes,  ia  discorde,  conséquencfi  «néntibk 
«  de  relations  contradictoires  ou  inoertai> 
«  nés ,  mal  définies  ou  mal  connues,  aurait 
**  compromis  de  nouveau  le  repos  des  jpeu- 
«  pies ,  et  rallumé  peut-être  la  guerre  sur 
««  le  continent,  obligée  d'ailleurs  de  000- 
«  Courir  au  bien-être  de  ses  alliés,  et  de  les 
«  faire  jouir  de  tous  les  avantages  qae  k 
«  traité  de  î*resbourg  leur  assure,  et  qu'eDe 
«  leur  a  garantis,  la  France  n'a  pn  voir, 
«  dans  la  confédération  qu'ils  ont  fcnnée, 
«  qu'une  suite  naturelle  et  le  complémiit 
«  nécessaire  de  ce  traité. 

«  Depuis  JoQgtenqps,  des  altératioiu  s» 
«  cessives,  qui,  de  siècle  en  sièGle,i'otf 
«  été  qu'augmentaat ,  ayaimt  réduit  la  oobi- 
f<  titution  germanique  à  n'être  plus  qu'oK 
«  ombre  d'elle^nême.  Le  temps  avûtduBsé 
«  tous  les  rapports  de  grandeur  et  de  faro 
«  qui  existaient  primitivement  entre  les  <& 
«  vers  membres  de  la  confédération,  e&tit 
«  cbacun  d'eux  et  le  tout  dont  ils  fsisaieiit 
«  partie.  La  diète  avait  cessé  d'ailkon 
«  d'avoir  une  volonté  qui  lui  fût  propit 
«  Les  sentences  des  tribunaux  suprêmes  « 

*  pouvaient  être  mises  à  exécution.  Tout 
«  attestait  un  affaiblissement  si  grand ,  qiK 
«  te  lien  fédér^tif  n'offrait  plus  de  ganntk 
«  à  personne»  et  n'était,  entre  les  poioviis, 
«*  qu'un  moyen  de  dissension  et  de  disoorii 
«  Les  événements  des  trois  coalitions  oit 
«•  porté  son  affaiblissemeniç  à  son  dénie 
'«  terme.  Un  électorat  a  été  sappriné^wb 
«  réunion  du  Hanovre  à  W  Prusse;  un  ni 
«  du  Nord  a  incorporé  à  ses  autres  ilBb 
«  une  des  provinces  de  l'Empire;  le  tnité 
«  de  Presbourg  a  attribné  à  leurs  Majcstîi 
««  les  rois  de  Bavière  et  de  Wurtemberg,  ^ 
«  à  Son  Altesse  Sérénissinae  l'électeur  àt 
«  Bade,  la  plénitude  de  la  soiiv^'ainelê, 
«  prérogative  que  les  autres  électeurs  réA- 
«  nieraient  sans  doute,  et  seraient  fondai 
«  réclamer,  mais  qui  ne  peut  s*aecdrdcr  ■ 
«  avec  ta  lettre,  ni  avec  I  esprit  de  laeo» 
«  tttutioa  de  l'Empire. 

«  Sa  Majesté  i'emperewr  et  rm  est  doK 
«  obligé  de  déclarer  qu'il  ne  reconaait  phs 
«  rexist^ence  de  la  coBststution  genaaiiq^ 
K  en  reconnaissant  néanmoins  la  sonmér 
«  nelé  entière  et  absolue  de  chacoi  ^ 
«<  princes  dont  les  États  composent  aDJo»- 
«  a'hui  l'Allemagne,  et  en  Gonservant •«"( 
«  eux  ks  mêmes  relations  qu'aveclesinti* 
«  puissances  indépendantes  de  l'Europe. 

«  Sa  Majesté  l'empereur  et  roi  a  a€OC^ 
«  le  titre  de  protecteur  de  la  confédérêtif^ 


CON 


FRANCE, 


€ON 


535 


«  du  Rhin,  Il  ne  l'a  fait  que  dans  des  vues 
«  de  paix,  et  pour  que  sa  médiation ,  cons- 
«  tamment  interposée  entre  les  plus  faibles 
«  et  les  plus  forts,  prévienne  toute  espèce 
•(  de  dissension  et  de  troubles. 

«  Ayant  ainsi  satisfait  aux  plus  chers  in- 
«  téréts  de  son  peuple  et  de  ses  voisins, 
cf  ayant  pourvu ,  autant  qu'il  était  en  lui ,  à 
«<  la  tranquillité  future  de  l'Europe ,  et  en 
«  particulier  à  la  tranquillité  de  rÂllema- 
«  gne ,  qui  a  été  constamment  le  théâtre  de 
«  la  guerre ,  en  faisant  cesser  la  contradic- 
«  tion  qui  plaçait  les  peuples  et  les  princes 
«  sous  la  protection  apparente  d'un  système 
«  réellement  contraire  à  leurs  intérêts  po- 
«(  litiques  et  à  leurs  traités ,  Sa  Majesté  l'em- 
**  pereur  et  roi  espère  qu'enfin  les  nations 
«  de  l'Europe  fermeront  l'oreille  aux  insi- 
«(  nuations  de  ceux  qui  voudraient  entrete- 
cc  nir  sur  le  continent  une  guerre  éternelle  ; 
<c  que  les  armées  françaises  qui  ont  passé  le 
«  Rhin  l'auront  passé  pour  la  dernière  fois, 
«  et  que  les  peuples  d'Allemagne  ne  verront 
ce  plus  que  dans  l'histoire  du  passé  l'horri- 
«t  ble  tableau  des  désordres  de  tout  genre, 
<t  des  dévastations  et  des  massacres  que  la 
«  guerre  entraîne  toujours  avec  elle. 

«  Sa  Majesté  a  déclaré  qu'elle  ne  porte- 
ce  rait  jamais  les  limites  de  la  France  %vl 
«c  delà  du  Rhin.  Elle  a  été  fidèle  à  sa  pro- 
«  messe.  Maintenant  son  unique  désir  est 
«  de  pouvoir  employer  les  moyens  que  la 
«  Providence  lui  a  confiés  pour  afiranclûr 
<c  les  mei*s ,  rendre  au  commerce  sa  liberté, 
«  et  assurer  ainsi  le  repos  et  le  bonheur  au 
«  monde. 

<(  Ratisbonne,  le  i^^  août  1806. 

«  Signé  :  Bâcher.  « 

Cette  notip  était  la  déclaration  du 
traité  conclu,  dès  le  12  juillet  précé- 
àent,  entre  l'empereur  Napoléon  et 
plusieurs  membres  de  Tancien  Empire 
germanique.  Cet  acte,  qui  établissait 
la  coafédération  du  Rhin,  était  ainsi 
conçu  : 

Art.  I.  Les  États  de  Leurs  Majestés  les  rois 
de  Bavière  et  de  Wurtemberg,  de  leurs  Al- 
tesses Sérénissimes  les  électeurs  arcfaichaii'* 
celier  et  de  Bade,  le  duc  deBerg  et  Clèves', 
le  landgrave  de  Uesse-Darmstadi,  les  princes- 
de  Nassan-Usingen  et  Nassau- Weilbourg , 
les  princes  de  Hchenzollern-Hechingen  et 
Hohenzollern-Sigmaringen ,  les  princes  de 
6alm>Satm  et  Salm -Kyrbourg ,  le  prince 
d'Isenbourg-Birstein ,  le  duc  d'Aremberg , 
le  prince  de  Liechtenstein  et  le  comte  de 


la  Leyen,  seront  séparés  à  perpétuité  du 
territoire  de  l'Empire  germanique ,  et  unib 
entre  eux  par  une  confédération  liarticH^èi'e 
^sous  le  nom  d^Ét^ts  confédérés  clti  Rhin. 

Art.  II.  Toute  k»  de  l'Empire  germanique, 
'qui  a  pu  jusqu'à  présent  con<2emer  et  obli- 
ger Leurs  Majestés  et  leurs  Altesses  Sérénis- 
simes les  rois  et  princes  et  le  oomte  dénom- 
més en  l'article  précédent ,  leurs  sujets  et 
leurs  États  ou  partie  d'iceux,  s^a  à  l'avenir, 
relativement  à  leurs  dites  Majestés  et  Altes- 
tes  et  audit  comte,  à  le«rs  États  et  sujets  res- 
pectifs, mille  et  de  nut. effet;  saut  "néan- 
moins les  droits  acquis  à  des  créanciers  et 
pensionnaires  par  te  recez  de  mil  huit  cent 
trois,  et  les  dispositions  du  paragraphe 
trente-neuf  dudit  recez ,  relatives  à  l'octroi  de 
navigation  du  Rhin,  iesiquelles  continue- 
ront d'être  exécutées  suivant  leur  forme  et 
teneur. 

Art.  ill.  Chacun  des  rois  et  princes  eon- 
fédérés  renoncera  à  ceux  de  ses  titres  qui 
expriment -des  rapports  quelconques  avec 
l'Empire  germanique,  et  (e  premier  août 
pi'ochain  il  fara  notifier  à  k  diète  sa  sépa- 
ration d'avec  l'Empire. 

Art.  lY.  S.  A.  S.  l'électeur  archichan- 
celier  prendra  les  titres  de  prince  primat  el 
d'altesse  éminentissime. 

Le  litre  de  prince  primat  n'emporte  avec 
lui  aucune  prérogative  contraire  à  la  pléni- 
lune  de  la  souveraineté,  dont  chacun  des 
confédérés  doit  jouir. 

Art.  V.  Leurs  Altesses' Sérénissimes  l'élec- 
teur de  Bade ,  le  duc  de  Berg  et  Clèves  et 
le  landgrave  de  Hesse-Darmstaidt  pi'endront 
le  titre  de  grand-duc.  Ils  jouiront  des  droits, 
honneurs  et  prérogatives  attachés  è  Isi  di- 
gnité royale.  Le  rang  et  la  prééminent 
«nlre  eux  soat  et  demeureront  fixés  confor- 
mément à  l'ordre  dans  lequel  ils  sont  nom- 
més au  présent  article. 

Le  chef  de  la  maison  de  Nassau  prendra 
le  titre  de  duc,  et  le  comte  de  la  Leyen  le 
titre  de  prince. 

Art.  VI.  Les  intérêts  communs  des  Étals 
confédérés  seront  traités  dans  une  diète, 
dont  le  siège  sera  à  Francfort,  et  qui  sera 
divisée  en  deux  collèges,  savoir  :  le  collège 
des  rois  et  le  collège  des  princes. 

Art.  VIL  Les  princes  devront  nécessaire- 
ment être  indépendants  de  toute  puissance 
étrangère  à  la  confédération,  et  ne  pourront 
conséquemratot  prendre  du  service  d'aucun 
genre  que  dans  les  Éiati  confédérés  ou  alliés 
k  la  confédération.  Cenx  qui ,  éiaftt  déjà  au 
service  d'autres  puissanees,  voudivlit  y  rcai- 


536 


€0N 


L'UNIVERS. 


coir 


ter,  seront  tenus  de  faire  passer  leurs  pria- 
cipautés  sur  la  tèle  d'un  de  leurs  enfants. 

Art.  TIII.  S'il  arrivait  qu'un  desdits  prin- 
ces voulût  aliéner  en  tout  ou  en  partie  si 
souveraineté,  il  ne  le  pourra  faire  qu'en 
faveur  de  l'un  des  États  confédérés. 

Alt.  IX.  Toutes  les  contestations  quis'élè- 
veront  entre  les  États  confédérés,  seront 
décidées  par  la  diète  de  Francfort. 

Art.  X.  La  diète  sera  présidée  par  son 
Altesse  Éminentissime  le  prince  primat,  et 
lorsqu'un  des  deux  collèges,  seulement, 
-  aura  à  délibérer  sur  quelque  affaire.  Son 
Altesse  Éminentissime  présidera  le  collège 
des  rois ,  et  le  duc  d^Nassau  le  collège  des 
princes. 

Art.  XI.  Les  époques  où ,  soit  la  diète , 
soit  un  des  collèges  séparément ,  devra  s'as- 
sembier,  le  mode  de  leur  convocation,  les 
objets  qui  devront  être  soumis  à  leurs  déli- 
bérations, la  manière  de  former  les  réso- 
lutions et  de  les  faire  exécuter ,  seront  dé- 
terminés par  un  statut  fondamental ,  que 
Son  Altesse  Éminentissime  proposera  dans 
le  délai  d'un  mois,  après  la  notification 
faite  à  Ratisbonne,  et  qui  devra  être  ap- 
prouvé par  les  États  confédérés.  Le  même 
statut  lixera  définitivement  le  rang  entre  les 
meotbres  du  collège  des  princes. 

Art.  XII.  Sa  Majesté  l'empereur  des 
Français  sera  proclamé  protecteur  de  la 
coufèdération,  et  en  cette  qualité,  au  décès 
de  chaque  prince  primat,  il  en  nommera  le 
successeur. 

Art.  XIII.  Sa  Majesté  le  roi  de  Bavière 
cède  à  Sa  Majesté  le  roi  de  Wurtemberg 
la  seigneurie  de  Wiesensteig,  et  renonce 
aux  droits  qu'à  raison  de  la  préfecture  de 
Burgau  il  pourrait  avoir  ou  prétendre  sur 
l'abbaye  de  Wiblingen. 

Art.  XIV.  Sa  Majesté  le  roi  de  Wurtem- 
berg cède  à  Son  Altesse  Sérénissime  le 
grand-duc  de  Bade  le  comté  de  Bondorf , 
les  villes  de  Breunlingen  et  de  Wiilingen , 
avec  la  partie  du  territoire  de  cette  dernière, 
située  à  la  droite  de  la  Brigach ,  et  la  ville 
de  Tuttlingen  avec  les  dépendances  du  bail- 
liage de  ce  nom,  situées  à  la  droite  du  Da- 
nube. 

Art.  XY.  Son  Altesse  Sérénissime  le 
grand-duc  de  Bade  cède  à  Sa  Majesté  le  roi 
de  Wurtemberg  la  ville  et  le  territoire  de 
Biberacb ,  avec  ses  dépendances. 

Art.  XVI.  Son  Altesse  Sérénissime  le  duc 
de  Nassau  cède  à  son  Altesse  Impériale  le 
grand-duc  de  Berg  la  ville  de  Deutz  ou 
Duyiz,  avec  son  territoire,  la  ville  et  le  bail- 


liage de  Kœnigswinter  et  le  bailliage  de 
Willich. 

Art.  XVII.  Sa  Majesté  le  roi  de  Bavière 
réunira  à  ses  États  et  possédera  en  loate 
propriété  et  souveraineté  la  ville  et  le  terri- 
toire de  Nuremberg,  et  les  commanderies 
de  ïlobr  et  de  Waldstetten  de  l'ordre  teuto- 
nique. 

Art.  XVin.  Sa  Majesté  le  roi  de  Wur- 
temberg réunira  à  ses  États  et  possédera  en 
toute  souveraineté  et  propriété  la  seigneurie 
de  Wiesensteig,  et  les  ville,  territoire  et  dé- 
pendances de  Biberacb,  en  conséqueoa 
des  cessions  à  lui  faites  par  Sa  Majesté  k 
roi  de  Bavière  et  Son  Altesse  Sérénissioe 
le  grand-duc  de  Bade  ;  la  ville  de  Waldsée, 
le  comié  de  Schelklingen,  la  commanderie 
de  Kapfenbourg  ou  Laucbbeim ,  et  la  com- 
manderie d'Alschhausen ,  distraction  faite 
des  seigneuries  d'Acliberg  et  Hohenfels,et 
l'abbaye  de  Wiblingen. 

Art.  XIX.  Son  Altesse  Sérénissime  ie 
grand-duc  de  Bade  réunira  à  ses  États  et 
possédera  en  toute  propriété  et  souveraineté 
le  comté  de  Bondorf ,  les  villes  de  Breun- 
lingen ,  Wiilingen  et  Tuttlingen,  les  parties 
de  leurs  territoires  et  leurs  dépendanees 
spécifiées  en  l'article  XIV,  et  tels  qu'ils  loi 
ont  été  cédés  par  Sa  Majesté  le  roi  de  Wur- 
temberg. 

Il  possédera  en  toute  propriété  la  prinor 
paute  de  Ueitersheim,  et  toutes  celles  de 
ses  dépendances  situées  dans  les  possessions 
de  Son  Altesse ,  telles  qu'elles  seront  en 
conséquence  du  présent  traité. 

Il  possédera  également  en  toute  propriété 
les  commanderies  teutoniques  de  Beuggea 
et  de  Fribourg. 

Art.  XX.  Son  Altesse  Impériale  le  grind- 
duc  de  Berg  possédera  en  toute  souverai- 
neté et  propriété  la  ville  de  Deutz  ou  Dajtx 
avec  son  territoire ,  la  ville  et  le  bailliage  de 
Kœnigswinter  et  le  bailliage  de  Willidi,eB 
conséquence  de  la  cession  à  lui  faite  par 
S.  A.  S.  le  duc  de  Nassau. 

Art.  XXI.  Son  Altesse  Sérénissime  le 
O'and-duc  deHesse-Darmstadt  réunira  à  ses 
Etats  le  burgraviat  de  Friedberg,  pourk 

Sosséder  en  souveraineté  seulement ,  pes- 
ant, la  vie  du  burgrave  actuel ,  et  en  toute 
propriété  après  ie  décès  dudit  bui^ve. 

Art.  XXII.  Son  Altesse  ÉminentissiiM 
le  prince  primat  réunira  à  ses  États  et  poi^ 
sédera  en  toute  propriété  et  souveraineté 
la  ville  et  le  territoire  de  Francfort. 

Art.  XXIIL  Son  Altesse  Sérénissime  le 
prince  de  HohenzoUern-Sigmaringen  posiê' 


€0X 


FRANCE. 


CON 


537 


dera  en  toute  propriété  et  souveraineté  les 
seigneuries  d'Achberg  et  de  Hohenfels ,  dé- 
peudanles  de  la  commanderie  d'Akchhau- 
sen ,  et  ]es  couvents  de  Klosterwald  et  de 
Habsthal. 

Son  Altesse  Sérénissime  possédera  en  sou- 
veraineté les  terres  équestres  situées  entre 
ses  possessions  a<;tuelles  et  les  teiTitoires 
au  nord  du  Danube;  sur  lesquels  sa  sou- 
veraineté doit  s  étendre  en  conséquence  du 
'  présent  traité,  et  notamment  les  seigneu- 
ries de  Gamertingen  et  de  Heittengen. 

Art.  XXIV.  Leurs  Majestés  les  rois  de 
Bavière,  de  Wurtemberg;  Leurs  Altesses 
Sérénissimes  de  Badé,  de  Berg  et  de  Hesse- 
Darmstadt;  Son  Altesse  Éminentissime  le 
prince  primat  ;  Leurs  Altesses  Sérénissimes 
les  duc  et  prince  de  Nassau-Usingen  et  de 
"Weilbourg,  de  HohenzoIIern-Sigmaringen , 
de  Salm-Kyrbourg ,  d'isenbourg-Birstein , 
et  le  duc  d'Aremberg ,  exerceront  tous  les 
droits  de  souveraineté ,  savoir  : 

Sa  Majesté  le  roi  de  Bavière ,  sur  la  prin^ 
cipauté  de  Schwarzenberg ,  le  comté  de 
Gastell ,  les  seigneuries  de  Speckfeld  et  Wie- 
sentheid  j  les  dépendances  de  la  principauté 
de  Hohenlohe,  enclavées  dans  le  margraviat 
d'Ansbach  et  dans  le  territoire  de  Rothen- 
bourg,  nommément  les  grands  bailliages  de 
Schillingsfiirst  et  de  Kirchberg,  le  comté  de 
Sternstein,  les  principautés  d'Œttingen ,  les 
possessions  du  prince  de  la  Tour  et  Taxis , 
au  nord  de  la  principauté  de  Neubourg ,  le 
comté  d'Edelstetten ,  les  possessions  des 
prince  et  comte  de.  Fugger,  le  burgi'aviat 
deWinterrieden,  et  enfin  les  seigneuries  de 
Buxheim  et  de  Tannhausen ,  et  sur  la  tota- 
lité de  la  grande  route  allant  de  Memmingen 
à  Lindau. 

Sa  Majesté  le  roi  de  Wurtemberg ,  sur  les 
possessions  des  prince  et  comtes  Truchsess- 
Waldbourg ,  les  comtés  de  Baindt,  d'Egloff, 
de  Guitenzell ,  de  Heybach ,  dlsny,  de  Kœ- 
nigseck- Aulendorf,  d'Ochsenbausen  ,  de 
Roth  et  de  Schussenried  ei  Weisenau  ;  les 
seigneuries  de  Mitingen  et  Sulmengen,  Neu- 
Ravensbourg,  Tannheim,  Warthausen  et 
"Weingarten ,  distraction  faite  de  la  seigneu- 
rie de  Hagnau  ;  les  possessions  du  prince  de 
la  Tour  et  Taxis ,  à  Texception  de  celles  qui 
sont  situées  au  nord  de  la  principauté  de 
Neubourg  et  de  la  seigneurie  de  Strasberg 
et  du  bailliage  d'Ostrach;  les  seigneuries  de 
Gundelfingen  et  de  Neufra  ;  les  parties  du 
comté  de  Limbourg-Gaildorf  non  possédées 
par  Sadite  Majesté  ;  toutes  les  possessions 
des  princes  de  Hohenlohe ,  sauf  rexception 


faite  au  paragraphe  précédent ,  et  enfin  la 
partie  du  bailliage  ci-devant  roayençais  de 
Krautheim ,  située  à  la  gauche  de  la  Yaxt. 
Son  Altesse  Sérénissime  le  grand-duc  de 
Bade,  sur  la  principauté  de  Furstemberg 
(étant  exceptées  les  seigneuries  de  Gundel- 
fingen ,  Neufra ,  Trochtelfingen,  Jungnau  et 
la  partie  du  bailliage  de  Mioeskirch ,  située 
à  la  gauche  du  Danube),  la  seigneurie  de 
Hagnau,  le  comté  de  Thengen,  le  landgra- 
viat  de  Klettgau ,  les  bailliages  de  Neidenau 
et  Billigheim,Ia  principauté  de  Linange,les 
possessions  des  princes  et  comtes  de  Loe- 
wenstein-Wertheim,  situées  à  la  rive  gauche 
du  Mein  (étant  exceptés  le  comté  de  Loe- 
wenstein ,  la  partie  du  Limbourg-Gaildorf , 
appartenant  aux  comtes  de  Lœwenstein ,  et 
les  seigneuries  de  Heubach,  de  Breuberg 
et  de  Habizheim)  ;  et  enfin  les  possessions 
du  prince  de  Salm^Reiferscheid-Krautheim, 
situées  au  nord  de  la  Yait. 

Son  Altesse  Impériale  le  grand -duc  de 
Berg ,  sur  les  seigneuries  de  Limbourg-Sty- 
rum ,  de  Bruck ,  de  Hardenberg ,  de  Gim- 
born  et  Neustadt,  de  Wildenbérg,  les  com- 
tés de  Hombourg ,  de  Bentheim ,  de  Steia- 
fourt ,  de  Horstmar ,  les  possessions  du  duc 
de  Looz ,  les  comtés  de  Siegen ,  de  Dillen- 
bourg  (les  bailliages  de  Wehrheim  et  Bur- 
bach  exceptés) ,  et  de  Hadamar,  les  seigneu- 
ries de  Westerbourg,  de  Schadeck  et  de 
Beilsteîn ,  et  la  partie  de  la  seigneurie  de 
Runkeu  proprement  dite ,  située  à  la  droite 
de  la  Lahn;  et  pour  les  communications 
entre  le  duché  de  Glèves  et  les  possessions 
susdites  au  nord  de  ce  duché,  Son  Altesse 
Impériale  aura  Tusage  d'une  route  à  travers 
les  États  du  prince  de  Salm. 

Son  Altesse  Sérénissime  le  grand-duc  de 
Darmstadt,  sur  les  seigneuries  de  Breuberg, 
de  Heubach,  sur  la  seigneurie  ou  bailliage 
d'Habizheim,  le  comté  d*Erbach,  la  sei- 
gneurie dllbestadt ,  la  partie  du  comté  de 
Kœnigsheim  possédée  par  le  prince  de 
Stolberg^Gedern ,  les  possessions  des  barons 
de  Riedesel  enclavées  dans  les  États  de  sa 
dite  Altesse  Sérénissime,  ou  qui  leur  sont 
contiguës ,  nommément  les  juridictions  de 
Lauterbach ,  de  Stockhausen ,  de  Moos  et 
de  Freienstein,  les  possessions  des  princes 
et  comtes  de  Solms  en  Wetléravie  (à  l'ex- 
ception des  bailliages  de  Hohensolms,  Braun- 
feis  et  Greifenslein) ,  et  enfin  les  comtéà  de 
Witigenstein  et  Berlebourg,  et  «le  bailliage 
de  Hesse-Hombourg,  possédé  par  la  branche 
de  ce  nom ,  apanagee  de  Hesse-JDarmstadt. 
Son  Altesse  Éminentissime  le  prince  pri- 


538 


CON 


LTJNIVERS. 


CON 


nat ,  s«r  les  posMMMBs  de»  pr  incai  et  comtes 
de  Lœwensteio-WertheiiD,  aitoées  à  la  droite 
dtt  BCeitt,  et  sur  le  oonté  de  Riaeck. 

Leurs  Altesses  Sérénissimes  le  duc  deNa»' 
sau-Usingea  et  |Mriaee  de  NassAu-Weiibourg^ 
aNT  les  biMUiages  de  Dievdorf ,  Ahenwied, 
Ne«erbo«rg  et  lar  partie  du  comté  du  Bas- 
|s»mbourg  ajpparteoaM  au  prmce  de  Wied- 
i^nkel*  ks  poii»tés  de  Wied-Neuwied  et  le 
Holsapfel,  la  seigaeurie  de  Schaombourg, 
k  comté  de  Diez  et  ses  dépendaiiGes ,  la 
partie  du  village  de  Mûnzfetden  appirte- 
wmt  au  prÎBce  de  Nassau-Fulde,  le  bailliage 
de  Wehrheim  et  de  Burbach ,  la  partie  de 
lai  seigneurie  de  Runkeo  située  à  la  gauche 
de  la  Lahot  la  terre  écpiestre  de  Gran&berg» 
et  enfifi  les  bailliages  de  Hohensolms,  de 
BiranaSek  et  de  Greifenstein. 

Soft  Altesse  Séréoissime  le  pciace  de  Ho»- 
henzoHern-Sigmariiigea,  sur  les  seigneuries 
dèTrochtelfiDgen,  de  Juagoau,  de  Strasberg, 
le,  bailliage  d'Ostracb,  et  la  partie  de  la  sei>* 
g«earie  de  Moeskireb  située  à  la  gauche  du 
Danube. 

SoB  Altesse  Sérénissime  le  prince  de  Salm- 
liyrbourg ,  sur  la  seigneurie  de  Gehmen. 
.  Son  Ailesse  Sérénissime  le  prince  d'Isen- 
be«irg-Birsteia&,sur  les  possessions  des  comtes 
d'Iseuibourg  -  Budingen ,  W»6htersbach  et 
lieerholz ,  sans  que  les  comtes  apanages  de 
sa  branche  puissent  se  prévaloir  de  cette 
slip*ilation  pour  former  aucune  prétention 
à  sa  charge» 

El  son  Ailesse  Sérénissime  le  duc  d'Arem!< 
berg,  sur  le  comté  de  Dulmien. 

Artl  XXY.  Chacun  des  rois  et  princes 
confédérés  possédera  en  toute  souveraineté 
les  terres  é<|Mestres  enclavées  dans  ses  pos- 
sessions ;  quant  aux  terres  équestres  inter- 
posées entre  deux  des  États  confédérés» 
elles  serout  partagées,  quant  à  la  souverai- 
neté entre  les  deux  Etats ,  aussi  également 
qne  Êiire  se  pouiTa,  mais  de  manière  à  ce 
qu'il  n'en  résulte  ni. morcellement,  ni  mé* 
lange  de  territoire. 

Art.  XXVI.  Les  droits  de  souveraineté 
sont  ceux  de  législation  ^  de  juridiction  su- 
prême, de  haute  police,  de  conscription  mi- 
tttaire  ou  recrutement ,  et  d'Impôts. 

Art.  XXVIL  lies  princes  ou  comtes  ac- 
tueUement  régoants  conserveront  chacun , 
^1^wvto<>  propriété  nationale  et  privée,  tous 
les  domaines  sans  exception  qu'ils  possé- 
dait maintenant  y  aiosi  que  tous  les  droits , 
seigneuriaux  et  féodaux,  non  essentielle^. 
nient  inhérents  à  la  souveraineté,  et  notam- 
ment les  droits  de  basse  et  moyenne  juri- 


diction en  matière  civile  et  eriminelle,  de  ju- 
ridiction et  de  police  forestière,  de  chasse,  de 
pèche,  de  mines,  d'usines,  de  dîmes  et 
prestations  féodales,  de  patronage  et, autres 
semblables,  et  les  revenus  provenant  desdits 
domaines  et  droits. 

Leurs  domaines  et  biens  seront  assimilés, 
quant  à  l'impôt,  aux  domaines  et  biens  des 
princes  de  la  maison  sous  la  souveraineté 
de  laquelle  ils  doivent  passer,  en  vertu  da 
présent  traité  ;  ou  si  aucuns  des  princes  de 
ladite  maison  ne  possédaient  d'immeubles, 
aux  domaines  et  biens  de  classe  la  plus  pri> 
vilégiée.  Ne  pourront  lesdits  donoaines  et 
droits  être  vendus  à  un  souverain  éiranger 
à  la  confédération,  ni  autrement  aliénés,  sans 
avoir  été  préalablemento£ferts.au  prince  sont 
la  souveraineté  duquel  ib  setrouTcnt  placésL 

Art.  XXVUL  En  matière  crinaineHe,  les 

{>rinces  et  comtes  actuellement  régnants  ft 
eurs  héritiers  jouiront  des  droits  d'auslre- 
gués,  e'est-à-due,  d'être  jugés  par  lean 
pairs;  et  dans  aucun  cas  la  confiscati<ia  et 
leurs  biens  ne  pourra  être  prononcée  m 
avoir  lieu,  mais  les  revenus  pourront  être 
séquestrés  pendant  la  vie  des  condanmés. 

Art.  XXIX.  Les  Étals  confédérés  oontoi- 
hueront  au  payement  des  dettes  actuelles 
des  cercles ,  non-seulement  pour  leurs  poi- 
s,essions  anciennes ,  mais  aussi  pour  les  ter- 
ritoires qui  doivent  être-respectivenient  son- 
mis  à  leiup  souveraineté. 

La  dette  du  cercle  de  Souabe  sera  à  b 
charge  de  lieurs  Majestés  les  rois  de  Bavièi«b 
de  Wurtemberg,  de  Son  Altesse  SéréncnÎBt 
le  grand-duc  de  Bade,  et  de  Leurs  Altesses 
Sérénissimes  les  princes  de  HohenzoUen- 
Hechingen  et  Sigmaringen,  de  Lichtensleia 
et  de  la  Leyea  ;  et  divisée  entre  eux  «^n» 
la  proportion  de  ce  que  chacun  desdits  rail 
et  princes  possédera  dans  la  Souabe. 

Art.  XXX.  Les  dettes  propres  de  chaqm 
principauté,  comté  ou  seigneurie  passait 
sous  la  souveraineté  de  l'un  des  États  oo»- 
fédérés,  seront  divisées  entre  ledit  État  et 
les  princes  et  comtes  actuellement  régnanU) 
dans  la  proportion  des  revenus  que  ledit 
État  doit  acquérir  et  de  ceux  que  les  prÎBOfli 
ou  comtes  doivent  conserver  d'apràs  wa  sti- 
pulations ci-dessus. 

Art.  XXXI.  Il  sera,  libre  aux  princes  ei 
comtes  actuellement  régnants  ,  et  à  leurs  ht 
ritiers,  de  fixer  leur  résidence  partout  oè 
ils  le  voudront,  pourvu  que  cesoitduia  nnda 
États  membres  ou  alliés  de  la  eonfédéntioa 
du  Rhin ,  ou  dans  les  possessions  qu'ils  oo»* 
serveiront  en  souveraineté  hors  du  territoût 


œN 


FRANCE. 


CON 


539 


de  la  cMifêdératicKi^  et  de  retirer  teurs. re- 
venus ou  leurs  capitaox,  saas  pouvoir  être 
assujettis  pour  cette  cause  à  aucun  droit  ou 
iwDÔt  mi^Icoaque, 

Art.  XXXtl.  Les  individus  enaplojjés  dans 
Tadmiaistratioa  publique  des  principautés, 
comtés  ou  seigneuries,  qui  doivent,  en  vertu 
du  présent  traité,  passer  sous  la  souverai- 
neté de  Fim  des  États  confédérés,  et  que  te 
souverain  ne  jugerait  pas  à  propos  de  <ion- 
serrer  dans  teurs  emplois ,  jouiront  d'une 
pension  de  retraite  égale  à  celle  que  les  loi» 
o«  règlements  de  TÉtat  accordent  aux  offt- 
eiers  du  même  grade. 

'  Art.  XXXIII.  les  membres  des  ordres 
imlitairesoor^ieux  qui  pourront  être,  eiK 
conséquence  du  préseut  traité,  dépossédé» 
•u  séeiiliurisés,  recevront  t^ae  pension  an- 
Qiielle  et  viagère^proportionnée  mx  revenu» 
dont  ils  jouissaient,  à  leur  dignité  et  à  leur 
âge ,  et  hypothéquée  sm*  les  biens  dont  ib 
étaient  usufruitiers. 

Art.  XXXIV.  Les  rois,  grands-ducs,  ducs 
et  princes  confédérés  renoncent,  chacun 
d'eux  pour  soi y^ ses  héritiers  et  successeurs, 
à  tout  droit  actuel  qu'il  pourrait  avoir  ou 
prétendre  sur  les  possessions  des  autres 
membres  de  la  confédération ,  telles  qu'elles- 
9ont  et  telles  qu'elles  doivent  être,  en  con- 
aéquenoe  du  présent  traité  ;  les  droits  éven- 
tuels de  succession  demeurant  seuk  résér-  . 
vés,  et  pour  le  eas  seulement  où  viendrait 
à  s'éteindre  la  luaisûn  ou  la  brandte  qui 
possède  maintenant,  ou  doiti  en  vortii  dn 
présent  traité  y  posséder  en  souveraineté  les 
territoires,  domaines  et  biens  soi*  lesquels 
les  susdits  droits  peuvent  s'étendre. 
*  Art.  XXXV.  Il  y  aura  entre  l'empire 
français  et  les  États  confédérés  du  Rhin, 
collectivement  et  séparément,  une  alliance, 
en  vertu  de  laquelle  toute  guerre  continen- 
tale, que  l'une  des  parties  contractantes  au- 
rait à  soutenir,  deviendra  immédiatement 
commune  à  toutes  les  autres. 

Art.  XXXVI.  Dans  le  cas  eu  une  puis- 
mnee  étrangère  à  l'alliance  et-  voisine  arme- 
rail,  les  hautes  parties  contractantes,  pour 
ne  pas  être  prisés  au  dépourvu ,  armeront 
pareillaméat,  d'après  la  demande  qui  en 
sevft  fiiite  par  le  ministre  de  l'une  d'elles  à 
Francforts 

Le  contingent  que  chacun  des  alliés  devra 
fournir,  étant  divisé  en  quatre  quarts,  la 
diète  déterminera  combien  de  quarts  devront 
être  rendus  mobiles  ;  mais  l'armemenl  ne 
sera  effectué  qu'en  conséquence  d'une  invi- 
tation adressée  par  Sa  Majesté  l'empereur 


et  roi  à  ekactine  des  puissances  alliéed. 
Art.  XXXVII.  Sa  Majesté  le  roi  de  Ba- 
vière s'engage  à  fortifier  les  villes  d'Aogs- 
bourg  et  de  Lindau ,  à  former  et  entretenir 
en  tout  temps  dans  la  première  de  ces  deux 
places ,  des  établissements  d'artillerie  f  et  à 
tenir  dans  la  seconde  une  quantité  de  fusib 
et  de  munitions  suffisante  pour  une  réserve,^ 
de  même  qu'à  avoir  à  Augsbourg  des  bou- 
langeries, pour  qu'on  puisse  confectionner 
une  quantité  de  biscuits ,  teMe  qu'en  cas  de 
guerre,  la  meordie  des  armées  n'éprouve 
pas- de  reta«»d. 

ArtL  XXX VIB.  Le  contingent  à  Iburnir, 
par  ckacttft  des  altiés  pnur  le  cas  de  guerre , 
est  fixé  comme  il  suit  :  la  France  fournira 
deux  cent  mille  hommes  de  toutes  arines  , 
le  royaume  de  Bavière  trente  mille  komues 
de  toutes  armes ,  le  royaume  de  Wurlem* 
berg  douze  mille,  le  ^and-duehé  de  Bade 
huit  mille,  le  graûd-duc  de  Berg  cinq  milie^ 
le  grand-duc  de  Darmstadt  quatre  raille., 
Leurs  Altesses  Sérénissimes  le  duc  et  prince 
de  Nassau  avec  les  autres  princes  confédérés 
fourniront  un  contingent  de  quatre  mille 
hommes. 

Art.  XXiïX.  Les  hautes  parties  con- 
fraclBStes  se'  réservent  d'admettre  par  la 
suite  dans  la  nouvette  eonfêdération  d'au- 
tres princes  et  État»  d'Allemagne  qu'il  sera* 
trouvé  dé  l'intétèt  commua  d'y  admettre. 

Art.  XL.  Lea  ratifications  du  présent 
traité  seroni  échangées  à  Munich ,  le  vingt- 
cinq  juillet  de  la  présente  année. 

Fadt  à  Pa^i&,  le  13  juillei  ifto6^. 

Suivent  les  sfgruBftures^ 

Ainsi',  toQt  le  stid-ouest  de  TAUe*» 
ma^ae,  aceomplissaitô  te  schisme  po- 
litique eommeflcé,  après  le  traité  de 
Westpbalte ,  par  la  confédération  rhé* 
nane,  se  séparait  du  iK>jrdy  où  demi** 
mit  la  Prusse,  et  de  Test  tout  entier 
au  pouvoir  de  TAutriche.  Napoléon 
avait  voulu  qu'il  y  eût  dan» l'Allemagne 
même  une  alliance permanerUe  contre 
TAutriclie  et  contre  la  Pmsse,  et  il 
réussit  à  la  former. 

Lê6aoûtl806,(|uatrejourSfaprès  que 
Iqs  souverains  eonfédérés  eurent»  pr 
l'organe  du  ministre  de  France,  notifé 
à  la  diète  de  Ratisbonne  leut  aete  de  sé- 
paration ,  François  U  abdiqua  le  titre 
d'eaipjereur  d'Allemagne  et  de  rot  des 
RoiKkaÂns.  Il  se  vit  eoatra<kit  de  rch 
cennaître  quQ  les  liens  <|ui  l'avaient 
attaché  à  l'empire  germanique  étaient 


540 


CON 


L'UNIVERS. 


cox 


rompus ,  et,  de  délier  les  électeurs , 
princes  et  États  de  leurs  devoirs  en- 
vers lui  ;  trop  heureux  de  pouvoir  in- 
corporer ses  provinces  allemandes  à  ses 
Ëtats  autrichiens  et  commencer,  sous 
le  nom  de  François  F",  la  série  des  em- 

Sereurs  d'Autriche.  Après  mille  ans 
'existence ,  le  saint-empire  créé  par 
Charlemagne  venait  d'être  détruit  par 
le  fondateur  de  Fempire  français. 

Mais  le  véritable  but  de  rïapoléon 
était  bien  moins  de  renverser  l'empire 
germanique  que  de  le  reconstituer  à 
son  proOt,  sur  le  modèle  de  l'empire 
de  Charlemagne.  S'il  avait  seulement 
voulu  former  une  Allemagne  libérale 

{)our  tenir  en  respect  la  Prusse  et 
'Autriche  et  'les  entraîner  dans  le 
mouvement  de  la  civilisation,  il  aurait 
donné  plus  de  vigueur  et  plus  d'u- 
nité à  la  confédération  dullhin.  Mais 
la  division  de  cette  ligue  entre  seize 
princes  allemands  empêchait  qu'elle 
n'eût ^une force  qui  lui  fût  çropre,  et, 
par  suite,  une  véritable  indépendance; 
aussi  ne  fut-elle  qu'un  instrument  entre 
les  maius  de  la  France,  au  lieu  d'être 
une  puissance  capable  de  maintenir 
l'équilibre  germanique. 

Dans  la  suite ,  la  confédération  du 
Rhin  vit  grossir  ses  rangs ,  pour  ainsi 
dire,  après  chaque  victoire  des  armées 
françaises. 

De  1^6  à  1813,  Napoléon  lutta 
contre  la  Prusse  et  l'Autriche ,  étendit 
la  confédération  dont  il  était  le  chef, 
en  y  faisant  entrer  de  nouveaux  mem- 
bres ,  et  remania  le  nord  -  ouest  de 
l'Allemagne ,  comme  il  avait  déjà  fait 
dans  le  sud-ouest ,  en  y  créant  un 
royaume  pour  un  de  ses  frères.  En  ef- 
fet', le  25  septembre  1806,  l'archiduc 
grand-duc  de  Wurzbourg  accéda  à  la 
confédération  du  Rhin  ;ïe  roi  de  Saxe, 
le  11  décembre  1806;  lesducsdeSaxe- 
Weimar,  de  Gotha ,  de  Meinungen  , 
Jiildburghausen  et  Cobou^g  ;  de  Meck- 
lenbourg -#Schwerin  et  Strélitz;  de 
Holstein-  Oldenbourg  ;  d'Anhalt-Des- 
«au,  Bernbourg  et  Goethen  ;  de  Lippe- 
Detmold  et  Scnaumbourç;  de  Reuss- 
Greiz,  Schleiz,  Lobenstem  et  Ebers- 
dorf;  de  Schwarzbourg-Rudolstadt  et 
Sondershausen,  et  de  Waldeck ,  le  15 


décembre  1806.  Ces  accessions  étaient 
le  résultat  de  la  défaite  des  Prussiens 
à  léna  et  à  Auerstaedt.  En  1807,  letraité 
de  Tilsit  fit  entrer  dans  la  confédératioa 
le  royaume  de  Westphalie  et  le  royaume 
de  Saxe ,  formés  avec  les  provinces 
enlevées  à  la  Prusse.  Les  projets  de 
domination  que  nourrissait  1  empereur 
sur  "  l'Allemagne  devinrent  alors  de 
plus  en  plus  évidents.  Le  royaume  de 
Westphalie  fut  donné  à  Jérôme  Bona- 
parte ;  déjà  un  autre  prince  français, 
Murât ,  avait  reçu  le.  grand-ducbé  de 
Berg  et  de  Clèves.  En  1809 ,  la  coo- 
fédération  du  Rhin-  fut  encore  aug- 
mentée ,  et,  en  1813,  époque  de  sa 
dissolution  ,  elle  comptait  trente-(p 
tre  États,  dont  les  principaux  étaient 
le  royaume  de  Saxe  avec  le  grand- 
duché  de  Varsovie,  les  royaumes ée 
Bavière,  de  Wurtemberg  et  de  ÎV^À- 
phalie,  les  grands -duchés  de  Baéty 
de  Berg- Clèves  y  de  Hesse-Darnistoât, 
de  ff^urtzbourg  et  de  Francfort, 

Le  souverain  du  grand  -  duché  de 
Francfort  avait  le  titre  de  jwinccpri- 
matj  et  présidait  le  collège  des  ràif 
composé  des  princes  qui  gouvernaient 
les  principaux  États  faisant  partie  de 
la  confédération.  Les  autres  Étais 
beaucoup  moins  considérables  for- 
maient le  collège  des  princes,  qui  était 
présidé  par  le  duc  de  Nàssau-Usingei, 
et  comptait  vingt-quatre  États. 

Les  événements  qui ,  en  1814,  d»8- 
gèreiTt  la  face  de  l'Europe,  amenèrentli 
dissolution  delà  confédération  du  BIbBi 
dont  tous  les  princes,  à  l'excepliondi 
roi  de  Saxe ,  avaient  accédé  succesfr 
vement  à  la  coalition ,  à  mesure  ç 
nos  troupes  se  retiraient  vers  w 
frontières  de  France.  Après  les  traita 
de  1814  et  de  1815,  il  se  fonni; 
Vienne  une  nouvelle  confédératioB^ 
prit  le  titre  de  confédération  goB*' 
nique.  ^ 

Le  système  politique  que  suivît  Iv* 
poléon  dans  ses  relations  avec  la  en* 
fédération  du  Rhin  contribua  fajjj 
ment  à  sa  chute ,  car  il  fut  le  priaOF 
motif  de  la  défection  de  rAllan^ 
C'était  une  grande  et  belle  pensée^ 
d'élever, sur  les  ruines  de  l'empire  j^ 
manique ,  soutien  décrépit  do  r^ 


j 


CON 


FRANGE^ 


COJS 


64ft 


féodal ,  une  ligue  des  États  allemands, 
qui  sentaient  le  besoin  d'une  grande 
réforme  politique ,  en  harmonie  avec 
les  progrès  de  la  civilisation  française; 
en  ce  sens  ^  la  création  de  la  confé- 
dération du  Rhin  ne  saurait  recevoir 
assez  d'éloges.  Au  centre  de  la  vieille 
Allemagne,  entre  les  gouvernements 
despotiques  de  TAutriche  et    de   la 
Pcusse,  naissait  une  jeune  Allemagne, 
prête  à  soutenir  la  France  dans  la  croi- 
sade qu'elle  avait  entreprise  pour  la 
régénération  de  TEurope.  Mais  si  tel 
fiit  le  projet  de  Napoléon ,  lorsqu'on 
1806  il  jeta  les  premiers  fondements 
de  la  confédération  du  Rhin  ,  il  faut 
convenir  que  déjà  il  avait  trop  restreint 
le  champ  de  la  liberté ,  et  donné  trop 
de  latitude  à  son  ambition  person- 
nelle ,  pour  que  le  Succès  répondît  à 
son  atteinte.  A  cette  époque ,  il  com- 
mençait à  renier  la  liberté ,  Tégalité  et 
le  progrès  ;  à  ses  yeux ,  la  civilisation 
c'était  bien  moins  les  améliorations 
sociales ,  pour  lesquelles  la  révolution 
avait  fait  de  si  terribles  sacrifices ,  c|ue 
la  conquête  de  TEurope ,  la  centralisa- 
tion de  tous  les  Ëtats  autour  de  son 
trône  impérial.  Cette  unité,  que  la  ré- 
volution avait  rendue  au  peuple  fran- 
çais ,  pour  qui  elle   était  un    bien 
inappréciable ,  il  voulait  Timposer  à 
tout  le  continent  européen ,  dont  elle 
aurait  retardé  plutôt  que  hâté  le  dé- 
veloppement. En  effet,  pour  parvenir 
à  une  fusion  générale,  il  fallait  que 
le  nouveau  régime  fît  non-seulement 
des  concessions ,  mais  encore  des  sa- 
crifices à  1  ancien;  autrement  comment 
mettre  un  terme  à  la  lutte  du  despo- 
tisme régnant  dans  les  Ëtats  du  Nord, 
avec  les  sentiments  de  liberté  qui  ani- 
maient l'Eurone  méridionale? La  force 
du  sabre ,  voilà  le  moyen  à  l'aide  du- 
quel l'empereur  voulut  réunir  sous  un 
tnêtne  joug ,  sous  le  sien ,  les  éléments 
si   divers  qui  avaient  creusé  un  abîme 
entre  la  féodalité  du  moyen  âge  et  la 
révolution  française.  Prenant  à  l'une 
sa    noblesse  héréditaire  ,    à   Tautre 
quelques-unes  de  ses  innovations  les 
moins  importantes,  il  essaya  de  gref- 
fer ces  emprunts  sur  le  tronc  de  l'ab- 
solutisme militaire ,  et  il  se  crut  assez 


fort  pour  donner  toujours  à  son  System 
me  personnel  la  sanction  de  la  victoire. 

Aussi,  dès  l'origine,  il  y  eut  un 
malentendu  entre  lui  et  la  confédéra-» 
tion  du  Rhin.  Les  Allemands,  une  par- 
tie du  moins ,  virent  avec  satisfaction 
tomber  le  saint-empire  qui  entravait 
Tessor  de  leur  développement.  Sous 
les  auspices  de  leur  nouveau  protec- 
teur ,  ils  se  flattèrent  de  restaurer  la 
nationalité  allemande  et  de  devenir  le 
centre  de  cette  nationalité.  Napoléon , 
au  contraire ,  ne  les  aj^pelait  à  l'indé- 
pendance aue  pour  les  affranchir  de  la 
tutelle  de  la  Prusse  et  de  TAutricbe  ; 
en  les  opposant  avec  habileté  à  ces 
deux  puissances ,  il  espérait  assez  af- 
faiblir TAllemagne  pour  en  faire  un 
jour  une  province  française. 

Le  seul  point  sur  lequel  il  y  eut  ac- 
cord^entre  lui  et  les  peuples  de  la 
confédération ,  nous  ne  parlons  pas 
des  princes  qui ,  pour  la  plupart,  sui- 
vaient les  calculs  de  l'intérêt  dynasti- 
.que,  c'était  la  destruction  du  saint- 
empire.  La  ruine  de  ce  i^ieil  édifice,  usé 
par  le  temps,  fut  aussi  le  seul  résultat 
qui  survécut  à  l'alliance  de  la  confédé- 
ration avec  l'empire  français.  Les  Al- 
lemands ne  taraèrent  pas  à  s'aperce- 
voir que  leur  prétendu  protecteur 
n'était  qu'un  nouveau  Cromv«^ell.  Tant 
^u'il  fut  le  plus  fort ,  ils  subirent  le 
joug  en  murmurant;  mais  aussitôt 
que  la  fortune  des  armes  se  déclara 
contre  lui,  ils  l'abandonnèrent,  et,  des 
rangs  de  son  armée,  ils  passèrent  dans 
ceux  de  la  coalition  des  rois.  Seul ,  le 
roi  de  Saxe,  malgré  ses  propres  sujets, 
lui  demeura  fidèle. 

Cette  défection,  qui  assura  le  triom- 
phe de  la  Russie  et  de  l'Angleterre, 
n'aurait  pas  eu  lieu  si  Napoléon  avait 
sincèrement  favorisé  le  réveil  de  la 
nationalité  allemande  ;  si ,  au  lieu  de 
confondre,  dans  une  même  armée,  les 
troupes  de  la  Prusse  et  de  l'Autriche 
avec  celles  de  la  confédération  du 
Rhin,  il  avait  créé  une  Allemagne  li- 
bérale à  côté  de  l'Allemagne  absolu- 
tiste. Ce  n'est  donc  pas  contre  leur 
protecteur  que  les  Allemands  se  sont 
soulevés ,  c'est  contre  le  conquérant 
qui  plaçai];  des  princes  français  sur 


T.  V.  35*  lÀoraison.  (Dict.  sngycl.  ,  btc.) 


35 


i4è 


é^ 


L"tîmVERS. 


téH 


le  trdijie  de§'£iât8  germaniques',  ee 
n>st  pas  ]é  libérateur  de  rEurope 
qu'ifs  ont  trahi ,  c>st  l'homme  qui, 
ajant  juré  de  fe  devenir,  préféra  ré- 
gner en  dietatenr  sur  les  peuples  et 
sur  les  rois ,  l'homme  qui  ne  craignit 
pas  de  trahir  lui-même  la  révolution 
qui  l'avait  porté  au  faite  du  pouvoir, 
et  que  tout  son  génie  ne  pourra  ia- 
mais  faire  absoudre  de  ce  parricide. 

Conférence.  —  Entre  les  diverses 
significations  de  ce  mot,  nous  ne  par- 
lerons que  de  oelies  qui  ont  rapport  à 
notre  histoire. 

Les  conférences  sont  des  assemblées 
politiques  dans  lesquelles  les  ministres, 
ambassadeurs,  chargés  de  pouvoirs, 
etc.,  discutent  les  intérêts  des  souve- 
xains  qui  les  y  ont  envoyés ,  et  résol- 
vent les  questions  qui  ont  donné  lieu 
à  leur  réunion.  On  connaît  les  oonfé- 
rences  gui  eurent  lieu  en  1659,  entre 
le  cardmal  Mazarln  et  don  Louis  de 
Haro ,  dans  l'île  des  Cygnes ,  sur  la 
Bidassoa,  et  qui  amenèrent  la  paix  des 
Pyrénées  et  le  mariage  de  Louis  XIV. 

Une  conférence  est  aussiune  entrevue 
entre  deux  souverains.  Telle  fut  celle 
iqui  eut  lieu  les  25  et  26  octobre  1807, 
entre  les  empereurs  Napoléon  et 
Alexandre,  et  qui  eut  pour  conclusion 
la  paix  de  Tilsitt. 

Sous  l'ancienne  organisation  judi- 
ciaire, tes  diverses  compagnies  étaient 
quelquefois  obligées  de  se  réunir  en 
conférences  pour  terminer  les  diffé- 
rends qui  s'élevaient  entre  elles  à  l'oc- 
casion de  leurs  juridictions,  et  il  arri- 
vait souvent  que  ces  assemblées  don- 
naient lieu  à  de  nouvelles  difficultés 
qui  retardaient  la  solution  des  pre- 
mières, et  compliquaient  les  questions 
que  l'on  avait  à  résoudre.  Aujourd'hui 
que  les  lois  ont  nettement  défini  les 
attributions  des  tribunaux,  les  conflits 
sont  tr^s-rares  entre  eux,  et  quand  il 
en  survient  par  hasard ,  ils  sont  jugés 
par  la  cour  suprême. 

Les  conférences  sont  aussi  des  as- 
semblées de  magistrats  ou  d'avocats, 
ayant  pour  but  la  discussion  de  points 
de  jurisprudence  difficiles ,  nouveaux 
ou  peu  connus.  Ces  assemblées  ont  par 
fois  aussi  pour  but  la  réforme  des  lois 


anciennes  et  là  rédaction  de  nouteaax 
règlements.  Oh  v  Suit  la  marche  adop* 
tée  en  matière  de  plaidoiries  dans  las 
cours  et  tribunaux.  Les  conférences 
ont  principalement  pour  fout  d'ins- 
truire les  jeunes  avocats ,  de  leur  ap- 
prendre à  discuter  les  questions  les 
plus  importantes ,  et  à  connaître  la 
juste  portée  des  lois.  Avant  la  révohi- 
tion,  il  se  tenait  des  conférences  sem- 
blables près  de  chaque  parlement; 
nous  ignorons  si  aujourd'hui  11  s'en 
tient  ailleurs  qu'à  Paris. 

A  l'école  normale,  on  a|>pelle  de  œ 
nom  des  discussions  scientifiques  soa- 
ievées  entre  les  élèves  sous  la  directido 
et  la  présidence  d'un  professeur  ap- 
pelé maître  de  conférences. 

En  langage  religieux ,  on  appelle 
conférence  des  disputes  familières  et 
arrangées  d'avance,  oui  ont  Heu  pu- 
bliquement dans  une  ^lise  entre  deox 
docteurs,  l'un  partisan  de  la  bottoe 
cause  et  de  la  sévérité  des  principes» 
l'autre  défenseur  des  maximes  nM- 
chëes  du  monde ,  et  reproducteur  des 
argumentations  de  l'incrédulité;  cehà- 
cl  s'appelle  Vavocatdu  diable.  Il  péri 
toujours  sa  cause,  et  c'est  justice  :  car 
d'ordinaire  il  défend  pitoyablement  îftà 
client.  On  voit  bien  qu  il  .e.st  nonné 
d'office.  L'abbé  Frayssinous,  éq/A 
évéque  d  Hermppolis  et  ministre  éi 
roi  sous  la  restauration ,  s'était  fiît, 
avant  de  parvenir  aux  dignité ,  vie 
brillante  réputation ,  jpar  des  ièMè' 
rences  qu'il  avait  établies  à  Sainli-Sai* 
pice. 

Confession.  —  C^est  une  qoeate 
encore  controversée  que  celle  de  M- 
voir  si  la  confession  a  été  en  usage  Â 
la  naissance  du  christianisme ,- et  i 
elle  tire  son  origine  de  celle  qui  étH 
imposée  aux  néophytes  dans  les  iiritf^ 
tions  anciennes, V ou  si,  telle  ^iif^ 
existe  aujourd'hui ,  elle  date  "*~~^ 
époque  beaucoup  plus  mocforÂe. 
qui  admettent  la  première  vc 
s'appuient  d'un  grand  nombre  de 
sages  des  Pères  de  l'Ëglise,  M 
ment  de  ces  paroles  de  saint  MH: 
«  Confessez-vous  les  uns  aux  aâMikf 
Ceux  qui  adoptent  la  version  oontnlii 
prétendent  que  ces  paroles  ne  €wS^ 


€09 


FRAÉCE. 


€OS 


547 


fient  qu'aux  hommes  attachés  au  ser- 
vice des  autels,  et  que,  jusqu'au  temps 
de  Louis  le  Jeune,  la  confession  ne 
fut  d'obligation  que  pour  les  clercs. 
Cette  dernière  opinion  nous  paraît 
fort  hasardée,  car  le  second  canon  du 
concile  de  Leptine,  tenu  en  743,  en- 
joignait à  chaque  commandant  mili- 
taire de  se  faire  accompagner,  en 
temps  de  guerre,  d'un  prêtre  pour  re- 
cevoir les  confessions  des  soldats  et 
leur  imposer  des  pénitences.  On  sait 
en  outre  que,  sous  Louis  le  Gros,  lors 
de  l'institution  des  milices  communa- 
les, les  curés  suivaient  leurs  paroissiens 
à  l'armée  pour  les  prêcher,  les  confesser 
et  les  assister  à  la  mort. 

On  a  longtemps  parlé  des  confes- 
sions faites  à  haute  voix;  et,  faute 
de  bien  comprendre  les  diverses  signi- 
fications du  mot  confessiOj  on  s'est 
imaginé  que  les  pénitents  s'accusaient 

{)ubBquement,  et  en  présence  de  tous 
es  fidèles,  des  fautes  qu'ils  avaient 
commises.  Il  en  a  été  ainsi  quelquefois 
sans  doute;  mais  ce  n^a  été  que  par 
suite  d'un  abus.  Dans  l'origine,  la  con- 
fession publique  était  tout  simplement 
la  récitation  du  Confiteor.  Le  pénitent 
s'accusait  d'avoir  péché  d'une  manière 
générale  et  absolue,  et  sans  entrer 
dans  le  détail  de  ses  fautes.  Dans  là 
suite,  quelques  hommes,  plus  scrupu- 
leux que  les  autres ,  crurent  donner 
une  preuve  d'humilité  en  racontant 
leurs  péchés  avec  toutes  les  circons- 
tances qui  les  avaient  accompagnés  ; 
et  les  prêtres  adoptèrent  volontiers 
une  pratique  qui  les  initiait  aux  se- 
crets les  plus  intimes  des  individus  et 
des  femilles,  et,  pour  enipécher  les 
scandales  dont  ces  révélations  publi- 
ques étaient  souvent  la  cause,  ils  ima- 
ginèrent la  confession  secrète',  telle 
qu'elle  est  en  usage  aujourd'hui. 

Autrefois  les  confessions  n'étaient 
pas  aussi  fréquentes ,  même  dans  les 
couvents,  qu'elles  l'ont  été  depuis. 
Dans  la  narration  d'une  visite  pasto- 
ijile  qu'Odon ,  archevêque  de  Rouen , 
fit,  en  124S,  dans  son  diocèse,,  on  lit 
que  les  religieuses  de  Saint-Âmand 
n'étaient  pas  tenues  de  se  confesser 
plus  de  cinq  fois  par  ah.  Dans  la  même 


narration ,  l'archevégue  rapporte  qu'il 
trouva  dans  les  environs  de  Saint-Lô 
neuf  prêtres  qui  ne  confessaient  qu'une 
fois  l'an,  et  qu'il  leur  enjoignit  de  re- 
nouveler annuellement  quatre  fois  cet 
acte  de  religion. 
Ce  fut  toujours  à  un  prêtre  (jue  les 

Ï)énitents  durent  faire  la  révélation  de 
eurs  fautes.  Cependant  cette  règle 
générale  eut  des  exceptions.  Des  ab- 
besses  obtinrent  ou  usurpèrent  le  pou- 
voir de  confesser  leurs  religieuses,  de 
leur  imposer  des  pénitences  et  de  les 
absoudre.  Quand  on  manquait  de  prê- 
tres, que  le  danger  était  pressant,  et 
qu'il  y  avait  risque  qu'un  malade  mou- 
rût déconfèSy  un  laïque  pouvait  remplir 
les  fonctions  de  confesseur.  C'est  ce 
que  permirent,  en  1248,  les  statuts 
synodaux  de  l'église  de  Carcassonne. 
Cum  îmminet  mortis  periculum ,  nec 
potest  habere  proprium  sacerdotem, 
in  quo  casu,  si  alii  defuerint,  potest 
etiam  lalco  confiterî,  Joinville,  dans 
la  Fie  de  saint  LoulSy  nous  fournit  en 
ces  termes  une  nouvelle  preuve  de  cet 
usage  :  «  Messire  Gui  d'Ybelin,  connes- 
«  table  de  Chypre,  s'agenoilla  en  coste 
«  nioy  et  se  confessa  à  moy,  et  je  li 
ft  dis  :  Je  vous  absolz ,  de  tel  pooir 
«  comme  Dieu  m'a  donné.  »  Lors  de 
la  proscription  des  templiers,  ces  che- 
valiers, auxquels  on  refusait  les  se- 
cours spirituels,  se  confessèrent  les 
uns  aux  autres ,  et  se  donnèrent  mu- 
tuellement l'absolution  avant  de  mar- 
cher au  supplice. 

Mais  quand  un  laïque  avait  reçu  la  con- 
fession d'un  mourant,  il  était  tenu  de 
la  reporter  à  un  prêtre,  et  d'accomplir 
la  pénitence  qui  aurait  été  imposée  au 
pénitent  s'il  eût  survécu.  On  lit  dans 
des  lettres  de  rémission  de  1474:  «  Le 
suppliant  mena  le  blessé  dehors  la 
maison,  en  l'admonestant  de  son  salut, 
et  lui  priant,  en  l'onneur  de  Dieu, 
qu'il  se  confessast  et  ne  mourust  point 
sans  confession,  et  que  s'il  vouloit  se 
confesser  à  lui,  qu'il  s'obligeoit  à  dire 
sa  confession  à  bouche  de  prestre,  et 
de  faire  la  pénitence  pour  lui.  » 

Longtemps  on  refusa  aux  criminels  . 
condamnés  à  mort  la  consolation  de 
se  confesser  avant  de  subir  leur  arrêt, 


S48 


CQH 


LUniYEBS. 


et  Ton  croît  eomBranémeiit  qae  ce  fot 
Qiarles  VI  qui  la  leur  aecorda.  On 
est  dans  Terreur.  Ce  prince  ne  fit  qae 
confirmer  et  étendre  an  usage  qui 
commençait  à  s'introduire  avant  lui. 
En  effet,*  les  statuts  synodaux  de  l'é- 
glise de  Castres  ordonnèrent,  en  1358, 
aux  pasteurs  ordinaires,  d'avertir,  et, 
au  besoin,  de  contraindre  par  les  cen- 
sures ecclésiastiques ,  les  juges  et  les 
seigneurs  temporels  de  mettre  les 
criminels  condamnés  à  même  de  se 
confesser,  et  à  cet  effet,  de  leur  en- 
voyer des  confesseurs  s'ils  le  deman- 
daient ;  et  on  lit  dans  le  registre  de 
l'hôtel  de  ville  d'Abbeville,  dit  le  Livre 
nmge,  sous  la  date  de  1366 ,  «  ^e  se 
depuis  le  criminel  reaueroit  avoir  con- 
fession ,  que  prestre  li  fut  baillé  pour 
le  confesser,  et  pour  che  fu  ledit  Jehan 
confessé  au  gibet  par  un  prestre.  » 

Quand  la  corruption  et  la  vénalité 
eurent  fait  irruption  dans  le  clergé, 
comme  dans  tous  les  autres  ordres  de 
l'État,  la  confession ,  comme  tous  les 
autres  sacrements  et  cérémonies  reli- 
gieuses ,  ne  s'accorda  qu'à  prix  d'ar- 
gent ,  et  ce  qui  avait  été  dans  l'origine 
une  offrande  volontaire  devint  une  taxe 
que  le  clergé  exigea  avec  beaucoup  de 
rigueur.  Des  lettres  de  rémission  de 
1476  parlent  d'un  nommé  Havart  cpii 
<  demanda  à  icelui  Thomassin  cinq 
solz  et  demy  à  prester,  pour  soy  con- 
fesser et  oraonner  à  Pasques.  » 

Le  produit  des  confessions  fut  sou- 
vent un  sujet  de  contestation  entre 
les  évéques ,  les  abbés  et  les  curés  de 
paroisses;  et  il  nous  reste  des  actes 
nombreux  de  transaction  qui  l'attri- 
buent soit  aux  uns ,  soit  aux  autres , 
notamment  un  accord  de  1254,  entre 
je  doyen  de  Saint-Giermain  FAuxer- 
rois  et  le  curé  de  Saint- Ëustache,  par 
lequel  il  fut  convenu  que  les  deux  pré- 
tendants partageraient,  entre  autres 
produits,  celui  des  confessions.  La 
question  de  savoir  si  ce  produit  appar- 
tenait au  commendataire  ou  au  des- 
servant du  bénéfice,  donna  lieu  à  des 
milliers  de  procès ,  qui  furent  jugés 
tantôt  dans  un  sens ,  tantôt  dans  un 
autre,  suivant  les  circonstances.  Un 
des  obstacles  les  plus  sérieux  que  les 


ordres  mendiants  rencontraient  quand 
ils  voulaient  s'établir  quelque  part,  ve- 
nait de  la  pratique  observée  par  eux 
de  s'attribuer  le  produit  des  eonfcs- 
sions ,  et  même  d'en  faire  l'abandon 
aux  pénitents.  Quand  les  confessions 
forent  gratuites,  les  chefs  de  paroisses 
se  montrèrent  beaucoup  plas  aooom- 
modants,  et  acceptèrent  volontiers  des 
auxiliaires  qui  ne  leur  coûtaient  plus 
rien.  Alors  aussi  l'obligation  de  se 
confesser  quatre  feis  l'an  fut  réduite 
à  une  seule,  le  jour  de  Pâques. 

La  confession  fut  souvent  une 
source  de  graves  désordres.  Cette  com- 
munication intime  d'un  homme  avec 
un  autre  fut  dans  tous  les  temps,  entre 
les  mains  du  clergé ,  un  dangereux  le- 
vier politique.  «  Ceux  qui  travaillèrent 
le  plus  efiacacement  à  rétablissement 
de  la  ligue ,  furent ,  dit  de  Thon ,  les 
confesseurs ,  qui  développaient  à  l'o- 
reille de  leurs  pénitents  ce  que  les 
prédicateurs  n'osaient  pas  clairement 
exposer  en  public;  ceux-ci,  en  effet, 
s'abstenaient  de  nommer  les  person- 
nes, dans  la  crainte  d'être  punis  ;  mais 
les  confesseurs ,  abusant  da  secret  de 
leurs  fonctions,  n'épai^naient  ni  le 
roi,  ni  ses  ministres,  et  au  lieu  de  con- 
soler par  des  discours  de  piété  œox 
qui  s'adressaient  à  eux,  ils  leur  rem- 
plissaient l'esprit  de  faux  bruits,  et 
mettaient  leur  conscience  à  la  torture 
par  des  questions  embarrassantes  et 
par  mille  scrunules.  Par  le  même 
moyen,  ils  fouillaient  dans  les  secreli 

des  familles ,  soutenaient  que  les 

sujets  pouvaient  former  des  associa* 
tionssans  l'autorisation  du  prince,  les 
entraînaient  dans  cette  funeste  ligne, 
et  refusaient  l'absolution  à  ceux  qâ 
ne  voulaient  point  en  faire  partie.  Oi 
porta  des  plaintes  contre  ces  eonftt- 
seurs  séditieux,  continue  le  même  au- 
teur, on  leur  enjoignit  de  ne  pas  abu- 
ser ainsi  de  (a  sainteté  de  leur  mini^ 
tère.  lis  ne  changèrent  pas ,  ils  forerit 
seulement  plus  circonspects,  et  Insti- 
tuèrent ce  dogme  nouveau,  que  le  pé> 
nitent  qui  découvre  ce  que  lui  a  dit 
son  confesseur  est  aussi  ooupaNe  on 

le  confesseur  qui  révèle  la        ' 

de  son  pénitent.  » 


GON 


FRANCE. 


CON 


6t9 


Après  la  conversion  de  Henri  IV  et 
sa  reconnaissance  en  qualité  de  roi  de 
France  et  de  Navarre,  la  haine  que  le 
clergé  portait  à  ce  prince  ne  s'éteignit 
pas  dans  tous  les  cœurs.  Dans  piu- 

^  sieurs  paroisses  de  Paris,  notamment 
à  celle  de  Saint-André-des-Arts ,  les 
prêtres  refusaient  d'admettre  à  la  con- 
fession ceux  qui  s'étaient  réjouis  de 
son  entrée  dans  la  capitale.  Mais  cette 
ténacité  dans  des  sentiments  que  dé- 
fend la  religion  alla  plus  loin,  et  plus 
(l'un  assassin,  chancelant  avant  la  per- 
pétration du  crime,  put  aller  cherchier 
auprès  du  confesseur  à  qui  il  avait 
confié  son  dessein,  des  encouragements 
qui  lui  rendirent  des  forces,  et  des  ar- 
gumentations qui  levèrent  ses  scru- 
pules. 

L'influence  des  confesseurs  fut  quel- 
quefois très-puissante  dans  Tesprit  des 
rois;  aussi  les  jésuites  étaient-ils  très- 
empressés  de  faire  obtenir  ce  titre  à 
l'un  d'eux.  Cette  confiance  accordée 
par  le  chef  de  l'État  à  un  homme  qui, 
par  sa  position  et  par  le  serment  qu'il 
avait  prêté,  était  obligé  de  tout  révéler 
au  général  de  son  ordre,  même  les 
secrets  qui  n'étaient  pas  les  siens ,  de 
quelque  manière  qu'ils  fussent  parve- 
nus a  sa  connaissance ,  livrait  la  poli- 
tique du  royaume  à  la  merci  d'un 
étranger,  et  eut  souvent  des  suites 

'  désastreuses.  Pour  n'en  citer  qu'un 
exemple,  nous  dirons  que  c'est  au  jé- 
suite le  Tellier,  confesseur  de  Louis 
XIV,  que  furent  dus  les  persécutions 
religieuses  du  dix- septième  siècle ,  la 
révocation  de  Fédit  de  Nantes ,  l'exil 
de  tant  de  familles  riches  et  indus- 
trieuses, et  la  révélation  de  tant  de 
secrets  dans  les  arts  que  Ta  France 
avait  nossédés  seule  jusqu'alors. 

Il  mt  toujours  sévèrement  défendu 
par  les  lois  ecclésiastiques,  et  même 
par  les  lois  civiles,  aux  prêtres  de  ré- 
véler, même  à  la  justice,  ce  qui  leur 
avait  été  confié  au  tribunal  de  la  pé- 
nitence. Plusieurs  d'entre  eux  ont  été 
réprimandés,  interdits,  dégradés,  et 
même  punis  de  mort,  pour  avoir  rompu 
sur  ce  point  le  silence  que  leur  minis- 
tère les  oblige  à  garder.  Aussi,  quand 
un  ecclésiastique  est  appelé  en  témoi- 


gnage ,  s'il  dit  que  pour  répondre 
a  la  question  qu'on  lui  adresse,  il  se- 
rait dans  la  nécessité  de  révéler  ce 
qu'il  a  appris  en  confession,  il  n'est 

f»lus  fait  d'instances  sur  ce  point,  et  il 
ui  est  permis  de  conserver  le  secret 
qui  lui  a  été  confié  sous  le  sceau  d'un 
sacrement. 

Confiscation.  —  C'est  le  nom  par 
lequel  on  désigne  l'adjudication  oes 
biens  d'un  particulier  au  profit  du  fisc, 
pour  cause  de  crime,  de  contravention 
ou  de  délit.  La  peine  de  la  confisca- 
tion, fréquemment  employée  sous  les 
premiers  empereurs  romains,  fut  en* 
tièrement  abolie  par  Justinien.  Un 
édit  rendu  en  630  par  DagobertP% 
sur  l'observation  du  dimanche,  est  le 
premier  document  où  il  en  soit  fait 
mention  chez  nous.  Cet  édit  défendait 
de  voiturer  par  terre  le  dimanche,  sous 
peine  de  la  confiscation  du  bœuf  attelé 
du  côté  droit.  On  connaît  une  ordon- 
nance semblable  rendue  par  Pépin  et 
promulguée,  suivant  l'opinion  la  plus 

f)robable,  en  l'année  744.  Cependant 
a  confiscation  pout  cause  de  crime 
ne  s'est  définitivement  établie  en 
France  que  sous  Phi  lippe- Auguste,  qui 
rétendit  des  fiefs  aux  grands  alleux,  à 
toutes  les  espèces  d'héritages,  et  même 
aux  effets  mobiliers  du  criminel  ;  c'é- 
tait, on  peut  le  dire,  une  législation  de 
circonstances  et  qui  servit  merveilleu- 
sement l'esprit  envahisseur  de  la 
royauté.  Toutefois,  dès  le  commence- 
ment de  la  régence  de  Blanche  de  Cas- 
tille,  les  seigneurs  se  plaignirent  que 
les  confiscations,  en  retombant  sur  les 
enfants  des  condamnés,  ne  frappaient 
que  des  innocents,  et  ils  demandèrent 
que,  suivant  l'ancienne  coutume,  on 
restituât  aux  familles  les  biens  confis- 
qués. Mais  la  reine,  dans  une  assem- 
blée tenue  en  1227«  ne  leur  accorda 
qu'une  partie  de  leurs  demandes. 
La  confiscation  n'était  pas  appli- 

?|uée  de-la  même  manière  dans  les  dif- 
érentes  provinces  du  royaume.  A 
Yillefranche ,  en  Périgord,  les  biens 
d'un  homme  condamné  à  mort  comme 
meurtrier  appartenaient  au  roi,  les 
dettes  payées  préafabiement  ;  le  fisc  ne 
prenait  que  dix  livres  sur  ceux  de 


4» 


cox 


L'UNIVERS. 


CON 


rhooime  pendu  pour  crime  de  vol  ;  le 
reste  passait  aux  héritiers. 

A  Langres,  la  veuve  d'un  homme 
condamne  au  dernier  supplice  repre- 
nait ses  biens  et  son  douaire.  Si  cette 
peine  frappait  une  femme,  Tévéque 
ayait  droit  à  une  part  dans  les  biens 
du  mari. 

Pans  les  pays  de  droit  écrit,  la  con- 
fiscation n'avait  lieu  que  pour  le  crime 
de  lèse-majesté  divine  et  humaine.  Ce- 
pendant le  parlement  de  Toulouse  rap- 
pliquait en  plusieurs  autres  cas ,  sauf 
réserve,  au  profit  des  enfants,  de  la 
moitié  ou  du  tiers  des  biens. 

(.a  confiscation  pour  crime,  à  la- 
quelle tant  de  favoris  des  rois  durent 
leur  immense  fortune ,  fut  abolie  dans 
toute  la  France  par  la  loi  du  Ht  jan- 
vier 1790;  mais  elle  fut  rétablie  le  30 
août  1793,  par  une  loi  que  complétè- 
rent celles  dfu  19  mars  1793  et  du  1*" 
brumaire  an  ii. 

Le  Gode  pénal  de  1810  appliqua  la 
confiscation  au  crime  d'attentat  contre 
la  sûreté  de  l'État  et  à  celui,  de  fausse 
monnaie.  Mais  Napoléon  fit  toujours, 
en  faveur  des  enfants  du  condamné» 
remise  de  cette  peine,  qui  fut  enfin 
abolie  par  la  charte  de  1814.  La  con- 
fiscation pour  cause  de  contravention 
subsiste  encore,  et  probablement  elle 
restera  toujours  en  vigueur. 

CoNFLANS.  —  Ce  bour^  de  l'ancien 
4uché  de  Bar,  aujourd*hiy  chef-lieu  de 
canton  du  département  de  là  Moselle, 
était  autrefois  défendu  par  un  château 
fort,  construit  en  1170  par  Thierry, 
évêque  de  Metz.  Ce  diâteau  fut  pris 
par  les  Messins  en  1354,  rendu  peu  de 
temps  après  au  duc  de  Bar,  assiégé 
sans  succès  par  le  duc  de  Bourgogne 
en  1546,  et  pris  par  le  maréchal  de 
Vieille  ville  en  1552. 

CoNFLÀNS  (traité  de).  —  Ce  traita, 
signé  en  1465,  termina  la  guerre  du 
bienpublic.  Trente-six  commissaires  fu- 
rent nommés  par  Louis  XI  pour  ré- 
former les  abus  dont  les  princes  s'é- 
taient plaints.  Le  roi  accordait  en 
outre  à  tous  les  princes  qui  s'étaient 
ligués  contre  lui  des  gouvernements, 
des  provinces,  des  villes,  des  pensions; 
a  son  frère  le  duché  de  Normandie  ;  au 


comte  de  Charolais  les  villes  de  la 
Somme;  au  duc  de  Bourbon  glu^eurs 
seigneuries  en  Auvergne;  au  due  de 
Nemours  le  gouvernement  de  Paris  et 
de  l'IIe-de-France  ;  au  comte  d'Arma- 
gnac les  châtellenies  du  Rouergue 
m'il  avait  perdues.  Telles  étaient  tes 
irincipales  clauses  du  traité  de  Coo' 
ians  ;  elles  étaient  humiliantes  pour  le 
roi  qui  cédait  à  des  sujets  rebelles;  mais 
les  princes  ligués  se  dégradèrent  parce 
qu*ils  terminaient,  en  se  partageant 
lés  dépouilles  du  peuple  aussi  bien  que 
celles  du  roi,  une  guerre  qu'ils  avaient 
entreprise  sous  le  prétexte  du  bienMh 
blic.  Cette  paix  atteignit  enfin  un  der- 
nier but,  elle  mit  fin  à  une  ligue  fatale 
au  royaume,  et  Louis  XI  sépara  fies 
ennemis  en  leur  faisant  deâ  promesses 
qu'il  était  bien  déterminé  à  ne  pas  te- 
nir. 

Confient,  petite  contrée,  avec  titre 
de  comté  et  de  viguerfe,  dans  Fan* 
cienne  province  de  Roussillon.  Le  pays 
de  Confient  était  enclavé  entre  la  vi- 

fuerie  de  Perpignan  à  l'est ,  et  la  Cer* 
agne  française  à  l'ouest.  Il  avait  en- 
viron 4  nîyriamètres  dans  sa  ploi 
grande  longueur,  sur  29  kilomètres 
de  largeur.  Villefranche  en  était  le 
chef-lieu.  Cette  contrée  fut  oéd^  à  h 
France  avec  tout  le  Roussillon  par  le 
traité  des  Pyrénées. 

CoNFOLENs ,  ConfluetUes ,  petite 
ville  de  l'ancienne  Marche,  mainte- 
nant l'un  des  chefs-lieux  d'arrondisse- 
ment du  département  de  la  Charente. 
Cette  ville,  qui  compte  aujourdlmi 
2,687  habitants,  possède  un  trtbiBiai 
de  1"^*  instance  et  une  bibliothèque  pt- 
blique  de  13,000  volumes.  On  j  re- 
marque un  pont  d'une  haute  antioailé 
et  les  ruines  d'un  ancien  château  Hirt. 
La  terre,  seigneurie  et  baronnie  de 
Confolens  fut  érigée  en  comté  en  1604, 
en  faveur  de  Joacïiim  de'ChâteaUYivn, 
gouverneur  de  Bourgogne. 

CONFBÈRES  DE  LA  PaSSIOK.  —  Cé- 

tait  le  nom  que  l'on  donnait  aux  ac- 
teurs qui,  au  moyen  âge,  repvéaea- 
taient  les  mystères  de  la  passion,  cC 
dont  Charles  VI  érigea,  en  I^M,  la 
troupe  en  confrérie ,  sous  le  titra  de 
maUreSj  gouverneurs  et  eonfirèreBie 


tù^ 


FEAHCE. 


C05 


551 


la  confrérie  de  la  passUm  et  résur- 
rèctîon  de  Notre-Seigneur ,  fondée 
4ans  l'église  de  Sainte-Trinité  à  Paris, 
Ils  représentèrent  pendant  150  ans  des 
moralités^  dans  la  grande  salle  de 
rtiôpital  de  la  Trinité,  puis  achetèrent 
Thôtel  de  Bourgogne,  qu'ils  cédèrent 

f^lus  tard  avec  le  privilège  qui,  en  1548, 
eur  avait  été  accordé  par  le  parlement, 
à  d'autres  comédiens  dont  les  succes- 
seurs représentèrent,  sous  Louis  XIII 
et  Louis  XIV,  les  pièces  de  Corneille 
et  de  Racine.  (Voy.  Abt  dbamati- 

Congé. — La  plus  ancienne  ordon- 
nance qui  renferme  le  mot  congés  dans 
Je  sens  où  l'emploie  aujourd'hui  notre 
langue  militaire  (*),  est  celle  qui  fut 
yendùe  en  1879,  sur  les  permis  d'ab- 
sence accordés  dans  la  gendarmerie 
par  les  capitaines  des  compagnies  d'or- 
donnance. Les  différentes  espèces  de 
congé  étaient  marquées  encore  dans  le 
dernier  siècle ,  non-seulement  par  le 
contexte  de  l'acte,  mais  par  la  couleur 
du  papier  ;  ainsi  il  y  avait  des  cartou- 
ches blanches,  jaunes,  rouges,  vertes. 

En  droit  féodal,  on  donnait  le  nom 
de  congé  à  la  permission  que  le  sei- 
gneur donnait  a  son  vassal  ou  à  son 
censitaire  de  disposer  d'un  héritage 
qui  était  en  sa  mouvance. 

CoNGBÉGATiON.  —  Associatiou  de 
personnes  appartenant  au  même  ordre 
ecclésiastique ,  et  vivant  à  part  sous 
une  règle  particulière. 

Il  y  avait  en  France  trois  sortes  de 
congrégations  :  les  congrégations  ré- 
gulières ,  les  congrégations  séculières, 
6t  les  congrégations  laïques. 

'  Les  premières  étaient  celles  qui  se 
formaient  dans  le  sein  d'un  ordre  reli- 
gieux. Telles  étaient  les  congrégations 
de  Saint-Maur,  de  Saint-Vannes,  de 
âaint-Hidulphe  ,  et  les  deux  observan- 
ces de  Cluni ,  toutes  issues  de  l'ordre 
de  Saint-Benoît.  Les  chanoines  régu- 
liers formaient  différentes  congréga- 
tions ;  celle  de  Sainte-Geneviève ,  la 
plus  nombreuse,  se  nommait  congré- 
gation de  France.  Le  concile  de  Trente, 
qans  la  sess.  15 ,  chap.  8, ordonna  que 

^*)  De  con^eare  (basse  lat.),  congéer. 


tou^  les  monastère  qui  n'étaient  point 
àoumis  a  deâ  chapitres  généraux ,  ou 
à  de^  évéques ,  et  n'avaient  pQint  leurs 
visiteurs  réguliers,  fussent  tenus  de 
se  mettre  en  congrégations. 

Les  congrégations  séculières  étaient 
celles  que  formaient  entre  eux  des  prê- 
tres séculiers..  Il  y  en  avait  plusieurs 
en  France  ;  le^  plus  célèbres  étaient 
celles  de  l'Oratoire ,  de  la  Doctrine 
chrétienne ,  de  la  Missioii ,  de  Saint- 
Su  Ipice  ,  des  Ëudistes ,  etc.  Ces  con- 
grégations, dont  quelques-unes  sub- 
sistent encore  ,  étaient  formées  de 
différentes  maisons  réunieâ  sous  ia 
direction  de  supérieurs  généraux. 

Les  congrégations  laïques  sont  celles 
qui  sont  composées  de  personnes  pieu- 
ses, se  réunissant  sous  l'invocation 
d'un  saint ,  pour  se  livrer  en  commun 
à  des  exercices  de  piété. 

Dans  le  temps  de  la  restauration^ 
on  appela  congrégation  une  esoèce  de 
gouvernement  occulte  recrute  dans 
tous  les  rangs  de  la  société ,  et  ou  do- 
minaient principalement  les  Pères  de 
la  compagnie  de  Jésus.  Cette  associa- 
tion avait  pour  but  spécial  d'étouffer 
les  lumières,  de  refouler  le  progrès, 
et  de  ramener  la  France  au  régime  du 
bon  plaisir  et  à  la  servitude  du  moyen 
âge.  A  cet  effet ,  proscription  des  bons 
livres ,  publications  d'oeuvres  fanati- 
ses ,  prédications  incendiaires ,  pro- 
cessions scandaleuses,  érections  de 
calvaires ,  plantations  de  croix,  pro- 
fanation de  tout  ce  que  la  religion 
a  de  saint  et  de  sacré ,  la  congréga- 
tion n'épargna  rien;  et  les  lois  ne 
furent  pas  plus  respectées  par  elle  que 
les  autorites  qu'elle  fît  taire  et  qui  la 
redoutaient.  Heureusement ,  la  révolu- 
tion de  juillet ,' qu'elle  avait  provoquée 
par  son  intolérance  et  par  s^  excès , 
en  a  fait  bonne  justice. 

CONGBÈS     DIPLOMATIQUE .     nom 

sous  lequel  on  est  convenu  de  dési- 
gner les  réunions  des  plénipotentiaires 
de  différentes  puissances  ;  réunions 
dont  lé  but  est  d'essayer  de  résoudre, 
par  les  négociations,  les  questions  dont 
la  force  des  armes  n'a  pu  amener  la 
solution. 
L'origine  de  ces  réunions  est  touj;^. 


559 


CON 


LUNIVERS. 


COH 


moderne;  le  premier  congrès  euro- 
péen se  réunit  en  1644;  il  se  tint  à 
Munster  et  à  Osnabruck ,  villes  qui 
avaient  été  désignées  par  la  France,  et 
où  se  rendirent  les  plénipotentiaires 
des  diiférentes'  puissances  mtéressées, 
pour  ne  former  qu'un  seul  congrès, 
bien  que  les  affaires  dussent  se  traiter 
séparément,  savoir  :  dans  Tune  de  ces 
deux  villes ,  par  des  plénipotentiaires 
eux-mêmes ,  et  dans  l'autre ,  par  leurs 
délégués.  Ce  fut  là  que  fut  conclu  le 
traité  de  paix  dit  de  ^estphaUe. 

En  1659  eut  lieu  ,  dans  une  île  de  la 
Bidassoa  (  Ttle  des  Faisans  ) ,  un  con- 

frès  où  les  plénipotentiaires  de  la 
'rance'etdeTEspagne  signèrent,  après 
vingt  -  cinq  conférences ,  la  paix  dite 
des  Pyrénées.  Ce  congrès  est  connu 
dans  rhistoire  sous  le  nom  de  congrès 
des  Pyrénées,  L'Espagne  adhéra  à  ce- 
lui de  Munster ,  et  céda  à  la  France  le 
Roussi  lion ,  le  pays  de  Gonflent  et  plu- 
sieurs places  dans  le  Pays-Bas. 

Le  31  juillet  1667  fut  signé ,  au  cotir 
^rès  de  Breda ,  le  traité  qui  mit  fîn  à 
«a  guerre  que  les  Pays-Bas ,  la  France 
et  le  Danemark  faisaient  à  l'Angleterre. 
Ce  traité  avait  pour  objet  principal  le 
règlement  des  intérêts  des  différentes 
puissances  dans  les  Indes  occiden- 
tales. Les  droits  de  péage  à  l'entrée  du 
détroit  du  Sund  y  furent  sérieusement 
discutés  dans  ce  congrès. 

En  1668,  le  3  mai,  à  la  suite  du 
congrès  d^ Aix-la-Chapelle ,  fut  signé 
ie  traité  qui  termina  la  guerre  dite  de 
)a  Dévolution  entre  la  France  et  l'Es- 
pagne. Les  places  conquises  par  la 
France ,  dans  les  Pays-Bas  espagnols , 
lui  restèrent ,  à'  la  charge  par  elle  de 
restituer  la  Franche -Comté  à  l'Es- 
pagne. 

En  1673 ,  le  conarès  ouvert  à  Co- 
logne pour  mettre  un  à  la  guerre  qui 
durait  depuis  1672,  entre  la  France  et 
l'Espagne,  fut  dissous  par  suite  des 
violences  exercées  par  l'ambassadeur 
de  l'empereur  d'Allemagne  contre  le 
ministre  de  l'électeur  de  Cologne. 

En  1678  eut  lieu  le  congrès  dit  de 
Nimègue,  où  furent  signés,  en  1679, 
plusieurs  traités  de  paix ,  dont  un  en- 
tre la  France  et  les  Pays-Bas  ;  un  autre 


entre  la  France  et  l'Espagne;  et  ud 
troisième  entre  la  France,  la  Suède  « 
et  l'Empire  germanique.  Ce  congrès 
eut  encore  pour  conséquence  immé- 
diate la  paix  avec  le  Brandebourg ,  si- 
gnée ù  Saint-Germain  ;  la  paix  avec  le 
Danemark ,  signée  à  Fontainebleau  et 
à  Lund  ;  et  ennn  la  paix  entre  la  Saède 
et  la  Hollande ,  signée  à  ïïimègue. 

La  prise  de  Strasbourg,  dont LoQii 
XIV  s'était  emparé  en  pleine  paix,  et 
ses  projets  d'agrandissement,  gu'O  ne 

f>renait  pas  même  le  soin  de  dissimo- 
er ,  donnèrent  lieu ,  en  1681 ,  à  m 
ligue  offensive  et  défensive  concloe  à 
la  Haye,  entre  divers  États  de  l'Alte- 
magne.  Guillaume  III  en  fut  le  dief; 
la  Hollande  et  la  Suède,  puis  r£mpe* 
reur ,  l'Espagne ,  et  quelques  cerdes 
de  l'Empire  y  adhérèrent.  Le  congrès 
qui  s'ouvrit  à  Francfort  fut  rompa 
par  la  France  «n  décembre  1682,  et 
transféré  à  Ratisbonne,  où  il  eut  pour 
conclusion  une  trêve  de  vingt  ans  avec 
la  France  ;  trêve  qui  n'empêcha  pas  les 
armées  françaises  d'envahir ,  en  16S8, 
les  provinces  du  Rhin  et  de  commen- 
cer une  nouvelle  guerre  qui  duraneof 
ans.  Des  considérations  relatives  à  la 
succession  d'Espagne  déterminèrent 
cependant  Louis  XIV ,  après  avoir  es- 
sayé en  vain  de  diviser  les  alliés,  àio; 
voquer  la  médiation  de  la  Suède,  qu 
provoqua  l'ouverture  du  congrès  è 
Ryswick ,  en  1697.  On  y  négocia  (fa- 
près  les  principes  consacrés  dans  les 
traités  de  Westphalie  et  de  Nimè^ 
et  Ton  finit  par  signer  une  paix  géné- 
rale ** 

Depuis  1713  jusqu'en  1814,euKrt 
lieu  un  ^rand  nombre  de  congrès  où" 
France  joua  le  principal  rôle.  Lespra- 
cipaux  furent  :  le  congrès  à*Utrê^ 
qui  termina  la  guerre  de  la  successioi 
d'Espagne ,  et  donna  lieu  à  hait  tr* 
tés  de  paix  séparés  signés ,  de  1719 
à  1715,  entre  la  France,  l'Espaipe, 
l'Angleterre ,  la  Hollande,  la  Savowjt 
le  Portugal  ;  le  congrès  de  itow» 
tenu  en  1714;  le  congrès  deHanooftt 
en  1715;  le  congrès  de  Cambrdf  • 
1722  ,  où,  sous  ^a  médiation  de  » 
France  et  de  l'Angleterre ,  eut  li«  ■ 
conclusion  de  la  paix  entre  l'EspagB^ 


CON 


FRANCE. 


COTS 


«ftS 


et  TAutriche  ;  le  congrès  de  Soissons, 
en  1728;  le  congrès  d^Aix-la-ChU' 
pelle,  en  1748;  le  congrès  de  Tes-' 
cherty  en  1779  ;  le  congrès  de  Paris  ^ 
en  octobre  1782 ,  qui  termina ,  entre 
la  France  et  TAngleterre ,  la  guerre 
dite  d'Amérique  ;  le  congrès  de  Ver- 
saiUeSy  en  décembre  1784,  dans  lequel 
la  France  fut  médiatrice  entre  Jo- 
seph II  et  la  Hollande. 

La  série  des  congrès  qui  ont  été 
tenus  depuis  la  révolution  française 
commence  par  cplui  de  Rastadt ,  ou- 
vert le  9  décembre  1797  ,  et  qui  n*eut 
d'autre  résultat   que  Tassassinat  de 
deux  plénipotentiaires  français  ,  le  28 
avril  4799.  Vinrent  ensuite  le  congrès 
d'Amiens  ^  à  la  suite  duquel  fiit  signé , 
le  27  mars  1802 ,  un  traité  de  paix  en- 
tre la  France  et  TAngleterre  ;  le  fa- 
meux congrès  d'Erfurth^  où  l'on  vit, 
en  octobre  1808 ,  les  empereur^  Napo- 
léon et  Alexandre,  les  rois  de  Saxe, 
de  Bavière,  de  Vurtemberg,  le  roi  de 
Westphalie ,  Jérôme;,  le  grand  -  duc 
Constantin ,  le  prince  Guillaume  de 
Prusse ,  et  plusieurs  princes  ou  en- 
voyés d'autres   puissances.  L'Angle- 
terre s'y  montra  disposée  à  traiter 
avec  la  France  et  la  Russie ,  à  condi- 
tion que  l'Espagne  et  la  Suède  seraient 
représentées  au  congrès  par  des  pléni- 
potentiaires. Mais  Napoléon  ne  voulut 
point  reconnaître  ce  droit  à  l'Espagne, 
et  le  congrès  n'eut  d'autre  résultat 
que  la  conclusion  de  la  paix  entre  la 
France  et  l'Autriche ,  et  des  copven- 
tîons  qui  restèrent  secrètes  entre  les 
empereurs  Napoléon  et  Alexandre.  Il 
nous   reste   encore  à  citer  le  con- 
grès de  Châtillon,  tenu  en  février 
et  mars  1814  ;  le  congrès  de  tienne , 
de  1814  à  1815 ,  où  les  puissances  en- 
nemies de  la  France  firent  un  nouveau 
remaniement  de  l'Europe  ;  le  congrès 
iT j^iX'la- Chapelle  ^  en  1818,  où  fut 
décidée  l'admission  de  la  France  dans 
la  sainte-alliance;  enfin,  le  congrès  de 
f^érone ,  en  1822 ,  où  il  fut  décidé  que 
la  France  porterait  la  guerre  en  Es- 
pagne pour  y  rétablir  le  pouvoir  ab- 
solu de  Ferdinand. 

Congres  judigiaibe,  espèce  de 
preuve  juridique  dont  on  faisait  usage 


autrefois,  lorsque  la  nullité  d'un  ma- 
riage était  demandée  pour  cause  d'im- 
puissance. Il  n'y  a  aucune  trace  de 
cette  preuve  ni  dans  le  droit  civil ,  ni 
dans  le  droit  canonique  ;  cependant  elle 
était  en  usage  dans  les  ofQcialités  de 
France,  vers  le  milieu  du  seizième  siè- 
cle, et  quoiqu'elle  fût  contraire  aux 
bonnes  mœurs ,  elle  n'en  subsista  pas 
moins  pendant  plus  d'un  siècle ,  puis- 
qu'elle ne  fut  abolie  qu'en  1677.  —  On 
attribue  l'origine  de  cet  usage  à  un 
jeune  homme ,  qui ,  accusé  d'impuis- 
sance ,  offrit  de  prouver  le  contraire 
en  présence  de  chirurgiens  et  de  ma- 
trones. L'official  permit  ce  genre  de 
preuves  ;  les  autres  tribunaux  suivirent 
cet  exemple,  et  une  multitude  d'arrêts 
des  parlements  constatent  que  cette 
preuve  était  généralement  admise.  Le 
mari  accusé  d'impuissance  était  con- 
damné à  prouver  sa  virilité  en  présence 
d'experts  nommés  par  le  tribunal.  S'il 
sortait  victorieux.  Faction  de  sa  femme 
était  rejetée  ;  si ,  au  contraire ,  il  n'a- 
vait pu  consommer  le  mariage ,  la  de- 
mande était  admise ,  et  le  mariage  dé- 
claré nul.  L'abolition  de  ce  libertinage 
légal  fait  le  plus  grand  honneur  au 
parlement  de  Paris  et  à  l'avocat  général 
Lamoi^on.  Ce/  fut  dans  la  cause  du 
marquis  de  Langey ,  dont  le  mariage 
avait  été  annulé  pour  cause  d'inipuis- 
sance ,  que  Lamoignon  fit  son  célèbre 
réquisitoire  pour  demander  la  sup- 
pression du  congrès;  le  parlement, 
par  son  arrêt  du  18  février  1677 ,  or- 
donna que  cette  preuve  judiciaire  serait 
à  jamais  abolie  dans  le  ressort,  et  les 
autres  parlements  imitèrent  cette  ju- 
risprudence. Le  congrès  fut  alors 
remplacé  par  les  visites  des  gens  de 
l'art;  mais  depuis  la  révolution  de 
1789,  l'impuissance  n'est  plus  une 
cause  de  nullité  de  mariage ,  et  il  ne 
reste  rien  de  cette  impudeur  judiciaire 
dans  notre  législation  moderne. 

Congrès  scientifique,  institution 
digne  des  plus  grands  encouragements, 
et  toute  dans  les  intérêts  du  progrès, 
fondée  il  y  a  quelques  années  par 
M.  de  Caumont ,  savant  antiquaire  de 
•  Caen.  Cette  institution  consiste  à  réu- 
nir dans  une  même  ville  un  grand 


H4 


OM 


J/mXTŒKS* 


eoir 


nombre  d'hommes  distingués  dans  les 
sciences ,  les  arts  et  les  lettre^ ,  appelés 
des  eerirops,  et  même  des  contrées 
les  plus  éloisnées ,  pour  y  débattre  et 
y  r&oudre  des  questions  posées  par 
les  académies  et  sociétés  savantes ,  ou 
()ar  des  particuliers,  et  faire  des  explo- 
rations dans  la  ville  et  les  lieux  les 
plus  remarquables  qui  Tavoisinent.  Le 
congrès  se  divise  en  plusieurs  commis- 
sions ou  bureaux  qui  tiennent  des 
séances  particulières  «  pour  examiner 
les  questions  qui  leur  sont  renvoyées, 
puis  ensuite  faire  leur  rapport  et'don- 
ner  leurs  conclusions,  dans  les  séances 
générales,  qui  sont  toujours  publique^. 
Les  sessions  du  congrès  scientifique, 
qui  n*ont  lieu  qu'une  fois  par  an ,  ont 
été  Gxées  jusqu'à  ce  Jour  au  mois  de 
septembre ,  pour  utiliser  le  temps  des 
vacances.  Elles  durent  ordinairement 
dix  jours.  Avant  de  se  séparer,  le 
congrès  désigne  la  ville  dans  laquelle 
il  s'aissemblera  Tannée  suivante ,  et  y 
domine  un  secrétaire  général  qui  se 
choisit  deux  secrétaires  adjoints,  pour 
donner  connaissance  de  la  résolution , 
rassembler  les  matériaux  qui  serviront 
de  base  aux  délibérations,  faire  les 
invitations,  et  prendre  tous  les  moyens 
nécessaires  pour  rendre  la  réunion 
intéressante  et  nombreuse.  Les  socié- 
tés savantes  sont  invitées  à  y  prendre 
part,  soit  en  y  envoyant  des' députés 
exprès ,  soit  en  se  choisissant  des  re- 
présentants sur  les  lieux  mêmes.  Cha- 
que assistant,  en  qualité  de  membre , 
doit  payer  une  somme  de  dix  francs , 
pour  concourir  aux  frais  de  la  session, 
et  ceux  qui  ne  peuvent  point  s'y  ren- 
dre en  personne ,  sont  admis ,  moyen- 
nant la  même  cotisation ,  à  adhérer  à 
ses  travaux.  Après  la  clôture  du  con- 
grès, ceux  qui  ont  rempli  les  fonctions 
de  secrétaire  général  et  de  secrétaires 
adjoints ,  restent  chargés  de  la  publi- 
cation du  compte  rendu  des  séances , 
lequel  est  distribué  tant  aux  partici- 
pants qu'aux  adhérents  au  congrès. 
La  session  du  congrès  scientifique  pour 
1940  a  eu  lieu  à  Besançon.  M.  €h. 
Weiss,  bibliothécaire  de  cette  ville,  en 
avait  été  nommé  secrétaire  général. 
£116  a  attiré  un  grand  nombre  de  sa- 


vants de  Suisse  et  d'Allemag^e,et9tf 
foirt  brillante.  Celle  de  1841  s'est  \xm 
à  |L.yan ,  celle  de  1842  aufa  liea  à  Bor- 
deaux. 

CoTfi  (sièges  et  bataillç  de).  Le  lieu- 
tenant général  de  Bujonde  était  chargé, 
en  juin  1691,  d'assiéger  et  de  preoire 
Conj.  Dix  jours  après  l'investissemetf 
de  cette  place,  le  prince  Eugène  écrivit 
au  gouverneur  qu'il  comptait  souspn 
de  jours  attaquer  les  lignes  françaises: 
c'était  une  ruse.  Le  paysan  chargé  de 
cette  dépêche  se  laissa  prendre;  an 
interrogatoire  confirma  les  dessein 
des  Impériaux.  Aussitôt  legéoânl^ 
Bulonde,  s^isi  d'une  terreur  penij|9i 
et  croyant  à  chaque  instant  voir  le 
prince  Eugène  tomber  sur  ses  qosr* 
tiers ,  leva  le  ^iége  sans  attendre  « 
renfort  que  lui  envoyait  Catinat, 

—Apres  la  prise  du  Châteao-DasplBi 
les  armées  réunies  des  Français  <^ilfi 
Espagnols  se  portèrent  sur  GoKi 
dont  le  sjége  fut  aussitôt  commeoâi' 
Cette  ville  ^  située  au  confluent  dei 
rivière  de  Gesse  et  de  laStorSf^ 
quatorze  lieues  de  Turin ,  est  nntài 
principales  places  fortes  de  ritalie.^ 
tranchée  était  à  peine  ouverte, fwk 
roi  de  Sardaigne  se  présenta  ipm^ 
lever  le  siège ,  et  livra  bataille  }fl^ 
septembre  l744.Qnsecanonnad'alv 
pendant  quelque  temps  ;  mais  veisii 
heure  après  midi ,  les  grenadien  m 
roi  de  Sardaigne  se  portèrent  veitli 
porte  de  la  Madona  del  Ulmo,etfi' 
taque  devint  vive  et  sanglante.  «  I^ 
Français  et  les  Espagnols  combattii^ 
en  cette  occasion  comme  desalliéif! 
se  secourent  et  comme  des  riTaaxf| 
veulent  chacun  donner  rexempifef 
roi  de  Sardaigne  perdit  près  de  M 
mille  hommes^  et  le  champ  de hattj 
Les  Espagnols  ne  perdirent  que  >* 
cents  hommes,  et  les  Français «sj^ 
onze  cents  hommes  tués  ou  hkij» 
Le  prince  de  Conti ,  qui  était  ^[* 
et  soldat,  eut  sa  cuirasse  peroés* 
deux  coups  et  deux  ^vaux  tuésjjj 
lui  (*).  »  La  prise  de  Coni  fiitleW' 
tat  de  la  bataille,  rtéamnoins  fv0 


(*)  Campagnes  de  Louis  UT,  i' 
page  36. 


COH 


FRANCE. 


€0N 


$5S 


des  coalisés  »  vaincue  par  la  rigueur 
de  |a  saisoQ  et  affaiblie  par  les  mala- 
dies, se  hâta  de  repasser  les  Alpes.  * 

—  Quand  Bonaparte  eut  remporté 
les  victoires  de  Montenotte ,  de  Mille- 
simo  et  de  Monde vi,  le  roi  de  Sardai- 
goe  demanda  la  paix.  Il  l'obtint ,  mais 
U  dut  remettre  Coni  pour  assurance 
de  sa  fidélité  (1796). 

— Après  la  déroute  de  Schérer,  les 
Français  eurent  à  combattre  dans  la 
baute  Italie  les  Impériaux  et  les  Rus< 
ses  réunis  sous  le  commandement  de 
S^varoff,  et  ne  cédèrent  le  terrain 

Îue  pied  à  pied.  Championnet  défen- 
it,  par  des  manœuvres  savantes,  les 
approches  de  Coni  ;  mais,  a^ant  perdu 
la  bataille  de  Genola,  Tarmee  française 
coupée  battit  en  retraite,  et  laissa 
Mêlas  former  le  siège  de  Coni.  Celui- 
;i  poussa  les  travaux  avec  vigueur  : 
sept  mille  hommes  furent  employés  à 
ouvrir  les  tranchées,  à  élever  des  bat- 
teries. Les  eaux  furent  détournées  pour 
*endre  inutiles  les  moulins  de  la  for- 
Heresse,  et  les  tranchées  ouvertes  tout 
i  la  fois  dans  la  nuit  du  4  au  5  dé- 
jeuibre  1799.  La  garnison  tenta  le 
endemaih  une  sortie;  mais  ses  efforts 
furent  infructueux.  Dans  la  nuit  du 
[  t  au  12,  on  établit  deux  cents  pièces 
l'artillerie  sur  dix-neuf  batteries.  Le 
en  demain  elles  commencèrent  un  feii 
;i  terrible,  que  les  troupes  qui  défen- 
laient  les  ouvrages  extérieurs  furent 
>bligéè6  de  les  abandonner  précipitam- 
nent  :  une  bombe  tombée  dans  un 
nagasin  à  poudre  fit  sauter  une  re- 
loute.  Les  Autrichiens  Toccupèrent 
îans  la  nuit  du  â  au  3  janvier,  et  ou- 
TÎrent  aussitôt  la  seconde  parallèle. 
L.e  bombardement  continua,  et  le  feu 
»rit  à  plusieurs  endroits  de  la  ville. 
/'ers  le  soir,  ta  redoute  du  milieu  sauta, 
t  les  habitants  firent  prier  le  général 
;4ichtenstein  d'épargner  la  ville  :  ce 
irînce  s'y  refusa.  Le  gouverneur  fran- 
ais,  dénué  de  toute  espérance  de 
ecourSf  se  détermina  à  capituler  après 
leuf  jours  de  tranchée  ouverte;  deux 
nîlle  cinq  cents  hommes  formant  sa 
garnison  furent  prisonniers  de  guerre. 
Cependant  les  Autrichiens  n'occupè- 
eot  pas  longtemps  Coni ,  la  clef  da 


Piémont  du  côté  de  la  France.  Bona- 

f»arte,  vainqueur  à  Marengo,  en  exigea 
a  remise  cmq  mois  après. 

CoNjuRÀTEUB.  On  appelait,  en 
basse  latinité,  conjuràtores,  plusieurs 
personnes  qui  attestaient  ensemble, 
par  serment ,  devant  les  juges  ,  qu'ils 
croyaient  faux  ou  véritabFe  un  fait 
dont  la  preuve  était  douteuse  ;  que  de 
deux  plaideurs,  l'un  était  bien  fondé 
dans  le  droit  que  lui  contestait  son  ad- 
versaire, ou  enfin  qu'un  accusé  était 
innocent  du  crime  sous  la  suspicion 
duquel  il  avait  été  traduit  en  justice. 
Le  serment  des  conjurateurs,  auxquels 
se  joignait  toujours  la  partie  intéres- 
sée, se  prononçait  quelquefois  sur  des 
reliques ,  ce  qui  s'appelait  jurer  par 
les  saints.  Cette  manière  de  prouver 
un  fait  incertain  ou  un  droit  litigieux, 
apportée  dans  la  Gaule  par  les  popu- 
lations d'outre-Rhin,  y  "fut  usitée  sous 
les  deux  premières  races,  et  subsista 
jusque  vers  la  fin  du  treizième  siècle. 
Notre  histoire  fournit  plusieurs 
exemples  de  cet  usage  du  serment; 
nous  ne  citerons  que  le  suivant  : 
Gontran,  roi  de  Bourgogne,  faisait 
difficulté  de  reconnaître  Clotaire  II 
pour  fils  de  Chilpéric,  son  frère.  Fré- 
dégonde,  mère  de  Clotaire,  non-seule- 
ment jura  que  son  fils  était  légitime, 
mais  fit  appuyer  son  serment  par  celui 
de  trois  éveques  et  de  six  autres  conju- 
rateurs.  Alors  Gontran,  convaincu, 
h'hésîta  plus  à  reconnaître  Clotaire 
pour  son  neveu. 

CoNNBXABLB.  —  On  fait  générale- 
ment remonter  l'origine  de  cette  di- 
gnité au  règne  de  Henri  V;  mais  ce 
ne  fut  d'abord  qu'un  office  de  la  mai- 
son du  roi,  ayant  quelque  rapport  avec 
celui  de  grand  écuyer,  qui  paraît  l'a- 
voir remplacé.  Les  plus  granaes  préro- 
gatives furent  ensuite  attachées  à  cette 
charge  ;  mais  il  est  probable  qu'elle  ne 
prit  cette  importance  que  par  degrés* 
Aussi  est-il  difficile  de  dire  précisément 
à  auelle  époque  elle  devint  la  première 
derÉtat.  Les  uns  prétendent  que  Dreux 
de  Mello ,  douzième  connétable ,  fut  le 
premier  auquel  on  confia  le  comman- 
dement des  armées,  en  1191  ou  1193. 
D'autres  assurent,  au  contraire,  que 


5{k) 


COlff 


L'UNIVERS. 


€ON 


ce  fut  seulement  en  1218  que  cette 
charge  fut  donnée  par  commission  à 
Mathieu  de  Montmorency,  «  dont  on 
faisoit  alors,  dit  Pasquier,  le  plus 
grand  état.»  Cette  opinion  est  la  plus 
accréditée;  c'est  celte  que  nous  adop- 
tons. 

Les  archives  de  la  cour  des  comptes 
contiennent  deux  pièces  extrêmement 
curieuses  sur  le  sujet  qui  nous  occupe; 
mais  par  malheur  elles  ne  portent 
point  de  date.  Voici  un  fragment  de  la 
première  :  «  Le  connestable  est  et 
«  doit  estre  le  plus  secret  et  étroict 
«  conseil  du  roy,  et  le  roy  ne  doit  or- 
«  donner  nul  tait  de  guerre  sans  le 

«  conseil  du  connestable Le  con- 

«  nestable  doit  estre  logé  à  la  cour, 
a  près  du  roy  ou  dans  la  chambre  du 
«  roy;  avoir  douze  curdes  et  douze 
ft  coiffins  et  busches  pour  ardoir,  et 
«  doit  aussi  avoir  sept  septins  et  six 
«  cinquains  et  deux  poignées  de  chan- 
«  délies  menues ,  et  torches  de  nuit 
«  pour  le  convoyer  en  son  hôtel  ou  en 
«  sa  ^ville ,  et  le  ^lendemain  doit-on 
«  rendre  aux  fruitiers,  si  doit  avoir 
«  trente-six  pains ,  un  septier  de  vin 
«  pour  saiiamille,  devers  le  tinel (office) 
«  en  deux  barils  pour  sa  chambre ,  ' 
«  l'un  devers  sa  bouche,  l'autre  devers 

«  les  bouz ,  et  estable  pour  quatre 

«  chevaux.  »  On  lit  dans  la  deuxième  : 
«  Le  connestable  est  par  dessus  tous 
t  autres  qui  sont  en  lost  (armée) ^  ex- 
«  cepté  la  personne  du  roy.  » 

Le  connétable  avait  en  outre  de 
grands  privilèges  :  il  était  inamovible, 
avait  le  droit  de  mettre  la  main  sur 
les  plus  hauts  dignitaires  de  J'Ëtat , 
et  était  lui-même  mviolable  pour  tout 
autre  que  pour  le  roi.  Dans  une  place 

f>rise  d  assaut,  tout  lui  appartenait ,  à 
'exception  de  l'or  et  des  prisonniers , 
qui  revenaient  au  roi,  et  de  l'artille- 
rie, qui  était  le  partage  du  grand  maître  ^ 
des  arbalétriers  ;  enfin,  il  avait  le  droit 
de  prélever  un  iour  de  solde  sur  les 
appointements  de  tous  les  capitaines 
et  soldats  de  l'armée.  Philippe  de  Va- 
lois exempta  de  cette  redevance  les 
princes  du  sang,  non  à  cause  de  leur 
dignité ,  mais  parce  qu'ils  faisaient  la 
guerre  à  leurs  dépens.  Le  connétable 


possédait  le  droit  de  justice;  outre  sod 
prévôt,  qui  l'accompagnait  en  teoips 
de  guerre ,  il  avait  encore  sa  justice 
ordinaire  à  la  table  de  marbre  de  la 
grande  salle  du  palais  de  Paris.  A  la 
guerre,  quand  le  roi  commandait  ^a^ 
mée,  le  commandement  de  rayant- 
garde  appartenait  au  connétable.  L'on 
des  principaux  griefs  de  Charles  de 
Bourbon  contre  François  I*"  était  ^e 
ce  prince  avait,  en  1521,  confié  à  son 
détriment  le  commandement  de  l'a- 
vant-garde  au  comte  d'Alençon. 

Charles  VII,  en  accordant  Tépée  de 
connétable  à  Arthur  de  Bretagne ,  lui 
conféra  l'autorité  sur  les  amiraux;» 
qui  prouverait  que  ce  grand  dignitaire 
commandait  les  armées  navales  aussi 
bien  que  les  armées  de  terre.  Il  oe 
paraît  p^s  que  la  puissance  du  conné- 
table ait  jamais  porté  ombrage  à  l'ao- 
torité  royale;  cependant  cette  cbai^ 
resta  souvent  vacante^  il  en  fut  ainsi, 

Ear  exemple,  depuis  Jean  II  de  Boin> 
on,  mort  en  1488,  jusqu'à  Charles II 
de  Bourbon,  créé  connétable  en  1515. 
L'insigne  de  la  puissance  de  conné- 
table était  une  épée  d'armes  ayant  k 
manche  d'or  émaillé  de  fleurs  de  iô. 
Alain  Chartier  nous  a  conservé  la  des* 
cription  du  cérémonial  observé  Ion 
de  la  réception  de  ces  officiers.  «  Apièi 
la  résolution  du  conseil,  dit  cet  wà/h 
rien,  on  manda  messire  Charles  d'Aï» 
bret,  comte  de  Dreux,  vers  le  roi,  ai 
jardin  de  l'hôtel  Saint-Paul  à  Paris; 
là  «se  trouvaient  avec  le  roi ,  Looii, 
duc  d'Orléans,  le  duc  de  Boui^ognei 
plusieurs  autres  prélats  ou  banmiy 
ainsi  bue  Reynaut  de  Corbie,  chaan* 
lier.  On  présenta  Tépée  au  seignoif 
d'Aibret,  qui  la  refusa  moult  de  fni| 
mais  par  le  plaisir  et  le  vouloir  do  m 
et  des  princes,  l'épée  lui  fut  doniil 
publiquement  et  par  grand  mvslin 
(cérémonie).  Après  que  le  roi  la  lai o^ 
remise  nue,  les  ducs  d'Orléans  ttéi 
Berri,  de  Bourgogne,  de  Bouiten,  M 
ceignirent  le  baudrier,  et  le  eomSttt 
ble  prêta  serment  entre  les  ndrâsÉi 
chancelier.  » 

Voici  le  cérémonial  qui  fîit  olmuirf 
plus  tard  à  la  nomination  d'Afiae  éi 
Montmorency  :  L'écuyer  donna  fé^ 


t. 


GON  FRANGE.  CON  »    657 

au  dauphin,  qui  la  remit  au  roi  ;  le  roi  «  mons  à  perpétuité  lesdites  charges 

tira  Tepée,  les  princes  attachèrent  le  «  de  connétable  et  d'amiral  de  France, 

baudrier,  et  Montmorency  reçut  de  son  «  vacantes  à  présent,  comme  dit  est, 

souverain  Tépée  nue;  aussitôt  les  trom-  «  sans  qu'ores  ni  à  l'avenir  elles  puis- 

pettes  sonnèrent ,  et  les  hérauts  d'ar-  «  sent  être  rétablies  pour  quelques 

mes,  revêtus  de  leurs  cottes  d'armes,  «  causes,  occasions  et  en  faveur  et 

et  la  tête  nue,  crièrent  :  Vive  de  Mont-  «considération  de  quelque  personne 

morenc^,  connétable  de  France  !  Alors  «  que  ce  soit.  » 
le  connétable,  l'épée  nue ,  se  mit  de-        Cette  dignité  était  abolie  depuis  près 

vant  le  roi,  qui  se  rendit  à  la  chapelle,  de  deux  siècles,  lorsque  Napoléon  vou- 

où  pendant  la  messe,  et  en  recondui-  lut  la  rétablir.  Par  un  senatus*con- 

sant  le  roi ,  Montmorency  tint  tou-  suite  du  28  floréal  an  xii ,  le  prince 

jours  le  glaive  royal  au  poing.  Louis-Napoléon ,  et  Berthier,  prince 

Le  connétable  prêtait  au  roi  l'hom-  de  Neuchatel,  furent  crées,  le  premier, 

mage  lige  ;  voici  une  partie  de  la  for-  grand  connétable,  et  le  second ,  rice- 

mule  du  serment  :  «  Vous  jurez  Dieu  connétable:  mais  ces  titres  étaient 

«  le  créateur,  par  la  foi  et  la  loi  que  seulement  nonorifîques;  ils  ne  confé- 

n  vous  tenez  de  lui,  et  sur  votre  hon-  raient  aucune  autorité ,  seulement  le 

a  neur,  que,  en  Toffice  de  connétable  grand  connétable  assistait,  avec  l'em- 

«  de  France,  duquel  le  roi  vous  a  pour-  pereur,  au  travail  annuel  du  ministre 

«vu,  et  dont  vous  faites  hommage  de  la  guerre  et  du  directeur  de  l'admi- 

«  pour  ce  élu,  vous  servirez  icelui  en-  nistration  dé  la  guerre.  Il  était  le  cin* 

«  vers  et  contre  tous  qui  peuvent  vivre  quième  grand  dignitaire  de  l'empire, 

«  et  mourir  sans  personne  quelconque  et ,   en  cette  qualité  ,  spécialement 

«  «n  exempter,  en  toutes  choses  lui  chargé  d'installer  les  maréchaux  et  de 

K  obéirez  comme  à  votre  roi  et  souve-  les  présenter  au  serment. 
K  rain  seigneur,  etc.,  etc.  »  Nous  terminerons  cet  article  par  la 

Au  sacre  du  roi ,  le  connétable  se  liste  chronologtaoe  des  connétables 

tenait  à  sa  droite,  l'épée  nue  à  la  main,  qui  se  sont  succédé  depuis  la  création 

K  Monseigneur  Charles  de  Bourbon ,  de  cette  dignité  jusqu'en  1627. 
lit  Marillac,  au  repas  qui  suivit  le  r.  ^   j  'x  i.t 

sacre,  servit  de  connétable  au  dîner  ^^^^  Liste  des  connétables.      ^^^ 

lu  roi  ,   en  pleine  salle  de  l'hôtel  de  i^.  Albéric  de  Montmorency """ 

EVeimS,   c'est  à    savoir,    demeura   de-  ioS3.  Thibaut  I",  seigneur  de  Montmorency,  xogo 

K)ut ,  tenant  l'épëé .  nue  au  poing  ]Z[  ^î!;'^*'^.  ^^^  .^\^f ;*";*;  ;::;:;:;;;;;: 

X>Ute     droite,     sans    SOy    bouger    de  1x07!  Gaston   dé'  Chanmont.seigneQV' de 

)]ace. »  «Quand  le  roi,  dit  Gode-  Po'wy ».... 

Toy,  faisait  son  entrée  dans  une  ville  J"J;  Guy !"!!!.*.'.'.' .T.*.' .'.'.'.*.*'.'!.*.' .'.'!!.*.' 

le  parlement,  le  connétable  venait  de-^  ztts!  Hugues  dé oiaumo'nt! .*.*!.. !.!.....*  nis 

rant  lui  en  tenant  l'épée  en  main,  et  »»38.  Mathieu  l*',  seigneur  de  Montmorency.   xi6o 

Fétu  de  précieux  habits  de  velours  bleu,  "5«-  ^;;ir!.T!"^!.^'*T^^^^  1191 

it  enrichis  de  fleurs  de  lis  d'or.  »  Lors-  1x93.  Dreux  dé  Meilo/quatrièmedunom..'!   xt'ig 

|Ue  le  roi   siégeait  aux  états  généraux  »a"9-  Mathieu  n  U  Grand,  seigneur  de  Mont- 

lU  dans  les  lits  de  justice ,  le  connéta-  ^3^  j^Z^Y^l  comiàeViinlfori;  !  ! .'  !  !  »!? 

»le  était   assis   devant  lui,  iepee  nue  isSo.  Otlles,  seigneur  de  Trasignies 1276 

I   la  main.  ^*77*  Humbert  de  Beaujeu,  sire  de  Montpen- 

Par  un  édit  du  mois  de  janvier  1627,  ,,85.  Ratmk;ae;mo;Vs^igVe«rdeN;;ie:  \lll 

aOUlS  XIII   supprima  les   charges  de  xSoa.  doucher  de  ChAtillon,  comte  de  Por- 

onnétable  et  de  grand  amiral ,  l'une  «^n.  ««gn«»  de  chAUUon .  sur- 

acante  par  la  mort  de  Lesdiguières,  ,3     RaoûiTeBrienn;i";;;mi;d'Ëuet'ie  '^'^ 

'autre  par  la  démission  de  Montmo-  Guines 1344 

eOCy.  «  Par  ces  présentes  signées  de  «344.  B«ouI  de  Brienne  11,  comte  d*Bu  et  de 

notre  main,  est-il  dit  dans  cet  édit,  ,35,^  ci^,^^ê'c,sime:iii'à»p.g^.l^  "^^^ 

nous  révoquons ,  éteignons ,  suppn-  d'Àngooiéme.< 1354 


SSn                   coït                LllfMVERS.  GÔIV 

x3S4.  Jâ«aet  4e  Boorbon  }••,  c©mte  de  fa  et  du  Capucin  tombèrent  au  pouToor 

.3S6.  o.ÏÎS'J:  fc:X*ï:;i:ÀiU.i;  '"•  des  Français  Selo»  les  uns.  Ils  furent 

comte  de  Brienne i356  enfin  emportcs  d  assaut  ;  selon  dao- 

i356.  Bohert,  «eîçneor  de  Fiennes t38a  tres ,  ils  sc  rendirent  par  capitulatioD, 

i38o.  Olivier  IV,  sira  de  ciisson,  comt«  de  tensc  06  laqueUe  iis  avaient  SI  vailiain- 

Porhaet,  seigneur  de  Belleville,  de  ment  COntribué. 

.39..  FfcS;';:.°d"i;ii;;  ii^'à-B;:  :;;:::  X^  coNNiTiBLiE.  voyez  mamchaus- 

1397.  Louis  de  Champagne,  comte  de  San-  SEE» 

cerre ,  seigneur  de  Cbarenton t4oi  CONOW  DE  BÉTHUNE  y  POete  ,  gOCT- 

Moa.  ch.ri «  2;^;^;  »*^  ^•a;'»'^^^         ^^^^  ricr  et  homme  d'État  du  ôou&hm 

z4zx.  Walerao  de  Luxembourg  iij/comt«de  SÎècIe.  Il  brillait  VerS  la  fin  de  CC  SÎèck 

saini-Poi i4ï3  à  la  cour  dc  France ,  où ,  il  attirait  les 

x4«5.  Bemard^d'Annagn«  vu,  co^         _^^^  regards  par  la  noblcsse  de  son  orieine 

x4a4'  Jeon  stewârt,' comté  de  Bucbeo* 1424  et  SOU  talent  de  poëte.  Il  célébra  daos 

f4a5.  Arthus  de  Bretagne,  comte  de  Richemont,  SCS  VerS  Marie,  COmteSSC  do  ChamÙ- 

M6S.  j^rikt^z'^c-^^^T^-  '*"  g."«  '  «j"'  '"'  «y»'»  '"«p''^  "'•«  .^•f  ff 

Pol,  de  Ligny,  et  seigneur  d'Enghien.  1475  SIOU.    I(    partit    pOUr    la    CrOlSaoe   06 

i483.  Jean  11,  duc  dc  Bourbon  et  d'Aurer-  1204.  En  SOn  absence,  Sa  dame  lul  filt 

.5.».  chr;iHn«d''rX..àâ.c.;i  '*"  ««flclèle.  «  dans  un  chant  ahiié  « 

tellerauU,  dauphin  et  duc  d'Auver-  aOUlOUreUX     le    poete    CrOISe     iDaOdlt 

gne i5a7  l'amour.  il  joua  dans  la  croisade  un 

\^l:  îïïri'  S^:Z îm-ÔSi;^:»;.;  "*'  î;ô'«  '«•portant-  «.  f"î,  «hoisi  .par  te 

de  Oammartin,  seigneur  de  Chan-  DaronS  pOUr  négOCier  1  abaiCatlon  a  A- 

«'"y ««'4  lexis  au  trône  de  Constantinople,  qn^ 

\l^  SrX''dî'ÏS;;^/^%V£SViï  '*"  f<^^  «surpé  sur  son  neveu  II  réussit 

let i6at  dans  sa  mission;  mais  il  fut  moiu 

„     _,            .    .      .    -   »  j  .  heureux  quand  il  fallut  conserver  au 

CpwRETABLB  (prise  du  fort  du).  —  ig^^e  prince  la  couronne  qu'il  lui  avait 

Le  fort  du  Connétable  et  celui  du  Câ-  ^^^  rendre.  Ses  sages  conseils  ne  pa- 

pucin  sont  situes  sur  les  hauteurs  qui  „nt  empêcher  le  nouvel  empet«ar%le 

s'élèvent  en  amphithéâtre  au  nord  de  tomber  ^ans  les  fautes  qui^e  lirait 

Gironne^endantle  siège  dé  cette  ville  renverser  par  les  croisés:  Baudoon, 

par  les  R-ançais,  en  1809,  plusieurs  ^omte  de  flandre,  ayant  été  élu  e» 

attaques^  furent  tentées  contre  ces  deux  pg^eur  de  Constantinople,  Conon,  qui 

forts  OUI  prenaient  nos  lignes  a  revers,  fuj  ^tait  uni  par  les  liens  de  vassattK 

''•if  l"'"ux*  5«P®"ss««î  a»«c  V"«  »P'-  fut  investi  du  commandement  de  iî 
niâtrete  héroïque  par  la  garnison  esr  ville,  pendant  une  expédition  à  la  tte 
pagnole.  Encourages  oar  ce  pr«»nier  je  laquelle  marcha  ce  prince  et  oà  1 
succès,  les  Espagnols  firent,  le  7 Juin,  ^„^ii  |a  vie.  Conon  maintint  les  Br- 
de  concert  avec  Ta  garnison  du  Mont-  Pantins  dans  le  devoir,  et  fit  prodant 
Joui  et  celle  de  la  place,  une  sortie,  empereur  Henri  de  Flandre,  fib  4e 
afin  de  recouvrer  la  redouté  et  les  fau-  Baudouin.  Lorsque  Henrî  mooErt. 
bourgs  que  nos  troupes  avaient  eœ-  conon  fut  chargé  de  la  régenc*  à» 
port^  la  veille;  mais  deux  reginwnte,  dam  la  minoritl^de  son  M.  Il  raSt 
1  un  français ,  1  autre  italien ,  defendi-  encore  de  grands  services  sous  le  i^ 
rent  ces  positions  avec  une  intrépidité  jes  princS  de  Courtenay.  On  teSoR 
égale  a  celle  qu  ils  avaient  déployée  l'époque  de  sa  mort, 
pour  8  en  emparer.  Le  détachement  CoNftUBBBux  (batailles  de).  —  ta 
sorti  du  fort  du  Connétable  fut  obligé  landes  de  Conquéreux  en  Bretagne  fa- 
de fuir,  et  se  retu-a.  précipitamment  ^ent  deux  fois  ensanglantiS ,  à 
derrière  ses  remparts.  Les  relations  dixième  siècle,  par  les  querelles  èa 
militaires  ne  sont  pas  d  accord  sur  la  Angevins  et  des  Bretobs.  GeoflM 
mamere  dont  les  forte  du  Connétable  Gnsegonnelle  y  fat  batta  iTabord,  a 


«èN 


ftÉlANCÉ 


coir 


55# 


#81,  par  Conàii  lé  Tort  (*).' Après  la 
mort  de  Geoffroi ,  les  hostilités  et  les 
ravagés  mutuels  recommencèrent.  En- 
fin Conan  et  Foulque  de  Nerra  se  don- 
nèrent rendez-vous  sur  le  même  champ 
àe  bataille  pour  le  27  juin  992.  Conan , 
inférieur  en  cavalerie,  usa  d'un  stra- 
tagème pour  s'assurer  de  la  victoire.  Il 
fit  creuser  des  tranchées  qu'il  recou- 
vrit ensuite  de  feuillage.  Les  Angevins, 
attirés  dans  le  piège  par  une  fuite  si- 
mulée, allaient  être  mis  en  pleine  dé- 
route, quand  le  comte  d'Anjou  les 
excita  à  la  vengeance,  ressaisit  l'avan- 
tage, et  tua  Conan  avec  plus  de  mille 
de  ses  soldats.  Ce  fut  la  bataille  la  plus 
remarquable  livrée  en  France  penaant 
le  règne  de  Hugues  Capet.  Elle  n'eut 
cependant  aucun  résultat  important. 
Geoffroi ,  fils  de  Conan ,  fit  la  paix  avec 
Foulque,  et  prit  ensuite  le  titre  de  duc 
de  toute  la  Bretagne. 

Conques,  petite  ville  du  Rouergue, 
aujourd'hui  chef-lieu  de  canton  du  dé- 
partement de  l'Aveyron.  Elle  doit  son 
origine  à  une  abbaye  fondée  dès  les 
|)remiers  temps  de  la  monarchie.  Dé- 
truite en  730.  par  les  Sarrasins,  cette 
abbaye  fiit  reoatie  p^r  Charlemagne  et 
augmentée  par  Louis  le  Débonnaire. 
Elle  fut,  en  1537,  régularisée  par  le 
pa^e  Paui  III ,  à  la  requête  de  Fran- 
çois P'.  A  l'époque  de  sa  prospérité, 
elle  compta  jusqu  à  neuf  cents  moines. 
I^es  titres  féodaux,  qui  formaient  un 
immense  cartulaire,  furent  anéantis 
peu  après  l'extinction  des  privilèges, 
en  1789.  Cette  ville,  qui  est  la  patrie 
de  Chirac,  médecin  de  Louis  XV, 
compte  aujourd'hui  1,309  hab. 

CoNQUET  (le) ,  petite  ville  maritime 
fort  ancienne,  située  sur  le  bord  de 
FOcéan,  à  cinq  lieues  de  Brest,  com- 
prise avant  1789  dans  la  basse  Breta- 
gne ,  parlement  et  intendance  de  Ren- 
nes; aujourd'hui  dans  le  département 
du  Finistère,  arrondissement  de  Brest. 

Cette  place ,  dont  le  port  était  au- 
trefois très-commerçant  et  très-fré- 
quénté,  et  qu'animait  une  population 

Q  Cette  Bataille  donua  naissance  au 
proverbe  :  C'est  comme  à  la  Bataille  de 
Comjuéreux,  oU  U  tort  l'emporte  sur  le  droit. 


de  marins,  d'armateurs  et  dé  mar- 
chands, avait  dès  le  quinzième  siéclç 
une  véritable  importance.  Les  Anglais 
la  dévastèrent  ensuite,  et  le  peu  de 
maisons  qui  échappèrent  à  leurs  rava- 
ges se  distinguent  encore  aisément 
par  le  style  gothique  de  leur  architec- 
ture. A  une  demi-lieue  sud  du  Conquet , 
sur  la  pointe  la  plu$  occidentale  de  la 
France,  se  trouvent  les  ruines  impo- 
santes de  l'antique  abbaye  de  Saint- 
Martin  ,  fondée  au  commencement  du 
septième  siècle  et  célèbre  dans  les  an- 
nales de  la  Bretagne.  La  population 
du  Conquet  s'élève  aujourd'hui  à 
1,273  habitants. 

CoNBAD ,  fils  de  Rodolphe  II ,  roi  de 
la  Bourgogne  transjurane,  et  sur- 
nommé le  Pacifique  y  eut  une  seule 
guerre  à  soutenir  pendant  son  règne. 
Les  Hongrois ,  qui ,  cherchant  à  former 
un  établissement  en  France,  avaient  . 
attaqué  à  l'improviste  ses  frontières^  . 
et  taillé  en  pièces  le  corps  d'armée  qui 
s'y  trouvait  posté,  étaient  descendus 
le  long  du  Rhône  en  ravageant  tout  le 
pays  sur  leur  passage.  Dans  le  même 
temps,  lès  Sarrasins,  après  avoir  ra- 
vagé la  Lombardie,  s'étaient  établis 
au  pied  des  Alpes,  d'où  ils  faisaient 
incessamment  aes  excursions  dans  la 
Savoie  et  le  Dauphiné.  Conrad,  crai- 
gnant alors  qu'il  ne  Se  forme  une  coa- 
lition de  ces  barbares ,  traite  avec  les 
uns ,  et  leur  offre  la  paisible  possession 
des  pays  occupés  par  les  autres  s'ils 
parviennent  à  les  en  chasser  ;  et  pen- 
dant qu'ils  sont  aux  prises,  il  les  f^it 
envelopper  par  ses  troupes,  qui  les  dé- 
truisent en  grande  partie.  Conrad  avait 
épousé  en  958  Mahaut  de  France,  dont 
il  avait  eu  plusieurs  enfants.  Il  mourut 
en  994. 

CoNBAD  (Guillaume),  lieutenant  au 
2*  régiment  d'artillerie  à  cheval ,  né 
dans  le  département  du  Bas-Rhin,  ve- 
nait d'avoir  la  cuisse  emportée  par  un 
boulet  à  la  bataille  de  Marengo.  Les 
canonniers  voulaient  l'enlever  du  champ 
de  bataille;  il  les  renvoie  à  leurs  piè* 
ces ,  et  se  soulevant  avec  effort  pour 
observer  le  tir  de  sa  batterie,  il  leur 
crie  :  «  Mes  amis,  pointez  un  peu  plus 
bas.  * 


660 


GON 


L'UNIVERS. 


GON 


GoNHABT  (Valentin)  naguit  à  Pau- 
sen,  en  1603.  Sa  famille  était  càlvipiste 
et  originaire  de  la  province  de  Hainaut. 
Pourvu  de  la  charge  de  conseiller  et 
secrétaire  du  roi,  il  se  trouva  par  sa 
position  de  fortune  en  état  de  tenir 
maison  ouverte  aux  gens  de  lettres, 
dont  le  commerce  lui  plaisait.  C'était 
chez  lui  que  se  rassemblaient,  vers 
1630,  Godeau,  Gombauld,  Chapelain, 
Habert,  commissaire  de  Tartillerie, 
l'abbé  de  Cerizy,  son  frère,  Sérizay  et 
Mallevilie.  A  ce  petit  noyau  se  réuni- 
rent le  P.  Faret,  Desmarets  et  Bois- 
Robert.  C'était  déjà  le  personnel  de 
TAcâdémie  française.  Il  ne  manquait 
plus  que  les  lettres  patentes  du  roi 
pour  la  consacrer.  Elles  ne  se  firent 
pas  attendre.  Bois-Robert  parla  de 
cette  réunion  au  cardinal  de  Richelieu, 
qui  offrit  de  la  protéger,  à  la  condition 
d'y  être  admis.  Serizay,  Malleville  et 
quelques  autres  voulaient  qu'on  reje- 
tât cette  offre;  mais  Chapelain  parvmt 
à  faire  adopter  par  l'assemblée  un  avis 
contraire.  La  société  à  laquelle  on  don- 
nait les  noms  à^ Académie  des  beaux 
esprits f  d^  académie  d^  éloquence ,  d'^^f- 
cadémie  éminente,  se  constitua  sous 
le  titre  à^  Académie  française.  Le  se- 
crétaire d'État  Servien,  du  Châtelet 
et  Beautru,  conseillers  d'État,  Habert 
de  Montmort,  maître  des  requêtes, 
demandèrent  à  en  faire  partie  et  furent 
agréés.  Le  chancelier  Séguier  sollicita 
et  obtint  la  même  faveur.  On  nomma 
un  directeur  et  un  chancelier  xlont  les 
fonctions  seraient  temporaires,  et  un 
secrétaire  qui  serait  perpétuel.  Cette 
dernière  charge  fut  confiée  à  Conrart. 
On  tint  alors  registre  de  ce  qui  se  pas- 
sait dans  les  assemblées ,  et  les  regis- 
tres commencèrent  au  13  mars  1634. 
Les  lettres  patentes  de  Louis  XIII 
pour  l'établissement  de  l'Académie 
française  sont  datées  de  janvier  1637. 
Elles  furent  scellées  le  29  du  même 
mois,  et  vérifiées  au  parlement  en 
juillet  1637.  Conrart  occupa  la  place 
de  secrétaire  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
le  25  septembre  1675.  Conrart  ne  sa- 
vait aucune  langue  morte,  mais  il  pos- 
sédait presque  toutes  les  langues  vi- 
vantes, et  savait  bien  la  sienne.  Les 


œuvres  de  Cojirart  sont  en  û  petit 
nombre,  qu'on  peut  se  faire  difwiiie- 
ment  une  idée  de  son  genre  de  talent 
Pélisson,  dans  son  histoire  de  TAct- 
demie,  attribue  à  la  modestie  de 
Conrart  le  petit  nombre  d'écrits  qui 
nous  restent  de  cet  auteur.  Boileao, 
toujours  sévère ,  aualifie  cette  modestie 
de  bonne  conseillère.  Il  reste  de  Con- 
rart une  ballade  imprimée  dans  les 
œuvres  de Sarrazin ,  une  épUre enm 
imprimée  dans  la  première  partie  des 
épîtres  de  Bois-Robert,  la  préface  k 
traités  et  lettres  de  Gombauld  fo» 
chant  la  religion,  et  cinquante  et  ud 
psaumes  retouchés  sur  l'ancienne  ver- 
sion de  Clément  Marot.  On  prétendit, 
en  1720 ,  avoir  découvert  un  manuscnt 
des  cent  cinquante  psaumes  retoucbés 
par  Conrart,  mais  il  y  a  tout  lieade 
croire  que  c'était  une  fraude  de  libraire. 
Conrart  a  été  l'éditeur  de  l'ouvrage 
anonyme  de  Michel  le  Faucheur,  inti- 
tulé Traité  de  Taction  de  torateurn 
de  la  prononciation  et  du  geste;  mais 
c'est  à  tort  qu'il  lui  a  été  attribué. 

Cons-là-Gbandyille,  ancieooe 
baronnie  de  Lorraine,  aujourd'hui  dé- 
partement de  la  Moselle,  érigée  eo 
marquisat  en  1719. 

CoNSABBRUCK  (  bataille  et  cofflbat 
de).— Au  mois  d'août  1675,  le  duc  de 
Zell ,  l'évéque  d'Osnabruck  son  fifère, 
et  le  duc  de  Lorraine  avec  26,0M 
hommes,  assiégeaient  Trêves  pour  f 
rétablir  l'électeur  dépossédé  par  li 
France.  Vignori,  gouverneur  de  h 
ville,  avait  une  nombreuse  paraison. 
Le  maréchal  de  Créqui  à  la  tête  d'«« 
bonne  armée  vint  occuper  le  campdt 
Consarbruck ,  au  confluent  de  la  &rrt 
avec  la  Moselle.  Vignori  devait,  au  a»* 
ment  où  le  maréchal  serait  attaqué, 
faire  une  puissante  sortie  et  DrwJ 
les  ennemis  par  derrière.  Créqui  w 
attac(ué  en  effet  le  11  août;  maisl^ 
Çnori  ayant  été  tué  d'une  chute  * 
cheval ,  la  sortie  fut  manqoée.  Ob 
assure  d'ailleurs  que  le  maréchal,^ 
par  &a  présomption,  avait  commis  w 
sur  faute,  et  se  laissa  surprendre  an>^ 
d'arriver  à  la  place  gu'il  avait  choi« 
pour  champ  de  bataille.  Les  6D>i£ 
fondant  sur  lui  par  ie  pontet  lesditf 


CION 


FRANCE. 


mu 


561 


gués  qti'il  avait  négligés,  se  trouvèrent 
dans  son  camp  d*où  les  troupes  n'a- 
\aient  pas  encore  été  tirées.  Tout  s'en- 
fuit vers  Metz  ou  Thionvitie.  On  perdit 
les  bagages ,  les  tentes ,  les  drapeaux 
et  un  grand  nombre  de  prisonniers. 
L'armée,  qui  comptait  15  à  18,000 
hommes,  fut  entièrement  dissipée,  et 
Créqui ,  ne  pouvant  ta  rallier,  se  jeta , 
lui  cinquième,  dans  Trêves,  déterminé 
à  s'y  faire  tuer  en  la  défendant ,  pour 
effacer  sa  honte.  La  résistance  de 
Trêves  fîit  en  effet  héroïque  et  ses 
officiers  se  virent  contraints  de  signer 
la  capitulation  sans  lui.  [Voy.TBBVES 
(sièges  de)]. 

— Beurnonville  venait  de  remplacer 
Kellermann  à  l'armée  de  la  Moselle, 
quand,  en  1792,  il  reçut  ordre  de  s'avan- 
cer dans  l'intervalle  qui  se  trouvait  vers 
Trêves  et  Coblentz  entre  les  armées 
de  Dumouriez.  Dès  le  9  novembre ,  le 
général  Labarolière ,  marchant  par 
Freudenbourg  et  Saarbourg,  s'avança 
avec  trois  mille  hommes  jusqu'au  pont 
de  Gonsarbruck  :  il  aurait  pu  même, 
dès  ce  jour ,  s'emparer  de  Trêves ,  où 
les  ennemis  n'étaient  pas  encore  éta- 
blis; mais  l'armée  n'était  pas  en  me- 
sure pour  soutenir  ses  efforts.  Un 
mois  après,  les  Français  campèrent  à 
Metternich ,  Nonweiller  et  Gherff ;  les 
Autrichiens  étaient  postés  en  avant 
sur  les  hauteurs  de  Pellingen,  occu- 
pant aussi  les  positions  de  la  Char- 
treuse et  de  .la  Montagne- Verte.  Il  ne 
s'agissait  de  rien  moins  que  d'attaquer 
à  la  fois  Gonsarbruck ,  Pellingen  et  la 
Montagne-Verte;  mais  la  rigueur  du 
froid  nit  un  obstacle  à  cette  entre- 

1>rise.  On  ne  put  l'exécuter  que  dans 
a  nuit  du  4  au  5  décembre.  Vers  le 
soir,  toutes  les  batteries  ennemies 
se  trouvaient  démontées  ;  les  Tyro- 
liens qui  couvraient  la  côte  avaient  été 
repoussés;  le  château  situé  au  pied 
<le  la  montagne  était  pris ,  et  les  co- 
lonnes d'attaque  se  formaient ,  lors- 
qu'on vit  paraître  des  renforts  envoyés 
par  la  garnison  de  Luxembourg.  Peu 
de  jours  après ,  on  tenta  une  double 
attaque  sur  Gonsarbruck  et  sur  Pellin- 
gen. La  première  fut  prévenue,  et  ne 
Téussit  pas.  La  seconde  ne  fut  pas  plus 


heureuse ,  et  dut  être  remise  au  len- 
demain. Pendant  ce  temps,  la  colonne 
formant  la  gauche,  incertaine  dans  ses 
mouvements ,  et  mal  dirigée  par  des 
chefs  peu  d'accx)rd ,  fut  mise  en  dé- 
route; les  fuyards  criaient  à  la  trahi- 
son^  tandis  que  la  cavalerie  légère  fai- 
sait sa  retraite  en  bon  ordre.  Pendant 
la  nuit  du  15  décembre,  Beurnonville 
renforça  ce  point  d'attaque ,  et  le  gé- 
néral Pully,  donnant  le  signal  du  pas 
de  charge,  gravit  les  hauteurs,  malgré 
les  hommes  et  les  retranchements  qui 
les  couvraient.  Les  autres  colonnes  le 
suivent.  Cependant ,  arrivés  près  de 
Gonsarbruck,  les  généraux  jugent  .im- 

f>ossible  de  forcer  les  ennemis  dans 
eurs  positions,  et  la  retraite  est  ré- 
solue; Labarolière  fait  attaquer  de 
nouveau  pour  la  couvrir.  A  la  faveur 
d'une  vive  canonnade  qui  foudroie  les 

f)OStes  ennemis  le  long  de  la  Moselle, 
es  mouvements  rétrogrades  s'exécu- 
tent sans  obstacles,  et  presque  sans 
échec.  L'armée  de  la  Moselle  fut  mise 
en  quartier  d'hiver  dans  le  territoire 
français ,  sur  les  rives  de  la  Sarre, 
après  une  campagne  d'hiver  de  moins 
de  deux  mois  ,  brillante  sans  doute, 
mais  aussi  rude  qu'infructueuse.  • 

Conscience  (liberté  de).—A  partir 
du  jour  où  le  christianisme  eut  triom- 
phé du  paganisme,  il  devint  persécu- 
teur à  l'égard  des  autres  religions  et 
des  sectes  qui  s'élevèrent  dans  son 
sein,  ^t  ces  dernières,  à  leur  tour^  op- 
primèrent les  orthodoxes  toutes  les 
fois  qu'elles  en  eurent  le  pouvoir.  On 
sait  que  les  persécutions  exercées  par 
les  ariens  contre  les  catlToliques  furent 
en  partie  la  cause  des  succès  des 
Francs  contre  les  Bourguignons  et^ 
contre  les  Visigoths  de  l'Aquitaine. 
Plus  tard,  la  question  de  la  liberté  re- 
ligieuse fut  encore  agitée,  les  armes  à 
la  main ,  et  elle  produisit ,  au  dou- 
zième siècle,  la  guerre  des  Albigeois; 
au  seizième ,  les  guerres  de  religion  ; 
au  dix-septième  et  au  dix-huitième,  les 
dragonnades  et  la  guerre  des  Céven- 
nes.  (Vovez  ces  mots.)  Du  reste,  à 
part  quelques  succès  partiels,  le  résul- 
tat de  ces  luttes  sanglantes,  où  se  mê- 
lèrent bien    souvent  des  questions 


T.  V.  36«  lÀoraUon.  (Dict.  engygl.,  etc.) 


36 


m 


€011 


LTJNIVERS. 


XOlf 


]M)iitiques,  fut  presque  toujours  fu- 
neste aux  dissidents.  La  liberté  de  cons- 
t\enee  ne  date ,  eu  France,  que  de  la 
Constituante,  et  ce  fut  le  33  août  1789 
que  le  principe  en  fut  hautement  pro- 
claoïé,  après  une  longue  et  tumultueuse 
discussion,  où  le  président  ^  ne  pou- 
tant  ramener  la  tranquillité  au  sem  de 
rassemblée  4  offrit  deux  fois  sa  démis- 
sion. Voici  une  partie  du  discours 
pt'ononcé  à  cette  occasion  par  Mira- 
beau i  et  qui  nous  semble  très-bien 
résumer  la  question  :  «  Veillez  à  ce 
«  qu'aucun  culte ,  pas  même  le  f^ôtre, 
«  ne  trouble  Tordre  public,  voilà  votre 
M  devoir  ;  mais  vous  ne  pouvez  pas  al- 
«  1er  plus  loin.  On  vous  parle  san» cesse 
«(  d'un  culte  dominant  :  Dominant î 
«  Messieurs,  je  n'entends  pas  ce  mot,  et 
«  j*ai  besoin  qu'on  me  le  définisse.  Est- 
A  ce  un  culte  oppresseur  que  Ton  veut 
ft  dire?  Mais  vous  avez  banni  ce  mot, 
«  et  des  hommes  qui  ont  assuré  le  droit 
ft  de  liberté  ne  revendiquent  pas  celui 
«  d'oppression.  Est-ce  le  culte  du  prince 
«  que  l'on  veut  dire?  Mais  le  prince 
«  n'a  pas  le  droit  de  dominer  sur  lés 
«  consciélicés ,  ni  de  régler  les  opi- 
^  nions.  Est-ce  le  culte  du  plus  grand 
«  nombre?  Mais  le  culte  est  une  opi- 
*  nion  ;  tel  ou  tel  culte  est  le  résultat 
«  de  telle  ou  telle  opinion.  Or,  les  opi- 
«  nions  ne  se  forment  pas  par  le  ré- 
«  sultat  des  suffrages  ;  votre  pensée  est 
«  à  TOUS ,  elle  est  indépendante,  tous 
<c  pouvez  l'engager.  Enfin,  une  opi- 
((  nion  qui  serait  celle  du  plus  grand 
«  nombre  n'a  pas  le  droit  de  dominer. 
«t  C'est  un  mot  tyrànnique  qui  doit 
«  être  banni  de  notre  législation  ;  car 
«  si  vous  l'y  mettez  dans  un  cas,  vous 
«  pouvez  Vj  mettre  dans  tous  :  vous 
le  aurez  donc  un  culte  dominant ,  une 
t  philosophie  dominante,  des  systèmes 
«  dominants.  Rien  ne  doit  dominer  que 
«  la  justice  ;  il  n'y  a  de  dominant  que  le 
«  droit  de  chacun ,  tout  le  reste  y  est 
«  soumis.  Or,  c'est  un  droit  évident , 
fc  et  déjà  consacré  par  vous ,  de  faire 
tt  tout  ce  qui  ne  peut  nuire  à  autrui.» 
Enfin,  après  plusieurs  amendements 
et  sous-amendements  ajoutés  succes- 
sivement à  une  motion  de  M.  de  Cas- 
tel  laiie  ,  l'article  suivant  fut  adopté  : 
«  iVtf/  ne  doit  être  inquiété  p&wr  ses 


opinions,  même  religieuses ^  pcwn 
que  leur  manifestation  ne  tromepu 
tordre  public  établi  par  la  loi.  ^t 

Il  n'y  eut  plus  en  France  de  liberté 
de  conscience  lorsqu'en  1798,  les  hom- 
flies  qui  cherchaient  à  perdre  la  réTO- 
lution,  en  la  poussant  aux  excès ,  eu- 
rent fait  décréter  l'abolition  de  toute 
espèce  de  culte.  Les  membres  éclairà 
du  parti  de  la  Montagne,  et  notaoï- 
ment  Robespierre  (*),  tentèrent  tù- 
nement  de  paralyser  l'effet  de  cette 
déplorable  décision  en  opposant  aoi 
saturnales  des  hébertistes  uo  déent 
^ui  interdisait  toute  mesure  contraire 
à  la  liberté  des  cultes.  JNapoléon  la  réta- 
blit et  la  compléta  en  1803 ,  en  accor- 
dant les  droits  civils  aux  juifs.  La  charte 
octroyée  de  1814  lui  porta  atteintes 
proclamant  une  religion  de  r£tat,  et 
sous  la  restauration  le  clergé  catholi- 
que mit  tout  en  œuvre  pour  l'anéa- 
tir.  Il  n'est  plus  question,  dans  la 
charte  de  1880 ,  que  d'une  religion 
professée  par  la  majorité  des  Fran- 
çais. 

CoNSEîL,  nom  sous  lequel  on  M* 
gne  en  France  un  grand  nonnbre  d'as- 
semblées constituées  légalement^ 
pour  délibérer  sur  des  objets  d'intént 
public.  Nous  diviseront ,  dans  cet  ar- 
ticle, ces  différentes  assemblées, d'a- 
près leurs  attributions ,  en  trois  clas- 
ses principales,  savoir  :  conseils  1^ 
latifs,  conseils  administratifs etcoMMc 
judiciaires. 

1»  Conseils  législatifs, 

^Conseil  des  Anciens  et  Consélk 
Cin^' Cents.  —  Le  pouvoir  léjijIiW 
avait  été  confié,  par  la  constitution  <k 
l'an  III ,  à  deux  assemblées,  nooun^ 
conseils.  Celui  des  Cinq-Cents ,  aia^ 
nommé  du  nombre  des  membres  (jj^ 
lé  composaient ,   était  chargé  de  t| 

{)ropositjon  et  de  la  confection  "0 
ois,  qui  devaient  ensuite  être  près»- 
tées  à  l'adoption  du  Conseil  des  » 
ciens.  Tant  que  cette  adoption  naw 
pas  eu  lieu ,  les  projets  votés  par  * 

(•)  Voyet  p.  i68,  col.  i,  note(*).e«^ 
HÀLxs,  t.  II,  p.  400,  OÙ  Ton  cilecef«*P 
d'uH  de  ses  discours  :  Ceit»  qui  ««**?*■' 
pécher  de  dite  ta  messe  soittpUufisf^ 
que  ceux  qui  la  diteiU» 


ton 


PRANCB; 


£611 


sea 


Conseil  des  Cinq-Ceats  n'avaient  que 
le  titre  de  résolutions.  Deux  cents 
membres  au  moins  devaient  prendre 
part  aux  votes ,  pour  qu'un  projet  re* 
çût  le  titre  de  résolution.  Il  fallait  « 
pour  être  éli^ible  à  cette  assemblée, 
être  âgé  de  vmgt-cinq  ans  accomplis 
(cette  limite  devait  être  reculée  jusqu'à 
trente  ans,  après  Tan  vu),  et  avoir  ré- 
sidé pendant  dix  années  consécutives 
sur  le  territoire  de  la  république.  Les 
élections  avaient  lieu  pour  trois  ans, 
au  bout  desquels  les  membres  sor- 
tants pouvaient  être  réélus.  Mais  on 
ne  pouvait  rentrer  dans  l'assemblée 
qu'après  deux  années  d'intervalle, 
quand  on  en  sortait  après  y  avoir  siégé 
six  ans. 

Le  Conseil  des  Aneiens  se  compo- 
sait de  deux  eent  cinquante  membres, 
âgés  de  quarante  ans  accomplis ,  ma- 
riés ou  veufs ,  et  domiciliés  depuis 
quinze  ans  sur  le  territoire  de  la  répu- 
blique. Cette  assemblée  approuvait  ou 
rejetait,  mais  sans  les  amender,  les  ré- 
solutions du  Conseil  des  Cinq-Cents, 
lesquelles  n'avaient  force  de  loi  qu'après 
cette  approbation.  Une  résolution  re- 
jetée par  les  Anciens  ne  pouvait  être 
présentée  de  nouveau  qu'après  un  an 
révolu.  L'une  des  prérogatives  les  plus 
importantes  du  Conseil  des  Cinq-Cents 
consistait  dans  le  droit  que  lui  accor- 
daient les  art.  102  et  103  de  la  cons- 
titution, de  changer  la  résidence  du 
Corps  législatif.  Son  décret  à  oet 
égard  était  irrévocable,  et  les  mem- 
bres de  l'une  ou  de  l'autre  assemblée 
qui  auraient  refusé  de  s'y  soumettre, 
se  seraient  rendus  coupables  d'atten- 
tat contre  la  république.  On  sait  que 
ce  fut  un  décret  semblable  qui ,  au 
18  brumaire^  transféra  à  Saint- Cloud 
le  Corps  législatif,  et  facilita  ainsi  la 
révolution  qui  amena  la  dissolution 
des  conseils  et  l'anéantissement  de  la 
constitution.  (Voy.  Bbumaibe  [  coup 
d'État  du  18.])  Enfin  ,  le  Conseil  des 
Anciens  choisissait  les  cinq  directeurs 
sur  une  liste  de  cinquante  membres 
oui  lui  était  présentée  par  le  Conseil 
des  Cinq-Cents. 

La  Convention ,  dans  le  but  de 
maiotenir  dans  le  Corps  législatif  les 


traditions  républicaines,  et  de  résister 
à  la  réaction  royaliste  qui  se  manifes-* 
tait  dans  les  assemblées  primaires  « 
avait  décidé  que,  pour  la  première  foiS| 
les  deux  tiers  au  moins  des  deux  Con- 
seils seraient  composés  de  convention*» 
pels.  En  oonséquenoe,  le  30  août  1795, 
on  tira  au  sort  les  iionis  de  cinq  cents 
membres  de  la  Convention,  qui  furent 
incorporés  dans  les  deux  Conseils.  Les 
deux  cent  cinquante  autres  membres 
furent  seuls  soumis  aux  chances  d'une 
réélection. 

Le  27  octobre ,  le  nouveau  Corps 
législatif  se  forma  en  assemblée  gé- 
nérale aux  Tuileries ,  dans  la  salle  où 
avait  sié^é  la  Convention,  et  procéda 
à  sa  division  en  deux  conseils*  Le 
lendemain,  ces  assemblées  tinrent 
leur  première  séance ,  le  Conseil  des 
Anciens  dans  la  même  salle,  et  le  Con- 
seil des  Cinq- Cents  dans  la  salle  du 
Manège,  où  avaient  siéi^é  successive- 
ment l'Assemblée  constituante,  l'As- 
semblée législative,  et  la  Convention 
jusqu'à  la  fin  de  1793.  Ce  local  n'é- 
tait que  provisoire;  on  construisait 
pour  cette  assemblée ,  au  Palais-Bour- 
bon, une  sallei  où  elle  s'installa  le  31 
janvier  1798. 

Les  deux  Conseils  avaient  une  garde 
de  1 ,200  grenadiers  ,  divisés  en  deux 
bataillons  de  six  compagnies  ;  et  l'É- 
tat faisait,  à  chacun  de  leurs  membres, 
un  traitement  de  10,000  ûr.  par  an, 
auxquels  on  ajouta  bientôt  après  une 
indemnité  de  4,000  fr.  pour  frais  de 
logement,  de  secrétaire,  etc.  ;  enfin, 
ils  ne  siégeaient  que  six  jours  par  dé- 
cade. Le  choix  de  leur  costume  donna 
lieu  à  de  longues  discussions  ;  on  avait 
d'abord  pensé  à  donner  une  toge  blan- 
che aux  Anciens ,  et  une  toge  rouge 
aux  Cinq-Cents  ;  mais  ce  costume  pa- 
rut trop  antique,  et  l'on  finit  par 
adopter,  pour  les  deux  Conseils ,  un 
manteau  écarlate,  brodé  en  laine,  avec 
un  bonnet  de  velours  surmonté  d'une 
aigrette  tricolore.  Les  députés  de- 
vaient conserver,  sous  le  manteau, 
leur  costume  provisoire,  consistant 
en  un  habit  bleu ,  avec  la  ceinture 
de  soie  tricolore,  garnie  d'une  frange 
d'or. 

86. 


664 


CON 


L'UNIVERS. 


CON 


Le  Conseil  des  Anciens  et  le  Con* 
seil  des  Cinq-Cents  subsistèrent  depais 
le  37  octobre  1795  jusqu'au  9  novem- 
bre 1799  (18  brumaire  an  viii.) 

Les  membres  les  plus  remarqua- 
bles du  Conseil  des  anciens ,  furent  : 
Baudin  (  des  Ardennes  ),  Chassiron, 
Cornet ,  Cornudet ,  Curfal ,  Dedeley- 
d*  Agiers,  Dupont  (de  Nemours),  Garât, 
Gaudin,  Girot  (de  l'Ain),  Goupil-Pré- 
feln,  Lacuée,  Lebrun,  Lemerder, 
Lenoir-Laroche,  Lanjuinais,  Mercier, 
Fauteur  du  tableau  de  Paris,  Palissot, 
Perrin  (  des  Vosges  ),  Rabaut  jeune, 
Roujoux,  Tronchet,  etc. 

Ceux  du  Conseil  des  Cinq-Cents  fu- 
rent Andrieux,  les  deux  Arena,  Boulay 
(de  laMeurthe),  Boulay-Paty,  Cabanis, 
Cacault,  Chabaud-Latour ,  Chénier, 
Crasseux,  Creuzé^Latouche ,  Daunou, 
Jean  Debry,  Duchâtel ,  Dulaure,  Du- 
molard,  Duvicquet,  les  Eschasseriaux, 
Fabre  (de  l'Aude),  Favard  de  Langlade, 
Goupilleau  (de  Montaigu  ),  Jars-Pan- 
▼illers.  Job  Aymé,  le  général  Jourdan, 
Lecointe-Puyravaux ,  Legendre,  Le- 
sage-Sénault,  Mallarmé,  Monge ,  Pas- 
toret,  Pons  (de  Verdun),  Poulain- 
Grandpré ,  Salicetti ,  Santhonax,  Tal- 
lien ,  Texier  -  Olivier  ,  Thibaudeau  , 
Villetard,  Vitet,  etc... 

2*  Conseils  ddministraUfs. 

Conseil  d'État, — Le  premier  et  le 
plus  important  des  conseils  adminis- 
tratifs est  sans  contredit  le  conseil 
d'État,  qui,  avant  la  révolution  de 
1789,  étart  appelé  Conseil  du  roi  (*). 

Sun  origine  remonte  au  berceau  de 
la  monarchie.  Le  roi,  dont  l'autorité 
était  sans  limites,  remplissait^  au  sein 
de  son  conseil,  les  devoirs  infinis  de  la 
puissance  absolue.  Il  avait  des  conseil- 
lers pour  la  rédaction  des  lois  et  des 
ordonnances;  il  en  avait  pour  diriger 
l'administration  ;  il  en  eut  pour  le  se- 
conder dans  la  distribution  de  la  jus- 
tice, jusqu'au  moment  où  ih  délégua 
ce  dernier  pouvoir,  et  appela  ainsi  les 

(*)  Nous  aurions  pu  à  la  rigueur  placer 
le  conseil  d'État  parmi  les  conseils  judiciai- 
res ;  nous^le  plaçons  ici ,  parce  qu'il  nous  a 
semblé  que  ses  fonctions  les  plus  importantes 
avaieiA  pour  objet  l'administration ,  ce  qui 
était  vr«if  surtout  avant  1789. 


Sarlements,  c'est-à-dire,  Tantorité jo- 
iciaire,  à  l'existence.  Cette  délégation 
du  pouvoir  judiciaire  ne  fut  cependant 
pas  complète ,  et  les  restrictions  que 
la  couronne  y  apporta  devinrent  le 
principe  d'une  lutte  qui  ne  devait  finir 
qu'avec  la  monarchie  elle-méme/Eotre 
autres  matières  essentiellement  jadi- 
ciaires,  Iç  roi  s'était  réservé  la  naate 
prérogative  de  casser  les  arrêts  do 

I parlement  qui  contrevieudraient  am 
ois  et  ordonnances  du  royaume  «on 
attenteraient  aux  attributions  de  son 
conseil. 

Ces  attributions  étaient  immenses: 
elles  avaient  pour  objet  la  prépara* 
tion  ({es  édits ,  ordonnances  et  règle- 
ments, les  demandes  en  interpréta- 
tion de  ces  ordonnances  et  édits,  les 
conflits  de  juridiction ,  les  rè^lemeots 
de  juges  en  matière  civile  et  criminelle, 
les  évocations  pour  parenté  et  autres 
cas ,  les  affaires  fiscales  jugées  à  la 
cour  des  aides,  les  appels  desordon* 
nances  d'intendants,  ceux  de  la  cham- 
bre des  comptes,  ceux  en  matière  de 
f)rises  maritimes,  les  prises  à  partiet 
es  évocations  pour  les  matières  béoé- 
ficîales,  féodales  et  domaniales;  enfioi 
les  demandes  en  cassation  des  arrêts 
et  jugements  en  dernier  ressort  eoo* 
traires  aux  lois,  édits  et  ordonnances 
du  royaume.  Ces  matières,  tantôt  ad- 
ministratives et  tantôt  judiciaires* 
furent  successivement  réparties,  à  di- 
verses époques,  en  cinq  départemeots 
ou  conseils  particuliers,  dont  laréti- 
nion  formait  le  conseil  d'État:  conseil 
des  affaires  étrangères ,  conseil  dtf 
finances,  conseil  -des  dépêches,  conseil 
du  commerce  et'  conseil  privé  ou  des 
parties.  Les  attributions  des  (fi^ 
premiers  étaient  principalement  goo- 
vernementales  et  administratives;  (p 
les  du  dernier  avaient  un  caractère 
contentieux  et  même  judiciaire;  c^ 
outre  les  conflits  et  les  évocations,!! 
exerçait  toutes  les  attributions  qw 
appartiennent  aujourd'hui  à  la  ootf 
de  cassation. 

Le  premier  règlement  de  (ffi^ 
étendue  qui  ait  été  fait  sur  le  o»- 
seil  du  roi  est  celui  de  Henri  ID. 
du  8  janvier  1685.  Ensuite  sont  veM» 
les  lèglements  des  16  juin  1<I^> 


CON 


FRANCE. 


CQH 


56S 


1*'  mai  1657,  et  surtout  celui  du  3 
janvier  1673,  qui  a  donné  au  conseil 
d'État  une  organisation  qu'il  a  pres- 
que entièrement  conservée  jusqu'à  la 
révolution  de  1789.  Un  règlement  spé- 
cial du  mois  d'août  1669,  relatif  aux 
règlements  de  juges,  et  enfin  le  règle- 
ment du  mois  dre  juin  1738,  eurent 
pourt)b|et  de  régulariser  l'mstruction 
des  affaires  portées  devant  le  conseil 
privé  ou  des  parties.  C'est  ainsi  que  le 
conseil  d'État  fonctionna  jusqu'à  l'é- 
poque de  la  révolution. 

Par  deux  décrets  des  15  et  20  no- 
vembre 1789,  promulgués  le  29  août 
1790,  sous,le  titre  de  loi  provisoire  du 
conseil  d'État,  l'Assemolée  consti- 
tuante avait  décidé  que ,  jusqu'à  l'or- 
ganisation du  pouvoir  judiciaire ,  le 
conseil  d'État,  au  sein  duquel  une  or- 
donnance du  9  août  1789  avait  insti- 
tué un  comité  contentieux  des  dépar- 
tements ministériels,  continuerait  ses 
fonctions,  sans  pouvoir  toutefois  ren- 
dre aucun  arrêt  de  propre  mouvement, 
ni  ordonner  aucune  évocation  avec  re- 
tenue du  fond  des  affaires.  Mais  la  loi 
du  11  septembre  1790  ne  tarda  pas  à 
attribuer  aux  administrations  départe- 
mentales la  décision  souveraine  du 
contentieux  de  l'administration.  La  loi 
du  14  octobre  suivant  réserva  seule- 
ment au  roi ,  pomme  chef  suprême  de 
l'administration,  le  droit  de  prononcer 
sur  les  questions  de  compétence  entre 
les  diverses  autorités  administratif 
ves. 

Peu  de  jours  après,  la  cour  de  cas- 
sation fut  instituée  par  la  loi  du  V 
décembre  1790,  et  vint  couronner  l'or- 
ganisation judiciaire  établie  par  la  loi 
du  24  août  précédent.  Le  conseil  d'É- 
tat, qui  n'avait  été  provisoirement 
maintenu  que  jusqu'à  cette  époque,  et 
qui  se  trouvait  dépouillé  de  la  plus 
grande  partie  de  ses  attributions,  fut 
supprimé  par  la  loi  du  27  avril  et  par 
celle  du  25  mai  1791 ,  ou,  ce  qui  est 
la  même  chose,  son  titre  et  ses  attri- 
butions furent  transportés  au  conseil 
des  ministres ,  sauf  la  liquidation  de 
la  dette  publique ,  déjà  réservée  à  un 
comité  spécial  et  à  l'Assemblée  natio- 
nale par  la  loi  du  17  juillet  1790. 

Cette  époque  fut  un  temps  d'anar- 


chie et  de  confusion  administrative; 
ou  plutôt  la  justice  contentieuse  était 
la  proie  de  la  première  autorité  locale 
qui  osait  se  permettre  des  envahisse- 
ments. Après  le  18  brumaire,  la  cons- 
titution de  l'an  viii  porta  remède  à 
ce  désordre.  Il  y  était  dit  (article 
25)  :  a  Sous  la  direction  des  consuls, 
«  un  conseil  d'État  est  chargé  de  ré- 
«  diger  les  projets  de  loi  et  les  règle- 
a.  ments  d'administration  publique,  et 
«  de  résoudre  les  difficultés  qui  s'élè- 
«  vent  en  matière  administrative.  »  Ce 
principe,  posé  dans  la  constitution, 
fut  expliqué  par  un  arrêté  des  consuls 
du  5  nivôse  suivant,  dont  l'article  11 
mérite  d'être  remarqué.  On  y  lit  :  «  Le 
(1  conseil  d'État  développe  le  sens  des 
«  lois  sur  le  renvoi  qui  lui  est  Êiit  par 
«  les  consuls  des  questions  qui  lui  ont 
«  été  présentées.  Il  prononce ,  d'après 
«  un  semblable  renvoi,  V  sur  les  con- 
«  flits  qui  peuvent  s'élever  entre  l'ad- 
«  ministration  et  les  tribunaux  ;  2°  sur 
«  les  affaires  contentieuses  dont  k 
«  décision  était  précédemment  remise 
«  aux  ministres.  »  Par  les  articles  66, 
67  et  68  du  sénatus-consùlte  du  16 
thermidor  an  x ,  le  conseil  d'État  fut 
divisé  en  sections,  et  les  ministres 
furent  appelés  à  prendre  part  à  ses 
délibérations.  L'article  77  du  sénatus- 
consulte  du  28  floréal  an  xii  institua 
des  conseillers  d'État  à  vie,  après  cinq 
années  de  services.  Le  décret  du  11 
juin  1806  attribua  au  conseil  d'État  la 
connaissance  des  affaires  de  haute  po- 
lice administrative;  enfin,  le  même 
décret  et  un  décret  du  22  juillet  sui- 
vant réglèrent  les  formes  d'instruc- 
tion des  affaires  contentieuses. 

Sous  l'empire,  le  conseil  d'État,  qui 
renfermait  tôuà  les  débris  de  nos  as- 
semblées révolutionnaires,  acquit  une 
haute  influence  ;  mais  cette  influence 
dut  naturellement  s'affaiblir  par  l'éta- 
blissement du  gouvernement  représen- 
tatif. Le  principe  de  la  responsabilité 
ministérielle,  qui  est  le  dogme  fonda- 
mental de  ce  gouvernement ,  ne  pei^ 
mettant  pas  de  distinguer  entre  les 
actes  d'aoministration  auxquels  le  con- 
seil d'État  est  demeuré  étranger,  et 
ceux  qui  ont  été  précédés  de  son  avis, 
ce  conseil  ne  pouvait  plus  avoir  d'au* 


obv 


LIJNÏVERS. 


CON 


tre  umetéfs  ^e  celui  d'auxiliaire  du 
ministère,  qui  doit  répondre  de  ses 
dâibérations  quand  il  juge  convenable 
fie  les  traduire  en  actes  d*administra- 
tion  publique. 

La  Charte  de  1814  ne  contient  au- 
cune disposition  sur  le  conseil  d*Ëtdt; 
mais  la  restauration  n'eut  pas  la  pen- 
sée de  l'abolir,  puisque,  dès  le  29  juin 

1814,  elle  s'occupa  du  soin  de  le  réor*- 
ganiser  dans  un  esprit  rétrograde,  et, 
s*il  ne  put  se  réunir  en  assemblée  gé- 
nérale avant  le  retour  de  Tile  d'Kibe, 
ses  comités  ne  travaillèrent  pas  moins 
à  l'expédition  des  affaires.  Aussi ,  à  la 
secoïKle  restauration,  une  nouvelle  or- 
donnance ,  moins  contraire  aux  pro- 
grès des  idées,  fut-elle  rendue  pour  sa 
réorganisation,  sous  la  date  du  23  août 

1815.  Plus  tard,  une  autre  ordonnance, 
en  date  du  26  août  1824,  apporta  des 
modifications  à  cette  organisation,  ré- 
gla les  conditions  d'âge ,  d'aptitude , 
de  fortune,  de  révocation,  et  le  mode 
ëes  délibérations.  Cette  troisième  or- 
donnance fut  elle-même  suivie  d'une 
ordonnance  du  6  novembre  1828 ,  qui 
réduisit  de  trente  à  vingt-(|uatre  le 
nombre  des  conseillers  d'Etat  en  ser- 
vice ordinaire;  et^  dès  le  l'''  juin  de 
cette  même  année,  le  gouvernement 
avait  rendu  une  ordonnance  spéciale 
fK)ur  le  règlement  des  conflits ,  ma^ 
tière  qui  avait  excité  de  vives  plaintes. 

La  Charte  de  1830  a  gardé  le  même 
fiflence  sur  le  conseil  d'État  que  celle 
de  1814;  cependant  cette  institution 
a  soulevé  de  vives  récriminations. 
Pour  y  satisfaire  ,  des  ordonnances 
royales  des  2  fêvrier  et  12  mars  1831 
concédèrent  la  publicité,  la  défense 
orale  et  l'audition  du  ministère  public 
dans  les  affaires  contentieuses.  En€n, 
l'ordonnance  royale,  du  18  septembre. 
1889  a  ajouté ,  sous  le  titre  de  comité 
de  légisïaUon,  un  sixième  comité  aux 
t)lnq  comités  qui  existaient  déjà  sous 
les  titres  de  comité  «de  législation  et 
de  Justice  administrative,  comité  de 
f  intérieur,  comité  du  commerce  et  des 
travaux  publics ,  comité  des  finances , 
■et  comité  de  la  guerre  et  de  la  marine. 
Tous  ces  comités  préparent  les  ordon- 
naoces  des  minfstres,  et  donnent  leur 
ans  sur  les  affiaires  qui  leur  sont  sou- 


mises; mais  ces  avis  ne  devieanent 
des  décisions  que  par  Ja  signature  mi- 
nistérielle ;  ainsi  le  conseil  d'État  est 
un  corps  purement  consultatif.  Depuis 
1830,  il  a  été  présenté  aui  chamorcB 
plusieurs  projets  de  loi  poorconsti* 
tuer  définitivement  et  légalement  le 
conseil  ;  mais  aucun  n'est  arrivé  à  m 
turlté.  La  grande  difficulté  qui  'dim 
les  esprits  les  plus  éminents  est  celle 
de  savoir  si  le  conseil  d'État  aura  hbc 
juridiction  propre,  c'est-à-dire,  si  dans 
les  affaires  contentieuses  seulement, 
ses  décisions  auront  force  obligatoire, 
comme  les  jugements  des  autres  tribu- 
naux. Cette  question  ne  devrait  pas  es 
être  une  ;  le  comité  de  la  justice  admi- 
nistrative est  un  tribunal  qui  juge  ta 
affaires  contentieuses  entre  les  parti- 
culiers et  l'État  ;  si  les  décisions  de 
ce  comité  ne  peuvent  avoir  vie  que  par 
la  volonté  ministérielle,  l'État  est  juge 
et  partie  dans  sa  propre  cause.  En  ces 
circonstances,  le  comité  du  Gontea- 
tieux  devrait  présenter  les  mêmes  ga* 
ranties  d'indépendance  que  les  autres 
tribunaux  du  royaume. 

Le  conseil  d'Etat  connaît  en  appel 
des  arrêts  des  conseils  de  préfecture 
et  des  appels  comme  d'abus  contre  les 
membres  du  clergé. 

Au  sommet  de  la  hiérarchie  des 
fonctionnaires  du  conseil  sont  lescoo- 
seiilers  d'Ëtat ,  puis  les  maîtres  des 
requêtes,  et  enfin  les  auditeurs.  Ils  soat 
tous  amovibles.  Le  service  se  divisées 
service  ordinaire  et  en  service  extra(ff* 
dinaire.  Le  premier  comprend  les 
fonctionnaires  siégeant  habituellemenl 
et  recevant  des  émoluments;  dans  le 
second  se  trouvent  un  nombre  illiffifl^ 
de  personnes  qui  ne  reçoivent  poifl* 
d'ai^intements ,  et  qu'on  a  décorées 
du  titre  honorifique  de  conseiller  d'É- 
tat ou  de  maître  des  requêtes  ea  s^ 
vice  extraordinaire. 

Conseil  d'tJtdministreiUon,  nom  ^ 
Von  donne  aux  officiers  qui,  ^ 
chacun  des  corps  de  l'armée ,  se  râh 
nissent  pour  en  arrêter  les  coflïpw* 
n  y  a  un  conseil  d'adminîstration  daai 
chaque  régiment  et  dans  les  batailtem, 
escadrons,  compagnies,  formant  eai?» 
isolés.  Lorsqu'une  portion  de  coip» 
est  détachée  et  qu'eue  éoitfi'a*»»»»' 


€011 


F&iKCE. 


€ON 


w. 


trer  dle-méme,  il  est  fovmé  ufi  coBseil 
d'administration  évetituel,  qui  est  in- 
vesti ,  pour  cette  portion  de  corps  dé- 
tachée ,  des  métnes  attributions  que  le 
conseil  d'administration  principal. 
(Voyez  Abmbe.) 

Conseil  d'agriculture.  Voyez  CoM- 
HBacB  (ministère  du). 

Conseil  (^arrondissement.    Voyas 

Dl&PÀHTBMENTS. 

Conseil  de  commerce.  Voyez  Com- 
MEBGE  (ministère  du). 

Conseil  de  conscience.  Au  nombre 
des^divers  conseils  que,  par  ordoo-» 
nance  du  15scs)tembrel71ô,  Louis  XV, 
ou  plutôt  le  reigent  Philippe  d'Orléans, 
institua ,  pour  l'assister  dans  l'admi- 
nistration des  affaires  du  royauiQe, 
fut  le  conseil  de  conscience,  qui  eut 
pour  attributions  les  affaires  ecclésiaii- 
tiques.  # 

Par  règlement  du  23  décembre  de  la 
même  année ,  ce  conseil  fut  composé 
comme  il  suit  :  président,  le  cardinal 
de  Noailles  ;  conseillers ,  l'archevéciue 
de  Bordeaux,,  le  procureur  général 
d'Aguesseaù,  et  l'abbé  Poulie,  conseiii- 
1er  au  parlement;  secrétaire,  Tabbé 
Dorsanne.  Le  conseil  dut  se  réunir 
tous  les  jeudis  à  quatre  heures,  et  plus 
souvent,  si  le  besoin  des  affaires  le 
demandait,  dans  une  des  salles  du 
Louvre;  cependant  le  roi  trouva  bon 
que,  pour  l'expédition  des  affaires  cou- 
rantes ,  ses  assemblées  eussent  lieu  à 
l'archevêché. 

Le  4  août  1716,  la  compétence  du 
conseil  de  conscience  s'accrut,  par  suite 
d'un  arrêt  du  conseil  qui  lui  attribua 
la  direction  du  tiers  des  revenus  des 
archevêchés,  évéchés,  abbayes,  etc.,  et 
«nsemble  celle  des  biens  de  ceux  de  la 
religion  réformée ,  confisqués  ou  mis 
en  régie,  pour  en  faire  l'emploi  déter- 
miné par  l'arrêt.  Ce  conseil,  de  même 
que  ceux  qui  avaient  été  créés  en  même 
temps ,  fut  aboli  à  la  majorité  du  roi. 

Conseil  de  la  ^a^ncellerie.  Sous 
l'ancienne  monardiie,  ce  conseil  était 
établi  auprès  du  chancelier,  pour  lui 
faire  des  rapports  sur  certaines  afifai- 
res,  et  particulièrement  sur  eeties  de 
Finoprimerie  et  de  la  librairie. 

Ornseil  de  la  guerre,  nom  sous  le- 
qaei  eo  désignait  un  eooseil  permaaent 


d'administration  du  département  de 
la  guerre ,  créé  par  ordonnance  du  9 
octobre  1787.  Les  attributions  du  mi? 
nistère  de  la  guerre  furent  alors  divi- 
sées en  deux  parties  distinctes.  Le 
conseil  de  la  guerre  fut  diargé  dé 
toute  la  partie  législative  et  consulta- 
tive, et  le  ministre  de  la  guerre  con- 
serva la  partie  active  et  executive  de 
l'administration.  Ce  conseil  eut  doné 
l'initiative  de  toutes  les  propositions 
et  de  Texamen  des  projets  d'améliora- 
tions jugées  nécessaires.  Il  était  com- 
posé de  nuit  officiers  généraux ,  d'un 
officier  général  ou  supérieur  faisant 
fonctions  de  rapporteur;  d'un  secré- 
taire du  conseil,  et  d'un  secrétaire  du 
rapporteur.' 1,6  premier  était  clioisi 
parmi  les  quartiers-maîtres  les  plus 
distingués  de  l'armée. 

Les  quatre  lieutenants  généraux 
étaient  MM.  de  Gribeauval ,  le  comte 
de  Puységur,  le  duc  de  Guignes ,  et  le 
marquis  de  Jaucourt;  les  quatre  ma- 
réchaux de  camp,  MM.  de  Fourcroy , 
le  comte  d'Ësterhazy,  le  marquis  d'Au- 
tiebamp ,  et  le  marquis  de  Lambert. 
Le  colonel  de  Guibert  fut  nommé  rap- 
porteur ,  et  M.  Qiadelas  secrétaire  au 
conseil. 

Ce  conseil  dura  peu  :  il  fut  dissous 
par  ordonnance,  le  14  juillet  1789.  Il 
fut  rétabli  le  17  février  1828,  sous  le 
nom  de  conseil  supérieur  de  la  guerre, 
et  le  duc  d'Angouléme  en  fut  nommé 
président.  Tous  les  projets  de  lois , 
d'ordonnances,  de  règlements  et  de 
décisions ,  devaient  être  discutés  dans 
ce  conseil  avant  d'être  souféis  à  l'ap- 
probation du  roi.  Il  avait  aussi  pour 
fonctions  d'examiner  les  lois  et  ordoi)- 
nances  en  vigueur,  afin  de  pouvoir 
indiquer  successivement  les  améliora- 
tions dont  elles  pouvaient  être  sus- 
ceptibles. 

Ce  conseil  était  composé  du  ministre 
de  la  guerre ,  de  trois  maréchaux ,  et 
de  douze  lieutenants  généraux.  Deux 
intendants  militaires  y  étaient  atta- 
diyés,  avec  voix  consultative  seulement. 
Un  marécbal  de  camp  ou  un  colonel 
remplissait  les  fonctions  de  secrétaire. 

€e  conseil  fut  dissous  le  27  août 
1830 ,  après  deux  dn$  et  demi  d'exis- 
tence. 


M8 


€ON 


L'UNIVERS. 


COR 


Cofueil  de  Pamirauté,  commission 
permanente  établie  près  du  ministère 
de  la  marine ,  pour  donner  son  avis 
sur  ce ^  qui  se  rapporte  à  ce  départe- 
ment. 

Conseils  de  préfecture.  Voyez  DÉ- 

PÀBTSMBNTS  et  PbÉFEGTUBES. 

ConseU  de  révision.  Voy.  Conseil 

DE  GUEBBB  ,  GaBDE  NATIONALE  ,  et 

Regbutement. 

Conseil  de  salubrité.  Voyez  Com- 
MEBCE  (ministère  du). 

Conseil  des  dépêches.  Il  était  com- 
posé du  chancelier  de  France,  de  qua- 
tre secrétaires  d'État,  de  tous  les 
membres  qui  formaient  le  conseil  d'É- 
tat ou  des  affaires  étrangères ,  et  des 
autres  ministres  et  conseillers  d'Ëtat 

Sue  le  roi  voulait  bien  y  faire  appeler, 
se  tenait  ordinairement  le  samedi , 
et  avait  pour  attributions  les  affaires 

3ui  avaient  rapport  à  l'administration 
e  l'intérieur  du  royaume ,  et  la  cor- 
respondance avec  les  provinces.  On  le 
nommait  conseil  des  dépêches,  parce 
que ,  dans  l'origine ,  les  décisions  qui 
en  émanaient  étaient  renfermées  dans 
les  dépêches  ou  lettres  signées  par  un 
des  secrétaires  d'État ,  suivant  la  ma- 
tière dont  il  s'agissait. 

Conseil  des  finances.  Ce  conseil 
avait  pour  attributions  la  connaissatice 
des  affaires  concernant  les  finances, 
le  domaine,  les  droits  de  la  couronne, 
et  les  différends  qui  survenaient  entre 
les  particuliers  et  les  fermiers  ou  trai- 
tants, à  l'occasion  des  droits  que  ceux- 
ci  étaient  chargés  de  percevoir.  Il  était 
présidé  par  le  roi  et  composé  du  chan- 
celier, du  contrôleur  général,  d'un  chef 
du  conseil,  des  intendants  des  finances, 
et  de  quelques  conseillers  d'État  et 
maîtres  des  requêtes.  Sa  compétence 
et  le  mode  de  procéder  devant  lui 
avaient  été  régies  le  15  septembre 
1661. 

Il  y  avait  encore  un  conseil  ordinaire 
des  finances ,  où  se  traitaient  seule- 
ment les  afiaires  des  finances  du  roi. 
Les  arrêts  qui  s'y  rendaient  étaient 
signés  par  un  secrétaire  du  conseil. 

Outre  cela,  il  existait  un  conseil 
royal  des  finances  institué  au  mois  de 
septembre  1681,  qui  était  composé  du 
chancelier ,  du  contrôleur  général ,  et 


de  trois  conseillers  d'État  oomméspar 
le  roi,  qui  connaissaient  desafùuies 
les  plus  importantes  des  finaooes  spé- 
cifiées dans  le  règlement  qui  leur  fat 
donné. 

Ces  divers  conseils,  qui  n'empédiè- 
rent  pas  les  finances  du  royaume  de 
tomber  dans  une  effroyable  confiisioQ, 
furent  abolis  lors  de  la  révolution. 

Conseil  des  ministres,  assemblée 
des  ministres  sous  la  présidence  du 
roi  ou  de  l'un  d'eux,  pour  discuter  les 
projets  de  lois,  les  ordonnances,  et  \(& 
mesures  de  gouvernement  et  d'admi- 
nistration générale.  Autrefois ,  on  y  ^ 
admettait  des  ministres  d'État,  e*est- 
à-dire ,  des  ministres  sans  attributioos 
précises ,  sans  autorité  gouvememeo- 
taie,  et  appelés  seulement  pour  donner 
leur  avis  sur  les  matières  qui  s'y  trai- 
taient. Ces  sortes  de  ministres  nireot 
supprimés  par  le  fait  de  la  révolation 
de  juillet  1830.  Cependant,  lors  de ia 
formation  du  cabinet  du  11  août  de 
la  même  année,  MM.  Laffitte,  Casimir 
Périer ,  Dupin  aîné  et  Bignon ,  fiirent 
autorisés,  en  qualité  de  ministres  saiii 
portefeuille,  à  prendre  place  au  conseil 
des  ministres.  Mais  le  cabinet  doot 
ils  faisaient  partie  fut  dissous  trois 
mois  après  son  installation,  et  depuis 
ce  temps,  le  conseil  des  ministres  M 
se  compose  que  de  ministres  à  port^ 
feuille. 

Conseil  du  roi»  Voyez  ComU 
d'État. 

Conseil  du  sceau  des  titres.  lîapo- 
léon,  en  instituant  les  majorats,lc 
1^  mars  1808,  créa  un  conseil  spéd» 
chargé  de  recevoir  les  demandes  de 
ceux  C|ui  solliciteraient  la  faveur  d'es 
constituer  un.  Voici  l'article  qui  c» 
cerne  ce  conseil  :  u  Titbb  T'.  Art.  U* 
L'archichancelier  procédera  à  FeD- 
inen  de  la  demande,  assisté  d'un  ooo- 
seil  nommé  par  nous,  et  composé  aiosi 
qu'il  suit  :  trois  sénateurs ,  deux  eoB* 
selliers  d'État ,  un  procureur  géoéraif 
un  secrétaire  général;  ce  conseil  sen 
dénommé  conseil  du  sceau  des  Olf^ 
Le  secrétaire  général  tiendra  le  vffi' 
tre  des  délibérations,  et  en  sera  d^^ 
sitaire.  » 

Ce  conseil  a  subi  aaelques  iDodÎBCi' 
tions  dans  le  temps  ae  la  restauisM 


GON 


FRANGE. 


GON 


560 


et  a  été  supprimé  depuis  la  révolution 
de  juillet ,  en  conséquence  de  Tabro- 
gation  des  majorais.  Il  n'était  que 
temporaire,  et  ne  subsistait  au' autant 
que  l'exigeait  l'examen  des  demandes 
pour  lequel  il  avait  été  constitué. 

Conseil  étroit  ou  privé.  —  L'origine 
du  conseil  étroit  ou  conseil  privé ,  dé- 
nomination qui  a  fini  par  prévaloir , 
remonte  presque  à  celle  de  la  monar- 
chie française.  Clotaire  avait  pour  con- 
seillers intimes  trois  seigneurs  qui  le 
trahirent,  en  lui  persuadant  d'accepter 
trente-six  mille  sous  que  lui  offraient 
les  Lombards  pour  se  racheter  d'un  tri- 
but annuel  de  douze  mille  sous  qu'il  leur 
avait  imposé.  Ils  avaient  eux-mêmes.  ' 
reçu  chacun  mille  sous  pour  prix  de 
ce 'conseil  déloval.  Charlemagne  avait 
toujours  près  de  lui  trois  de  ses  con- 
seillers les  plus  éminents  et  les  plus 
sages.  Ses  successeurs  ne  choisirent 

I)as  toujours  de  tels  hommes  pour 
eurs  conseillers  intimes ,  mais  ils  en 
eurent  toujours  auprès  fl'eux.  C'est 
d'un  conseil  privé  qu'il  faut  entendre 
lin  article  des  lettres  par  lesquelles 
saint  Louis  laissa  à  la  reine  sa  mère 
la  régence  du  royaume ,  pendant  son 
premier  voyage  d'outre-mer.  «  Qu'elle 
«  ait,  y  est-il  dit,  plein  pouvoir  (plena- 
«  riam  potestatem)  d'appeler  et  d'ad- 
«  mettre  au  gouvernement  des  affaires 
«  de  notre  royaume  ceux  qu'il  lui  plai- 
«  ra,  d'en  éloigner  ceux  qu'elle  jugera 
«  à  propos ,  selon  qu'elle  avisera  être 
«  opportun  et  convenable.  » 

Le  pouvoir  qu'avait  la  reine  Blan- 
che d'admettre  au  conseil  et  d'en  ex- 
clure ceux  qu'elle  voulait ,  saint  Louis 
l'avait  évidemment  à  plus  forte  rai- 
son ,  et  il  le  transmit  à  ses  succes- 
seurs. Dans  le  fait,  il  n'y  eut  jamais 
sur  ce  point  d'autre  loi  que  la  volonté 
du  prince.  S'il  s'établit  des  i^sages,  si 
le  droit  d'entrer  au  conseil  devint  la 
prérogative  de  certaines  charges ,  de 
certaines  dignités,  ce  droit  ne  fut  ja- 
mais absolu;  il  put  toujours  y  être 
dérogé  par  un  acte  émané  de  la  cou- 
ronne ou  une  simple  manifestation  de 
sa  volonté,  ainsi  que  cela  eut  lieu, 
conune  on  le  verra ,  au  commence- 
ment du  quinzième  siècle. 

La  conseil  étroit ,  institué  dans  l'o- 


rigine pour  donner  au  roi  son  avis 
dans  les  affaires  sur  lesquelles  il  était 
consulté ,  obtint  par  la  ^ite  une  sorte 
de  juridiction.  On  ignore  à  quelle  épo- 
que elle  lui  fut  attriouée,  mais  on  sait 
qu'il  la  possédait  déjà  au  temps  de 
Philippe  te  Bel ,  et  ce  fait  est  prouvé 
par  un  jugement  qu'il  rendit  en  1296 , 
pour  mettre  fin  à  une  contestation  sur- 
venue entre  deux  seigneurs ,  laquelle 
avait  été  portée  devant  lui.  Le  10  juil- 
let 1319,  il  fut  publié  une  ordonnance 
sur  la  tenue  du  conseil  privé  et  l'ad- 
ministration du  trésor  ;  et  le  3  décem- 
bre de  la  même  année ,  un  règlement 
pour  l'exclusion  des  prélats  du  parle- 
ment, et  leur  maintien  au  conseil.  Les 
termes  de  cette  disposition  sont  as- 
sez curieux  pour  être  rapportés  :  «  Il 
«  n'aura  nulz  prelaz  députez  en  par- 
ti lement ,  car  le  roy  fait  conscience  de 
«  eus  empeschier  ou  gouvernement  de 
«  leurs  experitiiautez(a^i^ri&t«^û)n^),  et 
«  le  roy  veut  avoir  en  son  parlement 
«  genz  qui  y  puissent  entendre  conti- 
«  nuellement  sanz  en  partir,  et  qui  ne 
«  soient  occupez  d'autres  granz  occu- 
«  nations.  Toutes  voies  s'en  entente 
«  du  roy  (toutefois  V intention  du  roi) 
«  n'est  mie  que  les  prelaz  qui  sont  de 
«  son  conseil  en  soient  pour  ce  hors, 
«  ançois  est  s'entente  {au  contraire, 
a  son  intention  est)  que  ils  demeu- 
«  rent  de  son  conseil ,  et  il  les  ap- 
«  pellera  à  ses  autres  granz  besoi- 
«  gnes.»  En  1359,  pendant  la  captivité 
du  roi  Jean,  dans  la  crainte  que  le 
dauphin ,  qui  gouvernait  à  sa  place , 
ne  lût  amené  par  faiblesse  à  prendre 
des  mesures  ou  à  faire  des  concessions 
préjudiciables  au  bien  de  l'État,  le 
conseil  de  régence  arrêta  et  fit  publier 
par  le  jeune  prince ,  qu'il  ne  rendrait 
aucune  ordonnance  et  n'accorderait 
aucun  privilège  autrement  gue  par  dé- 
libération du  conseil.  Cette  importante 
disposition  fut  souvent  renouvelée; 
elle  se  retrouve  même  dans  l'ordon- 
nance royale  du  19  avril  1817,  mais 
elle  ne  fut  jamais  bien  exécutée. 

Avec  le  temps,  un  grand  nombre 
de  personnes  s'étaient ,  soit  en  raison 
de  leur  naissance ,  de  leurs  alliances 
ou  de  leurs  dignités ,  attribué  le  droit 
d'entrer  au  conseil  secret,  et  au  con- 


1 


470 


L'UNnms. 


coir 


fteil  privé,  et  d'y  BÎéger  stns  en  être 
légalement  investies.  Pour  remédier  à 
cet  abus ,  Charles  VI ,  par  lettres  du 
36  avril  1407,  fixa  à  vingt-six  le  nom- 
bre des  membres  de  ces  deu». conseils, 
«  sans  ce  qu'autres  quelconques,  dit-il, 
«  de  quelque  état,  condition  ou  préé- 
ft  minence  qu'ils  soient ,  y  soient  re* 
«  ceus,  exceptez  toutes  fois  ceux  de 
«  notre  lignage  et  les  chefs  d'office  de 
«  nostre  royaume ,  tant  au  fait  de  la 
«  guerre ,  comme  de  la  justice  et  de 
«  nostre  bo8tel,lesqueU  nous  ne  voulons 
«  ny  entendons  forcher  d'estre  à  nos 
«  consaulx ,  ri  os  voulons  qu'ils  y  soient 
«  quand  ils  seront  pardevers  nous.  » 
Le  conseil  privé  ayant  acquis  une 

grande  influence  sur  les  affaires  pu* 
liques,  se  vit  exposé  à  des  séductions, 
et  tout  donne  lieu  de  croire  qu'il  ne 
fut  pas  inaccessible  à  la  corruption  ; 
car  un  édit  de  février  1540,  publié  par 
François  I*%  fit  défense  à  tous  les  con- 
seillers du  conseil  étroit  et  privé,  pré- 
sents et  à  venir ,  de  quelque  état ,  di- 
gnité et  condition  qu'ils  soient ,  «  de 
«  prandre  doresnavawt  aucunes  cho- 
«  ses  des  princes  estrangiers,  potentaz 
«  et  républiques ,  leurs  ambassadeurs 
«  ou  aucuns  ministres,  soit  par  acbapt 
«  ou  rkompense,  prest  ou  aultrement, 
«  en  quelque  manière  que  ce  soit,  sans 
«  expresse  commission  deûementexpé- 
«  diee  en  forme,  sur  peine  d'estre  pu- 
«  gny  comme  infidelles  et  désobéis- 
«  sants  à  nous  et  à  nostre  Estât,  et 
«  comme  crimes  de  ièze-majesté.  »  Il 
fallait  que  le  mal  fdx  bien  grave  pour 
qu*on  le  frappât  de  peines  aussi  sé- 
vères. 

Le  t*'  aoât  1576,  la  compétence  ju- 
diciaire du  conseil  privé  fut  augmen- 
tée; Des  lettres  patentes  de  ce  jour 
évoquèrent  et  réservèrent  à  ce  conseil 
la  connaissance  des  procès  relatifs  an 
cierge ,  qui ,  jusque-là ,  avaient  été 
dans  les  attributions  du  grand  con- 
seil. Mais  en  janvier  1597 ,  par  suite 
d'un  édit  sur  l'administration  de  la 
justice,  les  évocations,  etc.,  il  lui  fut 
défendu  de  s*occuper  des  causes  de  ju- 
ridiction contentieuse ,  lesquelles  de- 
vaient être  renvoyées  aux  cours  sou- 
veraines à  qui  il  appartiendrait  d'en 
eonnattre. 


Le  mode  de  procéder  par-devant  le 
conseil  privé  fut  réglé  [^r  différents 
actes  de  l'autorité  souveraine,  notain> 
ment  par  l'ordonnance  du  ^7  féfrier 

1660 ,  celle  d'aoât  1737 ,  et  le  r^l6 
ment  du  38  juin  1738.  Ses  déeisiou 
avaient  force  de  loi.  Un  arrêt  du  con- 
seil d'en  haut ,  en  date  du*  6  juillet 

1661,  enjoignit  aux  parlements,  graod 
conseil ,  chambre  des  comptes ,  cour 
des  aides,  et  toutes  autres  compagnies 
souveraines,  de  déférer  et  se  soumet- 
tre aux  arrêts  du  conseil  privé. 

Tel  qu'il  fut  organisé  en  17S8 ,  œ 
conseil,  appelé  aussi  conseil  det  par- 
ties y  eut  pour  attributions  deoofioii- 
tre  des  affaires  contentieuses  eotre 
particuliers,  lorsque  ces  affaires  étaieat 
relatives  à  l'exécution  des  lois  et  (v* 
donnances  du  royaume,  ainsi  qu'à  ïiS' 
dre  judiciaire  établi  par  le  souveraia. 
Il  connaissait  exclusivement  des  d»* 
mandes  en  cassation  d'arrêts  reDda 
par  les  cours  supérieures^,  des  coolliti 
élevés  entre  les  mêmes  cours,  desrè* 
glements  à  faire  entre  elles ,  des  éro* 
cations  sur  parentés  et  alliances,  es 
oppositions  au  titre  des  offices,  des 
rapports  de  provisions  de  ces  offietf) 
etc.,  etc. 

Le  roi  n'assistait  point  au  eonsei 
privé;  cependant  il  y  figurant  pv^ 
fauteuil  vide  dans  lequel  il  était  eeosé 
être  présent  au  rapport  et  à  la  diso»' 
sien  des  affaires.  Ce  oonseil  étaitoré- 
sidé  par  le  chancelier ,  et  composé  (Ib 
garde  des  sceaux ,  qui  prenait  pbft 
après  ie  chancelier  lorsque  les  deox 
charges  étaient  séparées,  desqo^ 
secrétaires  d'État,  des  cooseillert  dic- 
tât et  des  maîtres  des  requêtes  q»  f 
servaient  par  quartier.  Legranddovtfi 
autrement -appelé  le  doyen  des  ààff 
des  maîtres  des  re<]uête8  avait  le  m 
d'entrer  au  conseil  toute  l'année;  ks 
doyens  de  quartier,  au  contraire,  d'i- 
valent  le  droit  d'y  entrer,  outre k 
temps  de  leur  quartier ,  que  peodttt 
les  trois  mois  qui  suivaient  leur  teof 
de  service.  Les  agents  géoéraméi 
clergé  avaient  entrée  au  conseil,  lan- 
gu'onde  vait  y  agiter  quelques  que^^ 
intéressant  leur  ordre  en  général,  v 
pouvaient  y  faire  telles  represeetatiatf 
et  réquisitions  qu'ils  JageaicBl  eoort- 


CON 


FRAIÏCBU 


€Q1!I 


sn 


nobles  ;  mais  ils  étaient  obligéis  de  se 
retirer  avant  qu'on  allât  aux  opi- 
nions. 

Les  réunions  du  conseil  privé  avaient 
lieu  à  portes  closes ,  et ,  avec  les  conseilr 
1ers  f  il  ne  pouvait  y  assister  que  les 
deux  secrétaires  du  chancelier,  le  gref- 
fier du  conseil  de  quartier  et  deux 
huissiers  des  conseils  du  roi  appelé^ 
huissiers  de  la  chaîne.  Les  anaires 
étaient  instruites  par  le  ministère  des 
avocats  nommés  avocats  au  conseil  du 
roi.  Le  nombre  des  juges  nécessaires 

f>our  rendre  un  arrêt  n'était  point  fixé; 
es  procès  s'y  décidaient  à  la  pluralité 
des  suffrages .  et ,  en  cas  de  partage , 
la  voix  du  chancelier  comptait  pour 
deux  et  rompait  Téquilibre. 

Le  conseil  privé,  étroit,  ou  des  par- 
ties ,  suivait  toujours  le  roi ,  et  tenait 
ordinairement  ses  séances  dans  une 
des  salles  de  l'habitation  rovale  ;  mais 
lorsque  le  roi  allait  à  l'armée,  ou  fai- 
sait ijuelque  voyage  dans  lequel  le  con- 
seil était  dispensé  de  le  suivre ,  il  se 
réunissait  chez  le  chancelier. 

Ce  conseil  a  été  détruit  avec  la 
royauté ,  lors  de  la  rçyplution.  Lors- 
que Napoléon  rétablit  chez  nous  le 
gouvernement  monarchique,  d'abord 
comme  consul ,  ensuite  comme  empe- 
reur, il  rétablit  le  conseil  privé,  et  le 
sénatus-consulte  du  16  thermidor  an  x 
en  indique  même  deux.  L'art.  57  porta 
que  les  projets  de  sénatus-consulte  se- 
raient discutés  dans  un  conseil  privé 
composé  de  deux  ministres',  deux  sé- 
nateurs, deux  conseillers  d'État,  et 
deux  grands  officiers  de  la  Légion 
d'honneur ,  tous  désignés  par  l'empe- 
reur à  chaque  tenue.  L'art.  86  ajouta 
que  l'empereur  exerçait  le  droit  de 
£iire  grâce ,  après  avoir  entendu  dans 
un  conseil  privé ,  le  grand  juge ,  deux 
ministres .  deux  sénateurs ,  deux  con- 
seillers d'État  et  deux^z^^e^  de  la  cour 
de  cassation.  Les  magistrats  du  par- 
quet de  la  cour  de  cassation  furent 
compris  dans  la  dénomination  de  Jû- 
ges.  Napoléon  le  décida  ainsi  en  bru* 
maire  an  xi,  et  l'usage  fut  cons- 
tamment en  harmonie  avec  cette  déci- 
sion. Ce  conseil ,  ou  plutôt  ce  double 
conseil,  n'existe  plus.  Les  matières 
dont  il  avait  à  s'occuper  sont  aujour- 


d'hui traitées  au  conseil  des  ministres. 

Conseil  exécutif  provisoire.  Le  pou- 
voir exécutif  s'étant  trouvé  de  fait 
vacant .  après  la  journée  du  10  août 
1792,  1  Assemblée  nationale  en  inves- 
tit provisoirement  le  conseil  des  mi- 
nistres, par  une  loi  du  15  du  même 
mois.  Ce  conseil ,  qui  reçut  alors  le 
nom  de  conseil  executif  provisoire , 
exerça  ce  pouvoir  jusqu'au  12  germi- 
nal an  II ,  où  une  nouvelle  loi  le  lui 
retira  pour  le  partager  entre  divers 
comités  de  la  Convention. 

Conseil  général  de  département 

(Voyez  DÉPARTEMENT.) 

Conseil  général  de  commerce.  (Voy . 
Commerce  [ministère  du]). 

Conseil  général  des  prisons.  Ce 
conseil ,  formé  de  vingt-quatre  mem- 
bres choisis  parmi  ceux  de  la  société 
royale  pour  1  amélioration  des  prisons, 
fut  établi  par  une  ordonnance  du  9 
avril  1819.  Il  s'assemble  au  ministère 
de  l'intérieur,  sous  la  présidence  du 
ministre,  et  délibère  sur  toutes  les 
questions  relatives  à  l'amélioration 
des  prisons ,  qu'il  £aiit  inspecter  par 
des  délégués. 

Conseil  municipal.  (Voyez  Muni- 
cipalités.) 

Conseil  officieux.  Ce  conseil  avait 
été  institué  dans  l'intérêt  des  militai- 
res, par  la  loi  du  6  brumaire  an  y,  qui 
portait,  article  l*'  :  «  Les  tribunaux 
civils  nommeront  trois  citoyens,  pro- 
bes et  éclairés ,  qui  formeront  un  con- 
seil of^deux ,  chargé  de  consulter  et 
défendre  gratuitement,  sut*  la  demande 
des  fondés  de  pouvoir,  les  affaires  des 
défenseurs  de  la  patrie  et  des  autres 
citoyens  absents  pour  le  service  des 
armées  de  terre  et  de  mer.  »  Cette  loi 
est  tombée  en  désuétude,  et  il  n'existe 
plus  de  conseils  officieux ,  si  ce  n'est 
dans  quelques  barreaux  où  des  avo- 
cats en  ont  institué  en  faveur  des  in- 
digents. 

Conseil  royal  de  Pinstruction  pu- 
blique. (Voyez  Université.) 

Conseil  supérieur  du  comm£rce  et 
des  colonies.  (Voyez  Commerce  [mi- 
nistère du].) 

8*  Conseils  judiciaires. 
Le  conseil  d'État  et  les  conseils 


673 


CON 


L'UNIVERS. 


GON 


de  préfecture  étant,  par  leurs  plus 
importantes  attributions,  des  con- 
seils administratifs,  nous  avons  dû 
les  classer  dans  la  section  précéden- 
te. Cependant  ces  conseils  ont  aussi 
des  attributions  judiciaires,  et  sont 
dans  certains  cas  de  véritables  tribu- 
naux. Il  en  était  de  même  du  conseil 
privé.  Ces  conseils  appartiennent  donc 
aussi  à  cette  section,  dans  laquelle  on 
doit  en  outre  ranger  les  suivants  : 

ConseU  de  discipline  de  la  garde 
nattoîicUe.ÇVoyez  Gabdb  nationale.) 

Conseil  de  guerre.  (Voyez  Justice 

MILITAIBS.) 

Conseil  des  prises.  C'était  une  com- 
mission extraordinaire  que  le  roi  éta- 
blissait en  temps  de  guerre  près  de  l'a- 
miral, pour  iuger  en  première  instance 
la  validité  des  prises  faites  en  mer, 
soit  par  la  marine  royale,  soit  par  les 
particuliers  qui  avaient  obtenu  des 
commissions  pour  armer  en  course. 
Cette  commission  était  composée  de 
l'amiral ,  qui  en  était  le  chef,  et  chez 
qui  elle  se  tenait,  d'un  certain  nombre 
de  conseillers  d'Etat  et  de  maîtres  des 
requêtes ,  du  secrétaire  général  de  la 
marine, jqui  avait  voix  délibérative , 
d'un  grefaer  et  des  autres  officiers  né- 
cessaires. 

Anciennement  les  officiers  de  l'a- 
mirauté avaient  le  droit  de  juger  les 
prises  en  première  instance  et  sauf 
appel  ;  mais  ils  ne  l'exerçaient  ^ue 
comme  représentant  Tamiral,  à  qui  ce 
droit  appartenait  exclusivement.  Tou- 
tefois, on  ne  voit  pas  qu'aucun  amiral 
ait  fait  usage  de  cette  prérogative  avant 
Henri  de  Montmorency.  Cet  amiral 
étant  mort  en  1626 ,  et  Louis  XIÏI 
ayant  supprimé  le  titre  de  sa  dignité, 
pour  créer  la  charge  de  grand  maître, 
chef  et  surintendant  de  la  navigation 
et  commerce  de  France ,  en  faveur  du 
cardinal  de  Richelieu ,  ce  prélat ,  et 
après  lui  le  duc  de  Brézé ,  la  reine 
mère,  le  duc  de  Vendôme  et  le  duc  de 
Beaufort,  qui  lui  succédèrent,  jugè- 
rent les  prises,  comme  le  faisait  le 
grand  ofQcier  qu'ils  remplaçaient. 

Après  le  décès  de  M.  de  Beaufort, 
arrivé  en  1669,  Louis  XIV  rétablit  la 
charge  d'amiral  en  faveur.du  comte  de 
Vermandois;  et  la  minorité  de  ce 


prince  ne  lui  permettant  point  de  pré- 
sider au  conseil  des  prises ,  les  jug& 
ments  qui  y  furent  rendus  dans  li 
suite  cessèrent  de  l'être  au  nom  de 
l'amiral.  Il  fut  établi  en  1672  une  com- 
mission du  conseil ,  où  les  prises  fo- 
rent jugées  et  les  arrêts  rendas  aa 
nom  do  roi.  Le  comte  de  Vermaodois 
étant  mort ,  et  le  comte  de  Toulouse 
ayant  été  pourvu  de  sa  charge,  aussi 
en  minorité ,  les  arrêts  de  la  coromis- 
sion  du  conseil  des  prises  coDtiauè- 
rent  à  être  rendue  au  nom  du  roi; 
mais  ce  prince  ayant  atteint  sa  majo- 
rité, et  acquis  le  droit  de  présider,  il 
réclama  une  des  plus  honorables  pré- 
rogatives de  l'amirauté.  Il  fut  £ut 
droit  à  sa  requête,  et  un  règlement  du 

9  mars  1695  ordonna  que  les  arrêtt 
seraient  rendus  en  son  nom. 

Le  conseil  des  prises,  fut  maiotom 
par  arrêt  du  conseil  d'État  do  12  mai 
1702,  puis  aboli  plus  tard,  pour  être 
rétabli  plusieurs  rois  ,  savoir  :  eu  fé- 
vrier 1719,  lors  de  la  déclaration  de 
guerre  faite  à  l'Espagne  ;  le  3  noTcn- 
bre  1733,  à  l'occasion  de  la  gaerre  dé- 
clarée à  l'empereur  d'Allemagne ,  le 

10  octobre  précédent  ;  le  15  mars  1744, 
à  l'occasion  de  celle  qui  fut  déclarée  à 
l'Angleterre  ;  enfin  différents  règle- 
ments semblables  ,  ayant  toujoius 
pour  base  celui  de  1695 ,  furent  faits 
le  14  juin  1778. 

La  révolution  n'établit  point  de eoa- 
seils  des  prises ,  et  attribua  les  causes 
dont  ils  connaissaient ,  d'abord  au 
tribunaux  de  commerce ,  sauf  ap|iei 
aux  tribunaux  de  district  (14  févner 
1793) ,  ensuite  au  conseil  exécutif  pro- 
visoire (18  brumaire  an  ii);  ensuite 
de  nouveau  aux  tribunatlx  de  com- 
merce (3  brumaire  an  ly).  Enfin,  le X 
ventôse  an  yiii,  une  loi  ôta  auxtriht' 
naux  la  connaissance  des  prises,^ 
chargea  le  gouvernement  de  pouryoi' 
au  mode  de  jugement  des  contestatioai 
qui  y  sont  relatives. 

Le  6  germinal  suivant,  un  arrfté(iB 
gouvernement  établit  à  Paris  un  ooft- 
seil  des  prises ,  composé  d'un  conseil' 
1er  d'État,  de  huit  membres  da  sénat 
et  d'un  procureur  impérial.  Le  8  b* 
1806 ,  ce  conseil  fut  placé  dans  les  at- 
tributions du  grand  juge  mtoistre  é 


J 


CON 


FRANCE. 


CON 


573 


la  justice.  Le  11  juin  de  la  même  an- 
née ,  ses  décisions  furent  attribuées  à 
la  connaissance-du  conseil  d'État  ;  et 
le  12  novembre  1810,  un  décret  impé- 
rial en  investit  les  membres  du  titre 
de  conseillers  au  conseil  impérial  des 
prises.  Cette  cour  de  justice  a  cessé 
d'exister  à  la  paix. 

Conseil  martial,  La  loi  du  21  août 
J790  avait  attribué  à  des  tribunaux 
composés  d'officiers  de  marine,  et 
qu'elle  qualifiait  de  conseils  martiaux, 
la  connaissance  des  délits  commis  à 
bord  de  vaisseaux  de  l'État,  et  empor- 
tant la  peine  des  galères  ou  la  peine  de 
mort.  Le  décret  du  22  juillet  a  substi- 
tué à  ces  conseils  des  conseils  de  guerre 
maritimes,  et  il  a  étendu  leurs  attri- 
l3Utions  à  tous  les  délits  dont  la  puni- 
tion excède  la  cale  ou  la  bouline.  En 
conséquence,  les  conseils  martiaux 
n'existent  plus. 

Conseil  provincial  d* Artois,  tribu- 
nal qui  tenait  ses  audiences  à  Arras, 
et  avait  été  créé  par  l'empereur  Char- 
les-Quint, le  12  mai  1530.  Sa  compé- 
tence fut  réglée  par  les  placards,  du 
niême  prince ,  en  date  des  12  mai ,  23 
juin,  5  juillet  1530,  10  juillet  1531 ,  et 
par  une  déclaration  du  25  mars  1704. 
Plusieurs  contestations  s'étant  élevées 
entre  les  officiers  de  ce  conseil  et  ceux 
des  bailliages  royaux  de  la  province 
d'Artois,  sur  cette  compétence  et  les 
attributions  du  ressort  de  tous  ces  tri- 
bunaux, les  droits  des  uns  et  des  au- 
tres furent  fixés  par  des  lettres  patentes 
du  13  décembre  1728,  enregistrées  au 
parlement  de  Paris  le  5  septembre  1730. 
Un  édit  du  mois  de  février  1771 
avait  supprimé^  le  conseil  provincial 
d'Artois,  et  un  autre  édit  du  même 
mois  et  de  la  même  année  avait  établi 
à  sa  place  un  conseil  supérieur  dans  la 
ville  d' Arras;  mais  ces  édits  furent 
révoqués  par  un  autre  du  mois  de  no- 
vembre 1774,  qui  remit  les  choses  sur 
le  même  pied  où  elles  étaient  aupara- 
vant, à  quelque  différence  près  dans 
l'exercice  de  la  juridiction. 

Le  ^  ressort  du  conseil  provincial 
d'Artois  s'étendait  sur  toute  la  pro- 
vince d'Artois ,  et  sur  les  villes  et  ter- 
ritoires de  Dunkerque,  Gravelines  et 


Bourbourg.  Ce  conseil  fut  supprimé, 
comme  tous  les  tribunaux  de  l'ancien 
régime,  par  la  loi  du  7  septembre  1790. 
.  ConseU  souverain  d'Alsace.  C'était 
un  tribunal  souverain  établi  à  Colmar, 
et  qui  tenait  lieu  de  parlement  dans  la 
province  d'Alsace.  Il  connaissait  en 
première  instance  de  toutes  les  affaires 
de  ceux  qui  avaient  autrefois  leurs 
causes  commises  à  la  régence  d'Autri- 
che :  tels  étaient  les  abbés ,  les  prieurs, 
les  ^communautés  ecclésiastiques,  les 

grinces,  les  seigneurs  et  les  gentils- 
ommes,  à  l'exception  de  ceux  de  la 
bpsse  Alsace,  qui  avaient  leur  direc- 
toire à  Strasbourg;  à  l'exception  aussi 
des  officiers  des  lieux  dépendants  du 
temporel  de  l'évêché  de  Strasbourg, 
de  ceux  du  comté  de  Hanau,  etc. ,  des 
sentences  desquelles  les  appellations 
étaient  portées  à  leurs  régences  res- 
pectives. Il  faut  encore  excepter  le 
grand  et  petit  sénat  de  Strasbourg ,  qui 
jugeaient  en  dernier  ressort  les  anaires 
criminelles  et  civiles  jusqu'à  la  somme 
de  dix  mille  livres. 

Le  conseil  souverain  d'Alsace  con- 
naissait de  même  en  première  instance 
de  toutes  les'causes  des  officiers  de  son 
corps ,  et  de  celles  des  officiers  de  la 
chancellerie  qui  était  établie  près  de 
lui.  Toutes  les  appellations,  tant  des 
juges  royaux  que  de  ceux  des  seigneurs 
et  des  magistrats  des  villes ,  et  même 
les  appellations  comme  d'abus  des  tri- 
bunaux ecclésiastiques,  étaient  pareil- 
lement de  son  ressort.  Ce  conseil  fut 
supprimé  par  la  loi  du  7  septem- 
bre 1790. 

Conseil  souverain  de  RomsiUon^ 
tribunal  souverain  établi  autrefois  a 
Perpignan ,  capitale  du  Roussillon. 

Avant  l'institution  de  ce  conseil ,  il 
y  avait  à  Perpignan  un  conseil  royal 
particulier  créé  par  les  rois  d'Espagne , 
auxquels  appartenait,  alors  le  Rous- 
sillon. Quant  au  conseil  souveram ,  son 
établissement,  de  la  part  de  la  France, 
date  de  1642,  époque  où  le  Roussillon 
fut  réuni  à  la  France;  cependant  ce 
tribunal  ne  fut  complètement  constitué 
qu'en  1660,  après  la  paix  des  Pyré- 
nées. Son  ressort  comprenait  la  vi- 
gûerie  du  Roussillon ,  et  celles  de 


674 


COM 


L'UNIVERS. 


GOH 


Conflans  et  de  Gerdagne,  qui  étaient 
alors  unies,  et  dont  le  siège  était  à 
Montlouis.  Le  conseil  souverain  de 
Koussillon  a  été  supprimé  par  la  loi 
du  7  septembre  1790. 

Conseil  iupérieur.  On  à  appelé  ainsi 
des  tribunaux  que  Louis  XV,  après  la 
mutilation  et  rexil  du  parlement  de 
Paris,  avait  créés  par  ses  édits  des 
mois  de  février,  août ,  se|)tembre  et  dé* 
cembre  1771,  dans  les  villes  d'Arras, 
Blois ,  Châlons ,  Clermont-Ferrand , 
Lyon,  Poitiers,  Nîmes,  Bayeux,  Douai 
et* Rouen.  Ces  tribunaux  connaissaient 
en  souverain  et  en  dernier  ressort,  de 
toutes  les  matières  civiles  et  crimi- 
nelles dans  rétendue  des  t)ailliage8 
dont  leur  arrondissement  était  com- 
posé, à  l'exception  des  affaires  concer- 
nant les  pairs ,  les  pairies ,  etc* 

Louis  XVI  ayant  rappelé  à  leurs 
fonctions  les  magistrats  dispersés  sous 
le  règne  de  son  prédécesseur,  supprima, 
par  ses  édits  de  novembre  1774  et  fé- 
vrier 1775,  les  conseils  supérieurs  4  et 
rétablit  Tordre  des  jurkiictions  tel  qu'il 
était  avant  qu'ils  fussent  créés. 

Conseil  abhb  dbs  GauloiS)  Cofi- 
silium armatum»  —Lorsque  les  Gau- 
lois assemblaient  le  conseil  armé,  c'é- 
tait pour  eux  la  proclamation  d'a- 
larme et  l'ouverture  d*une  guerre  à 
mort.  Tous  les  hommes,  jeunes  ou 
vieux,  en  état  de  porter  les  armes , 
devaient  se  rendre  a  ce  conseil ,  et  le 
dernier  venu  était  mis  à  mort  aux 
yeux  de  l'assemblée  (*). 

C0NSEHV4T0IfiB   DE  MUSIQDB.  — 

JusQu'en  1784,  les  maîtrises  des  ca- 
théclrales  et  l'école  de  TOpéra  avaient 
suffi  pour  former  les  chanteurs  dont 
on  avait  besoin ,  soit  pour  Texécution 
du  chant  religieux ,  soit  pour  celle  du 
ehant  dramatique.  Mais  les  opéras  de 
Gluck  opérèrent  une  révolution  si  con- 
sidérable sur  notre  théâtre  lyrique, 
que  renseignement  ancien  du  eliant 
ne  sufQt  plus  aux  exigences  de  la  scène. 
On  résolut  alors  de  créer  une  école 
spéciale  pour  l'enseignement  de  la  mu- 
sique vocale,  et  le  ministre  de  Bre- 

(*)  Voyez  César,  Guerre  des  Gatiles ,  liv.  v, 


teuil,  protectear  écX^fté  des  boNDH 
arts,  fonda,  le  S  janvier  1784,  ÏÉcé 
royale  de  chant  ^  à  laquelle  on  ajouta, 
en  1786,  des  classes  de  déclamatioi 
qui  la  firent  nommer  École  royakà 
chant  et  de  déclanuÊtion,  Telle  Ait 
rorigine  du  Conservatoire.  Un  de  sa 
premiers  élèves  fut  Talma,  etGôiM 
fut  son  premier  directeur. 

Cet  établissement  Ait  détruit  a 
1789.  Mais  à  cette  époque  on  ergani- 
sait  la  garde  nationale  de  Paris:» 
créa  pour  cette  garde  un  corps  de  nu- 
sique ,  dont  les  quarante-cinq  nnsi- 
ciens  qui  avaient  appartenu  aux  mosi- 
crues  des  gardes  françaises  domt 
former  le  noyau.  Cette  créatioD  était 
due  à  un  simple  particulier,  Sarrette 
(voyez  ce  nom),  qui  avait  fait  agréer 
ses  actes  au  générai  la  Fayette.  Ad 
mois  de  mal  1790,  la  municipalité  de 
Paris  se  chargea  de  la  dépense,  porta 
le  nombre  des  exécutants  à  qlùtr^ 
vingt-dix,  et  chargea  le  corps  demii- 
sique  du  service  des  tètes  pobliqofl- 
Mais,  en  1793,  on  supprima  lescon- 
pagnies  soldées  de  la  garde  parlsieiiM, 
et  dès  lors  la  ville,  qui  n'avait  plosée 
fonds  pour  la  garde  nationale  ^  cessa  M 
payements  aux  musiciens.  Le  eovfi 
allait  se  dissoudre,  lorsque  Sarntlt, 
à  force  de  persévérance,  obtint  m 
maintien.  Il  représenta  que  l'abolitioi 
des  maîtrises  et  la  destruction  du  citrp 
de  musique  allaient  détruire  Tart  ma- 
sical  en  France ,  attendu  que  lesartiiM 
qui  le  composaient  pouvaient  IiIb 
quitter  la  France.  La  municipalité,'^ 
cidée  par  ces  raisons,  créa  sneéflA 
gratuite  de  musique.  Cette  école  |loa^ 
vut  bientôt  à  tous  les  besoins;  cet* 
fille  qui  fournit  des  corps  de  mttficie* 
aux  quatorze  armées  de  la  répubUi)* 
et  des  orchestres  pour  les  fêtes  naM- 
nales.  «  C'est  de  la  que  sont  partial 
nombreux  élèves^  qui,  tépandosdJV 
les  camps  français,  animaient  par  des 
accords  belliqueux  l'intrépide  covnp 
de  nos  armées;  c'est  de  là  qu*  Mf 
chants  civiques ,  disséminés  d'un  W 
de  la  France  à  l'autre,  allaient ]«ap 
chez  l'étranger^  jusque  sous  les  tf^ 
de  Tennemi ,  troubler  le  repos  deadj 
potes  ligués  contre  la  république;  «^ 


ooir 


FRANCE* 


GOM 


996 


là  auront  été  inspfrés  ces  hymnes  bril- 
lants et  solennels  que  nos  guerriers 
chantaient  sur  tes  monts  de  TArgonne, 
dans  les  plaines  de  Jemmapes  et  de 
Fleurus ,  et  en  forçant  le  passage  des 
Alpes  et  des  Pyrénées  (*).  » 

La  Convention,  comprenant  Fim- 
portance  de  cet  établissement ,  se  bâta 
de  lui  donner  la  stabilité  nécessaire  à 
son  perfectionnement,  Férigea  en  InS" 
titut  national  de  musique  (  18  brumaire 
an  II,  1793),  et  le  compléta  deux  ans 
après  (16  thermidor  an  m),  en  lui 
donnant  le  nom.  de  Conservatmr^  de 
musique.  Voici  le  décret  : 

«  L'Institut  central  de  musique  est 
«  établi  à  Paris  pour  exécuter  et  en- 
«  seigner  la  musique.  Il  est  composé 
«  de  cent  quinze  artistes.  Sous  le  rap- 
«  port  d'exécution,  il  est  employé  à 
«  célébrer  les  fêtes  nationales;  sous 
«  le  rapport  d'enseignement,  il  est 
«  chargé  de  former  les  élèves  dans 
«  toutes  les  parties  de  Tart  musi- 
«  cal.Six  cents  élèves  des  deux  sexes  (**) 
«t  reçoivent  gratuitement  Tinstrue- 
«  tion  dans  l'Institut.  »  On  vota  en 
même  temps  un  crédit  de  deux  cent 

Quarante  mille  francs ,  rétablissement 
'une  bibliothèque  musicale .  composée 
de  livres  et  partitions ,  et  la  création 
d'une  collection  d'instruments. 

En  1802,  le  crédit  fut  réduit  à  cent 
ra.ille  francs  ;  c'était  la  première  atteinte 
portée  à  cette  admirable  institution; 
le  nombre  des  élèves  des  deux  sexes 
fut  réduit  à  trois  cents,  et  celui  des 
professeurs  à  trente-cinq,  outre  trois 
inspecteurs  de  l'enseignement  et  un 
directeur.  Les  élèves  étaient  admis  à 
la  suite  d'examens.  Le  but  du  Gonser- 
Tatoire  resta  toujours  celui  de  propager 
la  musique  dans  la  société ,  et  de  former 
des  musiciens  pour  les  armées  et  pour 
les  orchestres. 

£n  1808 ,  le  Conservatoire  reçut  une 
nouvelle  organisation;  on  y  joignit  des 
cours  de  déclamation  tragique  et  co- 
miijue;  on  chargea  de  ces  cours  les 
artistes  dramatiques  les  plus  illustres; 

(*)  Chénier,  Rapport  à  la  Convention  sur 
rorganisation  d«  fiastitut  national  de  mu- 

(*^)  Six  par  département. 


on  porta  fe  nombre  des  élèves  à  quatre^ 
cents^,  dont  trente-six  pensionnaires. 
Le  Conservatoire,  outre  son  ancienne 
destination,  en  reçut  une  nouvelle, 
eelle  de  fournir  des  sujets  de  tous  les 
genres  pour  les  principaux  théâtres^ 
De  nombreux  concerts  formatent  dé 
bons  exécutants,  d'habiles  chefs  d'or* 
chestre,  et  ouvraient  de  nouvelles 
issues  aux  jeunes  compositeurs;  des 
méthodes  pour  tous  les  instruments 
étaient  composées;  enfin  le  Conserva* 
toire  brillait  d'un  éclat  qu'il  faut  sans 
doute  attribuer  à  l'habileté  de  son  di- 
recteur Sarrette,  et  à  la  protection 
éclairée  de  l'empereur.  Mais  cette  ad- 
mirable institution  ne  fut  pas  plus  que 
les  autres  à  l'abri  des  préventions  de  la 
restauration  ;  son  nom  fut  changé  en 
celui  û^ École  rovale  de  musique;  elle 
fut  placée  sous  la  direction  de  l'inten- 
dant des  menus  plaisirs;  son  budget 
fut  diminué;  les  professeurs  et  les 
élèves  furent  découragés;  enfin  les 
concerts  furent  supprimés.  L'institu- 
tion était  détruite;  mais  on  avait  dé- 
ttult  une  œuvre  de  la  Convention,  on 
s'en  consolait. 

Cependant,  en  1824,  ali  moment  où 
l'École  royale  allait  s'anéantir  tout  à 
fait,  la  restauration  vint  à  son  se- 
cours; elle  nomma  un  directeur,  et 
choisit  M.  Chérubini,  bien  que  Sar- 
rette vécût  encore  :  on  rétablit  quel- 
ques classes,  on  en  créa  de  nouvelles; 
mais  l'influence  de  l'école  italienne  de- 
vint toute-puissante ,  surtout  dans  les 
études  de  cnant;  bref,  on  n'avait  pas 
recréé  le  centre  de  notre  école  de  mu- 
sique française.  En  1828,  la  société 
des  concerts  commença  ses  séances; 
mais  elle  employa  le  talent  de  ses 
membres  à  faire  connaître  la  musique 
allemande;  la  direction  manquait;  il  y 
eut  de  grands  succès ,  mais  pour  l'Italie 
et  r Allemagne;  on  cultiva  tout,  on 
pensa  à  tout,  excepté  à  la  France; 
mais,  nous  le  répétons  et  à  dessein, 
l'œuvre  républicaine  n'était  pas  réta- 
blie. Le  Conservatoire  ne  reprit  son 
nom  qu'en  1830;  une  direction  puis- 
sante, impartiale )  nationale  surtout, 
agissant  en  vue  de  continuer  le  déve- 
loppement de  l'école  française  de  mu* 


576 


COR 


L'UNIVERS. 


CON 


/ 


slque,  lui  manoue  encore.  Mais  peut- 
étfe  que  Ton  n^y  sait  pas  quMl  existe 
une  école  française! 

Nous  terminons  en  indiquant  l'or- 
ganisation actuelle  de  cet  établisse- 
ment :  il  possède  un  directeur,  trois 
inspecteurs ,  soixante  et  dix  professeurs 
et  quatre  cents  élèves. 

Nous  avons  parlé  précédemment  des 
méthodes  du  Conservatoire  ;  il  en  existe 
•quatorze  qui  ont  été  composées  par 
ies  professeurs  spéciaux  les  plus  dis- 
tingués, et  revues  par  une  commission. 
Ces  traités  ont  été  traduits  dans  toutes 
les  langues,  et  assurèrent  (sous  l'em- 
pire) la  suprématie  de  l'école  exécu- 
tante française  dans  toute  l'Europe. 
Alors  aussi  notre  école  musicale  bril- 
'  lait  de  tout  son  éclat  :  elle  avait  pour 
représentants  Gossec,  Catel,  Lesueur, 
Berton  et  Mébul. 

Les  concerts  du  Conservatoire  com- 
mencèrent dès  1801;  ils  n'avaient  lieu 
3u'à  de  rares  intervalles;  en  1804,  ils 
evinrent  réguliers.  «  Ils  avaient  pour 
but,  dit  M.  Miel,  de  donner  aux  études 
une  application  pratique,  en  façonnant 
les  élevés  à  l'exécution  de  la  belle  mu- 
sique dans  tous  les  genres,  ancienne 
et  moderne,  de  former  des  chefs  d'or- 
chestre et  de  fafre  débuter  les  princi- 
)aux  lauréats.  Chaque  élève  avait  un 
/eton  de  présence.  Les  frais  prélevés, 
es  bénéfices  étaient  placés  pour  venir 
au  secours  des  musiciens  pauvres  ou 
infirmes ,  de  leurs  veuves  et  de  leurs 
orphelins.  L'institution  a  été  main- 
tenue jusqu'au  changement  survenu 
en  1814. » 

En  1828,  les  concerts  furent  repris, 
non  plus  par  le  Conservatoire,  mais 
par  une  société  d'artistes  composée  de 
professeurs  et  d'élèves  de  cet  établisse- 
ment, sous  la  direction  de  M.  Habo- 
neck  aîné.  Cet  orchestre,  inimitable 
pour  sa  précision,  son  aplomb,  son 
goût,  son  ensemble,  sa  vigueur,  est 
arrivé  au  plus  haut  degré  de  renom- 
mée; rien  au  monde,  en  Allemagne 
même,  ne  peut  lui  être  comparé,  et 
cela  de  l'aveu  même  des  étrangers. 
Cependant  la  société  des  concerts  et  le 
Conservatoire  sont  dans  une  fausse 
voie,  et  il  ^aut  le  dire.  Le  Conserva- 


toire fait  des  machines,  mais  nonpia 
des, artistes;  tout  y^  est  sacrifié  au  mé- 
canisme, au  matériel  de  l'art,  au  tour 
de  force,  à  la  difficulté  vaincue;  l'art 
y  est  presque  inconnu.  C'est  le  goût  de 
l'époque, dira-t-on.  Cela  est  vrai;  mais 
à. quoi  bon  un  Conservatoire  alors? à 
quoi  doit-il  servir,  si  ce  n'est  à  con- 
server les  saines  traditions  au  lieu  de 
céder  à  la  mode  et  au  mauvais  goût? 
Le  Conservatoire  n'est  plus  le  centre 
de  notre  école  française,  qui  se  perd 
ou  se  dénature  par  cela  même.  Ce  sont 
deux  vices  graves  et  qui  éclatent  dans 
les  concerts ,  où  la  musique  étrangère 
est  presque  seule  jouée. 

La  société  des  concerts  a  atteint  sod 
apogée  auant  à  l'exécution  ;  mais  elle  a 
en  elle  oes  vices  qui  doivent  être  signa- 
lés comme  étant  le  résultat  de  l'art  et 
du  mauvais  goût  de  l'époque.  Son  sys- 
tème de  location  exclut  entièrement  le 
public  (moins  soixante  places  sur  douze 
cents)  ;  la  mode  du  grand  monde  y  est 
toute-puissante;  et  c'est  ce  public  de 
salon  qui  a  accepté  le  genre  des  solos 
à  difficultés  vaincues.  Mais  le  reprocbe 
le  plus  grave  que  l'on  puisse  adresser 
à  cette  société,  c'est  d'avoir  employé  ses 
immenses  et  admirables  ressources  à 
ne  faire  connaître  que  la  musique  al- 
lemande. Pourquoi  donc  ce  privilése? 
Nous  ne  voulons  pas  exclure  Beetho- 
ven ,  mais  nous  croyons  que  nos  coffl* 
positeurs  français  '  ont  leur  valeur. 
D'ailleurs  l'invasion  de  la  musique  al- 
lemande est  parallèle  à  l'invasion  de 
la  littérature  allemande,  à  l'invasioA 
du  romantisme  germanique,  contem- 
poraine de  l'invasion  désarmée  étm* 
gères  ;  et  il  y  a  lieu  de  regretter  que 
l'établissement  fondé  par  la  ConveotioB 
pour  répandre  nos  chants  dans  lo 
camps  ennemis,  pour  centraliser noiR 
école  musicale,  ait  tellement  perdoee 
caractère,  qu'on  n'y  exécute  plus* 
musique  nationale,  et  que  ce  soit  in 
salon  aristocratique  et  une  succnrsriB 
du  Conservatoire  de  Vienne. 

Le  Conservatoire  a  repris  son  tllK 
en  1830;  il  a  encore  à  reprendre  soi 
ancienne  organisation, son  andeoHk; 
alors  seulement  il  répondra  à  làgrtfik 
pensée  qui  a  présidé  à  sa  créatioA. 


GON 


FRANCE. 


GON 


57T 


GONSEBYÀTOIBE  DES  ABTS  ET  MIB- 

TTEBS.  —  Le  célèbre  Vaucanson ,  qui 
légua  au  roi  la  collection  complète  de 
ses  machines ,  fut ,  en  1775 ,  le  premier 
fondateur  de  ce  bel  et  utile  établisse- 
ment, auquel  un  décret  du  19  vendé- 
miaire an  m  donna  un  commencement 
d'existence,  en  ordonnant  sa  création 
et  en  y  attachant  trois  démonstrateurs 
et  un  dessinateur,  aux  appointements 
annuels  de  quatre  mille  livres  chacun. 
Une  commission  ayant  été  chargée ,  en 
1795,  d'acheter  tous  les  objets  qu'elle 
reconnaîtrait  nécessaires   aux    arts, 
rhôtel  de  Mortagne,  où  étaient  réunis 
les  premiers,  devint  insuffisant  pour 
recevoir  les  nouveaux,  qui  se  trouvè- 
rent fort  nombreux.  Alors  le  gouver- 
nement ordonna  que  les  uns  et  les 
autres   seraient  transportés   à   Tan- 
cienne  abbaye  Saint-Martin  pour  y  être 
exposés  aux  yeux  du  public,  et  aug- 
mentés d'abord  de  plus  de  quatre  cents 
modèles,  qui   avaient  été  soumis  à 
Fexamen  de  l'Académie  des  sciences, 
et  se  trouvaient  oubliés  dans  un  gre- 
nier; ensuite,  de  toutes  les  machines, 
instruments  et  outils  à  l'usage  de  l'a- 
griculture et  des  arts  industriels  qui 
pourraient  être  inventés  plus  tard ,  et 
dont  l'étude  serait  reconnue  utile  au 
progrès  de  la  science.  Le  gouverne- 
ment ayant  fait  des  achats ,  et  insen- 
siblement les  mécaniciens  et  les  hommes 
industrieux  s'étant  habitués  à  ajouter 
à  la  collection  les  modèles  ou  les  des- 
sins dont  ils  étaient  les  créateurs, 
l'établissement,  auquel  on  avait  déjà 
donné  le  nom  de  Conservatoire  des  arts- 
et  métiers ,  prit  un  accroissement  ra- 
pide. Une  ordonnance  royale  du  16avril 
1817  créa  un  directeur  qu'elle  chargea 
de  l'administration,  un  inspecteur  géné- 
ral dont  les  fonctions  gratuites  devaient 
consister  dans  la  surveillance  de  tout  ce 
qui  concernait  l'établissement ,  et  plaça 
sous  les  ordres  de  ces  deux  fonction- 
naires un  nombre  suffisant  d'employés 
et  de  gardiens.  La  même  ordonnance 
institua  un  conseil  d'amélioration  et 
de  perfectionnement,  composé  de  l'ins- 
pecteur général,  du  directeur,  et  de 
six  autres  hommes  les  plus  versés  dans 
la  connaissance  des  sciences  et  des 


arts,  lesquels  devaient  assister  gratui- 
tement les  deux  premiers  de  leurs 
lumières.  En  1819,  une  ordonnance 
royale  accrut  l'importance  du  Conser- 
vatoire ,  en  y  créant  trois  cours  publics 
et  gratuits  des  sciences  applicables  à 
la  fabrication  et  à  l'industrie,  savoir  : 
un  cours  de  mécanique  appliquée  aux 
arts,  un  cours  de  chimie  aussi  appli- 
quée aux  arts,  et  un  cours  d'économie 
industrielle,  auxquels  fut  adjoint  un 
cours  de  géométrie  descriptive  et  de 
dessin ,  qui  prit  et  conserva  le  nom  de 
petite  école.  Le  conseil  de  perfection- 
nement vit  alors  étendre  le  cercle  de 
ses  attributions  et  accroître  le  nombre 
de  ses  membres ,  qui  fut  porté  à  dix- 
sept,  savoir:  V  l'mspecteur  général, 
le  directeur  ou  administrateur,  et  les 
trois  professeurs  des  cours,  membres 
perpétuels;  2**  six  membres  de  l'Aca- 
démie des  sciences  ;  8*  six  manufactu- 
riers, négociants  ou  agriculteurs.  Les 
membres  composant  ces  deux  dernières 
séries,  dont  les  fonctions  étaient  gra- 
tuites, étaient  renouvelés  par  tiers  tous 
les  trois  ans.  Ce  conseil,  qui  devait 
s'assembler  au  moins  tous  les  trois 
mois ,  avait  pour  attribution  la  recher- 
che et  la  proposition  au  ministre  de 
l'intérieur  de  tout  ce  qui  pouvait  aider 
à  l'accroissfement  et  à  la  prospérité  du 
Conservatoire.  Uti  conseil  dit  d'admi- 
nistration, qui  devait  se  réunir  au 
moins  tous  les  quinze  jours,  et  com- 
posé de  l'inspecteur  général,  du  dirfsc- 
teur  et  des  trois  professeurs ,  fut  chargé 
des  affaires  d'exécution  et  de  détail, 
avec  le  droit  de  provoquer  l'attention 
du  conseil  de  perfectionnement  sur  tout 
ce  qu'il  croyait  utile  à  l'établissement. 
Enfin ,  douze  bourses  de  mille  francs 
chacune  furent  créées  en  faveur  de 
douze  jeunes  gens  peu  fortunés  ayant 
de  l'aptitude  pour  les  arts  et  les  sciences 
industrielles.  Le  duc  de  la  Rochefou- 
cauld fut  dépouillé,  par  une  ordonnance 
du  14  juillet  1828,  de  toutes  les  fonc- 
tions gratuites  qu'il  remplissait,  et  no- 
tamment de  celle  d'inspecteur  général 
du  Conservatoire,  où  il  ne  fut  point  rem- 
placé. Les  devoirs  du  directeur  s'étant 
alors  accrus  de  ceux  de  l'inspecteur,  on 
lui  adjoignit  pour  le  seconder  un  sous- 


T.  V.  87*  JJvraisan.  (Dict.  engygl.  ,  btc) 


37 


^7» 


f»5 


L'ÇI^IYlftS. 


«m 


directeur.  P^r  ordpaiiance  da  ?1  août 
1828,  ce  directeur  pbtint  entrée  au 
conseil  de  perfectfonnemeot,  sous  la 
surveillance  duquel  furenf  placées  les 
écoles  royales  d'arts  et  métiers ,  et  dont 
le  sous-directeur  devint  le  secrétaire. 

Jusque-là,  le  Conservatoire  p'avaif 
oi^vert  au  public  que  les  trois  courç 
dont  nous  avons  parlé.  Un  quatrième, 
exclusivement  destiné  à  rexplication 
des  machines,  fut  institué  par  ordon- 
nance royale  du  6  poai  1829.  Enfin, 
six  nouveaux  cours  paiement  gratuits 
^t  publics  furent  créés  par  ordonnances 
des  26  septembre  et  13  novembre  1839. 
Le  norppi'e  des  professeurs  s'élevant 
alors  à  dix ,  une  ordonnance  du  24  fé- 
vrier 1840  composa  de  leur  ensemble 
le  conseil  de  perfectionnement,  à  Tex- 
clusion  de  toute  personne  étrangère  à 
l'établissement,  et  lui  retira  Tactioii 
qu'il  avait  depuis  l'ordonnance  d'août 
1828  sur  les  écoles  d'arts  et  métiers. 
Un  des  professeurs,  désigné  par  le  mi- 
nistre de  l'agriculture  et  pUcé  sous 
ses  ordres,  fut  charsé  des  soins  de 
f  administration ,  à  la  pïacedu  directeur 
qui  se  trouva  supprimé. 

Telle  est  Inorganisation  actuelle  du 
Conservatoire.  Nous  n'entrerons  dans 
aucun  détail  sur  les  richesses  scientiû- 
gues  que  les  soins  du  gouvernement  et 
le  zèle  des  particuliers  ont  réunies  dap$ 
cet  établissement^  90iis  dirons  seule- 

3 lent  qu'Qi^  v  trouye  des  modèles  ou 
es  dessins  de  tout  ce  que  les  hommes 
ont  imaginé  pour  amuter  à  leurs  forces 
et  les  a^der  (fans  leurs  travaux,  soit 
agricoles,  soit  industriels,  depuis  le$ 
plus  laborieux  iusqu'àux  plus  délicats. 
Les  cours  publics  et  gratuits  ouverts 
au  Conservatoire,  au  nombre  de  dix, 
comme  nous  l'avons  dit ,  sont  lies  sui- 
vants ;  chimie  ap{|liquée  aux  arts;  géo- 
métrie et  ^canique  appliquées  em^ 
arts;  économie  industrielle;  physique 
çt  démonstration  des  machines  ;  agri- 
culture, premier  cours;  agriculture, 
deuxième  cours;  mécanique  indus- 
trielle; géof[nétrie  descriptive;  législa- 
tion iadustrielle  ;  chimie  appliquée.  Les 
cours  de  la  petite  école  sont  ceux  qui 
suivent  :  géométrie  descriptive;  dessin 
de;»  maclunes  ;  desûn  de  la  figura.  Tous 


lesi  ans,  des  affîctie^  apposées  iostnii- 
sent  le  public  du  jour  de  l'ouvertme 
dès  cours  et  du  nom  des  professeon 
oui  les  feront.  Pour  être  admis  à  çeoi 
de  la  petite  école,  il  |aut  avoir  qua- 
torze ans  et  savoir  l'arithniétique. 

A  la  collection  de  machiaes^  ço  est 
jointe  une  autre  d'environ  YÎQgt  plk 
volumes  propres  aux  études  des  indiii- 
triels,  des  fabricants  et  de$  artistes, 
recueillis  tant  en  France  qq'à  rétraii; 
ger,  et  formant  une  bibliotnèque  publi- 
que, dont  M.  Godard,  aujourd'huilii- 
bliothécaire  adjoint ,  a  eu  la  belle  et 
grande  idée  de  faire  )e  centre  de  \f 
science  en  tout  ce  qui  concerne  la  spé- 
cialité du  Conservatoire. 

CoNsoAANrfil,  anciens  habitantsili 
Conserans.  Voyez  ce  mot. 

C0NSPIBA.T10NS.  —  Les  plus  célè- 
bres conspirations  tramées  ea  Fraux 
sont  ;  la  conspiration  de  McMarii 

{>révdt  des  marchands ,  qui ,  peadant 
a  captivité  de  Jean ,  essaya  de  livra 
Paris  à  Charles  le  Mauvais,  roi  M 
r^avarre  ;  la  conspiration  du  connéiar 
ble  de  Bomboni  qui  voulut  déoeii' 
brer  la  France  avec  l'aide  de  Charles; 
Quint;  la  conspiration  des  $e\;sfi,^ 
tentèrent  de  substituer  à  laotaisoo^ 
Valois  la  race  des  Guises ,  et  appeler 
i  rent  à  leur  secours  Içs  Espagnols;  b 
çoasplration  ùe  JacqmsXUmed,^ 
assassina  Henri  ïll;  )a  çoospiratiij> 
du  wjaréchal  de  Biro^,  qui,  a^ 
avoir  combattu  avec  courage  ^^ 
ver  Henri  ÎV  sur  le  trune,  s'cffoÇ 
de  lui  arracher  la  couronne  ^  ser 
guant  avec  les  Espagnols;  les  cooS' 
pirations  de  Jean  cSàtelj  qoi  ^ 
ce  prince,  eideBavaillaaq^i^^ 
La  féodalité,  ^étruitf  par  EicbM 
amena  à  Paris  une  louk  de  now 
qui  se  jetèrent  dans  un  eraod  oo(# 
de  conspirations  )  do^t  te  but  était  1^ 
mort  di^  cardinal^  les  plus  çoP** 
parmi  l«s  conspirateurs  oe  pette^ 
que  furent  Gaston  cTOrléaM,  W 
de  Louis  XUI ,  qui  fut  UQ  Otodèb  J 
lâclieté  et  d'insolence,  le  co»i^^ 
Chalak,  Cinq-Mars^ixmqWJllW^ 
le  d^  de  Montmarevfiif^  V^r^\ 
tcius  décapitésf.  Sous  Louis  XlYif 
^Qbless^,  ^^  haùtuéç  w  ((WfV* 


ceN 


FRANCE. 


ÛÙV 


579 


ment  absolu ,  se  livra  à  tout  les  plai* 
sirs  de  la  cour  et  ne  songea  pas  à  cons* 
pirer.  Seulement,  le  due  de  Rohan 
essaya  de  souierer  la  Normandie  avec 
Taide  d'une  flotte  hollandaise  ;  sous  le 
régent,  des  débauchés  de  cour  et  leurs 
maîtresses  se  mêlèrent  aussi  de  cons- 
piration, et  conçurent  la  pensée  d'ap- 
peler  l'Espagnol    en    France;    sous 
Louis  XV,  on  conspira  contre  les  Jours 
du  roi;  sous  Louis  XVI ,  il  se  nt  un 
grand  nombre  de  conspirations,  ou 
plutât  on  vit  à  chaq[ue  instajit  éclater 
le  sentiment  populaire  qui  %tait  hos- 
tile à  là   monarchie.    Cependant   la 
journée  du  10  août,  qui  renversa  la 
royauté ,  paraît  avoir  été  le  résultat 
d'une  conspiration  habilement  combi- 
née ;  de  son  côté  la  royauté  ne  s'était 
pas  fait  faute  de  conspirer  contre  la 
nation.  Sous  la  Convention,  il  n'y  eut 
oue  la  conspiration  des  girondins,  qui 
lut  plutôt  un  système  avoué  d'opposi- 
tion à  l'esprit  des  montagnards;  sous 
le  Directoire,  il  se  fit  une  dangereuse 
conspiration ,  celle  de  Babeuf ,  et  plu- 
sieurs insignifiantes  \  sous  le  consulat 
eut  lieu  la  conspiration  dont  le  résul- 
tat fut  Texplosion  de  la  machine  puis 
celles  de  Moreau  et  Pichegru,  de 
George  Cadoudal ,  de  Ceracchi  et 
d'Jrena,  La  conspiration  du  général 
Mollet  fut   la  seule  oui  éclata  sous 
l'empire.  Le  mépris  et  la  haine  qu'ins- 

Î lirait  un  gouvernement  imposé  par 
'étranger  devaient  nécessairement  pro- 
duire, sous  la  restauration ,  un  grand 
nombre  de  conspirations.  Les  plus 
importantes  furent  les  complots  de 
Orenoble,  de  Béfort^  de  Saurmty  de 
Paris,  de  la  RocheUe.  Dans  la  répres- 
sion de  toutes  ces  tentatives ,  le  pou- 
voir, après  avoir  perfidement  exploité 
la  lâcheté  de  quelques  conjurés ,  se 
montra  inutilement  cruel.  La  franc- 
maçonnerie  et  le  carbonarisme  de- 
vinrent ensuite  des  conspirations  per- 
manentes jusqu'aux  journées  de  juillet 
1830  oui  cettç  fois  ce  fut  le  pouvoir 
royal  qui  fut  puni  pour  avoir  conspiré 
contre  le  pacte  fondamental.  Depuis 
cette  époque  plus  d'une  conspiratioiv 
a  éclate  cont];|B  le  gouvernement;  mais 
le  souvenir  en  est  encore  trop  réoent 


pour  qu'il  soit  nécessaire  de  les  énu- 
mérer  ici. 

CONSTÀNGB  •  ChLOBB  OU  CONS- 
TANCE I"  (Flavîus-Valérius),  empci- 
reur  romain ,  né  dans  la  haute  Mesie 
vers  l'an  250,  fut  nommé  César  en  292 
par  Dioclétien ,  qu'il  avait  aidé  à  re- 
pousser une  irruption  des  Sarmates. 
Inquiétant  peut-être  l'empereur  par 
ses  vertus,  il  reçut  pour  département 
les  Gaules ,  l'Espagne  et  la  Grande- 
Bretagne,  où  il  eut  deux  ennemis  à 
combattre,  Carausius ,  usurpateur  de 
la  Grande-Bretagne,  et  les  Francs  qui 
s'étaient  emparés  du  pays  des  Bataves. 
Il  reprit  au  premier  ta  ville  de  Boulo- 
gne ;  les  seconds ,  forcés  de  se  rendre 
à  discrétion  et  d'abandonner  leurcon- 
.quéte,  furent  dispersés  dans  diverses 
contrées  de  la  Gaule.  Vers  le  même 
temps,  Constance  releva  Autun,  ren- 
versée vingt-cinq  ans  auparavant  par 
les  Bagattaes,  A  l'abdication  de  Dio- 
clétien ,  en  305  ,  il  parvint  à  l'empire 
avec  Galère-Maximien  et  conserva  son 
ancien  département.  Après  avoir  rem- 
porté plusieurs  victoires  sur  Carau- 
sius et  les  Germains,  il  porta  ses  ar- 
mes dans  la  Bretagne ,  et  mourut  en 
306  à  York  {Eboracum),  laissant  plu- 
sieurs enfants,  dont  le  plus  célèbre  est 
Constantin  le  Grand,  qu'il  avait  eu 
d'Hélène,  fille  d'un  hôtelier,  sa  femme 
légitime  ou  sa  concubine ,  et  qui  lui 
succéda.  Constance  était  doux,  juste, 
tolérant  pour  les  chrétiens ,  et  si  pau- 
vre qu'il  était  obligé  d'emprunter  de 
l'argenterie  pour  le  service  de  sa 
table. 

Constance,  filf^  de  Guillaume  V, 
comte  d'Arles,  surnommée  Blanche 
ou  Canckde  à  cause  de  la  blancheur 
de  son  teint,  épousa,  en  998,  le  roi  de 
France,  Robert,  que  le  pape  avait,  sous 
prétexte  de  parenté ,  contraint  de  se 
séparer  de  Berthe  sa  première  femme. 
Constance  apportait  à  la  cour  d'un 
roi  bigot  et  complètement  dominé 
par  les  prêtres,  l'élégance,  la  cul- 
ture et  tes  mœurs  faciles  du  Midi , 
déjà  en  réaction  contre  la  rigidité  du 
christianisme  du  Nord  ;  aussi  a-t-elle 
été  traitée  sévèrement  par  les  histo- 
riens du  temps,  tous  ecclésiastiques, 

37, 


680 


GON 


LUNIVERS, 


€ON 


et  s'inquiétant  bien  plus  de  ce  qu'ils 
nommaient  la  licence  de  sa  cour  que 
du  développement  littéraire  apporté 

Sar  Constance ,  développement  dont, 
u  reste,  le  temps  n'était  pas  encore 
venu.  Constance  amenait  avec  elle  de 
Provence  des  poètes  et  des  trouba- 
dours, et  c'est  d'eux,  aussi  bien  que  des 
courtisans  qui  composaient  sa  3uite, 
que  l'historien  Glaber  a  dit  :  «  On  vit 
a  la  France  inondée  d'une  nouvelle 
«  espèce  de  gens,  les  plus  vains  et  les 
«  plus  légers  de  tous  les  hommes.  Leur 
«  façon  de  vivre,  leur  habillement,  leur 
«  armure ,  les  harnais  de  leurs  che- 
a  vaux  étaient  également  bizarres  ; 
c  vrais  histrions,  dont  le  menton  rasé, 
«  les  hauts^de-'chausses  ,  les  bottines 
c  ridicules  et  tout  l'extérieur  mal  com- 
•  posé  annonçaient  le  dérèglement  de 
«  rame.»  Est-il  besoin  de  chercher  bien 
loin  la  cause  de  la  haine  des  historiens 
pour  Constance?  Cette  cause  n'est-elie 
pas  sufÇsamment  expliquée  par  l'an- 
tique et  éternelle  haine  de  la  barbarie 
pour  la  civilisation 9. du  Nord  pour  le 
Midi?  et  ne  faut-il  pas  en  rabattre 
beaucoup  sur  les  vices  généralement 
attribués  à  Constance  ?  Altière  et  dé- 
daigneuse ,  elle  domina  son  faible 
époux,  qui  eût  fait  sans  doute  un  bon 
moine,  mais  qui  était  un  pitoyable 
monarque.  Il  avait  peur  d'elle;  il  la 
baissait  de  tout  l'amour  qu'il  avait 
pourBerthe,  qu'on  l'avait  forcé  de 
répudier,  et  dont  il  essaya  même  de 
faire  réhabiliter  le  mariage.  Cons- 
tance voyait  tout  cela  ;  elle  avait  pour 
ennemi  Hugues  de  Beauvoir,  favori  de 
B.obert  ;  elle  eut  l'aBdace  de  le  faire 
assassiner  sous  les  yeux  mêmes  de  son 
mari ,  et  nulle  raison  ne  peut  l'absou- 
dre du  reproche  de  cruauté ,  si  le  fait 
est  exact,  aussi  bien  que  celui  des  per- 
fiécutions  qu'elle  exerça  contre  d'obs- 
curs hérétiques  descendants  des  an- 
ciens manichéens.  On  raconte  que  son 
confesseur  s'étant  trouvé  par  nasard 

Î^armi  les  condamnés ,  elle  lui  creva 
es  yeux  de  ses  propres  mains;  acte 
que  rend  à  peine  croyable  la  plus  fa- 
natique dévotion  et  l'emportement 
d'une  nature  méridionale.  Constance 
fut,  dit-on  encore,  mauvaise  mère  ;  et, 


de  ses  quatre  fils,  elle  n'en  aimaqifnii 
seul ,  auquel  elle  voulut  assarer  b 
couronne,  au  détriment  de  ses  deux 
frères  aînés.  Il  n'y  avait  peut-être,  ao 
fond  de  toute  cette  haine,  qu'une  am- 
bition qu'elle  comptait  pouvoir  con- 
tenter avec  ce  jeune  prince,  doué  d'un 
caractère  plus  faible  que  ses  frères. 
Elle  souleva  en  sa  faveur  une  partie 
du  royaume  après  la  mort  de  Robert, 
qui  arriva  en  1031;  mais,  vaincue  et 
obligée  de  rendre  plusieurs  places  dont 
elle  s'était  emparée ,  elle  mourut  de 
chagrin  eif  1032. 

Constance  (bataille  et  prise  de). 
L'armée  du  Danube  ayant  vaincu  les 
Russes  dans  la  longue  bataille  de  Zu- 
rich, la  division  Gazan,  renforcée  de 
deux  régiments  de  cavalerie,  reçut 
ordre  d'attaquer ,  le  7  octobre  17^, 
un  corps  considérable  de  Russes  et 
d'émigrés  campés  en  avant  de  Coos- 
tance.  Le  prince  de  Condé  commao- 
dait  en  personne  ;  l'affaire  Ait  très- 
vive.  L'aile  gauche,  aux  ordres  du  due 
d'Enghien,  eut  d'abord  quelque  avaih 
tage;  mais  elle  fut  repoussee  dans  h 
ville  par  des  forces  supérieures.  Le 
général  Bauer,  commandant  la  droite, 
se  trouva  coupé  avec  une  partie  de  sa 
cavalerie;  il  se  fit  jour  ,  rentra  dam 
la  ville,  s'empara  du  pont  du  Rhin,  et 
couvrit  ainsi  la  retraite.  Trois  fois 
dans  cette  même  journée ,  la  ville  de 
Constance  fut  prise  et  reprise  ;  de  part 
et  d'autre  on  combattit  avec  une  ^ 
valeur.  Cependant,  à  la  dernière  atta- 
que ,  les  troupes  du  général  Gazai 
poussèrent  leurs  ennemis  avec  tant  de 
vigueur,  qu'ils  entrèrent  dans  la  rk 

Eêle-méle  avec  les  vaincus.  U  était  dix 
eures  du  soir;  on  se  battit  avec 
acharnement  dans  les  rues ,  et  les  ré- 
publicains arrivèrent  au  pont  du  Rhin 
avant  leurs  ennemis  :  tous  les  émigrés 

?[ui  se  trouvèrent  alors  dans  la  ville 
urent  prisonniers.  Le  prince  de  Goodé 
et  le  cluc  d'Enghien  ne  se  sauvèrent 
qu'à  la  faveur  de  la  nuit  ;  le  général 
français  Vauborel,  émigré,  fut  tué. 

—  Les  Autrichiens,  vaincus  par  Mo* 
rQ^u ,  au  printemps  de  IdOO ,  avaient 
encore  sur  le  lac  de  Coivstanoe  une 
flottille  de   chaloupes   canonnièies, 


j 


i 


coir 


FRANCE. 


CON 


681 


commandée  par  le  capitaine  anslais 
Williams.  Le  11  avril,  la  flottille  fran- 

Saise  se  dirigea  sur  Bregentz,  et  y  prit 
ix-sept  canonnières  désarmées;  le  ca- 
pitaine, Williams  quitta  bientôt  le  lac 
de  Constance,  aussi  honteusement 
qu'auparayant  il  avait  quitté  celui  de 
Zurich ,  en  coulant  bas  ses  chaloupes 
sans  coup  férir,  et  en  se  sauvant  par 
terre. 

Constant  de  Rebecque*  (Henri- 
Seniamin),  le  plus  spirituel,  le  plus 
ingénieux  et  le  plus  fécond ,  sinon  le 
plus  grand  des  orateurs  de  la  restau- 
ration, et,  sans  contredit,  le  publicîste 
le  plus  distingué  de  notre  siècle. 
Comme  romancier ,  sa  place  est  mar- 
quée à  côté  des  meilleurs  observa- 
teurs du  cœur  humain  ;  comme  érudit, 
il  a  enrichi  notre  littérature  d'un  livre 
solide  et  profond  ;  enfm  il  a  laissé 
dans  la  critique  des  œuvres  de  l'esprit 
une  trace  lumineuse  que  n'ont  encore 
effacée  ni  le  temps,  ni  les  travaux 
plus  ambitieux  que  durables  de  ceux 
qui  ont  prétendu  fonder  chez  nous 
une  nouvelle  esthétique.  A  tant  de  ti- 
tres ,  cet  homme  naérjterait  de  remplir 
de  longues  pages  dans  le  tableau  des 
gloires  de  la  France  ;  mais  le  cadre 
étroit  oii  nous  sommes  enfermés  ne 
nous  permet  de  reproduire  ici  que 
quelques-uns  des  traits  de  son  existence 
isi  utile  et  si  laborieuse. 

Benjamin  Constant  naquit  à  Lau- 
sanne, le  25  octobre  1767,  de  parents 
d'origine  française.  Il  appartenait  à 
l'une  de  ces  ramilles  qui  avaient  fui 
devant  les  persécutions  religieuses  du 
règne  de  Louis  XIV.  Son  père  était 
colonel  d'un  régiment  suisse  au  service 
de  la  Hollande.  Homme  de  goût  et  de 
savoir ,  il  prit  un  grand  soin  de  l'édu- 
cation de  son  fils.  Après  les  premières 
études,  faites  sous  les  yeux  mêmes  de 
son  père ,  Benjamin  fut  placé  d'abord 
à  l'université  d'Oxford ,  où  ses  succès 
furent  médiocres  à  cause-  de  son  ex- 
trême jeunesse ,  puis  à  Erlang ,  où  il 
commença  à  prendre  le  goût  du  tra- 
vail ;  enfin,  à  Edimbourg,  où  il  se  dis- 
tingua parmi  les  jeunes  gens  les  plus 
renommés  pour  leur  zèle  et  pour  les 
talents  dont  le  germe  se  développait 


déjà  en  eux,  Mackintosh,  Laïng,  Wilde, 
Graham,  Erskine. 

Ses  études  achevées,  il  vint  à  Paris, 
où  il  se  lia  avec  quelques-uns  des 
beaux  esprits  du  temps.  Il  logeait 
chez  Sicard ,  et  Sicard  recevait  chez 
lui  Morellet,  la  Harpe,  Marmontel, 
presque  tous  les  académiciens  philoso- 
phes. Une  place  que  son  père  avait 
obtenue  pour  lui  à  Brunswick  lui  fit 
quitter  la  France  avant  que  la  révolu- 
tion eût  éclaté;  il  n'y  revint  qu'en 
1797.  Ce  fut  alors  qu'il  réclama  et  ob- 
tint, en  qualité  de  fils  de  religionnaire, 
le  titre  de  citoyen  français,  et  que 
commença  pour  lui  la  vie  littéraire  et 
politique.  Sa  brochure  De  la  force 
du  gouvernement  actuel  de  la  France,- 
et  delà  nécessité  de  s'y  rallier  y  le  mit 
en  rapport  avec  Chénier,  Daunou, 
Louvet,  et  les  plus  sincères  amis  de 
la  liberté.  Il  montra  ensuitq,  dans 
deux  autres  ouvrages ,  les  RéacUons 
politiques j  et  les  Effets  de  la  terreur, 
que  les  persécutions  ne  font  jamais 
qu'envenimer  et) éterniser  les  haines, 
et  qu'elles  vont  inévitablement  contre 
le  but  qu'elles  se  proposent  d'atteindre. 
La  modération  de  son  caractère  de- 
vait naturellement  le  placer  entre  les 
Eartis  extrêmes  ;  il  fut  un  des  mem- 
res  les  plus  influents  du  club  de 
Salm',  qui,  placé  entre  le  club  contre- 
révolutionnaire  de  Clichy  et  le  parti 
démocratique ,  luttait  à  la  fois  et  con- 
tre les  royalistes  et  contre  ce  qui  res- 
tait des  anciens  montagnards. 

Après  le  18  brumaire.  Benjamin 
Constant  fut  appelé  au  tribunat  par 
le  premier  consul;  Mais  loin  que  cette 
faveur  lui  eût  ôté  son  indépendance, 
il  ne  profita  de  sa  position  que  pour 
faire  entendre  au  pouvoir  les  vérités 
qu'il  croyait  utiles ,  et  il  mérita  l'in- 
signe honneur  d'être  évincé  du  tribu- 
nat, avec  les  Chénier,  les  Cabanis ,  les 
Daunou,  les  Ginguené,  les  Andrieux, 
toute  l'indépendance  et  toute  la  gloire 
de  ce  conseil  législatif.  Plus  tard ,  il 
reçut ,  comme  son  illustre  amie ,  ma- 
dame de  Staël ,  l'ordre  de  quitter  [la 
France.  Il  se  retira  en  Allemagne,  et 
habita  successivement  Weimar,  puis 
Gœttingue. 


m 


cov 


L'UNIVERS. 


cev 


Ce  fbt  durant  cet  ekW  qu'il  écrivit 
Adolphe,  CécUe.  créations  iiupéris* 
sabies,  parce  quelles  sont  vraies  «  et 
que  l'auteur  les  a  tirées ,  non  pas  (Je 
son  imagitiatiott  s  Biais  de  sa  vie  et  de 
son  cœur,  et  où  le  charme  des  détails 
et  la  maffia  du  style  compensent  am- 
plement le  défaut  de  ce  qu'on  appelle 
l'action;  ce  fut  alors  aussi  qu'il  ter- 
mina l'ouvrage  qui  avait  été  la  pensée 
de  toute  sa  vie,  puisqu'il  dit  lui-même 
que  dès  l'âge  de  dix-neuf  ans  il  avait 
conçu  quelque  chose  d'analogue  :  De 
la  reUgion,  considérée  datiB  sa  source ^ 
ses  formes  et  ses  développements. 
Quelques  autres  productions  plus  lé- 
gères, et  des  études  dans  toutes  les 
Branches  de  la  philosophie  et  de  la 
littérature )  occupèrent  le  reste  de  ses 
loisirs. 

A  la  première  restauration,  il  fut 
séduit  comme  tant  d'autres  par  l'espoir 
de  voir  enfin  renaître  la  liberté  ;  mais 
bientôt  ses  illusions  disparurent,  et 

Suand  Napoléon,  se  disant  guéri  du  * 
espotisme,  revint  s'asseoir  sur  le 
trdne,  Benjamin  Constant  ne  crut  pas 
trahir  la  cause  sacrée  à  laquelle  il 
avait  dévoué  sa  vie,  en  acceptant  une 
place  dans  le  conseil  d'Ëtat.  Il  se  ré- 
fugia en  Angleterre  pendant  la  réac- 
tion sanglante  qu'on  a  appelée  la  ter- 
reur blanche.  A  son  retour  »  U  publia 
son  traité  De  la  doctrine  politique  ^ 
et  remplit  de  ses  articles  les  journaux 
libéraux  du  temps.  Pendant  quinze 
ans ,  on  vit  ce  noble  athlète  de  la  li* 
berté  ^  à  la  tête  de  l'opposition  de  la 
presse,  toujours  Intrépide,  toujours 
sur  la  brèche,  ferme  dans  sa  foi  a  l'a* 
venir,  braver  les  invectives,  les  calom- 
nies, les  amertumes  dont  on  l'abreuvait 
sahs  cesse ,  et  consumer  sa  vie  dans 
une  lutte  qui  ne  finira  peut-être  ja- 
mais :  la  lutte  du  droit  imprescripti- 
ble contre  le  fait  brutal  et  écrasant. 

Élu  député,  il  se  montra  à  la  tribune 
ce  qu'il  était  dans  la  presse ,  le  plus 
infatigable  adversaire  des  abus  de  tout 
genre.  £n  butte  à  mille  tracasseries 
ae  la  jiart  du  pouvoir  «  il  se  concilia 
y  du  moins  dans  ta  nation  les  plus  vives 
sympathies  ;  et  plus  d'une  fois  ses  ef- 
forts en  faveur  de  la  justice  y  et  ses 


attaques  contre  l'arbitraire  )  forait 
couronnés  d'un  plein  succès  :  il  eut  la 
gloire  et  le  bonheur  d'arracher  à  la 
mort  tin  Innocent,  Wilfrid  Kégnauit. 
Mais  les  forces  de  son  corps  s'usaient 
dans  un  métier  si  rude ,  et  bientôt  il 
ne  resta  plus  de  lui  qu'une  sorte  de 
cadavre  qu'animait  seule  sa  belle  et 
vaste  intelligence.  Il  sortait  à  j^eine 
des  mains  du  chirurgien,  quand  il  re- 
çut la  lettre  de  la  Fayette  qui  Tinvi- 
tait  à  apporter  sa  tête  à  l'enjeu  del> 
révolution  de  1830.  On  sait  la  part 
qu'il  prit  à  ces  événements  glorieux; 
mais  il  ne  survécut  pas  longtemps  â 
ce  qu'il  croyait  le  triomphe  déGoitif 
de  la  liberté.  Il  mourut  trop  tard  en- 
core, car  il  mourut  désenchanté  de  ce 
rêve,  rejeté  dans  l'opposition  par  les 
fautes  du  pouvoir,  et  désespérant  à  a 
dernière  heure  d'une  cause  dont  il 
n'avait  jamais  désespéré,  même  durant 
les  plus  sombres  jours  de  sa  noble  rie. 
Il  expira  le  8  décembre  1830. 

Constantin  II  (Claudius  Ftama 
JuUus  Constantinus) ,  fils  aîné  do 
grand  Constantin  et  de  Fausta^nél 
Arles,  en  316,  fut  nommé  césar eo 
317,  et  proclamé  auguste  en  337,  ayant 
reçu  pour  sa  part  de  l'héritage  pater- 
nel les  Gaules,  l'Espagne,  et  b 
Grande-Bretagne.  Mécontent  de  soo 
lot ,  il  passa  les  Alpes  à  la  tête  d'une 
armée ,  alla  attaquer  son  frère  Cons- 
tant ,  fut  défait  et  périt  dans  uneeiB- 
buscade  près  d'Aquilée ,  à  Tâge  de 
vingt-quatre  ans. 

Constantin  III,  usurpateur  qœ 
régna  quatre  ans  en  Gaule  «  nW 
que  simple  soldat  avant  d'être  pro- 
damé  empereur;  les  légions  roffls* 
nés  cantonnées  dans  la  Grande•Sr^ 
tagne,  estimant  sa  bravoure  et  phB 
encore  son  nom ,  qui  leur  f^Pr^^ 
des  souvenirs  de  gloire ,  le  revcure» 
de  la  pourpre  vers  Tan  407.  Il  ps^ 
ensuite  sur  le  continent,  battit  les  r 
néraui^qui  vinrent  à  sa  rencontrCiS 
s*établit  à  Arles.  D'abord  reconnu  (» 
toléré  par  fionorius,  il  ne  deffleo" 
cependant  pas  longtemps  paisible  pos; 
sesseur  de  sa  nouvelle  dignité,  iwg 
les  brillants  succès  qui  couroonèrv 
ses  premières  expéditions  etqttOMjOi 


CON 


FRANGE. 


CON 


58S 


fAt  vaillamment  secondé  par  Constant, 
l'aîné  de  ses  fils ,  qu'il  avait  nommé 
césar,  et  qui  se  rendit  maître  de  TEs- 
pasne.  En  411 ,  il  se  vit  assiégé  dans 
Arles  par*Gérontius ,  général  révolté 
contre  lui,  puis  par  Constance,  qu'Ho- 
norius  ei\yoyait  pour  reconquérir  la 
Gaule  sur  les  deux  usurpateurs  qui  se 
la  disputaient.  En  vain  son  maître  des 
milices ,  Edowig ,  accourut  des  bords 
du  Rhin  avec  un  secours  de  Francs 
etd'Alemans,  il  fut  contraint  de  se 
rendre  après  un  sié^e  de  quatre  mois, 
et  décapité  à  douze  lieues  cle  Ravennes, 
avec  Julien ,  seul  fils  qui  lui  restât , 
quoiqu'on  leur  eût  promis  la  vie  sauve 
et  que  Constantin  se  fût  fait  ordon- 
ner prêtre  avant  la  capitulation. 

Constantin  (  Abraham  ) ,  l'un  de 
nos  peintres  sur  porcelaine  les  plus 
distingués,  est  né  à  Genève  en  1785. 
Il  a  exécuté  sur  porcelaine,  l'Entrée 
de  Henri  IF  à  Paris,  d'après  Gérard; 
la  Fomarinay  d'après  Raphaël  :  il  a 
commencé  la  reproduction  des  fres' 
qites  du  Vatican,  et  il  continue  main- 
tenant ce  beau  travail.  Il  a  peint  aussi 
sur  'émail  le  Bélisa^e  et  la  Psyché  de 
Gérard,  les  portraits  de  la  reine  de 
Westphalie ,  du  prince  et  de  la  prin- 
cesse Eugène ,  des  rois  de  Rome , 
d'Espagne  et  de  Sicile ,  de  made- 
moiselle Mars,  de  Louis  XVIII  et 
d'Alexandre  P',  d'après  Gérard.  On 
peut  voir  au  musée  ae  Sèvres  les  œu- 
vres de  cet  artiste. 

Constantin  (Robert) ,  né  à  Caen 
dans  le  seizième  siècle ,  fut  l'élève  de 
Jules  César  Scaliger,  qui,  en  mourant, 


le  chargea  de  {publier  quelques  ouvra- 
ges q^'il  laissait  imparfaits.  Constan- 
tin passa  ensuite  en  Allemagne,  où  il 
fréquenta  les  écoles  les  plus  célèbres. 
De  retour  à  Caen,  il  se  fit  recevoir 
docteur  en  médecine  en  1564,  et  donna 
des  leçons  publiques  et  particulières 
de  langue  grecque.  On  l'accusa  de  lais- 
ser percer  dans  ses  explications  du 
Nouveau  Testament  des  opinions  fa- 
vorables au  protestantisme;  il  en  ré- 
sulta pour  lui  Quelques  désagréments, 
et  il  fut  forcé  ae  se  retirer  à  Montau- 
ban.  Il  y  exerça  quelque  temps  la 
médecine  ;  mais  bientôt  ne  s'y  croyant 
plus  en  sûreté ,  il  se  réfugia  en  Alle- 
magne, où  il  vécut  dans  la  misère 
iusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  27  décem- 
ore  1605.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  1°  Leadcon  grseco-latinum,  Ge- 
nève, Crispin,  1562,  2  vol.  in-folio; 
2*  Suppkmentum  lâtinœ  linguœ  seu 
Dictionarium  abstrusorum  vocabulO' 
runiy  Genève,  1573,  in-4®  ;  8"  A,  Corn. 
Celsi  de  ^e  medica  libri;  Sereni 
poema  médicinale  et  Remnii  pœma 
de  ponderibus  et  mensuris,  cum  an* 
notât. y  Lyon,  1549,  1664,  in-16; 
4°  Theophrasti  de  historia  planta- 
rum  cum  annotât,  /.  C.  ScaUgeri, 
Lyon,  1584,  in-4*;  5*  des  notes  sur 
Dioscoride;  6"*  Nomenclator  insi- 
gnium  scriptorum  quorum  libri  ex- 
tant  vel  manuscripU,  vel  impressi 
ex  bibUotheds  AngUœ  et  Gallim;  in^ 
dexque  totius  bibUoth.  atme  PandeC' 
tarum,  Conrad.  GemeH.  Paris,  1555, 
in-8^ 


/ 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


DES  ARTICLES 


CONTENUS    DANS    LE   CINQUli^IE    VOLUME, 


^9QQ* 


Charron  (Pierre).  t 

Qiarroux.  a 

Charroy  (Sébastien).  3 

Chars.  ibid. 

Chars  de  goerre.  ibid. 

Charte.  ibid. 

Charte  normande.  i)>id. 

Charl»-partie.  5 

Chartes.  ibid. 

Chartier  (Alain).  6 

Chartier  ÇG.).  Ibid. 

Chartier  (Jean).  7 

Chartier  (Ren^.  ibid. 

Chartrain.  ibid. 

Chanran'(J.  H.  S.).  8 

Chartre.  ibid. 

Chartres.  ibid. 

Chartres  (comtes  àe),  9 

Chartres  (monnaie  ae).  ibid. 

Chartres  (sièges  et  prises  de),  zo 
Chartreuse  (grande).  xi 

Cbarireux.  ibid. 

Chasies  (L.).  is 

Chasse.  *  i3 

Cbasselou^Laubat  (le  comte).  17 
Chasseneux  (Barthélemi  de),  ibid. 
Chasses  des  saints.  18 

Chasset  (le  comte  Charl.-Ant.)  1 9 
Chasseurs  à  obérai.  ao 

Chasseurs  à  cheval  de  ta  garde 

impériale.  ibid. 

Chasseurs  à  pied.  az 

Chasseurs  à  pied  de  la  garde 

impériale.  ibid. 

Chasseurs  d'Afrique.  ibid. 

Chassigner  (Jean-Baptiste),  ibid. 
Chastel  (P.-L.-A.).  a  a 

Chastelard.  a3 

Chastelard  (P.de  Boscoeel  de).ibid. 
ChaU  ibid. 

Chateaubriand  Qf.-kMe,  de),  ibid. 
Châteaobriant.  a9 

Châtcaubriant  (comtesse  de),  ibid. 
Chàteanbriant  (édit  de).  ibid. 
Châtcaubriant  (famille  de).  3o 
•Chàteaubriant  (traité  de),  ibid. 
Châteaubrnn  ( J.-B.  Vivien  de).  3  z 
Ctaâteau-Chinon.  3  a 

Château-Dauphin  (prise  de),  ibid. 
Château-da*Loir.  ibid. 

Châteaudun.  33 

Ghâteaudnn  (monnaie  de),  ibid. 
(J>âtean>Fremont.  34 

Château  •  Gaillard  -  d'Andely 

(sièges  du).  ibid. 

CÙteau-Gay.  ibid. 

Gbâtean-Giron.  35 

Château-Gontier.  ibid. 

Cbâtatn-LaiMloa.  ibid. 


Pages. 
Château'Landon  (monnaie  de).  3  5 
Château-l'Arc.  36 

Châteaulin.  ibid. 

Château-Meillant.  ibid. 

Chàteau-M  eillant  (luoim.  de),  ibid. 
Châteauneuf^.  ibid. 

Cbâteauneuf  (René  de  Rienxj.  ibid. 
Château-Neuf  au  val  de  Bar- 

gis.  37 

Château -Neuf   de   Bonafbs 

(monnaie  de).  ibid. 

Cbftteau-NeuF  de  Gadagne.  38 
Cbàteau-Neuf  de  Galaure.  ibid. 
Château-Neuf  le  Rouge.  ibid. 

Châteauneuf-Randon.  ibid. 

CbÂteauneuf-sor-Charente  ibid. 
Châteanneuf-sur-Cber.  ibid. 

CbAteaunenf-sur-Loire.  ibid. 

Châteauaeuf'Sor-Sarthe.  ibid 
Cbàteau-Poraen.  ibidv . 

Cbâleaa>Regnard.  39 

Cbftteau-Regnault.  ibid. 

Ch&teaa'Regnault(monn.  de). ibid. 
Cbâteau-Renaud/F.-L.-R.de).  ibid. 
Châteauroox.  4o 

Châteauroux  (monnaie  de).  4t 
CbAteaurottx(M.-A.|dudi.de).ibid. 
Château-Salins.  4  a 

Château-Thierry,  n  ibid. 

Château*Thierry(coinbat  de).ibid. 
Château>Villain.  43 

Château- Villain  (Monn.  de),  ibid. 
Châteaux  forts.  ibid. 

Châteigneraye  (la).  44 

Châteigneraye  (combat  de  la).ibid. 
Châtel  (Jean).  45 

Châtelain.  ibid. 

Châteldon.  ibid. 

Châtelet.  46 

Châtelet  (famille  du).  ibid. 

Cbâtellenie.  ibid. 

Châtetlerault.  47 

Châtellerault    (  décUratioD 

ibid. 

48 

ibid. 

ibid« 
5o 

ibid. 
5z 

ibid. 

ibid. 

ibid. 

ibid. 

ibid. 

ibid. 
5a 
54 


de). 
Chfttelux. 

Châielux  (maison  de). 
ChAlenois. 

Châlillon  (maison  de). 
Cbâlillon  (Nicolas  de). 
Châtillon  (combat  de). 
Cbâtillon-le-Duc. 
Cbâtillon-lez-Dombes. 
Châ  tillon-8ur-Dordogne« 
Châtillon-snr-Indre. 
Gbâlillon*sur-  Loing. 
ChâtilIon-sur-Mame. 
Cbâtillon-sur-Seine. 
ChâtUlon  (congrès  de). 
ChAtilion-sur-Sèrre, 


Pages. 

ChâtilIon-8n^8dm(éômbat  et 

prise  de).  55 
Châtre  (la).  56 
Châtres.  Jbid. 
Châtres  (monnaie  de).  ibid. 
Chauché  (combat  de).  ibid. 
Chaudes- Aiguës.  57 
Chaudet  (Antoine*I>enys).  ibid. 
Chaudronniers.  56 
Chaufieurs.  ibid. 
Chauliac  (Gui  de).  59 
Chaolieu  (Guill.  Amfryede).  Ibid. 
Chaumes.  60 
Chaulnes  (famille  de).  Ibid. 
Cbaumette  (Pierre-Gaspard).  61 
Chanmont  (famille  de).  6a 
Chaumont  (Charles  de).  ibid* 
Chaumont  (le  chevalier  de).  63 
Chanmont  (Denisoit  de).  ibid# 
Chanmont  en  Bassiçny.  ibid. 
Chanmont  (traité  de).  ibid. 
Chaumont  en  Vexin.  65 
Chanmont-sur-Loire.  66 
Chauny.  ibid. 
Chaussard  (Pierre*  J.-Bapt.).  ibid. 
Chaussées  de  Brunehaat.  ibid. 
Chansse-trape.  67 
Chanssier  (François).  ,  "'•  ibid. 
Chaussier  (Joseph).  ibid. 
Chanssiers.  Ibid. 
Chaussin.  ^.>:'^r--  68 
Chaussures.  ibii. 
Chauveau>Lagarde  (N.).  7» 
Chanvelin  (Germain-L.  de),  ibra. 
Chauvelin  (H.  P.).  71 
Chauvet.  ibid. 
Chavagnac.  7a 
Chavagnac  (Christophe  de),  ibid. 
Chavenaciers.  ibid. 
Chaves  (combat  et  capit.  de),  ibid. 
Cbavignv  (Théodore  de).  73 
Chaxal  (Antoine).  Ibid. 
Chebreiss  (bataille  de).  ibid. 
Chedel  (Quentin-Pierre).  74 
Chef  de  bataillon.  ibid. 
Chef  de  brigade.  75 
Chef  d'escadron.  ibid. 
Cheft  d'ordres  et  de  congré- 
gations, ibid. 
Cbelles.  76 
Chelles  (monnaies  de).  ibid. 
Chemillé.  ibid. 
Chemillé  (combats  de).  ibid. 
Cheminais  de  Montaign  (T.).  ibid. 
Chemineau  (Jean).  77 
Chemins.  ibadl 
Chemise.  90 
Chemnits  (eomhat  de).  91 
Ghenelaye  (la). 


M0 


TÀBLB  ALPHABETIQUE  DES  ABTICX.ES 


Cbcocraillet.  91 

Chënier  (Iaw»  de).  9a 

Cbénier  (Marie-Aodré  de),  thàd. 

Chénier  (Marie-ioeeph  de).  93 

Cbentlie*.  96 

Chcnnedollé  (Chulctde).  96 

CbeuoDceaax.  3|id. 

Chcppe  (la).  ibîd. 

Cher  (département'da).  îbid. 

Cherasco  (prise  de).  97 

Cherboarf.  iUd. 

Cherbourg  (iMgtê  de).  98 

CherdKl*  99 

ChercbMnoot  (iMfl  d«)«  Ifaid. 

Chénn  (Loais-Nic-Heori).  ibîd. 

Cbérisey  (Louis,  comte  de)>  ibid. 

Cbérpn  (Aag.-Athan.).  100 

Chéron  (ÉIisabvtl|.Sophie).  ibîd. 

Chéxvbin  (le  père).  ibid. 

Cbërubini  (M..L.-G.-Z.-S.).  ibid. 

Chervin  rWicplM).  aoz 

Chéry  (Pnilippe).  ma 

Chcsapeak  (combat  de).  io3 

Cbfftsé  (Robert).  io4 

CheTage(dfoitd«).  ibid. 

Cheval.  ibid. 

Cheralerie.  106 

Chevalerie  ^Ocdre*  de).  110 

Chevalerie  es  lois.  ibid. 

Chevalet.  ibid. 

Chevalier  (lacq.-Uais-Y.).  ibid. 
Chevalier  (JeaD-Gab.*àag.).  ibid. 

Chevalier  (tf.).  ibid. 

Chevau-légers.  .  «iz 

Chevecier  ou  Chefder.  1 1  a 

Chevelure.  ibid. 

Chevert  (François  de).  zi4 
Cheveras  (Jean  Lefébniede).ibid. 

Chevetain.  ii5 

Chevétrage.  ibid. 

Ch4vigny*lez-9«iiiiir.  ibid. 

Cheviller  (André).  ibid. 

Chevillard  (André).  ibid. 

Cbevillard  (Jean).  ibid. 

Chevillard  (Louis).  ibid. 

Chcvremont  (prise  de)*  ibid. 

Charrette.  ibid. 

Chevreul  (Michel-Eugène).  zx6 

Chevrense.  ibid. 
Cbevrense' (Marie  de  Bohan- 

Monthatoo,  dnohsise  dtt).  ibid. 

Chevriéres.  un 

Chevriec|(&iaiaifd»>.  ibid. 

Chevron.  ibid. 

Chèw  (la).  ibid 

Chesflry.  ibid. 

Cbézy  (AntoiM-LéoiMnl  d«).   zi^S 

Chiari  (combat  de).  ibid. 

Chiclana  (bataille  de).  ibid. 

Chicot  (M.).  1x9 

Chicojafan  (François).  ibid. 

Chi«q.  ibid. 

Chien  (chevaliers  du).  lau 

Chiffres.  ibid. 

Childebert  !«'.  m 
Childebert  I*'  (monnaie  de).    laa 

Childebert  U.  ibid. 

Childebert  il  (mQuiai»  de),  ibid. 

Childebert  III.  ibid. 

Childebert  ill  (monnaie  de),  ibid. 

aaid«bran4.  sa3 


Childéric  ï". 
Ghildéric  II. 
Childérie  II  (1 
Childéric  lit. 
ebilpéric  I«. 
Cbilpéric  II. 
Chinie. 
China rd  (Joseph) 


de). 


Riges. 
ia3 

"4 
ibid. 
îbid. 

ia5 
ibid. 

tȐ 

X2S 


Chine  (rapports  de  la  France 

avec  la).  x3o 

Chiniac  de  la  Bastide  (Math.),  ibid. 
Chinon.  ibid. 

Chioon  rétau  de).  ibid. 

Chinon  (monnaie  de).  x3z 

Cbinssé  ou  Chissé.  ibid. 

Chio  (bombardement  de).  ibid. 
Chiomara.  ibid. 

Chirac  (Pierre).  x3a 

Chirurgie  (histoire  de  la).  ibid. 
Chinsa  (affaires  de  la).  i4o 

ChiuseUa  ^eombat  de  la)  ibid. 
Chivasso  (prise  de).  x4i 

Chivemy  on  Chevemjr.  ibid. 

Chivemy  (Ph.  HuraiHt,  e.  de),  ibid. 
Chizey  (bataille  de).  ibid. 

Cblopicki  (Jos.).  x4a 

Chocolat.  ibid. 

Chodron.  ibid. 

Choignes  (eombat  de).  :43 

Choin.  ibid. 

Choia(  Marie-Emilie  Jollyde).ibid. 
Cboiseul.  ibid. 

Choiscul  (maison  de).  ibid. 

Cboisnin  (Jean).  x5o 

Choisy  ou  Soisy.  ibid. 

Choisy(P.-Timoléon,abbéde).ibid. 
Choisy  au  Bac.  ibid. 

Choisy-le^roi.  i5i 

Choléra  épidémiqne.  ibid. 

Cholet.  x55 

Cholet  (combats  et  prise  de),  ibid. 
Cbomel  (A.  F.).  i56 

Chomel  (Jeaa-Bapt.-Louis).  ibid. 
Choppet.  ibid. 

Chorévéqnes.  ibid. 

Chorges.  157 

Chorges  (monnaie  de).  ibid. 

Chorier  (Nicolas).  ibid. 

Choron  (Alexandre-Etienne),  ibid. 
Chonan  (Jean  Cotterean,  dit).  i58 
Chouans.  159 

Choadieu  (Pierre).  z6e 

Chouéguen  (prise  du  fort).  x6i 
Chrétien  de  Troyes.  ibid. 

phrétien  (Florent).  ibid. 

Christiani  (le  baron  Ch.  J.).  i6a 
Christianisme.  ibid. 

Christin  (C.  Gab.  Fréd.).  173 

Christine.  ibid. 

Christine  de  Pisan.  ibid. 

Chroniques.  174 

Chroniques  de  Saint-Denis,  ibid. 
Chronique  scandaleuse.  175 

Chypre  (royaume  de).  176 

Cibot  (Pierre-Martial).  ibid. 

Cicéri  (Pierre-Loe  Charles),  ibid. 
Cicéron.  ibid. 

Cimbres.  ibid. 

Cimetière.  ibid. 

Cimiar.  I17S 

Gincibil.  3»i<i. 


Pspk 
Ciogétorix.  i-l 

Cinq-Mars  (Henri  Cmfter  de 

Bnzé,  marquis  de).  ibid. 

Cintra  (convention  de).  179 

Ciotat  (la).  iU 

Cipaycs  ou  Cypahis.  ito 

Cipifrre  ou  Si  pierre.  ibii 

Ci  pierre  (René  de  Savoie»  de),  ibid. 
Circéo  (combat  de).  ibii 

Circenvallation  (lignes  de),  ibii 
Ctrey.Ies-Mareilles.  id 

Cirques  et  amphithéâtres,  ibid. 
Ciselose.  lU 

Gistella  (combat  de).  ibii 

Cité  (droit  de).  ibkL 

Ctteaux.  ibid. 

Citole.  iS^ 

Cindad-Real  (combat  de).  IM. 
Ci  odad- Rodrigo.  iti 

Civilis.  ibid. 

Civisme.  i«i> 

Civita-Castellana  (bataille  de).ibid. 
Civitella-del-Tronto  (prise  de).  191 
Civrac.  ibid. 

Cize.  ibid. 

Claey  (combats  de).  ibii 

Clagenfurth  (prise  de).  iV 

Clair  ou  Cler  (S.).  ibÙ. 

Clairac.  ibid 

Clairaut  (Alexis-Claude),  ibii 
Clairon  (Mlle).  19} 

cuirons.  ^  içi 

Clairval  (J.  R).  jhi 

Clairvaux  (abbaye  de).  i^ 
Clairy.  19^ 

Claite  (la).  ibii 

Clamecy.  ibii 

Clamenges  oa  Clémengis  (M»- 

thieo-Nicolas  de).  ibid 

Clameuirde  haro.  19^ 

Clamorgan  (Jean  de).  ibii 

Claparéde  (le  comte).  ibii 

Clara  d'Aadase.  îM. 

Ctarac  (le  comte  de).  i97 

Clarion  (J.).  9ii 

Clarke  (Henri^aeq.-!^!.).  iM 
Claude,  peintre  sur  verre.  199 
Claude,  les  nûnistres.  >^ 

Claude  de  France.  i^- 

Glausel  (maréchal).  »>■ 

Clausel  de  Coussereoes.       i^* 
Clausen  (comlMt  de).  ^ 

Ciavareau  (Nicolas-Marie),  ibid- 
aaveau  (Antoine-Gilbert).  iM. 
Claveysan.  /  iW. 

Clavier  (E.).  >«■ 

Clavière  (Emile).  >« 

Clémencç  de  Hongrie.  ^ 

Clémence  Isaure.  ^ 

Cléraancet  (dom).  ^ 

Clémengis.  ^ 

dément  IV  (Gttido-mcodi).  iî'' 
Clément  V.  «** 

Clément  VI.  ^ 

Clément  (dom).  '  i^ 

Clément  (Jacques).  *** 

Géme^t  (Jean*3topie-B«ra.).  ^ 
Clément  de  Boissy  (A^.'A1.)*^ 
CléoMnt  de  Ris  (le  comis).  «^ 
Clément  Desormes.  ^ 

ClémenV'Meneaii.  ^ 


J 


GOlJTBiraS  DANS  LE  CIRQUlàMB  TOLUUB. 


m 


Pages. 

Plinwnt  ou  Clefmont.  207 
CJérambanlt  (Loai8-If)fpla«).ibid. 

CÙrc  (Antoiii»-Ma(gn«n^)*  ^^^à. 

Clerc  (Laarent).  ibid. 

Clerc.  ibid. 

piercs  4a  swirpX.  3q8 
liïiçrcs-Ribaads  oa  GouilUrds.|bid. 

Çi«rgé.  )bid> 

C^^remb^ult  f  famille  de).  ai$ 

Ciéri&seaa  (Charles-loiiia).  axg 

Clermont  (Maiae).  .  ibid. 

Clnmont  TDa^phiiiéi).  ibid. 

4Ilermont  (famille  de).  ibid. 

Clermont  en  Argonnft.  320 

Clermont  en  ISçan^nisù.  ibid. 
Clermont  en  BeJinT.  (comt.  d«).  22  z 

Clermont-Ferrand.  222 
Çtermont>Ferr9iid  (inonn.  de)'ibid. 
ClermontoPçrrand  (si^«  fie).   aa3 

Çtersellier  (CUnde).  224 
Clervant  (Claude-Antoine  de 

Vienne,  baron  de).  ibid. 

Cléry  (J.-9.  Cant  Haoet).  ibid. 

Cléry-sur- Loire.  ibid. 

Clèves  (Marie  de).  ibid. 

Clinabarii.  tx% 

Clicby>la-Gareane.  ibid. 

Clients.  ibid. 

Clincb««npf«  %*$ 

Clinique.  ibid. 

CUsson.  ibid. 

Clisson  Toombat  de).  ibid. 

Cliuon  (OlÎTier  de).  227 

Cloche.  ibid. 

Cloche  banale.  229 

Cloches  (béoédictioii  de*),  ibid. 

Cloches  (rachat  dm).  ibid. 

Clodion.  23o 

Clodion  (Claude-Michel).  ibid. 

Clodomir.  ibid. 

Cloots  (Anacbarsis).  23 1 

Cloquet  (Hippolyte).  2  Sa 

Cloqnet  (Jules).  ibid. 

Closter-Camp  (combat  de),  ibid. 

Clotaire  r^  ibid. 

Clotaire  II.  a33 

Clotaire  111.  ibid. 

Clotaire  (monnaie  de).  ibid. 

Clotaire  IV.  234 

Clolilde.  ibid. 

Cloud  (saint).  235 

Clouet.  ibid. 

CIoDtiers.  ibid. 

CloTis  I«r.  ibid. 

Cloris  IL  240 

Cloris  Ul.  241 

Cloris  (monnaie  de).  ibid. 

Club.  ibid. 

Clngny.  245 

Chijs.  ibid. 

Ouny.  ibid. 

Coalitions.  246 

Coaraae.  247 

Coblentx  (prise  de;.  ibid. 

Cocagne  (mât  de).  248 

Cocarde.  ibid. 

Coche.  243 

Cochervl  (combat  de).  ibid. 

'Cochin  Hes).  ibid. 

Cochincaine.  249 

Cochon.  ibid. 


Pages. 
Gpçlion  de  l'Apparent  (Ch.).  aSo 
Cqponas  (Anniba)»  oomttdff)*  aSx 

Cocossates.  s94 

Codes  (histoire  des  cinq),  ibid. 

Gedolet.  aâS 

Coeffetean  (NicQlaa)*  ibid. 

Coeborn  (Louis  de).  ibid. 

CcRnicepsiMi.  269 

Coçfsin  (F.-G.).  ibid. 

Coetion.  260 

GoetiTy  (famille  de).  ibid. 

CoQtlogon.  261 
Coetlogon  (Alain«Emm.  de),  ibid. 
Goetlosquet  (Charles  •  Yvea- 

César-Cyr,  coiQte  du).  ibid. 

Coetlosquet  (J.  G.  de).  ibid. 
Coetman  (Jacqueline  leVof er* 

dite  de).  ibid. 

Goetquen.  ibid. 

G«eur  (Jacques)*  262 

Coeavres.  263 

Coerorden  (prise  de).  ibid. 

GofSn  (Charles).  ibict. 

Coffinbal  (Jean-Baptiste).  264 

CofBnhal-Dunoyer  (Joseph).  26S 

Coffretiers-Malletiers.  ibid. 

Coger  (F.-M).  ibid. 

Gagnac.  ibid. 

Cogniet  ^Léon).  266 

Cogniet  (Jules-Loois-Phil.).  ibid. 

Cohortes.  ibid. 

Cohue  et  Gohnage.  ibid. 

Coiffure.  ibid. 

Coignet  (Horace).  268 

Coiguy  Camille  de).  ibid. 

Coigny.  ibid. 

Coiinbre  (prise  de).  269 

Coire  (prise  de).  ibid 

Coislin.  270 

Coislin  (famille  de).  ibid. 

Coislin  (le  chevalier  de).  ibid. 

Colardeau  (Charles-Pierre).  271 

Colasse  fPascal).  ibid. 

Colaud-ae-la-Salcette.  ibid. 

Cdtbert  (famille  de).  272 
Col  d'Argentera  (affaire  du).    277 

Col  de  Banos  (consbat  du),  ibid. 
Col  çle  la  Croix  (combat  du),  ibid. 
Coldela  Madelaiiie  (comb.du).ibid. 

Col  de  Tend^  (affaire  4$).  178 

Col  de  TéttU  (affaire  du),  ibid. 

Col  de  Terme  (prise  de).  ibid. 

■Cotdoré.  ibid. 

Col  du  Mont  (combat  du),  ibid. 

Colette  (sainte).  279 

Colignou  (Fr^i^is)*  ibid. 

Coligny.  ibid. 

Coligny  (famille^de).  ibid. 

Coligny  (Jean  <le).  282 

Colin  (Pierro  ttlbw^  ibid. 

Colines  (Simon  de).  ibid. 

Colin-Maillard  (Jean).  ibid. 

Collas  (le  Père).  ^  283 

Collation  des  bénéfices  ibid. 

Collé  (Charles).  ibid. 

Collectes,  Collectent  ibid. 

Collège  de  France.  284 

Collèges.  288 

Collèges  électoraux.  ibid. 

Collégiale.  ibid. 

Collemberg.  289 


Pages. 

280 

iUd. 


Collât  (Joseph). 

Cqlletet  f  Guillaume). 

Colletet  fFrançois). 

Collets  (petits). 

Golliberts. 

Colliberts  de  VemM«« 

Collier. 

Collier  (affaira  du). 

Gollin  de  Vermont  (Hyae.). 

Gollin  d'Harleville  (J.-F.). 

Cqllioure. 

Collioure  (ailles  de). 

Colloque  d^oissT. 

Gollot-d'Herbois  (J.-Marie). 

Col  ma  r. 

Gèlmar  (conspiration  de). 

Golmars. 

Golmey. 

Cqlnet  de  RatoI. 

Golobe. 

Cologne. 

Cologne  (congrès  de). 

Colomba  n. 

Colombe  (Sainte). 

Golombel  (Nicolas). 

Colombier  (droit  de). 

Golombière  (Glande  de  la). 

Colon. 

Colonel. 

Colonies. 

^loruo(8iége  du  ehâtean  de).  3 1 2 

Colosse  d'osier.  3*3 

Colot.  ibid. 

Golson  (GuiIlaame>FmBÇois)  ibid. 

Columb  ou  Colomb  (Michel),  ibid. 

Combat  à  la  barrière.  3x4 

Combat  ou  duel  judiciaire,     ibid. 

Combault  (monnaie  de).  3i8 

Combe  (Michel).  ibid. 

Combé  (M.  Madel.  de  Cyz  de).  32 1 


290 
ibid. 
ibid. 

29X 
ibid. 

29a 
ibid. 
ibid. 
ibid. 

293 

ibid. 

«94 
296 

ibid. 

.>97 
ibid. 

ibid. 

ibid. 

298 

ibid. 

*99 
ibicL 

ibid. 
3oo 

ibid. 

ibid. 
Sot 
3o5 


Combeiis  (François). 

Combenna  tores. 

Combrailles. 

Combronde. 

Combutis. 

Comédie. 

Comédiens. 


ibid. 
ibid. 
ibid. 

322 

ibid. 

ibid. 

33i 


Comestor  (Pierre.snmommé).  334 
Comices  agricoles.  ibid. 
Comine  (Philippe  de).  33 S 
Géminés  (combat  de).  337 
Comirs.  ibid. 
Comité.  ibid. 
Comité  de  salut  public.  349 
Comité  de  sûreté  générale.  370 
Comités  hiytpffiquet.  379 
Comm.  38  X 
Commandant  supérieur.  ibid. 
Commandant  de  place.  382 
Commanderie  et  comman- 
deurs, ibid. 
Commarin.  ibid. 
Commende.  ibid. 
Commensal.  384 
Commerce.  385 
Commerce  ^ministère  du).  400 
Commerce  (tribunaux  de).  402 
Commercy.  ibid. 
Comiuerson  (Philibert).  ibid. 
Comminges.  'bid. 
Gomminges  (comtes  de).  io$ 


**.. 


TABLB  ALPHABBTIQUB  DBS  ABTIGLBSt  BTG. 


(J««). 


•«  i  Pages. 

4o4 
4o» 
ibid. 

4o6 

4so 


Comnisaair». 

Coamissairet  des  guerres. 

CommisMires^priseors. 

Oomaustion. 

Commission  de  saint  public  ibid. 

Cammissioo  des  doose.  4(  ' 

Commiuimus.  4is 

Commoni.  4i3 

CommuDMiti»  fleclëstastiqiies.iUd. 


^C«mtes  du  palais,     -f 
^>>mt4s'paines. 
Cenards. 
CoDcsmean. 
Concert  spirituel. 
Goncbes. 

Concierge  et  conciergerie. 
Conciles. 


Commune  de  Paris. 
Communes. 

Communiera.  -"-^ 

Commutation  de  peine. 
Comontor. 

Compagnies  de  commerce. 
Compagnies  de  /ébu. 
ignies  littéraires. 
Paies  militaires. 


Compagnonnage. 

Compagnons. 

Compans. 


ibid. 
43i 
44a 

ibid. 

ibid. 

ibid. 

454 
ibid. 

457 
460 
461 

464 
467 


Compans  (Jean>Dom.  comte),  ibid. 

Compara  (combat  de).  ibid. 

Compère  et  commère.  ibid. 

Compiègne.  4^8 

Compiègne  (sièges  de).  469 

Composition.  470 

Comps.  47 1 

Compte  rendu  de  Necker.  ibid. 

Compte  rendu  de  i83i«  47a 

Comptoir  d'escompte.  47^ 

Comtat  Venaissin.  477 

Comte,  47S 


Concinî. 

Concolitan. 

Conconiat.  ^ 

Concours.  '"t 

Concubinage. 

Condat  ou  Condè. 

Condé. 

Coudé  (combats  et  sièges  de) 

Condé  ?maisoD  de). 

Condé  (Loois'Marie). 

Condé>sur-Noireau. 

Condillac  (Ét.>Bonnot  de). 

Condom. 

Coudomois. 

Condorcet. 

Condren  (Charles  de). 

Condrîeu. 

Conetodnn. 

Confédération  du  Rhin. 

Conférence. 

Confession. 

Confiscation. 

Conflans. 

Conflans  (traité  de). 

Confient. 

Confolens. 

Confrères  de  la  Passion. 

Congé. 


Ptges. 
480 

48  r 
ibid. 
ibid. 

48a 

ibid. 

ibid. 

ibid. 
5o3 
5o4 

ibid. 
5ia 
5i4 
5i5 

ibid. 

,  5i6 
5x7 
Ss7 
5a9 

ibid. 
53  z 

ibid. 

ibid. 
533 

ibid. 
534 

ibid. 
546 

ibid. 

549 
l5o 

ibid. 
ibid. 
ibid. 
ibid. 
55i 


559 


Congrégation. 

Congrès  diplMnati4{iie. 

Congrès  jnaidaire.  653 

Congrès  scientifique.  ibid. 

Coni  (sièges  et  bataille  ds).    554 

Conjnrateur.  555 

Connétable.  ibid. 

Connétable  (prise  do  fort  dm).  551 

Connétablie.  ibid. 

Conon  de  Béthnits.  ibid 

Conquérenx  (batnillea  d«). 

Conques. 

Conqoet  (le). 

Conrad  le  Padfiqae. 

Conrad  (Guillaume). 

Conrart  (Talenttn). 

Cons-la-GrandTille. 

Consarbmck  (affaire  de). 

Conscience  (lioerté  de). 

Conseil. 

C6nseil  armé  des  Gaulois. 

Conserratotre  de  musique. 

Conserratoire  des  arts  et  mé 
tiers. 

•Consoranni. 

Cons|i.iration. 

Constance. 

Constance  •  Chlore  (FInvius- 
Valerius). 

Ctmstance  (bat.  et  prise  de). 

Constant  de  Rebeoque  (Hémi- 
Benjamin).  58i 

Constantin  11  (Claudins).         58i 

Constantin  III.  ibid. 

Constantin  TAbraham).  583 

ConsUntin  (Robert).  ibid 


ibid. 

ibid. 

56a 

ibid. 

ibid. 
56t 
5<i 

5-4 
li 


577 

57» 

ibid. 

579 


S8e 


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ERRATA. 

Page   37 ,  col.  I,  ligne  45 ,  ou  val  de  BaugiS)  lisez  .*  au  tal  de  Barois. 
Page   59,  col.  a  ligne  149  Ghaulieu,  listz  :  Chauliac. 
Page  HS,  coL  a,  ligne  ai,  effacez:  son  frère. 


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