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Full text of "La grammaire française et les grammairiens du XVIe siècle [microforme]"

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'I.  llrir.nit.  J.  l'n.Lt.riin ,  <;.  i^f»  A«tii.». 
,  V.    K^Mi».    J.  C^bsiIr,   J.  I'ulot,   Al.  M«ruu.i.  • 

V  *  r.OB.  1  r  lltiBi  EnriDiM;.  '• 

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.(  i^cot:  !>■  Salir  I.iK»,  TiitouoitC'Kl   Hki» . 


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paris; 


DiDirn  F.T  r.",M,inrvMr.i:s, 


■     3'v,/tiCAri'i>  *!;.,'. .iTlNi. 


AUG.  DUr.AND,  LIRRAIRi:, 


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A  SON  EXCELLENCE 


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MONSIEUR    ROÛL AND, 

p     .  :     ■  .  ■ 

.      MINISTRE  secrétaire;  DÊTAT 

AU    OÉPABTEMENT  .  , 

•  \        .  .       .      ■ 

DET  L'INSTRUCTION  PUBUQUE  gT  DES  CULTES. 


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NOMSUI^K  U  MmiSTHE, 


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•  ,  .  '  •     '     ''  ^      •  '      '  ■  •  ,  •  * 

En  ;me  permettant ,  par  une  souscViption  importante',    ' 
de  publier  la  Grammaire  française  et  les  Grammairiens  . 
du  XVr  «t/bïé,  Votre  Excellence  m'a  accordé  une  faveur 
insigne  dont  je  viens  aujourd'hui  lui  témoigner  ma  re- 
*^  connaissance.   -       .         '  ' .  '  _  -  ■  ■   '  . 

■'  ^'-^  '"   ■'  ■  '   '.  '  '".    •  ■■■  "-  ^  *   ..■■■•-'"■'■'  "   v 

L'mtérêt^que  vous  portez  aux  lettres,  Monsieur  Me  ■ 
-  Ministre  y  est  bien-  fait  pour  les  encourage^*,  et  c'est  un 


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grand  lionnejjf  poui^  môrd'Mre  un  de  ccfux  siir  qui  s'est 
tournée  votre  bienveillante -attention. 

Solum  patrium  rerta»  :  fouillops  le  sol  de  la  patrie. 
.  Rien  ne  peut'Ctro  "mdUTérent  de  ce  qui  mtércftsie  notre 
histoire  Witionaie.  C'est  en   i^rsistant  h.  l'tHudler  que 
j'çssayèrai  de  conserver  la  bienveillance  de  Votre  Excel- 
lence et  de  justifier  la  iavour. quelle  m'a  faite/ 


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'   J'ai  l'honneur  dNHreavec  un  profond  re^cl., 

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■  ■       '^Ji  "   '    ••    '  ■  •^-" •■-■ 
-        "^  Monsieujf  le  Ministre ,      ^-^  :. 


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'  De  vôtre 'Excèllencfi,-    -, 


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Le  très^humble  et  tri^s-obéissant  servitèur,^ 


Ch.-L.  Livït. 


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PRÉFACÉ; 


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X'analysedes  traités  composés  au^vi»  «îéèlë  par  nos  premier» 
grammairiens  »4té  le  principal  objet  que  rioUa  noas  sommes . 
proposé  dans  ce  travail;  mais,  pour  bien  faitè^omprèndre  la 
nature,  de  leurs  œuVres,  nous  avons  présept^  dé»  spécimenS  « 
exacts  de Jear" style  et  de  leur  orthograpbeV         /^  !   '      ^ 

NoHs  avons  crû  devoir  jôlndTe.aux  textes  analysés  ttn^sèmblé 
de  notes  qui  ^offrît  liQ  corps  complet  ,cM  doctrine  :  respatoiS; 
les  grammaires  anciennes,  grecque^  et 'latines,  Jes  essais  irtu» 
ou  moins  imparfaits  tentés  avant  Jacques  Dubois,  les  syslèoiés; 
exposés  à  l'étranger  jpar  d^  auteurs  contemporains,  enfin  ^^ 
les  théories  émises  au  xvii-  éiècle,  toutes  ces  sources  nous 
ont  fourni  d'utiles  rapprcfchements  avec  les  opinions  .que  nous  " 
avions  à  signaler  dans  nos  grammairiens  français  du  xvr  siècle. 

Deux  questions  restaient  encore  à  traiter  "en  dehors  de  ces 
ÊOflimentaire^  nous  avons  montré /par  la  comparaison  de  troi» ' 
lexiques  publiés  entre  le  miliea  dur  xvi*  et  la  première  moitié  du 
xvir  siècle,  les  lentes  modifications  de  Torthographe;  l'étude  de 
la  prononciation  a  été  l'objet  d'un  appendice  où  nous  avons  tra- 
duit, en  leà  abrégeant,  les  ouvrages  spéciaux  de  Claude  de  Saint- 
Lien  et  de  Théodore  de  Bèze. 

Tel  est  en  résumé^  le  plan  suivi  ^Uns  ce  livre,  destiné  à  faire 
connaître  les  premiers  efforts  tentés  principalement  en  France 
Mais  aussi  k  la  môme  époque,  en  Espagne-et  en  Italie,  pour  cWer,' 
dans  chacun  de  ces  piys,  une  grammaire  nationale.  De  tous 
côtés,  en  effet,  on  voyait  s'opérer  un  grand  mouvement  de  réno^ 
ratloQ  littéraire.^n  même  temps  que.poëtes  et  prosateurs,  mer- 


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^/illcnne'.nont  secoiiA^s  p4r  la  découverte  de  riraprlnnerio,  ré-- 

)andaicDt  lonoât  des  choses  do  l^Mprit,  la  gran^maire  s'efforçait 

de  régler  Tusage  de  la  langue  générale.  Mais  lentreprlse,  mal' 

'-eonçuo,  fut  mal, exécutée i^t  dut  rester  satis  influence  sur  le 
déveluppement<Je  notrp  littmture.  La  grammaire,  cette  science 
d'olMiervatlon»  fut  constituée  à  priori  par  des  hommes  qui  con- 

i.sultèrent  les  grammairiens  grées  oi}  latins,  ou  qtii  s'appuyèrent 
sur  de  stérhès  abstractions  philosophiques  ;  mais~qui  eurent  le 
tort  de  se  croit^  Aattrcs  de  la  langue  parce  qu'Us  devaient  la 
régler,  et  se  crtjrent  aase*  forts  pour  la  dominer  sans  la  con- 
sulter :  'de  là  ces  ouvrages  si  étrangers  au  vrai  génie  de  notre_ 
langue,  et.qul,  trop  esclaves  de  vaine.s  théorie.**,  ne  tiennent  pas 
assexçompte  des  faits;  de  là  encore  tant  d'opinions  personnelles 

'  qui  se  suivent  et  se  combattent ,  au  lieu  de  se  compléter  ou  do 
s'éclaircir;  dé  là  enfin  cette  science  restée  si  longtemps  station- 
nâire  quand  la  langue ,  livrée  t  elle-même,  faisait  dea  progrès  al 

'sensibles.  .  .  \: 

Bien  dos  considérations  du  même  çenre  rewortlront  dé  la  lec-i' 

ture  de  cet  ouvrage^;  elles  se  présenteront  asseï  souvent  à  Tat' 

tention.du  lecteur  pour  que  nous  n*a^on8  pas  cru  nécessaire  de 

les  relever  ici.  .  ,/ 

Nous  aurions  aimé  à  donner  aussi  lea  teintes  mémeé  des  gram- 

'  inairiens  oi^ginau\  :  Paccùell  fait  à  ce  livré  pourra  noUs, décider 
à' entreprendre  ce  nouveau  travair. 

*   Lé  présent  livre  est  de  ceux  qui  ne  donnent  à  leurs  auteurs  ni 
gloire  ni  profit;  mais:  nous  serons  amplement  récompensé  de 

.  nos  loins  si,  comme  nous  TespéroDii,  il  rend  quelques  services  à 
ces  esprits  sérieux  que  le  mouvement  (actuel  de  TéruditiOB  pousse 

.  à  recheréber,  dans  les  origines  de  notre  Ungue,  les  causes  quit 
devaient  amener  ses  progrès. 

-, ',    *  ,      .',  ■/Ch.«L:  LIvtt'.    - 

15  mai  1859.  '  '.    ^-        ''"       °  y    .      > 


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LA  (ÎRAMMÂIKE  française 


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LES  GRAMMAIRXEivs 


'^  AU   XVI'  SlkLK. 


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iifiOlIES  DUBOIS. 


TRAITÉI  .G»RAIfMATICAUX>. 

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La  langue  fraii^aise  ne  fut  réellement  constituée: 
qil*au  seizièjnoe  siècle.  Rompatit  avec  les  errements 
de  laj)ériode  précédente,'  elle  était  devenue  de  plus 
en  plus  hostile  au  jargon  barbare  trop  longtemps  con- 

$ervé  dans  DOS  églises  et  nos  cours  souveraines.  £on- 

■  ■  ■    «        dj  .  -»— j' 

sacrée  par  l'usago  vulgaire  et  déjà  riche  en  chefs^ 
d'œuvre,  à  cette  époque  elle  réclama  des  lois  fix.es  qui,  , 
répandues  dans  Içs  di? erses  provinces;  y  fussent  égale- 


v  <    ,    *  0)  Jacow  Stttii  amtwmt  inlmlnutm  g^Uieam  hagiagei^una  cum 
m^::l  *^''«"  <^*?^«»  W«|««iea,  es  Hebrait,  Gntdi  et  latinù  authe- 

^^ ijv      Si.U.XXXK  rrfAjimplli;hm  et  1-9^,  puis  90.|i9. 

m>-:'^'.i':^^''^V  -.^H-     "■:.  ^-.t^r'.  ::.Vv:  v...    ■,    -'.  ■       ,  "i  -■   ' 


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•    ipcnl  suivie!»,  et  piis.«enti^in(yricr,  après  Tunité  politique, 

•    l'uniformité  dd  îaii^a{;c       v  >  ^     ^     - -^         _ 
-      ^  On  a,glo  nos  jours;  •attaciic  à  la  Rc^formc  une  iiiir 
s^portancc  exagérée  dans  ces  matières;  on  né  s'est  pas 
,   contenté  d'attribuer  à  ecUe  grande  manifeita|ion  le 
progrès  et  lu  constitution  définitive  de  la  langue  ;  oit  » 
a  été  jusqu'à  faire  ht)nncur  à  l'esprit  nouveau  qu'elle 
introduisit,  de  la  publicutiba  de  nos  premiers  traités 
grammaticaux.  Four  fious\  entre  ràpparition  de  la  Ré-  • 
forme  et  les  premiers  es&ais^'ufte  grammaire,  si  nous 
.      voyons  une  relation  de  tejjipsJWus  ne  pouvons  ad- 
V  mettre  un  rapport  de  cause  à.  effet  \  cum  hoc,  ergo  . 
propter  hitc  u'agamais  été  une  formule  concluan.te  de 
raisonnement.  <     -    ,    "     ".  .  - 

En  i53a,  sans  doute,  la  Réforrrit^  avait  déjà  pris  de 
grandes  proportions  et  acquis  une  targe  influence; 
mais  le  langage  courant  de  nos  Jcri  vains,  etdu  j)eupl^/ 
surtout,  n'avàil  attendu  ni  Luther  ni  Calvin  pour  avof; 
besoin  d'are  soumis  à  des  règles  écrites.  Qûelqvôs 
années  encore,  et  l'ordonnance  de  Villerâ-Olteret?  en 
prescrivant  l'emploi  exclusif  du  français  dims  tjïlM  les^ 
-'âctea,  civils  *et  judiciaires,  consacrait  bien  moiri  in- 
fluence prétwidue  de  la  Réfomw  iW"'  lu  lun«i  ««  qu^il^ 
ne  constatait  le  fait  irrécusable  de  l'existeto  du  lan-  \ 

gage  usuel.  -    "       *  .        '     " 

.C'est  donc  à  la  héceçsité  dérégler,  non  pas  le  lan- 
gage des  Réfonnési,  mais  l'usage  général  ie  la  langue 
vulgaire,  que  nous  devons  les  oeuvres  df  nos  premiers 
grammairiens.  A  les  examiner  même,  ce  sont  moin« 
"       encore  les  Français  qu'ils  y^sulént  instfjire,  —  l'usée, 


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si  pjja^ant  en  fait,  semble  leur  suffire  commQ  jègle, 
— /  mais  les  .étranggfs.  Aussi  est-ce  en  latin  qu'ils 
^  <'\irrvent  ;  «  En  Jatin ,  dit  A.  Dubois,  pouip  que  ces. 
principes  de  notre  langue  puissent  servir  à  la  fois 
aux  Anglais,  aux  Allemands,  aux  Italiens,  aux  Esf)a-^ 
.gnols,  à  tous  les  étrangers  enfin.  »  ^     {'   ' 


\ 


Après  ces  quelques  mots  par  lesquels  il  explique^  au 
lecteur  l'objet  qu'il  s'est  proposé ,  Jacques   Duboi^^ 
ajoute  :  ,  •  ,.       y 


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...  Vtfle,  et  ii  quid  habebis  rcctrus  istii, 
\    Candidus  impérti  ;  si  non,  hi»  utere  meeum.     y 


■^ . 


\     Mais  il,  était  diflicHe  de  rieîi  opposer  à  l'&utewr  qui 
fôt  supérieur  à  son  ceuvre;  iK)n-' livre  est  le  pFemier 
ouvrage  imprimé  en  France  dims  intérêt  unique,  ° 
absolu,  exclusif,  delà  langue^ffançaise  ^-4e  2^AVril 

•  15^  pçiraissiwt  bijn  /#  Qiampfleury  de  m^Ure^j^ofifiroJ 
Tory/ lequel  ranvôi^mi&mé,  pour  certaines  questions 
grammaticales,  au  livra  antérieur  du  Jep4es  éctiecÊ;^ 
mais  \^  grammaire  nWit  pas  son  oljjet  spécial,  et  si . 

/  en  juillet  1530,  était  publié  en  Anfletérre  l6f  précieux 
ouvrage  de  Palsgrave,  il  était  écrit  çu  angîais,  et. 
certainement  il^e  fut  connu  en  Franco  que  longtemps 
plus  tard.  t  - 

Jacques  Dubois,  dit  Sylviuâ,  sera  donc  le  premier 
écrivain  que  nous  étudierons  dans  cette  revue  des  - 
grammairiens  d»  seizième  siècle.    ^^ 

Son  livre  est  dédié  à  Éjéonor  (d'Autriche)  reine  de 
frVance,  à  qui  D(jboi»  était  fecomman dé  par  le  sieur 


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GlAHMAIRt  PKANÇAIt^^. 


de  1&  Barre  (i)'{à.  BuTrà)\  gouverneur 


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de  Paris;  et 


ce  volume  é^t  daté  .•-  de/1&  maison  de  Uuillaume  Ya- 


y 


vasseur,  Irès-habilc  chirurgien  ;  aux  caSen<|es  de  jan- 


vier; » 


•  Dans  un  qourt  avant-propos  ùu  Ijectèur,  Dubois  dit 
quelmotif  Ta  décidé  à  donner  son  ouvrage  et  quel  but 
il  a  poursuivi,  —  Il  est  honteux  qu^  jjionîme  paraisse 
étranger  dans  sa  langue  materneJle;  si  les  hommes  dif- 
fèrent des  animaux  par  la  parole,  a  esi.par  la  politesse 
du,  langage  qu'ils  diffèrent  entre  eux  :  ee  rï*est  donc 
pas  sans  raison  qu'il  a  entrepris  de  donner  à  la  langue 
française  ses  premjèrek  règles  et  d*al)^umer  le  flambeau 
pour  là  postérité V. (lui,  éclairée  païf  lui^  pourra  faire 
mieux.  Il  espère  que  son  volume  tombera  entre 
les  mains  de  gens  érudits,  qui  découvriront  les  fautes 
ou  trouveront  des  améliorations;  ceux-là  "il  les  prie, 
il  les  supplie  d'adresser  leurs  critiques  à  Thônorable, 
au  savajit ,  au  zélé,  au  fidèle  libraire  Robert  Estienner 
pour  servir  à  une  nouvelle  édition. t^. Souvent ,  {ijoUté 
Tauteur,  il  a  dû  reprendre  la  madnraise  écriture  du 
français, jet  y  substituer  une  saine  orthographe,  con- 
forme à  Pusage,  et  qui  n'ait  plus  à  subir  dé  change- 
ments; Mi  parfois  il  a  fait  des conçeçsions  au  peuple, 
c'est  en  attendant  mieux.     ?*  >    -  ^ 

Dubois  avertit  ensuite  le  lecteur. de  quelques  ad-« 


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(1)  Jen  de  la  Birre,  comte  d'Ét»mt>e«,  prévôt  4e  Paris,  f^t  fait  iieà-. 
temat  gén^Lenrabeence  du  nuirqurt  de  Saluées,  par  lettres  du  17  Juin 
I &26 ,  pais  gouverneur  après  le  décès  du'  marquis ,  i>ar  lettlres  du  1 1  M- 
centMre  l&n.  Il  mourut  en  J 534  et  fut  rempiaoépair  Antoine  de  Ldi  RuËhe- 
foucaold;  seigneur- de  Barttesiepi,  itommé  par  Jaurès  du  12  mars. 


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a       AI.IV       AakW^/«tAaUkn      !.._'.«•.  .^  -  l\^ L                                -..            .    '                   ^                                                                      '         ' 

ployés;^  une  table  qui  occupe  la  première  pâge4è  son 
livre  donne  Ja  clef  de  ces  signes-  nouveaux  •:  nous  les 
reproduisons  ici.  .   ■: 

CafttcUves  ri  signes  hdbvi'aux  dont  il  a  fiUlu  se  servir 
-  pour  Cexacle  reproduction  dès  mois. 


■  ♦  '-  * 


- 1 


I-  u-,  pour  i,u' consonnes,  comme  i-a,  d-at  (;;aj 
vay},q\ii  iradulsant jam,  vadoé 
^      t\    R   avec  un  son-  plein,  comme  cnARiTiS,'   ami^ 
(amatm),  '      »  - 

.  è,  B  dvecun  son  nfitiét,  com.nî'eGRAcè,  bonè  (^rmia, 
Jbona),  /   <  .   ^v 

B,  B  avec  un  son  mixte ,  comme  AIMÉS  (fimafc).    ' 
u,  u  pour  |5,  qu*on  prononce  presque  toujours  dans  les 
mots  latins  devant  l'm  et  Pn  ;  on  le  rempface  d'ordi- 
"    ,    naire  en  français  paro:  ptonun tiare,  prononcer, 
c,  c  ayëcléson  de  r««  comme  albncon.  ■  '  * 

G,  C  âve«  le  son  de.  deux  m,  comme  poicbr,  f^ate, 
'c,  G  avec  le  son  de  c/i,  comme  ceval,  caballm. 
G,  G  avec  le  son  presque  de  gm,  gue,  gui,  gm,  gu, 
comme  GALLE,  catfiw;  \oiÂt,  vulgus;  gilIert  et 
,  ^  Gilbert;  GORGÈ,  ^tmliCr  cV^ruV  •< 

-:'/:-,  iB  avec  le  son  presque  de  i-a,  i-e,  i-i,  i-o,  i-u 
0«>  i^»  /»♦  jo»»  7")»  cotame  g-ambè,  de  gamba;  g-k^ 
ego;  G-ILBEKT,  GiUfer tus;  à-â^iti  gaadium, 
(if  G  avec  le  son  de  s,  comme xigons  ,  legàmus,, 
à,  s  muette,  comme  nXiàTRÈ,  moyijier.  " 

s,  s  non  sifflante  à  la  fin  des  mots  c  dans  le  même 


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«     ,  ,   rrHAMlAlKE   rilANÇAIM:. 

cas,  oiï  marque  du  ipôme  Irï^  vertical  t,  h,  et  le»  ' 
autres- consonnes.;  £x.  :  les  bonks  bestès.         ' 
AI,  â,  ^i»  (%  iCb,  ifi;,  (^ti,  sont  dés  signés  dé  dfph- 
'    thoogues,  eodmç  mai,  plein,  moi,  slov,  cri^SE, 
flë'ur,  POiR,  duî  traduisent  maius,  jUemis,  mihii 

•  Ai,  Êi,  Qj,  ôv,  Aîj,  Éô,  ôé,  teignes  des  mêmes  voyelles 

non  réunies  en  aiphthongués.  \ 

A,  c'est  El}  mais  aun-.so^lUB  sourd,  comme -ceIir, 
«    MiTtHT,  cor,  montur.  "  . 

Dubois  est  parti  de  bons  principes;  maiâ  il  lcfl$  a 
exagérés,  et  les-.meiUcurs  même  noUs  avons  dû  jcs  mo- 
difier dans  Tàpplication.  Ainsi^  c'est  à  lui  que  nous  de- 
vons la  distinction  du  j  et  de  ri,idu  ii|etydc  Tu  :  son 
procédé  n'est  pas  lé  nôtre,  mais  il  a  donné  la  règles  11, 
figure  le,J  pari-  et  le  vpar  u-  :  il  eût  ét^  bienpius 
simple,  comme  l'a  remarqué  M.. Francis WeyVàe  se 
borner  à  fixer  remploi  distinct  de  l'i  et  du  J,  de  l'u  et 
dutvj  qui  existaient  alors  concurremment,  confondus  . 
dans  un  même  usagCé    /  '   }4 

Trois:  consonnes,  le  c,  le  o  et  IV l'occupent  ensuite. 
C'est  lui  qui  le  premier  encore  a  reconnu  la  nécessité 
d'un  signe  particulier  pour  empêcher  la  confusion  du 
.  .c  dur  et  du  c  sifflant  ;  nous  plaçons  une  cédille  (,)  au- 
dessous  de  ce  dernier  ;  il  plaçait  un  '  en  dessus  :  Alen- 
(eon,  AlcuçOn  ;' c'est  une  dilférence,  ce  n'est  pas  un  no- 
table progrès.  La  prononciation  et  l'étymologie,  vo|ià 
les  deux  guides  de  Dubois;  visant  à  reproduire  dans 

•  la  plupart  de  nos 4Q0ts  français  la  consonne,  mais  la 


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consonmî  seule  du  primitif  Ijttin,  il  çn^aide  |a  pronon- 
ciation «suelte  en  la  surchargeant  d'.une  autre  Içilttre 
que,  dans  noire  moderne  orthographe,  nous  avons  ;' 

'     OU  mis^  après  la  coiitto(nje  vcaballus^  ceval,  cheval; 
;ou<:onservéc  seule  : /(v/nmM«,  I igons, /i«on«.; 
ou  supprimée  :  fjuttur,  gorgé,  f/onje.  ■ 

•Pour  les  consonnes  finales  qui  ne  se  prononcent 
pas,  uubois  les  marque  d'un  trait  vertical  r,  s,^Tj  et 
si  cette  m arcjAie  était  inutile  .pour  quelques  Français 
de  sontenips,  ,<elle  était  né'bessaire  pour  les  habitans 
dé  certaines  provinces  et  surtout  pour  les  étrangers, 
auxquels  Dubois- destinait  son  livre.  G*est  pour  eux 
encore  qu'il  a  créé'lcs  trémas  et  les  accents  dont  nous 
avons  en  'f)artie  conservé  l'emploi,  mais  d'une  manière 
inoins  régulièrement  systématique.  .  - 
•  À  propos  de  l'E-et  de  ses  trois  formes,  è  dç  gracè, 
é  de  charité  y  â  dé  aimëi  {aimez},  on  hii  a  reproché  de 
n'avoir  pas  noté-lV  ouvert  de  manière,  matière,  etc. 
Mais  est- on  bien  sûr  qu'il  existât?  La  façon  dont  le 
dix-septîètne  siècle  écrivait  hKiit<^re  et  neutres  sembla- 
bles, et  la  prononciation  aciùellïe  de  plusieupk  pro- 
vince^, ne  dohne-t-elle  pas  un  peu  raison  à  cette 
omission  (i^         ■  --       '  *    :      '        '^ 

hgirhs  ce  tableau ,  sur  lequel  nous  avons  dû  nous 
étendre  un  peu,  à  cause  des  princi^d -après  lesquels 


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(1)  Voyex  l'intéceissant  ouvrage  de  M.  Agnei  Hur  la  prononctatlûn  et  le 
langage  nuttmiur des" environs  dt  farts.  —  M.tNXX.LV,  p.  vi. 


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«iRAMMAIRK    PRANÇAISK. 


Dubois  I -a  composé,  commence  son  œuVrc  propre- " 
ment  dite.  Elle  se  divise  en  deux  parties  :  rintrodûc^  * 
tion  à  rétude  de  la  langue,  et  la  Grammaire.    ^         --^^ 


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'  PREMIÈRE  PARTIE. 


lMt»ffe  «M  tartrotfactlOB. 


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y  L'introduction  (ctaaytoyjî)  n'est  autre"  chose  qu'un 
Jtraité  étymologiqMe  rédigea  l'aide  de.rhébreu,  dii 
grec  et  eu  latin  ;  après  avoir  parlé  dé  l'emploi  et  dié 
la  prononciation  des  lettres,  il  signale  les  trois. son^ 
distincts  qu'affectent  les  voyelles  :  \    \ 

Son  plein,  quand  elles  sont  seules  oii  à  laHaft  des 

mots  •:  ago;    '   .•  *  '  "  ;  -  ''^  '-■  ,  '      .  '-  :'  I-.    -  '  '  ■  '  \ . /''  ' . 

'  >Son/aibie,  quandjélles.sont  suivies  d'un  m  ou  d'i^ 

If  dans  la  môme  syllabe  :  am,  em,  an,  en  ;  w- 

Son  moyen,"  quand  elles/scfnt  suivies  de  toute  autre  ; 

consonne  que  m  ovlw:  ai,  el,U,  ^etc,    .  ;'  . 

En  ^rminantiH  ajoute  cette  dôùbte  règle  :,  *  A  • 

la  fin  des  mots,  on  np  prononce  aucune  xoni^nnej  à 

moins  qu'une  voyelle  ne  éuive,  ou  que  la.phrajse^^nè 

poit  terminée.  »  Encore  au  dix-^ptièmé  siècler;^  j'en 

atteste  piademoiseHe  de  Gourni^y,  encore  maintenant' 

dans  nos  écoles  de  campagne,  on  prononçait  et  Tofrt> 

prononce  les  infinitifs  en  et,  aimer  y  tromer,  en  iaisant 

sentir  I'e  comme  dansjiitir;  et  ce  fait  explique  ladélfr- 

nïère  partie  de  1^  règle  "posée  par  Dubois,  et  qui  peut^ 

se,  formuler  aihsi  :  les  consonnes  finales  .se  prononcent 


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UIBOIS. 


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k  la  fyy|J^  phrases.  Dans  :  les  femmes  sont  bonès,  Is, 
.    *    consonfife  finale,  se  prononce  seulement  dans  bonès.    " 
:;  ,   V  J)eûx  pages  consacrées  aux  (Jiphthongues  sont  suivies 
d'un  long  chapitré  où  rauteurj  sous  prétexte  de  traiter 
•     dlii.  rapport  des  lettres  entre  elles,  s'occupe  lonjçue- 
*  .  îment  ^es  modifications  que  subissent  lesmote  en 
.     _  passant  du  grec  au  latin,  et  de  ces  deux  langues  fiu 
/français;  chacune  des  voyelles,  primitives  est  soumise 
à  des  modifications  nombreuses  qu'il  énumère  en  y 
'    *   j<)igi^nt  de  longues  listes  d'exemples  ;  il  suit  la  môme 
-marche  pour  chacune  des  consonnes,  et,  pour  en  faire 
.bien  coni|;frendre  les  chiangements,  il  les  range  en.  trois  , 
"'    classes,  savoir  : 

.       /      *'      -^         t^B,  p,prf;  F,  ij-(y);  .  /g.  ' 

'  ■      %  '  '"■■*. r»--  • .  "  ■    '  -'al"- 

■   :^,  ;^.,.     ■  ..      *^2'-C;,G,  CH,  X;   \  '/^r. 

^v:;'-^  V,  ,;,/    ;-3-d,;t,  Tn,,-z.;  .  '       ■,-■-    ; 

.    \;  .  \Nous  -ïjie  ÇNOuvons  citer  tous  les  exemples  donnés 

;.      -  par  Dubois  à  l'appui  de  ses  règles  sur  les  mutations 

V    des  lettres  étymokgiquets  ;  de  ces  listes,  moins  cu- 

'^ .-  denses  par  l'orthogrjiphe/même  que  par  les  nombreux 

'  v'\teriTiesj  maintehantJperdus ,  qu'on  y  trouve  avec  leur 

^        explication ,  nous  croyons  devoir  extraire  les  mots  le# 

"  c  -  plus  intéressants  à.divers  points  de  vue  :  ceux-ci  pour 

■^      montrer  la  nouveauté,  d'autres  pour  la  justesse  ou  pour 

Je  caractère  tout  particulier  de  la  méthode  appliquée  ': 

quelques  mots  entre  parenthèses  suffiront  pour  expli- 

«     quefles  dictions  trop  dénaturées  par  une  orthographe 

'  .     ;  systématique  ;  du  reste,  nous  n'intervenons  jamais 

:    '  .pour  soutenir  aucun  fait,  avancer  aucune  opinion,  ou 

introduire  aucun  exemple. 


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'  i(^  r.RAMlAll^iR .FRANÇAISE. 

Jî    1 ,    CIIANUEMfKMS   m%   VOYELLES. 

!•  En  E.:  a/a,.elù  (aile);  uAu,  tel;  pai;  per'(pair)  ; 
houeslàsy  honcsté;  wnabàmr  aiméè  (j'aimais);  audic 
6ûm ,  oïiéè  (j'oyais,  j'entendais),  etc.  ;  * 

2"  En  1  ;  mciian^  u-ider;  t/ei;acu«re,'deu-ider; 

5"  En  o  et  en  li':  tûngere,  tqucer  (toucher);  aina- 
mii«,   [nous]  aitnons;  amabamus ,  [noas]  "iimpdns 
.\aimions):     •  '', '•     -•   -  v    '  /, 

Iv  En  EA  :  aqua  j  caiiè  ou  iàuè  par  sync.  de  q; 
(  eau  )  ;  '■        -v 

5"  En  Ai  '/pax,  p'dis;  granufn,  grain;  stramen, 
IBstraim  (1)^  trames^  traim  :  "d'où,  il  val  grand  trCnm' 
(velociter);  H  vattr^rand  trâim  (fréquent^  comitatu); 
H  tient  grand  trâim  (magnam  alit  familiam)  ;  .cepen- 
dant, de  tranare,  tramer,  c'est  irmn  qu*il  faut  dire; 
romanust  romam  ;  mais  on  dit  roiiian  pour  une  histoire 
écrite  en  français  Qiistoria  gaifico  termone  conucripta)  ; 

6'  En  Ai  :4rado,  -g-e  trài  (je  trahis); 

7" En  iûj  ifaUm,  fauls  (faux);  légalité  légales^  leal,' 
leauls  (loyal);'     . 
'8°  En  du  :  aperïu«,  (Aiu-ert;  - 

9°  Enfin  si  Ta  est  combiné  avec  u,  àu  se  change  en  o^ 
en  oc  etçn  eu  :  aurum,  or  ;  ihet^rut^  thesbr  (2)  ;  amiirej 


>'iîfci>  • 


(I)Xd  QitU  tol.-/r.  d«  II.  Katienne  (iMi)  traduit  ttramen  p«r  foarre, 
ettratn.  ,       ,  ."   '•        '  "'''"*^.'      ,"     " 

(2)  La  forma  thé$or  pour  trésor  s'est  longtemps  consm^N),  et  l'étymo-' 
logie  y  gagnait  i  NicotdtNonc .encore  les  deux  formes.  '   v,      x^^ 

•  ■  ,. -  ■  ^  .  . .    "  'âp^\ 


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oir  cl  tfuir  et  ©iii^  (ouïr);  çojirfa ,  çoè,  el  plus  souvent 

.    couè  et  céuè  (queue) ,'aiic/iti,  auè,  OUè,  diô  ;  ^  ctif^icard 

eiiè  (oie).       yv  V  >  ^-^        __^ 


clutnge,  : 


i"  En  A  :  per,  par;  »nçrcaforv  tnarchant,- qui  venc 
et  qui^marchç ;  car  marcer  vient  de  mercari ,  parce 
;         que.:-        .       .       '      '  '*      "  '         *  - 


'/ 


.ti:. 


ImpIger  cxtremoB  curritth«rcatof  adln'^ts 


l^"  En  I  :  légère,,  lire*;  tegula^  Uulô^,  et,  par  mé- 
tathèsie,  tuile;  .  ,  *     . 

-3'teri  o  :  ergo\  or;  hères,  hor  ou  hoir  (héritier); 

fi'  En  u  :  iectus,  elécius, AmcI,  eluct,  et, 'selon  quel- 
ques-uns, lu,  élu;  tliema,  thumt  [thèftie),  ùpodemti, 
y  .^apoàtumô,  que  les  raffines  prononcent  thème,  qno- 
stemè  ;^fœmeilaj.  (umGWè  (i) ,  prœpostm  ,  pruvost 
(prévôt)  ;  ■     -     *     ;       j       ' 

5*  EniE  :  pëltà,  pierre;  /wH,  hier; 

Ç"  En  El  :  pienus,  plein  ;  ingenium,  engém; 

7"  En  6i  :,  telft,  tdilè;  dprmieham,  (je]  dorhiôiè;  vide- 
rem,  [je]  voiroiè  ou  verroiè  ;  habere ,  hau-ôir.  '  * 

Rëmaaquë/—  Cette  dipjithongue  w ,  à  la  place,  de' 
la  voyelle  e,  est  telletnent  du  goût  des  Parisiens  qu'ils 
nomment  leurs icttrçs  boi,  c6i,:do%,  g-oi,  pot,  foi. 


1*» 


(I)  llieot  admet  cette  forme,  à  apn  prdre^lphi^iquc,  et  renvoie  à   * 


femelle. 


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12  >r  r,llA;ilAlllK    FRANÇAWK. 

»  ■  ■  ■  *  •  » 

q^lieu  de  he^  te^ite^  g^-e,  pe,.  le.  Il  n'est  doue  pas^ 
étoiw^lnt  que  les  Français  Iradwisent^  le  lâlin  w/',  li?, 
!    #ê,  par  moi,  r<^i.,  sa.  l#s  Picards  sont  plus  prés  de     * 
r^tyjnologie  ;  ijs  disent  »m,  /i,  «i,  et  plutôt  m'r,  r^,  #^; 
cependant,  moi,  fot ,  »oi ,  ne  paraissent  pas  moins  ac- 
7^ceptà^bles,  comme  purs  mots  grecs.  Iics1VoiJnand]â_^ 
.prononcent  tous  ces  mots  et  les  siemblables  avec  un 
.,e  et  non  en  oi;  ex.  t  t^lèy  €$teUêy  sétK  ntr\  leci^  veiè,     ' 
r^,  l^i  dméè\  étc;:"bour  toile,  estoillc,  soiC  soir,  tôict, 
.  -  voile,  roi-,  loi ,  [i']amoie  (j'aimois),*  etc.  Aujourd'hui  \  j^ 
inênie  cette  prononciation  semble  avoir  envahi  Paris';  * 
•on  di^  bien  encore  eètdillè  (étoile^;  mais  si  l'on  cnten- 
,    dait  ei/oi//d  (étoile)  et  non ^tellc  (\)^ «Êidotbiv  et  non* 
.  en^ebtét  On  mourrait  de  rire  et  l'on  crierait  au  barbare  ; 

8*^  BC  :  de6Uum,  de'ù,  pudeut,  ou  debtè  (detCe)  ;   °' 
delnte\  déuement. 


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3.  I.'—  Vise  change 


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"i    i'Erif:  /%iia»  langue;  tineutîh,  linge  (2),  et,  en 

'picard,  lange;  /  ,  ; 

2°  En  B  :  /iaerû  j  Jfettr^;  m^en,; 

3'  Eb  u  :  primarius,  prumier  (premier);  fimarium^ 

;.\V"|umier;_.        ,:■'■■■  '^V  ■,■    :   '\  -'^       '  .•„  ^ 

,  V  A*»  En  i-(j)  :  «iirita,  simi-è  (singe);  pipio J  pii-^n 

(|)igeon);  et  réciproqueméîit ,  i-(ou  x  consonne)  en 

.  lyoyeUe  :  rat-a,  raie;  Troi-a^  Troie  ;  « 


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.  (i)  Nous  avons  repris  VfolI<^  mais  nous  avons  contfwvé  constellé. 
(2)  Dubois  n'est  pas  cooëéquent  aVec  son  système;  il  devait  écrire  r 
laolè  (Itnyna)  et  ling«é  (Kt^uin).  . 


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/ 


H"  En  (Si  s,i>lfl,  voie;  vicinm,  vôicin  ;  viirum  ;  vôirrô; 

RbmaroI'B;— .Mieux  vaudrak-il,  pour  tous  ces  mots, 

dire  avec  les  Normands  :  véù,  iiScin ,  verre,  fé;  cet 

e,  employé  d'abord,  les  Français  ftnt  changé  en  oi. 

dans  la  banlieue  de  Paris,  on  entend,  à  chaque  instant 

dire  :  par  ma  fé  v^rè/T affinité  âes  deux  sons  c  et  oi  a 

causé  la  confusion.       ',        ;      '•    •  '        *  .  ■   *"    / 

.  6*En  ift):  t;wià,y^*(vu);;     ^  ;         / 

7*  E.niï  :  wi^iVia,  vénè(veil|c)i d'où  ew^tïore,  évâïei- 

Çévéitler);  d'où  encore  trau-êil  et /rau-fi/er,  Veille  tro^ 

/longue^  veiller  trop  (1),  :.  '"    ; 


'     l^ArBfl%/(w  (ville),  bàbylard  (babillard);  rfo- 
^,mtfta,  dornûe/Za,  damé,  damoi&ellè; 

^  En  E  :  e^oV  i-è  (2)  et  mieux  g-è  Qe)  vhomol 
^    hômè;."   -    ^  .■■;'■    '\:      V  ^~.   ;   ;.-  ;[ 

â*En  u  :  Po<niov,^buscè  (bûche);  M«<wi«,.o8su  (los^ 
'seux);  réciproquement,  u  se  change  en  ô;:  mndùs^ 
monde  ;  a»wamii«,  [nous]  apiofts  (3)  • 

/t*  Èb  db  :  dmùr,,  au^cTur  ;  m^le»,  moùlè  (mesure  do 
gros  bois);  ^ 


■f^ 


(1)  C'Mt  par  scrupule  étymologique  que  Dubois  donne  travtil  pour  tra- 
^   rail,  qui  seul  était  alors  employé  :  le  piortel  tracau*  aiînln  dû  lut  mon- 
trer le  danger  de  U  forme  qu'il  adop^it. 

(2)  En  Vendée  on  prononce  »e  :  ce  qui  semble  indiquer  qu'il  y  avait 
autrdbis  coiirusion  de  l'I  et  du  J.  jlans  Ja  prononciation  conunrdans 
récriture,  malgré  la  distinction  faite  par  Dubois. 

(3)  Informe  amer  pour  atm«r  s'ekt  conservée  dans  le  style  ée  l'an- 
cienne  chancellerie  ;  les  itois  s'adressaiept  M  leurs  •  amés  >  et  féaux  les 
wm,  etc. 


^3 


■><. 


S 


<* 


'v:.. 


V 


•  » 


;  -^ 


t,     V      -      j    •  Il 


"v: 


^ 


'.     '  \ 


'         ■  -  ^'^  '    '.       .  . 

5'  En  Kt  :  /lora  ;  liéirè  ;  coçwè*,  coquinartu»,  ceu 

(queux),  cuicinicr;  prohut^n^  wU,  preud ,  prëudè.  De 

\h  preud  home,  prcudè  femè;  preu  vous  facèt  (c'cst- 

Mirc*  grand  bien  vous  fasse)  ;  les  douces  prëbs  (  les 

douze  preux);  odiomn,  lïorosus,  vinoiut,  odiélis^  heu- 

réus,  vineus,  qu'il  faut  écrire  avec  s  et  non ,  comme 

le  vulgaire,  avec  x  final ,  à  cause  du  féminin ,  lequel  jie 

^ifl^re  du  mçisculin  que  par  râddition  d'un  e.;  ovum  , 

euf,  (œuf  );  cor,' cdjr  (cœur),  qu'il  ne  faut  pas  écrire 

œuf  eitœur  parce  qu'il  ne  peut  y  avoir  trois  voyelles 

dçins  une  même  syllabe;  iabor  fait  labelir  et  labdïir  : 

et  en  effet  o  dexertains  mots  latins  se  change  en  eu  et 

en  «il ,  tantôt  dans  le  mên^e  sens,  tantôt  dans  des  sens 

différente  H)  i  ;  . 

6*  En  6\  :  (sowov,  bdis  (pic,  hos ;Jlam„  bo^), — 
En  oj  encore  se  change  (a  lettre  double  (M  i  poinu, 
p6mè  (2)  ; /œ^um ,  foin  ;  ,  ' 

7*  En  ui  :  coxa,  cuiscè  (cuisse),  d'où  le  dijminutif 
cuitcot  (cuissot;  ;  octo,  ùict  (  h^it ) . — Réciproquement , 
ui  se  change.en  0:  y/tti(^ire,  floter. 


6.  U  voyelle. —  Vif  if  c^«|i(yr.:  , 

!•  En  E  :  circuluif  cercle;  ntUndus,  monde  ; 
2*  En  I  î  ebur,  m-irè  et  iit-dirè  (ivoire);  pMn9#rf, 
pincef  ; 


(1)  On  en  poarrait  citer  ile  jiombreux  exemples  mç^rir,  ilmeuri,  f^ori : 
épromer,  émeuve,  etc. 

(2)  Le  patois  angevin  a  consente  poi  ne  pour  peine,      . 


V, 


1 


/'  — 


■  a 

■0- 


lîv. 


'       ,    DLiUli. 

"  '       '■„  ■'.".'  .     *     • 

.V  En  0  :  «iimma ,  somn^è  f  ".    : 

k*J^j^^)i^^^fi^  fcru-jcr,  ou  freu-lcr,  m 

fcù-ricr  (février).  -^  Réciproquement,  t-(v)  se  change 
en  t  :  vovere^  vouer;  avicella,  aucel  ou  occl  (pic). —  ' 
En  français,  auceàu,  e(-eau  oii  ôui-eau  (oiseau); 

•    5"  En  (^  :  puUa ,  pcTuIlè  ;  curia ,  coiir  ;  subilui^  Boubit  ; 
^uÀ(i7t«,  sdùbtil(l);  ^^ 

6"  En  6i  :  nux^  ï\Sv&yungere,  6indrè  ; 

7*  En.fu  ifluvius,  fléuvè  ;  réciproquement,  WJ  fte 
change/en  v  :  pj^ûfxa,  rumè,  d'où  enrumé,  et,  plus 
souvejit,  enrdùë  ; 

J6'  En  m  :  put^iM,  puis  (puîts)  ;  lucere^  luir6  ;  sm»ï  , 
g-èsui  (je  suis).  •    '  .- 

9'  L*u  (hypsilon)/  grec,  se  change  en  u  et  en  âii 
rvju€o;,  tutnbè,.  d*où  tjimber  (2);  v«,  hou;  hduhcTu, 
injure  aujc  femmes  de  mauvaise  vie  ;  sdù,  pieds  de  porc 
consprvés.  ,.  t 

RRMiiRQUB.  —  Cest  une  faute  d'écrire  en  français 
.  avec  un  T  des  mots  qui  ne  sont  pas  d'origine  grecque,  " 
comme.àmt/,  rof ,  %;  il  faut  écrire  ami ,  roi ,  foi (3)  ; 


'   V 


r) 


''! 


i> 


f  i)  Soubit  et  to%d)tif,  pour  subit  et  «ubtilV  ft '.nés  proposée»  par  Dulmig 
par  respect  pour  l'étymologie,  mais  nonadmiftcs  de  son  temps.  On  trouve 
fréquemment  «outil  dans  les  tettes  du  moyenftge.  | 

(2)' Cett/ vieille  foniie,  d'un  usage  alors  général,  s'est  conservée  dans 
le  patois  angevin.  Son  maintien  était  encore  en  question  an  milieu  <du 
di\-«eptlèneilKle,  comme  on  le  volt  dans  le  Discourt  fur  rAcu<l(fmie 
frcMifow,  IflM  (par  Ch.  Sorel.).  • 

(3)  Il  semblerait  cependant  qne,  dans  tertalns  pays,  les  motf,  écrits  par 
un  y  l'aient  admis  dans  la  prononciation  puut  deux  H;  dansIMIe  de  Noirr 
moutler,  par  eiemple,  on  prononce  moy,  toy,  coqioies'il  y  aSj^t  moille, 
toilledlmonlllëa).  .         •    > 


-t 


r- 


1       I 
>■ 


IC 


:-:^^„v.. 


URAHMAIIli   PRANÇAIAK. 

,w 

6  Wj.  U-(V).  — -Lr  iVir  r *aii(/f  : 


—        j 


'  ♦ 


A. 


i»*En"  B  :  ctirvKf,  cdùrbè.  — -  Les  Gascons  con- 
^Jéndcni  1^  deux  lettres  et  disent  biri  pour  vin ,  vedu 
pour  beau;  , 

2*  En.  r  :ofe«fn ,  etjf  ;  vicem,.  f(îl8  ; 
3*Enii  :  ^)av|0f^ j|)<ii>a ,  pan,  panessè  (paon);  ruttus, 
rtfucè  et  ensuite  ronçé;  la  réciproque  est  plus  f^é^ 
•quente;  cowfWre,  colleter  (coûter)  t  rfcwariiim,  dduâirè; 
lonjore,  toiiser  (1  ).    !  '  '  " 

Enfin  u  consonne  e$t  souvent  intercalé  entreTdeux 
voyelles;  deante,  deu7anr:  lunsi  de  «  (grec).Briva- 
''  tif  et  dé  eut  (oculus%  éhcféy  éu^tê  ^  avons-nous  fait 

Remarque. —Pour  entpêcher  rhiàtusi  outre  le  ihJv)  V 
noud  avonÎB  lé  t  :  mea  amito,  ma  àntè^  est  devenu 
ma  lonlé  (2);  mea  avia,  mdiù^^,^^^J^ïtà^mtiMi;'^. 
et  Ts  :  dearmare,  desarmer  (3);* 


-  * 


"^ 


§  2.   ciBAl«6llliB!<TS  Dlfi  C0NSÛ1VNI8. 


LeB  Isa  place  entre  le  p  et  le. ph  ou  i»,  comme  le  b 


.  "■    ■«■. 


*   .-i~   ■-' 


r  ■ 


-f  ^   (1)  Mot  coniervé  dans  le  patoU^anfeTinr  pour  tondre.      V. 

y  (3)  On  cite  un  aiMs  bbn  nombre  de  mpU  où  une  consonne  babitoelle* 
loent  placée/' devant, un  mot  t'est  incorporée  avec  ce  mot:  ainsi  ]j[ans 
«M-tHMit^  \à  T,  qui  était  eiipbonique  comme  dans  o-l-rl,  s'Mt  Jo^nt  à 
9mu  pour  faire  iwit«;, ainsi  fc«d«^,  blerre,  jMréoécié  de  l'artielet  c'eat 
XhMrr$  :  de  là  Itm-e;  «Miftmste,;taHgou$t«^  «^  devctqu  langotut4:  de 
même  pour  <miigétta4e,tii  lanspetsade  qu'on  dlsiit'lndiJRéremo}ent    ' 

<(S)  L.**  ^Mt  UM  létà«  euphonique  comme  le  t;  au  °dii-sepliènte  siècle 
an  lien  de  on  a,  pendant  -^elque  t^^w  te  o«ur  elle-même  a  prononcé 

..    OHM  a..'  ,      ■  -"r    ■     1      ■       ■ 


\, 


■*>, 


i«  ■*■'•'  V 


DltOIr*. 


17 


ctîlre  le  c  et  le  en,  comme  le  d  éiUre  le  t  et  le  tu;  les 
lettres  de  chaque  prdre  sont  toutes  entre  elles  dans  le 

rapport  le  plus  ('îtroit. 

^  •      ■ 

t*  ft«  —  p.  -^  PH>  F.  —  Ces  consonnes  se  changent^  savoir  ':  -■'' 

i*  E  en  u-(v  consonne)  :  faùa ,  feu-è  (fève)  ;  faber^ 
feutré  (1); 

2*  Ben  0  (voyelle)  :  ^/tf^iiii*,  deu  ; 

3*  p  en  D-(v  consonne)  :  cupo ,  cuu-è  (cuve)  ;  cupètta  » 
cuu-el  ou  cuu-iel  (cuvier)  ;  n>a,  riu-è  (rive)  ;   "  /^ 

A'B  en  p  :  lurba,  trdiipè;  /am^erf,  laper,  r^  Réci- 
proqueinent  :  flfup/iM,  d((ùblè;  / 

^*E  en  r  :  iibilare.  slûer-; 

6*  B  en  c  :  cubare^  cdïicer  (coucher),  i-dûcer  (ju- 
cher), ccTuU-er  (2),  trois  mots  avec  trois  sens  dif- 
férents; 

7*  B  eh  G  :  rubér^  rdbg-è;  rabies^  rag-è;  juffilare, 
i-du|ler  (jongler).  ,  '^       ■ 

î.  c.  —  O.  —  CH.  —-  Ces  consonnes  se  changent ,  savoir  ;      ' 

!•  C  en  O  :fl(j«-,  flgrè;  judéx,  i-ag-è;/ocar<î,  log-er. 
—  Eéciproquement,  g  se  change  en  c  :  mungere^ 
m(fucer  (mdkher)  ;  towj^e,  tdlicer  (toucher) 
,  2*cenQU.\a«ci,  naàquir,  nàisFrè;  re«cï,veà^^ 


A. 


(!)  Fèv^i,  oasTier.  A^faber,  ourrier  qii«  travaille  l'or,  orfèvre: 
(2)  Il  «emblé  cependant  que  dans  courer,  nuittcau  et, quelques  antres 
niots,  le  V,  alors  confondu  avec  l'u,  dans  l'écriture,  se^confondit  aussi  dans 
la  jprononciation-  :  car  en  Anjou  on  prononce  cover,  mauait^  nous  avons 
fait  une  obaenration  analofoe  pour  1'»  et  le/  (p.  I^î).  . 

3)  PrimiUfs suppoffia  pour  expliquer  tl  natfiàt„il^^s«iuH  (vécut). ^^^ 

':  .  /    2     . 


>  « 


"«i 


X 


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%  : 


•^ 


T 


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"%c,--^ 


■  ■    '  •    *         -^ 

(i.  e.  vivere\  Vivre  ,  ^r- R<^ci|>roquement,  qd  en  c  : 
coquinn,  cmcinii;(ftin(fue,  cinc,  «t  non. cinq;  parce 
que  Q  ne  va  passa  is"u;  ^  ^       ;      T         '^ 

3*  c  en  "^  î  cvjallùiy  ceval  ;  t'occa,  vacè^  (cheval  ^ 
vache); 

h'  <'.H  en  G  ;  iU,  c  :  concha,  coque,  coquilù;  uchoia, 
eàcolè  ;  rdwf/iM .,  g-ant»";  (jante  d'arK;  roue)  ; 

5' (^.  en  T  .  pascere  f  puiàlrè  (  paître)  ;  (leuedicere, 
lienilrù,  pf'ur  benkrè  t^  bénir),  —  Réciproquement  : 
•JM«ïi/i«i ,  juflicè  ;  p/area ,  placé.  . 

il  3.  F  •  — T.  —  TH.  —  Ce5  consonnes  se, changent  : 

1°  D,  jn  X  :  lUauiterCf  ploter.  —  Réciproquement , 
T  en  D  .  mue,  done;  fàtuui,  fade  ;  poitaia,  panade; 

2*  Jt  en  c  :  lœder&t  blecer;  péndere,  pencer;  impe 
;dire,  empecer  :  on  donne  qUelquetois  imp^ccare  pour 
facile  à  ce  mot,  par  une  étymologie  plus  subtile  que 
ju»(e;  c'est  comme  si  4*on  disait  :  envelopper  dans 
IVrréur  ou  le  péché  ; 

3"  U 'en  G  :  rodere,  ronger;  lart/arr,  targ-er  (1)  ;^ 
'|uèlques-un8   disent   tarder.  —   Réciproquement   : 
'plangère ,   plûndrè  ;  pintfere ,   t'mgere ,  çittgere ,  pin-  . 
drè,  tiadrè,  cindrè;  tpargere,  e^rdirè  (3); 

II*  B  en  L  l'EgiditUf  iiilè;   ^ 

5*  D'en  M  :  consuetudp^  cdùtumè;  incusr  incudis  \ 
engumè  et  englumè  (pnclume);     v 


/_..... 


i\)  Le  (i  et  le  9  il  confondaient  en  elTet  volootlen.  i^e  «licUonaalre  de  Nl- 
cot  diMine  de  mivMcwria^  (eurjonii}  et  eordom,  mmrétU^tK  wmrgeUe,  etcr. 
,   {i)  D'où  épan,  q[HU*«* 


#/ 


•■-.  "■  ■* 


#«v 


) 


DUBOIS. 


10 


^  V  eti  n  :  verecundia.vergomii^;  •    . 

•  T  D  en  u-(v  consonne)  ':  gladius,  g!au-«>  ou  glaiu-è, 

,       °   •     '  h-  a* —  Le  a  SI'  ehattgv  : 

||i"  En  c  :  Voy.  c  ;  —  2'  En  p  :  Voy.  D  ; 
3"  En  i]-(v  consonne)  :  oi^ii«,  vis,  et  de  là  nW. 

.  ■  "^  ..;■■.  '^  ^  *  .      ■     » 

•■-      ■   '  .        ^ 

t_     ■■  ■*;..'  .^".  ">'":  -,  "    V^.-     ■..  •'  .  , 

1°  n  s'ajoute,  comme  aspiration,  au  devant  des 
mots  latins  :  altus^  ardeo^  uhûa ,  pour  former  les  mots^: 
hault ,  hardi ,  hulotè;  *< 

S"  H  se  supprime  dans  HordeUm ,  org-è. 

•  eu  L, -*  VL  »e  change: 

1"^  tin  a  :  /twctnia,  roàciniol  ou  roscmol  (rossignol^  ; 
eptVio/a,  epiàtre,  pour  epiàtlè  ; 
2*  En  T  :  palUum ,  paZ/io/Mm,  palleto  :  pour  palliot. 

7.  M.  —  N.  —  C<?5  lettres  se  changent^  savoir  :    < 

!'•  Il enpi :  mappa ,  Dappè ;  matia ,  natté.  —  Récipro- 
quemehjt  :  cpnlntiiare,  comencer;,  , 

2*Nen«.— (Voy.  u)j  ;: 

5*  Enfin  N  se  supprime  dans  :  concha^  coque;  con- 
chuta  j  coquilè;  ce  dernier  mot  désigne  à  la  fois  l'étui 
d'Un  limaçon  et  une,  coiffure  de  demoiaÉille;  (i)  r-in^ 
sula\  isiè. 


<•  .• 


(i)  Fureilère  prétend  que  la'  rue  Coquillètê  lire  son  nom  de  ce  qu'on 
y  fabriquait  et  vendait  beaucoup  cette  cuilTure  (v*  cuçuti^). 


,  •♦<■' 


^ 


y 


/ 


A 


V      . 


-  A- 


■   f  . 


;i. 


/• 


30  UtAMllAl|I   PRAKÇAItl.  .       . 

'^.  P.—  Le  P  se  change  /  .    '   , 

-  •    !•  En,  c  :  »puma,  eàcumè;  .«/miw/r^?,  escumeri  de 
là  le  nom  d'cicumeuh  de  mer  y  donné  aux  pirates,  et 
d*èscumeurs  de  latin ,  aux  pédants  ;  —  rupes,  rocè  ; 
».    2*. En  ij-(v consonne).  —  Voy.  b...     ,  "• 

3'^En  F  :  copii/,.cef  (chef)/' 

».  Qt.  — /^  ÇL  5e  change  : 

^-  l'E.nG  :  a?9Ma/i>,  egàl; 
/      2"En,e:  ^Voy.c. 

10.  R.  — s.  _''J  - 

l,e  changement  de  r  en  s  et  de  s  en  a  était  fréquent 
"  chez  les  Grecs  et  les  Latins.  Nos  fenjmelettes  de  Paris, 
et,  Meur  exemple,  quelques  hommes^  affectent  de, 
.mettre âes^R  pour  des.s,  etdes  «pour  des  r  (1)'.  Ils 
diront  par  exemple  :  Jeru  Maiia,  mametê,  mon.  pesét 
mon  yre<é,  et  mille  autres  mots  semblables,  pour  Jesu 
Mariât  fnerèfperêt  freré,  eic, 

i*  R  se  change  en  s  :$KovpiM>«,  cdusin^  cdiisinè,  que 
np6  Païennes  prononcent  courin ,  courinè  ; 

2*.R  en  L  :  Chriitophorut^  Christoflè.  ■> 

■'.■■■■■■-.  .•■       «•  ■•  /         :■  -  ■ 

, .  ■     . .  -,  ' .  * 

II.  T,  ^  ù  T  te  fhgnge  : 

l^Enc— Voy.c; 


\ 


(i)  Le  Bitm  /y  de  Paay  (lé  beau  fils  et  Paris]  poème  attribué  à  Marut , 
I^u  tard  Gabriel  Naudé,  dans  «on  Maacutai,  cooatatent  cette  oiode  et  en 
montrent  la  penittance;  on  la  retrouve  en  Berry,  où  l'on  dit  chetwte,  , 
wràft,fom  ekemiie,uiate,yté„.. 

^  :■''■"'.''   i   ■    '     ■     '       -'■■■■ 


r 


; 


Dl>»OI8. 


21* 


>    i 


2**  En  l:  satur,$imrate^  saul,  saùlcr  (soûl  soûler)  ; 
^   3*  En  G  :  natore,  nag-er;  ». 

4*  En  R.  ^ —  Le  T  et  le  D  se  changent  souvent  en  r 
devant  une  autre  r  :  /Vlru«,  Pierre;  quadrttré,  car-r 
-rer  ;  vitrum,  vdirrè,  d*^où  verriites  et  verrièresy  c'est-à- 
dire /en^i(rè  de  verre.      / 

Conïme  Tx  i  la  double  valeur  40  es  et  de  es,  et 
que  Je  c  comme  le  q  ont  un  grand  rapport  avec  l's, 
on  trouve  souvent  Tx  dcâ  Latins. remplacé  par  deux  ss 
enVrançais  vexire,  issir  (1).— Si,  après  Tx  vient  une 
consonne,  cet  x  se  conserve  ou  se  reinplace  par  un  s  : 
exprimfre,  exprimer  ;  exprobare^  eàproliu-er. 

L* auteur  termine  ici  la  première  partie  de  sa  tâche  ; 
s'il  a  été  long,  c'est  qu'il  a  tenu  à  prouver  une  thèse  que 
Calepin,  Perotti  (2)  et  d'autres  avaient  soutenue  avec 
des  arguments  moins  incontestables.  ^—11  a  niontré  les 
caractères  particuliers  dçs  lettres  et  leurs  rapports 
communs  :  il  va  poser  les  principes  à  l'aide  desquelles 
on  pourra  faire  passer  sans  embarras  les  mots  dû  latin 
ou  du  grec  en  français  :  ce  qui  précède  à  pu  y  préparer 
et  peut  déjà  tenir  lieu  de  règles.       ^ 

■  '  ■.  ;  ■'■    .  ■  *   • 

.   FiGUlES. 

■      ■    •       /  '       " 

Les  Français,  pour  s'approprier  les  mots  hébreux, 


^  * 


(t)  SorUrtd'où  ittut. 

(2)  r^epio.  La  I*  édition  de  son  dict.  en  7  langues  parut  jk  Reggio,  en 

1608.  —  Perotti.  L^  l'*.édit.  de  ses  Rudimenfat  grammatictt  nt  de  1473. 


^- 


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V 

•  ■    '     » 


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V. 


*  '4 


»V     .         ■      — '    .  *v 

'ii-     '."•  MAMHAIIie   PRAnÇAlftK. 

•  '     .  -* 

grec3  et  latins,  y, ont  proposé,  intercalé  ou  ajout^  une 
syllabe  ou  une  lettre,  que  d'autres  fois  ils  on^  ehlev'éc 
au  commencement ,  au  milieu,  ou  à  la  fin  ;  parfois  ils 
ont  procédé  par  divisfon,  contraction,  transpositioit^ 
et  en  An  mémo  par  transformation.  —  On  reconnaît 
ici  dix  figures  de  grammaire,  que  l'auteur  examine 
successivement  : 


«2= 


1.  La  prothèse  ou  préposition  consiste  h  placer  une 
letti^e  ou  une  syllab^yant  le  mot  :  spina^  eàpioè; 
spiritus,  esprit; 

2.  Vépenlhcte  ou  {ytferpasiiioit  intercale  dans  le 
mot  une  lettre  ou  une  syllabe  :  pueltay  pucellè;  tur- 
ifarcy  trdbbler;  '         \'      ' 

3.  \a  paragoge.  pu  aiiongement  ajoute  une  lettre  ou 
une  syllabe  à  la  fin  d'un  moi  :  portio^  portion  ; 

&•  Vaphérè$e-  ou  ululation  enlève  *u|iè  lettre  bu  une 
syllabe  au  .commencement  d'un  mot  :  sordidus,  ord 
(d'où  qrdure) ;  jéjunum  ^eùne)  ^  i-unè; 

5.  La  igncope  o\x  coupure  enlève  une  lettr^  ou  une  ' 
syllabe  dans  le  corps  d'un  mot  :  fidereS^er;  iàudare, 
louer  ;  p/a^ ,  ptàïè;  -^ 

6.  ha,  tliérêse  consiste  à'diviser  une  syllabe  en  deux  : 
ainsi  bots  (buxus),  etg^  liin{odï)  se  distinguent  de  bois 
(Poaxoy)  et  de  ^-'/lai  (  habeo)^  " 

'AlAsynéréie  est  (a  contraction  de  deux  syDabes  en 
une;  saturt  8àu\  {s6\x\);  $erv  us /Ber(; 

8..La  nk'mi/it'*ctran«5pose  une  lettre  :  /i/m^cr,  tym- 
brè;  f,>aiia«r,  Eu-andrc; 

0.    Les  mëtamorphosei  ou  changements  des  Ict- 


i& 


•  /* 


1     .        / . 


'"     » 


-^    »■ 


t         tf 


lit  nom. 


is 


très  noua  ont  déjà  fourni  dé  nombreux  exemples  ; 
10.  Vwpocopc  ou  rc|rfïnc/i<'»>nr -consiste  à  enlever 
,  untï  lettre  ou  une  s^ll^bê  à  Hifin  d'un  mot  :  odiosM.t^' 
odieus  ;  adoran\  Itdorer.      ||i  ,  ^^ 

Remarque.  L'apocrip*  se  marqu^souvcnl  par  r«fw- 
l«/rop/ie.  En'  e1Tet ,  à  l'exemple  des  Gracs ,  ncAis  mctttfns 
'd'ordinaire ,  après  la  dernière  consonne  d'ini  mOt,  une 
apostroj^he  qui  anr^once  la  suppression  d/uu' a  ,  :  d'un  n 
E ,  d*uh  1 ,  et  même,  dans  le  Hainaut ,  '^xsxi  u.       •      \ 

L«î  Latins  ne  ;narquaie1ht  jamais,  la  suppression 
d'une  lettre  ou  d'une  syllabe,  mêm^dans  la  mesure 
d'un  vers,"  Dubois  est  le  premier^ dit\il,  quf  ait  em- 
ployé Tapostrophe^  et  il  er\>ègle  ainsi  l'ùsâgê  :  , 
A  s'élide:  rarement  :  fA'umie? ,  i'amiè ,  i'amiè ,  pour 
mà^am\èyiaam\è.,%aamU.  ^ 

*  esit  presque  la  seule  lettre  ;j#  nous  élidions  f 
^  ■!«  ;i'e#  (\viun  badin,  pour  tu  ^è  ei  qué%n  badin,     ^ 
♦  I  s'élide  rarement';  on J^  trouve  pourtant  élidé 
dans  :  1^'  n'irai  poincl ,, pour  9-<»  ne  I  irâk  potnci, 

0  ae  s'éliïe  pas  ;  d;ailleurs  il  n'est ,  que  je  sache, 
aucun  mot  français  tefminé  par^  (i). . 

V  ne's-élide  pas  en  français;  dans  le  Hàfhaut  oa  ' 
'^  dit  t'eiltig-^,  pour  tu  es  sag-è  (2). 


«r 


'-♦ 


.4^" 


■'^'" 


i- 


Sou^ïle  titre  de  Canonei  suit  une  longue  liste  de 


mots  répartis  en  différenjles  classes  selon  les  différentes 
figures  que  rauwur  a  reconnues  ;•  ces  listes  sont  sur-^ 


.7^ 


It)  l.'auteiir  ouWio  le  moi  phileio  qu'il  a  donné  plu»  haut.— Voy.  p.  19. 
[ly.U  patoJH  angevin,  et  [a  plupart  dcê][«toia  congénère*,  ne  prondn- 
t  «ni  pas  autrement^  \      ^  , 


V 


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i 


^     / 


I 


"S.. 


tout  curieuses,  .pour  le  grand  norpbre  de  "termes, 
maintenant  perdus,  qu'elles  noié  présentent  et  qu'elles 
expliquent,  et  pouf  les  locutions  patoises  qu'elles  con- 
serve'nU:  y  ^         v 

Ge  travail  occupe  une  place  importtinte  dans 
l'oeuvre  de  Dubois  ;  eq  ,  voici  le  rapide  résumé. 

PaÔTnÈSE  :  Avant  l's  suivie  d'une  autre  consoiji 
nous  écrivons  ordinairement  un  e  :  «cfi/a,  escélè 
(échelle);  siudium^  eètudé ;. quelquefois  un  o  :  stru- 
lAiu»,  oàtrucè  ou  oàtrucè  (autruche)  (1),  ou  d'autres 
lettres  :  ranunculus^  grènoulè  (2),  pour  rènoulè, 

Epenthèse:  Les  noms  français  qui ,  après  la  syn- 
cope opérée  sur  les  primitif  latins,  se  termine- 
raient en  mrè\  mlê/nlèy  Irè^  nré;,8r^^  prennent, 
pour  aider  la  prononciation,  un  b  entre  m  et  r,  m  et/; 
un  ^  entre  n  et  /;  un  rfl entre  /  et  r,  n  et  r,  «et  r,  de 
sorte  que  )/.  my  n^  «,1  appartiennent  à  la  première 
syllabe,  non  à  la  dernière  :  pwto,  pdbidrè  (poudre); 
nufneruSf  ribmbrè;  tener,  tendre;  spmuiax  éspinglè; 
œnsueret  colisdrè  pour  consdrè  ;  cfimu/ti^,  comblé. 

P^ARAGOGE  :  Les  mots  latins  en  o  s'allongent  ordi- 
nairement d*un  N  en  passant  en  français  :  Cato,  Catoo  ; 
regioi  région. —  Parfois  le  français  forme  dés  féminins 
en  efse  qui  n'existent/  pas  en  latin  :  hœcdux,  ducesse 
(duchesse,  du  masculin  duc).       * 

Aphérèse  :  y/w,  léir;  «ordie/are,,  ordir  (salir).  " 


•    (  1  )  Nicot  (édit.  1 573)  donne  le»  fôrmefl  ostruce  et  auttruche.  * 

(3>  Nicot,  au  mot  frènouiUe^  dit  :  ■  Il  Tient  de  Aanun^rui»*,  ou  de  Ra- 
iitttayiirminutif,  enJdjoustant  fyàucommencenient.  Aucuns  eëcrivent  et 
KtronoDcerit  rf  noiiii^e/ »     <,  '     .      •  ) 


A 


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'  1. 

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'  W, 

-A-  - 

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K 


DIBOIS. 


25 


Syncope':  Des  substi^ntifs  en  w/u«,  «/a,  u/um,  le 
français  retranche  Tu  ;  articulusy  article  ;  fabula  ^ 
lablè;  des  adjectifs  en  6i7i«,  il  retranche  Vi  ;—  hono- 
rabilis,  honorMè iflçbilis,  fleblè  oji  flebè  (i)  (faible); 
— des  verbes  en  i«?,  il  retranche  le  c  :  clarificarcj  cla- 
rifier; ment/icare,  mendier  ;  —  dans  les  mots  sujvants 
on  supprime  in  :  itominare,  nomer  ; /œminfl ,  femô^ 
femnè,  famé  ;  et  ailleurs  leg  ;  —  p/a</a,  plaie. 

Apocope  :  Les^ots  latins  en  alis  passent  en  français 
avec  suppression  de  is  finaf  :  liberaliSf  libéral  ;  et  la 
plupart  changent  \\a  en  e  ;  naturaiis,  naturel  ;  —  les 
nfots  en  mentum  rejettent  'um  :  sacramenium ,  sacre-, 
ment;  —  les  mots  en  /enm«  perdent  m  ;  frauduleptus, 
fratidulent  (frauduleux)  (2);  somnolenluS)  somnolent; 
—  les  mots  en  arim  ou  àrium  retranchent  us  ou  um  et/ 
transposent  l'i  ."  armaturarius  j  armurier  ;  arfwq-î 
riuOT,  armalrè  (3)  (armoire);  notùriusj  notaire;  4- 
les  mots  en  osus  perdent  im,  et  changént^o  en  éit  m 
u:  vinosus,  vinéus;  membroius,  membru. — •  Enfm  , 
le^  mots  des  cinq  déclinaisons  latines  perdent  en /gé- 
néral, pour  passer  e|l  français,  et  ^^ur  terminaison 
et ,  s'il  y  a  lieu ,  Tune  des  consonnes  redoublé(^  qui 
•précèdent  rferrum ,  fèr  ;  bonus f^^eaa:^bon ,  bc 


(1)  On  lit  dani  Ntcot  :  ■  Flebe  ,  aucuns  prononcent  ainsi ,  disans  qu'il 
vient  de  flebilù;  autres  prononcent-^ebI« ,  et  ce  par  metathèse;  autres 
prononcent  foiblé.  >— Ménage  ditdans  ses  Origines  (I6â0)  :  «  En  quelques 
lieux  de  France  on  prononce  encore  à  présent  /foibe.-»  ^ 

(2)  Ni<^t  donne  les  deux  formes, /raMduIeni  et /r^dttl«kr. 

(3)  Nicot  donne  ce  mot,  et  ne  donne  pas  armoire.  —  Cf.  Ménage  Qb- 
servalions  tur  la  lani/ué  françois». ,        -       . . 


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\é,  r.|AllliAII|!   FRANÇAISE.         A  ' 

Remarque.  —  Dans  \vs  adjectifs,  le  masculin.et  le 
neutre  sont  semblables  en  français;  le  féminin  se  forme 
par  l^addition  d'un  e,  avecla  consonne  double  ou  sim^ 
pl<  selon  le  primîlif  latin  :  ainsi  M/ii«,  bdkTy  (slH 
bel ,  belle  ;  mais  bonus,  jbona ,  bon ,  bonè* 

'Dans  les  noms,  te  féminin ,  s'il  y* a  lieu ,  se  forme 
de  lai  même  manière  :  Martin,  5farifmH^  liftpard  (léo- 
pard), i/iVparrf^  ;g!le  mot,  adjectif  DU  substantif,  est 
terminé  au  masculin  par/  on  Je  change  au  féminin 
en  ti-(t>)  :  natif,  mtiwè;  sérj,  seru-è,  jet  non  naiifu-ê,^, 
8erfu-è,  ;  '  / 

■■■■■'"  ,       '  '■■'!■ 

-  METATHÈsif^rS'r  final  des  «mots  latins  se  transpose 
généralement  :  (^ner,  tendre  ;  c/ea;/er,  dextrè.    ; 
.  Synérèsb  :  La  synérèse  a  lieu  après  là  syncope 
d'une  consonho^  «ecMHM  (sync.  c),  sèur  (sûr)  ;  fl(y«o, 
(sync.r^auèj^). 

Pi^^sE>^î«:ta,  l)6i8  ou  bôïiis  (bUis). 

AprèsVyoir  ainsi  passé  en  revue  toutes  les 'figures 
à  l'aide  desquelles  du  mot  français  6n  peut  remonter 
au  primitif  latin,  Dubois  donne  quelques  autres  règles 
de  dérivation  qui  échappent  à  tout  classement.    ' 

A,  A  l'imitation fdes  Latins,  les  Français  forment 
un  grand  nombre  de  mots  par  l'addition  de  la  finale 
mj-è  :  ville,  villagrè  ;  pas,  passag-è  ;  home,  homag-è  ; 
°(/am,  damag-è  ou  domag-è. 

2.  Du  féminin  d'unTadjectif  supposé,  on  forme 
au^i  un  grand  nombre  de  vocables  :^tel8  montâmè 
(montagne), /oft(<ftné,  médecin ,  qui  viennent  du  fémi- 
nn\  ûe.monlanùàj  fotitanust  meiiicinus,  etc.  On  peut  y 
joindre  tous  les  substantifs  comme  vallée ^  armée,  t*«ir, 


if. 


ni' BOIS. 


roiiiV,  etc.,  etc.,  qui  dlfivcnt  de  participes  passés,  et 
les  suivants  qui  vienncht  de  participes  futurs  vrais 
*oiji  fictifs/telS  qweifncttiréi'Hsurèy  or^duu',  parure :,  etc. 
8.  Du  datif  des  participes  en  n«,  les  T^tins  fôrirrcnt 
un-  grand  nombre  de  mots  de  la  première  déclinaison  : 
sciens,  scieniiy  scienlia;  les  Franc^^ais  de  même  :  idè/ic/», 
.  cffancé,  a//iancf?,  etc.  - 

A.  Des  mêmes  participes,  souvent  aussi  nous  tirons 
verbes  :  plâtOmt  (éephcens)  a  fait  pintcanter;  pmini 
[de  putem)  danne  empuantir.  Me. 

6.  Un  grand  nombre^de  noms  (substantifs  et  adjec»- 
\tîfs),  au  lieu  de  nous  vienir  des  verbes  latins  par  le 
)arucipe  passé,  sont  forpiés  de  l'infinitif  dont  ils  co^- 
îrvent  la  consonne  caractéristique  :  ainsi,  de  IwéerCf 
/ImsuSf^éLid.  ;  findere^  fissm,  fendu;  imprwiere^  impres- 
sunut  impressdry  imprimeur. 

6.  Comme  les  Latins,  nous  joignons  en  composition 
rimpératit  à  un  substantif  ;  céaM-ri^/ii?/' (couvre-chef), 
cali/cré/){ed  \chausse-pied),  curorellè  (cure-oreille),  eu- 
rèdeniy  tréiUclok  (1),  etc.  ' 

7.  Un  grand jjombre  d'infinitifs,  en  français  comme 
en  latin  et  eii  grec,  sont  pris  pour  substantifs:  e/i  son 
dormir t  mon  dipner  (^) ,  miéus  vauU  sau-oir  qu"  haû-'oir, 

8.  Pour  fortifier  une  négation,  nous  avons  en  fran- 


\  " 


.  \- 


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A 


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(1)  L«  dictionnaire  de  Nicot  (^573)  admet  ce  mot  : 
TiuicLoo«  à  tjcaheiidia  «eu  exlrabicndis  davii  tutonim  i^men  habet.  ~- 

C'est  donc  l'eipèce  de  tenailles  particulière  aux  cordonnlei 

(2)  ■  Prandium,  dipner  appellamus ,  a  grœco  8clicvov.  »  {Joixrh^Perionxi 
diaUtgorum  d$  lingua;  galliea;  origine,  ejtuquê  cum  gruco  coynationc 
librilV.  —  Parisli», Seb.  Nivelle,  15M.  —  1  vol.  ln-8%  f»  lOt ,  rerio).  — 
Nicot  accepte  li  même  étym'ulogie,  mais  écrit  disner.  '  v 


t^ 


v-'\ 


V 


ou  poinct  ;  g^  n'en  'haï 


(ilAUl^lli  riANÇAisr 

'     , ...  ^  " 

çais  les  mots  :  pas^  pomctf^ni^wn  et^riw,  ffouftày  nul, 

pçrwnèy  amè,  i-n,  rien,\ 

Exemple»  :  Il  n*i  eàt  pas 
goutte,  g-è  n'en  'hai  grain,  g-è  n'en  'hàl  gràiir  ne  gMtè, 
.  g-è  ne  vôi  ne'  grain  ne  goutté,  il  n'i  'hàt  nulle  pomè," 
tu  n!cnlras  i-a.  1\ 

A  propos  de  ces  mots  négatifs,  Dubois  fait  une  re- 
marque fort  juste.  On  régarde,  dit-il,  généralement  rien 
comme  négation  ;  on  a  toxt.  L^s  phrases  où  on  emploie 
-ce  mot  seul ,  dans  un  sens  négatif,  sont  elliptiques.  - 

Exemple  ;  Que  faites-vous?  —  Rien,  Cest-à-dirp, 
g*è  ne  fais  rien  (i).  j 

X*'  /"*■  ■''■1  A 

N  9.  La  prononciation  et  souvent  Torthographe  con- 
èfondent  un  grand  nombre  de  mots  dont  le  sens  diflière; 
par  exemple  :  woclro,  mfiis  (2)  ;  magit^  mus;  tamen^ 
mes  (3);  mi((«,  meB(/i);  mk»u»^  mes  (plat);  md,  meœ\ 
mea^  mes  ;  Afeie,  Metorum,  Mets  (ville)  ;  les  trespasses^ 
*  ce  soi^  les  morts;  les  tràtcU  panes ^  ce  sont  les  coupui 
bus  :  d'est  par  ce  dernier  qu'il  faut  expliquer  la  locu- 
tion amphibologique  :  hompisset  pour  lès  traicts  passes 
(oa  pisse  pour  les  traits  passés  -^  ou  bien  trépasses). 


y-' 


Hfct 


;^^ 


-^ 


il)  Nicot cite textaellemenfle i>asuge de Duhoit.  PaAqaier {Retkerchêi 
deJa  Fronce,  liv.  Vlll ,  ch.  53)  souUent  le  même  fait,  qui  d'allleun  est 
mainteiiuit  hon  de  dlscoMion. 

*{1)  Le  dictionntire  de  Nicot  (t&T^  domte  les  formes  .immi,  may,  mMl, 
met,  poor  ce  root  qtii  stgnifle  :  hache  à  pétrir  le  pain.  Il  a  été  consenré 
ei|  AjDjoo,  où  on  le  prononce  :  mette,  comn^  belte.  —  Joachim  Pérlon 
(oùyrage  cité)  ^onae  la  même  étymolensie.  mais  11  écrit  mect.  Richelel  ni 
Furetièire  n'admettent  ce  mot;  en  picard  il  existe  sous  la  forme  maie  ou 
fMte,  éi  dans  presque  tons  les  patois  de  la  langue  d'oiir  . 

(3)  Distinction  d'orthogn{>he  InutUen  maU,  de  magis,  traduit  fa«eii.* 

(^  Du  Vferbé  mettre,  mets. 


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I   • 


\    . 


DUlOlt. 


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ê 

10.  Quand  d^un  mot  terminé  par  une  consonne  dé- 
rive «un  autre  mot,  par  Taddition  d-'une  voyelle,  la  pro- 
nonciation de  l^ji^ale  primitive  varie  :  autre  .est  le 
son  de  a  dans  poiiel  vanner;  de  e  dans  l-en,  l-ènei, 
I^neié;  de  i  dans  divU  et  divine;  de  6  dans/acon  et 
/ricoïier  (façon,  façonner.)  t  ^ 

Hemarque.  Pans  tous  ces  mots,  il  fai|t  éviter  de 
redoubler  la  consonne,  à  moins  qu'elle  ne  soit  redou- 
blée en  latin  ;  ne  dites  donc  pas  bonne,  telle,  etc» 

\y.  Au  commencement  d'un  grand  nombre  de 
mots,  où  le  latin  et  le  picard  ont  un  J,  les  Français 
écrivent  et  prononcent  i-  (j)  :  gitudium,  i-oiè  (pic.  gôïè); 
^amAa,  i-ambè  (pic.  gàmbè):  .  '  » 
:/  12.'  Au  contraire,  où  le  picard  traduit  le  ^  latin  par 
ou,  le  français  met  souvent  un  ^  dur  :  viiAiiin,  picard 
^ag-è,  français  5a^-é(l);  variare,  pic.  oîiaiHr,  français 
jwiirir,  (2)  etc.  '^ 

13.  Les  Français  terminent  en  ^  aii  u»  grand 
nonabre  de  mots  que  les  Picards,  plus  voisins  du  latih, 
tryiuiflfeht  en  elYpellU,  pel,  pe^;  novellug^  noiturel, 
nduu-èa'u,  etc.  n 

.  14.  La  syllabe  al  des  Latins  est  souvent  changée 
par  le  finançais  en  aui  ou  on  :  valli$,  vati  et  vallée  ;  wi* 
leo,  g-è  vM  ;faUoy  g-è'  faul  ;  $alio,  g-è  s^ul  (je  saute)  ; 
alter^  aultrè;  etc.  ;  et  tel  inot  français  conserve  al 


«s. 


k      1o 


(1)  Përion  tire  cejnot'ditftstoO  r»^thjâWécTlt  gager  i  Ménage  le  dérive 
avec  nUMii,  de  radium,  comme  Dut>oif: 

(J)  GuaHr,  écrit  Nlcbt;  et  il  ajoute  :  .  Ixj  Picard  dit  ouairir  ;  et  semble 
Vi  il  Tleone  de  variare  :  morbo  enim  propulwto,  valetodinem  variât  ac 
coaunut»!  ip  meUua  quiaqaia  aliom  perriaiuu  • 


«ZT 


50 


(iBAlMAIRI  riANÇAin. 


au  singulier  qui  prend  où  pour  le  pluriel  :  cmi-al, 
ceu-^uls;  œquçidt,  cgal,  CKauls.  Cependant  talit  fait 
telf  que  le  vulgaire  prononce  souvent  uutié  (1). 

Aingi  finit  la  première  partie  du  jivre  de  Dubois  ;  il  ' 
est  suivi  de  la  grammaire  française  ou  plutôt  de  la 
grammaire  latine-française  ;  nous  en  allons  donner  > 
Tanalyse,  en  élaguant  avec  soin,  comme  nous  Tavons 
fait  déjà,  les  règles  propres  à  la  grammaire  latine,  et  • 
non  moins  nombreuses  que  celles  qui  regardent  notre 
langue  :  celles-ci  seules  appartiennent  à  notre  travail. 


r 


DEUXIÈME  PARTIE. 


Dubois  compte  en  français,  çommç  en  latîhvJiuit 
parties  du  discours  :  le  nom,  le  pronom,  fe  verbe, 
Tadverbe,  le  participe,  la  préposition ,  la'  conjoncilûh 
et  r  interjection;  il  confond  radjectifqualificatif  ayecle  ; 
nom,  et  tous  les  déterminatifs,  y  compris  Vartiçle,  avec 
le  pronom. 

Cette  confusion ,  compliquée  de  la  fâçheuM  idée 
que  le  français  était  calqué  sur  le  ktin  seul,  junène 
Tauteur  à  étudier,  dans  les  noms  : 

1*  La  qualité  ;  — *  ils  sont  propres  ou  communs  ;  . 


(  I  )  On  trouve  tiex  et  autel  pour  tel  dani  I«  coutomea  du  Beau? uiiii,  etc.  ■ 


M 


I  ■ 


DtlOll. 


t 


♦      ^  La  comparaiion;  ~  trois  degrés  :  positif,  com- 
paratif et  superlatif  ; 

â*  Le  gerire  ;  nous-conservons  presque  toujours  le 
genre  des  Latins  ;  mais  nous  faisons  en  général  neutres 
les  noms  d'arbres  (i),  et  féminins  les  noms  de  fruits. 

Une  erreur  singulière  do  Dut)oi6 ,  c'est  de  penser 
que  certains  noms  sont  des  deux  genres  parce  que  ,^ 
par  excqiple,  Tusage  autorise  à  dir^  une  espée  et  mon 
espée;  et  cependant  il  voit  la  raison  de -l'emploi  de 
mon  ^devant  ces  mots  à  voyelle  initiale  qu'il  ne  recon- 
naît pas  comme  franchement  féminins  :  on  leur  a  donné 
Ji^v  deux -genres,  dit-il,  pour  échapper  à  la  dureté  de 
^M'iaposlrophe  dans  m'ehpéè^  etc.  Parlant^  à  propos  du 
gent;e,  des  noms  adjectifs,  il  attribue  une  môme  termi- 
naison AU  masculin  et  au  neutre,*  auxquels  on  ajoute  e 
pour  former  le  féminin  :  bon,  bone ;  ami,  amie* 

II"  ISonére  :  le  pluriel  se  forme  par  l'addition  d'un  «, 
excepté  dans  les  mots  déjà  terminés  par  cette  lettre  : 
le  temps  est  odiéits ,  les  temps  sont  odieiis. 

5*  Figure  :  le  mot  est  simple,  comme  ami ,  ou  com- 
posé comme  ennemi.  ^        . 

6*  Cas  :  Jes  caa  en  frahçais  n'ont  qu'une  ternainaison, 
dit  Dubois;  à  quoi  bon  les  reconnaître  demandera-Uon? 
à  cause  de  la  déclinaison. 

T  La  déclinaison  se  lait  à  l'aide  de.  la  particule  le 
traduisant  ille,  illud,  et  la  qui  traduit  ilk;  —  génitif  : 
((e,  (/il  (i/diil),  etc.    ■      "^ 


"V 


/ 


■-1 


(I)  Excepté,  dit  DuboU,  UM  Mûi*;  en fran«;ait.mudenie,  un  aauie. 


T 


ï 


V., 


^ 


3t  UtAMAlMI    rtANÇAISI.  » 

De  ces  particules,  de  ces  articles,  Dubois  nc^cut 
pas  faire  une  classe  à  part,  mais  il  en  fixe  nettenaent 
robjet  et  remploi  ;  dans  un  sens  vague  on  emploie  la 
préposition  seule  :  ffitrè  fqnciion  pè  mâistrè;  devant  le 
mot  qui  sera  déterminé ,  restreint  par  ce  qui  suit  f 
on  met  l'article  :  ta  fonction  du  mâiïtrê  dé  ta  maison. 

Le  chapitre  suivant  reconnaît  différentes  espèces  de 
noms,  suivant  que  le  nom  est-: 
•  .X^ational;  bxbmplb  :  yarrhisien;» 

Indéfini  :  qui?       ^ 

CollectH^  pe)ip/é  ;  V' 

Partitif  :  éktirè; 

Compréhensif  :  t;iwè(i);  .    -     ' 

Factice    (ou  formé   par   onomatopée)':   Aorn^oii 
,{t>6mbui)\ 

Numéral  :  un  (cardinal)  et  non  wn^,  qui  demande- 
rait pour  féminin  mgè^. — primé  (ordinal); 
•    Diniinutif  :  coWle/  (de  culteltut,  de  cutter)  ; . 
.  Possessif  :'f)/afofii</tiè;  '       * 

Professionnel  ?  coù/le//i>r  ; 
Verbal  :  rfoc<4^r,  etc.  ^; 

°  Glissant  sur  Ces  différentes  classes,  ou  ren^^^fant  à 


.  ^ 


(1)  Dubolf  n'écrit  Jamaii  ùgnn  et  n'admet  p«» lé  moi  gne.  On  l'i  yu,'{ 
.p.  26,  pour  montaini;  au  moyen-âgé  et  plus  tkrd,  on  voit  fréquemment 
des  mots  comme  fing,  terminfr,  rimer  avec  'd'autres  comme  dignt', 
attigner.  L'Académie  note  encore  latMrtBpnciation  de  tin«t  pour  signet. 
—  Christine  de  Pisan  fait  rimer  dijj^i^et  mttie;  C^iMlIart.  lignét  et 
miUinet}  Clément  Marot,  bétrigne  et  cuisine,  insdgne  fÀ  buccine,  règne 
tt  chêne;  Ronsard,  tj/gy  et  Jaeque'h^.-^MétM^  \Obterrat.  tur  la 
langue  fr.)  constate  la  j^nonciation  de  anneau  pour  agneaui  —  Oudin 
iGram,  fr.  16&6)  dit  qu'on  ne  prononce  pas  lej;  dans  cogHoittrè,  tigni- 
fisr,  prognottiquer ,  ^gnard,  ngne,eiU.  —  Il  semble  donc  que  le  soi 
gne  était  peu  usité  dans  nètre  ancienne  lingue. 


(^ 


*/ 


:     i 


Ji 


1    • 


-/ 


d'autres  parties  dé  son  oiiVrage,  Dubois  insiste  uni- 
quement ici  mx  les.  numéraux  et  sur  lès  diminutifs. 

NiiMBAAi'x.  :7^ics  numéraux  solH cardinaux,  tels  mw 
ou  preui  (TTpûTo;)  (1),  ou  ordinaux,  tels  \ir\nu'  et  mieux 
prumier,  second ^  tierc\  etc.,  ou  ummé,  dêusiméy  iroi-. 
«inié,  etc. — Dubois  ajoute  ensuite  les  duplicatifs,  comme. 
iimji^,  doublé  ;  les  diviseurs ,;  tie^rc ,  denier  (denarius)  ; 
.les  numéraux  do  jeu  :  ternes,  quaterAiès,  quinès^ 
senèsi  etc.  '      '    ^^ 

DmiNÙTirs.— Les  diminutifs  dont  il  parle  loiigue- 

.mént,  avec  tout  l'intérêt  que  ces  termes- inspiraient 

aux  icrivains  du  seizième  siècle,  et  à  mademoiselle  de 

Golirnay,  .pendant  le  dix-septième ,  réclament  :  — 

i*  Upe  tcFibinaison  de  même  ^enre  que  le  primitif; 

«•  -T  2*  Une  fornaation  régulière  ;  —  3'  une  signification 

,    conf6rme  à  celle  du  pHmitif.  * 

Outre  les  terminaisons  dérivées  du  latin  coname  la 

>    terminaison  française  eau  (picarc(  :  W),  dans  coWau 

eicQuUelj  —  et  de  Pallemand,  comme  quin  dans  brodé ^ 

brodequin  {2)f  mandé  (msinné),  man(/e^ifi(maimequin), 

nous  avons  en  français  des  terminaisons  propres  dont 

-  les  principales  sont  :  et,  été  ;  in ,  iné  fot ,  oté  ;  on  :         / 

Exemples  ;  Jaque,  Jaquëi,  Jaqueté;   femme,  fem' 


(0  Nioot  donne  les  deux  formes  preut,  empreut;  Perion  cite  empreu. 
En  Anjou,  les  enfonti  qui  Jouent  disent,  aprèn  avoir  ^^utW»  c.-i-d. 
tiré  à  qui  Jouerallkle  prônier  :  Je  suis  le  preû-,  —  leug,—  le  ler,etc. 

(2)  Mous  ne  savons  où  Du)»ois  a  pris  ce  prétendu  priÉlItirbrodf  ;  il  ne  se 
trouvé  dans  aaeon  lexique.  La  tecmlnaison  dimtnutive  çum, n'est  autre 
que  celle  des  Allenunds  âftn  :  ce  qui  n'a  pas  empêché  Ménage  de  dériver 
hrodeijiuin  de  l'espagnol  l^rdegies,  que  les  dictionnaires  modernes  ne 
donnent  point  :  on  y  trouve  brodefuin  traduit  par  boraguù 


\    \ 


V     '1 


1^'    -i 


^ 


meletè}    Jaiiot ,  Jnni4'm ;  Jan ,  Jnnin;  sol ,  «olin ,  *'>-..^ 
/iifi*:  Pierre*,   Pierrot,  IHerrotè;  vin,  ««mor;  g-ambè, 
q-înfbm^  ;  lard  ,  lanloH  ;  vallct ,   wiUrton  (étymologie 
fîaUw,  j'pnvoie). 

Un  môme  mot  peut  recevoir  plusieurs  diminutifs  : 
—  i*  Successivement  :  Jan',  Jnnot  j  Junotin  ;  ' —  Ou 
2T  concurremment  :  Jan ,  Sanet ,  Janin  y  Janot,  Janon  ; 
ce  dernier  est  féminin. 

A  ces  terminaisons  il  faut  joindre  œlle  des  mots  tirés 
du  latin  en  aster ^  tel  sourdahtrè  de  surdaster,  etc.,  et 
d^AUtres  exi'ardy  tels  :  coque,  coquard;  coquilè,  coqui- 
lard(i,.e.  sot);  poi»,  jmssard  (i.  f.  voleur),  etc. 


PRUÏIOIS. 


Dans  les  pronoms,  il  faut  examiner  la  qualité  ou  na-  ' 
turc  :  ils  sont  définis  ou  indéfinis  ;  le  genre  ;  le  nombre  ; 
là  figure  :  ils  sont  simples  ou  composés;  la  personne; 
Içs  cas,  et  la  déclinaison.  . 

Le  pronom  est  simple  comme  chê  (ce),  ou  composé 
de  deux  mots  :  c/icîe  (cest),  formé  de  hioiste,  ou  com- 
posé de  trois,  comme  cbestilou  chestni  (çeslui)  qui  vient 
ÛQ  Hic-hte-Ule^ 

Quant  aux  cas  et  à  la  déclinaison  g-ù  vient  de  ego; 
au  génitif ,  écrivez  moi  ou  moy  ( prononcez. iwœ)* selon 
que  vous  le  dérivez  du  latin  met,  ou  du  grec  nom  mais 
ne  confondez  jamais  dans  Tusage  Ti  et  1// 

Nous  ne  pouvons  suivre  Tauteur  dans  lés  règles  in- 
nombrables, ni  dans  les  étyihologies  hasardées  qu*il 
donne  r  tout  pénétré  da  rinllucnce  exclusive  qu'il  sup- 


'  « 


j" 


* 


m 


DUlOIS. 


25 


pose  au  latin  «ir  notre  langue,  il  se  jette  à  plaisir  dans 
dos  erreurs  de  grammaire  i:iui  $ont,  à  le  bien  prendre, 
de  véritables  règle»  de  traduction.  Ainsi  regarde-t-il 
tfur  comme  un  génitif,  parce  que  leur  traduit  ilbrum: 
Ùlontm  liber;  ieiir  livre.  N'eût-il  pas  mieux  valu-4ire:. 
rendez  le  génitif  du  pronom  personnel  latin  par  un  pos- 
sessif français?  Mais  il  aurait  fallu  descendre  de  lécha- 
faudage  latin,  et  modestement  marcher  sur  un  terrain 
4'rançais  ;  la  grammaire  ne  pouvait  sitôt  à'y  résoudre. 


%" 


/■ 


lUJ    VKRBR. 


>  Distinguez  dans  le  verbe  la  qualité  ,le  genre,  le 
nombre,  la  figure,  le  temps,  les  personnes  et  les  con- 
jugaisons.— Les  modes  et  la  formb  séit  primitive,  soit 
dérivée,  dépendent  de  la  (lualité  (1  ). 

1'  Qualité  ; ,  M^rf««.  —  Les  modes  expriment  nos 
sentiments  ^ils  sont  les  mômes  en  français  qu*^n  Ia,tin 
et  en  grec  '.indicatif,  irap(Jratif,  optatif,  conjonctif, 
infinitif.  L^impersonnel,  ajouté  par  quelques-uns,  n*est 
pas  un  mode,  mais  un  verbe^ui  a  des 
de  pei'sonnes;  nous  le  rendons  par  /ww  ou  Choni  avec 
un  verbe  défini.  Ex,  :  Currilur,  ktmceuri. 

Formes.  —  Les  verbes  ont  deux  formes  ou  deux  es- 
pèces; ils  sont  parfaits,  c'est-à-dire  primitils,  ou  dé- 
rivés.  ' 

2*  Gbnrb.-^  Le  genre  qui  fait  conbaître  le  sexe  des 


(1).  C'e«t  surtout  dans  cette  théotiP  du  \crlo 
cMsions  fait  le  grammairien  fraiMjais  au 
comprend,  et  il  s'icrle  :  ^  Sed  quo  feror  ?  vrom»i|a«mi 
galliea!  •  -.         ;     . 


%■ 


qu'on  ▼oit-qucllès  con- 

grama|airien«l«tin-   Dubois  le 

latina  scribo,  non 


l'-C'  . 


/ 


I 


..^^. 


.36  (.RAMMAIME   PIAAÇAi^i:.  ^ 

t  noms,  indique,  dans  les  verbes,  s'ils  sont  actifs,  pas- 
sifs, neutres,  déponents  ou  communs. -r-'  Les  Français* 
ne  reconnaissent  que  l'actif ,  le  passif  et  le  neutre  ou 
moyen,  et  ils  se  relent  pour  les  distinguer,  non  sur  la 
voix ,  mais  sur  le  sens. 

Lea  verbes  actifs  agissent  hors  deux ;. les  verbes 
passifs,  dans  tous  leurs  temps  et  toutes  leurs  personnes, 
sont  rendus  par  le  v^rbe  être  et  le  participé  passé  ;  les 
verbes  neutres  ont  par  eux-mêmes  un  sens  complet,  et 
né  marquent  ni  Taction  d'un  autre  sur  nçus,  ni  notre 
action  sur  un  autre  :  tj-^è  respirèy  etc. 

^     S*  Nombre.  —  Les  verbes  ont  deux  nombres,  le  sin- 
gulier et  le  pluriel. 

4*  Figure. —  Le  verbe  est  simple  :  ^-'oimé,  ou  com- 
posé :. 9-^  rçimè  (redamo). 

5*  Temps.  —  Nous  avons  les  mêmes  temps  que  les 
Latins,  avec  une  forme  de  passé  en  plus,  puisque  pour 
rendre  amavi  nous -avons  k  }a  ^oiâ,;  f/^itat  atmé  et 

6"  Personnes.—,  Nous  avons  trois  personnes  à  cha- 
cun des  deux  nombres,  partout  excepté  à  l'impératif, 
^qui  n*a  pas  de  premijère  personne.    ^ 

«  Comme  les  Latins,  dit  Di^bois,  ont  deux  formes 
pour  les  5**  personnes  plurielles  des  parfait»  à  tous  les 
modes,  Ips  français  des  diverses  provinces  ont  sou- 
vent différentes  formes  pour  les  inêmes  personnes  des 
mêmes  temps,  surtout  à  rimparfâit  de  l'indicatif  *  de 
^rôptatif  et  du  conjonctif  :  tant  sont  généralement 
confondirtret  corrompus  les  éléments  du  langage!  Il 


I 


niBOI!!. 


^1 


semble  que  les  Français  ignorcnlquo  leur  lanj;ae  puisse 
être  soumise  à  certaines  lois;  et  c'est  naturel  :  je  n*ai 
encore  vu  jusqu'à  ce  jpur  rien  d^écrit  sur  les  règles 
particulières  à  la  j4hguQ  française,  iet  personne  n'a 
vu  davantage.  Pour  noui^,  si  Dieu  favorise  notre  en- 
treprise, nous  ferons  tous  nos  efforts  pour  que  le 
français  devienne  aussi  simple,  aussi  pur  que  le  latin 
dont  il  çst  sorti  en  grande  partie,  et  pour  qu'on  puisse 
le  lire  et  le  comprendre  avec  autant  de  sûreté  que  les 
.  livres  .latins.  •  /  , 

T  CoNJDGAisoNs.  —  A  çn  juger  par  la  terminaison 
de  rinfinitif,  comme  le  veut  Bonat,  nous  avons  quatre 
conjugaisons,  distinguées  par  la  dernière  voyelle  ou 
la  dernière  syllabe.  La  preniière  esl/en  «r^*  la  deuxième 
en  ôir;  la  troisième  en  rè;  la  quatriVineMïn  ir. 

Ce  que  Dubois  dit  ici  sur  les  conjugaisons  est  moins 
important,  on  le  conçoit,  pour  le  système  orthogra- 
phique de  Tautfeur  que  pour  les  analyses  curieuses 
qu'il  a  introduites  dans  ses  explications;  des  détails 
techniques,  comnie  ceux  qui  suivent,  ne  sauraient  être 
résumés  :  nous  les  avons  traduits,  sans  presque  les 
abréger.  * 

ftlCGLU  COMHUNKS  A   TOUTIS  LIS  COKJtJtiAISONS. 


Dans  tous  les  temps  simples,  la  deuxième  personne 
ajoute  un  sa  la  première,  et  la  troisième  un  t.  liais  si 
la  première  est  terminée  par  la  diphthongue  ai,  l'i  dis- 
paraît aux  personnes  suivantes:  g'Im,  tuhas,  il  Uai, 


^ 


-^ 


^ 


<■'^ 


@ 


Mi 


] 


4illA»AllR   r''A'<ÇAI»l'. 

et  de  même/au  futur.  Il  y  à  cepend^t  des  ejtceptions  : 
g^  fin,  î/i^tn,  il  fàtt;  (fè  Imt  iodi\\  tu  hm*\il  hatt  : 
ce  dermer   peut-être   pour  le  distinguer   de  g^lun 

(hajïè).    ^    ;     ■    .'  -  '     aV   _^    '■    '  ■  ■ 

ai  première  personne  du  pluriel  est  en  dn«,  peut- 
trc  pour  ou*,  à  cause  du  latin  ut  (voyez  U-,  S**)  (1). 
Quelques  imparfaits  de  findicatif  et  de  l'optatif  la 
terminent  en  icrne*  {2). 

La  deuxième  du  pluriel  est  toujours  en  êi  :  vous 
aimé»,  vous  âimiPs,  vous  âwièrPs,  awtfs. 

La  troisième  du  pluriel  est  d'ordinaire  en  eni,  par 
Taddition  d'ua  n  devant  le  i,  surtout  dans  la  première 
conjugaison,  car  dans  les  autres  il  y  a  de^  différences  ; 
et,  comme  les  Latins  font  de  amat  ama^tr  de  amabat 
amabantf  de  amaret  ntnarent,  de  ametamentf  de  même, 
en  suivant  la  prononciation  normande  pour  les  deux 
temps  suivants,  Vimparfait  de  .l'indicatif  et  lUmparfait 
de  Toptatif,  on  fait  ide  aiin^èi  (aimait)  àméi-nt  (ai- 
maient), d^  âv/ièrtt  (aimerait)  dim^r^iK  (aimeraient)  ; 
car  ta  prononciation  vulgaire,  de  nimôu,  fau  atmotni{\ 
de  oiméroii  fait  dim^roiiK.  Mais  ce  dernier  t  étant  dif- 
ficile à  prononcer  pour  quelques-uns,  ils  y  ajoutent  un 
B  et  disent  aiwereni*^,  etc.  (5). 

pans  quelques  contrées  d^  la  France^  cette  troi- 


y 


(I)  Foy"<si-<s>MM,p.  m. 

^  (2)  Le  patnU  picard  diJ,,,«ff^plM»el  de  l'Unp.  ind.,  oi  ati>èmet,oi 
ato«tet,  il  «wv^f^nfTTTauxmémc*  por».  plur.  du  cond.  pré»,  o^  érvèmety 

.  n%  én^t0$,  il  êroéVmt  pour  «ont  «Mom,  eUs.,  «««  awriom,  etc. 

(3)  Il  faut  «c  rappeler  Ici  r«  qui  a  él*  dit  plus  haut,  pp.  8-9,  su»  la 
prononciation  de»  consontoe»  Anales.  -  x 


y 


A 


\ 


\ 


.  / 


m:  lu  Mit. 


A« 


.  sièine  personne  se  termine  en  fMg;  terminaison  ordi- 
naire du  futur  de  l'indicatif  dans  toutes  les  conjugai- 

.  sons.  Certaines  Croisinmes  personnes,  on  latin,  ont, 
au  pluriel,  plus  de  syllabes  qu'au  sinjçulier  ;  -aux  mémos 

'    personnes,  nous-môrties,'àr imitation  des  Latins,  un 

* 

nous  bornons  pas  à  l'addition  d'un  n. 

Le  thème  du  verbe  est  très^ varié,  coipmcon  le  verra  ' 
.  »dans  de  nombreux  exemples.  Pour  la  première  conju 
gaison,  il  est  toujours  en  k  (c  muet);  changez- le  en  k 
.{e  fermé),  vous  aurft  le  participe  passé  ;'^joutez  un  k, 
r  infinitif. 

Le  présent  de'  Vindkaiift  deVimjH'ratif,  du  conjonctij 
d'une  part;  —  de  l'autre,  \q  futur  de  V impératif  Qi  de 
Voptaiifi  ont'  toujours  la  même  forme  dans  la  première 
conjugaison,  et  presque  toujours  dans  les  autres:  la 
signification  seule  diflere. 

.  V impératif  n'a.  pas  de  première  personne,  il  se  Con- 
jugue sans  pronom,  excepté  à  la  troisième  personne. 
Les  autres  modes,  aa  contraire,  prennent  toujours  le 
pronom  :  Ex;  .•  g-âimèj  tu  dtmei,  il  âtmèi,       ."    ,  '  ' 

Vimparfait  est  terminé,  au  singulier,  en  :  é,  éSy  et, 
ouéè^  éês,  éèt;  au  pluriel  :  éom  ou  éémès,  èés^  éènt^ou 
èont  (1).  Ces  (ormes  viennent  des  formes  latines  équi- 
valèntds  en.  a^m,  cbaruy  èbamflbam\  le  ©disparaît 
,  par  syncope;  leé  deux  a  de  laprenfiièrc,  et  l'A/des 
autres  se  changent  en  E. 

De  même  le  pn^tent  -et  Vimparfait  de  rop/«/()f .  et 

auibi  Vimparfait  du  conjonctif  se-  terminent  en  n-,  \î«,; 

■     . '  ■    "Il  '  " 

li         ■      .      '    .       •        Il — .  .  .    r '  . Il 

.     ■  ■*  ^  . 

lO  ^oy.  l«  note  î  de  la  p.  38. 

"•  •  ■  ■  "        ■     • 


\: 


-#• 


10 


^ 


(jRAXMAIIir   FRANÇAISK. 

rêl,  rentes  (1  ;  ^M  reous,  res  ou  rieSf  rent  ou  rëènt;  mais 
[quoique  nous  ayons  vu. ailleurs  retrancher  les],  ici 
on  conserve  Tr. 

^  Ces  terminaisons,  qui  se  rattachent  au  latin,  et  sont 
en  usage  dans  la  Normandie  et  le^rd  de  la  France, 
^ne  paraissent ,  dit  Dubois,  préférables  à  celles  qui 
sont  maintenant  adoptées  par  T  usage  :  oi*,  ou  oi^t 
.  018,  ott,  iprisytès,  oCent  ou  Cent  ou  font  (2)\  quoiqu'on 
puisse  les  dériver  du  latin  par  le  changement  de  b  en 
01,  comme  rc/a,  t6ilèk(voyez  E,  7,  ci-dessus,  p.  il).> 

Le  préiérit  dès  longtemps  passé,  jmité*,  comme  nous 

Tavons  dit,  du  parfait  latin,^  se  termine  presque  tou- 

V  jours,  pour>la  ^première  conjugaison, 'en  âhai,at, 

amès,  atès,  arènt,  en  retranchant  les  syllabes  vc  ou  ri, 

qui  d'ailleurs  disparaissent  souvent  en  latin.  Quelques- 

•qns  cependant  dûment  mieux  retrancher  la  syllabe  a^ 

latine,  et  terminer  le  temps  en  i,  it,  it,  imès,  (t^s, 

irènt;  ce  qui  leur  do^ne  raison  jjflsqu*à  un  certain 

point,  c'est  la  conjugaison  du  parfait  proprement  dit 

et  du  plus-que-parfait  optatif  ?  on  le  \ma,  plus  Itfin  (3). 

•  Les  Parisiens  emploient  même  les  dOTx  formes  ;  inais 

la  première,  V^us  voisine  dij/fatin,  c&t  aussi  plus  e|p!> 


\ 


indic.  ix 


(I)  Voy.  la  note  2  de  la  page  38.  /     ^ 

*  [2;  Le  patois  berrichon  donhe,  poiir*"]â  3«  petai  de  l'impa  ^ 
<"  oit>nt  (prononcez  aninl),  ix^avaint  ou  ix  aviimt;  fli,  an  condi 
,  ,    ix  ar^nt  (pron.  ariint],  araint,  ou  ariont. 

(3)  Le  Champileury  de  Geprfroy  Tory  traiiche  plus  iKttement  la  quea- 
Uon:  -  El quantefols  cellay  infinitif  eat  terminé  en  «rie prétérit  veut 
e«tre  en  a,  comme  t^raper,  /Vopo;  dénier,  d«iua ;  sauUer,  taulta,  et  non. 
iftappii,  diiut'r,  ne  faMiht,  comme  plusieurs  disent.  •  (^  III.)  —  L'em- 
ploi de  l'i  pour  Va  à  ce  temps  du  verbe  est  dcTègle  dans  les  patois  du 
Bcrry,  de  l'Anjou,  etc. 


^z 


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-r  ■  •  .:« 


» 


^ 


Dtnoi<i. 


éi 


ployéc.  Dans  Itjs  autres  conjugaisons,  la  tonnn^iaison 
varie;  mais  elle  est  générale|nent  en  eîi^-»,  «. 

Le  prétérit  dès  longtemps  passé  ou  depuis  jjeu, 
c*est-à-difè  le  préiérii  indéfini  le  vrai  parfait  des  La- 
tins est  formé^en  français,  par  circonlocution,  du  verbe 
'g-'hai,  tuas,  et*du  participe  passé*  -^lEx.':  arnavi,  etc, 
g-*hài- aimé,  .Whas  aimé,  il  hat  aime,  ftoushau-ofls 
.  àimé,  vc^s  haurès  aimé,  ils'hont  àim^é.  • 
"    Dans  cette  périphrase ,  il  faut  avoir  .bien,  soin  de 
faire  accorder  le  participe  avec,  le  substantif,  exprimé 
ou  sous^nt^ndu^  ~-  Eue,  :  '  g-'hâi  au  n(fus  '  hau-ons 
aimé  llhpmè.; s-*hai ou ndùs  hai|-onâ  aimés leshdmès 
ou  leà  metaus.-r- Au  féminin ,  ajoutez  un  e,'  et  de  plus 
jun  s  au  pluriel.  —  Ex  :  g>'hai  ou  nous  hau-ons  aimée 
la  femme  ;  g-*hai  ou  nous  hau-ons  aimées  4es  fenijnès  ; 
c'est  la  tournure. latine  :  habeoamaiumhominem^  hpbes 
amatasfœminas.       /  ..    /"    ^-^ 

Il  en  sera  de*  même  pour^  les  autre»  verbes  dans  -ce 
temps  at  dans  les  temps  qui  en  dérivent.  * 

Cette  règle  ne  paîtra  xpas  extraordinaire  si  Ton 
veut  bien  exatninèr  ce  qui\se  faitjtu  passif,  oi|  un 
homme  dit  :  g-^  gui  âttufiét  et  uno^j^mnae  :  g-è  sut,- tu  e^ 
âïméè.  Mais,  dira-t-on,  qui  a  jamais  enteiïdu^  dire  : 
^-'hâi  receliptès  tes  letrès,  /ia6eo  receptastuas  lUteras? 
—  Qu*on  s^accoutume  à  suivre  la  règle,  pn  finirez  par 
trouver  cette  formé  moins  durq,  et  on  l'emploiera  de 
préférence.  \  \  h 

Nous  avons  en  outre  un  troisième  parfait ,  qiii  in- 
dique, plus  qu'aucun  autre,  qu'une  chose  est  achevée 
et  passée.  Nous  le  formons  avec  le  verbe  luiu-oir,  le 


^'j^: 


V 


■a^' 


î^^ 


i^ 


ORAMMAIIIK   KRAÎXÇAISE. 


■■<    • 


-»,■•  ■> 


partiôipc  paisse  de  hau-oirei  celui . du  verBe;  —  Ex.  : 
g-limhéufîaict,\(jrhai  heii  mmài  d^oùfoptaiif  parfait  : 
g^héii^sc  héujâiçtyrheuisè  heu  Simé.  De  pi  Us,  à  l'aide 
du  parfait  de  hau-6ir  conjugué  aveè  le  participe  du 
verbe,  nôîis ♦exprimons  une  action  faite,  d'ordinaire, 
depuis  loi>gtemps  ig-'heu,  tu  heus^  H  hêuljatcf,  aimé: 
C^cstvériUbiementun^atrièinc  parfait  de  l'indicatif. 
^Ajoutez  que  souvent,  à  l'aide  d'un  adverbe  de  temps 
futur,  nous  pr«fioqs  lé  parfaij  indéfiçi  pour  le  futur 
passé.   Ainsij  o-'/icîi  maintenant  /aice  signifie  g-harai 
OU  g-^liaurâï  mamienàût  faict, 
'  Le  plns-qucparfatt  se  forme'par  périphrase,  àj'aide 
de  l'impaifait,  ^'hatu-m  ong-lia^éè,  et  du  participe;- 
passé^*^Ex.  :  g-Jimu-ei,  ou  g-'l^uéèâmé,  luhawéès 
âmé,  il  kauêét  aimé,  nom  Imuéêmés  mmé,  vous  haurééi 
anm  ilshau-éènt  âimé  ;  si  vous  aimez  mieux  le  parler 
vulgaire,  dites  :  {/-'/laiioi  ou  g-hau6iéyfltu  /uiiiom,  U 
hau6tt{hou$  hau'ionsi  vous  Hau-iëSj  ilt  haurieM^  hau-iont 
ou hauotrnt  (\)i  •    •    f  ' 

Le /finir  français  se  fopâfe  du  futur  passé  latin  pris 
pour  le  futur  simple,  comme  pour  amabo,  amavero, 
AMABO,  y-'oimérai,  tu  Amèraà,  U  âmèrat,  nous  mmè^ 
roM^  vonêdtmèrêi,  iUâtmêront\eide  mém^  dans  les  au- 
tres verbes  et  les  autres  conjugaisons,  formes  le  futur 
en  roi,  riw,  rai,  n)iif,r^»,rojtf;  c'est  là  lefuUirimpwiait. 
Le  JuUtrpçirfaUee  confond  avec  le  futur  du  ooi^onc- 
tif  (2)  ;  seulement ,  le  futur  parfait  s'emploie  dans  une 


«A 


^ 


(1)  r©»^  note  J,  p.  40. 

(2)  bfSboU  regarde  coAibc  futur  du  conjotactif  le  futur  précédé  d'olie 
conjonction  qui,  en  ûtln,  vaudrait  le  cdnjonctlf  (tubJoKctlO- 


^^■^ 


< 


« 


DUBOIS. 


45 


proposition  isolée,  le  fut.  du  conj.  veut  deux  proposi- 
tions ;  Ex.  :  quand  g-lmurai  fini,  f  irai.  Ce  futur  parfait  se 
forme  par  périphrai^.— Ex.  :  (j'haitrâimâmtenanijutct. 
Le  présent  et  le  futur ^ de  Viptpt'rotif  ressemblent, 
avons-nous  dit,  au  présent  de  l'indicatif  ;  mais,  pour  Te 
^futur,'nous  ajoutons  ichi  après  on  d-hor'  en  au-anl.  11. 
faut  remarquer  iéî  que\nous  avons  quelquefois,  comme 


les  Latins,  uim;double*  forme  à  la  deuxiènlfe  personne 
plunelle  de  l'impératif  présent  :  dicês  et  dites,  Jaicês  et 
/aiièa  renais 'les  exemples  en  sont  rarea(l). 

Le  présent  et  Vimparjail  de  ropKri»/ ressemblent  à 
l'imparfait  de  l'indicatif,  maison  conservant  I'r  du  la-* 
tin;^n  le  forme  du  futur  indicatif  en  changeant  seule- 
ment  roi  eh  rè  pu  rou. —  Ex.  :  de  jyr'mmèmt  (afnabô) 
formez  ^-'flimérr'oujf-'oimerô.^ 

Le  parfait  et  le  pius^ue-parfait  du  même  mode  se 
forment  du  par^'ait  indicatif,  efe^conséquemment,  par 
périphrase,  à  l'aide  dii  participe  passé  du  verbe  et  du 
temps  correspondant  de  hau-oiv^  c'est-à-dire  :  g-^héussè. 
— ^  Ex.  :  g-lieussèytu  heussès,  Hheussèt,  non»  heussons 
ou  héussêmésf  vous  héussés  (2),  ils  héitssent  âimé. 

Quelques  personnes  i||M|duisent  un  i,  et  disent 
heiissionSf  héussiès,  hçusstem:  / 

"     Dans  le.  sens  du  présent  et  de  l'imparfait  nous  di- 


> 


u 


> 


(i)  Les  enfants  «t,  an  moii^s  dans  le  Berry  et  l'AnjDu,  les  paysans, 
ces,ententi  en  (lait  de  langiïe,  disent  i  llnd.  prés.  .  tous  dites,  tous 
faitex,tikVinvpéT.disex,faitex.  -  -— «. 

(2)  U  faut'blen  lire  ce  mot  avec  1'^  muet  flnal,  comme  on  le  voit  en 
comparant  arec  voua  niwUuth,  que  donne  plus  loin  Dubois..  En  Anjou, 
on  dit  de  même  :  tnme»-v<ms,  tpmnw  nimet-tu,  et  voyet-votM  pour  voytg- 
roiu,  maia  seulement  dans  Im  interrogations.  - 


V 


^-s. 


¥ 


v. 


\i 


V. 


V  . 


44  r,iA«iAi«BriA?içAisr..  , 

sons,  de  anutvisscm  ou  am  assem  :  (j-mmassè,  tu  âimosiés, 
il  amasu't  ou  aimai/,  nous  âtmagsonSy  vaut  âtmasst't, 
ils  âtmassénL  Quelques-uns  disent  ;  g-'ntmissé,  tu  m- 
mÎMès,  ilmmiitètt  noui  âimiisionSt  vous  âmissics,  Ut 
mmi8$ient  (i) ,  avec  i  ppur  A^jÇ^mmo  au  parfait/de  Tin- 
dicatif.  Mais  rarement  on  emploie  cette  forme  pour 
gT^mmerë,  tuéumerês,  Uaimerêty  etc, ,  ou  pour  «jf-'/iciMaé 
mméy  et  pour  ce  motif  beaucoup  de  personnes  hésitent^ 
au  parfait  indicatif , centre  la  forme  on  i  et  la  forme  en 
A  ;  les  plus  savants  n'emploient  que  la  seconde  ;  on 
peut  cependant  défendre  la  première.  ^ 

\jQ  futur  de  f  optatif  ei^  le  présent  du  conjonctif  fiont 
semblables  ^  présent  de  l'indicatif;  l'imparfait  du 
conjoûctif,  au  présent  et  à  l'imparfait  de  l'optatif.  Ce 
dernier  temps  se  remplace  cepeadaht  quelquefois  par 
l'imparfait  de  l'indicatif;  ainsi  «/iiamrw  amarem,  quid 
ad 4e?  se  rend  par  :  qOand  g-'âtmeréè,,, ,  etc.  ; ^uiim 
amarem  eram  miser  j  par  quand  g  'âunéê, . .  ^^. 
^  Les  trois  autres  temps  du  conjonctif  sè^orment  par 
circonlocution:  '' 

t*  Parfait  :  amaverim,  g-' hâté  ^  tu  h^s,  il  haxè^ 
ou  hait^  nom,lmonsy  vous  hatès,  w  hâ^t  attné;< 

;2*  Pluf^ue-parfait  :  comme  à  l'op^tif  g-'heussè;- 

3*  Futur  i  comme  au  futur  inoparfaîi^de  Tindicatif . 

q-naiirm*  x    x        \ 

On  le  voit  donc,  beaucoup  de  temps  seN:essem- 
DljEfiit  ;  c'est  par  le  sens  o^  non^  par  la  forme  qu'oq*  les 


»  f 


(l),roy.  pX40,  i^  texte  et  li note  2.V  C'est  à  dessein  que  DÙboi»  ter- 
mine la  3*  pert\en  ^iênt  et  non  ù«tVnl\(«  muet');  la  proaonciatipn  était, 
ici  la  même 


notes. 


Dl'BOIS. 


'  distingué.  "Quant  à  Pcmploi  particulier  des  cas  et  des 
modes,  le  français  suit  les  tournures  du  latin. 

Le  présent  de  l'infinitif  ti  Vimpàrfaitse  forment  tou- 
jours dans  la  première  conjugaison,  et  quelquefois  dans 
les  autres,  en  ajoutant^R  au  thème;  Ex.  :  âtmèf  aimer , 
liabiiè,  habiter,  norwè,  nomér;  de  même  wi,  vdir,  et 
ainsi  de  quelques  alitres  dans  )a  deuxième  conjugaison, , 
dont  les  formes,  d'ailleurs,  sont  variées.  Toutefois,  ijs 
sont  toujours  terminés  à  la  deuxième  conjugaison  en 
ffir  (normand  /^),  à  la  troisième,  en  ré,. à  la  quatriènie 
en  in  Ex.  :  g-'hat ,  Itau-otr.  ;  g-è  sai  ^^sai^otr;  g^  dot , 
deu-oir^  etc. 

Le  Tparfail  et  le  plus-que^par/ait  de  CinfaiitifBfi  for- 
ment avec  haû'Oir  et  le  partièipo  passé  :  luxu-oir  âm^. 

Le  futur  infinitif  s' exprime  comme  le  futur  indicatif, 
précédé  de  que.  :  [j'espère]  que  g-'atmèrdi ,  que  tu 
oimère»,  i/ oîmeraï,  etc.  ' 

•  •  Participbs.— >ù  présent^  le  participe  est  terminé  en 
ànt,  pour  le  masculin  et  le  neutre,  en  antê  po}ir  le  féminin; 

^  Au  pasié',  tn  é  pour  le  m^sciiliD  et  le  neutre,  en  éè 
pour  le  féminin; 

Au  futur  actif ,  nous  tournons  amaiurus  par  qui  ai- 
mèrat;  au  futur  passif,  aman(/u«,  par  qui  serat  âtmé, 

V infinitif  prêtent  y  èl|ez  les.  Français  ^ômme  chez 

*  les  Grecs  et  les  Làtiflç,^flOuvent  employé  comme 
substantif.  Ex.  :  en  mon  rfûi-ïi^irrHest  home  de  grand' 
sau^iT^moïi  espoir  {meumspetare), 

-Ce^lnsemblei  de  règles  est  suivi  de  niodèles  pour 
la  conjugaison  des  verb^îs  avoir  {futu-ôir),  ôtrç  (estrè)  ai- 
me!h(ai»ef),  et  de  remarques  sur  plusieurs  irréguliers. 


W'; 


X 


46  HRAMMAIiK   FIIAKVAI8K. 

Il  est  difiicile^  avec  Torthographc  de  Duboi»,  de 
lire  ces  paradigmes,  et  surtout  de  rcconnattrc  la  vraie 
prononciation.  Il  a  en  outre  xîu mis  quelques  formes 
bizarres,  que  Tusage  général  iv^ccepta  jamais,  tels  t/s 
liau-ent  ou  iU  hont  ils  ont);  nou»  sumèn  ou  iomè»  (nous 
sommes)  ;  nous  eiieèmes  ou  esteons  (nous  étions)  ;  ils 
eHeont  ou  estéènt  (ils  étaient)  ;  à  peine  en  trouvc-t-on 
quelques-unes  dans  les  patois. 

Nous  aurons  bientôt  occasion  de  revenir  sur  cer- 
taines formes  verbales  présentées  par  fauteur;  en* 
parlant  des  conjugaisons,  telles  que  les  a  laissées 
Mcigret ,  nous  ferons  quelques  rapprochements  avec 
celles  c(ue  Dubois  a  traitées' si  légèrement 


I 


DE    I.  ADVERBE. 


>-^_y 


Arrivé  aux  mots  invariables ,  „Pubqis  examine 
d'abord  les  adverbes  de  lieu  :  ses  observatidns  sur, 
ceans^  (  chi-eiïs^, ,  sur  teans  (liens),  et  surtout  sur 
en,  sont  particulière.ment  remarquables  :  c  En  et 
mieux  ènd ,  comme  en  H^inaUt ,  est  un  adverbe 
de  lieu  ou  un  relatif  qui  nous  rappelle  une  chose  e^L- 
priniée\ou'soiife-entendue.  Dans  gi* end Vfi( j'en  'ii),  end 
est  un  adverbe)  mais  plus  souvent  il  est  relatif.  Si  Ton 
vous  demande  de  l'argent,  répondex  avec  ce  mot  :  jr-é 
nend  'hài  pomct  (i)*  En  menaçant,  on  dit  :  fii  end 
hduras  {s. -eni,  des. coups)...  •  V   - 


(1)  Toutefois  ccUe  dernière  furaie,  qui  répond  à  ils  étiont^  a  do  moin^ 
pour  excuse  qu'elle  peut  avoir  été  admise  par  certain»  patois.  En  Anjou 
et  eu'  Bcrry,on  dit  encore  :  ù  ëtiontpix  aiAont  (ils  étaient,  Us  avaient). 

(2)  Trait  «le  caractère.  L'avarice  de  Dubois  était  provcrUtie. 


^ 


t 


DIIOII. 


Toujours  trompé  par  son  parti-pris  de  rattacher  tous 
nos  mots,  toutes  nos  phrases,  à  des  locutions  et  des 
phrases  latines,  Dubois  arrive  h  écrire  des  formes  qui 
n'appartiennent  à  aucune  langue.  Ainsi,  pour  montrer 
que  nous  pouvons  réunir  ensemble  trois  et  même 
quatre  adverbes,  il  cite  un  exemple  que  nous  donne- 
rions ainsi  ;  ùibm  (/à)  où  H  y  a' de  bon  vin  ;  mais  il 
écrite  alons  iUec  ou  illa  ou  ia  ou  i  H  hat  de  bon  via; 
et  il  ajoute  que  nous  tirons  cela  de  Ulac  ubi  ibi  UUc  est 
bonum  vinum.  —  Est-ce  du  latin?  était-ce^du  français? 

Dubois  parle  ensuite  des  adverbes  de  temps ,  de  né- 
gation, d'aJOTirmation,  et  c'est  là  qu'il  expliquera  locu^ 
tion,  ça-num^  si  fréquente  au  dix-septième  siècle  :  •  Pour 
aflirmer,  dit-il,  noua  répondpns  encore  :  çh^-esi  mon! ,, 
du  latin  hoc  est  mu/lunt,  et  mont  est  mis  pour  moult.  » 


\^ 


DL    PAITICIPB. 


Ce  que  dit  Dubois  du  participe  est,fort  insuffisant, 
car  il  n'en  considère  que  le  genre,  le  cas,  le  temps,  la 
signification,  lé  nombre  et  la  figurer^àna  s'occupe/en 
aucune  façon  de  raccord.  Mais  on  a  vu  plus  haut 
(p.  iil)  qu'il  réclame  toujours  et  dans  tous  les  cas 
raccord  du  participe  avec  le  mot  qu'il  qualifie,  sujet 
ou  régime* 

Nous  avons,  dit-il,  deux  participes!  le  participe 
présent,  (enniné  en  vakly  féminin  aiif<;,  et  le  participe 
passé,  terminé  toujours  en  é  pour  la  première  conju^' 
gaison;  en  t  pour  la  quatrième,  et  de  différentes  ma- 
nière» pour  la  deuxième  et  la  troisième.  —  Le  plurticipc, 


T- 


4' 


.  \ 


ï. 


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I 


■/ 


48    '  K    GBAHMAIMI  riANÇAIfl.  t 

'V  -  ■■-.■» 

tant  présent  que  passé,  est  susceptible  d'être  employé 
comme  substantif  ;^6/.  pp.  26-27.       ^r^-^' 

W  LA  PltPOtlTIO?(,  DE  LA  CONJONCIION  IT  DB  L'HTIUJETTION. 

Dans  les  chapitres  qu'il  consacre  à  la  préposition , 
à  la  conjonction  et  à  Tinterjection,  Dubois  se  bom^, 
en  général ,  à  traduire  les  principaux  termes  latins  ; 
cependant ,  le  passage  qu'il  consacre  aux  particules 
qui  entrent  dans  la  composition  des  mots  est  remarqua- 
ble, parce  qu'on  y  trouva  constaté  l'emploi  de  certains 
vocables,  comme  éni«rftt//er,  c'est-à-dire  ôter  ta  mdùeUêy 
dont  il  attribue  l'usage  seulement  aux  raffmés  {eleganti- 
but).  Ou  parce  qu'il  conserve  et  explique  certains  termes 
qu*on  ne  trouverait  pas  ailleurs.         , 

Au  chapitre  des  interjections,  il  distingué  fort  sçru-^ 
puleusement  ouichy  prononcé  lentement  et  qui  exprime 
lé  froid,  d^  ouichy  prononcé  rapidement  et  qui  expiée 
la  chaleur. —  Enfm,  dit-il,  nous  avons  un  nombre  infini 
d'interjections  qui  se  trouvent  dans  les  chansons  popu* 
laires,  comme  (irtimp/iâ ,  dlacia ,  etc.  . 
:*'  Là  8*anrête  le  traité  de  Dubois;  on  a  été  frappé, 
comme  nous ,  de  n*y  voir  autre  chose  que  des  règle» 
purement  lexicologiques  ou  étymologiques  ;  en  conti- 
nuant ce  rapide  examen  de^grammaifiens  du  seizième 
siècle,  nous  aurons  à  éfiier  Tapparition  de  la  syn- 
taxe ,  —  syntaxe  d'accord ,  syntaxe  de  régime,  — 
qu'une  pratique  plus  constante  et  le  besoin  mieux  com- 
pris d*un  usage  raisonné  pouvaient  seuls  amener  «os 
grammairiens  à  traiter.  •  ^     * 


I 


;*■    .    - . 


*■ 


-  »   - 

1.1. 


■EIGRET.  -  PELLETIER. -DES  AUTELS. 


LOUIS  HEIGRËT. 


VA 


IL- 


rcs  UBUtti^M  «•  rMéi 


t 


Entre  Jacques  Dubois  et  Louis  Meigret,  entre  1 6Ç1 
et  1545,  quelques  grarfimàiriens  se  sont  élevés  dont  , 
nous  aurons  à  parler  plus  Urd  ;  mais  leurs  écrits,  peu  . 
répandus  de  leur  temps  môme,  ^'obtinrent  jamais,  ni 
l'autorité  ni  la  rapide  célébrité  du  professeur  picank 
bu  du  critique  de  Lyon.  A>rec  Meigret  paraissent  les  , 
premiers  écrits  en  français  sur  la  Jangue  française;  les 
étrangers  si  nombreux  qui  suivaient  lés  coure  de  notre 
Univereilé,  et  pour  qui  Dubois  écrivait»  en  latin,  ne 
pouvaient-ils  donc  apprendre  asSez  notre  langue  dans 
nos  poètes  ou  nos  prosateura,  et  même  par  Pusage  po- 
pulaire, pour  qu'on  pût  leur  offrir  des  traités  composés 
en  français?  et  pe  fallait-il  pas  songer  au  commun 
peuple?  jLouis  Meigret  fut  le  premier  à  le  penser,  et 


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59  GEAIlilAIII   rKA5lÇU».  ,, 

le  premier  à  jnetjre  la  science  au  service  du  vulgaire. 
A  ce  litre  seul  il  niériterait  une  plact^'i  part,  une  men- 
tion spéciale  ;  mais  il  a  d'autres  drons  à  notre  atten- 
tion, c;,t  par  les  principes  qu'il  exposa,  et  par  les.  polé-* 
roiquescpi' il  souleva  et  entretint.  V 

%  l/unziesnie  jour  d'octobre,  l'an  mil  cinq  cens  qua- 
rante deux,  »  le  Parlement,  t  y  eue  la  rcqueste  pré- 
sentée par  Vincent  Sértbnas,  marchant  libraire  de 
Geste  ville  de  Paris,  luy  a  permis  et  permet  imprimer 
et  faire  imprimer  .ung  livr^  composé  par  Loys  Meigret, 
touchant  t'escriture  fjançpyse ,  et  iceluy  exposer  et 
distribuer  en  vente  le  temps  de  quatre  ans  prochaine- 
riierl  venant.  »  En  vertade  ce  privilège  parut  à  Paris, 
l'an  1545,  à  l'imprimerie  de  Jeanne  de  Marnef,  veuve 
de  feu  Denys  Janot,  un  petit  livret  in-8*  de  moins  de 
centTpages,  auquel  s'ajoutèrent  différents  traités  d'Es- 
tipnne  Dolet:  '^*. 

V  Sur  1^ manière  de  bien  traduire  d'une  langue  en 
autre; 

La  punctuation  de  la  langue  françoyse ;. 
^es  accents  de  la  langue  françoyse. 

L^ouvrage  principal,  pjps  de  nouveautés,  a  pour 
Htre:'  '    '      "'/^    ,  ^'  ^  <W' .;«;    -.;-   :   :     . 

Tbaité  TotcHAirr  le  commun  usage  J)E  L'EscBiTuas  . 
I^ANÇMSB  :  faict  par  Loys  Meigret ^  tyonnoU  :  auquel 
.ett  dtifaHtt  des  faultes  et  abus  en  la  vraye  et  ancienne 
pmssance  des.  lettres. 

Dans  une  courte  préface,  Mefigret  W;ve  hardiment 
Tétendard  delà  réforme  grammaticale  :.  *  Je  ne  yoy 
point,  dit-il  dès  le  début^  de  moyen  suffisant,  nlraison- 


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tOCIi  MltQBBT.         i  M 

nable  excuse  pour  conserver  la  façon  quenous avant 
d'escrire  en  françois.  »  Et  que  blûmi-t-il  d*ry  cette 
façon  d'écrfref  C'est  que  «  pour  la  cènfusion  et  abus 
des  lettres,  elle  ne  quadrè  point  enlièl-emcnt  àla  pro- 
nonciation. •  Voyant  la  faute,  il  a  cht+ché  le  remède, 
et  «  faict  finablement  diligence  de  trouver  les  moyens 
isuyvant  lesquelz  vous  pourrez,  se  boljj  vous  semble, 
user  d'une  escriture  certaine,  ay/ins(ant  Seulement  égard 
à  ta  prononciaiionfrançoyse,  et  à  la  nay  vIp  puissance  des 
letres.  ■ 

Ce  premier  écrit  de  Meigret ,  que  suivra  bientôt  sa 
grammaire,  n'est  donc  autre  chose  qu'en  traité  d' or- 
thographe, mais  fondé  sur  un  principe  incômpi/et, 
puisqu'il  s'appuie  ^1a  prononciation, /chose  légère  et 
muabje,  et  ne  tient  aucun  compte  de  i'éliymol9gie,  ce 
critérium  nécessaire  de  toute  orthographe  rationnelle. 

Le  livre^^  lui-même  comprend  cinq  chapitres  : 

l.    Des  causes  de  fausse  escriture  avec  jeur  blâme  ; 

lii  Des  lettres  et  de  leurs  puissances; 

IlKDes  dipbthongues; 

IV.  Des  consonnantes; 

V.  Del^apostrqphe,  oudétour"d*anelettre\oi^yllabe 
finale. 

'  Nous  exposerons  rapidement  la  thèse  delMeigret, 
introduction  naturelle  à  sa  grammaire,  et  éause  de 
grande^  discussions  ;  le  procès  instruit,  pièces  en  main, 
nous  pourrons  porter  un  jugement  sur  cette  aflkirc,  le 
premier,  mais  non  le  dernier  mot  d'un  long  débat.  * 
Meigret,  ainsi  le  voulait  son  sujeL  s^appuie  sur  l'a-; 
nalyse  ;  il  part  de  la  définition  des  sons ,  ou  « .  choses 


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iS         f  GiAXHAïai   rtAIIÇAl»!. 

sensibles  à  Pouïe»,  et  dislingue  la  voix  naturelle  de 
la  voix  artificielle;  •  les  voix  sont  les  elemens  de  la 
.  prononciation,  et  les  lelres  les  marques  ou  notes  des 
elemenSé....  Puisque  les  letres  ne  sont  qu'images  de 
voix,  Pescriture  devra  estre  d'autant  de  letres  que  la 
prononciation  requiert  de  Voix  ;  si  elle  se  treuve  autre, 
elle  est  faulse,  abusive  et  damnSbt€u^» 

On  ne  peut  nier  ni  la  vérité  du  principe  ni  la  jus- 
tesse de  là  conclusion  j  mais  ce  principe. d'une  refalion 
seule  nécessaire  entre  l«i  prononciation  et  rorthographe 
est  trop  absolu,  et  la  conclusion  trop  rigoureuse.  Si 
l'usage  suffit  pour  écrire, un  mot  conformément  à  des  ^ 
règles  qui  sont  celles  de  la  prononciation,  qu'est-ce  qui 
remplacera,  dans  les  langues  dérivées,  le  maintien  des 
lettres  étymologiques  ?  Ori  sait  quel  secours  elles  prêtent 
à  la  philologie  comparée  pour  retrouver  la  juste  valeur 
des  vocables,  et  pour  établir,  à  l'aide  des  rapports 
des  mots,  1^  relations  ethnographiques  des  anciens 
peuples.  C'est  surtout  de.  ce  côté  que  le  progrès  de 
la  science  a  donné  tort  à  tous  les  faiseurs  de  systèmes  ; 
et  si  maintenant  nous  demandons  une  orthogi^aphe 
rationnelle,  ce  sera  celle  qui . conserveraJe  plus  de 
\consonne8  étymologiques,  ou  "du  moins  le  plus  des 
'  consonnes  étymologiques  caractéristiques. 

Ces  réserves  faites,  nous  exposerons,  sans  plus  la 
discuter,  la  théorie  de  Meigret,  dont  nous  reprodui- 
sons  toutes  les^idées,  mais  les  idées  seules  ;  nous  tâ- 
cherons de  n'en  omettre  et  aussi  de  n'en  ajouter  au- 
cune ;  pour  peu  que  Ton  admette  comme  secondaire  sa 
règle  {principale,  et  qu'on  se  défie  a  une  conclusion  que 


( 


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V). 


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Loiis'MiiGirr. 


53 


réprouve  la  science  moderne,  on  verra  quelle  sagacité 
^'observation,  quelle  finesse  d'aperçus  recommandent 
Tœuvre  de  cet  auteur. 

€  Une  escriture,  djt-il,  peult  estre  corrompeue  en 
troys  manieregf  qui  sont  :  diminution,  ou  superfluité, 
ou  usurpation  duhe  letre  pour  autre,  iy 

.1.  —  Diminution  :  dans  les  mots  chef,  cher,  danger f. 
nous  prononçons  la  dipht(iongue  ie;  nous  devcms  donc 
écrire  chiefjchiér,. dan ffier,  ^^ 

II.  —  Superfluité  :  a  est  superflu  dans  aornéjh  ^ané 
liehvoir,  doibt,  dèihvent;  C  d&ns  faicl,  par/met,  dict; 
D  dans  admoneslement ,  advis,  adverse;  E  dans  battéra, 
metieroy  pour  battra,  metijra  (1);  F  dans  bricfvement; 
G  dansMn^,  besoing  ;  i  ^&ns  meilleur  ;l  dmsdefauît; 
G  dans  œuvre;  p  dans  escripre,  escript;  s  dans  estre, 
honneste;  T  dans  et,  éms  faicts,  dicts,  vents,  et  «  en 
tous  les  pluriers  du  participe  présent,  comme  amants, 
beuvanu,  disants;  v  en  la  diphthongue  ou,  qui  n'est 
point  Françoise;  xTinsà iX&ns chevauh,  loyaulx  ;  il  n'est 
(^jijit  françois.  »  * 

^11.  —  Usurpation  d'une  lettre  pour  une  autre:  c'est  à 
tort  que  nous  usons,  par  exeihple,  du  c  en  son  de  «, 
commeenfiiçon,francoys,deça,Gcerô. 

Pour  défendre  des  vices  si  graves,  on-s^appuie  i*sur 
l'usage,  2*  sur  la  nécessité  de  distinguer  les  vocables, 
3»  enfin  sur  Ja  dérivation.  —  Mais,  1»  l'usage,  quand 
il  agit  sans  règle'  et  sans  raison^,  devient  abus  ;  et 


(I)  lelNeigret  donne  en  paséant  une  règle  de  grammai^  :  l«  futur  est 
en  ray  dans  les  verbes  en  re;  il  est  en  ay  dans  les  verbes  en  er  :  batt-r«, 
je  batt-ray;  aim-er,  J'aiœer-oy,         \      .  \ 


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GRAwilAIMK   rMl<CAI«»- 

quelle  incertitude  d^ns  sç^prescriptipnj^I  dn.ns  monstre , 
chose  contcefaîte,  et  dans  tnmtJlrf,  Vi  se  prononce;  il 
est  nal  dans  wonstre,  du  verbe  monàirer,  et' dans  6«* 
nhtre:  comment  distinguer?  On  a  trop  de  ces  lettrea 
qui  ne'sefvcnt  qu'à  donner  à  récrilure.plûs^lle  ap- 
parence. La  belle  raison  de  les  garder  î  Excuserait-  on 
un  peintre  qui  ajou.terait  des  (licatrto  à  un  portrait? 
2'  «  Lasuperfluité  de&lett'reçest,\iiit-on,  non-seule- 
ment tolériblfe,  mais  nécessaire  en  rèicriturefrançoyse 
pour  nion^trer  la  différence  des  vocaoles.  »  —  Mais, 
outre  la  différence  des  mots  et  la  différence  des  sons^ 
d'une  même  lettre,  n'a-t-on  pas  le  senitobur  se  guider? 
Quand  nous  disons  :  «  Cetl  arbalestier  qk\  pane  a  frappé 
une  pmse  d'une  arbaleite  dépasse^  »  nous  avons  trois  fois 
je  même  root,  trois  fois  écrit  avec  les  mêmes  lettre8,.et 
trciis  fois  prononcé  »yec  les  mêmes  sbns  :  qui  s'y 
trompé?  Le  sens  n'esl-il  pas  là  qui  éclaire  sufQsann 
eit  ?  Et  les  mots  qui  deviendront  semblables  par  la 
;eciificalion  de  l'orthographe,  n'aurons-nous  pas  les 
iên^cs  ressources  pour  les  distinguer  ?    ^ 
8'\Quan)t  à  \b.' derivnhon^  conwpe  dit  Meigret,  pour- 
quoi la  signaler  à  l'aide  des  lettres?  Emprunter  de» 
mets  est-ce  un  crime  qu'on  ne  puisse  effacer  qu'en  re* 
coAnaissant  l'emprunt?  «  Mais  il  n'y  a  non  plus  d'of-^ 
fenken  tel  emprunt  que  d'ail umer  son  tison  au  feu 
d;au\ru^,  »  Peut-être  agit-on  ainsi  en  vertu  d'une  con- 
vention ?(quop  la  cite.  .  .\/* 

Esl-ce\ donc  par  reconnaissance?  Mais,  ^^^ne  part, 
quel  profitVen  retirent  les  Grecs  et  les  Latins?  de  l'autre, 
«  est-il  bién-faict  si  grand  qui  te  puisse  obliger  à  mal 


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•  LOIJIf  MBÉGRIT.  55 

faife  ny  faire  chose  sotte  et  digne  âe  reprehensioh?  » 
Que  si  l'on  veut,  de  gré  où  de  force,  respectera éty- 
mo|ogie»  au  moins  faut-il  être!  conséquent.  Si  Ton  con- 
seri'c  Je  c  dans  dicty  qui  vient  de  dicium,  qu'on  le  main- 
tienne dans  il  dii^  qui  vient  de  dkU;  si  l'on  veut  mm 
consj^nne  inutile  dans  escriprei  ce  n'est  pas  le  p,  c'est 
le  B  qu*U  faut  prendre,  puisque  la  racine  est  scrihere. 
Mais  qu'importe  à  nos  beaux  étymologistes?  Une  con- 
^  sonne  oiseuse  c'est  «  ung  espouvantal  (fe  chêne vière  :  » 
l'un  effraye  les  oisillons  cojnme  ràutre  étonne  les  ^iseurs. 
CuAPiTRB  II.  —  Meigret,  dans^on  examen  des  lettres 
et  de  leurs  missanceSf  rompt  avec  la  tradition  d'une 
manière  tout  aussi  libre  et  énergique  ;  après  avoir  di- 
visa les  lettres  en  voyelles  et  en  consonnantes,  ij  passe 
en  revoie  les  cinq  voyelles  a,  ^,  i,  Oy  v,'ei  affirme,  non 
sans  raison,  qu'entre  ces  cinq  sons  principaux  nous 
avoQS  des  sons  intermédiaires  que  reconnaît  la  pro« 
nonciation  et  que  l'écriture  distingue  souvent,  mais  au 
hasard  :  autre  e^/fë  son  de  e  dans  bonne  et  dans  bdkté, 
autre  encore  dans  m^f,  tes.  ut;  ce'dernier  n'est  autre 
chose  pour  l'oreille''  que  es  de  ^ttre,  beste,  où  !'#  ne 
sert  qu'à  indiquer  la  prononciation ,  et  «ri  de  waistre. 
Pourquoi  trois  notations  pouruû  ipéme  son?  L'e*  di- 
versement accentué,  suffirait!^ 

Les  mêmes  inconséquences  de  l'uëage  ne  se  tra- 
hissent pas  moioà  dans  les  divers  emplois  de  Va^  de  l'i, 
de  V'o  surtout.  QUoi  I  vous  joignez  dans  certams  cas  un . 
u  à  Vo;  mais  où  donc  est-il  fait  «  mention  de  la  voyelle 
u  dans  toute  la  langue  françoyee,  faisant  diphthongue 
avec  1*0?  »  Cependant,  dira-t-on,  il  faut  un  signe  qui 


56  GBAHHAimi   FIAKÇAISB. 

V  indique  qu'il  faut  prononcer  To  clos  daji6  amour,,  pour ,' 
courir,  pouvoir,  — -  Dans  tondre,  noz,  hoste,  compaignon, 
.vous  avez  le  même  son  que  dans  artiour  :  la  nécessité  ne 
serait-elle  pas  la  même  de  joindre  un  uk  cet  o? 

Quant  à  r^quand  il  est  consonne,  il  serait  bon  de 
le  distinguer Tm  v  (ii)  voyelle;  maïs  Meigret  ne  pro- 
pose aucune  règle  dans  ce  but.  Pour  Ty,  que  Ton  con- 
fond inutilement  avec  Vi ,  puisqu'on  écrit  aussi  bien 
aymer  que  aimer ,  il  faut  le  réserver  pour  le  placer 
.entre  deux  voyelles,  comme  dans  loyal,  où  il  a  le  son 
de  t  voyelle;  <  yeu  que  Vi  sonne  quelquefois  en  con- 
Bonante  entre  deux  voyelles,  comme  en  goiai,  proiet 
(goujat,  projet),  ce  que  jamais  ne  fait  l*i/ grec,  » 

Chapitbb  m.  — -  Des  diptithongues.  Qu'est-ce  qu'une 
diphthongue?  —  Cest  <  ung  amas  de  plusieurs  voyelles 
retenant  leur  son  en  une  seule  syllabe.  ■  De  cette  dé- 
finiiion  naît  une  loi  :  n'écrire  la  diphthongue  que 
si  les  deux  lettres  sont  distinctement  prononcées  ; 
«  ainsi  dans  mais,  on  ne  prononce  qu'un  e  ouvert  :  écri- 
vons  donc  ce  mot  par  un  e;  dans  aymer,  aydér,  hoir 
(haïr),  les  deux  lettitîâ  s'entendent  (1)  :  conservons 
donc  ay  ou  ai.— A  cette  diphthongue  ai  ou  ay  se  joint  la 
\  diphthongue  au.  Cet  accouplement. de  l'a  et  de  Vu  est 
absurde  :  «  oncques  langue  de  Français  ne  la  prononça 
en  son  langage;  »  c'est  aa  qu'il  faut  écrire,  tout  aussi 
bien  dans  aoianf,  c^aot  (autant,  chevaux),  que  nous 


(1)  On  fiitttt  de  semMsbles  diérècei  an  moyen  «Age  dam  trtnner,  trcU- 
trê,  haine  pour  traintr,  Irollre,  hatne»  —  Cf.  .Quteher«t,  Venif,-  fr., 
1164,  4t6. 


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LOUIR  MIIGIBT. 


57 


le  faisons,  et  avec  raison,  dans  paoure  (pauvre)  (.1).  — 
Oy,  qui  peut  se  conserver  dans  royal,  o\i  Von  entend 
dislinctenynt  dans  une  même  syllal^e  To  et  l'i,  doit 
être  j-emplacé  dans  roy  par  oé\  qui  représente  exacte- 
ment le  son.  De  même  devra-t-on  écrire  aymoétei  non 
aymoii  ou  aymoient.  Toutefois,  «  quand  nous  disons  : 
«  merre  aymoet  ceux  qui  l'aymoét,  il  n*y  a  différence 
entre  ces  deux  verbes,  sinon  que  le  premier  a  1>  ou- 
vert  femenin  et  le  dernier  a  Vé  masculin  qu*  demande 
une  prononciation  lente ,  estant  celle  de  Tautre  fort 
soudaine.  .  —  Ou,  «  Il  reste^ncores  à  débattre  la 
diphthongue  oii,  dont,  comme  je  vouô  ay  dict/nous 
nous  passerions  Lien. .  En  effet,  si  les  Latins  écrivent 
volo,  quand  ce  mot  signifie  vouloir  comme  quand  il 
signifie  voler  y.  quelle  raison  dpncqués  avons-nous 
d'escrire  vouloir  par  la  diphthongue  ou  plustost  que  t;o- 
ler  ?  Et  pourquoi  ne  pas  écrire  par  6  en  voloir  et  voler  ? . 
Il  reste  à  parler  de  eaet  eo  introduits  après  les  con- 
sonnes  g  et  c  pour  les  adoucir,  comme  duns  gagea  et 
gageons^  commencea  et  commenceoHs,  où  l'a  et  Vo  seuls 
^e  prononcent.  «  Vous  voyez  comme  d'une  faulte  on 
tumBe  dans  une  autre  ;  car  si  le  g  et  le  c  n'eussent 
point  usurpé  les  puissances  de  s  et  de  i  consonarites, 
etque  npuô  eussions  usé  simplement  des  lettres  selon 
(çi'est  leur  puissance,  nous  n'eussions  point  eu  occasion 
d'abuser  de  ces  iiutres  diphthongues. . 

Chapitbb  iv.  —  Dei  consonantes,  —  Meigret.  qui 
ne  connaît  pas  Toeuvre  de  Dubois,  tire  directement 


•/* 


(I)  Nlcotdonnepaoïmwi  «lleiui Meigret  éctiti,outu  (patoli .ngeTln). 


'X 


«v» 


.   .  •  ■  '    '  '  ..        ,   r    '  '    -  '  • 

des  Grecs-  leur  division  des  muettes ,  et  rattache  : 
Au  bVIcs  lettres  v,  f,  p,  ph,  pt;.— au  <;,  les  lettres 
K,  X,  c  ;  —  au  D,  le  T  et  le  TH. 

•^  Parlant  des  consonnes  de  la  première  *cla^,  il 
demande  que  ph  soit  remplacé  par  F,  que  b  et  ij^soient 
supprimés  daiis  les  mots  «omme  dùibt^  escripre]  etc., 
«car  là  n'est  aucune  mention  il'elles  en  notre  pro- . 
nonciation.  »  b  disparaît  aussi  devant  le  v  consonne  : 
orter  et  non  obvier;  «  Notez  aussi  quelles  noms  qui  se 
terminent  en  f  comme  brief,  la  tournent  en  4eur8-dé- 
riVatiïs  en  »  consonnaiite  comme  brief^  brieve,  pripar 
tift  privative}  »  -        ^ 

—  La  seconde  classe  de  consonnes  rocciipe  sur-^  - 
tout.  C'est  un  abus  d'employer  c  pour  t  :  •  Pour  quoy 
vous  voyez  évidemment  que  ceste  façon  d'escrire  donne 
occasion  de  mal,  prononcer. é.  Or,  je  m'esmervcille  qiiè 
èeux  qui  ont  cherché'  de  faire  différente  escriture  de 
vocables  Jà  où  leur  :6igmfication  seroit  diverse,  n'ont 
advisé  en  ^semblable  de  diversifier  les  lettres  là  où  leur 
puissance  se  trouveroit  diverse...  Pour  nous  ostcr 
doncques  de  ceste  confusion  dû  c,  j'ay  advisé  que  leê 
Uespaignoîs  ont  un  ç  crochu  ou  à  queue,  dont  nous 
pourrions  user^  devant  toutes  voyelles  devaiït  lesquelles 
nous  usurpons  le  c  en  s,  en  écrivant  deçOi  çeçy^  façon; 
non  pas  que  je  veuille  dire  que  B  me  s'y  puin6  bien 
mettre.  »  Meigret  arrive  ensuite  à  déclarer  superflu, 
l'emploi  du  K.  et  du  q,  et  ne  reconnaît  au  c  que  le  son 
dur ,  soit  dans  co/ere,par  exemple;  et  dans  eoiiatim^ 
soit  dans  colerice\  qui  peut  fort  bien  se  prononcer  colé- 
rique. La  suppression  du  q  amène  la  suppression  de 


^ 


# 


LOUIS  miGlIT. 


&9 


To,  après  Q  comme  après  g',  puisque  cetun*est  pas 
prononcé.  Quand  nous  vouions  donner  un  son  doux 
au  0,  ifr pourrions- nous  prendre  le  j  consonne? 
•  Quant  k  cela^  je  confesse  bien  que  toutes  ctioses  én^ 
leur  commencement  sont  difficiles  et  fasclieuses,  et- 
Ipfiesmement  qdand  il  faut  désapprendre.  Mais  aussi 
n'est-il  rien  si  difficile  que  l'home  n'entrepreigne» 
quand  par  raison  il  y  sent  ung  grant  giiin  et  prOufit... 
Nous  ne  somes  pas  éncores  hors  de  tous  le<  abus 
du  G.  »  Un  autre  abus  du  g,  c'est  d'être  placé  devant 
N  pour  servir  d'adoucissement;  il  suffirait,  dans  ce 
cas,  f  d'un  point  crochu  mis  au-dessus,  de  w.  »  Le  g 
enfin  doit,  non  plus  seulement  être  modifié,  mais  sup-^ 
primé  dans  des  mpts  comme  cognqhtre,  cognoistaneê, 
untjj  betoingy  etc.,  où  il  n'est  aucunement  prononcé. 

—  Quant  aux  consonnes  du  troisième  ordre,  «  je  ne 
.  treuve  point  la  puj^sance  du  d  avoir  été  corrompue/, 
mais  il  me  semble  que  nous  ep  abusons  en  superfluité.  ; 
Ceci  posé,  Meigrei  bifie  le  d  de  advenir^  advité,  etc«; 
il  blâme  ensuite  Temptoi  de  ct  dans  les  mots  comnie 
ftiction^  etc.  :  écrivons-les  par  un  x,  </li;ioii,  et,  à  la  fin 
des  mots,  n*^  laissons  plus  dict^fatçtt  mais  dit^fait;  rem- 
plaçons le  T  de  annoncialkùn  et  analogues  p&r  un  ç  :  ma- 
wfe9t0çwn,  —  k  propo8*déT  et  p  iernpinaht  les  mots, 
il  les  change,  dit-il,  en  s  au  pluriet:  renard  y  rekars  (1). 

De  toutes  ces  règles,  on  le  voit,  un  bon  nom|)re  ont 


(I)  un  pMt  aeeeptcr  la  formation  du  pturtel  d>près  eette  règle;  mala' 
tioiniiient  d«i  graromatrieiiH'plus  mo<lerne«  ôn(-iU  pu  dire  que,  dans  tei 
litfù  teriDlDéiv  par  t,  Je  pluriel  «e  forme  par  l'addAion  d'un  s  et  la  aupr 
preeakoa  d«  f  F  -^  C'est  la  mémf  chose  en  fait,  mais  non  |n  principe. 


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v: 


tiO  GMàXVAIRV^  FRANV'AISR.  : 

pris  force  de  loi  avec  le  temps;  d'autres,  qu'on  a  essayé 
de  suivre  au-dix-huitième  siècle,  n'ont  paâ  été  défini- 
tivement acceptées  par  l'usage.  Nous  avons  bien  gardé  ; 
voluptés  pour  vo/iipï«»  njais  nous  n'acceptons,  plus, 
comme  Chapelain  el  La  Monnoie,"  par  exemple,  vous, 
aimés  pour  vous  ofmez.  —  Avant  de  ^asseKaux  liquides 
L,  M,  N,  R,  Meigretr  insiste  sur  le  z,  %ui  renVplacera  l's  ' 

s  m/Hs,  comme  iiizons^  fèzons,  et  sur  l's,  qui  dispa- 
raîtra là  où  on  Jte  prononçait  epcore  du  temps  de  la 
jeuftesse  de  Pasquièr  (1  )  /  mais  où  on  ne  le  prononçait 
plus  du  temps  du  livre  de  Meigret,  c'est-à-dire  dans 
les  mots  comme, /M>tine«(«,  lionnesteté.  ^.. 

Fi4èle  à  la  division  des  consonnes  telle  que  l'ont  faite 
les  Grecs,  nos  maîtres,  Meigret  aborde  la  classe  des  li- 
.quides  :  l^  dit-ii,  diait  se  supprimer  dans  c/i^rau/x,  cii/a:, 
peuUy  et(^.,  où  il  nèÀnme  pas  ;  dans  les  mots  où  on  l'a- 
doucit en  le  redoublant  et  le  faisant  précéder  d'un  i,  il 
sufliVa,  convention  pour  convention,  de  marquer  l'Ldu 
même  signe  qu'il>  déjà  féclamé  pour  l'adoucissement . 
^^a-&(gn-^n)  :  meilleur  dièviendra  mbleur.  Ce  système 
sera-t-il  adoptée  Meigret  en  cloute  fort;  voici  la  raison 
qu'il  en  dorîne  :  «  La  plus  part  déiious  François  usent 
de  cette  supêrfluité  deletres  plus  pour  parer  leur  écriture  ' 
que  pour  opinion  qu^  ayent  qu'elles  y  soient  necesse^ 
res.. .  sanaavoir  égard  si  la  lecture  pour  la(]uelle  elle  est 
principalement  inventée  en  sera  facile  et  aisée.  J'oseï 
bien  davantage  asseurer  que  c^est  bien  l'une  des  prin- 
cipales causes  pour  laquelle  je  q' espère  pas  janaél,  ou 


t: 


(I)Né  en  1528.  —  Voy.  Recherches  delà  France^  livre  VllI,  ch.  1». 


I 


•  - 


I»     •» 


l.0l'IS   MtIGMIT.  ' 


pour  le  moins  il  sera  bien  dificile  que  la  superfluiuyc 
letres  soit  quelquefois  corrigéç,  quoy  qu  i4  yensuyv 
espargnë  de  papier,  de.plùme  et  de  temps,  et  fina 
blement  facilité  et  aisance  de-lecture  à  toutes  nations.  » 
^?  Meigrat^^asse  ensuit^  à  l'examen  de  la  lettre  n: 
^_\  ,  Quant  à  N,  dit-il,  je  treiive  que  tout  ainsi  que 
noua  eu  abusons,  comme  je  vous  ay  dict,  es  tierces 
personnes  dupluriel  des  prétéritz  imperfectz  de  Tin- 
dicatif ,  quand  j'ay  parlé  des  diplilhongues  ob  et  oé., 
qu'aussi  fésjons  nous  es  mesmes  personnes  du  présent 
comme  en  ayment,,  fripent,  donnent  esqueh  nous,  ne 
prononçons  sinon  aymét^  frappei^àonnet,  et  qui  se 
♦forment  de  la  tierce  persdiine  du  singulier  en  adjous- 
tant  le  iseul  i  à  la  dernière  syllabe  terminée  en  e  fe- 
menin  :  de  sorte  que  si  nous  adjousions  à  «i/wié,  tierce 
.personne  du  présent,  ûng  t,  se  formera  aymet  (1), 
tierce  personne  du  pluriel;  en   retenant  toujours  e 
femeniri  :  de  sorte  que  notre  écriture  sera  rayson-^ 
nable  quand  nous  escrirons  :  /«  homes  aytrœt  les  fem- 
mes. Td^y  dict  notamment  par  e  femenin  et  clos,  d'au- 
tant qu'un -calomniateur  ne  faudroit  (manqueroit)  pas 
de  prononcer  e  en  donneï  comme  en  bonnet ,  furet  y 
esquelz  est  un  c/feme«ih  ouvert.  Brief,  je  te  dy  qtd 
si  nous  prononçons  le  même  e  qui  est  en  la  tierce  per- 
sonne du  singulier  en  y  adjoustant  tant  seulement 
ung  if,  il  est  impossible  que  tu  ne  prononces  la  vraye 
tierce  personne  du  plurier. 


/ 


/ 


(i)  Nous^vons  vu,  p.  38,  Dubois  proposer  ceUé  orthographe  pour  la 
3*  perscniM  du  aingulier.  ~  U  conserve  l'n  au  pluriel. 


ï 


ft2  ■  GIAHIIAIII  Vi^RÇAitl. 

>  Il  ne  noua  reste  plus  k  expédier  que  x...  Nous 
-eu  abusons  on  nos^re  langue  la  faisant  finale  à  plu- 
sieurs vocables,  comme  riMX,  chevaulx,  royaulx.  Car 
.'il  me  semble  que  les  François  n'ont  point  de  prop<*e. 
termlnarson  cri  x^  et  que- «  y  est  suffisante;  et  pourtant 
nous  devons  escrire  «o«,  clu'vahsy  roijaos. — Vêla 
doncq'ues  les  raysons  qu*il  m'a  semblé  bon  de  vous 
mellré  en  avant  pour  vous  faire  cognoistre  le  grand 
abus,  desordre  et  confusion  que  nous  tenons  en  nostrc 
façon  d' escrire.  » 

ChapitAb  V.  —  De  C apostrophe  ou  détour  d'une  letre 
on  sf/lfahe  finale.  Ce  chapitre  se  borne  à  réclamer  un 
emploi  uniforme  de  l'apostrophe,  inventé,  comme  nous 
Tavons  vu,  par  Dubois,  dont  Mëigret  semble  ignorer 
jusqu'au  nom  ;  en  effet,  pourquoi  écrire  y  aime  et  non 
je  aintef  L'e  aurait-il  une  raison  pour  être  plutôt  pro-, 
noncé\à  la  fin  de  je  qu'à  ïa  fin  de  aime?  Donp  il;làut 
écrire  :\  ou  je  aime  une  femme  ou  bien  j' aim*  un*  femm\  ■' 
—  Toutefois,  €  notés  que  \ï  et  elle  après  le  verbe  ter-v 
miné  en  b  femènin  ne  fait  pa§  perdre  le  son  d*E,  comme 
quand  nous  disons  oymè  i7,  ayme  elle.  »  -       , 

Si  une  voyelle  se  retranche  devant  unç  autre 
voyelle,  une  consonne  qui  ne  se  prononce  pas,  devra 
se  supprimer  devant  une  autre  consonne;  ainsi  •  je 
treuveque/e»,  des^  c«;  perdent  «  quand  le  vocable 
ensuyvant  commence  par  consonante,  ,comm€  quand 
nous  disons  :  «  Les  compaignons  de  guerre  etquelz  les 
capitaines  ont  faict  des  dons  sofit  les  mieulx  agguerriz  : 
nous  devons  escrire  :  /<-'  compaignons  de  guerre  é* 
quetz  ié*  capitaines  ontfaicl  dé*  dont  sont  lé*  vmulx 


LODIS  MllOMIT.  •  ê% 

aifffuerriz..,,  (1)  Et  là  où  nous  ne  voulc(rions  recevoir 
l'apostrophe,  je  dis  qu'encore  la  lettre  ne  doit  point, 
.cslre  escriple.  » 

La  lin  de  ce  chapitre  est  la  fui  de  l'ouvrage  ;  noiis  la  | 
transcrivons  :  «  11  y  a  aussi  quelque  fais  détour  de  syl- 
labe entière  comme  en  avez  et  iavez  quand  nous  disons  : 
'  '  avousy  sa  vous  pour  avez- vous  f  save;>vous,  que  je  trou- 
verois  bon  de  marquer  de  la  "figure  de  l'apostro- 
phe (2).  A  UISG  SBUL  DIKU  UONNliUR  £T  GLOIRB.  • 

Ainsi  se  termfiic  ce  premier  traité  de  Meigret.  Avant 
d'exposer  la  querelle  qu'il  sclutint  à  ce  sujet  avec 
Des  Autels,  je  ferai  rapidement  connaître  sa  gram- 
maire française.  On  y  remarquera  la  mêmC  hardiesse 
réformatrice  que  dans  son  premier  ouvrage ,  et  l'on  . 
verra  que,  dans  Tiln  et  l'autre,  l'usage  lui  a  trop  sou- 
vent donné  raison  contre  un  principe  dont  il  est  fâcheux 
de  voir  l'orthographe  se  départir,  le  respect  de  ces  con- 
sonnes caractéristiques  qui  conservent  la  tradition  des 
étymologies.  - 


(1)  Le  texte  porte  simplement  :  lé  compaignont  de  guerre,  é  quelt  lé 
capitaines  ont  faict  de  dont  tont  lé  mieux,  agguerrix.  —  Noua  le  croyon» 
fautif,  rt  l'avons  mit  d'accord  avec  la  théorie  de  l'auteur. 

(2)  Nous  avons  déjà  fait  remarquer  que  l'e  de  la  2*  pers.  plur.  était 
muet  dans  les  interrogations  «ou^s-coia,  voye$-vous  en  patois  angevin. 
I.a  forme  contractée  sa'tout,  a'tous  pour  saiet-rout,  avet-rous  s'eiplique 
ainsi  factièiiient.  A'vo*u  ne  s'eet  pas  seulement  prononcé,  il  s'estécrit  : 

A'vous  mal  aux  dents,  maître  Pierre? 

(Le  Uitement  de  mtire  PetMin.)       , 

Cf.  Glofsaire  du  centre  de  la  France,  par  M.  le  a^te  Jaubert,  1. 1;  p.  in. 


I 


> 


04 


OftAVàAIBI   FKATIÇAItl. 


S  1.  -  TraM«  et  la  Crai 


ilrt  rraBC*lM. 


Ce  premier  effort  que  tenta  Meigrct  pour  réformer 
noti^  orthographe,  fut  suivi,  en  1548,  d'une  seconde 
tentative ,  où  il  commença  à  se  comprçmettre  en  joi- 
gnant l'exemple  au  précepte  :  je  vewx  parler  de  sa  tra- 
duction du  Menteur  de  Lucien  (1),  qu'il  affubla  d'une 
orthographe  particulière,  et  rendit  illisible.  Deux  ans 
plus  tard,  il  donna  le  dernier  mot  de  son  système  dans 
rouvragofiuivant  :  '  \ 

Lb  taetté  de  là  grammere  FRANCOEze,  fçt  par  houU 
Meigrçty  Lionoçs  (^)» 

Dans  un  rapide  avant-propos,  MeigretréVient  sur 
sa  thèse  favorite ,  l'accord  de  la  prononciation  et  de 
l'orthographe;  mais,'jôîgnant  la  pratique  à  la  théorie, 
il  présente  ici,  comme  dans  sa  traduction  du  Menteur 
de  Lucien,  un  texte  dont  la  bizarrerie  et  les  inconsé- 
quences sont  U  meilleure  critique  de  son  système  (3).  Il 
le  déclare  en  outre  :  dans  sa  grammaire,  il  ira  plus, 
loin  que  dans  son  premier  traita;  il  dira  «  finablément 


{))  Lb  MfMEOR  00  l'iscmdvw  ihc  Lvciab,  traduit  de  gr^  en  franço^i   « 
v^par  Lovis  Melgrçt  Uonno^i,  «vçq  ▼ne  ecrlUore  q'adrant  à  la  prolaçlea  / 
FraiM^te  :  e,  l^  r^wn»;  A  Pari»,  çhéê  Chrettlan  Wechel ,  à  la  ro^e  Sainct 
iaqaet,  à  TEacu  de  Ba»le.  M.D.XLVIIL  -  I  yoI.  iD-4».^  Une  Introduc- 
tion de  vlnut-neuf  pagee  explique  Ma  kyttème. 

(ï)  A  Pari»;  cW»  Chre»tlen  Wechel ,  à  la  rue  Sainct  lean  de  Bauivais, 
à  renseigne  du Cheual  volant. M.OL.  -  1  toi.  ln-4':  pp.  1-144. 

(3)  Nou»  aveni»«on»  une  foi»  pour  toute»  que  nou»  ne  prenons  for- 
thographe  de  Meigret  que  dans  le»  ca»  où  elle  .e»t  ab»olumcnt  nécas- 
saire  ;  partout  ailleurs,  même  en  le  elUnt,  nou»  le  tradui»on»,  pour  ilnsl  j  . 
dlre/comme"nou»atons  trtduit  Dubois ,  tijnt  son  système  défigure  ta     - 
langue,  en  lui  laissant  toutefois  l'orthographe  ordinaire  de  son  tenpa. 


% 


r 


toutes  les  parties  néoe^aires  à  baslir  un  langage  en- 

•  tendible,  avec  les  règles  qu'il  a  pu  extraire  d'unixorii.' 

^  mune  observance^ui,  comme  une  loi,  les  a  tacitemèat 

ordonnées.  » 

La  grammaire  s'ouvre  par  un  chapitre  sur  Vabon^ 
dance  en  wix  de  la  langue  française  :  Meigret  montre 
que  nous  sommes  plus  riches  que  les  Grecs  et  les  La^ 
tins,  et  qùe^'  nous  prononçons  en  notre  langue  des 
vocables  que  le  latin  ni  ie  grec  ne  sauroient  écrire  par 
leurs  caractères,  d'autant  qu'ils  ne  les  ont  jamais  eu  en 
usage,  comme  sont  L,N,  8  raollÉft»      -  .^ 

Le  chapitre  qui  suit  détermine  les  sons  particuliers 
de  la  langue,  et  fixe  la  manière  de  représenter  chacun 
d'eux  à  l'aide  des  voyelles  et  deà  diphthongues.    i 

Nos  voyelles  sont  :  *  a  ,  e  ouvert,  e  clos,  i ,  oo  clos 
(autrement  ne  l'oze-je  noter),  0  ouvert,  D.» 

Jl  ajoute  :  •  Toutes  les  diphthongues  que  j'ai  pu  dé- 
couvrir  en  notre  langue,  jusques  au  nombre  de  seize  et 
trois  triphthongues,  sont  :  ai,  ao  (au),  Aou  (dans  aout\ 
El  (dans  teindre),  ba,  bi,  ço,  yjl.yr,  yo,  tu,  Of 
(dans  elofl,  rfiiofi)  (1),  OT  (dans  ro^/),  uç  (dans 
miiei),  UT  (dans  niiyi),  bao  (ttfoo,  veau),  yen,  obyl  ou 
3EIL  (dans  ii«7,  œil). 

Et  ■■'' 

Meigret  passe  ensuite  en  revue  les  consonnes 


-r 


(I)  lleigret  propose  duroff  an  lieu  de  dùotenf,  etc.,  pour  fixer  la  |m-° 
noociafkm  iocertaine  entre  les  eonrtlMns. 

«  Ceak  qui,  dit  Melpet,  ontmaoTalM  expérience  de  la  langue  fran^oiae 
ne  faudrdnt  pas  de  lire  leur  "ramage  «nr  cette  manière  d'ecriture  confuie  : 
de  sorte  qu'un  nayf  àauMeron  ne  faudra  pas  de  ilire  rejiptiit  en  voyant  re^ 
tipient,  ne  V  l^icard  de  prononcer  \  enient.  tf'-Ct.  ci-dessus,  p.  40,  note  2. 


• 


\      • 


*f^    o->S' ^''^^^^ilkii 


È^ji^V^^' 


."1. 


I 


y 


ftfi  <iMA««AlftK   PlAFIÇiUflE.  .. 

(thàplirff  lit) y  et,  se  reportant  «  aux  raisons  quMI 
a  autrefois  déduit ,   »,  il  formule  plus  nettement  âa 

\  Hîj^lt*:  «  Pinablement,  dit-Il ,"  je^  fais  sonner  (comme 
la  raison  de  leur  ancienne  puissance  le  veut)  toutes 
pnsonantes  d!un  môme  son  avant  toutes  voyelles.  > 
■V-  Ainsi ,  (|uelle  que  soit  la*voyelle  qui  suive,  c  sera 
toujours  dur,  G  de  même,  etc.  Cependant,  je  ne  sîais: 
pa)r  quelle  complaisante  faiblesse,  pour  ce  seul  motif 
le  le  c  sçnant  en  s  seroit  difTieile  à  ôter  de  récri- 
ture! •  et  que  si  (•  comme  la  raison  le  veut»),  il 
mettait  t  un  s  en. sa  place,  vous  jie  faudriez  pas  à  le 

\  prononcer  en  e  entre  deux  voyelles,  »  .Meigrét  •  lui  a 
baillé  mic  queue  à  Ja  mode  des.Hespaignols.  «^Nous 
ne  voyops  pas  d' autres  traces  de  pareilles  incolisé- 
queuces  datié  la  liste  des  signes  destinée  à  représenter 
Jes  voix  (Wnçaises  :  •  Mais  affin  que  la  cotmolssance  . 
d'elles  soit\plus  aisée,  dit-il  en  finissant  ce  chapitre, 
j'ay  aviz^  oip  les  peindre  et  leur  bailler  leurs  noms 
seloh  leur  puissance  et  de  le^  ordonner  selôh  leur  af-  , 
finité  :  \  .  \. 

•  A  ;  -^  E  ôuvWt;  —  K  clos  ;  —  i  latin  ;  —  o  ouvéEk  ; 
01]  clos  ;  —  u  ;  ^y  grec,  de  mesme  puissance  que  Vi  ; 

—  B,  be;  —  ^  pA;  —  f>  </;  —  P^,  pUt;  —  u  con- 
sonne; —  C ,  cû  lîUin  ;  —  k,  ea  grçc  ou  kappa;  — 
Q,  qu;  —G,  ga  o\t^^^gamma ; —  ce,  cha  sispjré';  — 
D,  c/c; — T,  te;— TH,^/i^ aspiré; — s,  ç^  es;^i,  zçd; 

—  ÇH,  çtie;- — L,  f/;y—  l,  f/ molle j  ~m,  cm;—  , 
N,  çn;  —  N,  fn  molle ;\—  a,  pr;^ —  iji  consonante;  . 
-— X,  es,  K.8,  GS,  ix.  »     \    .        /  0 


\  ■ 


^ 


'(  '  ; 


tOCrt  niQAIT.  '67 

)e8  syUabei,  —  Meigret  suivArit  Uimî  méthode  toute 
logique ,  va  du  simple  au  composé  ;  après  avbir  parlé 
des  voyelles  et  des  consonnes,  «  il  nous  faut,  dit-il, 
rechercher  1^  premières  et  les  plus  simples  composi* 
tiôbs  qu*e;li^font,  qui  sont  les  syllabes.  »  {Cliapitre  IV.) 
.|Une  analyse  détaillée  explique  quelles^^ consonnes 
peuvent  précéder  ou  suivre  telle  ou  telle  autre  con- 
sonne, teUe  ouHelle  voyelle,  et  enfin  commencer  ou 
.  finir  les.  mots. 

Entre  uq^  grand  nombre  de  règles  oarljculières ; 
deux  principes  g<^éraux  sont  posés  :  le'  premier  «  que 
toutes  conspuantes  peuvent  être  posées  avant  toutes 
voyelles;  >  le  secpnd,  •  qu'une  simple  consonante 
misé  entre  deux  voyelles  fait  communément  syllabe 
avec  la  subséquente.  »^       ^     ■        :    *   *  *" 

Les  dictions,  mots  ou  vocables*  (G/i(ipi<ré  V)  sont  les 

s,  ■  ■  '  ■    '     \       .    .  ■■■■  ■    '.      ■ 

éléments  du  langage. « .  IJ^^^    ,      ' 

«  Xe  langage,  l*orai^on^^arler  ou  propos  [Cha- 
pitre  y/)  est  Un  bastiment  de  yocâbVéë  ou  paroles  or- 
données de  sorte  qifèlle^  rendent^ un  sens  convenable 
ou  parfait'..,.  Pour  la  hécessité  du  bastiment  de  notre 
langage,  il  y  peut  entrevenir  huyt  parties  outre  les  ar- 
ticles ,  qui  sont  :  le  nom ,  le  pronom ,  le  verbe ,  le 
participe,  la  prépositioV,  Tadverbe,  la  conjonction 
et  l'interjection.  —  Mais  avant  que  de  vuyder  rien 
des  huyt  parles  du  discours  nous  depeschérons  les 


articles. 


V^ 


Des  articles.  —  Dubois,  on  se  le  rappelle , 
pu  se  décider  à  faire  des  articles,  dont  il  ne 


\  > 


f 


68  GlAUillÉ.riAMCAISI. 

pa3  voir  en  latin  des  exemples  assez  faciles  à  saisir  (1), 
une  classe  particulière  de  inots,  et  il  en  parlait  à  peine, 
en  passant;  Meigret,  plusnardi,  n^ose  cependant  in- 
troduire Varticle  d^ns  la  liktè  des  parties  d'oraison , 
mais  il  leur  consacra  un  chapitre  particulier,  où  sa  sa- 
gacité ne  fait  pas  défaut  à  ses  analyses.  Voici  les  pointe 
qu'ilnous  a  paru  important  de  noter. 

«  La  langue  françoise  n*a  véritablement  que  deux 
articles  du  singulier,  qui  bont  le  pour  le  masculin ,  la 
pour  le  féminin  ;  qui  ont  en  commun  les  pour  leur 
pluriel.  —  Au  regard  de  de,  du,  det,  ils  sont  plus 
véritablement  prépositions  qu'articles....  Nous  les  Ier# 
rons  (laisserons)  donc  jusq\|es  au  traité  des  préposi- 
tions, vuidans  tent  seulement  /<?,  /a,  qui  sont  les  vrais 

articles. 

»  Le  ne  /c  ne  sont  jamais  mis. devant  les  noms 
propres,» — excepté  «  quelquefois,  par  manière  d*  ex-, 
pression  piliis  manifeste  et  démonstrative,  comme  : 
j'ai  envoyé  Pierre  à  Lion,  je  dy  le  Pierre  (Jue  vous 
avcï  vu  à  Paris.      ' 

»  Le  et  (a  se  préposent  bien  aux  noms  communs, 
généraux ,  spécifiques,  comme  Ç homme;  au|,  pronoms 
possessifs,  comme  le  mien;  aux  relatifs,  comme  lequel, 
laquellà;  —  et  faut  noter  que  ces  articles  ont  quelque- 
fois quelque  restriction ,  approchés  d'un  certain  indi- 
viduel comme  j'ai  vu  l'homme  qui  a  couru  deux  cente 


(I)  Yiéi  iUàm  homimêm  quivinit  n'ett-M  pu  plutôt  j'm  vu  ThoaMM 
qm  ê$t  «MU  qMi'a»  tu  ett  homme  qui. ut  «mu?  Cet  exemple  ne  prou- 
te-t>ll  pu  reiUtence  d'une  M>rte  d'article  fn  Utio? 


LOUIS  MIIGI^IT.  6U 

*  - 

pas,  ,  __  C'était  la  règle  de  Dubois  ;  c'est  aussi  la 
règle  jâctuellc .:  l'article  se  prépose  aux  mots  qui  dé- 
signent un  genre ,  une  espèce  ou  un  individu  parti- 
culier. 

Il  montre  ensuite  que  W  nom ,  quand  il  est  dans 
une  proposition  8im[$le ,  attribut  d'un  sujet  auquel  il 
est  relié  par  le  verbe  étre^  peut  être  employé  sans  ar- 
ticle :  f  Comme,  je  suit  homme;  »\^ue  l'adjectif  peut 
/être  predédé  de  l'article  après  un  nom  propre, «comme 
Philippe  ie  Bel  ]  »  mais  jamais  après  un  nom  commun  ; 
•  comme  riiommer  lé  courageux,  »     » 

Enïïn  il  distingue  nettemeiit  /e,  la,  les^  articles,  de   . 
le,  loi  les,  pronoms;  et  signale  l'usage  qui  change  en 
noms  les  participes  et  les  jqfinitifs  en  JfaisaQt  précéder 
les  uns  et  les  autres  de  farticlç. 

La  nature  de  ^  mot ,  son  emploi,  sont  ici  nette- 
ment formulés,  etcç  chapitre,  où  pour  la  première  fois  . 
l'article' reçoit  ses  lois,  e&i  des  plus  remarquables. 

Du  fHNi.  —  Le  traité  du  nom  forme  huit  chapitres. 
Il  y  règne  une  extrême  4:onfusion ,  mais  qui  s'ex- 
plique par  l'usftge  où  Ton  était  de  ranger  dans  une 
même  classe  le  nom  substantif  et  l'adjectif,  tant^qua- 
lifîcatif  que  détern)inatif  ^1).  Nous  essayerons  de  por- 
ter quelque  lumière  dans  ce  chaos.         .; 


I.  (i)  Conf.  <;raMiiMlt«i  {attna  Th.  Melanchthoni$,  ah  autw*  nùptt  weta 
tt  rtcogniU.  -rCoUmix  apud  ^/rSoiirem,  an»o  M.D.IXtX,mtnte  Ja-^ 
ntiqc^.  —  I  Tol.  petit  ln-S*.etnfîl;  lignât.  î ,.  yerso.  —  Encore  «i  dl  " 
J^uitième  tièete,  la  gramnulre  publiée  par  Régnier  Desmarais,  an  nom  de 
l'Académie  française,  ne  prooédait  pu  autrement. 


10 


IJRAMHAIRK    FRANÇAISE. 

*  Dès  l'abord, ifdùle  à  sa  méthode  indépendante,  il 
ose  déclarer  que  «  il  éçhet  au  nom  (juatre  accidents 
«eii^ijmé'Hi  en  la  langue  françoise,  qui. sont:  espèce,  > 
genre,  nombre  et  figure. 

»  Au  regard  fte$  cas^  ajoute-tril,  —  et  c'est  ici  qu'il 
est  vraiment  neuf,  —  ia  iang^ue  française  ne  les  connoU 
point,  parce  que  les  noms  françois  ne  changent  poiwt 

leur  fin.  »    v 

Oser  prétendre  que  les  noms  français  ne  se  dé- 
clinent poiht  I  c'était  une  hardiesse  dont  un  novateur  ' 
aussi  téméraire  que  Meigret  pouvait  seul  être  capable. 
Henri  Etienne,  qu'on  a  voulu  élever  si  haut ,  ne  s'est 
pas  avancé  jusqu'à  soutenir  une  opinion  aussi  étrange, 
et  ni  la  granynaire  de  Qudin,  au  xvii'  8iècle\  ni  celle  de 
Regnier-Desmarais,  au  xviirj  n'on^^sé  l'admettre. 

Espi'ce.  —  Les  noms  sont  prinïitif»^  I\ome,  ou  dé-  ' 
rivés  -.iJornam  (i).  Les  deux  noms  cités  sont  des  noms 
propres.  —  Les  noms  communs  exprimen|  une  es- 


»    \ 


(1)  Ce  métne  chapitre  quiUe  Ici  un  instant  la  grammairéfpour  la  satire, 
une  satire  que  l'on  croirait  notre  contemporaine. 

«  Au  regant  dit-il,  des. autres  espt'xe»  de  noms  propres  que  les  Utins 
appellent  pronomen,  nomen,  rognomen  et  agnomen^,  les  François  ^ommu- 
nément  ne  gardent  qne  le  nom  et  le  cognomcn  que  nous  appelons  le  sur- 
nom, parce  que  c'est  le  nom  commun  à  toute  la  race.  Quelquefois  auMi 
nons  nturpons,  quasi  pour  une  grande  gloire,  les  noms  des  seigneurie», 
métairies,  molins,  buysaons,  monUgnes,  vallées,  prez,  bayes*  chausséief, 
moulins  ;  flnablement ,  il  semble  que  le  François  (ait  si  peu  de  compte  de 
porter  lé  surnom  de  sa  race  qu'en  le  délaissant  il  s'usurpe  le  nom  de  ses 
possessions  et  seigneuries,  et,  en  défaut  d'elles,  H  s'en  forge  sur  des  buys- 
sons,  bayes,  ioups  et  renars,  comme  Louvetiere, Renardière,  Bruyère.  11 
est  vrai  que  quelquefois  elle»  sont  noms  de  seigneuries,  au  plaisir  de  ceux 
qui  les  ont  voulu  ainsi  appeller.  Flnablement,'  si  quelqu'un  porte  sufiytr 
en  France  qui  né  sott  aocoibpagpé  d'un  de,  la  noblesae  le  tient  pour,  un 
▼U]alii.*(Page31.)         .  , 


LOL'IS  MBIGRBT. 


71 


pèce  de  substance:,  ou  une  qualité  ,  ou  une  quantité. 

Entre'lc  nom  propre  et  le  nom  commun /qu'ils 
soient  l'un  ou  rautre  primitifs  où  dérivés ^  Meigret 
cherche  et  veut  montrer  des  dilTcrences  toutes  méta- 
physiques; il  fait  suivre  son  exposé  d'.une  classifi- 
cation fondée  sur  des  distinctions  trèsrsubtiles,  selon 
que  les  mots  sont  corporels  ou  incorporels;  —  il  en 
est  qui  sont  réciproques ,  «  d'autant  qu'en  disant  l'un 
nous  présupposons  l'autre,  comme  en  disant  père, 
malstre,  nous  entendons  qu'il  y  a  fils-  et  serviteur  , 
tellement  que  périssant  l^un,  l'autre  périt;  »  —  d'autres 
sont  «  consécutifs,  lesquels  périssant  l'un,, l'autre  ne 
périt  pas,  quoiqu'ils  soient  adhefans  l'un  à  l'autre, 
comme  la  nuit  et  le  jour,  »  —  C^  subdivisions  sont 
innombrables. 

La  fin  du  chapitre,  plus  particulièrertlent  consacrée 
à  la  dérivation  des  noms,  indique,  me^is  seulement  en 
quelques  pages,  et  sans  les  longs  développements  de 
Dubois,  quelques  terminaisons  françaises  qui  rempla- 
cent  telle  ou  telle  terminaison  latine;  moins  préoccupé 
toutefois  du  latin  que  du  français,  Meigret  ne  i^u- 
drait  pas  nous  voir  copier  trop  servilement  |es,  lan- 
gues mortes,  et  donne  à  pe  sujet  la  règle  suivante  :  \ 

<  Il  faut  de  vrai  faire  des  vocables  que  nous  emy- 
pruntons  tout  ainsi  que  d'un  etrangiér  que  nous  voii^ 
drions  faire  recevoir  entre  les  François  poq)*  un  dé 
leur  natioq  :.' auquel  on  ne  sauroit  mieux  faire  que  dé 
raccouirer  à  la  françoise,  avecq  quelques  gestes  et 
contenance,  et  fuiablement  le  langage  :  car  lors  il 
sera  reçu'  pour  un  François  naturel  et  natif  d^  France. 


■S 

V 


73  GHAHMAIHE   FRANÇAISE.    ' 

Si  aussi  nous  s^-Vons  bien  déguiser  un-  vocable  latin 
ou  d* autre  langue,  lui  doiirnànt  la  forme  et  terminai- 
son commune  à  autres  tels  et  semblables^  il  ser&  tenu 
pour  françois.  »  ,. 

Après  avoir  donné  plusieurs  exemples,  par  exemple 
de  an'iM  qui  se  change  en  aire  (comme  notarius,  no-' 
taire),  etc.^  il  termine  en  disant  :  «  Je  ne  m*amuse 
pas  fort  aux  formaisons  des  dérivatifs,  d'autant  que 
cela  requiert  la  lecture  des  grammaires  grecques  et 
latines,  auxquelles  celuy  se  devra  addresser  qui  les  vou- 
dra entendre,  sans  toutefois  se  prescrire  aucune  loi 
contre  Tusage  de  la  prononciation  françoise,  commet 
•font  plusieurs  .qui  disibnt  :  nous  dussions  dire  ainsi, 
suyvant  les  règles  latines  et  grecques;  auxquels  pour 
toute  satisfaction  il  faut  reëpondre  que  nous  devons 
dire  commejidus  disons,  piiisquè  généralement  rasage 
de  parler  Ta  reçu  ainsi  :  car  c'est  lui  qui  donne  autho^ 
nié  aux  vocables,  sauf  toutefois  là  où  les  règles  fran- 
çoises  et  la  congruité  sont  offensées,  comme  ceux  qui 
disent  :j«  venions ^  je  donisscj  je  frapisse,  qui  sont 
fautes  qui  n^ont  jamais  été  reçues  par  les  hojmmes 
bien  appris  en  la  langue  françoise  (i).  >y    ^ 

Nous  avons  msiaié  sur  ce  passage,  qui  montre  toute 
Tardeur  de  Meigret  à  rompre  avec  les  traditions,  pour 
constituer  notre  grammaire  nationale;  acceptant  la  lan- 
gue pariée  sans  conteste,  au  nom  de  Tusage,  il  ne  fait 
porter  ses  réformes  que  sur  la  langue  écrite,  comme 
si  celle-ci  n*obéissait  pas  elle-même  à  Tusage. 


(1)  Cf.  ci-dessout,  p.  81. 


^As" 


^TW^ 


\ 


f> 


L0i;i8   HEIGIET. 


7% 


*Au  second'  chapitre  du  Nom^  Meigret,  confondant 
l'adjectif  et  le  substantif /reconnaît,  au  nom  le  com- 
paratif et  le  superlatif.  ^  .. 

Le  comparatif  se  forme,  tantôt  comme  en  latiri^  par 
une  terminaison  particulièrt,  comme  meilieltr;  tantôt, 
à  1-aide  d*adverbes  comparatifs ,  co^mme  plus ,  ^notns^ 
etc.  t  Nous  pouvons  faire- comparaison  entre  loutes 
choses  qui  peuvent  recevoir  simiUtude  d'accidens, 
corpme  par  exemple  si. nous  disons  qu'un  papier  ou 
sucre  est  aussi  .blanc.. que  neige,  »  ou  encore  r  «  Le 
lion  est  plus  fort  qqe  le  bœuf,  Annibal  est  plus  rusé 
que  les  Romaind.  Pour  la  bonté  de  ces  comparaisons, 
il  suffit  que  le  lion  et  le  bceuf  soient  forts,  çt  Annibal 
et  les  Romains  rusés.  » 

Au  lieu  de  reconnaître,  comme  nous^  deux  sortes  de 
superlatifs,  Tun  relatif,  comme 7e  plus  sage,  Pautre 
absolu,  comme  iréf-to^tf,  Meigret,  reportant,  non  sans 
raison,  la  première  forme  parmi  les  comparatifs,  ré-  .. 
serve  pour  la  seconde  seule  le  nom  de  superlatif.  Le 
superlatif  se  forme  à  la  manière  grecque,  en  faisant  pré- 
céder du  >mot  4rés  le  positif.  Rarement  nous  emprun- 
tons là  forme  latine,  ou,  si  nous  le  faisons,  c*est  sans  lui  ^ 
««<  ...  ,         ,  ■       »       ' 

laisser  sa  signification  superlative,  comme  on  le  voit 
dans  les  mots  maxime,  règle  infaillible,  minime,  terme 
de  musique  :  «  Au  regard  dé  la  nouvelle  invention 
des  superlatifs  latins  en  istime,  comme  illustrissime, 
reverentOsêime;  que  nous'  pouvons  appeler  superlatifs 
titulaires,  Tusage  de  la  langue  françoise  ne  les  peut 
goûter  et  encore  moins  digérer.  Parquoi  je  les  lerrai 
(laisserai)  à  ceux  qui  font  les  hommes  Dieyx  ie  papier^^ 


V.' 


74 


«. 


GRAMMAIRE  PRÀ1IÇ41SE.  -^ 

et  d*encre,  quasi  commctoar  letres  de  banque  (1).  » 

Les  dimiimlils  (Cliapiim  IV)  arrêtent  peu  Mergret;  • 
-après  avoir  simpljçment  constaté  remploi  de  quelques, 
formes,  que  nous  connaissons  déjà,  il  se  hâte  d'ar- 

river  aux' dénominàtifs  (C/*api(r«  V.):    / 

Ce  mot  iléiiominaiif  est  un  terme  de  la  granimairo 
ancienne;  il  désigne  tous  les  noms,  substantifs  ou 
adjectifs,  non  au  point  de  vue  de  leur  signification, 
mais'i)ar  rapport  seulement  au  mot  dont  ils  dérivent  ; 
ainsi  éciieUe  et  échalas  sont  deux  noms  de  significa- 
tion différente;  le  second  est  un  dénominatif  par  rap- 
port au  premier,  parce  qu'il  dérive  de  celui-ci. 

Le  chapitre  entier  est  consacré  à  passer, en  revue 
les  innombrables  terminaisons  qui  appartiennent  aux 
dénominalifs  masculins  ou  féminins,  substantifs  ou 
adjectifs,  qui  sont  dérivés  d'autres  noms,  ou,  par  ex- 
tension même,  tirés  dp  participes  et  de  verbes;  soit 
'  français  soit  latins,,  tels  ;'  modestie  de  modeste ,  simi- 
litude de  siniHitudoy  vuion  de  visu,  etc. 

Le  chapiire  du  Genre  dit  hardi  mien  t  :  *•  au  regard 


'  -(1)  Ce»  mots  flt^uraient  ators  en  Italie  dahs  les  titres  qn'on  donnait  aux 
prélats  e|  autres  grands  dignitaires  de  l'Église;  ils  ne  fqrent  introdum 
en  France' que  plus  tard,  par  le  cardinal,  du  Perron.  Balzac  dit  à  C9  cujet  : 
•  Lorsque  le  cardinal  du  Perron  reTlfll  de  Rome,  après  la  négodation  de 
Venise.  Il  en  apporta  l'iMialnùwiiw  fl^ipal  et  la  seigneurie  illwUritsime  : 
mal»  personne  n'en  voulut  »  '-  C^penciant  ces  mot»  furent  viti^ acceptés, 
car  Coktar,  écrivant  à  M.',  de  Ungendes,  nommé  évéque  de  Sqrtat,  lut. 
disait  :  «  J'avols  dépit  de  ne  pouvoir  vous  traiter  d't7I^i«rrunme,  •'— 
Voilà  pour  ces  superlailfis  Utulatres,  comme  les  appelle  Melgret;  mais  les 
superlaUfo  et  coaiptr^Ufs  formés  à  l'ifnltatlon  des  formée  latines  corres- 
pondantes avalent  ^té  déjà  essayés  par  Baïf,  et  Ton  connaît  le  sqpnet 
railleur  qbe  lai  adraaaa  Joachim  du  Belfay  : 

Prsviqw  ssyrit,  svr  toos  e>ce|lentim«i... 


■^y 


9    . 


•»  > 


LOUIS  mAuRRT. 


75 


du  neutre,  notre  langue  no  le  connoît  point,  >»  et 
le  français  n'admet  que  le  masculin  et  le  féminin.  — 
Après  avoir  ainsi  brisé  une  fois  de  plus  avec  les' tra-. 
ditions  latines,  Meigret  dit  quel  genre  est  attribué  aux 
terminaisons  françaises  le^  plus  usitées,  et  s'occupe 
ensuite  du  iVoin^re.  . 

Là,  comme  partout,  l'analyse  de  Meigret  e«t  très- 
sûfe  et  très-fine  ;  mais  elle  tombe  aussi  dans  cet  excès  '^ 
de  divisions- qui  nous  avons  déjà  signalé. 

Frappé  ded^f^it  que  les  noms  propres  ont  parfois 
urî  pluriel  :  —  len  trois  Jeans,  -^et  cjue  les  noms  com- 
'jnuns  en  manquent  ;fréqueipmcnt  : — on  ne  dit  pas     ' 
••    les  sangs,  les  ors,  etc.  - —  il  arrive  î\  cette  conclusion  :  , 
«  Au  demeurant,  tous  pluriers  oat  s  ou  z  linallç..., 
excepté  qui  interrogatif;  comme  qui  sont  ceux-là  ^  et 
quelques  rioiïis  numéraux  qui  n'ont  pas  de  singulier, 
commé^n^,  ne«/,- onze,  »  etc..  «  Or,  ajoute  Meigret, 
puisque  nous  sommes  venus  sur  Ja  matière  des  noms 
numérayx,  il. les  faut  éplucher  par  lé  meiiu;  »  et,    . 
à  l'aide  d()^ette  transition ,  il  enserre  dans  le  cha- 
pitre du  nombre  des  noms  une  longue  discussion  sur 
les  nun^éraux,  lesquels  peuvent  être  cardinaux  :««, 
deux'i  ou  ordinaux  :  premier;  ouproportiôtiau^  :  triple, 
'^^_^a4ruple,  onzuple,  dixhuituple ,  etc.  ;  sesquiautjcçs^  (tj 
"^'^113^  &^ijmBXi\s  i  sest^uitiers,  sesquioctave,  sèétfuivimjt  et 
(V^iiwt^ièéaqui  combrennent  des  indéterminés  entre  trois 


■y^- 


'  -5. 


.  (t)  Meigrt^  coml^rend  lui-même  que  ce  n'est  pa«  là  de  la  grammaire  t 
auui  dit-il  :  «  Si  TOUS  voules  entendre  comme  quoi  s'engendre  cette 
niai|lere»d«  nojmbre,  retirez-vous  aiii  arithmétiques.  »  (  Page  45.) 


/* 


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T« 


4 


•>      ^ 


,v  : 


>". 


.  (IRAVMAIIB  PRANÇA1K8, 

et  quatre,   huit  et   neuf,   virigt-un   et    vingt-deux; 
ou  enfin  collectifs,  comme  dizain^  dizaine, 

"Meigret  s*égAre  ici  dans  ses  systèmef^  de  classifica- 
tion. Cependant,  plus  on  Tétudie,  plus  on  se  sent 
disposé  à  oublier  son  ardeur  de  réformation ,  à  glis-^ 
ser  sur  les  bizarreries  de  sortjorlhographe,  à  franchir 
Ses  raisonnements  erronés,^ en  faveur  de  la  manière 
neuve,  indépendante,  originale  et  personnelle  dont  il 
expose  ses  idées.  Ce  n*est  point/Dubois,  ce  n'est  paipt. 
Henri  Etienne  qui  est  le.  père  ^c  la  grammaire  fran- 
çaise': c'est  Méigret.  Il  a  été  facile,.,  en *Testant  dans 
l'uslge,  de  le  dégager  de  ses  erreurs,  qui  proviennent 
en  général  de  ses  attaques  /npèmesv  contre,  fusage  ; 
mais  il  fallait  un  homme  de  cette  vigueur,  pour  poser, 
avec  autant  de  bonheur,  sous  une  forme  souvent  dé- 
finitive, lés  principes  qu'il  a  mis  en  circulation, 

^fous  Pavons  vu  tout  a  l'heure  refuser  le  genre 
neutre  à  notre  grammaire/,  et  bannir  les*  cas  et  les 
déclinaisons  des  noms  français. 


N. 


'      «. 


'Arriva aux  Pronoms,  mots,  dit-il»  qui  suppléent  le 
nom,  et  dont  il  prouve  la  nécessité  par  det;  exernpies, 
il  leur  attribue  six  iccidénis  :  espèce,  personne ,  genre, 
/^ure  (selon  qu'ils  sont  simples  ou  composés),  nombre  , 
et  cas,  —  lies  cas  à  ^Mse  des  formes  diverses  qu'ils 
prennent,  selon  qu^ils  sont  sujets  ou  x^oroplémentà,  je- 
me-nwi,  tu-te^toi,  etc.  Il  est  certain  qu'il  y  a,  là.  une 
tracé  sensible  de  la  déclinaison  latine,  et  nous  ne  pou- 
vons que  féliciter  Meigret  de  l'avoir  signalée.  Il  est  un 
reproche  cependant  que  nous  lui  ferons,  et  iMe  mé- 


LOCIft  MBIGIIT. 


77 


X 


rite  d* autant  mieux  qu'il  a  fort  bien  connu  et  tracé 
nettement  le  rôle  du  pronom  :  c'est  d* avoir  été  amené, 
par  suite  de  la  confusion  qu'il  fait  des  substantifs  et  des 
adjectifs,  à  raoger  parmi  les4)ronoms  mon ,  ma  et  au- 
tres mots  semblables  qui  déteriîîfnent  le  nom  et  ne  le 
remplacent  pas. 

Voici,  du  reste,  comment  il  expose,  à  ce  sujet,  sa 
théorie  :  «  Or  sont  dérivez  de  la  première  personne 
won ,  ma ,  de  moi  ou  mb  ,  et  mien ,  mienne  ;  et  de  nous, 
nost  noire,,,..  Sur  quoi  il  faut  entendre  que,  par  ces 
possessifs,  deux  personnes  sont  entendues,  qui  sont  le 
possesseur  et  le  possédé.  Et  combien  qu'aucuns  re- 
quièrent le  substantif  possédé  (1),  le  possédant  y  est 
toutefois  toujours  démontré  (2).  »  — Mais  les  autres, 
le  mien ,  le  tien,  outre  qu'ils  font  connaître  de  quelle 
personne  est  le  possesseur,  représentent  aussi  le  pos- 
sédé, qui  alors  «  -ne  doit  estre  exprimé.  > 

A  propos  des  Personnes  du  pronom  {Chapitre  II) , 
Meigret  remarque  fort  justement  que  ,•  la  première 
personne  est  proprement  entendue  au  singulier,  car 
elle  peut  comprendre  toutes  autres  personnes  avec  un 
verbe  phirier,  comme  :  toi,  moi  et  lui  irons  là;  mais 
la  seconde  (au  pluriel)  ne  col(çoit.que  la. troisième , 
comme  :  toy  et  luy  ferez  cela-;  au  regard  de  fa  tierse, 
elle  ne  comprend  que  la  seule  tierse.  » —  G'est-Mire 
qu*un  sujet  complexe  dont  les  différents  termes  seraient 


(t)  Mon,  ma,  ad)ectl(«  qui  nepeurent  «^'employer  mm  le  toUtantif. 
(3J  Parce  qu'en  effet  ce*  adjectib  indiquent  «i  le  posteueur  est  de  la 
premièret  de  la  deuxième  ou  de  la  troisième  péri^nne. 


78  '  ^tîHWIMAIil   PRAHÇAISK. 

de  la  p^emi^re,  de  la  deuxième  et  de  la  troisième  per- 
sonne, exige  le  verbe  à  la  première  personne  du  pluriel  ; 
si  le  sujet  comprend  une  deujfième  et  une  troisième  per- 
sonne ,  le  verbe  sera  à  la  aeuxième  personne  du  plu- 
riiÙ;  si  enfin  le  sujet  ou  les  sujets  sont  de  Ja  troisième 
personne,  le  verbe  ne  pourra  être  qu'à  cette  personne. 
^  ku  Chapitre  lll,  Meigrct  dit  que  les  pronoms  ont 
trois  Genres \\\  rend  mal  sa  pensée  ;  Car  il  a  déclaré  plus 
haut  que  notre  langue  n'est  susîceptible  que  de  deux 
genres;  mais  il  est  facile  de  le  rectifier  ;  il  veut  seu- 
lement faire  comprendra  que  les  mots  peuvent  avoir  : 
l'une  forme  pour  le  masculin  :  celui  ;  2*  une  forme  pour 
le  féminin  :  c W/e  ;  3'' une  forme  commune  (ce  qu'il  ap- 
pelle le  genre  commun)  v^\xv  le  masculin  et  le  féminin  : 
;e/(u,  4^01,  qui. 

J.es  deux  chapitres  qui  suivent  traitent  de  \b.  figure  : 
les  pronoms  sont  simples  :  je,  m,  il^  ou  composés  : 
Cetuy-cijy  toy-méme\  —  et  du  Nombre  ;  il  y  a  deux 
nombres,  le  singulier  et  le  pluriel. 

Des  cazes  {cas)  et  déclinaisons  des  ptonoms,  —  Cet 
important  chapitre  {Ch.  f/.),  dont  notre  analyse  pré- 
sentera tous  les  points  principaux,  est  un  de  ceux  où 
l'ingénieuse  sagacité  (Je  l'auteur  s'est  le  plus  heureu- 
sement exercée,  et  un.  de  ceux  aussi  dont  il  est  le  plus 
'difficile  de  débrouiller  là  confusion  rilous  tâcherons 
d'être  plus  clairs. 

Les  prondms  comme  les  noms,  peuvent  être,  i"  sur- 
posés  ou  apposés  (miei&);  —  et  2*  sousposési  ré- 
gimes). 

Dans  les  verbes  actifs,  lé  surposé  est  l'agent  ;  le  sms- 


.# 


■ 


LOCIt  HIIGIIT. 


79 


posf'  est  le  patient;  c'est  le  contraire  dans  les  verbes 
p  Assifs  où  le  surposé  est  patient  et  où  le  sousposé,  pré- 
cédé d'ufl*^  préposition,  est  agent.  , 

A  la  pren:ière  personne  et  à  la  seconde,  les  sur- 
posés bu  sujets  sont  je,  tu ,  et  non  moi  ^  toi  ;  excepté  : 
1"  quand  l'un  d'eux  est  uni  à  l'autre  ou  à  une  troisième 
personne,  Comme  :  toi  et  moi  leferonSy  toi  et  Pierre  ferez 
cela  ;  2*  quand  ils  représentent  une  proposition  entière 
et  répondent  à  un<;  interrogation,  comme  :  qui  a  fait 
cela  ?  —  moi  ou  toi,  , 

,«  Or,  pendant  que  noua  sortîmes  sur  ce  pçopos  de 
première  et  seconde  personne ,  il  nous  faut  examiner 
aucunes  manières  interrogatoires  et  responses  qui  me 
semblent  fort  incongrues.  » —  A  la  faveiy:  de  cette 
transition ,  Meigret  intercale  ici  une  longue  critique  de 
formules  ioterrogatives  qu'il  tolère  dans  le  langage 
courant  f  attendu  la  longue  coutume  et  la  prompti- 
tude nécessaire  à  poursuivre  un  propos  »,  mais  dont 
«  la  plume  toutefois  ne  se  sauroit  si  bien  laver,  vu- le 
bon  loizir  qu^ifecrivain  se  peut  donner  de  considérer, 
ce  que  iayplume  a  à  exprimer.  »  Il  permet  bien  à  la 
rigtwir/ae  dire  ««-ce  (di ,  es-ce  Pierre  ou  esse  rôi,  esie 
Pierre i parce  qu'il  y  reconnaît,  ali  moins  quant  au 
son,  la\ti*  ou  la  8"  pers.  sing.  du  verbe  être  et  le  pro- 
nom ce.  iMais  si  le  prononi  qui  suit  est  de  la  première 
personne ,\oit  au  singulier,  soit  au  pluriel;  s'il  est, 
de  la  seconde>Aù  de  la  troisième. au  pluriel  ;  et,  dans 
tous  les  cas,  ëi  le  verbe  n'est  pas  au  présent,,  employer 
est-ce,  c'est  admettre  une  forme  «  incongrue.  » —  La 
grammaire,  en  effet,  peut-elle  accepter  qu'on  dise  : 


/ 


>  • 


■f 


SO  GlAl^HAIll  rtANÇAin. 

e$i'ce  mot,  mut,  vouiP'ierû'ce  moi  t  rot  AnoiM,  voUi^, 
qui  irom  à  Parti  ?  • 

11  esr  facile  de  montrer,  combien  est  faible  l'argu^ 
mentation  de  Meigret  ;  s'il  permet  etse  /oi\  fstif  lui  pour 
es-ce  toi,  et-ce  Ità^  où  Ton  reconnaît  le  verbe  V/r^  à  la 
deuxième  et  à  la  troisième  personne,  pourquoi  con- 
damne-t-il  tera-ce  lot?  On  y  fetcouve  au^si  bien,  au 
moins  pour  le  spa ,  la  secopde  personne  du  futur  liée 
à  la  seconde  personne  du  pronom.. 

Parpuile  de  ce  principe,  et  pour  écarter- le  plus  Pos- 
sible ces  formes  qu'il  tip^uve  vicieuses,  et  qui,  en  efl^t, 
bEmablesck  bonne  logique,  maii  pour  une  cause  ptus 
sérieuse,  ùe  sauraiei^t  être  condamnées  puisque  F  usage, 

.  .  f        •  "     ■    •  _ 

Quem  pênes  arbitriam  e>t  et  Jim  et  norma  loquendi 

les  a  consacrées,  Meigret  ne  veut  pas  qu'on  dise  iei<e 
toi  çfii  OM  ouvert  cette  porte,  mais  as-tu  ouvert  cette  porte, 
de  ilfiéme  qu'on  ne  dit  pas  :  étes-vous  celui  qui  avei 
paru  à  Pierre?  mais  bien  ;  q'votu  parié  à  Pierte? 

Itelvenant  ensuite  à  la^  théorie  du  pronom ,  dont  il 
s'est  a'ailleiirs  assez  peu  éloigné,  c  au  demourant, 
dit-il  l  mot ,  toi ,  lot ,  servent  en  notre  langue  de  caze 
,  g^itii  ou  possessif,  datif  et  ablatif.  »  -^  *  Au  regard  de 
me  y  te\  te^  il§  ne  reçoivent' jamais  préposition,  et  si  (et 
aussi)  sont  toujours  préposez  aux  verbes  ou  parti- 
cipes qui  les  gouvernent,  tervanjL  d'accusatif,  lequel  le  ' 
plus  souvent  est  en  notre  langue  sans  aucune  préposi- 
p  tien.  >  Il  en  est  de  ménie  pour  nom,  vous, 

Plusloin  Meigret,  continuant  ses  remarques,  signale 
l'usage  du  pluriel  pour  le  singulier  à  la  seconde  per- 


v"^' 


\LOUS  MEIGRKT.  Al 

"^^     '         .  ■  \  .  -  '  •  ,       ,. 

sonne;  Pattribut  qui* suit  neit  est  pas  moins  au  sin- 
uJier  :  vou»  iHes  un  lt{imme  de  bien;  mais  le  verbe  se 
i  au  pluriel  :  «  De  vray 'aussi ,  le  françois  ne  seuffrc 
jatViaisuu  nom  ou  pronom  surposé  au  verbe  (un  sujet 
du  verbe)  estre  d'autre  nombre  que  le  verbiî.  A  celtQ 
cause/quoiquc  diligence  CQntinimtJe  que  fassent  aucuns 
Franaoîsde  cuyder  iritrx)duirc  jV//Vw»,  fij  «///o«.»,  ils  no 
servent  aux  autres  que  de  mciquerie.  »  —  Cf.  p.  72. 
.  SuiveiU  les  remarques  sur  W  et  ses  composé:*,  cenj, 
cela^  cel\  ceUe,  cHuij^  cetutj-ci,  cettnj- là  î  celui  ^  cil  ^' 
il"  distingue  nettement  celuy  deWwi/  ;  le  premier  dé* 
montre.d'une  manière  vague  et  réclam<^  après  lui  le  pi:o-, 
nom  qui  et\une  phrase  incidente  Alç  second  se  suffit  à 
lui-même,  et  s'emploie  seul.  —  ExEMrLé^  :  cfHwj-cfja  , 
inventif  ceUm  qui  a  inventé.  . On  ne  dirait  pas  :  cetuy 
a  inventât  non  plus  que  cetuy-cy  ou  heluy-Uii  parce  que 
c^et  ta  ne  peuvent  s'attacher  qu'à  ce{uy.-^  L'usage  en 
a,  depuis,  décidé  atitremeht. 

Mcigrct  règle  ensuite  l'emploi  dey/;  /«y,  oh,  puis 
de  iceluyei  icéUcy  •  desquels  les  courtisans  h'uéent  pas 
conimunément;»  enfmde  ie^  la,  lès.^cvde  qui,  que;  — 
«  Reste  lé  telatif  <7ti«(,  qui  ne  peut  estre  sans  son  article 
le\  ni  soa  féminin  quelle  sam  la...  Ce  quel  aussi  a  si- 
gnification de  qualité,  et  .alors  il  a*a  point  d'article,  et 
si  (alissiVn*est  point  sans  son  substantif,  comme  :  quel 
homme  estes  vota?.,,,  Noitez  aussi  que  nous  usons  de 
cette  particule  dont  pour  de  qui ,  auquel ,  desquels,  de 
laquelle,  desquelles.,,,  t  ^'  '    '\ 

-*  Reste  le  reîatif  y,  qui  doit  estre  bien  distingué  de 
1/ adverbe Jpcal....  »  /  '  ^Z    :^  «Il 


\ 


\ 


) 


•2 


«  Reste  leproàpm  mesme,  réitéihatif  dit  la  mesme 
personne ,  soit  norij  ou  pronom ,  et  ^ui ,  seul ,  peut, 
aVpc  les  articles  le^M^  l^s^  estremis  endause  (être  mis 
dans  une  phrase)  aveè  le  nomqu*il  représente,  èçmme  : 
Pierre  a  été  à  Rome;  |e  mesme  Pierre  ep  estreVenu; 
c'est  le  mesme  dont  je  vous  ai  parlé.  »       \  \ 


\ 


|H)\TI1I 


Cb.  I.  —  «  Le  verbe  esi  une  partie  du  langage  8i-\ 
gnifiant action  oji  passion,  avec  temps  et  modes...  — * 
Au  demourant,  le  verbe  a  huyt  accidents,  qui  sont  : 
la  signification,  le  temps»  le  mûde,  l'espèce,  la  figure, 
la  conjugaison,  la  personne  et  lé  nombre.  » 

Çu.  IL  —  Des  significcuions  m\aettre»  des  verb^.  '. —  ' 
•  La  signification  ou  genre  consiste  proprement  en 
action  ou  passion ,  d^où  deux  genrea  de  verbes,  l'un 
actif,  l'autre  passif.  »  Meigret^se  d'un  proc)édé  fort 
ingénieux  pour  distinguer  les  verbes  actifs  :  c'est  de 
voir  s'ils  ont  un  participe  avec  sens  passif;  venir  a 
bien  un  participe  de  forme  passive  {venu)  ;  mais  le  sens 
en  est  actif  :  donc  vcjnir  p'est  pas  un  verbe  actif. 

«  Nous  appelons  un  verbe  'actif  transitif,  quand 
son  aclion  se  peu^  transférer  en  une  autre,  comme 
j'endors  Pierre,  qui  est  autant  à  dure  qUe  :  je  fais  dor^ 
mir  Pierre,  Par  ce  moyen,  je  suis  la  cause  qui  fait 
que  l'action  de  dormir  s'imp^Q^e  en  Pierre. 

•  Il  faut  aussi  entendre  que  l'usage  de  la  languie 
frauçoise  a  introduit  une  façon  de  signification  passive 
par  les  tierses  personnes  des  verbes  actifs,  t^t  4^ 


\ 


\ 


J 


■■•.  \ 


LOQtjl  UIGIIT. 


étrange 


singulier  que  du  \^lurier,  qui  semble 
coiiibiei^  que  fort  uàitée, Quelle  se  fait 
po6&\[leMet)  est  conjoint  au  verbe  avec  ^e  réciproque 
te,  ayaniy signification  de  patient  et  non 
comme  en  ces  traits  :\/«  i;i/i  «e^ot/,  la  maison  se  fait, 
—  CoDMne  nous' n'ayon^  point  exprimé  leurs  agents, 
nous  dirons  que  ce  sont  passifs  indeterminez  ;  t)ourtant 
(c*est  pourquoi)  si  nous  iesyoulons  résoudre  par  le  verbe 
actif,  nous\  prendrons  uQ-kurposé  (un  tu/et)  indéter- 
miné, de  sorte, que  noua  re^udrona. le  vin  se  boit  par 
oit  boit  le  t;in\et/a  maison  se  fait  p&r.  on  fait  l^  maison.., 

•  Nour  avons  encore  une  autre  façon  de  parler  par 
le  passif  sonnam  en  actif  quasi  comme  par  <^ne.  mu- 
tuelle récompense,  en  faquelle  Tagent  et  le  patient 
sont  une  mesme  substance  et  personne...  €0]nmeje  me 
suif  aimé.  »  —  Meigret  analyse  longuement  et  confu- 
sément cette  locution  et  les  semblables;  mais  il  oublie 
toujours  le  présent  je\  m Vime,  et  s*éloigne  de  plus  en 
plus  de  la  vérité.  Il  Wive  à  cette  conclusion  «  que 
je  me  suit  aimé  et  leà  autres  semblabfôs  sont  prétérits 
ajstifs  formez  de  Tinfinitif  prétérit  et  actif ,  avecq  le 
veit>e  substantif  usurpé  pour  oy,  ai,  au  bon  plaisir 
de  nbi^  anciens  dont  aujourd'hui  il  nous  fau|  uzer,  et 
par  cG^sequence  que  cet  infinitif  doit  demeurer  im- 
muable,  tellement  que  nous  devons  dire  cette  femme 
s'est  ayme^powr  aymée,  nous  nous  sommes  aymé  pour 
aymés.,*  Passons  outre.  » 

Ch.  III.  ^  Des  temps  des  verbes  et  des  modes.  — 
Ce  chapitre  est^  inlt!éressant  à  cause  des  efforts  que 
fait  Meigret  pour^rouver  que  Sknaje  suis  mmé,  par 


1 


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84 


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QRAXIIAlKe   PnANÇAISB. 

'  exemple  ,  et  autres  semblables ,  nimé  nV.-t  pas  un  par- 
ticipe,  mais  un  infmilif  prétérit  et  actif.  Il  donne  pour 
7  raison  que  cette  forme,  jointe  avec  oroir,  signifie  le 

passé,  fat  aimé ,  et  jointe  avec  (Hre  indique  le  présent, 
^  .  je. suis  aimé  :.or  un  môme  participe  ne  peut* signifier 
deux  temps  (i)  ;  en  outre,  le  participe  est  comme  Pad- 
jeclif,  et  veut  unjsubstantif  sur  lequel  il  s'appuie  :  or, 
dans  fai  dormi,  tiormi  se  soffit  seul  r-donc  ce  n'est 
pas  un  participe.  Que  conclure  de  là?  c'est  que  «  ces 
manières  de  parler  en  temps  prétérit  :  /'ai  aimées  les 
dames,  est  incongrue...  Nous\ userons  donc  de  cet 
infinitif  immuablev^uelque  singulier  ou  plurier,  mas- 
culin ou  femenin  qui  le  suive,  dizans  i  faij'wjnté 
les  dames,  fay  écrti  une  lettre,  fayvu  infiniz  peu- 

pfes  (2).  »  *  ^ 

Tout  le  reste  du  chapiitrc  est  consacré  à  unie  distri- 

\buiion  des  terfjps;  Vauteur  s'y  écarte  de  nous  quel- 

^^'quefois,  comme  quand  il  distingue  l'optatif  du'^sub- 

jonctif  dans  cette  J)hrase  :  «  Dieu  me  yâ'wc  (optatif). 

pardon,  tjnoyque  je  fasse  (subjonctif)  ma//  »  et  soutient 

que  l'infinitif  aimer  est  improprement  appelé  présent, 

parce  qu'il  ne  désigne  aucun  temps.  . 

CHé  IV.  —  Des  espèces  des  verbes.  —  «  Il  y  a  die|ix 
espèces  de  verbes,  Tune  primitive  comme  aymer,, 
l'autre  dérivative comme  demelancholie,  meUmcholier, 


(1).  (te  pourrait  demander  a  Meigret  par  quel  privilège  supposé  l'iqftr 
Bitif  aimé  serait  préient  «îl  passé  à  la  fois,  plutôt  que  le  participe.       v,  ^ 

(2)  On  trouve  sur  le  «bjetde  l'accord  du  partici^pe  une  longue  et  inlérei?^ 
saaicdiacusiioadans  XmQlnervation»  tut  l^  langue frwçoite  de  Ménage.-^ 
—  2  vol.  in-12,  1672  et  16*!C.  t.  I.  pp.  3i>-i8.  —  Nous?  revlrnilron». 


«i. 


LOUIS   HBIGIIKT. 


^e  cliolèrcy  cholererf  deboueau,  hotlcteryÔG  ris^  rire.  » 

Cu.  V.  —  Des  figures  lirti  verbes,  —  Les  vcrbea 
sont  simples  :  voir^  —  ou  composés  :  pr'evolr. 

Ch.  ,Vl.  ~  De  la  coujufjaison  des  verbes.  —  «  La 
langue  françoîse  a  quatre  diverses  conjugaisons  de  " 
verbes ,  diversifiées  selon  la  divcrsilc  des  infinitifs... 
La  première  k  sa  terminaison  en  cr,  par  <^clos  brief, 
commQ  aimer  y  frapper ,  *tom<er;  la  seconde  Ta- cu 
oer(\);  la  tierse  en  rebneï.^ommedirt',  faire,  bat- 
tre;.,, la  quatrième  en  ir  comme fnir y  jouir,  gaudir, 
en  laquelle  quelque  voyelle  qui  précède,  Vi  ne  fait 
jamais  dipJilhorigue;  de  sorte  qu'«ir, ///^r,  puir  et  tous 
semblables  qui  semblent  estre  monosyllabes,  sont  dis- 
syllabes. »  ^ 

Cu.  VIL  —  Des  Personne^,  —  «  Les  verbes  ont 
trois  personnes,  tout  ainsi  que  les  pronoms.  » 

La  seconde  personne  plurielle  s'emploie  pour  la  2'  du 

singulier,  t  en  parlant  à  plus  grand  seigneur  que  nous. . . 

Il  est  vray  que  le  papier  endure  tout  ;  à  cette  cause,  nos 

•poètes  parlent  plustostet  de  meilleure  grâce  aux  princes. 

et  autres  en  personne  singuliei^e  que  plurjiere.  ■         \ 

Le  verbe  s'accorde  avec  son,  sujet  en  nombre  et  en 
personne;  «i  il  faut  davantage  entendre  que  si  sub- 
sequerament^iJ-^  surviçnl  un  relatif  qui  gouverne 


(1)  Kou»  rappelons  que  U  diphlhongue  o»  est  toujoan  érrlte  oe  par 
llei)$ret,  ici  romnie  dans'Ws  laMeaux  de  colljukai^ftll»  «i  d.tns.toiil  son 
livre  :  voici  son  texte  t  •  La  Miondc  l'a  en  ofr  p«r  la  diphfli.nu*  »»j  wlon 
la  prononç^ien  :  laqçlc  toutt;fo^  l'incoii^lderasion  dçH  errimln»,  aueu- 
glée  d'une  comun'  obgçrvançe,  clianj'  en  K»n  é«-ij!tur'  a  ladi[ththon.<'  oy  : 
corne  »i  on  pronoDÇ4)<t  oy  çn  rof,  jMuiiofr,  touteântl  q'çn  roya<,^motiu, 
soin  Ç  aotres  ^o  gran*  nombre.  • 


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8S  GlAMHAIll  PlAIfÇAIi^  « 

quelque  verbe  »  le  verbe  subséquent  devra  eistre  de 
mesme  personne  que  le  nom  ou  pronom  référé  ;  pour-^ 
quoi  cette  locution  est  fa.u8se  en  "toutes  sortes  :  ce»i 
moi  qui  a  fait  celo^  car  ce  i/ttiréféï^.La  première  per- 
sonne, par  quoi  il  doit  gouverner  un  verbe  de  mesme.  » 
Il  faut  donc  dire  :cV«/  moi  (fui  aij  fait  cela,  —  «  Mai» 
si  la  négation  y  intervient ,  alors  le  relatif  suivra  la 
personne  déniée ,  comme  si  je  dis  :  je  ne  suys  pa» 
^Chomc  qui  a  tué  cet  autre.  » 

Ch.  Vïll.  —  Des  nombres  des  verbes.  —  •  Les  ver- 
bes n'ont  que  deux  nombres,  >  tout  ainsi  que  les  noms, 
qui  sont  le  singulier  et  le  pluriert^»     .        \ 

Ch.'  IX.  —  De  la  déclinaison  des  verbes,  —  Dans 
ce  chapitre  et  les  suivante,  jusques  et  y  compris  le 
'  XXIV*,  Meigret  enseigne  de  quels  temps-  primitifs'  et 
par  quels  procédés  se  forment  les  temps  dérivés.  Rien 
de  plus  compliqué  que  ce  chapitre,  obscurci  encore 
par  le  fâcheux  système  orthographique  de  Taute^r. 
Ainsi,  comme  il  écrit  voçr,je  »of,  il  ne  peut  expliquer 
les  formes  voyons,  voyez ,  et  voyet  (où  l'y  se  prononçait 
alors)  que  t  par  le  moyen  d'un  infinitif  inusité,  voyer^ 
en  tournant  er  en  ans,  ez ,  et,  »  Et  quant  à  cette  ter4 
minaison  et  (1)  qu*il  prête  ici  à  la  3*  personne  du  plu- 
riel «  ce  n'est  point  par  mégarde;  il  »  déclaré  pinû 
haut  que  «  au  regard  dé  la  tierse  du  nombre  plurier, 
elle  n'ajoute  qu'un  I  à  celle  du  singulier,  comme 'de 
doiie ,  donet ,  ]^our  lequel ,  ajoute-t-il,  vous  écrivez  : 

donnent;»  Ve  de  c^er n'étant /narqué  d'aucun  signe 

t»  ■ 

-     /|)  Cf.  p.  tu 


^ 


■  .       toniS  HIIGIIT.  87 

restait  muet  d'ailleurs  comme  celui  de  donc;  et,  en 
écrivant  ih  donet  à  hoire^  Meigret  n*avait  pas  une  autre 
prononciation  que  nous  quand  nous  écrivons  :  ils  don-, 
nentàboire,  1!  entre  ensuite  aans  le  détail  d'innom- 
brables exceptions,  où  nous  ne  pouvons  le  suivre, 
forcé  que  nous  sommes  de  rester  dans  les  généralités. 
Voici  la  série  des  temps  dont  il  examine  successive- 
ment la  formation,  et  dont  il  détermine,  à  son  point 
de  vue ,  Torthographe  : 

A/ l'indicatif  :  1^  présent  :  fayme;  le  prétérit  im-^ 

parfait  :  j'aymoig;  le  prétérit  parfait  indéterminé  : 

jaymay;  \e  second  prétérit  parfait,  et  déterminé,:  j'ajjf 

aymé;  le  premier,  le  Second  et  le  troisième  prétérit 

plus-que-parfait  :  f avais  agmé,  feus  aymé^  fay  eu 

.  Mymé;\e  futur  ifaymeray;' 

A  ViuvÉKAJTf  i  le  présent  :  ayme; 

A  L'opTATiP  ou  DEsiD^RATiF  :  le  premier  présent  : 

faymeroif;  le  second  présent  :  faymasse;  le  premier 

et  le  deuxième  prétérit  parfait  :  f4ur(Âs'  ou  f  eusse 

aymé;  le  plus-que-parfait  vj  eusse  eunttftné,  et  quelque- 

.  fois:  f  aurais  eu  aymé;  \e  futur  :  (aue)  fayme; 

Ad  subjonctif  ou  coNJONCTiFne  présent,  semblable 
au  futur  de i'optatif  ^(çiie)/!!^»?!^;  les  prétérits  parfaits 
et  plusrque-parfait,  tomme  à  Toptatif,  c'est-à-dire  : 
l  aurais  ou  f  eusse  aymé.,  ^--  f  eusse  eu  ou  f  aurais  eu 
aymé;  et  de  plus  un  troisième  parfait  :  {combien  q, 
faye  aymé;  le  futur,  susceptible  de  deux  formes 
fàuray  ou  fauray  eu  aymé;       v       , 

A  l'tnfinitif  :  le  présent  :  aymer  ;  le  prétérit  :  aymé. 
l^  PARTICIPES  forment  l'objet  du  XXV  chapitre. 


-     V. 


V 


\ 


y 


/ 


\ 


88 


V 


(iRAMMiniE   I'RàVÇAISE. 


w 


Après  avoir  rappelé  que  les  participes  tiennent  du 
verbe  par  Taction  ou  là  passion,,  quoiqu'ils  n'aient  ni 
temps  ni  modes,  et  reconnu  qu'on  n'en  peut  distinguer 
^d'autr<^  que  lè  participe  actif  aimant  ^dje  parii«ipe 
passif  aiW,  —  Meigrpt  nous  montre  que  le  participe 
tient  aussi  du  nom ,  par  le  g:enre  et  par  le  nombre, 
puisqu'il  a  à  la  fois  masculin  et  ftîminin,  singulier  et 
plurieK  . 

Il  semblerait  que  l'auteur  dût  ici  donner  des  règles 
pour  raccord  du  participe  et  du  nom  ;  ^emporté  loin 
de  son  sujet  par  une  longue  dissertation/  sur  la  puis- 
sance de  l'usage,  il  n'a  garjde  de  revenir  sur  les  prin- 
cipes qu'il  a  ailleurs  exposés  en  courant  (1),  et  se  hâte 
de  (lonner  des  modèles  pour  lés  quatre  conjugaisons 
de  verbes  qu'il  a  indiquées;  les  vçrbes  ainsi  conju- 
gués, sont:  avoir ^  être,  aimer ^  voir ^  lire  et  bâtir, 

;Nous  rep'roduisons  ces  modèles  de  conjugaison; là 
pronohcialion  fixée  par  Meigret  a  été  parfois  constatée 
aussi  par  Robert  Estienpe,  et  le  rapprochement  de  leurs 
doclrines  ne  sera  pas  sans  '  intérêt.  —  Nous  citerons 
ici  textuellement  le  passage,  de  Mei^rêt;  son  ortho- 
graphe en  rend  la  lecture  pépible  ;  mais  elle  éclaire 
les  autres  grammaires  contemporaines,  où  la  pronon- 
ciation est  souvent  diiUcile  à  reconnaître  sous  une  ortho- 
graphe moins  caractéristique ,  si  elle  est  plus  ration- 
nelle. 


(1)  Voyeï  ci-de68U8,  pp.  83  «t  84. 


\ 


lOllS  MElUREt. 


W 


VEIIBE  AVOin. 


•^^ 


IisDiCAtiE  :  présent  :  j*ey,  tu  as,  il  a  (1)  ;  nous  auons, 
vous  auez  (2)y  ir  Qnt.        x- 

Prétérit  ou  passe  imparfait  j-  j*auoç ,  tu  aùoçs ,  il 
•  auoçt;  nous  auyôns,  vous  auyez,  il'  auoçt  (3), 

Passé  indéterminé  :  yû  ou  us,  tu  ÙS,  il  ut;  nous 
.   vuiies,  VOUS  vttes,  iV  vret  (4).        * 

PaUsé  parfait  ;  j'ey  u,  tu  as  u„il  a  u;  nous  auons 
.u,  vous  auez  u,  il  ont  li  (5).  .     " 

Passé  plus-que-parfait  ;  j'àuoç  u,  tu  auoçs  u,  il  auoçt 
u  ;  nous  auions  u,  vous  auicz  u,  if  auoçt  u. 


»» 


^ 


(1)  DuLiois  écriiÉ  il  hat.  r'cut-étrc  la  i>rôiionciatlon  lui  donnuit-elle 
raison  quand  le  verbe  ee  trouvait  devant  les  voycllof»,  et  pcut-èlre  di- 
sait-on :•  t7  hat  un  Itvre.  Ce»  liaisons  fuites  en  huiac  de.  l'hiatus  8(.nt  de 
règle  dans  certains  patois  ;  l'angevin  qiii  se  rapprm'hefaiîtilcla  langue  du 
jv'i*  si(\c!e  rie  dirpasautrènteiilî  dansleBcrry  au  contraire,  on  a  recours  à 
riilatus  pour  obtenir  eu  quelque  a«rte  un  effet  adnnratif  :  U  est  hunorme 
(h  aspiré,  -énoxme).  Du  resleNsetle  aversion  pour  l'hiatus  est  si  marqué»! 
en  Anj;)u  quVn  ^  met  pas  ce  t  euphonique  seulement  après  le  verbe, 
mais  après  tout  .nuif e  mot  :  mercit ,  ayssit,...  en.faisant  sonner  le  t. 

t2)  Dulwis  termine  la  2'  pers.  plur.  parw,  avec  l'e  muet  :  vojis  hau-èt.. 
Cf.  p.  43,  note 'j.  '[,■-.•    ^  ■ 

(3)  Ici,  Usez  par  v  consonne.— Meii^réi,  en' notant  la  prononciation 
j'a^c  par^e  comnR'  les  Lyonn.lis  nu  les  Picards;  Dui;ois ,  si  volontiers 
lldèlcàson  pays,  est  ici  pur  Frçnt^is;  Il  écrit:  n'hau-c'è,  lu  hau-th... 
et  H  ajoute  :  je  nés;ligc  h  desswin  de  donner  la  termlnnlkon  \uli:airè  en  oi, 
où,  otï...  — Encore  nuintenanl  les  Picard*  pronom-ent  :  j'aioais,  .tu 
avoai*^  —  iï.  Gla^aaire  picard^  par  T!.  l'ablié  J.  Corblet. 

(4)  Nous  rappelons  qU'uvant  \»  distinction  de  l'u  et  du  v,  la  .forme  v 
était  réservée  au  commencement  de»  inota  pour  le«  deui  cas;  la  forme  u 
paraissait  dans  le  corps  des  mo^.       i  * 

Ui)  Ménage  n'ëcflt  jamais  autremfi^t  que  j'ai  u:  de  méme.^/iureux. 
AijltrefolH  on  disait  e-u,  et  oi^e  dit  encore  dans  les  environs  de  Paris. 
M.'Quicherat.ciU  un  hombrffnllni  d'exemplesr'de  diérèses  semblables 
tlans  BOip  excellent  traité  de  iertiàcatioi^  française.  '—  Voy.  pp.  iik  et 
4iO.  «T-Cr.  Ip  note  I,  ci-deasous,  p.W 


3  r*  '.  :  > 


f.! 


'  •) 


■*      ^      -.r 


V 


V 


90  GRAMMAIIK  PRÀIYÇÀISI. 

Fvtur  ;  j'aorey  ou  arey,  tu  aras  ou  aoras,  i!  aora 
ou  ara  ;  nous  jirons  oh  aorons,  vous  arez^  iV  aront  ou 
aoront(l> 

Ihpi^ratif  '.présent  et  futur  :  ayes,  q'U  aye  ou  çyt, 
ayons,  ayez,  q*ir  ayet. 

Optatip  :  !•'  présent  :  f  aroç  ou  j'aoroç ,  j'aroçs  ou 
j*aoroçs,  tu  aroçs^j^il  aroçt;  nous  arions,  vous  ariez, 
iP  aroét  (2).        T     '  '^^ 

2*  présent  :  j'usse,  tu  uss,es,  il  ût;  nous  ussyons, 
vous  ussyez,  il'  ùsset."  -^  .   - 

1"  prétérit  parfait  :  j'aroç  lï^tu  aroçs  H,  il  ftrôçt  u  ; 
nous  arions  u,  vous  ariez  u,  il*  aro^t  u. 
"  '.    2^  passé  parfait  :  j'usse  û,  tu  usses  u,  il-ut  u  (3)  ;  nous 
dussions  u,  vous  ussiçzù,  il*  usset  u.  — s. 


\ 


,  ^'(1)  liuhoïs^  écTi\:  g'-haurai ,  tu  haurat,il  haurat..:;  rt  ajoute  :  «  quel- 
ques-uns prononcent  ces  niol«  avec  le  u-  [r  cons.\  et  disent  :  9'-/»au-rot\^ 
tultaû-ràB  (j'oerat,  tu  avras ;ecj  italien airô/arraïf;  en  espagnol,  habré, 
Habraè...)i  (fautres  enfin,  Ânppriniant  u  i»u  u-,  préfèrent  :  g'-harai,  lu 
/Mfd^.-^iJ^usVerrons  plus  tard  l'emploi  de  cette  forme  constatéaussi  par 
Rd).  Es^BPi.  —  Dans  le  centre  de  |a  Frauce  oh  a>  conservé  :  j'arai,  tu 
ciras.  Cf.  Glpa^ire  du  c^ptre  de  la  France,  par  M.  le  comte  Jaûbert. 
"„  '■     ►  -       /C~  '   '  "■     ■ 

Miei'Tint  tien  que  II  du  Taras.  * 

Çïtopet  1,  fable  41.)  « 

Di^Ui  lyons  :  qui  ne  saroit 
T^  pbiir,  et  qni  no  t'aroit  ^. 

,  .  Oncques'«i  sa  vie  véu,  , 

n  derroitestrebien  esmén.  ^ 

.    ,  (Ytopei  II,  fable  8.) . 

(2)  Ici  Dubois  ne  donne  plus  les  formes  correspondantM  à  g'-hàurai 
ou  g'-hau^ai,  mais  g'-haréi,  tu  haréèt,  on  g'-hairéè,  tu  hairéèt.  Par, 
cette  dernière  forme  il  rentre  dans  le  patois  picard  qui  conserve  la  même 
proDondatioD  pour  la  syllabe  initiale;  11^  Corblet  écrit  :  féroait ,  tu 
iSUfii/li*'^  comme  il  arait donné  au  futur  j'érai,  tu  4ros.  Dans  le  centre 
^  U|hnoe,  le  con^ltionhel ,  qui  n'est  autre  que  l'optatif  d(f  Jfeigret  et 
4P  OBois,  soit  aussi  le  futur  :  j'arait,  tu  «rot*. 

(t)  Ad  2*  ptésent  de  l'opU^f,  Mcigiet  a  «crit  ttf  avec  l'areent. 


ÉÊÊB 


,# 


LOL^IS  MEIGmT. 


91 


Futur  :  j'aye ,  tu  àyes ,  il  çyt  ;,  nous  ayons  ;  'vous 
ayez,  il' ayet  (1).  »  ,      . 

Le  SuBJONCTip  ou  CoNJOîVCTiF  fçt  son  premier yfre^ 
zçnt  du  futur  de  Toptatif,  ç  luy  ajoute  davanme  Iç'  , 
deu'  prezçns  ;  vzant  toutefois  de  celui  en  sse  qelqefoçs 
çn  prêtent.  II  prçnt.aosi  Iç*  deu*  pretèriz,  ça  davan- 
taj*  un  prétérit  plusqe  pçrfçt. 

Prétérit  plus-que-parfait  :  j'aye  u,  tu  aye9u,  il  çyt  u; 
nous  ayons  u,  vous  ayez  u,  il*  ayet  u. 

Futur  :  j^arey  ou  aorey  u ,  tu  aras  u,  il  ara  u  ;  nous 
arows  u,  vous  arez  u,  il'  aront  u. 

Infinitif:  présent  actif:  auoçr.  \' 

Passé  et  actif:  u,  auoçr  u.  - 

,   Participe  :  présent  :  ayant  (2)  ;  — -  le  passif ,  u. 

VERBE  SUBSTANTIF  ^riiB. 


^ 


^ 


,   I 

! 


Indicatip  :  présent  :  je  suys,  tu  çs,  il  et;  nous 
somes,  vous  çtes,  ils  sont  (3). 

Prétérit  oit  passé  imparfait  :  j'etoç,  tu  etoçs,  il  etoçt  ; 
nous  letyons,  vous  etyçz,  ir  etoçt  (ft). 


tO  On  prononce  de  même  en  Anjou,  an  moins  pour  le  pluriel,  {'  faut 
que  y ayom  Jnouê  ayons),  hein  toui  (êolf)  pour  bouer*  (iMire)  chao  ou 
frét^  (chaud  ou  froid),  donnant  à  la  prenifère  syllnble  ay  ie  son  du  sut)- 
staijtif  aii.         . 
(3)  Et  nonfyonl.  —  Même  prononciation  en  Anjou. 
•    ***(•<)  Dubois  donne  à  choisir  entre  les  formes  sumet  et  romes.—  Cf.  p.  4C. 
'  (4)  Dubois  donne  g^estdè  et  non  g'-eJttois,  comme  ii  a  donné  j'hau-éè 
/et  npn  g^'-hau-oi.  Il  conjugue  ainsi  ce  temps  :  g'-eatél,  (u  ettéèt',il  esiéit, 
nous  eMteonf  on  ettièwièê,  vous  ettées,  iU  ettéèni  on  nteont{t  muet).  — 
Cf.  p.  46,  textd'flt note.     '  ■     ^\ 


<r 


\ 


./ 


/• 


/ 


'si'- 


f.t, 


92  URAMMAIIIC    fHANÇilSK. 

Passé  indciârminc  :  je  fii  oujû^,  tu  fus,  il  fut;  nou' 
fumes,  vou' fuUcs,  il' furet  (l}i  , 

Passé  piirfait  :  j'^y  clc  »  tu  as  ct6 ,  il  a  clé  ;  nous 

auons  clé,  vousauezcté.  il'  ootelé.     -      . 

■  .    • 

Pu ss('  plus- (jue'parjah  :  ytiyxQis  Gié... 

Fniur:  je  sercy,  tu  seras,  il  sera;  nous  serons,  vous 
senîï>  ils  scrôiit-  (2}.  •  . 

lurÉRATiP  i  présent  et  futur  :  sov?,  q'il  sovlibo^ons. 
■  soyés,  (j'ils  soyet  ou  eoyt  (^3).      . 

O^î-ATIP  :  i"  présent  :  je  seroç  on  scroçs ,  tu  scroçs, 
il  S'TocKrious  serions,. vous  seriez,  ils  seroçt  (4). 
»    2'  présent  :  je  fusse,  tu  fusses^  il  fût  ;  noV  fussyons, 
vou'  fussycz,  il'  fûssel.        •  ".'  ' 

^  .    i"  ]yassé  pnrfu'it  :  j'aroç  etéi  tu  aoroçs  été,  il  aoroçt 
été  ;  noué  arions  rté,  VOUS' aricz  été,  il' àro^t  été. 
'  2*  passé  parfait  :  j'uss'  été,  tu  usscs  etc... 

Futnr  :  je  soç,  tu  soçs ^  it  soçt  ;  nous  soyons,  vous 
soyéà  (S|),  il'  soçt. 
/     ie   GoNJOîscTiF   fçt  s§'    trocs  prezçiis  de  mçme 
q'tti/or  ç  tous  aotres  yçrjjjes;  aosi  fçt  il  Iç'  prèteriz. 

Passé  plus^que  parfait  :  j'aye  été,  tu  ayes  été,  il  aye 
ou  eyt  été;  nous  ayons  été;  vous  ayez  été,  if*  ayet  été. 

Futur  :  j'arey  ou  aorey  été,  tu  aijas  été,  il  ara  etc... 

ÏTiFi^iiTiF  ;  présent  :  çiTQ.  » 

Prétérit  ;  été,  auoçr  été. 


ff: 


Mêmes  formes  dans  Dubois,  au  système  d'ortho^phe  près. 

{%)-id.  ■''■■■■;    "  ,.  ■  "  -  -.■.. 

(3)  Mentes  formes  dans  Dubois. 

{i)  hohoit:  g-ès^éi,  tu  ter éès.    '        -,  '•.   - 

(&)  U  faut  sans  douté  lire  :  sot/«2.  '  ". 


i..  '  ■ 


ions   MEIGRET. 


!*."\ 


Participe  :  ;)r^^«fM(  :  étant.  \ 

•     Ao  reiçard  du  passif,  il  n'çn  n*a  point;  car  nou'  ne 
dizon'  point  :  vn  home  eié. 

En  ajoutant  donqes  Iç'  participes  passifs  a  ce  vçrbe, 
eonvcnans  çn  nombre,  nou'  formerons  1^'  verbes.pas- 
bifs,  corne:  je  auijs  cymé,  nou  somes  rym«,  ils 'sont 
çymez.  '    •  . 

Venons  meinlcnant  aoz  aotrca  qatre  conjuggzonç,  ç" 
Gomçnçons  a. la  premier'  çn  En. 


?7 


VEBBE^rjWEiï  (AIMER). 

lymcKTir  t  présent  :  j'çyme,  tu  çymes,  il  çyme; 
nous  çymons,  vous  çymez,  il' çy met  (i). 
*  Passé  impar/uii  :  j'çynioç  ou  j'çymocs,.  tu  çymoçss, 
il  çymoçt;  nous  çymyons,  vous  çymyez,  \V  çymoçt  (2). 

Passé  indéterminé  :  j^çymey  ou  çymé ,  tu  çymas ,  il 
vyma;  nous  çymames,  vous  çy mates,  il*  çymaret  (3) 
ou  çymeret.  ^      , 

2*  par/flir  :  fey, çymé,  tu  as  çymé... 

1"  plus-que-parfaii  :  j'auoç  çymé,  tu  ànoçs  çymè.i. 

2*  plus-^ifue-parfait  :y'u  ou  j'ûs  çymé,  tu  lis  çymé  (/i). . . 


(l)  M^'me  terminaison  dans  Dubois,  sauf  l'orthoeraiphe. —  Pour  le  ra-  ' 
dii-ai,  il  donne  d'abord  :  y'-atmè,  mais  il  ajoute  :  •  Je  prëfèri;  dire  :  g'-amèf 
(u  amès^'tic,  sauâ  la  dipbtbongue,  dans  toute  la,  conjugaiioon.  ■  — >  Gf. 
p.  13,  le. texte  et  la  note  3.  —  Voy*  "u^t  P>  &6  ce  que  Me|j;rct  di;^  de  ay- 
mexi  qu'il  rapproche,  poiir  la  prononciation,  et  sans  doute  par  erreur,  .  ' 
du  ^tr,  et  de  ayder,  deux  verbes  où.  la  dli^rète  était  également  de  règle. 

{2)  Hnhoia:  g' -aimées,  tu  aimées....  ':    *      "  M 

(3}  Cette  forme  de  la  3*  personne  n'est  pas  donnée  par  Dubois,  qui  * 
admet  d'ailleurs'les  mêmes  que  Meigrct.  Elle  était  d'au  usage  générai  au  :■ 
.sciiiùmcsiècle.— Cf.  p»\9().  '  *<*       .   '  . 

(4)  Dubois  ne  donne  ni  cette  forme  ni  la  suitantc.    . 


\ 


,  ■*. 


-^; 


■•m 


i 


T 


CA 


im 


-§: 


9i  tilÀHMAlil  riAnÇAISK. 

3*  plut-que-parjait  :  j'ey  u  çymé,  tu  as  u  çymé... 

Futur  .'j'cymerey,  tu  çymeras,  il  çymera;  noua 
çynierons,  vous  çy nierez,  iV  çy nieront  (1). 

ImNratif  :  préxent  et  futur  :  çyme,  q'il  çyme; 
çymon.s  tymez,  q'ir  eymct. 

Optatif  ;  i"  prêtent  :  j'çymeroç  ou  j^eyneroçs ,  tu 
çymeroçs,  il  evmcroetj_  i)ous  çymerions,  vous  eyme- 
riez,  îr  çyinero^t  (*i), 

2*  prcgeni  :  f  çymasse,  tu  çymasses,  il  çymât  ;  nous 
çy  massions,  vous  çymassies(aimasài€z),  irçymasset  (3). 

1"  prctérii  :  j*aroç,  tu  aoroçs,  il  aroçt  eymé;  nous 
avions,  vous  arics  (ariezT»  il'  aroi^tçymi^  (4).  -® 

2*  prétérit  :  j'uss'  çymé,  tu  vsses,  il  ût  çymé  ;  nous 
ussions,  vous  Yssiez,  il*  vsset  çymé. 

i*'  plus-qucTparfait ,  peu  usité  :  j'aroç  u ,  tu  àroçs  u 
çymé  (5),..  ^.  -^      ' 

2*  plm-^uB'parfmt ,  plui  wité  :  fusse  u,  tu  vsses  u, 

ilûtuçyraé.*.    -^        -;       >^^^; 

Fttiur^  j'çyme,  tu  çymes,  il  çyme  j  nous  çymyons,  /^  • 
vous  çymyez,  il' çymet  (6).         .        *  ,    ^ 


'(l)  Du()oi»  admet 'comme  temps  de  l'inA\c»^\A  iwvM  :  g'-haurai 
aim('..M  dotit  Melftret  fait  an  futur  du  sMbjoQctif. 
(2)r  DuboU  :  y'-ai«»^r^f  *««  a»m«rê»,  ti  aiwèrf  I.  '  .'-    " 

(3)  buboif  donne  oette  furmë  cununçt^  corretpondant  à  Amatitifm,.et^ 
comme  doublant  cette  autre  i  feusst  atmd^  Heigret  a  raison;  non  parce  ' 
que  }*aim<uie  est  un  prése^  de  l'ijptatif,  mais  parée  qu^t~tr«duit  évi- 
demmentplutôt  amarem  qtteaiÀattffein..  .  * 

y  (4)  DtfboU  nèdflfimé  pas  oetter  funne«  mais  donne  UsuiTante.  '  .    >-^^ 
(&)  Dubois  ne  donne  ni  cette  forme  jal  la  suiVantCé    .  '  %> 

(6)  Uuboif  4onae  QÈtte  forme  icomme   tcaduction  de  ommii.  Il  ne  v 
.^omi^  jamais  d'aiUeujn,  avant  aucune  fçane,  ni  mode  ni  temps,  ^t  se 
borne  à  mettre  eà  regard  °ie  mot  latin  corréspwdant.  La  claaâi4caUoil 
des  temps  adoptée  par  Me^et.estt  viaiblemant  mauTiiaet  en  disUnguant 


.<<-'  ''".. 


» 


*  V, 


A 


'I. 


.  V0'. 


m 


OUll  MUGBIT. 


•  5 


Subjonctif.  —  Ao  .  regard  du  subjonctif ,  il  em- 
prunte Itf'  prezçns  de  mcmcs  qe  fyt  anofr  ç  le  vyrbc 
8ubslantif(i);  il  emprunt*  aosi  touslv'  preteriz  tant  pçr- 
fçs  qc  plusqepçrfçs  de  Toptatif,  ajoutant  davantaj'  vn 
prétérit  pçrfçt  e  vn  plusqepçrfyt. 

3*  prétérit  parfait  :  j'aye,  iu  ayes,  il  eyt  ou  aye 
çymé... 

3'  pltu-que-parfait  :  j*aye  u,  tu  ayes  u,  il  eyt  on  aye 
uçymé  (2)... 

Futur  :  j*âorey,  tu  aoras,  i|  aora  eymé... 

Nod*  pouuons  çncores  ajouter  cçt  aotr^v  ^Hn  de 
n'apouurir  point  la  laLnges^Iangue)^  puy&  q'on  çn  uzc  , 
ç  q'il.çmporte  plus  grande |>crfçcçionçn  t<;mps  futur 

J'aorey  u,  tu  aoras  u,  il  aora  u  çymé  (5). 

Immnir  :  présent  :  çym^v,  . 

Lespatiét  :  çymé,  auoçr  çymé,  u  çyupé  (4). 

Le  Pa|iticipe  présent  et  acïi/  rçymant;  le  passifs 
çymé.  Duqel  se  forme  le.  vçrbe  passif,  joint  ao*  tçmps 
ç  modes  du  vçrbe  substantif,  çn  luy  donant  le  nombr^ 
ç  le  jçxe  tçl  qe  le  reqiert  le  surpozé  {le  sujet)  corne  : 


/ 


> 


'^ 


\ 


PopUtif  du  sobjonctif,  et  voulant  .donner  4  ces  deux  modes  les  mêmes 

temps  qu'à  r'.ndicaUf,  moins  l'imparfait  qu'il  n'y  reconnaît  pas,  je  ne 

sais  pourquoi,  il  s'est  imposé  un  cadre  qu'il  a  peine  à  tempUr,  ce  qui 

l'entraîne -^ans  les  erreurs  que  l'on  remarque  ici.  • 

,  (  t  V€'(«it«à-d'f®  ^^  '>*^u^  ^*  Toptatii.  Que  j'aime  est  donc  leXutur  de 

l'optatifbù  le  présent  du  viibjonctif.  Les  grammairiens  moder(f&  voient 

itxaqutj'aifiie,  un  subJoncUf  présent  ou  futur,  c'est-Mlre  une  forme 

qui  dépend  d'un  'premier  i^ierbe  au  présent  ou  au  futur  :  t{  faut  ou  il 

(àuâra  quêfaimt.  ^ 

^  (S)  DuboU,  qui  doniw  la  fonne  pré(^ntei  ite  dom 

(3)  Dubois  ne  donne  pas  cette  fbrilne.:  y  ^       ; 

(4)  Noos  avodi  vn  pins  bMi  à  quel  emploi  est  léserré  par  Melgret  son 


/:^: 


;\- 


v 


im'r\^ 


-'■A 


■■-.\-^ 


■\'.- 1 


V^ 


I  ■ 


'^ 


T 


16 


GIAHMAIII    rilV^ÇAl«K. 


Piçrr*  çt  çymé  ;  Jan*  çt  çymée;  Içs  homes  soiit  çymcz, 
aosi,8ont  le'  famcs  çymées. 

Nous  ne  prolongerons  pas  ces  citations;  les  modèles 
que  nous  avons  présentés  dos  dpux  verbes  auxiliaires 
et  d'un  verbe  aclif  sufTiront  pour  donner  une  idée  des 
autres  verbes  que  conjugue  Mcigret,  rofr  (voir),  /irr, 
bà\\r;  cesexemples,  onle  voit,  sont  assez  mal  choisis, 
puisque  ly  voir  ni  i\rc  ne  sont  réguliers;  aussi  dît-il 
lui-même,  en  abordant  la  seconde  conjugaison,  «  qu'un 
seul  exemple  n'y  peut  satisfaire,  vu  la  grande  diver- 
sité des  formes  qui  s'y  rencontre.  «Nous  avons  donné 

'  aimer  y  qui  présente  des  formes  généralement  suivies; 

naMii^j^D^^is_lesmodèles  des  autres  conjugaisons 

I  que  quand  nous  les  rencontrerons  mieux  choisis ,  et 

f  pquvant  servira  toute  une  classe  de  verbes. 

Nos  temps  ont  d'autres  noms,  rails  les  formes  don- 
'eM*ifTèreni-f>«u  desnôtres;  il  en  est  deux 


cepeiaàaijt  qui'nous  ont  frappé  :  le  futur  du  verbe  amxt^ 
yaraij,  et  la  3'  personne  plurielle  du  prétérit  parfait 
in^îj^pjjliné  du  vçrbe  lumerji  tU  aimareni  (1).  La  pfe- 
g  miere  est  consacrée  par  l'usage  du  temps,  jet  par  R.  Es- 
tienne;  la  seconde  se  trouve' dans  certaines  éditioias 
de  Rabelais,  et  souvent,  au  xvir  siècle  encore,  dans 

les  Voyages  du  sîeur  Dema^z.  Les  Italiens  conservent 


,m!Ji    i'Mm 


^.■ 


(I)  «Je  diray  que  les  Infinitif»  en  er  forment  leur  prétérit  parfaictOB 
a,  laquelle  leUre  a  lia  gardent, en  toutes  les  personnes,  comme  :.j'atiiMy, 
iu  fl^moj,  il  aimast,  nous  ayuxasmes,  rmis  àimastet,  ils  aimarent.  •  — 
'{L'Art  poétique  françoit,  de  PlTr»  Dolaadan  Daigâliera.  --  Paris,  Aiit. 


duBdicil,  1&1)7,  p.  32.) 


y 


I 


LOItlt  HIHSBIT. 


fT 


à  Ja  troisième  personne  du  pluriel  l'a  qui  flgiéré  ff  toutes 
les  autres,  et  que  nous  avons  adouci  à' la  première  du 
singulier  et  à  la  troisième  du  pluriel.  Les  Provençaux 
disent  encore  :  faimp,  Us  tàmarent.  Les  autres  mo- 
des, Jes  autr^  temps,  pourront  se  comparer  aux  mo-. 
dèlesque  nous  donnerons  bientôt,  d'après  Robert  Es-. 
tienne,  de  tout^  les  conjugaisons. 

M  u  pitposinoif. 


«  La  préposition  est  une  partie  de  langage  indé- 
clinable qu'on  prépose  aux  autres  parties  par  ajonc- 
tion'ou  composition  :  pa|-  ajonction,  comme  iltiim 
DE  l*ierre;  et  par  composition,  comme  :  (femeniir,  com- 
posé de  (fe  et  m«n(ir.  V 

Elle  diflère  de  la  conjonction,  en  ce  qu'elle  t  ne  con- 
joint poim  deux  substance  i^vec  un  accadent,  ce  que 
fait  la  comonction,  commU:  Pierre  et  GiiUfaume  font^ 
«/a;  ou  bien  deux  accidmlb  avec  vm  substance^ 
comme:,  n^on  cheval  trotteMr^nit%     v      v ^^     1> 
•  La  prépcteition  gouverne  (toujours , /par  inaniè^^ 
de  cause,  soit  nom,  soit  prûn|)m,  inftmtif, ^participe 
ou  adverbe;  »  entre  deux  nms,  «  elle  dénote  com- 
munément cause  possessive  ou \generative,  ou  mate*^, 
rielle,ou  çAfictive,  coijMi  t4a  Maison  du  roiyfhomrtà 
de  pouvoir,  Ùfils  de  Ùuiaaumè,h  cou^^ 
delamort.,.]       "h-   \ '\  :/A-  X'^-'^^-Vh'- '■■'■.    vP^- 

.»  Noua  tairons  OT^^  la  préposition  en  ceïv 

taines  façons  ^e  parler,  èWme\;lo  rueSnim^Antoità 
p(m  hrmtdÊ^SainiAntoiru:^  eicMm  cela  n'est  pas 


./. 


'^ 


"a:':^. 


M'- 


„„  JM^ 


r 


T 


'A. 


-  .li. 


Ht 


•r 


r.RAMAtnK  VBASÇAItl. 

gênerai,  car  nounne  disons  point  î  re»pée  Pierre  pouj  • 
tetpée  lie  Pierre  (1).  » 

Si  parfois  on  trouve  la  pr^^posilion  »>  entré  deux 
noms,  c'est  qu'il  y  a  quelque  mol  sous  .nilPnùu.  Ainsi, 
•  combien  qu'on  die  :  le  bonnet  ù  Jar^M*»*.,  pous  suren- 
tendons  çnfapprifilpMl;  »  «1,  ou,  oii;,. sont  plutôt  ftc- 
quisitîvcs  que  possessives,  et  se  placent  mal  aprè^s  un 
n(^;  cedtie  toutes  tes  autres  prépositions,  elles 
veulent  être /plutôt  précédées  d'un  verbe   ou  d'un 

participe.      /^^  * 

Des  prépositions,  ■  les  unes  sont  simples,  comme 
de,  Hu, dett  au,  aux {'i),pary8Uê,  iUr,  ef  les  autres  com- 
posées, comme  :  enven,  pardeven,  —  Or  sont-elles 
en  notre-  langue  pn  assez  bon  nutnbre,  ni  ne  me  fais 
pas  fort  de  les  avoir  ici  toutes  comprises,  qui  sont, 
comme  il  me  semble  :  de^  rf«,fl,  al«»^»,  aujc^  par, 
pour,  élec,  deçà, avant^ près,  apret,  davnnt, arrière, rfwr 
r'iere^  cite*,  environ,  contre,  lès,  joute {jouxle)^  dedani^ 

-  onirh  prei,  loinyho  r,  entre,  en^  et,  $etûn,  ver$,  rfc- 
ç^f,  envers,  jusquet  à,  êanit  avec,  êur,  sus,  sous^  dee- 

•    èous,  puis,  depuis»  i  .  i,  j 

\  L'imprùdefice  avec  laquelle  Meigret  a  admia^M, 


-■iiitXi 


■^ 


I  n  I    .  lii  I"» 


■  llliiir-i  11  ifiMii» 


t.         Il  I  I    ><<tt  T 


'ùiM 


1)  Cett«  lupiirMelon  *«  liprtpOiHion  était  fort  commone  dairt  là 
lingue  du  moyen  âgp;  nous  ivwi»  cotiwrvé  quelqun  muta  oà  la  pré-  ',;. 

position  SJ-^alt  nécessaire  VlU  étàlêut  créé*  de  no»  joura;  lela  VHÔleh,^ 
IHtu,  /«•  /li/e»-DiM»;à  Wolrmoutier,  on  vlallc  le  Pi^t'abbé,  e'«t-4-di» 
it  piedê  rubt>^  Plua  tufd  pn  «  dit  d«ï  même  :  VHfirel  SfgMter,  le  Po^aiê^      ^. 
ragdinaL  —  ToulfCoU  cctte  aupprMsioii  de  la  prépoêition  se  faisaU*M'    :/ 
v'mo^'  i|«  aahs  fraud  iMoovéaient  pMeé  que  lea  caa'obliquet  n'ayatent     f 
jbt  la  ipéme  torm&^ue  ké  caa  dlreeu.  Cf.  Ménage,  (fh*trtotiim  tur  ^;  |  '^ 

(1)  HMi  Kmê  f«  4<É*  ««Ut  «ff«uf  4«  Il«i8n«t-^  CL,     ^ 

•  \. '':■■.■■;'  :.■  '■>■  ;■  '  ■.  ;•  •   ^-^  ;■■  ;■■■'■  ; ,  '^,v::    '  . ..;.   • 


V, 


~TT" 


U:-    ■■•■ 


'^M^Mêê" 


■-.•''/,.y-  fjj  t 


»,  ;"V^^ 


■.\^',-.     ':  "';-■-«  ■■  ^.  ^ir-t". 


^T 


LOUn  MMMT. 


\' 


•V 


MX,  du,  dei,  parmi  les  prépositionSv  ram«|e  à  disser- 
ter longuement  sur  la  distincUon  des  prép^diWns  selon  < 
qu'elles  demandent  iMingulier  ou  le  pl|iïielNe  iwas- 
culin  ou  le  féminin,  qu'elles  précèdent  l|fe  voyelW  ou 
les  consonnes.  Si  Meigret  avait  donné  c^règlesqualid 
il  A  parlé  de  l'arlicle,  on  aurait  reniiVqué  cette  fihe 
analyse;  ici  on  ladéplore  puisqu'elle |^*a  pu  (aire  éviterv 

.  à  l'auteur  une  faute  grossière.       J;f  > 

«  F^ut  entendre  que  tout  le  reète  des  préposition» 
sont  presque  toutes  locales,  et  par  conséquent  tempo- 
relles; »  cependant  il  y  a  des  exceptions  :  etiire,  sans,  etc. 
Les  prépositions  tantôt  demandent  un  article,  tantôt 
s'emploient  seules  ;  nous  disons  :  cest  blé  en  Wwi>r, 
mais  non  cesi  blé  dedans  grenier;  *  il  faut  entendre 
que  li^  Ibcution  sans  article  est  plus  générale  que'cellc 
qui  est  par  l'article.  ■  —  Insiàtant  sur  cet  exemple 
qu'jl  vient  de  donner,  Meigret  passe  \eu  revue  les  di- 
verse» significations  deen  ;  vivre  en  tuMime  ou  comme 
vn  hamfiie^  —  il  en  mourra,  — je  m*en\'ais,  —  il  s'en 
revteAl,  etc.  ;  il  remarqtw^fort  justement V|ue  dans  :  c«i 

,  homme  estf^  malade,  il  en  mourra,  le  mot  en  ne  sau- 
rafl  être  ûïTe  préposition  ;  iiàis  il  a  tort  quand  il  dit  que, 
dans  cet  exemple,  en.  «  est  adverbeou  pronom  relatif,  p 
Ici,  en  rte  saurait  être  qu!vin  pronom  remf,\  quoiqu'il 
représente  l'adverbe  latin  indê,  souvent  e/nployé  dans 

*un  sens  eiyieternent  le  même  (1).  \        - 

•     \  L'explicition  qu'il  donne  de  ;«  m*en  vais,  je  m'en 
■  •    '    ■•      •  :         <  '  ■     '\    . 

■ : —: ■— ^ ■    .    Vi..,' 

,  "^   •  (1)  VtMtk  dttxit{  MU  «il  duo  t  ltod«  ««o  hane  mÊianm  aétnlaff 
milii.  (Taraut  Adfliplu.  1. 1,  SI.) . 


'^ 


\ 


l 


"       1 


\    ^ 


j   > 


:.:/ 


X 


if 


( 


lUO  .  URAXllÂIll   PRAKÇAISE.  j 

reviens  n*est  pas  heureuse;  qu'on  en  juge  :  «  En  est! 
aussi  usurpé  et  postposé  h  me^  te,  se,  nous,  vous,  san^ 
note  de  préposition  ne  d'adverbe  relatif,  et  ce  sculc4 
rocnt  avec  les  verbes  de  mouvement  local,  estans  conj 
joints  à  leur  même  personne  seulement;  de  sorte  qui 
nous  disons  ;  je  m'en  vais,  reviens,  reloHrne,.tH  l'en  vas, 
il  s  en  va,  et  ainsi  de  toute  autre  tierce  personne, 
tomme:  Pierre  s  enva,natis)tous  en  allons,  vous  vous  et 
allezf  ils  s'en  voni  (1),  pour  lesquels  nous  ne  pourrtwjs 
dire  :  je  inevais,  tu  te  vas,  si  nous  neluy  ajoutions  quel- 
que infinitif  gouvernant  ce  me  ou  i<?,  comme  :  tu  te 
vas  perdre,  et  ainsi  (les  autres.  Or,  commç  en  ces  fa^- 
rofts  de  parler  le  moivcment  soit  réciproque  à  Pagont, 
tout  ains^ijate  quand  je  dis  :  je  m  aime ^  et  qui  soit  la 
cause  mouvante  et  unie  (2),  ili  semble  que  le  françois 
J*ait  vçulu  Aprjimer  par  ces  me,  )«*•«*,  avec  la  préposj^ 
lion  en  postposée,  tokit  ainsi  que  font  les  Latins  en  i 
çum,  mecum,  etc.,  quasi  comme  s'ils  vouloient  dire  :  je 
vais  en  mdi]  c'est-à-dire  jesuîs,  la  caus^  mouvante  et  mue 
pour  aller  à  Rome.  Voilà  ce  que  j'en  yuis  diviner.  f 
Après  celte  discussion  dont  là  conclusion  est  pjlus 
que  contestable,  fauteur  arrive  aux  adverbes. . 


BE8  ÀDVBRBES. 


/^ 


■f»- 


U: 


•'de.  t;  tf  «  tM^rbe  est  4me  jMtrtie  sans  article, 


u  .ih.. 


(ty  liénice  ebni»ta4  qui!  n«faut.pàl  (ftm  :  j>  M*inenm»,ils/t*ên'')imit 
en'alléx.  On  Je  diMit  tlonéde  «on  iemp«.  l)a  rette.  Ménage  éUdt  An«cTiti  ,* 
et  l'on  pinrllB  eàçore  aiwl  en  Ao|p«ï.  *         '..      -/     .     / 

<2)  Il  (iut-aattf  dottt«Jlrer  •moa^ante  et  moét  »  cooiai<  cinq  I^inif 


■;* 


.a 


i'\'- 


V"  i 


■ï'^- 


♦^  t 


■'•  «     va  . 


n;;- 


^\» 


:-i.± 


LOClt  VtIGIIT. 


! 


01 


t 


la  signification  duquel  se  iolni  conrïmvinement  aux 
verbûj  ^qualifiant  leur  actio^  ou  pa^ion,  tout  ainsi 
que  iaîl  Tadjectif  les  noms  appel!alifi  ou  propres.  » 
L*ad verbe  qualifie  aussi  les,adjecliffs,  comme  i  fori 
noir;  mais  il  ne  qualifie  pas  toujours  les  verbes  avec 
lesquels  il  est  employé ,  et  j>eu||||)rter  sur  là.. phrase 
entière.-?^  «  Combien  ajussi  qi^es*adverbcs  se  joi^ 
gnent  aux  Verbes,  les  unk  toutefois  se  peuvent  joindre 
à  tous  les  tenws  et  modesi  leu  autres^c  n  :  ainst/iierne 


peut  se  joindre  à  un  futu/Jjii 

C*u.  II.  —  Les 
bien,  mai^ — ou  flérivê^  ;  t|ott/|)nif 


.demain  à 


un 


^etc. 


sp^jt  prin^iUfs  :  oui ^  non, 
volonté,  etc.  — 


'^# 


y 


Tous  les  adverbe$^n  meiirs ont  des  adverbes  dérivés. 
Ch.  m.  —  yl  ek  tr^is  figures  d'idverbes,  Tune 
simple,  comnoeW'»\on;  llaatre  composée,  comme 
nenni  ;  Ift  tierce  ekUâ2ê2»«Lgosée,  qui  est  dé^vèe  dô 
composés,  comme  de  malhéuriiL)ç^,_jji^^^ 


Nous  remplaçons  parfois  ll^adverbe 


par  la  préposi- 


tion çh  suivie  d*  un  nom  i  coinbaitreenHepetilérph^ 
préposition  d,  eh  sous-enteiwnt  »iot/«,y^mme  t»frre 
(iuiiiennê\k  la  mode,  etc;) }  j^THin  dj&pminatif  fétni- 
nin  et  la  préposition  de  :  courir  d^m^,  étc*  «  Tou- 
tes lesquelles  façons  sont  mieux  rèçics  et  pIjt»-«gA 
bles  que  les  adverbes mesme ;  de aefrte  que:  il  cQuri  de    ♦ 
rj    vitesse  sonne  mieux  que  :  it  com  vitemLnt,  quoiqjii*ii 
'soit  bon  langage.*».  V_^  ,     ) 

;        Jfe  chapitre. suivant  répartit  en  différentes  classés 
I    les  adverbes  de  temps  et  de  lieu,  l^s  advéïbés  affirma*  "" 
1  *  tifs  et  négatifs,  etc.  ., ,.        .•    l       ,  "- 


v.<"  '^        " 


■•^ 


V, 


i       fX 


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■'Ni.   ■     . 

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GRAW^II   PlAlfÇAU 


DIS  CPIUOIICTIONS. 


«  La  conjonction  çst  utte  partie  du  Hangage,  indécli- 
nable,  sans  articles  et  sans  aucun  gouverbenoent,  conjoi- 
•  gnant  les  autres  {{he%  mes\nes)  espèces  «es  parties,  ou 
'clauses  (phrases)  aux  clauses  avec  queloue  significa- 
tion* J'ay  dit  l^aaiiesmes  espèces  des  pakies,  cômnfïe 
le  nonr)  substantif  au  substantif  ou  au  pponam,  ou  bien 
Tadjecif  à  l\adjeclff,  lepronom  au  pronom.Ytc. 

»  Les  conjonctions  soht  ou  Simples  :  ç«e,  «ii,  ne;  ou 
éomposéss  :^o»i^*V/i,  iow\ep)h,\ 

»  Aucunes  conjonctionà  Ipiit  ^o|iulatives;...\  les  au- 
cunes sont  disjbnctives  di»  8enÀ\;. ..  le»  aucunes  sont 
causales;...  les  aucunes  sont  négatives;...  Iw  au- 
cunes  sont  adversalives.rj.ètc.  ■  ^ 


— ^  Di  i/nfTitJB^moif.  \     . 

t  LMnterjéction  est  une  voix\d'un0  passion  cxc 
8ivc,«oit  par  admiration,  ycourr^ux ,  Joie ,  roélancoli 
ou  épouvantcnient, . . .  de  sorie,  qu\il  n'est-  pas  au  poiip 
'  voir  de  l'homme,  étant  celte-  pas^^ion  ferrnée,  d'user 
de  Quelque  modérée  faconde  paroUe..^  Comme  ces 
passions  ^nt  con^munes  à  toutes  n^tions\,  e^^ùeja 
seule  nature  lés  engendre  sans  au^un  diiscpurs,  il 
advient  qu'elles  sont  presque  toutes  u^es  à  tous  peu- 
ples et  langues,  tout  ainsi  que  los  soubirt  ^  plfilntes; 
.  sanifbnnedéparblle.  »  'A 

MéigretAprès  avoir  cité  et  classé  quèl^fueeii^to , 
iions^.signaie^'emploi  simultané  de  plusieurs  d'ent] 


\.'A 


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■>■-  i- 


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LOUIS  HMIIT.  '   m 

êFles  poai^  un  même  cas,  et  aussi  4*un6  même  interjec*- 
tion  dans \ des  cas  différents.  '     ^ 

\   Ici,  la  tâche  d*un  Rirammairien  vulgaire  serait  finie, 
si,  comme  Meigret,  il\ne  s'occupait  pas  de  la  syii- 


loKle 


.v-^- 


À  -V 

taxe;  pour  i^ôtre   auteur,   qu'aucune  diflieulté 

fraye,  il  souJi^ve  encore  une  ouestion  aussi  dél 

qu  iiitéreesante/et  traiteWei  accents  ou  ton$  de»  tytiabes 

H  Uiciiom  :  nous  essayerons  de  le  suivre^  autant  que 

nous  le  pourrons^ ,  dans  les  obscurités  où  il  s'engage. 

Verba  vo/ani,  dit- on,  les  paroles  volent.  Si  donc  la 

^  j)rononciation  est  si  diflicile  h  noter,  combien  l'est  plus 
encore  l'accent!  non  pas  c^è  accent  qui  distingue'  les 
différents  sons  d'un^môme\ voyelle,  mais  l'accent  to- 
nique, raccant  nécessaire! au  rhyl(hme,  celui  qui, 
comme  l'a  démontré  ^,  Quicherat,  tient  une  place  si 
imjportante  dans  notre  iarsificatioD  française, 

pans  la  seconde  édition  de  son  TraHé  d$vemfieaiion 
françaiêei,  M^  Jules  Ç^iclieratl  insistant  sur  ce  pfi»- 
cipeémis  par  lui  dèsiÇ^;  «  bue  notre  vers  alexan- 
drin doit  avoir,  un  *nombre  fixe  d'accents,  »  croit 
n'avoir  été  précédé  dans  jçetteV  découverte^  que  par 
r^bbé  Scoppa,  dont  les  œui^fes  mondes  ne  lut  furent, 
connues  que  plus  tard..  S'il  4  ra^llu  attendre  jusqu'en 
182^p6ur  voir  formuler  en  rè^j^  la  nécessité  de  l*aç- 
cent^dans  les  vers;,  déjàdu  liao^nsVejlistence  dq  I'imc- 
ceïilt'dans  la  prose  et,  jusqu'à  un  cei 

%  variables  avaient  été  Tmejnent  ànali 
ment  signalées  jjar  Mëigf^(Éi  \  ^ 
>.  Mn  A  »Uaqué  Meigr«l  Vc^  liiijet 


iin  point,  ses  loià 
et  ctirieu«e- 

iPé^  Im  ê9«m- 


XL 


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104  CEAMIIAIIB   r«ANÇAiSE.  '      • 

ples'cités  par  lui  à  l'appui  de  sa  théorie ,  et  notés  à 
Taide  de  signes  musicaux,  M.  Wey  reste  convaincu 
c  que  l'on  ne  saurait  mieux  chanter  h  parole  à  la 
façon  des  mariniers  de  la  basse^ône,  »   et  déclare 
que  «  Meigret  parlait  canut;  Xpour  nous,  sans  dis- 
convenir que  les  accentuations  sont  fort  difficiles  à 
fixer,  nous -prenons  parti  pour. Meigret  conlre.l  au- 
teur de^r//i«toirc  iif  langftyey  et  nous  pensonï'que 
si  Meigret  a  connu  Taccent  lyonnais,  il  a  eu  du  moins 
assez  de  bon  sens  pour  n'en  pas  être  dupe  et  chercher 
le  vrai  a'ccent  de  la  langue  générale.  Sans  doute  nous 
accentuons  autrement  ;  sans  doute  il  a  été  trop  loin  quand 
il  a  imaginé  des  mots  de  douze  syllabes.'^comme  Con- 
itantineapoliiamsation  s,  Ut  consUtininéopoUtanizeront,  et 
qu'il  a  pris  la  peine  d'y  noter  des  accents;  mais  est-il . 
besoin  de  gramle  indulgence  pour  excuser  un  homme 
qui,  traitant  le  premier  un  sujet  si  épineux,,  a  dépas^ 
peut  être  l*  mesure?  Sans  méconnaître  ses  excès, 
nous  voulons  au  moins  conserver  ce  qui  fait  le  fond 
de  sa  doctrine,  et  nous  continuons  à  le  résumer. 

■■"'..''■  r'  '■  ■     ■■'  '       ■..'     • 

•  V accent  ou  ton  en  prononciation  est  une  loi  ou 
règle  certaine  potfr  élever  ou  abaisser  la  prononcia- 
tion d'une  chacane  syllabe.  Et  combien  que  cette  doc- 
.  irine  semblera  bien  nouvelleau  purfrançois,  si  (cepen- 
dant) est-elle  de  tefle. conséquence  que,  si  quelqu'un 
ne  les  observe,  soit  par  usage,  ou  par  doctrine,  et 
iïu'il  les  confonde;  rôreiile  françoise  s'en  méconten- 
tera :  de  sorte  jque,  combien  que  les  ayllabessoient 
observées  eà  la  prononçiatiqa  avec  leur  quantité*  $i 


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}Vn  MBIGHBT. 


105 


toutefois  raccent  est  è^orrompa,  elle  ne  la  daignera 
avoufer  ^ienne.  »        -     \  i  ^  . 

;  Cettë^finitfon  faite,  èl  la  néccsêilé  de  la  réglé  ainsi ,, 
établie,  Meigret  ajoute  u^  détail  curieux  :  t  A  cette 
cause,  c(it-il ,  nous  voyons  taxer  les  Normands  d^  mau- 
vaise prononciation  françoïse  f)our  un  accent]  aigu 
qu'ils  font  en  l%derniBre  syllabe  d'une  clause  (phrase). 
Ce  qu'aussi  font  d'une  bien  i^auvaise  grâce,  et  quasi 
comme  eo^ton  d'interrogation  *)os  joueurs  de  Paiisicj^, 
lesquels,  pour  le  comble  de  vice,  font  une  brève  lon- 
gue, comme  :  sire  Pifaté  pour  Pilate  (1  ).  »    , 

Meigret  distingue  :rois  tons  dàfis  le  langage  parlé, 
l'accent  élevé  ou  aigu,  J'accent  Baspu  grave,  et  l'accent 
léclinant,  qui  commence  par  l'a\g;u  et  finit  ])ar  le 
^rave.  Clela  posé,  «  iLOur  commenceic  à  défricher  cettie 
doctrine,  il  faut  premièrement  cnteMre  que  jamais 
l'accent  iievé  ne  se  rencontre,  en  la  aerniefe.syllabe 
d,es\di^yllabiques  n(rpolysyllabiques;\  e  le  ton 

'  decliDânt  bu  circonflexe  ne  se  treuve  point  qu'en  la 
penul\ime  syllabe,  si  elle  est  longue  et  la  dernière 
V  brève.)   -    ' 

»  Lék  fnonosyirabéè  en  notre  langue  fo^tjtaA;ier  les 
tons  d'emcuns  dissyllabiques,  ni  ont^(et  ri'oi^t)  eux- 
mêmes  aucun  ton  stable.  >   -^ 


Ayant  d -entrer  dans  l'examen  des  règles  (!(*accen- 

(|)]En  Anjâu  of|  dit  de  mémei  mettei-lé  là  pour  nutteM'h  lA;  ut^ 

•'i      '  ■ 

■   .■       '        ''- 


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GBAimiimB  J'KAnÇAISI. 

^     tuatiC)n  des  monosyllabes  qui  se  suivent ,  puis  des  poly- 
'       8yllafeeér~4eux  principeâ^iôivont  être  posés  : 

RèqlkI.  Jôut  polysyllabii  ^ontla  preiiiière  n'est  pas 
accentuée,  çouime/rên',  compafjnony  n'a  d'influence  sur. 
les  monosyllabes  qui  précèdent  que  comrtie  m  simple 
^^'^^        monosyllabe.  - 

Règlb  11.  Toute  pause,  tout  temps  d'arrêt  dans  le 
langage  rend  les  mois  qui  suivent  indépendants -de. 
Ceux. qui  précèdent. 

•  •  *    yU'fjles  (fàccenliinlion  pour  1rs  v^^^  'i 

1*  Si  deux  monosyllabes  se  rencontrent ,  soit  au 
.° ^Jjfcommèncem/înt  d'une  phrase,  soit  après  un  polysyl- 
♦  labe,  l'accent  portera  sur  le*  premier,  excej)té  dans  lo- 
geas prévu  RÈGLE  I ,  car  alors  il  y  aura  en  quelque  sorte 
^  trois  monosyllabes  :  r  ■ 


rv 


N 


■te  ■  à  ,j7~-^r--k=\^}r--^=^ 


^ 


<>    <>'    à 


M 


à-£i 


C'eUMBoo  »al-b«ur,  c'cii^moB  (rc-r«,  c'esi  moit  «m*  et  moo  eê-pol^ 

.      '  •"  -    i     - 

.  ■         ■         '^  '  t  . '.     _ 

r  '^  Si  trois  monosyllabes  se  suivent,  le  second  seul 
est  accentué,  comme  nous  venons  de  voir  pour  deux 
monosyllabes  suiviî^^'iin  polysyllabe  à  première  syl^ 
labe/graVe  ou  basse  tccU  mon  frèr(\^'^  ^—cés  Irpis  mo-" 
lïosyllabes  sont-ils  suivis  d'un  polysyllable  qui  rentre 
dans  le  caé  prévu  par  la  !\ègle  I,  on  a  la  môme 
accentuation  que  pour  quatre  monosyllabes  : 


5t^ 


,.<>    ^'•hrà—à- 


^^^^^P 


qTMt  aoti  cœur,  cTmi  m  gnwl'M*  --rê,  €*•«(  bob  b— 


. ..  I 


^ 


■•, . 


V 


.:  /  > . 


•.     1,01)11  IflIGEIT  107" 

•    ,       .        ,  .  ■  -    ■  •      ^,  -         ■ 

â*  Si  qufttre  monosyllabes  se  suivent ,  le  premier  et 
le  trpisième  sont  accentués  : 


22 


r-  ■    ! 


Ori'cit-il    bon    à^tti,     J«    T«i«    *     loi,    Â    toi     â    noU 

i  '     .  ■         "',■'■      :  \ 

h*  $1  cinq  monosyUabes  se  suivent ,  Taccent  i^jrte 
sur  le  premier  et  le  quatriëmie: .      '  . 


|~^.    J>    A  ,  O 


TTriVrll 


Il    D'est    pat     fprt    boo,        U     b'm^   pu    mon     fr«  -  re. 

i     5*  I9*il  y  a  six  monosyllabes  dç  suite,  le  premier,  le 
troisième  et  le  cinquième  sont^levés  comme  : 


-^-4| 'jv'  6   — 4— A-4-4"  A    <l>— Jr-~'<!^^r-A=^H| 


u     É     tm    Uta»   M*  b|M>, 


?tt     tout     SM      tM'Ttd,^ 


6'  S  *il  se  rencontre  sept  rnonosyllabes  de  suite»  «  nous» 
accentuerons  les  cinq  premiers  selon  m  règle  dé  leur 
nombre,  et  les  deux  subséquents  par^^le  du  leur,  • 
—  c'est-à-dire  comme  s'il  y  en  avait  cinq  puis  deu^c  : 


■■**f 


>^.' 


^^ 


^—rr-^-iy; 


0   6   A-H>- 


^^ 


Or    U    a    eu  tout  im  bieni,    et    a    Ja.  vuiout  m  com-pagapai* 


7"  Pour  huit  mortosyllabes,  accentuez  de  deux  en 
deux  en  conr^mériçant  par  la  première;-^  d'^  même 
pour  d;x^  et  pour  douze,    ^'' 

8*  I^dtir  natif  et  pour  onxe,  accentuez  de  dftuxjieti 

.-..  .  '■  ,1. 


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•  ■  ■      <    /-    ■  :  ,;  ■■    ■ 

GBAXSlAtlIB   PR4>ÇÀl<ir. 


dcu;(,  comme  pour  huit,  *cn  laisî^ant  graves  les  deux  ' 

derni^iY»»  c'csl-à-diio  la  hiiitiinne"ct  là  neuvième  ou 

•    .  ■         ■      '  .    »'  ■  "  .  '  '  ■' 

bieii  là  dixifrthe  cHa  Qozièmc,— r  •  et  ainsi  subsequém- 
rpènCdo  .(ous'auh*es  rioinbics/painp  et  impairs»  selon  les 
' règles  do  huit  et  (/«  neuf.  »,  •     • 

.Le  vicedc  ce  .syslèmc  est  facile  ^démontrer;  mais 

■  iàvant  de  le  combattre  remay^uons  bien  que  Meigcet  a 
pr^vu  le  cas  où  l^s  monosyllabes  seraient  indépen- 
dants, com'Pe  en  çetla  phrase  :  i'/«,  ris,  tiis^  Jais  tout  ^ 
bien^  où  les  derniers  seuls  â^nt  liés,  pu  dansxctto  autre 

J  ou  les  premiers  sclient  seuls  entre  eux  :  gardons-nous 
de  porc,  chien,  chai,  ral^^rf.  —  Dans  le  premier  cas, 

'    racifènt  porte  Sur  /om(;  et'dans  le  second ,  sur  gar  ct^ 
surrfe,  de  çetfe  façon  :    "*  -    .  •  -    .-       * 


::i  -I- 1- Ui 


Ù    0    Q- 


it 


4*  Vil,  rii,  dit,  f^*  tuuî  bita.  S*  Gardons  ooai  d«  porc,  chieq|  chat,  rat,  cttt 


4       • 

Cette  monotonie ^qiji^atteint  les  monosyllabes  indé- 
pendants, sufTil,  à  elle  seule,  pour  prouver  rexistcnce 
de  PaGC^  dans  les  langues  mêmes  qui ,  sans  le  faire 
:  sentir  aut?fnt  que  1  italien  et  respagnpl ,  ne  sont  pas' 
moins  forcées  à  l'avoir^  qt  surtout  poui'  en  montrer  la, 
.  nécessité  dans  notre  versification  ,'oii  la- place  qu'ail  oc- 
'  jcùpe  contribue  àt  l'harmonie  du  vers  et  à  la  variété^du 
rhy^Hme.  ■   '■    .    .  -       '  .     ^       v  '  '  \       **- 

Toutefois  si.  les  règles  de  Meigretne  sont  pas  sans 
valeur,  elles  ont  c'ependànt  des. défauts  graves  que    . 
nous  devon^  signaler*  V  ^  ••        »* 

■    D*abôrd,  on  le  remarquera,  Meigrct  n'admet  que 


-<> 


;*■ 


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#.  *  -f 


5" 


4 


LOLIS  MEIGUBT. 


109, 


■  \     '■  i 


u 


'  m 


•■'.■9 


despyllabes  acccntuéiis  et  des  syJlabfe^  graves,  et  ne 
tient  jamais  compte  de  cet  accciit  iniermédiuîre  qiA' 
'  arecpiinu,  Caccetii  drcHnaiU  où  àrconjlexel  et,  ap^s 
;^avoir  accordé,  en  iWoric,  trois  notes  au  lajigjjge  p'arléi 
-   il  ne  lui  en  accorde  plus  que  deux  dans  la,  pratique. 
Surtout  il  oublife  quev  dans  le  la^ga^c,'  certain 
aïTixes,  comme  par  exemple  les  articles  et  les  préposi- 
.   .  tions  devant  les  noms^  et.comme  les  pronoms  devant 
les  verbes,  font  corps  avec  le  mot  quitles^suit  :  i«es 
4tomwes;  JE  vienn;  ii  UE  frappe;  et  s'il  est  vrai  que, 
"dans  les  exemples  (^u'ildonhe,  la  première  soit  réeU 
leiiû'rit   accentuée  ,  y  elle  serait  grave  dans  d'autres 
phrasés  monosyltîibTfjues  qui  Gommencei*aient.  par  un' 
^  ^  des  .aflixe^que  je.vkns  de  citer  ou  d'âutre;5  sembla- 
bles.''» '     •  •     '      •      \' 
/  Dqs  exemples  éclaîrciront  cette  question   un  peu  ^ 
obfourç,  et  montreront- combien  il  était  important  de 
ne  pas  parler.seulemeiftxles  monosyllabes  isolés.  Dans 

c(}  vers  monosyllabique  de  Racine  :   '  ■      ■' ^ 

..'■',■'      ■  "  -     \   ■  ■     "^  ■  ''■,■■' 

Le  jour  n'est  pu  plus  pur  que  le  fond  de  mon  cœur,  « 

*  ;  ■        .  "■-  ,       _  '  -  '     ^      ■  ■    '■ 

'■■■-■■'■  «"'■'*..  y      *. 

.  les  accents  portent  sûr  les  trois  syllabes  pairtfs  du 
premier  hémistiche  et  non  sur  lés  syllabes  impaires,, 
cpmme  Je  prétend  Méigret,  et  n'atleigiîe/it  plus,  dans 
le  second  hémistiche,  les  syllabesque  de  Irpis  en  trois, 
savoir /oH(f  et  cccur,  de  sorte  qu*on  a  cinq  accents 
.  et  non  six  daas:*çe  verç.^  —  D^ns  c^t|iHitre  du  même 

'    'poêle  :    ■  '^     •  .  .     <;     '         •     ' 

~-~^;         -i»oU"qU'elle  eût  même  en  lui'vu  je  np  gais  quefcl^axmr,  - 


^ 


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T.* 


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V 


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V 


l. 


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I. 


** 


l'accent  placé  sur  la  preiriière  syllabç  vu  du  ^cond 
hémisiiche  dotinc  au  vers  une  dureté  qu'il  ir^urail  pas^ 
si  celle  syllabe  était  grave.    • 

•  ^       r  . 

'Bt'fjies  tCacceiUaation  paUr  lei  polysyllabes': 

'•■■.'       * 

Arrivé  aux  roots  polysyllabiques,  MpiK''<'t  tient  plus 

de  coniplc  des  aillxqs;  il  semble  mèrSe  qu'il  a  aperçu 
la  véritable  loi  et  ([U  iK  v-a  la  saisir  quand  il  di.t  que 
dans  im'  ame,  une  ■  se  joignant  au  sul)sequent  dissyl- 
labe par  rapostroplie,  forme  Un  trissyllabe;  »  mais  il 
abandonne  bientôt  celle  lueur  qui  devart  l'éclairer,  et 
s'égare  de  plus  en  pfus.  • 

C'est  une  loi  bien  connue  de  notrO  langue  que  l'ac- 
cent porle  toujours  sur  la  dernière  syllabe  sonore  d'u^ 
mot,  la  dernière  dans  hnpureic,  l'avanl-derriière  dans 
impure,  ' 

Les  Anglais,  au. contraire,  font  plutôt  porter  l'ac- 
cent sur  la  première  fsyllabe;  c'est  ainsi  <|u'ils  élèvent 
la  voix  sur. a/i  dans  Angleterre  et  nous  sur  ter;  aussi 
çnlêndons-nous  mal  notre  propre  langue  parlée  par 
eux  4-  trompés  que  nous  sommes  san»  cesse  par  notre 
ore'i lie  qui,. habituée  à  atlcndre  les  finales,  prête  moins 
d'dttenlion  aux  syllabes  initiales.  " 

En  it-alien,  l'accent  èuit  ordinairement  une  règle 
plus  rationnelle;  .bien  que,  dîins  les  infinitifs,  les 
pîfrticipes  et  les^ativerbes  en  meuie\  il  porte  sur  l'avant- 
dernière  syllabe,^ on  peut  dire,  en  général,  qu'il 
marque  la  racine  du  mot;  ainsi  dans  Ve/i^r^,  Vénus,- 
g'iuilicf,  juge,  pubhlicn,  public,  etc. ,  l'accent  est  sur  la 
première  ;  ÛMi&  dreoêiania ,  du  latin  çircum  et  «lare*  il 


■^^ 


^^ 


,'  '  .         •*         lOlJH   MlilUltKI.  \        Vh 

porte  stir  .«i«;i,.dans  vfu^evmo,  tl»  vciKlaicJit ,  du  latin 

Vimini-diirc.  vcnilvrf^'sm' tic  '  .    •      , 

i\vA  laj.N,  t'u  iVaricaisr  on  anglais- et  en  italien,  ne 

^  >(r)ijt  paséjgaicmeiit  lo-iiciues;  mais  elles  sont  foi^rncllos. 
CL'iloaquc  M(;igiet  nous  Joinic  noua  Vîfoi^neiit  de  tous 
;  les  |)rinri[)es  actuerieineiit,  reçus,  et  ses  rè{^les  qu'aucun 
cuiilrùle  ne  peut  nous  faire  a|)pr(;cier,  semblent  donner 
àia  jangm3  duseizièaie  siècle  une  physionoune  parli- 
iuli^'ri';^al)()rd,  il  no  se  boriie.pas  à  reconnaître  un 
accVwt(laTÎs  les  mi)ts,.1l  en  reconnaît, plusieurs,  selon 
lé  nombre  des  SNJlabes;  nous  sbmmt^  loin  db  l'en  bià- 

;'  uTcr;"  inais  nous  aurions  ainié  qy'il  fît  une  diïlérence, 
qu'il  ètablîj^  entré-  eux  une  sorte  de  gradation  ;  nous 
aljnetlrons  bien  que,  dans  impjtreU' ,  la  seconde  syl- 
labe soit  plus  élevée  que  la  première,  et  il  est  sur  que 
la  troisième  est  morns  élevée,  que  la  dernière;  iiiais 
nous  ne  pouvons  croire  que  deux  svljabes  d'un  m'ôme 
met  àicntétéji^  nais  ég-alemenl  accentuées. 

Nous- n*insislero|is  piis  davantage^  sur  ce  sy.^tème 
dont  rimpoi»tance-èt  la  nouveauté  ont  diV  nous  an éier 
quelque  temps;  mais  avant  d'arriver  aux  deux  cha-^ 
pitres  qui  termin:ent  le  I1v('e  de  Meigret,  nous  devoii^, 

.  avec  cet  habil»  grammairien  ,  remarquer  que  ces 
règles  d'acceiiluatiojl^nc  peuvent  être  considérées 
comme  absolits  ;  il  a  même  tenu  fort  sagenient 
compte  de  la  jV^^n ,  qui  cbaiige''ct  déplace  à  son 
gré  les  accents.  cV^^^  dit  no  peut  s'appliquer 

qu'à't  un  lan:gagej7^ere»mD8  colère  ne  complainte  : 

*  car  alors  chacurHe^^ompt  sdoa  sat  m«^ 
et  de  plainte^  » 


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112 


(iRAUMVIIIE   Pi  ANC  AISE 


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DES   P01!«(TS   D  ADXIRATI07I   ET   i'HTER^GlTION 
ET   DE   L'APOSTROrilE,  ''' 


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f  Or  avons^nous,  outre  ces  accents,  dcuîc  autres, 
qui  sont  d'admiration  et  d'interrogation,  lesquels  sont 
entre  eux  différents  en  ce  nue  l'admiration  ctev«  la 
prononeialion  entiron  le  commencement  de  la  clause, 
là  où  rirfterrogution  le  fait  communément  sur  l|i  fin , 
Comme  :  0  l  liomme  de^  bien  !  tjuel  Itàmme  enles^vous  ? 
Or  sont  leurs  nott^s  en  l'écriture  (1)  faites  par  les  Latins 
quelque  peu  divei^ses,  car  celle  de  radmii-alion  est 
faite  de  deux  points;  desquels  le  dessus  tire  droit  à- 
DftQTjJt^e  cette  sorte  (  !  ) ,  et  celui  de  l'interrogation  se  . 
recourbe  contre-mont  ainsi  (?j,  •    .  /• 

»  Au  regard  du  point  de  Vapo^irpphe  Q^  dctoi^r  (2),  qui 


•;i)  Voytt  Itt  noteci-d<>sftou8,  p.  114.  •  • 

[i)  Dans  un  des  opuscules  annexés  au  Traita  touchant  le  commun  usagt 
de  Vkscriture  françoùe  (voy.  p'iO),feous  ce  litre  :,/«  Accents  de  la  langut 
franroxjte,  \m  KUehne  Dolet,  nous  trouvmjs  le  pasiwtge  suivant  : 

....  •  C.e  dict  e  femenln  est  aulcunes  foy»  mangé  par  apostrophe.  (»r' 
Tapostrophe  oste  du  tout  (tout  à  r<;it)  la  voyelle  tlnale  qui  précédé  la 
Voyellt^  du  mot  ensuivant,  et  f^iH  qil'elle  ne  s'escriptiie  profère  éulcu- 
;  neroéiit,  et  sufllt  que' seulement  ofj  la  mareque  au-dessus'pâr  son  petit 
poiflt-  Deyanjt  qliede  l'en  tmiifenALe'uiple,  je  t'avertis  qu'apo»trophe  e;6chet 
'  pri'nclpàlfïînenl  surjces  monosyllabes  c»-,*?,  ti,  ié,  me,nue,  ne,  je,  te,  k, 
la,  de.  Et  rombitn  que  les  Françuy»  n'aytijt^de  rou'^ifùn1e  de  signer  ledlct 
apit;!ilrophe,  si  en  uscnt-iiz  naturellement,  pripripalemcnt  aux  monosyl- 
labes dessùsdicteà,  quand  le  mot  ensuivant  se  commence  semblablemènt 
parvoyell^.  '  ,  ■*''*'■    ^  .■■'-'■    , 

•  Et  si  d'adventure  il  «e  comriiencc  par  h,  cpla  n'enipcscbe  poinct  quel- 
que foys  l'apostrophe  s  cair  nous  disons  et  estripvcmsjian!!  vice  l'honneur, 
l'homme,  l'humilité  tl  non  le  honneur:  le  hôm'nrè,  la  humilité.  Aû'con-;  * 
traire  noufrdisons  sans  apo.strophe  le  haren.la  harendiere  [laharentfère; 
',    Cf.  p.  18,  le  tcjite  et  la  ntJte  1),  la  haulieur...;  et  si  tes  mots  se  profèrent 
■  MUS  grande  aspiration  .  I9  faultc  est  énorme.  De  laquelle  faulte'  apnt 


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tOl'18  HnciiT.  J^  . 

dç'note  une  yoyollc ,  ou  çonsonantc ,  oq  syllabe  finale 
esirc  consommée  ou  bien  dcvpir  «sire  tue,  —  comme  : 
uucnvîP,  le  quel  a  vous?  pour  ime^eiwie,  lesquels  nvèZ' 
^,(,ns^ — plie  n'est  pas  proprement  accent  mais  elIt  le  fait 
biou  changer,  comme  jo  vous  l'ai  dit.  Laquelle (aj^ostro^  . 
plnij,  à  rimitalion  des  Grecs;  nous  avon«|iot6  d'un  point  ' 

•  ù  queue  jel(3  au  dessus  entre  le  mot  apostropiié  et  son 
subspquèn;. —  Gomme  donc  cet 'apo?troph'  ait.  puis- 
sfcince  de  changer  râcccnt,  je  m'émerveille  ^e  ceux 
gui  ne  l'observent  qu'à, certains"  monosyllabes.  Il  €st  ■ 

.      certain  que,  quand  nous  écrivons  une  amçur^  il  y  a  ' 
aussi  grafid  danger  de  prononeer  i'«  ue  >u/je  ^lie  celuy 
(Je  le  Uoamc  (1).  »  *    '     |         /•  * .    '  ■      •'      -  *  -' 

Pour  Meigrct,  l'apostrophe  neffcmplace»as  seule- 
nicrit  une  voyer|c,  n)als  aussi  une  consonne  suppriifiée; 
•ainsi  dit  ii  :  «  tl  faut  entendre  que»*  çt  t  seuiïrerit  sou- 
vent VaposlropUe  en  pptre  languq  aVant  les  oonso-< 
nanles,)8t^jTîesmiyto£uiO^Tïï&Ti^^  comma  vou 

vQps'tuez;  ny  n'e^t  rien  tant  facheux^àkT oreille  que  i{i 
prononciatiofn  d'elles.  »       -    ;'      «    ' 

-  ^^     NJeigret  remarque  aussi  qu'il' n*y  a  pas  d'élision'de- 
^nt  Vil  aspirée,  et  pl^s  loin  il  din«  Quand  à^i/,  elte\ 

-'(.ils  ne  font  point -d'apostrophe  hs  verbes  precédens  pat- 
ronne d'interrogatoire,  comme  aime  i/,  aime  elle? 


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ploin^cs  Anvpfgnçt'B,  Içt  rrovctacaulx,  le^  Gascops  et  toutes  le^  provinces 
de  la  langue  d'oc  Cai;  poitr^e  harrn  Hs  disent  Varen*  p«,»ur  /o  harendiere,    , 
rare«diVir«',- pour  ./a  hâi^fteur,  /'flMfwiir....  EX' non-seulement  (qui    pii 
ôst)  fonft^'.L'hte  ftiullo  nu  sirfKàlier  nombre  de  Ithfs  dit:lronâ,  aiais  aussi   '■■''' 
au  pluriLT,  fur' pour  de*  harfwiliùijfnt  (1<^  arc»»....  •    "-..'.     '      - 
\l  :  Cf.  çi-dés^«?  p.  «2.  -  ':■:;,<:  "  ;   '         ;,i»-.   ,-        ■■  '  "    . 

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114  .    ,  .       GRAMlUltE    FRjiriÇAISe.      ,< 

.  •      ;  .   '  ■  '    .        '  i     '  '      ' 

Nous  disoflsr  ^M^K  piustost/ e(i«i^  eâ  que  ;'euj«'  eu,  ft. 

■-.;,••>■■  '    ■  ,  .         .  •         ■     . 

;     DES   POIJITi.DB   80CPIR»  Dfc    HRlTI-PAUgB,    POINi   flîfAL 

•"".'  '    yr';,      '  ':,    ix,f4IIEMHÈSK  (I).  ';    .  .*      .    .' 

•  n^Ieigret  reconnaît,  comme  signes  de  ponctuation^  U 
*otf|ti^',-  la  sçmi'pame  et  le  poiwr;  le  êoupir  ou  point  à ^ 

.<]^ueMe,,   la.Ar>«i-^r/MA6'  ou  cumma  grec  ne  sont  autre       ' 

*  chDseqiie  notre 'virgule  et  notre  double  point,  creux  ■   • 
sighcs  distincts  que  les  imprimeurs confondaicntàla  fin 

du  XV'  et  au  commencement  du  x.V|*  siècle,  et  qu'ils  mar- 

'    quaient  d'une  petite  barre  oblique  par  eux  appelés  vir- 

■  gule,  r  Xe  soUpir  sert  à  la  distinction  des  parties  d'un 

'  XDémbrc,  c,t  lii  semi-pause  à  distinguer.  les  membr£s. 


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(I)  Etienne  Dokt ,  dans  son  traité  intitulé  la  Puncptatxon  de  la  langue 
françoyse  (vuy.  |>.  i>b)  traite  plu»  longueuient  que  Mcig'ret  le  même  «ujet, 
et  tl'uhc  manii^ré  diffiTeute,  quoique  sous' ses  auspices,  pour  ainsi  dire , 
puisque  son  travail  est  joint  au  Tettiié  touchant'  le  commun  tuage  dâ 
Vetcritùre  françoyse.  —  ^(ouâ  crovona  utile  ()e 'fapproclter  les  deux 
théories. 

«  La  pcncTUATiON  FRANÇoi^E. —  Si  toutcà  168  laDgues  généralement  ost 
leursdillVrenws  in  parlerJet  escriture,  toulesfois  nonobstant  c<la  elles 
n'ont  qu'une  punctuation  «eulrment,  et  ne  trouveras  qu'en  icelle  les 
Grecs,  Uitins,  Fran<;oys,  Italiens  ou  llespaignola  soient  dillerents.  i)obcq 
je  t'iiislruiray  briefvi-ment  -eh— e^y.  Kt  pogr  t'x,  bien  endoctriner,  il 
est  besoing  de  deux  choses.  L'une  est  que  tu  cognoUses  les  noms  et 
Ûgures  des  points.  L'uultre  que  tu  entendes  les., Iie^^r1)u  Iriesfaul.t 
mettre.  Quant  aux  figures  elles  sont  telles  qi^'il  s'ensuy^ ,  en  ^este  sorte  : 

r,  -  u  I  -  ni .  -  IV  f  -  V  î  —  t  )  \  '  \    ' 

I.  Le  premier^oiuct  esr^f^îiollé  en  latin  «Rctirilm,  él  en" fraaçoys „ 
principalement  çn  l'injjiji^rie,  on  l'api^elle  ung  poinct^à  queue  on  vir- 
i;plf ,  cl  se  .sDuloi^  marqutr  ainsi  •/•  —  IL  Le  second  est  ap(^lé  en.grec 
coinma  et  les  latins  ne  luy  ont  baillé  àultre  nom....—  Ul.  Le  tiers  est 


V. 


dict  (iïr  les  Grecà  colon.  Ln  latin  on  l'apifelle  puncium.  £t  en.l'impr 
merie-on  rap^tclle  ung  poinet  ou  uns;  pojinct  ron^.  T^t'utesfoys  quant  à 


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LUUIH  HEIGRBT: 


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1 15 


>Au  regard  du  point,  .il  fait  la  pause  à  (a  fin  dti  dis- 
cours. •  —  A  ces  sigjïcs  Mpigrctj'oint  la  pnreutliàse  ou 
'cutrejot,  ",80118  parfait...  lequel  n'ajoute  ni  ôte  rien  à 
la  perfection  du  propos,  tellcintnt  (ju'on  le  peut  ôLer 
sanf^interr^ptioiidcia-scntence.  »  ^ 

A  èç  chapitre,  sans  faire  un^  division  nouvclle/saris . 
aucune  distinction,  dans  un  mOmè  paragraphe,  Meigret 
rattache*  tout  le.peu  qu'il  dit  de  la  syntaxe.  ^ 
.  «  11  ne  reste  plus,  dit-il ,  que  la  partie  que-W^ecs 
ont  appelé*  ji/nm.'m  et  les  latins  construction  mie  nous 
pouvons  appeler  bastimeni ,  ou  construction  ,  ou  or- 
donnance bonne  de  paroles...  Quel  sens  tirerons«nous 
d'un  langage,  si  le  verbe  tient  le  lieu  d'une  autre  partie 


rifflcarc  il  n'y  a  paâ'i,'rand  différence  entre  colon,  et  commua.  Sinon  que 

"^l'iing  (»iul-e»l  eammh)  tient  Ip  sens  en  partie  siisjen».  Et  l'auitre  qui  est 

1«  colon)  c^ltid  la  feitteiiAv  Par  aiiii^i  ou  ]m1n-rait  dirt?,  que  le  colon 

-peult  comprendre  plusieurs  comma  :  et  non  pa»  le  comjna  plusieurs 

colon., '-  \\.  Le  quart  est  nommé  par  les  Ijitins  intetrogant  :  et  ^mf 

le*  Krançoys  intetrogant.  —  V.  1^  quint  ditfere  peu  du  quart  en  llj^ure  • 

touti'sfoys  il  se'  peult  appeller  admiratif  et  non^  interrogant.  -^  VI.  Le 

sixlesme  e»t  ap{)ellë  parenthèse  :  et  cat  double,  comme  l'onpeult  veoir 

par  ses  deû\  petis  demys  cercles  (  ).  r    .      *     '         ^  • 

'•*  Or  puis  que  tuVf^itnois  leurs  noms  et  figurés,  Je  te  yeuU  ma^tenanÇ 

monhtr^r  familiercment^queli  iieu\  ilz  <loilivent  avoir  en  noslrè  piirler  et\ 

e>>cripture.  Et  te  priey  vouloir  entendre  :d^  bne  pùnctuation  Lien  gard^er 

et  observée  sert  d'une  exposition  en  tout' œuvre....  • 

»  Si  tu  en  veuU  avoir  exennpie,  je  té  voys^vaisj  forger  ung  proiios,  ou  , 
il  y  aura  troy»  périodes  i  dedans  lesquels  touts  les  points,  que^  je  t'ay 
proposés,  seront  contenus.^..  :  L'Empereur  cognoix»ànt,  quepaix^talloit» 
tntfu/j,  que  guêtre,  a  faict  aj)poinctrment  avec  le  Rçy  :  et  pour  plus 
confirmer  cette  nniytié,  allant  en  Flandre  il  a  paisé  {chdse  non  espérée) 
jfar  le  roijaulme  de^Frame  :  ou  il  a.eife'  repcfu  en  grand  honneur,  et'' 
extrême  joyf  du  peuple.  Car  qui  ne  se  refjouyrott  d'ttny  tel  accoMi'  qui 
ne  loueroil  Dieu  de  vroir  guerre  as^opiv,  et  paix  régner  entre  les  ^hres' 
tiens  ?  ù  que  long  tenijfg  avons  désiré  ce  bien  !  à  que  Inen  heureux  'mient, 
qui  ont  tfQieté  ce$t  accord!  que  mautdicts'toienlt  qui  tascherot^t  de  le 
To"éiipr§!  •  .     "■     '  i       ',    ; 


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lie  GUÀÎifMAIIll, FRANÇAIS!.  ' 

•  çt  âinèi  dos  autres,  contre  la  commune  utilité  el  corn- 
'  modité  que- l'usage  de  notre  langue  a  introduit  pour 
une  commune  inteiligcncQVcomnia  qui  diroit  '.^eûx 
voudrois  (juç  je  qui  écrire  se  de  tiiestent  français  en  plus 
(peu)  ttti  rcvcrejice  de  portasse nï  usarje  conmun  nu  parler 
àé^aet  ecriureUi convenable  estqul  /«//,  au  lieu  de  dire  *. 
je  voudfots  que  ceux  qui  se  meslenl  d  écrire  en  ffanroitr  ■ 
i  portaèsent  un  peu.phjs  de  révérence  an  commun  ùs^fje  de 
fiarirtet  a  Cccrilure  qui  Inij  est  convenables^ 

Voilà  en  qjjoi,  selon  Meigret;  consiste  la  syntaxe  : 
à  proscrire  ces  mois  sans  suite  qui  rappeUont  certaine  ' 
scelle  du  Bourgeois  qenfllhomme  ;  luî^même  semble  s'at-  - 
tendre  à  ne  pas  ôtre  pris  au  sérieux  ^  çai*  il  ajoute  :* 
.  «  Je"  ne  dy  pr^s  cecy  sï^hâ  cause,  car  je  suis  asseuré  - 
oii^une  bonne  partie  de.  ceux  qui  s'en  meslcnt  sont  si 
*^    friands  de  suivre  le  style  latin  el  d'abandonner  le 
.   hostre,  que  cSmbien  que  leurs  parolcâ  soient  naïyemeîît 
françaises;  la  mauvaise  ordonnanqe  rend;  toutefois  )e 
:   sejisobscuravecqun  grand  mécontentement  de  roreille  ' 
A      '  etde.rassistance.  »      '  .'  •  '     ^ 

Après  une  rapide  comparaison  du  latin  et  du  fran- 
»Ç-çais  quant  à  la  constructionV  Meigret  termine  ainsi 
'  son^livre  :  t  Voilà^  dit-il,  les  considérations  <]uej'ay 

nu  trouver  des  parties  nécessaires' au  ï)astinfieat  de 
-         riostre  langage»  lesquelles^' ay  dressé  suyv^nT^ex-  • 
■        "perience  que  j'ay  do» nôtre  langue  et  .de  son  usage, 
6.1  imitât  ion  dej'ordre  que  tieiït  Priscian  en  la  latine  ; 
combien  que  je  me  liions  pour  tout  certain  qu'il  est 
"       "bien  difficile  qu'il  ne' .s'y  treuvé  beaucoup  d'ocôasions  • 
"de  iDeqpntentenfieqt,  tant  en  la, goneralité  des  régies 


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».  i-    MEIClETlïtt!.    DM  AITI?!.».  III 

qu'en  rxiîru>8iorï  de  leurs  cx^cpiit ions,  îtttmidii  Tinîmité 

lant  dr>s  noms  que  des  verl)es  et  leur  diversité,  à  Cause 

de  l'extrait  divers  que  nous  (ou  nos  ancestres)'cn  avons 

'  fait  4cs  autres  langues.  —  A  ln  seul  DJiiU  U0i>>ELa^ 

.ET  GlrOlRE.   »-        ^  ■        ^  «         .  — -     — ^, 

-.:       '  c  - ■  ■  ■  ■■*  ^  '"^ 

.  '^  S  3. 7-  Lutte  ratre  GulliuBie  IKCs  Auieli  et  Melffret.' 

'      Des  théories  àtissi  nouvelles,  des  tentatives  si  t^-mé-  ' 
raires  ne  devaient  po'int  •passer.  iqapcnjDes.    Nou^  l 

«avons  réuni  dans  notre  analyse,  \Q,Tv(i\ié  totichantlc 

-  commun-  usaye  de  t  é4:riluré  fnmçoi. se  ci  la  Gniuiniaire 

' JrauçoisejjmRis  avant  la  publication  mérne  db  ce^ se- 
cond ouvrage,  un  Jeimeé.cri  vain,  encore  inconnu,. se 
révolta  au  nom  de  là  langue  et  du  bon  sens.  ^ 

•Son  Traité  de'  C orthographe  des  M cigrt listes ,  qu^l  fit 
paraître  souâlepseûdonyme  de  Glaumalis  de  Vezel(*t, 

'*lui  attira  une  vertp  "réponse  de  Meigret;  il  riposta; 

'  Meigret  répondit  e^ntore  ;   et  Jut  enfin  «eieônck  ;  par 
J:acques.\pelletier,  poète  et.  matliematicien  du  Maris  ï^^ 
ce  fut  l'aide  de  roùrs  à  famatt^iur  des  jardins  ;  la  pierre 
que  celui-ci  lança  contre  É)e§  Autels  atleignit  surtout 
Meîgrel:  an  pourrait  croire  un  enùemi  déguisé. 

>     De  ç«tte  lonfu€Pl«tle  ont  jailli  quelques  lumières, 
le  résumé  qtje  nous  ferons  des  débats  appellera  sur- 
tout Inattention  sur- les  faits  intéressants -quî'  s'y  sbnt 
»r0duitfe»vi  /  ■  i  .'  '     '   ^• 

Le  pr^mieF  soin  de  Meigrekest  d^e  cncrcher  ^on  . 

.  adver$aii^e  sous  le  masque;  Glaumalis  dt^  Vez  let  a  été  . 
vite  TèGon nu  pour  GuilJauiîie....  «  Je  dirois  bien  \eT^ 


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GRXMMAIRK    FRANÇAIS^. 


dcmoiirant  si  je  vouloK  •  Son  AR.o..n'éehappe  pas  à 
,  Moigcet  :  ^  *3e  ne  puis  croiro-,  quejqne  jeUncsse-qu  il 
allégué,  qirime  telle  œuvre  que  la  sieqrt(î  no  rcqucre** 
•  >  %ieii  pour  le  moins  l'âge-  de  huyt  à  nèirf  ans.   »  ^— 
L'ironie  est^elle  assez  piquante!  Mais  bieniôi  Meigfet 

-'.i^a  changer  de  langage;  les- mois  d'ignorant,  calom- 

•'      ■  •     •       I.- 

,  •  niateap,  â,ne,  sang^lier,  docteuf  en  jargonnérie,  médi- 
sant,  honteux  et  de  lâche,  cœilr,  se  présenteront  sous 
sa  pi  Urne,  et  il  les  écrira  sans  h'ésiteF.^PaiUvre  Guil- 
laume  !        .  \.      ♦  -  ^  r 

•      Mais  reprenons  les  poiots  eh  litige.     .       - 

Des  Autels  fait  d'abord  Aielques  concessi'bp's;,  c'é^t 
lai  preuve  d'un  esprit  droit  :  V  J'ay,  dit-il ,  naturelle- 
ment en  recommandatiofr  ceux  qui ,  par  gentilëssjB 

'  et  habilité  d*esprit   s'efforcent  de^  trouver  quelques), 
choses  profifablô».  Par^quoy  je  loue  l^nvention,  tant 
sbit-clle  maigre,  6u,'cbmme  vous  dites  par  dinlinutif, 

'  maifjfeitf,  de  ceux  qui  nous  veulent  faire  écrire'  comme' 
'  nous. prononçons,  pourvu  que  la  prononciation  fust 
bonne  et  non  vicieuse.*Et  voila  en  quoy  je  serois  bien 
d'accord  avec  eulx.' »^eigret/,  semble-t-il ,  va  battre 
des  mains.  Point  du  tout,  on  croirait  à  l'entendre  qu'il 
né  veut  Des  Autejssni  pour  aûii  ni  pQur  enhemi.  Avec- 
quelle  a^rrogîïnce  aussi  accipte-t-il  la  déclaration  si 

.sage  de  son  rival!  «  Il  me  semble,  Guillaume,  que  je 

l'ai  assez  souvent  dit ,  ajWant  davantage  qu'ainsi  que 

i'usâgedè  la  prononciation  françôise  changera,  que 

jy    -recritjiré  dçvra  faire  le  semblable,   àttei\(Ju  .qu'elle 

n'estSué  son  image....   Ce -n'est  pas  d'aujourd'huy,, 

Messieurs   les    Guillaumistes ,  ^M'on  dit   qu'il    faut 


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ÛIS   ACTELR, 


^      r  L.   HEIGRET   B^  G.    DIS  ACTELR.  119 

ecpre  cotTime  on  proi^once*..  Or  passons   outre,» 
^-  Des  Autels  reprend  :   a  Cela  premis  '(P^-^'^'i  je 
.viens  à  la.qiiestion  de  rorthograplie,  qui  est  de  ce  que 
.nbstrc  prononciation  né  s'accorde  pas  avec  l'escrip- ' 
.  ture.i.  Ils  veulent  reiglerTescripture  selon  la  pronon-* 
ciatiion ,  et  il  sembleroit  plus  convenant  reigler  la  pro-  . 
nonciation  selon  Pescripture,  pburce  que  la  pronon- 
ciation^ usurpée  de  tout  le  peuple  auquel  le  plus  grand 
nombre  est  des-  ioîots  et  indoctesvest  plus  facile  à 
corrompre  que  l'Jîfjcripture  propre  aux  gens  sçavants.» 

Revenant  alars  sut*  le  vice  de  supej-flnHé  que  Meigrct 

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atfouvé  dans  l'emploi  de  certaines  lettres,  il  déclare 

qufi  «  il  n'y  a  point  de  vice  en  l'escripture,  mais  qu« 
plùstostjl  y  tn  a  en  la  prononciation  en  ces  Vocables 
[  teste  ^  besjte,  monsife,,  veu  mesmement  que  les  autres 
langues  vulgaires ,  italienne  et  espaignole ,  pronon- 
cent r«.    »  J;^ 

—  «  Voyez  icy,  s'écrie  Meigret,  la  folle  et  auda^ 
cieuse  bêtise,  de  ce  Guillaume,  voulant  corrom{)re  le 
vif.  pour  satisfaire  à  la  poUrtrâitureî  »  11  loue,  ceux 
qui  veulent  mettre  récriture  d'accord  avec  la  pronon-  . 
cîation  ,  si  la  prpnonciation  est  bonne;  mais  iNa  soin 
de  la  trouver  mauvaise,  parce  qu'efle  n'est  pas  con- 
forme à  récriture!  il  veut  qu'on  se  règle  sur  l'écriturei 
pour  prononcer  :  mais  «  à  quelles  armes  a  il  conquis 
cette  authorîté"?  »  et  ne  sait-ij  î)as  que  les  anciens  li- 
vrés ont  été  impuissants  à  çmpôcher  les  changements 
de  la  prononciation  ?  Nécessité  est  de  cuivre  1u  loi  du 
plus  fort,  sage  ou  fou;  or,  le  peuple  est  le  plus  fort  : 
donc  il  est  faux  le  système  de  Guillaume.  Il  parjç  des 


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*f-180. 


(;«4MMAIRE    FRANÇAISE. 


ItâKens  etdes  Espagnol:  t  Vous  verrez  que  cet  ha'- 
bilc  Guillaume"  nous  mettra  au  rang  des  perroquets  ]..:- 

.  Comjne  qi^oy  donc  es.- tu  si  bebelé  cl  si  courroucé  de 
'dire,  contre  l'usage  de  la  langue  fra^içoise,  que  nous 
devons  prononcer  ^^A^^Jt  bcsie ,  parce  que  l'italien  et 

'   respâgnol  le  fait  ainsi  en  prononçant  s?  Je  m'emer- 

*vejiJïiLMlue  tu  li'asdit  r<?«/fl;  car  de  quelle  raison  excu- 
' seras-tu  le  IVAfiçois  poUr  avoir  tourné .n  en  e,  en  le 

'  blâmjint  d^ttv^iF  tu  s?  Vous  voyeftldnc  icy  lajnalice 
de  ce  Ciuillaume.  »  ^.       >_       V  _  . 

<       .£)cs  Aulels  avait  dii   aussi  que  la  langue  fran- 
çaise l'emportait  sur  toute  autre  jmr  la  d#uceur  delà  ' 
prononciation,  «  pour  laquelle  observer,  ajoutait-ilj  il 
vaut  mieux  prononcer  tout  co  qui  est  escript.  •, 

— 4  Par  ce  moyen, Tepond  M eigret,  Messieurs  les 
.courtisans  et  tous  autres  qui  font  profession  de  bien 
parler,  auront  dorénavant  à  prononcer  escriprcy  re- 
cepveur^  doïbvçnL,  exioieiily  ciilx  et  infiniz  autres  vo- 
cables... Mais  aussi,  pourra  dire  quelqu'un,  pourquoi 
n'aura  il  avec  ses.  savants  un  jargon  (1  )  pr^re,  vu  que 
les  cagnardiers'(2j  s'en  forgent  bien  un  à  leurjiûslc?- 


(1)  L*jai'f?on  c'est  Taî^ot  des  «rcbis|]pp<'its  du  grand  Coësre;  quoi 
qu'en  d»««  M.  Kr.  Michel,  Etudes  de  philologie  comparée  sur  Paryot, 

.  (1  Tol.  ïn-t".  Pari?,  Didot,  JH;»«)  nous  croyons  que  jaruon  est  dérivé  do 
jars,  raàle  de  certains  animaux,  d'où  parv  et  garçon.  Le  jars  ou  jargon 
serait  le  parier  mate,  celui  des  vrais  hommes,  de|  hommes  par  eicei- 
lence,  c'est-à-dir^  des  voleurs  qui  remploient.  —  Qui  croirait  que  Mé- 
'uage  dérive  jnrjfon- de  barbar\r,us,  baricus,  taricut,,garats,  gargus?.... 

[2)  Les -Cagnardiert,  di>nl  M.  ¥r.  Michel  n'a  pas  admis  le  nom  dans 
>  ses  Études  de  .philologie  sur  Vargot,  étaient  des  confrères  des  Cagnus, 

des  Marcandiers,  des  Riffo^és,  de»  Callots,  dts  Coquillards  ei  autres 

'    'sueux-  Pasqulcr,  Mv.  VIII,  des  RecAerches  de  là  Fronce,  chap.  xlii,  parle 

dos  truants,  pontonniers ,  coquins,  gueux  de  Costière,  et  enfin  des  Ca- 


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t.   MEIGRET  ET  G.   DES   ÀUTEI.S. 


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Je  ne  débats,  pas,  continue  Mcigret ,  qu'il  ne'jargone 
avec  ses  jargoneux  tel  langage  qu'il  le  Voudra  forger, 
ftiàis  qti'il  nous  laisse  entre  nous,,  simples  gens,  user 
de  la  langue  qui  nous  est  jà  fort  usitée.  »  En  outre,, 
si  Ton  suivait  l'avis  de  Des  Autels,  il  arriverait  ou 
que  escripre  ne  timerait  piis  avec  J/rr,  ou  que  propre 
rimeroit  avec  mor^  et  rrtrc  avec7//)rr. 
. -Exagërafion^de  part  et  d'autre!  Ne  serait-il  pas 
possible  d'accorder  les  deux  systèmes  rcn  établissant" 
que  l'on  écrira  en. respectant,  comme  les  kavants,  les 
consonnes  étymologiques  dans  l'écriture,  et  en  pro- 
nonçant comme  veut  l'usage?  Sans  doute  Meigrot  s'y 
refusera,  parée  qu'il  veut  qtie  Técrilure  soit  l'image 
fidèie  de  la,prononçiatioiT,vet  ï)es  Autels  parce  qu'il 
cnteniique  la. prononciation  soit  l'image  de  l'écriture; 
mais  ces  deux  opinions  ont  leurs  excès  qu'il  faut  cvi- 
ter,  et  notre  moyen  terme  est  le  seul  qui  passe  eiitre 
les  deux  écueils  sans^s'y  perdre;  malheureusement  il 
ne  s'est  alors  trouvé  personne  pour  le  proposer,  et  la 

guerre  continua.  Poursuivons.  '  -       . 

Des  Au%|s  a  vu  un  danger  dans  la  diiïér-encé  qui 


ghardiers.  «  Quant  au  iriot  de  tofinard,  'dit-il,  cola  dospsnd  d'une  his- 
toire dont  ju  pui»  Ciitru  léuioin.  I>e  tuiU  qu'en  ma  ^runiie  jcuiKsj^e,  ces" 
fainéants  avoicnt  ncréustunié  au  temp«  d'esté  de  se  venfr  l«i^cr  ^ous  ik^ 
ponts  de  Paris,  wirçons  et  fjarces  jie*le  mrsle  :  et  Dieu  srait  (juel  nionajie- 
ilà  fuisoient  ensendHe  !  Tant  y  a  qu'il  me  souvient  qu'autresfois,  par  ery 
public  eiïïané  du  Presvosl  de  Paris^'il  leur  fut  delTt-ndu,  sur  peinéide* 
fouet  de  plus  y  hanter;  et  comme  queliiues  uns  fussent  désobéissant^, 
j'en  vey  foueter  potir  un  coup  |)lus  d'une  douzaine  sons  les  me»;me»  ponts, 
depuis  Itquol  temps  ils  en  oublièrent  le  rhethin.  Ce  lieu  étoil  appelle  le 
Catg/iord,  et  ceux  qui  le  frequentoient  Caij/nart/icrs,  parpe  que  tout  ainsi 
que  les  canards  ils  vou&icnt  leur  denieure  A  l'eau:  •  -        '• 


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JÎ2  GHAMMAIRB   FRANÇAS»^. 

atteindrait  Tc^criture  d'un  mênrîc  mot  selon  qu'il  se- 
tait  suivi  d'une  voyelle  ou  d'une  consonne,  car  si  Ton 
écrit  Aie  devant  r/V,  on  écrira  ei\!  devant  aime  :  il  ne 
comprc/iidra  plus.— Tant  pis  pour  lui,  reprend  Mei- 
gret;  et^ïl  passe  outre.  »' 

■  •Guiilaalîie'alorsfi'échaufl'Q.:  «  et  eneoise  plus  facile* 
mont/dit^il ,' je  les  croirois  si  se  contentoient  d'ac- 
corder l'escripture  à  la  prononciation  ;  mais  pour  se 
monstrcr  plus'^ingenicux  ,  ils  cherchent  des  nouvelles 
diphttîongues,  et  des  nouveaulx  caractères,  et  de  nou- 
velles quantités  à  leur  plaisir,  d'autres  belles  triquc- 
dondeines.  Pour  faire  au,  ils  escrivent  ao,  ils  vont 
pmprunter  j/  des  Grecs,  duquel  on  se  passe  bien; 
bref,  ils  font  rage,  il  n'y  a  que  pour  eux...  »     ; 

T^tMoi^sieur  maistre  Guillaume,  reprend  Meigret,  si 
vous  n'avez  le  cerveau  bien  troublé d'opiniastreté,  tous 
trouverez  qu'jen  introduisant  la  diphthongue  ao  (i), 
je  neHtajs  qu'accorder  l'écriture  à  la  prononciation  ;  et 
pourtant,  cessez  de  braire.  »  Plus  loin,  il  remarque 
que  Des  Autels  a  fait  usage  de^l'apostrophe,  et  qu'il  a 
marqué  d'un  accent  Ve  masculin  :  en  prenant  Papos- 
trophe,  il  donne  raison  à  Meigret  qui  l'a  ou  croit  l'a- 
voir le  premier  introduite  ;  en  prenant  l'é  aigu  qui  a  un 


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7 


V^  (1)  Il  e»t  certain  qu'en  Anjou  Toit  prônf>nc«  de  la  ch<ior,<j'ai  chaod, 
ehcraox,  en  appuyant  sur  l'a  et  glissant  léijôrcment  sur  To  qui  ne  s'en- 
tend gut^replui»  qu'un  e  muet.—  Dans  le  Bafon  dè'Fanftte,  d'Auliigné 
note  .|»ar  <*(>tte  alliance  de  ï'ao  un  8on  na»al  particulier  au  dialecte  poi- 
tevin, mai*»  qui  n'a  rien  de  commun  avec  l'^io  de  l'an^e^in  dans  les 
exemples  rite,  et  autres  semMables^  Cf.  If  s  Aventuret  du  baron  de  Fx- 
nesîe,  édit.  Mérimée,  Paris,  Jannet,  1855  {Ribliothfque  elxépir.)  pp.  XX. 

^      138  et  sulT.'       V 


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autre  son  que  IV  muet,  il  ajùgoe  utile, une  disHnction 
que  Meiïïjret  avaii  juj^ée  nécessaire  :  cfaecord  avec  lui 
sur  te  besoin  de  distinguer  les  deux  sous,  il^dilTère 
sur  l'application:  qu'importe  au  système?  LeqUfjl' a 
lort  des  deux?  «  Au  demeurant,  j'ogtbiiois  ton  auda-  ' 
cieUvSe  calomnie,  dont  tu  me  <;tiarge6,  qn  ce  que  lu 
disque  j'emprunte  l'//  des  Grecs  ,  comme  si  \q  Fran- 
çois n5\tpyjïïême  n'en  eussent  jamais  usé?  Ou  as-lu 
tiouvé  ecPitui'e  françoise,  tant  soit-elle  ancienne,  qui 
n'en  soit  garftie?  » 

Le  débat  passe  alors  du  grave  au  doux,  du  sévèn 
au  plaisaat.  «  Je  ne  tiens  pas  grand  compte,  avait  di 
Des  Autels,  de  vos  plurlers,  singuliers,  car  leseofans 
s  en  moquent. -r-Entens,  Guillaume,  dit  alors  Mcigr'et,j 
que  je  ne  trouve  pas  étrange  que  cet  âge  là,  ineai/able 
de  raison,  le  fasse,  espérant  au  demeurant  l'amen- 
dement de  ton  opinion  si,  par  succession  de  ytemps,," 
Dieu  te  fait  tant  de  grâce  qu'en  te  dépouillant  de  ton 
■£n|fance,  il  te  mené  à  quelque  âge  docile  et  suscep 
tible  de  raison.  »  ; 

Puis  vient  la  querelle  du  c  dur  devant  t.oiites  les 
voyelles,  comme  on  l'avait  en  latin,  smon  Meigret  : 
grossière  erreur,  selon  Des  Autels,  qui/oublie  que  Ci- 
céron  a  fait  une  équivoque  de  cocce  eyquwiiu';  puis  la 
raillerie,  reparaît  :  e  Ils  me  font  rire',  dit  Des  Autels,  . 
quand  ils  disent  qu'ils  tiennent  notr>c  long  silence  pour 
un  tacite  consentement.  •  Meigrety  prenant  la  l)al|e  au 
bond ,  confesse  qu'il  ne  rit  point/et  tiue  cette  attaque 
l'égayé  peu;  puis,  s' adressant  à  D^s  Autels:  iJevoudrbis  . 
toutefois,, lui  dit-il,  que  pour  ton.^|k)ncur  et  pour  mon  ro» , 


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,  poslu  lie  .In  fus<so$-rais  aurànj;  (le  ces  (lodaigncurî*,  et 
que  tu  m*  Ju«ses[)6infvoiui  au  roiiibatcciurpi'dc  raisons^ 
.coiirmo.mie  gVoiionille  de  pliniics!  »  Api\'-- (pioi  il-  le 
Ira Ue  encore  urmdngic,  iticapabkî  de  rai.stj/< ,  bç-ite 
.   ''  .sauva;i;tî'Ct  crirelje  sous  figure  d'homme,  »  et  termine     . 
•     sa  réponse  au,  fac|um  de  sou'advcrsairc  par  ces  mots  : 
t  Si  (rtuillaui'ïie  ou  autre  se  veut  plus  adresser  à  moi, 
•    touchant  cet  art,  pour  me  cbiitredirc',  qu'il  avise  de 
donner  vt\'emcnl  à  ce  premier  fort  que  jamais  homme 
:     .  de^  bon  .sens- n'assaudr-ii,  autrcincnt  je  le  lairay  parler 
tout  sghI,  comme  qui  n'a  aucun  principe. —  A  t.N  skul     ' 

'      EfilL'  IK)NMïi.K  KI*(.L0I«E.  »  ■  ^         .     *     ^ 

>    ;  Des  Autels,  jeune  et  ardent,  ne  se  linC  pas  pour  •• 
'battu  ;a:pmparaisoii,  di,tle  proverbô,  n'est  pas  raismi;  . 
injure  encore  moins,  et   l'injure   occupai*,  la .  place     - 
'  *  'Td'iiônneur  dans  la  réponse  de  Meigretï' Son  aOversaiçe 
reprit  dond;  la  plume:;  mais  celte  fois,  sans  dire  beau-    • 
•  coiip  plus,  il  se  crut  obligé  d'èlre  plus  long  et;dèTaire 
volume.   Sa  Hrptique  aux  furieuses  lirfenses  de'  Louis ^  , 
iVe/^rt't  (Lyon,  J.  de^ Tournés  et  G",  Gaze^iu),  ache-  •  ' 
'   vée  dès  le  20  août  1560,  et  publiée  l'année  suivante, 
"       n'occupe  pas. moins  de  75  pages  Irès-corhpacles, 

Le  jeune  critiq^ie,— il  avait,  dit-i-llui-n^ême,  vingt-  *.. 
'     'deux  ans ,  -^  a  sm*  ♦leigret  un  avantage  notable  :  "son 

.  style  est  alerte,  parfois»«pi rituel,,  autant  qu'est  lourd  et   • 
,  ,  jlédant  cBlui  de  son  rjval.  S'ildit  des  gros  nrôts,  jl  les  en-^  ^ 
-     velQ^'pè,  mais  il  lui  eii  échappe  peu,  et  jamais  iN'a^^^^^      - 
jusqu'à  la  grossière  insolence  de   Meigret-':  aussi  le 
lit-on  avec  plafsir^II  avait  «  bien  d'autrçs  choses  à '*^ 
fa^rçet  de  plus  grande  importçtnce  qBc'fceci  !  »' Pour- 


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•  i      „.      ,  *:      ^    •       .     ^ 

,;T         '       •'*      *  '  L.    MEJf.nET  ETr,/bFS   Al.TEIH.       ;'  |  Jr, 

*  quoi'  (fonc  cniro-l  il  on  lice?  C'est  que  MtMgret   hii- 
nrèinc  Py  a  forcé  :    •  Je  «c  soi\s  sinon  appelle,  je  lie 

.    passe,  oullrc  sinon  mené,  et  onco^C  n  g'béi-je   point, 
,.  siiKm'Iiél't  contraint.'»  .     ■      ^       - 

*  «     •  Kntrant  en  iTpalièrc,  Jr  s'imprcssc  de  déclarer  qu'if 
.    i^iorc  f  qui  ost  ce  Mei-ret  .  tyji  l'a  attaqiié.  Au.^si 

c'est  niôîiKS  riiomrne  qui   sera  un  (question  que  ".^cs' 
frincipes  :  H>,.Qr  prie-je  toiL«  mes  Iccje.urs  "^e  ne.  pen-  - 
se-r  qilo  je  mette  la  m.'un.à Ta  pliînio  ppiir  Vc'spohdre  h 
'    li'lJos  li^^dfnerJe;?  :  car  |é  n'g^cri  que?  pour  déclarer 

•  :  Jéclai-r^cirVmpn-opistre  précitée  et  mise  puli-emon-gré 
- i;u.  lumière..;  Vay  est  que  là.oîî  il  sçrâ  besoin,  je  par- 

Icray  u  ce  Meigret ,  àfrn  qu'en  oyarlt  dire  mal  île  soy, 
*s    il  perde  une  parjie  du  grand  plaisir  qu'il,  ha  prifis  à 

dire  mal  d'autruy.  •  ■         -'        t   *  ,   \        . 

•^TQut cela,  n'est  pas  sérieux.^Çn  ne-peu4  toni,rgrand 

compte  aussi  ni'desou  apologie  du ^lom  de  Guillaume 

altaqué  "par  Jleigret,  qui  semble  /aire  .illusjon  au" 

r.uillaumole  Poiisifdes  Amadis,  ni  sur  sa  théorie  d'.une     . 

langue  irançaisê  corilempdrainc  do  la  langue  latine, 
^  OH  l'on  aucait  dit  paw^ ./).,>«,  quaQd-  celle-ci   disait 

p(mis,Pçùs;mms  il  est  intcressant.de  lè^  suivre  qeraud'   ^ 
t  jj;^Iû'me  te  mauvais  langage  de  la  Cour.et  de  se  demdn- 
.    der  àvecjui ,-  t. d'où  sont  venus  ces  mots  il  feset ,  i['\ 
^  dh'cl  et  Jik-  rime  que  l'on  .appelle  tMjm  voque  de  cères     ' 

avec serbi* 11)?  Pburquoy.ha  on  laissé  le  mot  régulier 

iiV  ■,■.«■  •  ^^  ■  ■ 


.    ,n  -  Il  y  a  dç  clr«j  sortes  de  /imesijà  -  premUT-é,  t)lus  fxriH<!nte  pt   ' 
.  moins  ufiiléj^^ur éstre  la  plius  dilllnlel  est  Vequnoquc,  qufest  lori^qu'un 
•mot  de  d«ux,^lrois  on  quatre  gyliabï's  rime  et  sjînbaHise  à  la  lin  il'uu 


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136  (.MA^yiAIIR   FIANÇAIHK. 

etuzitédc  mjne  pour  dire  mV;'  Pourquoy  quelque 
(tamc  voulaîU  bien  coiiliclair^  la  courlisanne  à  ren- 
trée (Iccest  vvér  dira  (|u'il  fait' /m....  Voulons-nous 
endurer  ccllr  tant  démesurée Micer^ce?...    Hastons, 

]iaslons-nouH  d'y  ujettre  ordre.  ».^  / ^.      ' 

•  Les  courtisans  qui  |)arlentr  d'une  façon  aujourd'liui 
'parlaient  d'.UHe  autre  hier,  et  changeront  demain  ;  de- 
plus,  i  ïa  Cpur  est  un^monstrc  de  plusieurs- testes  et 
con-^ociucmmcut-  du  plusieurs  langues  et  plusieurs 
voi;5t.  »  —  Uevra-t-on  di)nc  modifier  l'écriture  aussi 
souvent  (ju'pn.  y  altère  Klr'^pronOnciation  ?  «Ce  n'est 
donc  pas  lait  de  bbn  sens  dfep^mettre  à  nostre 
liingue;ç(itle  licencedc  ee  côrrompfce  ainsi  de  jour  en 
jour,  et  sortir /du  vray  ehemih"  d©  j^aisbn  pour  se 
fw'ùrvoyér  pai"  les  sentiers  de  Tabus.  r;         ^       ■ 

Cela  cst*très-jus(è;  et  Ton.  arfliè  »  voir  le  jeune  ' 
écrivain,'souleîjant  une  thèse  si  raisonnable,  donnera 
son  langage  l'autorité,  qui  manque  aux  grossières  in- 
vectives de  Meigret ,  et  s'appliquer  à  éviter  le  ptus 
possible  les  fautes  de  son  adversaire^:  «  Il  y  a,  dit-il 
à  ce  sujet,  deux  genres  de  brocars,  l'un  frattc,  cjvil, 
ingeni(3ux ,  'clegÉ^nt  et  facelieOx,  ■.  je  ne  qualifierais 
pas  autrement  Sa  crjlique ^ —  «  l'autre  servile,  im-  . 
portun,  scurfilé,  petulajit  et  oùtrageux:  »  —  c'est  celui 
de  Mèigr-et.- ,     .  ^       ,  '  , 


t  .> 


vers  ayrc-  un  autre  ver» 


«  K\  :  md  \anW  rt  attente,  pas  sage  et  pas-   . 
«ag)-.  «'tr.^  •  l.a  iM'concli'  '.M  la  rimt*  appeltée  richo  ..  »  ^L'Aft  poét.  de 
P.  Dt'lauduo  DaFgalicrs,  p.  ;W-io.)  ~  Cf.  Quicjjéràt,  Yersif.  franc.,  1860, 
pp.  W2-:Mi!>,fii  sur  les  it^ots  en  oi  rimant  avec4e  son  ai,  même  ouvrage)^ 
pp.  33»-3à4.  •'  ..  ' 


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W       JL.    MKIliltKT   UtT,.    Dfi<i   Al'TKLH.  '        fiS 

■   -  -  •  ,•    • 

Bientôt  Des  Autels  le  prwjd  corps  à  corps  ;  ce  (|u'il 
(lit  de  l't',  de  l'apostrophe  et  d!es  diphtlronguci^  mérite, 
surtout"  d'être  remarqué.  V       *        • 

.    Jh'la  lettre  E.  —  «  Tu  n'ignores  pas,  Mergret,  que  '. 
/  nostre  e  ha  trois  .diverses  puissances",    selcTn  Rono 
.desquelles   tu  16  nomme^  '  ouv^ri  et  luy  donues   un.. 

j        creçhut  ;  selon  rj^utrc,  Hm  Tappelles  '  vIoh  ;  éelon  la 
tierce,  dont  tu  Ce  tais  eh  ton  prolo{^'ue  ,"}\  est  commu- 

, ,     '-  nement.appeJJé/tmçMiM,  et  à  ce  dernier,  comme  il  me   ^ 
',  semble,  si  Ton  ne  se  veiilt  fier  a  la  discrétion  du  leç-.  " 

.         Icin-,   vcià  q'i'il  est  inconnu  aux  aàtres  langues,  tu     - 
p-ôis  plutost  donner  une  noie   de 'dirterencc  qu'à 
Tjautre,  quç  la  langue  latine,  selon  la  prononciation  , 
iresefnte  de  tout  le  iponde»  sans  le  ^iveCàiifiur,  .pro^ 
énonce  comme  nous,  lorsqu'il  est  joint  à  une-àutre-' . 
congonante  que  w  où  ii  \  la  fin  d'une  diction,  comme    . 
en  ces  mots  hœc,  meL  per,  e*/  regarde  ce  mot  Cercs 
où,  sans  note  diverse  /  nul  ne  fait  ^iflicuité  à  discerner 
les  sons  du  premier  et  second  e,    Toùtesfois  je  °ne 
trouva  point  de  danger  qu;il  soit  diversifié;  mais  il 
n^e  serQbleroit  meilleur.de  l'appeler  diphthongue  im- 
propre, comme  les  Grecs  en  ont  quelques-unes,  et  de    • 
luy  mettre  un  petit  point  dessouz,  que  le  crocheter 
ainsi  que  tu  fais,  et^  sans  raison  ny  exemple ,  Jappe-  ■ . 
1er  è  ouvert.  —  Quant  au  tiers,  ce  nom  de  femenin. 
m  ha  tousjours  semblé  impertinent,  et  pour  ce  j'ay 
accoutumé   de  Pappeller  imparfait ,   pourçe   qu'il  ne 
semble  avoir  queJe  demy  son  de  IV',  voire  estre  quasi 
une  consonante...  Je  ne  parle  point  de  l'autre  e  qu'on 
appelle  masculin  et  croy  que  c'est  celuy  que  tu  ap- 


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pelle   clos,    nycle^.T  crçstc,'rr    do  In<^nçllc  j'use 
purvant  la'wutume,  comme  des  autre?  abus  de' récri- 
liu-e*,  ii«ii  par  i^isori,  vcii  que  ce  trail'  e:*l  la  note.  •' 
J'un  ocrent" ai;;u  qui  ne  convient  pas  partout  cù  nous' 
le  iiiollons^  ■  ^    '  - 

Mélarif^e  de  vérité  et  d'erreurs,  au  moins  relative- 
ment à  noirs,  ce  passage  e^t  curienx  parce  qu'il  mon- 
•..tJT  sur  le  point  en  question  l'incertitude  des  savants.^ 
/  •  Ce  que  Des  Autels  dit  ensuite  de  l'apostrophe  a  fixé 
l'usaj^e,  et  Td  emporté  sur  les  règles  beaucoup  plus 
larges  de- Mci^^ret. 

De  Vajwstrophc*.  •  Puisque  tu  demandes  un  registre 
des  môlJ^-que  je  veux  apostropher,  jeté  réponds  que  - 
i'usage  des  savants,  devant  que  tu  te  meslasses  de 
reformer  te  monde,  y  avoit  bien  pourvu,  en  lamettanl  . 
seulement  lorsque  do  doux  mots  nous  ne  faisonsqu'un, 
co;nme.auv^inpose7  de  deux^ntiers,  tel  qiiccestuy  : 
•  CÔ/ifr'f/m/V,  titre  d'im  élégant  petit  œuvre  de  Chailes 
Fonteine  (1  ,  on  quand  les  monosyllables  terminez*  de 
IV  imparfait,  connne  7/1/%  iic^  Icy  se,  etc.,  rencontrent 
quelques  voyelles;  aucunes  fois,  il  avi^nt  aux  mono- 
syllabes parfaits  devant  les  voyelles,  comme  l'a,  en 
Vame^  ma  en  m  amie  qX  en  l'antique  rn'mw<';.vr  en 
yi7,  et  aujires  semblables.  Les  poètes  en  lîsent  aux  dic- 
iionî?  féminines  adjcctiveç,  comme //ran^r  pour  7/flwci^. 
Voila,  monsieur  le  scribe.  Te, registre  de  mes  apostro- 


(1)  la  Contr^amir  de  Court  (Parii»,  Adam  Suulnier.  ).'>Ci,'ln  8»,,  iCfl 
i!('  r«'i»0(i>c  il  VAmir  de  (ouït,  lU  la  Uonlcni,  ft  h  la  l'arfaicte  Amie  pa|v,        ; 

,Ant  Ht'rwt.  Os  trois  ou\  rai:i'«  oui  viy  plusieurs  Uni  réinuHrimcs  ensemble'  ,|; 

.  dans  Uivtiâ  rfout'il^.  ■      .  -      .     '         ,  "i";i  'V; 

•  ■■'^'  ■  ■)■■.■        ■•      ■  ,  .     ■      ■  '  "  -.^'•.^:--**m1 

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L.    nWMIT   RT  U..  ttlK   ACTRLti. 


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phcs  (1)  '  qui  n-est  ppint  fondé  sur  voz  nouvelles  re»ve- 
ries,  mais  sur  Ta  bonne  et  ferme  raison  avec  J*  usage  des 
d(tc tes  gens....  Que  si  nous  apostrophqns  toutes  telles 
diction?,  devanilesr  voyelles,  et  n'en  Vouk)ns  de  deux 
faire  qu'une,  :serjt-ce  pas  un  beau  mot  que  cestuiî 
vuidamoiseC  amdùreui  lionesC  enco*\\mence  or'  un 
cstrang*  entrepris'  admirablement?,  et  autres*  encore 
plus  longs,  car  nous  e;)  pourrions  faire  qui  dureroient 
autantque  le  chemin  de  Paris  à  Orléans.  • 

On  se  rappelle  que  Meigret  voulait  remplacer  par  ao 
la  dipthongueiitf.  Des  Autels  part  de  là  pour  passer  en 
revue  divers  autres  groupés  de  voyelles -^r  lesquelles 
il'expose  ses  idées,  autant,  on  le  croirait  parfois,  pour 
inquiéter  Meigret,  malgré  ses  protestations,  que  dans 
l'intérêt  des  v^s  principes.  Voici  ce  passage  : 

Des  diphth^ùes»  —  t  Jamais  tu  ne  me  fis  bonne 
preuve  que  hpus  n'ayons  pas  la  djphthongue  ou,  et 
encore  ne  répons  tu  pas  à. ce  que  j'en  disois,  'c'est 
assavoir  que  flous  l'avons  dos  Latins  qui  la  prononçpient 
enautcM  comme  nous  faisons  en  niis«i.  .Aussi  triom- 
phes-tu de  dire  que  les  diphlhongues  gardent  toujours 
en  une  syllabe  le  propre  et  entier  son  de  deux  voyelles 
conjôiotcs  ;  et  sont  encore  plus  gaillards  tes^CîTem pics 
de  payant  et  rayai. ,..  Je  te  dy  donc  —  et  ici  commence, 
avec  l'exagération,  l'erreur  de  dès  Autels '■^. je  te  dy 
donc  qu'il /n'y  ha  point  de  d|[)hthongue  en  ces  mots 


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[>  ;  (I)  Vq^.,  dans  l4^^^|^ir#de  r«rrt/^/'ranç.  de  M.  Quicherat,  édit  citée, 

l 'i.       «une  loog^ite  mj^  d«f |wlft où  l'on  remarque  l'emploi  de  l'apo.atrophev  p.  ;(0S    <■ 


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flpAMilÂItl   riAHÇàltt 


a  ^  •  *  ■  . 

ayante  payanti^roynl  et  /of^a/,  mais seuiemont  une  con- 
traclion,   qui  encore  ne  se  ^it  là  où  tu  prends  la 
diphUïqngue,  mais  en  la  syllabe  suivante,  carçn-fli/oni, 
a  «si  une  syllabe  qX  ijàni  (l  )  une  autre  par  contraction 
de  deux.  Que  si  tu  rio  peux  si  losl  comprendre  cela,  je 
te  le  ferai  connoislre  à  tes  ye'ix  mieux.  Regarde  iqjie^ 
Ti/et  Te  se  joignent  jen  ces  deux^inots  yeux  et  mieux.:. 
Si  tu  mt  presses  de  ^^en  donner  un  de  i'^i  et  de  l'a, 
comme  est   nostro^quéstion,.  tu  n'as   point  de  plus 
familier  eiempleque  rfil>6%,aoqu€fl  je  te  renvoyé...... 

»  ,Au  dorrteurant,  pour  montrer  la.bestise  de  ccst 
ecervelé,  <în  ce  qu'il  dit  que  l^tme  et  l'autre  voyéHe 
garde  sa  'puissance  entière,  je  rie  'me    yeux   ayder  . 
d'autres  exemples  q^pleâsiôrts,  pour,  ce  pendant  qu'il 
combat  contre  son  ombr^  luy  couper  le  gosier  de  son  . . 
glaive.  Je  luy  demanue  spa  diplithongue  fiançoise  euy 
en  ces  mots  jeM  et /«^m  galrdele  sonenlieu^derM}'  Jelny^r 
demande  ouest  le  son,  iKjJn  entier,  mais  demy  eu  encore 
moins,  db  1  a  en  la  diplithongue  de  sa  n ou ve I Ip  forge- 
ao?  ouest  le  son  de  Fi  au  prctelit  kidicàtif  d'at'oir, 
qu'il escrit  par  la  diphthoDg^d?  Une  faut  donc  pas 
■  que  kîs'  voyelles  .gardent  aux  diplithongues  Aeur  sop  ' 
.  propre  et  entier,  mais  bien  qu'elles  servent  toutes  fleux, 
soit  enieurson  propre  ou^en  un  autre  vpisin,  à  faute  de 


./■ 


(1)  Ce  passage  montre  assci  la  prononciation  4e  ayant,  payant,  qni 
s'est  tonstTvé  dans^'lc  wuUv  de  la  j-rance  et  en  Anjou,  tlii  pK-arUié,  on 
dit  goy/iU  \u>ur  giliHe  (dirnso  d*-  yvôle  ,  et  If  colosse  d'osier  qu'on  pro- 
mène daiiâ  k8  rues  de  Douai  ami  le  Hom  de  Gayan,,  à  Tepoque  de  la 
Ducale,  n'eht  autre  que  le  Géant,  pri»  abftolumait.  Cf.  Efteaiier.  Kt- 
mArque^ur  le  patois, A  vol.  Id-8*,  1856,  P'  22  ;  dans  ces  derniers. moU, 
çayolU,  {payant,  le  soD  de  a  pour  ai  ou  <'  e^t  bien  caractéristique.  CL  p.  91  ■ 


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^     \  »■     ■«lytT    rr   ti.    BIS  Al'TiLf.  ^  ISi 

.lettres  pluaicjoinés  (convenables)...  Parquoy  je  rtesuis' 
pus  d'avis  de- laisser  la  diphlhongue  mi,  commune  à 

.nous  et  aux  Latins  en  mesme  sojuiui  luy  est  propre, 
pour  en  recevoir  une  nouvelle  et  inusitée  qui  enco>e 
trompe  les   yeux,    suivant   le  rlgdreui  examen  ^■ 

foreiHe.  j^  ^       '. 

....  •  Nous  n'avons  plus  Meigret  et  moy,  dit> enfin 
lies  Autels,  à  d(''battre  que  le  c,  le  g  et  le  7,  oivje  mwn- 
/(.iensnoslre  usage  estrte  bon,  qùoy  qu'il  api>orte  du  con- 
Itraire  de  l'usage  inceWain  des  anciens  Romains,  car  * 
nostré  règle  françoise  est  seure,  certaine  etèans  exccf^ 
li*)iH  T[ue  le  c  et  lé  <7  devant  Va  et  l'i  sont  prononcez 
se^on  la  furce  que  leur  nom  mesme  nous  fait  entendre.  * 
^  ,  Nous  ne  pouvons  le  suivre  dans/la  longuedfscussion 
où  ^1  entre  à  propos  de  textes  de  Quintilien  et  de  Cicé>     • 
rorf^  et,  ^pVès  avoir  indiqué  tette  grande' quQStio  1  du    ^ 
c  dur  et  du  7  ou  ffu,  cau^^e  au  seizième  siècle  de  tant 
de  colères,  nou^a^andonnons  Des  Autels  au  momchl 
où  lui-môme,  vainqiîç^r  de  Meigret,  aborde,  d^ris^a    • 
iacile  causerie,  l'éloge  de  la  poésie  etcies  poëtèé. 
sujet  charmant,  qui  n'est  pas  le<nôtre.  ;^        - 

Meigret  avï^it  menacé  Des  Autels  de  ne  pas  lui  répon- 
dre;  mais  à  la  vue  du  second /actum  de  son  ennemi, 
la  colère  l'emporté  et  il  oublie  sa  résolution.  En  quel-  " 
quesmois,  en  quelques  jours  peut-être,  il  improvise  ' 
une  défense  nouvelle,  qui  parut  dès  la  même  année. 
Son  in.4'  de  95  pages  étouira-t-ifle*  modeste  in-12  de 
Des  Autels?  Non,  sans  doute';  mais  celui-ci,  persistant 
dans  son  rôle  de  sage  modération,  s'abstint  de  pro- 


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longer  la  qircreUe  en  insiï^lant  davantage;  il    laissa 

maître  du  terrain  son  adversî|iirè,  ei  celui-éi  n'eut  plinr 

...  ^ . 

à  lutter  que  cùnlre  ses  amis. 

lieponse  de  Lmib  Mrjtiret  à  ta  désespérée  réplique  de 

daumalhdc  Vezelet  irnnsforwi'enÇmlhumedes  Autels, 

5  tel  est  le  titre  du  liK'H»?  qu'if  fit  paraître  chez  Chrestien 
•Wcchel,,  son  imprimeur  ordinaire. 

Lepr^emier  soin  de  Meij>ret  est  de  crier  à  Tinsulte 
et  à  lu  calomnie.  Kt  de  quelle  façon  il  le  fait!  C'est  çn 
injuriant  so'n adversaire  pendant  vingt  pages,  sans 
interruption,  et  plusieurs  fois  à  chaque  page  , de. son 
livre.  Trist€  langagci'que  celui  de  la  halle  pour  soute- 
nir des  points  de  lin{];uistifjue!  Le  seizième  siècle  en 
'  abusa.  Pour  nous,  nous  avons  hâte,  on  le  conçoit, 
de  franchir  ce  bourbier,  pour  arriver  à  la  discussion 

J.des  [  oints  attaqués  par  Des  Autels.  , 

•     «  t:e  gentil  philosophe,  dit  \kigret,  en  la  recherche 
de  e  me  propose  que  je  n'ignore  pas  que  noire  e  a  Crois 

•  diverses  puissances  :  si  fais,  Guillaume,  car  je  n'en 
tpeuve  en  notre  langage  que  deux...^,  qui  sont  l'e  clos' 
et  Te  ouvert.  Mais,  en  tant  que  concerne  la  quantité 
ncusen  |)ourrons  assigner  quatre,  qui  sont  Te  clos  long 
comme  celui  &c  tfonté,  c/<a«(^re,:j^autre  bref  comme 
fume,  bonk...  De  même  aussi  avons-nous  réouvert  long, 
comme  il  est  en  la  terniinalede  tous  les  pluriersesquels 
ifsc  rencontre,  c^ihme  honnei^^yVallets,  étant  au  con- 
traire bref  en  leurs  srnguliers,  comme  bonnet,  v(jtlet,  • 

•  -  En  pareille  matuTe  ,  il  est  diflicile  de  procéder 
autrement  que  par  des  anirniaCions  ;  en^^ême  temps 
que  les  deu?  rivaux  se  contredisent,  on^eut,  de  ce 


-■  r 

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L.    MliUKIT'RT    r..    DES   AtTBLff. 


ir.r. 


qu'ils  constatent  Turt  et  ratitrê,  tirer  desxoncluîrions 
^ ,  semhlubk'S  :  à  sâyoiç  d'iirie'part  que  les  dilTtrents  .^ons 
.  de  r^'  étaient  alors  ce  (jju'ils  sont  uiaiiitenant,  et  d'autre, 
part  qu'on. ne  s'entendait  pai  sur  la  maniùre  de  les" 
noter  ou.de  les  noinmei^.     •  ; 

■  .  —  «  Au  rej,'ard  de  ce  que  lu  femerveillcs  des  innu- 
incrables   apostro|>lies   que    l'écriture   requprroit..., 
trouves-tu.  pFus  malaisé  Ô6  sotiffrir  les  apostrophes  en 
l'iicriture  qu'en  la  pplation»?  Vous  verrez  que  lavuc 
^    se  rojcmit  plustest  de  la  superfluilé  des  lettres  que  ne 

fait  IVuie  de»  voix  superflues.  •  ♦ 

■■.'•■./■•.  '  .'  '      ■• 

Meigret  i^ui  s/ùit  son  adversaire  pas  à  pas,  ligne  à 
ligne,  ne  pardonne  pas  à  Des  Autels  d'avoir  attaqué  sa 
théorie  des  diphthongues;  au  surfont,  qu'il  écrit  oo, 
ToccUlpe  beaucoup-:  •  Le  plus  opiniâtre  sourdaud  du 
monde  pe  saurait  nier  qu'il  n'oye  (entende)  en  qosi 
V  (aussi)  un  «  puis  un  o'quiluy  est  conjoint  en  .une 
mènjè  syllabe...  Puis  il  dit  qii'én  ce  mot  aijant,  a  est 
linefyllabe  et  ^a»»/ une  autre,  par  contraction  de  deux: 
'   de  sorte  que  Guillaume  veut  donc  dire  que  ny/mt  dût 
être  trisyllabique ,  mais  que  par  contraction    il  est 
rendu  dissyllabique.  Je  m'émerveille  delatfestise  de  ce* 
"sot,  qui,   sans  occasion  d'inconvénient,  a  voulu,  tant 
seulement  pour  contredire,  proposer  qu'en  ayant  la 
diphthongue  ay  n'y  est  pas,  sans  avoir  eu  égard  à  la 
source  de  ce  participe  qui  vient  du  verbe  ay,  as,  a,- 
selon  rancienne  prononciation ,  ainsi  que  l'écriture 
mesme  nous  le  témoigne.  Et  combien  qu'aujourd'huy 
on  die  aussi  bien* j'i?  que  j'ci/  pour  fay,  si  ne  trouvera 
1  on  pas  quajamais  les  PrttîTçois  ayent  abusé  en  l'ecri- 


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V. 


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•     ■■;■:.  •-•■■•  V.-.».  • 

134'  gbamka||b  pkakçaiki. 

ture  de  ladiphlbongue  ai  pour,ur><f  closet  long,  al  par 
consi^quervce  on  proijouçoit  aij  commt?  il  ést'ecrit.  Au 
deinourUnt,  pauvre  sot  et  niais,  ne  poiivoi34i|  aussi 
bien  rosver  la.figurc  de  contraclfon  sur  ai  quesur  yani?» 
^ousne  prolii)ugerons  pas  plasiongtemps  le  résumé 
de  cette  discussio^i  ;  on  en  voit  la  forme  et  la  portée,  et 
.certes  si  nous  avons  danné  à  Meigret  les  éloges  qu'il 
méritait  pour  avoir  le  premier  tenté  d'écrire,  une  gram- 
/ maire  française  en  français  et  rompu  avec   les  kàdi- 
tions  latines,  nous  ne  pouvons  constater  sans  tes  déplût  ' 
^  rer  la  grossièreté  i)rutalc  aveclaquelle  il  a  soutenu 
ses  propres  idées,  et  le  caractère  absolu  d'un  système 
■  exagéré,  et  impraticable  dans  ses  excès. 

s  fe~-  L«ii«  catrc  Mdcrct  «t  lacqacs  PclltUtr. 

*  '  -  '        ■  ' 

■'■_■-■« 

Nous  n'avons  pu  séparer  les  deux  atîSqqes  de  Des 

Autels  des  deux  réponses  qu'y  fit  Meigret;  mais  entre 

Iles  deux,  Meigret  reçut  l'assisfance  d'un  ami,  médecin^ 

-  pbéte  et  mathématicien,  déjà  connu  alors  par  ses  vérà 

'et  sa  traduction  de  l'Art  poétique  d'Horaée,  et  qui,  peu 

'  (i'amiéefi  après,  pu Wia  un  Art  poétique  fiançoi».' Homme 

à  système  comme  Meigret,  Pelletier  respectait  les  idéeâ 

contraires  aux  sienneg;  prompt  à  lancer  les  projets  de 

réforme,  on  ne  voit  pas  qu'il  les  ait  sautenu's  avec  des 

armes  trop  acérées.  Plus  hardi  que  Meigret,  mais  plus 

mQdéré  dans  l'expression,  introduisant  les  nouveau^a 

%  non  pi^  trçp  hardiiueut,  mais  doucement,  ^.  il  ne  se 

mêla  p^  seulement  de  corriger  l'orthogrs^phe,  il  osa 

pofier  i^iteÏRte  ^if  fdnd  mém  de  la  iangiie;  (Mpsi  le 

■    ^:  ; -.'^  .  ■  ■  :  ■  ■■•■■>%•■•■•■■ 


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d  MBIGtBT  BT   J.  ViLtKTIER.  ^     '  \Z% 

'voit-on,  dans  son*art  poétique  franrois,  récianier,  avec 
lossuperlatifs^/mwJ/v.vmjé»,  be\mmc{\  \  les 'comparatifs 
(frnhdieur  et  hclieUrj  formels  à  l'imitajion  des.  Latins; 
làf  (encore,  il  érige  en  [Principe  la  compo<^ition  des  mots 
Tomme  «  Atlas  ;)or/ef/W,  l'àir  portenuè ,  l'Aqwjlonpor- 
U'frnvU  »  et  autres  compositions  artificielles;  il  pro-  . 
po^e,  pour  enrichir  la  langue,  de  puiser  à  pleines  mains 
jlans  les  patois:  «Je  po'éte  pourra  apporter  de  mon 
conseil,  mots  picards,  normands  et  autres  quisonisoys 
la  couronne:  fout  est  fr'ançoiipuisquihont  du  pays  du 
/?«»/-/»  Excellente  raison  I 

&  SonApotogie  à  Louh  Meigrêt  Lhnnois,  daté*  de  jan- 
vier^iSM),  ne  parut  que  l'annéQ  suivante.  Le  principe 
d'une  réforme  orthographique  qui  ferait  concorder  la  » 
prononciation  et  Torthographe,  fut  accepté  de  Pelletier 
dèsTabord,  et  il  fut  longtemps,  semble-t-ih,  seul  dé  son 
parti:  «  Quand  tu  mis  premièrement  en  lumière,  dit-il 
.\  Meigret,°ton  invention  de  reformWrorthographe, 
moi  étant  pour  lors  secrétaire  de  Monseigneur  l' Eveserué 
du  Mans,  M"  René  du  Bellay,  je  fu^  celui  qui  Jouai  uni- 
quelment  ton  entreprise,  et  fus..tres-aise  eïï  moi  d-avoir 
trouvé  un  homme  de  pareBle  afîection  h.  la  mienne  en 
unechosenon  moins  favorable  que  nouvelle.  Car  afin 
que  je  confesse  ma  pusillanimité^  je  n'avois  encore  été 
si  hardi  de  publier  ma  fantaisie  :  tant  pour  craiiite  que 
j'avjoi^d'eslre  p^ustost  moqué  qu'autorisé,  qu'ausëi  pour 


,  fcv- 


1 . 


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11)  CMf.  p.  lé. 


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iSC  .  URAMMAIRK    FRAiSÇAISE. 

estre  lors  sujet  au  vouloir  et  plaisir  de  mondit  seigneur  : 
auquel  toutefois 'me  faisois  assez  souvent  reprendre  de 
ma  mode  d'écrire,  sans  jamais  la  lui  pouvoir  faire  trou- 
ver bonne.  »  — Aveu  naïf,  qui  marque  assez  bien  -• 
l'opinion  des  gens  du  monde  au  sujet  des  tentatives 
des  réforniateurs.  Un  projet  paraissait;  un  ou  deux 
savants  étaient  seuls  aie  remarquer  et  à  le  combattre  ; 
mai*  pour  le  reste  dqs  lecteurs  il  passait  inaperçu,  et  ces  . 
efforts  isolés  et  malencontreux  restaient  toujours  sans 
résultat.  N()ms  ne  voyons  pas  que  Meigret,  Pelletier 
ou  Bamus  aient  fait  école  en  cette  manière  et  se  soient 
connu  un  seul  disciple. 

Jacques  Pelletier.cependant,  avons-nous  dit,  s'était 
posé  en  partisan  de  Meigrel;  à  chaque  page  de  son 
livre  oa^trouve  un  ^loge  ou  une  formule  polie;  mais 
cette  urbani,lé,  P^lletier  la  mettait  au  service  de  cri- 
tiques sérieuses,  et  non  d'approbations  bàrîldes. 
>    <  £n  premier  lieu,  lui  dit-il,  chacun  entend  assez  . 
que  nous  visons  tous  deux  à  unblanc,  qui  est  de  rap-    f' 
porter  récriture  à  la  prolation;  c'est  notre  but,  c'est 
notre  point,  c'est  notre  fin  ;  somme,  c'est  notre  univer-   • 
sel  accord.  Mais...  premièrement,  il  es|  tout  certain 
qu^il  y  a  en  notre  langue  et  pour  parler  hardiment  en 
toutes  langues  vulgaires,  une  manière  de  sons  qui  ne 
se  sauroient  exprimer  par  aucun  assembleroent  lii  aide 
de  lettres  latines  ou  grecques.  » 

Après  une  observation  si  sage,  condamnation  sans 
répliquede  tous  les  systèmes  qui  veulent  s^ibslituer  une 
convention  à  uiie  autre,  on  s'explique  assez  peu  que*^ 
PèlJQtier  accepte  le  système  de  Meigret,  ou  qu'il  élève  à 


«:;» 


»v^ 


L.   MBiaRET   ET  J.    PELLETIER. 


137 


coté  un  système  rival.  Cependant  il  persiste,  et  après, 
"tvèir  remarqué  que  les  prétendus  abus  signalés  par, 
.Meigret  dans  remploi  djes  le'ttres  latines  sont  devenus 
nçjcéssaires  pour  représenter  des  sons  nouveaux  jncon- 
nus  aux  Latins,  comme  celui  de  Vi  et  du  v  qui,  toujours  ^ 
voyelles  chez  eux,  sont  devenus  consonnes  cliez  nous, 
comtne  aussi  celui  de  //  mpuî'llés  qu'ils  n'avaient  pas, 
il  déclare  qu'il  se  bornera  à  changer  les  signes  seule- 
ment où  changent  les  sons;  ainsi,  comme,  dans.yi/te, 
les  deux  /conservent  leur  son  propre,  il  les  y  laisse; 
mais,  comme  dans  bataille^  les  deux  //  de  l'écriture  vul*- 
gaire  ont  un  son  particulier,  il  les  remplace  par  ///(!): 
a  Ce  sont  les  mo^s,  Louis  Meigret,  qui  méritent  reforma- 
tion, ^n  pas  ceux, qui  s'écrivent  d'une  sorte' qui  est 
toujours  semblable  à  soi  et  qui  jamiais  ne-se  dément.  •    ^ 

On  sp  rappelle,  pour  ce  dernier  exemple,  que.  Mei- 
gret avait  représenté //mouillés  par  deux /dont  lesecond 
était  barré  :  tous^eux  soût  d'accord  sur  la  nécessité  de 
la  réforme:  pourqooi-ëonc  diffèrent-ils  dans  Texécu- 
tion  ?  Nous  Pavons  dit;  là  où  une  convention  doit  être  ' 
remplacée  par  une  autre,  td^hanfip  est  vaste  aux  pix)* 
jets,  et,"  l*amour-propre  aidant^  chacun.émet  le  sien; 
autant  et  mieux  valait  la  première  façou d'éqire,  par 
cela^eulx[ue  l'usage  l'avait  consacrée.         '    .  i 

_Jelletier  reproche  ensuite- à  Meigret  d'avoir  voulu  re-  ''  I 
tirer  au<7  le  son  adoiici,  quoiqu'il  luF passe  l'emploi  du 
j,  tout  abusif  qu'il  est.  Ainsi,  lui  qui  voulait  deux  formes 


[i)  Lh  pour  représenter. le  son  de  II  mouillés  (ilhrille),  et  nh  pour  qne 
^.(monkiy9«)  Bo.n|^  encore  aujourd'hui  des  notations  portugaises. 


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pour/  pur  et  pouf  /mouilla  pcnpct'ahî^  le  son  faible  et 
le  son  fort:  singulièro  inTrrîîst'quencc-!  et  la  raison? 
C'rst-  «  la  peur  (|Me  j'ai  que  n'en  soyons  .avouez.  » 
F<pôrait-il  clone  que  le  langai^e,  en  même  temps  qu'il  se 
réserverait  de  persévérer  dans  de  prétendus  abus,, 
accepterait  la  réforme  sur  d'autres?      '     - 

Respectant  ki  double  son  du  gr,  Pc'letier  se  voit 
obligéde  consctvor  l'Mqui  suit  ce*/,  qu'î^iKi'il  alesondur, 
ds^vunl  e,  i,  eu;  on  conçois  qu'ensuite  il^Jaisse aussi  )'« 
api:<4  le  7,  «  L'ar  qui  la  vit  jamais  en  ecritt^re  du  monde 
qu'elle  ne,  fut  accom^iagnéo  d'u?  »  Comment  s'expli- 
quer ici  cet\;»ppel  à  l'usage, *quand  ailleurs  Pelletier' 
le  combat  si  vivement? 

De  là  Pelletier  passe  à  l'examen  desdiphthongues  : 
Meigret  a  voulu,  op  se  le  rappelle,  remplacer  au,  par 
ao  :  mais,  lui. dit  avec  raison  P^lfetier,  comme  Des 
Autels,  cl|3ngement  pour  changement,  •  il  t'eût  autant 
valu  mettrg.un  osimpief»  — (Juantà  ladiphthongue 
eu  :  «  di-moi  donc,  je  te  prie,  Meigret,  qui  te  pourra 
consentir  que  Tori  doive  prononcer  cu^,  hurtep&ru  tout 
nud,  au  lieu  de  queue  et  lieurtc  par  dfphthongue  (ly  ?  » 
Le  son  de  l'o,  fort  indécis  dans  Meigret  ^2),  qui  prétend 

.       ■■  J-  '  y"  ■» 

.    '       ■  ■  '     If  ■ 
'__      ' ^ t? 


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(ifftien'dpply», vague,  de  plus  indéterminé  que  ia  pronondation  de 
M,  eu,  0,  ou  au  mo^^n  âge  «-t  eniorc  au  xv*  gièt-l»*.  Noua  ne  pouvons* 
mieux  faire,  au  i4eu  de  dutitiçr  d'innumlirablea  exemples  de  celle  confu- 
-uion,  que  de  renvoyer  au  TràiHé  Me  versificalmH  françoise  de  M.  yui- 
çheral.  pp.  3S4  359.  —  Cf.  ObxenaMrti'tUc,..  de  MénnKe,  t.  I,  p.  291. 
324.  ,481.  —  Glossaire  picard,  par  PatiJié  C«»rltlet,.p.,ç^i;ji.  —  sux  là  con- 
fusion de  eu  et  ou  en  partit  uliiT,  Cf.  Quirherat,  oav.  cit«,  px  3({4r36â. 

[ij  Sur  la  confusioa  des  sons  o  m  ou,  CA.  Quieh^rat,  Traité  d»%ériif. 
franc.,  pp.  a6î-3«4;  Ménage,  Obterrations,  !.  Cpp.  I&T-IW,    411-413 ^ 


'    \ 


139 


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.  -  .    -    '  >  «BIGIBT  Br  J.    PEL-ljBTIKR. 

qu'on  prononce /roMp.(tnop)  ai  voleur  (couleurXvjrest 
pas  moins  vivoment  discuté  dans  ce  passage  curieux  : 
>  «  Qui  .(accordera  qu'il  faille  prononcer  par  o  simple 
ces  niots  bun&^  comodey  comi^^omt,  home,  lumcury  pour 
bonne\  conUnode,  connu ,  commet  homme ^  hénnt'ur?^]^i 
qui  pis.  çèt,  qui  t'accordera  qu'on  doive  pronoRcer 
troupe  noiarest  coûte,  cloiUf  nous  anciens  }^ar  diphthoiï 
gue%u/  au  lieu  de  twp,  nôtres,  çdte^los,  et  nos  anciens 
par  o/siinple?^Ai;  contraire,  à  qui  as-tu  ouï  dire  co/É-wr, 
doU'Ur  par  te  même  o  simple  que  tu  appelle  o  ouvert? 
J'ai  pri^  garde  quelquefois  à  cela,  e't.ainrouvé  que  c'est 
le  yicè  de  certains  pays,  comme  dç  la  Gaule  Narbon.- 
noise,  Lionnoisejet  <3e  quelques  endroits  de  l'Aquitaine  ' 
oîi  ils  disent:  tehaUtboi^  un  huii  overt,  Ùu  vin  rofj.e,  au 
contraire  un  iïwut\  unechouse,  et  (A?^  pourreaus,,.  Je  te 

'  prie,  Meïgret,  niépoqsons  pomt  si'  àffectueusemefit  la 
prolatiiDn  de  nos  pays.  »  Quoijque  lui-même  soit  d'ùjié 

.-province  où  le  langage  soit  fort  vicieûjf,  persuadé  qu'il  • 
est  que.*  n'j'  a  endroit  où  l'on  parle  pur  françois  fors 
là-où  est  la  Cour,  »  il  s'y' est  volontiers  jeté,  dit-il,  et 
il  a. eu  souvent  occasioTi  de  hanter  les  courtisans; 
«  màié,  certes,  ajoute-|-il,  de  tous  ceux-là, f je  n'en  ouï 

-Njamaisunquiprônonçastlesmotsainsifiue  tu  les^crits.» . 

C'est/Jàencore  "ne  reiwarque  foH  judicieuse  ;  Àiais 

oublie-t-il  donc  que'Meigret,  qui  demeurait  à  Paris,  au 

bout  du  petit  .Pont  (1),  et  qui  avait  été.  assidu  à  la 


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— Vau&el».  Remartiûet  sur  la  long,  franç.,*<éd\i.  ^61»,  [t.  24f».  -  clost. 
du  centre  de  la  trance,  p.  HJ  ;  =—  Glossaire  picard  de^Corhlet^p.  133, 
f>t  184,  etc.,  etc.  /   " 

•  t)  Deuiiéme  factum'^e  des  AuUli  .  .       ? 


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GRAXMAIie    FIIA,NÇAl!tI. 


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.  c6urde  Trançois  I  (1),  pouvait  irivoquor  la'mémeauto- 
,  Vile?  Tous  deux  jj^ut  appel  \  la  prononcialwii  de  la 
Cour:  auquel  croiiu?  Il  c>l  fùcbeux  que. nous  n'ayons 
pasiti  le  ci)inrùk  ik^il^siAulels.  couinic  nous  lavons' 
po'uî  U.di$tussîàrf-fçlali veji.  I  c ; .  su^nee  point,,J^elUil icr 
est  d'accord  ."ivec  Dca  Aulels  et  reconnaît.ayec  lui,  non 
.  deux  sortes  d'e  seulement,  comme  Meigrct,  mais  troi$ 
espèces  dont 4e  niot  d /ère  (de  défénr)  lui  fournit  un. 
^   exemple.  Toutefois,  ici  Des  Aulels  ne  modiQc  en»  rien 
récriture,   et  Pelletier  s'accorde  avec  Melgret  ^iour 
noter  le  son  de  l'e  ouvert  par  un  é?  â  cédille  dotU  les 
"manjiscrils  mêmes  .du  .moyen  figp  avaient  consacré 
Remploi  pour  écrire  l'ir*'  Geoffroy  Jory,  dès  1509,  s'en    ' 
était  servi  dans  I^vîs  aii  lecteur  de  son  édition  du 
\  Cosmoçfrnphia  PU  11  (inipr.  par  R.  Estienne),,pou^  di?^^ 
tinguer  l'é*  pfcnultième  de^ewif  re,  3"  personncpluriellc  du 
parfait^  de  l'infinitif  £m€re ;  Érasme  e4ifm  en  regar-  ■ 
dait  le  son  comme  analogue  à  celui  ^eJ'r,  des  Grecs. , 
Sàné  recourir  à  césjgné.  les'^odernes  ont  avec  raison 
jugé  nécessaire  d;jî  distinguer,,  à  l'aidé  d'accents  diffé- 
rents pour  Vê  fi«né  et  1'^  ouvert,  les  ti-ois  sons  de  Ve 
signalés  par  Des  Autels  et  Pelletier.-  "    '"   ■. 

Ici  s'arrête  TApMogie  de  Jacques  Pelletier  ou  plutôt  . 
•sa  réfutation  dé  Meigret.  San,8  égard  pour  la  politesse 
de  son  adversaire,  qurveut  rester  son  ami  eii  défendant 
la  vérité,  Meigret  lui  répondit  avec  aigreur,  mais  hW; 
reusei|îent  cette  fois,  enquelques  pages  seulement.  Ce 
qu'il  reproche  surtout  à  son  contradicteur,  c'est  «a  tîmi^ 


Vi 


(K)  Rréfacc  de  sa  traduction  du  Mfntcur,  de  Lacien. 


#■•      . 


f 


auto- 
de  la 
avons 

* 

avons' 
lUilicr 
,  non 
î  lroi$ 
lit  un< 
v^n 
f)our 
fil  les 
i5acré 
,  s'en    • 
3n  du 
^dis- 
Ile  du 
egar-  ' 
Irecs., 
aison 
diffé- 
Wïe 

)Iulôt  . 

tcsse 

levant 

t.  Ce 
tîmi^ 


.  / 


\^ 


l.   MEIGRET    RT  i.    PRLi.ETIRli.  .-  141 

di((5;  t  Je'suLs  d'avis^  lui  dit-il,  que  :qui  a^j)eur  des 
feuilles  ne'voise  (n'aille)  point  au  bois.  »      .  ' 

Reprenant  ensuilo  uncàuNe  les  objections  de  Pelle- 
tier, il  remarque,  non  sansraisôn.  que  la  cause  de  leur 
désaccord  vient  souvent  -de  la  double  prononciatioa 
qui  atteint  un  môme  mot,  ceUxci  disant  recouvre^  ceux- 
lïl  re( œuvre  (1  j  ;  parfois aUssi,  usant  d'un  procédé  com- 
inode,  Meigret"  rejette  sur  ses  imprimeurs  dés. fautet 
qui  ne  peuvent  (Hre  imputées  qu'à  lui  seul;  eïjfm  il  nie 
qu'tl'.y  ait  dans  il  défère  {de  déférer)  plus  de  (deux  sor- 
ties d'r,  le  premier  et  le  dernier  ayant  up iJiême  son: 
,  alTiTnlpr  n'est  pas  prouver,,  ^  / 

Les  autres  points  de'sa  rcpbrtse  ontJélé  déjà  .traités 
'ailleurs  et  ne  nous* apprennent  rien  de  nouveau:  aussi 
u'yifeviendrons-nou^  pas.-  .  '     > 

;  Que  devint  enti-e  les  mains  de  Meigret  ce  système 
qu'il  soutenait  Jiv^c  tant  d'ard^*"!*/  \sbijs  s*occuper, 
disait  il,  s'il  serait  oii  non  suivi?  Bientôt  lui^mémiç  fut 
force  de  rabandonner,  non  saris  regret,  par  T'impossibi-  ' 
lilé  ou  il  se  vit  ji^  trouver  un  imprimeur.  Cest  ce  qu'il 
nous  a  pprcnd  dans  la  préfaceae  son  Oisœars  tuiichant  la 
créaiiun  du  momie,  publié.à  Haris  chez  André  VVeohçl 
en  155/i  :  «  Au  demeurant,  dit-il,  si  le  butiment  de 
Tescripture  vous  sctnblc  autre  cl  différent  de  la  doc- 
trine  qu'auircfoys  je  mis  eu  ayant,  bla(Mez-én Timpri- 
mcûr  (jui  a  préféré  son.  gain^à#a  raison  :  espertîntle 


■•i- 


i    Cf.  Ti-dt'fsu»,  p.  138,  texte  et*  rvolp?.. 


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V 


GlinAIII    r]llANÇAI8l.< 

Taire  beaucoup  plus  grant  et  avoir  plus  prompte  depcs- 
•  che  de  sa  eacographie  que  de  mon  oj;lhographie.  A  |a 
yérilé  aussi  fa  plus  grand  part  des  hommes  est  d!une 
légèreté  autnnt  volontaire  et  facile  aux  fraiz  et  depcn^ 
SCS  pour  le  c'bnlcnlement  de  ses  plaisirs,  quoyque  dorai 
sonnubie,  qu'elle  est  par  une  impatience  ennT>mic  et 
dédaigneuse,  d'une  repuiçnance  tant  équitable  et  juste 
qu'on  voudra  es  thoses  qu'elle  tient  pour,  bonnes  et 
sufîisanics.  A  cesle  cause,  je  laisse  le  choix  à  Timpri- 
mour  de  telle  cscriplurc  que  bon  luy  Rembléra,  me 
délibérant  pour  l'advcnjr  de  le  squlTrir  tousjours  de 
mesme  et  de  prcsque„dire  en  bon  courtisan  avec  Perse: 

.  Pcr  lue  iquidcm  sint  omnia  protinus  alla.  ■ 

■   .   ■    ■         '  .'^    '-■  ■  -       '  ■     ■       ■    -r  '.'   ' 

Abandonné  par  son  auteur,  qui  suivit'encoré  l'or- 
thopraphe  usuelle  on  1557  dans  sa  traduction  du  traité 
d'Albert  Durer  sur  li's  proportions  du  corps  humain-,  le- 
système,  on  le  conçoit,  ne  fut  repris  par  personne.  Mai*' 
"comment  l'ipsuccùs  de  Mqij^ret  n'a-i-il  pas  arrêté  les. 
autres  réformateurs  ?        .  -  .         r      r 


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JACQUES  pelletier; 


(I* 


I)ialogv('  (!('  Korthograft^  e  prononciacioii  franrot^sc^ 

'[);iTll^an  deujî  liurt^s;  par  Jaqui^s  PeMtier  du  Mans. 
—  A  J^yon,  parJan  de  Tournes.  W.D.LV, 

La  date  de  ce  livre  peut  à  bon  droit  nous  surpfen- 
(ii4.  Depuis  un  an  d<^j«'^  Mfigret  était- rentré  dans  la. 
\oio  commune,  quand  Jacques  Pelletier  pnbiia  son 
Dinlnfjue  de  Cçrllwtjrnplie  et  profionciçttiori  françoise; 
sans  essayer  des  réformes  aussi  radicales,  il  y  lit 
cependant  des  tentatives  hardies  auxquelles  manqua, 
comme  toujours,  le  succès  qui  seul  pouvait  lesjusti- 
fier.  Les  cent  pages  qui  forment  ce  yolumc,  joignent 
rexpmple  au  précepte^,  et  sont  écrites  dans  le  système 
de  l'auteur  inguâen  dominerons  plus  loin  un  exi^mple. 

Premier  livre.  Pelletier  a  pris  la  forme  du  dia- 
''^a^J*^^'"^  introduit  dans  son  livre  Jan  Mai-tin , 
J^nis  Sauvage,  Théodore  de  Beze  et  lui-même,  aux- 
quels vient  se  joindre  assez  souvent  le  seigneur  Dau- 
ron  ;  tout  un  hiver,  «  ils  firent  la  tàbte  »  enâemble, 
animant  letfrs  repas  de  graves  et  sérieuses  discqssions 
soutenues  di-jns  un  jangage  d'une  grâce  exquise. 
,  Un  jour  quéles  quatre  amis  étaient  réunis^-je  pris,  clit 
Pelletier  «  par  manière  de  contenance',  un  livre  de  ses 
OEuvres  poétiques  f  et  lue  mis  à  lire  dedans  par  ci  par 


...  %. 


144 


•  « 


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uiammaiii  rtA?«ç4iiir.. 

ià.  Et  en  tournant  les  feuillets,  je  changeois  quelque- . 
fois  (le  grâce,.* —  Incontinant  le  seigneur  de  Beze  en 
souriant:  —J'entends  bien,  dit-il,  que  c'est  qui  f^it 
mal  au  t-cignopr  I*clleticr.  Et  ep  se  tournant  vers  moi  : 
Voiis  •ouv  plaignez,  dit  il,  que  les  compositeurs  de 
rimprimofift  n'ont  pas  vdutu  complaire  à  votre  manière 
d'orthographe.  Mais  il  me  stimble  qu'ils  vous  ont  fait 
.  grand  t)laiFir,  car  il  y  a  bcaq^ôup  de  lecteurs^!  eus- 
sent différé  a  lire  votre  livre,  s'il  eust  été  écrit  à  votre 
mode,  par  ce  que  cefa  les  eust  gardez  d'entendre  plu- 
sieurs passagrs.»  ^  Pelletier  pense  en  effet  ■  que 
quand  on  apporte  quelque  livre  à  son  impjrimeur,  le 
moins  de  gracicih^lé  qu'il  puissfe  faire  e^t  de  suivre 
A  la  minute /l«î  celui  qui  l'a  fait  et  qui  le  lui  donne  ;..'. 
mais,  ajoute-4i^il,  j'eusse  pensé  que  votre  opinion  eust 
cté  tout  au  contraire'  que,  si  l'on  eust  imprimé  selon 
nionjnieinion,  cela  eust  e)é  cause  que  maints  hommes 
de  lois] r  et  curieux  de' TioimwAtfiz  se  fussent  amusez 
aie  lire^ plus,  pour  l'écriture  que  pour  la  substance 
du  5ujet.  » 

Alo^  s'élève  entre  Théodore  de  Bèze  et  "T^èiletier 
,  une  discussion  qiii  bientôt,  sur  i!|i  proposition  de  4an 
Ma<;fin,  devint  générale. 

f  Cors  Jan  Martin  :  Ce  n'est  pas  mçtl  avisé,  dil-il, 
maimcnant  que  nous  sommes  bonne  compagnie  (Dau- 
ron  était  survenu) ,  laquelle  peul-estre  ne  se  trouvera" 
de  longtemps  si  .à  propos,  que  nous  débattons  un  peu 
les  points  qui.  sont  en  controverse  touchant  npire  écri- 
ture, laquelle ,  sans  point  de  doute ,  est  Uo  peu  mal 
réglée.  »  ■,  v  -    :  •      ',   .' 


\ 


\^ 


,  .        JAryi  KH   l'Kl.l.lTIKH.  .  145 

D'un  commun  acco» (J ,  on  ^ibordo  ic^ujet  ;  cic  Bcze, 
(\m  le  prcmitn-  prend  la  paroï<^  parle  avec  un  admi- 
rable bon  sens,  et,  dùlenseur  de  l'usage,  il  réprouve 
1rs  innovations  qui  le  contrarieraient  sans  utilité,  ma 
non  sans  danger  (!.  Xous  ne  pouvons  mieux  faire  que 
do  reproduire  cet  excellent  morceau  ;•  nous  l'abré 
çerons  peu. 

«•  Ceux  qui  entreprennent  de-  corriger  notre  ortlio 
j^raphe,  dit-il,  ne  tendent  ;\  autre  lin  (ju'à  rapporter 
l'cîcriture  ii  la  prolation,  et  par  ce  moyen  iljj  tâchent  -4 
en  ester  la  superfluité  et  abusion  qu'ils  disent  y  éstre. 
lit  en  Refaisant,  if  faut  que  ce  qu'ils  veulent  faire 
soit  en  faveur  des  François,  ou ^ des  étrangers,  ou 
.  bien  peut-estrc  de  tous  deux. 

'  S'ils  le  font  en  faveur  des  François ,  il  m'est  avis 
qu'ils  ne  leur  font  pas  si  grand  plaisir  comme  ils  pen- 
HMit  ;  car  les  François^  pour  estre  de  si  longterops  ac- 
coutumez^ assurez  et  confirmez  en  la  mode  d'écrire 
(|u'ils  tiennent  de  présent,.,  se  trouveront  tous  ébahis, . 
<  l  penserèint  qu'on  se  veuille  moquer  d'eux,  de  la  leur 
\ouloir  ester  ainsi  à  coup  ;  et  non  sans  raison...  Telle- 
ment qu'au  lieu  de  les  gratifier,  vous  les,mettre«  en 
peine  de  desapprendre  une  chose  qu'ils  trouvent  bonne 
et  aiséte  pour  apprendre  une  fach*  use,  longue  et  diflii- 
•  ile...  Comme  par  exemple,  combien  de  Fjrançois  se 
trouveront-ils,  lesquels  de  présent, ^chant  trop  1)ien^ 
(lucc'e*  que  ces  mois  estre,  tempeslCy  hoste,  naistre^ 


/l  ;  Nous  pri'scntterons  plus  tard  une  analy»e  et  des  extrait?  d'un  Traité   * 
'<im[»o»«  pair  Ttu'odorc  de  Bèze  sur  \h  prononciation  de  la  lant^uo  fran- 
•  ar->('.  On  y  retroiiTora  beaucoup  des  IdiVs  qui  lui  sont  prêtées  ici:        ji^X 


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qui  ne  saurohl  que  ce  sera  quand  ils  •liront  être,  tem- 
pete^  iunrc  ei  liule?...  (Juand  ils  yërronl  veus,  deus,  . 
saas   .pour  veulx  f  deulx,  sauU)  non-seulement  pur  « 
à  la  lin ,  au  lieu  de  s  ou  x,  mais  aussi  sans  /  précé- 
dent,  que  penscfont-ils^quc  ce  soit?  Tantost  Ils  le»   <^ 
preiulr-jut  [xJur  mots  étrangers  et  nouveaux,  tantost  ils 
preiidrunl  une  sigiiilication  pour  une,  autre"',   ou  bien 
^ronl  lu  lellrum  V^^ur  la  \oyelle  ii  ,  connue  pour  deus, 
veuSf  «a«5,  ils  liront  deiis^  vins^  sans:  car  c|iacun  sait 
bien  (jue  la  lellre  vulgaire"  des  l'rançois,  qu'ils  appel- 
aient lettre  courante ,  ne  lait  point  de  dislinctioh  de  la 
vuvelle  u  avec  la  consonnantcNi ,  qui  est  de  fermer; 
.Tune  par  bas,  et  l'autre  par  ^laut,  ce  que  les  François 
n'ont  loisir  é  observer  en  écrivant  couramment  (1).  n 
A  l'égard  des  étrangers  ,  ils.apprendront  plus  faci- 
lement notrO  langue;  si  nous  lui  laissons*  le^^i^onsonnes 
étymologiques  qui  .en  niontreiit  la  rapport  avec  le  la-  ' 
tm  :  u  Comme  ce  mol  temps,  en  y  mettant  un»,  on 
entend  tout  soudain  qu'il  vient  de  temi)uSr  et  parce 
moyen  on  voit  ce' qu'il  signifie',  item  a(/i'ocaf/ en  y< 
laissant  un  d  on  l'ait  connoitre«qu'il  vient  de  àdvocaïui,  »    - 
—  De  Bèzc  remaniue  ensuite  Ibrt  justement  qu'en 
aucune 'langue  les  caractères  ne  représentent  les  sons 
autrement  qu'en  vêi-tu  d'une  convention  :  •  Pouf  les 

rendre*,  nous  empruntons  rroffice  d'une  lettre,  non  . 

*  ■  ,     .  ■    ■      ,.  . 

pour  démontrer  le  naturel^  delà  voix,  mais  l'ombre 

seulement.* 
Citons  fes  autres  inotifs  qu'il  donne  j)Our  conserver 


-j   \(i>.  h'  »  hafuJtre  de  Thetniure  de  B#Ee 


^ 


r 


S 


* 


'  .  JAr(jrR«    PRI.IRJfllll.  .  ^  ,141 

l'orthographe  de  son  temps;  le  premier  est  asseï 
•étrange;  quant  aux  /autres,  inaintenalit  même  que 
l'oHhbgr^he  est  changée,  iioUs  sommes  forcés  d'en 
v^ppfbuver  le  principe  :  • 
'  •  Outre  cela,  (jyi  douteirpi^if  n'y  ait  nori-setilément 
en  françois,  njftia  aussi  "en  toutes  langues  vulgaires, 
plusieurs  Ici  très  qui:  u!,y  sont  ap|)rfeiiri«ii  pour-y  servir, 
ni  pour  ce  qu'elles  y  "soient  nér  essai  res,  mais  seule- 
ment pour  y  donner  grjlce  (  \  )  ?  Ainsi  que  sont  en  notre 
(J-^çoMi. quasi  foutes  les  lettres  doubles,  comme  en 

mois  fd//e,  chasse^  tiesscy^mtollr^  atietidrp,  nller^ 

}ter  et  autres ,  là  où  la  lettre  ne  s  entend  point 

le?  Car, nous  ne. prononçons  aucune  lettre  double 

^ançois,  fors  r,  comme,  en  r^r/v, 'pierre,  arriV^'r^*,  et 
fe»  semblables  (2).  ^      .      '  ^    .      , 

*  •  Les  autres  se  mettent  pour  rapporter  les  aérivatifs 
aux.  primitifs,  comme  en  ces  mots (/eserire,  dr^cription, 
là  où,  combien  que  la  lettre  s  ne  se  prononce  pcrint  au 
premier,  si  (cependant)  est-elle  nécessaire  en  tous  deux, 
pour  montrer  que  l'un  et  l'autre  appartiennent  à  mesme 
chose  et  sont  de  mesme  nature,  origine  et  signification. 
Autaht^-il  de  OÇS  mots  lemjis,  Irmftorrt,  là  où,  pour 
4a  nsèmfH^n,  le  p  est  néce*»saire  en  tous  deux,  com- 
bien qirillKl  86  prononce  point  au  premier.  Autant  de 
.ia4e%t^é  en  ces  hiots  eonirac't  ei  *innirarter  ;  de  Ja 
lettre  m,  en  ces  oiots  nom  et  nommer ,  et  assez  d'au- 
tres. -  '  '  "  * 


2)  Voy  le  chaftltré  4e  Théodore  de  Bèze. 


P- 


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/ 


\ 


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r 


14»  ►  r.iAUMAiin?  FiAHAtsr. 

•  Aucunes  lettres  s'écrivent  aussi  pour  proportion^ 

neries  noms  pluriers  avec  leurs  singuliers /comme 

en  ces  noms/at(/s,  nàifxy  chevaulx^  noms^  draps,  /aie tz, 

là  ou,  coipbiien  que  les  lettres  d,  /,  /,  m,  p,  et  ne  se 

,fâsseni  point   ouïr»  toutesfois   elled  y  servent  pour 

rrtontrer  qu'ilz  viennent  des  singuliers  laidf  m'if,  cher- 
rai, nom  y  drapy  faicii    ,  >'  - 

•  Outre  cela,  on  met  aucunosfois  des  lettres  pour 
signifier  la.  différence  des  mots,  comme  sont  compté  cl 
■comle,  desquelz  le  premier  appartient  à  tionobi^,  et 
l'autre  èî  seigneurie.  Item  croix  et  crois .,  de^qusIÉJjl. 
premier  vient  de  crux  latin,  et  Pautrè  est  la 

..personne  du  verbe  croire  ;  ifeçi  ffraceei  gratté^ 
et  »/r/'*/e,  et  plusieurs  autres...  '   .M 

»  Souvent  aussi  on  laisse  les  lettres,  encore  qu^cdl 
ne  se  prononcent^ppint,  pounla  reveren.ee  deâ  langue»? 
doiit  les  mots  sont  tirez,..». 

»  Une  autre  raison  qui  me  sembje  bien  à  propioe, 
nst  que  récriture  doit  toujours  avoir  je  ne  sais  quoi- 
(Je  plus  elabourc  e,$  plù?i  acoutré  que  la  prolalion ,  qui 
sa  perd  incontinent.  .IlTaut  qu'il. y  ait  quelque  diffé-^* 
Kcnce  entre  la  manière  d'écrire  des  gens  doctes  et  dès 
^emi  mécaniques';  car  seroit-ce  raison  â*iinitdr  le  vul-* 
gaire  qui  mettra  aussilost  un'^  pour  un  I  (/)^  etu|  c 
pour  un  «  comme  un  mot  pour  un  autre?  Eati^rti*-' 
son  qu'un  artisali  qui  né  saura  que  lire  et  écrire,. 
encore  assez  mal ,  encore  assez  maladroit,  et  qui  n'en 
entèid  ni  les  raisons- ni  la  congruité,  soit  estimé  aussi 
bien  écrire  conime  nous  qui  l'avons  par  étude,  par  ^ 
'réglé  et  par  exercice?...  S'il  se  faisoit  ainsi ,  il  fau- 


V 


î-;' .  ■  * 


; 


JAC^^IkS    PltLRTIM.  149 

droit  dire  qu'il  suffit  d'écrire  de  tclkî  jsotIc  qu'on  le 
puisse  lire.» 

Comparant  ensuite  notre  langue  aux  autres,  l'aîu- 
leur  prêté  à  Théod.  de  Bèze  des  remarques  fort  justes 
sur  les  nombreuses  manières -jâlont  un  même  son,  est 
cxpHmé  dans  des  idiomes  différents  :  «  Si  nous  voulions 
iii)ir  et  conforpier  l'écriture  de  toutes  les  langues,  il 
ne  lïous  seroit  non  pfus  possible  que  d'accorder  les 
l'nœurs  et  natures  des  nMions  ensemble.  Outre  cela,. . . . 
cljacun  s'est  avisé  d'écrire  sa  langue  à  sa  mode;  ri  . 
sulïït  que  tous  ceux  du  pays  en  soient  cônsentans: 
tellement  que  si  Ton  nous  reprend  de  notre  manière 
d'.ccrire,  nous  le  reprendrons  de  la  sienne  ;  car  quelle  j 
apparence  y  a  il  qu'en^  Italie  ils  écrivent  tagliata  par 
(jli  non  plus  que  le  françois  taillée  piar  ill ,  sinon  que 
les  Italiens  sont  d'accord  par  entr'eux  de  leur  écri- 
ture ,  et  les  François  par  entr'eux  de  la  leur?  » 

Après  avoir  mofitré  combien  il  serait  fâcheux  de 
supprimer  urte  consonne  qui  rappelle  la  composition 
d'un  mot,  parce  qu'elle  ne  se  prononce  pas, je  trouve 
cette  page  remarquable  pour  un  temps  où  les  études 
philologiques  étaient  si  peu  avancées  : 

i(  Et  à  ce  propos ,  quelle  apparence  y  *mroit-ii 
d'oster  !'«  de  ces  mots  ires  beau,  très  hqiUy  très  nou- 
veau,'\k  où  elle  ne  se  prononce  point,  plustost  que  de 
1res  humble t  très  affable,  très  illustre,  vu  que  lia  syl- 
labe ires  est  pareille  en  toutesles  dictions  ? 

»  Mesmes,  en  notre  langue,  nous  prononçons  et  ecri- 
vons  diversement  en  beaucoup  d'endroits,  là  où  les  • 
plus  subtilz  reformateurs  du  monde. ne  sauroient  don- 


^ 


:«-■ 


ISO  jbHAjniAlilK    KHAHAItili. 

ner  ordre ,  <^omme  quand  nous,  ftcfivons  vif,  mtf, 
iiiai.<jy  par  /final,  combien  que.  nous  hes  prononçons 
par  M  consonnes  ainsi  (lu'on  connaît  on  proiionraul 
ces  mots  :  homme  iC  esprit  miif,  invmiij  éi  résolu  il).  Kl 
toutefois.,  d'y-  mettre  un  n  vi  ce  seroil  chose  trop  nou- 
velle et  absurde,  parce  que  la  com^onne  u  ;  r)  u'a  point 
cette  application  à  U  fin  du  mot,  do  icur  qu'on  tic  la 
prenne  aussi  tost  pour  vovclleque  pour  consonne  2).  Par 
ainsi,  il  nous  e^nécosf^aîre  d'emprunter  la  puissance, 
de  la  lettre  y,  comme  la  plus  voisine  et  propi'e  à  co- 
que bous  voulons  exprimor.  Nous  écrivons  second  ei 
secret  par  c,  et  toutefois  flous  les  prononçons  par  </^3%  . 
Nous  mettons  un  (/  en  la  dernicpe  syllabe  de  ces  mots 
quand,  grand,  chaud,  hazard,  et  si  etcependant  i  y  son- 
nons  un  (  (h  i  :  joint  qu'il  y  a  raison  d'y  laisser  le  </,  parce 
que  lesniots  augmentez  qui  en  descendent  lé  retiennent, 
comme  grande^  chaude,  hazardemc.  Nous  prononçons 
firèfje  ferè,  et  bref  toutes  les  premicrcs  personnes 
du  futur  indicatif,  par  la  vovelle^*?  en  la  dern-jere; 
mais  dé  h  y  nfiétlre,  ce  seroir^n  changeniient  qui 
troubleroit  un  des  bons'ehdroits  de  toute  notre  langue  : 


^,     ^^ 


ri)  Voy.  le  chapitre  de  Théodore  de  Bè7.e. 

(2)  NiHiA  voyons  ici  le  secret  d'une  Torme  picarde  aitsex  fréqutente.  L« 
terminaison  i/ dans  le  patois  picard  c«t  ritnplacc  par  tu  :  poussif,  potum.' 

(3)  Ménage,  Observations  sur  la  langue  franc. ,  i.  H,  p.  301  et  sui'v., 

demande  qu'on  ét-rive  *eguHd,  segnt,  k  oau.He  de  la  prononciation. 'Quant 

■>k  l'étymologie,  «  Ceux  qui  ne  savent. point  le  latin  ne  peuvent  être  ch</: 

;«quez  de  cette  ortho^^raphe ,  ne  Hachant  pas  qu'il  ;y  a  uo  e  dans  te  latin 

d'où  CCS  |Dot«  vieifuent.  Et  ceux  qui  »avcMt  le  latin  ne  peuvent  pas  aussi 
e?tre  choquez  de  ceUe  manière  d'orthograplner,  lé  changement  du  cen  y 
estant  très  ordinaire  et  très  naturelle.  » 
(♦)  Voy.  ei-de«sou8  le  chapitre  de  Théodore  de  Bèia, 


V 


A' 


•  i   • 


V 


JArgtSS   rEULETIER. 


f 


car  la  régularité  nmtfr  conriTWanrfe  de  garder  To  erv 
toutes  les  pcrsonnoi  (du  sin(^u|ipr).    ^.  ' 

»  Nous  prononçons  yrmk  cnUj^^  ptudièl ,  et  toutes 
trcrces  personnes  de  l'imparfait  indicAtif  vonaîit  des 
infinitifs  on  »>r,  et  toutefois  nous  écrivons  pnV)i(,w«-  , 
(tioit  :  T)fi  nous  est  permis  d'en  user  autrement,  cîw  ce 
soroit  faire  tort  .^#^n^a^e-.à  la  dediirtion  et  k  I*intp1li<|^ 
gence  des  mots.  Kt  mesme  aujourd'hui  .sVn  trouvent 
qui  s*estiment  griritls  courtisans  et^ibien  parFans,  qui 
vous  diront  :  jV;//r.v,  je  fesês,  itrOreL  il  irpt;  toutefois 
-si  c'est  bien"  dît  j,„  qu'ils  v  pensent: 'je  ne  .suis  i(!i  ni 
contre  eux,  ni  pour  eôx  :  mai)/ tant  y  a  qnô  je' saj 
bienqu'il  n'y  a  celui  d'eux  qui  n'escr'we  :  fallohy-  je 
frjhnîs^  il  dirait,  il  irnit  ^\^.  „^ 

f  »  D'autre  part,  nousecrivonS'/o/,Jor,  mol ,  col .pr^l ,  ■ 
et  toutefois  nbusprononçons/oh>  sfjw,  mnu^  cou,  pou  (2); 

*  ■       •  »'  ■■■■.'■ 

Vrai  est  que  nous  disons  quelquefois /o/,  ainsi  qu'il  est 
écrit  qjuand  il  s'ehsuifune  voyelle;  et  quant  aux  autres, 
nous  n'oserions  les  écrire  autrement,  tant  pour  garder 
Tetymolo^ie  que  parce  que  les  feraenins  de  tels  noms 
sont  en  o//c,  con\n\e  folle,  molle. 

n  Souvent'  aussi  nous  prononçons  des  lettres  qui  ne 
Vecrivent  point,  comme  quand  nous  (limmd  dine  (i, 
ira  tipei  escTÏwonsjtine il ^  ira  »V,  et  seroit  c^ose  ridicule 
si  nous  les  écrivions  sejon  qu*ils  se  prononç^ent(â).  ■  .* 


cnvipi 


^(1-2}' Voy.  plus  loin  le  chapitre  de  Tljpf)do.re  d«' Bèr.e.  . 
'  (3VNo8  troisièmes  personnes  du  pliirifl  sont  toute!»  termieée?  par  ;in  I, 
qui  ne  se  prononce  pas  devant  les  consonni-s,  mai.»  qui  kt:  proiit-nce  do>ant 
les  voyelle».  Aux  troisi«''mes  persoiuies  du  Blnçuller,  tal>t«)t  nous  av(tn«r 
le  1(11  finit)^  UntAt  nous  ne  l'avons  pas  (il  aime,  il  finira,  qu'il  rrçnite). 
Pour  la  prononciation,  peu  importe  devant  les  consonnet^  ;  mais  éKarés  par 


V    . 


X  ^. 


V 


m 


\ 


i 


7 


L 


\ 


Th.  de  JJèz'c,  continuant  t;on  exposition ,  rcimirquc 

'  ensuite  que  Vs  àau^'iioktf  ^  pmiu,  temjmic^  «adonne  a  cou- 

,    noi^re  (fuc  les  syffabes  .sont  plus  longjues  que  celles  de   ,  ' 

trovipcuey  patte,  hoUc{i)y*  et  au,^i  que  «  .les  ilernièpes 

letiKcs  de  tous  les  mots  ne  sonnent  point  lors^elle  du 

dernkîr  »  :  deux  raisons  cpii  exigent  d'abonj  que  T*- 

soit  maintenu  dans  les  vocables  iju'il  cite,  ctcnsuite  que 

les  consonnes  finales  soient^  conservées  dans  leSf  mots 

mêmes  où  elles  ne  sont  pas  prononcées,  parce  qu'elles 

peuverïïl?rètre  si  ceS/tt)ots  deviennent  les  derniers  d'une 

phrase.  Que  dire  du  trouble  qu'on  jettera  dans  l'éty- 

mologie?    «Si  vous  ostçz   \e  pd(X  corps,  comn^ent 

/pensera  Ion  qu'il  Viegne<îe  corpus.* —  Si  vous  écrivez  ' 

pii'  et  nœu  sans  rf,  Comment  jugera  Ion  qu'ils  viennent 

l'un,  de  pes<,pedh,  et  l'autre  de  «ot/wi?  Si  voifS  pstez  le  7 

ÙQloiug,  comment  entendra  lon'qu'jl  viegne dé  lomfè  '.* 

'.      »  Et  outre  cela  encore,  le  renom ,  la  conversation ,  ^ 

l'alliance  et,  qui  n'est  à.  omettre,  ta  trafique  qu'ont 
^là  t'rancois  av€c  toutes"  nations  rendent  la  langue 
.  non  seulement  désirable,  mais  encore  nécessaire  à 


t\ 


1.1  pensée  do»  voyellcu  qui  pcuvrnt  suivre,  lr«  fjrammairipns  sont  tombas, 
par  suite  dp  reUo  préoccupât  ion,  dans  de»  erreurs  difTértntes.  UuIkjIs  écrit  : 
xl  iMt,  ilaiin*!  (e  muet)«ûtaDten  \màeaimet-U  (aime-t-il)et  ùehat-il 
(a-^t-ii;  que  pour  rester  fidèle  aux  furmés  ia^nes.  Meigret  n'admet  pas  i« 
t  au  sinculicr,  mais  au  plurieloù  la  prononciation  cependant  est  la  même, 
du  moios  pour  nous,,  (il  aime,  ils  aiment),  il  tennino  la  troisième  pcr- 
*i»nne  par  un  t  il'  aimet).  L'usage  au  tçmps ,  contrarié  et  par  Dubois  cl 
par  Meigret,  est  celui  que  tibus  suivons  encore.  Seulement ,  quand  be- 
soin est.  nous  introduisons  un  i  euphftniqne  q-til,  aime-t-il.  — Cf., 
.  pp.  W»,  87 .  —  Et,^  çi-dessqùs,  le  chapitre  de  Tliéoilore  de  Bèïc. 

(1)  Cf.  p.  5j  :  ■  Dans  bestç ,  estre,  etc.,  iblon  Meigret ,  V$  ne  sfcrt  qu'à 
indiquer  lai  prononciation,  •  c'ekt-à^lire  la  lupgueur  de  la  eyUtbcv^  Voy. 
aussi ,  plus  loin ,  le  chapitre  dé  Théodore  de  Bèje.   ; 


V 


U' 


7 


*         I 


V 


JAC^tliti   l'ELLKTIK».  .,  ~  153 

\      ■    ■  ■         ■         "  '■■''"'■-'. 

tous  peuples.  On  sait  qu'au  pays  d'Artois  et  de  Flan- 
dres ('l),  ils  tiennent  tousjours  l'usance  de  la  langue 
et  y  plaident  leurs  causes,  et  y  font  leurs  écritures  et 
procédures  en  françois.  En  Angleterre  (2i,  au  moin^î 
entre  les  princes  et  en  leurs  cours,  ils  parlent  franrois 
en  tous  leurs  propos.  En  fispagne,  on  y  parle  ordinaire- 
ment françois  es  lieux  les  plus  (îielebres.  En  la  court 
di!  l'Empereiir,  on  nlusc4)our  le  plus  d'autre  langage 
(jiie  françois.^Que  diray-je  de  l'Italie,  où  la  langue 
Irancoise  est  toute  eonnmune?  Maintenant  si  on  leur 
veut  bailler  nouvelle  écriture,  que  penseront-ils,  sinon 
(lu'on  les  veuille  tromper?...  Et  puisque  je  suislombc 
sur  le  changement,  chacun  sait  qu'entre  les  François 
la  prolalion  change  de  temps  en  temps.  Partant,  si 
nous- voulions  toujours  donner  nouvelle  écriture  à  la 
nouvelle  prononciation ,  ce  seroit  à  luus  coups  à  çe- 
commencér  :  et  faudrqit  qu'il  se  troôvast  toujours 
queFciu'un  qui  ii'eust  autre'cliarge  que  d'agencer  Tor- 
Ihographe  et  la  publier  tout  ainsi  qu©4es  ordonnances 
et  les  cris  de  ville.  îdais  qui  pis  est^,  avant  qu'on  eust  • 
eu  le  loisir  de  pensçr  à  cette  inode  nouvelle,  la  pro- 
lation  seroit  déjà  changée.  y6iluc5?fiment  la  grân 
luriosité  que  nous  aurions  eue  de  polir ^Tregler  nofrc 
'langue  seroit  cause  de  contusion  Jel le  'qu*él le  pourpoit 
en  peu  de  temps  abolir  l'usage  de  la  langue  etla  con- 

(1)  Les  coutumes  d'Artois  (I50ft  et  TiMîl)*  et  celles  de  Hatnaut  (15.»>, 
sont  écrUes  en  françois.  —  Jean  Bosquet,  de  Mons,  pubUa  *s  «  Klemens 
ou  Institutions  de  la  langue  françoise  »  dès  f  5^0/^  • 

^2)  G{^)riel  Neurier,  dans  la  préface  de  son  Traite  pour  apprendre  à 
fmrler  français  et  anglais  (l.S<J3\  dit:>  Ort  parle  françois  à  la  cOur  d'Aii- 
i;l<  lerrc,  »  —  Cf.  E.-J.-B.  Ralhery,  Des  relations  sociaùs  et  inteUectuelli:^ 
entre  la  France  et  l'Angleterre,  Paris,  I85fi,  p.  lOetsiilv. 


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l^lfAMllAlltK    KKA^ÇAIHE. 


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vertiren  uiie  aiitrdqui  seroit  ineslccdu  temps  prosent, 
passé  et  à  venir.  Notre  langue  (|ui  est  aujourd'hui 
(1555)  en  sa  pi  us  gran'de  force  et  cons^tance,  ne  peut 
soutrrjr  reformafion.  Cela  se  devoit  faire  il  y  a  vingt  ou 
'trente  ans,  lorsqu'elle  coininenrôit  à  s^avancer.  C/étoit 
le  temps  que  personne  n'eiist'con,tre((itrparce  qu'alors 
on  un  peu  auparavant  on  trouvoit  tôutestlioses  bonnes.  » 

Se  plaçant  ensuite  au  point  "de  vue  des  réformateurs 
eux-mêmes,  Tli.  de  B<ze^  dont  Pelletier  n'alTaib.litja- 
'mais  rargumentation  en  la  rapporl;<nl ,  leur  demande 
d'abord^ls  ont  des  relisons  suffisantes  et  invincibles 
pou^abolir.  lespiiemiôw^  et  présentes  coutumes,  »  et 
ensuite,  même  si  elles  sont  bonnes,  quel  est  le  fonde- 
ment du  éll)it  qu'ils  s'arrogent  de  réformer  la  langue, 
^dç  luU^  contre  l'usage?  Qu'ils  y  songent!  qu'est- 
J' usage,  «   sinon   ce  qui   est  approuvé  par 

(uimes  qui  sont  les  premiers  cntje  les  leurs  en  toutes 
sortes  de  disciplines  et  de  pl^losophie,  mesme  en  ad- 
ministration publique,  en  autorité,  faveur  et  crédit?  » 
Qu'est-ce  encore  sinon  un  maître  souverain  dont  les 
décisions  soç||  inattaquables,  soit  qu'il  réclame  l'emploi 
de  vom  pour  lu.  à  la  deuxième ipersonne. du  singulier; 
soit  qu'il  fassiB  brève  une  syllabe  qui  était  longue  dans  le 
primitif  :  tel  estn,  bref  danscrecHei/r  qui  vient  de  creniar 
où  \a  est  Jongr^it  enfin  qu'il  donne  à  un  nom  un 
genre  autre  que  celui  du  primitf,  comme  c/ow/etir,  qui 
est  féminin  et  vient  de  doior\  miasculin?  ' 

«  Tandis  que^e  seigneur  de  Beze  devisa  ainsi,  il 
n'y  eut  celui  de  nous  qui/nerecoutast -fort  attentive- 
ment.,.. —  Lors  dît  le  seigneMr  3au>age  :  Je  suis 


ji. 


^i^^^.  - 


•i.^-. 


JA(:g>L'KS^PEI.I.ETI^. 


«•..-s 


4  opinion ,  M.  do  Bcze,  que  cela  que  vous  avez  déduit 
sent  bien, ses  bonnes  raisons.,. '.^ Mais  il  m'est  demeuré 
un  douté  que  j'avois  d/'s  avant  (lué  vous  eussiez  coni- 
,nicncé-,  c'est  que  je  m/attendois,  et  m'atteiuls;Qneore. 
que  vous  nmis  ouvririez  quoique  nioHio(J(^  par  larfucllç 
notre  orthographe  puisj^e  estrê  réglée  à  un  point;  et' 
m'est  avis  que  c'est  l'alTaire  leplusdimcije,  parce  que 
jp  .vois  que  de  tous  ceux  qui* écrivent  françois,  chacun 
orthographie  à  sa  guise.  Je  vous  prie  poursuivre,  r/t* 
endroit.  .--  De  Bqze  s'y'refuse;  il  croit  que  «  é.nn 
homme  écrit  k  sa  mode  et  un  autre  à  la?îonneril  perfï"' 
csire  que  tous  deux  ont/ leurs  raisons  et  que  to.uàkdcux 
ne  l'aillent  point;  .  il  pense  que  «  quant  aux  person- 
nages de  savoir  et  d'esprit,  ï\  ne  leur  faut  point  d'autre 
méthode  que  celle  que  l'érudition  et  le  jugement  leur 
apporte.  > —  Pressé  alors  de  s'expliquer  sur  ce  sujet, 
M.  Uauron  y  consentit;  mais  l'heure  avancée  força 
de  renvoyer  au  lendemain  la  suite  de  la  discussion. 


•     !,• 


J?. 


Skcoîvd  livre. —  Après  quelques  regrets  donnés  au 
départ  de  Tfféodorè  de  Bèze  qui  a  quitté  la  France  en 
secret^  pendant  l'impression  de  la  première  partie  du 
livre,  Pelletier  ouvre  un  second  dialogue  où  nous  re- 
trouvons les  mêmes  interlocuteurs.  Mais  la  conversa- 
tion devient  ici  gàiérale,  et  prend  par  Mla  même  dès 
allures  plus  capricieuses.^que  n'avait  é(é  i'argumenta 
tion  si  serrée  de  'rtiéàdore  de  Bèze,  Cèpe  _ 
points  agités  par  l'illystre  champion  de  l'usage  en  fait  de 
langue,  font  passés  en  reVue  par  les  partisans  de  la  ré^ 
forme  orthographique,  dont  le  plus  ardent  est  Dauroni\ 


V 


^ 


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I.II4HIAIME   f 


A  pris  '  avoir  célébra  k  di 


pnite  de  j4 


(ànguc  fraii- 


çafee,  soti  élégance,  âdn  iuslrc  et  sa  douceur,  et  avoir\ 
avancé*  un  peu  légèrcjmcnt  que  •  les  disciplines  elÉ 
sciences  sont  aujourd'hui  tant  bieiii  éclaircies  quMI 
semble  n*y  falloir  plus  rien,  •  Dcy^ron  aborde  son 
principal  sujet,  le  rapport  de  l'orthographe  à  la  pro- 
nonciation ,  par  la  définition  de  l'un  et  de  l'autre  ;  la 
réforme  de  l'écriture ,  ajoutc-t-îl ,  (jue  Théodore  de 
Bèze  regarde  comme  entreprise  en  faveur  de  nos  con- 
temporains seuls,  français  ou  étrangers,  est  surtout 
faite  en  vue  de  l'avenir^  Et  pense-t-on  que  Iç  lecteur 
contemporain  en  ait  à  souffrir?  il  n'y-est  que  trop  pré- 
paré par  les  variations  d'orthographe  qui  atteignent 
un  même  mot,  et  il  sait  parfaitement  le  reconnaître 
iious  les  trois  ou  quatre  formes  diverses  dont  il  est  écrit, 
quand  une  devrait  suffire. 

'  «  \\  n'y  a  celui  en  Trance,  hormis  par  aventuralcs 
/ustiques  ou  idiots,  (jui  n'entendent  assez  le  langfige  vul- 
gaire, soit  en  J'oyaht  parler  ou  en  le  lisant,  sans  se  sou- 
cier commentilsoit  orthographié,' jcncore qu'il  le  trouve 
quelquefois  ccrii  d'une  sorte  et  quelquefois  d''une  autre. 
Comme  quand  il  trouve  écrit  en  une  impre&sionc/^'^roir  et 
rere-pyoïr  avec  ft  et  p,  et  oh  l'autre  \ievo\r  et  r<?cei'oii  pu- 
rement; en  l'une  //^mrr,  en  l'autre  rfii^/er  et  en  l'autre 
dabter-  car  il  s'écrit  en  trois  ou  quatre  sortes),  il  ne 
laisse  pas  pourtant  de  savoir  que'  c'est  que  les  mots 
signifient.  Et  assez  d'autres  qui  se  trouvent  en  françois 
écrits  diversement  sont  pourtant  assez  entendus  des 
François  en  toutes  sortes,  pour&ison  de  l'accoutu-  » 
nîance  et  quotidien. usage  il'iceux^^sime  quand  *une 


jfc- 


hà 


JACVIES    (•KLI.ETim.  l'.T 

fliclio»  est  Uivcrsemenl  tirée»  si  eA-cc  qu'on  ne  l'en- 
fciid  pas  moins  pourtant.  Comîiic  quand  les  uns  disent 
;jn«'«ni,  les  autres p^î>tf/îr(l)  et  encore  les  autres ;ïe«/ew/,  ■ 
si  n*y  a  il  celui  qui  ne  sacho  bien,  sans  autre  aver- 
.  tisscmenl ,  que  c'est  la  tierce  personne  plurierc  du  ' 
verbe  je  pe^,  combien  qu'ii  n'y  ait  que  l'un  des  trois 
qui  soit  le  vrai  mot  (2).  Et  quand  les  uns  disent  n//flj«ioMi, 
les  autres  ny/mimj.v  desquels  l'un  est  régulier  ot  l'autre 
iiûi),  si  est-ce  que  tout  le  monde  sait  (|ue  c'est  à  dire..: 
Kt  de  dire  qu'il  y  on  aura  qui  ne  sauront  que.  ce  sera 
(|uttnd  ils  liront  :  tele,  fête,  temjwte  sans  s,  corsf  u-ms 
^^îllls;;,  et  les  auircs,  il  fàudroit  qu6  les  mots  fussent 
mal  appliquez  et  agencez  s'il  n'y  en  avoit  assez  d'autros 
IKirini  qui  en  decouvriésent  kl  sigiiificalion.  • 

Nous  voyons  ici  la  question  dans  son  véritable  jour;  " 
pour  la  preinièfc  fois  nous  la  trouvons  posée  comme 
die  doit  l'être.  Ce  n'est  pas  une  réforme  générale  que 
(limande  Dauron  ;  c'est  l'unifor^nité  d'orthographe 
pour  un  même  mot  :  c'est  la  rtVj'Ie  au  lieu  de  l'anar- 
<  hio.  Dans  ces  termes,  le  projet  peut  cire  accepté,  et 
Ir*  point  à  débattre  sera?  de  savoir  quelle  forme  sera 
préférée,  là  moins  chargée  de  lettres  ou  la  plus  "voisîiic 
du  rétymologie,trt  si  «  l'intelligence  du  langage^gist  en 


■[',)  Sur  ces  deux  formes ,  voy.^urguy,  Grammaire  de  la  langue  d'Oil, 
1:  rlin.,  l.  Il,  I8.VI,  |>.  4H. -:- Quant  à  la  troisième  furmc,  elle  s'explique 
i  Tt  liien ,  d'abord  par  l'étymolo^ie ,  qui  tirait  le  verbe  poutoir,  partie  de 
,!»v«uni,  partie  «le  poUeo  {pollet.  Il  peult,  pollent,  ils  peulini),  «a  aii>'sî 
|..ir  suite  de.ranttloiïic  qu'ti|(létablbg^it  entre  rotttot'r  et  pouroir,  il  renU , 
<'  pcuU:  iU  veulent,   ils  peulenif^^ur  \'l  do  i7  peult.'cL  p.  nu,  p.  1:2 

*-t!'.\r».  „, .         •     ■ 

(2)  Cf.  ci-d^soUs,  p.  l.'iO.  ?îou8  verrons  plus  loin  rctle  fornjc  constatée 
<  t  in'ppt^  par  Robert  Kstienne. 


ir.tt 


GRAMMAIIR   FitAliIÇAIftlt. 

un  papier  ot  non  pas  au  parler,  en  Pecriture  etTion  paa 
en  la  prolation ,  en  l'œil  et  non  pas  en  roreillc...  Et  - 
avecq  cola  je  demandcrois  volontiers, si  Icfe  mots  qui 
sont  par  écrit  sont  autres  nrigls  (iuc'ceux  que  la  lan- 
gue prononce.  Co  moi  mai tn\  quand  il  est  proftrré 
sans  *ost-il  autre  que  lui-niônieqùûrtd  il  est  a|yi)liqué 
en  l'écriture?  »  -  -,        .  • 

On  le  v^l,  Dauronfaifun  pas'  en  avant,  et  par  là  il 
compromet,,  à  nos  vimix  ,  sa  thèse,  sinon  au  point  de 
vue  de  l'usa^tî  iiioderne,  du  moins  au  point  de  vue  de 
la  raison  qui  ne  saurriit  trop  réclamer^  dans  Pintérj&t 
de  la  \raic  signiliçation  des'mots,  le  respect  deâ  con- 
sonne? ('lymolof^iques,  Tlicpdr)ré  de  Bi'>/.e  avait  insisté 
.^ur  ce  point^et  l'avait  confirmé  parl'usagp.  Son  adver- 
saire n'rlude  point  la  discussion  :      '     ,  ,i  • 

;  Et  ici  j'ay  à  répondre  à  deux  points  les  plus  gene- 
niux  et  (lue  M.  de.  Bcze  a  allegmiz  pour  les  i>lus  forts  ; 
!  "un  est  l'usaj^ef  l'autre,  retjmoloiie.' 

>•'  Quant  au  pri'miei-,  si  j'ac^ci^fuois  avec  luy  du  nom, 
je  confos^je-qtiie  ce  ^eroil  une  raison  hici}  forte  contre 
.  ni()y,  et  irv'y  fiiiuroit  lonpcuoment  arres^i^-r.  Mais  quelle  . 
apparcjico'y  11  il  d'appeler  usage  ce  qui  est  contre  la 
"  raison  ?'<JiiuHe  usucapiou  1  y  peut-il  aviûir  en  mauvaise 
foi  d'une  cliose  qui  est  pabli(îuc  et  i-p-rituelle,  et, .qui 
plus  e.^l,  eontentieu^e  ciitre  ceux  là  mesm  s  qui  préten- 
dent l'usucapion?  Et  si  ainsi  est  qu'ils  n'aient  jamais 
cté  d'accord  ensemble/  n'ontr-ils  pas  pïutost  besoin  de 


(1)  Terme  de  jurisprudence.   L'««uçop»o»v-ëtaii  ai»  ItienS  meubles  ce 
M]u'e8t  la  prescriittion  aux  biens  immeubles.  ,Après  un  an  de  joui    ance, 
il  y  avait  possession  léi^itimc  par  usurdpinft.     ,         '  ■        , 


l'  ~.     '  '1 


juges /fui  les  règlent  qued'estrc  toujours  en  ce  diffé- 
rend ?  Car  de  dirc^ qu'il  y  ait  manière  aucune  d'écrire 
qui  soit  certaine ,  il  sera  assez  manifeste  que  non ,  en 
l>l  uduisànt  la  main  i  I  )  de  tant  de  sortes  d'écrivains  cjui 
est  si  diverse.  Ei  encore  qu'elles  fussent  pareilles; 
liuil-il  appeler  usag(î  ce  qui  a  élt'î  tolûré- iii/m/»<  et 
non  pas.  approuve  ?  et  eticores  qu'il  eust  été  approuvé, 
laul-il  pas  regarder  par  quelles  gens  ç*a  Clé  et  de 
(juuHe  autorité?  Et  brief  si  l  autorité  y  etoit  entreve- 
.  il  Ht*,  ne  faut-il  pas  qu'en  inatiere  si  privilégiée^  l'auto- 
A:^rilé  soit  coiilïriiiée  de  la  raison  ?  »  - 

Ahi  B«''zc  avait  prévu  et  réfuté  d'avance  cette  objec- 
tion, quand  il  avait  dit  de  quels  hommes  il  voulait  rc« 
<'\oir  l'usage  et  quand  il  uvait  conlirmé  leur  autorité 
j'ar  un  appel  à  la  raison ,  c'est-à-dire  au  respect  de 
rétymologie. 

A  une  objection .  de  J.  Martin  qui  dit  que  les  écri- 
vains français  des  siècles  précéticnts  se  contentaient 
bien  de  rjortliograplie  telle  qu'elle  était,  Dauron  ré- 
.|»lique  :  > 

-M  iMon  opinion  est  que  nos  prédécesseurs,  encore 
i|u  ils  fussent  un  peu  grossiers  en  matière  de  langage, 
M  etuient-ils  plus  sages  que  nous  en  Porlhographe,  la- 
(luello  pour  le  plus  répondoit  à  leur  prolation;  et  croy 
que  nos  anciens  disoient  be.ste ,  honnesle  et  mestièr, 
par  6  (*i;.  lit  n'est  chose  qui  ne  soit  croyable,  par  ce  que- 


;i;  C'eat-a-dire  récriture.  Nous  disons  encore  de  quel(|u'un  qui  écrit 
ion  qu'ira  une  belle  main,  c'est-à-dire  une  (>eilc  écriture. 
Jj  r,f.  ci-deusu8 ,  p.  60. 


^ 


^'< 


t  ■  ■ 

-V  ce  pays  ai  a  élé  autrefois  habiuV  par  gqiis  qui  oAoitMil 
la  laiigue  tout  ainsi  que  la  manière  de  vivre  plus  ro- 
buMe  que  nous  n'avons  aujourd'hui.  Mais  depuis  que 
les  François  ont  ctc  en  paix,  ils  out  commence  à 
parler  plus  doucement,  et,  si  j'osois  dire,  plus- mol- 
lement. Ne  les  ayons-nous  pas  vus  si  sujets  k  leurs 
dardes,  qu'ils  eussent  cuidc  estfe  pecln'î  mortelMc  pro- 
noncer  autrement  (ju'ellcs?...  Et  de  là  est  venu  <iimi«- 

-    .v/owi,  fHtrlissiom^  donntssions  {\)  ?.*.  De  même  lieu  est^ 
venu  j^  i'r/««  o.v«îi;r,  et  maints  aulr«s  (mi  se  pronon-    \ 
cent  a  petit  bec.  Mesmes  par  uii  désir  de  parler -dou- 
cement ,  nous  sommes  chus  au  vice  djaiïectalion  prc- 
nîieremcnt,  puis  sommes  demelUrez  ey  controverse  et  * 

.  dilTércnd  de  plusieurs  motsl  Aujourd'hui  les  uns  disent 
cinicr,  les  autres  rmcr;  '\c&  uns yciubh,  les  autres  meV* 
tent  i  ou  y  en  la  penultimé  et  disent  jywoeyc^  foeije 
et' les  autres* —  Lès  uns  disent  reine  les  autres  ronic, 

..  Mesmes  à  la  plUspart  des  courtisans  vous  orrez  dire 
izallèl,  il  verièt  pour  ils  ailoient^  ils  venaient.  Mais, 
comme  aussi  toucha  hier  le  seigneur  de  Beze,  c'est 
à  eux  à  penser  si  c'est  bien  parlé.   Au  parsus,  les 

.    uns  disent  plcsir,  les  autres  plaisir  par  un  <'  clair  ;  les 

"'  uns  peis  pour  p«ï.ç,  et  peijcr  pour  pwier  (2).  » 

Dain'on  fait  reniarquer  ensuite  que  si  les  changc- 
n)ents  proposés  ne  sot*  pas  définitifs,,  du  moins  ils 
aideront  les  écrivains  iWenir  ;  ceux-»ci  auront  par  suite 

V  >  :.  " 


(I;  a.  p.  \:,c,.  ,    „  - 

'?)  r.f.  ri-flossus,  p.  130.  —  Surjetant  pour  faisant,  analocue  d«  picdr , 
pfMir  ji/cjijtr,  Voy,  plus  loin  lo  cliapiire  roifta^ré  A  Th«*fMl«iri'  de  ll«'  .^ 


_:x  . 


Il 
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IC 

u 
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-V 


JACVIRS   PI.I.I.ETI»:N.  i(]| 

moins  IJfîiiic,  et  ce  sera  un  pas  de  plus  qui  nous 


(• 


•loignoraji^r  temps  où  Toii  disoit-  lioms  pour  honmu-,  4^* 
Ihx  pour  /jVm,   il  01  '  pour  it  eut ,  et  mille  autres  ^ 
mots,  où  principalement  ils  mettoient  la  lettre  *  (juasi 
partout,  comme /wiiv  pour  Aon  (1).  »  Combien  il  nôust»n 
reste  encore  de  ces  fornies  surannées  que  nous  corri-     ^ 

,  ^Tons  chaque  jour  J  Ainsi  au  lieu  de  ^c  w»V»*,  ;>(//•«*, 
je  cannois,  nous  arrivons 'à  ^dire  •;>  vien,  je  tien,  je 
(onnoir  qui  s'en  vont  tout  francs  et  receuz.  •  — ^  «  Si   ' 
est-ce.  qu'il  y  a  des  irregularitèz  qui  n^auront  jamais 

■  Joij^ir  de  se  corriger,  comme  quand  nous  disons  de 

^(fucrir,  guéri,  et  de  ferir,  féru,  et  do  quérir,  quis  ; 
dadire,  dit,  de  lire,  lu,  de  rire,  ri,  de  suffire,  suffi  y 
dcjaire,£ait,  de  faire,  tu  r  de  prendre,  pris  et  de  ren- 
'Ire,  rendu.,.  '" 

\ous  avons  dû  reproduire  les  objections  de  Dauron 
.1UX  sages  principes  exposés  par  Théodore  de  Bèze  ; 
il  ne  frappe  pas  toujours  juste;  mais  quoiqu'il  soit 
à  (ùté  do  la  question  ,  ;ious  trouvons,  sur  le  nouveau 
lorrain  où  il  nous  entraîné^  des  points  fort  curieux  et 
par  les  fjaits  qu'ils  constatent  et  par  le  rapport  qu'on 

.  remarqueraai-ément  entre  les  réformes  proposées  alors 
et  celles  qui  se  sont  opérées  plus  tard.  Quelques  unes 
après  avoir  été  suivies  ont  été  ensuite  abandonnées; 
ainsi  je  vien  s'est  dit  après  je  viens,  mais  on  estyc- 
venu  à  cette  cîicrnière  forme.*..      "  '  » 


(1)  Oa'QvaU  d»'j.1  perdu  l«  tradition  des  régit»  suivie»  si  fonfilammcnt 
nu  moyen  âge  :  i'»  était  de  rj^sle  alors  aux  cas  directs  an  singulier  et  ftu\ 
<  as  oMkjucs  du  plnriel.  —  Cf.  Sourelles  françoises  du  xin*  xtècle,  {mhUée.n 
par  M.M.  L.  Molanilct  f.U.  d'Héricaiilt  pour  la  Bihlioth: ehf'v.  Intmiluc- 
'   'n,.  pp.  \lvi-lvi.  V  ' 


I  I 


A 


lt»2 


#, 


Au  même  titre  que  Tusage^Th^od.  de  Bèze  invoquait  ' 
J'ctymologie^  Suivons'lus  réponses  de  son  adversaiire. 

•  Je  vien  maintenant  au  second  point  que  j'avois  en- 
trepris àsoudre,  qui  est  rêlymplogie,  de  laquelle  le 
seigneur-de  Beze  tail  si  grand  compte.  Et  certes,  je  ne 
ia  mésestime  pas,  cl  ne  veux  point  dire  qu'elle  ne  serve  - 
beaucoup  à  rinteliigencedes  mots.  Mais  voyons  si  elle 
ne  se  doit  pi;^plustut  et  de  plus  près  considérer  sus  le 
parkr  que  susf  écriture,  et  si  ceiie  sont  pas  deux  choses 
àparLqueretymologie  et  l'orthographe.  Ciemierement, 
quand  nous  voulons  dériver  un  mot  d'un  autre,  ne  le 

/'  '  -  "  ■  w  *     ■ 

plononçons-nous  pas  selon  qu'il  nous' semble estre bien 
ùï'^7  Quoi. que  ce  soit,  quand  le  mot  commence  à  être  ' 
en  usage  "(car  il  n'est  pas  aisé  de  dériver  un  mot  bien 
directement  quand  le  vulgaire  ia'en  mesle),  l:a  dériva- 
tion n'est-elle  pas  toute  faite  avant  que  le  motsoit  écrit  ? 
Oui  certes;  et  partant,  il  me  semble  que  pour  Tecnre 
en.  une  sorte  où  en  autre,  il  ne  sera  dorénavant  ni  mieux 
ni  pis  dérivé.  —^  Ici,  dit  Jan  Martin ,  il  est  bien  iriy 
que  la  jderivaison  est  toujouris  mesme  en  toutes  sortes. 
Mais  si  est-ce  te  propre  de  l'etymolôgie  que  le  mot  ap- 
proche de  celui  dont  il  est  déduit  au  plus  près  que  faire 
se  peut,  comme  quai^d  nous  faisons  de  riitum,  vin,  de 
ventre  venir,  de  àqnare  donner^  6t  les  autres.  — -  Oui 
bien,  dit  Dauron,  en  ces  mots  que  vous  di^  et  encore. 
en  quelques  autres,  comme  de  bonus  bon,  de  divinus 
divin,  de  doctrina  doclrine\  là  où  vous  savez  qu*il  ne  se 
met  rien  qui  ne  se  prononce.  Mais  en  ceux-ci  que  vous 
•écrivez  teste,  èscripre;  item,  contract,  advenir,  haûl- 
leur,  danipner,  recepvoiTy  dites- moy  quel  tort  je,  feray  ' 


M' 


"li'^i" 


p 


'W 


JAf.Ql'l»   PlLLITItlI.  Ibi 

il  l'elymologie  en  les  écrivant  sans  j,  c,  d,  /,  wi^,  p  non 
plus  qu'en  les  prononçant?  Et  si,  en  les  écrivant  sans 
telles  lettres,  l'etymologie  vous  semble  corrompue, 
qu'est-ce  qui  m'empeschçra  d^en  penser  autant  en.  les 
.oyant.  pfononcer  sans  les  lettres  mxsmes^  Tette, 
comme  vous  l'écrivez,  vient  de  testa,  et  toutefois  vous 
mettez  f  ay  lieu  d'u  à  la  fin,.et  ne  sauriez  dire  que  ce 
iUi)t^)our  autre  raison,  sinon  parce  qiiej'e  se  prononce 
çt  ?ion  pas  l'a  (1  ).  En  maistre,  vous  ostez  \e'g  qui  est  en 
mujisterf  elcaiyowr  autant  qu'il  ne  se  prononce  point; 
En  escrire,  vous  ajoutez  e  au  commencement,  car  la 
prolalion  le  veut  ainsi.  Que  si  l'etymologie,  est  moins 
connpissable  pour  ostcr  un  p  de  cors  et  de  teim  en  les 
écrivant,  il  s'en  faut  prendre  à  la  prolation  qui  a  été 
avant  l'écriture  et  qui  a  fait  la  première  corruption  s'il  y 
.  (Ha  ('If.  Mais  s'ita  seniblé  bon  à  l'usage  qu'il  fiist  ainsi 
prononcé,  quel  inconvénient  y  a  il  de  l'écrire  ainsi?  » 
•Le  vrai  principe,  selon  nous,  et  nous  ne  nous  lassons 
poiRt  de  le  dire,  est  de  conserver  les  consonnes  radicales 
•  des  mots  étymologiques;  les  voyelles  sont  de  trop  mince 
importance  dans  la  dérivation  des  mots  pour  qu'on  en 
tienne  grand  compte  ;  ainsi  reprocher  le  changement  de 
l'a  en  e  dans  teste  de  tenta,  et  L'addition  d'un  e  devant  acri- 
bere,  escrire  comme  une  inconséquence  de  l'usage  or- 
thographique, c'est  faire  une  objection  qui  tombe  d'elle- 
même  par  son.  exagération  ^  ^      '.j 


(Il  C(.  ci-deasuR.p.  rtO. 

2)  Sur  ceft  formes  ortbograpbiqaet ,  vôy.^Pasquier,  Recherc}%«$  de  la 
Franc«,  llv'.vni,  ch.  !•'. 


t 


4} 


\     ' 


/■ 


llK  (iRAMMAIRC    PIA«(ÇAISi:. 

Plus  loin  Daiiron,  coiilinuanl  ù  discuter  la  liièse  dp 
Tlu'odorc  de  Bèzc  et  des  autres  défenseurs  de  l'élv- 
iTioIogie,  ajoute:  «  Je  sauFois  voiilontiers  pour(juoi 
vous  mettez  deux  //  en  tutelle,  cauielle ^  querelb ,  qui 
viennent  de  tutela,  cauiela ,  querpta ,  sinon  parce  qu'il 
yous  a  semblé  que  la  prolation  vous  l'a  conseillé?  »> 

La  raison  de  ce  redoublement  de  la  lettre  /  a  échappé 
H  Dauron  ;  mais  comment  ses  intorlocuteuw  ne  la  lui 
ont-ils  pas  apprise?  Avant  rinyenlion  des  accents  / on 
redoublait  la  consonne  après  Ve  pour  lui  donner  le  son 
aigu  ;  encpro  maintenant  nous  écrivons  il  appelle,  il  jette, 
(jiroiqire  l'accent  tende  à  obtenir  un  emploi  uniforme 
et  qu'il  paraisse  déjà  dans  il  achète,  etc.  Ainsi  se  sont 
accomplis,  ainsi  peuvent  seulement  s'accomplir  les  ré- 
sonnes orthographiques  :  Ift  règle  générale  d'aujour-^ 
crjiui  a  commencé  par  être  ^une  exception ,  et  si  Tex- 
(•(^plion  d'aujourd'hui  déyiéïit  rèigle ,  ce  sera  par  une 
pxlcnsion  lente  et  successive. 

Parfois  la  critique  de  Dairron  porte  moins  à  faux; 
ainsi  c'est  avec  raison  qu'il  remarque  les  ihconsé- 
([ucnces  de  l'usage,  qu'il  bl;\me  l'emploi  du  c  dans  sa- 
ri)ii'  (^çâvoir)  qui  vient  de  sapere  et  non  de  scirey  qu'il 
condamne  ceux  qui,  sârts  penser' que  le  6, ou  le  p s'est 
(  h!in«;é  env'^ans  fièvre,  avril,  devoir  comme  dans  ai»oir, 
'   ravir,  couvrir,  é<:n\enifietivre,  apvril,  debvoir. 

«Ils  mettent  un />  en  la  seconde  personne  de  rindicalif 

je  dui,  et  écrivent  tu  dàibz,  comme  si  elle  vendit  de 

'4hbes  et  non  pas  de  i,a  première  personne  dot,  là  où 

yîls  ne  mettent  point  de /».  Mais  j'estime  qu'ils  ont  eu 

horrtc  de  le  mettre  h  la  fin  de  la  diction,  combien  lort- 


,  * 


.  * 


"'        JALVIKS   l'ELLETIKS.  U,;, 

tclois  qu'ils  ii'âyent  pas  laissé  d'en  mettre  do  seniblabics 
en  ces  motai  :  ^jW,  .  nœud^  loup,  Ejt  m'ebahi  qu'à  ce 
compte  ils  ii*pnt  écrit  là  seconde  personne  de  aoi  pai- 
un  r/commevenantde  cre(/i«,  ciiu  vads  comme  venant  de 
vmlis.  Vrai  est  qu'il  faut  prendre  garde  à  certains  rtiolîr 
(jui  viennent  du  latin  sans  moyen  (sans  intermédiaire) 
cl  non  pas  du  françois,  comme  prononciation  et  proîa- 
lion  ne  viennent  pas  de  prononcer  et  proférer^  mais  do 
pr^nunciutio  et  prolaiiç.,.  Et  par  ainsi  on  doit  rncllrc 
lin  s  en  descriptioni  parce  qu'elle  se  prononce',  et.noii 
pas  en  décrire,  et  n'en  faut  faire  difficulté  non  plus  (|ua 
(le  mettre  un  t  en  mutation  et  non  pas  en  limrr,  un  <i 
en  déclaration  et  un  e  en  dcclerej. 

))  Ils  mettent  aussi  la  voyelle  o  pour  la  seconde  lettre 
de  ces  mots  nœud,  cœur,  par  une  grande  curiosité  de 
retenir  le  latin,  et  ne  regardent  pas  que  c'est  Tordi- 
nîiire  que  l'o  latîn  s*en  aille  eh  eu  françois,  comme  de 
DOL©R(/oii/eMr,  eoLOR  coti/éur.  Toutefois,  on  pourroitdirc. 
que  ce  n*est  pas  directement,  mais  parce  qu'ancienne- 
ment les  Françofs disoient  (iou/our,  contour,  iangour;  sa- 
vour  (1)',  desquels  nfous  avons  encore  douloureux,  savou- 
reux, langoureux,  tous  lesquels  pour  la  plus  grand' 
douceur  ont  été  misen  eur,  et  n^çst  demeuré  qu'amour. 


,(1)  On  m  daos  Mtrot  : 

Portent  inr  «uz  dec  cordes  A  gnw  iMNMb 
Pour  lui  lier  ■!«<  jambes  et  genou. 

Et  encore  dam  RouMurd  : 

Qo'ensié-je  taJetT  L'areLet  Moit  si  doux. 
Si  dodi  ion  feo,  si  dont  l'or  d«  ses  i»o«d« 
Ua'eo  leers  filets  eocori  je  m'oablie. 

—  et.  Qùthêttl,  Traité  d*  uriif.  frànf,  \%U,\>.  M^r 

et  ci-><i«stts,  |>.  t4. 


'  /. 


166 


tilAMMAIlE    rSANÇAlSK. 


\ 


^■ 


qui  est  tenu  bon  (j  entends  le  mot  et  nop  la  chose J; 
et  dit-on  aujourd'hui  aussi  souvent  keuvre^  tfeuve, 
epreuoe  comme  couvre^  trouve ^  éprouve  (i).  Et  incidem- 
ment Taut  ici  dire  que, pour  la  môme  cause  les- supins 
seUy  peu,  leUydeUy  ro/in/'u  ont  été  mis  en  «m,  pu^  tu,  du, 
connu;  item  :  asseure^  atleure,  monteure,  jeûner  en  om- 
ture,  allure.,^  monture,  juner  et  beaucoup. d'autres (2).  » 
■  Tàik  ce  passage  est  excellent.  Parla  nous  assistons, 
pour  ainsi  dire,  à  la  naissance  de  ces  irréj^ularités  que 
la  dérivation  a  fait  peser  sur  To  latin  qui,  dans  un  même 
mot ,  a  pris  différents  sons  :  ainsi  de  posslm  et  de 
POLLEO  oh  a  fait  je  pui8,ilpeùl(y  je  pus,  pouvoir;  ifORl> 
je  meurs,  mourir,  mort,  etc.  —  Que  faire  ici^  si  ce  n'est 
constater  et  accepter  P usage?    / 

Dauron,  ainsi  rapproché  du  lalin,  s'occupe  incidem- 
ment de  la  forme  que  doivent  prendre  en  français  les 
noms  propres  tirés  de  cette  langue. 

«  Pour  retourner  ces  propos,  dit-JI  ensuite,  jce  qui 
me  fait  reprendre  Tecriture  vulgaireAi'est  point  prin- 
cipalement l'abus  que  nous  commettons  en  la  puis^ 
sance  des  lettres  latines..'.  Toutefois,  d'autant  que  je 
vois  tout  cela  estre  quasi  incorrigible,  si  ce  n^èst  à  grand'- 
difËculté  et  longueur  de  temps ,  .j*aime  autant  laisser 
passer  cela  par  amour  que  par  force.. Mais  je  voudrois 
bien  qu'en  ce  dont  nous  abui^ons,  au  moins  nous  ne 
fussions  point  inconstants,  c'est  à  dire  que  nous  né 
.chargeassions  point  abus  sus  Abus.  —Comme  en  quoi? 


(|i  or.  ri-dcMu».  |).  14  et -p.  |3«. 
f2)  Cf.  ci-deMUi,  p.  IW. 


r.-     K 


JACQCKf  PKLLRTnH.  167 

dit  Sauvage.  —  Premièrement,  dit  Dauron,  vous  abu- 
sez du  r  en  lui  donnant  avant  a,  o,  tantost  le  son  d*un/l% 
tantost  ffun  a,  comn^e  ^a\  dem  et  en  ffjrpn.lh  où  vous 
le  sonnez  comme  t,  et  généralement  en  autres  tels  mots, 
vous  le  sonnez  en  k.  — Lors  ditSauvage;  Quant  à 
rrla,  nous  y  avons  remédié  longtenrips  a,  car  nous  avons 
pris  le  ç  à  queiM  qui  est  semblable  à  la  loltre  s  en  rip:uKc 
et  en  puissance,  -r-  Bien,  dit  Dauron,  jo  trouve  cela\ 

^  bicn.bon  et  j*en  jise  assez  voulontiers,  et  sais  bon  gré  h 
ceux  qiii  nousTont  apporté.  Et  est  moh  avis  que  nous 
rie  le  devons  à  autres  qu*aux  Espagnols,  auxquels  il  . 
a  été  et  est  fort  fréquent  de  longue  main  (1  ). 

»  Et  mesine  les  apostrophes  qui  ont^té  trouvées  de 
notre  temps  me  semblent  bien  propres,  combien  qu'il' 
y  ait  des  imprimeursqui  ne  font  compte  d'en  user.  Mais 
je  cr<)i  bien  que  c*est  par  ce  quMIs  ne  savent  à  quoi  elles 
sont  bonnes  ni  là  où  elles  se  doivent  appliquer. 

»  Quant  à  Paccent aigu,  qui  a  été  introduit  du  mesnie 
temps,  sans  point  de  faute  je  ne  le  voudrois  pas  approu- 
ver en  la  sorte  que  vous  en  usez. — Si  est-^îe  pourtant,^ 
dit  SauvagCy  qu'il  nous  sert  grandement  bus  Ve  final . 
que  nous  appelonsmasculin,— Voire  mais,  dit  Dauron, 
telles  syllabes,  avecq  ce  qu'elles  sont  coustumierement 
brèves,  eiicore  la  nature  de  l'actent  n'est  poim  d'es^ 
tre  rois' à  la  fin  d'un  mot,  combien  qu'en  notre  frân- 

^  çois  cenous  soit  quasi  force  d^  l'y  mettre,  non  pas  pour  • 

accent,  mais  pour  apicule  et  signe  de  longueur.  Mais 

vous  eh  usez  en  diverses  sortes  et  contraires,  comme 


(l)  Cf.  p.  st. 


\^ 


ï' 


\ 


•> 


N' 


& 


<" 


en  CCS  mots  nomme  fixent  ^y^rivème  ni  y  obsUnémenl,  éorii 
les  syllabes  sont  loifgues,  cl  ailleurs  yous  le  mettez  sur 
les  brèves.  .•>  /^^  " 

Presse  par  Dçiiis  Sauvage  de' formuler  un  système 
complet,  Dauion  ri'si.sU''  qilel(|ue  temps;  mais  eufin  : 
«  Je  sais- bien;  dit-il,  qu'il  le  fajit  faire,  puik}ue  vous 
le  voulez,  et  u'en  eussé-je  point  d'envie^  car  Dieu  sait 
•combien  vous  ^tes  mal  aiscz  à  conduire!..  Première- 
ment, je  vous  dis  que  nous  avons  en'frànçpis  trois  sortes 
d'éî^-  comme  desja  a  été  observé  par  d'autres,  et  tous 
trois  se  cortnoissént  en  ce  mol/t;r/mf  t''  (i).  »  Il  propose 
ensuite  de  régulariser  le  son  de  //  double  qui  tantôt  se 
prononce  comme  /  simple  ^antôt  comme  //  mouillé  : 
ce  dernier ,  qu'on-  l'écrive  avec  Ih  provençal.  Le 
gn ,  tantôt  se  prononce  comme  uh  provenCar(2)i|| 
et  alors,  qu'on  l'éx^ive  nk;  tantôt  ii  se  prononce  comme 
«simple:  et  alors  jl  doit  s'écrire  sans  7,  comme  dans 
les  mois  cognoistre ,  signifier  y  régner  y  digne  2»)^  Knfm 
Dauron  veut  aussi  suppriiiier  le»  lettres  doubles,  là 
où  une  «ùle  |uflirait ,  e^retrancher  la  lettre  «  d^  les 
mots  où  elle  n'a  d'autre  office  que  d'allonger  la  ptp-/ 
nonciation  delà  voyelle  qui  précède  (à).  .       "7 

'   Lors  Sauvagèx:  fQuè  f  oùdrrez- vous  donc,  dit-il,  que 
i'ôn  mit  au  lieu  'de  la  lettre  «  pour  tenir  la  syllabe 
%nguô?  —  Il  ne,  faudroit,  dit  Daurpn,  que  mettre  un 
accent  sûr  la  syllabe,  comme  je  vous  ai  déjà  dit.  —  Ce 


V. 


\ 


(!)  Cf.  pp,  0,  65,«6.,  r27/132,  IW. 
(2)  Cf.  cl-de|g*«T  p.  137.  ^ 
{31  Cf.  p.  :>z. 
(4)  Cf.  p.  55  et  I W. 


■>k 


4'^ 


iKL\HtS   l'KLLKTIKH.     '^. 


1  ••«.) 


scroit  une  grand'  peine,  ^dit  Sauvage,  de  in$tl>c  tant 
d'accents. — Lors,  dit  Daufon,  j'entends  toujours -que 
la  protestation  par  moi  faite  dès  le  conîmencement  me 
serve,  qui  ^sf^que  notre  ianguè^oit  nombrce  entre 
celles  qui  soiïi  di^nçs  d'être  polies,  réglées  et  cultivées, 
cl  lofs  nous  n'y  trouverdhs  lès  accents  étranges,  non 
plus  qu'en  la  grecq,ue,  ni  les  points^  en  l^heliraïquc. 
Cojhbien  de  temps  a.  Ion  esté  aVant  que  pouvoir  l'aire 
tr()uv(:M*'b9imes  lès- apostrophes,  \e  ç  h.  qUe"uc  et  l'ac- 
cijiit,  ;>igu^(îjjoiqu'on  abusa  de  celûi-çi)  et  autres  notes 
(le  jwlre  langue  à  un  tas  d'ignoVants.jôa- opiniâtres':^  »    • 

Sans  inâister  plus  longtemps  sur  cette  question, 
'  Dauron  revient  à  l'examen  des  lettees  et  de  Iquf  pro-  • 
iionçiation.  (Juandl'e  se  prononce  comme  a,  par  exem- 
ple dans  «ci>nc^,.  diligence ,  e«,.pn/9eVra  récrire  par 
un  a.  Mais  d^où  vient quo; nous  ayonsxhangé  le  swpn  de  x 
l'e  dans  ces  mots?  V        '  * 

•  îTandis  que  j^e  suis  ici,  je  dirai  la'raÎBon  pourquoi, 
nous  prononçons  autrenient  sciance  en  françpis  cfue 
«t  iVnïia  ne  se  pronopce  en  bttin;^es  maistres.d'ecol^  dqi 
temps  passé'  disoient  :  omnam  hominam  vemontam  in 
hune  m unc/um,  duquel  vice  notre -France  à'^peine.sc 
pourra  jamais  bien  purger,  vu  mesntie  flue  ceux  qui  ont 
été  crudité,  ce  semble,  en  \)ons  lieux,' sont  imbuz  de 
cette  odeur.  Et  parce  que  les  prêstres  avoient  tout  je, 
crédit  le  temps  passé  (qu'on  appetoit  le  bon  temps)  et 
qu'il  n'y  avoit  gueres"  qu'eux  qui  sut  que  c'etoit  qi^c 
de  latin  (comme  la  barbarie  et  puis  la  littérature'  re- 
gnoient  par  vicissitude  en  tous  paysdtk  inonde),  ejt  que 
tous  les  jeunes  enfants  tant  de  ville  que  de  viUage  pas- 


V 


•'^. 


/' 


/ 


^ 


/ 


.  1 

soient  par  leur»  mains,  Dfeu  sait  comme  ils  etoient  in- 
struits!.. Par  quoy  ie  vulgaire  apprit  a  dire  »rmnc<', 
conscidhcc^  àiliqeançe  par  à;  Voire  dp  sorte  qu*aujour- 
d'hui  ce  nqus^  est  un  patron  qui  nous  demeurera  à  ja- 
mais... Et  combien  qu'aujourd'huy  la  prolatî^ri  latine 
soit  un  peu  eclaircie,  8*11  avenoit  toutefois  que  nous 
prinsions^a  liberté  de  t^rer  quelque  mol  nouveau*3u  • 
latin  en  cette  termintiison  ou  semblable  ^omme  par 
exemple  si  nousMisions  reminhceniia  et  nous' en  vo^-  > 
lussions  former  réminiscence  {\)\  nous  ne  l'oserions 
'  proférer  autrement  que  par  fli.,.  /  «^    „ 

'.    ^-^*  De  mênj^,  parce  que  jdu  temps  barbare  on  pro- 
nônçoit  mtchi\  nichil,'  m  Ueu  de  mihi,  nihii,  là  où  ijs 

^faîlloientsi  doublement  que,  sans  la  pauvreté  dti  tem.ps 
qui  les  sauvoit,  je  ne  crois  pbint  qu^lsn'en  eussent  été 
pu*hiz  en  ce  moiide  icf  ou  en  l'autre,  nous  en  avons  le 
mot  françois  anichUer;  ^u  lieu  duquel  si  nous  Voulions  . 
maintenant  dire  animer.  Dieu  sait  comme  on  Grieroil' 
après  nous  (^)î...  '         . 

».  Retournant  de  là  où  je  suis  parti,  je  dis,  quanta 


t 


(1)  Ce  mot,  qui  se  trouve  dans  rimitation  faite  par  Théo|^hite  da  PM- 
dpn,  de  Platon,  ver»  1C20,  ne  figure  ni  dant  le  Dictionnaire 'fran<;aiB-iatln 
de  Ruitert  Estlenne ,  ni  dans  son  Dictionnaire  latin-français  où  manque 
mémele.mot  reminitcentia.  Nicod  ne  l'admet  pas  non  plus^Le  Pietion- 
lunire  en  forme  de  bibliothèqiu  unkertelle  de  Boyer',  sieur  dii  Petit  Puy, 
1649,  Ta  accueilli.  Lé  Dictionnaire  français-Italien  de  Duez,  1871»  leniar- 
que  d'une  astérisque,  et,  le  Dictionnaire  italien-français  du  même  auteur 
tTa.ûuiyxemi*»seentia  pBt  jestouvenqnce^  Richelet  a  omis  ce^mot.  Fnrc- 
ti^m^ l'Académie  (inédit.)  le  donnent  également.  Saint-.Évrëmont  l'a 
einpioyé. 

(2)  Nicot  donne  encore  anichilêrei  mieux  anniehiieT,  maUnon  aiifit- 
MW.  Ce  raotdttparatt  dans  les  pr«miéfeslM(U<ms  de  Fareti^  et  de  Ri- 
chelet ;  le  dktioDiitire  de  Trévcox  l'a  repria  totts  û  màme  fbnneviwi- 
ehtier. 


^^ 


r-v 


•  -J 


> 


-  JAr^UBS   PBLLKTIKR.  171 

■      •  „  ■  '  '  •* 

la  puperfluité,  que  si  une  lettre  en  quelque  mot  ne  se 
'  prononce  point,  elle  n'y  a  nuUe  puissance,  et,  n'y  ayant 
nuiLe  puissance,  elle  nly  doit  avoi'r^place.  —  Lors  dit 
Sauvage  :  Et  quand  vous  la  prononcez,  donc  pourquoi 
iiC  la  y-metloi  vous?  Comme  aux  mots  qqe  vous  disoil 
hier  M.  deEêié,  ira  il?  vous  semùie  il?  f  voudriez  vous 
ffiettre  un  t  entre  deux  et  dire  :  ira  ti?  vous  semble  ti? 
ainsi  qu'bn  le  prononce? —  Je  confesse,  dit  Daurc^n, 
qu^il  seroit  dur  dé  les  écrire  ainsi  qu'ils  se  prononcent 
vulgairement.  Mais  vous  savez  qu'il  n'e^t  pas  défendu 

^prononcer  ira  it^.ei  que  ceux  qui  le  diront,  on  ne 
les  sauroit  justement  t-eprendre,  comme  vou«  trouvez 

••''S  poètes  assez  souvent  t;oM/*em6/'i7,  et  non  point  voma 
semble  tiKX)  ?  Si  est-ce  pourtant  que  l' écriture  a  usurpé 

}ret  homme,  Tet  oeuvre  au  lieu  dé  ce  homme,  ce  œuvre;  et 
toutefois  la  raison  est  pareille  comme  davous  semble  ti,  ' 
ira  ti,  qui  est  à  cause  de-  la  concurrence  des  deux 
voyelles  :  là  où  les  écrivains  commettent  erreur  insigne 
y  aJ0utanf  »  et  écrivant  cest  homme,  cesl  œuvre,  cest 
honneur.  Et  croy  qu'ils  M^té  si' sots,  en  cuidant  faire 
un  grand  tour  de  subtilue,  de  penser  que  le  pronom 
vient  du  latin  iste  (2)  ;  et  de  là  est  tonobé  un  autre  erreur 
en  la  tète  de  ceux  qui  se  sarit  avisez  d'écrire  ste  femme, 
ste  cause  (3) ,  au  lieu  de  cette  femme,  cettecausf,  et  Dieu 

.sait  comment  ils  ne  s'y  montrent  pas  bestesl  •  .^ 


>. 


% 


(1)  Rien  de  plaA  fréquent  que  cette  suppression  de  Ve  muet  flnaj  dç  la 
troii^éihe  peri^pnnc  du  singulier,  et  même  de  Ve  muet  à  la  fin  de  tout  ai%- 
tre  mot  ;  M.  Quicherat  rite  un  nombre  Infini  d'exemples.  —  Traité  de 
rertif.  ftanr,.^  pp.  398-409. 

(2)  Cf.  Dubois,  el-dessos,  p.  J4. 

(3)  Dans  sa  tradoeUon  de  Lucien,  Pcrrot  d'Ablaneourt,  arrêté  par  le 


V 


/^ 


l^ 


4 


■\ 


#> 


V. 


^'-l^' 


n*  ,  .  <iaAHIIAIIK>|IAH41«i|[., 

CoiUiiiuant  à  chercher  dans  la  prononciation  Ja  cause  - 
(le  certains  autres  vices  d'écriture,  Dauron  allrihuc 
l'introduction  de  Vn  avant  le  t  dans  la  troisième  per- 
sonne du  pluriel,  non  pas  à  l'imitation  des  fonnes  la- 
tincs,  comme  le  vetit  Jan  Martin,  mais  bien,  ce  (|ui 
est  une  erreur,  à  l'antique  prononciation  dont  on  voit 
la  trace  dans  les  écrits  «  des  vieux  rimcurs  françois  » 
et  (|ui  s'est  conseirv^éeparmi  «  les  bonnes  gens  du  Maine 
et  du-  Poitou,  •  qui  a  prononcent  encore  aujourd'hui 
Àz  atantj  iz  venant  {i).  » 

•  ri  y,  a  outre  ceux-ci  maihts  autres  mots  ou  la  super- 
flditécstencorepkis  déraisonnable,  comme  quand  vous  ■ 
amassez  tant  de  consonnanles.  Et  pensez-vous  (ju'il 
vous  ïait  beau  voir  écrire  ccmot  plurier  escripz  qui  est 
prononcé  ecriz?  liem  coniraciZyContrêinciZt  qui  se  pro- 
noncent cçntrazy  contrains.  Et  si  voUs  les  proferrez 
cpmme  vous  les  écrivez,  il  sembleroit  qtielquc  haut  al- 
lemand. j0tm^ 

»  Somme,  vous  avez  une  règle  générale  de  prola- 
tion  que  jamais  les  noms  pluriers  françois  n'admettent 
■■     '  .  .  y"'  .         ■  V      ■ 


Combat  OfM  toyeUet. tardai  à  fon  neveu  Frémont  d'AWaneourt  le  soiti  d'en 
faire  uneTimtUUon,  tnion  une  traduction.  Le  Dialogue  des  Uitrcs.qu'A 
rompou,  est  un  curieu^K  monument  de  la  prononciaUon  du  temps.  L'au- 
teur y  fiota  une  suppression  de  Ve  plus  singulière  encore  que  celle  de  «i« 
(«u  plutAt  c'ie)  pour  cette,  qui  se  rencontre  souvent  ab  x?i*  siècle  daasd 
cl  heure,  qu'on, trouve  ëtritoir  heuft.  C'est  d*»,  Tspour  det,  les  m  plein 
xmVsjiècle;  voici  le^passage.  c'est  l'K  qui  parle  :  •  Il  n'esV  p«8  Jusqu'aux 
(  «Hisonnes  qui  ne  me  âaogent  entre  elles,  surtout  quand  je  parie  de  ma 
Krand'mèrf,  et  j'ai  grand' peur  qu'elles  n'en  demeurent  là.  car  elles  ont 
bien  d*»  imaginations  eitravag&ntesqui-me  regardenh  •—  EC  une  note 
plai'ée  en  regard,  dit  t  •  r<  ne  se  prononce  pomi  en  des,  Ic«,  quand  ooc 
vovelle  tult,  » — Voyez  ci-dessoii»  l'analyse  de  Rar>..iK. 
i,i)  Voy.  |ilu«  loi  aie  chapitre  de  Théodore  de  Déze.  * 


'^ 


\ 


.   ^  .  jAr.QCKs  rii.i.iTiEk.  i"' 

cou  d'autre  consonne  aviec  «,  si  ce  n'est  r  ou  m,  comme 
éuiU'urs,  talons;  et  encore,  en  ceux  qui  ont  npst-ell<>^ 
peu  entendue,  comme  Ions  lomfs  ,  bons  ;  et  en  ceux  qui 
ont  r,  la  lettre*  y  est  peu  entendue',  comnrie/«r«  (foris  ) 
ntrs  corps)  :  tantVen  Caut  que.jy,  p,  /,  y  soient  enten- 
duà.  Bref,  toutes  consonnantes  finales  des  motâ  singu- 
liers se  perdent  au  pluriel,  forsn  et  r,  et  se  couvert ift- 
sciit  on  s  ou  s,  comme  de  aspic^  asph,  de  écrit  ccriz  : 
i.moin  les  poëtes  qui  riment  ce  que  vous  écrivez  loiufs 
par  g  sus  toloHSi  aspics  sus  pi*,  esciriptz  sus  criz  et  tous' 
les  semblables.  Et  si  nous  y  pensions  bien,  nous  nous 
devrions  accoutumer  .à  les  écrire  par  simple  »,  tout 
ainsi  que  nous  écrivons  ces  mots  fout,  gram  sans  /  et 
f/,  et  comme  nous  écrivons  tous  les  noms  pluriers  des 

/participes,  comme  aluns^  venons,  et  non  pas  fi/aiils, 
vriuiutz.  Et  quant  à  ceux  qui  disent  qu'on  prononce 
(Inrps^cocsy  longs,  ils  ne  le  eroiroient  pas  s'ils  avoient 
bien  écouté  les  François  parler  quand  ils  disent /e» 
<oz  chantent,  tés  drus  sont  blans.  Ions  et  larges.  » 

C'est  la  dernière  page  sérieuse  du  volume  ;  car  nous 
j»c  pouvons  guère  tenir' conipte  de  l'opinion  déjà  ex- 
primée par  Théodore  de  Bèze  et  confirmée  ici  par  Dau- 
ron,  que  roii  a  introduit  un  /  dans  il^uU  pour  aider  ù 
distinguer  Pu  de  Tu,  confondus  dans  l'écriture  courante, 
ou  mis  un  x  à  la  fin  dé  deux  pour  empêcher  qu'an  ne 
lût  tenté  de  lire  dens  (1).  Cependant  nous  reproduirons 

;  i^e  pass.agc,  en  conservant  l'orthographe  de  Pelle- 
tier dont  nous  avons  prorais  de  donner  un  exemple. 


^O" 


(I)  V(ty.  ci-dessus,  p.  ihti 


>. 


/> 


174 


\ 


•  •RAJIHAIItK   r&ANÇAliiE. 

''  '  •  ■ 

Nous  laissons  la  parole  à  Daurou  : 

t  11  resW  meinl^^nant  a  parler  di?  la  lytr^  courant)^ 
des  François  :  laquH^,  eirtsi  que  disoèt'  D^bi,!^^  n^ 
fvt  point  dt^  dislinccioii  .âiitr^^  la  consOnantj^  h  et  la 
voyçl^'  II.  C^^  qui  yt  einsi  :  dont  }^'  randre  ici  la  caus^V 
tel^  quy  chacun  la  connovtnt-Vrv'y^-'-  Les  François  ont 
elè  tousjours  rej)urèz  grans  manieurs  d'afvr^^s ,  g'ans 
ouuyrs,  conipagiiabk's,  e  pour  dir^' ciiisi,  legaus.  Par 
cy  moyv'H,  iz  ont  essayé  a  la  longue^  qu^  la  cominuni- 
cacion.d'afvrf's  ouurV  lesespriz,  c  baliu^  au(,Mtic^^mant 
a  chacun  d^  S{i  dôner  gardv',  e  d^  s'eforcer  d^  fçr^ 
sa  condicioh  meilhcurj^  qui?  cçlj'  d^^  son  compagnon. 
€ar  quand  iz  s|i  sont  vùz   par  plusieurs  e  divçrsj^s 

fOf'S,.  trompez  a  la  b6nn(^  fog  :  comm^^  an  marchez, "an 

■I 

promt^sses,  an  vandjcions,  an  heritag^fs  :  brief,  an  tant 
d(^  sortes  û^  conuancions,  iz  onfétè  contrains  dj^  ré- 
duira p^r^crit  tous  les  apoint^mans  qu'iz  auoçt  les 
uns  auçc  les  àutrps  :  Tel,^mant  quj^  TEcritur^^  gt  û^ii^nu^ 
fort  commurijk^.  e  coutumierç^. . .  A  propos,  TEcritur^  èji^ 
répandit  d^  tel^  sort^^  parmi  les  Françoçs,  e  fut  si 
bien  excçrce^  d^^  toutj^s  manieras  d^  g'ans,  qu'an  null^ 
autr^  nacion  çlji  n^  fût  onqu^s  si.  ordinér^  :  a  cause? . 
,  qu'iz  an  ont  il,  c^  leur  à  samblè,  plus  d'afçrjî?  e  d^ 
'nécessite  qu€?  tous  les  peuples  du  Mond^.  E  si  TEcri- 
tur^  s'ét  einsi  multiplie^  a  rçson  d^  l'abondance  des 
procçs,  ou  les  procçs  a  rçson  â^  tant  d'Ecritures,  c^ 
n'çt  ici  M  liej^  d^  1^  tlir^.  Mçs  quoç  qu^  soçt,  ceus  qui . 
suivit  V  palçs  sau^t  ecrir^  plus  leger^maut,  e  plus 
pratiqufc?mant,  qu^  les  autres.  E  leur  ^t  bien  métier, 
vu  la  grand' prçss^ qu'iz  ont,  pour  satifyr^  a  tant  d^ 


4 


# 


JACQLKS   PBLI.FTiEM. 


17f. 


•  pK'deurs.  Puis  la  lucratiu^  qui  an  vient,  leuràaâsoupll 
la  incinvd^^  tcM  façon  qu^'  les  François  amport^ront 
lousjours^^  pris  par  sus  toufji's  naciqns  du  M6nd^^, 
-il  ('t  question  d^^vil(;q^  d('niein.  M^s  voçci  1^  point  : 
qui/,  ecriut't  si  let;eiyniai)t ,  qu'a  grand'"p^in^  ont  iz 
Ut.sir  d^^.distinguer  un  c  d'av-t/c  un  t  :  tant  s'an  faut 
r|*i'iz  facc^t  dis'crecion  d'un  li  d'aui.'c  un  u.  Or  çt  il, 

■  (|a'cus  voyans  qu^^  là  soudein^'to  di'.  leur  mcin,  etovt 
.  uuM'  qu'on  prjj'noi/t  souuai>t  lytr^^s  pjour  Ivtr^^s  :,iz  i 
m  ont  alçtr  e  antiVm<;Iè  d'autrj^s,  pour  obuier  a'I'in- 
(oiiucniant.- Comint'  an  quelqut^s  moz-,  qu'à  aleguè>. 

'  'lonsieur  D^fbçz^^,  iz  ont  mis  ou''/,  ou  />,.ou  (/,  einsi. 

.|iu  It^  cas  1^  r^^qu(^rovt.  Gômmt^  d^  peur  qu'on  lût  pmt 

[Kir  M  an  lieu  d^  peut  par  u  :  iz  ont  mis  /  antr^deus 

ciiuans,  peuU  :  E   Dieu  sèt  çommant  i^\^  i   çt    a 

propos.  •  '   . 


v-^ 


m 


PIERRt:  RANUS  011  LA  RAN^. 


!        / 


■■&■  ■ 


(hiimmalre  de  P.  de  la  Kamee y  lecteur  du  Boy,  eu 
Ci  niversïU'  de  Paris.— A  la  Royne,  mère  dit  Hoy  (i). 

Le  mauvais  succès,  ou  plulôt  riiidiiïérencc  qui  avait 
accueilli  les  tentatives  de  Dubois,,  de  Meigret  et  de 
Pelletier,  ne  purent  arrêter  le  génie  entreprenant  et 
novateur  de  Ramus.  L'adversaire  d'AristdCe  éUit  ha- 
bitué et  exercé  à  la  lutte.  Après  avoir  composé  une 


■^  (1)  A  Pari*,  de  rimprimerie  d'André  Weriiel,  15:2.  I  vol.  in-12.  ^  hé- 

^  dicace  et  préface,  12  p.  —  Texte,  p.  i-2i  i .  Imprimé  à  deux  colonoet  à  par- 

tir de  la  page  57.  -  ('.ettc  éditioa  lerail  la  seconde,  selon  M.  Brunet,  qui 
nie  une  édition  antérieure,  énonymc,  de  1 562  :  noa>  ne  l'avoni  pas  ren- 
contrée. 

Une  dernière  édition,  publiée,  en  1587^  chez  Denis  da  Val,  saccesseur' 
de  Wechel.  est  donnée  comme  •  revcue  et  enrichie  en  plusieurs  endroits  ; . 
dans  son  Avis  au  lecteur,  rimprimeur  qui  seul,  disaii-il,  pouvait  repro- 
duire le  texte  de  Ramùs  -  pour  la  diversité  des  caractères  .  qu'il  avait 
conservés,  vante  laide  qu'il  a  reçue  de  N.  ilergcron,  avocat  en  parlement, 
auteur  de  quelques  ouvrages  cités  par  du  Verdier.  Mais  il  ncn  faut  rien 
croire.  A  peine,  dans  le  preniier  chapitre,  voit-on  quilquc^liangements 
Insigniûants;  ailleurs,  une  remarque  de  trois  lignes  a  été  ajoutée;  la 
moitié  d'un  chapitre  a  été  déplacée;  quelqu<:a  fautes  ont  été  remplacées- 
ftar  d'autres:  arerbé,  de  la  première  édition,  est  .écrit  adverbe  dans  la 
seconde  i  mais  c'est  tout.  - 


ni 


m 


f^rammairc  gjrecquc  (i)  qui,  àTîenl  ans  de  date,  lui  atti- 
rait encore  les  éloges  de  Port-Royal,  Ramus  publia 
une  grammaire  latine  (S")  ;  ces  deux  ouvrages  ne  lurent 
(jue  les  préliminaires  d'un  autre  livre ,  qui  fcrme  la 
liste  de  ses  nombreux  écrits,  la  grammaire  françaii^c, 
dont  nous  avons  à  nous  occuper  ici, 

(]omme  Pavait  fait  Dubois,  Ramus  mit  son  livre 
sous  le  patronage  d*une  reine  :  mais  Catherine  d^i  Mé- 
dicis  ne  porta  pas  plus  bonheur  à  cette  œuvre  que 
la  reine  Éléonore  à  celle  du  grammairien  picard  :  en 
fait  de  langue,  le  peuple  est  roi. 


i 


Noua  avoni  eu  entre  les  mains  tin  exemplaire  donné  par  l'auteur  à 
N.  Uergeron  lui-mfime,  qui  était  son  disciple  et  son  ami,  et  qui,  au  cha- 
pitre XVll,  est  nommé  par  Ramus  à  Foccasion  d'un  dictionnaire  français- . 
latin  auquel  son  maître  prétend  qu'il  travaillait.  Bergeron  a  écrit  snr  le 
titr<>  de  cet  exemplaire  :  «  reveii  et  corrigé  par  N.  Bergeron.  •  liais  ses  cor- 
rcrtions  se  bornent  à  la  suppression  d'un  l  dans  gmMois,  qu'il  écrit  |^«- 
loii,  et  à  deux  on  troia  remarques  aans  importance. 

Dans  les  deux  éditions  que  nous  avons  consultées,  presque  toujours  les 
deux  textes  se  suivent  page  pour  page,  ligne  pour  ligne.< 

Dans  l'intervalle  de  ces  deux  éditions,  parut  une  traducUon  latine,  avec 
commentaires,  de  la  grammaire  de  Ramus.  En  voici  le  titre  exact  : 

•  Grammatiea latloo-AraDeiea.'a  Petro Ramo  francicéscripta,  latina  ver6 
facta,  annotaUonibus que iUnstrata  per  Pantaleonem'ft)eTenlnum,.Com- 
merciensem  Lotbaringum.  —  Ad  Rererendissimum  ac  lllustrlssiraum 
principem  D.  Domina»  Caroium  Lothâringum,  Metensem  antlstitem.  — 
Krancdfurti  ad  Ma;num,apadJoaniiem  Wechelund,  N.IkLXXXilI.*^ — in-l?. 

Otte  traduction  ne  conserve  pas  la  forme  du  tefte,  qui  procède  par  de- 
mandes et  par  réponses  i  elle  Tabr^e  qweklluefois  et  parfois  y  ajoute. — Les 
.commentaires  qui  l'accompagnent  sont  souvent  utiles  ;  enûn  on  trouve, 
à  la  suite  de  ta  grammaire,  un  art  delà  poésie  française,  écrit  en  latin,  sous 
rë  titre  :  «  De  Ratioiu  franeieorum  tersuum,  inrhythmii  atque  métro.  ■ 
11.-127';  137.  — Les  p«g«t  131-140  contiennent  diverses  épitapbea  de  fia- 
inu8,  en  vers  latins.' 

(1)  P  Raml  Grramtfiatica  grxea.  —  Voy.  PréCace  de  la  Méthode  grecque 
de  Port'Royal.  -  -^ 

(3)  ïïiuUwttnta  frawtmatiex,  Parisiis,  apgd  AndreatnWechelnm,  1559. 
Tum  prtmUfio  Régis.  1  vol.  in-8*  de  4S  pages  seulement.  Le  texte  y 
tst  rédigé' par  démajidet  et  par  réponses. 

''.    ■     .      ..  "  "  .       .  ■  -.12 


t 


»' 


f 


t78  r.lAMMAIII  RM4IIÇAIU. 

Ramiis  n'ignorait  pas  entendant  les  tentatives  ha> 
-sarclées  avant  lui.  Les  systèmes  de  ses  devanciers/ 
tous  différents  entre  eux,  avaient  un  caractère  com- 
mun, Tarbitraire;  Ramus  continua  à  suivra*,  leurs 
errements  en  ce  qu'il  se  mit,  comme  eux,  en  révolte 
contre  T usage  et  leva  un  nouveau  drapeau.  C'était 
augipenter  la  confusion.  Si  tous  ces  esprits  téméraires, 
qui  prétendaient,  régenter  la  langue  chacun  à  sa  guise 
avaient  réuni  leiirs  forces,  l'insurrection,  en  quelque 
sorte  justifiée  par  l'accord  de  tant  de  bons  esprits,  eût  eu 
pour  elle  quelque  prestige;  mais  la  désunion  compromit 
les  chances  que  l'accord  eût  assurées  aux  novateurs. 

Dès  sa  préface,  RamUs  rend  hommage  aux  bonnes 
ijdtentions,  aux  louables  efforts  de  Dubois,  de  Geoffroy 
Tory,  de  Dolet;  «Nnï^d,. dît-il,  la  conduitte  de  ceste 
œuvre  plus  hauîte  et  plus  magnifiqiie  et  de  plus  riche 
et  diverse  estoffe  est  propre  a  Loys  Megret,  combien 
quil  nayt  point  persuader  a  ung  qhascun  ce  quil  pre- 
tendoit  touchant  lorthographe.  Jacques  Pelletier,  a 
debatu  subtillement  ce  poinct  d'orthographe,  en  en- 
suivant, non  pas  les  characteres,  mais  le  conseil  de 
Sylvius  et  de  MegreU  Guillaume  des  Autels  la  fort 
combattu  ;  pour  deffendre  e|  maintenir  lescfipture 
vulgaire.  Lors  esraeus  dune  si  louable  entreprise  bous 
en  fismes  aussi  quelque  coup  çlessay,  tendants  a  de- 
monstrer  q\ie  nostre  langue  estoit  capable  de  tout  em- 
bellissement, que  les  aultres  langues  ayent  jamais  eu.  » 

Nous  connaissons  déjà  ces  réformateurs  que  Ramus 
veut  à  la  fois  imiter  et  combattre.  Mais  quand  on  songe 
qu'au  même  temps  avaient  déjà  paru  les  grammaires 


riKMMK    UkUlS. 


ni» 


de  Robert  Estienne  et.  de   Jean  Garnier,  lesquels, 
dit  plus  loin  Ramus ,  •  ont  ovité  toute  controverse,  • 
(in  est  en  droit  de  s'étonner  qu'il   ait   cherché  «àt 
ranimer  une  lutte  déjà  éteinte,  lutte  compromettante 
pour  la  discipline  qui  tendait  à  s'introduire,  lutte  inu- 
tile dont  il  était  le  premier  à  désespérer  :  «  Tout  cela, 
(lit-il  en  effet,  seroit  a  soubhaictér,  si  nous  a'vions  a 
forger  comme  ung  nouveau  chiffre,  et  a  commence 
une  orthographe  ou  il  n'y  eneust  jamais  esté  aucune 
on  usage  :  mais  ceste  utilité»  combien  quelle  soit  fort^ 
grande,  nest  pas  suffisante  pour  abolir  une  m  longue 
prescription,  fondée  sur  ung  droict  légitimé,  et  sur  urîo 
possession  de  bonne. foy.  »  -^  Mais  quand  il  pariait 
ainsi,  Rauius  n'avait  en  vue  qu'un  mince  point  de  dé- 
tail :  par  un  singulier  aveuglement,  en  effet,  il  se  croyait 
jissQZ  fort  pour  i^éformer  l'orthographe  entière,  intro- 
duire des  signes  nouveaux,  changer  les  fonctions  de* 
f^  plupart  des  lettres,  et  il  n'osait  demander  qu'on 
attribuât  à  Vu  leson  plein  ou' qu'il  avait  en  latin.   . 

Ai^leu^s  il  dit:  «  Ce  nest  point  a  vous  ny  a  moy  de 
commander  au  peuplé  de  France:  trop  bien  pouvons 
nous  proposer  nostre  ad  vis  avec  toute  subhiission  :  ce 
seroit  de  nous  départir  le  moins  qui  nous  seroit  pos- 
sible de  isC  coustume,  et  tbutesfois  retenir  la  vérité.» 
—  Il  oublia  cette'  modération  si  sage,  il  oublia  trop 
la  coustume,^  pour  servir  une  vérité  systématique. 

Enfin,  comme  s'il  se  plaisait- à  fournir  des  artnes 
contre  lui-même,  Rainus  se  fait  encore  ailleurs  le 
champion  de  l'usage.  «  Le  peuple,  dit-il,  est  souverain 
seigneur  de  sa  langue,  et  la  tient  comme  uh  fief  çle 


■  ■.i^^- 


>- 


180  GIAHMAIRI  flANÇAISK. 

fr:înc  aleu,  et  n*en  doit  recognoissance  a  aulcun  sei- 
gneur. Lescolle  de  ceste  doctrine  nest  point  es  audi- 
toires des  professeurs  hébreux,  grecs  et  latins  en  i'U- 
niversité  de  Paris  :  elle  est  au  Louvre,  au  Palais,  aux 
Halles,  en  Grève,  a  la  place  Maubcrt...  Par  ainsi, 
cest  une  estrange  barbarie  en  ceâ^grammairiens,  -qui 
se  debvroient  proposer  la  pronohtiation  du  peu- 
ple... etc.  (1).  >  Ainsi  Ramus  croit  assez  faire  en  respec- 
tant la  prononciation  telle  qu'elle  est  réglée  par  Kusage. 
11  ne  songe  jamais  qu'on  est  en  droit  de  lui  demander, 
au  nom  du  même  principe,  le  respect  de  Torthographe. 
Du  reste  Ramus,  champion  équivoque  de  Tusage,  est 
bien  plutôt  un  philosophe  qui  cherche  dans  la  science 
du  raisonnement  ses  déHnitions,  l^s  divisions  de  chacun 
de  ses  chapitres \et  ses  règles  fondamentales.  Tantôt 
novateur  audacieux ,  tantôt  sectateur  servile  d'in- 
fluences étrangères  que  son  esprit  indépendant  n'ar- 
riva  jamais  h  dépouiller  tout  à  fait,  Ramus  présente, 
dans  ses  différentes  grammaires,  et  en  particulier  dans, 
celle-ci ,  le  singulier  mélange  d'un  observateur  gêné 
par  les  préjugés  d'une  logique  inopportune ,  et  d'un 
logicien  entravé  dans  ses  synthèses  par  les  analysés, 
de  robservateur.  Gé  caractère  particulier  d'une  œuvre 


^ 


y^ 


.  (1)  ■  Ante  omnia propriam grantmaticasartit  ttabillendum est,  gram- 
mattcftm  certia  quidem  principUs  coostare.sed  e  popalaris  consuetudinls 
tua  et  aqUioritate,  obêer^atis...  Principes  illl  grammaUcœ  autbore» 
omnes  uno  oie  conaentiiunt  popalvn  lingos  magUtrum  ettè.  •  Ramus, 
on  le  ▼oH,éUit  resclave  déclaré  de  l'uiagç,  eu  principe.  Le  passage  que. 
nous  Tenons  de  citer  est  appuyé  par  un.p'and  nombre  d'autorités  et  on 
peut  les  opposer  à  Ramus,  si  indépendant  dans  la  pratique.  {Schol^- 
^ammatiexy  parisila  ap.  Andrœam  Wechelum;  1569,  in-8*,  pages  18-23). 


•   «a. 


l'IKRRK    RAMIS. 


181 


écrite  par  un  homme  qui  s'est  fait  de  rhéteur  et  de 
philosophe  maître  de  grammaire  (1),  ses  propositions 
hasardées,  ses  réticences  calculées,  nous  ont  amené 
à  accjpmpagner  Tanalyse  que  nous  en  présentons  de 
commentaires  tout  diiïérents  de  ceux  que  nous  avons  ' 
joints  aux  autres  grammaires  du  même  siècle.  Nous  i^, 
avons  cherché  surtout  à  montrer,  en  qulLJRÎam'us  fut 
ou  ne  fut  pas  d'accord  avec  les  auteurs  contemporains 
ou  antérieurs  dont  il  a  la  prétention  de  se  distinguer  ; 
ainsi  ressortiront  nettement  les  points  qui  caractéri- 
sent sa  doctrine. 

L'ouvrage  de  Ramus  est  divisé  en  deux  livres;  l'un  "  - 
est  consacré  i  VÉiymologief  le  seq,ond  h  \&  Syntaxe, 
Quant  aux  deux  autres  parties  de  la  grammaire  2^0- 

cienhc,  la  Prosodie  et  rOrl/io^rap/ie,  c'est  à  dessein  que 
TaUteur  n'en  fait  pas  deux  parties  distinctes  :  «  la  Pro- 
sodie et  l'Orthographe  sont  répandues  dans  toute  la 
grammaire  comme  le  sang  et  les  esprits  dans  le  corps 
tout  entier  (2).  » 


(1)  «  Si  qui*  initio  miratat  siteur,erhetorefiatphiloM>pho,graramaUcx 
magibtcr  factna  eM«in,  i»  qnuin  lumn^s  orttorM,  summos  philosophoi, 
summos  etlam  reipublh»  principes  gramnMtita  magistros  fuisse,  instnir 
mentisquc  éx  intima  philosophia  depromptis,  taie  magisterium  exercuisse 
cognoverit,  hic,  ut  spero,  nostrumt  in  gramwtatieo  quidem  argumenio,  at 
plane  philotophiéum  ttudium  reeognt^eet,  et  de  granunatlcis  intftitutis 
attentius  mecum  libentiusque  cogitabit.  >  (P.  Rami  Scholx  grammatiex, 
p.  16).  —  Nous  demanderons  souvent  aux*  escoles  granunairtennes,  » 
comme  Ramns  lui-même  traduit  le  titre  des  Sehol<p  grammatica',  Texpli-, 
cation  de  théories  trop  sommairement  énonce  dans  la' grammaire • 

(2)  Duis  sa  Grammaire  latipe,  Ramus  avait  soutenu  déjà  la  même 
nouveauté;  11  l'explique  et  la  JusUfle  dans  ses  Scholo!  grammaUck , 
P-  21%  2S.-*Sanches  (  Sanetius)  taisait  de  la  syntaxe  non  une  partie, 
mais  l'objet  même  dé  la  grammaire. 


1    ' 


^" 


Des  dix-huit  chapitres  du  premier  livre,  sept  sont 

.   écrits  avec  l'orthographe  du  temps  ;  ceux  qui  suivent 

sont  imprimés  sur  deux  colonnes,  d'un  côté  avec  Por- 

thographe  usuelle,  de  Tautre  dans  le  système  expliqué 

^et  soutenu  par  fauteur a^  débutde  son^œuvre.  —  On 

remarque  que,  par  un  précédé  peu  généreux,- Ramus 

a  enfevé  à  son  texte  couraht  les  apostrophes  «t  les  ç  à 

cédille  qui  étaient  déjà  en  usage,  comme  oii  Ta  vu 

(Cf.,  p.  66.),  et  les  a  réservés  pour  la  traduction 

qu'il  donne  de  sa  grammaire  selon  sa  forme  systéma»- 

^  tique  :  il  ôte  ainsi  à  ses  adversaires  un  mérite  qu*il  n'a 

pas  le  droit  de  s'approprier. 


PREMIER  LIVRE. 


• 


■i      :■ 


Voici  de  quelle  naïve  façon  s'ouvre  le  premier  cha- 
pitre, qui  traite  :  des  Voyelles. — ^L'auteur  procède  par 
demandes  et  par  réponses,  d'après.çette  méthode  éro- 
Cématique  (du  grec  îpoTiw ),  si  chère  aux  grammai- 
riens de  son  temps.  En  suivant  lé  raii^nnement  de 
l'auteur  sous  ces  formes  n^Tves,  on  sourit ,  et  ce  n'est 
pas  Socrate  et  Platon  qu'on  se  rappelle^  mais  Âlcuin 
et  ses  disciples.      !  <         -<^      ^ 

^  DiSGiPLB.  —  Je  désire  (mon  prœcepteur)  denten- 
dre  de  vous  la  grammaire  fcancoy se,  ainsi  que'jay 
entendu  la  latine  et  la  grecque,  moyennant  qujil  ne 
vous  soit  moleste  (importun  1 


>A 


-^j 


.  rf 


flKRKK    RAHL». 


185 


»  Pr^ecepteur.  —  Certe  nulle  chose  ne  me  scaiiroit 
'  estre  plus  agréable,  que  de  favoriser  a  tant  louable  et 
honaeste  désir  (1);  mais  quand  vous  appelles  gram- 
lïaire  francoyse,  nentendes  vous  point  gauUoyse? 

»  Disciple,— Pourquoy  doncques?  » 

Ici,  Ramus  s'attache  à  démontrer  que  notre  lan- 
gj^ge,  quelle  que  soit  Torigine  des  mots  dont  nous  nous 
servons,  qu'ils  nous  viennent  des  Francs  (ou  François) 
ou  des  Romains,  à  pris  chez  les  Gaulois  une  forme 
particulière,  si  bien  que  notre  grammaire  n'est  autre 
que  celle  des  Gaulois  (2).  Personne  avaht  Ramus  n'avait 
émis  cette  opinion,  et  personne  ne  la  âoutint  après  lui. 
Voici  en  quels  termes  il  Texpose,  dans  sa  réponse  à 
la  question  de  son  disciple  : 
.  «  Précepteur.  —  Combien  que  les  Romains  et 
les  Françbys  nous  ayènt  innové  une  infinité  de  parolles' 
et  de  façons  de  parler,  de  manière  que  nostre  laiigaige 
^it  appelle  tantost  roman,  tantôst  francoys  (3),  toutes- 
fois  la  grammaire  gaulloyse  nous  est  demeurée  es 
nombres  et  cas  des  noms:  es  persones  et  conjugai- 
sons des  verbes  :  en  toute  term^aison  de  chacun  mot  : 
au  bastiment  et  structure-de  loraison  :  et  quelque  es- 
pèce'que  les  étrangers  ayent  apportée  en  la  Gaulle^ 
les  Gaulloys  lont  habillée  a  la  gaulloyse.  » 

Ramus  ne  prévoit  môme  pas  qu'on  puisse  lui  de- 
mander de  prouver  son  assertion,  de  citer,  des  textes 


(1)  Ce  début  est  littéralement  tnulait  di|  début  de  la  grammaire  latine. 

(2)  Voyei  le  traité  de  moributHallorum.—Ci,,  p.  I8&.  —  Note  l. 

(3)  Non»  n'aTons  pas  besoin  de  rappeler  ici  la  différence  que  fotat  les 
philologues  modernes  entre  la  langue  romane  et  la  langue  françaisi^. 


r84 


(fKAMMAIRK   fRANÇAISI.. 


gaulois,  de  les  comparer,  tant  pour  le  lexique  que  pour 

if 
laconstruction,avecdestextes  latins,  romans  et  français. 

SayÉbit  d*avoir  Tapprobation  do  son  disciple,  il  per- 
met a^lors  que  celui  ci  t  l'inlerrogue^out  simplement 
de  ceste  grammaire  gauloyse  ou  francoyse.  »  — Nous 
ne  ra])pellèrons  plus  les  questions  faites  au  maître  : 
nous  le  laisserons  dorénavant  parler  seul. 

«  Grammaire,  cest  ung  art  de  bien  parler,  qui  est 
de  bien  et  correctement  user  du  langage,  soit  en  pro- 
sodie ou  orthographe  (1),  cest  a  dire  en  vraye  prola- 
tion  ou  escripture  (2). 

»  Grammaire  a  deulx  parties,  etymologie  et  syntaxe. 

»  Etymologie,  çest  la  première  partie  de  là  gram- 
maire, qui  declaire  les  propriétés  des  letres,  syllabes 
et  nïots,  »  c*est4-dife  leur  emploi  propre  et  régu- 
lier (3). 

».  Letre,  ce^  ung  son  indivisible  (4),  comme  en  ce 


\ 


(  0  a  Ortiiographia  docet  rectè  tcribere  :  mllo  per  v,  fallo  pcr  r. 

•  Prosodia  docet  aeeêntus  :  libère,  libéré.  > 

{iiramwMtità  latina  Phiiippi  Me^chthonit,  Colonïaif  ib29.) 

{2)  Lé»  Scola'  gramfMticx  détlniMént  ainsi  Tobjet  de  la  Grammaire  : 
«  Materles  giaii)iiiaticff  est  eermo  populari»et  patrius,  id  est  tigniflcatio- 
liibus  Dotus;  nec  grammatica  signiflntioncs  vocabuiomm,  aed  ueum 
doccndum  aoscipit...  •  (Page  1 1  ;  C(.  ibid.,  page  2b). 

3)  «  Éxvy^'kvfin,  id  est  pnipriétaa  dictionia.  Docet  enim  discrimina 
easaum  :  non  enim  eadem  est  baram  vocam  signifleatio  propos,  firgi- 
liuteiVirgUium,  ScribotX  Scripn.  •  {Id.,  ibtd.)  Alcuin  et  Cassiodore 
donnaient  au  mot  etymologie  le  sèni^que  nous  lui  donnons  aujourd'hui  ; 
Alcuin  :  «  Etymologiaest  origo  et  ratio  vocabùlorum,  uta  re^endo  uixt  • 
—  Cassiodore  :  «  etymoiogia  est  aat  vera  aur  verislmilis  deraonstratio, 
declarans  ex  qua origine  verba  descendant.- •  — Voyez  ci-dessus  page  I(i2. 

[\y  •  Litera  est  pars  minima  vocis  articulatee.»  Cette. déflniUon,  donnée 
par  biomèdo,  acceptée^par  Aicuin,  ne  définit  rien.  Ma»imus  Victorinus 
a  mieux  dit  :  «  Litera  est  tiguratio  qucdam  qua  cum  alUs  adneia,  «ox 


« , 


IMERKK    HAMLK. 


»8: 


moi^iony  il  y  a  trois  lettres,  ^  o,  m.  Là  prosodie  et 
orihographe  des  letres  est  prise  de  leur  puissance.  » 
J^a  puissance,  Id  valeur  des  lettres  gauloises  est,  en 
général,  celle  des  lettres  latines,  lesquelles  sonl  ve- 
nues aux  Romains  .des  Grecs,  à  qui  les  Gaulois  les 
avaient  dohiiées  :  «  Nos  Gfiulloys  avoient  leurs  tharac- 
teres  et  les  appelloient  par  noms  gaulloys;  et,  en 
commandanlaux  Grecs,  \\$  leurs  ont  donné  les  cha- 
racleres  avec  leurs  noms»  tout  ainsi  que  nou6  ont  ftict 
les  Komaips  (1).  »  —  On  voit  qiie  Rarous  n*épargne 
pas  les  paradoxes. 


;*J> 


^ 


_  UES   LETTIBS. 


♦;■ 


•  Les  letreâ  se  divisent  en  detix«  scavoir  est  en  la 
voyelle  et  en  la  consonnq. 


cooipiehenditar.  •  Mais  c'est  plutôt  1a  déûnition  de  la  consonne  que  de 
la  voyelle. 

(i)  Voici  oofàment  le  traducteur  de  Ramus  soutient  cette  hypothèse, 
p.  (>  :  «lUmus,  dit<4l,  a  discuté  ce  point  dans  son  livre  des  Mœurs  des 
ancient  GonIom.  Mais,  dans  le  prenrier  livre  de  ses  Commentaires,  Césair 
ne  dit-il  pu:  ■  On  trouva  dans  le  camp  des  Helvètes  des  tables  couvertes, 
de  caractères  grecs  r  •  Au  livre  VI,  il  dit  encore  :  «  Les  druides  regardent 
cooime  sacrilège  de  confier  à  l'écriture  leur  doctrine;  toutefois,  dans  leurs 
actes  publics  et  leurs  comptes  particuliers.  Ils  se  servent  des  caractère^ 
grecs.  •  Or  ces  caractères,  que  César  appelle  grecs,  Ramus  démontre  par 
des  raisons  sans  réplique  que  ce  sont  des  caractëroi  gaulois.  Varron,  De 
lir.gua  latina,  le  prouve  clairement.  En  eiïet,  comme  Cratès  traitait,  en 
Grèce,  une  question  de  grammaire  grecque,  il  demanda  pourquoi  alpha^ 
ne  se  nommaitpas  plutôt  alphatos?  —  C'est  que,  répondirent  les  autrei'  - 
grammairiens,  les  noms  de  nos  lettres  ne  sont  pas  grecs,  mais  barbares. 
Cet  aveu,  fait  par  les  Grtes  eux-mêmes,  que  leurs  lettres  nc^  leur  appar- 
tenaient pas  en  propre,  ne  prouve-t-il  pas  asseï  nettement  qu'elles  leur 
venaient  des  Gaulois,  comme  leur  philosophie,  au  dire  d'Aristote,  qui  as- 
sure que  la  Gaule  fut  la  «raie  maîtresse  de  la  Grèce?»  —Cependant 
Ramus,  dax»  Wk  Seholx  gramm. ,  p.  26,  semble  admettre  l'opinion  de  ' 
ceux  qui  donnent  aux  lettres  grecques  une  origine  phénicienne. 


^' 


\ 


^^ 


/ 


IH()  .  GRAllAIMK.  rilANÇArSKr  ^^ 

\  Voyelle,  cest  une  letre  qui  par  soi  peult  fairc>  un 


son  entief  (1).  V  r^ 

»  Entre  les  voyelles,  les  unes  se  profc^enjt  ta  bouclic 
plus  ouverte,  les 'autres  la  bouclMî  plus  scrrc'e  et  plus 
arrondie.  »  -^  ' 

Ici  Ram^s  se  jette,  sans  autrement  prévenir  le  lec- 
teur» dans  Pexposition  de  son  système.  --  Nous  le 
laisserons  parler,  tout  en  nous  réservjmrSë^upprimer" 
des  hypothèses  relatives  à  t'ori^ine  de  certaines  diph- 
thongues,  et  qui  n'ont  riçh  avoir  avçe  la 'grammaire. 


l.  Dc5  voyelles.  —  1"  Voyelles  ouvertes. 

'fi  ,_   - 

«  La  première  des  ouvertes  cest  a,  que  nos  Gaul- 
loys  ont  nommé  Alpha.  Elle  n*a  rien  de  différent  avec . 
les  Grecs  et  Mtins. 

»  La  seconde  voyelle  cest  le  son  que'  nous  escrip- 
vons  par  deux  voyelles  a  et  u,  comme- en  ces  mots: 
aultrest  auttel,  ou  nous  prononçons  toutesfois  une 
voyelle  indivisible....  Geste  voyelle  nest  ny  grecque, 
ni  latine;  elle  est  totallement  francovi^j  (2).  » —  Que 


-x 


(1)  «  yocales  lunt  qa»  per  m  proferaotur  et  p«r  m  syllabam  fadunt  • 
(Donat.) 

(3)  Selon  Ramas,  les  Grecs  ftrononçaifînt  su  comme  of ,  et  le»  Latins  au 
comme  àou.  —  Touteféis  II  fait  de  au,, dans  sa  Grammaire  latine^  p.  5, 
un^  diphthongae  ;  Cf.  SehoLr  grammatierf  p.  -70.—  Pour  le  grer,  cf. 
Joh.  Rod;  Wetstenii  pfo  grârca  et  genuina  lingur  grntx  pronuncùiftotir, 
Oraii(me$  apollogetica'  jntblM  a  itudiotù  jurenibHi'  habiUr,  Rasilen*, 
1680,  1  vol.  ln-8»,  p.  »29j  208^210.  —  lji  grammaire  grecque' de  Port- 
Royal  condamne  cette  prononciation ,  et  préten/d  que  dans  àuxin,  au  se 
prononçait  comme  au  dans  le  fran<:ats  auxlére.  —  Voy.  aussi  Pasquier, 
Lettre  à  M.  de  Fonssomme  :  •  que  nulle  nation  ne  peut  dire  si  elle  pro- 
nonce «u  rray  la  langue  latine  comme  fiisoyent  les  i^oniains.  •  leltres, 


V. . 


..?   «  ■ 


i 


fairfO*our  ne  pas  trop  choquer  P usage,  qui  aaccept<^    * 
le  son  ail,  et  respecter  en  même  temps  la  valeur  des 
lettres,  Ramus  conseille  «  de  comprendre  a  et  u  en 
#     ung  mesme  charactere,  ainsi  que  la  voix  les  comprend,   . 
comme  pourroit  estre  ft/,  en  escrivant  n^ifre,  fwte,  en  ' 
sorte  que  le  recteur  entendit  que  ce  ne  feust  que  une   • 
lettre  (i).  •      -  ,,*    . 

»  La  troisième  voyelle,  cest  une  voyelle  que  nos<»  i 
(Jaulloys  ont  appelée  Ve  menu  (2),  et  que  nous  appeJ- 
,  Ions  aujourdhuy  IVTemenin,  Ve  brief,  Vc  clos  :  comme 
es  desnieres  letres  de  ces  mots  père  sage^  mcre  èntc. 

»  La  quatriesrne  cest  une  voyelle  nommée  par  nos 
Gartiîloys  eta:  comme  elle  est  nommée  par  nous,,  l'e  ' 


Vàm,  Petit-Pas,  1619,  t.  1,  p.  146.  —Jean  Chèke,  dan»  son  Traité  de 
la  prononciation  de  la  langue  grecque ,  1556 ,  p.  15(),  traduit  le  son  ij 
par«w,  et.non  par  of.  Il  s'appuie  sur  ce  qu'Aristophane  ,  voulant  Imiter  , 
i'altoiement  d'un  chien,  écrit  av,  au;  et  i!  ajoute:.*  Ne  canes  quidém  tam 

I  raasi  «unt  ut  pro  au,  «u,  o^,  af,  sonent  •         -    ' 

(n  LeTrissin,  réforratenr  Italien,  employait  auifcsi  r«i>  |«Ta,  non  pour 

II  dtphthongue  ait,  que  les  Italiens  prononcent  oou,  mais  pour  l'o  long.^ 
— bu  Verdier,  citant  un  passage  de  Baif,  qui  suivait  le  système  de  Ramus, 
remplace  ptt4'u  le  caractèc^^ployé  par  l'auteur.     :    . 

i'i)  On^setappelle  que/iltoûtUmits,  lès  GauloisDnt  donné  aux  Grecs 
leurs' lettres.  Or,  l'c  ^"kw  des  Grelc»  «'est  Fe'mcnu.  L'f  marqué  d'une 
Védiile  n'était  pottit  un  signe  nouVeau  f  Meigret  Tavait  employé.  C'était 
une  ahréviation  poar  ».  Le  premier  lirre  où  nous  Tayoùs  va,  employé 
[K)ur  X,  c'est  If -Lactance  iînprin^  en  1465 au  monastère  de'Subiaco,  dans 
la  Campagne  de  Rome,  par  Cqnnid  Sweynheym  et  Arnold  Pannarti,  im- 
primeurs \cnas  de  Mayence  *  une  feuille  en  est  conservée  dans  les  yitrines 
«le  l3  iftlrtiothèque  impériale.  On  retrouve  le  même  signé  dans  les  Epùtole 
/Vrmt(tarefCtc«ronù,  imprimées  à  Venise  en  1 1^7  par  Jean  de  Spire.  Il  ne 
parait  nl^dans  le  premier  livre  imprimé  à~  Paris.  1470  .  par  Michel  Fribùr- 
«pr,  ririch  Géring  et  Martin  Krant2;^i  dans  It  nhe tarifa  Cieervnis, 
imprimée  à  Venise  en  1470,  par  l'imprimeur  franr^ts  N'isolas  Genson; 
^ni  «nfin  dans  la  Somrhf.de  saint  Thomas  d'Aqtiin,  premier  Jivre  im- 
primé à  Valence,  1477,  par  Lambert  Palmart,  introducteur  de;  l'iroprl- 
merie  en  Espagne. 


/ 


'.*  .  . 


• 


IhK 


(•RAXaAiRK    »nAN«AI<>t: 


••  * 


w- 


miiscutin,  IV  long,  Vc  ouvert  :  comme  en  ces  mots 
mcs^  lei^  te$^  quand  nous  disons  :  mctbiens^  tes  biem,^ 
tes  biens.  Maïs  pour  signifier  ceste  longueur,  nous 
laisons  souvent  une  lourde  eàçripturc,  en  préposant 
%  iine  consonne,  comme  t/^scouvr Air,  enlever^  pour  decou- 
'  vrir,  eièverii).  Ce  sont  icy  deux  voyelles  différentes, 
Don-seullement  de  quantité,  mais  de  son. 

»  La  cinquiesme  voyelle,  cest  ung  son  entr^  ces 
deux  voyelles,  tantost  brief,  tailtost  long  :  comme  es 
dernières  letrcs  de  ces  mots  ayme,  traicte .{ aimé , 
traité),  amatus,  taactatis,  ou  il  est  long  »  item  eâder-. 
niercs  syllabes  de  ces  mots  :  aymer,  traicter,  ou  il  est 
brief.  »        ' 

Pour  distinguer  ces  trois  dernières  voyelles,  si  dif- 
férciites,  selon  Ramus,  il  faudrait  trois  cai*actères  dif- 

'  ■     -A"  ■    ■■'  ■  ^ ^ _■ 

(i    Cf.  ci-^eMuie,  p.  làS.  — La  notation  marquée  par  Ramas  ne  lui 

^— -)       est   poMil  propre.  Elle  ditTère   pea  du  signe  adopté  par  PelleUa.  Le 

(/^l'rissia  l'avait  déjà  employée,  surtout  à  la  Qn  des  mots,  pour  marquer 

le  son  que,  dans  le  corps  des  mots,  il  notait  par  l'c  ^Xov  grec.  L'ancienne 

langue  nurquait  ce  son  par  te  ou  par  et  :  comme  brief,  teint,  haleine. 

An  commencement  du  xvii*  siècle  on  usait  fréquemment  de  cette  dernière 

^notation.  Nous  assimilons   la  notation  ie  à  la   notation  et;  c'est-i-dire 

que,  selon  ioous,  i'e  précédé  ou  suiTi  d'un  t  av<ait  le  même  son,  au 

moins   dans  les  mots  où  ces  deux  lettrés  remplaçaient  une  seule  lettre 

latine,  dette  opinion  peut  paraître  paradoxale.   Nous  l'expliquons.  De 

veiHi  on  a  fait  retne.  On  a  dit  de  même,  il  am^tne,  promeine,  .etc.  Com- 

aient'douter  que,  dans  ces  mots,  les  voyelles  et  aient  marqué  le  son  r  ou 

éf—  Pour  te,  Toyex  les  niots  ehief,  grief,  sanglier,  bouclier  dans  lesquels 

'^;  te  ne  marquait  qu'une  syllabe  dans  la  mesure  du  vers,  quand  il  noos 

esl  impossible  de  les  prononcer  sans  une  diérèse:  en  peui-oa  conclure 

autre  choae  àinon  qu'ils  se  prononçaient  comme  si  l'on  avait  iaït  eheif, 

sangleir,  houcleir,  etc.?  —Qui  ne  sait  du  reste  que  dans  les  dialectes 

picard  et  normand  les  inftnitifs/étaient  en  ter,  doitter.  Même  dans  la 

syllabes  «en,  I>(ev,  neiis,   le  patois  angevin,  image  si   fidèle  de  notre 

■  {  vieux  langage,  prononce  toujours  bftn,  rctn«.  Il  en  était  de  l'i  avant  ou 

après  l'e  comme  de  l'u  avant  ou  après  l'e  dans  dit<t(  ou  deuift  dont  la 

prononciation  était  la  même. 


PJEIIB   lAMll. 


189 


fércnts  ;  on  les  trouve  <jaQS  ks  mois  firmeje^  m^teje , 
fermeté,  honnêteté  (1).  • 
»  La  sixiesme  voyelle  cest^ng  son  que  nous  escrip- 
.  vons  par  deux  voyelles,  e  et  u,  comnae  eu  ces  mots 
p^Mr,  meur^  seur(^).  À  ceste  cause,  il  ne  seroit  point  par- 
avcnturc  cstrange  de  le  marquer  ainsi  r ,  comm4;  en 
ces  mots,  ^re/,  male/rtj  (heureux,  malheureux). 


Il  Papon,  dans  U  ^otairr,  troisième  traité,  ne  demande  d'autres  dis- 
tinction que  l'accent  sur  Yt  aigu  :  •  Se  treure  autre  ligure  aussi  depuis 

'  n'iifiuieres  introduits^ c'est  pour  l'accent  aigu  ou  bien  soumis  {$ubmù\u%, 
i')as,^rave},  cela  se  pratique  en  la  lettre  de  e,  soit  à  la  fln  du  terme  ou 
au  milieu  et  concerne  plus  la  prononciation  que  l'orthographe.  La  faute 
1 1  erreur  qui  se  peut  (^mmettre  en  ce  est  epertement  congnue  par  la 
farun  barbare  de  pronoucer  d'aucuns  qui,  riaifvemcnt  et  selon  ce  qu'ils 
ont  pris  de  leur  nourrice  et  8U<'C  avec  le  lait,  ne  se  peuvent  tenir  de 
prononcer  tout  d'une  mesme  sorte,  et  h'advise  point  si  la  lettre  de  e  doit 
t'^tre  prononcée  par  acuité,  et  haut  ou  bas,  et  sans  accent  aussi,  qu'elle 
i^oit  au  milieif  ou  à  la  fln  ;  mais  au  contraire,  par  rostine  niaUe,  pro- 
noncent tout  avec  ledit  haut  accent.  Il  prononceront  de  mesme  accent 
Ittté  et  t$U,  et  les  deux  enlèveront  d'un  pareil  accent,  où  le  terme  de 
6c%  doit  estre  escrit  diversement  quant  au  e  :  bttle;  l'autre  terme,  qui 
e«t  r<f^  devra  estre  escrit  aVec  un  trait  d'accuité  au  dessus.  Au  lieu  de 
prononcer  ntceMatre,  ils  diront  tureeMatrt',-  au  Heu  deperf.mere,  frère ^ 

t  compert,\\%  diront  pire,  méré,  fréré,eompérë{d.  p.  lOS).  Par  ainsi  est  né- 
cessaire en  ce  d'observer  l'orthographe,  d'ont  pourra  estre  congnue  la  ditri>- 
rence  de  bien  ou  mal  prononcer,  et  notamment  en  ce  que  aéra  formé  le  dite 
M:avoir  pir  une  queue-tu  bas  d'iceluy,  come,  f  ouj>ien  sur  teiy.si  est-ce 
que  le  livre  (e'est-i-dirè  l'impression;  est  sana  addition  de  la  queue.  Et 
encore  par  ledit  bas  accent,  fost  s|ins  queue,  et  ne  fust  tel,  f ,  si  est-oe 
que  le  lecteur,  <le  telle  différence,  st^ara  que  le  e  seul  et  sans  ledit  traict 
s>ur  sa  teste  devra  estré  bas  et  bassement  prononcé,  ores  que  ladite 
queue  n'y  fust  au  bas.  •  —Qualifiant  à  la  suite  de  ce  passage,  les  ré- 
formes tentées  par  Meigret  et  PelleUer,  Papon  ,'ajouté  que  ces  auteurs 
•  ont  voulu  apprjDprler  les  dictions  à  la  prononciation  avec  une  si  grande 
liberté  que  je  cnindrois  qu'il  en  y  eust  trop.et  que  cela  fust  faict  par  "une 
curiosité  de  nouvelletéplustostqiie  autrement.»  — Xf.  Du  Verdier,  Bi- 
blioth.  franc  ,ïa't',  ibii^^.bll. 

(2)  £it  figure,  comme  au,  dans  les  diphthongues  reconnues  à  la  langue 
latine,  par  tous  les  grammairiens  latins  et  par  Ramus  lui-même.  —Gram. 
latiruy  page  S;  dans  les  Scholx gramm.,  page  "iO,  on  lit\  ■  Ut  au  et  eu 
duos  in  upum  sonos  conjungunt,  8ic  .r  et  oe  conjungere  deheant.  ■ 


1:H)  ORAlUIÀiaE   FKANÇAISK 

■  La  septième  voyelle  cest  i,  nommée  par  nos 
Gaulloys  ioto,  qui  na  rien  do  différent  avec  je  grec  et 
le  latin.  ,. 


.'■»!■ 


2"  royf;Urs  arrondies. 

«  La  première  des  voyelles  proférée  la  bouche  plus 
serrée  et  plus  arrondie,  cest  le  son  propre  en  la  pre- 
mière et  troisième  letre  de  ce  mot  obole.  Les  Grecs  ont 
faict  icy  deux  characteres,scavoirro  grand  et  \\o  petit. 
Mais  les  Latins  et  les  Francoys  ont  mesprisé  cestc  dif- 
férence. 

»  La  secoiidè.  voyelle  arrondiç  cest  le  son  que  nou^ 
escripvons  abusivement  par  qu,  *  —  Doit-on  le  repré- 
senter par  u  comme  les  Latins  (1;,  les  Italiens,  les  Es- 
pagnols, les  Anglais  et  les  Allemands,  ou  affecter  à  ce 
son  lAi  caractère  particulier?  Ramus,  pour  conserver 
à  la  France  le  son  m  que  notre  pays  seul  possède  en 
Europe,  préfère  introduire  un  nouveau  caractère,  qu'il 
emprunte  à  une  abréviation  grecque,  h  (2). 

«  La  dernière  voyelle  cest  le  son  que  nqus  escrip- 
vons par  M.  »— -  Quant  à  Ty,  Ramus  le  rejette  abso- 
lument, parce  que,  dit-il ,  «  nous  abusons  lourdement 
de.  Y  pour  la  voyelle  i  (8),  » 


(1)  Cf.  Schofcryràmm,,  p.  33: 

(2)  Baif  a  accepté  la  même  notation. 

(:i;  Schoiv  gramm.,p.  34  :  •  Y  vocalls  grxca  e«t,  nec  in  ulla  voce,  nrti 
graeca,  adhibetor^  Quanta  vero  ei  cum  o  vocali  cogoatio  soni  fuorlt  Tete- 
ribu8,  indicat  in  Oratore  Clceto....  etc.  •— ,Les  grammairiens  latins 
s'accordent  à  ne  pas  rejeter  I't;  mais  ils  en  restreignent  l'emploi  aux 
mots  tirés  dé  grec. 


FlltRI    RAMtH. 


VH 


Kamus  attribue  donc  à  la  langue  française,  grâce 
aux  sons  on,  fu,  ou,  qu'il  introduit  dans  sa  liste,  et 
(jui  sont  plutôt  en  elTet  des  voyelles  composées  que  des 
(li[)l)tliongueb,  dix  voyelles,  et  il  en  donne  les  exemples 
suivant  : 

fl.  —  amant  y  ûrdunt, 

w.  —  wiel,  swtf  fwt  (autel,  saut,  faut). 

<-;.  — ejv',  rose,  (eau,  rose).  ' 

e.  —  c/wMie,  navre  (chanté  ,  navré). 

r'.  —  r-'p^-'j,  ^nfér  (épais,  enjer), 

vj.  —  fvr<j,  t^re^ui  (heure,  heureuse).  • 

i.  —  issir \,  lisair. 

p.  —  f^r>/c,  oppozons. 

H-  —  »<n;,  kHrras  (outre,  courroux;. 

u.  ■^-  uzurtif  rupture^, 

H.  Des  consonnes. 

Ramus  consacre  à  Texamen  des  consonnes  les  ti'ois 
chapitres  suivants.  Après  une  courte  digression  sur  les 
inconvénients  des  prononciations  si  diverses  imposées 
à  la  langue  latine  par  les  différents  peuples  (1),  et 
avant  d'aborder  son  vrai  sujet,  les  consonnes,  Tauteur 


(I)  Dans  sa  première  lettre  à  Ramus,  Pasquier  lui  dit:  •  De  ma  part, 
j<-  croy  que  si  Ciceron,  César,  Sallustc  et  tous  ces  grands  autheurs  de  la 
langue  latine  revenoycnl  en  leur  premier  estre,  et  qu'ils  n9us  ouyssent 
,I>arl«.r  leur  langage,  ils  ne  nous  entendroyent  pas,  ains  trouveroient  nos 
1  nmonciations  agencées  les  unes  à  la  françoise,  autres  à  l'espagnole,  au- 
trrs.à  l'allemande,  sdon  la  diversité  des  nations  :  chose  que  vous  ihesme 
ri'cognoissez  en  passant  dans  votre  grammaire  françoise.  •  (Livre  III  des 
htt.d'Ett.  Patquier,  Paris,  Petit-Pas,  I«t9,  3  vol.  in-8",  t.  I,  p.  131.)  — 
(^f.  Ramos,  Schol:  gramm.,  p.  27  :  •  Quanti  verb  latin»  llngua»  Intersit 
\  cros  literarùm  sonos  intelligi ,  ejus  la  diversis  nationibus  obscurltas  et 
ronfosio  demonstrat^...  etc  a 


i 


id2  -     (itAMMAIll   PBAFIÇAIlll. 

se  demande  «  si  nous  debvons  totallcment  cscriprc 
*"  ainsi  que  nous  parlons  (1).  •  La  réponse  n*est  pas  dou- 
teuse ;  «  Touc(iant  ceste  demande,  quil  faille  escriprc 
comme  Ion  parle,  ccst  le  jugement' des  Grecs  et  Latins, 
fonde  (2)  sur  la  cause  fmalle  de  lescripture,  qui  est  mes- 
sagère et  truchemande  de  la  i^oix,  comme  la  voix  est 
de  la  pensée  :  et  tout  ainsi  que  laparolleést  menteuse, 
qui  ne  rcspond  a  la  pensée,  ainsi  lescripture  est  trom- 
peuse, qui  né  respond  a  la  voix  (3).  A  ceste  cause, 
ceste  façon  descripre  mature^  momtroient^  royaulx , 
que  nous  proferons  mètre,  montroet^-t^àut;  et  gène- 

*  ralemént  toute  semblable  escripture  ne  respondante  a 

•  la  voix,  se  doibt  corriger  et  réduire  a  la  venté.  »  Le 


f 


\ 


(1)  Le  (inmroalrieii  taUn  Velius  Longus  est  le  seul  chez  qni  nooi  ayoïu 
lu  une  nq^tne  k  cette  question  :  ■  At  ftoprium  ôpAo^paipix;  ttt,  qmHims 
in  Tocit  enunciatone  nihil  videmus  ambiguuni,  at  in  seriptione  tota  h«- 
sitatio  posita  ftt  :  tel  ett  le  propre  de  l'orthographe  :  où  la  prononciation 
D'cat  pas  doutel&se.  Il  n'y- a  paaà  hétiter  pour  l'écriture.  •  —  Paaquier 
dit  à  ce  sujet,  dans  u  première  lettfe  i  Ramus  :  •  Plus  vous  fourvoyés 
de  nostre  ancienne  orthographe,  et  moins  je  vous  puis  lire... -^Jesçay  que 
voBtre  proposition  est  tres-specieuse  de  prime  rencontre.  Car  si  l'ealtnre 
est  la  vraye  image  du  parler,  à  quoy^;ious  pouvons  nous  plus  estndier 
que  de  représenter  par  Icelle  en  son  naïf  ce  pourquoi  elle  v  est  inventaef 
Bell«a  paroles  vrayment:  Mais  Je  vousdy  que.  quelque  diligence  que  vous 
y  apportiez,  il  vous  est  Impossible  à  tous  de  parvenir  au  dessus  de  vostre 
Intention.  Je  le  cognois  par  voa  écrits  :  car  combien  que  décochiez  toutes 
vos  flèches  à  un  mesme  blanc,  tontesfots  nul  de  vous  n'a  sceu  atteindrt, 
ayan^chacan  son  orthographe  particulière,  au  lieu  de  celle  qui  est  com- 
mune à  la  France.  ■  (  Pasquier,  lettrei,  édit.  citée,  t.  I,  p.  128.) 

(3)  Nous  écrirons  dorénavant  avec  l'e  flnal  accentué,  les  mots  06  cette 
modiffcatlon  i  l'usage  suivi  par  Ramus  sera  nécessaire  à  la  clarté. 

(3)  «  Siendo  propiamente  la  escritura  una  Imégen  de  las  palabrM,  cmno 
estas  lo  son  de  loi  pensamientos,^  parece  que  las'letras  y  lossonidos  de- 
bieran  tener  entre  ki  la  mas  perfecta  correspondejicla.  ■  —  Ortonrafia  de 
la  len(fua  easteUana,  eompuesta  por  fa  rtal  Acadcmia  etpaHol;  8"  Im- 
presion,  en  Madrid,  17C3,  |i.  a. 


/ 


r 


PIKIIIKK    lAlltK.  4 or. 

meilleur  «  expédient  a  redresser  nostre  escripture  et 
ous  reiglef  une  orthographe,  '  »  c*est  d'attribuer  à 
chftçuii  des  sons  de  la  langue,  son  caractère  propre  : 
Uainus  l'a  Xait  pour  lés  voy^elles  ;  il  suivra  le  môme 
principe  pour  les  consonnes. 

•  Consonne  cest  une  letre  qui  ne  peult  de  soy  faire 
an  son  entier,  et  pourtant  (pour  cela)  eile  est  nommée 
en  latin  par  layde  de  quelque  voyelle. 

»  La  consonne  est  demi-l^elleou  muette  ^(1)  : 
dciui-voyelle,  pourtant  qu'elle  a. (parce  qu'elle  a) 
comme  ung  demy  son  de  voyelle  :  elle  est  nommée  en 
pra^posant  t  selon  sa  puissance,  et  est  partie  liquide, 
partie  ferme,  » 


1"  Dts  demi-voyelles.  —  A.  Demi-vôyelles  liquides. 
«Les  demi-voyelles  liquides  sont  ainsi  appel  lees, 


(t)  Donat,  Prlici€n,yâlerlu«  Probat.  ont,  à  l'ImiUtlon  des  Grecs,  re- 
connu des  demi-voyelles.  Ce  sont  les  lettres  f,  t,  m,  n,  r,  s,  x.  Sw^sius, 
ilang  son  commentaire  sar  Donat,  explique  leur  nom  comme  Ramus  : 
"  SemiTocales  dictai  sont  quod  semis  quiddam  vocis  habeant,  et  hanc  Ic- 
Kein  habent  ut  a  vodlibiu  toehoent ,  et  in  naturalem  desinant  sonum, 
ef,  el,  em,  #n,  er,  ei,ix;  his  si  detrahamos  vocales ,  habent  tamen  vclut 
quemdam  suî  levem  sonam.  •  —  Cette  division  des  consonnes  en  mueites 
et  demi-voyelles  a  persisté  dans  les  autres  langues  de  l'Eiirope  :  «  Las 
coosonantes  s«  dividen  en  mudaa'  y  semivooalet.  »  fOrtografia  eatte- 
llana).-~m  UettodeUe  vocall,  yengo  aile  consonantl,  lequall  dlvido  in 
duc  parti  ptineipali:  in  nove  mute  éd  in  sel  mezxo  vocali.  •  {Le  osîer- 
mtiotii  deUa  ItHgm  volgare../,  in  Venetia  M.D.LXII,  in-8%  p.  328).  — 
MélanchthoB  divise  les  consonnes  en  muettes,  ^emi-voyelles  et  liquides. 
—La  Grammatrt^laUne  de  Ramus  ne  reconnaît  que  les  consonnes  simples 
et  les  consom;«  doubles  (s,  y).  —  Le  Trissin  compte  neuf  demi-voyelles  : 
hi,  m,  n,  r,  i,  (»mol),  j  [s  dur),  *  (tché),  et  f  (dgé),  entre  lesquelles 
quatre  sont  liquides  :  /,  j,  n,  r,  et  quatre  sifflantes,  »,  j ,  i,  f .  —  Il  ne  dit 
pas  dans  quelle  classe  il  place  m.  —  Mateo  Aleman  dit  crûment  :  •  Estas 
consonantes  Us  divldieron  en  mudas  l  semivocales,  de  que  no  pensio 
tratar  mucho,  por  no  gastar  papel  l  tiempo  en  cosa  tan  impertinente.» 

13 


"-^ 


l.'»^ 


,  GRAMHÀIEI   PI4NÇAI8I.  ^  ■  ' 

noD  pas  quelles  ne  soient^aussi  bien  souvent  fermes, 
mais  pourtant  que  (parce  que)  quelquefois  elles  sont 
qiiasi  fondues  et  liquéfiées  en  leurs  sons.  » 

Les  consonnes  de  cette  classe  •  sont  celles  que  Tes 
Gaulloys  appeloient  sigmoy  ro,  lambda^  my,  ny,  ou 
bien,  comme  nous*  écririons,  mu,  nu  (1),  et  les  Ro- 
mains é«,  er\  elt  em,  en.  .^ 

>  Quand  nous  disons  ta,  se,  ni,  so,  su  ;  ra,  re,  ri, 
ro,  ru  ;  la^  le,  li,  lo,  lu;  met,  me,  mi,  mù,  mu  ;  na,  ne, 
ni,  no,  nu,  ce  sont  consonnes  (Jei-mes;  mais  quand  nous 
prononceons  ce  que  nous  escripvons,  comme  en  ces 
mots:  dutpiire,  chose,  musart,  moysi,  tarare, Jueillart, 
douillet,  bam  {ban),  nom',  co^paignon,  gaigner,  nous 
ne  prononceons  que  demie  s/r,  l,  m,  n.  » 

S,  ch,  %. —  I^  ces  demi-voyelles  la  première  est  s  : 
cofiime  elle  ne  se  prononce  p.as  dans  maisire,  mesleif 
masU'y  (fsier'  s'ouslenir,  ce  n'est  pas  dans  ces  mots  ou 
leurs  analogues,  que^  nous  chercherons  le9  sons 
liquidés  (la  liqueur,  dit  Ramus)  qui  en  découlent. 

«  La  première  liqueur  issue  de  s,  c'est  ce  que  iio^s 
escripvonscB,  comme  en  chapitre,  chère,  chiche,  chose, 
chut,  etc.,  et  n'est'  ceste  letre  ny  grecque,  ni  latine, 
ains  totallement  et  proprement  francoyse....  Cette 


(1)  Ramus  attribue  k  l'u  «^Xov  des  Grec*  dod  le  son  de  t  ou  y,  mail  le 
soù  de  nuire  u.  —  Purt-Royal  est  de  cet  avi».  *-  En  tête  du  Une  de 
J.  Cheke,  De  pronwniidfione  ling.  grxc,  on  lit  un  règleœ  m  relatif  à  la 
pronunciatto»  du  grec  exijtée  par  un  recteur  de  l'univereilé  de  Cambridge, 
qui  réclame  pour  l'u  la  même  protionciation  que  pour  Tt  et  I't)  :  «  y^,\  v,  uno 
eodcnique  «unu  exprioiito...  Si  qu'u,  'quod  abominer,  aecus  feeerit,  hune 
homiufm,  quiRquis  is  erit,  ineptum  omnes-habento.  •  — •  Joann.  Cheki,^ 
Angti,  De  pronunciatione  gr.fc.ir  potiitimum  lingux  diafutfitionet.  t- 
Itasileœ,  ibbà,  |n-8*.  —  Cheke  (p.  127)  suit  àua«i  l'upinton  de  Ramnt. 


PlltRRI   RAMlii. 


195 


déiï)yvoy©Ile  demanderoit  une  figure  propre,  commf; 
pourroitesgpo  c,  que  tes  Kepaignols  appellent  6wi//o(i). 
INous  le  pourrions  appeller  <?Mï7/e,  qomme  petite  *,  ou 
bien  a  la  grecque,  thjmation;  »  mais  le*f  remplaçant 
le  CH  cederoit  lui-même  sa  place  à  l's,  dans  les  mots 
comme  Frqnçois,  leçon,  qui  se  prononcent,  et  doivent 
s'écrire  :  fransoeSf  leson, 

»  La  seconde  liqueur  issue  de  s,  cesj;  ce  que  nous  es- 
cripvons  par  z,  comme  en  ce  mot  tixaniey  et  que  nous 
nommons  zeL  •  —Réservons  s  pour  les  mots  ou  nous  don- 
nons  le  son  dur,  nwstager,  amanser  :  il  n'y  ayra  plua  be- 
soin alors  de  la  redoubler,  puisque  nous  la  remplacerons 
par  z  dans  les  mots  où  elle  a  le  son  de  cette  lettre,  com- 
me amt^e,  moysiy  que jous prononçons  amuzeyinoezi. 

R; —  Le  B,  %  ferînBB||ptnîncnçement  des  mots 
et  liquide  au  meilleiU,  comme  eu  tire,  rare,  »  ne 
réclame  aucune  ,mo4[Çcûtion  (2). 

L,  i7/., —  Comme  5  uaps  mahtre jL  doit  se  suppri- 
mer dans  ou/tr<!,  pèu/l,  moûlt,  où  elle  «  n'est  aucune- 
ment proférée.  »  ^ 

Dans  douillet,  feuillet^  et  semblables,  Ramus  voit 


0)  «Este  carécter  f,  Ilamadovulgarmente  cedilla,  ténia  en  Cai^teUano 
el  propio  ofldo  que  ia  x...;  aunque  aigunos  aiitorcs  fueron  de. opinion  que 
era  mas  blaiido  y  siiave  el  Csonido)  de  la  cedilla.  No  UmiaenU  letra  à  su 
favor,  comd  otras,  et  poderoso  apoyo  dePorigen,  portiue  era  propia  de 
niiestra  lengua...  La  Acadeoaia  haoxcluido  de  nue!«tro  abecedariu  laf.  • 
(Orthografiacasteltana,  p.  18).  MateoAleman  remplace  le  ch' par  :>;  ainsi 
il  écrit  mu9o  pour  mucho;  lot  dtio«  pour  îos  iUeho$,  ^tc.  —  Le  TriPirtn 
emploie  le  ç  pouf  marquer  le  son  du  g  modeinu  [âgé  devant  e  et  i, 
omme  :  çenerùto  (generoto),  virçine$  (virgines),  etc.  —  Rabelais,  rommé 
bien  d'autres  auteurs  du  même  temps,  écrit/ac«on,  cio,  pour  façon,  ra, 
remplaçant  le  f  par  cr. 

(2)  Màteo  Aleman  distingue  aussi  r  ferme  et  r  liquide  :  «  Sirve  U  r  al 
priQcipio  i  en  medio  de  la  diciou.  i  bunca  (suei  Uo  délia...  etc.  » 


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<« 


^f-y 


m 


^ 


l'Jii  UJIANHAIBB   PBAIfÇAIftE. 

«  une  cscripture  fort  barbare,  ou  nous  assemblops  trois 
'^  lettres  pour  la  moytié  dune,  et  les  forçons  de  donner 
ung  son  contraire  a  celluy  que  nous  leur  avons  pre- 
mièrement imposé  (1).— Le  remède  pourroit  estrepar 
ce  caractère,  /que  Ton  a  nomme  /  moHe  et  que  nous 
pourrions  nommer  lambdacion.  Ainsi,  en  éscripvant 
dttletyfe/let,  nous  éviterions  ce  tant  lourd  barbarisme  (2). 
M.-—  <  M  est  ferme  au  commencement  de  la  syllabe; 
en  fin,  elle  est  liquide,  comme  Afarie,  martyr,^  nom  y 


(1)  Dan»  868  Scholx  gramm.,  Ramuit  avait  déjà  fait  la  même  remarque. 
Après  avoir  parlé  du  son  faible,  du  son  moyen  et  du  son  plein  de  l,  il 
ajoutera  Atqui  prseter  hune  tripliccm  sonum ,  liquor  vernacula  lingua 
sentitur,  qualem  irentlmus  quum  francicé  dlclmus  delicatum ,  folium , 
douilUi .  feuillet ,  ubi  tribus  Integrls  literis  barbare  admodum  ut^ur 
ad  dimidium  unlus  sonum  declarandum.  •  —  Prisclen  attribue  à  la 
lettre  L,  chez  les  Latins,  nn  triple  son,  et  s'appuie  sur  Tantoritë  de 
Pline  :  «  L  triplicem,  ut  Piinio  videtur,  sonum  habet  :  exllem,  quando 
geminatur  secundo  looo  poslta,  ut  ilU,  Metellus;  plénum,  quando  Unit 
nomina  vel  syllabas,  et  quando  habet  ante -se,  in  eadem  syllaba,  ali- 
quam  consonantem,  ut  sol,  tylva,  flatui;  médium  in  aliis,  ut  lectut.t 
(Lib.  1.)  — Ajpoins  de  reconnaître  notre  H  mouillé  dans  Mettlhu,  ili^ê, 
coomient  s'expliquer  que  Priscien  n^ait  pas  attribué  au  premier  l  de  ces  mots 
le  son  plein'4{ùMl  à  dans  tol^  et  au  second  le  son  moye»  qu'il  a  dans  lectut  ? 
—Je  n^  Sac^ie  pas  qu'on  ait  cierehé  le  vrai  sens  de  ce  passage,  bien  qu'il  ait 
été  connu^de  ^mus  et  de  Pasquia.  —  A  propos  de  II  mouillé.  Pasquier 
combat  l'introduction  d'un  nouveau  caractère^  tentée  par  Ramus  :  «  Je  vous  " 
supplie,  dites-moy,  y  eut-il  Jamais  plus  d'incertitude  que  oellè  que  vous 
y  apportes?  Par  ce'qu'ostant  noftre  vieille  orthographe  aves  f-haicun  de 
vous  Innové  divers  characteres,  esquels  Je  me  trouve  beaucoup  plusem-' 
pesché  de  trouvw  le  son  mol  de  ceste  lettre  que  Je  ne  falsois  aupiaravant. 
Or  voyea  avec  auel  soin  et  diligence  noz  ancestrcs  nous  voulurent  figurer 
ce  son  ;  car  ils  né  se  contentèrent  pas  d'accoupler  les  deux  LL  ensemble, 
mais  devant  y  ajoutèrent  un  I ,  en  ceste  façon  ,  pour  iih<)iptrer  que  cèste  L' 
contient  obliquement  ei;  soy  un  I^i  qu'il  faut,  ri  ainsi  voulez  que  le  die, 
prononcer  sans  le  prononcer.  •  —  I*asquier  défend,  à  l'aidé  du  même  rai- 
sonnement, Kmignard  marqué  ians  l'ancienne  orUiographé  par  les  lettres 

«im  (mynttir,  etc.)- 

(2)  Rabelais  écrit  souvent ,  à  la  façon  italienne ,  esveigler  pour  éveiller. 
—  LeTrissin  remplace  l'orthographe  usuelle  gli,  partout  où  il  le  trouve, 
par  iji;  mais  II  faut  se  rappeler  ici  que  j  en  italien  vanC  deux  t«V 


l'IBIMB   RAMUt(. 


197 


bam  (ban,  bannum),  arrierebam  ;  qai  a  esté  cause  a 
nos  grammairiens  denseigfner  que  h  devant  p  estoît 
presque  supprimée,  tomme  en  campt  champ,  *  —  Ra- 
mus  ne  propose  aucun  changement. 

N,  «n.  -^  ■  N  est  volontiers  feijpie  au  commence- 
^ment  dtï-^ot  et  en  ta  fm  :  comme  nanin^  non  :  mais  au 
meillieu  (1)  elle  est  quelquefois  liquide  comme  en 
compaign(m,  espaigiiol,  ou  ces^t  la  me&ne  barbarie,  que 
douitiet,  feuiUet{2)  :  cardeàcripreiet^n,  cest-a-direune 
voyelle,  une  muette,  une  demi-voyelle  pour  la  nioytié 
d'une  demivoyelle,  cest  toute  semblable  subtilité  que 
devant:  qui  a  esté  cause  aussi  dy  chercher  remède 
extraordinaire,  sans  se  contenter  du  caractère  simple, 
comme  en  r-eim.  Carlon  a  inventé  unen,  molle  en  ce  ca-. 
ractere  9 ,  pour  escripre  comparjon,,  espanol  :  ce  caractère 
se  pourroit  nommer  nt/on,  cpie  nous  escririons  nuon, 

»  Ptr  ainsi  nous  aurions  en  ces  liquides  et  eii  leurs 
liqueurs  (3)  neuf  demi-voyelles  dont  les  quatre  seroient 
tousjours  liquides  :  comme  en  ces  figures  descriptes 
selon  lès  puissances  :  .   .  ^ 


(1)  Voy.  plus  htut,  p.  19$,  note  j. 

(2)  Dans  «es  «  Ë&cples  granimairleDDe$  •  Ramas  aTait  déjà  exprimé  la 
.  même  idée  :  •  Proter  lllam  Utene  N  In  fine  lenltatem ,  liquor  est  qalàam 

in  nottro  vamacnlo  senncHie,  qnam  didnîns  Kipoégnol^  compaigtum ,  n^ 

'  tribns  literis  integrlt,  dimiéif tnm  unios  aonum  tali  barbariuno  scribi- 

mu8,quali  antea  tertia  MmiVoealU  dhnidiatam  aonum  èxiffeMimaa; 

fevHlet,  douUUt.  »->Le  TrtMin  laikM  paiaer  té  fn  mouillé  sans  diieuiaion  ; 

vctil  approuTe'm^e  eet  a«embla«e  delettret  pour  former  le  son  adouci. 

—  En  Espagne^  ce  fut  NekMixa  qui  introduisit  dans  l'alpbabet  les  signes 

U  et  n  :  K  ta  efc»  la  U,  y  la  II  son  létras  proprias  nuestras...  NIngUna  de 

las  otras  représenta  en  lo  eserito  el  sonldo  que  atribuimos  i  cada  una  de 

esUs...  Nebrixa  en  su  Ortografia  eastellana  ineluyé  estas  très  letras  en 

.Alfabeto.*  (Or(o0.  CMteUafui,  p.  16-17.)  ^ 

(8)  C'est-A-dire  :  dans  les  sons  liquides  t^ul  en  ilpendent. 


(■ 


■fi 


i'    ■  >  > 


f98  GRAMMAIRE   rRAHÇAIBE.  ' 

sigma  :. «'>••••  talttU  f^sfvt  (assaut). 

tigmatim'f.   (;«..••  (^rç,  çoxq  (chère,  chose). 
xeta  :.'..«».••    St .  • . • .  muzart ,  cwz&r  { Causeur) . 
ro:. .•••...*•      r,.*..  rir^,  fçtrq, 
lambda:  ,..*    /,....  lave^ élite. 

lambdadon  :.  J,.*^-  <^/^^ T*^/*^'- 

mu  :....,....    m,...  mo'n^  nom,  mon,  6am. 

nu:.......^..  n,....  fiontnnon. 

nHon  : 9)*>**  Çampai^e,  Bretane, 


■•  :  <t>» 


B.  Demi-voyelles  fermes. 


Si 


t  Les  demi-voyelles  fermer  ce  sont  celles  qui  ne  n 
sont  jamais  liquides,  ains  tousjours  fermes,  et  se  rap- 
portent aux  secondes  voyelles,  en  arrondissant  leur  son. 

»  11  y  a  quatre  demi-voyelles,  j,  »,  f,  h.  . 

i  J.  —  La  première  cest  le  son  quû  Ion  profère  et 
escript  aux  premières  syllabes  de  ces, mots,  /amati, 
letier;  liticy  Mias}  lurer  (i  ).  Cette  demi-voyelle  ferme 
a  esté  nommée  iod  par  les  Hébreux ^  et  puis  nous  lavons  . 
pratiquée  en  nos  impressions  latines  pour  faire  diffé- 
rence de  la  voyelle  i  contre  cette  consonne  (2).  » 


(i)'La  pramièrt  Mitl«B  éolTait  «tait:  fMMw,  IttUt^jisU,  Ittiêt, 
furmr.  —  U  tnëacUon  UUm  écrit,  eé  faiMut  concorder  miMX  la  rè^ 
0t  l'aemplcr  j|<MiMft,  i«llM-,  fiste,  #wùu,  jvnr.  C'était  eu  rctte  par  1 
majateale  «pie  Ton.  svppléaU  an  manque  dn  ctraetèie  ;  on  /  dana  iet 
impriitaerléa.  Voyet  plus  loin  le  diapltre  des  Eettenne.  De  néne,  le  gram- 
mairien eapagMel  Ifebrlta  qnl  dlaUngne  toujonn  i  é»i  dans  le  eorpa  det 
mots  a  dà  les  confondre  an  commencement,  qnand  Ils  détalent  éin  ésrlt« 
arçc  la  majnscule.  ponr  éfwrfner  la  fonte  de  ce  caractère.   ' 

(})«  JodTprAeoniionsit»otts4|nl  le^ttiflans sK, ▼eterùm  nenio(quodait- 
madvcrtere  potucrim)  expressit...  Credikile  eat  hujus  coneona  noMeo 
aliquod,  aliquam  êtltmfhturam  toeUn  esse  :  ad  ^nldnam  Id  (tMrtt,  divi- 


■N 


PIEMK    aANlIS. 


•  91» 


»  V.  —  La  seconde  cest  le  son  prononcé  (1)  es  pre- 
mières lettres  de  ces  mots  :  vacation,  vertù^  viite,  vostre, 
vuide.  Nous  lavons  figuré  ainsi  ▼,  v,  pour  la  séparer 
de  la  voyelle  m,  et  Vnrron,  tres-docte  Romain  la  nomme 
WM,  sqlon  sa  propriété  et  vertu  (2). 

»  Ces  deux  letres  ont  ung  grand  et  f^^equent  usage 
en  nostre  langue,  et  portant  requeroyent  bien  aus^ 
deulx  propres  characteres,  tels  que  nous  avons  prô- 


ne # 
ip- 

)n. 

;  et 

me 
}ns    . 
ïe- 


ml 

k» 

tm- 

trite 

nt- 
•ea 
Uvi- 


nare  difficile  est  :  noa  f^cHIret  latini^Hebrfi^Qruin  exemplo  jod  appella- 
mus,  et  flguram  attribuimus  quam  In  HiKpanoram  et  Francorum  sermone 
versatam  perspicimus.  Jamprldem  enlm  Ht^panis  nejJcl©  qtiis  dedlt  ;  Fran- 
.la»  perte  nune  nuper  I^oicus  Meitrétius  utandum  proposiiit,  cuJiib  In 
conformandâ  gentU  aux  lingua  induatriam  valde  equidem  probo  et  laudb.» 
.Sf/ioi.  jramm.,  p.  43,  44.— Cf.  la  note  précédente. 

(1)  Ici,  RamuB  ne  ae  reporte  paa  au  latin.  Dana  aes  Sthol.  gramm.,  il 
rappelle  que  les  Latina  protionçaient  de  la  même  manière  \e  v  et  le  f.  — 
Happelona  à  ce  propos  que  le  r  de»  Allemanda  a  conaerré  cette  pronon- 
ciation de  A 

(2)  Raniaa  fait  honneur  aux  Imprlmeura,  non  aux  grammairiens,  de  la 
distinction  de  v  consonne  et  de  «  voyelle,  précédemment  confohdaa  : . 
«Typographi  nonnulli,  tacito  consénsu,  flguram  tau  ronsonœ  hanc,  V 
nempe,  pro  t^igamma  lllo  spoHco  Induxerunt;  et  flgura  videtur  aptior 
propt«r  aiBnttatem  «ôm  Tocall  «,  «(  certê  Jam  nobla  uaUatlor.'Itaque; 
quod  ratio  jamprideffl  auaserlt,et  uaustàcitus  approbarit,  negligeodum 
non  arbitjnunur.  •  {Schoh  gramm.,  pp.  55,  5«.)— Il  y  avait  bien  des  aièciea 
que  cette  dlaUnctlon  d«  n  voyelle  e|  de  «  oomonne  étaU  réclamée.  César, 
proposait  d'éorire  j,  c'est>à-dire  un  digamma  éolique  pour  v  conaoniie  : 

•  Qaod  quamvii  llli  reetè  vlsam  est,  tamen  ronsuetado  antiqoa  supera- 
vit.  •(Prùeiani  gramm.,  Hb.  I.)—  Nebrtu,  en  Eapagne,  fut  le  premier, 
qui  proposa  la  jdiatinction  de  l'iet.de  l'o  en  employant,  pour  les  con- 
aonnea,j  et  v/ qu'il' diaUngae  tonjotira  spigneuaéipent;  noiquement  oo> 
oiipé  de  la  prunonrlation,  comme  le  fut,  depuis,  Mateo  Aleman,  il  ne 
tint  compte  ni  de  raaage  ni  de  rétymologie,''et  a'attaçha  aeoiement  à 
.marquer  t'jiaqoe  aoihpar  un  caractère  différent.  Cet  auteur  mourut  en 
f.V22.  —  Depul»,  Le  Triuin  publia  en  1534 ,  aa  fameuse  lettté  au  i>ape 
Clément  Vil,  où  U  maintient  la  nécessité  de  cette  difttinct ion.  Nous  «i- 
tona  teitaeltonent  ce  passage  impartant  :  «  Appnaao  ci  i  di  notare  an- 
rhora  la  dilfcrenila  che  3  tra  lo  1 1  lo  m,  qoando  aono  oonaonantl,  c  qnando 
Toeall  ;  c  pei«16,  qnando  aaranno  voeali,  ai  açirlveranno  per  le  consucte  can- 
cellareadie;  nia,  <piando  aaranno  eonaonanti,  16  t  si  aeriverà  per  uooj 
iungo,  che  ai  extenda  diaotta  da  la  riga,  c  lo  tt  per  un  «  antico,  a 


#•  * 


^ 


200  ttRA^MAlRE   FRANÇAISE. 

posé.  Car  cest  l>ien  aultre  chose  quune  plaine  voyelle 
et  une  demi-voyelle  ferme  :  comme  beaulxieuhe  (beaux 
yeux)  et  beaux  jeux:  item  puante  morue  ei  puante 
morve.  »  •  .  i; 

F.  -^  Cette  lettre  «  n'a  rien  en  Francoys  différent 
diiï latin  (1).  »  ;  : 

H.  —  «  Geste  letre  nest  point  aspiration  en  Francoys 
comme  en  Latin  (2),  et  pourtant  (pour  ce  motif)  nest 
jamais  apostro{^hee ,  »  c'est-à-dire  ne  souffre  pas 
devant  elle  un  mot  dont  la  dernière  soit  suppnmée 
par  Tapostrophe.  Elle  est  placée  avec  raison  en  tête 
des  mot3  la  hallebarde ^  le/iic/eux,  !e  honteux,  la  hure; 
mais  «xest  ung  abus  de  nos  étymologiques  latiniseurs 
de  lescripre  ou  elle  nest  point  proférée,  comme  en 
héritier f  heure-,  homme,  » 


2*  Des  muettes. 


y 


11  y  a  six  consonnes  muettes,  lés  unes  ouvertes  et 
proférées,  soit  des  dents,  comme  t,  d  ;  soit  du  palais, 
comme  c,  o  ; —  les  autres  closes  comme  b,  p. 

«  De  ces  muettes,  p,  b,  p,  sont  demeurées  en  leur 
entier  et  ne  sont  en  rien  altérées;  t,  c,  g,  sont  bien 
souvent  corrompues  dans  nos  escripts. 


1(1)  a.  ei-detsas,  p«^(|||^  nol«<  I  et  s. 

(2^  Despautèie  regarde  Vh  non  oomni«  one  lettre,  mais  comme  no  signe. 
Priaden  avait^dtr>  «  H  «tpiraUonis  magii  est  nota  quain  tlt  Htera.  »  — . 
Dans  ses  «  Écoles  grammairiennes  •  Ramus  ne  se  pro'nenèe  pas  très-net- 
tement k  ce  sujet.  Après  une-t>ès  longue  dissertation  (p,  62-69),  il  eondot 
ainsi  :  •  Eqa|dem>  ut  aliquid  statuam,  si '/m  (H)  lltera  non  slt/eerte 
liicrte  vim  vâlde  llteris  vicinam  babet.  « 


flKRRB    HAJieS. 


"■    201* 


T. —  «  Nous  abusong  de  t  poiir  s  «entre  deux 
voyelles,  comme  nous' prononçons  j/ràswn,  cpndi- 
mn  (i).  »  En  vain  objecterait -on ,  pour  défendre 
l'emploi  de  ce  t,  lerespect  de  rétymolôgie  latine:  si 
'les  Rot&ains  écrivaient  gratianus]  c'est  qu'ils  donnaient 
âù  T  le  même  son  ici  que  dans  terra  :  sMls  avaient  pro- 
noncé ffrasianuSfCGUx  qui  «  ne  se  sont  proposé  aultre 
chose  en  leur  escripture,  que  la  seule  prolation  du 
peuple  i>  n*auraient  pas  écrit  ce  nk)t  d'une  autre  mar 
nière(2). .  ^         ,      "   ■ 

,  C,  G  (3).  —  «  L'abus  de  c  (4)  et  g  est  encore  plus 
grand  :  car  ces  lettres  debvroient  sohYier  ainsi  devant  e 
eti  comme  devant  a,  o,  u,  brief  comme  elles  sonnent  en 
/flc,  tang,  «—En  effet,  c  etjG,  devant  e,  i,  se  pronon- 
cent conàme  s  et  j  :  cecy^  ce/a,  age^  gite,  se  prononcent 
sesif  seloy  aje,  gile.  Cet  abus  est  bien  plus  seAsible 
encore  dans  les  mots  comme  :  commença,  leçon,  recul, 
bourûoity  bourgon,  dongon,  où  Ton  donne  également  au 
G  et' au  G  le  son  de-  s  et  de  j  :  commensa,  léson,  resta, 
boûrjoes,  bourjon  (5),  donjon  (6)  :  «  puis,  pour  corri- 


(  I  )  On  «e  rappelle  que,  pour  Ramiu,  V$  slirpte  est  toujours  dur  comme 
i'At  double,  dont  il  Uent  )«. place.  '^ 

(2)  Voy.  In  ^chol.  gframm.,  'p.  4}  :  «  Vitiwe  t  pronuntiatur  a  nobis, 
Koguente  vocali,  in.^alia  gtntium  :  Ihic  enim  s  «Ibilui  anditor  vuigo...  • 

(3)  «  G  nihilaliud  est  quamclete  aç  molle.»  {SeKol.  gramm,,  p.  47-48.) 

(4)  «  Patet  e  ante  «  et  l' vitiose  a  îiobis  pronuntiari  sibllo  r  liter»,  ut 
an(ice,  amiei;  vulgo  sic  enuntlamus  tanquam  scriberemus  amûe,  amisi, 
et  literam  ipsam  appellamps  tanquam  scriberemus  se.  Quare  barbarismns 
bic  taiis  est,  qnalis  antea  in  e  dictus  est.  •  {SchoL  gramm.,  p.  45.) 

i&)  En  Anjou  on  prononçait  bourion,  et  ce  mot  s'est  conservé  dans  le 
nom  d'une  peUte  localité ,  maintenant  desservie  par  le  bureau  de  poste 
de  Saint-MaUiurin. 

{(i)  C^te  orthographe  est  celle  que  nous  suivons  niaintènant  pour  lé 
mot  donjon. 


■t 


«   . 


V 


«        t. 


V.- 


v 


itta 


«iKAXMAIHI   FkANÇAISK. 


,* 


ger.  cestabas,  Ion  en  fai(^  un  aultre,  en  interposant 
E  sans  le  prononcer  aulcunement,  comme  comfn^nr^a, 
commenceonsj  receut  {\)f  cHamjéonfy  jugeons ^  Bonr- 
georSf  bourgeon  ^  dongeon,  », 
V  Le  G,  employé  à  tort  dans  certains  mots  où  il  tient 
Ja,  place  du  j,  doit  se  supprimer  à  la  lin  des  mots  tes^ 
mqing^  ioing,  coing^  ung.  Si,  pour  les  premiers,  0n 
objecte  que  le  g  y  est  nécessaire  pour  expliquer  les 
Verbes  Éfigmoingner,  soingner,  coingfitr^ —  qui  doivent 
s'écrire  u^motier^  soner^  carter,  —  on  ne  pourra  dire 
sérieusement  que  le  g  de  ung  a  pour  but  d*empêcher 
que  le  mot  t^n,  SiMl  était  ainsi  écrit,  ne  fut  pris  pour  le 
chiffre  rii  (2). 

Chef  chant  à  coml^attre  ces  abus  de  c  pQur  s  jet  de  g 
pour  J,  Ràmus  demande  remploi  de  Ts  et  du  i  par- 
tout où  la  prononciation  leâ  réclame^  le  son  du  t:  dur 
sera  toujours  représenté  par  k  (3),  qui  tiendrait  lui  seul 


(1)  Ramu8  a  signalé  un  emploi,^—  qu'il  condamne  comme  abusif,^—  de 
la  çédilie  dans  françoit,  leçon.  Il  semble  qu'il  eût  dû  écrire  aussi  av.ec  la 
cédille  les  moU  cités  Ici,  Mais  on' remarquera  qae  ce  sont4es  verbes  ;  s'ils 
ont  un  «,  c'est  que  ccLt  e  figure  dans  presque  toute  leur  conjugaison. 

(2)  ••  il  n'est  pas,  dit'Pasquier,  qu'il  n'y  ait  quelque  raison  en  une  or- 
thographe que  noas  avons  Teue  autrefois  en  ce  motd'mque  l'dn  escrivoit 
avec  un  g  au  bout;  lettre  qui  sembloit  du  tout  superflue»  de  quelqae  costé 
que  l'on  Toulost  toumor  la  pensée.  Mais  cela  advint  pour  autant  qu'au- 
paravant l'impression,  aui  livres  que  l'on  escrivoit  à  la  main,  on  cottoit 
ies  nombres  par  leurs  figures,  i,  ii,  jii,  un,  v,  vi,  vu,  et  ainsi  des  nom- 
bres suivants  ;  et  quand  on  commença  de  les  cotter  par  leiifs  noms,  on 
adJousU  à  l'm  le  g  pour  oster  l'equlvoqne  qui  eust  peu  advenir  entre, 
ce  mot  et  le  nombre  de  sept,  représenté  par  la  figure  de  v%t.  •  {Lett.  à 
Bamtu;  —  Lettres  de  Pasquler^  édit.  citée,  <p.  140.  ^  Voy.  les  kecherchet 
du  même  aateor,  1C2I,  p.  400.) 

(S)  Le  K  était  si  peu  une  lettre  française  que  Içs  Imprimeurs,  manquant 
de  ce  caractère,  le  remplaçaient  souvent  par  un  l  et  un  x,  ainsi  :  \%.  — 
Gonsalo  Gorrcts,  on  des  réformateuni  de  l'orthographe  espagnole,  rem- 
place par  le  K  les  lettres  c  et  q.  —  Aleman,  au  contraire,  supprime  le  a. 


^ 


i'IRRBK   RAHL'K. 


,205 


la  place  âes  trois  lettres  c  dur^  k  cIq  (1);  quant  au  g,  il 
aura  également  le  son  dur  devant  toutes  les  voyelles, 
et,  légèrement  modifié  dans  sa  forme,  i|  deviendra  ^. 
■  "",  A  ce  système  on  peut  faire  plusieurs  objections  : 
d'abord,  s'il  j|st  convenu  que  c  et  g  doux  seront  rem- 
placés par  s  Jl  J,. pourquoi  ne  pas  conseï  ver,  là  où  ces 
lettres*  sont  dures,  le  c  sans  le  changer  en  k,  le  q,  sans 
en  changer  la  forme?  Ensuite  si  Ramus,  dont  les  con- 
temporains faisaient  sonner  les  finales  dans  ^r<;c,  /o/?^, 
termine  ces  mots  par  *  et  g-  pour  indiquer  cette  pro- 
nonciation, n'y  a-t-ilpas  lieu  de  penser  que  Ton  pro- 
nonçait aussi  alors  le  c  d&ns  franc?  Remplacer  ici  le 
V  pa^^,  c'est  gêner  la  dérivation, /ranc/ic,  affranchir; 
et  pour  Ramus  lul-môine,  qui  écrivait /ranfç,  offrançir, 
ces  formes  s^expliqueht  bien  mieux  venant  de /ranc 
que  defr40ik. 

Aux  muettes  se  rattache  la  double ,  x ,  qui  est  une 
abréviation  de  c#,  gs,  gz  :  Ramus  propose  de  Tadopter 
partout  où  l'on  entend  le  son  de  ces  lettres,  «  comrtïe 
e«  ces  mots  conjorixion,  dixiod,  lax,  lanx,  que  nous 
vons  co/ttQficiion,  diction;  /ac$,  Yoii^«.—  D'autrôs 
fois  x\à  la  fin  des  mots  cômine  envieuà^.  voix,  nous,  a 
le  ménl^e  son  que  s  :  Vs  devra  prendre  sa  place  rm- 
vieutytic,  .     - 

>  Résumant  alors  dans. dés  exemplôB  Jes  règles  qu'il 


^^ 


>y- 


(t)  D'après  eettre  règle ,  Baïf  i^e  manque  pas  d'écrire  fct  pour  çut.  —  il. 
ne  rentre  paMlana  notre  bujet  de  rappeler  les  querella  qu'eut  i  soutenir 
Ramus  à'  propos  de  kùkis  et,  de  htMlûm  pour  qui$quit  et  quanq^flm.  — 
Le  Trissin  adopte  le  Jk  pour  écrire  les  mots  où  l'orthographe  usuelle  pia- 
•  ait  c/i devant  t';  ainsi  iV écrit  :  kiaro  pour  ehiaro,  etc.;  nuis  devant  e,  il 
i-onscrrc  le  eh,  comme  ehe,  etc.  - 


•:# 


/- 


,p 


"^ 


{- 


A" 


'  •. 


•< 


sot  i^RAMMAllK   KRAHAiSK. 

vient  d'exposer,  Ramus  présente  le  tableau  suivant  : 

^ini...*...   i.k.. ......  toitff  titre» 

Ùelta»^...  d. de^dans,  Didier. 

Kappa.,,  k.:. kakejert  kokiner.  * 

"Gamma,..   ^.^,...,  f^err^y f,idon. 
Beta,,4,,,  6...;....,  barb^^  barbon. 
^»" -.P pape,,  pompi^. 

•  Et  finablement.,  si  nous  rassemblions  tout  nostre 
alphabet,  nous  aurions  vingt  et  neuf  lettres  (4)  : 

o,  fi/,  ç,  e,  t*y  e/,  i,  0,  «,  «,  «,  .f ,  s^  r,  /,  /,  m,  n,  n, 
jt  ^t  ft  ^»  'i  <^»  ^'»  fe',  ^,  |>»  et. tme  double f  j:.  » 

Cesl-à-dire  : 

n^  au,  e  muet,  e-  ferriié,  è  ouvert,  «i,  i.  o,  ou\  Kch,  s, 
^  //mouillés,  m.  n,  ^n,  ;,  r,  /,*A,  i,  rf,  Ar,  </  dur,  6,  p, 
et  une  double  x,  remplaçant  ci,  Aj  et.^». 

Ramus  eut  un  disciple  fervent,  c'est  le  poète  J .  A.  de 
^^^'  ^%^^  ^^  Etrénqt  dq  poé$iq  .franso^zç  an  vers 
m^^urés  (à  Paris,  chez  J.  Duval,  successeur  de  We- 
chel,  1574),  on  lit  un  a  b  ç  c/u  langage  frhuoej,  puis, 
à  la  suite ,  une  expliQaUon  «h/ç«  noms  et  valeri  d^s  litres 
nHve,les,  »  —  On  y  remarque  une  seule  différence,  avec 
le  système  de  R«nus.^  Cest  qu'il  marque  I'e  muet  par 
*tf  non  par  ç  coipme  son  maître!  A  la  fin  de  cette  sorte 
de  clef  â  nécessaire  à  l'intelligence  de  son  orthographe, 


(I)  •  I4  Raniee  a  faict  une  graqpuire  en  laquelle  il  nombre  vingt  et 
neuf  lettrea:  mais  pour  moi  j'estime  que  ^^  »ont  toi^tet  lantaetiqueries 
d'un  esprit  mal  raboté.  •  (L'art  poétique  françois  de  Pierns  Delaudup 
Daigalieri,  —  Paru,  4y  da  breuil,  iS97,  p.  ti.) 


'-  *. 


*    / 


PIIRHf!   lAMIft. 
1^ 


•>«>'t 


il  donne  le  motif  qui  la  décidé  à  adopter  la  réfonne 
de  Ranius  :  c'est  que  «  mns  C^xacie  e^crilure  conforme 
a  parler  engins  lej  ejqmer^  (Ticelui  y  lettre  pnr  son  h 
voyfjeg  ou  comonanlçtt  l'art  dts  vers  mesurej  ne  9e  peut 
rvjjlrjr  ni  bien  Ire^lej,  » 


DM  DIPHTH0N6UB8   IT   DIS  SYLLABKS. 

■ 

fl  Syllabe,  cest  ung  son  entier,  et  peult  estre  dune 
seule  letre,  comme  dune  voyelle;  peult  aussi  estre  de 
plusieurs  letres,  voyelles  ou  consonnes.. 


N 


1*  Syllabes  formées  de  voyelles. 

»  La  syllabe  de  deux  voyelles  est  nommée  dipUtUon- 
(jue,  scavoir  un  son  de  deux  voyelles  comprises  en  une 
syllabe  (1).  »  ^  ■  ' 

Notre  langue  compte  huit  diphthongues  : 

AI  : ai,  ^—->pai<mty  (faumt  (géant),  aidant  (2). 

E4u:  ...  i'w.  — :  fopça;  (chapeau),  mimtea. 


(i)  La  meilleure  déQnitlon  que  nous  ayons  rencontrée  4e  la  diplith6n(;ue 
nt  cielle  du  TriMin .  «  Credw  ^he  tia  c$4a  atsai  manifesta che  i  diphtbuQgi, 
si  nel  latinu  ciome  ncl  i^Ch),  nun  sianu  attru  ch^  due  ietterc  v^ali, 
talnu'nte  in»ieme  puste  c  nanlunte,  che  in  una  S(<>la  «yllaba,  c  8<>>lf>>  ic- 
centfa»  si  senta  il  phth<i>nfb»,  ciûè  il  suodu  de  l'una  c  de  l'altra.  «  —  «  Je 
crois  que  c'^t  chose  asseï  claire  que  les  diphthongues,  soit  en  latin  soit  en 
erec ,  ne  sont  autre  chose  que  deux  voyelles  tellement  unies  et  liées  en- 
semble que  dans  une  ««ulu  syllabe  et  sfnu  un  seul  accent,  l'on  enlende.ie 
^nde  l'une  et  de  l'autre.  •  — Cette  définition  ne  peat  s'appliquer  à 
tu u tes  nos  diphthongues  françaises,  où  Ton  n'entend  pas  toujours  le  son 
des  deux  royelles,  comme  daus  au*i,  eu,  ou,  qu4  sont,  k  proprement 
parler,  des  toyeiles  composées;  mais  l'introduction  de  l'accent  comme 
un  élément  propre  i  distinguer  la  diphthônfue  donne  à  cette  d<^flnition 
une  portée  particulière.  ^ 

(31  Cf.  d-dessus.  p.  130,  fiol«. 


A 


'206  r.lAHH4ll|  PâANÇAlHE. 

Bi  : éi.    ~r  fi^inilr^t  p4^hidrfi,  eréindr«i,  péine^. 

Il  r.....  ié.    —  mW/,  tu<^(ari  (vieillard). 
iBu:....  te/,    —  Dif,  /je/ (Dieu,  lieu). 
#«         01  (oé):  w'.     —  rn«^ /of!  (i).     • 

01  :..*..  oi.     —  mohidre^f    poindre^  ^    coin,    soin; 

voyant ,    ayant ,    larmoyant , 
•  loiautxj  royaulx. 

m  :.....   ui.    —  puis  y     nuirç,     futanty     cuidunt, 

vuider,  puiser. 


(1)  '•  Noasavonitunf  diphthonftucoi/  qui  est  néo  avec  hou8,  ou  qui,  |»ar 
une  («ottscssiuii  imniémuriale  .s'est  tuurnée  en  iMturc  :  diphtbongue  dès 
|Me<:a  reconnue  e«tre  noitre  par  les  estrangers.  Car  r«  docte  personnage, 
Kraiine ,  l'a  sceu  fort  bien  renurquer  en  son  litre  de  la  prononciation. 
Puisqu'elle  noui  est.  naturelle,  et  que  l'estranger  ne  s'en  eat  pai  vobiu 
rendre  inr^paMe,  quelle  faute  a  elle  commis  depuis  piir  laquelle  il  la 
falle  exterminer  (bannir)  de  la  Krauce?  Au  lieu  d'icelle  vous  avez  intro- 
duit un  oe,  et  au  lieu  de  ce  qut!  nous  disons  moy,  loy,  soy,  roy,  loy,  foy, 
vous  dites  moé,  loé,  toé,  roé,  loé„foé.  Ce  n'est  pas  faire  conformer  l'or- 
thographe à  la  prononciation,  ains  vouloir  introduire  une  nouvelle  pro- 
nonciation sous  ombre  de  vostre  nouvel  orthographe.  Je  voy  bien  qui 
TOUS  induit  à  cesie  opinion.  Vous  estimes  que  l't  simple  ou  l'y  grec  ne 
peuvent  produire  aucun  son,  conjoincts  avec  l'o,  que  celui  qui  leur  est 
naturel  estant  séparez.  Qui  le  vous  a  dit?.<.  Et  à  fin  que  je  vous  monstre 
à  l'œil  que  ce  ne/fust  pas  sans  raison  que  nos  ancestres  en  la  dlphtbooguc 
d'oy  employèrent  l'y,  )e  vous  puis  dire  .que  c'est  un  chiaractere  qui  a  un 
ton  particulier  entre  nom,  non  commua  avec  toute*  autres  vations, 
quand^l  est  immédiatement  suivi  d'une  autre  voyelle,  et  qui,  poar  ceste 
cause,  mérite  à  l»onne'raison  d'avoir  sa  place  en  nostre  alptiabelfrançuis, 
autant  qu'autre  lettre  que  ce  soit.  Car  de  r«s  mots  moy,  toy,  sey,  doz  an- 
cestrci  Breat  un  moym,  toyen,  soyen,  *ioy«,  loy«,  ioy«,  eomme  nous 
voyons  dans  un  Romant  de  la  Rose  et  autres  vieux  livres,  que  nous 
avons  depuis  eschangez  en  mien,  tien,  n'en .  ne  nous  estant  reaté  de  reste 
antiquitéque  le  mot  de  moifoyen,  que  nous  approprions  aux  murs,  comme 
si  nous  voulions  dire  qu'il  fust  mten  et  tien.  Mais  combiin  que  nous 
ayons  perdu  l'usage  de  telles  dictiona,  ai  est  ce  que  les  mots  de  roy, 
loy,  quoy  et  tels  autres  produisent  royal,  loyal,  quoye;  comme  aussi 
"^voyons  nous  semblables  dertvaisons  aux  verbes ,  comme  d'otitr  nous  di- 
sons j'oy  puis  i'oye;  de  trow*,  je  toy,  toye,  comme  quand  on  dit?  Dieu 


t 


Pllltl   RAHDl. 


i07 


Dubois  n*aTait  donné  que  sept  diphthongues  :  oi , 
ei ,  oi ,  oy^  au,  ea^  ou;  Meigret  en  compte  seize  et 
trois  triphthongues.  Il  appartient  à  Ramus  d'avoir  le 
premier  signalé  les  sons  ie  (de  fiel)  et  ieu  (de  Dieu) 
comme  formant  une  seule  syllabe;  on  peut  ne  pas  les 
appellcr.  Tune  et  l'autre  diphthongues;  mais  l'obser- 
vation de  Ramus  n'est  pas  moins  fondée  (t). 

Quant  à  la  diphthongue  m,  que  nous  écrivons  aou, 
il  n'y  a  pas  lieu  d'en  faire  l'objet  d'une  règle  spéciale 
pour  un  seul  root,  aou«((*2),  où  elle  se  rencontre,  et 
I  qui  se  prononce  toutefois  aujourdhuy  presques  par  la 
i^imple  voyelle,  comme  Mf.  • 

Par  cet  exemple  et  par  ceux  qui  précèdent ,  on  voit 
que  Ramus  considère  comme  diphthongues  simples 
certaines  réunions  de  trois  voyelles,  regardées  par  les 
autres  grammairiens  comme  triphthongues  :  il  applique 
ici  le  principe  qu'il  a  exposé  plus  haut,  et  qui  consiste 
à  faire  une  seule  lettre  des  sons  au  (w)  eu  (e/)  ;  w  étant 
une  simple  lettre,  e/  uoe  autre,  il  est  évident  qu'il  n*y  a, 
dans  çcu  (eau),  qu'une  diphthongue,  et  de  même  pour /e/ 
(jeu)'.  Toutefois  on  se  demande  pourquoi  Ramus,  au  lieu 
de  faire  du  lop  eau  {qw)  une  diphtiiongue,  n'a  pas  sim- 


ieuiUe  que  j'oy,  que  je  «oy-  Sçaùriei-Tous  repré«enter  le  rray  son  et  éner- 
gie de  noctre  prononciation  quan<i  vbui  les  escrivex  en  ceste  façon  :  loealt 
'roeal,quoi'e,  j'oce,  Je  voéef  C'est,  pardonnex-moy  si  je  le  dis,  ou  n'avoir 
\>(niii  d'aureillcs  pour  juger,  ou  penser  que  nous  n'en  ayons  point.  •  — 
Knsiiite  Pasquierrappritchc  de  la  diphthongue  oy  la  diphthongue  ay  que 
Itamus  écrit  (it,  et  y  réclame  l'emploi  de  l'y  en  s'appuyant  sur  les  mêmes 
raisons  qui  l'oQt  amené  à  défendre  cette  lettre  dans  la  diphthongue  oy. 
<Le(rr<>s,édit.  citée,  p.  135-138.) 

(1  j  Voy.  ci-dessus,  1^  U&. 

(2)  Meigret  compte  ooit  parmi  ses  dipfathongueii. 


~\ 


/ 


plilié  encore,  en  représentant  ces  trois  lettres  par  le  seul 
signe  w'f  Peut-être  y  a-t-il  lieu  de  penser  que  Ve ,  tout' 
muet  qu'il  était  ici ,  n'était  cependant  pas  complète- 
ment insensible,  et  la  prononciation  actuelle  du  patois 
angevin,  image  assez  fidèle  de  la  langue  du  xvi*  siècfc, 
autorise  en  eflct  à  le  penser  :  manieaui  chapeau ^  et  tous 
les  mots  analogues,  se  prononce  presque  mantiau,  cka- 
piaUf  etc.;  de  plus,  on  disait  indifféremment  deable  ou 
diable ,  suppliée  ou  suppléée  ',  et  une  observation  ana- 
logue s'applique  à  la  diphthôUgue  ei  defeimlrey  peindre. 
Le  commentateur  deRamus  insiste  beaucoup. sur  ce 
point  que /eiwcfçe  ne  se  prononce  ni  fendre ^  ni  findre\ 
mais  bien  feindre;  Ye  s'entendait  donc  sensiblement, 
tout  muet  qu'il  était,  devant  au  ou  in  comme  l'o  dans 
moindre  ou  Vu  dans  hm. 

Les  autres  triphthongues  iei  de  vieillart^'oei,  de 
oeiliade,  oèu  de  voeu,  om  de  mowUe,  ueit  dô  orgueil  y 
ueu  de  gueuUf  ont  été  de  même  réduites  en  diphthon- 
gués  par  Ramus  qui  écrit  :  viélart ,  &lad^ ,  »c/,  mttlery 
«''S^/f  È^^t  d'après  les  principes  qu'il  a  exposés  en 
traitant  de  /et  de  ^, 

Revenant  sur  la  prononciation  des  deux  diphthon- 
gués  ai  et  i&  (ieii),  Ramus  constate  que  la  première 
tendait  alors  à  se  changer  en  éi  et  en  e  (1)  :  comme 
éimeryférq,  éimi^re y  feje ^  pour  aimera  faire,  aimerai, 
ferai;  et  la  seconde  en  u  simple,  comme  Diuy,liu, 
pour  Dieu,  lieu  {2).  _  -        ' 


(1)  L'e  sus  accentde  Ramus,  c'est  notre /.Voy.cMettus p. 93 et  139-1 30. 

(2)  Cf.  ri-deMus,  p.  p.  89,  iiof«  &^ 


FIEKIR   FAMIN. 


2U9 


\ 


3*  Sytlabes  où-entrent  des  consonnes. 


en 


t  Quant  à  la  syllabe  composée  de  consmies,  le 
François  ne  prononce  point  volontiers  deux  consonnes 
sentresuivantes,  si  ce  nest  davanture  /î,  comme  en  ces 
mots  ierre^  errer ^  ou  bien  en  quelques  dérivés,  comme 
couramment,  diliffemment.  »  Dans  ces  mots,  la  nouvelle 
urthographe  laissera  la  consonne  double  ;  mais  elle  en 
supprimera  une  dans  les  mots  comme  «  passer,  ailer, 
commun,  fionneur,  différer  ^  flatter  y  addirer,  coccu,  ag- 
(jraverj  abbaijer,  frapper  ou  nest  prononcée  quune 
coijsonne  pour  deyx  escriptes  (i).  » 

Dans  d'autres  mots ,  comme  eimast ,  asne ,  escon- 
duire,  mesmcy  aiumettCf  SosneyRoine,  oh  voit  des  con- 
sonnes superflues,  s  et  i,  qui  n*<wtd*iutre  objet  que^de 
faire  prononcer  longues  les  §0|fQfi:«,  «,.  o.  Suppri- 
mons ces  indications  baiMM^fi^  à  foxeol^e  des 
Latins  •  proferons  naturell| 
longues  et  briefves... 

ambiguité  qui  seroit  a  deuxWIfllÊ^  W. 

pdte,  (pute  de  chien  et  paie  (fe jyp^ii^ittpB  tOltfrionÉ 
apposer  quelque  marque  de  longûeàl'  ou  brièveté.  » 

L'examen  de  la  quantité  dans  les  mots  français 
amène  Ramus  à  parler  aussi  de  Faccent  (2)  ;  |a  quantité 


(I)  «Oitez  de  nottre  escriture  les  lettrecqae  nous  ne  pronoiu^ouf  ]»•, 
vous  Introdairës  un  chaos jen  l'ordre  de  postre  grammaire,  et  ferez  perdre 
la  cognoissance  de  l'origine  de  la  plut  grande  partie  de  nos  mots  :  con- 
fondant singulier  et  pluriel  ensemble^  parce  qu'en  ces  mots  d'il  fait  et  ils 
font,  le  mot  d'ti  se  prononce  toui  d'une  mesme  teneur ,  et  représente 
nëantmoins  divers  nombres.  >  (  Pasquier.  )  s 

(I)  Ramas  définit  ainsi  l'accent  dans  ses  Hudimftit^^  grfimm.  lat.. 


!!• 


♦  5?^ 


.  ♦■;■■;!"•. 


'  1^  .et  raooentl  Amix  AéaNSU  d«  la  prosodie  latine,  et' 
qu*ii  ierafi  Udè»  (TinlrodMre  cUot  Dotre  versification  : 
«  le  moyM,  oèaeroii  qat  m»  jpoelas  saddonnassent  a 
faire  leitfa  fwe  non  aialeaMBt  par  rithme  et  mesure 
de  sone  pemblablea  (qui  eel  fort  plaisante  et  délecta- 
ble), mais  [auBsiJ  par  certaine  quantité  de  syllabes 
longues  6t  bATea,  tOr,  sejlon  Aarous,  Etienne  Jodelle 
•  a  parfaitement  moÉtré ,  par  divers  essais, 'que  notre 
poéiie  fraoçaiee  peut  être  modelée  sur  la  versification 
deelAtins  M  des  GrAi;ett  pour  le  prouver,  Ramus 
^«ilB  de  Jod^Ul  uii  petit  poime  composé  de  distiques , 
heuinètree  e^  pentamètreii  M  un  autre  en  strophes 
siphiqaei  (1).  ^  . 
i9i  le  FliiiOiistt*il#9ii  encore  arrivé  à<  deffricher 


m  accinnltur.  •  —  Le  cha- 

%  dit  mieux  :  «  Aoeentut  an- 

«hUooe  et  depresaione.  »  (P.  94.) 

Iriens  greca  nommetit  ap<n< 

dana  lea  gremmairea  laUnes, 

it  dana  ootre  poésie  française, 

ée  M.  Quicherat. 


,  noua  davona  reconnaitre  que  la  ae- 
à  iti  «fCets  quioe  sont  pas  trop  choquants  :  on 
y  troat^iB  «BM^  4UÉ IM  fniAds  vers,  deux  hémistiches,  le  premier  com- 
pote 4*  #■§ «lit  ««Mli 4e  six  ayUabea,  et  ai  ces  hémiatichea étaient 
toujours  hten  mwqaés,  ira  lieu  d'être  remplaàéa  par  des  césurfs  arbi- 
trairea,  pent-éire  noa  poètes  modernes  pourraient-ils  essayer  ce  Ters  de 
onxe  syllabes,  qui  répond  aHses  Men  au  vers  endec4uiUabo  des  Italiens. 
Voici  la  première  strophe  de  Jodelle  : 

Su»  Toler  duu  l'air,  j«  guide  eu  M  b«au  liea  , 
Dam  c«  char,  CyprU,  révérant  ce  l>eau  Dieu       «^         '  .      ' 

;  Que  retiut  d'uu  du;u  mémorable  souï  tôy 

Charlu  aTec  moy.  » 


Ronsard  a  reprodnit  le  même  mètre  dans  cette  strophe;  Il  a  toujours  net- 


a 


ce  désert  de  quantité  et  daccent  » ,  cepcndanijl  a 
sayé  d'introduire  dans  la  langue  quelque  hari^owl  * 
•  il  a  asses  plainement  descouvèrt  lapop|rophe ,  cm/th 
dire  ung  retra^chetlieilt  de  lettre  Onalle,  pour  avoi|,0tie 
euphonie ,  cest  a  dire  ung  son  plaisaot  a  idiiiife ,  et 
iapostrophe  se  marque  en  \eÊiCtti^ÊfVf%ig  demy 
cercle  au  dessus ,  ainsi  '.  :  -^  ■ 'W^^^'^^'^IÈÈ-  u^-' 
Les  lettres  sujettes  à  ra||ilrophe  soniwi  féjelléB 

ç,  t,  et  lès  consonneftj 

er,  —  no»  dirions  au- 
tt  les  autres  faciles  :  in*tt- 
ma amiçtjji  nymq,  n  H  veut; 
muet)  final  est  quelquefois 
nne,  comme  granit joye, 
mtvottre-gr^çè.  >  Tou- 
oâ  proposition,  niest  point' 
apostrophé;  commll^|i  e»ti  homme  de  bien,  H  est  ^ 
A  miènï;  i  o*est  gtpmapostrophé  eisi  »  (<x>njonctioit] 
et  ne  Test  jamais  ai  4ans  1 1  (adverbe)  ni  dans  nL  4- 
«  Quelquefois  deult  ^voyelles  sont  ajpostrophees  en  vm 
inesme  syllabe,  comu^iray  pour  j^  i  iray  »  : 
avait  déjà  fait  la  rnéàt  tmmp»  (f.)j 


a,.ç,  f  peuvent  B*a 
jourd*hui  s'éHder, 
mi^,faymç;8'UvêU^ 
de  plus  «  ç  (c'est 
'  apostrophé  devant  la 
gran(Cpeur,  la  plut 
tefois  «  a  quand  il 


lemeot  indiqua  U  oé«ure 

^     Ny  l'âge  ny  sang  |  ne  sont  plui  ai  yigùmtf, 
Les  ardtnU'peiuari  I  iM  m'escbaaffent  k  c<ion 
fias  mon  chef  giison  |  oe  m  veul  eufwmer  ^ 

»    SouB  le  jong  d'aymer.  '  t         ' 

Voy.  Pasquier«  Recherches,  liv.  VU,  chap.  XU:  Que  notre  langue  clt  ca- 
pable de  ver^mesur  A  tels  que  Us  Grecs  et  Romains. 

(1)  Voy.  p.  Î3;  cf.  pp.  128-129.— Papori,  dan»  la  partie  de  «on  livre,  «  le 
Sotaire»^  il  s'occupe  des  devoirs  da  secrétaire ,  consacie ,  t.  III ,  p.  23, 


...t 


^ 


mi: 


^Si*-, 


jÊÊMêgm^^  FIAIfÇAIfi^ 

rsonnesf  (i),  i,  r,  /,  sont  sujettes  à  rapostrophe 
id  le  mot  suivant  commence  par  une  consonne, 
^  é(>mme  :  le'  pkUosoplié'  fm*  iou  par  rahon  ;  tu  veu  parle' 
têi£$eul;at  Vjaict?at  i'  chanté?  pouf /e«  philosophes  font 
^    toutfkut  raiêon  ;  tu  veus  parler  tout  seul;  a  il  faicty  a  il 

4    Dans  îÊnUrWtïàeTS  exemples,  on  voit  au  con- 

trairo  intmkiire  un  (,  qiie«  nous  interposons  quelque- 

fbis  pour  ne  point  tom 

rence  de.  vcnrelfes.  »  — 

le  même  bwl'introductii 
.  ^^pour  je  ri  (2)  eipleur^*  non 

personne,  n^is  pouRant  q 

alofeille  (3).» 
Avant  d'entrer  'iÊJm^. 

diverses  espèces,  et  des 
«des  Iplurties  djijdiscours,  R 

'^'  't. 


une  déplaisante  concur- 

ant  nous  montre,  dans 

s  :  je  ris  et  pleure 

ny  rny  s  soit  a  telle 

ce  qu*il)plaict  ainsi 

des  mots,  de  leurs  , 
relativesit  chacune 
e  un  regard  en  ar- 


^ 


-1»w 


un  duipitre  à  l'oraogrtphe.  PiHis||«le  l'apostropbe r  H  dit: 
«  t^bMCvtnee  dqHiU  n'agnieres  reœue  mWnnee  des  apostrophei,  ainsi 
ooaune'àvtrHoM  en  orthog^Éill^'iloit  estre  entretenue  comme 
fn|«»|Hl|mige  fraBQOif.  Ctrilipigiiet  en  forme  de crotoMnt « ' • 
llgiaftir  ]l  r4«0Uoa  (f  «w  i^ÊÊ^%  f,  «*>  o>  «.  oa  bien  d'anç  dipb- 
•ifM,  maU  prlMp■^P■l  de  a  et  de  e;  des  autres,  non,  ou 
vent,  eaooneijMifour  quelque  licence  poétique  :  Van  pour 
YtÊÊÊtmtt  fraui^ise  lourde,  incorrecte  et  des- 
ll^ie  ne  sera  observée,  qui  est  aisée ià  icom- 
preiiélé'ili^^PiP|fej(%l  délaisser  à  ceux  qui  l'entendent.* 

(1)  Pour  eiUliÉttte,  Bobols  avail  fait  la  même  remarque,  voy.'^.  8-9. 

(2)  La  première  personne  de  l'indicaUf  Éingulier  des  verbes  de>  cet  te 
conjugaison  ne  prenait  pas  l'<  llnal.  Voy.  ci-dessus,  p.  37.  y 

(3)  k  ces  lettres  euphoniques,  et  à  celles  doht  nous  avons  parlé  ci- 
dessus,  p.  16,  noie  3,  ajoutons  n  euphonique,  que  Ronsard  votfiàit  in- 
troduire dans  notre  langue;  à  l'imitation  des  Grecs,  qui  disaient  i^nv 
pour  CoTt,  oûttfstv  pour  oûrotn  (pour  oOto;],  il  disait  ainsin  pour  aitui. 


iA^ 


A-JljtyA, 


Èt% 


..^,.:;. 


■■.■«si. 


w 


rière ;  il  rappelle  quéfquÎMhÉiftm 06^  ;it noÉii# 

tre  que,  si  C'est  au  peuple  de  fiicer  la  prononciation , 
c'est  aux  savants  de  régler  récriture;  il  dit  de  quelle 
utilité  serait  la  réforme  qu*il  propooe  pour  les  étran- 
gers, qui  connaîtront  le  prononciation  de  chaque  mot 
d6s  que  Torthographe  en  sera  la  notation  exacte,  et 
réciproquement;  pour    les. enfants  et   les  femmes, 
qui  ne  peuventw-«fe   préoccuper  de  Tétymologie  et 
-écrire  autrement  qu'on  ne  jffnnûBoe;   pour  notri 
langue  elle-même  qui ,  ai  noplid^QOi  di^Muraltre  di^ 
l'histoire  comme  le  peuple  g^  et  le 'peuple  romain^  p#|r^/;: 
ne  présenterait  aucune  i^filçoKé  à.oeox  qirî  Tétudio^A^tl^^'^     ■ 
raient.  — Mais,  pour  le  |tfèliÉt#*<lue  det,jBfelâinations 
il  faudra  subir,  maître,  qoe^O^ 
crc,  que  d'obstacles  renvertef- 
votre  sage  système?—! 
ses  ne  réussissent  pasi 
un  petit  conte  qui^  n{ 

«Quant   a  ces 
guez ,  ce  seroit  le 
grand  roy  François, 
France  de  plaider  en  langui^! 
alors  de  merveilleuses  coi 

Provence  envoyé  ses  députés  pir  dsvem^Sa  Majesté , 
pour  remonstrer  ces  grans  inconveniens  que  vous  dic- 
tes. Mais  ce  gentil  esprit  de  Roy,  les  deîayans  de  mois 
en  mois  (2),  et  leur  faisant  entendre  par  son  Chan- 


m- 


1 


(1)  Par  l'édlt  de  Villen-Cotterets. 

(2)  Les  remeUant  de  mois  en  mois. 


^*A 


J 


S14  GRAHHAlMIt   PRANÇA1S8. 

cellier  qu*il  ne  prenoii  point  plaisir  douir  parler  en 
aultre  langue  quen  la  sienne ,  leur  donna  occasion  da- 
prendre  songneusement  le  francois  :  puis  quelque 
temps  après  ils  exposèrent  leur  charge  en  harangue 
francoyseï  Lors  ce  fut  une  risée  de  ces  orateurs  qui 
estoient  venus  pour  combatrè  la  langue  Francoyse,  et 
neantmoins,  par  ce  combat,  lavoient  aprise ,  et  par 
efipect  avoient  monttré  que,  puisquelle  estoit  si  aysee 
aux  personnes  daage,  comme  ils  estoient,  quelle  seroit 
encores  plus  facile  aux' jeunes  gens,  et  quil  estoit  bien- 
séant, combien  que  le  langaige  demeurast  ^  la  popu- 
lasse,  neantmoins  qae  les  hommes  plus  notables,  es- 
tans  en  charge  publicque,  eussent,  comme  en  robbe, 
ainji^fglll^»  «Quelque  praseminence  sur  leurs  infe- 

"""lllb  tmtteeifMta^^   qu*il  clôt  par  ce  eu- 
0lRlf  H<^  àtmibi^^  au  précepte,  se 

d6^e  àlÉfirini^  f^  sur  deux  colonnes; 

Wàël^Êm^  de  rktre  Tor-. 

It^g^«i|«  91^4^  ^«Him^sai  :  «  Or  sus,  de  par 
Dieu  t^^il'^tt  jilikOii^        mis  en  avant,  comme  ung 

tableau  4iî||||ii^  pour  escoutei-  derrière  le 

rideau  le  Jngement  des  passans  (i*).  » 

Nous  sonimes  au  chapitre  huitième  (2),  et  npus  abor- 


(I)  On  connaît  l'anecdote  d'Apelle^^et  l'origine  du  pr^erbe  n*  Iriilor 
uUra  creptdam. 

(3)  Le  7*  de  la  tradnctton  latine,  qui  supprime  le  chapitre  récapitolalif.. 
r-  L'édition  Buhrante,  faite  après  \%.  mort  de  Ramui,  ajoute  ce  chapitre 
au  8*  sans  titre  particulier. 


FIVHBK  «AMliti. 


215 


dons  la  grammaire  proprement  âite  dans  ce  qu'elle  a 
de  pratique.  -  r         ' 

Sans  dire  combien  il  y  a  de  parties  du  disc6prs(l)  ni 
(Quelles  sont,  selon  lui,  ces  parties,  Ramus  traite  les 
questions  relatives  au  nom. 


DU  NOM. 


^~» 


Ml  y  a  deux  choses  à  considérer  dans  ■  la  notation 
des  noms,  l'espèce  et  la  figure  :  pour  Tespèce,  le  nom 
est  primitif,  comme  vin,  ou  dérivatif,  comme  ,vineiix. 
—  Pour  fa  figure,  il'est  simple,  comme  ami,  dit,  ou 
composé  :  ennemij  contredit  (2).  /* 

«  Icy  vous  aves  une  grande  félicité  de  composition, 
comme  sauvegarde^  boutefeu,  couvrechef,  bridoiè^  ctire- 
dent;  chaussepied.»  T    /     ^   '' 

On  doit  tenir  compte  aussi  i  cbii|^1«  in^  en  gébé- 
ral,  de  ce  que  Ramus  appelle  fl(»^^|ip6r#Dce8,»'c^ 
à-dirë  les  espèces ,  les  variétés.  ^JBUee  sont  avec 
nombre  ou  sans  nombre;  avee  ootiolmi^y  qoand  elle» 
notent  avec  leur,  principallè  a^iiteitidn  un  nom- 
bre singulier  pu  pluriel ,  comme  bon  eai  de  nombice 


(1  )  Ramàs  ne  fait  rien  '$ku  motif.  Son  silence  même  doit  être  expitgùé. 
Danf  Ms  ouvrages  éiémentaires  comme  t«  Grammaire  latine  et  mi  Gram- 
maire française,  il  évite  en  général  de  donner  des  opinions  qu'il  ne  pour- 
>ràit  soutenir  qu'avec  de  grands  ^ételoppements.  Ici,  il  a  été  arrété^pi^ 
la  diversité  des  doctrines  qu'il  a  rencontréesi  ArtstQ^et  Théodecte  n'oM 
recolonu  que  trois  espèces  de  mots,  le  yerbe,  le  nom  et  la  coDjdnctiony^ 
Varron  en  reconnaissait  quatre  ;  Aristarque,  huit  ;  Quintilien  et  Servit 
lutee.  Dans  ses  SchoUe  grammatieœ,  Ramus  rapporte  toutes  ces  opinions 
sans  se  prononcer;  sa  conclusion,  il  la  donne  ici  en  s'abstenant. 

(2)  Cf.  ci-dessus, p. 31,  etc. 


/ 


,  ♦ 


w 


/v 


1^ 


216  URAMMAIIIK   FRANÇAlâK. 

singulier,  bons  de  nombre  plurier.  —Cette  division  des 
ipots  en  deux  classes^  distinguées  parce  que  les  uns 
sont  sujets  au  nombre  et  les  autres  non ,  est  particu- 
Hère,  parmi  les  modernes,  à  Ramus  (1);  mais  ili'a- 
vait  empruntée  à  Priscien  (2) .  •      ^  ' 

<  Le  mot  de  nombre  est  fmit  ou  infinit  ;  fmit,  quand 
il  signifie  son  nombre  par  " certaines  terminaisons,  . 
comme:  les  cerfs  courent;  Tinfinit,  au  contraire, 
comme  courir ,  aimer  (3).  »  Ici  Raipus  veut  dire  sans 
doute  quç  les  mots  comme  courir,  aimer,  ont  véritable- 
ment un  nombre,  bien  qu'aucun  signe  ne  Pindique  ;  et 
en  effet  ces  propositions  :  il  me  faut  courir,  il  nous  faut 
courir,  donnent  à  Tanalyse  :  t7 /auf — moi  courir,  (il 
faut  que  je  coure),  et  courir  est  au  singulier;  ilfaut^  . 
noufi  dourir,  (il  faut  que  nous  courions),  et  coufir  est 
ici  au  pluriel. 

Du  nombre.  -^  En  ce  qui  regarde  le  nombre,  le  . 
mot  en  général  peut  être  iiom  ou  verbe  :  <  le  mot  nonâ- 


(1)  Noos  la  retroDTont  dans  ^nctlas.  Pour  ce  grammairien,  la  jhto- 
priété  qu'ojDt  les  mots  de  receToir  et  de  manquer  le  nombre  est  un  signe 
caractéristique  qui  distingue  bien  mieux  )e  nom  et  le  verbe  de  l'adrérbe 
que^  ne  peut  le  faire  la  yariabilité.  —  Dans  ses  Écoles  grammairiennes, 
Ramus  dit  encore,  à  Tappul  de  cette  doctrine  :  «  Quùm  vero  subduxeris 
omnes  orationis  partn,  ut  gramnfatici  loquuntur,  vel  gênera  vocis,  ut 
loquor,  essentialis  dilTerentia  nnmeru^  invenietur,  qui  solus  nomina,  pro- 
nomina,  verba,  participia  quaé  iq>peUantur  a  reliquis  dividit.  »  (Pa- 
ges 110-111.) 

(2)  Lib.  V.,  cap.  de  numéro. 

(3)  Ramus  abandonne  ici  Priscien,  son  maître;  selon  cetauleu^,  le 
Nombre  singulier  est  flni^  parce  qu'il  désigne  évidemment  l'unité,  ni  plus 
ni  moins;  le  pluriel  est  infini,  p^rce  que,  en  indiquant  la  pluralité,  il  ne 
la  liiiîite  pas;  de  sorte  que  hômo  désigne  un  homme  et  rien  au'un;  ho- 
minet  désigne  plusieurs  homnies  sans  que  l'on  sache  s'il  y  en  a  deux, 
cent  ou  mille.  (/W*.)  .  .. 


l'IKRKK    KAMtS. 


^21? 


bre  est  nom  ou  verbe.  •  —  Le  ïiom  se  distingue  du 
verbe"  en  ce  que  «  nom,  cest  ung  mot  de  nombre  avec 

genre  (1).  »      ■  .   •  -      . 

Pour  la  formation  du  nonfbre,  Ramus^  se  borne  à 
donner  ces  trois  règles  :  ^ 

.  !•  «.Le  pluriel  adjoute  au  singulier  une  s:  owç, 
omi^s  ;  famqy  famqs;  vécu,  vews  ;  ejtej  (heureux)  e^rets,  ;  Is 
(loup)  /«*.  »  —  Vx  étant  un  signe  abrégé  qui  tient  la 
place  de  ksici)  et  de  gs,  Ramus  ajoute  à  ces  exemples^ 
sans  en  faire  Tobjet  d'une  règl^articulière  :  lak  (lac), 
igx;  long,  lonx.  .  \ 

2»»  D  et  T  sont  amortis,  comme  ;  s^^r^t,  se^^rés; 
dén\,  d^ns\^im€mty  éimans;  pléd  (plaid),  plés;  soldard, 
soidars,       \ 

3°>  A  final  devant  l^  est  changée  en'co  (au),  en 
supprimant  l,  comme:  çe^val,  ç^vqjs,  roial,  roicus,  — 
Nous  disons  auasi  :*«i«?/,  «c^«(ciel,  cieux),  viét  (vieil), 
t1?>«^,  e/{  (oSîl),  fc/i.  »  .  . 

Remarques,  1*  Quelques  noms  sont  se.uteipent  sin- 
guliers  :  sang,  or,  argent,  plomb,  étain,  gré;—^"  d'au- 
tres n'ont  que  le  pluriel:  pleurs  ;  —  3*  d'autres  enfin 


/Il 


(r)  SinctioB  traUaAnt  de  la^mmaire  latine  donne  la  même'  définition  ; 
pour  lui  le  nom  est  un  mot  ^Ue  nombro  avec  genre  et  cai,  «  vox  numcri 
rasualis  cum  génère.  •  (SancUi  Miner ca,  1,  5.)  —  Des'pautère,  Rinaido 
:k>r8o^  Guldaèier  enQn  (Agathios  Gnidacerius),  dans  sa  grammaire  hé- 
Iraïqae  (^arû,tn  eo]AeqioItalonMi,  f  53d),  ont  bien.mieux  défini  le  nom, 
d'après  sa.  nature.  —  La  piiipart  des  grammalrienl  anciens  ont  suivi  la 
défiivtiun  du  maître ,  comme  dU  AlcuiÀ,  c'est-à-dire  d'Aristote,  qui  éta- 
blit entre  le  nom  et  les  autres  esj^èces  de  mots  cette  différence  que  le  nom 
ne  marque  pas  le  tempsL;  les  autres  ont  suivi  Priscien  qui  tient  compte 
des  cas,  et  de  la  nature  d'un  mot  qui  a  pour  objet  de  désigner  les  êtres 
animés  ou  inanimés. 


.* 


l   \ 


V 


• 


V 


<*fi- 


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*  (■ 


i  ' 


2tH  GRAMMAIRK   VIANÇAISE. 

» 

(et  cecirésulte  de  ce  que  Ramus  comprend  dans  le 
nom,  comme  ses  contemporains,  toutes  les  espfèces 
d'adjectifs)  sont  pluriels,  et  «  ne  sont  point"  terminés 
en  «,  comme  quatre  ^  cinq ,  sept ,  quinze ,  vingt  et  qm- 
tres  numéraux.  »      '        ,  : 

Du  genreT~—  «  Le  gence^^Btjnasculin  ou  femenin. 
Si  le  nom  convient  au  masle,  il  est  masculin  ;  s'il  con- 
vient  a  1»  femelle ,  il  est  fem^n ,  comme;  Pierre , 
Jeanne  t  seigneur,  dame  ^  roy  ,  rogne.  *  . 

ÎLfaut  savoir  gré  à  Ramùs,  conmie  à  Meigret,  de 
n'avoir  pas  attribué  le  genre  neutre  au  français;  ce 
/    ,  que  Meigret  semble  avoir  fait  par  vraie  et  simple  in- 
telligence de  ta  langue,  Ramus  le  fit  en  pensant  a  des 
analogies  qu'il  fait  remarquer  à  la  fin  -du  cinquième 
chapitr'e  de  ses  «  Escales  grammairiennes  (i).»  C'est  en 
V^    pensant  au  latin  et  au  grec  que  certains  grammairiens 
.'ont  gratifiés  du  genre  neutre  :  c'est  en  se repor-. 
'au  chaldaîque,  à  l'hébreu,  au'syriaque,  au  punique 
même  qué^amus  nous  en  a  délivrés. 

Les  noms  d'arbre  (poirier)  et  de  monnoie  {escu)  sont 
masculins;  les  noms  de  ville,  tantôtinascuUns (Part<), 
tantôt  féminins  (Troie),  '       ° 

i  Quelques  reigles  se  peuvent  dresser  pour  le  mas- 
culin, comme  le  plus  fréquent,  i^lon  les  letres  finales, 
en  exceptant  les  fcmenins.  »  —  Cela  posé,  Ramus 
dresse  une  longue  liste  de  finales  particulières  aur 
noms  de  genre  masculin,  comme  :  a,  bras,  las,  amas, 
tas  ;  —  ou,  chapeau,  etc. ,  etc. 


m-123 


PIKRRE   RAMUS 


"219. 


«  Le  femenin  est  formé  du  masculin,  en  adjoutant  <y 
comme  fin/fine,  fi(^r^  fiért-y  tin,  t/«*ç'(doux,  douce), 
he^Wf  béiç;  item  :  fe/re/  (heureux)  e^rejiq^  Fransoé  (UaLii- 
çois),  Fransoése^;  item  swf  (sauf)  swv^  ;  vêf  (veuf  j  vêvv,  ;, 
>  ri/',  vtvq;  «^/c  (sec)  s<^çq;frankyfrwiçq{(rsinCf  franche); 
o/ç  (hotè)  otésq;  roé  (roi),  r^inq  ;  Diu  (1)  (Dieu)  de(fsq; 
kl(>rk  (clerc),  klérgésq  (clergesse)  ;  tuten',  iuirUq  (tuteur, 
tutrice). 

»  Les  adjectifs  en  q  sont  de  commun  genre  :  dnétq, 
jnsiq;  —  f^moJn  est  aussi  commun.  ~  >- 

»  Quelques  noms  sous*  un  genre  comprennent  deux 
•  sexes:  comme  hérouy  broçét,  turbot,  sous  le  masculin 
genre  ;  a/w'f ,  pérdri  sous  le  femenin.  » 

On  voit,  pj^r  ces  exemples,  combien  laisse  à  désirer 
le  système  orthographique  de  Ramus  ;  combien  sont 
peu  nettement  formulées  des  règles  qui  ne  sont  plutôt, 
à  vrai  dire,  quedes  remarques  sur  là  langue;  com- 
^bien  il  est.  incomplet  et  confus.  . 

Un  seul  mot  en  passant,  voilà  tout  ce  qu'il  dit  de 
la  distinction  du  nom  subs^tantif  et  du  nom  adjectif: 
ce  n'est  point  dans  lia  nature  diverse  des  dcujç  mots 
qu'il  on  cherche  la  différence  ;  il  se  borqe  à  constater 
que  «  b  nom.  est  substantif  ou  adjectif  :  substantif,  il 
est  dun  seul  genre,  et  ail  est  propre  il  sescrit  au  com- 
mencement par  une  grande  lettre,  v, —  D'aprèa  cette 
remarque,  le  nom  rot,  qui /a  un  féminin,  teine,  serait 
un  adjectif  Ci).  ^^ 


^ 


(1)  La  définition  donnée  parMéUnehUion,  dusùbstantit  et  de  l'adjectif, 
^st  un  peu  molnanaive:  «le  sabstan^if,  dit-il,  e»t*un  nom  auquel  on  ne 


V 


:î20 


«ilAMMAIIK    l'«A>VAif»K- 


.# 


\ 


é 


t, 


*». 


'éi 


'<•». 


^rç 


ïHâ 


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% 


VÏM^i  et  cent  sont  toujours  pluriels  ;  mais  ils  sont 
tantôt  adjectifs,  tantôt  sutystantif».  Ils  sont  ^ubstintifs, 
quand  \h  sont  précédés  d'un  autre  nom  de  nombre,, 
et  alors  ils  prennent  utie  s  :  six  vingit,  troi»  cchIm; 
employés  seuls,  ils  Font  adjectifs  ;  c'est  du  moins  ce 

ique  Ton  peut  conclure  des  exemples  de  Ramus,  qui 
ne  donne  pas.  dérègle  à  ce  sujet. 

Artict^,  —  En  traitant  du  nom,  Ramus  consacre  un 
court  paragraphe  à  fartide  :  •  article,  cest  un  nom  (1; 

•  qui  faict  au  singulier  masculin  /e,  au  féminin  Va;  pour 
je  plurier  de  lun  et  de  Tautre  il  faici  tes.  —  Le  genre 
est  communément  déclare?  par  larticle  singulier  (2).^ 


peut  «joater  Ifann,  Weih,  iHng;  Tàdjectif  est  an  nom  aiAïuel  peut  t'a- 
Jouter  Mann,  Weib  oii  Dinç,  homme,  femme.,  ou  chose.  •—  Ou\ra(!îp 
ri|ë  p.<t.—  Dhu  SI  Gnmiiuiit  latine,  Ramus  prèviefit  l'objecUon  qne 
nous  lui  avons  faite;  «fh  Ht  eîi  effet  :  ■  Quomodo  dtviditur  nomen  e  dif- 
'  ferentia  generifi?  —  In  substantivum  et  adjectivum.  —  Quid  est  nomen 
sobstantivum?—  Quod  cum  une  icenere,  aut  summum  (fuobu$,  ilpclina- 
Uir.  —  Qaid  est  nomen  adjectivum.' — Quod  cum  tribus  generibus  de- 
dinatur.'*  —  Pourquoi  Ramus  qui  savait  que  le  substantif  peut,  à  la  ri<- 
gueur ,  avoir  deux  genres ,  ne  le  dit-il  pas  dans  sa  Grammaire  française? 

^i)  Pour  Méianchthon,  la  préposition  est  une  sorte  d'artide,  et  on  ne 
'  pent  qu'admettre  la  rériprodté.  En  rangeant  au,  aux,  dif,  dés,  parmi  1rs 
firépositions,  Ramus  et  les  autres  grammairiens  de  la  même  école,  nous 
ont  donné  la  clef  de  cette  confui^ion.  Touj^s  les  graomiaires  italiennes  ont 
toujours  rangé  dej^,  dtgli,  aUo,afiU  parmi  les  articles  ;  c'est  on  les  Imitant 
que  nos  grammairiens  sont  parvenus  a  vider  cette  question.— Cf.  p.  334. 

(2)  Ramus  dans  ses  Scholr  gramwuittcT,  p.  122,  défend  cette  eiplicar 
^n  si  élémentaire  tMr  l'autorité  dé  Vairon, qui  a  ()it,  dansson  8*  livire  De 
lingua  taltiia  ou  2«  De  analogia)  :  «  Sic  itaque  ea  vlrilia  dicimus,  non  qua; 
0  vlrum  signiflcant ,  sed  quibus  propônimus  ht£  et  M;  et  sic  mullebria,  in 
quibus  dleere  pôssumus  h.re  aut  M*.  •  —  Pour  comprendre  ce  passage,-  il 
-  faut  se  rappeler  un  autre  endroit  où  Varron  dit  que  les  genres  sont  du 
naturels  et  invariables;  ou  de  a)nvention  et  variables.  (M.  TerentiivVaf-- 
ronis.  De  lingua  latina,  libri  très  et  totidem  De  analogia. —  Parisiis, 
apud  collegium  Sorbons ,  M.D.XXX  ,  roense  septemlai.  —  I  Vol.  in-S", 
^LXXlV,v^)  • 


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4     «   •- 


riHiK  HÀmfi. 


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Ne  seroble-Uil  pas  que  l'arliclc  n*aii  d*autres  fonc- 
tions que  de  faire  connaître»  lô  genre  des  noms  ?  — 
Ouant  aux  formes  a,  au^  aux,  de ^  du,  des,  nous  les 
trouverons  classées  ptirmi  les  prépositions. 

CjumparaiêOH  et  diminution  det  noms. —  Ramus  ter- 
mine son  traité  du  Nom  par  Un  chapitre  sur  les  degrés 
de  comparaison  et  sur  les  diniinutifs. 

Pour  la  comparaison ,  comme  Ramus  se  propose 
d'en^  parler  ailleurs,  il  se  borne  à  ces  repaarques, 
toutes  d'observation  plutôt  que  de  théorie  :  «  La  com- 
pijraison  pst  suppliée  (suppléée)  par  circonlocution, 
comme  ffii^é  par  le  positif,  pht»  6u  mains  sage  pour  le 
comparatif,  tressage. pour  le  superlatif.  » -r-  L* auteur, 
on  le  voit,  ne, considère  pas  comme  superlative' la 
fonne  :  le  plus  sage.  11  ajoute,  à  l'adresse  des  nova- 
teurs de  son  temps,  cette  remarque  fort  juste  :  «  iUusr 
trissimë,  inpictissime ,  doctissime,  reverendissime  (i)/ 
sentent  ui)  latinisme  que  le  francois  ne  peut  goûter,  et 
encore  n^oins  diluer.  «Toutefois,  ajoute-t-iU  c'est 
aux  latins  que  nous  avons  emprunté  les  formes  meV- 
leuTy  pirCi  moindYe,  supérieur ^  inférieur, '^nwjeur  d'âge, 
mineur  d'âge.  ^  * 

Diminutifs,  —  Nos  diminutifs  français  se  forment  à' 
l'aide  de  trois  terminaisons  :  o/  (au)  :  arbre,  arbrissew, 
lit^vr^,  /çwra/( le vra^ul)  ;  —on  :  eku,  ekuson;  —r  et  :  jar^' 
(lin,  jàrdini»t{2). 

Avant  de  quitter  ce  ch^itre  du  Nom,  nous  devons  • 


..)  Voy.  ci-desMs,  pp.  3i,  67-70, 9S.. 


-:.;    tX':, 


v.> 


y    1  .  .    , 


i>-.'  ... 


:-h     .:7, 


^ 


# 


23i  .     ^         GIAMBAIII  rRAH'AiXIi. 

faire  remarquer  dans  Ramùa  deux  mérite»,  qu*il  r'csI< 
acquis  du  moins  par  son  silence  :  il  ne  reconnait 
pas  de  déclinaison  en  français ,  et  il  ne  signale  que 
deux  genres,  le  masculin  et  le  féminin  (4).  Meigret 
Pavait  précédé  ;  mais  Ramus  a  eu  du  moins  le  bon 
sens  de  suivre  ce  grammairien  original.  Malgré  l'au- 
torité que  donne  à  Mcigret,  Tassentiment  tacite  du 
grammairien  philosophe  nous  verrons  plu$  taid 
d'autres  auteurs  revenir  aux  errements  de  Dubois. 


SS 


A- 


DU    PIOROM. 


r 


\- 


ï:^^ 


^ 


Ramus  fait  eilcore  rentrer  le  pronom  dans  la  clasà 
des  noms  (2)  :  t  dix  nonvs;  dit-il,  sont  appelés  pro- 
noms, et  semblent  tous  avoir  quelques  cas.  » 
.  Les  dix  pronoms  reconnus^ar  Ramus  sont  rangés 
par  lui  dans  l'ordre  suivant:  je  ou  nwi;  tu  ou  toi;  éfi; 
ce,  ou  ce$t  (Tém..  ce^),^t-i5es^dérivés;  il  ou  fui;  qui, 
que;  mon,  ma,  miepi  mienne  ;  ton,  ta  y  tien,  tienne;  ion,, 
ta,  sien,  sienne;  mesme*  ®" 

De  ces  pronoms,  je,  tu,  ce  on  cest^  sont  dénaons- 
tratifs  ;  soi,  iOsaui,  sont  relatifs  ;  les  autres  sont  pos- 
sessifs, exceptéme«mc  qifi  est  réitératif.  \' 


f:  ». 


(0  A  la  même  époque,  la  gnmauire  itatienne  d«  RiDÉido  Cono  ncm- 
naittait  encore  an  genre  iieutre, 

(?)  Saochei  (Saïu-Hiw)  ^ipalilia  en  I&87  la  l'*  édition  de  la  Xûiert», 
pÂrtaKè  t'upiniun  de  Raœug;  «  Pronominir  non  dubiis  rationibos  a  parti- 
buft.  oratiMiis  rejicimui.  Primom  omnium,  sk  pronoàiai  diSàret.  à  Do- 
mine, ejui  natura  per  deÛnUionem  poMet  atUngi  ;  at  v«ro  nnlk  ett  dcA- 
nitio  pronomlnls,  neque  potcn^  Tera  «t  propria  lùTestigaiti...  >  (Sêactii 
¥tn«rt<ï,  lib.  l.pap.  2.) 


m 


-«5. 


y:7  -/ 


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=::  :,*;^\'»'' ^■••, 


-V.  t7 


^■*- 


-r:k 


'-^:"'h^.U.I:¥^li 


riiiiiR  BAMiifi.  :!'i'> 

Plusieurs  pronoms,  on  le  voit,  sont  oubliés  :  douu 
en,  y  ;  d'autres  mots  sont  donnés  comme  pronoms  qui 
ne  peuvent  être  considérés  que  comme  des  adjectifs 
possessifs:  mon,  nuit  pu  détenninatifs  :  cet,  cette. 

Bamus  en  traitant  de  chaque  pronom  en  indique  la 
(iûclinai^son.  Le  tableau  suivant  résumera  utilement  ce 

long  et  obscur  chapitre.    ' 

■  fc  p  ■       ■      •  •  ■ 

■'        Sltwiilin  «i  iMuniD. 

Nominatif. j>,  iko^j.   ^  \  tu,  »oy.  , 

Génitif '.  .  .    wioy.         \  -  lOf.      .  ^        toy. 

Uatif moy,  me.       \  toy.  te.  soy,  te. 

ArruuUf.  ......    moy,  me.        i  loy,  («•  *oy,  t§. 

ALIatif.   ......'.    moy.  toy.  <0)f. 

Vocatif.  .................  tu. 

iVou»,  Indéd.;  —  «m*,  Indécl.;  —  M  (dat,  et  WXU8.). 

SiNGcun.       .  «  '  ' 

■    *  -,  ..'•'•■'■ 

Mase  •      ¥éai.  "'  *     Maicaliu.  Pétniain.  . 

Nominatif.   ,  il,  UtyT  eUe.  fui,  qMl,  gué.  •  qui,  q%uUe,  i^uêk 

G«^nihf.  .  .  .  /«y.  —       —    —      —  —       —      — 

Datif...  Imy.  -       -      -^-  —'"-    ^        ^  - 

<*»cuiatif. .  »  i»y.  —  qui,  quel,  que,  <^o^.      qui, quelle,  que. 

Ablatif.  !;  .  .  itty.  .—  qui,  quel,  que,  quo^.      qui,  quelle,  qui. 

o  rLoaiCL. 

IU,iuà,9lks:  qm,  que,  quels,  qu$Ue*,fOurtom\tiç»M,        , 

■    ..  •»  ,  .     .        '■■''■  ■  '■  ^ 

Noos  avons  dressé  ce  tableau  d'après  les  règles  . 
tracées  par  Dubois;  mais  nous  protestons  contre  le   . 
i*ôlede7tif,  cpii  ne  saurait  étrp  un  wowinafi/,  c'est-à- 
dire  un  sujet,  quoiqu'il- puisse  être  attribut;  —  et  de        * 
çWi,  où  Top  ne  peut  voir  un  accusatif,  c'est-à-dire  un  ' 

complément  direct; 

V       "  '      ■  •  ,  ■  /'  '        ■ 

■  '  .     .  "  •  ■  »  /        ' 

•.;■     ■   \  •».    ■■«;„■    ...  :,  ■  ;  .':■..'■■      '  .■    ■  ■  -   Z^    '  '  - 

'■■■     ':V    ".-:..    .  •■  ■:■-:.-■,'•■■■-.'■-   y ■  '.       'v,..'-    "    '-X''     ■*■«,'     ;,    ■;,'- 

:-.v-.. ,: -"•=:..^^:'î:r^:..'   ■  .:.-:■■  ^-.'  V-   i--  :'-?^  /'";  :-.;.>^   .■-V'=^-^-^:''^'U- ■/ ■■;\>'-^ 


> 


22 i  GlAJiHAIII   FIANÇAiSI. 

'         ♦  ^  "A 

De  ce  OU  cestt  féminin  cette,  dont  le  pluriel  est  rw, 
pour  les  deux  genres,  sont  dérivés  :  cèttuy^  ceêtuicy, 
cettuylot  ceof,  celof  cestecy,  cettela;  de  ce  cl  lay,  i/, 
eUe,  sont  composés:  celuy,  celle,  iceiluy,  icelle. 


DU   VltBt. 


i^ 


Cgsi  ici  surtout  que  Ton  peut  reprocher  à  Ramus 
de  se  borner  à  constater  des  faits,  souvent  même  assez 
mal  observés,  au  lieu  de  donner  des  règles  ou  ^''exi' 
poser  des  principes.  Nous  extrayons  du  chapitre  con- 
sacré au  verbe  les  passages  suivants*  où  Tauteur  donne 
ses  définitions. 

<  Le  verbe,  cçst  un  mot  de  nombre  avec  temps  et 
personnes  (1).  »  \v  ' 

En  constituant  à  Taide  du  t|mps^  la  différence  spé- 
cifique entre  le  verbe'  et  les  autres  mots  susceptibles 
demarqueV  le  genre,  Ramus  n*a  rien  innové  ;  il  a 
suivi  .Aristote.  Toutefois,  nous  ne  croyons  pas  que 
cette  différence  soit  fondamentale  ;  et  celle  de  Meîgret 
nous  paraît  bien,  préférable  (2)^ 


K^ 


.\ 


(1)  Ramus  défend  longuemoit  m  définition  au  «htpltre  t'%  liv.  II ,  de 
te»  EicoiUs  gramwuiiritnnes,  Entre  IM  grammairtens  anclent,  Priaeien 
copié  par  Aleain  et  surtout  Coiisentins  ont  donné  les  meilleures  îiéfini- 
tioiM  ;  Priaeien  :  «  Vérbuân  est  pars  orationis  cnm  temporibus  et  modis, 
sin^  «su,  agendi  vtl  paltcndt  signiHeatitum  y  •  —  ConsenUus  :  •  Yertrani 
est  pars  orationis  façtuék  aliquod  habitumve  ti§nifieant  eum  tempore  et 
iiersooa,  sine  casu.  Facfum  quad  iignifietàur,  agwtis  aut  patiêntis  vim 
cOMftnel.  •  ,       :       » 

(2)  La.  définitif  de  Ramus  a  été  adoptée  par  SaneUds,  «  VèrtNim  est 
/Wdx partlcepa numerl,  personàlis, cum  tempore. aEt  il ^J^te  poliment  : 
/Hce  deflniUo  vera.  est  et  perfecta;  relique  onfines  grammaUoorum 
inept#.>  (S^nctil  Jrinerrn,!,  13.)  - 


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NKIMR   ■AHUt. 


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22.-. 


«  Temps,  cest  la  diflereoce  du  verbe  flelon  le  pré- 
sent, prétérit,  futur;  —  Le  verbe  finy  a  trois  temps 
imparfaits  et  un  parfait  ;  —  Le  verbe  infini  est  perpé- 
tuer: aimer,  aimé,  ou  gérondif  :  aimant ,  voyant, 

>  Le  Yérbe  passif  s^exprime  par  périphrase, 

•  PersQnne,  cest  unespecialle  diiïerence  du  nombre 
verbal,  laquelle  es^  triple  en  lun  et  lautre  nombre. 

>  Le  verbe  est  divisé  doublement  par  la  dilTerebce 
de  la  personne,  eil  personnel  (ayni«,  aymons),  eilpn 
impersonnel  {/aàltychaïUl). 

■»  Le  ve^be  ek  de  fi)rme  active  ou  neutre.  —  lie 
verbe  actifl  cest^  celuy  qui  peut  former  ^n  pàrticij 
prêtent,  comme  ^^ç^fo^ihe  le  participe  «l|iW  (aimé)l 
—  Le  verbe  neutr^,  cesii  celuy  qui  ne»  peut  former 
participe  prétérit;  bommip. Hre,  dormit,  fondent  seule- 
ment  riant,  (formant  (i)*  ■  -— ^t  n ,  (toriéi,  j*ai  ri,  j*aii 
(iormtP  Ramus  oublie  ces  f Qpnefl|  et  d^tfuit^  par  cel^l 
seul,  sa  défiuitiod  du  verbe  ^eim 

Participe.  -^«  Le  participa  es^  iBir^â^(2),  &inj|i 


tamèit 

iment  : 
ieorum       \ 


plus  loinlnne  déAnittonl  l«  vorbe 
liné  en  o,  eoauniDe  leij  verbe^  acUlii,  n« 
C'est  1  Âlcain  que  i 
1^  doBoée  par  les 
TertM  Mtam  Tel  paMlènem 


homm 


(1)  PTisdèn  n'avtlt  pu  été 
neutre ,  dit-U ,  est  celui  qui , 
peut  prendre  U  forme  passlTe  en 
la  mdlleure  déflaitton  du  TjBrbe 
ciens;  le  Prapèdlt  au  Suon  :  « 
unde  dicnntor  nentra? »  — "-Le  Saion  répond  :  •  Non 
vel  passlonem  ne  signi&oeat,  sed  ideo  qnû  nnnm 

(S)  Pas  on  grammairien  aneten  n'avaii.oaé  donner  npe 
précise:  UMM  dtaaient :  le  pirtietpe  ert  n'mypartle  dn  dteeonrs  l^uf  tient 
«lu  nom  et  du  Terbe^  Pour  rattacher  le  ^tlcipe  non  au.  Terbe,  mais 
au  nom  comme  genre,  Ramns,  dans  ses  E$col4$  gram'mairieiêiet  (IIt.  il, 
cb.  2  If  s'appuie  sur  la  déOnitl«if|p*lLj  donnée  et  dn  nom  et  du  yerbfi  : 
•  J^'ec  Tero  partleiplum  subjlcere  |%si,nm  verbo  cnm  ^t«|(i^,  qnla  deflnitlo 
.verbl  nu  non  eonvenlt  ;  tox  numerl  persooaUi  eun;  teaip«rlb^  ;  personaa 
/«nim  neqoe  ptïVu  neqne  loflnltat  iMlMt;  aai  aooUal  #«^o,  i|nia  nomlnl» 


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Sf6 


GMAMlAm  niANÇAItl. 


4 


nommé  parce  quMl  participe  du  verbe  en  tempe  et  en 

forme.  '    ' 

»  Le  participe  actif  est  toujours  présent,  et  est  prins 
•du  gérondif,  comme  aimaM^  oiinonte  ;  —  Le  parUcipe 
passif  est  prins  du  parfaictpjreterit  infini,  boMÛ^  (>attiè.n 
Le  Dactiçipe  français  n*a  point  de  ifutur.  "  , 
Conjugmton.-^  «  La  conjugaison  est  divisée  vul- 
gairemenien  quatre  espèces,  par  les  terminaisons  du 
présent  infinK(l). 

»  La  première  conjugaison  |st  ^oelle  qui  a  linftni  en 
^r;*eUe  a  plus  de  six  cents  verl)éa^rimitifs,  tous  régu- 
liers et  conformes  en  conjugaison;  eUe_aau|iÉi  quel- 
ques irreguliers.  /. 

»  La  seconde  conjugaison  cest  celle  qui  a  linfini  pré- 
sent en  oer,  et  est  presque  en  chascun>erbe  irreguliete. 
wiLa  troisième  conjugaison  est  celle  qui  a  linfiày 
]5reient  en  rc.  Celte  conjugaison  a  aussi  grand  nombre 
(J'anomaux,  et  sont  de  deux  espèces ,  les  uns  ont  de- 
vant re  quelque  voyelle  {e$mré)'i  ceux  qui  ont  une 
consonne  devant  re,  comme  Vf  v,  ^  d^  p«  sont  fort  dif- 
férents, -  '   - 


i  - 


X 


♦  . 


deflnitio  plane  ei  cooTenll  :  e«t  enlm  toi  nnaMil 

—  Sandias  ne  partage  pas  iet  ravis  de  Ramnit  an  eootnln  U 

ratUcher  le  participe  au  iretbe,  Perltonlus,  ton  MTaat  «wir- 

rentre  dans  r©plnjon  de  Ramas,  et  détend  «tte  ]Uièae,  der 

mum  à  l'un  ft  à  l'antre,  dans  une  note  ou  plntAl  dans  une  io«»na  *»- 

serution  qui  occupé  plusieut»  pi^.  •-*  MelandMliiHi  aarappfw*»a««â 

de,  Ramns  :  •  Particlpium  est  nomen  rerbale  lignlfleans  ^pns.  ». 

(ij  On  lu  prétérit  infini  dans  la  premlère^dltton,  p<HW  leadefite- 
tes.run  avec  roflhographe  vulgaire,  Tautrt  aw)er«rt6«ini**  *«••• 
mus;  de  même  dans  la  traduction  htlne;  de  lÉéme  fMiat  du»  1» teste 
deU  deuxième  édlUon  donné  atec  4'orthograpbe  de  Bamiii;  rtwn  M»»« 
porte  :  Dn  premier  infini -, ,  tout  ce  qui  sultJusUie  notrp  ' 


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V. 


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'-,..,  k„^.:*^-5. 


■ii  ■.■it\=;-i^V.,^jr,:  ^:>. 


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PIIIIE   BAIItii. 


22- 


»  La  quatrième  conjugaison  est  cellej^qlii  a  linfini 
présent  en  ir;  cette  co/jugaison  a  aussi  8|fiîrreguliers, 
pont  les  uns  devant  ir  ont  quelque  voyeÉ^,  comme  i\ 
«»  m;  les  autres  ont  quelques  consonne^- comme  «,  x, 


#' 


/•,  /,  /,  m,  n,  i;,  i,  x,  i   . 

Pour  modèles  de  ces  conjugaison^  Ramus  a  choisi 
aimer,  voir,  connoitte,  baitlir  ;  à  la  suite  de  chacun  de 
çA  exemples,  il  conjugue  les  formes  irrégulières  des 
verbes  suivants  r  \ 

1"  Conjugaison  :  aller;  \       ^ 

2*  Conjugaison  ;  ardoir  ou  ardre,  apparoir^  compa- 
roir, appehevoir,  avoir;  êeoir  ou  sëir  et  atsoir;  souloir, 
clioir,  mouvoir,  valoir,  vouloir,  devoir;  douloir  (&u\ 
troisièmes  personnes  des  deux  nombres);  challoir  et 
/fl//otr,  ces  deux  derniers  à  la  troisième  personne  du 
singulier;"  '         .  v 

3*  CoDJtigaison;  etcrire,  raire,  rire,  frire,  traire, 
dire,  croire,  boire,  braire,  bruire ^  plaire;  mivre,  vivre, 
cstre;  meUre,  iistre  (tisser),  croistre,  clorre,  battre, 
paistre,  aji^re  (i)  ;  joindre,  fèindf0,  craindre,  peindre, 
poindre;  ces  cinq  ^^miers  Ont  la  première  personne  du 
pluriel  en  gnon$»,w^\meudre  (moudre)  ;  esieindre,  eh- 
fraindre,  etpandre,  lemoddre,  souldre,  rjn feindre,  res- 
poridre^  rendre,  mordre,  fendre,  fqndre,  tendne,  tordre, 
tondre,  pendre,  pondre  on  ponre ,  coudre ,  vaincre  y 
prendre:  tp^is  ceux-ci  degui^^|i«iiidr<?,  onj^  le  irluriel 
en  dbn^dez,'deni  :  eêUindons^.il] 


f)  ■'? 


■  i!l. 


^^:^.. 


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'  \%)  àkêrér*,  ÀMuniRE,  attacher  ;  mot  piciard,  employé  par  Beaama- 
■oir,  Coéll^^#Miiooim.^Ct  i*  Corblet,  Çioêsaire  fncMmi.  ^^^^   > 


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2}8  GMAIMAIMK  PRAtfÇAItl. 

&*  Conjugaison  :  /i/tr  (haïr) , /tîtr,  puir,  Mttr,  ^^«ir, 
/tfnr,  offrir,  souffrir,  mourir ^  courir,  couvrir ,  seJir,  $aiU 
lir^  faillir,  bouillir,  dormir,  venir,  tenir,  servir,  sortir, 
vestir^  partir,  nasquir  ou  naistre* 

Gomme  exemple  de  la  manière  très-sommaire,  trop 
sommaire,  dont  Ramiis  donne  ses  modèles  de  conju- 
gaisons, nous  reproduirons,  d* après  lui,  le  Visrbe  alm^r. 

«  La  premier^  konju^zott  s*ét  sél^'ki  a  F  infini  en 
tr,  é  sq  konju^ç  éinsi: 

éimç,  éime^s,  éime^, 
{\y^     éimom,' éimes,  éimqt, 

éimç,  éimçs,  éiniç,  ..   , 

V     0'^      éùniomif  éimiei^éim^t, 
V  ^itnqroé,  éim^ro^s,  éim^ràêt, 

éim^rions,  éim^riés,  éim^roét, 
^ma$ç,  éitmtu^s,  éimai. 

éimoêions,  éimasieSt^moM^tf 
éimoé,  éimpéSf  éimoét, 

éimUms,  éhmiéi,  éimoét, 
éimçref  éimçras,  éimçra, 
,jfimçrons,  ^im^rest,  éime,ronU 
éim^,  étm^, 
éinumtf  éimetf  éinOit, 
éitne,  éimas^  éiHki, 

éitnam^s,  éimatçi,  éimêr^U 

.ffiii^  observatioi^  sur  lU  Yerbesi 

de  Ift  Iprao^^ 


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riKKRB   RAMUS. 


329 


mil' 
ortir,  ; 

trop     . 
ïnju- 
Imer. 

ta  en 


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Hdte 


Ve  est  dilTérent  dans  tu  éimqs  (tu  aimes),  et  vous 
('imes  (vous  aimez);  Ye  est  muet  au  singalier,  non  au 
pluriel;— 2*  Que  les  formes  ii  éimoét  {i\  aimoit),  et 
ils  éimoét  (ils  aimoient),  diffè|g|^  en  ce  que  oé  (oi)  est 
bref  aiMingulier,  tandis  qi^a  l'iccent  circonflexe 
sur  la  deîWre  au  pluriel; — V  Que  la  prononciation 
vulgaire  conjugue  avec  uni  (Jaithi,  tu  aimis,,,,  que 
yaimisse,  etc.),  le  prétérit  parfait  et  le  troisième  pré-  * 
térit  ini'parfait  (1  )  ;— 4'  Ve  est  long  daçis  f  appelle,  bref 
dans /ai  oppe//^,. en  d*autres  termes  qu-il  est  muet 
dans  j*ai  appelé,  non  d&i^  j'appelle. 

Ramus,  comme  on  le  voit,  ne  fait  aucune  distinction 
de,  modes.  Le  nom  même  de  modes  n'est  pas  prononcé 
par  lui  :  on  pourrait  croire  à  un  oubli,  si  l'on  ne  savait 
combien  Ramus  pesait  chaque  mot^^cJiaqtîesyHa^,  et 
qu'il  ne  faisait  rien  sans<«fieintention  formelle  (2). 
Il  semble,  à  en  juger  par  divers  rapprochements  que 
nous  avons  faits  déjà,  que  ses  théories  gramn^aticales 
aient  été  connues  du  grammairien  espagnol  Sanjchez|- 
et  que  celui-ci  se  soit  attaché  à  lés  appliquer  et  les  ^ 
justifier  :  c'est  dans  son  traité  de  la  tangue  latine,  sa 
Minerve,  que  nous  chercherons  l'explication  |[lu  silenco 
de  Ramus:  «f  Le  mode,  dit-il,  dans' les  verbes,  ne 

■ W'-\     "      ■    -■'■        . : ^ .  ■"}  •■■  '■ r-i — ■ < K 


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.    (0  Voy.  ei-de|8iiii,  pp.  1^,160.         '    ^      ..>#,''  ^ 

'  ,  (2)  Dèm.sflB  Séhôtte  gr«a0im.t  RanuM'a  débuttu  cette ^qiiegt\on  dçs 
*>  modetf  daat\Je«  ▼«rbes,  mait  trop  longuement  p^r  que  nous  ^puiuion« 
rapporter  et  tes  raisoriji  qi^ donne,  et  lel  'eiemplet' sur  lesquefs  il  les 
'appuie,  et  lea  autoriib^  tloiu  H  les  conArine. 'flous  noasbomerdhs  à  dire 
que  sa  diaamation  porte  sur  les  points  suivant^  :  la  division  W.  modes 
est  incj^rtmia  et  obscure;  —  elle  e^t  fausse;  t-  fût-elle  fond^,  elle  esV 
inuUte.  iSth.  framm..  p.  24i-2&4.) 


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2^(0  .     UllAMaAIRE   PRAnÇiUHI. 

touche  en  rien  a  la  nature  du  verbe;  aussi  César 
Scaliger  a-t-il  pu  dire  :  «  Le  mode  n'est  pas  nécessaire 
dans  les  verbes.  »  Il  montre  ensuite  le  désaccord  des 
graitimairiens  sur  cette  .question  ;  les  uns  n'acceptent 
pas  le  nom,,  tout  en  acceptant  la  chose;  les  autres 
admettent  quatre,  cinq,  six,  huit  modes  :  enfin  dit-il, 
pour  les  écras^toas  sôus  le  poids  d'un  jeu  de  mots  : 
Grammaïiciy  in  nmiis  explicandiSj  nuUum  modum  tenue- 
Tunt,  »  — Avec  ce  raisonnement,  qu'on  ne  doit  recon^ 
naître  aucun  mode  paï?ce  quq(  les  grammairiens  ne 
sont  pas  d'îiccord  sur  le  nombre  .et  les  noms  dès 
modes,  on  arriverait  à  ne  faire  aucune  distinction  entre 
les  diverses  espèces  dépôts.  Nous  avons  vu  combien 
les  auteurs  anciens  avaiejot  émis  de  systèmes  .diffé- 
rents sur  les  partiea  du  discours  (i),^ 

En  supprimant  les  triodes,  Ramus  a  rendu  sp.n  sys^ 
tème  de  conjugaisons  extrêmement  confus  et  obscur; 
En,  outre,  il  ne  donné- aucun  temps  composé;  il  ne 
parle  même  pas  des  temps  cfîi  la  forme  verbale  réclame 
un  auxiliaire  :  dès  que  deux  mots  sont  réunis ,  selon 
lui,  ils  appar^ennent  à  la  syntaxe  :  il  résulte  de  ce 
scrupule  que^  pour  avoir  là* conjugaison  complèite  des 
verbes,  il  faut  avoir  étudié  lés  deux  parties  de  la 
grammaire.  ^^  Sans  attendre  à  avoir  la  théorie  com- 
plète de  Ramus,  -nous  avons  cru  utile  de  d^onner, 
dès  à  préfient ,  un  tableau  destloé  à  débrouiller  le 
chaos  d'^ie  théorie  personnelle  à  rauteurret  qu*il  au* 
i*»it  dâ,:poar  ce  motif,  s*efloi%er  de  ren^i^e  phis  claire. 


^ 


t)  Cf.  ct-'dc«l|^8,  p.  I&2,  nète. 


\ 


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flimil   KAMliti. 


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SI  C       ?  £■-       =  m-n 

^   ■  M       5  Cm2     ■g.S-5'a      t-2 

"^^  ■=      5      -  y  5     2  'S  '«'*     i  S 

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§ 

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***  T'****  ^ 


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332 


GIAHIU'IRI   K&ANVAISK. 

A  la  suite  des  chapitres  qui /précèdent ,  et  où  il 
a  parlé  des  mots  susceptibles  de  varier  suivant  le  nom- 
bre; Rainus  s'occupe  des  mots  invariables  ou  sans 
nombre.^  Il  n'en  reconnaît  que  deux  espèces  :— l' l'ad- 
verbe auquel  il  rattache  r interjection  et  la  préposi- 
tion \^  2*  la  conjonction. 


r 


i 


.■  ^  DB    L'ADTBIBE. 

-,  «  ;■■  '  '  ■  -  .'  *^ 
«  L'âdverbç  céstun  mot  sans  nombre  qui  est  ad- 
joinct  a  un  autre  (1).»—  Suit  une  classification  des  aîi- 
verbes,  que  Ramus  divise  en  adverbes  de  quantité 
comme:  a»«ez,  entredeux  y  bien,  pas,  peu,  tropêu, 
proii,  etc.;  — de  temps  :  après,  enapres,  (après,  en 
après),  aujourdhuy,  auprime^  entretemps,  ores,  ora- 
prime,  orprime,  siprisimi,  pespre,  awespre,  devespre, 
piçca,  depuis,  apresque,  etc.;— de  lieu:  arrière,  aiUeurs, 
apart,  i(y),  etc.;— de  qualité  :  seurement, facilement. 


■t 


T 


(1)  Pu  un  grammairien  ancien  n'avait  donné  une  d^ûniUon  auai.  gé- 
nérale; tous  ont  déflnL  l'adverbe  un  mot  qui  ae  Joint  an  v<rt>e  pour  en 
modifier  la  signification.  Sanctiua  ne  sort  ips  des  définitions  vulgaires. 
MelanchUion  a  bkn  mieux  compris  la  nature  de  Tadverbè  quand  il  fait 
entendre,  dans  sanléflnlUon,  que  l'adverbe  peut  modifier  une  proposition 
tout  entière  :  •  Àdverblum  voearunt  quod  acUonIs  aut  pas»ionla  clrcum- 
t^tantlamlina  voee  effert.  »  Toutetoto  s'il  a  vu  la  propriété  la  plus  géné- 
rale de  l'adverbe,  il  ne  lalssèpas  même  apercevoir  la  pfopriété  parUcnUère 
qu'a  cette  espèce  de  moU  de  ofodlfier  un  adJecUf  ou  uiTautre  adverte.— 
Ramus,  m  employant  oe  terme  vagut  ■  un  mot  sans  nombre  . ,  s'est  donné 
le  i\T0i\  de  ranger  les  prépositions  parmi  les  adverbes.  U  coiflonclion 
s'en  dislln^e  parce  que  ce  n'est  pas  à  un  mot  qu'elle  est  jointe ,  mais  à 
deux,  sinon  à  deux  propositions.  MaU  comn/ent  Ramus  a-t-ll  fait  un 
H  'adverbe  de  rinterjectlon  qui,  pour  rappele^se»  propres  termes,  nest 
jointe  à  aucun  mot,  et  qui  forme  en  quelque  sorte  à  elle  seule  une  pro-. 
^position  indépendante?  V 


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PIBRtE    RAMt8. 


233 

justement;  —  d'affirmation  ou  négation  :,  n  ,  ceries, 
voire f  moUy  nànij  nanin^  ne^  ni,  non; — d'appel,  sou- 
hait, exhortation  :  he,  liau,^  luÊula,  kola,  o,  «i,  ortm, 
la  iû,  hay,  hayavant; —  de  similitvde  :  àinsit  tout  ainsu 
commet  etc.  >     ' 

i<  Les  interjections,  que  Ion  appelle,  sont  aussi  ad- 
verbes (1),  comme:  ai,  oMi  Uui  hoy,  «,  signe  de 
silence;  rr^  pour  engaigner  les  chiens  ;  irr,  pour  chasser 
les  oyseaux  (-2).  / 

»  Les  prépositions  sembtablement  sont  adverbes, 
et  presque  de  temps  et  de  lieu,  comme  suit:  a,  au, 
aulxr  avecqueif  e«,  vers,  hors^  dehon,  de,  des^  deçà, 
delà,  derrière,...  etc.  1(3).  / 

»  Item,  quelques  inséparables,  comme  re,  /or;  etc. , 
rèt^ir,  revivre,  for Ugner,  forfûire. 

.'■'.'.■'■        "  .  ',  ,'.  ■      *•  • 

Dl  LA  COHJOHCTIOII. 

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/^    »  Conjonctiou  cestun  mot  san|»  nombre,  par  lequel 


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(1  )  SincUus  repousse  l'oplnlrâ  de  RÛnns,  qaf  est  aossi  celle  des  Grecs  : 
«.  Interjectionem  non  ense  partem  orattmiis  sjc  ostendo  :  qaod  natunla 
est,  idem  est  apud  omnes  :  sçd  gemitus  et  signa  Istlti»  idem  snnt  apnd 
omnes:  snnt  Igitor  na^rUe8.  SI  vero  natnrales,  non  suilt  parte*  ora- 
tioQlB»  nam  m  yartetT  secundnm  Aristotelem,  ei  insUtato  non  nOura 
débent  constare.  Interjectionem  QriEBci  adverbiis  adnumerant,  sed  fa! 
VallaéUlt  aussi  de  cet  avis.  Pour  César  Scaliger,  ^contraire,  l'i 
jectton  était  la  première  des  parties  du  discours. 

(2)  Cf.  cirdessus,  pp.  48,  1.02. 

(.1)  La  dëflnilion  de  ,1a  préposition   est  à  remarquer  dans  Mélanch- 
ttioir:  •  C'es|i^itrU,  une  sorte  d'article  qui  Joint  le  nom  au  verbe.  «  Prs-^ 
positiorstpropemodunytrticulum,  yerbo  nomen  {idjunçe^s.  ■  —  Cf.  ci- 
dessus,  p.  230,  ,^;  V. 


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S34  (MAMHAIBB   PlÀNÇAiSK. 

les  parties  de  loraison  composée  sont  conjointes:  et 
est  : 

»  I.  ÊHontiativet  quand  les  parties  sont  assurées 
pour  certain.  »  Cette  classe  comprend  :  1*  les  congré- 
gativcs,  subdivisées  en  copulatives  (et^  auxjf....),  et 
conditionnelles  (<t,  fe,  tt  n«,  iiium)  :  à  celles-ci  se  rat- 
tache «  une  conjonction  de  temps!  prochaine  à  la  con- 
ditionnelle n  {pendâkû  f^<^^*}]>  —  2*  (es  $0grejglàtivei  i 
divisées  en  discretives  (maiSt  combien  que,  aiiu,  jacoit, 
a  tout  le  moins t  quant  à  ce  que),  et  disjonciives  (ou, 
auUrement).  .  «j  " 

II.  Ratiocinatipe  j  quand  rtine  des  parties  est  con- 
clue par  Tautre  ;  cette  classe  comprend  :  i*  lès  ratio- 
nales  {dont,  danq^  parquoy,  poUree,  pourautcmt*  par- 
ainsi)  ;  —  T  les  causalles  :  car,  parçequa,  afinque, 
J$tisque.  ^ 

A  la  manière  dont  Ramus  parle  de  la  conjonction, 
.on  reconnaît  bien  plutôt  un  philosophe  <}u*un  gram- 
mairien :  on  croirait  lire  ici  un  chapitre  de  logique. 

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SECONIi  LIVRE 

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Bl  LA  OTAWAiM»   M  P.  M  LA  tAMtl,  TOUGSAIIT  U  fTHTAXI, 

La  syntaxe  fut  pour  Ramus  ce  qu'elle  était  pour  ses 
contemporains  de  tous  les  pays,  et  xe  qu'elle  devait 
être  pendant  plus  de  deux  sièc)es  encore,  c'est-à-dire 
une  sente  de  recueil  d'ôEôervatioiiB  sur  ra43corâ  des 
mots  entre  eux ,'  et  non  un  ensemble  de  règles  propres 


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PIBII£   RAHUS. 


235 


à  déterminer  le  rôle  des  mots  dans  la  proposition  ou 
des  propositior^s  dans  la  phrase.  Pour  Despautère , 
GilIeVct  Kleynaert  (Clénard)  en  Flandre,  comme  pour 
Mélanchthon  en  Suisse;  pour  Nebrixa  et  Szuwitius  en 
.  Espigne;  pourBembo,  Fortunio,  Gabrîclleou  Rinaldo 
Corso  en  Italie,  comme  pour  Ramus  et  tous  les  autres 
grammairiens  de  son  temps^  la  grammaire  va  du  mot 
au  mot,  mais  ne  s'élève  jamais  jusqu'à  la  proposition.' 
Si  parfois  oh  remarque  T union  de  deux  propositions 
#  par  une  coïijonction ,  les  particules  fi/W^aii,  or, 
donc;  ror,  d'un  usage  familier  aux  logiciens,  sont  les 
seules  qui  soient  citées  :  rarement  on  joint  aux  exemples 
de  propositions  coordonnées  des  exemples  de  proposi- 
tions éfâbordonnées,  et  jamais  surtout  on  ne  >va  jusqu^à 
expliquer  rinfluence  Réciproque  de  deux  propositions 
Tune  sur  Pâutre.  Un^Beuldes  auteurs  dans  les  œuvrer 
desquels  nous  avons  épié  l'a^  parition  die  la  syntaxe  des 
propositions,  Perizonius,  dans  son  excellent  commen- 
taire sur  la  Minerve  de  Sanctios,  nous  a  paru  coin- 
., prendre  la  véritable  valeur  des  modes  des  verbes, 
quand  il  dit  :  <  Les  modes  sont  pour  les  verbes  ce  que 
sont  les  cas  pour  les  noms.  Les  uns  |^t  les  autres  pren- 
nent des  terminaisons  différentes ,  selon  les  différentes 
constructions  (i).  >  Mais  cette  lueur  qui  perce  ici  n*éta{t 
pas  assez  vive  pour  éclairer  une  voie  nouvelle.  Ni  le 
P.  GhiCClet,  sans  parler  d^  grammainens  antérieurs, 


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,  (1)  «  Biodcai  puNi^medb  m  habent  modi  In  t«rbU,  qno  mMéÎ  In nomi- 
nibuf.  Utupie  «oosiiraHl  in  dtTenla  termInaUonibqi  pro  divenlUte  con- 
&tructionii.  •  (Sanetii  Jrttifrvo,  lib.  I,  cap.  XII,  n.  I.) 

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ni  Régnier  pcsmarais.n'oot  comprisse  vrlai  principe 
eii  vertu  duquel  les  propositions  sont  unies  entre  elles 
comme  Tes  mots  entre  eux,  et  le  P.-Buflier,  qui  |eur  est 
cependant  supérteur\sur  ce  point,  n'est  guère  allé  plus 
Jbih  que  ses  prédécesseurs  (1).  ,  • 
•  On  ne  s'étonnera  donc  pas  du  caractère  «i  élémen- 
taire dé  Tœuvre  de  Ramus.  A, cette  époque,  -et  avant 
le  temps  où  parut  l'Encyclopédie,  si  la  philosophie  ve- 
nait parfois,  en  aide;  à  la  grammaire,  c'était  pour  lui 
f9urnir  quelques  rares  définitièns,  mais  non  pour  pé- 
nétrer l'esprit  d*unë  langue  et,  pour  ainsi  dire*,  en  ana- 
lyser le  mécanisme.         ,    "  '' 

'■»•...  -~  »■ 

Ramus  Commence  son  traité  de  la  syntaxe  française 
,  par  une  défmiUon  U^La  syntajie,  dit-il,  cest  la  seconde 
partie  de  la  grammaire. qui  enseigne  le  bas^ir^nt'des 
mots  entre  eulx  par  leurs  proprietez  «  et  est  presques 
seulement  en  convenance  et  mutuelle  communion  d^s 
proprietez,  comnie  du  nom  avec  lé  nom  ou  avec  te 
verbe;  dèkdvert>e  avec  tous  le^ mots ^usquels  il  est 
adjoiâct;<K^ia  conjonction  eh  lordre  des  choses  con* 
■  joinctes. ;:%•::■ .'  ;. "  r'*"'  ■■.''     ^  .     ■ 

«  En  cesté  partie  de  graînmaîre,'dH-il  ahieurs,ies 
enseignemens  sont  jusques  la  profitables  quils  expli- 
quent lusaige  du  langaige  receu  et  apprpuvè,  npn  quils 


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V  (1)  La  grammaire  de  rAcaà'émie  e^gnolè,  pqbltée  dam  la  seconde 
yoitié  du  XVIII'  siècle,  dte  quelques  exemples  d»  propositions/subordon- 
nées Vunè  à  Vautra,  mials  ne  ddnnc  l>as  de  règles  formelles."^— Oudin,. 
dans  sa  Gran^màire  fraivpaite,  a  donné  quelques  règles  sur  la  syntaxe  des 
proposiUons  subordonnée,  dans  son  chapitre  de  r*uage  dts  lémpi  du 
r€rl»«  (Vdtr.  I6i6,  p.  183).  .        •    '  '     '^ 


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niilB  BAak'9. 


en  puissent  baslir  aucun  ()ar  soy  et  paf  nouveaulx 

^^'^d^'SiVpkîs  ce  pf^ambule,  qui  nçus  édifie  sur  la  portée 

V  JE  »reinar(jues  dé^  Rainuè ,  remarqués  fondées   sur 

l'usage  seul ,  quand  Tinfluence  des  éludes  latines  n'inr 

terviént  pas ,  nous  abordons  les  règles  •  de  la  conye^ 

nance,  •  Vest-ài-dire  de  l'accord  des  nonw,    _ 


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coimnfAnci  dbs  noms. 


Règle  :  t  La  convenance  des  noms  est  en  nombre  et 
genre ,  comme  :  liomhie  prudent,  femme  prudente.,  •— 
En  quoy  l'ordrcr,  comme  dans  toute  la  syntaxe  frÀiV-^ 
coise  eàt  bîèft  fort  requis;  comme  pour  vin  blanc  vous 
ne  dir6z  ^nt  avec  lé  Picard  {i\ blanc  vin  (2).  »       - 

Comnae  on  doit  s'y  tittendre  dé  la  part  de  tous  les 
grammairiens,  mais  surtout  de  ceux  qui  se  bornent  à 
constater  T  usage*  et  ses  cabrices,  lés  exceptions  sont  * 
toujours  ici  plus  nombreuses  que  les  fègles.  Ramu^^ 
termine  cli&cun  de  ses  chapitre  p^irrexamen  des  ani»-' 
»ma!ies  qui  s*y  rattachent.  On  rendarquera  que  ces  anoy 
malies  ne  sont  auice  chose,  le  plus  souvent,  que  de^ 
figures  de  grammaire.  ^  4 

Àn&malieiiV  Le  substabti/et  d'autres  fois  l^adjeclif 


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§ 


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(I)  le  tnducteor  laUn  de  Ramas  ptrieauui  des  Loflfâli^  qui  placent, 
dit-H,  fréquemment  l'àdjecUf  avant  le  substanti|;  ; . 

\2)  \\  ne  faut  pas  confondre  \a cô^truction  ou  l[ordre  av^c  la  syntaxe; 
^Ite-cl  règle  l'inflacnce  réciproque  des^  mots  sur  les  mots,  où'^içs  nr.o{nKii- 
tions  sur  les  propositions.  Nous  y  reviendrons' dans  lé  chapitre  cousaccé 
aux  traités  grammaticaux  de  Robert  «^t  de  Henri  Estienne.'        .. 


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peuvent  être  eouB-euténdus  ;  h»-  2*  I*a4j.ectif  peut  être 
!  employé  camine  substantif  :  le  chaud t  pour  ia  chaleur; 
•^3°  deux  noms  substantifs  peuvent  se  suivre  (1); 
'  «  Charles,  roi  de  France;  •  —  à**  lanomaUe  du  nom- 
bre,  cest  quand  plusieurs  singuliers  sont  pour  ung 
pluriel  :  Jean  et  Pierre ^  me$  Jrèrei,  .s^nt  venus;  les 
Gascons  y  nouveau  soldat  ;  •  —  «  6*  Panomàlie  du  genre , 
ccstijuand  deulx  singuliers,  lun  masculin  et  lautrc  fé- 
minin ,  sont  joinctsji  ung  planer  masculin  :  mon  père 
et  ma  mère  sont  morts;  —  6'  cest  une  aultre  anomalie 
en  ces  façons  de  jfarler  ;a  la  Sainct  Jean,  ou  vous  en- 
tendez/^«(e  <fe  (2).  •  '  ;  •      ^ 

CONVINANCI  DIS   ▲ITICLU. 

'  •  ■  ■■♦   -    -  .       ■  -    '  "  ■* 

h  <  Larticle  est  prépose  aulx  noms  communs,  aulx 
pronoms  mien,  (t^,  st«i,no«lre,  vostre^quel,  me«me(3); 


(1)  Qi^anddéux  sobstantifs  sont  employé»,  arec  ou  rans  la  prépô«llion 
dt  en  françaia,  pour  désigner  le  méoiè  objet  ou  la  même  penrane,  ce< 
deux  subatântifa'torment  une  apposition.  Ramui  taie  que  l'appotltion  soit 
•utac;  figure  de  grammaire ,  dans  le  chapitre  des  Etcolet  grammairiennes, 
où  11  trilt^  de  la  synUxe  t  •  Teste  viro  patrt  figura  grammaticls  eat-,  ap- 
positio  dicitur.  At  figuram  h\c  nullam  video,  cùm  alla  hk  synUxis  esse 
pulla  pctosit;  nec  notata  h\c  uHa  est  orationis  forma,  cAm  dleis  Mareus 
TùUius,  JuliusCasar,  et  in  slmlllbus.  Confenlentlam  ble  leglUmam  sttf- 
tuimus,  et  prlmam-in  communlbus  nempe  deflïUtlonls  nomloalis  parti' 

bus.  ■  (p.  8».)*      ^        •  N' 

(2)  y>  3*  MlUon  porte  cette  note,  que  nous  avons  lue,  écrite  de  la 
main  de  Bergeron.  sur  un  exemplaire  de  la  1"  édlUon.  •  Encore  plus 
gtande»  Irrégularité  est  en  ceste  locution  usitée  :  letres  royaulx,  pour 
royalUs,  etc.»  — Voyes  sui'*Ie  sujet  de  ees  locutions  i  IfUru  royaux, 
ordonnances  royaûXt  le»  Remarques  de  VauçeUu,  avec  notes  de  Patru  et 
de  Thomas  Coraeiile,  3  vol.  in-12,  1738,  t.  Il,  p.  158,  iiol«;  —  et  les  Ob- 
sertaiion9  de  Ménage,  t,  ll,-p.  81  .-Voy.aussl  V.  Lespy,  Grammaire  héar- 
naue,  Pau,  Veronese,  l8S8,  1  vol.  In-S*,  pp.  151-IS3. 

(3)  Voy.  cl-dea»u»,  p.  68.  .      ^  . 


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riiMU  lAaiit. 


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item  aux  verbes  infinits  (i)  [pris]  pour  le  noïn,  et  aulx 
ddverbëa  :  comme  lliomme,  laTémme,  le  mien,  lequel, 
le^roesme,  k  manger,  le  dessus.  • 

II.  «  tarticle  est  quelquefois  redoublé,  comme  voiii 
le  deffendez  le  metchanl  ;  vous  la  memienez  la  rusée.  » 

III.  •  Il  sert  a,ussi  au  vocatif,  cotatm  Ihoste^  venez 
ca;escou(ez^  Ic^belle fille.  »  : 

/    ly.   é  ï.article  retreint  (restreint)  quelquefois  par 
'  uiïe  sineçdoclfl^e  nom  coraipun  a  ung  certain,  comme 
quand  nous  disons  :  le  iioy  a  commandé  de  pour  leé 
armes t  nous  cntendonà  Charles  (2).  -        ^ 

i  Larticlen  est  pas  toujours  propre  au  nom  com- 
mun: *  .         *-  ■  / 

i'n  Si  le  nom  commun  est  gouverné  par  le  précè- 
dent nom  ou  verbe,  soit  actif  soit  substanipf,  comme  : 
cest  ung  livre  de  grammaire;  je  suis  précepteur  (5).  — 
Toutesfois  nous  àiaon&  :  je  suis  maisire  bûle  maistre 

de  céans: 

>  Avant  Padjectif  des  noms  communs,  comme 

éiomme  vertueuxl  et  non  pas  Ihomme  ù  vertueux  {k). 


V 


/ . 


(1)  Dans  M  Deffenst  et  inustration  de  là  langue  franço^e,"  lom^im 

Initld  et  ^eetlfs  prù  pour  substantifs  à  l'iini- 
fll(Ument  de  l'inûoitif  pour  le  nom, 


du  Bellay  vante  fort  ces  1 
UUon4es  Grecs:  •  Uses 
comme  Palier,  le  ehanter 
comme  :  le  liquide  de$  ea 
jiei  {l'épais)  des  forettx,  Fenf* 
mère  de  parler  adjoute  l|ueique 
chault  du  feu,  le  froid  de  Mu 


et 

inques 

vivre,  le  mourir;  de  l'adjectif  subsUnttvé, 

vitide  de  Voir,  iè  frait  desumbret,l'e- 

dee  ctmfraMe*,  ponry^u  que  telle  ma- 

;racé  et  véhémence,  et  non  pal  :  /< 

le  dur  d^  fer  et  leuri  eemblablet^  » 


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Kv.   il,  chap.  IX  :  Observation  d^Xueiquet:  maniires  de  parler  fran- 
coise'i.  »  —  C.  ci-de«8U8,  pp^V*^  plus  loin,  le  chap.  des  E*Uçwe. 

(2)  Ramus  composa  sa  grami^Éue  sous  le  r^e  de  ChaàrlèsiX* 

(3)  Voy.  ci-dessus»  p.  <>0. 

(4)  a.  p.  69.     '      ^      ,.■■'./■       V  .;J>i;  ■*  ■"     "'    •■ 

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^iO  .      filAMaÀlll   PMAXÇAitl. 

—  Toutesfois  noos  dispns  :  mnirt  iire  te  Hoy,  tnoiuUur. 

le  Pue;  ,  '        '  •'  ^ 

,  S*  •  Il  nest  point  devant  le  participe  signifiant 

quelque  temps  :  Le  Roy  estant  a  Paris  f<  loge  au  Lou-. 

i»re.. -^Mai»  quand  le  participe  ne  niarque  aul.cun 
•    temps,  il  peult  avoir  larticle,  comme  :  lamant,  la  de-:  . 

solee,    ^     ■         *  *     . 

,  /.     •  Au  contraire,  larticle  est  devant  le  nom  propre  de 

"N fleuve  et  de  pays,  conflme  :  le  Rosne ,   la  France; 

u^r^  combien  que  sans  article  nous  disons  aussi  :  il  coule 

J'':]    au  (K)  Rome;  tu  leh  vas  en  Italie;     ^ 

»  Il  peult  estre  t^ussi  devant  le  nom  propre  dhomfnc . 

et  tleicffime  pour  plus  grande  signification  (.2),  comme  : 

jay'veu  le  Guillaume- que  vous  dictés  ;-^comb\en  que  ce 

y  seroit  aussi  bon  :  tjay  veu  ce 'Guillaume  quer... 

>  Davantaige,  il  peult  est^  aussi  devant  ladjeçtif 
nom  propiré ,  comme  :  Alexandre  le  Grande  cest  a, 
dire  qui  est  nommé  (5).. 

>  Le,  la,  les^  sont  quelquefois  relatifs  en  laccusatif 
deva^it  le  verbe,  comme  :  tu  prises  honneur  et  vertu,  e} 
je  le  prise,  je  la  prise.— Le^  est  quelquefois  relatif,  nô- 

;  minatif  de. tout  nbmbrç et ^çnre;,  comme  :  tu  eslibe^ 
ral^jelesefray,  Islle  le  sera,  vous  lestes  et  léserez,  ils  le 
seront,  et  non  pas,  vous  Jet  estes  ne^Us  les  seront  (h)' 


/" 


(I)  Nom  rappelons  quem,  dy,  det,  sont  i^oqsidérés  comme  .prépo- 
■Ulona.  —  Cf.  p.  n.  \ 

(3)  Voy.  cMeiMu  Metgret.  p.  68.  "^    ■  >' 

.'  (t)  cr.p.cit.  .  ' ..     ;":^      .  ■,.,  v^   ;    .    ■  *       .v7  ♦-  ■.   M 

(4)  a.  p.  69.  —  Heisret  iyait  aa  faire  là  distinction  de  l'article  et' du 
-pronom  le,  (a,  to(.      ,        /. 

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•  Le9,  par  i  Içng  oy  bref  (1)  est  indifiçremment 
devant  le  ùxûi  coinraençaiU  par  voielle,  comme  lei 
hommei^  tei-hofmeurs ;  —  (ex  par  tf  long  est  devant  le 
mot  commençant  par  consonne,  comrn^  les  marig ^ 
len  fen/imef.  »  "      /        r'     • 


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DJU  COlPAlilTIP  IT  StTI|LATIP  (2).  •.      ^  '■  "    ' 

».         ■  '        ^'  .''••■  '   .  ■         .'.-,.- 

«  Le- comparatif' doit  convenir  aux  parties  compa^-  ..- 
rées,  et  re<|uiert  seulement  çu^  avec  p/ia  on  moins  ;  »    '  . 
'c*est  à  dire  qye  la  qualité  énoncée  par  radj.ectrf  doit 
convenir  aux  d^x*  noms  comparés. — kÀin  méme^npm 
peuvent  se  reporter  deux  qualités  contraires;  si  nous      ^ 
[es  comparons,  nous  n^i'in^tonf^paa^au  compi^titif, 
comme  les  Latins,  les  deux  adjectifs  qui  expriment  ces    ; 
qualités,  mais  le  premier  seulement  :'i7ei^^/ii«,ia9é 
que  fou, 

»  Nous  abi^onrqttetqQi^foîs  Su  co^pai^f,  comme  :,■  • 
la  mer  majeur  est  ptus,  douice  que  'loutes^fet^jmUres 
mers,  c'est  a  dire  moins  aihere*'»  ^     ;  \- 
\'    -En -passant  en  français,  tes  formés  Jatines  meiUeur,  '  < 

mieux,  pire,  pirement,  majeuâ'  d^âge,  nmeùr  d*&ge, 
'  moindre ,  moÙis,  supérieur,  etc. ,  ont  conservé  leur  si- 
'♦•^ification  comparative.  -^  Cependant  «  il  échappe.  * 
quelquefois  au  vulgaire  de  diref7/ii«i}iet//«iir,.  comme  il 


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est  écha 


Dpé  âip[VGrecs.mesnie,  juuxXXov  pcXnov,  qui 


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Il )  Bour  em^i^midn  ee  putage,'il  Unit  interroger  w  slèdr  saiTtnt^ 
-  Voy.ci-deuui, p.  Î7J ,  ROl« 3, le ptiuge d)é  de  Frémoùt  d'AbUukeoiirt/ 
(î)Cf^.  78.        '"'  :       .,  '    -    : 

"  S  -■    t     ^  ^      .  ■■„■ ,         .      ■   /■ 


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URAmiÀIRI    raANÇAISR.  «  ' 

prennétit  &u8si  qùelquefôi?.  lear  comptratif  fléar  le 
^poëitif,  comme  iVous  faisons  en -pire  quant  nous  di* 
"^      Bons  :  //  nest  pMpite,  pour  i/  wcf l  p<u  motivaû  (1);  ^^^ v 

.•  Lé^mperlatif  ^.xprime  en  deuxywrtes  :  première-, 
*^     mept  il  est  al^sâlut  et  siniplè,  comme  tre8savant.j^.  ;  ; 
"    ■  /secondement  le  superlatif  est  expriiîié  ert  niettant  de-  . 
"ir      vant  jjj(ii«  où  moins  larticlé  cpn venant  au  r^om  gbu-    .    1 
/'     .  ,    ycrné  :  A^ihUtes  est  le  plus  beau  de  tous  les  Grecs  ;  cesi 
'  bien  ta  plus    gratieuse    (ï)   créature  que  vous  veiêtes 
'^*^    ^oiîcquesi»  '.  '  ■    '■  ■':   ■ 

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Ramùs  ne  donne  qu'une  seule  règle,  ou  plutôt 
•  '  '  qu'une  seule  remarque  générale  relative  aux  pronoms  ; 
:    la  voici  :  «Xes^  pronoms  primitifs  vacquent- souvent 

•  (sont   souvent  explétifs)  comme  en  grec  et  en  latin: 
; /.rotte-moy  bien  ce  galand  ;  je  te  le  fâconneray  a  plaisir; 

je  le  vous  etfuipperqi  de  toute  façon,  » 

Sans  autre  explication,  Tauteïi^  traite  énsuitiç  ide 
chacun  des  pronoms  en  particulier.  v         *. 

1.  A'o«,  vos,  diffèrent  de  nostre^  vostrç^  m  ce  que 

*  nô«  et  i'o«  précèdent  le  substantif:  nos  amUf  et  que 
nosiresei  rostres  le  suiventx^^f  vignes  sont  vostrés(^), 

2.  c  Soy,  se,  sont  réciproques' au  sùbstanjtif  sùpost 
deJa  mgsaie  ou  prochaine  oraison,  »  c'est  à^^lifiB: 


soi  et  se  représentent  le  sujef  de  la  proposition  où  ils  ' 


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.  (I  )  Voy.  pluR  loin  lé  cb|ir>iti«  de  Rub.  et  de  H.  Éstienne. 

(3)  Ménage,  Vangeltt,  dif>c:utent  sur  t'emploi  du  mot  grtteittut  mtate 
l'ii  était  nouvl»o  an  xvii*  «rècle.  à    '  r 

(3)  Cf.  p.  >7.  .  '  '        ■ 


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se  trouvent/  ou  du  verbe  lé  plus  voiain  i  touie  ndiure 
eêl  yardiernif!  de  ioff.         , 

3.  Ce  se  ptace  devant  les  consonnes  :  ce  loupt  ce  hal- 
barihert  et  peut  éirb- employé  Seul  conupe  substantif: 
toiu  ce.  que  lu  voitétia  vioy-;  cent  y  devant  le*,  voyelles, 
et  n*esl  janiais  employé  sans  substantif:  ce$i  homme 
que  iuvoise*i'ioii  frère» — Comment  fiam us,  qui  recon- 
naît lui-même  que  cei^  et  souvent  ce  veulent  être  ac- 
conjpagnés  d'un  nom,  range-t-il  ces  mots  parmi  les 
prononls?  Pourquoi  ne  pas  en  faire  une^classe^paftP 
culière  de  isots?  \l  faut  voir  là  encore  une  influence 
latine.  Ces  mots  traduisaient  hici^  hœc,  Iuk,  qui,  .tantôt 
adjectif,  tantôt  pronom,  était  cependant  classé  parmi 
les  pronoms. 
^^^  à.  «  Ceux  est  quelquefois  prins  quasi  pour  article, 

^"^^--Gomine  :  ceux  de  Pariê^  pour  le$  ParUiem;  »  —  pour 
article,  dit  Ranns,  qui -voit  ici  la  tournure  gl'ecque:  Ot 

b.nCét  est  aussi  pratiqué  encore  aultremeiit,  comme  : 
ne  mè  parle*  point  de  cef  fâcheux  pour  teU fâcheux,  n 
—  Devant  les  voyelles,  on  prononce  indifliérânmeni 
céB  ou  ces  (Ramus  écrit  ses  ou  sçs)  par  e  ouvert  ou  par 
€  muet; .mais  devant  lès  consonnes  L*/est  toujours  ou- 
.    vert  (2).  ^:      .:  C^  ■    .  •        • 

6.  «  Les  composez  de  ce  sont  purs  démonstratifs, 
sans  relation  ne  adjonction  de  substantif..  »  ~-  Pour- 

*  i  ,  ',  .  .     -  . 

#      (l)  Voy.  Hfnri  Estieime,-  Traité  de  la  conformité  du  français  apec  le 
grec,  l&69,p.  78  :'de  Vartiele,  obsery.  3*.— f^pus  l'tnalyMrons  plufl  loin. 
(SJ  Vby.  cMI«M|M,  p.  241.  é^,  171  en  nnte,  un  pueage  tiré  de  Fré- 
mont  d'Abltneourtw  ,  *^ 


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GRAHMÀIll  rik^RÇAISI. 


*  quoi  toucher  de  «.près  à  la  (fistinction  de  radjeciif  et 
du  pKonom,  sans  la  poser  nettement?  —r  Ced  désigne 
les  objets  présents,  cela  les  objets  éloignés/  «  Ces  mot?^^ 
sont /quelquefois   divisés,  *  comme  :   c^  livre  ey  y   ce 

.  7,  •  Bux  est  mis  comme  réciproque  pour  ie  pluriel 
de  soy,  comme  :  tei  amis  ont  tout  ifitmcammum  entre 

eux,  pQW  entre  toy»  *    • 

a,^  »// et  t/«  sont  quelquefois,  postposés  aulr  ver- 
bes, comme  :  cett  i/,  ce  sont  ils,  ~ 

9.  »  Luy,  avec  le  nom  numéral  faict  une  certaine 
phrase  francoisç  (un  francisme,  dit-il  ailleurs),  comme  : 
il  est  arrivé  tuytroisiesme,  quatriesme^  cinquiesme  pour 
estant  accompagné  de  trois,  quatre,  cinq,  qui  est  ce  que 
les  Grecs  disent:.  Tpfro;,  TitotpToçy  TrèfÀirrè;  «vrô;,  en^, 
pqMposahtfltiJ^ôç  OU  nous  préposons /«y  (2). 

10.  »  Leur  ^quelquefois  relatif  pour  eulx,  comme  : 
tes  hommes  ont  offensé  Dieu,  ce  qml  leurs  a  donné  a  en- 
tendre.— -  Leur  tileurs  sont  réciproques  a  plusieurs 
pour  son,  sef,  comme  :  les  parents,  ayment  leur  saiig, 
ils  cherUsent  leurs  etufanis,  et  non  i^sA  sm  sang  ny  ses 
enfans.        '  *  ^  /  / 

•  l!.iO//tty  est  démonstratif  indéterminé,  et  par- 
tant tousjours  adjoinct  avec  le  relitif  gui  (â). 

ê2,  »  Icelluy  et  icelle  sont  quelquefois  usurpez  par 
les  pr^cticiens  pour  (e,  h,  fês  relatifs,  comme  :j'à9 


j 


(I)  Cf.  ei-deMai.  p.  tl.     ^  ■ 

(J)  Voy.  Henri  EiUenne^  ée  le  Conformité...  etc.  -^  Êdlt.  ell^e,  p.  ili 
Runiif  ra  t»pil  presque  textuellement. —Nom  l'analyseront  plua  loln.^^ 

(t).  Cf.  ct-d«8«us,  p.  Al.  .  ' 


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acheté  wf g  cheval  pour  iceUuy  tenvoyer;  mais  nous  di- 
sons  mieulx:  fkMirlf/tfiiroi/er.  ■     '\  '    ' 

•  Nous  ne  prolongerons  pas  ces  extraits.  Les  remaf  r 
qties  sur  J71U,  9tie,  quel,  quelle^  quoy;  mon,Jon,  son; 
mietff  tieriy  tien;  son,  «a,  ses,  ne  constatent  aucun  em- 

loi,  curieux  pour  nous,  de  ces  différents  mots  :  toutefois 
nous  citerons  encore  ce  passage  où  Tauteur  signale 
•des  anoniaties  :  «  Lanomalie  du  nombre  est  quelt[]uef0i3 
en  cèpronom^  comme  sil  y  a  homme  (lesquels  cer- 
tainement sont  en  ^rand  nontbre)  qui  ayent  cet  honneur, 
:cest  toy,  —  Tu, as  dit  que  tu  ifàulôisi avoir \  ung  bon 
cheval,  pourtant  ^tiitrfoRf  aujourdhùy  de  requesté, 

nMon,  ton,  son,  avaiit  le  mot  oommencanfc'  par. 
voyelle  sont  prins  pour  lè\fenlenin,  comme  mon  ame, 
ton  audace,  son  arrogance,  et  non  pas  avant  la  Con- 
sonne; car  nous  ne  d|son8  pas  mon  femme,  mon  ha^ 
quènee, 'alns  ma  femme,  ma  haquenee...  Il  sièmble  que 
cecy  soit  introduit  pour  Ja  dureté  de  lapostrophe, 
m' ame,  i'ame,  s  ame;  ce-  qui  sera  bien  évident  en  in- ,. 
'te^posànt  ung  adjectif  commençant^  par  consonne,  car • 
lofs  nouls  dirofis  ma  et  non  pas  mon,  comme  ma  pauvre 
amCyma  grande  amour  (1).  »  /  '.  ,' 


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i>l  LA  (ÀIVTIRAIICI  DU  NOM  AfK  U'VBRBà.     * 

«  La  convenance  du  nom  avec  le  verbe  est  en  nom- 
bre, et  en  personne.  »  — ^  Cela- posé,  Ramus  examine^ 
successivement  (es  pronoms,  comme  sujets,  ou  sup- 


'  '  4 


(  1  )  Cf.  ei^euui, |».  M .  d  plai  loin  le  ehap,j^  Garnier,  PlUot  et  MtUiieu. 


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J48  :   '      GfCAkaAIRK   FII41<CAliiK 

•poitt  des  verbes  au  açfponu  i  pour  toute  définition  du 
sujet^il  dit:  «  Le  noih  précédent  devant  le  verbe  est 
icy  appelle  stipposir  le  verbe  appôst.  »  -r-  A  la  l"  per- 
sonne conviennent  les  pronoms  je,  moiy  nqus;  à  la  2*,      T^\ 

*  iM,l8i ,  vous  ;  à  ia  5%  «  tous  aultres  noms-  »  oii  pjonoms. 
Les  pronoms ;>,  nous,  m,  i>ous  ne  sont  jamais, sous- 
eàtendus  dervant  les  premières  ni  les  secondes  person- 
nes (l)r  excepté:— i*«  si  nous  cortfmandons  ou  prions  » 

c*est  a  di.rej  quàn'd  levérbe  est  à Timpératif ;  mais 
RamUs  ne  reconnaît  pas  démodes;  5»  V sauf  aussi  en 
ces tesponses :  (u  as chantê?--nun  ay;^jay reposé? non 
as?  Ha  iatisfah?  —  nortd'.— 'Le  verbe  est  pluiôt  sous- 

•'eiitendu  :  a Ja  mienne  vobnté.imrmes  aureillès  fnss^ni 

m}urdesoutaiangue{{u»imueUeil        ;   ^  \^ 

Au  lieu  ide  jç,  tu,  on  emploie  moi,  toi  :  i°  quand  ces 

deux  sùjeta  sont  unis  par  les  prépositions  et,  ou  soit 

-  run  a  rautfe/spit  à  un  sûj^t.de  là  B*  personne,  a  Ta^ 
etmoy  irons  b,  toy  et  Jean" fêtez  cela.>  —â*  QiJ^^nd  ^  ils 
servent  de  suppôst  (de ,  sujejt)  effresponse,  cottime  :  qui  a 

fait  cela?  moy,  toy  (2).  »       . 

1/.  ^  Ce  pronom  «  es*"  supposa  (suje*)  jndetenhiné 
de  la  tierqe  personne  des  verbes  eitre.  et  falloir.  Le 
semblable  est  devant  y  a,  ny  a:  il  y  a  infinis  bpmmes 

meschaAs.»  -^  .'• 

Qui  —  On  remarquera  ce  ique  dit  Ramus .  de  Tel- 
lipsé  qu'il  supposé  faite  de  ce  pronom,-  dans  des  phra- 


(l)  L'aM«i  donnait  tort  à  Ramu*.X)n  en  cliferâlt  milld  êxMt^l^*** 
^i«  slède  jetTdepuitf  dans  ce  qu'on  est  contenu  dlappeler  le,sty|[9  niaro- 

(»)  VnyWel  dittM.  p^^»,  M.  *    ' 


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PIKRRK   RABliH. 


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se9U»i(,  l'on  "«  sait  trop  pourquoi,  il  ne  veut  pas  voir 
un  pléonasme.  Apres  avoir  inontré que ^/mî  peut-repré- 
Mnter  les  pronoms  âes  troi^  personnes,  il  dit  :  «  Qu^d 
nous  commandons  a  la  seconde  personne,  loi/,  jvousj  le 
relktif  tfui  est  suppost  (sttjet),  comme  :  fais  cela,  toy 
qui  i endors,.,  f  quelquefois  le -relatif  est  supprimé  :  . 

fais* cela ^  iQij  (\)»  » .  .  *  •  *    . 

Que,  —  Est-ce  parce  qu'il  vient  de  parler  des  for- 
mes de  comn?andement  ou.  parce  que  TexaiWendu  pro- 
nom que  doit  suivre  l'exàiflen  de  qui,  que  *Ramus  dit  : 
f  Quand  nous  commandons  a  la  tierce  personne,  que 

XSt  avant  le  support,  comme  :  que  toute  personne  loue' 
k  Seigneur?  n— Il  ajoute,  suns  marquer  aucune  dis- 
tinction-entré  que  conjonction  et  que  pronopi  :  «  Que 
n'est  point  nominatif  qùavec  le  verbe  substantif,  et 
lors  il  est  de  toute  pèrspnne,  comme  :je  suis  ce  que  je 

\suis,  tu  es  ce  qiie  tu  es,  il  e^t  ce  qu'il  fst, 

QueL-^tiQuel,  avec  article,  peultestre  gouverné  par 
le  yerbe  actif,»  c'est  à  dire,  pour  nous  modernes, 
lequel  pQui  être  ce  que  nous  appelions  complément 
direct,  «  comme  :  jh  suis  celuy  lequel  vous  désirez,   ^ 

^  »  Le  vçrbe  infiny  articulé  est  souvent  appost  (2)  pour 
je  nom,  comme  le  manger,  le  6otrc,  qui  sont  de,s  Çreçs 
comme  aussi  des  Latins  (3).»  —Ramùs  a  tort  de  ne  s'en 

'pas  tenir  à  la  remarque  beaucoup  plus  générale  qu'il  a 
faite  précédemment  en  parlant  des  articles.  En  recon-n 

*  /      ■       ■  .  ■  "  *  rt  ■  '     ■  " 

N    !■    I    iplm   >!■   Il  ■■l.l     ■.■■■!  I  mil    II  I   I    llil"   Il  II       ■■■^JM         III.IWWI        I  .    I     ■■  ^—      ,-—■--.■-.—    ■    '  ■-■—-■ 

(1  )  Voy.  pins  loitt  le  chapitre  consaleré  à  ÇiUot',  Gantier  et  Abel  Mathieu . 
(2)  Il  f«Dt  lire  suppost  :  c'est-à-dire,  l'infinitif  du  verl»e<  précMé  de 
l'article,  e«t  fon^^t  sappAt  (sujet)  comine  un  véritable  nom. 

.   (3)  \oj[  cl-deMOf,  jfp,  21,  4&,  etc.  ,  ,    ^ 


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-248 


bBAMMÀIRI   rilANÇAISIl. 


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V. 


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naissant  alors  qrfa  rinfisitif  précédé  de  rarticle  deve- 
.  naît  un- véritable  nom,  il  n'en  restreignait  pas  remploi, 
comme  il  sentie  le  faire  ici,  aux  phrases  où  l'on  em- 
ploie cprapie  sujet  cet  infinitif  qui  peut-être  tout  aussi 
.  bien  régime,  comme  d^s  cet  exemple  :  il  en  perd  te 
boire ei  le  manger^     "  ■  ■^■"  m^ 

En  général  le  prononfi  sujet  précède  le  verbe;  tou- 

"  tefois  H  le  suit  :  i  •  <  eninterro^nt,  comme  ;  irayje? 

iras  tu?  est  ce  moijf  est  ce  loy?  est  il?  est  ce  til?  cesi 

moi,  cest  toy^  çest  il.  —  2*  En  la  parenthèse,  dict  il, 

dict  elle,  dientils,  disent  elles,  » 

Les  pronoms  régimes,   «  me,  te,  »e,  nous,  vous, 
luy,  leurs,  précèdent  le  verbe  gouverirant,  comme  i^je 
me  recommande,  tu  Pe  prises,  je  luyjdiray,je  leurs  es- 
'crirau.  »    .  -  *  '■     ■ 

/  ^   '       ^  :'  ,■■;""■■■;  ■•%.;    >-  :  ■  .    ■    ■^":.  .„, 

Ge  sontlà  des  «  anomalies  de  lordre  entre  le  nom  et 
le  verbe.  »  Ramus  parle  ensuite  de  «  lanomalie  du  nom- 
bre et  delà  personne.  • 

Anomaliifs  du  nombre.  — r  On  trouve  des  anomalies 
de  cette  classe:  1*  «aux  noms  signifians  multitude, 
comme  :  chqscunont  commencé^jL.  seslever  pour  a  com- 
mencé; une  bien  grande  partie  <mi  esté  navrez  pour  a 
esté  navreék:  ouil  y  a  davantage  anomalie  du  genre 
masculin  pour  le  femenin.  —  2*  »  Quand  le  verbe  sin- 
gulier est  quelquefois  applicqué,  non  pas- au  suppost 
pluriel ,  comme  il  debvoit,  ains  au  nom  sinigulier  gou- 
verné du  verbe.  »'— En  d'autres  termes  ;  le  verbe  peut 
être  au  singulier,  avec  un  sujet  pluriel,  quand  l'attri- 
but est  au  singulier,  «  comme  :  les  courroûlx  des  amow 


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VlEHHIi  RAMtS. 


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21» 


reuh ,  ,j^8t  uny  retiouvellemeni  damour ,   cest  pour 
égqnt  (1).  »     ^^     »     :■;    .  ^v;-  /   '  ^-     -  •  " j 

De  pfus  «  pour  modestie  et  révérence,  nous  /usons 
du  plurler  de  la  seconde  personne  pour  le  singulier, 
comme  en  parlant  à  ung  seul  nous  disons:  voits  estes 
aimable;,.,  en  ceste  mesme  façon  de  parler  après  lô  j 
verbe  plurier  nous  usons  du  nom  singulier,  ou  bien 
,  après  le  nom  du  singulier  nous  usons.du  verbe  plurier, 
comme  :  vous  estes  excellent  orateur;  mon  fits,  escoutez 
vwy.  »  — Toutefois,  t  nous,  usons  aussi  du' verbe  au  4 
singulier,  voire  en  plus  grande  affection,  coinme  :  r^ion'^ 
DieUf  regarde,  nwy.  ' 

>  Ceste  licence  du  nombre  pPurier  pour  le  singulier 
•  est  encore  àultrement  pratiquée  par  noz  Roys  et  Ma-  / 
.gistrats,,  en  parlant  deulx  mesmes,  pour  moristrer 
lexcellence  dj^  leurs  estats  :  C/icrr/es,  par  la  grâce  de 
Dieu  Roy  de  France,  salut^  scavoir faisons;..,  Anfhoine 
dn-Prat,  garde  de  la  prevàsté  de  Paris,  salut,  àcavoir 
faisons,.,,  — A  lexemple  dequoy  le  vulgaiipe,  voire 
les  Princes  et  grands  seigneurs  ont  ordinairement  en 
la  bouche  :  je  (/troR«,  je  ferons;  ce  qui  est  condampnô 
par  aucuns  grammairiens  (2) ,  disans  que  le  Francoy^ 
ne  souffre  jamais  quun  nom  où  pronom  "supposé  au 
verbe  soit' de  nombre  différent.  Mais  je  pense  bien  que 


1)  On  reconnait  ici  le  vert  de  Térence  : 

Amantinm  ira  amorii  int«gi-aUo  etU 

Rainus  tarait  pu  traduire  aussi  ee  Ters  iTOtide  eà  l'on  remarque  la  même  ^x 

foroie  :  -  1 

Paoii  tt'at  primU^irid«8  «ortalibas  herbe.  / 

.(2)  Cf« ci-dessus. pp.  72 et.8i,ete.  /      •.    -    . 


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GHAMMAIRK  VRANÇWlSK. 


(usage  sen  dispensera  et  quir  rehvçrsera  lé  jugement 

'  •.  •■.'",       /,         »  ■  I 

de  ces  eenSeurs;  voyre,  ces  docteurs  niesmés,  si  Ion  " 
reclierçhe  levir/Iangaige,  poïteront  tesmoignage  a  len- 
contre  de  leur  doctrine  en.  panant  en  ceste  façon  i  H  , 
jest'deux  genres  simples^  it  est  plusieurs  espèces  dwù- 
maulx.  Mais  q,ue  voulez  vous  plus?  Demandez  auPa- 
lais  de.PaYis/qiiclle  heure  il  est  quand  la  Cpurt  ^Jeye; 
il  ny  aura  advocat,  si  grand  orateur  quîTsoit,  quil  ne 
vous^responde  :  il  est  dix  heures  (i)*  »  * 

"  Après  cette  étrange-  défense  des  formes  barbares,   ' 
je  dironsj  leic,\  conservées  encore  dans  plusieurs  patois, 
et  notâniment*en   Anjou*  (2),  Ramus  &ipी"k  parler 
des  anomalies  d'un  ordre  un  peu  différent.' 

II.  Anémalies  de  la  personne,  t  II  y  a  une  anoma- 
lie de/personne  quand  la  premierte  personne  avec  la 
seconde  et  troisième  est  mise  pour  la  première,  et  la 
seconde  avec  la  tierce  pour  la  seconde,  .comme  :  «  - 


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«  Qnmi  on  me  demande  quitte  heure  e$i-il?  je  réponds  :  il  e$t  àix 
très.  G'^t  comohe  t\  l'on  me  denundolt  :  iiuêlle  heure  est  eeb? -Hé 
brte  que  je  réponds  i  là  pensée  de  ttelul  qui  m'interroge  en  lui  disant  : 
tla  est  dix  heures.  «-^  (Chevreau,  OEuvres  méléet,  p.  541.)  .,  ' 

(2)  Cf.  Glossaire  du  centre  de  la  FranceJ^r  M.  le  comte  Jaubert.  I) 
constate  la  même  irrégularité  d»ns  le  patois  de  la  France  centrale.— On 
se  rappelle  la  scène  des  Femmes  savantes  : 

■■^'         Xaitinb.  ■  ■ 

G«  n'est  point  à  U  femme  i  parler,  et  Je  tomm»/ 
PoDr  céder  le  dessus  m  toute  chose  aiii  bommeR./ 

Bbusb. 

7  Ton  esprit  .je  l'aToae,  est  biAo  matoriel  ! 

/e  art  an  singvliar;  «mm  «st  un  pluriel.. 

Citons  encore  ce  passage  des  Lettrts  de  la  rétiM  de  Navarre  :  ■  J*avons 
espeAnce  qu'y  fera  beau  temps,  Veu  ce  qiie  disent  le»  estoillos,  iiuc 
f  avons  eu  le  loys|r4e  véoir.  •  *      v 


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PISRKB   RAHUS. 


15 1 


ne  moy  ne  loy  nelavonsfaictf  moy  et  mon  frère  avons 
commandement  de  veâir  a  Borne  ;  —*-toyet  Marie  chantçz 
^«iemA^  (1).—^  Mais  cest^  anomalie , est  bien  aultre  en 
ces  manière?  de  parler  :  est-ce  moy?  toy?  il?  nous? 

i    vous?  eulx^  Combien  que  la  raison  de  grammaire 
;^,v aille  aussy  en  cpielqutm,  colnme'^  ce  suis  je^  ce  som-    ■ 

•     mes  nous,  ce  sont  ilSy  çqht:  cest  moy,  cest''nous,  cest 
eubc.—  En  auicun,  lusaige  surmonte  lart;  comme:  *^ 

est  ce  moy,  ^  non  psÀi  suis  je  ce?  {^)* 

■Tpus  ces  galljcismés ,  ces  francismes,  comme  dit 
Ramus,  valent  bieiiles  atticismes  des  Grecs':  Taî^«{  .     ' 
zpi/tt ,  les  animaux^  court,  et  •  leurs  mettront  la  paille 

*  en  lœil.  Et  si  quelque  grammairijpn  vouloit  dépouiller  .    \ 

^    fiostre  langue  de  tels  brnemens,  ce  seroit  comme  des-  - 

gainer  lespee  luy  tgut  seul  a  lencontre  de  noule  la* 
France.  .»'^     '  •  .     \  /j 

Dans  le  chapitre  suivant,  R^mus  fait  quelques  re- 
marques sur  l'emploi  de  -IMnfmitif  et  du  participe  et  sur^ 
certaines  formes  impersonnelles.  •  J' 

"^t  pB  Verbe  deliberatif  gouverne  linfmy:  tu  veut» 

♦  a^mer....  Quelquefois  Iç  verbe  deliberatif  est  suppri-^ 
mé  :.  et  mfltinsj  de  courir ^  et  nouê  daller  après. 

»  Le  prêtent  infiny  est  employé  dune  aultre  façon  : 
veu  que  vous  esteê  si  saiges,  attendu  sa  preudhomie,  cést 
Sk  dire  après  avoir  veu,  attendu,  ,è,  ^  ^        •" 

>  Le  ver|>e  latin  impersonnel  de  voix  active  est  ex- 
pliqué par  i7,  et  de  voix  passive  par  an,  comme  opor- 


|l)Cr.el-d«Mtit,p.  7T. 
'  {7)  Cf.  Il«igr«t;  el-dwiOB.  pp.  T».M. 


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URAPHAIftl  tlANÇAISI.  V 


,  ifff,  il  fauH;  amaiwFy  oh  aymé.—  Larticle  y  est  quel-. 
'  quefoi^  adjpusié.a  raison  de  leuphonie,  et  pour  on^- 
nous  disons  /on  (ï^)^  comoie  :  ion  dicuqyefaii  /oiK Mais, 
;   ()uand  le  verbe  e^t  |erminé  en  e,  larticle  es^ nécessaire, 

■  ^comme  aifme  Ion  ?^Mouppe  Ion  ^  »  :—  11  est  étonnait 

que  |\amus  au  lieu  de  considérer  simplement  cet  / 
>  comme  une  lettre  euphonique  en  ait  fait  un  article  ; 
V  son  erreur  paralf  plus  étrange  encore  quand  on  lit  ce 

■  qui  suit  :  t on  dict  aussi  ayme  ton?  touppe  (on?  en  in- 
terprétant f,  qui  est  une  telle  élégance  comme  aupa- 
ravant: j«  ris^Mt  pliure  (2),  mon  ame{Z).  ■         ^      .  . 

*  /  Avant  de  quitter  ce  traité,  si  imparfait,  du  verbe,  et 
.  de  parlelMlu  parlicipe,  Ramus  revient  sur  une  ques- 
^     tibn  réservée  par  lui,  quand  il  6*est  occupé  des  con- 
jugaiâ(ms^,^>n  se  rappelle  quMI  aécaH^  de  ses  para-^j 
ligmes  toutes  les  formes  composées,  lesquelles,  selon 
lui,  relèvent  de  la  syntaxe  :  ce  qui  prouve  biesl  qtie 
«  nos  grammairiens,  sans  cause  et.  sans  raison  affer- 
ment ^u&  nous  navons  q^ulcun  art  de  syntaxe..»  A  ceux 

.  donpqui,  malgré  les  chapitres  précédents,  douteraient 
epcore  que  nous  àyons^  un  axt  de  syntaxe,  »  Ramus 
répond  victorieusement  eu  consacrant  ùn^' chapitre 
spécial  à  c  la  periphncse  des  verbes.  >  Qui  osera,  aprè& 

•  l'avoir  lu,  nier  encore  notre  syntaxe?'  *. 

..\   fiLe.Fr&ncpis  a  ^çfault  de  plusieurs  verbes  (6), 


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(l)çr.ci-deuiis,p.  3&   „.  'V 

'  (2)  Xpy.'ci-deMot,  p.  ^12,  le  texte  et  U  u/f  3, 

(3)  Voy.  d-deuusi  p.  24$.      "" 

(4)  Noos  liriont  TokHiUen  f«iiifw.  Le  Mni  noa|.y  •ntorîse,  Mtift  la  tft^ 
dilctiov  lattne  porte  :  «  Francis  molta  verba  deftonl.  • 


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riNII  lAlItS. 


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comme  de  tous  les  temps  parfaicts  actifs,  fors  le 
premier  prétérit ,  et  de  tous  les  passifs ,  ou  il  y  a 
ioutefoid  grande  abondance  doraison  pai'  périphrase 
et  circonlocution,  cest^dire  par  syiftaxe  de  plusieurs 
mots.  -;-  Quelle  est  ceste  afeondance  ,  demande  le 
Disciple  au  Maître?-^  La  syntaxe  des  temps  actifs, 
tant  j;)reterits  que  futurs  est  composée  de  leur  infui^ 
prétérit,  avec  le^verbe  avoir ^  comme  pour  1<B' prétérit 
amnvUtij  nous  ne  disons  point  sieullement  tu  aymat^ 
mais  jÀr  ceste.  Syntaxe  nous  disons  davantage  :  tu  as 
^nijmètiu  eut  aythé.  tu  as  eu  aymé;  entre-  lesquels  m 
aiimasy  tu^ eus  ayiné  sont  orisies^  tuas  aymé ^  tu  as  eu 
wjmé  sont,  aoristes  (1  ).  Ainsi  ce  premier  prétérit  est 
quadruple.'  ■     '  .  »     '  - 

*'    •  -Le  ^cond  prétérit  est  ocluple  pour  ung  seul  lalm, 
,amaveris.  }^s  quatre  premiers  ont  la  périphrase  sim- , 


'  {\)  Dins  le- commentaire  du  traducteur  latin  noui  truuvons,  à  propos 
de  cette  division  des  temps  oriatt»  et  oorûfes  le  pusage  suivant  : 
<v  •  ôpiTc6«  Xr<^^^>  pour  les  Grecs,  est 'juh,  tesaps  certain,  déflni  ;  àà'fvrm-^ 
ku^ntraire.  an  temps  imléflni,  iivec'uhe  signmcatiôn  indéterminée, 
que  la  chose  soit  passée  depuis  lont^raps  ou  non.  }>tte  diitinction.  in- 
connue aux  ijitins,  nous  est  commune  aivec  les  Grecs.  Voy.CRléiard  dans 
»a  ironjugàison  du  verbci  rinsni,  et  les  savantes,  notes  qu'y  a  )omtes  René 
Gujiion.  Voj.  aus^  PiUotet  Dubois  dans  les  passages  où  lis  traitent  dés 
temps  verbAui;  Ils  donnent  un  double  prétérit  parfait  de  l'indicatif,  rau-\ 
ri9te  d'abord,  puii'.  Tortste,  comme  :  j'oy  aM/ourd'fctiy  i«A  Ccton,  je  Uuz 
hier  Catàn.  iTout  ce  système  des  temps  définis  et  IndéDnis  a  été  parfai- 
lei^nt  traité  par  llobertEstienne' dans  |Ms  coniùgaUons  latines-fran- 
KMiin,  où  il  emploie  souvent  tette  formule  1  aMfrem<«lfRwr  Je /Vohfou. 
Comme  ce  livret  est  entre  les  mains  de  tous  les  enfants^  J'y  renv6i«j  Je 
lecteur.  •  ^ 

Pilîot  aqra  vaàiywpfi\u»  loin,  dans,  notre  <|hapitre  sur  lés  Estienne.  —  > 
Pouï  Dubois^  v«yex  ci-dessus,  p/40.  —Le  petit  livret  de  Robert  Es-  ' 
tienne  Ae nous  est  connu  qde  par  un  seul  eiempUire;  nousf'le  repnitlui- 
nm;:  textuellement  à  caose  de  sa  rareté. 


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i54  (iRAMMAIRI   rRANÇAIRE. 

p)e,^t'ceii.p&r  les  trois  présent,  at,  ayês,  auroti,  et 
par  le  prétérit  imparfaict  avoU^  comme  : — 1.  Veu  que 
tu  ai  aymé;  —  2.  combien  qutf  tu  ayc\aymé;'^  3.  o 
.  que  vohntiért  tu  aurois  aytné';  ^^  4*  veu  que  tu  avo'u 
aymé  ; —  5.  veu  que  tu-aê  eu  aymè  ;  ^-6.  çomhietique^ 
lu  ayes  etf  aimé  i—l .  veu  que  tjuavo^euayinéf  où  moi» 
et  a vpû  eu  spnt' aoristes. 

'  »  Le  tl*oi8iesine  prétérit  amavittet  est  .sextuple';  les 

trois  premières  périphrase^  Sjônt  par  atiroi* ,  euisesy 

avais;  les  aultreé  adjoustent  eu,  comme:  —  1.  quand 

•tu  aurais  aymé  ;  ^  2.  «t  lu  eu««e«  aymé  ;; — :  3.  veu  que 

.   tu  avais  aymé,  Jl      .    ':  ^• 

1  Puis  Ion  àdjouste  eu  coàime  devant  :  —  4^  aurow 
eu  aymé  ;  -^  5.  eu<se«  eu  aymé ;,—  6. '  «^wis  eu  at/mé, 
.  —  ou.iivoi«  et  cfvoû  eu  Bout   oristea;  f^  auUrés , 
'aoristes.         •  '  .  .  .   ^         1.  - 

■  Lé  quatriesme  prétérit,  amaveroj,  est  double, 
CQmmé  :  tu  apo»  aymé,  lu  at>oi«  eu  aymé. 

•  Le  futur  parfaict  est  double  et  oriste,  comme  pour 
ÀMAVBao ,  je  auray  aymé;  — je  auray  eu  ayfné. 

»  La  périphrase  du  prétérit  infmy  est  dodecuple  ^ 
comme  dic  te  Âhavisse,  t/w  :—  1.  que  tu  aymas;  — 
â.  que  tu  as  aymé; ^~^i:  que  tu  mfes  aymé;  —  k*  que 
:  tu  aurois  aymé  ;  —  5.  que  tu  eusses  aymé;  —  6.  que  tu 
avais  aymé;  el  puis,  aprez  a«,  ayes^  aurais,  eusêes,  avais 
ion  peult'adjouster  eu  et  entendre  oriste  ou.  aoriste, 
.    comme  devant.  »  '  '   : 

Le  souvenir  du  latin  poursuit  Ramus.  La  pensée  de 
mettre,  comipe  il  le  dit  ailleurs,  ia  pdlle  en  VceW  des 
Grecs  et  d^s  Romains,  lui  fait  accumuler  les  formes 

/■        f  '   -      .    :.  ■■'■■■. 


dai 
bo 
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9S5 


/  )e^  plus  barbares.  Son  difciple  et  laterlocuteur  est 

.  dans  l'admiration  :  t  Dieu,  B'ecrie-i-il\  qui  as  formé  ^ 
t)ouche  et  le  parler  de  Ihomme,  quelle  noblesse  et  lar- 

..  gesse  de  parolle  vpy  je  icyl  que  Ion  nous  reproctie 
maintenant  que  nostre  laiigue  es^  pauvre  a  cause  de^ 
vètbeB  \  sera-ce  pour  tant  que  jxHtf  une  parolle  con« 

'    ruse,  nous  en  avons  douze  en  plus  diserte  façon  que 
ny  le  Grec  ny  le  Latin  nie  scauroit  exprimer?  •  * 
*  Ramus  triomphe.  Il  ne  cachp  pas  sa  joie  de  ses  déy 
couvertes:  «  vous  estes  grand,  orateur,  dit-U *  des  < 
fouanges  de  voslre  patrie.  Mais  escoutes  le  surplus. 
>  l^a  syntaxe  du  verbe  passif  (i)  présent  est' composée  < 

^  ^de  SOI)  participe  passif  et  du  vert>e  dùl^ntif,  en  gÀr- 
ilant  ta  convenance  du  nombre,  genre  et  personne, 

'comme  :  amob,  je  suis  oym^,  dirai  Ihomme;  je  suis 
jiymee,  dira  Ja-femine;  —  Ainsi  les  apures  temps: 
,  AMKn,  je  sois  aymé,je  iotjejayme^j^  kjiktiEtiy  je  se- 
roije  aymé  ou  aymee^Je  fusse  Mymé  ou  aymee;  — 
AMABAR,  jetoye  aymé  au  aymee  ^  et  semblabîement 
pour  tous  aultres  temps. 

•-»-II  y  a  quelquefois  une  circonlocution  du  passif 
par  le  verbe  actif,  comme^  je  mappelle  JehaHj  pour 
je  suis  appelle  ou  Ion  mappeÙe,  —  Quelquefois  en  telle 
syntaxe  (et  c'est  là  tout  ce /que  dit  Ramus  des  verbes 
pronominaux),  le  verbe  sujpstanlif  est  employé  pour  le 
verbe  aiwt'r,  comme  i  je  me  skis  aymé  a  Home;  je  suis 
nliéh  Borne  y  vous  este^  venus  a  Paris  (2).  » 


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{\)  Cf.ci-deMUs,  p.  i^. 
Vi)  Cf.  cMeMu»,  PI).  82,  83^ 


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•2SS  .GMAJIMAni   riAMÇAIfl    •"  * 

'■,)•.'  '       ■ 

Arrivé  au  participe,  aoni  la  syntfxe  jetait,^  dès  ce 
ternp^,  le  désaccord  entre  les  grammairiens,  Ramus 
prend,  netterhent  pl|||*ti  pour  Tusage.  Nous  avons  vu 
Dubois  et  Mei^ret  proposer  des  systèmes  tout  con- 
traires (1),  mais  qui  leur  étaient  per^nnels.  Ramus, 
«  se  souvenant  de  la  souveraineté  du  peuple  »  s'écarte 
de  Pun  etde  ràutre.  Son  guide  est  un  poète  (3),  c'est 
le  jpfoëie,  comme  on  disait  alors,  c'est  Marot.        .;^ 

Après  avoir  signalé  les  idiotismes  i7  ién  albit  di- 
ganU  il  9* en  va  tout  mourant,  pour  i7  disoit^  it  te  meuriy 
Rainus  expose  ainsi  sa  doctrine  : 

«  Avec  le  verbe  avoir,  le  participe  passif  est  mis 
pour  linfîny  (l'infinitif),  si  le  substantif  précède,  comme  : 
ce  sont  teigracet  que  Di^u  voûta  donneetrpowr  a  donné. 
— rQue  si  le  substantif  suit-,  le  verbe  infiny  seraprac- 
tiqué,  comme  :  Dieu- vaut  a  donné  cet  gracet,  non  pas 


(I)  Cf.  dHlcHM,  p.  41  etp.  ta,  S4.  A' 

(S)  Un  poète  valait  prrtique  an  grammairien.  Qu'on  en  Joge  par  ce  pu^' 
Mge  qui  sert  de  dâiqt  A  la  lyntMie  de  Despautèrc  :  «  Grami^Uca  quid 
est  r  —  An  reete  icribendl,  recteqai  lo^uçiidi,  fottvrwm  enarrtUonem 
oontlnena...  —  Eaine  grammaUcI  exponere  hUtorlooa  et  oratoret?  — 
—  QujdnIP  ^  Cur  Igltor,  In- defliniôone,  poetarum  solnm  menunuti.* 
Quia  poeta  Terui  quodam  modo  omnU  tcrlplor  est  :  oti  homo  jonutris  créa- 
tara  :  et  anima,  teste  Arlstotelc,  omnla,  quia  omnium  Imagines  in  se  re- 
ejplt  :  ita  dkiDui  poetâ  omoeis  scriptorea  priesUt...  Poetis  proiimi  tant 
grammatici.  »  —  {  Johannia  Despaaterll  niniVu»  —  Cvmmentarii  yrow- 
maftei.  — .ParisiiseioOe.  Bob.Stephaoij&37.  —  ln-r*,p.  IS«0 
'  <?est-à-dire  :  ~  «  Qa'est-^e  qne  la  glammalref  —  C'eit  Fart  dé  pvter 
«t  d'écrire  eerreetement,  comprenant  l'expUcation  des  poètes,  -r  Ëst-re 
que  le  grammairien  n'a  pas  i  expliquer  les  historiens  et  les  oratAn?  — 
Si,  sans  nnl  dofte.  —  Poorqool  donc  votre  ddflniUon  ne  parM-elte  que 
des  poètes  T  —  Parea  que  le  nai  poète  est  à  loi  Mut,  en  qtfeiqaè  sorte, 
totts  les  écrivains,  coamw  l'homme  est  tontes  les  créatures,  comme  l'âme, 
selon  Aristote,  est,  tout,  parce  qu'eHe  a  en  elle  les  images  de  tout.  Aioti 
le  poète  dWln.  dépasse  tous  les  écriTalns...  \/t  pl\is  près  powiMe  dés 
poëtM  sont  les  grpimairiemr» 


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vous  a  donhee»,  — .Quelques  gran^mairiens  toutefois 

estiment  en  ce  participe  (/r>»iwcr/'«  pour  Jc' verbe  donné 

'    •  une  lourde  incongruité:  mais  lusaigc  le  ^inbàt.     -  - 

»  Et  a  ce  propos  jeVnc'veulx  oublier  ung  ^oesmede 

•/  Clément  Marot  que  Estienne  Pasquier,  advocat  en 

i.  parlement  (duquel  le  celiebrc  renom  est  honnorable  en 

voslre  escolle  poury  avoir  exercé  ses  jeunes  ans)  nous 

proposa  ung  jour  qiie  nous  estions  en  ceste  t]iies> 

^    tioni:  ,.,'■:     i  ' .        ■   '.^  ■■■"'.-   : 


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•  Enfàns  oéié9  unç  tqspHt 
Notrf^  lan^i^  a  sejq  fason.,      • 
A'ç  /ç  fe^rinç  Ai  va  devant ^ 
Volonliér  rt^jitt^ suivant, 
Léê  vie)ê  éxérn^^s  jç  suivre^ 
Piirlqme/:KÊ^M.^irq  vfe,   '    . 
iMçanzonfuihiënotdone^t- 
Ki  diu  H'amHr  vm  e  done^:^ 
£'  du  bat^  kêione       ^  .        * 
Ai  ditj  M'arhnr  t?8*  e  done\ 
Voélalaforsqk^posédç,^ 
Lq  fqmqnin  kand  H  préiédq. 
Or  priivqre  par  bons  u^ moins,  t 

Kç  tH$  pluriérs  n'en  font  pas  moius. 
Il  fait  dirq  en  térmej  ptirfés, 
Diu  en  sq  màndq  nus  v  fés,     ^ 
Fwt  diri^ /n  pkrolqs  parptrj, 
Diu  en  iqMondç  Iqr  (l<*s)  a  félqs^ 
^:.m!:'i%. ^    't^  n^^fi^poi00r^^  ^■ 

*ï"»      '-y  ,  ■'"■,'-'     '       ■    .  »  .     ;■     '  ■'■s. '. *î'^:.-*^    ■      ■        ' 


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(jR  aiiàiri/fb  ahçaisi  . 


Mes  w»*  a.  /*'/  «8/  rinyl/'nifnt. 

W lUtlién /(dont  la  fa'i^ondti,' 

Pasr^  /<;  vul'ù,^r(i  du  mondq^) 

Soh  ianZfajti  a  tÛrtsi  bâti, 

E'n  dizanL  Dio  noi  a  fati.  • 

Parkof*  kant  me  suis  avise. 

8  m(^«  /M/>.«  ont  mn/ l'isi',     . 

,      «  t'n  «ff/fl  M  onU'Lrànd   sit^nst^, 

silzontdurekonmhisi^^l 

:.  .  .  '         •     -       ■■■■*  ■■ 

Nou.s  avons  donné  ce  texle  comme  Ramus  l*a  donné 

lui-même,' parce  que  nous  y  avons  trouvé  des  exem- 
ples de  toutes  lesréforliies  orlhographiques  proposées 
par  luH  excepté  les  trois  CaPftctères  /i,  <v,  x,  qui  n'y 
ont  pas  trouvé  ptScc  :  comme  dans  liart,  imrnf  {haï- 
gneux),  flxiow  (action), /ortJb  (longs).  *^        . 

Voici:maintenant  la  même  pîice  é^^rile  dans  l'ortho- 
graphe  ordinaire  du  xvi". siècle.  Nous  reproduisons,  en 
le  ponctuant,  le  texte  donné  aussi  parilamus  :  *  ' 

Enfans,  oyez  viîe  l^con  :  V-^         '• 

Nostre  langue  a  ceste.  façon,      'i       ^ 
Que  lé  ternrie  qui'va-deuant^  . 
"      Volontiers  régit  ^e  suiuan t.      "  fv 

Lfes  vieux  exemples  Je  suiuray       '         ,^  .' 
Pour,  le  miculx  ;  car  a  dire  vray,^ 
La  chanson  t'ust  bien  ordonnée^  v 

'        Qui  die t^;  Mamour  vous  ay  donnée; 
Et  du  bateau  est  estonne,.'   * 
Qui  dict  :  Màmour  vous  dy  donne. 


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»K  itAurs. 


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Voilala  force  que  possède, 
Le  femenin  quand  il-  précède. 

'  Or  prouueray  par  bons  tesmolfigs, 
Que  tous  plurjers  nen  font  pas  moins/ 
11  fauli  "dire  en  termes  parfalct^: 
Dieu  en  ce  monde  nous  afaiéts;      \ 
Fault  dire  en  pareilles  parfaictes  :  "' 
Dieït  en  ce  monde  tes  a  faictes  ; 
Et  ne  fault  point  dife  en.efTaict  : 
Dieu  en  ce  monde.les  a  faict  ^ 

^  Ne  nous  a  ^faici  pareillement, 
^  T\i!ais  nous  a  faict  {{)  tout  rondemônî. 
Litalien  (dofft  la  facofKle 
Passe  le  vulgaire  du  monde,) 
Son  langaige  a  ainsi  basty,  • 

;  En.  disant,  Dio  nôi  a/fUr, 
Parquoy  tiuand  me  suis  aduise,.  . 
Ou  mes  iu]g:esont  mal  vise, 
Ou  en  cela  nonhgrande  science, 

^  Ou  ils  ont  dureVonsciencc.  .* 


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DB  LA   STNTAXE  DBS   ADVBMBS. 


A. 


«  Les  adverbes  ont  leur;  convenance  :  l^laton  parie 
saigemetiti  Aristoie  dispute  subilfemeni. 

»  Quelquefois  Padverbe  articulé  (précédé  de  J'arti- 
de  s  est  mis  .pour  le  nom,  comme  :  le  trop  de  bien  te 
gnste.m  -~  L*autcur  cite  ensuite  les  exemples  suivants, 


(1   II  faut  «ans  doute  lire  Ici  :  nous  a  fairls;  autrement,  Marot  n'est  pas 
tiaiv  ord  aver  lui-même.  v  '  ' 


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sans  dire  ce  qui  s*y  rencontre  de  particulier  dans  l'em- 
ploi de  Tàdverbc  Y  il  a  jiani  peut:  iLa  si  faim;  il  y 
avait  una  vingt  homma^ç^rhct^at,  ung  cent  hommes  de 
pied,  OÙ  IIWJ7  veult  autant  comme  quasi.  » 

Ramus,  qui  n'apas  classé  dont,  y{i)  parmi  les  pro-  - 
noms,  les  range  parmi  les,  adycrbes  :  a  Dont  et  y  si- 
gnifie quelque  rèlatton;  comme  :  jaij  veu  le  livre  dûn{ 
vous  parler;  vous  allez  à  Paris  ^  je  nien  tjvotjaprez  voûs.n 
Quant  &  en,  Ràmus  le  place  parmi  |es  prépositions  (S).» 
«  Quelques  adverbes  sont  prins  les  uns  pour  les 
aultres,  scavoir  les  adverbes  de  sknilitùde  pour  les 
adverbes  de  temps,  cpmme  :  jarrÉois  ainsi  quil  rff- 
parlpit;  comme  la  bataille  sattaquoit^  la  pluie  survint. 

i  *  Le  semblable  est  des  adverbes  de  temps  et  de  lieu 
prins  lun  pour  laultre,  comme  en  grec  et  latin. 

.  »  Les^adverbes  sont  souvent  employez  sans  neces-- 
site,  comme  :  encore  derechef ,  puis  aprez,  ceqni  de- 
dans y  ieans  dedans f  ainsi  comme,  quasi  presque.^  »  On 
éli  encore  :  venez  ung  peu  icy;  dont  venez  vous  ain-^ 
sy,'  eic.l  •un  peu,  ainsy  sont  explétifs.—  «Cette  re- 
dondance est  souvent  en  plusieurs  négations  pour  une.:  - 

je  ne  tay  point  offensé  ny  ne  le  veulx  faire.  » 

♦"-  "        ■ ,        ■  '    '  .•       ,       '    ■   ■      - 

DES   PiÉP0S|-H0W8..  y 

«  Six  prépositions  a,  an,  aux,  de^  du,  des,  embras- 
sent topte  la  gouverpan'ce  des  noms  et  des  verbes  (3)  : 


(I)  a.  ci-des8us,  p.  81  ;  —  et  p.  298. 
-  (2)  Cf.  cl-déMus,  pp.  46  et  99 ;  —et  pp._  *98,  iii.        ^ 

(3)  Le  latin  n'est  guère  ptus  clair  :  •  É  praeposilkonibu^iy^x  oniTenam 
nominum  rerboruuique  rietlonem  ampléiéiiintiir.  •  ^ 


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riKIIIIK   RAMU8. 


261 


ncide  avec  arficle  oa  bien  sans  article,  selon  lexi- 
gcnce  prescriple  ;  les  aultrcs  totaliement  sans  article.  »  ' 
Oiî  ne  8*expliquc  pas  càfe  jerreur  de  Ramus,   plus 
Rcrisiblc  encore  dans  Dubois  (1),  sinon  dans  Mei- 
^ret(2).      ...  ^'  .-•  ;    ,^      /     .; 

L'analogie  des  formes  italiennes  a//ô,  dello^agli^  de- 
(jli^  contractées  ou  syncopées- en  «/,  del^  aiy  dei,  devait 
mettre  nos  grammairiens  sur  la- voie,  à  défaut  du  sou- 
venir des  formes  employées  par  nos  écrivains  des  siècles 
aflléri'eurs  :  dél,  deu,  dol,  don,  ilu;  «(/«m,  ou,  el,  eu; 
(is\  es,  itus  ;  dea  ;  3\  Mais  posréfonnateurs,  ambitieux 
de  fonder  eux -mêmes  la  grammaire,  reniaient  le  passé  ; 
s'ils  faisaient  appel  à  l'usage,  ee  n'était  pas  là  langue 
écrite  qu'ils  consultaient  ;  elle'  n'existe  pa^  pour  eux, 
mais  la  langue  parlée.  Pour  Ramus,  à  voir  ses  défini- 
tions si  étudiées,  ses  divisions  si  rigoureuses,  ses  règles 
si  strictement  exposées,  on. dirait  qu'il  traite  la  gram-. 
'inaire  française  comme  une  science  exacte;  tr^hi  par 
sa  faiblesse,  embarrassé  dans  ses  souvenirs,  il  marche 
en  tâtonnant  dans  le  champ  de  l'observation,  tout  en 
croyant  s'élever  jusqu'à  la  spéculation  :  il  cherché  des 
principes,  il  trouve. des  faits;  il  veut  dire  ce^cjui  doit 
être,  il  dit  ce  qui  ès(;  selort  qu'il  ic  voit  plus  ou  moins 
clairement. —  Ce  ch'apiti-e  le  prouve  mieux  qu'aucun 
autre.       .  ,  '      ■ 

Ces  six  prépositions  dont  il  vient  de  parler  t  servent 


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■  I 


(I  J^f.  cl-de88U»,  p.  32.  ■  .  <t 

(2)  Cf.  cl-de88US,  pp.  6ft,  98,1)9;  — et  p.  28(J        , 

(3;  Cf.  Burguy,  Grammaire  de  la  langine  d'oïl,  1. 1  Berlin,  18&I,  p.  46. 


V 


^. 


262'  •'       t.KAMMAiHi':  FnA^^Alsl:.    >*      '     m\ 

toutes  au  verbe  de  inbu'vcmeiït  local  :  aller  a  la  rivière, 
a  Paris j  au  marché <,  venir  de  Paris,  du  marché ^  des  ei- 
tudes.  »  -^Qn  s'étonne,  en  voyant  ces  exemples,  que 
•Ramus  n'ait  pas  dit:  je  vais  au  Paris,  ou  qu'il  n'ait 
pas  défendu/pai*  une  rèo;le  spéciale,  de  nnettre  devant 
les  noms  propres  de  ville,  le§  prépositions  aUj  du; 
ou  enfin  qu'il  n'ait  pas  aperçu  la  dilTérence  de  a,  de, 
préfibsitions,  et  de  au,  du,  articles.  H-  Voici  deux 
remarques  analogues  à  celles  que  nous  réclamions  tout 
à  rheure  :  «  a  et  (/^' sont  communies, à  tout  nombre  d? 
genre;  a,  au  génitif^  datir,  accusatif  siblatif;  ffe  au 
génitif  et  ablatif.  >       .         • 

A  et  de,  avec  te  substantif  estant  gouverné,  servent 
'adjectif  :  homme  a  cheval ,  a  pied ,  de  cheval ,  de  " 
pied.  Ainsi  disons  nous:  quelque  diose  de  bat,  homme 
de  bien^  pour  bonne  chose-,  bon  homme.» — Qui  ne  verrait 
ici  de  véritables  règles  ppiur  la  traduction  du  latin 
plutôt  que  des  principes  de  grammaire  fran^se  ? 

<  i4  et.  de  sont  souvent  surentendus,  comme  :  si  Dieu 
plaitli  pour siplàisi  a  Dieu;  la  rueSt  Denys  pt>ur  fa  rue. 
deS.Venys  (1).  , 

*    fjl'sert  souvent  pour  aultres  prépositions,  comme  :  il 
est  passe  n  Lyon,  i.  e.  par;  a  mon  jugement ,  i.  e.  selon... 

>  A  quelquefois,  avec  linfmy  présent,  emporte  temps 
futur  ou  qualité  de  quelque  debvoir,  comme  :  chose  a 
tidvenir^besongr^eafairé, 

>  De  sans  article  sert  au  nom  de  niatiere,  quantité,  ' 
instrument,    comme:    couppe    dargenl,    ung  voyrrt 

(t)  a.  ci-4«MU»,  p.  W. 


N 


N. 


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JMEKRK    flAMC<:^  / 


265 


denue  (un  verre  (reaii),  jouer  dinsuumens.' —  Nous 
diiions  aus&i:  jouer  (ic\la  hurpcy  de  lespinettc^  ci  sem- 
blables fèmenins.  -       . 


./'• 


'!)  C'psibicnlc  mot  déBamus  :  il  oublie  qu'il  a  fuit  de  cca  particules 
(ic,  du,  d(«,  a,  au, ^UT,  des  prépositions. 


1. 


•  ylw  sert  au  datif,  accusatif,  ablatif;  du,  au  getiilif 
'  et  ablatif.        '    >r     ,         .    ~      ». 

»  Aulx  et  des  servent  au  plurier  de  quelque  genre 
que  Ce  soit  :  aulx  au  datif,  accusatif,  ablatif;  des,  au 
génitif  et  ablatif.  1        ,  -      ...  \ 

.»  De,  du,  t/e.v  signifient  quelquefois  part  ou  espèce, 
'  c.Oïïwyc^  boire  de  leaue,  il  y  a  du  vin,  je  mange  du  [de  ce] 
mouton  que  vous  avez^tné  :  en  quoy  de  et  du  différent 
selon  le  genr^;^  car  nous  disons  :  apporte  du  feu  e{  de 
leaue  et  non  apporte  du  feu  et  du  /«/7«e.^— Les  surnoms  des 
Francoys,  principallement  nobles,' sont  presque  [fousf^  , 
cxpiiméz  par  de,  du,  des  :  Jean  de  la  Fontaine,  Pierre 
du  Mont,  ^Jacques  des  pans. 

»  Ùe,  du  des  semblentaulcimefois  vacquer  (être  ex- 
plétifs), comme  la  ville  de  Romme.yjaij  du  bled  et  du 
viri pont  jay  bledet.vin ;iiem  manger  du  pain,  boire  du 
•viu.  Et  quelquefois -nous  disons  aussi. sans ^rticle  (1)  : 
jamais  ne  mangeras  pain  ny  beuvras  i'i/i,  Neantmoins 
en  ces  dernières  forrarales  la  difference^st  manifeste; 
car  (itt  signifie  part  ou  espèce,  comme  de,  ei  ne,  ny, 
nyent  generallement.  »,  Nous  g^yonâ  déjà  vu  Ramus 
lircr  d'un  exemple  mal  choisi  des  conséquefices  faus- 
ses. S'il  avait  pris  pour  exemple  :  tu  mangeras  pain,  ; 
tu  boiras  vin,  comme  la  langue  de  son  siècle, le  per- 


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•iÇ4  ^  .       .      r.RAÉMAItE   FRANÇAISE..  .  '"  "       "*' 

mettait  (1) ,  ou  lu  né  mangeras  de  pain  mj  né  boiras  de 
r/w  ,  cmiiment  aurait-il  appuyé  .son  raisonnement  sur- 
la  présence  ou  l'absence  de  la  négation? 
;   t  De,  cfw,  des,  entre  forment  le  superlatif  .^vec  p/u*, 
qiri  reçoit  alors  larlicle. 

•  1  En  et  es  ont  aussi  quelque  alTiection  au  nombre 
avec  le.  verbe  de  rt-pos,  en  au  singulier:»  es  au  pluriel: 
il  est  en  Egypie,  es  desers  d\l^rubie  (2). 

j»  En  toutefois  et  non  ^.s  gouverne  »om.v',  vous,  nos, 
vos,  vies,  tes,  SCS,  qui, — Jin,  local,  nest  guère  toutefois 
devant  les  piopres  noms  des  villes)  car  nous  disons  ^ 
bien  :  il  rst  en  chambre,  en  France,  el  non  pas  guère:    " 
en  Rarïs,  mais  a  Paris,  -  ^  • 

»v£/i  est  aussi  postposé  a»«',  te,' se,  nous,  vous, 
et  aloute  tiorca  peicoiinè'avec  les  verbes  de  mouve- 
ment iQcal  estans  coiijoins  seullement  a  leur  mésme 
personne.  »  Ramus  donne  pour  exemple  :  n  jemenvaij, 
je  men  rerien,  je  m'en  retourna,  tu  tcn  vas.-...  »  Mais  s'il 
n'y  a  pas  ici  un  idiotisme,  si  ew  n'est  pas  un  adverbe  , 
relatif,  et,  s'il  suffit  qu'un  verbe  soit  «  verbe  de  mou- 
vement local  conjoint  seullement  a  deux  pronoms  de 
mesme  personne,  »  pourjustifierremplôf  particulier  de 
en  devant  tous  les  verbes;  il  s'ensuivra  que  :  je  meh 
dirige  sera  français  (3).  - 

Rainus  n'a  pas  été  cependant  sans  voir  que  en  est 
un  i;elaiif  comme  y;  de  ce  dernier  il  a  fait  un  adverbe  :  7 


(I  )  Lui-même,  parlant  des  préposiliong  de,  du,  des,  leg  regaMe  comme  ^ 
explétivea  dans  j'ay  bled  e.(  tirt.  —  Voy.  quelques  lignes  plus  haut. 
'(•/)  Voy.  plu»  Itas,  p.  324.  ,  ^ 

(3)  Cf.  ci-dessuk,  pp.  99,  loo,  321. 


». 


^ 


(j) 


/ 


7 


Vt 


<& 


iriERRR    RAMLS. 


2fir. 


^ 


pourquoi  donnai rcd-é  en  une  prépojùtion?  Pourquoi 

sui'tdut-moiiWjf^^j- emploi  analogue  de  en  et  dç  y  s'ils 

sont  différents  de  nature  i^  «  En  est  relatif  quelquefois, 

.    :>■■  ■  ■       ■  .    ■  ..■•■' 

tout  ainsi  que  y  ;  il  est  fort  malade^  il  pn  mourra;  il  s'en 

repentira  ;  en  voulez-vous?      -  ♦  i 

t  Ert  sert  au  gérondif  :  pleurer  en  riant,  r-    '       ^   ' 

I  En  a-  davantaige  plusieurs  façons  de  parler^ 
comme  :  je  pense  en  nwy  mesmc  ;  estre;  en  possession 
pour  posséder,  liem  par  interrogation  :  en  avez  vous 
a  moij?  »  —  Toujours  dès  observations  imparfaites, 
l/emploi  particulier  de  en  dans  cette  phrase  n'a  rien 
à  faire  avec  l'interrogation  :  il  en  à,  //  en  lient  contre 
vous],  suffisent  à  le  prouver. 

«  Sur  a  aussi  quelque  particularité,  comme  :  estrc 
sur  la  maison^  sur  larmêe,  sur  les  finances^  ^ouv  estrc 
mr  entendant  de  la  maison^  de  V  armée  y  des- finances. 

»  Apr(^s  avec  le  verbe  substantif  est  mis  pour  le 
verbe  actif,  comme  :  il  est  après  pour  en  scavoir  des 
nouvelles,  cesi  adiré  il  poursuit,  il  diligente.— Aulires 
fois  îl  est  omis,  comme* estant /^evenii,  ayant  aismé, 
cest  îT  dire  après  estre  venu,  après  avoir  aymé, 

»  Par  est  joint  avec  de  pour  de  lapart ,  comme  :  de 
par  le  Roy  (1).  -^-Pour,  avec  linfmy  présent  emporte 
(juelque  -faculté  au  futur  ainsy  que  nous  aVons  dict 
de  a.  .  '    :    '  .     7^ 

».Les  aultres  prépositions  sont  indifféremment  de 
tout  nombre  et  genre,  avec  larticle  ou  sans  article.  • 

Ramus  quitte  ici  brusquement  l'examen  des  prépo- 


o 


^ 

4 


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> 


(1)  M.  GéDin  a  repris  et  «outcnu  It  même  th<  :>e. 


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N. 


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j  ■  ». 


tje.    FRANÇAI^F..  ^     .       .        ,  '      I 

I    ■  '     ■  ■  ''' 

sitions  en  général,  et  entré  dans  llétude^'de  leurs  cm- / 
plois  particuliers,  deyant  Jes  prondbs.  Égaré  par  la 
confusion  qu'il  fait  de  certains  ad^Kîtffts^vc'c  certains 
pronoms,  quel  ei  leifuely  mierT'e^c  jwicwj^et  par  cette 
erreur  que  les  formes  «m,  aux,  duydes,  sonC/des  pré- 
.  positions,  Ramus  embrouille  de  pi  us  en  pluëson  ob- 
scure théorie.  Enfin  il  termine  son  chapitra  par' cette 
remarque  générale  :  '<  La  préposition  ave(zqi|es  le  cas 
gouverné  est  prinsç  souvent  pour  ladvcrbe  de  qualité  • 
combaireen  Hercule,  procéder  de  vrudenfie^' vivre  à  la, 
Francotjse,  habillé  a  Lalemaude,  o\^  \^us  entendez  ;  a 
la  mode  €U  façon  {i) .  » 

Après  avoir  lu  ce'c^japitre,  oji  ne  peut  plus  voir 
qu'une  ironie  dans  l'exclamation^atteuse  que  se  per- 
met le  Disciple  :  «  Voila  une  singulière  syntaxe  de  nos 
prépositions!  • 


DR    la"  SYNTAXE    DE   LA   C6?l JOSCTIOS - 

^'  ■-■■-'  C  ■  1  •     ,  *  ■ .         . 

f  SensuyHa  syntaxe  de  la  conjonction,  Elle  est 
seullement' en  la  convenance  et  lordre.  Quelques  con- 
jonctions sont  au  millieu  des  sentences  quelles  con- 
jongnent.  ■        '   <l  ' 

'  »  La  copulçitive  ef  est  mise  déyant  toute  lettrç,  comrpe 
bœuf  cl  aittie,  frapper  et  blaisser.^^Et  sert  querquefois 
a  indienation  et  despit.  »    ^      .  ' 

Ramus  dbnac  ensuite  un  exemple  de  l'emploi  de 


•i 


(1=)  «f.  ci-des»ùi»,  p.  101  ;  voy.  aussi,  plus' bis,  dans  ce  volume,  le  cha;- 
pitre  de  Kob.  cl  de  H.  Estienne. 


m 


t,,.A.  V— -..Jf 


V 


PIERRE"  #IAMUS. 


267 


chacun  des  mots  suivants,  qu'il  classe  parmi  les  con- 
jonctions ":  que-,  ~ OUI,  poiirian^' (fue..aus!iij,  tloncques, 
si,  combien  ^Me ,  et  enÇiii  auCremcnt ,  comme  dans  cej, 
exemple  :  «  pouez  iwoj/,  mdlremenl  je  vous  quitte.  • 
Les  figurç^i>4ti^  conjojîctions  latines  sont  aussi 
françaises:  «  poïysyntheton ,  çest  quand  la  conjonc- 
tion est  doublée:  ou  boy  ou  i-a  le/i;.asynllicton^  C€st 
quand  la  conjonction  est  ostée,  comme  :  iu  veutx  cou- 
rir, jouevj  saulteri   danser^  ^olUnrer;  y-  veuilles  non 


}cuiUes,^ 


r 


^ 


DES   FORMES  Dj   L'ORAISON. 


7* 


«  Il  ne  reste  plus  a  dirç  que  des  formés  de  loraison . 
Ce  reste  est  aussi  du  tout  (tout  à  fait)  seinbla-ble  au 
lalin,  et  à  quatre  prîncipalles- -distinctions  :  souspir^ 
'Hemipose ,  pose ,  période  (1)^ 

»  Sousptr,  cest  une  distincti9n.de  mot  qui'pourrait 
servir  douteusement  a  lantecedent  et  au  conséquent, 
et  se  marque  ainsi  •*/  »  ;  demipose  test  une  distinction 
de  sentence  imparfaiçte,  et  se  miarque  par  le  poinct 
moyen  (3) ,  ainsl^»  • .  Pose yCesi  distinction  de  sentence 
parfàictfr,  joiricte  avec  une.aultre,  et  se  marque  par  le 
poiuct  haut,  ainsi  <  •  »  •  Période,  cest  un^  distino|iojj 
de  sentence  du  tout  absolue,  «t  se  marque  par  le  point 
bas,  ainsi   «  .  • .  Quelques  grammairiens,  pour   les 


/ 


(1)  Cr.  ci-dèMua,  p.  TI4.      *  '       ' 

!'i\  C'esl-à-dire  placé  au  milieu  de  la  hauteur  dt  la  l|gne. 


X 


•  /    . 


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.."*   / 


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M<? 


GIAMMAII.E   PRj|?IÇA|SI. 


\     - 


.pôVcks  imoych  et  hauH,  ont  intpoduict  ung  den^  cercle 

et  deux  poincts^  amsi^  9  !  •  ,<»qui  nesi  pas  graml  diffe- 

•  rent.  Voua  aves  toutes  ces  distinctions  en  ccstô  exemple^: 

••••••     *  ^^i    •     ••*  "■    V.     .      ' 

Clins .  phibsophes   de 
grade  aulhorite  /  se- 
parôt  par  pésee  seue-^ 
remet   et  vertueusç-   ,, 
met  ces  trois  espèces  *   «  ' 
estans  en  elles  Vnies    • 
,  et  confuses.  Car  ils  e*  ' 


■■.^ 


.  *.  *;  i  .. .  wkuns  fiio- 

.  ioriie  I  s(*par(^t  par 
V     .  juinseq  sf^v^r^ùiéhi é 
,  \  . r €* rlu f/  s ç'm en  t  ses 
iriM^s  (*spi*sH  (Uatis 
♦      i'n  (Hes  univjs  V  Uon- 
*  Juzqs  .  K(tr  ils  ('sty     " 
:mrj   f*tr4\  profitable -^  stimenie^iie  prouffi- 
^      jtii  sf  •  kly't  Jnsuy^      lâble  tout  Ce  •  qiiiest  ; 
'\  avst  jujei    ilz   t'ir^    •»  juste*  Aussi  jugent  lis 
juste,  iHisp/'  Idf^tO'  ^  'estreiustetoutce.qu; 
'      tuUr.  ',Dôt  ilfcut  kb^  .     est  honneste*  Pont  il  ' 
"       klurrr.k^tHtsekiét        fault  conclurre  -.que 
ànSiri  '  k(*  s(Ua  m^mty    "  toiît^e  •  quiesthon- 
sw'rttfi/ç.  '^      neste  •  que  Cela  mes- 

•  '^^^       .inesoit  vtile  (i). 

■..-.'  ■ ,  ■  •  ^ ■       '  „ ■ 

'■.-.'.      f  '  ..  *         z      .  .  > 

t  Ce  sont,  continue  Ramus,  les^distinctîons  yrayes  ' 
et  anciennes/ tant  des  Grecs  que  des  Latins,  combien 
^quelles  soyèrtt  fort  mal  observées.     . 
*    •  Notisavons  davantaige  (2) les  particulières  disfînc' 
tibîis  dn. interrogation,  ainsi  :  *  ?  ». —  En  adtniration, 


v>^ 


<'<i' 


(1)  Nous  avons  donné,  ligne  pour  ligne,  le  double  texte  de  Ramus  ;< par 
cet  exemple  on  jugera  dé  la  disposition  du  livré  entier. 

(2)  et.  cl-de«»u8,  p.  fl2.  ,!  '    " 


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i]  4,;^ 


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:5r; 


/ 


FIIBMR   KAUU< 


2«9 


V>^ 


aindi  :«.'».  -^,  En  union,  hinj^i  ;  «  vp  •  •  fw^A^-u-  votiint; 
—  en  parenthosc,'  c'cî^I  a  dire  interposition,  ainâi  par 
dciix  demi-cercles  :•  (  )  t.     ".  ,    . 

♦  Ici  unit  la  grammaire  de  Ranpus.  |^'.  spril  de  sys- 
tème a  égaré  Pauteur  ^des  observationsincômplètcsrout. 
mal  servi.  Cependant  cômnie  son  livre  constate  au:^ôins 
des  facits,  .s'il  ne  donne  des  règl^  il  sera  utilement 
Consftilé.  Grammairien*  pTiilosojilyj,.  Ramus  doit. être/ 
étudié  dans  ce  qu-il  ne  dit  pas  comme  dans  ce  qu'il 
dit,  car  6n  peut  être^ûr  qu'il  à  toujours  eii,  pour  se 
taire  ou  pour  parler,  un  motif,  fbnd^ounon,  mais  qui 
est  farcnientngnorance.  Les  nombreux  points  de  com- 
paraison, que  nous  avons  fournis  en  pliant  en  regard 
de  son  texte  des  textes *contemporains,^pnt  déjuNiJ^hné 
liçu"  sans  doute  de  fîiirç  cette  bbservartion,/ confirmée 
'^nçorie  par  l'utile  commentaire  de  ses  Ecoles-  (j/ath- 

;  iiKiH'içnnes.  .  .      J  ''        '    ,  .    ^  \. 

Ramus  .ne  devait-pw  se  borner  h,  donner  à  la  Frajice  . 
irnc  graramaire  :  «  Jespere'bien,  lui  dit  son  .disciple, 
de  ceste  mesme  libéralité^ une  largesse  beaiicbùp  plus 
ample:  cest  que  la^grammaire  sera  |é  premier  des  arts 
liberaulx  par  vous  donné  a  noétre  France,  mais  quelle 
ne  sera  poinçt  longtemps  seuUette;^uelle  natire  après- 
soy  ses  aultreç  compaignes.  — ^  Dieu  vous  face  jouir 
dune  telle  espérance,  »  répond  le  précepteur,  *et  c'est 
,|e  dernier  mot  de  l'ouvrage.  Mais  Ramus^  ne  réalisa 
pas  ce  projei.'  — r  Sa  gramnrair©^  parut  l'année  nî^e 
de  la  Saint-Barthélémy.     ' 


4 


SI. 


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'     '    , 


A^  CARIIER.  ^  JEAK  PILLOT. 

*  • 

AEEL  NATHIEU  "  ; 


J 


Nous  réunissons  dans  un  môme  chapitre  trois 
granjmairiens  qui,  sans  avoir  obtenu  la  célébrité  de 
Dubois,  .de  Meigret  ou  de  Ramus,  méritent  cependant 
de  ne  pas  étire  oubliés.  Destinée  à  renseignement, 
comme  la  grammaire  de  Robert  Estienne,  dont  l'exa-: 
mèto  doit  clore  notre  ouvrage,  les  livres  de  Jean  Gar- 
nier  et  de  Jean  Piïlot  portent  de  nombreuses  traces 
de  cette  inexpcrïence  à  laquelle  le  temps  et  deç  étude» 
plus  indépendantoB  du  latin  pouvaient  seuls  soustraire 


.,/'- 


|1  )  InsUtulio  galUc<i,iirlgùx,  ad  %uum  }uventuUs  gtrmaniar,  nd  illus- 
fn'Mtmot  jitniores  principe!  LandtgrariosHiçmx  eonscripta.  —  Authore 
Jo»rt.  Garnerio.  —  Matpurgl  Hxssorom,  apud  Jo.  Crispinum,  1558.— 
I  ToI.  Iii-I2. 

,—  GalUex  lingua:  InstitHtio,  la^no  ttrmone  eonscripta^  per  Jotnnem 
Pillotum,  Barrensem.  —  Parisiia,  apud  Jacobum  Kenrer,  1581.  —  î  vol. 
tB-8«.  *' 

i-,  Devii  de  la  latiguefrançoyte,  à  Jehanne  d'Àibret',  royne  de  Nararret 

^  duq,hetse  de  \endosme,  «U,  par  AWl  Mathieu  ,*natif  de  Chartres. -A 

•  Parla,  de  rimBrimcrie  do  Richard  Breton.  15Î.9.  1  yolin-8".--  Imprimé 

en  caractères  de  ciTillté.  —  Une  «econde  édition ;«ignép  A'.  M.,  sieur  de 

MoysUrdière,  parut  chei  la  v«uve  d«  Riehard  Breton.  Cette  édition  est 

imprimée  en  carlctèrcirromains;        '^ 


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V.  ;  ,. 


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JtAFI   GARTIIKII.    JKAI<I   PILLOT.    AtBL   ■ATUIIU.  27t 

Ici  Sjfiyj^nts j  g^  ne  esoiikpas  des  réformateurs;  i|s  di- 
stMitce  qu'ils  savent,- comme  ils  Tont  ap'pris  soit  de 
l'usage,  soit,  mais  bien  peu,  des  grammaires  anté- 
I  ieui'es.  Quant  à  Abel  Mathieu,  ce  n'est  point  un  traité 
grammatical  qu'il  a  écrit,  mais  seulement  deux  disser- 
tations sur  la  langue.  De  ci,  de  là,  par  quelques 
éclaircies,  on  entrevoit  la  grammaii'e;  mais  l'auteur 
n'est  point  un  pédant.  Dieu  Ten  garde!  c'est  un 
galant  gentilhomme  qui  devise  de  la  langue,  plutôt 
qu'il  ne/ûisserte  sur  les  règles  du  langage,  et  il  est  si 
jalou^dé  notre  honneur  national  qu'il  ne  veut  pas  que 
noué  en  devions  rien  àd'autres  peuples.  Notre  langue 
est  à  nous;  les  Grecs  et  les  Latins  n'ont  rien  à'y  voir. 
C'est -un  royaume  habité  pa^r  les  dames,- qui  sont  les 
voyelles,  et  des  cavaliers,  qui  sont  les  consonnes,  «  les^; 
quelles  accoinpaignent,  selon  leur  rang  etordrp,  leurs 
cinq  damés  au  meiUieu,  à  la  /in  et  au  commencement 
.du  mot  (1).  »  De  voyelles  et  consonnes  naissent  des 
mots  ;  les  uns  que .  nous  appelons  articles,  l'auteur 
les  appelle  indicg^  ;  d'autres,  que  nous  nommons  ver- 
bes, il  les  appelle,  nerfs,  A  l'en  croire,  si  l'on  parle, 
c'est  pour  plaire  à  l'oreille  ;  si  l'on  écrit,  c'est  pour 
charmer  l'œil  par  des  signes  qui  figurent  sur  le  papier 
comme  une  agréable  peinture.         . 

On  voit,  par  ces  quelques  mots,  combien  peu  de 
fonds^  on  pitfit  faire  sur  lés  Devii  d'Abel  Mathieu. 
Cependant  nous  y  avtlns  pris  qijielques  notes,  et  nous 
les  joindrons  à  telles  que  nous  avons  recuèîtties  dans. 


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^    1)  Second  Devu,  p.  7. 


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212  (.RAVMAIRK    FBA.NÇAItE. 

les  ouvrages  plus  sérieux*  de  Pillot,  et  de  Garnier  sur- 
tout, qui  sera  notre  principal  guide.    .  • 

—  Sans  s'arrêter  à  définir  la  grammaire  et  son  objet,  • 
Garnier  et.Pillot  entrent  cii  mîUii^Te  en  comptant  les 
lettres  de  l'alphabet  françaif^.  N4>us  avons  vingt- deux 
lettres  :  a,  t.,  c,  d,  e\fi  g,h,.r,  iy  m,  n,  o,  p,  (jf,  r;  *,  r, 
11,  ar,  yi  s.  Les  voyelles  sont  ;  a,  e,  l^o^  u;  les  au- 
tres lettres  sont  consonnes.  D^e  ^lles-^ci,,  Ha^'nicrli'ôc-. 
c'upe  id' abord  de  A*,  x,  z  :  A  est  u^iç  Ipttrc  grecque  et 
non  française;  quant  à  x  et  z,  «c'est  contre-  toutes 
règles  et  toute  raison  que  nous  les^ïnettons  pour  s  à 
la  fin  des  mots  :  ■  maiç  comme  l'usage  est  leipaître, 

*  la  grammaire  doit  obéir.  Pour-  les  autres  consonnes, 
Jps  mo'Sernes.  les  ont  sagement  retirées  de  tous  les 
mots  où  elles  ne*ée  prononçaient  pas,  •  si  bien  qu'au- 
jourd'hui récriture  s' accorde  à  lapronondiaiion.^c'est- 
à-dire  q^e  nous  écrivonà  comme  nous  parlons  (IJ.  » 
Une  lettçe  cependant  a  "fésii^Éé^se^st  «  qui  lient  du  c 
et  du  s,  et^ui,  si  elle  se  prononce  toujours  devant  les 
voyelles,  est  quelquefois  muette  devant  les  consonnes. 
Suivent  piques  remarques  :  -r-  sur  ïe  qui  a  deuîTibns, 

■     ^ ,,•    •  ■■  -■" '  '  '.'.  '"     .     '>  '.  ■  *  -.    -  • 

■  "      .'.  '        ..     ■''■".■ 

(  I  )  oè^iuge  de  Garnier  mérite  d'être  cité,  i  cause  dé  la  date  :  •  Gallo- 

rum.  enioi  anliquitas,  qu«>  suorum  vfcrboruiki  sea  dlcCionain  gaHicarumji 

fatina  i|n4oa  descendehtlum  originem.  signifiocret,  mul&-  in  scribendo  ii- 

\     tOTas  retinùit,  qoas  tamen  injegendoomntno  reliquit,  quod  tasdiosom 

"'    talde  molettumque  fuit  lectorîbui  ;  atqtie  linguam  Ipuun  odiosam  et  dif- 

flcilenà  oqinibua  peregrinis  reddidit.  Siqqtdem  merito  omnes  conqueruD- 

tur,  etabyiejus  lecliône  althorrcnt,  quod  aliter  scrilwmuB,  aliter  verù  prp- 
nuntiemns.  Quod  quum  animadvertiMent  modemi ,  linguam  noctram 
repurgare  cupientea,  illas  omnês  fere  iiterai  ékpu&xerunt  :  fdeô  ut  jam 
.  -scriptura  per  omnla  fere  ipsi  j(irûnuntiationi  cooveiliat,  hoc  est  ut  ita 
,  scribamus  qucmadmÎKlum  loquiinui(,  •  — .I^'bon  Gjimier  ■  pris  son  désir 
pour  une  réalité.  .  ,.',,• 


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''M- 


,    ^ 


,JIA«   GARNIIR.   JIAU   PILLOT.    AIBL   lUTlIflL 


«75 


l'un  aigu,  l'autre  ^raNMî:;M//r(ju(Ùcarus),JMy^^  . 

—  sur  le  c,  qui  est  deux  devant  e,i,  et  qui,  devante/, 
0,  M,  peut  être  doux  ou  dur  ;  s'il  est  doux,  nos  moder-  ,  .  ' 
nés  impHmeurs  l'écrivent. {:,•  —  sur  le  </,  qui  est  dur      '_ 
devant  a,  o,  ii,  et  sonne  comme  j  devant  <•,  iv  — enfin, 
^ur  l'ii  voyelle,  qu'il  faut  bien  se  garder  de  prononcer      s 
ou,  car  il  y  a  grande  différence  entre  «««et  sous,  rue 

et  roue  :  cetto  remarque  s'adresse  aux  Allemands. 

'  .   '  ■  '       ■  ■  '  **     ' 

Suivent  qiielqucs  lignes  sur  ràpostroplie  qui  lient  la     ' 
place  des  v^oyelles,  excepté  de  Vé  masculin,  si  on  les 
élide  à  la  fin  des  mpts  devant  d'autres  voyelles,  ce  ' 
qui  est  permis  quand  il  n'y  a  pas  dangtT  d'équivQque. 

.,    Mathieu  constate   aussi  Tusage  de  l'apostrophe,    < 
mais  non  sans  poser  toutes  sortes  de  réserves  avant 
.d'introduire  dans  notre  écriture  un  signe  étrange: 
«  Noz  ancestres  ont  du  tout  ignoré  ce  signe  de^rcjet  : 
en  forme  de  demi-cercles  «'»,  lequel  o»  met  à  cousté  des 
inc^ices  de  masle  et  de  femelle  (des  articles  niasciilins 
et  féminins)  principalement,  et  des  particules,  au6| 
cunes  fojs  des  motz  quant  if  fault  confondre  en. la  voix    *    . 
leur  dernière  letre  avecques  celle  dos  cincj  a  part  (des 
cinq  voyelles)  qui  est*  après  :  ce  que  les  Italiens  ont.  \ 
pareillement  en  usage.....  Les  Grecs  l'ont  en  singulière     \ 
recommandation  et  commune  observance,  et  d'euL-C 
l'avons  pristet  redeu,  sans  qu'il  soit  nécessaire  a  noglr<^    • 
escripture;  aussi  nest  ^  gueres  en  usage,,  fois  en  la 
composition  divulguée  (imprimée)  des  aùthcurs.Tou-       '  ' 
tesfoys  je  leur  donne  et  donneray  autant  de  crédit  que     ,^ 
les  gentifz  espritz  vouldront,  pour  honneur  seulement 


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fY4  iiRAIIMAIIK    PRAKÇAltl.  ; 

de. la  composition  cl  escripture,  oi  non  poilr  nécessité,^ 
OU  que  bcsoing  en  îsoyt  »  (1  ).  ; 

Enfin,  Gîirnier  arrive  à  parler, des  diphthongucs; 
t  Les  ^'rançais  ont  trois  principales  diphthongues,  mj, 
oy,  œ,  qu'ils' prononcent  généralement  par  e  simple: 
mayiont  orayion^foy,  by,  Françoys^  Antfbyiy  cœur, 
œil,  œuvret,  etc.  :  et  plût  à  Dieu  qu'on  les  écrivit 
corane  on  prononce,'  .meiorty  oreson,  foêj  ioé,  fran-- 
çœsy  etc.  I  Mais  l'usage  s'y  oppose.  ^Juant  liau^à^èu, 
ou  et  tti,  bien  qu'elles  soient  diphthongues,  je  ne  les 
.  compte  pas  comme  diphthongues,  parce  qu*elles  se 
prononcent  comme  elles  s'écrivent  [i).  Nous  disons  en 
effet  :  feu,  eau,  peine,  jour,  nuit,  e\f,. 

''Jean  Pillot- est  plus  complet*  Son  étude  sur  l'al- 
phabct  n'occupe  pas  moins  de  trjpizc  pajB;es  dt  son 
livre;  nous  les;  résumons  :  après  quelques  lignes 
sur  les  voyelles  I  et  y  qui  se  prennent  souvent  l'une  pour 
l'autre,  soit  à  Fa  fm  des  mots,  soit  dans  les  diphthon- 
guèSf  l'auteur  examine  les  diverses  combinaisons  des 
voyelles,  lesquelles  forment  des  diphthongues  et  d^ 
*  tripHthongueé.  ^ 

Nos  diphthongues  sont  41  on:  kxr.  faire i —  au  :  au- 
theur  ;  —  Bif  :  peine ,   ceindre ,   un  ceÙ  (foeil  (  nictus 

*  *  ■  ■  • 

otuli) }  BU  :  feu ,  flalieuf;  —  01  ou  pv  :  foy ,  trou ,  je 
congnoitrois;  —  ui  ou  uy  :  dètiruire,  la  nuict,  nuyre. 
^Prononcez  ai,  ei  comme  la  diphthongue  latine  œ; 


-r-«- 


if)  SeeoHÀ  DerU,  p.  96  V^;  MtUiieu  •  dëj*  plutleur»  fois  toupbé  à  ce 
sujet  :  premier' Deti$,  pp.  2*  v»  «t  .26  v*.j'—«econd  Devit,  p.  16  ▼". 

(2)  Cf.  cl-deMU»,  p.^86-.    - 


.1:  ■ 


.,  ^. 


JBAN   GAINIRR.    JEAN    PrtLOf     ABEL   H4THIKI: 


V 


275 


miei^yeuœt  />««  ; 


'  la  prononciation  cfë  oi  ou  oy  fait  entendre  les  defci 
lettre  Oji*  A  eetle  liste  on  ^ciit,  si  Ton  veut,  ajouter 
.j>,'qui,  (t*ns  lès  finales  çn  ien  :  »»>«»  chien,  etç.,jie 
fprme  qu*uiie  sylmbc^ 

Nos  tripliilhongues  sont  :  KAUt:  beau;  —  («i  ;  œil: 
-^  L'çi  :  cueillir;  s—oeo  :  eœùr,  vœux; — UBO  :  guemx^ 
gueule;  —  IKi  :  vieillesse ;^ r-r JBO 
—  01)1  :  mouiller f  pouilleux.  ' 

Du  tréma.  —  Dubois  avait  déjà  employé  |e  tréma 
pour  marquer  la  division  de  deux  voyelles  qui  se  sui- 
vent saneformer  diphthongue ;  il  leg  marquait  Tune 
et  l'autre  cTun  point  (1)1  Mais  Pillot  nous  paraît  être 
le  premier  de  nosgrammairiens  français  qui  ait  nette- 
ment indiqué  i*ïisage  de  ce  signe.  Il  Pavait  emprunté  ' 
à  ['[accentuation  grecque;  maii.déjà  on  le  trouve,  dès 
1 526,  employé  en  Allemagne  (2)  ;  dans  le  système 
des  poiuts-voyelles  en  hébreu,  il  servait  sous  le  nom 
(le  seri  (3),  zere  (4)  ou  isere  (5)  concurremment  avec  - 
je  sœgol  (*.•)  et  Iç  aeva  ou  8chevâ(:)  pour  représenter 
le  son  e  (6),  Les  Italiens  semblent  Tavoir  ignoré; 


-  {«)  Cf.  Bi-4eMa8,p.  22.  .         -       .. 

(2  A  la  première  page  M  la  Proi:odt<  latine  de  Melinehthon  on  Tolt 
of  r  (1520).—  A  la  suite  du  livre  intitulé  :  S^fntattù  Ph.  Mjelanchtinonis, 
ColonxiK,}&26.    ■*  .    '- 

(3)  AlphaMum  hehraicum,  Par.  ex  offlcina  Rob.  Stephani,  15».  ." 

(4)  Alphabetum  htbraieum,  Par:  apud  P.  VidovKum,  lâ3l.  (Avec  un 
frontlBploe  de  Geoffroy  tory,)  •  "'■      '^"^  ' 

(v>*;  Tabula  in  grammatictn  hebra.'am^  autote  Nie.  Clenàrdo,  Par,  apud    ' 
*(^hrist.  Wecbel/iS40. 

(li)  Remarquons  à  ce  propos  que  les  Altemanda  mqdemes  ont  remplacé 
l>ar  le  tféma  l'ç  qu'iU'marquaient  suir  leur  u  (ou)  poi^r  lui  donner  le  sens 
jie  l'M  fronçai*,    -r^   f,      ^      >!  ,  ^  /       .     _.,\ 


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1^ 


276  UIAXMAIRK*  FHA>C«1SE. 

,>     les  Espagnols  s'en  servai(»nt  et  le  nommaient  crémà  (1). 

'  En  France,  le  tréma  semblait  être  phttôt^rçsefvé  à 
rimprimerie  qu'appartenir  à  r«3crilure  courante  ;  et  si 
Permel,  dans  son  livre  -.Ut  Stieucc  dé  T  Imprimerie)  s'en 
• .  occupait  (^j,  la  grammaire  de  Hegnier  pesmarais  n'en 
4i^it  rien,  le  P^  liulTier  en  parlait^ trop  pou  (3),  et 
Beàuzée  posait  des  difficultés  sans,  les  résoudre  for- 
inellement  (4).  Pillot  est  plus  hardi,  et  voici  ses  pa- 
roleSy  dont  l'importance  ressort  de  ce  qui  précède  : 
•  Cç^me  lès  voyelles^  et  /  sont  le  plus  fréquera- '^ 

•  ment  employées  dans  les  diphtiiongues,  lorsqu'elles 
son  t  jointes  à  une  autre  voy  cl  le  sans  former  diplWhon- 
gues,  on  les  marque  en  dessus  de  doux  «points  nnum- 
tursuprà  duob'ns  àpirulis  hoc  modi;^  de;^elttvnjaniùrc  ; 
la  vciifÇ  (à  queue  (5),  ruin^.pai»  (iMiiiH  ,  qui  est  par 

.  là  (6)  distingué    de  paix  (i'ax;.  Cotte  notation  e.^t' 
empruntée  des  Grecs^qui  ma-rquent  ain-i  Ic^  diérrses.  »'* 
—Plus  loin.  Pillât  signale  un  autre  einiiloi  diitréitta  :  • 


^ 


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\ 


-     (r,  Voy.  COrtografia  de  Uîengua  mstellafiay  l'.di,  pp.  3S,  4Ï,  69  et 

(2)  La  tcience  àe  rimprimerie^,  I  vol.  in-4*',' {T23.  I>a  p|age  coniacrée 
par  Eerm^l  au  tréma  et>t  la  meilleure  qi/i  ait.  clé  écrite  sur  ce  sujet  Ju»-. 
qu'à  beauze'é.  .      •  '        '    v  ^'    ^ 

(3)  Gramnpairefrançoise,  l'cdil.,  170î>,-n"^  OTO,  974. 

-  (4)  Voy..  r£ncyci6pé(lie  nu'thodl(|U.e,  Grammaire  et  Uttérature,  aux 
moi»  :  diérèse,  l  {ltttre],pninl  tréma. 

(5)  On  remarquera  que  ^^lut,•alalg^c  éa  rè^le,  pHicc  le  tréma  tur  m. 

(6)  Ou  (rouve  de  fréi|uert<8  fvmiples'.çtJmcmc  au  xvir  slèiMc  ,  du  mol 
paysan  employé  par  nos  poè'es  comiAc  dis^yllaltCi  au  iti',  un  trouNc 
néaie  pays  mono»)  tiabe  : 


l  - 


Le  fûf»  «m  paii,  ^n  hant<?<f«  H  n  ploir*. 
ly^iMR  n'ayant  peMc'8esl>annicrf«e!itran^>vv. 

W.  Qukherât,  Versifie,  ^.''f  iP.  ^20-  etc. 


(  AlaIM  r.H^JKTTtlt. 


V 


; 


V  JEAN   (iARMlill.    JKaS    PIÙOT-    ABML   MATUIRU.  217 

»  Lorsque  m  consonne  i»),  dit-il,  se  trouve  au„milieu 
d'un  mot,  devant  (jucl(|ue  voyelle,  ;lcs  imprimeurs  de 
notre  pays  ont  Thabilude  de  le  .marquer  de  deux 
poiHtsî  1/ MttMrft  vulncravît),  pou^iJe  distinguer  de  u 
voyelle  li/iùiMm  (.non  habebit)  (i).  »  ' 

LeUré^'C,  ci  ç.  —  C  a  le  son  de  «  devant  e,  i  ;  ceàj^ 
et  devant  «  et*  «,  mais  alors,  surtout  dans 'les  livres 
imprimés^  il  est  marque  ainsi;  ç  :sçuvoir\  façon^j'ap- 
pcrçoiji.  —  Partout  ailleurs  il  a  le  sçn  du  k  allemand  (2). 

Lctire  E.^-II  y  a  deux  sortes  dV  :  Vi-  masculin  :  aymét 
ft'Ucité  ;  il.  serait  mieux  nommé  e  latin  ; — tt  Ve  féminin  : 
justice^  fortune.  Ce  dernier  est  soumis  à  l'apostrophe 
et  à  la  synalephe  :  par  l'apostrophe,  c  n'est  ni  écrit  ni 
prononcéy  mais  remplïicé  par'?  par  synalephe,  e  s'écrit  ^' 
mais  ne  se  pronôIIiîCkPas  :  il  désire  estre  esUmé  se  pro- 
nonce :  il  désir'  estr  estime.  Toutefois,  l'e  muet  final 


(1)  Daos  le  dériver  ouvrage  qui  ait  paru  au  xvi*  sifculc  eur  l'orthographe 
française,  il  est  question  «  dc«  puinti  tremaix  qui  marquent  ik-s  e,  lc«  i, 
les  14  trcniatx  (qu'ils  appellent  )•  i»^  Tauteur  dit .-  •hûé,  y  de  Ai- ,  "lecta  , 
^^LtcTA,  cest  accent  icirconflcxe]  imoycnnanl  les  deux  petits  poiiitsquc 
l'on  appelle  (rftiar^  appliquez  sur  IV  faut  ilii!  rcr  la  pfulaiion  de  tela 
motaet'Ieur  orthographe  d'avec  levé,  relève  ,i.r.\ a,  hki.lva  ;  aiiif>i  reûe, 
VISA  d'avec  veve,  viotA...,  etc.  ■  {La  rratje priHagrupù  française  conte 
nnnt  îet  reiyle»  et  préceptes  infaillibiet'  pour  se  rendre  certain,  corgtct 
et  parfaict  à  Ifien  parler  français,  par  le  Bieur  de  l'alliot.  Paris,  1600,  un 
wl.  in-4'',,o{»iong).  —  Ant. Oudin,  dan»  sa  Grammaire  française,  recon- 
naît auui  qfié  «  t  se  marque  du  deux  poinct»  pour  le.  féparcr  de  l'a: 
naif,  hair;*  et  puur  u,  il  dit  :  ■  i)  marqxié  de  deux  poincis  e«t  voyelle.: 
louer,  io/ûtf.  Quelquea-una  les  mettent  sur  \'è  qui  le  suit,  ce  que  je  ne 
trouve  JMia  à  propos ,  car  cet  pointa  ne  «ont  paft^e  lessence  dudlt  e,  » 
(f.dil.  I6dc,pp.  10,  II.)  ^\ 

'    (3)  Antoine  Oudin  est  le  premier  écrivain  du  \vii'>  i»u>cle  qui  recon- 
.   nathffe  apt  c  un  autre  son  :  •  c  en  ce»  mots  Claude,  second,  secret  se  pro- 
nonce vulgf.iroment  comme  c.  •  —  Cf. -Ménage,  Observations  sur  la  lanque 
,'raMfowr/,,2«part.,  I(i7(i,  p.  301. 


^ 


*  '4 


V 


278  .   GRAIIHIAI*);   PHANÇAISF.  ^.. 

d'un  verbe  se  prononce  quand  il  est  guûvi de  Hou  elfe: 
désire  H,  dexire  elle  (1)?    •  **' 

il  >  a  Ufie  troiMèmn  sorte  dV  qui  tient  \e  milieu 
entre  a  et  e  comme  tr  des  Latins,'  oij  des  Françîtts  : 
pkai"sc  à  Dieu  que  nos  imprimeurs  le  distinguent  par 
quelque  signe  !  —  <]et,^  est  celui  qu'on  trouve  au^com- 
mencement,  au  milieu  ou  à  la  lin  des  mots  :  prt'«, 
fenestrCf  auprès.     ' 

.   Abcl.  Mathieu  accepte,  sinon  la  distinction  des  e,, 
du  moins  Ta  dislincTOn  des  accents  : 

«J'entends,  dit-il,  qu'il  li'y  a  point  d'accent  ou  de 
quantité  principalement  en  Jrancoys  (de  peur  que  je, 
naye  le  nez  tiré)  et  que  ce  a  est^  par  artifice,  non  par 
nècessiti^  que  nouvellq^nent  on  à  adjotisté  à  l'escrip- 
ture  un  gros  *",  un  agu  ,  ou  un  renversé  ^^  a  (pour) 
l'ornement  d'icelle,  ou  par  curiosité,  laquelle  cQua- 
tume  neantmoins  jay  approuvé  et '^|iprouveray  toute 

•  .  

(I)  Le  sieur  de  Palliot  remarque  que  l'apostrophe  ne  peut  se  placer 
qu'après  une  des  lettré»  suivantes  :  c,  d,  ;,  /, «^»,  q^  r,  s,  t^que  ce  signé 
peut  remplacer  l'e  muet  même  derant  les  ctim^||s  :  encor'moins,  etc.; 
et  mikiie- aussi  dah^  le  corps  des  mots  :  quelqu'un,  anjourd'hui,  etc.  — 
Cf.  Anl.  Oudin,  édit.  cit.,  pp.  49-âl.  Palliot  trouTCa  indiffèrent  > d'inirp- 
duire,  entre  le  verbe  et  le  pronom,  un  t  pour  éviter  •  ce  quenous  pour- 
riona  appeler  l'entre-baillement  ou  vague,  on  vuide  son  entr'ouvèrt  ;  ■  il 
écrit  :  mange  t' il,  tiendra  i'  il.  (p.  T)  ).  -^  Oudin  réclame  positivement  le 
T  euphonique  :  pente-t'il,  aime-telle,  iouffre-fon  (p.  7).— I^*un  et  l'autre 
faisait  une  faute  éontre  laquelle  s'est  élevé  Vaugclas  •  «Si  la  verbe  finit 
par  une  voyelle  devant  orr,  comme  prie-on ,  alta-on,  il  faut  prononcer  et 
écrii'ê  un  T  «ntre  deut  :  prie-t-on,  alld-i-on;  et  quand  il  ne  aeroit  pas 
marqué,  il  ne  faut  pas  laisser  de  le  prononcer,  ni  lire  comme  lisent  une 
^nfidité  de  gens  :  allà-on,  alla-il.  Il  (st  trai  qu'en  cette  orthographe  du 
T  on  atccoutumé  de  faire  une  faute...  c'est  que- tous  impriment  et  écri- 
vent àila  Cou,  mettanf  ainsi  une  apostrophe  après  le  t  qui  est  trés-mal 
employée,  parce  que  l'apostrophe  ne  se  mot  Jamais  qu^eA  la  place  d'une 
voyelle  qu'elle  supprime,  etc.  •  (  Vaugela»,  Hemarquet,  avec  lea  not«Mle 
PatruetdeTh.Corneille.  Paris,  deNully,  1738,  t.  I,  p.  114.) 


/" 


\  --* — 


-     I 


1         « 


JEAN  GARMIBR.   JEAN  PILLOT.    AMI.   MATHIKÙ. 


279 


il  soniie  comme  ï^ 


ma  vie  :  au  lieu  dequoy  1^  simples  du  passé,  igno- 
•rans  cest  artifice,  disoiej(t  J a  lettre  e  estrc  masculine 
ou  féminine  à  la  fin  iu  mot.  •/  ià 
'  Revenons  à  j.  Pillot. 
^  Lettre  G.  —  Le  g  a  trois  sons 
consonne  ("/)  devant  e^i  (1»)  :  (jemir^  gibecière;  comme 
(j  allemand  {!i),  dans  f//«w(/,  grenier  ;  d'une  façon  pai-r 
licuculière  dans  yl//r/na//ne,  fom/wï^now  (3)." 

Lettre  ii.  —  La  lettre  â,  après  le  c  foririe  tantôt  le 
son  représenté  en  aHemand  par«c/i(/i)  ;  ch^rclter;  tantôt 
le  son  k  :  eiianle^  cliolere  (5)  ;  tantôt  h  estWpiration  : 


x 


< 


T 


(I)  Ce  son  du  j  consontie  et  Je  g  dans  gémir,  est  propre  au  Français, 
et  ne  se  retrouve  dans  auciiDc  autre  lanijuc  de  l'Europe.' 
,  (?)  Il  fallait  dife  comme  g  dur  allemand  :  car  les  AlLçmands  ont  auMi 
un  g  doif^,  qoi  ae  trouTe  dans  certains  mots,  cobime  ^t%a,,  tini^tn  %  etc. 

—  Toutefois  lé  son  de  (xq  doux  allemand  est  tou|  autre  f^  c«lui  de 
notre  j  ou  jf  faible. 

(i  (a  son  mouillé  de'^  ne  se  trouve  ni  eh  allemand  ni  en  anglais.  Il 
eiiste  ea  italien  repré&cnté  par  les  méine«  lettres  :  yvadagnare ,  gagner; 
-cn^pagnol,  par»»"»  ;  en  portufiaia  et  dans  l'idiome  béarnais  par  nh.  —  Le 
sTeur  de  Paltiot,  aprèi'avoir  noté  que  gn  sont  très-souvent  précédés  d'uiâ 
I,  ajoute  cette  remarque  qui  not(s  explique  >(h)e  orthographe  très-ré- 
pandue au  XVII*  siècle  :  c'est  que  ■  l'i  précèdent  te  peut  bien  en  quelques 
endroits  changerea  n  ;  comme ,  en  gaigneur^  l'i  qui  se  garde  de  gain  se 
r>eut  encore  changer  en  m  indifféremment  :  ainsi  gaignevr  ou  gangnewr.  • 

—  Rien  n'est  plas  commnn  au  commencement  du  xvii*  tiède  que  ëe  voir 
ttronj^M,  i>e«on(|ftif,  etc.,  ainsi  écrits. 

(4)  Le  même  son  eât  exprîmé  etar^nglais  par  sh  :  I  thhll,  —  et  enhta- 
lien  par  te  :  tcfgfkire  (diminoer  )  ;  mais  11  n'existe  pas  en  espa^ol  ;  — 
en  béarnais,  s  simple  dans  «etu y  teyt ,  nxante^  tue,  se  prononce  comme 
notre  eh.  Du  reste  on  sait  qnàhchirurgU,  au  xii>  siècle ,  s'écrivait  nrur- 
gie  et  avaitvpeaf'élre  la-  m^me  prononciation.  —  Cf.  Lespy,  Grammaire 
l>éarnaite,:p.yi.  —  En  Auve'rgbe,  comme  en  Béarn,  le  son  de  ch  pour  t 
>'8t  caractéristique.  »^  / 

{'*)  Palliot  fMrle  auwi  (  p'.  13,  R")  de  la  lettre  h  des  mots  eh^lert,  et- 
fholc^  charactere,  meehanique  :  «mais  a  telles  dictions  où  seroit  ainsi 
insérée  ceste  aspiration  u  avec  le  c ,  il  seroit  iudillerent  de  i'obaiettre  ou 

!>■  laisser. ,        -      ' 


V 


/ 


I. 


i 


280 


.  GRAMMAIRF    FRANÇAISE. 


k- 


honte,. harquchouzc  (1);  d'autres  fofs  il  est  muet  :  /icure, 
honneur. 

.Lettre  L. — La'letj^re  /  a  un  son  dur'  autre  quand 
fcllt\^t  employée  agule.  que  quand  el^  est  redou- 
Ôlëe  (2;.  —  Ex.  :  j)Uer  ct^nUer,  haler  eiftailler. 

fleuri'  Q.  —  Jamais"  la  lettre  q  n'est  employé^ssans 
u  :  ces  deux  lettres  forment -le  son  /.-. — Cest  ce  qûç  dit, 
en  d'autres  termes',  AbéI  Matliicir:  t  Les  autpés  con^ 
sonnos,  dit-il,  ne  sont  j^-Jniais  retifvcs,  en, quelque 
place  qu'il  plaist  à  leurs  dames  de  les  mettre  et  dis-_ 
poser,  fors  et  réservé  </,  lequel  est  obstiné  à  précéder 
M  et  refuse  il  faire  honneur  et  compagnie  aux  autres-, 
sinon  quil  accède  audit  m,  mais  aussi  en  sert  il  deux.. 
Il  a  souvent  le  son  dei«  prortonciatiDn  semblable  à  c. 
joinctavec  Tune  ûes  dames,  comme  nous  disons  :  ca- 
pitaine   Mais  quelcun  me   dira  :  Pourquoyj  si  la 

prononciation  sonne  commodément  q'en  telz  motz, 
l'escripture  aussi  ne  la  elle  receue?'veu  que  facilité  sen 
ènsuyvroit[etJ  applaudissement  à  nostre langue  :  autre 


2l 


(.1)  Oudin  RombU;  être  le  pi  os  ancien  grammairien  qui  ait  remarqué 
l'aspiration  dç  h  dans  Idcorp»  des  mots.  Il  cite  pour  exemples  :  iouhait, 
appréhender,  dehors.     ' 

(2)  Nous  avons  vu  plus  haut  les  tentatives  des  réformateurs  pour  rem- 
placer par  un  seul  caractère  la^oombinaiipn  ill  qiii  représente  l  mouillé 
propre  aux  Français ,  aux  Italiens,  aux  Espagnols  et  aux  Portugais,  mais 
Inconnu  aux  Anglais  cl  aux  Allemands.  Cf.  ci-dessirs ,  pp.  t3i,A9e.  —Au 
XVIII»  siècle,  on  voit  reprendre  le  même  projet  par  Urbain  Domergue,  etc. 
Voy.  Journal  de  la  La>: gué.  française ,  n*  du  14  mai  1791.  pp.  231-235. 
Palliot  veut  qu'on  reste  lldèle  à  l'ancienne  et  commune  orthographe  et 
que  l'on  conserve  ill  «sans  que  ces  beaux  novaliseurs  ou  reformateurs'» 
nouveaux  de  l'antienne  esiriture,  par  une  je  ne  cçay  quelle  debibus  fan- 
freiuchée  à  leur  mode,  uyent  à  s'emburlucoquer  tout  le  cer^-eau  et  nous 
encorniflstlbuler  le  nostre  à  la  recherche  de  leurs  nouvelletei.  n  —  LeOp 
Tangage j        «    ' 


,.  m'- 


u 


»  ' 


JEaV  UAR?IIRR.    JEAN    l'Il.I.OT..   ABKt-   MATniF.li.  'lAi 

•  .  ■  *  / 

raison  ne  puis  asi?igner  que  la  çoustumc.  *  —  Plus  loin 
il  revient  sur  cette  théorie  :  «  Aussi  feroit  A-,  s'il  estoit 
receu.  Mais  estant  de  forme  et  do  son  plus  Grec  quo 
Rommain  ou  Françoys,  il  c?l  dojccté  de  la  yraye  con- 
grégation de  noz  letres  (4').» 

■  Lettre  R.  —  Cette  lettre  canine  !  2),  surtout  à  la  fin 
des  piots,  a  un  son  trop  dur  pour. des  oreilles  fran- 
çaises qui  sont^dit  ailleurs  Pillot,  trèbVamoureuses  de 
Teurphonie  :  aussi  la  templax^entiils  souvent  par  s  (3).  Ce 
cliangemerît,  la  dé^catesse  des  inignardes  Parisiennes 
le  fait  partout;  ainsi  elles  disent  :  pezci.  ineze,  pour 
père,  mère  (II).  Mais  ceux  qui  parlent  bien  adoucissent 
la  rudesse  de  r  en  lui  donnant  une  sorte  de  son  mixte 
ou  en  le  prp'nonçant  sipeii  qu'on  l'entend  à  peine  :  ce 
qui  toutefois  ne  se  fait  jamais  au  milieu  des  mots.. 


V 


"^. 


(i;  Sur  l'emploi  du  K,  voy.  cl-dossu8,  p.  202.  .    >       ■ 

('1)  Comme  di'âaient  les  Latins  :  ,        -^ 

Souat  bic  dente  canina   •  »  • 

Littera. 

■  '        (Perse,  sat.  I.)  .       ^'  •      - 

.1)  Souvent  aussi  on  supprimait  R^soit  dans  le  çoi^s  dos  njc.ts:  me- 
^rcdy,  abre,  mabre;  Oudin  le  dit,  Ménai:e  le  conllrnie,  tt  la  prononcia- 
«iion^ngevine  (c  prouve  encore;  —  soit  à  la  lîn  de»  moj;?,  ct-Oudin  cAW  : 
le  verbe»  tn  er  et  en  ir,  mais  c'était  de  sa  part'tïïïtrtmMkation;  jiuis  kvs  ■ 
niot8  premier,  dernier,  les  termes  de  diRnilé/ei  de  méUcv^  .u^fmsttUer, 
[mrbier,  etc.;  puis  encore  :  mouchoir,  miroir Iporttur^  couppntr,  faiseur. 
i)ans  plaisir,  désir,  souvenir,  a  était  Indillt'rrWnent  aUmis-ou  rej'té;  de 
même  dans  monsieur  ou  messieurs,  mais  on  irnPralt  ne  pa-»  prononcer  n. 
—  Thomas  Corneille,  dan»  «es  Notes  «ur  Vauî^elas,  remarque  que  •  ifens 
le  discours  ramilier,,on  prononce  notre,  totre,  sans  y  faire  f(*ntlr  l'a,  cl 
l'on  dit  notre  dessein,  votre  réiobtùon,  comme  st  l'cm  écrtvoit  noie  des- 
sein, rote  resolulion.  (T.  III,  p.  77).  En  Anjou  et  dahs  tous  lestipatois 
congénères,  la  prononciation  néglige  r  de  t  ofrf ,  notre. ^ 

l\)  Cf.  cl-dcfRU8,  Duboia,  f.  20;  et  382.  —  On  lit  dans  la  Grammaire  • 
de  Oudln  :  •  Chaire  vulgairement  se  promutce  rhitise,  et  ce  dernier  est 
plus  receu  parmy  les  courtisans.  • 


K 


f        ^ 


-^ 


K, 


k 


j 


V  • 


'l'V' 


'9^  -, 


■■■  -ti 


282  (UfUMlUlRE   F^▲^ÇÀISK.  * 

Lettre  s.  —  Entre  deux  voyelles,  %  se  prononce 
comme- s  ;  rasery  maison;  prononcez  :  razer,  maizon. 
Mais  dans  hauiser^  danser^  l'on  prononce  s  ferme  (1). 

Abel  Mathieu,  qui  devait  être  un  calligraphe,  se 
pose  en  défenseur  de  l'«,  même  quand  elïe  ne  se  pro- 
noiice  pas  :  «  Elle  sert'ù  l'escripture  d'ornement  et  d'am- 
pliation  ;  dautant  que  lœil  se  recrée  :en  la  peinture  qui 
a  plusieurs  Couleurs,  aussi  faict  il  en  lescripture  parée 
de  diverses  figures  et  ornée  de  letres.  »  —  Au  même 
titre,  il^ faudra  conserver  Vh^ei  Vy^,\(ne  deussent  ils 
servir  que  d'ornement  et  figure  a  nostre  langue,  et  pour 
la  multiplier  de  forme  et  °de  grâce,  suyvant  la  simi- 
litude (Jont  jay  usé  de  lœil  a  la  peinture.  »  , 
-^^eiire  T.  — La  lettre  /,  outre  le  son  propre  qu'elle 
)rrce  comme  c  dans  les  niota  dérivés  des  vo-. 


atm^a  10  :  diçUony  prononcez  i/iccio»^  Ainsi 


{ 


a,  se  prono 
ca 

m(?me  écrivant  les  gens  qui  ne  savent  ni  le  latin  ni 
l'ortlragCaphe  française;  ainsi  font  quelques  savants, 
qui  imitent,  et  pensent  qu'on  dbit  imiter  en  cela  les 
ignorants  (2); 
Letire  X. — A  la  fin  des  mots,  x  ne  diffère  en  rien  de 


•         '    :J-^ 


(1)  Au  xTii*  siècle,  c'est  dans  la  Grammaire  de  Oadin  qu'il  fautcber- 
cher  les  meilleures  Indications  sur  la  proDonciation  de  Ts  :  nous  ne 
pMÙvons  transcrire  Le  lon^hapitre  qu'il  cenâacre  à  cette  lettré.  —  Le 
sieur  ;^e  Patliot  reroarqueqi^  le  peuple  de  Paris  dit  mot^  courin ,  ma 

^couririf,  au  lieu  de  mon  cousin,  ma  eoutine,  mettant  r  pour  s  comme  il  ' 
met  s  pour  a  dans  mese,  frète,  etc.  —  Cf.  ci-dessus,  p.  281. 

(2)  Oudin  dit  d'uue  manière  plu:»  ^éraîe^  et  avec  raison  :  •  t  devant 
les  syllabes  ta,  to  et  t>  preu^  le  sonde  l's  :  patience,  «nt^iittoii;  devotitux, 
partial,  etc.  •  —  Il  remarque  aussi  la  prononciation  forme  du  t  dans  les  • 
nombres  depuis  tingt-deux  jusqu'à  tingt-neuf,  bien  qu'il  aoit  suivi  d'uuft 
coosonoe. 


•  X 


JEA!f   GARNIES.    JEAN   PILLOT.    ABEL   HATTIEL 


583 


's  (l);.au  milieu,  j:  est  une  kttfè,  double.®,  en  français 
cDuime  en  latMi,  - 

* .  Lettre  t,  — ^Le  s,  dans  le-' corps  des  mots,  a  le  son 
de  Ï8  entre  deux  voyelles;  à  la  fin,  il  ne  diffère eii  rien 
de*  (3);  il  ne  se  rcdouble'jamais.  ' 
.  Des  lettres  mueites. —  En  Ifanrais,  un  grand  nombre 
de  lettres  s'écrivent  qui  ne  se  prononcent  pas.  Des 
gens  fort  savants  commencent  à  ne  plus  les  écrire,  et, 
peu  à' peu,  on  arrivera  s?kH3  nul  doute  à  supprimer 
entièrement  ces  caractères  inutiles  (4). 


'<  ^      . 


1)  Oiidin  fait,  avec  ralaon,  quelques  exceptions,  et  cite  fix,  j)re;fir, 
perplex,  impts  dont  les  modernes  <rint  modifié  l'orthocraplie  ,  puis  iinï , 
thorax,  phenixi  » 

(2  Palliot  cite  les  mots  sixienie ,  dixième,  inexorable ,  examen  où  x 
prenait  le  son  de  m.  —  Dea.mots  taxé,  maxime,  Il  rapproche  lexive.  Il  al- 
tril)uc  une  prononciation  analogue  h  exemple,  exempt,  exii,  exercice,. ex- 
comniunié,  toixante.  Mais  Oudin  note  entre  ces  mots  plusieurs  différences  : 
selon  lui,  K  dans  exemption,  exaucer,  exorde,  exil ,  se  prononce  comme 
gn;  6ànê  AleMondre,  extravagant,  comme  es;  dans  excuser,  expliquer ^ 
excommunier,  exquis  •  et  leurs  descendants.,  »  comme  «simple  :  escuser, 
expliquer,  etc.;  comme  ss  double  dans  soixante,  soixantième  ,  Auxerre, 
lexive,  Luxembourg,  Bruxelles.: 

Otte  dernière  prononciation  eât  relie  que  l'on  donne ,  dans  les  patois 
du  sud-est  et  en  Italie,  non-seulcnvent  à  Vx,  et  au  double  ce  représentant 
■1^,  dans  Alexcmdre  f40ecent ,  accès ,  mais  encore  à  la  double  bs  dans  ab- 
ience ,  etc. ,  qui  se  prononcent  assent ,  asscs,  assetue,  à  l'imitation  de  l'i- 
talien (u«enia,  Alessandro,  etc. 

(3)  Palliot  dit  à  ce  lujet  :  ■  Le«  «  masculins ,  à  la  fin  des  motz  au  plu- 
riel, lont  toujours  fermez  du  »,  tant  aux  noms  qu'ant  verbes.»  '—  Cf. 
Alphabets  français,  latin  et  grec...  Rouen,  L.  Loudet,  l(i20,  in-12,  p.  52. 

(4)  (.«  graxid  Dictionnaire  françois-ftamen ,  Hotterdam,  IGIK,  in-4°,  e't 
le  Diet.  flamand- franc,  cor^pondant,  imprimés  par  Wœsberglie,  à  Rot- 
terdam, d'après  les  lexiques  antérieurs  de  Claude  (m/Luiton,  Gabriel 
Meurlcr,  Matthieu  Saabout  et  Léon  Mellema,  'est  un  ouvrage  fSh  impor- 
tant à  consulter  pour  la  ronnaissanee  des  lettres  muettes  (hins  la^ 
dation  du  français  :  il  les  marque  toutes  d'un  signe  partlcïrher  Le  livre 
est  L'il  outre  précède  d'une  •  brieve  instruction  des  lettres  qui  ne  se  pro- 
noncent point:  •  des  instructions  dcrce  genre  se  lisent  aussi  dans  Ich 
Alphabets  franc,  laii*  e%  grec  citéa  à  la  note  précédente. 


.♦ 


^ 


V 


-•Vlï 


y 


Q 


B8t 


GRAMV^IB   KKA,<<!ÇAtSI. 


Ici  Piilot  donne  loi  exemples  suivant^,  que  nou^ 
reproduisons.  On  verra  que/ si  Tusage  lui  a  donné 
raison  quelquefois,  Tauteur  a  souvent  poussé  son  sys- 
tème jusqu'à  un  point  où  les  modernes  n'ont  pas  cru 
le  devoir  suivre. . 

■  '  I  :  bailler  (hiare) ,  aisàilhj;  —  b  :  plomb ,  je  doibs, 
presbtre  ;  —  c  :  un  poincty  sainctf  faict;  —  D  :  adjoindre, 
admonester  ;  —  K  ijemengeay^  scel  (sigillum)  ;  —  p  : 
briefvement,  affection; — -G  :  besoingtCongnoiMtré;< — -h: 
honneur,  homme;: —  N  :  ayment,  disent;  —  p  ;  compte, 
escripre  ;  —  R  ;  arrestér  ;  —  É  :  estre,  maistre ,  màsle  ; 
-^'T  :  lettre;  • —  v  (m)  :  quatrey  langue  (1). 


V 


'^,- 


#■ 


(  I  )  A  la  suite  de  cet  examen  des  lettres,  nous  aurions  aimé  à  trouver  de» 
rallies  précises  sur  l'emploi  des  capitales.  iGarnier.  Piilot  et  Mathieu  gar- 
dent le  silence  à  ce  sujet.  Mais  le  sieur  de  Palliot  nous  renselgniera^ 

fi  «  LETTRES  CAPITALES  sont  notamment  requises  à  l'escriture  pour 
n'en  faire  lictiere,  comme  l'on  dit,  et  jonchée  à  s'en  servir  indiacrette- 
nient  et  à  tous  pfopoz ,  sans  quMl  y  en  ayt  occasion  ny  subject.  On  sçaura 
quand-  if  ettchéra  d'en  user  si  l'on  entend  lèjur'  signiflcation.  Elles  s'ap' 
pelleÂi  capitales,  à  çajxite,  parce  qu'elles  se  mettent  en  teste  et  au  com< 
mencement  des'escriiz  :  comme  elles  peuvent  servir  d'inscriptions,  d'é- 
pitaphes,  de,  titres  en  quelque  sorte  et  manière  que  ce  soit.  Mais  leur 
usi^en  ceste  qualiti^  ne  porte  ny  accentx,  ny  tiltres,  ny  tremati;  nyf 
à  qiieue,  jiy  autres  telles  particularités  qui  conviennent  aux  petites 
lettres.  S'appliquent  en  frontispices  de  bastiments,  en  chifTres,  (estons, 
guillochlz,  faces  de  livres,  commencements  de  chapUres.  Servent  encorrs 
en  tous  commencements  de  clauses  et  périodes  ,.de  vers  et  de  noms  pro- 
pres. —  Noms  propres  sont  de  quatre  sortes  y  1°  des  Pek^onnes...;  2"  des 
Lieux...;  â"  des  Temps,  comme  des  Saisons  de  l'Année »,>dcs  Mois,  des 
Jours  de  la  Semame ,  des  Fentes  solennelles  et  autres  Jours  remàrqua- 

'  blés.,.;  4"  Noms  propres  des  Choses,  comlne  des  Arts  et  S«|ences,  de», 
principaux  I^ioms  -et  Termes  dont  elles  usent,  des  Escritz  celebreside  di- 
vers Autheurs,  des  C'ieux,  des  Astres,  d<||^^lementz ,  des  Vcriux,  des 
^ctes  mémorables-,  des  Asr^pibléci^  notables,  comme  ce  terme  d'JFjiùe 
qui  signifie  Congrégation.  Plus,  des  Duchcz,  Comtez,  MarquisaU,  Baron- 
nies,  Seigneuries,  des  Institutions  d'Ordres  et  Milices  de  Chevalerie,  Am- 
bassades ,  des  Jeux  et  exercices  publics ,  des  Monstres,  dés  neuves,  des 


ê  V 


-ï 


T^ 


♦ 


JEA>    UA'R.MII.    JEAN    ni.LOT.    ABïL    MaTIIIEL.  28% 

'Remarque.  Quand  une  consoifne  est  redoublet^  on 
la  prononro  simple;  mais  la  voyelle  précédente  osttrc's- 
souvent  allongée;  ce  qu'on  remarque  dans  j>  r^lp»/ 
(»ti  IV  est  long  tandis  qu'il  est  bref  dans ;c/<?rr/v  f\  ). 


i    v 


DE9   PARTIES  DU    DISCOURS. 


(jarnier  et  Pillot  comptent  huit  parties  du  discours: 
Garnier,  qui  veut  rester  dans  jes  limites  de  nombre 
prisées  par  lés  grantmairieris  latins,  ne  sépare  pas 
l'article  du  nom;  Pillot  imite  Jes' grammairiens  grecs, 
et  fait  dé  l'interjection  une  variété  de  l'adverbe.— 
Tous  deux  confondent  le  substantif  et  l'adjectif. 

Dans  l'examen  qu'ils  font  l'un  et  l'autre  de  res  huit 
parties  d'oraison,  Garnier  est  bien  supérieur  à  Piljot. 
Après  avoir  défmi.ct  classé  les  diverses  espèces  de  cha- 
(iHi.e  des  parties  du  discours,  et,  pour  les  mots  varia- 
bles, après  avoir  fait  connaître  les  mo€lirications  qu'ils 
peuvent  recevoir,  il  donne*  avec  une  parfaite  clarté  ses 
'Observations  et  ses  règles  :  aucun  autre  gramnmirièn 
ne  procède  avec  une  méthode. plus  siire  et  plus  claire. 
Pillot  est  il  la  fois  plus  confus  et  moins  complet. 


Hivieres.  des  Montalgnès,  dès  Vontz,  d«8  Evencmentz  de  toutes  et  rha- 
curiea  les  choses  plus  remarquableAii  soient  arrivées  par  l'Univers.  •> 

—  Palliot  eût  eu  plus  tôt  fait,  il  faut  eq  convenir,  d'énumérer  les  mots 
qui  ne  prennenjt  pas  de  majuscules. 

(t]  Abel  Mathieu  n'écrit  jamais  autrement  que  :  je  fairay,  je  fairoit  : 
«  Ledit  payement  que  je  tous  fairay  sert  en  monnoye  ayant  cours  ad 
pays,  non  faulse  ny  adiiherine.  »  —  2*  Deiù,  p>'2,  verso. 


>#•' 


-IT". 


tt6 


61AMMAIRB    FllA!VCAlfl 


DE   L  ARTICLE. 


Oarnicr.  et  Pillot  parlent  assez  pea  et  assez  mat  dq 
l'article  ;  pour  eux,  la  principale  fonction  de  rarticle 
est  de  (airfe  c^iaître  le  genre  du  nom  qui  suif, 
Mathieu  -attribua  aussi  aux  articlej»  la  propriété  de 
marquer  le  nombre  des  nomsqui,  au  pluriel,  ne  clian- 
,gent  pas  la  terminaison  de  Imir  .singulier-  :  t  Je  les  appelle 
indicé*,  dit-il,  pour  se  qu'ilz  dénotent  les  sexes.  Et  si  ' 
aux  noms  propres,  auxqu.elz  ils  n'ont  point  d' adjonc- 
tion, une  qualité  ou  différence  s'associe,-  lesdictz  arli-:' 
des  précéderont  iadicte  qualité, ou  différence,  commp 
nous  disons  :  Alexandre  te  Grand ,,  te  saitje  Satomon, 
Diane  ta  pudieque.  9  , 

Pillot  et  Garnier  prêtent  à  l'article  une  '  déclinaison 
qu'ils  disposent  ainsi  l'-un  et  l'autre  (1)  : 


<     SlNCCUER  : 

Nominatif. 

Génitif, 

Datif. 

masculin  •     • 

'      le, 

m:  du. 

{à),  au, 

féminin  : 

'to. 

d*.  . 

u, 

PLORiEt,  pour  Ut 

^ux  genres  : 

n»                 -  < 

./"^ 

>    ^          les^  .      ' 

(de),  de&. 

(à),  ouj 

Quant  aux  autres  cas,  àélon  Pillot,  l'accusatif  est 
senfiblablé(ay^ominatif^^àblatif,  au,  génitif;  au  lieu 
du  vocatif  0(1  emploie  Fad verbe  o,  qui  du  reste  s'ex- 
prime rarenicnt  en  prose.  — Au  datif,  à  doit  toujours 
être  marqué  lie  l'accent  grave  :  Pillot  est  le.  premier 
auteur  qui  ait  posé  cette  règle. 


"I 


(I)  Nous  avons  mis  entre  parenthèse  les  particules  ajoutées  par  Pillot 
à  cflle»  qu'avait  données  Garifier.  ' 


m 


'  JIAN  r.AMNItl.   JIAN  flllOT.   ABRL  MATJIRH.  ïiT 

Par  le  tableau  qui  précède  on  voit  que  le  féminin, 
au  gciiilif  ot  au  datilTcst  manjuc  par  liejm  par  a  (1)  : 
CI)  effet  ne  dit-on  pas  :  le  mnintien  de  femme,  eouture  de 
ro^f,  etc.?  Cependant  Pillot  consent  à  mettre  deux  ar- 
ticles, riôniau  pluriel,  car  on  ne  dit  ni  de  les  hommes  ni 
delesfemmet^  mais  seulement- au  sin^lier, — ^(•devant* 
les  noms  fémiiiifls  :  le  mainlien  db  la  femme;  —  2*  de- 
vant les  noma  masculins  commençant  par  une  voyelle 
ou  iine  h  muette  :  la  prunelle  dr  Vceil;  te  jugement  de 
h'Momme. — PHIot  termine  par  cette  remarque  qu'il  est 
%rt  élégant  de  former  un  nom  d'un  infinitif  accom- 
s  p%né  de  l'article  (2.)  :  le  boire,  de  boire,  a  boire,  etc.  : 
'parbù  l'on  voit  plus  formellement  encore  qu'à  ses  yeux 
(/(?  et  ri  sont  purement  articles,  et  non  prépositions. 

Garnier,  en  qui  nous  trouverons  ailleurs  un  meil- 
leur guide,  est  ici  complètement  égaré.  Qu'on  en  juge.  • 
Voici  ce  qu'il  dit  de  l'article,  au  milieu  de  ses  obser- 
vations sur  le  nom,  avec  lequel  il  le  confond  : 

1.  Tous  les  noms,  pronoms  et  participes  sont  indé- 


/ 


(1)  Viugeliui  et  ses  commentateurs  Patru  et  Thomas  (^ç^iieille,  ce  der- 
nier au  nom  de  l'Académie  française,  rangent  aussi  de ,  à  parmi  les  ar- 
ticles; Oudin  en  fait  des  articles  indéflnis.-ct  cette  erreur,  suivie  par  lo 
P.  Chifllèl  et  le  P.  Bufller,  n^semble  pas  avoir  été  combattue  avant 
l'abbé  de  Dangeau  et  l'abbé  d'Olivet  — Voy.  Oputculet  siir  la  langw  frdnr 
çoise  par  divers  arademicient.  Paris,  Brunet,  1754,  ln-12,  p.  233;.  et  Re- 
marquei  sur  la  Langue  françoites,  ^n  l'abbé  d'Olivet.  Paris,  Barbou , 
1771,  pp.  139  et  suiv.  —Cf.  Grammaire  générale  raisonnée  de  Port- 
Royal,  combattue  dans.  la.  Grammaire  franc,  de  Régnier  Desmarais. 

(2)  Tous  nos  anciens  grammairiens  ont  parlé  de  cet  infinitif  substantlvé, 
romme  le  nomn.c  J.  du  Iteilay  (Cf.  p.  2.30,  note  >1).  Il  est  d'un  usage  ré- 
gulier en  italien  et  en  espagnol.  Mais  en  bëamai«i,  il  a  des  emplois  bien 
plus  caractéristiques  dont  nous  reparlerons  dans  le  chapitre  des  Ëstiennes* 
—  Cf.  cl-dessùs,  pp.  27,  45,  etc. 


M 


^ 


^/< 


188  QRAMHAIIE  PRAMÇAIfiE.  ,^ 

I  ■,-«... 

clinâbles  en  français;  Tarticle  seul  ae décline  %\xx  deux 
genres  et  aux  deux  nombres.  1  " 

2.  Aux  noms  appeUatifs  (oa  communs)  nous  prépo- 
sons toujours  un  article  de  môme  genre,  pour  tous  les 
cas  et  nombres  ;  cette  règle  s'observe  aussi  aux  cas 
obliques/mais  jamais  aux  cas  directs  des  noms  pr^opres 
ou  appropriés.    Sont  appelés    noms   appropriés    les 

'  noms  appcllatifs  qui  '  sont  comme  déterminés  et 
restreints  p^r  un  nom  propre  ou  par  un  pronom, 
co^lni^mom'^eur  LouiSf  viaistre  Jem,  cesl  homme  ^  ta 
mère ,  etc.  " 

3.  Les  noms  propres  et  appropriés  répoussent  l'ar- 
ticle masculin,  et  affectent  Particje  féminin.  Nous  disons 
en  effcl  :  C Evangile  de  Jénis-Clirist ,  çt  non  dl  Jésus- 
Clirht;  donne  cela  a  Philippe ^  et  non  au  Philippe  ;  la 
doclrineDB  cestyhomme  est  bonne ^  et  non  Diî  cest  hqmme. 
—  Ainsi  ces  nomsi  propres  et  appropriés  suivant  tou- 

'jours  laVèglc  dus  noms  féminins. 
'  h'  \'X  do  même  ,que  Les  noms  propres  n'ont  pas  de 
pluriel,  li^noms  appropriés  au  pluriel  rejettent  les 
articles. pliifiels  et  prennent  les  articles  singuliers  du 
cas  où  ils  sont.  Ex.  :  lu  faveur  de  mes  amÎM,  et  non 
DES  mr«  a>»//s,  etc.        -  .    "(  ' 

5.  Les  noms  appcllatifs  féminins  prennent,  aux 
cas  obliques,  outre  l'ar^ple  de  ces.  cas  obliques,  ' Par- 
ticle  de  leur  nominatif,  mais  au  "^singulier  seulement,, 
et  non  au  pluriel.  Ex.  :Gt)niions  honneur  A  L\ parole  de 
Dieu  y  ci  non  \  parole  j  de. 

Il  en  est  de  nième  pour  les  noms  masculins  com- 
mençant  par  une    voyelle;  mais   dans    ce  cas   ori 


^ 


\ 


i 


>■ 


\ 


JIAN   GARMCR.    JBAM    P^LLOT.    ABI'.L    lATHlU. 


ÏÎ89 


-/ 


recourt  toujotm  à  l'apostrophe,  pour  éviter  le  choc 
tics  voyelles.  Ex.  :  garde-ioijtJhm  iw.  i^ homme  flatteur. 
On  ne  peut  se  tromper  (]e  meilleure  foi  ni  avec  plus 
de  conscience  ;  mais  ces  sjinguliàres  théories  ne  nous 
ont  pas  paru  susceptibles  de  discussion,  et  nous  n'a- 
vons pu  que  les  exposer  dans  toute  leur  sin»plicité. 
Mais  c'est  bien  le  lieu  de  remarquer,  avec  l'abbé  de 
Dangeau,  que  cette  confusion  des  articles  et  des  pré- 
positions «  cause  une  grande  obscurité  dans  les  gram- 
maires ordinaires  (1),  » 


Di;    NOM. 


Abcl  MathieO  se.  place  à  un  point  de  vue  plus  élevé 
q<ic  Garnier  ou  PillOt  :.€  Le  monde,  dit-il,  et  tout  ce 
qu'il  contient  «st  appelle  par  son  nom  ou  par  un  nom 
;;eneral  :  Wei/,  éléments;  sont  lies  personnes  ou  les 
choses  soubz  lesquelles  je  comprends  toutes  créatures 
et  tous  animaux  et  sans  ame,  et  ce  qui  est  de  nature 
ou  d'art.  —  Lesdictz  noms  viennent  aux  personnes  et 
aux  choses  par  imposition  d'hommes  qui  les  ont  in- 
veniés  et  assis- à  chacune  diversement. 

>  Les  François  ont  donné  les  noms  aux  personnes  et 
auxxhosesdetnasleoulde  femelle,  tant  seulement.  » 
—  C'est  aussi  ce  que  dit  Garnier  :  %.  Les  Français 

fi. 

n'ont  que  deux  genres,  codime  \\  n'y  a  que  deux 
sexes.  »       '..'  . 


^  ■» 


!  «  ;  \oy. ,  (yputoiltn  twr  ta  Umgue  frat^.,  p.  233. 


T7 


290 


^-X 


r.lAUlAlKf '  FIA!VÇAIfll. 

Mathieu  signale  ensuite  une  mode  qui  tendait  alors 
à  s'introduire  ;  il  i|i  blânrie  vivement  et  avec  raison  : 
•  Aujourdhui.  se  forme  un  abus  en  ceste  langue  tou^ 
chant  les  indices  (articles)  de  motz  ,  lequel  vient , 
comme  je  çroy,.  de  la  communication  des  estrangers  ; 
car  ceulx  qui  en  ont  part  veulent  réduire  leur  par- 
ler, touchant  lesdits  indices,  à  la  suite  du  latin  ,  et  con- 
trevenir à  Isî»  multitude,  qui  prend  un  autre  sexe  à  son 

usa^ Je  conseille  de  suyvre,  en  cela  et  partout", 

le  peuple  et  la  multitude..... 

»  Lésditzi^oms  ouHermes  commancent  par  Icp  cinq 
dames  q,  e,  i^o,  m,  et  y  finissent,  ou  par  lés  conso- 
nantes  hagucres' nombrèes  ;  et  sont  propres  ou  gene- 
raulx,  comme  /lomnie,  cheval,  ci  nont  que  deux  va- 
riations, l'un^au  nombre  d'un,  l'autre  au  nombre  de 
deux  ou  plusieurs:  et  quant  au  nombre  d'.un,  il  est 
toujours  manifeste  et  na  aucune  difficulté  ;  quant  au 
nombre  de  beaucoup ,  il  est  à  juger  en  deux  sortes, 
cest  assavoir  es  noms  fmissans  pair  l'une  des  èniq" 
[dames];  y  âdjoutant  à  la  fin  la  lettre  s  ,  ja  variation  se 
faict,  et  quelquefoys  y  âdjoutant  x,  spécialement 
quant  «  est  la  dernière  dli  mot  :  oyieauy  oyseaux,.... 
Sont  infiniz  motz  françois,  propresou  non,  et  de  propres 
estrangiers,  lesquels  n'ont  variation  de  be^coup,  mes- 
raement  ceulx  qui  ont  *,  en  quoy  l'on  co^oist  la  dif-, 
ference  des  nombres  par  les  indices  (articles)  mis 

devant.  » 

,  Rien  de  mieux  n'a  été  dit  par  Garnier  ni  par  Pillot. 
De  plus,  Mathieu aévité ,  par  son. silence ,  de  tomber 
dans  Terreur,  commune  à  tous  les  grammairiens  du 


*■ 


t 


;KA!<  tiARKIlM.    JfAN>ILLOT.    AttL    MATHIEL'.  291 

môme  temps  qui  avaient  grand'peine  à  se  tirer  de 
rembarrai  où  Içs  jetait  la  confusion  du  subsiaûtif  et 
de  radjectif.(l)  :  si  ce  silence  çsf  volontaire  et  raisonné, 
il  est  fâcheux  que  Mathieu  ne  l'ait  pus  défendu. 

Mathieu  ne  parle  pas  non  plus  des  déclinaisons  ; 
Gamier,  qui  n^en  admet  pas  et  qui  dit  :  A  quo^  bon 

*  des  déclinaisons,  où  il  n'y  a  rien  à  décliner?  ne  donne 
^as  /moins,  comme  Pillot,  des  exemples  de  mots 
comme  docteur  y  doctrine,  tainci,  saincte,  qu'il  fait 
passer,  à  Paide  de  l'article-,  par  les  trois  cas  qui 
remplacent  chez^  nous. les  six  cas  l^ins:  pour  lui, 
c'est  ménpe  la  principale  fonction  de  l'article,  de 
marquer  les  cas,  c'est-lUdire  le  rôle  des  mots  dans  la 
proposition  ;  et  on  comprend  cette  erreur  en  pensant 

'que  parmi  ses  articles  il  ne  range  pas  seulement  /^,  /«, 
/w,  mais  aussi  ù  et  c/e,.  . 

Pillot  semble  copier  Garniçr  quand  il  divise  les 
noms,  en  noms  propres  et  en  noms  communs,  et 
ceux-ci  en  substantifs  et  en  adjèctifa.  C'est  à  celte 
dernière  classe  de  nomô,  les  noms  adjectifs,  que  s'ap- 
pliquent, dans  les  deux  auteurs,  les  règles  relatives 
aux  degrés  de  comparaison ,  règles  littéralement  co- 
piées sur  Garnier  par  Pillot  (2j.  Nous  formons  le  com- 

'T"  ai'       "        it    '  -     ■ 

1|F  ■  •■  « 


/       • 


# 


(I)  Cette  confusion  dans  laquelle  sont  tomtiés  encore  Oudin,  Vauge- 
la»  et  seacomndentaleurk,  le  P.  Chfllet,  le  P.  BulQer,  d'OIivef,  l)an«<au 
et.milie  autreï,  n'a  été  bien  nettement  dissipée  que  dans  la  Grammaire 
de  Heauiée.  Voy.  aussi  les  articles  de  ce  savant  Krammairien  dans  l't'n- 
cyclopédie  méthodique,  aux  mots  subitanhfx.  adjectifx,  éHc.  ^ 

,2)  On  en  jugera  par  ce  tapprochement  :  —  Garnic»  :  •  Comparàtiones 
.    Galli  non  habent,  aed  ilUs  circumacribunt  per  islâs^ùas  partlculas  plus  et, 
«ï.  Comparatltuin  «ffcrunt  per  sunm  pnaitiTun,  prspoaita  partieula 


292 


tilAVllAlRE    riA!<ÇilSK. 


/■ 


paratif  en  plaçant  pluM  devant  le  positif,  et  le  super- 
latif en  plaçant  très.  Sont  cxceplcs  par  Garnier  les 
adjectifs  ban  et  wauvah,  qui  ont  uncomparatif  irrégu- 
lier, mei7/<?ur,  pire,  mais  dont  île  superlatif  est  régù^ 
iier:  très-bon,  iré.<-niaMt'fli«.  —  A  ceux-ci  Pillot  ajoute 
petiu  moindre, jres.pelit:—  Celle  forme  :  *  te  plus  heu- 
reux dé  tous  •  est  pour  les  deux  auteurs  un  compa- 
ratif (i). 

Pillot  continue  à  copier  Garnier  quand  iHpttHe  en- 
suite des  adverbes  et  des  prépositions  qui  peuvent  rece- 
voir le  comparatif  et  le  superlatif  iprurfeimneiïl,  plus 
prudemment,  ires  prudemment,  MyeThes;  près,  plus. près 
outire,  plus  oultre;  ces  derniers  mots  sont  des  préposi- 
tions et  n'otit  pas  de  superlatifs  :  on  ne  dit  pas  très 
près',  etc.  {très  près  non  e^  in  usu.) 

Ici,  toutefois,  Pillot  intervient,. et  fait  une  remarque 
qui  lui  est  personnelle  ,  ou  ducnoins  qu'il  n'a  pas  trou- 
vée dans  Garnier  :  «  Queïqueà-uns;  dit-il,  voulant  enrir 
chir  notre  langue,  lui  donrierit  un  superlatif  à  Pimi- 
lation  des  Latins  ;  ils  disent  pour.frM  sçavant ,  sçavan- 


pitu;  &u|^rliiUvuin  vero  praèpofiU  particula  tret.  /lUque  compirativi 
propria  nota  est  p/u«,  aupcrlativi  yen»  ir€».  » 

Pillot  :  •  Utiiii  paululuin  immuKato  posUivo  comparativom  et  «uper- 
lalivum formant;  »cii  Galli,  ut  Hchrai,  utrumque  clrcumscrlbunt : com 
paritUviyn  quidem  GalU  pçr  poêilivûw  suum  et  parllculam  plut,  id  c«t 
wwgn;  luperlatlvum  autem,  pr^pcf^a  syllaba  tret.  Ergd  comparativi 
nota c»t  pJta,  sMperlalivl  »rM.  •       ','  ;     ■ 

(I)  Ou4in  :  *  en  cette  phrase  :  le  pifii  ijnoront.du  monde  ou  de  la  terre, 
il  (le  comparatif),  peut  passer  pour  supctlalif.  —  Chimcl  :  •  Quand  le 
cotnparatif  a  l'article  devant  luy.  il  dcftent  superlatif  :  Çett  le  plvt  riche 
deità  tille.  —  BuWer  :  «  le  superlatif  deflni  demande  le  génitif,  et  on  y 
t^ute  souvent  le  mot  du  monde",  comme  :  le  plut  tarant  du  monde.  » 
^  Cf.  Grammaire  de  Régnier  Desmarais,  édtt.  t70&,  p.  18&, 


JKAN   UARNIE»-.' JIÎAN    PILLOT.    ABiL   MATHIEl .  295 / 

(isshne  ;  pour  très  bon ,  bônissime  ;  pouf  très  révérend  i 
revi'iemlisHinw  i\).  Cc&  formes  sont  dues  à  la  cour, 
dont  raulorilc  esi;.iè1le  qu'il  vaut  mieux  se.  tromper 
avec  elle  que  de  bien  parler  aveC  les  autres,  et  que 
l'on  a  toujours  raison  avec  ce  mot  :  «  elle  l'a.  dit.  m 

Kiifin  Pillot  et  Ciarnier  parlent,  mais  fort  peu,  des 
diminirtifs,  dont  l'emploi,  dit  Pillot,  est  très-élégant. 

Nous  avons  déjà  traduit,  en  4)arJaftfe^de  l'Article,  lés 
cinq  premières  des  Observations  que  donné  Garnier  à 
la  fin  de  son  chapitredu  Nom;  nous  contihuci*ons  à.lc 
résumer.  * 

1.  Dans  les  genrçs  des  lioms,  les  Français  imitent 
ordinairement*  les  Latins,  faisant  en  outre  masculins 
les  noms  iieutres  du  latin  (^). 

2.  Dans  tous  les  adjectifs,  le  féniinin  se  forme  du 
masculin  par  l'addition  d'un  e  ;  bon ,  bonne  ;  mauvais, 
mauvaiiç  ;  blanc ,  blanche;  il  en  est  de  même  pour 
tous  les  participes  actifs  ou  passifs  :  aimant,  aimante; 
aimé,  aimée  (3).  r-  Quelques  adjectifs  terminés  par  c 
muet  :  sage,  juste,  etc. ,  ne  varient  point  ;  il  ne  F*ensuit 
pas  qu'ils  sqient  d'un  genre  moyen  ou  commun ,  car 
le  français  ne  reconnaît  nullement  ce  troisième  genre. 

3.  Les  adjectifs  employés  seuls  prennent,  à  tous  les 
cas,  les  articles  du  genre  et  du  nombre  qui  convient 


(I)  On  lit  encore  dansOudln  :  «Npus  empruntons  de  ntallen  docUt- 
iime,  extellentissimê ,  grandistime ,  ignorantitùme ,  i^ustrimme^  rêve- . 
rendisnime ,.  piitiime ,  iancti$iime  cX   serenitsime.»  —  Cf.   ci-de»«u», 
p^.  74,  135,221. 

(V)  CeUe  règle  e«l  la  «•  4anB  Garnier. 

(3)  Nous  traduisons  littéralement;  mal»  on  voit  que,  dans  toua  les 
excmpkti  cités,  le  féminin  n'est  pas  formé  par  la  seule  addition  d'un  e. 


/^ 


îî»4 


tiRAMMAIIIF    FRA;<IVA*^>^ 


# 


.X" 


aux  substaniife  alors  sôus-entendus  ;  ie  tiçnc  ett  meiU^ 
leur  que  le  roUge  ^  s.-ent.  vin  ;  ut  porte  point  envie  aux 
meschants  et  ne  mesdy  point  des  bons,  s.-ent,  .hommes y 
'  .4.  Les  noms  d'arbres  sont  masculins';  de  fruits, 
ïémlnïns:  le  rioyêr,  la  m/ht. 

5.  Les  noniâ  français  terminés  en  al  ont  le  pluriel 
en  aux  :  cheval  ^  clieyaux;  ('fjol^  égaux. 

6.  En  parlant  dq  chair,  de  poisson  ou  d'argent ,  le 
f rahçaî^ 'emploie  ordinairement  Je  singulier  :  chair  et 
poisson  est  viandr  de  fonntiixsaire  y  dil^ont  etc. 

7.  La  langue  française  forme  un  grand  nombre  de 
mots  du  latin ,  soit  en  ajoutant  ou  retranchant  cer- 
taines lettres  oa  syllabes,  soit  par  transposition ,  etc. 

8.  Il  y  a  trois  sortes  de  noms  de  nombre  en- fran- 
çais, comme  en  latin  :  —  1"  le  nombre  cardinal  :  mw, 
dix,  soixante,  huitante,  cent,  etc.;  —  2"  le  nombre 
OTdinBl  :  Huiemèy  Aleuxiewe,  troisième,,^  etc.;  nous 
disons  auaï?'i  :  premier,  second ,  tiers,  quart,  quint, 
sans  aller  au  delà;—  3'  le  nombre  ad>^rbial ,  qui  .se 

.  forme  du  nombre  cardinal ,  ou  qui  n*est  autre  que  ce- 
tui-ci  suivi  de  la  particule /om  ;  une  fois,  deux  fois,  etc. 

9.  Le  mot  crtj)ii«,.dan8  le  sens  propre,  se  rend  par 
teste,  comme  :  ma  teste  me  fait  mat,;  mais  au  figuré, 
p&r  chef ,  ainsi:  Christ  est  le  Htef  de  C  Église,  eic, 

10.  Cpmme  Bieu  est  un,  ce  mot 'Dteu  est  regardé 
comme  un  nom  approprié,  et  pejétte  Tarticle,  comme 
les  noms  propres,  à  moins  qu'il  ne  soit  suivi  d'une 
épithète  :  Dteû  a  parlé ,  le  Dieu  fort ,  jmte  e;l  miseri- 

\^r,  coriiieux,  etc.  *■ 

il.  Quant  à  l'ordre  des  mots,  les  Français  placent 


j' 


\ 


JfAN   GABWIIII.    iEAN    MLLOT.    ABEL    MATHIEU. 


295 


toujours  les  substantifs  avant  les  adjectifs:  te  vinhlanc 

et  non  tê  blanc  vin  {\  '  ;  et  les  cas  directs  devant  les  cas 

obliques  :  la  main  de  Jean,  et  non  de  Jean  h  main.  — 

Kt  en  cela  les  Français  survent  la  nature,  qui  denr>ànde 

la  substance  avant  Paccident  (•2i.  —  Kxc.eptez  bon  et 

mauvais  qui  se  placent  indifférennment  avant  ou  après 

-le  no*m..' 

12.   L'ablatif  dMnstrunientf 3)  se  marque  ordinaire- 


• 


c__ 


i'^(^iM;lle  doiVétri'  la  plare  de  l'atljertif  par  rapport  au  substaiilil  qu  il 
(]ii;ilitit'':'  —  Vauupjns  ne  (l^tiiiic  il»;  n'iilcp  uënéralc»  qii<'  |t4)iif  deux  lias?;*'» 
dadjodlfs;  çm\  i|ui  Uiarquent  la  coulour  se  placent  aprijs  !♦•  nom-,  '#s 
dt'trrniinalif»,  posM-ssifs  cl  iiumt'raux,  se  placoi.t  ■vutit  1«'  "nom.  La  plaec 
(lis  autres  no  se  ri'tiW  (luV  par  l'usanc  et  riisrnioniedu  «îi:Koiif)». 

Oudm  dynne  lesiiiéiniis  rèj{ks.  Mais  aux  adje«tifs  do  couleur,  iJ  ajoute 
le-  adjectifs  de  natiuii  i  chupiau  yris,  ycntiihumme  franro'Ht  -.  &u\  d»  - 
termiiiatifs,  il  a*8iniilc  ■  les  adjetîifs  de  luuanJje,  bla^tne,  quantité  et  de 
boniie  «u  mauvaise  condition  ;  un  yros  souUer,  bon  chkral,  »      -     ^ 

Le  P.  Chiinel  reprend  Oydin '»ur  ce -dernieri  point  :  «Je  meUijin«, 
dit-il,  qu'un  Vrlaiit  efariiïïiairien  qui  a  eompowi  une  (trammaire  a*scz 
bonne,  ella  nteilk'iiie  de  toutes^celle»  que  j'ay  pu  Voir,  ait,  fait  là-de»!iU8 
,  celle  règle  si  générale..  Cefle»  il  paroist  bien  qui'^cest  homme,  et  que 
j'eflinic  beaucoup,  n'avoit  pa»  l'expérience  qu'il  faut  avoir  pour/strebon 
urAnmiairien.  »  —  Suivbnl  des  r^^gles  qui  n'ùtuit  rien  de  la  confu^1on  : 
Cliimit,  cependant,  n'a  rien  négligé  pour  être  complet  :  «WVvant  de  for- 
mer leïisîégles  de  ce  traité,  dit-Il,  j'ay  parcouru  et  examiné  tous  les  ad- 
jectifs delaTSngùe  fran(;«)ii«e.  »  #        * 

L'abbé  d'Olivet,  qqi  jugeait  le  même  travail  iroinjsslble,  se  tire  d'embarras 
en  di&ant  que  *  quand  il  s'agit  d'une  langue  vivante,  le  chemin  de  l'usagée 
vaut  mieux  que  celuy  des  prée^ptcs.»  , 

Le  I».  Buflier  ChMjeajiisi  de  donner  quelques  règlç-s  générale»  ;  VKucy- 
clnjh'die  méthodique, qii\  jugé  ladifflculteau  ùQémepoint  de  vueque  l'abbé^ 
d'Olivet,  donne  cependant  quelques  régies,  «ïnumére  beaucoup  d'tx«nip4*.>. 
Mais  de  toutes  ce»  théorise»,  la  conclusion  la  plus  claire  est  qu'on  nep»  ut 
rieni(tnclttr«,  que  l'usage  est  maître,  que  rorei.lle  est  juge. 

(2*...  «Âanque  et  conforme  al  érdeny  eonstruecion  natural  que  el 
suiianlivp  précéda  al  adjeJtito,...  se  pued«,  y'  aun  muchas  veces  es  con- 
veniento,  invertir  este  érden  nnfural,  posponicndo  el  stustantiyo  al  aiije- 
ti.v»».  V  Granidtito  casteUand,  \1l\,  p.  HîiO. 

(a)  Kn  latin,  on  met  à  l'ablatif  Ir  rom  do  l'in.«trumont  à  làndo  duquel 
une  •hô^  »e  fait     . 


\: 


2yti 


OHAyMÀlKE    KRANÇAISK. 


\ 


^• 


/\ 


■^ 


'\ 


\ 


ment  par  la  prépositiQn  par  et  Taccusatif  :  nous  som- 
mes rachetez  par  le  seul  sang  de  Jésus  Christ  ;  quel- 
quefois cependant,  par  l'accusatif  et  ta  prépdsition  de^ 
comme  :  o  SeMjneur^  remplij  ytfoh  cœurs  de  ton  Sainct 
Esprit,  .  -  \  ' 

13.  Pour  demander  où  indiquer  une  partie  dequel- 
jquc  chose,  riôiis  employons  non  L'accusatif,  comme  en 
latin,  mais  le  génitif  avec  son  article  :  dpnnez  moy  du 
.pain^;  si  Ton  vcit  la  chose  entière,  on  emploie  l'accu- 
satif :  prestez.wotf  rostre  cheval^  vostre  Cousteau^  etc^, 
pârc'e  que  ces  objets  ne  peuvent  se  partager,  et  nous 
n'en  pouvons  prendre  une  partie  salis  les  autres.  Pour 
ce  motif,  nous  disons  :  donnez-moij  le  pain,  4e  rin, 
C argent,  quand  nous  voulonsHtout  le  pain,  tout  le  vin, 
toutTargent  (1)..      -  . 


DU    PROKOH. 


Les  proaoms  sont,  en  français,  ce  qu'ils  sont  en 
latin.  —  On  les  divise  en  trois  dassés  :  les  démons- 
tratifs, les  possessifs  et  Içs  relatif 

Les.pi^nomfi,  dit  Gs^ier,  se  déclinent  comi||B  les 
noms,  à  l'aide  des  articles  (2)  ;  pour  le  prouver,  il  clé- 
cline  successivement  les  sept  prononis  de  là  première 
(ilasse  :  1°  je  ou  rho^;-^^  tu  ou  toy  ; — 3'  i&UJr"  ^'  *^^' 


r . 


(r  Aucun  grammairien  n'a  mieux  compris  ctmi«ux  expliqué  les  prin- 
cipes exposés  ici  par  J.  Garnier.  Oudin  n'a  pas  même  indiqué  la  règle. 
Régnier  Desmarais  tombe  dans  l'absurde  (voy.  sa  Grommàitt,  p.  160  et 
suiv.).  -  Cf.  CbiOlet,  1700,  pp.  17  et  1«>  BuOIer,  <;romfiMitre,  p.  l«3  : 
dfsrorJicte  miJoycn  ou  paruii/,  etc. 

(2)  Od  se  rajg^^ilft^que  Garpicr  confond  avec  l'article  les  préposition! 
df,  d.  ^  /  • 


.        JKA^  liAHMKH.    JliA,V  I^LLOT.    *BKI.    SlAflIlïM  .  ,    Wî     297 

qui  devient  té-if  devant  une  vqyplle  ;  le  fémwwn  est  cesic; 
au  pluriel,  le  njasculiii  est  ce$  ou  ceux;  le  fcinimn-jce* 
ou  coiies  t^ic);  -^  5°  il  ou  luii%  féminin,  c//f;  pluriel, 
masculin  ;  i/s ,  eux^  leurs;  féminin  :  eltes-^  leurs  ;  ^- 
%'  leur,  qui  est  des- 4euxgenre&etqu^em[)loie  quand 
.  il  s'agit.  d'urre§eiire^  ehosé  en  particulier  :  ces  yens  ont  ' 
j)erdu  tous  leurs  biens  et  exposa  leur  vieytic,  ;  —  7"cê/iie/, 
hUe,  ceux,  celle».  ^'^^^  V      »    -    ^ 

Ces-proiîoms'admettçnt  parfois: une  composition, 
a^ix  deux  ^efti:ei5  et  aax  doux  nombres,  comme  tcesiuy- 
H]  cèluij'hj  cei^ci,ceuX'lafCe8le-:ci,cèlle"la^cesl€s-çy, 
re//e«-/fl;  leur  signtfîcation  est  la'mêmçr,.  mais  leur- 
^    erpploî  est  différent.  \     •  .  v     .  > 

Jusqu'ici  nous  avonç  suivi    exactement  Garriier  ; 
liôus  devons  même  faire  remarquer  que  nous  avons' 
reproduit  son  orthographe  en  mettant  ydes4raiis  d'u-. 
iiion  entré' iès  d'eux  parties  de-  ces  deraiera  pronoms, 
.  ce  que  n,'a  pas  fait  Pillôt  j  celui-ci  rachète  celte  légère 
.    infériorité  en  admettant  dans  ses  môdèles^d^  déclinai-  » 
son  les  formes  me  et  te  que  0,arnier  avait  omises. 

Les  pronoiris  de  la, secondfe^^tl^,  pronoms  pos-^ 
sessifs,  sont  au  nombre  de  cinq  :  mon,  ton ,-mon,  (ô- 
minin  ma,  ta,  sa,  qui,  pris  dans  une-acception-^rela-' 
tive,  deviennent  mien,  tien,  si«n,  féminin  mieiwe, 
tienne ,'  sienne  ;  et  entm  nostre,  yostre.  Ces  deux  der- 
niers ne  changent  paç,  soit  dans  le  sens  possessif, 
soit  dans  le  sens  relatif,  sauf  au*  pluriel  où  fé  posses- 
sif fait  nos,  vo«,  et  le  relatif  no^frc»,  ro«/res. 

La  troisiètne  classe  comprend  les  pronoms  purq^- 
mcnt  relatifs,  comme  qui,  te,  la,  repi'ésentant  les 


■^^. 


/ 


V 


r         \         , 


r 


^ . 


298  URAMSAIRB   FRAMÇAIS».  ^_ 

personnes  ;  1/ ,  rappelant  lé  lieu  (^;  en,  qui  s' applique 
au  lieu  et  à  )a  personne  (*2)Tr 

Après  rénumération  des  pronoms  de  chacun  des 
trois  ordres,  Garnier  présente  les  observations  qui  s*y  ■ 
rattachent.  ,  : 

L  DÉMONSTRATIF^.  —  I.  Les  pronoms  propocîc»  aux 
noms  appellatifs  (ou  communs)  tiennent  lieu  de  l'arti- 
cJe,.  et  en  font  des  noms  appropriés  (3). 
/  2.  7p,  <M,  irdeviennen**moi/,  tog,  /«»/,  4»  quand,  au 
Heu  d^ètre  conjaçfés  avec  le  verbe  ,  ils  soni^ç^iployés 
seuls  pour  une  proposition  «entière  :  quia/aict  celar 
mntj,  ioii,  luif;  —  3?  (Juand  ils  servent  à  Pûn  dès  cas 

-    ■  •  *  -         y     ■  ■  •  o  . 

obliques.        f    .  .  , 

"^3.  Cesimj'Kf,  erlm4a.  s'etîiploient  seuls  :  ccstuy-ci 

esi  homme  de  bierii  et  cçt'uy^a  est  un  meschant;  —mais-,- 

s'ils  sont. suivis  d'un  substantif,  on  emploie  ce  devant» 

■ ,  •   '   — '. ^   ■         : 


,(i)  Oudin  range  dont,  en,  y  parmi  les  pronoms.  11  dit  de  y  •  «Cette 
particule  relative  indéclinable  ne  ê'applique  qu'au  lieu  des  prépositions, 
rapportant  l'endroit  ou  la  «bo!»'',  selon  les  ronstrucllons  où  elle  se  rcn- 
c<»ntre  :  nnus  y  sommes  sujets^xt-il  au  logis?  il  y  est.  Elle  est  çorrela-  • 
tive  do  4,  la,  au,  etc.;  par, exemple  :  est-il  à  la  maison?  ouy,  «7  y  est.  — 
Li  phrase  vous'  y  <jiies  signifie  totw  atex  deviné.  La  contraire  négative 
vous  h'y  estes  pas,  dont  le  vulgaire  seulement  peut  user,  veut  dlTe  :  tous 
ne  l'entendez  pas.  —  Ces  autres  sont  Remarquables  :  il  y  a  longtemps.  ^ 
—  Oiidin.  à  ce  dernier  exemple,  aurait  pu  ajouter  celui-ci  :  qu'y  a-t-il? 
si  éxaétementtraduit  en  latin  jiar  cette  locution  qui  se  trouve  dans  l'iaule  :■ 
quid  isticJwbet  ?  -  > 

12)  Oudin  :  «  En  relatif  dénote  la  personne,  la  chose,  la  portion  et  le 
lieu  ;  par  exemple  :  qu'attx-vout  tirf  de  vostre  maistre?  j'en  ay  tiré 
quatre  escut....  elr;  »  -r  Cf.  cl-desaus,  p.  4«.  —  Vaugelas  sei^ome  à  re- 
marquer que  «  cette  particule  est  merveilleusement  commode  parmi  - 
nous;  et,  comme  cliaqne  langue  a  ses^vantages  et  ses  défauts,  On  peut 
mettre  ce  petijjpot  au  nombre  dos^çons  de  parler  en  quo"y  nostre  langue 
8urpa>.«<ne«  autres,  et  non-ccuîement  les^^vulgaires,  comme  l'espagnole  et 
raiyïnando  excepté,  i'ilalienne  qui  se  sert  de  ne  au  méme'tcm«),  mais  .. 
la^retque  et  la  latine.  »  -^  K<iit.  avec  le»  Commentairet,.,.  t.  Il,  p.  47«. 

(3    Voy.'ci-de«su».  p.  ?«8.  >i,^^    ^     4  ? 


^N 


»-j 


J 


X. 


JBAN   UARMIti.    JBAN    PILLOt.    ABEI.   HATBIEl.  299 

une  consonne,  cesfe  devant  uae  vovelle.  —  De  nfvême 
,  au  féminin.         .  •  . 

h.  Ce  et  cest  ont '\e  même  sens:  l'un  se  place  de 
vant  les  voyelles,  l'autre  devanfles  coinsonncs.  . 

5.  (^ecîf,cefo,  désignent  vaguement  dne  chose  ina- 
nimée ,  et  ne  s'emploient  qu'au  singulier  :  nu- est  ceci? 
qne  signifie' cela  ?^^       ,  4  * 

6.  La  partîetffe  ci ,  dans  la  composition  ou  hors  de 
la  composition ,  sert  à  désigner  les  objets  rapprochés  ; 
lii\  les  objets  éloignés  :  ceci  est  bon  so  dit' d'une  chose 
que  nous  touchons  ;  ^e/rt  est  mauvais  y  d'un  objet 
écarté;  cest  homme  ci  est  près  de  nous^;  cest  homme  la 
en  esMoin.  ,» 

y  7.  A  la  fin  d'une  phrase,  on^ditioi/;  partout  ail- 
leurs, on  dit  «e  ;  le  sage  porte  ses  biens  avec  soy;  qui 
bien  se  mire,  bien  se  vôid.  , 

Si^Weime ,  joint  aux  pronoms  motjy  tot^  sog  y  ou  je, 
lu ,  i7 ,  ou  >ïte  y  te  y  se ,  ou  eïîfin  à  tout  autre ,.  produit 
le  même  effet, que  la  syllabe  met  ajoutée  aux  pronoms, 
latins  :  ecomet  ,  mùy  mesme ,  etc. 

'II.  Possessifs.  —  4.  Le^rbnoms  mon  y  ton  y  son; 
rna  y  ta  y  $a;  nies  y  tes  y  sm^m  placent  toujours  de- 
j^ant  un  substantif  exprimé  :  mon  fils ,  -etc.  ;  —  si  le 
substantif  est  sous-entendu ,  et  que  ces  pronoms  doi- 
vent terminer  la  phrase  ,  on  emploie  mien ,  tien ,  sien  ; 
Ex.  :  ceste  doctrine  n^es>l  pas  mienne.  Il  serait  ri)ieux 
peut-être  dîemployer  à  la  place  de  ceux-ci  les  datifs 
à  moy  y  à  toy,  à  soy;  comme  :  ceste  doctrine  n'est  pas 
à  moy  ;.  mais  Tusage  est  pour  mien ,  tien  ,  sien  ,  tîf  l'orî 
ne  peut  ni  le  changer  ni  le  corriger." 


^ 


% 


/^ 


^ 


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p 


V 


V. 


4 


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sud  .  CBAMIlAltl   PB4NVAIHK.  " 

2.  Les  féminins  ma^  ta,  ta  sont  remplacés  par 
mon  ,  ton ,  son  ,  devant  les  substantifs  féminins  com- 
mençant par  une  voyelle  :  mon  ame,  et  non  marne,, 
quoiqu'on  dise,  par  eitcçption  ,  m  amie. 

5.  Les  Français  emploient  souvent  les  accusatifs  me, 
te,  se  pour  les  datifs  moy,  toy,  soyfla,  règle  est  con- 
traire, mais  rusag€  le- veut.  Aiusi.au  lieu  de  :  vaux 
avez  escrit  à  nidi/,  l'usage  dit  :  vous  m'avez  escrit,  — 
De  même  au  pluriel  :  cela  nous  appartient,  et  non  :  ap- 
partient à  nous,  y^  ! 

à.  Me,  le,  se,  soit'qu'on  les  emploie  comme  datifs 
ou  comme  accusatifs,  se  placent  toujours,  sans  inter- 
inédiairè,  devant  le  verbe  dont  ils  dépendent  :  je  me  tay 
cl  tu  te  vatiies  ;  — ■  de  même  pour  le  pfuriel  :'  je  vous 
prie. .- —  De  même  enfin  leur,  leurs  s'emploient  comme 
génitifs  ou  datifs  :  les  mesclumts  servent  à  leurs  convoi" 
li«e«  (aux  convoitises  d'eux),  aussi  ml  leur  en  ad- 
vient (en  advient  à  eux )  (1). 

>  i5.  Quatre  pronoms  veulent  être  rapprochés  du 
verbe  :  s'ils  se  trouvent  employés  ensemble,  on. les 
place  dans  l'ordre  suivant,  par  rapport  au  verbe: 
d'abord  me,  te,  «<?;  puis  le  relatif,  le  démonstratif;^ 
s'il  y  a  une  négation ,  elle  se' met  ensuite,  et  enfin  vient 
le  sujet  :  —  Me  voulez-vous  révéler  vostre  secret?  —  Je 
ne  le  vous  reveleray  jamais,  ^\x  bien  je  le  vous  rêve* 
Uray(2).:  « 


*>, 


(1)  Cf.  ci-dëS8U8,  p.  3à. 

(2)  Sur  la  construction  des  prononu,  voy.  Bufller,  p.  184  et  suiv.  —  Ni 
le  P.  Buffler,  ni  Chifllet,  ni  Oudin,  n'ont  réglé  le  cas  où  deux  verbes  se« 
suivent,  accompagnés  d'un  pronom  régime  du  second  verbe,  comme  :  ine 
rtnex-voui  chercher  f  Garnier  wt  formel  ;  il  faut  que  le  pronom  précède  les 


è:^ 


\ 


I 


jrAN   GA1?IIIR,   MàN    PILLUT.    AIBL   IATIIIKL. 


3Ut 


6.  Nostre  ,  vojfre ,  pluriel*  nos  ,  i'd« ,  deviennent 
Hfisires,  voslrex  quand  ils  sont  relatifs,  c'est-à-dire 
(|iiand  ils  rappellent  un  nom  sous-entendu:  nos  amis 
sont  venus  et  les  voslr es jonl  demeurez  {{), 

7.  Tous  les  pi'onoms  possessifs  employés  absolu- 
ment, réclament  toujours  apr.ès  eux  un  nom  qui  soit. 


deux  verbes  :  me  voules'vout  rtteler  vottre  secret?  Il  en  e«t  de  même  en 

tM'arnais  :  ■ 

En  vantant  Jou  las  hotiy  goari^      (Navaukot.) 
En  chanlant  je  Us  vrni  gnérir. 

Cette  construction  a  existé  de  toute  antiquité  danfl  notre  langue,  et  elle 
éliiit  encore  la  plus  communément  ^ivieau  xvii*  siècle.  Maintenant  on 
place  d'ordinaire  le  pronom  complément  entre  les  deux  vert)08  :  je  t^ux 
k  niir.  —  Cf.  Lespy,  Gram.  béarn.,  pp.i;{09-2M.  —  Vaugelas  (édil.  citée, 
t.  II,  p.  393)  examinant  ces  deux  phrases  :  ilie  vient  jasiifier,  il  vient  se 
justifier,  dit  :  «  Tous  deux  sont  bons;  mai»  si  celui-là  doit  être  appelé  le 
«  meilleur  qjil  est  le  plus  çn  ui»ge,  je  ne  le  veux  pas  faire  sera  meilleur  que 
]f  ne  veux  pas  le  faire,  parce  qu'il  est  incomparablement  plus  usiK». 
M.  CovITcteau  observoil  ordinairement  le  contraire.  »— Th.  Corneille, 
dans  son  Commentaire,  ajoute  :  «  Je  croi  que  l'oreille  seule  décide  dans 
toutes  ces  façons  de  parler.  Ainsi  je  ne  It  veux  pas  faire  est  meilleur  que 
}<•  uf  veux  pas  le  faire,  parce  qu'il  sonne  mieux  à  l'oreille.  >  —  Alfaire 
u  liabitudo-:  c'est  au  nom  de  l'oreille  que  les  modernes  font  le  contraire. 
I.'abbé  d'Olivet,  iifemarçucf  sur  Racine,  examinant  ce  vers  de  Baja- 
ïet  [actel,  «cl):  '  ' 

'  ,     Viens,  suis-moi;  U  snluoe  en  ce  lien  se  doit  rendre. 

nous  apprend  la  date  de  la  petite  révolution  grammaticale  qui  changea 
la  place  du  pronom  :  «  Presquetous  no»  écrivains  aujourc^kjui,  dit-il  (•  "38  , 
se  font  une  loi  de  placer  imméiliatement  ces  pronoms  avant  l'infinitif  qui 
les  régit.  Us  dtrolent  :  kt  sultane  en  ce  lieu  doit  se  rendre.  Je  conviens 
que  l'un  est  aussi  bon  que  l'autre  pour  l'ordinaire...  Racine  a  cependant , 
préféré  l'autre'  manière,  parce  qu'il  l'a  trouvée  apparemment  (évidem- 
ment) plus  naïve  (plus  naturelle). 

(1)  OudjMHtivise  les  possessifs  en  deax  classes  :  les  possessifs  simples, 
•mon.inoftr^  etc.,  et  les  possessifs  absolus,  le  nostre,  le  tien,  etc.  Chifllet 
constate  le  fait  de  l'emploi  différent  de  mon  et  de  le  mien,  mais  ne  pose 
aucune  distinction.  Régnier  Desmarais^et  Je  P.  Bufller  divisent  les  pro- 
noms ^oseessifs  en  possessifs  absolus,  qui  précèdent  le  nom  :  nottre  pain, 
et  en  poMc^sifs  relatifs,  qai  s'emploient  sans  substantif,  et,qui  supposent 
un  nom  énoncé  auparavant  :  à  qui  est  ce  livré?  c'est  le  mien. 


i 


f^'. 


y^ 


>.■ 


X 


SAS  GRAVHAfll   PRANÇAISI. 

exprimé  ;  aux  cas  directs,  ils  rejettent  rarticle  ;  aux  cas 
obliques,  comme  on  Va  remarqué  pour  les  noms  pro- 
pres (1),  ils  prennent  le  féminin.  S'ils  spnt  relatifs,  ils 
rejettent  le  nom-commun  ôt  prennent  l'article  du  genre 
qui  leur  convient  :  mon  hounet^  eut  le  lien, 

111.  PauNOMS  RELATIFS.  —  \ ,  Le,  ta  sont  pronoms  re- 
latifs quand  ils  portent  sur  un  verbe  (2);  articles  quand 
ils  portent  sur  un  nom  :  ù  lard  se  repend  le  rad  (le  , 
art.y,  quand  par  la  quenelle  (le,  pron.  rel.  )  tient  le 
chat,  ■  .  ' 

2.  0««/  peut  se  placer  comme  adjectif  devant  un 
nom;  il  devient  relatif  du  nom  ou  de  ia  personne,  aux 
deux  genres  et  aux  deux  nombres,,  s'il  est  pr,écéd6 
dos  articles  /?,  la.  —  Ex.  :  Saint  Paul  nous  a  prcsché  une 
doctrine  laquelle  nous  mènera  tt^la  perfection, 

3.  Il  en  est  de  môme  de  celmj,  et  lie  ^  si  Ton  y  pré- 


\ 


(1)  Voy.  ci-tfeMU8,  p.288,  n"  3.  * 

(i)  Oudin. range  parmi  les  relatifs  les  pronoms  tl,  luy,  elU,  icelluy, 
irelte,  le,  la,  les,  qui,  me,  l^queU,  dont,  y,  en,  quel,  quoy. 

.  —  Chilllet  :  ■  Pkonoms  relatifs  :  en  voici  le  dénombrement  :  lui,  elle, 
le,  la,  lety  qui,  que,  lequel,  dont,  y,  en,  quoy....  Je  n'ay  point  fait  icy^ 
mention  de  ces  vieux  mots  'ic«{uy,  iceUe^  iceux,  ieelles,  parce  qu'ils  sont 
tout  à  fait  bannis  du  bon  langage  et  ne  s*  trouvent  plus  que  dans  le  style 
/  des  notaires.  * 

Le  P.  BuOier  fait  du  pronom  qui,  que,  Icqu<// guot,  •  appelé  commu- 
nément relatif,  ■  une  espèce  particulière  ;  il  le^nomoie  ■  pronom  modifl- 
catif  ou  determioatif.  » 

Régnier  DeEmarais  :  •  On  appelle  pronowu  relatifs  At»  pronoms  qui  se 
rapportent  à  un  nom  précédent.  Ceuvià,  à  prendre  (e  terme  de  relatif 
dan»  toute  son  étendue,  sont  en  très  grand  nombre  parce  qu'il  n'y  a  ,, 
g\ieros  de  pronom  qui  ne  puisse  devenir  relatif.  Mais  pour  se  réduire  à 
ceui  qu'on  a  accoustumé  dc^  ranger  dans  la  classe  des  relatifs,  en  voicy  à 
peu  près  le  dénombremelit  :  t{  et  luy.  qui  et  que,  quel,  lequel,  dont,  quoy 
et  les  autres  particules  qu'on  a  accoustumé  de  substituer  (?  donl,  en,  y) 
à  la  plare  <l6S  pronoms  qui  et  lequel  »  ~  . 


w 


JIA7I   GAMIVIII.   JIAN    PILLOT.    ABEL   MATBIBU.. 


SOS 


pose  un  i  ;  celny  qui  est  beau  et  parle  vilainement^  ice- 
luu  tire  un  couteau  de  plomb  tCu'ne  gaine  d'ivoire,  dit 
l)iofjene$.  .  • 

A.  Il  y  a  donc  ert  somme  neuf  pronoms  relatifs  en 
français  :  cinq  sont  simples  :  le;  la ,  qui  ,y,  en  ;  qua- 
tre sont  composés  :  lequel ,  laquelle,  iveiuij,  icelle.  Ils 
g€  déclinent,  comme  les  noms,  en  genre  et  en  nombre, 
à  l'aide  des  articles  :  lequel,  duquel ,  auquel;  qui ,  de 
qui ,  à  qui ,  etc.  -  ^  ' 

Ce  chapitre  est  fort  remarquable,  en  dépit  de  la 
:  confusion,,  déjà  signalée,  des  adjectifs  et  des  pro- 
noms ;  toutefois  l'emploi  différent  des  uns  et  des  au- 
tres est  nettement  indiqué  j  tt'auteur  suit  une  méthode 
rigoureuse,  préparant  la  règle  qui  suit  à  Taide  de 
celle  qui  précède;  il  a  formellemehl  distingué  /€,  la, 
articles,  de  le,  la,  pronoms,  et  donné  àr/i,  ij  le  nom 
qui  leur  convient.  S'il  a  des  erreurs,  il  les  rachète  du 
moins  par  de  bonnes  et  sages  vérités.  Pillot ,  qui  a  si 
bien  connu  Garnier,  et  qui  l'a'  souvent  copié,,  est 
moins  complet  et  plus  obscur.  Je  rTmarqué  cependant 
qu'il  a  noté  un  léger  changement  survenu  dans  l'çm- 
'ploi.de  ceiutj  et  de  celuy.  Du  temps  de  Meigret,  on 
disait  cetuy  ci ,  celuy  la,  mais  non  celuy  cy,  celuy  la  (1  ). 
Garnier  dit  cestuyci^celuylà;  Pillot  constate  l'emploi 
&i,multan^deces(ui/-ci/  et  celuy-ci;  de  cestuy-laei  celuy 
la.  On  se  rappelle  que  Ramus  avait  parlé  des  prononis 
moy\  toy,  luy,  sujets  employés  par  pléonasme  après 


v^ 


'^P" 


T? 


(1   Cf.  ci-dessu»,  p.  RI 


M 

^m  ':■ 


:i04  t^RAMMAlRE    FRANÇAISE. 

un  verbe  (1  )-.<Ni  Pillot  ni  Garniêr  ifont  signalé  ce  re- 
doublement du* pronom;  Mathieu  l'a  remarqué,  •  quant 
par  effect  on  veult  declarei  et  asseurer  sa  paroile , 
mesmement  par  affection  ,  comme  :  je  le  veulx,  moy  ; 
lu  l'as  faict,  toy;  il  dict,  luy  :  laquelle  façon  de  parler 
est  ordirtaire  parmy  le  peuple  et  nest  vitieuse  ne  cor- 
rompue :  car  de  semblable  use  souvent  le  Pétrarque 
en  ses  sonnetz,  et  s'y,  accorde  le  commun  langage 

'  ■       ■  ■  • 

d'Italie.  »  \ 

.      '■       --*     , 

Dr   TBllE. 

€  Il  est  heure  maintenant,  dit  Abel  Mathieu,  de 

traicter  de  la  matière  principale  du  propos,  que j'ap- 

.   pelle  le  nerf  du  devis  (2),  pour  autant  que,  par  icel- 

luy,  il  est  dict  ou  faict  quelque  euVre  ou  quelque 

chose ,  et  est  mis  perfection  à  Poraison  ou  àJa  parôlle. 

y  Exemple:  quant  je  dis  Pierre,  mon  parler  nest  pas 

.    M  achevé;  si  je  diz  :  Pierre  esiudie,  il  est  achevé;  en 

/'    sorte  que,  par  ce  nerf  e»t«(//e,J*astraincts  ma  pa- . 

■W       rolle  et  achevé  mon  oraison.  Si  j'adjouste  après  bien , 

je  l'orne  de  ceste  grâce  on. particule. 

»  Donc  le  nerf  de  la  paroile  c'est  [le  mot]  par  lequel 
le  nom  ou  mot  s'astrainct  ou  est  astrainct  à  quelque  faict 
et  euvre  ;  comme  en  nostre  exemple  cy-dessus  :  Pierre 
esiudie  bien ,  ma  paroile  ou  mon  devis  astrainct  le  nom 


-    (I)  Voy.  ei-dessni,  p.  247.  ^ 

(2>  Nous  ayons  vu,  et- dessus,  p.  271 ,  qiTe  Mtlhieu  change  TolonUers  les. 
termes  de  grammaire  conoimunément  reçus.  Il  va.se  JùstiQer  quelques 
lignes  plus  bas.  '  ... 


^ 


IIAN  OÀlNUtt.   3MAX  VILLOT.   AlIL  IIATÉIEC.  SOS 

Pierre  à  Testude,  et  en  cela  j'acc^iieice  et  arrette  ma 
parollc. 

— •  Fault  que  je  die  que  ma  déclaration  (  mon  expli- 
cation )  telle ,  amenée  ëur  le  champ,  nest  point  imper- 
tinente, et  est  facile  au  peuple  a  Pcntendre,  et  mt^ 
(joibt  on  moins  imputer  a  vice  si  je  n'use  des  raoti 
ariiiicielz  de  noz  docteurs  scholastiqucs^  pour  ce  quiiz 
sont  nouveaux  et  mal  plaisanta  a  gens  q.ui  ayment 
inyeulx  lés  laictues  quejes  chardons,  comme  il  est 
uu  proverbe.  Encores  sont-ilz  hors  la  commune  intel- 
ligence; car  en  ce  je  tui$  aymé  ^  qui  est  le  sens  d^ 
verbe  passif  ou  passionné,  qu'ilz  appellent,  en  quoy 
ciiduré-je  passion  ?  Ains  je  demonstre  l'action  de  cel- 
luy  qui  m'ayme....  Et  la  multitude  entend  myeulx 
qu'aymer  et  estudier  cest  faire  quelque  chose,,  et  çsire 
aifmé  pareillement,  que  si  je  luy  suggeroys,  par  dis- 
pute de  philosophes  ;  estre  passionné  d'amour  et  trou-^ 
blé  éh  pansée.  Et  puis ,  ce  nest  pas  assez  de  dire  je 
suis  aymé;  mais  il  fault  aussi  dire  de  qui,  pour  dé- 
clarer le  faict  et  pour  oster  la  question  survenante.    *• 

»  Donc  est  il  véritable  que  le  lierf  de  lai4)arolle  as- 
trainct  le  nom  ou  le  mot  francoys  au  faict  et  à  leuvre, 
de  quoy -il  faict  arrest  a  la  langue  et  acquiescement 
à  l'esprit  »  ' , 

Voilà  ce  que  nous  avons  trouvé  de  plus  élevé,  dans 
nos  anciennes  grammaires,  sur  la  nature  et  la  déOni^ 
tjori  du  verbe  soit  actif,  soit  passif.  Avec  Garnier  et 
Pillot,  nous  rentrons  dans  le  terre  à  terre  des  opinions 
,  reçues.  Ni  Tun  ni  Tautre  ne  s'arrêtent  à  une  définition. 
—  M  Les  espèces  de  verbes,  dit  Garnier,  leurs  modes, 

'  '  20 


• 


^:-' 


9à^ 


Êki_ 


\ 


'%0ê 


OKAMHAIll  PIANÇAIII. 


temps,  nombres  et  personnes ^sont  les  mêmes  en  frtn»— ^^^ 
çais  qu*en  latin,  à  cela  pr^s  que  nous  n'avons  pas  de 
verbes  passifs  fl;^  w 

Pillot/qui  n'est  pas  de  cet  avis,  distingue  les  ver- 
bes aictifs  dés  verbes  passifs  et  neutres  en  ce  qi^  les 
verbes  actifs,  s'ils  sont  personnels,  conjuguent  leurs 
prétérits  à  l'aida  de  l'auxiliaire,  avoir,  et,.  8*ila  sont 
imper^nnels,  sont  précédés  de  il  :  Ufauii;  les  verbes 
passifs  ou  neutres*,,  au  contraire,  impersonnels,  sont 
précédés  de  on  :  on  joue  y  LtmiUK;  personnels,  se  con- 
jui^oent  avec  eslte;  les  verbes  neufres  prennent  cet 
auxiliaire  à  leurs  prétérits ,  et  les  verbes  passifs  à  tous 
leurs  temps.  .         V 

Comme  ces  auxiliaires  avoir  et  estre  sont  indispen- 
sables à  la  coifjugaïs^n  des  autres  verbes,  Garnier, 
Pillot  et  Mathieu  les  conjuguent  d'abord  séparément.  ', 
Mais  avant  dé  donner  ces  paradigmes,  Garnier  pre-. 
sente  quelques  observations>  préliminaii^es  indispej^sa- 
bles  du  traité  des  verbes.  ^  , 

Comme  Pillot,  il  reconnaît  quatre  conjugaisons,  dont 
une,  selon  lui,  est. irrégulière:  on  les  distingue,  dit-il. 


'  W^ 


.  .(1)  Le  français  a-t-il  des  verbes  passifii?  Les  Alphabets  (1620)  disent 
foroiellement  :  «  Le«  Fran(,-otâ  n'ont  pa^  de  verla'é  passifs.  Puur  en  former, 
Hs  se  servent  de  circuuiocutiun  :  ;>  nuis  donné,  baity,veu,  ieu,-etc,  >  — 
Oiidio  :  «  Mous  n'avons  point  de  verbe  passif»  simple  ]  mais-ât  se  csompose 
du  participe  prêtent,  par  le  moyen  du  >  erbe  substantif.  •  — 'Port-Koyal, 
Cramas,  génér.  :  «  Les  langues  vulgaires  de  TEurope  n'ont  poini  de 
j^assif.  »— Cbiniet  ■  *  Quant  à  la  conjug.  dés  verbes  |)a8sif8 ,  c'est  asses  de 
dire  qutils  sont  conipusesdu  verbe  auxiliaire  substsintif  je  >utc,  etc..  >— 
Régnier  nesma rais  :  •  Nostre  langue,  pour^uppléer  au  defout  des  verbes 
passifs...,  etc.  ■  ^  Le  i*.  UulUer  s'eiprime  à  peu  pràs  de  la  même  ma- 
nière. ^ 


JIAN'GARNiKB.    JEAN    IMLLOT.    AIEL   MATUIll  i 


30- 


encore,  par  lé  temps  prétérit  parfait  de  Tindicatif,  et 
niieux  par  l'infiiiitir.  Pillot  et  Matiucu  les  reconnaissent 
à  l'infinitif  :  car.  dit  Pillot,  les  caractéristiques  du 
thème  et  les  parfaits  sont  trop  divers  pour  qu'on 
puisse  en  tenir  compte.  .  ' 

,j  La  première  conjugaison  a  le  prétérit  parfait  en  t-, 
l'infinitif  en  er,  comme  :  ahuét  aimer;. —  la  seconde  a 
le  prétérit  parfait  en  i,  et Tinfini  en  ir,  comme  :ioM/ri, 
wùffrir;  dormi  ^  dormir;  —  la  troisième  a  les  mômes 
formes  en  u,  et  en  rc,  comme  :  leu^  lire;  creu^  croire; 
vaincu,  vaincre.  —  La  quatrième  n'a  paîs  de  termi- 
naison fixe  (l).  ■    ' ■  ^.  .  ' .  - 


UMi 


^- 


[1)  Le»  Alphabets  déjà  cilés  attribuent  aui^ei  in  français  quatre  conju- 
gaisons, dont  Ie«  modèles  sont:  i*  aimer,  donner;  2"  bastir^  garnir, 
3»  mouvoir,  atoir  ;  4"  lire,  cqgnoistre,  lîroùlre.— Qudin  adhwt  le  inémc 
mtmbre  de  conjugaisons,  et  il  en  donne  pour  exemples  le»  verbe»  atmer, 
finir,  divoir,  rendre.  Le  P.^bilBet.a^holsl  mwwr ,  punir,  devcir,  rendre» 
A  Regriier-DesauraU  dit  :  «  Nostre  langue  a  jusqu'à  vingt-quatre  ter»  . 
minaison»  différente»  de  l'inflnltif,  qui  toutes  cependant  sont  réduite»  or- 
dinairement a  quatre  classes ,  dont  la  première  est  celle  des  verbes  ter- 
miné8\^  Tinûfiitif  comme  aimer,  chanter,  parler,  etc.  ;  la  deuxième,  celle 
des  verbe»  en  ir,  comme  battir,  agir,coxirir';  la  troisième,  celle  des, 
verbes  enwr,  comme  i>o»r,  avoir,  dètoir;  et  la  quatrième,  wlle  de  tous 
le»  verbes  qui  unissent  en  re,  de  quelque  maplerequc  ce  soit,  comme 
faire,  dire,  eonnoietre,  rendre.»  —  U  J^.  Buffler  :  •  No»  grammairien» 
obscrï«nt  que  les  terminaison»  de  tous  le»  Infinitifs  se  rédù^^ent  à  quatre 
principales,  savoir  :  er,  ir,  re,  oif  ,'et  que  ces  quatre  termiinalsons  font, 
'qualïe  sorte»  de  eonjaptsons  de»  verbe».  Cette  observation  est  àsseï  Inu- 
tile, puisqu'il  y  a  souvent  autant  de  différence»  d'inllexions  entre  cer- 
tains verbes  d'une  mesme  <x>njugaison  qu'entre  le»  verbes  de  ces  quatre 
prétendues  différentes  conjugaisons...  Si  on  veut  parler  consequemment, 
il  faut  ou  ne  Teconn(.Ure  qu'une  seule  conjugaison  dans  les  verbes  fran- 
çoli»,  ou  en  reconnoltre  autant  que  nous  allons  marque/  de  terminaisons 
différente;*  dans  les  Infinitifs.  ».Le  P.  Bufller  donne  ensuite  un  tableau  où 
sont  marqués  l'infinitif,  le  participe  actif,  le  participe  paosif,  le  présent  et 
le  prétérit  des  treize  verbes  suivants  :  porter,  finir,  sentir,  couvrir,  souf- 
frir, tenir,  plaindre,  produire,  paMtrf,  tair^/n><^'*'i^^'  recevoir,  mou- 
voir. ■  —  En  flxant  à  quatre  le  nombre  de  nos  conjugaisons ,  les  grani- 
inaiiien»  ne  semblent  guàre  avoir  tenu  compte  que  de  la  tradition  latino. 


'W 


V 


.  ^ 


>• 


■       30S     '  GlAMMAl»!   PRANÇAISI. 

Ici  Pillot  diffère  de  Garnier  :  selon  lui,  la  troisième 

,     Conjugaison  est  en  oir  ou  oire;   prétérit  parfait ,  ^u; 

mais,  par  SCS  exemples,  on  voit  qu*il  tient  peu  de  compte 

•  de  la  règle,  puisqu'il  rapporte  h  cette  conjugaison  avec 

les  verbes  rroire  et  appercevoir  les  verbes  yôir*,;Hiû- 

trci  congnoistrc,  eîc.  —  Kiifin,  pour  lui,  la  quatrième 

conjugaison  a  rinfinilif  en  re  précédé  d'une  consonne; 

le  prétérit  parfait  est  en  ci  si  la  dernièPe  syllabe  du 

thème  est  une  4cs  dipbthoiigues  ai,  cif^oi;  ailleurs  il  est 

en  M,  et  le  premier  parfait  en  i  {je  rompis);  ceux  gui 

ont  rinfmitif  cn^r^  changent  souvent  ce  (/en  0- ou  en 

^  àce  premier  parfait  et  à  l'imparfait  (je  craignis^  je 

craignoitf  —  de  craindre),       ^ 

Quant  à  Mathieu,  il  accepte  les  trois  preniières  con- 
jugaisons de  Garbier,  et  il  ajoute:  «On  en  pourroyt 
encores  observer  deux,,  comme /aire  ett/ire,  valoir  et' 
pouvoir  :  lesquelles,  a  cause  de  briefveté  je   lairray 
aux  nostres  a  imaginer,  »  —  Du  reste,  il  est  trop  bon 
français  pour  dire  qye  nos  verbes  ont  des  conjugai- 
sons. Fi  !  conjugaison  est  un  mot  latin  :  les  nerfs  du 
devis  ont  des/ormes;  évidemment /orme  est  un  mot  pu- 
,  rement  français ,  comme  nerf,  et  Mathieu  se  fait  un 
plaisir  de  les)î/er^  parce  que  filer  sans  doute  n^est  pas 
d'origine  latine.  —  Où.  ne  va-t-on  pas,  avec  Tesprit  de 
'  système!  v 

ReveH^s  à  Garnier  et  à  ses  observations  générales  • 
sur  les  temps  et  les  modes  des  verbes. 


A.  Verbes'' actifs. 

Indicatif.  —  Présent.  —  l^e  thème  d*un  verbe  est 


<3. 


JftAN    UAR.MEI.    JKAN    PIU.OT.    ABIL   MATBIKL .  509 

facile  à  trouver  :  il  suflit  de  retrancher  V$  final  de  la 
seconde  personne  du  présent  de  Tindicatif  :  tu  aimet^ 
lu  i/ors,  tu  erois^  deviennent  ainsi  :  aime,  dor^  croi,  et. 
'  ces  formes  sont  les  thèmes  des  verbes  çimer,  dormir  et 
croire.  ^  Pilloi  fait  remarquer  ici  que  de  son  temps 
Io>  vieillards  écrivaient  encore  la  seconde  personne 
plurielle  par  s  ;  vous  aimes  ;  mais  on  cnnunençaît  à 
écrire  par  é  accentué  et  s  :  vous  aim^x  (  1  ).  M«iHiéu  fait 
une  remarque  analogue;  après  avoir  donné  Vindicatif 
présent  du  verbe  labourer,  il  dit  :  t  Voyia  pour  le  temps 
présent,  où  les  variations  de  Tun  et  l'autre ' nombre 
aux  seconds  indices  de  personnes  (aux  seconde?  per- 
sonnes) sont  pareiiz  en  nombre  de  lettres  et  figures; 
toutesfoys  la  prononciation  les  rend  différentes,  en  ce 
que  Ja  variation  du  nombre  unicque  (singulier)  doibt 
estre  prononcée  légèrement,  en  levant  la  voix  ;  celle 
du  nombre  de  plusieurs  (la  2*  pers.  plur.)  au  second 
lieu  est  grave  et  pesante,  que  daiicuns  veulent  déclarer 
marquer)  par  ce traict '.  » 

Prétérit  imparfait,— Tout  verbe,  de  quelque  conju- 
f];aison  qu'il  soit,  termine"  là  première  personne^ de 
l'imparfait  indicatif  en  oy;  la  seçOîide  y  ajoute  $;  \a. 
troisième,  /  ;  je  prioif,  ta  priais,  il  priait;  la  première 
et  la  seconde,  au  pluriel,  font  précéderd'un  i  la  termi- 
naison propre  aux  mômes  personnes  du  présent  :  nous  n 
aimons,  nous  aiJnions,  etc.  —  Sefon  Pillot,  trois  formes 


i)  CPtIc  orthoLTaphp,  Pxtrémrin<»ni  répandue,  en  fait/dans  Icb  ma- 
nu^^ri^»  du  xvii*  sièflc,  —  j«  citerai  rntre  autrcii,  cvmx  du  P.  Joseph  ot  de 
(.!ia|)elain,  —  est  trè»-rare  dans  h-ltUvcos  imprimée,  et  nt*  semble  pas  avoir 
Ht- sout^||h|e  par  les  grammairiens.  ' 


■>^>^ 


1  '  ' 


^" 


( 


^ 


.10 


tiRAMMAlHK    l'-|IA>ÇAISK. 


orthographiques  diff(^rentes  se  disputaient  la  première 
personne  du  singulier  à  l'imparfait.  Les  uns  écrivaient: 
fmjmoy;  d'autres,  j'ai/mof/e;  d'autres  enCin  yaymoijf, 
el'cètte  forme  était,  dit-il,  la  plus  usitée  (i). 

Mathieu  a  constaté  aussi  l'existence  de  ces  trois  for- 
âmes; il  écrit  ifavotjê  ;  mais  il  ^Oute  :  «  Alicuns  veulent 
direj'm'oy,  pour  mctti^e  différence  avec  la  seconde  va- 
riation   (personne)   toiitesfoys  .je  ne  voys.  point   le 
peuple  y  avoir  esgard  :  aussi  n'y  feray-je  point  d'arrest 
icy  riy  ailleurs;  fa^vertiray  bien  (i'une  faulte  qui  sy 
commect  ordinairement  pour  l'éviter,  accoustumant  a 
dire  j>yof/^  pour  /aiw/.^.  » -^  De  plus,  il  signale  for- 
mellement comme  une  faute  de  dire  et  d'escrit^  labfm- 
roynt  et  ïahoureToijnt  pour  labouf oient,  labour^roieot  (2). 
PréiérH  parfait, — Nous  avons- deux  prétérits  parfaits 
comme  les  Grecs  :  l'un  simple  ^  j'afmny ,  je  Horimj  ; 
Tautre  composé  -.j'ayaimiUfay  dormi/ ( 3). -^Ce.parfait 
composé  est  formé  du  participe  passif  du  verbe  et  de 
l'auxiliaire  avoir  on  ps(;r;, le  simple  se  termine  :  V pouf 


r  . 


{ 1)  Le»  Alphabet*  conjuguent  tinsl  i  je  âonnoy,  tu  donnais,  ii  Honnoti, 
nous  donnions,  rous  donniex.ils  donnoient.  —  De  même  Oudin,  exopté 
à  la  première  personne  :  j'mmow.  —  Comme  Otfdln ,  le  P.  Chlfflet,  Wt- 
•nier  DesmariiK-,  le  P.  Buffler  et  lou»  les  autres.  , 

Tous  les  auteurs  qui  terminent  par  s  la  première  personne  ue  l'im- 
parfait, terminent  aussi  par  «  les  premlèret  personnes  des  formes  je  dois 
»  (  et  non  je  dqy),je  courm  (et  no«  j>  couvre),  etc.  —  Vaugelas  a,  «ur  ce 
sujet,  une  Remarque  dont  la  conclusioil  est  :  •  Ce  n'est  pas  que  ce  fut 
une  faute  quand  on  oslerotl  rs,  mats  il  est  beao<5pap  ^leox  de  le  mettris 
toujours  dans  la  prose.  »  —  Cest  comme  lettre  euphorique  que  Vs  s'cil  in-, 
troduit  d'abord,  puis  s'est  maintenu  dans  ces  termlnal8ons.*t Voy  VArt 
poétique  de  P.  Dclaudun,  Daigaliers<  IS»1,  in- 12,  p.  .32.) 

(2)  Voy.  le  chapitre  des  Estlinnes.- 

^3^  Le»  Alphabet*  donnent  fay  6â*fv»comme  t'^mp»  parfait,  et  je'basty, 
comme  aor*Rté;  Oudin  nomme  la  première  tonne pirfait  indéfini,  et  la- 
forme  simple  porroil  d//int.  De  même  Cftifflet.     - 


f^ 


-^ 


JEAN   GAR^IEII.    JEAN    PILI.OT. 


jOIRI. 


MATniEi: 


7,\\ 


r  . 


lajjremière  conjugaison,  on  a\\^  m,  a.  amexy  ate^^ 
rrcnl  :  «  d'aucuns,  ditMnthiVn,  prononcent  iqhmrnrent  : 
ce  qui  est  ncantrnoins  hors  l'usasse  des  fnyeulx  ensoj- 
j^n^.au  langaj^c  franroys  (\.)  ;  »  tî"  pour  la  seconde,  en  . 
i,  iT,  ï'r,  /me.f ,  i>.v,  j;rw/  ;  3"  pour  la  troisième  en  /•«,  eus^ 
eut,  rnrheSj  rutcs,  eurent.  Telles  ne  sont  point  Ips  seuleiî 
-  formes  reconnues  par  Mathieu.  Après  avoir  conjugué 
*  je  cnttrus^  tu  .courus,  etc.,  en  conservant  Tu  à  toutes  les 
persoanes,  il  dit  :  •  la  commune,  par  corruption,  dict  : 
jiotis  courhmes„  il  cnurit,  rlettatit  i  consequemment 
partout,  a  —  Ainsi,  reprend  Garnier,  dans  ces  deux 
dernières  conjugaisons,  la  terminaison  de  la  première 
personne  du  singulier  est  la  même  dans  le  parfait 
simpîe  et  dans  le  parfait  composé.  Plus  hardi  que 
.  Pillot  qui  constate  une  difficulté  et  en  renvoie  la  solu- 
tion à  rusaçe,  Garnier  dit  ensuite  quel  est  l'emploi  de 
chacun  de  ces  deux  parfaits  (2). 

I.e  premier  prétérit  ou  prétérit  simple,  s'emploie  : 

1'  %vec  des  adverbes  marquant  le  temps  passé,  comme 

'dernièrement t  hier ^  jadis ,  et  semblables;  —  2' quand 

mous   partons  de  choses  $i  bien  passées  qu'aucune . 

des  •  circonstances  ne   puisse  pvaître  présente?  :  ce 

que  cette  forme  indique  sutRsamment ,  par  cela  seul 

^    qu'elle  n'emprunte  pas  îes  auxiliaires  j'm/  ou  je  suis  y  qui  » 

appartiennent  au  présent.  —  Ex.  r  ISous  passâmes  hier 

■■■'   *  1 

fHirmy  letbtigani^  etfusmes  en  danger  d'eslre  destroussez; 


(1)  Cf.  ci-deMU8,  p.  96, >t  un  pa85age  du  second  deviji,  pp.  3()-.ll. 

(2)  Oudin  traite  longuement  de  nett«  dittinction.  Nous  renvoyons  A  re 
long  chapitre, Vdif.  I «SA,  pp.  187.  i»0.  '  , 


r.iï 


URAlllÀimi    FRANÇAJSE. 


\ 


Le  second  prétérit,  ou  prétérit  composé,  s'emploie  : 
1*  avec  des  adverbes  marquant  le  t«mps  ^présent, 
comme  aujourcCkuyf  desjàt  maintenant, etc.; — ^2* quand 
nous  pitons  de  choses  passées,  mais  passées  de  tel  te 
sorte  qu  elles  paraissent  encore  présentes;  ce  que  fait 
entendre  Pauxiliaire  employé,  qui  est  un  présent.  — 
Ex.  :  fay  creu,  et  pour  ce  aij-je  parlé;  ces  gens-cy  sent 
venus  à  bout  de  leurs  affaires. 

Plus  que  parfait.  —  Le  prétérit  plus  que  parfait  ne 
diffère  du  second  prétérit  parfait  que  par  Tauxiliaire 
qui  est  à  Timparfait,  à  quelque  mode  que  ce  soit;  indi^ 
c&Ûf  ifavoyecreu;  opiSkiK:  y  eusse  creuj  etc. 

Fii(iirl-^Tout  futur,  dafts  toute  conjugaison,  se  ter- 
mine en  ray  :  je  chante,  je  chanteray;  je  croy,  je  cfoi- 
rat/ f  etc.  (1).  *': 

Impératif.  —  L'impératif,  en  français,  n*a  qu'un 
temps,  le  présent,  qui  est  généralement  semblable  au 
présenî^indicatif,  iu  moins  pour  le  pluriel,  à  cela  près 
qu'il  rejette  parfois  son  prpnôm.  Quand  il  le  garde,  il 
le  place  toujours  après  le  verbe,  ce  qui  se  fait -aussi 
dans  les  interrogations  :  Levez  vous  et  allons  nous  en 
(ticy;  perdrons  nous  courage  au  milieu  de  la  victoire? 
Mais  nous  disons  aussi,  siinplemént  :  Mon  fils,  honnorc 
les  anciens,  hante  les  sages,  visite  les  bons  livres  et  ensuy 


(I)  Oudin  se  borne  à  dire  ;  •  Le  fatar  se  forme  en  ajoutant  ay  |i  l'in- 
finitif de  la  première  et  de  la  deuxième  conjogaison  :  aimer^j'atmeray; 
.finir,  je  finiray;  pour  lés  autres,  cbangei^ o«r  et  re  en  ray  :  devoir,  jfe 
deirray;  rendre,  je  rendra)!.  • 

•  —  J'entens  souvent  demander,  dit  Th.  Corneille  dans  ses  JVofr*  sur 
Vaugelas,  si,  au  futur  de  counr,  il  faut  direje  courerat  ou  je  courra*.  H 
n'y  a  aucun  sujet  de  douter;  il  faut  dire  s  je  courrai.  • 


.  1 


■J  • 


JEA>  «;ak.mbr.  j»:a\  i'illot.  abkl  MAi>fiiEi .  r.ir. 

umic  vertity  ici  le  pronom  est  s6us-en tendu.. —  Et  main- 
tenant, ajjpute  consciencieusement  Kjarnier,  quand 
doit-on  employer  le  pronom  ou  le  soua-ehteadre?  l'u- 
sage l'apprendra.  J'ai  essayé  de  trouver  la  règle  :  je 
n'ai  pu  y  réussir  (1).  ^ 

Optatjf.  —  l^'optatif  (2  )  a  trois  temps;  en  français- 
comme  en  latin.   •    -  . 

Présent  et  imparfait.  —  Ces  deux  temps  n'en  font 
qu'un  ;  il  prend  deux  m,  précédés  d'un  e  qui  se  change 
cil  i  à  la  première  et  à  la  seconde  personne  du  pluriel, 
parce  que  tous  les  imparfaits  affectionnent  l'i.  à  ces 
personnes  :  que  je  dormisse ,  que  nous  dormissions^  que 
f  aimasse f  que  nous  aimissions ,  que  vous  aimissidz,  — 
Pillot  donne  plus  formellement  la  règle  :  *  A  la  pre- 
inière  et  à  la  seconde  personne  du  pluriel,  dit-il,  dites 
(l'unissions,  aimissiez,  louissions^  louissiei,  etc.,  et  non 
aimassiez j  aimassions,  etc. — ^  J'ai  quelquefois  trouvé 
dans  mes  lectures,  ajoute-t-il,  estimassiez,  aimassiez 
et  autres  semblables,  6t  c'est  ainsi  que  les  Poictevins, 
èitr'autiies,  écrivent  et  prononcent  toujours  (3).» 

Mathieu  n'est  pas  de  cet  avis.  Après  avoir  filé, 
comme  il  dit,  la  forme  )c  labourasse  dans  tous  ses  in- 
dices; c'est-à-dire  dans  toutes  ses  personnes,  en  gar- 
^lant  l'a,  il  ajoute  :  •  Il  fâult  noter  en  cest  endrpit  que 


■; 


^ 


•ÊÊt 

■m 


(I)  Cette  dimculté  n'eût  pu  longtemps  arrêté  le  naïf  grammairien  s'il 
se  fût  avisé,  coipme  Oudtn,  de  faire  une  classe  particulière  •  des  verbes 
rcfiproquci  ou  renechis.*» 

(2)*  La  manière  optativcacummcdisentlrK^i/p/Kjf^rU^ii  le  mode  optatif,  » 
ronirne  dit  Oudin,  persiste  dans  la  grammairt^  du  P.  ChiOlet ,  mais  ne' pa- 
reil ni  dans  Regnier-Desmarais  ni  dans  le  f> .  Ifuilicr. 

(•3]  Cf.  ci-dessus,  p.  157,  i«0. 


-il     •„ 


t  M 


\ 


,i 


/ 


/ 


314  GRAI^.U'KB   FIIAi?fÇAlSE. 

le  son  pemiltimc  des  variations  de  semblable  qualité 
(cenniotcst  rcceu  en  Franco)  est  tou!<jours  assis  sjr/ï,,i 

Cependant  le  même  grammairien"  fe^n)arquo  q^e 
cour'mc  ^ur  couruftse  «  n'a  pas  du  tout  P^rdb  son  cr(^- 
dit  vers  la  commurre  (dans  le  peuple V;...  manière  de 
parler  qui  est  à  fuyr  (i).  ir^  •  -  / 

Pritcrit  paMt  rt  plus  que  parfait.  —Les  deux  temps 
se  confondent  aussi  et  se  conjuguent  avec  l'imparfait 
optatif  de  l'auxiliaire.        ^  ~~-"  ,  . 

Futur.  '— Voicji  les  propres  paroles dfiGarnier  :  t  Fu^  - 
turniriMUtem  est  perse,  pstqué  )oommumter.  idem  cum    ' 
suo  praseqti  indirativi.  »  —  En  rapprochant  cette  phrase 
de  ce  qui  précède^  le  futur  optatif  existe  sans  être  mêlé'" 
et  confondu  avec  un  autre  temps,  commele  sont  le  pré- 
sent  et  l'imparfait,  comme  le  parfait  çt  le  plus  que 
.parfait.  Ce  futur  est  ordinairement  semblable  à  son 
-présent  de  l'ipdicfttif.  En  d'autres  termes,  il  faudra 
dire  (car  tel  est  l'emploi  du  futur  optatif)  :  Dieu  veuille 
(jttc  faillie  y  que  lu  aïmrs,  quil  aime,  que  nous  aihton&, 
que  vous  aimez,  qu'ils  aiment  ;  que  je  fais,  que  nous  fai- 
sons, de. — Soit.  Ces  formes  n'ont  rien  qui  nous  étoft-. 
"  nent  ;'  éHes  sont  fréquentes  au  xvi*  siècle  ;  Mellin  de 
Saint-Gelais  en.  fournit,   entr' autres,  de   nombreux 
exemples;  et  Pillo't  confirnic  ce  fait  en  conjuguant, 
sinon  tous  ses  verbes-modèles,  du  moins  aimer  et  ohir 
comme  nous  venons! dé*  le  faire.  Mais,  par  malheur, 
tous  les  exemples  proposés  par  Garnier  contredisent  sa 
règle,  et  il'donne- toujours  au  futur  optatif  des  formes 


'X 


(I)  Cf.  ci-de«ii)i,  p.  311. 


^ 


<' 


JEAN   r.AINin.   JIAN   PILLOT.    AIIL   MATillKl 


SIK 


/ 


analcpues  àcplle-ci,qu'i1  me  fournit':  fHen vueUle que. 
favn^$Êfue  tu  aimcSy  /fù' il  aime,  que  noté*  aimions,  que 
vous  aimieZf  quils  aiment.  —  Nous  ne  pouvons  que 
constater  le  fait  e^  notre  embarras  devant  ces  contra- 
dictions. 

CoNJONcnr.  —Le  conjonctif  (1  j  est  complètement 
semblable  à  l'indicatif,  dans  tous  ses  temps,  à  cette 
seuleexcepiiofl  prèsque'toujours,  à  toulesles  personnes, 
il  ajoute  reu  que,  «,  quand.  «  Tous  les  grammairiens, 
continue  Garnier,  ne  sont  pas  d'accord  sur  ce  point; 
mais  je  m'en  tiens  à,  cette  règle,  pour  éviter  toute" 
confusion  et  ne  pas  faice  paraître  nos  conjugaisons 
plus  difficiles  qu'elles  ne  le  sont  réellement.»     „ 

S'il  y  a  quelque  distinction  à  faire,  et  il  y  en  à,  c'est 
au  prétérit  imparfait,  qui  change  en  eflfôt  quelquefois, 
mais  non  toujours,  quand  il  est  précédé  de  quand: 
alqra  on  introduit  simplement  un  r  avant  la  dernière 
syllabe'  de  l'imparfait  indicatif  ;  ainsi  Ton  dit  :  quand 
yàime-r-oije,  quand  tu  aime,-r-nis^  etc.  ;  cependant  on 
dit  aussi  :  quand  j'aimotje  (2),  etc.  —,  On  reconnaît 


(1)  OudiivdU  au  contnire,>lonn«llcmciit  :-«Ordinalr£tnfntle  conjonc- 
tif  86  confond  iTec  l'optatif.  »  —  I^  méme^ grammairien  signale  un  lomp» 
présent,  qu'il  confond  avec  le  futur,  dan»  ieopiodc  optatif  :  mais  m  œnju- 
gaison  est  antre  que  celle  de  Gamier,  comme  on  le  voit  par  l'optatif, 
présent  ou  futur,  ,dn  verbe  -aroir  tel  que  le  conjugue  Oudiii-  j'aye,  tu 
aye,%l  aittiilay«...,eic.  \  'V 

(2)  Oudin  regarde  la  forme  ;>tmeroû  comme  un  second  lniparfai|  de 
l'optatif,  ou  comme  un  de«  présents  du  conjonctif.  —Chifllel,  qui  ne  fait 
qu'un  mode  de  l'optaUf,  du  conjonctif  et  du  subjonctif,  donne  j'aimeroïs 

^rximmenn  ^oiième  Imparfait  de  l'oputif.  r-.Regnler-Desm^rais  qui  ne 
reconnaît  que  trois  modes  personnels,  comme  le  P.  ChilTIet/  «avoir  l'in- 
dicatK,  l'impératif  et  le  subjonctif  ou  concfHionnel  (ce  d«ilmter  au  lieu  de 
l'optatif  de  CMfflet)  présente  j'atmeroû  comme  le  futur  simple,  et  j'ourois 


/ 


*.."  _ 


%■ 


■V^: 


316  "  GRAXIIAIIIE   rilA!<(ÇAlKI.  ^ 

ici  la  forme  que  nous  appclofis  conditionnelle  ;  nous 
Pavons  justement  distinguée  cju  conjonctif,  en  même 
te<(lp^  que  nous  supprimions  €e\modc,  qui  ne  servait 

•  qu'à  '  retirer  le  nom  d'indicatiftà  certaines  formes 
verbales,  quand  elles  se  trouvaient  précédt^es  de  con- 
jonctions  après  lesquelles  le  latin  ne  mettait  pas  Tindi- 
catif,         / 

V^  iNriNiTiF.-^Si  Ton  ne  jugeait  de  la  conjugaison  des 
verbes  que  pa^*  les  Onales  de  hnfmitif,  aucun  ne  serait 
irréguliér,  caf  ils  se  terminent  tous  par  cr,  4r'ou  rc* 
— L'infinitif  est  très-souvent  précédS  de  la  préposition 
de^  comme  :  ce  n£st  pus  honte  <fappi*endre,  mais  cesi 
honte  de  ne  rien  savoir. 

Prétérit  plus  que  parfait,—  Ce  temps,  à  l'infinitif, 
est  composé  de  l'auxiliaire  avoir  et  du  second  pré- 
térit pfirfait  de  l'indicatif:  at;oir  aimé^  avoir  dormit  etc. 
Futur.  —  Les  Français  n'ont  pas  le. futur  infinitif, 
comme  les  Latins.  Ils  expriment  ce  temps  par  une  cir- 
conlocution. 
GéBONOiPS  et  Supras  (1).  -r?^  Français  n'ont  ni  gé- 


*  . 


rf  .■  i 


aimé  fpmme  Jr  futur  composé  de  ee  subjonctif  ou  conditionnel.  -^  Le  P. 
Buffier  Jait  de  cette  forme  un  temps  particulier  i]u'il  nomme  Vinurtain 
et  qu'il  fait'dépendre  de  l'indicatif. 

Beautée  détache  le  auppoiitif  du  subjonctif,  et  il  reèt>nnait  an  luppo- 
sitif.lea  temps  suivants  :  Présent  :  je  ehanterois:  prétéilt  positif  -.fauroit 
chanté;  prétérit  Comparatif  :  j'aurais  eu  c/uinr^  ;  prétérit  prochain  :  je 
viendrois  de  chanter;  futur  :  je  derrois  chanter. 

(I)  —  Les  Alphabets  donnent,  à  |a  suite  des  modèles  de  chaque  conju- 
gaison, des  gérondifs  :  de  donner,-pour  donner,  en  donnant;  et  des  su- 
pins :  donner,  d^ettre  donné.  Il  y  fant  voir  simplement  les  formes  à  l'aide 
desquelles  on  traduit  les  gérondifs  et  les  supins  du  latiîi.  —  Oudin  ne 
reconnaît  pas  de  supins;  mais  il  donne  un  gérondif  :  en.  aimant ,  qui  se 
forme,  dit-il,  comme  le  participejprésent.  —  L.  P.  Chifflct,  le  P.  Buflier 


n 


■■.:^  ^  \ 


>. 


%.  " 


JIAÎI   CAINUa.    JIA?I  PlLLOî .   Ait£L  MATHIEl' 


51 


rôndifa  ni  supins,  comme  eh  à  la  langue  latine. —Ils  rén- 
dent  les  gérondifs  en  plaçant  devant  l'infinitif  présent 
rli\  erses  prépesition»:  de,  pour,  (A  par  le  participe  pré- 
>tut  et  la  préposition  en;  ainsi  :  ilext  temps  de  faire 
faciendi);  je  vient  pour  avancer  t honneur  du  Seigneur 
(augendum)  ;  en  contemplant  Ut  œuvretde  Dieu  (spec- 
tandô).  •  :  • 

Dés  supins,  ta  première  forme  (la  forme  en  um)  des 
latins  se  rend  par  l'infinitif  présent  :  allons  combattre; 
la^conde  forme  (la  forme  en  m)  se  rend  par  le  pré- 
térit parfait  de  Tinfinitif  avec  la  préposition  de;  comme  : 
ce  livre  ett  digne  d'étiré  leu,  * 

Les  participes  auront  leur  place  à  part. 


^n'admettent  ni  gérondib  ni  supins;  —  Regnicr-Desmarais  donne  un  gé- 
rondif: aimant.  —  Vauscias,  suivi  par  ses  annotateurs,  P^tru  et  Thomas 
«iorneille,  distingue  soigncusenn-nt  du  participe  pré  ent,  qui  est  variulile, 
I*'  «{«'rondif,  qui  est  invariable;  de  ce  dernier  il  donne  (HI,  304  et  417)  les 
ev  mpl»'»  suivants  :  le  bienfait  étant  de  cette  nature;  les  }iommet  ayant 
fconnu  ;  les  femmet  ayant  leur  mari. 
Avant  de  quitter  ce  chapitre  di  s  ModiFS  et  Temps  T«rbaux,  qu'on  nous 

'  p<  rmelte  de  rappeler  Tusage  Liiarre  qu'a  faltxie  tous  les  termes  de  gram- 
maire, le  P.  de  Saint-Louis,  dans  son  poème  de  La  Magdelaine  .  Nous 
en  dëiacberons  quelques^vers  : 

Pendant  qn'elle  K'oecap«\  punir  le  forfait 
De  s<ta^/«Mp«  pre/^ri/ (}ui  ne  fut  qu'tm/wr/ai7,     . 
,  Temp$  de  qui  \t4*t\ir  reparera  les  pertes. 

Par  taat  d'affliction  et  dé  peines  souffertes  ! 
Et  le  frètent  est  tel  qoe  c'fpt  Vindicatif 
D'un  amour,  qui  s'en  va  jusqu'à  Yinfinitif. 
Puis,  par  un  optatif  •  «Ah  :  piùt  à  Dieu,  dit-elle  , 
Ou«  je  n'eusse  jamais  été  si  crimiBeUe!,..»  ^ 

-  (La  Mafdelaitu  au  Dftrrt  de  Saint-Baume,  poème  spirituel  et 

chnstien,  par  le  P.  Pieire  de  SaimiwLoois.  —  Livre  11.  ). 

-r  C'est  ici  le^cas  de  répéter  le  mot  de  De^pautère  :  «  Poetit  pro- 
xifM  sunt  grammatici.»  —  Cf.  ci-dfssus,  p.  2tti^,  note  2. 


y 


3IH 


.* 


UIAMMAIBE   PRA^tÇAlil. 


a  Verbes  passifs. 

Les. Français  n't)nt  pas  d«  verbes  passifs  ;Tls  les 
expriment  par  circonlocalion ,  i.  raidc  de  Tauxiliaire 
i^sireei  du  participe  passé  pa^sil;  lequel  reste  inva- 
riable au  singulier  ;  au  pluriel,  il  prend  «,  changeant 
de  genre,  d'ailleurs,  d'après  le  genre  du  sujet  :je  suis 
aimé  ou  uimce,  noug  sommes  aimez  OU  aimées. 


C  Verbes  imiter  sonnets. 

Toujours  sous;  l'influence  des  traditions  latines, 
Garnier  prèle  à  notre  langue  4eax  sortes  de  verbes 
impersonnels  :  l'impersonnel  actif,  marqué  par  i7, 
comme  :  iljaut;  l'impersonnel  passif,  marqué  par  on, 
comme  :  on  sert  icy  au  Seigneur. 

Ces  verbes  se  conjuguent  comme  tous  les  autres, 
mais  ils  n'ont  que  Ja  troisième  personne  :  t//ciiir,  il  J'ai' 
loii...,  on  clmnlajon  a  chanté.  ..—Les  pronoms ii ou  on 
les  précèdent  toujours,  excepté  quand  on  interroge; 
auquel  cas  ils  suivent  le  verbe  : /awl-i/ ?  seri-on? 

Ici  nous  demandons  à  Pillot  uiip  remarque  générale 
quia  échappé  à  Garnier,  bien  qu'il  écrive  toujours 
couime  s'il  l'avait  faiie,  au  n^oins  mentalement. 

Dans  les  formes  d'interrogation  ou  d'admiratiori, 
dit  iMllot,  les  pronoms  se  placent  toujours  après  le 
verbe  (i),  et,  —  cette  règle  est  précieuse,  parce  qu'elle 


(I)  r.c  i!'<*t  pa?,  eeloji  Oudin,  le  seul  cas  où  le  sujet  pîil«î«c  ftivreMc 
verlic:  «Quand  la  iiériode,  dit-H,  commence  par  une  adverbe,  Il  est  in- 


'  ^  • 


JBA'K  GAINI».  JIAN   PILLOT.    ABUL   HATIliri.  ..m  9  * 

parait  ici  pour  la  première  fois,  —  ils  sont  rcunia  au 
vcrlie  par  unirait  d'union  (-  )  qui  montre  qu'on  doit  H 
prononcer  d'Un  trait  le  verbe  et  son  pronom,  comme 
s'ils  formaient  un  seul  mot  (1). 

Comme  il  l'a  fait  pour  les  noms  et  les  pronoms, 
Garnicr,  après  avoir  donné  divers  modèles  de  conju- 
gaisons, présente  ses  observations  générales  sur  les 
verbes.  Nous  \eè  analysons.     * 

1.  Comme  le  substantif  est  toujours  précédé  de 
rarticle,  le  verbe  est  toujours  précédé  de  son  sujet, 
excepté  quelquefois  à  l'impératif  (2).         » 

2.  Les  deux  premières  conjugaisons  sont  très-régu- 
lières j  la  troisième  présente  quehjues  irrégularités.  En 
elîet  certains  prétérits  parfaits  sont  en  i*,  comme  :fuy 
mis,  actfuis,  etc.  ;  d'autres  sont  en  ins  :  f(iy  prinst  ap- 
priiiSt  reprinSi  çomprins,  entreprins^  etc.  (3)  ;  de  même 
quelques-uns  ont  le  prétérit  termiiié  par  if  ijay  (/ejs- 
iruil^  seduity  cuit,  ?aduil  ;  d'autres  par  inl  :  jay  craint, 
p*;'mij  adjoint jCOHÏreinl y  etc.  —,  Mais  cette  forme  étant 
connue,  l'on  a  toute  la  conjugaison  des  (ormes  coui-. 


(lillercnt  de  mettre  le  Duminalif  devant  on  après  le  Yerl>e  :  V.  g.  ainsi 
parla  M.  k  .Président  auxassiUans,  ou  ainsi  M.  le  Preaident  parla,  etc. 
Le  dernier  toutefois  m'agrée  beaucoup  mieux  que  le  premier.»  {Gram- 
maire de  Uudin,  p'd.  cit.,  p.  201;  Cf.  id.,  ibid.,  p.  I04.) 

(1)  Le  sieur  dePalliot  distingue  les  unions  (-lt)  des  division»  f-); 
mais  dans  la  pratique  il  les  confond  ;  et  un  dos  usages  de  ces  signes  c'c^it 
de  marquer  le  lien  qui  unit  le  pronom  au  verbe. 

(2}  Voy.  ci-dessus,  p.  J248.  —  Excepté  encore  dans  les  cas  marqué  ci- 
dessus,  note  l,  p.  318. 

(3)  Pillot  écrit  de  même;  mais  il  ajoute  :  je  prias  et  ses  composé:) 
sont  parfois  écrits  saut  n  :  je  pris,  etc.  Ondin'  dit:  «  priHse  ny  entre - 
Vrinte  ne  s'escrivent  plus.»  (1>.  t68.)  —  Cef^^ndant  en  Anjou  ou  a  con- 
servé ia  prononciation  je  prins,  comme  je  vinu. 


\ 


3i0  r.HASiiiAifti:  itASÇAisc. 

poiées,  puisqu'elles  prennent  toutes  ce  participe  et 
l'auxiliaire  ai'oJr,  k  l'actif,  ou  l'auxiliaire  estrf,  au  passif. 

S.  Ainsi  avoir  est  l'auxiliaire  .des  verbes  actifs  ou 
marquant  l'action;  eitre  des  vérl)es  passifs  et  des 
verbe»  neutres  absolus  ou  marquant  passion  (ij;  Ex.  : 
fay  dormyje  suis  venu,  —  En  général,  on  emploie  en 
français  «/rc  où  l'allemand  emploie  ic/i6in;  —  ot'oir, 
où  il  emploie  tr/i  te^,  du  /lax/,  etc. 

ft.  Le  participe  qui  suit  estre  prend  le  genre  et  le 
nombre  du  sujet  ;  après  avoir,  il  reste  invariable  :  nous 
sommes  venus;  mais  dites  ils  ont  domfC^on  dormis  (2) . 

5.  Il  y  a  en  outre;  en  français,  des  verbes  qui  sont  en 
quelque  sorte  d'une  conjugaison  mixte  ;  ils  appartien- 
nent à  la  seconde  conjugaison  par  leur  infinitif;  veoir^ 
tenir,  venir,  savoir;  et  à  la  troisième,  par  leur  parti- 
cipe, qui  est  en  II  :  j'ay  veu,  tenu,  su;  je  suis  venu,  ^ 

6.  Certains  verbes,  peu  nombreux,  de  la  seconde 
conjugaison,  ont  une  double  forme  au  prétérit  parfait; 
ainsi  Ton  dit  égaleinent  bien  :  j'ay  oiivri  et  ouvert;  j'ay 
offri  et  offert;  j*ay  souffriei  souffert;  j'ay  couuri  et  cou- 
vert, descouvri  et  descouvert  (3),  etc.  / 


(i)  Otidin  :  î  Lm  verbe»  neotrea  ne  «ont  point  différent»  de«  actifs  en 
leur  conjugaison,  excepté  que  les  uns  re<;olvent  le  Tcrbe  avoir  pour  auxi- 
liaire, et  les  autres  le  verbe  subsUntif  «irs ,  comme  régner ,  fim  régné  ; 
tomber,  je  suis  tombé,  ■ 

(2)  Le  chapitre  de  Oudln  eaf  trop  long  pour  être  reprodnit  klfn  noie. 
Nous  y  renvoyons  le  lecteur.  Gramm. ,  édit,  1656,  p.  256-260.  —  Cf.  ci- 
dessus,  p.  256.  -  Voyei  aussi  Vaugelas,  avec  le»»  Commentaires  ,  Table. 

—  Chlfllet,  édit.dX..  pp.  55,  89,  97.  —  Régnier  Desmarais,  pp.  458^; 

—  Buffler,  pp.  235-fi63.  —  D'Ollvet,  Remarq.  sur  la  long,  franf.,  par  di- 
vers académiciens,  p.  3VI  et  sulv.;  ibid,,  p.  «10»  etc.,  etc. 

(3)  Nous  n'avons  trouvé  dans  aucune  autre  grammaire  les  fome» 
oflW,,  «OM/fn,  courn,  etc. 


/ 


JEAN   GARKIEI.    JEA?I    PILLOT.    ABEi.   NATRiBll.' 


32i 


7.  Quelques  verbes  sont  défcctifs  en  lalin  sans  l'être 
en  français,  cbnmie  oni  :jc  hay^  tu  liaiSt  il  hait,  nout 
huissons,  vous  linisseZf  ils  haïssent^  c[c.\ — et  récipro- 
quement. Ainsi,  SOLEO,  n'est  pa's  défectif  en  lalin;  en 
français  au  contraire  :je  smihye,  Ht  svuUàSy  il  souloit, 
nous  soulionSy  vous  soûliez^  ils  souloicnt  \1  )  ne  se  conjugue 
qu'à  l'iniparfait  de  Tindicàlif.  Aux  autres  temps,  on 
dit  :  jay  couslume^  lu  as  coustumc,  etc.  Mais  on  aurait 
Ijcine  à  trouver  d'autres  cxempifs  de  ce  genre.     *' 

8.  De  même  quelques  verbes,  imp^&onncis  en  latin, 
sont  personnels  en  français,  tci  :  pœnitei,  qui  setraduit 
en  français  par  :  je  tue  repeus,  et  ce  verbe  a  tous  ;ses 
temps  ;  il  les  forme  avec  deux  pronoms. 

9.  Les  verbes  qui  marqi^nt  mouvement  vers  un 
Kcuf  se  conjuguent  avec  deux  pronoms,  et  la  préposi- 
tion e/t,  comme  :/e  tneufuy^tu  C  enfuis^  je  ni  en  vay,  tu 
Ccn  vas  (2).  —Presque  tous  les  autres  verbes  peuvent 
devenir  réciproques  en  redoublant  ainsi  leurs  pro* 
ribms  :  j«  inuime^  je  m  endors,  etc.    - 

10.  Quelques  verbes,  auxquels  suffit  lin  mot  en 
latin,  veulent  une  circonlocution  en  fi'ançais.  Ainsi  : 
MALO  se  traduit  par  :  j'aime  mieux,  tu  aimes  mieux; 


(1 )  Ce  Terbe,  signalé  dans  le  {tatois  normand  par  MM.  Dubois  et  Dumé- 
ril,  se  trouve  aussi  en  usage  dantf  les  îles  de  la  lianche;  il  était  d'un 
us«ge  général  dans  notre  ancienne  langue; 

(2)  Oudin  :  ■  En  eat  âne  particule  qui  se  Joint  avec  les  verbes  aller, 
xenir,  fuir,  courir  et  retourner,  moyennant  les  réciproques  me  te,  se 
nota,  vous  et  (e  au-plurier  :  je  m'en  vay,  tu  Cen  viens,  nous  nout  encou- 
rons ,  rotw  ffoiM  en  revenez ,  ils  s'erifuyent.  Mais  il  faut  que  e^  verbes 
foient  réciproques ,  parce  que,  ne  l'estans  pas,  la  rclaUoôn'y  sera  pas 
nécessaire ,  et  l'on  dira  :  il  ta,  il  vient,  il  fuit ,  il  court,  il  retourne.  •  — 
Suivent  des  remarques  sur  l'emploi  de  s'en  aller,  etc.  —  Cf.  p.  2C4. 

-       ■-  ■  ■    ■      21 


e 


"^ 


322  URAHMAimi   FRàNVAIKK.  > 

.  *  VALEO,  je  me  porte  biciu  etQ. — Ces  verbes  peuvent  être 
aussi  conjugués  negalivement  :  je  «le  porif  m«/,  tu  te 
portes  mal;  il  ne  in  en  chaut ^  il  ne  ïen  chaut,  il  ne 
lui  en  chaut,  etc.  Mais  ces  exemples  sont  très-raroij. 


VI  PARTICIPE. 


Les  participes  sonl,  comme  les  verbes  auxquels  ils 
appartiennent,  aclir-i  ou  passifs. —  Le  participe  actil 
est  terminé  par  ont,  fém.  aniCy  comnie  :  uvuant,  ai- 
mante. —  Los  participes  passifs"  sont  ^éguli^repierlt,  ' 
scloiî  la  conjugaison,-  en  r,'  en ,/,  en  u;  ils  formeiil  le 
féminin  par  l'addilion  d'un  c  :  SLimé,  aimée:  ouy,  omjr-: 
venu»  venue,  etc.  —  Ils  se  déclinent  en  gcure  et  eii 
nombre,  à  l'aide  des  articles,  ajoutant  un  s  pour  le 
pluriel. 

"Les  participes,  ont  donc  un  genre  et  iui  nombre. 
Mais  en  vertu  de  quelles  règles  se  font  ces  modifica- 
tions? Garnier  s'en  ttcnt  au  peu  qu'il  a  dîl^  Pillot 
fait  moins  encore,  et  Mathieu  ne  dit  rien  d'important. 
Toutefois  ce  grammairien  a  signalé  certains  usifge? 
do  participe  présent  qui  avaient  échappe  à  Garnier.cl 
àPillot.  '  /  . 

t  Le  mot  ro/npantei  semblableSi  dit-il,  à  signifiant 
latente  et  cachéer-é^  troys  temps  preselifc,  passé  et  à 
venir;  comme  :  Fabius  le  Maxime  délayant  saulvaja 
ciwse  publique  ronwine ,  c'est-à  dire  :  quant  Vabiua 
Maxime  délaya  {i)\-^Decius  mourant  saulvera  le  peu- 


\ 


(1)  C'est  le  ters  d'Ennius  : 

Vms  fù  Mit»  cMmla*.'9  rttiiUl  rem 


"T* 


JEAN   (lARMBR.    JRA?I   PILLOT.    ABKI.    MATHIRlf. 


32îl 


p/«  de  danger^  c'est  à  dire  :r/finit(/  Decivs  montra  ;  —  (c 
peliican  mourant  donne  vie  à  ses  peijst  c'est  à  dire  : 
quant  U  fSlican  meurt.  Et  a  en  escriplure  et  propos 
grand  force  et  vertu, et  grand  grâce,  loiU  seul  ou  ac- 
compaigné  de  cesto  "particule  r;i  qui  le  précède.  » 


DK   L  ADVERBE. 


Les  adverbes  existent  par  ciix-mêmcs  ou  se  forment 
des  noms,  en  ajoutant  la  syllabe  ment  au  féminin: 
belle,  bellement;  par  syncope  nous  disons  :  clrgrimment 
pour  elegautement;  hardiment  pour  hardicment y  etc.. 
■  Les  autres  adverbes  sont  innombrables  et  se  divi- 
sent en  différentes  çlâ^s,  comnie  en  latin.  On  en 
trouvera  la  signiricaBoMB|^ppIoi  dans  le  dictionnaire 
latin-français  de  Robert  Estienii^  :•  l!usage  et  la  lecture 
en  fourniront d'î^uti:^.;  —  PiHot  s'est  emparé  de  cette 
idée,  et  Jl  termine  spb  livre  pat  une  longue  liste  de 
phrases  latines  et  françaises  où  il  donne  des  exemples 
de  mots  invariables  :  sur  les  deux  cent  seize  pages  que 
compte  sa  grammaire,  cent  six  sont  consacrées  à  ce 
dénombrement,  qui 'a  sa  place  naturelle  dans  les  dic- 
tionnaires. \     : 

Garniera  parlé  ailleurs  des  formes  <&mparatives  et 
superlatives  des  adverbes(l),  en  traitant  de  l'adjectif. 
Use  borne  à.  parler  ici  des  négations  qui  sont  ne. 
pas;  ne...  point,  ne,,,  rien;  ne.,,  jamais f  et  le  verbe 


i. >)  Voy.  ci-dessus,  p.  29?. 


'Ti> 


'    ^v 


324 


au  milieu  :  ilioïnme  saye  nb  dit  jamais  :  je  nb  i' eusse 
PAS  pensé» — Hors  de  la  proposition,  d'-qs  les  réponses 
"  par  exemple  faites  à  une  interrogation,  on  emploie  non 
OM-nenny  (1). 


•^ . 


DB  LA.  PRÉPOSiTIO?!. 


V 


'  Les  prépositions  sont  les  înômes  en  latin  qu'en  fran- 
çais;-les  unes  entrent  en  composition  ;  les  autres,  non. 
Des  pruniiùresj  jes  unes  sont  séparabies  :  dire,  contre^ 
dire;  d'autres  inséparables  :  facile,  difficile;  jour, 
séjour,  cic. 

L'emploi  des  prépositions  a,  de,  a  été  marqué  en 
pariant  des  articles  (2},  et  de  l'itifinitif  des  verbes  ac- 
tifs (3).  — La  préposition  en  peut  être  remplacée  t)ar 
le  datif  de  l'article  masculin  singulier,  au  :  les  anges 
sont  au  ciel,  et  les  hommes  £/i  terre  ;  au  pluriel,  on  dit 
ai{x  et  es  :  les  uns  sont  ai^  faux-bourgs  de  la  ville,  et 
les  autres  sûtït  w  portes  (4). 


^ 


i»B  LA  coNjoncnôiv. 


Le?  Français  font  grand  usage  des  conjonctions; 
mais  ils  en  ont  bien  moins  que  les  Latins.  En-  effet, 


(1)  Oudin  ne  coiuacrc  pai  moinit  de  sept  pages  aui  adrerbesde  néga* 
iibn(pp.28S-29l). 

(2)  Voy.  cl-deMU8,  p.  286.      ♦  É      '         '^ 

(3)  Voy.  ci-dettus,  p.  an. 

(4)  OudiDt  négligé  cette  remarque  i'.Cf.  d-de68n.s  p*  264. 


/ 


JEA:1   garnies,    JIEA>    I'I|.I.0T.    ABKI.   MATniEtJ.  ri25. 

en  français,  presque  toutes  les  c.opulatives- sont  rem- 
placées par  et;  les  disjonctives,  par  ou;  les  adversatives, 
par  mais;  les  causales,  par  car;  les  rationales,  par  donc, 
— Les  Français  ont  très-peu  de  ces  conjonctions  explë- 
tivcs  qui,_san3  ôtre  nécessaires,  donnent  tant  de 
grâce  aux  discours,— £<,  ou,  mais,  ^ar,  donc,  sont  les 
principales  conjondions  -  françaises,  mais  non  les 
seules;  on  connaîtra  Tusage  des  autres  par  la  lecture 
des  auteurs.  L'emploi  de  nij  et  de  ains  (1)  pouvant 
paraître  un  peu  obscur,  un  exemple  ôtera  toute  difli- 
cuUé  :  Cestè  maison  ne  sera  ny  à  moij  mj  à  toy,  ains 
sera  divisée, 

-  .    *  •     ,.    . 

Di  L'interjection. 

L'interjection  est'  moins  un  mçt  qu'un  son  informe, 
marquant  uu  sentiment  de  l'âme;  les  Français  s'en 
scrvcnt^omme  lés  Latins,  mais  moins  fréquemment. 


-.'a 


^       SYNTAXE. 

Syntaxe  !  Est-ce'  donc  Ici  que  nous  trouverons  cette 
syntaxe  que  nous  avons  vainement  cherchée  dans  les 
autres  grammairiens,  même  dans  Rkmus,  si  peu  com- 
plet qu'il  soit?  Non;  Garnier  ne  nous  fournira  point' 


«/ 


(1)  •  Àim,  dit  Oudifi,  e»t  defenti  vieil  depuia'dix  ans  en  ca.  •  —  Voy 
dans  notre  édition  de  l'Uitt,  dt  VÀead.  Fr.  par  Peliason  et  d'Olivet;  aux 
Pièces  justif.  dtt  t.  I,,U  Requête  4is  Dictionnaires,  et  la  Comédie  de 
l'Académie. 


.  / 


7*26  • -'       GRAMMAIRE    rRANÇAISE. 

encore  ces  règles  précises  qui'  auraient  pu  nous 
initier  à  l'esprit  de  notre  ancienne  langue;  si  l'auteur 
avait  trait(5  cette  partie  de  la  g^ranrimaire.  avec  la 
sagacité,  avec  la  méthode  si  sûre,  -dont  il  a  fait 
preuve  da^ls  l'ouvrage  que  nous  venons  d'analyser,  il, 
n'aurait  pas  manqué  de  nous  laisser  un  travail  utile, 
et  il  aurait  été  facile  ensuite  de  le  corriger  ou  de  le 
compléter.  Malheureusement  il  se  borne  à  quelques 
remarques  syr  l'ordre  que  doivent  occujjcr  dans  la 
phrase  les  mots  qui  la  composent.  .      • 

En  ce  qui  touche  à  l'accord  des  genres  et  des  nom- 
bres ettÀu  régime  des  verbes,  le  français  imite  exac- 
tement le  latin;  dans  les  pisses  qui  ue  sont  ni 
interrogativcs  ni  négatives,  on  pïaçe  d'abord  lé  sujet 
du  verbe,  puis  le  verbe,  le  complément  du  verbe  et 
l'adverbe;  les  autres  parties  de  la  phrase  se  placent 
au  commencement  ou  à  la  fin,  selon  les  exigences  du 
discours. — Dans  les  phrases  interrogatives  ouimpé- 
ratives  nous  commençons  par  le  verbe,  précédé  de  me, 
iCj  .çtf  s'il  a  un  de  ces  compléments;  vient  ensuite  le 
sujet,  puis  le  complément;  si  le  verbe  est  à  l'impératif 
et  que  la  phrase  soit  négative,  la  négation  se.  place 
avant  le  verbe. 

■    ■  * 

On  remarque  que  Philippe  de  Commines  place  or- 
dinairement  le  sujet  après  le  verbe  :  Et  commande  Le 
roy,  et  vindrenl  tes  ambassadeurs  {i)t  eic. 

Beaucoup  de  phrases  françaises  commencent  par  :i/ 
y  a  :  mais  on  ne  saurait  donner  de  régies  précises  sur 

■  * 

•  \  - . — ' — : ~- ■ ^-^Tz ~" 

(t)  Cf.  ct-des8U8,  p.  248. 


M 


\ 


ji:an  ('.armer,  jfàn  pim.ot.  xnm.  matuiei». 


327 


l'omploi  de  cette  locution. :  H  y  a  trois  choscê  qui  chas^ 
yrnlC  homme  hofsflè  sii  maison  y  assavoir  la  fumi^c^  la 

'  (inndcfiui  chcl  (t\t'n  haut  et  la  fcnimr  rioUcnse  ;  au  lieu 
(le  ihjaon  peut  employer  sinipleraent  H  est  (f\  — A 
celte  remarque  de  (iarnicr  peut  se  joindre  -rlle  que 
lait  Abel  Mathieu  sur  une  locution  analogue:*  Fault 
icy,  dit-il,  adviser  une  liayson  estrange,  neantmoins 
îoM  ordinaire.  Quant  je  demande  :  (/»<?//«  Ucnrc  est  il? j 
nii  nespond  :  i7  e.çr  rfeMa:W/<*Mrr.v;  laquelle  est  usitée  en 

Tiîoscane  et  approuvée  (2);  scmblâbrement  les  (îrccs 
Fout  ordinaire  en  tous  liens. et  nerfs  d'oraison  (5  :  par- 
lant n'en  fault  faire  aîucune  doubte,  puisqu'elle  plaist 
a  iiostre  peuple  (4).  » 

Du  reste  c'est  par  l'usage  et  l'exercice  qu'on  arri- 
vera à  connaître  la  syntaxe  française,  et  par  l'étude  • 
dos  bons  livres,  comme  la  lecture  du  Nouveau-Tèsta- 
inent  ou  de  Philippe  de  Commines.  ^ 

Ici  è' arrête  le  travail  de  Garnier.  On  voit  combien  , 
loin  derrière  lui  il  a  laissé  Jean  Pillot.  Garnier  est  peu 
connu  :  Texamen  que  nous  venons  de  faire  desa  gVam-  ' 
maire  prouve  qu'il  raéritaït  plus  d'attejition  qu'il  n'en 
a  obtenu  jusqu'ici. 


(1)  Cf.  ci-dessus,  p.  24C. 

Ci)  C'est  une*'crre«r.  En  italien  pur  on  dit  :  che  cra  è?  sono  le  due.  — 
Cf.  p.  250,  '' 

i'X  En  grec  le  verbe,  employé  à  là  troisième  personne,  se  met  au  sin- 
gulier avec  un  sujet  pluriel ,  ai  c«  aujet  est  neutre  :  rk  C<<>«  ^p^x^t.  — Cf. 
ivdet»u8,  p.  251.  * 

(4)  Oudin  hit  une  grande  difTéren£e  entre  :  Quelle, heure  ext-ce  qni 
ionne?  à  qùoj  l'on  .répond  :  ce  sont  fiix  heures;  et  quelle  heure  est-il f 
il  est  diat  heuree.  (  Gramm. ,  p.  2 1 3  et  autoi  page  2SI  •  )  —  Cf.  Vaugelaa  avee 
Commentaires,  t.  Il,  pp.  399-293;  et  ci-deasus,  p.  250. 


% 


328  GRAMMÀIRR    FnÀ>CAISR. 

Quant  à  Mathieu,  bien  q^ii*il  ait  nt'gligt^  beaucoup 
.des  quesUons  auxquell(!à  la  «grammaire  doit  une  ré - 
jponse»  il  a  songé  à  donner  des  règles  sur  un  point  que 
Pillot  et  Garnier  avaient  l'un  et  l'autre  oa)is,  la  ponc- 
tuation. '  ' 

C'est  donc  à  lui  seul  que  nous  emprunterons  les 
règles  (|ui  suivent  :  «  La  ponctuallun  ne  touche  en  rien, 
dit-il,  la  ligature  ne  le  seris  dë^la  composition  ;  nnais 
tant  seulement  est  trouvée  à  plaisir  h.  la  distinction 
des  membres,  et  pour  conforter  l'alaincdu  disantjN)u 
de  celuy  qui  list.    a 

-  M  Aucune  distinction  y  a.  en  ceste  sorte  «  9  »  ou  efn 
céste  t  /  » ,  qui  donne.a  eognoistre  lentree  du  propos; 
l'aiitreen  ceste  sorie  t  r  »  qm  donne  à  entendre  le  pro- 
grès  d'iceluiy  et  continuation  ;  l'autre  en  ceste  sorte  « .  » , 
quidonneaenleridrc l'achèvement;  unequiegtpar  clos- 
ture  de  deux  demys  cercles  rompuz  ainsi  f  (  )  »,  par 
laquelle  est  à  entendre  que  ce  qui  est  dans  le  meillieu 
est  aucunement  extraict  et  mis  dehors  du  vray  dis- 
courà,  niais  neantmoins  y  peult  tempor^er;  une  aussi 
qui  sert  à  la  d^ande  et  interrogation,  en  haussant  la 
voix  et  le  son  du  mot  ou  du  nerf  (du  verbe)  en  ceste 
sorte  «  ?  »  ou  en  ceste  «V»  (i).  Lesquellesje  nomme  dis- 
tinctions (2),  qui  est  terme  gênerai  faict  particulier,  » 


(1)  Le  point-vltRule  sert,  en  grec,  à  marquer  rinterrogalion. 

(2)  Ajt  8leur  de  Palliot  dlTde  même  :  •  Restent  maintenant  les  Distine- 
'ttotu  qui  sont  teilemeiit  iSfÊÊÊU  cm  nostre  orthographe  (  où  neantmoins 

elles  s'observent  moms  qu'en  pas  une  langue ,  comme  si  nos  François 
estoient  ignoranti^eleur  effect  et  valeur) que  sans  Icellea , lune eaaitute 
demeure  comme  toute' confuse  e|' moins  intelligible.» 


A 


ji:a>  (;armer.  jkan  tiilot.  aki.l  auTiiMiiJ. 


;'2D 


\  Mathieu  n'ose  imposer  de  nom  à.\'iucun  des  signes 
qu'il  a  figures;  il  se  conlcnle  du  nom  de  disiincthms, 
qui  sera  commun  à  toui^  ces  signes  :  «  sûyt  di^c,  dit- 
il,  qu'on  les  appelle  entrée,  p'rogrès,  achèvement,  ^'os- 
lure  et  interrogation,  tousjours  auront-elles  le  nom 
général  en  françoys.  »  •" 

Ces  signes,  «  noz  anciens  n'en  ont  pas  este  curieux 
ou  né  les  ont  gueres'  cogncuz.  »  A-t-on  donc  le  droit 

'de  rier. 'innover  dans  là  langue?  Mathieu  penclie,  ici, 
pour  l'aflirmative  :  *  ceulx  qui  sont  les  mieulx  enten- 
duz,  dit-il,  y  auront  ésgard,  car  cela  ne  deshonore 
point  nostre  langue  et  ne  la  défigure  aussi,  combien 
qu'il  ny  soit  nécessaire  :  mais  pour  ce  qu'on  en  use  es 

.  auti-es  langues  polices  €t  oi'nees,  eJt  poîiî*  ce  aussi  que 
le  sens  et  la  raison  est  commune  a  toutes  gens,  telles 
distinctions  consistant  aussi  bien  a  la  sentence  du  pro- 
pos que  des  motz,  il  ne  fault  trouver  estrange  si  elles 
preignent  place  en  France,  spécialement  entre  ceubc 
qui  jouissent  du  bon  loysird'escripreetde  composer.  • 
Jaloux/  autant  que  l'était  Meigret,  dje  l'honneur  de 
iiDtre  laggue,  Mathieu  ne  voulait  nr  qu'pn  la  polît  à 
l'aide  des  langues  anciennes,  ni  qu'an  en  simplifiât 
l'orthographe  en  faveur  des  étrangers  :  «qu'ils  vien- 
nent, disait-il»  babiller  avecques  noz^enfans  et  fem- 
melettes»; il  constate  ce  qui  est;  l'usage  est  sa  règle, 
Tusage  qui  n'a  jamais  tort,  et  qu'il  ne  veut  ni  discuter 
ni  blâmer.  Ce  n'est  donè  pas  lui  qui  voudrait  «repren- 
dre l'usage  d'escripture  en  francoys  de  supcrfluité  al 
redondance  et  la  changer  ;  »  il  sait  trop  bien  —  et  ceci 
est  la  condamnation  de  Dubois,  Meigret,  Pellelior  et 


3j0 


oftmiMAIRK    FRANÇAISE. 

Uamus,  —qu'il  ne  faut  pas  imiter  a  aucuns  nouveaux, 
qui  en  cela  n'escripvent  à  d'autres  qu'a  eulx  mesmes, 
et  tant  s'en  fault  qu'ilz  soycnt  rcceuzctcnsuyviz,  qui 
ne  sont  leuz  nycnlcnduz  du  commun.  »     - 

Pillot  et  Gariiier,  dont^  nous  venons  d*analvser  les 

•ipuvrcs,  appartiennent  à  une  école  qui  pouvait  rendre' 

4  notre  grammaire  de"  véritables  services,  et  fournir  à 

la  postérité  d'utiles  rchseignemeiits;. ils  -constatent  ce 

qui  est,  sans  chercher  ni  proposer  des  réformes  contre 

•  lesquelles  l'usage  a  toujours  raison.  On  remarque  avec 
peine,  cependant  que  leurs  explications  pour  justifier 
Ics'règlGs  communes  n,e  sorft  pas  assez  indépendantes 
de  la  grammaire  latine,  soit  qu'ils  la  suivent  de  trop 
près,  soit  qu'ils  aient  la  pri^tentibn  de  s'en  affranchir  et 
s'en  écartent  à  dessein,  mais  maladroiterfient  et  par 
système.»  De  plus  ils  se  sont  bornés  à  consulter  la 
langue  parlée  plutôt  que  la  langue  écrite;  et  telle  est 
la  double  cause  d'uno  faiblesse  qui  jour  est  commune 

,  avec  presque  tous  leurs  contemporains. 


i 


,/  ' 


ROBERT  ET  HENRI  ESTIENNE. 


^- 


:s':.^ 


T  Las  pjus  importants  traités  composés,  au  xvr  siècle , 
.sur  notre  grammaire  nationale  sont 'dus  fi  Robert  Es- 
tionne  et  à  Henri  Estienne  son  fils. 

Plus  hçureux  et  plus  habiles  que  les  autres  gram- 
mairiens qui  ont  écrit  à  la  môme  époque  ou  dans  une 
période  trè&rf approchée,  tous  deux,  tout  en  restant  fi- 
dèles jusqu'au  scrupule  à  la  grammaire  ancienne,  ont 
pu  donner  des  œuvres  bien,  supérieures  à  tous  Ips  au- 
tres livres  du-méme  genre. 

Leur  boidieur  est  d'avoir  marché  d'accord  dans  une 
voie  d'étude  que  leurs  efforts,  non  plus  isolés qiais  collec- 
tifs, ont  pu  prolonger  après  l'avoir  ouverte,  élargir  après 
l'avoir  tracée;  leur  grand  mérite  est  d'avoir  su  tenir 
compte  à  la  fois  de  la  langue  parlée  et  de  la  langue, 
^citej.ils  citent  souvent  les  ïToëtea  et  les  prosateurs, 
M  isSkîun  à*èyx  fut,  comme  dit  Itorace  ,  Imdator 
ipmporïs'acti,    *         ,  ;    *  j 

Au  moment  où  Tltalie  et  rEspâgne  disputaient  A 

la  Fiance  rhonneur  d'avoir  la  langue  la  plus  riche*  et 

la  plus  polie  de  l'Europe,  ceys  deux  grands  hommes 

,  pirofcTndément  versés  dans  la  connaissance  des  langues 

anciennes  et  modernes ,  et  jaloux  de  la  gloire  de  notre 


^^^7 


♦.  •" 


1' 


4 

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A" 


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3^'i  UmUMAIIIE    FRANÇAISf,. 

pays,  s'attachèrent  avec  le  plus  noble  patriotisme  (\), 
avec  l'ardeur  la  plus  généreuse,  à  assurer  par  d'utiles 
travaux  la  supériorité  de  nos  écrivains. 

Le  dénombrement  des  mots  français  (2)  et  une 
grammaire  française  (îi)f  deux  ouvrages  de  Robert 
Estieniïe,  prouvèrent  à  ta  fois  combien  notre  langue 
était  riclie  et  combien  étaient  précises  les  règles  qui 
on  fixaient  la  correction  et  la  pureté.  Digne  héritier  de 
son  père,  Henri  Estienne  continua  l'œuvre  de^  Robert; 

^  il  compléta  sa  grammaire  par  un-grand  nombre  d'ob- 
servations nouvelles  (il);  il  montra  ensuite  que,  par  sa 
conformité  çivec  le  grec  (5).  c'est-à-direavcc  la  plus  belle 
laiîgué  qui  fût  jamais,  le  français  devait  prétendre 

^  à  la  place  d'honnreur  dans  la  'ittérature  de  tous  les 
peuples  modernes;  ftous  avions  seulement  à  la  préser- 
ver des  influences  étrangères,  surtout  des  influences. 

(r)  «  Ceux  qui  auront  yeu  les  escritg  de  mon  fière  et  de  mon  onde,  dit 
Henri  Estienne,  appcrcevroht  que  ceste  atTection  d'honorer  ma  patrie 
m Viilj tellement  héréditaire  que  je  ne  pourrois  me  la  déraciner  sans  forli- 
«ner  totalement.  »  (  Dédicace  de  la  Pr^cellence,  au  Roi.) 

(2)  Dictionnaire  (rançois-latin,  eontéitant  Ut  mots  et  manières  de  par- 
ût françoit,  tourne:  en  /afin.  — A  Paris,  de  l'imprimeriede  Robert  E»-» 
lietine,  M.  D.  XXXIt.— Pet.  in-f. 

(3)  Traicte  de  la  Grammaife  françoise.S.  l.  N.  D.  à  l'Olivier  de  Robert 
Estienne. — ln-8.-  •   ' 

■  (*)  ftypomneses  de  Gallica  lingua,  peregrinis  eam  diseentibus  nehessa- 
•  j'w;  ;  quadam  verà  ipsisetiam  Gallis  multum  ptofuturx...  Autore  Henr. 
I^tephano  qui  et  galiicam  patris  sui  grammaticen  «djanxit,—  S.  L.  — 
J*.D.LX^XiJ.-In-8. 

(5)  Traieté  de  là  conformité' du  langage  françqis  avec  [#  grec,  divisé 
en  trois  livrés,  dont  ies  deux  priemiera  traictent  des  manières  de  parler 
conformes!  le  troisième  contient  plusieurs  mots  françois,  les  uns  pris  du  , 
grec  entièrement,  les  autres  en  partie....  Avec  une  préface  rêmonstrant 
quelque  {{artie  de  desordre  et  abasliui  se  commet  aujpurd'huy  en  l'usage 
dé  la  langue  françoise.  —  En  ce  traieté  sont  descouvertk  quelques  secrets 
tant  de  la  Jangue  grecque  que  de  la  frani;oise^:  duquel  l'auteur  est  Henri 
Estienne,— A  Paru,  paTRob.  Estienne,  imprimeur  du  Roy.— 1  VoL  in-8. 


I 


y 


\ 


italiennes  (I)  accpptiMvs  j.ar  la  mocln,  et  qui  en  cor- 
rompaient le  caraclère  et  en  affaiblissaient  la  saine 
vigueur.  Qu'uvions-nous  d'ailleurs  besoin  du  secolirs 
des  Italiens,  puisque  notre  langue  remportait  sur  celle 
de  ritalic(2)  autant  en^  richesse  qii'en  noblesse  et  en 
gravité,  et  qu'elle  avait  non-seulement  le  nécessaire, 
mais  encore  le  superflu?  * 

Les  travaux  où  sont  traitées  toutes  ces  questions, 
oïl  sont  fourniçs  toutes  ces  preuves,  forment  un  en- 
semble dont  les  parties,  unies  par  un  lien  comnuni, 
soiit  de  la  plus  haute  importance  pour  l'étude  et  rhi.s- 
toire  de  notre  langue.  ^  Disons  cependant  bien  vite 
.notre  opinion.  Ces  ouvragés  étaient  nécessi-^ement  sa- 
vants puisqu'ils  sortaient  de  telles  plumes;  mais  ils  se- 
raient plusutilèsencore  peut-être  si  les  autours  s'étaient 
toujours  placés^à  un  pojat  de  vue  indépendant  de  leurs 
étudeè  habituelles  sur  les  langues  anciennes,  et  si  les 
exigences  de  leur  profession  leur  eussent  permisde 
mûrir  aijsez  longtemps  des  œuvres  (3)  dont  la  vente 


k  . 


(1)  Deux  dialogues  du  nouveau  langage  ftançois  italianizé,  et  autre- 
ment detguiié,  principalement  entre  Iw  courtisans  de  ce  temps;  de  plu- 
sieurs nouveâutez  qui  ont  actompagni^  ce«te  flouveautë  de  langage,:  de 
quelques  courtisanismes  modernes  et  de  quelques  singulaHtez  courliâa- 
Hesques.—  In  8.  S.  L.  N.  D.—  (?^  Genève,  ÎS:8,  d'après  bruriet. 

(2)  Projet^u  livre  intitulé  re  la  Prkcellence  m  langage  rnANçoLS, 
par  Henri  Bstlcnnc.— Pari»,  Mamert  Pâtisson,  M.D.LXXIX.— ln-8. 

(3)  H.  Estienne  convient  avoir  terminé  en  quirizè  jours  son  traité  de  la 
Prifcellente ;  dans  son  livre  dé  la  Conformité  du  français  ai  ec  le  grec , 
p.  104,  il  fait  «e  singulier  aveu  :  «Geste  observation  lia  le  dernier  lieu 
par  oubliance ,  car  si  elle  me  fust  venue  en  mémoire,  ie.  l'eusse  mise  la 
prerniere;  mais-  Il  n'y  a  plus  de  remède,  la  copie  du  précèdent  n'ei>tant 
plus  entre  mes  maini',  pource  qjue  cecy  s'imprime  faict  à  Taict  que  je  l'os- 
cri.  «Dans  le  même  traité,  on  lit  encore  :  «  Ceste  observation  devoit  avoir 
esté  traitée  ci-dessus...  mais  d'autant  que  cest  endroit  là  .cstoit  ja  im- 


I 


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,     «-■ 


334 


(jBAMXAIIiK    rRÀNÇAISE. 


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,     * 


devait  leur  apporter  vite  un  profit  assuré  et  nécesvsaire. 
Les  dilTérciits  travaux  dont  nous  venons  de  parler 
ne  sont  pas  tous  exclusivement  relatifs  à  la  gram- 
maire; mais  dans  tous  sont  traitées  des  questions 
grammaticales  que  nous  avons  prfs  à  tâche  de  réunir 

-et  de  coordonner.  Bien  que  publiés  à  d'assez  longs  in- 

» 

tervalles  et  à  des  dates  différentes,  tous  se  viennent  uti- 
lement grouper  autour  delà  Grammaire  à  laquelle  ils 
^nt  éîroilemcnt  unis,  qu'ils  démentent  raremetU,  et 
qu'ils  complètent. 

Nous  diviseront'  notre  étude  sur  les  œuvres  gram- 
maticales de,  Robert  et  de  Ilcnri  Estienne  en  deux 
parties.  Kun  côté  sera  le  lexique,  dont  nous  nous  oc- 
cuperons en  dernier  lieu  pour  ne  pas  interrompre  la 
marche  de  notre  travail;  de  Tautre  la  gramma-ire, 
dont  Tobjct  se  rattache  mieux  aux  études  précédentes 
et  dont  nous  parleronà  d'abord.  Nous  en  détacherons 
un  dès  chapitres,  le  chapitre  de  la  conjugaison  des 
verbes,  que  Robert  Estienne  a  cru  lui-même  assez  im- 
portant pour  en  faire  l'objet  d'un  livre  particulier  (1); 
nous  le  prendrons  comme  texte  de  comparaison  avec 
les  doctrines  émises  sur  le  môme  sujet  par  les  autres 
grammairiens  contemporains.  . 


primé, .car  il  m'a  faUu  haster  ceii  ouvrage  selon  la  ha»te  qa'avuyent  les 
presses,  )'a>  («n^é  qu'il  vâuldroit  mieux  la  mettre  ici,  encores  qu'elle  ne 
fusten  ton  lieu,  que  la  laisser  eschappcr.  •  —  Pages  3•^34^ 

(1)  De  Callica  rerborum  declinatione.  —  PariBiio,  ex  ofllcina  Rob.  Ste- 
pb&nj,  typogràphi  rcgii.  —  M.O.XL.  (  PeUt  iu-8'>(le  4  feuiUes,  &uu  pagi- 
nation ).  —  Voy.  ci-dessoua.  , 


.  À 


I 


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ftOBEST    IT  UINMI    ISTII5MB. 


iss 


GRAMMAIRE  FRANÇAISE. 


La  grammaire  française  de  Robert  Esticnnc  répond 
au  déiip  qu'on  lui  avait  manifesté  de  voir  notre  langue 
réglée  d'une  maniiire  moins  arbitraire  qu'elle  ne  l'était 
dans  les  ouvrages  dû  Duboiâ  et  de  Mcigret  :  savants 
hommes  Bans  doMte,  mais  qui  ont  entremêlé  d'erreurs 
un  grand  nombre  do  8ag,es  observations  et  dé  bons  pré- 
ceptes. Robert  Estiennc  a  retiré  l'ivraie  du  bon  grain  ; 
il  a  complété  les  données  que  lui  ont  fournies  ses  pré- 
décesseurs à  l'aide  d'une  source  féconde  où  ils  avaient 
trop  négligé  de  puiser,  l'usage  (1). 

L'usage!  voilà  le  vrai  maître  des  langues  (2).  Il  est 
si  bien  établi  en  France,  *que  nous  n'avons  pas  eu  be- 
soin jusqu'ici,  comme  les  Italiens,  que  «  les  plus  grands 
personnages  de  iiostre  Fi-arice  ayent  mis  la  niain  à  la 
plume,  pour  parler  françois  (3).  »  Ce  bon  usage  du 
pur  français,  Robert  et  Henri  Eptienne  l'ont  cherché 
où  il  convient,  c'est-à-dire  dan?F|le-de-France  et  sur- 
tout à  Paris,  car  Paris  c'eét  la  France  de  la  France, 
comme  Athènes  ét^la, Grèce  de  la  Grèce.  Sans  doute 
il  y  a  à  Paris  des  locutions  propres  au  terroir,  pour 
ainsi  dire,  des  parisianismes,. comme  il  y  a  des  blai- 


(I)  J'r^/iM^de  Rob.  Esticnne. 

(3)  ■  Optimus  loqueodt  magister  habttus  fait  usus.  •  —  II.  Estienne  , 
Bypomneses^  p.  198. 
(3)  Pr^cei/ence ,  ptéfice. 


/ 


/ 


f 


33&  HAM^runK    inANÇALSK. 

sismos  ;'i  Blois,  de.;  ortCanismes  .'i  Orléans,  dos  turo- 
nismcs  à  Tours  :  mais  ce  (jui  serait  une  taclie  ailleurs, 
à  Paris  c'est  un  grain^  de  beauté  (l)r.  Là  est  la  Cour, 
qui  maintenant,  hélas!  li;nfi  à  laisser  l{i  mode  en- 
valiir  le  langage  et  corrompre  sa  pureté  première;  là 
surtout  est  le  Parlement  ;  là,  la  Chancellerie  ;  là,  la  Cour 
des  Comptes  (2). 

Compilation  de  sages  préceptes,  formée  des  meil- 
leures règles  des  meilleurs  auteurs,  enrichie  encore 
l-ar  l'usage,  la  grammaire  de  Robert  Esticnne  sera  uu 
ouvrage  uirle.  L'auteur  —  il  s'en  vante  et  c'est  un  torl 
—  a  procédé  «^  la  manière  des  grammaires  latines,  • 
et  ses  ciïorts  pour  traiter  son  sujet  t  le  plus  elere- 
mcnt  (3)  »  qu'il  a  pu  ont  si  bi'en  réussi,  nousdevons 
le  reconnaître;  l'ouvrage,  au  point  de  vue  purement 
typographique,  es»  si  nettement  disposé  pour  l'œil, 
qu'une  seule  des  grammaires  du  même  temps,  celle  de 
J.  Garnier,  peut  lui  être  comparée.  Malheureusement,  il 
faut  le  dire  aussi,  l'ouvrage  est  incomplet:  Robert  Es- 
tiennc  avait  vu  ce  défaut  et  voulait  augmenter  son 
livre,  quand  la  mort  lé  surprit.  Son  fils  Henri  regarda 
comme  un  devoir  filial  de  remplirie  vœu  de  son  père, 
et  il  donna  pour  couronnement  à  Pieuvre  de  Robert,  ses 
Jlypoinueses  linguœ  gallicœ  :  c'était  en  outre  à  ses  yeux 
faire  acte  de  bon,  citoyen^  «t  fournir  aux  étrangers  de 
nouvelles  ressources  pour  apprendre  à  fond  notre  lan- 


(1)  «  Nasvos  in  pulchrâ  facie  »  dicit.—  Hypomnetet,:ptait. 
i'i]  Rob.  Esiienne, préface;  —  H.EàUeQDe,  loco cit. 
[i)  Préface  de  Rob;  E§ticnnc^  - 


f 


ROBERT   ET  HEMRI    ESTIENME. 


557 


guc  (4):  langue  riche  et  polie,  qui  a  tiré  du  latin  la 
plupart  de  ses  vocables,  du  grec  ses  meilleurs  tour^ 
(le  phrase,  ses  plus  élégants  emplois  des  mots  :  lan- 
gage susceptible  encore  de  s'enrichir  par  de  discrets 
emprunts  faits  à  ses  divers  dialectes;  langue  supé- 
rieure à  toutes  les  autres,  et  la  plus  belle  usitée  parmi 
les  nations  modernes  (2). 

Robert  Estienne  entre  ainsi  brusqucjnent  en  ma- 
tière : 

«  En  nostre  langue  francoise  nous  avons  vingt  et 
— tlcux  tettres,  lesquelles  nous  divisons  comme  les  La- 
tins en  deux  parties,  en  voyelles  et  consonnantes.  »  — 
Après  en  avoir  fait  le  dénombrenjçnt,  il  ajoute  :  «  Nous 
avons  forme  de  lettres  particulières,  approchantes 
assez  près  de  celles  des  Italiens;  mais  elles  ne  sont 
point  ainsi  couchées  sur  le  devant,  ains  sont  droites 
comme  les  romaines,  et  plus  grasses;  le  corps  des 
lettres  est  court,  les  janibes  et  les  têtes  longues.  —  Es 
impressions,  nous  nous  servojis  pour  le  jourdhuy  de 
lettre  romaine,  quelquefois  de  PitaHenne  (5;.  » 

Comme  modèle  de  nos  lettres  françaises,  Robert 
Estienne  donné  l'alphabet  que  nous  appelons  aujour^ 
d'hui  gothique  et  qui  sert  encore  en  Allemagne;  Abel 
Mathieu,  qui  affectait  d'éviter  tout  emprunt  fait  aux 
étrangers,  avait  au  contraire  employé  le  caractère  dit 


n 


% 


t, 


(i)  Pf^fow  dM  Hkpomneses. 

(2.)  Traité  de  U  PrécelUnce^  et  Conformité  du  françoit  aveélt  grec; 
—  (xaasim. 

(:t)  Les  caraetères  italiqoes  furent  spécialement  affectés ,  dans  le  siècle 
suivant»  à  l'impreMion  des  ouvrages  en  vers.  ^ 


r 


3S8 


GlAMMAIBE   FRA!(ÇAISC. 


de  civH'tU';  Thë;pdo*r&dc  Bèze,  dans  son  traité  latin  de 
la.  prononciation  française,  donne  formellement  ces 
caractères  comjne  purement  français  (1)  et  s'en  sert, 
au  lieu  d'italique ,  pour  distinguer  de  son  texte  les 
exemples  qu'il  produit.  —  Mais  ce  n'est  pas  là  une 
question  de  grammaire.  yj^ 

Suivent  les  remarques  sur  les  lettrés,  qui  ont  servi 
de  thcme  à  un  travail  cons^érable  de  Henri,  Estienné 
dans  ses  //f/poi«/ie.sr.v.  —  Robert  n'avait  parlé  que  de 
celles  dont  I4  prononciation  n'est  pas  la  même  en  fran- 
çais qu'en  latin  :  Henri  les  passe  toutes  en  revue  dans 
cetordre:  voyelles,  diphthongues,triphthongués, con- 
sonnes; nous  suivrons  S3  division.    * 

,  *  ,      .-  '       .  ♦      .. 

'.  '     "  ■  *  ~  '  •  • 

^  ■  "  ^  ,  ■  ■■  ■  "       ■ 

l.—TRAlTl:  DES  LETTRES. 

URTDOGRAPHE    KT   rRONONCIATlON. 

Voyelles. 

A.  -»- La  prononciation  de  l'a  nous  est  commune 
avec  les  Lafins  et  surtout  avec  les  Grecs.  Comme  le* 
dialecte  dorien,  le  dialecte  roman,  «c'est-à-dire  celui 
des  frontières  do  la  France,  n  -et  le  patois  de  la  Savoie 
reniplacent  volontiers  le  son  e  ou  ai  par  le  son  a,  disant 
c/a  pour  c/r/;  de  même,  dar^  man,  fam,  panyfareà\x 
lieu  de  clair ,  inain^faim,  pain,  faire  (2).  Nous-mêmes 


(1)  •  yerc  francici  characteres.  » 

(")  Le  Glossaire  genevois  constate  l'emploi  de  a  pour  e  détint  r  : 
Poffon ,  Berlin  pouf  perron ,  Berlin.  Les  paysan»  de  Molière  font  le 
même  changement  *.  «  Un  habit  jaune  et  vart  !  c'est"  donc  le  médecin  des 
perroquets?...  allons  vite  le  sarcher.  ^  (Médecin  malgré  ItMé)  —  Geoffroy 
Tory  attribue  k  \n  fréquentatien  do  Italiens  qui  affluaient  «as  foires  de 


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nitnKRT  I.Ï  ni;NRi  kstiknnk.  âno 

nous  (lisons  c/rtir,  mais  r-rf/rf/'.  Cet  a  du  roman  est  plus 
voisin  de  J'étyinologie,  qui  paraît  inLciix  dans '^ifirr, 
)u(irt\  f/c/Hfl/î  que  dans  père,  mcvcy  demain,  tirés  de 
paire,  inàtre,  dé  mane,  - 

A  est  généralement  bref  :  race,  trace,  face.,  place, 
t/lace;  ï\  est  quelquefois  long,  surtout  dans  les  dissylla- 
bes, comme  {/race,  âge  pour  auge  ou  eagc,  Ct  aussi  quand 
il  est  suivi  de  deux  ss  ou  même,  quelquefois  de  deux  con-, 
sonnes  quelconques  :  ^rroM^,  lasse,  basse,  brasse,  etc.;  , 
paste,  liasXc  ;   gasie,   tasle,   \orhcs  ;    masle,  jyasle. — 
li  est  souvent  bref  néanmoins -même  suivi  de  deux 
consonnes:  vache, tache,  hache,  sache,  cache,  etc.;  mais 
il  est  toujours  long  s'il  y  en  a  trois  :  masche,  lasche, 
fasche. — Cette  distinction  de  brèves  et  de  longues  sert 
à  distinguer  certains  mots  :  tels  pâte  de  chien,  pasleûe 
farine,  matin  et  masiin;^  tels  encore  V/îa^Ae  (venatio)  et  . 
chasse  (ferculum).  . 

.  Dansjes  trissyllabes,  a  est  généralement  bref,  «//ace 
(imca)  bécasse,  etc.;  il  l'est,  de  plus,  dans  les  mots 
dérivés  d'un  primitif  où  l'a  était  bref,  tels  desplace,  de 
place  ;  chickeface,  desface,  reface,  etc.  -^  Toutefois  il 
est  long  :  4"  dans  les  dérivés  deraots  où  Va  était  long; 
entasse  dé  tas;  embrasse  de  6r£tj«e^  etc.  ;  2°  dans  la  syl- 
labe asse  particulière  aux  subjonctifs  et  aux  optatifs  : 
aimasse,  louaste,  eic. 

Dans  les  fmates  en  âge  des  mots  de  trois^  quatre 
ou  cinq  syllabes^  cpmme  visage,  mariage,  apprentis-^ 


>^ 


LyoD  rasage  qu'araie^  les  dames  lyonnaises  de  changer  e  en  a  dans  la 
pronoBciatibn^quaodJ^  contraire  les  parisiennes  airectaient  de  changer 
a  tn  f.  (QiaiBpleury,  feuillet  XXXIII,  V.) 

-■#■'■ 


/ 


X  . 


y^'i" 


340  GRAMMAIRE    FRA>VAI8R. 

sagCf  Va  est  allongé,  mais  très-légèrement  ;^-demême 
pour  les  finales  en  atementoii  ablement,  comme  totale- 
ilientt  honorablement  (\).  * 

Le  peuple,  ou  plutôt  la  lie  du  peuple,  surtout  ù 
Paris,  met  souvent  un. a  pour  un  «,  disant  piarre  pour 

"^  pierre,  guarre  pour  guerre;  et  cette  prononciation  était 
autrefois  générale  :  «  Quelles  pensioQs  nous  qu^estoient 
les  oreilles  d'alors  qui  portoient  patiemment  mon  frère 
Piarrcy  mon  frère  liobari,  laplace  Maubart?  Et  toutes- 
fois  nostre  \Mllon,,un  des  plus  éloquents  du  temps,  la 
parle  ainsi- (2).  »/— Au  contraire,  les  courtisans,  «  con- 
trefaiseurs  de  petite  bouche,  »  et  surtout  les  femmes 
ile  la  cour  et  celles  qui  croiraient  déroger  à  leur  no- 
blesse en  prononçant  Ta,  le  remplacent  par  e  et  disent 
catherre  ei  càtaplesme  pour  catharre  et  cataplasme  :  ils 

-  rappellent  la  demoisçlle  Savoyenne  et  son  «c/ian(^r 
miagnifiquer  qu'elle  disoit  pour  chanter  magnifitqt,  pen- 
sant éviter  la  vue  de  son  langage  naturel  (3).  ■— *.Gar- 


V 


(1)  C«8  tleiix  remarques  doivent  nous  rendre  moins  eévères  que  nous 
ne  le  serions,  en  tenant  compte  de  la  prononciation  actuelle,  pour  les 
poètes  qui  ont  dit,  par  exemple,  comme  Despréanx  : 

Si  qtielqne.  esprit' malin  veut  lejiJtraitrr  de  ^«A/f«,  ^         ' 

On  dira  quelque  joorponr  les  rendra  (T0jfaM^«.,.  ,        „ 

ou  qui  ont  fait  rimer,  conime  Voltaire,  âge  et  courage ,  etc. 

(2)  Introduction  au  traité  de  la  Conformité  des  merttilles  aneietwes 
avec  let  modernes,  liv.  I.  —  Il  ajoute }  «  Voila  exemple  du  langage  auquel, 
on  prenolt  plaisir  de  faire  la  grande  bouche,  à  la  façon  de  ceux  d'entre 
les  Grecs  qui  estoint  nommez  Dorieni  etde  ceux  d'entre  les  Françoin  qui 
'sont  nomnci  Savoyars.  •  ;^        ^ 

(3)  Rien  de  plus  commnn  au  xv*  siècle  et  au  xvi*,  «t.  à  )>lùs  forte' 
raison ,  aux  époques  antérieure*  que  la  confusion  des  sons  a  et  i.  VUton, 
dit  M.  L.  Quicherat,  fait  rimer  barre  avec  err«,  Marne  tvtc  hiverné, 
Lombart  avec  Robert;  dans  Coquillirt,  on  voit  ferme  rinutnt  avec  ^en- 


ROIERT   ET   HBNtI    ESTlinnE. 


r»4r 


dons-nous  de  les  imiter  (1)  I  — Gardons-nous  de  dirç  : 
//  iy  en  aU'n  pour  i/  s  y  en  alla  :  Marot  reprenoit  ceux 
qui  disoient  renda  pour  rendit,  ou  troaK  moas  pour 
trois  mois  (2)  :  craignons  de  paraître  «  supposts  de  la 
place  Maubert  (3),  » 

E  (û).  — •  La  lettre  e  est  une  de  ce^ps  qui  ont  le 
son  doux  et  plaisant  ;  nous  en  avons  de  deux  sortes, 
l'un  estant  masculin,  Tautre^  plus  fréquent,  féminin, 
laquelle  division  semble  admettre  quelque  subdivi- 
sion; et  ces  d€ux  sortes  entreméslees  font  trouver  de 
la  diversité  en  une  mesme  lettre  (5).  »  —  Quelles  sont 
donc  ces  deux  sortes  dV?  La  girammaire  nous  répond: 
«  E,  quand  il  est  aîu  commencement  quelquefo*is  se 
prononce  brief  et  court,  et  comme  à  demi-son,  comme 
peler,  où  pe  est  court,  et  1er  est  long.  »  Quelle  que 
soit  sa  place,  au  commencement,  au  milieu  ou  à  la  fin 


dafm«;  on  ut  dan»  J.Biarot  :  / 

Or  pst  Montjoie,  alors  premier  roi  d'arme», 
Hoo^me discret,  tris^égant  en  terme»... 

(I)  Ce  chapitre  est  rédigé  à  l'aide  des  Hypomnetet ,  pp.  3-11,  et  des 
passages  cités  de  V Introduction  au  trotl*'...,. etc.  —  Au  xvii- siècle,  la 
cour  hésilàlt  entre  terge  et  iarge:  (  Vaugelas.  ) 

[1)  Maiot,  l«  épitre  du  Coq  à  FAm  ;    • 

Je  dy  qu'il  tfest  point  question    ' 
*         ■  XttàinfaUUm.ntij'étlion, 

Vytenmlê,njjefrtpn. 

(3)  Long,  franc,  italianisé,  iiii.  S.  D.(?)  Genève.  1S18,  pp.  143,  145,, 

146.— Cf.  p.  î»8.  ' 

(4)  Ce  paragraphe  est  rédigé  à  l'aide  principalement  des  Hypomneset, 
pp.  il-M;— nous  ayons  suivi  aussi  la  Grammaire  -et  d'autres  textes 
cités  dans  les  notes  qui  suivent.  —  Sur  les  diverses  prononciations  de  \'e, 
voyeï  dans  Geoffroy  Tory  (ChampHeury,  ^XXX1V,  r»  et V).u»  passage 
trop  long  pour  être  cité  Id. 

{b)  PréctUence...,^.  M. 


'»' 


342  GRAMMAIRE   FHA.NÇAiSE. 

d'un  mot,  ^  peut  être  long  ou  masculin,  dit  Henri  Ks- 
tienntj,  ou  court,  c*cs;t-à-dirc  féminin.  Ordinairement 
il  est  long  quand  il  est  suivy  de  deux  consonnes  :  com- 
mettre (4).  » 

Les  Français  ont  cli«çingéen  e  Ta  d'un  grand  nom- 
bre de  mois  latins  où  lo  dialecte  roman  {"D  l'a  con- 
servé; icisbonté^  santr,  mer,  amer  qu'ils  prononcent  ; 
bonta,  stmta,  innry  amar  (3i. 

E  mascurm.  —  Cet  e  dont  le  son  est  clair  et  plein 
nous  est  commun  avec  les  Grecs  (te,  oe)  et  les  Latins 
(te,  de)'^  non^seulement  il  peut  y  avoir  un  e  masculin  à 
quelque  syllabe  d'un  mot  que  ce  soit,  mais- encore  il 
peut  y  en  avoir  deux  dans  un  môine  mot  et  même 
trois,  soit  de  suite,  soit  séparés  :  défi-rer,'  v('rité  {II). 
—  Cet  e  se  rencontre  dans  certains  verbes,  où  pour 
mieux  marquer  le  son,  on  écrit- parfois  deux  e  comme 
séparénwnl  o\i  sepùreement  (5)  ;  dans  d'autres  adverbes, 
r^  est  féminin  ;  sniuctement,  justement,  — Celte  diffé- 
rence de  l'r  masculin  et.de  Ve  féminin  sert  à  distin- 


V'- 


{D  Xn.ammaire,  f.  6. 
.    {2)  Nous  avons  vu  6eu<  pages  plus  haut  que  le  dialecte  roiii«ii  mt,  am 
yeux  de  lienrlEstienne.  le  langage  des  fronuires  de  la  France.— G:  Torj. 

(3!  Voyez  nos  remarquesj  sur  a,  ci-dessus,  p.  340. 

(i)  Henri  EsUepne  n»  ^^a^que  l'accent  que  sur  les  Anales  :  il  écrit  bé- 
néfice, déférer,  évité,  lerité  ;  nous  le  plaçons,  dans  no*  citatidns,  partout 
où  la  clarté,  l'exige. 

(b)  A  la  page  6  de  la  Grammaire  de  Rofe.  Estienne ,  nous  trouvons 
communeement  écrit  avec  ces  deux  ee.  Ce  second  «comptait  parfois  dans 
la  mesure  des  vers,  surtout  avant  le  xvi*  siècle:  < 


Huit  b  tint  honoirement 
—  Cf.  Quicherat,  Versif.fr.,  p.  416  et  luiv 


c-Bekoist.) 


^ 


ROBERT    ET    HE?<RI    ESTIENNK. 


ar» 


guar  quelques  mots  tiui  sont  semblables,  à  la  pifonon- 
ciation  près.  Ainsi  séparément,  c'est  le  latin  separatio  ; 
séparémcnlr\Q\dA\n' sepûratimfX).     '  ' 

.     Cet  e  masculin  a  un  autre  son  dans  accès,  procès  (2), 

^  belle  (3),  ver „ fer,  terre:  c'est  celui  Se  Vc  latin  dans 
terra  ;.il  s*ûffaiblit  un  peu  dans  les  finales  des  infinitifs, 
comme  chauffer,  laver.  Mais  c'est  surtout  dans  les  mots 

,  où  cet  e  est  suivi  «de  «r,  comme  teste,  besie,  ou  de  deux 
ss  .comme  cesse^  presse  ({ne,  Vc  prend  ,un  son  ouvert; 
il  est  alors  semblable  à  celui  que  l'on  marque  par  œ 
ou  ai,  et  l'on  peut  rimer  ensemble  professe ,  cesse  et 
laisse,  a6^>am<'.— Exception  :  il  est  moins  ouvert  dans 
proteste,  peste,  moleste,  etc. 

L'c  masculin  a  un  autre  son  encore,  qui  tient  à  la 
fois  de  l'e  et  surtout  de  l'a  ;  cet  e  est  à  proprement 
parler  l'c  français;  on  le  trouve  surtout  avant  m, 

.  comme  femme  j  iems  ou  temps  et  avant  n,  comme  dentf 
vent;  prudent,  pruden^.,  prudemment;  ornement,. juge- 
ment, etc.  ;  le  vulgaire  prononce  tamsy  prudant,  san- 
tancé,  et  s'excuse  sur  les  poètes  qui  font  rimer  constanfs 
et  temps  (ft)  ;  c'est  une  faute,  et  il  faut  donner  à  chaqù 


(i)  Séparément  ^our  séparation  semble  avoir  été  supposé  par  rautcuï; 
pour  les  l^esolns  de  sa  cause.' On  ne  trouve  en  effet  ce  mot  dans  auc^fn 
lexique. 

(2)  Ces  mots  sont  également  écTrts  dans  le  texte  sans  accent. 
'  (?)  D'après  cette  pronpnciaUon  Mie  e,t  (tJ)  béU  rimeraient  très- 
44)  Cette  faute  n'est  pins,  appréciable  aujourd'hui  pour  nous  qtUpro- 
nonçons  eonstantt  et  temps  avec  le  sén  que  donnaient  à  ces  mottes 
poète»  anciens.  Remarquons  même  à  cette  occasion  que  nous  faisons  dfes 
distinctions  qui  ne  «e  faisaient  pas  alors,  au  molns>n  poésie  ;  car  l'ore 


/ 


W' 


,  V 


♦    3U 


GftAllMAIRE    FRANÇAISE. 

lettre  Je  son  qui  lui  est  propre;  on  évite  ainsi  les  équi- 
voques de  embler  (enlever)  par  exemple ,  et  dfe  ambler 
(aile-  ramblu).  Nous  nous  faisons  parfois  un  jeu  de 
cesambiguités;  ainsi  :  «  Pourquoi  dit-on  la  vérité  dans 
le  vin?  -^Pource  quil  est  de  serment.  »  .—  Ijci  Te-de 
serment  se  prononce  un'peru  comme  Ta,  de  façon  qu'on 
puisse  hésiter  entre  serment  (jusjurandum)  et  sarmant 
(sarmentum)  (1).  -  ' 

Une  dernière  sorte  de  e  masculin  est  Te  des  mots 
conlme  c/iie/i,  mien^  tien,  sien^  vien,  où  il  se  pro- 
nonce comme  s'il  y  avait  chiin  miin,  «  Mais  —  ici  pous 
traduisons, textuellement,  —  cela  a  lieu  principale- 
ment dans  les  mots  qui' sont  nionosyllabes  ou  se 
prononcent  comme  les  monosyllabes;  tels  sont  ceux 
qui  précèdent;  car  pour /icn,  sien,  moyen,  ancien,  pra: 
ticiek,  >ofi  ne  peut  d'aucune  façon  dire  la  même 
chose.  »  —  Peut-être  ces  derniers  mots  aVaient-ils  le 
son  que  nous  avons  entendu,  dans  le  sau;nurors,; 
donner  au  mot  c/tie/i,' qui  s'y  prononce  à  peu  près 
chian  (2)  :  la  terminaison  latine  ipnus,  ou  italienne  aiio 


ne  saurait  plus  accepter  la  rime  qu'on  trouve  en  ce»  vers  : 

(Villon.) 


Am«i  ay  perdu  tont  crst  an  :     ' 
Diea  If  Tii«ill^  poorroir  ?  Amen. 


Mm  comment  m  ptirU  l'anessc 
Mue  tn  irajr  «W  JentmUm  * 
S'elle  rrnlt  taoxAtt.,  gardé  I'cq. 


(Makot.) 


(1)  Louis  XI  se  plaignait  un  Jour  dvi  la  mauvaise  qu.iité  du  vin  d'une 
certaine  année;  il  en  demandait  lii  raison  :•  C'est ,  hi  dit-on,  que  le»' 
sarmens  (oo  sermens)  n'ont  pas  Tenu.*  — Cf.  Quicherat,  Vertif.  fr., 
p.1361.  ' 

(2)  Cf.  Rabelais.  Gargcmtua,  liv.l'*,  chap.  IX,  édit.  Jannet  (Biblioth. 
e'set.);\otai:  I.  p.  33,  ligne  3.  On  y  verra  un  équivoque  de  ckùn  et  de 


\ 


\ 


ROBERT    KT    nE>RI    ESTIENNE. 


:^:> 


qu'on  trouve  dans  les  équivalents  de  la  plupart  de  ces 
mots  expliquant  la  nature  du  son  dont  parle  si  va- 
guement Henri  .Estienne. 

;  E  yi?fïïiniH.' -^  JU'e.  féminin  a  le  son  plus  sourd  que 
Ve  masculin;  il  s'arrête' potî#  ainsi  dire /au  gosier, 
quand  l'autre  va  jusqu'aux  dents  :  iiousAavons  des 
exemples  de  ces  deux  sortes  d'e  dans  les  mots  ambutjes, 
satelJlteSf  calices  qui  sont  latins  et  français,  avec  cette 
différence  seule  que  Te  .est  masculin  en  latin,  féminin 

'  en  français.  —  Chez  nous  un  même  mot  peut  avoir 
les  deux  e  avec  un  son  différent  y war</Me,  c'est  le  nom 
latin  NOTA  ;  mar^u^  c'est  le  participe  latin  notatis ; 
mar<3f Me  peut  être  Aussi  une  des  trois  personnes  de  l'in-r 
dicatif  présent,  ou  la  seconde  de  l'impératif.  —  La  dif- 
férence des  e  sert  aussi  à  distinguer  les  mots,  comme 
paste  et  pa^té.  »    .,  '  "ï-  -  .  ' 

,  Ces  nom's  d'e  nrosculin  et  d'e  féminin  sont  venus 
de  la  rime,  et  semblent  devoir  être  réservés  pour  les  e 
desK«yllabéSKrmales  ;  on  les  trouve  cependant  au  com- 
mencement ou  au  milieu  des  mots.  Nous  l'Wons  vu 
pDur  e  masculin.  Pour  «féminin;  le§  mots  genesi]  félon  ^ 
U'iliTy  venir ^feraiii  ferons t  venions^  menions,  puis  dow 
cernent ,  passe-temps,  jugement,  souvenir,;  etc.  en  sont 
la  preuve.  ^ 

Des  mots  dérîv-és  de  vocables  latins  commençant  par 

— : — 1 

«.  ceafu  qui  peut  servir  à  faire  compreniift-e  le  pasfape  de  Henri  Estienne  : 
scMlement  l«g  mots  lien,  at^n,  etc.,  avaient  la  prononciation  (lu'il 
retire  au  mot  chien,  etc.  -'kemarquons  encore  que  l'on  trouve  ttrlt 
Europemn  le  mot  que  d'autres  textes  du  même  temps  écrivaient  Euro- 
péen :  la  prononciation  expliquait  la  première  orthographe.  De  même 
Pritcian  et  Pritcien,  Julion  ou  Julien,  Vulcah  ou  Vulcain,  etc. 


V. 


V 


/ 


X 


y 


*  r 


546  GRAMMAIllE   FKA>ÇAISK. 

(/e  et  re  nous  faisons  le  premier  <»  soit  féminin,  comme 
devenir f  retenir  j  soit  masculin  comité  déclarer  j  référer , 
soit  indifféremment  l'un  ou  l'autre,  comme  décevoir, 
refréner,  relasçher,  détenir,  où  cependant  IV  masculin 
semble  le  plus  en  usage,  et  r/r«im-  où  le  féminin  semble 
remporter.  — Quand  deux  e  se  suivent,  ils  peuvent  être 
l'un  féminiii^  l'autre  masculin  :  feuîUeter,  plumeter; 
ou  tous  les^ieux  féminins-:  recevoir;  recelons',  trois  e 
de  suite  peuvent  ménie  être  féminins  :  nous  rcce/e- 
rons  (1), 

Dans  les  infinitifs,  c  qui  suit  r  ^st  féminin  :  dire, 
ftiire;  —  e  qui  précède  r  est  masculin  :  laver,  aimer. 

'  —  Les  troisièmes  personnes  plurielles  des  verbes , 

'  qu'elles  prennent  ou  non  les  lettres  oy,  ont  aUsâivcet  e 
niuet;  la  lettre  n  s'y  entend  aussi  peu  que  possible  (2^; 
dans  les  finales  en  oijent  g,u  pluriel,  le  son  e  donne  à 
cette  syllabe  une  longueur  que  n^a  pas  la  syllabe  oit 

/du  singulier  :  il  aimait,  ils  almoyent  (3). 
flf^ans  la  poésie,  les  vers  terminés  par  e  féminin  ont 

^  une.^'lla)îe'de  plus  que  les  autres,  ce  qui  s'explique 
parce  qu'on  l'entend  à  peine.  Il  n'est  pas  mpins  muet 
dans  les  mots  comme  esperit,  quç  Ton  écrit  même 
esprit,  et  la  prononciation  n'est  pas  autre  dans  vraye- 
ment  que  dans  vrayment  {h). 


m 


(Il  Tous  les  exemples  donnés  dans  ce  paragraphe  montrent  avec  quelle 
prudence  on  doit  accentuer  les  e  dans  la  repipdoction  des  anciens  teit es. 

(2) Cf.  ci-deMus,  p.  (fl,  chapitre  de  Meigiet. 

(3)  Voyez  les  renkrquet  sur  U  dipbihongue  ot.  ^^ 

d)  Ceptndant,  roém«  au  xvi*  siècle,  vraiemtnt  comptait  soarettt  pour 


1^" 


ROBERT    ET    HENRI    ESTIKM^K.  S47 

Diins  certain  mots  e  féminin  adoucit  la  consonne 
préccdenlc  :  bourgeois,  dom/eon,  bourgeon,  chiuujoanU 
chargeant,  rongeant,  Gic,  que  Ton  prononce  comme 
s'ils  étaient  écrits  avec  \"i  consonne  [  j)  bourjoh,  donjon^ 
bourjon',  dans  d'autres,  il  allonge  la  voyelle  qui  pré- 
cède :  ambUjUement  iW  dc^ubign,  catourdiemcnt ,  do 
rstourdi  (2);  en  vertu  de  la  même  loi,  e  masculin  des 
adverbes  séparément,  inopinément  sera,  long,  puisqu'il 
|)eut  se  marquer  par  deux  ec  :  scparccment,  inopiuee- 

ment. 

En  général,  du  reste,  la  syllabe  qui  précède  e  fé- 

.  minin  est  plus  longue  que  celle  qui  précède  1'^'  mas- 
culin :  ainsi,  plus  longue  dans  cosie,  fosse,  paste, 
jmirclw,  escume,  que  dans  costé,  fossé,  pasté,  vtarché, 
cscumer,  etc.  Dans  tous  les  mots  qui  précèdent,  ce 
point  n'est  pas  douteux  (3).  Peut-ôtre  paraîtra-t-il 
nioins  certain,  qu'en  vertu  do  cette  mémo  règle,  qui 
n'a  jamais  été'  posée  jusqu'ici,  mais  qui  est  très-sûre, 

•     la  syllabtî  qui  précède  Ve  féminin  dii  présent  est  plus 


^ 


trois  svllalies  : 


Toi\i^ra-y-mentM  mànicre  comutcpilrc. 


(Marot.) 


—  rr.  Quicherat,  Versif.  franc.,  pp.  41G  et  8uiv:-Voy.  aussi,  dans  le 
mime  ouvrage,  pp.  427,  828.  v- 

Quant  à  csperrt. pour  fAprtf,  le  niême  auteur  en  cite  de  nombreux, 
exemples  qu'il  tire  même  des  pofte«  dn  xvi"  siècle;  on  disait  aussi 
sbu$peçoH,terai,  larreein,  derrenier  poirr  «owpfon,  vrai,  larcin,  dernier. 

(1)  H.  Ksticnne  écrit  sans  tréma  :  amtiffwmfnf.,  . 

(2)  En  allemand,  Ve  après  Yi  n'a  paç  d'autre  effet  :  \vit,l'\t.  ©ricf,  etc. 
8C  prononcent  tie,dit,brif.  En  hollandal»  de  même  :  ■  ie  »itb  toie  i 
auîiv\ffvtcdp..  »  • 

(3)  Ce, point  aérait  très-doittpux  pour  nous,  qui  prononçons  ro  également 
long  dans  eoste  et  dans  coifé.  Va  dans  \)dfe  cl  dans  pasté,  etc. 


348 


\ 


• 


\  • 


'm 


^ 


*► 


'} 


i 


,c» 


V 


UIAUMAIIIK   PiA>ÇAISE.      * 

longue  que  cçllc  (jui  précède  Ve  masculmdu  prétérit; 
par  exemple  d'ans  je  pane,  je  conte,  je  porte,  fostv^ 
que  ânnsjay  pasiié,  conté,  portée  oitti  (1). 

I  !2).>-  Rob.   Kstienue  se  borne  à  dire  que  la 
voyelle  i  se  prononce  en  français  et  en  latin,  et  que 
•  aulcuncs  foii  est  coiisonante,  comme  joMer,  jeiter, 
jouer,  jurer,  u  J|.  Henri  Esti^nne  est  plus  eifplicite. 

1  consonne.  ,—  I  peut  (être  consonne  en  français 
comme  en  latin,  soit  au  commencement  soit  au  milieu 

•des  mots.  S'il  esi  consonne,  il  serait  bon,  pouV  avertir 
le  lecteur,  de  le  roarqueç  par  la  ntajuscule,  comme 
dans  '^Hth,  iimir,  vendçmle,  que  Ton  écrit  aussi  pagi^, 
singe,  vendemge  (vendange),  avec  g. 

Ce  g  prend  encore  la  place  de  /,  mais  avec  un  a.utre 
son,  surtout  chez  les  Picards  qui  disent  gambe  où  nous 
dirons  >am%  ;*iiqus  leur  avons  pris  les  dérivés  gam- 

•  Jnide  el  ganm^r  (^), 

ivoyeUe.  —Vi  voyelle  est  écrk  par  quelques-uns 
dans  des  mots  où  d'autres  ne  l'écrivent  pas  :  ainsi 
dangicrei  danger ^  estrangier  et  estranger  (A).  Cet  i  ap- 

-partenait  à  notre  ancienne  langue,  qui  l'écrivait  dans 
tous  ces  mots  et  les  semblables^  et  surtout  les  infmitifs, 
comme  aidier,  Itebergier. ..  ;  on  la  trouve  même  dans  le 


(1)  Voyei  plus  loin,  le»  remlirquMjBur  l6  verbe.    . 

(2)  Ce,4>artgraphe  est  tiré  surtout  des  lîypoirm«m,  pp.  28-34.  ^Cf. 
^   Geoffroy  Tory.  Champ/Uury.f*  XLVI,  r. 

13)  Le  o  dâir  est  employé  en  picard  partout  où  nous  employons  le  j^ 

.  ■  les  Picards  disent  de  même  gardin,  gar$f,  gàrret  où  nous  disons  jardin, 

gerbe,  jarret,  etc.  Cf.  Escalier»  Jîf m.  sur  les  patois,  clossaire  lalin-fraoç. 

^  du  XIV  siècle,  au  mot  pomerium  (laU) ;  CorLIet.  Glo*s.  picard,  etc. 

(4)  A  Genève,  on  dit  encore  péchier  pour  pécher,  comme  prunier. 

(Gaudy,  Gloss.  genevois,  1  vol.  in-8",  1827.) 


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ROHKRT    KT    UKNRI    F.JiTlKNNK. 


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oorps  des  mots,  comme  je  iwWy  yeslicve,  jV  rjrirvr^ 
qui  sont  encore  (^58*2)  employés  quelquefois.  On  dit 
(ic  môme  grirf  et  brief\  mais  6r</  et  jyrrrr,  plus  voisins 
du  jatin  {brcvhi  gravis)  sont  prt'fi'rables  (\  *.—  On  /•en- 
contre aussi  i'<  après  IV  dans  plusieurs  verbes,  enlr'au- 
tres  il  meine  (démener)  ot  ses  dérivés;  mais  il. serait 
maintenant  ridicule  de  le  p^noncer. 

Dans  d^autres  mots  l'i ,  sâa^tre  omis,  se  prononce 
I  Fi  rapidement  que  beaucoup  de  dissyllabes  où  il  est 
suivi  de  e  jlevicnnent  monosyllabes  (2). 

Quant  à  la  quantité,  i  est  long,  par  exemple,  dans 
les- subjonctifs  des  vérités  où  il  est  suivi  d'un  s,  et  cette 
]iron6nciatio{i  lente  sert  à  les  distinguer  de  Tindicatif  : 
ainsi,  i  est  long  dans  quil  gemist^  bref  dans  il  gémit. 
De  môme,  safts  que  récriture  cependant  soit  changée, 
il  est  plus  long  dansrom^fVn  que  je  prie  &u  subjonctif 
que  dans  j<;prt>  à  Tindicatif.  Enfm  dans  les  mots  où  \'i 
est  seul  on  reconnaît  sa  quantité  en  se  reportant  au  pri- 
mitif latin  :  le  verbe  )îer,  defidere^  à  Vi  plus  long  que 
r adjectif yîtfr  de  fhut  ;  de  ipôrac  il  est  bref  dans  lire 
ou  lyre  (lyra),  et  long  ddns  tirp  (de  légère),  à  cause 
de  la  syncope.  - 

Les  amateurs  de  ritalien  changeaient,  alors  pour 
obéir  à  là  mode,  /  en  ?*  dans  luS  mots  plaisir ^  plume ^ 


(1  La  diphUtongue'ï«,  remplarant  e  ou  a  laUn,  s'est  conservée  dans 
beaucoup  de  mots  après,  avoir- disparu  d'un  très-grand 'nombre;  nous  ne 
disons  plus  brief,.  mais  nous  avons  encore  btiéreté;  de  même  fiètre,  jiel,' 
miel,  lièvre,  pierre,  tiède,  tic. 

(2)  Voy.  plus  loin,  di'fhf honyu*  lE. 


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qu'ils  prononçaient  yumr,  jnnme  (ï);  ils  remplaçaient 
i  par  M  dans  seniu  pour  senii,  c[  au  conlraire-a  par  i 
tîans/^/rrt;»;)is.sr,  et  autres  scmhla!)l*îs  2  ;  du  reste 
nous  voyons  Henri  Kslionne  lui-iiH^mo  msltrd  dans  la 
bouche  de  son  Celtophilc  le  mot  wcstinqe  pour  mes- 
lanrje  ;3j. 

O i^û).— -Nous  prononçons  Vo  coinmc'Ics latins;  raaià, 
dans  les  noms  qu'ils  terminent  en  io^  mo,  roj  to^  nous 
ajoutons  un  n  ,  et  disons  (xcnsion ,  bcrnwn ,  Ciçeron , 
(Mlon\  pour  orcush^enuo,.  Gcrro,  Cnln  :  en  quoi 
nous  imilcfns  les  Grecs  qui  disaient  Sacav,  etc.,  et  les 
Hébreux  qui  disent  de  même  y^-z^v. 

Nous  le  changeons  quelquefois  en  ou  .♦  nos,->w/«; 
COLOR^  coM/cMr  ;  parfois  aussi  nous  admettons  les  deux 
sons  :  nous  disoiis  en  elfet  voutonlé  et  lolonté^  tvur* 
meiU  et  tormenl,  colom  ou  cpulom  (colombe),  pourceau 
ofe  porceau;  il  ne  se  changé  pas  moins  souvent  erf?» 


V 


X- 


.    (1)  L'tqui  remplace  Ides  prlinUifs  latini  était  en  ItaBleii  métne  une 
rocru^tion  de  l'ancienne  lancue.  Le  cardinal  Beml)o  a,  sur  ceeujet,  dans 
EoD  premier  livre^  Délia  tolgar  lingua,  un  passage  qui  semliie  avoir 
échappé  à  H.  E&tiennc  :  •  Era  il  nostro  pariare  nogli  antlchi  trmpirouo 
,et  grosso  et  materiale,  e  raolto  piu  ollvadi  contado  che  di  ciUà.  Par  la-, 
quai  cosa  Guido  CavakanU,  Fariifttavdegli  Uberll,  Guittone  é  môU'àUri, . 
ïe'pa|ole  del  loro  seculo  usando,  lascarono  le  rinre>4u£c  piene  di  mate-- 
riali  et  grosse  vocl...»btormd  etplaeere,  etc.  »  [Le  Otterxatumi  deWi' 
lingm  t\>lgare...  In  Venelia,  M.D.LXll.— In-8v  pp.  42-43.)- En  Anjou,  » 
l'on  remarque  une  tendance  analogue  à  mouiller  lea  lettres  bj",  ft,  etc.  On 
dit  biûnc,  hieHiiifiur  blanc, bleu;  fiancpour flanc,  flamme  jfoUT.flamme, tic. 

J2}  Largage  fr.'Ual.,  p.  143.  Cf.  ci-dessus,  p.  229. 

•(3)  76td.,  p.  16,  ligne  9;  p.  i7,  avant  dernière  ligne,  et  ailleurs.  Les 
Picards  disent  de  même  minger,  diht,  diminche  pour  maiiger,  dans,' 
dimunehe.         .  v  ,'    ..-         _; 

;4)  Hypomnetei^^.  31-2U.  —  Cf  Gepffiroy  Tory-((.hampffeùr>, '^L1  >f 

et  LU,  ri.      --■/.„.    '  .  .  .       ;  •  ,„v: .  -. 


1  » .   ». 


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HOBKRT    ET   BEMll    ESTIINNK.     .  .*  531 

dans  les  finales  latines  en  or  :  honneur,  douleur ,  cou- 
leur,  etc.  :  dans  certains  mats  on  prononce  indilTé- 
remment  on  et  eu  :  demour^k  demeurer;  on  dit 
mayxx  prouver  que  preuver;WK^  mieux  preuve  que 

yrouve  (l). 

La  voyelle  o  remplace  souvent  chez  nous  la  diph- 
ih^ljgue  «M  des  latins  :  ainsi  or,  de  ourum;  nous 
avons  dit  Pol  ÙQ  Pautus^  comme  le  prouve  ce  pio» 
verbe 

Si  au8i«i  Nine  w  que  sainct  l*oI , 
N'aj.ant.rlcn  c«  rVpfl^â  fui  ;  . 

mais  il  vaut  mieux  écrire /*ar|/. 

Autrefois  o  se  redoublait,  par  exemple  dans  roo/<?, 
quand  il  était  iong,.  comme  «  se  redoublait  dans  aiufo, 
et  e  dans  aUeèment;  il  vaut  mieux  comme  on  a  conj- 
mencé  à  le  faire,  le  marquer  d'une  sorte  d'accent 

aigu(2)[.     -•    .  -;;     "       ;    - 

U  (3),  —  Robert  Estiénne- s'était  borné  à  dire  que 
l'tt  él j^it  souvent  consonne,  surtout  au  comnnencemcnt 


0  Cf.  ci-dMBuu,  ^.  160.  -  M.  Biirguy,  dans  sa  Gtamm.  de  la  langue 
(iOU  se  demande  d'oo  proylent.ceUe  irréffularité  dans  la  dériTation  «es 
niots-dovlEuÎL,  do^msfeux.  et  il  répond  :  .  Le  iangage  de  Bourgogne 
a\ait  or  dans  tous  les  cas  :  cr^alor,  lor,  etc.;  or,  eor,  os,  éUient  rem- 
placés en  Picardie  par  eur,  pur.  ou*,  comme  :  diseur,  )onyleuu  etc.;  la 
^o^mandle  avait  u,  comme  lur,  dônnur.  Ces  faiU  notés,  la  question  se 
résout  d'elle-même  ;  les  formes  en  eu,  qui  devinrent  de  jour  en  jour  plu» 
romipunc»,  s'introduisirent  ave<î  le  langage  picard  dans  lIle-de-France, 
elrprirent  enfln  droit  de  bourgeoisie  dans  la  langue  ûx^.  •■  T.  I,  p.  2«. 

(2;  a.  él^essus,  e.  —  M.  J.  Quiclierat  cite  de  nortibrèux  txemplp  de 
drérèéès  analogues  à  celle  de  aage  où  éage  (  âge  )  ;  vo> ,  danis  son  Iraxté  de 
rpr.if^nf,  pp.  415-434,  une  longue  et  savante  note  au  slijct  des  dle- 
T«ge«  en  usage  dans  notre  ancienne  poésie. 

(i)  GtawiwmSre,  p  »r  HypomneM»,  pp.  36-\0.  —  Cf.  <*•  Tory,  ^  LIX 
•ret-LXiv    ^  ^        .      .^  >  . 


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S52  GIAMHAIIK   rRANÇAIfU.       . 

■  *  •  ■  .  . 

des  mots;  Henri,  après  av/rîFdît  que  le  son  de  l'ii  nous 
est  particulier  parmi  les/nations  modernes  (1),  justifie 
l'emploi  de  cette  Içtlrc  comme  consonne  au  milieu  des 
mots,  par  l'exemple  deal  latins  qui  disaient  tenvia  ou 
Wnuia  (2),  et  au  conth^ire  liistoluitse  pour  rfijjoA- 
visse  (3);  toutefois  devant  r  Pusage  que  nous  faisons 
de  M  consonne  nous  est  particulier  :  fièvre,  livre, 
yvrè y jdtc,  La  distinction  de  m  consonne  et,  de  u  voyelle 
sert  môme  à  distinguer  les  mots  ;  i7  navrai  c'est  vutne- 
ravit;  H  n  aura,  c'est  non  liabebit. 

.  Nous  avons  souvent  changé  en  g  le  v  consonne  des 
latins  :  va^tarb,  gaster;  vespa,  guegpc  (h)  ;  et  aussi  u 
suivi  de  i,  comme  serviens,  «rr^/cii/,.  abbrbviare,  «/»- 

reijery  etc. 

Ni  Robert,  ni  Henri  Eslienne  ne  proposent  de  dis- 
tinguer par  deux  caractères  particuliers  u  voyelle  dç  u 
consonne  :  Henri  Estien ne  cependant  devait  com- 
prefi^re  l'embarras  où  pouvait  jeter  cette  confusion, 
lui  qiii,  cherchant  les  mots  qui  répondaient  au  mot 
capriccio  des  Italiens,  cite  le  mot  uerue,  et  est  obligé, 
pour  en  fixer  la  prononciation  de  recourir  à  la  rime, 


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(I)  Le<  PiéihoDtaift  et  Im  Écoistis  oiit  le  son  u  comme  noas  ;  en  Aile- 
iriagne  et  en  Bohême,  ce  ton  exùte  aoifl;  les  Al^ands  Vont  marqué  par 
eu  (lUbcr)  ^ia  par  ft  ;  les  bohèmes  le  marquent  i»Ér  j'y  grec  accentué,  y- 


TàuU*  Me  Umàjftr  (èlim  reUem  ferri. 


(3)  Tibolle  ! 


Iiec\utu  onutgt  iisatriuisu  çtntu^. 


J(A)  Le  pafms  pkard  a  conservé  les  conionnes  ladntb  ?  t/pe  pour         m 

tuéoe.  e\e.  VA.  Nient,  iiii  mnt />/inf    ote-  •  .      I 


guêpe,  etc.  Cf.  Nlcot,  aa  mot  gant,  clc 


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'Vi.   *     .*•  ■■ 


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«OtltT   ET  ne""!!!   MTHNflK.        )        "* 


333 


%er\ie  :  parce  quo,  si  Ton  disait  verve  et  veruc,  on  ne 
(lisait  que  *errf  (1).  —  Nous  avons  vu  plusjuiut  u 
voyelle  pour  i  (2). 

Y  (3).  —  •  Yjkî  prononce  comme  i.  Les  anciens  ne 
se  sont  point  seulement  jservi  de  ccsle  lettre  en  nostre 
langue  francoise  es  mots  qui  descendoyonl  du  grec, 
Comme  aussi  font  les  latins,  hydropiquCf  hypocrisie; 
mais  aussi  sen  sont  aidé  quand  uiig  i  venoit  au  com- 
mencement du  mot/ faisant  seul  une  syllabe,  comme 
yuer  f hyvcr)  ytire  (ivre),  à  cause  que  y  ha  forme  telle 
qu'il  ne  se  peylt  joindre  avec  la  lettre  suyvante.  Pa- 
reillement quand  il  y  avoit  ung  i  entre  des  voyelles, 
comme  envoyer ^  je  vouoye]  afin  qu'on  n'assemblast  l'i 
delà  syllabe  précédente  avec  la  syllabe  subsenuente,  et 
qu'on  ne  dist  envù-iery  je  yo-ioie.  Aussi  en  la  fin  des 
mots  finissant  en  dîphthoBgue  ont  rais  ung  y,  comme 
moy,  ireytennuy^.  9 

Henri  Estienne,  à  cette  observalioii  très-fondée, 
ajoute  que  l'y  entre  deux-voyelles  a  le  son  /Je  deux  il 
dont  le  premier  appartiendrait  à  la  syllaj/c  précédente^ 
le  second  à  la  sai  vaille  :  loyai,  loi^;imyen^  moi- 
ien;  la  forme  de  Vy  s'expliquerait  par  cet  emploi  :  il 


(1)  Langage  fr.-ital.,  p.  116.— H  cite  quelque»  vende  latarcede  Pa- 

thelin: 

—  RMomauo<»x  neu  vostre  nerv*.  .        ^ 

—  Je  «'«y  piMBt  «ppri»  qa'oo  »*  «•rf»  ^    V 
.     SaUlinoU.  » 

•  Et  afin  que  tous  ne  pnissiex  douter  de  eexnot  terut  notez  que  sur 
iceluy  est  rymé  lerue.  a 

•.(3)  Cf.  ci-deMQs,  p.  350.  ;^ 
'   (3)  Grammaire,  pp.  9-10;— FypomneîéJ,  pp.  40-41. -^  Cf.    GeotTrôj 
/rory,^LXIv»etLXnr. 

■-■':■        «  ■  -    ■     .  ,:         23  .    ' 


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354 


-MhTMllAlKK   riAX^AlSK. 


P 


remplace  deux  i  pr^écisément  parceque,  anciennement, 
yn  écrivait  deux  H  dont  le  second  était  plus  allongé, 
ij  ;  nioijen,  loijaL^^  Dans  quelques  villes  voisines  de 
Paris  on  fait  de  l'y  un  véritable  7.  disant  mogen  pour 
màfien  el pager  pour  payer  :  il  faut  prononcer  moy-ien, 
pay\ier  \i).       y       , 

■"-^-^     ..  .  :    \   .■■■   .,  .-X    ■'  -,, 

IlIPllTHONtiUBS. 


i     Les  dîphthongues  sont  des  syllabes  #  qui  sont  de 
deux  .voyelles  tellement  jointes  ense'mble  en  une  syl- 
labe qu'en  prononceant  op  ait  et^  partie  le  son  de  l'une 
et  en  partie  le  son  de  l'autre.  llV  en  a  sept  :  ai  ou  o»/,- 
ei,  oi  ou  oy,  ni,  au,  en,  o«.  »         V    , 

}Ji  prononciation  des  diphthongWs  CS  très-difliciic  : 
quaiid^ri  la  possède,  on  est  maître  de  la  langue.         ' 

4ï'  r-  «  Il  ne  fault  pas  prononcer  ja-x-re  en  trois 
syllabes,  hiaîs  en  deux  :  /"«i-re  (â).*^  —  La  prononcia- 
tion doit  distinguer  fwirt,  vam  dej)/»,  vîm,  et  danner 
un  son  plus  ouvert  aux  premiers,  quoique  l'on  puisse, 
par  licence,  ^aire  rimer  ^ensemble  les  uns  ,et/1es 
autres  (3). 
\ 


(li  M.  Jaubert  flignalè^tfn  même  emploi  de  y  poor  f  dans  tet|  patola  de 
la  France  centrale;  il  cite  les  moU  couL-'y^r,  t'éméger,  nogUr;  piéger^ 
rudéger  pour  couteyer  (côtoyer),  t'émé$er  («•émoyer,  8'Én<ruléter),  no^tr, 
pleyer  (ployer),  rudeyer  (rudoyer),  etc,-r  La  même  remarque  peut  s'ap- 
pliquer, pour  quefqucs  cas  du  moins,  A  la  pronondation  angevine. 
•  (2)  Voje»  ci-dessui ,  p.  56,  c«  qui  a  6U  dit  de  fa  prononciation  de 
aimer.  "  '  '  '-'  ,    '  ■ 

(a)  (7rommatre,  p.  Il  ;  ~  Htfpomn«*e«,  pp.  4l-»î.  Nous  ne  distlnguoni     ' 
pins,  dans  la  prononciation ,  potii  de  jtin.  Voy^  ce  qui  a  été  dit  plnu^ut   ' 
de  I'e  oitsàilin.  •  »  !^     . 


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1»  .    -  «■ 


t::T.<i::-:;;,-,^;fci^  ;;:^r;' 


'•^. 


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-*r-.-, 


\  ■ . 


^.■^' (1 ,. 


r,--:  :■  ■■<,;/- 


:;r';::^ïA.-^-..vs;.,: 


RUBKRT    ET   IIE^Vtl    EKTIIcSnR.  JJj  :^5 

Ali.  —  Cette  diphthongue  a*  môme  son  «ijf  français 
qu'en  latin  (i).  Il  ne  fi^tit  donc  pas  pron|hber  de  la 
même  manière  maiti  ou-  maux  et  mots ,  mni  la  rime 
confond  les  deux  sons.  Cependant  la  di])f|lliongue  au 
en  latin  a  été  souvent  remplacée  en  fra jt-ais.  par  un  o 
simple  (2);  et  npus  avons  fait  au  de  Is^'isyllabe  al  des 
latins:  malva,  mauve;  alba,  aube  (^, 

De  même  une  prononciation  vicieuse  a  introduit  au 
à  là  placé  dç  al  dans  certains  mots  jfrançais  :  un  chevau 
pour  un  cheval  (4). 

El.  —  «  El  :  peine,  deux  syllabes^  çomnxc  peindre, 
ceimlri^^cueilliri  orgueil f  œil  {'5\»  -'.  * 

Dans  beaucoup  de  mots  où  se  trouve  la  diphthoa- 
gue  eif  Vt  ne  s'entend  pas,  et  n'àid'aull'e  effet  que  de 
rendre  long  Te  qui  précède;  ifih  soiit  peine ^  èèine. 
Maison  ne  saurait  écrire  nicinc  (Gj  parce  que  la  pre 

— , •■    '  -^  .,.     \  ■•: ■ 

(I)  !^  latins  pronofiçalent  au  c^mme  a-ow.  f.a\r?«le  pnnée  par  l'auteur 
«xpiique  Turthoijnqthe  ide  Meigret,  qui  repreëeiiUit:  au  par  ao.  Cf." ci> 
dessus,  p.  !20,el'p,')K«,  note  •/.*        , 

(î^oyex  ciértistfe,  yoyeKe  0,  p.^t     * 

(3)  lltfpomnete$i  pp.  42-41.  "         , 

'  (4)  Lûng.  fr,  tlo/./p.  14^.  — t^D  chevau  ou  plutôt  un  ye<Èau  fe  dit 
dans  le  patoi^  angevin  ;  nous  di«ons  ëncbre  un  chetawrh'ger»-'  On  truute' 
dans  1p«  msa.  de  Cunrart ,  collection  iflrf",  t.  IX»  p.  40kL  u^li  impromptu 
de  M.  Pellissonpour  répomeè  ia  question  faite  parle  royl^iuis  XIV) s'il 
faut  dire  tinyt  et  un  cheval  ou  vingt  et  un  cherqux  •  Bieu  que  (^e  ne  «oit 
pas  la  prononciat;oljiqui  soit  ici  en  cause,  mais  la  qiiestioA  de  savoir  sLun, 
apyrè$  vingt,  veut  ctrç'iiuivi  d'un  singulier  ou  d'un  pIurie\,nou|k  donnons 
là  solutioo  délicate  du  poète  :  •/ 

Je  eroy  qM  vingt  et  ,nD  r.Mara      ^     "t 

»    ,    r,rîUD.lr'oj«rt  Lwii<  tlaiJslM  ii.i»ar<^;      . 
/    _         "'      .V     Etqa<>Tinj{t  et  nn  Aleiaiidre  ^        i 

,.  l*!  luy  ne  *e  iK»urroyenlil«!iren<Jre.  ;   ,  y\^','f 

(<})  Cf.  «(L-^4enu9,  p. .l'88.  —Jlypomneut,  p.  203.jCf.  ci-desius,  p. ifu. 


ï-v       • 


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u^^-hsi:, 


356 


GRAMUAIUE    KRAVCAISB. 


( 


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^1: 


mière  syllabe  est  brève.  —  Au  contraire  IV  ne  s'en- 
tend pas,  et  Vi  seul  se  prononce  dans  les  mots.comme 
feindre t  peindre,  ceindre. — Quelques-uns  confondent 
à  tort  fi  et  ai,  ^.crïv&ni  pleine  pour  piaine,  de  plan  es, 
et  proDonçarit  même/o/i/eme  pour/oMr«ine. 

EU  (1^. —  Robert  Eslienne  donne,  pour  exemples  de 
cette  diphthonguc  îes  mbts  «cwr,  meur  (sur,  inùr)  peUf 
meurement,  csmeu,  heureux.  j 

Henri  fait  quelques  distinctions.  £u  n^a^pas  le 
même  son  dans  il  pleut  ou  dans  Tad verbe  peu  et  dans 
faij  pieu,  ôeptifiret  o\ipeu,  de  pouvoir  ;  dans  ces  deux 
derniers  Vu  seul. est  entendu  :  plu,  pu;  et  il  peut 
naUré^urte  confusion  fâcheuse  de  celte  ressemblance 
d'orthographe  :/ay  peu,  en  effet,  peut  traduire  à  la 
iois  poUii  tl  liûbeo  pariim\^  Même  remarque  pour 
seur,  meur-t  qui  se  prononce  sur,  mur,  avec  u  long  (2). 

OE  (3).  —  lîenri  Estieone  ne  parle  de  cette  diph- 
ihongue,  non  signalée?  par  son  p^fe,  que  pour  mémoire, 
parce  qu'on  la  trouve  écrite  quelquefois  pour  oi  (4). 


K 


(I)  Grammaire,  p.  15.  —  Bypomnetet,  pp.  hK-AC.  .    ^  ' 

(?)  Qiar'.es  Fontaine,  raillant  les  inritatçun  maladroits  de'MaroC*  ^'^ 

dans  une  épitre  qui  a  été  attribuée  à  Marot  loi-méme  : 

■l       ■''"•»  ^  ^  ' 
..  Mautrt  et  remettre  iwviicueurtfX  ehtctn  '   ^      \ 

Ce  MALbeaùlx  moU;  uMiis  eu  rithoic  ils  tont  dnri'-.     ;,.    [ 

(3)  HypowfiM»»,  p.  46. 

(4)  On  trouve  apsai  œ  pour  œ,  iXmmtpœu  pour  poète  im»  eertaiues 
éditions  anciennes  dra  poètes  du  fVi*  sièeleet  même  du  xtii*;  malf,qa« 
les' imprimeurs  aiept  écrit  perte  ou  poète,  la  syoérèie  n'aTtit  p«s'|aoMir, 

*        ^nl  peett  ne  sVtt  tu  Unt  Mé  d'eotrfpB^r*.  (  tftlr.) 

_    Des  erdum  (\n  Krandt  le  p^le  w>  rmd  sal«.  ,  { »  Acnwrt.) 


èl»  fotbiMi*  d/i  seiilptiMtr  . 
tà^VOfCWi'knj  n'«a  di/i  gtt«r«>! 


.   • 


(UFôinj^). 


4     . 


,     ^ 


.;_»,., 


«•    'i 


v. 


/ 

357 


ROBKRT    ET    BENRI   ÈÎTl^nnf^ 

01  ou  OY  (4). —  €  01  :  ohorit  moindre^  deux  syl- 
labes..; oy  est  la  mesme  dlphlliongue/mais  elle  s*es- 
crit  ainsi  à  la  fin  des  mots  ; /oi/,  /oi/,  moi/,  fet  quelque- 
fois au  milieu,  comme  mot/e/i,  envoyer  quand  la  syl- 
labe suivante  commence  par  u^^oy,elle.  >        , 

Cette 4iphlhongue  a  divers4Pis.  G^est  le  son  e  qui 
domine  apre&J'o  dans  les  mots  njoi«, /oi*,  rrôi>;  C*e3t 
le  son  i,  dan*  les  mots  où  elle  est  suivie  d'un'N  ibe- 

soirij  coi/iy  momê.,.  ^ 

La  di^hthongue  oi  nSus  est  venue'des  Grecs  avec  les- 
pronoms  moi,  toi,  trac(uisant  ^ôî,  toI  (dôrien,  pourool) 
et   elle  avait  en   français^  la  même  prononciation  ; 
on  remploya  ensuite,  par  métathèse,  en  transposant 
Vi  pour  traduire  les  mots  comme  globia,  gtoiret  mb- 
MORiA,  mémoire;  eDfin,>  après  avoir  dit  de  oredbre, 
de  RBGE,  de  fide,  etc.,  crere,  ré,  fé,  qui  sont  encore 
conservés  dans  certains  dialectes,  on  remplaça  e  par 
oi  ou  01/  ;  croire,  roy^foy.  —  Du  reste  dans  foi  eifoy  la 
prononciation  est  la  nriême;  mais  on  écrit  plutôt  par 
y  ce  mot  et  les  semblables.  —  tl  faut  se  garder. d*y. 
prononcer  oy  comme  oi  grec  dans^^  ;  c'est  ce  que  font 
plusieurs  qui  détachent  Vi  de  Yod  disent /oï (2).  -r 
il  ne  faut  paâ  moins  éviter  de  prononcer  moas,  Joas,  ^ 
(m/*,  pocw,  comn»e  le  menu  peuple  parisien.    ' 

Comme. le  son  de  oi  est  une  sorte  de  son  moyen 
entre  oi  et  œ  que!que9-uos  récrivent  oe:  nwèt,  poévre. 


-J^À 


-^    '   A- 


(1)  Cromaïairr,  pp.  11-12.  —  l/ypomiif««,  pp.  16-W.  , 

(2)  NooiBTonitretropréA^Noirmoutier  cette  prbnoncUlion.t^mbLable 
à  celle  de  aille,  moi  Aoni  se^èrl  lî'"  de'  Montpensïer  pour  Uiduire  l'es- 

*  pagDol  oiia  {^oUa  ]go<frt<ia).-  Cf.  ci-deiiui,  p.  iS. 


A, 


,  I 


'•: 


/      V 


>,*■ 


•  -'-K. 


A-"' 


3S8 


^^  f . 


/ 


'   G^AMMAIBB  FAAKÇAIAK. 

foet  (fouet),  ioett  et  surtout  wo^//<r  (1)  ;  mais  ce  der-'  ' 
nier  diffère  un  peu  des  précéderil^,  parce  que  o,  é  n'y 
forment  pas  diphthongue,  le  mojl  étant  plutôt  de  trois 
que  de  deux  syllabes  (î2;. 

Revenant  au  son  primitif  é  que  oi  avait  remplacé; 
ou  plutôt  imitant  la  prononciation  amollie  des  Italiens, 
rusage  tendait  à  remplacer  le  son  oi  par  le  son  e  : 
«  On  n'oseroit  dire  François  ni  Françoise^  sur  peine  * 
d'estre  appelle  pédant;  mais  faut  dire  Francet  et- 
FranceseSf  comme  Àmjle$  et  Angleses;  pareillement 
jVtrM,  je  faiset,  je  diies,  ï ailes,  je  venes,  non  pas 
y*eitoiSi  je  frîsoist  je  disoisy  j* allais ^  je  vetiûis,  et  ainsi 
es  autres  il  faut  user  du  mçsme  changement.  —  Je 
croy  aussi  qu'on  ne^prononce  plus  la  iJoine?— Il  y 
a  longtemps  que  ceu;ç  (jui  font  perfection  (3)  de  pro- 
noncer delicatenient  et  a  la  Courtisanesque  ont  quitté 
ceste  prononciation  et  ont  mieux  aimé  dire  la 
Beitie  (û).:  »  —  «  Il  est  certain  que ^eci  est  venu  pre- 


♦*■ 


•» 


/ 


(1)  Voy.  ».  356,  note  i.  Poor^  c«  mot  VMélle,  H.  Estienne  déclare,  'et 
la  i)lupart  des  poètes  ses  contempocains  conflrmerit  son  dire ,  Il  formait 
(ilutôt  alor»  trois  syllabes  ;  maintenant  au  contraif«  il  n'en  foroM  plus 
que  deux;  foet  (fouet)  disyllabe  autrefois  est  maintenant  roonosyllalje. 

Et  qnelle^fleTre  ard  toute  mamoelie.  '  (  Ronsard.) 

',::-';i|    '   ^   QufKxbacoa predna  en  main  le  aïoeÛtfiu; AheUy.  (DesmuUdx.) 

'  v'ielle,8orcier9d«hoht«»  ,  '  '  ■ 

HmeltthoarteMi  oui  fmuttee.  ,*  (Rmsakb.)  ,      ^ 

Or  il  Tous'prfjad  Macrobeet  lui  ifoDoe  le/iOM/.  (Ruiuek.) 

—  Cf.  Qulçlierat.' Fer«Y- f^.,  2*  édit. 

(2)  Voy.  plus  loin  les  Remarques  sur  les  verbes.  , 

(S)  Sur  cette  locution  t<a/tantW<,  faire  perfection  pour  profMfùm^TOjèx 

.  (4)  Long.  /r.  itat.,  pp.  22,  et  &M  et  suIt.  —  Le  fait  suivant  peat  mon- 
l^^ilèlle  incertitude  11  y  a  toujours  eue  daiis  U,  prononciation  de»  prô- 
TMicés.  KtT^n^tu,  à  SvInt^Mattiurtfr,;^  dit  françait  jtour  l'adjectif  et  le 
niNn-  du  peuple,  et  Françoi$  pour  le  nom  du  itaint;  à  une  lleae  de  là^  à 
La  BohalICn  on  dU  Trd>ifai5  dans  les  deux  cas.. 


-r.      » 


i  '      * 


». 


o         4 


,«!«'* 


J 


-<^ 


J,  w 


t  f       t 


\(\ 


u  -  .  « ., 


^:>^ 


.'\.' 


HUBERT   ET    HKNRI    R8TICNNB. 


599 


mierement  des  femmes  qui  avoient  peur  (^'ouvrir  trop 
la  bouche  en  disant  Frar^çoin,  Amjhis  (i).  » 

OU  (2).  -^  Cette  dipiîthongue  a  le  même  son  en 
français  qu*ea  grec.  .  , 

On  compte  aossi  quelquefois  comme  diphtbongu|||^ 
sur  une  fausse  apparence ^  '  les  lettres  ie.  Mais  si  ^ 
est  monoàyllabe  dans  chiens  mien,  ft^n,  sien,  il  est  dis- 
syllabe  dans  ancien ,  praticien ,  grammairien ,   miel,  , 
fiel,  etc.  (3);  il  n*en  est  pas  de  même  de  tii,  qui  ne 
forme  réellement  qu'une  syllabe  dans\les  mots  comme 
thticl,  nuit,  cuit,  etc.,  et  qu'on  écrit  parfois  «»/,  "comme 
muy,        .  •  I 

Robert  Eslîenne  en  parlant  de  la  diphthor^gue  ni 
avait  donné  pour  exemples  :  rfe«irui?ç^,  nuire,  nuict, 
fuite;  quant  h  !>,:  «ily  a  ie  qui  est  conlme  diphthon- 
gue,  mais  d'autre  manière,  car  aucunement  on  oit  le 
son  de  f  et  e  séparez,  combien  qu'ils  ne  facent  qu'une 
syllabç,  cq.Dme  :  miel,  ciel,  fiel,  pied, fier,  mien,  chien, 
rien,  tic.  (k)*  ;     ^ 

DM  TtiranoiiGDis.  .    V 


\     ' 


«Souvent  advient  que  ,troià  voyelles  sont  joinctcs 
ensemble  en  une  mesme  syllabe,  descelles  trois  on 
oit  les.  propres  sons  aucunement  séparez;  «au  :  beau. 


— — <fr 


'-..  »• 


*(0  Introduet.'au  traité  de  la  conformité..,,  «tc„  p.  SS2. 

(2)  flypoaiii«se<^  p.  49.  V  | 

(3)  Sur  toas  ce«  mol»  où  le»  pot-tef  faisaier/t  tantô!^  de»  diérèiea  tao^tài  i 
ëes  Bynérè»e»,  Toy.  Qoicherat^  ouvrage  et»/,  pp.  301  «t  buIt. 

(S) ^raminairt,  p.  It.  — •  Cf.  QuicheMt,  pp.  114-319,  a 


.<  -■■ 


>««  •'''•*  Il 


I 


t 


r 


i 


360  GliAliaïAinK   F^A>ÇAISE. 

seau,  veau  ;  —  ïei  :  vieillard  ;  —  ieu  :  Dieu,  Jieu,  tnieulx, 
yeulx;  -^  oeil:  oeil,  oeillades; -^o^m  :  oeuvres,  soeur, 
voeu;  —  oui  :  mouiller,  pouillçux;  —  ueil  :  cueillir, 
orgueil;  ■'—Mt'M  ;  gueule  (1).  » 

Henri  Estie;i*ne  ne  revient  point  sur  les  exemples 
d^  divierscs  triphthongues  donnés  par  son  père.  Les 
plus  difficiles  à  prononcer  sont  oel  cl  tteL  Car  .ces  mois 
ociiy  dtieii,  accueil,  onjutil  et  semblables  sont  pro^- 
noncés  par  quelques-uns  de  n^anièr^  que  l'on  n'entend 
qu^uo^e  long  avec  un  i  à  peine  sensible  ;  les  autres  font 
entendr.e  le  son  d'un  u  :  non  de  cet  u  qui  est  avani  d, 
mais  d'un  autre  que  l'on  entend  à  la  fin  de  la  syllabe, 
bien  qu'il  n'y  soit  pas  écrit.  Cette  dernière  prononcia- 
tion, admise  dans  vrf/ueU  (2),  serait  intolérable  dans 
Qrtjucilteux  y  bien  qu'elle  soit  en  général  plus  usitée 
que  la  première. 

On  a  tort  de  comprendre  parmi  les  triphthongues 
^ai  ou  eaijt  eoi,  ueu,  comme  dans  geatjt  bourgeois , 
cueur,  gueux;  parce  que  Pe  dans  les  premiers,  Tu 
dans  les  seconds  n'a  d'autre  objet  que.  de  rendre  le  c 
ou  Je  g  doux  ou  dur  ret  en  effet  ceux  qui  écrivent 
ciieur  ne  prononcent  paë  autrement  que  ceux  qui  écrl- 


V         ' 


\ 


T- 


y-^. 


(I)  Gràmm.,  p.  12.  —  Dap»  vieillard ,  il  est  facile  de  reconnaître  «  les 
propres  soct^des  trois  voyetles  aucunement  séparez  ;  •  mais  dans  les  autres 
mots  citéji,  la  prononciation  actuelle  tantôt  ne  retrouTe  qme  deux  sons  : 
Di-eu;  tantôt  en  marque  seulement  un  :  iœur,beau.  Toutefois,  pour  ce 
dernier,  rappelons  (Cf.  ci-dc 9j«us,  p.  208}  que  certalns^patois  prononcent 
biati,  xiau,  etc.,  et  que  ces  formes  ont  été  longtemps  écfiles  : 


LcTftqiie  dt  biautgu  et  d«  Miat  Fol  U  qiMni. 


(Jfnoui,.) 


(1  Et  aussi  sans  doute  dans  dueil  qui  s'écrit  et  se  prononce  maintenait 

deuil. 


J-  : 


'V'-'- 


■.li.  r- 


^. 


ROBERT   ET   «ENRI   ESTIENNE.  j  3G1 

vent  cûçiir.  —  Peut-être,  pour  uiei,  e^t-ce  la  même 
raison  qui  fait  écrire  «auei/ :  ce  serait  par  analogie^ 
/    ensuite  qu'on  aurait  écrit  dMeii  (1). 


DES  CONSONIVES. 


\. 


t 


Dans  Pexamen  qu*il  fait  des  consonnes,  Henri  Es- 
tienne  ne  s'occupe  pas  seulement  de  leur  prononcia- 
tion, qui  n'est  pas  la  même  pour  tout  le  monde, 
mais  aussi  des  permutations  qu'elles  subissent  en 
passant,  par  exemple,  d'un  primitif  à  ses  dérivés.  On 
ne  remarque  pas  sans  étonnement  que  Rob.  Estienne 
et  son  fils  ne  paraissent  tenir  aucun  compte  des  con- 
quêtes déjà  obtenues  par  l'orthographe.  Ni  Hs  ne  pro- 
ciament  la  nécessité  du  c  à  cédille,  ni  ils  n'établissent 
de  drvision  formelh.et  rigoureuse  entre  i,  u  voyelles 
et  i,ti  consonnes  (j,  v).  Chacun  d'eux,  tattéaior  tem- 
porisacii,  acceptait  l'héritage  (^u  passé  sans  chercher 
^à  en  régler  la  transmission  dans  l'avenir.  Aux  censeurs 
"^Is  répondaient  L'un  et  l'autre  :«  je  m'arreste  AUî^ftft^ 
cièns  scavans  qui  en  scavoyent  plus  que  nous  (2).  » 

B  (3).  —On  dïiflambe^ei  flamme  ;  de  flambe  vien- 
nent flambeaUf  flamber  et  flamboyer;  de  flamme  on  a 
{Wéflammerole  et  flammesclie.  —  D'Une  même  racine 
on  a  tiré  livre  et  librairie.  ^ 

(i)  llypowMei*t,  pp.  50-&2. 

(V)  Rob.  Estienne,  Crasiffiair*.  p.  7- 

iZy  Bypomn€S9t,  p.  M.  -  Cf.  Geoffroy  Tory,  ^  XXXV,  y. 


u 


^ 


li  1--  ■■)■ 


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■^^s.  r- 


^     1k:-f. 


V  ■  ^ 


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\.'i  V. 


,...  V 


362 


GÎAllMAimi   rRAKÇAlSk. 


^ 


.■*; 


C  (1).  — t  c,  le  plus  souvent  se  prononce  comme, 
en  latin.  Aucunes  fois  devant  a,  o,  u,  se  prononce  du 
son  de  s  :  commença,  leçons  appecoy,  reçut,  comme  si 
tuescrivois  commensa,  tesoriy  etc.  Souvent  pour  ad- 
doulcir  la  prolation  on  entremet  ung  e  :  commencea, 
receuL  • 

Henri  constate,  mais  sans  le  prescrire,  Pempjoi  du  c 
à  queue  {caudaium),ei  lui  appose  te  c  adouci  par  Tad- 
^  jonction  d'un  e  :  avanceons.  —  Suivi  de  /i,  le  c  prend, 
I  devî^nt  e,  t,  a,  un  son  particulier,  autre  dans  cj/ete, 
chien,  champ  que  dans  clioie  (d'où  cholere),  et  cliorde 
Hjf      (corde). — 11  est  souvent  difficile  de  démêler  Korigine 
*        des  mots  qui  ont  changé  le  cMdu  latin  en  ch  :  les  Pi- 
cards n*admettent  ce  son  que  devant  e,  disant  cherf, 
chent,  cheux  pour  cerf,  cent,  ceux,  et  au  contraire 
kien,kat,  pour  chien,  chat,  etc..  Ccst  tantôt  chez  eux, 
tantôt  dans  le  pur  français  qu'il  faudra. chercher  les 
'  ^ylnologies. 

D  (2).— Ou  a  tort  de  dire  que  d  à  la  fin  des  mots 
arànijl,  friand  a  le  son  du  l|  il  fallait  seulement  recon* 
natlrjô  que  la  prononciation  n*y  saurait  distinguer  le 
f  dif  cf.  Maïs  d^  nia  pas  le  son  de  f  puisque  ^raii(/, 
/rûii^i/ et  autres  forment  grande,  grandeur ,  Jriande , 
.  friandise,  friander  ;  Temploi  du  d  s'explique  dans  ces 
mot#  par  l'origine  latine.—  Dans  les  ver|}es,  c'est  l'in- 
fiQitif  qui  règl^  l'emploi  du  d  final  des  mots  cramd. 


1 


\  ■ 


(1)  Crommatre,  pp.  6-6.-~ffypoinit«<M,  pp.  M-90.4-Cf.  Geoffroy 
Tory,  ^  XXXVU  r- rt  V. 
(S)  Hypomnesu,  pp.  6&-ST,  et  S&-9:.— Cf.  Geoffroy  Tory,  f*  XXXVUI,  r*. 


-V 


«  . 


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■  V  .- 


,if% .  't- .'  •■■  '•■' 


ROBBKT  ET   HENRI   BST1EN?(B; 


56SN 


pindy  Jindt  troisièmes  personnes  de  l'indicatif  présent, 
venant  des  infinitifs  craindre ^  pindrcyfindre.  Toutefois 
au  participe,  on  doit  écrire  :  craint,  comme  on  le  voit 
par  le  féminin  cr(Mnr«* 

Quand,  de  quando,  et  quant,  de  quantum,  diffèrent 
par  rétymotogie  ;  mais  les  gens  du  peuple  et  bien 
d'autres  écrivent  quant  dans  les  deux  ca3. . 

F  (1).  —  Cette  lettrç  a  toujours,  au  commencement, 
au  milieu  ou  à  la  fm  des  mots,  le  son  que  nous  lui 
voyons  er^,  latin  iface,  fac'tley  difficile,  bref,  neuf,  etc. 
—  Pour  ces  deux  derniers,  remarquez  que  le  est  suivi 
gde  u  dans  neuf,  bœuf^  et  non  dans  bref  (^)\^jisi  que 
celui-ci  vient  de^rem's,  où  il  n'y  a. qu* un  ii,  et  ceux-là 
de  nouus  et  deTwuit,  où  il  y  a  deux  un,  ou  un  o  et  un 
Mé  l'outefois  cette  règle  n'est  pas  générale  :  ainsi  de 
SERUUS  éfde  CERUUS  viennent  serf  ei  cerf ^  bien  qu*il  y 
ait  deux  un  en  la|.in. 
.  On  observera  dans  la  prononciation  que  si  les  mots 
eii  ««/  sont  suivis 'd*un  mot  com(nençant  par  une 
voyelle,  /  prend  le  sod  de  v  consonne  :  ainsi  neufarbret. 

G  (3).  —  «  o,  estant  mis  dçvant  e  ou  t  en  une  mesmé 
syllabe,  se  prononce  ainsi  qu'uni  (/),  comme  gémir,  gi- 
becière. Quelquefois  entre  g  et  o  on  ntiet  png  c  comme 
pour  bourgois,  on  escrit  bourgeoisi  al^a  qu'on  ne  pro- 


,.-\ 


ï 


S^ 


(i)  Hypomnem,  57-5».  —  Cf.  ^flW>y  Tory,  ^  XL,  ▼•. 

(2)  Il  y  •▼ait  une  grande  incertitude  dans  l'emploi  de  e  ou  de  «u  devant 
^  ou  V  :  en  Anjou,  eu  est  d'un  nttg^«onstant  devant  le  v  :  Je  Uuvé,  la 
fieuvt,  i»/ie  feuve  se  disent  pour  Je.'l«M,  la  fièvre,  une  five,  etc.  L'emplei  de 
la  forme  orthographique  v«Noe,  pour  vefcê,ix'm  été  réglé  qu'au  xtii*  siècle. 

(3)  R.  Eatienne,  GnpmtNafr«,  pp.  6-7.  —  Cf.  Geoffroy  Cory,  ^  XLI, 


y. 


p   '• 


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,   ?â4  ghammaiui  riAxCAislE.  - 

»  ...  ^,^      ...  f 

,  npnc^  \èti  avec  0  comme  oiUé^rorrôiice  en  go^lehr^ 

A  la  Twîdçs  iTwts,  il  est  quelquefoià  cscrit  et  rie  se  pro» 

,  TÎbneç  pdfiit,  comme  tesnwlntj^  solnf^t  coiwjr,  dont  vient 

içimbhujncry  sohujner^.  coingner  comDien  que  coifimu» 

necment  on  escrive  tesmoigner^  soigner  i  co}gner.n       •  ; 

'  Tout  le  monde  est  d*accord  sur  îa  prononciation  de 

l:Hangea,r('nge(u.o\x ge  a  le  sôtijdû  1  consonne  :  chanlat 

ranla  (1);  mais  on  prononce  et  Ton  é^rit  interroga 

et    ittterroguer  aussi /bien   que   interrogea  et  inter' 

roger{^'      '\     \      .^   \.:;  ,.;..  'y    .^-";.    ,--.:' 

t.e  g  amolli- qui  paraît  dans  ugne ^regneri ^  digne  ^. 
signeryfiiCij  et  qui  se  pronoffce  comme  dans  agr/iia (3) 
'  est  parfois  supprimé  par  une^  affectation  contraire  au 
caractère  de  notre  langue,  et  certaines  gens  prononeent  ■ 
rénej  rener^  dint,  siner  (û)i       /'       •  ,' 

H  (5).  —  u  tantôt  se  prononce,  tantôt  fie  se  firononce 
pas,  et-  se  placç  devant;  des  mots  dérivés  de  vocables 
kitins,  sans  que  ceux-ci  qx^  aient  toujours  éié  précédéé-y 

C'est  égalemeiht  unô  faute  d'aspirer  l'ii  dans  les 
mt)ts  où  el)e  "est  muette,  comm^hoihmè.'hosteUerU,  et 


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■  ^    '     (0  V«yM  c(-deMu«,  p.  198.  •.         ^ 

■         \t\Mjm  était  de  même  pour  d^ro^M<?r.  —  Au  xtii*  |1eçr6,  on  hésitait, 
'  ■*'       entre  nartaier  et  navigyur.  -r-  Noya  di&Qna  encore  arrogant  y  avep  le  g  dur.  ' 
.    (3) -Nous  tjàduispns  IHléralenient:-^  La  Ué%hode  latine  dâ  Piort- Royal 
/       ,  fait  obsei\i!r  que  si  notre  n  mouillé  eût  existé  en  latin  ,  i^ùelqu'un  des 
\^  ^  '    auteurs  anciens  qui  onf  traité  de  l'alpbabet  latin  auraitfait  mention  d'un 
'        son  aussi  remarquable.  Le.n  mouille  ne  se  trouve- dans  aucun. idiome  . 
-  f 'germaniqu«,  tandis  qu'il  existe  en  bretoiit)  en  écossais,  en  irlandais ,  en . 
^  vv    .  lin  mot  dans  tous  Içs' idiomes  néo-celtiques,  exéei^té  dans  le  gallois. -^ 
Cf.  Chevallet,  t.  II, p.  112;  et  ci-dessus  pp.  jl68,  197, etc. 

/•       (4).7/ypomn.,  pp.  &9-60.-.^V.oy.  ct-dessus,  lettre  iw  , 

*{6)  Gram)natre,  p.  7.-^f.  Geoffroy  Tory,  f-  XLIV,  r,^8qu'au  f^  XLVI. 


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,  "««OBKRT  Ç.T    HRJIRI   ESTIBN!*!, 

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do  ne  pas  Taspirer  où  elle  dôii  *ôt^0  aspirée  ^  comme 

jtlh^ntey'fuihaquênéef  etc.  (i); 

^^i^.^Pour*  f  consonne  (j),  voyez  cî-dcssus, 


li 


« 


Pour  Je  k,Â\  semble  qu'e  cette  4eltre  man- 


quât à  rimprimerie  desEâliqnne  etailletira;  .un  effet, 
tantôt  ils  le  remplacent  par  le  jt  grec,  tantôt  pat  t:^ 
c^est  ainsi  qu'on  voiti  noter  la  môme  lettre  dans  Abel 
Mathieu^  dans  Bouille,  etc*  (^).  '.   '  \    \ 

•  L  (5).  ~  «  L  quand  on  la  redouble  se  prononce 
plus  fort-  et  plus  rudement,  comme  «///c/ier,  kelley 
chandelle;  si  t  est  devant  les  deu^//,  elles  se  ,pronon- 
çent-  plus*  faiblement,  et  quasi  comme  si  elle  estoit 
fculc,  comme  bailler ,  piller:  Quelquefois  l  sescrit  et 
ne  se  prononce  point,  comme  mauluah  de  malus v 
niièulx  de  mÈLits,  raw/t  de  Valet.  »  Les  uns  prétcli- 
dent  qu  il^n^faut  pas  Técrrre,  parce  qu'elle  est  chan- 
gée en  M  dans  ces  mots  ;  les  autres,  qu*il  faut  récrire, 
parce  que  la  diphthb'ngue  française  provient  de  la 
.voyelle primitive  (4),  «Quoy  qu'il  en  soit,  les  anciens 
escrivains,  gens  de  scavoir,  Vont  gardée,  comme  plu- 
sieur?  autres  consolantes.  Elle  est  quelquefois  super- 
flue, et  rescript  on  seulement  pour  aider  la  prolation, 
afin  de  ne  meslec  ksiettres  de  la  syllabe  précédente 
avec  la  subséquente  :  comme  aucuns  escrîvei>t?p|Mf<, 
»noii/t  et  plusieurs  autres  afin  qu*oa  ne  die  ^e-ut  m 


(1  )  nypnmne>e$;  pp.  e<MJt.'  -  Cf.  'ei-à<?«àoS,  lrttr«»C,  et  i^lÇ,  note  î. 
»    (2)  Cf.  ci-dMsufr,  p.  2IH..  et  p.  502,  nol«  ;^.-vCf.  G«.f.  Tory,  f  XLMl,  v". 

(3)  Grammairt,  pp.  7-8.—  CL  Geoffroy , Tory,  ^  XLVHU  ▼%  .^ 

(4)  Voy.  la  dlsctiMlon  de  ce  point  de  floi^ç'lsMqucdan/»  VOrifiM  de 
lalanguefraiw:ai8e,par  A.  deChevtllM,>.H,  PP.tîtelJ»*^**'   ^ 


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GlAMIAiRR   PRANÇAin. 


deux  syllabe»,  mo-ut.  PrincipalemcrjJ  ccste  /  Ruperfluc 
»e  m€t  es  mots  finisaana  en  aux^  ou  <mx,  comme  timul^ 
envieulx,p     '  ''  -      '     '.  ■     ^    ,/..>■      *  '-'ij:. 

.  C'est  à  tort  q«e  les  gens  du  peuple  et  rtiôme  d'au- 
tres Veulent  remplacer  i  final  de  /o/,  col^  mol,  etc., 
par  un  u  :  /ou,  cou,  mou;  dans  ces  mots  /  doit,  s'écrire 
et  se  prononcer.  Il  s'écrit  et  ne  se  prononce  pas  dans 
Soul  ou  s^oul;  de  même  (^ans  «Durct7 ,  gril,  coutil ^ 
fuêiL  Le  peuple  dit  /î  ou  /î*  pour  yî/^f^  filius,  mais  dit  : 
un  fit,  avec  /dur.  |>ans  les  verbes  où  il  y  a  deux  //  au 
présent,  j'flr^pW/<?,et^^  fyiliit  y^ppelleray,  une  çeule 
est  xonservée  aux  .autres  temps  :  fappeloist  fay  ap- 

Pour  LL  mouillés,  «quelques  François  (j'ealens  de 
ceux  qui  sont  es  confins  de  la  France)  au  lieu  d'escrirè/ 
muraille  ioni  une  sorte  de  changement,  escrivans  iW- 
raith^.  Et  à  ce  mesme  propos,  j'ay  mémoire  d'aVoir 
yeu  escrire  a  quelques  Dauphinois  non  pasyi//«  mais 
filhe,  et  bailher,  non-pas  bailler  (2).  t 

M  (3j.  ,^~*ll  faut  se  garder  de  confondre  m  avec  h 
devant  6  et  p  danà  le  corj^  dea  mots  :  elle  a  sa  pro- 
nonciation propre  :  cotKJjleTf  trembler ,  embrasser,  em- 
pire; de  m^me  a  la  fin  des  mots  :  nom  ne  se  prononce 
pas  comme  fion'(/i),  J^a  distinction  n'est  difficile  à 


/ 


^• 


J^t)'^Hyfomnétes,  pp. G2-C4,  et  Cf.».  5.  —  Vdyet  p.  3^9-350,  i  voyelle. 
(2)  Lanq.  fr.  <fa/.,  p.  670.— Cf.  ci-dcsRUs,  p.  188.  ^  ■    ° 

(a)  /fypfiinneîf»,  pp.  64-C5.  — Cf.  Geoffroy  Tory,  >  XLIX.    . 
'  {\)  be  dialecte  béarnais  ohacrvis  ftpigneuseitient  cette  dit tinci ion,  pro- 
noni^nt  toujours^i  et  n  à, la  fin  dc$  voyelles  nasales  en,  em,  etc....  €f> 
Lespy,  Cramnw  beam.  '      *; 


^    ^ 


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.  *  cltairips  ( 

;r:  fï(l). 

mots,  ce 
•   rivés,  co 

serait  pi 
'   (es  adtr< 

sièmes.  j 

prononc 

P(3) 

prononc 

négliger 
dans  c/u 
cliant\  c 
qu'o|i  d( 

de^moti 

'  ;  r''(5] 

nonce  q 
fin  elle, 
commer 
aller  dei 
dehors  { 


(X)  Ifypt 

(2).  Cf.  c 

(3)  ffyp< 
(i)  /6ib 

(5)  Crin 

(6)  R  lin 
qu'on  doifi 
de  n<MDt  p 


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,  *"^E 


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\  ■t-"*-i-.,:'^'  '-•■'*     '»■  ■      ■■     1^  ;•••    '       ■  '  ..    . 

«•V  .V      ,  *.       KÔBBRT  HT  HI>iM   ESTIIMB.  ;  ifeî 

laire/quc  si  jn  ou  it,  son  suivis  de  cousonneà,  cprtiine 
.*  f/<rtin^«,et  clumti,"  .      j    >  »     *     :    •  u,  ^  *       ' 

*;^fj(l),^^  Cette  consonne  redoublée,  dans  certains 
mots,  conirao/ioiiiieiir,  doit  être  simple  dans  les  de- 
rivés,  comme  lionesie^liunorer,  honorable  :  mais  la  faute 
serait  pluà  grande  d'écrire /lon^ur  ayec  urin  seul  que 
-  Jcs  autres  tnots  avec  deux  nn*  t^  A  la  fin  des  troi- 
sièmes, personnes  du  pluriel  en  oifeni  ou  erit,  le  N  ne  se 
prononce^  pas  (2);  ,_  >  *     ,; 

p  (3).  —  A  li  fin  oIbs  motsj  .tantôt  cette  consonne  se 
prononce,  comme  beaucoup  (oîi  le  peuplera  tortl^e  la 
négliger),,  trop,  cwnp,;  tantôt  elle  est  muette,  coinnie 
dans  champ.  Et  si  ce  dernier  doit  être,  distingué  de 
chant,  c'est  sur  les  finales  de  celui-ci,  non  de  cluunp, 
qu'oji  devra  insister»  ^"  - 

Q  (/jv  __  Cette  lettre  ne  se  trou:ve  guère  que  dans 
deâ»mots  dérivés  du  latin.  3,    -    -^         , , 

I\V5^i  —  «B,  es  commencement  deâ  npols  se  pro-, 
nonce  quasi  pour  deux,  comme  rire,  rare;  et  en  la 
fin  elle. ne  se  prononce  point  quand  le  mot  suy vaut 
commence  par  une  consonnante ,  comme  :  H  yeuU 
nllerdeliors^  çoTûtiiù  si  tu  cstcrivois^ U  veut  allé  (  allé) 
■  <fe/ior»  (6),  r;,^ ..•::.■'■:■■■-■  .t;".-  '^.j-'^'   •^s^::     y-'' ■■•■'■'     \  '^. 


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(1^  lt)fpomnétet,  pp.  fi.V««.  —  Cf.  \^offroy  Tory,  ^  LI. 

(2)  Cf.  cl-dç8sus,  voyelle  e,  p.  3*6.  , 

(3)  H^pomneteil  p.  «6.-  Of.  Geotffoy  tory,  ^  Ut, 

(6)  Crimm/p.  S,— Cf.  G«-fffoy  Tt.fy,  kIv.       ...  * 

(6)  M.  lliiam  prononçait  loujours>u.^jvn' siècle  après  la  voyelle  f,  «oit  '♦ 
qu'on  dortnat  à  celle-ci  le  «on  fetiné  ou  le  son  ouvert-,  de  là  Vient  que  tant 
de  n«au  propres  de  ce  tempi  sont  si  fréquemment  écrits  «vec  oa  sans  e 


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,    -     *  ■  •     ■        . 

A  ces  quelques  %nc8  de  son  père,  HenriiEstiennè 
attache  un  commentaire.  •  »..  .  ^  •  . 
7""  Le  peuple,  surtout  de  Paris  et  des  villes  vpi?m^ 
rertiplace,  en  beaucoup  de  mots,  r  par  9  ou  s.  11  dH 
en  effet  mmi  ou  was/,  pfs^,  iwes«,  pour  vmrlj  piprf, 
m^re  :  ainsi  les  Ï-Alins  disaient  Valesins  et  /^ufiiis  pour .. 

•  Va/cnu«  et i^^Mritt*.   Mais,  chose  étrange!    le  même. 

•  peuple  change  f  en  r  en  d*autres  vocables,  disant 
•^ttfffi,  rairoiiy  pour  cousin  y^r  ai  son  (1).  Pour  sairôn  au 
lieu  de  saison,  il  n'a  peut-être  pas  tort  puisque  ce  mot 
kiem  du  grec  xaipàv  (2)  ;  ^e  même,  quand  au  lieu  de 

^     casaque  dqnt  se  servent  ceux  qui  ne  sont  pas  du  peuple, 
on  dt^^rgjwçue ,  on  est  d*accord  avec  notre  ancienne- 
langue  (Sy.  ^  . 
Eh  outre  le  peuple  supprime  r^nal,  prononçant 
piaistf  mestié,  papié,  resveu  au  lieu  dé  plaisir^  mestiery^ 
papier,  rMPeur^C'est  une  faute,  tomme  quand  on  dit -^ 
et  ici  Henri  Estienne  est  eu  désaccord  formel  a,vec 
son  père,—  iljaut  parte  pas,  H  faut  disne  de  bonne ^ 
heure  (&)  au  lieu  de  t7  faut  porter  bas,  it  faut  disner... 


tfttf  %ljtolieron  ê[oU«t§\  ete;  —  lf«i»on  Toit  par  to  texte  49  H*^  Çs- 
'  tienne  qoe  le  xn'  rtècle.n«  prononçait  pat  toa|oarji  er  final,  et  que.  la 
pronotiftatioA  des  mots  diné ,  déjeuné  tendait  àVintroduirt  :  bientôt' 
mérna  rosage  la  permit  aax  poëtea.  (Cf.  Quicherat,  p.  3l3|<r  - 


Pafblea,  j«  ^lnua  an  LooTre,  oà  ClèNHi,  in  kféy 
Madime,  a  bien  paru  ri4iea1ê  aeheré.     * 


•-* 


(VOL^U,) 


é^ 


(1)  Cf.  cldessôs. p.  20,  etç;  —  Cf.  G.  Tory,  f-  LS,  r:  ;       .      ' 
(2)>Joachini  Perion ,  partisan  fanatique  des  étydiologiiet  grecques,  ré- 
clame l'orthographe  taison^  p^r  coiuarYer,  bt^  le^c,  l'équiTaleot  du; 

■"■■.■      X  greii.     ■•';'-■;■  ■:■/';:  ";'^^    ,;,■■■-  ..■    :/  .■  , 

(^}  De  là  lé  nom  populaire  de  roràco  donné  à.êertaina  tétemants  der'-^^ 
'^    .  ferontfs;  on  disait  autrefois  cordeofi  (Cotgrave).  *    ,^  « 

.   •^      (.4)  iici,  H.  Estienne  ne'met  paslil'accent  sur  l'e  de parlt,  éitnt,  qoolqu'if  " 


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-,•  ■■.••■        ■  '  .  ■•  .-.:-.•■ 

—  Hors  du  peu  pie,  môme  on  tombe  dans  îa  ificîmc 
'  faute,  quand  onûifnpres  Uisné,  après  tow^/it*  ril  faut   ^ 
(lire  après  disitet^  etc. ,  comme  après  boire ^  son  boire- et     /  > 
Ao/i  manger;  CQ  sont  là  de»  infinitifs-cmproyés  comraô  . 
substantifs'  Toutefois  si  deux  mots-  teî*minés  en  er  se    ,     ' . 
suivent,  ii  vaut  mieux  ne  pas  prononcer,  ou  prononcer  .  / 
très-peu  sensiblement,  le  r  du  preTnier.  On  diràlclonc  :.     .  ; 
H  faut  aile  disner  chez  iuy  {i).  '  /      J^/ 

5(2).,—"^  P***^  deux  légères  observations,  doni;  V  ; 
fune  pAt  que#  peut  être  nnueUe  dans  certains  mots:'     -*•' 
!, fcxinilrer),  sans  rétre4ao8  tous  ceux  de  la  même  famillo    "^ 
((/emdn«(ra(ioit).  et  dc^t  Pautro  est  que  plusieurs  ipibts 
prennent  devant  Icà  voyelles  «  final  (  fusqUdt  a,  eàcores)r        j^ 
qu'ils  perdent/devant  les, conôonnes.HejîriTislienne 
n'a  rien  trouj^é  à  ajouter  aui  règles'  tracées  par  a6n     .;^  / 
père  (3).  ^       •  ;  \-  ■     ,.  s      ^      "    ,    •  -  .  '',      y 

Celui-ci  dcbc^  dans  êps  remarques  sur  là  Mtre  «» 
reconnaît  :  1° Qu'elle  donne  An  8oa,^6s-ouvert  aux 
syllabes  où  elle  setrouveTînâis  ne  se  prononceras  dans  «  '-. 
malsiréyékuéHe  (4),.etc.  ;  2*jqu'elle se  prononce^ 
comme  en  latin  :  nONBSTUS,  hùrieste;  cactus,  chaste  y  etc.  ^ 
3^  "^[iféfllf  âert  parfois  &  allonger  la  syllabe,  sans  se 
pronojicer  :  c/ejcoûrrir,  escoAduirej  esieper^  mçsme  ^ 
hte«/er»  aimasf  y  asnff  masle;  U*  qu'elle  distingue  di-' 


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en  laiçtte  lïn  trots  lignn  plut  bat,  sur  aji^es  i^itn^,  ctc.*<^  Il  né  faut  voli^ 
là  qu'une  négliKQce.,      ,       ^     ,    • 
;(^Vôj*d-d«fcat,îioi«a2Y;    -^      • 
-    (2-) 'Grammaire,  ipp.t-O.-^ Cf. ;t^cfl;royTor^f!'  LVI.  ,    .  '    ';  ; 

f3)  Voyn  eepaiwotlet  ranarqoés  «or  1m  consonnes  tn^ftUes  'et  autsi 
sur  les  verbe*.  ^        .-:  "  *  / 

tt)  Voy.  jes  vers  de  Chtrles  Fontainç  cilél^  ei-dte£su8,  p.  35(;,  no(«  2. 

\        .  ■  ",.  ■,:>'■■;'  :,v  ->-.-■.■/,         ..         J    <kA  y 

f       ■  •■  .     ^"•''    '■-■■    "'V^  .;-- '/.^     ,  .  » -, -^» 


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'  '   «    ■  '  /vciy^empâVérbaux  r'(ian«î1/>ei(((,  lo/gam  eit^f; 
•       ;*  :'        àdni  iKUm^eu  quil  pi'ust  à  Crnlveûir,  lé  son  est  lon«; 

-  -^^  -fç»  qdVIjc  dislingup'diterenls  Verbes  :  il  pleut,  de  plenz~-*r 
\        '  '   •  ^\voit:.piêiiiil^;à  Dira,  ^^  plaire.     -  '     '^        /        *  ^    '"     / 
;..  ;        *      SouYGOt  «n'és^  écrit*  dims  un  mot  que  pour  rappéItM 

.*  ,   '/.r    •'''rétyn)€>k)àiô  '  \-ài\nc',  et  ne  tie*  p^ronouccpa»  :  sditsiewr .      ^ 
'",  /  '-r-èe  sûstift^,  etcv^^'n^  ^^  ppônonco  pas  nonyiiis  à  ' 

"     -^i'    ih  fm  des  ipoi^  quisofftt  suivis  d'une  consonne  ;'pro-- 
,      "^    *    *  ' noncbi  :  h-a/emmcLsont  bonnes,  comme  s'il  y  av:ait:  /ç.' 

"       '\:;AS^^e  praobnê€  au  éon traire  :  1"  à  la  fin  de»  inoii^ . 
'!'C 'Suivis  d'une  voyoll'c:  les  nifansi— ;'l^  à  toutes  les 
:;;/-.-  pauses  a^.rcpos.  de  la  voix; —â-quand-il  vient  aprè.'^ 

/^    - .^>'  ^>'      ;      '  '-  ;     un  son  ouvert,  cammc  :  procès,  wers,  i^s,  ses,  api:rs, 

-    ^'  ■■  ■    '■    -■    '     ■■  ^ '^  ■  -     . ..  '     •  ■  ■  :;    V      .  ■ -^----~  \r     /-         ■    ■-  • 

'  '  "      ■'    "  '  '"     :\^;  >:.';.  Jmtre  deux  voycUcS ,  s  prend  1q  son  de  s.  aûisi  : 

';' ;    "    raser,  maison  se  prononcent  r«=€T,  maîzon,        | 
■^-    -  V  «^   ^'  t  (2j*  —  Devant  la  Imaje  ion  y  le  (  se  prononcc.cotnnrie 
"   ■'    /    c  ou  5«;  ainsi  pour  f//c(ioM,  exhortniion  dites- i^^iVçiofl, 


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•  f  n  GcoflVoY  Tory,  dan*  son  r/ian.r/l)tiry .  f  '  LVU  .  parle  aln.i  de  s  final 

m^fl^  t  il  dit  •  S  .»  m.tro  (jpM'i  ,7.fu.v/L»mo$  rim  suam  fréquenter  am-       ^ 
?r    li  dant.  de  WrlB,  pour  la  plr.:>;^rart>o.  ol^seiveal  Wen  cc^c 

uLdedire:.Nous«ro«sJJ.néenungJardinety«ron,menged^^^^^      . 

J^mTd'lp    res  l de»  aru..r/..,  •  elles  dt^eitf  «"Nou^^a. o^d-snt-en  un^      , 
^u^Zn  UK.u,é  .4  prune  t^anc^et  «ofr^  des  O^'^^^^^ 

treuve  enliet  abus  de  parfadecaenl  prouunc«r  en  parlant.  —  U.  ci  Qt^ 

m?,  p.'**.  >  .  -SA.  ■ 

(2)  Crommatw,  p,  9  -Cf.  GeolTroy.  Tory;  f"  LVIU,  v".        ||  ;     ^      . 


çrhorlns 

.  la  prolal 

al  limette 

dôs  inol! 

,    lion  et, 

'nj  devaii 

*     Henri 

jiôuvdk 

'pour  le 

Entré 

,•  récritiir 

^commc 


"  (I)  l>m 
«u\  temps 
ijarin,  }>i 
dit  déjà 
tainen  qiii^ 
qui  lia,  et 
mjml^re  w 
sommes  re 
iu  epn  ado 

■      (2)  G.'t 

bellfoX  ail 

'3)  Oe5»fl 

;  sujet,  M  T 
Tes  denU  s 
senible-qui 
tettigine  l 

■pnmaneial 
leîliet  re| 

.£otie  pluri 
run  pour . 

•  celiui  I  à  II 

dire  :  «  Co 

«enl : •  Co 

>  LVIIl.) 

(4)  Voy< 


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R(HI>JIT   f:T   IIKMII    ESTIK>N«. 


^71 


çrhorinssion  (1').  —  Lèrrcd'^uhfé  t=crt  «  pour  onforcjr 

.la  prolatioa  et  I^'^longon  la  precçdenlc  syllabe,  comino 

'   alunwttc,  ffruneitc  (2kf  lliil^^fi  pVonotiçe  pa«»  àl'afitt 

•     (les  .mots,  devant  iinc^jpon.^otiné  (5);  dans Ja  conjoiic^ 

(ion  ef.  il  ne  se  prononcé  ni' devant  une  coasonnc 

■  'nj'devant  une  voyelfe.    . 

Henri  Esticn'nejioiia  app04le  quc!que«î  obsçi-vg-tions 
nouvelles.  -^  A  la  fin  de  quelques  nnbts,  comme  trot 
'^   pour  le  dislingucrdc  (rop, (A),  il  a  un  son  trèa-claîr. 
' '^-      Entre* deux  voyelles,  la  prononciation,  plutôt 

,'  récriture,  l'introduit  souvent  pour  éviter  iiiv  choc, 
•   ^commc  faisaient  les  Latins  de  la  lullre  d  (jT<////rr^ro); 


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(0  l>mpl(ii  du  e  doux  avec  !è  «on  du  dowj)l«^  v«  au  lieu  du  I  rmiontc 
<au\ti'mp:«  les  plu8  r>'Ctilésj  on  troiiv«'daii8  le»  plus  aiu-icniK's  cliartes  t 

ïo,  pcrciHio,  ju.vfiCia;  ttc  t  au  corn»iorK"«;m(;iit  du  vu*  niècie,  îsiifuro  - 
dit  dé]îi[Tf^'g'.ï»  2C,  jiij:  «  Quum  justifia  sonuni  x  KteraV rtprlmat , 
tauu-n  qUia  latiiium.c.-t,  fir  (  scrlli«ndum  est,  sicut  tni/iriVr,  mnlitia,  ne-. 
quitta,  ti  tablera  siuiiliâ.  •  —  Nos^ncien»  ruUiaiis  ï^^mi  fuuruistent  uu 
mjrnfcre  Infini  Ae  moin\omm(^periifucion,(lrstruci'on,  etc.,;"  mais  muH 
"sumnips  ref enui  à  l«r consonne  étymeloKique  latine,  tuut  qa  consirvani 
le  «on  adouci^éjà  ••Kn»l<5  pjtr  4s:dorcde  Seville. 

(2)  G.  Tory,  f*  XX.XIX  r.Tcmarqu»*  que  le?  Lorrain?  prononcont  her-', 
be»**  Vit  aulrt'S  mots  seraïilaMe»,  comme  s'il  y  avait /irrf)/f.  * 

'3)  rieoflfroyTory  que  nous  avbn<>  rilt*  à  prupoKrdc  s  final  muil,  éiTlt,.^î 
;  Rui«t,  »<«  T  flrtial  :  «  T;vi«ult  estVo  pronUncé  en  ffapant'  d<;  la  lanjiiîc  cohlrtt 
Tes  d.cnU  s<h^ie?.  I-o?  Italiens  le  -iironunccut  si  bit;n  ct^si  rt-soncnt,  quil 
semble -quili  y  adJoBxtent  un  e,  quant  p^qur  et  en  lieu  de  dire  :  Cnpni  ^ 
tertigine  laboràt,  its  pronuncent  :  capme  iWtigin'e  Inbniiqte.,.  Laquelle 
pnmancialiôn  nestaulcunement  tenue  ne  usitée  des  Lionnoi».  qui  lai!<84>nt 
le  îlift  t  et  ne  le  pronum-ent  en  façon  que  ce  soit  à  la  fin  de  la  ticrecpcr- 
.ÉoUe  pluriele  des  verbe»  atlifz  et  neutre»,  en  disaht  amaieritn  6t  àrat^- 
run  pour  amar^runt,  draverunt,  l'arèiNcment  auruns  Picardit  laissent 
•  celiui  I  ft  la  fln  de  aucunes  dictions  er>franeuis,  comme  qtiant  ilz  veuU  ht 
dire  :  «  Cornant  cela ,  comôn/ ?  mittisiAir,  cc*t  une  jutneni;  »  ilz  pronun- 
Mot  :  •  Cofiiati  cl)ela,£oinan?monsieurVihest  un^  jumen.  »  Champfl':ury, 
/•LVIIl.)  .  > 

(4)  Voyex  cl-deE«U8,  lettre  P,  p.  3«T.      -      ^      '      ^ 


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(jRAMIiAIRI.    FRA>ÇÀI«I. 

ainsi  dh  prononce  «imél-i/i  donneirity  aiitiet-ellr^  diÀinei- 
etÙ!;de  même  i;a/-i/^  i'(»f-e//<?.  Dans,  quelques  lieux  ; 
l'usage  dp  ce  t  est  tellement  établf,  qu'on. le  trouve 
même  devant  d'àUtres  voyelles  que  celles  des  pronoms 
«7/  eZ/é*,  surtout(.dan§<ii  et  i'«<  »  comme  :  il  atQUijy  il  mr 

y.  —  Il  ft/ été  parlé  de  cette  consonne  en  ix\ù,im 
t^mps  que  de  la  voyelle  U  (2).    •     ^  -  '    '       y 

X  (3).  —  «i,  dit  Robert   Estien ne,   se  prononce  • 
comme^cri' latin,  fors  qu'en  la  fin  du  mot  ;  alors  il,  se^ 
prononce  comme  s;  mesme  aucuns  escrivent  «;  au  Ueu 
que  les  anciens  escrivoient  X  en  certains  mois  comme' 
envieux,  voix,  noix,  fflnàMo;.  »  La  raison  de  cette  an'- 
l|bienne  orthographe,  que  nous  suivons  encore^.  :n*est 
pas heureusemçnt  trouvée;  il  semble,  selon  .lui,  qu'on  ; 
ait  mis  un  «  «de  pcurqu'on  rie  die  cnij^M*,  vo-i«, 
no'is,  cana-us  {k)\  »  comme  s'il  y  avait  bien  moins  à. 


'  (I)  L'emploi  du  I  au  li«u  de  toute  autre  consonne  pour  prétenir  l'hiatug 
eptre  uif  vertM  à  la  3*  personne  et  son  pronom  ■  son  «xplication  ëabs  ce 
fait  que  la  3'  personne  du  singulier  des  verlies  latins  était  terminée  par 
cètte,lettre.  M.  de  Cbcvallct  remarque  fort  Justement  que,  pour  une  raison , 
analogue,  c'est  $  que  nous  employons' comme  lettre  euphonique  après  les 
secondes  personnes  :  vac-y,  dônnet-en;  sculeBieotî' usage, ne  sépare  psâ 
cet  t  euphonique  du  mot  précédent .  et  isole  au  conUaire  le  (.  Cette  ano- 
~^ maliea  wmï  sa  raison  d'être  :  \'e  ne  reste  pas  muet  atant  i;  et  si  Ton- 
^  éeriTait  :  atm^M'Diti  lien  de  aimt-t-il^  il  y  aurait  lieu  de  prononc^^fmeN 
il  comme  atînatt^'tl.— Voy.  CheTallet,  H ,  t4S^i:5(h  Cf.  ci-dessus,  pp;  l&l-.^ 

HM.     »  '  . ^  '' 0:'.-  .  ■  ■'  "•■•■  .■''^,. 

..    (t)  V%.  ci-de«sus, p.  35I-3S#^    -^  f     ,' 

(I)  Grammairt,  p.  9.  -Cf.  Geoffroy  Torfft'  LX,  v%     , 
(4)  La  vëriUble  raison  de  l'echploi  de  z  ûnal  a  été  tlgnalée  par  lea  cri- 
tiqués modernes.  On  l'employa  d'abord  i|  la  flli  des  naota  qui  avaient  x  en 
latin  :  eroùr,  voix:  pbis,  pour  et  et  gt  au  subjectif  {Singulier  et  au  compté- 
'  tlf  ploriel  des  mob  en  c  ou  en  jj  :  «roc,  croès,  erox;  juu§.  Jougs,  jims;  par 
analogie,  s,  équivalent  de  csft  gs  devint  l'équivalent  de  if  e)  rt  ;  ainsi  i 


r\ 


craindre  qu'on  ne  prononçât  :  envie-ux ,vo-\ix^  no-ixy 

cqndi'UX.     • .  * 
Troîs  fautes  sont  à  évitpr  dans  la  prqnoriçiatlon  de 
^dit  Henri  Estien  ne  (1)  :  fil  ne  faut  ni  t)rononcer  _^^ 
ûvtc.>|  les  mots  où  x  a  le  son  de  es,  comimc  Xemn  %  : 
.,/,v,„  ;  --^*  ni  donner  k  x  le  son  de  z  et  dircj,  comme"' 
qwûme&'UnSt  ezpmjite^ezerccrf  pour  €cshfipteyyc$ercer;      ' 
.  -*.  S^^ni  d;onner  II  a;  le  son  de  deuî^s.^,  corriméVles  ItaV 
lions;  et  dire  lAfessdndre^  Massime  po\ir  Alexandre^    ;". 
1/â^w«^  Toutefois  il  ^  Latins 

•  so  Biangè  souvent  en  deux  sir  en  passant  en  frj^nçais'; 
.on  le  ^oit  dans   iemve,  issir  iaUsiçuJ^^  eiccfi  ou 
ahsiul ,  qui  viennent  de  iix'mum\  txire; axis.  \ 
'    *  A  laldn  des  moU,  x  n'a  d*âutrc  son^  que  s  ;  oh  pro* 
nonce  donc  pflw:  comme,  pais»  \ 
.  Z  (2).  —  t  De  ceste  lettre  se  sèrvc^'t  le»  fikîicois 
es  mois  qui  sont  prinsdu  prec,  comme  zeA^,  >^ff  f««»;» 
—  On  sen  ©srt  aussi  en  la  fin  d'aucuns  mots  ab  lieu 
de  «pour  monàtrequ*enè  se  doibt  prononcer  a  bouche 
«uvqrte,  la  'languè^rréçi  contre  les  dents  d*énjba^, 


\J- 


ùhemi,  theV»\i,  chtvn/e  on  ehetttux;  eie^^élj^  ou  c!teul8,c«>«,oa  eieux, 
éhol,  fholi  ou  cliouls,  ckous;  porteur,  nOrteur»,  jM^rTeux,  Par  sulle  d'une 

"analogie  nouvelle  entre  Iç^son  de»  fl^le»  dé  ce»  derçler»  nwU  et  le  »on 
de»  Oflale»  d'une  autre  «érle^e  mot*  qul^  sans  arolr  la  ik^le  consonne, 

^  avaient  les  tennlntlÂif  ep  au,  eu/ou,' on  termina  par  x  aîK.|leu  d«<i  le 
subjectif  singulier  et  le  complétif  pluriel  de»  mut»  étaux,  ptêu^roux, 
patfM  qu'en  écrituïi  chevaux, jéheveux\  choux.  Cf.  CheTallet,  IH,Mp-l' 
{note);  BurguT)  Gr.  de  la  langue  d(K(  :  cd.ul-tl  appli«iue  ji»  tér^- 
comme  tut  nom»  cet  obserraUons  quMl  déreloppe  plus  longuement. 

(î)  Grammairi,.9.  10.  -  Cf.  Geoffroy  Tory,  f"  LXit.        -  \    ', 


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3"L4  '    UKAMSAIRË    FRANÇAISE.  # 

■".■.,  ■      '  ,       -      .  ;      ■  \  •    ■        ,:-      .       .'-1  -■■■'■■,  ■ 

•  comiïje  en  tels  mots  :  aimez  ^  e/ît'oî^<^,  n^rlicipes  du 
.  lemp.*  pa-ssé  ;  wjez,  l'oy^iiiipûralifs  {l\    ^^    ;       '  . 
/)t?5  leilres  muettes.  ^~  A  la  fin  de  son  pè|it  Iràité  dç 
.la   conjugaison  des   verbes,   Robert' Esliçi^e   avait 
donné  une  liste  de  mots  pu  quel<}U*une  des  lettres  de 
l'alphai|||t  ne  se  prononçait  pas.  Mais  ça  gràttiihaire. 
Ile  disait  rien  à  cefsuiet.  Ilenri.Eslien'np  a- réparé  cet 
oubli  dans  lïn  chapitre  des  Ilypomnescs'l'^')..   '. 
'^/Les  lettre:^  muettes  sont  celles  qui  ^q  su  prononcent 
pas.  'Eljes  sont  telles  ou  par  nature  ou  par'positîoa  i 
;  ^  par  nAturé ,  f ommé  dans'  nostre,  vosire,  apo%ir^^ 
,   monstre f  oster^  prester,  arrester,  ou.  s  ne  ^e  prWon^e 
'  jamais;  —  par  position,  comme  dans  ces  exempleài: 
pujsqnU  ïa  pku  <mnt  faire  pour  hous  et  Us  nostreL" 
titUH  sommes  tenus  4t'  prier  Dieu  pôVr  ta  prospérité,   f 
Ici  T  final  éiç  tûni  est  muet  ;  tie\[iôme  s  9es  inoti 
nous  «om»«é's,r<^.,.,  prononcez  nou  somme  ïou  tenui. 
Quant  au  prémiec  nou«,  s  final  s'y  prononce,  parç^ 
qu'il  est  devant  une  voyelle:  nous  et...]  s  finaf  isû'pro-  - 

■   ~ ^ _. ■-■.■•' -=^~ — '•.   ■     .-'A, -, 

(1)  Le  s  «(ait,  comme  x ,.  une  lettre  double,  ^n  emploi  «u  lieu  de  « 

.    fi'i'tpljquc  par  (dc«  raisons  analogues  à  ce^es  qui  «menèrent  l'emploi  d,9*. 

Comme  X  représentait  cs^  g$^  Is,  rt,  .le  z  représenta  d'abord  (i  et  dt  au 

subl'ectir  singulier  et  au  complétif /pluriel  :  ainsi  dert«,p{e(i<  furent  ren-: 

plates  par  deHS,piei  ;  dans  les  {i^ots  comme  et i^,  qu'oh  écrivait  au  com-' 

pléttf  aingulier  ct(ef  (C|VfTATct),  hontet  ièamtArk»),  amet  on  aimet  (SiA--  • 

TUS),  on  eiît  ad  B*ibJ»?cilf  8lngul'i«^l  au  ccNopftétif  p^uriçl  cites,  bdnUtf 

aiiiKS  pour  cUets,  bqntett,  atmfffiSLa  mémelremarqne  explique  :  tous^^ 

aimex,  vous  teneu  pour  tous  at nu»  (amatis),  VbDS.r«n«rf  (TE!«ETis};qai 

"  >e  sont  même'  écrits.  Ces  mots  étant  tort  nombreux  dans  la  langue,  Jors- 

(lll^ott  eut  à  nnrqaer  un  son  analogue  à  ceini  des  finales  de  eitix,Vmtétx, 

aimtit  on  employa,  sans  raison  d'ëtymologie.  mais  par  analogie  de  «on, 

l'a  mèqj*''^^*^'^"  **//de  là  les  formes  :  SMccex,  progreit,  etc.  —  Cf.  Che-^^ 

valli't;  11^4 1-42  (nJtir}  tt  p.  43  et  «uiy .  (  texttj\  BurgU>,  1. 1,  etc. 

*     (^Ï.UypomnestSyji^p.ioAOO.    -  • 


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375 


iiohcé  auf%yans:  r^-niil,  quoiqirH  uc  soit , pas  suivi  ^ 
^  (rune^.elle-:  c  est  que-quand  lès  consoiftics  finales  . 
•Vdo  plusieurs  mots,  sQit  s,'  sôit  quelque  autre,  n'ont  pas  .'" 
..  ùié  prononcées,  la  plupart  .de  ceux  qui  parlent  bien. 

'«sinpiltous,  font  sonner  celkrqui  termine  lemot  gui-e^ 
'    vant.  Enfin  dans  pirlsqu'il  t'a  pteuy  ks.  gcirs  dapeupfë.  ^ 
V'   et  bîeti-d'a-ulcesne  prononcent  pas  i.  ft  disent  ^mw^ui     • 
^      ,  l'a  p/cu(l);  il  il?  iaut  pas  les  imiter.  .  ^  \ 

r .;    Aprèâ;  ce  court  préambule,  Henri  Estienne  parle  " 
^"  .:  •ivcic-plus  do  delailè  des  deux  classes  de  muette^ qu'il  a 

'    distinguées::.  ;  x<-.  '    .'     ^    •      , 

'       1»  Con50>inAstnMe«re«par|inri/r6':  de  ces  mUfettes,le3 
'-  'ufles  servent'^ marquer  uîié  distinction  tantôt.plus  ou 
'moins  nécessairc,comme  matin  (mane)  et  mast'm(/kms   ^ 
'  WiLLATïGus)  ;;cwfie  (juvENjs)  eljeusne{3EJvm\i^iliniol    ^ 
plus  ourtioins  inutile,  comme  entre  6cs/c^estu)  et 
Vte(PKTV)^etc.>  les  autres  servent  à  r^peler  Téty- 
mologiéi  comme  L^ans  sonlci\  de  soutiTi^m,  p  dans    ' 
campte,  ^ui  se  prononce  <î6mmé  cQthte,  nom  nouveau 
d'une  dignité  qui  élève  au-dessu^e  la  noblesse  sim-  " 
pie.  Cette  même  lettre  p  paramsàit  aussi  autrefois  dans    •: 
^«;n>rè:on  l'a  suppriçaéeyét  avec  raiison;  car  elle  • 


'9i. 


'#, 


wJ:i.  .  rime  de  ouiU  etdé  ditMi;  on  trouve  (i'amour8.dan8  diMkllay 
tiinl^T^U'.  aAue  àce.ledep^l.et<lePùrù,^Volcl  le. 
vers  de  la  Fontaine;  •  ï     :      •  ^^-^ 

'        '  '  L'histolrPpn  estanssitAt  di»p«!r8ée;  ,  „  '     .        ; 

1  '•        Et  boquillOM  dii  perdrK  leu^Qulili  . 

-  Domâgue  (/oumfli  de  la  langue  françaUé,  r  du'  28  mai  n.91,  p.  297) 
"prétend  que  Ut  donnèrent  ùoii  «e  prononcer  <  cfonfre  {i  long),  ^      .,      . 


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gii^^j^cj^t  confîervcé^  que  comme  caractéristique  de  l'o-. 
rigitîc>du  mot.   Mais  ces  consonnes  caractéristiques 

.  eiies-mênks  doivent'  disparaître  jdeà  mots  français , 
quand  elles  e^i^pt  déjà  hôrs/^usàge  qhejjes  Latins. 

^Ainsi.,  de  06  et  muerr,  ils  pt/fait  onuf^e  et  non  06- 
miiicrc,  Ouçceux^abnc  qui  écrivent  o^meh^c*  né  soient 
nas  si  scrupuleux  ,  et  eieri/ent  si^nplemcnt  oWwr^. 

#V  Beaucoup  de  mots,  mi  ^igii^ient  airesi  troisxcoii-: 
sonnes  de  suite,  s'écrivent  a'une  autre  manière  \,  àpîus 
fSrt(*!  feispn  ceux  ôi/il.  y  en  aV^t  quatre,  coran^e 
7)n^46/re;;  écrivez  Vres(re,  1  quorque Ne  b  ait  servi  à 
marquer  rétymoMgie.  A  quoi  bon,  jckiît  dans  lés 
mdls  comme  (t'w/)*/ corps,  conserver  des  r^ltres  inu-  . 
tiles  pour*- rtia/quer  une*  origipe.qui  est 'assàv  claire 
sansces  lettres?— Noç  anciens  avaient  leurs  motifs  : 
ainsi  en  écrivant  cor/}«  on  ne  laissait  aucune  confasio) 
entre  ce  n^ot  et  le  mot  cors  ou  cornet. — Mais  suppo- 
sons l'orthographe  chargée  de  toutes  ces  lettres  super- 
flues, comment  fefont  les  étrangers  ?  ^-  Qu'ils  ne  pro- 
nbncent  pas  celles  qui  leur  paraîtront  difficiles,  et  ils  se 
tromperont  rarement.  -—  Mais  les  mêmes  consonnes*ne 
son^pas  également  difficiles  dans  tous  les  pays.  Le^ 
Allemands,  par  exemple,  prononceni  facilemenTplu- 
sieurs  consonnes  qui  se  suivent.  Pour  établir  quelque 
uniformité,  il  est  donc  utile  de  chercher  des  règles 
'positives  et  générales.  En  voici  quelquef-vines  : 

,0ù  se  trouvent  quatre  consonnes  «de  suite,  une  au 
moins  sera  muette,  quelquefois  deux,  comme  dans 
presbtre.      *        *    V  \  *      .        ' 

^^il  y  a  trois  consonnes,  presque  toujours  une  d'elles 


.  / 


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est  iiïuctte,"SUi:tout^s;  (,  p,  c^d;  — Exemi»l^  :  —  s  :. . 
lasclmy  estre,.noUrelenf/uoislrc,  luaistre,  desbauclter^es-i 
border, çtc.tl);  —  M  }yresenls,abst'nïSy forts,  ports,ou- 
vertSy  eic.  (2);—  P  -.temps.,  corps;cempte,  escri>M(3);— 
c  :  sahict,  feinct/poinàlJx:);-^p  yÛàrthrUccordi,  mords  ; 
ce  dernier  se  prononce  comme  nwm   (moutui)  et 
î)ir;?«,  participe  de  mordre  :  i\ ^  mors  {b) . - 
■'   S'il  y  a  deux  consonnes,  une' peut  être  m^^ 
ce  cas  est  r^re,  et  le  phis-souvent  c'est  *  devant  /  ou 
a^vant  (,  côTtime  masle,freslcf(jaster,  (joustéVr  arresler. 
-Dans  tous  ces  mois  s* est  muette,  mais  rend  longue  la 
'  voYclle  qui  précède.;  elle  sonrrie  au  contraire  dans  les 
mots  peste,  céleste,  persister  et  beaucoup  d'autreS;     , 
Queiques^provincesprononccnt  Vs  dans  des  mots  où 
•ailleurs-  elle  est  muette,  et  réciproquement;  de  même 


(1  M.  Ouichcrat  a  réuni  uH  grand  nombre  d'exemples  qui  peuvent  ser- 
vira moïirer  queïKalhcermude  régnait,  parmi  les  poëtes.età  plus  forte 
rui^on  dans  le  peuple,  au  sujet  de  la  prononciation  de  rdans  le  corps  des 
.;o.s  comme  Zn'.téei  admoneste  (Vaion),  ;u,;e  et  '^P-'^^^^^^^^^ 
rab,nte  ei  brute  (J.  Mar«t),  jusque  clperruque  (Coquillarl),  syllogisme 
et  abisme  (Martin  Ufrauc).  etc.-  Voy.  Quicherat.  VeTSif.Jrançaul , 

ip.  365-367.  i  *  ,     -,       ,   >    . 

(2)  Le  t  ne  semble  pas  s'être  Jamais  t>rononré  dans  ces  mots.  Nous  avons 

vu  plus  haut  que  le  I»  était  spuveot  remplacé  par  s  (Cf.  ci-dessus,  nolei . 

p   374)  1    '    **■  '•  •  '  ■ 

on  M.  Qulcherat  cite  le^imes  de  précepte  et  faite  (Marot).  de  sceptre 
ei  estre  (M.  Lef.anc),  ûésccptres  et  an^sfrè  ^Villon,  f- Lcmalrc,  Jean 
Marot).  de  E^îffX.  et  p.ft^e  (Hulcbeuf).  de  Egypte  etpcf.te  Chr.stmede 
lÏÏanV.do  ecf.iîe  ti  embellisse  (Roman  de  la  Rose  )  -  Verstf.  française. 

p.  3G8-3(i9,^  ■  •'     ,      ,s    j-,    ,    ^t 

(4)  M.  Quicherat  cUMcs  rimes  de  délecte  Ct  mu«elfe^()lurot).  délecte  et 

tio(e««(Saint-Gelai»),  etc.  .  .  ^  ^- 

(5)  Il  en  est  du  d  comme  du  t.  Voy.  l'avant-dernière  note.  -  Plus 
loin    Estlenne  qui  distingue  le.  cas  où  il  y  a  deux  où  trois  consonnes 
ma.s  qui  ne  tient  pas  compte  si  c^s  consonncs^ont  au  m»»*"  <>"  J  »•  »" 
des  mots  { en  cela,  nous  Tavons  suivi  ù  regret ),  reparlera  du  d,  etc. 


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18  ,  7,  GRÀMMJtIRK    FRANÇAIS^. 

en  quelques  lieux  on  ptonoiice  dans  honneurj  lionnes» 
teté,  eic.f  les  deux  nn  dont,  en  général,  un  seul  6st 
prononcé.  —  En  outre  le  morne  mot,  pris  dans  diver- 
ses acceptions,  fait  ou  rie  fait  pas  sonner*;  ainsi  pro- 
nbncez  :  accoster  quelqu'un  ;  avec  s  sonore;  dites  ac- 
coter (appuyer)  un  pot. —  Enfin,  parmi  les  mots  d'une 
même  famille  on  voit  de  semblables  irrégularités. 
Ainsi,  on  prononce,  sans  s  :  demonstrer,  besle,  beulséy 
bcsidtl;  tenipcstCt  tcmpfster;  poisirc,  pasturcj  tcste^ 
baston;'  mais  au:" contraire  en  faisant  sonner  s  :  de- 
monMraiion^'  bestaUf  tempeslaiif,  pasteur,  teêtonner, 
bastonade,  .     / 

Henri  Estien^  ;,  dont  on  adéjà remarqué  l'admirable 
-sagacité,  donne  une  excellente  raison  de  ces  anoma- 
lies :  tous  les  mots  ou  se  prononce  s  sont  moins  an- 
ciens dans  la.  langue  que  ceux  où  le  temps  l'a,  pour 
ainsi  dire,  usée  jBt  effacée.    • 

Après  *^  la  lettre  qui  esMe  plus  souvent  omise  dans 
la  prorjoricialion,  c'est  f  suivi  d'une  autre  consonne, 
sturtout  de  s  :  mets^  permets,  luiuiSy  faits j  dits, 

L  est  souvent  muette  aussi  (1  )  :  ouitrey  doulx,  doid- 
céuTj  mieuhc,  vieulx,  poulsy  poulce,  faully  vault^  hautt, 
sâult,eic;  dans  les  pluriels  :  mnnlx,  animaulx^  chc' 
rautx.  On  trouve  nîême  quelquefois  écrit  wiiaw/raw, 
maulpiteux,  mauldire  :  mais  dans  aucun  de  ces  mots 
/  n'est  prononcé.  Cherchant  l'origine  de  ce  son  au. 


'\  (I)  Noui  avoDB  cité  plus  haut  (Cf.  p.  3Tà,  note  1  )  la  rime  d«  dit-il  et 
de  ouM.  M.  Qaicherat  cite  les  rimes  de  sourcil  et  si  (du  Bellay),  erueU  et 
tuexifautels  et  beautex  (llarot),  hôtels  et  noteM,  seuls  et  deux  (Coquillart), 
inds  et  nudj,  nuls  et  retenu»  (Meschinot).  —  Versif.  fr.,  p.  374.       1 


y^ 

V 


Henri  Eslîenne  se  ran|gii  à  ropinion.rappeléepàr  son  • 
père,'  que  au.  remplace  la  syllabe  latine •çi/;.paur  le  _ 
prmiver,  il  cite  un  certain  nombre  iîe  mols.où  l'on*" 
employait  indifféremment  à  celte  époque  a/  et  aii'^  : 
comme  Mia/fw're«x  et  maupitèùx,  malplamm  qI  mau-  ^ 
plaisant;  selon  lui  u  remplace  /  ;  introduire  u^t 'Con- 
server /^c'est  faire  double;  emploi.  On  écrira:^ donC/ 
sang  L  :  clievanx,  antmauXf  auc4m,  inoM^,.  et(<,  Maas 
après  ou  et  après  eu  Ton  né  peut  invoquer  la\inême 
mutation  :  on  conservera  donc  l,  au  moins  sfelle^ést^^ 
caractéristique  de  rétymologie,  surtout  si  eMe  'se  pfo^  : 
nonce  comme  efi  coulpeei  poulpe  (culpa ,7I»ulpa).    . 

B,  si  on  récrit,  dans  doubler.,  plomb,  coulomb  (ou  ço-- 
lomb  ;  COLOMBUS),  ne  se  prononce  pas  (ï), 

C,  surtout  devant  Te%t  muet  (2)  i/éc/érj-af/aic^i 
jaici,  dict,  pe/nct, /cirtcf,  etc.  Quelque/-uns  le- changent 
enl  dan^  jener,  allaUter,  et  le  remettent  da^s /air, . 
(///,etc.  Pour  ces  derniersfrien  de  pi  us  rationnel,'*  selon 
IJcnri  Estienpe  :  mais  irfâudïail/.uné-^stinction.  \\ 
./(jii,  il  (/à ,  \\  peint  peuvent  perdre  le  c:  maia,  ces 

mêmes  mots  doivent,  le  conservera  ils  son  tpartiçipes:. 


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y  :-! 


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'»  I' 


(0  M.  Quicherat  cite  les  rimes  d^  Jol/et  cop  (Rutebeuh»  J(UO^  et  t^oP' 
(Villon), /o5  et  trop  (Coquiilart). —  i/oc.  cit.,  p.  3'5. 

(2)  Cf.  ci-dessus,  ^"^ m,  note  \.-lv.  Quicherat  remarque  romisslon 
ihi  c  dan» la  prononciation  d*un  grarid  nombre  de  filles,  au  pluriel  j  ce 
fait  n'a  rien  d'étonnant,  si  l'on  «e  i^àipetle  la  notation  «equiyalente  (Cf. 
ci-dessus,  p.  312  ,  note  A).  Il  cite  les  rimes  de  boucs  et  genoux,  tact  et 
iHrapi  (Coquillart),  tùpict  et  pi«,(Marol),  Turcs  et  duts  (J.  Lemiire), 
Grecs  et  àucreu  (J.  Marot),  ^rm  et  secrets  (Régnier).  Pour  Cfw, 
nous  avons  conservé  l'aDcieDàe  prononciation  dans  le  nom  d'une  rue  :  la 
rue  des  Gris  n'est  autre  que  la  rue  des  Grecs.  —  Au. Singulier,  Userait 
i>lus  diOlelle.  sinon  Impossible,  de  trouver  le  c  muet  dans  tous  ce»  moU. 


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'    .       '  •■/  •  •     •• .       '  •   ^         ;     ■  ■   ■        .      /■ 

yfairjt  dict  /  etc.  —  Dans  prftctiquef  pfactinen  ,  les  uiis^ 

^  changent  le  ç  en  7^  fet  écHvent  praitique;  d*autres.Ie    ' 

suppriment  :  pt^aiique» --^Endin  on  prononce  rfîifowou* 

;  iiirUm.  /    •    v        *  '  • 

'  "  -  ■ .      *    .    *  •  ' 

'  ".   \)  est  muet  (i  )  dans  advancer^  advenir ^  advenir ^  etc. , 
mais  .non  ôslïïs  adversaire,  admettre,  administrer.  Ce 
dernier  mot  est  prononcé,  tnais  à  Corl,  par  Je  peuple,     - 
avùnisirrr,    *        '   ^       \ 

P  est  muet  (12)  dans  briefvé ,  briefvemenl ,  ou  plutôt 

.    hreye t'*hrt;vemeiU f  vettfve,  quoiqu*iH  s*éntende  dahs 
brief  (oimieuxr  bref  Jei  d&na  veuf  :i\  est- probable  que     . 
dans,  ^r/^/i/r,  ref/fe,  la  conëonne  F  servait  seulement 

i   il  iiïdiquç'iuqae  M  Suivant  était,  consonne.    '  -  * 

^       G  filial   est  mûct  dans  les  mots   toing,,ie8moihg, 
/**^*i(<7,  où  on  peut  ne  pas  récrire;  quoiqu'il  s'écrive  *  ' 
et  se  prononce  dans  les  dérivés:  esloignef,  tesmoi-^ 
jjt)er,  hic— '  Le^G  est  mu^t  aussi  dans  congrioistre  du    „ 
coffnoi&tre.  -       .  '  •      '" 

.  *Çeôt  souvent  muette^el  sert  seuleiftent  alor^  à  rap-^ 
.  pejérVéty môlogîe  ;  hoste^  de  liospes,  se  prononce  comme 
'  it  ostc^,  mais  se  distinguée  ce  verbe  par  la  lettre  h, 

Patce  qui  précède  onu  pu  constater:  1* que' souvent 
deiix  consonnes  soiU  tnuettes  dans  un  même,  mot, 

>  conrime  n  dans  haultSr  ct  dtins  dietSt  etc.  ;  —  2*  que 


Il  3. 


(1}  M.  Quicherat  a  mté ,  dans  le  Roman  de  Brut,  la  rime  âè  Daùd  et 
-de  Ânt,  ,    '   *        •  ,    -  ■• 

•    •  ,  '■  ■^   ^  ■-,-*•..'  '  ♦  '  ■     v  ' 

■  {î^  M.  Çuicherat  cite  lès  rimes  de  «er/V  et  reVprx  (Christine  de  Pisan), 
je  m  (Bt  rift  (J.  llaro«),  /uiftetfms  {MiTo\),Jwft  et  Minùù( Régnier), 
■new/i .et  e»wreM*( Villon);  neufs  et  ncrudf  (Marot,Saint-Gelai»),etc.  - 
IVrtV.  ^r.,  "pp.  371-373.  /  ' 


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.,,        ROBERT    iTuè^jkl   EST|E^i^Jî.   ,  '   \^K 

i    l'orthogmphe   tendait  il  çitppriim;r  runé  des.  deux 
muettes  et  qu'on  écrivait  plutôt  iumis,  faiu^  etc. 

■^'jConsonnes muetlet  par  posiriow.— Henri  Estiennô 
•déduit,  de  l'exemple  suivant,  les  remarques  c[u'il  fait 
,  sur  çétte^Iasse  de  mWtés:     .     '     •  t , 

Vous  me  dites  toasjfturi^iue  tostre  i»y8  fst  plus  if|(«nd  de  beaucoup  et  . 
plus  •boudant 'gue  le  nos^e,  et  que  maintenant  voua  pourriez  bien  .y 
,Viure  à  meilleur  marebé  que  nous  nfe  tiuons  depuis  4roi8«  molj  en  ce«te 
'    ville  :  mais  (ou»  ceux  qui  en  vi«     .enr,  partent  bien  vn  autre  langage  :   •< 
y  ne  vous  defplaiseV  •  •        '     •» 

^  .        ,  .  ■■'    ' 

Il  en  note  ainsi  Jà  prononciation  :  •       "' 

^^  fou  me  dite  loujouri  qu9'votrfintyt  est  plu  gmn  de   braucoup  e 

plux  abondan  que  l»  notre,  $  que  mainiçnan  \ou  pourrie  bien  y  vivre 

\à  meilleur  i^rehé  que  nou  ne  viuoxi  depui.  trbi  mçit  en  cite  ville  :  mai 

fou  ceux  ^ui  en  viennet,  firkt  bien  vn  auirelangage  :  ne  cou  de- 

■  jfilaite.    .•   •     .    :  ■-  [   *:      ..  * ,  -,.  -,  ';  :■    .    •        ■    ..      ,  -..t' 

•   oh  voit  ici  que  s.ne  sonne  pas  dans  plus,  ni  d  ddns  , 

^rancf:  mais  s  et  D  se  pronon.2eraient8'ils.iâtaient  suivis 

d'une  voyelle  :  plu  grand  et  plus  abondan.,. — s  <st. 

conservé  àasis  toujours  parce  qu'il  a  disparu  des  mots 

''vprécédents  (t  j  et  que  la  voix  fait,  une  pause  après-  ce 

mot;  cette  règle  s'applique  àHbûte  aulbsi^nspnne  qu'à 

s  ;  ainsi  T  fmal  de ^souv^iK  sonnerait  dans  cette  phrase  : 

c'est  fui .  propos  qiion  tient  souvent ,  quand  on  ne  sçait 

que  reippnrfre  ;  — prononcez  :  c'est  un  propo  qu'on 

(ien  touvénty  quand,.,;  quelques-uns  même  prononce- 

'    raient  ici  8  de  propo»,parce  qu'on  fait  aussi  une  légère 

pause  après  ce  mot.  -—  Heil^ri  Çstienne  a  soin  de  faire 

observer  ici  qu'il  ne  parle  pas  du  peuple,  qui  aie  tor| 


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(ij  Cr.^ci-dessus,  p.  37 &. 


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3ft2  \  blAMMAIRK    rHAl^ÇAHI. 

do  prononcer  irh^jou  ;  de  mémo  il  nç  prononce  par  lo/ 
final  éc  vietmenli  paHenif  que  tou9  ceux  qui  pronon- 
cent bien  font  sbrtner,  et  avec  raison,  nour  dislinjçucr  ; 
Icpluritîl  du  singuiiçr  (1).  Da  reste j  iî  faut  reconnailre 
que  beaucoupdè.  cc^  muettes,  qui' disparaissent  dans  - 
un  parler Tapide,  sont  cooscrvées  lorsqu'on  8*cx prime 
lejïtement.         *  ^ 

Des  consonncsi^mucltés,  par  nature  ou  par  position, 
Tauteur  passe  nalafclllîrtient  aux  voyelles  supprimées 
paf  apoi'trophc,  ^,  , .  j  ^  .  .  ^  -n^  _  ;  . 
.  .!?«  C  apostrophe.  >—fl.  E^tiî^nc  se  borne  à  parler 
delà  voyelle  <?,  qui  f* disparaît  toujours;  devant  une 
voyelle:  ctityjev^abusé;  tfai  terr*  a  gnerr  a^  elc;; 
—  et  ,qui  2*  §'élide  quelquefois  devant  te^-e€Însonncs  ; 
.alors  c'est  ordinairement qaand  èllecs^ pr(5cé$lée.çlo^a  ' 
tODSonne  d  :  ^ràniCchose^^grùtuCpeâr'^)^  Dieu  vom 


ii)  Cf.  c\-iït'Sfi\Jf,ip.  ihi,  nous.    ''. 

(î)  Apr<^«  avoir  noté,  dans  sa  Crammttire  h^amaitèf  ce  fait  «^u'un  eer- 

■  tain  JKtiiilm'  iriidjcclirs  l«*'arnais  terminé»  on  au,  tels  principau,  ftnau, 
conservent  cette  tcrndnalson  au  fénnnin  comme  an  m'ajtfulin,  M.  l,espy 
fait  observer  qu'il  en  était  do  en  .adjectifs,  dërivég  de  Micablis  latins  en 
alù  (pHisnpAlis,  FiSAHs"),  comme  des  adjectifs >n  6/«',  tels  aimahle , 
'croyables,  déri\ës  d'ànjccùfs  latins' rn  hUit  :  |)9rcet]ae,  dans  l'un  et 
datiK  l'autre  ca^Je  mot  étyntulo^jque,  avait  la  même  torniinait^tm  aux  deuv 
glCnrcs.  Il  ajoute  :  «  Ain^i  oii  dit  encore,:  gt^nd  jpitié .  grand  peine,  grand 
mère,  grand  rue;  d'où  Vient  cette  apparente  anomalie 7^  Lei»  grammai- 
riens prétendent 'qjie  dans  gtand  mcre  ,  grand.pHié.  elc  IV  m^iet  est 
élldé,  et  ils  placent  unc'apos'trophe  aprèa  granÉ.  Ce\fi  prouve  que  les 
grammairiens  ne  savent. pas  l'histoire  de  la  langue;  il  ne  fuat  point  d'a- 
postrophe, car  il  n'y  a  rien  d'élidé.  1/ancienhe  langue  rend  Taison  de 
celteinfractfOQ  àla  loi  d'aprè*  laquelle  i'adjcctif  s'accorde 'a vccf  le  §ut»- 

^  stantif;  eMc  enVcntl  raison  par  ujie  autre  loi  fondée  sur  l'étjfmojogie.  » 
Cet  arrêt  contré  les  îyammairiens  'c>t  bien  sévère.  &  nous  adhielions 
^br  lettres  royaujr,  teime  consacré  dans  les  traditions  peu  variables  de 
la  chancelleiier,  la  Ibt  étymologique  Invoquée  par  M.  Keiipy,  nous  n«  sau-^ 
Tiens  l'accepter  pVmr  j^tiJ'  pitié,  grand'  mère,  etc.,  où  dous  croyons 


9 


gar 
\  i^ar 


'l'apc 
exce 
anal 
lièrt' 
ici  t 

nom 


,  ^-  llei 

'Hïu 

'  •> 

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On 

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—  < 

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la  I 

val 


ou 
qui 

gei 
du 

aj« 


), 


1  ■■ 


(  '.    ' 


a 


^ 


-.   -a.'* 


/  • 


•  / 


!gardrUe  nm/  (1).  ou  parfois  de  la  consonne  i.,  c^ime 
'  (^ans  mir  pour  mlll<!  i^î)-  oi  queC quelle  soit  (J^) 
'.  quelle  quelle  soit.  ^j^_  .^^^  _^ —   ,    A 


■1 


-lapoiUopho  nrnwaire  :  i"  ttôurni'.paH.fr^cr  .u  miJ.  1  du  irot  ar^  u 
,     e%Cfp\l«n  cii.1  ne  »'appliqu..  pa.,  à  «rauirr  s  inolà  .dérive.  i\  a.lK.tif.\  la». 
anal.Vuf»;  r  parce  quf  le  mol  grande  lui-.n.orn.ç,  h>us  .^a  forme  tt»n 
nèti'    p.  ut  vi^n  plac<i .  en  wrluif.*  Mi,  deVanl  plusieurs  dp»  niote  >i«» 
'   ici  :  Voilà  une  graf0e  ^rue,  vi-là- une  f^raAde  inlle,  e(c.-Cr,  mpy. 
p.  101;  vub^uss)  l>al*trav«,  é^t.  (;wiin,  pp.  2im-2!t!>.  Vf 

.  ^H)  oiî  trouvç  dans  So*  poil^'s^l^TU*»  l««u'«"'"  J".*'ï""*  VoUaîrc/bii 
V.  nombre, iallnï  d'exempt»  où  r'rd'  e*t  ompjojé  Roiir  j,orde  ;  „, .     / 
•     Oodffroy  ft  B«".lnin.  .jtw  ^ti^«  jard  de  loarmeat  !  .  (IJArooi».) 

Iiieii  y«rrf  .l«  mal  celUs  .,nVt.  .  i^  Mii.l.l.d.les!..     ,  ÇU  |-o)*Ta.« 

''       ,Qtï*.l)i«uv«ni,jur«i',rimp<.ieillogi'Uicua         -  .'. ^     (^N  oiTAiot.). 

•  Il  en  étâil^e  m^nie  four  command,  ou  lieu  de  commande,  demand  kn  ' 
"^   >itu  de  Itemahik,  nou-seukmenl  à  l'oplalif,  rnais  à  hnduatii  :   '       ^    • 

*-    )    ■    .      Je  »oâs  rowmanJ  rensrijfDe  »»inl  Deuis. 

♦  *       A,  l>ù'U  f««i/«<i«4i'.  vostrc  beauté.       .       ,  V 

On  trouYC  f ricore  aiwïjpoui:  aime  ;  -, 

'  '"*  Soignors  barons, ]•■  ^0''".''»<H.''*"^'*'-     V 

■I  Je  M  dis  pai que  Tcm!i«î« ïollèiueot.         ".> 

—  Cf.  Oulcbcrat.  Versif.  f  anç..  pp.  405-400.  .         .  , 

(2)  On  employai  in.litfereiùmenl  mil  et  mlU ,  selon  les  exigences  de 
la  mesufi',  dans  le»  vet»  : 


/'(U.deROLLAN».) 
'  (TUIBàBT') 


UllkAmx  mots  doncrnirnt  eiprimei 
mi  doiij  baiicr»  doucement  iuipriînoz. 


(Du  Bkll*'t. 


(A.fiH*!lTII.R<) 
(J. '.M  A  ROT.) 


—  Cf.  Quicher'al,  PP- 402-403.. 

> Onùnétàitdemcmeponrf.l'aulicu  iicjvUe;  quelle  et  fWie  pou- 

vaierit«u8»i  Veroployçr,  suivant  le.  exigence»  de  la  un-sure  :      - 

»       ".         »»•■  ,       ■■, 

Oh*»»?!- vous?  q»w?ir  mouj:Uc  vous  pique? 

'       .      •  ii(,  voit  Iturprincetn  tel'- niagiilkêm-e, 

'  -  Dans  tous  es  excmplos^nous  marqt.yP»  lapoatrophe.liien  .jue  ce  signe 
ouSu  P«s  encore  connu-ou  ne  fut  pas  «énér«lerm...l  a.lupte  :  ccsl 
nue" pour  tCs  ce.  mots,  le  pocle  usait  dune  licence  tolcr.e  ei.ne  son- 
geai; ps  à  invoquer  deJol  éumologique,  pui^u'.l  *e  reservait  le  dro.t> 

'trii^^tS'l'u^cau^orls.Hrélislondel^tnuetflnal.M^ 
•joutTrn  s'appuyJ*ur  de  nombreux  exemples,  poeuc,  ^antaiMc.  ca^ 


•i  1 


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,  .'-'-■*    '  ••• 

I^én^i  Esticniie  courte  lo  fait  de  TexiîUcnce  do 

rapomrophe ;,  mais/à  le  voir  dans  ^\\\  traite  de  la  Vtv- 

< celtencc  du  iamjarje  frunçjoïSf  reprocher  aux  Italiens <ie 

'diR^/rrt  pour  lfem^%an  pour  sano,  etc.,  on  peut  con- 

ject^rer\qu'iUe8t  assez  peu  partisûn'de  ces  élisions  : 

'  t  Je  (eur Veray  confesser  que  ce  qu'ils-coupent  ainsi  la 

qiieuc  à  lèwrs  mots  est  grandement  contr^eux.  Car 

quant  biehtis  voudront  dire  que  ce  qu'ils  font  ce 

n*ost  pas  Ipur^ouper  la  queue  mais  la  trousser  sculor 

ment,  m  est-ce ^u*il  s'cnsuy^vra  qu*|i  cux-mesmes  elle 

semble  traîner  (l\  ^ 


Mais  si  notre  langde  elle-même  ne  peut  cncourLp^'un 
semblable  reproche  pbur  reiijplorqijje  nous  faisons  de 
l'apostrophe,  reproche\fort  dur  et  injuste,  selon  nous,  les 
remarques  que  fait  plus  loin  {Û)  Henri  Estienne  sur  cer- 
taines syhcopes  que- nous  nous,  permettons,  ne  nous 
laissent  pas  grande  supijriorité  sur  les  Italjens  :  nous 
aussi  nous  coupons,  noub  coupions  alors  la  queue  de^ 
nos  roots.  Ainsi  il  constate  que  les  gens  du  peuple  et 
bien  d'autres  disent  (fit a-tu  poiïr  quas-tu?  éi  m^.mQ 
qua-vou8,na'VouSf  sçQr vous, pour  qu'aves^vouSf  n'avez" 
vous,  sçavez-vous  i3).  A  ces  formes  le  peuple^  mais  le 
peuple  seul ,  en  ajoute  bien  d'autres.  Ainsi ,  à  Paris 
surtout,  il  dit  flamour  [h)t  au  lieu  de  pour  C amour; 


thfilie,  comme  public;  puis  inutil,  fertile coiAme  vil,  $«rvH,  etc. -^ertif. 

fr.,  pp.  398-409.  . 

(1)  Pr^cWZenw,  pp  16-17.  .    -  -  *     • 

(?)  l/ypomn<fe«,  pp.  98-99,  etc.  ,  -  * 

(3)  Cf.  ci-dessus,  p.  r.,1,  texte  e,t  note,  et  p.  80. 

(4)  Cette  ruëe  syncope  n'est  guère  plu»  étrange  que  celle-£i  :  ck'  fr'  ei" 


m 


•f 


«OM^T.RT   niMRI    EStlIflNI.      * 

ainsi  encore,  sa  fosire  h^onneur^  sa  vosire  tfrace  b.\x  lieu 
i\e  sauf  vostre  honneur'.,  sauf  vostre  (/f(^ce6c  disent  dans 
le  i>ouplc,  et  même  hoii  du  peuple,  à  Paris  et  danâ 
les  villes  voisines.'  '  ,     ^  -,  -        ,         • 

Syncopes  et  apocopek  -^  Nùùs  avons  donc ,  en  - fran- 

.,  Vais,  de  véritables  syncopes  et  apocopes.  Entre. autres 
•syncopes,  Henri  Estiephig  cite  les  (otmes  famerray^  je 
dorray  pour  fan^néray^  je  donray  ou  donneray  (1)'. 
C'est  aussi  par  syncope  que  nous  disons  cratR(/rai^,/n- 
druy  (2)  ;  e^  cette  figure  se  retrouve  dans  le^  mots  com- 
posés comme  (ior«riava/i/,  que  le  peuple  prononce  même 

'  domavqnt,  et  aesormai$  pour  (tores  en  avantj  des  ores 

mais;  dhïï»  samdessusdessous  qu'on  prononce  gènéra- 

Icment  en  un  mot  pour  dire  ce  que  dessus  dessous  (3), 

comme,  samdevamiierriere  pour  ce  que  devant  derrière.^ 

^  . .  Ce  sont  là  des  mailles  d'un  langage  corrompu  au> 

.    quel  se  rattache  encire^le  mot,  qu* on  prononce  et 


.  •» 


♦/ 


*3 


'    /■ 


H 


frur,où  nnl^ra  IgnoranUfi,  qnl  nous  l'a  tignnlée  comme  ositée  dan»  son  **• 
ordre^  noua  a  dit  <^u1L  faut  reoonnaUré  :  ihéY  frère  directeur.  —  En  tous 
Iroips;  en  tous  lieiix  j  la^ rapidité  de  (a  prononciation  à  toujours  tendu  k 
contracte^  de  cette  façon  des  mota  d'un  usage  fréquent. 

(f)  Voyes  dans  le  savant  Traité  de  Fefti/.  fran; „  par  M.  Quicheirat, 
p.  409 ,  de  nombreux  exemples  des  formes  verbales  syncopées  donrai, 
menrai  au  meirrç^,  iatrat  ou  ferrât,  demoùrrdt  ou  devtiêurrai,  durratVelff:,  ' 
pour  donneràt,  mènerai,  laiutf'ai,  demeurerai  ^  durerai,  etc.;  mais  en- 
core de  substantifs  :  verjté,  durti ,  seurté,  ohteurté,  jartière,  eprhn,  char'* 
fier,  halbardê,  fortresie,  pelrinagé,  ^rfour,  etc.,. pour  rerité,  dureté, 
sûreté,  obteurité.  éperon,  chMifretier,  hallebarde,  forteresu,  pèlerinage, 
carrefour.  M.  Quicherat  pnise^Hemples  dans  nos  poêles  les  plus  an- 
ciens et  descend  Jusqu'au  xvii'  siècle,  à  Corneille  (car four),  à  L|i  Fontaine 
chartier),  à  Sarasip  (ejjroiftwmt).  etc.— Cf^  Paisgrave,  p.  401. 

(?)  Meigret  n'avait  pas  eooiîmTt^le  erreur.—  Yoy.  ci-de»sus,  p.  &3. 

(3);ltomosavut  déjà  p•rté^dé;C«Wl<^^tion•  et  Pasquier,  dahs  sa  se- 


*  tMAQ  lettre,  •'«ils 


'-An 


fort  longacofent. 


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25 


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,        ,■    .  •  •       *t  ■  ■  ^  , 

•  ■         'V  ■  •  ■         V      •■      ) 

^«e  MAMIlAltl    FHANÇàlM.  ^  V 

qa*on* écrit  fpiwn/onr,  -surtôul;  dan§  le  peuple,  pourc<^ 
pendant,  et  temps  p^indani  ;  «nram  (i),  adverbe,  poor 
ûnte  annum.  .  •     '  '  , 

*  '    itii/onHiour  montre  un  seul  mot  français  formé  dé  . 
deux  motsialins  :  nous  avons  beaucoup  de  ces.  vocables 
composés  :  ainsi  on  dit  débonnaire  powr  de  bon  riire.  ou, 
de  bonii  aire;  de  même  pujourd'huy^  naguère  pour  au  ' 
jour  de  Imu,  n'a  guère  c'est-à-dire  il  ny  a  guère  dt  , 
temps  ;  quand  oui  dit  c  ceh  est  faictpiéça,  c'est  comme  si 
Ton  disait  il  g  a  bonne  piec^dele'inj^]  que  cela  eUjaicL 
Enfin  làmjouH  que  le  peuple  {yrqjpfonce  toujou  et  mémo 
toutjou  est  forihé  de  tous  et  de  jour»  :  les  Picardis  (2} 
le  remplacent  par  toùdi  (totos  diesJ. 

-*  Ces  modifications  ne  sont  pa^Jcs  seules  qui  Sachent 
rorigine  des  vocables  dérivés  j4Ju  laCin,  llchri  Es- 
tienne  passe. longuement  en  reviie  les  autres  change- 
ments imposés  aux  mots  tirés  de  celte  languerdans 
un  chapitre  qui  complète  le  travalïtle  DolJfeis  (5),  re- 
produit par  son  père  :  mais  ces  observations,  fort  utiles 
d'ailleurs,  et  présentées  avec  une/rgrande  fincése, 
n'appartiennent  pas  à  la  gramnjaire proprement  ditc^ 


liX. 


■x. 


n,     :^  "  I   \. 


(1)  U  célèbre  ballade  de  Villon  : 

i  "      '  '  '^     . 

Mitt'où  KM*  le»  aëfM  d'aaUp? 

^  •  presque  uuvé  etvà&L 
.   {%)  V»y.  J.  CorbM,  Glo$i.  fiemé  : 

lÉnothl  EpipkaM 
Qoi  Imiis  bMtoik  lort  •■  ftouM. 


f 


W  ■ 


(if  Voy.  ei-dettui,  p.  10  ël  wIt. 


{KpU.iM  rim.  StM'DeftéêJ^ 


■■■m 


■4-  \ 


•■  9 


A-  . 


m- 
3t7 


'      -    ,  «(>tJ#r    Ml    lUUIMI   MTIINNE. 

il.  ~  TKAn-i\DRS  pa/ties  nu  inscouRs 

■■':■'— 
■    »  ./     •    .       ■.;•''        ■    '       -    .   • 

/       *  .♦;      0«A«AAIft   PtOPUBilN'î  Dm.        ^  A    ^    . 

V  .        «  ■•  • 

%;■  '  •»,•%  -• 

Les  quelques  paj^ps  conçacrées  par  Robert  Esliehne 
à  ctjacune  dés  lettres  de  ralphabet  sont  devenues  ici, 
grâce  aux  abondUntî^  «""imcntaires  laissé*  par  Henri,  . 
un.traitédontil  n'est  pas  besoin 'de  faire  ressortir  Tim-  ^ 
portancet>our  l'étude  de  la  prononciation  et  de  Torlho- 
grapheide  notre  langue.  —  Nouscontihuorons,  en  sui-/ 
'  vanl  pmir  guide  "la  grammaire  de  liobort  Estienne,  k 
emprunter  aux  savants  ouvrages  de  son  fils  les  com- 
pléments réclamés  par  ce  livre  tout  de  p^ratique,  où 
rexposition  des  principcs^laisse  talit  à  déâiferr' 

\  '■       ■      .     \  ^■  •»    .  ■    .  • 

Des  lettres  se  forment  les  mpts;  des  mots,  Toraison.. 

Il  y  A  neuf  parties  d'oraison'  :  n6m,  article^  pro-  . 
nom/verbe;  participe,(adverbe,  conjonction,  prépoai- 
tion  et  interjection  (1); 


\ 


"Et 


Y  ■ 


■V 


(0  DuboU  et' Magret  n'uvarwit  reconnu  qne  huit^ie»  en  f'scoaw  ; 
namu»  ne  »'étail  pM  prononcé;  le*  Grammaire»  provençales  publieetré^ 
ILXntVr  M.  cVelrd  f  I  vol.  InS-,  Pari..  Franclj.  xm,  retient  dan. 
le.  tradHipn.  vulgaire,  det  grammaJrirn.  latin.  :  «  l>a«  oU  par.,  qne  om 
troba  en  gramaJtlc. .  troba  àm  en  vul..ar_çmtn"«;  •«>.«•/"";"'  P^T^: 
vi.rl>«,  adverbe,  parlicip,  conjunclio..  pr.po..l.o,i,  '"" '!?... ^î^jt 
ndi«  WpMl^â.P  •T«t«  lM.ln  qe  MJntfnda  en  grammatba  deu  aaber  qe 
VM.  A»»  ^  ^  ^«  V  tod*.  la.  paraola.  del  mont  ai  tra«.n^o  e.  nojm, 
•pronUa.  *erb.,p«rleelp..  advtrbi..  co..J«nct.o..  pnpoMlloa rt inleriec- 
Lt*  Vld.1,  S*  rapide  iro(»«r)^P.l.«r.ve  avait  a  a...  reconnu 
ne^f  «lècLd.  mou  :  •  lo  tbe  franche  tong  be  IX  parlr.  o^  .peche^  ar- 
ticle. noW  pronowne,  terbe.particlple.  adverbe»  conJoocUoa  and  In- 
terieetioà.»  (Uv.U.) 


*  / 


k    . 


"t 


; 


'  / 


9 


■4» 


388 


-^iK. 


0"-    CRAMXAIIIE   FIA^ÇAISE. 


m 


/ 


DU  noM. 


l 


.1 


'  fl  Les  noms  sont/les  mots  qui  signifient  ung  x;orps 
ou  chose  qu  on  j^t  loucher  et  veoir,  comme  livre j 
<4irbre\  ou  chose  qui  nf* [^feult  estre  touch^ee  ne  veue, 
comtne  vertu,  espfitt  Dieu  (i).  • 

Les  noms  se  divisent  en- substantifs  et  en  adjectifs; 
les  substantifs,  en  nojn8,propi4s  et  en  noms  communs 
ouappella^fs.  —  Au  nom  propre  se  rattache  le  nom 
de  la  ^ race,  comme  «  J^ehan  'Rian,  Robert  Estiehne, 
*  dont  on  dit  les  Rians,  les  Estiennes.»  —  t  Des  noms 
-  communs^  aucuns  signifient  corps  :  homme ,  cheval; 
aucuns  signifient  chose  sans  corps  :  vertu,  esprit, 
/iieu  ;  aucuns  signifient  nation  :  italien,  francois,  ou 
viHe  dont  est  queiqu*un  :  parisien,  lionnois;  aucuns 
8ei*yent  à  nombrer  :  un,  deuxy  trois,  et  aucuns  a  de- 
ncter  Tofdre  :  premier,  leconcf.  D'autres  signifient  di^ 
gnité  ou  estât  sur  quelque  nombre  de  gens  :  </uar/«itt>r, 
disenier,  cinquantenier,  centenier,  qui. ha  charge  des 
mesnagiers  de  quatre  rues  ou  de  dix,  ou  de<Mnquànte 
hommes  ou  de  cent  (2)  ;  aucuns  sappellent  collectifs  (3), 

W    (1)  «  Us  paraulu  subtUftUTU  son  aiso  oom  :  6«llexM,  bomnttti  ta- 
ril(...^et  lotas  las  «utrai  del  mont,  qe  dem^stron  substantia  Tiilbil  «  non  > 
vWbU.  »  (R.  Vidal.onv.  cit.;  dMM  les  Gramm.  proeenf.  pnbliéei  par 
.    M.  Gucssard ,  p.  72).  ^       :  y 

(2)  Les  officiers  ^d  nominés  ne  conserrérent  j^m,  ao  xtii*  ^ècle,  les  at- 
'  trlbutidns  que  leur  assigne  R.  Ëstienne.  L'office  du  centenier  était  siip-« 
primé.  Li  quartenier  arut  char^  de  fairç  exécuter,  dans  un  certain 
quartier,  les  ordonnancés  et  \t»  mandements  de  la  Tille;  il  assemUsit 
ebes  loi  les^ bourgeois ,  et  avait  la  garde-derportes  de  son  quartier.  I! 
avut  sous  lui  deux  elnquantenien,  et  ebaque  cln^aanténler  avait  sons  ses 
'«dret  qnatre  dixainiers,' 
(S)  Des  collectifs  eités  lel,  les  deux  presaiiers  désignent  de  petites  pièces, 


'H', 


\^ 


J^ 


•( 


ROltRT   IT   HKRI    tSTII1<INE. 


3«0 


comprenans,  un  certain  .nombre  :  siiain^  liuituini  tiou' 
.zam;trezain  (\).»  ^  /  '     ., 

-^  Comme  les  anciens  grammairiens,  Robert  Estienne 
qai  ne  Vise  pas  à  sortir  du^senticF  battu,  môme  pour 
marcher  sur  un  terrain  conquis  par  des  auteurs 
plus  hardis,  traite  ensuite  des  accidents  des  noms,  et, 
^, entre  autres,,  des  cas.etxles  déclinaisons  •  lesquels, 
dit-il,  aucuns  ne  mettent  (n* admettent)  point.  » —- 
J^cs  autres  i^iccidents  sont  l'espèce,  la  comparaison  (et 
la  diminution),  le  genre;  le  nombre  et  la  figure. 

1*  Kipèce,  —  Les  noms  sont  primitifs  :  6on,  —  ou 
dérivatifs  :  bonté,  (ï).*  . 

^  A.  Comparaison,' — Là  comparaison  se  fait  àPaide 
des  adverbes  p/u«,  moins  joints'  au  nom  adjectif,  ex-° 
cepté  pour  quelques  niots  empruntés  au  latin  :  meUleur, 
pire  y  moindre  (3).— v«  Quand  nous  voulons  signifier  ung 

■ ., 4— — —        : 

de  poégie  formées  de  six  ou  de  huit  vers  ;  le  douxam  et  le  treixain 
étaient  des  piètescde  monnaie  valant  douze  deniers  (un  sol),  ou  treize  de- 
niers (un  sol  et  un  denier).  -On  donnait  autrefois  un  trtitain  à  la  mfsse 
des  épousaillM,  et  Fauehet  explique  longoement  l'origine  de  cet  «sage.— 
De  ees'<mott  sont  tirés  les  féminins  hmtaimtf  qui  s'applique  aux  Jours, 
doujsmnf  qui  s'applique -à  différents  objets,  et  enfin,  dans  certaines  loca- 
'lités,  trtixaint.  A  Nantes,  par  exemple,  1m  œufs,  les  hultreS,  les  sar- 
dines, etc.,  se  Tendent  par  treixaine»  et  non  par  douxainet. 

{\)  A  cette  division  des  Noms,  comparez  nelie  de  Dubois,  p.  32. — 
Paisgrave  divise  simplement  les  noms  en  substantifs  et  en  adJ^tifs.  . 

(1^  et  ci-dessus«  pamm.->-Les  Grammaires  provençales,  ;calquées 
comme  edie-ci,  sur  la  Grammaire  litine,  aVait  déjj^  reconnu  la  même  di- 
vision ,(les  non»  quant  à  Vtifiètê. 

(^  La  langM  da  moyen  Age  formait  la  plupart  de  ses  confparatifs 
de  supériorité  à  l'aide  de  l'adverbe  pivi;  cependant  on  en  trouve 
un  très-grand  nombre  Tonnés  à  rimitatlon  des  comparatifs  latins; 
M.  Bttrgttjeite^entre  autres  ^randrfz,  graigfior,  grtignoTy  etc.,  de  gra$ui; 
poil  oiiCTâne»,  jut^nur,  wrdeior,  etc.  M.  de  Chevallet  ajoute  :  forxor 
plus  fort,  Aofxor  et  hautor,  plus  Jiaut,'  bellexor,  plus  beau ,  etc.  —  Les 
Graram.  provmç.  ne  parlent  pas  des  de|;rés  de  comparaison  ;  H.  Kfidit 


é-.-^*^ 


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380.  ^%  UIIAHSIAIRC    FHA>ÇAI6£. 

homme  excellcnl -en 'quelque  chose,  teïlemeut'qtt*it  ûe 

■   '  '      «  *  ♦  "  ■ .        -^    ■  ■* 

soil  besoin}^  deTaccompAiagera d'aut  es,  Oous  adjoua- 
tons  ce  l'ouï  ireê  {qui  signifie  irôië)  au  nom  adjectif  po- 
«tif,  et*  disons  ;   irexdaciiP,  tres/oru  irésbon  (1  ),  c'esl-à- 

-  dirû  ejtcelleti'ten,  scavoir^  en  force  et  eu  bopté  (5)é  » 

-  ^  ^^  «  GoUibien  que  ce  comparât ff  meilleur  emporte 

Mwit'  que^/ux  4f(m^  toutesfoi»  il  esch^ppe  au  comaïun 
>  péu^^^e  dire  plu$  meilleur,  •  Henri  Esttcnne,  qui 
voit  danS^^irfe  «4tp<'r/?^M/(e  une' iinilaiioD  du  grec  ((st?- 
Ttov  ,/>«>. W,  ttp£iv4v?fiâ?./ov)  affirme  qu'elle  doit  être 
't  tenue  pour  élégance.  »  —  Il  ajoute  que'  nous  em- 
ployons, encore  ^  limitation  des  Orecâ,  le  compa- 
•  TAtif  ^irtf  .pour  le -positif  mauvais,  quand  nous  disons  : 
vrayement  voila  qui  neat  pas  pire  i^ôur  votîà  qui  n'en 
jHu  mauvais;  et  enfin  que  ires,  emprunté  du  tp;  des 
(kecs,  s'emploie  *  tant  en  mauvaise  part  qi^' en  boone  •  : 
treHmeciuinl{6),  .     ■  -0 


{  DmatM  f»ro*n*ïbfijfW»Ve  ke  formrii'p9«itiv<>ii  et  }m  formes  comi^tlvM  ; 

'  *  Ë  ^e  ta  rrgia  Ufi  iirMiiiiiiatiu  »i«^Utr,  que-vol  «  •  l«  fi,  vutlh  ancar  traire 
fort:  maritre  (nia8J»t«T).  poêtre  (pa«t«r),  mtiher  (melior),  p^>r  { pejof), 

.  toréeigr  (  dt^tfrH>r  ),  maitr  (major),  menre  (tiiinor),  genser  (pulèbrior), 
iéuger  {ItVjfH),  greuger  '^%n^\ia).» 

,.  (I)  M.  de .Chevàllel  «iérive  notre  adverbe  trèt,  4e  la  prép.  latine  Iraiu, 
•n  delà  i-'irl^Ê-hnbile,  habile  au>4elà  d«  re<|«e  m»  botunrt  le  aant  géné- 
-  raleiaent  :  ndl»». aurions  donc  ici  la  mémo  partieale  qui:' entre  dam  la 
eofaiHiOB  du  "v^rbe  tre/ipmtuer,  iréfiaMer.— iaarblni  Periondif,  comme 
Katimae  et  in*  aatrea  :  •  Gùm  doetistimuw^  mninpii  gratia,  tretéoete  is- 
.  terpreiamuT,  a  Kra;rot,\«tliud  1res  Mirai*  «uater  a»«t««tu«  «at.^ —  Hoe 
xputMi  veUm  «tiiim  Ptpoiias,  undemortuaa  lrr«f>awi>f  vneeiiMtf.— ...  fraiu 

^pray#itlfO  (r«(  »4|ta«ficar«  dri-aïur  :  qttod  OMiUa  e».t  «fidentiva  la  boe .gé- 
nère diceMdbi  :  U  ka  tre»paué  ton  comirttmd$menLm  ^  joacb.  feriaii.  ta 
lki§tm  foU,  mm  graim  eognatiome,  l^via,  1164,  te>^,  p.  Iâ2  «*,  0t 

;p.  lUV)  ■     V 

.     (2)  CroaniMwr*,  p.  15.-  •';'..."   . /   ■ 

{$)  Conformité,  xtft.  Zi-K. 


w 


"'  V.  • 


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ROHCKT   ET   UliMRl  -ES»T»r(NB.. 


S»i 


;  En  empruntant  aux.Qrecs  cette  pyticuïe,  et  en  di- 
sant ireshon  ne  sommes-nous  pas  supérieura  aux  Ita- 
liens qui  disent  banissimè^  *hfk  langue  italienne  ae 
peut  elle  Vanter  d*avoir  crédit  à  l'endroit  de  la  grec-, 
que(l)?.  — Malgré  cette  condamnation;  les  forme^  , 
italiennes  commençaient  àenvahir  la  langue  (2)  :  ces  su- 
perlalîfs  étaient  t  fort  plaisants  aux  courïigans,  comme 
sônnansiort  bien  et  ayant  quelque- garbe,  tellenient. 
qu'il  vous  faudra  prendre  garde  de  dire  pluslost  doc- 
fh$hneqiie4re$docie,beUUime  q\ie  tresbeau,  bonissime 

que  ir^«  ^»i  (â).  » ' 

B.  i>immMii/)i.  — -  «H  yades  noms  qu'on  appelle  dlr 
minutrfeiû),  qui  dèmonstrent  la  diminution  de  leur  pri- 


^ 


{\V PrécelUnce^  p.  58,      \  .  ; 

(î)  On  Ut  dins  Perlon,  loc,  cit.,  p.  1«.  f  :  •  Ulud  tpM  nostrum,  litcra 
uniuB  muitlione,  fpcimu».,'  ;' quanquim  sunt  bodie  qui  illud  ex  lingu» 
noslriB  Ontbus  eî^tiTininare  volun^  rùm  UUnorum.sfiper.'ativa  qua>.  vo- 
oaniur,  pei*  ad  vMmm  In  miiUl»  inurpant,  velutl  lUusTnissmus,  tlltu, 
trùiiw^i  «Êv««E«oissiMi]»,  tertrendiuime,  aMtqae,  ejùsdfim  teneri»,  qu» 
nunquam  ante  ho»  paucos  anno»,  audita  suiiU •  — ,Ct!«  forints  8up«rla- 
irves  avaient  déjà  ex\t^é  dan» 'la  lawrtie,  maU  alors  formw»  rt'aprèa  les 
tradilloM  laUae»;  eMetmoii»  revinrent  par  l'iulie,  M-de  Cli«vallet  cite  : 
de  ALTtssiiics,  (nWtme:  de  CARiss»iHs,chf mm?;  de  sanctissiucs,  «oin- 
tittM.  «te.  M.  Burguy  répète  tes  tnéuM»  «enoplea.  ■'  r  i  ■  ■ 
>  (3)  Langage  frauçait  italianùé,  p.  21. S.  —  l'a' «grave  forme  le  cojnpa- 
ralif  oomine  le«  E»iienn«;  pour^c  8iiRerlallf,-il  ditayec  raison  :  «The 
superlative»  addeth  to  hi«  comparatyvé  on«  of  thfsc  sHe  M^ordes  :  l», 
mon,  um.  nortf«,  voêtre.Umr,  of  Buehe  géodre  «né  nomhre  as  the  ad- 
Jeetyvea  aeWc.  ..«««,•  °  / 

(4)  Voy  dana  l'ouvrage  de»,  «e  Chevallet,  tïjl,  p.  89Î  et  aulr.,  «t  dan» 
la  Cram.  de  te  tendue  tPoU^Ae  M.  Borguy.  1. 1,  p.  99»  une  liste  de«  ter- 
minaisons dlmlnutjves  employée»  dans  notre  ancienne  langae.  -  Che-  ^ 

vallet  •  ef,  *i<«,  ««*  .•  Hl':  «'«/«*'.  «««•  «'''  '»"^«  <'"*^^'  '*'  ***^v  '^' 
ehon,  rhe,  on;  in,  xne;  et,  ette;  ot,  ©««.^Barguy  :.to«,  eau,  el,  ele,  ait, 

ete,àte,  ot,  on.  *     .V  ■      ,  ;. 

Noua  diron»  de  ce»  forme»  dimlnutlve»  comme  des  formes  superlative» 
en  t»»<m«  :  leii'r  emploi  en  roman  s'explique  par  les  Ipidètion»  latine»  ; 


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59J       .  ;  .   cilAMllAIJll   F»Àr?ÇAI8«.^  / 

mitif,  sans  faire  comparaison  à  autres  :  commede  qrmui 
on  dit  yrmi^c/rttVest  à  dire  ung  peu  ouquelcpiepeu 
^grand;  homme,  liomwel;  àrl^re,  ar^rûsêofi;  aneau, 
àne/<fi;  cscu,  eiciiMO«tt'--T>fe  môme  pour  les  noms 
propres  i  Pierre,  Pierrot,  Perrot;  Jai^ups,'  Jmjuei; 
Magdela^ne,  Màgdehn  ,•  Marguerite,  Mànjot.  —  Il  y  A 
d'autres  termînaiisûns  :  Jacôt,  /aconn;  chausse,  c/wi*- 

«m,  etc.'  ■•  ^.     ,   '■   * '■ .     :':"-■■  '  '    /.  ■•■';;;,    ,  .      ;■■•..- 
^    A  ce  chapitre  ..fort  incomplet,  (l),;  Pehrî  Estienne 
ajouté  quelques  observations.  U  reinarcîue,  par  exem-    . 
pie,  que,  Buivlmtunelocution  grecque,  nouscoiriposons  ^ 
nine  sorte  de  dinainutifii  rajde  du  mfot  mêclmnt  :  coimmie  : 
tin  mesclumi  petit  cfcirwi/ (2)  ;  ailleurs  il.  dit  :  t  Nostre 
langage  est  tellement  ployable  à  toutes  éorics  de  mi- 
gnardises que  nous"  en  faiadns  ce  que  ûous  voutonfs,   > 
adjôustàhssouventdiminutiqiif  sur  diminution,  comme: 
arc,  ^rcliety  ûrèheiet;  tendre ,  Undret,   tendrelei^ 
Nous  tfvons  plusieurs  duminutifs  de  ceste  sorte,  à  sça- 
yoir  en  i/(pn  ;«iseau,  oiselet^  oinlldn;  carpe,  carpeau, 
carpiiftôw:  »  Nous  4iiàin«  même,  par  une  t  superdimî- 
nution,  •<»«/<?',  couUton,  co«i//onii«i.—«  Aucuns  font 
le  mesme  a  une  autre  sorte  de  terminaison,  qui  est 


oubliées  ou  négligée»  plM  tard,  elles  reparurent  àa  xti*  siècle  du»  le  lan- 
gage iUllanlfcé.  La  vogue  n'en  dura  pas  longtemps,  malgré  les  tenUUres 
des  poètes  pour  les  maintenir  dans  l'usage  ordinaire  de  la  langue.  — 
M.  Lespy  fait  observer  que  les  formes  dimlnutires  n'ont  Jamais  eesié 
il'étre  en  usage  dans  les  dialectes  du  midi  de  la  France,  et  selon  lui  •  c'est 
là  que  le  Français  les  a  trouvée».  •  —  Mais  l'influence  de  ces  dialectes  sur 
la  langue  générale  est  fort  contestable,  ou  du  moins  fort  restreinte;  l'in- 
fluence italienne  est  un  fait  acquis. 

(1)  Cf.  ci-dessus,  pp.  33-34,  etc.  ,        .     - 

(2)  ConformUé,  pp.  ^"-88.  '    '        '    •# 


\        * 


(^ 


ÎKÎ-' 


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ROBEriT    ET   UB>RI    ESTIENNE."  ^95 

m\  ou^w,  prononceamt  le  c  comme  s":  enfant,  cnimx- 
fo/i,^>î/a»fo«P^^v...  Je  n'o  pas  ^ue^nous  imi- 

tons des  G recs^^  certaine  forme,  de  diminutifs  ; 
c'est  comme  qu^l^é  ce  mot  wousc/ic  nous  déduisons 
cestuy-cy,  mouichermi  car  les  Grçcs  usent  ainsi  de 
genre  neutre  eh  telle  chose.....  —Nous  disons  aussi 
;)/rtic/erfOMx,  par  forme  de.  diminution  ejmporlant  m^ 
pris,  et  usons  "de  plusieurs  autres  términein  les  uns  en , 
reflM,  et  aucuns  en  oceau,  comme  procuraceau  (1)^  » 
^      3°  Genre.  —  Entre  les  mots,  «  les -uns  appartien- 
nent aux  hommes.et  masies,  et  pourcre  on  les  appelle 
du  masculin  genre,  comme  :  seigneur,  docteur,  bon, 
mauvais;  les.  autres  sont  appeliez  temenins,  pourtant 
qu'ils  appartiennent  iiux  femmes  et  fènàelles  :  régenter 
roinï:,  ^onne,  mauvaise.  »  Ici  se  place  une  hardiesse 
que  l'auteur  oublie  souvent,  .et  que  son  fils  n'admet 
guère:  «  Quant  au  neutref  genre,  dit-il,  c'est-à-dire 
qui  ne  soit  ne  mksculin  ne  femenin,  nous  n'en  avons 
point,  non  plus  que  les  Hébreux  :  mais  est  comprins 
"soubs  le  masculin  (2).  • 


-f 


H)Préc7llence,  pp.  6Ô-72.-Cr  cl-dé«iou8 .  chapitre  des  rerbéi. 

(2^  Suivant  le  Donatx  proensàU  (Gueaaard,  pp.  2-4),  il  y  t  cinq  genrea  : 
.  GenuB  e»  de  cinq  manera»  ;  mawuH».  femlnls,  waiti»,  eomut.  omms.- 
Ma9culU,ea  aquel  que  perten  a  laa  mafclaa  cauaa.  aolataen  »' «"™J'«»;^ 
mal,;  femlnl.  «.  «quel  que  perten  a  Us  cauMi  feminllea  w»-*"»».  «^  «"^ 
bona,  mala;  neutrlt  es  aquel  que  nt»  perten  a  l'un  ni  a  l'autre,  si  cum 
aauax  (gaijimo«\  bw  (noROM)....  Coraan  son  aquelh  que  perlenen  al  mas-  ^ 
cle  e  al  feme  ensems .  si  comson  H  partlcipl  que  flnlssen  en  «n. o  In 
en,'.,  ooinls  es  aqnel  que  perte  al  mascle  e  al  feme  e  al  neutrl  ensem».. 
-  PalsKraveafalVdlt  comme  Esllenne  :  «  ...For  neutre  gendre,  they  hâte 
none,  msemblyng  Iherln  Uie  hébreu  tonge.  'whlche  also  have*o  tao  but 
the  iyd  two  genders  taere  «xpressed. .  (ÉdU.  Génin,  p.  «a,  cf.  p.  27.) 

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«RAMMAIRB  fRAnÇAISI. 


/  ~.  <  Aucuns  nom»^  soubs  ulne  mômev  termirwiison,  ; 
sont  masculins  et  femenios  :  homme  chtate^  femme' 
chaste.;  those  possible,  cm  phssible^  .  ^    ' 

— €  Le  femenin  souvent  fie-  fait  eh  adjoustant  ung  ej 
au  masculin  :  constarit,  constante  ;'\ïpy/^u%^etireuse ;\ 
—  aucunes  fois,  en  adjoustant  cesT^  la  consomme  pre^ 
cedente  se  double  :  bon,  6own^;  rous,  rousse; — Le  fe4 
menin  se  fait  aussi  en^djoustant  ceste  terminaison  sse 
OMesse  au  masculin  :  niaistre,fnai«(reMtf;  larron,  lat- 

Tonnesse {\).  »  '  '*  1 

•  Ici  encore  nous  rencontrons  H.  Estienne  ;  nous  lui 
demanderons  toute  la  pensée  de  son  père  :  Je  français 
a-tvil,  comme  le  grec  et  le  latin^  un  genre  neutre?— r 
•  Je  dy  qtril  en  ha  un,  mais  confus  avec  le  masculin. 
Et  si  on  réplique  comment»,  n'estant  point  distingué 
d'avec  le  masculin,  on  le  pourra*  c6gnoislre,  je  res- 
pon  qu'on  le  discernera  paf  l'application.»  Quand 
nous  disons  nihd  pulchrii  c'est  l'application  seule  en 
effet  qui  montre  que^u/c/ifi  est  neutre  et  non  mascu-' 
liir.  «  D'avan\age,  silesj.atins comme  ayissi  les  Crées, 
n'ont  distingué  les  neutres  d'avec  les  masculins  qu'en 
une  partie  des  c^,et  encore  ayàns  la  terininaison  com- 
mune, pourqiiby  le  françois  ne  pouvoit-il  faire  le  tout 
pareil  ?  Je  dis  doncques  'pour  conclusion  que  le  fran- 
çois ha  un  genre  neutre.  »  '  •* 
^^  Ainsi  quand  nous  disons  tien  .iT bonnette.  Ce  mot 
honnesiee^i  du  genre  neutre.  —  Un  emploi  remarquar 
blcdu  neutre  en  français,  c*estd*étre  mis,  comme  en* 


"i  u 


4. 


(1)  Çnmmoifiret  PP>  fi*1(> 


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Mil 


''■,Nj[^-; 


->. 


m 


:  -T^-ft 


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V.    ' 


■■^■?' 


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iOntT   ET   HBNIL  MTIENNK. 


395 


• 


-  mv"^'    r- -,  I'.: 

grec,  pour  le  masculin  Singulier:  cotamect  f\'e8tken 

qui  mille,  pour  cet  mu^iEj  est  i^ien  qui  vuUlei  ou  jour 

le  masculio  pluriel  :  il  tûa tout czquil  renconàa, i^esi- 

à-direio««cc«i?.i.,  etc;.^(^)      ,        ;         :   [:.    L 
t  Je  iroùve  aussi  que,  comûie  en  grec,  l  apjecM  au 

genre  neutre  tient  quelquefois  la  pl^ce  d^un  s^bsU^tif, 
en  frartçois  pareiUenient  aiicunamots  qui  sont  adjéctifb 
delilu^nature'servent  de  substantifs.  Ainsi^n^us  d,8()0s 
un  accident,  ^àifi^rent.,.  Us  tiennent  la  pla^e  dé  sub- 
stantifs  lesquels  né  sont  point  en  usage;  caj  on  ne  dit 
pas  «n^  acci^dre  pour  «^  occic/.nt,  ni  ««e  c/î^^^^ 
uit  dl#>reiït,^ui  signifie  dtbût  (2U  •  ;  i  *  - 

Enfin  Uadjectif  neutre  «st  souvent  emplcv^'pjur  un 
adverbe,  ep  français ' cimme  en  grectif  «^nt  Un,  il 

,  sent  mauvais  {^)*  *  ,.*l     • 

4-  Nombre.  —  «  tes  noms  ont  .deux  nombres,  sin- 
c^ulier  et  pluriel.  Aux  mots  qui  se  terminent  eh  e  au 
^ugulier,  lequel  se  prononce  en  ouvrant  ung-jpcu  la 
bouche,  it  fault  adjouslcp  titie  s  pour  faire  le  rilurier, 
comme  :, pierre,  pierre^,  homme,  hommes,  table,  la- 
ble$,  e\t.  ^-k  tous  ceûlx  desquels  Ve  fmal  se  prononce 
abouche  ouverte  au  singulier,  dô  tout  temps  on  ad- 
iouste  un  z  au  lîçu  de.*  pour  faire  le  plurier,  comme  ; 
lettre,  ie«r«à,aimé,  aimez  (4) .-Ceux  qui  se  terminent 


■■■f 


/.\  r^tt^rmiti  DD  24-31.  Uvr.  1.  Ohiert.t»  ^      ,  ^ 

S;î  3^  X-Hi:  p*rt«.  «cru  «a- .  d«  if*»".  *  "9* 

comme  le»  rooderneè,  différtnds,  <^ 

4  Wou.  iTOM  d»t  plut  htat  (p.  874.  noU  i)  que  ce  f  était  1  ^J^" 
W rd'.l  Jo-ehlm  Perlon .  «pr*.  «tolf  dit  que  le.  nom. f^o^sâl. . 


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«ÔÇ  V  CtAMMAWl  rtAJiÇAli»,*  v      .     , 

ep  consohhanlfev,au  jsingulier^  on  l^ur  adjouste  «ne  i 
-  ;  pour  en  faire  le  iHuri^vCOrtme  grec,  grecê  ^1):  champ, 
champs.  II  fauit  eccepter  cculx  qui  fînent  (^ic)enjou 
(/,  car  au  plurier  le  i  et  le  d  sont  tournez  en >  ou  sont» 
'  rejectez;  comme  :  dent,  dens;  dard,  dars  (î)., En  quel- 
ques motà  on  relient  le  i  et  luy  adjoinlt  on  s  it  cause  dé 
la  prolalitfri,  coqame  en  t^cré't*,  rfgfrfMr.î1Ea  laissant 
le.l  etadjoostaniVpôur  le  plurier,  lacônsbnnantc.attire 
à  soy  l%ctfent  et  fait  sonner  é  a  bouche  ouverte,^ÇOttwn(;g 
par  r^cccnt  agii,  «ccrrt«,  reyrett.  '  ^     ;    « 

.  ■    •  Ceulxqui  finent  en  a/ au  singulier,  muent  a/  en 
aulx  au  pluriel  (3),  comme  :  chevAl ,  chevaulx;  loyah 
:     loyautxxkU  V 


:-v.-;.» 


S^- 


>r- 


'    "  àM\in  do  UUn  OQ'  da  grée,  soalfUn^  da  datif  oo  de  l'^ècasitif  de  ce» 

lances  ice  qoi  n'est  pas ,  on  le  «oit;  MnedécoiÎTerte  moderne),  dit  que  t 

,  /Qnal  da  pluriel  es  Cran^ia  s'exffl^ue  {Mt  les  terfbipaiaoaa  latines  oa'grec» 

.  ques  qui  étaient  égaleiB^ent  en  c  ou  en  i>,  et  -ajbûte'  :  «^use<eùni  ita  sibt, 

cùmquelitera  <  in  iiSr  quoédiii^  (fuobjis  casibus  Um^pnd  GlraBeoa  quàm 

^j^    apudLatttHM  In  omni  infletton^refteriatdivprofectô  «  inoannibm,  non  s 

,         litera  extrema  scribènda  es|l.  Quàt  enioi  ratio  est  in  accurandi  et  dandi  ca- 

'--stbus  %  srribere,  iniiuibus  s  extrema  est  litera?  —Nalîa,  inquIU  —  Quùd 

bi  in^.his,  inquam^casU|asj;~pon^  débet*  cùr  in  neminandi  gtgnendique 

casibns  x  potius  quam  T^lbetùr*  -^  No«  Tid«o,  liiquU,  quambçBin  Id 

'     recte  fleri  posait,  quaindoquldein  in  nullls'casiboax  inveniatur,  ei^y4nT^ 

âiatur  in  tribtfa.  •  (  Pertop,  qwc.  cii,  p.  51.) 

f  ^       (i)  Une  particularité  de  la  langue  béarnaise  c'est  de  terminer  à  la  fois 

.  ';   par  X  et  par  «,  an  ploriél,  les-  mots  dont  le. singulier  est  en  ç;  ainsi  :  loc, 

'    >  lieu,  loejMi  de  même,  fait  justement  remarquer'!!.  Lespy,  on  toU  enla- 

/Un  un  certain  nombre  de  mots  éeriu,  sans  néoeaalté  appareat«4N>nr  nons. 

V  /  >Tee  on's  et  an  «i  ainsi  :  o^ 

^(2)„  PeriiRa  demande  que  le  I  soit  consenré  :  «  In  partieipiorom  numew 

multitndihto  l  acribcBdum  esse  orige  ipaa  déclarât,  etai  minime  nobls,  io- 

,      callUtin  causa,  pronuntietpr.  •  (  Perion,  «I>td.,p.*i20.)  V 

(1)  Rob.  Éstii^ne  écrit  indifféremment  plurtet  ou  piurier. 

■  .      (4)  Cf.  ci-dess«s;  p.' a>3,  note  4-  —  Peripn  écrit  enà  poor  aux;  par  aoa- 
lo^e ,  il  préfère  saot  nul  donte ,  chemna  à  cfcevaiu -t—^  «  Gur  artln^lum, 

'    '-■'-   i     '^        :■   '     '    :      ■    ,:  ■■       ■    ■    '■    ^       ■  .     ■■         :     " 


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loVttY  iT  BEMli  EITIIVRB. 


-SUT 


•  Geuli  qiil  flnent  ea  «•  au  «ingulicr  gardent  la 
mcsnfe  au  pUiricî,  comme  :  propos,  les  propot  (1).' 

it\\  fauH  noter  que  les  ancierts  en  beaucoup  (dé 

mots,' au  lieu  de  àfiûa!  ont  escrjpt  uhg  «,  voireaù 

jsinàulier,  comme  ombrageux,  mauix^famx^  aux,  àeulx^  ; 

eùUç  (2),  Et  ce  ont  faict  presque  touipurs  cri  ces  termi- 

V  naisôns  àeflu/x  et  do  fM/jr.  — Aucuns  i^omç  nesetrdu- 

'     vent  point  au  pluriel  qombrè,  comme  «any,  çr,  urgent, 

'    q%e  intérrogàtif,'  cl  gréi^).»      >     '  ' 

5*  Figu^^*  ^Lcs  mojs  sopt  4),ii  simples  :  ami,  heur;    ^ 
^^oa  composés  imailieià:,  ^\     ,  ; .   . 

'  éfeiTCfis  ti  DéçlimUonty  -r-  «  Quant  aux  cas  deâ 
,nom1s;ô^  cadences  ctHerminaisons  d'Ung  mèsmenoi^t, 
^  au4iomihalif,  géttitifVv<ïatifv  accusàtiret  ablatif,  nous 
"^  sommes  entièrement  différents -des  Latins,  *ar  l^ous 
n'avons  qu^iijng  cas  ou  t^rmînçîîson  au  singulier  pour  . 
jous-éçs  «X  cas  des  Utinst  et  ung  seul  cas. pour  lô 
pluriel  ett^Joustant^pf  au  singulier;  mà.is*noùs  de-  - 
daronls ces  cas  par  4e8  articles  /^,  /a a déy  du;'flt  au;  '. , 

'  point  avotr  de  déçHii^sons;  *  car  pùîsqu'irnYa  qu'un 


-r 


dandfcMos  numéro  molUtudiniiper  •' non  pe?  x,  ot  tulgù  flty  «criben- 
4um  puiai?  ^Quùd  celerorum,  Itoquâm,  éja»(|«ni,namerl  cMuum  artl- 
culi  per  i  eltrt  coBtrotèr»lâ«rr  leribaiitur;  quôdque  nomlna  ips*  .ton» 
griecoram  quàm  UUnoruœ  in  Ws  ipflt  ca»lbo»per  «  icrIW  «oient  .Cf. 
cNleHa«,  p.  396-3iNii  noK. 

"  (lVP«l»gTâ»e  avtlt  bien  mieux  dit:- Al  lobsUnUres  who»e  sJngolM^ 
nombres  ende  in  tny  of  Uie»e  Ul  letticr.  htvfe  Uiejfr  «loiulâr  nombre  and 
plarel  »I1  oBe,  •»  mpt,  |»oix  and  *wif,  m«y  lerve  Inditferenlly  for  bo(h 
nombrea.  •-  -  ■  .  -    **"     /,  .'■.,,     .  ;" 

(22tf.  cl^eMu»,  p.  372,  noie  4.  '„'  ' 

(3àCrompioir«,  pp.  le-H.  -  H.  EaUenne  n'i  rien  ajouté  à-cca  règle». 


V.  >■  • 


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^^  UKAMBAIKI   l'IAJVÇAISI.  . 

*      r.      ■.   -         ■         ■  •        •  ■••*' 

-j    »  ^  •  ,.'"■' 

cas  pour  le  singulier  et  an^  autre  pour  le  pruriel, 
.  mentse  .deciineroyeDt-ils(l)?» 

Henri  Estienne  ne  suit  pas  la  distinction  faite  par 
son  père  de  ce?  cas  qui  ne  sont  point  des  cas.  11  admet 
en  français  de  vvéritables  cas,  9#<niirY,  (//i/f/,  etc.  Et 
pourquoi  n*en  aurions^nous  pas?  Les  Grecs  en  avaient 
bien.  On  Toit  en  eiïet  le  savant  helléniste,  dès  ledétHit 
de' son  traité  de  \!i  Conformité  du  françbis  avec  le  grec, 
s'attacher  à  montrer  que  nous  faisonà  de  nos  cas  le 
même^mploi  que  les  Grecs;  nous  le  résumons.- 

NominnOfet  vocatif,  —  «  En  la  plus  grande  part  [des 
nonfs]  nous  faisons  le  vocatif  semblable  au  nominatif;. .. 
mais  en  aucuns  nous  osions  une  leltfe ,  asçavoir*, 
comme  quand  nous  disons  Thomas  est  venu^ei  puis 
quand  nous  rappelons  :  Thonuiy  venez  dîner.  Ainsi 
ostons>noas  ceste  s  à  iVico/ax  quand  nous  rappe- 
lons (2).  *  .        ,,  - 

Génitif,  —  »  Nous"  employons  le  génitif,  non  comme 
les  Latins,  mais  comme  Iqs  Grecs.  Nous  disons  man-^ 
ger  DU  paiii,  manger  LB  pain^  et  quelquefois,  safis  ces  "^ 
particules  du  et  le  :, manger  pain,,.  Et  ceste  différence 
de  construction  n'ha  point  lieu  en  ces  exemples  seule- 
ment ou  en  semblables  (comme  manryer  du  fruictybmre 
'  de  t  eau),  mais  s'cstend  jusques  à  toutes  les  autres  locu- 
tions esquelles  le  génitif  nous  déclare  une  part  et  por- 


l:' 


'i 


(t)  Po«r  Palfftrttre,  !•  il^^^inaiioii  n'efll  aa^  clyiM  que  la  ▼ariaMlllë  : 
%  0r>X  parles  of  specbe,  dil-U/V  be  dedinéd,  Uiat  Is  to  say  varie  Uwir 
ùitlettert.  » 

(S)  Coii/bnml^,j>.  S3. 


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f    . 


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nogfclT    ET   |ltf?fll    IHTIISMi, 


Sft 


tion  seulement  de, la  chose  dppl  il  est  qucstiorrtl)...  Et 
li'y  a  poin4t,dc4<Jute  Ij^Ûé'xomine  lesX;rec8,  quand.iU 
disent  ty./.4j  tAv  ypnuâ-tw  vCxw  laissent  à  entendre 
^rpo;  du  aùiro  mot  semblable,  nou^s  pareillement,  en 
ccste  façon  de  parler  :  Uluy  a  denrobé  de  son  argent^  né 
voulions  qu*QJi  entende  pntiie  ou  une  partie.,.  Comme 
les  Grecs  aussi,  qui  di^nl  sans  exprimer  Ja  préposi- 
tion Ivnux,  xtûôtitvoti  xovpy;;,  noUs  disons  :  il  eut  fâché  de 
cela  au  lieu  de  :  it  eu  jilchc  à  cause  de  cela  (2). 

>  Une  cUse  fort  digne  d'estre  notée,  c'est  que, 
comme  Içë  Grecs  devani  un  génitif  d'un  nom  propre- 
d'homme  ou  de  femme,  omettent  pç  mot  ûtoi;  (c'est-à- 
dire  At)  ou  ôuyaryp  (quf  est  à  dire  fille)  ainsi  le  viei! 
françois  omettoit  ce  moi  Jils  en  tel  endroit  (3),  ou  pour 


(1)  L'article  piirlltif  éùit  très-peu  en  usage  (Biirguy,  p.  b)  : 


Cruu'colp*  i-ec«iveat,  graoï.cole»  duMOt. 


(Cb.deR.) 


'   (2)  Confbrmtl?,  pp  3-6et  îi.  » 

{■,])  Ce  n'est  pa«  si-urementle  mot  fils  que  «le  tIoU  françois  ■  sous-en- 
tendalt  dan*  let  loculiont  de  jm  genre,  mal»  tout  autre  mot.  «Aljni,  dit 
M.  deCh«v«tlet,après,avi»r  fait  qiention  d'une  lance,  on  diMil  la  Beau- 
àom  pour  la  lance  de  Beaudnin,  etc.  On  lit  dan»  une  ordonnance  somp- 
tuaire  de  Philippe  leHj»nli  :  «Se  aucun»  bourgol»  fai»oit  contrf  cet  atlre- 
ment  ou  auj:une  bourgoi«é.  li  bourgoi»,  pour  »on  foifail,  ou  pour  /«  sa 
famé,  paterell  m  livre»  tournoie,  »  —  Il  eh  e«t  encore  de  même  aujour- 
d'hui'dan»  certaine»  èxprtsMon»  d'un  fréquent  u»age ,  et  dan»  les- 
quelles un  mot'  e«t  a*»*»  aouvent  »ou»-entendu  :  *U  éhampaçne  pour  k 
iin  de  Champagne;  portrait  à  la  Rembrandt  pour  à  to  faconde  Rem 
brandt...  Kou»  disooa  encore  :  te  Saint  Jean  pour  la  féu  tie  Sainte 

Jean,  etc.  »  ^;  '.  j  , 

Cm  dernier»  exeÉl|ïe»  ne  hou»  »erahlent  pa»  analogue»  aui  premier», 
où  un  koUUntlf,  exp  iroé  (T'abord, 'était  ensuite  Itouit^DUndu;  ainai  pour 
l'eMUiDU  uilfaot  ou  tout  autre  de  ce  genre  :* 

■';  |l»fa«ttalaMa«tlaOa«diB,' 

noo»  adopKÎn»  ropinlon  de  M.  Burguy  ■  «i/'àrtlele  derlTant  da  ptrwem 


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400 


GRAMMAIII   rRA>nÇAISI. 

le  moins  devant  le  génitif  d'un  nom  propre  d* homme, 
et  Itiy  laissoit  sa  place  justement  entre  Tarticle  et  1e 
géiiitif.  >  Ainsi,  continua  H.  Es^tienne;  •  deux  papetiers 
frères  qui  ont  fait  le  papier  sur  lequei  est  impriinû 
ceci  estans  fils  d*un  qu*on  nomilioil  llanri  sont  appelez 
par  ceux  du  lieu  (ctmesfnementpar  les  vieilles  gensj 
tes  (Tflanrî^  au  lieu  de  dire  îen  fils  dllanri  :  et  fty  pris 
garde  expressément  qu'ils  ne  disénl  pas  ies  Hpnjrh, 
eomme  on  appelle  moy  et  mes-lrercà  les  Etiiennes,  du 
surnom  de  notre  pere^  au;  lieu  de  dire  les  filit  (TEs- 
tienne,  jnais  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  asçavoir 
ies  (CHanriy  et   consequemifhent  i£rf  tfffanri,  aux 

'    (CHanri  (!).•     '        ;.        '  >.     '        '■   V'^;    ./  ■; 

.      Ùatif.—^k  h  favfeur  d'èxpliicatîons  plus  subtile»  que 

4bu^t^^*  B-  Esticnne  au  lieu  de  parler  du  datif,  s'occupe 
longuement .d^ellipses  qui  se  font.  de,ce;rtains  sub^ 
Rtantifè,  ,i  non  seulement  au  datif,  mais  aussi  aux  au- 
tres caç.  •  Quant  au  datif  en  particulier»  «  nous  disons 
ordinaifement  habillé  à  lafranç^mfyà  ranglohe.,,,çèla 
êstfakiA'^'antiquei..  Quand  noui  'parlons  ainsi,  nous 
omettons  ce  nom/ofon,  ou  moçff,  ou  coustume,  lljsult 
noter  qa&  pareillement,  quand  ûbus  disons  habîtti  de 
noir  oa  vettu  de  noir,  vesiu  de  griè,  nous  omettons  un 


«lemonitntif,  «n  ne  s'efopnen  pM  d'en  voir  la  forme, employée  où  plos 
taird  nons  «Toiu  déei<M  qaeie  pronom  demonAtratif  doit  seul  tronv» 
place.  Je  dis  la  former  parce  que  Je  crois  qa'it  faut  faire  une  différence 
entre  l«v^«  article,  et  H,  la,  tenant  Ifeu  de  notre  pronom  dénn<P)stratif/r 
li,  la^démonstratlf  deratt  avoir  nn  accent,  comme  le  pronom  démonstratif 
espagnol  el,  ta,  lo,  qui  se  déaline  de  la  n^^me  façon  que  l'arficle,  mais 
dont  il  se  distingue  par  l'accent.  •  (  Burguy,  Outr.  cité,  pp.  Îtl-M']]'  ' 
(l)  Conformité,  ^p,  CÀ»    '    . 


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'        ROIRKT   IT   He^IRl'IgTIKflNP.  •  «(VI 

•  .  ■    ■  •■■'.,■ 

nom  substantif  qui  se  doibt  joindre  avec  ces  adjectifs, 
car  il  est  certain  que  ;ious  voulons  dire  :  vestu  (f  habil- 
lement noir,.,  (i)» 

L'auieur  ne  présente  aucune  observation  particu- 
lière sur  remploi  de  l'accusatif  et  de  Pablalif.  Mais 
nous  avons  encore  à  lui  faire  quelques  emprunts  rela- 
tivement aux  noms  substantifs  et  adjectifs. 

L*adjçctif  se  place  tantôt  avant,  tantôt  aprfts'le  sub- 
stantif qu  il  qualifie,  et,  de  sa  position,  résulte  parfois 
quelque  différence  (2K  Ainsi,  une  ^roMé? /«;wimr,-une 
femme  iage^  un  gentilhomme  ne  sont  point  une  femme 
grosse,  une  sage  femme,  un  homme  gentil,;  le  mort  bois 
est  un  arbre  qui  ne  poi'te  point  de  fruit,  comme  le 
peuplier^  le  bois  mon  est  un  arbre  mort,  ou  une  de 
ses  partiesT.  Ijl  même  différence,  mais  moins  sensible 
au  vulgaire,  se  remarque  entre  un  jeune  homme,  un 
brave  homme,  un  homme  «sf^nt/^  (étranger)  et  un 
homme  jeune  ou  encore  jeune,  un  homme  brave,  ^Cun 
estrange  homthe  (un  singulier  homme). 

En^g^ral  les  adjectifs,  s'ils  désignent  une  cou- 
leur (3),  se  placent  après  le/substantif  :  bonnet  blanc,  vùi 
rouge;  à\si  bonté  ou  la  beauté,  avant  le  substantif  :  hon 
pain,  beàuchevat;  mais  bel  ci  bon  réunis  se  placent  indif- 
féremment avant  ou  après  le  nom  :  un  cheval  bel  et  bon, 
un  6W  et  bon  c/iet^a/... -^Beaucoup  d'autre» adjectifi^ 
n'j)nt  pas  de  pl^ice  marquée,  tels  sage,  \mllant,excel' 


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•i» 


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Ss, 


(1)  Conformiez  pp.  7-îl,  et  larioul  IHT. 

(2)  Cf.  ci-deMus,  p.  296. 

(3)  Π d-deitat.  p.  896,  lutif  i. 


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26 


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ÛBAMIAIBK  rtA5Ç*I^I. 


/«If.  Toutefois  quelques-uns  ont  nriçilleuré  gràce.lÉ 
l^oreiile,  placés  dans  tel  ou  tel  ordre.  Ainsi  un  habite 
homme,  un'g'iluiit  homme,  un  simple  liomme,  un  gage 
homme  plaisent  mieux  que  un  homme  habile,  eic,-^ 
Grand  ci  prîit  se  placent  moins  bien  après  le  nom.' 
Dites  donc  pi)jt^t  un  grand  homme,  un  pelU  homme 
que  un  homme  gràmi,  un  tiomme  pe(it.  —  La  même 
observation  s'applique  aux  adjectifs  joints  au. mot 
Jemm€f  dites:  une  bel(e femme,  une  bonne femm^  Ci 
non  Uifie  femme  belle,  etc.  {i). 

On  voit  par  ce  passaj;e,  dont  nous  avons  exacte- 
ment rend<u  le  sens,  que  les  idées  du  seizième  siècle  en 
fait  d'cfuphonie  n'étaient  pas  tout  k  fait  les  nôtres,  et 
que  nous  avons  établi  quelques  distinctions  nouvelles 
entré  certains  noms,  selon  qu'ils  liont  suivis  ou  pré- 
cédés  de  l'adjectif. 


Dg  L  ABTIÇLI. 


Il  ne  faut  pas  demander  à  Robert  Estieniie  des  défi- 
BÙion^  bien  savantes.  Pour  lui,  t  articles  sont  petits 
mots  d'une  syllabe  faisans  une  mot  (2).»  Leur^mploi 


(I) //yf)tomii««e«,  pp.  154-1  ip. 
'(2)  Les  Gritinmairps  provençaW  publiées  par  M.  GuesMrd  ne  diwn|  rien 
de l'articie .  niaié.puriui' le»  prdnoiut,  on  trouve  tl  { Donats  protnsaU),  qol, 
bien  que  traduit  i^ar  ille,  mi  emi-h»)^  par  l'aliîeut  comme  article  :  el  no- 
minaittt,  le  n<minaijti  Faidit  ne  comprend  jia»,  dans  sa  liite,  leaautrei 
forme»;  mal»  dan»  Ja«  Roiot  de  lro6«r,  It.  Vtdal  adm.>  t  dan»  son  énamé- 
ration  do  frwo^i 'tl,els,  (o«,  la.  Uu,  qu'il  emploie  lnl*aiéae 
articlff .  ■  . .    \-  \  ■   -  .         " 


.» 


ÏT*  ♦ 


n^^t  guère  mieux  fixé  :  «  ^^0^S^  P®"*"  <^^"®^  * 
çoguoisire  les  cas  des  Latins....  tes  deux  prlncipâul^, 
ci  qui  proprement  doibvent  esire  nommez  articles  sont 
ù  poui*  les  Trtas^ulin»,  et'  la  pour  les  femenins  singu- 
lierôs  qui  0|ft  pouiùe  pluriel  soit  masculiii  soll  fgmenin 
le»  t  lesquels  articles  sont  empruntez  des  pronoms  i//^ 
illa,  HVt;  le»  autres  de,  du,  fie»,— A  ""•  aux, &oni  cm- 
prùntez  des  praBpo.iilioné  il>  Quant  à  «ux,  s'il  est  mis 
ayec  le  pron^n //««/«,  jç  se  rouera  ^fi)  et^oingt  tout 
ainsi  que  si  c' estait  ung  mol;  comme  auxquels,  — 
EXKMPLKS  (3^)  : 

Mascouh.  Kéiinis.- 


'  No»,  «t  kCC. 

Otm.  •(  ABL. 

Datif.    .  .  . 


I^c  maistre. 
fie.  du  aaiHtre. 
A,  >ii  uj^'kstr«. 
Matslra. 


l'iMritU  Siniëlier, 

Les  niaisfrf».         ta  friumr. 
De,  det  lusi.'.)!^.  I)«  femme. 
A,  xux  m^atro.     A  Ifiniae. 
lUJ«tr«i.'  Fenuoe. 


Hurie,l 
Les  feuiraw. 
De,  df»  toaiae». 

A.  a|i\  f'Uiuies. 
Fempés. 


Suivant  Robert  Estienne?  «souvent  nous  usons  de. 


■^ 


41)  lioai  «ntofoiwi  tux  MvanU  travaux  do  H M.  de  CtMvailct  et  Bùr- 
guy  pour  tout  ce  qui  concerne  le»  forme»  »ua--e»»ive»  ou  t>imultaiiée8  des 
aiticiei  h,  lailt»,  du,  (U$,  «m,  aw»*  maU  pour  montrer  OimUien  il  faut 
savoir  gré  à'H.  Éslieiine,  pariisan  fanatique  de»  dérivation»  Kreequet,  d'a- 
voir tii«  te,' to,  l9M,  du  laUn,  iiôu»  re>.uui(ruaa  ici  bnèveatent  l'opinion 
d'un  bel  étjLiKte  contemporain  de  H.  Estienne,  mai»  plu»  alMtilu  encore 
dans  aon  »y»téwié'.  Selon  Joat  him  Periou,  Iç»  Utin»  troi.i  pu  nou»  léguer 
Ica  arlicleé,  puisquiU  n'en  avaient  pn;  Vuaage  que  jiou*  faisons  de»  ar- 
Uclea  et  no«  anicles  eux-niéme»»,  nou»  les  avon»  empruii}é«  aux  Greo».  Le, 
que  plu»leuft  pnmoiMcut  fo,  dit-il,  vient  de  6,  io  vient  de  tj,  ou  eo  dia- 
lecte dûnen  «,  précé«le«  l'un  et  l'autre  de  la  même  lettre  euphonique  /; 
én,anp  le»  P«ïmb#  prononcent  dou,  et  de  viennent  détou.^n  changeant 
le  T^  di  au  vient  die  Ty,  en  supprimant  le  t  et  changeant  m  en  att,  - 
opoiine  on  dtt  Kauttu  ou  Êorwi  des  et  am  sont  les  ffltitîat»  régulière- 
ment runnés  de  att.t  de.(J.  Penonis  de  côjmaaone..., p.-lOT  r^HW  v».)*  • 

(2)  Cf.  la  note  prefcédente>  el  tuisi  p.  395-39C,  f<off  I. 

{7[)  GraauMtr*,  pp.  lS-19.  * 


^ 


^ 


.  -  •  > 


* 


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404  '  GIASIMAIHE  HANÇaIW. 

'  •  •        '  '        . .  ■  '  ''  '  -     •* 

ces  deux  mots  nntj  et  une  •  comnve  d*ilrticle9,  dismis  ^ 
«W9  iivT^,  une'femmeii).  «—Mais  H.  Ëstienne  n'est  pas 

;  de  cet  avis.  Aprèsmvoir  montré  qu'on  peut  dire  égale- 
ment bien  :  on  iuyiafnictauUint  tC honneur  que  t* il  eutt 
eiié  roy  ou  ON  roy  ;  et  il  iuy  fauU  trouver  femme  t)U  UNB 

;  '  /<fmmf,  et  que,  un,  une  «  ne  changent  rien  de  la  sen- 
'  tence,  »  il  se  demande  ««comment  se  Taict  cela?»  ^ 
Voiéi  sa  réponse  :  «  Geste  particule  tin  s'appelle  impro- . 
prement  article;  et  est  quelquefois  du  tout  (tout  à  fait) 
superflue,  comme  en  Texemple. précèdent;  quelques 
fois  elle, n'est  point,  feûp'erflue,  mais  est  comme  une^ 
pièce  ^rvant  è^  Tusage  des  cas,  comme  on  dit  :poila 
im  livre ^  et  non  pas  voila  livre  :  et  toutes  fois  tapt  8*en 

^  fault  cfu'elle  soit  article,  que  mesmes  elle  Iuy  est  oppo^ 
sée.  Car  sijedis  woi/n  LE  /i»re,  ce  propos  est  comme 
oppoèé^  à  ccstuy-cy,  voila  m  livré  :  d^auta'nt  que  ce 
premier  parle  particulièrement  d'un  certain  livre,  Iç 

•"  second  pî&rlo  généralement,  et  laisse  incertain  de  quel^ 
livre  on  entend  (2),'»  ^  - 

€  Or,  reprend  Rob.  Ëstienne,  il  y  i^queiquë  diffc- 


\ 


(1)  On  trouve  de  nombréul  exenoipîet  daiu  Plaute,  dans  Térepee,dUM 
^Cicéron  même  deuntu  employé-exactément  dans  le  sens  de' notre  article 
tndéflnl  .«n,  un*  : 

Qxut  ibi  sderint,  toHe  nnim  »q>icio  a(tolec«r>ntnUn.  * 

.  -,„  ,  :.  [Tn.  AaéHëVl' U 

—  Sur  ce  yen,  Donat,  qui  écrlTall  au  ir  siècle,  nous  Toumit  cecon- 
mentaire  remarquable  :  •  Ei  cansueludine  TerertllBs  dixll  unam,  ut  dl- 
cimus  unut  9tt  adoUicen».  Toile  «nom,  Ua  flel  ut  tentenUa  nihll  dealt, 
sed  rooaûetndo  miranUa  non  erit  eipretaa;  unam  ergo  x^  auat\a\uf 
dixlt.  Tel  uftam  pro  quwmdam.  •  —  Cf.  Cheyallet,  111,  ISJé  —  Paligrate 
adonne  également  pour  article»  uny,  un*  et  l«,  te. 

(})  C»ii^of»Ml^,  pp.  IS'je.  .       ' 


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■oneaT  ET  usNti  estien?ib. 


40ft 


rence  d'user  de  de  et  e/n,  apliclea  n^àsculins  du  geuitif 
singulier  :  aussi  de  a  ei  au,  arlldcs  du  datif  singulier. 
Car  noua  disons  7e  livre  de  Pierre  ci  mi\  du  Pèerre, 
pourtant  que  (parce  que)  du  jamais  ne  se  joingt  aux 
feiminins  ne.aux  proprca  nomsisi  ce  n*est»qu  on  vueille 
specifter  une  certaine  personne  qu'on  cognoist  ou  de 
.laquelle  ôp  a  parlé,  comme 7ç  Uvre.dudicl  Pierre,  Au  . 
contraire  on  dîçt /«  livre  du  nuiîsirej  et  non  poinct  de 
irnai$trey  comme  en  pfirïant  d*un  particulier,  si  tu  n*ad- 
joustes  le  proprô  nom; de  maistre  Jehan;  ou  çn  ceste 
maniéré  de  parler  :  ru  fais  l'office  de  maistre,  qui  est 
dict  en  gênerai.  »  —  Il  en  est  pour  o,  ««»  comme^our 

(fe,du(i)..  '    '    '  • .;;    * 

Henri  Estîenne remarque,  à  propos  de  •la  parti- 
cule rfu,  laquelle  semble  participer  de  la  pâture  de  la 
proposition  et  de  larticle,  •  d'abord  qu'elle  est  par- 
fois superflue,,  comme  quand  on  dit  :  fay  du  blé  et  du 
vin,  au  lieu  de  fay  blé  et  vin  ;  ensuite  que  •  quelques- 
fois  elle  semble  estre  opposée  à  <f  liit,  comme  nous 
avpns  tantosl  vcu  un  opposé  à  (e  (2).  » 

Esclave  du  latin'  comme  son  fils  est  esclave  du  grec, 
^b.  Ëstienne  revenant  siir  l'emploi  de  au,  aux,  re- 
marque que  aA<  pour  le  singulier  masculin,  et  aux  pour 
le  pluriel  soit  masculin  soit  féminin ,  sont  communs 
•  au  datif,  à  l'accusatif  et  àTablatif.»  Il  faut  com- 
prendre :  sont  employés  devant  des  noms  qui  tra- 
duisent le  datif,  l'accusatif  ou  l'ablatif  du  latin. 


(I)  Cf.  cMcMus  le  chap.  de  Garnier,  etc.,  pr588> 
!,2)  Con/bnutl/,  pp.  78-n. 


#■ 


406 


^, 


• 


■•' 


M  Du  ei  det  quelquefois  servent  comme  de  pro- 
noms; •  — il  y  n  VE8  hommen  la  rf*drt»i«,  c'est-à-dire 
aucun»  homfnesl*  Dv  aussi  sert  quelqjuefois  pour  de  et 
ce  démonstratifs,  comme  s  je  mange  du  tnouUm  que 
nous  avons  lue.  c'est-à-dire  :  de  ce  mouton  (1  >• 

»  De  souvent  se  (rouve  devant  lès  articles  /e  et*^ii, . 
comine  le  maintien  de  thomme,  ta  prenelie  de  Cœif,  la 
cousture  de  /a  ro^.» -^  Pourquoi  donc  n'avoir  pas 
décliné  le  génitif  avec  de  le,  de  ta,  et  pouniuoi  sur- 
tout établir  entre  de  l'homme  et  du  mouton  une  diffé- 
rence fondée  seulement,  en  réalité,  sur  ce  que  Tun 
des  deux. mots  comÉence  par  une  voyelle,  Tautre  par 
une  consonne? 

Robert  Estienne  signale  encore  quelques  autres  em- 
plois  de  Particle  te,  ta,  les.  Devant  les  noms  propres 
d'homme  (2)  on  le  soppjHme,  mais  no)i  devant  les  au- 
tres î  le  Bùsne,  laChampatgne  (5)  ; — «  il  dénote  quelque 
chose  dequoy  on  *  parlé  ou  dequoy  il  est  mention  ifay 
veuPhomme  qui  afoictcela;  —  ils  80^  rais  quelquefois 
devant  Ie6  adjectifs  qui  sont  joincts  aux  noms  propres: 
Ptulippe  le  Bel  {fi)  ;  —  ils  se  mettent  quelquefois  aussi 


I  '«■' 


(I)  Cf,  ei-de«H»,  Hamat,  p.  3^0.  7"  * 

(3):  A  propos  de  i'article  devant  leê  ihhim  propres, hoqr  devohs  mpprler 
ici  un  carieux  paswifld  de  J.  Perion  :  •  Discriminis  causa,  nos  icperùm 
de  qulbusdam  loquimur.  quorum  nomlna  eadeoB  Miot,  ut  defoo  loqM- 
.mur  Inlelligi  possit,  hoc  modu  explicare  per ariiculum  solerou*:  Pterré 
1$  Fetre,.id  est  Petnu  Faber  qu^id  Latini  non  exprimnnl.  A  Gvàelaac 
boc  *cendlgenu8  haliemus?  —  Est  plane  graxium,  inquam;  D«ûXec  * 
éviTtokiK^  Faukû  opoffio<«u,  no»  Paul  rapottre  j^nterpretamur.  •  (Oncr. 

(5^  Cf.  ci-dessns»  Rao|Bs,  p.  2». 

(4)  Cf.  ci-d«S»us,  p.  I}0, 249.  >   *.  , 


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RUftIRT   KT   HENRI   ISTIlX^iE^^J^^^j^     ^     «    407 

devant  le  comparatif' p(us,  en  ceste  manière  :  c\ettb\en  . 
ia  frtnme  fa  plus  gmciemé  que  je  vei  jamais^  o\ï  ce$t 
bien  la  p(ut  gracieutie  femtme  ^ue^  èt^.  ;  ^  quelquefois  ; 
ilasont  relatifs  et  lors  sont  i^ronoiq^s,  comme  :  jay  vea 
Pierre  et  te  voirez  (1)«—  H  ne  f{ji||t  oublier  que  l'ipû-  ; 
nilii*,  prenant  nature  de  nom,  reçoit* l'frticle  te  (2),  ' 
coqnmé  :  te  boires  te  manger  (S),  • 

Ces  indications  si  sopim^ires  sont  complétées  par 
Henri  Ê^îticnnc.   D*abord,  dans  ses  HypoAineses^  i\ 

EL 

montre  quelle  différence  il  y  a  enire  faire  te -comte  (le 
compte)  d'une  choie,  c'est-à-dire  </«  comter,ei  eit  faire 
comte t  c^ést-à-dire  Cesiimer  ;  enire  faire  ài  ieite,  qui 


•> 


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^ 


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X 


(1)  Cf.  cl-dc«»a«,p.  69,  540.  / 

(i)  Le«  inanUifB^enipluyâ  sobstantiveirtent  prirent  gounde  faveur  sar-? 
tout  à  la  An  dn  ifi'  slècltf.  Le  fait  a' été  eunsttté  par  M.^Jung,  qui  en  a 
pre««tt«  donné  l'eniplication  quand  il  a  signalé  la  pré(éj||poe  marquée  de 
Henri  IV  |f^ur  c^«  infinitifs  traiicfuroiés  en  substantifs.  île  roi  ét-rit  à  Bel- 
Uevre  .*  •£«  dt/fer«r'aecrett  les  défiances;  •  à  nia<iaine  àe  OiMnmont  : 
•  Dieu  bénisse  mon  reti>ur.  comme  il.  a  fait  U  ttnit,  •  etc.  Miiifl  d'uù  ve- 
nait cette  tendance  du  pfinee>  M'.  Lëspy  y  voft  Vie  réflOltat' d'une  habi- 
tude quil  aarali  contractée  dans  son  enfance,  lorsqu'il  parlait  béarnais^» 
-=^  effet,  «  en  l|éarnais,'  l!article  sufvii  d'un  infinitif  ou  d'un  partieipo 
(on  volt  qufITe  extensWn  prend  ménie  ici  la  règle'  forme  un  ▼érltabl*" 
substanUf  :  roua,  l'aller  ;  tou  iQuma'j  le  retournçr,  le  retour; 

...James  dehenstocJotif      '  ,...IamalsrfaniT«Y«ri»^       _^. 

De  ma  maysoo  no-tornareyv  E|e  ma  maison  je  ne  retoumenl.  • 

.y  -i   ,  ■■'.,♦'    ^  ,  ...  •  ■... 

—■  L'ébbé  d'mUet.  reprenant  Régnier  Desmarais  d'avoir  restreint  l'em- 
ploi de  eet  liiflnitif  à  certaines  locutions  eonsacré^^  se  demande  :  «  Y 
auroit-il  grand  mal  à  étendre-un  peu  cetïs  liberté  de  créer  des  substkn- 
Ufs  dans  ce.  goi^là,  puisqu'elles  peu  vent  oct-asionner  diw  ripressions 
neuvi-s  et  benr^ea?  TeoMMn  la  téponse  de  rAogéH.  ce  fou  de  la  vieille 
eour' Inoioitaiisé  par  De^préûii  :  unjour  le  Roi  li^l  ayant  demandé 
pourquoi-  on^ne  le  voyait  jMUiiii  au  sermon  :  Sire,.  dit-Il,  c'>-etS]ue  Je 
n'entends  pas  U  rationner,  et ')e  n'aime  pas  U  brailler.  »  {Rem.  turîa 
hnifuê  franfaitt,  117 r,  In-I2,  p.  140).  — ^Cf.  J.  Perion,  p.liOV).- 

(3)  Grammaire,  p.  30. .  P'    . 


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408 


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GRAMMAIRB   FRANÇAISE. 

36  idirait  d'un  sculpteur  ou  d*un  peintre  travaillant  à 
une  Btatueou  un  tableau,  et  faire  teste,  qujest  t' oppo- 
ser :  faire  teste  à  l"  ennemi  :enirt  il  est  y  ou  il  va  en  la 
prison^  qui  se  dit  d'un  homme  qUl  visite  librement 
une  prison,  et  i7  est ,  on  Ca  mené  en  prison ^  qui  se 
disent  d'un  prisonWer.  Il  ajoute  que  ^  dans  certains 

^  cas,  on  ne  peut  employer  l'article  :  il  eM  à  table  et  non 
àLk  tuble^  à  moins  qu'on  ne  dise  à  la  table  oi&quj 
il  est  à  LA  table  de  monsieur  ;  que  Ton  peut  queimiefois 
employer  ou  non  l'article,  indifféremment  ki/^i  «w  LA 
viUf,  en  Lk  court,  ou  bien^:  il  est  en  ville,  en  court;  en- 
fin que  parfois,  avec  un  même  Verbe,  on  se  sert  ou* 
non  de  l'article,  selon  que  le  nom  est  ou  n'est  pas  Joiiit 
au  verbe  immédiatement  :  il  le  faut' tenir  en  bride  m 
il  lu§  faut  tenir  là  bride,  "    •     - 

Quelquefois  en  plaçant  yne  préposition  devant  le 
nom,  nous  donnons  à  la  phrase  un  sens  différent: 
courir  par  tes  rues  se  dit  de  n'importe  qui  ;  courir  les 
ra^A  se^dit  d'un  Xou  ;  fuir  la  guerre,  c'est  délester,  évi- 
ter la  i^uerreç  fuir  de  là  guerre  se  dît  d'un  lâche  qui 
déserte(l).  ^    \  .    <■  ' 

S|ans  8o;i  Traité  de  la  conformité  du  français  avec  le 

^nrec,  Henri  Estienne  revient  sur  le  même  sujet  :  t  En 

premier  lieu,  dit-il,  coùame  le  grec^usè  de  son  article 

pour  discerner  une  généralité  de  la  particularité,  ne 

<  plus'ne  moins  use  le  langage  françois  du  sien.  Exem- 
ple :  On  luij  a  fuici  autant  d'honneur  que  s'il  eust  esté 
Aof/,  cela  s'entendra  généralement.  Mais  si  deux  Fran- 


(1)  Uypowtntstf^  pp.  mS  190. 


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ROBERT   ET    UESRI   ESTIETfNE. 


4  0» 


çois  oui  dçux  Espagnols  parlant  ensable  disent  i  on 
luy  vfakl  autant  d'honneur  que  ii^eust  esté  le  Roy ^  les 
François  s'entrentendronttouchant  le  Rôy  de  France  (i  ) , 
et  les  Espagnols  touchant  le  Roy  d'Espagne.» —  D'une 
manière  analogue  nous  disons  le  Seigneur  pour  le 
Seigneur  des  S.eigneurs,  c'est-à-dira  Dieu.   «  Item,    • 
comme  les  Grecs  appeloient  letrr  Homère  6  7roi«T)î;,  on 
aautresfois  appelé  Uardi  le  poète  ou  te  poète  Françoit:  ' 
lequel  titre  a  eu  depuis  tant  de  compétiteurs  qu'on  n'a  -t. 
sceu  à  qui  le  donner  sans  faire  tort  ai^x  autres.  »^^ 

Henri  Estioqne,  x(ui  a  refusé  de  regarder  un,  une  ^ 
comme  une  sor^eM'article',  dit/en  parlant  de  ceux  : 
t\\  ne  s'ensuit  pas  que  si  oTdinaireni^nt^èci^x  sert  de 
pronom  il  ne  puisse  aussi  qu'elquesfois  sie^vir  d'article. 
Je  di  davantage  que,  si  l'on  prend  bien  gardé  à  Tem- 
.  ploi  de  çet^e  particule,  on  trouvera  que,  qualnd  nous 
la  voulons  faire  servir  dé  pronom,  nous  adjouWons  au 
bout  "un  petit  mot  d'une  syllable,  asçavoir  cil  disant 
deux-cL...  Et  mesme  tout  ainsi  qu'on  adjWe  ci 
après  c^uo:,  quand  il  sert  de  pronom,  aussi  lej)ôpulaire 
(lequel  je  n'avoue  pas  toutesfois)  adjouste  souvent  peste , 
particule  leg  au  devant  de  ceux  tenant  lieu  dlarticle, 
comme  les  ceux  de  la/maison;»  c'e^  là  tdurriure 
''grecque  :^î  «rô  t/T;  ûl/.t«;.  —Comme  les  Grecs  aussi, 
"nous  employons  l'infmitif  pour  substa^if  enjprépo-. 
"sant  l'article,  et  enfm  nous  plafcons  rarti(^€rdcvant 
certains  adverbes  :  le  dehorst  lé\dedan8tQi.c,  ('i)« 


(1)  Cf.  cl-dc88U»,  RamuR,  p.  239,  IV. 

(2)  Cwformilé,  pp.  7  4-8S. 


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GRAimAIRÊ  rRANVAlSK 


bu  PKOitoa  ().). 


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■•       ».    .  ' 


••   '.J^ 


^ 


•  Pronoms  est  une  sorte  de  mots  qui  servent  pour 
supplier  (suppléer)  le  n'ona  tant  propre  qu*appcllalif, . 
sans  aucune  signiGcaiion  où  déclaration  de  temps,  dé- 
notant toujours  quelque  certaine  personne. 

»  Le  pronom  ha  six  accidents,  qui  sont  :  espèce, 
personne,  genre,  figurée  nombre,  et  cas  avecd^linai- 
son  {;!), 

•  Il  y  a  douze  pronoms  :  je  (3),  tUySoy  où  se;  Hice, 
cestf  eulx  ;  mon  y  ton,  fon^  ou  mien  y  tien,  sien;  nostrey. 
vostre.  »  '  '!'■'■  .■.■■.,' 

Espèce.  ^—  les  pronoms  sont  primitifs  :  je,  tu,  ou 
•dérivatifs  :^ mon, 4on.  —  Des  primitifs,  quatre  sont  dé- 
monstratifs :  je,  tu,  ce,  cest;  trois  sont  relatifs  :  soy,iK 


(1)  Gtammcnfi,  fn/31  32. 

(})  Eirurlant  Ayrmm,  Rob.  EstleniM  a  fait  da  caa  et  4e  la  dédinaiMO; 
ga'ii  réuniVici,  deux  accidents  particuliers.  ' 

(3)  M.  Bur^uy/M!  demande  si  «  la  lettre  t  de  èea  différentes  formes  du 
proDom  it  ()tt,  /pu,  ;oit,  ;<»,  jto)  s'est  toujours  prononcée  en  oon8«>nneP» 
—  M.  de  Cheval  l«t  répond  :  •  euc  donna  d'abord  eo,  io,  que  l'on  troiiTe 
daqs  les  serments  de  843;  Italien,  u>;  portugais,  ai;  langue  d'oe,  \o,to, 
MM....  Dana  la  suite,  t  oa  «  furent  remplacés  par  le  aon  chuintaot  que 
nous  représentons  par  j  oïi  g,  et  eo,  io  devmrent;o.  puis  je.  •  M.  de  Che- 
Tallet  semble  regarder  comme  une  preuve  à  l'appui  de  eettë  opmiun  que 
«  au  in*  et  au  xui*  siècle,  on  trouve  ce  pronom  écrit  tantôt  je  et  gti.  Pour 
je,  qu'il  substituée  te,  M.  de  Chevallet  a  t-it  donc  trouvé  deui  notations 
différeplea,  supposant  la  distinction,  à  cette  époque, , de  t  et  de  jf  La 
formç  ye  serait  plus  concluante;  mais  la  prononciation  ge  qui  flnit'par 
l'empoiter  daiis  la  langue  eitsurpendant  longtemps  sans  doute,  simulta- 
nétpent  en  différentes  provinces,  avfc  te,  par  i  voyielle  :  et  la  preuve, 
c'est  que,  dans  les  patois  de  la  Vendée,  par  e&emplajon  dit  eooorcie  et 
non  je. 

r---'    ■      '      ■;■■■ \^.-'- A- 


t 


'-/^  ' 


ROBERT   ET    H 


^r" 


.5! 


cuk;  ûn^stlanlôt  démdn^àtif,  tantôt  relatif  :  il,  ou 

UoMJuy.    »  . 

#  Personnes.  —  Le  pronQnoi  ti|ia  péfscjmes,  comme 

les  verbes.         .      ..    /        .       '       ■    .        .     /     . 
Genres,  — «  H  y  i  trois  genres  dès  pronoms  :  aU|^ 
Clins- mascuh'ns;  comme  i7,  celu^;  les  autres  femenins, 
comme  c/Zc,  ce//é»;  et  d'autres  qui  sont  masculins  etfè-* 
meninS,  servans  tant  à  Phomme  qi/à  la  femnoe.  comme   - 
jV,  tùy  sàyy  qui.  •  —  Robert  Estienne,  on  lé  voit,  per- 
siste h  *e  pas  admettre  le  genre  neutre,  que  sou  Ois 
s'est  obstiné  à  conserver.  . 

Figuré.  —^  hés  pronoms  sont  simples  :  je  ;  oîi  com- 
posa :  moij-mehnei. 

Nombres.  —  Les  pronoms  ont  les  deux   nombres  , 
comme  les  noms;  le singulîer':  il,  et  le  pluriel  r  ils.  ~ 
Certains  pronoms  ont  seule/nent  le  singulier  :  cevii^ 
c<f/a,^ d'autres  ont  la  môme  forme  au  singulier  et  au 
pluriel  :  «ip,  qui\  que ^  Me. 

Cas  et  déclinaisons.^  <iLe3  pronoms  ont  quelque 
manière  de  cas  et  déclinaisons,  ainsi  que  tes  noms.  » 
—  Les  douze  pronoms  sont  compris  dans  Irpis  décli- 
naisons; dans  là  première,  sont  rangés  ;>,  m,  soy;  . 
dans  la  seconde,  les  démonstratifs  et  les  relatifs  ;  dans 
la  troisième,  les  possessifs. 


:    t. 


,.  '^}     » 


«v 


Âl  - 
< 


J!. 


." 

1.  —  blMCULICH. 

•■'■■_      J      -  — 

■        >•■ 

NOMINATU.    .    .    • 

Je.  «oy.                     Tu,  toy. 

B 

Ointrtr.  .  .  ■  ■ 

De  B«y.'                     De  toy. 

I>e»»y 

D&Ttv.   .  .  .  •  • 

Amoy.ae.     #        Te,  i  toy.       ,^ 

A  My,  te 

AOCSIATir.    .  .  , 

Moy.ne.                   Te,  «oy. 

*".•(* . 

VOC&TIV.    •  •  •  ■ 

AtuTir.  . 

Toyt)to. 
A  moj,  desBoy.  ,    ^,  A  toy,  *•  tof- 

"•n 

Nk 


.^  f 


.    !■■ 


URAn^lll   FR^JHÇilIll. 


!li>iraiAttr. 

l»*Ttr.   . 

AuX*kTlt. 

AkLATir.   . 


lli»M. 

D«  non*. 

à   BMI. 

Noms. 


/ 


A  M«i>i  4«  Bou: 


▼ou». 

A  VtH, 

VoM. 

Ha  Toiik. 


.U      S( 


Se. 

Sie. 


y 


m 


w* 


Rkmârqub.  —  Mby,  toy,  servent  datisles  interroga- 
tions, pour  les  réponses  affirmàlives  ou  négatives  :  e$h 
ce  totj?  c'est  moy\  ce  ne»t  pas  tnoy,^-Me,  le  y  ««,  sont 
placés  devani  Je  verbe;  moij,  ioy,  soy,  après  le-verbe  : 
je  MB  recommande  à  TOY.  —  Se  a  lui-môme  un  pluriel, 
c'est  leurs,  génitif  pluriel  de  i7,  comme  :  cest  le  le  ut 
pour  cest  û  eulx;  — 17*  sont  leurs  pour  its  sbnt  aeulx; 
.—  Us  4e  feront  leur  ppfif  Us  te  sapproprieronl,  —  Nous 
avons  déjà  vu  la  même  erreur  dans  Dubois  (1). 


V 


'^f 


<; 


"N<rn«i»tir. 

D*rtr.  .  . 

-  AcctfAtir. 


DâTW. .    .    . 

Atcntrir. 
▲•lATir.  . 


-    N<Mlnunr.  ,.' .' 
IJtJtiTir. .  .  ;  . 

AmriAnr.   .  . 
(•  AkUnr.  .  .  .' 


7. 


H.  —  StHCbLIK^v 

Mêtc..-  -   Ffm.  '.  -'  I 

l>,  eux.  'C«»l«. 

W  ce.  lif  c«sl*. 

A  cit.  A  «^te. 

Dt  e«.  Ue  t«  ^t«. 

■  Qui,  q««,  <|oi  I,  lequel. 
IH  f|«i,  (U  qnci,  dq  qotl. 
A  qui',  a  qnei,  aaqvêl. 
Kinj,  qoe,  q«ri,  iM|afL 
De  qoi,~d«  qipcl,  ditqat]. 


Il,  Iny. 
peliT. 

Llljr.à  \UJ. 

Le»  luy. 
May.; 


aie.' 

lt^.41^ 
A«-Ile. 
Elle.U 
Dette. 


Fim. 
Oei,  que.  qtteUe,  laquelle. 
De  qai,  4e  quelle,  de  jaqueUe. 
A  qui,  a  quelle,  a  laquelle. 
Qei,  qM.  qwelk,  l«{iieUe. 
De  «ni,  de  qielle,  de  UqMfle. 


PLCMCIm 


Cet. 


D>,  eali,  le<;  les. 

Leurs,  de  leiirs;  d'eah;  d'elle^  Uvn. 
A  Ms,  leor  ;  a  elles,  lean. 
Us,  eoli,  les  ;  elle».  ~^       j 

•    Leui»k<de  leurs,  d'culi;  d'allée,. lears. 


É 


it)  Cf.  cMfsias,  p.  36. 


/ 


0. 


I 


^7T 


■  OIBIIT   ET   HX7(II    EiTIIMFlt> 


4P 


% 


CtNiTtr..  .  . 

IlATir 

Acc«f«tir.   . 


Qui,  qurU,  Ictqnalt. 

Dr  qui,  dtqii*!*,  dnqnaU. 

A  qui,  »  qiidi,  aiiM{ii«lt. 

Qui,  qu«U,>«qarU. 

Pê  qni,  4*qo^,  dMqHli. 


Qai,  j{n«ilM,  Iraqrienn. 

P*  qai,  dtqH'IlM,  de.wiHfllM. 

A  qai,  •  qurllrn,  aui'|a«l.l«ji. 

Qui,  quall^,  ItuiwUt».' 

D»  qni,  d«  quelles,  dnqntllM. 


Remarques.  —  Ce  se  place  devant  les  "consonnes  on 
Il  quand  il  iBst  aspiré  :  ce  îoup,  ce  haran;  —  et  ceit 
devant  les  voVelles  ou  h  qui  ne  se  prononce  point  : 

*ccst  enfant,  cett  /lomm^.—  De  ce  vient  cati  owcestui, 
M  qui  htkcei  pour  son  pluriel,  k  cettuij  quelquefois  on 

^  çohjoingt  ri  ou  itf ,  et  dit  on  :  cestuy  ci,  a  scavoir  qui 
est  près  de  nous  et  de  qui  on  parle;  et  cestuy  h,  qui  est 
loing  de  nous  et  de  qui  on  a  parlent).  Leur  pluriel 
est  céuiX:,  *—  Cecif  cela  viennent  encore  de  ce.  Ceci 
dennonstre  la.  chose  présente  ou  prochaine;  cela 
monstre  la  chose  plus  esioigneé.  Aucunes  fois  on  met 
un  mot  entre  deui,  comme  t!é  livre  ci,  cest  homme  ta, 
—  De  ce  est  encore  composé  celuy  oud/,  qui  est  ung 
pronom  démonstratif  qui  ne  terminé  rien;  pourtant 
{pour  cela)  pn  lui  baille  ung  relatif  qui  le  suit,  pour 
déterminer  ce  qu*il  demonslre  :  celuy  en  homme  de 
bieti  qui  vit  telon  Dieu.  ^ouT  bien  parler  on  ne  naet 
jamais  ci  ne  la  après.  Parquoy  c'est  mal  parlé  françoU 
de  dire  :  celuy  la  esf  homme* de  bien  qm,..  • 

//  et  luy  différent,  en  ce  qaéil  se  met  avant  le  verbe  : 
il  dii;  excepté  dans  leslnterrogations:  /erai7?«mais 
/n^sert  aux  responses,  <^mmë  qui  a  fàict  cela?  luy,  et 
non  pas  t7.  —  Xc  et  7a  sont  relatifs  qui  ne  se  joignent 


#^ 


(I)  Moat  nppetom  qoe  booa  mprqaons  soavent  sur  e ,  poar  plat  de 
clarté,  Ici  et  âilleur»,  l'ieoent  qae  Rob.  EiUenne  néglige  souvenu 


M 


•k.   V 


^ 


S» 


J 


414  OIAMMAIMB  rtAloÇAIfii 

sinon  aux  vrrbes,  et  se  mettent  devant  :  je  ^  voy^  je 
tk  voy,  •  à  moins  que  le  verbe,  ne  soit  à  rimf^ratif  : 
fay  ley  aime  la.  ««Us  sont  toujours  â^cusatifs^  siinon 
avec  le  verbe  substantif,  corr.me  :  ili  sont  bmta  hoimnes, 
wmiê  Us  ne  LK  iont  que  de  lanl  qu'ils  craignent  Dieu. 
—  icelmjt  icetle  sont  de  mesme  signification  que  sont' 
a,  luy  eieile,  •  '  ' 

De  qnif  qne^  quel,  lequel ,  \e  pltis  général  est  qui, 
parce  qu*il  scf(  à  tous  genres»  à  tous  nombres  et  à  toutes 
personnes.  Il  ne  réf;oit  point  d'article.  Il  peut  être 
précédé  de  prépositions.  —  •  Nous  usons  dé  quequ^inà' 
la  préposition  n'y  est  point  requise,  comme  :  roi/a 
Jehan  que  vous  demmàei.  Il  it^est  Jamais  nominatif 
qu'avec  le  verbe  substantif,  de  tous  gcnfes,  nombres 
et  personnes,  cçmmé  i  je  suis  ce  que  je  suis^  vous  estes 
ce  que  vous  estes.  Il  est  souvent  interrogatifi  comme:' 
qu'estes'totts^  qu'avez^jtout h  On  asc  aussi  souvent  de 
que  pour  Itijuel  ou  laquelle  j  corn  me  :  je  parleray  a  eést . 
homme,  lequel  {owque)  vous  craignez.— jQûoi  (!)  :  il  scm-' 
ble  qu^il  nous  sert  pour  le  quid  ou  quod  des  LaUas, 
comme  quand  on  dit  :  il  ha  de  qmy,quoy  faisant.  Il 
sert  auâbi,  pour  adverbe  inWrogatif-:  ppui^quoy  ?  sur- 
quoy? 

»  Y  aucuns  diént  estre  pronom  relatif  4Wtions  et 
passions,  autant  en  pluriel  qu  en.akigulier^  cûmme  : 
je  vous  dis  quii  est  fort  malade  afià  que  Wu«  y  'éfiùe:^,; 
prens  garde  a  tqy  :  j'y  pren  garde. — -  Aucunes  fois  il 


(I)  Sur  remploi  dé  quoi,  bien  plus  éUmdu  dam  notre 
qu'Use  l'ett  tiuiaienanl,  vuy.  Cbevallel,  Ul,  p.  tt/S-tin, 


l«n«ve 


•'        < 


ÉÊl- 


••■•*,'  • 


s 


"M 


ROtIKT   IT  RIfIMI  M-nira?!!.  4.15 

■  "    -  "■■»■: 

fait  relation  de  lieu,  comme  :  vout  vout  en  alleia  Pn- 
fit,  je  tnif  en  irny  après  vôui;  y  allez-vous  ? 

»  Il  fault  npter  que  nous  usons  de  ce  petit  mot  dont 
pO\iT  de  qui^  duquel,  desquels  ^  de  laquelle j  denquellei^ 
comme  rj'oy'wn  le  livre ,  les  hommes,  lajemme  et  les 
chosf9  dont  vout  m'avez  escripl  {i).  r 

IlL  —  La-declinaiRon  de  mon,  ma,  mien,  mienne,  te 
mien,  lu  mienne  ;  ton,  ta,  tien,  tienne,  h  tien,  la  tienne; 
,sm,W,  sien,  sienne,  le  s'rcn,  la  sienne;  nostre^,  le  nmtre; 
909tre^  le  vostre  ne  présente  aucune  difTicullé.  Le 
norpinatif  et  Taccusalif  sont  semblables,  ainsi  que^  le 
giéoïtif  et  rablalif,  qui'  sont  précédés  de  la  préposition 
^•;ie  datif  est  précédé  de  a.   ^  ;  .^^ 

".Oui  emploie  '®  masculin  mo«;  ton,  son  pouf  le  fémi- 
nin ma,  m,  sa  devant  les  voyelles-:  mon  ame,  son  ifjno- 
ronce,  —  Mon,  ton,  ion  se  mettent  avec  le  substantif: 
eslee  la  ton  maistre?  c'est  mon  maislre,  «Que  si  on  ne 
veult  reprendre  le  sulwtantif  on  use  de  mien,  tien,  sien, 
et  ne  se  mettent  guères  sans  articles  :  estce  la  ton  livre? 
cesi  te  mifii.- Avec  le  verbe  substantif  ils  n*ont  point 
ces  articles  :  ce  cheval  est  mien,  cestuy  ci  est  tien; 
eicepté  si  ce  précède;  «car  nous  ne  disons  pas  ce  est 
tien,  mais  cesi  tè  tien.  »—  Il  en  est  de  même  de  nostre 
tite  mostre,  vostre  et  le  vontre. 

•  Il  y  a  ung  prqnom^u'aucanB  appellent  réitératif- 
delà  tnesme  personne,  soit  nom  ou  pronom,  qui  est 


t* 


(I)  Sur «»  mot»  dont,  y,  cf.  çf-dMsoi.  pp.  81,  2^^,  etc.-Nl  Burguy  ni 
Obcvallct  né  rappellent  de  pirlleultrUég  dan»  l'emploi  de  e*inn«t«,  »u- 
joard'biii  prunomt  plulôt  qu'adverbe»,  aulrcfol»  pluiùt  adtçrbe»  que  pn>- 


/ 


»  . 


>■ 


'■À 


l 


''<        • 


lié  (iVAHXAIIK  PMARÇAISE.  ^ 

.  '■    *  '  ■       -  '  ■- 

mesme,  etAu  pluriel  mrismes  ;comt\^e  lie  suh  du  mesme 
consrit  ;  foij  parlé  àluijmesme  OU  à  e^ttxmeimçs  (1).  ■ 
-  Rc^ert  Estienne«  on  a  pu  s'en  convaincre,  n*a  pas 
fait  un  seul  pas  en  avant;  toutes  les  observations  quMI 
présente  dans  ce  chapitre  des  pronoms,  nous  lés  avons 
trouvées  ailleurs  :  même  confusion  des  adjectifs  et  des 
pronoms  démonstratifs  ou  possesi^ifs  ;  même  '  respect 
pour  les  traditions  latines  que  l'auteur  s'attaclie'à  sui- 
.vre  du  plus  près  qu*îl.peut. — Au  contraire,  sur  ce 
âujét  «i  embrouillé,  la  sagacité  de  Henri  Estienne 
Iriompkç.  Nulle  part  ailleurs  cet  dbservateur  ingé- 
nieux n*a  su  pénétrer  dans  le  détail  d*analyses  plus 
délicates,  et  n*a  été  mieux  servi  par  saxonnaissance 
profonde  de  tout  ce  qu'on  appelait  alors* /ri  élégances 
des  langues  anciennes,  du  latin /du  grec,  de  l'hébreu. 
Nous  n'avorid  pas  trouvé,  'dans  ses  oeuvres,. moins  de 
cinquante  pages  relatives  à  la  théorie  du  pronom  : 
nous  en  résumerons  les  points  principaux.  . 
-*  Henri /Estienne  étudie  d'abord  le  rôle  du  pronom 

^  dans  hjs  phrases  interrogativeâ.  —  Dantt  ces  phrases, 
le  pronom^  place  après  le  verbe;  dites  éonc  :  quelle 

'  heure  «<m7P  Mais  si  l'on  dit  :  demandez  quelle  heure  il 
'eti,,  dite  moy  quelle  heure  il  est,  le  pronom  se  place 
avant  le  verbe;  puis  cherchant  à  compléter  les  iravai^ 
non-seulement  de  son  père,  m^^is  de  toiis .  les  gram- 
mairiens qui  l'ont  précéc^lui-même,  il  ehtre  à  fond 
dans  la  matière  et  fait  les  Temarq^es  suivantes  (2)« 

".-^ V  ,"       ■  S.-  >  "  ;-  -  ...^  .. — _ 

(1)  Sur  l'or^ioe  et  les  diverses  formes  de  oe  pronom,  roy.  Cbetallet, 
m,  pp.  U4-148. 

(2)  Tout  ce  qui  sait,  Jusqu'ao  chapitre  du  «er&e,  est  tiré  des  ffy- 


y^ 


s. 


•I 


r-*- S- 


l.» 


^ 


•        i6BUT  ^T  HINlMfTII^HB.  417 

\ .  Bien  qu'on  dise  :  je  $uiiy  tù  es,  il  est  conientj  et  non 
moy  suiit  toy  ^  l^y  '»'  content,  on  peut  cependant  cra- 
*^ployer  moy,  toy  ou  Iny^  maia  éh  répétant  j>,  m,  U  dans 
des  phrases  commi  celle-ci  :  quant  à  moy,  je,,,;  quant 
à  toi,  tu..,;  quanta  luy,  iL..;  et  même  avec  ce  der- 
nier, on  peut  supprimer  r un  des  deux  pronoms  et. 
dire  :  mais  iuy,  H  ne  i en  fait  que  rire,  ou  bien  mait 
luy  ne  s'en  fait„,i  ou  enfin  :  mais  il  ne  f  en  fait  que 

rire{i).  '  ^ 

II.  Nous  répétons*  cuvent  deux  pronoms  de  la 
même  personne  :  je  me  persuade,  tu  te  permets,  etc., 
et  ici  me,  te,  sont  au  datif  ;  ou  bien  ivous  vous  accusez, 
nounous  tourmentons,  et  ici  rou*,  nous  sont  à  l'accu- 
satif  (2).  Dans  ces  exemples,  le  second  pronom  pour- 
rait être,  remplacé  par  un  autre  complément.  Mais  il 
est  certains  verbes  qui  ne  se  conjuguent  jamais 
ces  deux  pronoms,  ço|nme  :  nous  nous  taisons,  not 
nous  reposons,  nous  nous  e«6a(on«,  etc.;— d'aut 
changent  de  sens  selon  qu'ils  ^nt  conjugués  a^ 
deux  pronoms  de  la  même  personne  ou  deux  prony 
de  personne  différente  :  dans  nous  nous  hastom, 
nousfaschons,  le  sens  est  autre  que  dans  rou«  «0M4 
tons,  nous  vous  faschons,  et  ces  derniers  mots 
fient  à  proprement  parler  :  nous  faisons  de  soi 


h 


pomn*ut,  pp.  15918S;  qurtqae»  »d4ltloni,  empruntées  ao  tràitii»  \a 
Confonntt^,  sont  indiquées  dUM  les  Notes.  "- 

*(1)  a.'d-dessus  Ramus,  p.  247  ;  Garnler,  p,  304. 

(ï)  L'McusaUf ,  est-il  besoin  de  le  direP  c'est  le  conplémént  direct;  le 
dsllf  est  le  complément  Indirect.  —  Cette  répétition  da  pfonom  n'svsit   ^ 
point  échappé  à  Palsgrave.  Voy.  Êdlt.  Génln,  p.  79. 

■  '       27 


4it 


klIÇAIM. 


»      .   « 


voui  vous  hatliezy  que  vous  vous/asclnez  ;  —  d'autres  ne 
0ont  jaihais  Conjugués  ainsi  ;  on  dit  :f  apprends,  mais 
nou  je  rnapprend» ;^—ô!'a.uire3  prennent  ou  ne  pren- 

.  nen(  pas  les  deux  pronoms,  indifféremment  :  nous  nous 
rions  de  tuy_  ou  fioif«  rions  de  tuy  86  disent  également. 
Parmi  ces  derniers,  qui  se  conjuguent  avec  un  ou  deux 
pronoms,  quelques-uns,  pour  recevoir  les  deux  pro- 
noms, réclament  remploi  de  la  particule  en;  ainsi ,  nom 

fuyons f  nous  dfhM  à  Paris,  ont  le  piême  sens  que  nous 
nous  en  fuyons,  nous  nous  en  allons  à  Paris  [i);  et  il  faut' 
remarquer  que,  dans  ces' locutions,  «n  n'apasie  même 

'  sens  que  dans  petto  aiitrej  parce  que  h  peste  est  en  h 
tfiitejem^fn  suis  retiré;  ici,  en  remplace  d'icelle  fjeme 
suis  retiré  dticeUe.  —  Enfin  quelques  verbes  ont  un 
autre  sens  8*ils  sont  conjugués  avec  un  ou  avec  deux 
mômes  pronoms  inous  éludions,  nous  doutons;  c'est  : 
nous  cherchons  à  apprendre,  nous  avons  un  doute  ;  mais 


(t)  Cf.  d-dfftsus.  Meigret,  p.  100.  -r  Nou»  avoQS^  blAmé  l'eipUcallQf- 
donnée  par  Meigret  de  l'emploi  de  en  dans  les  locutions.:  ;e  ifCtn  vais, 
tui'enfuù,  pic.  AprèaaToir  longtemps  cherohé  une  solution  meiileare  de 
Wte  diflicuiUf que  qI  Burguy  ni  Cbevallet  n'ont  abordée,  nous  afonsfiU, 
sar  an  grand  nombre  d'exemples,  ces  observations  :  1«  en  n'est  guère 
employé  avec  les  deux  pronoms  que  devant  des  verbes  qui,  sous  l'eor 
forme  simple,  sont  neutres  :  alhr,  je  m'en  vais  -,  fuir^  Je  m'enfuis;  courir, 
j«  m'encours  ;  rfioiirii«r,  Je  m'en  retoome;  roler.  Je  m'enrôle;  2*  que 
certains  rerbes  neutres,  qui  nuintenant  ne  «'emploient  que  sons  leur 
forme  simple,  suivaient  autrefois  la  même  analogie j  •  Et  M '«<*  p«rlt(  «t 
*  sen  retourna  à  Constantinople  (VillehardtrSin) ;  et  ^  sen%iara lempe- 
rors  à  Constantinople  t«'<f.).  il  eut  es  fantaisie  do  s'm  alUrjin  la  maison 
de  Cesiir,  et  j'en  recourir  après  son  frère  (Amyot,  tIo  de  Cleéron);  »  — 
ne  pourrait-on  pas  conclure,  de  ces  exemples,  que  la  prépoalUoa  en  qui 
marque  le  point  de  départ  indiquant  ici  une  trantitionf  avait  pour  effet 
de  rendre  trantitifon  actif  le  verbe  auquel  on  la  Joignait?  si  la  consé» 
quence  tirée  de  ces  inductions  est  fondée,  Il  faut  bien  en  oonvaiir,  €mU 
an  fond,  l'explication  de  Meïgret. 


A 


.k. 


.      tOiilT  Vf  HIÎHll   18TI1WNI.  I([|»^ 

noushoui  éludions  r). . . .  c'est  :  nous  nous  appliquons  à. . ,  \ 
nouu  nout  douton»  de  htij,  c'est  :  nous  le  tenons  pour 
suspect.  —  Si  un  autra  verbe  suit  le  verixe  conjugué 
Avec  deux  pronoms,  ces  pronoms  pourront  être  sépa- 
ré» :  on  dit  également  bien  :  nôun  nous  pemions  situver  ' 
et  mut  pen$ioiu  nous  sauver.  Dans,  les  phrases  interro- 
gativcs,  cette  séparation  est  de  rigueur  ;  dites  jypoMj  ^ 

*  pou/tes  vous  retirer?  cl  non  «ou*  vous  vouliez  retirer? 
IH.  Nous  avons  vu  que  moy  et  toy  sont  datifs  ou 
accusatifs.  Certainà  verbes  changent  de  sens  selon  que 
le  pronom  change  de  cas  :  dan^  accorde  moy  cela,  qui 
signifie  :  domne  moy  cela,  moy  est  au  datif  ;  dans  ac- 
corde toy  à  celaiyqm  signifie  :  consens  èi  approuver 
cela,  10»/ est  à  l^îcusatif. -r  Ces.prorioms^of/,  toy, 
au  datif,  tant^  prennent  la  .préposition  à,  comme: 
venez  à  moi^i^  tantôt  ne  la  prennent  pas,  comme  :  ré»»- 
pondez  m^>—  Le\datif  du  pronom  est  moy,  ou  me,- 
iay  ou  i/;  9ymi  le 'verbe  on  place  me,  te;  comme:  il 
m'aW/^;  après -le  verbe,  moy,  toy,  comme  :  parlez- 
wdtt//Mais  on  ne  peut  employer  Indifféremment  l'un 
/pour  l'autre;  ainsi  on  dit  :  persuàdei^-moy  cela  et  non  : 
i4  persuadez  cela  ;  et  au.  contraire  :  il  me  persuada  cela 

/et  non  il  persuada  moy  cela*  y 

IV.  Les  pronoms  moi/,  toy  (ou  te)  nous,  vous,  etc., 
sont  souvent  explétifs;  dans  :  regardez-moy  la  mine  de 
ce  ^afcinrf,  mot/ n'est  pas  nécessaire.  - 

Tout  explétif  qu'il  est,  ce  çronora  modifie  quel- 
quefois d*une  certaine  .manière  le  sens  de  la  phrase? 
«quand  on  éii  x  cest  homme  là  ne  m'ha^poihi  bonne 
|)%«îofiomie,  e'est  autant  comme  si  on  disait  :  cest 


0 


'M 


# 


4^0     -  «lAMMAIEE  r»4hÇAI8I.  -; 

homme  ne  me  semble  point  avoir  bonne  phijsipnomie , 
item  quand  nous  parlons  ainsi  :  ostes^moyxela  de  voi- 
ire  vhaniasie,  c*cst  comme  si  on  di:-ait  :  xi  vous  me 
voulez  croirç^  vous  osierez..»  [})'• 

V.  A  la  façon  des  Hébreux,. nous  employons  queU. 
quefois  un  relatif  sans  antécédent;  comme  quand  nous 
disons  :  on  me  Ta  baiUée  belle.  C'est;  comme  si  l'on  di- 
sait lia  trousie  quon  nia  baillée,   ^n  me  Va  baillée 

belle  {^), 

VI.  Nous  emplayons  souvent  le  pluriel  poue  te  sm- 

gulier  :  je  vqus  aime  pour  je  Caime.  Nous  n  usons  guère 
du  singulier  qu'avec  les  domestiques,  les  inférieurs  ou 
des  cmis  intimes;  mais  cette  familiarité,  plusieurs lïe 
la  prennent  pas  cependant  avec  leur  femme.  —Quand 
un  éérrt,  et  «urlout  en  vers,  on  dit  souvent  eu,  toij  au 

Roi  et  à  DicuiS). 

La  première  peissonne  du  pluriel    est  employée 
aussi   pour  le   singulier,  par  , les  magistrats   et  les 
^.princes  (4).  ,      \.    .'  '.  :   ^  ■''^>   >     ;' 


I)  Celle  dcniW>re  ol»«erfaUon\est  Urée  dé  la  Conformité,  pp.  4Ï-*2. 

(2;  On  dit  «véc  le»  rtémWelUpW  ;  vous  avez  beou  à  faire  telle  choses 
i]  y  te\lnl  de  plut  belle.  «        .\'' 

tz)  ïlaMAe  Journal  de  U  langue  françaiie,  fondé  iHar  Domergu*,  on 
trouve  (H- du  v  et  du  8  Janvier  1791)  deux  longues  lettres  sur  lyop- 
lion  de  tu  au  lien  d«  tous  en  parlapt  à  une  seule  perBofein«.       ^     . 

(4)  ¥m  latin,  on  n^employalt  pas  ladeuxlème  personne  du  pluriel  pour 
le-èitfguHgr,  uiaU  la  première  personne  pouvait  s  exprimer  par  le  singu- 
lier ou  lé  pluriel.  Tlbulle.  dans  on  a«i^  ters ,  «mploie  les  deux  formes  : 

,■  ■■  ^.,      ■  ■  >■    ■      ':■.  .  -■  -     -  ►  '   .  ^    •■' 

Et  it*  qttU  mtrui,  fi  rti*  ftHit^"-^*  •f^'- 

M.  de  Chevallel  dte  divers  p«»sages  de  Jallas  Capltollnas,  de  Gré- 
tolr^  de  Tours  et  de  nombreux  romans  du  moyen  âge,  où  l'emploi  du 
plt^pour  le  slngaller.  à  la  deuxième  personne,  est  très-ramarquable. 


m^llKT  IT  RINKI   BSTIEfrai. 


421 


«  En  parlant  à  une  jseule  personne,  nous  usons  sou^ 
vent  du  pronom  pluriel.  Jfe  n'enten  pas  quand  nous  . 
mettons  vous  au  lieu  de  iotj;  mais  quand,  en  la  per- 
sonne de  celuy  ou  celW  à  qui  nous  parlons,  nous  taxons 
pu  louons  les  ^utrétf  aussi  à  qui  attouche  le  fait  duquel 
nbus  parlons.  Exemple,  si  je  parle  à  un  jeune  homme 
desbauché  je  diray  :  vom,  jeunes  gens,  n'avez  autre  pen- 
sèment  que  de  cerchtr  vos  plaisirs.  W  est  vray  que  le 
plus  souvent  noùs'adjoustons  ce  mot  entre  devant  le 
pronom,  et  disons  :  en/r*  vous  jeunes  gens,.,  r-  H  vient 
fort  bien^'à  propos  ici  de  parler  d'une  autre  locution 
qui  revient  à  ceste  autre,  asçavoir  où  nous  mettrons 
ce  mot  entre  ;  car  alors  nous  disons  vous  autres  ou  entre 
vou$\  nous  autres  ou  entre  nous  (1). 

VII.  Quand  le  pronom  auit  le  vei;be,  il  est  telle- 
ment uni  à  lui  que  la  prononciation  ne  doit  pas  l'en 
séparer  ;  aussi,  en  écrivant,  on  fait  bien  de  les  joind.re 
par  un  Irait  d'union  :  di-moi^  fay-moy,  que  dit-il? 
.  preste-^lé  moy,  etc.  Toutefois  si  le  pronom  appartient 
au  verbe  suivant,  on  réunira  par  la  prononciation  le 
pronom  au  verbe  dont  il  dépend  :  venet  me  dir4^  la 
response..»,  ^ic- 


Alo.l.pbur  nou.  borner  à  an  exemple'  JoHni  Cpllollnui  dit.  en  parlant 

fait  Mareu.  (Antonlut.  Phllowphu»).  •  -  (Vit  de  Mare-Aurèh,  éAM.^CA- 
.ïnl^  lii  ô:  %4.-0n  Volt  quici  l'adjectif  q«l  qualifiait  rette  deuilème 
^JÎÎ'Jiartel  i«'«ett.?t  lol-méme  au  pluriel,  contrairement  ♦ 

^'""Tlia^TH^^a,  pour  mm,,  et  ^  «Nr».  po«r  «m.  .ont  de.  forme. 

poJée.  «mt  leales  employée.,  et  non  no.,  eo..  Dan.  le  midi  de  ^^'*^' 
nous  anlrw,  w»*  a«»lr«*  «m*  employé,  auwl,  comme  en  eapngnou 


■■    'v^ 


é^ 


A- 


•^ 


422  QMAHMAIRE   FRANÇAigi. 

•  ■       .  '  .  '  '  '  * 

VUI.  Dail8  cetluydt  ce»tuy-la  (1),  ceci,  cela,  ceux- 
ci,  ceux-là,  les  particules  ci  et  (a  sont  dés  adverbeâ  :    * 
d  n'est  autre  que  ici/.  On  le  trouve  danâ^ïa  formule    .. 
épigraphique  :  ci  gist  honorable  Iwmtne,,,  —  On  devra 
remarquer  que  ci,  la  peuvent  être  séparés  iceit  homme/ 
ci,  ce  pain. la.        •  -^    --^--^--^---,^---^-^---.^-^,^     — 

•  Combien  que  ce  pronom  ce  se  doive  dire  propre- 
ment des  choses  iqu'pn  monstre  au  doigt,  neantmpins 
nous  en  usons  souvent  autrement,  en  parlant  de  cjioses 
peult  esire  fort  esloignees  de  rious,  voire  qui  sont  en  ^ 
Tautre  bout  du  monde.  Exemple:  ne  m^ apportez  point 
de  ces  petits  rubis,  mûis  de  ces  grands*  Getuy  qui  dira 
ceci  a  quelqu'un  allant  en  Portugal,  ne  luy  monstrera 
point,  en  parlant  a  luy,  ny  des  petis  rubis  ny  des  grands, 
et  toutesfois  usera  de  ce  pronom»  démonstratif.  Et 
fault  noter  que  quand  il  dit  :  ne  m*apportez  point  de  ces 
petiê,  rubis,  c'est  autant xomme  ^lit  disoit  :  dé  cespeiM 
rubis  que  vous  scavez*  •  —  Le  demonstratif'ce  sert  aussi 
à  marquer  le  mépris  i  je. parlais  à  un  de  ces ^  plaide- 
reaux,       . 

H.  Esti^nne  note  encore  deux  emplois  des  démon- 
stratifs. Nous  disons  vaguement  faufre  «quand  après 
qùelquç  verbe  ou  façon  de  parler  notable  nous  adjous-  ^ 
tons  r  comme  dittautrei'i),»  —  •  Dautre  part,  en  parlant 
.de  soy-mesme,  aa  lieu  de  dire  :  me  voici  on  dira  voici 


(1)  n.  Estienne  réunit  eeitu^^  et  sépare  eetiuyla.  è*e>t  qu'il  titffftà» 
cettitifei  tomuM  une  oontractjkÀ  pour  eeituy'iei. 

(3)  NQui)Mlployon»raMtr«  «a  eltaot  des  phrases  proverbiales  dont  on 
ne  p^t  dîMtpMf  phis^lairement  tautntr,  Ia  mol  autre,  en  oe  sens*,  ne 
vlendralt-il  paideouefor.otil/tfff  que  de  aller*  -  '.     ^^ 


V 


^. 


^ 


ROBERT   ET   HENRI   E8TIEISNB. 


425 


l'oiire  /lomtiip.w;  et  dans  cette  locution  *micx  est 
tellement  adverbe  qu'il  ne  laisse  <J^tenir  de  la  siguifi- 
cation  du  pronom  (l)rf» 

IX.  Lù}^  s'emploie  pour  le  datif  des  deux  genres,  et 
se  plikce  avant  le  verbe:  je  /« /ui/  ai/  rfict.  Mais  si  l'on 
veut  distinguer  Phomme  de  la  femme  on  dira,'  en 
plaçant  les  pronoms  après  le  verbe  :  «  Pavez-vous  dit 
à  luyo\i  àelte?» 

-*  X.  NoUs  remplaçons  souvent  le  pronom  possessif 
par  Tarticle;  ainsi  :jû.vou»  preste  CoreUte,  presiez'-moy 
r oreille ^  Bi  non  je  vous  preste  mon  oreitte,  prestez- 
moy^voitre  oreille. -^  Oh  il  faut  remarquer  encore 
que  nous  employons  le  singulier  et  non  le  pluriel  (2). 

\{,Cestuyci  et  ceci,  cestuy-la  et  c€*/<f  ne  doivent  pas 
être  confondus.  Ceci  Qi  cela  ne  s'appliquent  qu'au  neu- 
tre, à  moins  d'être  séparés  par  un  nom  masculin  :  ce 
livre-ci^  ce  livre-la, 

Xll.  On  ajouté  quelcjuefois,  hceluy.  celle,  les  par- 
ticules ci  et,  la.  On  ne  devra  jamais  léMàire  si  qui  ou  ; 
(/ne)  doivent  suivre  ;  ne  dites  donc  pas ^:  celuy  la  qui 
aitiM,  mais  cc/ttî  <7tit  <itme.  '  .  '     * 

iXest  un  adverbe  de  lieu  ;  le  vulgaire  prépose  quel- 
quefoisïtïHr  et  dit  ilà  (3),  —Quanta  ci  (ft).  ou^  ici  il 
Vient  du  ph)nom  ce  (5). 

XÏII/Ôn  <iit  ï  je  suis  allé;  mais  si  le  sujet  est 


■  I  »ii 


"(I)  Cwifonutl/,  pp.  48-51. 

(2)  célU»  remar(|ae  e«t  Joite  pour  prêter  Voreille  ;  mais  on  dit  :  donntr 
les  v^m  à  une  affaire^  et  Ici  clett  le  plariel  qui  «a  employé. 

(3)  Cf.  Chevâ««t,  III,  2W ,  Burguy,  II.  27« -2^. 

(4)  Cf.  Chetillet,  lU.  806;  Burguy,  II,  J78-280. 
{%)  Conformitéfp.M, 


'4^ 


^ 


\: 


..  /  : 


"N 


.f 


'444 


gbàmhairi  phakçaisb. 


\ 


x 


.^ 


X 


complexe,  on  remprace  je  par  moy^  comme  :  Pierre 
et  moy  tamme*  allés  (!). 

XIV.  En  parlant  de  soi  et  d*un  autre,  lé  Français 
se  place  le  dernier;  aidai  on  dit  :  Pierre  èi  moy  plutôt 

,  que  moy  et  Pierre,  à  reioina  qu'on  ne  parle  d*un  do- 
mestique, d*un  homme  très-iflféri$ur  ou  de  sa  femme. 
Quelques-uns  cependant  font  à/leur  femme  cet  hoti-, 

%  neur  de  la  nommer  avant  eux ,  mais  non  sansparaUre 
ridicules  au  plus  grand  nombre  qui  leur  reproche  de 
piirler  en  hommes  yuvawoxpaTou/xevo!,.  menés  par  leurs 

;    femmes.  ' 

'XV.  I^îous  avons  vu  employer  le  démonstratif  ce  sans 

qu*il  y  eût  démonstration.  On  emploie  de  même  le 

,  possessif  iHMfrê  sans  qu'il  y  ait  possession.   Ainsi, 

V  «  souvent  eit  nostre  langage  nous  disons  wstre  galand 
au  lieu  de  dire  ce  galand.  que  vout  sçavez';  «t  mesme 
nous  dirons  :  voila  vmire  gaCanlflthier,  et  entendrons  : 
-ce  galand  qui  vous  voulut  affronter  hie^,  ou  auquel  jpo^t 
chantastes  si  bien  ta  l^on  Hierf'ùVL  lequel  vous  frptoête» 
§i  bien,  •  etc.  {^y   '.    ^ 

XVI.;  Un  usage  particulier  des  possessifs  se  rcmar-, 
que  quand  nous  disons  :  •il  est  mi^,..ou  il  est  fbui 
mien;  je  suit  vostre,.je  suis  tout  vostre  au  lieu  de  dire  1 
il  est  à  mon  comrhandemenif  ou  je  suis  à  vostre^comF , 
mandement f  ou  je  suis  prestà  vous  faire  plaisir.  -^  Je 
trouve  Tusage  dB  ces  pronoms  estré  tel  en  la  langue 
grecque  (3).  » 


r' 


(i)  Cf.  ci-dOMUS.  pp.  79.  346,  298. 
(î)  Conformité,  p.  Il, 
il)  Cot^ormité,  pp.  44-47 


r 


T 


\ 


/ 


ROBIIÎT  IiT   HKNRI   ESTIBNNB.  ,  425 

.     -.4  .  * 

-     ^  .  .-i-'-v  ■  ■ 

).      "  ■"^'xi  *  '  ' 

XVIÏ.  «  Je  vien  au  pronom  relatif,. en  frànçois  luy, 
et  di  que  çeste  façon  de  parler  (qui  sert  bien  poj^r 
àbbreger),  i7  y  est  alté  luy  troisième^  on  luy  (juatriemet 
au  lieu  de  aire  il  y '^st  alté  acrcômpagnê  de  deux,  ou 
de  troM,  est  conforme  à  celle  ^des  anciens  auteurs^ 

grec6(l).»  • 

XVIII.  €  Le  François  ne  dira  pas^:  j^iwe;  en  toy; 
ains  fault  qu*ii  ,diè(^ub  peine  de  parler  mal,  eji  loy 
meime  (2).-»  On  voitrpar  là  Û9  des  principaux  eno- 
ploip  de  mesme,  réilératif  de  la/ même  personne . 
comme  le,nomme  Rob.  Ëstiertne  (3).  *   V^ 


«SJ> 


DU  VEMBX. 


Dès  Tan  1542;- Rob.Estienne  avait  public  un  petit 
traita*  de  la  conjugaison  des  verbeâ' français;  comme 
nous  le  reproduisons  ihtégfalemeût,  nous  ne  donnè-^ 
rons  pas  iai  des  modules  de  conjugaison  quîonjtrouvera 
dans  cet  opuscule?  noiis  nousbornerôné  aux  remar- 
ques générales  faites  par  I^b.  E&tienrie  dans  sa' 
Grammairç,  et  par  son  fils  dans  ses  divers  ouvrages  : 
malheureusement  lisant  loin\run  et  T  autre  ^d'avoir 
épuisé  la  matière.  _ 

«  Les  verbes,  dit  RoV.  Eslienne,iîe  sont  naots  qui 
signifient  ou  faire  quelque  chose;  icorome  aiméT  ou 
souffrir,  comme  j«««waii?i^.  »  ** 


(1)  rofiformtl/,  p.  51.— Cf.  cl-dettp»>i».  244. 
(3)  Vojrei  ci-4e9tu».  p.  115-116;  cf.^  p.  32. 


"^K. 


V^. 


•    s 


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V. 


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__l — .. ^^. 


426 


GRAMMAIRE   FR▲^|;AI&I. 


»«er 


^  Diaprés  cette  définition,  Vapeur  divise  ensuite  les 
verbes  en  verbes  actifs,  «  quifeignifient  fair§  quelque 
chose  ;  ■  en  verbes  passifs,  c  qui  siKni^»^  souffrir;  » 
enfin  en^verbcis  neutres.;»  quiJp^  sont  ne  actifs  ne  pas- 
sifs, et  n'ont  point  de  déclinaison  passive  {{),'• 

--  t  Oultre  ces  trois- sortcœ,  il^  a  le  vçrbe  nommé 

^ubstantift  qui  est  estre^  qui  pe  signifio  action  ne  pas- 

^6ion...>Toutesfoi%îPest  si  nécessaire  a  toutes  actions 

et  passions  que  noiiÀ,  ne  trouverons  verbes  quiNje  se 

^puissent  resouldre  par  luy  :|par  ce  que  toute  action  où 

pa^ion  requiert  existencei  ou  sub^stance  «t  estre. 

Une  dernière  classi;% de  yerbes  est  celle  àes  verbes 
«  bomiiiez  impersonel»,  al  cause  qu'ils  n'ont  né  per-^ 
sonnes  ne  nombres;  c'estJà-^ire;  quand  on  ei)  use,  on. 
ne  scait  de  qui  c'est  qu*on  parle^  ne  si  ^ést  a  une  ou 
plusieurs  personnes.:  sefulement  ont  les  modes  et  les 
temps  distinguez,  et  smit  tiçrces  personnes.  Ils  sont 
d^  deux  sortes  en  latin...'  •  -.^  Donc  il& sont  de  deux 
sortes  en  français  :  cari  évidemmenl^s  deux  langues 
n'en  font  qu'une.  -^  «tes  uns  finissent  en  /,  pour  les-  . 
quels  expliquer  et  rendre  en.françois  on  prépose  i7, 
comme  OPORTET,  i7/aM/i^0P0RTUiT,U/  a /a//u  ;  les  au- 
tres se  terminent  en/ fur  ;  à  tels,  pourjes  exposer  en 
françois  on  prépose/ on,  comme:  amatdr,  on  aime; 
DiciTUR,  on  dit,  Erw  laquelle  manière  de  parler  quel- 
quefois its  prend  jfa  place  de  on,  comme  ils  dUenii 
pour  on  dit,  * 


(I)  PalsifTave  divise  Im  verbes  de  deii\  nMnières  :  d'abord  en  verbes 
actifs,  passifs  oûmvyeiis,  ensuite  en  verbes  personnels  ou  impersonnels. 


\ .. 


•  -) 


T7 


ROBEBT   BT   HEMll   E8TIENNE. 


427 


'  Suit  un  chapitre  fort  important,  dont  la  forme 
concise  n'est  pas  susceptible  d'être  résumée,  et  qui 
A  traite  de  points  trop  intéressants  pour  que  nous  puis- 
\iods  l'abréger  en  rien  :  c'est  la  théorie  complète  du 
verbe  :  nous  citerons  textuellement,  comme  un  spé- 
cimen de  la  manière  de  l'auteur,  de  son  orthographe, 
de  son  style,  de  sa  ponctuation  même;  tout  ce  pas- 
sage de»' acci</cnï#  </«  t;er6«^(l). 

;■  "   _•  V-    p  ■..  '    '  ■.  \  -^    -  ' . 

«  Les  ÀccipENT^u  verbf.  —  Le  Verbe^Ha  sept 
accidews,  qui  ionl  Mode,  Temps,  Espèce,  Figure, 
Conjugaison,  Eersonne  et  Nombre  (2). 

«  Des  Modes^  — Les  Modes  sont  de  cinW  sortes  (3) . 

La  première  sappelle  iniicative,  pourtant  due  le  verbe 

^uôunç^fpis.  demonstre  que  quelque  cheseWe  fait>  ou 

^'elleNe  faisôit,  ou  qu'elle  a  esté  faictè,  oU  qu'elle  se 

feili;  comme,  Vaime^  Vaimoyef.  Tay  ainué^  Vahoye 

QÎméy  Vaimeray  Ji).  1 

*        »  La  seconde  mode  ou  manière  (k  Verbe,\  sappelle 

.     Impewitiue,  quand  par  iceluy  on  commande  \de  faire 

"  quelque  chose  :  comme  Aime."^  Elle  n'ha  point\de  pre-^ 


{{)  Nom  iton»  doihié  de  leinlijables  spécïmen»  pour  Dubou\pa»fim; 
Meigrel,  p.  .89,  pbur  PelleUer,  p.  J74,^Uf  Ramua,  pp.  267  et  B06. 

(2)  Lm  accidents  dû  ▼erbe,  "«lon^tn^Be,  »ont  j  le  mode,  lètemp», 
It  eireonloenUon  («n  uMge  aux  lempi  ^!»é«),  Je  nombre,  la  pèrMnne, 
i%.cbnJugal»on,  la  formation  oa  dérivaUoD,  la  composition,  rafllibation 
efla  négaUon,  eiifln  Tordre. 

(1)  Selon  Palsgrave,  la  langue  française  .a  «ept  mode*  :  rindleatlf, 
tomme  je  parle;  le  iùbjdnctif  :  rouléx.vouf  que  if  pdrle;  le  potehtlel  : 
/«  p«fi«Wv«;  rimpératlf  :  pdrle  ;  TopUtif  ;  bien  pdrle  il;  le  condlllobnel  : 
iy>«p<lrl«;nnllnmf:p«fi«f.    •  'V 

(4)  VI  majuscule  était  pour  l'auteur,  nd  signe  équltalent  de  notr^;.— 
Cf.  ^-d^Uf ,  p.  848. 


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m  GiiniHiiBi  rtAKÇAift.  ' 

terit  :  car  on  ne  peult  commander  pour  le  passé,  qui 
est  .temps  irrcuoc&bic  (1).  EHe  n*ha  donc  que  le  pré- 
sent, qui  toutesfois  n*est  point  si  présent  qu*ii  ne  tienne 
quelque  chose  du  fdUir  temps.  Aussy  de  vray  ce  se- 
roit  commander  sans  propo»  a  celuy  qui  la  fèroit  ce 
qu*on  luy  a  commandé.  Avec  ce,  on  ha  de  coustume, 
quand  bon  semble;  de  luy  adiouster  aucuns  Noms  et 
Adverbes  signiTiant  temps  :  comme  Faicelademam^a 
reste  heure,  pretentrment  :  dont  la  pluspart  emporte  le 
futur.  Quelque  fois  on  se  sert  du  futur  de^l* Indicatif 
pour  rimperatif  .'.comme,  Voui  ferez  cela.  Tu  irat  la. 
Combien  que  par  Tlmperatif,  aussi  {proprement  se 
•puisse  dire,  car  autant  vault  Faites  cela,  et  va  /a,  que. 


Vous  ferez  cela,  et  Tu  iras  la,  prononcez  c^n  façon  de 
conunandement  ou  remonstrance  avec  les  plus  grans, 
icàr^  les  soubiects  ou  moindres  ne  peuuent  pas  com- 
mander a  plus  grans  qu*eulx  :  veu  qu'entre  lés  esgaulz 
mesmcs  le  commandement  n*ha  point  de  lieu.  Parquoy 
il  est  euident  que  ceSt  Impératif  est  plus  futur  que  pré- 
sent :  ou  que  pour  le  ùioins  nous  le  pouvons  appeler 
aussi  bien  futur  que  présent. 

»  La  tierce  mocle  sappelle  Optatiuè  :  quand  on 
souhaite  et  désire  que  quelque  chose  se  face  présente- 
ment, ou  qu'elle  eùst  este  faicte  ou  quVlle  se  face  a 
Faduenir  :  comme,  0  que  uoéontiert  VAimeraye,  VAu- 
roye  aimé  y  Dieu  uueitle  que  C  Aime., 

■  I^  quatrième  mode  sappelle  conjonctive  ou  sub- 
jonctive, quand  on  parle  avec  cause  ou  condition,  et 

(I)  Cependant  en  grec,  rimpératif  aoriste  était  d'un  uuge  général. 

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lOllMT   fcT   HBNBI  KSTIINNE. 


42» 


qu'il  y  a  deux  modes  et  manières  jolncles  ensemble 
pour  faire  sentence  parfaicte  comme  si  je  di  :  //Manc/ j<? 
l\mray  dicl^  la  sentence  n*cst  pas  parfaicte  si  je  n'ad- 
,  jouste  quelque  chose, ^com me  /w  te  scauras,  ou  sembla- 
ble^ Pourquoy  raimejoyc  je,  veuquMl  uq  me  JaUja- 
mait  que  mai? 

•  \jx  cinquième  mode  des  verbes  se  nomme  Infini- 
trve  :  quand  le  verbe,  mis  seul,  ne  détermine  ou 
demonstre  certaine  personne  qui  face  ou  endure  quel- 
que chose,  ne  le  temps  ouq^elPaction  se  face:  ne  le 
nombre  des  personnes  qui  la  font,  ung  ou  plusieurs, 
comme  :  aimer.  Si  autres  mots  ne  sont  adjoincls  a 
cestuy,  on  ne  scail  qui  aime,  toy,  ou  moy,  ou  autre, 
ne  en  quel  temps  et  combien  çn  est.  Elle  ha  ung  pra;- 
terit,4equel  signifie  temps,  comme  avoir  aimé.  Geste 
mode  est  la  source  dont  proviennent  toutes  les' parties, 
d'ung  verbeJ  / 

»  Les  Latins  ont  ung  futur,  comme  amaïutum  e9se  : 
que  lés  François  déclarent  et  représentent  par  le  futur 
indicatif  en  adjoastÀnt  ce  mot  <jfiic,  commç(quand  nous 
disons  :  f  espère  que  Jehan  aimera, 
■  »  Quanta  ceulx  que  les  Latins  appellent  gerûit^ia  et 
siipina,  les  François  n'en  ont  besoing;ïar  ilsles\x- 
priment  et  représentent  par  les  infinitifs  ou  participes  ; 
comme,  au  lieu  que  les  Latins  dient  eo  venatdm,  le's 
i^s  di< 

•vten  de 
pour  chasser;  becrbatur  ajiimus  venando,  on  sesbai 
eïMuumnt.  Nous  en  pouvons  bien  dire  aucuns  autre- 
ment, comme  :  je  vay  a  (a  chasse,  etc.- 


Ffancds  dient  :  je  m'en  vaij  chasser  ;  rhdeo  venatl, 
jerevSn  de  chasser;  vbm  Venandi  gratia,  je  suis  venu 


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430  GMAHHAIMI  FIANÇAIHI.       ,  ■>         '   . 

'•,  ik»  îempt,  —Il  y  a  trois  principaies  manières  d»» 
temps  :  le  présent,  le  prétérit  ou  passé,  et  le  futur  (H. 

»  Par  le  temps  présent  nous  est  donné  a  entendre 
que  la  chose  de  quoy  on  parle  se  fait  présentement,, 
comme  :  je  Çahm,  tu  es  aimé  de  môy, 

»  Le  temps  prétérit  et  passé  est  divisé  en  trois  temps  : 
le  premier  se  nomme  tetnpn  prétérit  imparfaict,  pour- 
tant qu'il  ne  nous  dénote  pas  ung  accomplissement  tje 
perfection  d'une  action  ou  passion  passée,  mais  tant 
seulerhent  avoir  esté  commencée,  comme:  falmotje. 

»  Le  second  s'appelle  prétérit  parfaict,  leduel.est 
de  deux  sortes;  Tune  est  simple,  qui  dénote  iWion 
pu  passion  parfaicte,  duquel  toutesfois  le  temps  rbst 
pas  bien  determipé;^sorte  qu'il  despend  de  quelque 
autre,  corpfncTje  vei  le  Roy  lorsqu'il  fut  couronné  ;  je 
fei  ce^e  lu  m'avols  commandé rsoudein  que  jereceu  les 
lettres  ;je  leu  hier  les  lettres  que  tu  ni  avois  envoyées  il  y 
a  huici  joiiri.  ^-  L'autre  est  composée  du  vert)e  avoir 
et  d'ung  participe  du  temps  passé,  et  signifie  le  temps 
du  tout  passé,  ne  requérant  aucune  suite  qui  luy  soit 
necessaife  pour  donner  perfection  du  sens,  comme: 
fay  veu  le  Boy,  fay  faict  ce  que  tu  m'as  comtnandé, 
fay  leu  tes  lettres,  —  Il  en  y  a  encores  deux  sortes; 
l'une,  qui  sq  fait  par  le  prétérit  parfaiçt,  dudict  verbe 
avoir,  et  le  mesme  participe  du  verbe  qu'on  traicte. 


(I)  Pal»graviB  p«Me  en  revue  les  temps  de  chaque  mode;  rtndicatir  a  : 
présent,  je  parle;  le  prétérit  imparfait  -.je  parl&ye:  rindéÛnl:;VparWy; 
le  prétérit  paifait  t  je  ay  parU;  le  prétérit  pluis^^iue-parlait  :  j'av6ye  parlé; 
le  futur  :  ;>  par/erdy.—  Lea  autres  modes  ont  tous  ces  temps  ou  seule- 
ment quelques'-uns.  .  . 


IIOBERT    ET   HENRI    E»TIK?(XI. 


4SI 


comme  feu  aimé.  ^-^  L'autre,  encores  par  le  prétérit 
parfaictdu  verbe  qa*on  iraicle,  comme  j'ai/  eu  aimé. 
Ces  deux  sortes  sont  indéterminées,  comme  aussi  le 
prétérit  plus  que  parfaict,  et  pourtant Vequierenl  une 
cause  précédente  ou  subséquente  le  plus  souvent  avec 
temps  prétérit,  comme  :  favoye  Jaict  quand  mus 
veintes'yjeufiiict  quand  vous  arrivàstes;  f  eusse  faict  si 
mme^Ceusscs  escripi;  jaij  eufaict  avant  qu  il  arrivait. 

»  Le  tiers  s'appelle  prétérit  plus  que  parfaict  :  lequel 
se'  forme  par  le  preCerit  imparfaict  de/ai/,'a*,a  ;  avec 
le  participe  prétérit  du  verbe  qu'on  traicte,  comme  : 
favoye  aimé.  ^  . 

»  Le  fiitur  signifie  le  temps  a  Venir,  comme/aiwe- 
rayM  ne  se  divise  point  qup  par  adverbes  ou  noms 
signifians  temps,  .cqmme  je  leferay  aceste  heure,  main- 
tenant; demain,  dedans  huict  jours.  (Quelquefois  aussi, 
pour  monstrer  la  chose  future  plus  que  présente,  nous 
disons  par  le  prétérit  parfaict:  ;■  ai/ /aict  mamtcwaHr, 
fay  dicijfay  tout  incontinent  disné;  pour  :  je  feray,  Hi- 
ray^disneray  incontinent. 

VDcs  espèces  de  verbes.  —  Il  y-flrdeux  espèces  de 
verbes  :  l'une  primitive,  quand  le  verbe  est  premier, 
ôt  n'est  point  formé,  ne  dérivé  d'ung  nom,  comme  ai- 
mer; Vautre  derivative,  quand  il  est  formé  et  dérivé 
d'ung  nom,  comme  de  meianchaHe^  metancholier^wde 
choierez  chdorer;  de  fient,  fienter  ;  ^e  ris ,  tire,    , 

»  Au  regard  de  cep  dérivatifs  latins,  comme  le  fre- 
quenUtif,  méditatif  et'  desideratif,  les  François  n'en 
ont  point  en  ceste  gignification.  Et  quant  a  l'inchoactif, 
nous  rexprimons  pv  le  verbe  commencer,  comme  :  j<î 


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UIAMMAIIII  rilANÇAISI.  ^ 


commence  avoir  faim.  Et  le  mcditatif  latin  en  rio  par 
verbes  de  désir,  comme  :  PAiTOiftia,  je  degire,  je  veulx 
enfanter.  Et  quant  au  fréquentatif,  nous  Texprimons 
par  l'adverbe  souvem  et  ses  semblables,  comme  je 
hante  ou  voy  souvent.  Et  combien  que  vi$iler  soit  tir^ 
de  visito  latin,  et  fréquentatif,  il  n'en  garde  pas  tou- 
tesfois  Iji signification, en  notre  langue  :  tellement  qu'il 
ha  bcsoing  de  l'adverbe  souvent^  comme  :  je  visite  sou-^ 
vent  te  palais  et  les  prisonniers.  Nous  en  avons  qui  si- 
gnifient imitation,  termines  en  zer,  comme  tyrannizer, 

latinizer,  grccizer, 

.  '  •*.     .  .    . 

»  Des  figures.  —  Les  verbes,  ont ,  aussi  bien  que  les 
noms  et  pronoms,  simple  figure  et  composée.  La  sim- 
ple, comme  dire,,  veoir^  ouir;  la  composée,  cdinne 
contredire^  preveoir,  défier* 

»  Des  conjugaisons.  ■^~  11  y  a  quatre  conjugaisons  de 
verbes,  séparées  selon  la  diverse  terminaison  des  infi- 
nitifs (1).         #    , 


(1)  Paligrave  n'admet  que  troit  eonjogataons  :  la  première  a  le  présent 
de  riodlcatif  et  le  participe  passé  terminé  par  e,  mais  avec  un  aecentdif- 
fêtent;  i' infinitif  est  en  er  :  je  pdrU^  je  ay  parlé,  pdrkr.  —  La  seconde 
conjugaison  a  le  présent  Indicatif  ea.ù,  le  participe  en  y,  et  l'infinitif  en 
If  •  je  convertis,  jay  tonverty,cont>ertyr;  les  verbes  de  chacune  de  ces 
conjugaisons,  le  présent,  le  participe  prétérit  et  l'infinlUf  ont  lé  même 
nombre  de  syllabe.  —  La  troisième  conjogaison  a  le  présent  indicatir  ter- 
miné en  f,  et  tantôt  d'une  syJlabe,  comme  je  b«s,jetens,  je  romps0 
meU:  Untôt  de  plusieurs  syllabes,  eomnae;*  eombés,  jiniénsjè  eorr&mps, 
jentreméu:  l'indéûni  se  termine  aussi  en  s  précédé  de  y,  «»,  «i,  on,  u, 
comme  je  ./U  je  print,je  reeéui,je  bàu;  le  participe  prétérit  eat  terminé 
«a  «,  I,  M  ou  y,  comme  jay  pritu,  jay  dit,  jay  balA,  jay  reféu,  jày  îormy, 
et  il  est  tantôt  d'une  syllabe,  Unlôtde  plusieurs;  l'infinitif,  toujours  po- 
lysyllabique, est  terminé  en  rè  ou  en  yr,  comme  Mire,  f^iwNl,  wrrîmpre, 
'  n^it%rt,  dormyr. 


lOMRT   IT   Hinil   ISTIENMK. 


4%Z 


•  V  La  première  âe  termine  en  ef  long,  comme:  ai» 
mer  t  frapper,  donner. 

*}ja,  seconde  en  eoir,  comma  Iveolr,  pouvoir. 

■  La  tierce  en  re  bref  (muet) /comme:  diref  battre, 
cognoiêtre,  faire, 

i  La  quatrième  en  ir,  comnie  :  fuir,  jouir,  gaudir.  * 

»  Dei  personne f,  —  Comn^  les  pronoms,  aussi  les 
verbes  ont  trois  personnes. 

>  La  première  parle  de  sby  et  non  d'autre,  par  ac- 
tion ou  passion  :  faime  Pierre,  je  iui$  ainié  de  Pierre. 
—  Mais,  au  pluriel,  elle  peult  comprendre  toute  autre 
personne  :  loy  et  moy  avons  faict  cela;  iuy  et  moy  et  toy 
aums  fatct cela  {\\.    |     y 

I  La  secondé  personne  est  celle  a  qui  nous  adres- 
sons la  parolle,  comme  tu  aimes.  De  laquelle,  aussi  le 
pluriel  peut  s'adjoindi^e  la  tierce  personne;  comme: 
vous  et  Pierre  irez  la^LeÉ  François  usurpent  ceste  se- 
conde personne  pluHele  pour  la  singulière,  parlans  a 
plus  grans  que  soy,  k:omme  :  vous  estes  mçn  père  et 
ieigneur,  !  •  ^» 

•  La  tierce  personne  est  celle  de  qui,  soit  présente  ^ 
ou  absente,  nous  parl0ns  sans  leur  addresser  la  paroUe, 
comme  :  Pierre  esra(lé  là  yleshomines  sont  quelques  fois 
pires  que  les  bestei»   1  « 

^»  Des  nombres. -^  Tout  ain§i  que  les  nonis,  sem- 
bUblement  les  verbes  ont  deux  nombres:  le  singulier, 
comme  je  II;  et  le  pluriel,  comme  nous  lisons,  • 


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(1)  Cf.  Meigr«t,  ciHteMiu,  pp.  77-78. 


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^^       ^  GlAJIMAimi   FMÎ^ÇAliB. 

Robert  Estienne,  à  là  suite'  de  et  long  chapitre, 
donne  ses  modèles  de  conjug^oo  :  nous  n'avons  pas 
à  BOUS  y  arrêter  ici;  c'est  à  son  fils  que  nous  voulons 
demande,  maintenant  le  complément  du  texte  que  nous 
venops  de  reproduire.  '  -i. 

Henri  Estienne  ne  trouve  rien  j6i  répondre  ni  à  ajou- 
ter à  la  division  des  verbes  en  quatre  conjugaisons; 
au  suj^t  des  modes,  il  se  borne  à  constater  deux  faits: 
!•  le  mode  infinitif,  précédé  de  rarticle.  devient  un 
Véritable  nom  (1)  ;  2*  «  comme  les  Grecs  quelquesfois 
usans  de  cest  adverbe  ôttwç  omettent  un  Inipçratif  qui 
devroit  éstre  mis' devant,  ainsi  usons-nous  de  hostre 
que,...  quand  nous  disons  :  màU  qu'il  n'y  ait  point  de 
fauhe,  au  lieu  de  dire  :  mais  voyez  quHt  n'y  mt  point 
defauUei  ou  :  que  je  ne  vous  y  trouve  plus,  au  lieu  de: 

faites  que,,.  {^)>»    ^      ' 

Nous  sommes  amplement  dédommagés  du  silence 

de  H.  Estienne  sur  ce  sujet,  par  la  tjiéoric  complète 
qu'il  nous  a  laissée  des  temps;  plus  tard  nous  verrons 
aussi  ce  qu'il  dit  de  la  corrélation  des  modes  entre 
eux,  et  des  temps  entre  eux. 

Les  temps  de  nos  verbes  sont  simples  ou  composés, 
—  Avant  d'en  régler  l'emploi,  voyons  à  quelles  re- 
marques donne   lieu  rorthographé  de  ces  (ormes 

'verbales.  j^ 

Temps  Mjimples.  —  !•  Coinmc  les  Grecs  disent  tu 
présent  ,6«XXw  avec  deux  U,  "et  à  raorigle  !6of>ov. 


Mfe^î'ï 


{DjConfwmité,  p.  67,  ÔbWTT.  fin  i  -  «.  d-dcMui,  pp.  2&,  47, 2*7, etc. 
(î)  Conformité, p.  VI.  '  ;./■  s...':'  i     '-'l'-^'V  '■ 


-s 


fî^- 


\ 


ioiiiT  %r  iii?iii  «sTiiHni. 


iS* 


((  afnsi  fait  npstre  langue  es  prétérits  de  certain^ 
verbes:  nous  disons  au  présent  j'ap;)«//<*,  et  au  pre* 
terit  fay  appelé.  Car  ceux  qui  escrivent  fay  appétit^ 
font  long  ce  que  la  prononciation  fait  bref  :  ce  qui  est 
contre  toute  raison.  Ainsi  est-il  du  verbe  aller;  car  on 
dit  :  où  allez  vous  ?  avec  '//  double  ;  je  êuis  aie  avec  / 
simple...  J*adjousteray  encores  ceci,  c*est  que  (si  mes 
oreilles  ne  sont  deceues)  ceux  qui  sont  estimez  bien  pro- 
noncer disent  :  feichappe^  je  suis  e$chapé;  \q  frappe, 
j'ay/rop^;    et  es  verbes   semblables,    semblable- 

.  H  ment  (1)^  »  ^ 
^  2*  Par  suite  d'une  erreur  trop  commune,  on  voit 
souvent  ajouter  à  la  première  personne  du  singulier  de 
l'indicatif  présent,  là  lettre  »  qui  i^e  convient  qu*À  la 
seconde  personne  :  je  suis  y  je  puî»,  je  dity  je  Hi;  de 
même,  j^escris,  je  fais,  je  me  iais,  je  crqu,  je  voi9,  je 

'  r<?fot«  .•  .'c'est  surtout  après  Vi  que  Von  voit  placer 
cet  «;  mais  on  le  rencontre  aussi  ailleurs  :  je  crains, 
je  viens  {"1).  Il  est  plus  correct  de  le  supprimer,  excepté 
dans  quelques  monosyllabes,  avant  une  voyelle  :  je 
suis  ami,  je  lis  un  livre  :  ici  Vs  sert  à  adoucir  la  pro- 
nonciation (3).  \     * 

â*  A  rimparfait,  l'usage  s'est  récemmenl  éèabli  de 
terminer  par  un  s  la  première  comme  la  deuxième  per- 
sonne :  fàimois,  tu  aimois.  On  écrivit  d'abord  :  fat- 
moye,  je  faisoye,  etc.;  cette  terminaison, dont  Marot 
s'est  servi  dans  ces  vers,  est  encore  employée  aujour- 


{i)  Conformité,  p,M> 
{2.)  Cf.  cUdeuuB,  p.  161. 
(3)  HypomtiMef,  p.  196. 


V 


»: 


4^6 


GMAHMAimi   rMANÇAISI. 

^  d'hui,  en  vers  et  ipcme  en  prose  ;  Tusage,  qui  aiuve  la 
brièveté,  ayant  retranché  Te  final,  aux  formes  j'aiinoi/, 
je  fàitotf^  on  ajouta  «,  par  euphonie,  surtout  devant 
une  voyelle  :  aussi  ceux  mômes  qui  écrivent  et  pro- 

•noricent/a//oyi  d  la  vitle,  prononcent  et  écrivent  j'o/- 
loy  dehors,  ei  marquent  souvent  d'une  apostrophe  ce 
mot /o//oy*,  pour  indiquer  l'élision  de  Ve  (ï). 

4*  Au  parfait,  plusieurs  disent  :  yalli,  tu  allis,  il 
aliity  je  baiHi,  je  màndi  pour /a//ay,  tu  dHat,  il  alla,  je 
baillaijy  je  mar\day,  et  au  contraire,  je  cueillaïf,  fescti- 
vay,  je  renday,  je  venday  pour  je  cueilli,  j'etcrivi,  je 
rendi,je  vendi  (2)  :  c'est  surtout  à  la  première  personne 
que  cette  faute  se  commet,  et  tel  qui  dit  je  venday  ne 
dira  pas  il  venda,  —  N'y  a-t-il  donc  aucune  règle  à  ce 
sujet?  il  y  en  a  une,  très-facile  et  très-sûre  j  les  verbes 
cil  e  précède  r  à  l'infinitif  veuleftt  un  a  au  parfait  : 
aimer t  j'aimai/,  ia  aimât.,,',  etc.;  les  verbes  où  t 
suit  r  à  l'infinitif,  veulent  i  au  parfait  :  rendre,  je 
rendit  (8). 

'   5' Au  participe  passé,  c*est  une  faute  de  dire  tentu 
pour  tenti.  11  me  souvient  aussi  qu  il  (Blarot)  estoit  de 


(1)  ffyyomntMf,  pp.  196-197.— Palsgrave  donoe,  pour  exemple  de  U 
fonne  des  imparfaits  en  oyr,  une  longue  pièce  d'Alain  CbarUer  : 


^ 


Qdaid  m  ErasM  i^ajn 
SnHé  ptr  Toje 


*(2)  cr.el^deMnf,  pp.  Mt,  iflO,  9^n,  ete. 
(I)  jtfewmtwf,  pp.  194-19S.--Cf.  ci-deMOi,  p.  2&0. 


SJ. 


■# 


lOBEtT   KT  ■BNBI    KSTIINM. 


437 


Topinion  de  ceux  qui  disent  :  il  m*a  tors^  il  in*a  mon 
npnpas:  il  in*a  (orcfu,  il  m*a  mor(/ii  (1).  » 

Tempi  composés;  auxiliaires  divers,  —  1*  •  N09 
verbes  françois  ont  leurs  prétérits  de  deux  pièces  :  en 
quoy  de  prime  face  nostre  langue  pourroit  sembler 
n'cstre  pas  d'accord  avçc  la  grecque  :  mais  si  nous 
prenons  garde  de  près,  nous  trouverons  qu'elle  s'ac^ 
corde  très  bien.'..  Car  comme  nous  usons  du  v0rbe 
fay  (c'est-à-dire  habeo)  pour  faire;  nostre  p^térit, 
ainsi  eux  ont  usé  do  leur  lj(ù,  qui  signifie  le  liiesme, 
tesmoin  ce  vers  d^Hesiode  :     V 


%'■ 


Kpû4<avTe;  yàp  l;(ouci  0êO(  |S(ov  ocvOfxiTtowi  (2)  : 

car  il  dit  /.putfâevTc;  e/ouat  au  lieu  de  Expv\|/ffv,  ne  plus  ne 
moins  que  nous  disons  :  Us  ont. caché  {3)» -^  Nous 
formons  quelques  prétérits  encorcs  d'autre  sortç,  quand 
nous  disons  :  je  suis  venu,  je  suisalté,  item  je  suis  tombé. 
Ce  que  nous  et  les  Latins  avons  commun  avec  les 
Grecs,  qui  disent  Iv  nfeTropeu/xô/oç,  ainii  que  nous  :  il 
e4pit allé t  elles  Làiins  eratprofectus. 

>  2*  Nous  suivons  aussi  les  Grecs  quand  nous  disons, 
en  prenant  devoir  pour  un  Véritable  auxiliaire  :je  doy 
demain  souper  avec  mon  frère,  au  lieu  de  ce  que  lë 
Grec  dii*a  :  fiOlta  «vpto»  èumtlv  fiixi  toû  «de/opou...  Car 
je  crois  qu'il  n'est  besoin  d'avertir  ceui qui  sont  Fran- 
çois naturels  que  ce  doy  ici  ne  signifie  pas  je  suis  tenu 


.    »     (■ 


(1)  Langage  frûaçait  itùHanité,  p.  143.  —  Cf.  cl-d«uui,  p.  350. 

(2)  Car  les  Dieoi  ont  caché  leur  viA  aat  hommes. 

(3)  Cf.  VUleaullD,  préface  du  Ih'cltoiuia«r«  dtVAcadémù,  1835. 


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4S8  \'  .     ,      '     ttlAMllAnB  flANÇAISt. 

de  itebvdif,  OU  mon  debvoir  nC  oblige  à  ce  faire,  —  Or 
sçay-je^ien  que  ce  moi  {devoir)  est  en  usage  entre  les 
Waloiîs  ^ncbres  en  une  autre  façon  qui  est  fort  es* 
trange,  ei  Ji  rebours  de  la  nostre;  car  au  lieu  que 
noua  rappiiquonf^ au  futur,  ils  l'appliquent  au  prétérit, 
Pierre  ma  den^ire  qiiè  voua  estiez- malade.  Mais  je 
laisseray  aux  WâlOns  rendre  compte  de^  leurs  walo- 
liismes;  il  suffit,  si  je  rcnVôna^  de  mes  gallismes  ou 

gallicisineî  (1).  » .    '      ,    *     ' 
â*  «  Je  vieil  aux -exemples  de  quelques  Tarons  de 

parler  ,qu(j  lès  Italiens  ont  prises  de  nostre  langage, 
CQmrtianceant  par  une  qui  est  enee  vers  de  Pé- 
trarque 

■:-      \.       —l     ■■  ':'       '    "        ■■■■■         '    ■■.     *     -^  ,    ^■-  ^ 

pi  dî  In  d\  t«  canglando  11  vIbo  e'I  pelo. 

Il  est  ccirtain  que  cjeslé  façon  de  parler  est  priée  de 
notre  lajbgage,  auquel  elle  est  aussi  fréquente  qu'elle 
y  a  bonne  grâce,  tomme  en  ce  vers;  pris  d'une  elegie 
-de  Philippe  Desportes  ;  . 

Mite  dorant  qa'«n  regret» , tut»  TM  eootumtnl, 

et  en  ce  passage  pris  d'une  sienne  chanson  : .     t 

Le  plo»  Matent  en  Tooe  Toyanl 

La  peur  Ta  mee  sent  effroyant.  ^     ^ 

£edie  taçon  de  parler  nous  est  fort  ancienne  :  mais  les 
Espagnols  y  ont  voulu  avoir  leur  part,  Jesmoin  celuy 


(I)  Conformité,  pp.  S4-&7. 


/' 


,  4 


"^    RaBRKT   ET   IIKNKI   KSTIIMNB. 


454) 


,  qui  a  traduict  airtsi  le  vers  de  Pet*irque  allégué  ci- 
dessus:  •       .  '  '        '       ^ 


/ 


Cadadia  voy  mudando  ei  gesto  y  èl  pclo.  •  (l)  ^ 

*  '     .    ■  .  -,,■*'•• 

UsAGF  DBS  TEMPS  (2). —  «J'entre  maintenant  dans 
urie  matière  d'autant  plus  difficile,  selon  le  proverbe 
grec,  qu'elle  est  belle,  et  non  moins  profitable  que 
belle  :  c'est  robservation  dé  l'usage  des  temps. 

Présent.  ~  ■  Suivant  l'ordre,  je  commenceray  par  le 
présent.  Je  dis  donc  que  quand  nous  usons  du  pré- 
sent au  lieu  du  futur,  notitf  ensuivons  les  Grecs,  comnn« 
quand  nous  disons  :  ou  c/i«iion«4ioM»  nujùur(fhuy?  où 
soupponi-noui  demain ?.,.  Noui  disons  aussi  souventes- 
fois  :  et  bien,  que  devenons-nous?  ne  passons-nous  point 
ouUre?^ — Nostre  langue  \ha  aussi  ceH  de  commun 
avec  la  grecque,  quant  à  l'application  du  temps  pre- 
ssent, qu'elle  en  use  volontiers  au  lieu  du  prétérit,  en 
faisant  quelque  récit...  Mais  pource  qu'on  ne  pourroit 
amener  exemple  de  ceci  qui  ne  fust  bien  long  (d'au- 
tant qu'il  faudroit  vèoir  un  di^ours  entier)  il  me  suffit 
d'enivoir  adverty.  *'  A 

'  hnparfcAt,—*  Quant  au  prétérit  imparfaict,  je  trouve 
que  nous  ensuivons  les  Grecs,  comme  nous  disons  : 
ainsi  qu*H  mouroit  on  commejl  mèHiroiU^M,;  les  Gî-ecs 
diront  co;nmé  nous  :  (^  ii  avrô<  «ciré9vv;ox^.** 
'     Parfait  défini  et  parfait,  indéfini.  —  »  |»Î0U8  avons 


rftiii  piii 


(1)  ip»^*&M,  p:ifl-rî -l»«J»gT«v«  (édlt.  Génln)  parle  loDguement 
de  cet  «nitllalre,  p.  4«MI0.  \ 

(S)  Tottt  ce  chapitce  est  résumé  du  lYatl^d*  la  Conformité»,  p.  68-67. 
^  Voyes  le  même  sujet  tndté  druu  PaUgraTe,  v-  3*^  et  luhr. 


440- 


6I1A1IMAIRB   t'RANÇÀISB. 


\ 


aus3i  deux  pretefits  parfaicts...  Quand  nous  disons  : 
y ay  parlé  à  luy  et  tuy  ay  faicf  response^  cela  s* entend 
"  avoir  esté  faict  ce  jour  là  ;  mais  quand  on  dit  :  je  par- 
lay  à  hiy  et  tuyfei  responte,  cecy  ne  s'entend  point  avoir 
esté  faict  ce  jour  mésme  auquel  on  raconte  ceci,  mais 
aupara^l^j^,  sans  qu'on  puisse  juger  combien  de 
temps  est4)assé  depuis.  Car  soit  que  j'a^e  faict  ceste 
/pQgprfnse  le  jour  de  devant  seulement,  soit  qu'ij  y  ait 
jà  cinquante  ans  passez  ou  plus,  je  diray  :  je  tuyfei 
response,  ou  alorst  ou  adonc  je  fei  response.  Voilà  com- 
ment, par  ce  prétérit,  nous  ne  limitons  point  Tusage 
du  temps  passé. ..  r—  De  cent  estrangers  à  grand  peine 
sen  trouvera  il  dix  qui  ne  heurtent,  voirè  choppent  à 
ceste  différence  de  nos  deiix  prétérits...  Car  d'un 
homme  qui  fust  venu  parler  à  eux  depuis  un  demi- 
quart  d'heure,  voire  depuis  une  minute  de  temps,  ils 
^eussent  dict:  U  veint  icy^  it  parla  a  moy.  Et  mesmes 
sans  qu'il  soit  besoing  de  les  escouter.  longtemps  pour 
en  donner  sentence,  ils  font  quelquefois  leur  pfôcès 
eux-mesmes,  quaxfâ  ils  disent  :  Urne  veint  parler  au- 
jourdhuy.  Car  ce^ourdhuy  qu'ils  ajoutent  porte  leur 
çondemnation.  . 

I  Quand  nous  parlons  ainsi  :  je  suis  venu^j^ay/aictf 
nous  entendons  du  jour  auquei  nous  sommes  ;  et,  au 
,  contraire,  je  weiii,  je  fei,  se  dit  d'une  chose  qui  n'a 
point  esté  faicte  ce  jour  là.  Je  ne  nie  pas  que  quelquesr 
fois,  selon  le  propos  qu'on  tient,  on  ne  signifie  par  ce 
plreieritlà  le  temps  aussi  qui  est  passé  devant  le  jour 
auquel  on  est.  Car  nçus  df sons^ordinairemeni  :  ;>  luy 
ayjaict  iouventesfois  plaisir ^  et  hon  pas  je  luy  fei  sou- 


ROBERT    ET    HENRI    ESTIENM. 


441 


veniesfois  plaisir.  Et  toutesfois,  en  lu  négative,  nous 
usons  de  tous  les  deux  :  je  ne  Imjaij  jamais  faictf)tai- 
sifi  je  ne  luy  fei  jamais  plaisir.  Mais,  tout  bien  consi- 
déré, il  sdlrouvera  qu*en  TaflinTiative  ce  prenrïfer  pre- 
.  terit,  j'ay  faici  est  plus  gênerai  que  le  second  je  fei... 
»  Je  vien  a  monstrer  un  autre  usage  fort  notable 
du  premier  prétérit  de  nostre  langue,  lequel  il  ha  con-  . 
forme  à  l'aoriste-  grec.  Il  n'y  a  rien  de  plus  commun' 
en  nostre  langue,  que  ces  façons  de  parler  :  c'est  un' 
dangereux  vilain;  si  on  le  fasche^  il  A  aussilost  DONS 6 
un  coup  de  dague i..c* est  un  fin  rusé;  quand  il  se  Sent 
pressé,  il  K  incontinent  trouv]^  des  esctiappatoires. . . 
Je  di  que  ces  façons  ds  parler  tiennent  cle  Pair  de  la 
grecque  suivante  esquelie  on  use  de  l'aoriste  : 

Pour  le  traduire  simplement  et  en  gardant  les  mesmés 
temps  il  faudroit  dire:  celuy  qui  obéit  aux  Dieux,  ils 
Coin  aussi  tostEXkvc^.  •        .' 

CoRRiSLATiON  DES  TBMPS  BNTRB  EUX.  — H.  Ëstiennè 
revient,  dans  ses  Hypomneses,  sur  la  distinction  des 
deuiL  sortes  de  prétérits  je  vins  él  je  suis  venu;  il  . 
montre  ensuite  quelles  fautes  sont  le  plus  habituelles 
aux  étrangers  quand  ils  ont  à  faire  concorder  le^ 
temps  de  plusieurs  verbes  employés  dans  une  mên^e 
«phrase,  mais  dans  des  propositions  différentes;  il  ne 
donne  pas  de  règles  ;  mais,  par  les  exemples  qu*il  cite, 
on  comprend  quelles  fautes  il  a  en  vue  de  corriger. 
Selon  rillustre  grammairien,  qui  le  premier  a  su 
reconnaître  la  difficulté  et  la  résoudre,  il  ne  faut  pas 


r 


:i. 


f- 


/ 


r 


dire:  dunnd  ii  me  disoitcetà,  fe^tois  bien  marri  ;  ni  : 
quand  lu-  me  disoii  cela,  je  fus  bien  marry;  mais  t 
quand  il  m' a  dit  ceia\fay  esté  bien  marri  ;  ou  :  quand  il 
me  dit"  cela,  jefu  bien  marri.  On  pourra  dire  cepen- 
dant/: quand  il  me  disait  cela ^  jf  estais  bien  marri,  mais? 
dani  un  autre  sens.  Cette  phrase  signifié  :  Vetbis  bien 
triste  au  mffhnent  oîj  il  me  dit  <iela.  Les  phràseà  précé- 
dentés,  au  contraire,  signifient  !  lorsqu'il  m'eut  dit 

a,  j'eus  un  grand  chagrin,  et  il  faut  comprendre 

e  le  chagriif  a  pour  cause  ce  qui  a  lété  dit. 

Une  faute  opposée  à  ceîle-ci  c'est  d'empjpyer  le 
rétérit  au  lieu  de  l'imparfait.  Ne  dites  donc  pas  : 
[ce  cheval  fut  bon  quand  je  ÇaehefoiSr  mais  bien:  ce 
cheval  estait  bon  quand  je  Cachetais  ou  *quand  je  Va- 
chetay.  De*même  ne  dites  pas  :  te  cheval  qu^il'me 
donnait  fut  un  bon  cheval,  ni  quand  je  voyais  Pierre  il 
fut  malade,  jndi\&  bien  :  le  cheval  qu'il,  me  donHa  eftoit 
un  àon  cheval,  ou-quandje  vi  Pierre  il  estoit  malade  (i)» 

Corrélation  des  modes  entre  euï.— Il  ne  faut 
point  s'attendre  îi  trouver  ici  des  règles  sur  l'emploi  de 
tel  ou  tel  mode  après  tel  ou  tel  autre  dans  des  phrases 
formées  de  propositions  subordonnées  :  II.  Estienne 
ne  s'est  pas  élevé  jusque-là.  Il  se  borne  k  donner 
quelques  exemples  qui  montreiit  comment  il  faut  cor- 
riger certaines  fautes  de  langage.  Il  ne  faut  pas  dire: 
je  luy  demandais  cela,  mais  ii  ne  voudrait  nC accorder, 
mais  bien  :  je  luy  demandais  cela,  mais  il  ne  voulut  pas 


(1)  ffypomiMiM.  pp.  192-19I. 


■l^ 


ROBERT   ET   HENRI   ESTIEWKE. 


443 


me  V accorder t — ou  :  j«  iwj  demandmj  cela,  mots...; 
—  OU  enfin  :  je  %  lay  demandé  cela,  mais  il  na  pas 
rott/iiA..,elc.  C'est uife  faute  semblable,  ou  plutôt  une 
mêmeifoute,  de  dire  :  je  le  priais  de  cela  {ou  je  tay  . 
prié  de^la),  mais  il  ne  voudroit.V  our  qu'on  put  em- 
ployer cette  forme  voudrait ,  il  faudrait  qu'il  y  eût 
d'abord  :  je  le  prierois,  et,  dan»  le  premier  exemple, 
e  luy  demanderais  {i)» 

H.  Esticnne  ne  s'est  pas  borné  à  étudier  l'usage 
des  temps  ou  des  modes  des  verbes;  dans  maint  en- 
droit de  ses  ouvrages,  il  s'occupe  du  verbe  considéré 
comme  mot;  indépendamment  de  son  emploi  ;  c'est 
ainsi  qu'il  traite  ici  des  dimininutifs,  là  des  verbes 
composés,  ailleurs  de  verbes  qui  combinent,  pour  ainsi' 
dire,  et  expriment  à  la  fois  deux  idées.  Nous  conti- 
nuerons h.  résumer  ces  différents  passages.         ?• 

Verbes  diminutifs.  —  «  Nous  avons  une  sorte  Me  di- 
minution en  ceste  partie  d'oraison  qu'on  appelle 
verbes;  car,  de  muter  nous  faisons  sauteler;.  de  voler , 
nous  déduisons  voteterr  et  de  trembler,,  trembloter;  de 
pincer,  pifiÇoter.  Vray  est  qu'es  vofbes  dé  çeste/orte, 
il  faut  considérer  que  parmi  la  diminution,  ils  ont  au- 
cunement la  signification  de  ceux  que  les  Latins  nom- 
moyent  fréquentatifs,  principalement  aucuns  ;  comme 
sauteler,  c'est  propreji^nt  faire  plusieurs  petits  sauts 
les  uns  incontinent  aprèf' les  autres.  Or  fapt-il  tous- 
jours  avoir  mémoire  de  ce  cfue'^  j'ay  dict  de  (a  facilité 


^ — ^ 


{i)BYPommê$0i,f.t9*, 


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vfi4  "~.     "  ttlAMlAllK   FlAîiÇAlil. 

de  nostrelaiigage,  quanta  faite  recevoir  à  ses  mots  tel 
pli  qu'il  luy  plai»l  leuF  donner  :  mais  il  en  vient  bien 
Vieuk  à  bout  quand  il  ne  faut^que  suivre  TaDalogie. 
Pour  exemple,  tout  ainsi  qu'il  ^,t  trembloter,  phiçoter, 
beuvotevy  ainsi  pourra  il  faire  suçoter,  de  sucer  {{},  » 

Verbe»  composées  -^  «<  Noua  avons  aussi  en  nof 
verbes  les^esmes  commodités  de  composition  (ou  la 
plus  grande  part)  qu'ont  les  Grecs.  €ar  premièrement 
nouô  mettons  des  prépositions  qui  signifient  privation 
devant  plusieurs  verbes,  ainsi  comme  eux."»  Ainsi 
nous  disons  lier  et  deslier;  ainsi  encore,  croire  et 
decroire,  t  comme  quand  on  dit  :  je  ne  le  croi  ni  Te 
decroi.  ■ —  Item  nous  avons  aucuns  verbes  composez 
signifiaus  privation,  desquels  les  simples  ne  sont  point 
en  usage;  mais  la  composition  a  été  formée  sur  les 
noms,  comme  décapiter.  »  -^  item  nous  avons  ceste 
particule  r^;  qui  respond  fort  bien  à  Vàvù  des  Grecs, 

mme-knitty  frapper f  àv^izxUiv,  refrapper;  /.«toV/sty, 
mauldire  ou  injurier,  ctvr«ic«/.oÀ07£«/,  reinjurier  on  re» 
mauldire  :  ce  que  Suétone  s'est  ahardi  de  dire  rema- 
ledicere.  Or  est- il  vray  que  nous  ne  mettons  pas  notre 
r«  devant  toua^  les  verbes,  comme  leô  Grecs  mettent 
leur  «tt^mais  en  mettant  ce  re.  devant  les  .verbes 
faire  ei  dire  nous  suppléons  en  partie  à  ce  défaut 

»  Comme  .aussi  les  Grecs  disent  «XJlnXoçoveû/  nous 
disons  Hentr'etuer ;  dU/Xoçaycty,  i entre-manger  (2).  • 

Nous  avons  fait  aussi  des  emprunts  aux  Li|^s,  et 


■\ 


(i)  Précellenee,  pp.  70-7 U 
(2)  Conformité,  pp.  «7-69. 


-,  Vc. 


KOMRT   EH  HBNMI   BRTiEN!|fl- 


445 


«nostre  langage  a  bien  scèu  s*a'der  de  quelques  petites 
particules  latines  pour, faire  dès  excellens  verbes  com- 
posez.  L*un€  d'icelles  est  forai;  c&L  quand  (pbur 

*  exemple),  devoye  il  eut  faiçt  envoyef,  renvoyer ^  con- 
voyer,  il  adjousta /or»oj/<?r,  comme  si  on  disoit  :  aller 
Jorla  voye...  Ainsi  a  esté  faict/or%ner  ;  ainsi /orc/brr<?, 

/fort  usité  en  la  pratiqué...;  nous  usons  encores  au- 
joûrdhuy  de  for/aire  po\ir  mal  faire  (|).  » 

Verbes  à  signification  complexe.  —  «  J'ay  pris  garde 

*  que  nous  avons  comme  les  Grecs  des  verbes  dedans 
lesquels  est  enclose  la  signification  d*un  autre  verbe. 
Comme  ;  il  sesi^sauvé  en  une  maison,  au  lieu  de  dire 
il  s'est  sauvé  se  retirant  ow  fuyant  en  une  maison,  bu  il 
s'en  est  fui' en  une  maison  et  ainsi  s'est  sauvé  ('2)/f 

En  regard  de  ces  verbes  à  signification  complexe, 
on  peut  placer  certaines  locutions  qui,  famées  de 
deux  moits,  n*ont  cependant  que  le  sens  d'un  vferbe 
simple  :  wsi  faire,  réponse  équivaut  à  répondre\  Le 
verbe  faire  entre  dans  un  grand  nombre  de/céé  lo- 
cutions :  faire  une  demande,  faire  lecture,  faire  dili- 
gence, faire  mtstier,  faire  compte,  faire  estime,  etc.  (3). 
—  «  On  dit  aujourd'hui  donner  aide,  donner  secours, 
plustot  que^  prester  aide,  prester  secours  (4).  » 

S'il  nous  était  possible  ici  d^entrer  dans  le  détail 


-w 


~-~A 


(I)  Pf^e«ttt"««,  pp.  «IMÎl- 

(J)  Conformité,  p.  C9.v 

(j)  Conformité,  p.  118.  — Pal«graT(B,  dans  la  recherche  de«  nombreux 
Idlotiimcl  où  entre  notre  verbe  faire,  est  bien  supérieur  A  H.  Estienne; 
—  toy.  Palsgrare,  édit.  Génin,  pp.  iii-4l3.   / 

{h)  PréulUnce,  ^.21^  .  ? 


'• 


14» 


OAMXAIII   rRA!<IÇAlSI 


d* exemples  particuliers,  nous  trouverions  dans  \ti 
oeuvres  de  Henri  Ëstienne  de  nombreux  pas^ges  qui, 
de  plus  ou  moins  loin,  se  rattachent  à  la  grammaire; 
mais  les  limites  de  ce  travail  nous  forcent  à  chercher 
surtout  les  généralités,  et  nous  y  rentrons  avec  Robert 
Rslienne.  ^ 

DU   rARTIClPB. 


•  Participes  sont  motz  dérivez  des  verbes,  partici- 
pans  de  l'action^^et  passion  de  leurs  verbes,  ayant  pa- 
reil gouvernement  (régime),  en  tant  qu'ils  se  joingnent)^, 
avec  les  noms,  pronoms,  prépositions  et  adverbes, 
ainsf  que  le  verbe.  Outre  ce,  ils  ont  genres  et  nombres  ^^ 
comme  les^noms,  sans  aucune  diflerence  dé  personues 
ne  de  modes.  Il  semble  avoir  esté  fn venté  pour  plus 
grande  brièveté  de  langage,  et  se  met  pour  le  verbe, 
comme,  au  lieu  de  dire  :' Pierre  aitnoii  cesiefiite  et  Imj 
donnait  force  dons,  pour  abréger  nous  usons  du  par- 
ticipe,i  disans  :  Pierre  aimant  ceste  fille,  luy  dmnolt 
force  dons,  »  Cette  opinion,  que  le  participe  sert  à  la 
brièveté  du  langage,  a  été  reprise  et  développée  par 
H.  Ëstienne.        j, 

•  Gomme  aucunesfois,  dit-jl,  en  laî  langue  grecque, 
il  fault  resouldre  le  participe  en  soa  verbe  en  inettant 
devant  la  particule  ce  ou  cov  (c'est-à-dire  si\  de  mesme 
le  faUlt  il  faire  au  françois.  »  Ainsi  nous  disons:  êfai- 
sont  cela,  *^vous  offenserez  les  amis ,  au  lieu  de  dire  :  si 
'VOUS  faites  cela;  »  de  même  :  «  croyant  bon  conseil, 
vousaurezppnne  issue  de  vos  affaires^  c'est  à  direr  fi  vous 


•"* 


!M  • 


lOBElT   ET  HlKll  EST1IN7II. 


.    **^. 


croyez...;  item  :  fai$anl  vosire  devoir,  vous  aurez  ta 
viciofff,  c'est  à  dire  I  fi  voM /aile»...  (1).  »  1 

Revenons  à  la  grammaire. 

•  Il  y  a  deux  sortes  de  participes,  les  uns  presens 
actifs,  les  autres  preteriU  passifs. 

»  Tous  participes  presens  sontf  terminez  en  ani  pour 
le  masculin,  et  en  ante  pour  le  femenin,  comme  ai- 
matu,  aimante.  ^  Us  se  déclinent  ainsi  que  les  noms, 
comme: 

•      ■ 

nominatif  et  aecutatif  ;  Aimant,  ralmant,  ung  aimant. 
Génitif  et  ablatif:  D'aimant,  de  Talmant,  d'ung  aimatJt. 
Datif  :  A  aimant,  a  l'aimant,  a  ung  aimant. 

Le  pluriel  se  fait  du  singulier  en  tournant  le  i  en  j, 
comme  ainiant,  aimons  ;  —  le  femenin  se  fait  «n  ad- 
joustant  e  au  masculin  pour  le  singulier,  et  eipdur  le 
pluriel  :  (limflnl,  aimante,  aimante*  (2). 

a  Les  participes  prétérits  de  verbes  de  la  première 
conjugaison  sont  terminez  en  e  long  (accentué)  pour 
le  masculin,  comme  aim^,  et  pour  le  femenin  on  ad- 
jouste  ung  autre  c  brief  (muet),  comme  aimée.  Le 
pluriel  prend  un  «  a  la  fin*  comme  aimées.  Quant  aux 
autres  conjugaisons,  ils  ont  diverses  terminaisons, 
comme  to(i,  baslie;  batu,  batue  ;  craincl,  crainte{^).  » 

hG8  participes  présents  (4)  deviennent  souvent  sub- 


{i)  Conformité,  9.lt^0\mty.iy,'  ^ 

(î)  Cf.  Palsg^ve.  p.  m.  /  ^ 

(3)  Voy.  Palsgrnvc,  qui  donne  sur  l'accord  du  participe  de»  règle*  trè»- 

Importantea.  pp.  788-191. 

(4)  Cf.  Con/brmtl^,  p.  70,  ObserT.  I. 


i 


é^' 


V 


/ 


slantifa;  ainsi,  •  de  pendant,  c'est  à  dire  qui  eu  pendu, 
nous  faisons  le  substantif  pendant  qui  signifie  ce  a 
quoy  quelque  chose  est  pendue.  •  Nous  disons  de 
môme  :  le  croissant  de  la  lune,  le  taiUant  de  quelque 
ferrement;  t  de  escrivant,  c'est  a  dire  qui  escrit,  nous 
disons  ung  escrivatU,  et  plustost  escrii>ain  ;  ùq  allant] 
nous  dirons  c*est  ung  grand  allant,  c'est  a  dire  ung 
trompeur  ou  fin  et  cault  homme.  »  —  Par  une  même 
analogie  nous  disons  avec  des  participes  prétérits  fer 
minins*:  Centrée  de  la  maison  ;  nm  pensée;  une  armée, 
ne  montée  ;  t  ainsi  d'autres  tels  infinis  (1  ) .  » 

Dl  L'aDTEIBE. 


h 


Robert  Estienne  s'étend  longuement  sur  l'adverbe 
dans  le  chapitre  qu'il  consacre  à  celte  partie  du  dis- 
cours. 

Après  avoir  défini  l'adverbe,  il  dit  quelles  exceptions 
restreignentia  définition  générale  qu'il  a  donnée^ 

€  Adverbes,  dit-il,  ce  sont  mots  qui  ne  se  déclinent 
point,  et  pourtant  (pour  ce  motif)  n'ont  aucuns  arti- 
cles :  lesquels  communeeraent  se  joignent  atix  verbes 
pour  montrer  quelle  est  leur  action  où  passion.  »     ^ 

L'adverbe  peut  «  prendre  la  nature  de  nom,  »  et 
alor^  «  il  ha  ung  article  devant,  ainsi  que  les  noms, 
comme  :  le  trop  de  biens  gaste,  »"  ■  '  ^  ■ 

L'adverbe  ne  montre  pas  toujours  «  que!  est  le 


(I)  Grammaire,  pp.  71-72. 


k'  ' 


^^' 


^OlIftT  IT   HINil   E8TIS1VFII 


449 


lM  il 


verbe  en  sa  signification,  »   par  exemple  qua^ 
c  signifie  lieu,  »  comme  quand  on  dit  :  je  nCefi  vaij 
ht  detOt  itkit  d'ailleurs,  |  ! 

Enfin  Padverbe  peut  se  joindre'  «aux  noms,  n^esme 
adjectifs,  comme  :  fort  noir,  (rojp  riche^  bien  blaHc,  » 

L*adverbe,  comme  les  autres  parties  du  discours, 
h  diyersaccidenti  ;  Bob.  Estiennelui  attribue  espèce, 
figure,  et,  ce  qui  peut  sembler  étrange j  signification. 

Espèce,  —Il  y  a  deux  espèces  d'adverbes  :  V une 
primitive,  coiifime  ouy^non,  bujjft  mat;  l'autre  dériva- 
tive,  comme  ^oloniierst  qui  vient  de  volomé.  «Et  notez 
que  tous  adverbes  en  ment  sont  dérivez,  comme  sou- 
dainement de  soudain i  sagement  de  sage  :  esquéls Te» 
brief  au  primitif,  se  prononce  brièvement.,  Il  y  en  a 
esquels  Te  long  du  primitif  se  prononce  aussi  longue- 
ment, comme  de  aisé,  aiseement,  et  ainsi  des  autres. 
Ceux  qui  se  terminent  en  ammeni  se  tirent  des  participes 
en  anij  comme  de  plaisant  nous  disons  plaisamment. 

•  Quelquefois  nous  usons  d'aucuns^^primitifs  pour 
leurs  adverbes,  comme  :  fay  viste  ou  soudain  cela,  pour 
soudainement.»  Henri  Estienne  insiste  sur  cette  re- 
marque: •  Lie  Grec,  dit-il,  n*use  pas  de  son  adjectif  au 
genre  neutre  pour  un  substantif  seulement,  mais  en- 
cores  pour  un  adverbe  :  lequel  usage  aussi  6st  fami- 
lier au  françois  :  il  sent  mauvais,  il  sent  bvn  (1).  »  — 
c  Ainsi  faisons^nous  encore  quand  nous  disons  :  subit 
pour  subitement,  fort  pour  fortement  (2).  » 


(t)  Conformité^  p.  26. 
(l)  Conformité,  p^  Si. 


*S' 


m 


29 


• 


-n' 


A  M 


4 


GMAMMAIRI    FBANÇAIM. 

Figure,  —  «  II'  y  a. trois  figures  d'adverbes  : 
•Pune  simple,  comme  ouy,  noit\  /il«r;  Tautre  composée, 
comme  :  vianU  avanthier;  la  tierce  est  de  ceulx  qui 
sont  dérivez  des  compoi^z,  comme  de  malheureux^ 
malheureusement,  9 

Les  adverbes  peuvent  être  composés  :  !•  «  de  noms 
et  de  verbes,  comme  pieça  (1),  qui  est  composé  de 
pièce  et  a,  tierce  personne  du  verbe  ay^j  as,  a;,  • 
S»  «  de  noms  et  participes,  comme  mainienant,  de 
main  et  tenant;  »  —  S*  «  de  nom  et  adverbe, comme 
jourduy,  auquel  nous  adjoustona^ra  préposition  au  (2), 
comme  ce jourduy,  aujourduy ry>  —-ft*  «de  préposition 
et  nom,  comme  demain  ;» -^  5*  «de  plusieurs  préposi- 
tions, comme  paravant,  auparavant,  quand  elles  pas- 
sent en  nature  d*ad verbe,  c'est  a  dire  quand  elles  nont 
point  de  gouvernement,  comme  auparavant  que  je 
veinsietueitois  venu,r^ 

^gnijicatian.  «  Il  est  beaucoup  de  diverses  signifi- 
cations d'adverbes.  Les  uns  signifient  temps  présent; 
passé  ou  futur;...  autres  signifient  lieu;  »  d'autres 
sont  aiBrmatifs  oa  négatifs,  appellatifs  ouinterrogaUftH 
collectif  ou  séparatifs,  dissuasifs  ou  désidératifs;  etc. 
Dans  ces  différentes  classes,  Rob.  Estienne  fait  en- 
trer une  grande  quantité  d'adverbes  dont  il  expli- 
que l'étymologic  c^tTemploi  à  l'aide  de*^  nombreux 
exemples;  nous  en  citerons  quelques-uns  i  en  choisis- 
sait ceux  où  l'auteur  offre  les  renseignements  les 


(0  H.  Estienne  parle  de  cet  adverbe,  cf.  cl-de»»af,p.  386. 
(2;  Cf.  ci-de6bU8,  p.  i03. 


N.' 


lOIERT    ET   iIBNIl    CSTIENNK. 


451 


plus  intéressants  au  point  de  vue  de  nos  études  mo- 
dernes. 

«  Mort  :  Ipcuns  l'escrivent  û  Chers,  (ad  illam  uo- 
bam)  ;  —  Auprime  et  oraprinie  ou  orprimef  ou  selon 
aucuns  horaprimtf  quasi  qui  diroit  en  latin  ad  iianc 
aoRAM  PBmAM.  —  Gpricimit  mot  composé  de  quatre  : 
cit  prit  t.  ci,  m»,  pour  dirQ- incontinent  et  sans  délay, 
comme  qui  diroit  :  en  ce  lieu  pris  et  en  ce  mesmè  lieu 
pendu. —  Demain  f  composé  de  la  prepositiôn-c/f  et  main 
qui  signifie  maf in,  dont  es  rhythmes  (en  vers)  on  dit 
toir  et  main.  Plus  souvent  on  dit  matin,  et  aussi  sou- 
vent éeivlain  matin  (1).—  Donc  signifie  eago,  et  par 
TONC,  nous  disons  adbnc. 

»  Guère  ou  gaire  signifie  beaucoup  ou  moult,  soit 
de  temps  ou  autre  ;  et  il  ne  se  met  jamais  sans  néga- 
tion précédante  :  commè(|H||^a  guère  qu*ii  est  venu, 
pour  i7  ny  a  point  mouïtH^empSj,  Les  Savoyens  en 
usent  sans  négation  en  initerrogant  :  guère  cela?  comme 
8*il8  disoyent  :  ce/a  cotthera  i/ ^emirotip  ?     * 

■  Jamûii  et  taùtjours  sont  adverbes  de  temps  per- 
pétuel, et  se  joingnent  a  tous  temps  :  je  ne  leferay  ja' 
mais,  c*en  ettfakt  à  jamai»,  c'est  a  dire  à'toujourt, — 
Maithuy  ou  methuy,  c*est  «  direi  plus  (Caujounfhui, 
comme  quand  nous  disons:  je  ne  leferay  meshuy, 

9  Ça  signifie  au  lieu  ou  près  du  lieu  9ù  est  celuy 
qui  parlé  :  comme  t7  vient  ça  ou  il  vient  en  ça.  -^  Le 
contraire  et  opposite  de  celuy  est  /a,  signiQant  au 
lieu  ou  prés  du  lieu  loing  de  celuy  qui  paHe,  comme 


■  ê 


(l>  En  Ailemandt  morgcn  signifie  égaiememt  demain  et  matin. 


^ 


^ 


.^ 


151  GMAMMAIftV  "PIAKÇAIM. 

il  va  la  ou  il  va^nla.  —  Ci  demonslre  le  lieu  prochain 
de  celuy  qui  parlé,  comiue  faict  fû.  On  n*use  guère  de 
ci  sans  la  preposiliion  par  après  le  verbe.;  lors  il  est 
àemonstratif|  de  mouvement  par  lieu,  comme  te  Boy 
passera  par  <ji.  Que  si  on  le  met  devant  le  verbe,  il  est 
toujours  sans  préposition,  comme  :  il  est  ci  venu,  il  est 

cipasié.      I  '  .■  ■  •  -■  '■/''. 

»  £n  est  comme  relatif  dii  lieu  ou  de  la  chose  de 
laquelle  il  est  parlé  ;  comme  s'il  est  mention  de  quel- 
que lieu,  nous  disons  jVn  vien.  Plus  souvent  s'entend 
de  la  chose  mentionnée,  comme  je  n'en  ay  points  a 
sçavoir  de  l'argent  dict.  Aussi  menaceans  nous  disons  : 
{Il  en  auras,  a  sçavoir  des  coups  (1).  Quant  a  ceste  façon 
de  parler  :  il  y  enaiil  en  est,  comme  il  en  est  ou  il  y 
en  a  en  ce  monde  a  qui  ne  chault  de  Dieu,  elle  n'est 
point  receue  de  ceulx  qui  parlent  bien,  car  il  faiiH 
dire  :  il  est  des  hommes  en  ce  monde ,,,.  etc. 

>  1  ou  y  signifie  en  ce  sens,  par  ce  lieu  et  au  lieu, 
comme  :  y  allez-vous ,  cest  a  dire  allez-vous  en  ce 

lieu  la?  ■ .     ';  ■-■  -  ■■/■  ■  -,■■'■        .:^^    '■      '^ 

»  Ou  est  îaict  de  ti^t,  latin.  Il  se  join^  aux  quatre 
verbes  aller ^  venir,- estre^  passer,  comme  :  ou  allez- 
vous  ?ifou  venez-vous  ?  ou  estes  vous?  ou  passeret/rvous, 
par  ou  passer ex^vous?  vers  où  f 

>  11  fauli  noter  que  quelquefois  nous  mettons  deux 
ou  trois  adverbes  ensemble,  comme  :  allons  la  ou  il  y 
a  de  bon  v^n, 'En  gros  latin  on  diroit  :  illuc  ubi  Hlicest 
bonum  vinum  {^2).  V  -  : 


(  11  Cf .  ei-dCMiit,  p.  46.   . 

(3)  Cf.  el-d«Mut;  DUboU,  p.  4K 


s    \ 


•^ 


\   ' 


tOBliT  IT   Hlfrtl  ISTIENNC. 


453 


/• 


Nous  reviendrons,  avec  H.  Eôtienne  (1),  sur  quel- 
queâ-uns  des  adverbes  et  quelqties-uns  des  principes 
posés  par  Robert.  Reprenons  d*abord  la  dernière 
règle  que  nous  venons  de  <s{ter;  Henri  la  complète 
ainsi  :  «  J'ay  pris  garde  que  comme  les  Grecs  niettent 
souvent  deux  adverbes  pour  un,  ainsi  faisons-nous 
ordinairement  quand  nous  disons  :  à^coret  derechef ^ 
ptdt  fipret,  cean»éedani\  aimi  comme,  qùaii  presque, 
etaijtres. 

Ok  7-  •  Il  nous  faùlt  prendre  garde  à  la  significa- 
tion que  nous  donnons  à  ou  quand  nous  parlons  ainsii: 
vaut  ifouê  estet  retiré  te  plus  loing  des  coups  que  vous 
avez  pUf  ou  vous  deviez  donner  courage  aux  autres.,. 
Souvent  aussi  nous  disofis  au  Heu  ^n^,  lesquels  trois 
mots  ne.  signifient  autre  chose  que  ou  tout  seul  :  vous 
vouê  estes  retiré. ., ,  au. lieu  que  vous  deviez,,, ,  etc.  —  ié 
trouve  enbore  une  autre  signification  de  ce  ou,  comme 
germaine  de.ce  que  que  je  vien  de  monstrer,  laquelle 
toutesfois,igftt  autre  que  de  au  lieu  que,  comme  si  je  dis  : 
où  il  me  hait  à  la  inort  pour  si  petite  offense,  queferO'U 
quand  il  verra  qu^je  pourehasseray  sa  ruine  f 

Noni  ne,  —  •  Il  ne  fault  pas  ^oublier  Tadverbe  pe- 
gatif,  asçavoir  non  ou  ite..v  Le  premier  poinct  est  que, 
comme  l'adverbe  négatif  grec  estant  double  augmente 
la  négation  (au  lieu  qu'en  latin  il  equipolle  une  affirma- 
tion), ainsi  fait  nostre  adverbe.  £t  ne  plus  ne  moins 
^  cela  se  fait  en  trois  sortes  au  langage  grec,  aussi 
se  fait-il  au  nostre...  Quanta  la  priemiere  donc,  fault 


*/ 


è 


(1)  C9nf^rm4té,  pp.  85  et  nlr. 


"X. 


45( 


GRAMHAIRK   FKANÇAISB. 


âoter  que  ik>us  parlons  souvent  ainsi  :  je  ne  tayppinct 
'  faict  nu  ne  le  veulx  faire.  —  Exemple  de  la  seconde  : 
je  ne  trouveray  |iul  qui  veuille  entreprendre  cela.  — 
Exemple  de  la  troisième  :je  ne  vous  nie  pa$  qu^ ainsi  ne 
soit.  Item,  je  vous  ay  défendu  de  n^y  aller  pbint,  ^>— 
J'amenerôis  aussi  pour  exemple  de  cèste  façon  de 
parler  :.  vous  ne  m*en  avez  rien  dicl^  si  rien  signifioit 
nihilf  comme  plusieurs  pensent;  mais  ceulx  qui  esti- 
ment que  rien  signifie  nihil,  s'ils  en  considèrent  bien 
r usage  trouveront  qu'au  contraire  c'est  le  res  des  la- 
tins, et  ce  que  nous  disons  chose.à  Et  puisque  ainsi 
est,  nous  ne  devons  pas  nous  tant  mbcquer  de  ceulx  qui 
disent  quelque  rien  pour  quelque  chose,  >  Personne  est, 
conàme<>tffi  an  mot  afHrniatif  :  «  mais  ce  qui  fait 
abuser  plusieurs  en  la  signifiçalN^n  de  ces  deux  inots, 
'  rien  Bi  personne,  estquMls  fiontjoincts  ordinairement 
à  la  particule  négative.  ' 
>  Le  second  point  quant  a  l'usage  de  cest  adverbe 
.  (négatif  )  est  que  nous  usons  du  nostre  par  manière 
d'interrogation,  en  exhortant  ^quelqu'un  a  faire  quel- 
que chose.  Ainsi  nous  disons  :  neferex-vous  poinct  ce 
(fue  je  vous  commande?  n*ireZ'Vous  poiaci  ùù  je  vous 
ay  diel?  »  ;  . 


M  LA  PftIPOSITIOll. 


M. 


■iV" 


il 


«iPrepositidnB,  dit/Rob.  Estienne,  ce  sont  petite 
mots  souvent  d'une  syllabe,  quelquefois  d'une  lettre, 
le  plus  souvent  de  deux  syllabes  et  fort  peu  de  trois, 
qui  se  mettent  devant  les  autres  roots  quand  on  parle 


1^ 


-JMK 
1 


i  de 

Mti- 
bien 

iiosi 
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C8l, 

fait 
»ots, 
nent   ># 


•OilERT  ET  BEHtI  CSTltNKB. 


455 


d'ung  li^u,  d'un  ordre  ou  qu'on  dit  cause  pourquoy. 
comme  :  il  etten  la  chambre^  iecond  après  césiuy  la,  je 
l'àyfaictàcaus&deluy.    - 

»  Il  y  en  a  dfes  simples,  comme  a,  au,  aux,  de, 
'  det,  etc.  et  des. composées, entre  elles,  comme  para- 
vont,  au  paravant,  entre, '^^ 

L'auteur  passe  ensuite  en  revue  4es  principales  pré- 
positions; il  semblerait^  à  le  voir  donner  aia;  comme 
„pluriel  de  au,  et  e$  comme  pluriel  de  en,  qu'il  recon- 
naisse les  deux  nombres  à  la  préposition,  qui  est 
essentiellement  invariable;  mais  ce  pluriel  s'expliqua 
au  moins  pour.à^  au,  awp,  parce  Qu'ils  t  servent  pour 

articles.  » 
Henri  Estienne  (1)  fait  de  noîSabreuses  remarques, 

non  sur  la  préposition  en  général,  mais  en  particulier 

sur  en,  de,  »ur,  après,  avec:  nous  résumons  ici  Ce 

chapitre.  i 

En,  —  Nous  disons iHyest  venu  en  robhe  de  dueU, 
pour  vestu  de  robbe  de  dueilf  en  robbe  imgue,  etc. 
Nous  employons  en  après  le  verbe  substantif,  de- 
vant un  nom  verbal  :  ainsi  nous  disons  estrè  en  fosses- 
sion,  hM\\&x  àtpotseder. 

De,  —  C'est  à  l'imitation  dés  Grecs  que  nous  disons 
de  nature;  de  longtemps;  fay  appris  cekk  de  (ou  des) 
mon  jeune  gage;  de  nuict,  etc.;  on  dit  aussi  ffenri  Es- 
iietme  de  Paris  au  lieu  de  Parisien  :  il  en  est  de  même 
en  grec;  on  ne  pourrait  le  dire  en  latin. 

Sur,  —  «  Énî  dénote  charge,  comme  i  hti  tûv 


•  / 


^  # 


(I)  Conflitrmité,  pp.  98-104. 


^■l 


150  GftAlliAlllB  #l4!>IÇAIflt. 

ïcvtçiiv,  que  IWU8  appelons  mareschal  des  logis.  Nous 
donnons  a  nostre  $ur  ceste  mesme  signification  «n  qa^ 
ques  façons  de  parler,  comme  quand  nous  disons  :  ' 
il  est  sur  toute  ta  maison,  il  est  sur  les  finances ,  bu  lieu 
de  (lire  superintendant  des  finances,  •  —  Nous  disons 
encore,  à  i*imitation  des  Grecs,  sur  cela  il  prit  congé 
de  luy; -sur  tout  dites  tuy  bien»». 

Après.  -"  Cest  aussi  à  l'exemple  des  Grecs  que 
nous  disons  :  i7  est  après  pour  en  sçavoir  des  nou- 
velles, -' 

^„^c.  —  Homère  qui  a  dit  :  £yux  zri  rfxépa  nous 
^  a  appris  à  dire  :  avec  le  jour  pour  dés  C aube  du 

jour.  ^  . 

l  La  remarque  suivante  nous  a/paru  moins  inteln- 
'  gible  :  nous  la  donnons  tei^tuellement  :  «  Nostre  lan- 
gajge  omel^en  cerCiines  façons  de  parler  les  papeposi-^ 
tions,  et  princrpalement  a  coustume  d'omettre  son 
après  quand  elle  dit  :  estre  venUy  avoir  disné,  pour  : 
après  estre  venu,  après  avoir  disné.  • 


M  LA  COIfJOKCTlOII. 


y. 


«  Conjonctions,  dit  Rob.  Estienne  (I),  ce  sont  mots 
qui  ne  se  déclinent  point;  seulement  servent  poor 
joindre  et  assembler  les  mesmes  espèces  des  parties 
d'oraison  ou  les  clauses  (propositions)  aux  clauses,  avec 
quelque  signification... 


'   (I)  GfamtMirt,  p.  It. 


\ 


«. 


■OBEIIT   ET   IIEI»mi   18XHNÎHB.    .  .  .         **^ 

I»  Il  eschet  à  la  conjonction  deux  accidens,  a  scâvôir 
figure  et  signification.^»       '  ^ 

^    Quant  à  la  figure,  les  conjonctions  sont  simples, 
comme  et,  ou,  mais,  que;  —  ou  composées,  comme 
combien,  toutesfoh,  sinon  ;  -^  quant  à  la  signification, 
elles  peuvent  être  copulativ'es  :  er;  disjonclîveâ  :  ou; 
h^jonciises:  pendant  que,  tandis  que^  adversatiVes  : 
mais,  combien-que,  ja%oit  ce,  ain8,ainç/t8;  continua- 
tives.ou  conditionnelles,:  si;  négatives:  wi.—  « D'au- 
tres rendent  la  causé  d^  ce  qui  est  dit  ou  faict,  comme 
car;  aucunes  servenli  quand  on  veut  excepter -quelque 
chose,  comme  :  sinon,  sans  cela,  autrement  ;  il  y  en  a 
qui  infèrent  ou  recueillent  des  propos  precedens  ce 
qu'il  ensuit,  comme  parquoy,  donc,  pourtant;  quelques 
unes  ne  servent  que  d'accomplir  l'oraison,  comme  or, 
doacques,  ordoncques»t  .' 

Après  avoir  inontré  que  nos  conjonctions  et,  ou, 
mais,  si  ont  en  français  et  en^grec  des  qsages  analo- 
gues, H.  Estienne  signale,  en  terminant,  un  emploi 
remarquable  de  que,  également  emprunté  aux  Grecs  î 
et  il  en  donne  cet  exemple  :  «  que  vous  a  on  faict  que 
vous  estes  rf  fort  courroucé?  ou  qu'avez-vous,  que  vous 
Usiessieschaufféf  9  ^  * 


fv- 


/ 


M  L'nrrMJiCTioii. 


•  Interjections  sont^ mots  qu'on  çntrejecte  et  cnire- 
met'  parmy  ung  propos  pour  demonslrer  l'affection  de 
celuy  qui  parle;  et  ne  se  déclinent  point,  ne  ne  sont 
le  plus  souvent  que.  d'une  syllabe. 


458 


GEAHMAUE'  FBA>ÇA1$B. 


»  11  y  en  a  de  diverses  sortes,  lesquelles  difficile- 
ment  se  peuvent  tôlLes  mettre  parescriptf  car  chas- 
cun,  selon  ses  diverses  afleclions  jettt  quelque  voix  ou 
de  tristesse  ou  dé  joye,  ou  pour  demonstrer  quelque 
chose  advenue  soudain,  a  4aquelle  il  n'a  pensé,  dont 
sesmerveille  ou  sescrie.  »  —  Les  plus  .communes, 
suivant  Tauteur,  sont  :  o^  liei  ou  hé,  hau,  hai,  phiphi, 
.heiofi  iioé:  ce  dernier  <  sert  cin  admiration  ouestonoe-- 
çaent,  comme  quand  on  dit:  hé  qu'eu  cela? 
^  >  Ma  sert  quelquefois  a  melanchplie,.  comme  :  ha 
quelle  fasdierie,  —  Autresfois  a  la  cholere,  comme  :  ha 
meêchant  tu  es  mort.  —  Aussi  a  la  joye  et  riseê, 
comme  ':  ha  ha  ha  he.  » 

Rob.  Estienne  n'emploie  jamais  le  point  exclamatif 
après  les  interjections.  Du  reste,  la  ponctuation  ne 
lui  a  pas  paru  mériter  un  chapitre  particulier,  et  cette 
lacune  n'a  pas  été  comblée  par  son  fils. 

Robert  Estienne  termine  sa  grammaire  par  un  long 
traité  étynwlogique  copié  presque  textuellement  sur 
èelui  de  Dubois,  et  que  nous  avonf  résumé  dès  le  dé- 
but de  te  livre.  Nous  n'ayons  pas  à  en  parler  de  nou- 
veau, mais  nous  reviendrons»  comme  nous  Tavons 
annoncé,  sur  la  théorie  ^d  verbe  :  le  traité  parti- 
culier  que  nous  reproduisons  ici,  d'après  un  texte 
umqiie,  en  sera  l'utile  complément: 


•> 


•'^^-' 


*  •  ,  ■  /  ■ 


ROBERT   ET  UEJIRl   B8TIBNM. 


159 


TRAITÉ 


DE  LA 


CONJUGAISON  DES  VERBES. 


^- 


:  ha 


De  GaltieaveÊH)rum-éeelinatione.'-^P;\T\sl\^,  ex  oflBcina 
Rpb.  Steph^ni,  typograpbi  regU..— U.D.XL.)  petit  io'-S'  de 
qîiatré  feuilles,  saos  pagioatiOD. 

Ge>miDce  livret  qai,  jusqu'ici  avait  éèbappé  aux  biblio- 
ip'apbes^  est  le  premier  ouvragé  oii  Rob.  Estlenne  ait  exposé 
une  théorie  du  langage  français.  Un  caractère  particulier  de 
ce  livre  ,  tout  élémentaire ,  c'est  qu'il  est  à  la  fois  écrit  en 
latin  et  en  français;  on  jugera  par  le  début,  que  nous  trans- 
crivons, du  système  suivi  par  Tauleyr. 

«  De  iia^ieà  ««rborum  die^natiom,  — iX>«  la  deelinaiion  det  v«r5e< 
françfnt.  ., 

»  171  tn  lingtia  /aftno,  tic  ingallica  tonjugationu  verborum  jtunt  qua- 
tuor f  qux  in  infinitivo  gaUico  decHnahu  activi  maxifuê  ditetmuntur.  •— 
Il  y  •  au  langage  trançois  quatre  conjugaisoni  de  verbes,  ainsi  comme  au 
latin;  lesqueil^  conjugaisons  oo  discerne  principalement  en  TinOnitif 
franchis  de  la  déclinaison  active.  ' 

»  in/liitittt  galliei  tenm'iuiftonM.  Les 'terminaisons  d(B  Finflnitlf  en 
francoti  :  «r,  prims  conjugatioois,  oir  secundae,  re  tertia!,.tr  quarts. 
ExEirtA  ':  amêrtt  ajnner,  rectp«r«,  recevoir,  lègertf  life,'audtre,  ouyr. 

»  Net  refert  qêotx  conjugationit  aut  cuitu -géneri»  tit  latinum  verbitm/ 
nom  *M  singuiii  amjugotionibut  goUiciit  vtrba.*»  omnt  làtino  co^jugatu 

gfnêrt ,  frmtw  paM««Mm,  Uwenirê  httt  i  ut  opparebtl  e«cvpi<«  pMf 
;^iiMiMcoi^^ti0aftoiMm  pott'fM.  —  Et  ne  peult  chaiplr  der  la  quantiesoM 
con}n|Klaon,  on  duquel  gwrtt  (l)  soit  le  ^erbe  latin.  Car  en  chacune  con- 
"jugalsonWBçoIse  on  peult  trouver  des  verbes  de  toutes  conjugaisons  et 
de  tous  gUres  en  latin,  excepté  le  genre  fissir,  comme  Itapparoistra  par 
les  exenpW  qui  sont  mis  après  la  première  conjugaison. 

■m  ildmom'fto.  Ung  advertlssement... 

*      '  ■  ,«  ■'■»■.- 

'■  ■!        •.     f  I     t   m      I         '  I    II  I    I        II  ,  i  1^1  .         ■ 

(I)  JN(,ieiet»illMn:fmf«.  '  *         ' 


K  . 


« 


460 


GRAMMAIIB    FKAIfÇilSI. 


// 


^r" 


1  - 


On  le  volt,  une  phrase  française  traduit  toujours  la  phrase 
latine  qui  la  précède.  Nous  continuerons  à  citer  teitoelle- 
ment  cet  important  opuscule,  où  nous  troavons  le  véritable 
usage  de  la  langticf  et  non  le  système  arbitraire  d'un  gram- 
mairien imprudent  ;  mais  nous  pensons  qiiè  le  fraoçois  sblDra^ 
et  se  fera  comprendre  sans  l^iaide  du  latin. 

•  Ung  advertlasement.  Quant  eit  en  latin,  let  Tcrbei  se  déclinent  faci- 
lement sans  aucuns  prononu;  mais  en  la  déclinaison  fraoçoiae,  ainsi 
comme  au  langage,  Il  les  fault  quul  tous  repeter  et  redire  :>«,  lu,  W, 
nous,  vcus^Um. 

•  Pour  décliner  plus  facilement  les  Terbe«  en  fran<;ols,  il  fauldra  pre- 
mièrement apprendre  ce  qui  s'ensuyt  :  J'ay,  tu  as,  li  a,  nous  avons,  vous 
aVes ,'  ils  ont;  '—  J'avoye ,  tu  avois ,  U  avoit  ,.noas  avlooa  ,^p».i  avles ,  ils 

iMxoytnt.  —  J'auray,  tu  auras,  il  apflP,  nous  aurons,  tous  aures.  Ils  au- 
ront. —  Que  J'aye,  que  to  ayes,  qu'il  ait,  que  nous  ayons,  que  tous  ayei, 
Qu'ils  ayenU  -^J'eusse,  tu  eusses,  11  eust,  noua  eussions,  tous  eusales.  Ils 
eussent. 


La  conjugaison  àctivt  de't  verbe*  pertonnelx  de  la  première  eonfugaitOH 
françoite  :  dnqueh  verbes  Vinfinitif  en  français  est  terminé  e»  jer  (I  ). 


J'aime,  qui  est  ung  v^erbe  personnel,  est  décliné  en  françuls 
s'ensuyt  :      .  '   ' 

TEMPS  raiisCMT  DO  UtV  (mode)  INHftiTIF. 

i'aime,  t!u  aimes,  11  aime,  nous  aimons,  tous  aiinesl  lia  aiment. 
'-  Prétérit  imparfait, 

J'aimoye,  tii  aimois,  11  aimoit,'noak  aimions,  tous  aimles,  lli  aimoient 


:V 


i- 


(IJ  Daus  Palsgrare,  les  modM  et  Ifs  temps  M  laiYCBt  dsm  cet  oédre  :  I^piCATtF  *: 
préêtut  :  je  fuiéi  —  mferfsit  .Je  psrioye;  —  i»4èflmi  :  jtf^tUfi^'frètèrU.fttr- 
faU  :  j'ay  parlé*:  —  prit,  pl.-f.parf.  :  j'afvye  fwrié;  —fiUur  :  je  parliaray.  —  8«»- 
JÔ;«cTip  :  présent .  qne  je  parle,  que  Oon*  parliou;— M</M  :  q«e  Je  puriasM;-— 
pritiril  perfàit  .•  que  je  aye  fx\é;— prétérit  pi.-^  -farf.  :  qms  je  easie  partfi— /b- 
tur  :  qn«  je  anray  parié. -^tVyiamist  i  prisent  :  je  parleroye;— jrrMMI  parfait .-  je 
||Toye  parié.  — liâsÉaiTtr  :  prisent  :  pstle  m  pari»  ta;— Yk/ht  ■  qne  je  parle.— 0^- 
TATiF  :  présent  .-  1>iiai  parié-je ;  —  Indéfini  ;  biea  parlaMe  je  — CoNamoMiu,  coiÉae 
l'indicatif,  pi^oèdé  de,  «I  .•  ti  je  puje,  etc.—  Iiviiiinv  :  prisent .-  psu^i—prUtrit 
pnrfnit  ••  aroyr  parlé.  '       "       " 

J,. (ramier  préMate»ainii  la  lérie  des^auMlM  et  des  teaipe  Teriwau  :  Immcaiv  :  pri- 
sent :  i'siate  ;  —  prit,  imper f  .-  j'aisaôye;  —  prit.  perf.  premier .-  j'aima;  ;— prM.  psrf .  ^ 
«eeeMiV  j'ay  aiaaé;  —  prM.  pl.-f.-pwf.  ;  J'avoya  aùté;  — /Wur  ;  j'aiaeray;  —  Imei- 
âATW  i  présent .  aiiae  ta;  —  Optatif  :  pnts.  M  is^fnrf.  .-  pleatt  à  Diea  f«a  f  aiaaaae, 
que  noua  aimiaaioos  ;  —  pné/.*  p«rA  tXpi.-^.-perf.  :  pleoit  à  Die*  qM  j'e 
fut.  :  IHea  Tenilte  que  j'aime,  qoiê  ooas  aimiooa.  —  Conmnctif  ':  eoauM  l'I 
faisant  précéfler  |e  verbe  aa|rtrois  pertooiies  et  aux  de«x  noailins  4e  Ma  fW  msfumd- 
—  iMFUirrff  :|>r^«,,v  aisoer; X- perf.  ;  aTQif  Aimé/ 


idÉ^dK 


T 


ROI»T   |T   HBNBI   l8Tirai7(E. 


4m 


,v 


\ 


Prétéril  parfait, 

y$j,  ta  u...  •iraë.  -  Autremeni  :  l'timay,  lu  «imu ,  Il  «im* ,  noun 
•imasoMs,  TOu^timMtet.  Uzaimerept(l).  V. 

'  ..      prétérU  plut  que  parfaiet. 

J'itoye,  tu  •▼oii,  U  âToU...  »iiné. 

Futur. 

Jâimerty,  lu  timèrâi.  Il  •Uneri,  nom  »lmeroM,  vous  timercx,  tU  «i- 

ineroot(î).  *  ,  • 

TMM  rtlSIST  ET  rUTO«  DO  «EU  IBPEWATIF. 

Aime,  qu'il  lin»*,  almon»,  ilnief,qu'4U  tlment* 

tnpt  PEEiEirr  et  renia  do- «eu  opTÀTir., 

'     Dieu  teuiUe  tfue  J'aime,  que  lu  aime. ,  qu'il  aime,  que  nous  almion». 
que  voua  almiei,  qu'lU  aiment. (3).  ^ 

PreUrit  imparfait. 

Pleutt  à  Dieu  qiM»  J'almaue,  que  lu  almaMW,  qu'il  aimatt,  que  noua 
aimlsaions,  que  vou»  aimiMlei ,  qu'lli  almaiaent  (4). 

Prétérit  parfait. 

Dieu  vtuHk  qu«  J'aye,  tu  ayea«,  alm*  (5). 

\        PretfrH  plut  que  parfait. 
pteuitàDieuquêytUÊ»»,qaeXataue%...»\mi{(i),ffi     . 

TEmW  raESEHT  ©O  «EO  COHJOHCTir. 

Vf»  fue  J'aime,  que  ta  almea,  qu'il  aime,  que  nou.  almon.,  que  toui 
aime»,  qn'lU  aiment  (7).  ;         .   '  ^ 


O)  Cr«w«.  fr.  :  mimt  fonm  p<«r  lèj«rfait  compo.*:  I  U  snite  de  liutw  for»' 

TZrvnMril  i«rfaiet  propre  .n  (r«.c«.  et  w>to..u  Utin^  :  ;  «.,  f«  m  *••<,  etc., 

(rîTcîI-irr.  donne  deox  futur.  :  fator  impwfaU  :  /-•<««».  etc.;  ftitur  p»r- 

^1i\u!ilL^}r^^t^f^  .«t«»eht  :  opMtif  pr*«*nt  :.ô  que  Ao»^*»^''?  ''«*'; 
reï  "iiSIl,  •U.:--t»ti«i«nt ,  pUuM  .  Dieu  ,ue/«iiMm,  rt  «HM«9e..  ,^1- 

(î)ïllîp!ÏîS"dr^^        Cr«-I.rr.  doni^:  6 .jue rolontier, /.««Mfe.  <•. 

'  ni  U^SL«1^<Z^«  coiiTSf  ^^^^  gr«Kle  «riét*  déforme.;  le  pr*^»»  eet 
•«5u«iSrcoiibleoqoe.  -comme  .in« «it que  j'aim.,...  que  no«..p,oo..... 


'/ 


t» 


X 


»  • 


1 


* 


■■■,',  ■     ■       '     •  .  _  -m-    '  ■  ' 

462  GRAMHAliR    rRA>ÇAifll. 

Preltril  imparfaict. 

Veu  qu4  j'Étàoye,  qa«  tu  ■ioMli,  qa'H  almoit,  que  noui  alinionii ,  que 
^  Toos  aimlef,  qu'Us  timoyeot  (I). 

Prtterit  parfaiet. 

'— « 

•        ^^  qutfj'aytquetuai...  aiiné(}).  -, 

Prétérit  plus  que  parfatet.  ,     ° 

^\  Vtu  que  J'aroye,  que  tu  aToyet.^  aimé  ^3). 

Futur. 
q-.  Quandi'utj  (\),  |u  aras,U  ara,  nous  arons.foui  ares,  ils  aroot  aimé  (S). 

AOTEEMEKT  :  Présent. 

Combien  que  J'aime,  que  tu  aimes ,  qu'il  aime,  que  dodi  aimions,  que 
tous  aimiez,  qu'ils  aiment. 

■••  Imparfaict. 

Combien  que  j'aimasse,  que  tu  aimasses,  qu'il  aimast,  que  nous  aimis- 

sions,  que  TOUS  aimisslez,  qu'ils  aimassent.  ^ 

#.     ■  .     •  ■    .'       .      ■ 

Prétérit  parfaiet.  ' 
Combien  gue.J'aye,  que  tu  ayes...  aimé.  - 
•  Prétérit  plus  que  parfaiet. 

Combien  que  j'eusse,  que  tu  eusses...  aimé. 


TEMPS  PaESENT  ET  PRETERIT  IRPARTAICT  DD  «EU   INFINITir. 


Almf  r  (({)• 
Avoir  aimé. 


^ 


V 


Prétérit  parfaiet  et  plus  que  parfaiet. 


,  ,  Futur.\ 

J'espère  que  y&ïmersij  {spero  me  amaturum  esse). 

/  ■  .  ■ 

.  (1)  Gramm.  fr.:  •  Prêter,  imparr.  :  quand  j'aimeroye...  ;  autreiftent  :  combien  qu« 
j'aimasM... :'n/reMM/  encerej  ▼euqw  j'aimoyo... 

(t)  La  Gràmm.  fr.  donne  au  pî^l^i^fô^.  les  formes  sairantes  :  combien  que  OÉ 
eommt  aiu.si  soit  que  j'aye  aimé...;  autrement  :  reu  que  j'ay  aimé;  e»eoru'eulreme»t  : 
combien  que  J'aye  eu  aimé  ;  item  autrememt  :  veu  que  J'ay  en  aimé^ 

C3J  La  Gramm.  fr.  donae  au  prêt,  pl^-q.-parfait  let  tùtmfi  qui  suirént  .-quand  j'iu- 
réyeaimé,..;  Lutremmi:  combieu  que  J'eusse  aimé...;  encores  eutremcHt  .•  çombieii 
que  J'eusse  en  aimé...  ;  itiem  éutremenl  :  Teu  que  J'tTOye  aimé. 

(4)  Vide  infrà,  p.  47||' 

(5)  La  Gramm.  fr.  doute  au  fqtw  deux fonnes  :  qnaod  j'auray  aimé...  ;  qoand  j'ao- 
ny  eu  aimé... 

(^)  Là  Gramm.  fr.  donne  aim^r  comme  présent,  et  non  comme  présent  et  imparfait; 
elle  n'admet  à  l'iaflaitif  ni  plos-que-parfeit,  ni  futur,  ni  gérondifs,  ai  tupio,  ni  par- 
ticipes... . 


I 


# 


I 


ROBINT   feT   RKMII    ISTIBNIHI. 


46^ 


(  ^ 


»       *       Gerondifi: 
D'aimer,  —  en  •imant,  —  aimer. 
*"   ,  Supin* 

Aimer  ou  pour  aimer. 


Aimant 


Qui  aimera. 


Partieip»  présent. 
Participe  futur. 


l'ng  adtertittement.Stïon  l'exemple  deaiui  dlct  on  pourra  dccllQjer  en 
françoiH  presque  tout  lei  verbes,  actif» ,,  neutres  et  depoDens  ,  desquelx  , 
verbes  l'inûnltir  francois  ett  terminé  en  e«.         ^ 

Ainsi  se  conjuguent  :  proucer,  enseigner^  empeteher,  mener;  —che- 
miner, plourerjater^  reposer f  —peschert'confeisèr,  essayer,  parler. 

LA  SECONDE  CONJUGAISON  FRANÇOISE 
«e  tafaelle  Vtmamim  cm  icraalM  cm  «M.       . 

...  .     ■  "        ''  "'  .  ■■  .  -  -'■:     ■'; 

MEO  iKDICATir  ET  MEaiEME  TORliE  DO  COîIJOîICTIF  (j).  *        ' 

Temps  présent. 
Je  recols,  tu  reçois,  il  reçoit,  nous  recetons,  voua  receve'x,  Us  récoltent. 

/Prétérit  impur faiet,  ^ 

Je  recevoye,  tu  recetoU,  Il  recevoit,  nous  recevions ,  vous  recevlei ,  lli 

retovoycnt.  , 

Prétérit  petrfaiet. 

J'ay,  tu  as...  receji.  —  ilM<r«m«nl  ;  le  receu,  tu  rcceùs,  Il  receut,D0us 
receumes,  voua  receutea,  tlx  receurent.  .         . 

^     Prétérit  plus  que  pt^fa^t.     -.  • 

J'avoye,  tu  avoto...  receu.  ' 

.    Futur. 

Je  receveray,  tu  receveras.  Il  rekevera,  nous  receveroni,  vont  receverex. 
ilx  receveront. 


(1)  Noos  réaniMODS  iei,  pour  ahrégw,  wos  ua  même  titre,  d*i  formes  i«mblabl«>8 
que  Rob.  Eaticone  ivait  claMée»  sous  deui  chef»  différenU.  —  Rn  se  reportant  au 
rert»  eimer  que  nous  irons  conjugué  plu»  haut  comme  Bob.  Estienne  lui  même,  on 
comprendra  la  dispoeition  de  lanteur  et  notre  ilmpliJJcaUon.  -  Le-i  note»  jomUx»  à  la^ 
premièrt  conjugaison  non»  dispensent  de  donner  ici  la  ïérie  des  modw  et  des  temps 
adoptés  par  le»  autres  graiuMùrieus. 


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«•AMAItl  riARÇAlll. 


y 


■«     ;■' 


'^' 


TTJirS  MEAKNT  ET  rVTCR  l>ll   HEU  IMPERATir. 

Reeojr,  qu'il  reçoive,  necvont,  recetei,  qu'Ut  reçoivent. 

■co  orrATir  et  eEuxitat  iorme  no  coNJONcnr. 
Tempi  préêtnt. 

Dieu  veuille  que  je  reçoive,  tu  reçoives.  Il  reçoive,  dooi  reeevione,  voot 
reoevies,  ili  reçoivent.  , 

ImftarfaicU 

Pleutf  a  Dieu  ou  combien  que  Je  receusse,  tu  reeeu»«e«,  il  receust 
noQi  rjéceussiont,  vous  receuuiei,  lU  receusaent. 

.     /  Prétérit  parfaiet. 

■I   .  /  ■       ■ 

DiêuxeuilU  que  ou  combien  que  J'aye,  tu  ayes...  receu. 

Prétérit  flut  que  parfaiet. 
Pleutt  a  Dieu  que  on  comMM  que  l'euaie,  tli«i|^B«s...  receu. 

mo  ^MriMiTir.    '.-._.'/ 

Tempe^  présent  et  imparfaict. 
Recevoir. 

Parfaiet  et  plut  que  parfaiet. 
^voir  rece  / 

Futur. 
7*«>]>«re  yW  Jereeeveray. 

Cerondifè. 

De  reee;iroir,  —  en  recevant,  —  redevoir. 

Supin, 


Recevoir  ou  ponr  recevoir. 


Recevant.  ' 
Qui  recevra. 


'eteji. 


Participe  preti 
Participe  futtàr 


^LA  TIERCE  CQIUI;GAIS0N  FRANÇOISE, 
«•  lAtaeilc  PlBtolUf  CM  tcnalaé  «■  SB. 

«EO  IRBICAT»  CT  KaniClE  FOan|E  »0  cnMJOllGTUlr/ 


Freeen». 


\K 


Je  lit,  in  Itf  ;  Il  tif,  nous  lisons,  voiis  Uaei^  llsUsenk.    '/ 


(/ 


♦  VOÛ» 


»U8t 


V    ■' 


•OMIT  ET  vinii  ItTitrtNI. 


465 


ImparfaieU  ■  .| 

Je  Wtoyt,  tu  )isoit«  il  liwit.  noot  Uiloni,  tous  liilec,  tli  lisoyent 

Prturit  parfaieU 

J'ay,  ta  ai...  lea,  ou  Je  Hsi,  tu  lUii,  U  littt.  noos  |Uim«i,  Toueliiltei, 

ils  UsUrent.        *  .  ,    , 

Prettrit  plut  qu«  parfaiet. 

'  '        '  ■  '  '  ■  h 

J'ayoye,  ta  aToii...  leu. 

futur.     '         ■     .       ■ 
Je  llray,  lu  lirai,  il  lira,  non»  Ilroni,  tooi  «rei,  lU  liront. 

■EO  IMPKKATir. 

Temp$  prêtent  et  futwr. 
tu,  qu'il  lise,  lliODS,  liMi,  qu*Ui  Usent. 

Miu  orrATiF  n  Mounk  rotai  do  coiuomctiK 
Prêtent  et  futur. 
Dieu  veuille  que  Je  lise,  tu  lis«s,  il  lise,  nous  lisons,  tous  lises,  ils  lisent. 
1  Imporfaiet. 

'  Pnuttçk  Dieu  que  ou  comb^  que  Je  léusse,  tu  leusses ,  Il  leust,  nous 
leussions,  vous  leussiez,  Ils  leussent.—  Autrement  :  Que  je  llstsse.  que  tu . 
lisiaaes,  qu'il  llsist,  que  nous  llslsslons,  que  vous  llslsslez,  qu'ils  lisisaent. 

Parfaiet. 

Diek  veuille  ou  combien  que  J'aye,  tu  iiyes...  lea. 

■  '  ■#  ■  ' 

Plut  que  parfaiet^ 

fkmta  ^'«M  V^  ^^  combien  qu*  J'eusse,  ta  eusses...  l«u. 


n 


.^• 


■io  iiirniiTir. 


»i^ 


Lire,  tVoir  leu,...  ete. 


\, 


■■4'  '    \      •'-. 


LA  QUARTE  CONJUGAISON  FRANÇOISE 
4«  tafpiue  l'iistaltir  cm  tcrauà«  «s  n 

^n'vnwckxa\*t  ruaunt  roRMi  w  obuoHcriir. 
Témpt  prêtent.         ,  / 

Je  dors,  ta  dors,  il  dort,  noos  donnons^  tous  donnes,  m  dorment. 

-         imparfait,  / 

Je  dormoye,  tu  dormois,  il dormoit,  nous  dormions,'  tooi  dormies,  ils 
dormoyeot*  v  ^ 


ë 


4M 


^ 


■J 


GIÀHHAIM  PlAKÇAItB. 

Prettrit  parffiict. 


f- 


J'ty.  ta  at,  il  a...  éormj. 

.       '  ^  Prétérit  plut  que  parfaiett 

J'avoye,  ta  AToia...  4onnl.  '*'.'■ 

Futur. 

Je  dormira;,  ta  domUral,  il  dormira,  Boui  dormirons,  vou»  doroiirez, 
ili  dormiront.  >  ' 

■CO   IHPEKATir.  "* 

■     *  ■■..■*. 

Temps  prêtent  et  futur, 

Dort,'qa'il  dorme,  dormon!>,  dormc^,  qu'iU  dorment.  *^      . 

HtO  OrTATir    ET  DEUXIEHK  FORME  DO  CONJOMCTir. 

Tempt  prêtent  et  futur. 

Dieu  veuille  que  Je  dorme,  que  tu  dormes,  qu'il  dorme,  que  nous  dor- 
mions, que  TOUS  dormiez,  qu'ils  dorment. 

.   ',.  imparfuiet,    ,     , 

Dieu  veuille  quê  ou  combien  que  Je  dormisse,  ta  dormisses,  il  dormist^ 
nous  dormissions,  vous  dormissiez,  ils  dormissent.  '     - 

Prtiterit  parfaiet.  '* 

Dtffu  MwiUf  çM  J'aye,  que  ta  ayea...  dormy.  ^ 

.     >  HEU  IMriaiTIF. 


Oonnir,  tToir  dormi...  etc. 


l 


\Ung  advertiitement  (t).  A  la  même  confugaison  françoise  appartient  le 
▼erbe  ouyr;  mais  comme  il  présente  certaines  difllcaltés,  noua  le  «onju- 
guons  ici  entièrement. 

^  ,      .         BEO  INMCATIf  KT  PHEHIEaB  FORME  BO  COMiONCTiF. 

Preienl. 

.  J'oy;  ta  07a,  Il  oyt,  nous  oyons,  tous  oye»,  iU  oyent. 

Iwtparfaict.  °,  ' 

^       royoie,  tu  poïtf  11  oyoit,  qoua  ôayoas,  voua  Ofqreit  U>  on joiéat.    . 

Pàrfaict,       . 

J'ay,  ta  ta...  wk^j. —Autrement  :  Je  ouy,  la  ouya,  Il  ouyt,  nmu  oayames,. 
,'»  Toas  oayates,  ils  oayrent. 


(1)  -Eob.  EtUsoM  M  douM  qu'an  Utia  Mtto  raoïarqiM  :  no'iu  la  tradotMiu. 


M- 


) 


?r 


ROBKRT   BT    HR^RI    ESTIi^MlB. 


4ST 


y 


^^  \    Pitf4  que  jitnrfaict. 

J'tvoye,  tu  avoiB...  ouy. 

huiur, 

J'orray,  tu  orras,  il  ^..ii,  nous  orrona.  vous  orrez,  ilz  orront. 

,  ■•      ■  .  .       •  •  -■       /-^  -  ■ 

Oy,  qu'il  oye,  oyons,  oyez,  qu'il»  oyent. 

■    * 

MEU  OPTATIF   ET  DEUXIEME  FORME  DO  COIdONCiTIF. 

frètent. 

Dieu  veuille  que  j'oye,  que  tu  oyes,  qu'il  oye,  que  nous  oyons,  que  votf 
oyez,  qu'il!  oyent*. 

Imparfaict.  •> 

Pleust  à  Dieu  que  J'puysse,  tu  ouyçsës^il  ouyst,  nous  ouyssions,  vous 
ouyisiéx,  ilz  ooyïsent. 

■     ■         -  •  -  '    .      ■■.v'i' 

-  /      A  ■•  Priherit  parfaict. 

Dieu  r«utl(«  que  J'aye,- tu  àyes...  ouy. 

,Preterit  plut  que  parfaict. 
P^eiuf  a  Dieu  que  J'eusse,  tu  eusses...  ouy.  ,      " 

.  .  „■  .    *  ,        ■  ». 

\  "*0   INFINITIF. 

Ouyr,  avoir  duy.  *    ,  , 

Ung  advertitsement.  Presque  toute  la  déclinaison  françolse  des  verbes 
passifs  est  composée  des  mots  de  ce  verbe  Icy  tûm  (Je  suys),  et  du,  participe 
de  temps  prétérit.  —  Et  pourtant  (  pour  cela)  il  sera  fort  ajsé  de  décliner 
iceutx  verbes  passifs,  après  avoir  mis  seurement  en  sa  mémoire  la  dé- 
clinaison dudict  verbe. 

SuM  (je  àoyi)  qui  est  ung  verbe  personnel ,  nommé  substantif  et  ir- 
regulier  (xc'est  a  dire  de  tiulle  conjugalsbif),  et  du  neutre  gerre  (tic) 
I09  sa  ilgaiflcation,  est  décliné  en  francois  comme  il  s'ensuyt. 


'*■        aCO  INDICATir  ET  rfeEMIEIie  FORME  DU  CONJOMCTIF* 

.  ^  Temps  presenf.  \ 

Je  suys,  tu  es,  il  est,  nqus  sommée,  vous  estes,  ils  sont. 

'■'■       ■  •.,       • .        .  '„■    ■■  %.      '  '   ' 

Imparfaict, 

l'estoye,  tu  estois,^  estoit,  nous  estions  vous  estiez,  ilz  esloyent.  ' 


Ma 


468 


tRAMMAIll  PMANÇAUB. 


Freterit  parfniet. 

J'ay,  tu  M...  esté.  —  Autrement .  Je  fu,  tu  fuz,  il  fut,  noui  fasoK-s  tiN 
vous  fuBtès,  ili  furent. 

Prétérit  plue  que  parfMCt 

J'aroye,  tu  aroia...  esté.         ' 


■EU  iurr-RATir. 


Présent  ou  futur. 
Soi*,  qu'il  aoit,  loyont,  soyez,  qu'tii  toyent. 


©>' 


*    HEU  OrTATIF  ET  BEISIEIE  rOllME  DU  CO.<«JQNCTtr.  ^.^^ 

■      /  ■  ■■■'  '-■■"•"■       V  .■-'"■" 

-  'l'y  Prêtent  et  futur. 

Que  je  soye,  que  tu  sois,  qu'il  soit,  que  nous  soyons,  que  tous  soyez, 
qu'ils  soyeot.  j 

■      .■  "^Jmparfaict.    '■■■'■'■  •    ■    .  ' 

Que  je  fusse,  que  ta  fusses,  qu'il  fuitVque  nous  fussions,  (}uç  vous 
fussiez,  qu'ils  fussent.  .  ' 

^  -^  ParfaUt,       ^    ,        . 

Que  j'aye,  que  tu  ayes...  esté. 


P 


Pluiiiueparfaict. 
Que  j'eusse^  que  tu  eusses...  esté. 

.    *  HEU   INFINITIF. 


'  Estre,  aToir  esté.  -'.'c'"-:'.  ,'  V:  * 

I^e  ver^e  passif  conjogaé  ensuite  pour  iqod^le  présente 
les  mêmes  temps,  disposés  dans  le  même  ordre  :  poas  ne 
croyons  pas  avoir  à  le  reproduire,  non  plus  qu*nn  autre 
exemple  où  Rôb.  Estienne  a  pris  la  peine  de  montrer  «  la 
manière  de  décliner  en  féminin  9<Tre,  »  en  changeant  sim- 
plement le  pronom  de  la  première  personne.  Nous  âeTons 
remarquer  cependàiit  qu'il  accentue  le  féminin  du  participe 
aiméi,  d'après  le  système  de  Dubois,  en  notant  Te  muet  à 
l'aide  d'un  accent  grave  :  ce  qu'il  a  fait  encore  dans  d'au- 
tres cas^  ** 

.Vng'odverHttewMnt.  A  resemplt  dessus  diet,  on  poam  dediBcr  ea 


(t)  Ite  eet  ^  pour  e  miMt,Toy.  cmIssmus, dans  c«tt«  pags,  à  WAadt  là  c«ni*piêoo 

df  «  Tcriw.  .        ■        "  .  *  .       ,    •.    . 


■  • 

y 

B 

<«lV. 

• 

^•^  ■' 

_■?  * 

K»>ez, 

*"      4 

>.  vous 

»■ 

•       _     - 

1 
• 

«ote 

1 

\         . 

x-~ 


ROHMT   ET   HINII   MTIINNB. 


469 


franco<>  tout  »«•  «utret  ▼PTbcs  du  gerre  passif»  «I  premier  oi»  a  sc«u  fe 
participe  francoit  du  temp»  prétérit.  ^  Or  II  y  »  diverse»  terminalaon» 
d'iceluy,  de»  quelle»  »*én»uyvenl  quelque»  exemple»  : 

Prouva,  prouvéi.  —  ehieigné,  enseignée,  —  touché,  touchée,  etc. 

Et  quant  e»t  de  telx  participé»  francol»,  lU  aervent  non  »eulement  pour 
la  déclinaison  paasive,  mai»  aussi  en  u»on»  en  la  declinal»on  active  du 
prétérit  parfalct  de  rindlc»tif  et  de  tou»  les  temp»  qui  en  sont  forme»  : 
Exemple  : /iay  If OMt^,  j'acoye  d«u,  etc. 

Que  fault  il  f«lre  si  le  verbe  passif  ou  n^Jtre  que  nous  voulons  derUner 
est  toUlement  en  latin  »«n»  aucun  participe  du  temp»  prétérit?  Lor»  en 
francol»  il  ftult  feindre  ung  tel  participe.  Ce  verbe  lifwor  n'a  aucun  par- 
ticipe du  prétérit  temp»,  et  toutesfoi»  nous  en  feignons  ung  enjraijcois, 
c'est  «  «cavolr  craint;  paî'  aln»l  nou»  le  déclinons  en  ce«te  manière  :  je 
iuyt  craint,  nou»  îomme*  crains.  —  fe  suys  eheut,  nous  somm$t  cheux; 
)'ay  tùuehé,  nous  avons  couché^  etc. 


«c  «cdlBcrca  trnm^l»  Ick  vcrkc» 
«•  U  4c«llBato*a  yaMlve. 


INNCATIF  ET>M«IB»«  rOME  DU  COJtJOUCTir. 

Prtsent. 


ôa  aime. 

On  aima.  / 

On  a  aimé,  on  aima 
On  avoit  aimé. 
On  aimera. 
Qu'on  aime. 


Imparfaict. 

.Parfaict. 

Plus  que  parfaiçt. 


Futur.  I 
iMrERATiF.  Présent  ou  futur* 


Pr€$mU 


Qo'on  aima. 
Qu'on  aimast. 
Qn'M  an  aimé. 
Qa'Mi  àvott  aimé. 
Quant  on  aura  aimé. 


Imparfaiet. 
rtrpùet. 
PluiqutparftM. 
^  Futur. 


J 


.%  ' 


470 


^^■ 


GMAXIAIIIE   PllA^ÇAI!tI. 

iNFismp.- 


Aimer,  avpir  aimé,  qu'on  aimera...,  etc. 

'  ■  ■    -  ' 

EXEMPUC 

Du  retbi  impenonnel  en  la  déclinaison  ocltv*. 

Il  ennuyé,  il  eunuyoit>  il  a  ennuyé  ou  ii  ennuya,  Il  atolt  enpayé,  Il  en- 

nuyra,  qu'il  ennuyé,  qu'il  ennuyast,  qu'il  ait  ennuyé,  qu'il  eust  enniiyé. 

—  Avoir  ennuy^  avoir  eu  eonuy.  .       • 

.  \       -■'.■■'■    •  ■ . 

La  manière  de  le  décliner  par  nombres  et  personnes. 

Il  m'ennuye,  i|  t'ennuye,  il  Iny  ennuyé,  il  nous  ennuyé,  H  tous  en- 
nuyé, il  leur  ennuyé;  —  il  m'ennuyolt,  Il  t'ennuyoit,  etc. 

Ung  adrertiisement.  Pource  qu'a  peu  près  en  foute  la  déclinaison     ' 
francoise  des  verbes  nous  usons  beaucoup  des  raoti  de  ce  verbe  Icy  habeo   <•' 
(i'ay),  il  nous  a  semble  iwn  de  mettr*  icy  a  part  toute  sa  declinaisoil  en- 
semble. •  . 


/( 


^  .INDICATIF  ET  PEEHIME  FCBIIE  DO  CONJOMÇTir, 

\    :     ^   ■     ■         Présent.       i 
/    J'ay,  tu  as,  il  a, -nous  avon^,  vous  avei,^  lli  ont. 

Imparfaie^l  ^  / 

J'avoye,  tu  avpis.  Il  avoit,  nous  aTlons/voas  avies,  ilxavoy^nt» 

_'"•''  Parfaiet.        ,    •  1  / 

J'ay,  tu  as...  eu.  —  Autrement  :  J'eu,  tu  en*,  IF  eut,  nous  ènsmes,  tous 
eustes,  lu  eurent.        '  \ 

•;.  Plus  que' parfaiet.  \ 

.     4>voy' eu,  tu  avois  eu... 

'i  •  Futur.  \-  ■ 

J'aurtfy,  tu  auras,  il  aura,  nous  aurons;  tous  aarei,  ils  aorom 

''"^  iMPERATif.  Prf«enl  et  futur. . 

Ayèi,  qu'il  ait,  ayons,  ayei,  qu'ils  ayent. 


OPTATir  ET  DCOXIHC  WOUUS  m  CONJONCnr. 

.  Présent  et  futur. 

Dieu  veuiîle  que  j'aye,  que  tu  ais  (I),  qu'il  ait,  que  noua' ayons,  que 
vous  ayez,  qu'ils  ayent.    .         • 


(  I  j  On  r«marqaeraqu«  cette  forma  e«tatitr«iB«iit  icrii«  dans  les  modèlM  de  cosjucai- 

<un  qui  prkèdeot.  .  .         -         » 


^ 


lyé,  ilen- 
t  «nnùyé. 


T0U8  en- 
te) intison     ' 
icy  fiabeo   >•' 
aisoEt  en-  . 


/ 

A. 


at. 


aes, T0D8 


ona,  qae 


coi^ugai- 


ROBER 


T^ 


HENRI   BSTIIlVTfE.' 


4-31 


Imparfaict. 
Que  i'euMe,  que  tu  euMes,  qu'il  euêt,  que  faons  euwlon»,  que  tous  èus- 

giei,  qn'llz  eussent. 

Parfaict. 

Que  J'ay'  eu,  que  tu-  ali  eu,  qu'il  tài  eu... , 

Plut  que  parfaict. 

'   Que  J'euss'  eu,  que  tu  eusses  eu... 

/  .     JSFIHITll'. 

Avoir,  avoir  eu,  / 

Ung  advertittet^ént.  [Ce  verbe  a  uh  pawTlf  en  latin],  mais,  dans  l'usage, 
il  n'a  point  de  ôedinalson  françoise. 

DO  FBETEillT  IVARTAICT    DU  COMJOUCTir. 

Outre  les  deux  manières  dessus  dictes  de  décliner  en  françote  au  «on- 
Junctif,  on  trouve  quelque  chose  liropre  et  particulier  au  prétérit  impar- 
faict d'iceluy  meu  (mode),  et  ^ en  tous  verbes  de  quelque  conjugaison., 
que  ce  soit.  Exemplet  :  - 

I.  J'aimeroye,  tu  aimerois,  il  aimeroit,  nous  aimerions,  vous  aimerlei, 
Us  aimeroyent.  *  ,. 

IK  Je  receveroye,  tu  receverols.  Il  rçceverolt,  nous  receverions,  vous 
receverlex,  llr  receveroyent.  ^ 

III.  Je  liroye,  tu  llrols...   / 

IV.  Je  dormiroye,  tu  dormlrbls...  • 

àimi  :  Je  orroye,  tu  orrols,  il  orrolt  ;  nous  orrions,  vous  oirlei.  Us  qf- 
Toyent. 
Ainsi  encore  :  Je  seroye,  tu  serols...,  etc.;  J'auroye,  tu  anrois... 

Il  en  est  de  même  au  passif  :    . 

Je  seroye,  tu  serols,  Il  seroit  aimé»  nous  serions;  vous  séries,  Ils  scrolent 
aimes.'  .'■,". 

La  manière  d*M  user  :  Je  dormiroye  volunticrs,  je  dormiroye  si  j'avoye 
loisir  ;  on  jourroit  (sic)  s'il  y  faisoit  bon  ;  je  vouldroyjB  que  tu  eusses  este 
à  ma  fortune ,(tii  meo  «i«u  ad^umes). 

If  autres  disant  ainsy  ;  Je  dormisse  voluntlers,  Je  voulslsse  que  tu 
eusaesi  ■ 

Touchant  U  futur  de  Tindidatif  et  eonjunctif  :  Le  futur,  tant  de  l'indi- 
^Uf  que  du  eonjunctif.  quand  il  y  k  ung  si  devant,  prennent  eommu- 
- 'i^ioent  la  translation  flrancoise  du  présent  de  l'Indicatif. 


'VA 


•       '? 


472 


GRAMMAIRI   riANÇAISB. 


^ 


La  manière  d'tti^ter  :  Si  tu  Pliâmes  Dieu  de  bon  cueur,  il  t'en  pren- 
«Ira  bien.  —Si  tu  disne^ demain  chci  toy,  fay  le Etioy  scaroir  incontinent. 
'  Suit,  dàna  le  volume ,  une  liste  de  mots  où  certaines  lettres  ne  doivent 
pas  se  prononcer.  Une  seule  de  ces  remarques  p«ut  trouver  place  ici  : 
«  Beaucoup  de  mots  s'escrivent  autrement  en  frapcois  qu'on  ne  les  pro- 
fère, comme  sont  les  moti  qui  s'ensuyvent  r  auray,  àuras^  aura^ aurons,' 
autei^  auront  ;>—  auroye,  aurais,  aur oit,  aurions,  auritx,  auraient.  Donc 
on  les  profère  seldn^cestêescripturei  arny, nras,  ara^  arons,  prex, aroni'; 
—  uroye, aroitt  aroit,  arions,  arièXt  aroyent:»,  ■■'■ 


EiqBOCBAT  Hob.  StCrailNOS,  BEBaMCAIVa 
ET  ^ATINAROH   LITEIAROH 
.     "      .FHQS  RECITS  (siC),   pARISils\  àMN. 
M.D.XL.XU.  CAL.  FEBR^ 


■    \ 


ROBKRT   RT    HKNRI    iSTIEN 


413 


LEXIQUE. 


X 


L'œuvre  grammaticale  de  Robert  et  de  Henri  Es- 
iienne,a  pour  utile  complément  le  Dictionnaire  fran- 
cai3-latin,et  même  Jusqu'à  un  certain  point,  le  Dic- 
tionnaire latin-français  que  fit  paraître  Robert  Estienne 
à  peu  d'intervalle.  Destinés  à  faciliter  rintelligence 
^  des  auteurs  et  la  traduction  des  deux  langues,  ces  h- 
vres  devaient  être  surtout  .  duisans  aux  apprentiz , 
pour  lésquelz  il  fauHd'autant  p*8  soigner  qu'ilz  ont 
grcigneur  (plus  grand)  besoing  de  secours...  pour 
passer  les  destroictz  de  la  langue  latine;  •  l'auteur  n'y 
voyait  donc  point  des  manuels  d'orthographe  :  de  là 
le  peu  de  régularité  qu'on  remarque  dans  remploi  de 
.  certains  signes  ou^ans  la' manière  d^écrire  les  mots. 
.   Mais.des  défauts  O©  ce  genre,  peu  sensibles  pour  un 
puWic  qui  ^'avait  pas  le  droit  d'être  exigeant ,  n'em- 
pêchaient pas  que  la  jeunesse  française,  et  surtout  les 
jeunes  étrangers  qui  lélaient .  sur  leur  commencement 
et  baçhelagQ  de  littérature,  .  ne  trouvassent  dans  les 
dictionnaires  des  types  orthographiques  qu'il  eût  été 
impossible  de  chercher  ailleurs,  au  hasard,  dans  les 
livres.  Les  grammairiens  mêmes  devaient  demander  à 
ce  dénombrement  des:mot8  de  la  langue  dés  principes 
généraux  d'orthographe  ;  ces  listes  de  noms,  de  verbes, 
d'adjectifs,  de  prépogtions  et  d'adverbes  leur  fournis- 


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474 


(         GRAMMAIRl!;    FRANÇAiSK. 


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saieiit:  à  la  fois  (Jcs.^r^glea,  des  exemples,  des  excep- 
tions. Èiànt  donnés  lé^  suDstaîitifs  ,  on  demandait  à 
..  Pusage  quel  en  était  le  pluriel  seloh  qu'ils^  àviiient  telle 
ou  telle /erminaisoji  ;  les  verbes  étant  connus,  on  pou- 
vait les -ranger  par  classes,  fixer  le  nombre  des  conju- 
gaisons ,  indiquer  la  forination  des  temps  primitifs 
d'après  des  analogies  manifestes;  et  ainsi  des  autres 
parties  <lu  discours.        •  V  v  ;"    . 

1     ■  -.''■■('■  '      «  \-  ■ 

,■•■""  •  ^      ^  •  -  k 

Ge  ne-  sont  plus  ces  services  si  élémeiitaires  que 
nous  demandons  maintenant  aux  Dictîbnnaires;  cç- 

.  pendant  au  siècle  dernier,  le  P*  Buffîer  et  Ijabbé  de 
Dangeau  n'ont-ijs  pas  encore  dépouillé  nOs  lèxiqueë, 

-  pour  y  chercher  la  loi  qui  règle  |a  place  de  ('adjectif 
ayant  ou  après  le  substantif,  et  les  éléments  d*une 

*  classifi.cation  des  verbes  qui  leur  permtt  de  fixer  le 
'  nombre  de  nos  conjugaisons?  Combien  de  questions  de 

ce  genre  trouveraient  ainsi  leur  solution  dans  un  tra- 
vail semblable  l  Nous  ne  pouvons  songer  ici  à  traiter 
complètement  tous  les  points  que  soulèvent  l'étude 

•  ,du*  î^jctionnaire  de .  Ilob.  Estienne  .et  la  comparaison 
°'qM(i  eh  peut  faire  soit  avec  les  autres  lexiques,  sçit 

avec^des  textes  contemporains.  Nous  nous  bornerons  à 
présenter  quelques  remarques  générales  qu'il  sera  aisé 
pour  chacun  de  multiplier,  et  qui  peuvent  servir  de 
jalons  pour  jun  plus  grand  travail  ;  nous  montrerons 
ensuite,  en  prenant  le  Dictionnaire  pour  base  de  notre 
étude,  quelles  lois  ont  présidé  à  la  transformation  de 
la  langue  entre  le  xvr  siècle  et  le  xTii*. 

Un  point  qui  nous  a  frappé  d'abord,  c'est  de  voir 
combien  est  marquée  dans  le  Dictionnaire -la  tendance 


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"475 


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^  '"  ROBERT    ET   HENlilESTIESïTE. 

■  ■  ^'  *  .  .  ^  "       '  ' 

institicUve  de  la  langue  françaiséà  procédet  paralyse 
'.dans  l'expression- de,  la  pensée;,  la  logique  de  notre 
langue,  toujours  attentive  à  faire  connaître  la  cause  en 
même  temps  que  Veffet,  paraît  clans  de  pombreux 
tîxempies.  Ainsi  au  mot  actompaujnery  je  vois  non  disr 
cedere  ab  aliqug,  çt  ces  mots  traduisent':  accornpaigner 
uufiunetne  le *</mitér  jamais.  Pourquoi  ces  deux  verbes 
français. polir  un  verbe  latin?  le  second  ne  suffirait-il    ' 
'  pas?  Robert  Estiënne  a  vu  dans  dhcedere  une  double 
idée  î'  ir'nie  par  l'analyse  du  mot;  c'est  que  «ne  pas 
quitter  quelqu'un»  suppose  d'abord  qu'on  raccom- 
pagne.; .    :  ^ 

Mais  un  exemple  isolé  ne  suffit  pas  à  prouvet  un 
système- général.  En  voici  d!autres.  ^v 

AccoMPARAGER  (çoitiparer  )  :  —  «*Accomparager  ctT 
priser  autant  Annibal  que  Philippe  :  a(/a?(/Ma/e  Anni' 
bail  PhUippunu  .  —  Ici  encore  il  n'y  a  qu'ion  seul  verbe 
latin;  mais  l'analyse  dit  clairement  que  pour  estimer 
également  deux  personnages,  il  faut  d'abord  les  aj/oic 

comparés.  v 

AccoNSUTVHE*(  poursuivre  )  :  — ^  «  Acconsuyvre  au- 
'fcun  cheminaût  et  atteindre  :  aisequu  »  Faisons  l'ana- 
lyse de  flMe^Mi,  mot  latin  qui',  seul,  est  rendu  par  la 
phrase  de  Rob.  Èstienne  :  trois  idées  y  sont  en  effet 
exprimées  :  on  n'atteint. pas  quelqu'un  sans  le  pour- 
suivre; on  ne  le  poursuit  que  s'il  fchemine. 

AccobdeA  :  —  «  h  a  accordé  et  convenu  de  payer 
•deux  milles  :  pactus  est  duo  piilfia,  «  —  Toute  conven- 
tion suppose  un  accord,  » 

Nous  pourrions  multiplier  à  rinnni  ces  citations; 


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476  CKAIMAIKI   FIANÇAIftl. 

mais  les  quatre  exemples  que  nous  donnons,  pris  dans 
une  même  page ,  nous  semblant  une  dénionstration 
BufTisante. 

Si  nous  voulons,  satis  entrer  ainsi  dans  Pcsprit  de 
la  lahgue,  demander  au  Dictionnaire  les  renseigne- 
ments qu'il  a  pour  objet  principh^  de  nous  fournir, 
nous  y  trouvons  d'abord  un  grand  nombre  de  termes, 
maintenant  perdus,  et,  parmi  ceux-ci,  plusieurs  que 
la  traduction  latine  sert  beaucoup  à  nous  faire  com- 
prendre aujourd'hui;  d'autres  ont  changé  de  sens  : 
grri/fer  ^ignifie^/ÎM^r  (LABi);-un  aori^  c'est  un  lieu 
«.ou  le  soleil  frape  tousjours»  (apricus  loccs)  ;  unfe 
adresse  est  qne  route  abrégée  (compendiosum  iter).; 
d'autres,  dont  l'auteur  constatait  l'emploi  plutôt  parce 
qu'ils  étaient  utiles  et  puar  les  faire  accepter,  que  parce 
qu'ils  existaient  Féellement  dans  la  langue,  ne  s'y 
sonV  pas  maintenus  !  de  ce  nombre  nous  citerons  une 
foule  fde  noms  en  ment  donnés  par  Rob.  Estienne  à  la 
suite  des  verbes,,  comme  adjouster  ,  a(//ou«/emf nf  ; 
ACCOURIR  ,arcoiiremei}( ,  eta»;  pour  quelques-uns,  il  a 
'eu  la  bonne  foi  de  les  désigner  comme  «  mots  peu 
usités ,  »  tels  accointemenU  amfnenement ,  uvanlcourc- 
ment,  etc.  —  Ailleurs,  bien  que  l'auteur  ne  dise  jamais 
si  les  mots  sont  masculijis  ou  féminins^  on  'trouve  le 
genre  constaté  par  les  exemples  :  ainsi  le  ïiiot  affaire 
l  est  maéculin  dans  toutes  les  locutions  citées ,  excepté 
dans  celle-ci  :  affairés  urgentes;  le  mot  ar^re  parait 
suivi  tantôt  d'un  adjectif  masculin,  tantôt  d'un  adjectif 
féminin,  etc.  — ^^i^fin  le  nombre  «st  infini  des  mots  qui 
ont  persisté  dans  ^  tangue  avec  une  prononciatioii 
.    ■  ^        ■     '■/  ' 


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r  nur   ET   HfNII    IRTIINRl.  4'"ï 

ihang<^e,  une  orthograplic  modifiûc  :  nous  en  parle- 
rons bientôt  pluslongueinent.   ^ 

Je  passe  aux  vcrl)e8.  Ici  nous  voyons  des  verbe» 
terminés  par  des  finales  qui  eu  changent  la  conjugai- 
son :  tel  finer,  je  fine,  et  non  yînir,  jefinh;  d'autres 
ont  un  participe  autre  que  j'infinilif  ne  le  fqrait  sup- 
poser :  cueillir,  accueillir  ïonl  ^cueilléy  uccueille;  d'au- 
tres se  conjuguent  avec  ou  sans  le  double  pronom  ; 
nmdtscendre,  JE  coiide»cend»  ou  JE  me  amdescends; 
ceux-ci  ,preiment  devant  leur  complément  une  préposi- 
tion que  nous  ne  leur  donnons  plus  :  «wiaier  A.  quel- 
ijuun,  congratuler  a;  (ceux-là  réclament  une  préposi- 
t\6n  autre  que  cçlle  qui  leur  est  maintenant  attribuée  : 
au  lieu  de  s  appuyer  kV  conseil  des  ancien»,  nous  dirions 
maintenant  «'appuyéT. «ur,..;  lorsque  deux  verbes  se 
suivent,  s'ils  ont  pour  sujet  le  pronom  indéfini  on,  ce 
motoii  précède  le  premier  verbe  et  suit  le  second  :  on 

dit  etfaiton\  \ 

Quant  aux  prépositions^  non-seulement  plusieurs  de 
ces  particules  ne  suivent  plus  les  verbes  dont  elles  pré- 
cédaient-alors  les  compléments,  mais  elles  avaient  des 
jTonçtions  multiples  que  nous  avons  restreitites  et  dis- 
tinguées ^Ainsi  nous  ne  dirions  plus  r.^^ner  en  avarice 
et  cruauU?\On  voit  souvent  aussi  deux  prépositions 
juxtaposées  :  les  unes  sont  restées  réunies  >  hors,  de- 
ftdr«Vles  autres  ne  sont  plusenaployées  de  la  même 
manière  :  en  <ipr^«. 


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,»•  . 


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Il  nous  reste  à  présenter  le  tableau  des  changements 
survécus  dans  la  formé  orthographique  des  mots,  et  à 


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478    ;  CRAMMAilIft   FKA^tÇAISI.     / 

suivre  les  modiOcatrons  que  notre  langue  cul  à  subir  sous 
rinflucncc  capricieuse  de  causes  qui  s'exercèr^t  comme 
au  hasard,  sans  agir  d'une  manière  générale  et  régu- 
lière. Entre  ces  causes,  il  faut  compter  d'abord  Padjon 
du  temps  et  les  bizarreries  inconstantes  de  Tusage , 

•.  ■■  ■  •  ■■■  .      ■■  ''  "  .■ .  :- ' " 

Queni  poiu's  arltitfium  est  et  jus  et/norma  loqtirndi: 

les  exigences  variables  de  Peuphome,  qui  sauvent  re- 
pousse comme  trop  durs  des  mots^u  des  forme»  qu'elle 
«  avait  recherchés  aut|;pfois;  l'adoq^cissement  progressif 
et  constant  des  uifcurs  et  par  sUfte  du  langage  ;  l'ou- 
bli ou  le  mépris,  des  élymologiés  ;  une  tendance  fâ- 
<:heuse,  et  souvent  peu  rationellé/,  à  favoriser  la  rapidité 
de  récriture  par  lasuppressioi/soitde  voyelles,  soit  de 
consonnes,  jugées  inutiles  parce  qu'elles  ne  se  pronon- 
çaient pas.  Parmi  ces  causes/ je  n'ose  faire  figurer  les 
travaux  des  grammairien^^^â  ne  pouvaient  girère 
demander  pour  les  règles/ qu'ils  avaient  tracées,  un 
respect  dont  eux-mêmes  né  donnaient  pas  Yexempie. 

En  parcourant  le  Dictionnaire  de  RÔbe:i|^.Estienne^ 
on  remarque  un^  indécision  singulière  dans  l'emploi 
des  accents.  Il  n'est  pas  rare  de  lui  voir  employer  Vé 
marqué  d'un  accent  grav^  {)our  Ve  rouet,  comme  avait 
fait  Dubois  ;  tantôt  il  emploie  Ve  san»;.a£i;ent  pour  Ve 
fermé  ;  on  trouve  Vê  *vec-  Tacceot  aigu ,  ayant/ Jes  . 
fonctions  les  plus  diverses  :  C0»ré,  travaillé  ifàypénièf 
preste,  béltes;  digérées;  départes  vous  de  devant  moy; 
-^  i'i  et  le  j,  Pli  et  le  v,  1^'  et  Vy  so^^t  confondus;  la 
cédille  reste  inconnue  ;  Tapostrophe ,  rarement  em* 
ployée,  sert  parfois,  concurremment  avec  Je  *  .trait 


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■OIERT   IT    HFMl   ERTIISM.  *''' 

supérieur  desabrtivialioi)»  anciennes  \à  pour  an  ;  v  pour 
«'H  ) ,  à  marquer  la  suppression  de  n  ;  ainsi  ;  avuimje, 
ancù».  gmit,  etc.;  le  z  s'ajoute  au  singulier  de  la  plu- 
part des  noms,  soit  après  les  voyelles .  soit  après  les 
consonnes,  pour  former  le  pluriel  -.  •  Les  nations  alran- 
ffipreê  qui  sont  nox  alliez  pourtuijvenl  les  iniures  de  noz 
magistratz;.*  h  la  fm  de  certains  mots,  x  ou  *  paraissent 
iudifféremme'nt  .poix  et  pois;  on  voit  aur^si  IV  pour  ai. 
comme  ;  tu  ne  sces,oiine  scei;  de. même  o  pour  ou, 
et  ou  pour  o,  comme  doleuf^ couleur,  froument,  beau- 
cop;  dans  leô  troisièmes  ji^sonnes plurielles  des  verbes, 
u  fmal  est  quelquefois  suphrimé  :  i/;;  vienei  pour  ils 
vienneiU.  On  serait  tenté  soivent  de  prendre  pour  des 
fautes  d'impression  ces  irrégularités;  mais  elles  sont 
.trop  nombreuses  et  trop  fréquentes  pour  qu'on  n'y 
voie  pas  et  l'embarras  de  l'auteur,  et  les  incertitudes 
ortllOgraphigue^wd'une  langue  mal  fixée.  —  Dans 
l'examen  que  nous  albns  faire  du  liexique  de  RoWt  . 
Estienne  comparé  h  ceux  de  Nicot  et  de  Cotgrave.  ce 
n'eèt  point  à  ces  détails  que  nous,  tîous  arrêterons; 
noi^  ne  .tiendrons  compte  q'ïïèiie  l'orthographe  géné- 
rale teUe  qu'efû  est  toujours  suivie  pour  un  môme  mot. 
<Le8  m()dificaiioris  qu'ont  eu  à  subir  les  mots  de  la 
langue  depuis  l^iliéu  du  xvi*  siècle  jusqu'au  milieu 
du  XYU%  onl  été  gucçessivement  constatées  dans  les 
;  lexiques'de  trois  auteurs  qui  noàs  fourniront  nos  poinU 
^  de  comparaiôon  :  Robert  Estienne,  Nicot  et  Cotgrave. 
T^ous  avons  dit  la  date  du  lexique  de  Robert  Estienne, 
_i539.  L'édition  que  nous  avoiiis  consultée  du  Diction- 
naire connu  sous  le  nom  de  Nicot,  mais  qui  est  à  vrai 


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^•0  OIAVIAIII  FiAnÇAIfll. 

dire  la  deuxième  édition  du  Dictionnaire  de'  Robert 
Eslienne,  a  été  publiée  en  1573  par  Jacq.  Dupuis; 
pour  le  Dictionnaire  français-anglais  de  Cotgrave, 
nous  avons  suivi  Pédilion  dé  1650,  copie' conforme 
d*unc  première  édition  publiée  en  1611. 
/  Les  mots  ont  été  modifiés  par  une  de$  causes  sui- 
vantes :     *   .  ^  '  ' 

Trq^uposiiion 

Trant^orma  lion 

Assimilation 

Fusion 

Addition 

Suppression 

,  Nous  n'avons  pas  réuni  des  exemptes  de  toutes  ces 
causes  ^  la  fois  pouçtoulesièsllettrès;  souvent  aussi 
nous  avons  trouvé  une  orthographe  incertaine  appli- 
quée à  des  sons  indéterminés  r  mais  ces  observations, 
et  d'autres  encore  que  nous  pdwrlrions  faire,  seront  in- 
diquées assez  clairement  dans  lesltableaux  qui  suivent^ 


des-  consonnes 

des  voyelles 

ou  des  diphthongues 


initiales, 
mèdiqies. 
finales. 


,A-:-'^il 


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I.  DES  VC^EU 

.^      '/      -: 


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Jf.  M.  —  Um  cet  lictcf^  ki  chiffre  I  dMgm»  Robfrt  BstienBe;— t,  Nieot;  —  B,  Col- 
Ifrvrt.  -^  L«i  moU  entre  pueatbèaes'  sont  ea  général  deJ  tradnctiont  «jontéu  ptr  nom  ; 
les  iodiuUons  ekêrckes  ou  ttffts,  tient,  etc.,  appartiet^cnl  lax  aoteon.  ~  L'abteiH^ 
i*nn  mol  tUnt  un  des  Iniques  est  marquée  par  le  i 


mot! 


,o 


L  riMloB  ;  I.  Aage;  —  1.  aagè;  —  31  aage  (âge). 
I'.  Paonr,  etrchez  peur;  —  t.  paoui^çmrA«z  peur;  — 
3l  paour,  peur.  "* 

i,  Paouùre>^e«rcA»poure;^S.  paouufe/c«fcAefvpaaure; 
j'  3.  pao/re,  voyez  povre. 


V-i^ 


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KOllllT   RT   niNRI  KITIINIfl. 


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4(11 


1.  paeïle,  pâpilon;— 2,  paelle,  poillon;— 3.  paelle,  pelle. 

II.  flappr«Mloa  •  I.  Devancer;— 2.  adevancer ;— 3.  àde- 
V^noer...    1        ..  • '•'     ' 

m.  TraBtftoniMtloii  1 1.  Escoiiter;  —  1  accouter,  àcou^- 

U»r,  ascoulcrj  .CKOuter;  —  3.  escouter. 
î.  {Mangw);  —  3.  avaluer;  —  3.  avaiuer/cvaluer. 
i.  Asparge;  — •  2.  asparge  ;  —  3,  asparge,  asperge: 
I.  Estarnuer,  cerchez  estemuer  ;  —  S.  esternuer;  —  3.  es- 

tarfeiuer,  estemuer. 
i.  {Manque);  —  S.^harde;  —  3-  hardc  (troupe,  horde). 
î,  Tiibourin;  —  2.  labour,  labourin;  —  3.  labour. 

nr.  Ortbofrapb«    Incertaine,   eons  Indéterminée  : 

1.  Bqurrocbe; — 2,  bourrache  ou  bourroche^-^S.  bour- 
riche ou  bourroche.  '*^ 

î.  Ar^aircs,  ormaire',  — * 2.  onnafl«  ou  annaire;-^d.  ar- 
mailpe,  ôrmaire,  aiteoire.  '       ^      ' 

A.  Ghiiné  ou  cherté;  —2.  charte  ou  cherté;  —•  3.  charte  ou 
cherté. 

I.  Esguilie  in*  aplRe  i-—^.  esguUle  ou  agmlle;— 3.  âguille, 
aiguille»  ^sj»Hfie.  y  f  ^ 

i.  Entiché^oé^ntach#;—\^.  entiché  ou  eitaché;--3.  en- 
tiché ou- entaché.  ^,^/  /       * 

i,j{Man^é);  ~  2.  arteil  ot<^pi:teil  ;  —  3.  irte^|  ou  orteiK 

i.  {Marque) ;  —2.  ragjaliceV Jf«ga)ice  ou  n^iice;^  3.  ràga- 
lice,  ^regiisse  ou  rigtisse.  / 

,^   I  *  Stl^andre  ;  —  2.  salamandre  ou  si(fmandfè;  —  3,  sala- 
maadre  ou  £almandre. 


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•  1       ! 


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ïï^  l^dittoni  i.  Methridal^-^2.  inethridat;  •— 3.  methri- 
^,âat 'ou  mithridat,  ^^,  ^ .;  ' ,.  ^.'-  %:  ■  '  ^..  :  ;; .-    -  'A  ;  -  '.'^  4  :,  J- 
1.'  Tn>ce;  —  2;.  trac  et  trace;  —  3:  trac  et  ti 
i.  £isciavç;'^2.   esclàu  et  esclave;  —  3. 

-/■■:.ClaVe  (IK  •.■'.;.■.,  ■  -.V*  .     ^^;      ;    ;,.  :  ., 


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.    (I)  Ktclau  «it  niar^né  «omnM  vietn:  —  Vojr.  nom» p.  iiltnoui.' 

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ÏNÇAISB. 


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IL  tapprMfllon  i  ir'Tourbillon;  —  2.  estourbillon  et  tour- 
billon :  — 3.  estourbillon  et  tourbillon. 
i.  (Mauqué);  —  2.  un  pédante  (1);  —  3.  pédant./ 

__  ■  "  ,■'.'■• 

m.  I^aïuformatlon s  i.  [Manque),^  2.  arteinon;^-  3.  ar- 

temon  «(  artimon.  -       ? 

{.{Manque))  —  3.  {t'ulr  ; -^  3r  puir  (puer).         ^ 
I,  Demaine;  — 2.  demaine;  — 3.  domaine  {vieux)  Wdo- 

mainej  */        ,  *  ^ 

I.  AcfaeC;  —  2.  achet/—  3.  achet  rt  achat. 
I.  EnciserY^^ncliner;  —  2.  enciser*;  encline' ; — 4.  enci- 

ser  ;  encliiltôr  ;  inciser  ;  incliner. 
t.  Pompon  (2)/ — 2  pepon  ou  pompon;  —  3.  pepon  ou 
.  pompon. 
ïf  {Manque);  —  2.  espan  ;  -^  3.  espan  ei  emptiQ. 

ly.  Orthoffraph»   Incertain*,   aona   indéterminés  : 

f.  Affoiblir;  —  2,  affeblir  ou  affbiblir; — ^^  3.  afieblir  om  af- 

foiblir. 
^   4.  Frelon  ou  froilon  ;  —  2.  frelon  pu  froilon;  —  3.  frelon, 

fireslon  ou  froil^on.  *;  '  ^ 

i.  AffejTOer;-— 2.  affermer  ou  affirmer} —-3.  affermer  ow 

afiirnier.      ■;  "  :^p:. 

f .  'Apèstunie  ;  —  2.  apostume  ou  apostéine  ;->  3.  apbsteme 

ou  apostume.  V  / 

I.  {Manque))  —  2..apennag,e'ou  apana^;  —  3.  appennage 

ou  appanage.  ,  *      '  .• 

i.  {Manqueyf'T'  2.  basenne, ou  basant!  --3.  basenne^  ba- 
',  V  sane  ou  baza^e.  ''':■'':         ■■•',.'■   ■  f    .^  '    '.  -'■'■  >^^.  '    ''■' 
'  1^  Garine; — SL  canne  ou  carene;-~3Jcarineoucarene(3). 
1  i  Nau)^*—  2.  \nau  (4)  ou  nef  ;  —  3.  n^u,,  pim  ou  navire  ou 

nef.       , 
i.  Femelle  j — tNemelIc  au  fumelte/;  —  3.  femelle  ou  fu- 

melle.  ^ 


u>*> 


(1)  Nicot  attribué  eè  mot  à  da  Bellay.. 
'  «(2)  C'était  une  sorte  de  melon.         (}        i  f 

'(3)  Caren*  est  marqué  comme  vieux.  /  ' 

■    (4)  Est-ce  par  u  consonne  ?  est-ce  par  u  voyelle?» 'Cotgrave  donne  noui 
■par  tt  voyelle,  comme  viçux,  et  admet  naue  [?  i\ave}  ou  navirt. 


1 1 
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V. 


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V-: 


1^    MOIIKIIT   ET   HINti   ESTIBNflE. 


^^ 


?485 


I .  (Matufue);^  2.  jesier  om  jusier;  —  3.  jéSMc^w jusior. 
I.  (Manque); — .2.  iosperé  om  inespéré; —  3;/it)8peré  on 

inesporé.-  a  '   -    ijî        '  '• 

i,  Tect  ou  Xoici  ;  —  2.  tefct  ow  toict ;  —  3.  tec^ôw  loict 
I .  Voarre  ;  —  2.  voarrc  ou  verre  ;  —  3.  voan^|||M  verre. 
1.  {Mangue); — 2.  raptacer.  raptasser  ou  |lpetas8er;  — 

3.  raptacer/raptasser  ou  rapetasser.  '^-^"  ^^ 


M 


I-J 


:ix 


MpprMMon  I  1 .  {Manque)',  ->  2.  arrierages;  —  3.  arrérage. 
1.  Bestiail;  —  2.  bestiail;  —  3,  bcstiail,  beslail  ou  bestial. 
i.  Boulengier,  legier,  elc-î  — 2.  boolcngier,  legier.  etc.; 

3.  boulengier  ou  boulenger,  leg|êr  ou  léger. 
1.  Genouii;  — -2.  genouil;  —  3t  genouil  (gcnoa).   \  , 
.  f .  Luicte,  lûicter;  — 2.  luicte,  Iuicter;;-«a  kiicte^  Iiiictar 
\pu  luter. 

Traaiforauitioa  t  1.  Bourion  (l);'7-2.  botirion  ou  bour- 
^n;  —  3.  bourjon  ou  bourgeon. 
I.  {Manque)','^  2.  corion;  —  3.  cotion  ou  cordon! 
I .  {Manque); —  2.  èpidimie  (2) ;  —  3.  epidimie. 
\1.  Fiiier;->-^2.finer}-^.fiBer ou  finir. 


J> 


IL 

;    .h3. 


pQtltloii  1^1 .  Escurieu  y  —  3.  escurieu-  ou  escureuil  ;— 
^3,  escurieu>tt  escureilt..  V 


:>-> 


oHfioffraph*  liio«Haliie  ^"Siii  IndétùviiiiéÉ  i  1 .  Au- 

'  bin  (3)  ;  —  2.  aubia  ou  aubun  ;  •—  3.  aubiff  o«<  aubun. 

|.  GemetMirre  ;  —  1.  cimetiërre  ou  cemetérrasV- 3.  ce-" 

metierre  ou  çimetierre.      '  *  3/ 

I.  Gaiure;-r  ^  gaiure  où  gageurej-^  3.  gajure  ou  ga- 
i;       9    geure,.;/',-;;-  ■;  ^       '    


.    (I)  Voy..elHil«MOt,  1^.  JOi  iiot«,:   •'        ^  ^  *  '•     V 

(})  Cemot  est  devenu  «fptcMmifiie  quand' ta  prononciation. du  |r^  à 

fJiaDRé,  en  FAin«é,  jt  que  l'it  a  ceasé.de  pe  prononcer  vponr  M  proïKmcer 

y.^ii|Pv*«v«i»i»iK.,....;v..''-/^  ,  ,.:•■  ;•:":■;:.    ;-  v  :?",..,>,.■•  ^i..' 


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V. 


484 


(jRAMMAlKi   FRAI^ÇAIflK. 


I .  Léopard  \  —  î.  liopard  ou  lebpard  ;  —3.  liepan),  léopard. 
A.  {Manque);—  î.  Ueulrin om  leclrin ;  —  3.  îectrin,  letrin, 

lietitrin  ott  lutrin.  ^ 

i .  {Mttnque)i  —  %.  manifacture  ou  manufacture  -,  ^  3.  ma- 

nifactnre  OM  manufacture. 
1".  Prins  (I);  —  2.  prins  om  pris { —  3.  prins  ou  pris* 
—Voyez  à  l'A  :  hardef  ormoire,  arteil  changé  en  hwâi,  èr- 
moire\' orteil;  —  à  TE:  demain,  deventi  bornât  n«; — aux 
diphthongues  àu^  eu,  ai,  ou,  etc. 

Traniformatlon  :  rHomologUer;  —  2.  emologuer  m  ho- 
mologuer i  —  3 .  emologuier  ou  homologuer. 


r,    r 

lue)  (mbngol). 


I .  {Manqué)  ;  —  2.  mongal  ;  —  3.  {mçinq; 

orthocraph»  lnc«rutii«,  sonf  indéterminés:  I.  For- 
mage ou  fourmage;  —  2.  formage  ou  fourmage;  — 
3.  formage^  fourmage  ou  fromage. 

1.  Tomber,  tumbereau  ou  tombereau;  — S.  tomber  oy 
1ib[i^  (2);— 3.  tombcif  oiAtumber. 

1 .  vSlunté;  ~  2.  voluiité  ou  voulonté  ;  —  3.  volunté  o^u 
volonté.         *  .  V  .  / 

^  1.  Ombre  pu  umbrej — 2.  ombre  pu  4iiAbre;  -^'3.  ombre 
ou  umhre.  ,     ,  « .  /  '         -   ^  '■*■•■ 

I.  (Jl^anoue];—  2.  mosaïque  ou  iliusaïque  ;  -^ 3.  musaïque, 
voyez  mosaïque. ,   ^^  f 

\,. {Manque);  —  2.  mod  ou  moue;  moë  ou  moue. 

•"f^Voy.  les  diphthpngues  eu,  ou,  et^. 


f 


à 


t 


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r* 


Addition  I  1.  Fronde;  — 2.  fronde;  — 3^  fronde  ou  fu- 

'     runculo  (/uronc/e).  •    •^,    \         "*' 

1  '  '  '    ' .  *^.'*'  -,  "u  '"ê^'  '    ■;  ,  'i'"  ^  •  ^"> 

Tranifformation  i  1.  {Manque)  i^^.  pijiler;.— 3.  piuter 

>  ou  piolcr  (piaùk>r).r  '    '     / 

I    I   I   '  I       I  Il    1.111    un»        *  'Il      •âi^mi^im 

(1)  PrtiM  s-Mt  conterré  ett  Anjoa. 
(3)  rumbw.M  dit  encore  «n  Anjon. 


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■OniT  ET  HIKMI  ESTIBTIKE. 


485 


eopard. 
,  letrin, 


3.  ma- 


"dé,  ér-  "^ 
—  aux 

OM  ho- 

l.  For- 
age; - 

iber  of< 

inté  o^u 

■ /'■  •■■ 
ombre 

■  »■..  • 

isaïquc^ 


ou  fu- 


piuiâr 


•ow  indétamiinét  t  1 .  (il/nn^uf )  ;  —  i.  plouvier  ou  plu- 
vier;—3.  pluvier  ou  plouvier.  ' 
Yoy.  à  ri  et  au^  dipbthoDgues.  .,       **   .  . 


■i 


-,^ 


rormatiMi  :  I*  Yvcr;-*4.  yver;  — 3.  hyvér  (I)  ou 

1 .  (A/ô»toM*) ;  —  î.  yiser ;  —  ^sser  (vieux)  (bisser). 

OrthofrapM  IncMrUdno,  sont  lildét,«nnlnés  :  i.  {Man 
que);  — S.  diachylon  ou  diaculon  ^ a-  3.  diaculôu.  . 


L£* 


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II.  DIPHTHÔNÇUES.  ^  ' 

TrflBifïnnatloli  :'l .  (Mangue)  ;  —t.  attaisinateur;— 3.  as- 
sassin. '  ^ 
1.  (¥a»^)|  — t.  I*arrin,  marrinéi— 3.  parain,paTrain, 

ptrin,  parrin,  maraioe,  marraine,,  marrine. 

Or^Offraph/tAMrtaiii*^  aona  lBd4l«rviliié#  :  1 .  Hairon^ 
—  S.  héron  OM  bairon  ;  —  3.  bairon  ou  beron . 
i.  Armaire;^|L  armaire  ou  àmioire;  — 3.  aitoaire^M 
■    armoire."  ,  "     ■._   '  :  .i  ••'  '    ■*^- 

I.  iWne  ;  —  i.  trame  ou  traime;  -^v3,  trame  o«  iraime« 
I.  {Manque);  ^^.  debleer  on  dél^layage  ;  *  4  désbleer 

-  éuCÊeàAêyer»    '/''^  ■^-''■''-  .;  ■■  ■:y:'^  ■■  '\  ... 

I.  Uneniay;— 4:rocl,  mecl, makîtoiimiyï— -3.  maî.ct> 

X      maye,  mect,  met.  ,  V 

i.  Abbay;  — S.  abay  ou  abpy;-W9.  lÉlwyWi^ 

/l,  Eftpoyv^l  ctfrayoM  effroy;  — 3.  eiftty  ^k  eftoy. 
I.  FoiaoD;  r*  t.  fiuMMi  oi^  foison;  r^d«  foison. 


,f 


X 


"^    '  '■/  " 


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(1)  mcB  4iit  ry  «I  UiteuMtMNiveat 

'4«f|Mpt.l«i,Mi^«il| 


paoULqualooiis 


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■■;-.-V-7..-^s-r^ï. 

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*  i. 


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3^' 


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4»6 


GRÀMMAIM   rRAMÇAISK. 


AU 


/ 


Tr^Oiformation  :  1 .  Pau  ;  —  2.  pau  ;  —  3.  pal  <m  pau. 
i .  (Marujve)  ;  —  2.  bauffrer  ;  —  3 .  bauffrer  {baffrer)  '. 

Orthocraphe  Incertain»,  sons  Indétermlnét  :  i .  Flatrer ,    / 
^    flestrir  (i);  —  2.  flatrer,  flatrir,  ^eutrir,  flesïrir;  — 3.  fla- 

tîfer,  flastrir,  flatrir,  flaistrir,  fleslir,  flastrer. 
'    \.  Ung  aulx;—  2.  aul  ou  ail;  —3.  aul  (vieux),  aulx,  ail. 
i.  Pocher  (les  yeux);  —  2.  paulcher,  paucher  oô  pocher; 

—  3.  paucher  ou  pocher. 
i.  Peu;  — » 2.  pâu,  pou  oK'peu  (2)X/w«/wm);  —  3.  peu. 
I .  Trou  ;  —  2.  trau  ou  trou  ;  — 3.  trau  ou  trou. 
1 .  Se  veautrer  ou  vautrer;  —  2.  veautrer,  vautrer  ou  vois- 

trer;— 3.  vaultrer,.voi8trery(vi>Mx),  véautref. 
,1.  Povre;  —2.  povre  om  pauvre;  — 3.  povre  ou  pauvre, 
i.  Oiseau;  —  2.  oisel  où  oiseau; — 3.  oisel  ou  oiseau.    ; 


El 


TransférmatUm .  :  1 .  Marguillier  ;  —  2.  mafgueillier  ;  -^ 
3.  margueillicr  pu  marguiliieir. 

i.  Seijon;  —  2.  seiUon  (2) ;  —  3.  seillon  ou  sillon. 

I.  [Manqué);  ^^,  sereine  ;  r-r  3.  serene  («tr^ne).  *  fj 

^    i .  Meic^e  i—^.  meiche'Ou  mèche  : — 3.  meqhe  ou  meiçhe.  * 

Ortlioffrapha  IneéitaliH»*,  sons  Indéiarmlnéa :  i.  (Afon- 
que);—  2.  ouailles  ou  ôueiHes  ; — 3.  ouaille  ou  oueille. 
I ,  Licfaers;  —  2.  leicher'Ou  li^her;  —  3.  leic^er  o»  li<4ier. 


^ 


(1)  Flairer,  potn-  Rob.  Eetieilne,  yè'est  nwrqaer ,  ttigmatiger  ;  il  doniM, 
pour  exttnplé  :  flatrer  au  front  iSwie  Uttra  chautde;— «u  contraire 

■flettrir'M  dit  des  plantes  qui  se  dessèchent;  Nioot  donne  à  la  fols  les  for- 
mes/lalrer,  flatrir  fX^fUutrir;  l/adoption  de  ce  dernier  root  a  amené  la 
confusion  de  fleutrir  et  /lettrir /Côtgrave  ne  les  distingue  déjà  plii#. 

(2)  Ces  trois  formes,  dans  Wioot,  ne  s'appliq^ient  pas  à  l'^tbogra^e , 
nfis^à  lâ'pirontmeiation.  On  privait  toujours  pe*.  ^ 

^S)  On  prononce  encore  ««tijkm,  en  Anjen. 


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ftOIBBT    BT   HKNKI    BSTlINNi. 


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pau. 

Flairer, 
—  3.  fla- 

iilx,  ail.  > 
pocher; 

peu. 

ou  vois- 

Auvre. 
eau. 


»Uier;'7r 


I  meiçhè.  * 

oueille. 
licher. 


;  il  donne, 
Il  cimtraire 
fol*  les  for- 
a  amené  la 


^^- '  EU  > 

Trautiforniatloii  :  t    Meurte;  — 2.  meurte  ou  niurte;  — 
3.  nieurle,  murte  ow  myrte. 

Orthocrapb*  Incertaine,  sons  liid«t«iiBiinés  :  1.  Aloy; 

—  i.  aleu, aloy,  alod,  alo;  — 3.  aleu,  aloy,  alodoualo. 
4.  (Manque) ;  —  2.  enrheumé  ou  enrhumé;— 3. eni^phé, 

ennme.  .w- 

1 .  (Manque)  ;  —  2.  filleul  ou  Gllol  ;  —  3.  fillol  ou  «IleuL 
4 .  (Manque)  ;  —  2.  yeuse  ou  yeose  ;  --  3.  yeuse  ou  yeose. 
1.  Jeune  cm  juné;  — 2.  jeune  ou  junej  -*-3.  jeune  ou  june 

(jeûne).  ■        i 

i.  Flegme  ou  OeUme;  —  2.  flegme  ou  fleume;  —  3.  flegme 

ou  fliéume.  °  <    * 


X 


■:\ 


OHli6craphe  Inèerùlne,  eons  Indéterminée  :  i.  Pe- 

voesne;— 2.  pevoesne,  pivoesne  om  pienne;  — 3.  pe- 
voesne,  l[>evoisne,  pivoine,  pienne  (rose  de). 

01,  oy  («) 

A- Voyexçi-dessus,  à  la  diphâiongue  ai. 

Tranefformallon  :  i..(i/an^ttc);— 2.  jMirloer;— 3.  parloer 
ou  parloir.  ,  '  ^ 

1.  (Jiraiwiie);-r'2.  moitoyen;—  3.  moitoyeli  ou  mitoyen. 

»...  •        '     / 

Orttaoffraptae  Inoertalne,  apne  Indéterminée:  i.{Man- 
^     ^;— 2.  nayeroùfloyer--r3.  nayerounoyer.  ' 

!•  (ifTofi^V)  ;-^2.  doiçil  J2)  ou  (tousifT— 3^.  doisU  ou  dousil. 

i  .'  'f  "•-   '  -^    .   ..   ■  ■  .      ,'     'TT  7       ■ 

(I)  Voy.  les  rtmarqaes  sar  la  ^emièref- personne  dujiinguUer  de  l'ioi- 
^  parfittderiDdlctfUfyCi^essiis.  >         .   «' 

'  (l)  Là  forme  <fot«7  est  enc^  osltée'iaés  les  enTlrons.  de  Nantn,  à 
Vàilet,  par  exemple.         .   ^  i 

-^    ..■    .  "    ■  •■  -v  ;^- .    '<.  '  '       . 


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^^8  GMA|IMA»B   FRANÇAIS!. 

I .  Coulil  ;  —  2.  coUil  {{)  ou  coutil  ;  —  3.  co'ustil  ou  coulîl. 
l .  Pevoesne,  etc.  — Voy*.  à  la  diphthongue  ««,  p.  4^7 . ,      . 

I.  Traïufomiatlon  :  A,  Molin ;  —  î.  molin  ou  mouUn  i  — 
3.  molin  oti  moulin. 
♦.  {Manque);.-^  $.  encoupéou  encoulpé;  —  3.  encoulpé» 
ioculpé.  :îJ 

tl.    Oirtliocrapli*  Inosrtâln*,   tons   indétennlnéi :: 

i .  (Manqué)  ;  —  î.  senglot  ou  senglout;  ^  3.  senglot, 

senglout  ou  sanglot. 
1.  (Mttitque);'^^.  colouvrinei  — >  3.  colouvriiie  ou  cou- 

leuvnne. 
I.  Peuchiere; -^  2.  fougère/  fougiere  ou  feuchiere; -f- 

3.  feuchere,  feuchiere  ou  fougiere, 
I .  Pleurer  ou  plourer  ; — 2.  pleurer  ou  plourer; — 3.  plou- 

rer  ou  pleurer.  • 

1.  Plouvoir; — 2.  plouvoir  ou  pleuvoir;  —  3.  plouvoir  ou 
pleuvoir. 

I .  Peur  ou  paour,  poureux  ; — 2.  peur  ou  puour,  pourêux; 

— 3.  peur  ou  paour,  peureux. 
i,  Conroyeur;  —  2.  çonroyeur  ou 'oourôyeur; — 3.  con- 

royeur  ou  couroyeur. 
I.  (Mangue);— ±.baxq]\$  ou  boussoUe  j^^  3.  buxolle  ou 
bou$9olle.       ■  \     %  , 

'    I.  Abbrever;  — 2.  abbrev^,  inbbreuver  ou  abbruver}  ^ 

3.  abbruver  ou  abbreuver.  ' 

'  i.  (iVoii^ue);—^.  beurre  ou  burre;--r  3.  burreotibeuorre. 

.     .  ^  -.^  III.  '■.■■-■  •v'''^:-',.  ".::•■:■■ - 

rr•m»totmm^on  :  I;  Coussin,  cuissînet;  -^  2.  coussiû, 
coussinet  Mt  cuissinet;—  3.  ooussin,  cuissio,  coussinet, 
cjissinet. 


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(1)  La  forme  coiUl  est  «score  employée  en  Anjou. 


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ROBIRT   ET    UENBI   BSTIBNMK. 


489 


m.  CONSONNES. 


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I.  AMlmilation  :  i.  Flambe  ou^  flamme  ;  ~  2.  flambe;  — 
3.  flamL*  ou  flamme.  - 


IL  Trànsformatioii  :  1.  Banne;  —2.  banne;  —  3.  banne 
{vieux)  ou  manAe. 
1.  Havre; —  i.  hable: -—3.  hable  ou  havre. 

m.  snppr««»loii  :  1.   Orfebvre;^ — 2.  orfebvre;«--3.  br- 
febvre  ou  orfèvre.  ,.  , 

i.  Prestre;  — 2.  presbtre;—  3.  ppèsbtre  ou  prestre. 
I.  (A/onj'ue);  — 2.  accoubder;— 3.  accouder. 

IV.  orttaocrspb*  Inoartaine  :  i.  Manne  ou  banne;— -^ 
2.  manne  ou  banne;  ^—3.  manne  ou  banne.       . 


i;  AMiiiiUation  :  1.  {}fanqué)i^%.  equinocce; — 3.  equi- 

>    nocce  (equinoxe).  "^ 

Iv  Rossignol; -^2.  roscignoi  ou  rossignlbl ;  —  3.  roscignol 

ou  rossignol. 
! .  Quictêr  ;—  2.  quiter  ;  —  3.  qqicter  ou  quiter.  ^   ... 

n.  TraiiifÎ0raMrtlo&  :  l.Bagage;— t.  bacquaige;~3.  bac- 

quaige  (vieux),  bagage. 
1.  {Manqué); —  %.  boutidier;  —  3,  bouiidh  (bimtique)  et 

bénticlier  (tn'eujr).      • 
1.  Quinqualièr;  —  2.  clinquailler;— 3.  [clincaille  et  cMù- 

quaille,  quinquaille]  quinqualier,  quinquallier  ou  quin- 
■  quailler.  11^; ,;  *:-''■       ■■'•:;•'. 

^     1.  Paroice;  —2.  paroice;  -*3.  paroice  ou  paroiik 

1«  S'embuischer; — 2.  s'einbuscber;-- 3.  s'embfécher  ou 

yembusquer. 


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490 


uram'mairk.  française. 


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\.  (Mampje);  —2.  flache    u  flaque;  —  3.  Ilache,  lîi»che  ou 

flaque  {flasque), 
f.  {Manque)', — 2.  eneuche.;— 3., euneuque. 
i.  (iWan^wc);  — i.^toquesing;  — 3.  toquesing  (<ocfm). 

m.  8appr«sRton  :  4.  Jecter;— î.  jecter;— 3.  jecter  ou 
jelter. 

i.  Annichilcr;— !^.  annichile*-;— 3.  annichilep(anniAi7^r). 
i .  {Manque)  j  —  2.  chaircuicter  ;  —  3.  cbaircuicter  ou  chair- 
cuitier.       ^ 

nr.  Ortboffra|^«  Incertaine  :  4.  QQaqùet  oj<^€aquet;  ~ 
2.  quaquei  ou  caquet;  —  3.  quaquet  ou  ça<fuef. 
4 .  Carquois  6u  querquois  ;  —  2.  carcois,  carquois  ou  quer- 

qùois;  —  3,  querquoisy  carcois  dû  carquois. 
4.  Quarquan;— 2.  carcmgk  quarquan;  — 3.  qûirquan, 
'  carquan  du  carcan.       ^  V^ 

4.  (Manquey,—^.  cueux  ou  queux*—  3.  queux  {vieux  mot). 
4  Scavoir;^2.  scavoirousavoir;— ^3.  sçavoir.*  . 
4 .  Embrasser  ;  —  2*  émbrasseK)ou  erabraeer  ;  —  3.  embras- 
ser.. 
4 .  Défend  ;  *•  2.  défense  ou  defiencc  ;  — ^  3.  defence  ou  de- V 

fense. 
4 .  {Manque)  ;  —  ±  absince  ou  absinthe^;  —  3.  àl^ynde,  ab- 
synte  ou  absynthe. 
.  ;  ^4 .  Cercher  ou  chercher;— 2.  Percher  ou  chercher  ; — 3.  cer-  - 
■  tM-    cl^r  ou  chercher. 

4 .  {i»/ûn^ue)î— 2.  drachme  ou  drôgme;— 3.  drame,  dragme 
ouxkâchme.  ,    ,,, 

V    4.,C;jabinet;^2.  cabinet  du  gabinet;  — 3.  Cabinet  ou  ca- 
binet. 
.     4.  Clocher  {véàe^',  —  2.  clocher  ou  lochér;— 3.  clocher 
ou  locher.  •  ' 

4.  Saircueil;  —  2.  sarçueilou  cercueil;— 3.  sarcueil  ON  cor- ' 
,  cueil.'  ■..■.■■■  .':'  .'  •:■-.';■.'.■.■■ 

I.  4islmll|itioii  :  4'.  Manne;— 2.  mande; —3.  roaa4e  ou 

'  manne.   ■"■  -  -  ■':."■'. }^''''         i'-- ■:■-/: 


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mnihiler). 
r  ou  chair- 

aquét  ;  — 
;  ou  quer- 
[ûirquan, 
eux  mot). 
.  embras- 
ée OM  de- 
^n(^,  ab- . 
—3.  cer- 
,  dragine 
et  OM  ca- 
clocher 
iloMcer-  ' 

iaa4e  ou 


ROBERT   KT   HENRI   E8TIENNE. 


49i 


II.  Tranaformatloo  :  i.  (.flanque);^  2.  pétarrasSe;  ~ 
'3.  petarrasseoM  petarrade.     „    -  . 

in.  fiippraMlôii  :  i .  {^fanque)  ;  --  2.  demigraine  ;  —  3.  de- 
'  migraine  {vieux  mot)  dfi  migraine  (1). 

tv.  Orthocraphè  ihearfaine  :  1.  Arr;~2.  àri  ou  aride; 
—  3.  an{vieux)i  aride. 
1 .  (Afan^iie)  ;— £  venredi  om, vendredi;— 3.  yenredy  (vieux) 

OMvendredy. 
^i.  {Manque) ;— 2.  admirai  ou  amiral ;— 3. admirai  ow-amiral. 
;  f.^^dviser  ou  aviser;  — 2.  adviserou  aviserj  — 3.  adyiser 
ou  aviser.     C  •  ' 

1 .  (Manque) ;  —^2.  cotignac  oti-codignac;  —  3.  codignat  au 
colignac.  ' 
.  \.  Retarder  ou  retargerj  —  2.  retarder  ou  retargerj  — ' 
3.  relarger  {wenjp),  retarder. 


•: 


I.  ÀMlmllatloo  :  î.  (Manque),— i.  effraie;—  3.  orfrais, 

or&pjre. 
1 .  [Soiilfre]  ;  —  2.  ensoulfrer  ;  rr  3.  entoulfré  (souffrer). 

II.  TràiufomMitioii  :.  I.  Ncufieme;  —  2.  neUfieine^  -p^ 

3.  neufiesme.        ,  •:  *       • 

i;  (Manque)  ; —2.  neufaine  ;  —3.  neufaine,  neulvai'fle  ou 

'    neuvàine.   j  /  ' 

m.  Orthofraptae  incartafna.:  1.  (ifan^ue);— 2.titero{4 

tipher;- 3.  tipher  ou  tiffer  (attifer).     ^ 
1.  Tuf  ou  tuph;  — 2.  tuf  OM  tuph;.— 3.-Uiph  om  tuf* 
1 .  Orfelin  ; — 2.  orfelin  ou  orpbelia  ; — 3.  qrfelin  ou  or- 

pheliu. 


(1)  Nous  ne  donnons  pas  pour  exemple  de  la  suppression  du  D  ;des 
moU  comme  dentrvtr,  etc.,  qui  peutent .venir  d'un  mot  composé  de  la 
particule  laUne  de;  si  nous  citons  le  mot  demigraine,  c'est  que  le  D  ini- 
tial ne  peut  s'expliquer  que  par  me  corruption  de  laigage,  la  racine  du 
mot  étaift  ^iuuxpdvtov.  •      >  .       .  •  . 


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3.  riiiraiw'*  lonime  *Mi  ninif ;  / 


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VX,  TiiMifiiMliiM  t  t.  Hoc;  r-  ^  <irac  |iM»iir  ftoc  ^ 

' 3. Wic •*!«».■. .-  :  ',"''i#    .,;■. 

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▼,  i|Bpt>roiiion  :  I.  Micuh;  —  î.  mîm^-^l.  mrvli  »«? 

I  ^  PouInMlD -,  —  2.  fMMiimm!  ;  —  3..pciainoà  \b#  |iti^Urooii. 

«^  t .  (MJyi^'Hir) ;  —  2 .  k»oe;  -n  3.  ouee  «mi  loocie 
I.  Ûié^Ytil  ;  — '  i.  clic!T«U  ;  —  3i  cbereul,  (dKH 
"    I.  4>Nil|nble;  -^  i.  ooul|Mible  ;  — 0.  ooulfi^ilè. 


'    9m  bramcàr;  -*  3.  fat^as^wanéal  «mt  Imux^ar. 
|.  T^Mipil  «M»  tKMifHe;  -^"^r  tou|Ml  «^  toupie  ;  — ; 

.  «m . toupie. .      ',         .  '.'   -'x-  '     '  * 

I .  Owkf;^—  i,  cn%vi  if*  cttfwr ^  —  3.  cowr 
1 .  MslbcTU.  «^  mt^it  ; —  2.  utalertc  «w  malritasl 

leÉas  tM  maietâs. 
4.  ^^Énetpeoier^  •->  i.  paitirçiiier W  mldt^^  pt- 

/.f.  iJf«»f«p); --*è.$,.  alqoemie  «m  «iiqueiiùe;  ^  3,  «rquetiikr 

'  I .  «Hrlui  ; —  2,  orCe^  m  orpbemm;  -—  3.  oifoùa,  Ofv 
.' "' '  isfei  •«  ôrplielîa...;;  ^;;%..'y /■  .-^\ 


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TraMtormaticMi  :  |.  (V«jif«»e)  ^  j*-  i.  ctoovcat  ;  -r  3.  cou- 
vent. *  \  ''"'" "    ' 
|.JJtf*#i^W^;~î.  Bustier; —  a.  mcmslki'. 

\|.  Cb*nfr»»ni  —  1.  diaufrâin;  —  3.  chanfrain  <m  chau- 

ri  I .  Prinf  ; -r  î.  pnns  ;  ~  3.  pims  ow  pns. 

brtlioif«^M  iBOcrtàItt*:  I.  {Mmiqm\-^  -*  t.  ancNie  oi< 
\  an$à»éî --3.  *iH>we,  8pmié©waii|?oi^^.  °      •: 

«l\  \V^»Çt^  ;  —  2-  l*anfK-«)iic  ou  LctnderoUe;—  3.  bMÏ- 
éer^e  w  bannerolle. 

I. ^lf*«»^«^V;  ^5.  liandi«re  «»«  bannière;  —  3,  l»aDdki>^ 
^   oatianai»!^ 

I.  Kiwiau  ;  —  t.  Iwcwi  w»  ûîwtu  ;  —  3.  nivftau  m  Tiveau. 

I,  <.V««y*f  i  r-*t,  mannonner  ©w  m'araiollor  ;  —  3.  mai- 


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;  — î.  ripoulo;— 3.Cibl[Hiî<».' 

I,  <%ratign«p;  —  «.  f^^ripliî^er  {ij  ©«  é|;r^oer;  — 

3.  eçratipifr.  *  . 

;  {jirtf%»r);— t.  |ic>iiiMlé««pawslclé.pos«iplé;--3,  po«- 

V  pelé- ow 'pottS^é.  ,     '"X-^  '•'  , 

bictftki** :  I.  RàrHal^  —  i.  raduipil  o»  ra- 
\cfit;--3/r»d»aiki»rf»riiat  '' 

lA^4»ï*«;  — *:  "«^••P'M'*»  wcheler;  — 3.  rachapl«r^ 

MFicbebT.  '«  ■. 

1^  |J^«M|«f );  — i<  ttgqttBhqmllêr  m  <*^rpiUer;  —  3.  «s- 
'  5Mt  èsquarquiUer.  ."''■*,     ts^/V' 


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mk»;  —  3.  itqiMtinif.      / 
I.  Pasqriis:—  2.  |p«9qim;  —  3.  fMisquiii o«/  pasUs  (pâtitj:. 
.  _    I.  f.V«iiyi»fi;'— 2,  toqupsing;  —  3.  toquesing.        '   ,  ; 

.     •    m/  caocbeman  ;-- -  3.  caoqueman  {^fV^  ©*  Câuchi?-? 


Vo^^àCelIkU 


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Addition  :  I.  IMançw];-^  2.  eslore^^  3.  estor^Mr  ws- 
-■  Uurcr.  ■  .'       '  -    '■■•'■.'.  •  X  ''   ' 

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•^ppr^nhm^,  I.  (Afaiifw);^- 1  ders;  -  3,  d«^  {twwc), 

4^iz6ii<kis.  •■  ■■.    .    ■' 

Tr«nspo«itioii  :  I .  Crococttte;  —  t.  crocodile  w  at>oàdile,^ 
^_  —  3.  awodilfeî,- ■■■' ^  '  v.-'-v.^..  ■..,■  ' 

I.  Dfspoqrreu  ow  drsprcnlvf^*  —  J.  despouneu  «it  4es^. 

jMtHiVea  ^  —  3.  despoiirv<>u  o«,desprouvea.  * 
1 .  Formage  ;  --  î.  formage  ;  ^  3.  fbrmafé  outroaai^  \ 
"%,  Prouffil^  -r  S^  pQurfit  im»  proufH  i^X  poupfit  (M  profit 
t,  Pourmeîier;  —  1.  fiptirmriier  oif  proumeiMr  ;  •-- 3, 
' .  pourmeDer.  '•  '  ,^     -^^      ^^ 

/rr^iittorB«tl«n  :  I.  Il^arler;—  2.  i^Kiirlêr;  -«-31.  meur-  ' 

*       ■      .  .  ■'■•-.,*  *■'„'""■♦•-''■■'".  ■•■,■■ 

'  ,  ■  .*■"■..,■,  ',.'»'''■■  ■.'.'■- 

OrfhofraplM  incMlaiBa  :  J .  Pampre;  î.^  p«npe  «n  ptn^ 
pre;  —a.  ptmpeMipinipre.    ^ 

J.  Pârfrcttierç  —  2.  pmfrenîer;  —  3.  palefrenier  {riew-jT- 
palfienier  oiKfkalefr«n)Qr.  •  «  ;  % 

I.  'Ijlanqme}i  —  8|.  p^^^in  «i  peWriiT;  -r,  3.  p^egrin  wr 
».      pèlerin.  „■ ,  ,  ^      ^        \ 

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,  •  ■        ■    1^      ,  .  -  -  .  • 

i,  ^chifer  on  (lechirrr;  ^i.  deâchirer,  descîrec  ok  de^ 
^    cHirer; -— 3^  dcschic^OM  déchirer;  vf-    •* 

.       i.  Risure;-~t- rasure;.— 3.  rasure  om  rature.  V'  . 

'    mupptmÊitf^  :  Jk,  Esjpier  {!);-.  t.  e*piCT-,~  3.  «pier 

.î,:{^nnqu^;^:  chassub)e;  -^3.  chasuble^     ,  .  ^  •'      -  ij 

:   Adjtttioor:  i.  Maiuside i#^r-  *•  niausade;—  3.  ofuiusade  > 
•.    (inàùssa(V«).    -.'  -''^    •'..*;  ^''    -         '     ^    '^      -'-^  , 

Iv  lik  nsile-,  ♦-  tv  Hteiisile ;  V  3.  utensfle  (ustensile)?        ^ 

'    .     .' '     ^'  ' , ■'    >  "*     ,  ''•'.■■ 

dire r\—  3.  csfty  ^  f^jre.    ^^     /'         ,.         ' 

|.  Esventèr;  -^  1.  ésveDiter  pii  erentec^ -^'  3.  ^renter  om 

evvBAet.    .;./:-.  ;:..■■■.•;'  -^  .;■'•■■: 

-t.  Besvér ;  -- 1.  rpmr  oii  rerer;  ^,  a^resrer.  ' 

I,  (A#flnçvf)4  —  1.  Destner «K  destrier;  —  3.  àÊS&ka  wi 


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;inm«Ariii^^  I.  (ir«|.^;-î,  Tttd^nde;  -  3.  w- 
dugalleiMt^eiiugi^,  vertiigadîn. 


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I ,  (ifaii^) ,  —  J.  aposttter  ;  -r-  3.  apostate^  o«  apostasier. 


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Unte. 


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': '\  "      •     1.  Ch  rèliqiii; -V*.  i«l»qu« ;  ■—  3.  réîiqua  (reliquaj). 


•;r^. 


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V  r.;-      Q|fiMi(|ra^lM  laeërtalB*  !  1.  iWanqw);  -^  9.  desMurtôire    ; 
•  ^  ./    ?,    '       OM  a«;slourabii«:''~XdesU>urtoire  (t'i>iar][  o« 

I  •--  -,   .  "  '     ."  '■""^  '  'noire.  '   ■.     .■■../'    ;■■.■,,.■  .  .    ; .'  .■ 

\/  ',  :^^  V  •    '  ■     ^^'t^  ,  ^  ^  .Iv  ;  [*l/an^i*e)  ;  2.  loriot  ou  loriori  ;  —  3,  lorion  ou  loriot.'  ' 

l", -/t  j    "     *■   '    ;  '-     ,*■  >i.  Arii — î.  tri  ou  tari;;— 5;  an  (y^éMx)ôtt  tari.  v 


^'^-:>-^.-  \ 


:-,{'  ■  à, '(Manque); -^  î.  musdadel  ou  muscadet;  — ;  3.  imùcàdel'^ 
OM  muscadet,  '.,'•'' 


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,-♦ 


,^  '  ^Voyfez  à  P,  à^  voyëîle,  au  B,  au  (G,  à  l'Fv  ' 


iph«  Incertaine  :  1.  (.l/an^t/e];~'2.  aveUle  »k 
.     .      abbçille;  —  3,  avëille,  abbeiUé  où  abeille. 
^    '-1.  Pçlûlou  vgIu;  ~  2.  pelu  ou  velu'4  —  3.  pelu  (fu'yehi.       | 
I .  Courber;  -^  2.  courber  oe^  \courver;  -r  X  courver «u    1' 
:' '-V'oourber#         •::,.'■■.•  -..   •    •.-,     .7  .  \;y  ...\ 


—  VoyciàSetàt;.      i 


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V         !• 


—  Vovez  à  S, 


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(1)  Cm,  k  euùm  et  gaini. 


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APPENDICE. 


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PRONONCIATION. 


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C'est  chose  légère  et  insaisissable  que  la  parole  ; 
Torlhographe  en  est  rarement  la  notation  exacte  et 
^'^-—^cécise,  surtout  à  Torigine  de  la  langue;  alors  récri- 
ture procède  aèec  des- tâtonnements  tels  qu'on  a  sou- 
vent peine  à  /saisir  la  véritable  forme  des  mots  sous 
les  dïvefs  déguisements  qu'ils  empruntent  de  là  mode 
duiténaps,  des  bizarreries  des  dialectes  oudu  caprice 
'  des  scribes.  ^  ,    .    *    ' 

Les  grammairiens  du  xvf  siècle  essayèrent  de  dis-- 
cipliner  ce  désordre/  Leurs  œuvres,  que  nous  avons 
analysées,  sont,  en  grande  partie,  des  traités  d'or- 
;  thographe.  Les  uns,  comme  Meigret  et  Ramus,  veulent 
asservir  l'orthographe. à  fa,  prononciation  et  proposent 
iMje  réforme  absolue  du,  langage  :  tentative  stérile , 
^  compromise  par  l'exagération  des  systèmes  et  plus 
encore  par  la  diversit^  des  moyens;  les  autres,  lais- 
.   sant  à  l'orthographe  ses  droits  légif imes,  acceptés  par 
.  Tusage  et-  confirmés  par  l'juialogîe,  cherchèrept  à  lui 


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«iMAlUiAIMB   FKANÇAliic. 


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donner  des  règles  uniformes  qui  seraient  communes 
aux  écrivains  ,  français  de.  toutes  les  provinces  du 
royaume;  ifs  dirent  ensuite  quefl  compte  en  faisait««la 

..:prono'n'ciatîOjÛ^^  O'jiUtres  enfin,  sans  tracer  de  Règles, 

.    sans  projets  de .  réforme  cômme>  sans  prétentipns  de 
doctrine,  s*attachèperit  uniquement.à  constater  à  la -fois 
;la  prononciation  et  TorlhogrAphe,  en  ?vue  surtout  des^ 

;  étrangers  chez  qui  la'  langue  française  comnidnçail'  à 
étendre  sa  glorieuse  influence;     .  *    •        ' 

Deux  ouvrages  publiés  à  quatre  annéeè  seulement' 
d'intervallej  l'un  a  Gehéve,  rautre  à  Londres,  se  sont 

I  spécialement  occupés  de  la'prononçiiation^  Panalyse 
que  nous  en  présenterons  ici  formé  la  suite  naturelle 
des  traités  orthographiques  résumés  dans  les  pages 
qui  précèdenti  , 


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CLAUDE  DE  SMNT-LIEN: 

;    .(ClACBIO»  A  "ftANCtQ  VilfCOLO.) 


'l/>plus  ancien  traité  de  prononciation  que  nous  Ayons  pu 
connaitre  est  dû  à  Claude  de  Saint-Lien,  de  Moulins  en 
itourboimais,  professeur  de  langue  française  et  de  langue 
latine  à  Londres. ^n  livre,  dédié ^  la  Veuîe. Elisabeth,  parut/ 
à  Londres,  en  1580  j  il  est  en  Uitinj'en  voici  le  titré  :  , 

CSlacdh  A  SArtctoynicvt(^e  pr^untiati(me  lÎR^x^  g^^ 
Uhn  4^€r:'-nd  Himtrissimam  iitnt^ue^  dpctissimam  Etizabe^ , 
thamî^Anglorumx^qinam^-^  Londini,'  excudelwilrl^mas  Vau-  ; 
trollerius  typograpbus.    IftHO. -r—  I  yoL  jn^i2;  avec  cette 
dévise  :  </«f m. »/>iro«f>ero  (I).  ''     f  ,    ,    . 

'  ■    ■  ,        '  ■      '■  '  •       .  .  -  -  ■  ■s      ■ 

'    ■  I      '  »  1 1  1 1  .1  I     ■  ),  I  I  ■' 

•  .■  ■*        '  ■   ,  ' 

'  ^l)  l»*parl»f,-pp.  1-86;  — 5«  par fteï^D."n- 108;  —  Diaiôgum^  fp.  t08^  . 
l?0  et  120-150.  —  Sermon ,  pp.  l&4-i»r(  en  latin  «un  pages)<  paires,  en 
fhm^s  aux  pa^ee  impaires). 


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Dans  son  épltro  dédicatoife  à  !â  reinV»^  à  qui  o^l  Hpnimagô 
est  diX  à  caus*;  de  sa  parfaite  connaissance  de  la  lanfifuc  frari-^ 
^isey  l'auteur  montre  l'incertitude  des  règles  tracées  par  les 
granrimairiens  au  sujet  de  la^rononciàtibn.  Les  uns  ont  àc-  ' 
.  xîepté,  les  autres  ont  réformé  l'orthographe  usuelle  :  il  s'est  tenu 
entre  les  tieux  systèmes,  conser\'ant  les  traditions' orthognit  * 
chiques,  indiquant  la  prononciation  par  des  sigWs  pai^ni- 
iiers  indépendants  de»  lettres.        °  y  ' 

.Quel  est  le  moyen  tertne  étàbÛ  pai*  le  nfiodéfateur  pour    . 
'   concilier  les  partis  extrêmes?  Claude   de  Saint-Lien  <|ui, 
d'une  part,  est  grand  partisan  de  l'orthographe  étymologi:  • 
que,  et  qui,  d'autre  part,  sait  ^ue  la  prononciation  est  suî- 
'\  toilt  gênée  par  la  présence,  dans  les  ^pot^,  &'un  grand  mmi- 
>  bré  de  lettres  muettes,  s'attache,  avant  tout,  à  marquer  ces 
'   lelUres  en  iriettant  au-dessus  .ou  au-dessous  une  petite  croix 
•     qui  montre  qu'on  les  doit  tai>e.  .  "     ' 

^    'Mqtips  foiik  cÔkservir  L'oWTHôGiiAPHt  AMciiiiNÉ.—  L'ortho-    ,  ' 
graphe  usuelle  doit  étne  .coupej-vée  par  respect  .pour  l'étymo- 
logie  et  pour  U  quantité;  (fons  l'intérêt  de  la  fixité  du  langa^^(^ 
'  qiié  la  prononciation  altérerait  toujours  de  plus  çn  plus,  enfin 
pour  l'inteMigence  des  textes  anciens  :  et  en  mênk  temps  il^ 
faut  aider  la  lecture  par  des  signes  iqui  seront  utiles  -non^'*  ' 
seulement  aux  étrangers,  mais  encore  aux  habitants  de  pif 
'  sieurs  |H>c|vinces  de  France.  ,  : 

l  NonuMs  lettre»  françaitet.^  Les  lettres  françaises  sont  .\. 
a,  bij  ce,  dé,  é,^gë,a»h^  i,  ka,  el,  em,'en,  o,  pé,  *à,  er,  ess, 
^    té,  y,  ex,  ygreck,  ézed:  jj  consonne  se  prononce  comme  ^ 
doux  ;  I  voyelle ,  comme  ef  anglais  dans ,  beede,-  u  voyelle 
..comme  u  écossais  dans  ^im/ (good).. 


.  coinposition 

même  mot  :  chausse-pied,  pmt-levis;  ckitSàiTe  ft  xr  »  servira 
à  montrer  la.  lia'^n  momentanée  et  non  constante  de  niots 
fortuitement  rapprochés  :  gardç'roife,batei'le,appettei^moy^ 
Signe  des  diérèsei. — Quand  deiixi  voyelles  se  $uivent  ft 
doivent  se  détacher'.dans  la  prononciation,  nous  inarquons. 
(Cette  diérèse  de  deu|  points  que  nous  plaçons,  non  sur  la 
première  voyelle,  içais  sur  la  seconde  :  j'ou-êr,  et  nOn  Jo-ver, 
pa-isei  non  pais;  moru-è  et  non  mof-ve.  Si  I'*  est  ^ccentuéy 


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GBAiniAIllB   rHANÇAlSB. 


TaiiteUr  marque  la  diurèse  ainsi  :  Mlu-Vy  et  place  l'accent  en- 
tré les  deux  points.  '  '  -  '  ,  ^  '  ■  , 
/)e  Papostrop^ie.  —  La  suppression  de  Tn,  de  IV,  et  quel- 
quefois de  l'i  est  marqut-e  par  l'apostrophe,  signe  fort  en 
usage  en  français  et  en  italien,  et  qui  commence  à  s'intro» 
•\  duire  en  Angleleilv.  Nous  '  écrivons  donc  L'esprit,  l'église,  ^ 

\s  il  veut,  pour  k  esprit  y  la  église ,  si  il  i)eut.  \       ' 

l  \   De  Té  masculin  et  de  Te  féminin.  -^  LV  masculin  diffère  de 
'  ly-féminin  en  a?  qu'il  est,  ou  doit  toujours  être  marqué  d'un 
ac(*-ent  aigu;  il  se  pfonouce  cofnjme  l'v  latin  dans  me,  /«,  ou 
daiis  la  prfeniiàre  syllabe  de  /ègeris/^l'é  muet  se  prononce 
conime'  Ve  latin -^  pt,ec  passage  nous,  révèle  là  ^rôhoneia-  . 
'  tion  du  latin  au  xvi'  sièele  —  dans  la  seçoijde  syllabe  des 
n\o\s  légère ^  agere,  feceris.  —  Quand-  deux Npe-  se  suivent, 
I  couroukée,  abatuloji/iée,  le  preniier  e&t  toujours  u^scuUn  et  le 
' second \toujours  féminin.  Cependant  les  deux  ee  décrie' et 
'  recréé  iàni  masculins;  le  dernier  e  Vst  féminin  dans  erééci 

^  '  recréée,  \ ',:■■■;,  '.  ^,;/;;=*,  .  v  ""  Z-*  '.-  ';■  ^- ■  '  '  •  " 
Deux 'règles  eajntales  pour  U  ,bonne  ^prononciation  du  fran- 
çais: -r-  l*  fcîlaioné  —  0eux  règles  sont  nécessaires  pour, 
bien  prononcer  le-français  :  1^  pjemièré,  c'est  qu'il  iaut  éviter 
une  prononciation  trop  rude;  ainsi,  quand  un  înoVtcwmîné 
pat^  féminin  ,est  suivi  d'un  Autre  mot  coihmençant  par  une^ 
voyelle  («,  é,  i,  o,  m,  y),  Ve  muet  final  ne  ^oit  pas  être' en- 
tendu, et  les  deux  mots  se  prorfoncenl  comme  un  seul;  ainsi 
via  tante  a  disné  se  prononce  ma  tànta.  disné;  mtm  père  et 
ma  mère  ont  soupe  se  prononce  'monpéretmafnéronUoupé. 

;  Toutefois,  en  'Taisant  une  légère  jwusé  on  peut  dire  !  mon 
père,  et  ma  mère  on (  «oup^.' Mais  si  l'on  s'habitue  à  cette 
pirononciation  on  comprendra  les  livres,  mais  bien,  peu  la 

-  -conversation  des  Français^^^On  remarquera  ici  Vé  de  Ramus.  ) 
'  '  '  .■        .     '.  ^  ... 

>_  '  ExrtmoN.  -rW  y  a  une  exception  éependant  à  Télision 
^  de  1>  muet;  cet  e  s'entend  non-seulement  devant  y  et.o  con- 
sonnes^ itiajs  encore  à  la  fin  des  verbes  suivis  des  pronoms  i/ 
ell^^  on  :  (yomment  s'appelleMy-elle?  comment  V appelle-on? 
Toutefois,  pour  éviter  le  choc  des  Voyelles,  tout  en  les' conser-» 
vaut,  oia^it/aussi,  aon  sàtïs  éiégfunce,  s^appelle-iil,  s'appelle^ 
telle;  ei  èif  revanche,  certaines  voyelles,  même  écrites;  ne 
se  prononcent  pas  :  pôarrnadamoiselle,  cppitaine,  dites  mad- 


t     _,  "■;'■■- 


^■^.-^T 


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APPB11>tCI. 


SOS 


moiselley  cuptàine,,  ei  encore  même,  dans  ces  mois,  faites*à 
peine  entendre  lé  (/ et  le  ;i;     V  V.        ,  •  ^ 

V  ^°'Bècl«  de$  deojK  opntonnet.  —  Le  françaist  à  cause 
de  sa  douceur,* est  \raimenl  la  langue  des  femmes.  Aussi 
tjuand,  dans  une  môme  phrase,  un  mçrt  terminé  par  une  . 
consonne  est  suivi  d'un  .autre  mot  »  corn mençunt  aussi  par 
une  consonne,  la'consonne  finale  du  premier  mot  ne  se 
prononce  point.  Ainsi,  vous  parltz  bien  de  dire  qu'il  n'est  ja-r 
mais  trop  tard  pour  btén  faire,  se  pronbflcc  ;  uoms  par/«z  bien 
de  dire  qu'il  n'est  Jamais  trof  tarû  pour  bien  fdiire:-  Ta  dans 
vous,  Ici  dans  parlez,  le  f  dans  est)  l's  dansjamaw,  \é  p  dans 
irop,\e  d  dans  /arrf  tie  se  prononcent  pas,  à  cause  des  côn-  - 
sonnes  suivantes.  Toutefo|s  si  la  consonne  finale  est  la  même 
que  celle  qui  commence  le  mot  suivant,  il  n'y  a  pas  à  dire 
qirélle  soit  ou  né  Soit  pas  retranchée  :  dans7ro///>eK,  on  ne 
sait  auquel  des  deux  mots  appartient  lei^.—  Quand  y  et  t; 
sont  consonnes,  elles  sont  assimilées  aux  autres  et  étoufl'ent, 
pour  ainsi  dire,  la  consonne  précédente  -.estes  vousjalous?  se 
prononce  es/evou^tt/oMs?  ,  <       > 

Excmiow— i)e  cette  règle  sont  excepta  lou's  lôs  mots 
terminés  parw  ou  par  r.  —  En  outre,  le  c  se  prononce  tou- 
jours dans  avec;  voiJ à  pourquoi  autrefois  [4580)  on  écrivait 
avecque  devant  les  consonnes;  —  f  se  prononce  à  la  fin  de 
quelques  mots,  et  exige  une  légère  pause  avant  le  mot  sui- 
vant .  Dites  :  du  bœuf  salé,  le  meschief  que...eic.',  nœuf  heures 
se  prOn^cent  neMueure*;—  s  se  prononce  aussi  à  la  fin  du 

^moioin».  -^  ,  / 

c! —  Le  f  à  queue  se  prononce  comme  »  devant  a,  o.  — 
J  et  Vcorwonne«.— Pour  que  rien  n'arrête,  dit-il/4a  marche 
du  lecteur,  l'auteur  marque  toujours  l't  consonne  par;,  et 
l'u  consonne  par  V.  "'  <^-  V,,     , 

L  simple.  —  Ala  fin  des  niots,  les  uns  prononcent  /,  qui 
aie  son  doux  et  liquide  :  »7  vient,  ils  disent;  mais  les  coiir;    ' 
^isatis  ne  les  prononcent  pas  :  le  choix  ici  est  permis. 

L  dans  le  corps  des  mots.  —  Dans  le  corps  des  mots,*  /  ne  se 
prononce  pas  après  les  diphlhongues  au,  ou,  excepté  dans 
cwùpe,  poui pitre.  — .  Dites  donc,  sans  faire,  entendre  l  . 
auUrement,  pou\dre,eic,  / 

f  S  dans  le  corps  des  mots.  ^  La  lettre  «,  souvent  muette 


''W^'-- 

^î: 


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T  .; 


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C 


504 


9%ftÂlllAl||   FIANÇAI 


^ans  1^  t»rps  des  mots,  se  prononce  toujours  :  i'  Uans  les 
noms  propres  :   Auguste,  Espagne-y...   éfc;  excepté,  dans 

--  Christ  y  fiasUj  Crespin^  Escoste^  "Estiéne,  llyerosme  i—i"  dans 
les  noms  de  sectes  r  anabaptiste, ùthe-^e,  latiniste; — ^3*  dans  les 
.  noftis  en  isnte,  comme  babarisme^  cathéchistne y  judaïsme l'ex"  ^ 

'^   ceplez  a&«wtf;\^ — ^;4"  dans  un  grand  noriîbre  de  mots  (l'au- 
leur  en  donne  )a  liste)  to^is  tiiâis  du  latin,  comm^  ?*P^iU 
contrister,  ou  particuliers  aux  Français,  comme  es^arpinê^ 
zmas^^'éf  ^stoc,  •  '  •  -  ^  V 

^  LL  redàublêi.  — Lorsque  deiix  /f  suivent  une  des  quatre 
dipbthoi)gue5  ctiy  e(,;Oi,  ui^  ils  se  prononcent  en  touchant  lé* 
palais  pi^n  avec^la  poiAte,  mais  avec  \«t  milieu  de  la  langue,. 

.  Qeqiiiilonne  à  i^s  lettrés  un  son  mouillé  :  tailler,  iriillis, 
grcnoi^Uy  fouillé;,  brouiller,  bouijlir.  —  Exceptez  :  anguille^ 

"  avilUr,  e^àf/7/aaon  (raillerie),  e&toil le,  tranquille,  ville,  et  leurs 
dérivés^  où  /  se  prononce  du  bout  de  la  langue.  —  Ajoutez 

.f  tous  les  mots  en  ï7/<?n,  "comme  papillouy  et  îin  graçd  nombre 
d'autres  en  ille,  comme  l^eiuille,  famille,  v<datille,fprmillièr€, 
périlleuœ,  elc.  \,  ;  |    ./    ''•„■/       ■■"/      *    .      /X    '    . 

Lettre  M.  A-  Toujours  à  la  fin  des  mots  et  souvent  devant 
les  consonnes,  les  Français  prononcent  m  comme  n.  Aim 
nom,  chqmpi  fain,  temps  se  prononcent  non,  chan,  fin,  tans. 
Quelques-uns  qui  pronoi^cent  prompt  au  singulier  disent  au 
pluriel  py-ons  pour  ^rom/^(«,  ^ 

Lettre  N.  —  On  a  dit  |il|is  haut  que  n  se  prononce  piurtout 
où  il  est  écrit  II  peut  exceî>ter  x^ependant  les  troisièmes  per- 
'  sonnes  plurielles  -des  verbes  terminées  par  ent;  ils  ^ISngent, 
i^  mangèrent  se  prononcent  sans  n,  avec  le  t  et  l'e  muet. 
Mais  dans  lés  verbes  où  ,1a  troisième  personne  du  singulier  est 
terminée  par  ent,  on  fait  entendre  n  ;  il  vient;  elle  tient. 

Lettre  S  teiw  le  son  de  Z.—  Entre  deux  voyelles,  «sonne 
comme  z  ;  ainsi  chose,  se  pirononce  cAoze,  excepté  dans  les  trois 
mots  présupfto^,  resentir\.  resembler,  où  s  simple  se  firononce 
conime  ss  double  dans  poisson ,  —  Où  écrit  prise  ou  prime; 
dans  les  deux  ca^,  s  se  prononce  comme  z;  dUes  donc  :  la 
prinzè,  ou  là  prize\tiuroy.\  • 

.  Lettre  T.  -;-  Le  if,  se.  prononce  souvent  comme  deux  m; 
ain$i  imposition  se  prononée^  i'inpozission.  U  vaudrai  mieux 
écrire  par  c,  tm/xûtnon,  (/tccf^ii,  etc.  ' 

*     Lettre^  X.  —  A  la  fia  des  mots,^  se  prononce  comme  s  : 


*■    M 


;.  !■ 


,  APPENDiCi.'. 


i 


:>o.5 


ainsi,  deux,  dix^  prix ,' cheveux ^  doux  se  prononcent  deusy 
dis,  pris^  chevem,  dous%  —  Exceplé  perplex.  —  Dans  le  corps 
des  mots  deusiesme^  sixiesme,  dixiesme^  seiziesme,  on  proT. 
nonce  x  comme  j  ;  siziesmey  e\c. —  Dans  soixante,  lexive, 
Bruxelles,'  il  y  a  le  son  de  deux  'ss  :  soissante,  lessive,  etc.  . 
^Partout  ailleurs,  il  ft  le  son  du  latin  :  extraordinaire, 
exalté.     -  '  ;■-     •■    /■-.■•    -  ■.^,,   ''zv-----  .     -:--■-■■:    ■-■'■■-'■.■  ■■m 

Lettre  Y.  —  L'/y  et  Vt,  placés  entre  deiix  voyelles,  diflTèrenl 
en  ce  que  1'^  ne  devient  jamais  consonne  devant  une  voyelle, 
et  se  détache  toujours  nettement  de  la  voyelle  suivante  : 
af/ons,  V04/eZy  se  prononcent  fl-y-on.t,  vo-y-ez,  et  non  a-yons, 
vo-yez,  que  quelques  fous,  ont  voulu  introduii^e,  gt  qui  ap- 
puient leur  erreur  en  ^écrivant  au  milieu  des  nK)tsun  t  au  lieu 
d'un  y:  la  faute  est  d'autant  plus  grave  qu'elle  peutilonnér 
lieu  aux  étrangers  de  prononcer  vo-joye,'a-jàni.  —  L  usage 
permet,  du  reste,  d'employer  irfdifféremmént  y  pour  i.  On 
n'examinera  point  ici  si  cWt  avec  raison.  . 

Après  avoir  parlé  des  s|mples  lettres,  autant  qu'il  était 
"utile  à  son  sujet,  Tayteur  abc^rde  quelques  fennions  de  lettres 
et  certaines  syllabes*  qui  peuvent  paraître  di^ciles. 

'  De  àin  et  di«  ein.  —  Dans  les  mots  qui  finissent  par  "liin  et 
cm,  nous  ne  prononçons  ni  l'««ni  l'e.  Ainsi  piain,  plein  ia  ^ 
prononcent  min,  ^/m.  Majs  si  les  lettres  ain,  ein  sont  suivies 
d'un  e  muet,  ce  n'^t  le  son  ni  de  l'a  ni  de  Vi  qu'on  entend,  ' 
mais  un  son  ifbrmé  des  deux,  et  que  Ramus  marque  par  un  ë  : 
comme  baléne^  capiténe.  Ainsi  Itomain,  certain  se  pronon- 
.  cent  Romin,  certin;  mais  Romaiwi,  certaine  se  prononcent 
Roméne^  certéri^^^^^  On.reproche  aux  Bourguignons  et  aux 
Normands  de  faire  Irop  enlçndre  f  i  dans  les  motâ  terminés 

jn  aine.  ;  •    •■'''.    --ï' ./:•;■' .v;'   •:•   v  ■■■'■'■:'■  t. ':''■' ':S:- ■ 

ai  et  rfe  ây.  ~  Ces  deui  syllabes.' prennent  différents  ' 
sonV;  dans  fay,  je  sçay,  nay  (né),  et  à  la  première  personne^ 
du  sUigulier  du  fulm,  je  diray,  je  dorfhiray,  jfi  tiray^  on  *^ 
pronom:e  ai  ou  ay  par  é  ipasculin  ;  mais  k  la  première  personne 
.  du  prétest  indicÀtif,  on  prononce  comn»ç  on  écrit,  surtout  si 
l'infinitif  V  en  ér;  ainsi  ;>  chantay,  j'allay,  je  marchay.— 
ToatefoisVraelques-ujis  prononcent  comme  si  t  seul  était  écrit, 
et  disent  je)chanti,  j'atli;  de  quelque  manière  qu'oo  pro- 
nonce, on  écH^l  toujours  ay 


\ 


-""Z" 


ti 


.  V 


.  t  * 


■■\ 


A 


X\ 


» 

'■ 

A.             * 

'•>■•                           '            \                 ' 

••     ■           "       '/ 

..,-■             >    ■         i 

y-     •      •; 

"  '%■::    •' 

" 

• 

\ 

».  ; 

••-■': 

■ 

...            , 

i# 


■■:  -V 


.yl\ 


:<' 


'/   ■...        \.- 
■   a 


%/ 


*i: 


■  .•       ■  *■ 


eC 


C 


VtÔ6;  -*  uhahmàiib  framçaisb^  '         ^     ; 

Remarque. —  Si  l'y  est  suivi  d'un  a  où  tl^un  ^,  les  trois 
voyelles  forment  trois  syllabes  :  ayant;  ayez;  vmjitnt^oj/fz: 
'abbaye,  loyer  y  etc.,  prononcez  i  nb-ba-y-e,  lo-i/'ér.   ^""^ 
V    ,  Il  faut  excepter  là  preniiérepersonne  de  l'imparfait  de  l'indi- 
^  -y   catirqVii  se  prononce  toujours  /'rïi/wof',^'_'ri/foé^,  je  lisoé^soh 
-     qu'on  les: écrive  j»"«<wo/s  ou  fatmoye,fallois  oùfa^oye,èiC. 
Les  poêlés  emploient  l'urie  ou  l'autre  forme  selon  la  niesurt; 
du  vefs.f.  X  "  ..   •      _    ^  \   ■     ,  ■ 

Àjj. reste,  af  tient  le  milieu  entre  a.et  <?,  partout  où  il  se 
rencbntre,  et  il  se  rapproche  b^at^goup,  .quant  au  son,  de  Vt* 
ouvert.  •  ■■V.    -.      .■  \  '-  Y"  '"«■,  .    ■ ,  ;^.. 

.  Excejttion.-^  Cette  règle  ne  s'ÀppHque  pas  aux'<nots  où  Vi^ 
est  marqué  des  deux  points,  tOnî^ne  Aayr,  /w/*j  quise  pro- 
noncent A'«-/r^  />«'/.«.  Quelques-urî^  font  aussr  sentir  l't  dans 
«irfe,  aiÉ/e/î;  mais  c'est  une  prononcii^tion  normande.      . 

Dê'di.  —hs^ch  français  se  prononiçe comme  sA /anglais, -et, 
.«cA  allemand;  —  excepté  dans  les  i^^ms'  propres  où  ch  est 
suivi  d'un  a  pu  d'un  o,  et  dans  quelques  noms  communs: 
Chanaùn,  Zacharie^  cholérc^  chorde^  esdiole^  écho  y  etc.; 
^Ii0j?s  il  se  prononce  comme  ktkbléreyQic, 

Des  syltabes  em,  en,  et  ent.  —  L'e  devant  4n  etti,  au  milieu 
ou  à  la  fin  dés  mots,  prend  une  pronoiwîiation  qui  tient  le  mi^ 
lieu  entre  l^aet  l'e;  ainsi  pour  attentivement ^  on  dit  preéquc 
attaniivemnnt.  — .  J|  y  a  une  première  exception  pour  le  plu- 
riel des  vei-bos  en  ent  :  voy.  ci-dessus,p.  ^04;— une  autre  ex- 
ception demande  que  cette  syllabe  en  se  prorfonce  comme  elle 
est  écrite,  c'est-à-dire  piar  e  :  c'est  dans  les  mots  mien,  tien,' 
sien,  lien,  bien,  ou,  au  pluriel,  biens,  liens^  A  ces  mots  je  vou- 
drais qu'on  joignit  tpus  les  mots  terminés  en  ien,  yen  eiient, 
comme:  il  convient,  moyen,  terrien,  etc.  rr  Le  mot  géhenne 
se  prononce  yenne.  \    '        ■' 

De  es  et  ez.  —  Il  y  a  grande  différence  entre  es  et  ez.  Dans. 
chantes,  aimes,  danses ^  toutes,  sommes,  le- son  de  es  se  rappro- 
che de  Vè  féminin,  il  est,  comme  on  dit,  d^mi  mort;  dans 
contez,  darjLSèz,  et  autres  mots  enz,léson  de'<*2  est  beaucoup 
plus  aigu  et  fse  rapproche  de  e^  latin  dans  lapidei,  aies, 
mais  un  peu  .moins  ouvert.  —  De  cette  différence  d'écriture, 
résulté  une  double  différence  de  spn  ;  dans  martirises^  deva- 
iises,  la  péniTtlième  syllabe  est  longue  et  la  dernière  brève; 


\ 
^  T 


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1  I 


A> 


t 


•.\   'S         /      t 


>         • 


APPEnDICB.    *  ...      <     507*' 

■     -  ,■■,*',  .1.  >  k 

(Jàns  martirisezy^décaliàz,  la  pénultième  est  brève  et  la  der- 
nière est  longue.  ■  '  :^  j  '  - 
^  Du- reste,  m  n*a  pas  toujours  le  môme  son»,  it  se  prononce, 
non  pas  à  bouche  close,  mais  à  boucbe  ouverte  daVis  les  nio- 
nosyllal)es  mw,  ici,' ses^  ces,  les\  des  :  ne  serait- il  pas  néces- 
saire de  niarquer  c^ll^  dittérenr^  du,  son  par  un  caractère  dif- 
fïirent,  pai*  t',  qui  ^servirait  encore ^dans  ,cs/)<f'6r,LMcr«^ce,|^ 

vèére,fri^re,'eisiJ  •      \^'' 

'  Quand  faut-îl  terminer  les  mots  par,  e.v,  ôu°par  es?  —  Le 
^lurieldes  mots  dont  le  singulier  est  termina  par  e  muet; 
ind  V;  ainsi  home,  homes,  etc.,  si  le  singulier,  soit  nom, 
soSparticiw,  est  en  e,  le  pluiiPl^est  en  «/ainsi,  bonté,  Iton- 
tezi^imé,  aimez.  ^~ De  moine,  dans* les  verbfs,  la  seconde  ' 
'  p'ersoùne  du  pli|riel  est  toujours  en  ez  :  vous  é/qnse: .  la  scr 
condô  du  singulier  peut  être  en  es  ;  tu  chantes.    .. 

Prmonctation  de  gaow  milieu  des  mots.  -^  Dans  le"  corps 


-♦y 


\ 


Prmonctation  de  gaow  muiett  aes  mots.  -^  uans  le  corps      ^  t 
des  m&,  i/»  se  prononce  en  fran<ws  comnie  yn  italien  dans   \ 
s»^wbre,\comme  ni  anglais  dans  miniow,  ijui  n'est  autre,  pour  /  / 


la  prononciation  et  le  sens,  que  notre  mol  wi</«ow.  —  Aotte- 
'     vfois  (iftsà  e"n  France  on  faisait  précéder  gn  de  i,  comme 
dans  gaigner,  baigner,  dans  le  but  sans  doute  de  marqjucr    •' 
'^radoucissement  du  <?n  par  cet î,  '    ,. 

,     ■*      •        '  \        ■       ...  •    .  '     ^ 

ÇlxcEPTiGif.  —  Dans  les   mois  cognoistre,  cigne,  regnard,  , 

signe,  le  g  est  tout  à  fait  muet. 
\  J)£  oy  et  OU' —  Le  mot  moyne,  et  tous  les  autres  moti  ter- 
miné! eri  oy,  comme  moy,%,  se  prononcent  par  oé  :  moéne, 
ioé,  toé;  remarquez  que  royné  se  prononce  [comme  Tanglais}  . 
rgnne. — oi  pe  prononce  -aussi  od<.  Si  oi  est  suivi  de  n,  comme 
8oin^  besoin,  ftoint,  moins^  on  prononce  presque  en  divisant 
ainsi  so-in^  pour-po-int,  eUi. 

/)e  gu  devant  a,  e,  i.  —  Partout  où  vous  trouvez  gîtai  pro- 
noncez comme  la  première  syllabe  de  Gabriel  ;  le  g  a  le  méftie 
son  dans  gue,  ^».  —  H  y  a  quelques  exceptions  à cetterègle : 
G«i«e,  j'arguë,  aiguè,  ont  trois  syllabes;,  cmtiguè,  ambiguë,     > 
fli^mer  ont  quatre  syllabes.  ^ '. 

'  ^^  qu.  —  Pponopcez  partout  qua,  que,  qui,  comme  hn,  ke,. 
ili;  ainsi  pbur  quâtibre,  querelle,  coquille,  dites  Uàlibrei 
kffrelle,  cokilte,  -    ' 


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««t»îr  parié  «1rs  lettres  et  drs  sf^lâtuès,  I' 


b'ilvxiiiiMiMnitlaua  àei  pKppuMtïatt  d  érs  plMiiÉn  caitîërML 


Ti(Mtt  Ik  BMib.  dohfat  êlre  méi  Ifliii  <i  Af  Irite  »ql%^  gf. 


oaclHML  Cm  Ollllft  CK 


■-^«„-J^ 


proMaKffr  liMPÔ<N>rs  It 
De 


Mliiwi  :  atnkmmn 


di  fKtrv 


flHP  910^  CVii  CM  SB  IBOi^ 


N 


Wff^'.'~~~  aJl^  Am|kIihI  .BBKk  tvnTOCBnMI 


ortte  sorte  de 


td(es 


cm^-wM  :9^ve 


g*efi«r  «e 


se 


c'eat 


l||Fi9lMf» 


—^  I*  Ï)B  feulais 


1^  hÉÎB*  Ié 


ém  flanridfi  fi«HMrprèliri|  é  li 


•blft- 


ratf^cit.  Ti^  r«,  et  r«  ant  loi«s. 


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r^  ciA  loai;  a  est  béer  dàs  débiiM, 


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rtwMv  eifiiiiw,  c4«yri«<>  i.l««l wpwyer  «s  pc«  iori r«  pour 
oiir  t>  M  sàH  ftMl  nwtit  ^MnEte:  " 

.  Ô>«A  dp  Sitnt-lirè  WmiMM  firtip  pitfifm^  péitif  ilr  «m 

il  ^  fMt  5|«iHn  I  àmplr^dtfts  lyyflwr  .^  ie  .iiiAa|B  m^iitilt  <l 


^ 


wniw  ;  IcfcWticips,  <ywiqMei>  •4|t»tit&.  ksfirMiaaK/PrtiMiy, 
ru  <iVy,  «•#,  Ib,  m  H.  i»r,  fp,  »,  fr,  ">«,'  ••*»,  «wc,  r», 
ftfrni,  (tel  M  fBaraÙMil  dh¥ffi««  ^^^ 
Affné  «u  vnbcVs  i  m  sà|CMil^  m  rerraîo  occnbre  qw  «4- 


te  cippMgge 
..de 


Les  covrtîsMi^  vont  luêncip  îaâi|a% 

»*P5  fi»w\/Àwi%  énr, 

'km  fmt  ffêâ  pfomr  «HK^-^ytim  [mit  <v^«.-  amâ «n-. 
CQR^  k  «Ml  Um^^/m'^fme^  pour  Ir  ncmnrx  mms  ixirm^  km'  f"*»* 
nik»  face.  Enia  poar  «eNf  êmme^  rouff  /Smv,  «rtf  mffirmgif^  «f  ' 
ochIp  Anp^  <Mi  pranfMop  ttfn^^  sit  ^^m^p,  arCApmp<p,  tltiftfmh- 
Hf^  Ht.  -r  Es  (tfla  mmk  hvUmis  Ws  Hdbpns  qui  dbêil  sto 
^  MMhip  piMir  ^MnAi  aHinp*  Mftir v.  pMr  c  ^wnte  'Amtw,  Ptr,' 

L*«alMr  hipiw  celte ««mide putîe «n OMomat dponm- 

^  liir«  d^  mtwi^rrr cm  .pr«C  ooofifw  oarTPflie  :/p  Ant,/p  i|r 

^  éÊitê'pÊfÊ^.émr'Je^'iift  d«r»-jip  jn*/  tes  vcrim  l<MI  ealters^  dit* 

'  ril»  «Mrt  «Q^fii^nips  dMS  sm  taitîte  de  h  cQii|ii|»boii  wb^Ut- 

'friiicw/o^f  da»»»  Dktioafiiiw» 

Le  «sriàÉÉe  mA  tenùiè  par  qitflqpKs  dnlof^Ms  où  r<li^«r 
plwe  ctt  rr^m^  éuKquin  cnàoaBn*  d^ahotd  r<MtlMf!rtphe  . 
pais  «eue  d»  rafionaàteurs.  sans  jMEmnner  onn<€i, 
te  sipaap  propre  et  te  proaoacàlîoa;  d  «olris  dtelo(>«ies^ 
«««c  tes  apÉea^artKuttm  doat  3  m«nf»p 
Le  volaaR  «A  tenàîBé  ptr  ua  sennoa  doat 
li  noÉtoteLMlitea  dt  %arée  d'apirès  te  sfslMae  de  Taoteiav 


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TliftoilM^  <le  BètP  édWit  à  rnsafre  des  AUemmcls  un  triHç 
^kiptie  à  f«4tii  qv^  CUude  d^  S«inl4ien  a^fit  comporté 
poiir  les  A'ngl^  :  imqs  laiiâlysrrcms  cxMnm^  nous  a«oii« 
Ùil  le  pwcWei*. --\En  wk*  k  1^ 

T!iM«dorr>  <V  Pè«  dédie  Ib  pflit  Brre  •■  ^«iiie  hartm  de 
Z^TOlih,  qai  vient  «i  ^Vnice;  il  a  déjà  exf0«^.  en  pn^nce 
de  ce  jfune'seipmir  «  de  ses  amts,  Içîj  idi^  ééitSî*  de  nou- 
veau dan»  h»  traîlè.  \m'oo  ne  .reçmdiè  point  àTaiitei^  Mt 
'àmraiie  caamifprq  digne  de^son  nom  ^  «lèvItr'i^lWesaoo  : 
d'à  poar  lui lesexeinples  dé  Plattm  ft  dis  Cèsîr.  • 

Au  débm  de  l'opii^oile.  iW>j)e  justifie. le  titre  de  sou  traité: 
d  écrit  4f  li fmm  fmmetcn,  et  j»on  et  lim^tm  fidtiro.  non  à' 
àAt<ie  firs  Francs,  mais  parce  que  l'ancienne  («aule.  remSea- 
'^Kjtts  tonunun  àt  ioules  les  natioiis  a  pris  le  nitai  de  Frauce, 
et  que  sa  langue,  fonniée  d'une  foule  d'idioaies.  est  tellemedi 
lîcbe  ci  polie  qu*on  l'étudié  partout  à  cause  de  son  élé^ran»* 
on  dans  llniérêt  do  oommeroe.  —  Deux  «Mises  rmdent  sa 
pnMMMKsation  difficile  aux  étrah^jers  :  la  preniièrp^  c'est  cette 
dficrsité  de  pr(Mionciat>ôns'si;«<'iisii>if  l<N^u'on  entend  pit»- 
noBoer  une  mente  langue,  oodune  le  Utid,  pardes  AUemands, 
des Auflais  ou drs  Français;  b seconde  c'est  que,  d'une  p^ 
UnèBie  kttre  aie  n^irésente  pas  kmionrs^le  mîme  son,  et 
que,  d'aulre.pwt^  toufefe  les  léttxv«  d'un  mot  ne  «ont  pas, 
t((pjonts  pninoQcées. 

^    CHwikfuei  rèrfes  serrent  à  lerer  èes  ^fficidlé»;  m^s  le  roefl- 
l^^rcuide  est  riuaiie^iputefots  il  ne  £iut  pas  .Iç  Suivre  sans 


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|iraifleiioe  rt  «tm  rÏKMi.  AutfWais^  snos  Frsncoif  t^,  le  vhù 
p^^  (k'S  lettre,  c'est  à  U  cour  qu>o  UxHivait  le  bon  usa^jM^; 
iDAÏs  depuis  su  inoit,  la  Uofn>e  tout  entière  est  t44lfiTM*nt  - 
rhangée  qu'on  oè  ttit  où  eo  dk^t:^  U  purrté;  le  peu  qui 
en  resie  t*fst  coaurvé  dans  quelques  «ncienoos  /amilhpr  et 
dam  h^  aeia  du  paHement.  qui  oepttKiaDt  &e  lai&ie  ga^x*"^ 
parla  cohtairion.-—  L'juiUnir  dira)  d après  ws  souvenirs  et 
ies  ottsenations,  ce  qu'il  |i  appris  depuis  sa  j*^UDcsSe  daas  le 
oocniueroed'hoitimos  ai!^  langage  élégant  et  pur.  -  ^ 

Qmelfwt$  t^eé  fèmèrtÀiSt  et  prommrititiam.  —.  Ce  n'est  pits 
^issec  dê-tenoaitrelè  son  de  diaque  lettre  et  de  ^votr  quelles. 
Mtre<j  bien  qu'elles  soient  écrîtei^  doWenl  rester  muettes-;  il 
faut  encAre  éviter  tout  son  dur  et  ppononc<^r  a\ée  une  «"ertain^. 
douceur  m-^ligâià.  La  langue  a  tellement  bi»rreur  des  sons  durs  ; 
qtM  ics/mots  oîi  se  trouvent  deux  ce,  conune  |M>»ès,  deux  mm^ 
oodiamt  «bfime,  deiii  ftn,  comme  anmee,  ou  deux  rr^  ootroniie  . 
ferry^  sûotles  seuls  où  se  prononce  une  consonne  rèdonNée. 

Il  faut  éxiHgT  aussi  too(  accent  et  toute  pesanteur.  l'àorenV 
des  It^iens  qui  pctrle  sur  ravant-dernW're  syllabe  des  mot^; 
la  pesanteur  dt^  Allemands  qui  s'àrrèu*  sur  chaque  nx>t.  Eçi 
Rance,  ta  pnooc^ciation  est  rapi<lë  comniê  Tesprit  des  Fran- 
A'aûs;  on  n'aime  ni  le  choc  ^  consonnes  m  les  syllabes  Jon- 
jolies  ^  les  CiMisonnes  Anales  4e  joignent  a  intimement  aux 
voydles  initiales  des  vaolt&  suivants  qu'une  phrase  se  pr(>nonce 
oomroe  un  seul  mot  Awm  dans  :  Je  pitrlerûy  étmnm  à  'vtm$  «î 
Afm  ei>rimt  à  hvid  kfwys  dti  maiiny  il  y  a  dix-neuf  <\]  svUalies  : 
toutes  sont  hnèves,  et  elles  se  prononcent  liHitesd'un  seul  trait. 
■  Lis  Français  ont  \ingt  et  une  lettres,  en  écartant  k  q^i  n'a 
^lÉs  d'emploi,  et  y  qui  n'est  autre  que  la  voyelle  i  redoublée. 
Ud  se  seit;  en  typc^rraphie,  de  carartèreis^  appelés  romains, 
italiques  ou  gptliiques  ;  mais  les  \Tais  caractères  français  sont 
empruntés  des  ferecs^  et  c-t^t  ce  qui  explique  pourquoi  César 
dit'avtifr  trouvé  dans  le  camp  des  Helvètes  des  tabKites  cbar- 
fîées  dé  caractères  gnncs.  -^  Ici;  Théodore  de  Bèie  met  en  re- 
9Vd  de  rd(4iabet  grec  un  alphal«et  composé  des  caractères 
qoelMMis  af^[»ekins  maintenant  ca2*actères  de  civilité  :  nous 
avons  dit  piiis  hjuit  qû'Abei  MiidMeu  les  avait  em[4oyés. 


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(I   IMxe  comj'te  f «rieur  ctitaxat  disfyitabe 
fvUaUa 4aM  ietoaide  qu"!!  cite. 


autremeot  il  y  aurait  vingt 


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(H'tinMtiM  mufÇAiu. 


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'  '  PtOnOMSATIOll   Mt   VOTILUt. 

*tl«'oe«<Mtrrt:,  diu^Sont  voyelles  c,  f ,  i,  o,  m. 

i'oyf//e  «.  r^  La  Toyelle  a  se  forme  à  ta  acmé  de  là  lan- 
pat^  dans  le  gosier  snil,  la  bouche  ouv«rt«,  et  produit  top- 
joiirs  un  soa  fort  clair.- 

Voffftte  e.  —  Le  son  propre  de  1>  e*t  <v4ui  que  produit  k* 
bout  de  la  langue  sur  les  dents,  la  bouche  entr'ouXerie  :  on 
le. trouve  ÔMps  les  mots  latins ""/e^erf,  vivere.  Les  grtmmai- 
rien^  français  ra|>pellént  e  Cermé  ;  quelques-uns,  e  long  ;  c'esl 
a  tort,  car  il  est  otnlainement  bref  qurlqiiefois,  comme  dans 

mot  altrré,  qui  est  un  dactyle,  et  dans  Iw^n  d'autres. 

L>  a  un  autre  sop  qui  est  celui  de  la  diphthongue  }r  des 
Latins  ou  «i  français,  et  qui  tient  de  Va  et  de4V;  qo  le  tixrâvé. 
surtout  devant  /,  r,  s  et  t:  on  l'appelle  alors  f  ouvert;  ainsi 
eittre,  fe»le\  lêrre,  eile^  te  prononcent  m$tre^  fmstty  tmrre, 
aille,  comme  dans  màistrt^  faute,  aùte.  . 

Un  troisiènie  son  de  I>  frajrçsis,  inconnu  des  Grecs  et  des 
Latins,  est  celui,  que  les  Hébriuxdonnent  à  leur  point-royellc 
le  sera;  on  Tippelle  e  féminin;  cet  e  féminin,  qui  s'entend 
à  peine,  ne  compte  pas  à  ta  quatrièihe  syllabe  des  vers  pini- 
tamètres  ^  dix  syllabes)  ni  à. la  sixième  (à  tliémistidie)  des 
vers  béxnmètret(aiexaiidnns);  enfin  les  ^"ers  terminés  par 
cet  e  sont  tous  hypermètres  —  Le  féminin  ne  commn>ce  au- 
cun root  et  s'i^ipvie  touj<Nirs  wt  la  -  consonne  ou  la  voyelle 
qu'U  suit.  .  .  '  *■ . 

Il  faut  bien  ^(^ingiier  m  trois  sortes  d*e,  pour  ne  pas  pro- 
nonce' par  e  ouvert,  oonmie  OQ  fait  en  Guyenne,  les  infi- 
nitifs aimer t  ditmer^îji  le  pluriel  des  noms  ou  des  participes 
^làmtét,  l«à»h  où  Ve  doit  être  fermé.  C'est  ce  qui  rend  si  dures 
pour  les  oreilles  déUcates  les  rimes  de  dis/mter  et  Jupiter, 
Hiver  et  érriver^  parler  et  par  V<iJtyla»$é»  et  IPyues  (1)*,  a$m 
(aniiex)  et  accès,  qu'on  trouve  fréquemment  dans  les  poêles  de 
oette>^peoviiioe.  .Aussi  serait-i)  à  désirer  qu'on  affectif  |  ces 
trois  sortes  d>  trois  sortes  de  caractères. 


(I)  pB  sirivatt  la 


Utiaè^  ^oMàil  à  Ve  teal  l%fMi  ««- 


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LVi  encore  (i'^ui:  autres  soiis.  ^tï^4s^hatii^ds  qii^il  prom! 
ayant  tn  ft  à\afit  n.  tantôt  alors  i}  a  !<•  son  de  a,  ti  I  cuntfut  ou 
'Tt  se  prononce  presque  njtsolutrient  cotnnH'  on  de  ronstanf; 
tantôt,  «t  alors  m  <Vi  loujours  picHï^dé  de  i,  il  pfejid  le  son- 
iYvm  I  .•  tel  fnm^^ui  »>  pntiutnce  ùim.  — '  l>ans  ce  d«'n.j<«r 
rjis,  M«lâ  syllabe  j>n  vje^t  a  être  suivie  d'un  ^  inuet,  IV  reprend 
)e  §on-feriné  :  tkimf^  ekrfaftcne,  mlem^  etc.  -^  Les  dialectes 
font,  i  celte  ti^ublt;  rt^gle,  une  dodl^  exception.  Kn  Picar^lir 
"on  pr«>nonce  en  sau^  lui  donner  le  8<)n  de  <iw,  et  l'on  écrit  -et 
jMuiionce</cr/ff<«,cfc*«.s  quoique  le  rejile  de  la.FriUice  écriv*' 
e)[  proiic*ncef/e(/{Zfi.<J,  cer/ru  ;  etau  contraire  en  I' Oilo«,-<)n  donu«; 
à  û  syllabe  ien'U  son  de  te  fermé  ou  plutôt  de  Va.  \ 

Letinu  -^  En  fVân^«i&tX)nmiè  en  latin  et  en  liëbreu,  U 
leth>e  I  est  tantôt  voyelle,  tantôt  consonne:  voyell^,  elle  a  un 
son  grêle,  commun  À  tout/es  les  langues;  consonne,  il  parait 
"Utile  de  la  diMinguer  de  t  voyelle  en  Rallongeant  ainsi, 7'. 
/  Voyelle  0.,-^  Ceti^  voyelle  résonne,  sur  la  voftte  du  palais 
cmniné  un  édio^.|iiai5.avèc  un  son  moins  clair  que  «,  et 
moins  sonore  que  iPui 'qu'on  lui  donne  dans  le  Uerry,  à  Lyon 
et  en  plusieurs  autlli^. lieux,  où  lou  |àrononcc  fujatre^  mttre,: 
leéoi,  conifpé 'm>u}irre;  vçtisfre,  te  dom.  L'usage  f^^pendaut  d 
adopté  ce  son  pouu'les  mots  cou,  /bw,  wjow,  qu'on  écrit  aussi 
coiyfol,  mol^  ai  d'où  viennent  colet,  folle,  molle  ;  eu  DauphiriéV 
au  contraire,  et  en  Provence,  on  supprint^,^rM  de  la  dipli*' 
Ibongue  oKs,  et  jl'bn  pronoïK^'eo/;,  beaucop,  dol^Ur^  torment, 
fkni^coH^y'bcaaanifj^doulct'r^tMtrmenf.  .        • 

Lettre  v^  u.  —  iC;étte  lettre,  lorsqu'elkî  est  Voyelle,  'n'est 
autre  chose  ^ué  rbypnilon  des  Grecs,  et  se  produit,  les  lt»\  res 
rapprodï^»,  avec  une  sorte  de  sifflement  ;  elle"  a-JMi  son 
gpêie,  presque  comme  IV.  —  Lorsqu'elle  est  coijsonne,  elle». 
se  rapproche  du  digmaitia  éoliqiie!  -^  Dans  la  prononeialiou  ' 
de  otHUe  Itltre,  il  faut  bien  se  gardT^r  dé  la  faute  que  font  les 
Gasccxis  qni  prononcNit  ^4«~-pour  rin,  boche  pouf  t'flcjf^e,  et 
qui,  ai^ contraire',  emploient  v  poui  b.  —  Les  anciens  Fran- 
çais voyant  cette  Arflogje  du  b  t't  du  t ,  iiiveiitèrent  pour  le 
p  un  caraCfci're  qui„.  sans^étre  un  é,  s'en  rapprochait  tort;  et. 
r«nployèpent  au  nçiilit^ù,  commue  au  ctMTimenceraeni  des  mots  : 
rw,,  ivri!ii,^î^^^i|jp^«»f,^^€^      ^iVamus,  pour  distinguer  u 
fi'O^Ucil^  pour  la  consonne,  le  « 

lià^ax'Jli  vt)^^        tiéa^tj0^èmsi^'C(i  dessein ,«, mais  non  Texecu- , 


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tioo  :  lu  cori^wicc^ùt  été  |»r»'fcraUl(',  cuir,  j  ?n  greà  aucieu 

■    était  la  voy4>lli',  ct^  (v)  était  1^  copsonni'  teVA^i  ;  plu»  tard  les 

'^  scribes  i|[^iirondir('nt  (ïe&dcux  sigiics,  toutefois  en  rém'ryjKfi 

le  u'pyurli-  conuuencenièot,  Je  u  pour  k» milieu  ou  la  iîp  des 

■     lfÛ^t^'*^~r      T=- — —  ^ ?, .   ^  ,^,    -— ^  -- -^ ^^ y -.' 

^Mtrt  B,  -7-  Cette  «^tisonne  a  le  méi^^n  en  traïK'ais  «l 
*  ralatin,  avec  une  certaine  douceur,  t|Q«ftefois,  qufen  tempéré , 
/fa  dureté,  et  la  distingue  da />.   >       "  ;- 

iMtrf  C—  Le  c  a  deux  s«fîs  ;.  devant  a  et  an,  o  et  ow,  n  pt 
.  /<t,  elle  a  le  son^du  (atjn^  devant  «et  rV  eUe  se  prononce 
Toninie  j.  —^  Dans  c^^esni^  cas,  les  uns,  pour  indiquer  sa 
prononciation,  lajfc^nt  suivre ij^iifVfr  ^  ieitmtnenœa^  nous  r<i»m- 
meftceon$;  d'auttos  allongent  le  VpMï'r  un  trait  inférieur  qui 
rappelle  1  ;  comme  ra^  façon\  -cùmmenf-aj  etc.  —  Lorsque  Je  e. 
est  suivi  (l'une  aspiration, il  prend  unson'lourd  et  gras  comme , 
r    celui  du  sjHiin  hébreu,  marque  k  droite,  aj^  non  comme  celui  du  / 
y  grec  :  chatf  (hoir,  riche ^  cAo«é. ..  — -Leimcards  prononcéiitle  ch 
par  c  dur ,  disant  tatj  céuld,  pour  cha^chau/d  ;  etau  oontrairele 
e  doux  ou  «  par  cA',  disant  chechiy  ckeia,  pour  ceci,  ctla. 

Lèttrt  D.  -^  Le  </  ne  termine  aùcime  syllalieen  français, 
si  ce  n*est,  quelquefois,  pour  rétjmtiologie,  certaines  nnales-: 
mais  alors  il  a  le  son  d'un  t  un  peu 'Inouci.  C'est  ainsi  que 

.  nous  écrivons  gaillard,  lurd^  à  cause  de  gaillardise,  larder, 
On  le  trotive  aussi,  au  lieu  du  t  qui  parait  à  la. deuxième  et 
à  la  troisième  conjugaison,  à  la  fin  de  lafrôisâ^e  personne 
du  singulier  de  e^'rtains  verbes  dont  l'infinitif  eai  en.</irc, 
comme  enlfwrf^  fond,  craind^  Joitwf ,  de  entend/e,  fondre,  ; 
craindre,  jéindre.  —  H  faut  se  gjtrder  de  confondis  7f<anrfy 

'  de  quando,  avec  qnant,  de  qmntnm  ;  -^  et  aussi  éviter  l'ciwir 
des  Allemands  qui  prononcent  toçtar  pour  docior. 

Z^/fr<?  F.  —  Cette  lettre  répond  au  digammftéèlique.  Les 
Allemands  ont  à  se  garder  dé  confondre  1;  et  /;  bien  que  /, 
final  de  certains  nîots  françuis,  se  diange  en  t*  dans  les  dé- 
/rivés  ;  grefei  grever,  naïfei.  na'iveté,  nerf  dmrveux,' etc. 

/Lettre  G.  —  Cette  consonne  devant  a,  0,  u,sl  une  pronoh- 

.  ciaUon  qiii  tient  de  celle  du  c:  ainsi  gale^  90*^ f  aigu;  mais 

devant  e  et  til  se  prononce  comme /consonm.*: ^aj/fer^i-e^ir, 

se  prononcent  comme  gajer,  réjir.  —  Quand  devant  a,p,\eg 

doit  avoir  U  scm  doux,  on  le  fait  suivre  d'un  e»  comme  Je 


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mangeai f  nou^'manfjevtts^,ifi>fn(tnyt'<trriit[\)i  ({(umhJ  «li-vautti 
•  I,  le  g  doit  avoir  l*)  son  dur,  on  le  fait  t^uivra  d  uii  u  ;  tuiiiine 
langue'y languir;  mais  ni  Ve\  diâns  le  premier  eus,  n'esl  pro- 
noncé, ni  Vu  dans  le  second.  "  "         . 

Lettre  H Les  Français  adoucissent  ûulant  qu'ils  peuvei^t 

'  l'aspiration, 's&'ns  toutefois,  quand  elle  existe,  iu  supprirmjl;;^   , 
'     entièrement,  excepté  içn  l^our^of^ne,  en  Berrf'^.à  liyon,  eir 
.  (juVennê,  où  l'on  prononce  en  auit,  Vac^/ueru'c,  ïaznrd :]your 
en  hault,  h  hartfuenve,  le  hnzhrd.  —  L'auteur  cite  ensuit»  une 
(otigfùe  lisle  de  mots  où  /<  est  aspirée  :  nous  ne  pouvons  la  no- 
produire  ici.  mais  nous  devons  faille  observek' qu'auriui  des 
n^ts^cités'par.Thëod.  de  Bèïe  n'a  perdu,  depuis  le  xvi«  siècle,/, 
sùn  aspiration.       .  -  * 

Lettre.  L.  —  La  lettre  /  conserve  sa  prononciation  origitieHe 
soiiayint,  soit  après  les  voyelles  :  /«,  le,  li\  lo,  /*/,  «/,  et,  il,  o/, 
*U:  redoublée,  elle  garde  cette  4)ronohciat ion  apr«>s  «,,/^,  o, 
•^oonmiè:  aller,  /W/^^/b//*;  mais  après  l'i,  excepté  dans  le 
mo^  t?i7/e,  elle  prend  ce  son  pàrtimlieç  que  les  ItalieTis  mar- 
.    quent  par  j^/ ;  ainsi  bille,  filla,  piUen,  Hc.  -^  Lès  lettrj^s^/. 
n'ont  jamais  le  son  italien,  excepté  on  Berry,  otion  prononce  ^ 
gloire' et  glorieux  comme  lioire-H  liorieux  —  Lorsqu'une. 
"  diphthongue  préfcede  cet  i  devant  deipi  //,  .1/  annont-e  que  // 
"doit  être  mouillé  :%ailler,  oeiUer,  mouiller,  feuille  .{H  non 
fiieille)i  veuille  (et  nôirt«tt«7/«).  -s-°t<é8  Aquitains  j^ivent  : 
.    ftalker^  mottlher  ;  nous  n'atmns  pi|s  à  les  déffinfdré,  .^     v 

'  'JÛfttre  M.  —  La  lettre-m^  au  commencement '^es  syllabes, . 
a  le  même  son  en  français  que  dansje»,aiitres  langues.;  i^ais 
'':  à  (a  lin  des  syllabes,  soit  dans  le  a)pps  des  mots,  soit  à  la  fin , 
elle  se  jMtjnonce  comme  n;  ainsi  tewjiorel,  hytrine,  kominùgé, 
dmtt  htm,  haim^  faim,  temps,  pe  prononcent  tanporel,  hf'nne, 
/ummaye,dnn,nonfhin,l^n\tant^.  -v  .     •        *' 

Lettre  K.  —  Cetteconsonne,  au  commencement  des  syU 
.lal>es>  conserve  sa^ronenciation  originelle;  souvent  dans  le 
coi^s.de»  mots  ouau  commencement  de  la  dernière  syllalié/ 
elle  prend  un  son  mouille  inconmi  aux  Hébteui,  aux  Gi*ecs 
et  peut-être  aux  Latins,  mais  fréquent  eu  espagnol  où  on  le 
représente  par  n,  et  ert  italien  oii,  on  le*marque,  conmie  en 


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(1)  Cf.  ci-dCMQS,  pp.  06,  etc. 


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français,  pap  gn  ;  ain&j,  gagna,  gagner,  guigner,  rogtion,  gai- 
gneur,  se  prononcçnt  pre^iue  côiumè  •pania,  ganter,  guinier 
roniqn,  ganieur,  dont  on  ferait  des  dissyllabes.  Quelques-uns 
introduisent  un  i  qui  ne  se  prononce  pas  dvMknXgtL,  tMTJviint 
roigner,  tfsmoigner,  besoigner,  otthogruphe  vicieu»e,  car  li 
devrait  plutôt  s^ettaccr  de  ces  inotss'il  sy  trouvait;  d'autres 
ecnvent  avec  uq  «.  congner,  ^esmongner,  bewtkgner.  Ils  n'ont 
peut-être  pas  tort,  puisque  souvent  on  voit  redoubler  soit  m 
comme  dans  hotume  que  l'usag»-  préfère  à  home  (homo)  ;  soit  h] 
.   comme  dan&^ne,  Unner,  honneur,  qilï  viennent  des  iiï6ts 
latms  lwna,sonare,  Awior.  -^  Les  moU  conoàire,  cmoissance, 
doivent  s/écrirc  sans  ^,  ou  en  cfiangeanjt  le  g  en  n  /  cuiintiistre. 
eomunssance,  niais  non  cognôistre,  cogmmance.  —  En  hébreu 
on  ne  Redouble  pas  la. consonne;  on  supplée  à  ce  redouble- 
ment en  latnarquant  du  daghès  fort  :  sans  l'emploi  du  daghès 
nous  avons  4es  exemples  analogues  .d'un  même  effet  produit 
par  lar  voyelle  simple  dans  diverses  phrases  où  un  mot  tér- 
mii^é  par  »  est  «uivi  d'un  autre  mot  commençant  par  une- 
voyelle.  Ainsi,  i/5'CTi.e5/a//eVi7.m'eri  «  /«WcV  se  prononcent 
comme  »/  s'!pn  n'est  aliê,  on  m'en  n'a  parlé  :  en  cela,  il  ne  faut 
pas^miter  le  peuple  d»ï  Paris  qui  prononce  il  se  wsi  allé  on 
mena  parlé.  *      .  .  ,' 

Lettre  P.  —  La  prononciation  de» cette  lettre,  forte  dans 
toutes  leslangiies,  eét  adoucie  autant  qije  possible  en  fran- 
çjiis  ;  e^le  finit  très-peti  dé  mots,  comme  les  interjections  hip, 
qui  marque  l'élan  d'un  sauteur,  et  hop  qui  sert  à  appeler^ 
comm<ren6ore  hanap,  vieux  mot  qui  signifiait  coupe,  capl  ■ 
coup  ei  beaucoup,  »ep. 

Lettre  Q.  t^  Cette,  lettre,  qui  ne  se  place  qu'au  commence-  ^ 
ment  des  syllabes^  excepte  dans  eoy  |et  dan8.c%],  est  tou-/ 
jours  suivie  d'un  «  qui  ne  se.  prononce  point;  elle  a  le  son  du 
kappa  grec;  ainsi  quand,  quant,  que,  gai;  se  prononce  kaitd,  . 
kànt,  ke,  fe.  —  Le  c  dont  on  l'a  fait  -quelquefois  précéder  est 
dortc  inutile  :  avecques,  picquer ,  doivent  s'écrire  avequeg^i- 
Vf^'  ~  '^0"™bre  de  mots  terminés  par  c  prennent  ^^ins  la 
dérivation,  comme  rebequer,clfuqu^,f(tntastique,  greque,4e 
reltec,  clac,  farUaitiCf  grec.  (?uelqu^s-uns  ceDendant  de  ces 
noms  en  c  forment  leurs  denvés «ncA,  comme rfwc>ie, ittchet, 
'^I^Tdejucheriécrocher,é6dùc,8M,hc;^ 
Lettre  R.  —  Celte  lettre,  soit  au  CQiiimencement,  soità  la 


536 


f- 


APreSuice. 


517 


lin  (h'S  syllabt\"!,  ronsPiTC  lôiîjourssa  prononciution  naturelle  ; 
jplle*avjin  son  très-fernjc^  i^i  malgré  lu  douceur  du  français,. 
.  quand  ello  <;st  redoui)léo,  «UU*  doit  se  prGnunccf  plus  rude- 
ment encore,  comme  dans  blurrcy  beurre,  courre,  erre,  etc.  U 
faut  éviter  à  Jit  fois  de  pronoq/oer  r  i/edou  Né  comme  r  simple 
et  aussi  de  prononcer  r  simple  comme  rr  double,  comme  on 
le  fait  dans  le  Maine,  dans  le  Poitou  el  en  Lorraine,  où  l'on 
dit /birre  pour /«»re  eivoirre  pour  l'oire  (vraiment).  —  liès 
I^risiens,  et  bien.pl/is.encore  les  habitants  d'Auxerre  etjcèux 
de  Vezjelay,  patrie  do  Tauteur^  changent  souvent  5  eii  r  et  r 
en^,  disant  covririt  Màsie^peae^  mese,  Théodose  y  pour  cousin; 
■  }ffirie,  jteref  mère,  j/'heo(hre.  .  ;    ■ 

Lettre  S.  —  Cette  consonne  "conserve  toujours^,  au  com- 
mencement des  'mbt«,  le  son  qui  l^fi'^st  propre»  :  say^,  semer; 
mais  si,  dans  le  corps  des  mots,elleit  p|é^eai|rès  line  voyelle^ 
et  commence  la  syllabe  suivante  i^t  précède  q^ie  autre  voyelle, 
alors  elle  se  prononce  comme  lé  zaïiî  hébrèU|Oif  le  zêta  (zed) 
français  :  ainsi  cau«è,  désir,  wer,  se  prononcent  cmtzej  dezir, 
fizer.  —  Elle  a  le  m^me  son  lorsque,  placée  a^fin  d'un  mot, 
éjle  est  Suivie  d'un  autre  mot  commençanjt  par  «ne  voyelle; 
"  ainsi  les  ameSf  t^usages,  se  prononcent //z  ané»,  lez  usages. 
if—  Si  on  la  redWble,  la  première  ne  se  prononce  pas  et  la 
seconde-prend,  le  son  ferme  qui  lui  est  naturel  :  flussiy  baisser; 
il  «n  est  de  niéme  ajprès  toute  consonne  :  ainsi,  transi.  Aussi 
est-rce  i  tort  que  quelques-uns  écrivent  et  prononcent  pn'tw^, 
entreprinse,  jmnson ,  pour  jn'ise,  entreprise^  poison.  '      ' 
*•    Lettre  T.—  Soit  seule,  soit  suivie  de  r,  qui  est  presque 
la  seule  consonne  qui  la  suive,  cette  lettre  coi^rve  tou» 
jours  le  son  qui  lui  i^  propre ,  son  très-diflféreni  du  d  avec 
lequel  les  Allemands,  la  confondent   souvent.  Elle  ne  finit 
jamais  les  syllabes  dans  le  corps  dés  mots,  à  moins  qu'elle  ne 
sottiredoublée,  et  alors  la  seconde  seule  se  prononce.  —  Dan» 
les  mots  français  dérivés  de  niots  latins  en  tio  comme  interro- 
gation, affection,  elle  se  prononce  cxïmme  c  doux*:  intèrro-  ' 
don,  affeçeion  :  à  moins  qu'elle- ne  soit  précédée  de  f,  auquel    " 
casellerej^nd  sa  prononciation  particulière  :  combustion.      - 
Cette ^re  a  le  singulier  privilège  de  se  prononcer  quelque- 
fois, par  raison  d'euphonie,  sans  être  écrite;  ainsi  parle-il  ,se 
prononce  eii  introduisant  un  vC»i(Tlit en  conservant  l'e  fémiâin. 
\parlet'il;ùe  intime  ira-H,  parlera-il ^  «a-V/ se  prononcent 


-  V 


V 


■\ 


*    *- 


'U. 


0 


y 


■-T» 


5t8 


GRAIIXAIIIE  P1IPIÇAI9C. 


iP 


imtil,'  piirhrot-il,'  rnt^if,  quo  qiiriqiies  ino(UTnPS  t^nrivint 
mAino  Hinsi  :  Icmlefo^s  on  no  peut  ôrriro  nimet-tf;  ponr  r./. 


tn^nnt,  l'fc. ,  on-  arrivait  nn1r«>|(nis  ces  forrnôs  nvic  nn7  qui 
dispnnil  plu8  tard,  ot  -cV-sl  (v  qi^e  prouve  le  (lialofle  l»our- 
gui^non  qui  écrit  encore  (1581)  e^on>noi)c«'y>  vu.  tu  van,  il, 
vnf,  e\c.;j'aiwn,  (,if  aimas,  ii  aimnt/h(c.  ;  je  p^irlpra,  tti  i^ar.- 
lerrnt,  il  pnrlerfjf. 

lettre  \.  — Cette  Irttfo,  qui  fait  violence  èi  la  tloucftiir  de  la 
langue ïrançajse  (»ù  elle  s'est  introduite  par  force  avec  '  qu(,*l- 

"ques  mois  'étrangers,  se  proiTorice  coinme  deux  ce,  dans  la 
ppcuiière  syllalw  de  \'tr.r>s,  et  comme  un  cdans  la  seconde,  wi? 
conïuie  si  l'on  écrivait  Xercrs.  A  la  fin  des  mots,  il  se  pronoiico 

'comme  $  :  noix,  fmir,  el  dans  les  numéraux  sijn,  dixvi  leurs 
dérr\és  %ixjesme,<lixiesrne.  La  raison  en  est  que  .r  a  «ïnuveiit' 
été  employé  pour  s  h  la  fin  de  certains  vocables  après  les 
diphthongues  en.au:  on  était  ainsi  amené  à  distinguer  >w/jf, 
ImiXf  mieux,  de  ren.n,  liens,  nù'ehs,  que  l'écrit nre-rfîfsiuTdes 
Français,  confondant  n  et  u  neperihettait  j«s  dedistinguer  (1  \ 
Par  suite,  rusagc  s'est  iutroduit  d'écrire  cAf'yff?*.r,  maux,  nom 
empêcher  qu'on  ne  Iftt  cAemwi»,  rmiH.V  etc.  .    - 

IMla  lettre  Y  vniuut^e  a  fort  t  qrec. — -.Pourquoi  noranie-l-on 
f^rec  le  caractère  »/  qui  n'a  jamais  existé  en  grec?  cîestque 
nos  ancêtre»  ayunt  à  écrire  <ieu\  tï,  lorsque  les  diphtiion-. 

'  ^gues^^  ott  ni  étaient  suivies  d'une  syllalK»  commençant  ïkir 
un  »,  les  marquaient  par  ij :  mnû  plaije ,  loijnl,r^al, 
n'étaient, autre  chose  que  plai-ie.  loiwial,  roirinl;  cette  fausse 

,  écriture  faussa  la  prononciation  :  sî  bien  que  les  uns  pronon- 
cèrent, en  siipprimant  un  i,  loi-al,nm-en,  plai-e;\efi  autres,  '  ■ 
comme  les  Orléanais,  supprîmnnt  le  premier  i,  prononci'nt. 

.  par  j  consonne  :  n-Je,  jo^je,  jojeux,  lo-jal.  Ces  pronon- 
ciations sont  trés-vicieuses,  et  l'on  doit  dire,  en  conservant 
les  dejix  diphthongues  ou  la  diplithongue  et  Ift  triphthongue  : 
ptai-it,  ai-if,  nai-ier,  pai-iemeiit ,  jfotriV,  joi-ieux,  moi-ien,  „ 
loi'iàt,  numnm-ieur.  ("e«t  ainsi  que  nos  ancêtres  prononçaient 
ai-moi-ie,  l'?  péri,  du  çing.  de rinjparf.^indic , etoi-me-rvi-ie, 
4"per«.  du  sing.  derimpabf.  optatif:  aussi  Marot,  psaume  33, 

,  "  a-t-il  fait  trissvliabes  les  mots  vif^-droi-ie^  crain-droi-ie.  Main^ 


■     /■      I      r 


'  I  \  Cf.  oi-^MSiU?,  Pe/lefifr,  p.^  *  l. 


V., 


h 


V  ••: 


V 


\. 


a/ 


•    .■ 


'^^ 


:*»" 


V 


\^ 


APPE!HDICI. 


.51  n 


'  trnant  ( I  r>8i)  l*i|^ago  a  prévalu  ()e  ^nppriiH<^i'  la  doi'rii<>re  fljpli^, 
tii(>nf;iie  />,  et  <fe  «lire  ainm\  nimfnHf  viendrM,  crmittiroi; 
.     queI<iuofôis  hième  on  ajouUi  .<,  iTiarijuo  de  la  2*  p«^rs.  du  biii- 
fiulier  :  nimois^'nimernh^  etc.  Doîi  Murot  a  pu  dire  :  ^ 


0  noble  Roy  fran<:olS ,  '         \-         '       "  ■      ." 
PardoDne-^mo^,  car  ailleurs  Je  pensola.  \ 

,  Suivant  la  mi^rno  analogie  et  le  même  sy8tt»me,  nos  ancA- 
irosjpnt  riisuite  écrit  par  un  simplç  e  féminin  les  troisièmes 
pereonnes  plurielles  des  mêmes  temps,  ainsi  :  nimoi-m^,  ûinifi- 
rxii^ent.  Cette -prononciation  se  corrompit  de  deux  manières, 
yiielques-uns  .atraçant  i  prononcent  «ifmwin/,  aimernenf,  par 
e  fermé,  comirie  \v^  Poitevins  prommcent  les  troisièmes  per- 
sonnes plurielles  rt/mpn^  ^i"5*n/,  comnrejes  participes  pré- 
sents aimant  f  disant.  D'autres,  ctfmme  en  Guicnn'e  et  en 
Gascogne,  suppriipciit  1>,  et  prononcent  ai-fnoirrt,  ai-merointy 
dojinant  aux  finale!^  le  même, son  que  dans  fnip^  besoim  Mais 
marntehafnfle»  Fraiiçais  qui  parlent  bien,  tout  en  conservant 
l'aiTcîenne  orthographe,  prononcent  les  troisièmes  personnes 
'*-pturielle8-'fltw°o7(»rï^,  nimeroient,  comme  le  singulier  aimo//, 
nimeroity  avec  une  simple  différencSB  non  dé  son,  mais  d'ac- 
cent^ comme  s'il  y  avait  aimAit,  ajmer<îï^.— L'auteur  propose, 
non  de  i:îhanger  le  caractère,  mais  le  marquer  de  deux  points, 
(y)/  Q"'?  en  montfant  qu'il  n'a  rien  de  commun  avec  le  grée, 
rappelleraient  que,  par  son  origme,  il  est  inkdouble  î,-^ty, 
qui  ne  doit  s'écrire  qu'après  les  diphthon^ues  ai,  oi,  s'il  est 
suivi  de  quelque  autre  diphthonguè  ou  trlphthongue. 

Lettre  Z.  -^ Cette  lettre  s'est  intrôdMile  avec  quelques  mots 
étrangers,  iéphire,  znrinthp:Vi]M^.  l'a  placée  ensuite  dans  le 
mot  imze  (onze)  pour  empêcher  qu'on  ne  prononçcll  tmsse,  si 
l'on  avait  mis  s,  qui  a  le  son  ferme  après  ime  consonne  ; 
puis,' sans  avoir  le  même  motif,  l'usage  l'a  placé,  par  ai)à'- 
logie,  dans  les.  mot»  douze,  treze,  quatorze,  quinze,  seie,  et 
ejïfin  dans  ozcille.  ~  L'auti^ur  approuve  ceux  qui  terminent 
par  ;  aprjfs  Ve  fermé  les,  secondes  personnes  pluriell<ïs  des 
verbes  :  vous  aimez,  aimerez,  pour  les  disiiBguer  du  pluriel 
des  substantifs.  .  , 


%v 


t» 


J    • 


*-,,•, 


m^ 


■^T^^ 


^^ 


(1)  l/autpur  marque  le  sfcond  mot  du  tn^ma  ;  le  promier  et  le  troigrème 

n'ont  que  I'*  simplw.  U  n'en  faut  tirer  aurun-^  conséquence .  d'abord  parce 

^ue  le  texte  ent  tr^!.-!.ouv».n(  fautif,  ensuite  parce  que.  dans  Iç  courît  "de 

lymvraftre,  on  voU  acs-r  souvent  i  employé  pour  »,  probablement  au  gré  de 

j'impnmeur  qui  avait  ce  caractère  et  le  plaçait  au  hasard. 


'T?». 


''^^  '      '•RAÎKMAÎRE   FRANÇAIS»,  .r 

-      ;  .-    -..■■■   A-  •   .-^  .¥"-^-'    •••-■''"-• 

\  .  .        -  M  ■     -         .■         ■ 

.'     -  DHS   DrpnTOONatES.  • 

L'aiitetir,  avant  «le  parler  des  diphthongues,  constate  entre 
Hips, quelques  différences.    Dans  les  unes,  on  nVnten|i  jïi 
une  m  l'autre  \oy\\*\  mais  un  son  neutre  qui  tientde  toutes 
r  les  deux  ;  dans  les  autres  les  deux  vovellesT  sont  enU'ndues 
ijîais  ne  forment  r|u  une  seule  syllabe.  Il  y  a  en  français  neuf  ' 
diphlhongues  :  a»,  nu,  ho,  e/,  ew,  où  ç{',  ip\  ui 

Diphth<mf,ve  Al.  -^  La  diphfhongue  ai  s'est  prononcée 
dal)Oi(l  chez  nous  comme  nous  prononçons, Aa/  hai  («le,* 
m-)y^i  comme  on  le  prononccencore  enHcardie  àamnimer,    ■ 
pn  une  syllaln»,  mais  avec  une  diérèse.  Maintenant  {\:m)  ni 
a.nnson  n.oyen  entre  «^et  i,  très-voisin  de  IV- ouvert  ;  ainsi 
i^m<,imfnU'  et  prnj,hete  les  pémiltièmes  syllabes  ont  abso- 
iiment  le  même  son;  marv/re  et  mettre  ne  diffèrent  que  par      ' 
a  «piantite.— Quelquefois  la  diérèse  se  produit:  ainsi  l'on 
lit  hjnr  (I)  dissyllabe  et  hnisse,  luthsoiH,  triss.vIJabes,  bien  qji      - 
c^  thème  du  verl)e  A«/,  hais,  hait,  soit  mAnosvllabiqu^  et 
ransmette  il  hame  sa  prononciation. —  Il  ftuit  noter  encore  ~ 
VJo  le  peuple  de  Paris  commet  souvent  la  fauîe  de  prononcer 
/wnMe  participe /•«w«n/..'transforh»ant  un  spondée        en 
amlm  ".  — Enfin  quelrpiefoii?  la  diphthongae  ni  prend  le 
son  de  r/.  Ainsi  fmin,  gain,  ffla in  (phnus)  se  prononcent      ' 
\/x'tn  qvnn,  plçm:  mai»  elle  reprend  ,sa  prononciation  dans 
les  d«'rives.;>/7/>//^.  hnigner:  ce  dernier  se  p'pononce  péné-  ^ 
ratemcnl  hof^ner;  de  niéme  on  dit  mieux  aujntird'hui  >\:\M) 
(jnuner  que.  f/'^if/ner,   forme   restée  en  Picardie.   De  môine 
gNonr  et  f/m,rison  ont  remplacé  (pmirir,  gvairison  que  l'au^ 
tevîr  préfère.  •     •        .    ,  "  . 

Diphf/nmf/ne.^  ai-  ^/  aoI  —  La  firphtHonpfue  nu  ne  diffère  pas     * 
sensiblejTi'eïit  de  la  voyelle  «  ;  ainsi  yi«x  (allia),  jja^x  (vau),    ' 
vmKi'  (VALLES), ne  semblent  pas  ^voir  un  autre  son  que  les 
oif,  vosj  pro^^is.^Las  Normands  la  prononcent  en  faisait 


\^ 


1% 


■•'/. 


**; 


.r  . 


t 


k" 


APMîNDICl. 


53i 


disant  ;a-0' 


entendre  distnlctement  a,  o  .•  disant  ^-o-^n/  polir  autant: 
p«'iit-c'tre  est-ce  la  vraie  et  ancienne  prononciation  comme  la 

"    vraie  orthographe  de  cette  di^litliongn^  :  oi\liographe  coji- 
servéé  dans /xïon.  fortn  qtii  se  ^^rononceAt  pnn'Mun;  pronon- 

.  ciation  conservée  ainsï  que  rprllio^îi'aphe  ihnkfaonnpr. -^^ 
Autrefois  en  France  on  écrivait  et 'pmnonçait  />«\wr,  qui  e^ 
deve% /><*///-  dans pawnfl,  pmurcté^Vv  parait, avoi^^été  intro- 
duit pour  ën»p(^çher  de  prononc^T,  par  la  diphthrtngue  tiii, 
fxm-re^  jmu-reté.  Mais  on  pouvait  évitpr  ce  danger\soit  en 
adoptant  un  signe  particulier  pour  v  consonne  (/>oy;r,  ^ 
soit  en  employant  la  diphlhongue  «?<,  comme  on  a  fait  depuis 
{/muvre,  pauvreté).  —  Il  faut  observer  ici  que  si  au  es.t\uivi 
d'une  voyelle,  il  ne  peut  y  avoir  diphthoiigue^  :  «  devient 
consonne  :  avare^,  avant ure.  —  La  diplitliongirc  au  rempli 
souvent  al  des  primitifs  latins  :  ainsi  aultre  de  aIter,  etc. 
de  même  on  forme  en  au  le  pluriel  des  noms  en  al,  comme\^ 
mal,  maux,  vie.  —  Au  futur  de  Tindicalif  et  à  l'imparfait  du  y 
conjonctif  du  verbe  avoi^i  K«  v  consonne  est  devenu  voyelle, 
et  l'on  (lit  m/-7a<,  «M-r«.>-,  etci,  an  lieu  do  a-vrai,. a  vrâs,  etc. 
—De  là  est  venu  ensuite  l'usage  de  prononcer  arai,aras,  etc.,, 
en  supprimant  i/.  *   , 

7>.</V<Mong«eïi. —  Cette  diphlhongue  ne  se  trouvé  guère  ' 

..prononcée  que  Rêvant  «,  et  elle  a  un  son'voisin  de  t  simple:' 
gueine  (^miHi),  jjlein  :  lU-^o  derniejr  mot  les  Picaris  forment 
féminin  plfine^nuùsi  ailleljrs^on  jferit  et  on  prononce  plevm  ■ 
—  L^lisage  a  fait  aussi  qu'on  écrive  par  et  nombre  de  mots 
tjérivés  de^  vociihles  latins  qui  n'avaient  que  Vi  simple  :  sçin 
de  siîJt's,  veincf'fi  de  vinckre,  peindre  ^fé^piNCERE,  etc.  —  DaHs 
quelques  mots  «"  subit  une  diérèse  :  ainsi  o^'/r/a  trois  syl-  -' 
labes,  et  réitéré)'  qnati:o.  —  Enfin  devant  le  doume  //  on  écrit 
^souvent  t'i;  mais  l'i  n'a  aucun  son,  et  Ye  prend  le  son  ouvert  : 
treille^  veille^  etc.  .  "^         ;         ' 

Diplahmupie  bu.  -—  Dans  cette  dipiithongue  on  n'entend  ni 
1>,  ni  r«,-niais  un  son  qui  tient  de  I'oïti  et  de  l'autre  :  heuf,  . 
neuf,  ;>eu  ipàucum),  .se^,m  (soror),  veu  (votum),  et  un  grand  . 
nombre  d'autres  que  Jes  Picards  prononcent  souvent  u  sim- 
ple/disant /)im,  >,  pour  Dieu  y  jeu.  ^.es  Eranvais  imritent   , 
quelquefois  ïes  Picards,  e\î  ce  qu'ils  prononcent' par  w  simple 
les  mots^«?«r  (securus)  et  ses-  dérivés  seureté^  apurer,  a^u- 
rance;  meur  (maujrusj,  meureté,  et  en  général  tousles  nom» 


'i^m-' 


^4^-- 


\ 


c 


r 


.A 


Su 


522 


CiAMXilUB   FHANÇ4ISE. 


s.-  ■    J- 


w 


■  \ 


J  ■* 


rn  f «r<?  long  dérivés  des  vcrl)ps,  coriime>W'H«4(f ? ,  ^ msseure , 
nnvreure  [wtmnkrw^, -rnmpettre  {ni^xji^^  Ole;  il  en  est  df 
m^nie  dans  les  participes  passés  passifs,  nmscullns  pu  fémi- 
nins, terminas  en  eu^  ew,  coiunie  heu^hene,  fîeUf  dette,  leu, 
leue,  etc.  ;  c'est  à  tort  qu'à  Ghaptres  et  à  Orléans  on  prononce, 
avec  une  diérèse,  e/?,  et,  d'autre  part,  qu'on  fait  rimer  hcur 
et  dur,  engfavcftre  et  figure,  heure  et  nature,  faute  qu'on 
retrouve  en  Guyenne.  —Comme  nous  l'avons  dit'pour  «m,  si 
eu  est  suivi  d'une  voyelle,  n  voyelle  se  change  en  v  consonne: 
tere?'ifé,  recevrai.         '  .      " 

IHphthmgue  oi.  —  Cette  diphthonguo.  fait  entendre  à  la 
fois,  mais  rapidement,  le  son  de  fo  et  de  r»Vquand  elle  est 
suivie  de  «(comme  loin,  besoin,  tesmoin, 'juats  que" quelques- 
uns  ternïînent,  H  tort,  par  un  «7.  —  Non  suivie  Âcn,  la  dipli- 
thongue  oi  prend  une  pronotficiation  voisine  de  celle  de  la 
triphthdngue  oai  ou  de- la  diphlhongue^rti  ou  e  ouvert  ;  il  a 
le  son  oiii  dans  loi,  moi,  foi  qu'on  trouve  souvent  écrit,  à 
tort,  avec  un  ;//  quelques-uns,  supprimait  le  son  o,  pronon- 
ce.nt  snulehient  ni  :  ainsi  les  Normands  écrivent  et  proiion- 
cènt"/We,  pour /or,  et  le  peuple  parisien  iXxipnrlet,  alict,  venez 
pour /yflr/o?y,  alloii,  venoit;  lès  imitateurs  de  l'italien  pronon- 
cent de  même  Anglh,  Frnneh,  K cosses  pour  Anglois,  François, . 
Kcossois.  —  Une  faute  tr^s-grande  des  Parisiens  c'est  de  pro- 
noncer^'oiVr?  (ou  verre),  foirre  (i'aleà),  irofs,  comnie  voarre, 
f'oarre^- troas  ci  ïn(ime  ti'os.  ' 

/)ip/Uhongufi^ov.  —  Cette  diphlhongue  a  un  son  propre  qui 

tient  de  Vo  et  de  Vu.  Il  faut  se  garder  de  prononcer  comuie 

à  Lyon  mt  pour  0  .(comme  nous  pour  msy,  et  cipmme  dans  le 

Dauphiné  et  la  Savoie  0  pour  om  ."  tels  cop  pour  coup,  aï  pour 

.OM,  etc.  .  '  .  ^ 

ITiphthong^e  ie.  —  Les  deux  voyelles  de  cette  diphthongue 
s<)nt  toujours  prouoncées  avec  leiir  son  propre,  excepté  qusrnd 
elle  est  suivie  4p  «,  auquel  cas  ie|^se  prononce  comme  Un: 
ainsi  pour  Aien,i^Ai>»i,  dites  WtVi,  c^ïn,"  toutefois  si  n  est  suivi 
de  e,  comme  chiene,  miene,  la  diphthongue.  reprend  sa  pix^ 
nonciation  ordinaire.  —  Cette  âiphlhongue  subit  la  diérèse 
dans  les  infini  lifà  en  iW*,  comme  fier,  riïèf^,et  lesadjeclifs  en 
ief/.r  dérivés  soit  des  verbes,  comnie  envieux  deeumer,  soit 
de  primitifs  latins  en  o.«fW5,  comme  c?(n>«jr.         >       '      ■       f 

Dipfithongue  vi.  —  La  diphtbongue  ui  fait  <?ntendre.  l.c  son 


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dp  ses  deux  tWlIes  :  hm'it,  huistre,  ruis  vieux  mot,  d'où 
rMJifwrtf.— El  le  ne  commentée  àuctin  mot  fraudais,  et  il  fanl 
i>ien  la  distini#iie<iie  la^llabe  VI  qui  parait  dans  We?T,  ri«, 
fvV/oi>e,  ent'i>,,etCv,  et  qui  dnlXe  r' consonne.  •/ 

-..   "■'  "'■•    •     w^.  bIs  fausses' DIFOTHONCiCESfjd,  eo.     '^  ■  _. 


Il  ne  faut  pas  compter  comme  diphthortgues  les  lettres  ea,, 
en,  qui  Viennent  aprf's  le  gl  cpmmc  clans  mmif/pn,  flageole^. 
La  lettrée  qui  précède  rt  et  o  a  pour  effet  d'adoucir  le  son 
i\ng  et  cfe  lui  donner  le  son  du  >  consbnnte  imnja,  flnjôlet. 
-.       ,--,  ..      '  -''  '  •>■  ■  '^  _        •  ■  N-  V' 

DES  TrilIPHTnOÎIGtB*«FBANÇAISKS.        ,      * 

Lés  Français  ont  des  triphthonpues,  soit  vraies  et  légitimes, 
comme  enu,  f>w,  les  mitres  fausses  et  b'Atardes,  comme  ici; 
veu\  (Uii;  les  autres  superftues,  même  vicieuses,  par  suite  du 
changement  de  pronohciation,  et  qui  devraient  <}tre  suppri- 
mée^^ comme  oeil,  oei,  vei{  I  ). 


urtbel  oèeorrf,— d'où  le  féminin  fte/r*.— Il  fauLévrler  la  fuùte. 
j^rossière  des  Parisiens  tian  pour  /'eàîi,  etc.      ' 

Triphthnnguc  iKu.~Dans  la  prononciatioiT  de  lew  on  entend 
à  la  fpi8»-r?  et  la  diphthongue  eu,  cpmijié  cieux,  Oiéu,  ieux 
du  vieux  mot  »«//  {cril).encore  usité  à  Paris  { 1 584).-^  ' 

iei.-^OnéctilMeilte  par  ici,  et  dans  ce  mot  l'i  qui  pré-, 
cède  //  sert  seulement  à  avertir  qu'il  faut  mouiller  //  .•  aulre^. 
miyit  on  prononcera^  vieilie  comme  nWe,  instrument  de 

musique.  -     1  .      ,  .  •  A 

•weM.-- Ces  trois  voyelles  ne  sauraient  former  une  triphtlion- 

gue,  puisque  le  premier  r^n'a  d'autre  effet  que  de  donner  au 

r  et  au  y,  seules  lettres  qui  précèdent  wçm,  le  son  durJ 

oui,  —  Quand  ces  trois  lettré     sont  placées  d(,'vant  //;  1/ 

sert  seulement  à  prévenir  le  lecteur. qu'il  faut  mouiller  II; 


(I)  ke  texte,  an  lieu  de  ee»  dernière» iripl^thonsueflMu,  on,  «et,  répète 
iei  Mit.  oui  ;  It  suite  du  texte  JuttlÛe  notre  correction.  >   • 


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,  ai»  UifAllMnipt.  '  . 

oÉ  «t  iNWie  «m  r«Mi  pofmwiip  ««.  OMme  itwi/,  «ncrr.  la' 
fmrvn^  r«  s*ex|*4«e  «omMok  par  l'Hyiriiti^m  h^Êtf. 

.'      ifar  ta  pKiWficif  de  «  «bm  i^  <lMn<»  tÊmnrr\  mmer, — HmI»    . 
d'autr»  MOI»  «nMa«M>  r«rwr«;i^,  <lr  wagrilr»  ntimrr  dv.  r ■■■  ■     ' 
.   irt  eÉM  wrwr;  Th»  i||^  jrfaWofOl  à  dMirr  m  r  le  «oa  dir. 
»•       _.^  —  iOsctinm  léitn^  ae  fiwAÎi^enl  4|Be  dus  le  aiot  «li.       "^ 

r>srrtait  «  rtyfièler  r<ftyDfcnpie hÊàm'mrmém.  Omjmjppnmm 
fWiii'  m  par  lyaorjare^  H^  par  i|,aaiiaicn^  a«$»à^  oa  iatro-  ' 
doÉRàl  la  vwpdle  t,  à  caiw;  da  éemrmnUiÊdt,  «à  I V  aaaniictti^ 
A      le  «oa  OMN^Ilr  d^ //.  Qaoî  qp^ll  <ra  M^ 

^,^  ;«iiftKdb«ain*cràt^^         /.\/  ':' 

tm/jL  —  ôrs  trwKf  vofriks  acLjstMn  rèaaàs  qëe  deihaAI  If 

«IPttN»'  Pf>My  iadiqarr  le  :aOia  D»qpi|fe>;  •e<p«jnjl<at  ae  «e  pio- 

«a<Mrv  pa»  vht  oui»  OMniiMr  ^-^djjpbttwaigae  «a  .^aaksî  fanUr, 

:   r««iBr  ^  proàoamrtrt  fymlte^  frmUe,VvmiifÊm  a'écfil-aa  pas 

,  iiîfK*?  pvi^  ff^  *^  aBra0»$,-a.a]rJuil  J^ét  caradUfia  péitH  v 

^caHer  poar  dulîniriMr  •  i«i]>]|vll^H  a  enabarie,  rtniga^pl, 

'  ^    ea  ft  i.ii  m  /l  ai^ii'.  waiilp,qa  «lae  praanaçiÉ^wfr^  ae-ta|l>; 

j»  inaÉitnài^èrtle  rab<ia  «^slWlIe  hiea  honae,  paiiqaii^aoat  «cri* 


■  •    . ,  .t 


..  nwaii  lawwglè.  frnanÉalIr'sias  < 
'imaMnlIp.. —  L*aalear%Y«af> -èftsaiàe 
poèwpwà  «n  értil  ifwMtf^  nràf  ''^mkmàtiak  taà  a'eçV  . 
.  ,v.'    M  dipIrtlMapw  ca;  df«l«  nm!  .4|ai'  'ae  .HMapè  es  «a  daw  les 

■iv  t /^  W,  eir.  ^  (faa  «nî|  de  nataie  m^ 

v' C' •^y***^»  l'tt-sefi  à  dnaarr  ag  f  le  saH  dar;  ■mkTi  etf . 
jyUe;  i  ae  panA  fa'à  caa$e  da  dfrrw  wy'fafîyfaag,  ai 
■  f^  il  air  se  praaoace  pas  «t  nf  sert  qa'^  aaiMiacer  le  soa 


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#<alilir  .fMnë  diiëimc<  «iMq^  Im».  wats  ommmi  /W  ^  ti«f«f  >  «t 
/«f  ftnri,  soil  poor  ■wrqnrr  l'éiynMloipir,  tmimt  pfn*  ok 
I»  f  inal  MMUre-  «^  Ir  ^wimm  fioi|  ^  |«r<»fr  <t  mm  fiHfwtJ 

tfHWit  gnHnerail  bon  de  <mi|wiwMi  '  ^\ 

Àf />.  — 'S  r«  «fit  ttàoMt^  iel  it  Mf  IViii  ^bp  dmi  tm.- 

pra  db  'molft,  tmÊÊmt-pmmUitr,,  **ff^^  £1  iims  3tt.|iraMiaor  pic  dt 
TMid  M«lçMi«»  lwi|!»>]to  s\1l«lîè  oti  il  «fr  Ipmivv^  -7-  ^^  fut      . 
,  «jpkiwiir  lf!s'4e«i  «ta  dam  !«!&  inoU  iKbrrux  /mmt,  ilM^.  rlr 
•~>'JlMiit  à  «,  .camiiif  diûtt  «wMiI,  ifai  jse.firoocwoe  mu<|  r«  dct' 
9t  Cuî  iioneaMiBl  »Mitir>;  —  joiai'  à  m  ^Amis  là^  Même  ig^lîtbe, 
Jttjî"»  ipÉKan  «oB^c  nÉut'let nm  se pnlÎMiKwtit  de  mènié. 
'    Ar  fK-  — iL>  «'a  aaciMi  soii  duts  la  dJphtiwMigiiif  <n  devrai 
m;  aittsà  jiAmi  se  pnuiMMe  |Mb« ;  au  l^fUMM»,  ciefn^Bdàttl,  «titrs 
jsifwe ,-  — ^)l>  esl  u^Eitilel^diK  |«  mots  jtwiy  r««irrtviHiT<rti-   -  ' 
■■otogie '«ara,  «nKnfe  aMialKi  «pnl  detiail  i^cf  supprimé; 
— ée«|IHl  «V  •,  après  Ir  f  et  V  r,  it  or  $«rlf<|i|fà  dt^éiBrr  à  ces> 
'  coMWmes  on  son  ailàiiKi  :  f"!9n>,  .féaia^r«c«M«,''--^l>  «si  émn 
tlk  «M3ài«  demi  le  mol  Atwfiur  qià  se  prottbttcie,AiM>e«ur,  |iiai 
^^  soi!  dén«ié  ife  ^;  oè  V«irte«A  la  di^^ 
et  dm^  IMBS  Im  p«rtia|ies  passifs  oofmMs  i<r«,  rvcrw^  ma, 
^'i  fait  proaèÉHnd^^  mMu  r^  dt.am  par  U  <Uphtiioiiigitr< 


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^'iUriéapwi* 

tk  r|.--L'î  «%  aacmi  soa^deimtt  le  doilde  il  a|if^«^ 
«omnie  tmMt;  9fKè^  oomnie  mtàlto;  après  <nv,  caamm'fevtUê 
{HLwKm  fmeUh^  cqoemk  «licrit  le  Vd^iiiv  ;  après  m,  oi«nme 
■niflir.  Maïs  il  s'enUMil  devant  il  ^qwnd  U  finit  la  sytkbe 
precsedenley  oomme  |UiCy  Mcley  cpBAMvp.  ^ 
;  Ar  rjft.^-^Vé  ne'sniiBf'pas  dMm'li-dipliikonsae  «a.  cmÉme 
^mn,  /Imt.  Le  fiançai»  n^pîme  pas  le  cImmci  de  r«  ««  de4^«, 
InR  des  dfibtlmnjgées^  et  sépares  par  a  ;  ainsi  «a  « 


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«AlMIUBt  nUJkÇUCK. 


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fl,t  M'  prfMMiM*  m  «•  ^«f<  Vsoepic  tm  Bfm  ou  TiM  pronoiior 
•  iM  i/if.  0«Md  ^  root  fûiit  par  «^  si  le  uM  tuir^Mit  oom- 
vofBUi»  par  a,  oo  mlrrpiM>e  .dan»  la  prononnaUrtn  uo  r  qui  or 
a'echl  pa&,  m  1\iq  n'aaoe  mK>ui  un  /,  ainw  ytr«-«H,  uw-^n  »f^ 
prdtooncmt  4irmf'<m^  irytt-^m  ou  éir^-ltm^  tm-iMm^ — L'a  ne  t€: 
proo«4in!r  pa»  dam  ae«,  çotnnir  aipM«vv,  l«ic>^ 

|ir  Tr.  ~L«  après  Ir  f  .rt  te  r  n'a  d'autrp  ^Bd  jq«|p  dr 
maîiMUw  à  ers  canvoaon  kur  son  ditue  d«%aot,r,  t ,  oonuitc 
l-mmf*^,  /im^fèr,  fwfmr^  cweillit .  «r  11  o  a  aumn  soo  apKs  y, 
.o»»nin»o  <j>*<TH4i.  — ll«n«  cfrtxinK  U-wjts  du  vvtW  «»n».rj  W»  r  ot 
d  aiKMd  d^'t«u  \oy«^k',  prnir  fonm-r  iadiphiiMm^nie  *l  au  li»^ 
<|e^«r  ;  !'«  se«(  ensuite  suptM-uue  t  amsi  l'on  pn»iKNioéy  «rw, 
ifi  4^l»f,  elc,  piMir/ ««rat,  qui  a  rempUoe/ârro:,  («  «orvtc. 


M»  C4M»(»i%If  »(MSa«fK. 


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,  Oevix  rèflfn  jfmé^^.  —  L  Toute'  consonoe  se  '^woiioïKe 
a^  cosioïK-aoPiiKiiI  d^nr  ^Tllafae,  eiicepié  $  devaut  «r  uiouili^^ 
H  s  dans  oo  grand  nombrr  de  utots. 

IL  Tooles  les  liWs  qu'ooe  <x>DsioaiH\  ei»t  ràdcvubléA»  la  pre>, 
wièrç  ne  se  proaooœ  pas,  e\è^pié  «r.  jnm,  iw,  rr>w  s'eîi- 
leadeo)  \t%  ôevtk  \fA\rt-k  Tune  à  JU  (|n  df*  la  première  hvlt^', 
rarttrc  au  ominieocemefit  de  la.syUalie  suîvafite. — Aiu^i  // 1^ 
prouûDoe  mi  cooMkie  /  simple  :  ffèifUe,  t^^le^iM  %\îx  jk*  sou^ 
OMMÙUé;  $»  se  pfXJiioiiDe  c^akcnieQt  onimne  »  simpèê,  maià 
arec  le  soq  fenne.  * 

•Crïle  rè^  dpît  s'oUsen-er-  surtout  àêns  les  adiectfâ  plu- 
rikls  «À  la  proooociatioo  de  la  lettre  finale'du  singulier  ren- 
drait le  laoiïafe  trafi  dur  :  ainsi  sont  a  dans  ntrf  de  tet,  f$ 
Am&  tf^'^f*  ^  çri^f:  h  <iaos  tcUdc  *r/î  /*«  dans  srj»  de  ^ff;._ 
U  dans  |»rrà»  de  fHàt;  la  prHnière  de  ct^  oonsoones  ut^^fii' 
çt%moaee  pas  do  Umii,  oo  s'a  qu  oo  soo.  à  pàoe  senafaie.   \^:> 

il.  >7-  La  oooKMUie  é  œ  teitoiiie  aocuo  mot  français  (èi'> 
àBpki^  fJtmê]  ;  duis  le  oorfts  des  mot»,  elle  ne  finit  de  syUi- 
Imi  <^'au!a&t  quVUe  est  suivie,  1°  dTiio  s.-^jfktimt,  oé»<^«et,  «i 
-siora  die  se  pnM)ODoe;  T  de  «r,  c:ûain>r>  <é»rur,  H  tÂon  eik 
oe  se  piWDoiyoe  puiut,  ci  roii  dit  xatctcr;  3'  <jke  «£,  connue 
'où  «Ue  i^  ^  |Hï>Dooce  pas,  et  «^/eMyr,  où  eile  ># 
■■li^eo  qop  possible^  4*  de  /  consonoe^ 


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r^€r,  oy- cife  ii*a  aucun  attn  :  d^oùce  jeu  et  aioU  lalîns  fran- 
rab  «««14  muA  %ie  ou  <««  i  «  mal  ottvté.  —  Enfiu  tKmis  et  ries- 

C. — U  f  ne  &»'  proDonri»  pas:  1"^  avant  le  f ,  H  on  piMirrait 
YcfUccT  de>  u»ots  ooyiwrir^  acifuj^ttr.  mal^'  rétyiiH»l<>gi<'; 
3*a\«nt  le  i  à  la^iitildes  liiots,  romiiM*  fif//Vrf.  /fl»r(.  TouftTois  ' 
dans  le  oôffis  dés  luots  oil  prmiorKx*  tn^U'iucnt  le  i  et  le  /, 
CiMiMUe  «ff,  tHikm,  0CUf^.étkmct€W\  E\oi*|iU'i  traùirr  ««t 
(ficttam^  où  c  n'a  Mieun  saii.  Il  se  prcwvHice  toujouri  à  b  nu  . 
df«  niots  ItohiiiM'  é*w ,  froCf  m-^  fw. 

/t.  — jù'  (i  ne  i«  proiKtnoe  pas  à  la  fui  du  moi  ptni,  vx- 
c^-ptë  en.  Pjcaniit*,  où  cmi  pioocMice  ^W,  couiaie  s'il  y  avait 
uu  l^d*<Ni  fâttim.  — ^-Cette  coosonoe  w^  Hf  prononce  pas' de* 
vam  /,  oumnif  atiju^erf  md Jurer,  oAjfmméry  wij<*uf>trr;  nî'  « 
dt'\Vnt  M,  oomiito  oilmimtflcr:  excepbtz  ndnutTr ;  n^'d^^ant  r 
ruii>oooe»  oonml&«/fv^rr,:W^4>.  ^  A-la  fin  des  liioîs.  par 
quelque  ccmNonne'  que  ^^Mimvpncc  le,R)c4  suivant,  elle  ne  se 
procKHioe pas;  ainsi  pour  i/nand  ban  temfi$  viendra,  quattdctifi 
f>e  frra^  ctf.,  tiiles  qtum  lum  tryttfjHj  ^nan  rela,  çtMin  fa^i-ùé 

F.  —  Qplte  coosoiuie  a  le  s<mi  du  ^  grec  Elle  fst  rempUMvie 
par  le  digamnia  éciique  oii  r  Consonne  dans  ks  f(miiaios 
cfmtita/e^ht  de  hrtf, cive  de  w/,  c^, — OuHques-ufis  fcri%«'«i4 
iirefoe^  grrfve,  conset^ant  -ici  /  pour  empt^dber  qu'i»i  ne  lise,  '  - 

'  par  »  voyelle  Arr»/e,  greue.  Ce  dan^tT  serait  écarté  si  run^réscT- 
vmit  pour  le  di^ànfina  éciliqiie  ce  vieuii  <mractt're  fraïK^is  v. 

G.  —^  Le  ^  n  a  auoin  son  de>  «|it  n  sfùt  mouillé  conuiie  dans 
"yÊjfmer,  s<Mt  ferme  cxxniue  dMis  signe,  signar,  regnt,  régner, 
fpii  «e  proDOOCiMit  ««w,  «i*fr,  mie,  rcner.  C'est  à  l»*rt  que  W ; 
îfTiKiraQts  écriveiit  le  y  à  la  fin  desnK)ts  ung,  tet-wvôing^  ming, 
é/esoing  sous  prétexte  qu'il*  se  toouve  dans  les  dériva  teamw- 
gner,  soigner,  benaigner;  dans  ces  derïîiors  mots  -le  g  indique 
siuipitHï^eat  lie  son  mouille  de  ».  —  Qi^nt  à  vo'^naûtre,  <-ot 
fiio»V«emcr,  fiiftyniologie  même  n*y  Justifie  pas  1e,ç;  maisetn 
réoit  dloil  le  Ipit  avec  raison  daps  hareng,  d'où  karengerç, 

il, —^  Cette .  lettre  est  un  signe  d'aspiration  qui  tantôt  se 


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ff) C#li; et DMi  /que  Théodore  (ks  Bète  nooune ainii. 


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GBASVÀlBK    FR^l'^ÇilSC. 


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sK*Tneir  personnes.  piuruMifS  d£«   verDes  leiHHiies  pm;. 
n«"  mwCTïf,.fli»ij!rroir»/;etc,  > 

'P.  -^  Le  p  ne  s<^r<>nonre*  pas  dans  temf.n^  romptf.  t^pf, 


.  prot]»onre.  tanUM  ne  se  prononce  pas;  les  e\riiipl«rs  al»oiid*nt 
<!<►  p«rt  et  d«utre,  î^  y/lfa  atvrun  s^m,  pj,»re  entre  rHr, 
comitie  fAriVtf,  rhrfsttrHy  Hjtftfrhrf-^  ni  dans V'-^rt;!  ou  Jtthim.    •. 

L,  — Otie  cooMirtne  s**  tait  plact^é  entn^  la  diphthon|;iH>  fu 
et  la  lettre  X,  conînie  mirufr,  rer/Aà-,  mi  la  lettre  /  ccMnitH'. 
fieuit  ;  de  même  ei.tre  Ja  dlf^llHHigi*»*^  «»/  et  la  consonne  f,, 
comnn  au/tre  :  dans  ce*  mots  ellesert  siMileiîM^t  à  eiiijWVber 
qu'on  ne  pn^rtne  w  pour  fi.  — C»n  ne  la  pronoiice  pas  non  plu> 
dans  le  iBot  t^nvlri  (sou)  qui,  chez  lf«  Pîcard&i  se  pn)«itnoe 
comme  £^il  étkit  écrit  Kh/t;  dans  swmi  qm'  nous  pr*»nonçy>ns 
'  aou^  l  dispafalt  égalen^^nt  et  ne  s'écrit  qu'à  cau»«  du  dérivé 
Morflr:^n  dit  /"ou,  eu»/ ponr/o/, ro/.  A  la' Hn des  nK>ts^  quelle 
que  soit  la  .confHinne  qui  commence  le  mdt  suivant,  /  garde 
toujours  le  ^on  qui  lui  est  propre, 
M.  —  Cette  c(»nsonne  se  pwinonce  toujours.  « 

N.  —  Cette  cousoqine  lite  se  prononbe;  pas  da'ns  les  trM- 
ines\  plunellfs  di%  verbes  temùnés  pai;.  en/, 
qnime  aiment ^  ^trrirroiml ^  etc, 

iovp  et  loitps;  ukaisH,  sVti^nd  à  la  lin  d«*s  ït\Q\s'covp,  nrp  au 
sinpiliei*;  qi^nt  au  pUirit*!  roupa,  seps,  prononcer. «»/>;  *p.s. 

.  (kl  le  TécrH  plus  i|5tÛ  i  dans  eii.«e/>{Wr>,  pu  il  empêchait  qu'pn 
ne  prit  tv  po«ir  e«,,  m  dans  ewrfyvn»»»^,^^ 
(/.  —  ft."^-  Ces  deuv.cot»sonnes  s*';  projioncent  toujours. 
.V.  — A  la  iii  des-^ots,  quelle,  que  soit  la  cpummiuc  qui 

•  c^immence  le  mot /Suivant,  s  ne  se  pnmnnce  point  :  le$  honf, 
/es  ros,  Ifx  dar0itn,  eit. —  Uan's  le  co'rp>  dès  mots /elle  fiS^sie 
joint  jamais  V(/,  f,  g,  /,.r,  v;  maisVll^'  pt  ut  sallier  avec  lès 
autres  consonnes,  «r,  sm,  ^</,  fp^  itg,  rf,  tantÀt  en  se  pronon- 
çant, tar^  saAs  se  prononcer  :  laïileur  doi^ne  quelques 
éxcmple5?Vr  Dans  \r,  «  ne  se  prginonoé  pas,:  tsc^^^vwr^  et 
quçlqoes-uns  in^'ipe  ne  récrivent  )>oint. — -  Dans  «m,  xi»,,  on 
ne  prôrionce  paé  «,  et  cette  lettre  semble  avoir  pour  fonction 

*<le  rendre  la  syllal*. longue",  ce  qui  est  un  abus,  car  les  let- 
tres n'ônt-pas  été  inventées  pour  niiirquer  la  quantité  :  MaspnCy 
carTsme,*ctKsrtet  ffoatte.  -^  Dans  ^/i,  tantôt  il  se  prononce  . 
esftertTy  taprit,  et  surtout  s'il  commei^pe;  le  mot  :  sptciatt- 
ment  y  spirituel  ;  tantôt  il  ne  se  p^nonce  pas  :  espee^  espertm, 
rtépondre.  —  Dans  sq^  on  le  prononce,  comn^e  dans  ftniçues, 

.  tmru^,  i  IDOÏDS  qu'il  oe  soit  précédé  d'un  e;  comme  eve§' 


•  .  ti 


\ 


■■*- 


■» 


,     \ 


APrt!<iDICC. 


iM- 


pêe.  —  Dans  «r,Viï  çsl  ppéoéddTdè  <r,  \\neie  prononce  pas  :  . 
gakter^  rnsteav^  bantir  (d'ciù  le  inot  ||imcnçaI>T*7*V/f ;  avpf  < 
dur);  ni  s'il  -est  précédé  de  ai",  oonimé  i^ans  fnhtre,  mai*trr: 
ni  enfin  s'il  r^t  précédé  d<»  f ,  fommo  w/r^,  />/>7*», /<»>«Cf .  Kx- 
cpp^à^te,  pntff  rtttte,  moiegtt:  s'il  est  précédé de.i,  il  w^'. 
prononce  :  mistere^   hi$tuirt.  —  Dans  ih,  suivi  soit  d'un»- 
\oyeliei  soit  d'une  ronsonnév  *  rte  seprononee  ja^iais;  ainsi 
pour  ihirni  droite  ils  dînent^  prononce!  1/  oui  droite  i  dirent. \ 
l^ns  le  inot.f/iV/e  et  dans  toutes  les  .sectmdes  personnes  du 
pluriel  t^u  prétérit  parfait  simple  en  »«/<*,  on  ne  le  prononce 
jgnu^s.  —Dans  «f  précédé  de  or  el  de  oh.  on  ntî  jjrononrx; 
pus  *  :  ontfr,  eotiaer:  excepter .  ;*o5f^,  t^ofiter^  ontade  !  sor*^ 
de  tissu  ;  si  «  ppee^é,  on  prononce  «  :  jt(ste,  ;m«K>,  mstYe^ 
vieux  mot  qui  désipne  l'homme  prompt  à  se  Tuer,  téméraire. 

T.  —  A  la  fin  d'un  mot,  /  suivi  d'un  aiitre  mot  comment 
çwit  par  une  consonne  ne  se  prononce  jamais  ;  suivi  d'une 
voyelle,  il  se  prononce  toujours,  en  unissant  les  jkux  mots 
commer s'ils  ne  faisaient  qu'un;  ihmnt  à  mor  se. prononce  1 
«on  tantôt.  —  Dans ef,  le  ^  ne  se  prononce  en  aucun  cas.  - 


y^ 


»M  ACCENTS   Dl   CA   LiHGCE   ^lARÇAISII         ^ 


■■# 


Les  Français  ne  marquent  aucun  jccent,  et  quelques  sa- 
vamf7ptél«ndent  que  la  langue  française  n'a  pas  d'accents;' 
c'est  oné,erreur  grossière,  et  il  ^ulBt  de  consulter  l'ortùlle 
pour  la  détruire,  -  °- 

ll^y  a,  dans  la  langue  française,  deux  temps  :  temps^  lo^g 
et  temps  bref,  et  tjrois  accents'  :  accent  aigu,  accent  gravé 
et  accent  circonflêiie;  — il  faut  remarquer  que  tout  temps 
long  a'  l'accent  aigu,  et  réciproquement  que  tout  accent  âgu 
porte  sur  un  temps  long;  au  contrairej  les  syllabes  brèves  sont 

graves.  ,,  •  '       ■■-.  , 

Rien  ne  saurait  être  plus  choquant  pour  l'oreille  que  d  ent 
tendre  prononcer  des  longues  brèves^  ou  des  brèves  longues  ; 
comme,  par  exemple,  quand  les  Tourangeaux  a  les  Toite- 
vios  disent  mtêtrei^  ""*  '  pour  maintrea^e  "  "\  ou  mexsc  "  \>out  ^ 
mesfH  "";  en  Savoie  .on  dit  de  même  féste  v  j>our  fnicfe  % 
f^pke$te  •  "ponrpro/fhetc  r";  ti*iserccorde  •',"""  i>our  W- 
sei^orrfë-""' '.  fit^rtaines  syllalK' s,  brèves  au  singulier,  de- 


"■;,» 


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*t^- 


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SSu 


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-*,. 


«iaxia/aÉ  riANvAiiii. 


%iennfnt  longues  au  pluriel,  H  cVst*  h  pniprr  d<»  l'accent 
circonn(»xe  de  marquer  cet  allongement  qui  distingue  wu - 
vent  certami  mots  entre  eux,  comme  fit,  fin^  fut,  et 

Toutes  syllabes  quf  ne  sont  marquées  ni  de  Taccent  aijfu  ni 
de  1  accent  rirconflexo  sont  considérées  comme  graves;  nous 
•vons,  du  reste,  fort  peu  de  syllabes, longues  en  français,  et 
cette  disette  de  syllabes  longoes  rend  impossible  le  sùcc*ts 
d  une  tenUtive  qu'on  a  bite  de  composer  des  vers  mesurés. 
-    comme  l«*s  Grecs  et  leâ  Latins.  • 

-  Voici  quelques  règles  fondées  sur  l'usage  :      . 
l.  Beaucoup  de  mots  français  sontentièremeat  composés  de 
brèves,  comme  mneneorde:  U  n'en  est  aucun  formé  seule- 
ment d.'  syllabes  longues,  parce  que  l'accent  les  modifie  sui- 
vant la  place  où  il  est.  Ainsi,  dans  entetidement,  les  deux 
premières  syllabes  sont  longues;  mais  c'est  la  seconde 
cest-à^ire  l.aptépenuUième  du  mot,  qui  reçoit  le  ton  et  U 
quanUte.  Si  l'on  joint  à  ce  môl  une  enclitique, >«/«irf,*//i«,/  Hon 
la  dernière  syllabe  ment,  sera  seule  marquée  de  l'accent  aicu  • 
ainsi  dans  HUvndre,  formé^e  trois  longues,  la  péhultièiiie 
s«mereç>oit  l'accent  aigu  et  paraît  seule  longue. 

11.  Toute  syllabe  terminée  par  m  ou  n  non  redoublée  et 
kuivie  d'une  ^utre  Consonne  est  longue;  ainsi  endormir  est  ' 
undactjle  -;  bonté, un  spondée  ,  etc.  lien  estdemémesi 
tes  syllabes  n  appartiennent  pas  au  même  mol;  ainsi  bontMm  - 
^  un  dactyle,  -  Si  m  est  redoublé  ou  n,  comme  dans 
*t/mr/»e,  himne,  alors  lea  deux  syJUbes  sont  brèves.  Exceotez 
f«i»emi  ou  la  première  est  longue.         .  , 

Ul.  Tous  les  mou  terminés  pare  féminin  ont  la  pénulUèrae 
longue;  fimdue  -  -,  «y*,  /,>,  „^,  -  -  j  et,  termioés  par  e  mas- 
culin, la  pénultième  brève  :  miier,  /fèr  >  . 

)^.  La  diphthpnguè  «u  est  toujours  longue,  soit  qu'elle  te   « 

IX'  ?ïi.lî'^"t'^  *^"?*^*  *^'^  mot  comme  dans 
nnun,      \  intepénultieme  comme  dans  hmdtaim'~  -  %  Aan/- 

f/r^/  -""    *  "^  **  tltmière  suivie  d'autres  syllabes  :  hmit  et^ 

•  V.  Entre  deux  voyelles  ëGi  elle  à  le  son  de  5,  la  consonne  5 
re«d  longue  la  voyelle  qui  précède^  à  moins  que  la  pénul- 
tieiiie  ne  soit  déjà  longue.pour  une  autre  raison,  commTp^r-* 


»• 


(       exem 
:    troi;h< 
\é 
'  aille 

pasi^ 

,  lavo> 
—  l>a 
syllàlj 
suivis 
est  l(j 

VU 

tairre 


\ 


■>.. 


')  • 


APri|5»ici. 


s«i 


exemple  &i  la  dernièw;  (était  un  *  muet.  Ainsi  fjrùe  -"  est  un 
trocht^^  çt /^mfe  •  •  un  amphihraque. 

\'  ht.*,  jîsîlivi  (le  ill  est  jong  si  le  mot  finit  par  ç  féminin  : 
aWe    %f>nÙle    *,  Hc. 

VU  Letj  f^HtnetvcrtiiJestornuntts  en  Mse^me  sdnt  longue^  : 

V  Ali.  Lorsquo  »  suivi  (iVue  consonne  ne  ro  prononce  pjis, 
la  voyelle  qui  prêche  eel«  Çft  longue  :  httsle  ,  aletHv"  "\  elr. 
#*-^Dans  les  pronoms  nti^i^rf,  tM>//re  la  quantité  de  la  promièri' 
syllàl^  est  (touteusi'  :  ene  est  brèvî^ii  nustre^  vuttre  sont 
suivi*  (l'un  mol  qu'ils  détcrminont  :  réoiifre  mnison  ""  ";  «Ile 
est  lougutt  si  uiÂre,'^  witre  sont  employés  seuls   :  Je  suit 

VUl.  Toute  vovf Ho  placée  devant  deux  >r  est  longue  :  ca- 


tairre 


"  \  catattieux 


;,jtoutrir    ";  ènierrer 


DES   EKCLlTIUlîlS. 


■0f-' 


■/' 


.On  appelle  enclitiques  d(^s  mots  qyi  dépendent;  quant,  à 
l'accent j'des  mots  précédents.  Voîcï  la  règle. 

Toute  diction  monosyllaliique  K^ngue,  ou  polysyllabique 
tenuinéepar  une  longue,  prend  l'accent  aigu,  et  suljordonne 
à  son  accent  le  mot  bref,  monosyllabe  ou  dissyllabe,  qui 
suit:  ce  qu'on  devrait  bien  marquer,  en  faveur  df»s  étran- 
gers, par  un  accent  aigu,  comme  les  Grecs.  —  Exempk^s  de 
monosyllabes  :  c'est  moi,  c  est  bien  diction  n'en  m.  —  Kjcerii- 
plês  de  dissyllabes  :  une  chcme  bien  dicte,  unhùn-pais,  on 

M   L'aCCKWT  m'iïrrBlROGATfO?!.    . 


z--^ 


r 
■  I .. 

■/  •-. 


y 


Toute  syllabe,  qui  finit  une  pbrase  interrogative  est  mar- 
qua de  l'ac(îent  aigu  :  que  dites-vom?  I^ -prononciation  nor- 
mande place  cet  accent  aigu  à  la  lin  de  tdutes  les  phras(>s, 
soit  négatives,  soit  affirmatives,  ce  qui  est  trés-cboquant. 


— / 

/ 


DU  TRAIT  D  CTWOX. 


-  ■  'y 


Les  tyRftgraphcs  les  plus  "soigneux  réurnsseiit  par  un  petit 
^,  trait  leé  mots  qui  sont  unis,  comme  ryis-jfr\  dit -il,  diras-tu.' 


w 


J  ' 


532 


■   ); 


GRAWIÀIKI  riAltÇAISI. 


M.  A  APOftTiOrUE. 


Nos  typ<»graphes  cmploienf  l'apostrophe:  T pour  marquer 
la  supprrssion  (le  IV  .ft-iuinin  devant  une»  autiyî  vjovellc  Oivh 
imu'\\o.  iiimmo  ïnvùrinn,ar,  riniffnt ,  /Aûf/zm*»;  c'esf  une 
grande  fauU*  <|p  no  j)as  faire  civilisions,  que  l'on  observe  % 
toujours  dans  h»  vers  ;  11"  pour  marquer  rélrsion  (ie  IV;  devant 
une  autre  vo^jflle,  œmrrie  /V/rv/nVr,  Veupfice;  nos  anctHres 
robsenaienJ   avec  [es  pronoms  poss<«ssifs,  disant  tn'esjjee, 
s'y^e,  fnmT  ma,  .sâ.espee;  ciVbn  dit  encore  (ir>84)  m'nmie, 
'  4  't»,ie ,  ^rw/oVf .  Mais  Tiisape  s'est  élalili  de  dire  mon  esm,  ' 
mm:  tm^  hostç.ssi';t  sou  i'ffmrançe.  —ht  -r^'c^i  j^ij^ah  éîmé;     " 
exreplé  avant  \o  j)ronom  //,  comme  i{it  vient  pour  st  il  cimt  ; 
les  Lyonnais  proiloftrent  donc  mal,  lorsqfi'iïs  disent  -.rc  qu'est 
pour  rr  yM|-  *.s7,  et  vWrt  pour  ai  m  a  :  l'auteur  se  reproehj^ 
(1  avoir  fait  cette  élision.  par  ïicenc<\  pm-tique  dans  «a  traduc-  '     • 
tion  des  psaumes  :  Marot  a  dit -dé.  intime  .<fV(en*!"  pour  si  aimi. 
L'e  et  IV/  ne  s^élident  jumaîs.  ^  L'adjectif  grand  perd  ordi-  . 
nairement,  ijcn^nw  devanj  une  consonne,  1>  qui  UTmine'soa 
féminin,  .ynm^^;  ainsi  <^n  dit  :  vnc  (jrand'  hesongne,  une  grand'  '   v 
<^fiOse,un€grand'/h/imfi;Hmf/rnmI'uies€hanceté. 


''  -> 


• 


/ 


DE   L'aPAÏ^RÈSK,    DR    Là    S*  NCOHK    ET  1« 'l'APOGOPI. 

.  ;^I  «S  français  jie  font  pas  d'aphérèse  :  .aussi  la  prononcia- 
tion des  l»rovenvaux  qui  disent  Ùieu  nous  /W/e,pour  Dieu  nous 
/V'/W/f,  est  extrèmemeni  vicieuse. 

1-1  t»yncor«»%8t>^ueIquefois  employée  •  ainsi  on  a  dit  rfonr«, 
^iiunruy  einpiip^  avent  pôur  donnera,  omenera^^entre/jrisf^ 
'^xtevftrd  (atjvent)  ;  les  Parisiens  disent  aussi-/xrt/rra  pour  bail- 

\  hru.  —  |*pf(,tiirs  df'  («rtains  verl)es.p<Tdent  ç;  ainsi  Kon  dit 
onvoirçi,  essu!rni,Jo>h'oi,j^mrenf^ijerni{i)f  emiijerai  floue- 
ntiV/Qnnes  régulières  d'e.s  jutinitifs,  «'«rojVr,  eifiiuier/loûer,  -r- 

1    Utioeinploif  V  P^^r  deux  i»\,  afin  d'éviler  Vy^  tijoot  il  a  cood«ilaD« 

.  remploi.  •  .-..■'"■  •    / 


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APPBTVDdCI. 


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53S 


Sans'douto  iins.siSwrr'mf,  apercevrni,  auraiy  d<»s  irfnnitils  re- 
rffvoir,  npercentir,  avoir,  sont  des  formes'  syncopées  p()ur 
recevértUy  a/M'rtcveraij  avérai.  ^  '\ 

J  )i\  iis»Vdr  l'afK¥U)pe  (ïflfnît  quelques  locutions  comme  a'vous  ■ 
pour  //rc'i-roi/.s,  sn'rou«  pour  savez- vous.  ÎJuanl  i/rt(;«  pour  * 
regaidi',  atjardez  fK)ur  reyarftez,  il  faut  les  laissa*  uu  peuplô  V 
(le  PanV  .  ^^ 


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TABLE  DES  MATIÈRES. 


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^^t. 


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Wdicaccuà  S.-  Exe.  .le  Ministre  do  l'fnstruction  publique. 

•     '  -<•       ■  ■     ^    "     .     .  .       - 

I.  Jacques  Dcbois  dit  Sylvics  :  analyse  de  ses  Traités 
i      .^      '    gramniaticaux  ,,,..:.,..  .^ 

4    l*  isagoge  ou  Introduction.  .  ,  .;;;;'.  ..... 

,  .  2*  Grâtainoaire  proprement  dite.  .  ..'.  .  .  .^  , 

iipècitnen  des  caraclèrfi-et  de  Corthûgraphc 
de  Dubois  .■ ^  ....  ^      5-1 

V  ■  t      •  . 

II.  Lodis  ViEiGlitT,  — Jacques  Pelletier, -r Guillaume 

Dis  Aoteu.  .  .J . /i9^1^6 

1*  L.  Afelgret  :  premières  tentatives  de 'réforme.-^-    49- 
Trinité  de  la  Grammaire  françoise..        6/li 

.    Spécimen  àes  caracUres  et  de  Corthograplic 

de  Meigret.  .  .  .  .  i  .  ,  .  .  .  .    .65,  66,  [^89-d« 

^talion  musicale  de  t accent  ionique.  .  .  i  .  106-t08 

,2'  G.  des  Autels  :  Lutte  avec  Mejgret  ...  .  .  .  -  1 17 

(    •    ;?*  J.  Pelletier .^Lutte  avec  Meigret.  .......      l-'i/j 

,  '^  Dialogue^de  rorthographe.  .  .  ,      143   . 

'"       Spécimen  des  caractères  et  de  lorthographe  i 

^  de  PeUetier  ..............  .V.  .  17/1-175» 

Let  BoMt  de,e«  ebipîirt  founiiuent  diveri^.râppr,ci€bei0enU  ivee 
l«s'paio(t.  ' 


•^ 


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1     •      ' 


^  •  -1  ■, 


■4': 


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!>36 


TABLE  DBS  MATiftREil. 


\ 


rage*. 


III.  Wêh-o  Ramu^:  Gramnî^re  ffîinçolsl  .  \  %  .  .  ,  .  .  176-270 


182 

234 


TN 


.l>remler  Kvre  :  élémeiits\.\.  .  .  .  * 
Second  livrie  :  syntaxe.  .  V 

Spécimen  des  caractf'res  \t  de  Corthogfèkahe  de 
\..  ^       *   ^Bamus.  Passim  et-^urtout  aux  patg^s  191, 
198,  204,  206,  206,  257  

!-«•  n«tM  de  M  chapitre  fourDisMiit  diren  rapprocbemV 
avrc  le«  grànaairient  ancienu,  soit  av«p  Us  grammairieu  él 
conumpor^ins  de  l'auteur. 


IV.  Jean  Garmier,  —  Jean  Plutôt,  —  Ahel  Matii^o  : 

Analyse  do  leurs  Trait»'»  grammaticaux.\ .  ,  270-331 

Les  notes  de  ce  rbapitre  folirnisseni  divers  rappreehementc  aW  '    ^ 
les  srammairiens  de  l'épo«|tte  suivante. 

"     .       ...       ..    ,  •  -r  - 

V.  .Robert  et  Henri  Estibii.'S£  :  Leurs  Traités  graQima\ 

ticaux.  .  .  ...  i  .  .  .'  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .  .\ 331-499 

!•  Grammaire.  .  .  .  .*.#....':...  .  .  .  W-459 

l.  Traité  des  lettres  :  orthographe  e't  pro-  \ 

.  nonclation 338 

II.  Traité  dfes  parties  du  discours  du  gram- 
♦  mdre  proprement  dite  .  •  .  •.  •  •  •  •      387    . 

J§péçitnét  de  Corthographe  et  dû  style  de.Ro- 
berl  Estienne.  .  .  .  .  ....  .  .  ..  .^.  .  .".  427-436 

^ir  Traité  spécial  de  la  conjugaison  des  verbes .  .      459 

3"  Lexiques  comparés  do  Robert  Estienne,  de       ' 
NicoT  et  de  CoTGRAVE.  .  .  .  .  ........      473 


Les  notes  de  ce  chapitre  fouraissenl  divers  rapprocfaenequ  avec' 
les  grammairiens  de  l'époque  précMeule. 

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APPENDICE.  —  Prononciation  ...."*..,..:  ,  ;  .  .  499^533 


l*»  Claude  DE  Saint-Lien .  . 

2"  Théodore  de  Bèze  ..... 


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FIN  DE  Lt  tABLE  DES  MATIÈRES. 


Paris  —  Impiiuit  Jur^JS^  TacS^t  ET  C',  26,  ni?  l(acin«. 

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